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Stéphane Hallegatte Jun Rentschler Julie Rozenberg RÉSUMÉ SÉRIE INFRASTRUCTURES DURABLES Pour des infrastructures plus résilientes Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

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Page 1: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

Stéphane HallegatteJun RentschlerJulie Rozenberg

R É S U M É

S É R I E I N F R A S T R U C T U R E S D U R A B L E S

Pour des infrastructures plus résilientes

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LifelinesPour des infrastructures plus résilientes

RÉSUMÉ

Stéphane HallegatteJun Rentschler

Julie Rozenberg

SÉRIE INFRASTRUCTURES DURABLES

Page 3: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity (doi : 10.1596/978-1-4648-1430-3). La version intégrale du rapport définitif, une fois publié, sera affichée en format PDF sur le site https://openknowledge.worldbank.org/. Des exemplaires du rapport peuvent également être commandés à l’adresse http://Amazon.com. Pour toute citation, reproduction et adaptation, veuillez utiliser la version définitive du rapport.

© 2019 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/La Banque mondiale1818 H Street NW,Washington, DC 20433Téléphone : 202–473–1000 ; Internet : www.worldbank.orgCertains droits réservés

La publication originale de cet ouvrage est en anglais sous le titre de Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity en 2019. En cas de contradictions, la langue originelle prévaudra.

Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les observations, interprétations et opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières.

Rien de ce qui figure dans le présent ouvrage ne constitue ni ne peut être considéré comme une limitation des privilèges et immunités de la Banque mondiale, ni comme une renonciation à ces privilèges et immunités, qui sont expressément réservés.

Droits et autorisations

L’utilisation de cet ouvrage est soumise aux conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 IGO (CC BY 3.0 IGO) http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/igo/ Conformément aux termes de la licence Creative Commons Attribution (paternité), il est possible de copier, distribuer, transmettre et adapter le contenu de l’ouvrage, notamment à des fins commerciales, sous réserve du respect des conditions suivantes :

Mention de la source — L’ouvrage doit être cité de la manière suivante : Hallegatte, Stéphane, Jun Rentschler, Julie Rozenberg. 2019. Lifelines : Pour des infrastructures plus résilientes. Résumé. Washington, DC : La Banque mon-diale. DOI : 10.1596/978-1-4648-1430-3. Licence : Creative Commons Attribution CC BY 3.0 IGO

Traductions — Si une traduction de cet ouvrage est produite, veuillez ajouter à la mention de la source de l’ou-vrage le déni de responsabilité suivant : Cette traduction n’a pas été réalisée par la Banque mondiale et ne doit pas être considérée comme une traduction officielle de cette dernière. La Banque mondiale ne saurait être tenue responsable du contenu de la traduction ni des erreurs qu’elle pourrait contenir.

Adaptations — Si une adaptation de cet ouvrage est produite, veuillez ajouter à la mention de la source le déni de responsabilité suivant : Cet ouvrage est une adaptation d’une oeuvre originale de la Banque mondiale. Les idées et opinions exprimées dans cette adaptation n’engagent que l’auteur ou les auteurs de l’adaptation et ne sont pas validées par la Banque mondiale.

Contenu tiers — La Banque mondiale n’est pas nécessairement propriétaire de chaque composante du contenu de cet ouvrage. Elle ne garantit donc pas que l’utilisation d’une composante ou d’une partie quelconque du contenu de l’ouvrage ne porte pas atteinte aux droits des tierces parties concernées. L’utilisateur du contenu assume seul le risque de réclamations ou de plaintes pour violation desdits droits. Pour réutiliser une composante de cet ouvrage, il vous appartient de juger si une autorisation est requise et de l’obtenir le cas échéant auprès du détenteur des droits d’auteur. Parmi les composantes, on citera, à titre d’exemple, les tableaux, les graphiques et les images.

Pour tous renseignements sur les droits et licences doivent être adressées à World Bank Publications, The World Bank Group, 1818 H Street, NW Washington, DC, 20433, USA ; courriel : [email protected].

Conception de la page de couverture : Brad Amburn Creative, LLC

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Table des Matières

Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .v

Aperçu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1

Les perturbations des services d’infrastructure affectent les populations et les économies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3

Les perturbations des infrastructures coûtent aux entreprises plus de 300 milliards de dollars par an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3Les effets des perturbations des infrastructures sur les ménages se chiffrent à au moins 90 milliards de dollars par an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4Les chocs naturels sont l’une des principales causes de perturbation des infrastructures . . . . . .6

Investir dans des infrastructures plus résilientes est profitable . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11Il est rentable de construire des infrastructures plus résilientes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11Des services résilients plutôt que des infrastructures résilientes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13Des usagers mieux préparés contribuent à la résilience des infrastructures . . . . . . . . . . . . .14

Une stratégie cohérente est nécessaire pour rendre les infrastructures plus résilientes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16

Recommandation 1 : Commencer par les fondamentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16Recommandation 2 : Renforcer les institutions pour favoriser la résilience . . . . . . . . . . . . .18Recommandation 3 : Inclure la résilience dans les règlements et les mesures d’incitation . . .18Recommandation 4 : Améliorer le processus décisionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20Recommandation 5 : Fournir des financements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21

Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24

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iv TABLE DES MATIÈRES

GraphiquesO.1 Les pays les plus pauvres sont les plus durement touchés lorsque les

infrastructures sont insuffisantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3O.2 Au Bangladesh, en Inde et au Pakistan, la fiabilité de l’accès à l’électricité

augmente les bénéfices de l’accès seul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6O.3 Les chocs naturels expliquent une part importante des coupures d’électricité . . . . . . . . . .8O.4 La vulnérabilité au vent du réseau électrique est nettement plus grande au

Bangladesh qu’aux États-Unis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9O.5 À Kampala (Ouganda), les inondations limitent fortement l’accès des

populations aux centres médicaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9O.6 Les entreprises tanzaniennes signalent d’importantes pertes dues aux

perturbations des infrastructures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10O.7 La résilience des infrastructures devrait être envisagée à plusieurs niveaux qui se

chevauchent et se complètent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11O.8 Le surcoût lié à la résilience dépend du scénario de dépenses, mais reste limité

dans tous les cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12O.9 Les systèmes de transport de la Belgique et du Maroc peuvent absorber des

perturbations du réseau routier beaucoup plus importantes que celui de Madagascar . . . .13O.10 L’augmentation des dépenses améliore la fiabilité du système de transport, mais

seulement si la gouvernance s’améliore également . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17O.11 Une infrastructure de qualité nécessite de répondre à de multiples besoins

de financement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17O.12 Créer les bonnes incitations pour les fournisseurs de services d’infrastructure

nécessite un ensemble cohérent de réglementations et d’incitations financières . . . . . . .19

CartesO.1 L’Afrique et l’Asie du Sud subissent les plus lourdes pertes liées au manque

de fiabilité des infrastructures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5O.2 Les priorités d’investissement pour le réseau de transport de la Tanzanie

dépendent de ses chaînes d’approvisionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15

TableauxO.1 Les perturbations des services d’infrastructure ont de multiples effets sur

les entreprises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4O.2 Les perturbations des services d’infrastructure ont de multiples effets sur les ménages . . . .7O.3 Cinq recommandations pour surmonter les cinq obstacles à des infrastructures

résilientes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23

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Remerciements

Ce rapport a été préparé par une équipe dirigée

par Stéphane Hallegatte, avec Jun Rentschler

et Julie Rozenberg. Il a bénéficié de contribu-

tions de plusieurs équipes sectorielles. L’analyse

pour le secteur électrique a été dirigée par

Claire Nicolas, avec une équipe composée de

Christopher Arderne, Diana Cubas, Mark

Deinert, Eriko Ichikawa, Elco Koks, Ji Li,

Samuel Oguah, Albertine Potter van Loon, et

Amy Schweikert. L’analyse dans le secteur de

l’eau et de l’assainissement a été dirigée par

Zhimin Mao, avec Laura Bonzanigo, Xi Hu,

Elco Koks, Weeho Lim, Raghav Pant, Patrick

Ray, Clementine Stip, Jacob Tracy, et Conrad

Zorn. L’analyse pour les transports a été dirigée

par Julie Rozenberg, avec Xavier Espinet

Alegre, Charles Fox, Stuart Fraser, Jim Hall,

Elco Koks, Mercedeh Tariverdi, Michalis

Vousdoukas, et Conrad Zorn. L’analyse dans le

secteur des télécommunications a été conduite

par Himmat Sandhu et Siddhartha Raja.

L’analyse des enquêtes auprès des entreprises

et des ménages a été dirigée par Jun Rentschler,

avec Paolo Avner, Johannes Braese, Alvina

Erman, Nick Jones, Martin Kornejew, Sadick

Nassoro, Marguerite Obolensky, Samet Sahin,

et Eugene Tan. Shinji Ayuha, Célian Colon,

Etienne Raffi Kechichian, Maryia Markhvida,

Nah Yoon Shin, Shoko Takemoto, et Brian

Walsh ont contribué au rapport sur le sujet

des industries résilientes et des chaînes

d’approvisionnement. Sanae Sasamori et Naho

Shibuya ont contribué sur le sujet des partena-

riats public-privé. Les équipes de Miyamoto

International ont apporté leurs connaissances

et analyses des solutions techniques pour la

résilience.

En tant que relecteurs internes, Greg Brow-

der, Marianne Fay, Vivien Foster, Hideaki

Hamada, Helen Martin, Shomik Mehndiratta,

Artessa Saldivar-Sali, Alanna Simpson, et Vladi-

mir Stenek ont offert de précieux commentaires

et suggestions. L’équipe remercie également les

relecteurs externes pour leurs conseils avisés :

Carter Brandon, Jim Hall, Guillaume Pru-

dent-Richard, Adam Rose, et Yasuyuki Todo.

Des suggestions, commentaires, ou données

ont été fournies par Anjali Acharya, Charles

Baubion, Andrii Berdnyk, Moussa Blimpo,

Marga Cantada, Debabrata Chattopadhyay,

Ashraf Dewan, Mirtha Escobar, Charles Esser,

Scott Ferguson, Matias Herrera Dappe, Martin

Humphreys, Marie Hyland, Oscar Ishizawa,

Asif Islam, Brenden Jongman, Denis Jordy,

Balázs Józsa, Shefali Khanna, Brian Kinuthia,

Shweta Kulkarni, Mathijs van Ledden, Jia

Jun Lee, Richard MacGeorge, Justice Tei

Mensah, Jared Mercadante, Brian Min, Alice

Mortlock, Sumati Rajput, Steven Rubinyi,

Jason Russ, Peter Sanfey, Guillermo Siercke,

Ben Stewart, Shen Sun, Janna Tenzing, Joshua

Wimpey, Davida Wood, et Fan Zhang.

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Page 7: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

vi REMERCIEMENTS

Susan Graham, de l’unité des publications

du Groupe de la Banque mondiale, a été l’édi-

trice de production. Les services éditoriaux ont

été fournis par Sabra Ledent, Laura Wallace,

Nick Paul, Devan Kreisberg, Elizabeth Forsyth,

et Inge Pakulski. Brad Amburn a conçu la cou-

verture et les graphiques. L’équipe remercie

également Aziz Gokdemir et Jewel McFadden

pour leur aide dans la préparation de ce rap-

port. La visibilité et le lancement du rapport ont

été soutenus par Ferzina Banaji, avec Uwimana

Basaninyenzi, Camila Perez, Mehreen Arshad

Sheikh, Gerardo Spatuzzi, et Joana Lopes.

