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CENTRE REGIONAL D’OBSERVATION DU COMMERCE DE L’INDUSTRIE ET DES SERVICES LE CONSEIL EN MANAGEMENT FRANCILIEN, UN SECTEUR DYNAMIQUE ET EN CONSTANTE ÉVOLUTION LES CAHIERS DU CROCIS N°31 - mars 2009

Cahier Conseil 200903

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CENTRE REGIONAL D’OBSERVATION

DU COMMERCE DE L’INDUSTRIE ETDES SERVICES

LE CONSEIL EN MANAGEMENTFRANCILIEN,

UN SECTEUR DYNAMIQUE ET EN CONSTANTE ÉVOLUTION

LES CAHIERSDU CROCIS

N°31 - mars 2009

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CENTRE REGIONAL D’OBSERVATION

DU COMMERCE DE L’INDUSTRIE ETDES SERVICES

LES CAHIERS DU CROCIS

Cette étude a été réalisée par Bénédicte GUALBERTCentre régional d’observation du commerce, de l‘industrie et des services

Chambre de commerce et d’industrie de ParisDirecteur de la publication : Pierre TROUILLET

Directeur de la rédaction : Jean-Louis SCARINGELLARédacteur en chef : Isabelle SAVELLI-THIAULT

Maquette, mise en page : Nathalie PAGNOUX

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- 1 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

SOMMAIRE

1. La structure du secteur "conseil pour les affaires et la gestion" en Ile-de-France .............................................................................4 1.1. Un poids considérable au plan national ................................................. 4 1.2. Une forte majorité de petites structures ............................................... 8 1.3. Un secteur en croissance .................................................................. 9 1.4. Un secteur concentré à Paris et dans les Hauts-de-Seine........................... 12 1.5. Des éléments financiers plutôt rassurants............................................. 16

2. Le conseil en management............................................................ 18 2.1. Une délimitation complexe .............................................................. 18 2.2. Une activité cyclique...................................................................... 19

3. Un marché plus mature................................................................ 20 3.1. Principales caractéristiques du marché................................................ 20 3.2. La banque-assurance premier client du conseil ...................................... 23 3.3. Les PME et le conseil ...................................................................... 24

4. Les évolutions du paysage concurrentiel .......................................... 25 4.1. Conseil et audit ............................................................................ 25 4.2. Conseil et informatique................................................................... 25 4.3. Stratégie et organisation ................................................................. 26 4.4. De nouveaux concurrents................................................................. 26

5. Les nouveaux enjeux de la profession ............................................. 28 5.1. Les stratégies d'adaptation à une demande en évolution ........................... 28 5.2. Les tensions sur les ressources humaines .............................................. 29

6. Perspectives : quel sera l'impact de la crise ? .................................... 31

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- 2 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

REMARQUES METHODOLOGIQUES Les chiffres de la première partie de cette étude concernent le code NAF 74.1G "Conseil pour les affaires et la gestion" (NAF 2003), qui regroupe :

• les conseils et l'assistance aux entreprises ou organismes divers en matière de planification, d'organisation, de contrôle, d'information, de gestion, etc.

• les conseils et l'assistance en matière financière (ingénierie, planification, expertises, etc.)

• les conseils et l'assistance aux entreprises ou organismes divers en matière de relations publiques et de communication interne ou externe

• les conseils et l'assistance en matière d'économie agricole.

Cette classe comprend aussi

• l'arbitrage et la conciliation

• les activités des attachés de presse

• l'assistance aux entreprises même débutantes

Cette classe est donc beaucoup plus large que le seul conseil en management, elle a été utilisée faute de données statistiques plus fines. La seconde partie de cette étude, plus qualitative, sera consacrée plus spécifiquement au conseil en management.

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- 3 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

Le conseil en management, référencé par l'INSEE au sein d'un vaste ensemble "conseil pour les affaires et la gestion", est un secteur difficile à délimiter, en raison de l'absence de données statistiques fines, et difficilement lisible de par l'interpénétration croissante des métiers, la multiplicité des intervenants et le flou des frontières entre conseil et prestation de services intellectuels.

Fortement concentré en Ile-de-France, il a connu une forte expansion dans les années 1990, avant que le retournement conjoncturel de la fin 2001 ne mette un frein à sa croissance, entraînant une profonde remise en question du secteur.

Dans un premier temps il conviendra de faire le point au plan statistique sur le conseil pour les affaires et la gestion (tel que référencé par l'INSEE) sur le territoire francilien : en nombre d'établissements, d'emplois, de créations, où en est-il aujourd'hui ?

Puis sera abordée une analyse plus qualitative du conseil en management, secteur marqué depuis les années 1970 par un grand dynamisme et des mutations rapides et permanentes. Comment l'après-2001 a-t-il modifié ce secteur, encore en restructuration ? Comment se présente aujourd'hui ce paysage concurrentiel en constante évolution ? A quels enjeux les acteurs sont-ils confrontés au moment où se déclare une crise économique sans précédent, alors que la croissance du secteur est directement corrélée à la capacité d'investissement des entreprises ?

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- 4 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

1. La structure du secteur "conseil pour les affaires et la gestion" en Ile-de-France

1.1. Un poids considérable au plan national

L'Ile-de-France représente 50 % des établissements et 62 % des effectifs français du conseil1, ce qui fait de la région le centre névralgique de ce secteur. C'est également dans la région-capitale que se trouvent 13 des 15 plus grands établissements français et 80 % des établissements de plus de 200 salariés. La santé et les évolutions des établissements franciliens impactent donc fortement l'ensemble du secteur, notamment en termes d'emploi. Cette concentration géographique est bien sûr liée à la proximité des sièges sociaux et des centres de décision des grandes entreprises qui font appel au conseil. L'Ile-de-France domine ainsi sans partage le domaine du conseil1, la deuxième région française dans l'emploi du conseil ne représentant que 8 % des effectifs, bien loin derrière les 62 % de la région-capitale.

Part des régions françaises dans l'emploi du conseil1 en 2007

Ile-de-France 62,2 % Rhône-Alpes 8,1 %

Provence-Alpes-Côte d'Azur 5,7 % Nord-Pas-de-Calais 3,6 %

Pays de la Loire 3,4% Midi-Pyrénées 2,4 %

Aquitaine 2,1 % Bretagne 2,0 %

Languedoc-Roussillon 1,6 % Centre 1,4 %

Lorraine 1,3 % Haute-Normandie 1,0 %

Alsace 1,0 % Picardie 0,7 %

Poitou-Charentes 0,7 % Bourgogne 0,6 %

Franche-Comté 0,6 % Basse-Normandie 0,5 %

Champagne-Ardenne 0,4 % Auvergne 0,4 % Limousin 0,2 %

Corse 0,1 % Source : Pôle Emploi Services

1 Conseil pour les affaires et la gestion, code NAF 74.1G, NAF 2003

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- 5 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

Part des régions françaises dans le nombre d'établissements français de conseil1 en 2007

Ile-de-France 50 % Rhône-Alpes 8,4 %

Provence-Alpes-Côte d'Azur 8,2 %

Aquitaine 3,4 % Midi-Pyrénées 2,9 %

Nord-Pas-de-Calais 2,9 % Pays de la Loire 2,9 %

Languedoc-Roussillon 2,7 % Bretagne 2,1 % Alsace 2,0 % Centre 1,9 %

Picardie 1,4 % Lorraine 1,3 %

Haute-Normandie 1,2 % Poitou-Charentes 1,1 %

Bourgogne 1,1 % Guadeloupe 1,1 %

Basse-Normandie 1,0 % Champagne-Ardenne 0,9%

Martinique 0,8 % La Réunion 0,7 %

Franche-Comté 0,7 % Auvergne 0, 7%

Source : INSEE, Sirene

Page 8: Cahier Conseil 200903

- 6 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

Le conseil pour les affaires et la gestion proprement dit, c'est-à-dire à l'exclusion du conseil en ressources humaines et en relations publiques représente au plan national2, plus de 80 % des entreprises et des emplois du secteur.

