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p. 29 Idées clées : valle de l’aubaygues / coeur d’hérault / atelier d’été aout 2013 Du local au global, vers des territoires de proximité 1 Gestion des terres agricoles et naturelles la Manufacture des paysages - exposition réfléchir aujourd’hui pour le paysage de demain -Juin 2006 2 Annexe 1: Exemples d’initiatives

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SILENCE N°345 Avril 20073

EditorialLE MOIS DE LASSERPE

Le milieu agricole est en effervescence dans bien desdomaines. Que ce soit dans le milieu syndical avec la Confédération paysanne (1) ; que ce soit au niveau

technique avec l’agriculture biologique ou biodynamique, la per-maculture ou le bois raméal fragmenté ; que ce soit dans le com-bat pour le refus des OGM et le libre-échange des semences, lemonde paysan connaît une évolution pleine de richesses à venir.Pourquoi une telle effervescence dans ce milieu ? Parce que, ici,le nombre de paysans diminue de manière régulière ? Mais, avecles délocalisations, il en est de même dans le monde ouvrier. Or la faucille semble aujourd’hui plus révolutionnaire que lemarteau. Si le discours de José nous semble plus en phase avecla société que, par exemple, celui d’Arlette, c’est sans douteparce que l’agriculture, en produisant la nourriture, touche à desbesoins plus vitaux que l’industrie ; que l’agriculture nous relieau vivant, au réel. En visant à rendre notre société de plus en plus marchande et de moins en moins vivable, avec sa “croissance” vers toujoursplus de gadgets inutiles et néfastes, l’industrie est de moins enmoins perçue comme une source d’avenir. Bien qu’encore à une échelle minoritaire, une dynamique ruraletisse des passerelles avec les urbains : solidarité consommateurs-producteurs à travers les AMAP ou Accueil paysan (2), achatscollectifs sous forme de SCI ou de GFA (3), rencontres agricul-turelles, réseaux de commerce équitable, autant de pistesouvertes pour de nouveaux horizons paysans qui intègrent aumieux le futur de la planète.

Michel Bernard �

(1) Un agriculteur sur cinq aux dernières élections de janvier 2007.(2) AMAP, Association pour le maintien d’une agriculture paysanne. La première créée en France a été présentée dans Silence n°341, janvier 2007. Accueil paysan, hébergement dans les fermes, 117, rue des Alliés, 38030 Grenoble cedex 2, tél : 04 76 43 44 83.(3) SCI, Société civile immobilière ; GFA, Groupement foncier agricole, voir article sur Terres de Liens page 5.

Nouvelles campagnes

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1Une autre forme de propriété :

l'accès collectif et solidaire au foncier agricole et rural

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La propriété individuelle est une no-tion primordiale dans notre socié-té. Dans le cas de la propriété fon-

cière, elle peut mener à la spéculation surles prix des terres et du bâti, ce qui meten péril la création d'activités en milieurural et périurbain. Il existe une alternati-ve à ce problème : la propriété collective.

L'accès collectif au foncier consiste àregrouper des personnes qui acquièrentensemble des terres et du bâti pour per-mettre à un projet de se mettre en place.

On peut accéder collectivement aufoncier pour des raisons économiques : leprix du foncier s'envolant, un endette-ment important peut mettre en péril lacréation d'une activité ou bloquer son dé-veloppement. Mais on peut aussi et sur-

tout accéder collectivement au foncierpour des raisons éthiques : maintenir desterres naturelles et/ou agricoles, sortir desterres du marché spéculatif, créer desliens entre milieu urbain et milieu rural,entre catégories socioprofessionnelles dif-férentes, etc.

Cette idée de propriété commune dela terre n'est pas nouvelle : dès 1973,quatre groupements fonciers agricoles(GFA) ont été créés, dans un contexte delutte contre l'extension d'un camp mili-taire, pour maintenir des fermes en placeet permettre l'installation d'autres pay-

sans sur le plateau du Larzac (Aveyron).Aujourd'hui, 2800 personnes soutiennentce projet en prenant une ou plusieursparts dans cette structure et les GFALarzac sont propriétaires de 1200 ha misà la disposition d'agriculteurs sous formede baux ruraux à long terme.

Le GFA comme la société civile im-mobilière (SCI) sont des structures juri-diques qui permettent de porter collecti-vement le foncier. Ces outils peuvent êtreadaptés afin de créer un mode de fonc-tionnement plus coopératif.

En 2003, l'association Terre de Lienss'est constituée suite à un travail de cinqannées sur la question du foncier. Elle apour but d'encourager et d'accompagnerce type d'initiatives collectives en ap-puyant ces structures juridiques du pointde vue méthodologique, juridique et fis-cal au moment de leur création et duranttoute leur vie. Depuis sa création, unecentaine de groupes et de porteurs deprojet lui ont fait appel. Ainsi, en 2005, leréseau des AMAP (1) d'Ile-de-France s'estmis en contact avec Terre de Liens, ce quia abouti à la création de la SCI TerresFertiles.

La SCI Terres Fertiles :petit historique...

Le plateau de Saclay constitue un pa-trimoine exceptionnel : 2500 ha d’espacesouverts, agricoles et boisés aux portes deParis. Il est grignoté sans coordinationavec les différents acteurs (agriculteurs,collectivités locales, entreprises, "usagers"du plateau) au profit de l’urbanisation. Lesterres agricoles y subissent une pressionimmobilière de plus en plus forte.

Dans le contexte actuel d'urbanisation à outrance, de diminution du nombrede fermes au profit de l'agrandissement et des agromanagers, le prix

du foncier agricole et rural flambe. La pression foncière est telle que la terredevient inaccessible pour qui veut s'installer. Pourtant, les activités agricoles

et rurales sont nécessaires à la vie des territoires. Des actions facilitant l'accès au foncier se mettent en place.

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Débat entre associés.

(1) AMAP : Association pour le maintien d'une agri-culture paysanne. Voir article dans Silence n°342, janvier 2007.

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Un petit groupe de citoyens de ce pla-teau et des environs, conscient des enjeuxenvironnementaux et sociaux que repré-sente la conservation de ce patrimoine, adécidé de se mettre en contact avec lesagriculteurs de la région et de leur propo-ser de constituer une AMAP. Un coupled'agriculteurs a répondu positivement àcette proposition et l’AMAP des Jardins deCérès a été créée en 2003.

Ayant constaté que le maintien del’agriculture paysanne en Ile-de-France(objet des AMAP) était limité par la dé-prise des terres agricoles, la disparitiond’exploitations agricoles et la pressionfoncière, le réseau des AMAP d’Ile-de-France a initié, avec Terre de Liens, uneréflexion pour agir sur le foncier en pro-cédant à des acquisitions de terres dans lebut de les mettre à disposition d’agricul-teurs adoptant un mode de productionrespectueux de l’environnement.

Les producteurs de l'AMAP de Cérèsont un profil un peu particulier pour desagriculteurs d’AMAP : ce sont des céréa-liers conventionnels cultivant 240 ha enlocation (ce qui correspond à un schémaclassique en Ile-de-France) ; mais, en ré-flexion sur leur mode de culture, ils sesont laissés convaincre d’essayer de fonc-tionner en AMAP sur une petite partie deleurs terres. Au fur et à mesure de leurcontact avec les 180 consom’acteurs del’AMAP, ils se sont engagés dans une dé-marche plus respectueuse de l’environne-ment et de la biodiversité. Ils ont diversi-fié leurs cultures destinées à l’AMAP enutilisant des techniques biologiques (noncertifiées) et ils augmentent chaque an-née la surface dévolue à l'AMAP.

En septembre 2005, 180 ha de terresqu’ils cultivaient ont été mis en vente etpréemptés par la SAFER (2). Une partie a été achetée par l’Agence des espacesverts (3), une autre par un particulier. Ilrestait 20 ha à acheter pour la somme de 144 000 �. Le réseau des AMAP d'Ile-de-France a donc profité de cette opportuni-té pour concrétiser sa réflexion sur l’ac-quisition de terres en créant une SCI : la

SCI Terres Fertiles ou Société civile pourle développement d’une agriculture du-rable en Ile-de-France, dont l’objet est lemaintien de terres fertiles en Ile-de-France.

La SAFER leur a fait confiance, leurpromettant la vente des terres s'ils réus-sissaient à réunir l’argent nécessaire. Leprojet lui semblait intéressant, viable etpermettant le maintien d’une activitéagricole.

Des clauses anti-spéculatives

Pour maintenir l’aspect militant de laSCI et éviter que des personnes ne s’im-pliquent dans ce projet avec des viséesspéculatives, il a été décidé de verrouillerles statuts par deux clauses anti-spécula-tives :• une personne = une voix, quel que soitle nombre de parts détenues (fonctionne-ment coopératif) ;• les plus-values éventuelles restent pro-priété de la SCI et doivent être utiliséespour des projets conformes aux objets dela SCI.

Il a également été décidé de limiter lemontant des parts à 50 �, le but étant : • de permettre au plus grand nombred’être associé à ce projet pour montrerque les citoyens s’engagent dans la ges-tion de leur territoire et avoir ainsi unpoids politique ;• de ne pas déstabiliser la structure et detrouver plus facilement un acheteur encas de cession de parts.

