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INFOTECH # 45 DDA : MAîTRISER LA GOUVERNANCE ET LA SURVEILLANCE PRODUITS © 2017 ACTUARIS – Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation TECH La directive sur la distribution d’assurances dite DDA (Directive (UE) 2016/97), transposée en droit français pour le 23 février 2018 au plus tard, sera d’application immédiate à cette date, sauf si comme certains le laissent entendre, un délai est accordé par le législateur. Un délai de 6 mois à compter de la publication de l’ordonnance a en effet été demandé par certains acteurs qui dénoncent un temps de mise en œuvre irréaliste (N.B : les actes délégués ne devraient pas être publiés avant septembre ou octobre 2017). A ce stade, il semble toutefois peu probable que cette requête trouve une issue favorable étant donné que le calendrier est européen et fixé depuis longtemps. Cette nouvelle réglementation est incontestablement dense et très structurante. Elle bouleverse pour beaucoup des organisations et méthodes de travail et suppose une remise en question de certains points de la chaine de valeur clients. Néanmoins, bien comprise elle porte en son sein une opportunité de mettre en œuvre des pratiques plus efficientes et de rationaliser certains processus. LA GOUVERNANCE : FIL ROUGE DES REGLEMENTATIONS FINANCIERES ACTUELLES Fer de lance des nouvelles réglementations financières, la gouvernance devient un concept incontournable pour le législateur européen. Dans le cas de la DDA, les références à Solvabilité 2 sont claires. Le nouveau régime prudentiel prône, en effet, une gouvernance appropriée, saine et prudente, incite à une implication forte des instances de gouvernance et surtout impose la mise en place d’un corpus documentaire enrichi. En miroir, la DDA instaure donc une gouvernance produit conjuguée à une surveillance continue adéquate. La responsabilité ultime des instances de gouvernance et l’obligation d’un corpus documentaire précis sont clairement énoncées. Les deux réglementations s’inscrivent ainsi dans une démarche commune où l’organisation des activités et leur contrôle, soit la « gouvernance » doivent être formalisés, tracés et audités. Les précisions de l’EIOPA Dans son avis technique en date du 1 er février dernier, l’EIOPA propose des axes de compréhension sur les attendus en matière de gouvernance des produits. Notamment et comme pour Solvabilité 2, la nécessité de formalisation est au cœur des dispositifs. L’EIOPA insiste sur la nécessité de mettre en place une politique écrite de gouvernance et de surveillance produits qui viendra s’ajouter au corpus documentaire des politiques écrites Solvabilité 2 déjà élaborées. Ce document devra préciser le processus de validation produit en abordant les modalités pour concevoir, réviser, distribuer et suivre un produit d’assurance. L’Autorité fait par ailleurs naturellement le lien avec l’article 40 de la directive 2009/138/CE sur la responsabilité ultime des instances de gouvernance. DDA : Maîtriser la gouvernance et la surveillance produits Consultante E-mail : [email protected] Laëtitia LAFAILLE ASSOCIéE Responsable du pôle Gouvernance E-mail : [email protected] Marie-Laure DREYFUSS 1

DDA : Maîtriser la gouvernance et la surveillance produits°45_… · la gop rend indispensable, dès les premières étapes d’élaboration du produit, une clarification des rôles

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INFOTECH # 45DDA : MAîtriser lA gouvernAnce et lA surveillAnce proDuits

© 2017 ActuAris – tous droits réservés – reproduction interdite sans autorisation

TECH

la directive sur la distribution d’assurances dite DDA (Directive (ue) 2016/97), transposée en droit français pour le 23 février 2018 au plus tard, sera d’application immédiate à cette date, sauf si comme certains le laissent entendre, un délai est accordé par le législateur. un délai de 6 mois à compter de la publication de l’ordonnance a en effet été demandé par certains acteurs qui dénoncent un temps de mise en œuvre irréaliste (n.B : les actes délégués ne devraient pas être publiés avant septembre ou octobre 2017). A ce stade, il semble toutefois peu probable que cette requête trouve une issue favorable étant donné que le calendrier est européen et fixé depuis longtemps.

cette nouvelle réglementation est incontestablement dense et très structurante. elle bouleverse pour beaucoup des organisations et méthodes de travail et suppose une remise en question de certains points de la chaine de valeur clients. néanmoins, bien comprise elle porte en son sein une opportunité de mettre en œuvre des pratiques plus efficientes et de rationaliser certains processus.

lA gouvernAnce : Fil rouge Des regleMentAtions FinAncieres Actuelles

Fer de lance des nouvelles réglementations financières, la gouvernance devient un concept incontournable pour le législateur européen.

