Cultura Alunului in Turcia

REVUE FORESTIRE FRANAISE

LA CULTURE DU NOISETIER EN TURQUIE^

PAR

M. COINTAT Ingnieur en Chef des Eaux et Forts

La Turquie est de loin le plus gros producteur de noisettes et reprsente 60 % de la production mondiale. Viennent ensuite l'Ita-lie (22 %) , l'Espagne (10 %) et les USA (S %). La France ne possde que quelques vergers de noisetiers notamment en Corse, dont la production annuelle avec peine 500 tonnes est ngligeable.

Bien que son royaume soit limit aux rives embrumes et chau-des de la Mer Noire, le noisetier est considr en Turquie comme un vritable emblme national. Dans les salons de th, dans- les guinguettes qui bordent le Bosphore aux couleurs clatantes, la noi-sette frache, sche ou grille, remplace les cacahutes de nos cafs. Chez M. Kmal PEKER Giresun, et dont une tude fort docu-mente sur la valeur nutritive et mdicale de la noisette accompagne cet article, on peut admirer tapis et assiettes dcores avec des feuil-les, ou des fruits de noisetiers.

M. Kemal PEKER est d'ailleurs un vritable aptre de la noi-sette, qui a su en chanter les beauts, et les vertus. J'espre qu'il

(1) Etude ralise la suite d'un voyage en Turquie du 13 juillet au 8 aot 1961. Il m'est particulirement agrable de remercier toutes les person-nalits qui m'ont si aimablement reu et guid avec cette extraordinaire hos-pitalit turque: M'M. NAIN ARIKDAL et A L I GLERTEKIN, directeur gnral et directeur gnral adjoint de la Fiskobirlik, M'. KEMAL PEKER, Secrtaire gnral de l'Union des Exportateurs de Noisettes de la rgion de la Mer Noire, M. F E H M I OZGEN, Directeur del' Agriculture de la province de Giresun, M. SELAHATTIN TRD, Directeur de la Station de Recherches Agronomi-que de Giresun, M. ETIN BAYAZITGLU, Chef de Service la Fiskobirlik et M. MAHMUT DORUK, Professeur d'anglais Trbizonde, dvou et sympa-thique interprte.

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voudra bien m'excuser de donner une traduction assez libre d'une de ses posies :

Dans la rgion de la Mer Noire Les habitants ivres d'espoir

Se tournent vers le noisetier austre Comme les tournesols vers la lumire.

Le soleil dore la nature De mme la noisette pure, Dride le cur et l'esprit

Dans cette province de la Turquie.

La noisette fait partie du folklore. Elle a sa place dans les lgen-des et mme dans l'humour populaire. En langage turc, on l'appelle F I N D I K (prononcez Feundeuk ) et une vieille histoire mili-taire prtend que les habitants riverains de la Mer Noire ne savent pas prononcer Feundeuk , mais dans leur patois local disent Foundouk . Aussi la tradition veut que tous les jeunes soldats qui prononcent Foundouk soient verss dans la marine. La noi-sette sert donc mme de test pour l'arme turque.

Les deux principales varits sont la Tomboul ou grosse ronde, et la Sivri ou noisette pointue. Suivant qu'elles sont grassouillettes ou un peu trop minces, les charmantes femmes tur-ques sont souvent surnommes Tomboul ou Sivri par ce peuple enthousiaste de Bithynie, de Paphlagonie et de la rgion Pontique.

A. L E NOISETIER TURC

I ) Importance - Rpartition gographique (cf. ca r te )

Les noisetiers sont localiss sur la cte de la Mer Noire en deux rgions diffrentes :

une zone principale de Terme la frontire russe autour de Giresun, capitale de la noisette et qui s'tend sur environ 400 km (3 sous-rgions: Trbizonde, Giresun et Ordou).

une zone secondaire l'Ouest autour de la ville de Diizdje et sur environ 70 km de cte entre Ugurlu et Alapli.

