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THÉOLOGIE D’IFÁ Volume 2 L’ESPRIT DE FAMILLE Le Concept Ifá d’Egun

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THÉOLOGIE D’IFÁVolume 2

L’ESPRIT DE FAMILLELe Concept Ifá d’Egun

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THÉOLOGIE D’IFÁVolume 2

L’ESPRIT DE FAMILLELe Concept Ifá d’Egun

Awo Falokun FatunmbiEgbe Ifá Ogunti Ode Remo

Traduit de l’Anglais par Matthieu Preud’Homme

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Index

Remerciements

Introduction

Bon caractère et RéincarnationConcept Ifá d’Iwá-pélè et d’Atunwa

Leçon 1Confection d’un Pot aux Ancêtres - Lavage

Le Pouvoir du MotLe Concept Ifá d’Ìyáàmí

Leçon 2Confection d’un Pot aux Ancêtres – Onction

Mascarade AncestraleLe Concept Ifá d’Egun

Leçon 3Confection d’un Pot aux Ancêtres – Invocation

L’Esprit Elémentaire des OiseauxLe Concept Ifá d’Eleiye

Leçon 4Confection d’un Pot aux Ancêtres – Offrandes

Le Genre des Rôles dans la Culture Traditionnelle YorùbáLe Concept Ifá d’Ìyanifa

Leçon 5Confection d’un Pot aux Ancêtres – Divination, Première Partie

Village GlobalLe Concept Ifá d’Oba Igbaye

Leçon 6Confection d’un Pot aux Ancêtres – Divination, Seconde Partie

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Remerciements

Je remercie les aînés qui m’ont enseigné Awo Egun, le mystère de la révérence aux ancêtres. Kikan mase Araba Adesanya Awoyade, qui m’a initié aux mystères d’Ifá.

En ce qui concerne la réalisation de ce livre je voudrais adresser un grand merci à Francis Charteris pour ses inestimables suggestions comme éditeur, et à Esubiyi (www.gallery-esubiyi.com) pour ses illustrations inspirées. Pour son appui et inspiration sans bornes je voudrais exprimer ma profonde gratitude à Iyanifa Fasegun Fatunmbi qui m’a aidé à intégrer l’importance d’Iyanifa et d’Ìyáàmi comme ciment d’Ifá. Vous pouvez la joindre à [email protected]. A tous ceux qui ont rendu ce livre possible je dis a dupe pupo (merci beaucoup).

IreAwo Falokun Fatunmbi

Egbe Ifá Ogunti Ode Remo

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L’ESPRIT DE FAMILLELe Concept Ifá d’Egun

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Introduction

Ceci est le second volume d’une série de livres sur la théologie d’Ifá, la religion traditionnelle de la culture yorùbá. Dans le premier ouvrage j’ai décrit le concept Ifá d’orí (conscience). Selon la tradition orale d’Ifá, orí est le siège de la conscience et le réceptacle des influences spirituelles émanant du Royaume des Ancêtres (Orun). Orí fonctionne en polarité avec le cœur physique appelé okan en yorùbá. Okan est le siège des émotions collectivement appelées egbe. Ifá enseigne que la croissance spirituelle est l’intégration de pensées et d’émotions, un procédé permanent de stabilisation de la tête et du cœur. Quand orí et egbe sont en alignement l’individu expérimente ire où la bonne fortune. Quand orí et egbe entrent en conflit, l’individu expérimente ibi, qui signifie l’infortune. Ifá est la préservation de l’ancienne sagesse qui nous guide au sujet du maintient de la balance entre la tête et le cœur alors que nous évoluons à travers les différentes étapes de la vie. Ifá n’est pas une doctrine où une croyance, c’est une manière de voir le monde basée sur l’expérience de la connection avec l’Esprit.