La SCI a été constituée pour répondredans un premier temps à la probléma-tique du plateau de Saclay, mais elle a uncaractère territorial qui lui permet de ser-vir à d’autres projets en Ile-de-France.

Pour l’achat des 20 ha, il fallait trouver144 000 � (soit 2 800 parts). Les délaiscourts imposés par la SAFER ont obligé àagir vite. Plus de 1100 personnes ou asso-ciations ont répondu positivement auxappels lancés à travers les réseaux et lemontant nécessaire à l’achat des 20 ha surle plateau de Saclay a même été dépassé !

Les 20 ha du plateau de Saclay ont étéachetés par la SCI Terres Fertiles le 23 décembre 2005.

L’initiative a surpris les élus et leursréactions, bien que diverses, ont dansl’ensemble été favorables.

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Les nouveaux horizons paysans

(2) SAFER, organisme d'Etat chargé de favoriser lemaintien de la fonction des terres agricoles : une ventede terres agricoles ne peut se faire à un autre usage, enprincipe, que si aucun agriculteur ne se manifestepour l'achat.(3) L'Agence des espaces verts est un établissementpublic régional qui a été créé afin de mettre en œuvrela politique régionale en matière de protection, demise en valeur ou de restauration de milieux naturels,forêts, promenades, ou encore espaces agricoles péri-urbains. Cet organisme n'existe qu'en Ile-de-France.

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Complexité de la gestion

Le succès de cette initiative est dû engrande partie à une forte implication dedeux militants bénévoles qui ont pris encharge la gérance de la SCI. Une des diffi-cultés qu'ils ont rencontrées a été la ges-tion logistique des courriers, versements,questions, vérifications, confirmationspour les 1100 associés. L’organisation dela première assemblée générale a égale-ment demandé un grand investissementen temps (courrier de convocation à en-voyer, salle suffisamment grande à trou-ver, etc.).

La première assemblée générale de laSCI, le 1er avril 2006, a rassemblé plus de300 personnes. Un comité de gestion aété créé avec cinq conseillers de gérance.

Aujourd’hui encore, la SCI reçoit ré-gulièrement des demandes d’informationet des personnes continuent à prendredes parts pour soutenir les futurs projets.

Des initiatives comme celle de la SCITerres Fertiles, il en existe de nombreusesà travers toute la France. Néanmoins, cel-le-ci est exemplaire en terme de mobilisa-

tion de la société civile, preuve que les ci-toyens ont une réelle volonté de partici-per à la gestion de leur territoire et demaintenir une agriculture de proximité,créatrice de liens.

Pour aller plus loin :les outils de finance

solidaire de Terre de Liens

Depuis son origine, l'association Terrede Liens s'est voulue plus qu'une associa-tion d'accompagnement de projets. Elleveut alerter la société civile sur l'impor-tance de conserver un patrimoine ruralvivant et lui permettre d'intervenir ensoutenant l'accès au foncier. Ainsi, Terrede Liens met en place des outils de finan-ce solidaire à l'usage de toutes les per-sonnes souhaitant faire sortir la transmis-sion du foncier rural des mécanismesspéculatifs du marché et faciliter l'accèsau foncier pour les porteurs de projet.Ces outils drainent des capitaux afin d'ac-quérir des fermes et des terres pour lesmettre à disposition de porteurs de pro-jet. Ils permettent de répondre aux li-mites imposées par les structures juri-diques du type GFA ou SCI : interdictiond'appel public à l'épargne, complexité dela gestion, difficulté à gérer les dons,faible mobilité des parts et risque de dé-stabilisation de la structure en cas de dé-part d'un gros apporteur.

Ainsi, la Foncière Terre de Liens, so-ciété d'investissement solidaire, a vu lejour en décembre 2006. Cet outil permetde collecter de l'épargne destinée à soute-nir des projets d'installation.

Un second outil est en cours de créa-tion, la Fondation Terre de Liens, qui, lui,permettra de recueillir des dons de biensimmobiliers, de valeurs mobilières etd'argent. Les dons en espèces permet-tront, en partenariat avec la Foncière,d'acquérir de nouveaux biens et deprendre part au capital de structures col-lectives locales. Les dons en nature(fermes et terres) serviront des projets deterritoire respectant les valeurs de Terre deLiens.

Ces outils d'envergure nationale sontune réponse aux difficultés de finance-ment que rencontrent les porteurs de pro-jet. Ils ont pour but de maintenir sur lelong terme des activités respectueuses del'Homme et de l'environnement et de per-mettre ainsi à des projets de territoires des'exprimer.

Valérie Rosenwald et Lorane Verpillot �Terre de Liens

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Récolte collective des pommes de terre à Terres Fertiles, à Saclay, au sud-ouest de Paris...

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... et toujours des pommes de terre (fertiles !).

Pour de plus amples

informations, rendez-vous sur :

http://www.terredeliens.org

http://www.larzac.org/

http://terresfertiles-idf.org/

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Pour bénéficier des aides nationalesà l’installation en agriculture, ilfaut entrer dans les cases prévues

par les institutions (avoir moins de qua-rante ans, un diplôme agricole reconnu,un projet qui dégage un certain niveau derevenus…). Et comme il leur en manqueplus d’une – de case – de nombreuses ini-tiatives ne sont pas reconnues… alors quepourtant de plus en plus d’agriculteurs envivent. Paradoxe qui oppose une volontéhumaine de rester à taille humaine face àdes normes qui vont toutes dans le sensde la concentration et des grosses exploi-tations.

Accompagnementde projets

L’association Avenir a vu le jour en1995 sur la région Nord-Pas-de-Calais à l’initiative de la Confédération paysanne(1), du Cedapas (2), du GabNor (3),d’Autonomie et Solidarité (4), du Giepp(5) et d’autres structures qui, toutes,constataient que de plus en plus de pro-jets d’installations étaient socialement etéconomiquement intéressants, mais nonaidées. La présidence Verte au conseilrégional a permis de créer une associationpour permettre des installations hors-normes allant dans le sens d’une agricul-ture paysanne.

Avenir aide le porteur de projet à creu-ser ses motivations, à estimer ses besoins,à rechercher une cohérence, à vérifier quela viabilité et la vivabilité du projet. Unefois celui-ci construit, s’il est en adéqua-tion avec la charte d’Avenir, un prêtd’honneur d’un maximum de 4608 � surtrois ans peut être consenti sur des fondsattribués par le conseil régional. L’asso -ciation instruit les demandes de prêtsd’honneur également auprès des conseilsgénéraux du Nord et du Pas-de-Calais,prêts de 7650 � sur cinq ans.

De 1995 à 2004, sur plus d’une cen-taine de projets ayant bénéficiés de cesprêts, il ressort que l’âge moyen du por-teur de projet est de 34 ans. Les écartsd’âge vont de 21 à 57 ans. Il y a 30% defemmes. 46% des personnes aidéesétaient en situation précaire. L’autre moi-tié est constituée de personnes le plussouvent salariées dont certaines ont unprojet de double-activité avec une recon-version progressive vers l’agriculture.

52% ne sont pas issus du monde agricole,un pourcentage qui est en hausse avec lesannées : il y a de plus en plus de “retour àla terre” et moins de transmission desexploitations agricoles de parents à enfants.

Une course d’obstacles

Dans tous ces projets, le premier freinest incontestablement la difficulté detrouver des terres disponibles. Les infor-mations sur les futures cessions sontgénéralement inacessibles hors d’uncercle très restreint. Les prix de vente oules coûts de reprise sont souvent prohibi-tifs. Les dispositifs légaux de contrôle desstructures n’empêchent pas l’agrandisse-ment continu des exploitations agricoleset en particulier des plus grosses, au détri-ment des installations. De plus dans larégion, il existe la pratique du “chapeau”qui est un droit au bail — théoriquementillégal — équivalent au “pas de porte” descommerçants. Cela peut atteindre dessommes exhorbitantes : 6 à 7000 � à l’hec-tare. Cette tradition du “chapeau” s’ap-plique même pour la location de terrescommunales.

Une autre difficulté pour la recherchedes terres est la densité de populationavec une forte pression urbaine et aussi la concurrence toute proche des

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Agriculture

(1) Confédération paysanne, même adresse, tél : 0321 24 31 53. Egalement pour le Nord : 35 bis, cheminde Messines, 59237 Verlingheim, tél : 03 20 22 48 67.(2) Cedapas, même adresse, tél : 03 21 24 31 54, voirci-contre. (3) GabNor, ZI Le Paradis, 59133 Phalempin, tél : 0320 32 25 35.(4) Autonomie et Solidarité, 146, rue Nationale,59000 Lille, tél : 03 20 14 30 62.(5) Giepp, groupement pour l’initiative et l’élabora-tion de projets profesionnels, disparu aujourd’hui.

L’association l’Avenir, Association pour la valorisation économique des nouvelles

initiatives rurales, a pour but d’aider des installations hors-normes et de faire

reconnaître ce genre de démarches.