LA CULTURE DU NOISETIER EN TURQUIE 793

Les surfaces plantes en noisetiers sont les suivantes (1949) : Circonscriptions Surface en ha Nombre total de cpes

a) Rgion de Trebizonde:

Pazar Rize Of

Total

b) Rgion de Giresun: Vakfikebir

c) Rgion d'Ordou:

Fatsa

Total

d) Rgion d'Aktchakodja-Dzdje:

TOTAL GNRAL

1700 350

1100 4 000 4 000 8 000

11800

30 950

4 500 9 000

12 000 35 000 18 500

79 000

12 100 2 200 4 076

717

19 093

5 500

134 543 ha

1 731 000 862 000 100 000

8 465 000 19 980 000 23 030 000 2 995 000

57 163 000

15495 000 10 000 000 15 000 000 25 000 000 22 000 000

87 495 000

11640 000 4100000 5 500 000

525 200

21 765 200

- ( ? ? )

166 423 200 cpes (non compris

rgion de Dzdje)

Dans le secteur de Giresun les vergers de noisetiers constituent l'essentiel du paysage et colonisent les 3/4 de la surface agricole. Le noisetier est en extension. De nouvelles plantations sont ralises principalement dans les rgions cl'Ordou et de Dzdje.

Les noisetiers cultivs sont cantonns dans une zone ctire de 20 30 km de large et les plantations s'tagent en banquettes rgu-lires et troites jusqu' 700 m d'altitude.

La province de Giresun renferme prs de 2 /3 de la surface plan-te et reprsente le lieu de prdilection du noisetier autour de la pit-toresque presqu'le de Giresun qui, couronne des restes d'un fort seldjoukide, s'enfonce verdoyante dans l'immensit toujours un peu voile de la Mer Noire, cette Kara deniz qui apporte pluie et fertilit.

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A Giresun, les plantations sont plus rgulires, les vergers sont mieux ordonns et mieux entretenus. Le nombre des cpes par hec-tare est en moyenne de 1 100, mais Giresun mme, la densit tombe 7 00. Il en est ainsi galement dans la province dOrdou o les jeunes plantations plus rationnelles, sont nombreuses.

Ailleurs, les vergers sont trs divers : tantt ce sont presque des taillis tellement leur densit est grande, notamment en altitude o les varits primitives et sauvages sont plus frquentes, tantt les noisetiers sont dissmins soit dans le maquis, soit au milieu des cultures. C'est ce qui explique que le nombre des cpes, en moyen-ne de 1 850 par hectare clans la province de Trbizonde, varie en fait de 100 5 000.

2) Histoire Bien que diffrentes espces de Corylus croissent spontanment

en Amrique, en Chine et dans bien d'autres contres de l'hmi-sphre Nord, il semble pourtant que nos noisetiers cultivs soient originaires de l'Asie Mineure et en particulier de cette rgion pon-tique o ils font l'objet de cultures intensives.

Le nom de la ville de Giresun qui vient du Cerasus latin, est significatif et l'on peut avancer que cette rgion, chaude, hu-mide, fertile est vraisemblablement le berceau de plusieurs de nos arbres fruitiers.


La culture du noisetier est par consquent pratique en Turquie depuis un temps immmorial. Au dbut du sicle avant J.C., Xnophon dcouvrit Giresun des noisettes plates, des noisettes amandes qui taient stockes clans les greniers de la ville.

Au sicle, les Gnois firent de Trbizonde un centre com-mercial important et furent les premiers rpandre les noisettes turques sur les marchs mondiaux.

Le premier document relatif aux exportations de noisettes est un rcit de voyage, se trouvant la bibliothque nationale de Ma-drid, crit par Roy Gonzalez Clavio, chef de la dlgation envoye en 1403 auprs de Tamerlan, par le roi Henri I I I d'Espagne.

D'aprs ce document, les Espagnols ont quitt le port de Trbi-zonde le 17 septembre 1403, bord d'un navire charg de noi-settes, sous le commandement du Capitaine Nicolas COJEN, et sont arrivs Stambul aprs un- voyage de 25 jours (1).

