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ISSN 0015-9506 FRANCE FRANCE Catholique FRANCE Catholique www.france-catholique.fr 83 ème année - Hebdomadaire n°3055 - 19 janvier 2007 Un hebdo engagé pour l’Amour et la Vérité 2,90 3:HIKLMI=YUW^U[:?d@a@p@f@k; M 01284 - 3055 - F: 2,90 E Sondages : Pourquoi la France n’est plus catholique ? Prière : Initiation à l’adoration Nouvelle-Calédonie le secret du bonheur Un vieux missionnaire m’a dit Nouvelle-Calédonie le secret du bonheur Un vieux missionnaire m’a dit Sondages : Pourquoi la France n’est plus catholique ? Prière : Initiation à l’adoration

secret bonheur - france-catholique.fr

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www.france-catholique.fr83ème année - Hebdomadaire n°3055 - 19 janvier 2007

Un hebdoengagé

pour l’Amouret la Vérité

2,90 €

3:HIKLMI=YUW^U[:?d@a@p@f@k;

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1284

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ESondages :Pourquoi laFrance n’est pluscatholique ?

Prière :Initiation àl’adoration

Nouvelle-Calédonie

le secret du bonheurUn vieux missionnaire m’a ditNouvelle-Calédonie

le secret du bonheurUn vieux missionnaire m’a dit

Sondages :Pourquoi laFrance n’est pluscatholique ?

Prière :Initiation àl’adoration

BRÈVES

2 FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007

MONDEEURO : La chancelière allemande, AngelaMerkel, a pris le 13 janvier la défense del’euro, se déclarant inquiète du débat qui alieu en France sur les méfaits supposés de lamonnaie unique européenne.ENERGIE : Le plan énergie de l’Union euro-péenne présenté le 10 janvier à Bruxellesprévoit de réduire les émissions de CO2 de20% d’ici à 2020. Pour stimuler la diversifi-cation de l’offre, la Commission recom-mande aux Etats membres de dissocier lesactivités de production et de distribution degaz et d’électricité ; la France tente de résis-ter à cette solution.AUTOMOBILE : Un pilote sud-africain s’esttué le 9 janvier dans la 4e étape du rallye"Paris-Dakar" ; cet accident ravive les po-lémiques sur le principe de cette épreuve.SOMALIE : L’aviation américaine a effectuéà partir du 8 janvier plusieurs attaquescontre le commandement d’Al-Kaida dans lesud de la Somalie ; des islamistes auraientété éliminés, des civils auraient été tués.ALGERIE : Le GSPC, dernier groupe arméactif en Algérie, a appelé le 9 janvier sespartisans à s’attaquer aux Français résidanten Algérie.BANGLADESH : A quinze jours d’un scrutinlégislatif compromis par des manifestationsviolemment réprimées, le président a dé-claré l’état d’urgence pour une durée indé-terminée.GRECE : L’ambassade des Etats-Unis àAthènes a fait l’objet d’un tir de roquette le12 janvier ; l’attentat a été revendiqué parun groupe marxiste.PAKISTAN : Le chef du renseignement amé-ricain, John Negroponte, a accusé le 12 jan-vier le Pakistan d’être le sanctuaire du ré-seau d’Al-Kaida en voie de reconstitution.ESPAGNE : L’ancienne présidente de l’Ar-gentine, Isabel Peron, a été brièvementarrêtée le 12 janvier à Madrid à la suited’un mandat d’arrêt international lancépar un juge argentin qui enquête sur ladisparition d’un opposant sous sa prési-dence (1974–76).Plus de 250 000 personnes ont manifestéle 13 janvier à Madrid et Bilbao pour pro-tester contre le terrorisme de l’ETA.IRAN : La secrétaire d’Etat Condi Rice a rap-pelé le 12 janvier que les Etats-Unis avaientl’intention de s’attaquer aux réseaux ira-niens qui aident les combattants anti-amé-ricains en Irak, alimentant du même couples spéculations sur les perspectives d’élar-gissement du conflit.IRAK : Deux co-accusés de Saddam Hussein

condamnés à mort le 5 novembre dernier,ont été exécutés le 15 janvier à Bagdad.VENEZUELA : Le président Hugo Chavez aconfirmé le 13 janvier son plan de nationa-lisations qui s’étendra à tout le secteurénergétique ; il a décidé de faire front commun avec son homologue iranien, entournée en Amérique latine, pour faireremonter les cours du pétrole.BRESIL : Plusieurs automobilistes ont étéengloutis le 12 janvier dans un immensecratère après l’effondrement d’un tunnel demétro en construction à Sao Paulo.COLOMBIE : Le ministre de la Défense aréaffirmé le 14 janvier l’intention du gou-vernement de tenter de libérer par la forcel’otage Ingrid Bétencourt, malgré l’opposi-tion de ses proches.

FRANCESDF : Après l’annonce du gouvernement decréer 27000 places d’hébergement durable,l’association "Les enfants de Don Quichotte"a appelé le 8 janvier à lever les campementsà Paris et en province ; cependant la consigne n’a pas été partout suivie d’effet.JEUNES : S’appuyant sur un rapport duCentre d’analyse stratégique, le Premierministre a retenu le 8 janvier la propositionde garantir aux jeunes un capital de départpour se lancer dans la vie ; plusieurs hypo-thèses sont à l’étude dont le coût atteindraitentre 1,5 et 2,5 milliards d’euros.REMUNERATIONS : Le Medef et l’Associa-tion française des entreprises privées ontprésenté le 9 janvier des recommandationsvisant à moraliser les rémunérations desgrands patrons pour tenir compte de l’opi-nion publique.RETRAITES : Le Conseil d’orientation des re-traites a remis le 11 janvier au Premier mi-nistre un rapport qui confirme la dégrada-tion des comptes : le déficit de la Caisse na-tionale d’assurance vieillesse atteindra 3,5milliards d’euros en 2007. Il préconise l’aug-mentation du taux d’activité des seniors : les55–64 ans ne sont que 38% à avoir encoreun emploi ; l’allongement de la durée d’ac-tivité jusqu’à 42 ans et la réforme des ré-gimes spéciaux. FISCALITES : En évoquant le 11 janvier unehausse des impôts pour les salaires supé-rieurs à 4000 euros nets par mois en cas devictoire de la gauche aux prochaines élec-tions, François Hollande a déclenché unepolémique, non seulement avec le ministredélégué au Budget, J.F. Copé, mais avec lacandidate du PS, Ségolène Royal; celle-ci a

chargé D. Strauss-Kahn d’établir un dia-gnostic et de formuler des propositions surla dépense publique et les prélèvementsobligatoires.Selon le ministre de l’Economie, Thierry Bre-ton, le relèvement des taxes sur les produitspétroliers le 1er janvier au profit des régionscontribuerait à freiner la baisse du prix del’essence autorisée par la chute des cours dupétrole.PRESTATIONS SOCIALES : Le tribunal desaffaires de sécurité sociale de Montbéliard adonné gain de cause le 12 janvier à un pèredivorcé bénéficiant de la garde alternée deson enfant et qui réclamait le partage d’uneallocation familiale versée à la mère ; cettedécision devrait faire jurisprudence.SANTE : 60 villes ont participé le 13 janvierà la journée nationale de dépistage du sur-poids ; près d’un enfant sur six serait en sur-poids et 4% obèses en France.DÉLINQUANCE : D’après le bilan présenté le11 janvier par le ministère de l’Intérieur, lescrimes et délits ont diminué de 1,3% en2006 ; mais les violences aux personnes ontaugmenté de 5,6% avec plus de 434 000infractions enregistrées. Le ministre a an-noncé une augmentation de 140% des re-conduites à la frontière depuis 2002.ENLÈVEMENTS : "Le plan alerte–enlève-ment" déclenché le 11 janvier dans les Yve-lines a permis de retrouver rapidement deuxenfants de 8 et 11 ans disparus la veille àPorcheville. Il a été de nouveau activé le 12janvier à la suite de l’enlèvement d’un bébéde trois semaines en Seine-Saint-Denis ;l’enfant a été retrouvé et sa ravisseuse in-terpellée le lendemain à Brétigny-sur-Orge.JUSTICE : La Cour de cassation a examiné le10 janvier le pourvoi formé par huit "fau-cheurs volontaires" dont José Bové et NoëlMamère contre une décision de la Courd’appel de Toulouse les condamnant à despeines de prison. La Cour doit rendre sadécision le 7 février.Deux hommes ayant organisé des mariagesblancs entre des Algériens et des femmesfrançaises ont été condamnés le 11 janvier àdes peines de prison ferme par le tribunalcorrectionnel de Mâcon.TERRORISME : Un jeune islamiste interpelléle 19 décembre au Maroc a reconnu êtrel’auteur des messages appelant au meurtredu professeur Redeker, auteur d’une tribunelibre polémique contre l’islam dans le Figaro.SECURITE ROUTIERE : Avec 4 700 morts en2006, le nombre de victimes des accidentsde la route a baissé de 13,6% par rapport à2005.

J.L.

SOMMAIRE

ACTUALITÉ4 IRAK La bataille de Bagdad

Yves La Marck

5 PRESIDENTIELLE Le sacre de SarkozyAlice Tulle

6 CELLULES-SOUCHES Fièvre embryonnaireTugdual Derville

DOSSIER8 TEMOIGNAGE Le secret

du bonheur missionnaire Père Georges Colomb

ESPRIT13 BD Avec Jean-Paul II et Benoît XVI (30/36)

Dominique Bar - Guy Lehideux

14 MEMOIRE DES JOURS Taizé en CroatieRobert Masson

15 ECCLESIA La vérité l’emportera toujours Paul H. Dembinski

17 LECTURES Tout le monde n’est pas prêtre Père Michel Gitton

18 PRIERE Une école pour adorer ?Anne-Françoise Vater / Père Ludovic Lécuru

20 ECRITURE SAINTE Le psautier est bien un livrePère Jean-Luc Vesco, op / Père Philippe Verdin

22 SELECTION SpiritualitéPère Ludovic Lécuru

MAGAZINE

23 IDEES Journal : en terminant l’année (2)Gérard Leclerc

26 EXPOSITIONS L’estampe, une image impriméeAriane Grenon

28 EXPOSITIONS Venise, porte vers l’OrientAriane Grenon

31 EXPOSITIONS Arménie, terre chrétienneA.S.

32 MUSIQUE Chant orthodoxe, Bach, DurufléFrançois-Xavier Lacroux

33 CINEMA "Apocalypto", "Congorama""Zone libre", "Les climats"

Marie-Christine Renaud d’André / Marie-Lorraine Roussel

34 THEATRE “Venise sous la neige”Pierre François

35 TELEVISION "L’enfant du secret"“La recrue”, “Je vous trouve très beau”

Marie-Christine Renaud d’André

36 TELEVISION Votre début de soiréeM.-Ch. R. d’A.

38 BLOC-NOTES Vie associative et d’EgliseBrigitte Pondaven

www.france-catholique.fr

Couverture © MEP

EDITORIAL

FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007 3

es deux phrases lapidaires inscrites sur la couverture de notreconfrère Le Monde des religions résument à elles seules les don-nées d’un sondage qu’il publie sur les Français et le catholicisme.“Seul un Français sur deux se déclare encore catholique. Seul uncatholique sur deux croit encore en Dieu”. La seconde position

aurait un air ubuesque si l’on ne comprenait immédiatement que la déno-mination catholique se rapporte plus à une culture, un héritage patri-monial qu’à une foi réfléchie à assumer en rapport avec un donné dog-matique qui lui confère sa cohérence... Le directeur de la publication in-siste à dessein sur ce point : “Non seulement un catholique sur deux necroit pas ou doute de l’existence de Dieu mais, parmi ceux qui affirmentcroire, seulement 18% croient en un Dieu personnel (ce qui est pourtantun des fondements du christianisme), tandis que 79% croient une forceou une énergie”.

Impossible de mettre en doute ce diagnos-tic de Frédéric Lenoir, qui a quelque chose d’ac-cablant. Nous découvrons en effet - et pourtantnous devrions le savoir depuis longtemps - quela cause essentielle de décrochage de la popu-lation française n’a qu’une seule explication :l’ignorance, une ignorance crasse, on diraitpresque satisfaite d’elle-même, puisqu’elle croitsavoir ce qu’elle ignore, persuadée sans doutequ’elle est portée par une modernité qui rendobsolètes les croyances anciennes et inutiletout effort sérieux de se renseigner là où onest susceptible de recevoir une information fiable. On aurait tort de croire que cette situation est inédite. C’était approximativement celle queChateaubriand décrit dans le préambule de son Génie du christianisme :“Partout on voyait des restes d’Eglises et de monastères que l’on achevaitde démolir ; c’était même une sorte d’amusement d’aller se promenerdans ces ruines”. Sans doute, ces ruines sont-elles aujourd’hui morales,mais le paysage intérieur qu’elles dessinent reflète une même désolation...Chateaubriand devait rappeler, au début du dix-neuvième siècle, ce qu’é-tait le christianisme et son héritage civilisateur. L’éradication antichré-tienne avait produit l’amnésie. Une amnésie que l’on retrouve aujourd’huiet que l’on s’efforce d’expliquer à grands coups de sociologie péremp-toire : modernité, individualisme, repli du religieux sur la vie privée. Toutcela pèse peu au regard du champ de démolition où se produit le naufragede la foi. C’est l’abandon de la ferveur première qui est à l’origine d’unprocessus hélas inexorable.

On feint de croire que la France (et toute l’Europe anciennement chré-tienne) vivent sereinement dans la postmodernité heureuse de l’après-christianisme. C’est une sottise. Le suicide démographique de notre conti-nent est consécutif au ralliement à une philosophie indifférente à la vieet à la transmission. Heureusement, d’autres continents, pourtant moinsfavorisés, ont conservé intact un goût d’avenir. La foi y est moins dédai-gnée que chez nous. Et de plus en plus nombreuses sont les populationsvenues d’ailleurs pour prendre la place d’une civilisation fourbue et sansespérance. �

L

par Gérard LECLERC

Une France

D.R.

bien peu catholique

ACTUALITE

’annonce d’un renfort devingt-et-un mille cinqcents hommes est tout àfait hors de proportionavec les missions qui sont

assignées au contingent améri-cain en Irak. Passer de 132 000hommes à 153 500 ne revêtqu’une signification marginale.Or l’ambition affichée dans lemême temps est démesurée. LeCommandant en chef des ForcesArmées Américaines se substituetout à coup non seulement à sonministre de la Défense, Rumsfeldqu’il vient de congédier, maisaussi au chef d’état-major géné-ral en Irak, également muté, sinonau commandant en chef de larégion centre, remplacé.

Dans son discours du 10janvier, G.W. Bush entre en effetdans ce qu’il est convenu d’ap-peler du "micro-management"de la crise. On l’imagine devantde grandes cartes dépliées deBagdad, quartier par quartier, à"nettoyer" et à "sécuriser". Il dé-cide que chaque division ira-kienne inclura une compagnieaméricaine. Les Américainsn’opéreront plus seuls mais se-ront présents dans chacune desopérations de l’armée nationale.Il en vient enfin quasiment ànommer les officiers irakiensquand il prône d’arrêter la"débaathisation" , c’est-à-dire àréintégrer les fidèles de SaddamHussein de l’ancienne arméedissoute, au moment – ironie dusort – où le Raïs est pendu.

On s’attend ainsi à ce que lePrésident apprenne par cœur lagéographie d’une conurbationde la taille de Los Angeles etpique des épingles de couleursur les cartes au mur des quar-tiers reconquis, suivant la pro-gression des forces rue par rue.On entrera partout, a-t-il pro-clamé. Il n’y aura plus de quar-tier protégé, qu’il soit chiite ousunnite.

Il y a quelques mois, le Pen-tagone avait projeté plusieursfois "la Bataille d’Alger" dans le

cadre de formations pour seshauts cadres. C’était il y a justecinquante ans. Cela avait duré

plusieurs mois. Peut-on imagi-ner que l’on veuille aujourd’huirejouer à Bagdad la batailled’Alger ?

L’objectif américain en Irakest différent. Pour la France, ilétait – encore en 1957 et en1958 – de rester en Algérie. PourWashington, il est de se désen-gager. Plus personne n’imagineque 150 000 militaires améri-cains seront encore stationnésen Irak aux prochaines électionsde 2008. Bush a donné no-vembre 2007 comme date butoir

de la reprise de contrôle deBagdad avec un repli en ordre aupremier trimestre 2008. Lemessage du peuple américain aété clair aux élections à mi-parcours de novembre dernier. Ilsera déterminant pour les futurscandidats.

Le Républicain McCainconseillait depuis longtempsune implication massive destroupes pour gagner, selon ladoctrine Powell, du nom de l’an-cien vainqueur de la premièreguerre du Golfe, assignant d’au-tant plus de monde que lesobjectifs sont limités dans letemps et l’espace. Bush etRumsfeld poursuivent des ob-jectifs d’autant plus illimités queles forces affectées sont mini-males. La remise en ordre ac-tuelle consiste à augmenterlégèrement les effectifs en ré-duisant les cibles.

Les Démocrates n’hésitentplus à s’opposer à cette poli-tique à laquelle ils apportèrentpourtant leur soutien à quelquesexceptions. Ils sont d’autant plusdéterminés qu’ils sont impuis-sants à l’arrêter, le Présidentexerçant ses prérogatives exclu-sives de Chef des Armées.

Au-delà des considérationsmilitaires, subsiste l’idéologie.Les "erreurs" assumées parl’hôte de la Maison Blanche nesont pas seulement tactiques.Elles sont aussi fondamentales: peut-on, comme il le proclame,faire dépendre de la bataille deBagdad le sort de la guerreglobale contre la terreur et lasécurité des Etats-Unis ? Espé-rons que nous n’en sommes pasarrivés à ce point. Le présidentBush qualifie cette guerre de"lutte idéologique décisive pournotre temps". Là est bien leproblème. �

IRAK par Yves LA MARCK

La bataille de Bagdad

4 FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007

Les erreurs assumées par l’hôte de la MaisonBlanche ne sont pas seulement tactiques(

Dans le scepticisme général, le président Bush a assigné

aux renforts américains la reconquête de Bagdad. Il a moins

surpris en promettant aussi du sang et des larmes.

L

ACTUALITE

’est une longue séried’escarmouches qui apris fin le 14 janvier.Au sein de la majoritéprésidentielle, les diri-

geants proches de JacquesChirac multipliaient les déclara-tions agaçantes pour NicolasSarkozy et la menace de candi-datures hostiles pesait sur leprésident de l’UMP.

Dominique de Villepin étantdans l’embarras depuis sa défaitedans la bataille du CPE, c’estMichèle Alliot-Marie qui étaitallée le plus loin dans l’es-quisse de l’esquisse d’une can-didature inspirée par lesprincipes d’un gaullisme ortho-doxe. Mais le ministre de laDéfense a fini par annoncerqu’elle voterait pour NicolasSarkozy. Jean-Pierre Raffarinet Alain Juppé se sont eux aussiralliés.

Seul Nicolas Dupont-Ai-gnan, député UMP et présidentde l’association Debout la Ré-publique, a annoncé qu’il quit-tait sa formation politique etconfirmé qu’il était candidat àla présidence sur des thèmes"gaullistes et républicains". Parailleurs, Dominique de Villepinet Jean-Louis Debré n’avaientpas pris part au vote des adhé-rents et n’ont fait qu’une courteapparition au Palais des congrès.

Les prises de distances phy-siques et les restrictions menta-les n’ont diminué en rien letriomphe de Nicolas Sarkozy. AParis, dans l’immense salle de laPorte de Versailles, des dizainesde milliers de militants de l’UMPont acclamé leur président… qui

quittait ses fonctions. Désignépar vote, Nicolas Sarkozy a re-cueilli 69,06% des voix desinscrits et 98,1% des suffragesexprimés. Dès lors, il a vocationà réunir des électeurs au-delà deson parti afin d’apparaîtrecomme celui qui est digne dedevenir le président de tous lesFrançais.

De fait, dans le discours delancement de sa campagne,Nicolas Sarkozy a parlé le lan-gage du rassemblement natio-nal tout en s’adressant avanttout à la droite qu’il entendréunir. A droite et à gauche, c’estune démarche classique au début

d’une campagne présidentielle :on cherche à fédérer son camppour le premier tour et on sedéplace vers le centre pour rem-porter la bataille finale.

De manière tout aussi clas-sique, Nicolas Sarkozy a célébré"la France de Saint Louis et cellede Carnot, celle des croisades etcelle de Valmy, celle de Pascal etcelle de Voltaire, celle des cathé-

drales et celle de l’Encyclopédie"mais aussi la "France des tra-vailleurs" qui ne se reconnais-sent pas dans la "gaucheimmobile". Nicolas Sarkozy achangé – il l’a déclaré à plusieursreprises – montrant qu’il sepréoccupait des délocalisations

et qu’il ne partageait pas lesthèses atlantistes.

Le Parti socialiste, qui a dif-fusé une masse considérable debrochures fustigeant l’idéologienéo-conservatrice et les posi-tions bushistes de Nicolas Sar-kozy, en est pour ses frais.

Après avoir affirmé qu’il nerejetait personne et qu’il voulaitfaire l’unité du pays par sa re-naissance, le candidat a déve-loppé les principaux éléments deson programme : restauration del’autorité à l’école, maîtrise del’immigration, service minimumen cas de grève et vote à bulle-tin secret pour décider des arrêtsde travail, mise à égalité des ré-

gimes spéciaux, baisse des im-pôts, droit au logement quiimplique construction de lo-gements ("sinon la Ré-publique est virtuelle") afinque plus personne ne dormedans la rue, "sécurisation" desparcours professionnels, aug-mentation du pouvoir d’achat- et le plein emploi commeobjectif.

Ces thèmes, parmi beaucoupd’autres, seront explicités au

cours d’une campagne. Elle seferait dans la pleine allégresses’il ne planait pas l’ombre deJacques Chirac, qui n’a pas en-voyé de message au congrès del’UMP. Mais, porte de Versailles,personne ne croyait encore quecelui qui est toujours présidentde la République aura l’audacede se présenter. �

PRESIDENTIELLE

Le sacre de Sarkozypar Alice TULLE

Nicolas Sarkozy a recueilli 69,06% des voix des inscrits et 98,1% des suffrages exprimés

(

FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007 5

Le ministre de l’Intérieur a été triomphalement désigné par son parti

comme candidat à la présidentielle. Malgré l’attitude réservée du Premier ministre,

l’unité de l’ancienne majorité chiraquienne semble complètement assurée.

C

ACTUALITE

a planète bioéthique esten ébullition. La revueinternationale Nature arévélé le 7 janvier qu’onavait découvert que le

liquide amniotique contenait 1%de cellules-souches embryon-naires. L’utilisation de ces cel-lules convoitées pourrait-elle neplus encourir la réprobation del’Eglise ? Le cardinal Barraganvoit en effet un "pas en avanttrès significatif et éthiquementadmissible" dans une découverte"qui ne porte pas atteinte à lavie". Le président du Conseilpontifical pour la pastorale de lasanté précise : "l’Eglise n’est pasobscurantiste, elle est toujoursprête à accueillir les vrais progrèsscientifiques".