Nous entrons en contact avec l’Esprit à travers orí inu l’être intérieur, le siège de la perception, le connaisseur inconnu. L’être intérieur est révélé à la conscience (orí) comme l’union entre le cœur et la tête. L’accès à orí inu facilite l’état de conscience communément appelé possession. La culture yorùbá traditionnelle intègre la communication Spirituelle avec le développement personnel afin de faciliter la future croissance spirituelle. Les Messages de l’Esprit peuvent inclure une vision de l’être supérieur (iponrí) La perception d’iponrí est une vision du potentiel humain où de la destinée (àyànmó). Ifá enseigne que la destinée se base sur une manifestation personnelle d’iwá-pèlé, le bon caractère. Selon la cosmologie d’Ifá, nous venons au monde comme des enfants bons et bénis (omo rere), et choisissons un destin antérieurement à l’incarnation qui reflète notre bonté essentielle. Trouver notre destin implique le désir de faire ce qui doit être fait, les bonnes choses, à n’importe quel moment.

Le legs spirituel d’Ifá est antécédent à la notion même d’histoire. Il émerge d’un temps durant lequel le voile entre la conscience humaine et la voix de l’Esprit était extrêmement fin. Dans les termes de l’écriture orale d’Ifá, la cosmologie Yorùbá s’est développée à une époque où les humains et les Esprits marchaient ensemble sur Terre. Je crois personnellement que nos ancêtres Africains avaient un parfait accès à des êtres inter dimensionnels (Òrìsà et Egún) qui leur donnèrent des explications claires et pratiques sur la manière de placer la tête et le cœur en alignement et, lorsque cela survint, ils enseignèrent aux anciens Yorùbá le mystère de la vie en harmonie avec l’environnement.

Un proverbe yorùbá nous dit que nous devenons ce que nous sommes en étant debout sur les épaules de ceux qui nous ont précédés. Depuis la perspective de la culture traditionnelle yorùbá, se souvenir de ceux qui nous ont précédés est un devoir sacré. Chaque génération prend la responsabilité de sauvegarder et préserver la sagesse de ses ancêtres. Dans la plupart des cultures centrées sur la Terre, c'est-à-dire les cultures qui mettent un accent à vivre en harmonie avec la Nature, la dissémination de la sagesse ancestrale est la fondation de la méthodologie employée pour guider la conscience le long du portail menant de l’enfance à la maturité et à des actes autodéterminés. En termes psychologiques, la modélisation d’un comportement héroïque ancestral amorce le voyage vers l’auto découverte et l’individualisation. En achevant ce voyage, nous utilisons le potentiel qui nous amène à devenir des ancêtres révérés dans la mémoire collective de nos descendants. Ce potentiel est enraciné dans l’obligation affective entre grands-parents et petits-enfants. Dans la culture yorùbá cette obligation est appelée ifè, qui est généralement traduit comme « amour ». Je

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suspecte ce mot d’avoir une relation avec le mot Ifá. Si le mot Ifá fait référence à la sagesse inhérente à la Nature, le mot ifè se réfère à l’expression de cette sagesse dans la vie de tous les jours. Comme grands-parents nous avons la responsabilité d’enseigner à nos enfants et à nos petits-enfants qu’ils sont essentiellement bons où ifè, afin que ce message continue d’informer les générations futures.

Ifá dit que nous venons sur Terre afin d’un faire un lieu plus agréable pour ceux qui nous suivent (ire ayé). Selon les croyances d’Ifá dans atunwa (réincarnation), les futures générations incluent notre propre retour sur la Terre que nos avons au préalable formée. Ce processus cyclique est le fondement pour l’éthique d’Ifá et le point de vue d’Ifá sur l’histoire. Les cycles de naissance et de renaissance sur le plan personnel sont reflétés dans le mouvement entre l’expansion créatrice et la contraction destructrice qui caractérisent le traditionnel point de vue historique cyclique africain.

