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ART & DIPLOMATIE

ART DIPLOMATIE · dance et l’une des principales artères de la capitale congolaise. Cet évènement marquant du départ du Cinquantenaire, place du 27 Octobre – où l’ambas-sade

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ART & DIPLOMATIE

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ARTISTES : Sven AugustijnenRuben BellinkxGuy BleusMarcel CeuppensMon Colonel & SpitCarl De KeyzerRonny DelrueWim DelvoyeThierry FalisseEmmanuel KervynLieven Lefere & Charles VerraestEmilio Lopez-MencheroVincent MeessenJohan MuyleOtobong NkangaHans Op de BeeckMax PinckersMarie-Françoise PlissartBernard QueeckersAna TorfsLuc TuymansMaarten Vanden EyndeCatharina Van EetveldeYves Velter

COMMISSAIRE D’EXPOSITION : Ilse Dauwe

DES ŒUVRES D’ART COMME DES SUJETS DE CONVERSATION DANS LA COLLECTION D’ART AU SPF AFFAIRES ÉTRANGÈRES

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Le lien entre art et diplomatie n’est pas à priori évident. Le milieu diplomatique est un monde de consensus et de compromis, de règles protocolaires et de cadres législatifs, d’arrondissements d’angles et de démarches discrètes. L’art et les artistes, en revanche, ont davantage une image rebelle et dissi-dente ou sont, à tout le moins, considérés comme critiques et interrogateurs ; faisant fi des étiquettes, ils n’ont pas peur d’abolir les sacro-saintes frontières entre les genres. Cette exposition explore les deux mondes, loin des clichés que nous nous en faisons. Car, après tout, Rubens n’était-il pas aussi connu pour ses talents diplomatiques ?

Sur la base de 6 perspectives, d’œuvres d’art de 25 artistes de la collection d’art du SPF Affaires étran-gères, et de quelques objets didactiques, comme un costume d’ambassadeur, des maquettes des ambas-sades belges, des documents d’archive, différents aspects de la diplomatie et des ambassades belges sont mis en lumière. À travers ces perspectives, ‘buil-ding up the dialogue’, ‘at your service’, ‘conversation pieces’, ‘it’s a risky business’, ‘fading memory’ et ‘food for thought’ le visiteur de l’exposition se fait une idée du patrimoine immobilier, des fonctions de ser-vice au citoyen belge, de la diplomatie culturelle, de la vie dans une ambassade et de la diplomatie culinaire.

INTRO

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Otobong NkangaAlterscape I, II, III 2005C-print sur papier photo Pro Endura3 x H 50 x L 57 cm

Dans ses œuvres, Otobong Nkanga (°1974) se penche souvent sur l’histoire collective et les croyances partagées par les peuples. Il en va de même pour son triptyque ‘Alterscape I, II, III’. Ces trois photos ont été créées à partir d’une performance en maquette, elle-même inspirée d’une performance réalisée par l’artiste en 2006 à Fuerteventura, sur les îles Canaries, lors de la première Biennale d’art, d’architecture et de paysage. L’œuvre symbolise l’homme en tant que créateur et destructeur, celui qui prend le contrôle de l’environnement : l’humain pollue le monde, déracine les vestiges du passé, remodèle le paysage. La mise en scène, avec la blancheur contrastante de l’arrière-plan, fait ressortir la silhouette noire de l’homme agissant. L’insignifiance de l’être humain est figurée par le crâne dans la maquette, à l’image des natures mortes du XVIIe siècle. Quant au volcan actif, il symbolise la potentialité d’une soudaine explosion et le sentiment que l’homme est démuni face aux forces de la nature. Le paysage renferme d’autres matériaux, comme des arbres artificiels, du sable coloré, des photos découpées, de l’argile et du verre. La représentation de l’œuvre en diptyque ou triptyque a quelque chose de sacré, comme si l’artiste souhaitait rendre hommage aux choses perdues dans la douleur. ‘Alterscape I, II, III’ a été acquis par le SPF en 2012, intégrant ainsi la première collection publique de Belgique. L’œuvre a été installée dans l’ambassade de Madrid, après la rénovation de celle-ci, comme élément du plan artistique construit autour des thématiques du voyage, du tourisme et de la migration. La collection du SPF comprend aussi d’autres photos, exposées notamment dans la résidence du consul général à São Paulo, au Brésil, et dans la résidence de l’ambassadeur belge d’Abuja, au Nigeria.

A. BUILDING UP THE DIALOGUE

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LE RÉSEAU DE POSTES

Le réseau de postes se compose de 114 postes et de 232 bâtiments. Ce patrimoine immobilier se dé-cline en logements – principalement les résidences des chefs de poste, soit 118 bâtiments, ainsi que quelques immeubles pour les collaborateurs – et en lieux de travail, avec 81 ambassades, 16 consu-lats généraux, 8 représentations permanentes, 5 consulats, 2 bureaux politiques et 2 bureaux pour la coopération au développement. Près de la moitié des immeubles appartient à l’État belge et un peu plus de la moitié fait l’objet d’une location.

Willemen GroepLa nouvelle ambassade belge

Boulevard du 30 Juin, à Kinshasa2015

Photo

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KINSHASA

En 2018, l’ambassade belge déménagea de l’em-blématique Cinquantenaire pour s’installer sur le boulevard du 30 Juin, du nom du jour de l’indépen-dance et l’une des principales artères de la capitale congolaise. Cet évènement marquant du départ du Cinquantenaire, place du 27 Octobre – où l’ambas-sade était installée depuis 1961 – a été immortalisé par le photographe de l’agence Magnum Carl De Keyzer (°1958). Cet auteur de deux volumineux ouvrages photographiques sur le Congo, intitulés « Congo (Belge) » et « Congo Belge en Images » sor-tis en 2009, a réalisé pour les Affaires étrangères un reportage photographique sur l’ancienne ambassade, saisie dans son environnement. Le nouvel immeuble, conçu par A2M et construit par Willemen, est le premier bâtiment passif en Afrique subsaharienne. Il se dresse sur quatre étages et, outre l’ambassade

de Belgique, l’ambassade des Pays-Bas y a égale-ment pris ses quartiers. Dans ce nouveau bâtiment, la collection artistique occupe une place particulière : elle fait partie intégrante du discours qui appelle à faire face, de manière innovante, au passé colonial en promouvant l’ouverture et le dialogue à travers une sélection de 40 œuvres d’art de 20 artistes belges et congolais.