Le CedapasLe Cedapas, Centre d’études pour le

développement d’une agricultureplus autonome et solidaire, est uneassociation d’agriculteurs de la régionqui s’est créée en 1987 autour d’uneréflexion sur un mode de développe-ment agricole alternatif, inscrit dans le fameux “développement durable”. Le Cedapas mène des études théma-tiques et suit des fermes afin d’analyserdes sytèmes et des pratiques agricoles.A partir de ces expérimentations, leCedapas élabore des propositions endirection des institutionnels et organisedes animations de terrain pour faciliterl’émergence de ces nouvelles pratiquesplus respectueuses des personnes et del’environnement. Pour cette association,le développement agricole doit allerdans le sens d’une plus grande autono-mie, d’une meilleure répartition desrichesses, favoriser la transmissibilitéentre générations, amménager le terri-toire et favoriser le développementlocal, intégrer de meilleures relationsavec la nature, favoriser la qualité des produits

Aider les agriculteurshors-normes

Visite d’exploitation par des porteurs de projets.

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Néerlandais et des Belges qui fait monterles prix. Dernier obstacle pour le foncier :le monde agricole “traditionnel” est peuouvert à des personnes non issues dumonde agricole et à des projets atypiques.

Le Cedapas, qui est dans le conseild’administration de l’association, a com-mencé un travail sur la transmission de laterre avec de futurs cédants. Certains pay-sans, installés sur de petites fermes, sontpersuadés que leur exploitation n’est plusrentable et ne peut donc être vendue qu’àun voisin désireux de devenir plus gros. Ily a tout un travail à faire pour appliquerle slogan de la Confédération paysanne :“trois petites fermes valent mieux qu’unegrande”. Cela suppose de leur apporterdes informations autres que celles qu’ilsentendent via le syndicat agricole majori-taire, la FNSEA.

Le dernier frein pour les hors-normesest la difficulté de réunir le capital néces-saire au démarrage de l’activité. Les prêtsbonifiés bancaires, dans le cadre des aidesnationales, sont attribués seulement àceux qui sont dans les normes… Les prêtssont d’autant plus difficiles à obtenir queles porteurs de projets sont de plus enplus extérieur au monde agricole.

Les atouts des hors-normes

Avenir aide souvent à mettre en placedes projets qui peuvent être rentables àpetite échelle parce que présentantquelques originalités. Ainsi, le choix defaire des activités polyvalentes plutôt quela monoculture intensive permet de limi-ter les risques financiers (ne pas mettretous ses œufs dans le même panier), choi-sir une production de qualité aide à déga-ger une plus value à la vente (ce peut êtrela bio, mais aussi une production fermiè-re), créer un réseau de vente directe par lebiais des Amap (6), Association pour lemaintien de l’agriculture paysanne, ou

par la vente sur les marchés est un atout.Assurer la transformation des produitspeut permettre une meilleure valorisationdu produit. Lier le projet agricole à del’accueil touristique peut aussi contribuerà diversifier les revenus…

Enfin, il faut le dire, de nombreuxporteurs de projets choisissent un modede vie rural parce qu’ils sont à larecherche d’une meilleure cohérence devie et ils ne sont pas effrayés par la pers-pective d’un petit revenu.

Avenir intervient quand même pourrendre le projet réaliste. Ainsi, très sou-vent, le temps de travail est sous-estimépar les porteurs de projets, tout comme ledélai nécessaire qu’il faut pour dégager unrevenu décent : les premières annéesnécessitent un énorme coup de collier etrapportent peu. L’équilibre financier nevient qu’après plusieurs années.

Aujourd’hui, Avenir a aidé à la reprisede petites fermes, à la création d’exploita-tions maraîchères, de pépinières, d’éle-vages de chèvres, de brebis avec transfor-mation pour la vente de fromages, depetits centres équestres, mais aussi deprojets plus atypiques : culture de cham-pignons, de cactus ou élevage de lamas.

Avenir s’ppuie sur la charte de l’agri-culture paysanne et dans ce cadre, l’agri-culture biologique n’a pas toujours étémise en avant et ne concerne qu’une par-tie des projets.

Solidarités paysannesAu début, Avenir intervenait presque

uniquement sur l’étude financière du pro-jet, n’assurant ensuite qu’un suivi pen-dant trois ans, le temps du prêt d’honneurrégional. Depuis les choses ont évoluépour favoriser un accompagnement indi-viduel et collectif, notamment en mettanten contact les paysans entre eux.

Travailler en relation avec plusieursexploitations peut être un atout en jouantsur les complémentarités des savoirs, des

actions communes… Pour favoriser lesrencontres, Avenir organise chaque annéeune “fête de l’installation” pendantlaquelle les nouveaux installés — 7 en2004 — peuvent rencontrer d’autres pay-sans. Cela permet parfois aux paysans etfuturs paysans de trouver des synergies.Lorsqu’un projet a du mal à trouver sonéquilibre, on constate que le porteur atendance à se refermer sur lui. Ces ren-contres sont un moyen de voir où desaides sont nécessaires et de définir desformes de solidarité.

Avenir est sollicité chaque année par60 à 70 personnes. Une partie d’entreelles est accompagnée, tous ne demande-rons pas un prêt d’honneur.

Avenir constate une baisse des voca-tions : des fermes qui s’arrêtent ne trou-vent actuellement pas de repreneurs.Avenir maintient donc la pression auprèsdes institutions pour que celles-ci recon-naissent mieux le défrichage que peutreprésenter une exploitation hors-normeet revendique le droit à l’expérimentation.

Depuis le début d’Avenir, beaucoupdes installés – 125 aujourd’hui – viventchichement, mais seulement 10% à 20 %ont arrêté. Bizarrement, ce n’est pas tou-jours une question d’argent qui provoquel’arrêt de l’exploitation, mais aussi unelassitude vis-à-vis de la charge de travailmal estimée au départ.

Pépinière d’alternatives

Au départ, Avenir a été perçue par lesstructures agricoles comme un “empê-cheur de tourner en rond”. L’associationreste un sérieux poil à gratter. Main -tenant, Avenir est membre du réseau depromotion de l’agriculture paysanne (7).Il travaille également avec Terre de liens(8), une association nationale axée sur laquestion de l’acquisition du foncier.

Si de telles structures d’accompagne-ment existent un peu partout en France,le passage des Verts à la tête de la région apermis qu’ici, cela soit accompagné d’unfinancement. Seuls quelques départe-ments ont pour le moment copié cemodèle.

Michel Bernard

Avenir, maison des paysans, 71 b, avenue Roger-Salengro, 62223 Saint-Laurent-Blanzy,

tél : 03 21 24 31 52.

(6) Amap, Association pour le maintien de l’agricul-ture paysanne. Voir page suivante.(7) Fadear, Fédération associative pour le développe-ment de l’emploi agricole et rural, 104, rueRobespierre, 93170 Bagnolet, tél : 01 43 63 91 91.(8) Terre de Liens est animée par Peuple et Culture.Une présentation se trouve dans S!lence 318-319.

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Dans Silence n°275, en octobre 2001, PaulGarde1 proposait un label sous forme d'unerose des vents NESO (naturel, énergie,

social, origine). Celle-ci devait permettre de visua-liser le poids écologique d'un produit. Séduits parl'idée, ASPAARI, le collectif Fumeterre et Nature &Progrès l'ont expérimenté en Bretagne2.L'expérimentation s'est faite sous la forme d'unedémarche partenariale entre producteurs etconsommateurs au sein d'une partie des adhérents.

Avancer dans le bon sensQuelques modifications ont été apportées à l'idéede Paul Garde. Les associations ont choisi de par-tir sur une démarche de progression plutôt qu'unlabel pour plusieurs raisons :• la labellisation a un caractère normatif, exclusif,

qui établit un fossé entre labellisés et non label-lisés et n'incite pas à l'évolution ;

• les consommateurs sont déjà "désorientés" par lamultiplicité des labels, mentions et autres appel-lations. Ils ne sont pas amenés à s'impliquer dansla définition et les modes d'attribution. Leslabels sont adaptés aux circuits-longs desgrandes surfaces et du marché mondialisé. Cefonctionnement échappe aux consommateurscomme aux producteurs (l'évolution du label ABdans le contexte européen est un bel exemple).

• Il existe déjà une mention, Nature et Progrès quiporte les mêmes valeurs que la démarche NESO.Cette mention garantit le respect d'un cahier descharges rigoureux, et d'une charte portant surl'éthique globale de la bio.

Il semblait intéressant d'expérimenter uneméthode permettant d'aller vers une cohérencecomme dans le cas de cette mention. Pour cela, ila été relancé une COMAC3 Nature et Progrès enBretagne, avec la mise en place d'un système degarantie participatif.

Un système de garantie participatifLes décalages entre producteurs et consommateursne cessent de s'accroître (perte du rythme des sai-sons, des cycles biologiques...). Une COMAC per-met d'informer les consommateurs de la réalitéagricole tout en permettant aux producteurs unetransparence de leurs pratiques et de justifier lesévolutions de la ferme à sa clientèle.Ainsi, des visites ont été mises en place le samediaprès-midi : • Le(a) paysan(ne) invite ses clients.• Un à deux paysan-ne-s référents sont présents

pour aborder des points techniques. • Un animateur-trice présente la démarche (cf.

boussole page suivante) et recadre le débat. • La cohérence de la ferme est analysée face aux

quatre points de la boussole NESO. Elles se déroulent dans un esprit de convivialité, de sin-cérité et de soutien réciproque, favorable à l'initiationd'échanges et d'entraides. Le but n'étant pas de dénigrerl'agriculteur(trice), mais de remettre en cause certainespratiques en contradiction avec les enjeux écologiqueset sociaux actuels. La mise en place d'une notificationne semblait pas appropriée. Suite à la visite, un compterendu est réalisé, que le producteur est invité à mettre àla disposition de ses consommateurs.