Jusque-là, l’utilisation decellules souches embryonnairesimpliquait au moins l’instru-mentalisation de l’embryon (crééin vitro) et, au pire, sa destruc-tion au cours du processus derecherche. Certes des scienti-fiques ont affirmé, en 2006, avoirréussi à prélever des cellules del’embryon sans le détruire, maiscette solution ne pouvait satis-faire l’Eglise. Elle n’encourageaitdonc que les recherches sur lescellules-souches adultes, qui ontd’ailleurs fait la preuve de leurutilité. Mais comme l’explique lecardinal Barragan sur RadioVatican, la nouvelle publicationchange la donne : "Si pourextraire une quantité de liquideamniotique, on ne met pas endifficulté ou en danger le don-

neur (…), je pense qu’il n’y aaucun problème." S’exprimant"au conditionnel" pour s’en re-mettre aux scientifiques, le car-dinal préciseque l’hommepeut "domi-ner [la terre],non commeun maîtreabsolu, maiscomme ‘sei-gneur’, c’est-à-dire en faisanten sorte que lacréation pro-

gresse grâce à lui, et ne régressepas."

Cette occasion de rappro-chement entre certains cher-cheurs et l’Eglise intervient alorsque les controverses éthiques semultiplient autour de l’embryon.En Grande-Bretagne, la commu-

nauté scientifique – qu’on saittrès matérialiste – est en émoi :l’organe de régulation bioéthiqueest en passe d’interdire la créa-

tion d’embryons hybrides,combinant du matériel géné-

tique humain et animal,après qu’une équipe a

prétendu entreprendre detelles recherches. Aux Etats-Unis, des parlementaires démo-crates tentent, à la faveur desrésultats des dernières élec-

tions, de faire voter unprojet de loi prévoyantde mettre fin à l’inter-diction des finance-ments publics de larecherche sur les cel-lules souches embryon-naires. En France, le

décret autorisant les "bébé-médicaments" a été publié le 23décembre. Il étend la pratiquedu diagnostic préimplantatoire(DPI) permettant d’effectuer surl’embryon un "double DPI" qu’ilprétend "expérimental" et "stric-tement encadré", comme à

chaque fois qu’on légalise unetransgression. Le premierdiagnostic vise à éviter dedonner naissance à un enfantporteur de l’anomalie génétiquequi frappe une famille. Le secondpermet de choisir, parmi lesembryons indemnes, celui quiserait "donneur compatible" poursoigner son aîné. Contestée àl’époque du vote de la loi du 6août 2004, cette notion de "bébémédicament", outre son carac-tère eugéniste, occulte lesrisques de trouble psycholo-giques pour les enfants concer-nés.

Depuis la révélation des su-percheries du professeur coréenHwang, la suspicion règne dansla course planétaire au trésorembryonnaire. Effets d’annonce,publications, rétractations… avecdes mobiles financiers en toilede fond. Les journalistes spécia-lisés hésitent à se fier aux publi-cations emblématiques commela revue Nature, prise en défautà plusieurs reprises. Après larévélation des travaux de l’é-quipe qui affirmait réussir àprélever des cellules sur l’em-bryon sans le détruire, ils ontsuccessivement remis en causeet requalifié la découverte…

Dans le contexte pré-élec-toral, les chercheurs françaistentent néanmoins d’obtenirdeux "avancées" : l’extension desautorisations sur la rechercheembryonnaire et la légalisationdu clonage à visée thérapeu-tique. La droite libérale commela gauche libertaire pourraientles leur offrir, sans attendre lesrévisions des lois bioéthiquesprévues en 2009. Pour légitimercette escalade, aucun argumentéthique, ni même thérapeutique.La "concurrence scientifique" at-tise une frénésie mondiale. �

CELLULES-SOUCHES par Tugdual DERVILLE

Fièvre embryonnaire

Dans le contexte pré-électoral, les chercheursfrançais cherchent à obtenir deux avancées(

Nouvelle frontière de l’humanité, les cellules souches

embryonnaires sont l’enjeu d’une compétition effrénée, et

anarchique. Qui régulera la conquête de l’eldorado biologique ?

L

6 FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007

22, rue Paul Thénard, 21000 Dijon

ne fois terminé le conseil plénier de Ma-dagascar, je suis rentré à Paris le 14 no-vembre et le soir même de mon arrivée,je m’envolais pour la Nouvelle-Calédonie, pays mythique pour moi dontj’ai beaucoup entendu parler du fait de

mes origines foreziennes. Mon village natal, sur le ver-sant des monts du Livradois, est situé à 20 km de laForie, pays natal de Mgr Douarre, fondateur de l’Eglisedans ce pays et dont l’un des arrière-petits-neveux, unami, l’abbé Joseph Douarre, fut curé de Saint-Anthème, et sur le versant des monts du Forez, il setrouve à 40 km de Marlhes, pays natal de saint Mar-cellin Champagnat, fondateur des Maristes qui ontévangélisé l’Océanie. Aussi, ces noms ne m’étaient pasétrangers d’autant plus que deux évêques originairesde Marlhes, feu Mgr Brunon et Mgr Riocreux m’a-vaient déjà souvent fait le panégyrique de nos gloireslocales ! Mais, sur place, beaucoup plus que la lecturede la biographie des fondateurs, mes deux confrèresM.E.P. rencontrés à Thio et à Canala, le Père JeanKermarrec et le Père Henri Radelet m’ont impressionnépar leur vie au service de la mission, au service duSeigneur qui garde les plus vigoureux et leur fait tra-verser les persécutions en Chine puis au Vietnamavant de les conduire à 22000 km de la métropolepour annoncer le Christ aux tribus mélanésiennesentre montagne et océan Pacifique. Jean et Henri ontécrit de belles pages missionnaires ! Expulsés de Chineen 1952, du Nord Vietnam en 1954 (Henri Radelet), duSud Vietnam en 1975 (tous les deux), ils ont rejoint laNouvelle-Calédonie et ne sont pas rentrés en Francedepuis 1976 !

Le Seigneur accomplit des merveilles jusqu’à ladernière heure chez ceux qui ont dit "oui" une bonnefois pour toutes à l’appel des lointains pour que lefrère éloigné devienne le prochain qu’il faut aimer !

Curé de Thio depuis vingt ans, le Père Jean Ker-marrec souligne que l’Eglise est l’image du Christ, son

TEMOIGNAGE

8 FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007

On oppose, trop souvent, les vieilles

intuitions missionnaires aux “réalités

nouvelles” de l’Eglise. Aux Missions

Etrangères de Paris, on est à la fois

détenteur du patrimoine spirituel

énorme de générations de

missionnaires qui ont donné toute

leur vie au Seigneur et dont certains

continuent de le faire, et on mise

aussi sur la générosité, parfois moins

assurée, de jeunes gens d’aujourd’hui.

Le Père Georges Colomb est

responsable de la bonne coordination

des deux. Il visite les missionnaires

des “MEP” du monde entier, et il

envoie de jeunes coopérants pour la

mission. Son témoignage sur les

premiers ne peut qu’inciter les

seconds à y aller voir sur place.

Voici les fortes paroles

qu’il a recueillies auprès

d’un vieux missionnaire en poste

en Nouvelle-Calédonie,

le père Kermarrec.

Impressionnant !

par le Père Georges COLOMB

U

Le secretdu bonheur

missionnaire

clocher est un doigt dressé vers le ciel et c’est la mai-son de tous ! J’ai eu la joie de célébrer la messe avecJean le dimanche 19 novembre. Notre célébrationétait accompagnée des chants des Mélanésiens, desWallisiens, des Futuniens, sa paroisse mérite bien lenom de Thio la mélodieuse !

Je sais ce que je dirai aux jeunes qui viennent meparler de l’avancée de leurs travaux, de leurs études demarketing, d’informatique de comptabilité, d’agrono-mie ou de littérature et qui cherchent un sens à leurvie, une façon de faire don de leur vie au Seigneur enpartant avec nous, je leur dirai : allez voir ceux quiaiment la vie, qui sourient, qui ont pardonné, qui ser-vent dans la durée ! Allez voir des hommes heureux,vous leur direz ce que vous voulez vivre, vous leurmontrerez ce que vous savez faire, ils vous montrerontle chemin de la fidélité !

� Père Kermarrec, pourquoi êtes-vous parti en mission ?

Parler de sa vocation est toujours délicat, c’est unsecret, c’est comme si on demandait à des amoureuxpourquoi ils s’aiment. J’ai découvert ma vocation àl’âge de 10 ans en colonie de vacances, je m’étaisblessé, j’avais mal au bras et je ne pouvais pas dormir.Un copain vint me trouver pendant la nuit et me dit"tu ne dors pas, pourquoi pleures-tu?". Je lui répondis"Je pense à ma mère, je veux partir". Il me dit : "Viensavec moi te promener dehors, je te montrerai un pay-sage en bord de mer. Le surveillant dort, viens !" Face

à la mer tout était d’une couleur blanc argent, lesbateaux partaient pour la pêche, j’oubliais mon mal,ma fièvre. Je me contentais de la vue de ce paysagemagnifique, les petits bateaux, les rochers. C’est à cemoment-là, de façon inexplicable que j’ai dit "Jésus,par amour pour toi, je partirai plus loin que ces petitsbateaux qui reviendront demain matin, moi je partiraipour toi et je ne reviendrai pas". Aller loin pour moi,enfant de 10 ans, c’était partir en Chine, il se trouveque ma première mission fut la Chine et maintenant àplus de 80 ans, je reviens à cet acte d’amour d’enfant"pour toi, Jésus, je partirai !". Ma vocation n’est pas lefruit de grands discours, de grands raisonnements. Jen’ai pas eu de grands tourments, pas eu de doutes, jereste avec cette affirmation d’enfant de 10 ans "Sei-gneur, je partirai pour toi !" Je n’ai connu que la ten-dresse de Dieu, Jésus est entré dans ma vie cette nuit-là, j’expérimente maintenant que la vocation est undon reçu. Certains ont dû combattre, rompre avec unefiancée, partir de chez eux avec la malédiction deleurs parents. Pour moi ce fut enfantin ! Cette affir-mation "Pour toi, je partirai", reste encore comme si jel’avais dite la nuit dernière et chaque jour je pars. Unacte d’amour centré sur le départ, c’est une belleexpérience.

� Pour quelle mission êtes-vous parti ?

Je suis parti en Chine avec le Père Antoine Palliersur le Maréchal Foch. Nous avons quitté Marseille au

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NouvelleCalédonie

© M

EP

“Jésus,par amourpour toi,je partiraiet je nereviendraipas.”

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TEMOIGNAGEdébut octobre 1949. Nous sommes passés par LeCaire, Colombo et sommes arrivés à Haiphong auVietnam où les dominicains nous ont accueillis. C’estlà que j’appris la proclamation de la République Po-pulaire par Mao et les pères dominicains me dirent"vous êtes fou de partir en Chine !". J’étais envoyé àPakhoï (Bei Hai en mandarin), je devais partir ! Fautede bateau, ce fut sur une jonque que je pris la mer lejour de la fête desSaints Anges gardiensle 2 novembre. Lesmarins chinois medirent qu’elle n’étaitpas très solide et quece serait son derniervoyage, ce n’était pasrassurant ! De fait,nous avons été prispar une tempête etj’ai bien pensé que mafin approchait, nousavons trouvé refugedans un recoin de lamagnifique baied’Along et nous avonspatienté pendant troisjours, je suis enfinarrivé à Pakhoï oùm’attendaient le PèreCotto, le Père Mo-deste Duval, le Père Thouvenin. J’ai étudié le cantonaispendant trois ans, mais ce fut dans des conditionsspéciales consécutives au changement de régime enChine puisque pendant trois ans nous fûmes placés enrésidence surveillée !

Il y avait deux fléaux dans la société chinoiseavant l’arrivée des communistes : les bandits et l’éli-mination des petites filles, l’arrivée des communistesfut le troisième fléau ! La mission de Pakhoi recueillaitde nombreuses petites filles abandonnées. Ces enfantsqui avaient souffert du froid, de chocs, de malnutritionavant leur arrivée chez les sœurs avaient peu de chan-ces de survivre, la mortalité infantile était importante.

Un jour, en 1952, un chef communiste venu dePékin réunit les pères, les sœurs, confisqua nos papiersd’identité, frappa du poing sur la table et nous dit :"Vous êtes de grands criminels, vous avez tué 20000petits enfants !" Le Père Cotto l’interpella : "Prouveznous que nous avons tué ces enfants ?". - "Nous n’a-vons pas besoin de la parole des étrangers, le peuplejugera, vous allez déterrer les crânes des enfants".C’est ce que nous avons fait pendant 12 jours (le PèreCotto, le Père Thouvenin, le Père Duval, le Père Pallier,le Père Kermarrec et les sœurs missionnaires de MarieImmaculée) !

Tout était orchestré, des pancartes indiquaient lelieu où les crânes étaient entreposés, les habitants desvillages étaient convoqués et l’on excitait la foule :"Regardez ce que les diables d’étrangers font enChine". Le matin vers 8 heures, les soldats venaient

nous chercher pour ce travail macabre et le soir nousramenions les crânes au bureau de police.

Le policier venu de Pékin avait droit de vie et demort un peu partout. Sur le tertre où nous travaillions,il était devant nous en présence des soldats et de lafoule. Mon professeur de chinois me disait : "Il y atrois fléaux en Chine : le feu, l’eau et la foule". Le chefprit un ver de terre, le montra à la foule et cria dans le

micro : "Comme j’é-crase ce ver avecma botte, ainsi nousdevons écraser cesdiables d’étrangersen Chine", la foulese mit à hurler ! LePère Cotto qui étaità côté de moi danscette tranchée nousavait passé la consi-gne du silence,cependant il rompitle silence aprèscette exclamationdu chef de police etlui dit ce proverbechinois : "Tu es sem-blable au chasseurqui se moque dutigre pris au piège".Un soldat frappa

notre confrère qui tomba face contre terre. Les soldatsle prirent par les pieds et les bras et l’emmenèrent. Lelendemain, je dis à notre gardien qui, depuis trois ans,était en permanence avec nous, nuit et jour y comprispendant les repas : "Je voudrais une permission pouraller voir mon confrère qui est tombé hier", il memontra du doigt la résidence de son chef et s’y renditlui-même pour présenter ma requête et moi, voyant laporte ouverte, sans réfléchir, je me suis mis à courirjusqu’au presbytère. Les soldats, bouche bée, mevoyant arriver ne me demandèrent rien et me laissè-rent passer. Le Père Cotto était allongé, il tremblait,avait les paupières enflées. J’ai pensé qu’il avait le pa-lu. Il se leva péniblement appuyé sur un bâton et medit : "Je vais avec vous, tenez-moi, je m’appuie survous". - "Père, pourquoi faites-vous du zèle ?, lui dis-je". - "Montrons leur qu’un chrétien peut faire un tra-vail forcé avec un cœur libre, seul, sous les huées de lafoule !" Ainsi, comme Notre Seigneur et Simon leCyrénéen, nos deux confrères portèrent leur croix !

En fait, il n’y eut pas de jugement populaire, nousavons été expulsés vers Hong Kong. Nous étions dansune grande paix, sans aucun sentiment de haineenvers la foule ou les policiers, nous avons fait l’expé-rience que la paix est un don de Jésus. Dans cesinstants de violence, nous sommes restés des hommeslibres ou plutôt nous le sommes devenus !

A Hong Kong où j’ai servi pendant une année, cefut pour moi une autre aventure, quelle découverte :cette imprimerie unique au monde que la Société des

Nous avonsfaitl’expérienceque la paixest un donde Jésus

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Missions Etrangères gérait et qui permettait de four-nir des livres dans toutes les langues des pays d’Asie.Avec les moyens de l’époque, il fallait le faire ! Génieet grands moyens mis ensemble pour le service de lacatéchèse, de la liturgie, bref de l’évangélisation !

� Père Kermarrec, qu’avez-vous fait au Vietnam ?

De 1953 à 1975, je fus envoyé parmi les tribus deshauts plateaux, chez les Kohos, j’ai appris leur dialecteet j’ai pu être reçu dans leurs cases. Quand on connaîtla langue de l’autre, on est reçu comme un frère, onn’est plus un étranger. Il faut toute une vie de mis-sionnaire pour apprendre une langue, surtout lorsquenous n’avions pas de méthode, pas de livre. J’ai apprisavec le Père Boutary qui fut un maître pour moi.

Les Kohos sont des tribus animistes dont le culteest basé sur le sacrifice du buffle. On offre le sang desbêtes pour apaiser la colère des génies, les génies d’enhaut (lune, soleil, étoiles, arc en ciel, tonnerre) et ceuxd’en bas (les petits génies qui rôdent dans les rizières,dans la forêt). J’ai cherché s’il existait un bon génieque l’on pouvait remercier. Un Koho m’a dit : "Pour-quoi chercher un bon génie ? Ce qui nous intéresse cesont ces petits génies qui nous font peur ! Le génie del’arc-en-ciel nous fait peur, lorsque nous le voyons,nous faisons demi-tour".

La grande attente de ces gens, c’était un géniebon... tellement bon qu’il a été crucifié, qu’il a donnéson sang, ce n’est plus le sang des bêtes. La croix du

Christ n’est pas un obstacle, certains prétendent qu’ilfaut une longue préparation pour parler de la croix, cen’est pas vrai, moi j’ai commencé en parlant de lacroix, sacrifice de ce génie infiniment bon. De mêmeque les enfants sont attirés par la croix, ces païensétaient attirés par elle. La croix ne fait pas peur, elleparle au cœur des hommes !

A Dalat, près de la montagne de Lang-biang, lesKohos entendaient parler du Christ pour la premièrefois. Pour un missionnaire, la première annonce de l’é-vangile est quelque chose de merveilleux ! L’orga-nisation sociale de cette tribu repose sur le matriar-cat ; plus il y a de filles, plus la famille est riche, c’estla fille cadette qui a le pouvoir, qui possède, qui parle.

Jésus demanda à Pierre : "Pierre, m’aimes-tu ?", laparole, le pouvoir sont donnés à Pierre parce qu’ilaime, non parce qu’il possède ! Avec la croix, la ViergeMarie prend la première place, elle est mère, femmearrivée à la perfection, elle ouvre le chemin vers Jésus,vers l’Eucharistie et cette tribu matriarcale compritrapidement la place de Marie au pied de la croix,Marie, mère du Christ, mère de l’Eglise, mère deshommes !

� Avez-vous été aussi bien reçu en Nouvelle-Calédonie ?

"J’étais étranger, dit Jésus et vous m’avez reçu"...Ici en Calédonie depuis janvier 1976, je suis reçucomme un étranger, c’est une autre approche de lamission. Il y a trop de tribus, trop de dialectes, je

TEMOIGNAGE

La grandeattente deces gens,c’était ungénie bon...

m’exprime donc en français qui est la langue de com-munion en quelque sorte, mais je n’ai pas la joie departager de la même manière qu’en Chine ou auVietnam. Aux M.E.P. on n’est pas habitué à cela.

Cependant, dans le monde mélanésien, ce qui mefrappe, c’est la spontanéité, la confiance, il faut savoirsaisir l’instant qui passe, sans certitude pour l’avenir,sans programme, accueillir l’imprévu.

Ici, il n’y a pas de confitures, pas de salaisons, pasde conserves, pas de greniers. Les gens se contententdu jour qui passe. Ils vont à la pêche et remettent àl’eau les poissons dont ils n’ont pas besoin. Leurs ex-pressions populaires : "Ne te casse pas la tête, laissecouler", cela me rappelle des pages d’évangile :"Regardez les oiseaux du ciel, les lys des champs… !"

"Ne mettez aucun zèle, n’avancez aucun argumentpour convaincre ces peuples de changer leurs rites,leurs coutumes et leurs mœurs, à moins qu’elles nesoient évidemment contraires à la religion et à lamorale. Quoi de plus absurde que de transporter chezles Chinois la France, l’Espagne, l’Italie ou quelqueautre pays d’Europe ! N’introduisez pas chez eux nospays, mais la foi…. Ne mettez donc jamais en parallèleles usages de ces peuples avec ceux de l’Europe : bienau contraire, empressez-vous de vous y habituer."(Instruction de 1659 remise par le Pape Alexandre VIIaux premiers évêques missionnaires, Mgr Pierre Lam-bert de la Motte et Mgr François Pallu, principaux fon-dateurs des Missions Etrangères de Paris).

Ce qu’il y a d’original dans leurs traditions, commechez les autres ethnies du Pacifique, c’est la coutume,il faut faire la coutume, c’est un moyen de rencontreentre tribus, la coutume c’est la façon de respecterl’autre, son attachement à la terre. Les gens disent :"Je suis de Borendi, de Thio". Ils ne disent pas leurnom, ils mentionnent leur terre et c’est essentiel.

Il faut laisser sa voiture, son cheval parce qu’il neconvient pas d’arriver comme un chef qui vient se pré-senter à un autre chef, il faut venir petitement, hum-blement. On offre au chef de tribu un morceau detissu qu’on appelle un manou sur lequel on pose uneboîte d’allumettes qui représente le feu mais aussi lafemme donnée en mariage et qui rejoint une autre tri-bu, la femme est symbole de lumière offerte qui allu-mera le feu, qui sera la lumière quand on visitera cettetribu, c’est une belle image ! Quelques pièces de mon-naie, un peu de tabac sont donnés en offrande, celareprésente le superflu, la joie de vivre, c’est la fête ettout cela est aux pieds du chef ou de son représentant.Ce geste exprime le respect pour cette chefferie, cetteterre sur laquelle je souhaite poser ma tente, et jeconclus par un souhait : "Je souhaite prospérité etbonheur a votre terre".

La coutume a libéré les indigènes qui sont autour,qui observent, elle va libérer la parole, vous pourrezparler aux gens et à votre départ, vous recevrez descadeaux. La coutume est accueil et rencontre, elle sepratique encore, à l’occasion d’un décès, on refait lelien. Le manou est fait pour être enroulé autour des

reins, comme un vêtement de travail, de fête. Pour lesfemmes c’est une jupe, pour les hommes un tablier.C’est un tissu d’alliance à l’occasion d’un mariage, cemanou noué à d’autres, fait un grand cercle qui vaceinturer la femme, elle est prise avec ceux qui sontdans ce cercle comme un signe d’alliance, comme unrapt qui est mimé, c’est une fête très joyeuse !

Pour que la coutume soit parfaite, il faut un autregeste : celui de la personne qui va recueillir, toucherl’offrande, la retourner. Autrefois, on faisait attentionde ne pas recevoir comme cadeau un geste agressif.Au temps des guerres tribales, une dent de chien in-crustée dans une igname, un couteau, une pierre defronde suffisaient pour la déclaration de guerre. Unefois que ce rite du toucher est fait, le chef ou sonreprésentant dira : "Vous pouvez rester chez nous,vous êtes ici le bienvenu, vous pouvez dresser votretente, chasser, pêcher, la tribu vous accueille et vousprotège".

