86e année - Hebdomadaire n° 3215 - 4 juin 2010 3 €86e année - Hebdomadaire n° 3215 - 4 juin 2010 3 €

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Jerzy PopieluszkoLe courage de la vérité

par le Père Daniel-Ange

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FRANCEFRANCECatholique86e année - Hebdomadaire n° 3215 - 4 juin 2010 3 €

BRÈVESFRancEdéFicitS : Dans un rapport du 26 mai, la Cour des comptes estime que si la crise est res-ponsable des trois quarts du déficit de l’État en 2009, le quart restant de la dégrada-tion est dû à des mesures fiscales comme l’allégement des droits de succession, la détaxation des heures supplé-mentaires, le bouclier fiscal ou la baisse de la TVA dans la restauration.écolE : Le ministre de l’Éduca-tion, Luc Chatel, a l’intention d’expérimenter à la rentrée de septembre un nouveau rythme scolaire dans une centaine d’établissements ; les élèves auraient cours le matin et des activités sportives l’après-midi.Le chef de l’État, en déplace-ment à Beauvais le 25 mai, a animé une table ronde sur l’absentéisme scolaire et les violences dans les établisse-ments. Une nouvelle proposi-tion de loi vise la suspension des allocations familiales pour les parents d’enfants souvent absents à l’école.REtRaitES : Alors que le gou-vernement précisait sa posi-tion sur le recul de l’âge légal de départ à la retraite, on apprenait le 26 mai, veille de la manifestation syndicale, que certains régimes spéciaux, comme celui de la SNCF, ne seraient pas immédiatement concernés.SncF : Le quotidien Les Échos affirme dans son édition du 31 mai que la Commission eu ro péenne a adressé le 11 février une lettre à la France lui demandant de sup-primer la garantie illimitée de l'État sur les engagements de la SNCF.élEctionS : Le gouvernement s’est refusé le 26 mai à enté-riner un scrutin à deux tours avec deux candidats seulement

au second tour pour l’élection des conseillers territoriaux, au grand regret de l’UMP qui craint des triangulaires avec le Front national en 2012.SocialiStES : Martine Aubry a rencontré le 25 mai les séna-teurs socialistes qui refusent d’appliquer la règle du non-cumul des mandats à partir de 2011 ; face à leur « résis-tance », la première secrétaire du PS a accepté « des déro-gations marginales ». Nicolas Sarkozy ayant mis en cause F. Mitterrand, la retraite à 60 ans et les 35 heures dans la crise actuelle, Martine Aubry a répliqué, le 29 mai en réunion publique, en comparant l'actuel pré sident à « un Madoff qui donnerait quelques cours de comptabilité ».JuSticE : Cédric Horneck accusé d’avoir tué sa compagne et d’avoir voulu noyer le fils de celle-ci en 2008, a été condamné le 28 mai à la prison « à perpé-tuité » avec une période de sûreté de 18 ans.PolicE : Les policiers munici-paux ont été autorisés à porter un Taser après la fusillade qui a coûté la vie à une policière ; les syndicats reçus au minis-tère de l’Intérieur le 27 mai souhaitent qu’ils soient tous armés.Dans son rapport annuel publié le 27 mai, Amnesty internatio-nal s’alarme des allégations de violences policières en France.Santé : À l’approche de la Journée mondiale sans tabac organisée par l’OMS, une étude publiée le 25 mai par l’Institut de veille sanitaire tire la sonnette d’alarme sur la multiplication des cancers du poumon féminins ; en moins de vingt ans, la mortalité a été multipliée par quatre chez les femmes de 40 ans.aPéRoS : Un imposant disposi-tif policier a découragé l’apéro

géant prévu sur le Champ-de-Mars à Paris le 23 mai en interdisant la distribution et la vente de boissons alcoolisées aux alentours du site.ciRculation : Un décret de 2008 portant réforme du code de la route et entrant en vigueur le 1er juillet prochain, permet d’autoriser les vélos à rouler à contre-sens des voi-tures dans les zones où la vitesse est limitée à 30 km/h. Pour sa part, le maire de Paris a présenté le 26 mai un nouveau plan vélo prenant effet d’ici à

2014 pour un coût de 25 mil-lions d’euros.Les tarifs des transports en commun en Île-de-France de vraient augmenter le 1er juil let, en moyenne de 3,9 % pour les divers tickets.Le Parlement a approuvé défi-nitivement le 27 mai le projet de loi prévoyant une double ligne de métro automatique de 130 km autour de la capitale.immoBiliER : Les profession-nels estiment que 2010 sera l’année de la sortie de crise ; mais le redémarrage du mar-ché est freiné par une aug-mentation des prix des loge-ments neufs due au renché-rissement des terrains et aux nouvelles normes de construc-tion ; celles-ci ont relevé les coûts de 10%.Gaz : Compte tenu de la for-mule d’indexation sur le cours du pétrole, le prix du gaz devrait augmenter d’environ 4% le 1er juillet prochain.tRéSoR : Un homme qui avait découvert un magot de 165000 euros dans le jardin

de sa nouvelle maison, en banlieue bordelaise, a relancé malgré lui une enquête sur un meurtre commis au même endroit quatre ans auparavant.FootBall : La France a été désignée le 28 mai par l’UEFA pour organiser le championnat d’Europe 2016.tEnniS : Aucun Français n'a passé les 1/8e de finale à Roland-Garros.

mondEcolomBiE : Contrairement à ce qu'annonçaient tous les sondages, le dauphin désigné d'Uribe, Juan Manuel Santos est arrivé en tête du pre-mier tour de la présidentielle colombienne du 30 mai, avec 47% des voix. Le candidat Vert, Antanas Mockus, n'a recueilli que 22% des suffrages et n'a donc aucune chances de l'em-porter au second tour.Volcan : Selon Reykjavik, le volcan Eyjafjöll a cessé de cra-cher des cendres le 24 mai.maRéE noiRE : Le pétrole n'a pas cessé de couler dans le golfe du Mexique après la ten-tative de colmatage du 27 mai.alimEntation : D’après une étude scientifique présentée le 26 mai à la 8e Conférence inter nationale du blé de St-Pétersbourg, de nouvelles souches mutantes d’un cham-pignon (la rouille) pourraient mettre en péril la sécurité ali-mentaire de la planète en com-promettant les cultures de blé.économiE : L’OCDE (Organis a-tion de coopération et de déve-loppement économique) a revu l’ensemble de ses prévisions à la hausse le 26 mai ; tirée par la croissance mondiale, la zone euro progresserait de 1,2% en 2010 et de 1,8% en 2011 ; pour la France, la croissance du PIB atteindrait 1,7% cette année et 2,1% l’an prochain. Mais les observateurs craignent que les

2 FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010

SUITe eN page 7

SOMMAIRE ACTUALITÉ

4 PRESSE Le Monde à vendre Alice Tulle5 COOPÉRATION L'Afrique à Nice Yves La Marck6 SOCIÉTÉ La tournée bioéthique Tugdual Derville

DOSSIER 8 POLOGNE Jerzy Popieluszko Père Daniel-Ange

ESPRIT 16 LECTURES L'Eucharistie est-elle un repas ? Père Michel Gitton 18 MÉDITATION Tibhirine Anita Sanchez-Bourdin 21 ECCLÉSIA Parrainages-Pologne MAGAZINE 22 INTERNATIONAL Le Pape à Chypre Georges Poulides / A. S.-Bourdin 24 DÉBATS Retraites, dictionnaire de la réforme Jacques Bichot / Denis Lensel 26 DÉBATS Jubilé de la loi Debré Hyacinthe-Marie Houard 27 CINÉMA "La tête en friche", "La fête des voisins", "Film socialisme", "Sex and the city 2" Marie-Christine Renaud d'André, Georges Collar 28 DÉBATS La burqa Bertrand Souchard 30 PHOTOGRAPHIE Willy Ronis Alain Solari 32 PEINTURE L'Angélus de Millet Hervé Joubeaux 34 THÉÂTRE Sagesse amérindienne Pierre François 35 TÉLÉVISION "L'appel du 18 juin", "Mon nom est Tsoti", "Il faut sauver le soldat Ryan,"Les Bleus" M.-C. Renaud d'André 36 TÉLÉVISION Sélection début de soirée M.-C. R. d'A. 38 BLOC-NOTES Vie associative et d’Église Brigitte Pondaven

Photo couverture : D.R.

LES ligues de vertu, brocardées hier pour leur moralisme désuet, n'ont pas disparu. Elles se sont reconverties en faveur des causes humanitaires ou écologiques d'aujourd'hui, dont beaucoup sont sans doute louables et quelques-unes contes-

tables de par leur tournure idéologique. La dernière en date de ce type d'entreprise vertueuse semble concer-ner « la lutte contre les préjugés ». Elle vient de donner lieu à des Assises réunies dans la prestigieuse école des Sciences Politiques de Paris, avec la participation d'une quarantaine d'associations qui se sont émues de la mon-tée de la stigmatisation de certaines catégories de popu-lation. Quelle appréciation un Philippe Muray aurait-il donné d'un phénomène qui n'aurait pas manqué de provoquer sa verve décapante ? On peut se le demander en écoutant Fabrice Luchini interpréter cette saison quelques-uns des textes de l'écrivain sainement et intelligemment provocateur.

Car il est parfois utile de recourir à l'humour d'un Molière pour débusquer la mauvaise foi et les tartufferies du monde contemporain. La chasse aux préjugés fait partie de ces habitus psychologiques d'autant mieux considérés qu'ils servent à masquer d'autres préjugés infiniment plus pré-gnants et d'autant moins avoués qu'ils sont intégrés dans des mentalités branchées et les réflexes les plus quoti-diens des médias. Les préjugés antichrétiens, et notam-ment anticatholiques, s'affichent de la façon la plus catégorique, sans que nos vertueux ne s'en émeuvent le moins du monde.

Ainsi, une campagne se lève en ce moment pour obliger les établissements catholiques à retirer les croix présentes dans les salles d'examen pour le baccalauréat. N'est-ce pas un sérieux préjugé que celui qui vise l'effa-cement d'un symbole s'identifiant à une tradition si pré-sente dans notre pays et magnifié par toutes les formes de notre art ? Les vertueux ne pourraient-ils pas mettre au programme de leurs prochaines assises l'étude de cette forme parti culière de préjugé ? ■

À proposdes préjugés

ÉDITORIAL

FRANCECatholique N°3215 4 JUIN 2010 3

par Gérard LECLERC

Du lundi au jeudi,Gérard Leclerc intervient en direct sur

Radio Notre-Dame vers 8 h 10

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque

semaine sur :

ACTUALITÉpar Alice TULLE

4 FRANCECatholique n° 3215 4 juin 2010

L e quotidien « de réfé-rence » est en péril : avec   Le Monde in ­terac t if , Courrier I n t e r n a t i o n a l ,

Télérama et La Vie, notam-ment, le quotidien fait partie d’un groupe  (« Le Monde ») qui perd un million d’euros par mois et a accumulé en huit ans un déficit de 200 millions d’euros.

Comment Le Monde qui était naguère le modèle d’un «  journal de  journalistes  », qui  se  présentait  comme exemple de rigueur intellec-tuelle, morale et financière, peut-il se trouver au bord de la cessation de paiements ?  

C’est une longue histoire : après Hubert Beuve-Méry, le fondateur, Jacques Fauvet et André Fontaine, les héritiers, et un directeur de transition, l’arrivée au pouvoir de Jean-Marie  Colombani,  d’Edwy Plenel et d’Alain Minc a cor -res pondu  à  une  recherche de  la  puissance  financière et une politique de « coups » avec une prédilection pour le scandale politique...

Beaucoup  de  lecteurs ont été choqués, la stratégie financière  a  été  suicidaire et le trio Colombani-Plenel-Minc  s’est  séparé.  La crise généra le   de   la   presse 

écrite nationale s’est ajou-tée à  l’échec du groupe Le Monde  et  le  journal  fondé à  la  Libération n’a  d’autre choix que de disparaître ou de perdre son indépendance –  devenue  toute  relative depuis que les financiers sont maîtres du jeu. 

Bien  sûr,  c’est  la  voie de  la  recapitalisation qui a été  choisie.  Il  faut  trouver le groupe qui acceptera de rembourser  les  dettes  du groupe et qui aura confiance en  l’avenir  de  ses publica-tions, alors que  les  recettes publicitaires sont en baisse et que le nombre des lecteurs diminue.  Mais  l’arrivée  de nouveaux  apporteurs  de 

capitaux n’est pas simple. Nul ne connaît les intentions du groupe Lagardère, qui détient 17% des actions du groupe Le Monde  ;  le groupe espagnol Prisa,  sur  lequel  beaucoup comptaient,  est  endetté et sous  le contrôle d’un  fonds américain d’investissements. 

Une   au t re   so lu t i on consis terait à  vendre Télé­rama, entreprise qui fait des profits et qui a été vampi-risée  par  les  f inanciers du  «  Monde  »  (vente  des immeubles et des sociétés de service entre autres, ponc-tions  sur  la  trésorerie...)  et qui n’a aucun intérêt à rester dans un groupe fragile qui ne lui a rien apporté. 

Il  y a enfin  l’offre  faite par Claude Perdriel, patron et  fondateur  du  Nouvel Observateur, qui a pour prin-cipal  avantage  d’agir  par amour des journaux : Claude Perdriel a déclaré qu’il était prêt  à  engager  sa  fortune personnelle pour  sauver Le Monde  mais  à  condition d’être  le patron effectif du groupe (il demande 60% des parts), de garder Télérama et les autres publications.  

Quels  qu’ils  soient,  les nouveaux  dir igeants  se trouveront confrontés à de graves  problèmes,  qui  ne sont pas tous d’ordre finan-cier. Ce n’est pas un hasard si  le site  Internet du Monde gagne beaucoup d’argent  : alors que le quotidien papier est  évalué  à  10  millions d’eu ros,  le  site vaudrait 87 millions. Comme beaucoup d’autres quotidiens français et étrangers, Le Monde aura le choix entre la suppression de  l’édition papier et  l’édi-tion quotidienne sur papier couplée avec l’édition sur site Internet qui n’est déjà plus un quotidien mais plutôt un journal  permanent  financé par la publicité et la consul-tation payante des archives. Mais  les  résultats  du  site sont peut-être trompeurs et il n’est pas sûr que les journaux sur Internet soient rentables dans les conditions actuelles de leur publication – et même s’ils ne paient pas la plupart de leurs collaborateurs.

Une seule chose est sûre : le vieux Monde a vécu.  n

PRESSE

Une politique de « coups » avec une prédilection pour le scandale politique(

Les caisses sont vides au « Monde ». Il faut donc que le fameux quotidien du soir se recapitalise une nouvelle fois, autrement dit se vende à un groupe financier. Mais lequel ?

Le Monde à vendre

ACTUALITÉ

Àpart le sommet de La Baule en 1990, devenu le symbole de la démocratisa-tion de l’Afrique, à 

l’appel du président François Mitterrand,  aucun  sommet Afrique-France  n’est  resté dans  l’Histoire.  Celui  de Nice ne fera pas exception. Après les adieux du président Jacques  Chirac  à  ses  pairs début 2007 dans les mêmes lieux,  son  successeur  avait pensé mettre un terme à ce genre de manifestation, en signe de  la « rupture » qu’il voulait  introduire  dans  un mode de relations  jugé par lui  trop  personnalisé  avec ses homologues du continent africain. Au bout de trois ans, il a finalement accepté de se prêter à cet exercice convenu, en  insistant  bien  sur  une périodicité  longue : tous les trois ans, afin que le prochain n’ait pas lieu avant l’élection présidentielle de 2012. Après, on verra bien. 

C’est dire le peu d’appé-tence de Nicolas Sarkozy, non pas tant pour les affaires afri-caines que  pour la palabre. Le bilan de ces trois années n’est pas négatif  : rétablissement des relations avec le Rwanda, remise en ordre de la présence de forces armées préposition-nées, avec la fermeture de la base de Dakar et  la  réduc-tion de celle de Djibouti  :  il fallait  le  faire.  Cependant 

tout n’a pas marché comme il  le voulait pour une sortie pacifiée de  l’Angolagate,  la transition  démocratique  à Madagascar  ou  l’organi-sation  même  du  Sommet, initialement prévu au Caire, qui a buté sur  la participa-tion du président soudanais Omar Hassan el-Béchir. Ce dernier, qui vient d’être réélu, a choisi de fixer sa cérémo-

nie d’investiture au 27 mai, trois  jours avant Nice, obli-geant plusieurs chefs d’État africains à passer d’abord par Khartoum avant d’aller faire hommage au président fran-çais. Celui-ci a refusé d’invi-ter Béchir (sous le coup d’une instruction de la Cour pénale internationale).

Bref, un bilan pour le moins mitigé. C’est que le relais n’est pas pris ni par l’Aide publique au développement, paralysée pour cause d’austérité budgé-taire, ni par le secteur privé, que Sarkozy a voulu mobi-liser à Nice pour faire pièce aux Chinois dans  lesquels  il n’a aucune confiance et dont il voudrait que  les Africains se gardent. Comme la nature 

n’aime pas le vide, les seuls à vouloir reprendre le flambeau – ou « partager le fardeau » - semblent être, cette fois, les plus hauts dirigeants améri-cains, autour d’Obama, qui cherchent la formule magique permettant de lier sécurité et développement. Le Pentagone ne suit que dans la lutte anti-

terroriste au Sahel ou dans la Corne de  l’Afrique  ;  l’US AID n’atteint même pas  les moyens  de  la  coopération française ; le programme SIDA lancé par Bush plafonne. On en reparlera peut-être après l’Irak  et  l’Afghanistan,  la Corée  ou  la  Colombie.  Il  y aura toujours une autre prio-rité pour Washington.

Alors ,   pourquoi   pas les Africains ?  Ils n'ont pas besoin,  pour  se  rencontrer entre  eux,  qu'on  les  invite à Nice, à Lisbonne (pour un sommet avec  l'Union euro-péenne), à Tokyo, à Changhai, au Brésil ou en Turquie. Tous ces sommets étrangers font de  l’ombre  à  leurs  propres réunions,  à  l’Union  afri-caine, où, à leur tour,  il  leur serait  loisible d’inviter  l’un ou  l’autre des grands de ce monde. Le président Sarkozy avait longtemps attendu une telle in vi tation pour se rendre à Addis-Abeba. L’architecture africaine de paix et de sécurité n’en est qu’aux fondations. 

L’espoir mis en  l’Afrique du Sud comme locomotive du continent, du Cap au Caire, a été déçu, non par  l’absence de volonté politique mais par la difficulté de  la transition intérieure  qui  a  accaparé toutes les forces de Mandela à Mbeki avant Zuma. Nous y  reviendrons  la  semaine prochaine avec l’ouverture de la Coupe du monde de foot-ball, le 11  juin à Jo’burg... n

CooPÉRATIonpar Yves LA MARCK

Nicolas Sarkozy a renoué avec la tradition des sommets Afrique-France, mais tous les trois ans, et sans illusions.

L'Afrique à nice

FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010 5

L'architecture africaine de paix et de sécurité n'en est qu'aux fondations )

ACTUALITÉpar Tugdual DERVILLE

6 FRANCECatholique n° 3215 4 juin 2010

L a m a t i n é e e s t bien entamée, ce mercredi 26 mai 2010, quand Marie Couvreur, déléguée

départementale de l’Alliance pour les Droits de la Vie pour la Marne, découvre un mail qui la stupéfie. Envoyé le matin même de l’École de Commerce de Reims (dénom-mée Reims Management School) où doit se tenir la sixième étape de la Tournée bioéthique 2010, il signifie la résiliation pure et simple du contrat de location, par le Comité de Direction de RMS. Deux mois après sa signa-ture, le matin même de la soirée !

Résultat , deux cent cin quante personnes, venues de toute la région trouveront porte close. Grâce à une sono de plein-air, c’est dans le vent et le froid, qu’ils entendront les cinq orateurs, juchés sur des bancs. Heureusement, s’offrent des solutions de repli. L’Union de Reims, quotidien local, aura beau prétendre que le Planning familial a bouté l’Alliance pour les Droits de la Vie hors de la ville, la soirée, avec ses projections vidéo, se tient, plus tardivement dans une autre salle.

Ville après ville, la tour-née « Naître ou ne pas naître » réalisée en partena-riat avec l’Office chrétien des personnes handicapées et le Comité protestant évangé-lique pour la dignité humaine a prouvé qu’on peut débattre avec douceur et sérieux de sujets que notre société a tendance à refouler, comme

on le fait trop souvent avec les douloureux secrets de famille qui s’enkystent dans le silence.

