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Greffe rénale S. Caillard ‐ Service de Chirurgie vasculaire et Transplantation Rénale, NHC
Le nombre de patients insuffisants rénaux chroniques augmentent régulièrement en France avec une prévalence actuelle de 1127 patients IRC par million d’habitants en France métropolitaine et une incidence de 154 nouveaux patients IRC par million d’habitants et par an. Parmi ceux‐ci, on estime qu’environ 45% bénéficient actuellement d’une transplantation rénale. En raison de l’amélioration de la survie des patients et de leur qualité de vie après la greffe ainsi que des économies de santé substantielles que représente la transplantation par rapport au traitement par dialyse, les autorités de santé demandent aux professionnels d’augmenter ce ratio à 55% de patients transplantés parmi les insuffisants rénaux terminaux.
En France, environ 3000 greffes rénales sont réalisées chaque année dont 90 à 100/an à Strasbourg. Ce chiffre est en discrète augmentation ces 10 dernières années mais reste malheureusement très insuffisant par rapport à la demande. En effet, on estime que moins d’1 patient sur 3 pourra être greffé dans l’année en raison d’un nombre insuffisant de greffons proposés. Le temps d’attente moyen d’un patient en France est d’environ 2 ans avec des variabilités géographiques et liées au groupe sanguin.
Pour cette raison, certaines techniques se sont développées et devront prendre de l’ampleur dans les années à venir : la greffe à donneur vivant, le don croisé, la greffe ABO incompatible, les techniques de désensibilisation permettant de transplanter des patients immunisés dans le système HLA, les prélèvements à cœur arrêté en particulier à partir de donneurs Maastricht III.
La greffe à donneur vivant est une priorité de l’Agence de la Biomédecine et doit être développée dans les centres de transplantation rénale. En effet, le nombre de prélèvements réalisés à partir donneurs décédés stagne depuis quelques années, le taux de refus des familles reste stable (en moyenne 30%) et les donneurs prélevés sont de plus en plus âgés (53 ans en moyenne). En ce qui concerne l’activité de greffe à donneurs vivants, celle‐ci a tendance à augmenter depuis quelques années (357 en 2012 soit 11,7% du nombre de greffes), même si elle n’atteint pas le niveau des pays nord américains ou scandinaves où elle représente environ 40% des greffes. En 2013, 17 greffes à DV ont été réalisées à Strasbourg (ce qui a représenté 18% de notre activité totale). La loi de Bioéthique révisée en 2004 puis en 2011 a successivement autorisé le don entre : les membres d’une même famille (parents, enfants, fratrie, cousins..), puis les époux et conjoints et plus récemment encore à partir d’une personne affectivement liée depuis plus de 2 ans. Enfin, la loi Bioéthique de 2011 autorise à présent le don croisé entre deux paires de donneur/receveur.
Les avantages des greffes réalisées à partir de donneurs vivants sont multiples : sélection très stricte de la qualité du donneur, meilleure compatibilité HLA dans le cadre des greffes intra familiales, possibilité de prévoir la greffe avant la mise en dialyse (greffe préemptive), diminution drastique du temps d’ischémie froide, tout ceci a pour conséquence une meilleure survie du greffon.
Dans le cas où le donneur vivant potentiel est ABO incompatible, il est possible de franchir la barrière ABO en greffant des reins à partir de tels donneurs. Pour cela, nous utilisons des protocoles d’immunosuppression comprenant du rituximab (Anticorps monoclonal anti lymphocytaire B) et des techniques d’épuration comme les échanges plasmatiques ou les immunoadsorptions afin d’épurer les isoagglutinines antiA ou antiB avant la greffe. La survie des greffons après ce type de greffe est comparable à celle des greffes ABO compatibles.
Lorsqu’un patient est fortement immunisé dans le système HLA en raison d’événements immunisants antérieurs (grossesses, transfusions, greffe antérieure), il est parfois très difficile de trouver un greffon compatible. On peut alors être amené à lui proposer les techniques de désensibilisation afin de diminuer son taux d’anticorps anti HLA afin d’accéder à une transplantation, soit à partir d’un donneur vivant, soit à partir d’un donneur décédé. Ces
Journées Médicales de Strasbourg 15 – 16 novembre 2014 Résumés des communications
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techniques reposent aussi sur une immunosuppression intense, des échanges plasmatiques ou des immunoadsorptions.
Les prélèvements à cœur arrêté ont été mis en place par l’Agence de Biomédecine pour essayer d’augmenter le nombre de donneurs d’organes et en particulier de donneur de rein. Ce type de prélèvement ne fonctionne bien que dans quelques CHU en France (Lyon, Nantes par exemple) car il demande un lourd investissement des équipes du Samu et des réanimations et qu’il a suscité des débats « éthiques » dans certaines équipes. De plus, l’organisation logistique est complexe car les équipes ne disposent de très peu de temps entre la prise en charge du donneur potentiel et le prélèvement (<30 min). Très prochainement va se mettre en place le prélèvement sur donneur à cœur arrêté type Maastricht III càd chez des donneurs chez lesquels un arrêt de soins a été décidé en milieu hospitalier.
La transplantation rénale permet une amélioration de la survie des patients insuffisants rénaux chroniques par rapport à leur maintien en hémodialyse. En France, la survie du greffon à 5 ans est de 80%, à 10 ans de 65%. Cette survie s’améliorait d’années en années grâce à une meilleure prise en charge des patients et au développement d’immunosuppresseurs plus puissants. Néanmoins, on voit stagner cette tendance les dernières années, du fait de l’acceptation de greffons issus de donneurs de plus en plus âgés et vasculaires. De plus, peu de progrès majeurs ont été réalisés ces dernières années en termes de nouvelles molécules immunosuppressives.
En conclusion, la transplantation rénale est certainement le meilleur traitement de l’insuffisance rénale terminale. Les obstacles à l’augmentation du nombre de greffes sont la pénurie de greffons, la proposition de greffons de plus en plus limites, et l’absence de développement de molécules récentes pour lutter contre les phénomènes de rejet. Les espoirs reposent sur le développement de la greffe à donneurs vivants, les greffes réalisées au‐delà des barrières ABO et HLA, le développement du prélèvement sur donneur à cœur arrêté et l’investissement des équipes de greffe pour l’essor de cet activité.
Greffe du foie F. Faitot, Ph. Bachelier – Service de Chirurgie Hépatobiliaire, pancréatique et transplantation , Hôpital Hautepierre
En transplantation hépatique comme pour les autres transplantations d’organes, la pénurie de greffon persiste et s’aggrave avec plus de 2 inscrits par greffon. Cette évolution est due à une croissance des indications et à une persistance à un faible recours aux techniques alternatives qui se développent en transplantation rénale et dans d’autres pays à savoir le don vivant et les prélèvements à cœur arrêté.
Concernant les indications, il est à noter une forte augmentation des inscriptions de patients cirrhotiques d’emblée graves pour lesquels les résultats de la greffe pourraient ne pas être équivalents aux résultats attendus mais ces données restent discutées. Les cancers primitifs du foie représentent une indication en forte croissance notamment le carcinome hépatocellulaire (CHC). L’importance du taux d’AFP a été reconnu et fait désormais partie des critères d’inscription pour le CHC. Des données de la littérature laissent entrevoir la possibilité de réaliser, dans des conditions de stricte sélection, des transplantations hépatiques pour métastases hépatiques non résécables et cholangiocarcinome hilaire. Des essais randomisés français sont en cours de mise en place.
L’arrivée des nouveaux antiviraux contre le virus C pourrait à moyen terme modifier le déséquilibre actuel si les résultats de ces thérapies se confirment au long terme. En effet, avec une tolérance très satisfaisante, les réponses virales prolongées sont fréquentes. Reste actuellement le coût de ces traitements qui pose un problème économique non négligeable. Concernant les techniques alternatives, le don vivant reste anecdotique en France contrairement aux pays asiatiques où se développent de multiples méthodes pour limiter les complications du donneur et favoriser la reprise de fonction de petits greffons chez le receveur (régulation portale, transplantation double de lobe gauche…). Le prélèvement sur donneur à cœur arrêté est également rarement réalisé en France contrairement à l’Espagne, par exemple, dont les équipes ont montré des résultats satisfaisants.
Au total, la transplantation hépatique permet actuellement une survie à 10 et 20 ans de 80 et 60% pour des patients de plus en plus graves. Mais les résultats en intention de traiter – à la date d’inscription – pourraient être encore améliorés par l’affinement des indications, notamment pour cancer et chez les patients graves et par l’utilisation de techniques alternatives.
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Greffe d’îlots pancréatiques L. Kessler, Ph. Baltzinger , Service d’endocrinologie‐Diabète‐Nutrition, HUS
Le diabète de type 1 est une maladie fréquente, (plus de 200 000 patients en France) touchant des patients de plus en plus jeunes, liée à la destruction des cellules à insuline des îlots pancréatiques et nécessitant une insulinothérapie contraignante, définitive et vitale. Longtemps considérée comme un traitement "expérimental", la greffe d’îlots pancréatiques fait partie actuellement de l‘arsenal thérapeutique du diabète de type 1. Parmi les patients diabétiques de type 1, certains présentent un diabète dit "instable" défini par une variabilité métabolique majeure avec des hypoglycémies fréquentes et sévères sans rapport avec une mauvaise conduite du traitement. Il expose à un risque vital à court terme et à une détérioration majeure de la qualité de vie en raison du risque hypoglycémique permanent et imprévisible. Chez ces patients, le remplacement cellulaire Bêta par la greffe d’îlots ou de pancréas est le seul recours pour retrouver une stabilité métabolique.
La transplantation d’îlots pancréatiques consiste à réaliser sous anesthésie locale une injection intraportale d’îlots pancréatiques (au minimum 10 000 îlots/kg) au moyen d’un cathétérisme transhépatique, réalisée sous contrôle échographique ou par voie chirurgicale. Elle nécessite la mise en place d’un traitement immunosuppresseur dont la caractéristique est de ne pas utiliser de corticoïdes et qui comprend pour l’induction de la thymoglobuline et/ou des anticorps anti‐récepteurs de l’interleukine 2, suivi d’un traitement d’entretien associant des inhibiteurs des calcineurines et du Mycophénolate mofétil.
La transplantation d’îlots pancréatiques est indiquée chez le diabétique de type 1 à grande variabilité glycémique avec hypoglycémies sévères et acidocétose, susceptible de mettre en jeu le pronostic vital du patient. Elle est proposée au diabétique insuffisant rénal, greffé du rein, dont l’âge et les complications macrovasculaires, notamment coronariennes, contre‐indiquent la transplantation simultanée de rein et de pancréas.
Selon les données du Registre International, la greffe d’îlots permet actuellement d’obtenir une insulino‐indépendance chez 44 % des patients à trois ans. Elle est en passe d’égaler la transplantation de pancréas, cette dernière exposant à une morbidité plus élevée. Les autres patients, grâce à une fonction partielle du greffon, ont un diabète parfaitement contrôlé avec une HbA1C inférieure à 6,5 % en l’absence d’hypoglycémie sous une insulinothérapie à faibles doses.
Les données actuelles sur l’impact de la greffe d’îlots sur les complications dégénératives sont ponctuelles du fait du recul récent de la greffe d’îlots. Elles suggèrent que la greffe d’îlots permet de réduire l’évolution des complications ophtalmologiques et nerveuses ainsi que les complications macrovasculaires évaluées par l’épaisseur intima média carotidienne. La greffe d’îlots améliore la qualité de vie des patients par la réduction des hypoglycémies sévères et mineures. Comparée à la greffe rénale seule, la greffe de rein et d’îlots pancréatiques permet d’améliorer la survie du greffon rénal qui passe de 60 % en cas de greffe rein‐îlots à 20 % en cas de greffe rénale seule après 10 ans. Les principales complications de la greffe d’îlots sont les hémorragies au cours de l’injection intraportale des îlots rapportées dans 6 à 10 % des cas. Le recours au traitement immunosuppresseur est associé à des effets secondaires. L’analyse sur une période de 10 ans des greffes d’îlots par le Registre met en évidence 21 cancers sur 422 diabétiques de type 1 ayant bénéficié d’une greffe d’îlots dont 9 sont en relation potentielle avec le traitement immunosuppresseur.
