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IRAN IRAN Une nouvelle cargaison d’armes iraniennes saisie par Israël. Page 2 MALAISIE MALAISIE Communication grippée pour l’huile de palme. Page 3 ÉCONOMIE ÉCONOMIE EthicsPoint : le business de la délation en question. Page 7 SOCIÉTÉ SOCIÉTÉ Star HandiVoile à Nice ou le Challenge du handicap. Page 13 Page 2 ................ International Page 3 ................ International Page 4 ................. International Page 5 .............................. Chine Page 6 .............................. Chine Page 7 ....................... Économie Page 8 ............................ Hommage Page 9 ................... Nouveau regard Page 10 .................. Environnement Page 11 .............................................. Outre-mer Page 12 .................................................. Société Page 13 ................................... Petites annonces Page 14 ........... Santé et bien-être Page 15 ..................... Art de vivre Page 16 ...... Traditions chinoises P. 9 Nouveau regard L’activité sismique sous surveillance La sensualité n’est plus ce qu’elle était... P. 10 Environnement P. 8 Hommage Lévi-Strauss, l’anthropologue, l’humaniste Chine P. 5 International P. 2 Espagne P. 3 L a décision du président américain, Barack Obama, d’abandonner der- nièrement le bouclier antimissile en Europe a en général été perçue de deux manières bien distinctes. Les amoureux d’Obama y ont vu une déter- mination de poursuivre dans la voie de la paix et de la détente, de manière à bâtir un climat de bonne entente avec Moscou. Les détracteurs d’Obama y ont vu un acte de faiblesse, de délais- sement de fidèles alliés européens et d’un abandon d’une case importante sur l’échiquier mondial. Alors que plusieurs percevaient un changement majeur dans la stratégie américaine, ayant un impact sur la géo- politique internationale, la Maison Blan- che assurait qu’elle maintenait le cap en ne faisant que modifier la nature du bouclier pour l’adapter à une menace différente. Le Kremlin s’est donc au début réjoui, puis a réfléchi. À quoi donc joue cette administration américaine ? Reconnaît-elle en effet ma sphère d’in- fluence ou essaie-t-elle seulement de m’amadouer avec des apparences de concessions pour que je penche un peu en sa faveur sur l’Iran ? Lire la suite page 4 Clinton dégèle, Biden enflamme : où va la politique américaine sur la Russie ? D’après un rapport récent de Greenpeace, la célèbre rivière des Perles, la troisième plus longue en Chine, contient des taux de pollu- tion très élevés. Des usines du sud de la Chine déversent des déchets industriels toxiques dans la rivière, qui est la principale source d’eau potable pour 4,7 millions d’habi- tants de son delta, notamment ceux de Hong Kong, Macao, et Guangzhou. Pollution de la rivière des Perles : rapport accablant de Greenpeace Après Abbas, Marwan Barghouti ? Identité nationale : « L’Espagne en débat depuis plus d’un siècle » La hausse spectaculaire du métal jaune se poursuit L’once de métal jaune a atteint un nouveau record historique vendredi 6 novembre, atteignant 1.101,42 dollars sur le marché de Lon- dres. C’est une première dans l’histoire du métal précieux. Page 7 Jae-HwanKim/AFP/Getty images La Grande Époque UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION EpochTimes.com WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM Epoch Times Paris Genève Bruxelles Londres Berlin New York Dublin Lima Taipei Tokyo... 1 700 000 exemplaires ÉDITION 166 16 – 30 NOVEMBRE 2009 • BIMENSUEL

La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 16 au 30 novembre 2009

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La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 16-30 Novembre 2009 La version française du journal Epoch Times (Epoch.times.com) www.lagrandeepoque.com

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IRANIRAN

Une nouvelle cargaison d’armes iraniennes saisie par Israël.

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MALAISIEMALAISIE

Communication grippée pour l’huile de palme.

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ÉCONOMIEÉCONOMIE

EthicsPoint : le business de la délation en question.

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SOCIÉTÉSOCIÉTÉ

Star HandiVoile à Nice ou le Challenge du handicap.

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Page 7 ....................... Économie

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Page 13 ................................... Petites annonces

Page 14 ........... Santé et bien-être

Page 15 ..................... Art de vivre

Page 16 ...... Traditions chinoises

► P. 9 Nouveau regard

L’activité sismique sous surveillance

La sensualité n’est plus ce qu’elle était...

