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Guide et outils pour améliorer l’attraction et la rétention des personnes vulnérables à l’insécurité alimentaire dans les jardins collectifs Cultiver la Solidarité

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Guide et outils pour améliorer l’attraction et la rétention des personnes vulnérables

à l’insécurité alimentaire dans les jardins collectifs

Cultiverla Solidarité

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Développement et rédaction : Marie-Michèle Gagnon

Une initiative du : Regroupement des jardins collectifs de Québec (RJCQ)

Relecture : Camille Lambert-Deubelbeiss, Sophie Simard-Tremblay, Robert Bélanger, Raynald Gagnon et Martine Rodrigue

Comité de suivi : Organismes membres du Regroupement des jardins collectifs de Québec (RJCQ)

Révision linguistique et traduction : Camille Lambert-Deubelbeiss

Photographies : Marie-Michèle Gagnon, Roxanne Dupont, Julie Lahaye, Nicole Nadeau, Martine Hébert, Stéphanie Talbot

Graphisme : Mayli-Anne Hébert et Etienne Lejeune

Avec l’appui financier du Comité régional intersectoriel en sécurité alimentaire (CRISA)

Merci spécial à Claudie Desmeules de Moisson Québec

© Craque-Bitume (2020)

www.craquebitume.org

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Le regroupement des jardins collectifs de Québec (RJCQ)Le Regroupement des jardins collectifs de Québec comprend de nombreux organismes actifs en agriculture urbaine. Le RJCQ organise des rencontres entre les jardins collectifs de la région de Québec. Ces moments sont des opportunités de transmission de connaissances, de création de lien et de germination de projets. Le Regroupement des jardins collectifs de Québec soutient les initiatives des jardins collectifs et agit comme courroie de trans-mission entre les acteurs.

Le Comité Régional Intersectoriel en Sécurité Alimentaire (CRISA)Le Crisa soutient plusieurs projets de la région de Québec. Selon le Cadre de référence en matière de sécurité alimentaire du MSSS, les éléments du développement des communautés sont au cœur des bonnes pratiques pour une plus grande sécurité alimentaire :

• La participation citoyenne ;

• L’empowerment ;

• La concertation et le partenariat ;

• La réduction des inégalités ;

• L’harmonisation et la promotion de politiques publiques favorables à la santé.

L’atteinte de la sécurité alimentaire ne peut donc se faire sans avoir une vision de développement durable des collectivités. Elle repose sur un système agroalimentaire viable du point de vue de l’environnement, économiquement efficace et socialement équi-table. L’accès physique et économique à une alimentation adé-quate découle de choix politiques en matière de santé et d’une volonté nationale de réduction des inégalités sociales. C’est dans ce contexte général que des interventions visant les populations

iiiiiiIntroduction

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plus vulnérables sont mises de l’avant. Les actions sont multiples et impliquent une diversité d’acteurs. C’est avec cette vision que le RJCQ a développé le projet Cultiver la Solidarité.

Cultiver la SolidaritéCultiver la Solidarité à été pensé dans le but de s’outiller en terme d’accueil et de rétention des personnes vulnérables à l’in-sécurité alimentaire. Les organismes ont réalisé que la plupart possédaient ou pouvaient trouver des informations techniques horticoles dans le guide Cultiver son milieu de vie1. Or, c’est plutôt au niveau de l’accès, de l’accueil et de la rétention que les intervenants avaient besoin d’être davantage outillés. Ce besoin s’ajoute au constat suivant : la plupart des participants perçoivent le jardinage comme un loisir et peu y participent pour des raisons de sécurité alimentaire. Le souhait a alors été nommé : améliorer l’accès, l’accueil et la rétention des personnes sujettes à l’insécurité alimentaire dans les jardins.

Préface de la chargée de projetAu cours de mes recherches, je suis souvent tombée sur des commentaires dans la veine de : « Ce n’est pas avec un panier de jardin que je vais nourrir ma famille », « Avec le temps d’implication demandé, il est plus avantageux d’aller acheter ma nourriture à l’épicerie », « Le jardinage n’a pas d’effet réel sur la sécurité alimentaire ».

À ces commentaires, je dois répondre que la sécurité alimentaire ne se limite pas à avoir faim ou pas. Il faut également considérer d’autres éléments, comme la qualité des aliments et la capacité d’approvisionnement. Un jardin permet de fournir des aliments sains, frais, locaux et souvent bio logiques en plus de favoriser l’empowerment des individus et collectif. En ce sens, les jardins contribuent tout à fait à contrer l’insécurité alimentaire :

iv Introduction

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En matière de sécurité alimentaire, il s’agit d’abord d’un choix de société. En effet, nous savons aujourd’hui que la pauvreté n’est pas le fruit de la fatalité, mais plutôt le résultat de nos choix politiques et sociaux et des mécanismes qui sous-tendent notre organisation économique et sociale (Centraide, 2000).

MéthodologiePlusieurs méthodes de recherche ont été utilisées afin de recueillir et sélectionner les informations présentes dans ce guide. L’approche « par et pour » étant nécessaire au bon déroulement du projet, les groupes de personnes cibles sont donc au cœur des recherches.

Des données de première main générées directement par le projet :

• Sondage à la population générale en 2018 (85 personnes) ;

• Rencontres d’animation de groupes ciblés en 2018-2019 (800 personnes) ;

• Rencontres d’animation et promotion à la population générale (1 500 personnes) ;

• Livre des humains - experts de vécu (10 personnes) ;

• Focus-groupe - experts de vécu (4 personnes) ;

• Sondage auprès des jardins collectifs du Québec (16 réponses) ;

• Sondage d’évaluation des étés 2018-2019 (140 personnes).

Des données sociodémographiques issues de documents popula-tionnels, dont :

• Analyse sociale territoriale (2016-2017) par Centraide ;

• Indice de défavorisation des quartiers visés par le projet en 2018 produit par le CIUSSS.

1 Bissardon, P. et Varin, H. (2016). Cultiver son milieu de vie. Québec, Craque-Bitume. [En ligne : https://bit.ly/2SjUgT2]

vIntroduction

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Des informations transmises par des partenaires par diffé-rents moyens :

• Quartier Nourricier du Carrefour Centre-Sud ;

• Divers formateurs (immigration, TSA, personnes aînées, santé mentale, toxicomanie, communication simplifiée, bienveillance) ;

• Camp de formation du RÉPAC 03-12 en 2018 ;

• Colloque sur la santé des hommes en 2019 ;

• École d’automne à impact social - La FabriQC 2019 ;

• Impulsion 2019 - 100 degrés.

Puisque le format de ce guide ne permet pas de conserver toutes les informations recueillies, veuillez consulter la section Cultiver la Solidarité du www.craquebitume.org pour d’autres documents.

vi Introduction

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Merci ...… aux organismes qui m’ont accueillie pour les différentes activités de recherche, d’animations, sondages, promotion, partage de connaissances, etc :Pour l’enfance j’y vais, j’avance ; La joujouthèque Basse-Ville ; La Maison de la famille St-Roch ; Entraide Agapè ; CDC Beauport ; Centre RIRE 2000 ; Évasion St-Pie X ; Loisirs St-Rodrigue ; Odyssée Bleue ; Table en sécurité alimentaire de Beauport ; Maison Dauphine ; ReFaVie ; St-Sauveur en fleurs ; Initiative 1,2,3, Go, Limoilou ! ; Matinées Frimousse ; PECH ; Patro Charlesbourg ; Carrefour des familles monoparentales ; La Quête ; L’Accorderie ; Les bibliothèques de Québec ; Maison Oxygène ; Centre Multieth-nique ; Comité en sécurité alimentaire de Charlesbourg ; Intégration TSA ; AQDR Lévis-Rive-Sud ; Le Rucher ; Cuisine Collective Beauport ; La marée des mots ; Concertation St-Sauveur ; La bienveillante ; Les aventuriers de Limoilou ; Le complice ; Distribution alimentaire St-Charles ; L’Engrenage Saint-Roch.

… aux jardins qui ont participé aux expérimentations : Les Ateliers à la Terre ; Craque-Bitume ; La Gourgane Souriante ; La Tomate Joyeuse ; Légumes en RAFAL ; le Joyeux Potager et la Rosée (Ruche Vanier) ; Holy-Trinity ; La Fardocherie.

… à Raphaëlle Laverdière, Stagiaire en anthropologie de septembre à décembre 2018 pour son aide à la recherche ;

… aux organisateurs communautaires et aux partenaires du milieu qui facilitent les recherches et les contacts ;

… à toutEs les CitoyenNes qui ont jardiné, répondu aux différents questionnaires et collaboré aux réflexions, focus groupes, experts de vécu, etc. ;

… au RJCQ d’avoir mis en lumière le besoin et créé le projet ainsi qu’au CRISA d’avoir financé ce dernier.

viiIntroduction

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Table des matièresIntroduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

Partie 1 La promotion et le recrutement. . . . . . . . . . . . . . . 15

Partie 2 Réduire les barrières d’accès . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Les limitations physiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Les limitations géographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Les exigences de participation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

La crainte du partage inéquitable et des vols . . . . . . . . . . . . 32

Le coût lié à l’inscription . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Le manque de variété et de quantités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Les insectes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

La conciliation pour les familles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

Partie 3 L’accueil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

Partie 4 L’intervention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

Partie 5 Des pistes ciblées pour des groupes précis 48

Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

Les personnes aînées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

Les personnes seules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

Les hommes seuls . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

La toxicomanie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

L’immigration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Les étudiants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

viii Table des matières

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Partie 6 La rétention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

Partie 7 L’animation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

Des outils pour l’animation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

Partie 8 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

Légende des pictogrammes

Astuces et aide-mémoire

Levier Témoignage

ixTable des matières

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10 Introduction

IntroductionQuelques notions préalablesSécurité alimentaire2

Chacun peut se procurer, en tout temps, une quantité suffi-sante d’aliments sains et nutri-tifs pour mener une vie saine et active et assurer à ses enfants une croissance et un déve-loppement adéquats ; l’accès physique et économique à des aliments à un coût raisonnable est garanti ; l’accès à une information simple, fiable et objective qui permet de faire des choix alimen-taires éclairés est assuré ; les aliments sont obtenus par des moyens socialement acceptables et respectueux de la dignité humaine ; les aliments sont produits, distribués et consommés d’une manière qui s’inscrit dans un système agroalimentaire durable ; la production, la distribution et la consommation des aliments reposent sur des valeurs sociales qui sont justes et équitables.

Autonomie alimentaire3

C’est l’accès en tout temps et à long terme à une quantité quo-tidienne suffisante de nourriture, à un coût raisonnable ; c’est le pouvoir de choisir, en toute dignité et en ayant accès à une information claire et fiable, une alimentation saine, variée et salubre ; elle s’acquiert par l’action collective et solidaire de se prendre en charge individuellement et collectivement, pour le mieux-être d’une communauté, dans un esprit de développement durable ; elle favorise le respect de l’environnement, le commerce

2 Définition la plus couramment utilisée au Québec3 Définition du Regroupement des cuisines collectives du Québec

À noter

De manière générale, la sécurité alimentaire ne réfère pas uniquement à la salubrité des aliments, pourtant, cette idée est répandue et persistante.

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11Introduction

équitable, la consommation responsable et vise un équilibre durable entre la satisfaction des besoins présents et ceux des générations futures.

Approche territoriale Si l’on se fie aux définitions de la sécurité alimentaire et de l’auto-nomie alimentaire vues précédemment, il apparaît clair que les jardins collectifs à eux seuls ne peuvent répondre aux différents besoins de la population. Ils sont néanmoins une roue importante de l’engrenage. Les organismes porteurs de projets en agriculture urbaine sont invités à travailler en partenariat avec les autres acteurs du milieu afin d’assurer une cohérence des actions, d’établir une vision commune permettant de cibler des projets répondant aux priorités et besoins de notre communauté et de favoriser la mise en place de projets novateurs qui permettent de lutter efficacement contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Aide traditionnelle et aide alternativeAu moment de vous allier avec les autres acteurs en sécurité alimentaire, vous serez peut-être confrontés aux grandes diffé-rences entre les méthodes traditionnelles et alternatives. Dans le premier cas, il s’agit d’intervention de première ligne avec une offre qui répond principalement à un besoin urgent : celui de nourrir des personnes en situation de grande précarité. Même si certains considèrent ce type d’aide comme de la charité entraînant les personnes les plus démunies dans un cycle de dépendance, il faut voir le don de nourriture et de bons d’achat comme un service nécessaire et complémentaire aux services de développement des compétences et capacités. C’est d’ailleurs à cette deuxième catégorie que les jardins collectifs et les cui-sines collectives, appartiennent. Il s’agit de l’aide alternative. Ces services rejoignent également des personnes en situation de précarité, mais en favorisant une plus grande emprise sur leur propre autonomie alimentaire.