L’équipe remercie Julie Dana, cheffe de la

Facilité mondiale pour la prévention des catas-

trophes et le relèvement (GFDRR), et Luis

Tineo pour leur soutien au cours de ce projet.

Enfin, l’équipe remercie pour son généreux

soutien le programme Japon-Banque mondiale

pour l’intégration de la gestion des risques

naturels dans les pays en voie de développe-

ment, le groupe changement climatique de la

Banque mondiale dirigé par John Roome et

Bernice Van Bronkhorst, et l’unité développe-

ment durable de la Banque mondiale, dirigé

par Laura Tuck.

Page 8: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

Aperçu

INTRODUCTIONLes services d’infrastructure contribuent à

notre bien-être et à notre développement en

répondant à nos besoins fondamentaux et en

facilitant nos projets commerciaux ou techno-

logiques les plus ambitieux. Des services fi ables

dans les domaines de l’eau, de l’assainissement,

de l’énergie, des transports et des télécommu-

nications sont essentiels pour améliorer la qua-

lité de vie des populations. L’accès aux services

d’infrastructure de base est également un fac-

teur clé de la productivité des entreprises, et

donc des économies, et un véritable moteur du

développement économique. Les gouverne-

ments des pays à revenu faible et intermédiaire

investissent chaque année environ un billion

de dollars — soit entre 3,4 et 5 % de leur pro-

duit intérieur brut (PIB) — dans les infrastruc-

tures (Fay et al. 2019).1

La qualité des services d’infrastructure

varient toutefois considérablement d’un pays à

l’autre. Des millions de personnes, en particu-

lier dans les villes des pays à revenu faible ou

intermédiaire, sont confrontées aux consé-

quences d’infrastructures de piètre qualité. Le

sous-financement et le mauvais entretien

contribuent à la faible fi abilité des réseaux élec-

triques, à l’insuffi sance des systèmes d’approvi-

sionnement en eau et d’assainissement et à la

surcharge des réseaux de transport.

Les aléas naturels représentent un défi pour

ces réseaux déjà insuffisants et fragiles. Les

inondations urbaines sont ainsi une réalité à tra-

vers le monde, d’Amman à Mumbai, en passant

par Buenos Aires, Dar es-Salaam et Jakarta.

Souvent exacerbées par de mauvais systèmes de

drainage, ces inondations entraînent de fré-

quentes perturbations des réseaux de transport

et d’énergie, qui affectent les télécommunica-

tions et les autres services essentiels.

La perturbation des services d’infrastructure

est particulièrement grave dans le cas de chocs

naturels extrêmes. Par exemple, les tremble-

ments de terre endommagent les infrastructures

portuaires et ralentissent les économies locales,

comme ce fut le cas à Kobe, au Japon, en 1995.

Les ouragans détruisent les réseaux de transport

et de distribution d’électricité, privant les popu-

lations d’électricité pendant des mois, comme ce

fut le cas à Porto Rico en 2017. Dans ces

exemples, de nombreuses personnes épargnées

par les conséquences directes de la catastrophe

ont été indirectement touchées en raison de

l’endommagement des infrastructures.

Le présent rapport, intitulé Lifelines : Pour des

infrastructures plus résilientes, étudie la résilience de

quatre réseaux d’infrastructure essentiels : électri-

cité, eau et assainissement, transport, et télécom-

munications. Toutes ces infrastructures four-

nissent des services essentiels au bien-être des

1

Page 9: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

2 LIFELINES

ménages et à la productivité des entreprises, mais

elles sont particulièrement vulnérables aux aléas

naturels du fait de leur organisation en réseaux

complexes au sein desquels les chocs peuvent se

propager. Il est essentiel de les rendre plus rési-

lientes, c’est-à-dire mieux à même de fournir

les services dont les populations et les entreprises

ont besoin pendant et après les catastrophes

naturelles, non seulement pour éviter les coûts de

réparation, mais aussi pour réduire au minimum

les conséquences pour les populations.

Le présent rapport, qui s’appuie sur un large

éventail d’études de cas, d’analyses empiriques

et d’exercices de modélisation, livre trois prin-

cipaux messages :

• Le manque de résilience des infrastructures est pré-

judiciable aux populations et aux entreprises. Les

catastrophes naturelles causent des dom-

mages directs aux infrastructures de produc-

tion d’électricité et de transport, coûtant

environ 18 milliards de dollars par an dans les

pays à revenu faible ou intermédiaire. Ces

dommages pèsent sur les budgets publics et

réduisent l’attrait de ces secteurs pour les

investisseurs privés. Mais, outre ces dom-

mages, les aléas naturels perturbent égale-

ment les services d’infrastructure et ont des

conséquences importantes sur les entreprises

et les populations. Les perturbations des ser-

vices d’infrastructure coûtent entre 391 et 647

milliards de dollars par an aux ménages et aux

entreprises des pays à revenu faible et inter-

médiaire. Leurs causes sont diverses et

peuvent être liées à un mauvais entretien, à

une mauvaise gestion ou à un sous-

financement. Mais les études de cas indiquent

que les aléas naturels sont responsables de

10 à 70 % de ces perturbations, selon le sec-

teur et la région.

• L’investissement dans des infrastructures plus

résilientes est sûr, rentable, et urgent. Dans les

pays à revenu faible ou intermédiaire, des

infrastructures plus résilientes dans les sec-

teurs de l’électricité, de l’eau et de l’assai-

nissement et des transports coûterait entre

11 et 65 milliards de dollars par an d’ici à

2030, soit un surcoût d’environ 3 % par

rapport à l’ensemble des besoins en inves-

tissements dans les infrastructures. Ces

coûts peuvent être réduits en augmentant

la résilience des systèmes et services, et pas

de chaque infrastructure physique indivi-

duellement, et en renforçant la capacité

des usagers des services d’infrastructure —

ménages et chaînes d’approvisionnement

notamment — à gérer les perturbations.

Utilisant des milliers de scénarios pour

explorer les incertitudes, en particulier sur

le futur des économies et du climat, le pré-

sent rapport conclut qu’investir un dollar

dans des infrastructures plus résilientes est

profitable dans 96 % des cas. Dans le scé-

nario médian, investir dans des infrastruc-

tures plus résilientes dans les pays à revenu

faible ou intermédiaire a un bénéfice net de

4.200 milliards de dollars, soit quatre dollars

par dollar investi. Le changement clima-

tique rend l’action dans ce domaine encore

plus nécessaire et attrayante : en moyenne, il

double les bénéfices nets de la résilience. Et,

du fait des importants investissements dans

l’infrastructure actuellement réalisés dans

les pays à revenu faible ou intermédiaire, le

coût médian d’une décennie d’inaction se

chiffre à 1,000 milliards de dollars.

• Une bonne gestion des infrastructures est néces-

saire à leur résilience, mais des actions ciblées

sont également essentielles. La première recom-

mandation de ce rapport est que les pays

améliorent les fondamentaux de la gestion

des infrastructure — planification, concep-

tion, exploitation et entretien appropriés de

leurs infrastructures — ce qui peut à la fois

accroître leur résilience et réduire les coûts.

Toutefois, une bonne gestion des infrastruc-

tures n’est pas suffisante pour assurer leur

résilience, en particulier face aux aléas

rares et de forte intensité et aux tendances

à long terme comme le changement clima-

tique. C’est pourquoi le présent rapport pro-

pose quatre recommandations supplémen-

taires : définir les mandats et les stratégies

Page 10: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

APERÇU 3

institutionnels en matière de résilience des

infrastructures ; intégrer la résilience dans la

réglementation et les systèmes incitatifs des

secteurs des infrastructures, des usagers et

des chaînes d’approvisionnement ; améliorer

la prise de décision en facilitant l’accès aux

données, aux outils et aux compétences ;

et fournir un financement approprié — en

particulier pour tenir compte des risques

lors de l’élaboration des plans directeurs,

de la conception des infrastructures et des

mesures de préparation. Ces actions peuvent

être très rentables et transformatrices, mais

elles peuvent néanmoins être difficiles à

financer dans de nombreux pays pauvres et

doivent donc être élevées au rang de priori-

tés par la communauté internationale.

LES PERTURBATIONS DES SERVICES D’INFRASTRUCTURE AFFECTENT LES POPULATIONS ET LES ÉCONOMIESLe présent rapport examine dans un premier

temps l’impact des perturbations des infrastruc-

tures — quelle que soit leur origine — sur les

populations et les entreprises. Leur fréquence

est généralement étroitement liée au niveau

de développement économique, comme le

montre le graphique O.1. Les perturbations

ont un coût pour la collectivité, tant indirecte-

ment du fait de leurs effets sur la productivité

des entreprises, que directement du fait de

leurs effets sur la consommation et le bien-être

des ménages.

Les perturbations des infrastructures coûtent aux entreprises plus de 300 milliards de dollars par anLe manque de fiabilité des infrastructures a des

effets divers sur les entreprises ( tableau O.1). Les

effets directs sont les plus visibles : une entre-

prise qui utilise de l’eau pour refroidir une

machine doit arrêter sa production en cas de

coupure d’eau ; un restaurant équipé d’une cui-

sinière électrique ne peut pas préparer de repas

sans électricité. Les perturbations limitent la

production, réduisent les ventes, et retardent les

approvisionnements et les livraisons. Les entre-

prises assument également des coûts pour com-

penser le manque de fiabilité des infrastructures,

en se dotant de générateurs d’électricité ou de

GRAPHIQUE O.1 Les pays les plus pauvres sont les plus durement touchés lorsque les infrastructures sont insuffisantes

Source : Rentschler, Kornejew, et al. 2019, tiré des enquêtes de la Banque mondiale auprès des entreprises. Note : Les diagrammes a et b présentent les dernières données d’enquête disponibles pour 137 pays, dont aucune n’est antérieure à 2009. Le diagramme a ne représente que les pays où le nombre de coupures ne dépasse pas 30 par mois. Huit pays (tous ayant un PIB par habitant inférieur à 9 000 dollars) signalent entre 30 et 95 coupures par mois.

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% PIB ($)

a. Nombre de coupures d’électricité par mois b. Nombre de coupures d’eau par mois

% PIB ($)

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4 LIFELINES

TABLEAU O.1 Les perturbations des services d’infrastructure ont de multiples effets sur les entreprises

Secteur Effets directs Coûts d’adaptation Effets indirects

Électricité • Taux d’utilisation réduits (38 milliards de dollars par an)

• Pertes de ventes (82 milliards de dollars par an)

• Investissement dans des générateurs (6 milliards de dollars par an)

• Coûts d’exploitation des générateurs (59 milliards de dollars par an)

• Obstacles accrus à l’entrée sur les marchés et réduction des investissements

• Réduction de la concurrence et de l’innovation en raison du manque de petites et de nouvelles entreprises

• Tendance à favoriser la production à forte intensité de main-d’œuvre

• Incapacité de fournir des services et des biens à la demande

• Diminution de la compétitivité sur les marchés internationaux

Eau • Taux d’utilisation réduits (6 milliards de dollars par an)

• Pertes de ventes

• Investissement dans des sources d’eau d’appoint (réservoirs, puits)

Transports • Taux d’utilisation réduits (107 milliards de dollars par an)

• Pertes de ventes• Retards dans les

approvisionnements et les livraisons

• Augmentation des stocks• Choix de sites plus coûteux à proximité,

par exemple, des clients ou des ports

Télécommunications • Taux d’utilisation réduits• Pertes de ventes

• Choix de sites coûteux pour bénéficier d’un accès à Internet rapide

Source : Rentschler, Kornejew, et al. 2019. Note : Les effets sont en caractères gras quand ils ont été quantifiés pour ce rapport. Les estimations couvrent les pays à revenu faible et intermédiaire.

réserves d’eau. Les effets indirects des perturba-

tions sont moins immédiats. Ils comprennent les

effets sur les investissements à long terme et les

décisions stratégiques des entreprises, ainsi que

sur la structure, la concurrence et l’innovation

des industries. Tous ces effets influencent la

capacité d’une économie à créer de la richesse et

sa compétitivité internationale (pour plus de

détails, voir Braese, Rentschler et Hallegatte

2019).