Si la parole du chef est un refus de l’offrande, il n’ya pas d’alliance et vous devez partir. Si vous êtes venude façon agressive, le chef vous dira : "Nous sommesprêts pour la guerre, nos guerriers sont prêts !".

Un jour, j’allais de Thio à Borendi pour célébrer lamesse à 9 heures et en partant de Thio, une land-roveravec quatre hommes me suivait, j’arrive à l’heure pré-vue pour la messe, les quatre étrangers étaient der-rière moi. Après la messe, ces quatre personnes bienhabillées, de type indien des Etats-Unis restent là surplace. Je les salue et parle avec les chrétiens, ils seprésentent et disent : "Nous sommes des chercheursd’or, nous venons d’Australie, nous avons un permis del’administration française pour explorer dans le creek(petite rivière qui devient torrent), à sec, on peut cher-cher des pierres, de l’or. Nous venons pour faire la cou-tume, nous sommes déjà venus sans faire la coutume,mais on nous a dit que toutes les autorisations admi-nistratives, tous les tampons ne valent rien, ce quicompte c’est la coutume". Ils avaient fait une faute enoubliant de faire d’abord la coutume et ils attendirentplusieurs heures avant que quelqu’un les approche(stratégie de la tribu pour faire sentir à ces étrangersqu’ils avaient fait une faute). La parole, les rites ontune importance capitale ici !

� Pourquoi n’êtes-vous pas rentré en France depuis 30ans ?

Parce que j’aime Jésus et qu’il ne m’a pas demandéde rentrer ! Ce n’est pas difficile, c’est facile, aimerc’est une tendresse. C’est une expérience qui me com-ble de bonheur, je suis rempli de la paix du Christ quiest présente ici, alors pourquoi rentrer en Bretagne ?

La mission, c’est l’amour, il en est de même de lavocation, de l’Eglise. C’est simple comme l’est la ren-contre de Jésus et d’un enfant et, à la fin de ma vie,j’en reviens à cet acte d’amour de mon enfance. Aimeet fais ce que tu veux, nous dit saint Augustin ! �

TEMOIGNAGE

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Tous lestampons nevalent rien,ce quicompte, c’estla coutume

© Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris

FRANCE CATHOLIQUE à suivre...

Avec Jean-Paul II et Benoît XVILe Vent de l'Histoire

Avec Jean-Paul II et Benoît XVILe Vent de l'Histoire

par Dominique Bar,Guy Lehideux

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En mémoire des jours

ls étaient 40 000, venusde toute l’Europe, et prin-cipalement bien sûr, de la

Croatie. Puisque c’était dansce pays que la communautéde Taizé avait choisi de faireétape, dans ce grand pèleri-nage de la confiance, quin’est pas le moindre événe-ment de cette fin d’année, oùTaizé donnait rendez-vous àla jeunesse de notre vieuxmonde, dans ce qui est un pè-lerinage, au sens fort du mot.

Ce n’est d’ailleurs pas sidifférent de ce qui se passesur une colline de Bourgogne,où les jeunes convergent dumême pas au long des années.

Le choix de Zagreb étaitlourd de symbole. Dans cesmêmes lieux, l’Europe déchi-rée avait une fois de plus cédéà ses vieux démons. La guerre,à nouveau, était passée par là.Elle ne laissait que cendres etmalheurs derrière elle.

A la vue de cette jeunessequi se pressait à Zagreb, on nepouvait s’empêcher de faire lerapport. La plupart de ces jeu-nes avaient assez vécu pourse souvenir de ces temps dehonte.

La roue de l ’histoire aheureusement tourné. Elleétait cette semaine en pro-fond accord avec ces frères deTaizé, dont la foi soulève desmontagnes, comme annoncépar l’Evangile, qui était à Za-greb la feuille de route decette communauté dont onpourrait croire qu’elle est néede ce matin.

Comme tout ce qui vientdu souffle de l’Evangile, de ceVerbe de Dieu, dont l’apôtrenous assure qu’il était aucommencement du monde. Cemouvement ne sait dire quel’amour.

Pour l’essentiel, le mes-sage de Zagreb ne dit riend’autre. Frère Roger, qui fut àl’origine de la communauté,et en est resté l’inspirateurjusqu’au bout, ne se lassaitpas de le redire à ces foulesqui peuplent chaque fin d’an-née l’une ou l’autre des gran-des métropoles de l’Europe,où les saisons soudain bous-culent nos calendriers.

Cette année, c’était leprintemps en hiver à Zagreb.A ceci près qu’il fallait encoreles affronter ces froidures qui,elles, étaient bien de saison.

Aucun de ces 40 000 jeu-nes ne courait le risque, biensûr, de se retrouver dans larue. Toutes les paroisses de laville et alentours, s’étaient eneffet mobilisées, pour ac-cueillir cette jeunesse qui setrouvait comme chez elle àZagreb, malgré les inévitablesdifficultés de la langue. Lelangage du cœur suppléait ànos savoirs en ce domaine. Etles chants de Taizé n’avaientnul besoin d’être traduits.

Le seul problème de cestrois jours à Zagreb, ce fut depasser trop vite. Il est ainsides moments, où l’on voudraitarrêter le cours du temps. Cen’était pas évidemment lepropos de ces jeunes, qui n’a-vaient pas fait le dépla-cement, pour en rapporterseulement une provision desouvenirs.

C’était à l’écoute d’uneparole, qu’ils étaient là.Comme les disciples des pre-miers jours, ils vivaient cesinstants pour ce qu’ils é-taient : un bonheur de croire,tout simplement. Sans craintede le faire, au besoin d’unevoix multiple. Ce fut le cas, ences jours où le grand Mufti deZagreb, et le Rabbin de cettemême ville, acceptèrent de sejoindre à cette communautéde croyants, qui avaient lecœur assez grand pour ac-cueillir la foi des autres.

On est bien là d’ailleurs aucœur de ce qui fait le spéci-fique de Taizé, une foi grandecomme le monde et assuréed’elle-même. Dans une humi-lité qui est au secret de cettecommunauté, et qui n’a pasbesoin d’élever la voix pour sefaire entendre. Jusque dansces lointains du monde, oùdes frères en petites commu-nautés au long des années, setiennent comme à Calcuttaou au Bangladesh, où le chris-tianisme a la part modeste, aupoint de passer inaperçu par-fois.

Le thème de la lettre deCalcutta aux 10 000 jeunesqui s’étaient retrouvés là-basce dernier automne, fut reprislonguement à Zagreb : choisir

d’aimer, c’est choisir l’es-pérance. D’une voix qui venaitdes profondeurs de l’être,frère Aloïs donnait corps àl’espérance qu’il annonçait.

En conclusion de cettelettre de Calcutta, frère Aloïscite le pasteur Dietrich Bon-hoeffer, témoin s’il en estpour ce temps. Juste avantd'être pendu par les nazis, le 9avril 1945, il écrivait, s’a-dressant à Dieu : “Je ne com-prends pas tes voies, mais toitu connais le chemin pourmoi.” �

mpuissance des mots,quand soudain il fautassumer la peine d’autrui.

Une femme vient de perdreson mari au terme d’une lon-gue épreuve : quatre ans, où ilfallut de jour comme de nuitse tenir de veille auprès de cethomme qui avait été et de-meurait amour de toute unevie.

Le malheur qui l ’avaitfrappé lui enlevait toute indé-pendance, jusqu’à l’usage dela parole. Quand on apprendces choses, on ne peut lesrecevoir qu’en silence. Et enpleurs, pour peu qu’il nousreste une réserve de larmes.

Que dire à cette femme,qui fut notre amie, devant cequi lui arrive ? Comme un jource sera le cas pour nous-mêmes. La prière elle-mêmese fait humble. Si prochesqu’on ait pu être, on se re-trouve comme à distance.

Que peut-il nous restermalgré tout, si ce n’est l’espé-rance ? �

Bonheur de croire

Parole

Par Robert Masson

ESPRIT

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II

BRESIL

Le programme de la Ve conférencegénérale du CELAM (Conférenceépiscopale latino-américaine) a étéprésenté à Rome 12 janvier. Ce ras-semblement d’évêques aura lieu auBrésil, au sanctuaire de la Vierge Apa-recida, du 13 au 31 mai en présencedu Pape qui effectuera un voyageapostolique dans ce pays à ce moment.

ZF07010905

IRAK

Sa Béatitude Emmanuel III Delly,patriarche de Babylone des Chaldéensa annoncé que le Collège Babel,unique faculté de théologie chrétienneen Irak, ainsi que le grand séminaireSaint-Pierre étaient provisoirementtransférés de Bagdad à Ankawa, (régionirakienne kurde d’Erbil), pour des rai-sons de sécurité. ZF0701100

POLOGNE

La conférence des évêques polonaisa décidé à l’unanimité, le 12 janvierque chacun d’eux se soumettrait à uneprocédure de vérification de son passépersonnel vis-à-vis du communisme.

ZF

PORTUGAL

Le 11 février prochain, les Portugaisauront à se prononcer par référendumsur l’extension de la dépénalisation del’avortement. Le gouvernement socia-liste a présenté à nouveau ce projet quiavait été repoussé en 1998 par uneabstention massive. Selon lui, 18.000Portugaises ont avorté en 2005, notam-ment dans des cliniques françaises.

ZF07010705

PRESSE

L’Osservatore Romano, quotidienfondé en 1861, qui exprime le point devue officiel du Vatican, a confié au bi-mensuel français L’Homme Nouveau ladiffusion de son édition française heb-domadaire.

L'Osservatore Romano / L’Homme Nouveau

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ous ce titre Bernard Lecomte publiait en 1991 un récit à la fois journalistique ethistorique sur le bras de fer entre l’Eglise catholique polonaise et le communisme. Avecl’élection de l’archevêque de Cracovie à la chaire de St-Pierre en 1978, ce bras de fer a

pris une dimension planétaire évidente même pour les observateurs les moins avertis. Peud’historiens contestent aujourd’hui la thèse qui voit dans l’attitude du pape Jean-Paul II undes facteurs déterminants de la chute finale du communisme et de l’unification européennequi s’est parachevée le 1er janvier 2007 avec l’entrée dans l’Union Européenne des deuxderniers pays non soviétiques du feu Pacte de Varsovie, la Bulgarie et la Roumanie. Moins devingt ans après les événements de 1989, la plaie que la conférence de Yalta avait ouverte aucœur de l’Europe et qui, pendant près d’un demi-siècle, a divisé le continent estdéfinitivement cicatrisée, en apparence en tout cas.

Les soubresauts qui ont accompagné la nomination et la démission quasi simultanée deMgr S. Wielgus en tant qu’archevêque de Varsovie montrent – une fois de plus – que lespages d’histoire sont plus difficiles à tourner qu’il n'y paraît à première vue. Depuis 1989,dès le premier gouvernement non-communiste de Tadeusz Mazowiecki, les joutes politiquesde la Pologne ont été dominées par la "décommunisation" de la vie publique, c’est-à-direpar la question de savoir comment devraient être traités les sympathisants et collaborateursde l’ancien régime. Les frères Kaczynski qui gouvernent depuis plus d’un an la Polognedoivent une part importante de leur succès électoral aux promesses de vérificationsystématique du passé communiste de l’establishment politique. En effet, sous la présidencedu post-communiste A. Kwasniewski, les réseaux d’influence issus d’un temps à jamaisrévolu n’ont pas été démantelés et, selon certains, se seraient même consolidés et auraient(re)pris pied dans l’administration, les médias et l’économie. La hantise de ces réseauxoccultes nourrit le fond de commerce populiste et parfois nationaliste du gouvernementactuel que la fragilité parlementaire rend particulièrement vulnérable aux pousséesextrémistes. L’ombre du complot mafieux et du soupçon crypto-communiste plane sur la viepolitique polonaise depuis 1989 mais plus particulièrement depuis les élections de 2005.

Ainsi, une loi votée en toute hâte l’automne dernier exige que l’éventuel passé collabo-rationniste de toute personne prétendant à une fonction officielle fasse objet d’une "vérifi-cation". En substance, il s’agit d’examiner dans une procédure judiciaire les éventuellesinformations figurant dans les archives des diverses polices politiques et qui concernent lapersonne en question. Ainsi, par exemple, l’actuelle vice-premier ministre chargée desdossiers économiques, Mme Z. Gilowska, a été accusée en fin 2005 de collaboration, et elle adû quitter le gouvernement pour y revenir une fois blanchie par le "tribunal de vérification".

La question posée est sérieuse puisqu’elle concerne les personnes encore vivantes qui sontconfrontées souvent en public à des documents certes originaux mais confectionnés dans uncontexte à jamais passé. La véracité des informations qu’ils contiennent est très difficile,voire impossible à certifier à moins d’un travail historique d’envergure. Aussi délicate quesoit cette tâche du point de vue technique, il s’agit aussi d’une quête collective de véritéd’autant plus urgente que le passé communiste s’éloigne chaque jour davantage et devientde moins en mois compréhensible pour ceux qui ne l’ont jamais connu. Le dilemme auquelles pays post-communistes – et pas seulement la Pologne – sont actuellement confrontéstient au risque que la justice rendue au nom de la " vérification " soit parfois sommaire voirepartiale. En effet, sous la pression du temps et des moyens limités, les historiens quilabourent les dossiers des polices politiques déposés à l’Institut de la Mémoire Nationalecréé pour la circonstance travaillent dans une certaine urgence face à un corpusdocumentaire immense mais parfois lacunaire.

Un ouvrage récent publié en 2006 sous les auspices du dit Institut sous le titre évocateurDénonciation Wojtyla analyse, recoupe et contextualise les informations récoltées par les di-vers services policiers sur le séminariste, vicaire, curé évêque et finalement archevêque Woj-tyla. Compte tenu de l’importance emblématique du sujet, ce travail a pu être fait en respec-tant toutes les règles de l’art. La lecture de cet ouvrage montre l’importance de la finesse dudispositif de surveillance de l’Eglise par le pouvoir communiste. Ce sont des milliers – peut-

SLa vérité l’emportera toujours sur le mensonge

par Paul H. DEMBINSKI

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être des dizaines de milliers - d’indicateurs et d’agents traitants qui sont mobilisés à pleintemps pour percer les secrets de l’Eglise polonaise, seule autorité en mesure de faire plier lescommunistes. Les tentatives - parfois réussies - d’infiltration des séminaires, des évêchés,des contacts privés ont été permanents. Tous les moyens étaient bons pour embrigader denouveaux collaborateurs : affaires de mœurs souvent organisées pour la circonstance, lechantage à l’octroi de passeports ou les incitations matérielles. Certains, peu nombreux, sesont laissés prendre dans les filets, mais la majorité du clergé a résisté. Si, pour reprendre laformule de Bernard Lecomte, la vérité a triomphé en dernière analyse du mensongecommuniste c’est grâce à ceux qui ont su dire NON.

Contrairement à l’Etat, l’Eglise polonaise en tant qu’institution continue à avoir beaucoupde réticences à empoigner sa propre "décommunisation". Depuis 1989 elle garde sur laquestion un silence de plus en plus pesant et difficile à justifier alors même que des dis-sensions notoires se dessinent au sein de l’épiscopat. Pourtant, au fur et à mesure queprogressent les travaux historiques, la vérité s’impose, parfois avec violence. Ainsi, en mai2006 un quotidien décrivait, preuves à l’appui, le passé collaborationniste du père M.Czajkowski, professeur de théologie, autorité morale notamment dans le domaine du dia-logue œcuménique et inter-religieux, très en vue parmi les intellectuels chrétiens. Quelquesjours plus tard, il démissionnait de toutes ses charges et avouait - 17 ans après la fin ducommunisme - avoir été informateur durant 24 ans. Tonnerre dans le ciel jusque-là sereindu catholicisme polonais.

D’autres bourrasques allaient suivre. Au printemps 2006, le père T. Isakowicz-Zalewski, unmembre emblématique de l’opposition anticommuniste des années 1980, souvent malmenépar les services secrets, s’apprête à publier un ouvrage basé sur l’étude des dossierspolitiques le concernant. Cet ouvrage met clairement en cause un certain nombre demembres du clergé qui servaient d’indicateurs à l’époque aux services secrets. A l’annoncede cette publication, l’archevêque de Cracovie l’interdit sans autre forme de procès. Ce n’estqu’en décembre 2006 que la hiérarchie fait machine arrière et autorise la publication del’ouvrage sous la seule responsabilité de l’auteur.

Tous ces éléments montrent d’une part l’extrême difficulté mais aussi le besoin urgentqu’ont les pays post-communistes de cicatriser dans la vérité leurs blessures dont certainespassent au cœur des familles d’autres au cœur des institutions aussi respectables quel’Eglise catholique. Le cas de l’ex-archevêque S. Wielgus doit être analysé dans ce contexte.(1) une procédure de nomination qui a omis - selon le communiqué de l’Institut de MémoireNationale - de s’intéresser au dossier de la police secrète ; (2) une commission d’expertsconvoquée en urgence – le 2 janvier - par l’épiscopat et qui conclut à la présence d’élé-ments troublants dans le dossier et transmet ses conclusions séance tenante au Vatican; (3)une demande de pardon de l’intéressé fort maladroite puisque formulée vendredi après-midi, à peine quelques minutes après la prise de la charge de l’archevêque de Varsovie suivie- un peu plus tard - d’une reconnaissance de la collaboration; (4) la réaction immédiated’une partie de l’opinion publique qui, selon un sondage, exprime à près de 50% sa mé-fiance envers le nouveau primat et d’autre part de quelques membres éminents de l’épis-copat qui renoncent à participer à la cérémonie d’intronisation prévue pour dimanche; (5)un gouvernement issu d’une fragile majorité parlementaire, dont l’électorat est viscéra-lement anticommuniste et explicitement catholique.

Indépendamment des qualités personnelles et du passé politique de Mgr Wielgus qu’il nes’agit aucunement de juger ici, de la confiance initiale du Saint-Père et du secret de laconfession, la démission – peu importe qu’elle ait été spontanée ou exigée – a évité unedouble crise : une crise ecclésiale et une crise politique. En effet, le maintien de la nomi-nation risquait d’affaiblir durablement l’Eglise polonaise en affichant au grand jour unedivision profonde de l’épiscopat alors même qu’il peine à trouver une attitude commune enmatière de "décommunisation" interne. Au plan politique, le maintien de la nominationmettait dans l’embarras les frères Kaczynski - et indirectement en péril l’équilibre fragile del’échiquier politique polonais. En effet, ils se seraient trouvés face au dilemme d’unecoexistence avec un primat d’un côté incarnant l’autorité de l’Eglise à laquelle ils adhèrentpleinement mais qui en même temps aurait personnifié un passé politique qu’ils ne cessentde condamner.

Le dénouement in extremis du 7 janvier laisse espérer que l’Eglise a pris une optionrésolue pour que la vérité triomphe une fois de plus, même si elle est douloureuse à ad-mettre. En effet, est-ce vraiment un hasard que l’archevêque de Cracovie Mgr S. Dziwiszaccepte ce lundi matin la démission du curé de la cathédrale du château royal de Wawelaccusé de collaboration ?

Paul H. D.

FORUM DES LECTEURSVœux de nouvel an. Chers tous ! Depuis 37 ansque je suis abonnée, je n’ai jamais été déçue.Votre objectivité me ravit.

Anne-Marie C. (37)

C’est un bien grand plaisir pour moi de vous diremon bien fidèle souvenir et de vous offrir mesvœux et souhaits nombreux et sincères, pourune très bonne année 2007. (…) Ces jours-ci j’aieu l’incroyable surprise de lire toute une pagesur Madagascar. Je ne sais comment vousexprimer ma joie : un vrai cadeau de Noël ! Jeme suis empressée de la faire suivre à nos amisde Tananarive, qui sont tellement fiers de voirleur "Ile" si oubliée, prendre place dans unjournal de France. Croyez à mon admiration pourtout le bien que nous apporte FranceCatholique. Je vous assure de mes prières à vosintentions.

Sœur Marie G. (12)

Réponse à Duquesne (n°3050 du 8 décembre)Jacques Duquesne manque de prudence (…) ilsemble ignorer que les mots au cours des sièclesont changé d’acception ou modifié leur force. Sinous donnons des exemples, "Frère" se ditaujourd’hui de quelqu’un qui nous est cher.

Marius D. (83)

Liturgie (n°3052 du 22 décembre) J’ai lu attentivement ces derniers mois les articlesrelatifs aux débats actuels sur la liturgie et d’unemanière générale, je me retrouve assez bien dansles positions nuancées et équilibrées que vousénoncez dans vos éditoriaux. Je vous écris àpropos du texte "L’heure de Vatican II" (3052,père MG), qui a suscité mon indignation.Comment l’auteur peut-il affirmer que "la liturgieoffre, après la fin des folies d’après 68, lespectacle d’une terne médiocrité où les mauvaises habitudes semblent impossibles àdéraciner" ? (…) Je n’ai pas les moyensd’observer l’ensemble de la vie de l’Eglise enFrance, mais (…) il me semble au contraire,qu’après les flottements, les erreurs et les dérivesqui ont marqué en certains endroits les annéesd’après Vatican II, les célébrations de nosparoisses sont devenues, dans l’ensemble,priantes, belles, et fidèles aux prescriptions de laPrésentation générale du Missel Romain, et ceci,au prix d’un long effort de formation des prêtreset des laïcs organisé par les services diocésainsde liturgie.

Abbé E. B. (44, curé d’une paroisse de 23000 habitants)

J’ai apprécié votre article "L’Heure de Vatican II".Ma femme et moi faisons partie d’une équipe deliturgie qui prépare la célébration d’un dimanchepar mois. Nous sommes donc sensibilisés à toutce qui concerne la liturgie. (…) Mais votre articleest d’un niveau qui n’est pas le nôtre : vous savezde quoi vous parlez, les spécialistes vouscomprennent, mais nous avons besoind’exemples concrets. Parlez-nous, par exemple,de l’offertoire : dites-nous ce à quoi vous avezassisté dans telle ou telle paroisse, dites-nous cequi montre que le sens du concile a été biencompris, et ce qui est une dérive. Ce n’est pasfacile de rendre vivante une célébration sansfaire d’excès ! (…) Soyez concret, donnez desexemples, ce sera pour nous source de réflexionet guide de notre action.

Claude C. (33)

N’hésitez pas à nous écrirePar lettre : France Catholique – 60, rue deFontenay – 93350 Le Plessis-Robinson. Par courriel : [email protected] beaucoup mieux surhttp://fr.groups.yahoo.com/group/france-catholique/

* Paul Dembinski, (52 ans) Polonais d'origine, petit neveu du métropolite André Szeptyckyi, professeur d'économieà l'université de Fribourg et directeur d'Eco-diagnostic (Genève), membre fondateur de "L'Observatoire de laFinance", rédacteur de la revue Finance & Bien Commun (Genève ), expert à l'OCDE, enseigne aussi à Varsovie etCracovie. Auteur de plusieurs ouvrages d'économie (éd. du Seuil), spécialiste de l'Europe de l'Est.