Carl De KeyzerL’ancienne ambassade belge, Cinquantenaire, à Kinshasa2017PhotoH 47 x L 130 cm

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RABAT

L’ambassade actuelle se trouve en centre-ville. Le bâtiment est en piètre état et, avec la fermeture prochaine des consulats généraux à Casablanca et à Tanger, il sera impossible d’y accueillir l’ensemble du personnel. C’est pourquoi la construction d’une nouvelle ambassade a été lancée en 2018, sur un terrain du quartier Rabat-Souissi. Le plan du bâti-ment, avec son jardin intérieur, son jeu d’air, d’eau et de lumière, et sa focalisation sur l’espace interne, s’inspire de l’architecture marocaine et arabo-an-dalouse traditionnelle. L’étage dynamique, où se trouvent les bureaux, offre une interprétation plus libre de cette architecture ; sa structure ajourée, per-forée de fenêtres, baigne l’ensemble de lumière. Le bureau d’architectes A2M, qui s’est également chargé de l’ambassade belge à Kinshasa, passe la

vitesse supérieure à Rabat : plus que passive, la nou-velle ambassade sera « zéro énergie ». L’immeuble sera livré le 12 janvier 2020. Ce sera aussi l’occasion d’y intégrer plusieurs œuvres d’artistes belges et marocains, en s’inspirant du concept architectural et de la grande communauté marocaine en Belgique, qui compte aussi de nombreux artistes.

NEW DELHI

L’ambassade belge à New Delhi, en Inde, est un complexe qui héberge à la fois la résidence de l’ambassadeur belge, les quartiers du personnel et l’ambassade elle-même. Cet ensemble a été conçu par l’artiste/architecte indien Satish Gujral (°1925), lauréat du concours d’architecture lancé en 1980 par le SPF Affaires étrangères. Il s’inspira des coupoles de l’architecture moghole, telles qu’elles ornent no-tamment les mosquées et mausolées en Inde du Nord. Les Moghols – peuple originaire de la région qui couvre aujourd’hui l’Iran et l’Afghanistan – ont exercé, trois siècles durant, une influence majeure sur l’Inde septentrionale. Fidèle à son époque, Gujral avait créé une œuvre architecturale très évocatrice. La question était donc de savoir comment intégrer des créations qui, d’une part, épouseraient harmo-nieusement l’immeuble tout en lui conférant une plus-value et une actualité renouvelée et qui, d’autre

part, inciteraient le public à réfléchir aux tendances de la société contemporaine. Ces questions ont trouvé réponse en 2017 grâce à une sélection de 34 œuvres de 18 artistes indiens et belges, avec une priorité aux jeunes créateurs. Les thématiques abordées par ces œuvres sont le « dividende démo-graphique », le genre, la religion et la spiritualité, le canon de l’histoire de l’art, la science, l’environne-ment et le climat.

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B. AT YOUR SERVICE

Le centre de conférences du palais d’Egmont abrite une « salle de réunion bleue », où se trouve exposée « Aligner » de Bernard Queeckers (°1950). Cette œuvre – l’une des rares de la collection à avoir été acquise aux enchères – a été achetée spécifiquement pour cette pièce. Le centre de conférences, ouvert en 1971, pro-pose 8 salles de réunions, dont 4 au palais d’Egmont et 4 dans le bâtiment Egmont II. Tant le palais d’Egmont que le centre de conférences ont été utilisés par le SPF Affaires étrangères pour ac-cueillir des chefs d’État et autres dirigeants internationaux. Depuis 2007, les espaces peuvent aussi être loués par des tiers pour l’organisation d’évènements.Chaque année, ces lieux servent de décor à plus de 500 évènements, dont quelque 400 évènements du SPF, environ 70 locations par des tiers et près de 90 mises à disposition en faveur de l’Institut Egmont et d’organismes tiers à charge du SPF Affaires étrangères.

Bernard Queeckers Aligner1986C-print7 x H 60 x L 39.3 cm

Ana Torfs Ecran I & II2002Tirage argentique sur gélatine (ILFORD baryte mat)2 x H 60 x L 46 cm

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Les séries photographiques d’Ana Torfs (°1963), qui composent une partie de son œuvre diversifiée, sont dominées par la tension entre texte et image, de même que par tous les processus de visualisa-tion, d’interprétation et de traduction qui y sont liés. L’artiste se saisit de fragments d’histoire politique et culturelle qu’elle présente sous un jour nouveau, surprenant et actuel. Les deux photos « Ecran I & II » sont exposées depuis 2015 dans la salle de lecture des archives des Affaires étrangères. Chaque mois, la salle est fréquentée par 150 lecteurs en moyenne, soit plus de 1 800 visiteurs par an. Il s’agit pour la plupart d’étudiants et de chercheurs universitaires en histoire et sciences politiques (notamment), mais

aussi de diplomates en formation, d’artistes et de scientifiques. Si la majorité de ces visiteurs sont Belges, on y trouve régulièrement des chercheurs d’autres pays d’Europe, voire d’autres continents. La salle de lecture est librement accessible au public pendant les heures de bureau et chacun peut y me-ner ses recherches en consultant les catalogues sur place. Les archives sont subdivisées en « archives diplomatiques » et « archives africaines ».

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La pratique artistique de Johan Muyle (°1956) doit sa cohérence à l’utilisation d’images et d’objets ready made, tels que le billet de banque. En retra-vaillant un objet existant, l’artiste crée un nouvel univers empreint de poésie, qui combine l’ironie d’un James Ensor et l’irrationnel d’un René Magritte, le tout rehaussé d’une pointe de sarcasme à la Marcel Broodthaers. Le SPF Affaires étrangères possède plusieurs créations de cet artiste, dont 3 œuvres d’art à New Delhi et une série de 7 billets de banque à la direction d’encadrement Budget et Contrôle de gestion, établie dans le bâtiment Egmont II à Bruxelles.Ce service, chargé du contrôle budgétaire et financier (1,7 milliard d’euros par an), est en contact avec l’étranger, raison pour laquelle il est régulière-ment confronté à des monnaies internationales.

Sur les quelque 120 postes diplomatiques à l’étran-ger, 64 devises différentes sont utilisées, notam-ment dans la facturation des produits consulaires, les fonds de roulement des postes et les paiements directs depuis Bruxelles. Bien que de nombreux postes utilisent une autre monnaie, la plupart d’entre eux paient l’administration centrale en euros pour faciliter le processus.

