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1 \ Université Ibn Zohr Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales Agadir Cours de : Terminologie juridique Semestre : 1 Sections : C et D. Pr. Mohamed EL HACHIMI Année universitaire 2015-2016

Terminologie juridique

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Page 1: Terminologie juridique

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\ Université Ibn Zohr Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales

Agadir

Cours de :

Terminologie juridique Semestre : 1

Sections : C et D.

Pr. Mohamed EL HACHIMI

Année universitaire 2015-2016

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Plan du cours

Introduction

I- Distinction entre le droit et la morale, et la religion

II- Identification de la règle de droit

1- Caractères communs à la règle de droit et aux autres règles de

conduite sociale.

2- Le caractère impératif : critère de la règle de droit.

III- Principales divisions du droit

1- Le droit privé

2- Le droit public

3- Les droits mixtes

4- Le droit international

IV- Sources du droit 1- sources officielles

a- La législation

- La Constitution

- La loi.

- Le règlement

b- La coutume.

c- Le droit musulman

2- Sources non officielles a- la jurisprudence

b- La doctrine

3- Les traités ou conventions internationales comme source de

droit marocain

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V- L’organisation judiciaire au Maroc

1- Principes généraux du système judiciaire marocain

a- Le principe d’égalité

b- Le principe du double degré de juridiction

c- Le principe de gratuité de la justice

d- Le principe de la collégialité

e- Le principe de l’indépendance de la justice

f- Le principe du caractère contradictoire de la procédure

2- Types de juridictions

a- Les juridictions de droit commun

- Les tribunaux de première instance

- Les Cours d’appel

- La Cour de cassation

b- Les juridictions spécialisées

- Les juridictions administratives

- Les juridictions de commerce

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Introduction :

Le droit occupe, de nos jours, une place de premier plan dans l’organisation

et la régulation de la société moderne. Le droit est partout. Il régit naturellement

les rapports économiques, les rapports des individus avec l’Etat, les rapports des

Etat entre eux. Partout, il y a du droit…. Parce que le droit est consubstantiel à

l’existence d’une société. Dès qu’il y a une société, il y a du droit.

Si l’on interroge les philosophes et les juristes le droit est l’objet de la

justice, vertu qui consiste à rendre à chacun le sien. On distingue, depuis

l’Antiquité, entre le droit dit positif, qui est la règle édictée par l’autorité

compétente, et le droit dit naturel, qui est inscrit dans la nature de l’homme,

indépendamment de toute intervention d’une règle positive. Ces arguments

induisent à penser que le contenu du droit positif procède en réalité d’un savoir-

faire propre au juriste, bref d’une élaboration qui construit son objet.

Sous un autre aspect on distingue entre le droit dit objectif et le droit subjectif :

- Le droit objectif : c’est la règle de droit dont il vient d’être parlé. En

d’autres termes, il est, en premier lieu, un ensemble de règles destinées à

organiser la vie en société. A cet ensemble, on applique l'expression

Droit objectif.

- Le droit subjectif : est la prérogative conférée à une personne par le droit

objectif. Le droit, pris dans son sens subjectif, désigne alors une

prérogative accordée à telle ou telle personne. Il s'agit par exemple du

droit de propriété, de droit de vote, du droit de grève, du droit d'exercer

l'autorité parentale sur ses enfants.

Ces deux significations du mot droit ne s'opposent pas, elles sont

complémentaires. Ce sont deux façons différentes d'envisager le même

phénomène, les deux faces d’un même miroir : le droit. Le droit objectif tend à

déterminer les droits subjectifs des individus.

I- Distinction entre le droit et la morale, et la religion

Droit et moral

La morale gouverne non seulement les actes et les abstentions, mais aussi les

intentions et les vouloirs, même s’ils restent à l’état caché. Le droit, au contraire,

ne peut connaître des intentions et des vouloirs que pour autant qu’ils se soient

extériorisés dans un comportement positif ou négatif.

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La sanction du Droit est assurée de l’extérieur par l’autorité publique, alors

que la sanction morale est intérieure (confrontation avec sa conscience), même

si toute réprobation sociale n’est pas exclue.

Droit et religion

La religion peut prendre la forme de commandements et elle peut se

confondre avec le droit lorsque l'Etat n'est pas laïc. Droit et religion se

distinguent aussi par la nature de la sanction : le fidèle rend compte à Dieu, non

à l'Etat. Ainsi, la conception musulmane qui considère la loi comme une

émanation de Dieu est différente de la conception de la loi dans les pays

occidentaux comme par exemple la France, conception basée sur l'idée de la

souveraineté du peuple qui décide des lois qui le gouvernent.

II- Identification de la règle de droit

Pour cerner plus précisément le droit, il convient d'examiner les principaux

caractères de la règle de droit, ce qui en constitue l'essence. Or, une analyse

attentive de la règle de droit montre que celle-ci présente des caractères

communs avec les règles morales, religieuses ou de courtoisie (1). cependant

elle comporte une caractéristique qui lui est tout à fait particulière, c’est son

caractère impératif (2).

1- Caractères communs à la règle de droit et aux autres règles de

conduite sociale.

- La règle de droit est générale :

Traditionnellement, la règle de droit a toujours été définie comme générale.

cela signifie qu'elle a vocation à s'appliquer à toutes les personnes qui forment le

corps social. Cela explique qu'elle soit toujours formulée de manière générale et

impersonnelle. On rencontre souvent les formules : "Quiconque..." ; "Toute

personne...". La règle concerne chacun et ne vise personne en particulier.

Cela ne signifie pas pour autant que toutes les règles de droit ont vocation à

régir toutes les personnes. Parfois la règle de droit s'applique à un groupe de

personnes : les salariés, les employeurs, les médecins, les consommateurs, les

propriétaires, les conducteurs d'automobiles, les époux.

En principe, ce caractère général de la règle de droit est une garantie contre

l'arbitraire, contre la discrimination individuelle. Mais le caractère général de la

règle de droit ne signifie pas égalité. La règle de droit peut être discriminatoire à

l'égard d'un groupe de personnes pour des motifs louables (accorder plus de

droits aux personnes âgées, plus de protection aux femmes enceintes, aux

enfants ; être plus sévère à l'égard des automobilistes qui créent un risque pour

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les non-conducteurs) ou des motifs condamnables (race, sexe, religion,

convictions politiques, etc...) La généralité de la règle de droit est une protection

nécessaire mais insuffisante contre l'arbitraire.

- La règle de droit est permanente

On dit que la règle de droit est permanente parce qu'elle a une application

constante pendant son existence. Elle a vocation à régir l'avenir, à durer un

certain temps. Cela ne signifie pas que la règle de droit soit éternelle : elle a un

début et une fin. Cependant pendant le temps où elle est en vigueur, elle a

toujours vocation à s'appliquer. Un juge ne pourrait pas écarter l'application

d'une loi parce qu'elle ne lui paraît pas opportune. Si les conditions prévues par

la règle sont réunies, la règle a vocation à s'appliquer. La règle de droit est

permanente parce qu'une fois née, la règle de droit s'applique avec constance et

de façon uniforme à toutes les situations qu'elle réglemente jusqu’à ce qu’elle

soit abrogée par l’autorité compétente (en principe, la même que celle qui l’a fait

naître).

- la règle de droit est un régulateur de la vie sociale

La règle de droit ne prend naissance qu’à la condition que des hommes

forment groupe, non seulement par la participation à certains traits communs

(race, langue, classe sociale, etc.), mais sur le fondement d’une société

constituée en vue d’une fin et pourvue d’une organisation au service de cette fin.

Le droit a pour ambition de régler les relations extérieures des hommes entre

eux pour y faire régner une certaine paix sociale. Il a une finalité sociale. Il

fournit aussi un certain nombre de règles de conduite destinées à faire régner,

tout à la fois, le progrès et la Justice.

Il est pertinent de rappeler à cet égard que l’avènement de l’Etat a apporté

au droit une figure et une signification nouvelle, sans analogie avec les règles du

clan, de la tribu. Du moment que la règle de droit est liée à l’existence d’un

ordre étatique, il n’est de règle de droit que celle qui est posée par l’autorité

publique. Le Droit fournit un certain nombre de règles de conduite destinées à

faire régner, tout à la fois, le progrès et la Justice.

2- Le caractère impératif : critère de la règle de droit.