LECTURES3ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Année C

e n'est pas moi, c'est saint Paul qui le dit, ou à peu près (1 Corinthiens12, 29) lorsqu'il souligne que tous ne sont pas "apôtres","prophètes", "chargés d'enseigner"... Il s'agit d'abord pour lui de

marquer les rôles différents qui existent dans l'Eglise et d'éviter lesconflits et les rivalités. Chacun a bien sa mission, mais elle n'est pas lamême pour tout le monde, il ne sert à rien de se comparer et d'envier lerôle exercé par un frère, sous prétexte que ce rôle est plus brillant.

Alors, me direz-vous, tout baptisé n'est-il pas, au titre même de sonbaptême et de sa confirmation, revêtu d'une dignité baptismale, chargéd'offrir sa vie, appelé à témoigner ? Ne sommes-nous pas tous lesmembres d'une Eglise qui aux dires de saint Pierre (1P 2,9) est un peuplesacerdotal, un peuple consacré au Seigneur ? N'est-ce pas un malheur, siun jour on en est venu à restreindre le sacerdoce du Nouveau Testamentaux seuls ministres du culte, créant ainsi une caste cléricale,complètement inconnue de l'Eglise naissante ?

Rien n'est plus faux que d'opposer ce qu'il s'agit d'unir. Il ne fait pasde doute que, dans le Nouveau Testament, le vocabulaire sacerdotals'applique ou bien aux prêtres du Temple de Jérusalem (lessacrificateurs de l'Ancienne Loi), ou bien au Christ lui-même (surtoutdans l'Epître aux Hébreux), ou enfin aux chrétiens revêtus du "sacerdoceroyal" de la Nouvelle Alliance. Pour parler de ceux que nous appelonsles prêtres, on a recours à d'autres mots : "anciens", "enseignants","apôtres". Il était difficile de faire autrement en un temps où existaienttoujours les sacrificateurs du Temple et où les religions païennes avaientelles aussi leurs prêtres.

C'est que le ministre de la Nouvelle Alliance n'est pas d'abord unfonctionnaire du culte, il implante la foi dans la lignée des Apôtres, ilenseigne au nom du Christ, il fonde et structure les communautéschrétiennes. C'est même là son originalité dans le concert des religionsorientales qui se propagent dans l'Empire Romain : le clergé chrétien està la fois missionnaire et sacramentel, il prolonge la mission des Apôtreset en épouse le mode de vie. En lui se retrouve la triple mission qui estcelle même du Seigneur, il est prêtre (offrant l'eucharistie), prophète(propageant la vérité) et roi (responsable de la vie des communautés).

Ceci sans préjudice de la réelle qualité sacerdotale des fidèles baptisés,qui, à leur niveau, reçoivent bien aussi cette triple mission : ils ont à offrirleur vie dans le sacrifice intime de leur volonté (en ce sens ils sont prêtres),ils ont à propager la lumière par leur apostolat auprès des non-croyants (ence sens ils sont prophètes), et à orienter vers le Christ les réalités familialeset professionnelles dont ils ont la charge (en ce sens ils sont rois). A vraidire, ils seront d'autant plus investis de cette mission sacerdotale qu'ilsseront plus unis aux ministres ordonnés que Dieu leur donne. Dansl'Eglise, nous ne vivons pas sous le mode de l'exclusive, comme si lafaveur faite à certains rendait les autres passifs et hors du coup.

C'est même exactement l'inverse : le sacerdoce du prêtre déborde surcelui des fidèles laïcs, c'est lui qui les introduit, par son enseignement,par les sacrements qu'il leur dispense, par l'offrande de sa vie pour eux,dans ce qui est leur dignité propre. En les associant à sa prière, en leurconfiant une part de son apostolat, en faisant appel à eux pour la vie del'Eglise, il leur donne l'occasion de grandir dans la foi, d'exercerd'authentiques responsabilités, de faire une expérience liturgique forte,d'avoir la joie de partager à leur tour la foi autour d'eux, et cela mêmeles aide à réussir les enjeux propres de leur situation dans le monde.

D'où le malheur des nombreuses communautés d'Eglise où le prêtren'est que de passage, coincé dans un dispositif laïc qui fonctionne parlui-même, et de ce fait incapable d'exercer une vraie et durablepaternité. Mais ceci est une autre histoire... �

par le Père Michel GITTON

n'est pas prêtreTout le monde

C

� Vous avez fondé les écoles d´adoration.De quoi s´agit-il ?

Il s’agit d´une initiative qui consisteà proposer à des paroisses ou groupesde prière, une série de 12 enseigne-ments mensuels sur différents aspectsde l’adoration eucharistique. Ces ren-contres sont suivies d´un temps d´ado-ration silencieuse du Saint-Sacrement.Après cela vient un temps d´échangeavec les autres participants qui le dé-sirent...

� Comment vous est venue cette idée ?

Je suis Française, membre de lacommunauté de l’Emmanuel, avec monmari, et nous vivons en Allemagne... cequi donne le contexte... En fait, c’estDieu qui a lancé cette belle idée. Lereste s’est fait tout seul. Cela a com-mencé en janvier 2004, lorsque dans lesparoisses allemandes a été lue une lettredes évêques de ce pays annonçant quele thème des JMJ serait : "Nous sommesvenus pour l’adorer". J’ai alors réaliséque la Communauté de l’Emmanuel, quivit de l’adoration eucharistique, se de-vait de contribuer, d’être présente dans

ce renouveau de l’adoration souhaitépar Jean-Paul II. En un instant, j’ai vutout le projet se dérouler devant mesyeux. Je voyais bien qu’il fallait quelquechose de très simple, de réalisable pardeux personnes, dont un prêtre ou undiacre... Le rythme devait être léger -une fois par mois - et durer moins dedeux heures afin de permettre à tout lemonde de venir. Il me semblait impor-tant que les enseignements soient écritsd’avance, afin que même des personnessans expérience puissent les redonner ensuivant le texte d’assez près. Un chantd’adoration avec les participants étaitprévu afin d’ouvrir le cœur des per-sonnes à un temps d’adoration assezcourt au début (15 minutes) afin de nepas décourager les débutants. J’ai confié

ce projet aux responsables de la Com-munauté... qui ont été enthousiastes.

En octobre 2004, alors que les écolesd’adoration avaient démarré dans desparoisses allemandes et que les 3 pre-miers enseignements étaient déjà écrits,nous avons eu l’immense surprise d’ap-prendre qu’au même moment Jean-PaulII proclamait une année de l’Eucharistie.C’est à ce moment que les écoles ontégalement démarré en France où leurnombre dépasse aujourd’hui la centaine.Elles se sont répandues sur presque tousles continents et la première version destextes est traduite en 8 langues, dontl’arabe.

� Quel est le but de ces écoles ?

Avant tout, de faire découvrir (ou re-découvrir) aux hommes de notre tempsl’amour dont ils sont aimés par Dieu

ESPRIT

18 FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007

PRIERE

Anne-Françoise Vater

a lancé des "écoles

d’adoration" qui se sont

répandues dans le monde

entier et elle vient de

publier un ouvrage intitulé

"Initiation à la prière

et à l’adoration".

Quelque chose de réalisable par deuxpersonnes, dont un prêtre ou un diacre...

Une école pour ado

(

dans ce trésor qu’est l’Eucharistie, et desusciter en retour leur amour par l’ado-ration. Tout homme a été créé par cetamour et c’est seulement en adorantson Créateur qu’il trouvera la paix inté-rieure et le vrai bonheur. Ces écoles veu-lent être une aide concrète pour prier.Les enseignements qui y sont donnésforment une sorte de catéchèse parlaquelle j’ai essayé de transmettre monémerveillement devant ce que l’ÉgliseCatholique nous enseigne sur l´Eu-charistie. Afin de faire découvrir les tré-sors qui sont à notre disposition pourmieux connaître Dieu et l’aimer davan-tage, ces enseignements contiennent denombreuses citations de l’Écriture, duMagistère et des Saints. Jésus a soif d’ê-tre aimé au Saint-Sacrement, comme ill’a dit à sainte Marguerite Marie. Lesécoles voudraient répondre à cette soif.

� Vous êtes l´auteur d´un livre intitulé"Initiation à la prière et à l´adoration"aux éditions de l´Emmanuel. A quis´adresse ce livre ?

Ce livre est la publication des douzeenseignements qui sont donnés dans lecadre de ces écoles. De nombreux partici-pants, touchés par ces textes, m’ont ditsouhaiter les approfondir. Ce livre leur per-met de les reprendre et de mieux décou-vrir comment passer de la catéchèse à l’a-doration elle-même. En voici les thèmes :1° La présence réelle dans l'Eucharistie. 2° Comment est ce que je peux prier ?3° La prière de demande. 4° La louange, l'action de grâce.5° Prier avec l'écriture. 6° La révélation du Père.7° La révélation de l'Esprit Saint. 8° La miséricorde.9° Comment vivre en présence de Dieu ? 10° Marie, femme eucharistique.11° Cœur de Jésus dans l'Eucharistie. 12° Eucharistie et mission.

� Qu´apporte une école d´adoration dansune paroisse ?

Dans des paroisses rurales, compo-sées d’un nombre de clochers de plus enplus grand souvent, des paroissiens nousdisent faire l’expérience d’une unité re-trouvée. Une paroisse qui adore est uneparoisse qui va être renouvelée et porterdu fruit. C´est l’expérience que font lesnombreuses "paroisses adoratrices",dont l’initiative est due au Père FlorianRacine, que les lecteurs de France Ca-tholique connaissent déjà bien. Je seraiscomblée si ces écoles pouvaient servirde point de départ à la mise en place del’adoration perpétuelle dans une pa-roisse.

Les écoles d´adoration font travaillerdes personnes très différentes. Elles separtagent les enseignements et l’organi-sation pratique. Cela responsabilise lesparoissiens, ce qui est courant pour biend’autres initiatives d’Eglise reposant surles laïcs. Mais elles mettent égalementen valeur le rôle irremplaçable du prêtre,ministre de l’Eucharistie, ce qui estpeut-être moins banal aujourd’hui.Chaque instant consacré à l’adorationpar un paroissien apporte une grâce quise révélera en temps voulu.

� Comment mettre en place une écoled´adoration ?

Il suffit souvent qu’une personne sesente concernée par cette idée. Qu’elleprie en confiant au Seigneur tous ceuxauxquels elle veut présenter le projet, enparticulier le curé de la paroisse. En-suite, les enseignements sont à la dispo-sition de tous grâce à ce livre. Les édi-tions de l’Emmanuel ont publié parailleurs un CD uniquement de chantsd’adoration. Mais ce qui marche lemieux, c’est encore le bouche à oreille.Chaque paroissien peut ainsi se trans-former en missionnaire pour en inviterd´autres. Le pape Jean-Paul II nous invi-tait tous à être des "missionnaires del´Eucharistie". Il n’y a que le premier pasqui coûte. �

FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007 19

ESPRIT

propos recueillis parle Père Ludovic LECURU

Anne-Françoise Vater,Initiation à la prière et àl’adoration, éd. del’Emmanuel, 223 p., 13 €.Ecoles de prière et d'ado-ration, B.P. 104, 92203Neuilly cedex, [email protected]

rer ?

� D’où vient votre passion pour les psaumes ?

J’ai découvert les psaumes au novi-ciat, au début de ma vie dominicaine en1954. On chantait alors l’intégralité dupsautier en latin, aux offices comme à lamesse. J’ai voulu savoir ce que nous di-sions à Dieu dans notre prière, à traversces versets récités machinalement, et ceque Dieu nous y enseignait sur lui-même. Dix ans après, jeune professeurd’exégèse au studium des dominicainsde Toulouse et de Paris, j’ai réclaméqu’une année entière du cours d’Ecrituresainte soit consacrée à la découvertedes psaumes. Un certain nombre de mescollègues ne prenaient guère au sérieuxces textes bibliques, à mi-chemin entrel’exégèse et la liturgie. Or le psautier estl’un des livres de l’Ancien Testament quia le plus imprégné la Tradition vivantede l’Eglise. Il a nourri la prière bien sûr,mais aussi l’intelligence de la foi dupeuple de Dieu au cours des siècles.

Saint Augustin entend les psaumescomme la voix du Christ total, celui quireprésente tout le corps de l’Eglise, latête et les membres. Le psautier est lelivre biblique le plus cité dans les Evan-giles, avant le livre d’Isaïe… J’ai relevéplus de 300 références explicites ouimplicites aux psaumes dans le NouveauTestament ! Au moment de la réformeliturgique, après le concile, les commu-

nautés religieuses ont découvert lespsaumes traduits en français. Pourbeaucoup de catholiques, cette ren-contre avec cette prière séculaire, pleinede tendresse, de révolte, de tristesse etd’exultation, a été un choc bénéfique.J’ai donc animé de nombreuses sessionssur le sens des psaumes qu’on redécou-vrait à ce moment-là.

� La recherche contemporaine permet-ellede mieux connaître l ’origine des psaumes, leur datation, leur usage dans la liturgie juive ancienne ?

Il faut reconnaître que le psautiergarde beaucoup de ses secrets. Sa com-position pourrait s’étaler entre le Xe et le

IIIe siècle avant J-C. Dans les psaumeseux-mêmes, il n’y a aucune référence aucontexte historique, excepté dans le ps137 : "Au bord des fleuves de Babylone,nous étions assis et nous pleurions, noussouvenant de Sion…" qui fait allusion àla période de l’exil. Certains archaïsmesd’écriture, qui rappellent la littératureougaritique, florissante au XIVe siècleavant J-C., pourraient donc être la traced’écritures plus anciennes. C’est le cas dups. 29, qui célèbre le dieu de l’orage…

Mais ces archaïsmes ne sont peut-être qu’une référence d’un compositeurbien plus tardif, comme nos auteurs de laRenaissance aimaient se référer aux maî-tres de l’antiquité grecque et latine… demême nous ignorons l’usage des psau-mes dans la liturgie à l’époque ancienne.L’Ancien Testament est friand de détailssur les objets du culte, l’architecture dutemple, le calendrier liturgique. Mais

ESPRIT

20 FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007

ECRITURE SAINTE

Le père Jean-Luc Vesco

publie la synthèse de

cinquante années d’étude

des psaumes. Le psautier

n’a pas encore révélé

tous ses mystères !

Le psautier est le livre biblique le plus citédans les Evangiles, avant le livre d’Isaïe(

Le père Vesco, dominicain, docteur en théologie,a été Provincial de Toulouse, professeur àl’Institut catholique de Toulouse, Directeur àl’école biblique de Jérusalem, membre de lacommission biblique pontificale…

Le psautier est bi

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ANN

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comment se déroulaient la prière et lesrites dans le temple et les synagogues,nous ne le savons pas. Saint Paul, dansses épîtres, suggère aux premières as-semblées chrétiennes d’utiliser les psau-mes comme on le fait à la synagogue…

En y regardant de plus près, on dis-tingue malgré tout les psaumes quiétaient réservés au pèlerinage vers Jé-rusalem, les psaumes des montées, le ps.30 utilisé lors de fête de la dédicace duTemple, le ps. 92 pour le sabbat. Onreconnaît habituellement que le recueildes psaumes devait être particulière-ment en usage au temple de Jérusalem.Cependant, on est surpris par le ton per-sonnel très affirmé de nombreux psau-mes. Le recueil est donc à la fois le fruitd’une oraison personnelle et l’échod’une prière d’assemblée. Aujourd’huiencore, ce sont bien ces deux usages quise perpétuent. Cette continuité desmêmes mots durant trois mille ans pourparler à Dieu dans l’intimité et le louerdans l’assemblée est un phénomèneassez extraordinaire. Certains ouvragesde théologie sont abscons au bout de 25ans. Les psaumes ont traversé les sièclesavec la même force et le même génieinspiré.

� Le psautier est-il un livre composé avecune certaine logique, ou bien s’agit-ild’une compilation de chants et de priè-res formée un peu au hasard ?

La théorie que mon ouvrage illustre,c’est que la composition du psautierobéit à une structure théologique. Lespsaumes sont classés suivant un ordrevoulu, qui révèle un sens et amplifietrois thèmes principaux : l’importancede la Loi comme enseignement divin, lerôle de Jérusalem et la figure du roi-Messie. On voit bien que du ps. 1 au ps.150, Jérusalem est au cœur de la louan-ge et de l’espérance. On passe progressi-

vement du désir de voir Jérusalem à lajoie de séjourner dans ses parvis. Demême la figure du roi évolue petit à pe-tit, et devient figure du Messie. Le Mes-sie, c’est-à-dire "l’Oint", est d’abord unroi terrestre, puis c’est Dieu qui règne,puisque le roi a disparu. La grande ma-jorité des psaumes illustrent ce thèmecentral : la justice divine. Dieu rétablirala justice. Le juste recevra le bonheur enhéritage. Les ps. 1 et 2 servent d’intro-duction à ce thème qui parcourt tout lepsautier.

� Quelle méthode adoptez-vous pour commenter les 150 psaumes ?

J’ai choisi l’approche "canonique". Ils’agit d’éclairer un texte de la Bible parrapport au livre dans lequel il est inséréet par rapport à l’ensemble du canondes Ecritures. Vous l’avez compris, jeconsidère que les psaumes sont classésselon une progression. D’ailleurs les ma-nuscrits les plus anciens des psaumesque nous ayons trouvés, à Qumran, don-nent les psaumes dans l’ordre du canon,pour les ps 1 à 89 au moins…

Les thèmes, le vocabulaire, le stylemontrent bien cette relative unité despsaumes dans le classement que don-nent nos bibles. Je suis donc particuliè-rement soucieux de mettre en valeur lesens de ce classement canonique, ledéveloppement progressif des thèmesprincipaux d’un psaume à l’autre. C’estpourquoi je propose pour chaque psau-me une nouvelle traduction, en tradui-sant toujours le même mot hébreu parle même mot français. Cela permet demieux voir l’enchaînement des psaumesentre eux, ce qu’on appelle la concate-natio.

Pour chacun des 150 psaumes, jesitue le texte par rapport au psaume quiprécède pour souligner l’évolution desthèmes, j’analyse la structure littéraire

en montrant à quel genre se rattache lepsaume (psaume de supplication, prièrede confiance…) et enfin je propose uneanalyse théologique et spirituelle dupsaume.

� Entreprise gigantesque !

Je suis heureux d’avoir pu la mener àbien ! Après tout, Thomas d’Aquin n’estparvenu à commenter que 53 psaumesavant sa mort, et Paul Claudel n’a tra-duit qu’un tiers du psautier !

Je ne me suis pas ennuyé : l’étudedes psaumes m’offre l’approfondisse-ment constant de ma foi. D’ailleurs, jeprépare un nouveau livre sur les cita-tions des psaumes dans le NouveauTestament : rendez-vous dans quaranteans ! �

FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007 21

ESPRIT

propos recueillis parle Père Philippe VERDIN

Le Psautier de David, traduit et commenté par J.-L. Vesco, éd. du Cerf, tome I, 832 pages,62 €, tome II, 592 pages, 52 €.

en un livreUne des jarres de Qumran dans lesquelles ont été trouvés les plus anciensmanuscrits connus des Psaumes.

ESPRIT

22 FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007

� LES RENCONTRES DE JÉSUSDominique Rey,Éditions de l’Emmanuel, 2006, 127 p., 23 €

Si l’Évangile relate le rejet de beaucoup à l’égard deDieu selon la parole de Jean – "Il est venu chez lessiens, et les siens ne l’ont pas reçu" - d’autres enrevanche se laissent rencontrer par le Christ. L’Évangilenous rapporte un grand nombre de rencontres de Jésusavec les gens ordinaires de son temps. Lui-même enprend l’initiative. Il intervient d’une manière étonnantedans la vie de ces hommes et de ces femmes dePalestine. En son Fils, Dieu vient ainsi visiter sonpeuple. Poussé par son amour, il réalise dans l’exis-tence des uns et des autres les promesses de Dieu,comblant ainsi leurs attentes et exauçant leur prière.Jésus ne vient pas changer l’existence sous son anglematériel. Il vient toucher le cœur en apportant unsens nouveau sur tout ce qui paraissait voué à l’usu-re du temps. "Depuis que le Fils de Dieu a croisé noschemins, qu’il a enduré nos peines, épousé nos joies,qu’il est monté sur une croix, le monde n’est plus lemême. Jésus a pénétré pour toujours l’épaisseur de nosjours de l’amour infini de Dieu", écrit Mgr DominiqueRey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon. Auteur d’ad-mirables scènes spirituelles sur ces rencontres de Jésus,il nous persuade qu’elles ne cessent d’éclairer notreexistence de la même lumière que celle qui a éclairé lesmages, les docteurs de la loi, le sourd-muet, Zachée, lafemme adultère, d’autres encore. Chaque rencontre deJésus révèle la sollicitude de Dieu à notre égard. Ellerenouvelle l’espérance qui est en chacun de nous.L’œuvre de Jésus accomplie dans la vie des témoinsdirects de son ministère, se poursuit dans l’Égliseaujourd’hui. Même si nous sommes tous appelés à allerà la rencontre de Jésus, nous sommes invités à nouslaisser rencontrer personnellement par lui au cœur denotre existence quotidienne. Ces méditations sontaccompagnées des plus belles œuvres de l’iconographiechrétienne, de Rembrandt à George William Joy, enpassant par Raphaël ou Le Caravage. Un superbe albumpour découvrir la part de nous-mêmes que Jésus vientbénir, rencontrer et sauver.

L.L.

� AUX PRÊTRESEnzo Bianchi,Editions de l’Emmanuel, coll. Vie SpirituelleParole et Silence, 87 p., 8 €

Enzo Bianchi n’est pas prêtre. Mais en tant quefondateur de la communauté monastique œcumé-nique de Bose, dans le nord de l’Italie, il partagequelques pensées en faveur d’une vie sacerdotalevécue dans la docilité à l’Esprit et l’urgence de l’évan-gélisation. Tout au long de ces pages, qui ont tout dela lettre ouverte, Enzo Bianchi insiste pour dire com-bien tout laïc attend du prêtre un ministère qui laisseau Christ la pleine et souveraine initiative. De la paro-le de Dieu, la vie liturgique et la prière dépendent laspiritualité, l’identité et la fécondité du sacerdoce mi-

nistériel. Le prêtre qui se laisse dévorer par l’activismesera-t-il encore celui "qui enseigne avec autorité" àl’image de son Maître et dont notre monde a grandbesoin ?

L.L.

� IL VIENT.QUELLE FOI TROUVERA-T-IL SUR LA TERRE ?

Gilles de Rivoyre,Éditions de l’Ouest, 298 p., 29,50 €

Cette anthologie de textes du cardinal CharlesJournet constitue un petit traité sur les bases de lavie spirituelle. Ces pages abordent la question im-portante des vertus théologales et des dons duSaint-Esprit. Très catéchétiques, elles rassemblentles éléments nécessaires pour une croissance de lavie baptismale. De quoi mettre en sourdine tout cequi compromet le silence intérieur nécessaire à lajoie chrétienne. Dans la ligne des grands pasteurs denotre temps, celui qui fut théologien à Fribourg, serévèle une fois de plus un grand maître spirituel.