Johan Muyle 100 FB texte Flamand2009Techniques mixtes H 22.5 x L 33 cm

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Johan Muyle 100 FB texte Flamand2009Techniques mixtes H 22.5 x L 33 cm

Guy Bleus (°1950) est un artiste notamment asso-cié au mail art. Il s’agit d’une forme d’art « unilatéral », qu’il concrétise dans des livres d’artiste, des œuvres audio et vidéo, des assemblages, des timbres artis-tiques, de l’art recyclé, des sceaux et des dispositifs de scellement. Cette œuvre, créée en 1990, est intitulée ‘mail art message to a new millennium’. Nombreux sont les artistes belges qui travaillent avec des enveloppes, des lettres, etc. Parmi eux, citons Marcel Broodthaers, Mario De Brabandere ou encore Pierre Heyvaert. Cette œuvre, qui représente un drapeau belge et un sceau, évoque le fonction-nement de la valise diplomatique, sachant que le transport entre l’administration centrale à Bruxelles

et les postes diplomatiques est toujours scellé – au même titre, par exemple, que le transport des effets personnels des diplomates qui partent en mission. Cette œuvre est temporairement empruntée à l’es-pace de la délégation belge au Conseil européen, situé place Schuman à Bruxelles.

Guy Bleus Mail art message to a new millennium 1990Techniques mixtes H 26 x L 32 cm

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Ayant fouillé les archives du SPF Affaires étrangères, Sven Augustijnen (°1970) en tira un document pour son exposition solo « Le Réduit », qui s’est tenue du 8 septembre au 19 novembre 2016 à La Loge à Bruxelles et pour l’exposition ‘How to live together’ au Kunsthalle de Vienne (Autriche), du 25 mai au 15 octobre 2017. Augustijnen montrait le fruit de ses recherches sur la ville de Kamina, située en République démocratique du Congo. En consultant notamment les archives du Centre de documenta-tion historique de la Défense, il découvrit un projet belge jusque-là inconnu : celui du développement d’une base militaire et d’une ville gouvernementale qui devaient servir de refuge en cas de menace ex-térieure. Au palais d’Egmont, le plan originel exposé en vitrine est la seule et unique preuve de cette volonté de bâtir, à Kamina, un site composé de loge-ments, d’une administration, de services généraux

et d’une résidence royale. L’œuvre d’Augustijnen est un exemple de projet de recherche qui exploite les archives du SPF. Avec ses documents d’archives uniques, l’exposition « 175 ans de diplomatie belge » (bibliothèque du palais d’Egmont, été 2005) offrait un autre exemple d’une telle démarche.

Congo belge, province du K

atanga, district du H

aut-Lomam

i, Kam

ina, agglomération provisoire

ca. 1951P

lan (échelle 1-45 00

0 – plan n° T 524 Sul.)

Papier, encre

H 47 x L 9

0 cm

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C. CONVERSATION PIECESYves Velter (°1967) est fasciné par les thématiques psychologiques et contemplatives qui occupent la « zone grise » de notre perception. À sa façon unique, tant conceptuelle que figurative, il s’empare de sujets qui, souvent, nous échappent de peu. Cette œuvre se trouve normalement dans la salle de la délégation belge au Conseil européen, place Schuman à Bruxelles. Elle représente un homme anonyme qui tient un plaidoyer. Dans l’univers de la diplomatie, la force de la parole est d’une impor-tance cruciale. L’art de l’éloquence peut revêtir de nombreuses formes : prendre la parole, déclamer, prononcer un speech, prendre position (dans une institution internationale, par exemple), expliquer un point de vue, construire un plaidoyer solide et dûment argumenté, faire des analyses critiques, renseigner sur une situation complexe… Ce dis-cours-ci est encore renforcé par sa disposition scé-nographique dans l’espace. Il permet aussi – au sens propre comme au figuré – de braquer les projecteurs sur la collection artistique des Affaires étrangères, si méconnue en raison de sa diffusion mondiale.

Une autre peinture de Velter, intitulée ‘Dans van de twijfel’, est exposée dans le bureau du directeur du service d’encadrement Affaires bilatérales.

Yves VelterLa déclamation2016 Acrylique, encre chinoise, pigment, crayon, panneau durH 80 x L 60 cm

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Lieven Lefere & Charles Verraest General Assembly 2007 Tirage au jet d’encre Hahnemühle Fine Rag (308g)H 146 x L 175 x P 11 cm

L’œuvre de Lieven Lefere (°1978) est caractérisée par une atmosphère déréalisante. Si elle a tous les traits de la photographie documentaire, on se croirait néanmoins dans un décor post-apocalyptique. Ses photographies peuvent être qualifiées de « simu-lacres » : des réalités et des lieux simulés. Lefere cherche à détricoter différentes couches de réel, tout en questionnant le médium de la photographie qui, d’après lui, trompe l’esprit en montrant une certaine réalité sous un certain angle. Il a appliqué cette même stratégie dans une œuvre précédente, ‘General Assembly’, réalisée en collaboration avec Charles Verraest. L’œuvre a été acquise en 2013 par le bureau du directeur adjoint aux Affaires mul-tilatérales et à la Mondialisation, qui est aussi direc-teur de l’ONU dans le bâtiment principal Egmont I à Bruxelles. Le but était d’accrocher les regards des nombreux visiteurs attendus dans le cadre de la cam-pagne pour l’obtention d’un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. De 2014 à 2018, des

centaines de visiteurs étrangers ont été accueillis dans ce bureau et, très souvent, l’œuvre a fourni un excellent point de départ à des conversations fort animées. En juin 2018, la Belgique a été élue pour un mandat de deux ans (2019-2020) au Conseil de sécurité. C’est la sixième fois que la Belgique se voit confier cette responsabilité. En accord avec le slogan de la campagne, « bâtir le consensus, agir pour la paix », la Belgique œuvre pour une meilleure protection de ses citoyens (en particulier les enfants) dans les zones de conflit, pour la prévention et la résolution paisible des conflits, pour le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire, et pour la consolidation d’une paix durable.