En utilisant un ensemble de micro-données

sur environ 143 000 entreprises, il est possible

d’estimer les coûts monétaires des perturba-

tions des infrastructures pour les entreprises de

137 pays à revenu faible et intermédiaire,

représentant 78 % de la population mondiale

(carte O.1)2. Ces données permettent d’évaluer

l’impact des perturbations des infrastructures

sur les taux d’utilisation des capacités des

entreprises, c’est-à-dire de comparer leur pro-

duction effective à la production maximale

qu’elles peuvent atteindre avec toutes leurs

ressources disponibles, ce qui constitue une

bonne mesure de leur performance.

Les données indiquent des pertes

d’utilisation dues aux perturbations des

réseaux d’électricité, d’eau et de transport de

151 milliards de dollars par an. (L’estimation

des pertes dans le secteur des télécommunica-

tions n’est malheureusement pas possible en

raison du manque de données.) De plus, les

données des entreprises indiquent des pertes

de ventes dues aux coupures d’électricité

s’élevant à 82 milliards de dollars par an, et des

surcoûts de 65 milliards de dollars par an pour

la production d’électricité. Bien que ces estima-

tions soulignent l’importance du manque de

fiabilité des infrastructures, elles restent

inférieures aux coûts réels, car l’analyse ne

couvre pas tous les pays ni tous les effets.

Les effets des perturbations des infrastructures sur les ménages se chiffrent à au moins 90 milliards de dollars par anLe manque de fiabilité des services d’in-

frastructure nuit au bien-être des ménages.

Par exemple, les fréquentes coupures d’électri-

cité limitent leur capacité à participer aux acti-

vités productives, éducatives et récréatives

(Lenz et al. 2017). En Asie du Sud, Zhang

(2019) note une corrélation entre les longues

coupures d’électricité et la baisse du revenu

par habitant et du taux d’activité des femmes,

Page 12: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

APERÇU 5

CARTE O.1 L’Afrique et l’Asie du Sud subissent les plus lourdes pertes liées au manque de fiabilité des infrastructures

Source : Rentschler, Kornejew, et al. 2019.

Page 13: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

6 LIFELINES

probablement en raison du lien entre l’absence

d’électricité et l’augmentation du temps néces-

saire aux travaux ménagers (graphique O.2).

Les études mettent également en évidence un

lien étroit et systématique entre les coupures

d’eau et les effets sanitaires. En République

démocratique du Congo, les taux d’incidence

présumée du choléra augmentent de 155 %

après une journée d’interruption de l’approvi-

sionnement en eau (Jeandron et al. 2015).

Les perturbations des infrastructures ont de

nombreux effets sur les ménages et il est diffi-

cile d’en estimer le coût total (tableau O.2). Des

limites inférieures et supérieures ont été éta-

blies pour les coupures d’électricité et d’eau en

se fondant sur des études évaluant le consente-

ment à payer des ménages pour éviter de telles

coupures (voir Obolensky et al. 2019). Pour les

coupures d’électricité, les estimations se situent

entre 0,002 et 0,15 % du PIB par an pour les

pays à revenu faible et intermédiaire, soit entre

2,3 et 190 milliards de dollars3. Au total, on

estime que les coupures d’eau coûtent entre

0,11 et 0,19 % du PIB chaque année, soit entre

88 et 153 milliards de dollars. On estime par

ailleurs que les maladies d’origine hydrique

dues à un approvisionnement intermittent en

eau entraînent des coûts de traitement médical

et des pertes de revenus se situant entre 3 et 6

milliards de dollars par an. Les incertitudes sont

toutefois très élevées en raison des différences

de méthodologies et de contextes. Des évalua-

tions similaires des secteurs des transports et

des télécommunications n’ont pas été possibles

en raison du manque de données.

Les chocs naturels sont l’une des principales causes de perturbation des infrastructures Le coût des perturbations des infrastructures

est estimé entre 391 et 647 milliards de dollars

dans les pays à revenu faible ou intermédiaire

GRAPHIQUE O.2 Au Bangladesh, en Inde et au Pakistan, la fiabilité de l’accès à l’électricité augmente les bénéfices de l’accès seul

Source : Zhang 2019.Note : Estimations fondées sur les enquêtes auprès des ménages réalisées au Bangladesh, en Inde et au Pakistan.

17,1

23,0

2,3

9,6

6,5

11,7

24,2

21,1

Cha

ngem

ent

(%)

28,0

5,8

16,7

13,8

31,2

37,0

2,0

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Augmentationdu revenu par

habitant

Augmentationdu temps

d’étude desfilles

Augmentationdu taux

d’activité desfemmes

Augmentationdu taux

d’activité desfemmes

Augmentationdu revenu par

habitant

Augmentationdu revenu par

habitant

Augmentationdu temps

d’étude desfilles

Augmentation de l’emploi

desfemmes

Bangladesh Inde Pakistan

Accès fiableAccès uniquement

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APERÇU 7

TABLEAU O.2 Les perturbations des services d’infrastructure ont de multiples effets sur les ménages

Secteur Effets directs Coûts d’adaptation Effets indirects et sanitaires

Électricité • Diminution du bien-être• Baisse de la productivité

des entreprises familiales

• Investissements dans des générateurs

• Coûts d’exploitation des générateurs

• Mortalité et morbidité accrues (accès insuffisant aux soins de santé, à la climatisation pendant les vagues de chaleur ou au chauffage pendant les vagues de froid)Consentement à payer pour éviter les coupures : entre 2,3 et 190

milliards de dollars par an

Eau • Diminution du bien-être et perte de temps

• Investissement dans des sources d’eau d’appoint (réservoirs, puits, bouteilles d’eau)

• Incidence accrue des diarrhées, du choléra et d’autres maladies

Consentement à payer pour éviter les coupures : entre 88 et 153 milliards de dollars par an

Frais médicaux et manque à gagner : entre 3 et 6 milliards de dollars par an

Transports • Augmentation des embouteillages et perte de temps

• Augmentation des coûts de carburant

• Augmentation du coût des autres modes de transport

• Pollution de l’air et effets sanitaires• Accès limité aux emplois, aux marchés et

aux services• Obligation de vivre à proximité des emplois,

au besoin sur des terrains inappropriés

Télécommunications • Diminution du bien-être • Incapacité d’appeler les services d’urgence

Note : Les effets sont en caractères gras quand ils ont été quantifiés pour ce rapport. Les estimations couvrent les pays à revenu faible et intermédiaire.

pour lesquels des données sont disponibles et

pour les types d’effets qui peuvent être quan-

tifiés. Même si ces estimations sont incom-

plètes, elles attirent l’attention sur les coûts

substantiels du manque de fiabilité des

infrastructures. Mais quel est le rôle des aléas

naturels dans ces perturbations ? Bien qu’il

soit impossible de répondre à cette question à

l’échelle mondiale et pour tous les secteurs, de

nombreuses études de cas illustrent le rôle des

aléas naturels dans les perturbations des

infrastructures.

Dans le secteur de l’électricité, les aléas naturels

— en particulier les tempêtes — sont une cause

majeure de perturbations de l’approvisionne-

ment, comme le montre le graphique O.3. En

Belgique, en Croatie, au Portugal, en Slovénie

et aux États-Unis, ils sont responsables de plus

de 50 % des coupures d’électricité. Au Bangla-

desh, en revanche, les chocs naturels repré-

sentent une part plus faible des pannes de cou-

rant : 30 % à Dhaka et seulement 4 % à

Chittagong. Ce n’est pas le cas parce que le

réseau électrique est plus résilient, mais parce

que les défaillances techniques sont si fré-

quentes que les coupures sont parfois quoti-

diennes. Mais ces statistiques sous-estiment

également le rôle des aléas naturels parce que

les coupures qu’ils provoquent sont générale-

ment plus longues et plus étendues que les

autres. En Europe, entre 2010 et 2017, les cou-

pures d’électricité dues aux aléas naturels ont

duré en moyenne 409 minutes, soit presque

quatre fois plus longtemps que celles dues à des

causes non naturelles. Et au Bangladesh, en

2007, la tempête tropicale Sidr a provoqué la

plus importante coupure d’électricité de l’his-

toire du pays : l’arrêt de ses 26 centrales élec-

triques a laissé les usagers sans électricité pen-

dant près d’une semaine et entraîné des

dommages et pertes de 1,7 milliards de dollars

(Rentschler, Obolensky et Kornejew 2019).

Dans de nombreux pays à revenu faible ou

intermédiaire, les chocs naturels ne sont res-

ponsables que d’une petite partie des coupures

d’électricité, ce qui ne signifie pas pour autant

que leur résilience soit suffisante. En effet, les

réseaux électriques sont plus vulnérables aux

chocs naturels dans les pays pauvres que dans

les pays riches, et les aléas naturels peuvent

provoquer un grand nombre de perturbations.

Dans le secteur de l’électricité, le vieillissement

des équipements, le manque d’entretien, l’ex-

pansion rapide du réseau et la faible capacité de

Page 15: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

8 LIFELINES

production sont autant de facteurs qui

réduisent la fiabilité du service en général, tout

en augmentant la vulnérabilité aux chocs

naturels. Des tempêtes de même intensité sont

ainsi plus susceptibles de provoquer des cou-

pures d’électricité au Bangladesh qu’aux États-

Unis (graphique O.4). Lorsque la vitesse

moyenne du vent dépasse 35 km/h, les usagers

bangladeshis sont 11 fois plus susceptibles de

subir une panne de courant que les consom-

mateurs américains. Les usagers de Chittagong

(Bangladesh) ont ainsi connu en 2013 environ

16 coupures d’électricité dues aux tempêtes.

Bien que ce nombre ne représente que 4 % du

total, il est plus de 15 fois supérieur au nombre

moyen de pannes subies par les consomma-

teurs à New York, aux États-Unis.

Dans le secteur des transports, les inondations et

autres aléas perturbent la circulation et pro-

voquent des embouteillages, faisant payer un

lourd tribut aux populations et aux entreprises

des pays riches comme des pays pauvres. À

Kampala (Ouganda), les inondations réduisent

l’accès aux centres médicaux, selon une analyse

réalisée pour ce rapport (Rentschler, Braese,

et al. 2019) (graphique O.5). Une analyse de

réseau estime à moins de 30 minutes le temps

de trajet moyen pour se rendre à un centre

médical en voiture depuis le centre de Kampala.

