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Extrait de "Iles pionnières" paru aux éditions Actes Sud, en octobre 2012
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ACTES SUD / NAUSICAÁ / MARE NOSTRUM
Îles pionnièresPhotographies d’Alexis Rosenfeld
Cartes de Jean-Pierre Magnier
Préface d’Isabelle Autissier
Philippe Vallette & Christine Causse
Îles p
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“Les îles préfigureraient-elles ce qui nous guette ? Assurément. Car ces marges du monde contiennentaussi les germes du changement, solutions empiriques ou révolutionnaires. Qu’elles soient froides ouchaudes, grandes ou petites, proches ou éloignées, sur-habitées ou désertées, vierges ou dévastées, elles
ont en commun d’être des unités finies de territoire sur lesquelles peut se projeter un champ d’expérimentation.”ISABELLE AUTISSIER
Véritables sentinelles de l’environnement, les petites îles sont aujourd’hui aux avant-postes des grands défisplanétaires actuels. Face au réchauffement climatique, à la montée du niveau de l’océan, à la gestion de ressourceslimitées en eau et en terres, des hommes s’engagent pour préserver leur patrimoine marin à long terme,développer des énergies propres et renouvelables, et concevoir des modes de consommation plus durables… :autant d’initiatives dont les continentaux gagneront à s’inspirer.Ainsi s’invente dans les îles une société plus durable qui prend en compte de nouvelles formes d’économies.De l’Atlantique au Pacifique, de l’océan Indien aux mers froides, les témoignages des insulaires et des spé-cialistes du terrain nous font découvrir des paysages, des cultures et des savoir-faire, qui tous reflètent uneextraordinaire richesse.Cet ouvrage qui penche résolument vers l’espoir rend hommage aux insulaires-acteurs à travers le monde entier.
PHILIPPE VALLETTE est océanographe, directeur de Nausicaá - le Centre national de la mer, président du Festival mondial de l’image sous-marineet coprésident du Réseau Océan Mondial.CHRISTINE CAUSSE, conseillère scientifique à Nausicaá, a travaillé avec l’Équipe Cousteau et l’association Ocean Futures.ALEXIS ROSENFELD est photographe spécialisé dans le monde sous-marin, auteur d’ouvrages et de reportages réalisés dans le monde entier.
37 € TTC France
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ILES PIONNIERES-COUV_Mise en page 1 03/08/12 09:54 Page1
Préface, par Isabelle AutissierIntroduction : Rêve d’îles
Qu’est-ce qu’une île ?ÎLES DU MONDE- UNE TERRE ENTOURÉE D’EAU- L’ÎLE AUX MULTIPLES FACETTES
L’ÎLE, SOURCE D’INSPIRATION POUR LES POÈTES, LES ÉCRIVAINS, LES MUSICIENS...
TERRES DE PASSAGE, TERRES DE MIXITÉ- LES PREMIERS PEUPLEMENTS
LA GRANDE AVENTURE DU PACIFIQUE
- ÉMIGRANTS, EXPLORATEURS, COLONS : DES VAGUES D’IMMIGRATION SUCCESSIVES
DES PEUPLES ET DES CULTURES- DES PEUPLES MÉTISSÉS D’INFLUENCES DIVERSES- DES LANGUES PAR CENTAINES
DES SOCIÉTÉS EN MUTATION- DES TRADITIONS BASÉES SUR UN LIEN VITALAVEC LA NATURE