Certes, à Bordeaux, le 17 mai, les participants ont été accueillis par une tren-taine de militants hostiles, réunis derrière leur bande-

role « Boutin homophobe ». Mais la soirée bordelaise resta sereine. À Marseille puis Toulon, Nice et Nancy le périple s’est poursuivi paisi-blement.

Médecin responsable de la planification familiale de son département, une spec-tatrice confie aux organi-sateurs qu’ils ont raison de

parler de « maternité tour-mentée ». L’ambivalence des femmes confrontées aux grossesses imprévues ou à l’annonce du handicap mérite à ses yeux une autre réponse que l’avortement systématique. Et de saluer le lancement du guide Je suis

enceinte qui récapitule les aides publiques dont peuvent bénéf ic ier les femmes concernées.

Plusieurs journalistes de la presse quotidienne régionale se montrent également intéressés par les débats. Avec l’évolution des techniques médicales, des lois et des mœurs, les épreuves millénaires inhé-rentes à la maternité ont pris une nouvelle tournure. Peut-on laisser la procréa-tion humaine s’orienter vers ce « meilleur des mondes » pronostiqué par de plus en plus d’experts qui s’avouent dépassés ? Sans prétendre accorder des convictions inconciliables à propos du respect de la vie, le souci de justice et d’humanité peut aboutir à des projets soute-nus par le plus grand nombre.

Il n’y a guère que le Mou ve ment Français pour le Planning Familial à s’op-poser à ce que les femmes enceintes en difficulté soient informées de ce qui peut les aider à éviter l’avortement. Mais voilà donc qu’à Reims, cette association, épaulée par un groupuscule trots-kiste, a intimidé la direction de l’École de Commerce.

Dès le lendemain, celle de Rouen épousait la même panique. Mises dehors dans ces deux villes, des centaines de personnes auront mesuré la peur qui tétanise certains notables, dès lors qu’on s’aventure hors des sentiers battus de la pensée unique. n

LA TOURNÉE BIOÉTHIQUE

Le souci de justice et d'humanité peut aboutirà des projets soutenus par le plus grand nombre(

Coup sur coup, deux écoles de commerce ont fermé leur porte aux centaines de personnes venues participer à la Tournée bioéthique de l’Alliance pour les Droits de la Vie.

Peur contagieuse

mesures d’austérité prises en Europe n'étouffent la reprise.Banques : La Commission européenne souhaite obliger les banques à alimenter des « fonds de crise » nationaux pour combattre les effets des crises financières futures ; une proposition en ce sens a été présentée le 26 mai par Michel Barnier.Corée : Le président Obama a annoncé le 24 mai une révi-sion de la politique américaine envers la Corée du Nord à la suite d’une attaque nord-coréenne contre un navire sud-coréen.espagne : Le FMI a recom-mandé le 24 mai à l’Espagne de procéder à des réformes urgentes pour améliorer le fonctionnement du marché du travail et du système bancaire. Le plan gouvernemental a été adopté de justesse le 27 mai par 169 voix contre 168 !

ItalIe : Le gouvernement a annoncé le 25 mai un plan d’austérité de 24 milliards d’euros avec gel des salaires des fonctionnaires jusqu’en 2012 et baisse de 10% des dépenses des ministres.Jamaïque : L’assaut mené le 24 mai à Kingston contre les membres d’un gang de trafi-quants de drogue aurait fait au moins 60 morts et 27 blessés ; à l’origine des violences, un mandat d’arrêt lancé par les États-Unis contre le chef de ce gang.IndonésIe : La police de la charia (loi islamique) a com-mencé le 25 mai à distribuer des tuniques longues aux femmes qui portent des panta-lons moulants jugés indécents.maurItanIe : Trois islamistes ont été condamnés à mort le 25 mai pour l’assassinat de quatre touristes français en décembre 2009.

somalIe : Les milices Shebab ont lancé une attaque sur le palais présidentiel à Moga-discio le 23 mai, tandis que le président le Président du Gouvernement Fédéral de Transition (TFG), Sheik Sharif Ahmed, se trouvait à Istanbul, en Turquie, pour participer à une conférence internatio-nale sur la Somalie. Le palais, défendu par les « Forces de paix africaines en Somalie » (AMISOM) ougandaises et burundaises, n'a pas été pris, mais on a relevé plusieurs dizaines de morts.guatemala : La tempête tro-picale Agatha a fait plus de 100 morts au Guatemala.ChIne : Le géant Foxconn, sous-traitant d’Apple, qui regroupe 300 000 ouvriers aux portes de Hongkong, est frappé par une vague de suicides : 10 morts en quelques semaines, au point que la direction a

voulu faire signer à ses sala-riés un engagement de ne pas attenter à leur vie !Une retraitée de 60 ans a donné naissance à des jumelles après une fécondation in vitro, devenant ainsi la mère la plus âgée de Chine.Israël : Le Premier ministre israélien était en visite en France le 27 mai à l’occasion de l’admission de son pays à l’OCDE, dont le siège est à Paris.Les 6 navires affrétés depuis Chypre par des militants pro-palestiniens, qui tentaient, sous pavillon turc, de forcer le blocus de Gaza ont été arrai-sonnés le 31 mai par la marine israélienne. On parlait d'une vingtaine de morts parmi les militants qui auraient tiré les premiers selon les soldats israéliens. Le gouvernement turc a vivement réagi.

J.L.

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Jerzy a 19 ans et fait son service militaire - moment où les séminaristes doivent subir toutes sortes de brimades et punitions gra-tuites. Conscient des risques de punition, il refuse d’enlever médaille et chapelet. Au dortoir, il prie à genoux – chose interdite. Le vendredi : le chemin de croix, quoi qu’il

en coûte. À Noël, il chante des cantiques en épluchant. Sanction : ramper sur le sol. Pendant les séances de propagande, il lit en cachette L’Imitation de Jésus Christ.

En août 1980, il a 33 ans, les ouvriers des grandes aciéries de Huta Warszawa l’invitent pour célébrer la toute première messe jamais chantée dans ce que le pou-voir pensait être un fief du communisme. Il en est bouleversé : « On m’a applaudi. J’ai cru un instant qu’une célébrité marchait derrière moi. Mais non ! Ces applaudisse-ments m’étaient bien destinés, à moi, pre-mier prêtre à avoir jamais franchi le portail de l’aciérie. Je me suis dit alors qu’on ova-tionnait ainsi l’Église qui depuis 30 ans a frappé aux portes des usines. » Par ailleurs, il lance les grands pèlerinages nationaux d’ouvriers – par centaines de milliers – à Czestochowa, chaque troisième dimanche de septembre.

Le 13 décembre 1981, quelques mois après l’at-tentat contre Jean-Paul II, l’état de guerre est pro-clamé. 6 000 responsables du syndicat Solidarnosc sont emprisonnés. Ce premier et unique syndicat dans tout l’empire est intolérable pour le régime. À la face du monde, il prouve que le christianisme est le calcium d’un peuple, et le marxisme son opium. C’est le prolétariat qui se soulève contre ces ap-paratchiks qui prétendent être sa voix. Le comble ! Après avoir tenté quelques mois plus tôt d’élimi-ner son premier défenseur, son avocat à la face du monde, ce Jean-Paul II qui ose le soutenir incon-ditionnellement – il faut l’éradiquer avant qu'il ne contamine les autres pays du bloc de l'Est, qui se met à trembler sur ses bases.

C’est alors qu’une voix va retentir. Elle va oser clamer ce que tous pensent, mais ne peu-vent dire sans risquer des années de prison. Et quelles prisons ! Jerzy se fait la voix de son peuple. Il arrache le bâillon de ses lèvres, à défaut des me-

nottes à ses mains. Il le fait au cours des 33 messes pour la Nation qu’il va célébrer, re-nouant avec la tradition séculaire des prières pour la Patrie, le plus souvent clandestines, surtout durant les trois siècles où la Pologne était dépecée par d’écrasants empires voi-sins : Russie, Autriche-Hongrie, Allemagne. 33 stations de son chemin montant au Cal-vaire. De mois en mois, les foules augmen-tent à tel point qu’il faudra les célébrer sur un balcon surmontant le porche d’entrée de l’église Saint-Stanislas Kostka, dominant la place noire de monde. Leur retentissement est incalculable. Surtout, elles parviennent immédiatement aux oreilles de l’habitant nu-méro 1 du Vatican…

À cette voix de prophète et de Précur-seur, qui ne crie pas dans le désert, tendons l’oreille. Dès février 1982, où il choisit des textes à faire frémir certains (Sg 6,1-9 ; Ps

58,2-8), il cite les évêques : « L’Église se place tou-

DOSSIER

25 ans après son assassinat par la police politique communiste, le Père Jerzy Popieluszko est béatifié, ce 6 juin à Varsovie, Mgr Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, représentant le Pape. Le Père Daniel-Ange a collationné pour nous quelques interventions marquantes du Père Jerzy qui ont fait de lui un authentique témoin de la foi.

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Jerzy Popieluszko le courage de la vérité

Jerzy se fait la voix de

son peuple

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jours du côté de ceux qui sont privés de liberté, de ceux dont on brise les consciences. Notre douleur est celle de la Nation tout entière terrorisée par la force militaire… de tous ceux, internés, arrêtés, condamnés… »

En avril 1982, de citer un poète : « Plus fort que les pierres qui pleuvent sur nous, plus fort que la main arbitraire et parjure qui s’abat sur nous, crier que notre cœur brisé dans notre poitrine ni ne se pliera, ni ne se changera. La mort est périssable, la foi… éternelle ! »

Les textes choisis sont loin d’être neutres (Dan 3,37-45, Ps 94, Mc 13,9 ) : « On vous livrera aux Sanhédrins, vous serez battus, vous compa-raîtrez… » Et de prier : « Aujourd’hui, il y a tant de familles d’orphelins dans notre patrie, des enfants attendant le retour de leurs parents. Nous te prions pour ceux qui brisent les consciences humaines, ce qui est pire encore que de tuer… Que les consciences de nos compatriotes ne soient pas asservies ! Nous te prions pour les fonctionnaires de la justice qui n’ont pas le courage de s’opposer au mensonge et qui acceptent le faux pour le vrai. Nous te confions les ouvriers qui ont donné leur sang et offert leur vie pour défendre leurs droits humains inaliénables. » Et de citer un détenu : « Ne nous laisse pas nous figer dans la colère et la rage, pardonne à nos traîtres ! » Et encore : « Ô Pologne, on t’a privée de tout, mais tu as tout, tant qu’il te reste le ciel et la terre sous les pieds ! Ta terre est frappée du glaive comme le visage de la Très sainte Madone de Jasna Góra ! »

En mai, citation d’un hymne des insur-gés de 1830 prenant une actualité saisissante, les chars de l’URSS étant prêts à intervenir : « Les tours de Moscou seront ébranlées. La cloche de li-berté sonne et un sang libre est répandu ! »

Mère de Dieu, porte ce sang du peuple libre de-vant le Trône divin ! Reine au visage balafré, nous Te présentons la demi-année d’esclavage de guerre. Une seule prière demeure : donne-nous la grâce de

résister ! Vois comme l’ennemi bafoue notre âme ! »En juin encore des textes brûlants : « La

coupe déborde de sang, d’amertume et de larmes. Toujours écrasés mais fidèles dans la foi, nos cœurs ne tremblent pas à la vue des meurtres. La droiture s’effondre, la force étrangère nous écrase, elle en-fonce les tempes polonaises dans la couronne de fer ! Sois Pologne ! Et libre sera la Pologne ! »

Septembre 1982 : devant la foule où chacun tient une petite croix en main : « Il n’y a pas d’Église sans la croix, il n’y a ni sacrifice ni sanctification sans la croix. Celui qui vainc dans une cause juste, vainc par la croix et dans la croix. L’Église doit dire la vérité. L’Église doit défendre les souffrants. Au nom

Jerzy Popieluszko le courage de la vérité

Ce premier et unique syndicat dans tout l'empire

par le Père DANIEL-ANGE

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Avec Lech Walesa,fondateur du

syndicat Solidarité.

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de la vérité, l’Église ne peut jeter un regard indiffé-rent sur le mal et sur les peines humaines. L’Église avance vers la Résurrection. Il n’y a pas d’autre voie. Et c’est pourquoi les croix de notre Patrie, nos croix personnelles, celles de nos familles, doivent mener à la victoire, à la Résurrection, si nous les joignons au Christ qui a vaincu la croix. » Et de s’ex-clamer : « Quelle ressemblance aujourd’hui encore entre le Christ couvert de sang sur la croix et notre Patrie douloureuse ! »

Octobre 82, il ne mâche pas ses mots : « Pour demeurer libre dans l’âme, il faut vivre dans la vérité. Vivre dans la vérité, c’est donner la vérité des témoignages, c’est la revendiquer et la reconnaître dans toute situation. La vérité est immuable. On ne peut détruire la vérité par des décisions ou des décrets. L’esclavage pour nous consiste justement en ceci : que nous nous soumet-tions au règne du mensonge chaque jour. Nous ne protestons pas, nous nous taisons, ou bien nous faisons semblant d’y croire. Alors, nous vivons dans le mensonge. Le témoignage courageux de la vérité est un chemin qui mène directement à la liberté. L’homme qui témoigne de la vérité est un homme libre même dans des conditions extérieures d’esclavage, même dans un camp, dans une prison. Le problème essentiel pour la libération de l’homme et de la Nation est de surmonter la peur. Car la peur naît de la menace. Nous surmontons la peur, lorsque nous acceptons la souffrance ou la perte de quelque chose au nom de valeurs supérieures. Si la vérité devient pour nous une valeur pour laquelle nous acceptons de souffrir, de prendre des risques, alors nous surmontons la peur qui est la cause di-recte de notre esclavage. » Et de citer le Cardinal Stephan Wyszynski, emprisonné pour avoir dit la Vérité : « La peur est le plus grand manquement de l’apôtre… Elle serre le cœur et rétrécit la gorge. Ce-lui qui se tait face aux ennemis de la bonne cause, les enhardit… Forcer au silence par la peur, telle est la première tâche dans la stratégie impie… Le silence a son sens apostolique uniquement quand je ne détourne pas mon visage devant ceux qui me frappent… »

En conclusion : « Je voudrais répondre à tous ceux qui souffrent en terre polonaise et je désire m’adresser d’ici aux autorités de la République Po-pulaire de Pologne, pour que ces larmes cessent. La société polonaise, ma Nation, ne mérite pas d’être poussée aux larmes de désespoir et d’abattement. Oui, une nation qui a tellement souffert dans son

passé récent, ne mérite pas que beaucoup parmi les meilleurs de ses fils et filles séjournent dans les camps et les prisons ; elle ne mérite pas que sa jeunesse soit malmenée et battue, que le crime de Caïn soit commis. Elle ne mérite pas qu’on la prive, contre sa volonté, du syndicat Solidarité. »

Et dans la dernière messe de cette si-nistre année, juste avant Noël : « On au-rait envie d’ajouter : ne lutte pas par la contrainte. La contrainte n’est pas une preuve de force, mais de faiblesse. Celui qui n’arrive pas à vaincre par le cœur ou par la raison, essaye de vaincre par la contrainte. Mais chaque manifestation de la contrainte est une preuve d’infériorité morale. L’idée qui a besoin d’armes pour durer, meurt d’elle-même. L’idée qui ne peut se maintenir que par la contrainte est une idée dévoyée. L’idée capable de vie l’emporte par elle-même. Des millions d’hommes la suivent spontanément. La Nation comprend mieux aujourd’hui les paroles de Norwid : "Il ne faut pas s’incliner devant les circonstances et laisser les véri-tés derrière la porte". Il ne faut pas s’incliner devant les circonstances… »

1983. Année neuve.L’horizon va-t-il s’éclaircir ?

Dès janvier : « Une nation possédant une tradi tion chrétienne millénaire, aspirera toujours à la pleine liberté. Car il est impossible de com-battre cette aspiration par la contrainte, puisque la contrainte est la force de celui qui ne possède pas la vérité. Il est possible de plier l’homme par la contrainte, mais non pas de le rendre esclave. Un Polonais qui aime Dieu et la Patrie se relèvera de toute humiliation, car il ne s’agenouille que devant Dieu. »

En février, il se fait l’écho des voix bâillonnées : « Des femmes emprisonnées à For-don écrivent : "Nous voulons la liberté, mais pas à tout prix. Pas au prix du renoncement à notre idéal, pas aux prix de la trahison envers nous-mêmes et ceux qui nous font confiance…" Puis, désigne nom-mément l’instigateur numéro 1, caché dans les coulisses : « Satan renforce son empire sur la terre, et dans notre Patrie, le royaume du mensonge, de la haine, de la peur, si nous ne devenons pas chaque jour plus forts par la grâce de Dieu, si nous ne nous penchons pas avec douleur, avec cœur et amour sur nos frères qui souffrent innocemment dans les prisons, sur eux et sur leurs familles. »

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« Un Polonais qui aime Dieu et la Patrie se

relèvera de toute

humiliation »

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En mars, ce mot de pure splendeur : « L’Amour et la Vérité, on peut les crucifier, mais il est impossible de les tuer. Là-bas, sur la croix, la Vérité et l’Amour ont triomphé du mal, de la haine, de la mort. La Nation veut que la concorde ne soit pas une capitulation, un renoncement aux idéaux, aux aspirations. »

Et de se tourner vers les dirigeants : « Pour vous, frères, qui éprouvez en vos cœurs une haine de mercenaire, réfléchissez : la force ne peut vaincre, même si elle peut triompher quelque temps. » Avant de prier pour eux : « Prions pour ceux qui se vendent au service du men-songe, de l’injustice, de la contrainte : qu’ils comprennent leur humiliation ! »

Des indica-teurs de police s’infiltrent dans la foule. En avril 83, il doit donner des consignes strictes : ni cris, ni chants dehors, n’accepter ou ne donner au-cun tract. Agressés, rester de marbre. Gare aux provocateurs ! Ils veulent de la violence, pour de suite intervenir manu militari.

« Là où il y a l’injustice, là où il y a la contrainte, le mensonge, la haine, le non-respect de la dignité humaine, là font défaut l’amour, le cœur, le désinté-ressement, le renoncement. Or sans ces valeurs, ne l’oublions pas, il est difficile de donner au travail son vrai sens, il est difficile de sortir le pays d’une crise. Mais l’amour doit aller de pair avec le courage. » Et de se faire l’écho du grand cardinal Wyszinsky, du fond de sa résidence haute-sécurité : « Malheur à la société dont les citoyens ne se conduisent pas avec courage ! Ils cessent alors d’être citoyens pour devenir de simples esclaves ! C’est le courage qui transforme les gens en citoyens, car l’homme cou-rageux est conscient de ses droits dans la société et des devoirs qui lui incombent. Si le citoyen renonce au courage, il se nuit à lui-même, il nuit à sa per-sonnalité humaine, à sa famille, à son groupe pro-fessionnel, à sa Nation, à l’État et à l’Église, même s’il est manipulé par peur et frayeur, pour le pain et d’autres avantages. Malheur aux gouvernants qui veulent conquérir le citoyen au prix de la peur et

de la frayeur de l’esclave. Alors ce ne sont plus des hommes qu’ils gouvernent, mais, excusez le mot, des choses. »

Mai 83, en plein mois de Marie, il se tourne vers Elle : « Tu étais là et tu as vaincu, Toi notre Reine. Mais Tu étais là aussi et Tu souffrais, Toi notre Mère. Aujourd’hui, Tu es pour nous plus Mère que Reine. Car aujourd’hui, nous avons plus que ja-mais besoin d’une Mère. D’une Mère qui comprend tout, qui essuie toute larme et qui console toute

peine, qui nous garde de perdre espérance. Or, notre espérance est souvent menacée quand nous voyons le prince du mal revenir en force sur nos terres polonaises. Nous avons besoin de Toi, Mère qui essuies les larmes. Car nombreuses sont nos larmes ces derniers huit mois, depuis cette nuit honteuse de dé-cembre 1981. Oui, et nombreuses sont nos larmes et nos souf-frances. »

Et de nouveau, nomme celui que Jésus appelle « l’ennemi » : « Sa tan, que Tu écrases

de Ton pied, comme pris dans des convulsions de l’agonie – oh ! que ce soit sa dernière agonie ! – nous inflige de nouvelles souffrances par ses serviteurs. Dès le premier jour, le mois de mai de cette année est devenu, à Varsovie, le temps du règne de Satan, sous la forme de la contrainte, des manifestations de force et de haine, du déferlement des mensonges et des diffamations. »

En juin : « Longtemps résonneront dans nos oreilles les paroles du Saint-Père à Cracovie : "Vous devez être forts de la force de la foi. Vous devez être forts de la force de l’espoir, vous devez être forts de la force de l’amour, de l’amour qui sup-porte tout…" La Nation en tant que communauté humaine est appelée à la victoire, à la victoire par la force de la foi, de l’espoir, de l’amour, par la force de la vérité, de la liberté, de la justice. »

Il devient maintenant l’homme à abattre, du moins à museler coûte que coûte. En septembre 83, ouverture d’une enquête pour « abus de la liberté de conscience au détriment de l’État ».