Quand et comment référer un patient pour une greffe d’îlots ? L’indication de la greffe d’îlots pancréatiques dans le diabète de type 1 instable avec hypoglycémies sévères doit prendre en compte le ratio bénéfique/risque de la transplantation d’îlots qui nécessite le recours à un traitement immunosuppresseur. Une gastroparésie, une maladie coeliaque ou une endocrinopathie doivent être recherchées afin de corriger les hypoglycémies par un traitement spécifique. Les patients diabétiques de type 1 présentant des hypoglycémies sévères malgré une insulinothérapie optimisée le plus souvent associant actuellement une pompe à insuline portable couplée à la mesure continue du glucose doivent être référés au centre de transplantation d’îlots pancréatiques.
Barton FB, Rickels MR, Alejandro R, Hering BJ et al . Improvement in outcomes of clinical islet transplantation: 1999‐2010. Diabetes Care. 2012,35(7):1436‐45 Benhamou PY, Milliat‐Guittard L, Wojtusciszyn A, Kessler L, et al GRAGIL group. Quality of life after islet transplantation: data from the GRAGIL 1 and 2 trials. Diabet Med. 2009, 26(6):617‐21
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Un cancer du poumon non à petites cellules métastatiques chez une personne âgée de plus de 70 ans E. Quoix, Service de pneumologie, NHC
Le cancer bronchique primitif est la première cause de mortalité par cancer chez l'homme et la deuxième chez la femme après le cancer du sein en France. Actuellement, plus du tiers des patients atteints ont 70 ans et plus. Les cancers bronchiques non à petites cellules représentent 85% de l'ensemble des cancers bronchiques et 40% environ sont métastatiques au moment du diagnostic. Le poids du tabagisme comme agent causal est nettement moindre chez les personnes âgées où le vieillissement suffit probablement à expliquer la majeure partie des cancers bronchiques. De ce fait il y a davantage de non‐fumeurs parmi les personnes âgées atteintes. Le traitement des formes métastatiques de cancer bronchique non à petites cellules repose sur la chimiothérapie (à l'exception des rares formes oligométastatiques accessibles à des traitements loco‐régionaux). Cette chimiothérapie repose, chez l'adulte jeune et en bon état général sur un doublet à base de sel de platine, tels que cisplatine + vinorelbine, cisplatine + gemcitabine, cisplatine + pemetrexed ou carboplatine + paclitaxel. Le choix entre ces différents doublets est dicté par l'état général (le cisplatine est réservé aux patients de PS 0 ou 1), l'histologie (l'association cisplatine + pemetrexed est réservée aux adénocarcinomes), les habitudes, le profil de toxicité et le coût. Longtemps, il n'y a pas eu d'essai clinique dédié aux personnes âgées. Tout au plus pouvaient‐elles parfois être incluses dans des essais ne comportant pas de limite d'âge et, si c'était le cas, ces patients n'étaient bien sûr pas représentatifs de la population "habituelle" des patients ayant un cancer bronchique puisqu'on leur proposait le même traitement qu'à des personnes plus jeunes. Ce n'est que fin des années 90 qu'un essai randomisé dédié aux personnes âgées a montré que la vinorelbine seule permettait d'augmenter la survie par rapport aux soins palliatifs. Les recommandations des sociétés savantes ont donc été, jusqu'en 2010 inclus, de les traiter avec une monothérapie (vinorelbine et gemcitabine étant les drogues les plus utilisées). En 2010, a été présentée en plénière à l'ASCO une étude française ayant permis de modifier le paradigme de traitement des personnes âgées ayant un cancer bronchique non à petites cellules métasatiques. En effet, la comparaison d'une monothérapie par vinorelbine ou gemcitabine avec un doublet carboplatine et paclitaxel a été de façon très significative en faveur du doublet. Le traitement actuel consiste donc en l'association carboplatine mensuel et paclitaxel hebdomadaire à raison de 4 cycles. La découverte de mutations et de réarrangements de gènes dits "drivers" est venue modifier la donne. Ces mutations se retrouvent dans les adénocarcinomes et de façon préférentielle chez les non‐fumeurs. Environ 15% des patients ayant un cancer bronchique non à petites cellules ont de telles mutations qui peuvent être ciblées par un traitement, celle du récepteur à l'EGF étant la plus fréquente (10% des cas) , les réarrangements ALK venant ensuite (4%) puis les mutations de B‐RAF (1,7%). Ces mutations permettent un traitement per os, généralement bien mieux supporté qu'une chimiothérapie et surtout permettent des survies jamais "vues" dans les formes métastatiques (médiane aux environs de 24 mois contre 10‐12 mois dans les formes métastatiques sans mutations). Ces traitements peuvent être administrées de la même manière aux personnes âgées avec apparemment la même efficacité que chez les patients plus jeunes. Il n'y a donc plus de justification au nihilisme qui a trop longtemps prévalu à la fois du côté des familles et du côté de smédecins vis‐à‐vis des personnes âgées atteintes d'un cancer bronchique non à peites cellules.
Un cancer du sein C. Mathelin, Unité de Sénologie, Hautepierre
L’examen clinique d’une patiente consultant pour un motif sénologique doit commencer par un interrogatoire précis orienté sur la recherche de facteurs de risque de cancer (risque familial, hormonal, histologique et mode de vie) et l'analyse des motifs de la consultation. L'inspection est le premier temps de l'examen. Elle est suivie par la palpation des seins et les aires ganglionnaires. Les signes évocateurs de cancer sont les nodules à contours irréguliers, durs, les fossettes et rétractions cutanées et les anomalies mamelonnaires. Certains cancers peuvent être révélés par des écoulements, le plus souvent uni‐orificiels, séreux ou sanglants. Plus rarement, des cancers apparaissent sous la forme d’une lésion arrondie et molle (cancers colloïdes, médullaires ou de croissance rapide). Il existe des cancers qui n'ont réellement aucune traduction clinique. Ils sont à la fois asymptomatiques et non palpables. Le caractère infraclinique d'un cancer peut être lié à
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différents paramètres : cancer de petite taille, localisation particulière, consistance identique à celle du sein, cancer diffus ou environnement particulier. Les cancers infracliniques ne sont pas exempts de risques métastatiques ultérieurs, ces risques étant liés aux facteurs de pronostic habituels.
A l'issue de l'examen clinique, différents examens d’imagerie doivent être prescrits. La mammographie standard est l’examen de première intention. Sa sensibilité et sa spécificité sont élevées et augmentent avec l’âge. Les images anormales sont représentées par les microcalcifications en amas, les opacités spiculées ou stellaires, les ruptures architecturales (évoquant en premier lieu une lésion maligne) et les opacités arrondies ou ovalaires (évoquant en premier lieu une lésion bénigne). Le compte‐rendu mammographique standard formule les hypothèses diagnostiques selon le degré de suspicion de l’American College of Radiology (ACR). L'échographie est un complément de la radiographie en cas d'anomalie ou d'insuffisance. Cet examen est particulièrement indiqué quand les seins sont radiologiquement denses. C'est la technique de choix chez les femmes très jeunes. L’IRM mammaire est réservée aux femmes jeunes, ayant des seins denses ou des antécédents familiaux, et aux formes histologiques particulières comme le carcinome lobulaire infiltrant.
A l’issue de l’imagerie, un microprélèvement doit être réalisé pour obtenir un diagnostic de certitude. Tout nodule ou toute image suspecte à l’imagerie doit faire l'objet d'une microbiopsie. Les ganglions axillaires et sus claviculaires suspects peuvent bénéficier d'un diagnostic cytologique. Une bonne connaissance pré‐opératoire de la nature histologique des lésions et de leurs facteurs pronostiques ou prédictifs (type, grade, récepteurs hormonaux, HER‐2, Ki 67), permet d’établir la stratégie thérapeutique. Tout œdème cutané associé ou non à des signes inflammatoires (rougeur, augmentation de la chaleur locale) doit bénéficier d'une biopsie cutanée sous anesthésie locale lorsqu'il ne régresse pas sous traitement anti‐infectieux ou anti‐inflammatoire. Une biopsie mamelonnaire doit être réalisée sous anesthésie locale, quand il apparaît au niveau du mamelon une lésion érosive ou prurigineuse afin de ne pas méconnaître une maladie de Paget.
A l’issue du bilan diagnostique, le dossier de la patiente est soumis à une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) de sénologie afin de définir la stratégie thérapeutique optimale. Deux orientations thérapeutiques sont généralement discutées : la chirurgie initiale (emportant la tumeur et des ganglions axillaires sentinelles ou non sentinelles) ou les traitements néo‐adjuvants.
Lorsqu’une chirurgie initiale est retenue, la conservation mammaire est possible dans 70% des cas. Elle est réalisable si elle permet une exérèse large de la tumeur, des berges saines et si elle ne compromet pas ou peu l’esthétique. Elle ne doit pas être pratiquée si la patiente la refuse, ou si la tumeur est de grande taille, ou multicentrique ou inflammatoire. Dans certains cas, l’utilisation de techniques de chirurgie plastique (oncoplastique) est possible lors du temps d’exérèse de la tumeur afin de traiter une éventuelle ptose ou hypertrophie mammaire. Les mastectomies sont proposées lorsque la tumeur mesure plus de 5 cm, ou se présente sous forme multifocale ou bien encore dans un contexte familial. Les mastectomies peuvent être complétées par une reconstruction mammaire immédiate ou différée. Différents types de reconstruction peuvent être proposés : prothèses, lambeaux musculo‐cutanés, lambeaux cutanéo‐graisseux avec anastomoses microchirurgicales ou bien encore lipomodelage.
La radiothérapie est systématique après traitement conservateur, parfois utile après mastectomie. Une séance quotidienne pendant 5 à 6 semaines diminue le risque de rechute locale (passant de 25% à 5%) et le risque de décès par cancer du sein d’environ 15%. La chimiothérapie adjuvante est administrée après la chirurgie lorsque les cancers ont des facteurs de gravité (grade élevé, Ki 67 élevé, UPA/PAI1 élevé, atteinte ganglionnaire ou angioinvasions). La chimiothérapie néo‐adjuvante est administrée avant la chirurgie pour diminuer la taille tumorale ou réduire l’inflammation. Ses modalités, décidées en RCP, sont variables et consistent le plus souvent en 6 à 8 séances en hospitalisation de jour, espacées de 3 semaines. En l’absence de contre‐indications, les thérapies ciblées (trastuzumab) sont systématiques en cas de surexpression d’HER‐2. De même, l’hormonothérapie est indiquée pour toutes les tumeurs hormonodépendantes (tamoxifène avant la ménopause, inhibiteurs de l’aromatase après la ménopause).
Actuellement, grâce à cette prise en charge multidisciplinaire, la survie à 5 ans des cancers du sein traités est de 89%. Celle‐ci passe à plus de 95% lorsque les cancers sont infracentimétriques, ce qui est un plaidoyer pour leur diagnostic précoce.
Référence : Cancer du sein. Jean‐Philippe BRETTES, Carole MATHELIN, Béatrice GAIRARD, Jean‐Pierre BELLOCQ. Editeur : ELSEVIER / MASSON. Année : 12/2007.