LE KASTOM, OU COUTUME, DANS LE PACIFIQUE
Des îles dans la tourmenteDANS L’ŒIL DU CYCLONE- LES DÉCHAÎNEMENTS DU VENT ET DE L’EAU- DES PHÉNOMÈNES SOUS HAUTE SURVEILLANCE- LES CARAÏBES SOLIDAIRES FACE AUX TEMPÊTES
SECOUSSES ET TREMBLEMENTS- SUR LA CEINTURE DE FEU
LE STROMBOLI, “PHARE” DE LA MÉDITERRANÉE- HAÏTI, UNE SURVIE DIFFICILE- DES VAGUES APOCALYPTIQUES
TSUNAMI ET POLLUTION MARINE AU JAPON
- ASSURER LA SÉCURITÉ FACE AUX CATASTROPHESLutter contre les impacts des catastrophes naturelles grâce à la coopération internationaleEntretien avec Wendy Watson-Wrigh, COI- Unesco
Trésors vivants des îlesLABORATOIRE DE L’ÉVOLUTION- DARWIN, LE PRÉCURSEUR- LE PARADIS DES NATURALISTES
UNE BIODIVERSITÉ UNIQUE SUR CHAQUE ÎLE- REFUGES DE VIE- LA BIODIVERSITÉ ULTRA-MARINE EN FRANCE
Des réseaux d’aires marines protégées à l’échelleinternationaleEntretien avec Christophe Lefebvre, Agence des aires marinesprotégées, France
ÉTUDIER LES ÉVOLUTIONS DE LA BIODIVERSITÉ- UN PROGRAMME POUR LES ÎLES DE MÉDITERRANÉE- INVASIONS MARINES
LA TOILE DE LA VIE- PRÉSERVER LES MILIEUX ET LES ESPÈCES- LA BIODIVERSITÉ, ESSENTIELLE POUR LES HOMMES- LA BIODIVERSITÉ, CONDITION DE LA RÉSILIENCE
DES CHASSEURS RECONVERTIS
Les petits États insulairesUN “GROUPE SPÉCIAL” DE PAYS ET TERRITOIRES- LES PETITES ÎLES : PRÈS D’UN QUARTDES NATIONS DU MONDE- UNE VIE EN ARCHIPEL- DES CARACTÉRISTIQUES COMMUNES
CONSTRUIRE SON AUTONOMIE ÉCONOMIQUE- DES TERRITOIRES PETITS ET SURPEUPLÉS- UNE ÉTROITE DÉPENDANCE PAR RAPPORTAUX CONTINENTS
LES LOFOTEN : LA PÊCHE POUR PRINCIPALE RESSOURCE- DES ATOUTS : RÉSILIENCE ET ADAPTABILITÉ- DE LA NOIX MUSCADE AUX NOUVELLESTECHNOLOGIES- UNE GESTION DURABLE ET INTÉGRÉE DU TERRITOIRE
L’OCÉAN POUR ROYAUME- DES ESPACES MARITIMES IMMENSES- UNE VIE DE PÊCHEUR- LA GRANDE PÊCHE, UN SECTEUR VITAL- CULTIVER LA MER
Sommaire
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HISTOIRES D'ILES MEP_Mise en page 1 31/08/12 12:03 Page 8
L’ENJEU DE LA SÉCURITÉ- ASSURER LA STABILITÉ ÉCONOMIQUE
LES PIRATES, UNE MENACE POUR LA SÉCURITÉ
DES ÉTATS INSULAIRES
- DES TERRITOIRES VULNÉRABLESFACE À LA SUREXPLOITATION
NAURU, RECONSTRUIRE L’AVENIR
Îles sentinellesGARDIENS DE L’OCÉAN- L’ÎLE-PHARE- DES COMMUNAUTÉS QUI S’IMPLIQUENT- DES RÉSEAUX D’AIRES MARINES PROTÉGÉES
DE PETITS PAYS QUI AGISSENT EN GRAND
- PRÉSERVER L’OCÉAN POUR LUTTERCONTRE LA PAUVRETÉ
DES BÉBÉS POISSONS POUR L’AQUARIOPHILIE
L’EAU ESSENTIELLE- UN APPROVISIONNEMENT LIMITÉ
AU CAP-VERT, UNE IRRIGATION ADAPTÉE- DÉSALINISATION : DES TECHNIQUES À AMÉLIORER- TRAITER LES EAUX POLLUÉES- DES PROJETS INTÉGRÉS DANS LES CARAÏBES
ÉNERGIE ET DÉVELOPPEMENT- LES ÎLES MISENT SUR LES ÉNERGIES RENOUVELABLES- DU SOLEIL ET DU VENT EN ABONDANCE- UTILISER LA PUISSANCE DE L’OCÉAN- LE CENTRE DE LA TERRE, UNE SOURCE D’ÉNERGIE INÉPUISABLE
PAS DE PÉTROLE, MAIS DES PALMIERS
DÉCHETS ET POLLUTION- ALERTE AUX DÉCHETS !- RECYCLER, UNE SOLUTION DURABLE
MALDIVES, LA FIN DE L’ÎLE-POUBELLE ?