Un peuple qui se voue

à tousles saints

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En six mois, il subit 13 interrogatoires et plusieurs arrestations et détentions provisoires. Condamné, il est amnistié en 84, sous la pression populaire. Mais aucune menace ne le fait trembler : « Seule une Na-tion libre spirituellement et amoureuse de la vérité peut durer et créer pour l’avenir. Seule une nation saine d’esprit et consciente peut courageusement créer son avenir. On conquiert les gens le cœur ouvert et non les poings fermés. La vraie sagesse, la vraie connaissance, la vraie culture ne peuvent être enchaînées. Il n’est pas possible d’enchaîner les esprits humains. Garder sa dignité d’homme, c’est demeurer intérieurement libre même dans l’escla-vage extérieur. Rester soi-même dans toutes les situations de la vie, c’est demeurer dans la vérité, même si cela devait nous coûter cher. Car dire la vérité coûte cher. Seule l’ivraie est de vil prix. Il faut payer pour le grain de la vérité. Toute chose, toute grande cause doit coûter et doit être difficile. Il n’y a que les choses petites et médiocres qui sont faciles. Déjà le poète Novalis disait : "L’homme s’appuie sur la vérité. S’il trahit la vérité, il se trahit. Ce-lui qui trahit la vérité, se trahit lui-même." Le mensonge avilit la dignité humaine et est l’apanage des esclaves, des pusillanimes. »

L’étau se resserre, il est sous sur-veillance constante. Son appartement est « cambriolé ». Il doit préciser à la messe suivante qu’on y a trouvé une charge ex-plosive, des armes…

En février 1984 : sa dernière année, il aborde de front le domaine de l’éducation nationale, ce qui nous concerne particulièrement en France aujourd’hui et surtout au Québec : « Nous sommes des en-fants de la Nation qui, depuis plus de mille ans, chante la gloire du Dieu Unique dans la Trinité. C’est pourquoi, dans l’éducation actuelle, on ne peut se couper de ce qui a constitué la Pologne au cours de mille an-nées. On ne doit ni le rayer, ni le déformer. Dans son travail, l’école devrait dépendre des pa-rents. L’école ne doit pas détruire dans les âmes en-fantines les valeurs qui y ont été inculquées par la famille. Le pouvoir ne doit pas imposer sa religion, ni sa conception de la vie. Il ne doit pas dicter ce que doivent et ne doivent pas croire les citoyens. Car n’est-ce pas imposer la religion athée et man-quer de tolérance que de refuser une presse ca-tholique dans un pays catholique où prolifère une presse laïque. L’une des causes de nos malheurs contemporains, matériels et moraux, est que l’on a refusé obstinément la place au Christ, notamment

à l’école et au travail, dans l’éducation des enfants et des jeunes. On a menacé de sanctions pénales les enseignants qui facilitaient aux enfants la par-ticipation au catéchisme. Car celui qui brade sa foi et ses idéaux est prêt à sacrifier un homme. Nous devons faire tout notre possible pour ne pas laisser fermer la bouche ni aux enfants, ni aux jeunes, ni à la Nation. »

Et se tournant vers les jeunes : « Mes chers jeunes amis, vous devez avoir en vous un cœur d’aigle et un regard d’aigle. Vous devez tremper votre âme et l’élever très haut, pour pouvoir tels les aigles survoler toute la volaille, en marche vers l’avenir de notre Patrie. Ce n’est qu’en ressemblant à des aigles que vous pourrez affronter les vents, les orages, et les tempêtes de l’Histoire, sans vous laisser mener à l’esclavage. Souvenez-vous en ! Les aigles sont des oiseaux libres car ils volent haut dans le ciel et ne se vautrent pas à terre. »

Puissent tous les jeunes de nos pays occiden-taux, recevoir un tel message !

Mai 84 : « La vérité est toujours liée à l’amour et l’amour est exigeant, l’amour véritable requiert des sacrifices, aussi la vérité, elle aussi, doit-elle coûter. La vé-rité qui ne coûte rien est un mensonge.

Vivre dans la vérité, c’est être en ac-cord avec sa conscience. La vérité unit et relie les gens. La grandeur de la vérité effraie et démasque les mensonges des médiocres et des peureux. La lutte inin-terrompue pour la vérité dure depuis des siècles. La vérité est pourtant immortelle, et le mensonge périt d’une mort rapide. Écoutons le cardinal Wyszynski : "Il suffit de peu de gens parlant en vérité. Christ en a choisi un petit nombre pour pro-clamer sa vérité. Seuls les mots menson-gers doivent être nombreux car le mot mensonge est détaillé et se monnaie : il se débite comme la marchandise sur

les rayons, il doit être constamment renouvelé, il doit avoir de multiples serviteurs, qui selon un programme, l’apprendront pour aujourd’hui, pour demain, pour un mois. Pour maîtriser la tech-nique du mensonge ainsi programmé, il faut des hommes en quantité. Il suffit de quelques-uns pour proclamer la vérité."

Il suffit d’un petit groupe de gens qui luttent pour la vérité pour rayonner. La condition essen-tielle de la libération de l’homme, pour lui per-mettre de vivre en vérité, est d’acquérir la vertu de courage. La lutte pour la vérité est le symbole du

L'étau seresserre,

il est sous surveillance constante

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courage chrétien. La vertu de courage est une vic-toire sur la faiblesse humaine, victoire sur la peur et la crainte. Car la seule chose dont il convient d’avoir peur dans la vie est la trahison du Christ pour quelques deniers de calme éphémère. Ce n’est pas facile aujourd’hui, lorsque d’office durant les dernières décennies, sur le sol natal on a semé les graines du mensonge et de l’athéisme, on a semé les graines du laïcisme ; cette vue du monde est un produit caricatural du capitalisme et de la franc-maçonnerie du dix-neuvième siècle. On les a se-mées dans un pays, qui depuis plus de mille ans est solidement ancré dans le christianisme.

On ne peut tromper la vie, tout comme on ne peut tromper la terre. »

Et de clore : « Prenons conscience que la Nation dépérit lorsqu’elle manque de courage, lorsqu’elle se ment à elle-même en disant que tout va bien, quand tout va mal, lorsqu’elle se contente de demi-vérités. Soyons conscients qu’en exigeant la vérité nous devons nous–mêmes vivre en vérité ; que cette conscience nous accompagne chaque jour. En exigeant la justice, soyons justes en-vers nos proches. En exigeant le courage, soyons chaque jour courageux. »

L’étau se resserre encore. Les menaces sont de plus en plus visibles. Ses amis le supplient de partir se cacher dans les forêts des Tatras, tout au Sud. Le Primat lui suggère de s’exiler à Rome, sous prétexte d’études. Il décline toutes ces offres. Il veut rester avec le peuple à lui confié, quels que soient les risques : « Il me faut rester toujours dis-ponible pour mes paroissiens, jour et nuit. » Déjà rongé par la maladie, il avoue : « Oui, il m’arrive d’être fatigué. Le temps me manque pour servir tout le monde. Je ne suis jamais libre pour moi-même. Mais je ne ressens aucun découragement. »

En juin : « La justice interdit de détruire dans les âmes des enfants et des jeunes, les valeurs chrétiennes apprises par les parents, valeurs qui se sont vérifiées tout au long de notre Histoire millénaire. Rendre la justice et réclamer la justice est le devoir de tous ; déjà Platon disait : "Quand la justice se tait, les temps sont mauvais." La justice envers soi-même oblige à filtrer honnêtement à travers sa propre raison et sa propre observation toute cette avalanche de mots propulsés par la « machine de la propagande ».

L’orage gronde. La foudre se rap-proche. Plusieurs « mystérieux » accidents de voiture ont failli lui coûter la vie (méthode déjà bien rodée en URSS). Dans son avant-dernière homélie, il se jette avec son peuple dans les bras

de la Reine : « La Nation polonaise n’a pas de haine en elle et elle est capable de beaucoup pardonner, mais uniquement au prix d’un retour à la vérité. Car la vérité, et la vérité seule, est la condition première de la confiance. Prions avec les mots du Saint-Père qui priait ainsi, le 4 août 82 : "Mère ! Peut-être faut-il aujourd’hui plus que jamais que Tu prennes entre Tes mains maternelles le cœur et les pensées des Polonais, que Tu prennes entre Tes mains le sort de ma Nation." »

Fin septembre, l’ultime cri : Il se fait une

dernière fois l’avocat intrépide des parents, des enfants, et des jeunes, la prunelle de ses yeux : « Les années qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale ne sont qu’une suite de luttes pour le monopole de l’éducation athée, de l’éducation

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Il veutrester avecle peuple

à lui confié,quels que soient les risques

Photo prise quelquesheures avant l'enlèvement.

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sans Dieu, de l’extirpation de Dieu du cœur des en-fants et des jeunes. Pour son travail, l’école éduca-trice devrait dépendre des parents, car les enfants appartiennent aux parents. Ce n’est pas l’État, mais les mères qui mettent au monde les enfants. Pour cette raison, l’école ne doit pas détruire dans l’âme des enfants les valeurs que la famille leur enseigne. L’enseignant doit être pour l’élève un ami qui dit la vérité. »

Enfin, il s’érige contre le projet de déchoir de sa nationalité et d’expatrier le citoyen « ne respectant pas les principes du système ». Et de s’écrier : « C’est un crime contre la Nation. Car il vise non les criminels ordinaires, mais les meilleurs fils de la Patrie, qui s’opposent courageusement à la destruction de l’esprit même de la Nation ». Et de citer pour la toute dernière fois son maître et père, Jean-Paul II : « Tout homme a droit à sa pa-trie, où il est fixé depuis des générations. Personne ne peut être condamné à l’émigration. »

Il ne sera pas condamné à l’émigration, mais

à… l’élimination. Pure et simple. Trop c’est trop. Il fait partie de ceux qu’Hitler classait comme « pas dignes de vivre ».

Le 19 octobre, il célèbre sa toute der-nière messe. Quel jour est-on ? Les martyrs du Canada. Dans quelle église ? celle des saints Frères Martyrs polonais ! Sans commentaire. Il y médite le Rosaire. Quels mystères ? Les… douloureux. Son ultime parole ? « Prions pour que nous soyons libres de toute peur, de l’effroi et surtout du désir de ven-geance et de violence. »

Sur la route de Torun, la voiture du Père Jerzy est arrêtée par des fonctionnaires en uniformes de la milice, en réalité des agents de la SB (services de sécurité de l’État). Le chauffeur de la voiture est obligé de remettre les clefs de l’auto aux deux hommes et de monter dans leur véhicule. On lui met les menottes. Les deux fonctionnaires l’assomment violemment et le déposent dans le coffre de leur voiture et se sauvent. Le chauffeur du Père Jerzy réussit à sauter du véhicule, se sauve, et se met à la recherche de secours. Au bout de quelques kilo-

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Les obsèques.

Il ne sera pas condamné à l'émigration,

mais à…l'élimination

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mètres, le véhicule s’arrête. Le prêtre est à nouveau frappé. « Ensuite, on lui a attaché les pieds avec un sac de pierres, on lui a passé un nœud coulant autour du cou. Une des extrémités de la corde entravait les jambes repliées de la victime et à chaque mouvement, le nœud coulant étouffait le père Popieluszko » (citation du procès). À ce moment le père est encore en vie. Les assas-sins décident de le noyer.

Le 20 octobre, on annonce au journal télévisé du soir l’enlèvement du Père Jerzy. Une foule s’est rassemblée à l’église Saint-Stanislas Kostka pour prier. Le soir même une messe est célébrée à son intention. Jour et nuit les fidèles prient dans l’église, jusqu’au moment dramatique où la vérité éclate.

Le 30 octobre : on annonce que le corps du Père Popieluszko est retrouvé dans la Vis-tule. Sa dépouille mortelle est transportée à l’église Saint-Stanislas Kostka, le soir du 2 novembre. Le lendemain a lieu son enterrement, auquel partici-pent quelques centaines de milliers de Varsoviens et des délégations venant de toute la Pologne.

Concluons : Jerzy Popieluszko est de la race des grands témoins de la Vérité. De ceux qui, au temps des idéologies totalitaires ont fait la fierté et la gloire de l’Église, ont sauvé son honneur.

En Pologne, il se situe dans le sillage de saints Stanislaw, Maxi-milien Kolbe, Karolina Kotska, jeune martyre de la chasteté, des centaines de prêtres polonais tués à Dachau, sans parler des victimes de ce Ka-tyn(1), dont le monde entier vient – enfin, enfin ! d’entendre parler – Rus-sie comprise.

Comme Benoît XVI, il a eu le cou-rage des humbles. Sa témérité prend sa source dans son humilité. Qui a un cœur d’enfant n’a pas peur des ty-rans.

Mais où donc puise-t-il sa force ? Comme tous les martyrs, dans l’Eucharistie. Ce n’est pas un hasard si ses cris sont lancés uniquement pen-dant la messe. On peut lui appliquer ce mot de splendeur lâché par notre Benoît XVI, à la messe de la Fête-Dieu, sur le parvis de saint Jean de Latran, voici deux ans. Il retentit encore à mes oreilles : « Qui s’agenouille devant l’Eucharistie, est incapable de s’agenouiller devant une puis-sance de la terre, aussi puissante soit-elle. »

Et voilà le P. Jerzy Popieluszko glorifié à la face du monde précisément le jour où presque

partout est célébré le Mystère du Corps et du Sang du Seigneur.

S'il est un entraîneur pour les prêtres et les évêques de ce siècle, c’est que nous sommes effectivement entrés dans les com-bats des temps de la fin. Jean-Paul II l’af-firmait déjà en 85 : « Impossible de nier dans la société actuelle l’existence de forces agis-santes, d’une grande influence et marquées d’une certaine hostilité envers l’Église. Au-tant de manifestations de l’action dans notre temps du prince de ce monde et du "mystère d’iniquité". Je suis venu ici pour vénérer et in-voquer saint Michel de bien vouloir protéger et défendre la sainte Église… Cette lutte contre le démon qui accompagne son image est aussi actuelle aujourd’hui qu’elle l’était alors, parce

que le démon est toujours vivant et qu’il continue son action dans le monde » (au Mont Sant'Angelo, Foggia, 24 mai 1985).

Intuition confirmée par le Catéchisme de l’Église Catholique : « Le temps présent est le temps de l’es-prit et du témoignage, mais aussi un temps encore marqué par la "détresse" (1 Co 7,26) et l’épreuve du mal qui n’épargne pas l’Église et inaugure les com-bats des derniers jours. C‘est un temps d’attente et de veille. Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi

de nombreux croyants. La persé-cution qui accompagne son pè-lerinage sur la terre dévoilera le "mystère d’iniquité" sous la forme d’une imposture religieuse appor-tant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo- mes-sianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair » (n°672, 675,6). n

(1) Une splendide surprise. En posant la première pierre de la future cathédrale orthodoxe sur les charniers de Katyn, le Premier ministre russe, Poutine (ex-chef du KGB en RDA), a précisé qu’elle aura des icônes de saints… catholiques, tout spécialement polonais… » donc… du P. Popieluszko, dernière victime béatifiée de la violence communiste en Pologne. Quand on connaît l’histoire des relations Russes-Polonais, Orthodoxes-Ca-tholiques : quel signe ! Mon rêve : que J. Popieluszko soit canonisé en même temps que le Père Aleksander Men, le dernier grand martyr du système communiste en Russie.

Derniers livres parusde Daniel-Ange :

Jésus et toi. À fleur d'Évangile,éd. du Jubilé, 442 pages, 17 e.

La Femme, sentinelle de l'Invisible, éd. du Jubilé, 275 pages, 15 e.

Mon chant à Marie,éd. du Jubilé, 201 pages, 14 e.

La tombe, avec son chapelet de pierres faisant une carte de Pologne.

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d'enfant n'a pas peur

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16 FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010

On entend souvent dire que la messe est un repas, faisant suite aux nombreux repas que Jésus a pris avec les pécheurs et qui nous sont

racontés dans l’évangile, ou encore comme ce partage que Jésus a fait de la nourriture pour une foule immense au bord du lac et qui est décrit dans le texte lu ce dimanche. Et on s’étonne alors des conditions restrictives que l’église (et déjà saint Paul) ont mises à l’admission à la communion : être baptisé, en état de grâce, à jeun… Tout cela ne va-t-il pas à rebours de l’accueil si large que le Christ a fait à tous, sans distinction de justes et d’injustes ? L’église a-t-elle le cœur plus sec que son Maître ?

Commençons par revenir sur le rapprochement entre l’eucharistie et un repas. Il est clair que la Cène au cours de laquelle Jésus a institué ce sacrement était un repas, mais pas n’importe quel repas : repas pascal, très sacralisé, ritualisé, dans lequel Jésus n’a admis que ses douze apôtres, alors que l’usage était plutôt de réunir toute la famille. De plus, de tous les

éléments qui constituaient la réalité du repas (agneau pascal, herbes amères…), aucun n’est mentionné, le récit évangélique ne retient que ce que Jésus y a introduit (la parole sur le pain et celle sur la coupe). Et très vite (on le voit dans saint Paul mais c’est sans doute dès le début) il n’y a plus trace du repas pascal, ne fût-ce que parce que la célébration est hebdomadaire. L’élément proprement chrétien s’est détaché du repas qui ne lui donnait qu’un cadre, devenu caduc. Certes, saint Paul continue à l’appeler le « repas du Seigneur », car il y a bien une nourriture et un breuvage qui sont donnés, le Corps et le Sang du Seigneur, mais c’est tout. Le terme d’eucharistie qui va prévaloir dit autrement que l’élément qui a été gardé, c’est la prière de bénédiction que Jésus a prononcée et dans laquelle il a offert sa vie pour ses disciples. C'est cet élément proprement sacrificiel qui constitue le cœur du sacrement confié à l’église, c’est en cela que la messe est un sacrifice.

Si l’église nous fait lire, comme ce dimanche, le récit de la multiplication

des pains comme une annonce de l’eucharistie, c’est qu’effectivement, il y a là comme une ébauche de ce que Jésus fera pour son église : il lève les yeux, il dit la prière de bénédiction et partage ce pain qui n’est encore que du pain, mais qui annonce ce « pain suressentiel » dont parle le Notre Père (Matthieu 6,11). Loin d’être un simple repas fraternel, où on mangerait un morceau ensemble dans la bonne humeur et la décontraction, c’est un moment impressionnant dont tout le monde a gardé le souvenir. Curieusement, c’est la prière faite par Jésus sur le pain (« l’eucharistie » !) qui reste dans la mémoire autant et plus que la nourriture : « venant de Tibériade, d'autres barques arrivèrent près de l'endroit où ils avaient mangé le pain après que le Seigneur eut rendu grâce » (Jean 6,23).

En défendant le Corps de son Sei-gneur de toute profanation, l’église ne fait rien d’autre que de préserver l’écart que Jésus lui-même a voulu entre le don qu’il faisait et une nour riture ordinaire, fût-elle la manne jadis impartie aux Hébreux dans leur marche vers la Terre promise : « au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts » (Jean 6,49). Ce que nous voudrions, comme les Juifs du temps du Seigneur, c’est une nourriture adaptée à nous, un moyen qui réponde à nos besoins, à notre attente de recevoir de l’amitié, du courage, de la paix… Ce qu’il nous donne, c’est de nous unir à lui. Dans cette incroyable manducation, c’est lui qui nous assimile à lui, pas nous qui le consommons ! n

Dimanche 6 juin, Le Saint-SacrementPremière Lecture : Genèse 14.18-20Psaume 110.1-4Deuxième Lecture : 1·Corinthiens 11.23-26Évangile : Luc 9.11-17.

l’eucharistieest-elle un repas ?

9. 11 Mais les foules le surent et y arrivèrent derrière lui. Il les reçut et continua de leur parler du Royaume de Dieu, tout en rendant la santé à ceux qui étaient malades.12 Le jour commençait à baisser. Les Douze s’approchèrent et lui dirent : « Renvoie la foule pour qu’ils aillent se chercher un toit et de la nourriture dans les villages et les campagnes des environs, car ici nous sommes loin de tout. » 13 Il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! »Ils répondirent : « Nous n’avons que cinq pains et deux poissons. Tu nous vois sans doute y aller nous-mêmes et acheter de quoi manger pour tout ce monde ? »14 Car il y avait bien là 5 000 personnes. Jésus dit à ses disciples : « Faites-les s’asseoir par groupes de 50. » 15 Les disciples firent ainsi et tout le monde s’installa.16 Alors Jésus prend les cinq pains et les deux poissons, il lève le regard vers le ciel, il prononce la bénédiction, il rompt le pain et commence à en donner aux disciples pour qu’ils servent la foule.17 Ils mangèrent et tous eurent à leur faim. Après quoi on ramassa les restes : il y en avait douze paniers !