Le droit fait naître un impératif ; il indique aux membres du groupe

(gouvernants et gouvernés) ce qui est à faire ou à ne pas faire. C’est pourquoi La

règle de droit doit être respectée pour pouvoir jouer son rôle d'organisation de la

société. S'il n'y avait plus de règle obligatoire, ce serait le règne de l’anarchie. La

règle de droit ordonne, défend, permet, récompense ou punit. Elle est aussi

assortie de sanction. Pour obtenir le respect du droit, des contraintes et des

sanctions sont prévues. Lorsque l'autorité judiciaire constate la violation d'un

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droit, elle requiert la force publique pour que celle-ci contraigne le contrevenant

à respecter le droit. Il est possible d'exiger l'exécution de la règle de droit, au

besoin en recourant à un organe de Justice institué par l'Etat (ex. police,

gendarmerie, etc...).

III- Principales divisions du droit

Le droit se divise en un certain nombre de branches, d’ailleurs en perpétuelle

augmentation, étant donné la multiplication des phénomènes sociaux et la

grande diversité de l’activité humaine La principale division que suggère notre

cours est celle qui existe entre droit public et droit public. Mais cette division

public/ privé ne devrait pas être surévaluée car elle tend à masquer l’unité du

droit. Cela conduit beaucoup d’auteurs à dénier à la distinction droit privé-droit

public, la valeur d’une vraie summa divisio.

Cette distinction ne doit être envisagée que comme un instrument nécessaire

de classification. Comme l’a bien précisé J.L Aubert, « Il existe, en effet, une

profonde unité du droit, lequel n’est que la traduction, sous la forme d’un

ensemble de règles, d’un projet politique global ».

1- Le droit privé

Il comporte l’ensemble des règles qui concerne les rapports entre particuliers ou

avec les collectivités, telles que les associations, les sociétés qui assurent

prioritairement la sauvegarde des intérêts individuels. Le droit privé comporte

principalement le droit civil et le droit commercial.

Le droit civil régit les rapports entre les personnes, qu’il s’agisse de

personnes physiques ou de personnes morales. Il comporte :

1- le droit des obligations (dont le droit des contrats) : L'obligation est

un lien de droit qui unit deux ou plusieurs personnes par lequel une

personne s'oblige envers une autre à faire (ou à ne pas faire) ou à

donner

2- le droit des personnes : Cette matière est justifiée par le fait que les

personnes jouissent de droits particuliers, qui sont attachés à leur

personne propre : ce sont les droits de la personnalité. Il s'agit des

droits au nom, au domicile, à l'image, à la protection de la vie privée,

etc. ainsi que toutes les règles juridiques qui régissent la majorité

légale et les incapacités. Ces droits peuvent parfois être confondus

avec les Droits de l'Homme, les droits civils et politiques. Toutefois,

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leur caractéristique est qu'ils restent toujours attachés à la personne

durant sa vie, et sont donc exercés de manière particulière.

3- le droit de la famille qui régit les relations d'un ensemble d'individus

unis par un lien de parenté ou d'alliance.

4- Le droit des biens s'intéresse aux relations entre personnes et biens. Les

biens sont un ensemble qui comporte tant des choses matérielles (voiture)

que des choses immatérielles (droit d'auteur), tant des choses meubles

(action de société) que des choses immeubles (appartement).

5- Le droit des successions est l'ensemble des règles juridiques et

fiscales qui régissent la transmission du patrimoine d'une personne lors

de son décès. C'est une branche du droit civil.

Le droit commercial

Il régit l’exercice de la profession de commerçant. Il régit donc aussi bien

les sociétés constituées pour la réalisation d’opérations commerciales, que le

fonds de commerce du simple commerçant ou encore des actes de commerce,

ensemble des actes accomplis par un commerçant dans l’exercice et pour les

besoins de son commerce. S'il a emprunté au droit civil, un certain nombre de

ses techniques, il s'en est détaché pour constituer un corps de règles adaptées à la

vie des affaires.

2- Le droit public

Il comprend l’ensemble des règles concernant l’organisation et le

fonctionnement de l’Etat. Il contient aussi les règles qui régissent les rapports

entre les particuliers et l'Administration. Le droit public se subdivise aussi en

plusieurs branches. Il comprend principalement le droit constitutionnel qui fixe

les règles de base d'organisation de l'Etat, le droit administratif qui réglemente la

structure de l'Administration et ses rapports avec les particuliers, les finances

publiques et le droit fiscal qui réunissent les règles gouvernant les dépenses et

les recettes des collectivités publiques, les libertés publiques qui définissent les

divers droits de l'individu dans la société et les modalités de leur protection.

- Différence entre le droit public et privé

Il vise à satisfaire l'intérêt de la collectivité. Il est au service de l'intérêt

public alors que le droit privé est au service des individus. Le droit public

s'impose aux administrés et le droit civil est un droit d'autonomie (les personnes

privées sont libres de se placer dans le système juridique). L'Administration a le

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droit de l'exécution d'office, ça veut dire que elle peut faire exécuter ses

décisions à l'encontre des particuliers (contrôle à posteriori). Par contre le droit

privé peut être sanctionné qu'après avoir été reconnu par l'autorité judiciaire. En

droit privé il y a des mesures de contrainte pour obliger les particuliers à

respecter la décision de Justice. En droit public il n'existe aucune mesure de

contrainte sur l'Etat. L'Administration est soumise à un ordre juridictionnel

particulier.

3- les droits mixtes

Nous l’avons constaté, la distinction du droit privé et du droit public n’est pas

une division facile. Les règles dites de droit mixte en sont la meilleure

illustration. Elles réalisent une combinaison entre de règles relevant, pour les

uns du droit public, et pour les autres, du droit privé.

- Le droit pénal :

C’est un droit mixte parce que il définie les infractions personnelles en

considération de l'intérêt public (délinquant vs société). C'est la puissance

publique qui assure l'exécution de la sanction. Le procès n'oppose pas deux

particuliers, la victime et le délinquant mais le délinquant et la société. Même si

la victime n'intervient pas parce qu'elle est décédée ou ne souhaite pas les

poursuites, le procès se déroulera normalement, opposant le délinquant au

ministère public, représentant de l'Etat. Il faut également noter que le droit pénal

sauvegarde des intérêts privés. Il protège les individus dans leur vie, leur

honneur, leur propriété... et en ce sens, peut être considéré comme la sanction

ultime du droit privé. Le droit pénal a donc une nature mixte.

- Droit judiciaire privé

Le droit judiciaire privé est le droit qui détermine l’organisation judiciaire,

fixe la hiérarchie et la carte des tribunaux avec leur compétences et pose la

procédure que suit le procès depuis requête jusqu’à l’exécution de la décision

(formalités, délais, voies de recours, voies d’exécution…etc.)

Ainsi défini, le droit judiciaire privé est un droit dans la mesure où il recèle

des aspects de droit privé mais aussi de droit public. Ainsi, le fait que le droit

judiciaire privé réglemente la procédure d’accès à la justice qui est un service

public le rapproche beaucoup du droit public. Toutefois, étant donné que c’est

le droit judiciaire privé qui détermine la manière dont les justiciables peuvent

faire valoir leurs droits, il semble aussi faire partie du droit privé

- Le droit social

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Le droit social regroupe le droit du travail et le droit de la sécurité sociale. se

rattache traditionnellement au droit privé car il régit les rapports entre deux

particuliers, l'employeur et le salarié qui, à l'origine étaient soumis au Code civil.

Mais, il revêt les caractères d'un droit mixte en raison des nombreux éléments de

droit public qui y interviennent : le pouvoir de l'employeur est très encadré par

de nombreux règlements, l'inspection du travail est une institution

administrative, l'organisation de la Sécurité sociale est administrative, etc...).

4- Droit International

L’appellation « droit international » convient mieux que « droit

interétatique» car la société internationale n’est pas formée que d’états : il y a

aussi d’autres organismes internationaux (ONU, UE, etc.) et de personnes

privées (ex. multinationales). Mais, la distinction entre droit international public

et droit international privé est moins nette que celle du droit public et droit privé.