Dans le cas de la DDA, les références à solvabilité 2 sont claires. le nouveau régime prudentiel prône, en effet, une gouvernance appropriée, saine et prudente, incite à une implication forte des instances de gouvernance et surtout impose la mise en place d’un corpus documentaire enrichi.

en miroir, la DDA instaure donc une gouvernance produit conjuguée à une surveillance continue adéquate. la responsabilité ultime des instances de gouvernance et l’obligation d’un corpus documentaire précis sont clairement énoncées. les deux réglementations s’inscrivent ainsi dans une démarche commune où l’organisation des activités et leur contrôle, soit la « gouvernance » doivent être formalisés, tracés et audités.

Les précisions de l’EIOPA

Dans son avis technique en date du 1er février dernier, l’eiopA propose des axes de compréhension sur les attendus en matière de gouvernance des produits. notamment et comme pour solvabilité 2, la nécessité de formalisation est au cœur des dispositifs. l’eiopA insiste sur la nécessité de mettre en place une politique écrite de gouvernance et de surveillance produits qui viendra s’ajouter au corpus documentaire des politiques écrites solvabilité 2 déjà élaborées. ce document devra préciser le processus de validation produit en abordant les modalités pour concevoir, réviser, distribuer et suivre un produit d’assurance.

l’Autorité fait par ailleurs naturellement le lien avec l’article 40 de la directive 2009/138/ce sur la responsabilité ultime des instances de gouvernance.

DDA : Maîtriser la gouvernance et la surveillance produits

Consultantee-mail : [email protected]

Laëtitia LAFAILLE

AssOCIéEResponsable du pôle Gouvernancee-mail : [email protected]

Marie-Laure DREYFUSS

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DDA vs MiF 2 : une regleMentAtion construite sur les MeMes principes

s’il en était besoin, les dernières avancées réglementaires montrent bien à quel point le secteur des assurances est considéré par le législateur européen comme un sous ensemble du secteur financier, donc à ce titre soumis aux mêmes contraintes de régulation. les ponts entre solvabilité 2 et crD4 étaient déjà assez évidents mais pour la DDA le parallèle est encore plus fort notamment avec la directive 2014/65/ue du 15 mai 2014 dite MiF 2 et qui entrera en vigueur le 3 janvier 2018, soit presque simultanément.

le législateur présente ainsi deux textes proches voire identiques sur certains sujets dont la gouvernance produits qui mettent en lumière une volonté de se doter d’une réglementation très homogène sur le secteur financier.

concernant la gouvernance et la surveillance produit, la mise en parallèle des dispositions figurant à l’article 25 de la DDA et aux articles 16 (3) et 24 (2) de MiF 2 se révèle assez éclairante.

MIF2 DDA

Article 16 Article 25

«  Toute entreprise d’investissement qui conçoit des instruments financiers destinés à la vente aux clients maintient, applique et révise un processus de validation de chaque instrument financier et des adaptations notables des instruments financiers existants avant leur commercialisation ou leur distribution aux clients.

Le processus de validation des produits détermine un marché cible défini de clients finaux à l’intérieur de la catégorie de clients concernée pour chaque instrument financier et permet de s’assurer que tous les risques pertinents pour ledit marché cible défini sont évalués et que la stratégie de distribution prévue convient bien au marché cible défini.

Une entreprise d’investissement examine aussi régulièrement les instruments financiers qu’elle propose ou commercialise, […] afin d’évaluer au minimum si l’instrument financier continue de correspondre aux besoins du marché cible défini et si la stratégie de distribution prévue demeure appropriée.

