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BUDO INTERNATIONAL FRANCE

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LE MAGAZINE DES ARTS MARTIAUX

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Bola Yeung fut probablementle dernier élève de Bruce Leeà Hong Kong. Il ressort eneffet de ses récits que BoloYeung fut la personne avec quiil s'entraîna et passa le plus detemps à Hong Kong, devenantainsi le témoin direct denombreuses facettes du PetitDragon à ce jour totalementméconnues. Mais Bolo Yeungn'eut pas seulementl'occasion de pratiquer avecBruce Lee, il fut égalementl'entraîneur physique etentraîneur d'arts martiaux deson fils, quand ce dernier s'enfut à Hong Kong pour tourner« Legacy of Rage ».p. 14

En raison du 850e anniversaire de la création de l'ordremilitaire d'Aviz et de la présentation des cadets de la Défensedu Portugal, le général de brigade Santiago Sanchis et lelieutenant colonel George Berghorn (USACC - United StadesArmy Cadet Command) se rendirent au Portugal pendant unesemaine en avril-mai dernier. Des journées d'actes civils etmilitaires, des repas de galas, des défilés, des interviews, unevisite aux musées naval et militaire, une réunion avec les hautscommandements militaires à la frégate Fernando II e Gloria de1843, en parfait état de conservation et où l'école nautiquesupérieure de la marine portugaise réalise ses cours et sespratiques.

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850e ANNIVERSAIRE DE LA CRÉATION DE L'ORDRE MILITAIRE D'AVIZ

CINÉMA MARTIALCarlos réalisa certaines de nos

premières vidéos, telles que « Taekwondo, les techniques dejambes », où ses connaissancestechniques et ses habiletés entant que professeur transparais-saient clairement. Mais en dehorsdes nombreuses occasions decollaborations que nous avonseues, j'ai toujours observé chezlui une même disposition et unmême dévouement sans jamaisperdre une once d'enthousiasme,à la fois rêveur indestructible ethombre réaliste et pragmatique,fidèle à ses racines, à son profes-seur et à son art.

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TAEKWONDO I.T.F.

BUDO INTERNATIONAL DANS LE MONDEBudo International est un groupe éditorial international spécialisé dans les Arts Martiaux. Unique organe de presse à vendre une revuespécialisée dans les Arts Martiaux en six langues et dans le monde entier, il est en contact avec toutes les grandes compagniesspécialisées dans son domaine. Budo International touche plus de cinquante pays.

Une production de: Budo International Publishing Company pour BUDO INTERNATIONAL FRANCE

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À la mort deMasatoshi Nakayamaen 1987, le Shotokande la Japan KarateAssociation sed é s a g r é g e airrémédiablement. Enréalité, plusieursannées auparavant,Hirokaza Kanazawa enavait déjà été expulsé.I l avait formé unenouvelle organisationqui avait réussi etsurvit actuellement.Mais avec la

disparition de Nakayana, véritable âme de la JKA originale,celle-ci se disloqua petit à petit et chaque maître importantcréa sa propre ligne. L'un des principaux maîtres qui

continua ainsi son propre chemin fut indiscutablement le maître Taiji Kase.

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KARATÉ-DO

I l est curieux de voircomment, dans certains paysd'Occident où ce sport existedepuis des siècles, lesmasses se sentent plusattirées par les styles decombat orientaux tels que leJudo et les arts martiauxchinois et japonais, sans serendre compte de l'efficacitéde leurs propres styles decombat occidentaux tels quela Lutte l ibre olympique.Faisons remarquerqu'actuellement, la majoritésdes lutteurs professionnels deVale Tudo ou de Mix MartialArts n'ont pas seulementincorporé les techniques de

Lutte libre dans leur arsenal de combat, mais encorequ'une grande partie de leur entraînement physiqueest directement influencée par les méthodes

d'entraînement de la Lutte libre olympique.

LUTTE OLYMPIQUE

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Nous vous parlonsaujourd'hui dans ces pages del'un des spectaculaires héritiersde Shaolin, Shi Miaozhi, quienseigne à Madrid. Lui et ZhuQihui, un autre élève de Shi deYang à Valence, se sontproposés de terminer un travailcommencé par monrespectable ami Shi de Yangdepuis de nombreuses annéeset avec beaucoup d'efforts (etil ne serait pas juste de laisserde côté dans ce rapide résuméle moine espagnol Huang

Aguilar) : celui de transmettreen Occident lesenseignements du véritableShaolin.

SHAOLIN

p. 56

REDACTION: c/ Andr�s Mellado 42, 28015 Madrid, Espagne. T�l: (34) 91 897 83 40, Fax: (34) 91 899 33 19, E-mail: [email protected] ¥ Directeur de publication: Alfredo Tucci,

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• Traducteurs: Brigitte de le Court, Cristian Nani • Service publicité: (+34) 93 775 50 03. • Service abonnements: Tél:(+34) 93 775 50 03. • Correspondants permanents: Don Wilson, Yoshimitsu

Yamada, Cass Magda, Antonio Espinós, Jim Wagner, Coronel Sanchís, Marco de Cesaris, Lilla Distéfano, Maurizio Maltese, Bob Dubljanin, Marc Denny, Salvador Herraiz, Shi de Yang, Sri Dinesh,

Carlos Zerpa, Omar Martínez, Manu, Patrick Levet, Mike Anderson, Boulahfa Mimoum, Víctor Gutiérrez, Franco Vacirca, Bill Newman, José Mª Pujadas, Paolo Cangelosi, Emilio Alpanseque, Huang

Aguilar, Sueyoshi Akeshi, Marcelo Pires, Angel García, Juan Díaz. • Photographe: Carlos Contreras • Imprimé par: Sergraph, Amado Nervo, 11 Local 4, Madrid, Espagne • Distribution: MLP, Z. A.

de Chesnes, 55 bd de la Noirée, 38070 Saint Quentin Fallavier. B.P.: 59 La Verpillière. Tél: 04 74 82 14 14. Fax: 04 74 94 41 91 • Une production graphique de: Budo International Publishing Co.

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ous aurons beauétudier, nous auronsbeau accumuler dessavoirs, l'amplitude denotre connaissance nesera jamais qu'une

partie infinitésimale de la totalité detout ce qui est. Cela ne doit pasdécourager (et ne découragera pas !) larace humaine dans sa poursuite de laconnaissance, dans sa tentative decompréhension et de maîtrise, parceque nous sommes de drôles de bêteset parce que l'envie rapace de toutdévorer est plus fort que nous, lecommandement suprême et silencieuxdu désir d'immortalité « il ne peut enrester qu'un », celui de convertir lesprotéines de toutes les espèces en nospropres protéines.Tout connaître est impossible. C'est

un axiome incontestable, parce que letout ne rentre pas dans la partie.Vouloir mettre la mer dans une piscinen'est pas viable et pourtant, c'est ceque nous essayons de fairecourageusement, encore et encore.Pourquoi ? La science cherche laformule ultime jusqu'à finalement enatteindre la limite ; les religionssoutiennent une vision « véritable » quicontraste avec les « véritables » visionsdes autres religions ; la philosophes'efforce d'élucider la vérité pure,quand rien ne l'est.Pourtant, dans ce monde

d'incertitudes, nous devons agir, partird'un point, pour aller vers un autre, carnous ne pouvons assumer l'incertitudedu « tout est transitoire » où, commedisait le poète, le chemin se fait enmarchant. On peut tout assumer… saufle désespoir que produit la peur. Nouscréons, enthousiastes, des tas deformules pour affronter cet abîmepermanent, pour trouver un pointd'appui qui anime notre monde et nousavançons tant bien que mal, avec deszigzags sinueux et en spirale, pluscaractéristiques d'un ivrogne que d'unsage.Ce n'est pas parce que les choses

ne sont pas comme nous aimerionsqu'elles soient qu'elles sontnécessairement mauvaises en soi ;nous devrions simplement considérersincèrement le fait que la noncoïncidence de nos désirs avec laréalité provient peut-être d'une erreur

de jugement de notre part. Un de mesmaîtres m'enseigna que la nature nefaisait pas d'erreur ; nous battre contreson jugement implacable etimpitoyable ne changera pas leschoses. La vérité est têtue et il esttoujours plus sage d'essayer decomprendre ses mécanismes que deles juger émotionnellement.Le problème récurrent, c'est que

nous nous situons en un point et nousvoulons tout considérer à partir de là,extraire une vérité universelle etl'appliquer dix minutes plus tard, quandil se fait que nous ne sommes déjà plusau même endroit. La planète Terrevoyage à des milliers de kilomètres àl'heure dans un Univers changeant oùrien n'est immobile.Il y a des constantes, bien sûr, et

nous nous y accrochons comme desnaufragés au milieu de l'océan, mais -et il ne pourrait en être autrement- nousregardons tout avec nos propres yeuxet depuis notre expérience personnellequi est, comme nous l'avons dit,partielle, intéressée (selon uncommandement supérieur, tout commel'est l'égoïsme) et limitée à notre savoiret à notre compréhension plus oumoins honnêtes. Est-ce bon ? Est-cemauvais ?Le monde est, mais nous le

percevons de la couleur des lunettesque nous portons et depuis le point devue d'où nous regardons, etl'interprétation que nous en faisons estpar dessus tout le fruit des millionsd'expériences entrelacées dans lesréseaux neuronaux, des expériencesqui déclenchent des réactions et fontjaillir des pensées face à des situationsdétonantes qui nous conduisent trèssouvent à la catastrophe, au génie ou àl'absurde.Nous devons apprendre à ne pas être

durs envers nous-mêmes parce que lachose est difficile. S'efforcer toujours estune bonne chose, parce que nousévitons ce mal sans remède qu'estl'immobilisme, mais nous devonsapprendre à pratiquer cette fluidité quipermet la souplesse et la toléranceenvers nos erreurs et celles des autresparce que demain nous apprendronspeut-être ce que nous n'avons pas étécapable d'apprendre aujourd'hui. Un de mes amis, anéanti par la faillite

de son négoce, me commenta qu'il

était incapable d'assumer la honte desa situation et qu'il allait se flinguer.Évidemment, il ne l'a pas fait, mêmepour faire ce genre d'imbécillité il fautavoir des couilles, mais ça me rappelal'histoire du type qui, dégoûté de la vie,s'en alla voir le sage de la forêt pour luidemander de lui donner une seuleraison de rester en vie. Le vieillardsouriant lui répondit : « Quand je suisarrivé dans cette forêt, j'ai planté dessemences de fougère et de bambou.La fougère a grandi très vite cettemême année, mais le bambou nedonna pas signe de vie pendant lescinq années suivantes. J'ai pourtantcontinué d'en prendre soin de la mêmemanière au cours de ces cinq ans. Lafougère grandissait et grandissait sansarrêt, mais rien ne sortait de l'endroitoù j'avais planté le bambou. Pourtant,un beau jour, à cet endroit, apparut unepetite pousse qui se mit à germer. Enquelques mois seulement, elle atteintplusieurs mètres de haut et forma cettemagnifique forêt que tu vois là devant.Il y a un temps pour chaque chose, ilfaut savoir le donner. »Nous sommes piégés par ce que

nous sommes devenus, nous sommesesclaves de nos expériences, car lepassé est irrémédiable, mais notreinterprétation de celles-ci ne l'est pasnécessairement. On est ce qu'on est…D'accord… L'essence et la structure denotre être sont peut-être inaltérables,mais notre lecture de celles-ci ne l'estpas et ne doit pas l'être. C'est là la piredes inerties. Changez de point de vueet tout change ; regarder le passé avecd'autres yeux, c'est libérer de possiblesfuturs. Il suffit juste d'un peu de temps,de volonté et de souplesse, parce quesi nous restons ancrés dans nosvérités, notre morale et nos certitudes,immobilisés par le même effroi quecelui du naufragé qui s'accroche auxvestiges du désastre, nous seronsincapables de lâcher les restes et denager vers la plage.Nous sommes ce que nous sommes,

des peureux encroûtés qui s'accrochentà ce qu'ils connaissent, incapables delâcher prise ; nous sommes enpermanence en train d'essayer de tenirle monde en équilibre à notre goût, ànotre mesure et à nos conditions, ce quifait de nous des tyrans envers les autreset envers nous-mêmes. Nous préférons

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« Le monde est incompréhensible. Nous ne le comprendronsjamais. Nous ne dévoilerons jamais ses secrets. Nous devons

le traiter tel qu'il est, un mystère absolu. »Carlos Castaneda

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avoir raison qu'être heureux, réussir à partir d'une erreur querater en appliquant une vérité ; nous préférons êtrecondescendants avec les autres que reconnaître que nousnous sommes trompés quelque part. Et si nous faisons unebourde impardonnable, nous choisissons généralement de nousdémolir par un jugement implacable et très sommaire plutôt qued'accepter notre limitation, notre humanité. Et ainsi, nous terminonstout seuls, aigris et nous finissons par juger silencieusement maltout le monde. Nous jouissons même de nos fautes ! Tout plutôt que de changer notre point de vue.Nous sommes humains. Je ne sais pas si nous avons

demandé à naître comme ça, personne n'en a lesouvenir, mais il est un fait que nous naissonscomme ça. Personne ne nous a dicté ouenseigné les lois implacables de la totalitéauxquelles nous voulons ou pas êtresoumis, mais l'occasion nous a étédonnée de changer, non pas lepassé, mais notre manière de leconsidérer, non pas notre natureet notre structure, mais lamanière de l'utiliser. Nosinclinaisons sont permanentes,parce qu'un pommier nedonne que des pommes, maisil est entre nos mainsd'apprendre à jouir dechaque bouchée que nousy donnons.Tout est vanité et

importance personnelle,mais là, juste en dessousde tout cela, palpite uneflamme éternelle etuniverselle, à laquelle nousdevons tous révérence etrespect. Elle est chaleureuse,douce, tendre et émouvante.Elle tintinnabule en silence, maissa voix se fait entendrepuissamment dans notre vie quandnous faisons taire les autres.Si tout est un et chaque partie

contient et répond de la même essence,du même code élémentaire de la naturede l'Un, il n'y aura qu'une manière demettre effectivement la mer dans lapiscine. Peut-être n'y aura-t-il rien àfaire parce que chaque goutte est enelle-même l'océan. Peut-êtresimplement devons-nous devenirconscients de cette réalité pourqu'un miracle se produise petit à petitet en son temps, le miracle pour unepartie de ce tout de devenireffectivement le tout.

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Alfredo Tucci est general manager deBUDO INTERNATIONAL PUBLISHING CO.Email : [email protected]

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Ce sont les personnes qui définissent lesarts martiaux et pas l'inverse. Je connais

depuis longtemps le maître Carlos Martin quifait ce mois-ci la couverture de ce magazine.Son parcours fut intense et toujours associé

au Taekwondo qu'il aime tant. Nous allonsaujourd'hui rappeler ce parcours de

combattant infatigable et voué à son objectif.Carlos réalisa certaines de nos premières

vidéos, telles que « Taekwondo, les techniquesde jambes », où ses connaissances techniques

et ses habiletés en tant que professeurtransparaissaient clairement. Mais en dehorsdes nombreuses occasions de collaborationsque nous avons eues, j'ai toujours observéchez lui une même disposition et un mêmedévouement sans jamais perdre une once

d'enthousiasme, à la fois rêveur indestructibleet hombre réaliste et pragmatique, fidèle à

ses racines, à son professeur et à son art. Onpourrait dire que nous sommes ici devant

quelqu'un de grand et je lui tire mon chapeau.

Alfredo Tucci

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histoire de cet instructeur internationalargentin de Taekwondo commence en1984, dans sa ville natale de Buenos Aires. Une passion quifut, comme tant d'autres, conséquence des films d'artsmartiaux de l'époque, ceux de Bruce Lee et de Chuck Norris,

les plus excitants, suivis de ceux de Steven Seagal ou de Jackie Chan,ouvrant un panorama varié à la recherche d'un art comblant ses aspirations.Il débute la pratique à l'âge de 15 ans en voyant son frère débuter comme

amateur. Désireux d'expérimenter les mêmes sensations, il s'inscrit au clubRiver Plate Bonaerense, plus connu dans le monde pour son football, etcommence un long chemin qui lui fera parcourir le monde poussé par une seulepassion : le perfectionnement et l'interprétation constante du Taekwondo I.T.F.

créé par le général Choi Hong Hi, père et fondateur de l'art martial coréen.Dès le départ, son seul instructeur, Raul Sosa, actuellement 8e dan et avec qui il a

maintenu des liens constants malgré la distance, lui enseigne pas à pas les conceptsde base pour pouvoir améliorer la pratique, soulignant l'importance des principes duTaekwondo : la courtoisie, l'intégrité, la persévérance, le contrôle de soi et un espritindomptable, sans lesquels l'évolution du pratiquant eut été impossible. Il commence àparticiper en tant que compétiteur aux événements d'envergure nationale où il obtientdès le début de beaux résultats, se battant plus contre lui-même que contre l'adversaire.Son seul objectif est, en effet, de mettre à l'épreuve la capacité de réponse de l'individuface à des situations où le corps et l'esprit doivent se fondre pour vaincre la peur produitepar un adversaire ou pour offrir au public un progrès technique constant. En 1987, ilobtient la ceinture noire pour laquelle il s'entraînait quotidiennement, l'un des objectifs lesplus convoités par ceux qui s'intéressent à ce mode de vie qui, d'après lui, rend les gensmeilleurs. Un nouvel échelon de gravi, un nouveau défi de réussi qui le conduit à un autreniveau d'enseignement et d'apprentissage.

En tant que ceinture noire, il entame alors une nouvelle carrière sportive. Là, lesexigences sont beaucoup plus importantes car il faut affronter sportivement etmartialement des défis de difficulté supérieure. Il participe à des événementsnationaux de sa spécialité et partage ses expériences dans des tournois open avecdes pratiquants d'autres styles tels que le Karaté, le Tang Soo Do ou le Kung-Fu,toujours dans un esprit de comparaison du point de vue de l'efficacité duTaekwondo I.T.F.

En 1988, pour des questions de formation, il s'en va vivre à Madrid où s'ouvreà lui un horizon insoupçonné. Malheureusement, il ne trouve pas dans lacapitale espagnole un endroit de pratique où continuer son apprentissage.N'oubliant pas les conseils de son maître, il ne perd pas sa ténacité et contacte

la Fédération espagnole de Taekwondo traditionnel située dans la région côtière d'Alicante. Il reprend ainsisa formation et assiste à de nombreux stages de perfectionnement où, petit à petit, il actualise et recycle sesconnaissances. Du point de vue de la compétition, il se distingue dans toutes les modalités : les formes (Tul),le combat et les techniques de casse, pour lesquelles il obtint le titre de champion d'Espagne à plusieurs

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reprises. Il fit, grâce à cela, partiede la sélection nationale duranthuit années consécutives,modelant et perfectionnant deplus en plus son style, aidé encela par son caractèrepersévérant, constamment à larecherche du dépassement desoi. Cette étape est rempliede succès nationaux etinternationaux, le plusremarquable étantl'obtention du titre de «Overall Champion »européen, autrementdit de meil leurcompétiteur européende l'an 1991. Dans le coffredes bons souvenirs, il accumuleplus de 15 médailles européennes,aussi bien en compétit ionindividuelle que par équipe et unnombre incalculable de prix nationaux.Une fois terminée son étape sportive en1996, il est nommé sélectionneur national, cequi lui permet de faire valoir sa vaste expérience.Faisons remarquer que sous sa direction technique,l'Espagne se situe pour la première fois parmi les lauréatsaux championnats du monde par équipe à Saint-Pétersbourgen Russie en 1997. Sur cette voie enrichissante, il cherche constamment à recevoir les

enseignements des différents maîtres qu'il connaît au cours de sesvoyages dans le monde et consacre une grande partie de son temps auxstages de formation où il noue des liens étroits avec les instructeursinternationaux les plus prestigieux.Il atterrit donc à Madrid en 1988 et vu le manque de club de

Teakwondo I.T.F., il s'entraîne dans l'un des centres les plus prestigieuxde Taekwondo W.T.F. où il intègre différents mouvements à son style decombat. En 1991, il débute son étape comme instructeur et ouvre lepremier club de Taekwondo I.T.F. dans la capitale madrilène, une étaperiche de grandes expériences et qui lui offrira constamment une visiondifférente de celle d'un simple compétiteur.