L.L.

� SYMBOLES BIBLIQUES EN LITTÉRATUREPierre Martin-ValatCerf, 192 p., 21 €

On se plaint de l’inculture générale vis-à-vis dessources chrétiennes et c’est un fait : bien des réfé-rences - à la Bible, par exemple - que les siècles de foiont insérées dans notre patrimoine, deviennent à pré-sent pour les locuteurs même qui les pratiquent, dugrec ou… de l’hébreu. Le mérite de ce petit manuel dePierre Martin-Valat est de rendre, non point à Césarmais à Moïse et Salomon, Osée et Jérémie, Isaïe et lesévangélistes, la part qui leur revient de notre culturecommune, aux côtés des auteurs de l’antiquité païenne gréco-latine. Tous ont en effet concouru àforger ce qu’on nomme à bon droit nos "humanités" etdemeurent le fonds où puisent sans le savoir lamémoire longue de nos langues et les formes de nospensées.

D’où la présente entreprise. Je ne sais si l’on peut laréputer réussie dans la mesure où rassembler en 190pages une sorte de lexique mythologique comparé dessymboles entre la Bible et la littérature universelle estune gageure. En quatorze chapitres – lumière, nuit,vent et eau, terre, arbre, animaux, maison, voyage, exil,temps et espace, fêtes et noces, vin, sang et pain –l’auteur s’est lancé dans cette impossible exégèse deshauts-lieux de l’imaginaire. Il est beau qu’il l’achèvepar une méditation sur l’innocence, qui l’amène à uninventaire des figures pré-christiques de la mythologieavant de retracer la montée en puissance de l’inno-cente victime jusqu’au Sauveur d’Israël et Christ desnations. Cet exemple à lui seul justifie l’entreprise derelier par un fil intellectuel ce que le sectarisme desuns ou des autres a trop souvent séparé ou exclu.

L.D.G.

SELECTION

SPIRITUALITÉ

FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007 23

IDEES

28 DECEMBRE (suite)

Onfray prétend que son athéisme estantérieur à son passage dans un “enfersalésien”. [l’orphelinat où il a été élevé]Je serais bien en peine de le contredirelà-dessus. Mais son anticléricalisme (ettout autant son antichristianisme) trou-vent bien là son explication en dépit dela chute apaisée de cette évocation : « Lamagnanimité est une vertu d’adulte »,affirme-t-il en rejetant le ressentiment.

Les trente livres qu’il a déjà publiés« découlent d’une opération de surviemenée depuis l’orphelinat ». On le croitaisément. « Serein, sans haine, ignorantle mépris, loin de tout désir de vengean-ce, indemne de toute rancune, informésur la formidable puissance des passionstristes, je ne veux que la culture et l’ex-pansion de cette “puissance d’exister” -selon l’heurese formule de Spinozaenchâssée comme un diamant dans sonEthique. Seul l’art codifié de cette “puis-sance d’exister” guérit les douleurs pas-sés, présentes et à venir. » On peut esti-mer que ce beau projet n’est pas indem-ne d’imperfections dans sa réalisationpratique et que le ressentiment - donton sait qu’il est insupportable à unnietzschéen - est à l’origine du flotincessant de polémiques à l’encontred’un christianisme avec lequel MichelOnfray règle ses comptes. A vie ?

Pour le corps de cet essai, nous som-mes renvoyés à une rétrospective del’œuvre avec toutes les thématiqueschères à l’auteur. Rien ne m’y convainc.Cela ne surprendra pas. Non qu’il n’y aitrien à retenir. L’enfant révolté de l’orphe-linat de Giel ne cesse de s’inventer sonmonde philosophique et sa pratiqueanarchiste à partir de multiples lectures.La tentative mérite d’être suivie, souventà cause de ses vertus d’équilibrisme. Toutun public prend plaisir à écouter et àsuivre cette aventure intellectuelle. Aumoins est-elle vivante et semble-t-elleallègre. Il y a chez Onfray tout le charmede l’adolescentisme. Mais plus il avance-

ra en âge, moins il lui sera facile de pro-longer une danse qui s’alourdira. Amoins qu’il y ait une mutation impré-visible...

29 DECEMBRE

Philippe Barthelet m’apprend dansune lettre que Thibon aurait collaboré àEsprit au début de l’Occupation à lademande de Mounier. Voilà qui me trou-ble un peu puisque c’est pendant laguerre que Jean-Marie Domenach s’enest pris assez vivement à la penséeexprimée dans Diagnostics, le premiervolume de Thibon. C’était, il est vrai - jeviens de vérifier - dans les Cahiers denotre Jeunesse en juin 43, donc un an etdemi après la publication de l’articledans Esprit qui serait de janvier-février41. La revue fut par la suite interdite parVichy. Il y aurait donc eu “quelques péri-péties” qui après avoir rapproché Thibonde Mounier les auraient éloignés l’un del’autre. Je ne dis pas cela par ironie, en-core moins pour nourrir je sais quel dos-sier en faveur ou en défaveur de celui-ciou celui-là. Jean-Louis Loubet del Baylem’avait averti des incertitudes de cettepremière période de l’Occupation.

Philippe Barthelet me demande unecontribution pour le Cahier H sur Gus-tave Thibon dont il a la responsabilité. Ila lu mes articles sur Aux ailes de la lettreet aimerait que je développe l’idée quej’y ai exprimée sur le décalage entre lalégende du paisible philosophe paysan etla réalité d’une pensée tourmentée ettragique. Il faudra réexaminer la choseavec quelque distance parce que je nepeux oublier ce que Simone Weil elle-même pensait de son hôte de Saint-Marcel d’Ardèche, en qui elle voyait unhomme de l’ancienne France dont letype s’était perdu. Le mythe avaitquelque consistance. Mais il faut peut-être distinguer entre le type humain etla pensée à propos de laquelle il y auraiteu méprise. Philippe Barthelet me rap-pelle à juste titre que les recueils d’a-

phorismes publiés au long des annéessont tous tirés des Cahiers rédigés parl’écrivain de 1932 à la fin de sa vie. Yaurait-il eu quand même infléchisse-ment pessimiste ? Je ne puis répondresans reconsidérer sérieusement le dos-sier.

En cette fin d’année, les chaînes detélévision reprennent beaucoup les pluscélèbres films de l’histoire du cinéma.C’est ainsi que j’ai revu avec bonheur le

Docteur Jivago etLe Guépard. A vraidire, je n’étaisjamais parvenu àregarder intégrale-ment Jivago àcause de la lon-gueur du film. Pourune fois, je n’ai“presque” pas étédérangé, et ai pu

savourer (presque) intégralement cettefresque impressionnante où le cinéastes’est montré digne du génie de BorisPasternak. Pasternak, un nom de légendepour moi, qui me souviens des circons-tances de son prix Nobel et de sa mort.J’ai eu très longtemps son portrait pro-che de mon bureau parce qu’il figuraitsur la couverture d’un petit livre intituléRécit. Il s’est depuis perdu dans le désor-dre de ma bibliothèque. Peut-être réer-mergera-t-il un jour ? L’étonnante réus-site du roman et du film est d’avoir faitcoïncider le destin d’un homme et celuid’un peuple à travers l’Histoire contem-poraine, celle de la Russie prise dans latourmente de la Révolution et du régimeinstauré par les bolcheviks.

Les blessures de l’Histoire nous sontperceptibles à travers les déchirures desfamilles, la brisure des liens les pluschers, la disparition de visages qui noussont devenus inoubliables. Tout cela, surfond des immensités russes, de la neigeet du froid à l’infini, de la liquidationd’une société ancienne au profit de cequi ne peut devenir une nouvelle société,puisque tout est gangréné par la vio-

En terminant l’année (2)

JOURNAL DE GERARD LECLERC

B. Pasternak

lence, la démesure, la fatalité. Le miracleest que dans ce déchaînement, des scè-nes humaines soient possibles, desamours qui se font et se défont, descaractères qui sont supérieurs à ce dontils pourraient être les instruments. Re-marquable aussi m’apparaît l’introduc-tion et la fin du film où il s’agit de re-constituer une filiation, une continuitégénéalogique brisée et obscurcie par lacruauté des événements. Mais la fille deJivago et de Lara qui découvre brusque-ment la réalité de ses origines surmontecette brisure dont elle fut l’innocentevictime à travers une histoire qui rouvrel’avenir.

30 DECEMBRE

Exécution de Saddam Hussein, cematin. L’événement est à la fois dérisoireet terrible. Dérisoire eu égard à la tragé-die irakienne où il ne change rien à laréalité de guerre civile inexpiable où lesAméricains se débattent en pure perte.Terrible eu égard au destin d’un hommedont on frémit de peser les responsabili-tés.

J’ai toujours rejeté la peine de mortqui me paraît un moyen barbare et in-digne de réparer une injustice criminelle,de compenser l’ignominie au trébuchetde la plus vaine des balances. Sur cepoint, j’ai approuvé le combat d’unRobert Badinter, et la volonté de JacquesChirac de constitutionnaliser la suppres-sion de cette peine, qui fut longtempsl’ultima ratio des Etats et des magistrats,me paraît raisonnable.

Ce qui est surprenant, si on croitvraiment à la vertu d’un justice censéeapporter un jugement sur les responsa-bilités de ceux qui ont malmené leurpeuple, multiplié les exactions, les cri-mes les plus horribles - crimes contrel’humanité y compris - c’est d’avoir misfin à la vie d’un personnage qui n’avaitrépondu que du début du début de sesactes. C’est comme si on l’avait arrachéà la scène judiciaire pour l’empêcher decomparaître dans le véritable procès quiaurait pu recouvrir l’ensemble de sadirection de l’Etat irakien. Pourquoi nepas l’avoir convoqué devant un tribunalinternational à l’instar d’un Milosevic ?Cela fait partie des inconséquences de

notre temps, même si la précipitationdes nouveaux dirigeants de Bagdad àtourner la page peut aussi se compren-dre, humainement et politiquement.

Je lis très habituellement la chro-nique hebdomadaire de l’excellent BrunoFrappat de La Croix du samedi-dimanche(“L’humeur des jours”). Curieux ! Pour-quoi celle d’il y a quatre semaines m’a-vait-elle échappé ? Son sujet pourtantaurait suffi à retenir mon attention puis-qu’il s’en prenait vigoureusement à unetribune libre du Monde qui m’avait éga-lement ulcéré. Je ne l’ai plus en têtemais elle était d’une agressivité invrai-semblable. L’auteur, Patrick Declerck,“membre de la Société psychanalytiquede Paris et écrivain”, ne lésinait pas surla haine des religions, renvoyées à l’irra-tionalité pure et à l’aliénation définitive.Quelques lecteurs de La Croix ont trouvéque, dans sa réponse, Bruno Frappatavait été trop dur. L’un d’entre eux luireproche même d’être passé à côté de lavraie question posée par le psycolérique : “Qui peut nier, écrit GérardVitoux, que les religions étaient et res-tent encore une énorme machine d’op-pression et d’aliénation”. J’avoue que cegenre d’objection me laisse assez froid,non que je n’admette pas les vertus puri-ficatrices et critiques de certains athées.Mais il y a aujourd’hui un parti pris pasprécisément éclairé de s’en prendre uni-latéralement à un religieux auquel on neréserve que des coups. Je me vois malm’en prendre de pareille façon à l’athéis-me et aux athées, ayant toujours enmémoire un certain nombre d’entre euxqui me sont aimables. J’ai parlé dans lespages précédentes d’Albert Camus et duregard de Jean Daniel sur lui. Etait-ilathée au sens rigoureux du terme ? Onpeut en discuter, mais non-croyant, ilétait assez noble, pour discerner ce quipouvait l’enrichir auprès d’hommes defoi (ou de femmes de foi telle SimoneWeil !). On pourrait en dire autantd’André Malraux, qui se définissait plu-tôt comme agnostique.

Mais nous sommes aux antipodesdes insulteurs et des sectaires dont laveine purificatrice pourrait avoir deseffets totalitaires. Il y a aussi une pro-pension à l’amalgame dans ce type de

polémique qui fait douter de la bonne foide ces gens.

31 DECEMBRE

Ce matin, dans le Journal du diman-che, Robert Badinter développe uneargumentation qui ressemble fort à lamienne concernant l’exécution deSaddam Hussein. Procès bâclé, mise àmort hative, impossibilité de mettre enévidence les responsabilités de l’accusédans le massacre des Kurdes... La conclu-sion : “Il est à craindre que l’exécutionde Saddam Hussein n’engendre qu’uneviolence terroriste accrue et ne marqueun pas de plus vers la guerre civile et ladislocation qui menace l’Irak”.

Il est assez remarquable que lesFrançais se retrouvent sur ces positionset adhèrent à ce jugement à l’exceptionde quelques intellectuels et politiquesque je n’ignore pas. Cet accord trans-frontières politiques existe depuis lesprojets américains d’envahir l’Irak.Pourquoi cette différence encore parrapport aux Américains, mais aussi auxAnglais, voire aux Italiens ? Bien sûr lasituation du président Bush dans l’opi-nion américaine s’est bien dégradée. Ilen va de même de la popularité de TonyBlair qui n’a pas résisté au choc de laréalité irakienne... Je me souviens de cer-tains débats où des experts pro-Américains écrasaient de leur méprisceux qui osaient mettre en doute la stra-tégie des néo-conservateurs. Celademeure pour moi une énigme.

Jacques Chirac a prononcé ses vœuxdans un cadre très étudié, avec beau-coup de conviction, si bien qu’il ne don-nait nullement l’impression de saluerune dernière fois ses compatriotes. Sur lefond, je ne l’ai pas trouvé si mal, car il aréussi à concentrer en quelques minutesles enjeux politiques du moment, endressant un tableau assez complet dupays et du monde tel qu’il va. Ceux quiaspirent à sa succession pourraient-ilfaire mieux ? Ils ne pourraient de toutefaçon se dérober aux questions posées.Et s’ils se réclament du changement oude la rupture qu’ils incarneraient commereprésentants d’une autre génération, illeur faudra acquérir une épaisseur poli-tique qu’ils n’ont pas encore en dépit deleurs talents certains.

L’année qui s’annonce sera bien inté-ressante pour nous autres Français.Changera-t-elle substantiellement la

IDEES

24 FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007

L’année qui s’annonce sera bienintéressante pour nous autres Français(

manière de faire de la politique et lemode de fonctionnement de nos institu-tions ? Il ne faut écarter aucun possible,aucune chance puisque c’est la vie quiexige des mutations créatrices, desadaptations utiles par rapport aux nou-veaux rapports de forces, aux évolutionsde l’équilibre mondial.

J’ai déjà expliqué ici même, pourquoije ne décrivais pas de façon précise lapolitique, ajoutant que cela ne m’empê-chait pas de m’y intéresser par ailleursde près. Les débats sur la mondialisation,le déclin français, les institutions,l’Europe, l’écologie ne me sont nulle-ment étrangers. Je me découvre toujoursaussi avide d’analyses et de synthèsesaptes à faire comprendre ce qui se passe,ou risque de se passer, avec toujours enperspective le problème d’une stratégiepour orienter cette marche (un peu folle)en avant. J’avoue que les déclinologuesme déçoivent, non par leurs avertisse-ments qui peuvent être utiles, mais parleur inaptitude à comprendre le devenirautrement que sous l’imperium d’unefatalité libérale. D’abord, il n’est nulle-ment avéré que les canons du libéralis-me nous fournissent les clés de l’actuellemondialisation, non contents de ne pasfournir les solutions qui conviendraient.

On m’opposera mon incompétenceéconomique, et on aura raison. Maisj’observe que les économistes, mêmelibéraux, sont loin d’être du même aviset que certains sont d’une extrême sévé-rité à l’égard des directions prisesnotamment par les organismes interna-tionaux. C’est pourquoi je me permets,au milieu de ces avis très partagés, derechercher des points de vue surplom-bant, des éclairages éventuellement sur-prenants, qui donnent un panorama si-gnificatif de l’économie et des rapportsde forces mondiaux. Je m’intéresse entreautres, aux travaux iconoclastes d’Em-manuel Todd. Dans la même ligne, l’essaid’Hakim El Kaoui (L’avenir d’une excep-tion, Flammarion) m’est précieux. Il oseune interprétation globale de toutes lesévolutions, en proposant des directionsde recherche originales. On pourra - onn’a pas manqué de le faire - lui repro-cher des audaces excessives. Je pensenotamment à ce qu’il écrit d’Israël et dela Palestine.

Je ne peux reprendre ici les dévelop-pements d’un essai, avec ses démonstra-tions très techniques, mais je veux souli-gner comment les lignes de force qui

apparaissent contraignent à un réexa-men de nos habitudes mentales. Ainsi, ilnous faut mesurer la crise d’adaptationdes pays musulmans, en ne la suréva-luant pas par rapport aux nouvelleslignes d’inflexion, celles qui confèrent unrôle majeur à la Chine et à l’Inde. Lamontée en puissance de la Chinedeviendrait dangereuse si elle constituaitune menace militaire coïncidant avec undéclin des Etats-Unis d’Amérique. Ceux-ci pourront-ils accepter la perte de leurhégémonie mondiale et les Occidentauxen ont-ils bien compris la significationpour eux-mêmes. “Les Occidentaux, écritencore Hakim El Karoui, doivent modérerleurs angoisses de dépossession. Ils doi-vent aussi entendre l’exigence d’égalitéqui monte de partout et qui ne sembleplus être un apanage français”.

Cette dernière notation fera bondirnos déclinologues et ceux qui ne cessentde mettre en cause un modèle nationalsocial auquel il faudrait renoncer au plusvite. L’audace de notre essayiste est decontredire cette prétendue certitude, enmontrant que l’exigence d’égalité estaujourd’hui mondiale et que sa revendi-cation vient des régions les plus évoluti-ves. Voilà qui devrait suffire à nosréflexions anticipatrices à quelques heu-res de la nouvelle année.

Il est une façon de faire mémoire del’année qui va prendre fin et qui consisteà reprendre la liste de toutes les dispari-tions de personnages illustres depuis leIer janvier 2006. C’est La Croix qui nousinvite à cet exercice en nous offrant unepage d’éphéméride funèbre, équilibréepar une page sur ce qui nous attend en2007. On opposera que c’est une curieu-se idée de juger une année au travers depersonnalités le plus souvent avancéesen âge et qui, par définition, ont exercél’essentiel de leur activité dans lesdécennies précédentes. Cependant, ilapparaît que la valeur symbolique d’unpersonnage dans l’Histoire tient à l’en-semble de son existence auquel la mortapporte une conclusion. La seule quivaille. Voudrait-on que l’âge de la retrai-te signe la fin réelle d’une pensée, d’untémoignage, d’une trace dans la mémoi-re collective ? Fort heureusement, il n’enest rien et j’ose espérer que jamais on neparviendra à cette absurdité. Les plusgrands, un De Gaulle, un Jean-Paul II,ont mené jusqu’à la fin (ou presque pourle Général), un destin dont l’amplitude

commandait qu’il n’eut d’autre limiteque le départ d’ici-bas. J’observe aussiqu’en avril 2005, les cardinaux ont éluun des leurs qui avait largement dépassél’âge de l’accession aux responsabilités,contredisant même, et de la manière laplus flagrante, la règle récente qui veutque l’âge de 75 ans requiert l’abandondes charges.

Je ne conclus pas de cet exempleunique qu’on a tort de faire confianceaux jeunes générations et qu’il ne seraitpas sage de goûter une retraite bienméritée après que l’on ait servi là où laProvidence et la marche des choses vousavaient destiné. J’insiste sur l’idée qu’unhomme n’est pas “jetable” à partir d’uncertain âge, qu’il peut même parvenirdans sa vieillesse à une akmé que lamaturité ne lui avait pas encore faitatteindre. Qu’importe que ce type deconsidérations mette à mal bien desidées reçues. L’important aussi c’estqu’on ne renonce pas à ce modèle des“grands hommes” que je ne défends paspar aristocratisme tenace. Simplement,tant que l’humanité devra faire face àdes périls supérieurs, à des défis consi-dérables, il faudra qu’elle se trouve deshéros à sa mesure. Une humanité sansgrands hommes serait probablementvouée à la médiocrité, à l’absence dequalités supérieures du cœur, de l’espritet de l’âme qui l’ont rendue belle etadmirable.

Et lorsque je considère la liste desgrands disparus de 2006, je vois qu’ilsfurent jusqu’au terme dignes de la viequ’ils avaient menée. C’est pourquoi,symboliquement, l’année qui s’en va seraliée pour toujours à ces hommes et sesfemmes qui ont achevé leur course avecelle. Et pour n’en nommer que quelques-uns, 2006 aura été l’année de la mortd’Edouard Michelin et d’André Man-douze, de Pierre Vidal-Naquet et de Phi-lippe Noiret, je songe aussi à mes amiscomme le Père Marie-Dominique Phi-lippe...

Mais au-delà de la mort, il y a uneperpétuelle nouveauté, c’est pourquoi je

me permets d’ajou-ter à ces lignes le nom de monpetit-fils, Rémy, néen août derniercomme symboled’une espérancedans le siècle quisera le sien. �

FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007 25

IDEES

EXPOSITIONS

26 FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007

ette opération est le résultat d’un énorme travail d’inventaire, mené depuis2002. Elle couvre donc un large champde l’histoire de l’art, en réunissant desestampes orientales et occidentales par

sujets, établis selon des thèmes ou des techniquesparticulières.

Le musée de Gravelines est le seul musée fran-çais qui soit consacré uniquement à l’estampe ori-ginale. Il présente sa collection du XVème siècle ànos jours. Il a privilégié aujourd’hui, dans la collec-tion complète des éditions du Cneai - le Centre del’estampe de Chatou - les techniques d’édition lesplus nouvelles relatives au livre, à l’affiche ou auxéphémères : tirages numériques, sérigraphieindustrielle, photos laser, éditions de DVD, etc.

Les messages que délivrent nos artistescontemporains sont souvent antipublicitaires,contre-productifs, ou désamorçant toute traditionpicturale, voire morale !

On voit ici des choses inouïes : parfoisdrôles, comme cet amalgame de Mickeydésignant son cœur et drapé dans unesomptueuse toge verte ! Ou minimaliste,avec ce logotype représentant l’"Associa-tion de Peintres… peignant avec la main".Des choses affreuses aussi, telle cette affiche"contre la drogue" qui montre ses ravages,croissant d’année en année, sur un visageféminin. Ou des messages elliptiques dansleur minimalisme, ou tout simplementbeaux, comme ces "Tatouages" sur un fondde mur, une œuvre de Claude Closky.

Bref, une recherche dans l’ensembleaudacieuse qui, à l’instar de Duchamp,brouille les différences entre art et non art.

Le LAAC, lieu d’Art et Action contemporaine deDunkerque, propose "Giacometti, Armand, RichardSerra… des sculpteurs à l’épreuve de l’estampe auXXème siècle."