Avant l’émergence du colonialisme en Afrique, les récits des évènements passés étaient exprimés en termes mythiques. Le Mythe voit l’histoire comme un cycle d’évènements qui se reproduisent à la base de principes universels qui apparaissent, disparaissent, et réapparaissent. Le Mythe enseigne des principes spirituels transcendantaux qui peuvent être appliqués aux défis uniques de chaque génération successive. Le Mythe centré sur la Terre se base sur la croyance en l’inter connection, l’inter relation de toute l’humanité. Il exprime l’idée métaphysique selon laquelle vivre en harmonie avec la Nature profite à l’individu, à la communauté, au village global et à l’environnement.

Le Mythe post-colonial est enraciné dans l’idée d’un temps linéaire et est profondément influencé par la théorie darwinienne de la « survie du plus adapté ». Dans l’histoire de cette manière de voir le monde existe une progression séquentielle d’évènements qui mène à des degrés supérieurs de progrès. L’idée de progrès est définie comme la faculté croissante à utiliser la technologie pour contrôler la Nature. Ceux qui créent la technologie la plus efficace dans l’exploitation des ressources naturelles sont considérés, depuis le point de vue darwinien, comme les plus adaptés. Selon cette pensée les plus adaptés ont la jouissance de privilèges qui leur garantit la progression linéaire continue de l’histoire. Le Mythe basé sur cette perspective supporte la notion selon laquelle certaines personnes valent mieux que d’autres. En conséquence peu d’attention est portée à l’idée de croissance personnelle et de développement. Ecrite depuis une perspective linéaire, l’histoire mets l’accent sur l’intéressement justifié pour des actes de cupidité, d’exploitation et de conquête. Dans l’académie occidentale l’approche darwinienne de l’histoire est décrite comme objective parce qu’elle tend à exclure les références à Dieu. Le message récurrent du Droit Divin des privilégiés devient une hypothèse tacite dans l’académie et reste fixée dans la culture occidentale aussi longtemps qu’elle n’est pas défiée.

En 1912 le grand pouvoir Colonial se réunit à Berlin afin de créer virtuellement tous les limites des états aujourd’hui souverains du continent africain. Le but de la création de ces limites était d’établir des sphères d’influence pour l’exploitation des ressources naturelles. Fréquemment ces nouvelles démarcations coupaient des cultures identifiées et une répartition géographique établie depuis des siècles. Afin d’autoriser la plus grande expropriation de terres depuis l’avènement de l’empire romain, les historiens européens avaient besoin de justifier la conquête politique. La version académique occidentale de cette période de l’histoire se base sur la prémisse de l’apport du « progrès » et de la « civilisation » à des êtres « arriérés » et à des régions « sous-développés » dépourvues de l’intelligence nécessaire au développement de ressources technologiques. Parce que cette vue du monde n’a pas de base concrète, il était

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nécessaire de miner et détruire les points de vue opposés. L’histoire indigène de l’Afrique est à la fois écrite et orale. L’histoire écrite fut délibérément brutalisée par des distorsions volontaires de la traduction de hiéroglyphes égyptiens ; l’histoire orale fut volontairement détruite par le génocide systématique des aînés et anciens détenteurs de la sagesse ancestrale traditionnelle. Depuis la perspective d’Ifá dans la diaspora les distorsions de l’histoire nous rendent difficile le fait d’être debout sur les épaules de ceux qui nous ont précédés.

Réclamer le point de vue cyclique de l’histoire commence avec un examen minutieux de l’histoire mythique depuis l’écriture orale d’Ifá qui donne naissance à la tradition de la révérence aux ancêtres. Dans l’Odù sacré Osa Mejí collecté par Pierre Verger à Oyo, état du Nigéria, le développement précoce d’une technologie sacrée associée à la communication avec les ancêtres reflète un changement dans la balance de pouvoir entre les hommes et les femmes dans la culture. Les vers donnent des indices sur comment maintenir l’équilibre entre genres comme part de la stabilité de la famille au sens large. Osa Mejí inclus aussi une référence symbolique aux éléments essentiels utilisés dans la vénération traditionnelle ancestrale. Le texte du vers est présenté dans ce livre comme base d’étude, examen et contemplation. Mon interprétation n’est qu’une parmi tant d’autres, ouvrant à un dialogue libre et constructif. Je crois qu’Osa Mejí est la clé de la compréhension du concept Ifá de la famille.