Le général Choi Hong HiIl est clair que le moment martial le plus marquant pour lui fut sa

rencontre personnelle avec le général Choi Hong Hi. Cela se produisiten 1993, à l'occasion de l'organisation de son premier grand stageinternational en Espagne. I l participa alors activement auxenseignements de celui qui créa l'art martial coréen de l'èremoderne. On sait aujourd'hui que celui qui a eu la chance depouvoir échanger avec lui n'oubliera jamais ce qu'il a appris.Carlos Martin se souvient de cet enseignement dans tous sesdétails, il met particulièrement l'accent sur l'importance del'interprétation des mouvements et de leur application, allantbien au-delà des habiletés de chacun. « Je me souviensd'un petit homme et bien grand maître, possédant unecapacité d'observation privilégiée, nuançant toujourschaque détail jusqu'à l'exténuation et citant des phrases àgarder en mémoire. » Partageant sa table, il en conservadiverses anecdotes et, bien que la personnalité du général enimposât beaucoup, il put lui poser des questions quiintriguaient tout le monde. Carlos se décida en effet à luidemander respectueusement la raison de la grandedifférence de dureté entre ses deux mains. La main droite dugénéral était en effet dure comme le roc, avec des callositésfrontales et latérales sur les jointures et le tranchant de lamain tandis que la main gauche était comme celle ducommun des mortels. Le général le regarda et lui répondit : « Bonneobservation. La main droite est la main du Taekwondo et la maingauche, celle que fit ma mère pour pouvoir porter la montre et labague… »

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Taekwondo

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Grands Maîtres

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L'évolution se poursuitAprès le stage avec le général Choi, Carlos Martin débute

une voie d'étude et d'analyse beaucoup plus intense, oùl'encyclopédie du Taekwondo qui porte la signatureoriginale du fondateur est l'outil le plus important sur lequelil s'appuie pour chercher le perfectionnement constant. Ilsent alors qu'il possède une connaissance plus vaste etqu'il est prêt à la partager avec le reste des pratiquants. Ilcommence par donner des stages à niveau national, allanten divers endroits de la géographie espagnole pourtransmettre sa passion dans chaque mouvement et explorerle comportement variable des participants aux stages. Il

adapte ses méthodes d'enseignement afin que les stagessoient plus participatifs et plus vibrants, afin que tous sesentent importants et aient la sensation d'avoir reçu unenseignement différent. Il continue toujours aujourd'huid'intégrer différents systèmes de travail pour améliorer lacapacité physique et l'interprétation des mouvements duTaekwondo.

Changement d'horizonAprès 12 ans de travail en Espagne, i l décide,

conjointement à deux de ses anciens camarades de

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sélection, que les gens ont besoin d'unchangement en ce qui concerne denombreux aspects organisationnels eti l fonde avec eux la Fédérationinternationale de Taekwondo Espagnequi est composée des délégations deMadrid, Canaries et Galice.Il est choisi comme président de

celle-ci pour diriger un projet avecdes idées de croissanceconstante et où prime l'aspectdémocratique. La F.I.T.E. dont il sesent très fier est légalisée en 2002,elle possède alors une centaine demembres. Les débuts n'ont pas été faciles, mais

en 10 ans d'existence, elle aexpérimenté une croissance de plus de700% et intègre plus de sixcommunautés autonomiques. Annéeaprès année, en tant que président dela Fédération, il se charge depotentialiser les différentes activitésqui sont réalisées dans toutes lesrégions d'Espagne. Il a à son actifl'organisation de six tournoisinternationaux et d'une multitude detournois régionaux et nationaux. Sonexpérience l'a amené à être choisidirecteur de deux championnatsd'Europe, ce qui indique un futurprometteur. Les voyages sont de plus enplus fréquents mais il ne cesse de direque la seule manière d'évoluer, c'est detravailler et de soutenir les instructeursqui ont du répondant. Il est donc aussiexigeant avec lui-même qu'avec sesinstructeurs. Avec l'idée d'une strictediscipline de la communication, il a faitde sa manière de raisonnerl'interprétation correcte de tous ceux quile connaissent profondément.

Les retrouvailles avecson maîtreAprès plus de 20 ans en Espagne, la

F.I.T.E., la fédération qu'ilpréside, organise un stageinternational et il invite deuxmaîtres de prestige reconnu,le grand maître AdolfoVil lanueva, 9e dan, et lemaître senior Raul Sosa, 8edan, qui fut son maître à sesdébuts en 1984. Desretrouvail les pleinesd'émotions et de souvenirsimpérissables pour tous lesdeux. Ils partagent un stageplein d'enseignements etd'expériences qui démontre

une fois de plus que le respect n'estpas incompatible avec la courtoisie,que l'intégrité se trouve même dans lespetits détails et que le serment del'élève qui veut que : « Tu respecteras

tes instructeurs et tessupérieurs », ne se perd

jamais s'i l est bientransmis.

Retour aux racines duTaekwondo et nouvelexploit sportifEn 2004, sa nouvelle étape en tant

que sélectionneur restera marquée parle retour du Taekwondo I.T.F. en Corée

du Sud. Rappelons qu'après desannées d'exil, le général Choi mourutavec la peine de n'avoir pas puretourner à la ville natale de l'I.T.F. etque la Corée du Nord restera leberceau du Taekwondo dans son longexil. En 2004, après d'arduesnégociat ions,l'I.T.F. organisele premier

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championnat du monde deTaekwondo I.T.F. en Corée duSud, un rendez-vous avec degrands contrastes politiques etsportifs. L'Espagne se présenteavec une bonne équipe et fait dubeau travail. Elle obtient denouveau deux médailles : unemédaille de bronze par équipes etune autre en combat individuel.Mais l'apothéose pour elle, c'estque l'organisation demande àl'entraîneur que son équipe fasseune démonstration pour tous les

moyens de

communication, unereconnaissance trèsclaire du travail bien fait.

Un coup, unevictoire

Carlos Martin sepropose donc un

n o u v e lo b j e c t i f ,

que le Taekwondo I.T.F. espagnol soitreconnu en Corée du Nord. Il organisedonc pour cela, conjointement ausélectionneur national, la participationde la sélection au Mondial dePyongyang. En septembre 2011, la sélection

nationale imprime son sceau, obtenantle titre de championne du monde decasse en puissance par équipes. Avecun tel prix, pour la première fois del'histoire, l'Espagne monte sur la plushaute marche du podium.

Un seul objectif et leprojetsportif le plus

ambitieuxEn 2007,

Carlos Martintranspose sa résidence

permanente à la ville deSanta Cruz à Tenerife. I l est actuel lement

plongé dansd'innombrables projetsd'expansion poursuivant

un unique objectif : que leTaekwondo I .T.F. soit

reconnu en Espagne commeil le mérite et occupe la place

qui lu i revient auprès desautres arts martiaux reconnus.

Pour cela, il ne cesse de travailleret de voyager dans tout le pays,appuyant les clubs et les instructeursqui appartiennent à la F.I.T.E. et seréunit avec toutes entités officiellespour recevoir leur appui. C'est unevoie difficile et la persévérance estvi ta le pour atteindre cet uniqueobjectif.Du point de vue sportif, le maître

Car los Mart in est p longé dansl'organisation de la candidature pourmener à b ien p lus ieurschampionnats d'Europe auxCanar ies, une première pourl'Espagne. Il considère que s'il leréussit, il aura fait un pas de plusvers son objectif, un pas de plus à lapoursuite de son rêve. D'après lemaître Carlos Martin : « La F.I.T.E.est comme une grande famille oùchacun occupe un endroit particulieret sans qui il eut été impossible deparcourir un chemin aussi long. »

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Taekwondo

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ola Yeung futprobablement le dernierélève de Bruce Lee àHong Kong. Il ressort eneffet de ses récits queBolo Yeung fut la

personne avec qui il s'entraîna et passale plus de temps à Hong Kong,devenant ainsi le témoin direct denombreuses facettes du Petit Dragon àce jour totalement méconnues. MaisBolo Yeung n'eut pas seulementl'occasion de pratiquer avec Bruce Lee,il fut également l'entraîneur physique etentraîneur d'arts martiaux de son fils,quand ce dernier s'en fut à Hong Kongpour tourner « Legacy of Rage ».Malgré une vie dure et pénible au

temps de sa jeunesse, Bolo Yeung estun homme qui sait apprécier les qualitésdes personnes. Il a travaillé avec lesgrands acteurs du cinéma d'artsmartiaux de Hong Kong (Jackie Chan, TiLung, David Chiang…) et occidentaux(Jim Kelly, Cynthia Rothrock, JeanClaude Van Damme…), mais il sait quiest le « King » et pourquoi.Bolo Yeung, dont le véritable nom est

Yeung Hon Ning, est né dans lesfaubourgs de Guangzhou, un quartierdu canton de Mainland en Chine, le 3juillet 1938, au sein d'une famille decommerçants très modestes (desvendeurs ambulants). Comme denombreux autres enfants chinois,depuis son plus jeune âge, i l acommencé à pratiquer le Kung-Fu/WuShu chinois sous la direction deplusieurs maîtres locaux.I l semblerait qu'i l eut une

désagréable expérience dans la rue etque malgré sa connaissance des artsmartiaux, i l fut le plus touché.Quelqu'un lui démontra que la forcel'emportait sur la technique, surtoutquand il y avait quelques années dedifférences. Cela le marqua et, à ladifférence de ses camarades, à partirde là, en plus de mettre l'accent sur lestechniques martiales, Yeung Hon Nings'intéressa et commença à faireparticulièrement attention audéveloppement de la force physique. Ilréalisait pour cela des exercicesphysiques qu'ils complétaient avec lespoids. Grâce à cet entraînement, ilatteint un certain développementmusculaire du corps. À l'âge de 16 ans,i l put entrer dans le monde de la

musculation à un niveau semi-professionnel (il commença par dusoulevé d'haltères).À cette époque, i l découvrit le

powerlifting (la force athlétique), unenouvelle mode occidentale en matièred'entraînement qui allait changer sa vie,il s'y intéressa et surmonta toutes lesdiff icultés plantées par legouvernement de la Républiquepopulaire de Chine. On commença àpratiquer à la fin des années cinquantedans les mythiques gymnases duculturisme des États-Unis, i l serépandit plus tard dans le monde entier.Au début, pour Yeung Hon Ning, c'étaitune manière de démontrer l'évolutionde la force sans devoir réaliser les mouvements compliqués del'haltérophilie, car il lui était beaucoupplus facile de réaliser des mouvementstels que les flexions sur les jambes, ledéveloppé couché et le soulevé deterre en arraché et en épaulé-jeté.Pour lui, on pouvait, avec cette

pratique, travailler tous les groupesmusculaires, ce qui permettait à sespratiquants de devenir de plus en plusforts et d'avoir un aspect plus musclés,mais comme on ne travaillait aucunmuscle spécifique, on développait lecorps dans sa globalité, ce que prouveson aspect physique qui n'est pasl'aspect typique du culturiste. Le powerlifting séduisit Yeung Hon

Ning dès le premier moment parce qu'ilconsistait à lever le poids le plus élevépossible au moyen de trois exercicesdifférents. Le premier d'entre eux étaitcelui des flexions sur les jambes. C'estun mouvement qui impliqueexclusivement le train inférieur ( i lmesure la force des jambes). Ledeuxième exercice était celui dudéveloppé couché. C'est unmouvement du train supérieur du corps(il mesure la force de la poitrine et desbras). Le dernier mouvement était celuidu soulevé de terre. C'est le pluscomplet des trois car interviennentaussi bien le train inférieur que le trainsupérieur. Sa passion pour lepowerlifting fut telle qu'en 1958, il futchampion d'haltérophil ie de laRépublique populaire de Chine.Mais, comme il le déclara lui-même,

ne s'agissant pas d'un sporttraditionnel chinois, i l avait desdifficultés à s'entraîner. Yeung Hon

Ning savait qu'il était un weightlifter-né(un leveur de poids) et qu'il pouvaitarriver à se distinguer dans ce sport,mais concilier la tradition (Kung-Fu) et les sports modernes(powerlifting/weightlifter) n'était pasbien considéré par certains de sesmaîtres d'arts martiaux, ni par legouvernement de l'époque.Devant tant de l imitations et

d'interdictions sportives, en plus den'être pas à l'aise avec le mode de vieimposé par le gouvernement chinoisaux sportifs professionnels (sans cessesoumis à des abus de la part desinstitutions communistes), il prit ladécision d'améliorer ses conditions devie et s'enfuit du « rideau de bambou »,une décision très dure car il dut laisserderrière lui famille et amis. Une fois ladécision prise, i l fuit la Chine ennageant avec les quelques biens qu'ilpossédait sur son dos et atteignit ainsila colonie britannique en 1960.À Hong Kong, ses occasions

de progresser, non seulementéconomiquement, mais égalementphysiquement, se multiplièrent parquatre. Il eut là l'occasion de gagner savie en donnant des cours debodybuilding (culturisme) dansplusieurs gymnases, ce qui lui permit,tout en travaillant, d'avoir l'occasion des'entraîner et de continuer d'améliorerson corps musclée.À cette époque, i l complétait le

travail musculaire avec les artsmartiaux et pratiquait le Kung-Futraditionnel avec certains des meilleurssifus de la colonie.Du fait de son physique

impressionnant, il trouva du travail danscertains des gymnases les plusprestigieux de Hong Kong. Dans l'und'eux, il eut l'occasion de devenirl'entraîneur personnel des grandsacteurs de la Shaw Brothers, autrementdit, i l fut le responsable del'entraînement de certaines desvedettes les plus fameuses de tout leSud-Est asiatique. Parmi ses élèves,faisons remarquer : Chen Sing, Ti Lung,Lo Lieh ou encore Chen Kuan Tai.Le célèbre producteur Run Run

Shaw, président de la Shaw Brothers,en visite au gymnase où s'entraînaientcertains des acteurs de sa compagnie,ne manqua pas de remarquer sonphysique imposant et lui donna

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Cinéma MartialTexte: Pedro CondePhotos : Pedro Conde & archives de Budo International

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l 'occasion d'interpréter un rôlesecondaire dans « The Heroic Ones »réalisé par Chang Cheh (1970). Pour cefilm, Yeung Hon Ning choisit le nomartistique de Yeung Tze, alias Yang Szeou Yang Tse, suivant le dialecte,cantonais ou mandarin. Son rôle dans « The Heroic Ones » fut assezsecondaire, mais du fait de sonphysique spectaculaire, il ne passa pasinaperçu ni aux yeux de la critique ni àceux du public. Ce film représentadonc le point de départ de la carrièrecinématographique de Yeung Tze.À partir de là, il obtint différents rôles

dans des films, jouant toujours le rôled'un bandit, d'un affreux ou d'unacolyte (en général étranger) sous lesordres du méchant de service. Et ilpartageait l'objectif des caméras avecdes acteurs de la tai l le de DavidChiang, Chen Kuan Tai, Ti Lung ou LoLieh, autrement dit, il travaillait avectoutes les grandes vedettes du Sud-Estasiatique.

Sa carrière cinématographique negêna pas sa carrière sportive : il futégalement champion de bodybuildingen 1970 à Hong Kong et conserva cetitre pendant dix ans. Cette année futféconde para Yeung Tze car en plus dedébuter sa carrière d'acteur, i l futproclamé champion de powerlifting àMainland en Chine.Après son intervention dans

plusieurs films de Wu (martial) Xia(chevaliers) Pian (films), on lui offrit en1972 un petit rôle dans « King Boxer »alias « Five Fingers of Death ». Ce filmobtint un grand succès en Orient, maissurtout en Occident. C'est en effet lepremier film d'arts martiaux d'Orient àsortir aux États-Unis. Peu après, iltravailla avec la Shaw Brothers. Aprèsune brève apparition dans « The AngryGuest », i l abandonna la Shaw(d'après les déclarations de l'acteur,semble-t- i l , i l n'avait pas fuit ladictature rouge pour retomber sous ladictature Shaw…).

Bien que les productions auxquelles ilparticipa ne disposaient que de faiblesmoyens économiques, il se trouvait plusà l'aise à travailler avec de petitescompagnies cinématographiques quepour les grands studios.Il n'a donc été la vedette d'aucun film

et pourtant son visage est trèspopulaire à Hong Kong, Yeung Tze estun acteur qui a réussi a créé des rôlescharismatiques pour des personnagessecondaires. Il était souvent capablepar sa simple présence, de faire sortird'une léthargie profonde le spectateurfatigué par des combats interminables.Au moins, avec lui, on avait quelquechose de différent : on voyait l'acteurprincipal affronter quelqu'un quipouvait réellement le mettre dansl'embarras.Les producteurs qui connaissaient

cette qualité l'appelaient pour qu'ilparticipe à toutes sortes de fi lmsindépendants. À cette époque, unChinois au nom occidental, Bruce Lee,

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faisait fureur au cinéma. Par le plusgrand des hasards, ils coïncidèrentdans les studios de la télévision. Ilssympathisèrent immédiatement. Voicice que nous dit Yeung Tze : Un jour, j'ai reçu un coup de fil de

Lee Siu Loong (le nom chinois deBruce Lee). Il me demanda si nouspouvions nous réunir dans les studiosde la Golden Harvest pour faire unepublicité. C'est la première fois que jel'ai vu, mais ce ne fut pas la dernière.D'un coup de pied, Lee me mettait horsde combat et apparaissait le slogan quidisait : « Si vous êtes un combattant, çadoit être Bruce Lee ; si vous êtes unecigarette, ça doit être une Winston. »Ce travail permit aux deux experts

martiaux de se rencontrer. Bolo était ungrand expert de tout ce qui avait trait àla musculation tandis que Bruce Leel'était des arts martiaux ; un échanged'idées (et même de techniques) nepouvait être que bénéfique à tous lesdeux. De temps à autre, i ls serencontraient donc pour converser surl'entraînement des différents artsmartiaux…J'avais coutume de pratiquer avec

Bruce, j'allais chez lui et nous parlionsd'arts martiaux. Il avait une salled'entraînement avec toutes sortesd'équipements et des punching-ballspour les boxeurs. Il y en avait un qui étaitaussi petit qu'une balle de ping-pong.Un jour, je suis allé chez lui et sa femmeme dit de monter à l'étage. Ce que je visme surpris complètement. Je ne pouvaispas en croire mes yeux et j'ai décidé dene pas entrer sans y être invité. Bruceétait assis derrière son bureau avec unecassette sur la tête. J'ai d'abord pensé

qu'il était « Chi Jo » (mentalementmalade), mais il me dit : « Je suis en traind'entraîner mon système nerveux pourqu'il transmette plus rapidement lesréactions. Je fais cela pour San SauMang Chit (l'agilité du corps et desmains). Les yeux semblent regarder unpoint particulier et envoient un messageau cerveau qui va aux nerfs de la main,du bras, etc. Cela prend du temps,beaucoup de temps. J'ai décidé depratiquer cela sérieusement etrapidement. Comment faire ? J'aiexpérimenté différentes choses. C'esttrès abstrait… Finalement, j'ai penséque les réflexes sont plus rapides quandon est endormi, quand on se trouveplus détendu. Quand les systèmesinternes et externes de l'individu sontdétendus, les transmissions nerveusessont plus rapides. J'ai inventé unemachine qui m'apprend à faire cela. Jemets ceci sur ma tête et j'ai alors deuxenregistrements. Je peux baisser oumonter le son de chacun d'eux. D'une

part, j'ai enregistré des sons très forts(circulation, avions, gongs) et de l'autre,le son doux de l'eau qui tombe, un sontrès rythmique, hypnotique. Je réunisles deux sons, mais en mettant le sonde l'eau plus fort que l'autre. Ensuite, jebaisse le volume de l'eau et je montecelui des sons bruyants, mais jecontinue d'entendre le bruit hypnotiquequelle que soit la puissance du volumedes bruits d'avion. J'obtiens une concentration complète avecl'écoulement de l'eau. Je peuxl'entendre à l'intérieur de moi quand jesuis en face de mon adversaire,j'entends le tap, tap, tap de l'eau…Dans mes films, c'est ce que je fais avecmes combats. »Il semblerait que Bruce Lee et Yeung

Tse s'entraînaient ensemblerégulièrement. Cette symbiose étaittrès instructive pour les deux, surtoutpour Yeung qui amélioraconsidérablement le niveau de son artmartial. L'acteur était étonné du niveauet des qualités physiques de Lee :Son énergie était inépuisable. Lee Siu

Loong faisait partie de ces rarespersonnes qui sont capables d'utiliserleur énergie et de l'appliquer dans leurstechniques. Il était très rapide et très fort.Un peu plus tard, ils auront l'occasion

de travailler ensemble dans un film, « Enter the Dragon » (Opération Dragon1973). On ne sait pas s'il futrecommandé par Bruce Lee ou si on lechoisit pour son physiqueimpressionnant, mais le fait est que BoloYeung passa le casting de sélection desacteurs martiaux convoqués par laGolden Harvest. On a publié que pour lepasser, il s'était contenté d'ôter son tee-

shirt devant Fred Weintraubet Paul Heller et de réaliserquelques poses pour mettreen évidence ses énormespectoraux. Rien que de levoir et de savoir qu'ils'entraînait régulièrementavec Bruce Lee suffit pourqu'on lui donne le rôle deBolo.Liu Siu Loong m'appela.