► P. 10 Environnement► P. 8 Hommage

Lévi-Strauss, l’anthropologue, l’humaniste

Chine P. 5

International P. 2

Espagne P. 3

La décision du président américain, Barack Obama, d’abandonner der-

nièrement le bouclier antimissile en Europe a en général été perçue de deux manières bien distinctes. Les amoureux d’Obama y ont vu une déter-mination de poursuivre dans la voie de la paix et de la détente, de manière à bâtir un climat de bonne entente avec Moscou. Les détracteurs d’Obama y ont vu un acte de faiblesse, de délais-sement de fi dèles alliés européens et d’un abandon d’une case importante sur l’échiquier mondial.

Alors que plusieurs percevaient un changement majeur dans la stratégie

américaine, ayant un impact sur la géo-politique internationale, la Maison Blan-che assurait qu’elle maintenait le cap en ne faisant que modifi er la nature du bouclier pour l’adapter à une menace différente.

Le Kremlin s’est donc au début réjoui, puis a réfl échi. À quoi donc joue cette administration américaine ? Reconnaît-elle en effet ma sphère d’in-fl uence ou essaie-t-elle seulement de m’amadouer avec des apparences de concessions pour que je penche un peu en sa faveur sur l’Iran ?

Lire la suite page 4

Clinton dégèle, Biden enfl amme : où va la politique américaine sur la Russie ?

D’après un rapport récent de Greenpeace, la célèbre rivière des Perles, la troisième plus longue en Chine, contient des taux de pollu-tion très élevés. Des usines du sud de la Chine déversent des déchets industriels toxiques dans la rivière, qui est la principale source d’eau potable pour 4,7 millions d’habi-tants de son delta, notamment ceux de Hong Kong, Macao, et Guangzhou.

Pollution de la rivière des Perles : rapport accablant de Greenpeace

Après Abbas, Marwan Barghouti ?

Identité nationale : « L’Espagne en débat depuis plus d’un siècle »

La hausse spectaculaire du métal jaune se poursuit

L’once de métal jaune a atteint un nouveau record historique vendredi 6 novembre, atteignant 1.101,42 dollars sur le marché de Lon-dres. C’est une première dans l’histoire du métal précieux.

Page 7

Jae-HwanKim/AFP/Getty images

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ÉDITION 166

16 – 30 NOVEMBRE 2009 • BIMENSUEL

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16 – 30 NOVEMBRE 2009 ● La Grande Époque22 InternationalInternational www.lagrandeepoque.com

Mahmoud Abbas ne « désire » pas a priori être candidat à un second mandat à la présidence de l’Autorité palestinienne, lors des élections du 24 janvier pro-chain. S’agit-il d’une décision irrévocable – la formulation de son annonce du jeudi 5 novem-bre ne le laisse pas penser – ou d’une façon de mettre la pres-sion sur les États-Unis et Israël ?

La plupart des médias penchent pour la seconde hypothèse, tant la décla-ration du chef de l’Autorité palesti-

nienne peut être vue comme une réaction irritée aux déclarations de la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, lors de son déplacement en Israël.

Mme Clinton a effectivement com-mencé par annoncer son soutien au Premier ministre israélien, Benjamin Neta-nyahu, avant de malgré tout condamner les implantations juives en Cisjordanie, pour fi nalement conclure que le gel partiel de la colonisation était « historique ».

Un message sans clarté, perçu comme une quasi-trahison alors que Mahmoud Abbas fait face à de violentes critiques pour avoir soutenu – sous pression amé-ricaine – la décision de retarder la valida-tion du rapport des Nations unies sur les crimes de guerre lors de la guerre à Gaza en début d’année.

Un rapport accusant les autorités israé-liennes de s’être rendues coupables de crimes graves lors de l’opération « Plomb durci ».