- Le droit international public

Le droit international public, appelé aussi le droit des gens, contient les règles

applicables dans les rapports des Etats entre eux et définit l'organisation, le

fonctionnement, la compétence et les pouvoirs des organisations internationales

(Ex. : O.N.U.). Cependant, ce droit ne répond que de manière très imparfaite à la

définition du droit. Certes, il comporte un certain nombre de règles positives

généralement reconnues. Mais, il n’est, jusqu’à nouvel ordre, qu’un droit en

puissance, d’ailleurs susceptible, selon les circonstances, d’influer en fait sur la

conduite des Etats. Les Etats ne sont soumis juridiquement à aucune autorité

supérieure. Un Etat ne peut pas être lié par une décision qu’il n’a pas acceptée.

Les états se retrouvent dans des positions différentes en fonction de leur

puissance.

1- Le droit international privé

Le droit international privé est celui qui régit les rapports des particuliers

entre eux lorsqu'il existe un élément étranger. Ex. : un divorce entre un français

et une marocaine, mariés en France et domiciliés au Maroc, peuvent-ils divorcer

et si oui, selon quelles règles ? Quant aux règles du droit international privé,

elles sont laissées à la libre décision de chaque Etat, sauf convention

d’unification totale ou partielle, entre deux ou plusieurs Etats, des règles de

conflit.

Page 11: Terminologie juridique

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En somme, les caractéristiques du droit international (public et privé)

sont :

Le droit international est consensualiste, c'est à dire largement

fondé sur le consentement.

Les états peuvent cependant s’affranchir du droit international, il

est donc aléatoire.

La société internationale est hétérogène : formée de forts et grands

et de petits et faibles.

VI- Sources du droit

Si on prend le mot source dans sons sens le plus courant, ce dernier

signifierait origine c’est-à-dire le point de départ d’un processus quelconque.

Appliquée au droit, cette notion suscite beaucoup de difficultés.

Qu’est ce qu’on entend par sources de droit ? La réponse à cette question

peut être appréhendée sous plusieurs angles de vue. Ainsi ça peut être le ou les

origines historiques qui ont fait ou qui font que telle règle ait précisément tel

contenu, ou ça peut être le procède technique qui a donné vie et forme à la règle

de droit.

Abstraction faite de ces démarches possibles qu’on vient de passer en revue,

aucune de ces dernières ne serait retenue dans ce cours. En effet, compte tenu de

la nature et des objectifs escomptés de ce cours, la réponse que nous proposons à

la question des sources de droit marocain nous amène à agir et à réfléchir ferait

un juge. Or, il est évident que pour déterminer la règle de droit applicable au

litige qui lui est soumis, le juge doit d’abord consulter ce qu’on appelle les

sources officielles (I) à savoir la loi au sens général du terme, la coutume et le

droit musulman. Ce n’est qu’en l’absence de règles issues de ces sources qu’il

peut se tourner vers les sources non officielles ou facultatives (II) que sont la

jurisprudence et la doctrine.

1- Sources officielles a- La législation

- La Constitution

Définition de la Constitution

La constitution est un symbole avant d’être une loi. Souvent elle apparaît

comme l’acte fondateur d’un Etat. Elle est à la fois l'acte politique et la loi

fondamentale qui unit et régit de manière organisée et hiérarchisée l’ensemble

des rapports entre gouvernants et gouvernés au sein de cet État. Elle est un

ensemble de règles juridiques organisant le pouvoir et s’imposant à lui.

Page 12: Terminologie juridique

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- Définition formelle de la constitution

Elle accorde au texte constitutionnel une valeur de norme constitutionnelle

lorsque, du fait de son importance, il résulte une procédure spéciale, solennelle,

plus difficile à mettre en ouvre ou à modifier qu'une règle ordinaire. Il se situe

au-dessus des autres règles et peut permettre d'élaborer des normes de niveau

hiérarchiquement inférieur. La constitution est définie par sa forme, c'est-à-dire

la forme constitutionnelle de ses règles.

- Définition matérielle de la constitution

La constitution matérielle est définit par son contenu, qu'il soit écrit ou non,

qu'il porte ou non la dénomination de Constitution. Son objet doit se rapporter à

l'organisation, aux conditions d'attribution et à l'exercice du pouvoir. La

définition matérielle s’attache à la substance des règles juridiques qui composent

la Constitution. Ce sont les règles relatives à l'organisation du pouvoir.

Les caractères d’une constitution

La réflexion sur les caractères de la constitution ramène à l’idée qu’une

constitution peut être, coutumière ou écrite et souple ou rigide.

- Constitution coutumière ou écrite

La constitution coutumière est l'ensemble des règles relatives à l'organisation

du pouvoir qui ne se trouvent pas sous forme écrite. Elle se crée au jour le jour,

morceaux par morceaux, c'est-à-dire règles après règles. Actuellement, seul le

Royaume-Uni est resté fidèle à une Constitution coutumière parmi les États

occidentaux, même si cette position doit être nuancée. D’autant qu’un certain

nombre de textes écrits régissant tel ou tel aspect de l’organisation et du

fonctionnement des institutions.

La constitution coutumière représente trois inconvénients majeurs par rapport

à la constitution écrite :

- Elle n’est pas choisie, le peuple n’y est pas associé

- Elle est imprécise et souvent difficile à discerner

- Elle n’est pas réfléchie, c'est-à-dire elle ne procède pas d’un choix ni

d’une construction rationnelle.

La constitution écrite est formalisée dans un texte unique ou un ensemble de

lois constitutionnelles. Elles représentent la grande majorité des constitutions

modernes. Le caractère écrit donne des facilités de preuve, des garanties de

certitude, de protection contre l’arbitraire, de sécurité.

Page 13: Terminologie juridique

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- Constitution rigide ou souple

Une constitution est dite rigide lorsqu’une procédure spéciale est prévue pour

la révision, plus difficile que celle suivie pour l’élaboration de la loi ordinaire.

Ainsi la constitution marocaine est rigide car elle exige que « les projets et

proposition de révision de la Constitution soit soumis par dahir au référendum »

(article 174).Alors que es lois ordinaires sont votées à la majorité simple et font

la navette entre la Chambre des représentants et la Chambre des Conseillers

Une constitution est aussi dite souple quand elle peut être modifiée comme le

serait une simple loi, par la procédure législative ordinaire. Ceci implique qu’il

n’y a pas de suprématie de la Constitution sur la loi.

Comment s’élabore une Constitution ?

Le procédé le plus souvent retenu depuis le XVIIIe siècle consiste à avoir

recours à une Assemblée constituante ou au gouvernement approuvé par le

peuple. Un procédé qui permet de respecter le principe de souveraineté

démocratique. Mais on doit préciser que les modes d’élaboration d’une

constitution varie d’un pays à l’autre, selon que la société est démocratique ou

non.

a- Le recours à l'assemblée constituante

Une assemblée est élue par le peuple, elle a pour tâche d’élaborer la

Constitution. On peut distinguer deux types d’Assemblée constituante :

1- L’Assemblée exclusivement constituante

Elle a pour unique attribution la rédaction de la Constitution. Elle n’a aucune

compétence. Elle n’a donc pas à intervenir dans les affaires de la Nation pendant

la durée de ses travaux, en particulier elle n’a pas à légiférer.

2- L’Assemblée cumulant pouvoirs constituants et pouvoirs législatifs

L’assemblée élaborant la Constitution est l'assemblée ordinaire qui fait les

lois au sein de l'État. Ex : la France a suivi cette voie durant la Révolution. Les

assemblées de la révolution étaient constituantes et législatives.

b- La rédaction de la Constitution par le gouvernement approuvé par le

peuple

Le pouvoir exécutif s’attribue ou se fait reconnaître le droit de rédiger un

texte constitutionnel. Ainsi, la Constitution de 1958 a été élaborée par le

Page 14: Terminologie juridique

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gouvernement du G. de Gaulle sur le fondement d'une loi constitutionnelle du 3

juin 1958.

c- L’élaboration non démocratique : la constitution octroyée

Dans les régimes autoritaires, le titulaire du pouvoir constituant originaire est

le chef d’Etat ou le groupe d’individus qui détient le pouvoir. Ils peuvent

élaborer Une constitution selon leur « bon plaisir ».

d- Pouvoir constituant originaire et pouvoir constituant dérivé

Le pouvoir constituant originaire est celui qui s’exerce de manière

inconditionnelle pour doter d’une Constitution un État qui n’en a pas (nouvel

État) ou qui n’en a plus (après une révolution).

