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5 n°82 - mai 2019 La Belgique soigne-t- elle bien ses aînés ? A intervalles réguliers, le KCE sort un « rapport sur la performance du sys- tème belge de soins de santé ». Qu’est- ce que le Centre d’expertise a observé au niveau des soins tant aigus que de longue durée – formels ou profes- sionnels, à domicile ou en structure résidentielle – qui sont dispensés aux 65 ans et + ? C’est-à-dire à quasi 20% de la population que comptait la Bel- gique l’an dernier… Immersion dans quelques tendances chiffrées, avec halte spéciale aux points d’attention. @ J.M. Le KCE, en cheville avec Sciensano, l’Inami et le SPF, sort périodiquement un « rapport sur la performance du sys- tème belge de soins de santé ». On y repère, se détachant en négatif par rapport aux résultats encourageants, les faiblesses à tenir à l’œil. Le dernier de ces monitorings en date, édité fin avril, se construit toujours selon cinq dimensions (l’accessibilité, la qualité, l’efficience, la soutenabilité et l’équité des soins), et à la lueur de plus de 120 d’indicateurs – dont certains récemment introduits. Les travaux décortiquent Trop souvent à l’hôpital Le gros constat du KCE au rayon des soins de fin de vie (tous âges confondus) n’éton- nera pas les fidèles du dossier : l’hôpital de- meure le lieu de décès le plus fréquent pour les personnes atteintes de cancer « alors que ce n’est pas le souhait de la majorité d’entre elles ». Positivons : le KCE relève aussi une (légère) progression du recours aux soins palliatifs, et ce, dans un timing plus opportun (comprenez : plus précoce). Le tout demande à être confirmé à la prochaine édition, en élar- gissant les observations à d’autres catégories de patients que ceux atteints d’une pathologie engageant le pronostic vital, comme les per- sonnes qui souffrent de maladies chroniques ou dégénératives. 63% DES PATIENTS ATTEINTS DE CANCER DÉCÈDENT À L’HÔPITAL, CONTRE 23,1% À DOMICILE ET 6,8% EN MR(S). SOIT UN TOTAL DE 29,9% DE DÉCÈS AU LIEU DE RÉSIDENCE HABITUEL. PPLW : LA 1ÈRE LIGNE EN MODE COLLÉGIAL SOINS AUX AÎNÉS : LES PLUS, LES MOINS ACTES DÉLÉGUÉS : RÉACTION DE FÉDÉS CONCOURS AGENDA

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5 n°82 - mai 2019

La Belgique soigne-t-elle bien ses aînés ?A intervalles réguliers, le KCE sort un « rapport sur la performance du sys-tème belge de soins de santé ». Qu’est-ce que le Centre d’expertise a observé au niveau des soins tant aigus que de longue durée – formels ou profes-sionnels, à domicile ou en structure résidentielle – qui sont dispensés aux 65 ans et + ? C’est-à-dire à quasi 20% de la population que comptait la Bel-gique l’an dernier… Immersion dans quelques tendances chiffrées, avec halte spéciale aux points d’attention. @ J.M.

Le KCE, en cheville avec Sciensano, l’Inami et le SPF, sort périodiquement un « rapport sur la performance du sys-tème belge de soins de santé ». On y repère, se détachant en négatif par rapport aux résultats encourageants, les faiblesses à tenir à l’œil.

Le dernier de ces monitorings en date, édité fin avril, se construit toujours selon cinq dimensions (l’accessibilité, la qualité, l’efficience, la soutenabilité et l’équité des soins), et à la lueur de plus de 120 d’indicateurs – dont certains récemment introduits. Les travaux décortiquent

Trop souvent à l’hôpital Le gros constat du KCE au rayon des soins de fin de vie (tous âges confondus) n’éton-nera pas les fidèles du dossier : l’hôpital de-meure le lieu de décès le plus fréquent pour les personnes atteintes de cancer « alors que ce n’est pas le souhait de la majorité d’entre elles ». Positivons : le KCE relève aussi une (légère) progression du recours aux soins palliatifs, et ce, dans un timing plus opportun (comprenez : plus précoce). Le tout demande à être confirmé à la prochaine édition, en élar-gissant les observations à d’autres catégories de patients que ceux atteints d’une pathologie engageant le pronostic vital, comme les per-sonnes qui souffrent de maladies chroniques ou dégénératives.