Mouin Rabbani, un des éditeurs du Mid-dle East Report cité par Al Jazeera, consi-dère froidement que la décision d’Abbas n’est qu’une « représentation politique » : « Je ne l’imagine pas quitter son poste prochainement. Si c’était sa volonté, il aurait annoncé sa démission », affi rme M. Rabbani. « Au lieu de cela, il dit qu’il ne sera pas candidat dans des élections que lui-même ne croit pas devoir se tenir. C’est pour cette raison que j’appelle cela du théâtre politique. »

En effet, le Hamas, rival du Fatah con-trôlant la bande de Gaza, considère que les élections prévues en janvier seraient illégales si elles avaient lieu. Toute per-sonne à Gaza qui y participerait serait durement punie. L’Autorité palestinienne décidera-t-elle malgré tout de maintenir les élections ? La décision doit être prise d’ici au mois de janvier et il est probable que l’appel aux urnes soit repoussé pour éviter d’accentuer la scission entre Ramal-lah et Gaza.

Dans ce cas Mahmoud Abbas, qui n’a pas menacé de démissionner, garderait son poste. Ce dernier balaie cependant l’argument d’une déclaration purement

tactique : « J’ai dit à nos frère de l’OLP [Organisation de libération de la Pales-tine] que je n’ai pas le désir de me pré-senter aux prochaines élections. Cette décision n’est ni une sorte de compro-mis ni une manœuvre », cite Al Jazeera. « Nous sommes au croisement des che-mins. Nous avons fait beaucoup de sacri-fi ces pour avoir le droit à un État. Depuis les accords d’Oslo en 1993 [dont il est l’ar-chitecte principal], tous ces accords sont basés sur la terre et la paix et demandent la fi n de l’occupation israélienne de 1967. Nous avons promis avec Israël de trou-ver une solution à deux États, mais mois après mois nous n’avons vu que de l’auto-satisfaction et de la procrastination. »

Dirigeant historique et co-fondateur du Fatah, Mahmoud Abbas, 74 ans, a rem-placé Yasser Arafat il y a cinq ans. Israël

s’inquiète déjà de voir une fi gure radicale le remplacer à la tête de l’Autorité pales-tinienne.

Le quotidien Haaretz annonce ainsi que le président israélien, Shimon Peres a personnellement appelé Mahmoud Abbas pour lui demander de reconsidérer sa décision : « Si vous partez, les Palesti-niens vont perdre leur chance d’avoir un État indépendant. La situation dans la région se détériorerait. Restez, pour le bien des Palestiniens ». Ehud Barak, le ministre de la Défense israélien, sans se positionner, espère cependant que l’an-nonce de M. Abbas ne va pas ruiner « les efforts pour entamer des négociations et arriver à un accord de paix ».

Samedi 7 novembre, les sympathi-sants du Fatah défi laient dans les rues de Ramallah pour demander à Mahmoud

Abbas de rester à la tête de l’Autorité. « Il y a une atmosphère de confusion et d’an-xiété parmi ces gens », commentait Nour Odeh, journaliste d’Al Jazeera.

Les candidats possiblesQuatre noms ressortent comme des

candidats possibles à la succession de Mahmoud Abbas : Mohammed Dahlan d’abord, une fi gure charismatique du Fatah, dont la réputation a cependant été sérieusement entamée par une campa-gne de communication du Hamas qui l’ac-cuse d’être lié à la mort de Yasser Arafat. Il est également considéré comme partiel-lement responsable de la prise de pouvoir du Hamas à Gaza.

Le nom d’Abou Maher Ghneim, numéro deux du Fatah et bras droit d’Abbas est également suggéré; ses proches indiquent

cependant que l’homme, ancien comman-dant des troupes d’assaut du Fatah, ne souhaite pas se porter candidat.

Troisième candidat possible, Nasser Al-Qidwa, ancien ambassadeur de l’OLP et neveu de Yasser Arafat ; celui-ci est reconnu à l’international mais peu appré-cié au sein du Fatah ce qui limite ses chances d’être investi.

Le plus improbable – et plus emblêma-tique – successeur potentiel à Mahmoud Abbas de tous est sans aucun doute Marwan Barghouti, ancien chef du Tan-zim, emprisonné à vie en Israël.

Le symbole Marwan Bar-ghouti

Figure palestinienne charismatique, Marwan Barghouti jouit d’une popularité inégalée qui lui permettrait de battre n’im-porte quel candidat du Hamas si celui-ci – ce qui n’est pas le cas – acceptait de participer aux élections.

Considéré comme un homme de prin-cipes, Barghouti s’est attiré le surnom de « Nelson Mandela palestinien », ce que son emprisonnement et sa récente réputa-tion d’homme de compromis justifi ent plus que son implication dans des attaques meurtrières contre des civils israéliens.