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12 Introduction

L’empowerment

L’empowerment a comme fondement que toutes les personnes, tant individuellement que collectivement, possèdent (ou peuvent développer) les capacités d’effectuer les transformations nécessaires pour s’assurer l’accès à des ressources :

La multiplication de services dits alternatifs n’amènera pas en elle-même la sécurité alimentaire : c’est l’insertion de ces pra-tiques dans une approche qui vise le développement social qui permet d’optimiser les retombées des pratiques alternatives (regroupement des organismes communautaires-03, 2001).

L’empowerment individuel correspond au processus d’appro-priation d’un pouvoir, à la capacité de transformer un choix et une décision et d’agir en conséquence, par une personne.

L’empowerment communautaire réfère à la prise en charge du milieu par et pour l’ensemble des acteurs du milieu.

L’empowerment organisationnel est celui d’un groupe qui se situe à l’intersection entre individus et communauté.

Conditions nécessaires à l’empowerment dans un groupe : • Un lieu où l’on se préoccupe autant des processus

que des résultats ;

• Un lieu où les membres du groupe partagent un système de valeurs articulé à l’intérieur d’une vision commune.

L’universalisme proportionné Cette théorie, à la base développée pour la petite enfance, décrit une manière de voir la mixité de statuts socio-économique (SSE). Cette vision met de l’avant l’importance « des programmes, des services et des politiques qui sont universels, mais selon une échelle et une intensité proportionnelles au degré de défavorisation ».

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13Introduction

Traditionnellement, les cadres conceptuels en matière de dévelop-pement mettent en opposition des solutions universelles (celles qui sont disponibles pour tous indépendamment de leur SSE) contre des solutions ciblées (celles qui visent le plus bas niveau du SSE, c’est-à-dire les populations particulièrement « à risque », et des zones géographiques spécifiques à faible revenu).

Une évaluation de chaque approche suggère que ni l’une ni l’autre ne pourra, à elle seule, aplanir substantiellement le gradient social.

On propose une approche universelle tout en intégrant quelques éléments d’une approche ciblée afin de rejoindre les popu-lations vulnérables. Une approche univer-selle est susceptible d’améliorer le sort des personnes de toutes les catégories de SSE. Cela dit, en pratique, les individus ayant un SSE plus élevé ont tendance à en bénéficier plus largement que ceux des catégories inférieures. Cela s’explique par le fait que les familles ayant un SSE plus faible ren-contrent plus souvent des difficultés d’accès aux services. Ces obstacles peuvent être physiques, culturels, ou sociaux.

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14 Introduction

La clé pour réduire la vulnérabilité est une plateforme universelle d’aide et de services disponibles pour tous les individus. Cette plateforme doit être accompagnée de services ciblés additionnels pour les individus très vulnérables et ceux de faible SSE ou de zones géographiques défavorisées. La clé réside aussi dans l’élimination des obstacles à l’accès, autant que possible. De plus un environnement mixte permet aux individus d’apprendre par façonnage, c’est-à-dire que les individus s’inspirent les uns des autres positivement.

L’utilisation d’une approche universelle sans préoccupation pour les obstacles qui empêchent l’accès, c’est-à-dire une approche qui fournit un même service à tous, peut en fait créer de plus grands écarts entre le sort des personnes de différentes catégories de SSE.

Les services ciblés visant les personnes les plus vulnérables offrent la possibilité de rejoindre les personnes qui en ont le plus besoin, mais une telle approche comporte également des défis de taille. Premièrement, les solutions ciblées peuvent rejoindre les personnes les plus vulnérables de faible SSE de façon plus intensive, et donc possiblement améliorer le sort de ces indi-vidus. Toutefois, puisqu’il y a un grand nombre de personnes vulnérables dans la classe moyenne, ces derniers ne sont donc pas touchés.

Deuxièmement, les services ciblés n’éliminent pas les obs-tacles qui réduisent l’acces-sibilité. Par conséquent, des obstacles, comme la stigma-tisation associée à certains services, continuent d’affecter les participants. À eux seuls, les services ciblés ne per-mettent pas dans l’ensemble de réduire le gradient social et n’améliorent pas le sort des individus de toute la popula-tion. La majorité des individus n’en bénéficient pas.

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OBJECTIF : Réduire les inégalités sociales de santé

Lorsque vous ciblez un groupe de personnes, demandez-vous la raison pour laquelle vous souhaitez le rejoindre. Votre souhait d’inclusion doit être réel et refléter votre désir de contribuer au filet social, de changer le visage de la sécurité alimentaire dans votre milieu, d’accroître la mixité sociale, d’améliorer les environnements favorables aux saines habitudes de vie, etc. Soyez sincères dans votre démarche !

Jardins différents - stratégies de communication différentesTout d’abord, avant de faire la promotion d’un jardin ou d’une activité, il est important de bien définir celui-ci. Même si un jardin peut avoir des répercussions positives variées, il est pertinent se demander : quelle est la vocation principale de son jardin ? Est-elle pédagogique, nourricière, sociale ? En répondant à cette question, il sera plus facile de cibler les personnes que vous souhaitez rejoindre.

Ajuster son messageUne fois la vocation de votre jardin déterminée et le public ciblé, il est judicieux de la décrire avec des mots simples. Que ce soit pour des personnes ayant un faible niveau de lec-ture, des personnes allophones ou à la population générale, la communication simplifiée sera votre alliée. Vous trouverez une liste de vérifications un peu plus loin.

Partie1 La promotion et le recrutement

15La promotion et le recrutement

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Intégration versus inclusionLe concept d’intégration sous-entend qu’un groupe de personnes est dominant et que les personnes avec des défis peuvent se joindre à eux. Dans l’inclusion, il n’existe pas de groupe de personnes avec ou sans défis, toutes les personnes présentent des besoins communs et individuels. L’égalité et la différence trouvent leur place, la diversité est la norme.

Nourrir le corps, l’esprit et le cœurIl importe aussi d’adapter son discours et ses arguments à la personne devant soi et de partir de ses intérêts premiers pour les relier à l’activité la plus appropriée.

Pour un jardin dont la fonction est :• Nourricière : Évitez de parler d’agri-

culture urbaine. Favorisez les mots tels que « aliments », « légumes », « fruits », « recettes », « cuisine », « manger », etc.

• Pédagogique : Favorisez les termes « apprendre », « formation », « anima-tion », « activités », « ateliers », etc.

• De socialisation : Utilisez « groupe », « ensemble », « partage », « rencontres », « contact », « voisins », « rendez-vous », « gens », « entraide », etc.

• De loisirs : Pensez « relaxation », « repos », « tranquillité », « bien-être », « détente », « zen », « soleil », « dehors », etc.

Vous pouvez aussi miser sur le sen-timent de pouvoir prendre part à

16 Partie 1

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l’écosystème ! Dans ce cas, utilisez les mots : « vie de quartier », « environnement », « prendre soin de la ville », etc.

Tentez de présenter le tout avec des outils visuels et simples, comme des pictogrammes (graphique 1).

Collectif ou communautaire ?S’assurer que l’on comprend la base du messageLa différence entre jardins communautaires et les jardins collectifs (ou partagés) n’est pas suffisamment connue du public. N’assu-mez jamais que la personne à qui vous vous adressez connaît la nuance, même si celle-ci gravite dans un domaine connexe. N’hésitez pas à mettre la définition de l’avant dans toutes vos communications, ainsi qu’en ligne. Durant les activités de promo-tion de Cultiver la Solidarité en 2018-2019, certains éléments propres aux jardins communautaires ont été nommés comme des freins à la participation, alors que ceux-ci ne s’appliquent pas ou peu aux jardins collectifs (les listes d’attentes, les coûts d’inscrip-tions et le manque de connaissances en jardinage, etc.).

17La promotion et le recrutement

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Pour décrire les deux types de jardin, le tableau disponible dans le guide Cultiver son milieu de vie, est assez efficace (graphique 3).

Attention, le Graphique 3 est bien fait, mais soyez conscient que certains mots peuvent bloquer des lecteurs de faible niveau ou des personnes allophones. Soyez-en conscient et remplacez-les au besoin. Vous pouvez également utiliser une représentation visuelle simplifiée (graphique 2).

Graphique 1 Exemples de pictogrammes à utiliser dans vos communications

Graphique 2 Exemple de manières de présenter la différence entre jardins communautaires et jardins collectifs

18 Partie 1

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Graphique 3 Avantages et inconvénients des jardins collectifs et communautaires

19La promotion et le recrutement

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Connaître son quartierIl est essentiel de bien connaître le milieu dans lequel s’inscrit le jardin. Tel que nommé précédemment, dans l’approche territoriale, il est suggéré de s’associer aux acteurs étant aussi présents sur le territoire. Restez à l’affût des mouvances de population. À ce sujet, les portraits démographiques créés à partir des recense-ments fédéraux et analysés par les agents du CIUSSS sont des outils précieux.

Posez-vous des questions telles que :Quel est le nombre de familles monoparentales ? Y a-t-il des nouvelles populations immigrantes ? Si oui, d’où viennent-elles ? Quel est le taux d’emploi ? Y a-t-il beaucoup de maisons de chambres ? De combien de personnes sont composés les ménages ? Est-ce que les personnes habitent des maisons, des appartements, des condos ? Ont-ils l‘espace pour jardiner ou pour composter à la maison ?

Comparez les statistiques populationnelles de vos secteurs et celles des personnes qui participent aux jardins. Y a-t-il une grande disparité ? Qui pourrais-je mieux rejoindre et accueillir afin de mieux participer au filet social et la vie communautaire du milieu ?

Questionnez les gens du quartier et adaptez votre accompagne-ment afin de mieux répondre aux besoins exprimés. À ce sujet, les Conseils de quartiers pourraient vous aider.

Les réponses à ces questions vous dirigeront vers des alliés précieux.

Connaître ses alliésFaites l’inventaire des ressources en alimentation dans votre milieu. Quels sont les commerces, les épiceries, dépanneurs, les banques alimentaires, les cuisines collectives, les groupes

20 Partie 1

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d’achats, etc. ? Parmi ceux-ci, lesquels pourraient être vos colla-borateurs ? Comment vos services sont-ils complémentaires ? Misez sur ces éléments pour travailler ensemble dans la promo-tion du jardinage collectif comme outil pour améliorer la sécurité alimentaire des personnes du milieu.

Quels sont les autres organismes présents sur le territoire ? Faites une liste et contactez-les pour comprendre leur champ d’action et favoriser la complémentarité et la continuité des services dans le milieu.

Discuter avec les autres groupes présents pourra vous aider à mieux comprendre la réalité des populations marginalisées, des groupes de personnes que vous aurez ciblées pour votre projet et celles que vous n’arrivez pas à rejoindre.

Les canaux de communicationDe plus en plus d’organismes se tournent vers les médias sociaux pour leur communica-tions. Bien que ceux-ci soient bien utiles, il est impératif de varier les méthodes de promo-tion sans quoi on risquerait de laisser de côté plusieurs groupes de personnes.

Une trousse pour des agents multiplicateurs a été créée pour les organismes et acteurs de la Ville de Québec dans le cadre du projet Cultiver la Soli-darité, dans l’espoir d’accroître le réflexe de référencement vers les jardins.

Des sondages ont été effectués auprès des participants des jardins de Québec en 2018 et 2019.

Des répondants, 56 % affirment avoir entendu parler du jardin pour la première fois par une personne de leur entourage ou par un organisme qu’ils fréquentent. L’apport du référencement et du rapport humain est donc très important.

21La promotion et le recrutement

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Témoignage

Il y a beaucoup de gens vivant dans la précarité dans le quartier de Sophie. Son impression, c’est qu’il y a peu de services pour eux et que ceux qui existent sont difficiles à dénicher. Pour elle, les sites Internet des services sont peu conviviaux, souvent imprécis et ne remplacent pas l’accueil humain d’un organisme.

Une autre méthode de promotion non négligeable est la publica-tion dans la Programmation des loisirs de la Ville de Québec. Cette méthode a d’ailleurs attiré un peu plus de 11 % des participants des jardins de Québec en 2018 et 2019, selon notre sondage. Par ailleurs, 6 % des répondants avaient entendu parler des jardins par les médias traditionnels (journaux et radio) et 5 % grâce aux réseaux sociaux. On voit donc que les médias sociaux ne sont pas la méthode de diffusion la plus efficace pour rejoindre nos populations cibles.