J'étais en train de tournerun film et il me dit d'aller austudio de la Golden Harvest.Lee Siu Loong voulait que jefasse partie du film parceque nous nous connaissionsdéjà. Il était très bon avecles acteurs et l'équipe aimaitbeaucoup travailler avec lui.Mais les chefs et lesproducteurs, c'était autrechose. Il leur parla donc etfut très convainquantpuisqu'ils m'engagèrent.Dans les annonces

promotionnelles, on leprésenta comme lechampion de KaratéShotokan du Sud-Est

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Cinéma Martial

« Au cours de ladernière étape dela vie du PetitDragon à

Hong Kong, BoloYeung fut l'un deses plus prochescollaborateurs. »

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asiatique, ce qui était totalement faux.De fait, Bolo a clairement fait savoir sonmécontentement devant une tellemanipulation commerciale. Compte tenudu fait que ses connaissances enmatière d'arts martiaux comprennent leChoy Li Fut, le Hung Gar Kuen, le TaiChi Chuan, le Chang Chuang et le WingChun, il n'est pas saugrenu de penserque les producteur voulaient mettre enévidence ses habiletés en lui concédantun titre, le plus grand à cette époque,quand le Karaté était alors en Occidentle « roi » des styles de frappe. Toute son expérience martiale fut

très utile à Bruce Lee :Au cours du tournage d' « Opération

Dragon », Lee Siu Loong et moitravail l ions conjointement lestechniques de combat. Ensemble, nousles expérimentions, nous les entraînionset nous décidions ce que nous allionstourner ou pas. Lee Siu Loong étaittoujours en train d'apprendre,d'expérimenter, toujours en traind'évoluer…Tant d'heures ensemble permirent à

Yeung Tze de connaître de près le PetitDragon et de faire partie de certains deses rêves :Lee Siu Loong m'avoua qu'après

« Opération Dragon », il avait l'intentionde retourner aux États-Unis pour conti-nuer sa carrière cinématographique. Jene voulais pas continuer de vivre à Hong

Kong. Si Bruce Lee était mort six moisplus tard, je serais en ce moment entrain de travailler aux États-Unis parceque je voulais travailler dans ses produc-tions. Lee Siu Loong me commenta queltype de films il voulait faire. Ce qui estsûr, c'est que ce serait des films d'ac-tion, pas des films classiques de Kung-Fu. Lee Siu Loong avait une liste de per-sonnes qu'il souhaitait voir faire partie deses films aux États-Unis et j'en faisaispartie. Il ne voulait pas retourner àHollywood, il voulait créer une équipeavec les cascadeurs et les acteurs deHong Kong et l'emmener avec lui.Pour le film, on réunit un groupe de

professionnels du septième art d'Orientet d'Occident. Il n'est pas rare que decette symbiose surgisse un film quitriomphe, bien que Yeung Tze ait sapropre opinion sur le sujet :Une grande partie de la réussite du film

se doit au réalisateur (Robert Clouse), auproducteur (Fred Weintraub) et àl'équipe. Souvent, dans un film à succès,on oublie les gens qui sont derrière lescaméras. Mais la force réelle qui motivace succès, ce fut Lee Siu Loong. C'étaitun acteur, il avait un charisme spécial etavait un style de Kung-Fu réel. C'est laraison pour laquelle le film eut tant desuccès. Quand Bruce appliquait unetechnique, on était convaincu que c'étaitexactement ce qu'il ferait dans une situa-tion similaire, dans la vie réelle. »

Bruce Lee essaya d'unifier l'Orient etl'Occident avec le film et créa un grandnombre de précédents…C'est ce que je crois, tant du point de

vue technique qu'au niveau du style. «Opération Dragon » fut le premier filmqui eut mondialement du succès et lui,il fut le premier expert d'arts martiauxacclamé aussi bien par la critique quepar les spectateurs. Du point de vue dustyle, Bruce eut l'audace de chercherdes formes et de faire des mouvementsqui passent très bien à l'écran. Sestechniques aplanirent le chemin vers lesuccès et au XXIème siècle, nouscontinuerons d'entendre parler de lui.« Opération Dragon » fut un film très

spécial pour beaucoup de pratiquantsd'arts martiaux, tant et si bien que cefut le film le plus rentable de la WarnerBros. Mais qu'avait-i l donc de siparticulier ?Je ne pense pas que le film ait quoi

que ce soit de spécial. Je crois queBruce Lee était spécial… Et je diraismême plus, i l y a avait un certainnombre d'acteurs avec de l'expérienceet ducharisme comme Shik Kien ou lesdeux Américains, John Saxon et JimKelly, mais seul Bruce Lee est devenuune légende.Ces acteurs ne devinrent pas des

légendes, mais ils atteignirent tous uneréputation de niveau mondial, ycompris Yeung Tze…

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En Occident, les gens s'approchentsouvent de moi et me demandent unautographe pour mon travail dans « Opération Dragon », mais ils ne meconnaissent que par ce film, ils nesavent pas réellement qui je suis et nem'ont pas vu dans d'autres films.Évidemment, Yeung Tze éprouvait

une grande sympathie pour Bruce Lee.Il n'oubliait sans doute pas qu'il luidevait sa popularité et peut-êtrevalorisait-il des qualités qu'aucun autreacteur n'avait :Bruce était populaire, c'était un

homme de première catégorie. Cen'était pas un Chai Hoi (un lèche-bottesde ceux qui adulent les chefs). Il parlaitavec les peintres et les charpentiers qui,le voyant arriver en voiture, s'arrêtaientet criaient : « Le chef est là ! » Brucesortait de la voiture et marchait entreeux. Tout le monde croyait qu'il voulaitun service, il disait alors : « Que tout lemonde s'assied ! Je voudrais vous direquelque chose. » Et tout le mondes'asseyait et écoutait. Un jour, quelquechose d'étrange et de difficilementimaginable se produisit : RaymondChow assis par terre ! Bruce l'avaitappelé : « Raymond, viens ! » M. Chowlui avait obéi et était resté là tandis queBruce Lee lui criait dessus et ne leregardait même pas. Bruce était trèsbon avec les travailleurs, mais avec leschefs, il était un peu dur. La modestieest l'une des choses les plus difficiles àtrouver chez une vedette. On percevaitclairement combien les spécialistes etles travailleurs du studio vénéraientBruce Lee. Si quelqu'un avait quelquechose de négatif à dire de lui, il valaitmieux qu'il ne le dise pas et qu'il s'enaille. Souvent, quand Bruce voyait quecertaines personnes, les spécialistessurtout, faisaient des choses qui allaientbien au-delà de ce que réellementdemandait le scénario, Bruces'approchait du caissier et lui ordonnaitde donner à cet homme une doublepaie ce jour-là. Aujourd'hui, quand cesgens voient une nouvelle vedette d'artsmartiaux, ils la respectent, mais ilsdisent : « Ce n'est pas Bruce Lee, il nesera jamais comme lui. »En 1973, grâce à la réputation qu'il

obtint avec l'œuvre posthume de BruceLee, Yeung Tze fut le coprotagoniste deson premier long-métrage « ChineseHercules ». Le film passa sur la pointedes pieds dans les cinémas de lacolonie et Yeung Tze en revint à debrèves apparitions avec des titrescomme « Call To Arms » (1973), « BlackGuide » (1973), « Thunder Kick » (1974)ou encore « Super Kung Fu Kid » (1974).En 1977, il tourna « Clones of Bruce

Lee », un film qui indiqua la route àsuivre pour Yeung Tze, destiné àincarner les méchants dans lescentaines de titres des clones du roi duKung-Fu.

Lee Tso Nan, metteur en scène etproducteur avisé qui, avec les annéesdeviendra le roi des séries B de HongKong, l'engagea l'année suivante pourjouer dans « Black Belt Jones II » alias« The Tattoo Connection », un filmambitieux qui prétendait faire de JimKelly et Dorian Tan Tao Liang desvedettes mondiales, tels de nouveauxBruce Lee.Le film obtint un discret succès dans

le Sud-Est asiatique et fut bien reçu enOccident. Dans de nombreux pays,apparaissaient sur les posters et lesphotos publicitairesdeux des vedettes lesplus charismatiques d'« Opération Dragon » :Jim Kelly et Yeung Tze. À cette époque, le

cinéma d'arts martiauxpassait par une petitecrise. Le marché étaitsaturé de films où ses u c c é d a i e n td ' i n t e r m i n a b l e scombats. On se rendaitcompte que les idéesmanquaient et que lepublic voulait le « King ».« The Clones of BruceLee » et « The TattooConnection » (« HongKong Connection »,titre français) furent ledébut de l'éclosion dela « Brucexploitation »qui se produisit à la findes années quatre-vingt dix. Yueng Tzedécida de profiter del'occasion qui lui étaitofferte et participa àd'innombrables filmsavec, dans le rôleprincipal, des clones deBruce Lee, parmi eux,citons : Huang KingLung (Bruce Le), HoChung Tao (Bruce Li),Leung Siu Lung (Bruce

Leung), Vschaslav Yaksysnyi (DragónLee), Bruce Lea (Lea Jun Chong), BruceCheung (Chang Mang)… Ils eurent touscomme adversaire Yeung Tze, dans descentaines de films comme : « Enter theGame of Death » 1978, « Bruce Li inNew Guinea » 1978, « Bruce Le'sGreatest Revenge » 1978, « Bruce Lee,the Invincible » 1978, « Bruce andShaolin » 1978, « The Dragon, the Hero »1979, « Challenger of the Tiger » 1980, etc.Tous ces clones partageaient un

même rêve : devenir le nouveau « roidu Kung-Fu ». Ils imitaient tous samanière de se coiffer, ses cris, sesposes et essayaient même de réaliserles mêmes techniques de combat,mais aucun ne parvint à percer.Pourquoi ? À ce sujet, Yeung Tze a sapropre opinion.Lee Siu Loong n'est pas facile à

imiter, vous pouvez copier ses gestes,ses cris, etc. Tout le monde fait ça,mais quand Lee Siu Loong allait sebattre, quand il réalisait une technique,il transmettait un réalisme, une maîtriseque d'autres sont incapables detransmettre. J'ai probablementrencontré quelque 50.000 personnesqui ont essayer de l'imiter en copiantses cris ou sa manière de lancer lescoups de pied et les coups de poing,mais aucun ne peut être comparé à lui,en tout cas à ce jour.

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« Si Bruce Leeétait mort sixmois plus tard, je serais en cemoment en trainde travailler auxÉtats-Unis parceque je voulaistravailler dans

ses productions. »

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D'après Yeung Tze, tous les clonescommettaient la même erreur :Copier Bruce Lee n'était pas la

bonne manière. Essayer d'imiter sacapacité de travail, son ardeur autravail, leur eut permis d'avancer dansla direction correcte. Bruce Lee étaitplus qu'un expert des arts martiaux, ilavait une personnalité qui transcendaitla technique et qui explosait à l'écran.Lee Siu Loong était le meil leur,personne n'a eu son talent, personnemême ne s'en approcha. Il avait uncharme et un charisme particulier quil'aida beaucoup à devenir une vedettemondiale.En 1979, lassé de tant de clones, il

tenta sa chance et débuta dans la miseen scène avec « Bolo the Brute », unexcellent film de Kung-Fu classique quiessayait d'offrir quelque chose dedifférent de ce qui était projeté àl'époque. Pour mener à bien un telprojet, il réunit de jeunes promesses dupanorama cinématographique de HongKonh, mais les résultats furent trèspauvres et le film passa relativementinaperçu compte tenu de laparticipation de certains acteursvétérans du cinéma de Hong Kong.C'était avant la disparit ion de laBrucexploitation, un phénomène quifinit par lasser le public de Hong Konget du monde entier et saturer le marchéde centaines de films imbuvables. Cela obligea Yeung Tze à réorienter

sa carrière d'acteur s'il ne voulait pasaller grossir la liste des acteurs sans

travail du cinéma d'arts martiaux. Parnécessité, il se vit obligé d'accepterdes petits rôles dans des productionsd'action modernes, des comédies etdes drames. Dans certains magazines,on a publié qu'il refusa de continuer departiciper à la Brucexploitation, ce quin'est pas vrai. Yeung Tze ne fut jamaistrès scrupuleux dans l'acceptation d'unrôle au cinéma, il n'a jamais dit non àun personnage :J'ai participé à plus ou moins 200

films, dans la plupart d'entre eux monpersonnage ne dépassa pas les 5minutes. Après une carrière dilatée dans le

septième art, quand on lui demandequel est son film favori, il répond :Mon film favori, c'est « Opération

Dragon », car j'y ai travaillé avec lemeilleur et aussi « Bloodsport ». Ilsm'ouvrirent tous les deux les portes dumarché international.Pour que le public occidental puisse

mieux l'identifier, il changea son nomartistique de Yang ou Yeung Sze pourcelui de Bolo Yeung, composé de sonpatronyme et du nom sous lequel ildevint célèbre mondialement dans «Opération Dragon ». On l'a toujourscatalogué parmi les méchants.Je dois reconnaître que je ne suis

pas un héros, je n'ai pas envie dechanger, j'ai toujours été heureux d'êtrele « méchant » de l'histoire. Pour moi,ce travail était facile à faire et j'aimebien, ça ne m'a jamais dérangerd'interpréter le rôle du méchant de

l'histoire. Je l'ai accepté comme unaspect de plus de mon travail. Ça nem'a jamais gêné de mourir à la fin. Ceque je fais, c'est jouer et être unméchant est ce qui m'a donné le plusde stabil ité dans ce business.J'aimerais faire de nouvelles choses,mais cela me semble désormaisquelque chose d'impossible dans macarrière. Depuis plus de 20 ans je suisrangé dans ce genre de personnage.Effectivement, Bolo Yeung rentra en

force sur les marchés occidentaux avec« Bloodsport » et « Double Impact ». Àcette époque, certains crit iquescinématographiques prédirent queJean Claude Van Damme allait devenirle successeur de Bruce Lee. BoloYeung, cependant, se sembla paspartager cette opinion, même s'il nel'affirma que subtilement :Je me suis rendu compte que j'étais

encore populaire dans le public et celame réjouit. Je pense que toutcommença avec Lee Siu Loong dans « Opération Dragon », tous les fans et lepublic d'il y a 20 ans s'en souviennentcomme de la plus grande vedette d'artsmartiaux. Je n'ai encore rencontrépersonne qui puisse le remplacer. Toutcela aide Jean Claude Van Damme àavoir du succès avec ses films. Toutcomme Bruce Lee, il offre quelquechose de nouveau qui accroche les gens.Personne ne sait en toute certitude

pourquoi certains acteurs triomphent etd'autres échouent. Quand on lui

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demande les raisons du succès deBruce Lee et de l'échec de Jackie Chanen Occident, i l répond, fort de latypique sagesse et diplomatie chinoise :Je ne sais pas si dans le futur ce sera

différent, les affaires du cinéma sondifficiles à prédire. Il y a un long cheminà parcourir, seul le public peutdéterminer le succès ou l'échec d'unfilm. Avec les changements de goûts, ilest trop tôt pour faire des prédictions.Le marché est difficile à comprendre, ilfaut deviner les désirs des spectateurs.C'est comme un chef cuisinier, si lesclients n'aiment pas ce qu'il prépare, ildoit leur offrir quelque chose dedifférent, vous devez savoir si c'est denourriture chinoise ou de hamburgersdont ils ont envie. Si vous répétezsouvent la même nourriture, ils peuventse lasser. Il se peut que ce soit lemoment d'un changement…Que ce soit la critique ou le public,

dès qu'apparaît une promesse dans lecinéma d'arts martiaux, les gens semettent à comparer et répètenttoujours la même phrase publicitaire :le nouveau Bruce Lee. À ce sujet, BoloYeung a toujours eu les idées trèsclaires.La même rengaine se répète encore

et encore. Mais je doute que cela seproduise. Comment va-t-on trouver unautre Bruce Lee ? Ils l'ont cherchépendant plus de 20 ans sans succès.[Et il ajoute] Tous les imitateurs aveclesquels j'ai travaillé étaient terribles,aucun ne possédait sa magie, mêmepas Brandon. Alors, quelle possibilitépourrait avoir les autres ?En 1986, Dickson Poon, directeur de

D & B fi lms engage le fi ls aîné deBruce Lee pour tenir le rôle principaldans « Legacy of Rage », un f i lmréal isé par Ronny Yu. Pour letournage, Brandon Lee devait gagnerun certain volume musculaire afin dedonner plus de crédibi l i té à son

personnage qui devait se démenerdans les bas-fonds et en prison.L'entraîneur du fils de Bruce Lee ne futautre que Bolo Yeung. Dans le film, il aun petit combat avec Brandon Leedans une ruel le. D'après ce qu' i lconfia aux magazines spécialisés,Bolo en avait marre d'attendreBrandon tous les jours. Brandon Leearrivait tard au gymnase et ce n'étaitque sur l'insistance de la productriceLinds Kik Mei Lai et du chorégrapheMeng Hoi que Brandon se décidait àprendre les haltères. À ce sujet, BoloYeung commenta :Brandon ne voulait pas s'entraîner ni

se consacrer aux arts martiaux commele fit son père, il n'aimait pas se battre.Ce qui réel lement le passionnait ,c'était danser. La compagnie D & BFilms, connaissant ma relation avecBruce Lee, m'engagea pour lui donnerdes cours de Kung-Fu et le préparer.J'ai loué un gymnase et nous avonsaccordé de nous voir à 9h du matinpour nous entraîner, mais Brandonn'arrivait jamais avec midi. Je lui aidemandé pourquoi il arrivait si tard et ilm'a répondu : « Je vais être franc avectoi, je n'aime pas m'entraîner au Kung-Fu, mais maintenant je n'ai pas d'autreremède que de le faire. Si je le fais,c'est pour toi et pour le film » Au coursde cette conversation, il fut sincèreavec moi et me raconta que ce qu'ilaimait vraiment, c'était danser et fairela fête dans les boîtes de nuitjusqu'aux petites heures. Évidemment,avec ce type de vie, il était normal qu'ilne puisse arr iver tôt le matin augymnase. Il était comme ça quand jel'ai connu, mais ensuite il a mûri et acommencé à s'entraîner de manièreplus sérieuse et continue quand il estrentré aux États-Unis.« Legacy of Rage » n'eut qu'un

discret succès, mais aussi bien lepublic que la critique spécialisée furent

unanimes : ce n'était pas Bruce Lee,mais il avait un certain charisme. Voicice que nous en dit Bolo Yeung :Je crois qu'une partie du charme de