1. repris dans le numéro 25 ans,n°351, novembre 2007.

2. Aspaari, Association de soutienaux projets et activités agricoles etruraux innovantes, basée enBretagne, fonctionne sur l'échangede savoir et savoir-faire par miseen réseau de porteurs de projets etde paysans déjà installés.

3. COMAC, Commision mixted'agrément et de contrôle regrou-pant des producteurs et desconsommateurs.

4. AMAP, Association pour le main-tien de l'agriculture paysanne, voirSilence n°357.

5. voir le n°28 de la revue Passerelleéco.

6. Actuellement huit organisationsont signé un appel "Contre laconsommation dirigée, pour unedémarche citoyenne". Il s'agit depromouvoir le dialogue produc-teurs-consommateurs plutôt quela norme contrôlée de l'extérieur(par un organisme, par l'Etat…).Les organismes signataires sontNature-et-progrès (agriculture bio-logique), Minga (commerce équi-table, présenté dans le n°359), LeSABD (agriculture biodynamique),Alliance Provence (réseau AMAP),le syndicat SIMPLES (plantesmédicinales), l'ATELIER, Réseauéco-bâtir (habitat sain), ARESO(habitat sain).

� ASPAARI, le bourg, 35330 Bovel, [email protected]

� Nature et Progrès, 16, avenue Carnot, 30100Alès, www.natureetprogres.org

� Fumeterre, Fiaceleyre, 43800 Le Cambon de Voreu,[email protected]

� GIE Brin d'Herbe, Le Grand Chevillé 35132 Vezin, tél. : 02 99 64 79 40.

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Pour une meilleure cohérence desdémarches alternativesAujourd'hui, les labels mis en place par l'Etat sont adaptés aux circuits longs, aux grandes surfaces, au marché mondialisé.Une réflexion s'est engagée pour proposer d'autres méthodes devalorisation des produits respectant l'environnement et le social.

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Rencontre paysans-

consommateurs autour

de NESO en Bretagne.

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Les visites sont organisées tous les deux ans, afin depermettre aux paysans de mûrir l'évolution de laferme et d'engager des alternatives plus cohérentes.

NESO pour d'autres réseaux ?Actuellement, quelques paysans au sein d'Aspaariappliquent la boussole NESO. La démarche a ététransmise à diverses structures (Agrobio 35,Accueil paysan, Fr civam, Civam bio Mayenne,Terroirs 44). Un magasin de producteurs, le GIEBrin d'herbe dans la périphérie de Rennes, a décidéde l'appliquer à l'ensemble des producteurs asso-ciés au magasin. Une réflexion est engagée pour l'appliquer auxAMAP locales4. Le collectif Fumeterre en Haute-Loire l'appliqueégalement auprès de ses adhérents. Un grouped'étudiants de l'ENSAT l'ont également adapté àl'éco/autoconstruction5.NESO s'avère un outil clair, lisible, apportant unavis extérieur aux paysans mettant en évidenceaussi bien les qualités de sa démarche que sesincohérences. Ainsi, la boussole n'est pas destinéeà quelques producteurs bio convaincus, mais àtout paysan en recherche de cohérence et souhai-tant évoluer dans ses pratiques. L'application de la démarche n'est pas non plusréservée au seul domaine de l'agriculture, elle peuts'étendre à différents thèmes (accueil, artisanat,écoconstruction, collectivités territoriales...) C'estune évolution à acquérir au quotidien que l'on soitproducteurs ou consommateurs.Dans un contexte où l'environnement devient unproduit marketing, la démarche NESO rejoint lecollectif d'organisations promouvant les systèmesde garantie participatifs6.Ainsi, quel que soit le produit acheté, il faudrait seposer ces questions au quotidien :• La production minière, chimique ou agricole néces-

saire à sa fabrication respecte-elle l'environnement ?• Quelle quantité d'énergie est nécessaire à sa

fabrication ? Les énergies renouvelables sont-elles privilégiées ?

• Quelles sont les conditions salariales des per-sonnes qui fabriquent ou vendent ces produits ?

• Combien de kilomètres ont été parcourus ? ASPAARI et Nature et Progrès Bretagne ont déposéla boussole à l'INPI pour éviter toutes dérives com-merciales. Ces associations souhaitent communi-quer, diffuser, partager et échanger cette démarcheavec toutes structures souhaitant l'appliquer.

Anne-Sophie Bouveret, Raphaël Feuillet et Adrien Guillerm �

Une AMAP expérimente la démarche NESOLaurent Charles a relancé la vigne rouge et la polyculture grâce au réseau dessemences paysannes. Jeune exploitant en céréales près d’Issoire, il livre troisAmaps dans le Puy-de-Dôme. En mai 2008, une visite guidée s'est faite en utili-sant la boussole NESO. Laurent Charles démarre la visite par la presse à vis qui produit son huile de tour-nesol. Un énorme sac de graines de tournesol est suspendu et se déverse douce-ment dans cette petite mécanique pour donner une huile fort appréciée. "C’estdu tournesol Population, le seul non hybride", informe-t-il. "L’avantage del’AMAP c’est que tu sais ce que tu dois produire…", explique Laurent. Du coupil presse au fur et à mesure. Le parfum s’en ressent.La petite troupe se déplace vers un moulin strié qui donne de la farine bio.Laurent montre des rondelles de cèdre et de la tanaisie, l’herbe aux mites qu’il aaccrochée aux poutres. Le boulanger de l’AMAP, Lionel Richter, échange avec luisur la composition des farines. Technique."Le son, l’enveloppe qui reste, va chez moi" plaisante Marie qui élève ses cochonsdans le Forez. La boucle est bouclée. Du bon son, voilà de quoi réjouir les teufeurs…Dans la grange, deux enfants jouent à côté d’une trieuse de lentilles. Ce joyau dela technique ravit Laurent qui collectionne les machines anciennes comme sonbeau-père, Baptiste, un génial bricoleur. Lorsque la récolte dévale dans la trieuse,le caillou s’écarte en extérieur, la folle avoine, légère, s’appesantit au centre, lalentille passe entre les deux. Dans cette course où tout le monde gagne, il existetrois sorties. Tout cela sans autre énergie que celle de l’attraction terrestre. Sur laboussole NESO ça fait des points !Lors du café, Laurent distribue le questionnaire NESO. Chacun s’empare d’unequestion et Laurent relève ses manques. Il insiste sur les visites, qui sont plusimportantes que le label bio."Je retourne des prairies et je plante pendant trois ans en rotation". L’équilibreentre cultures d’automne et de printemps est essayé. Ainsi "Une même culturerevient tous les huit ans".Ses semences, il les conserve et les replante lui-même. "Comme Monsanto" lanceun plaisantin ! Il raconte ses débuts laborieux : "J’ai récolté à la main les pre-mières années ; j’avais pas mal d’échecs". Après le temps des expériences, lesrésultats et la logistique plus commode arrivent.Question revenu, il se contente de 700 � par mois, mais il n’espère pas forcémentgagner plus. Il irait plutôt vers plus de temps libre : "J'ai pu acheter une caméra.Je voudrais faire du documentaire, travailler moins".Philosophe, il conclut d’ailleurs : "Le produit n’est qu’un prétexte à l’échange. Jetroque beaucoup. Chacun y trouve un rapport juste".

Christophe Goby.

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La traction animale pourrait revenir en force.

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REMISE EN ÉTAT DES CLÔTURES, FABRICATIOND'UN SÉCHOIR POUR LES GRAINES, RÉCUPÉRATION

de matériels anciens de traction animale, travail dusol et expérimentations de labour... Depuis leurinstallation à Illas en septembre 2009, Mélina etGuillaume n'ont pas chômé.

Depuis toujours attirés par la nature et dési-reux de la protéger, Mélina et Guillaume sont per-suadés qu'ils ne pourraient atteindre leur objectifsans sensibiliser le grand public aux questionsenvironnementales. C'est ainsi qu'en 2005 est néel'Ecol'porteur, une association d'éducation à l'envi-ronnement et de promotion des alternatives écolo-giques. Basée à Galinagues, dans l'Aude, l'asso-ciation propose diverses actions, notamment desformations en agro-écologie, une épicerie-librairieambulante, des séjours de vacances pour enfants.Pour aller plus loin dans leur démarche de cohé-rence, et après de multiples expériences dans lesdomaines de l'éducation et du travail de la terre ilsont décidé de créer leur entreprise agricole demaraîchage arboriculture en traction animale.

Beauté du paysage, terre riche, essor touris-tique... La propriété de Riverenert offre les avan-tages de la montagne sans ses inconvénients. Eneffet, il est très rare en zone montagne de trouverdes terrains plats, à seulement 500 m d’altitude,assez bien orientés, bordés d’un ruisseau, à proxi-mité de Saint-Girons et d'un bassin de populationde 7700 habitants, où la demande en produits dequalité et de proximité est grandissante, le toutdans un environnement naturel riche.