Toute entreprise d’investissement qui conçoit des instruments financiers met à la disposition de tout distributeur tous les renseignements utiles sur l’instrument financier et sur le processus de validation du produit, y compris le marché cible défini de l’instrument financier. […] ».

«  Toute entreprise d’investissement qui conçoit des instruments financiers destinés à la vente aux clients maintient, applique et révise un processus de validation de chaque instrument financier et des adaptations notables des instruments financiers existants avant leur commercialisation ou leur distribution aux clients.

Le processus de validation des produits détermine un marché cible défini de clients finaux à l’intérieur de la catégorie de clients concernée pour chaque instrument financier et permet de s’assurer que tous les risques pertinents pour ledit marché cible défini sont évalués et que la stratégie de distribution prévue convient bien au marché cible défini.

Une entreprise d’investissement examine aussi régulièrement les instruments financiers qu’elle propose ou commercialise, […] afin d’évaluer au minimum si l’instrument financier continue de correspondre aux besoins du marché cible défini et si la stratégie de distribution prévue demeure appropriée.

Toute entreprise d’investissement qui conçoit des instruments financiers met à la disposition de tout distributeur tous les renseignements utiles sur l’instrument financier et sur le processus de validation du produit, y compris le marché cible défini de l’instrument financier. […] ».

Premier projet d’ordonnance pour la DDA

Après de longues semaines d’attente, la publication de l’ordonnance transposant la Directive a finalement été annoncée pour décembre 2017. un décret à paraitre en janvier 2018 devrait compléter le corpus juridique français.

l’ordonnance modifiera et complétera par l’ajout de nouveaux articles le livre v du code des assurances. un premier projet communiqué à la profession en juin 2017 laisse apparaitre que certains articles reprendront la même formulation que les articles de la Directive. toutefois, les négociations entre le trésor et les professionnels ne sont pas terminées. Des évolutions fortes pourraient encore être apportées à ce texte, certains sujets étant hautement sensibles (gouvernance et surveillance produits, devoir de conseil, gestion des conflits d’intérêts, transparence sur les rémunérations, formation professionnelle, etc.).

coMprenDre lA gouvernAnce proDuit ou pog

parmi les thématiques traitées par la DDA, la gouvernance et la surveillance produits (ou product oversight governance – pog) constituent l’aspect le plus innovant des futures exigences donc le plus délicat à décliner opérationnellement de manière simple et efficiente.

la gouvernance produit vise à agir sur tous les facteurs de risque de préjudice client (mauvaise conception du produit d’assurance, canaux de distribution non adaptés, etc.), qui reposent aussi bien sur le concepteur que sur le distributeur.

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Dans ce cadre, le pog oblige l’assureur à mettre en place un processus de validation pour tout produit d’assurance.ce processus doit aller au-delà d’un simple encadrement de pratiques commerciales puisqu’il requiert la nécessité d’empêcher et de limiter le risque de préjudice pour le client. ce processus de validation devra ainsi :

❚❙ Déterminer un marché cible pour tout produit d’assurance ;

❚❙ evaluer les risques pertinents associés ;

❚❙ Définir une stratégie de distribution adéquate (y compris le réseau de commercialisation le plus adapté) ;

❚❙ prendre les mesures raisonnables pour que le produit soit effectivement distribué au marché cible défini ;

❚❙ Anticiper et détecter tout éventuel conflit d’intérêts ;

❚❙ effectuer une revue régulière du produit.

si la DDA ne vise pas expressément à remettre en cause l’organisation des circuits de distribution des produits d’assurance, elle n’en reste pas moins très structurante. elle entend préciser les rôles des acteurs intervenant tout au long de la chaîne de valeur du produit et exige notamment une formalisation claire des périmètres tout en renforçant les obligations de traçabilité et de reporting.

« La gouvernance produit ne remplace pas le devoir de conseil mais vient au contraire en complément de celui-ci ».