Brandon était quelque chose depsychologique. Bruce Lee est mort trèsjeune et i l manquait beaucoup aupublic. Quand Brandon est apparu aucinéma, les gens ont pensé qu'i lspourraient capter un peu de la magiede Bruce Lee à travers lui. Évidemment,père et fils étaient totalement différents,Brandon n'avait pas le talent ni lesconnaissances martiales de Bruce Lee,mais il avait du charisme et un futurprometteur à Hollywood. La mort deBrandon Lee fut une tragédie, j'en fustrès affecté quand j'appris la nouvelle.Pendant tout le temps où je l'aientraîné, il m'a démontré que les artsmartiaux ne l'intéressaient absolumentpas, mais i l possédait de grandesqualités physiques et un talent spécialpour l'interprétation.I l semblerait qu'au cours de la

dernière étape de la vie du Petit Dragonà Hong Kong, Bolo Yeung fut l'un deses plus proches collaborateurs. Ilspassèrent en effet de nombreusesheures ensemble, l'acteur a doncaccumulé de nombreuses informationssur Bruce Lee :Je suis en train d'écrire un livre avec

tous les souvenirs que je conserve deLee Siu Loong. J'ai été tel lementoccupé que je n'ai pas pu m'yconsacrer réellement. Dernièrement, j'aireçu de nombreux scénarios de travail,je ne sais donc pas quand je pourrai leterminer. Ce sera un livre définitif surses techniques. Ce ne sera pas unautre livre ennuyeux de plus parmi tantd'autres, i l sera beaucoup plusamusant. Je raconterai beaucoup dechoses qu'on ne sait pas sur Lee SiuLoong, par exemple, quel était sonnuméro de la chance ? Je parleraiégalement de sa philosophie. Un livre

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de ce genre demande du temps.Quand il sera publié, je suis sûr qu'ons'en souviendra pendant longtemps. Cene sera pas un livre à lire et à oublier,mais un livre à conserver.Il est évident que Bolo Yeung est sûr

du succès de son libre. Offrira-t-ilréellement une information inédite ettechnique sur Bruce Lee ? Apportera-t-il quelque chose de nouveau sur lesujet ? Sincèrement, je n'ai pas lu tous les

livres édités. Ce que je peux dire, c'estque j'ai été un de ses collaborateurs etun de ses élèves les plus sérieuxpendant ses derniers jours. Travaillantavec lui, j 'ai pu être témoin desobjectifs qu'il essayait d'atteindre. Dansmon livre, je raconterai comment LeeSiu Loong canalisait son énergie etcomment il utilisait sa pensée pourcontrôler son corps.Bolo Yeung fut l 'un des rares

témoins qui vit comment Bruce Leeétudiait et canalisait l'énergie. Il estclair qu'i l est al lé au-delà de latechnique. Mais à d'autres niveaux, ledéveloppement du Qi ou Ki existe-t-ildans le Jeet Kune Do ? Seul BoloYeung et quelques élus de plus

pourraient nous éclairer. Le pointnégatif de ceci, c'est que cesdéclarations eurent l ieu i l y a desannées et que le livre n'est toujourspas édité. I l semblerait qu'il ne letermina jamais. Dommage, parce quevu les références et les données quel'auteur nous en a donné, le l ivrepromettait. En attendant que sematérialise ou pas le manuscrit, nousavons au moins connu un peu mieuxBolo Yeung, l'un des rares élèves duPetit Dragon à Hong Kong.En ce qui concerne Bobo Yeung,

dans les années 90, il tourna plus def i lms en Occident qu'en Orient,quelque chose d'impensable pour unacteur du Sud-Est asiatique. Il fit dece fait la couverture de nombreuxmagazines américains. C'est ironique,mais ce qu'il n'obtint pas chez luiavec sa participation à plus de 200longs-métrages de Kung-Fu, i l leréussit en se mettant devant lacaméra de l'autre côté de l'océan. Etbien qu' i l a i t t ravai l lé avec JeanClaude Van Damme, Jim Kelly ouCynthia Rothrock, pour le publ icoccidental, il sera toujours « Bolo » de« Opération Dragon ». Ceux qui le

connaissent et l 'ont interviewésoulignent le fait que, malgré sonaspect et ses connaissancesmartiales, c'est un homme aimable,tranquille et réservé.Actuellement, sa carrière se déroule

à cheval entre les États-Unis et HongKong, même s'il ne travaille plus autantau cinéma qu'avant. Ce n'est pas uneretraite volontaire. Tout simplement lecinéma d'arts martiaux traverse depuisdes années une crise grave et on ne luioffre plus de rôles. Sa résidence estfixée actuellement à Monterrey Park, unquartier résidentiel de Los Angeles(Californie) où il vit avec sa femme etses deux enfants, Danny et DavidYeung. Ce dernier a suivi les traces deson père et a travaillé dans plusieursfilms. Bolo Yeung, pour se maintenir

occupé, se consacre à la pratique duTai Chi Chuan et du bodybuilding. Il estle président de l'association desgymnases de Hong Kong et leresponsable de l'équipe debodybuilders internationaux de Taipei.Du point de vue martial, i l pencheactuellement pour la pratique du TaiChi Chuan.

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Cinéma Martial

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Les prix Les pLUs prestigieUx dU monde mArtiAL

« Unité, Qualité, Honneur »Quand les bons se réunissent… avec les bons

Avec l’appui de la ville de Valencia et de sa mairie.

OCTOBRE

Comment être nominé ? Vous pouvez prendre contact avec l'organisation aux adresses mails suivantes : [email protected]@gmail.comIl existe deux manières d'accéder à une nomination. 1) Être présenté par quelqu'un qui déjà a été introduit précédemment au Hall of Fame.

2) Envoyer au maître Santiago Sanchis (Apartado de correos 1767, Valencia 46080 - Espagne) le récit des mérites de la propre carrière martiale,les titres, dan, curriculum, etc. Il doit s'agir de certificats authentiques et vérifiables. N'importe qui peut-il assister au dîner de gala ? Tout pratiquant d'art martial, maître, élève ou proches, peut assister au dîner d'hommage

moyennant le paiement préalable de son couvert et son acceptation par le conseil d'administration. C'est une occasion magnifique de connaîtrede près les grands maîtres qui assistent chaque année. Il est également possible de s'inscrire au stage au cours duquel, chaque année, différentsgrands maîtres partagent tatamis et enseignements. Nous devons cependant ajouter que le nombre de participants est limité et quel'organisation se réserve le droit d'admission. Le respect d'un certain protocole est exigé, il sera expliqué dans un mail informatif sur demandedes intéressés.

Vendredi 26 : 19h. Conferencia Alianza Internacional "Policias del Mundo" iwpa e icpse21h. Dîner ICPSE et IWPA

Samedi 27 : 10.30 Cours magistral, 4 Grand Masters.21.30h. Dîner de gala du Hall of Fame 2012

Dimanche 28 : 11h. tournée Albufera et paella Torres-Torres.Prix : Contacter l’organisation.Information pratique :Endroit : Hôtel ABBA ACTEON, Valencia, Espagne. C/ Vicente Beltrán Grimal, 2 – 46023 Valencia – Espagne. Tél +96 331 07 07 • Fax +96 330 22 30 • Émail : [email protected] existe des prix d’hôtel spéciaux pour les participants à l’événement. Les chambres bloquées par l’organisation pour les participants sont en nombre limité, leur

réservation par ceux qui le souhaitent doit donc se faire le plus rapidement possible.

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L'expert martial face à la violence réelleLe Fu-Shih Kenpo se compose

techniquement de mouvementslinéaires et circulaires conjugués dansdivers directions et différents sens afind'obtenir une grande maîtrise ethabileté dans tous les anglesphysiques en lançant une énergieintermittente au moyen demouvements bri l lants, f luides etcontinus. Pour ce faire, le Fu-Shih faitappel à tous les sens et à toutes lesressources physiques et mentales.Dans le Fu-Shih, on avance toujoursdans la construction d'une techniquedéfensive pour l'élaboration d'unecontre-attaque naturelle, décisive etcoordonnée. Une concentration totaleest nécessaire, ainsi qu'un regardpénétrant et une respiration profonde.Nous devons nous préparer à êtrecapables de répondre efficacementface à n'importe quelle acte dedéfense ou d'attaque, mais cela nesignifie pas que nous ayons le droit deprovoquer des blessures graves ou detuer un adversaire.Ces dernières années, je ne cesse

d'attirer l'attention dans mes courspublics et privés et mes stages ouséminaires nationaux et internationauxsur les erreurs communes que nousavons coutume de commettre dans laplupart des arts martiaux quand nousdevons nous centrer sur la self-défense réelle. Je m'explique. Lors denos entraînements, que ce soit dansun dojo, sur le tatami, ou à l'air libre,nous ne pouvons jamais faire unevéritable application 100% réel encomparaison avec la réalité de la rue.Et c'est là un premier désavantage. Il ya ensuite le fait que nous passons desannées à répéter des séries detechniques spécifiques préalablementélaborées, codifiées et programméesà la carte. Et finalement, il existe unautre inconvénient permanent et c'estle fait d'utiliser des sparrings, despartenaires ou des adversaireségalement à la carte.Que signifie tout cela en définitive ?Répéter et répéter des séries

techniques, que ce soit en shadow oucontre un objet, Pao, patte d'ours ousac, ou un adversaire, est un premierpas. Le fait que notre adversaire nenous rende pas les coups et nouspermette de réaliser une rafale decoups et de nous exprimer en touteliberté est également une autre partiede l'apprentissage, mais elle nousconduit à acquérir une fausseconfiance en nous. Et finalement lefait de demander à notre sparring letype d'attaque que nous souhaitonspour, avec cette confiance et grâce àsa collaboration, réaliser uneimpressionnante démonstration de

nos habiletés est un autre point faiblede notre dextérité. Tout cela setransforme souvent en un véritablecauchemar dans les situationsextrêmes de violence de rue. Depuis tout petit, j'ai vu des

affrontements réels avec et sansarmes. Mon père était un carabinier auChili et j'ai également vu avec lui letype d'action policière que l'on réalisaitdans mon pays natal. Là, les forces desécurité agissent avec un niveau deforce policière élevé et sont dès lorsrespectées. Dans les années 80, je mesuis très souvent rendu dansdifférentes villes des États-Unis : Miami(Floride), Cleveland, (Ohio), LosAngeles (Californie), Las Vegas(Nevada), New Orléans (Louisiane),Chicago (Illinois), Houston (Texas), SanAntonio (Texas), Atlanta (Géorgie),Pittsburgh (Pennsylvanie), New York,Phoenix (Arizona), etc. J'ai pu observerdans toutes ces villes différents typesde violence de rue et d'action policière. En Europe, on voit aussi des

bandes des pays de l'Est etd'Amérique centrale ou d'Amériquedu Sud exercer une violence dans lesvil les, les rues ou aux domicilesparticuliers. C'est un type de violencequ'on n'avait jamais vue auparavantchez nous. Des gens qui viennent dela misère, de la guerre et pour qui unevie humaine n'a aucune valeur. Et ça,c'est un véritable désavantage parcequ'alors qu'un pratiquant d'art martiala une éthique, un respect de lasociété, de la justice, et essayerad'éviter de faire trop de mal pour nepas avoir de problèmes morales etjudiciaires trop graves, sesadversaires tout simplement n'enauront pas vis-à-vis de lui. Et ça,messieurs, c'est un problème grave.

Comment construire une contre-attaque efficace et énergique sansoccasionner de blessures graves à unadversaire ?Il sera donc ici très important d'être

physiquement, techniquement etpsychologiquement préparé. J'insistetoujours sur le fait que le plusimportant, c'est notre conditionphysique, ensuite nos armes naturelles,c'est-à-dire tout notre arsenal (mains,poings, jambes, coudes, genoux) etfinalement notre pouvoir de décisionautrement dit notre mental pour savoircomment repousser une agressionextrêmement violente d'individus trèsbien préparés et sans scrupules. Il fautsavoir qu'ils n'hésiteront pas à êtresauvages, sanguinaires et qu'ils n'ontaucun respect pour la vie, lespersonnes ou la société.I l est bon de connaître et de

dominer les techniques et leursdiverses applications sur les pointsfaibles de n'importe quel individu. Peuimporte que ces truands soient durs,mauvais, forts, grands ouexpérimentés, ces points faiblesfonctionnent de la même manièrepour tout le monde. Mais ne nous ytrompons pas… avec eux, nos armesdoivent être bien au point et nousdevons les appliquer sur ces pointsavec toute la décision et toutel'efficacité requise.Paradoxalement, tuer quelqu'un est

à la fois réellement très facile tout enétant difficile. En premier lieu, nousdevons tenir compte du fait que pourdécider de produire un dommageextrême, nous devons avoir desraisons spécifiques suffisantes. Avecou sans arme, tout est possible quandla raison commande.Prions Dieu de n'avoir pas à utiliser

nos connaissances pour faire du mal ànotre prochain et qu'aucun de cesénergumènes ne croise notre route !Revenons ainsi aux origines des artsd'Extrême Orient pour les partagerdans le meilleur des sens : qu'ils nousapportent la santé et le bien-être pourmieux profiter de notre précieuse vie etde celle des êtres qui nous sont chers,de notre famille et de nos bons amis oude nos frères sur le chemin de la vie.Je crois que même le plus mauvais

des mauvais a un peu de bonté, decrainte et de repentir au plus profondde son être. J'ai personnellement vupleurer devant moi un des grandsmauvais, des plus mauvais qui j'aicroisé sur mon chemin. Et ce qui estpire (ou meilleur suivant l'angle queprend notre regard), je l'ai entenduprier Dieu de le protéger avant decommettre un nouveau péché.À bientôt, dans le prochain numéro

de ce prestigieux magazineinternational d'arts martiaux.

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La Colonne de Raul Gutierrez

« Le plusimportant, c'estnotre condition

physique, ensuitenos armes

naturelles, c'est-à-dire tout notrearsenal (mains,poings, jambes,

coudes, genoux) etfinalement notre

pouvoir dedécision. »

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La Lutte libre est considérée comme une des formes de combat au corps à corps lesplus ancienne du monde. Elle faisait partie de l'entraînement des anciens guerriersgrecs et romains jusqu'à devenir avec le temps un sport olympique.Il est curieux de voir comment, dans certains pays d'Occident où ce sport existe

depuis des siècles, les masses se sentent plus attirées par les styles de combat orientaux tels que le Judo et les arts martiaux chinois et japonais, sans se rendrecompte de l'efficacité de leurs propres stylesde combat occidentaux tels que la Luttelibre olympique.Faisons remarquer qu'actuellement,

la majorités des lutteurs profession-nels de Vale Tudo ou de Mix MartialArts n'ont pas seule-ment incorporé lestechniques deLutte libre dansleur arsenal de combat,mais encore qu'une grandepartie de leur entraîne-ment physique estdirectement influen-cée par lesméthodes d'entraî-nement de la Luttelibre olympique.

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Un grand champion et un excellent maîtreNous avons un dicton : « Un lutteur doit avoir l'habileté d'un acrobate, la

force d'un haltérophile et l'esprit d'un joueur d'échec. »

Quiconque ayant pratiqué la Lutte saura qu'il faut une grande capacitéphysique. Mais il ne suffit pas d'avoir la force d'un haltérophile enmouvement. La Lutte libre olympique a en effet évolué en ce quiconcerne la tactique et la stratégie. C'est un sport qu'il convient, du faitde sa complexité technique, de commencer à pratiquer très jeune, car lamanière continue de manœuvrer exige un engagement constant etplanifié. Après avoir appris une technique simple, il faut apprendre à se

positionner défensivement pour exécuter les contre-attaques,ce que l'on appelle en Lutte libre l'entraînement de « saisie, position défensive et contre-attaque ». Et cela

n'en finit pas là parce que le lutteur doit apprendre à semouvoir librement pour développer sa dextérité, se déplacer

agilement et pouvoir répondre face aux lutteurs défensifs.Quand un lutteur se prépare, apprend et pratiquedes actions offensives, il se prépare mentalement

à contre-attaquer les défenses possiblescontre celles-ci. Cela exige non seulementun perfectionnement constant de sacapacité et de sa résistance physique et

technique, mais encore une capacité, unerésistance et une volonté mentale et morale.

Le vrai lutteur apprend que quoi qu'ilarrive, il doit toujours continuer.

Il ne s'arrêtera pas au

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premier contretemps, peu de choses ledémoralisent.Meto Kodakov est un mélange de

gladiateur, d'ancien entraîneur de Luttelibre olympique de l'ancien Unionsoviétique et de chercheur infatigable dece qui fonctionne vraiment sur le tapis.Comme il le dit, il est un scientifique ence qui concerne les méthodesd'entraînement, et cela ne fait aucundoute. Il est amplement compétent etpossède une grande expérience en tantque lutteur, mais i l sait que pouraccomplir son rêve d'entraîner deschampions, il doit continuer d'étudier lesméthodes d'entraînement modernes,quelles que soient leurs provenances.Malgré des origines humbles et difficiles

dans son pays natal, la Bulgarie, il n'ajamais cessé de se battre pour atteindreles objectifs qu'il s'était fixé. Pour quevous vous fassiez une idée, la Lutte libreolympique est pour la Bulgarie ce qu'est lefootball pour l'Espagne ou l'Angleterre. Laseule différence, c'est que c'est un sportoù presque tous les résultats dépendentde soi-même et il a été plusieurs foischampion de son pays. Il a eu l'occasionde s'entraîner avec de véritables légendesde la Lutte libre et n'a jamais cesséd'avancer jusqu'à accomplir ses rêves.Meto Kodakov est un exemple de dépas-sement de soi, un exemple pour la jeu-nesse d'aujourd'hui. Son rêve actuel c'estde pouvoir offrir aux jeunes l'espoir quetout peut être surmonté à travers le sport.Il a pour cela créé le « Club Gladiateur » deLutte libre. « Les portes sont ouvertes àtous ces jeunes qui, comme moi à monépoque, ont le désir de se dépasser. Ilsn'ont pas idée de comment était la viequand j'étais jeune et enfant en Unionsoviétique. La Lutte libre olympique nousrend forts d'esprit et ce que l'on apprendconstitue une base extrapolable à la vie.La constance est la base du succès et ilsl'apprendront avec moi. »

InterviewB.I. : Racontez-nous quand et

pourquoi avez-vous commencé àpratiquer la Lutte libre.

M.K. : J'ai commencé à pratiquer laLutte libre olympique à l'âge de sept ansdans mon village natal d'Ezerche enBulgarie. À cette époque, mon villageavait une équipe très forte, l'une desplus forte de la région. Mais à 11 ans, jesuis entré à l'école sportive, de cellescréées pas l'ancienne URSS pourpréparer les sportifs d'élite. Là, nousmangions, nous étudions et nous nousentraînions. Nous ne pouvions voir nosparents qu'un seul jour par semaine. Lavie dans ces centres de haut rendementétait très dure et plus on était jeune, plusdur c'était. Ces écoles furent crééesdans le seul but de démontrer aux payscapitalistes que le système communisteétait capable de créer les meilleursélèves et les meilleurs sportifs, que lacompétition était sérieuse et très forte.Nous avions des compétitions tous lesjours et les entraînements, vousl'imaginez, étaient extrêmement durs.Les jeunes d'aujourd'hui ne peuvent sefaire une idée de la dureté de cesendroits. Tous les jours, nous nouslevions à 6h du matin, nous prenions lepetit déjeuner et à 8h nouscommencions les cours. I l y avaitensuite au moins deux heuresd'entraînement et puis de nouveau lescours jusqu'à 1h. Nous déjeunions,nous retournions en classe quatreheures de plus et ensuite nous nousentraînions de nouveau pendant deuxheures. Et ainsi jusqu'à ce que j'entredans les corps spéciaux de l'armée demon pays.

B.I. : Comment considérait-on laLutte libre en Bulgarie et dans lesPays de l'Est en général ?