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Lieven Lefere & Charles Verraest General Assembly 2007 Tirage au jet d’encre Hahnemühle Fine Rag (308g)H 146 x L 175 x P 11 cm

Dans son ouvrage Kinshasa, récits de la ville invi-sible, l’anthropologue Filip De Boeck met en lumière un phénomène qui est également illustré par la pho-to « Parlementaires debout » de Marie-Françoise Plissart (°1954). Sous les arbres qui bordent les grands axes et boulevards de Kinshasa, on trouve toutes sortes d’activités. Aucune de ces activités n’est exercée dans un immeuble : il ne s’agit pas du « bâtiment », mais du « concept ». Il suffit ainsi d’une corde tendue entre deux arbres pour y suspendre les journaux du jour et créer une tribune pour les « parlementaires ». Les gens se rassemblent sous les arbres pour commenter l’actualité et construire leur « agora », leur « parlement ». Bien que l’arène politique et diplomatique des organisations interna-tionales mondiales soit assez différente du contexte des parlementaires congolais autoproclamés, ces tribunes suscitent indéniablement des réflexions in-téressantes. Même si cette image remonte à 2004,

elle reste d’une remarquable actualité comme figu-ration de la République démocratique du Congo. L’œuvre « Parlementaires debout » a été acquise en 2018 pour l’AfrikaDesk de la direction générale des Affaires bilatérales, établie dans le bâtiment Egmont I à Bruxelles.

Marie-Françoise Plissart Parlementaires debout 2004 Photo H 70 x L 70 cm

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Luc TuymansThe Conversation1995Sérigraphie sur papier Hahnemühle 200 grammesH 50 x L 63 cm

L’œuvre de Luc Tuymans (°1958) est souvent empreinte d’ambiguïté. Les apparences s’avèrent trompeuses. Derrière un petit groupe de flâneurs ou une maison à priori tranquille se cachent parfois plusieurs strates de sens. Cela pourrait aussi être le cas de ‘The conversation’, où deux figures semblent avoir une conversation agréable et amicale. Tant les multiples couches de lecture que les interprétations, les perceptions, les sens cachés et le sujet lui-même sont pertinents dans le contexte de la diplomatie. Tous ces éléments peuvent, en effet, jouer un rôle dans l’analyse d’une situation donnée, dans le re-cueil d’informations sensibles, le partage discret d’éléments nouveaux et potentiellement cruciaux, la perception d’éventuels points de bascule dans cer-taines régions, la saisie d’opportunités, la recherche d’alliés, l’identification d’alliances et l’exploration de pistes ou d’ouvertures dans le cadre de problé-matiques mondiales complexes… Le SPF Affaires étrangères possède quelques œuvres graphiques

de cet artiste. En dehors de l’exposition, ce tableau orne le bureau du président du Comité de direction, chef de l’administration des Affaires étrangères, dans le bâtiment principal Egmont I à Bruxelles. Pour ce qui est des autres œuvres, « Giscard » se trouve dans la résidence du représentant permanent de Belgique auprès de l’Union européenne à Bruxelles, ‘Worshipper’ dans la résidence de l’ambassadeur à Amman, ‘Peaches’ et ‘Technicolor’ dans l’ambas-sade de Kiev, ‘Ballroomdancing’ et ‘Suspended’ dans la résidence du consul général à New York et ‘Zelfportret’ dans la résidence de l’ambassadeur de Belgique à Nairobi.

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Ruben Bellinkx (°1975) invente un monde surréel, capable d’émerveiller le spectateur. Cet effet, il le renforce en créant une composition (setting) qui laisse une image poétique toute en retenue, oscillant quelque part entre reconnaissance et déréalisation. Il parvient, pour ainsi dire, à métamorphoser des scènes quotidiennes familières en autant de situa-tions inédites. La réalité, à priori si certaine, soudain vacille. Cette photographie représente un groupe de personnes positionnées autour d’une table de réunion, tenant le bord de la table entre les dents. Cette œuvre – qui, en néerlandais, évoque la formule ‘zich vastbijten in’ (s’accrocher, persévérer) – figure la finalisation d’une tâche complexe, le fait d’assumer collectivement une certaine mission. Il se trouve que cette image, ainsi que l’une de ses variantes, ornent respectivement le bureau du directeur général des Affaires multilatérales, dans le bâtiment principal

Egmont I à Bruxelles, et une salle de conférence de la délégation belge auprès de l’OTAN. La Belgique a participé à la création des principales organisa-tions internationales comme l’ONU, l’OTAN, l’UE, l’OSCE, le Conseil européen, etc. À l’intersection du conflit et de la collaboration, la Belgique joue résolument la carte du multilatéralisme. À part des partenariats habituels, la Belgique noue, avec une at-titude ouverte, constructive et positive, les alliances les plus larges possible avec des pays qui partagent la même vision et les mêmes valeurs. Cette œuvre se concentre sur les hommes en costume sombre. Les interlocutrices y brillent par leur absence. La di-plomatie, qui s’est longtemps reposée sur des codes et des règles strictes, fut longtemps le bastion des hommes. Aujourd’hui, au fur et à mesure que ces codes et ces règles volent en éclats, la diplomatie belge cherche l’égalité des genres.

Ruben BellinkxStasis (still from HD film)2013Tirage numérique sur papier de qualité archive, monté sur aluminium H 66.5 x L 86 cm

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La photo ‘A Sudden Gust of Wind (after Jeff Wall and Hokusai)’ de Max Pinckers (°1988) est extrait d’une série intitulée ‘Two Kinds of Memory and Memory Itself’, qui date de 2015 et a été réalisée au Japon. Avant son départ vers le Pays du soleil levant, Pinckers avait beaucoup appris sur celui-ci : haute-ment technologique, très centré sur lui-même, diffi-cilement accessible aux étrangers, pays des bonsaïs, sumos, kimonos, sushis, jeux vidéo… À son arrivée, il constata toutefois que ces éléments n’étaient pas prédominants dans la culture japonaise. L’expérience de ce conflit l’incita à tenter de construire lui-même de tels stéréotypes culturels : il se mit à prendre des photos de situations mises en scène, souvent inspirées d’images existantes et réalisées par des étrangers, telle que la photo ‘A Sudden Gust of Wind (after Hokusai)’ de Jeff Wall (1993). Ce mode de travail est en cohérence avec le principe fondamen-tal de Pinckers, qui refuse de croire en l’objectivité ou la neutralité de la photographie documentaire. C’est ainsi qu’il cherche des stratégies visuelles favorables à une approche subjective et qu’il fait, notamment, un usage explicite de scènes et d’éclai-rages de théâtre. Cette photo orne le service Presse et communication, établi dans le bâtiment principal Egmont I à Bruxelles. Deux photos de sa série ‘The Fourth Wall’, réalisée en Inde en 2012, sont expo-sées à Mumbai. Son interprétation de « La Jeune fille à la perle » se trouve à l’ambassade de La Haye, à quelques encablures du Gemeentemuseum qui abrite la version de Vermeer. La photo qui représente des feuilles tourbillonnantes n’est pas la seule de ce genre dans la collection du SPF : citons ‘Leningrad – Les Journaux‘ de Christian Carez, photo d’un journal soulevé par le vent, qu’on peut admirer au consulat général à Saint-Pétersbourg, et une photo « sans titre » de Kelly Schacht, représentant des papiers flottant dans l’air, qui est exposée dans l’espace de la délégation belge auprès du Conseil européen, place Schuman à Bruxelles. Le consulat général à Montréal, enfin, abrite une photo d’une vitrine à Bruxelles, en édition limitée, de la main de Jeff Wall.