Cependant, lors d’une inondation décennale, la

perturbation du réseau routier peut considéra-

blement augmenter la durée des trajets et envi-

ron un tiers des résidents du centre de Kampala

ne seraient plus en mesure de se rendre dans un

centre médical dans le « délai critique », c’est-à-

dire le délai pendant lequel les chances de survie

sont optimales après un incident médical grave.

Les perturbations des transports dues aux

inondations sont coûteuses pour les entre-

prises. La même analyse de réseau estime les

temps de trajet entre quelque 400 entreprises

pour mesurer l’impact des inondations sur la

connectivité interentreprises et les chaînes

d’approvisionnement locales. Une inondation

qui se produit en moyenne tous les 10 ans à

Kampala augmente de 54 % le temps de trajet

moyen entre les entreprises. Mais un grand

nombre d’entreprises sont plus gravement tou-

chées, l’augmentation du temps de trajet

moyen pouvant atteindre entre 100 et 350 %

GRAPHIQUE O.3 Les chocs naturels expliquent une part importante des coupures d’électricité

Source : Rentschler, Obolensky, et Kornejew 2019.

BelgiqueCroatie

République tchèque

France

Allemagne

GrèceIrlande

Italie

Lettonie

Lituanie

Pays-Bas

Pologne

Portugal

Roumanie

Slovak Republic

Slovénie

Espagne Suède

Royaume-Uni

Bangladesh — Dhaka

Bangladesh —Chittagong

États-Unis

Canada

AlabamaGéorgieVirginie-Occidentale

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 60 000 70 000 80 000

Part

des

cou

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s ch

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(%

)

PIB par habitant (USD)

États américainsCountries

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APERÇU 9

pour plus d’un quart d’entre elles. L’inondation

des routes empêche les gens de se rendre sur

leur lieu de travail et entraîne des retards dans

l’approvisionnement et les livraisons des entre-

prises et donc des pertes de ventes.

Dans le secteur de l’eau, les infrastructures et

les services sont également sensibles aux aléas

naturels, même en l’absence de dommage. À

Lima (Pérou), les graves glissements de terrain

de mars 2017 ont interrompu l’approvisionne-

ment en eau pendant quatre jours, en raison

de la forte quantité de boues déversées dans le

fleuve qui traverse la ville. La principale station

de traitement des eaux a ainsi dû être arrêtée

du fait de la forte turbidité (Stip et al. 2019).

Dans le secteur des télécommunications, le séisme

qui a secoué l’agglomération d’Hengchun sur

l’île de Taiwan (Chine) et le détroit de Luzon en

décembre 2006 reste l’un des exemples les plus

GRAPHIQUE O.4 La vulnérabilité au vent du réseau électrique est nettement plus grande au Bangladesh qu’aux États-Unis

Source : Rentschler, Obolensky, et Kornejew 2019.Note : Les journées venteuses sont définies en utilisant différents seuils pour la moy-enne des vitesses du vent journalières. Les vitesses du vent sont obtenues à partir du modèle mondial de réanalyse climatique ERA5, qui tend à sous-représenter les vitesses locales les plus élevées.

1,82,4

3,7

8,4

14,3

0,3 0,4 0,6 0,9 1,2

0

2

4

6

8

10

12

14

16

>15 >20 >25 >30 >35

Vitesse du vent (km/h)Po

urce

ntag

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jour

nées

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lles

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une

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BangladeshÉtats-Unis

GRAPHIQUE O.5 À Kampala (Ouganda), les inondations limitent fortement l’accès des populations aux centres médicaux

Source : Rentschler, Braese, et al. 2019.Note : La ligne verticale du diagramme a représente le « délai critique » (la période pendant laquelle les chances de survie sont opti-males en cas d’urgence médicale majeure), en supposant que les ambulances effectuent un trajet aller-retour à partir d’un centre médical. Une inondation décennale est une inondation se produisant en moyenne une fois tous les 10 ans.

Page 17: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

10 LIFELINES

extrêmes d’endommagement de câbles

sous-marins, dont dépendent les réseaux inter-

nationaux de communications. Des glissements

sous-marins ont causé 19 ruptures dans sept

réseaux de câbles, nécessitant des réparations

qui ont duré 49 jours. Entre-temps, le trafic a

été rapidement réaiguillé en utilisant des

infrastructures intactes, dont la surcharge a

toutefois entraîné des retards et une baisse de la

qualité des services. La connectivité Internet a

été sérieusement réduite dans toute la région et

les services financiers, les compagnies aériennes

et l’industrie maritime ont été affectés (Sandhu

et Raja 2019).

Bien qu’il soit admis que les perturbations

dues aux aléas naturels représentent souvent

un coût important pour les entreprises et les

ménages, des études locales sont nécessaires

pour le quantifier. Pour appuyer la réalisation

d’une telle évaluation, une enquête a été éla-

borée et effectuée à titre expérimental en Tan-

zanie auprès d’un échantillon de 800 entre-

prises du pays. Selon cette enquête, les pertes

subies par les entreprises tanzaniennes en rai-

son des coupures d’électricité et d’eau et des

perturbations des transports s’élèvent à 668

millions de dollars par an, soit 1,8 % du PIB du

pays (graphique O.6). L’électricité est à elle

seule responsable de pertes de 216 millions de

dollars par an, et 47 % de ces pertes (soit 101

millions de dollars ou 0,3 % du PIB) sont uni-

quement liées à des coupures d’électricité attri-

buables aux pluies et aux inondations. En ce

qui concerne les perturbations des transports,

environ 46 % des pertes (soit 150 millions de

dollars ou 0,4 % du PIB) résultent de perturba-

tions causées par les pluies et les inondations.

L’enquête n’indique toutefois pas d’impact

significatif sur la fréquence des ruptures d’ap-

provisionnement en eau.

En plus de ces perturbations, les aléas natu-

rels causent des dommages directs aux

infrastructures. Ces dommages pèsent sur les

budgets des infrastructures publiques et nuisent

à l’attrait du secteur pour les investisseurs pri-

vés. Sur la base d’une évaluation mondiale des

risques réalisée pour le présent rapport, les

infrastructures de production d’électricité et de

transport subissent des pertes de 30 milliards de

dollars par an en moyenne du fait des aléas

naturels (environ 15 milliards de dollars pour

chaque secteur), dont environ 18 milliards pour

les pays à revenu faible et intermédiaire (Koks

et al. 2019 ; Nicolas et al. 2019).

Bien que ces chiffres restent gérables en

moyenne et au niveau mondial, ils peuvent

atteindre des valeurs élevées après des évé-

nements extrêmes. Et dans certains pays

vulnérables, ils sont suffisamment élevés

pour entraver l’accès universel aux services

d’infrastructure.

La gravité des catastrophes naturelles est

généralement mesurée par les pertes d’in-

frastructures qu’elles provoquent (Munich

Re 2019 ; Swiss Re 2019). Mais les consé-

quences secondaires sur les activités et la pro-

duction économiques peuvent souvent expli-

quer une grande partie de l’impact total des

catastrophes, surtout lorsque les réseaux d’in-

frastructure sont touchés (Hallegatte 2013 ;

Hallegatte et Vogt-Schilb 2016). Par exemple,

selon Rose, Oladosu et Liao (2007), le coût

total pour les usagers d’une coupure d’électri-

cité de deux semaines à Los Angeles (Califor-

nie) s’élèverait à 2,8 milliards de dollars, soit

GRAPHIQUE O.6 Les entreprises tanzaniennes signalent d’importantes pertes dues aux perturbations des infrastructures

Source : Rentschler, Braese, et al. 2019.

46%

47%

325

216

127

0

50

100

150

200

250

300

350

Transports Électricité Eau

Pert

es d

’util

isat

ion

(en

mill

ions

de

dolla

rs)

Pertes dues aux perturbations causées parles pluies et les inondations Pertes dues à d’autres facteurs

Page 18: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

APERÇU 11

13 % de l’activité économique totale pendant

ces deux semaines. Colon, Hallegatte, et

Rozenberg (2019) trouvent qu’en Tanzanie,

l’impact macroéconomique d’une perturbation

dans le réseau de transport augmente de façon

non linéaire avec la durée de la perturbation.

Une perturbation de quatre semaines coute

aux ménages, en moyenne, 23 fois plus cher

qu’une perturbation de deux semaines. Pour

orienter les investissements et les politiques de

gestion des risques de catastrophe, les évalua-

tions des risques doivent tenir compte de ces

effets secondaires, et ne pas prendre en compte

seulement le coût des réparations.

INVESTIR DANS DES INFRASTRUCTURES PLUS RÉSILIENTES EST PROFITABLE La résilience des infrastructures s’observe à

trois niveaux (Graphique O.7) :

• Résilience des infrastructures elles-mêmes. Au

sens le plus strict du terme, une infrastruc-

ture résiliente désigne des actifs tels que les

routes, les ponts, les antennes-relais de télé-

phonie mobile et les lignes électriques

capables de résister aux chocs, en particulier

aux aléas naturels. Ici, le bénéfice de la rési-

lience est la réduction des coûts de répara-

tion, et donc du coût total des actifs.

• Résilience des services d’infrastructure. Les

infrastructures sont des réseaux inter-

connectés, et la résilience de chacune des

composantes de ces réseaux est un mau-

vais indicateur de la résilience des ser-

vices fournis à l’échelle du réseau. Pour les

infrastructures, il est préférable d’adopter

une approche systémique. À ce niveau,

le bénéfice de la résilience est la plus

grande fiabilité des services fournis par les

infrastructures.

• Résilience des usagers d’infrastructures. En der-

nière analyse, ce qui importe, c’est la rési-

lience des usagers. Les perturbations des

infrastructures peuvent être catastrophiques

ou insignifiantes, selon que les usagers —

notamment les personnes et les chaînes d’ap-

provisionnement — peuvent y faire face ou

non. À ce niveau, le bénéfice de la résilience

est la réduction de l’impact total des aléas

naturels sur les populations et les économies.

La résilience de l’infrastructure est l’un des

nombreux déterminants d’infrastructures de

haute qualité. Des infrastructures plus rési-

lientes sont mieux capables de gérer les chocs

naturels, mais aussi plus efficaces et fiables.

Il est rentable de construire des infrastructures plus résilientesLe surcoût pour construire des infrastructures

plus résilientes dépend du type d’infrastruc-

ture. Il peut être négatif, mais aussi doubler la

valeur d’un ouvrage, en fonction de sa nature

et de l’aléa considéré. Les interventions desti-

nées à rendre les infrastructures plus résis-

tantes comprennent l’utilisation de matériaux

de substitution, des fondations plus profondes,

GRAPHIQUE O.7 La résilience des infrastructures devrait être envisagée à plusieurs niveaux qui se chevauchent et se complètent

Résilience des actifsd’infrastructure

Résilience des services d’infrastructure

Résilience des utilisateurs d’infrastructures

Des infrastructures de qualité

Les infrastructures résilientes fournissent desservices plus fiables

Des infrastructures résilientes réduisent l’impact descatastrophes naturelles sur les personnes et les économies

Les infrastructures résilientessont moins coûteuses àentretenir et à réparer

Page 19: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

12 LIFELINES

ou la construction d’une digues pour protéger

des inondations.