Ventilation par activité fine, France entière : nombre d'entreprises

Conseil en gestion de ressources humaines

9%

Conseil pour les affaires et la gestion

(hors ressources humaines et relations

publiques)83%

Conseil en relations publiques

8%

Source : INSEE, EAE Services, 2006

Nombre d'entreprises

Part/ Ensemble

Salariés en ETP

Part /Ensemble

Chiffre d'affaires (M euros)

Part/ Ensemble

Conseil pour les affaires et la gestion (hors ressources

humaines et relations

publiques)

48 097 83 % 99 691 84 % 17 224 85 %

Conseil en gestion de ressources humaines

5 099 9% 10 932 9 % 1 370 7 %

Conseil en relations publiques

4 763 8% 7 990 7 % 1 593 8 %

Ensemble 57 959 11 8613 20 187 Source : INSEE, EAE Services, 2006

2 Source : INSEE, EAE Services, 2006

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- 7 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

Evolution comparée de l'emploi en France et en Ile-de-France de 1997 à 2007

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

200

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

France

Ile-de-France100 en 1997

120 en 2007

177 en 2007

Source : Pôle Emploi Services, base 100 en 1997 Sur les dix dernières années, l'emploi dans le conseil francilien a suivi dans ses grandes lignes les tendances nationales, mais les difficultés sont plus marquées dans la région-capitale : si la fin des années 90 a été une phase de croissance aussi bien au plan régional que national, le début des années 2000 a vu la croissance des effectifs se prolonger en France alors qu'on observait une stagnation en Ile-de-France, et surtout le retournement conjoncturel de 2001 a impacté beaucoup plus fortement l'emploi francilien. En effet, le secteur porté par la forte croissance de la fin des années 90 a continué à embaucher en Ile-de-France en anticipant sur la poursuite de cette tendance. Or le retournement de 2001 a mis un coup d'arrêt brutal à ce mouvement, et la profonde restructuration du secteur qui s'en est suivie a donné lieu à une vague importante de licenciements. Depuis 2004, les deux courbes d'emploi reprennent une pente ascendante, mais de manière plus forte au plan national.

Page 10: Cahier Conseil 200903

- 8 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

1.2. Une forte majorité de petites structures

Répartition par taille des établissements de conseil franciliens

(par tranche de salariés)

1 à 2 13%

0 salarié 77%

6 à 9 2% 3 à 5

5%

10 à 19 1% 20 à 49

1%plus de 50 salariés

1%

Source : INSEE, Sirene, 2007 Le secteur est majoritairement constitué de petites structures. En effet, près de 80 % du secteur est constitué d'établissements sans salarié, et plus de 90 % des établissements ont moins de trois salariés, tandis qu'à peine 0,5 % ont plus de 50 salariés, et 0,2 % ont plus de 100 salariés. La branche est ainsi partagée entre de nombreuses très petites structures et une quinzaine de très gros cabinets de conseil d'envergure mondiale de plus de 500 salariés.

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- 9 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

1.3. Un secteur en croissance

1.3.1. Une forte hausse du nombre d'établissements sur les dix dernières années

Nombre d'établissements de conseil franciliens :

évolution 1997-2007

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

40 000

45 000

50 000

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

43 959 établissementsen 2007

24 102 établissementsen 1997

Source INSEE-Sirene Entre 1997 et 2007, le nombre d'établissements a augmenté de 82 %. La croissance du nombre d'établissements avec salariés a été de 29 % seulement sur cette même période, ce qui suggère que ce sont les établissements sans salarié qui ont assuré l'essentiel de la croissance totale.

Page 12: Cahier Conseil 200903

- 10 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

1.3.2. Des créations et des effectifs en hausse

Evolution des créations d'entreprises entre 2000 et 2007

0

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

9 000

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

5025 créations en 2000

7763 créations en 2007

Source : INSEE Entre 2000 et 2007, le nombre de créations d'entreprises dans le conseil1 a augmenté de 44 %, pour atteindre plus de 7 200 créations. Sa croissance a été particulièrement forte entre 2002 et 2004, et s'est maintenue depuis à un niveau élevé. Les créations de sociétés de conseil1 constituent plus de 60 % des créations franciliennes dans le secteur des études, du conseil et de l'assistance (activités juridiques, activités comptables, études de marché et sondages, conseil pour les affaires et la gestion, administration d'entreprises). Elles représentent 36 % des créations dans les services aux entreprises. En effet, le secteur du conseil ne présente pas de barrières à l'entrée, ce qui provoque un afflux massif de créateurs dans la profession, sans que leur activité soit forcément viable : l'Ile-de-France a enregistré 2 271 cessations et 405 défaillances d'entreprises en 2007. Le taux de défaillance francilien est de 1,09 % pour 2007, un peu inférieur au taux français qui est de 1,2 %. CICF Management estime que près de 25 % des cabinets qui se créent disparaissent dans les 12 mois après leur création.

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- 11 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

Evolution des effectifs des établissements de conseil franciliens de 1997 à 2007

0

20 000

40 000

60 000

80 000

100 000

120 000

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

59 700 salariés en 1997

97 500 salariés en 2007

Source : Pôle Emploi Services, établissements de 1 salarié et plus Le conseil1 emploie aujourd'hui 98 000 personnes en Ile-de-France, ce qui représente un peu moins des deux tiers des effectifs français. Sur ces dix dernières années (1997-2007), les effectifs des établissements de conseil ont augmenté de 63 %. Ce sont les établissements de plus de 200 salariés qui ont vu leurs effectifs progresser le plus, et parmi eux les établissements de plus de 500 salariés en particulier : la croissance de leurs effectifs a été de 273 %.

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- 12 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

1.4. Un secteur concentré à Paris et dans les Hauts-de-Seine

Répartition des effectifs par département

1 7671 9152 2102 8772 9485 247

33 747

46 783

75 - Paris 92 - Hauts-de-Seine

78 - Yvelines 93 - Seine-Saint-Denis

94 - Val-de-Marne

91 - Essonne 77 - Seine-et-Marne

95 - Val-d'Oise

Source : Pôle Emploi Services, 2007

Répartition par département des entreprises de conseil franciliennes

56%

17%

9%

5% 4% 3% 3% 3%

75 - Paris 92 - Hauts-de-Seine

78 - Yvelines 94 - Val-de-Marne

91 - Essonne 93 - Seine-Saint-Denis

77 - Seine-et-Marne

95 - Val-d'Oise

Source : INSEE, Sirene, 2007

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- 13 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

Le conseil1 est extrêmement concentré géographiquement : la capitale, surtout, et les Hauts-de Seine constituent le cœur de l'implantation des sociétés du secteur.

Près de la moitié des effectifs, et plus de la moitié des entreprises sont implantées à Paris. Plus d'un salarié francilien du conseil sur trois travaille dans les Hauts-de-Seine, où est implantée plus d'une entreprise sur six. Les autres départements ne pèsent qu'un poids très faible pour l'activité de conseil.