63% DES PATIENTS ATTEINTS DE CANCER DÉCÈDENT À L’HÔPITAL,

CONTRE 23,1% À DOMICILE ET 6,8% EN MR(S). SOIT UN TOTAL

DE 29,9% DE DÉCÈS AU LIEU DE RÉSIDENCE HABITUEL.

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également des thématiques particulières, en ce com-pris les soins aux personnes âgées ou encore les soins de fin de vie.

Justement, quels sont les points d’attention rele-vés au niveau des soins tant aigus que de longue durée – formels ou professionnels, à domicile ou en structure résidentielle - dispensés aux 2 millions de personnes d’au moins 65 ans que la Belgique totalisait l’an dernier ?

Priorité aux moins autonomesD’après les données disponibles les plus récentes (2016), 8,5% de ce groupe-cible vivent en struc-ture de soins résidentielle, tandis que 5,1% re-çoivent des soins infirmiers à domicile. Comparée aux autres pays de l’OCDE, la Belgique recourt de façon plus importante aux soins résidentiels et moins aux soins à domicile. Bruxelles est la région où le moins d’aînés en consomment (3,3%, quasi trois fois moins que dans le Limbourg par exemple).

Le nombre de lits résidentiels a augmenté à partir de 2015, pour atteindre l’an passé 68 lits par 1.000 per-sonnes de +65 ans. Au hit-parade européen, la Belgique n’est précédée à ce niveau que du Luxembourg et des Pays-Bas. S’il est nécessaire de continuer à ouvrir des lits, les places disponibles devraient être réservées en priori-té aux personnes âgées nécessitant les soins les plus in-tensifs, écrit le KCE en appelant au développement de formes alternatives d’hébergement.

Les chercheurs ont ajouté un nouvel indicateur pour surveiller la problématique, qui mesure le pourcentage des aînés relevant des catégories O ou A de l’échelle de Katz et vivant dans une structure résidentielle. « Ce pourcentage a continuellement décru entre 2011 et 2018, passant de 32% en 2011 à 25% en 2018. » On avance dans le bon sens, donc, mais ça coince tou-jours à certains endroits. À Bruxelles, plus d’un tiers des aînés qui vivent en institution sont encore auto-nomes (contre moins de 20% en Flandre).

Des paramètres qu’il faudrait suivreLe KCE se penche également sur la sécurité dans les MR(S) en s’attachant à des causes majeures de morbi-dité et de mortalité comme les chutes, escarres et infec-tions nosocomiales. « Aurait voulu se pencher » serait

n°82 - mai 2019

EN 2018, IL Y AVAIT PLUS DE 144.000 LITS RÉSIDENTIELS AU TOTAL, UN MIEUX DANS L’ADÉQUATION AVEC

LES BESOINS, SELON LE KCE… MAIS BRUXELLES COMPTE TOUJOURS

34% DE RÉSIDENTS PEU DÉPENDANTS.

> Les places disponibles dans le résidentiel devraient être réservées en priorité aux aînés nécessitant les soins les plus intensifs, rappelle le KCE.

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plus exact, car l’insuffisance de données (absence de données historiques, collecte en Flandre mais pas ail-leurs dans le pays…) l’a freiné dans son analyse. Sauf peut-être au niveau du nosocomial, où il évoque une diminution continue de la prévalence du portage du MRSA (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline) dans les maisons de repos et de soins, passant de 19% en 2005 et 12,2% en 2011 à 9% en 2015. Cela doit, dit-il, « rester un point d’attention permanent pour les travailleurs et le management des structures de soins résidentiels ».

Outre l’encadrement au quotidien, les plus âgés ont évi-demment besoin aussi, ponctuellement, de soins aigus. Mais la Belgique manque de gériatres. Diverses actions ont été entreprises pour repeupler la filière, y compris en jouant sur l’aspect rémunération, indique le KCE. Mais à ce jour, notre pays affiche, par rapport aux pays du G-7, un taux de 0,3 gériatre pour 10.000 seniors de 65 ans et + (il va jusqu’à 2,4 au Royaume-Uni). Le KCE tire aussi le signal d’alarme quant à la raréfaction des médecins de famille, qui grisonnent (cf. encadré « Fort grisonnants, trop peu nombreux », page 8).