Cas des produits exemptés de la DDA

Bien qu’entrant dans le champ d’application de la nouvelle directive, tous les produits d’assurance ne sont pas pour autant assujettis aux exigences en matière de gouvernance et de surveillance produit.

les intermédiaires d’assurance à titre accessoire distribuant des assurances accessoires à un bien ou à un service (produits d’assurance complémentaire, produits d’assurance ne couvrant pas de risques liés à l’assurance vie ou de responsabilité civile) sont ainsi exclus du périmètre de la DDA. sont en outre exemptés des exigences de la pog :

❚❙ les assurances grands risques (corps de véhicules ferroviaires, aériens et maritimes) ;

❚❙ les assurances accessoires à un bien ou à un service (ex : couverture endommagement ou perte de bagages, risques liés à un voyage réservé auprès du fournisseur, risque de perte ou d’endommagement de biens) lorsque le montant de la prime est inférieur à 600 euros par an.

en conséquence, le concepteur d’un produit exempté n’a pas à prévoir un dispositif de gouvernance ou un processus de validation produit spécifique. pour les assurances accessoires, le concepteur devra malgré tout exercer un contrôle sur les intermédiaires d’assurance à titre accessoire afin de s’assurer qu’ils respectent leurs obligations d’information et les autres exigences de la DDA.

Nos recommandations

❚❙ cartographier clairement les produits exemptés ; ❚❙ Mettre en place un processus permettant de déterminer si un produit est exempté ;❚❙ s’assurer que le portefeuille de produits exemptés est mis à jour sur une base régulière.

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Le marché cible

Dans le cadre de la DDA, trois phases sont à anticiper concernant le marché cible :

❚❙ Détermination du marché cible (et donc du marché hors cible) : identification en fonction des caractéristiques du produit, du profil de risque, de la complexité et de la nature du produit, des besoins et des objectifs clients ;

❚❙ Avant la mise sur le marché : tests et scenarii d’analyse pour vérifier que le produit est en phase avec le marché cible ;

❚❙ Après la mise sur le marché : suivi de l’entreprise pour identifier les évènements pouvant impacter le produit et pour prendre les mesures correctrices adéquates.

Concepteur, co-concepteur et distributeur

exigeant une formalisation des périmètres et des missions de chaque acteur sur la chaîne de valeur du produit, la gop rend indispensable, dès les premières étapes d’élaboration du produit, une clarification des rôles de concepteur et de distributeur. la DDA introduit en effet la fonction centrale de « concepteur », les obligations de gouvernance et de surveillance produit s’adressant « aux entreprises et aux intermédiaires qui conçoivent des produits d’assurance.»

la conception est constituée par la définition des principales caractéristiques d’un nouveau produit d’assurance (garanties, risques couverts, marché cible, rémunération, primes…) ou la modification significative de l’un de ces éléments dans le cas d’un produit existant. Au regard de cette définition, l’adaptation de certains produits existants ne saurait constituer une conception au sens de la DDA.

Ainsi, un même produit peut non seulement avoir plusieurs concepteurs et distributeurs mais également avoir un distributeur pour co-concepteur. par ailleurs, le distributeur au sens de la DDA n’est pas nécessairement celui qui est en contact final et direct avec le client. sont de fait concepteurs d’un produit toutes les personnes clés impliquées dans son élaboration. un intermédiaire d’assurance pourrait dès lors être considéré comme un co-concepteur aux côtés de l’organisme d’assurance.

Nos recommandations

❚❙ identifier clairement le(s) concepteur(s) du produit d’assurance afin d’organiser le partage des rôles et des responsabilités ;

❚❙ rédiger une convention entre co-concepteurs pour préciser les rôles dans l’élaboration du produit et les modalités de coopération concernant le suivi de chaque produit ;

❚❙ Mettre en place les conditions d’un suivi approprié.

pour les distributeurs de produits d’assurance qui n’interviennent pas dans la conception du produit, il leur sera toutefois demandé de mettre en place des dispositifs appropriés afin de se procurer les renseignements utiles sur le produit d’assurance et le processus de validation lié.

Impacts sur les produits d’assurance

Nouveaux produits

en amont de toute commercialisation, le nouveau produit doit passer toutes les étapes d’un processus de validation dûment déterminé. celui-ci sera en outre proportionnel et approprié à la nature de chaque produit d’assurance et des risques de celui-ci. A titre d’exemple, un produit d’assurance vie présentera des exigences plus élevées en matière de définition du marché cible, de la teneur des tests menés ainsi que de la qualité de la documentation afférente.