LE TOURISME, UNE OPPORTUNITÉ ?- DES VISITEURS TOUJOURS PLUS NOMBREUX
CONSTRUIRE SUR LA MER POUR ACCUEILLIR LES TOURISTES
- L’ENVIRONNEMENT, GARANTD’UN TOURISME RESPONSABLE
JEAN-MICHEL COUSTEAU S’ENGAGEPOUR UN TOURISME ÉCOLOGIQUE AUX FIDJI
Îles dans un monde qui se réchauffeUN BOULEVERSEMENT PLANÉTAIRE- LES ÎLES EN PREMIÈRE LIGNE- UNE MÉTÉO QUI CHANGE…
LES ÎLES : DES AVANT-POSTES POUR L’ÉTUDE DU CLIMAT
- DES COMMUNAUTÉS INSULAIRES INQUIÈTESFACE À L’AVENIR
TAKUU, UN ATOLL EN SURSIS ?
- LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : UN PROBLÈME ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
ATTÉNUER LES CHANGEMENTS ET S’ADAPTER- LES KIRIBATI S’ENGAGENT CONTRELE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE- UN PLAN DE LUTTE NATIONAL AUX MALDIVES
LE RÉCIF, UN REMPART NATUREL CONTRE L’OCÉAN- LA MANGROVE, UNE FORÊT LITTORALEQUI PROTÈGE LES CÔTES
VERS LA NEUTRALITÉ EN CARBONE- LE TOURISME, GRAND ÉMETTEUR DE CO2- AGIR À TOUS LES NIVEAUX
LES ÉCOLES, PIONNIÈRES DANS LA LUTTE CONTRELE RÉCHAUFFEMENT AUX SEYCHELLES
Une parole et des actions communesDES INTÉRÊTS PARTAGÉS- DE RIO À MAURICE, DES PROGRAMMESFONDATEURS POUR LES ÉTATS INSULAIRES- UN APPEL À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
“NOUS NE SOMMES PAS ISOLÉS” - UN APPEL DE ROLPH PAYET
- UN FRONT UNI LORS DES NÉGOCIATIONSSUR LE CLIMAT
LES ÎLES AU TOURNANT DE LEUR HISTOIRE- DE NOUVEAUX HORIZONS POURLES TERRITOIRES INSULAIRES- LA COOPÉRATION À LA BASE DU DÉVELOPPEMENT- PROFITER DES AVANCÉES DE LA SCIENCE
LA COOPÉRATION INTERNATIONALE AU SERVICE
DE LA SCIENCE DES OCÉANS
- D’ÎLE EN ÎLE, CROISER LES CONNAISSANCESET LES SAVOIR-FAIRE
Favoriser la consultation entre petits États insulaires en développement et coordonner leur actionEntretien avec Hans Thulstrup, Unesco- DES INTÉRÊTS COMMUNS AU NIVEAU RÉGIONAL
ÉDUQUER POUR PRÉPARER L’AVENIR- ÉCOLES, UNIVERSITÉS : IMPLANTER LES BASES DU SAVOIR- LA FORMATION SUR LE TERRAINDES ACTEURS CONCERNÉS
PARTAGE D’INFORMATIONS ET D’EXPÉRIENCES EN MÉDITERRANÉE
VERS LA “BLUE SOCIETY”
NotesBibliographieOrganismes citésNausicaáMare NostrumRemerciements
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L’ALLIANCE DES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT.