Le pouvoir constituant dérivé ou institué est créé lui-même par la

Constitution. Il dispose d'une compétence de révision de la Constitution, qui doit

obéir à des conditions de forme (procédure pour réviser la Constitution) et à des

conditions de fond (portée de la révision envisagée). L'étude du pouvoir

constituant dérivé est donc liée à l'étude des révisions constitutionnelles.

A- Contrôle de la constitutionnalité

Il s’agit de l’ensemble des moyens juridiques permettant de garantir la

conformité à la Constitution et aux principes définis par elle, des règles de droit

(loi, règlement) produites par les différents pouvoirs composant l’État. Une cour

constitutionnelle est l'organe chargé d'assurer la primauté effective de la

constitution qui est, selon la théorie de hiérarchie des normes, la norme suprême.

Deux types de contrôle sont distingués :

- contrôle “a priori", avant la promulgation d'une loi,

- contrôle "a posteriori" lorsque la constitutionnalité d'une loi déjà

promulguée est contestée.

Au Maroc, le contrôle de la constitutionnalité est assuré par une cour

constitutionnelle. Selon les dispositions de l’article 132 de la constitution

marocaine de 2011, cet organe constitutionnel « (…) statue, par ailleurs, sur

la régularité de l’élection des membres du Parlement et des opérations de

référendum. Les lois organiques avant leur promulgation et les règlements

de la Chambre des Représentants et de la Chambre des Conseillers avant

leur application doivent être soumis à la Cour Constitutionnel qui se

prononce sur leur conformité à la Constitution ».

Page 15: Terminologie juridique

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- La loi.

Elle est une règle juridique impérative, générale et impersonnelle. Elle est en

principe l’œuvre du pouvoir législatif : le Parlement. A cet égard, l’article 70 de

la constitution marocaine de 2011 dispose que « le Parlement exerce le pouvoir

législatif. Il vote les lois ».

A- Comment s’élabore une loi ?

Selon les termes de l’article 78 de la nouvelle constitution marocaine de

2011, « L’initiative des lois appartient concurremment au Chef du

gouvernement et aux membres du Parlement. Les projets de loi sont déposés en

priorité sur le bureau de la Chambre des Représentants. Toutefois, les projets de

loi relatifs particulièrement aux Collectivités Territoriales, au développement

régional et aux affaires sociales sont déposés en priorité sur le bureau de la

Chambre des Conseillers ». On ne doit pas confondre proposition de loi et

projet de loi. Au Maroc, comme en France un projet de loi émane du

gouvernement alors qu'une proposition de loi est le fruit d'un parlementaire,

sénateur ou député. Les projets représentent la majorité des initiatives

législatives.

On distingue les lois ordinaires ou parlementaires qui sont un acte voté par

le Parlement selon la procédure législative établie par la constitution des lois

constitutionnelles (ou loi fondamentale d'un Etat) qui sont une loi adoptée par

une procédure spécifique et qui traite de la nature, de l'étendue et de l'exercice

des pouvoirs d'un Etat. Les lois constitutionnelles peuvent, certes, être

modifiées, mais selon une procédure plus complexe que pour les lois ordinaires

ou des lois organiques dont l'objet est de compléter et de mettre en œuvre des

règles inscrites dans la Constitution.

Dans les pays qui connaissent une forme de séparation des pouvoirs, la loi

est une norme juridique adoptée par le pouvoir législatif dans les formes et

procédures prescrites par le droit constitutionnel du lieu.

La procédure d’élaboration de la loi comprend habituellement trois grandes

phases :

Initiative, qui peut venir du pouvoir exécutif ou du pouvoir législatif lui-

même ;

Page 16: Terminologie juridique

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Adoption du texte par le parlement (dans chaque chambre en cas de

bicamérisme) ou par le peuple par référendum dans les pays où cela est

prévu ;

Sanction royale et / ou promulgation suivant les pays, et publication au

journal officiel : on se réfère à l’article 50 de la constitution marocaine de

2011 qui stipule que « Le Roi promulgue les lois dans les trente jours qui

suivent la transmission au gouvernement de la loi définitivement

adoptée »

Entre l'adoption et la sanction ou la promulgation peut intervenir un

contrôle de constitutionnalité (facultatif ou obligatoire selon les

circonstances).

B- Domaine de la loi

L'article 71 de la Constitution marocaine de 2011 définit, sous une forme

énumérative et apparemment limitative le domaine d'intervention de la loi. On

constate que Le domaine de la loi s'est aussi enrichi de 30 nouvelles matières

dans le nouveau texte qui sont venues s'ajouter aux 60 existantes. Citons, entre

autres, le pouvoir de légiférer en matière de régime de la famille et de l’état

civil, des principes et règles liés à la santé, à la communication audiovisuelle et

au journalisme, du régime pénitentiaire et de la sûreté nationale, du régime

fiscal, de change et du régime douanier, de la sécurité sociale, des accidents de

travail, mais aussi de l’urbanisme et du transport.

C- Abrogation de la loi (expresse et tacite, totale ou partielle)

L'abrogation est l'action d'abroger. Le terme s'utilise en général à propos

d'une règle normative (loi, décret, règlement, etc.), qui est annulée par une

autorité politique avec un acte formel contraire et qui cesse d'être appliquée à

l'avenir. Le mot abrogation peut être utilisé interchangeablement avec certains

synonymes comme : annulation, abolition, invalidation, infirmation, révocation,

résiliation, rescision.

L’abrogation peut être expresse quand la loi postérieur abroge formellement /

expressément la loi antérieure. Il peut aussi être tacite, c'est-à-dire implicite

dans le cas où l’abrogation peut résulter de l’incompatibilité de la loi nouvelle

avec la loi ancienne. C’est le juge qui peut déclarer l’abrogation, c'est-à-dire

estimer que la loi nouvelle doit être appliquée en priorité et l’emporte sur la loi

ancienne.

En outre l’abrogation peut être totale lorsqu’elle porte sur l’ensemble des

articles de la loi ancienne, ou encore partielle lorsque seulement certains de ses

articles se trouvent incompatibles avec la nouvelle loi.

Page 17: Terminologie juridique

17

- Le règlement

C’est un texte pris par les autorités administratives (gouvernement) pour

organiser le cadre juridique, dans le respect des principes posés par la loi et par

la Constitution. La constitution marocaine de 2011 a attribué au Premier

ministre le droit « d’exercer le pouvoir réglementaire et peut déléguer certains

de ces pouvoirs aux ministres » (article 90 de la constitution de 2011).

Quant au domaine du règlement, les matières autres que celles qui sont du

domaine de la loi appartient au domaine réglementaire (article 72 de la

constitution marocaine de 2011). Ainsi, la fonction du règlement est aussi de

régir toutes les matières pour laquelle la loi n’est pas compétente. Il s’agit des

règlements dits autonomes. Le pouvoir exécutif peut aussi prendre des

règlements pour l'exécution des lois, appelés règlements d'application sur la base

de l’article 89 de la constitution de 2011 qui dispose que « le gouvernement

assure l’exécution des lois ».

Dans le domaine réglementaire on distingue aussi:

B- Les décrets du Premier Ministre sont parfois qualifiés par l’expression :

décrets gouvernementaux

C- L’arrêté : Il s’agit des textes réglementaires et décisions administratives

pris par les ministres.

b- La coutume.

Selon la définition traditionnelle, la coutume est une règle de droit non écrite

qui découle d’une pratique populaire ancienne de citoyens. A la différence des

dispositions législatives ou réglementaires, les règles coutumières ne sont pas

élaborées par un corps constitué de l’Etat comme le Parlement ou le

Gouvernement. Elles procèdent directement et spontanément des habitudes

populaires : c’est le peuple lui-même qui créé ses règles coutumières.

La coutume peut être considérée comme source de droit uniquement lorsqu’il

s’agit d’une coutume :

D- parallèle à la loi, elle se développe dans le silence de la loi et peut combler

de ce fait un vide juridique

E- la loi fait directement référence aux usages ou à la coutume

Le droit musulman

Actuellement le droit musulman coexiste avec des droits positifs de type

occidental. Ces droits positifs ont été introduits tout au long du XIXème siècle et

du XX ème siècle, soit à l’initiative des princes musulmans, soit sous l’action

Page 18: Terminologie juridique

18

des colonisateurs. Le droit musulman a été refoulé et réservé au statut personnel

(mariage, divorce, succession).