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Bon Caractère et Réincarnation

Le Concept Ifá d’Iwá-pèlé et d’Atunwà

Ifá enseigne que nous ne pouvons savoir qui nous sommes si nous ne pouvons nommer le nom de nos ancêtres sur sept générations. La faculté de nommer nos ancêtres est perçue comme étant capable d’asseoir notre conscience dans le monde. C’est une vue du monde, une idée très soutenue en relation avec les deux concepts yorùbá de bon caractère (iwá-pèlé) et de réincarnation (atunwà).

Dans un livre précédent j’ai traduit iwá-pèlé par bon caractère. Les mots ont cette connotation. Les mots sacrés yorùbá sont souvent des abréviations de phrases plus longues. La phrase iwá ope ilé forme l’élision iwá-pèlé qui signifie : « je viens saluer la terre ». Dans la société traditionnelle yorùbá vous rendez toujours hommage à un aîné et cet aîné est considéré un professeur. Avoir bon caractère signifie être capable d’apprendre de la terre, et, par extension, être capable de vivre en harmonie avec elle.

La nécessité de vivre en harmonie avec la terre est enracinée dans le concept traditionnelle yorùbá d’atunwà, qui signifie « le caractère naît à nouveau ». La cosmologie d’Ifá inclus la croyance en la réincarnation. Selon la tradition orale d’Ifá les êtres humains se réincarnent dans leur propre lignée familiale, ce qui implique que nous sommes les ancêtres de nos propres réincarnations futures. Ce concept fondamental a d’énormes répercussions sur l’entraînement et l’éthique yorùbá. Nous venons saluer la terre et venons vivre en harmonie avec le milieu naturel afin de faire de la terre un meilleur endroit où habiter, afin de jouir d’un lieu confortable le jour où nous reviendrons du royaume des ancêtres dans une nouvelle incarnation. Se souvenir de sept générations est un moyen de reconnaître la croissance personnelle durant une certaine période de vie, et un moyen de se souvenir des accomplissements passés d’un nouveau né. Les humains ont tendance à oublier leurs vies passées. Si la famille et la culture préservent cette information cela devient un outil précieux afin de guider les générations futures qui se construisent sur les leçons apprises des incarnations passées. Depuis le point de vue d’Ifá la croissance spirituelle englobe le développement individuel, l’élévation familiale, la cohésion communale, et l’empathie générale.

Atunwà et Iwá-pèlé forment la fondation théologique Ifá de la révérence aux ancêtres. Ce sont nos ancêtres qui nous guident dans notre quête d’harmonie avec la Terre, ce sont nos ancêtres qui nous guident dans le développement du bon caractère. Ces idées sont tellement fondamentales dans la culture yorùbá, que lors de la résolution d’un problème ou d’un conflit, ou même lorsqu’une simple question est posée, aucune opinion n’est avancée sans avoir au préalable cité des paroles de sagesse ancestrales, sous forme soit de vers d’Ifá soit de proverbes. Les opinions personnelles n’ont que peu ou pas de valeur dans Ifá, exception faite des commentaires sur les idées transcendantes.