Prévention, continuité des soins, prescriptions chez les + de 65 ou les + de 75 ans, selon le milieu de vie

80 Rapport Performance 2019 KCE Report 313B

Résumé des indicateurs spécifiques pour la population âgée de +65/+75 ans

Le Tableau 18 et le Tableau 19 résument les indicateurs relatifs à la population âgée qui sont rapportés dans d’autres sections. Le Tableau 18 présente une comparaison pour les personnes âgées de +65 ans, entre celles ne recevant aucun type de soins de longue durée, celles recevant des soins infirmiers à domicile et celles vivant en structure résidentielle. Le Tableau 19 présente une comparaison pour les personnes âgées de +75 ans, entre celles vivant en institution et celles vivant à domicile.

De manière générale, le fait de recevoir des soins à domicile ou de vivre en structure résidentielle est associé à un taux plus élevé de vaccination contre la grippe et à une fréquence plus élevée des contacts avec des MG. Le fait de vivre dans une structure résidentielle est néanmoins également associé à une plus grande consommation d’antidépresseurs, d’antibiotiques et de médicaments anticholinergiques ainsi qu’à une fréquence moins élevée des contacts avec des ophtalmologues chez les patients diabétiques.

Tableau 18 – Indicateurs déjà rapportés dans d’autres sections, spécifiquement pour la population des personnes âgées (+65 ans) (ID) Indicateur Année Source Belgi

que Sans soins

formels (+65 ans) Soins à domicile (+65 ans)

MRS/MRPA (+65 ans)

Prévention P-4 Vaccination contre la grippe

(% pop. âgée de +65 ans) 2016 AIM 54,7 53,8 70,7 82,1*

Continuité des soins QC-2 Indice de continuité (Usual Provider Continuity) ≥ 0,75 2015-2016 AIM 67,6 66,9 83,2 80,5 QC-3 Contact avec le MG dans les 7 jours suivant la sortie

d’hôpital (% de patients de +65 ans) 2016 AIM 56,6 50,2 68,0 69,5

Sécurité QS-6 Polymédication chez les patients âgés (au moins 5

médicaments, avec plus de 80 DDD par an) (% pop. assurée de +65 ans)

2016 Pharmanet Sciensano

39 % n.d. n.d. n.d.

Les données des soins infirmiers à domicile de longue durée se basent sur la facturation des forfaits journaliers. *Grippe : résultats pour les +65 ans en MRPA /MRS en Wallonie et à Bruxelles uniquement (résultats pour le Flandre non disponibles dans les données AIM) ; DDD = defined daily dose, dose quotidienne déterminée n.d. = non disponible

KCE Report 313B Rapport Performance 2019 81

Tableau 19 – Indicateurs spécifiques pour la population âgée de +75 ans (ID) Indicateur Année Source Ne vivant pas en

institution (+75 ans) Vivant en institution (MRS

ou MRPA) (+75 ans)

MH-7 Prise d’antidépresseurs (% pop. +75 ans, au moins une fois par an) 2016 AIM 18,9 48,6 QA-1 Proportion de diabétiques adultes bénéficiant d’un suivi adéquat (% des

diabétiques +75 ans sous insuline) 2016 AIM 30,7 20,1

QA-2 Proportion de diabétiques adultes bénéficiant d’un suivi adéquat (% des patients antidiabétiques de +75 ans non insulino-dépendants)

2016 AIM 10,6 2,3

QA-4 Recours aux antibiotiques (% de la population +75 ans, au moins une fois dans l’année)

2016 AIM 44,4 62,2

QA-5 Recours aux antibiotiques de 2e intention (% du total des DDD d’antibiotiques dans la pop. +75 ans)

2016 AIM 55,1 49,4

ELD-10

Prescription de médicaments anticholinergiques > 80 DDD chez les personnes âgées (% de la pop. +65 ans)

2016 AIM 22 52

DDD = defined daily dose, dose quotidienne déterminée.

Conclusion

Le portage du MRSA dans les structures de soins résidentiels pour personnes âgées est en réduction mais doit rester un point d’attention permanent pour le personnel et le management de ces établissements. Les données sur les incidents de chutes et les escarres sont difficiles à interpréter car elles ne sont disponibles que pour les établissements flamands et on ne dispose de données fiables que depuis récemment. Il est recommandé de mesurer également ces indicateurs de qualité dans d’autres régions afin de surveiller la situation et d’attirer l’attention sur la nécessité des efforts à faire en matière de prévention.