Les indépendances des Etats musulmans n’ont pas amené l’abandon du droit

positif, cela tient au fait que le droit positif est le seul pouvoir à contrôler les

sociétés complexes que sont devenues les sociétés musulmanes actuelles. Il faut

des codes et des lois pour la route et les transports, pour la production

industrielle pour les investissements, les banques.

En conséquence il apparut qu’il n’y avait pas d’autre solution que

d’abandonner relativement la sharî’a pour la remplacer par des lois d’inspiration

occidentale dans les domaines où l’islam sentait qu’il était urgent de s’adapter

aux conditions modernes.

3- Sources non officielles

Elles sont aussi d’inspiration du droit, ses origines historiques et

intellectuelles. Il s’agit essentiellement de la jurisprudence et de la doctrine.

a- la jurisprudence

Elle correspond au phénomène créateur de droit, c'est-à-dire, l'interprétation

d'une règle de droit définie, telle qu'elle est admise par les juges". Dans ce sens

s’il n’ya pas la loi pour trancher le litige ou si elle doit être adaptés aux besoins

actuels, le juge doit rendre une décision. Si une telle décision, rendue par un

juge est reprise par d’autres juges dans des situations identiques, elle peut

devenir une règle de droit.

Mais, lorsqu’une juridiction change de point de vue dans une situation

semblable, on parle de revirement jurisprudence.

b- La doctrine

La doctrine est constituée de l’ensemble des travaux, analyses de concepts

ou étude critique de situations juridiques, faits par des personnes ou des organes

autorisés (professionnels et praticiens du droit, professeurs de droit, instituts de

recherche). Ces critiques, ces idées, ces suggestions sont susceptibles de faire

évoluer le droit existant : en cela, la doctrine joue indirectement un rôle dans la

création du droit.

Pour constituer une source de droit les conditions suivantes doivent être réunies:

Page 19: Terminologie juridique

19

• 1. L’auteur est une autorité respectée

• 2. Les juges connaissent l’analyse et l’utilisent

4- Les traités ou conventions internationales comme

source de droit marocain :

Les traités et conventions internationaux sont des règles de droit négociées

par plusieurs États dans le but de s’engager mutuellement, les uns envers les

autres, dans les domaines qu’ils définissent (défense, commerce, justice...). Il

revient aux Constitutions des pays concernés de définir quelles sont les autorités

compétentes pour conduire la négociation et pour ratifier les traités. Elles

définissent également la portée des normes internationales vis-à-vis du droit

interne et les modalités de leur intégration au sein de la hiérarchie des normes.

Au Maroc, la constitution de 2011 semble avoir consacré le principe de la

primauté du droit international sur la législation marocaine interne. Ainsi le

dernier paragraphe du préambule qui fait partie intégrante de ladite constitution

stipule que le Maroc s’engage à « accorder aux conventions internationale

dûment ratifiées par lui, dans le cadre des dispositions de la constitution et des

lois du royaume, et dans le respect de son identité nationale immuable, et dès la

publication de ses conventions, la primauté sur le droit interne du pays, et

harmoniser en conséquence les dispositions pertinente de sa législation

nationale ».

]

Page 20: Terminologie juridique

20

V- L’Organisation Judiciaire du Maroc

Quand on ne parvient plus à s'entendre à l'amiable, on attend de la justice

qu'elle rétablisse chacun dans ses droits, mais aussi qu'elle protège les intérêts

des individus et ceux de la société. A cet égard on parle généralement de

"tribunal" pour évoquer le lieu où les personnes en conflit viennent chercher

justice et où celles qui n'ont pas respecté les lois sont jugées et sanctionnées.

Alors quels sont les tribunaux du Maroc qui sont compétent pour trancher les

litiges entre les citoyens?

Avant de répondre à cette question et de passer en revue les différentes

juridictions composant le système judiciaire marocain (II), il est indispensable

de s’interroger sur les principes qui gouvernent la justice au Maroc (I).

1- Principes généraux du système judiciaire

marocain

a- Le principe d’égalité

Ce principe signifie que seul l'Etat peut rendre la justice qui est la même pour

tous selon les mêmes règles de procédures. En effet, tout justiciable peut

librement soumettre sa prétention au tribunal compétent pour en connaître. Ce

tribunal doit, sous peine de déni de justice, statuer sur la demande dont il est

saisi.

b- Le principe du double degré de juridiction

Le principe :

Il consiste à ce que le litige soit examiné à deux degré, devant le tribunal de

première instance et devant la cour d’appel. Ainsi une affaire jugée par une

juridiction du premier degré (TPI) peut être rejugée sur le fond par une

juridiction de second degré (la cour d’appel).

Les exceptions au principe:

L’appel n’est pas possible contre les jugements des anciens tribunaux

communaux et d’arrondissements, et contre les jugements rendus par les TPI

dans les affaires dont la valeur est inférieure à 20000 dirhams.

c- Le principe de gratuité de la justice

En vertu de ce principe la justice est considérée comme étant un service

public gratuit. Les juges qui sont des fonctionnaires ne sont pas payés par les

plaideurs mais par l'Etat. Cela étant, il faut dire que la justice n’est pas à

Page 21: Terminologie juridique

21

proprement parler gratuite. En fait le plaideur qui saisit le tribunal doit avancer

une partie contributive aux frais appelée taxe judiciaire qui correspond

généralement à 1% des intérêts en jeu. Il s’y ajoute les frais de représentation.

En cas d’insuffisance de ressources constatée, le demandeur peut obtenir le

bénéfice de l’assistance judiciaire

d- Le principe de la collégialité,

Ce principe consiste à ce que la décision soit rendu non pas par un seul juge

(principe du juge unique), mais par un collège de magistrats (un minimum de

trois magistrats). Le fait que soumette le litige à l’examen et à la réflexion de

plusieurs juges peut permettre une meilleure objectivité.

e- Le principe de l’indépendance de la justice

Le principe de l’indépendance de la justice signifie que c’est le juge qui

détient et qui exerce le pouvoir judiciaire en dehors de toute intervention des

autres pouvoirs ou centres d’influence. Ainsi définie, une justice rendue par des

juges impartiaux et indépendants doit être considérée comme une nécessité

inhérente à toute société.

L'indépendance est un moyen d'atteindre l'objectif premier qui est de

conserver la confiance du public à l'égard du système judiciaire. C’est un statut

qui définit une relation avec l’extérieur. C’est la liberté de juger à l’abri de toute

pression.

La Constitution fait du pouvoir judiciaire un pouvoir indépendant par rapport

aux pouvoirs exécutif et législatif. Elle garantit l'inamovibilité des magistrats du

siège et place le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire sous la présidence

effective du Roi.

Une indépendance garantie par la constitution

Article 107 Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du

pouvoir exécutif. Le Roi est le garant de l’indépendance du pouvoir

judiciaire.

Article 108 Les magistrats du siège sont inamovibles.

Article 109 Est proscrite toute intervention dans les affaires soumises à la justice.

Dans sa fonction judiciaire, le juge ne saurait recevoir d’injonction ou

instruction, ni être soumis à une quelconque pression. Chaque fois qu’il

estime que son indépendance est menacée, le juge doit en saisir le Conseil

Supérieur du Pouvoir Judiciaire. Tout manquement de la part du juge à

Page 22: Terminologie juridique

22

ses devoirs d’indépendance et d’impartialité, constitue une faute

professionnelle grave, sans préjudice des conséquences judiciaires

éventuelles.

La loi sanctionne toute personne qui tente d’influencer le juge de

manière illicite.

Article 110 Les magistrats du siège ne sont astreints qu’à la seule application du droit.

Les décisions de justice sont rendues sur le seul fondement de

l’application impartiale de la loi. Les magistrats du parquet sont tenus à

l’application du droit et doivent se conformer aux instructions écrites

émanant de l’autorité hiérarchique.

Article 111 Les magistrats jouissent de la liberté d’expression, en compatibilité avec

leur devoir de réserve et l’éthique judiciaire. Ils peuvent appartenir à des

associations ou créer des associations professionnelles, dans le respect des

devoirs d’impartialité et d’indépendance et dans les conditions prévues

par la loi. Ils ne peuvent adhérer à des partis politiques ou à des

organisations syndicales.