Rendre le plus d’information accessibleIl a été démontré que pour les personnes sujettes à l’anxiété, ainsi que pour les hommes seuls, le fait de pouvoir s’informer sur le fonctionnement, les règlements, les tâches et les résultats d’une activité avant d’y prendre part est essentiel. C’est pourquoi les informations relatives à votre jardin devraient se trouver en ligne en tout temps. De plus, des versions papier devraient aussi se trouver dans des lieux publics (présentoirs de bibliothèques, de centre communautaires, etc.).

Rappelez-vous : disponibilité n’équivaut pas accessibilité !

22 Partie 1

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Communication simplifiéeVoici une liste de vérification suggérée par la Marée des mots et Alphabeille afin de mieux communiquer avec des personnes ayant un faible niveau de littératie. Cela n’est pas anodin lors-qu’on sait que 53 % de la population adulte (16-65 ans) n’ont pas un niveau de lecture suffisant pour lire et interpréter des textes complexes.

« Épicénisation »Plusieurs organismes communautaires utilisent la féminisation dans leurs textes, par exemple, « participantEs » ou « partici-pant.e.s ». L’utilisation de majuscule ou de points dans un mot rendent la lecture plus difficile pour les personnes nommées ci-haut. Cela explique l’écriture non-féminisée de ce guide. On utilise le plus souvent possible des mots qui réfèrent autant aux femmes qu’aux hommes, l’épicénisation.

23La promotion et le recrutement

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À PRIVILÉGIER NON-RECOMMANDÉ

Mise en page1. Police Arial ou Verdana2. Taille de police 12 points3. Simple interligne4. Toujours positionner les élé-

ments aux mêmes endroits5. Aligner le texte à gauche6. Contraste de 70 % entre

les caractères et le fond d’impression

7. Espacement après le titre plus petit qu’avant le titre

Impression8. Papier mat9. Documents manipulables

d’une seule mainIllustrations10. Illustration nettes,

précises et en couleur11. Toujours avoir un bas

de vignette

1. Utiliser le gras2. Faire des colonnes3. Scinder les mots en bout

de ligne4. Écrire sur un dessin

ou une image5. Utiliser trop de couleurs6. Utiliser l’italique7. Utiliser le soulignement8. Justifier le texte9. Utiliser la négation10. Utiliser des mots abstraits

ou brefs du langage quotidien11. Employer des abréviations12. Encombrer la page

avec trop d’information13. Utiliser des sigles

ou des acronymes14. Infantiliser15. Emprunter des mots

d’autres langues

24 Partie 1

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À PRIVILÉGIER NON-RECOMMANDÉ

Compréhension

16. Style de rédaction simple

17. Paragraphes courts et phrases courtes

18. Vocabulaire concret

19. Langage positif

20. Majuscules uniquement en début de phrase

21. Écrire les nombres et les chiffres avec les symboles numériques

22. Une idée, une phrase

23. Verbes à la voix active

24. Temps de verbe simples

25. Écrire la date au long (en mots)

26. Traduire en mots les sigles et acronymes

27. Inclure les explications dans le texte, et non entre tirets et entre parenthèses

14. Identifier un service par une marque de commerce

15. Utiliser des figures de style

25La promotion et le recrutement

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Les étapes d’une promotion efficace dans un contexte d’universalisme proportionnéAller vers les gensOù : Les lieux à privilégier sont les organismes qui offrent des services de première ligne en alimentation (banques alimen-taires, repas communautaires, etc.), mais aussi les organismes susceptibles de rejoindre des personnes en situation de préca-rité (éducation populaire, logement, itinérance, santé mentale, consommation, etc.). Par exemple, en 2019, 40 inscriptions dans les jardins collectifs ont été recueillies lors de ces rencontres de promotion.

Pourquoi se déplacer en personne :• Pour rencontrer spécifiquement des personnes résidant

dans le milieu et qui vivent de l’insécurité alimentaire ou sont à risque de l’être ;

• Pour bénéficier du lien de confiance déjà existant entre les membres des organismes et les personnes intervenantes.

Comment ?Il est suggéré d’avoir en main du matériel d’information clair, avec un horaire déjà établi et des procédures d’inscription simples, en format papier, afin que les personnes aient en main toutes les informations pour prendre une décision éclairée et participer à une activité.

Témoignage

La scolarité de Michel s’est terminée tôt. Pour lui, qui a terminé sa quatrième année du primaire, les livres et les études n’ont jamais été attirants. Michel est visuel et manuel. Ses apprentissages se concrétisent dans l’application concrète.

26 Partie 1

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Privilégier des méthodes plus conventionnellesNe sous-estimez pas l’importance des feuillets, des dépliants et des affiches. Les réseaux sociaux, l’électronique ou les courriels ne doivent pas être les principaux modes de communication, bien au contraire. Si une information circule en ligne, elle doit également être transmise de bouche-à-oreille, sur les différents lieux d’acti-vités, par téléphone, sur des encarts, etc.

Attirer les gens sur place Les visites et les séances ouvertes sont de bons moments pour les gens de tester l’activité sans s’engager officiellement. Il est d’ailleurs rassurant de pouvoir visiter les lieux, de se familiariser avec le chemin, d’observer les méthodes et la dynamique de groupe avant de s’investir. Organiser une fête des semences ou des récoltes, tenir une formation ouverte au public et lancer des invitations aux groupes précis permettra de faire connaître le jardin au plus grand nombre.

Constance - Une présence ne suffit pasSi on prend l’exemple des séances de recrutement organisées à la banque alimentaire, pour rejoindre une plus grande diversité de personnes, il faut y aller à différents moments durant la semaine et durant le mois. Les gens ont des habitudes, par exemple, de venir tous les mercredis matins. La fréquence de leur venue peut varier selon les besoins et les contraintes personnelles des personnes participantes.

La fréquence des séances de mobilisation est aussi un facteur à considérer. Par exemple, pour Notre Quartier Nourricier du Carrefour Centre-Sud, à la banque alimentaire, c’est après deux années à entendre parler des projets Récoltes solidaires que certaines personnes se sont inscrites. Il n’y a rien de très novateur ici. Pour convaincre, il faut être présents régulièrement.

27La promotion et le recrutement

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Accompagnement à l’inscriptionIl importe de rendre l’inscription aux activités simple et accessible. Si on organise une séance d’information, par exemple, il faut pouvoir inscrire les personnes immédiatement à une activité qui a lieu dans un délai de temps rapproché. Il s’agit de miser sur leur curiosité et de leur proposer s’engager, de vive voix, à être présent au prochain atelier, à la prochaine cuisine, etc.

Astuces : Pour favoriser la participation à des moments clés comme des séances d’information, offrez un repas ou du gardiennage. Pour rejoindre plus de personnes, il est suggéré d’organiser ces activités vers la fin du mois plutôt que d’organiser celles-ci durant la première semaine du mois.

Dirigez vers le bon endroitConnaissez bien vos activités, mais aussi celles des autres. Il ne s’agit pas d’une compétition. Prenez l’habitude de référer la personne vers l’endroit qui conviendra le mieux à ses besoins et ses capacités.

À titre d’exemple, si une personne habite au Centre-Ville et ne peut pas se déplacer en voiture, ni en autobus, trouvez simplement le jardin le plus près d’elle. Si une personne doit pouvoir venir avec ses enfants, pensez à lui présenter un jardin spacieux ou adapté. Quand quelqu’un a un temps libre restreint, dirigez-les vers le jardin qui demande le moins d’implication dans les environs. Et ce, même si celui-ci n’est pas porté par votre organisme. Invitez vos organismes partenaires à faire de même pour vous !

Choisir le bon jardin renforce les chances de rétention !

28 Partie 1

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Dans le cadre du projet Cultiver la Solidarité, les jardins ont souhaité identifier les freins à la participation et des manières pour les réduire. Les éléments suivants sont ceux les plus fréquemment nommés parmi les 1 500 personnes interrogées.

Les limitations physiquesAu cours des saisons 2018-2019, parmi les participants, seulement 4 % présentent des limitations physique. Pourtant, ce chiffre est en deçà des moyennes Québécoises, surtout compte tenu que près de la moitié de nos participants ont plus de 50 ans. Qu’est-ce qui explique ce chiffre quand leur présence dans les banques alimentaires, est au contraire, sur-représentée ?

D’une part, les personnes questionnées spécifiquement à ce sujet, ont répondu ne pas prendre part aux jardins collectifs, car elles estiment que ceux-ci ne sont pas adaptés pour elles. Du côté des jardins collectifs, on estime déjà mettre en place des adaptations permettant la partici-pation. Serait-ce donc au niveau de la promotion de ces adaptations qu’il fau-drait travailler ?

Le projet Cultiver la Solidarité a financé l’ajout de bacs de jardinage surélevés dans les jardins de la ville de Québec qui n’en possédaient pas encore.

Outre les aménagements physiques, la répartition des tâches peut facilement se faire selon les capacités de chacune des

29Réduire les barrières d’accès

Partie2 Réduire les barrières d’accès

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personnes. Voici quelques exemple de tâches pouvant être effectuées avec des efforts physiques moindres :

• Peser les aliments récoltés ;

• Faire sécher les fines herbes et autres aliments, les emballer ;

• Trouver des recettes pour les récoltes et les partager ;

• Mettre par écrit l’horaire d’arrosage et le diffuser ;

• Contacter des formateurs (thématique au jardin) et prendre des rendez-vous ;

• Rédiger et envoyer des lettres de commandites ;

• Organiser des activités de groupe, fête des récoltes, etc.

Toutes ces tâches sont bénéfiques au bon fonctionnement du jardin et n’exigent pas de grandes capacités physiques.

Les limitations géographiquesLes défis liés aux limitations physiques ne se limitent pas qu’aux tâches au jardin. Il faut aussi considérer le transport parmis les freins à la participation. En effet, plusieurs personnes à mobilité réduite ne peuvent pas utiliser le réseau de transport en commun, ni se rendre en transports actifs dans les jardins. Puis certains ne peuvent pas non plus utiliser de transport individuels. Ils comptent alors sur le transport adapté, le covoiturage ou encore

Témoignage

Pour Albert, il est difficile de rester longtemps debout. Il lui convient mieux de s’asseoir pour trier, nettoyer ou couper les légumes. Au jardin, le travail est effectué en équipe et les tâches sont distribués selon les habiletés de chacun. Le système de tâches est une machine bien huilée où tout le monde contribue à sa façon. De plus, les cultures en bacs lui conviennent mieux.

30 Partie 2

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le taxi. Ceci entraîne des frais supplémentaires et demande une organisation d’horaire plus importante.

Au niveau des transports, des solutions existent pourtant. Cependant, elles demandent de l’organisation et ne sont pas les mêmes pour tous les milieux. Voici quelques suggestions :

• Instaurer des systèmes de covoiturage entre les participants ;

• Si votre organisme possède un véhicule, faire une système de navettes comme le fait Solidarité familles ;

• Rembourser les billets d’autobus (ou le transport adapté) ;

• Organiser des points de chute ou livraison de paniers ;

• Accompagner les personnes en autobus les premières fois qu’elles effectuent le trajet vers le jardin afin qu’elles prennent confiance à le faire par elles-même (comme avec le Projet Tango.)

Témoignages

Quand le transport, le stationnement ou la collation sont fournies, la participation aux activités est facilitée pour Isabelle. Il arrive souvent que ses activités tombent à l’eau lorsqu’elle ne trouve personne pour la conduire.

Sophie, experte de vécu, estime que de payer un transport pour aller chercher des aliments gratuits serait hautement illogique. Avec un revenu maigre comme le sien, la nourriture doit être priorisée face aux coûts du transport.

Alice, pour sa part, vit beaucoup d’anxiété. L’autobus est pour elle devenue une phobie, s’étant développée avec le temps. L’utiliser n’est pas anodin. Savoir lequel prendre, puis où et quand en sortir, sont pour elle des sources d’anxiété extrême. Elle préfère donc utiliser sa voiture pour se déplacer.

31Réduire les barrières d’accès

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Les exigences de participation La pression de participation est également un frein considé-rable pour plusieurs personnes. Pour réduire cette contrainte, il est suggéré :

• d’abaisser les conditions ou les exigences de participation ou encore les heures d’implication ;

• de partir des intérêts et des disponibilités des gens dans la distribution des tâches ;

• de favoriser les groupes ouverts, c’est-à-dire des activités régulières qui soient capables d’accueillir de nouvelles personnes à longueur d’année au gré des disponibilités des personnes.