Trop de médicaments anticholinergiques sont prescrits aux personnes âgées et, dans les structures de soins résidentiels, trop d’antipsychotiques sont également prescrits. Il est nécessaire d’améliorer le comportement de prescription des médecins, ce qui peut se faire par des formations et un meilleur respect des recommandations. Enfin, le nombre de patients sous polymédication reste relativement élevé par rapport aux autres pays mais s’est légèrement réduit au cours du temps.

Le fait de vivre en structure résidentielle est synonyme de taux plus élevé de vaccination contre la grippe et de contacts avec le médecin généraliste. Mais il est aussi associé à une plus grande consommation d’antidépresseurs, d’antibiotiques et de médicaments anticholinergiques, ainsi qu’à une fréquence moins élevée des contacts avec des ophtalmologues chez les patients diabétiques.

Source : KCE rapport 313B, Performance 2019

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Des ordonnances fort copieusesLe KCE signale encore qu’on prescrit encore trop de mé-dicaments dans les MR(S). Les anticholinergiques qui de-vraient être autant que possible évités chez les plus âgés, semblent d’après les données mutuellistes abondam-ment utilisés en institution (ils sont prescrits chez 52% des +75 ans vivant en structure résidentielle, contre 22% des +75 ans à domicile).

Par ailleurs, les antipsychotiques sont souvent, malgré leurs risques inhérents, prescrits pour des problèmes comportementaux chez les patients atteints de démence. « Les données indiquent qu’en 2016, des antipsychotiques ont été pres-crits chez 6,1% de la population âgée de plus de 65 ans. » Un pourcentage élevé, commente le KCE qui le compare aux 3,5% relevés en Suède, en Nor-vège, aux Pays-Bas, en France, au Danemark…

« Le problème semble particulièrement marqué dans les structures résidentielles, où cette classe de médica-ments a été prescrite chez 32% des personnes âgées de plus de 75 ans, alors que c’était seulement le cas chez 5% des personnes âgées de plus de 72 ans vivant à leur domicile. La réduction de la surconsommation d’antipsy-chotiques en milieu résidentiel doit donc rester une prio-rité en Belgique. » @

Les médecins de famille ? Fort grisonnants, trop peu nombreux La Belgique est-elle en mesure de faire face au vieillissement de sa population et à l’augmentation des mala-dies chroniques ? Le KCE se méfie : le bât blesse au niveau du personnel qualifié disponible. « Le nombre de médecins généralistes en exercice pose problème, mais aussi leur âge moyen. » Même si on semble aller vers un mieux, « les jeunes diplômés s’orientent toujours trop vers la médecine spécialisée » - à rebrousse-poil des besoins évalués par la commission de planification de l’offre médicale. Petite consolation, d’après le Centre d’expertise : l’utilisation des dossiers médicaux informatisés progresse bien et le recours aux médicaments bon marché continue à augmenter.

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Les fédérations, auxquelles se sont joints les repré-sentants de services de soin à la famille flamands (*), ne peuvent qu’approuver l’extension des actes des aides-soignantes. Toutefois, elles regrettent de n’avoir été conviées à aucune consultation formelle à ce sujet, alors qu’elles constituent les principaux employeurs de ces intervenants. Aussi des questions surgissent-elles. En quoi, par exemple, dans les actes ajoutés, « l’alimenta-tion et hydratation par voie orale » (‘nouveauté’ 2019) se distingue-t-elle de « l’aide à l’alimentation et l’hydra-tation par voie orale à l’exception des cas d’alimentation par sonde et de troubles de la déglutition » (qui était déjà délégable à une aide-soignante) ?

La durée de la formation permettant d’être habilité à po-ser les 5 actes supplémentaires - 150 heures effectives au

moins, dont la moitié en stage - chipote également les fédérations. C’est, disent-elles, trop élevé « et sans com-mune mesure avec l’élargissement de liste des actes ». On ne tient pas « suffisamment compte des connais-sances et de l’expertise que nos aides-soignantes ont acquises dans nos établissements et nos services ». Elles rappellent la pression de travail s’exerçant aujourd’hui sur le personnel du secteur de la santé. Etre privé des aides-soignantes pendant 75 heures (si pas davantage si le stage doit se dérouler ailleurs que sur le lieu de travail habituel) est « impensable ».