L’obligation principale du concepteur d’un nouveau produit d’assurance réside dans la mise en œuvre du processus de validation produit placé au cœur d’un dispositif de gouvernance se déclinant autour de trois axes majeurs : une gouvernance dédiée, des procédures documentées et des processus adéquats.

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Dispositifde

gouvernance

Processus de validation produit

Instance dédiée (comité) pour valider les produits

Mise en place de processus robustes pour mener à bienla gouvernance produit

Procédures spécifiques relatives aux modalités de gouvernancePolitique écrite de gouvernanceet de surveillance produit

• Définition des caractéristiques du marché final et hors cible• Appréhender les besoins et les objectifs du client

Marché cible

• Vérifier l’adéquation entre le marché cible et le produit• Tests qualitatifs et quantitatifs• Evaluation des risques

Tests

• Déterminer les canaux de distribution les plus appropriés• Prendre des mesures raisonnables pour distribuer effectivement le produit au marché cible correspondant

Stratégie dedistribution

• Validation de la mise sur le marché par les instances dédiées• Documentation de la validation

Validation

• Mise à disposition des informations sur l’intégralité du processus de validation aux distributeurs• Formation du personnel

Communication

• Réexamen régulier du processus de validation produit• Prise en compte de tout événement affectant les risques liés au produit

Révision

la mise en place de ce dispositif de gouvernance suppose de bien appréhender son produit et les besoins des clients correspondants. la stratégie de distribution quant à elle devra reposer sur la définition de critères permettant de sélectionner au mieux les distributeurs et les canaux de distribution pertinents pour chaque produit considéré et de fixer le périmètre de distribution du produit (cible et hors cible). enfin, il conviendra pour le concepteur de se doter des outils nécessaires afin de documenter correctement la bonne mise en œuvre du processus pour chacun des produits.

Produits existants

le dispositif de gouvernance et de surveillance produit ne saurait s’appliquer uniquement au moment de la conception. la DDA témoigne d’une volonté de mettre en œuvre ce dispositif tant que le produit est sur le marché et durant tout son cycle de vie. Aussi la nouvelle directive enjoint-elle les concepteurs à vérifier de manière continue l’adéquation entre les intérêts du client et les caractéristiques du marché cible et d’adopter le cas échéant les bonnes mesures correctrices. A ce stade, ces dispositions sont en priorité valables pour les produits existants pour lesquels l’intégralité du processus de validation produit ne va pas s’appliquer (sauf modification significative).

« Mettre en œuvre ce dispositif tant que le produit est sur le marché et durant tout son cycle de vie »

Ainsi, pour les produits existants, les concepteurs doivent d’ores-et-déjà organiser leur dispositif de suivi et de surveillance des produits.

Nos recommandations

❚❙ instituer des indicateurs permettant au distributeur de remonter les écarts éventuels avec le marché cible ;

❚❙ Mettre en place un processus de remontées d’alertes sur tout risque de préjudice client potentiel ;

❚❙ Déterminer les fréquences de réexamens du couple produit/marché en fonction de critères objectifs ;

❚❙ Définir des mesures correctives.

ces éléments devront bien sûr être intégrés à la politique écrite de gouvernance et de surveillance produit.

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Les distributeurs

les distributeurs sont garants des modalités de distribution du produit conformément à la stratégie définie. cette surveillance continue de l’adéquation et de la pertinence de la stratégie contribue à la diminution du risque de préjudice client. Dans ce cadre, les distributeurs doivent :

❚❙ se doter de dispositifs appropriés pour obtenir avant la commercialisation du produit, les renseignements nécessaires relatifs aux produits afin d’en assurer la correcte distribution (notamment comprendre et identifier le marché cible) ;

❚❙ comprendre les produits proposés ou recommandés afin d’évaluer leur compatibilité avec les besoins de la clientèle ;