La crainte du partage inéquitable et des volsUne inquiétude nommée fréquemment par des par-ticipants potentiels des jardins est celle de jardiner, mais de ne pas voir le fruit de ses efforts. Il est vrai que certains jardins, surtout ceux situés dans des lieux publics, sont sujets au vol et au vandalisme. Parfois, des panneaux indicateurs peuvent être suffi-sants pour dissuader les personnes. Or, ceux-ci sont souvent inefficaces, même si visuellement explicites.

La meilleure pratique, dans ces cas, est de bien infor-mer les participants de la récolte potentielle réelle. Ainsi, ils sauront qu’il est possible que les retombées de leur participation au jardin soient davantage au niveau des connaissances et des relations qu’au niveau des récoltes.

Il faut aussi, par ailleurs, valoriser le partage. Que les jardiniers se voient comme contribuant à la saine ali-mentation des personnes du quartier en partageant leurs récoltes. Des affiches Incroyables comestibles sont bien utiles à cet effet.

32 Partie 2

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Le coût lié à l’inscription*

Souvent, la participation aux jardins collectifs est gratuite. Or, certains demandent une petite contribution. Cette contribution ne semble pas être démesurée pour les personnes à faible revenu consultées à ce sujet. Toutefois, la capacité à payer ce montant en un seul versement dans un budget serré peut poser problème. Le souhait de ces personnes n’est pas nécessairement d’avoir accès à l’activité gratuitement. On demande plutôt de pouvoir étaler les paiements, d’offrir plus temps ou de contribuer d’une manière différente. C’est une question de dignité et de fierté.

*Des places gratuites peuvent également être offertes via Accès Loisirs ou tout autre organisme qui rend les activités de loisir accessibles aux personnes ayant un faible revenu.

Le manque de variété et de quantités

Il est important de mentionner aux personnes participant aux jardins quelles quantités des récoltes sont à prévoir au cours d’été et à quel moment et ce, dès la préparation des semences. Le groupe pourra alors prendre des décisions col-lectives éclairées. Un calendrier pourrait être un bon outil pour visualiser le tout. Il a été mentionné

Témoignage

À l’épicerie, Albert est souvent déçu de voir que les rabais apparaissent rarement au début du mois. Il déplore le fonctionnement de ce système qui prive les gens qui dépendent de leur chèque mensuel.

33Réduire les barrières d’accès

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Témoignage

Sandra aime également ces activités, car elles sont pensées pour les familles. Le problème avec d’autres activités, c’est qu’elles ne sont pas nécessairement adaptées pour les petits qui ont de l’énergie.

dans les sondages de participation des étés 2018 et 2019 que les familles préfèrent avoir des récoltes plus abondantes de moins d’aliments variés.

Les insectesIl est important de ne jamais ridiculiser les peurs des gens : leurs appréhensions, dès qu’elles sont nommées, sont réelles et doivent être légitimées. Alors que nous présentons souvent le fait d’avoir des ruches comme étant un une plus- value de certains jardins, pour certaines personnes, qui ont réellement peur, cela crée l’impression inverse. Vous pouvez bien sûr vous montrer rassurants et être instructifs, ainsi que démontrer l’utilité des différents insectes dans le jardin, tout en évitant d’être condescendants.

Il peut aussi être une bonne idée de four-nir des gants, ou encore de prévoir des activités éducatives pour les enfants et les adultes, afin de contribuer à l’éduca-tion et la sensibilisation des participants.

34 Partie 2

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La conciliation pour les famillesPeu de jeunes familles sont présentes dans les jardins. D’une part, les horaires spécifiques sont parfois trop contraignants et difficiles à conjuguer avec les autres engagements familiaux. D’autre part, le fait d’aller jardiner avec des petits enfants limite certaines familles.

Il semble y avoir deux écoles de pensée quant à l’accueil des familles aux jardins. Certaines organisations privilégient avoir une personne dédiée à la garde des enfants, ainsi qu’un espace de jeu réservé. Pour d’autres, l’accueil passe par l’ouverture complète du jardin. Les petits peuvent alors découvrir le jardinage en accompagnant leur parents. Les deux options comportent des défis et des avantages.

Dans le premier cas, il faut prévoir des personnes fiables et compétentes pour amuser les enfants, ainsi que possiblement les rémunérer. Les participants adultes peuvent ainsi prendre part aux tâches plus effi-cacement et paisiblement. Au-delà des défis financiers associés, il faut également se demander si l’espace est suffisant et adéquat, ou encore si les parents sont confortables de laisser leurs enfants avec une tierce personne, etc. Pour mettre en confiance les parents et les enfants, il peut être judicieux de faire appel à des personnes ayant déjà une formation appropriée, ainsi qu’effectuer une vérification d’antécédents judiciaires. Par exemple, on pense à des éducatrices, des enseignants ou encore des membres de personnel scolaire, des moniteurs de camp de jour, etc. À ce sujet, si vous recrutez des adolescents pour prendre soin des enfants, vous pourriez les inscrire à une formation DAFA (diplôme d’aptitude aux fonctions d’anima-teur) donnée dans votre région, où il ou elle irait y chercher des outils essentiels.

35Réduire les barrières d’accès

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Dans le second cas de figure, où les enfants peuvent interagir et jouer librement dans le potager, il faut que tout le monde com-prenne que les parents seront moins efficaces dans leurs tâches, puisqu’ils devront également s’occuper de leur enfants. D’un autre côté, la présence d’enfants peut favoriser une ambiance énergique et amusante.

Dans la section outils, vous trouverez des trousses d’animation liées au jardinage et à l’alimentation créées pour les enfants et les adolescents.

Un autre frein pour les familles se situe dans les horaires. Pour certains jardins, on exige une présence de plus de trois heures d’affilée. Or, il peut être ardu pour les enfants de rester à la même activité pour une si longue période de temps. Qui plus est, si la période est en après-midi, beaucoup de jeunes enfants font la sieste, ce qui est complexe au jardin.

Finalement, pour les familles qui se déplacent en transport en commun ou en transport actif, il est d’autant plus difficile de rap-porter les récoltes à la maison tout en s’occupant des enfants.

36 Partie 2

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Témoignage

L’attitude des personnes responsables de répondre au téléphone ou d’être à la réception des organismes est primordiale. Une répondante raconte qu’à plusieurs moments, elle a dû prendre son courage à deux mains pour faire appel à un organisme et que la réponse obtenue n’était pas suffisamment chaleureuse. Cela ne l’a pas mise en confiance et elle n’y est pas retournée. Elle est convaincue que c’est le cas de plusieurs personnes vulnérables. Un accueil personnalisé et chaleureux est essentiel.

Partie3 L’accueil

Comment améliorer l’accueil des personnes participantes, notam-ment pour les populations vulnérables à l’insécurité alimentaire ?

La première impression est un enjeu particulier dans les jardins, puisque plusieurs permettent aux personnes de se joindre au groupe en cours de saison. Si cela favorise l’accessibilité en per-mettant une inscription tardive, cela apporte aussi son lot de défis. Afin de remédier à cela, en 2019, nous avons testé un système de parrainage dans les jardins : « le compagnonnage humain ».

Compagnonnage humainLa présence de personnes participantes aidantes sur les lieux facilite le premier contact, favorise la création d’un lien de confiance et permet aux personnes d’émettre des doutes et de poser des questions d’éclaircissement.

37L’accueil

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Pour notre groupe-test, les étapes étaient les suivantes :

• Trouver des participants bénévoles pour assurer l’accueil ;

• Fournir une trousse similaire au présent guide et un cahier de communication ;

• Donner quelques lignes directrices, ne pas surveiller les personnes, mais être attentifs aux différents besoins ;

• Contacter les personnes qui cessent de participer pour en comprendre la raison et tenter de rectifier la situation si c’est en notre pouvoir.

Le compagnon n’est pas responsable du nouveau participant. Il agit plutôt comme un point de repère, une personne ressource. Il est présent et à l’écoute, mais ne surveille pas. Il est facilement visible lors du jardinage et d’autres participants peuvent se référer à lui ou elle.

Les qualités requises du compagnon : être à l’aise avec les gens, être réceptif, respectueux et discret. Attention à ne pas infantiliser !

38 Partie 3

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Peur du rejetCe frein a été nommé de diverses manières : timidité, difficulté à s’intégrer dans un groupe, peur de « détonner », etc. Peu importe la manière d’identifier cette peur du rejet, la solution est la même. Il est nécessaire de mettre en place et d’appliquer une politique d’accueil universelle.

La mixité des participants est bénéfique, mais apporte un lot de défis. Dans un groupe, il est presque inévitable de voir naître des conflits d’opinions et d’idées. Ce qui doit être évité, toutefois, c’est la création de cliques et des relations de domination. Pour ce faire, la personne en charge du jardin joue un rôle important. Des outils à cet effet seront présentés dans la section Animation.

Témoignages

Sophie ne peut pas toujours se permettre d’acheter les produits qui correspondent le plus à ses idéaux sociaux et écologiques. De jour en jour, elle doit conjuguer économies et valeurs personnelles.

Isabelle est convaincue du droit de toutes et tous à une alimentation saine, indépendamment de leurs revenus. Elle se soucie donc de la qualité de ses aliments. Si elle ne peut plus cuisiner autant qu’elle le faisait avant, elle continue de le faire en priorisant des recettes simples. Pour dénicher ses recettes, l’accès à Internet est primordial pour elle.

Andrée témoigne : « Je voulais juste vous dire merci pour les belles journées passées au jardin depuis le début de l’été. Les gens sont tellement gentils, aidants, amicaux ! Si l’humanité pouvait toujours être de même ! »

39L’accueil

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Partie4 L’intervention

Les employés dans les jardins ont un rôle particulier. À priori, il ne s’agit pas d’un métier pour lequel les personnes sont formées spécifiquement pour le volet d’ordre relationnel, comme le seraient des préposés, des éducatrices et éducateurs ou autres intervenants. Le rôle de l’animation horticole néces-site pourtant d’accompagner un groupe vers l’atteinte d’un objectif commun, de garder le groupe unis et de créer des liens, en plus de faire de l’encadrement.

Cela exige une certaine gymnastique et une polyvalence. Avant d’aborder les interventions pour les groupes spéci-fiques, voici quelques outils pour y arriver en utilisant le leadership empathique.

Le leadership empathiqueTout d’abord, il est aidant de bâtir une relation riche et positive avec les participants. Les ingrédients pour y arriver sont les mêmes que ceux qu’on associe normalement à une amitié authen-tique : l’ouverture d’esprit, une curiosité sincère, la détente, le non-jugement, la confiance, la simplicité, le rire, l’humour, les intérêts communs, le respect mutuel, la mutualité.

Il faut se rappeler que par chaque geste, chaque parole, on tente de nourrir un besoin. Les émotions sont des signaux de besoins qui sont comblés ou non, et l’intensité de l’émotion est liée à l’importance du besoin non-comblé. L’action devrait alors

40 Partie 4

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être en concordance afin de prendre soin du besoin exprimé explicitement ou non.

Pour y arriver, la séquence suivante est proposée :

• Identifier l’émotion ;

• Nommer l’émotion ;

• Mesurer l’intensité ;

• Relier l’émotion au besoin ;

• Accueillir l’émotion: prendre quelques secondes, une respiration.

Des phrases clé à essayer« Pas facile pour toi ce matin ? », « Qu’est-ce qui te ferait du bien ? », « Qu’est-ce qui te ferait sentir mieux ? ».

Rappelez-vous : On ne peut pas être contre un besoin, mais on peut être contre les stratégiesPour illustrer ceci, prenons l’exemple d’une personne qui cesse d’effectuer sa tâche au jardin. Cela peut être frustrant pour les autres personnes présentes et créer des conflits. Ce qu’il faut démêler, c’est l’action par rapport au besoin. On peut être contre la stratégie (cesser de travailler), mais pas contre le

41L’ intervention

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besoin (nécessité physique ou mentale de prendre une pause). Lorsqu’on distingue les deux, la réponse a plus de chance d’être empathique.

Mieux comprendre les personnes anxieuses pour mieux intervenirLes personnes anxieuses ont le cerveau limbique (siège des émotions) hyper vigilant (graphique 4). Le cerveau reçoit le stimuli, le cerveau lim-bique envoie les émo-tions, puis le cerveau néocortex choisi le geste approprié. Lorsqu’un gros stimuli ou une émotion trop intense émerge, le lien entre le néocortex ne se fait plus. Ainsi, le limbique se joint au cerveau reptilien, qui provoque l’une des réactions suivantes : figer, fuir ou combattre.