Des absentes à remplacerDès lors, les fédérations réclament une réduction dras-tique des heures de formation exigée, avec prise en compte de l’expérience professionnelle engrangée,

n°82 - mai 2019

vie@home vous parlait il y a peu de l’élargissement des actes que les aides-soignantes pourront poser à l’avenir sur délégation d’un infir-mier, moyennant de s’être recy-clées. Une partie des fédérations de MR(S), dont la fédération des CPAS wallons et bruxellois et Fé-marbel, ont interpellé Maggie De Block. Dans l’air, il y a de l’amer-tume (l’absence de concertation préalable), de l’étonnement (la durée envisagée pour la formation complémentaire) et le spectre de pro-blèmes organisationnels annoncés (gé-rer des aides-soignantes ‘normales’ versus ‘recyclées’, compenser leur absence durant le stage…). @ J.M.

EXTENSION DES TÂCHES DES AIDES-SOIGNANTES

« Chère Madame la Ministre… »

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ainsi qu’une politique d’accompagnement. Elles de-mandent une consultation interministérielle sur diffé-rents points. Et notamment sur la façon dont le gou-vernement compte payer les heures de remplacement nécessaires. Car il faudra bien, en effet, pallier l’ab-sence des aides-soignantes en formation de sorte à ce que le patient/résident ne soit pas impacté… Les protestataires se demandent aussi quels organismes de formation sont actuellement prêts à former la masse de professionnels concernés.

Deux régimes à gérerLes fédérations craignent, du reste, qu’un nombre im-portant d’aides-soignantes en activité trouvent le seuil exigé trop élevé et ne soient pas disposées à entre-prendre la formation supplémentaire. « Nous serions heureux de discuter avec vous des mesures connexes que nous pourrions prendre pour convaincre ces per-sonnes », annoncent-elles à la ministre. Tout comme elles demandent à la libérale flamande comment elles pourront – devront – organiser le travail à l’avenir dans

leurs services avec, au sein d’une même équipe, des aides-soignantes à compétences élargies (parce que re-cyclées ou parce que diplômées après l’adaptation de cursus en théorie en septembre prochain). Pas simple à gérer…

Evidemment, la fin de mandature approchant et Maggie De Block n’étant pas réputée être une stakhanoviste de la concertation avec le terrain, c’est plutôt avec son successeur qu’elles devront croiser le fer des arguments. @

(*) la fédération des CPAS de l’Union des villes et communes de Wallonie, la fédération des CPAS bruxellois (Brulocalis), Fémarbel, Zorgnet Icuro, Vlozo, VVSG, Zorggezind

n°82 - mai 2019

Des points de vue qui divergent Il y a diverses façons d’envisager l’extension des tâches des aides-soignantes, selon qu’on est – par exemple – infirmier en institution, infirmier à domicile, employeur d’aides- soignantes. Dans son article sur le sujet, fin mars, vie@home répercutait notamment le désappointement des infirmiers indépendants. Ces derniers disent ne toujours pas voir venir la révision (et valorisation) de leur nomenclature tandis que leur territoire « naturel » se lézarde au fil de mesures gouvernementales. Lire « Délégation aux aides-soignants : les infirmiers font la grimace » dans le vie@home n°80

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Du théâtre-action contre la maltraitance, parfois insidieuse, des aînésL’Agence wallonne de lutte contre la maltraitance des aînés, Respect Seniors, invite particuliers et professionnels à une représentation théâ-trale, le 13 juin prochain, à l’occasion de son 10ème anniversaire. La pièce, intitulée «Vieillesse ennemie», se donnera à partir de 17h à l’Acinapolis de Namur. Elle est composée de plusieurs saynètes qui illustrent des situations de vie pouvant doucettement dégénérer et induire des actes de maltraitance envers les aînés.L’entrée est gratuite, mais les places limitées. L’inscription, obligatoire, se fait auprès de [email protected].

DMG : 226,4 millions de dépenses en 2017 L’Inami possède une « Cellule Soins Efficaces », chargée d’analyser la pertinence des soins avec, en ligne de mire, le repérage de variations de consommation inexpliquées (trahissant potentiellement une utilisation suboptimale des ressources). Ainsi sort-elle des rapports de « variations de pratiques médicales » centrés sur une thématique précise.