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19 - Introduction
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“Il y avaitMais faudra-t-il que j’énumèreTout ce qu’il y avaitC’étaitÀ n’y pas croireC’étaitL’âme de l’îleQui vit et bougeAvecL’odeur pour moi uniqueD’ilang-ilangIl y avait des soirs et des matins de rêveIl y avait il y avait il y avaitMais il n’y a plusQue le souvenir”
gAry kLAng, Ex-île, 2003 (Haïti)
Îles dans un monde qui se réchauffe
HISTOIRES D'ILES MEP_Mise en page 1 31/08/12 12:15 Page 178
179 - Îles dans un monde qui se réchauffe
Depuis quelques années, le petit atoll de Takuu, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, est submergé par des maréesgéantes de plus en plus fréquentes. Le village, les champs de taro et les lieux de sépulture sont alors inondés.Les habitants doivent désormais envisager l’éventualité de partir s’installer sur des terres voisines moins ex-posées. Aujourd’hui, le réchauffement climatique constitue le bouleversement majeur auquel les îles font face.Ses conséquences sur le milieu sont multiples et peuvent fragiliser la survie des populations insulaires qui,chaque jour, luttent afin de préserver leurs terres, leurs ressources en eau, leurs champs, leurs foyers…
Un boUleversement planétaire
L’ampleur du réchauffement climatique actuel est liée à une augmenta-tion de l’effet de serre. La vapeur d’eau, le gaz carbonique, le méthaneou le protoxyde d’azote favorisent l’absorption de chaleur et contri-buent à l’effet de serre naturel. Mais l’augmentation des émissions deces gaz par les activités humaines a provoqué une évolution rapide et
importante du climat de la Terre. On peut déjà constater, sur l’ensemble de la planète,certains impacts du bouleversement environnemental lié aux modifications climatiques.L’atmosphère, l’océan et les terres sont affectés. Le cycle de l’eau, les pôles, les forêts, lesglaciers en montagne, les vents, les déserts sont en train de changer sous nos yeux.Les scientifiques, qui échangent et partagent leurs connaissances par le biais du grouped’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (gIEC), effectuent des travaux demodélisation pour tenter de prévoir les effets du changement climatique. C’est une tâcheimmense et complexe : les nombreux facteurs qui sont impliqués couvrent un vaste champscientifique et agissent en interaction. De plus, les effets du réchauffement varient d’unerégion du monde à l’autre, ce qui complique les prévisions. Ils comprennent l’élévation duniveau de la mer, des changements au niveau de la circulation océanique, la fonte des gla-ciers et des calottes polaires, des modifications du régime des vents et des tempêtes, uneaugmentation des pluies et des inondations dans certaines zones, de grandes sécheresses etdes incendies ailleurs… Avec l’augmentation du CO2 dans l’océan, les eaux deviendrontaussi plus acides. Tous les êtres vivants subiront les impacts de ces bouleversements majeursde l’environnement. Certains s’adapteront, d’autres se déplaceront, mais ceux qui ne peu-vent faire ni l’un ni l’autre risquent de disparaître. La biodiversité marine et terrestre évo-luera : mort des coraux, fuite des poissons et invertébrés marins, disparition d’espècesterrestres végétales et animales, invasions d’espèces provenant de zones plus chaudes, dé-veloppement de certains micro-organismes… Ainsi, les ressources naturelles dont leshommes dépendent pour leur survie seront affectées.
DOUBLE PAGE PRÉCÉDENTE : SUR L’ÎLE DE TUVALU, DANS LE PACIFIQUE, LES MARÉES GÉANTES SONT DE PLUS EN PLUS FRÉQUENTES.ELLES SUBMERGENT LES ROUTES ET LES INSTALLATIONS CÔTIÈRES.
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LES CONSÉQUENCES DE LA MONTÉE DU NIVEAU DE LA MER SONT : UNE DIMINUTION DE LA SURFACE DES TERRES, LA SALINISATION DES RÉSERVES D’EAU DOUCE ET LA SALINISATION DES TERRES RENDANT LES SOLS IMPROPRES À LA CULTURE. ICI, UN ÎLOT AUX BAHAMAS, CARAÏBES, ET UNE PLAGE EN POLYNÉSIE (PAGE CI-CONTRE).
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183 - Îles dans un monde qui se réchauffe
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LA RÉPUBLIQUE DE TUVALU, DANS LE PACIFIQUE, EST UN ARCHIPEL CONSTITUÉ DE NEUF ATOLLS CORALLIENS TOUS HABITÉS. ELLE COMPTE ENVIRON 10 500 HABITANTS.