Les sculpteurs ont des rapports étroits avecl’estampe car ils travaillent souvent dans l’aplatbidimensionel. On le voit depuis le début du XXème

siècle, avec Gauguin, Matisse ou Picasso, etc.Au sein des collections du LAAC figure le

"Circus" de Karel Appel, un ensemble de dix septsculptures sur bois, réalisé en 1978 par l’artiste.Des sculptures hybrides, réalisées d’après es-tampes, elles-mêmes gravées sur bois d’après lesgouaches originales. Des séries aux couleurs écla-tantes, dans l’esprit de Cobra…

D’autres plasticiens suivent ce chemin, PolBury ou Christo ; le premier pour créer des basreliefs motorisés ; et le second pour faire germerl’œuvre mais aussi pour diffuser par le biais dumultiple et financer son travail ainsi, a posteriori.Nous y reviendrons.

De façon générale, la gravure, comme la sculp-ture, est un art tactile !

La grande diversité en matière d’estampes enrelief, et leur diversité conceptuelle forment latrame de l’exposition présentée à Dunkerque.

A partir des années 50, les peintres sculpteurs,tels que Ernst, Tapiès ou Arp, ont renoué avec l’es-tampage en relief ! Hajdu exécute ses "estam-pilles" en 1957, des gravures en relief, presséesdans la masse du papier. Et dans les années 80,c’est Chillida qui pratique le gaufrage avec des

empreintes en relief de formes découpées. En terme de gaufrage, François Morellet les

exécute généralement sur ses bas reliefs eninox. Ainsi constitue-t’il d’autres installa-tions avec ses planches imprimées en trèsgrands formats, non encadrées et assem-

blées sur le mur. La frontière entre sculptureet estampe s’amenuise chez cet artiste géomé-trique. Qui joue avec ses agencements, d’ordi-naire très précis ! et la liberté ondulante du

papier, épinglé au mur.De même, pour les lithos d’Arman, ces

empreintes accumulées d’objets diverscréent un jeu de miroir entre la création

artistique et son illusion, rapportée en deuxdimensions.

"Feuille à Feuille, Estampe et images

imprimées dans les collections

des musées du Nord Pas-de-Calais"

est une opération commune

à douze musées participants

qui présentent les plus belles

œuvres de leurs collections.

La gravure,comme lasculpture, estun art tactile

C

MUSÉES DU NORD PAS-DE-CALAIS

L'estampe,une image imp

Karel AppelLe chien savant

FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007 27

Richard Serra utilise lui aussi les effets derelief et de gaufrage en insérant des papiersde l’épaisseur même de l’estampe imprimée.Ces immenses feuilles lithographiques,rehaussées de cire noire, sont de magnifiquesrecherches dans le plan, sur la masse, l’équi-libre et le poids de la matière.

D’autres sculpteurs mettent l’accent surles similitudes entre leur œuvre gravée et celuisculpté. Raoul Ubac par exemple, avec sesgrandes ardoises entaillées et leur frottage qui,plus encore que ses lithographies en couleurs,assure la pérennité de ses sculptures aux largessillons parallèles ou lignes topographiques.

Peter Soriano réalise également des grandesxylographies, en relation avec les vides de ses vo-lumes, qui sont en bois et assemblés ; des sculptu-res sans socle… Alors que s’envolent sur les mursd’immenses feuilles translucides, accumulées.

L’ "Hommage à Rodin" est au centre. C’est unalbum commandé par la ville de Calais quicontient cinq estampes originales. Celles deZadkine et de Moore, des lithos en couleur repré-sentatives de leur propre style. Puis un hommageaux mains jointes que dessine Adam et lescontours sinueux de Couturier.

Certains sculpteurs reprennent les formes oules thèmes favoris du grand Matisse : des bai-gneuses, tracées d’un geste pour Laurens, ou lesentrelacs plus abstraits de Arp.

Les superbes estampes colorées de Domelaaffichant cercles et triangles, reprennent les poly-chromies vivaces de ses gouaches et collages.

Dans le cycle d’invasion de la couleur on admireles magistrales interprétations lithographiques quefait Calder de ses mobiles. Et bien sûr, celles destrente gravures d’après les bois de Karel Appel déjàcitées… Le maître décidément de ces lieux !

Profitons d’un petit espace voué à Giacometti,au tremblement serré de sa ligne ou de son pouce,selon qu’il s’agit d’une litho ou d’un bronze.

Glissons sur les outils ou violons accumuléespar Arman pour rejoindre l’aérienne géométrie descubes et des carrés de Pol Bury ou les figures"ramollissantes", sphères résultant des délicieuxreplis d’un oreiller à rayures, mis en tapon.

Nous avons parlé des grands papiers dansl’espace de Morellet et de Serra… Mais voici celles,

comme brûlées, traces des arcs enroulés - auxdimensions monumentales - de Bernard Venet.Une splendeur à laquelle répondent les deux "Arcde 204° chacun". Un acier peint que le sculpteur àposé au bord du plan d’eau qui côtoie le musée.

Pour clôturer l’exposition, Christo nous offreson "Grand empaquetage noir", un importantrelief en toile cirée qui ne laisse rien voir de soncontenu. L’artiste bulgare a porté plus haut, plusgrand, son procédé, emballant les édifices publics.

Dont le plus célèbre fut le Pont Neuf à Paris,avec des draperies dorées à l’antique et le recou-vrement grandiose du monument tout entier, sol,faces et voûtes des arches, parapets et trottoirs.Jusqu’aux lampadaires… Un travail colossal, ap-puyé sur d’innombrables projets préparatoires etfinalisés par des sérigraphies ; souvenirs et outilsde promotion. Et objets destinés à la vente… Etdonc au financement de projets futurs.

La boucle était bouclée, somme toute, entre unart monumental et l’art, diffusion d’un souvenir.

Une conclusion peut être malhabile… ou peuappropriée ! à une manifestation de taille, par sonampleur et sa qualité scientifique et une média-tion passionnée... �

par Ariane GRENON

L’association des conservateurs des musées de la région Nord Pas-de-Calais, quiregroupe 50 conservateurs rattachés œuvrant dans les 33 musées de la région,organise depuis près de 30 ans des expositions à caractère national. Dont la pré-sente, consacrée à l’estampe. Chaque musée bénéficie d’un catalogue spécifique. Ce projet collectif est placé sous la direction de Dominique Tonneau Ryckelynck,conservateur du musée du Dessin et de l’Estampe originale, à Gravelines."Alberto Giacometti, Arman, Richard Serra… Des sculpteurs à l’épreuve de l’es-tampe au XXème siècle", Dunkerque, LAAC, jusqu’au 15 février, tél. 03.28.29.56.00."Gravelines x CNEAI. Estampes, livres d’artistes, multiples, éphéméras, 1997-2006" Gravelines, Musée du Dessin et de l’Estampe Originale, jusqu’au 4 février,tél. 03.28.51.81.00.

Certainssculpteursreprennentles formes oules thèmesfavoris dugrand Matisse

Pol Bury

riméeRaoul Ubac

Stèle

EXPOSITIONS

a cité des Doges entretint des relationsprivilégiées tout au long de son histoire –du 9ème au 18ème siècle – dans le commerceet les échanges, parfois vigoureux, avecAlexandrie, Tyr, Alep ou Constantinople/

Bysance/Istambul…Le coup d’envoi est donné par des marchands

vénitiens qui dérobent à Alep en 828, les reliquesprésumées de saint Marc, se les approprient pourles transporter dans leur nouvelle basilique, sur lalagune.

En réalité, l’exposition ignore pratiquementl’empire byzantin et présente surtout les échangeset la transmission des savoirs de Venise avec lesgrandes dynasties musulmanes - Ayyoubides,

Mamelouks et Ottomanes -dont les savoirs-faire

et les œuvres ar-t i s t i q u e s

témoignent du haut degré de civilisation.Bien supérieur à celui des pays d’EuropeOccidentale à l’époque !

Les objets mis en valeur dans les vitrinestémoignent en foule des cadeaux diploma-tiques somptueux, offerts au doge ou ausultan, ainsi que des transferts de technolo-gies ! celles du verre, des arts du métal, de

la céramique, de la reliure… ainsique leurs textiles somptueux etles fameux tapis… Pour Venise lecommerce est roi et la cité,

éblouie par les richesses del’Orient, déploiera son art de

la diplomatie pour conserverl’exclusivité et le contrôlede ces échanges.

Le premier tableau pré-senté est la grande toile de

la "Réception des Ambassadeursvénitiens à Damas" (1511). La scène est spectacu-laire avec les dômes et le minaret de la grandemosquée omeyyade : toute une ville enferméedans ses murailles et abritant les arbres exotiquesque sont alorspins et palmiers,sous un ciel d’a-zur. Les représen-tants de Venisese signalent parleur toge rouge,les dignitairesorientaux avecles hauts turbansrenflés des Ma-melouks.

Une belle sé-rie de peinturesnous fait entrerdans ce bain de fascinationmutuelle. Une"Vierge à l’enfant"de Venezianooffre le luxe desoieries brodées d’or à l’orientale. Une famille - un couple et ses deux enfants - est peinte enpied sur un tapis d’Orient… dont on retrouve

Une magnifique exposition

"Venise et l’Orient", a lieu

jusqu’au 18 février, à l’Institut

du Monde Arabe. Où l’on voit

que la guerre, le goût du lucre,

la diplomatie commerciale,

voire la trahison sont sources

de haute culture...

LLes échangeset la transmissiondes savoirs deVenise avecles grandesdynastiesmusulmanes

Tapis "Lotto"Turquie, Anatolie, XVIème siècleLaine, 170,18 x 109,22 cm

Ludovico Dolce (1508-1568), Le Trasformazioni - Venise, 1553

Reliure de cuir repoussé, 25,8 x 18 cm

ChandelierVenise, XVIème siècle

Laiton incrusté d’argent.

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THE METROPOLITAN MUSEUM

OF ART, GIFT OF J. PIERPONT

MORGAN 1917

© 2006, THE METROPOLITAN

MUSEUM OF ART

FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007 29

EXPOSITIONS

non loin ! l’original, posé au sol. Sous vitrine sont recueillis astrolabes en lai-

ton, encres sur parchemin et reliures de cuir.Cette boîte en cuivre, incrustée d’argent,

décor de fins rinceaux et fond bombé, est un belexemple de ce goût oriental pour les objets deluxe. Avec les tapis et les soieries, les manuscrits,les enluminures et les livres imprimés… grâcenotamment aux pigments de couleurs, venus deDamas et d’Istanbul.

On admire les verres orientaux, inventés auIXème siècle… les anciens sont plus mats tandis qued’autres émaillés et dorés, émerveilleront Venisequi importera cette technique du verre soufflépour l’implanter jalousement à Murano.

Nous voici au temps des Mamelouks quirègnent de 1250 à 1517 sur la Méditerranéeorientale. Les marchands européens sont installésdans ces cités, au contact des musulmans sun-nites qui reçoivent les caravanes d’Asie alorsqu’eux mêmes, ennemis des Perses et des Mon-gols, ont expulsé les croisés de Terre Sainte.

La domination mamelouk s’achève au débutdu XVIème siècle lorsque les Ottomans conquièrentl’Egypte et la Syrie.

A cette époque, l’Orient est très présent dansla peinture vénitienne : on voit des éléments d’ar-chitecture islamique pour de grandes toiles narra-tives qui mêlent sans façons thèmes religieux etprésence discrète de personnages orientaux. Onreconnaît bien les dignitaires mamelouks dessinésà la craie noire par Giovanni Mansuetti, avec leurshautes coiffes ovales faites dans un tissu d’or,rembourrées de papier et bordées de fourrure.

"La prédication de saint Etienne" de Car-paccio, se produit dans un décor de minarets etde coupoles, censé représenter Jérusalem… où lepeintre n’est jamais allé.

Mais les conquêtes ottomanes dans la deu-xième moitié du XVème siècle, bouleversent lesdonnées politiques de la Méditerranée orientale.Des échauffourées se poursuivent, après la chutede Constantinople, entrecoupées de périodes depaix, où Venise, toujours pragmatique, négocieavec les nouveaux maîtres.

Un portrait du sultan Mehmet II est peint parBellini, le seul peintre vénitien qui ait séjourné enOrient pendant deux ans et précisément à la cour

par Ariane GRENON

GobeletVenise, Murano, fin du XIIIème et début du XIVème sièclesVerre émaillé.

Orient

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Portrait de Mehmet II (1430-1481)Anonyme vénitien, Copie d’après Gentile Bellini, Huile sur bois, 19,7 x 14,8 cm

Reliure Iran, fin du XVIème siècleCuir estampé repoussé,

doré et incrusté de lapis-lazuli, 35,6 x 25,4 cm

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EXPOSITIONS

de ce grand souverain ! La toile est admirableavec ce personnage encadré dans une arcaturesoutenue par deux piliers ornementés ; au para-pet décoré de cette grande fenêtre, est suspendueune somptueuse étoffe, brodée de perles et detulipes… Le visage, presque de profil, est fin, avecun nez busqué et un regard profond et lointain àla fois.

En dehors des métaux et des armes, interditesà la vente aux Ottomans par le Pape, tout s’ex-porte ou presque. L’Orient fournit à Venise lessoieries et velours de soie et en retour, Veniseapporte ses produits de luxe, verreries, cristal deroche…

On voit ici – à côté du décor peint sous gla-çure des céramiques d’Iznik, l’original – des majo-liques ornées dans le même esprit sortant desateliers vénitiens. Et Venise fournir aussi des mar-queteries somptueuses, telles ces portes à deuxbattants en ébène, décorés de pierres semi pré-cieuses et de nacres peints.

Les Vénitiens se sont pris d’amour pour lesmotifs décoratifs islamiques et les réinventèrentpour leur usage personnel. Retrouvant l’âme des

fameuses céramiques d’Isnik mais aussi la ri-chesse des textiles de luxe, soieries et velours…Tous objets qui voyagent dans les deux sens sibien qu’il est difficile parfois d’en analyser la pro-venance ! Le laque vénitien et le cuir recouvertd’une épaisse peinture vernie, démontrent euxaussi le goût affirmé des artisans vénitiens pourles techniques décoratives islamiques.

Avec le déclin de Venise – dont les positionsorientales sont mises à mal par les Ottomans –s’achève cette exposition.

Les Vénitiens avaient vu dans le Turc, l’ennemide la chrétienté. A partir du XVIème siècle l’"Orien-talisme" deviendra une mode, glorifiant un Orientd’artifice… Et le Turc n’est plus qu’une figureenchaînée, ornant la proue d’une galère véni-tienne… �

"Venise et l’Orient", exposition organisée parl’Institut du monde arabe et le MetropolitanMuseum of Art de New York. Jusqu’au 18février, à l’Institut du monde arabe, 1 rue desFossés-Saint-Bernard, Place Mohammed V,75236 Paris Cedex 05. Tél. 01.40.51.38.38,serveur vocal : 01.40.51.38.11.

Giovanni Battista TiepoloDeux Orientaux assis sous un arbreVers 1757Huile sur toile, 160 x 53 cm

Vantaux de porteVenise, fin du XVIème siècleBois, pierres semi-précieuseset nacre peinte.

Cesare Vecellio (1521-1601)"La favorita del Turco"

(La favorite du Turc)Extrait de De gli habiti antichiet moderni di diversi parti del

mondo, libri duePublié par Damiano Zenaro Venise, 1590 (1ère édition)

Livre imprimé, 412 gravuressur bois de Christoph Krieger.

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EXPOSITIONS

e lieu n’est pas assez connu des touristes,ni même des Parisiens, qui passent sur leparvis pour visiter Notre Dame. "L’Annéede l’Arménie" constitue une occasionsupplémentaire de pénétrer dans la

crypte archéologique du parvis de la cathédralepour visiter "l’Arménie, terre chrétienne dans leCaucase". Riche d’un passé mouvementé, le payss’est retrouvé en 1920 dans la sphère soviétique,avant de revenir à l’indépendance en 1991. C’estde cette longue histoire, mais aussi de la vie quo-tidienne des Arméniens et de leur culture, quenous parle une exposition bien conçue. Elle pré-sente de nombreuses photos pré-soviétiques,soviétiques ou actuelles, mais aussi quelquesobjets d’art ou de la vie de tous les jours. Uneprojection audiovisuelle, que l’on doit malheureu-sement regarder debout, complète avantageuse-ment le tout.

Selon une légende arménienne, "en créant lemonde, Dieu a déversé de la terre et des pierres àtravers un immense tamis. La terre molle est tom-bée d’un côté et les pierres de l’autre, exactementlà où se situe l’Arménie d’aujourd’hui". Légende àlaquelle fait écho un texte contemporain : "sonsol n’est sillonné que par des cicatrices, Dieu l’amise à l’épreuve sans la ménager, elle n’a survécuqu’au prix de mille sacrifices, le plus souvent tra-hie, le plus souvent violée"* Une de ces cicatricesest évidemment évoquée à travers ce qu’il estconvenu d’appeler le génocide de 1915. Le nombre des victimes est ici estimé à 1,4 million(deux Arméniens sur trois). Plusieurs cartes rap-pellent que les territoires contrôlés par les Ar-méniens ont considérablement varié, du GrandRoyaume d’Arménie (93–66 avant JC) aux fron-tières de 1920. Et encore, l’histoire ne s’arrête pas

là. Nulle frontière n’est intangible, surtout dans leCaucase. Elle aussi évoquée, la guerre du Kara-bagh, qui oppose Arméniens et Azéris, vient lerappeler.

A la suite de ce conflit, le pays est passé de lamulti-ethnicité à la mono-ethnicité avec le dé-part des turcophones, même si les traces de lacohabitation passée restent dans les mémoires.Des photos de 1910 évoquent les Tatars. D’autresreprésentent des Yézidis, Kurdes non musulmanszoroastriens (adorateurs du feu), éleveurs demoutons organisés en tribus. En revanche, lesvagues d’émigration ont épargné quelques milliersd’Assyro-Chaldéens et de descendants des Molo-kanes, Russes exilés par le tsar Nicolas 1er en1841, dont les villages aux isbas de bois peint setrouvent dans le Nord de l’Arménie. Dans la ré-gion, la ligne de fracture est donc à la fois eth-nique et religieuse. Le statut de première nationchrétienne est évidemment rappelé : l’Arménies’est convertie au début du IVème siècle, devenantle premier pays officiellement chrétien. Au milieude l’islam environnant, souvent menaçant, lesArméniens sont toujours restés fidèles à leur foi.Depuis l’indépendance, la présence religieuse estrenforcée, notamment à travers la restauration etl’édification d’églises. Dans le Caucase, cette terreest, avec la Géorgie, une zone de contact entre lescivilisations russe, turque et persane, entre l’Eu-rope et l’Asie. "La liberté conquise, il y a tout àfaire, avec l’aide de Dieu et la foi et l’envie"*. �

Dans le cadre de "l’Année de

l’Arménie", une intéressante

exposition est consacrée à

cette "terre chrétienne dans

le Caucase" dans la crypte

archéologique du parvis

de Notre Dame.

LLe sol del'Arménien'est sillonnéque par descicatrices...

par Alain SOLARI

* Charles Aznavour – "Tendre Arménie".

"Arménie, terre chrétienne dans le Caucase", jusqu’au 25 mars. Cryptearchéologique du parvis de Notre-Dame, Place Jean-Paul II, 75004Paris, tél. 01.55.42. 50.10. Ouvert tous les jours de 10h à 18h, saufles lundis et jours fériés.

FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007 31

TERRE CHRETIENNE

ArménieArménie

MUSIQUE

32 FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007

e label Jade nous offre en ce débutd’année, deux enregistrements dechant orthodoxe : l’un grec, qui

nous offre à entendre la grande hymneAcathiste, par le fameux chœur byzantinde Grèce sous la direction du non moinsfameux Lycourgos Angelopoulos ; l’autre,fait chanter les moniales bélarusses deMinsk dans la grande vigile orthodoxe dela nuit. Semblant proches d’esprit, cesdeux enregistrements diffèrent considé-rablement l’un de l’autre.

En effet, les moniales sont enregis-trées dans le chant de leur office, dont lesouci premier est la prière et non la qua-lité artistique. Cela ne signifie pas pourautant que le résultat soit médiocre mu-sicalement. Loin s’en faut. Car l’intentionfaisant tendre ces voix féminines, d’unepureté remarquable, vers leur objectif, lechant en est sublimé. L’émotion nous sur-

prend à chaque ligne incantatoire. Lespsaumes, hymnes, prennent corps dansces voix. Elles sont elles-mêmes d’uneprécision remarquable pour un chœur demoniales. La prière chrétienne se fait lita-nique, presque comme une mise entranse. La spiritualité de ces pages trans-pire à chaque note, à chaque parole. Onregrettera une prise de son inégale, insuf-fisamment homogène, souvent trop lisse.Mais ce défaut n’atteint pas la beauté del’ensemble.

Le chœur byzantin de Grèce, quant àlui, réalise un sans-faute artistique. L’ob-jet premier de cet enregistrement estinévitablement la recherche d’une certai-ne perfection musicale. Pour autant, lecaractère immensément sacré et trans-

cendant de l’hymne acathiste est tou-jours présent, sublimé par ces qualitésque développe depuis plusieurs annéesLycourgos Angelopoulos. On retrouvedonc la justesse de l’interprétation, l’à-propos de l’ornementation, des mélismes,des intentions vocales, la puissance desvoix ; c’est toute la tradition grecquereçue et transmise. Voilà un univers mu-sical bien différent de notre monde latin,mais on retrouve la source commune àlaquelle s’est abreuvé notre chant grégo-rien.

Et l’on comprend mieux certainesinterprétations actuelles, tentant de nousfaire boire à nouveau à cette eau –notamment les travaux de Marcel Pérèsou de Dominique Vellard. A porter aunégatif, plutôt inexplicable, de cet enre-gistrement, une acoustique parfois insuf-fisamment ample, presque castratrice. Ilreste cependant de ce double CD uneforce, une majesté du chant grec et decette hymne en l’honneur de la Viergeque nous sommes parfois loin d’égalerdans le monde latin.

Ces deux disques nous transportent,sans faux semblant, sans compromis,dans le monde liturgique orthodoxe. L’au-dition se fait immersion dans le divin,comme un spectacle pour l’oreille quidevient écoute attentive de tout l’être. �

L’œuvre pour orguede Maurice Duruflé

Cet enregistrement n’estpas une réédition, bienque ce programme aitdéjà été donné plusieursfois au disque. On pensenotamment à la fameuse

intégrale (qui tient sur un seul CD) d’Olivier Latry surles grandes orgues de Saint-Etienne du Mont à Paris(1988). C’est sur ce même instrument que VincentWarnier, jeune prodige en son temps (il est né en1967), aujourd’hui titulaire de cette tribune, à la suitede Maurice et Madeleine Duruflé (l’épouse ducompositeur), et d’Olivier Latry justement, qu’il nouslivre sa vision de l’œuvre du Maître français de l’orguede la fin du XXe siècle. Maurice Duruflé est décédé en 1986. Etait-il opportunde relire déjà ce programme une nouvelle fois ? Ouiabsolument, car on ne s’en lasse pas, tellementDuruflé fait preuve de maîtrise, de génie même.D’autre part Warnier y apporte sa pâte, avec tout ledynamisme qu’on lui connaît et avec une émotioninégalée. Les tempi sont souvent moins rapides queLatry, ce qui ne se confond pas avec mollesse. On yentend peut-être parfois une trop grande retenue“sous prétexte” d’émotion. Mais on sent l’œuvredavantage mûrie, réfléchie que chez Latry. Peut-êtretrop ? Elle perd certainement en candeur, mais gagneen force. A recommander.