Fête-Dieu (année c)

par le Père Michel Gitton

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10e semaine Du temps « per annum »

Dimanche du Saint-Sacrement1. Jésus qui offre au Père le seul sacrifice qu’il puisse vraiment agréer (lecture du livre de la Genèse).➤ Adorons le Grand Prêtre que Dieu nous a donné.Point spi : offrons-nous avec Jésus à la messe.2. Jésus qui confie à son église le trésor des trésors (lecture de la lettre de saint Paul aux Corinthiens).➤ Adorons le Maître qui apprend à ses disciples comment perpétuer son sacrifice.Point spi : Brûlons du désir d’assister bien vite au Saint Sacrifice et d’y communier dans de bonnes conditions.3. Jésus qui veut nourrir les foules du vrai Pain venu du ciel (lecture de l’évangile de saint Luc).➤ Adorons le Messie qui a un remède pour notre faim.Point spi : osons parler de la sainte com-munion à ceux qui s’en sont séparés.Lundi : Les Béatitudes (Matthieu 5, 1-12)1. Jésus qui gravit la montagne en en-traînant ses disciples après lui, Jésus qui cherche les positions élevées, d’où le regard s’étend plus largement.➤ Adorons notre Guide qui nous entraîne vers les sommets, qui nous mène de « hau teur en hauteur » jusqu’à Sion.Point spi : Prenons le temps de dominer les questions, ne réagissons pas superfi-ciellement.2. Jésus qui « ouvre la bouche » et se met à instruire, conscient de son rôle d’enseignant, sachant qu’il a un message capital à délivrer.➤ Adorons notre Rabbi que nous voulons suivre jusqu’au bout, admirons son ensei-gnement tout nourri des pensées divines. La grâce est répandue sur ses lèvres.Point spi : ne nous dérobons pas quand nous avons quelque chose à dire.3. Jésus qui commence son enseignement par les Béatitudes, Jésus qui parle de bonheur, et non de devoir, avant toute chose.➤ Adorons le Fils si heureux dans la commu-nion du Père et de l’Esprit, faisant déborder cet amour à l’extérieur (« source de tout bien »).Point spi : Réveillons chez nos frères le goût du bonheur.Mardi : Sel et lumière (Matthieu 5, 13-16)1. Jésus, le vrai sel de la sagesse, qui assaisonne et fait réagir, brûle et conserve.➤ Adorons Celui qui vient d’ailleurs pour nous faire réagir.

Point spi : ne perdons pas l’exigence.2. Jésus, la vraie lumière, qu’il nous a été donné de découvrir, car il ne s’est pas caché.➤ Adorons Celui que les ténèbres n’ont pas arrêté.Point spi : ne nous déguisons pas, acceptons de porter les couleurs du Christ.3. Jésus, la vraie lumière, élevée sur le lampadaire de la croix, qui amène les hommes à rendre gloire à Dieu ; en voyant ses œuvres à lui, qui pourrait douter ?➤ Adorons Celui qui rend témoignage au Père, le Témoin fidèle, celui qui sur la Croix laisse transparaître la beauté du Père.Point spi : Prenons très au sérieux l’avertis-sement du Seigneur : essayons d’être cohérents avec nos paroles, ne démentons pas, par notre vie, le témoignage de nos lèvres.Mercredi : Jésus qui accomplitet n’abolit pas (Matthieu 5, 17-19)1. Jésus qui ne vient pas détruire, Jésus qui arrive comme la fine fleur de l’attente d’Israël, Jésus qui récapitule en lui toute cette longue histoire (cf. « d’égypte, j’ai rappelé mon Fils »).➤ Adorons le Messie, désiré, attendu, même s’il est déconcertant, il a voulu que le terrain soit préparé.Point spi : n’opposons pas trop vite At / nt2. Jésus qui vient accomplir la Loi, cette loi qui avait été faite pour lui, au-delà de l’interprétation légaliste, c’est lui qui accomplit les préceptes du culte.➤ Adorons le Serviteur qui, sur la croix, réalise la plénitude des volontés du Père, qui donne l’expression parfaite de la Loi.Point spi : ne nous croyons pas trop vite exempts de ces « petits commandements ».3. Jésus qui vient accomplir les Prophéties, qui révèle un sens nouveau et inattendu aux oracles prophétiques.➤ Adorons le « Désiré des collines éternelles », celui qu’attendaient David, élie, Isaïe et les autres.Point spi : nourrissons-nous davantage de la parole des prophètes.Jeudi : « On vous a dit, moije vous dis » (Matthieu 5, 20-26)1. Jésus qui tranche avec l’autorité de Dieu, qui déclare : « On vous a dit, moi, je vous dis ».➤ Adorons le Maître, celui qui a dit au commencement : Fiat Lux !

Dimanche de la Fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ.Semaine de la « Source vive de tout bien »Nous quittons Marc pour Matthieu ! par le Père Michel Gitton

Point spi : Soumettons à Jésus nos petits et nos grands choix.2. Jésus souverainement exigeant, pous-sant ses disciples à un don radical, ne tolérant pas de demi-mesure.➤ Adorons Jésus, notre Maître, dans son amour jaloux pour la petite créature que nous sommes.Point spi : Accueillons dans l’action de grâce les appels que Dieu nous adresse.3. Jésus qui nous apprend la souplesse, qui nous conseille de rattraper « vite » les situations bloquées.➤ Adorons le nouveau David, qui sait esquiver les armes de Goliath et vaincre par la rapidité.Point spi : ne nous laissons pas fasciner par la tristesse de nos échecs.Vendredi : Sacré Cœur de Jésus1. « J’irai les délivrer de tous les endroits où elles ont été dispersées… » ; Jésus qui rêve de nous arracher à l’errance.➤ Adorons le Cœur du Bon berger qui veille sur ses brebis.Point spi : Croyons, malgré toutes les évi dences, que nous pouvons avoir du prix pour Lui.2. « Le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs» ; Jésus qui n’attend pas que nous soyons revenus de nos erreurs pour nous prendre dans son amour, pour donner ce qu’il a de plus fort.➤ Adorons le Cœur du Rédempteur, s’of-frant pour nous dans une totale gratuité.Point spi : attachons-nous à ceux qui n’ont vraiment rien d’attirant…3. « On se réjouira dans le ciel », Jésus qui répond au désir de son Père, qui fait sa joie quand il lui ramène l’enfant prodigue.➤ Adorons ce Cœur, exultant sous l’effet de l’Esprit.Point spi : Sachons nous réjouir des débuts de conversion que nous voyons chez nos frères.Samedi : Pas de serments (Matthieu 5, 33-37) + Cœur Immaculé de Marie1. Jésus qui se méfie des serments, mais qui accueille nos vœux, qui croit au sérieux de nos engagements.➤ Adorons-le dans son exigence de Vérité, Lui la Vérité faite chair.Point spi : Faisons à Dieu l’hommage de notre liberté et tenons nos promesses.2. Jésus qui s’indigne de notre duplicité, nous qui cherchons à faire de Dieu le complice de nos manœuvres.➤ Adorons la candeur de celui qui n’a jamais été que « Oui », qui ne connaît au-cune duplicité.Point spi : ne cherchons pas à passer pour habiles, soyons confiants.3. Jésus qui défend l’honneur de Dieu, la sainteté de son Nom, la majesté de son Temple.➤ Adorons Celui qui a été dévoré par le zèle de la Maison de Dieu.Point spi : Fuyons tout vilain juron, toute formule irrespectueuse. n

L’Église, en France et en Algérie, a été marquée par le témoi-gnage des sept moines de Notre-Dame de l’Atlas, à Tibhi-rine. Je revois ces sept lumières

allumées à Notre-Dame de Paris à la nouvelle de leur enlèvement, en mars 1996, et éteintes, à la nouvelle de leur mort annoncée le 21 mai 1996, par le Groupe islamique armé (GIA).

Le témoignage rendu à la « Splen-deur de la Vérité » s’est révélé d’au-tant plus éloquent qu’il était le fait d’une communauté de sept frères, unis - selon les termes de frère Paul - « par la prière et la présence aimante » au milieu du peuple algérien, unis dans la vie comme dans la mort, par ce « plus grand amour » de tout frère en huma-nité, plus fort encore que la terreur et la violence.

Après cinquante-cinq jours de cap ti vité dans les camps de Djamel Zitouni, émir national du GIA, qui les avait enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, les moines de l’Atlas furent décapités. D’aucuns affirment qu’ils auraient été victimes de tirs d'hélicop-tères militaires. En tout cas, le bras qui a frappé était armé.

Bruno Chenu a présenté le visage de ces hommes « libres », jusqu’au bout, dans Sept vies pour Dieu et pour l’Algérie. (1)

Après avoir réfléchi, parlé, prié, voté à bulletin secret, les frères avaient décidé, en toute liberté, de rester, conscients du danger, consacrés à Dieu, au « milieu » de ce peuple qu’ils aimaient, leurs « frères de la mon-tagne » - villageois ou terroristes –, comme leurs « frères de la plaine » - les autorités et le reste du pays.

Le P. Christian avait confié à sa famille ce « Testament » de miséricorde qui sera publié à la une des journaux algériens : « S’il m’arrivait un jour – et ça pourrait être aujourd’hui – d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNÉE à Dieu et à ce pays. (…) J’aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cœur à qui m’aurait atteint. »

Il aime l’Algérie et ses fils au point de ne pas souhaiter que l’un d’entre eux soit responsable de sa mort : « Je ne saurais souhaiter une telle mort ; il me paraît important de le professer. Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j’aime soit indistinctement accusé de mon meurtre.

C’est trop cher payer ce qu’on appel le ra, peut-être, la « grâce du mar-tyre » que de la devoir à un Algérien, quel qu’il soit, surtout s’il dit agir en fidélité à ce qu’il croit être l’islam. Je sais le mépris dont on a pu entourer les

ESPRIT

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En attendant d'aller voir le film « Des hommes et des dieux », probablement à partir du 8 septembre prochain, voici une nouvelle méditation sur les moines de Tibhirine.

MOINES DE TIBHIRINE

Les lumières de Notre-Dame

S'il m'arrivait un jour - et ça pourrait être aujourd'hui - d'être victime du terrorisme(

par Anita SANCHEZ-BOURDIN *

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Lambert Wilson (lunettes) incarne Christian de Chergé.

Les lumières de Notre-DameAlgériens pris globalement. Je sais aussi les caricatures de l’islam qu’encourage un certain islamisme. Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes. »

Il souhaite connaître le regard même de Dieu sur l’islam : « Voici que je pourrai, s’il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contem-pler avec lui ses enfants de l’islam tels qu’il les voit, tout illu-minés de la gloire du Christ, fruits de sa Passion, investis par le don de l’Esprit dont la joie secrète sera tou-jours d’établir la com-munion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences. »

Il donne ce rendez-vous poignant : « Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux, ce MERCI, et cet « A-DIEU » envisagé de toi. Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. AMEN ! Incha Allah ! »

Deux mois à peine après l’exécution des moines, Djamel Zitouni était éli-miné par un rival.

« Leur fin tragique a réveillé les consciences » et elle « a choqué », « tant ils étaient signes d’innocence pacifique » et, en même temps, elle « a été comprise comme un signe de grâce, de pardon et de bénédiction ; un signe du Christ », a écrit le regretté cardinal Jean-Marie Lustiger, alors archevêque de Paris. (2)

Il soulignait cette proclamation dramatique de la dignité de tout être humain – la victime et le bourreau -

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par Anita SANCHEZ-BOURDIN *

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Michael Lonsdale, dans le rôle de Frère Luc, le médecin.

qui est au cœur de Veritatis Splendor : « Comme la croix du Christ, leur mort parle à ceux qui veulent bien entendre, éclaire ceux qui veulent bien ouvrir leurs yeux. Leur mort fait pressentir la miséricorde transcendante, l’Amour au-dessus de tout amour qui est le mystère même de Dieu révélé par le Fils. Leur mort dévoile aussi l’abîme du péché, en même temps que la gran-deur, la dignité, infiniment précieuse aux yeux de Dieu, de tout être humain.

Leur mort révèle la délivrance accom-plie par le plus grand amour, celui de "donner sa vie pour ceux qu’on aime" (Jn 15, 3) ». n

* Article paru dans la revue Totus Tuus, consacrée à Jean-Paul II « Té moin de la Vérité » (n°2 mars/avril 2010).(1) Bruno Chenu, Sept vies pour Dieu et pour l’Algérie, (Bayard/Centurion, octobre 1996).(2) Préface de Tibhirine, les veilleurs de l’Atlas, de Robert Masson (Cerf/Saint-Augustin, mai 1998).

Leur mort fait pressentir la miséricorde transcendante, l'Amour au-dessus de tout amour(

20 FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010

Ils étaient 7Le P. Christian de Chergé, prieur, 59 ans, moine depuis 1969, en Algérie depuis 1971, ancien chapelain du Sacré-Cœur de Montmartre, entré à l’abbaye d’Aiguebelle avant de rejoindre Tibhirine, était un très bon connaisseur de l’islam. Il a sauvé le prieuré lors de la première irruption du GIA à Noël 1993.

Le Frère Luc Dochier, 82 ans, moine depuis 1941, le « toubib », en Algérie depuis 1947. L’abnégation le connaît. Pendant la guerre, il avait pris la place d’un père de famille nombreuse en partance pour un camp de prisonniers en Allemagne.

Le Père Christophe Lebreton, 45 ans, moine depuis 1974, était en Algérie depuis 1974 : c’était une personnalité « chaleureuse et explosive ». Il était entré à Tamié à 24 ans !

Trois moines, Michel, Bruno et Célestin, venaient de l’abbaye de Bellefontaine.Le Frère Michel Fleury, 52 ans, ancien éducateur de rue à Nantes, moine depuis 1981, était en Algérie depuis 1985. Infirmier pendant la guerre d’Algérie, il avait sauvé un maquisard blessé que l’armée française voulait achever. Le traumatisme de la première incursion du GIA lui avait valu six pontages coronariens. Mais il était revenu.

Le Père Bruno Lemarchand, 66 ans, « posé et réfléchi », moine depuis 1981, en Algérie et au Maroc depuis 1990 : il animait l’annexe de la communauté de Fès. Il était de passage à Tibhirine pour l’élection du prieur.

Le Père Célestin Ringeard, 62 ans, ancien ouvrier fraiseur à Lyon puis à Marseille, moine à Tamié depuis 1983, en Algérie depuis 1987, était le cuisinier de la communauté. Après l’enlèvement, sa « coule » sera retrouvée sur le chemin de Médéa.

Le Frère Paul Favre-Miville, 57 ans, moine depuis 1984, en Algérie depuis 1989, Haut-Savoyard, ancien officier parachutiste, ancien plombier aux mains en or, savait tout faire avec presque rien : il avait installé un système d’irrigation.

A.S.-B. d’après B. Chenu

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FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010 21

BRÉSILLe P. Rubens Almeida Gonçalvesa, 35 ans, a été assassiné le 20 mai, d'une balle dans la tête, dans sa paroisse de la ville de Campos Belos, à 600 km de Goiânia.

ORTHODOXIEDu 25 au 31 mai le patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, était reçu en Russie par le patriarche de Moscou, Kirill Ier. Les deux hommes ont rencontré le président russe Di mitri Medvedev au Kremlin, ils ont célébré ensemble la messe dans la cathédrale de la Dormition, située dans le monastère Saint-Serge, et dans la cathédrale Saint-Isaac à St-Péters bourg. Ils étaient accompagnés du métro-polite Hilarion Alfeyev, du Dé par-tement pour les relations exté rieures de l'Église orthodoxe russe, et des métropolites Michel (Autriche), Iré née (Myriophyton), Peristasis et Emmanuel (France).

AFRIQUEDUSUDLes évêques d’Afrique du Sud ont proclamé le dimanche 13 juin “WorldCup Sunday”, ce sera le jour du début de la Coupe du monde et la conclusion de l’Année sacerdotale. “Avec la Coupe du monde [...] nous souhaitons la bienvenue au monde dans nos communautés ecclésiales. Cet accueil nous aide à comprendre que malgré les différentes nationalités et le soutien à une équipe nationale, nous sommes tous l’unique peuple de Dieu.” Les évêques conseillent aux prêtres de souligner dans l’homélie de la messe du 13 juin la nécessité de guérir les maux de l’Afrique du Sud et de toute l’Afrique, à la lumière des indications de la Seconde Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des évêques. Les évêques demandent aussi de prier pour que l’esprit sportif l’emporte et afin que les croyants apportent leur contribution pour prévenir et combattre la criminalité,

le vandalisme, la violence des supporters et l’exploitation des personnes.

(agence FIDES)

GUINÉELe 28 mai à Rome, les représentants du Comité national de transition (CNT, le Parlement provisoire) et des principales formations politiques de la Guinée-Conakry, ont signé, sous l'égide de la communauté Sant'Egidio, le « Pacte de Rome », qui offre des garanties aux op positions pendant la période entre les élections présidentielles du 27 juin 2010 et les législatives prévues dans 7 mois.

ALLEMAGNELe père Stefan Dartmann, jésuite qui enquête sur des cas de pédophilie dans des institutions éducatives catholiques allemandes durant les dernières décen nies, a selon une dépêche de

l'agence Reuters du 27 mai, été saisi de 50 cas non encore évoqués jusque-là, ce qui porte à 205 le nombre de cas d'agressions de garçons par des enseignants et ecclésiastiques dont il aura à évoquer les circonstances et les conséquences dans son rapport d'enquête. « Au nom de la Compagnie de Jésus, je reconnais avec honte et culpabilité nos échecs, a déclaré le père Stefan Dartmann dans un communiqué, Je demande le pardon [...] Il existait une mentalité largement répandue dans notre Compagnie, et c'est peut-être toujours le cas, faisant de la réputation de l'institu tion et de ses membres la priorité numéro un. »

BELGIQUELes 4 maisons de l'Arche (Jean Vanier) de Bruxelles, qui accueillent 27 handicapés mentaux, sont menacées faute d'argent. Rensei gnements : Asbl Arche Bruxelles,

Les parrainages ont vu le jour au lendemain de l'état de siège du 13 décembre 1981, où la Pologne se trouva coupée du monde. En 1989, l'effondrement du bloc communiste entraîna la fermeture des kolkhoses, des usines d'État, la disparition du système de santé accessible à

tous, l'interruption du versement des pensions de retraite, et l'association Parrainages-Pologne continua son action charitable. L'entrée dans l'Union européenne profita aux grandes villes des régions les plus riches, mais aggrava la situation des pauvres dans certaines zones rurales... Nous sommes près de 30 ans plus tard et l'association, animée par Anne-Marie Colleville, continue ses envois massifs et réguliers de vêtements, de nourriture, de biens de consommation, d'argent pour acheter du charbon... et surtout organise des parrainages pour des enfants ou des familles particulièrement démunies, souvent pourvues par leur curé d'un « certificat de misère »... Dans l'un des derniers bulletins de l'association on peut lire cette information qui en étonnera plus d'un car elle concerne la famille Popieluszko, une famille de paysans que Parrainages-Pologne voudrait aider à mettre en place une fabrication de briquettes végétales de chauffage pour remplacer les productions agricoles non rentables : « Un nouveau drame vient de s'abattre sur cette famille, que nous connaissons depuis longtemps, déjà si éprouvée. Une épouvantable tempête de neige vient de détruire les toits et une partie des murs des deux bâtiments de la ferme. Or l'un de ces bâtiments devait recevoir cette fameuse machine productrice de Biomass, alors que Stanislaw n'avait déjà pas le moindre sou pour l'acheter (500 000 zl) dans deux ans, lorsque les saules, qu'il a plantés dans cette intention, seront exploitables. Il faut savoir, en effet, que leurs terres sont de très basse qualité et ne peuvent produire de quoi faire vivre la famille (3 enfants dont 2 filles qui ont encore une année d'étude à faire). Pour eux, nous cherchons en urgence un sponsor. Nous n'avons pas parlé plus tôt de cette famille, si pauvre pourtant, car ils sont très jalousés en Pologne, où tout le monde les croit riches, profitant de la mort de leur frère et oncle Jerzy Popieluszko, prêtre martyr. Alors qu'ils ne survivent, depuis des années, que grâce à nous seulement, » Pour en savoir plus, écrivez à Anne-Marie Colleville 14, rue du Sentier 78400 Chatou, Tél. : 01 30 53 11 88 ou consultez le site Internet www.parrainages-pologne.org

L'association Parrainages-Pologne

n Quels sont les éléments qui vous font dire que la visite du Pape à Chypre est un événement historique ?