Appeler le nom de vos ancêtres à travers sept générations vous rend capable d’identifier vos propres incarnations passées. La plupart des enfants d’une communauté

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yorùbá passent par une cérémonie de nomination (esentayé) environs une semaine après leur naissance. Le rituel inclus la divination qui identifie l’existence ancienne de l’enfant et établit une connection à la lignée du père et de la mère. Cette identification donne à l’enfant qui croît de solides informations sur les leçons passées. De cette manière la croissance spirituelle devient un procédé continu qui ne doit pas recommencer à zéro après chaque naissance. Cette continuité bénéficie à l’individu et à la communauté toute entière. Si nous sommes capables de construire à partir de leçons apprises dans une vie passée, nous pouvons apprendre une nouvelle leçon qui servira à la fois notre personne et le monde. Au sein du cycle éternel de vie et de mort, de transformation et de renaissance, existe le potentiel de l’expansion qu’Ifá symbolise par une coquille d’escargot, une spirale de forme circulaire de diamètre croissant.

Afin d’appuyer la quête de l’élévation spirituelle, Ifá honore l’esprit d’Egun. Bon nombre de livres sur la culture yorùbá traduisent ce mot par « ancêtre », ce qui est partiellement correct. Egun est plus précisément défini comme la conscience collective de tous les ancêtres qui attendent leur retour sur Terre. Egun, comme phénomène spirituel, est plus grand et plus profond que n’importe quel esprit ancestral spécifique. Le mot yorùbá pour un ancêtre individuel serait Ara Orun, qui signifie « corps » ou « Personne vivant dans le Royaume des Ancêtres ».

Pour maintenir la connection avec l’Esprit collectif des Ancêtres, la plupart des grandes familles yorùbá désignent au moins une personne à chaque génération pour être le médium de la famille Egun. Ces médiums sont appelés Egungun ou Isegun. Egungun vient de l’élision e ogun oogun qui signifie « je suis la médecine des os ». Isegun vient de l’élision I asè ogun qui signifie «  je suis le pouvoir des os » ou « je travaille le pouvoir des os ». Dans les deux cas les os font symboliquement référence aux esprits qui ont perdu leur enveloppe physique et sont retournés à la Terre des Ancêtres (Ile Orun).

Dans la culture traditionnelle yorùbá, honorer les ancêtres est à la fois une discipline quotidienne et une partie du calendrier rituel annuel. Se sentir connecté à ses ancêtres est une « colle » qui maintient ensemble la structure transcendantale de la famille étendue alors que de nouveaux visages passent à travers cette structure à chaque génération. La famille étendue est transcendante parce qu’elle fonctionne comme une école d’entraînement pour le développement de la conscience et l’instruction des attributs spécifiques du bon caractère. L’institution est telle que les enfants de dix ans enseignent à ceux de huit ans, ceux de douze ans enseignent à ceux de dix ans, et ainsi de suite jusqu’à la parenté et le troisième âge. L’école est un chemin de vie duquel on ne sort pas. Alors que l’on progresse à travers le cycle naturel de croissance et de maturité la position au sein de la famille change, les responsabilités augmentent, ainsi que les attentes de manifestation de bon caractère.

Quand Ifá fut initialement amené à la Diaspora à travers l’institution esclavagiste, la structure transcendantale de la famille étendue africaine fut délibérément détruite. Cette destruction était désignée afin d’endurer le conditionnement négatif en associant l’esclavage avec la « Volonté de Dieux ». Les effets dévastateurs de cette association dogmatique honteuse continuent d’affecter les dynamiques sociales dans l’Ouest ; l’anéantissement des cultes ancestraux traditionnels ont fait de l’établissement de la famille étendue (comme une école essentielle d’Ifá) un challenge continu. Il est clair pour moi que l’établissement du rituel yorùbá Egun dans la Diaspora a été un pas décisif dans la réclamation des structures traditionnelles Ifá de famille étendue, au delà des frontières culturelles.