M.K. : La Lutte libre olympique etl'haltérophilie sont les sports nationauxde mon pays. La Lutte libre est commele football de première division enEurope. Être champion de Lutte dansmon pays était le rêve de tout enfantbulgare. Je l'ai été à deux reprises, en1994 et en 1995. Et sept autres fois, j'aiété sous-champion de Lutte olympique.Comme vous imaginez, dans monvillage, j'étais considéré comme un

héros. À mon époque, j'étais trèsrespecté parmi les lutteurs mondiaux.

B.I. : Quels furent vos professeurset comment vous ont-ils motivé àatteindre vos objectifs ?

M.K. : J'ai eu la grande chance d'êtreentraîné par certains de ceux que jeconsidère comme les meil leurs del'histoire mondiale de la Lutteolympique. Hassan Isaev, qui obtint lamédaille d'or aux Jeux olympiques deMontréal en 1976, fut mon entraîneurpendant dix ans. Avec lui, j 'aiénormément appris. Non seulementc'était un grand préparateur physique,mais en outre, c'était un véritable « joueur d'échec » de la Lutte. I l m'enseigna à être discipliné, i lm'inculqua la discipline dans tous lesaspects de la vie. C'était un grandmotivateur, un psychologue des sportifs.Il savait tirer le meilleur de chaquelutteur et était capable d'améliorer sespoints faibles. Il m'a formé en tant quepersonne et en tant que lutteur. I lm'enseigna à être un gagnant dans tousles domaines de la vie. Grâce à lui, j'airéussi n'importe quelle entreprise que jeme suis proposé. J'ai également eul'occasion d'être formé par d'autresgrands entraîneurs de mon pays telsqu'Alexandre Nanev, Georgui Yanchev,Ivan Sonov et Ivan Sochev, tous desgrands lutteurs et des entraîneursd'élite.

B.I. : En quoi différaient lesméthodes d'entraînement de la Luttelibre entre, par exemple, les États-Unis et l'ancienne URSS ?

M.K. : Les méthodes d'entraînementde l'URSS avaient comme base laperfection technique, l'agilité, la rapiditéet la résistance. Les Américains secentrent plus sur la force physique,tandis que les lutteurs bulgares et del'Est se basent plus sur ce que nousvenons de dire. Pour nous, il était plusimportant d'être un bon lutteur qu'unmalabar. De fait, on dit qu'un lutteur al'agilité d'un acrobate, la résistance d'uncoureur de marathon, la force d'un

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haltérophile et la stratégie d'un joueurd'échec. Un lutteur doit être complet.L'entraînement d'un lutteurprofessionnel de Lutte olympique doitimpliquer ces quatre aspects. La forcephysique n'est pas la Même que celledont a besoin un haltérophile, il fautsavoir manier le poids de l'adversairedans le combat lui-même.

B.I. : Avec qui avez-vous eul'occasion de vous battre quand vousétiez dans le circuit professionnel dela Lutte libre ?

M.K. : Parmi les plus célèbres, j'ai eul'occasion de me battre avec PlamenPaskalev, qui fut sixième aux Jeuxolympiques d'Atlanta en 96. J'aiégalement eu l'occasion de me battreavec Valentin Yelev, troisième du mondeen 95 ; avec Plamen Penev, AldinKasabov et bien d'autres, tous deslutteurs très durs et très forts. Ce fut uneépoque en or de la Lutte l ibreolympique. Les tournois étaient dursparce que c'était des tournois de sixplus trois, autrement dit, si vous negagniez pas pendant les six premièresminutes de combat, il se prolongeait detrois minutes. Un véritable enfer.

B.I. : Pourquoi, croyez-vous, que leslutteurs de Vale Tudo s'entraînent ouont un background en Lutte libre onttant de succès actuellement ?

M.K. : D'un côté pour leurentraînement physique, les lutteurs sontdes gens physiquement très bienpréparé, mais par dessus tout pour latechnique de ce sport. Un lutteur saitpar où entrer dans ses adversaires, quelque soit leur style. J'ai eu l'occasion deme battre contre des boxeurs, desjudokas, des kickboxeurs… Dès quenous faisons contact - et que nousallons entrer au corps à corps tôt outard-, dès que nous saisissons notreadversaire, nous savons commentl'amener au sol et le soumettre. Le stylede la Lutte libre est toujours frontal et sivous vous êtes entraîné pendant desmilliers d'heures à ce sport comme jel'ai fait, vous vous habituez à être un

rouleau compresseur. Littéralement,quand vous saisissez un bras ou unejambe, vous savez commentdéséquilibrer. Ensuite, il s'agit seulementde vous positionner correctement pourfrapper, comme ils le font actuellementdans les combats de Vale Tudo.L'aspect sportif de la Lutte libre m'atoujours intéressé. Je sais que c'est untrès bon système de self-défense dansla rue, mais pour moi le sport en lui-même est plus important, ce que çaimplique que d'être un sportif d'élite, lefait de faire de la compétition, d'être enforme, de vivra sainement, d'avoir de ladiscipline, c'est ça qui m'intéresse plusque seulement le fait de me battre.

B.I. : Après avoir fait partie d'uncorps d'élite de l'armée de votre pays,vous vous êtes consacré à la sécuritéprivée et au travail d'escorte. En plusd'être un sport, la Lutte libre est doncutile pour se défendre dans la rue ?

M.K. : Comme je l'ai dit avant, lapréparation physique d'un lutteur estincroyable. Vous vous battezlittéralement pendant des heures contredifférents types de combattants etlogiquement, comme c'est un grandsystème de self-défense, pour moi, il atoujours fonctionné pour me défendre.La Lutte est explosive, c'est une forcebrutale appliquée de manière trèsintelligente à un moment précis. Lesgens, quel que soit leur style, quand ilsont affronté un lutteur, que ce soit augymnase ou dans la rue, savent qu'unlutteur est très dangereux. Après êtresorti de l'école de haut rendement demon pays, je suis entré à l'armée, dansles corps spéciaux pour être exact. Plusde discipline, plus d'entraînements etdes entraînements extrêmement durs,beaucoup de froid… J'ai appris àmanipuler toutes sortes d'armes à feu,de tous les poids. J'étais l'un desmeilleurs francs-tireurs de l'armée àl'époque. Celui qui naît pour la Lutte naîtpour n'importe quel type de lutte.Depuis très jeune, j'ai dû apprendre àme débrouiller tout seul. Après l'armée,j'ai travaillé comme garde du corps privé

pour des chefs d'entreprise trèsimportants de mon pays et j'étais trèsrespecté dans le monde de la sécuritéprivée des Pays de l'Est. Mais une foisde plus, seul le sport en soi m'intéresse.Le sport de la Lutte libre olympique estma passion depuis tout petit etmaintenant, je voudrais me consacrer àl'enseignement.

B.I. : Quels sont vos projets pour lefutur ?

M.K. : Mon projet est déjà en marche.Je veux uti l iser toutes mesconnaissances pour former de bonslutteurs olympiques au sein de l'Unioneuropéenne. Actuellement, j'ai unepetite école à Madrid, en Espagne.J'enseigne aux enfants dans certainscollèges et je rêve de pouvoir laproposer au plus grand nombrepossible. Je voudrais faire connaître laLutte, que les gens voient autre choseque le football. La Lutte libre est unsport qui exige de la discipline, être enbonne santé et surtout le respect. Jerêve aussi de pouvoir donner des stagesdans toute l'Europe. Actuellement, jedonne également cours dans des écolesde MMA à Madrid et je partage mesconnaissances avec des combattantsde toutes les disciplines. I ls medemandent de leur montrer les entrées,les amenées au sol, lesrenversements… En cela, nous sommesdes spécialistes, nous les lutteurs. C'estpour cela que je crois que les lutteurspossédant un background de Lutte onttant de succès en Vale Tudo.

B.I. : Comment considérez-vousactuellement la Lutte libre olympiqueen Europe ?

M.K. : Dans les pays de l'ex Unionsoviétique, elle est très connue, maispas autant dans ceux de l'Ouest. C'estpour cela que je me consacreactuellement à l'enseignement. Commeje l'ai dit, mon plus grand rêve, c'estd'introduire la Lutte libre olympiquedans le plus d'écoles possibles et decommencer à créer une pépinière delutteurs en Europe.

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La Lutte libre est considérée comme l'une desformes de combat au corps à corps les plusanciennes du monde. Elle faisait partie del'entraînement des anciens guerriers grecs et

romains jusqu'à ce que le temps en fit unsport olympique.

Il est curieux de voir comment,dans certains pays d'Occident

où ce sport existe depuisdes siècles, les masses se

sentent plus attirées parles styles de combatorientaux tels que leJudo et les artsmartiaux chinois etjaponais, sans serendre compte del'efficacité de leurspropres styles de

combat occidentaux telsque la Lutte libre

olympique.Faisons remarquer

qu'actuellement, la majoritésdes lutteurs professionnels de

Vale Tudo ou de Mix Martial Artsn'ont pas seulement incorporé les

techniques de Lutte libre dans leur arsenal decombat, mais encore qu'une grande partie de leurentraînement physique est directement influencéepar les méthodes d'entraînement de la Lutte libreolympique.

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David Arama est le fondateur de laKapap & MMA Organization qui combineles concepts les plus avancés de self-défense issus des programmes destinés

aux unités spéciales de l'armée israélienneet les techniques de MMA appliquées àdes scénarios réels. Dans ce premiertravail, Arama partage avec nous son

intense expérience d'entraînements avecles Forces de défense israélienne et anti-terroriste. Il est accompagné par Maor

Bashan, instructeur chef de Krav Maga duGroupe anti-terroriste israélien et pourvu

lui aussi d'une solide expérienceprofessionnelle en matière d'entraînementdes membres de l'armée dans le mondeentier. Avec eux, nous étudierons en détail

les techniques de désarmement depistolet, de désarmement de couteau,d'arrestation et de contrôle d'individusagressifs, nous verrons des exercicesd'entraînement, des exercices de

mentalisation et de réaction et le travailavec le Spikey, un nouvel outil efficace deself-défense. Deux experts de premierordre pour ceux qui aiment affronter la

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Ce qu'on appelle les attaques vicieuses, ce ne sont pas les attaquesfranches et directes que nous pratiquons habituellement, mais plutôtcelles réalisées par les professionnels du combat de rue. Ils saventque les victimes peuvent s'attendre à certains types d'attaque etvont, pour cela, les modifier pour qu'elles deviennent plus courtes,surprenantes et mortelles. Dans ce nouveau DVD du maître AlainCohen, nous étudierons comment les arrêter avec nos techniquede Krav Maga : menaces avec revolver dans le dos, dans la nuque,avec les mains attachées, étranglements, saisie Double Nelsondans le dos, diverses situations d'attaque et de menace aveccouteau quand l'individu est tout près et que nous sommes au sol,

exécutions avec couteau ou pistolet, attaques de plusieurs agresseurset exercices de fluidité pour appliquer correctement les clés de bras. Un

travail qui ne cherche donc pas la qualité technique, mais l'efficacité carnous nous battons pour notre vie en fin de compte et notre objectif, c'est que,

finalement, l'agresseur se retrouve par terre et que nous puissions lui échapper.

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REF.: • PGRAP-2Tout comme le Judo, aujourd'hui, le BJJ ou leGrappling ont été adoptés comme méthode

d'entraînement de la part de corps de sécuritéde divers pays. Ce sont tous des systèmesbasés sur les projections, les contrôles et lessoumissions qui, en plus d'avoir fait preuve deleur efficacité, offrent la possibilité de respecterles préceptes légaux qui obligent à réduire sansblesser. Ce deuxième travail des professeursDaniel et Eduardo García se centre sur lescombinaisons techniques et tactiques deGrappling policier face à des agressions

indéterminées ou aléatoires. Avec eux, nousanalyserons les applications technico-tactiquesdu Grappling policier, combinées avec l'usagede l'équipement : arme à feu, bâton policierextensible, kubotan et menottes comme

élément de réduction ; les récupérations de laposition debout à partir du sol, dans différentessituations, ainsi que les ajustements de celle-ci.Explications détaillées suivant les bases dusystème, avec uniforme et équipement etterminant avec le sujet menotté. Un travailinédit dans les systèmes d'intervention

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C/U

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Méthodes de défensedes coups

Pour « éliminer » rapidementl'adversaire avec des coups, au cours ducombat, il est important de savoir trouverdans l'espace le point de contact avecl'agresseur pendant l'action. C'est l'unedes choses actuellement les plusintéressantes, importantes et difficiles del'art du combat, indépendamment desstyles.

La défense des coups est déterminéepar deux concepts : le plan du coup et leplan défensif (la surface de réception ducoup).

• Le plan du coup est la trajectoire ducoup d'attaque de l'adversaire, avec ousans armes. La trajectoire peutcependant être très complexe. De cefait, le plan du coup ne suit pasnécessairement une ligne droite ouconventionnelle.

• Le plan défensif est l'espace quipeut être représenté par l'extrémité de lapersonne qui se défend au cours del'approche de l'objet attaquant et de laréalisation de la défense.

L'angle de rencontre ou angle entre leplan du coup et le plan défensif ne doitpas dépasser les 10-15º au moment ducontact. Pour la défense, on n'utilise pasplus de 15 à 25% de l'énergie du coup,le reste est transféré au contrecoup et

est utilisé pour la charge sur l'adversaireet la gestion correspondante.

Le contact est réalisé avec la partieinterne ou externe des doigts et desarticulations de la main. Après lecontact, la main ou l'objet qui effectuel'attaque glisse le long de la l ignedéfensive. Le changement d'angle de larencontre se réalise à travers la rotation(pronation ou supination) de la main lelong de l'axe longitudinal sur lemouvement de rencontre oud'accompagnement. Cela permet dechanger la trajectoire de la main (ou del'objet) attaquant, en uti l isant unminimum d'énergie. Voyons un exempleconcret. Les gouttes de pluie dans leurchute rencontrent une superficie dure (letoit incliné d'une maison), elles en sontdéviées (rebond ou contrecoup) suivantun angle déterminé et continuent dechuter dans une autre direction. Ainsi, entombant sur une surface plate, le trajetde la pluie est modifié et la force de sonparcours diminue.

Le sommet supérieur du triangle offreune représentation très claire de laposition du point de contact au momentde l'agression. En percevant le niveaud'agression de l'adversaire, le corpsreçoit un signal immédiat concernant lesactions suivantes.

Après le contact initial, il existe lapossibilité de créer une légère pressionau début (un « nœud » de forces) pour

ensuite céder et créer un vide.Autrement dit, sans rompre le contactavec l'agresseur, il est possible de situerle vecteur de force dans la directionnécessaire suivant les principes de laperte d'équilibre.

Tout cela peut êtrepratiqué même sanscontact physique (non contact)

Il est possible « d'éliminer » le point decontact, mais aussi de continuer l'actionpendant que l'adversaire est endéséquilibre (en changeant la structurede la stabilité de son corps). Pour ladéfense contre les coups de pied, onutilise les mêmes règles que celles de ladéfense avec les mains.

Quand le coup arrive, on crée lecontact avec la main ou la jambe del'adversaire en le rejetant légèrement (enformant avec la main ou la jambe un planincliné) tout en conservant le contact.

Pour quelle raison accordons-noustant d'attention à la douceur, à lasouplesse et à la résistance ?

Si nous surmontons les actions del'adversaire, nous unissons notre forceà la sienne et nous ajoutons uneaccélération à son mouvement. Celapermet de préserver la force et d'êtreprès de l 'attaquant. Tant qu'on

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conserve le contact, on peut même lecontrôler.

Le changement de trajectoire descoups de l 'adversaire se base surl'absence de résistance et la souplesseen plus de l 'a ide des supportsspécifiques des coups et des contres.La sort ie depuis le plan du coupcomme si on esquivait ou on glissaitpeut se faire tant que l'on est debout,en déplaçant le centre de la masse surune des deux jambes, avec une légèretorsion du corps (si la jambe gauche setrouve en avant, le corps doit réaliser latorsion dans le sens des aiguilles d'unemontre). Si on est devant, debout faceà l'adversaire, il faut se déplacer aumoment de l 'attaque avec unglissement rapide et ferme vers l'avant(le principe du pas suivi d'un demi pas)en direction de l'adversaire suivant unangle d'à peu près 45º. Avec lesjambes si tuées dans la l igne desépaules, le centre de la masse setrouve sur la jambe avant. I l estimportant de ne pas entraîner l'autrejambe. La torsion du corps se produitau moment du coup, a insi qu'aumoment de l 'action défensive. Parrapport à cela, un des principes lesplus importants est celui de céder, nepas résister à la force qui arrive etrempl i r l 'espace vide autour, êtrecapable de rester près de l'adversaireet de conserver le contact avec lui.

Il faut trouver une voie intermédiaire,s'unir au camarade dans une actionunique, dans le même système. Letravail (de contribution de la force) estl'ensemble des actions motrices, tellesque les coups et les leviers, qui ont pourbut de faire perdre l'équilibre à un corps.Dans ce travail, il y a trois étapes àprendre en considération :

• Union (avant le début du contactphysique avec l'adversaire) et début ducontact avec l'adversaire

• Renforcement : la charge avec lescoups ou avec le centre de la masse (lelevier sur le propre appui ou sur l'appuide l'adversaire)

• Guide : ordre, action basée sur laperte d'équilibre.

Si l'union et le renforcement sontréalisés correctement, ils sont faciles.

Quoi qu'il en soit, il est conseillé lorsde l'entraînement d'utiliser des coups decharge ou de créer un « nœud » deforces. De cette façon, le corps del'adversaire se déplacera naturellementet pour nous, il sera facile de le domineren utilisant le centre de sa propre masse.Le principe du maintien du contact avecl'adversaire se conserve toujours. Dansde nombreux cas, les coups avec lesgenoux, les prises et les coups de piedsont possibles. Laisser libre l'endroitpour la chute de l'adversaire enramenant à temps (après avoir créé

l'appui pour l'adversaire) la jambe aveclaquelle nous avons frappé (rejet avec lajambe). Il est possible en outre (surtouten travaillant avec les armes) d'élaborerun plan vertical qui inclut la charge, latorsion le long d'une spirale courte versle bas suivant un angle de 45º,l'élimination d'un appui avec coups depied (dirigés aux parties faibles de lastructure biologique du corps),l'utilisation du centre de notre propremasse et de la masse de l'adversaire, unmouvement de la ligne verticale de lacolonne d'un à deux centimètres versl'avant ou vers l'arrière (à gauche ou àdroite).

Toutes les postures antérieurementindiquées, en plus d'un autre ensemblede certains mouvements, constituent unmouvement similaire à celui d'unpendule (oscil lations, mouvementondulatoire), le principal mouvementpour la défense des coups. I l fautrappeler que c'est l'adversaire qui aprovoqué la situation où il se trouve.Nous lui avons cédé notre place danscet espace (sortie à la surface), dans laséquence des actions créées endéplaçant le « nœud » de forces, nousavons apporté les coups et dominél'adversaire. Nous devons dire qu'il n'estpas toujours nécessaire de mettre enpratique les techniques décrites, parfoisl'un ou l'autre coup suffisent. Toutdépend de la situation.