Aux jardins d'Illas (c'est le nom de leur petiteentreprise), Mélina et Guillaume utiliseront desméthodes agronomiques les plus respectueuses

possibles de la vie : agrobiologie, bois raméal frag-menté, pas ou peu de travail du sol, engrais vert,qui permettent un rendement satisfaisant. Lajument ardennaise Pyrène sera utilisée pour les tra-vaux lourds : attelage, travail du sol. « A moyen oulong terme, nous proposerons aussi nos services pourles travaux agricoles en traction animale (débardage,buttage des pommes de terre…) auprès d’autres agri-culteurs », ajoute Guillaume qui envisage d'ores etdéjà l'achat d'une deuxième jument.

Toutes les productions seront labellisées agri-culture biologique, afin de pouvoir commercialiserles produits au sein des magasins biologiques.Pour valoriser leur choix et soutenir les paysans enmode de production biologique, Mélina etGuillaume se feront également labelliser Nature &Progrès. Leur démarche va encore plus loin avecl'utilisation des méthodes d'agro-écologie et d'uneéthique forte, comme le choix des partenaires, lavente locale, l'entraide. Et comme le souligne trèsjustement Guillaume: « Ces éléments sont de plus enplus regardés et appréciés par le consommateur quisaura reconnaître la qualité de nos productions ».

Vivre et travailler au paysEn créant les jardins d'Illas, Mélina et

Guillaume veulent démontrer qu'il est encore pos-sible de vivre et travailler en milieu rural. De plus,en développant des cultures dans cette vallée duCouserans, ils participent à la sauvegarde des pay-sages et de la biodiversité, autant sauvage qu'agri-cole, permettant ainsi de renforcer l'attraittouristique du territoire, source de développementpour l'économie locale. Certes, pour l'instant, lavallée de Riverenert est peu fréquentée, mais la

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Les jardins d'Illas : de la terre à l'assiette

Après avoir expérimenté dans l'Aude sur des terrains mis àdisposition de manière précaire, grâce à la Foncière Terre deliens1, Mélina et Guillaume exploitent 3,8 ha de terres et 1,2 hade bois, à Illas, sur la commune de Riverenert en Ariège. Ilsentendent produire en traction animale, fruits, légumes etsemences potagères selon les méthodes de l'agriculturebiologique et écologique.

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Hersage par traction animale

1. voir www.terredeliens.org

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création d'une ferme pédagogique, ainsi que l'utili-sation de la traction animale, devraient attirer leslocaux ou les touristes curieux, et donc participerà dynamiser ce territoire.

Aujourd'hui, il y a un déficit de production auniveau national de semences. Les producteurssemenciers ne produisent pas assez, alors que lademande augmente constamment. L'entrepriseGraine del pais en est la preuve : depuis quatre ansqu'elle existe, son chiffre d'affaires double et sonstock s'épuise chaque année. L'ensemble des pro-ductions des jardins d'Illas sera vendu via cetteentreprise avec qui le jeune couple de paysans tra-vaille déjà et qui s'est engagée à leur acheter toutesleurs semences. Mélina et Guillaume proposerontdes variétés rustiques, adaptées au territoire local,et sélectionnées par rapport à la résistance aux

maladies et aux contraintes pédo-climatiqueslocales, ce qui garantit une qualité optimale auxconsommateurs. « Nous pourrons ainsi proposerlocalement une gamme plus complète ».

Une jument nommée PyrèneGuillaume justifie le choix de la traction animale

plutôt que la traction mécanique pour des raisonsagronomiques, environnementales, économiqueset personnelles. Et de préciser : « Les raisons agro-nomiques les plus fortes sont : l'absence de tassementdu sol (le cheval permet d’éviter l’utilisation d’enginsmécaniques lourds, aux vibrations importantes, quitassent le sol et diminuent sa fertilité) et l'apport dematière organique provenant du fumier de cheval ».

Concernant l'environnement, il est clair que letracteur est bien plus nocif que le cheval parce qu'il

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Séchage de semences

Maraîchage

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brûle du carburant fossile, ce qui augmente laquantité de gaz à effet de serre dans l'air.Concernant l'aspect économique, le cheval peutdès aujourd'hui être gagnant car l'investissementdans du matériel agricole mécanisé peut être oné-reux comparé à des outils attelés. «Le coût du car-burant est en hausse, cela favorise énormément lecheval, surtout si celui-ci est également utilisé pour letransport des légumes. Par ailleurs, l'utilisation de latraction animale et sa mise en valeur par des supportsde communication, ou lors de déplacement en char-rette, est un élément permettant un « coup de pub »important, reflétant la tradition et la qualité dans l'in-conscient collectif». « A toutes ces considérations, ilfaut ajouter la satisfaction personnelle de mener uncheval au travail et de participer à la sauvegarde d'unpatrimoine vivant : le cheval de trait. J'ai eu la chancede pouvoir comparer le travail mécanisé et le travailavec l'animal et ce dernier me correspond bien mieux.»

Une ferme support d'éducationMélina et Guillaume souhaitent vulgariser ces

alternatives efficaces que sont l’autoproduction desemences paysannes rustiques adaptées au terroir,les bois raméaux fragmentés permettant les écono-mies d’eau et l’augmentation et/ou la restaurationdes taux d’humus dans les sols, ainsi que la trac-tion animale. « Dans ce sens, la ferme est un mer-veilleux support d'éducation à l'environnement : oncuisine avec les produits tout juste récoltés, on y

observe la vie des plantes et de la faune alentour, ondécouvre le jardinage, la magie du compost. On peutdécouvrir la mécanique en observant les rouages d'unmoulin, les sciences de la vie en jardinant, on appri-voise les mathématiques en cuisinant et par le travailmanuel. Du travail du sol à l’assiette, nous pourronspartager chacune des étapes de la transformation denotre alimentation ».

Pour mener à bien leur projet d'Ecol'porteur,Mélina et Guillaume recherchent des personnesmotivées, dynamiques, esprit décroissance et sim-plicité volontaire, pour développer le volet péda-gogique avec l'organisation de séjours, stages,formations, animations enfants et adultes. Demême que pour le volet recherche/expérimenta-tion autour de l'agro-écologie, extraits de plantes,technique culturale simplifiée, semis direct, agro-foresterie, biodynamie, permaculture...

Jean-Claude Geoffroy

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Des commandes livréeschaque semaine à St Girons

A compter de septembre 2010,avec une charrette tirée par leurjument Pyrène, Mélina etGuillaume souhaitent vendreleur production maraîchère surle marché de Saint-Girons. Bienque difficile d'accès du fait dupeu de places disponibles, il n'ya que deux maraîchers qui ven-dent des légumes de saison bioet l'hiver les petits producteursarrêtent le marché. En démar-rant le marché l'hiver et enorientant leurs productions surdes légumes de conservation etd'hiver, ils peuvent, au diremême des producteurs présents,se faire une place. Une demandeécrite a été envoyée au maire deSaint Girons. En réponse, onleur rappelle que le marché esten restructuration... La mêmeréponse depuis trois ans déjà !

Nos deux jeunes producteursn'entendent pas en rester là.L'union faisant la force, avecdes producteurs et artisansconfrontés au même problème,un groupement de défense vientde se constituer. Avec pourobjectif faire vivre le droit devendre sur le marché de Saint-Girons.

En attendant, Mélina etGuillaume proposent, sur com-mande, des légumes de saisonfrais bio et locaux, livrés chaquesemaine à la brasserie artisana-le des Pyrénées, avenue RenéPlaisant à Saint-Girons.

Les jardins d'Illas, Mélina etGuillaume Kedryna,Illas, 09200 Riverenert, tél. : 05 34 14 62 23.

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SILENCE N°345 Avril 2007 8

La forêt au secours

Tous les sols agricoles sont issus dela forêt. Les humus, les véritablesgarants de la fertilité des sols, ont

pour origine la lente et patiente transfor-mation des branchages, troncs d’arbres etfeuilles mortes qui composent la litière fo-restière par l’action des animaux, bacté-ries et surtout des champignons capablesde digérer la lignine du bois. Ce phéno-mène de combinaison de la matière orga-nique (humus) avec les composés miné-raux du sous–sol se nomme pédogenèse,autrement dit “naissance du sol”.

Lorsque l’homme s’est mis à défricherles surfaces forestières pour créer les sur-faces agricoles que l’on connaît mainte-nant, il a brisé ce cycle et cette dyna-mique. Le sol agricole est alors de plus enplus vulnérable, perd de sa résilience, deses capacité d’auto-reconstitution. Ildevient un simple support, presque inerte,que l’on tente d’entretenir pour permettrela mise en place des cultures. Les champi-gnons ont disparu de nos sols en mêmetemps que le bois qui les faisait vivre. Ledivorce consommé entre l’arbre et l’agri-culture…

Pour résoudre cet antagonisme histo-rique, Gilles Lemieux, professeur audépartement des sciences du bois et de laforêt à l’Université Laval au Québec, pro-pose de passer à la sylvagriculture. Il s’agitde relancer la dynamique de pédogenèsedes sols agricoles en restaurant les cyclesbiologiques tels que l’on peut les observerdans les sols forestiers. Partant du constatque les petits branchages étaient l’élémentfondamental de ces cycles, nous dispo-sons aujourd’hui de moyens matérielspour les réincorporer facilement dans lessols agricoles sous forme de bois raméalfragmenté ou brf.