Les Hauts-de-Seine rassemblent les établissements les plus importants : c'est là que se trouve le seul établissement francilien de plus de 2 000 salariés. Et sur les quatorze établissements de plus de 500 salariés, neuf sont implantés dans les Hauts-de-Seine, quatre à Paris, et un dans le Val d'Oise.

En 10 ans, entre 1997 et 2007, la part des Hauts-de-Seine dans le nombre de salariés du conseil a augmenté de près de dix points (26 % en 1997, 35 % en 2007), confirmant ainsi la tendance à la densification de l'emploi francilien.

Sur cette période, le nombre d'emplois a surtout progressé en Seine et Marne (+ 118 %) dans les Hauts-de-Seine (+115 %), dans le val d'Oise et à Paris (respectivement + 63 % et + 53 %). La hausse a été plus modérée en Seine-Saint Denis (+ 41 %), dans les Yvelines et le Val de Marne (+ 25 % et + 12 %).

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- 14 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

Répartition géographique des emplois en Ile-de-France en 2007

Zoom sur Paris et la petite couronne

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- 15 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

Evolution des effectifs en Ile-de-France

Zoom sur Paris et la petite couronne

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- 16 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

1.5. Des éléments financiers plutôt rassurants

Les principaux ratios financiers des entreprises franciliennes recensées sous le code NAF 74.1G (NAF 2003) ont été recherchés dans la base de données DIANE et portent sur 15 264 entreprises, sur la base des résultats de l'année 2006. Médiane Chiffre d’affaires K€ 2006 113,00 Total de l’actif : net K€ 2006 104,50 Solvabilité à court terme Ratio de liquidité réduite (X) 2006 2,07 Charges fixes Charges/Valeur Ajoutée 2006 128,13 Salaires+charges sociales/VA EUR 2006 57,20 Equilibre financier Fonds de roul. net global K € 2006 35,00 ratio FDR/Bilan 2006 41,22 Trésorerie nette K € 2006 27,00 Trésorerie Nette/Bilan 2006 33,96 Rentabilité Excédent brut d’exploitation K € 2006 12,00 Résultat courant avant impôts K € 2006 12,00 Endettement Dettes totales/Capitaux propres 2006 21,92 Dettes CT/Capitaux propres 2006 19,69 Le ratio de liquidité réduite est très bon, les entreprises sont solvables à court terme.

Le fonds de roulement est positif donc les emplois durables sont intégralement financés par des ressources stables. Les entreprises possèdent des ressources immédiates importantes, ce que confirme le ratio de liquidité réduite et la trésorerie nette dont la valeur médiane est de 27 k€. Les charges fixes ne sont pas importantes, les salaires et charges sociales représentent 57,2 % de la valeur ajoutée, tout ceci n’est pas handicapant pour l’activité.

Ni les charges financières, ni les dettes de moyen et long terme ne contraignent les entreprises. Le point de faiblesse des entreprises du secteur est leur endettement à court terme, même si leur solvabilité devrait leur permettre de faire face à ses dettes. Dans l’ensemble les entreprises sont rentables, la valeur médiane du résultat courant avant impôt étant de 12 k€.

Page 19: Cahier Conseil 200903

- 17 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

Les principales sociétés de conseil en management

IBM Global Business Services

Accenture CSC Computer Sciences Cap Gemini Consulting Unilog management

Mc Kinsey Boston Consulting Group

Ineum Consulting BearingPoint France Xerox Global services

BPI ADP GSI

Eurogroup

Sources : Diane, Xerfi

Page 20: Cahier Conseil 200903

- 18 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

2. Le conseil en management

2.1. Une délimitation complexe

La FEACO (European Federation of Management Consulting Associations) définit ainsi le conseil en management : « Le Conseil en Management consiste à fournir, en toute indépendance, conseil et assistance sur des questions de management. Ceci inclut notamment l’identification et l’étude de problèmes et/ou opportunités, la recommandation d’actions appropriées et l’aide à leur mise en œuvre. » Pour le SYNTEC, le rôle des conseils en management est "d'assister les dirigeants dans leurs tâches, qu'il s'agisse d'apporter une aide à la réflexion et à la décision, la solution à une situation de crise ou une aide à la stratégie de transformation". Les sociétés de conseil en management peuvent être soit généralistes, soit spécialisées dans un domaine de compétences : stratégie, organisation, ressources humaines, etc.

Syntec Management, le principal syndicat professionnel du secteur, répertorie treize domaines d'intervention de ses adhérents :

• accompagnement du changement, • e-Business, • finance, • gestion de l'emploi, • management environnemental, • marketing et vente, • organisation, • qualité, • ressources humaines, • spécificités conjoncturelles, • stratégie, • systèmes d'information, • technologie.

Il faut cependant noter que l'intégration du conseil informatique, du conseil en marketing et plus encore des prestations informatiques dans le secteur du conseil en management n'a rien d'évident et que le périmètre du conseil en management varie selon les observateurs. Aux acteurs du conseil en management "pur" (stratégie, ressources humaines, opérations, conduite du changement,…) se greffent des acteurs issus de métiers différents qui offrent, sous une forme ou sous une autre, des prestations de conseil en management :

• les cabinets d'audit dont les métiers de base sont la finance et la fiscalité • les SSII dont les métiers de base sont l'ingénierie informatique et l'intégration de

systèmes • les prestataires d'outsourcing • les cabinets d'ingénierie.

Le secteur se révèle donc en pratique particulièrement difficile à cerner car il est extrêmement hétérogène. En termes d'acteurs d'abord, qui vont du consultant indépendant à la multinationale, en termes d'activités ensuite : les frontières sont floues entre stratégie, organisation, management, systèmes d'information, politique de ressources humaines : tous ces domaines interfèrent entre eux et rares sont les cabinets qui n'exercent que dans un des segments ; de plus, des offres de services connexes au conseil "pur" se développent (intégration informatique, outsourcing, ingénierie,…) compliquant encore la détermination précise du périmètre du secteur.

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- 19 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

2.2. Une activité cyclique

Fortement lié à la conjoncture, le conseil en management alterne régulièrement phases de forte croissance et périodes plus difficiles. Beaucoup moins développé en France que dans les pays anglo-saxons, le conseil en management a connu un fort développement dans les années 80 jusqu'en 2000, avec des taux de croissance exceptionnels à la fin des années 90, où il a ainsi rattrapé une partie de son retard. A la suite du retournement conjoncturel de 2001, le secteur a connu une véritable crise de fin 2001 à 2003. La demande s'est contractée car les entreprises ont repoussé leurs investissements et réduit leurs dépenses : le chiffre d'affaires du conseil en management a baissé de 10 % en 2003 selon Syntec Management. Mais cette crise n'était pas seulement conjoncturelle, et elle a conduit à une profonde restructuration du secteur. Les cabinets ont mis en place un management plus rigoureux pour mieux maîtriser les coûts, améliorer la compétitivité et la rentabilité. Les effectifs ont été réduits, l'évolution des salaires a été strictement encadrée et les primes ont été supprimées. Parallèlement, les cabinets ont investi pour être en mesure de proposer des prestations à plus forte valeur ajoutée, ont clarifié leur positionnement, se sont efforcés de mieux dissocier conseil et prestation, ou ont diversifié leurs activités pour réduire les risques.