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Asthme aujourd’hui et demain C. Barnig, F. de Blay, Service de Pneumologie, NHC
Avec une prévalence de 6 à 10% dans la population générale, l’asthme reste l’une des maladies respiratoires et des maladies chroniques les plus fréquentes. Les traitements disponibles de l’asthme (association de corticoïdes inhalés et de béta‐2 agonistes) soulagent la plupart des patients. Cependant, un tiers des patients restent non contrôlés après un an de traitement. L’observance thérapeutique et les facteurs environnementaux expliquent en partie l’absence de réponse à la prise en charge thérapeutique habituelle. L’utilisation de corticoïdes inhalés efficace en monoprise quotidienne, les efforts sur l’éducation des patients asthmatiques et l’enquête environnementale personnalisée au domicile par un conseiller médical en environnement intérieur sont des atouts de la prise en charge actuelle pour améliorer le contrôle de l’asthme. Plus récemment, l’identification de caractéristiques cliniques et biologiques de patients asthmatiques a permis la détection de sous‐groupes de patients répondeurs aux nouvelles thérapies ciblées dans l’asthme dont les stratégies anti‐IgE, anti‐IL‐5 et anti‐IL‐13 semblent les plus prometteuses. Enfin, la thermoplastie bronchique est le premier traitement de l’asthme qui s’adresse spécifiquement au remodelage et en particulier à l’hypertrophie du muscle lisse bronchique chez les asthmatiques les plus sévères.
Fibrillation atriale du sujet âgé T. Vogel, Service de Gériatrie, Hôpital de la Robertsau
Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) secondaires à la fibrillation Atriale (FA) sont prévenus par la prescription d’un traitement anticoagulant dès que le score de CHA2DS2‐VASc ≥ 1. Cependant, il est important de rappeler que si les personnes âgées présentent le risque le plus élevé d’AVC en présence d’une FA, cette population est également à plus grand risque hémorragique sous traitement anticoagulant. Les antivitamines K (AVK) ont été pendant des décennies les molécules de référence, avec un bénéfice net démontré même (en réalité surtout) après 75 ans. L’arrivée sur la marché des anticoagulants oraux directs (AOD) a permis de s’affranchir des contraintes inhérentes à la surveillance biologique des AVK et de proposer une action pharmacologique plus stable en limitant les interactions médicamenteuses. L’utilisation à grande échelle des AOD chez les personnes âgées, présentant une FA non valvulaire demeure toujours un sujet débattu. En effet, la sous‐représentation des personnes de plus de 75 ans dans les essais cliniques et les interférences générées par les syndromes gériatriques, la polypathologie et la polymédication , qui n’ont pas été évaluées spécifiquement dans les études, laisse planer une incertitude « dans la vraie vie » quant au rapport bénéfice / risque des AOD, dans ces populations âgées en particuliers les très âgées (> 80 ans) et les chuteurs.
… un acrosyndrome D. Stephan, Service des Maladies Vasculaires et de l’Hypertension, NHC
Les acrosyndromes se divisent schématiquement en deux grands syndromes : le syndrome de Raynaud et l’acrocyanose. Le syndrome de Raynaud survient lors de l’exposition au froid et il est paroxystique. Il touche en règle les doigts des deux mains mais peut aussi toucher les pieds. Dans sa forme typique, le syndrome de Raynaud comprend trois phases successives : une phase asphyxique de blanchiment des doigts, une phase cyanique de stase veinulaire et une phase erythrosique de recoloration des doigts. La plupart des syndromes de Raynaud correspondent à une maladie de Raynaud et sont purement fonctionnels. Parfois gênants, ils ne comprennent pour autant pas de gravité particulière. Dans de rares cas, le syndrome de Raynaud est une modalité d’expression d’une maladie systémique au premier rang desquelles se situent la sclérodermie et une affection proche : le CREST syndrome. Dans ces cas le syndrome de Raynaud reconnait des caractéristiques cliniques, comme l’atteinte des pouces, qui peuvent mettre sur la voie du diagnostic. L’exploration d’un syndrome de Raynaud doit donc être centrée sur la recherche d’une possible sclérodermie ou autre connectivite sous‐jacente. Pour ce faire les moyens sont simples et il est inutile de prescrire une batterie d’examens. La capillaroscopie, examen parfaitement non invasif, est impérative. La capillaroscopie peut en effet montrer les mégas capillaires pathognomoniques de la sclérodermie ou du CREST syndrome. Une recherche d’anticorps antinucléaires sera combinée avec la capillaroscopie afin de rechercher la signature biologique de la sclérodermie ou du CREST syndrome. Le syndrome de raynaud se voit également dans des artériopathies inflammatoires telle la maladie de Buerger, en cas de syndrome du défilé cervico‐thoraco‐brachial ou de maladie des engins vibrants tels les tronçonneuses à chaine des bucherons. L’acrocyanose correspond à une coloration bleutée des doigts et parfois des orteils
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ou de l’avant pied. Le trouble peut être déclenché ou majoré par le froid. La coloration bleutée est en règle permanente et peut s’accompagner d’une hyperhydrose palmaire parfois handicapante. Le bilan réduit au minimum comprend une capillaroscopie et une recherche d’anticorps antinucléaires. D’autres formes d’acrocyanose peuvent accompagner des affections diverses et s’intègrent alors dans un tableau clinique caractéristique : érythrocyanose de déclivité des ischémies critiques, cyanose des embolies de cholestérol (orteil pourpre) ou livedo du syndrome des anti‐phospholipides. D’autres acrosyndromes sont plus rares. Nous citerons l’érythermalgie qui réalise l’opposé du syndrome de Raynaud : les doigts voire les mains sont rouges, chauds et douloureux et le patient recherche la fraicheur pour calmer des crises parfois très douloureuses.
… l’autosurveillance glycémique chez le diabétique de type 2 sous antidiabétique oral L. Kessler, Service d’Endocrinologie, de diabète et des maladies métaboliques, Médicale B, HUS
L’autosurveillance glycémique (ASG) est reconnue comme un outil indispensable chez le diabétique de type 2 traité par insuline ou en cas de diabète gestationnel. La question de son efficacité chez le diabétique de type 2 sous mesures hygiéno‐diététiques et antidiabétiques oraux est légitime au vu du rapport de son efficacité par rapport au coût et au nombre de patients concernés. La Haute Autorité de Santé (arrêt ministériel du 25.02.2011) a fixé la prise en charge de 200 bandelettes par an par l’assurance maladie chez le diabétique de type 2 à l’exception des patients pour lesquels une insulinothérapie est en cours ou prévue à court ou moyen terme. Dans ce contexte, il paraît indispensable de s’interroger sur le bénéfice de l’ASG dans le diabète de type 2 et sur ses conditions d’utilisation optimale.
1. L’ASG est‐elle efficace chez le patient diabétique de type 2 sous antidiabétiques oraux ? Les données des méta‐analyses et plus récemment d’un essai prospectif randomisé d’évaluation de l’ASG chez le diabétique de type 2 non insulino‐traité a permis de montrer que l’ASG permettait une réduction significative de l’HbA1C entre les deux groupes de 0,21 % à un an. Une réduction de plus de 0,5 % d’HbA1C était observée chez 44 % du groupe "ASG" contre 33 % dans le groupe contrôle. avec une modification plus importante du traitement antidiabétique oral. Bien que la différence d’HbA1C entre les deux groupes ne soit que de 0,2 %, le groupe "ASG" présentait moins d’épisodes hypoglycémiques. La réalisation de l’ASG dans cette étude était associée à une éducation des patients à l’analyse et à l’interprétation des valeurs de glycémies capillaires positionnant l’ASG comme un outil thérapeutique et éducatif.
2. A qui prescrire une autosurveillance glycémique en pratique ? L’ASG n’est pas systématique chez le diabétique de type 2 sous régime ou antidiabétiques oraux qui n’entraînent pas d’hypoglycémies (Metformine, inhibiteurs des DPP‐IV, analogue du GLP1). Elle peut être prescrite dans cette catégorie de patients, lorsque celui‐ci est motivé, si elle fait partie d’un programme d’éducation. L’ASG est par contre indiquée chez le diabétique de type 2 sous bithérapie associant un insulinosécréteur avec risque d’hypoglycémies. Elle est licite chez les patients ayant une cible d’HbA1C en dehors des objectifs individualisés et quel que soit le traitement diabétique oral.
3. Modalités de prescription d’une ASG chez le diabétique de type 2 sous ADO La glycémie à jeun est une glycémie "symbolique" et motivante. Elle reflète les glycémies de fin de nuit témoins de l’insulinorésistance hépatique. Elle est moins bien corrélée à l’HbA1C que les glycémies postprandiales du déjeuner et de fin d’après‐midi. La glycémie postprandiale est associée au risque macrovasculaire du diabétique de type 2. Elle représente une part importante de l’hyperglycémie des 24 heures surtout la glycémie 2 heures après le petit‐déjeuner. La glycémie avant le dîner est la plus basse chez le patient diabétique de type 2. Elle est fortement corrélée à l’HbA1C et permet une bonne adaptation du traitement par sulfamides hypoglycémiants et permet de diminuer le risque d’hypoglycémie.
4. Les modalités pratiques de prescription d’une ASG Il est possible en pratique de réaliser un cycle de trois glycémies capillaires par jour, un jour par semaine, comprenant une glycémie capillaire à jeun, 2 heures après le petit‐déjeuner et avant le dîner, le jour que le patient souhaite. Selon le patient, les glycémies capillaires seront notées sur un carnet ou recueillies sur la mémoire des appareils de glycémies capillaires. Elle constitue un support pour une approche éducative du diabète lors de la consultation en fonction des habitudes de vie du patient.
L’ASG est indiquée chez le diabétique de type 2 sous mesures hygiéno‐diététiques et antidiabétiques oraux car elle contribue à améliorer le contrôle glycémique, adapter le traitement et objectiver les hypoglycémies. Elle doit être intégrée à un programme d’éducation
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diabétique. La réalisation d’un cycle glycémique par semaine est raisonnable et en faveur du rapport coût/bénéfice de la prise en charge du diabète.
Bosi E et al. Intensive structured self‐monitoring of blood glucose and glycemic control in noninsulin treated type 2 diabetes. Diabetes care, 2013, 36, 2887‐2894
… les signes précoces de troubles graves du développement chez le très jeune enfant A. Danion, M.E. Meriot, Service Psychothérapique pour Enfants et Adolescents, Hôpital de l’Elsau
Le IIIème Plan Autisme1 (2013‐2017) ainsi que les recommandations récentes de la HAS concernant l’autisme et plus particulièrement le diagnostic des Troubles Envahissants du Développement (TED)2 et les interventions précoces 3soulignent la nécessité de repérer le plus tôt possible, dès la petite enfance, des troubles dans le développement relationnel d’un très jeune enfant.
En effets, ces troubles peuvent être potentiellement précurseurs (ou signes précoces) de troubles du spectre autistique qui, s’ils sont diagnostiqués plus tard dans l’enfance, comme cela a trop longtemps été le cas, risquent d’aggraver le fonctionnement autistique de ces enfants pour lesquels des soins spécifiques précoces n’auront pas été proposés. Les médecins généralistes, « médecins de première ligne » amenés à suivre le développement de beaucoup de très jeunes enfants, doivent être à même de repérer, sans banaliser, ces signes précoces centrés en particulier sur le regard, des anomalies dans l’établissement de la communication interhumaine, un isolement, des intérêts particuliers. Ceci afin de préparer les parents à l’importance d’intervenir très précocement, bien avant qu’un diagnostic d’autisme soit éventuellement posé (pas avant 18 mois‐2 ans) et d’orienter cet enfant et ces parents vers des spécialistes assurant des consultations spécialisées et proposant des soins appropriés.