Combien coûterait la mise en œuvre de ces

solutions techniques ? Ce rapport aborde cette

question en partant de l’évaluation des besoins

d’investissement dans les infrastructures réali-

sée par Rozenberg et Fay (2019), et en regar-

dant dans quelle mesure ces estimations chan-

geraient si les infrastructures étaient conçues et

construites d’une manière plus résiliente, en

utilisant une série d’options techniques propo-

sées dans Miyamoto International (2019).

Dans l’ensemble, le coût additionnel du ren-

forcement de la résilience des infrastructures

dans les pays à revenu faible et intermédiaire est

bas, à condition que l’on dispose des données,

des modèles de risque et des outils d’aide à la

décision nécessaires. Améliorer la résilience des

infrastructures exposées aux aléas naturels aug-

menterait de 11 à 65 milliards de dollars par an

les besoins d’investissement dans l’électricité,

l’eau, l’assainissement et les transports

( Graphique O.8). Bien qu’il ne soit pas négli-

geable, ce surcoût ne représente qu’autour de

3 % des besoins d’investissement en infrastruc-

tures et moins de 0,1 % du PIB des pays à revenu

faible et intermédiaire. Cela ne changerait donc

guère les problèmes d’accessibilité financière

auxquels les pays sont confrontés.

Toutefois, il n’est réaliste de rendre les

infrastructures plus résilientes que si l’on dis-

pose de données appropriées sur la distribution

spatiale des aléas naturels. En l’absence d’infor-

mations sur les zones exposées aux aléas, le

renforcement de l’ensemble du système coûte-

rait dix fois plus cher, entre 120 et 670 mil-

liards de dollars. Ce résultat suggère que la

valeur des données sur les aléas est supérieure

de plusieurs ordres de grandeur au coût de

production de cette information.

Quel est le retour sur les investissements

réalisés pour rendre les infrastructures expo-

sées plus résilientes aux catastrophes natu-

relles ? En raison de l’incertitude relative au

coût de la résilience des infrastructures et aux

bénéfices en termes de réparations et de per-

turbations évitées pour les ménages et les

entreprises, il est difficile de fournir une esti-

mation unique du rapport bénéfice-coût du

renforcement des actifs d’infrastructure expo-

sés. Toutefois, un ensemble de 3 000 scénarios

(qui prennent en compte l’incertitude liée aux

paramètres de l’analyse) peut être utilisé pour

explorer les coûts et les bénéfices d’infrastruc-

tures plus résilientes.

L’analyse montre que malgré l’incertitude,

investir dans des infrastructures plus rési-

lientes est clairement un choix rentable et

solide. Le rapport bénéfice-coût est supérieur

à 1 dans 96 % des scénarios, à 2 dans 77 %

des scénarios et à 6 dans 25 % des scénarios

(Hallegatte et al. 2019). La valeur actualisée

nette de ces investissements, sur la durée de

vie des nouvelles infrastructures, dépasse

2 000 milliards de dollars dans 75 % des scé-

narios et 4 200 milliards de dollars dans la

moitié d’entre eux. En outre, le changement

climatique rend le renforcement de la rési-

lience des infrastructures encore plus impor-

tant. Sans le changement climatique, le rap-

port bénéfice-coût médian serait égal à 2,

mais il double si le changement climatique est

pris en compte.

GRAPHIQUE O.8 Le surcoût lié à la résilience dépend du scénario de dépenses, mais reste limité dans tous les cas

Source : Hallegatte et al. 2019.Note : La figure présente le surcoût annuel pour des investissements dans des infra-structures plus résilientes, pour la période allant de 2015 à 2030. L’incertitude sur ce surcoût vient principalement de l’incertitude sur le montant des investissements futurs dans les infrastructures (et sur les technologies choisies).

Électricité Transport Eau etassainissement

Total

Coû

t an

nuel

moy

en (

en m

illia

rds

de d

olla

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0

60

50

40

30

20

10

Page 20: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

APERÇU 13

L’urgence d’investir dans de meilleures

infrastructures est également évidente. En rai-

son des investissements massifs réalisés dans les

infrastructures de pays à revenu faible et inter-

médiaire, le stock d’actifs à faible résilience aug-

mente rapidement, ce qui a pour effet d’accroître

les coûts liés aux catastrophes naturelles et au

changement climatique. Dans 93 % des scéna-

rios, il est coûteux de retarder l’action de 2020 à

2030 — et le coût médian d’une décennie

d’inaction se monte à 1 000 milliards de dollars.

Des services résilients plutôt que des infrastructures résilientesRendre les infrastructures elles-mêmes plus

résilientes n’est pas la seule option pour ren-

forcer la résilience. Le coût de la résilience

peut être réduit en élargissant l’analyse et en

travaillant au niveau du réseau et du système –

en tenant compte de la criticité, de la redon-

dance ou de la diversification des composants

du réseau, et en considérant des options sup-

plémentaires comme les solutions fondées sur

la nature.

Pour illustrer le rôle des réseaux dans la

résilience des systèmes d’infrastructure, une

étude réalisée pour ce rapport quantifie la rési-

lience des réseaux de transport — définie comme

le rapport entre la perte de fonctionnalité et la

perte de composants (Rozenberg, Fox, et al.

2019). Un réseau routier résilient comme celui

de la Belgique ou du Maroc peut perdre beau-

coup de composants (tels que des tronçons de

routes) sans perdre beaucoup de sa fonctionna-

lité, alors que des réseaux fragiles et peu redon-

dants comme celui de Madagascar deviennent

dysfonctionnels même lorsqu’ils ne sont que

légèrement endommagés (Graphique O.9). Des

approches similaires peuvent être appliquées

aux systèmes d’approvisionnement en eau, où

la méthodologie typique consiste à cartogra-

phier toutes les composantes d’un réseau et à

évaluer les conditions dans lesquelles elles

seraient défaillantes, les effets de ces défail-

lances et leur incidence sur la prestation des

services.

Les effets de réseau créent des occasions de

renforcer la résilience des services et des usa-

gers à un coût limité en privilégiant les

ouvrages essentiels au système ou en dévelop-

pant une redondance uniquement là où il y a

des goulets d’étranglement (Rozenberg, Espi-

net, et al. 2019). Pour les réseaux de transport

et de distribution d’électricité par exemple, la

résilience résulte souvent de la redondance, ce

qui n’équivaut pas nécessairement à doubler

ou tripler les composantes clés du réseau. Une

approche plus efficace consiste généralement

à créer des réseaux « bouclés » ou maillés qui

ont de multiples points d’approvisionnement.

La diversification et la décentralisation

offrent également des possibilités de services

plus résilients. L’utilisation de sources de pro-

duction d’électricité présentant des vulnérabili-

tés différenciées (par exemple, l’hydroélectri-

cité, qui est vulnérable à la sécheresse, par

opposition au solaire et aux éoliennes, qui sont

vulnérables aux vents forts) accroît la probabi-

lité qu’un système puisse maintenir un niveau

de service minimum. Les systèmes multimo-

daux reposant sur des modes de transport non

motorisés et les transports en commun sont

plus résilients que ceux qui sont uniquement

tributaires des véhicules privés. Des systèmes

de répartition d’énergie électrique utilisant

GRAPHIQUE O.9 Les systèmes de transport de la Belgique et du Maroc peuvent absorber des perturbations du réseau routier beaucoup plus importantes que celui de Madagascar

Source : Rozenberg, Fox, et al. 2019.

0

25

50

75

100

0 10 20 30 40 50 60

Pert

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(%

)Niveau de perturbation (% de liaisons interrompues)

Belgique Madagascar Maroc

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14 LIFELINES

l’énergie solaire et des batteries peuvent conso-

lider un réseau et le rendre plus résilient. Dans

la mesure où ils ne dépendent pas de transport

longue distance, les mini-réseaux et les micro-

réseaux électriques peuvent fournir une pro-

duction utile en cas de panne du réseau. Pen-

dant l’ouragan Sandy, le microréseau Co-Op

City à New York a été découplé avec succès du

réseau principal et a pu fournir les usagers en

électricité alors que le réseau plus large était en

panne (Strahl et al. 2016).

La combinaison d’infrastructures vertes et

grises peut fournir des solutions moins

coûteuses, plus résilientes et plus durables

(Browder et al. 2019). Dans la ville de New

York, 90 % de l’eau provient de bassins hydro-

graphiques naturels bien protégés, ce qui y

simplifie le processus de traitement de l’eau par

rapport à d’autres villes américaines (National

Research Council 2000). Selon Beck et al

(2018), sans les récifs coralliens, les dégâts cau-

sés par les inondations côtières doubleraient

dans le monde. Ils estiment que Cuba, l’Indo-

nésie, la Malaisie, le Mexique et les Philippines

sont les pays qui bénéficient le plus de leurs

récifs, avec des économies annuelles de plus de

400 millions de dollars pour chaque pays. À

Colombo (Sri Lanka), la préservation des zones

humides s’est révélée être une solution écono-

mique pour réduire les inondations dans la

ville, même en tenant compte des contraintes

liées à l’aménagement du territoire (Browder

et al. 2019).

Les limites de ce qui est réalisable en termes

de renforcement de la résilience doivent

également être prises en considération.

Aucune infrastructure ne peut faire face à tous

les aléas possibles. Et une grande incertitude

entoure la probabilité et l’intensité des phéno-

mènes les plus extrêmes. Par conséquent, les

systèmes d’infrastructure doivent être soumis à

des tests de résistance afin d’explorer les consé-

quences possibles et de minimiser le risque

de défaillances catastrophiques (Kalra et al.,

2014). Ces tests de résistance ont deux

objectifs : 1) identifier les options peu

coûteuses capables de réduire la vulnérabilité

des infrastructures aux phénomènes extrêmes,

même les plus improbables, et 2) se préparer à

des défaillances (par exemple, en réfléchissant

à comment minimiser les répercussions de ces

défaillances dans les hôpitaux). La création de

scénarios de défaillances constitue la première

et la plus importante des étapes dans la défini-

tion des plans d’urgence.

Enfin, la meilleure façon de rendre une

infrastructure résiliente consiste parfois à ne

pas la construire. Nicholls et al (2019) estiment

que la protection du littoral contre les marées

de tempête et l’élévation du niveau de la mer

n’aurait de sens sur le plan économique que

pour environ 22 à 32 % des zones côtières de

la planète au XXIe siècle. Ainsi, certaines com-

munautés devront peut-être se retirer progres-

sivement vers l’intérieur des terres ou utiliser

des approches de défense du littoral moins

coûteuses ou fondées sur la nature. Ces com-

munautés se trouvent pour la plupart dans des

zones peu peuplées où les coûts de protection

sont trop élevés. Dans ces régions, la meilleure

approche en termes de résilience peut consister

à ne pas construire de nouvelles infrastructures.

Cette approche doit toutefois être complétée

par une stratégie cohérente pour préserver les

moyens de subsistance et les liens sociaux dans

les communautés concernées.

Des usagers mieux préparés contribuent à la résilience des infrastructures Dans certains cas, il peut être plus facile et

moins onéreux de gérer les interruptions de

service que de les prévenir. Ce rapport explore

le rôle des usagers de services d’infrastructure

et la manière dont leurs actions peuvent

contribuer à rendre les systèmes d’infrastruc-

ture plus résilients.