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la f in des années 70, legrand maître Kernspechtapporta le WingTsun enEurope. Peut-être un maîtrede ce système méconnu a-t-il essayé avant lui de le

faire, mais je crois qu'il n'y a pas de douteà ce sujet : K.R. Kernspecht a introduit leWingTsun en Europe avec une force quel'on ne peut comparer à aucune autre. Etje dirais même plus : qu'on ne peutcomparer avec aucun autre système. Enmoins de 30 ans, il a formé plus d'un demi

mil l ion de

pratiquants… une chose à la portée detrès peu de personnes. Un charismeparticulier associé à une remarquablecapacité intellectuelle en sontindiscutablement le secret. Mais j'aimeraism'efforcer d'essayer d'éclaircir toute cetteévolution pour mieux comprendre notresystème.L'histoire a tendance à se répéter et

presque tout ce qui réussit a tendance àmourir de cela : du succès.Nous qui avons déjà passé un certain

nombre d'années à consacrer une partiede notre vie à l'enseignement de cesystème, à sa promotion, à en montrer lemeilleur visage, à essayer d'en transmettrela philosophie, nous nous refusons delaisser notre système mourir de succès. Jecrois fermement qu'i l y a de trèsnombreuses choses à résoudre dans notremonde et très certainement nous leferons. Je crois que ça en vaut la peine.Faire une référence à l'évolution de

notre système en Europe me paraîtessentiel. Rendre au roi ce qui appartientau roi est important, mais par dessus tout,je considère qu'il est fondamental depouvoir expliquer la situation actuelle etque c'est beaucoup plus facile si noussavons d'où nous venons, où noussommes et dans quelle direction nous

cheminons aujourd'hui.Après l'arrivée du WingTsun enAllemagne et une premièreépoque « difficile » pour lesystème, tout commençaà donner ses fruits. Ladeuxième générationd'instructeurs avec desgens comme VictorGutiérrez, Emin Boztepeou Saly Avcy (ainsi quebeaucoup d'autres plusou moins connus, maisd'un très haut niveau)

commença à assumer sesresponsabilités. Ils furentenvoyés par le grand maîtrepour ouvrir des écoles danstoute l'Europe et le WingTsuncommença à croître de manièreincomparable sur le VieuxContinent. Cette expansion du

système, comme dans n'importequelle organisation ou entreprise,engendra des choses positives et des

choses négatives. Parler naturellement desdeux, et pas seulement des magnifiquesréussites du WingTsun du point de vueorganisationnel, nous permettra, je crois,d'être meilleurs à l'avenir.

De l'évolution de la Chine à l'OccidentLes arts martiaux en Chine furent

conçus suivant un objectif très clair :vaincre les boxeurs chinois. Évident ! Maissi nous approfondissons un peu, nousnous rendrons compte que la Chine avécu totalement isolée du monde extérieurpendant des siècles. C'était une sorted'écosystème fermé, où les « espèces »luttaient en utilisant leurs systèmes poursurvivre au conflit. Cela engendra unesorte d'endogamie martiale et lorsque cesstyles chinois sortirent de leur pays etarrivèrent en Europe et aux États-Unis, ilsdurent développer une espèce de périoded'adaptation. Je ne veux pas du tout direavec cela que les styles chinois n'étaientpas efficaces face aux autres styles decombat, mais il est vrai que quand vousavez vécu pendant autant d'années d'unecertaine manière et que vous changez depays, vous avez besoin d'une périodepour adapter votre style de vie au nouvel «écosystème ». Avec l'apparition du gouvernement

maoïste en Chine, de nombreux maîtresd'arts martiaux durent choisir en l'exil ouse cacher et ne plus enseigner les artsmartiaux. Certains de ceux qui choisirentla première voie se rendirent en Australie,aux États-Unis et en Europe. Une foisdans leurs nouveaux écosystèmes, il se produisit une sorte de polarisation de l'approche qu'i ls donnèrent àl'enseignement du Kung-Fu chinois.

1. Les traditionnalistes. Défenseurs « àoutrance » de la tradition chinoise, ilsessayèrent de tout conserver comme dansleur pays d'origine avec une intention trèslouable : conserver le Kung-Fu comme unaspect de la culture traditionnelle chinoise.Ils enfermèrent leur art dans un autremicro-système : le Kwoon. Dans le cas denotre système, cette branche essaya deconserver le Wing Chun tel qu'il étaitenseigné en Chine. On y trouve un grandnombre d'écoles qui font un Wing Chunplus traditionnel, avec des techniques deWing Chun contre des techniques deWing Chun. En d'autres mots, i lsn'envisagent pas le combat contre desadversaires de styles non chinois. Ilsessayent de conserver le style le plus prèspossible du Wing Chun de Hong Kong. Jedirais même que c'est l'option la plus

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implantée en Europe actuellement. Si vousvous rendez aux Royaume-Uni et dans lespays du nord de l'Europe, il ne vous serapas difficile de trouver des centaines depetites écoles de Wing Chun « classique ».Elles sont presque toutes indépendantesl'une de l'autre et forment de petitesorganisations qui dépendent d'un Sifu etqui font un travail intéressant pour laconservation du Wing Chun traditionnelchinois. C'est bien évidemment un choix,même s'il est très différent du WingTsunque je pratique, au point de pouvoirpresque parler de styles différents. Eneffet, si nous nous centrons sur lesaspects techniques, nous nous rendronscompte que, malgré une originecommune, ces styles sont très différentsde ce que nous faisons, nous, dans notrepratique quotidienne.

2. Évolutions. Les pratiquants deWingTsun d'Espagne et d'Europeappartiennent à cette autre option. Onpourrait dire que c'est l'œuvre du grandmaître Keith Ronald Kernspect. D'aprèsmoi, mon sigung fut le responsable de larévolution du Wing Chun en Europe. Il développa des programmesd'enseignement de Lat Sao où le pratiquantde WingTsun était obligé de répondre à desattaques de Boxe, à des low kicks et àtoutes sortes de techniques de styles telsque le Kickboxing, le Muay Thaï ou leGrappling. Il sortit ainsi le WingTsun del'écosystème chinois pour le rendreuniversel. Il eut ce grand mérite, nonseulement parce qu'il fut capabled'engendrer un nombre de pratiquants etd'écoles inégalables en Europe, maissurtout parce qu'il fut capable d'adaptercette Boxe chinoise à l'Europe et d'affronteravec des éléments aussi simple que letriangle classique ou l'usage du Chi Sao (oude l'habileté acquise au moyen du Chi Sao)divers adversaires, indépendamment dustyle pratiqué. Plus encore, il fut capable dedécortiquer au maximum un systèmeapparemment très simple, mais dont noussavons, nous qui le pratiquons, qu'il ne l'estqu'en apparence. Et surtout, le Dai SifuKernspecht fut capable de créer une équipede professeurs/combattants d'un niveauincomparable. Je crois, de fait, que jamaisdans toute l'histoire des arts martiaux,aucun maître n'a réussi une telle chose. Il yeut des maîtres très importants, de grandscombattants, de grands formateurs avec degrands élèves… mais un maître capable deformer un groupe de maîtres du niveauauquel je me réfère, je crois que c'estquelque chose de tout à fait exceptionnel.Si on ajoute à cela le fait que ce monsieurcréa les programme de Lat Sao et 90% dessections du Chi Sao avancé pour sonentraînement… les mots me manquent.La révolution du WingTsun a et aura

toujours un nom : K.R. Kernspecht.Postérieurement, surgit ce que

commercialement on appelle « ré-évolution ».Qu'est-ce que la ré-évolution ?Un jour, au cours d'un repas avec le direc-

teur du magazine Budo International, M.Alfredo Tucci, ce dernier se référa, en utili-sant ce terme au travail de mon sifu, VictorGutiérrez. Cela me semble être un terme trèsjudicieux. Si Kernspect a fait la révolution, lesifu Victor Gutiérrez a fait la ré-évolution…

Le Sifu Victor afait un pas de plus. Ila développéjusqu'au bout lacapacité d'adapta-tion à un milieuplus hostile : uncombat où l'adver-saire est capabled'encaisser descoups très puis-sants et où, parexemple, les poingsenchaînés n'attei-gnent pas leur objec-tif ; ou bien des situa-tions où l'adversaireest également capa-ble de s'adapter et decéder, mais avec unsystème différent duWingTsun (Grappling,Jiu-Jitsu) ; ou bien unesituation encore plusdifficile où l'adversairea étudié les techniqueset les stratégies duWingTsun et préparéune contre-offensivepour les neutraliser (parexemple en jouant avecles feintes, en évitantd'entrer directement,sachant que le prati-quant de WingTsun uti-lise la « solution univer-selle »). Le sifu Victor amême considéré la possi-bilité d'adapter leWingTsun pour l'utiliserdans les compétitions dessports de contact (MMA,K1, etc.). Il utilisa donc lesidées du WingTsun, maisen leur donnant une nouvelle forme pourl'ajuster à ces objectifs et il l'a mis en pratique des centaines de fois… C'est là ladifférence avec le reste.Je crois que le travail du sifu Victor n'a

pas été compris ni valorisé comme il lemérite. C'est comme quand vos enfantsgrandissent, tout le monde vous ditcombien ils grandissent, mais vous, quiles voyez tous les jours, ne le percevezpas. Le Sifu Victor a repris le témoin deson sifu et a mené à bien (d'après moi) letravail d'adaptation totale au combat dusystème WingTsun. Je sais que beaucoupde maîtres ont été capables de battred'autres combattants en uti l isant leWingTsun, mais ce que le sifu Victor afait… c'est autre chose.J'ai eu l'immense chance de pouvoir

passer des milliers d'heures avec le sifuVictor et de voyager avec lui pratiquementdans le monde entier. Ce qu'il a fait a unmérite absolument incroyable. Le sifuVictor s'est présenté en plusieurs endroitsd'Europe et d'Amérique sans savoir cequ'il allait rencontrer là-bas et il n'a jamaiséludé un défi. Il n'a jamais refusé demontrer son art martial à tous ceux quivoulaient l'essayer. Peu importe qu'ilspratiquassent les arts martiaux chinois,japonais, européens, les sports decontact… il a toujours utilisé son systèmeet il a toujours vaincu !

Il est vraiment dommage que son travailn'ait jamais été suffisamment apprécié.Je pourrais vous donner des centaines

d'exemples, mais je ne finirais pas en untemps raisonnable. Au cours de madernière conversation avec lui, je lui aimanifesté comme toujours monadmiration et ma grande peine qu'il aitabandonné la voie des arts martiauxclassiques pour se diriger de plus enplus vers les MMA et les sports decontact. C'est sûrement une grandeperte. J'a imerais que le tempsreconnaisse son incroyable travail et jesuis sûr qu'il en sera ainsi. Le panoramaactuel offre de nouveau une situationsemblable à celle du point de départ :une segmentat ion excessive de labranche WingTsun, ce qui n'est pas bonpour le style, mais je crois, que c'est,d'une certaine manière, inévitable.Comme la vie elle-même, nous sommesimmergés dans une stupide compétitivitéstérile et cela peut finir par transmette aureste de la communauté martiale l'idéeque le WingTsun est un style peu sérieuxet, croyez-moi, i l n'en est r ien. LeWingTsun est un système extraordinaireet j'ai la certitude absolue qu'avec untravail sérieux et constant et en évitantles erreurs du passé, il sera reconnuaussi bien par les pratiquants d'artsmartiaux chinois que par le reste despratiquants d'arts martiaux.

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ertaines personnes nous demandent : « Qu'est-ce que le Ki ? Je ne peux ni le voir nile toucher ! ». Elles oublient qu'on ne peut pasnon plus voir ou toucher l'air !

En réalité, le Ki est partout, autour de nous eten nous également. Normalement, nous ne

pouvons ni le voir ni le sentir car notre vue et les autres senssont limités. Les yeux, par exemple, ne parviennent àpercevoir que les ondes électromagnétiques dont la longitudese trouve entre 0,4 et 0,8 micron, autrement dit entre 0,00004et 0,00008 millimètre alors que le spectre électromagnétiqueva de 0,000000047 micron à plus de 30 kilomètres. Et il se faitque le Ki est très loin de la petite portée des ondesélectromagnétiques que perçoit l'œil humain.

Comme il est invisible pour la majorité des gens - etmalgré le fait que certaines personnes privilégiées etcertains pratiquants aux pouvoirs paranormaux soientcapables de le voir -, beaucoup pensent que le Ki estimaginaire. En 1977, des scientif iques chinoisdémontrèrent son existence. Ils invitèrent des maîtres duKi (ou Qi) à canaliser l'énergie de leurs mains vers desinstruments scientifiques modernes. Les instrumentsdémontrèrent définitivement que le Ki de ces maîtres semanifestait sous forme d'ondes électromagnétiques,rayons infra-rouges, énergie statique et au moyen decertains flux de particules.

De nombreuses expériences et recherches confirmèrentégalement que les affirmations faites par les maîtres de Kiétaient valides. Ainsi, une personne normale respire plusou moins 18 fois par minute, mais un pratiquant de Ki nerespire que 5/6 fois. Sa respiration n'est pas seulementplus lente et plus profonde, elle représente également unmeilleur échange d'oxygène et de dioxyde de carbone. End'autres mots, un pratiquant de Ki possède un systèmeplus efficace pour éliminer les toxines du corps. Lesrecherches montrèrent que le rythme de la respirationd'une personne est étroitement associé à son étatémotionnel : plus la respiration est lente et profonde, pluscette personne est tranquille.

Une personne normale amène près de 500 centimètrescube d'air aux poumons chaque fois qu'elle inspire. Avecla pratique d'une bonne respiration qui augmente petit àpetit la capacité des poumons, un maître du Ki peutinspirer de 5000 à 7000 cm3 d'air à chaque fois. Cettequantité d'oxygène plus élevée dans chaque inspirationsignifie qu'un maître du Ki reçoit un supplément d'énergiequi donne à son corps plus de résistance, une plus grandecapacité d'auto-régénération et un systèmeimmunologique plus efficace.

Les chercheurs ont découvert que sur 1 cm2 de surfacede peau d'un profane, où il existe près de deux millescapillaires, seuls près de cinq sont remplis de sang ! Sur lamême surface de peau d'un pratiquant de Ki, près de 200capillaires sont remplis de sang ! En termes pratiques, celasignifie qu'un pratiquant de Ki a un flux sanguin plusefficace pour fournir des nutriments à toutes les cellules,ainsi qu'un meilleur système d'élimination des toxines.Cela explique également pourquoi les pratiquants de Kin'ont pas aussi vite froid et ont les joues roses.

De la particule au cosmosAnciennement, on enseignait le Ki exclusivement aux

empereurs, aux généraux et à certains disciples

spécialement choisis. Aujourd'hui, le Ki est à dispositionde tous, mais pour arriver à cela il a fallu résoudre certainsproblèmes.

Le Ki est resté secret pendant tant de temps que peu depersonnes comprennent réellement son sens et on peutvite l'étudier et le pratiquer superficiellement. Quelqu'unpeut avoir pratiqué le Ki pendant de nombreuses années,mais ne l'avoir jamais approfondi par méconnaissance desa base philosophique et de sa méthodologie,anciennement secrètement gardées.

Il est donc normal que beaucoup de personnes n'aientqu'une compréhension partielle et superficielle du Ki, aupoint de penser parfois qu'i l s'agit d'un système

Le Ki, l'étude des énergies, les chakras, la méditation, larespiration, sont certains des thèmes que ce livre expliqued'un point de vue vaste, intégrateur, matériel et spirituel. Desthèmes qui sont réunis dans un texte qui donne unenouvelle dimension à des éléments dont nous avonstoujours entendu parler et qui, rarement, ont été bienexpliqués.

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d'exercices souples pour le bien-êtrephysique général. Un apprentissagepeu approfondi peut se produire dansn'importe quelle discipline, mais il estdommage que cela se produise avecle Ki car celui-ci a beaucoup àapporter au monde.

Le Haragei est l'art et la science del'énergie, de la matière qui composela particule infinitésimale aux galaxiesinfinies, et le Ki est en contact avectout ce qui touche l'homme etl'Univers. Ce n'est pas une affirmationexagérée et les grandes maîtres de Kiont véritablement fait desobservations correctes sur la particuleet le cosmos bien avant que lesscientifiques ne les découvrent.

D'un point de vue plus personnel, leKi intervient dans le développementde la pensée et de l'âme. Lesconquêtes mentales des maîtresconfusionnistes qui utilisèrent le Kidans leur entraînement sontimpressionnantes et produisirentcertaines des meil leures œuvresartistiques, scientif iques etphilosophiques du monde. Le Kitaoïste et le Ki bouddhistecontribuèrent grandement audéveloppement spirituel. I lsapportèrent certaines formulespratiques et efficaces qui permirent àbeaucoup de personnes decomprendre la plus grande des conquêtes de l'humanité, la satisfaction spirituelle,indépendamment de leur religion.

Physiquement, le Ki représente trèscertainement bien plus que desméthodes de respiration et desexercices physiques. À celui qui estdisposé à y consacrer un peu detemps et d'effort, le Ki peut apportersanté et vitalité, et non seulement lacapacité de se libérer des maladies,mais encore - et ce qui est plusimportant - enthousiasme et joie devivre. Si on ne pratique pas le Ki, onpasse à côté de toute une série debonnes choses.

Les cinq élémentsOn a cinq mouvements

fondamentaux de l'énergie : desforces qui se déplacent versl'extérieur et vers l' intérieur, desforces qui montent et qui descendentet des forces qui tournent. L'étude deces mouvements constitue la base del'un des systèmes les plus célèbresde toute la sagesse chinoise : lathéorie des cinq énergies.

Le pratiquant de Ki doit savoircomment uti l iser les différentesformes des cinq énergies face àn'importe quel problème. Desexemples pratiques de ces méthodesseront donnés ultérieurement.

MétalLe métal est la plus dense de toutes

les formes de la matière. Sa fonctioncaractéristique est le mouvement del'énergie vers l'intérieur. Tout commeles métaux sont utilisés pour conduirel'électricité et pour unir les matières,l'énergie du métal a une qualitémagnétique qui attire d'autresénergies vers lui et unit les forces.Dans le calendrier chinois, l'énergiedu métal correspond à la phase de lalune décroissante. Du point de vuedes saisons, c'est en automne que lanature se referme sur elle-même.

EauL'énergie de l'eau est descendante.

C'est l'état où les choses atteignentleur point maximum de repos et deconcentration. C'est donc l'énergie dela régénération. L'énergie de l'eaudétermine notre constitution de base,nous donnant le pouvoir d'exister, degrandir, d'agir et de nous reproduire.C'est la base de notre force devolonté et de notre motivation. Elle estcomme la nouvelle lune qui, malgrél'obscurité est sur le point d'émergerde nouveau à la lumière. C'estl'énergie de l'hiver : tranquille, cachée,attendant pour renaître.

BoisLe bois symbolise l'énergie en

expansion vers l'extérieur, comme unarbre. Comme un arbre sain, l'énergiedu bois nous maintient forts etsouples. Elle nous maintient enéquilibre avec notre environnement etassure l'harmonie de nos fonctionsinternes. Dans le calendrier chinois,l'énergie du bois correspond à la lunecroissante, quand son énergie granditet se répand. C'est la phase du cycleoù les choses jai l l issent etcommencent à grandir. C'est l'énergiequi permet que tout dans la naturesorte à la lumière. C'est l'énergie duprintemps.

FeuSans l'énergie du feu dans le corps,

nous serions froids et sans vie. Notrefeu intérieur alimente la multitude desprocessus chimiques et biologiques.Le feu est l'énergie radiante quifomente le pouvoir émotionnel, mentalet spirituel de tous les organes. C'estl'esprit de la vie, il nous donne laconscience et la capacité d'apprécierla vie et de pouvoir la diriger. Il nousconnecte avec l'Univers et avec lesautres êtres. Le feu est le symbole dela chaleur humaine qui nous donne lepouvoir de communiquer, de partageret d'être fervent.

TerreL'énergie de la terre se déplace

horizontalement. Ses directions sontlatérale et circulaire, comme lesorbites des planètes. Dans lecalendrier chinois, l'énergie de la terres'interprète également comme lereprésentant de la période dechangement entre chacune dessaisons de l'année. Elle est comme lalune avant de décroître, quand elle estau plus près de la Terre, grande,dorée et pleine. Comme la terre elle-même, elle est patiente,protectrice et nourricière. Elle protège,elle absorbe, elle supporte et ajustetous les changements.

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« Le pratiquant de Kidoit savoir comment

utiliser les différentesformes des cinq énergies

face à n'importe quel problème. »

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Li Yau SanLe grand maître de Shaolin de Funkien

La réputation de Li Yau San était bien connue dans toutela région du sud. Son mentor à Shaolin du sud ne fut rienmoins que l'abbé de Shaolin, le moine Zhi-Shan. Li YauSan fut un véritable maître Shaolin du Temple légendaire etun expert en médecine Dit Ta Yow.