Par le biais de cette photo, intitulée ‘Truck & Sign’, et de son panneau ‘Damaged’, Vincent Meessen (°1971) renvoie au pionnier américain de la photogra-phie de rue, Walker Evans. Evans a réalisé une photo d’ouvriers qui, à New York, déplaçaient une enseigne lumineuse pour le film (raté) ’Not damaged’. Par ses reconstitutions (reinactments), au travers desquelles il re-crée et re-contextualise des situations en utili-sant une variété de médias artistiques, Meessen souligne l’importance du contexte et de la (mau-vaise) interprétation de l’image. La contextualisation est d’une importance tout aussi cruciale pour le SPF Affaires étrangères. Les ambassades font office d’antennes mondiales pour les multiples contextes géographiques, politiques et économiques. Le contexte de l’intégration de l’œuvre de Meessen dans la collection des Affaires étrangères est éga-lement digne d’intérêt. Elle fut acquise en 2008, à l’initiative du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Karel De Gucht. Cette année-là, notre pays entra dans les annales en formant un gouver-nement après 9 mois de négociations. Karel De Gucht estimait que cette situation avait gravement endommagé la réputation de la Belgique à l’étranger. L’image de Meessen fait référence à cette période et la perpétue symboliquement dans le jardin du palais d’Egmont, qui a depuis été rebaptisé le « jardin des sculptures des ministres ». Le prédécesseur du ministre De Gucht, le ministre Louis Michel, et l’actuel ministre Didier Reynders y ont chacun ajouté une œuvre d’un artiste belge, respectivement une sculpture de Pierre Culot et une de René Julien.

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Max PinckersA Sudden Gust of Wind (after Jeff Wall and Hokusai)Série Two Kinds of Memory and Memory Itself 2015Tirage pigmentaire sur papier de qualité archive FibaPrint® ‘White Matte’ 280g/m2Édition 2/5 (+ 2 A.P.)H 80 x L 98 cm

Vincent MeessenTruck & Sign2008Photographie NB sur papier barytéH 82 x L 102 cm

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Indéniablement figuratif, l’art pictural de Thierry Falisse (°1973) n’est pas dépourvu d’un certain ré-alisme, conféré par ses sujets – souvent inspirés de la vie quotidienne – et par la qualité hautement photographique de ses œuvres. L’artiste entretient une relation ambivalente avec la toile, oscillant entre la prise de risque et le désir de contrôle. Ses théma-tiques obsessionnelles sont la mémoire et le souve-nir. Quant à ses origines – coréennes –, elles sont pour lui un puissant levier de découverte. En partant de photos de lieux repérés dans des portraits de fa-mille, il perpétue le récit – mythique – de la rencontre de ses parents dans les années 1950, en pleine guerre de Corée. Cette peinture, qui représente un clavier d’ordinateur, est exposée dans les locaux du service IT, dans le second bâtiment principal Egmont II à Bruxelles. Au fil du temps, la communication a considérablement évolué. Nous sommes loin des télex manuscrits, fax et lettres cryptées qui servaient de moyens de communication entre les postes di-plomatiques et l’administration centrale à Bruxelles. Aujourd’hui, ils ont été remplacés par l’ordinateur, les téléconférences, WhatsApp, Internet et les réseaux sociaux. Travailler dans un contexte international implique aussi de parler plusieurs langues : les trois langues nationales officielles, l’anglais comme lingua franca, et les langues locales. Ces évolutions exigent de développer les compétences personnelles et d’acquérir une véritable expertise dans le domaine de la traduction (services internes et externes), de la cybersécurité, etc.

En 2015, à l’occasion de « Mons, capitale euro-péenne de la culture », le site du Grand Large a accueilli une exposition intitulée « Le Grand Large - Territoire de la Pensée ». Dans ce cadre, 24 artistes ont été invités à créer des œuvres originales sur le thème du territoire et, plus spécifiquement, sur l’idée du départ vers des terres inconnues. L’artiste hispano-belge Emilio Lopez-Menchero (°1960) a créé son drapeau à partir d’une empreinte digi-tale numérique. Cette démarche s’inscrit dans sa pratique artistique pluridisciplinaire, au moyen de laquelle il interroge les diverses facettes de l’identité, dont sa propre identité d’artiste au sein de la société. Attentif aux icônes de son époque et aux normes de la société, Lopez-Menchero estime que tout est une question d’architecture, même la construction de l’image de soi. L’empreinte digitale est le sym-bole par excellence de l’identité unique de chaque être humain. Depuis 2014, les passeports belges « biométriques » intègrent l’empreinte digitale de leur titulaire. Après l’exposition, cette œuvre sera installée dans la salle de législation rénovée, acces-sible au public, de la direction générale consulaire.