C'est vers 1665 que le Noisetier de Byzance (Corylus Cotur-no) dont le fruit tait jadis appel la noix pontique a t intro-duit en Europe.

Ds 1773, au dbut du mois de mai de chaque anne, d'impor-tantes cargaisons de noisettes en coques taient expdies la foire de Nijni Novgorod en Russie. Ces noisettes taient pralablement soufres pour rehausser la couleur des coques. Vers la mme po-que (1792) commencent galement des exportations vers la Rou-manie.

La noisette turque figure pour la premire fois en Europe en 1851 l'exposition internationale de Londres. E n 1852, la Suisse achte directement des noisettes provenant des bords de la mer Noire. La Belgique commence ses importations partir de 1875.

La premire expdition de noisettes dcortiques est ralise en 1889. Les noisettes turques se rpandent trs rapidement dans le monde au dbut du xx e sicle: 1906, Grce; 1907, Allemagne; 1909, Marseille ; 1912, Amrique.

3) Diffrentes espces et varits La Turquie cultive de nombreuses varits de noisetiers

fet il existe encore une certaine confusion dans la classification bota-nique de cet arbre, tant donn la prsence d'hybrides. J e serai donc extrmement prudent sur ce chapitre, laissant aux spcialistes le soin de poursuivre des tudes pour le moins ncessaires.

Les trois espces les plus rpandues en Turquie sont Corylus Colurna L., Corylus Maxima Mill. ( C Tubulosa) et Corylus Avel-lana L.

(1) Cf. Bibliographie - K. PEKER n 4.

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Le Corylus Colurna est le noisetier de Byzance. Le fruit de for-mes diverses comporte une cicatrice basale importante s'tendant sur le tiers ou la moiti de la hauteur.

Le Corylus Maxima est le noisetier franc. L'involucre a une forme de tube et est gnralement court. La noisette est allonge et comprime.

Le Corylus Avellana est l'avelinier ou le coudrier que Ton trouve gnralement en France. Les lobes de l'involucre sont spars, effi-ls et souvent dents. La cicatrice du fruit est peu importante.

Noisettes turques

Tomboul Sivri Badem

Kara Palas Kan

Depuis quelques annes, un effort apprciable a t ralis par les coopratives et les groupements de producteurs pour la slection des noisettes de qualit. Les caractres principaux qui sont recher-chs sont les suivants : coque mince, brillante et d'une couleur f ran-

LA CULTURE DU NOISETIER EN TURQUIE 7 9 7

che, peau intrieure de couleur frache, mince et vivante, saveur agrable, amande remplissant compltement la coque, teneur en huile.

Les noisettes turques sont notamment rparties en deux grands crus :

la noisette de Giresun dont le taux de matire grasse n'est jamais infrieur 67 % (noisettes sches),

la noisette Levant (Trbizonde, Ordou, Dzdje) dont la teneur en matires grasse ne dpasse pas 55 % (noisettes sches) mais dont les huiles sont plus digestibles et se conservent mieux.

Les principales varits se rpartissent ainsi : a) La (( Tomboul ou grosse ronde, encore appele Imp-

riale de Trbizonde , reprsente 70 % de la production turque. Le fruit est trs gros. La coque est ronde, mince et brillante, d'un brun clair. L'amande chair blanche remplit compltement la coque. La peau intrieure est trs mince ; lgrement rougetre, elle bru-nit au soleil. Sche, elle se spare facilement du fruit. Le noisetier Tomboul est le plus productif et donne les fruits de qualit exceptionnelle. Le rendement est de 50 % de noisettes sches d-cortiques par rapport au fruit sec en coque.