Un rapport daté de mi-avril s’est penché sur le DMG - le dossier médical global que les médecins généralistes tiennent pour (certains de) leurs pa-tients - en s’arrêtant sur son recours, sa répartition géographique et les dépenses qu’il a induites en 2017.

On y apprend que le nombre moyen d’interventions par an est de 7.158.260, que l’âge médian des bénéficiaires, parmi lesquels 54% sont des femmes, est de 48 ans. Le taux de recours standardisé par 100.000 assurés approche les 66.000, mais avec des extrêmes de 81.500 dans le Limbourg et 41.000 à Bruxelles. La croissance an-nuelle des taux de recours entre 2007 et 2017 aura été de 5,86% à l’échelle du pays, mais de 4,6% en Flandre contre 9,8% en Wallonie (et même 15% si on se concentre sur les années 2015-16-17), ré-gion où le DMG avait pris du retard au démarrage. Bruxelles a égale-ment eu un sursaut sur cette période plus récente (+ 12%).

Toutes ces évolutions sont à interpréter en gardant à l’esprit de multiples facteurs, depuis la pénétration accrue du DMG auprès des patients plus âgés et souffrant de pathologies chroniques à la pénurie déclarée de généra-listes dans une forte proportion de communes wallonnes ou encore la faible part de population bruxelloise possédant un médecin attitré.

Au total, les DMG ont généré en 2017 des dépenses de 226.411.381 euros.

APRÈS LA VIRGULE

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CONCOURS DE MAI

Appuyez sur la détente

Qui refuserait une parenthèse de douceur dans ce monde si pas de brutes, de rythmes effrénés et de stress permanent ? Pas l’équipe de vie@home ! Mais c’est exclusivement à vous, lecteurs (si, si !) et lec-trices, que le cadeau du mois est destiné : un moment de détente qui peut être un passage-relooking chez le coiffeur, un soin du corps bienfaisant, un massage relaxant ou une manucure pour plaire… jusqu’au bout des doigts.

MRPA, MRS, MRSA…Comme d’habitude, pour prendre part au tirage au sort qui désignera l’heureux ou l’heureuse gagnante de la « Parenthèse de douceur », il faut d’abord trouver la bonne réponse parmi les propositions multiples ci-des-sous (et comme d’habitude également, la réponse se trouve tout simplement dans un article récent). La prévalence du portage du MRSA (Staphylococ-cus aureus résistant à la méticilline) dans les mai-sons de repos et de soins est passée :

A/ de 19% en 2005 à 9% en 2015

B/ de 16% en 2005 à 9% en 2015

C/ de 19% en 2005 à 6% en 2015

vie@home attend vos réponses jusqu’au 7 juin 2019

Concours vie@home (abonnement gratuit) • Un seul prix par gagnant. Une même adresse e-mail ne peut être utilisée qu’une seule fois par concours. • Les lots sont précisés dans la présentation du concours du mois, dans la newsletter vie@home et sur son site. En aucun cas, ils ne pourront être échangés contre d’autres prix, ni contre des espèces. • Les frais de port sont à la charge de vie@home. La revue ne peut être tenue pour responsable en cas de dommages aux cadeaux durant leur acheminement ou de non-réception, imputables à des problèmes dans le chef de La Poste ou d’un autre prestataire d’expédition. • Le simple fait de participer à ce jeu implique l’acceptation pleine et entière de son règlement ainsi que l’inscription à notre newsletter.

n°82 - mai 2019

Pour qui, les « Moments en duo » ?

La nouvelle section qui a germé au printemps sur le site rafraichi du Centre belge d’information pharmacothérapeutique, le CBIP, propose des modules d’apprentissage en ligne sur les médi-caments. Cette nouvelle plate-forme didactique s’appelle l’Auditorium (réponse C).C’est Hélène Van den Berghe, infirmière à la Seniorie Ma Maison à Dottignies qui, après avoir coché la bonne réponse, a été désigné/e par le sort. Elle remporte le coffret WonderBox Moments en duo qui était en jeu. Bravo !

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vie@home vous arrive à un rythme bimensuel, en format compacté. Plus léger qu’avant, certes, mais plus fréquent. Et toujours aussi réactif à l’actu sectorielle.