Nous insisterons au cours de cette intervention sur une bonne connaissance de ces signes précoces et la conduite à tenir.
La maladie de Lyme chronique existe‐t‐elle ? D. Christmann, Service de Médecine Interne et des Maladies Tropicales et Infectieuses, NHC
La Borréliose de Lyme est l’infection transmise par piqûre de tique la plus fréquente dans l’hémisphère Nord. Non traitée, elle peut évoluer en différentes phases. Les phases primaire et secondaire sont de nature infectieuse, localisées au niveau de la peau en phase primaire, au niveau d’autres tissus (SNC, articulations, muscles, …) en phase secondaire.
La phase tertiaire associe une infection similaire à des phénomènes inflammatoires ou immunitaires qui peuvent laisser persister des manifestations fonctionnelles, souvent lentement régressives, dans une proportion très faible de cas. Le terme chronique sous‐entend la persistance du processus infectieux non maîtrisé par le traitement antibiotique. Dans cette situation, plusieurs points doivent être évoqués. Il s’agit de la qualité de l’antibiothérapie initiale, d’une éventuelle recontamination, de la probabilité d’une autre infection ou d’une pathologie inflammatoire, qui n’auraient pas été envisagées.
Après avoir analysé ces différents points, force est de constater que la Borréliose de Lyme chronique n’existe pas, tout au plus peut‐ont parler de séquelles dans une très faible proportion de cas, à la suite de la prise en charge d’une forme tertiaire.
Ebola : état actuel d’une épidémie et sa prise en charge D. Christmann, Service de Médecine Interne et des Maladies Tropicales et Infectieuses, NHC
Les fièvres hémorragiques africaines sévissent par petites épidémies dans différentes régions subsahariennes depuis quelques dizaines d’années.
Les virus ont été identifiés dans les années 70 et appartiennent majoritairement soit aux filovirus, soit aux arénavirus.
Le virus Ebola, appartenant aux filovirus, est depuis quelques mois à l’origine d’une épidémie en Afrique de l’Ouest, à l’origine de plus de 10 000 personnes atteintes avec une mortalité de plus de 50 %. Cette situation, compte tenu des déplacements de population, constitue un réel risque pour les autres régions du monde. Les quelques observations de patients hospitalisés aux USA, en Espagne ou en France, illustrent ces faits.
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Dans ces conditions, il est très important que les établissements de santé et en particulier les centres de référence soient prêts à accueillir des patients suspects ou atteints, sans constituer un risque en particulier pour les professionnels de santé.
Cette situation doit aussi prévaloir dans le cadre de l’activité libérale et un certain nombre de mesures doivent être mises en place et respectées pour éviter une diffusion de ce type d’infection.
Anticoagulants oraux non AVK : espoir, réalité ou déception ? P. Bousquet, B. Aleil, Laboratoire de Neurobiologie et Pharmacologie cardiovasculaire / Fac de Médecine
Depuis 1920, année d’une « épidémie » hémorragique chez les bovins au Canada, bien de l’eau a coulé sous les ponts du traitement anticoagulant et du sang aussi d’ailleurs… C’est en effet dans du trèfle avarié qu’on a découvert la première substance dotée d’effets anticoagulants significatifs, la dihydroxycoumarine ou dicoumarol. Dix ans plus tard, on décrivait les propriétés coagulantes de la vitamine K, au Danemark. Des milliers, des dizaines de milliers et probablement des millions de vies humaines ont été sauvées par l’emploi de médicaments antivitamines K (AVK). Les AVK ont un mécanisme d’action indirect puisqu’ils empêchent, en s’opposant précisément aux effets de la vitamine K, la synthèse de certains facteurs de la coagulation, la proconvertine, la prothrombine, le facteur de Stuart et le facteur antihémophilique B. Pour très utiles que sont les AVK et pour très fréquent qu’est leur emploi en thérapeutique quotidienne, ces médicaments sont d’un maniement relativement difficile et ont un index thérapeutique étroit. Il est de notoriété publique qu’ils exposent en particulier aux complications hémorragiques par tous les mécanismes qui mènent à un surdosage relatif ou absolu du médicament. Leur emploi nécessite donc un suivi très régulier des malades sous traitement chronique aux. Les AVK posent de nombreux problèmes d’interactions avec des composants du régime alimentaire et avec d’autres médicaments. Ces interactions prennent leur origine à plusieurs niveaux, au niveau de la résorption digestive, au niveau du métabolisme hépatique, de la fixation aux protéines plasmatiques et quelques autres encore. Par ailleurs, toute variation de leur métabolisme hépatique par des pathologies associées, par exemple, peuvent influencer la réponse aux antivitamines K et exposer soit à une insuffisance d’efficacité, soit au contraire au risque hémorragique.
Nous étions donc tous dans l’attente de médicaments anticoagulants oraux (ACO) que l’on pourrait donner sans difficulté particulière aux malades justifiant de traitements anticoagulants sur le long terme, qui n’exposeraient pas aux risques hémorragiques d’une part, et qui ne nécessiteraient pas de suivi par l’INR aussi régulier et fréquent qu’il ne l’est pour les AVK. Il y avait une réelle attente à laquelle l’industrie pharmaceutique a indubitablement cherché à répondre. Et c’est ainsi que les "NACO" (anticoagulants oraux non‐AVK) ont vu le jour. Effectivement, les laboratoires pharmaceutiques sont parvenus à mettre au point des produits qui sont soit des anti‐Xa comme le rivaroxaban, l’apixaban et l'edoxaban, soit des anti‐IIa comme le dabigatran. Ces produits sont réputés ne pas nécessiter de surveillance de leur activité anticoagulante, propriété qui satisfait pour une part au cahier des charges ; néanmoins, cette caractéristique à une contrepartie limitante qui est la difficulté, voire l’impossibilité d’adapter les posologies aux individus que l’on a à traiter.
En outre, dans les circonstances où il convient de circonscrire l’effet anticoagulant rapidement, on ne dispose malheureusement pas, pour le moment, d’antidotes de ces NACO. Ces antidotes sont néanmoins en cours de développement. Il semble bien que, pour l’instant, aucune interaction avec des constituants de l’alimentation n'ait été décrite, en revanche des interactions médicamenteuses existent bien selon les molécules, ce qui ne correspond pas complètement aux attentes dans ce domaine. La pharmacovigilance qui est encore incomplète sur ces produits relativement récents mis sur le marché depuis 2008, indique que les complications hémorragiques peuvent exister et que les facteurs de risques de ces complications hémorragiques sont l’âge, le faible poids corporel, l’insuffisance rénale, certaines associations médicamenteuses et le mésusage. Si les complications hémorragiques des NACO concernent surtout l’appareil digestif, ils diminuent nettement le risque d'hémorragie cérébrale par rapport aux AVK.
Nous bénéficions de 60 années d'expérience et de pratique pour les AVK et de seulement 6 années pour les NACO. Ces derniers représentent une nouvelle ère thérapeutique qu'il faut cependant aborder avec prudence et raison. Ainsi, nous discuterons de l’existence d’arguments prouvés qui justifient ou non l’emploi de ces NACO par rapport aux AVK.
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Insuffisance cardiaque en télémédecine E. Andrès, S. Talha Service de Médecine Interne, diabète et maladies métabolique – Centre de compétence des cytopénie immunes d’Alsace, Hôpital Civil
L’insuffisance cardiaque est une maladie chronique grave qui outre la morbi‐mortalité importante qui lui est imputée, induit des ré‐hospitalisations fréquentes, qui grèvent la qualité de vie des patients, et dont certaines pourraient être évitées par une action en amont. C’est une pathologie fréquente, qui pose un vrai problème de santé publique.
Le suivi des patients avec une insuffisance cardiaque par des systèmes de télémédecine est théoriquement un moyen susceptible d’optimiser leur prise en charge. Plusieurs projets sont actuellement développés dans ce domaine, dont : SCAD, PIM’s, OSICAT, MEDICA et E‐care.
Le projet E‐care développe une plateforme « intelligente » et communicante pour assurer une surveillance à domicile, à l’aide de capteurs non intrusifs, des patients atteints d’insuffisance cardiaque en stade III de la NYHA. Elle assistera de ce fait le corps médical en automatisant le traitement des informations issues de ces capteurs afin de détecter et de signaler de manière précoce les situations à risques de décompensation cardiaque.
Colonne vertébrale J.P. Steib, Service de Chirurgie du rachis, Chirurgie B, HUS
La médecine a évolué, la chirurgie du rachis aussi. Il est aujourd’hui un certain nombre de choses qu’il ne faut plus dire, que les médecins disent et que les patients nous rapportent. Pour dire, il faut savoir, c’est l’intérêt des JMS. Deux heures de cours sur le sujet pendant ses études, ce n’est pas beaucoup, alors pourquoi tout le monde sait et se laisse aller à le dire.
La tige de Harrington. Elle s’est posée de 1960 à 1985 et était utilisée pour la chirurgie des scolioses. Elle a la vie dure car chaque élément métallique sur une radiographie est qualifié de tige de Harrington. Il vaut mieux dire ostéosynthèse, cela suffit.
On verra après la croissance. Quand un enfant souffre d’une affection rachidienne, il lui est souvent conseillé d’attendre la fin de la croissance. Surtout pas ! La croissance aggrave les déformations rachidiennes et il faut agir sans perdre de temps. Le rachis est comme une fleur qui pousse et un tuteur (le corset) lui permet de pousser droit. Après, il est trop tard et seule la chirurgie est possible et trop souvent devant une déformation importante qui donnera un résultat moins bon.
Tout le monde a mal au dos. C’est faut, même si quelques privilégiés n’ont jamais eu mal au dos. Tout le monde a mal au dos, mais tout le monde n’en souffre pas. La lombalgie commune n’existe pas et il faut se donner les moyens de rechercher la cause du mal. Cela demande un interrogatoire, un examen clinique et au minimum une radiographie. Le scanner et l’IRM viennent après, quand on suspecte une cause possible. Les infiltrations (sous scanner), la rééducation, les manipulations ou le corset peuvent être utilisés avant de demander un avis spécialisé qui ne débouche pas forcément sur une opération.
Il n’y a rien à faire. Comment affirmer cela à l’époque de l’ostéosynthèse transcutanée et des prothèses discales. A une époque où il est possible d’enlever en bloc une, deux ou trois vertèbres sièges d’une tumeur primitive ou d’une métastase.
Surtout n’allez pas voir le chirurgien, il va vous opérer. Est‐ce une honte d’opérer ou de se faire opérer ? La consultation rachidienne est une enquête policière où la cause d’une douleur est recherchée. 5 à 10% des patients vus en consultation sont opérés, les autres peuvent bénéficier d’un traitement alternatif. Le DIM est la cause la plus fréquente des lombalgies. Nous avons deux consultations par semaine de médecine manuelle alimentée par nos consultations chirurgicales.
Vous allez finir dans une chaise roulante. C’est une affirmation gratuite et infondée. Dans l’esprit de celui qui l’affirme, il y a selon l'humeur deux possibilités : si vous n’êtes pas opéré ou si vous vous faites opérer. La complication neurologique postopératoire est comme avoir un accident de la route quand on prend son véhicule pour faire Strasbourg‐Paris. Se retrouver paralysé du jour au lendemain est rarissime et cette éventualité est en général lente et donne le temps. Deux cas sont néanmoins vrais : la hernie discale avec syndrome de la queue de cheval et la fracture déplacée qui sont des urgences vraie et absolues. La récupération après un traumatisme rachidien est toujours possible, c’est une course contre la montre. Il faut appliquer le pari de Pascal : si Dieu n’existe pas et si je crois
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en lui, je ne perds rien, mais si Dieu existe, je gagne la vie éternelle. Rien n’est plus beau que de sauver une vie. Cela se voit quand on opère ces fractures.