b) La Sivri ou noisette pointue, appele encore par certains auteurs noisette de Krasonde . Cette varit de noisetier se rencontre presque uniquement dans les provinces de Giresun et de Trbizonde. Elle reprsente environ 10 % des plantations. C'est galement une noisette de trs grande qualit et d'une saveur parti-culirement fine..Le fruit est pointu. La coque brillante et mince est de couleur plus claire que la tomboul. La productivit est bonne, mais le rendement est un peu plus faible: 45 % 50 %.;

Le noisetier Sivri a des feuilles plus petites que le noisetier Tomboul .

c) La Badem o u noisette-amande a une forme allonge et comprime comme les amandes. Sa couleur est claire et sa chair est fine. On trouve ce noisetier essentiellement dans la rgion de Giresun. . " >

d) La Iri Kara ou grosse noire, ressemble la ^Xpmboul , mais sa qualit est moins bonne : coque plus paisse et couleur plus fonce. Le noisetier, qui a des feuilles larges et vert sombre, est plus rustique que les varits prcdentes. Il est surtout rpandu en altitude. . . . .

e) La allas , ou noisette Keressen, est galement une varit gros fruit. Elle ressemble comme qualit, mais avec" une forme


plus ramasse la Kara prcdente. Toutefois, la coque a une couleur plus claire et est assez fortement strie. Il s'agit galement d'un arbre rustique supportant des tempratures plus basses que les deux grandes varits Tomboul et Sivri .

f) A ct de ces cinq grandes varits qui constituent les noi-settes turques de qualit, ainsi que la trs grande majorit de la production, quelques autres types de noisettes mritent d'tre ci-ts:

Indje Kara ou petite noire, noisette de trs belle qualit, haut rendement au dcorticage et au schage, mais de petite di-mension.

Kan Findik ou noisette rouge, rendement correct, et dont la peau intrieure devient rouge trs fonc et adhre fortement l'amande.

Focha noisette de la rgion de Trbizonde. Kouch noisette limite la commune de Piraziz dans la

province de Giresun. (( Ikiz Findik ou noisettes doubles. Il s'agit d'une mons-

truosit qui apparat dans chaque varit. Cette originalit est peut-tre plus frquente dans les rgions dOrdou et Unye,

Ham Findik ou noisette sauvage.

4) Ecologie du noisetier Les vergers de noisetiers s'tendent principalement de Terme

la frontire russe et s'tagent sur les flancs des montagnes ponti-ques qui bordent la mer Noire. Il n'est pas banal de serpenter pendant des centaines de kilomtres entre deux haies de noisetiers avec souvent l'impression de parcourir une vritable fort de cou-drier, tant les plantations sont serres.

La petite zone Ouest de Dzdje galement le long de la mer n'est pas comparable : moindre importance du noisetier dans le pay-sage, vergers de plaines (bassin de Bolu) plus que vergers en ban-quettes.

La chane Pontique face la mer Noire est divise en deux par-ties par l'un des fleuves les plus importants de Turquie, le Kizil Irmak (1 150 km).

A l'Est, dans la rgion de Samsun-Trbizonde, les chanes sont plus vigoureuses, cristallines et volcaniques, et atteignent 3 700 m d'altitude (chane du Lazistan).

Les fleuves: Sakarya, Kizil Irmak, Yechil Irmak, rejoignent la mer Noire par des gorges profondes, ce qui explique les difficults de communication Nord-Sud.

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Le vent du nord, vent marin, trs humide est le vent dominant et donne un climat tempr pluies abondantes et rgulirement rparties surtout l'Est (1 000 1 500 mm par an). La pluviosit diminue vers lOuest (700 mm) avec tendance mditerranenne. Une petite rgion de quelques dizaines de kilomtres Ouest de Trbizonde est galement plus sche et explique la prsence d'oli-viers et l'interruption du paysage de noisetiers en bordure de la mer.

Le climat de la cte et de la chane Pontique est du type chinois donnant naissance une fort dense, humide, qu'il est surprenant de rencontrer en Europe, fort malheureusement trs dgrade par le pturage.