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SOINS À DOMICILE

Quand la première ligne prend l’initiative Faudra-t-il compter, sous la prochaine législature, avec la « PPLW », la « Plate-forme de Première Ligne Wallonne » ? En tout cas, cette coupole, initiative informelle devenue officielle, entend bien souffler à l’oreille des décideurs wallons l’avis du terrain. Un avis commun, car prémâché en son sein entre (la plupart des) métiers de la première ligne. La jeune asbl va sor-tir incessamment un mémorandum. Le soin aux patients âgés ne peut que bénéficier de la concrétisation de cer-taines revendications. @ Johanne Mathy

La PPLW est, à l’heure qu’il est, constituée de diverses organisations professionnelles. On y trouve les médecins généralistes (avec les syndicats ABSyM et GBO, la socié-té savante SSMG, les cercles rassemblés sous la bannière de la FAGW), les kinés (avec leurs organisations AXXON et UKB), les infirmiers (sous l’organisation faîtière Infi-consor), les dentistes (des Chambre syndicale dentaire et Société de médecine dentaire) et les pharmaciens (avec l’instance scientifique SSPF et les unions profession-nelles APB et AUP). Les psychologues et sages-femmes manquent à l’appel, mais la porte n’est pas fermée : les statuts de l’asbl, déposés fin 2018, autorisent l’arrimage d’autres professions de l’ambulatoire. Outre les métiers proprement dit, la PPLW regroupe des instances à voca-tion pluridisciplinaire et intégrative, comme la Fédération ACCOORD (qui fait de la coordination de soins et services à domicile), la Fédération des maisons médicales, l’in-ter-RML (réseaux multidisciplinaires locaux) et l’inter-SISD (soins intégrés à domicile).

« Idéalisme assumé »De quoi causent donc cette belle brochette de représen-tants ? « De l’organisation de la première ligne de soins, pour créer et consolider des partenariats entre métiers »,

résume la PPLW. La plateforme s’autodécrit comme un lieu de rencontre et de débat, imprégné d’équivalence entre disciplines et de respect mutuel. « On prend le contre-pied de la pyramide hiérarchique classique. Ici, il n’y a pas une profession qui ‘pèse’ plus qu’une autre. » Dans son mémorandum à paraître dans quelques jours (lire page 8), la PPLW enjoint d’ailleurs de promouvoir la formation transdisciplinaire.

Trop beau pour être vrai ? Trop beau pour résister à l’es-prit de clocher qui risque de se ranimer si un jour - imagi-nons - deux professions devaient être mises peu ou prou en concurrence par un projet des autorités ? « Vous nous trouvez idéalistes ? Peut-être, mais c’est assumé », ré-torque-t-on à la plateforme. Qui trouve que croiser les ar-guments en mode collégial (par opposition à du bilatéral) relativise et apaise les tensions qui pourraient germer à la frontière de deux professions.

n°82 - mai 2019

PPLW : LA 1ÈRE LIGNE EN MODE COLLÉGIAL

SOINS AUX AÎNÉS : LES PLUS, LES MOINS

ACTES DÉLÉGUÉS : RÉACTION DE FÉDÉS CONCOURS AGENDA

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A l’ordre du jour, quels dossiers ? Concrètement, que fait la PPLW ? A ce jour, elle s’empare de sujets comme l’organisation de la première ligne de soins. Elle phosphore sur une note conceptuelle à ce pro-pos. Elle s’est aussi positionnée comme partenaire officiel des chercheurs de la nouvelle chaire de soins primaires, dont vie@home vous a parlé à sa fondation, début 2019 (« Bientôt une opportunité d’exprimer sa vision »).

La PPLW débat enfin de thèmes comme la circulation de données de santé via les réseaux régionaux d’échanges électroniques - en l’occurrence le Réseau Santé Wallon - et des droits de chaque professionnel d’accéder à certains contenus en fonction de ses propres profession et mission. La question touche au secret, au secret partagé, à la confidentialité des données, à la responsabilité de leur traitement, à la confiance mutuelle… Le partage de l’info, n’est-ce pas aussi, un peu, une lutte de pouvoir ? « S’il y a des sujets sensibles, c’est ici que cela doit se dis-cuter, même si c’est mouvementé, pour accoucher d’une position commune vers l’extérieur. » @

> Dans son mémorandum imminent, la PPLW demandera à être reconnue comme principal acteur de concertation pour la première

ligne en Région wallonne, un acteur « disposant de moyens financiers qui lui permettent de remplir cette mission ». Elle souhaite obtenir

« une représentation significative dans les organes de l’AVIQ ».