Le premier c’est qu’il s’agit de la première visite d’un évêque de Rome dans l’île. Le Pape effectuera ce pèle-rinage sur les traces de Saint Paul Apôtre, qui a converti l’ î le, avec l’Apôtre Barnabé, fondateur de l’Église de Chypre, l’une des plus anciennes d’Europe.

Le deuxième concerne le dialogue œcuménique avec les Églises ortho-doxes. Cette visite suit idéalement celle effectuée en 2006 au Patriarcat œcu-ménique de Constantinople et celle effectuée par son prédécesseur, le grand Jean-Paul II, à l’Église de Grèce en 2002.

Avec cette nouvelle visite, l’évêque de Rome continue son pèlerinage des Églises et des Patriarcats grecs et, en même temps, reconnaît l’importance de l’Église de Chypre pour le dialogue œcuménique. N’oublions pas qu’il y a presque un an s’est déroulée à Chypre la dernière réunion de la Commission théologique mixte orthodoxes-catho-liques et, en novembre 2008, la prière

de la paix de la Communauté de Saint’Egidio a eu lieu à Nicosie avec la participation de plus de 2000 per-sonnes dont de nombreux cardinaux, archevêques et évêques.

Le Pape, avec cette visite, veut montrer sa solidarité non seulement avec les chrétiens mais avec tout le peuple de Chypre soumis à la tragique condition d’occupation imposée par l’invasion turque de 1974. Par cette visite le Pape envoie un message d’es-poir aux chrétiens de Chypre qui est aussi un appel au dia logue pour les Chypriotes de foi musulmane, espérant qu’ils puissent s’émanciper de l’oppres-sion des forces d’occupation turques.

n Pouvez-vous nous dire quelque chose de votre rôle d'ambassadeur près le Saint-Siège dans ce type de circonstances ?

Je dois reconnaître que le rôle d’ambas sadeur dans ce contexte n’a pas été particulièrement compliqué : l’archevêque Chrysostomos II, chef de l’Église orthodoxe, pendant sa visite au Vatican en Juin 2007, avait invité le Pape à visiter l’île ; ensuite le président de Chypre, Dimitris Christofias, visitant le Saint-Siège et le Pape en mars 2009, avait renouvelé l’invitation. L’invitation dès le début a été acceptée par le Saint-Siège et ainsi on a commencé les préparatifs, définissant la date, le pro-gramme, etc. Je dois vous dire qu'être ambassadeur de Chypre près le Saint-Siège signifie travailler dans un milieu favorable, où l’on trouve toujours des interlocuteurs bien disposés pour écou-ter et comprendre.

n Quelle société le Pape va-t-il rencon-trer ?

Une société économiquement dyna-mique. Avec l’adhésion à l’Union euro-péenne, Chypre a pu développer cer-taines potentialités moins connues que le tourisme, notamment comme centre de services pour les entreprises euro-péennes qui regardent vers le Moyen-Orient et l’Afrique. Grâce à son adhésion à l’UE en 2004, l'admission à la monnaie unique en 2008, Chypre a retrouvé sa place au sein de la famille européenne à laquelle elle appartient par son histoire et sa culture. Chypre n'échappe certes pas à un endettement budgétaire jugé excessif par la Commission européenne, mais celle-ci a reconnu le mois dernier la validité des objectifs de redressement. La gestion de crise fait partie de la men-talité résiliente des Chypriotes…

Mais les motivations de Chypre pour adhérer à l'UE ne sont pas d'abord éco-nomiques mais politiques. Chypre, c’est un pays européen avec 36,2% de son territoire sous l’occupation militaire d’une puissance étrangère : la Turquie. Au moment de l’adhésion, l’Union euro-péenne a souligné que Chypre, en sa totalité, accédait à l’Europe mais que les acquis communautaires étaient sus pendus dans les territoires occu-pés, en attendant qu'Ankara permette aux Turcs-chypriotes de se joindre aux citoyens Grecs-chypriotes. L’adhésion à l’UE a donc donné une grande pous sée vers la réunification, car les Turcs-chypriotes, étant citoyens de la République de Chypre, sont devenus aussi citoyens européens.

Dès 2004, le régime d’occupation a fait une campagne d’intimidatation pour décourager les Turcs-chypriotes de demander le passeport de la Répu blique

INTERNATIONAL

22 FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010

Pour l’ambassadeur de Chypre près le Saint-Siège, M. Georges Poulides, la visite de Benoît XVI les 4-6 juin 2010 est un événement « historique ». Il a confié au micro de Radio Espérance les enjeux de cette visite.

ENTRETIEN AVEC M. GEORGES POULIDES

Le Pape attendu à Chypre

L'évêque de Rome continue son pèlerinage des Églises et Patriarcats grecs(

propos recueillis par Anita SANCHEZ-BOURDINpour l’émission hebdomadaire “Studio Romain”

sur Radio Espérance

Le Pape attendu à Chyprede Chypre et pour imposer à sa place celui de l’État-fantoche créé par Ankara, qui n’a aucune validité car personne ne le reconnaît. La même chose a été faite avec l’euro. Mais il n’y a pas de com-paraison entre la monnaie européenne et la lire turque, qui est la devise en vigueur dans les territoires occupés.

n Outre celui de la réunification, que le Saint-Siège appelle de ses vœux, quels sont les autres défis de l'Île ?

Après la division de l’Île, le plus gros problème est celui de l’immigration clandestine. Mais tout le monde sait que la principale porte d'entrée pour l’immigration clandestine sont les terri-toires occupés de Chypre, où des bandes criminelles ont pleine liberté d’action. De même pour le trafic de drogue ou le blanchiment d’argent avec une dizaine de casinos dans les territoires occupés.

n Quel rôle les Églises jouent-elles dans le paysage chypriote ?

Le Chef de l’Église de Chypre porte le titre d'ethnarque, car sous la domina-tion ottomane, il était chef de la popu-lation chrétienne. Il en reste forcément quelque chose. Mais les maronites, les catholiques de rite latin et les armé-niens sont des groupes reconnus expli-citement par la Constitution et auprès de la Chambre des Représentants. Les maronites ont un archevêque résident à Nicosie.

n En quoi la personnalité du pape actuel vous semble-t-elle particulièrement inté-ressante pour les Chypriotes ?

Le pape Benoît XVI est un théolo-gien raffiné qui, déjà avant son élection a affronté le problème de l’unité des chrétiens et du rôle fondamental que l’évêque de Rome peut avoir dans ce pro-cessus… C’est un pape qui connaît très bien et apprécie la culture grecque clas-sique, les Pères de l’Église et la Tradition

orientale. C’est aussi un homme com-préhensif, humble et bon, qui ne s’arrête pas aux adversités du moment. J’éprouve pour lui des sentiments de grande admi-ration et respect et je crois que son exemple et ses paroles peuvent exercer une influence favorable sur certaines évolutions de notre société. n

FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010 23

Son Excellence Georges Poulides reçu par le Pape.

propos recueillis par Anita SANCHEZ-BOURDINpour l’émission hebdomadaire “Studio Romain”

sur Radio Espérance

En 2010, un salarié du privé né 60 ans plus tôt doit avoir validé 162 trimestres d’assu-rance pour obtenir une retraite au « taux plein ». Dès 2012, on

exigera 164 trimestres de cotisation pour un citoyen né en 1952. On sait que le gouvernement essaie actuellement de persuader les partenaires sociaux qu'il faudra cotiser de plus en plus long-temps, si on veut préserver un système de retraites viables dans les décennies à venir. De telles mesures, par définition impopulaires, ne peuvent passer, grâce à une négociation sérieuse, que si un minimum de rationalisation est opéré dans un esprit de plus grande justice. Sinon, c'est le chacun pour soi et le risque de révoltes incontrôlables !

Or les anomalies de notre système français de retraites ne manquent pas. Pour n'en citer qu'uneı: à contribution égale et à espérance statistique de vie égale (même âge à la « liquidation » de la retraite) , celui qui a travaillé 35 heures par semaine pendant 40 ans ½ reçoit un tiers de plus que son homologue s’étant escrimé 45 heures par semaine pendant 35 ans ½…

L'économiste Jacques Bichot

dé nonce le système des « an nuités » dans le calcul de la retraite : « On ne mesure pas la contribution fournie mais l’ancienneté dans la fonction ». Selon lui, une réforme structurelle devrait avoir « comme premier objectif » de transformer les régimes par annuités et les régimes mixtes en régimes par points. Un point a valeur égale pour tous, alors qu’« une annuité de Mme Durand a rarement la même valeur que celle de M. Dupont » Une annui-té acquise en début d’activité par un cadre, fonctionnaire ou privé, dont la carrière est fortement ascendante « se valorise beaucoup plus » que celle d’un collègue à la progression profession-nelle modeste. Ainsi, l’annuité validée par un Conseiller d’État se transforme en une pension 5 ou 5 fois supérieure à celle d’un fonctionnaire du bas de l’échelle.

Les inégalités entre familles se manifestent aussi : 5 enfants éduqués par un couple de hauts fonctionnaires leur valent une majoration de 20% sur par exemple 8 000 euros de pension, tandis qu’une veuve ayant élevé elle aussi 5 enfants, si elle a réussi à obte-nir 700 euros de la Caisse d’assurance vieillesse et 300 euros de l’ARRCO « en menant de front une activité profes-sionnelle et sa fonction parentale », n’obtiendra au même titre que 70 euros de la CNAV et 15 euros de l’ARRCO : 1600 euros de bonus d’un côté, 85 euros de l’autre…

Jacques Bichot dénonce ici « l’effet Matthieu » par référence à l’Évangile mais cité ici dans un esprit différent : « À celui qui a, l’on donnera, et il aura du surplus ; mais à celui qui n’a pas,

on enlèvera même ce qu’il a » Ainsi, la période de service militaire du riche est plus valorisée que celle du pauvre dans un rapport de 5 pour 1… Les droits familiaux à pension subissent le même phénomène : un couple de cadres supé-rieurs reçoit facilement 6 fois plus qu’un couple de Smicards, et… 15 fois plus qu’une femme seule ayant élevé trois enfants en travaillant à trois quarts de temps !

Les gens arrivant à la retraite au bout d’une carrière longue sont victimes de l’injustice de la « surcote » : au-delà d’un certain nombre de trimestres validés (120 jusqu’à 1971, 150 ensuite jusqu’en 1993, et aujourd’hui 162), « on coupe ce qui dépasse » : en 2003, une personne de 60 ans ayant commencé à travailler à 16 ans avait validé 176 trimestres, mais on n’en retenait que 160 pour le calcul de sa retraite. Les 16 trimestres excédentaires étaient passés par pertes et profits. Pour qui la perte ? On le devine… Pour remédier à cette anomalie, « il aurait suffi de déver-rouiller le coefficient de proratisation », en accordant dans le cas présent 8,64% de plus sur la pension mensuelle.

Les complications – et les gâchis financiers - ne manquent pas dans un système composé d’une centaine de régimes de base : on peut y voir un inventaire à la Jacques Prévert, avec, outre les marins et les clercs de notaire, la Banque de France, l’EDF et Gaz de France, l’Opéra de Paris, la Comédie française, la caisse nationale des avo-cats, le Port autonome de Strasbourg, les membres du Parlement et ceux du Conseil économique et social. Quant aux régimes complémentaires, les pro-fessions libérales à elles seules comp-tent dix sections professionnelles dis-tinctes.

DÉBATS

24 FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010

Des syndicats français appelaient le 27 mai dernier à faire grève contre un report de l'âge légal de la retraite au-delà de 60 ans. Chiffre qui cache la forêt inextricable d'un régime social complexe et injuste.

JACQUES BICHOT

Retraites,dictionnaire de la réforme

Les complications d'un système composé d'une centaine de régimes de base(

Retraites,dictionnaire de la réforme

Selon Jacques Bichot, si d’abord on fusionnait le régime général et les sys-tèmes de retraite « complémentaire » de l’ARRCO et de l’AGIRC, on économiserait plus d’un milliard d’euros par an !

Il est vrai que la France « échappe volontiers, grâce à l’endettement, à l’al-ternative entre augmenter les cotisa-tions ou diminuer les prestations ». Les dettes des caisses de retraite se mélan-gent à d’autres au sein de la dette de l’État ou de la « Caisse d’amortissement de la dette sociale ». En raison du défi-cit gigantesque du régime de retraite des fonctionnaires de l’État, la dette sociale française « est pour plus des trois quarts une dette de son système de retraites, perdue au sein de la dette de l’État ».

Lors d’un débat au Sénat en janvier dernier, le ministre du Travail a reconnu que l’augmentation depuis dix ans du taux de cotisation de l’État employeur (de 44% à 62%) « représente un défi-cit de 10 milliards d’euros ». Plusieurs « régimes spéciaux » comme celui de la SNCF ne trouvent un équilibre que grâce à d’énormes subventions éta-tiques.

En Allemagne ou en Suède, la notion d’âge légal de la retraite a été… mise à la retraite, pour une approche réaliste de ce problème qui n’est pas une simple question d’état-civil.

Face à la grave montée du chômage des années 70, on a généralisé chez nous le système de la « préretraite », à 55 ans, voire 52 ou même 50 ans, et cela non sans effets pervers : ainsi est née « une idée extraordinairement nocive » : les « seniors » rendraient « service à la collectivité, et aux jeunes en particulier, en s’arrêtant de travailler le plus tôt possible » Cette fausse soli-darité n’a fait, estime Jacques Bichot,

que créé un « cercle vicieux » du chô-mage, quand on sait que si l’emploi crée l’emploi, « le sous-emploi crée le sous-emploi », chez les jeunes bien autant que chez leurs aînés !

Ce livre évoque des formules comme celle de « retraite à la carte », appliquée aux États-Unis, comme, ici encore, en Allemagne et en Suède et qui n'a pas - contrairement à ce que pensent ceux qui ne s'y sont pas intéressés de près - que des inconvénients…

Trop oublié ou ignoré, le « principe actif » de l’assurance vieillesse, c’est l’investissement dans la jeunesse. D’un « ratio » cotisants-retraités de 1,82 en 2006, on risque de passer à un rapport de 1,21 en 2050 si la tendance démo-graphique actuelle n’est pas inversée. Certes, « si les berceaux restent vides, le système de retraites par répartition manquera de cotisants quelques décen-nies plus tard » !

Selon un sondage de l’IFOP auprès des adultes résidant en France, paru le 10 janvier 2010 dans le Journal du dimanche, 30% situent le futur âge légal de la retraite entre 60 et 64 ans, et 38% entre 65 et 69 ans. Et pour avoir « une bonne retraite », 44% se disent prêts à travailler jusqu’à un âge compris entre 60 et 64 ans, et 33% entre 65 et 69 ans. D'autres enquêtes d'opinion sont moins claires, montrant des Français certes résignés à l'augmen-tation de l'âge du départ à la retraite... mais pour les autres ! Toujours est-il que le temps des slogans simplistes et des mesures partielles doit être dépassé. Le Dictionnaire de Jacques Bichot doit, au moins, permettre, de s'entendre sur les maux… n

FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010 25

par Denis LENSEL

Jacques Bichot , Retraites, le dictionnaire de la réforme, éd. L’Harmattan/Sauvegarde Retraites, 232 pages, 24 e.

EDF : un cas emblématiqueMalgré la situation financière catastrophique (90 Mds d’euros non provisionnés) du régime spécial d’EDF, le système de retraite n’a subi qu’une réforme « paramétrique ». En échange de l’allongement très progressif de la durée d’activité de 37,5 à 40 ans, les agents d’EDF et de GDF ont bénéficié de nouveaux avantages : primes supplémentaires, revalorisation des traitements, augmentation des retraites, adoption d’un régime complémentaire par capitalisation… Les nouveaux privilèges ainsi que les limites de cette réforme ont été révélés par plusieurs rapports du sénateur Dominique Leclerc. Rappelons aussi que le régime de retraite des agents EDF et GDF a été « adossé » au régime général en 2004. Ce qui veut dire que le trou du financement est compensé par les salariés du privé (actifs et retraités) grâce à leurs cotisations et aux taxes imposées par l’entreprise publique sur la facture d’électricité. Nicolas LECAUSSIN

Un débat « exemplaire » à propos de la PosteDans le cadre de la loi sur le nouveau statut de La Poste, un amendement « de dernière minute » avait institué une compensation au profit de l’Ircantec (caisse des fonctionnaires non-titulaires et des élus) et au détriment de l’Agirc-Arrco (régime retraite du privé), au motif que les nouveaux salariés de La Poste seraient désormais affiliés aux caisses complémentaires du privé. Le sénateur Jean-Louis Masson demande l'abrogation de cette compensation injustifiée : « Les nouveaux salariés de La Poste n’auront jamais été affiliés à l’Ircantec, n’y auront jamais cotisé et n’en percevront aucune prestation. (…) N’ayant strictement rien à voir avec eux, l’Ircantec n’est pas fondé à réclamer quoi que ce soit. » Et le sénateur de rappeler que « les affiliés de l’Agirc-Arrco sont déjà nettement défavorisés par rapport à ceux de l’Ircantec ». Association « Sauvegarde Retraites »

Déficit de la retraite des fonctionnaires : pas si simpleL'expression « déficit du régime de retraite des fonctionnaires de l’État » me paraît impropre. On peut parler du déficit du régime de retraite des médecins, par exemple, puisque ce régime dépend d’une caisse autonome qui peut être en déficit, en équilibre ou en excédent. Par contre, les dépenses relatives à la retraite des fonctionnaires sont comprises dans le budget de l’État, et en forment une part qui, comme de règle, n’est pas « affectée  » (c'est-à-dire ne correspond pas à une recette déterminée). Cette règle de non-affectation est fondamentale des finances publiques françaises depuis la fin de l’Ancien Régime, sous lequel toute dépense était affectée à une caisse déterminée. En fait, la retraite des fonctionnaires fait partie de leur traitement. Il n’est pas plus immoral que la retraite d’un fonctionnaire hors échelle soit de beaucoup supérieure à celle d’un fonctionnaire à l’indice 150 (s’il en existe encore) qu’il ne l’est que son traitement d’activité le soit.

 Jean-François Foncin, directeur d’Études honoraire à l’École pratique des hautes Études

sur le forum Internetfrance-catholique.fr

Jeune professeur du second degré, avec mes collègues, je l’atten-dais cette loi ! Elle allait soulager l’enseignement catholique d’un poids insupportable : les charges

de personnel et les frais de fonctionne-ment. C’était l’euphorie. On ignorait tout alors des rythmes de l’administration et, par exemple, qu’il faudrait attendre deux ans les premiers versements !

À cette époque, la plupart des enseignants étaient des prêtres, des religieux ou des religieuses. Ils étaient là par vocation ou plutôt ils remplissaient là le rôle que leur confiait l’Église au service de la jeunesse. En charge de l’éducation chrétienne de celle-ci, ils n’avaient jamais pensé que leur activité, dans l’accomplissement de leur mission, pouvait avoir une quelconque valeur marchande. Quant aux quelques laïcs qui les secondaient, leur état d’esprit était le même.

Pour l’application de la loi, on peut dire que, dans un premier temps, tout a bien marché. Les Commissions dépar-tementales de conciliation ont réglé quelques cas litigieux et quelques reli-gieux sans diplôme universitaire mais forts de leur expérience ont été auto-

risés à poursuivre leur activité. De plus, l’ouverture à tous, exigée par la loi, ne gênait en rien des établissements toujours heureux d’accueillir tous les enfants dont l'étiquette confessionnelle n’effarouchait pas les parents.

On n’imaginait pas que la mise en œuvre de la loi Debré allait à ce point changer la donne. Le dispositif qui devait sauver la liberté de l’enseigne-ment ne l’a-t-il pas progressivement étouffée ? Les résultats sont là.

Ils ont été atteints semble-t-il en trois étapes : le retrait des religieux, la marée des « mercenaires », le contre-coup du fiasco de l’enseignement public.

Le retrait des religieux s’est fait assez vite, résultat de la baisse de leurs effec-tifs d’une part, et aussi d’une vague de méfiance voire de mépris de certains mouvements à l’égard des « institutions » chrétiennes. Désormais, dans l’enseigne-ment, prêtres et religieux ou religieuses pouvaient être remplacés par des laïcs sans accroître les charges. Il paraissait donc opportun de déployer les éléments ainsi libérés dans des activités réputées plus « pastorales » jugées plus épanouis-santes sinon (croyait-on) plus utiles.