Souvent, une première option de renforce-

ment de la résilience consiste à réduire la

demande en améliorant l’efficacité. Face à la

croissance démographique et à la raréfaction

des ressources en eau, un service public de

Page 22: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

APERÇU 15

distribution de l’eau peut avoir recours à la ges-

tion de la demande pour réduire les pressions

sur le système d’adduction d’eau de la ville. Un

exemple récent est celui du Cap, en Afrique du

Sud, qui a dû prendre des mesures draco-

niennes pour éviter d’atteindre le « jour 0 » —

le jour où la ville se trouverait à court d’eau.

Les mesures de gestion de la demande mises en

œuvre par cette ville ont permis de réduire la

consommation de 40 % entre 2015 et 2018 et

d’éviter ainsi ce qui aurait pu être une crise

socioéconomique majeure.

Comprendre les besoins et les capacités des

usagers aide à mieux cibler les secteurs où

investir. Une ligne servant à alimenter en élec-

tricité un hôpital est probablement plus impor-

tante pendant et après une situation d’urgence

que la ligne électrique qui alimente un cinéma.

Pour déterminer dans quelle mesure la criticité

dépend des usagers et des chaînes d’approvi-

sionnement, une étude entreprise pour ce rap-

port combine un modèle de transport et de

chaîne d’approvisionnement pour étudier la

criticité du réseau de transport en Tanzanie

(Colon, Hallegatte, et Rozenberg 2019). La

carte O.2 montre les segments les plus critiques

pour deux chaînes d’approvisionnement et

révèle que les priorités d’investissement

dépendent des chaînes d’approvisionnement

considérées comme les plus vulnérables ou les

plus importantes. Par exemple, la route côtière

au sud de Dar es-Salaam est cruciale pour la

consommation des ménages, mais n’a que peu

d’importance pour le commerce international.

En revanche, la route à l’est de Morogoro

apparaît comme prioritaire pour le commerce.

Ce tronçon supporte d’importants flux de mar-

chandises entre le port de Dar es-Salaam et des

pays enclavés tels que la République démocra-

tique du Congo et la Zambie.

Lorsque la prévention est impossible ou trop

onéreuse, les entreprises disposent de nom-

breuses options pour améliorer leur propre

résilience face aux perturbations. Des stocks

plus importants les protégeront contre les

problèmes de transport. Une diversité de

CARTE O.2 Les priorités d’investissement pour le réseau de transport de la Tanzanie dépendent de ses chaînes d’approvisionnement

Source : Colon, Hallegatte et Rozenberg 2019.Note : La largeur du trait qui recouvre une route donnée est proportionnelle à l’impact d’une perturbation sur cette route pendant une semaine. Mesuré en % de la consommation quotidienne, l’impact représente les dépenses exceptionnelles dues à des coûts de transport plus élevés et à des consommations manquées en raison de pénuries. Le panneau a montre cet impact sur les produits consommés par les ménages, et le panneau b montre cet impact sur les acheteurs internationaux.

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16 LIFELINES

fournisseurs, à la fois locaux et éloignés, con-

stitue une autre mesure de protection, en par-

ticulier face à des interruptions prolongées.

Toutefois, détenir des stocks importants et

gérer des fournisseurs multiples impliquent des

charges financières et constituent donc des

options plus pertinentes pour les grandes

entreprises. Et parce qu’une chaîne d’approvi-

sionnement statique ne sera jamais en mesure

de faire face à une catastrophe de grande

envergure, l’adaptabilité est essentielle et

devrait être intégrée aux plans de continuité

des opérations (Christopher et Peck 2004 ;

Sheffi 2005).

UNE STRATÉGIE COHÉRENTE EST NÉCESSAIRE POUR RENDRE LES INFRASTRUCTURES PLUS RÉSILIENTES Dans de nombreux pays, les perturbations des

infrastructures sont les symptômes de carences

chroniques. Des pannes d’électricité survien-

nent tous les jours, l’approvisionnement en

eau n’est pas fiable, et les embouteillages ralen-

tissent les déplacements et les rendent

imprévisibles. Dans de nombreux endroits, ces

perturbations surviennent simplement parce

que les systèmes d’infrastructure ne sont pas

conçus pour répondre à une demande en con-

stante augmentation ou parce que les défail-

lances des systèmes sont le résultat d’une

mauvaise gestion ou maintenance. Bien que

les aléas naturels puissent exacerber ces prob-

lèmes, la majorité de ces perturbations reflètent

des défis plus fondamentaux liés à la concep-

tion et à la gestion des infrastructures. Cela

signifie que, pour rendre les systèmes d’infra-

structure résilients, la première étape consiste à

les rendre fiables dans des conditions normales

grâce à une conception, une exploitation, un

entretien et un financement appropriés.

Recommandation 1 : Commencer par les fondamentaux La sous-performance des systèmes d’infra-

structure s’explique en grande partie par

une mauvaise gestion et une mauvaise gou-

vernance (Korne jew, Rent sch le r e t

Hallegatte 2019). En utilisant l’indice de per-

formance logistique de la Banque mondiale,

le Graphique O.10 montre dans quelle

mesure la performance du système de trans-

port dépend des dépenses publ iques

consacrées aux routes. La performance aug-

mente rapidement avec les dépenses par

habitant, mais seulement si la qualité de la

gouvernance s’améliore en parallèle (courbe

bleu foncé). Si la qualité de la gouvernance

reste inchangée (courbe bleu clair), l’aug-

mentation des dépenses n’améliore que

marginalement la performance du système

de transport et n’est pas rentable. Des analy-

ses similaires donnent des résultats sembla-

bles pour les réseaux d’électricité et d’eau.

Ainsi, la mauvaise gouvernance des sys-

tèmes d’infrastructure constitue le premier

obstacle auquel s’attaquer. Pour que les infra-

structures résistent aux chocs naturels, les

pays doivent d’abord mettre en place les fon-

dations en matière de gestion des infrastruc-

tures, en menant les trois actions prioritaires

suivantes.

Action 1.1: Définir et appliquer des codes de

construction et règles de passation des marchés

Une réglementation, des codes et des règles de

passation de marchés bien conçus constituent

l’approche la plus simple pour améliorer la

qualité des services d’infrastructure, y compris

leur fiabilité et leur résilience. Leur applica-

tion effective dans le secteur des infrastruc-

tures exige un cadre juridique robuste, mais

aussi des organismes de régulation solides

pour assurer le suivi des travaux de construc-

tion, de la qualité des services et de la perfor-

mance de l’ouvrage et pour récompenser ou

pénaliser les fournisseurs de services en

fonction de leur performance. À l’heure actu-

elle, de nombreux organismes de régulation

n’ont pas les ressources et la capacité néces-

saires pour faire appliquer les codes de con-

struction existants.

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APERÇU 17

Action 1.2 : Créer des systèmes permettant

une bonne exploitation et maintenance des

infrastructures et une réponse rapide en cas

d’incident

L’amélioration de la maintenance et de l’exploita-

tion est une solution sans regret (elle génère des

avantages quoiqu’il arrive à l’avenir) pour renfor-

cer la résilience des actifs d’infrastructure tout en

réduisant les coûts. Une analyse des pays membres

de l’Organisation de coopération et de développe-

ment économiques effectuée pour ce rapport

indique que chaque dollar supplémentaire

dépensé pour l’entretien des routes permet d’éco-

nomiser 1,5 dollar en nouveaux investissements,

ce qui fait de l’amélioration de la maintenance

une option très rentable (Kornejew, Rentschler et

Hallegatte 2019). Un outil important est l’utilisa-

tion de systèmes de gestion des infrastructures,

qui comprennent un inventaire de tous les com-

posants et de leur état, ainsi que tous les aspects

stratégiques, financiers et techniques de la gestion

des infrastructures pendant leur cycle de vie. En

effet, ils permettent de s’écarter d’une approche

réactive de la maintenance au coup par coup pour

évoluer vers un calendrier de maintenance

préventive.

Action 1.3 : Mobiliser et allouer des

financements appropriés pour la planification,

la construction et l’entretien des infrastructures

La qualité des services d’infrastructure dépend

de nombreux facteurs, de la bonne planification

à la bonne maintenance, mais chacun de ces

facteurs a un coût (Graphique O.11). Si les res-

sources ne sont pas suffisantes pour l’un de ces

facteurs, la qualité des services d’infrastructure

en souffrira. Même si les investissements sont

adéquats, des ressources insuffisantes pour la

planification, la conception ou l’entretien des

actifs se traduiraient par un faible niveau de

qualité et de fiabilité. Des fonds dédiés et des

allocations budgétaires spécifiques peuvent être

utilisés pour s’assurer que des ressources suffi-

santes sont disponibles pour répondre aux diffé-

rents besoins, en particulier pour l’entretien.

GRAPHIQUE O.10 L’augmentation des dépenses améliore la fiabilité du système de transport, mais seulement si la gouvernance s’améliore également

Source : Kornejew, Rentschler et Hallegatte 2019.

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(1-5

)

Dépenses publiques annuelles pour le réseau routier par habitanten dollars constants de 2009 (OCDE + BOOST)

Les dépenses augmentent et la gouvernance s’amélioreSeules les dépenses augmentent

1

2

3

4

5

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0 200 400 600 800 1,000 1,200 1,400

GRAPHIQUE O.11 Une infrastructure de qualité nécessite de répondre à de multiples besoins de financement

Coût pour les organismesde régulation et l’État

• Plans directeurs, élaboration et application de la réglementation

• Production des données et des modèles, études, formation, éducation

Coût de cycle de vie pour lesfournisseurs de services d’infrastructure(publics ou privés)• Conception et préparation du projet

• Coût d’investissement initial

• Démantèlement

• Charges d’exploitation et Coûts d’entretien et de réparation

Coûts desinfrastructures

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18 LIFELINES

La mise en œuvre de ces trois mesures de

base contribuerait à rendre les systèmes d’in-

frastructure plus fiables et à mettre en place

une capacité minimale pour faire face aux aléas

naturels et au changement climatique, mais

elle ne serait pas suffisante pour réaliser des

objectifs plus ambitieux en matière de rési-

lience. Faute d’actions ciblées destinées à ren-

forcer la résilience, les infrastructures ne seront

pas en mesure de faire face à des phénomènes

plus rares tels que les ouragans ou les tremble-

ments de terre. Et en l’absence d’actions spéci-

fiques sur le changement climatique, les

infrastructures risquent de ne pas être capables

de fonctionner dans les conditions climatiques

et environnementales de demain. Afin de ren-

forcer la résilience face à l’évolution de ces

aléas naturels, il est nécessaire de s’attaquer à

quatre obstacles supplémentaires qui sont spé-

cifiques à la résilience.

Recommandation 2 : Renforcer les institutions pour favoriser la résilience Les défis de l’économie politique et les défail-

lances en matière de coordination nuisent à la

création d’un écosystème d’infrastructures

résilient. Les pouvoirs publics doivent donc

jouer un rôle de coordination (OECD 2019)

axé sur les trois actions prioritaires suivantes.