Dès 2004, la croissance a repris, qui s'est régulièrement accentuée jusqu'à 2007. Cette progression de l'activité s'explique par la relance des investissements des grandes entreprises et les nombreux projets d'accompagnement des transformations des entreprises (fusions, restructurations), ainsi que par l'ouverture de nouveaux marchés à l'international.

La demande s'est donc faite plus soutenue, avec en face une offre plus lisible, des tarifs mieux maîtrisés et des interventions plus orientées vers les résultats.

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- 20 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

3. Un marché plus mature

3.1. Principales caractéristiques du marché

En France, le Syntec estime en 2007 le chiffre d'affaires du conseil en management aux alentours de 5,65 milliards d'euros, sur la même base de calcul que les années précédentes, auxquels il convient d'ajouter 2,42 milliards en provenance des petites structures3. Depuis les années 80, le marché français a rattrapé une grande partie de son retard par rapport aux pays anglo-saxons. Le marché est devenu plus mature, les clients, plus exigeants, réclament plus de valeur ajoutée, plus d'analyse et des résultats visibles.

Le marché du conseil en management est cependant moins développé en France que chez nos voisins allemands et britanniques, en raison d'une absence de "culture du conseil" dans l'hexagone, à la différence des pays anglo-saxons : selon l'étude FEACO-Eurostat de juillet 2007, le chiffre d'affaires 2006 des sociétés de conseil en management françaises représente 0,4 % du PNB, contre 1,1 % au Royaume Uni et 0,9 % en Allemagne. Ces deux pays représentent à eux deux plus de la moitié du total européen en chiffre d'affaires.

CA 2006 des sociétés de conseil en management

(millions d' €) (*)

CA 2006 des sociétés de conseil en management

(% du PNB) (*)

Allemagne 21 700 0,9 Royaume Uni 20 410 1,1

Espagne 7 570 0,8 France 6 560 0,4

Pays Bas 2 700 (**) 1 Autriche 2 ,600 0,5

Italie 2 500 0,2 Danemark 1 990 0,9 Portugal 1 050 (**) 0,7 Belgique 1 050 0,3

(*) source : FEACO/ Eurostat juillet 2007 (**) estimations

Le marché est aussi très concentré, malgré la multitude de petits cabinets. Le Syntec estime que les cabinets qui réalisent un chiffre d'affaires d'au moins 56 millions d'euros, soit 9 % de son échantillon, ont capté 70 % du marché en 2007. Les cabinets au chiffre d'affaires d'au moins 151 millions, soit 3 % de l'échantillon, ont eu une part stable de 44 %. Inversement les "petits" cabinets (de 1 à 3 M€ de chiffre d'affaires) représentent 3 % de l'activité mais 45 % des acteurs.

La demande de conseil est déterminée par de multiples facteurs et en général sous-tendue par des problématiques liées au changement : la multiplication des normes et réglementations implique pour les entreprises un besoin de conseil afin d'être en conformité avec ces nouvelles règles. L'essor des opérations de fusions-acquisitions provoque des besoins en audit stratégique, l'externalisation et les délocalisations nécessitent des études d'opportunité et de faisabilité, puis une aide à la mise en œuvre. La dérégulation de certains marchés -énergie, transport, télécoms- a également ouvert des

3 Pour la première fois en 2007, 11 000 structures de faible effectif ont été interrogées par le Syntec.

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opportunités aux entreprises clientes des cabinets de conseil : elles ont modifié leur portefeuille d'activité, noué des alliances, toutes opérations nécessitant des conseils stratégiques. La pression des actionnaires pousse également les entreprises à améliorer régulièrement leur rentabilité et donc à solliciter les cabinets sur l'optimisation des coûts. Enfin, la mondialisation implique que de nombreuses entreprises doivent aborder les marchés étrangers, domaine dans lequel les leaders mondiaux du conseil peuvent exploiter la force de leur réseau.

Répartition du chiffre d'affaires par grand domaine

Management consulting57%

Outsourcing12%

IT Consulting10%

Développement et intégration

15%

Autres services6%

Source : SYNTEC, 2007 (France entière) Parmi les principales activités des sociétés de conseil, le "management consulting"4 consiste en la mise à disposition de personnel hautement qualifié afin de mener à bien un projet spécifique. Il représente plus de la moitié des revenus des cabinets interrogés. Le développement et l'intégration, qui représentent 15 % du chiffre d'affaires, en baisse par rapport à 2006, sont des prestations informatiques pures. Les prestations d'outsourcing, c'est-à-dire d'externalisation de fonctions de l'entreprise, assurent 12 % du chiffre d'affaires de la profession. L'IT Consulting représente le conseil en technologies de l'information-communication, soit 10 % du marché.

Il faut toutefois noter que la répartition des activités est sensiblement différente selon la taille des cabinets : chez les "majors" (plus de 151 M€ de chiffre d'affaires), le management consulting occupe une part moindre, alors que l'outsourcing et les services informatiques représentent chacun près du quart du CA5. Chez les "petits" (entre 1 et 3 M€ de CA5), la part du conseil en management est très nettement prédominante, alors que celle des services informatiques est très faible.

4 Conseil en management 5 CA : chiffre d'affaires

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Répartition du chiffre d'affaires par ligne de services pour le consulting

Organisation/opérations31%

Management de projet21%

IT Consulting18%

Stratégie16%

Conduite du changement

9%

Conseil RH5%

Source : SYNTEC, 2007 (France entière) Dans les activités de consulting "pur", ce sont les missions de conseil opérationnel (missions d'organisation et de management des opérations) qui représentent le plus fort pourcentage du chiffre d'affaires des cabinets. Il s'agit là du cœur du marché du conseil en management, où les acteurs sont les plus nombreux et la concurrence la plus forte. Les missions de management de projet représentent 21 % du chiffre d'affaires pour l'ensemble des cabinets, ce pourcentage est un peu plus faible (16 %) chez les petits6 cabinets. La part du conseil en technologies de l'information (IT consulting) représente plus du quart du CA5 chez les "majors7", c'est-à-dire une part presque trois fois plus forte que chez l'ensemble des autres cabinets. Ces missions connaissent une forte croissance, les entreprises réalisant d'importants investissements informatiques dans une optique de réduction des coûts et d'amélioration de la productivité. Le conseil en stratégie, lié aux problématiques de fusions, restructurations, et plus globalement aux problématiques de croissance, est particulièrement développé chez les petites structures, où elle représente un quart du chiffre d'affaires.

6 Pour les petits cabinets selon le SYNTEC, c'est-à-dire les cabinets qui réalisent entre 1 et 3 millions de chiffre d'affaires. 7 Les majors selon le SYNTEC

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3.2. La banque-assurance premier client du conseil

Les principaux secteurs clients des cabinets de conseil

Distribution : 6%

Administration : 8%

Telecoms : 8%

Energie : 10%

Industrie : 28%

Banque-assurance :31%

Source : SYNTEC management, Etude 2008 (France entière) Le secteur de la banque-assurance est traditionnellement le plus gros client des sociétés de conseil, avec une part du chiffre d'affaires assez stable. Les banques ont dû en particulier se mettre en conformité avec les réglementations type Bâle 2, Loi de Sécurité Financière, etc. Elles font face également à des problématiques de management des risques et veillent constamment à l'optimisation de leurs processus face à la concurrence mondiale. La part de marché de l'industrie est, elle, de 28 %. Les restructurations, la globalisation des approvisionnements notamment ont généré des demandes en gestion de la chaîne logistique (supply chain management) ou en "sourcing" (gestion et optimisation du portefeuille de fournisseurs). De son côté, la part de l'administration (Etat, collectivités territoriales) n'a cessé de progresser jusqu'en 2006. En effet, l'introduction d'une culture du résultat et d'objectifs de performance a accru le recours au conseil dans l'administration, dont la part dans le chiffre d'affaires du conseil en management a doublé en six ans. Les cabinets de conseil ont commencé à s'intéresser au secteur public lors de la crise de 2001, comme relais de croissance face à la baisse de la demande dans le privé. Bien que les circuits de décision et les codes des marchés publics soient plus contraignants que dans le privé, ces missions offrent un certain prestige et le secteur présente un grand potentiel de progression. Néanmoins en 2007 cette demande a fléchi en raison d'un manque de moyens : ce secteur culturellement encore peu accoutumé au recours au conseil réduit sa consommation de prestations jugées coûteuses lorsqu'il doit diminuer ses frais de fonctionnement.