Les hivers sont doux; moyenne de janvier -f- 7 Samsun. Les ts sont moyennement chauds: moyenne d'aot + 24

Samsun. Les noisetiers, accompagns d'arbres fruitiers (pruniers, pom-

miers, cerisiers) constituent la culture dominante jusqu' 700 m d'altitude. Au-dessus, la fort du Pont comprend une futaie as-pect septentrional:- aulnes, chnes, htres, avec un sous-bois sou-vent exubrant de laurier-cerises et de rhododendrons.

A partir de 1 100 m commence la fort de Picea Orientalis, mlan-ge dans la partie infrieure de quelques Abies nordmanniana.

A ct des noisetiers, le mas est la culture vivrire tradition-nelle (quelques rizires dans les deltas). De nouvelles cultures sont en plein dveloppement : agrumes, th, tabac.

Aprs la grande guerre, la culture du noisetier a subi une crise importante la suite du dpart de 100 000 Grecs, remplacs par des rfugis Tcherkesses bulgares. Cette priode critique est mainte-nant efface et grce l'autorit de Mustapha Kmal Ataturk, dont la villa d't* se trouvait Trbizonde, le noisetier a repris une place prpondrante.

La dmographie, dans cette zone ctire culture intensive, est particulirement dense jusqu' 700 m : de 50 100 habitants par km2.;

Le noisetier cultiv rclame 1 000 1 200 mm de pluies annuel-les, bien rparties et un degr hygromtrique lev. A Giresun, la pluviosit est de 1 800 mm, Trbizonde de 1 600 mm. L'hygro-mtrie ne descend pas au-dessous de 80.

Au point de vue temprature, le facteur limitant est 7. A Giresun, prs de la mer, la temprature minimum est de 5,

la temprature maximum est de + 30 (moyenne annuelle : + 10). La temprature 700 m est au minimum de 6, mais suivant les expositions on trouve encore quelques noisetiers cultivs jus-qu' 1000 m ().

(1) Il s'agit toujours de noisetiers cultivs, car il a t trouv des noise-tiers sauvages jusqu' 2 000 m d'altitude dans la chane Pontique.


Le noisetier est assez indiffrent vis--vis du sol toutefois il pr-fre les sols argileux sur lesquels il n'est pas rare de voir des ver-gers centenaires. Sur les sols sableux, podzoliss, les noisetiers ont une longvit beaucoup moindre et ne dpassent gure 25 ans.

Dans la province de Giresun, le pH du sol atteint rarement 6 et est gnralement de 5. Les sols sont dans l'ensemble trs humides. A dfaut de drainage, les agriculteurs turcs laissent volontiers crotre au milieu des vergers quelques aulnes naturels qui assainissent le terrain tout en apportant un peu de bois de chauffage. Il ne sem-ble pas cependant que cette pratique soit parfaitement rationnelle.

5) Plantations - Vergers de noisetiers La mthode de plantation prconise actuellement par les Services

Agricoles de Giresun est la suivante et diffre sensiblement des plan-tations italiennes et espagnoles.

Aprs un dfoncement 60 cm, les drageons au nombre de 6 par cpes sont plants sur un cercle de 125 cm de diamtre. Les drageons en gnral de 1 an sont enfoncs de 15 20 cm en terre et dpassent le sol de 30 50 cm.

Les cpes sont distantes, de centre centre de 5 6 m, soit 3 400 cpes par hectare. Les anciennes plantations sont beaucoup plus denses, et ne sont ni cultives ni entretenues. L'agriculteur compte sur une vgtation toujours exubrante.

La plantation est ralise au printemps et les drageons sont re-cps aprs un an. A l'exception de quelques tailles de formation, et de l'enlvement des branches dprissantes, les cpes croissent naturellement et atteignent 2 3 m de hauteur. Les premires noi-settes apparaissent vers 5 ans. L'optimum de production se situe environ 10 ans aprs la plantation.

Il est galement conseill un labour d'automne, rarement effectu dans la pratique.