Il faut vivre avec sa douleur. C’est cruel. Il faut donc s’acharner à trouver la cause de la douleur même si, parfois, le lombalgique est un malade difficile à vivre. La chirurgie peut, s’il y a indication, y arriver ou bien, il existe une quantité de moyens alternatifs : les infiltrations, la clinique de la douleur, les patchs, les corsets……..
C’est votre dos qui est responsable. On peut avoir un dos en mauvais état et souffrir de son épaule et pas de son rachis cervical, de sa hanche et de son genou et pas de sa colonne lombaire.
Vous êtes trop vieux pour vous faire opérer. Les techniques chirurgicales et l’anesthésie ont fait des progrès qui permettent de s’occuper de la personne âgée. L’âge n’est pas le facteur limitant et c’est souvent à un âge avancé que le dos fait mal et que le canal lombaire étroit limite les gens dans leur activité.
Vous êtes trop jeune pour vous faire opérer. La réponse est simple : trop jeune pour souffrir, pas pour se faire opérer. Il faut tout faire pour réinsérer ces patient y compris par la chirurgie quand c’est possible et indiqué.
Vous ne pourrez plus rien faire si vous vous faites opérer. A priori, c’est l’inverse et c’est le but de notre métier. Tout le monde n’est pas beau, jeune, riche et en bonne santé. La chirurgie est là pour aider. Le dos raide postopératoire existe mais quand on a mal, on ne profite pas de sa mobilité. Les hanches pallient souvent une raideur lombaire et permettent de vivre normalement. Le suivi de nos opérés en atteste.
La chirurgie du rachis, c’est de la neurochirurgie. Dans la colonne, il y a 90% d’os et 10% de nerfs. Il n’y a donc pas lieu d’opérer uniquement quand les nerfs sont en cause. Aujourd’hui la chirurgie du rachis est une spécialité où les neurochirurgiens et les orthopédistes se sont unis au sein d’une société : la SFCR = la Société Française de Chirurgie du Rachis. Cette société permet à ses membres de se perfectionner et de partager les connaissances des uns et des autres.
Ne faites pas de radio, mais une IRM ou un scanner, c’est mieux. La radiographie est le seul examen à montrer le rachis debout et à en montrer la forme et l’équilibre. Le scanner montre bien le dur (l’os) et l’IRM le mou (le disque et les nerfs). Ces examens sont complémentaires et la radiographie toujours nécessaire sur des grands clichés, debout. Pas de petits clichés, couchés, jamais.
Voilà un petit dictionnaire à l’usage de tous. Loin est de faire des reproches, mais il faut évoluer, sortir des à priori et vivre avec son temps. La chirurgie n’est pas la solution à tous les problèmes, loin de là, mais il est souvent dommage de ne pas demander un avis et de laisser un patient sur la route alors qu’il aurait pu évoluer dans le bon sens.
Malformation congénitale de la paroi thoracique G. Massard, P.E. Falcoz, N. Santelmo, A. Olland, Service de Chirurgie Thoracique, NHC
Les malformations congénitales de la paroi thoracique antérieure touchent près de 1/400 à 1/1000 naissances, avec un sex ratio H/F de 3 à 5/1.
Les variétés les plus fréquentes sont le pectus excavatum ou thorax en entonnoir (près de 90 %), et le pectus carinatum ou thorax en carène (près de 10 %), qui peuvent d’ailleurs s’associer. Il existe des formes familiales.
La déformation peut être apparente dès la naissance, ou n’apparaître qu’en cours de croissance : en effet, elle s’explique pour l’essentiel par un excès de croissance costale, qui repousse le sternum soit vers l’intérieur, soit vers l’extérieur
L’élément essentiel dans la démarche diagnostique est la recherche systématique d’une maladie de Marfan, en recherchant une anomalie de l’aorte ascendante et de l’appareil valvulaire par échographie, et une subluxation du cristallin par examen ophtalmologique. Sur le plan morphologique, le scanner avec reconstruction 3D de la paroi sterno‐costale vient compléter l’impression clinique, notamment pour documenter de façon objective la déformation et son caractère (a)symétrique. Le bilan fonctionnel respiratoire est le plus souvent normal, mais avec des performances situées au niveau du seuil inférieur de normalité.
L’indication opératoire est essentiellement cosmétique. Le débat sur l’impact fonctionnel de la chirurgie suscité par de nombreuses études contradictoires a été clos par 2 méta‐analyses, qui démontrent l’absence de modification fonctionnelle significative. Une évaluation psychologique
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doit être proposée dans les déformations mineures, pour lesquelles une chirurgie correctrice n’est guère justifiable.
Il est habituel d’attendre la fin de croissance afin d’éviter une récidive précoce, l’étiologie étant un excès de croissance costale !
Il existe actuellement 2 techniques chirurgicales.
La technique de référence est la sternochondroplastie décrite par Ravitch. Elle est effectuée par une incision transversale bi‐sous‐mammaire et nécessite des ostéotomies multiples au niveau des côtes et du sternum pour redresser le plastron, qui est ensuite stabilisé par la mise en place de 2 à 3 attelles rétro‐sternales agrafées aux côtes. Ce matériel est retiré au terme de 2 ans.
L’alternative est la technique mini‐invasive décrite par Nuss. Elle s’effectue par 2 courtes incisions axillaires, au travers desquelles une barre en acier est introduite à travers le médiastin antérieur et extériorisée du côté opposé. Cette barre redresse le défect de l’intérieur et le remodèle selon le principe de l’orthodontie. Cette technique est cependant réservée aux déformations modérées et symétriques. La barre est retirée au terme de 3 ans en moyenne.
Quelle que soit le type d’intervention, le niveau de douleurs élevé dans les 2 cas nécessite une analgésie péridurale maintenue pendant 4‐5 jours, de sorte que l’hospitalisation est de l’ordre de 7‐8 jours.
Les résultats sont habituellement très satisfaisants sur le plan esthétique.
Prise en charge d’une reprise de poids après chirurgie de l’obésité M. Vix, D. Mutter, Service de Chirurgie Digestive et Endocrinienne, NHC
La chirurgie de l’obésité est aujourd’hui une modalité de traitement de l’obésité morbide (IMC > 40 ou IMC >35 en présence de comorbidités) qui permet d’obtenir une réduction de l’excès de poids de l’ordre de 50‐80% en 1 à 2 ans. On observe souvent une reprise partielle du poids, puis une stabilisation après 8 ans. Certains patients reprennent du poids de façon significative et peuvent retrouver leur poids initial voire le dépasser (1). Ceux‐ci reviennent consulter l’équipe de la prise en charge initiale ou en changent pour demander une nouvelle solution chirurgicale. Ces patients en échec de la première chirurgie nécessitent une prise en charge spécifique.(2)
Il faut, dans un premier temps, analyser des raisons de cet échec en tenant compte du type d’intervention déjà réalisé. L'étude du suivi de ces patients, de leur courbe de poids après l’intervention, des facteurs personnels intercurrents permettent de d’identifier les facteurs d’échec et de définir un nouveau projet de soins. Un deuil, le chômage, une grossesse, un changement de mode de vie et de travail sont autant de paramètres à prendre en compte. Dans tous les cas, il est primordial de mettre en route un suivi médico psychologique pour préparer une nouvelle perte de poids. Un bilan somatique sera également réalisé. Il aura pour objectif de vérifier le status nutrionnel et vitaminique de ces patients. Il sera également nécessaire de contrôler la qualité du montage chirurgical. Les principales causes de reprise pondérale liées au montage chirurgical dépendent du geste chirurgical effectué. Elles sont décrites ci‐après et les solutions à ces dysfonctionnement sont envisagées.
1/ Anneau périgastrique ( 3): ‐ Un gonflage inadapté laisse un calibre intra annulaire trop important, diminue la restriction, la sensation de satiété et entraîne une augmentation de la prise alimentaire. Un nouveau serrage pourra initier une nouvelle perte de poids. Cependant, après quelques années, ce serrage peut perdre ses bénéfices et n’avoir plus d’effet sur le poids. Après une nouvelle prise en charge médico psychologique, il est proposé l’ablation de l’anneau et la réalisation en un ou deux temps d’une autre chirurgie de l’obésité ‐ Le développement d’une poche gastrique supra annulaire diminue la restriction et la sensation de satiété. Il entraine fréquemment un reflux gastro oesophagien. Cette poche se remplit au moment des repas et se videra très lentement ensuite. Le patient comprend mal qu’il faut dégonfler l’anneau pour permettre une réduction de la taille de cette poche. Un regonflage n’aura aucune efficacité et le patient sera préparé pour une nouvelle chirurgie s’il le désire. ‐La migration intra gastrique de l’anneau est une complication sérieuse. L'anneau gastrique migre progressivement vers la lumière gastrique par érosion de la paroi gastrique, levant par ailleurs toute restriction. Cette migration est progressive et peut provoquer des douleurs épigastriques lors de l’alimentation ou une infection du site de gonflage. Elle peut également être parfaitement asymptomatique et ne se signaler que par la prise de poids. L’anneau devra être extrait soit par
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voie chirurgicale coelioscopique soit par voie endoscopique associée. Une nouvelle chirurgie de l’obésité pourra être envisagée après un délai de quelques mois. ‐ L’anneau gastrique peut être parfaitement placé et fonctionnel et le patient adopte un comportement de contournement du mécanisme de l’anneau en absorbant des liquides fortement caloriques qui induiront une reprise pondérale. Le traitement repose sur un suivi nutritionnel et surtout psychiatrique. L’indication d’une nouvelle chirurgie devra être portée avec une extrème prudence à la fin de la prise en charge psychiatrique.
2/ Sleeve gastrectomie ou Gastrectomie tubulée ( 4) Le calibre du tube gastrique et le volume de l’estomac peuvent être augmentés en raison d’une calibration d’emblée déficiente ou acquise par l’intempérance du patient, marquée par une consommation de boissons gazeuses et une alimentation trop abondante. Une réduction chirurgicale du calibre de l’estomac peut être proposée après une prise en charge nutritionnelle et psychiatrique. Une solution plus efficace consistera à transformer la sleeve en gastric bypass ou en dérivation bilio pancréatique.
3/ Gastric bypass (5) ‐ La dilatation de la poche gastrique et/ou du calibre de l’anastomose gastro‐jéjunale peut être liée à une calibration insuffisance lors de l’intervention, et/ou associée à une intempérance du patient pour les boissons gazeuses, à une alimentation trop abondante ou à un régime trop riche en calories. Un scanner et un TOGD permettent de mesurer le volume de la poche gastrique et le calibre de l’anastomose. Le traitement consiste en une résection gastrique complémentaire associée à une nouvelle anastomose d’un diamètre inférieur. Une réduction par des sutures endoscopiques sans abord chirurgical est actuellement évaluée. Ces sutures peuvent être répétées en cas de résultat insuffisant. ‐ Une rare fistule gastro‐gastrique entre la poche et l’estomac restant peut expliquer la reprise pondérale en rétablissant le trajet digestif physiologique, en diminuant la restriction et en annulant la malabsorption. Le TOGD permet d’en faire le diagnostic. Une gastroscopie peut ne pas montrer la fistule en fonction de son calibre. Le traitement consiste en une résection chirurgicale de la fistule. Lorsque la fistule est proche de l'anastomose gastro jéjunale, celle sera refaite après résection de la fistule.
Conclusion La chirurgie de l’obésité est la seule méthode permettant une réduction pondérale conséquente et durable dans l’obésité morbide. Les échecs sont souvent liés à un manque de respect des consignes hygiéno diététiques, souvent conséquence d’une préparation pré opératoire insuffisante. Cette intempérance peut être associée à une cause chirurgicale ou être à l’origine d’une altération de la qualité du montage. Dans certains cas bien étayés par une imagerie de qualité, et après prise en charge médico‐psychologique prolongée, un traitement chirurgical pourra corriger cette cause ou permettra de réaliser une nouvelle chirurgie de l'obésité.