Alors pour remplacer ces hommes et ces femmes d’expérience, se sont pré-sentés de jeunes professeurs. Les pre-miers sont venus dans l’enthousiasme de poursuivre une œuvre dont souvent ils avaient eux-mêmes bénéficié. Après eux beaucoup d’autres hélas ne cherchaient qu’un emploi quand, d’autre part, rythmes scolaires et vacances ont attiré un grand nombre de femmes. Tous ces nouveaux venus sont souvent porteurs des « lumières » de 68. Ils se méfient de tout ce qui ressemble à l’autorité, qu’il

s’agisse de savoir-vivre, de discipline ou de pédagogie On veut mettre l’enfant « au centre de la classe »… en attendant de mettre le professeur dehors. On peut se demander si d’ailleurs, en certains endroits ce ne serait pas le mieux. Leur culture in vitro ne favorise plus aucun enracinement.

L’arrivée massive de ces laïcs qui ont appris les vertus du libéralisme et de la tolérance, la disparition des « cornettes » et des soutanes qui mani-festaient une appartenance, ont fait rapidement tomber l’obstacle qui pou-vait encore écarter des familles, qu’elles soient hostiles à toute espèce d’éduca-tion religieuse ou simplement indiffé-rentes. Rassurées, elles sont entrées en nombre dans l’enseignement catholique, n’y cherchant désormais que la garantie d’une meilleure qualité de l’instruction et de l’éducation. Malheureusement, de ce fait, elles ont pris peu à peu le pouvoir dans les conseils de classe, les conseils d’administration et les asso-ciations de parents d’élèves, négligeant ou rejetant même parfois toute préoc-cupation d’éducation chrétienne. Sans doute y a-t-il d’heureuses exceptions et on a plaisir à le reconnaître, mais il faut bien admettre qu’on assiste à une sé cularisation progressive de l’enseigne-ment privé catholique tendant à l’assi-miler à l’enseignement public et laïc.

Où sont les foules de 1984 ? Le ser-vice unique contre lequel elles se sont alors levées se met en place aujourd’hui sans douleur suivant la règle du PPCD (plus petit commun dénominateur). Y a-t-il de l’insolence à se demander si un tel résultat est dû au machiavélisme des concepteurs du système, conscients du pouvoir dissolvant du nombre et de l’argent, ou à la naïveté de ceux qui ont cru y trouver le salut ? n

DÉbats

26 FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010

Il y a 50 ans, la loi Debré offrait aux établissements de l'enseignement catholique de participer au service public de l'Éducation nationale, moyennant un contrat d'association. Bouée de sauvetage ou étouffoir ?

ÉCOLEs

par l'abbé Hyacinthe-Marie HOUARD

Jubilé de la loi Debré

On assiste à une sécularisation progressive de l'enseignement privé catholique(

Considéré comme l’idiot du village, Germain se lie d’amitié avec une vieille dame qui va lui faire

découvrir la magie des mots. Les mots et leur pouvoir sur l’homme, sa pensée et toute sa vie, tel est le sujet de ce magnifique film de Jean Becker, libre adaptation du joli roman de Marie-Sabine Roger. On le sait, le réalisateur aime les belles his toires simples, qui mettent en scène des personnages ordinaires et chaleureux. Il n’a pas son pareil pour capter ces moments de grâce entre deux personnes, à la fois émouvants et co casses, mais toujours très authentiques.

Gérard Depardieu, qui a tou jours dit que les mots lui avaient sauvé la vie, était l’interprète idéal de cette belle histoire. À la fois brut de décoffrage,

mais d’une sensibilité à fleur de peau, il incarne, avec une belle santé, ce person-nage qui va renaître grâce à l’amitié d’une vieille dame qui l’introduira dans le monde des mots, donc de la pensée.

Gisèle Casadesus, qui a près de 96 ans, toute en douceur et délicatesse, campe une merveilleuse Mar gueritte. Seul bémol : la relation amou reuse entre Germain et la trop jeune Annette n’est guère crédible. Elle est magnifique, cette his toire d’un homme fruste qui découvre avec émerveillement les beautés de la littérature. Comme elle est belle cette histoire d’amitié entre deux êtres que

tout sépare, mais qui ont la grande vertu d’être disponibles aux autres. On regrette qu’il y ait, dans cette œuvre bouleversante, des vulgarités et une scène sensuelle. ■

La tête en friche. Comédie française (2010) de Jean Becker, d'après le livre de Marie-Sabine Roger, avec Gérard Depardieu (Germain), Gisèle Casadesus (Margueritte), Sophie Guillemin (Annette), Claire Maurier (la mère), François-Xavier Demaison... (1h22). (Grands adolescents.) Sortie le 2 juin 2010.

La fête des voisins, le filmC’est la fête des voisins, et Pierrot, le gardien de l’immeuble, improvise un petit buffet dans la cour. On se demande comment David Haddad, réalisateur, scénariste et dialo-guiste de cette comédie qui ne fait jamais rire, s'y est pris pour trouver des produc-teurs. Mal filmé, mal interprété, mal photo-graphié et avec des blagues et jeux de mots consternants, le film part dans toutes les directions, sans fil conducteur. Et ce ne sont pas les flash-back, très politiquement corrects, qui peuvent arranger les choses. Il n’y a pas grand-chose à dire, sur le plan humain, car la médiocrité y est aussi de mise.

Comédie française (2009) de David Haddad, avec David Haddad (Pierrot, le gardien), Marie Lorna Vaconsin (Rosalie), Alexandre Pesle (Bastien)... (1h25). (Grands adolescents.) Sortie le 26 mai 2010.

Film socialismeDes images d'une croisière de luxe. Jean-Luc Godard affirme que ce film constitue son adieu au cinéma. Il s’agit d’une suite de collages qui consti-tuent, depuis longtemps, sa forme d'ex-pression cinématographique. La méthode intrigue, irrite, mais finit par lasser. Le «comité de réalisation» qui figure au géné-rique permet d'imaginer la façon de travailler de Godard : on lui apporte des images diverses qu'il enchaîne sans trop de logique et au milieu desquelles il inter-cale des textes qu'il a retenus de ses lectures. Tout cela éveille parfois l'intérêt, les plus perspicaces y découvrent un sens, d'autres décident de partir au bout de 15 ou 30 minutes. Il n’y a aucun raisonnement sur lequel on puisse émettre un jugement.

Georges CollarDrame franco-suisse (2008) de Jean-Luc Godard. Comité de réa-lisation : Fabrice Aragno, Jean-Paul Battaggia, Gabriel Hafner, Anne-Marie Mieville, François Musy, Renaud Musy, Yousri Nasrallah, Lauma Sambar, avec Catherine Tanvier, Robert Maloubier (1h42). (Grands ado-lescents.) Sortie le 19 mai 2010.

CINÉMA

Sex and the city 2Les quatre amies vont passer une semaine de rêve, tous frais payés, à Abou Dhabi. On prend les mêmes et on recommence ! Mais, mis à part le défilé habituel de tenues haute couture, il n’y a pas grand-chose d’intéressant dans cette comédie rarement drôle. Les comédiennes sont souvent hystériques, les

dia logues tombent à plat et les blagues se situent au-dessous de la ceinture. Surtout, on a droit à une scène scandaleuse dans le souk de la ville, au cours de laquelle Samantha se conduit avec le plus grand mépris pour les valeurs et la culture des musulmans locaux. Outre deux scènes érotiques, l’étrange conception du mariage (avec, en prime, un mariage gay très kitsch) et la grossièreté du langage, c’est ce manque total de respect pour les musulmans qui choque le plus. Suffisamment pour faire oublier la fin positive et l’amitié qui unit les quatre héroïnes.Comédie américaine (2010) de Michael Patrick King, avec Sarah Jessica Parker (Carrie), Kristin Davis (Charlotte), Cynthia Nixon (Miran-da), Kim Cattrall (Sa mantha), Chris Noth, Liza Minnelli, Penélope Cruz (2h15). (Adultes avec des éléments nocifs.) Sortie le 2 juin 2010.

En filmant des gens ordinaires, Jean Becker continue d’émerveiller le public.

Le pouvoir des motspar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Un homme fruste découvre la magie des mots et les beautés de la littérature

(

FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010 27

LA tête eN FrIChe

Une amie me racontait que son enfant, en voyant pour la première fois une femme en burqa s’était écriée : « Maman, regarde, un fantôme ! » Et si la

vérité sortait de la bouche des enfants ? Car qu’est-ce qu’un fantôme, si ce n’est un esprit séparé de son corps et un être mort qui fait peur. Or avec la burqa, n’avons-nous pas à la fois un déni du corps par le voilement du visage et une posture mortifère et violente ?

Que nous montre le visage ? Le visage a une plasticité expressive. Il manifeste les sentiments de la personne. Les yeux avec le reste du visage sont miroirs de l’âme. Cette expression est à la fois voilement et dévoilement de soi. Le visage dévoile ce que je suis, car, avec les mains, il est la seule partie du corps que je ne cache que rarement. Dans mon visage se lit la singularité d’une personne, l’unicité d’un je. Le visage est singulier, unique, ne se laissant enfermer dans aucune forme prédéfinie. Chaque visage manifeste une nouveauté. En même temps, il peut être comme un masque (selon l’étymologie du mot per-

sonne). Le sourire peut être hypocrite. Si on s’attendrit devant le visage de l’en-fant, c’est que son innocence n’est pas un masque.

Révélation de soi, le visage est aussi rencontre de l’autre. J’embrasse avec le visage. J’ouvre mes lèvres pour offrir un sourire ou une parole. Le visage c’est un vis-à-vis et un face-à-face. Montrer son visage c’est se laisser interpeller par le regard de l’autre, c’est être immédiate-ment en présence d’autrui.

Et pour un chrétien cette révélation de soi et de l’autre par le visage a un sens théologique. Le bonheur céleste sera de voir Dieu face à face. « La vie de l’homme est la vision de Dieu » selon le mot de saint Irénée. Et en attendant la vision béatifique, l’homme peut regarder le visage du Christ. Plus de deux mil-lions de personnes sont allées, en cette année 2010, voir à Turin le Saint-Suaire. Ce linge ne voile pas la face, mais au contraire révèle un visage. Comme sainte Véronique qui aurait essuyé le visage du Christ pendant sa Passion en recueillant sur son linge la sainte Face, de même laissons-nous regarder par le Christ pour recueillir en nous la pré-sence divine. Dieu est quelqu’un que je peux voir, dont je désire le face à face.

Qu’est-ce qui nous dérange, voire peut nous faire horreur, lorsque nous croisons une femme en burqa ? En cachant le visage c’est la personne qui se cache. La femme en burqa n’est plus une personne, mais personne, un être sans nom, anonyme. Et le fait qu’elle puisse nous voir sans que nous la voyons rompt ce rapport à autrui, cet échange intersubjectif immédiat. Ne pas se mon-trer à l’autre est un refus de l’autre. Elle

me voit, me transforme en objet sans réciprocité. Cet acte est violent. Qui dans notre société se voile le visage ? Le voleur, le membre du GIGN, le footbal-leur américain, le motard, le bourreau, le membre du Ku Kux Klan, le chirurgien… à chaque fois il s’agit d’une violence : du vol ou de la police, de la défiguration possible du sportif ou de l’accidenté de la route, d’une condam nation à mort, du racisme ou de l’intrusion légitime dans le corps de l’autre en se protégeant de l’agression des microbes. Ne nous voi-lons pas la face, porter la burqa est un acte violent.

Certes il s’agit souvent d’une réac-tion à notre société pornographique. S’il faut interdire le voilage intégral, ne faudrait-il pas aussi interdire l'exposi-tion des corps intégralement dévoilés de nos panneaux publicitaires ? L’impudeur d’un habillement qui veut plus montrer que cacher est aussi choquante. Mais le rejet, par la burqa, de la femme-objet dénudée nous fait passer d’un voyeu-risme à un autre. Les contraires sont du même genre. Au lieu du regard impu-dique sur le corps de l’autre, on veut jouir de voir l’autre sans qu’il me voie. « Voir sans être vu », la formule me rap-pelle mon service militaire lorsqu’on apprenait à tuer en se cachant. Si dans les deux cas il s’agit bien de voir sans être vu, pour la femme en burqa il s’agit en fait de montrer que l’on se cache.

On ne résout pas une violence par une autre violence. Ne tombons pas dans le piège de ceux qui voudraient faire des femmes en burqa des victimes que la société stigmatiserait. L’islamisme radical à une propension à jouer les victimes pour mieux imposer sa vio-lence. Par une provocation violente, j’es-père que la réaction de l’autre trans-formera la victime en coupable. Horrifié

DÉBATS

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Le conseil des ministres a examiné le 19 mai un projet de loi interdisant l'espace public aux personnes voilées. Est visée ce que nous appelons la « burqa » et que l'on devrait, paraît-il, plutôt nommer le « niqab », ou le « voile intégral » ...

« LA BUrqA »

Ne nous voilons pas la face

Pour le chrétien, cette révélation de soi etde l'autre par le visage a un sens théologique(

Ne nous voilons pas la facepar la burqa que l’on nous impose de voir, celui qui subit cette vision devien-drait, en voulant l’interdire, le bour-reau ? Tel semble être souvent le tour de passe-passe du processus victimaire. La recherche anxieuse de la provoca-tion permettrait de devenir victime pour mieux justifier la violence. (1)

Le philosophe Emmanuel Lévinas a montré ce rapport au visage comme interdiction de tuer. « Cet infini, plus fort que le meurtre, nous résiste déjà dans son visage, est son visage, est l’expres-sion originelle, est le premier mot : « Tu ne commettras pas de meurtre ». (2) Le rapport unique à l’autre qu’établit le visage manifeste la transcendance et l’infini de l’autre. Le visage de l’autre est singulier et je ne peux pas le conte-nir. Autrui n’est pas un genre. L’infini déborde dans le visage.

Le regard de l’autre montre que je ne peux pas le dominer totalement. Le visage se présente par les yeux sans défense dans sa nudité. Cette expression se fait l’écho de ma responsabilité. Par le visage, le corps de l’homme est relation à la mort, dans l’intention de tuer. Si on bande les yeux des fusillés, c’est pour que les tireurs ne soient pas figés par les regards de ceux qui vont mourir. Le regard du supplicié est insupportable, car il condamne l’autre à être un tueur. En voilant le visage j’indique un rapport possible au meurtre et à la mort. En se voilant le visage, la femme en burqa ne nous dit-elle pas qu’elle ne voit la vie que par la mort, la sienne et celle des autres ?

Se voiler le visage c’est comme sym-boliquement « casser la gueule », un déni de l’autre par le visage. Les burqas seraient donc bien comme des fantômes, des esprits sans visage, des êtres qui portent implicitement la violence et la

mort. L’enfant de mon amie avait raison. À la burqa qui voile le visage, préférons le suaire qui révèle le Visage. Regardons et laissons-nous regarder par Lui. « Jésus fixa son regard sur lui et il l’aima » (Marc, 10,21). Au voile du fantôme, pré-férons le suaire, témoin du passage de la mort qui s’illumine par la résurrection. Ne nous voilons pas la face, mais regar-dons son visage. n

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par Bertrand SOUCHARD*

Bertrand Souchard est l'auteur de 42 questions sur Dieu, éd. Salvator, 2007, 471 p. 22 e, et de Dieu et la science en questions, Presses de la Renaissance, 2010, 537 p., 25 e.(1) Cf. Jean-François Chemain « Vio-lence et victimisation » in L’Is lam au risque de l’histoire, Revue Résur­rection, n°123-124, Janvier-avril 2008 (éditions Parole et Silence).(2) Emmanuel Lévinas, Totalité et infini, Livre de Poche, p. 217.

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«La photographie, c’est le regard. On l’a ou on ne l’a pas… En tout état de cause, cela ne figure pas dans les colonnes de matériels qui font rêver les dévoreurs de catalogue. »

Le regard, Willy Ronis l’avait, qui affirmait aussi : « La photographie, c’est l’émotion. » Qui en douterait, au vu des clichés exposés Quai de Conti ? Dans les semaines précédant son décès – survenu le 11 septembre 2009 dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année – l’ar-tiste imaginait lui-même une grande exposition à Paris pour fêter son centenaire. Le Jeu de Paume et la Monnaie de Paris se sont asso-ciés à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine pour concrétiser ce vœu. « Willy Ronis, une poétique de l’engagement » regroupe 150 photographies extraites du fonds de la

donation faite par Ronis à l’état français en 1983. Célèbres ou inédits, tirages d’époque ou tirages modernes ont été supervisés par le pho-tographe.

« Je vis… ce jeune couple, immobile, avec cette expression grave de ceux qui vont se quitter. C’était peut-être la fin d’une permis-sion militaire ? » Les adieux du permissionnaire (1963), photo volée derrière un rideau, tout comme le Carrefour Sèvres-Babylone (1948), à contre-jour sous un soleil voilé, sont de ces ins-tantanés qui vous feraient, complexé, renoncer au maniement du moindre appareil photo. Les trois petits chaperons… noirs, encapuchonnés, sur une route de la Lorraine en hiver, ajoutent la simplicité à l’émotion. Les rues de Paris, les quartiers populaires, les scènes de vie quoti-dienne des milieux humbles, sont les terrains de chasse de celui qui fut avec Doisneau ou Cartier-Bresson l’un des représentants du cou-rant humaniste français. Son engagement – Ronis fut militant communiste – apparaît avec évidence dans la harangue enflammée de la

PHOTOGRAPHIE

Avec Willy Ronis, la Monnaie de Paris expose les images du Paris populaire d’après-guerre et des séjours à l’étranger du photographe

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Les images sont belles, techniquement parfaites, originales par leur cadrage...

MOnnAIE dE PARIs

Willy Ronis :le réalisme poétiquepar Alain SoLAri

Willy Ronis, Lorraine en hiver, 1954.Tirage argentique - 36 x 26 cm.

Willy Ronis, Schaeffer, Mulhouse, 1946.Tirage argentique - 50 x 40 cm.

Willy Ronis, Londres, Picadilly Circus le jour, 1955.Tirage argentique - 25 x 17 cm.

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Grève – Citroën Javel - 1938. On est pourtant loin du « réalisme socialiste ». Le Voile de coton peigné, filature FTB, cliché presque abstrait où le coton coule comme une chevelure, comme le soudeur traquant le moindre défaut à l’intérieur d’un tuyau à L’usine Lorraine-Escaut de Sedan traduisent une foi dans le progrès et la noblesse du monde ouvrier.

Les photographies de Willy Ronis écartent tout misérabilisme, tout esthétisme gratuit, même quand il fixe sur la pellicule un Ménage pauvre (Paris – 1949) et les milieux les plus démunis. Pourtant, les images sont belles, tech-niquement parfaites, originales par leur cadrage, leur thème ou l’angle sous lequel elles sont prises. De ses nombreux voyages en Europe centrale, sur les bords de la Méditerranée ou en angleterre émerge un style différent. Les photographies réalisées en allemagne de l’Est semblent plus froides, moins inspirées que celles des années parisiennes. À Prague, le hasard vient conforter le talent : « l’effet brouillé de l’image n’a pas été intentionnel, une manœuvre maladroite avait décalé l’objectif », imprimant au Pont Charles un aspect irréel. Les images de Londres présentent un intérêt particulier et se démarquent du reste de la production de Ronis. La vue plongeante, la serveuse et les person-nages nimbés d’une lumière tombant en diago-nale du Pub à Soho en sont un exemple.

Willy Ronis surprend, passant de l’espace public à l’espace privé. À gordes, le chat saisi dans l’encadrement d’une fenêtre au barreau hérissé de pointes produit un cliché saisissant, presque inquiétant. a gordes toujours, Marie-Anne qui émerge de sa sieste, se rafraîchit avec l’eau de la cuvette. Pourquoi ce Nu provençal, 1949 fait-il irrésistiblement penser à Renoir ? Ce ne sera pas la seule fois où le visiteur, en parcourant l’exposition, songera à un peintre. À la manière d’un georges de La tour émergent de la nuit, à la lueur des bougies, les visages de la réunion de jeunes pendant une coupure d’électricité à Belleville. Le médium change, l’émotion demeure. ■

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Willy Ronis :le réalisme poétique

« Willy Ronis, une poétique de l’engagement », à la Monnaie de Paris, 11, quai de Conti, 75006 Paris, jusqu’au 22 août, du mardi au dimanche (11h-19h), jeudi jusqu'à 21 h 30. Tél. : 01.40. 46.56.66. www.monnaiedeparis.fr

Willy Ronis, Karl-Marx Stadt, 1967.Tirage argentique - 40 x 60 cm.

Willy Ronis, Volendam, Hollande, 1954.Tirage argentique - 30 x 40 cm.