L’empathie permet de reconnecter la capacité d’analyse en sou-lageant le système et vient apaiser le limbique. Voilà pourquoi l’approche empathique est aidante pour les personnes anxieuses.

Offrir de l’empathie a pour résultat de faire diminuer le stress et l’importance du besoin

Bien que l’empathie soit importante, il faut également faire attention à ne pas infantiliser les personnes et savoir faire la différence entre donner une écoute empathique et une écoute sympathique. L’écoute sympathique, où l’intervenant ressent l’émotion avec le participant, encourage l’irritation, contribue à la frustration et fait en sorte que la situation s’envenime démesurément.

Graphique 4 Représentation générale du cerveau humain

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Comment imposer un cadre en tant que leader empathique ? Il faut se rappeler que le groupe a aussi des besoins, tout comme les individus. Il faut donc être équitable. Pour y arriver, il est préférable de décider des règles en groupe et d’amener les parti-cipants à réfléchir au sens de la règle.

Quand une règle est mise, on sait ce à quoi on dit oui.

Par exemple : il est nécessaire de travailler trois heures par semaine. En respectant cette règle, on dit oui à un bon soin des plants pour assurer une récolte optimale pour tous.

Un rôle de traducteur lors de conflitsLa personne responsable du jardin est également responsable de la communication et de l’harmonie au sein du groupe.

Voici quelques trucs pour favoriser une bonne gestion de groupe et de conflits :

• Inciter les personnes à nommer leurs besoins pour désamorcer. Par exemple, « J’ai besoin de douceur lorsqu’on me parle ».

• Proposer de la médiation ;

• Écouter les personnes une à une ;

• Intervenir rapidement quand on voit l’ambiance se détériorer, crever l’abcès, nommer les choses visibles ;

• Ouvrir la porte aux discussions.

Tout cela est possible seu-lement si les ingrédients du début sont là.

Piège à éviter

Tomber dans le triangle des relations malsaines (Karpman), dans lequel on trouve un persécuteur, une victime et un sauveur. Par exemple, une personne irritée pourrait prendre le rôle de victime, puis refuser toutes les solutions proposées par une autre personne incarnant le sauveur. Ce dernier, épuisé par des tentatives vaines, se transforme en persécuteur auprès de la victime. Ou encore, la personne qui entreprend le rôle de victime pourrait devenir elle-même persécutrice, en changeant son discours, de la défensive à l’offensive : « On sait bien, tu ne comprends pas ».

43L’ intervention

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Outils supplémentairesStress et anxiété, la différenceIl est utile de distinguer le stress et l’anxiété. Le stress est plutôt commun, c’est une réaction physiologique qui permet de mobiliser nos ressources face à une tâche à accomplir ou un danger à affronter. Normalement ponctuel et de courte durée, un stress permanent, lui est néfaste, et se traduit par des symptômes tels que des difficultés de concentration, l’irritabilité, etc.

L’anxiété, quant à elle, est plus apparentée à une peur diffuse, un stress permanent face à une situation ou à un environnement particulier. Elle est souvent bénigne, mais il peut exister une forme pathologique : le trouble anxiété généralisé. Celui-ci se traduit par une anxiété permanente face à l’avenir et une peur systématique de l’imprévu.

Les interventions pour régler une situation stressante ont plus de chances d’être efficaces que celles pour aider une personne vivant avec de l’anxiété.

Suggestions de soutien positif à dire à une personne anxieuse« Je suis là ». On a parfois tendance à trop parler pour dissimuler un malaise. Le simple fait d’être présent et à l’écoute peut être rassurant et suffisant.

À méditer

Pour les animateurs/intervenants, le jardin est un emploi, et, par conséquent, un lieu important dans notre vie. Pour les participants, nous devons nous rappeler que ça en n’est seulement qu’un aspect. Il faut donc se le rappeler et penser aux autres sphères de sa vie. Tout cela n’est possible que si les intervenants font preuve d’indulgence, ainsi que de bienveillance envers les participants.

44 Partie 4

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« Concentre-toi sur ta respiration ». La technique du 2-4-2 peut aider : on inspire pendant 2 secondes, on retient notre souffle pendant 4 secondes et on expire pendant 2 secondes.

« On change d’endroit ? ». En cas, de crise de panique, ou quand on sent que les émotions envahissent l’autre, on peut lui demander si elle aimerait qu’on change d’endroit afin qu’elle se sente mieux.

« C’est dur, mais tu vas passer au travers ». Avec cette formu-lation, on valide son émotion, parce que vivre avec l’anxiété est réellement difficile. On lui montre qu’on a confiance en ses moyens pour s’en sortir.

À éviter :« Relaxe-donc, un peu ! ». L’anxiété est souvent irrationnelle et envahissante, alors la solution est plus complexe que de simplement se faire dire de relaxer.

« C’est dans ta tête ! ». Rappelez-vous, les impacts de l’anxiété sont cognitifs, physiques et relationnels. Il se peut que la per-sonne ne sache pas vous expliquer ce qu’elle vit. Vous devrez faire preuve de doigté, d’analyse et de patience pour démêler cette situation complexe.

«Ne t’en fait pas avec ça… ». Ce commentaire invalide la peur ou la source d’angoisse de l’autre. En se sentant incompris ou simple-ment non entendu, il se refermera et son angoisse s’amplifiera.

« Tu t’en fais trop ! Tu perds ton temps ! ». L’anxiété est parfois incontrôlable et peut se transformer en crise de panique. Une personne anxieuse a besoin de se sentir épaulée et en confiance pour passer par-dessus ses émotions intenses. Il faut éviter les commentaires négatifs et plutôt mettre en lumière le positif.

45L’ intervention

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En résumé, dans un contexte d’animation de groupe :Afin de bien épauler la personne et de minimiser les impacts de son stress ou de son anxiété sur l’entièreté du groupe, il est important de :

1. Reconnaître son émotion.

2. Lui donner un espace pour se calmer et l’accompagner si nécessaire.

3. Lui proposer une alternative permettant une réussite.

Par exemple, au lieu de dire : « Nous n’aurons pas le temps de faire telle tâche aujourd’hui, il va falloir la remettre à une autre fois », essayez « Bravo ! On a terminé telles tâches, on peut maintenant se reposer et faire notre horaire pour la prochaine rencontre ».

Précarité financièreLe visage de la précarité financière n’est pas unique. Les causes sont aussi multiples que les personnes. Il n’y a pas de conseil particulier ou de formule magique permettant l’accueil de per-sonnes vivant une situation précaire financièrement. La plupart du temps, vous ne serez même pas au courant du fait que les personnes sont dans une situation de précarité. Par exemple, dans nos sondages, en 2018 et 2019, 33 % des participants répondants vivaient sous le seuil de faible revenu.

Lorsque la relation de confiance est présente, on peut tenter de comprendre quels sont les éléments principaux qui causent cette situation. Est-ce temporaire ou à long terme ? En quoi son implication au jardin est bénéfique dans sa situation de vie ?

On peut offrir des suggestions permettant une meilleure situation financière pour le moment, lister les services disponibles dans le quartier et à tout prix éviter les discours suggérant de « se prendre en main ». Même avec la meilleure des volontés, se sortir de la pré-carité financière est difficile. Le Collectif pour un Québec sans pau-vreté 4 a illustré cela par un escalier roulant (graphique 5).

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4 Image développée en 2003 par des personnes en situation de pauvreté dans un atelier animé par le Collectif pour un Québec sans pauvreté

Graphique 5. Représentation de l’inégalité des chances présentée par le Collectif pour un Québec sans pauvreté

Les gens qui se situent dans l’escalier du haut (les riches), disent aux gens de l’escalier du bas (les personnes en situation de pauvreté) : « Ben voyons, montez ! Qu’attendez-vous ? ». Ce à quoi les personnes en bas répondent : « Au lieu de vous acharner à nous faire monter des escaliers qui descendent, occupez-vous donc des escaliers. ».

47L’ intervention

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Le Troubles du spectre de l’autisme (TSA)Tout d’abord, nous vous présentons quelques notions sur le trouble du spectre de l’autisme (TSA). Le terme TSA a été introduit il y a quelques années en remplacement de l’appel-lation troubles envahissants du développement (TED). Les troubles du spectre de l’autisme englobent plusieurs formes d’autisme différentes.

Pour commencer, on tient à souligner que l’autisme n’est pas en augmentation, malgré certaines croyances. C’est plutôt la détection qui est plus grande. Alors qu’autrefois, on pouvait désigner un enfant comme étant turbulent, on découvre parfois maintenant que certains comportements sont plutôt liés à l’autisme.

On peut classer l’autisme en trois grande catégories :

• De niveau 1 ou de haut niveau : des personnes qui excellent à l’école, qui sont capables de terminer des études universitaires aisément et d’occuper un emploi, qui sont moins susceptibles à l’insécurité alimentaire.

• De niveau 2 ou intermédiaire : des personnes qui présentent des particularités du TSA plus fortes que le niveau 1 et moins fortes que le niveau 3, qui nécessitent plus d’accompagnement que le niveau 1, mais moins que le niveau 3. C’est de ce niveau que l’on parle surtout dans le reste de cette section.

• De niveau 3 ou visibles : des personnes avec des désorga-nisations plus fréquentes, des tics et des mouvements plus typés. Ceux-ci sont moins susceptibles de prendre part à des activités de jardinage sans accompagnement personnalisé et spécialisé.

Partie5 Des pistes ciblées pour des groupes précis

48 Partie 5

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Les personnes vivant avec une forme d’autisme de niveau 2 sont aptes à accomplir des tâches précises. Elles peuvent donc parti-ciper à un jardin collectif. L’important est de s’en tenir à des consignes simples et claires. Par exemple, pour une tâche de désherbage, il est facilitant de déterminer une zone précise dans le jardin. Voici une suggestion d’encadrement de l’activité :

• Préciser l’endroit : Prendre une photo de l’endroit précis et encercler la zone de travail. Montrer la zone dans le jardin.

• Décliner la tâche en étapes : Prendre un seau et des gants (montrer lesquels au préalable). Arracher les mauvaises herbes dans la zone (et préciser la durée de la tâche). Vider le seau dans le compost. Aller ranger le seau et les gants.

Par ailleurs, un changement de tâche, de matériel ou d’intervenant peut demander un temps d’adaptation. Il faudra prendre le temps de réexpliquer les tâches. Si possible, on doit également annoncer le changement prévu à l’avance. Par exemple, « On a terminé le désherbage. La semaine prochaine, il faudra peser les tomates. ».

Lorsqu’on s’adresse aux personnes autistes, il ne faut pas exiger qu’elles nous regardent. En général, elles écoutent même mieux si elles ne nous regardent pas.

Pour faciliter la gestion de groupe avec ces personnes, les règles de vie du jardin peuvent être catégorisées en choses autorisées, en choses interdites (les mêmes interdits que dans la société) et les non-disponibles (par exemple : s’il n’est pas permis de courir dans le jardin, on dira que c’est non-disponible puisque dans plusieurs situations de la vie courante, cela est permis). Cela aide la personne à comprendre la diffé-rence entre quelque chose qui est permis en général mais qui ne l’est pas au jardin.

49Des pistes ciblées pour des groupes précis

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Le jardinage est une belle opportunité d’intégration pour la personne sur le spectre de l’au-tisme et aussi pour sa famille, particulièrement lorsque les personnes atteignent l’âge de 21 ans, âge auquel ils sont dés-colarisés, donc plus isolés.

Les personnes aînéesL’idée à retenir est qu’au delà des aménagements physiques, les personnes âgées ne sont pas à traiter différemment des autres participants. En fait, les laisser déroger aux règles du jardin simplement à cause de leur âge pourrait constituer de l’âgisme ou de l’infantilisation.

L’âgisme : On parle d’âgisme lorsqu’une forme ou une autre de dis-crimination, de préjugés, de ségrégation ou de mépris fondé sur l’âge se manifeste en paroles, en gestes, en comportements, etc.

Le terme âgisme a été créé en 1969, aux États-Unis, par le géron-tologue Robert Butler. Il faisait alors surtout référence aux discri-minations touchant les personnes âgées. Il visait à dénoncer le processus par lequel des personnes sont stéréotypées et discrimi-nées en raison de leur âge. Il présente l’âgisme comme une discrimi-nation systémique qui s’apparente à celui du racisme et du sexisme (Butler, 1975).