Différence entre indépendance et impartialité de la Justice

Contrairement au principe de l'indépendance qui est, avant tout, un statut

définissant la relation de la justice avec son environnement institutionnel

extérieur, l'impartialité est liée non seulement à la nature de la décision rendue

par la justice mais aussi à la qualité du processus qui aboutit à cette décision.

Les principes fondamentaux des Nations Unies sur l'intégrité des magistrats

définie l’impartialité dans les termes suivants :

2-1- Le juge exercera ses fonctions judiciaires sans favoriser, prendre

parti ou porter préjudice à quiconque.

2-2- Le juge Veillera à ce que sa conduite, à la fois au sein du tribunal et à

l'extérieur, maintienne et augmente la confiance du public, du barreau et

des plaideurs dans l'impartialité du juge et de l'appareil judiciaire

Il en résulte que l'impartialité peut être vérifiée à deux niveaux

complémentaires : le comportement du juge d'une part, mais aussi la confiance

que ce comportement est censé inspiré aux justiciables d'autre part. En effet,

gagner la confiance des justiciables est un élément fondamental de la crédibilité

et de la légitimité d'un système judiciaire.

f- Principe du caractère contradictoire de la procédure

Page 23: Terminologie juridique

23

Selon ce principe le justiciable doit être mis en mesure de se défendre et

d’être entendu par le juge. Ainsi ce principe exige le respect d’un délai

irréductible pour permettre aux parties de comparaître. Ainsi défini le principe

du caractère contradictoire de la procédure qui est souvent par renforcé par le

principe de la publicité des audiences constitue une garantie solide contre

l’arbitraire et donc un pilier du droit à un procès équitable.

2- Types de juridictions

Bien que la nouvelle organisation judicaire marocaine n’ait pas fait pas de

distinction entre les différentes juridictions du pays (voir l’article premier de la

loi Loi n° 34-10 modifiant et complétant le dahir portant loi n° 1-74-338 du

24 joumada II), il nous semble pertinent, pour des raisons de clarté de traiter

cette question en deux temps. Ainsi, il s’agira dans un premier temps d’aborder

les juridictions de droit commun (1), avant de se pencher dans un deuxième

temps sur les juridictions spécialisées (2).

a- Les juridictions de droit de commun

Ces juridictions sont au nombre de trois. En effet, après la suppression des

tribunaux de communes et d’arrondissement, le système judiciaire marocain est

devenu tripartite, les Tribunaux de première instance (1), les Cours d’appel(2),

la Cour de Cassation (3). Cela étant même si les juridictions de proximité (1)

crées en 2011 ne constitue pas des juridictions a part entière et demeure partie

intégrante des tribunaux de première instance, il nous semble plutôt pertinent de

les traiter séparément pour dans l’objectif de mettre en relief leur valeur ajoutée

au système judicaire marocain.

- Les juridictions proximité (elles font partie intégrante des

TPI)

Ces juridictions sont réglementées par le Dahir n° 1-11-151 du 16 ramadan

1432 (17 août 2011) portant promulgation de la loi n° 42-10 portant

organisation des juridictions de proximité et fixant leur compétence.

Page 24: Terminologie juridique

24

Organisation :

Les juridictions de proximité sont instituées dans le ressort des tribunaux de

première instance. Leur compétence territoriale se répartit ainsi qu’il suit :

- les sections des juridictions de proximité au sein des tribunaux de

première instance; dont la compétence territoriale englobe les collectivités

locales situées dans le ressort de ces tribunaux ;

- les sections des juridictions de proximité au sein des centres du juge

siégeant ; dont la compétence territoriale englobe les collectivités locales

situées dans le ressort du centre du juge résident.

Les sections des juridictions de proximité se composent d’un ou plusieurs

juges et d’agents de greffe ou de secrétariat. Elles siègent par un juge unique

assisté d’un greffier, hors la présence du ministère public.

Des audiences foraines peuvent être tenues dans l’une des collectivités situées

dans le ressort territorial de la section des juridictions de proximité en vue de

connaître des affaires relevant de leur compétence.

L’assemblée générale désigne des magistrats qui exercent dans les tribunaux

de première instance et dans les centres du juge résident afin de statuer sur les

affaires relevant de la compétence des juridictions de proximité.

Procédure et compétences

La procédure devant les sections des juridictions de proximité est orale,

gratuite et exempte de toutes taxes judiciaires.

Recours en annulation

La partie lésée peut intenter un recours en annulation du jugement devant le

président du tribunal de première instance dans un délai de 8 jours à compter de

la date de notification du jugement, et ce, selon les cas prévus à l’article 9 du la

loi ci-haut mentionnée.

Le président du tribunal de première instance statue sur la demande dans un

délai de quinze jours suivant la date de son dépôt, hors la présence des parties,

sauf s’il juge nécessaire la convocation de l’une des parties pour présenter des

éclaircissements ; dans tous les cas, il statue dans le délai d’un mois. Ce

jugement n’est susceptible d’aucune voie de recours

Compétences et procédure en matière civile

Le juge de proximité connaît de toutes les actions personnelles et mobilières

si elles n’excèdent la valeur de 5000 dirhams. Il n’est, toutefois, pas compétent

Page 25: Terminologie juridique

25

pour les litiges relatifs au statut personnel, à l’immobilier, aux affaires sociales

et aux expulsions.

Le juge de proximité est saisi par une requête écrite ou par une déclaration

orale reçue par le greffier qu’il consigne dans un procès-verbal qui prévoit

l’objet de la demande et les motifs invoqués, conformément à un modèle établi à

cet effet qu’il signe avec le demandeur.

Une tentative de réconciliation obligatoire

Le juge de proximité procède, obligatoirement, avant l’examen de l’action, à

une tentative de conciliation.

Si la tentative de conciliation échoue, il statue, sur le fonds, dans un délai de 30

jours, par un jugement non susceptible d’aucune voie de recours ordinaire ou

extraordinaire, sous réserve des dispositions de l’article 7 ci-dessus.

Compétences procédure en matière des contraventions

Le juge de proximité est compétent pour connaître des contraventions

commises par des personnes majeures, lesquelles contraventions sont prévues

aux articles 15, 16,17 et 18 sauf à avoir une qualification plus sévère lorsqu’elles

sont commises dans la circonscription sur laquelle le juge exerce sa juridiction

ou lorsque l’auteur y est domicilié.

Les juges de proximité peuvent prononcer des jugements punissant d’une

amende allant de 200 dirhams à 1200 dirhams, selon les cas, les auteurs des

infractions énumérées par les articles 15, 16,17 et 18.

- Les Tribunaux de première instance

1. composition et mode de fonctionnement

Chaque tribunal de première instance comprend :

1- Un président, des juges dont certains peuvent assurer des

fonctions de vice-président et des juges suppléants ;

2- Un ministère public composé d’un procureur du Roi et d’un ou

plusieurs substituts ;

3- Un greffe ;

4- Un secrétariat du parquet.

Ces tribunaux peuvent être divisés selon la nature des affaires qu'ils

connaissent en sections des affaires de la " famille ", en sections de justice de

proximité et en chambres : civile, commerciale, immobilière, sociale et pénale.

Page 26: Terminologie juridique

26

Les sections des affaires de la famille connaissent la protection de la famille.

Les sections de la justice de proximité connaissent des actions personnelles et

mobilières qui n'excédent pas cinq mille dirhams, à l'exception des litiges

relatifs au code de la famille, aux affaires immobilières, sociales et les

évictions. Elles connaissent également des infractions prévues par la loi fixant

l'organisation et les attributions de la justice de proximité

Un ou plusieurs magistrats siégeant au sein de ces tribunaux peuvent

également être appelés à exercer, à titre permanent, dans des centres situés à

l'intérieur du ressort, déterminés par arrêté du ministre de la justice. Ces

magistrats sont appelés juges résidents. Les centres de juges résidents ne sont

pas des juridictions autonomes mais font partie intégrante des tribunaux de

première instance.

Les tribunaux de première instance peuvent être classés, selon la nature des

affaires qu'ils connaissent, en tribunaux civils de première instance, tribunaux

sociaux de première instance et en tribunaux pénaux de première instance.