DÉFI DÉMOGRAPHIQUE

Attention au manque de bras !

Dans le mémorandum qu’elle diffusera sous peu, la jeune plateforme a défini 10 priorités qu’elle adresse à la Région mais aussi, pour certaines, au Fédéral - il reste après tout le financeur des soins. Il y a des opportunités à saisir pour mieux relever les défis actuels, dit-elle, comme le vieillissement de la popula-tion. @ Johanne Mathy

La PPLW suggère aux futurs mandataires politiques de s’atte-ler sans tarder, une fois installés, à repenser les articulations au sein de la première ligne mais aussi vis-à-vis de la deuxième. Elle prône notamment de privilégier le décloisonnement (entre santé générale, santé mentale, soins palliatifs…), la proximité (avec un

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système capable de s’adapter aux réalités sociologiques locales et une répartition équitable des ressources sur tout le territoire) et la transdisciplinarité (chaque acteur intervient de manière complémentaire - encore faudra-t-il repréciser les sphères d’action de chacun).

Des pénuries déjà à l’œuvreEn parlant de ressources, il apparait de plus en plus clairement que des pénuries se font jour. Elles compro-mettent le fameux « maintien à domicile » des personnes âgées « pour respecter la préférence de la plupart d’entre elles ». Un refrain qui ponctue régulièrement les discours politiques, tous bords confondus. Et elles complexifient la concrétisation des innovations, comme les modèles in-tégrés et transmuraux (comprenez : au-delà de l’enceinte hospitalière) que le Fédéral encourage.

La PPLW insiste : il y a déjà des carences sévères, de cer-tains métiers, par endroits. On songe bien sûr aux déficits à l’œuvre dans deux professions clefs pour les patients âgés non institutionnalisés, surtout peu mobiles : les gé-néralistes et les infirmières indépendantes.

« Dans le même temps, des soins sont transférés de l’hô-pital vers l’ambulatoire, ce qui nécessite des effectifs supplémentaires en première ligne ». Et du dialogue pré-paratoire : la PPLW évoque une tendance fâcheuse des hôpitaux, envoyer leur personnel infirmier au chevet des patients rentrés chez eux, « parfois sans aucune concer-tation avec la première ligne ».

Mesurer, financer, innoverQue préconise la PPLW ? Un préalable : « disposer de cadastres de l’offre effective des prestataires par sous-ter-ritoire, soigneusement tenus à jour ». Ensuite, la créa-tion ou le renforcement des incitants à l’installation en zone pénurique. Puis des transferts de moyens, aussi, de la deuxième ligne vers la première si on tient à un virage ambulatoire qui n’exclue pas… l’ambulatoire. Et enfin, elle enjoint à de la créativité durant la législature à ve-nir pour « innover et mettre en place des mécanismes permettant de garantir à terme une offre de proximité suffisante ».

Un défi face auquel il faut, manifestement, opter pour un grand angle. Une récente étude en France, s’appuyant sur les contributions de +/- 15.000 jeunes médecins, a révélé que, parmi les freins et les leviers à l’installation à tel ou tel endroit, figure l’environnement de travail au

sens large : la décision tient aux services publics offerts dans la région, aux équipements culturels et sportifs, aux transports…

Une forme de confraternité et d’accompagnement au démarrage est la bienvenue, par ailleurs. Près de 70% des participants de cette enquête ont signalé qu’ils ai-meraient pouvoir être temporairement guidés, parrainés, pour réussir leur implantation, par un confrère ou une consœur du cru. @

Les 10 priorités retenues par la PPLW • définir une vision commune avec les

acteurs et ré-initier une organisation de la première ligne ;

• lutter contre les pénuries locales de cer-tains métiers de première ligne ;

• revaloriser les métiers ;

• soutenir le développement de l’e-santé ;

• mieux définir les lignes de soins ;

• lutter contre la marchandisation des soins ;

• mettre la prévention au rang des priorités de la première ligne ;

• assurer plus de cohérence au niveau des politiques de santé ;

• renforcer la concertation avec le politique et

• promouvoir la formation transdisciplinaire.

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