Aujourd’hui, le terme est employé quel que soit l’âge des per-sonnes qui en sont victimes, puisqu’il existe de nombreuses manifestations de l’âgisme touchant aussi les jeunes. Néanmoins, selon Butler, l’âgisme visant les aînés serait plus silencieux,

Plusieurs idées fausses sont véhiculées sur Internet. L’autisme est une condition que quelqu’un possède dès sa naissance. Une alimentation biologique ne guérit pas l’autisme. Une alimentation saine peut améliorer un état de santé général, mais n’a aucune incidence sur l’autisme. On suggère d’être attentif aux choses qui peuvent être dites au jardin. Les parents sont sensibles à la condition de leur enfant et sont vulnérables à ce genre de commentaires. Par ailleurs, les vaccins ne causent pas l’autisme.

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mais plus insidieux, menant à la stig-matisation et à l’exclusion, sans préoccupation des capacités réelles, des expériences de vie, des compé-tences, ou autres caractéristiques de la personne.

Il est intéressant de souligner qu’à l’inverse, certains types de préjugés positifs peuvent générer des formes particulières d’âgisme et créer d’autres types de stéréotypes non fondés. Par exemple, le « jeunisme », peut provoquer l’idée que les jeunes personnes sont plus en forme, plus ouvertes sur le monde, plus aimables, et possèdent plus de qualité que les vieilles personnes. Le « gérontocra-tisme », quant à lui, établit comme principe que les aînés sont plus sages et plus qualifiés que les jeunes pour occuper le pouvoir. Au final, retenons ceci : la cohésion sociale exige que nous combattions tous les préjugés fondés sur l’âge qui touchent les « vieux » comme les « jeunes ».

Tous les citoyens adultes sont soumis aux mêmes devoirs et obligations, tout comme ils ont les mêmes droits. L’âge ne confère aucun privilège au sens de la loi. Les conflits et l’intimidation entre les personnes aînées existe, comme dans dans tous les groupes de la société. Certains facteurs de risque individuels et environnementaux peuvent exposer ou prédisposer certaines personnes à vivre des conflits ou des situations d’intimidation.

Il ne faut pas hésiter à rappeler les valeurs de l’organisme et les règles du bien-vivre ensemble...

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Les personnes seules En 2018 et 2019, 33 % des répondants parmis les participants aux jardins collectifs ont indiqué être des personnes seules. Aussi, une analyse des données de 4 934 banques alimentaires au Canada montre que le taux de célibataires qui fréquentent les banques alimentaires au pays est passé de 38 % de l’ensemble des utilisateurs en 2010 à 48 % en 2019.

Comment mieux rejoindre ces personnes souvent invisibles ?Une des avenues retenues pour promouvoir vos activités est de distribuer de l’information aux endroits les plus fréquentés d’un milieu (caisses populaires ou les banques, épiceries, dépanneurs, bibliothèques, cliniques médicales et dentaires, arrêts d’autobus), ainsi qu’auprès de ressources ciblées (distributions alimentaires, comptoirs vestimentaires, ressourceries, cafés-rencontre, etc.). Il pourrait aussi être intéressant de s’associer à des travailleurs sociaux ou de la santé en clinique ou à domicile, à des travailleurs de milieu ou de rue, ou encore à des organisateurs communau-taires. Ils pourront référer les potentiels participants à votre activité s’ils en voient l’intérêt.

Les variantes de l’isolementLes causes de l’isolement varient selon plusieurs critères. Alors que certaines personnes sont isolées pour des raisons familiales, cognitives ou sociales, d’autres le sont tout simplement pour des raisons géographiques. En ville, selon la localisation des jardins, une personne sans limitation physique peut se déplacer vers les jardins assez aisément sans posséder de véhicule. En banlieue ou en région, il en est tout autrement vu l’étalement des services. Avoir une voiture devient essentiel pour contrer l’isolement. Les services doivent redoubler d’efforts afin de se faire connaître. Par exemple, les chances qu’une personne découvre un jardin décentralisé (par exemple, celui du Vignoble à Charlesbourg) par accident sont pratiquement inexistantes, alors que les jardins centraux (tels celui des Capucins ou de Verdir St-Roch) sont tellement visibles que les passants les découvrent sans nécessiter de publicité.

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Les hommes seulsBien que moins vulnérables à l’insécurité financière que les femmes, les hommes sont vulnérables à l’insécurité alimentaire (faibles compétences culinaires, etc). Par ailleurs, les jardins collectifs de Québec constatent que les hommes participent en moins grande proportion que les femmes. Effectivement, les sondages de partici-pation de 2018 et 2019 ont montré que seulement 20 % des parti-cipants sont des hommes. Constatant cela, les organismes membres du RJCQ souhaitent favoriser leur participation. Comment faire, donc, pour augmenter ce taux de participation ?

Les jardins collectifs ne sont pas seuls dans cette situation. Les organismes communautaires, tout comme les différents paliers gouvernementaux, cherchent à mettre en place différentes stratégies de recrutement pour lesquelles les résultats sont parfois minimes. Après plusieurs recherches, voici les approches les plus prometteuses, tirées du Guide Relais-Père, du colloque en santé des hommes et des intervenants de milieu, dont ceux de la Maison Oxygène vers l’Autonomie à Québec. Les recherches rappellent qu’avant de l’inciter à participer à des activités, il importe de comprendre l’individu dans son ensemble, des rôles et des sphères sur lesquelles les interventions peuvent avoir un impact et ainsi de bien cibler les objectifs et les actions.

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Constats généraux : • Dans la majorité des publications écrites concernant la famille

et la périnatalité, on mentionne les mères et non les pères. Cela a un impact sur le sentiment de compétence paternelle des hommes et sur son implication dans la famille ;

• Il existe peu de modalités qui visent le soutien des pères dans leur recherche de stabilité affective et financière ;

• Des conditions gagnantes sont identifiées : la flexibilité et la souplesse ;

• On priorise les interventions qui misent sur l’action, sur les forces des pères et qui offrent une réponse rapide à des besoins concrets ;

• La proximité géographique, personnelle et relationnelle est importante.

Pistes globales d’intervention tirées du Guide Relais-PèresLe Guide Relais-Pères propose des pistes d’intervention spécifique auprès des participants hommes. Nous en dressons une liste ici. La sphère personnelle, ainsi que la sphère co-parentale, ont été écartées de ce document, car les pistes d’actions allaient au-delà des attentes réalistes dans un contexte de jardinage.

SPHÈRE PATERNELLE

« Apprendre à être un bon père » « Améliorer la confiance en soi comme père »

Pistes d’actions : • Encouragements et valorisation des efforts ;

• Modeling : offrir un modèle concret de la façon de s’occuper d’un enfant ;

• Référence vers les ressources de la communauté pour un travail plus formel sur les habileté parentales ;

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• Incitation à verbaliser les craintes ;

• Incitation à participer à des activités familiales dans le quartier, activités qui le mettent en relation avec l’enfant et lui permettent de voir d’autres pères en interaction avec les enfants.

SPHÈRE SOCIO-ÉCONOMIQUE

« Aider à équilibrer le budget familial et à sortir de l’endettement » « Améliorer l’insertion professionnelle et l’employabilité »

Pistes d’actions : • Démarches de conscientisation sur les habitudes

de consommation ;

• Recherche et partage d’information (recettes, Sauve ta bouffe, Mange-Gardiens, etc.) ;

• Accompagnement ou référencement vers des ressources de dépannage économique (groupes d’achat, cuisines collectives, comptoirs de vêtements).

SPHÈRE RELATIONNELLE ET CITOYENNE

« Développer le lien social » « Favoriser le développement du lien social » « Favoriser l’adaptation à la société d’accueil »

Pistes d’action : • Création d’occasions de rencontres avec d’autres familles

et d’autres pères (journées de plein air, fins de semaine au camp, sorties familiales au musée, « soupers de gars », activités pères-enfants).

En résumé, une action efficace et concertée et la collaboration du milieu contribuent à faire connaître le jardinage comme une activité contribuant à la sécurité économique et à se sortir de l’endettement, à l’intégration sociale et à l’amélioration de l’em-ployabilité. Cela permet d’agir sur les sphères socio-économique, relationnelle et citoyenne.

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À noter : Le recrutement d’intervenants masculins dans l’équipe de travail contribue à améliorer la proximité personnelle et rela-tionnelle des participants hommes. L’intervenant peut agir en tant que confident, normalisateur et modèle dans le but de faire prendre confiance en leurs capacités les participants hommes.

Comment y arriver ?• Cibler d’anciens jardiniers

ou des nouveaux qui ont de bonnes compétences relationnelles. Les outiller à être à l’affût et à l’écoute des nouveaux pour leur offrir un accueil chaleu-reux et les contacter s’ils cessent de venir et se donner rendez-vous.

• S’allier avec des modèles de pères connus et actifs dans milieu.

• Travailler avec eux à la promotion du jardinage, inciter les hommes à participer, créer un groupe de papas-jardiniers sur facebook ou en personne.

• Poursuivre l’engagement à l’année avec un groupe de cuisine ou café discussion !

Rappelez vous finalement que les hommes ont moins le réflexe de participer à des activités de groupe et à rechercher celles-ci par eux-même. Il faut donc miser sur une promotion ciblée, des informations faciles à trouver et complètes, puis un accueil chaleureux et adapté.

Attention

Pour certaines personnes interrogées, la présence de trop de gens peut être une source de stress. Par ailleurs, pour certaines femmes survivantes de violences à caractère sexuel, la présence d’hommes pourrait potentiellement représenter une situation inconfortable. Se sentir en sécurité dans le groupe est essentiel.

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La toxicomanie Certaines personnes travaillant dans les jardins collectifs se sont demandés comment intervenir lorsqu’une personne en état de consommation se présentait à leurs activités. Nous avons demandé à des intervenants qui connaissent bien les réalitées et les défis des personnes toxicomanes de nous éclairer.

Avant toute chose, il est important de clarifier quelque chose : le rôle d’animation de jardin ne demande pas d’intervenir sur les défis personnels des personnes qui fréquentent le jardin. Ce qui est attendu est de créer une ambiance agréable, d’assurer des relations respectueuses entre les participants et de veiller au fonctionnement du jardin.

Sachant que de donner une opportunité de s’impliquer dans une activité saine et productive peut grandement contribuer au mieux-être des personnes toxicomanes, le rôle des animateurs est simplement de les accueillir au même titre que tout autre personne. Ce faisant, l’activité de jardinage peut contribuer à contrer la désaffiliation que vivent beaucoup d’entre-elles.

Puisque la consommation de certaines substances peut être liée à des comportements indésirables ou perturbateurs, il est possible que la personne en charge du jardin doive intervenir.

Témoignage

Daniel dit : « En effet, des personnes qui consomment depuis longtemps se retrouvent souvent isolées de leur réseau (amis, famille etc.), mais aussi en marge de la société avec l’impression de ne pas vraiment avoir leur place. Ces personnes n’ont souvent pas un grand capital de sympathie et le sentent. Ils s’isolent et, ce faisant, peuvent difficilement être des citoyens engagés et actifs. Leur implication dans un jardin peut être une porte d’entrée, tout comme une cuisine collective ou un groupe d’entraide. »

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On suggère, en premier lieu, de se référer aux règles de vie du jardin. Si le règlement précise qu’aucune consommation (alcool, drogue, etc.) n’est permise au jardin, on demande à la personne d’aller à l’écart au moment de consommer. Si une personne se présente déjà en état intoxiquée, on vérifie si son comportement dérange, si elle est en danger ou pourrait mettre en danger d’autres personnes.

Si la réponse à ces questionnements est négative et vous jugez que la personne est en état de jardiner, elle peut évidemment rester. Vous pouvez vous assurer que son état physique est bon et lui suggérer des tâches modérées si le besoin se présente.

En toute circonstance, si vous vous inquiétez de l’état de santé d’une personne (pâleur, tremblements anormaux, sueurs, convulsions, etc.), n’hésitez pas à contacter les services d’urgence ! Le Naloxone est disponible gratuitement auprès de certains organismes, pharmacies et CLSC, s’administre faci-lement, et peut s’avérer utile dans le contexte de la crise du Fentanyl. Il pourrait faire partie de votre trousse de soins de base.

Si, par contre, la personne présente des comportements indé-sirables, ou perturbateurs, on tente de limiter les dommages en demandant à la personne de quitter. Rappelez-lui qu’elle pourra revenir à un autre moment. L’idée n’est pas d’exclure la per-sonne pour toujours, au contraire. Tentez d’être discrets dans vos interventions afin de ne pas stigmatiser davantage la per-sonne et afin de favoriser un retour au jardin réussi. Ce faisant, la rétention de cette personne sera favorisée, tout comme celle des autres pouvant avoir été gênés par la situation dérangeante.