Au moment de la plantation, il est enfin recommand d'incorpo-rer au sol 500 gr d'engrais par cpe : 200 200 100 . Aprs 3ans, on ajoute 200 gr de chaux.par cpe.

6) Entretien des vergers La production annuelle est trs irrgulire, variant de 7 000 ton-

nes en 1929 130 000 tonnes en 1956, avec une rcolte moyenne de l'ordre de 80 000 tonnes pour les 10 dernires annes. Ces fluc-tuations sont dues essentiellement: l'absence d'entretien des ver-gers, aux geles printanires et aux dgts causs par les insectes.

Il n'existe pas en Turquie de dfense collective contre le gel, du moins en ce qui concerne les noisetiers. Par contre, depuis quel-


ques annes, l'administration et les Coopratives se proccupent de la lutte contre les insectes, mais les traitements sont encore peu dvelopps.

L'ennemi n 1 du noisetier turc est le Balaninus nucum ou ver de la noisette, petit charanon qui en mai perce la coque et dpose un uf dans chaque fruit. Le ver ronge l'amande avant de rejoindre le sol o la mtamorphose aura lieu. Les dgts sont souvent consi-drables.

UEryophyes Coriligallarum, petit acarien, attaque aussi parfois les bourgeons et les feuilles.

7) Structure agraire Les proprits agricoles sont trs diverses; toutefois dans cette

rgion trs anciennement cultive, l'exploitation moyenne et petite dominent au contraire du plateau anatolien, o le nomadisme tant la rgle, Ataturk a procd de vastes dfrichements et une r-forme agraire profonde. -

Dans la rgion du noisetier, 80 % des fermes ont une surface comprise entre 0,5 ha et 50 ha et 20 % ont de 50, 200 ha. Tou-jours dans cette zone ctire, on considre, mais nous donnons ce chiffre sous toutes rserves, que la culture d'un hectare rclame en-viron 2 ouvriers 100 jours de travail par an (1).

B. LA NOISETTE TURQUE

1) Rcolte La rcolte des noisettes commence fin juillet dbut aot et se

poursuit pendant environ 3 semaines. En altitude, la rcolte a une dizaine de jours de retard.

Pendant les dix premiers jours, les fruits qui ne sont pas encore tout fait mrs sont cueillis directement sur l'arbre. Ensuite les noisettes sont ramasses sur le sol aprs avoir secou les arbres.

Une personne cueille en moyenne 35-40 kg de noisettes par jour. Celles-ci sont mises dans de curieux paniers pointus qui sont atta-chs par une ceinture sur le ventre des cueilleurs, ou plutt des cueilleuses. Ces paniers sont tresss avec du coudrier sauvage prove-nant des taillis situs vers 800 m d'altitude.

Les noisettes sont ensuite sches au soleil et spares de leur gaine averte. Le schage termin, elles sont livres par l'agriculteur aux usines de dcorticage.

(1) Cette unit de 100 jours de travail/an est justifie dans ce pays, o le moyen emploi est la rgle sinon un des premiers.buts atteindre. ~

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2) Production Le rendement d'un verger de noisetiers bien entretenu, cultiv,

et engraiss est de Tordre de une tonne par hectare de noisettes sches en coques, ce qui correspond 4 500 kg de noisettes sches dcortiques.

Mais en fait, les 135 000 hectares de vergers turcs, souvent aban-donnes la providence, sont loin de donner une telle production, les variations d'une anne sur l'autre tant, comme il a dj t prcis, fort considrables.

La production pendant les 10 dernires annes a t la suivante : 1951 85 800 tonnes 1952 74 500 tonnes 1953 44 000 tonnes 1954 115 700 tonnes 1955 46150 tonnes 1956 130 500 tonnes 1957 54 500 tonnes 1958 100000 tonnes 1959 81 000 tonnes 1960 52 262 tonnes 1961 (1) 70 000 tonnes

Moyenne annuelle 1951-1960: 78.440 tonnes.