La clientèle des cabinets de conseil est essentiellement constituée de grandes entreprises car il existe un frein culturel : les PME n'ont pas l'habitude de faire appel à des consultants extérieurs, dont les interventions sont jugées onéreuses.

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3.3. Les PME et le conseil

Outre l'aspect culturel, d'autres facteurs expliquent la faiblesse de la demande des PME : le faible nombre de PME de grande taille (+ de 100 salariés), à la différence du Royaume-Uni et de l'Allemagne, et leur faible rentabilité par rapport à leurs homologues allemandes ou britanniques pourrait diminuer leur capacité à recourir à des prestations intellectuelles. En outre, l'offre de conseil correspond en majorité aux problématiques de grands groupes (externalisation par exemple), et rares sont les offres dédiées aux PME dans les grands cabinets, qui les considèrent plutôt comme un marché de diversification. De plus, les principaux secteurs clients du conseil (banque, assurance, industrie) ne sont pas les plus riches en PME. Enfin il est difficile d'identifier avec précision les intervenants et leurs compétences en raison de la multiplicité des structures existant sur le marché.

Une enquête8 effectuée en 2006 par l'association Consultants-Ile-de-France, en partenariat avec l'OPQCM9 et la CCI de Paris apporte quelques éléments sur l'utilisation du conseil par les dirigeants de PME :

Le principal motif de recours au conseil est le souhait "d'être accompagné dans un domaine peu maîtrisé", l'attente des PME porte sur l'expertise du consultant et son regard extérieur, et les critères de choix d'un cabinet concernent en premier lieu le domaine d'expertise, puis les références et enfin le prix. Les consultants sont recrutés d'abord sur recommandation, mais la prospection est le second moyen d'accès aux PME.

Il existe une corrélation significative entre le secteur d'activité et le recours au conseil : les PME de la finance y recourent deux fois plus que celles de l'industrie. De même, plus la PME est grande, plus elle utilise le conseil : les grandes entreprises recourent majoritairement au conseil, et la grande majorité de ces grandes et moyennes entreprises dispose d'un budget conseil, contrairement aux petites entreprises. Enfin, plus le dirigeant est jeune et diplômé et plus il a recours au conseil.

Les thématiques les plus fréquemment demandées dans les missions de conseil subventionnées dans le cadre du FRAC10 sont, dans l'ordre :

• Diagnostic et stratégie commerciale

• Business plan et recherche de financement

• Stratégie, organisation et Ressources Humaines

• Etude de marché

8 Pour des raisons de faible taille d'échantillon, il convient de ne tenir compte que des grandes tendances de ces résultats. 9 Office Professionnel de Qualification des Conseils en Management

10 Fonds Régional d'Aide au Conseil

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4. Les évolutions du paysage concurrentiel

Ces dernières années, le paysage du conseil en management n'a cessé d'évoluer : les interactions entre les métiers se sont multipliées, et les distinctions d'hier tendent à s'effacer, alors qu'apparaissent, à la marge ou au cœur du secteur, de nouveaux concurrents.

4.1. Conseil et audit

Dans les années 1990, les grands cabinets de conseil en management étaient souvent des filiales de grands cabinets d'audit. Puis, en 2001, l'"affaire Enron" a eu de fortes implications sur le paysage du conseil. Le cabinet d'audit et de conseil Arthur Andersen a été condamné pour avoir manipulé les comptes et dissimulé des informations au profit de son client Enron. Ce scandale illustrant le conflit d'intérêt entre l'audit et le conseil provoque l'instauration de lois obligeant à une séparation complète de ces deux activités. Les "big four" de l'audit (Ernst & Young, Deloitte, KPMG, Price Waterhouse Coopers) ont vendu leurs activités de conseil, ou se sont recentrés sur l'audit. Mais aujourd'hui ils créent de nouvelles structures distinctes qui leur permettent de revenir légalement sur le marché du conseil auprès d'entreprises qui ne sont pas clientes de leur activité d'audit, et ces structures occupent désormais une place importante sur le marché du conseil. Certains acteurs jugent que les deux métiers sont complémentaires, l'analyse des problèmes financiers conduisant à préconiser des solutions pour y remédier. Et les "big four" mettent en avant des équipes pluridisciplinaires, à la différence des cabinets de conseil "pur" qui privilégient une approche de spécialistes. Ils bénéficient également de la force de leur réseau international. Ce retour des auditeurs sur le marché du conseil crée donc une forte concurrence avec les cabinets de management "traditionnels" d'une certaine taille. Mais la crise financière de 2008 pourrait remettre en cause ce retour des cabinets d'audit : aux Etats-Unis le Comité consultatif du Trésor a émis des recommandations pour une définition claire du métier d'auditeur, ce qui pourrait, si elles étaient appliquées, ne pas être sans conséquence, y compris en Europe.

4.2. Conseil et informatique

Le conseil en informatique est un métier distinct du conseil en management, mais les activités liées à la stratégie et l'organisation de l'entreprise ont pris de l'ampleur ces dernières années. L'organisation de l'entreprise et les systèmes d'information sont de plus en plus étroitement liés, et les projets d'envergure sont en fait pluridisciplinaires. Aussi les grands prestataires informatiques ont-ils peu à peu investi le champ du conseil, notamment en rachetant des cabinets. En effet les groupes informatiques, de taille bien supérieure à celle des gros cabinets de conseils en management, ont opéré ces rachats dans l'intention de disposer ainsi d'un accès plus aisé aux directions générales des entreprises, qui sont les acheteurs privilégiés de conseil en management, et de proposer des prestations à plus forte valeur ajoutée. Ils ont ainsi étoffé leur offre, en particulier vers des services à portée stratégique, car le conseil en stratégie est beaucoup mieux rémunéré que le conseil lié aux services informatiques.

Parallèlement, des cabinets de conseil en management ont élargi leur périmètre en développant de nouvelles prestations purement informatiques, de type intégration ou infogérance. C'est pourquoi les activités de conseil en stratégie ou en organisation, le conseil en informatique et les prestations informatiques pures se sont peu à peu mêlées.