Si vous hésitez à laisser la personne quitter seule ou craignez pour sa sécurité, vous pouvez téléphoner à un organisme qui prend en charge des situations similaires. Rappelez-vous, vous n’êtes pas des intervenants en toxicomanie, ni en gestion de crise.

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Finalement, pour favoriser une réussite d’inclusion :

• Mettre l’accent sur les succès et non la détresse.

• Émettre des consignes claires et établir un cadre.

• Être cohérent dans les interventions, avoir une gradation des conséquences, si la situation l’exige.

L’immigrationLes personnes responsables de jardins considèrent ne pas rejoindre suffisamment de personnes immigrantes. Cela s’explique entre autre par le type d’immigration qui amène les personnes à Québec. Or, les personnes issues de l’im-migration présentes dans les jardins ne sont pas néces-sairement celles qui sont à risque d’insécurité alimentaire ni de précarité financière et ne présentent pas ou peu de défis liés à la langue et l’employabilité.

À retenir pour l’interventionIl y a plusieurs types d’immigration. La provenance de la per-sonne et le contexte de son immigration sont des facteurs impor-tants quand vient le temps de comprendre les chocs culturels. Ceci est pertinent lorsque vient le temps de faire la promotion du jardinage auprès des personnes immigrantes et pour améliorer leur intégration au jardin.

Il y a différents vecteurs d’intégration et le jardinage collectif en rassemble plusieurs dont, notamment, le plein air et l’engagement citoyen. Il est idéal de miser davantage sur ce qui nous unit que ce qui nous différencie. Il faut être ouvert à en apprendre davantage sur la culture de l’autre. Être curieux est un bon

Selon nos sondages, en 2018 et 2019, dans les jardins collectifs de la Ville de Québec, pas moins de 98 % des participants étaient francophones. Aussi, 25 % étaient d’origine extérieur au Québec, dont la plupart habitaient le Québec depuis plus de 10 ans.

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point de départ, mais on doit aller au-delà de la question : « D’où viens-tu ? » et être réellement intéressé par les réponses. Peut-être découvrez-vous des nouvelles cultures, des techniques de jardinage différentes et de nouvelles saveurs !

Les jeunes immigrants sont généralement moins choqués par le changement que les adultes - ils s’adaptent en général plus rapidement. On voit souvent des jeunes qui se forment un réseau et deviennent le lien entre leurs parents et la société d’accueil.

Les chocs et les surprises peuvent être nombreux. On peut faire une comparaison des différentes cultures, afin de mieux comprendre leur rapport avec l’autorité, l’individualisme, la masculinité et la féminité, l’incertitude, le court et le long terme, le plaisir et la modération.

Par ailleurs, des défis de communication peuvent se présenter, il est alors bon de simplifier notre dis-cours, de faire attention aux expressions et d’ajuster notre gestuelle. Il peut malgré tout y avoir des malaises et de l’incompréhension. Il est alors suggéré de nommer clairement ce malaise et d’en expliquer la raison, les normes, etc.

Le jumelage interculturelSi vous souhaitez instaurer une système de jumelage, voici quelques éléments à retenir :

Le jumelage est l’occasion de découvrir et d’échanger sur les cultures, les expériences et les idées des uns et des autres dans une atmosphère amicale entre personnes immigrantes et québécoises. Il s’agit d’une occasion de vivre une expérience humaine enrichissante, de s’apprivoiser à nos différences, de bâtir ensemble une société nouvelle et découvrir le monde avec les yeux d’un ami.

60 Partie 5

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Le jumelage n’est pas du mentorat, du parrainage ou un « meet-up ». Le jumelage nécessite l’engagement du nouvel arrivant, mais aussi celui de la personne québécoise, dans une relation sociale, équitable, respectueuse !

Le jumelage comporte de nombreux avantages :

Sur le plan social

• Sortir de chez soi, se sentir moins seul ;

• Se construire plus facilement un réseau social ou le diversifier.

Sur le plan linguistique (pour les nouveaux arrivants)

• Occasion de pratiquer le français dans un contexte familier ;

• Meilleure confiance en soi pour parler le français.

Sur le plan culturel et interculturel

• Mieux comprendre la culture et les codes culturels québécois et diminuer le stress de son établissement au Québec ;

• Avoir une plus grande ouverture sur les nouveaux arrivants, découverte d’autres cultures, meilleure connaissance des défis de l’immigration et de la contribution des nouveaux arrivants dans la société d’accueil ;

• Déconstruire les préjugés, stéréotypes et comportements discriminatoires ;

• Des relations interculturelles plus harmonieuses.

Pour tout cela, il faut voir les stéréotypes comme point de départ et non comme aboutissements lors de la rencontre de nouvelles personnes.

61Des pistes ciblées pour des groupes précis

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Les étudiantsCe groupe de personnes est souvent oublié et pourtant, il est composé à très forte proportion de personnes vulnérables à l’insécurité alimentaire sévère. Il n’est pas rare d’entendre dire que la pauvreté durant les études est un passage obligé. On en fait même des blagues. Les étudiants sont perçus comme étant paresseux par certains s’ils n’occupent pas un emploi ou n’effectuent pas suffisamment d’heures rémunérées en parallèle de leurs études.

Trois raisons qui expliquent la précarité des étudiants1. Parmis les emplois offerts au jeunes, on remarque une augmen-

tation des emplois précaires et à bas salaire. Sachant qu’une personne ayant un emploi précaire est deux fois plus sujette à vivre de l’insécurité alimentaire qu’une personne ayant le même salaire, mais occupant un emploi « sécure », les jeunes sont donc plus à risque de vivre en insécurité alimentaire.

2. Le prix des aliments sains augmente beaucoup plus vite que l’inflation. Prenons l’exemple de l’Ontario, où, depuis 2015, le coût des fruits a augmenté de 19 % et celui des légumes de 26 %, alors que le prix des aliments malsains (boissons gazeuses, etc.) à baissé de 0,1 %.

Témoignage

Sophie, étudiante, occupe trois emplois. Le nombre d’heures qu’elle travaille chaque semaine varie beaucoup, mais elle est toujours très occupée. Sophie déplore le fait que les emplois étudiants sont souvent très mal rémunérés. Pour elle, le fait d’occuper trois emplois et vivre quand même dans la précarité est une situation ridicule et insoutenable.

62 Partie 5

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3. La crise du logement. Le coût associé à l’habitation n’est pas un enjeu unique aux étudiants, mais ces derniers n’y échappent pas, car plusieurs doivent se relocaliser pour étudier. Au Canada, les coûts d’habita-tion moyens ont augmenté de 17 % depuis 1991 et près du quart des ménages paient plus de 30 % de leur revenu pour se loger, ce qui les place dans une situation de précarité.

Qu’est-ce qui peut être fait ?La première étape pour les organismes qui offrent du jardinage collectif ou des services en alimentation est de reconnaître le besoin des étudiants. Il est réel et il faut le prendre au sérieux. Il faut ensuite comprendre les limitations liées aux horaires. Les étudiants pourront difficilement prendre part à la production de semis au printemps entre leurs emplois, leurs études et les exa-mens. Il faut donc permettre une entrée retardée dans la saison.

N’hésitez pas à faire de l’affichage dans les CÉGEP, Université, écoles de formation professionnelle, écoles en francisation, etc.

Démystifier la pauvreté chez les étudiants

En 2016, 38 % des étudiants canadiens vivaient en précarité alimentaire (de moyenne à sévère). Des 850 000 personnes qui fréquentent les banques alimentaires canadiennes, 52 % sont âgés de 30 ans et moins, alors que ce groupe de population représente seulement 36 % de la population canadienne totale.

63Des pistes ciblées pour des groupes précis

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Partie6 La rétention

Avec le recrutement, un des défis qui semble faire l’unanimité dans les jardins de la Ville de Québec est d’améliorer le taux de rétention de leurs participants dans leurs activités.

Les participants, via nos sondages en 2018 et 2019, on ressorti quelques éléments clés pour favoriser la rétention dans les jardins collectifs.

Présence d’animation et facilité de communicationCertains jardins collectifs ont fait l’essai d’offrir un endroit collec-tif sans animation horticole, ni coordination. Ceci présentait des avantages pour l’organisme, tel que réduire les coût de fonc-tionnement et offrir plus de liberté dans l’horaire. Cela dit, sans une personne en charge (bénévole ou rémunérée), le partage équitable du travail est difficile et les récoltes moins abondantes. La présence d’une personne ressource permet aussi d’obtenir les autres éléments de rétention les plus importants nommés ci-dessous. Il est par ailleurs essentiel que les communications avec les personnes responsables soient efficaces.

• Équilibre entre apprentissages et socialisation

• Ambiance agréable

• Récoltes abondantes et variées

• Investissement raisonnable et retour intéressant

64 Partie 6

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Les éléments clé dans la littératureTrois éléments semblent être des facteurs de réussite importants. On fait ici référence au modèle CAA : Renforcement des compé-tences, de l’autonomie et de l’appartenance.

• Compétence (reconnaissance) : Les compétences, les forces et les talents des individus sont reconnus par eux-mêmes et les autres participants. La personne se sent valorisée et fière lorsqu’elle les utilise pour réaliser des objectifs et aider les autres.

• Autonomie (choix) : Les individus se sentent capables de prendre des décisions et de s’exprimer sur des choses qui comptent pour eux. Les autres les appuient dans leurs choix.

• Appartenance (rapprochement) : Les participants sentent qu’ils ont des liens importants avec des personnes qui les appuient et les encouragent. De plus, ils encouragent et ils appuient les autres par leur façon de penser et d’agir.

65La rétention

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Comment faire pour combler ces besoins ? Assurez-vous que votre initiative :• Reconnaît les compétences et les forces des participants

(séparation des tâches équitable et motivante) ;

• Offre aux participants la possibilité de s’exprimer et de faire des choix (comité de participants, soirées de réflexion partici-pative, sondages pré et post jardin, espace ouvert à la discussion en tout temps, etc.) ;

• Encourage les relations positives.

Le PAR et POUR, est-ce possible ?Oui, mais il faut être réaliste dans la démarche et être capable de déterminer le niveau de l’échelle que l’on tente d’atteindre. Le par et pour peut se situer n’importe où entre la consultation et la délégation du pouvoir (graphique 6). Un projet devrait avant tout répondre aux besoins de ses participants. L’implication de ceux-ci est donc essentielle à la réussite. Plus les participants sont impliqués dans les décisions, plus le projet leur correspond. De la part des organismes, cela exige du temps, de l’organisation, de l’agilité et de la flexibilité mais cela augmente la pérennité des effets, et des impacts positifs ! Comme le dit le proverbe :

Tout seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin.

Graphique 6 Échelle de participation citoyenne

Délég

ation du pouvoir

Contrôle citoyen

PartenariatNominationConsultationInformation

66 Partie 6

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Partie7 L’animation

Plusieurs organismes se demandent quel profil recher-cher lors de l’embauche d’une personne en charge des jardins.

Il ne faut pas confondre l’ani-mation de jardin collectif avec l’animation de loisirs, la production agricole, ni avec l’intervention ou la direction d’organisme. En fait, il s’agit d’un équilibre entre les 4. On devrait donc chercher une personne présentant des qualités de généraliste, plutôt que d’être spécialiste dans uniquement un de ces domaines.

• Caractéristiques essentielles de l’animateur horticole : Bonnes capacités de communication et de vulgarisation, rassembleur, écoute, curiosité et envie d’apprendre, aisance à travailler en équipe, capa-cité de désamorcer les situations stressantes.

• Atouts : Expérience en ani-mation de groupe, connais-sances horticoles avancées, connaissance d’outils d’or-ganisation et d’administration.

Selon les sondages de participation en 2018 et 2019, les relations avec les personnes responsables ont été très appréciées ! Des répondants, 60 % ont répondu « très bien », et 36 % « bien ». Les 4 % des participants ayant répondu « mauvaises » concerne surtout des problèmes spécifiques de communication et de présence au jardin.

Rappelez-vous, avec la bonne attitude, presque tout s’apprend ! La personne qui anime un jardin peut apprendre au contact des autres, tout comme les participants. C’est du donnant-donnant.