Pendant les priodes dcennales prcdentes, la production a vo-lu ainsi :

1923-1930 , : 31 000 tonnes 1931-1940 46 900 tonnes 1941-1950 53 700 tonnes

La progression est apprciable et constante et ces quelques chif-fres montrent la vitalit de la culture du noisetier en Turquie.

La rpartition par provinces est encore plus significative pour prouver l'effort particulier de certaines rgions.

PERIODE 1951-1960 Provinces Surfaces % Production % Production

en tonnes

Trbizonde Giresun . . . Ordou Aktchakodja

(1) Chiffre approximatif.

23 % 27 % 60 % 35 % 14 % 28 % 3 % 10 %

100 %

21200 27 600 22 400 7 200

100 % 78 400

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La rgion de Giresun, contre traditionnelle de la noisette, ren-ferme les plus vieux noisetiers. De nombreux vergers mritent d'tre rgnrs, pour amliorer la productivit. Au contraire, la province d'Ordou est une rgion nouvelle o les jeunes plantations sont nombreuses et continuent leur progression. Il en est de mme l'Ouest autour d'Aktchakodja, et Duzdje.

Pour les priodes dcennales prcdentes, la rpartition tait la suivante :

Priodes Trbizonde Giresun Ordou Aktchakodja 1923-1930 . . . . 29 % 48 % 21 % 2 % 1931-1940 . . . . 32 % 46 % 19 % 3 % 1941-1950 . . . . 31 % 38 % 27 % 4 %

3) Prparation et traitement des noisettes La Fiskobirlik (Findik Tarim Satis Kooperatifleri Birligi), c'est-

-dire l'Union des Coopratives pour la commercialisation des noi-settes, dont le sige est Giresun, reprsente la plus importante usine de prparation des noisettes turques.

La plus grande partie de la production est vendue dcortique pour la confiserie et la chocolaterie. Sur les 25 000 tonnes com-mercialises par la Fiskobirlik en 1960-1961, seulement 750 ton-nes ont t expdies en noisettes non dcortiques.

Les agriculteurs livrent les noisettes classes par varits. Elles sont tendues pour tre expertises. Pour parfaire le schage elles passent dans un ventilateur qui a pour but d'liminer les noisettes dfectueuses plus lgres, puis les noisettes sont ensuite envoyes dans un dcortiqueur constitu par un disque suprieur fixe et un disque infrieur mobile et rglable. Un sasseur spare les coques des amandes.

Le classement est effectu par des trieurs cylindriques : triage par varits et par grosseurs.

Avant d'tre envoyes dans le silo, un deuxime triage est effectu la main sur un tapis roulant. Enfin, les noisettes sont mises en stock pendant une dure de deux mois, au cours de laquelle les fruits sont contrls.

Les noisettes sont expdies en sacs de 50 80 kg par voie mari-time et chaque anne le premier chargement est Giresun l'objet d'une fte traditionnelle.

A la Fiskobirlik, la capacit journalire est de 10 tonnes de noi-settes dcortiques et le personnel comprend une centaine d'ou-vriers.

Le rendement en noisettes dcortiques est presque toujours su-prieur 50 % pour la Tomboul, et de 45-50 % pour la Sivri.

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Les normes de dimensions sont pour la Tomboul: en qualit standard de 13 mm en coque et 9 mm dcorti-

que, en qualit Giresun de 13 mm en coque et de 11 mm d-

cortique. - . ' Le rendement en huile est pour la Tomboul Giresun sup-

rieur 67 %, pour la Tomboul Levant , de 50 55 %, pour la Sivri Giresun d'environ 55 %.

4) Organisation professionnelle La moiti de la production passe par des coopratives, bien or-

ganises et ayant un rle essentiellement technique : vulgarisation, et prparation des noisettes. A Trbizonde, la cooprative groupe . 4 000 paysans, reprsente 70 % des producteurs et traite 7 8 000 tonnes de noisettes par an.