Marwan Barghouti a été arrêté lors d’un raid israélien à Ramallah en 2002 et a été condamné à cinq fois la prison à vie pour un attentat dans un marché de Tel Aviv ayant fait cinq morts.

Danny Ayalon, vice-ministre des Affai-res étrangères israélien, a d’ores et déjà exclu sa libération, au contraire de Shimon Peres qui l’envisagerait si Barghouti était élu à la tête de l’Autorité palestinienne.

Marwan Barghouti est sans doute le seul candidat potentiel du Fatah à être respecté par le Hamas, pour son rôle dans la seconde Intifada contre Israël. C’est à cette période que Barghouti avait créé la Brigade des martyrs d’al-Aqsa. Le point fort de la candidature de Barghouti et de son éventuel futur rôle dans le pro-cessus de paix est qu’il est probablement le seul à pouvoir espérer rallier Fatah et Hamas.

Icône populaire dont les portraits sont visibles partout dans les territoires pales-tiniens, Marwan Barghouti pourrait aussi ranimer l’espoir chez les Palestiniens : déçus du manque d’avancées dans le processus de paix, une récente enquête d’opinion montre que la majorité d’entre eux ne voit pas l’intérêt d’aller voter.

Samedi 7 novembre, des responsa-bles du Fatah à Ramallah ont indiqué que Marwan Barghouti serait prêt à briguer la présidence de l’Autorité Palestienne. Si l’annonce se vérifi e et si le Fatah sou-tient cette candidature, cela annoncerait une campagne d’un type inédit ; une cam-pagne menée depuis le fond d’une cellule de prison.

AURÉLIEN GIRARD

Autorité palestinienne : après Abbas, Marwan Barghouti ?Le « Nelson Mandela » palestinien serait candidat à la succession

Ramallah – Un Palestinien touche le portrait géant de Marwan Barghouti.

AWAD AWAD/AFP/Getty Images

Le 4 novembre, la marine israélienne a arraisonné un navire en provenance d’Iran transportant près de 500 tonnes

d’armes à destination de la Syrie. Il s’agit du plus grand chargement d’armes jamais saisi par Israël. Le contenu des cales du Fran-cop, un bâtiment sous pavillon antiguais affrété par une entreprise chypriote, est depuis exposé dans le port d’Ashdod.

Le Hezbollah a immédiatement nié être le destinataire des armes, ce qui n’empêche pas les autorités israéliennes d’être con-vaincues de faire face à un nouvel exemple de l’armement du Hezbollah et du Hamas par Téhéran.

Pour le Hezbollah, l’interception du navire arraisonné à 160 kilomètres des côtes israéliennes est un acte de « pirate-rie ». Le bateau, chargé de roquettes, de grenades, d’obus de mortiers et d’au moins 3.000 missiles, aurait reçu son chargement dans le port égyptien de Damietta et se diri-geait vers la Syrie avec un arrêt prévu à Beyrouth.

« Le Hezbollah nie vigoureusement tout lien avec les armes saisies par l’ennemi sio-niste à bord du Francop », indique le groupe libanais cité par l’AFP. « En même temps, le Hezbollah condamne l’acte de piraterie d’Is-

raël dans les eaux internationales. »D’après le Asharq Alawsat, l’information

sur le chargement du Francop aurait été transmis aux Israéliens par les services de renseignement américain, qui auraient en même temps mis leur véto à un bombarde-ment du navire par l’armée israélienne.

Ronen Bergman, journaliste et auteur de Guerre Secrète avec l’Iran cité par le Star, croit qu’avec ce nouveau succès les ser-vices secrets israéliens sont en train de « prendre le dessus » sur l’Iran, le Hezbol-lah et la Syrie. Ceci s’est déjà illustré d’après lui par l’assassinat d’Imad Mughniyah, le chef militaire du Hezbollah, en Syrie et par le bombardement de convois d’armes au Soudan en mars dernier.

Derrière ces succès, un changement de stratégie d’Israël qui, sous l’impulsion du chef du Mossad, Meir Dagan, aurait refo-calisé ses activités de renseignement sur le terrorisme international et sur le programme nucléaire iranien.