Action 2.1 : Mettre en œuvre une approche

de la résilience des infrastructures intégrant

l’ensemble de l’administration, en s’appuyant

sur les systèmes réglementaires existants

Les analystes s’accordent à dire que les pouvoirs

publics doivent jouer un rôle clé pour assurer la

résilience des infrastructures et qu’ils devraient

adopter une approche intégrant l’ensemble de

l’administration (Renn 2008 ; Wiener et

Rogers 2002 ; World Bank 2013). Une solution

commune pour améliorer la coordination de la

gestion des risques à différents niveaux et dans

différents systèmes consiste à confier à un orga-

nisme interministériel existant (ou nouveau) la

responsabilité de l’échange d’informations, de la

coordination, voire de la mise en œuvre de

mesures de gestion des risques pour les

infrastructures.

Action 2.2 : Identifier les infrastructures

critiques et définir les niveaux de risque

acceptables et intolérables

Les analyses de criticité constituent un outil

important pour identifier les infrastructures les

plus importantes et leur vulnérabilité. Une fois

que les infrastructures essentielles ont été iden-

tifiées, les pouvoirs publics doivent définir des

niveaux de risque acceptables ou intolérables.

Chaque secteur des infrastructures peut utiliser

ces niveaux de risque pour concevoir ses

propres règlements et mesures, assurant ainsi

la cohérence entre les systèmes. La définition

de ces niveaux de risque doit tenir compte du

contexte local, en particulier des ressources dis-

ponibles, et nécessite une approche ouverte et

participative pour que la gestion des risques ne

devienne pas un obstacle au développement.

Action 2.3 : Assurer un accès équitable à des

infrastructures résilientes

Les décisions concernant la résilience ne

peuvent être prises uniquement en fonction de

considérations économiques. Le renforcement

de la résilience des infrastructures devrait être

guidé par une évaluation plus complète des

risques et des effets potentiels des perturbations,

en particulier pour les groupes de population

vulnérables et marginalisés. De nouvelles

approches favorisent des évaluations plus com-

plètes des priorités spatiales. Par exemple, les

estimations des pertes de bien-être ou de la rési-

lience socioéconomique fournissent une évaluation

équilibrée des effets des catastrophes naturelles

sur les ménages pauvres et riches (Hallegatte

et al. 2016 ; Walsh et Hallegatte 2019).

Recommandation 3 : Inclure la résilience dans les règlements et les mesures d’incitationUn troisième obstacle à des infrastructures plus

résilientes tient au fait que les décideurs publics

et privés ont tendance à avoir peu d’incitations

Page 26: French Low Res - All Documents | The World Bank...Cet abrégé présente une vue d’ensemble et la table des matières du rapport Lifelines: The Resilient Infrastructure Opportunity

APERÇU 19

à éviter les perturbations. Trop souvent, ils

tiennent uniquement compte des coûts de

réparation au moment de décider des investis-

sements dans la résilience, et envisagent

rarement l’intégralité du coût social des pertur-

bations des infrastructures. Par conséquent, les

pouvoirs publics doivent inclure la résilience

dans un ensemble cohérent de réglementations

et d’incitations financières en vue d’aligner

les intérêts des fournisseurs de services

d’infrastructure sur les intérêts du public

(Graphique O.12) en menant les trois actions

prioritaires suivantes.

Action 3.1 : Intégrer les objectifs de résilience

dans les plans directeurs, les normes et les

réglementations et les ajuster régulièrement

pour tenir compte du changement climatique

Les normes et les réglementations doivent

tenir compte d’un éventail de facteurs,

notamment les conditions climatiques, les

aléas géophysiques, les tendances environne-

mentales et socioéconomiques, les pratiques

locales de construction et les priorités straté-

giques. Elles doivent également être révisées

plus régulièrement que ce n’est le cas

aujourd’hui pour tenir compte du change-

ment climatique et d’autres tendances à long

terme (Vallejo et Mullan 2017). En outre, les

pouvoirs publics peuvent utiliser la réglemen-

tation pour renforcer la résilience d’usagers

spécifiques de services d’infrastructure, et pas

seulement des fournisseurs. Par exemple, les

hôpitaux peuvent être tenus de disposer de

groupes électrogènes et de réservoirs d’eau de

secours. Par ailleurs, les entreprises peuvent

être tenues de préparer des plans de conti-

nuité des opérations afin de réduire au mini-

mum le coût économique des catastrophes et

des perturbations des infrastructures.

GRAPHIQUE O.12 Créer les bonnes incitations pour les fournisseurs de services d’infrastructure nécessite un ensemble cohérent de réglementations et d’incitations financières

L’État ou l’organisme derégulation définit et faitappliquer un niveau« intolérable » de risquevia les codes deconstruction ou demarchés publics

Le promoteurconçoit le projet,en respectant lesnormes minimales

L’État ou l’organisme derégulation définit le niveaude risque « acceptable »qui peut être toléré(« force majeure »)

L’État ou l’organisme derégulation ajoute desmesures d’incitationpour aligner les intérêtsdes fournisseurs deservices sur l’intérêtpublic, via des pénalitéset récompenses baséessur le coût social

Risques intolérables : l’infrastructure devrait résisteraux aléas fréquents

Norme minimale

Intensitédes aléas

Phénomènemajeur rare

Conceptionspécifique au projet

Force majeure

Aléas de faibleintensité fréquent

Les services d’infrastructurene devraient pas êtreperturbés en dessous dece niveau. Le risque estassumé par le fournisseur

Le risque est assumépar l’État

Le risque est assumé aumoins en partie par lefournisseur(une assurance peutêtre nécessaire)

1 � 2 � 3 � 4 �

Risques acceptables. Pour les aléas rares, l'infrastructurepeut subir des dommages ou des perturbations quidoivent être anticipés par des plans d'urgence

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20 LIFELINES

Action 3.2 : Créer des incitations financières

afin que les prestataires offrent des services

d’infrastructure résilients

Des récompenses et des pénalités peuvent être

utilisées pour inciter les fournisseurs de ser-

vices à aller au-delà des normes obligatoires et

à mettre en œuvre des solutions rentables

pour améliorer la résilience (Pardina et Schiro

2018). L’organisme australien de régulation

du secteur de l’énergie a mis en place un dis-

positif d’incitation à atteindre les perfor-

mances ciblées, qui comprend des pénalités et

des récompenses définies en fonction de la

disposition des consommateurs à payer pour

obtenir un meilleur service. Un autre exemple

est celui des systèmes de paiement pour des

services écosystémiques, qui encouragent

l’utilisation de solutions fondées sur la nature

pour accroître la résilience. Au Brésil, les usa-

gers de l’eau paient une redevance à la com-

pagnie locale des eaux que les comités locaux

des bassins versants utilisent pour l’entretien

et le reboisement de leur bassin (Browder

et al. 2019).

Action 3.3 : Veiller à ce que la réglementation

des infrastructures soit conforme aux plans

d’aménagement du territoire tenant compte

des risques et orienter les aménagements vers

des zones plus sûres

Dans la mesure où les investissements dans

les infrastructures influent sur les schémas

d’aménagement spatial, ils peuvent avoir une

influence sur l’exposition de la population

aux aléas naturels. Pour s’assurer que les nou-

velles infrastructures contribuent à la rési-

lience des usagers, les réglementations

devraient être alignées sur des plans d’aména-

gement du territoire et d’urbanisation fondés

sur les risques. De plus, le choix de l’emplace-

ment des infrastructures doit tenir compte des

investissements potentiels qu’un nouvel actif

d’infrastructure attirera et des implications en

termes de résilience. Mieux encore, les choix

de localisation des infrastructures peuvent

être utilisés pour soutenir la mise en œuvre

des plans d’aménagement du territoire et pro-

mouvoir un aménagement spatial à faible

risque.

Recommandation 4 : Améliorer le processus décisionnelMême si les organismes de régulation et les

fournisseurs de services d’infrastructure sont

dûment incités à construire des systèmes d’in-

frastructure plus résilients, ils n’ont souvent

pas accès aux données et aux outils ainsi

qu’aux capacités et compétences dont ils ont

besoin pour prendre de bonnes décisions. Les

pouvoirs publics doivent donc aider toutes les

parties prenantes à améliorer leur processus

décisionnel, en menant les trois actions priori-

taires suivantes.

Action 4.1 : Investir dans des données

librement accessibles sur les aléas naturels et le

changement climatique

Les investissements dans les données et les

modèles de risques (tels que les modèles hydro-

logiques, les cartes des risques d’inondation, les

modèles numériques d’élévation et les inven-

taires des actifs d’infrastructure) peuvent avoir

des rendements extrêmement élevés en amé-

liorant la conception et l’entretien des actifs

d’infrastructure. La production de modèles

numériques d’élévation pour toutes les zones

urbaines de pays à revenu faible et intermé-

diaire coûterait entre 50 et 400 millions de

dollars au total et permettrait d’effectuer des

évaluations approfondies des risques pour tous

les nouveaux actifs d’infrastructure, lesquelles

serviraient de base à des centaines de milliards

d’investissements par an. Toutefois, ces don-

nées présentent des caractéristiques de biens

publics qui dissuadent les acteurs privés d’in-

vestir dans ce domaine et nécessitent un appui

de l’État. Pour être utiles, les données sur les

risques et les infrastructures doivent être mises

à la disposition des fournisseurs et usagers de

services d’infrastructure (et être abordables

financièrement). Bien qu’en raison des préoc-

cupations relatives à la protection de la vie

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APERÇU 21

privée et à la sécurité, il puisse être nécessaire

d’en restreindre l’accès, il est préférable de faire

du libre accès la situation par défaut pour

les données sur les aléas et les infrastructures,

et de mettre en place des processus de restric-

tion d’accès aux données trop sensibles.

Action 4.2 : Prendre des décisions « robustes »

et minimiser les risques de défaillances

catastrophiques

Souvent, de grandes incertitudes rendent

impossible la conception de systèmes ou d’ac-

tifs « optimaux ». Une solution alternative

consiste à rechercher des conceptions robustes

qui donnent de bons résultats pour un large

éventail de futurs possibles, même si elles ne

sont optimales pour aucun avenir particulier.

Les décideurs peuvent identifier des stratégies

robustes en soumettant systématiquement les

options possibles à des tests de résistance —

en considérant un large ensemble d’aléas et

de menaces, même improbables — afin de

s’assurer que les vulnérabilités résiduelles

sont acceptables et gérables. Ces tests de résis-

tance peuvent aider à identifier des solutions

réalistes pour renforcer la résilience face à des

phénomènes à faible probabilité et à forte

incidence et prévenir les défaillances catastro-

phiques. Ils peuvent également appuyer l’éla-

boration de plans d’urgence et de plans de

continuité des opérations pour les usagers.

Action 4.3 : Développer les compétences

nécessaires pour utiliser les données et les

modèles et mobiliser le savoir-faire du secteur

privé

Même si les données et les modèles de risques

sont accessibles, leur bonne utilisation exige

des compétences qui ne sont pas toujours dis-

ponibles. Les universités et les centres de

recherche doivent être soutenus afin de pou-

voir offrir des formations, mettre au point de

nouvelles méthodologies (ou les adapter au

contexte local) et conseiller les décideurs et les

responsables politiques. Lorsque le secteur

public n’a pas les compétences suffisantes,

une solution peut consister à faire appel aux

opérateurs privés en leur attribuant directe-

ment des marchés publics ou en nouant des

partenariats public-privé.