HISTOIRES D'ILES MEP_Mise en page 1 31/08/12 14:46 Page 186
En 2006, Susie Saitala Kofe, juriste à Tuvalu et présidente du bureau de l’associationAlofa Tuvalu34 (Aimer Tuvalu), s’interrogeait : “Si cela devait vraiment arriver et quenous devions être déplacés dans un autre pays, comment nous appellerait-on ?” CarTuvalu, c’est neuf îles (dont six atolls) totalisant 26 kilomètres carrés et culminant à4,5 mètres au-dessus de la mer (avec une altitude moyenne de 1,5 mètre). En février2004, ces terres très étroites, peuplées de 10 000 habitants, ont été inondées par desvagues de 3 mètres de haut. D’après la météorologie nationale, le territoire est réguliè-rement inondé depuis l’an 2000 par des remontées d’eau de mer à travers le sol. Cephénomène, restreint jusqu’à présent aux grandes marées de printemps, se reproduitdésormais pratiquement tous les mois. Le sel apporté par la mer dégrade les sols et lesréserves d’eau douce, pourtant déjà limitées. Selon certains scientifiques, le pays pourraitdevenir inhabitable d’ici à 2050. Il existe désormais un accord d’émigration saisonnièreavec la Nouvelle-Zélande, où vivent déjà environ 3 000 Tuvaluans, pour permettre l’ac-cueil de 75 travailleurs supplémentaires par an – un certain nombre de Tuvaluans à larecherche d’un emploi souhaitent en effet émigrer. La communauté des Tuvaluans enexil tente de maintenir sa culture et son identité. Pour contribuer à la sauvegarde dupays, l’association Alofa Tuvalu a lancé un plan, baptisé “Small is Beautiful”, qui s’efforcede faire de ce pays un exemple à suivre dans le domaine de l’environnement. Il comprend
187 - Îles dans un monde qui se réchauffe
L’ÎLE PRINCIPALE DE TUVALU, FUNAFUTI, EST UN MINCE CORDON DE TERRE D’UNE SUPERFICIE DE 2,8 KILOMÈTRES CARRÉS CULMINANT À QUELQUES MÈTRES À PEINE AU-DESSUS DU NIVEAU DE L’EAU.
DOUBLE PAGE SUIVANTE : DE NOMBREUSES INSTALLATIONS TOURISTIQUES CONSTRUITES SUR LE FRONT DE MER,COMME ICI EN POLYNÉSIE, SERONT AFFECTÉES PAR UNE HAUSSE DU NIVEAU DE LA MER. OR LE TOURISME EST UN SECTEUR CLÉ DE L’ÉCONOMIE INSULAIRE.
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à une échelle globale, le Programme mondial de recherche sur le climat (WorldClimate Research Programme ou WCRP), qui sert désormais d’exemple, déclare
Wendy Watson-Wright. En ce qui concerne les activités d’adaptation etd’atténuation, la COI-Unesco intensifie ses efforts dans le cadre du WCRP pourpasser d’une échelle globale à une échelle régionale, afin d’affiner les études
d’impacts des modèles climatiques. Ceci est particulièrement important pour lespays en développement, où ces études aident les institutions nationales qui
travaillent dans les domaines de l’océanographie, de la sécurité et de l’adaptationau changement climatique en ce qui concerne les écosystèmes, les filières
touristiques, etc. Laissez-moi souligner le fait que, pour assurer le succès desprogrammes développés par la COI-Unesco, l’investissement des pays membres
est essentiel. Ils doivent développer un sentiment d’appartenance à laCommission. De plus, la participation active de nos partenaires institutionnelsdans le domaine scientifique ou dans celui de la sensibilisation renforce nos
programmes. Et bien sûr, pouvoir compter sur un financement stable et régulierest très important.”
d’île en île, croiser les connaissances et les savoir-faire
“les caractéristiques uniques et la vulnérabilité des petits États insulaires leur offrentl’occasion d’échanger leurs expériences – les leçons qu’ils en ont tirées, les bonnes ini-tiatives et les savoir-faire locaux et indigènes adaptés aux modes de vie des insulaires”,déclarait thomas tillman, premier ministre de la Grenade, en septembre 2009, à newYork. en effet, si les États insulaires comptent sur la collaboration et les transferts detechnologies avec les grandes puissances mondiales, ils veulent aussi développer les ré-seaux entre les îles : communiquer les observations et les données, échanger les bonnesidées, partager les expériences qui fonctionnent, faire passer l’information… le travailen réseau, qui permet de mettre en commun la matière grise, les moyens techniqueset les financements, s’est particulièrement développé entre les îles sous différentesformes.internet a permis l’établissement de réseaux comme le sidsnet52 (small islands deve-loping states network), qui publie des informations sur les grands sommets interna-tionaux, les déclarations concernant les États insulaires, les derniers rapports et étudesscientifiques, les programmes en cours… cet outil permet surtout de promouvoir lespartenariats en mettant différents acteurs en contact, et de présenter les expériencesréussies que les communautés insulaires souhaitent partager. Pour faciliter les échangeset la coopération entre les nations insulaires, l’Unesco a également créé la Plateformeintersectorielle pour les petits États insulaires, qui permet de recenser divers projets etde les développer (voir l’entretien qui suit).