La commercialisation est effectue par la Fiskobirlik qui rassem-ble au total 25 coopratives dont 2 pour la rgion d'Aktchakodja. La Fiskobirlik a un triple rle : traitement des noisettes de la r-gion de Giresun, commercialisation et socit d'intervention sou-mise au contrle du Gouvernement pour la rgularisation du mar-ch.

Ds leur arrive les noisettes sont expertises en prsence de l'agriculteur. La tolrance est au maximum de 5 % de noisettes non sches. Pour la rcolte 1960, l'acompte vers aux producteurs a t de 450 Kurus par kilog de Tomboul et 410 Kurus par kilog de Sivri (1).

Les acomptes sont calculs sur un rendement de 50 % pour les Tomboul. Des ristournes sont accordes en fin de campagne suivant le prix de vente des noisettes dcortiques.

Par ailleurs, des prts sont consentis par la Banque de l'Agri-culture aux agriculteurs pour tendre et pour rnover leurs plan-tations.

Chaque anne le Gouvernement turc fixe un prix minimum qui est actuellement de 116 $ FOB pour 100 kg de noisettes dcorti-ques. _

Suivant le march, le Ministre du Commerce peut, pour viter l'effondrement des cours, demander la Fiskobirlik d'effectuer des achats massifs, comme pour les Socits d'intervention franaises. Ces achats rgulateurs sont subventionns par l'Etat, par l'inter-mdiaire de la Fiskobirlik.

(lj soit environ 2,20 NF et 2,00 NF.


Pour la commercialisation des noisettes des Coopratives, la Fis-kobirlik agit comme un courtier, en dduisant ses frais estims l'avance. La vente a lieu par varits, la tolrance tant de 10 % de varit Sivri dans la Tomboul et inversement.

Les deux tiers de la production sont en moyenne exports, soit environ 25 000 tonnes/an de noisettes dcortiques. La Turquie vend ses noisettes 23 pays diffrents dont les principaux par ordre dcroissant sont: l'Allemagne (10 000 tonnes), la Suisse (2 500 tonnes), l'Autriche, la Belgique, l'Angleterre et la Tchco-slovaquie.

Les noisettes non dcortiques sont principalement expdies en Isral; Irak, Egypte, Belgique, Autriche.

Evolution des exportations Noisettes non dcortiques Noisettes dcortiques

1923-1930 . . . . 3 000 tonnes 12 000 tonnes 1931-1940. . . . 2 500 tonnes 18 000 tonnes 1941-1950. . . . 2 500 tonnes 18 000 tonnes 1951-1960 . . . . 2 000 tonnes 25 000 tonnes

C. CONCLUSIONS.

Le Franais imagine mal la beaut des paysages turcs. En dehors des rives enchantes du Bosphore, de l'activit dbordante et cosmo-polite de Stamboul et de Pra, il a tendance penser que la Tur-quie est uniquement un vaste plateau dnud et aride. Il est vrai que l'Anatolie et plus spcialement la Cappadoce est un pays de scheresse et de souffrance o un extraordinaire effort de mise en valeur a t ralis, mais il ne faut pas oublier cette rgion ctire de la mer Noire, aux montagnes puissantes drapes de riches plan-tations, aux paysages verdoyants toujours voils et un peu mlanco-liques, aux plages de sable gris, la cte pittoresque et dcoupe. Ce pays est l'hortus dei de la Turquie. Dans une vgtation exubrante, le noisetier apporte la note originale de son feuillage vert gris. Il colonise les vallons et les creux, il s'accroche aux flancs des montagnes. Il est partout sur des centaines de kilomtres- et Ton comprend dans ce pays de terre promise que la Turquie soit le premier producteur de noisettes aussi bien en quantit qu'en qualit.

La France importe chaque anne de 4 5 000 tonnes de noisettes, mais il n'y a pratiquement pas de noisettes originaires de Tur-quie. Et je regrette personnellement que ces beaux fruits Tom-boul et Sivri soient absents de la gastronomie franaise.

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B I B L I O G R A P H I E

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Cultura Alunului in Turcia