F.-X. L.

Intégrale de l’œuvre pour orgue de Maurice Duruflé – VincentWarnier – Intrada – INTRA027

Messe en si de Bach

Le monument de lamesse en si de Bachtrouve un de ces plusjustes interprètes, aprèsPhilippe Herreweghe etson Collegium Vocale de

Gand (1989). Ces longues pages, difficiles pour lesinterprètes, d’un brillant et d’une majestéextraordinaires pour les auditeurs, sontparticulièrement bien traitées par René Jacobs et sesmusiciens et chanteurs. On sait quel parcours l’artistea fait depuis cet enregistrement (1993). Le label EdelClassics nous offre une superbe version, en tiragelimité, de cette anthologie, qui dépasse en tout sonprédécesseur. Il s’agit vraiment de la version àposséder, à faire partager, à déguster, tant pour lesamateurs de Bach que pour les autres.

F.-X. L.

JS Bach – Messe in H-Moll BWV 232 – Rias-Kammerchor,Akademie für alte Musik Berlin – Rene Jacobs – Edel Classics– 018401BC – Edition limitée à 5000 ex. – Distribution Integral

Deux nouveaux disques

nous transportent dans le

monde liturgique orthodoxe,

dans le sacré par excellence,

à travers l’instrument le plus

apte à louer Dieu, la voix.

Chantpar François-Xavier LACROUX

On retrouve la source commune à laquelle s’est abreuvénotre grégorien(

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Hymne Acathiste à la Mère de Dieu – Chœur Byzantin deGrèce – Lycourgos Angelopoulos – Jade – CD6996112Grande Vigile Orthodoxe de la Nuit – Chœur desMoniales du Monastère Sainte-Elisabeth de Minsk –Jade – CD6996122

orthodoxeNOUVEAUTE

REEDITION

NOUVEAUTES

CINEMA

La Seconde Guerre mondiale, c'estune multitude de parcours, dedestinées, de tragédies intimes, de

bouleversements familiaux et de bles-sures indicibles. Le cinéma et la fictionpermettent de mettre des visages surces destinées, de les vivre et de les res-sentir de l'intérieur. Christophe Mala-voy nous invite à découvrir le parcoursd'une famille juive contrainte à toutquitter pour se cacher en zone libre.

Au cours de la Seconde Guerremondiale, la famille Schwartz, de confession juive, trouve refuge enzone libre, chez Maury, un paysancharentais, qui vit dans une fermeavec sa bru et son petit-fils. La grangeleur sert de cachette. Ils doivent s'a-dapter à ce nouveau cadre et vivresans cesse sous la menace d'être dé-

couverts et arrêtés. Mais ils peuventcompter sur l'aide et le courage deMaury et des siens.�� Cette adaptation d'une pièce deJean-Claude Grimberg touche par cette humanité et cette vérité qui é-manent de chaque situation dépeinte.Qu'il s'agisse de l'insouciance du jeuneHenri, du désarroi de la belle-mère, del'angoisse de Simon ou de la géné-rosité innée de Maury, chaque per-sonnage porte en soi sa propre façonde faire face aux événements. Le

cinéaste nous dépeint par petites touches bien senties un monde ruraldont la quiétude apparente contrasteavec l'angoisse sourde qui habite lespersonnages. Le sujet n'est pas nou-veau, mais la finesse avec laquelle ilest traité mérite d'être soulignée.�� Le cinéaste veut rendre hom-mage à une certaine noblesse dumonde rural et à ces hommes et à cesfemmes pour qui il était naturel deporter secours à son prochain. �

Zone libre. Comédie dramatique française (2006) deChristophe Malavoy, avec Jean-Paul Roussillon (Maury), LionelAbelanski (Simon), Mathilde Seigner (la bru), Olga Grumberg(Léa), Elisa Tovati (Mauricette), Tsilla Chelton (MmeSchwartz) (1h44). (Adolescents). Sortie le 17 janvier 2007.

ApocalyptoLa tribu de Patte de Jaguar est attaquée pardes guerriers. Le jeune homme cache dans untrou sa femme et son petit garçon et assiste,impuissant, à la mort de son père. Avecd'autres habitants du village, il est conduitjusqu'à la cité des guerriers et doit être offerten sacrifices pour les dieux...�� Le nouveau long-métrage de Mel Gibsona suscité quelques controverses à sa sortie,notamment au sujet de sa véracité historiqueet de sa représentation sanglante de lacivilisation maya. Le cinéaste s'est attaché àdépeindre la chute d'une civilisation provoquéepar sa violence et ses guerres intestines. Lerythme imposé au récit et le souffle épique quile traverse forcent l'admiration. C'est avanttout une histoire très émouvante que nousconte Mel Gibson avec beaucoup d'efficacité... ���� Notre héros trouvera une énergieet une force intérieure peu communes pourparvenir à sauver les siens. La violence estomniprésente et montrée de façon très réaliste.

Sabine Perouse.

Drame historiqueaméricain (2006) deMel Gibson, avecRudy Youngblood(Patte de Jaguar),Raoul Trukillo (ZeroLoup), DaliaHernandez (Sept)(2h18). Interdit auxmoins de 12 ans.(Adultes). Sortie le 10janvier 2007.

CongoramaMichel découvre qu'il a été adopté et que sesparents biologiques sont québécois.� Philippe Falardeau signe une œuvre insolite,qui manque parfois un peu d'énergie, mais quis'aventure plutôt astucieusement dansdifférents registres : comédie sociale, thriller,road movie... L'interprétation est impeccable.�� L'ambition de Michel le poussera àemprunter un mauvais chemin, mais il seretrouvera face à ses responsabilités.

M.-L. R.

Comédie dramatiquefranco-canado-belge(2006) de PhilippeFalardeau, avec OlivierGourmet (Michel Roy),Paul Ahmarani (LouisLegros), Jean-PierreCassel (Hervé Roy)(1h45). (Adolescents)Sortie le 17 janvier 2007.

Les climatsUn couple en vacances ne cesse de se déchirer et décidede rompre.��� Le nouveau long-métrage du cinéaste turc NuriBilge Ceylan, sélectionné en compétition officielle dudernier festival de Cannes, est une œuvre contemplatived'un abord pas facile, composée de longs plans-séquences

et au rythme extrêmement lent. Pour apprécier ce film, il faut avant tout être sensible à sabeauté visuelle et à ses partis pris stylistiques audacieux.��� L'histoire est assez austère et guère optimiste. Une longue scène suggestive assezpénible.

Marie-Lorraine ROUSSEL

Drame turco-français (2006) de Nuri Bilge Ceylan, avec Nuri Bilge Ceylan (Isa), Ebru Ceylan (Bahar), Nazan Kesal (Serap), Semra Yilmaz (Semra),Mehmet Eryilmaz (Mehmet), Arif Asci (Arif), Can Özbatur (Güven), Ufuk Bayraktar (le chauffeur de taxi), Fatma Ceylan (la mère d'Isa) (1h38).adultes). Sortie le 17 janvier 2007.

Christophe Malavoy signe

une œuvre très personnelle

qui s'inspire de sa propre

histoire familiale.

La noblesse du cœurZONE LIBRE par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Jean-Paul Roussionavait déjà tenu le rôle de Maury sur les planches(

FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2006 33

a salle du Café de la Gare est un spectacleà elle seule. Pas d’enseigne sur la rue, maisune porte cochère débouchant dans lacour intérieure d’un hôtel particulier. Cesont ses pavés que l’on bat, tandis que les

semelles parfois ferrées d’un cours de danse nousoffrent, depuis les étages, un spectacle tous azi-muts. Seuls les plus patients seront bien placés : ily a entre cinquante et cent places réellement bonnes dans la salle qui en compte deux centsoixante. Et on ne fait entrer le public, parapluiescompris, que cinq minutes avant le début de la

représentation. Une fois la porte franchie, unétrange jeu de piste attend l’impétrant, qui nepeut en aucun cas recourir au fauteuil roulant.Chicane, coursive et sol inégal débouchent sur unantre biscornu aux murs en pierres de taille etpoutres apparentes aménagé en salle de théâtre.De dessus, cela ressemblerait assez à un bicorneque l’on verrait posé sur une table, le rideau étantfiguré par son bord inférieur et les gradins par lereste. Le premier geste à avoir, passé la prise d’as-saut vers la place la moins étrangement située, estde se déshabiller, la température variant de 20 à23°C au cours du spectacle.

Ce rituel folklorique étant accompli, on a lasatisfaction de se trouver dans une des salles lesplus connues de Paris, pour y voir un spectacle quicontinue de s’y prolonger après déjà deux centsreprésentations et trente mille spectateurs.

Il s’agit de Venise sous la neige (1). La situationde départ est d’un banal achevé : un couple siamoureux qu’il va bientôt se marier attend àdîner un ami du mari accompagné d’uneinconnue. Les invités venant de se disputer, lafemme ne desserre pas les dents. Etonnementdes hôtes, supputations jusqu’à ce que… maisil faut laisser au spectateur le plaisir de sefaire entraîner dans ces épisodes à rebondis-sements.

La force de cette pièce est de ne montrerque des situations et des personnalités finale-ment fort courantes. Par contre l’évolutiondes unes et des autres est aussi logique quesurprenante. Et pleine d’humour. On rit fran-chement, et sans vulgarité. On croit pleine-ment aux personnages, non qu’ils ne soient

pas caricaturés ; mais tout à fait crédibles dansleur ridicule, ils ne sont pas le moins du mondesurjoués. Le théâtre parvient ici à réaliser la magiequi fait croire à des hypothèses impossibles grâcesà la force et à la justesse de l’interprétation. On ritréellement, mais les plus lucides perçoivent lacruauté de situations qui ne font que décrire nosmois intimes… �

THEATRE

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(1) Venise sous la neige, de Gilles Dyrek. AvecÉmilie Colli, Séverine Debels, Éric Mariotto,Xavier Martel. Du mercredi au samedi (20h) auCafé de la Gare, 41 rue du Temple, 75004 Paris.Places à 22 / 18 / 15 €. Tél. 01.42.78.52.51.

Des caractères banals

emportés par des situations

impossibles aboutissent…

à bien nous faire rire.

VENISE SOUS LA NEIGE

LL’argent, maître d’ingratitudeTimon d’Athènes est une pièce contemporaine,toute écrite par Shakespeare qu’elle soit. Sonthème est voisin de celui de The School forPolitics : A dramatic Novel (1854), de CharlesÉtienne Arthur Gayarré, historien, politicien etauteur louisianais bilingue dont on fêtait la nais-sance le 9 janvier dernier. A ceci près queTimon, loin de participer à l’hypocrisie du systè-me, est plein d’une candeur qui se tournera enfureur. Intérêt et argent, moteurs du monde cor-rupteurs de toute amitié, tel est ce qui se tramesur l’agora autour de laquelle les spectateurssont installés. Tout à la fois comédie et tragédie cette pièce àl’étrangeté toute shakespearienne nous plongedans les affres et les méandres de l’âme humaine. On rit de l’hypocrisie des fauxamis et on est ému par le désespoir de Timon ainsi que le dévouement de ses fidè-les. On voit les âmes à nu. La mise en scène est tout à fait réussie. Sans angle de vueprivilégié elle met en valeur le dynamisme de la vie, la fugacité des événements, lafumée qu’est une existence.Seul ombre à ce tableau : Timon, dont on a rapidement compris qu’il est undémonstratif cherchant à se rassurer par l’octroi de présents, crie trop dans cettepetite salle. A noter, l’intéressante option qui consiste à pouvoir dîner après le spec-tacle, en compagnie de l’équipe artistique. �

Timon d'Athènes, de William Shakespeare. Du mardi au samedi (20h30), au théâtre de la Boutonnière,25, rue Popincourt, 75011 Paris, jusqu'au 3 février. Places à 18/TR 10 €. Tél. : 01.48.05.97.23. Dînerpossible sur place après la pièce. http://la.boutonniere.free.fr

© PH

OTO

LOT

Éric Prigent et Denis Lavant

L'évolutiondes situationsest aussilogique quesurprenante

Couplesen construction

par Pierre FRANÇOIS

Certains personnages historiques sontsi impressionnants qu’ils repré-sentent une source d’inspiration

inépuisable pour les scénaristes. C’est lecas de l’abbé de l’Épée, inventeur du lan-gage des signes pour les sourd-muets.

Un incendie s’étant déclaré dansl’humble masure dans laquelle il habitait,un enfant en guenilles fait irruption bru-talement dans l’élégant salon de la com-tesse de Solar, en hurlant comme unebête sauvage. Tout le monde est boule-versé, surtout la comtesse qui sait qu’ils’agit de Guillaume, son fils sourd-muetqu’elle cache à tous. Peu après, elle de-mande qu’on la débarrasse de ce petitsauvage. Il sera recueilli par l’abbé de l’É-pée.

�� Elle est très belle, cette histoire d’en-fant sauvage rejeté par sa mère. En sui-vant les pas de l’abbé de l’Épée (merveil-leux Michel Aumont), le réalisateur décritbien le travail patient et plein d’humanitéde cet homme hors du commun. Il montre, surtout, de quelle manière mépri-sante les sourds-muets étaient traités àl’époque. Malgré quelques lourdeurs etdes maladresses, on reste sous le charmede cette belle et émouvante histoire. D’au-tant que les décors et costumes sontsplendides.

��� Ce téléfilm est un vibrant hommageà la figure de l’abbé de l’Épée, qui a consa-cré sa vie à ces malheureux enfants rejetésde tous. La scène où il essaye d’apprendre àparler avec des signes au jeune héros est unemerveille, tant elle met en relief le respect etl’amour que cet homme éprouvait pour cesenfants. Dommage qu’il y ait un bref flashvulgaire et totalement inutile. �Téléfilm français (2006) de Serge Meynard, avec Michel Aumont(l’abbé de l’Épée), Claire Borotra (la comtesse de Solar), FannyCottençon (Marie de l’Épée), Yvon Back (Cazeaux), Joshua Julvez(Joseph/Guillaume), Laurène Loctin (Agnès), Baptiste Gintzburger-Battle (Henri), Hélène de Saint-Père (Madame Bonaventure)(1h31). Diffusion le mardi 23 janvier, sur France 2, à 20h50.

Je vous trouve très beau

Lorsqu’il perd sa femme, Aymé Pigrenet, unagriculteur, est effondré. Non par le chagrin,mais par la tâche qui l’attend dorénavant etqu’il devra assumer seul. Bientôt harassé detravail, il se demande s’il ne lui faudrait pasune autre femme pour l’aider à la ferme.Timide et introverti, il se dit que seule uneagence matrimoniale pourra lui trouver unefemme courageuse et solide. La directrice del’agence lui suggère alors de se rendre enRoumanie, où tant de jolies filles veulent fuir lamisère et sont prêtes à tous les sacrifices. C’estlà qu’Aymé fait la connaissance d’Elena, qu’ilramène chez lui et présente à sa famillecomme étant une stagiaire... �� Pour son premier film comme réalisa-trice, la scénariste-comédienne IsabelleMergault n’a pas choisi la facilité, avec cettehistoire douce-amère qui parle d’un sujet graveet bien réel dans nos campagnes : la solitudedes paysans et la misère des gens de l’Est.Grâce à un scénario plein de trouvailles, à unemise en scène sobre et fluide et, surtout, àdeux comédiens magnifiques, Isabelle Mergaultnous fait passer du rire aux larmes, en trouvanttoujours le ton juste. Michel Blanc est sensa-tionnel en vieux paysan bourru, tandis que lajeune Medeea Marinescu révèle un beau tem-pérament d’actrice. On attend le second filmd’Isabelle Mergault avec impatience.�� Il y a beaucoup de délicatesse et depudeur dans les relations entre ces deux per-sonnages, ce qui est bien rare, de nos jours.Quant à l’émotion, elle est toujours à fleur depeau. Une belle et émouvante œuvre.

Comédie dramatique française (2005) de Isabelle Mergault, avecMichel Blanc (Aymé Pigrenet), Medeea Marinescu (Elena), WladimirYordanoff (Roland), Benoît Turjman (Antoine), Éva Darlan (MmeMarais), Élisabeth Commelin (Françoise) (1h37). Diffusion le lundi22 janvier, sur Canal +, à 20h50.

TÉLÉVISION

La recrueJames Clayton prépare son avenir brillant tout enexerçant un emploi de barman, quand un inconnu,Walter Burke, lui propose de travailler pour la CIA.Celui-ci lui fait comprendre que son père, mort dansle crash d'un avion, était un agent au service de sonpays. James hésite, puis il accepte et il se retrouvebientôt dans l'école des apprentis espions.

�� Bien sûr, tout cela n'est guère original et les nombreuses péripéties sont assez prévisibles.Mais c'est si bien ficelé, avec un Al Pacino égal à lui-même, c'est-à-dire sensationnel, que l'onpasse un excellent moment en compagnie de cette recrue, campée par un Colin Farrell, jeuneacteur hollywoodien qui monte. Malgré tout, l'histoire tient en haleine, et le scénario réservequelques surprises. Classique, mais très bien fait.�� Il n’y aurait rien à redire à cette œuvre de distraction pure, s’il n’y avait une brève scèned’intimité entre James et Layla.Aventures américaines (2003) de Roger Donaldson, avec Al Pacino (Walter Burke), Colin Farrell (James Clayton), Bridget Moynahan (Layla), GabrielMacht (Zack) (1h55). Diffusion le dimanche 21 janvier, sur TF1, à 20h50.

À partir d’un personnage

historique, les auteurs de

ce beau téléfilm ont réalisé

une œuvre très émouvante.

L’enfant du secretpar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

«Le verbe est amour»,dit le héros qui a suredonner leur dignitéaux sourds-muets(

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TELEVISION

36 FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007

TF120.50 NRJ music awards. Diver-tissement présenté par Arthur,avec Christina Aguilera, GwenStefani, The Pussycat Dolls, Fergie,Nelly Furtado, Rihanna, etc.23.30 New York, unité spéciale.Série avec Chris Meloni 3.France 220.50 La revanche des stars.Divertissement présenté parOlivier Minne, avec PatrickTimsit, Thierry Lhermitte, Shir-ley et Dino, Michèle Bernier,Liane Foly, Frédéric Diefenthal,Adriana Karembeu, etc.23.10 On n’est pas couché.Magazine de Laurent Ruquier.France 320.50 Le fantôme du lac GA.Téléfilm avec Bernard Yerlès,Linda Hardy. �� Il n’y a pas depoésie dans cette histoire fantas-tique et ennuyeuse. Un person-nage de curé superstitieux.22.55 Personnel et confidentiel«Mike Brandt, laisse-moi t’aimer».Documentaire.Arte

20.45 L’aventure humaine«Passage du Nord-Ouest : Uneexpédition dans les glaces polai-res» J. �� Classique, mais inté-ressant.21.40 360° - Géo «Pour les tigresde l’Amour». Documentaire.Musica

22.10 Candide. Opérette deLeonard Bernstein, avecl’Ensemble Orchestral de Paris,sous la direction de John Axelrod,et avec William Burden, AnnaChristy, Lambert Wilson (2h45).01.10 Le pays du chien quichante GA. Téléfilm avec KatsukoNakamura (1h30). �� Sinistre etennuyeux.M6La trilogie du samedi

20.50 Les 4400 «Copie presqueconforme». Série avec PatrickFlueger, Conchita Campbell.21.45 Threshold «Premiercontact». Série avec RobertPatrick Benedict, Carle Gugino 3.23.30 Dead zone. Série avecAnthony Michael Hall 2.Canal +20.50 La gorge du Diable. Thriller(2003) de Mike Figgis, avec Den-nis Quaid, Sharon Stone (1h54) 2.KTO20.50 VIP. Magazine.21.45 Schubert «Le voyage d’hi-ver», avec Fransisco Araiza.

TF120.50 La recrue GA. Espionnage(2003) de Roger Donaldson, avecAl Pacino, Colin Farrell (1h55) 2.(Voir notre analyse page 35) 22.55 New York section crimi-nelle. Série avec VincentD’Onofrio 2.France 2

20.50 Embrassez qui vous vou-drez A/Ø. Comédie (2002) de etavec Michel Blanc, et avec Jac-ques Dutronc, Charlotte Rampling(1h39) 2. ��� Une excellentecomédie, mais des images et dessituations complaisantes.22.40 Faites entrer l’accusé«Rezala tueur des trains» GA2.�� Très intéressant.France 320.50 La fonte des neiges GA.Téléfilm avec Robin Renucci, AnneCoesens. �� Maladroit et peupalpitant.23.25 France Europe Express.Magazine de Christine Ockrent.01.15 Les dernières vacancesGA. Drame en NB (1946) de RogerLeenhardt, avec Pierre Dux, OdileVersois (1h35). �� À redécouvrir.ArteIls se sont tant aimés

20.40 Voyage à deux GA. Comé-die (1967) de S. Donen, avec Au-drey Hepburn, Albert Finney (1h52).(Voir notre analyse ci-contre)22.30 Rossellini-Bergman, l’a-mour du cinéma GA. ��� Bienfait, mais un peu décevant.23.25 Je t’aime, je te filme… GA.�� Inintéressant, et désolant.M620.50 Capital «Consommerpropre : Enquête sur un nouveaubusiness». Magazine.23.00 Enquête exclusive «Voyageau cœur du pays le plus fermé dumonde : La Corée du Nord». Canal +20.50 World poker tour.Divertissement.KTO20.50 La foi prise au mot «Icono-clasme», avec Marie-France Auzépy.21.45 Un jour, une foi «La vie desdiocèses».

TF1

20.50 Diane femme flic «L’amourd’un fils» GA. Téléfilm avecIsabel Otero, Laurent Gamelon.��� Bien fait et amusant.22.30 Confessions intimes.Magazine.00.35 Vol de nuit. Magazinede Patrick Poivre d’Arvor.France 220.50 Meurtre parfait A/Ø.