❚❙ Faire coïncider leur stratégie de distribution déployée avec celle envisagée par le concepteur et pour ce faire, se doter des moyens adéquats (formation des vendeurs, absence de conflits d’intérêts dans la rémunération) ;

❚❙ veiller à ce que le produit soit proposé dans l’intérêt du client (surveillance des modalités de distribution) ;

❚❙ effectuer un reporting au concepteur sur tout écart constaté (le distributeur veille à informer «sans délai excessif » le concepteur des risques de préjudice client (ex : si le produit ne correspond plus au marché cible).

l’ensemble des mesures prises par le distributeur sont documentées dans un souci de preuve et afin de satisfaire à toute demande d’audit ou d’examen par les autorités de contrôles.

Notre analyse

une réflexion stratégique s’impose donc dès à présent sur la commercialisation de nouveaux produits en amont et en aval du 23 février 2018, date de transposition officielle de la DDA ainsi que sur la mise en conformité du stock de produits existants pour lesquels des règles de planification et un plan d’action doivent être envisagés.

en effet, il convient de rappeler que les nouvelles exigences introduites sont valables pour tous les nouveaux produits ainsi que ceux modifiés de manière substantielle ou distribués après le 23 février.

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Produits déjà commercialisés : que faire ?

processus d’examen de l’adéquation de l’offre au marché cible existant et du caractère approprié de la stratégie de distribution

Formalisation d’un processus de gouvernance

reporting régulier des distributeurs

Nouveaux produits :

Application de l’intégralité du processus DDA

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La politique écrite de gouvernance et de surveillance produit

Figurant dans l’avis technique de l’eiopA, une politique écrite de gouvernance et de surveillance produit devra être élaborée par toutes les entreprises d’assurance.

ce document devra a minima :

❚❙ décrire le dispositif de gouvernance et de surveillance produit ainsi que le processus de validation produit ;

❚❙ donner les lignes directrices permettant de savoir pour chaque produit qui en est le concepteur et qui en est le distributeur ;

❚❙ présenter les critères permettant de considérer un intermédiaire comme concepteur de produit d’assurance

❚❙ aborder les exigences complémentaires concernant le processus de validation des produits identifiés comme plus risqués et les situations pour lesquelles un produit ne pourrait pas être distribué ou au contraire pourrait exceptionnellement être distribué à une clientèle hors du marché cible ;

❚❙ identifier clairement l’ensemble des personnes et instances impliquées dans la validation des produits (un comité produit pourra par exemple être tout spécialement créé à cet effet) ;

❚❙ faire état des mesures correctives ;

❚❙ préciser les règles de reporting pour le suivi des produits ;

❚❙ donner la fréquence de revue du dispositif de gouvernance et du processus de validation produit ;

❚❙ décrire les indicateurs de suivi des produits (ex : volume et motifs des réclamations reçues).

ce document devra être diffusé en interne à tout le personnel concerné.

conclusion : opter pour une DeMArcHe DDA

A sept mois de l’entrée en vigueur de la nouvelle directive, il est primordial de réfléchir aux modalités de mise en œuvre d’un véritable projet DDA au sein des organismes.

la nomination d’un responsable DDA s’impose en appui de la direction juridique et de la fonction clé de vérification de la conformité. leurs interactions sur ce nouveau sujet doivent permettre de faire émerger une réflexion complète sur la manière d’intégrer correctement les nouvelles exigences dans la chaîne de valeur des produits de l’organisme tout en générant un avantage commercial.

la mise en œuvre de l’intégralité des nouvelles exigences sera nécessairement transversale au sein de l’entreprise puisque tous les départements seront impactés (marketing, réseaux, juridique, conformité, systèmes d’information etc.). Au-delà d’une mise en conformité a minima, il est avant tout conseillé à tous les organismes de prévoir les modalités d’une harmonisation proportionnée, spécifique à leur activité.

l’application du principe de proportionnalité est largement encouragée par l’eiopA. Au regard de la diversité des acteurs et des restrictions à l’applicabilité de ce principe dans le cadre de solvabilité 2, il convient d’être prudent et d’attendre la détermination des critères précis d’éligibilité à cette proportionnalité.

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