Bibliographie 1) Buchwald et al. Bariatric Surgery: A Systematic Review and Meta‐analysis. JAMA. 2004;292(14):1724‐1737 2). Nesset et al. A two‐decade spectrum of revisional bariatric surgery at a tertiary referral center. SOARD 2007;3:25–30. 3) Sutter et al. A 10‐year Experience with Laparoscopic Gastric Banding for Morbid Obesity: High Long‐Term Complication and Failure Rates. Obes Surg, 16, 829‐835 4) Sarella et al. Long‐term follow‐up after laparoscopic sleeve gastrectomy: 8–9‐year results . SOARD 2012 ‐ 8‐ 679–684 5) Thompson et al. Peroral endoscopic reduction of dilated gastrojejunal anastomosis after Roux‐en‐Y gastric bypass: a possible new option for patients with weight regain Surg Endosc 2006 20: 1744–1748
Faut‐il ajuster les traitements médicamenteux après chirurgie bariatrique ? L. Monassier, Pharmacologie, Faculté de Médecine et CHU de Strasbourg
En dépit d’une amélioration nette des co‐morbidités associées à l’obésité, la plupart des malades ayant bénéficiés d’une chirurgie bariatrique continue à avoir besoin de médicaments. Si on constate une nette réduction de l’emploi des médicaments antidiabétiques et antihypertenseurs, ces patients persistent à en avoir besoin et ils gardent fréquemment un traitement psychotrope. Certains auteurs ont même observé une majoration de l’utilisation des antalgiques, des anti‐infectieux et des antiulcéreux. Pourtant, et en dépit du développement rapide de cette chirurgie, il est surprenant de constater que peu d’études sérieuses se soient intéressées à en analyser les conséquences pharmacocinétiques et pharmacodynamiques. Ce travail est une nécessité car, quelle que soit la technique chirurgicale, on observe des altérations physiologiques potentiellement responsables de modifications pharmacocinétiques pour de nombreux médicaments. Ainsi, on peut noter des variations (1) de la dissolution et de la solubilité en parallèle des modifications du pH, (2) de la résorption en raison du court‐circuit réalisé sur le duodénum par la majorité des techniques, (3) du métabolisme intestinal du fait de modifications de la répartition des cytochromes P450 et, finalement, (4) des changements de distribution et
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d’activité de transporteurs d’efflux tels que la P‐glycoprotéine. De plus, les variations de résorption nutritionnelles peuvent, elles aussi, avoir des répercussions sur l’efficacité des thérapeutiques médicamenteuses. Ainsi, à titre d’exemple, on observe souvent une réduction de la résorption de la vitamine K dans la phase précoce suivant des chirurgies de « court‐circuit » pouvant nécessiter une supplémentation sous forme injectable d’abord suivie par un relai oral. Dans ce cadre, une majoration de l’efficacité des antivitamine K est à attendre bien que peu documentée. Le présent exposé aura pour objet de faire le point actuel de ce sujet et de dégager quelques règles et conduites à tenir pour la pratique.
Achalasie de l’œsophage en 2014 S. Perretta, D. Mutter, Service de Chirurgie Digestive et Endocrinienne, NHC
L’achalasie est un trouble moteur primitif de l’œsophage défini par une absence du péristaltisme du corps de l’œsophage et par une relaxation du SIO (sphincter inférieur de l'oesophage) absente ou incomplète lors de la déglutition. Le traitement a pour objectif de diminuer la pression du SIO (sphincter inférieur de l'oesophage) par section chirurgicale (myotomie extramuqueuse réalisable aujourd’hui par cœlioscopie), par dilatation pneumatique sous endoscopie, ou par action pharmacologique (dérivés nitrés par voie sublinguale, infiltration intrasphinctérienne de toxine botulique) pour permettre la vidange de l’œsophage sans provoquer de RGO. La myotomie chirurgicale de Heller suivi par une fundoplicature partielle est la technique chirurgicale de prédilection avec pour objectif de guérir définitivement cette pathologie. La technique de myotomie de référence est l’approche laparoscopique qui, nécessite 5 incisions abdominales pour être réalisée. Compte tenu de l’évolution de l’endoscopie flexible en tant qu’outil thérapeutique en tenant compte que le degré d’invasivité chirurgicale a un impact sur les résultats obtenus, il apparaît logique que la chirurgie et l’endoscopie s’associent pour travailler de concert. On peut concevoir que la génération actuelle d’endoscopistes et de chirurgiens participe à une véritable mutation de la pratique, initiée par l’avènement de la chirurgie endoscopique transluminale par les voies naturelles (NOTES).La myotomie endoscopique pérorale P.O.E.M est une nouvelle technique basée sur l’endoscopie dont l’indication principale est le traitement de l’achalasie (maladie de la motricité de l’œsophage).Les avantages de la technique P.O.E.M. consistent en l’absence d’incision abdominale favorisant une réduction de la douleur en post‐opératoire et une réduction du temps de récupération. Cette technique offre également l’avantage cosmétique de ne pas laisser de cicatrices. En 2007, Pasricha et al. ont décrit une technique endoscopique pour sectionner les fibres circulaires du SIO(1). INOUE améliore et diffuse la technique chez l’homme en 2008, et depuis de nombreuses procédures P.O.E.M ont été réalisées dans le monde (2). La meilleure indication pour P.O.E.M est l'achalasie mais ses indications se sont étendues a d’autres troubles moteurs primitifs comprennent la maladie des spasmes diffus de l’œsophage et l’œsophage casse‐noisettes. (3‐4‐5). La myotomie endoscopique pérorale décrite par Inoue vise à reproduire, sous anesthésie générale, par une dissection sous‐muqueuse endoscopique modifiée, une myotomie chirurgicale standard, par une approche proximale à distale, étendue sur une longueur moyenne de 8,1 cm dont 2 cm sur l’estomac. La création d'un tunnel sous‐muqueux oesophagien permet de visualiser la couche musculaire circulaire interne et, contrairement à la myotomie classique selon Heller, les auteurs sectionnent uniquement cette couche circulaire sans sectionner la couche musculaire longitudinale externe. En fin d’intervention la paroi œsophagienne est fermée par l’application de clips endoscopiques assurant une parfaite étanchéité. La morbidité de POEM reste remarquablement faible, la plupart des cas étant réalisés dans des centres avec une grande expérience dans la gestion des pathologies oesophagiennes(7‐10). Comparé à la myotomie de Heller avec fundoplicature partielle, le POEM a démontré des suites comparables et une incidence du reflux similaire (11‐12). Cette nouvelle technique, en cours d’évaluation, est une avancée majeure dans le traitement de l’achalasie. Peu invasive et sans cicatrices, elle permet des résultats à court et moyen terme excellents et peut être appliquée aux achalasies de tous stades de sévérité.
Pathologies des paupières, orbite, voies lacrymales A. Heitz, Service d’Ophtalmologie, NHC
Les pathologies des paupières, de l’orbite et des voies lacrymales sont aussi fréquentes que méconnues dans la pratique quotidienne.
Pourtant il s’agit des seules pathologies ophtalmologiques dont le diagnostic peut être posé simplement et ne nécessite pas d’appareillage spécifique. En effet, les signes cliniques sont visibles à l’œil nu et ne nécessite le plus souvent ni lampe‐à‐fente ni examen complémentaire. Dans votre pratique quotidienne, vous serez amené à rencontrer des pathologies dont le bilan est urgent telles qu’un ptôsis, une exophtalmie, une tumeur palpébrale ou encore une dacryocystite
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aigüe. Vous serez également amené à diagnostiquer des pathologies plus bénignes mais néanmoins très fréquentes telles que par exemple les blépharites, les chalazions, les dermatochalasis, les ectropions ou encore les entropions.
Le but de cette présentation est de vous aider à diagnostiquer de façon simple les pathologies principales, de décider si le bilan doit être urgent ou non et quelles sont les pathologies à référer vers un ophtalmologue.
Nous aborderons également les outils thérapeutiques dont on peut disposer pour traiter simplement et efficacement les pathologies péri‐oculaires les plus fréquentes.
La cigarette électronique E. Quoix, Service de Pneumologie, NHC
La cigarette électronique existe déjà depuis fort longtemps puisque le premier dispositif électronique remonte à 1965 et a été inventé par Herbert A Gilbert. Le premier rendu public et utilisant la technologie de nébulisation a été réalisé en 2003 par Hon Lik. La Golden Dragon Holdings a changé le nom de l'entre prise en "Ruyan" ce qui signifie "comme de la fumée". La technique de vaporisation par résistance chauffante a été inventée et brevetée en 2009 par le chinois David Yunqiang Xiu. Les cigarettes électroniques sont pour la plupart fabriquées en Chine. Le principe d'une cigarette électronique consiste à produire de la vapeur soit par l'utilisation d'ultrasons soit par l'utilisation d'une résistance chauffante (procédé le plus couramment utilisé). La résistance appelée "atomiseur" chauffe un liquide qui a la propriété de s'évaporer à une température proche de 50°C. Cette vapeur est inhalée par le "vapoteur". L'aérosol produit par l'inhalation qui enclenche le chauffage de la résistance puis du liquide est un brouillard de micro‐gouttelettes de couleur blanche, rappelant la fumée des cigarettes. Il est peu odorant. Le liquide peut contenir de la nicotine mélangée à du propylène glycol ou de la glycérine végétale et à des arômes. La règlementation européenne du 8 octobre 2013 indique que les cigarettes électroniques restent considérées comme des produits dérivés du tabac. Elles sont interdites de vente aux mineurs et de publicité. Elles restent en vente libre par ailleurs. Au‐delà d'une concentration en nicotine de 20mg/ml, le produit sera considéré comme un médicament et sa commercialisation réservée aux pharmacies comme c'est déjà le cas pour les substituts nicotiniques. L’autorisation ou non d’usage dans les lieux publics est très variable en l’état actuel des choses. L’efficacité éventuelle de la cigarette électronique sur le sevrage tabagique a fait l’objet de quelques travaux et notamment d’une étude dans le Lancet publiée en 2013. Cette étude qui a porté sur 584 fumeurs randomisés entre patch de nicotine et cigarette électronique objective un taux significativement plus élevé d’arrêt à 1 mois dans le groupe cigarette électronique. Par la suite, même s’il y avait numériquement plus de maintien d’abstinence à 3 mois et 6 mois, il n’y a plus aucune différence significative. En revanche , chez ceux qui ont poursuivi le tabagisme, il y avait plus de réduction de consommation dans le groupe cigarette électronique. Même si l’usage de la cigarette électronique n’ets bien sûr pas souhaitable en tant que tel (il serait dommage qu’elle représente un mode d’entrée dans le tabagisme pour les jeunes), son usage chez des fumeurs ayant du mal à s’arrêter permet en tout cas une réduction des risques en diminuant la consommation de cigarettes « normales ». Il y a encore bien des inconnues et notamment concernant ce qu’il adviendra de la composition des liquides dans les cigarettes électroniques lorsque les cigarettiers auront mis la main sur leur commerce ! Des controverses continuent entre ceux qui pensent que la cigarette électronique permet en tout cas une réduction des risques et ceux qui craignent qu’elle ne re »normalise » l’usage de la cigarette.
• L'e‐cigarette, bien fabriquée et bien consommée, est en elle‐même un produit qui présente des dangers infiniment moindres que la cigarette, mais pas totalement absents », estime le rapport de l'Office français de prévention du tabagisme (OFT) sur la cigarette électronique, daté de mai 2013.