Ces différents tribunaux de première instance sont divisés en plusieurs

sections et chambres. Ainsi, les tribunaux civils de première instance sont

divisés en " sections de justice de proximité " et en chambres : civile,

commerciale et immobilière. Les tribunaux sociaux de première instance sont

divisés « en sections des affaires de la famille », en chambres : accidents de

travail et maladies professionnelles, conflits du travail. Concernant les

tribunaux pénaux de première instance, ils sont divisés en « sections de la justice

de proximité » et en chambres : correctionnelles, accidents de la circulation,

affaires des mineurs.

Des chambres d’appel au sein des tribunaux de première instance :

Il s’agit de l’une des nouveautés clé de la nouvelle organisation judiciaire au

Maroc. Ainsi, l’article 2 de la loi n° 34-10 modifiant et complétant le dahir

portant loi n° 1-74-338 du 24 joumada II 1394 (15 juillet 1974) fixant

l'organisation judiciaire du Royaume, prévoit que « Sont créées au sein des

tribunaux de première instance, y compris ceux qui sont classés, des chambres,

dites chambres d'appel, qui connaissent de certains appels formés contre les

jugements rendus par elles en premier ressort ».

L’article 4 de la loi susmentionnée prévoit que sous réserve des dispositions

prévues par l'article 5 de la même loi et les compétences dévolues au président

du tribunal en vertu de textes particuliers, les tribunaux de première instance, y

compris ceux qui sont classés, siègent à juge unique avec l'assistance d'un

greffier, à l'exception des actions en droits réels immobiliers et mixtes et des

affaires de la famille et des successions, hormis la pension alimentaire, sur

Page 27: Terminologie juridique

27

lesquelles il est statué en présence de trois juges, y compris le président avec

l'assistance d'un greffier.

Il faut noter qu’en deuxième degré, le tribunal de première instance statue

dans les conditions fixées par le Code de procédure civile, le Code de procédure

pénale ou par des textes particuliers. Dans ce cas, il siège, en étant composé de

trois juges, y compris le président, avec l'assistance du greffier ».

2. Attributions

Les tribunaux de première instance peuvent connaître de toutes les

matières sauf lorsque la loi attribue formellement compétence à une autre

juridiction. C’est une compétence générale qui s’étend à toutes les affaires

civiles, immobilières, pénales et sociales. Toutes les questions relatives au statut

personnel, familial et successoral relèvent également de la compétence du

tribunal de première instance, que ces questions mettent en cause des nationaux,

musulmans ou israélites, ou des étrangers.

Les tribunaux de première instance sont compétents soit en premier et

dernier ressort, soit à charge d’appel, dans les conditions déterminées par les

codes de procédure civile et pénale, et, le cas échéant, par des textes particuliers.

En matière civile, les tribunaux de première instance statuent en premier

et dernier ressorts lorsque le montant du litige est égal ou inférieur à 20000

dirhams. Dans ce cas l’appel est exclu, mais la décision peut toujours faire

l’objet d’un pourvoi en cassation devant la Cour Suprême. Si la valeur du litige

est supérieure à ce montant ou si elle est indéterminée, le tribunal statue

uniquement en premier ressort et l’appel est possible.

En matière pénale, les tribunaux de première instance sont compétents

pour juger les contraventions et les délits. En revanche, les crimes relèvent de la

compétence de la Cour d’appel.

Sections de la famille : Après la publication du code de la famille, des sections

de la famille ont été créées au sein des tribunaux de première instance pour

connaître, exclusivement, des affaires de la famille.

Statut personnel des marocains de confession juive : Les affaires relatives au

statut personnel des marocains de confession juive sont soumis aux règles du

statut personnel hébraïque marocain, un Magistrat rabbinique statue sur ces

affaires.

Page 28: Terminologie juridique

28

- Les cours d’appel

1. Organisation

Les Cours d’appel comprennent, sous l’autorité du Premier Président et

suivant leur importance, un certain nombre de chambres spécialisées dont une

chambre de statut personnel et successoral et une chambre criminelle. Toutefois,

toute chambre peut valablement instruire et juger, quelle qu’en soit la nature, les

affaires soumises à ces cours. Elles comportent également un ministère public

composé d’un Procureur Général du roi et de substituts généraux, un ou

plusieurs magistrats chargés de l’instruction, un ou plusieurs magistrats chargés

des mineurs, un greffe et un secrétariat du parquet général.

En toute matière, l’audience est tenue et les arrêts rendus par un collège

de trois Conseillers assistés d’un greffier, sauf si la loi en dispose autrement. La

chambre criminelle siège, en raison de la gravité des affaires qui lui sont

confiées, avec cinq Conseillers, un président de chambre et quatre conseillers.

2. Attributions

Les cours d’appel, juridictions du second degré, examinent une seconde

fois les affaires déjà jugées en premier ressort par les tribunaux de première

instance. Elles connaissent donc des appels des jugements rendus par ces

tribunaux ainsi que des appels des ordonnances rendues par leurs présidents.

Les chambres criminelles des Cours d’appel constituent des formations

particulières, compétentes pour juger des crimes en premier et dernier ressort.

- La Cour de cassation

La Cour de cassation a été créée au lendemain de l’indépendance par le

dahir n° 1-57-223 (2 Rabia I 1377) du 27 septembre 1957. Elle est placée au

sommet de la hiérarchie judiciaire et coiffe toutes les juridictions de fond du

Royaume. Son organisation et sa compétence sont déterminées par la loi du 15

juillet 1974 fixant l’organisation judiciaire du Royaume, le Code de procédure

civile, certaines dispositions du Code de procédure pénale et du Code de la

justice militaire.

1. Composition et organisation

La Cour de cassation est présidée par un Premier Président. Le ministère

public y est représenté par le Procureur Général du Roi assisté d’Avocats

généraux. Elle comprend des présidents de chambre et des conseillers. Elle

comporte également un greffe ainsi qu’un secrétariat du parquet général.

Page 29: Terminologie juridique

29

La Cour de cassation comprend six chambres : une chambre civile (dite

première chambre), une chambre de statut personnel et successoral, une chambre

commerciale, une chambre administrative, une chambre sociale et une chambre

pénale. Chaque chambre est présidée par un président de chambre et peut être

divisée en sections. Toute chambre peut valablement instruire et juger, quelle

qu’en soit la nature, les affaires soumises à la Cour.

La Cour de cassation est une juridiction collégiale. A ce titre, les

audiences sont tenues et les arrêts rendus par cinq magistrats. Dans certains cas,

cette collégialité est renforcée et les arrêts sont rendus par deux chambres

réunies et dans certaines affaires, par toutes les chambres réunies en assemblée

plénière.

2. Attributions

Les attributions de la Cour de cassation sont nombreuses et diversifiées.

La loi a cependant limité son rôle à l’examen des seules questions de droit : elle

contrôle la légalité des décisions rendues par les juridictions de fond et assure

ainsi l’unité d’interprétation jurisprudentielle.

La Cour de cassation statue sur :

- Les pourvois en cassation formés contre les décisions rendues en dernier

ressort par toutes les juridictions du Royaume ;

- Les recours formés contre les décisions par lesquelles les juges excèdent

leurs pouvoirs ;

- Les règlements de juges entre juridictions n’ayant au-dessus d’elles

aucune juridiction supérieure commune autre que la Cour de cassation;

- Les prises à partie contre les magistrats et les juridictions autres que la

Cour de cassation;

- Les instances en suspicion légitime ;

- Les dessaisissements pour cause de sûreté publique ou de bonne

administration de la justice ;

- Les appels contre les décisions des tribunaux administratifs comme

juridiction du second degré ;

- En premier et dernier ressort, sur les recours en annulation pour excès de

pouvoir, dirigés contre les actes réglementaires ou individuels du Premier

ministre, et les recours contre les décisions des autorités administratives,

dont le champ d’application s’étend au-delà du ressort territorial d’un

tribunal administratif.

Page 30: Terminologie juridique

30

b- Les juridictions spécialisées

- Les juridictions administratives

Les tribunaux administratifs

Les tribunaux administratifs sont régis par la loi 41-90 promulguée par le

dahir n° 1-91-225 (22 rabia I 1414) du 10 septembre 1993. Ces tribunaux, au

nombre de sept, sont installés dans les principales régions du pays.

En ce qui concerne leurs magistrats, ils relèvent du statut de la magistrature

mais font l’objet d’un recrutement et d’une formation adaptés à leur fonction.