En janvier 2009 déjà, en pleine guerre de Gaza, un raid contre une fl ottille de navi-res transportant des armes à destination de Gaza et partis d’Iran a été attribué à l’avia-tion israélienne. Israël peut légitimer ses actions par les résolutions du Conseil de

sécurité des Nations unies qui interdisent à l’Iran d’exporter des armes qui pourraient être transférées au Hezbollah.

Israël est membre de l’Active Endeavor, une mission de l’OTAN basée à Naples. Les responsables de cette mission parta-gent des renseignements sur les navires

croisant en Méditerranée et suspectés de terrorisme. Un réseau auquel Israël accorde beaucoup d’importance, comme le rap-pelle le Jerusalem Post en indiquant que l’État hébreu y a affecté un de ses croiseurs lance-missiles.

En janvier déjà, Chypre avait trouvé dans

les cales du Monchegorsk, affrêté par l’IRI-SIL et à destination de Syrie, de l’artillerie, des pièces de tanks, et du matériel pour fabriquer des roquettes. En octobre c’est le Hansa India qui avait été arrêté avec à son bord des munitions et du matériel de pro-duction d’armes.

Bien que l’Iran et le Hezbollah aient nié tout lien avec le chargement d’armes, les responsables israéliens affi rment que les containers du bateau étaient marqués IRISL, soit « Islamic Republic of Iran Ship-ping Lines », une entreprise contrôlée par l’État iranien.

Le Jerusalem Post compare la récente saisie d’armes avec celle faite en 2002 sur un autre navire iranien, le Karine A, qui transportait alors 50 tonnes d’armes desti-nées à l’autorité palestinienne. À l’époque, Israël s’était appuyée sur la saisie pour convaincre le président américain George W Bush qu’il ne pouvait faire confi ance à Yasser Arafat, et justifi er une large incur-sion israélienne en Cisjordanie. Pour Amos Harel et Avi Issacharoff du journal Haaretz, « dans les prochains jours Israël va utiliser cette affaire pour tenter de faire avec l’Iran ce qu’elle a fait à Arafat. »

AURÉLIEN GIRARD

Une nouvelle cargaison d’armes iraniennes saisie par Israël

Ashdod, Israël – Le Francop à quai après son arraisonnement.

Uriel Sinai/Getty Images

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La Grande Époque ● 16 – 30 NOVEMBRE 2009 33InternationalInternationalwww.lagrandeepoque.com

Faut-il ouvrir en Espagne un débat sur l’identité nationale, comme le fait en France le gou-vernement du président Nicolas Sarkozy ? « Dire qu’on va l’ouvrir maintenant n’aurait pas de sens, car depuis plus d’un siècle, depuis 1898, l’identité nationale est l’un des grands problèmes espagnols et le débat n’a pas cessé d’être ouvert », répond l’historien et professeur de philo-sophie Rafael Nuñez Florencio.

Il était interrogé le 3 novembre par la Radio nationale espagnole, ce qui démontre l’impact au-delà des Pyré-

nées de l’actuelle introspection hexago-nale.

L’année 1898 citée par Rafael Nuñez est celle de l’anéantissement par la fl otte des États-Unis de l’escadre de l’amiral Cervera en rade de Santiago de Cuba. L’Empire espagnol subissait ainsi l’esto-cade. Le « Désastre de 1898 », comme on l’appelle depuis, a profondément mar-qué l’évolution politique, économique et culturelle d’une Espagne se repliant alors sur elle-même.

Cela favorisa, à la même époque, le renouveau sous une forme contempo-raine des nationalismes basque et cata-lan, aujourd’hui rescapés endurcis d’une guerre civile et de près de quarante ans de dictature franquiste. L’actuelle parcel-lisation de l’Espagne en dix-sept régions dites autonomes ne visait, lors de la tran-sition démocratique post-franquiste, qu’à relativiser pour mieux tenter de l’endi-guer la spécifi cité du Pays basque et de la Catalogne.

Rafael Nuñez ne retrace pas ce che-minement dans son interview à la radio publique de son pays. En Espagne, c’est supposé connu. Mais c’est à partir de cette réalité qu’il croit inutile de compa-rer l’Espagne à la France, « car la France n’a pas dix-sept gouvernements autono-mes. La France a une tradition jacobine, une tradition centraliste que nous n’avons évidemment pas. Le rôle central de Paris n’est certainement pas assumé ici par Madrid ».