Recommandation 5 : Fournir des financements Le cinquième obstacle est lié aux contraintes

financières. L’augmentation de la résilience

peut accroître diverses composantes du coût

du cycle de vie des infrastructures, y compris

les coûts supportés par l’État ou les orga-

nismes de régulation ou les coûts supportés

par les opérateurs d ’ infras t ructures

(Graphique O.11). Parfois, ces coûts peuvent

avoir une incidence négative sur l’accessibilité

financière, lorsque la résilience augmente le

coût du cycle de vie complet d’un actif ou

d’un système. Dans ce cas, il est nécessaire de

prévoir une augmentation du financement

(au moyen de taxes, de frais d’usage ou de

transferts plus élevés), ou de faire un compro-

mis entre la résilience et la quantité d’in-

frastructure (par exemple, construire moins

de routes, mais plus sûres). Mais le plus sou-

vent, le fait de rendre les infrastructures plus

résilientes n’augmente que les coûts de

conception, de construction ou d’entretien,

tout en diminuant d’autres coûts tels que les

réparations, de sorte que le coût global du

cycle de vie est réduit. Le défi dans ce cas est

lié au financement, c’est-à-dire à la transforma-

tion des recettes ou budgets annuels en res-

sources nécessaires à chaque étape du cycle de

vie du projet d’infrastructure, à travers les

trois actions prioritaires suivantes.

Action 5.1 : Allouer des financements suffisants

pour inclure les évaluations de risques dans les

plans directeurs et les premières étapes de la

conception des projets

Même si des centaines de milliards de

dollars sont investis chaque année dans

les infrastructures, il est difficile de mobiliser

des ressources pour la régulation du secteur

des infrastructures, l’élaboration de plans

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22 LIFELINES

directeurs tenant compte des risques, l’éva-

luation des risques liés aux infrastructures ou

les premières phases de conception des pro-

jets. Davantage de ressources sont disponibles

lorsque les projets d’infrastructure arrivent à

maturité, mais à ce stade, la plupart des déci-

sions stratégiques ont déjà été prises et la plu-

part des options à faible coût pour accroître la

résilience ne sont plus réalisables (comme

changer l’emplacement d’une infrastructure

ou même la nature du projet). Le soutien et

le financement de ces activités ont un très

bon rapport coût-efficacité et peuvent entraî-

ner des transformations profondes, particu-

lièrement dans les pays pauvres, ce qui en

fait une priorité pour la coopération interna-

tionales (World Bank 2018). Des organisa-

tions et des mécanismes de préparation de

projets spécialisés tels que la Global facility

for disaster reduction and recovery (GFDRR)

ou le Mécanisme mondial de financement

des infrastructures interviennent déjà dans

ces domaines, mais ils restent modestes au

regard de l’ampleur des besoins.

Action 5.2 : Élaborer une stratégie de

protection financière et des plans d’urgence

intégrant l’ensemble de l’administration

Au lendemain d’une catastrophe, les pouvoirs

publics sont généralement tenus de mobiliser

des fonds importants pour financer la réponse

à la crise. Plusieurs instruments sont dispo-

nibles à cette fin, notamment les fonds de

réserve ou les réaffectations budgétaires, les

crédits d’urgence, l’assurance ou les transferts

de risques. Le choix des instruments financiers

est déterminé par les risques à couvrir, le coût

de l’instrument retenu, la rapidité du décaisse-

ment et la transparence et la prévisibilité des

ressources (Clarke et Dercon 2016 ; World

Bank 2017). Toutefois, après une catastrophe,

la disponibilité des ressources financières n’est

qu’une facette du problème : il est tout aussi

important de pouvoir transférer les ressources

efficacement et rapidement là où elles sont

nécessaires, notamment aux entreprises et aux

ménages touchés par les perturbations des

infrastructures, même s’ils ne sont pas directe-

ment victimes de la catastrophe. Les instru-

ments financiers doivent donc être conjugués à

des plans d’urgence et des mécanismes de mise

en œuvre souples, en s’appuyant si possible

sur des instruments existants tels que les sys-

tèmes de protection sociale ou d’aide aux

entreprises.

Action 5.3 : Promouvoir la transparence pour

mieux informer les investisseurs et les décideurs

Une façon de s’assurer que les projets d’in-

frastructure résilients sont financés de

manière adéquate consiste à informer les

investisseurs et les décideurs des risques asso-

ciés auxdits projets. De multiples initiatives

internationales, régionales et nationales

visent à rendre plus transparents les risques

physiques associés aux investissements et aux

actifs. C’est le cas, par exemple, des travaux

du Groupe de travail sur l’information finan-

cière relative au climat (Task Force for Climate-

Related Financial Disclosure) qui recommande

que les entreprises et les investisseurs rendent

compte des risques physiques et de la façon

dont ils sont gérés. Pour contribuer à cette

tendance, le Groupe de la Banque mondiale

s’est engagé à mettre au point un système de

notation de la résilience visant à informer les

investisseurs de la résilience de leurs investis-

sements en infrastructures et les aider à sélec-

tionner les projets les plus résilients.

En résumé, comme l’illustrent ces cinq

recommandations et 15 actions (tableau O.3),

aucune mesure ne peut à elle seule rendre les

infrastructures résilientes. En fait, les pouvoirs

publics devront définir et mettre en œuvre une

stratégie cohérente — en partenariat avec

toutes les parties prenantes, comme les services

publics, les investisseurs, les associations d’en-

treprises et les organisations de citoyens. L’une

des carac tér i s t iques communes des

recommandations de ce rapport est l’accent

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APERÇU 23

mis sur les premières étapes de l’élaboration

des systèmes d’infrastructure — la conception

des réglementations, la production de données

et de plans directeurs, ou les premières étapes

de la conception de nouvelles infrastructures.

C’est à ce stade, en début de processus, que de

petits investissements peuvent améliorer consi-

dérablement la résilience globale des infrastruc-

tures et générer des bénéfices importants. Dans

les pays pauvres cependant, il peut être difficile

de mobiliser des ressources pour investir dans

ces actions, et c’est pourquoi un appui ciblé de

la communauté internationale est nécessaire,

transformationnel et très rentable.

Bien que ces recommandations aient voca-

tion à rendre les infrastructures plus résilientes,

la plupart d’entre elles traitent de défaillances

du marché ou de l’État qui rendent les

infrastructures non seulement moins rési-

lientes, mais aussi moins efficaces et plus coû-

teuses. Par conséquent, ces actions contribue-

ront non seulement à la résilience des

populations et des économies, mais aussi à la

création de sociétés plus productives, plus

vivables, et plus inclusives.

NOTES 1. Tous les montants en dollars sont exprimés

en dollars des États-Unis, sauf indication contraire.

2. L’ensemble de données couvre 137 pays représentant 80 % du PIB des pays à revenu faible et intermédiaire ou 32 % du PIB mon-dial. En raison des limites des données, la couverture géographique exacte varie selon

TABLEAU O.3 Cinq recommandations pour surmonter les cinq obstacles à des infrastructures résilientes

Recommandation Actions

1: Commencer par les fondamentaux 1.1 : Définir et appliquer des codes de construction et règles de passation des marchés

1.2 : Créer des systèmes pour une bonne exploitation et maintenance des infrastructures et une réponse rapide en cas d’incident

1.3 : Mobiliser et allouer des financements appropriés pour la planification, la construction et l’entretien des infrastructures

2: Renforcer les institutions pour favoriser la résilience

2.1 : Mettre en œuvre une approche de la résilience des infrastructures intégrant l’ensemble de l’administration, en s’appuyant sur les systèmes réglementaires existants

2.2 : Identifier les infrastructures critiques et définir les niveaux de risque acceptables et intolérables

2.3 : Assurer un accès équitable à des infrastructures résilientes

3: Inclure la résilience dans les règlements et les mesures d’incitation

3.1 : Intégrer les objectifs de résilience dans les plans directeurs, les normes et les réglementations et les ajuster régulièrement pour tenir compte du changement climatique

3.2 : Créer des incitations financières pour que les prestataires offrent des services d’infrastructure résilients

3.3 : Veiller à ce que la réglementation des infrastructures soit conforme aux plans d’aménagement du territoire tenant compte des risques et orienter les aménagements vers des zones plus sûres

4: Améliorer le processus décisionnel 4.1 : Investir dans des données librement accessibles sur les aléas naturels et le changement climatique

4.2 : Prendre des décisions « robustes » et minimiser les risques de défaillances catastrophiques

4.3 : Développer les compétences nécessaires pour utiliser les données et les modèles et mobiliser le savoir-faire du secteur privé

5: Fournir des financements 5.1 : Allouer des financements suffisants pour inclure les évaluations de risques dans les plans directeurs et les premières étapes de la conception des projets

5.2 : Élaborer une stratégie de protection financière et des plans d’urgence intégrant l’ensemble du gouvernement

5.3 : Promouvoir la transparence pour mieux informer les investisseurs et les décideurs

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24 LIFELINES

les différentes analyses. Pour plus de détails, voir le chapitre 2 et Braese, Rentschler et Hallegatte (2019).

3. Les estimations résumées dans ce paragraphe couvrent jusqu’à 137 pays à revenu faible ou intermédiaire, la couverture exacte variant selon les types d’infrastructures en fonction de la disponibilité des données. Pour plus de détails, voir le chapitre 3 et Obolensky et al. (2019).

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Les infrastructures contribuent à notre bien-être et à notre développement en répondant à nos besoins fondamentaux et en facilitant nos projets commerciaux ou technologiques les plus ambitieux. Des services fiables dans les domaines de l’eau, de l’assainissement, de l’énergie, des transports et des télécommunications sont essentiels pour améliorer la qualité de vie des populations. La qualité des infrastructures varie toutefois considérablement d’un pays à l’autre. Des millions de personnes, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, sont confrontés à la faible fiabilité des réseaux électriques, à l’insuffisance des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement et à la congestion des réseaux de transport. Les aléas naturels – des inondations et cyclones aux séismes et glissements de terrain – représentent un défi pour ces réseaux fragiles. Ce rapport, Lifelines : Pour des Infrastructures plus Résilientes, explore la résilience des infrastructures, c’est-à-dire leur capacité à fournir les services dont ont besoin les usagers pendant et après une catastrophe naturelle. En s’appuyant sur un large éventail d’études de cas, d’analyses empiriques et d’exercices de modélisation, il fournit une estimation de l’impact des catastrophes naturelles sur les infrastructures, en considérant non seulement les frais de réparation et de reconstruction, mais aussi l’effet induit sur les usagers, des ménages aux chaînes d’approvisionnement internationales. Il compile également les options techniques disponibles pour renforcer les infrastructures, y compris les interventions systémiques à l’échelle des réseaux et les actions visant à rendre les usagers mieux capables de faire face aux perturbations des infrastructures. A partir des coûts et des bénéfices de ces interventions, il démontre la valeur économique de construire des infrastructures plus résilientes. Ce rapport conclut avec cinq recommandations concrètes pour rendre les infrastructures plus résilientes, via une série d’actions que peuvent mettre en œuvre les gouvernements, les opérateurs, constructeurs, ou utilisateurs d’infrastructures, ou la communauté internationale. Ces actions peuvent améliorer la qualité des infrastructures, et ainsi contribuer à créer des sociétés plus résilientes et plus prospères.

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S É R I E I N F R A S T R U C T U R E S D U R A B L E S

Pour des infrastructures plus résilientes