L’appellation brf a été proposée aumilieu des années 1980 par le Groupe decoordination sur le bois raméal fondé parle professeur Gilles Lemieux.

Elle désigne le broyat des rameaux desarbres et arbustes feuillus de moins de 7 centimètres de diamètre, sectionnés en

petits brins de 3 à 10 cm de long. Il s’agitde travailler avec du matériel vert (pas debois mort) en évitant ou limitant forte-ment la proportion de conifères et de“faux arbres” que sont par exemple lespalmiers et autres bambous (les monoco-tylédones). Le Brf est ensuite incorporédans les dix premiers centimètres du sol.Dès cet instant, pour reprendre l’expres-sion de Jacky Dupéty, maraîcher précur-seur du Brf en France, “on ne travaille plusle sol, c’est le sol qui travaille pour soi”. Letravail du sol est considérablement réduit,l’arrosage également et les rendementsainsi que la vigueur des plantations éton-nent tous ceux qui ont eu la chance d’ob-server le phénomène.

Au fil de plus de 25 années d’observa-tions et d’expérimentations, des scienti-fiques, des forestiers et des agriculteurs ensont venus à reconsidérer la compréhen-sion de la nutrition des plantes, de leursrelations avec les sols et ses diverses com-posantes, de la vie de ces derniers…

Autant de découvertes et de remisesen questions qui, au final, sont en passe debouleverser les fondements même del’agriculture, et de tout ce qu’elle sous-tend en terme d’environnement, d’écono-mie et dans la vie des sociétés...

Le bois raméal, particularités méconnues

d’un matériaux mésestimé

On distingue le bois des troncs et desgrosses branches, qui, lorsqu’il est récolté,convient à un usage matériel ou énergé-tique. Durant la vie d’un arbre, ce bois“caulinaire” est en fait l’ossature physiquesédimentée de ce végétal qui, un peu à lamanière des coraux, croît par l’accumula-tion de la matière produite annuellement.

La biologie des uns comme des autresse déroule intensément en périphérie d’unsquelette carboné.

On en ignorait l’incidence, mais souli-gnons à cet instant que les ramilles consti-tuent littéralement l’interface entre l’éner-gie solaire, l’air et le reste de l’arbre, reliantfinalement la cime au sol.

Les rameaux sont le siège d’une activi-té unique, pilier de toute vie terrestre : laphotosynthèse, qui consiste à combinerles éléments inertes que sont les gaz atmo-sphériques, l’eau, les minéraux et lalumière, en matière… vivante !

Physiquement, la composition du boisraméal est donc très particulière, avec destissus juvéniles et une forte concentrationen nutriments.

Les nouveaux horizons paysans

Le bois raméal fragmenté (brf) pourrait représenter une branche de salut

pour la fertilité naturelle des sols.

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Maraîchage sur bois raméal fragmenté.

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Par commodité, lors de coupes debois, les menus branchages sont trop sou-vent brûlés en pure perte, sans aucuneforme de valorisation, ni pour la biodiver-sité, ni pour l’énergie.

L’intérêt de la seule valeur minéraledes cendres, bien que réelle, est en deçàde l’apport potentiel que permet la resti-tution en l’état, ou mieux, sous forme deBRF.

Il importe donc d’encourager le retourdirect sur site d’au moins une partie desrésidus de tailles, de récoltes, les écorceset les petites branches, appelés “réma-nents”.

Hors de la forêt, il existe aussi desgisement colossaux de rameaux issu del’élagage urbain et des jardins, qui para-doxalement sont réduits au rang de“déchets”…

Différente du compostage, la méthodeBRF offre une voie nouvelle de recyclage,particulièrement intéressante à bien deségards, et optimum dans le cadre descycles du vivant.

Les modalités d’utilisation et lesmécanismes agronomiques enclenchéspar cette technique ouvrent des perspec-tives jusqu’alors méconnues et mésesti-mées qui interpellent de plus en plus lesréférents des divers “modèles” agricoles.

Ainsi, Dominique Soltner, agronomede renom, auteur consensuel et pragma-tique d’innombrables manuels agricoleset horticoles, atteste lui-même de l’impor-tance et de la pertinence de cetteapproche qu’il qualifie de révolutionnaireen déclarant : “L’agriculture a dix milleans. Jamais on n’a utilisé le bois que sousforme de cendres. La forêt le faisait. Elle viten n’utilisant que ses feuilles et brindillespour sa fertilité. La lignine est la matièrepremière de l’humus stable. Le fumier et lapaille n’en contiennent quasiment pas”.

Les rameaux des arbres contiennentplusieurs nutriments tout en étant davan-tage que de simples “fertilisants”. Ils cor-respondent aussi à la définition des amen-dements, propres à améliorer la structure,les qualités physiques des sols, la résis-tance à la sécheresse et au tassement, lalutte contre l’érosion….

Compte tenu de leurs qualités excep-tionnelles, les spécialistes identifient lesperspectives ouvertes par le Brf, avec ce

qu’ils nomment les “aggradeurs”, enmesure de contrer la dégradation des sols.

Les effets du Brf viennent donc enparfaite adéquation avec l’avènementd’une agriculture durable, productive,sobre et saine.

Une technique simpleà appliquer, mais qui met en œuvre des mécanismes

complexesLes rameaux frais, récoltés et frag-

mentés en période de repos végétatif, sontaussitôt épandus sur la terre, à raison de 1à 3 cm d’épaisseur, puis légèrement incor-porés aux premiers centimètres du sol.

Ceci représente 1 à 3 m3 pour 100 m2

soit, 100 à 300m3/ha. Ces quantités sontconséquentes, mais la transformation dusol sera efficace plusieurs années. La miseen culture intervient ensuite sans retour-nement du sol.

Cet apport permet littéralement d’in-suffler durablement l’extraordinaire vita-lité des sols forestiers aux sols cultivés.

Celle-là même qui confère aux forêtsde feuillus leurs remarquables capacitésde régénération et de résistance auxdivers aléas et agressions, sans qu’aucuneirrigation forcée ni apport d’engrais ou depesticides n’intervienne.

Le procédé rappelle évidemment lepaillage (mulching) ou le compostage desurface, la permaculture… Il y a des simi-litudes certaines avec ces pratiques qui neciblent pas spécialement l’emploi desrameaux et la parenté a peut-être contri-bué à détourner l’attention sur les carac-téristiques uniques des BRF.

L’agriculture “conventionnelle” tend àne traiter le sol que comme un support deculture et s’acharne à accomplir la nutri-tion, l’abreuvage et la protection desplantes par des apports et des manipula-tions en tous genres. Une débauche dechimie, de biotechnologie et de moyensmatériels qui mènent dans la spirale infer-nale de l’épuisement des ressources, de ladégradation des sols et des pollutions

diverses. Les cultures hors sol, “hydropo-niques”, illustrent cette technologie à sonparoxysme à grands renforts d’énergie…

L’agriculture “naturelle” et l’approche“bio” réhabilitent le fait que, pour subve-nir aux besoins des végétaux, c’est le sollui-même qu’il faut nourrir, en tant quemilieu vivant, l’écosystème sol.

C’est un pas fondamental. Cependant, les composts, fumiers et

autres macérations découlent tous d’unedécomposition de matières organiquesfaisant d’abord appel aux bactéries, quiminéralisent plus ou moins rapidement lamatière et évaporent en quelque sortel’énergie vitale. Notons par exemple queles pollutions aux nitrates ne sont pasexclues, le dosage des éléments libéréspar les fumiers étant parfois difficilementmaîtrisable dans le temps, en fonction decirconstances météorologiques notam-ment…

Par ailleurs, la chaleur et les gaz émismassivement par les fermentations sonttrop rarement valorisés, contribuant àfaire de l’agriculture un vecteur importantde l’augmentation des gaz à effet de serre.

L’agriculture “sylvagraire”, avec le BRF,consacre une forme de continuité du vivantoù la logique de “décomposition” cède le pasà celle de la “biotransformation”.

A la différence des autres fertilisantset amendements, le contenu et les quali-tés des sols recevant du BRF reposent enpremier lieu sur l’intervention de champi-gnons spécifiques qui, comme dans la litiè-re forestière, colonisent et se nourrissentde ces fragments de brindilles apportésavant dessèchement et en limitant la fer-mentation.

Ils alimentent une microfaune de“brouteurs de mycélium”, eux-mêmessoumis aux prédateurs.

Le corps, les déjections et les sécré-tions des uns alimentent les autres.

Champignons, algues, racines desplantes terrestres, bactéries et autres ani-maux interagissent, mais ce sont bien lespremiers qui sont, cette fois, les piliers decette formidable chaîne alimentaire, ducôté de la face cachée du sol.

A travers ce foisonnement, les plantesde surface vont pouvoir accéder au festin,boire et manger à la demande, servies pardes myriades d’organismes “dévoués”,parfois même intéressés au point de s’as-socier ! (On parle alors de symbioses.)