En France ce sont les défi s posés par l’immigration, forte d’environ 13 % de la population, qui semblent justifi er le « pour vous, qu’est-ce qu’être Français ? », posé à tous par le ministre Eric Besson. L’Espa-

gne, avec une proportion d’immigrés pres-que similaire (12 % fi n 2008) place ailleurs le débat si l’on en croit Rafael Nuñez.

Selon l’historien et professeur, auteur de nombreux livres et analyses politiques et sociologiques, « le problème n’est pas tant que les immigrants fassent partie de ce qui est nôtre, de ce qui est espagnol, car on devrait d’abord défi nir exactement ce qui est nôtre. Il faut considérer en pre-mier lieu que l’Espagnol ne se recon-naît pas dans des symboles communs. Votre correspondant à Paris [celui de la Radio nationale espagnole, ndlr] parlait par exemple de la langue française. Ici, de nombreux exemples montrent que la langue est davantage un motif de dis-corde, de séparation, et moins d’union. En Espagne, nous n’avons pas de symboles communs qui nous unissent d’un point de vue politique. Il suffi t de penser à la con-troverse sur l’hymne, le drapeau, la fête nationale. La différence [avec la France] est donc fondamentale, comme entre le jour et la nuit ».

Le formidable concert de huées et de siffl ets qui salua le 13 mai dernier au stade Mestella de Valence tant le roi Juan Carlos et la reine Sofi a que l’hymne espagnol ne dément pas l’analyse du professeur Nuñez. Si en France ce sont des immigrés qui siffl ent la Marseillaise dans les stades, en Espagne ce sont des Espagnols qui siffl ent leurs souve-rains et la Marche Royale, l’hymne natio-nal. Le stade Mestella était en effet empli de Basques et de Catalans, offi ciellement toujours Espagnols, pour la fi nale de la Coupe d’Espagne, dite Coupe du Roi, dis-putée entre l’Athletic de Bilbao et le FC

Barcelone.À noter aussi que la Marche Royale

n’est qu’une musique sans paroles, aucun projet de texte pour l’hymne natio-nal n’ayant fait jusqu’à présent l’unanimité des Espagnols.

Gauche espagnole et natio-nalismes

« Un autre des grands problèmes est que parler aujourd’hui [en Espagne] d’identité nationale, sans autre adjectif, sans plus de nuance, vous identifi e à une tendance politique. Actuellement, quicon-que parle de revendiquer ce qui est espa-gnol est associé à la droite en général, à cause peut-être du poids encore grand de la dictature, quoique Franco soit mort en 1975 », ajoute Rafael Nuñez Florencio.

L’historien et professeur ne sera pas démenti non plus, sur ce point, par le président du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, pour lequel « le concept de nation est dis-cuté et discutable ».

Rafael Nuñez note qu’en Espagne « la gauche a fait de la revendication régio-naliste ou nationaliste l’un de ses signes d’identité. Aussi avons-nous le paradoxe

de mouvements nationalistes revêtus d’un label de progressisme qui réellement n’est pas fondé et qui n’existe pas ailleurs ».

« Ces débats [en France sur l’iden-tité nationale] me paraissent opportunis-tes, liés à l’agenda politique. Si on voulait vraiment les envisager en profondeur, ces débats nécessiteraient un agenda très différent », estime encore Rafael Nuñez avant de revenir sur son leitmotiv : « Comme je le disais au début, en Espa-gne ce débat est présent depuis plus d’un siècle. Il apparaît et disparaît comme le Guadiana [fl euve du sud ibérique, ndlr] avec plus ou moins de virulence, mais c’est une question que nous-mêmes, comme Espagnols, n’avons pas réso-lue. Il nous faut donc d’abord savoir ce que nous voulons être ou en quoi nous nous reconnaissons pour ensuite voir jus-qu’à quel point nous pouvons demander aux autres qui viennent de l’extérieur de s’identifi er à nous ».

Et quoique la démarche française sem-ble répondre à une préoccupation simi-laire, la différence demeure dans le fait qu’elle est liée aux problèmes de l’im-migration, mais non à des problèmes autochtones comme en Espagne. « J’y

vois un problème fondamentalement interne que nous n’avons pas résolu », confi rme Rafael Nuñez Florencio.