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Lorsque Millet entreprend ce qui allait devenir son œuvre la plus célèbre, il est installé à Barbizon depuis près d’une dizaine d’années. Il a déjà réalisé et pré-senté au public divers tableaux repré-

sentant les activités du monde rural dont plu-sieurs, Le Semeur et Les Botteleurs en 1850, Les Glaneuses en 1857, ont suscité des réac-tions hostiles de la critique conservatrice qui y voit une insistance caricaturale sur la misère des paysans. Les sujets présentant une vision plus sereine de la société des campagnes, tel le Paysan greffant un arbre de 1855, sont en géné-ral mieux reçus.

C’est en 1857 que Millet commence à peindre cette toile. Dans une lettre à un ami en 1865, Millet a indiqué comment le sujet de cette peinture s’inscrit dans ses souvenirs per-sonnels : « L’Angélus est un tableau que j’ai fait en pensant comment, en travaillant autrefois dans les champs, ma grand’mère ne manquait pas, en entendant sonner la cloche, de nous faire arrêter notre besogne pour dire l’Angélus pour ces pauvres morts, bien pieusement et le chapeau à la main. » Il est donc probable que le sujet revient au peintre lui-même, bien que le tableau ait été destiné dès avant son achève-ment au peintre américain Thomas G. Appleton. Millet écrit en effet à son collègue William P. Babcock : « Obligez-moi de dire au Monsieur américain qui est venu il y a quelques mois et qui m’a demandé de terminer pour lui un tableau représentant l’Angélus, que mon tableau

va être terminé un de ces jours et sera, par conséquent, à sa disposition aussitôt que cela lui conviendra. » Mais Appleton ne prit jamais livraison du tableau et Millet le laissa de côté jusqu’à la fin de 1859. Il est alors acquis par un autre peintre, Victor Papeleu, qui vivait à cette époque à Barbizon et il va changer de mains plusieurs fois pendant les années suivantes.

C’est seulement en 1865 que L’Angélus est exposé pour la première fois par le marchand d’art parisien Georges Petit. Il est ensuite prêté par son nouveau propriétaire Émile Gavet à l’Exposition Universelle de 1867. Mais à l’oc-casion de ces deux premières expositions, la toile n’est guère remarquée par le public et la critique. C’est seulement lorsqu’un autre mar-chand, Durand-Ruel, qui travaille à la reconnais-sance de l’œuvre de Millet, l’expose à Paris puis à Londres en 1872 que la peinture voit sa cote monter sensiblement. Achetée à ce moment 38 000 francs par le Belge John W. Wilson, elle est revendue à l’industriel Eugène Secrétan 160 000 francs en 1881, alors que la célébrité de Millet s’est considérablement accrue depuis sa mort en 1875. Lors de la vente de la collec-tion Secrétan en 1889, L’Angélus donne lieu à une mémorable bataille d’enchères, remportée par l’American Art Association de New York qui monte à 553 000 francs puis se désiste en faveur de la France, dont le gouvernement ne parvient pas à faire voter les crédits par la Chambre et renonce à l’acquisition. Une sous-cription échoue également et le tableau part aux États-Unis, où il fait une triomphale tournée d’expositions. Mais le directeur des Magasins du Louvre, Alfred Chauchard, en propose alors 800 000 francs pour le faire revenir en France. Son geste est salué comme un acte patrio-tique et permettra l’entrée du tableau devenu icône dans les collections nationales par le legs Chauchard au musée du Louvre en 1909.

Quel sens donner à ce tableau, parmi les plus paisibles de ceux que Millet consacre aux travaux des champs, avec ses deux person-nages immobilisés par la prière devant l’horizon

peinture

32 FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010

CHeF-D'œuVre

par Hervé JouBeAux *

À l’occasion du 150e anniversaire de la création du tableau « L’Angélus » de Jean-François Millet (conservé au musée d'Orsay à Paris), le Conseil général de Seine-et-Marne a organisé, une journée d'étude ce 5 juin à Barbizon. (1)

Et la mairie de la commune est à l'origine d'une intéressante exposition (2) à découvrir durant tout l'été.

Comment cette peinture est-elledevenue l'une des plus célèbres et les plus reproduites au monde ?

(1) Renseignements :Musée départemental de l’Ecole de BarbizonTél. : 01 60 66 22 27barbizon@cg77.fr

Parmi les interventions prévues, notons celle du chanoine Joseph Gilloots, directeur diocésain des affaires culturelles de l’évêché de Meaux : « Origines et signification reli-gieuse de la prière de l’Angélus ».

L'Angélus de Millet

calme de la plaine de Chailly où pointe le clo-cher de l’église ? La douceur nuancée du coloris renforce cette impression de sérénité du soir, au moment où le labeur journalier s’achève. L’Angélus ne témoigne pas d’une ferveur reli-gieuse personnelle de Millet qui ne pratiquait pas et ne se maria religieusement avec la mère de ses nombreux enfants que quelques jours avant sa mort. Il atteste en revanche de la place du culte catholique dans le monde rural de l’époque. L’Angélus, dont la sonnerie est aussi un repère temporel important, fait partie de ces pratiques rituelles qui rythment la journée en parti culier pour les femmes beaucoup plus atta-chées que les hommes aux marques de dévotion. Si la femme en effet est à l’évidence dans une attitude de prière, l’homme, qui a cependant retiré son chapeau en signe de recueillement, paraît simplement attendre. Symboliquement, la femme mise en valeur par la lumière qui

l’enveloppe alors que l’homme est à contre-jour, est placée près de la pointe du clocher et est entourée par le panier et la brouette remplis qui figurent la fécondité de la terre nourricière, ne laissant à son compagnon que la maigre fourche, instrument du labeur.

Comment cette peinture est-elle devenue l'une des plus célèbres et des plus reproduites au monde ? Son caractère serein, en opposition avec d’autres sujets traités par Millet sur un ton plus dérangeant, y a certainement contri-bué. Favorisée par la nostalgie suscitée par la disparition progressive du passé rural, elle a incarné des valeurs traditionnelles, paysannerie et religion mêlées, qui ont été peu à peu identi-fiées avec une image idéale de la France du XIXe siècle. ■

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* Hervé Joubeaux est conservateur en chef du musée départemental de l’École de Barbizon.

(2) Musée départemental de L’École de Barbizon,

Auberge Ganne (collections permanentes) : 92, Grande

Rue, 77630 BarbizonMaison-atelier Théodore

Rousseau (« 150 ans après sa création, 100 artistes

contemporains interprètent L’Angélus de Millet » ) : 55, Grande Rue, 77630 Barbizon

Tél. : 01 60 66 22 27

Ouvert tous les jourssauf le mardi

de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30 de septembre à juin,

de 10h à 12h30 et de 14h00 à 18h00

en juillet et août

Renseignements : www.seine-et-marne.fr

www.barbizon.fr

Danielle van Bercheycke est certes une comédienne qui a interpré-té les auteurs les plus difficiles, de Shakespeare à Beckett. Mais elle est d'abord une voix. Méditative et chan-

tante, et à cet égard il est permis de penser que ce n'est pas par hasard si son partenaire est un violoncelliste. Persuasive et posée aussi, aux intonations riches et variées. Pleine de rete-nue et d'émotion à la fois, elle nous livre une page de sagesse qui aurait paru exotique il y a encore quelques années. Mais qui aujourd'hui a eu droit de cité lors des célébrations religieuses des quatre cents ans de présence occidentale au Canada. Pourtant, il ne faudrait pas confondre la sagesse amérindienne avec la seule conception de la vie des « premiers occupants » nord-amé-ricains. Leur civilisation connaissait peu de fron-tières (la propriété privée leur étant étrangère) et on la retrouve jusqu'en Amérique latine, même si alors elle est véhiculée par d'autres cultures.

Ainsi son spectacle commence-t-il – « dans la vie de l'Indien, il n'y a qu'un devoir inévitable : le devoir de prier » - par une prière universaliste aux hommes des quatre points cardinaux.

Mais son nœud gordien est ailleurs : les colons proposent aux Indiens de leur acheter leur territoire, faute de quoi ils le prendront par la force. Comment les autochtones peuvent-ils concevoir de vendre le reflet du soleil dans l'eau, la course des nuages, la douceur de l'air ? En échange de leur accord, les Indiens veulent que les nouveaux venus se souviennent que « les fleuves sont nos frères et les vôtres » et leur témoignent « la bonté que vous auriez pour un frère ». Ils demandent en outre à l'homme blanc

d'enseigner cela à ses enfants, de même que « la terre, sous leurs pieds, est faite des cendres de nos grands-parents », qu'elle est « riche de vie », qu'elle est « notre mère » et qu'elle est « sacrée » parce que « les cendres de nos pères sont sacrées ». Certes, ce discours du chef Seattle (converti au catholicisme en 1848 et qui donna son nom à la ville), prononcé en 1854 et dont la première reconstitution a eu lieu 35 ans après les faits, rencontre d'autant plus les préoccupa-tions actuelles que sa troisième version (de 1970) semble plus proche des soucis écologiques nais-sants que d'une recherche historique.

Cela n'enlève rien au fait que la civilisation amérindienne véhiculait déjà des valeurs de gra-tuité et d'harmonie avec la nature que nous retrouvons aujourd'hui. Les vingt et un autres textes composant le spectacle en témoignent, sans compter que la comédienne et son musicien en sont sans doute les meilleurs garants, elle dont tous les aïeux sont amérindiens de Guyane et lui qui est d'origine cubaine.

Ce spectacle donné à la Crypte de Saint-Sulpice, après un précédent qui explorait les différents courants mystiques, notamment chré-tiens, correspond-t-il à une recherche person-nelle ? Cela reste le secret de ces adaptateurs-interprètes. Par contre, ils livrent là un exposé très didactique et clair d'une sagesse peu connue, et qui a beaucoup à dire à notre culture... n

théâtre

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Impossible de juger de la mise en scène d'un spectacle qu'on n' a pu voir. Mais son audition est déjà captivante. On imagine ce que cela deviendra dans le cadre serein et intime de la Crypte Saint-Sulpice...

D.R.

« Dans la vie de l'Indien, il n'y a qu'un devoir inévitable : le devoir de prier »

« Sagesse amérindienne, "peut-être sommes-nous

frères ?" », à la Crypte Saint-Sulpice,

33, rue Saint-Sulpice, 75006 Paris,

jusqu'au 17 juin, du mardi au vendredi (20h30),

samedi (17h et 19h30), dimanche (15h). En raison du petit nombre de places, il est prudent de réserver.

Tél. : 06.27.33.07.67.

« SageSSe amérinDienne... »

Choc bénéfique des culturespar Pierre François

Danielle van Bercheycke et Yorick Abel

Les commémorations d’événements historiques importants fournissent l’occasion, aux différentes chaînes

de télévision, de diffuser des œuvres originales sur le sujet. C’est le cas avec cette belle soirée, diffusée avant le 70e anniversaire de l’Appel du 18 juin 40.

Alors que la France connaît la dé bâcle, avec de pauvres hordes de Français lancés sur les routes de l’exode, le géné-ral Charles de Gaulle se rend à Londres, sur ordre du gouvernement français. Tout le monde connaît l’Ap-pel du 18 juin 1940, mais peu connais-sent l’enchaînement d’événements qui a conduit un obscur officier à s’adres-ser, depuis Londres, à la France pour re fuser la défaite. Dans la collection « Ce jour-là, tout a changé », c’est la figure du Général (tout juste 50 ans !) qui sert de fil conducteur à ces som bres journées. Ponctué d’images d’archives

et d’extraits des Mémoires de guer re, ce téléfilm passionnant fait revivre, avec réalisme, cette période troublée qui vit des responsables politi ques hésiter, sans savoir comment réagir aux événements. Certaines scènes avec Winston Churchill, sont très amusantes, et Michel Vuillermoz est excellent en de Gaulle, même s’il ne lui ressemble pas beaucoup. Mais la mise en scène est un peu empesée. C’est le refus d’un homme, qui ne peut accepter la honte de la défaite et veut résister jusqu’au bout, qui est décrit

dans cette belle œuvre. Un refus qui servira de symbole et d’étendard à ceux qui, comme lui, voudront continuer le combat. « Libres Français de Londres ». La vie quotidienne à Londres ra contée par ces Français qui ont gagné l’Angleterre dès juin 1940. C’est intéressant, parfois très émou-vant ou amusant, mais un peu répétitif. ■Ce jour-là, tout a changé « L’Appel du 18 juin ». Téléfilm français (2010) de Félix Olivier, avec Michel Vuillermoz (Charles de Gaulle), Clément Roussier (Geoffroy Chodron de Courcel), Christian Rodska (Winston Churchill), Peter Hudson (Edward Spears)... (1h30). Libres Français de Londres. Documentaire français (2010) de Timothy Miller (1h30). Diffusion le mardi 8 juin, sur France 2, à partir de 20h35.

Mon nom est Tsotsi

Tsotsi, un jeune délinquant très violent, vole une voiture dans un quartier chic et découvre un bébé sur la banquette arrière. Ce drame poignant a reçu l’Oscar du meilleur film étranger. L'histoire, très ancrée dans le contexte sud-africain, a aussi valeur universelle. Gavin Hood met en scène une très belle rédemption sans jamais tomber dans le sentimentalisme. La performance du jeune Presley Chweneyagae est exceptionnelle. Certaines scènes du début sont très violentes, même si Gavin Hood évite l’excès. L’évolution de Tsotsi est très bien décrite, et le film évite la fin tragique pour laisser au protagoniste une possibilité de retour à la vie normale. Un message d’es-poir auquel la société sud-africaine sera particulièrement sensible.Drame sud-africain britannique (2005) de Gavin Hood, avec Presley Chweneyagae (Tsotsi), Mothusi Magano (Boston), Zenzo Ngkobe (le Bucher), Kenneth Nkosi (Gorille) Terry Pheto (Miriam) (1h30). Diffusion le jeudi 10 juin, sur Arte, à 20h35.

Il faut sauver le soldat RyanÀ l'aube du 6 juin 1944, à Omaha Beach. Une œuvre magistrale. La séquence du débarquement a fait date dans l'histoire du film de guerre. Filmée dans le style du reportage, avec des caméras portées, elle montre, avec un réalisme brutal et une rare puissance dramatique, l'atrocité des combats et la souffrance indicible des combattants. Le scénario est, certes, peu vraisemblable, mais d'une grande profondeur symbolique et d'une belle densité humaine. Ce film est une magnifique médi-tation sur la condition tragique de l'homme dans la guerre, sur la valeur de la vie personnelle, sur le sacrifice et la fraternité. Mais la scène du débarquement est d’une sauvagerie inouïe.Drame de guerre américain (1998) de Steven Spielberg, avec Tom Hanks, Tom Sizemore, Edward Burns, Barry Pepper (2h50) 3. Diffusion le dimanche 6 juin, sur France 2, à 20h35.

TÉLÉVISION

Hors-série « La véritable histoire des Bleus »Il est l’homme le plus détesté de France ! Mais Raymond Domenech, sélectionneur de l’équipe de France de football n’en a cure, car il sait, qu’avant lui, ce fut le sort de la plupart des sélectionneurs, Aimé Jacquet en tête. On ne se lasse pas de voir et de revoir les superbes buts de Michel Platini, ainsi que les fabuleux jeux

de jambes de Zinédine Zidane. Mais ce passionnant documentaire offre bien plus qu’une simple rétrospective d’images d’archives. Sur un commentaire pertinent dit par Lorànt Deutsch, accompagné d’une musique parfaitement adaptée au sujet, c’est toute l’histoire de l’équipe de France qui est retracée. Des témoins (footballeurs, sélectionneurs, journalistes, historiens, etc.) racontent les dessous de certaines décisions, de certaines victoires ou échecs. Les magouilles, l’action des lobbys, la corruption, etc., rien n’est occulté, et l’en-semble est aussi passionnant que beau à regarder.Documentaire français (2010) de Stéphane Benamou, avec un commentaire dit par Lorànt Deutsch (1h46). Diffusion le lundi 7 juin,sur France 3, à 20h35.

Cette fiction retrace les jours qui ont précédé l’Appel du 18 juin.

L’appel du 18 juin par Marie-ChristineRENAUD d’ANDRÉ

Le refus d'un homme qui ne peut accepterla honte de la défaite

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TF120.45 Identity. Divertissement présenté par Jean-Luc Reichmann, avec Charlotte de Turckheim, Amel Bent, Dave, Sheryfa Luna, Frank Leboeuf, Francis Lalanne.23.15 Le grand bêtisier. France 220.35 Le plus grand cabaret du monde. Divertissement de P. Sébastien, avec Pierre Belle-mare, Thierry Beccaro, Armelle, Stéphane Rousseau, Léa Drucker, André Manoukian, Natasha St-Pier, Olivier Lejeune, Chevalier et Laspales...22.50 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 320.35 (La) Nouvelle Maud (1, 2 et 3/6) A. Téléfilm avec Emma Colberti, Gérard Rinaldi. Une histoire assez prenante, malgré des lon-gueurs et des scènes peu discrètes.23.45 Le trésor de la reine d’An-gleterre. Documentaire.Arte

20.40 L’aventure humaine «Les derniers jours de Zeugma» J. Vivant et passionnant.21.35 L’aventure humaine «Aler-te au pillage des royaumes de Saba» J. Superbe.22.30 C’est dur d’être honnête A. Téléfilm en VO avec Sasa Petrovic, Daria Lorenci (1h31). Une plongée intéressante dans la vie quotidienne à Saraje-vo. Des violences et des trivialités.M620.40 Les vingt "Surprise sur prise" que les Français n’oublie-ront jamais. Divertissement pré-senté par V. Guilhaume et L. Boyer.22.55 Michaël Youn «Du Morning à Fatal».Canal +20.50 Sans arme, ni haine, ni violence GA. Policier (2007) de et avec Jean-Paul Rouve, et avec Ali-ce Taglioni (1h26). Un ex cellent film sur l’affaire Spaggia-ri, mais des images peu discrètes. KTO08.45 Voyage apostolique du Pape à Chypre (messe à 16h30).20.40 VIP «Philippe Gildas».21.45 Mille questions à la foi «Comment sait-on qu’on a la vocation ?».22.15 Concert «Vêpres solennelles pour la fête de saint Marc».

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36 FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010

TF120.45 La mémoire dans la peau GA. Policier (2002) de Doug Liman, avec Matt Damon, Franka Potente, Chris Cooper (1h58) 2. Excellent, mais assez violent.22.55 Les experts. Série avec William Petersen 2.France 2

20.35 Il faut sauver le soldat Ryan GA. Drame de guerre (1998) de Steven Spielberg, avec Tom Hanks, Tom Sizemore (2h50) 3. (Voir notre analyse page 35)23.20 Faites entrer l’accusé «Pier re Bodein, dit “Pierrot le fou“» GA. Magazine 2. Excellent.France 320.35 Quand la télé nous fait rire. Divertissement.23.00 7 à voir. Magazine présenté par Samuel Étienne.23.20 Amère victoire GA. Drame en NB (1956) de Nicholas Ray, avec Curd Jurgens (1h45). Très prenant.ArteAllemagne 45 : La fuite en avant

20.50 En fuite GA. Téléfilm avec Maria Furtwängler, Jean-Yves Berteloot, Tonio Arango (2h58). (Voir notre analyse ci-contre)23.50 Allemagne 1945 «Suicides collectifs» GA. C’est poi-gnant, mais terrible.M620.40 Capital «Alimentaire sain et pas cher : Les secrets du “prêt-à-manger“». Magazine de G. Lagache.22.45 Enquête exclusive «Dans l’enfer de Johannesburg». Canal +20.50 Le diplomate (2/2). Téléfilm avec Dougray Scott (1h30) 3.KTO08.30 Voyage du Pape à Chypre (et à 15h30).20.40 La foi prise au mot «Jerzy Popieluszko».21.50 Les portes du monde. Le grand séminaire de Strasbourg.23.00 Les mardis des Bernardins «Le bouddhisme et le salut».

TF120.45 Haute définition «100 minutes d’investigation : “Les pri-vilèges de la République“, “Exa-mens et concours, les rois de la triche“, “Les nouvelles Cen-drillon“». Magazine présenté par Emmanuel Chain.23.00 New York section criminelle.

Série avec V. D’Onofrio 2.France 220.35 The closer : «Refus d’extradition», «Perpétuité». Série avec Kyra Sedgwick 2.22.05 Complément d’enquête «Mondial J-5, des Bleus loin des yeux». Magazine présenté par Benoît Duquesne.

France 320.35 Hors-série «La véritable histoire des Bleus» J. Documentai-re (1h45). (Voir notre analyse page 35)23.00 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.35 Le cri du hibou GA. Policier (1987) de Claude Chabrol, avec Christophe Malavoy, Mathilda May (1h40). L’atmosphère est opressante à souhait, mais, malgré des comédiens très convaincants, on finit par s'ennuyer un peu.22.20 Afrique du Sud «Cap sur l’opéra». Documentaire.M620.40 L’amour est dans le pré. Divertissement.22.30 L’amour est dans le pré «Que sont-ils devenus ?».