Ces évolutions répondaient aussi à la demande de la clientèle de pouvoir trouver chez un seul partenaire la réponse à l'ensemble de ses problématiques nécessitant du conseil. Or en fait, ces mouvements ont complexifié l'identification des frontières entre les

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différentes activités et ont perturbé la clientèle qui a craint que les prestations de conseil ne soient en fait utilisées pour vendre des prestations informatiques. En outre, la coexistence d'informaticiens et de consultants s'est avérée compliquée en raison de mentalités et de modes de travail très différents. Le paysage a donc opéré une nouvelle mutation : les activités de conseil et les prestations informatiques ont été clairement dissociées. Certains cabinets ont renoncé à cette politique d'intégration et se sont recentrées sur leurs activités de conseil, y compris le conseil en systèmes d'information mais sans prestations purement informatiques, et les activités de conseil ont été regroupées dans des entités clairement dédiées. De nombreux groupes informatiques se sont retirés du conseil en cédant ces activités. Au total, les divorces ont été nombreux entre professionnels des services informatiques et du conseil. En tout état de cause, les sociétés qui continuent à pratiquer les deux activités se sont efforcées de clarifier leur offre et leur positionnement, et d'opérer une distinction précise entre les métiers afin d'effacer auprès des clients toute ambiguïté sur l'objectivité de leurs préconisations.

4.3. Stratégie et organisation

La distinction stratégie/organisation a, quant à elle, de plus en plus tendance à disparaitre. Rares sont aujourd'hui les cabinets de conseil en stratégie "pure". Au conseil stratégique s'ajoute désormais de plus en plus un suivi de la mise en œuvre des recommandations effectuées : c'est une tendance de fond qui demande aux consultants non plus seulement un diagnostic et des préconisations, mais la prise en charge effective de l'application de ces recommandations. De leur côté, les cabinets de conseil en organisation accroissent l'amplitude de leurs interventions en intégrant des conseils stratégiques à leur offre, d'une part pour répondre à la demande des clients d'un service complet, et d'autre part en raison de la rémunération plus élevée des prestations stratégiques.

4.4. De nouveaux concurrents

Etant donné leur grand nombre, la principale concurrence s'exerce entre les cabinets de conseil en management eux-mêmes. Mais d'autres acteurs issus de métiers différents commencent à élargir leur offre à des prestations de conseil qui peuvent séduire des clients ou clients potentiels des spécialistes du conseil.

Ainsi les experts-comptables exploitent leur proximité avec les chefs d'entreprises pour les conseiller sur leur stratégie, car ils bénéficient, de par leur fonction, de la confiance des dirigeants et d'informations sur la santé financière de l'entreprise. Ils développent aussi des activités de conseil en ressources humaines, en transmission d'entreprise notamment. Les experts comptables s'adressent toutefois uniquement à une clientèle de TPE et de PME. Les banques d'affaires conseillent également leurs clients sur le plan stratégique et les compagnies d'assurances pourraient elles aussi aborder le marché au travers de l'analyse de risque. Sur le secteur du conseil en ressources humaines, ce sont les cabinets de recrutement, ou les sociétés de travail temporaire qui cherchent à accroître leur domaine de compétences en se lançant sur ce créneau. Des sociétés d'intérim ont ainsi procédé ces dernières années à l'achat de cabinets de conseil de taille conséquente. Depuis peu est apparu "l'intérim management" (ou management de transition) qui consiste à fournir rapidement à une entreprise un dirigeant ou un chef de projet expérimenté pour une durée limitée et pour une mission définie. Même s'il ne s'agit pas de conseil à proprement parler, le recours à des responsables de projet par ce biais pourrait concurrencer -marginalement certes- cabinets ou consultants indépendants. Le CICF Management souligne également que la création de statuts permettant des charges –et donc des coûts- moins élevés, tel que le statut d’auto-entrepreneurs, suscite l’apparition d’une offre à des tarifs inférieurs à ceux des structures existantes. Il ne faut pas non plus oublier les

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structures de conseil interne existant au sein des grands groupes : constituées de salariés experts, elles bénéficient d'une parfaite connaissance des métiers de l'entreprise, et pourraient être consultées en priorité de préférence à des cabinets extérieurs, dans un souci d'économies. En effet, la crise pourrait pousser les sociétés à internaliser certains projets. Mais les cabinets espèrent que l'effectif limité de ces structures ne leur permettra pas de réellement rivaliser avec eux, et qu'ils resteront les experts compétents, sur les thématiques moins liées à l'activité de l'entreprise notamment. Enfin, d'ici quelques années pourrait apparaître une concurrence en provenance des pays émergents, qui pourrait accentuer encore le poids du critère "prix" en défaveur des cabinets français lorsque s'opèrera le choix des clients. Les SSII indiennes, notamment, cherchent à se développer : on pourrait, dans l'avenir, les voir à leur tour s'adosser à des cabinets de conseil français pour pénétrer sur le marché hexagonal. Elles pourraient se positionner sur le conseil en informatique bien sûr, mais aussi sur les problématiques liées à l'externalisation.

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5. Les nouveaux enjeux de la profession

5.1. Les stratégies d'adaptation à une demande en évolution

Aujourd'hui, la culture du conseil a été intégrée par les clients, du moins chez les entreprises d'une certaine taille, et la consommation de conseil a acquis une certaine maturité. Les grands comptes ont souvent embauché d'anciens consultants et ont ainsi intégré des compétences en matière de conseil qui obligent les cabinets à proposer plus de valeur ajoutée. Par voie de conséquence, les attentes sont plus fortes sur la qualité des travaux et sur leur coût.

La demande est aussi plus tournée vers des prestations opérationnelles d'accompagnement du changement, et non plus seulement vers du diagnostic et des préconisations. Si les grandes sociétés étaient déjà habituées à effectuer cette assistance à la mise en œuvre, notamment celles qui proposent à la fois du conseil et des prestations informatiques, il s'agit d'une nouvelle donne pour les petites sociétés qui doivent acquérir ce savoir-faire. Même si en France les sociétés clientes ne souhaitent pas toujours recourir au même cabinet pour l'ensemble des prestations de la conception à la mise en œuvre, cette tendance devrait s'accentuer dans les années à venir.

La demande s'internationalise également de plus en plus, ce qui favorise les grands cabinets dotés d'un réseau mondial. En effet, les grands comptes ont désormais des stratégies globalisées et refusent de payer deux fois le même service dans deux pays différents uniquement pour des raisons de traduction. Pour ne pas être exclus de ces marchés, les petits cabinets développent des alliances avec des cabinets étrangers, ce qui leur permet de faire appel rapidement à ce réseau lorsqu'une mission le nécessite. Mais la persistance de ces réseaux dans la durée n'est pas toujours évidente.

Du point de vue commercial, les cabinets doivent également faire face à une pression plus importante sur les coûts. A cet égard le fait que le choix des cabinets de conseil soit de plus en plus fréquemment, depuis le début des années 2000, confié aux Directions Achats des grandes entreprises a eu un effet très sensible sur les conditions d'exercice chez ces clients. En effet, les acheteurs ont une forte tendance à considérer en priorité le prix d'une offre et non sa qualité. Or c'est sur la qualité que les consultants font porter leur effort pour remporter les appels d'offres. On a même pu voir dans le passé des entreprises opter pour des enchères inversées comme mode de sélection des cabinets. De plus, les acheteurs ont tendance, dans l'optique de réduire le nombre de fournisseurs, à privilégier les grands cabinets multimétiers et internationaux, sans tenir compte de la diversité des entreprises et des investissements réalisés. Les petits cabinets se trouvent donc souvent exclus de fait -par le biais du critère de la dimension internationale notamment-, ce qui contribue à la concentration du marché.