Quant à leur mode de fonctionnement interne, il est défini par leurs assemblées

généra les.

Par ailleurs ces juridictions sont collégiales. Les audiences sont tenues et les

jugements rendus par trois magistrats. Lorsque le volume des affaires le rend

nécessaire, le tribunal peut être divisé en sections spécialisées dans certains

types d’affaires.

Composition et fonctionnement.

Au niveau de leur composition ces tribunaux qui se distinguent par l’absence

du ministère public, se caractérisent par la présence de certains acteurs qui leur

sont propres. Il s’agit commissaires royaux de la loi et du droit. En effet, le

Président du tribunal administratif désigne parmi les magistrats du tribunal et sur

proposition de l’assemblée générale du tribunal, pour une période de deux ans,

un ou plusieurs commissaires royaux de la loi et du droit. Ces commissaires

qui ne prennent pas part au jugement et ne sont pas chargés de défendre

l’administration, doivent présenter, en toute indépendance, à l’audience, des

conclusions sur chaque affaire. Ils contribuent à éclairer le tribunal sur le droit

applicable et proposent des solutions. En fait leur mission s’assigne les deux

objectifs suivants :

1- ils doivent présenter une analyse objective et équilibrée de l’ensemble

des éléments de l’affaire et,

2- guider le tribunal vers une décision équitable et juridiquement correcte.

Page 31: Terminologie juridique

31

Attributions

L’article 8 de la loi 41-90 du 10 septembre 1990 instituant les tribunaux

administratifs stipule que ceux-ci sont compétents pour statuer sur:

Les recours en annulation pour excès de pouvoir (REP) formés contre les

décisions des autorités administratives ;

Les litiges relatifs aux contrats administratifs ;

Les actions en réparation de dommages causés par les actes ou les

activités des personnes publiques ;

Les litiges nés à l’occasion de l’application de pensions et du capital décès

des agents de l’Etat, des collectivités locales, des établissements publics et

du personnel de l’administration de la Chambre des Représentants et de la

Chambre des Conseillers ;

Les contentieux fiscaux ;

Les litiges électoraux ;

La légalité des actes administratifs

Il convient de signaler à cet égard que l’article 9 de ladite loi prevoit une

dérogation aux dispositions de l'article précédent. En vertu de cette

dérogation la Cour suprême demeure compétente pour statuer en premier et

dernier ressort sur :

- les recours en annulation pour excès de pouvoir dirigés contre les actes

réglementaires ou individuels du Premier ministre ;

- les recours contre les décisions des autorités administratives dont le

champ d'application s'étend au-delà du ressort territorial d'un tribunal

administratif.

Une autre dérogation mérite d’être mise en relief. Il s’agit de la dérogation

aux règles de la compétence territoriale prévue par l’article 11, en vertu de

laquelle le tribunal administratif de Rabat statue sur deux sortes de litiges, quel

que soit le domicile du défendeur. Est porté devant lui:

1- Le contentieux relatif à la situation individuelle des plus hauts

responsables administratifs, ceux qui sont nommés par dahir ou par décret

3- Le contentieux qui a pris naissance à l’étranger ou en haute mer et plus

généralement en tout lieu qui n’est pas inclus dans le ressort d’un tribunal

administratif.

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- Les cours d’appel administratives

Les cours d’appel administratives, qui ont été instituées par le Dahir n° 1-06-

07 du 15 moharrem 1427 (B.O. n° 5400 du 2 mars 2006), sont au nombre de

deux (rabat –Marrakech).

Composition et mode de fonctionnement :

La cour d'appel administrative comprend un premier président, des

présidents de chambres et des conseillers et un greffe. Elle peut être divisée en

chambres suivant la nature des affaires dont elle est saisie.

A l’instar des tribunaux administratifs, ces juridictions se caractérisent par la

présence de commissaires royaux de la loi et du droit. En effet, le premier

président de la cour d'appel administrative désigne sur proposition de

l'assemblée générale, pour une période de deux ans renouvelable parmi les

conseillers, un ou plusieurs commissaires royaux de la loi et du droit.

Au niveau de leur mode de fonctionnement deux éléments importants

méritent d’être mis en relief, à savoir :

1- Les audiences des cours d'appel administratives sont tenues et leurs

décisions sont rendues publiquement par trois conseillers dont un

président, assistés d'un greffier.

2- La présence du commissaire royal de la loi et du droit à l'audience est

obligatoire. Ce dernier expose à la formation de jugement, et en toute

indépendance, ses avis écrits qu'il peut expliciter oralement sur les

circonstances de fait comme sur les règles de droit applicables. Ses avis

sont développés sur chaque affaire en audience publique.

Attributions :

Les cours d'appel administratives sont compétentes pour connaître, en

appel:

Des jugements rendus par les tribunaux administratifs et,

Des ordonnances de leurs présidents, sauf dispositions contraires prévues

par la loi.

Le premier président de la cour d'appel administrative ou le vice-président

exerce les compétences de juge des référés lorsque la cour est saisie du litige. Le

même délai d'appel prévu par les articles 148 et 153 du code de procédure civile

s'applique aux ordonnances rendues par les présidents des tribunaux

administratifs;

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L'appel est présenté au greffe du tribunal administratif qui a rendu le

jugement en appel par une requête écrite signée par un avocat, sauf lorsque

l'appel est interjeté par l'Etat et les administrations publiques au quel cas le

recours à l'avocat est facultatif. Il convient de rappeler que l'appel est dispensé

du paiement de la taxe judiciaire.

Enfin, à l’instar des autres juridictions du Maroc, les décisions rendues par

les cours d'appel administratives sont susceptibles de pourvoi en cassation

devant la Cour suprême. Le délai du pourvoi en cassation est fixé à 30 jours à

compter de la date de notification de l'arrêt objet du recours. Sont applicables en

matière de pourvoi en cassation les règles prévues par le code de procédure

civile.

- Les juridictions commerciales

Les juridictions commerciales ont été créées par la loi n° 53-95 du 6 janvier

1997, promulguée par le dahir n° 1.97.65 du 12 février 1997. Ces juridictions

qui fonctionnent depuis mai 1998, comprennent d’une part les tribunaux de

commerce et d’autre part, les cours d’appel de commerce.

Les tribunaux de commerce sont actuellement au nombre de huit (Rabat,

Casablanca, Fès, Tanger, Marrakech, Agadir, Oujda et Meknès) et les cours

d’appel de commerce au nombre de trois (Casablanca, Fès et Marrakech). Les

magistrats du siège et du parquet des juridictions commerciales sont tous des

magistrats professionnels intégrés au « corps unique de la magistrature ».

Composition juridictions commerciales

Composition des tribunaux de commerce :

Chaque tribunal de commerce comprend :

1- Un président, des vices présidents et des magistrats;

2- Un ministère public composé du procureur du Roi et de un ou plusieurs

substituts ;

3-Un greffe,

4- un secrétariat du ministère public.

Les tribunaux de commerce sont des juridictions collégiales, leurs audiences

des sont tenues et les jugements rendus par trois magistrats, dont un président,

assistés d’un greffier.

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Composition des cours d’appel de commerce :

Les Cours d’appel de commerce comprennent :

1- Un Premier Président, des Présidents de chambre et des conseillers ;

2- Un ministère public composé d’un Procureur général du Roi et de

substitut ;

3- Un greffe ;

4- un secrétariat du ministère public.

A l’instar des Tribunaux de commerce, les Cours d’appel de commerce

peuvent être divisées en chambres et chacune d’entre elles peut instruire et juger

les affaires soumises à la Cour. Leurs audiences sont tenues et les arrêts rendus

par trois Conseillers, dont un Président, assistés d’un greffier.

Attributions :

Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître :

1- Des actions relatives aux contrats commerciaux ;

2- Des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités

commerciales

3- Des actions relatives aux effets de commerce ;

4- Des différends entre associés d’une société commerciale ;

5- Des différends relatifs aux fonds de commerce.

Plus généralement, les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître

des litiges portant sur les actes accomplis par les commerçants à l’occasion de

leur commerce et de l’ensemble des litiges commerciaux qui comportent un

objet civil.

Outre cela, il convient d’ajouter que la surveillance des formalités du registre

du commerce fait également partie de la compétence des présidents des

tribunaux de commerce. A cet effet, ils peuvent chaque année désigner un juge

responsable du registre de commerce.

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