23.55 Petites confidences (à ma psy) GA. Comédie (2006) de Ben Younger, avec Uma Thurman, Meryl Streep, Bryan Greenberg, Jon Abrahams (1h41) 2. La comédie est très amusante, même si les dialogues sont un peu crus.Canal +20.50 Engrenages (11 et 12/12) GA. Série avec Caroline Proust, Philippe Duclos, Grégory Fitoussi, Audrey Fleurot 3. Fin d’une saison qui a rempli toutes ses promesses, avec des épisodes tendus, nerveux, mais très durs.KTO20.40 Sacerdoces «Prêtres au quotidien».21.45 Cœur qui écoute «Bonheur».22.40 Parlons-en «L’entreprise à visage humain».

TF120.45 Dr. House : «Les jeux sont faits», «La vérité, rien que la vérité ?», «Celle qui venait du froid» GA. Série 2. Excellent, mais parfois terrible.23.15 Les restos du cœur.France 220.35 Ce jour-là, tout a changé «L’appel du 18 juin» J. Téléfilm avec Michel Vuillermoz, Clément Roussier, Christian Rodska (1h30). (Voir notre analyse page 35)22.05 Libres Français de Londres J. (Voir notre analyse page 35)23.35 Dans Paris A. Comédie dramatique (2006) de Christophe Honoré, avec Romain Duris, Louis Garrel (1h30). Une œuvre aussi maladroite qu'attachante, mais des scènes impudiques.01.20 Le rendez-vous des quais GA. Drame (1955) de Paul Carpi-ta, avec Roger Manunta (1h15). Longtemps interdit par la censure, ce film, produit par la CGT, est très suranné. Mais c’est un témoignage intéressant et émouvant sur une époque.France 3

20.35 La dilettante GA. Comédie (1998) de Pascal Thomas, avec Catherine Frot (1h55). Cette comédie réjouissante, portée par l’interprétation de Catherine Frot, n’évite pas les fausses notes.23.05 Ce soir (ou jamais). ArteQue fait la police ?20.35 La police et Sarko GA. Un constat inquiétant.21.20 Flics et fiers de l’être GA. Très instructif.22.25 The killing (7 et 8/20) GA. Série. Toujours très pre-nant et émouvant.M620.40 Pékin Express, la route du bout du monde «Course poursui-te dans les rues de Buenos Aires». Canal +20.50 Les beaux gosses A. Co mé die (2008) de Riad Sattouf, avec Vincent Lacoste (1h25). Une adaptation poussive de la BD, avec des personnages obsédés par le sexe.KTO20.40 Les mardis des Bernardins «Le corps au service de la beauté».21.45 Église du monde «Afrique du Sud».

samedi 5 juin Dimanche 6 juin lundi 7 juin Mardi 8 juin

émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud-dhistes», «Islam», «À Bible ouverte», «Orthodoxie», «Présence protestante», «Kaïros» - 10h45 Messe en la basilique de la Visitation, à Annecy (74). Prédica-teur : Mgr Yves Boivineau - 11h30 Le jour du Sei-gneur «L'accompagnement spirituel».

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FRANCECatholique n°3215 4 juin 2010 37

sur ArteDimanche 6 juin à 20h50En fuite GAEn 1944, la comtesse von Mahlenberg fuit Berlin bombardé pour se réfugier en Prusse-Orien-tale, dans le domaine familial. Cette belle superproduction très prenante, avec des personnages attachants et bien dessinés, retrace la débâcle des Allemands à la fin de la guerre. Mais il y a quelques lon-gueurs dans la seconde partie. Avec courage et détermi-nation, l’héroïne prend soin de ses gens jusqu’à la fin. Des tou-ches de spiritualité, mais une scène pénible de viol.

TF120.45 Esprits criminels : «L’enne-mi public», «Le roi solitaire», «Dans la gueule du loup», «Les proies». Série avec Joe Mantegna 3.00.00 Lost «Les disparus». Série avec Matthew Fox 2.France 220.35 Les enfants d’Orion A/Ø. Téléfilm avec Clémentine Poidatz, Clément Sibony, Clémentine Céla-rié (3h) 3. Des images sombres, une histoire confuse et des invraisemblances, tels sont les défauts de cet interminable télé-film qui se termine sur des théo-ries fumeuses. Une scène érotique.France 320.35 Le tournoi d’orthographe 2010. Magazine présenté par Daniela Lumbroso et Cyril Féraud.22.55 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.35 Les mercredis de l’his-toire «K-129 ne répond plus : Un sous-marin aux mains de la CIA» GA. Ce passionnant docu-mentaire montre comment une banale affaire de sous-marins disparus aurait pu conduire à une Troisième Guerre mondiale.21.25 Les mercredis de l’histoire «Le premier sous-marin furtif». 22.20 Un siècle de Coupes du monde de football. Documentaire.23.15 Le dessous des cartes «L’Afrique du Sud : Balle au centre».23.25 Tears of april. Comédie dra matique en VO (2008) de Aku Lou hi mies, avec Samuli Vauramo (1h49).M620.40 Nouvelle star «Demi-finale». Divertissement avec Lio, Ph.Manœuvre, A. Manoukian et Marco Prince.Canal +

20.50 Michael Clayton GA. Thriller (2007) de Tony Gilroy, avec George Clooney, Tom Wilkinson (1h55). Ce thriller, qui dénonce le cynisme de certaines multinationales, sans être très original, est efficace.KTO20.40 Comme un grain de séne-vé (5/6). Série documentaire.21.45 La famille en questions «Sectes : Comment s’en protéger ?».22.20 La foi prise au mot «Jerzy Popieluszko».

TF120.20 Football «Coupe du monde de la FIFA 2010 : Uruguay/France».22.25 Coupe du monde de la FIFA «Le mag». Magazine présenté par D. Brogniart et Robert Pires.23.00 Link, la vie en face. Maga-zine présenté par Sandrine Quétier.France 220.35 Le tuteur «Yann» GA. Téléfilm avec Roland Magdane (1h30). Il y a beaucoup d'outrances dans cet épisode décevant et affreux, qui banalise l'homosexualité.22.05 Central nuit «Rêves brisés» GA. Série avec Michel Creton. Un épisode très moyen.

22.55 Faisons un rêve. Théâtre de Sacha Guitry, mise en scène de B. Murat, avec Pierre Arditi, Michèle Laroque et François Berléand.France 320.35 Thalassa «Spéciale Afrique du Sud». Magazine.22.55 Vie privée, vie publique, l’hebdo « Nana Mouskouri et Mgr Jacques Gaillot». Magazine.Arte20.35 Le bonheur d’Emma A/Ø. Téléfilm avec Jördis Triebel, Jür-gen Vogel (1h36). Une histoire d’amour atypique et très émouvante, mais des scènes peu discrètes et une fin affreuse.22.10 La peste en héritage. Documentaire.22.55 Grand format «Le club du cimetière». Documentaire.M620.40 NCIS, enquêtes spé-ciales : «Affaire non classée», «Bienvenue en enfer», «Le troi-sième homme», «Un garçon d’ex-ception». Série avec Mark Harmon 2.23.55 Californication. Série 3.Canal +20.50 Un été italien GA. Drame (2008) de Michael Winterbottom, avec Colin Firth, Hope Davis (1h30) 2. Un film très émouvant sur les relations entre un père, fou d'amour pour ses filles, et ces derniè-res, traumatisées par la mort brutale de leur mère, mais des longueurs.KTO10.00 Messe de conclusion de l’année sacerdotale célébrée par Benoît XVI.20.40 Une mission.22.20 Les mardis des Bernardins «Le corps au service de la beauté».

TF120.45 Profilage : «De l’autre côté du miroir», «Réussir ou mourir», «Le fils prodigue» GA. Série avec Guil-laume Cramoisan, Odile Vuillemin. De l'humour, du suspense et des histoires émouvantes, mais pas toujours crédibles.23.30 Paycheck GA. Science-fic-tion (2003) de John Woo, avec Ben Affleck, Aaron Eckhart, Uma Thurman (1h58) 2. Origi-nal, mais compliqué.France 220.35 À vous de juger. Magazine présenté par Arlette Chabot.23.10 Le concert d’inauguration de la Coupe du monde 2010. Divertissement avec Shakira, Ali-cia Keys, Black Eyed Peas, Ama-dou et Mariam, Angelique Kidjo, Blk Jks, John Legend.France 3

20.35 Big Jim J. Téléfilm avec Bruno Salomone, Philippe Duquesne, Édith Le Merdy, Dominique Labourier, Georges Aguilar, Grégory Gatignol. Une comédie originale et amusante sur le retour à la terre, avec des personnages allumés. Mais c’est un peu lourd.22.40 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.35 Mon nom est Tsotsi GA. Drame (2005) de Gavin Hood, avec Presley Chweneyagae, Mothusi Magano, Zenzo Ngkobe (1h30). (Voir notre analyse page 35)22.05 1967, été de l’amour «Community». Documentaire.23.00 Tracks «Spécial Afrique du Sud».M620.40 Lie to me : «Marchands d’espoir», «La culpabilité», «Un ami qui vous veut du bien». Série avec Tim Roth, Kelli Williams 2.23.10 Enquêtes extraordinaires «Ils reçoivent des signes de l’au-delà !». Documentaire.Canal +20.50 Desperate housewives (21, 22 et 23/23). Série 2.KTO18.00 Veillée de prière avec les prêtres présidée par Benoît XVI.20.40 Grands entretiens «Denis Sonet : De l’art de l’amour». 21.45 Questions ouvertes.22.20 Le sacrement de l’ordre.

Mercredi 9 juin Jeudi 10 juin vendredi 11 juin

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive : Elémentpositif: Elémentnégatif

Repères

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RaDiosRadio Notre-DameLundi 7 juin au jeudi 10 juin8h Les matinales, avec la chroni-que de Gérard Leclerc (à 8h07).Mardi 8 juin22h écoute dans la nuit "Sacerdoce ministériel et Sacerdoce baptismal", avec le P. Pelletier (Communauté de l'Emmanuel).Jeudi 10 juin22h écoute dans la nuit "Les cha-rismes : une manifestation de l'Amour du Christ", avec Alain et Danielle Noël (Fondateurs de la Fra-ternité Sainte Croix).Vendredi 11 juin22h écoute dans la nuit "Com-ment accueillir la Promesse faite par Dieu ?", avec le Père Milcent (Carme) et A. Chéreau (Enseignante).RCFLundi 31 mai14h30 Halte spirituelle "La Sainte colère", avec Lytta Basset (théolo-gienne protestante, auteur de Sainte Colère, éd Bayard) (Tous les jours, à 14h30 et 20h45.)Mardi 8 juin17h Grand Angle "Comment lutter contre la solitude ?" (Rediffusion à 23h.)Vendredi 11 juin10h Messe pour la conclusion de l’année sacerdotale, présidée par le Pape Benoît XVI, en direct de Rome.France CultureDimanche 6 juin10h Messe. «Dimanche du Saint-Sacrement», depuis l’église Saint-Pierre de Montrouge, 82 av. du Général Leclerc, 75014 Paris. Pré-dicateur : Père Philippe Marcé. Commentée par le Frère Laurent Lemoine. Marie BIZIEN

Paris✔ Le 11e Salon Emmaüs pour la solidarité internationale se tiendra le 20 juin, à la porte de Versailles, hall 2.1 (9h30-19h). Une grande vente solidarité Asie, avec 120 stands (textile, meubles, électro, déco...)✔ Une lecture scénique des témoignages des proches de Jean-Marie Vianney "Le Curé d'Ars par ceux qui l'ont connu", sera donnée les 11 et 12 juin (20h30), à Notre-Dame du Saint-Sacrement, 20 rue Cortambert, 75016 Paris. Libre participation. Rens. ✆ 06.83. 26.71.35.✔ À l'espace Saint-Louis d'An-tin, espace Bernanos, 4 rue du Havre, 75009 Paris, ✆ 01.45.26. 65.34, une conférence est orga-nisée le 29 juin (15h) (Salle Péguy), "Iran, à la croisée des chemins", par Marc Fromager (Aide à l’Église en Détresse).

Suivi à 16h30 de la messe

pour les chrétiens persécutés. www.espace-bernanos.comBelgique✔ Une session à l'abbaye Notre-Dame de Scourmont, Route du Rond Point 294, B-6464 Forges (Chimay) aura lieu du 25 (18h) au 27 juin (16h), sur le thème "L'Esprit souffle où il veut : Bible et littérature contemporaine chez H. Bauchau, J. Grosjean et le Père Charles Dumont (o.c.s.o.)", par Jean Leclercq (professeur à l'Insti-tut de philosophie de Louvain-la-Neuve). Rens. ✆ (32).60.21.05.11, fax (32) 60.21.40.18 / abbaye@chimay.beFestival Marial International✔ Du 18 au 22 août, à Paray-le-Monial, aura lieu le Festival Marial International, sur le thème "Marie, Reine des cœurs". Ensei-gnement, témoignages, prière, à la suite du Christ. Rens. : www.festivalmarial.comPoésie contemporaine✔ Jusqu'au 13 juin, a lieu à Bobigny (Seine-Saint-Denis) le « Grand Slam de poésie », mani-

festation d'ampleur nationale et internationale. Il compte même une compétition « interscolaire » et une catégorie « haïkus ». Le jury, désigné parmi le public, a pour tâche de noter en fonction de son souhait de réécouter ou non les candidats. Ces derniers viendront de La Réunion comme du Havre, de Lyon comme de Nice, de Toulon comme de Vitry-sur-Seine... et aussi du Canada comme de Suède... au total on compte 16 pays représentés pour la compétition internationale et 19 villes pour la nationale. Rens. : ✆ 01.48.30.83.29/www.ffdsp.comAssociation Aides✔ Deux Braderies de la Mode organisée au profit de l'associa-tion "Aides" afin de récolter des fonds en faveur des différents programmes de lutte contre le Vih/Sida se dérouleront en juin : les 11, 12 et 13 juin, à BETC Euro RSCG, Passage du Désir, 85/87, rue du Fbg Saint Martin, 75010 Paris, et les 23 et 24 juin, à l'Espace Mode

Méditerranée, 11 la Canebière, 13001 Marseille. Cet événe-ment propose un florilège d'ar-ticles neufs, issus de collections récentes, à des prix imbattables, offrant des rabais jusqu'à moins 70% sur le prix public habituel.Site : braderiedelamode.aides.orgSession d'été de l'IPC✔ Une session d'été, organisée par l'IPC, aura lieu du 22 au 27 août, à Rézé près de Nantes, (ouverte à tous, notamment aux lycéens entrant en Terminale), sur le thème « Les interrogations de la sagesse ». Vous souhaitez com-prendre le sens du monde et de l'existence. Cette session s'inscrit dans cette recherche. Elle a pour but d'initier aux grandes inter-rogations qui préparent la voie de la sagesse. Ces journées sont surtout l'occasion de réfléchir, au seuil de l'âge adulte, « à tout ce qui ne s'apprend pas » et qui est laissé le plus souvent à l'im-provisation. Elles permettent de se situer au sein d'une vision du monde et d'acquérir le sens de la

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entre-prises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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Avec un premier abonnement, en cadeau, un CD "Un dimanche à Saint-Benoît-sur-Loire" Chœur des moines et orgue de la Basilique. Chant français (dir. Anton Elder) & chant grégorien (dir. Jaan-Eik Tulve).

Orgue : Jean-Sébastien Bach interprété par Vincent GrappyDepuis des siècles les voûtes de ce fl euron de l’art roman résonnent du chant le plus pur. La liturgie des moines de Saint-Benoît-sur-Loire mêle à la fois l’originalité des compositions modernes en français et la tradition séculaire des grandes pièces grégoriennes de la liturgie de la messe.

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LAUDES - MESSE - CHANTS DU SOIR

(Éditions Jade)

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recherche philosophique. Le pro-gramme : "L'homme, dans quelle lumière ?", "L'homme, pour quel amour ?", "Quelle société pour l'homme ?", "Les questions de l'homme à travers l'histoire", "Deviens ce que tu es". Rens. : ✆ 01.43.35.38.50 / ipc.infos@ipc-paris.frRéseau Jeunesse Ignatien✔ Un rassemblement pour les 17/35 ans est prévu du 31 juillet au 4 août à La Louvesc (Ardèche), sur le thème "Suivre le Christ... Quelle mission !". Rens. Réseau Jeunesse Ignatien, 14 rue d'Assas, 75006 Paris, ✆ 01.44.39.48.54.Camp SPES✔ Un camp SPES de formation à la mission et d'évangélisation des plages, pour les jeunes de 18 à 30 ans, aura lieu, du 17 au 27 août dans une villa de Toulon, animé par la Société des Missionnaires de la Miséricorde Divine. Au programme : ensei-gnements sur le thème "Islam et christianisme", avec Mgr Dominique Rey, l'abbé Fabrice Lo i seau , Fabr ice Hadjad j , Mohammed Christophe...), témoi-gnages de chrétiens convertis de l'Islam, temps de prière (messe, adoration, louange) et mission sur les plages, veillées.Rens. : Abbé Dubrule, 104 cours Lafayette, 83000 Toulon, ✆ 06.89.98. 74.24 / jrdubrule@yahoo.fr et www.misericordedivine.frPèlerinages✔ Un pèlerinage de "Prières - chants de louanges, enseigne-ment et partages", sur le thème "Le père et l'adolescent", est prévu du 24 (18h) au 27 juin (16h). Port de départ et retour : Port Cogolin (Baie de Saint Tropez). Programme de la jour-née : Prière du matin et du soir, Messe, navigation, un enseigne-ment sur le sujet de la journée par l’un des frères, débat. Ouvert à tous : les Pères de famille, du skipper au néophyte... Rens. ✆ 06. 20.31.83.46.✔ La 26e année pour la retraite- itinérante "Bordeaux-Lourdes" aura lieu : depuis Notre-Dame

de Verdelais du 1er au 15 août ou depuis Notre-Dame de Maylis (Landes) du 6 au 15 Août, sur le thème des Actes des Apôtres "Mais vous allez rece-voir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous. Alors, vous serez mes témoins... jusqu'aux extrémités de la terre" (Actes 1.8). Marche (20-25km/jour) - silence - prière, offices, Eucharistie et adoration - par-tages de la Parole. Vous avez de 17 à ...ans, soif de prendre un temps avec le Seigneur à la suite de l'Immaculée Conception, dans l 'espr i t des pèler ins d'Emmaüs, contactez-nous : Communion des Pèlerins de l'Immaculée Conception, 19, av. Toulouse-Lautrec, 33740 Arès, ✆ 05.57.70.46.16 / 05.53.63.12. 00 / 05.56.97.76.87.✔ Une "Marche spirituelle dans le désert Egyptien", pour tous, accompagné par le frère Alain de la Croix et un Prêtre de la communauté Saint Jean, aura lieu du 15 au 23 octobre. Rens. auprès de frère Alain de la Croix, ✆ 02.47.92.26.07. frerealaindelacroix@.orange.frwww.happytime.com✔ Satisfaire son désir d’évasion est possible, à côté de chez soi... Avec plus de 5000 idées de loisirs à travers la France, www.happytime.com est l’en-droit idéal pour piocher à l’en-vie dans une multitude d’ac-tivités originales, insolites et selectes. Un éventail d’activités insoupçonnées, qui sortent de l’ordinaire, dans deux rubriques spéciales, "Insolites" et "VIP". Grâce à un calendrier, il suffit de choisir sa date et son heure et c’est réservé, en quelques clics seulement ! Amoureux de l’extrême et de nouveautés, ou amateurs de soins personnalisés et de programmes sur-mesure au sein de lieux renommés, tout le monde trouvera son bonheur.

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➥ Le Père Descouvemont cherche les "Œuvres complètes de Pascal", présentées par L. Lafuma, éd. du Seuil 1963. Tél. 03.27.81.82.34.

➥ Le Père Daniel-Ange recherche pour l’école d’évangélisation « Jeunesse Lumière » 1 minibus de 9 places, diesel, bon état (ou équivalent par un don en €) pour envoyer les jeunes-JL en missions dans les paroisses, collèges, lycées pour annoncer l’Evangile aux autres jeunes. Contact : tél. : 05.63.50.41.57 /econome@jeunesse-lumiere.com

➥ Tous les bons produits des abeilles : miel, pollen, gelée royale, propolis... par VPC : tél. 04.75.45.15.29. Yves et Béatrice Dufour, 26260 Bren. www.lesruchersdestjoseph.com

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