Aujourd'hui les cabinets de conseil ont pris acte de ce que les acheteurs sont désormais leurs interlocuteurs et s'efforcent d'aborder ceux-ci de façon plus professionnelle : en faisant le nécessaire pour être référencés dans la liste des cabinets contactés lorsqu'un appel d'offres est lancé, en clarifiant leur positionnement, en sélectionnant de manière rigoureuse les appels d'offres et en se préparant aux négociations. Toute cette préparation "avant-vente" représente bien sûr des investissements non négligeables. Mais fréquemment, afin de parer la sélection stricte des services Achats lors d'un appel d'offres, les petites structures font le choix de ne pas répondre directement, mais d'intervenir comme sous-traitants d'un autre cabinet de conseil ou d'une société de services. Ainsi s'est développée entre les différents acteurs une complémentarité de services : les grands cabinets, dûment référencés par les services Achats des clients, remportent des appels d'offres et s'appuient sur des cabinets de petite taille pour leurs compétences spécifiques.

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En effet il est plus rentable de recourir à l'expertise d'un cabinet pour une partie d'une mission que de recruter un salarié qui génère des charges fixes sans que le cabinet ait forcément de mission à lui confier.

Face à cette pression sur les prix, si les grands acteurs du conseil peuvent jouer sur les volumes en s'efforçant d'industrialiser les process, les petits cabinets font plutôt le choix de la spécialisation sur une compétence (gestion prévisionnelle des emplois, diagnostic environnemental,…) ou sur un secteur (santé, assurances…). Mais pour mieux devenir incontournables, certains poussent la spécialisation à l'extrême en optant pour un positionnement de niche, qui leur permet de faire valoir une compétence rare (conseil en innovation territoriale, conseil en promotion sur le lieu de vente pour les eaux minérales, par exemple). Ce cas de figure est très répandu chez les petits cabinets. La spécialisation permet de proposer des tarifs relativement élevés, et facilite l'identification de l'entreprise.

Les clients ont aujourd'hui tendance à encadrer les interventions des cabinets de conseil dans des budgets déterminés par le biais de forfaits, afin d'empêcher les dépassements qui se produisaient lorsque seul le prix de la journée avait été négocié, mais pas l'enveloppe globale. Certains cabinets commencent à proposer une rémunération liée aux résultats, mais il s'agit bien souvent de secteurs spécifiques comme la réduction de coûts ou l'optimisation des ventes. En effet, les consultants ont une obligation de moyens et non de résultats et ils soulignent toute la difficulté que représente la mesure de la performance. Mais les cabinets de conseil doivent surtout démontrer la valeur ajoutée de leurs interventions, qui est la vraie réponse à la question du prix.

5.2. Les tensions sur les ressources humaines

Depuis quelques années se posent avec accuité les questions du recrutement et de la fidélisation des salariés. Le Syntec indique que "la croissance continue du marché entraîne nécessairement une concurrence entre les acteurs pour recruter les meilleurs profils11." Or, les jeunes diplômés ne connaissent pas forcément très bien les métiers du conseil, et hésitent à s'engager dans ces métiers très exigeants en termes de disponibilité et de rythme de travail. Il a donc fallu élargir le recrutement à des profils nouveaux : aux diplômés des grandes écoles et des écoles de commerce s'ajoutent désormais des jeunes issus de l'université, y compris avec des profils de type littéraires ou sciences humaines. Les recrutements s'ouvrent aussi aux cadres expérimentés de l'industrie. La cooptation est un des modes de recrutement privilégié. Les cabinets recourent aussi parfois à la sous-traitance ou aux compétences très spécialisées de consultants indépendants ou de petites structures par le biais de réseaux, ce qui permet l'apport de forces d'appoint sans l'engagement durable que représente un recrutement. Les petits cabinets de conseil sont particulièrement touchés par cette difficulté à recruter, en raison de leur impossibilité de s'aligner sur les salaires élevés des grands du secteur.

Mais c'est surtout la fidélisation des consultants expérimentés qui est devenue un enjeu majeur pour les cabinets de conseil : le turn-over est en effet très élevé dans la branche. Traditionnellement, après quelques années d'expérience, les consultants quittent le conseil pour partir travailler dans les secteurs clients. La banque et l'assurance, notamment, sont friandes de ces profils qui connaissent bien leur domaine, et elles peuvent proposer des salaires élevés, ainsi qu'un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Les profils les plus concernés sont les consultants de 30-35 ans, avec 4 à 8 ans d'expérience. Les profils un peu plus âgés tentent parfois l'aventure du conseil indépendant pour ne plus dépendre d'une hiérarchie.

11 Le marché du conseil en management, étude 2007-2008", Syntec conseil en management

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Les cabinets ont donc mis en place une gestion des ressources humaines adaptée à ces tensions sur l'emploi, favorisant l'évolution des carrières et la valorisation des compétences. Des rémunérations attractives sont un élément de la fidélisation, mais elles impactent le prix des prestations. Les cabinets s'efforcent donc surtout de proposer des missions intéressantes et variées, proposent des temps partiels ou la possibilité de travailler en partie à domicile. Ils investissent également dans la formation continue, indispensable pour suivre l'évolution des connaissances, les innovations et acquérir de nouvelles compétences. Ils veillent enfin au transfert de connaissances entre seniors et juniors, car le capital immatériel d'un cabinet repose sur le savoir-faire de ses consultants, pour lequel de gros investissements ont été faits. La crise financière et économique a toutefois d'ores et déjà ralenti les départs et de fait les tensions disparaissent. Le Syntec indique ainsi qu'en octobre puis novembre 2008 le turn-over de la profession, qui varie entre 10 et 20 % en temps normal, est tombé à zéro. De plus, le secteur bancaire ne pratique plus de surenchère sur les salaires comme auparavant, et il est probable que son image de marque soit quelque peu ternie auprès des jeunes diplômés. Toutefois les cabinets de conseil doivent veiller à ce que la diminution des recrutements de jeunes diplômés n'engendre pas à terme un manque de consultants "seniors", comme cela a pu être le cas à la suite des restrictions de recrutement opérées lors du retournement conjoncturel de 2001.

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6. Perspectives : quel sera l'impact de la crise ?

Le conseil en management est en évolution rapide et constante, aussi est-il difficile de tenter de faire des prévisions, a fortiori lorsque survient une crise aussi importante que la crise financière de 2008 et la récession économique qui s'ensuit. Avant même le début de cette crise, le Syntec prévoyait déjà pour 2008 un ralentissement de la croissance du secteur (9 % contre 13,7 % en 2007). Pour 2009, les perspectives sont incertaines face à l'ampleur de la crise, et devraient varier selon sa durée. Etant donné le poids du secteur banque-assurance, premier client des cabinets de conseil, la crise financière qui a ébranlé les banques va inévitablement impacter fortement le marché du conseil. D'autant plus qu'il s'agit pour les banques d'une crise structurelle profonde. Plus globalement, l'ensemble des entreprises vont au minimum décaler dans le temps leurs investissements, l'effet anxiogène de la crise provoquant un gel des décisions. De plus, ce sont jusqu'à présent les problématiques de croissance des entreprises (acquisitions, internationalisation …) qui jouaient un rôle moteur dans la consommation de conseil, or les entreprises vont désormais se montrer plus attentistes.