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En prenant un des versets d’Osa Meji et en l’examinant soigneusement nous trouvons une riche source d’information qui peut être utilisée pour informer la pratique d’Ifá comme elle s’exprime dans la Diaspora. L’écriture orale d’Ifá est utilisée comme le texte basique pour la divination. Dans la culture yorùbá la divination est utilisée comme solutions aux problèmes ainsi que comme moyen de sauvegarde de la sagesse des ancêtres. L’organisation de l’oracle se base sur seize principes fondamentaux appelés « jambe d’Ifá ». Le principe d’Osa qui est la base pour les vers contenus dans Osa Meji est le principe de changement radical causé par les Forces Disruptives de la Nature. C’est l’idée métaphysique selon laquelle la Nature se trouve constamment en état de flux, et que cette transformation survient à travers ce qui est connu comme les Vents du Changement. Les chasseurs de la forêt tropicale nigérienne disent que l’Esprit bouge entre les arbres sur les rafales de vent. Alors qu’une brise traverse la forêt, tout les animaux du périmètre s’arrêtent et deviennent silencieux. Tous les êtres de la forêt s’ajustent aux changements de l’énergie spirituelle qui parcours le sol sylvestre.

Dans le royaume précolonial du Dahomey, Osa était connu comme l’Esprit du fuyard, car l’on croit qu’il est la source métaphysique de l’agitation et de l’instabilité humaine. On pourrait comparer Osa à la carte de la Tour du Tarot, car elle inclus un élément de chaos hasardeux au sein du flot auto-régulateur de n’importe quel environnement. Le chaos provoqué par un tremblement de terre, une inondation, une éruption volcanique insuffle un certain degré d’humilité entre les humains et les systèmes qui régulent la vie sur Terre. Les changements cataclysmiques peuvent paraître âpres et arbitraires à la conscience humaine, mais comme expression de changement moral les modifications brutales de l’écologie sont souvent les grondements incompris d’une planète en quête d’équilibre et de balance. Certains types de turbulences environnementales sont des réactions aux abus écologiques. La Terre traverse des périodes de soulèvement afin « d’effacer » l’ardoise, éliminant les toxines en vue de maintenir la fertilité, et de préserver la balance productive entre terre, eau, feu et air.

Osa MejiIyáàmi et la création des vêtements d’Egun

Osa Meji est riche, un puissant cri cosmique. Des cloches sonnantes arrivent depuis la voûte du Royaume Ancestral. Ifá fut consulté pour Odù le jour où Odù entrepris son voyage des Cieux vers la Terre en compagnie d’Ogun et d’Obarisa. Odù était la seule femme parmi eux. Elle demanda à Olodùmarè ce qu’il adviendrait quand elle arriverait dans le monde. Olodùmarè répondit que le monde serait bon. Olodùmarè dit que tout ce

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qu’ils voudraient accomplir serait accompli car il leur donnerait le pouvoir. Cela sera bon.

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Dire qu’Osa est un cri cosmique c’est identifier le principe d’Osa comme une Force fondamentale dans la Nature. Selon Ifá, les Forces fondamentales de la Nature resurgissent à différents niveaux de l’Évolution. Les vents primaires de la Création se convertirent en vents solaires qui éparpillèrent les éléments dans l’univers, formant des planètes dotés de systèmes écologiques affectés par des vents terrestres, donnant naissance à des gens en affinités avec l’Esprit du Vent. Dans la métaphysique d’Ifá ceux qui ont une affinité avec l’Esprit du Vent sont décrits par le terme Aje. Ce mot est parfois traduit par « sorcière » et dans quelques ouvrages de la littérature d’Ifá il a une connotation négative. Aje est une personne née avec le pouvoir du mot, l’habilité à affecter la Nature à travers l’expression de prières et d’incantations. On croit que le pouvoir d’Aje se transmet de mère en fille. Osa Meji dit que les femmes naissent avec ce pouvoir, le verset identifie ce pouvoir comme un force potentielle pour le bien.

Depuis la perspective de la science occidentale, l’Univers est une gigantesque vague sinusoïdale et la réalité (relative) est le résultat de l’effet du son sur la lumière. En d’autres mots le son donne la structure de la lumière. Dans le langage d’Ifá la lumière est formée dans l’univers visible comme le résultat d’un cri cosmique. Plus simplement le son donne sa forme à la lumière.