La rencontre entre Li Yau San et ChanHeung (fondateur du Choy Li Fut)Li Yau San avait été invité par une association culturelle

de Kung-Fu à San Woi, aujourd'hui Xin-Hui. On disait quesa dextérité à enseigner le Kung-Fu Shaolin étaitimpressionnante. Cela arriva aux oreilles de Chan Heungqui organisa une rencontre surprise avec Li Yau San.Li Yu San avait coutume de prendre le thé dans un petit

restaurant-maison de thé de San Woi. Chan Heung décidade lui tendre une embuscade à la sortie de la maison dethé. Chan Heung possédait une volonté puissante et étaitun passionné des bons combats, il décidadonc de tester son habileté. Il

attendit que Li Yau San sorte de lamaison de thé, entoura sa taille avec ses bras et essayade le jeter par terre. Quand Li Yau San devina la stratégiede Chan Heung, il abaissa son Chi à la posture du cheval,Sei Ping Ma, et Chan Heung fut incapable de le souleverne fut-ce qu'un centimètre du sol. Li Yau San était redoutépour ses poings, mais également pour ses techniques dejambe. Li Yau San contre-attaqua immédiatement avec uncoup de coude, Ping Jiang, et un coup de pied (Da FuJong Gwenk). Au cours de l'attaque, Li Yau San atteintChan Heung à deux reprises, jusqu'à ce qu'à un momentdonné, Chan Heung fit une rotation à 360º, sautant versl'arrière pour contenir l'énergie de l'un des coups de piedde Li Yau San en utilisant la technique de la paume deBouddha, Pak Shao, et évitant ainsi l'impact. Li Yau San fut surpris de l'habileté dont avait fait preuve

le jeune Chan Heung. Mais il le sermonna pour son attitudequi aurait pu lui coûter la vie… Il lui demanda qui l'avaitenvoyé pour le défier de cette manière si sournoise. ChanLeung lui dit qu'il l'avait fait de sa propre initiative et luidemanda pardon. Il avait entendu parler de sa dextérité enKung-Fu et voulait s'en assurer. Quelques semaines plustard, il lui demanda de bien vouloir l'accepter commedisciple et Li Yau San accepta.Chan Heung continua de perfectionner son Kung-Fu

sous le regard attentif de Li Yau San. Il s'entraînaitdurement tous les jours. Li Yau San était très fier de lui caril possédait une discipline de fer et ce que Li Yau San avaitmis toute la vie à apprendre, le jeune Chang Heung l'appriten 5 ans.On conserve aujourd'hui encore les formes

traditionnelles héritées de Li Yau San comme la formedes doubles coups de pied continus « Yin Yeung TweiLin » et bien sûr la forme du poing « flèche de fer » (TitJin Cheung Kuen). Din Ying (Tit Jin) fut également lesurnom que l'on donna au fondateur du Choy Lee Fut,Chang Yeung.Nous avons également maintenus vivants des

coups et des poings du style de Li Yau San telsque :

• Ching Ji : coup des plus de mille• Dot Chui : coup avec le poing fermé type balayage• Pek Chui : coup type marteau coupant en vertical

• Biu Jong : coup avec pointe ou dard se clavant aucentre de la cible• Cup Chui : coup qui scelle ou écrase.Grâce à ce grand héritage des poings du sud de

Shaolin, le Choy Li Fut possède un système pugiliste sanspareil.

Proverbe de Confucius :« Qui honore ses maîtres et leurs connaissances, honore

sa propre personne. »

Cet article a été écrit par Jie-Gao Pedro Rico, de l'écoleShaolin Choy Li Fut de Saragosse (Espagne).

www.shaolinchoylifut.com

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Arts Martiaux Chinois

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e maître Kase estincontestablement une deslégendes du Karaté mondial.Neuvième dan Shotokan etmembre important de laJapan Karate Association, il

fut pendant des années le chef de filindiscutable de cette organisation enEurope. Il résida pendant très longtempsà Paris et, du fait de sa grande qualitétechnique, il voyagea assidûment dans lemonde entier pour diriger de nombreuxstages de Karaté.

Le sensei Kase est né à Tokyo le 9février 1929. Au moment de l'interview, il a60 ans et un aspect sain et fort. Son

Karaté est pur, traditionnel et il en a uneidée très claire : l'efficacité commecaractéristique principale. Son Karaté peutdevenir la plus terrible des armes et savitalité, sa relative jeunesse (vu son grade)ainsi que ses vastes connaissances, sonexpérience, son entraînement assidu etpuissant, font de Taiji Kase un maître quidonne une image particulière, un maîtrequi est une légende vivante, un maître quiest l' image d'un Karaté fort, pur,dangereux si ce n'était l'esprit quil'accompagne, un maître qui est… ungrand maître comme il en resta peu !

Ses camarades d'entraînement furent,jusqu'à la moitié de ce siècle, Toshio

Kamata, Isao Obata, MasatoshiNakayama, Takahashi, Hideka Nishiyarnaou encore Tsutomu Oshima, et d'autresfurent également ses professeurs commele père du Karaté, Gichin Funakoshi.

Taiji Kase a beaucoup de choses ànous dire, des choses intéressante et quepeu de personnes au monde peuventsavoir. J'ai, pour cela, considéréintéressant d'aller le voir à l'un de sesnombreux cours. Alors que nous prenionsensemble le petit déjeuner, répondant àmes questions, le maître Kase repassal'histoire récente, l'esprit et les maîtresqui, après Funakoshi, développèrent d'enhaut le Karaté dans le monde. Que les

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À la mort de Masatoshi Nakayama en 1987, le Shotokan de la Japan KarateAssociation se désagrégea irrémédiablement. En réalité, plusieurs annéesauparavant, Hirokaza Kanazawa en avait déjà été expulsé. Il avait formé une nouvelleorganisation qui avait réussi et survit actuellement. Mais avec la disparition deNakayana, véritable âme de la JKA originale, celle-ci se disloqua petit à petit etchaque maître important créa sa propre ligne.L'un des principaux maîtres qui continua ainsi son propre chemin est le maître Taiji

Kase. Né en 1929 et décédé en 2004, Kase fut incontestablement une granderéférence du Shotokan et sa mort n'a fait qu'alimenter sa légende. C'est pour celaque nous poursuivons ici l'intéressante conversation que le maître eut, il y a plus de20 ans, avec Salvador Herraiz. Avec le temps, elle prend un sens particulier etpermet de repasser certains détails de l'histoire du Karaté d'un intérêt indiscutable.

Salvador Herraiz, 7e dan de Karaté

L

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Grands du Karaté

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Interview

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lecteurs n'oublient pas de situer cetteconversation en son temps, c'est-à-dire ily a plus de 20 ans, pour que certainscommentaires ne prêtent pas à confusion.

B.I. : Maître Kase, comment et quandavez-vous commencé les arts martiaux ?T.K. : À l'âge de 6 ans, j'ai commencé à

pratiquer le Judo.

B.I. : Le Judo. Pourquoi le Judo ? Yavait-il une raison concrète à cela ouce fut par hasard ?T.K. : Mon père était judoka, j'ai donc

pour cela commencé le Judo. Pendant laguerre, le Judo était beaucoup plusconnu. Il faut remonter dans le temps.

B.I. : Comment avez-vous alorscommencé le Karaté et pourquoi ?T.K. : Je regardais les livres dans les

librairies et j'ai vu un livre du maîtreFunakoshi. Ce fut un choc pour moi. Jeconnaissais le Judo, le Kendo et l'Aïkido,mais le Karaté était quelque chose deterrible et d'harmonieux. C'est pour celaque je suis allé au dojo et que j'aicommencé le Karaté. C'était en 1944,avec le sensei Gichin Funakoshi.

B.I. : Que vous rappelez-vous deFunakoshi sensei, de sesenseignements ?T.K. : Et bien, une chose est l'image

que l'on en a et autre chose la réalité.

L'entraînement fait jusqu'alors avec lesépées… était parfaitement applicable auKaraté.

B.I. : Vous voulez dire que c'était unentraînement très complet et centrésur la réalité ?T.K. : On vivait dans une ambiance de

guerre. On avait un esprit guerrier. LeKaraté devait se pratiquer commel'entraînement du Katana : toucher et tuer.Réalisme ! C'était une époque du Budo,on comprenait alors très bien ce que le « contrôle » voulait dire !

B.I. : Comment était le Shotokan quel'on pratiquait alors du point de vuetechnique ?T.K. : Funakoshi changeait

continuellement. Quand il s'en alla auJapon, i l changea. I l innovaitcontinuellement le Karaté. Funakoshisensei libéra le Karaté des préceptes duKaraté d'Okinawa.

B.I. : Techniquement, le Shotokanactuel vient de Gichin Funakoshi senseiou bien de son fils Yoshitaka Funakoshisensei ?T.K. : On peut différencier trois étapes

dans le Karaté : Okinawa, le Japon etYoshitaka Funakoshi sensei. Le Karatécontinuait d'évoluer et de se libérer eninnovant.

B.I. : Que pensez-vous de la versionque le maître Oshima a fait du livre « Karate-do Kyohan ? Kase sensei fait alors un geste qui

exprime qu'il n'est pas tout à faitd'accord avec ce livre d'Oshimasensei.T.K. : Quand j'étais capitaine de

l'université, j'allais chercher Funakoshisensei pour aller nous entraîner. Oshimaétait petit, il avait alors seulement 13 ans,i l était très jeune. J'allais chercherFunakoshi sensei et ensuite je leramenais. Oshima sensei pratiquait alorsà peine et j'étais capitaine.

Dans le Karaté universitaire japonais, leposte de capitaine est un poste trèsimportant. Le maître Kase, avec cecommentaire, semble vouloir dire, sans ledire clairement, que le maître Oshima n'étaitpas le plus indiqué pour réaliser latraduction, l'adaptation et les photographiesdu livre de Funakoshi sensei. Il semble dire,sans le dire, par respect, qu'Oshima sensein'était encore presque personne, même siKase sensei ne dit à aucun moment quoique ce soit de méprisant et ne donne passon opinion. Il continue de parler, déviantlégèrement le centre de la question.T.K. : J'étais de l'université de Senshin,

Oshima de celle de Komosawa. Il y avaitégalement celle de Keio et de Takushoku.Ensuite, d'autres ajoutèrent la pratique duKaraté, mais au début, il n'y avait quecelles-là et aucune autre.

On raconte que dans ce l ivre deFunakoshi Sensei ( je me réfère àl'original), le maître Ohtsuka Hironoricollabora beaucoup avec le maître, nonseulement en ce qui concerne les photos,mais également pour le texte. Beaucoupdes techniques présentées dans le livresont également certaines de celles quel'on pratique assidûment en Wado Ryu, lesystème d'Ohtsuka Sensei et que l'on nepratique plus actuellement ainsi dans leShotokan. B.I. : Savez-vous s'il est vrai

qu'Ohtsuka collabora de manièreimportante au texte du livre ?T.K. : Oui, effectivement. Ohtsuka

Sensei était de la première génération quis'entraîna avec Funakoshi, tout commeObata sensei, Shimoda sensei… Au boutde 10 ans de pratique, on a très bien vules résultats de cette génération.

B.I. : Vers 1964, vous vous êtes rendudans plusieurs pays et sur plusieurscontinents pour développer le KaratéShotokan et vous avez abouti en France.Parlez-nous un peu de cela s'il vous plaît,qu'en était-il alors du Karaté là-bas ?T.K. : Oui, en 1964 et 1965, j'étais en

Afrique du Sud. Je connais très bienl'Afrique. Ensuite, je suis allé en Europe.Le Karaté était en train de démarrer enEurope et de manière très joyeuse. Je

suis allé en Belgique et aux Pays-Bas. EnFrance, je suis arrivé en 1967.

B.I. : Quelle relation avez-vous avecles autres maîtres de Shotokan auJapon et dans le reste du Monde ?T.K. : Nous avons de bonnes relations.

Ça fait de nombreuses années que je visloin du Japon, tout comme Shirai sensei etEnoeda sensei. Nous nous sommesdemandés si c'était bon pour nous ou si çanous portait préjudice en tant quekaratékas. Notre niveau s'est amélioré etavec ça, le niveau général. Entre nous,nous comparons la réalité du Karaté, ceque nous exigeons de nous et ce que nousexigeons des autres, les Européens, etc.Tous les ans, nous allons au Japon et nousétudions la situation réelle, nous évaluonsson niveau technique, psychologique etson développement. Nous échangeonsdes idées. C'est important.

Kase sensei met beaucoup l'accent surle progrès des instructeurs pour le bondéveloppement et progrès des élèves. Il poursuit :T.K. : L'Europe progresse et nous

espérons que le niveau moral et techniquemonte un jour, comme au Japon. Si lesinstructeurs ne progressent pas, lesOccidentaux seront obligés d'aller au Japonpour progresser et en étudier l'essence,mais si les instructeurs [il se réfèreclairement aux instructeurs non Japonais,

aux instructeurs d'origine occidentale]progressent, l'Europe progresse.

Nous bavardons plus longtemps sur lesujet, car i l est essentiel pour Kasesensei. Il mentionne souvent le fait quedès le début, Gichin Funakoshi sensei serenouvelait et progressait.T.K. : O Sensei [c'est comme ça qu'il

se réfère généralement à Funakoshisensei] voyageait à Okinawa. Quand ilrevenait, il faisait une symbiose entre cequ'il y avait et ce qu'il apportait. Il revenaità chaque fois renouvelé.

B.I. : Que pensez-vos du fait que leKaraté puisse devenir une disciplineolympique ? Est-ce indiqué ? Peut-ilperdre une partie de sa pureté ou deson esprit ?T.K. : Le Karaté doit entrer au C.O.I. Que

le Judo soit olympique nous oblige à faireen sorte que le Karaté le soit aussi. D'uncôté, il doit être un sport. D'un autre, il doitêtre un Budo. Si on parvient à faire en sorteque les deux facettes puissent cohabitersans interférer l'une sur l'autre, c'estpossible. Ça doit être ainsi ! Que lekaratéka sportif comprenne que son espritpeut préserver la tradition associée à uneautre facette. Il faut essayer de faire ensorte que les sportifs respectent le Budo.[Ici, le maître Kase lève un peu la voix et ensouriant, il s'exclame :] Et les arbitres !!!

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Si je considère les derniers championnatsque j'ai vus, il est clair que le changementdoit commencer. Nous sommes obligés dechanger de niveau.

B.I. : Et que pensez-vous de lacompétition de katas et de seschangement réglementaires ?

T.K. : Ce sujet est très délicat. C'estun problème d'arbitrage. Les katas quej'ai vus ne s'ajustent pas à la réalité. Onne prend en compte que le rythme. Laposition, le kime… ils en sont dépourvuset cela dénature considérablement lekata. La réalité du kata n'est pas claire.En réalité, ce n'est pas un problème

d'arbitres, mais d'essence du Karaté.C'est une question de temps. J'espèreque l'on arrivera à comprendre et àchanger la manière d'arbitrer etl'intention interne du kata. Dans notrestyle, dans le monde, i l y a desdifférences. Les instructeurs japonaisessayent de parler entre eux des

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différentes conceptions en différentsendroits. Nous devons parler.

Cette autocritique du maître Kase estessentielle pour un sujet aussi importantsur lequel le Karaté doit travailler.B.I. : Maître Kase, que pensez-vous

du maître Nakayama et de son œuvre,à travers ses formations, ses livres, sesélèves, sa direction de la JKA ?T.K. : Nakayama sensei est un grand

homme. Le premier dirigeant del'Association japonaise de Karaté futGichiin Funakoshi et le deuxième futNakayama sensei. I l a beaucoupcontribué au Karaté mondial. I l aénormément aidé à l'organisation de lacompétition, en en structurant même lesrègles.

B.I. : Pouvez-vous nous donner unexemple concret d'un pays dontl'évolution vous impressionne ?T.K. : Il y a l'Indonésie par exemple,

avec un million de pratiquants de la JKA.L'Algérie en peu de temps a dépassé les100.000 alors qu'il y a à peine deux ans,elle n'en avait que 20.000.

B.I. : À quoi se doit une tellecroissance ?T.K. : À l'esprit inquiet des gens et au

fait qu'i ls assistent assidûment àl'instruction.

B.I. : Comment se déroule un journormal de votre vie quand vous n'êtes pasen train de diriger l'un ou l'autre cours ?T.K. : Je m'entraîne presque tous les

jours. J'étudie également beaucoup lesanciens ouvrages de Budo, la poésie et laphilosophie m'intéressent également. J'aideux filles que j'aime beaucoup et biensûr il y a mon épouse. Avec tout ça,j'occupe mon temps.

B.I. : Vos deux filles pratiquent leKaraté, j'imagine ?T.K. : Un peu seulement. Elle en ont fait

un peu et continuent.

B.I. : Connaissez-vous d'autresstyles de Karaté ? Que pensez-vousd'eux ?T.K. : Je suis ami de professeurs

connus d'autres styles. Les styles ont unepersonnalité et aux niveaux supérieurs,tous les styles convergent et il n'y a plusde style, il y a le Karaté. On progresse ouon ne progresse pas, il y a niveau ou il n'yen a pas. Rien de plus. C'est comme lamusique, vous pouvez interpréter Chopin,Beethoven… mais peu importe qui vousinterpréter, soit vous êtes un bon pianiste,soit vous ne l'êtes pas.

B.I. : Que pensez-vous, Sensei Kase,du travail au makiwara. Est-ilsouhaitable ?

T.K. : Le makiwara est très important.Le Makiwara ou le sac ou les deux.

B.I. : Et de la respiration concentréeque l'on utilise tant dans d'autresstyles de Karaté comme le Goju Ryu, leShito Ryu, etc. ?T.K. : Elle permet d'améliorer le Karaté.

Nous la pratiquons aussi. Cela fait 44 ansque je pratique le Shotokan et larespiration. Avec elle, on avance.

B.I. : Quelle est l'importance du kata ?T.K. : Le kata est une formalité. Mais

quand on passe à certains niveaux, lekata est quelque chose de très différent.

B.I. : Qu'est-ce que le kata pourvous, monsieur Kase ?Ici, le visage du maître exprime

l'admiration, il réfléchit et légèrementsurpris, il exclame un long…T.K. : Ooooooh, le kata est très

important pour moi !

J'aimerais que le maître Kase m'en diseplus à sujet, mais il a les idées très claireset il dit toujours ce qu'il veut dire aumoment où il veut le dire, ni plus ni moins.Je vois maintenant que Kase senseiattend une autre question sur un autre sujet.B.I. : Maître Kase, dites-nous, s'il

vous plaît en quelques mots, ce que

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Interview

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représentent pour vous les nomssuivants : Nishiyama sensei…T.K. : Nous étions camarades dans le

même dojo.

B.I. : Okazaki sensei…T.K. : Il se trouve aux États-Unis, il est

bon en Karaté.

B.I. : Enoeda sensei…T.K. : Oh ! Il est très fort.

B.I. : Shirai sensei…T.K. : Un grand technicien. Sa tête

fonctionne et travaille constamment. Ellen'arrête pas.

B.I. : Kanazawa sensei…T.K. : Il est d'une génération antérieure

à la mienne. Nous nous connaissons bien,il est bon.

B.I. : Que pensez-vous de saséparation de la JKA et de sa créationdu Shotokan Karaté international ?Kase sensei prend maintenant une

expression sérieuse de résignation etlance un significatif…T.K. : Vraiment dommage !

B.I. : Maître, maintenant à proposdes dirigeants d'autres styles deKaraté, très brièvement s'il vous plaît,parlez-vous de… Yamaguchi Gogen…

T.K. : Nous nous sommes vus deuxfois, nous avons mangé, nous avons bu.

B.I. : Masatatsu Oyama…T.K. : Je le connais. Dans les années

45-46, nous nous entraînions au Judo etau Karaté ensemble. Un jour, on me laissaun groupe de ceintures blanches de Judopour que je les forme. Parmi eux setrouvait monsieur Oyama.

B.I. : Hironori Ohtsuka ?T.K. : Malheureusement il est décédé. Il

a fonde la Wado Ryu. I l était de lapremière génération de Funakoshi sensei.