HISTOIRES D'ILES MEP_Mise en page 1 31/08/12 12:18 Page 228
229 - Une parole et des actions communes
Favoriser la consultation entre petits États insulaires en développement et coordonner leur actionEntretien avec Hans Thulstrup, Unesco
Hans tHUlstrUP, sPÉcialiste de ProGramme à l’Unesco, dÉcrit la
Plateforme intersectorielle des Petits États insUlaires en
dÉveloPPement (Peid), Un mÉcanisme mis en Place afin de
coordonner la contribUtion de l’orGanisation à la mise en œUvre de
la stratÉGie de maUrice53.Quels sont vos principaux objectifs ?
cette structure, qui met l’accent sur les relations et la coopérationinterrégionales, permet une approche intégrée. en s’appuyant surl’interdisciplinarité, tout en exploitant l’ensemble de la gamme d’expertise del’Unesco, la Plateforme s’efforce d’être à la hauteur de ces sociétés insulaires entermes d’inventivité et de détermination. elle coordonne et promeut lesactivités de l’Unesco pour ses 44 États membres et membres associés. Pourmieux cibler les programmes et activités afin de répondre à leurs besoins réels,l’Unesco échange régulièrement des informations avec le comité desreprésentants des Peid.
Quels sont les principaux défis auxquels font face les PEID ? Comment la coopérationinternationale peut-elle contribuer à relever ces défis ?
les petits États insulaires en développement sont confrontés à des défis sansprécédent. dans un monde de plus en plus mondialisé et interconnecté, sujetaux crises climatique et financière, les petites îles sont particulièrementexposées, en raison à la fois des intempéries de plus en plus violentes etimprévisibles, de l’élévation du niveau de la mer, mais aussi de leur isolementgéographique et de la vulnérabilité de leur économie.
Quels sont les principaux domaines d’intervention de la Plateforme ?le changement climatique est un enjeu prioritaire car il est sans doute l’un desplus grands défis auxquels font face les îles : il affecte les modes de vie, les ressources, les cultures et les sociétés des îles en général, et représente unemenace pour l’existence même des îles de basse altitude. l’Unesco soutient la concertation en matière de politique de recherche et d’éducation sur lechangement climatique, comme avec le programme sandwatch, dans le cadreduquel des étudiants et des enseignants de 25 pays insulaires assurent un suiviet une analyse de leur environnement côtier. l’organisation a créé le site climate frontlines (“en première ligne face auchangement climatique”), pour faciliter le partage et les échanges d’observations,d’expériences et d’innovations entre petites îles, peuples autochtones et autres
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ACTES SUD / NAUSICAÁ / MARE NOSTRUM
Îles pionnièresPhotographies d’Alexis Rosenfeld
Cartes de Jean-Pierre Magnier
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ont en commun d’être des unités finies de territoire sur lesquelles peut se projeter un champ d’expérimentation.”ISABELLE AUTISSIER
Véritables sentinelles de l’environnement, les petites îles sont aujourd’hui aux avant-postes des grands défisplanétaires actuels. Face au réchauffement climatique, à la montée du niveau de l’océan, à la gestion de ressourceslimitées en eau et en terres, des hommes s’engagent pour préserver leur patrimoine marin à long terme,développer des énergies propres et renouvelables, et concevoir des modes de consommation plus durables… :autant d’initiatives dont les continentaux gagneront à s’inspirer.Ainsi s’invente dans les îles une société plus durable qui prend en compte de nouvelles formes d’économies.De l’Atlantique au Pacifique, de l’océan Indien aux mers froides, les témoignages des insulaires et des spé-cialistes du terrain nous font découvrir des paysages, des cultures et des savoir-faire, qui tous reflètent uneextraordinaire richesse.Cet ouvrage qui penche résolument vers l’espoir rend hommage aux insulaires-acteurs à travers le monde entier.
PHILIPPE VALLETTE est océanographe, directeur de Nausicaá - le Centre national de la mer, président du Festival mondial de l’image sous-marineet coprésident du Réseau Océan Mondial.CHRISTINE CAUSSE, conseillère scientifique à Nausicaá, a travaillé avec l’Équipe Cousteau et l’association Ocean Futures.ALEXIS ROSENFELD est photographe spécialisé dans le monde sous-marin, auteur d’ouvrages et de reportages réalisés dans le monde entier.
37 € TTC France
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