67L’animation

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Des outils pour l’animationDécision de groupe et réflexion collectivehttps://communagir.org/contenus-et-outils/communagir-pour-emporter/

Communication non violentehttps://www.reseau-canope.fr/savoirscdi/fileadmin/fichiers_auteurs/cdi_outil_pedagogique/conduire_projets/Charlie_et_compagnie/CNV1.pdf

Garde du sentihttp://www.roc03.com/files/Garde_du_senti-ROC03.pdf

Techniques de jardinage et planification d’un jardinhttps://craquebitume.org/wp-content/uploads/2016/03/Guide_Cultiver-son-milieu-de-vie.pdf

Référencement vers ressources communautaires https://drive.google.com/file/d/0B9yDsAQR5QNCTGxvaGdYUXpnYTNnakRRUGNyQjBHMk5qd3ZF/view

Immigration: chocs et surpriseshttps://www.hofstede-insights.com/product/compare-countries/

Prévenir l’intimidation-chez les aînéshttps://www.aqdr.org/wp-content/uploads/AQDR_Guide-intimidation_web.pdf

La courbe d’animation (pour les enfants)http://animationpassion.weebly.com/la-courbe-dintensiteacute-en-animation.html

Animation des jeunesTrousse d’animation 0-17 ans Cultiver la Solidarité (disponible sur le site de Craque-Bitume)

68 Partie 7

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69L’animation

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L’évaluation est-elle nécessaire ?Oui, l’évaluation est importante. Il faut avoir l’humilité de se remettre en question et de modifier nos actions pour corres-pondre aux besoins des utilisateurs. Attention toutefois à la mesure d’impact. C’est un sujet délicat puisqu’on veut savoir si nos actions ont des impacts dans notre milieu et si oui, lesquels. Il faut être prudent dans les méthodes choisies, car il ne faut pas que le participant devienne un sujet d’étude. Dans un pro-jet qui tente de favoriser l’inclusion, percevoir un groupe précis comme une statistique à atteindre vient éliminer l’impact. Bien sûr, une certaine dose de discrimination positive peut favoriser la sécurité alimentaire des personnes en ayant le plus besoin, mais tenter de rejoindre un nombre précis de personnes issues de l’immigration, étudiantes, aînées ou autres membres de groupes vulnérables et s’arrêter à cela comme objectif est une forme de « tokenisme », ou d’instrumentalisation. Il faut être vigilant et régulièrement se rappeler l’objectif plus large : contribuer au filet social pour le mieux-être de ces personnes.

La pérennitéParmis les défis des jardins collectifs, on nomme souvent le sous-financement et la pérennité. C’est un stress constant, car les jardins nécessitent des investissements et les sources de financement sont rarement attribuées à long terme. Or, les organismes doivent survivre pour poursuivre leurs activités. La recommandation est de trouver un équilibre entre le contexte du terrain (survie, défis financiers) et la cohérence avec la mission (impact social souhaité à court, moyen et long terme).

Partie8 Discussion

70 Partie 7

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On doit toujours se rappeler le pourquoi de nos actions, au-delà du souhait d’obtenir du financement.

L’éco gentrificationLa gentrification est un concept assez bien connu dans les centres urbains. Pour prévenir l’éco-gentrification, il faut être à l’affût de nos aménagements. Lorsqu’on aménage un espace vert ou un jardin, il faudrait idéalement réserver des lots pour les personnes bénéficiant de logements sociaux et abordables, afin que les personnes qui vivent dans le quartier depuis longtemps puissent participer aux activités et demeurer les « bienvenues ». L’installation d’un jardin, voulant d’abord desservir une popula-tion vivant en précarité apporte un risque; celui de faire monter le prix des logements avoisinants et de forcer les personnes à faible revenu à se relocaliser et laisser place à des personnes mieux nanties. Dans le début d’un projet, pensez à faire l’exercice de calcul des impacts négatifs potentiels !

71Discussion

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AnnexesCommunication imagée - Matériel

72 Annexes

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Quelques aliments

73Annexes

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Actions au jardin

74 Annexes

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Exemples d’encarts

75Annexes

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Affiche Raconte-moi des salades

76 Annexes

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77Annexes

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Bibliographie(documents utilisés et personnes consultées)

Effets des services préventifs pour les pères en difficulté et leurs enfants(ministère de la Santé et des Services sociaux et le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture, Avril 2010 Référence : MH 2009-2010-11.1 )

Agir ! Alliance des groupes d’intervention pour le rétablissement en santé Mentalehttp://www.agirensantementale.ca/

Guide pratique Relais-Pères - Une approche novatrice de proximité pour rejoindre les pères en contexte de vulnérabilité. 2014https://revueintervention.org/sites/default/files/intervention_135_8._le_projet_relais-peres.pdf

Regroupement pour la valorisation de la paternitéhttps://www.rvpaternite.org/documentation/

Être célibataire au Canada vous exposerait à la faim(2019, Alice Chantal Tchandem Kamgang, Radio-Canada )https://www.rcinet.ca/fr/2019/11/12/banques-alimentaires-canada-canadiens-celibataires-protection-sociale-des-canadiens-foyers-monoparentaux-et-pauvrete-pauvrete-et-faim-chomage-et-faim-au-canada-logements-a-loyer-indexe-sur-le-re/?fbclid=IwAR3CIJW9O2bOnEdcexkqb622TuJoMXgZTeXYBQRS-v8lV_tQdVKZXHgGsPs

Ensemble nous sommes le monde(Motivaction Jeunesse, mars 2018)http://motivactionjeunesse.com/wp-content/uploads/rapport-Ensemble-nous-sommes-le-monde.pdf

Références en troubles du spectre de l’autismehttps://www.integrationtsa.com

http://autismequebec.org/

78 Bibliographie

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RétentionLe modèle CAA : www.gnb.ca/mieux-etre

Ressources d’informations sur l’intimidation auprès des personnes aînées https://www.youtube.com/watch?v=96HkYuXpyxs

Gestion de conflits - médiation citoyennehttps://equijustice.ca/fr/membres/de-la-capitale-nationale

Les retombées sociales du jardinage communautaire et collectif dans la conurbation de Québechttp://journals.openedition.org/vertigo/9930(2010, Manon Boulianne, Geneviève Olivier-d’Avignon et Vincent Galarneau)

Le jardinage partagé en milieu urbain : nourrir le corps, l’esprit, les liens sociaux et les compétences alimentaires.(2014, Boulianne, Manon,Nutrition, Science en évolution (revue de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec), 12 (1) : 13-16)

Accès à une alimentation saine chez les aînéshttp://collectivitesviables.org/articles/syst%C3%A8me-alimentaire-durable.aspx

Maison du développement durable - Répertoire initiatives en agriculture urbainehttp://lamdd.org/services/ressources-dd/alimentation

Cultive ta ville - Portail de l’agriculture urbaine au Québechttps://cultivetaville.com/

Plan d’action régional en sécurité alimentaire (CIUSSS)http://www.ciusss-capitalenationale.gouv.qc.ca/expertise-et-partenariat/sante-publique/vivre-sans-faim/batir-des-solutions/le-plan-daction-regional

Plan d’accessibilité ville de Québec (2017)https://www.ville.quebec.qc.ca/publications/docs_ville/plan_action_acessibilite-2017-2020.pdf

79Bibliographie

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Accessibilité géographique aux commerces alimentaires au Québec : analyse de situation et perspectives d’interventions(2013, Éric Robitaille,Pascale Bergeron, institut national de la santé publique)https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/1728_AccessGeoCommAlimentQc.pdf

Plan d’action régionale en sécurité alimentaire CRISA 2013-2017(2013, agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale)https://www.ciusss-capitalenationale.gouv.qc.ca/sites/default/files/planactionregionalsecuritealimentaire-2013-2017.pdf

Portrait démographique La Cité-Limoilou(2019, Ville de Québec)https://www.ville.quebec.qc.ca/apropos/portrait/quelques_chiffres/arrondissements/docs/Portrait_arrondissement_La%20Cit%C3%A9-Limoilou.pdf

Inégalités sociales et insécurité alimentaire : Réduction identitaire et approche globale(2015,Collectif d’auteurs,CREMIS) http://www.cremis.ca/inegalites-sociales-et-insecurite-alimentaire-reduction-identitaire-et-approche-globale

Limoilou, un territoire aux visages multiples(Sébastien St-onge ATI Limoilou)https://cdecdequebec.qc.ca/wp-content/uploads/2016/06/territoire-visages.pdf

Portraits du Quartier de Vanierhttps://laruchevanier.org/wp-content/uploads/2018/09/enquc3aate-claudemartin_versionfinale_br.pdf

https://laruchevanier.org/wp-content/uploads/2018/09/2015-05-06_portrait-du-quartier-vanier_v12.pdf

Jardins collectifs urbains : leviers vers la transition ?(2013, Cyrielle Den Hartigh, Dans Mouvements 2013/3 (n° 75))https://www.cairn.info/revue-mouvements-2013-3-page-13.htm

80 Bibliographie

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De la pauvreté à la sécurité alimentaire. Analyse d’un glissement épistémologique et sémantique socio-sanitaire.(2003, Sonia Racine, Programme de doctorat en service social Université de Montréal)http://faim-developpement.ca/media/2011/11/De-la-pauvret%C3%A9-%C3%A0-la-s%C3%A9curit%C3%A9-alimentaire.pdf

L’insécurité alimentaire des ménages au Canada(2014, Valérie Tarasuk, Andy Mitchell, Naomi Dachne, Instituts de recherche en santé du Canada)https://proof.utoronto.ca/wp-content/uploads/2016/05/Ins%C3%A9curit%C3%A9-alimentaire-des-m%C3%A9nages-au-Canada-2014.pdf

La faim et l’insécurité alimentaire chez les étudiantshttps://foodsecurecanada.org/sites/foodsecurecanada.org/files/insecurite_alimentaire_etudiants.pdf

Youth, the Changing Nature of Work, and Food Insecurity Considerations for the Development of the Canadian National Food Policyhttps://foodsecurecanada.org/sites/foodsecurecanada.org/files/attached_files/nfp_brief_changing_nature_of_work.pdf

Outils en sécurité alimentaire - Étudiants (en anglais)https://www.mealexchange.com/gfc-campaign-toolkit

The Hunger Report - A Demographic Overview of the Good food center’s members (2013, Anthony Nguyen, Danielle Labonté, Drew Silverthorn)https://drive.google.com/file/d/0B0LYDqd6MgagX1lZVEJBLU1pOUk/view

Household food insecurity is a serious public health problem that affects 1 in 8 Canadian households (institut de recherche en santé du Canada)https://proof.utoronto.ca/

Produire et consommer chez nous - Guide vers une plus grande autonomie alimentaire(produire la santé ensemble, laboratoire rural)http://pseobnl.com/wa_files/Guide_Produire_et_consommer-3.pdf

81Bibliographie

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Réseau du jumelage interculturel du Québechttps://jumelageinterculturel.wordpress.com/le-jumelage-interculturel/les-etapes-du-jumelage/

L’éco Embourgeoisement(2019, Mathieu Perreault, la Presse)https://www.lapresse.ca/actualites/201908/04/01-5236239-haro-sur-l-eco-embourgeoisement-.php

Projets inspirants (vidéos en anglais)https://www.ted.com/talks/ron_finley_a_guerilla_gardener_in_south_central_la

https://www.ted.com/talks/pam_warhurst_how_we_can_eat_our_landscapes

https://www.ted.com/talks/stephen_ritz_a_teacher_growing_green_in_the_south_bronx

https://www.ted.com/talks/majora_carter_s_tale_of_urban_renewal

http://www.ssbx.org/

Colloque international sur la sécurité alimentaire et la nutrition à l’heure des changements climatiques(liste de vidéos)https://www.youtube.com/playlist?list=PL3VbFYYm8_nvSyQKki9lT4anknnU0Spil

Intervenants experts cités : Noémie Lévesque - Maison Oxygène; Francois Girardin - Maison de la famille de Kamouraska;Tania Lécuyer - Motivaction Jeunesse;Julie Lahaye - Intégration TSABenoit Picard, Daniel Gagnon - Le RucherDominique Zalitis - La marée des motsCatherine - La bienveillanteMartine Rodrigue - AQDR Lévis-Rive Sud

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Participation aux concertations, évènements : Visite et rencontre Quartier Nourricier Centre-Sud - février et novembre 2018;Forum CRISA - octobre 2018;Forum sur la santé des hommes - mai 2019;Forum en alimentation territorialisée - octobre 2019;La Fabriq École sur l’impact social - automne 2019;Impulsion 100 degrés - septembre 2019.

Bibliographie 83

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