B.I. : Maître, pour passer à un autresujet… Quel est votre kata préféré ?T.K. : Et bien, ça a changé suivant les

époques. Quand j'étais jeune, c'étaitEmpi et d'autres. Quand on me demandemaintenant de faire une démonstration dekata dans les championnats, je faisgénéralement Chinte ou Meikyo.

B.I. : Et quel est le kata le plusdifficile ?T.K. : On ne peut pas non plus le dire

clairement, comme pour la questionprécédente. Tout dépend du niveau de lapersonne. On pose généralement cettequestion entre le 1e et le 4e dan. C'est leniveau qui apporte la difficulté.

B.I. Que pensez-vous du Shotokai etdes maître Shigeru Egami et GenshinHironoshi ?T.K. : Tous deux, Egami sensei et

Hironoshi sensei, furent mes professeurs.Que vais-je donc penser d'eux ? QuandGichin Funakoshi sensei était fatigué, car ilavait une espèce de fatigue vitale, YoshitakaFunakoshi faisait fonction et était assistépar Egami sensei, Hironoshi sensei et unautre. En 1946. Funakoshi continuait dedonner cours à l'université une fois parsemaine. Hironoshi également. Et cesderniers temps, je me suis encore entraînéavec Egami sensei. Avant, j'ai ditqu'Ohtsuka Sensei, Obata Sensei, ShimodaSensei... étaient de la première génération às'être entraînée avec Funakoshi sensei, non ?Et bien, Hironoshi était de la deuxièmegénération. Ma relation actuellement avec leShotokai est très bonne. Le président de laShotokai était de la même génération et dela même université que moi, il s'appelleJokaru Takagi et quand nous nous voyons,nous mangeons ensemble, nous pratiquonset nous nous rappelons des souvenirs…nous sommes amis… Takagi San est undes directeurs de Mitsubishi, il ne seconsacre donc pas professionnellement auKaraté, mais il continue de le pratiquer etpossède un haut niveau. Le Karaté luiapporte de l'équilibre dans son travail.Takagi San, dont je parle ici, n'est pas lesecrétaire général de la W.U.K.O.

Grands du Karaté

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Après la révolution culturelle maoïste, les traditions chinoises ont été ravagées.Depuis ce magazine, nous avons assisté à leur renaissance, accompagnée demultiples phénomènes socio-culturels, avec les lumières et les ombres qui ontentourés cette transformation. En ce qui concerne Shaolin, une nouvelle générationde moines guerriers est la responsable de cette renaissance en Occident et derrière

eux, un nom apparaît en force, malgré peut-être le propre establishment duTemple, celui d'un homme, du maître qui les forma : Shi de Yang.

Nous vous parlons aujourd'hui dans ces pages de l'un de ces spectaculaireshéritiers, Shi Miaozhi, qui enseigne à Madrid. Lui et Zhu Qihui, un autre élèvede Shi de Yang à Valence, se sont proposés de terminer un travail

commencé par mon respectable ami Shi de Yang depuis de nombreusesannées et avec beaucoup d'efforts (et il ne serait pas juste de laisser

de côté dans ce rapide résumé le moine espagnol Huang Aguilar) :celui de transmettre en Occident les enseignements du véritable

Shaolin. Le moine guerrier Shi Miaozhi présente donc pour celaaujourd'hui son premier travail, un livre sur l'une des principales

formes du Temple qui recevra dans les moisprochain sa suite sous forme d'un DVD en lamatière.

Les passionnés de Shaolin en Occident ont dela chance, nous revenons à l'attaque avec plus

de matériel et du meilleur !

Alfredo Tucci

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La légende du ShaolinXiao Hong Quan

Il y eut un jour deux hommes quifurent obligé de s'enfuir. L'un étaitjeune, l'autre était âgé, mais tousdeux étaient unis par des l iensfamiliaux puisque le plus âgé était lepère du plus jeune. Ils étaient tous lesdeux poursuivis.

Nuit après nuit, ils allaient d'unvillage à l'autre, cherchant refuge,mais les gens apeurés ne se sentaientpas le courage suffisant pour lesaccueillir. Un jour, ils entendirentparler d'un endroit où régnait lacompassion, un endroit où l'on offraitla bienvenue à tous ceux qui s'yrendaient. « Je connais cet endroit, ditle père. Sa réputation et sa grandeurs'étendent dans les quatre directions.» « Oui, dit le f i ls, moi aussi j 'ai

entendu parler de lui. Des gens desquatre directions s'y rendent pour yfaire des offrandes. » Ils entreprirentdonc la route, le cœur confiant.

Beaucoup plus tard, après avoirtraversé vallées et montagnes, rivièreset déserts, ils arrivèrent à l'endroit oùils croyaient pouvoir finalement sereposer. Shaolin les attendait. LeTemple avait déjà accueilli ceux quivenaient à lui cherchant refuge etcontinuerait de le faire. Les deuxfugitifs n'avaient pas encore annoncéleur arrivée que déjà, on était sortipour leur donner la bienvenue et leuroffrir compassion et hospitalité. «Soyez reçus comme on reçoit unmembre de la famil le après unelongue absence », leur dit unvénérable viei l lard. « Nous noussentons reçus comme un homme quirentre chez lui après une longue

absence »,répondirent lepère et le fils.

Le vénérablevieil lard s'adressaune fois de plus auxdeux nouveaux arrivés : « Quel est donc le grand secret quevous cachez pour ainsi vous enfuiret venir jusqu' ic i de manièreprécipitée ? » Les deux hommesrépondirent : « C'est un puissantsavoir, fort comme le roc et rapide etinvisible comme le vent. Le profondsavoir qui habite en moi reçoit lenom de Da Hong Quan », dit le père.« Le profond savoir qui habite en mois'appelle Xiao Hong Quan, dit le fils.Et comme démonstration de notregratitude pour nous avoir recueilli,nous vous transmettrons cesconnaissances. »

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Quand ce fut fait, le vénérablevieillard s'adressa à eux et leur dit : « Maintenant que vous avez transmisce puissant savoir, vous pouvezreposer en paix, car nous veillerons àce que ne le connaissent que deshommes de bien, mais nous veilleronségalement à ce qu'il soit transmis degénération en génération et ne tombepas dans l'oubli. »

« Il faut être un maître dans tout ceque l'on fait,

dans tout ce que l'on dit et tout ce que l'on pense. »

Bouddha

Shaolin Xiao Hong Quan1. Introduction historiqueUn maître important de Shaolin Si

appelé Shi Su Yun aimait raconter unelégende comme celle que nousvenons de raconter quand on luidemandait comment était apparuShaolin Xiao Hng Quan. Il expliquaitainsi de manière simple et bellel'importance de ce Tao au sein duTemple pour les études et la pratiquedu Gong Fu (Kung-Fu).

Ces deux hommes qui cherchèrentrefuge au Temple et qui étaient père etfils, s'appelaient Hong. C'est un nomde famille très habituel et on pourraitle traduire par « Inondation ». Une

erreur de traduction assezhabituelle que l'on retrouve,c'est de traduire « Hong »par « rouge » du fait de latranscription phonétique du mot.

Cette histoire estcependant considéréecomme une légende, car ilexiste plusieurshypothèses et parfois trèsdifférentes de la manièredont a surgi ce Tao Lu. Lesdifférentes études qui ontété faites sur le sujetn'éclairent pas beaucoupsa provenance et si, à cetteabsence de donnéesconcrètes, nous ajoutons lefait qu'un grand nombredes histoires qui seracontent en Chinemélangent la légende et laréal i té, réussir à savoiravec exactitude son originedevient un travai lvér i tablement diff ic i le.Chaque découverte quel'on fait d'une inscriptionou d'un document éclaircitun peu l 'histoirepassionnante de ce Templeunique au monde du faitdes événements qui en ont

marqués le parcours. Actuellement,l'histoire à laquelle on donne le plusde val idité en ce qui concernel'auteur de Xiao Hong Quan est cellequi nous en apporte le plus dedonnées et qui situe sa création àl'époque de la dynastie Yuan (1279-1368). D'après les registres, lecréateur aurait été Lo Sou, auquelsont attr ibuées des deux sériesmentionnées dans la légende : DaHong Quan et Xiao Hong Quan.

2. Introduction au Tao LuNous avons déjà mentionné que la

légende que l'on raconte à propos dece Tao Lu est une manière de donnerune grande importance à cetteforme. On la considère en effetaujourd'hui comme une forme debase, que tous les moines de Shaolindevraient obligatoirement apprendre.Et quand on dit que c'est une formede base, ce qu'on veut dire, c'estque c'est une forme qui contientl'essence de beaucoup d'autres TaoLu et l 'essence de la grandeméthode de Zhang Fa (techniques dela paume). Il ne faut pas l'interprétercomme une forme facile, car quandce que l 'on cherche, c'est laperfection technique, il n'y a pas devoies simples et rapides, ni deraccourcis, c'est au contraire l'effortconstant et le jour après jour quipermettent de progresser et de tirerau maximum parti de cette série demouvements.

Il existe de nombreuses raisonspour lesquelles quelqu'un qui étudiele Gong Fu devrait connaître etapprofondir l 'étude de cettetechnique. La plus importante de cesraisons est peut-être le fait decommencer à prat iquer et à sefamil iar iser avec Zhang Fa(techniques de paume) qui est l'unedes caractér ist ique et un signedistinctif du Gong Fu du TempleShaolin. Son efficacité réside dans laconnaissance profonde destechniques et la dépurat ion de

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celles-ci jusqu'à réunir à faire des mouvements et des coupsintuitifs et extrêmement efficaces. Beaucoup d'élèves de Gong Fusont familiarisés avec Quan Fa (les techniques de poing), mais ne lesont pas autant avec Zhang Fa. Les deux techniques appliquées

correctement peuvent cependant devenir réellementtrès efficaces. C'est ce manque defamiliarisation de l'élève qui s'intéresse àces techniques qui fait qu'i l doives'impliquer clairement, pleinement et demanière constante pour atteindre lamaîtrise et la dextérité nécessaires pour

utiliser Zhang Fa de manière précise.3. Approfondir le Shaolin Xiao Hang Quan

L'une des caractéristiques qui rendit célèbrecette forme de Xiao Hong Quan, c'est qu'elle est

très pratique et idéale pour le combat réel. Cetaspect pratique suscite beaucoup d'intérêt chez les

élèves qui se demandent toujours qu'apprendre pouravancer dans leur entra înement et s i ce qu' i ls

étudient a une application réelle. Eh bien, Shaolin XiaoHong Quan pourrait être défini comme un Tao Lu dont

le développement est exact, qui a du rythme, dont latechnique est puissante et forte et dont on pourrait dire,

s'il est exécuté correctement, qu'il est comme le vent. CeTao Lu possède les mouvements et les pas de base d'autres

types de Gong Fu. Il a un style exclusivement de Shaolin où l'onident i f ie faci lement les mouvements. I l est const i tué detechniques de poings, balayages, coups de pied, coups depaume et mouvements de Ma Bu, Gong Bu, Ding Bu, etc. Onpeut dire qu'il offre un système complet de combinaisons demains, de jambes, de regards et de pas ainsi que le système

complet de la théorie et de la pratique des projectionsoffensives et défensives.

Dans le chapitre précédent, nous avons déjà parlé destechniques de paumes Zhang Fa parmi lesquelles on trouve destechniques de Cha Zhang, Fan Zhang, Qie Zhang, Kan Zhang,etc., mais indiscutablement, la technique centrale et la plusconnue du Shaolin Kung-Fu est celle de Liao Ye Zhang, qui estl'une des caractéristiques principales de ce Tao Lu.

Pour étudier en profondeur Xiao Hong Quan, tout commepour beaucoup d'autres formes du Shaolin Gong Fu, il faut

beaucoup de temps, beaucoup d'années d'entraînement,acquérir un corps agile, élastique, sain, dur et résistant,

léger, prêt pour la défense pratique et sans fioritures.4. Ce qu'il faut savoir pour commencer

L'apprentissage correct de Shaolin Xiao Hong Quan dépendra dela qualité et de la perfection des mouvements que l'on pratique. Ilexiste un dicton qui dit que ça ne dépend pas de mille mouvements,mais d'un seul mouvement parfait dans son essence. Ça ne sert àrien qu'un élève apprenne de mémoire vingt, trente ou quarante TaoLu s'i l n'apprend l'essence et l' importance d'aucun. Onconsidérerait cela comme une perte de temps. De la même manière,si un l'élève ne connaît que quatre ou cinq Tao Lu, mais en atteintl'essence, la compréhension absolue et la perfection de leurexécution, on dira que cet élève pratique le Gung Fu.

Il faut, dans le développement correct de cette forme, faireparticulièrement attention à plusieurs facteurs. Toutes les parties ducorps doivent être compensées et équilibrées, aussi bien la partiesupérieure que la partie inférieure doivent se déplacer souplementet de manière coordonnées. Il faut faire très attention auxmouvements des pieds, du corps et des mains et les yeux doiventsuivre ces dernières. Dans l'application de la force, il doit y avoir uncontinuité sans brèche et elle doit être complète. Lorsque l'on entermine l'exécution, il faut être dans un état que l'on pourraitqualifier d'énergique et de concentré. Il faut travailler les troisaspects : le corps, le cœur et la pensée, de manière simultanée eten concordance.

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« Il vaut mieux faire la conquête desoi

que de gagner mille batailles. »Bouddha

5. L'entraînement physiqueNotre objectif doit être très clair

quand nous voulons planif ierl'entraînement. Connaître les pointsforts et les points faibles pour pouvoiradapter les séries aux qualités del'élève en travaillant les pointsfaibles et en perfectionnant lespoints forts. Quoi qu'il en soit,il doit être très clair pour lepratiquant de Gong Fu qu'il luifaut accroître son agilité, savitesse, sa résistance, etc., pourobtenir de bons résultats dansl'entraînement des mouvementsde base du Gong Fu et ainsipetit à petit facil iter laprogression de la

technique.La finalité à

poursuivre à

travers l'entraînement habituel c'estd'améliorer la santé du pratiquant engénéral et son bien-être physique. Ilest pour cela recommandé decombiner différents typesd'entraînements comme, parexemple, le spring, courir enchangeant soudain de direction,courir en zig zag, faire de longuescourses, etc. I l est également

recommandé d'inclure desséries d'exercices defond, d'abdominaux, des

exercices tels que le poirier et certainsexercices avec les haltères.

À mesure que l'on progresse dansces exercices, il faut commencer àfaire un effort plus important pourgagner le plus de souplesse possibleet faire particulièrement attention auxhanches et aux jambes. Et enfin, ilfaut incorporer à l'entraînement desexercices qui développent la forcedes jambes, l'agilité des sauts et biensûr l'équilibre. Des exercices commeles flexions sur les jambes, les sauts,monter les escaliers en courant, sontparticulièrement indiqués pouratteindre ces objectifs.

Il doit être très clair pour l'élève deGong Fu qu'i l est indispensabled'obtenir une bonne base athlétiquepour pouvoir atteindre un haut niveaudans sa pratique. Il faut pour cela faireun effort continue et répété dans lapratique de ces exercices. Avec unebonne base, il lui sera plus facile deréaliser les différentes techniques,parfois complexes, qui composent leShaolin Gong Fu.

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n raison du 850eanniversaire de lacréation de l'ordremilitaire d'Aviz et de laprésentation des cadetsde la Défense du

Portugal, le général de brigadeSantiago Sanchis et le lieutenantcolonel George Berghorn (USACC -United Stades Army CadetCommand) se rendirent au Portugalpendant une semaine en avril-maidernier. Des journées d'actes civils etmilitaires, des repas de galas, desdéfilés, des interviews, une visite auxmusées naval et militaire, une réunionavec les hauts commandementsmilitaires à la frégate Fernando II eGloria de 1843, en parfait état deconservation et où l'école nautiquesupérieure de la marine portugaiseréalise ses cours et ses pratiques.Invités par l'amiral directeur de la

mission culturelle de la marine,l'amiral en chef de l'État major etplusieurs commandements navals etmil itaires, le général de brigadeSantiago Sanchis et le lieutenantcolonel George Berghorn présentèrentet expliquèrent le style naval etmilitaire américain.

Au cours de la visite au muséemilitaire et à la place centrale, ilspurent assister à un défilé avec leshymnes des deux pays et à un leverdes drapeaux américain et portugais.Un acte solennel et émouvant auquelassistèrent les milliers de personnesqui participèrent à l'événementinternational, mais aussi l'attachénaval de l'ambassade des États-Uniset le capitaine de l'US Navy, JoeBeadle, en représentation du colonelde l'US Air Force, Wil l iam G.Hampton, attaché à la Défense.Le soir même eut lieu un dîner de

gala rigoureusement en uniforme,auquel assistèrent les autorités et leshauts commandements militaires etnavals portugais et la délégationaméricaine.Le lendemain, forum pour la

formation des cadets mil itairesportugais et présentation à l'Institutde Défense nationale par le généralSanchis et le l ieutenant colonelBerghorn du système américain et del'académie militaire de Forrest Hilldans le Kentucky. L'acte fut présidépar le général Antonio RamalhoEanes, général en chef de l'État majorde l'armée, le général Artur Pina

Monteiro et le conseil supérieur naval,les amiraux Vieira Matias et MeloGomes, les vice-amiraux Alexandrede Fonseca, Conde Baguinho et SilvaCarreira.Parmi les organisateurs et bons

amis se trouvaient : le capitaine defrégate Joao Ribeiro, le colonel LuisEduardo Marques Saraiva, le contre-amiral Antonio J. Ravasco B. Dionisio,directeur du musée de la Marine, legrand Luis Miguel Ferreira de Melo(vétéran des guerres d'Angola et deMozambique), sans oublier lacollaboration d'Helena Maciel, BellemRiveiro, Ramos, Rui Manuel Ramalhoet Alfonso Brandão, entre autres. Ilsfurent de merveilleux amphitryons etcompagnons de ces journées.Il y eut enfin une réception et une

interview à l'ambassade américaineoù des thèmes importants furentabordés, concernant les deux pays etl'académie militaire que dirige etcommande le général de brigadeCharles R. Tornow. Voilà pour un petit résumé de cette

rencontre intense et intéressante oùse consolidèrent les liens entre lesarmées et les académies militaires etoù furent partagés les enseignements

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1. Gen Bde Sanchis, Afonso Brandão, Lt Col Berghorn. 2. Luis Miguel De Melo et Gen BdeSanchis. 3. Lt Col Berghorn, Alfredo Tucci, Francisco Manel Pretom, Jose Talhadas. 4. GenBde Sanchis, colonel Pinto Simões. 5. Gen Bde Sanchis, Gen Bde Sanchis et Lt Col

Berghorn, à l'ambassade des États-Unisà Lisbonne. 6. Commandant de la MarineJose Talhadas, commandant de laMarine Antonio Ramos, Afonso MenesesBrandão et Gen Bde Sanchis. 7. Délégués USA dans la cabine royale.8. Délégués USA et Portugal saluant lesdrapeaux. 9. Amiral Vilas Boas montrantle navire royal. 10. Présentation aumusée de l'armée. 11. CapitaineFrancisco Manuel Preto et Gen BdeSanchis. 12. Général Sanchis pendantson discours devant la présidence,général Antonio Ramalho Eanes, général Artur Pina Monteiro, colonel João Bellem Ribeiro.

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Nouvelles

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du Military Combat JKKD (TACMAP - U.S. ArmyCadet Corps Martial Arts Program) un systèmepratiqué aux États-Unis et que dirige le soke SantiagoSanchis.Cette nouvelle réjouira les amis, les fans et les

sympatisants et dérangera peut-être ceux qui renientde tout, toujours cachés et mangés par l'envie, grâceà Dieu le moins grand nombre.Nos plus sincères félicitations à notre ami et

collaborateur le soke Sanchis, à l'académie militaireet à tous ceux qui ont participé à cette aventure.

1. Dr. Ramalho, Gen Bde Sanchis, capitaine Oliveira, Lt Col Berghorn. 2. Général Sanchis et amiralBossa Dionisio, directeur du musée de la Marine. 3. Gen Bde Sanchis (USACC) et capitaine devaisseau Joe Beadles (USN).

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