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Signes évocateurs de cancers ORL J. Carvalho, A. Dupret‐Boeries, Ph. Schultz, Service ORL et Chirurgie cervico‐faciale, Hôpital Hautepierre
L'incidence des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) est estimé à plus de 600 000 nouveaux cas tous les ans à travers le monde avec un taux de décès de 54 %, ce qui en fait le cinquième cancer en incidence. Ils représentent environ 15 % de la totalité des cancers chez l'homme, 2% chez la femme [1].
Parmi les cancers des VADS, on peut opposer deux groupes qui sont différents par leur épidémiologie et leur histologie. Se sont pour la plupart d'entre eux (cavité buccale, larynx, pharynx) des carcinomes épidermoïdes survenant principalement chez l'homme d'âge mûr alcoolo‐tabagique (mais les femmes et les sujets jeunes sont de plus en plus concernés), d'autres facteurs sont maintenant connus ou suspectés. Les autres cancers (fosses nasales, cavités sinusiennes et nasopharynx) sont plus rares, ont une prédominance masculine moins marquée, touchent l'enfance (nasopharynx) et sans relation avec l'alcoolo tabagisme. Leur origine est reliée à des facteurs professionnels (éthmoide) ou à des facteurs viraux, virus d'Epstein‐Barr, génétiques et alimentaires (nasopharynx). Au cours de ces dernières années, si globalement l'incidence des cancers des VADS a tendance à diminuer, une nouvelle entité clinique est apparue avec les cancers oropharyngés associés au papilloma virus humain [2].
Les carcinomes épidermoïdes, et en particulier ceux du premier groupe, semblent pouvoir s'installer de deux façons : soit la muqueuse se cancérise d'emblée, soit elle passe par des étapes dites précancéreuses. Les lésions précancéreuses sont les leucoplasies, les érythroplasies, le lichen plan et, essentiellement en Asie, la fibrose sous‐muqueuse. Les cancers invasifs ont, en dehors de leur agressivité locale, une lymphophilie marquée puis un potentiel métastatique viscéral notable. Le risque de localisations multiples concomitantes ou successives assombrit le pronostic des tumeurs des VADS [3].
Le pronostic est lié au diagnostic précoce. Ce dernier dépend de la sagacité du médecin généraliste qui sait évoquer le cancer devant tout symptôme d'appel des VADS et de la région cervicale, sur tout si ce symptôme est fixe, unilatéral et persiste plus de trois semaines. Toute douleur, ulcération persistante, trouble de la voix ou de la déglutition chez un patient qui présente des facteurs de risque alcool tabagique doit alerter et inciter à faire un examen clinique minutieux à la recherche d’une ulcération ou d’une tumeur bourgeonnante. Au moindre doute, un avis ORL pour un examen sous anesthésie générale avec biopsie doit être programmé. Outre les signes spécifiques à chaque localisation, les cancers des VADS ne peuvent se manifester au début que par une adénopathie cervicale. Le bilan doit être organisé le plus rapidement possible de façon à pouvoir initier le traitement au plus tôt. Un faisceau d’arguments scientifiques milite en faveur d’un impact négatif du délai de mise en œuvre du traitement sur le contrôle local et la survie. Le délai entre la première consultation par l’équipe qui va prendre en charge le patient et le recueil des éléments nécessaires à la prise de décision et à l’organisation thérapeutique doit être idéalement de 2 semaines et ne devrait pas dépasser 4 semaines [4]. Références : [1] Ferlay J, Shin HR, Bray F. GLOBOCAN 2008, Cancer Incidence and Mortality Worldwide : IARC CancerBase n°10. Lyon, France : IARC 2010 [2] J.‐L. Lefebvre, D. Chevalier. Épidémiologie des cancers des voies aérodigestives supérieures. EMC ‐ Oto‐rhino‐laryngologie 2012;7(2):1‐11 [Article 20‐947‐A‐10]. [3] Scully c, Fields JK, Tanzawa H. Génétic aberrations in orla or head and neck squamous cell carcinoma (SCCHN) : 1.Carcinogen metabolism, DNA repair and call cycle control.Oral Oncol, 2000, 36 : 256‐263 [4] RECOMMANDATION POUR LA PRATIQUE CLINIQUE ‐ Bilan préthérapeutique des carcinomes épidermoïdes des VADS ‐ SFORL 2012
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Sigmoïdites diverticulaires C. Brigand, Service de Chirurgie Générale et Digestive, Hôpital de Hautepierre
Résumé non communiqué
CAT devant une hypogamma‐globulinémie A. Korganov,
Résumé non communiqué
Prise en charge médicamenteuse de la personne âgée B. Michel
Le vieillissement de la population entraîne un profond bouleversement dans le paysage sanitaire, social et économique. La poly‐pathologie, fréquente chez la personne âgée, est souvent responsable d’une poly‐médication reconnue pour être associée à un risque iatrogénique important.
L’iatrogénie médicamenteuse est fréquente après 65 ans. Sa prévalence est élevée, variant de 10 à 40% selon les études, et est responsable de 5 à 10 % des hospitalisations chez les plus de 65 ans et de plus de 20% chez les plus de 80 ans. Or l’hospitalisation représente la première cause de déclin fonctionnel chez la personne âgée.
Principal prescripteur chez le sujet âgé, le médecin généraliste va voir croître son activité auprès de cette population. Prévenir l’iatrogénie médicamenteuse chez la personne âgée devient donc pour lui un enjeu majeur de santé publique. Les recommandations à ce propos se multiplient. Elles émanent notamment de l’Haute Autorité de Santé (HAS) et récemment de l’Académie Nationale de Médecine [1].
Comment prévenir l’iatrogénie médicamenteuse chez la personne âgée ? Deux approches non exclusives mais complémentaires sont proposées ici : il s’agit d’aborder d’une part la prescription inappropriée de médicaments et d’autre part la prise inappropriée de médicaments.
1‐ La prescription inappropriée de médicaments La prescription inappropriée est définie par la prescription d'un médicament, en l'absence d'indication démontrée, ayant un risque élevé d'effets indésirables, et ayant un rapport coût‐efficacité et/ou bénéfice‐risque défavorable.
Cette définition amène à considérer 3 catégories de prescriptions sous‐optimales: 1) l’ « overuse » ou excès de prescription : lorsque des médicaments non indiqués ou
présentant une efficacité discutable sont prescrits. 2) le « misuse » est le concept le plus étudié. Un médicament est considérée comme
inapproprié lorsque les risques potentiels encourus l’emportent sur les bénéfices potentiels attendus.
3) l’ « underuse » ou défaut de prescription : lorsque des médicaments indiqués et efficaces ne sont pas prescrits.
D'autres considérations, qui déterminent le caractère inapproprié de la prescription, incluent les besoins et les attentes du patient (et de l’entourage familial) ainsi que les conséquences de l’utilisation d’un médicament pour la société (impact économique, mobilisation des ressources en soins).
Les outils de détection des médicaments potentiellement inappropriés (MPI) chez la personne âgée (approche par alerte sur le médicament)
Aux États‐Unis, Beers fut le premier à introduire la notion de PMI en 1991 et à mettre au point une liste de médicaments potentiellement inappropriés chez la personne âgée, outil développé à partir d’opinions d’experts et de conférences de consensus [2]. D’autres listes suivirent notamment celle de Laroche et coll. adaptée à la pratique française [3]. Devant les limites et les controverses de ces listes, en 2008, Gallagher et coll. élaborèrent un outil explicite de dépistage des MPI prenant en considérant le médicament lui‐même mais également le contexte physiopathologique: il s’agit de l’outil STOPP‐START [4]. La liste STOPP (Screening Tool of Older Person's Prescriptions) est ainsi un référentiel proposé pour l'identification des médicaments potentiellement inappropriés chez les personnes âgées. La proportion des PMI dépistées par cet outil, en ambulatoire, varie selon les études de 21 à 52%.
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Les études d’impact clinique Le devenir des malades exposés aux MPI a été étudié selon plusieurs critères d’impact : la majoration ou non du recours à l’hospitalisation, du recours aux soins externes (consultations en ville…), de la mortalité. A ce jour, après ajustements des facteurs confondants, aucune démonstration formelle d’un lien direct (imputabilité) entre les MPI et le devenir du patient selon l’un des critères précités n’a pu être mise en évidence. La relation est souvent statistique mais non causale.
2 ‐ La prise inappropriée de médicaments L’automédication, l’observance et l’écrasement des médicaments constituent autant de situations de prises inappropriées de médicaments. Peu de données existent concernant les comportements liés à l’automédication chez la personne âgée. Les taux d’observance décrits quant à eux oscillent entre 34 et 90% selon les études (avant tout une sous médication). Les premiers déterminants de l’inobservance paradoxalement ne sont pas les effets indésirables des médicaments mais le nombre élevé de médicaments à prendre et les capacités cognitives et physiques altérées des patients (par ex. troubles articulaires des mains : dans une étude, 57 % des personnes âgées interrogées ne pouvaient ouvrir un flacon). L’adaptation de la galénique des médicaments au contexte clinique (troubles de la déglutition...) est un versant de la prise en charge médicamenteuse de la personne âgée qui est souvent délaissé. L’écrasement et l’ouverture des médicaments sont souvent contre‐indiqués mais néanmoins pratiqués [5].
Conclusion Les prescriptions inappropriées et les prises inappropriées de médicaments sont des révélateurs des manques de transversalité de notre système de soins. Des outils/approches sont disponibles. Il conviendrait de les intégrer dans une démarche de coordination entre la ville et l’hôpital afin d’optimiser la prise en charge médicamenteuse des personnes âgées. Bibliographie
1‐ Bull.Acad. Natle Méd. 2012 ; 196, nos 4‐5, 1031‐1035 2‐ J Am Geriatr Soc. 2012; Apr;60(4):616‐31. 3‐ Eur J Clin Pharmacol. 2007 Aug;63(8):725‐31 4‐ Rev can santé publique 2009;100(6):426‐31 5‐ Rev Med Interne. 2012 Oct;33(10):546‐51
Vaccins et maladies auto‐immunes T. Martin, Service de Médecine Interne et d’Immunologie clinique, NHC
La problématique vaccins et auto‐immunité est double : 1) Un vaccin peut‐il induire une maladie auto‐immune ou aggraver une pathologie
auto‐immune préexistante ? 2) Doit‐on administrer certains vaccins particuliers chez les patients atteints de
maladie auto‐immune ? Ces vaccins sont‐ils efficaces ? En ce qui concerne le problème (1), on peut résumer les données actuelles en disant
qu’il n’y a aucune preuve qu’un vaccin puisse induire une maladie auto‐immune de novo. Par ailleurs, de nombreuses études de vaccinations (notamment anti‐grippale, anti‐pneumococcique, anti‐VHB) effectuées chez des patients atteints de pathologies auto‐immunes ont montré que les vaccins ne s’accompagnent pas d’une augmentation de la fréquence des poussées.
En ce qui concerne l’administration de vaccins chez les patients atteints de maladies auto‐immunes les principales recommandations sont les suivantes : le calendrier vaccinal doit suivre celui des personnes saines. Le vaccin anti‐grippal saisonnier et le vaccin anti‐pneumococcique sont recommandés. En effet, il existe une augmentation de l’incidence des infections notamment broncho‐pulmonaires chez les patients atteints de maladies auto‐immunes (bien démontrée pour sclérodermie, PR, lupus) liée probablement au traitement immuno‐suppresseur mais également au terrain. Il faut éviter dans la mesure du possible de vacciner au moment d’une poussée. Les vaccins peuvent être administrés en même temps que les immuno‐suppresseurs avec toutefois un risque d’efficacité moindre. Les traitements induisant une déplétion des lymphocytes B (anti‐CD20 ) ont une place à part dans la mesure où ils inhibent fortement la vaccination.