Avec un sol vivant et des plantes ali-mentées idéalement, les avantages multiplesdu brf se révèlent :

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l’alimentation en eau est très nettementaméliorée et on note partout une diminu-tion spectaculaire des problèmes desécheresse du sol ainsi qu’une résistancerenforcée des plantes. Ceci dispense d’ir-riguer ! On constate des rendementsrelativement élevés et sécurisés, une régu-lation marquée des maladies et des rava-geurs, une amélioration physique et chi-mique des sols…

De la même manière que les cellules despommes que nous mangeons sont vivantes,vis-à-vis d’un sol et de ce qu’il engendre, lesqualités nutritives des brf sont tout autresque celles des matières minérales, mortes ousèches, même lorsque des formes de vie senourrissent de celles-ci.

On déconseillera toujours à quiconquede s’alimenter exclusivement d’alimentscuits ou de cachets… C’est pratiquement ceque l’on inflige à la terre !

Le processus de transformation brffait appel à des phénomènes complexesqui mettent parfois un peu de temps às’enclencher. La disponibilité de certainséléments nutritifs comme l’azote peut êtretemporairement bridée et gêner lesplantes (on parle de ‘faim d’azote’).

Ainsi, à la première application de brf,il est recommander de privilégier la miseen culture de plantes légumineuses typepois, vesces, fèves ou haricots, dont labiologie permet d’éviter ce handicap.

Aussitôt en culture associées, ouseules par la suite, pratiquement toutesles cultures terrestres adaptées aux climatlocal peuvent être entreprises.

La culture sur bois raméal fragmentéconvient pour les céréales, les oléagineux, lemaraîchage, l’horticulture, l’arboriculture…

Un apport plus épais, de 8 cm, estpossible. Il va alors, en plus, faire officede paillis efficace, mais, en dehors desarbres et arbustes déjà établis, il supposeune implantation des cultures différéed’un an.

Derrière une apparente banalité donc,et après la relative infortune de nombreuxefforts de diffusion à travers le monde de-puis plus de 25 ans, ces nouvelles approchescommencent enfin à retenir l’attention endivers continents, en Europe et notammenten France (1).

La question de la ressource

Utiliser 100 à 300 m3 de broyat frais àl’hectare pose nécessairement la questionde l’approvisionnement.

Rappelons avant tout que cet apportvaut dans la durée, sur 3 à 5 ans mini-

mum avec, une fois le processus lancé, lapossibilité de procéder à des épandagesd’entretien de 75m3/ha tous les trois ans.

En terme de quantité de matière végé-tale potentiellement disponible, beau-coup expriment le doute au premierabord, sur la possibilité d’appliquer mas-sivement cette méthode.

Les contextes sont bien différentsselon que l’on se situe dans une zone péri-urbaine ou forestière, ou bien dans unerégion vouée aux grandes monocultures,ou encore dans un terroir bocager où secombinent prairies et cultures bordées dehaies…

L’entretien des arbres et arbustesurbains, des alignements routiers, deshaies rurales et la taille des vergers repré-sentent un gisement potentiel colossal debois raméal, souvent dilapidé.

S’y ajoute le gisement forestier pro-prement dit.

En effet, la récolte de bois d’œuvre etde chauffage s’accompagne de déchets, lesrémanents, qui devraient être plus systé-matiquement restitués sur site et dontune partie pourrait être soustraite sansdommage.

Au lieu de cela, que ce soit en ville, àla campagne ou même en forêt, des quan-tités faramineuses de bois raméal sontchaque année évacuées et détruites par lefeu en pure perte.

Comme le souligne aussi l’agronomeD. Henry dans un manifeste édifiant (2) :“Il s’en brûle des millions de tonnes chaqueannée (...). Des calculs (...) tendraient àdémontrer qu’ensemble, la culture sur brûliset la déforestation produisent autant de gazà effet de serre que l’ensemble du parc auto-mobile de la planète. Dans les régions déve-loppées, en plus du bois de taille agricole,les bois d’élagages urbains, routiers ou detransport d’électricité représentent desquantités importantes (...).Ces bois sont deplus en plus compostés, ce qui est un pro-grès, mais qui, dans une perspective depédogenèse, représente encore un gaspillage.Les haies vives et brise-vent dont la réintro-duction est recommandée sont une sourcepotentielle importante”.

La dernière phrase de l’extrait ci avantrévèle aussi une autre vertu potentielle dudéveloppement de la méthode brf.

Dans une perspective de souverainetéalimentaire, de rationalisation des trans-ports et de réduction des coûts, une sour-ce d’approvisionnement locale, au plusprès des besoins, sera à rechercher.

Ainsi, le maintien et même le redé-ploiement des boisements diffus tels quehaies champêtres et arbres épars rede-viennent des atouts immédiats pour

tendre vers l’autonomie pour la fertilité àla parcelle – “l’autofertilité parcellaire”.

Les composantes des bocages, terri-toires ruraux quadrillés de haies, peuventainsi retrouver une valeur positive dansl’économie agricole. La pérennisation deces paysages diversifiés garantit aussi lemaintien d’effets induits, telles que la sau-vegarde de la biodiversité, la lutte contrel’érosion des sols, la régulation quantitati-ve et qualitative des eaux de surface…

Quelques perspectivessociales

Nous l’avons vu, la méthode brf posela question de l’approvisionnement enfonction de divers contextes. Le gisementde rameaux issu de la taille des arbresurbains représente un nouveau socle pos-sible pour des échanges ville-campagne.

Comme l’illustre notamment le prin-cipe des AMAP, l’accès à des légumes dequalité à un coût modéré, permettantaussi une juste rémunération des produc-teurs, suppose l’installation de maraîchersde proximité.

Dans les zones de désertification rura-le, la déprise d’anciennes terres agricolespermet la régénération naturelle de laforêt. Mais cette reconquête de l’espaceforestier pose souvent des problèmes liéspar exemple à l’augmentation des risquesd’incendie, et même parfois à la dispari-tion de milieux naturels devenus rares(ex. pelouses à orchidées sur d’ancienspâturages).

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Les nouveaux horizons paysans

(1) Voir le récent colloque Chemin faisant en mars2006 et celui de Lyon des 1er et 2 février 2007, dont lesactes seront disponibles sur le net.(2) “Sol et écosystèmes : manifeste pour un nouveauregard” par M. Daniel Henry, voir encadré p. 11.

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Fabrication du brf.

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1Et puis, accompagner la réinstallation

de la forêt en effectuant des dégagementsde sélection et des coupes d’éclairciespeut contribuer largement à son épa-nouissement tout en développant l’entrai-de et l’économie locale.

En effet, ces interventions peuventfaire l’objet de chantiers collectifs, déve-loppant des échanges humains et des soli-darités.

C’est l’objet de la toute récente asso-ciation AVE brf, fondée par Jacky Dupétyet quelques amis dans les Causses duQuercy (3). Leur idée est d’organiser laproduction de brf au moyen d’interven-tions bénévoles dans la gestion des boise-ments. Le brf, produit de ce travail,devient un soutien pratique pour l’instal-lation de ce paysan maraîcher, pionnierfrançais de la culture sur bois raméal frag-menté.

Ce principe est sans doute reproduc-tible dans bien des endroits, et l’enjeusocial est de taille au regard du nombre depersonnes, jeunes et moins jeunes, quidésirent sincèrement s’installer et vivredes fruits de la terre… Simplement, unnouveau souffle pour nos campagnes.

A travers un nouveaubesoin matériel…

Un choix de société à illustrer !

Comme toute nouveauté, le dévelop-pement de l’utilisation des brf amène sonlot de dérives possibles : pillage et surex-ploitation des forêts, cultures intensivesd’arbres (éventuellement trans-géniques),transport de brf sur de longues distances(des massifs forestiers aux plaines céréa-lières) etc.

La propagation de cette techniquedans le jardinage domestique, bien quesouhaitable, peut aussi aboutir à une pro-fusion de broyeurs diversement motorisés.

Les petits broyeurs individuelsauraient certes leur place à prendre dansla panoplie des “jardiniers du dimanche”.Mais ils ont un rendement “énergieconsommée / volumes broyés” très endeçà des modèles professionnels, pluscoûteux mais nécessairement plus perfor-mants et robustes.

Par ailleurs, dans les déchèteries, onconstate tous les jours des flux impres-sionnants de D3E, comprenez “déchetsélectriques, électroniques et électroména-gers”. Téléviseurs, ordinateurs, aspira-teurs, postes de radio, aspirateurs, lec-teurs multimédias en tout genre arriventmassivement. Ces objets basiques, deconsommation courante, sont manifeste-ment conçus pour ne pas durer “trop”longtemps, et/ou sont vite détrônés pardes modèles plus performants (c’estnotamment le cas de l’informatique).Cette filière D3E, qui a tardé a se structu-rer correctement (coûts, traitement, valo-risation...) se verra donc prochainementenflée d’une multitude de petits broyeursà coque “plastique non recyclé” éphé-mères...

Partant de ces exemples, on peut sou-haiter une certaine “retenue” dans lademande de broyeurs qui ne manquerapas de progresser significativement. Car

leur fabrication, leur fonctionnement etleur démantèlement mobilisent des res-sources en matières et en énergie...