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Thierry Falisse Keyboard #5 2015 Huile sur toile H 150 x L 150 cm

Emilio López-Menchero Le Grand Large2015DrapeauH 140 x L 190 cm

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Marcel CeuppensHaïti !2010Tirage au jet d’encreH 70 x L 100 cm

Emmanuel KervynX-men2012PapierH 85 x L 105 cm

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L’assistance aux Belges en danger ne concerne pas seulement les matières consulaires : une telle aide est également fournie par le centre de crise des Affaires étrangères en cas de catastrophes natu-relles et de conflits urgents. Pensons notamment au tremblement de terre qui dévasta Haïti dans la nuit du 12 au 13 janvier 2010. Le pays le plus pauvre de l’hémisphère ouest fut frappé par un séisme qui fit des dizaines de milliers de victimes. À l’image de la réponse rapide de la communauté internationale, le gouvernement belge activa B-Fast. Sur place, les secouristes parvinrent à effectuer plus de 120 interventions chirurgicales, soigner près de 3 000, sauver de personnes des décombres et mener à bien de nombreux accouchements. Quant au centre de crise à Bruxelles, il demeura actif pour répondre aux appels de citoyens inquiets. L’année 2010 fut marquée par des séismes, des inondations et des éruptions volcaniques, mais aussi par la création de l’équipe FACT, acronyme de Foreign Affairs Crisis Team, qui devait permettre d’intervenir encore plus rapidement et efficacement à l’avenir. Dans les cou-loirs du centre de crise furent exposées les œuvres « Haïti ! » et « Eyjafjallajökull ! » de Marcel Ceuppens (°1960), comme symboles des nombreuses inter-ventions effectuées cette année-là, ainsi qu’avant et après cette date. Le protagoniste de Ceuppens est un « Elckerlyck », une figure humaine qui contemple la zone sinistrée en adoptant une attitude réfléchie et qui, bien que se trouvant à distance, interagit avec elle de manière concernée.

Emmanuel Kervyn (°1959) fait la reliure. À part ça, il explore les différents facettes de son métier et sur-tout les événements inattendus, une déchirure, une tache de colle, un mouvement du papier. Le papier, comme le volume, comme l’image font partie de sa pratique de recherche artistique. L’œuvre se trouve à la section consulaire. Le « X » reçoit une signification symbolique d’un indice d’identité et d’anonymat. Kervyn utilise des journaux et des listes de noms des registres téléphoniques. Ce dernier est étroitement lié au domaine de la division consulaire : les registres de la population consulaire, la fonction de « maison communale » des postes diplomatiques, l’assistance consulaire aux Belges à l’étranger.

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Avec « Atlas#8 », Wim Delvoye (°1965) crée une carte du monde imaginaire aux continents, pays et lieux irréels. C’est une façon ludique de questionner la vision occidentale du monde ; le spectateur perd ses repères et se trouve brièvement désorienté. Cette œuvre s’inscrit à merveille dans la collection d’anciennes cartes du monde et de gravures de villes et de régions des Affaires étrangères, ainsi que dans sa collection de cartes et d’interprétations contem-poraines du monde. La collection a ainsi été enrichie des visions du monde de Mona Hatoum, Michel François, Luc Deleu, etc. À proximité de la carte de Delvoye, le palais d’Egmont abrite une horloge dans l’antichambre, qui représente la figure mythologique d’Atlas, portant la sphère terrestre sur ses épaules. L’œuvre elle-même a également voyagé : de la salle

d’attente du cabinet du ministre des Affaires étran-gères vers une exposition temporaire au Conseil de l’Europe lors de la Présidence belge de 2010 vers l’ambassade belge à La Haye. Après l’exposition, elle retournera à sa place actuelle, à la délégation belge auprès de l’Otan.

Wim DelvoyeAtlas#82003Tirage Cibachrome sur aluminiumH 100 x L 125 cm

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Catharina Van EetveldeCruise2003Film d’animation, couleur, son, 8’Texte : Abigail Lang

First-water-and memory-where land once was. Avec ces mots simples de Abigail Lang le film ‘Cruise’ de Catharina Van Eetvelde (°1967) entame une croisière qui montre une vue poétique sur le monde. 1300 dessins deviennent vivants dans une vidéo de 8 minutes dans lequel ils apparaissent des cartes, où s’ouvrent des parties de pays et se dispersent des territoires. La ligne est légère et précise, elle montre une rigueur scientifique qui peut être lue comme informative et ensuite comme une narration complexe. L’histoire humaine est éclipsée par la convention des faits durs, la topographie, la démo-graphie, l’économie etc. L’œuvre apparait comme une relecture du monde par des codes de la car-tographie. Plutôt qu’une cartographie historique, il faudra percevoir ‘Cruise’ par les sens. Par les codes

de la cartographie, Van Eetvelde crée un espace mental. Il n’y a pas de localisation dans son travail, l’équateur fonctionne comme une corde à laquelle les territoires en dispersion sont ancrés. Le monde retourne vers une sorte de source gisant de la mer. Sur les extensions de la mer, des fragments des continents sont mixés avec d’autres par les cou-rants. La carte du monde n’a plus de centre, elle redéfinit le monde comme une superficie ouverte, une plate-forme mondiale faite par des courants. Van Eetvelde invite le public à une croisière sans destination planifiée, c’est un voyage qui a secoué toutes les grilles de coordonnées.

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Félix Augustin MiliusRéception solennelle du consul général de Belgique M. Daluin, par l’Empereur du Maroc à Rabat, le 2 décembre 18651865Huile sur toileH 140 x L 170 cm

Costume ambassadeur Dupret Prêt Familie Dupret

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D. A RISKY BUSINESSLa diplomatie n’a jamais été un métier sans risque. Lorsque les relations bilatérales se gâtent, les ambassa-deurs peuvent vite devenir la cible des manifestants. C’est ainsi que l’ambassadeur de Belgique à Rabat, Marcel Dupret, fut tué lors d’un attentat perpétré par les cadets de l’armée marocaine contre le roi Hassan II, au Palais d’été de Skhirat, le 10 juillet 1971. L’ambassadeur Dupret avait eu une carrière mouvementée. Né en 1919, ce juriste de formation faisait partie de la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale et s’engagea dans les commandos au lendemain de la Libération. Il débuta sa carrière diploma-tique en 1946 et enchaîna les postes dans des régions sensibles, voire dangereuses, comme Nairobi – qui connut la révolte des Mau-Mau – ou encore Brazzaville, vers laquelle de nombreux Belges déménagèrent pour fuir les problèmes en RDC. Il fut consul général à Jérusalem et ambassadeur à Bagdad, avant d’être nommé ambas-sadeur à Rabat en 1970. Le 10 juillet 1971, il mourut des suites d’une blessure par balle, laissant une veuve et sept enfants. Le parcours personnel et professionnel de Marcel Dupret offre un exemple de carrière diplomatique et des situations (dangereuses) qu’un ambassadeur est susceptible de rencontrer. L’ambassadeur belge Claude Ruelle fut blessé lors de l’attentat au Caire du 6 octobre 1981, qui coûta la vie au président Sadate. D’autres diplo-mates ont vécu de graves conflits, échappant parfois de justesse à la mort. Un bon exemple nous est offert par le récent reportage de la VRT sur le génocide rwandais, qui comprend notamment le témoignage de Johan Swinnen, ex-ambassadeur de Belgique à Kigali. D’autres encore ont raconté à quel point il était ardu d’être affecté à un poste aux conditions difficiles, comme Arnout Pauwels, ancien ambassadeur de Belgique en Afghanistan, dans un reportage de la VRT signé Annemie Struyf. La RTBF, enfin, a sorti un reportage pertinent sur Hendrik Van De Velde, ex-ambassadeur de Belgique en Jordanie, qui se préparait pour une mission en Irak.