D'ores et déjà les délais de décision se sont rallongés. La pression sur les prix va s'accroître, les budgets seront réduits, et les missions demandées plus courtes. Déjà les projets qui faisaient auparavant l'objet d'un appel d'offres global sont désormais découpés en plusieurs phases. Les gros projets nécessitant d'importants investissements mettront plus de temps à voir le jour, en particulier dans le secteur banque-assurance. Et plus que jamais, les clients demanderont à leurs prestataires de démontrer des résultats quantifiables. En tout état de cause, le manque de visibilité des cabinets de conseil sur leur activité à court terme, qui est une caractéristique de ce secteur, sera encore accentué par la crise.

Les grands cabinets seront peut-être relativement protégés, dans un premier temps du moins, par leurs contrats pluriannuels, mais l'impact pourrait être fort sur les petites structures. En effet, comme l'indique le Syntec, celles-ci sont plus exposées à la conjoncture en cas de réduction de la demande, les cabinets de taille moyenne risquant de venir les concurrencer sur leur marché de petits projets. Toutefois, comme le souligne CICF Management, celles-ci disposent d’un atout majeur : leur capacité à proposer une approche très individualisée au client, même si cela suppose un travail de réflexion et un investissement en temps important.

Cependant, justement en raison de la nécessité d'un pilotage optimal en période de crise, les besoins pourraient rester forts dans le domaine de l'organisation, de l'optimisation des processus, du management des risques, et globalement du conseil en stratégie au sens large.

Reste que, même lorsque le besoin est réel, il ne se concrétisera pas forcément en demande de conseil faute de financement.

Les cabinets de conseil seront impactés différemment selon les secteurs d'activité dans lesquels ils sont présents. Lors de la crise de 2002-2003, les cabinets les plus diversifiés en compétences et en secteurs d'activité sont ceux qui ont le moins souffert ; les petites structures risquent de souffrir de ce qui est en temps normal leur point fort, à savoir leur spécialisation sur un secteur d'activité, si celui-ci est très fortement impacté par la crise, comme l'automobile par exemple. Cependant, certains secteurs très spécifiques, comme les cabinets spécialisés en réduction de coûts, pourraient peut-être tirer leur épingle du jeu grâce à la crise. En effet, en raison de la crise, les entreprises cherchent des solutions rapides pour générer des liquidités. Aussi imposent-elles des réductions de coûts à tous leurs postes de dépenses. Les cabinets réducteurs de coûts se trouvaient déjà sur un

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segment très dynamique avant la crise ; les plus optimistes d'entre eux anticipent une croissance annuelle à deux chiffres pour 2009. La concurrence devrait d'ailleurs s'accentuer sur ce créneau, en provenance des cabinets de conseil en organisation, ou des "big four". La crise pourrait également amener les cabinets de conseil en gestion des ressources humaines à renforcer leurs équipes en prévision des demandes des entreprises clientes sur des thématiques de restructurations ou de reclassement des salariés. Les spécialistes en mobilité professionnelle et bilan de compétences devraient notamment être sollicités.

A plus long terme, l'internationalisation des entreprises restera un moteur important de la demande de conseil, en provenance de l'Europe de l'Est, de la Chine et de l'Inde en particulier, la part des missions effectuées à l'étranger, aux environs de 10 % actuellement, devrait aller en s'accroissant, les grands cabinets n'étant plus les seuls concernés. En effet les cabinets spécialisés en particulier se heurtent vite aux limites du marché français et ne peuvent envisager de croissance que grâce aux marchés étrangers. Les cabinets de conseil devront pour cela effectuer la même mue que leurs clients vers l'international.

De plus, le vieillissement de la population et les départs en retraite massifs vont provoquer dans l'administration et les entreprises de services des problématiques nouvelles en termes de management et de gain de productivité, ce qui devrait soutenir la demande pour des missions de conseil et d'accompagnement. En outre, le processus de concentration qui a marqué le secteur bancaire français ces dernières années devrait se prolonger sur le plan européen, et ainsi ouvrir des opportunités aux cabinets de conseil français disposant d'un réseau international. Des problématiques plus transversales pourraient aussi émerger vraiment, telles que le développement durable qui va très certainement devenir un segment très porteur pour le conseil dans les années à venir, en ce qu'il va générer des évolutions de réglementations et supposer le réexamen de tous les processus des entreprises.

Enfin, avec le départ en retraite des chefs d'entreprise de la génération du baby-boom, se pose depuis quelques années la question de la transmission des cabinets, dont le fonctionnement et la réputation sont très souvent étroitement liés à la personnalité de leur fondateur. A cet égard un mouvement de concentration est possible pour les cabinets de taille moyenne, et, selon certains observateurs, à long terme, on pourrait retrouver seulement des "majors" aux côtés de très petites structures.

Mais la crise peut aussi être une opportunité, du moins pour les cabinets qui ont pu, lors des années de croissance du secteur, se constituer une trésorerie confortable : ceux-là entendent mettre à profit le ralentissement de l'activité pour effectuer un travail de fond de renforcement des compétences des consultants par le biais d'un fort investissement dans la formation continue ; en effet le conseil en management repose avant tout sur les compétences de ses intervenants, qui doivent sans cesse être à la pointe de l'innovation. Il s'agira donc de travailler sur la recherche-développement, de veiller à maintenir la motivation des équipes et de réfléchir à une nouvelle offre adaptée à la conjoncture. Même s'ils s'attendent dans leur grande majorité à une contraction de l'activité, qu'ils avaient d'ailleurs pour la plupart anticipée dès 2007, les cabinets de conseil l'envisagent comme un repli seulement provisoire, convaincus que de forts besoins existent qui relanceront inéluctablement tôt ou tard le marché du conseil.

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ANNEXES

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POUR EN SAVOIR PLUS : Fédérations Professionnelles : Syntec Conseil en management 3 rue Léon Bonnat 75016 Paris http://www.syntec-management.com Chambre de l'Ingénierie et du Conseil de France (CICF) 4 avenue du Recteur Poincaré 75782 Paris cedex 16 http://www.cicf.fr Chambre Professionnelle du Conseil Ile-de-France 196 boulevard Bineau 92200 Neuilly-sur-Seine http://www.cpc-idf.com Fédération Nationale des Chambres Professionnelles de Conseil (FNCPC) 18 avenue des Champs Elysées 75008 Paris Eléments de bibliographie : Etudes :

• "Le marché du conseil en management, étude 2007-2008", Syntec conseil en management

• "Les cabinets de conseil en management", Précepta-Xerfi, juillet 2007

• "Pour une vision prospective à cinq ans des métiers de la branche SYNTEC-CICF,

SYNTEC-CICF, mars 2006 Revues professionnelles :

• "La lettre du conseil", Publi-News, 47 rue Aristide Briand 92300 Levallois-Perret

• La CCIP publie une newsletter gratuite "La newsletter du conseil" http://www.forumduconseil.ccip.fr/index.asp?idmetapage=250

Page 37: Cahier Conseil 200903

- 35 – Le conseil en management francilien, un secteur dynamique et en constante évolution

Personnes rencontrées

• Mme Céline BARBE, chargée d'études économiques, Groupement des Syndicats Syntec des Etudes et du Conseil

• M. Arezki GUIDDIR, administrateur, CICF Management

• M. Michel NOIRY, administrateur, Syntec Conseil en management

• Mme Françoise POIROT-ACHARD, chef de projet Conseil, CCIP Hauts-de-Seine

• M. Jean-Claude TREMINTIN, Président, CICF Management

Le CROCIS les remercie pour leur aimable accueil. Le CROCIS remercie le SYNTEC pour l'autorisation d'utiliser des chiffres et graphiques issus de son étude 2008.