Cela ne signifie pas pour autant qu’ilfaut brider l’économie et l’emploi, car lespaysagistes élagueurs, les forestiers, lesagriculteurs eux-mêmes, s’équipent, déve-loppent et optimisent leurs activités. Enterme de développement local, on peutaussi imaginer la renaissance d’un patri-moine multifonctionnel de premier ordre,les moulins à eau et à vent, qui pourraientêtre transformés en mini-centrales debroyage de proximité, à énergie renouve-lable. A l’instar des gardiens de déchète-rie, pourquoi ne pas songer à un nouveaumétier : celui de meunier brf !

Pourvu que l’on se donne la peined’anticiper et de s’organiser collective-ment, de très nombreuses synergies “ver-tueuses” restent à imaginer, comme l’ac-quisition ou la location groupée d’unmatériel mutualisé, le recours à desbroyeurs motorisés performants, admet-tant potentiellement l’huile végétale pureou l’huile de friture régénérée comme car-burant...

En tous cas, l’approche brf est de cesnouveautés qui éveillent le sentimentd’être à un tournant décisif. Tâchons deprendre la bonne direction…

Comme il semble capital de recher-cher à concilier deux faux ennemis : ladécroissance (impact moindre) et le déve-loppement (progrès et amélioration). C’est l’un des défis majeurs de notretemps, où l’on estime qu’avec le niveau devie occidental actuel (auquel aspire,paraît-il, la population mondiale… ), ilnous faudrait plusieurs planètes.

Sauf si...La méthode brf bouleverse et facilite

notre rapport à la terre.Elle offre un formidable levier pour une

agriculture à taille humaine, viable, saine etsobre.

Des dangers guettent.La “grande agriculture” prétendra se

saisir de cette “nouvelle technologie verte”pour produire massivement ici de quoi nour-rir toute la population de la planète…

Avec le brf, sous tous les climats, mêmesarides, où peuvent se développer des arbres,l’agriculture paysanne tient là l’un desmoyens les plus efficaces pour nourrir leshommes là ou ils vivent, de place en place.

Sylvain Houlier �

Remerciements à Jacky Dupéty, Eléa Asselineau,Gilles Domenech, Mathieu Lamaure et Daniel Henry

pour leur relecture et conseils avisés.

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(3) AVE BRF, Jacky Dupéty, Ferme du Pouzat, 46320Livernon, tél : 05 65 40 46 98.

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En savoir plus :

Que les férus d’agronomie entrent en matière avec, parmi plus

de 400 communications scientifiques consul-tables du Groupe de coordination sur les boisraméaux: www.sbf.ulaval.ca/brf/default.htm� Publication n° 71 : “Fondements pédogénétiques des écosystèmes forestiers :une approche de la métastabilité par la biologie tellurienne” par le professeur Gilles Lemieux (initiateur du groupe).� Publication N° 208 : “Sol et écosystèmes :manifeste pour un nouveau regard” par Daniel Henry, ingénieur agronome.Bien d’autres documents plus accessibles à la compréhension du plus grand nombre, notamment audio et vidéo, sont téléchargeables via le site internet www.lesjardinsdebrf.com .Ce site présente une liste de contacts localisés, des témoignages, recense les formations et événements etc.Il renvoie notamment vers le site de BenoîtNoël, initiateur des recherches en Belgiquewww.aggra.org et sur celui de Jacky Dupétyqui propose des formations sur sa fermetémoin dans le Lothttp://fermedupouzat.free.fr.� Les deuxièmes rencontres nationales de la haie champêtre sont prévues en Poitou-Charentes fin 2007.Informations sur www.promhaies.net.

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Qu’est-ce que la plaquette forestière ?

La plaquette forestière est une sorte de copeau, provenant du déchiquetage du bois. Il peut s’agir debranches, notamment les « rémanents », c’est-à-dire les branches qui restent sur un chantier debûcheronnage et ne sont pas utilisées. Il peut s’agir de déchets de scierie (dosses) ou de l’industrie(palettes…). Il peut aussi s’agir d’arbres entiers, notamment ceux inutilisables pour d’autres usages(bûche, menuiserie…).

Quelques ordres de grandeur :

1 m3 de plaquette forestière, à une humidité de 25 %, est équivalent à 100 litres de fioul, ou encore à1 000 kWh1 stère de bois = environ 1,5 m3 de plaquette

Pourquoi développer ce nouveau type de combustible ?

La plaquette forestière permet de valoriser une ressource souvent considérée comme un déchet, et de latransformer en combustible. Une chaudière à plaquette performante, bien réglée et utilisant de la plaquettesuffisamment sèche n’émet presque pas de polluants atmosphériques. De plus, son bilan carbone est nul,puisque la forêt se régénère et absorbe le CO2 émis par la chaudière.La plaquette forestière est un combustible produit localement. Il évite donc les transports à longuedistance et permet de créer une activité (non délocalisable) qui diversifie l’économie du tissu rural.

Pourquoi sur le Larzac ?

Le Larzac a la réputation d’un plateau très déboisé. Or cette image est largement dépassée. En effet,depuis quelques décennies, en raison d’une certaine déprise agricole et de la modification des pratiquespastorales (disparition des bergers, mise en place de clôtures, moindre utilisation des parcours par certainséleveurs, etc.), le causse se reboise à grande vitesse.Or ce reboisement suscite de réelles inquiétudes, à la fois en termes paysagers, agricoles et économiques :

- si rien n’est fait pour juguler la progression de la forêt, le Larzac risque de voir disparaître sespelouses calcaires si typiques, et si riches en biodiversité (orchidées, insectes, oiseaux…). Il neresterait plus que des champs et des bois ;

- cette disparition des pelouses calcaires aurait un impact sur le tourisme (c’en serait fini de lasingularité des paysages caussenards), et bien sûr sur le pastoralisme : la forêt prenant la place desparcours réduirait considérablement la richesse pastorale du causse ;

- le reboisement peut sembler une aubaine pour la filière bois, mais si ce reboisement est anarchique,

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Source: www.larzac.com

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1non contrôlé par l’homme, les bois n’auront qu’une valeur médiocre.

Pourquoi la SCTL ?

La SCTL (société civile des terres du Larzac) et TSL (Terres Solidaires du Larzac, ex GFA) gèrent à euxdeux environ 8 000 hectares de terres sur le Larzac, dont près de 2 000 hectares boisés ou en voie deboisement. Sur ces 2 000 hectares, 700 hectares sont couverts de pin sylvestre, qui s’avère une essencebien adaptée à la fabrication de plaquette forestière. Sans même compter l’envahissement des parcourspar les arbres, ces 700 hectares de pin sylvestre produisent annuellement environ 1 400 m3 de bois brut,soit environ 3 500 m3 de plaquette forestière (on parle de MAP : mètre cube apparent de plaquette).

Qui ?

La SCTL et les GFA, de par leurs statuts, ne peuvent par eux-mêmes produire et vendre de la plaquetteforestière. Il sera donc nécessaire de créer une société (dont le type reste à définir : Société coopérativeouvrière de production, Société civile d’intérêt collectif, ou autre…) qui regroupera les propriétairesforestiers (SCTL, TSL, privés…), les collectivités locales qui le souhaitent, les fermiers qui le souhaitent,les clients, etc. Cette nouvelle activité doit pouvoir, à moyen terme, générer un emploi à mi-temps ou àplein temps.

Pour qui ?

Le marché de la plaquette forestière est encore émergent en France, alors qu’il est déjà très dynamiquechez nos voisins suisses ou autrichiens, par exemple. Avec la hausse inévitable du coût des combustiblesfossiles (à la fois en raison de leur raréfaction, et des taxes sur les émissions de carbone), le bois va(re)devenir une alternative de plus en plus crédible et pertinente, sous toutes ses formes : bûche, granulé(pellet en anglais), et plaquette.D’ores et déjà, des paysans du Larzac se chauffent à la plaquette forestière, et en sont très satisfaits(Francis et Maryse Roux à la Salvetat…). D’autres installations ou projets existent à proximité : templebouddhiste de Lerab Ling, château de Latour, etc.La plaquette forestière trouve une utilisation optimale dans de grosses chaudières, pour chauffer unbâtiment collectif (une mairie, une salle des fêtes, une école, une maison de retraite, une piscine…) outout un quartier, via un réseau de chaleur. L’existence d’une filière locale peut permettre d’orienter lechoix des maîtres d’œuvre en faveur de ce combustible produit localement et dans le respect del’écosystème forestier.

Comment ?

Deux cas de figure principaux se rencontrent sur le Larzac pour la fourniture de plaquette :

- juguler l’envahissement des parcours par des pins sylvestres en les coupant systématiquement, quelle quesoit leur taille. Les arbres entiers peuvent aisément être transformés en plaquettes ;

- gérer mieux les parcelles boisées, en « dépressant » (éclaircissant les peuplements trop denses), pourpermettre d’ici quelques décennies d’avoir des arbres mieux valorisables (charpente, menuiserie…). Lerésultat du dépressage est entièrement transformé en plaquette forestière.

Gestion du bois http://www.larzac.org/organiser/sctl/gestion-du-bois.html

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Source: www.larzac.com

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