La diplomatie se caractérise par une série de symboles et de règles protocolaires, comme la remise des lettres de créance au chef d’État local et le costume d’ambassadeur. À l’exposition « 175 ans de diplomatie belge », le public pouvait admirer un tableau représentant l’ambassadeur Daluin au moment où, en tant que premier ambassadeur de Belgique au Maroc, il remet ses lettres de créance au sultan. En 2005, le tableau fut restauré lors d’un passage en Belgique. Il a depuis retrouvé sa place au mur de la résidence de l’ambassadeur belge à Rabat. Le « costume d’ambassadeur » exposé en vitrine à cette exposition ‘Art & Diplomacy’ appartenait à feu l’ambassadeur Dupret. Il ne le portait toutefois pas au moment de l’attentat à Skhirat, mais quelques mois plus tôt, lors de la remise de ses lettres de créance au roi Hassan II, cérémonie qui l’accrédita formellement comme ambassadeur de Belgique au Maroc. Ces costumes étaient jadis revêtus lors d’occasions spécifiques, telles que la remise des lettres de créance, la célébration de la Fête nationale, la présentation des vœux de Nouvel An du corps diploma-tique au chef d’État, etc. Aujourd’hui, ils ne sont plus que rarement portés.

Félix Augustin MiliusRéception solennelle du consul général de Belgique M. Daluin, par l’Empereur du Maroc à Rabat, le 2 décembre 18651865Huile sur toileH 140 x L 170 cm

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E. FADING MEMORY‘Fading Memory’ de Ronny Delrue (°1957) porte sur la relativité et l’éphémère, sur l’importance que revêtent certaines personnes à un moment donné, avant que s’évanouisse cette importance, disparaisse leur nom, leur visage. Il s’agit là d’une thématique fré-quemment rencontrée dans l’œuvre de Delrue. Dans le contexte des Affaires étrangères, on peut faire le lien avec le caractère transitoire des postes diploma-tiques et des fonctions à l’administration centrale. Dans le contexte de l’exposition, on notera que l’œuvre fait l’effet d’une installation contemporaine dans le décor classique de l’antichambre, entourée comme elle l’est des portraits majestueux de Léopold Ier, pre-mier roi des Belges, et de Louise-Marie, sa seconde épouse. Après l’exposition, l’œuvre déménagera vers la section protocolaire du palais d’Egmont. Là encore, elle aura l’impact d’une installation artistique contem-poraine, flanquée des portraits d’anciens ministres des Affaires étrangères et d’un buste d’un ancien chef de l’administration. Cet effet déréalisant incitera les visiteurs à s’interroger sur l’identité de ces hommes si solennellement représentés et que la fuite du temps a transformés en autant de nobles inconnus.

Ronny DelrueFading Memory2014Édition, tirage à 7 exemplairesPlâtreH 53 x L 38 x P 16 cm

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F. FOOD FOR THOUGHTL’un des instruments de la diplomatie est la diplo-matie culinaire. Celle-ci est abordée de diverses manières dans la galerie des miroirs et le salon des dames : un évènement culinaire, une table dressée de manière officielle, une vidéo d’un banquet festif dans le désert et une série de vases en céramique.

La diplomatie culinaire repose sur plusieurs piliers : le cadre, le menu, les invités et les sujets de discus-sion. La gastronomie belge jouit d’une excellente réputation à l’international. Au vernissage de l’ex-position, Samuel Albert, lauréat de Top Chef 2019 et cuisinier de l’ambassade belge à Tokyo, a réalisé une pomme inspirée de Magritte pour les convives. Lors de l’exposition, cet évènement est projeté en guise de happening sur un écran télévisé.

Au fil du temps, plusieurs labels belges de qualité ont été présentés aux convives. Pensons à la porce-laine de Baudour, aux couverts en argent de Wolfers et aux verres en cristal de Val-Saint-Lambert. Depuis toujours, une attention particulière est accordée au cadre, à la présentation, à l’accueil et au placement des invités. En témoigne la table dressée dans le salon des dames, couverte de précieuses pièces d’argenterie, de porcelaine et de cristal.

L’objectif d’un dîner ou d’une rencontre est de réunir un certain nombre de convives. C’est l’occasion de rassembler des personnes d’obédiences et d’ho-rizons divers pour discuter de sujets particuliers, vérifier le sens des réalités de chacun, etc.

Les sujets de discussion importent tout autant. L’expression anglaise ‘the proof of the pudding is in the eating’ s’applique également aux contacts diplomatiques. Elle s’utilise souvent pour les idées :

une idée peut sembler bonne, mais pour savoir si elle l’est vraiment, il convient de la mettre en œuvre et d’en observer le résultat.

Nombre d’artistes ont travaillé sur des sujets culi-naires, sur le rassemblement de personnes autour de mets ou boissons partagés, sur le cadre d’une telle rencontre ou sur le contenu de l’assiette et le mode de consommation. Le spectateur découvrira ici une sélection de passages de la vidéo ‘Celebration’, ré-alisée par Hans Op de Beeck (°1969) : un banquet copieux est installé dans un décor surréaliste, celui du désert de l’Arizona, aux États-Unis d’Amérique. Cette vidéo, prêtée par l’artiste, a été projetée pen-dant deux ans dans le restaurant du bâtiment princi-pal à Bruxelles. Les ambassades aussi empruntent des œuvres d’art. Le duo d’artistes Mon Colonel & Spit (Eric Bassleer, °1974 et Thomas Stiernon, °1977) et l’artiste Maarten Vanden Eynde (°1977) ont réussi, chacun à leur manière, à faire découvrir au grand public la céramique, forme d’art plutôt ré-servée aux arts appliqués et à une certaine classe sociale. Les uns le font en utilisant du graffiti et des belgicismes dans leur vase « la vie est belge », l’autre en réutilisant un vase Ikea dans un discours sur l’ar-chéologie et la science qu’elle crée, où le présent se dessine comme le passé de demain.