Enfin, d’une manière générale, les vaccins vivants sont contre‐indiqués en cas de traitement immuno‐suppresseur.
Comment j’informe une famille sur le pronostic d’un malade hospitalisé en réa ? F. Schneider, Service de Réanimation Médicale, Hôpital de Hautepierre
L’information des patients est une obligation déontologique, devenue légale en 2002 selon des modalités devant être tracées dans le dossier médical. Quand un malade est admis en réanimation, il est :
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- conscient : il devient donc le premier partenaire de discussion du pronostic, voire le seul
- ou alors il présente des troubles de la vigilance, obligeant le médecin à dialoguer avec la personne de confiance qu’il aura dûment désignée.
Aujourd’hui, le colloque singulier qui prend place à cette occasion requiert de plus en plus de formalisme pour des raisons médico‐judiciaires parfois, mais aussi du fait d’un accès plus facile à l’information en général, à l’information médicale en particulier (journaux spécialisés ou non, Internet, échanges sociaux individuels ou en réseaux…). Notre société savante a formalisé des procédures d’information des malades : elles nécessitent en particulier un temps incompressible et des étapes impliquant des témoignages qui resteront tangibles dans le dossier médical. En pratique, l’information doit être délivrée dans des conditions confortables et calmes, permettant sérénité et confidentialité malgré l’urgence. Le pronostic d’un malade admis en réanimation s’est considérablement modifié au cours des 30 dernières années. Il varie selon les compétences médicales et les moyens matériels mis en œuvre, le terrain et les caractéristiques de la maladie motivant l’admission. Ainsi la spécialisation des centres de soins est de nature à améliorer certains aspects du pronostic vital (centres de transplantation, de chirurgie spécialisée, d’oncologie, de traitement des maladies rares…), mais pas nécessairement le pronostic fonctionnel qui dépend plus de la sévérité de l’agression inflammatoire initiale. Les aspects qui intéressent en priorité les malades de réanimation touchent à la mortalité : celle‐ci avoisine aujourd’hui 20 à 25% dans les grands centres polyvalents (versus 30 à 40% il y a 30 ans). Ce progrès survient parallèlement à un avancement des âges moyens d’admission en réanimation (passés de 56 à 68 ans en 30 ans), de la sévérité des pathologies motivant l’hospitalisation (les malades les moins graves sont soignés en USC ou en SI), et des comorbidités(les pathologies associées sont rarement des critères d’exclusion à la réanimation alors qu’elles peuvent l’être pour un traitement). Le pronostic vital à un mois peut s’évaluer par le score IGS II établi après 24h d’hospitalisation (17 paramètres) : il s’agit risque de survie moyenné à 28 jours. Le score APACHE II (16 paramètres) donne une information sur la sévérité de la maladie à l’admission, elle‐même liée de façon indirecte au pronostic vital immédiat. Ces approches fournissent des valeurs moyennes établies sur de larges cohortes, et correspondent exceptionnellement au pronostic individuel réclamé par le malade (médecine « sur mesure »). Quelques tentatives de « biomarquage » précoce du pronostic sont en cours. Actuellement, de nombreux malades sont admis en réanimation sur la base de demandes téléphoniques fondées sur la définition du décret organisant la réanimation en France : la subjectivité liée à l’impossibilité d’examiner soi‐même le malade rend alors toute évaluation du pronostic non fiable. Au‐delà de la mortalité, les malades souhaitent également être informés aujourd’hui de façon précise sur le pronostic fonctionnel, même si rares sont ceux qui souhaitent discuter eux‐mêmes des modalités de limitation ou d’arrêt thérapeutique comme la loi les y autorise. Le pronostic fonctionnel à la sortie de la réanimation est un élément déterminant de dépendance dans les services hospitaliers de destination, voire pour le retour à domicile en ces périodes d’hospitalisation à domicile. La perte d’autonomie, même partielle, génère des handicaps que les médecins traitants (généralistes essentiellement) et/ou l’entourage permettent de mieux cerner pour le quotidien ultérieur. Le pronostic fonctionnel d’une réanimation lourde inclut des déficits musculo‐squelettiques parfois handicapants en‐dehors de toute atteinte neurologique centrale ou traumatique (polyneuropathies de réanimation), ainsi que des troubles cognitifs par différents mécanismes. Le passage en réanimation au cours de pathologies oncologiques ou hématologiques à l’occasion d’un événement évolutif peut induire un doute pronostique chez le malade : le réanimateur peut alors corriger les croyances sur l’irréversibilité de certaines complications aux mécanismes documentés (toxicité médicamenteuses, iatrogénie….), mais confirmer l’inaccessibilité définitive de certaines situations (aplasies ou chocs réfractaires, lésions cérébrales cruciales…). C’est alors parfois l’occasion de rappeler que les réanimateurs sont autorisés à mettre en œuvre des thérapeutiques palliatives dans leur servies selon des procédures recommandées par les sociétés savantes et les autorités administratives, compatibles avec les lois de notre société civile mais aussi le confort physique et moral du malade. En conclusion, la mort est devenue moins inéluctable en réanimation. Des survies inespérées sont possibles, mais des atteintes fonctionnelles résiduelles, transitoires ou incomplètes, font partie des risques dont les malades doivent être informés de façon à prendre avec eux les décisions thérapeutiques appropriées à leurs souhaits. Ces notions renforcent l’idée qu’il est devenu indispensable pour chacun de désigner clairement une personne de confiance tant qu’on a l’esprit clair et serein. Enfin, le dialogue sur le pronostic souvent abordé à l’admission, doit également évoluer quotidiennement au cours de l’hospitalisation et au gré des réponses aux
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traitements avec le malade, la famille, voire le médecin traitant à certaines occasions comme les décisions de limitation ou d’arrêt des soins.
Références - www.conseil‐national.medecin.fr/.../article‐35‐information‐du‐malade‐259 - www.sante.gouv.fr/fichiers/bo/2003/03‐45/a0453485.htm - www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=SANX0407815L - Le Gall JR, Lemeshow, S, Saulnier F. A new simplified acute physiology score based on a
European/North American multicenter study. JAMA 1993 ; 270 : 2957‐2963 - Knaus WA, Draper EA, Wagner DP, Zimmerman JE (1985). APACHE II: a severity of disease
classification system. Crit Care Med 1985 ; 13: 818–29.
Radiothérapie des carcinomes non à petites cellules broncho‐pulmonaires G. Noel, Service de Radiothérapie, Centre Paul Strauss
Le cancer broncho‐pulmonaire est un problème de santé publique. Les traitements bien qu’ils aient fait de grands progrès ces dernières années ne permettent que rarement de guérir des cancers localement avancés et encore moins des cancers métastatiques. La prise en charge des cancers découverts à un stade précoce est donc un challenge important pour les thérapeutes. La chirurgie reste le traitement de référence pour les tumeurs classées T1 ou T2 N0M0. Une chimiothérapie adjuvante peut parfois être indiquée. Cependant, il semble clair que la radiothérapie bien que fractionnée donne des résultats supérieurs à ceux de la radiofréquence [1]. La radiothérapie en conditions stéréotaxiques est un traitement qui associe une détection tumorale et une mise en place du patient submillimétrique mais aussi la délivrance de dose élevée par fraction de 4 à 10 fois la dose classiquement délivrée en radiothérapie. Ce traitement initialement utilisé pour les patients atteints de métastases cérébrales s’est développé dans le cadre extra‐crânien. Les tumeurs pulmonaires sont une des indications primordiales de ce traitement. La radiothérapie en conditions stéréotaxique (stereotactic body radiation therapy ‐ SBRT) est utilisée dans un objectif curatif, non pas en remplacement de la chirurgie mais en remplacement dans les cas de contre indications chirurgicales ou de refus du patient. Les patients âgés sont les principaux bénéficiaires de ce traitement [2, 3]. Outre la sélection attentive des patients, la préparation en vu d’un tel traitement est très important car il conditionne les résultats de la SBRT. Comme pour toute la radiothérapie le patient a une scanner dosimétrique sans et avec injection du fait, de la protection nécessaire des organes à risque à proximité de la tumeur. Ce scanner associera en plus de la vue 3 D, une 4ème dimension en prenant en compte le mouvement ventilatoire. Plusieurs possibilités peuvent alors se présenter, soit la tumeur a un mouvement inférieur de 1 cm dans toutes les dimensions et le patient sera traité sans autre contrainte que celle de ventiler posément, soit le mouvement est supérieur. L’examen permettra de détecter si ce mouvement est secondaire à une ventilation principalement par mouvement abdominal ou par expansion ventilatoire. Dans le premier cas, une compression abdominale permettra de limiter le mouvement tumoral dans le second un contrôle ventilatoire ou gating sera nécessaire. Une fois obtention de l’imagerie, un recalage avec une imagerie TEP permettra de confirmer la bonne détection tumorale. La tumeur sera alors délinée ainsi que les organes à risque. Les faisceaux seront multiples, non coplanaires. Cette multiplication des faisceaux permet de limiter l’irradiation des tissus traversés et de diminuer le risque de complications. Les doses délivrées sont de 60 Gy avec trois protocoles, 8 fraction de 7,5 Gy, 5 fractions de 12 Gy ou 3 fractions de 20 Gy. Les séances sont de l’ordre de 2 par semaine. Le choix de chacun dépend de la localisation tumorale, respectivement, centrale, périphérique ou intra‐parenchymateuse [4]. Sur le plan radiobiologique, la correspondance avec des doses classiques de 1,8 à 2 Gy délivrant une dose de 60 à 70 Gy, représente plus de 100 – 160 Gy. C’est dans ce cadre que l’on parle de dose ablative. Les voies de recherche semble démontrer que l’effet radiobiologique des tumeurs est différent selon que l’on soit en fractionnement classique (dose ablative) [5]. Le point principal est probablement une action différentielle dans la redistribution dans le cycle cellulaire et dans l’action des rayonnements ionisantes sur les vaisseaux ciblant plus la vasculogénèse que l’angiogénèse [6]. Une fois la dosimétrie calculée et le traitement validé, le contrôle en cours de traitement est primordial via le contrôle par une imagerie embarquée sur les accélérateurs linéaires (imaging guided radiation therapy). Ces contrôles permettent de s’assurer d’une part de la bonne mise en place mais aussi que la tumeur est bien incluse dans les faisceaux de traitement. Les résultats de la radiothérapie en conditions stéréotaxiques sont largement supérieurs à ceux obtenus avec la radiothérapie classique pour obtenir des taux de contrôle local de l’ordre 85‐90 à 2‐3 ans et des taux de survie à 5 ans supérieurs à 70% alors que le taux de contrôle local avec l’irradiation classique ne dépasse que rarement 40% et les taux de survie 10% [7‐9].
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Les taux de complications de la radiothérapie en conditions stéréotaxiques pulmonaires sont faibles, inférieur à 5%. Ils s’agit principalement des pneumopathies radiques, des douleurs thoraciques associées ou non à des fractures de côtes. Le taux de complications reste faible dans une méta‐analyse inférieurs à celles que l’on observe avec la radiothérapie classique. La compréhension de ce faible taux n’est pas encore complètement acquis, mais s’associent probablement le faible volume irradié mais aussi les fortes doses qui annihilant la survie cellulaire (dont celle d’une partie de tissus sains) évite la réaction inflammatoire cause de certaines complications principalement pulmonaire. Cependant, il est clair aujourd’hui que le nombre de fractions doit être adapté à la localisation pour éviter les complications, cependant sans altérer le taux de contrôle local. Dans le cadre des traitements du cancer du poumons, la radiothérapie en conditions a permis, en l’absence de chirurgie, de passer d’un traitement à visée palliative des tumeurs classées T1‐2N0M0 à un traitement curatif.
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