Policier (1997) de Andrew Davis,avec Michael Douglas, GwynethPaltrow (1h43). ���� Pas mal,mais très violent et érotique.22.40 Mots croisés. Magazineprésenté par Yves Calvi.00.50 Musiques au cœur«Disque, disque, rage…». Magazineprésenté par Ève Ruggiéri.France 320.50 Questions pour unchampion «Spéciale campus».Divertissement présenté par JulienLepers.22.55 Ce soir ou jamais.Magazine présenté en direct parFrédéric Taddéi. (et à 23h25)00.40 NYPD blue. Série avecDennis Franz.Arte20.40 ReGenesis (5 et 6/26) : «Levirus historique», «L’œil de la ba-leine» GA. Série avec Peter Outer-bridge (1h40). ��� Très prenant,mais contestable sur le fond.22.15 Arte sciences «L’hommesans douleur» GA. �� Fascinant.23.10 Grand format «Les souve-nirs de Monsieur X» J. � Pas mal.M620.50 Ça reste entre nous GA.Comédie (1998) de MartinLamotte, avec Catherine Frot, SamKarmann (1h25). � D’une bêtiseet d’une vulgarité affligeantes.22.15 Joyeuses Pâques GA.Comédie (1984) de G. Lautner,avec Jean-Paul Belmondo, SophieMarceau (1h42). ��� Amusant,mais assez conventionnel.Canal +20.50 Je vous trouve très beauGA. Comédie dramatique (2006)de Isabelle Mergault, avec MichelBlanc, Medeea Marinescu (1h36).(Voir notre analyse page 35)KTO20.50 Passeurs de paix. Des ecclé-siastiques œuvrent en banlieuepour le dialogue interreligieux.21.45 Un jour, une foi «Chemins devie».22.10 KTO magazine «L’entreprise àvisage humain».

TF120.50 Les experts, Manhattan :«Meurtre à Central Park», «Affairesinternes», «Poisson mortel». Sérieavec Gary Sinise 2.23.15 Vis ma vie : «Laurent Our-nac à la neige», «En famille». Ma-gazine présenté par F. Flament.France 220.50 L’enfant du secret J. Télé-film de Serge Meynard, avec Clai-re Borotra, Michel Aumont, FannyCottençon, Joshua Julvez (1h31).(Voir notre analyse page 35)22.35 Rocky I GA. Aventures(1976) de John Avildsen, avecSylvester Stallone, Talia Shire(1h55). �� Très bien fait.France 3

20.50 Boomtown : «Seule à bord»,«Dette d’honneur» GA. Téléfilm deJohn Avnet, avec DonnieWahlberg 2. ��� Le premierépisode est très émouvant, lesecond décevant.22.25 Ce soir ou jamais.Magazine présenté en direct parFrédéric Taddéi. (et à 23h25)00.40 NYPD blue. Série.ArteL’exécution de Saddam Hussein :

Justice ou vengeance ?

20.40 Le procès de Saddam.Documentaire.21.40 Saddam en route versl’enfer. Documentaire.22.30 Débat.22.45 48 anges J. Téléfilm en VOavec Shane Brolly, John Travers(1h28). ��� Un joli film, maisc’est trop lent.00.55 Médium «Les corpsouverts». Moyen.M620.50 10 pièges à éviter : «Escro-querie à domicile», «Escroqueriedu quotidien». Magazine présentépar Mac Lesggy et V. Mounier.22.50 T’empêches tout lemonde de dormir. Magazine pré-senté par Marc-Olivier Fogiel.Canal +20.50 Death of a president.Science-fiction (2006) de GabrielRange, avec Michael Reilly Burke,Hend Ayoub (1h33) 2. KTO20.50 Mechti, le dernier combat.L’histoire de la colonisation fran-çaise et de ceux qui ont combattupour la France.21.45 Un jour, une foi «Que de-viennent-ils ?».22.10 La foi prise au mot«Iconoclasme».

Samedi 20 janvierSamedi 20 janvier DimancDimanche 2he 21 janvier1 janvier LLundi 22 janvierundi 22 janvier Mardi 23 janvierMardi 23 janvier

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Émissions religieuses :Émissions religieuses :08h30 Émissions religieuses : «Voix boud-dhistes», «Islam», «Judaïca», «Orthodoxie» -10h00 Émission spéciale unité des chré-tiens - 10h55 Célébration œcuménique, endirect de Saint-George’s anglican church, àParis.

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FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007 37

sur ArteDimanche 21 janvier, à 20h40Voyage à deux GAAlors qu’ils sont en train de divor-cer, Mark et Joanna partent sur laCôte d’Azur. Un voyage qui valeur rappeler bien des souvenirs.��� On retrouve toute l’élé-gance de Stanley Donen danscette jolie comédie (un peu pessi-miste) sur le mariage. Construitesur de nombreux flash-back,cette œuvre met en valeur labeauté des paysages de la Côted’Azur, comme celle de la déli-cieuse Audrey Hepburn.� L’habitude qui mine tous lescouples est bien décrite danscette œuvre positive.

TF120.50 La fille du chef J. Téléfilmavec Guy Marchand, ClaireBorotra, Éric Berger. � Charmant,mais lourd et raté.22.35 Preuve à l’appui : «L’argentne fait pas le bonheur», «5 jourspour convaincre». Série avec JillHennessy 2.France 220.50 Louis Page «La vérité à toutprix» A. Téléfilm avec Frédéric VanDen Driessche, Anthony Delon(1h33). ���� Un épisode trèshabilement fait sur un prêtre ho-mosexuel. Si la doctrine de l’Égliseest bien rappelée, tout est mis enœuvre pour présenter celle-cisous un aspect rigide et insensibleà l’amour véritable. Un modèle demanipulation intelligente.22.35 L’arène de France.Magazine présenté par StéphaneBern.France 320.50 Vie privée, vie publique«Drôle d’enfance, drôle de des-tin !». Magazine présenté parMireille Dumas, avec FrançoisBerléand, Michèle Bernier,Frédéric Deban, Myriam Boyer,Cyrille Putman, Charles-Henri deBartillat, Laurent Malet, etc.23.25 Championnats d’Europede patinage artistique «Librecouples», depuis Varsovie.00.45 NYPD blue. Série avecDennis Franz.Arte

20.40 Mercredis de l’histoire «Larésistance juive : Le courage dudésespoir» GA. � Intéressant,mais pas très nouveau.21.35 Zoom Europa. Magazineprésenté par Bruno Duvic.22.20 Le dessous des cartes «LaThaïlande : Coup d’État à risques». 22.35 Once we were strangersGA. Comédie dramatique en VO(1999) de E. Crialese, avec Vincen-zo Amato (1h32). �� Assez obscur.M620.50 L’inventeur de l’année.Divertissement.22.15 The unit. Série avec DennisHaysbert, Scott Foley 2.Canal +20.45 Football «Championnat deFrance : Lyon/Bordeaux».KTO20.50 Les notes au-delà desmaux. Patrick Manet, contrebassis-te, joue pour des enfants autistes.21.45 Un jour, une foi «La familleen questions».

TF120.50 Les enfants de la télé.Divertissement présenté parArthur et Karen Minier, avecClotilde Courau, Kad et Olivier,Hélène Ségara, Gérard Jugnot,Jean-Paul Rouve, Jean-LucReichmann, M. Pokora.France 220.50 Patinage «Championnatsd’Europe : Libre danse».22.50 Central nuit «Parole de flic»GA. Téléfilm avec Michel Creton,Clovis Cornillac, Lucie Jeanne(0h54). �� Bien ficelé.23.50 Taratata. Magazine présen-té par Nagui, avec Deep Purple,Rapture of the Deep, Motorhead,Tété, Sanseverino, etc.France 320.55 Thalassa «En direct de l’îlede Batz». Magazine présenté parGeorges Pernoud.23.25 Pièces à conviction «Erika,mystères autour d’une cargaison».Magazine.Arte20.40 Une tout autre épreuveGA. Téléfilm avec Karoline Her-furth, Ken Duken (1h36). ���Le sujet est intéressant, mais il y ades lourdeurs et des longueurs.Kafka

22.20 Qui était Kafka ? J.Documentaire de Richard Dindo.�� Un portrait passionnant.

00.00 Le procès GA. Drame enNB et VO (1963) de Orson Welles,avec Anthony Perkins, OrsonWelles, Jeanne Moreau, RomySchneider, Elsa Martinelli (2h).��� Très brillant, même si cen’est guère fidèle à l’esprit duroman.M620.50 Bones : «Dans la peau del’ours», «La momie», «Innocenceperdue». Série avec EmilyDeschanel, David Boréanaz 3.23.30 Sex & the City. Série avecSarah Jessica Parker 2.Canal +20.50 New police story J.Comédie (2005 de Benny Chan,avec Jackie Chan, Nicholas Tse(1h58) 3. �� Entre rire et lar-mes, un film très sympathique.KTO20.50 KTO magazine «L’estime desoi», avec le docteur ChristopheAndré.21.45 Un jour, une foi «Églises dumonde».22.10 À la découverte de la Bible«La Bible, la Torah et le Coran (4/4)».

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20.50 RIS police scientifique :«Preuve d’amour», «Cœur à vif» A.Téléfilm avec Jean-Pierre Michael,Laurent Olmedo. ��� Ce n’estpas toujours très clair, mais c’esttrès bien fait. Des images péni-bles. Le second épisode met enscène une histoire affreuse.22.55 La méthode Cauet.Divertissement présenté parCauet.France 220.50 À vous de juger. Magazineprésenté par Arlette Chabot.22.55 Infrarouge «Stars descités». Documentaire deDominique Torrès.23.50 Infrarouge «Les tenaces».France 320.55 Championnats d’Europede patinage artistique«Hommes : Programme libre», endirect de Varsovie.23.15 Choses secrètes Ø. Drame(2002) de Jean-Claude Brisseau,avec Coralie Revel (1h55) 4.���� Malgré son talent,Brisseau ne parvient pas à inté-resser avec cette histoire sinistreet plus que complaisante.ArteRobert Altman et l’autre Hollywood

20.40 Short cuts A/Ø. Comédiedramatique en VO (1993) deRobert Altman, avec AndieMacDowell, Bruce Davison, JackLemmon (3h05). ���� Brillantet très bien interprété, mais unpeu artificiel. La vision du cinéas-te est des plus pessimistes et sesimages ne sont guère discrètes.23.45 Robert Altman, un por-trait. Documentaire.01.00 La fiancée de Dracula.Fantastique (2000) de Jean Rollin,avec Cyrille Iste (1h37).M620.50 NICS, enquêtesspéciales : «Les immortels», «Lamomie», «Trafic en haute mer».Série avec Michael Weatherly.23.25 Killer instinct. Série avecJohnny Messner 3.Canal +20.50 24 heures chrono :«21h00 - 22h00», «22h00 -23h00». Série avec KieferSutherland 3.KTO20.50 Jacques Dufilho, le sei-gneur et le lutin. Portrait d’unhomme de foi.21.45 Un jour, une foi «Art et cul-ture».

Mercredi 24Mercredi 24 janvierjanvier Jeudi 25Jeudi 25 janvierjanvier VVendredi 26endredi 26 janvierjanvier

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T : Tout publicJ : AdolescentsGA: Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive� : Elément positif� : Elément négatif

Repères

RADIOSRadio Notre DameLundi 22 janvier7h30 L'invité du matin, par LouisDaufresne, avec Pierre Manent (di-recteur d’études à EHESS)Mardi 23 janvier7h30 L'invité du matin, par L. Dau-fresne, avec Bertrand de Kermel(président du comité Pauvreté et Politique)10h45 Aujourd'hui l'Eglise, parEtienne Loraillère, "Que révèle lessuccès des mensuels de prière ?",avec Pierre-Marie Dumont (FleurusMagnificat) et P. Benoit Gschwind(Prions en Eglise).Jeudi 25 janvier17h Face aux chrétiens, par Frédé-ric Mounier, avec Brigitte Girardin(Ministre déléguée à la coopération, audéveloppement et à la francophonie)Vendredi 26 janvier17h Les médias en question, parEmmanuel de la Taille, avecMichel Turin (Les Echos)RCF et Radio Notre DameSamedi 20 janvier12h00 Face aux chrétiens, forumanimé par Frédéric Mounier, avecChristine Boutin (Député des Yvelines). RCFDimanche 21 janvier21h Grand angle, "10 questions aufutur Président de la République"Mardi 23 janvier13h Magazine œcuménique "Spé-cial Semaine de l'unité"Mercredi 24 janvier16h Perspectives "La BD chrétienneaujourd'hui en France" (à l'occasiondu Festival de la BD d'Angoulême)Vendredi 26 janvier9h Grand angle, "La générationdes 16-25 ans face aux électionsprésidentielles"France CultureDimanche 5 mars10h Messe, en direct de l'EgliseSaint-François Xavier des missionsétrangères, 12 place du PrésidentMithouard, 75007 Paris, commen-tée par le Père Alain Carron de laCarriere. Prédicateur : Père AlainCastet. M.B.

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ParisParis✔ Grand débat - Université de laVie "Bioéthique et Eglise - De l’af-frontement au débat", Après leséchanges houleux autour duTéléthon, l'Eglise peut-elle encores’exprimer sur la place publique àpropos de la vie ? Face-à-faceexceptionnel entre deux journa-listes emblématiques : Jean-YvesNau (Le Monde, spécialiste de bio-éthique) et Gérard Leclerc (spécialis-te de l’Eglise), animé par TugdualDerville, (Délégué général del’Alliance pour les Droits de la Vie), le7 février (20h30 précises) auCentre Asiem, 6 rue Albert deLapparent, 75007 Paris. Entréelibre. Rens. 01.45.23.86.10 ouwww.universitedelavie.fr✔ A l'espace Georges Bernanos, 4,rue du Havre, 75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.26, une conférence estprévue le 29 janvier (18h30)"Qu’y a-t-il de sérieux dans l’his-toire d’Adam et Eve ?", avec lepère Michel Gitton. Entrée libre.✔ Dans le cadre du cycle desconférences-rencontres, "Tu as duprix à mes yeux", de l'Office chré-tien des personnes handicapées,

la troisième aura lieu le 7 février(20h30) à l'église Saint Léon, 1place du Cardinal Amette, 75015Paris, avec Jean Vanier (Fondateurde l'Arche, co-fondateur de Foi etLumière) sur le thème "La dépres-sion, qui me libèrera ?". Partic./frais. 6 €, TR 4 €. Messe à 19h.Rens. à l'O.C.H. ✆ 01.53.69.44.30, site : www.och.fr✔ Les délégués diocésains de larégion Ile de France pour lesRelations avec le Judaïsme vousinvitent à une conférence-débat"La redécouverte de la judéité deJésus : conséquences pour un juif,conséquences pour un chrétien",avec le père Michel Berder(Enseignant à l’Institut catholique deParis) et le Rabbin PhilippeHaddad (Rabbin de la synagogue desUlis), le 4 février (14h30), à laparoisse Saint-Christophe de Javel,8-10 rue Saint-Christophe, 75015Paris. Frais : 5 €. Rens. auprès del'abbé Jean-Claude Bardin,✆ 01.45.78.33.71.✔ L'IPC, Facultés Libres de Philo-sophie et de Psychologie, 70, av.Denfert-Rochereau, 75014 Paris,✆ 01.43.35.38.50, propose les 3

février et 17 mars (14h-18h) desjournées Portes Ouvertes. Infor-mations sur les études et lesdébouchés, rencontres avec desprofessionnels, des anciens de laFaculté, des étudiants, des profes-seurs...✔ A la paroisse Notre-Dame duBon Conseil, 140 rue de Cli-gnancourt, 75018 Paris, le 20janvier (15h30), Roberte Man-ceau et Raymonde de Lipowskiprésenteront leur pièce publiéeaux Editions Andas "Un autreMonsieur Vincent" (jouée à laparoisse en octobre 1998). Jean-Baptiste Arnoux, interprète prin-cipal, participera à la lecture dequelques scènes en compagnied'Yves Sénéchal. Une signaturesuivra la conférence. Entrée libre.✔ L'association Familiale Catho-lique de Notre-Dame de Grâce dePassy propose une conférence parle père Jean-Marie Verlinde, le 24janvier (20h30) "«Face aux défisde l'Esotérisme», spiritisme, filmsd'horreur, sorcellerie, hard rock,satanisme, jeux de rôles... «Jeunes: quels dangers, comment s'ensortir ?»", animée par Thomas

Wallut (journaliste, France 2, FranceCulture), à l'Eglise Notre-Dame deGrâce de Passy, salle Rossini, 8 bisrue de l'Annonciation, 75016Paris. Rens. ✆ 06.61.78.32.71.AllierAllier✔ Un débat est prévu le 7 février(20h30) sur le thème "Le respectde la vie au programme - com-ment mettre le respect de la vieau cœur de la société ?", animépar le Dr Xavier Mirabel (médecincancérologue et président del'Alliance pour les Droits de la Vie)au Colisée, 23 cours AnatoleFrance, 03000 Moulins. Rens.auprès de Lucie Roudillon (délé-guée départementale de l’Alliancepour les Droits de la Vie) au ✆ 06.80.85.53.61. Parking sur place.Libre participation aux frais.Bouches-du-RhôneBouches-du-Rhône✔ A La Baume, 1770 Chemin dela Blaque, 13090 Aix-en-Pro-vence, ✆ 04.42.16.10.30, fax 04.42.26.88.67, six rencontres, enCarême, sont proposées les lun-dis (20h30-22h) 12 et 19 février,12, 19 et 26 mars, 2 avril, avecles pères Jean-Noël Audras etCharles Le Dû (jésuites).

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Lepréciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’undroit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autresentreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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BLOC-NOTESCherCher✔ Pour l'épanouissement person-nel ou pour contribuer à la beautéde l'Office Liturgique, "Prier etcélébrer avec la Cithare". Troisjournées "Cithare" (tous niveaux)seront animées par Maguy Geren-tet du 23 (9h30) au 25 février(17h), au Monastère de l'Annon-ciade, 115 route de Vouzeron,18230 Saint Doulchard. Rens.✆ 02.48.65.57.65.DordogneDordogne✔ Le Centre Notre Dame deTemniac, 24200 Sarlat, ✆ 05.53.59.44.96, fax 05.53.59.41.12,propose une session le 10 février(10h-18h) "Naître, vivre, mouriret après : Néantisation ou transfi-guration ?", avec Frère MichelHubaut (prêtre franciscain)Lot-et-GaronneLot-et-Garonne✔ Le Foyer de Charité Notre-Dame de Lacépède, 47450 Co-layrac-saint-Cirq, ✆ 05.53.66.86.05 / [email protected] propose,une récollection du 26 au 28 jan-vier "Fortifiez en vous l'hommeintérieur... en se laissant saisir parl'Amour du Christ", par le PèreDominique Bostyn (du Foyer deCharité).Saône-et-LoireSaône-et-Loire✔ D’après le journal "Une viebouleversée" (Editions du Seuil), lapièce "Etty Hillesum", sera jouéele 3 février (20h30) au Théâtremunicipal de Paray-le-Monial, or-ganisée par les Sanctuaires (BP 104,71603 Paray-le-Monial Cedex, ✆ 03.85.81.62.22), et l'Office de Tou-risme de Paray-le-Monial, (✆ 03.85.81.10.92). Sensible à l’extrême,intelligente, sensuelle, drôle et tel-lement éprise de vivre, de percerle mystère de sa propre existence ;telle est cette Etty Hillesum qui seprésente à nous dans son journal.Elle l’écrit en 1942 à Amsterdam...Tarifs : 10 €, scolaires et chô-meurs : 8 €, moins de 15 ans :5 €. Sites : www.paraylemonial.fret www.paray.orgSavoieSavoie✔ Au Foyer de Charité, 73260Naves, ✆ 04.79.22.91.02, uneretraite aura lieu du 29 janvier au4 février "Venez à moi... car je suisdoux et humble de cœur", avec lepère Jean-Claude Cousseau.Seine-et-MarneSeine-et-Marne✔ Le foyer de Combs-la-Ville, 10,rue Sommeville, 77380 Combs-la-Ville, ✆ 01.60.60.20.62, fax 01.60.34.07.48, organise une retraiteen silence, les 27 et 28 janvier,prêchée par le père MichelGitton, sur le thème "Sacrifice :un mot qui fait peur, un amour quifait signe".TTarnarn✔ "Faire l'expérience de l'Amourdu Christ et de Sa Parole qui

console, guérit et ressuscite", laCommunauté des Béatitudes,Couvent Notre-Dame, 15 rue LaPeyrade, 81170 Cordes-sur-Ciel,✆ 05.63.53.74.10 (du mardi ausamedi de 9h15 à 11h45) courriel :[email protected], fax : 05.63.53.74.13, vous propose unesemaine pour vous laisser re-joindre par la consolation deDieu et sa miséricorde, par lapratique des sacrements, l'écoutede la Parole de Dieu, la prièrepersonnelle et l'accompagne-ment individuel, du 12 au 17février, et aussi du 26 février au 3mars (lundi 17h au samedi 13h).Collectif 30 ans ça suffit !Collectif 30 ans ça suffit !✔ Vous défendez le caractèresacré de la Vie Humaine dès saconception ; une politique fami-liale d’aide à la maternité et desoutien aux femmes enceintes endifficulté, alors participez à laGrande Marche Nationale pourla défense de la vie le dimanche21 janvier (14h30) place de laRépublique, à Paris. Rens. :Collectif "30 ans ça suffit !", BP120, 75770 Paris cedex 16, ✆/fax01.53.70.84.27 ou 01.40.53.87.40, site : www.30anscasuffit.comItinérairesItinérairesartistique et spirituelartistique et spirituel✔ Du 28 mai au 4 juin, un vo-yage à Rome est prévu "L'égliseet les images : «un regard à deuxvoix sur l'art sacré»" proposé parle père Alexis Helg (prêtre de laCommunauté Saint Jean et historiend’art), et le pasteur FlemmingFleinert-Jensen (de l’Église Réforméede France et du Groupe des Dombes).Les œuvres d’art sacré témoignentaussi bien de la foi des artistes quedes sensibilités confessionnelles àune époque donnée. Ce parcoursde l’art sacré au fil des sièclesdepuis l’antiquité, la période ro-mane, la renaissance, le baroque ànos jours a pour but d'essayer decomprendre ces sensibilités ycompris durant la réforme et lacontre-réforme pour mieuxconnaître et aimer notre Eglisesans masquer les différences. Cevoyage propose une vraie dé-marche spirituelle et une décou-verte unique de Rome. Rens./[email protected] ou✆ 06.11.45.27.48.✔ La paroisse de Notre Dame del’Assomption, 90 rue de l'As-somption, 75016 Paris, proposeaux enfants de CM2 et 6ème, desvacances spirituelles et de dé-couverte à Lourdes, du 24 févrierau 3 mars prochain. Voyage entrain. Prix du séjour 260 €.Hébergement au centre spiritueldes sœurs de l’Assomption.Inscriptions, ✆ 06.60.55.63.27.

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➥ Chambres d'Hôtes deCharme, B & B, Jacuzzi, boxeset prairies pour chevaux, auManoir de Magneville, chezMurielle et Philippe Bazillou,50310 Fresville, tél/fax 02.33.01.02.24, port. 06.83.82.10.10, [email protected](italien parlé).

➥ Compositions florales pour fêtes et cérémonies"Le Pois de Senteur", fleuriste, 67, rue Jean-Longuet,92290 Chatenay-Malabry, tél. 01.43.50.53.96, commande par téléphone, paiement par carte bleue.

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FRANCECatholique N°3055 19 JANVIER 2007 39