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Maarten Vanden EyndeVase Ikea 2017CéramiqueH 30 x L 50 x P 30 cm

Mon Colonel & Spit La vie est belge 2016CéramiqueH 69 cm

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Hans Op de BeeckCelebration 2008Video de 4’28”, Couleur, son Vidéo Full HD Transférée sur Blu-ray Courtesy de l’artiste

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COLOPHON

Cette exposition d’été ‘Art & Diplomacy’ se tient du 21 juillet au 30 août 2019 au palais d’Egmont à Bruxelles. C’est la hui-tième édition : après des créations en dentelle (Isabelle de Borchgrave), des créations des étudiants de la mode (Fashion@EgmontPalace), des œuvres d’art sur les thèmes de migration (Text-île), de servitude (@yourservice), de street art (Belgian Crew), une œuvre florale (Daniël Ost) et des œuvres des artistes africains (AfricaMuseum@EgmontPalace), la collection d’art du SPF Affaires étrangères est pour la première fois mise en lumière.

Les expositions sont le fruit d’un événement d’un jour à l’occasion de la Fête Nationale belge, le 21 juillet 2012. Cet événement est une initiative du ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders. Depuis 2013, les expositions sont organisées à la volonté du ministre et développées par le kunstcomité d’art des Affaires étrangères.

Remerciements :Nous tenons à remercier l’ensemble des artistes, galeries et entreprises, le comité d’art externe et interne, le groupe de travail de l’exposition, les différentes directions, l’ambassade belge à Madrid, la délégation belge de l’Otan et la Représentation permanente auprès de l’Union européenne, pour le soutien sur le plan de la logistique et du contenu.

Scénographie et éclairage :Vidisquare, Licht, Lieven Lefere, Galerie Jan Mot, SPF Affaires étrangères.

Textes :Les artistes, le groupe de travail interne et tous les interlocuteurs.

Traduction :Agence de traduction et service de traduction Affaires étrangères.

Crédits photos Photographie :Ruben Bellinkx, Carl De Keyzer, Wim Delvoye, Thierry Falisse, Galerie Greta Meert (Catharina Van Eetvelde), Philippe Herbert (Ronny Delrue), Johan Muyle, Otobong Nkanga, Hans Op de Beeck, Max Pinckers, Marie-Françoise Plissart,  Jean-Pol Schrauwen (Sven Augustijnen, Guy Bleus, Marcel Ceuppens, Mon Colonel & Spit, Emmanuel Kervyn, kostuum ambassadeur Dupret, Emilio López-Menchero, Vincent Meessen, Bernard Queeckers, Maarten Vanden Eynde), Ana Torfs, Vlad Vanderkelen (Luc Tuymans), Yves Velter et Willemen Groep (Kinshasa).

Image de la page de couverture : Max Pinckers, A Sudden Gust of Wind (after Jeff Wall and Hokusai), 2015, Coll. SPF Affaires étrangères, tous les droits sont réservés.

Conception graphique :Iris Van Robays

Impression :Imprimerie SPF Affaires étrangères

Service public fédéralAffaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au développementRue des Petits Carmes 151000 BruxellesTél. : +32 501 81 11www.diplomatie.belgium.be Édité par Bruno van der PluijmPrésident a.i. du Comité de direction

Il est interdit de réutiliser les supports photographiques.Cette publication est fournie à titre informatif et ne crée aucune contrainte juridique dans le chef de l’éditeur.Juillet 2019

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100 artistes contemporains dans la collection d’art du SPF Affaires étrangères :

Francis Alÿs - Nobuyoshi Araki - Carla Arocha - Abel Auer Virginie Bailly - Sammy Baloji - Charlotte Beaudry - Charif Benhelima - Marcel Berlanger - Lieve Blancquaert - Guy Bleus Delphine Boël - Sébastien Bonin - Mon Colonel & Spit - Berlinde De Bruyckere - Celine Butaye - Patrick van Caeckenbergh - Sarah Carlier - Fia Cielen - David Claerbout - Sara Conti - Delphine Deguislage - Carl De Keyzer - Edith Dekyndt - Colin Delfosse Ronny Delrue - Wim Delvoye - Alfred dUrsel - Fred Eerdekens Hadassah Emmerich - Thierry Falisse - Michel François - Lara Gasparotto - Kaif Ghaznavi - Tina Gillen - Shilpa Gupta - Mona Hatoum - Kati Heck - Ann Veronica Janssens - Viviane Joakim Reina Saina Kallat - Nikita Kadan - Eddy Kamuanga Ilunga - Anish Kapoor - Marin Kasimir - Jean Katambayi Mukendi - Anne-Mie Van Kerckhoven - An-Sofie Kesteleyn - Aglaia Konrad - Sophie Kuijken - Marie-Jo Lafontaine - Sophie Langhor - Corinne Lecot Elisabeth Lecourt - Namsa Leuba - Emilio Lopez Menchero - Mark Luyten - Sarah Van Marcke - Cécile Massart - Michaël Matthys Marcelo Moscheta - Aimé Mpane - Johan Muyle - Maryam Najd Otobong Nkanga - Aimé Ntakaiyica - Sophie Nys - Hans Op de Beeck - Goedele Peeters - Max Pinckers - Marina Pinsky - Tinka Pittoors - Benoit Platéus - Marie-Françoise Plissart - Bernard Queeckers - Kelly Schacht - Georges Senga - Stefan Serneels Helmut Stallaerts - Bart Stolle - Elly Strik - Walter Swennen Johan Tahon - Pascale Marthine Tayou - Ana Torfs - Luc Tuymans Sarah Vanagt - Koen van den Broeck - Maarten Vanden Eynde Carole Vanderlinden - Catharina Van Eetvelde - Rinus Van De Velde - Yves Velter - Angel Vergara - Pieter Vermeersch - Katrien Vermeire - Ane Vester - Leen Voet - Jef Wall - Sophie Whettnall

Plus d’info : https://diplomatie.belgium.be/fr/artategmontpalace

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