« D’un point de vue politique, parlant des autonomies [régionales], nous savons qu’il y a une tendance centrifuge qu’il fau-dra, je suppose, stopper à un certain moment. En outre, il y a [en Espagne] un débat idéologique de plus en plus ouvert dans lequel n’existent pas les points com-muns dont nous avons besoin », conclut l’historien. Le fossé entre la droite et la gauche semble en effet plus profond en Espagne que dans n’importe quel autre pays européen.

Des centaines d’internautes espa-gnols, mêlés d’hispanisants français, réagissaient mardi à l’article sur le débat identitaire français signé par le correspon-dant à Paris de l’infl uent quotidien madri-lène El Pais. « Être Français consiste à se poser des questions telles que Pour vous qu’est-ce qu’être Français ? » écrivait un internaute. Un autre lui répondait : « Et être Espagnol, en quoi cela consiste-t-il ? Mieux vaut ne pas nous poser la ques-tion ».

CHRISTIAN GALLOYwww.Latinreporters.com

Identité nationale : « L’Espagne en débat depuis plus d’un siècle »

« Actuellement, quiconque parle de revendiquer ce qui est espagnol est associé à la droite en général, à cause peut-être du poids encore grand de la dictature, quoique Franco soit mort en 1975. »L’historien Rafael Nuñez Florencio

Steven, un immigré du Ghana, travaille dans une serre de productions de fraise à Palos de la Frontera, au Sud de l’Espagne. Steven est arrivé par bateau aux Iles Canaries en 2002.

SAMUEL ARANDA/AFP/Getty Images

Une annonce publicitaire pour l’huile de palme malaisienne a été censurée au Royaume-Uni, portant un coup dur à la crédibilité de l’industrie malai-sienne. Les Penan, chas-seurs-cueilleurs de Bornéo, se réjouissent de cette interdiction : « Nous ne tirons aucun béné-fi ce des plantations de palmiers à huile ; elles nous ont juste pri-vés de nos ressources et de notre terre. »

Les Penan vivent au Sarawak, dans la partie malaisienne de l‘île de Bor-néo. Ils luttent pour empêcher la

destruction des forêts dont ils dépendent et qui sont abattues pour faire place aux plantations de palmiers à huile. Survival International appelle le gouvernement malaisien à mettre fi n aux plantations et à l’exploitation forestière sur leur terre sans leur consentement.

Le bureau britannique de vérifi cation de la publicité, Advertising Standards, a inter-dit l’encart publicitaire placé par le Comité malaisien de l’industrie d’huile de palme.

La publicité prétendait que l’huile de palme malaisienne était « durable » et contribuait à la « réduction de la pauvreté, en particu-lier parmi les populations rurales ».

Le bureau de vérifi cation publici-taire a estimé que cette affi rmation ainsi que d’autres relevées dans la publicité étaient mensongères et ne pouvaient être justifi ées.

Des membres de la tribu Penan qui ont déjà perdu une grande partie de leur

terre au profi t des plantations de palmiers à huile ont déclaré :

« Notre peuple se réjouit de la cen-sure sur la publicité du Comité malaisien de l’industrie d’huile de palme. Comment prétendre que l’huile de palme réduit la pauvreté alors que depuis le commence-ment les plantations de palmiers à huile ont détruit nos moyens de subsistance et nous ont davantage appauvris ? Beau-coup d’entre nous sont tous les jours affa-més par la destruction de notre forêt. »

Les plantations de palmiers à huile et l’exploitation forestière détruisent les forêts des Penan dans lesquelles ils chassent et pratiquent la cueillette, et polluent les cours d’eau dans lesquels ils pêchent. Sans leurs forêts, ils ne peuvent pas subvenir à leurs besoins.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a affi rmé : « L’idée que l’huile de palme malaisienne est écologi-que et contribue au bien-être de l’huma-nité ne passera pas, en particulier auprès des Penan. L’expansion de cette indus-trie sur leurs terres est un réel désas-tre. »

L’huile de palme est utilisée dans l’ali-mentation courante et de plus en plus comme agrocarburant.

Survival International

Communication grippée pour l’huile de palmeUne publicité censurée porte un coup dur à l’industrie malaisienne d’huile de palme

« Comment prétendre que l’huile de palme réduit la pauvreté alors que depuis le commencement les plantations de palmiers à huile ont détruit nos moyens de subsistance et nous ont davantage appauvris ? »

Août 2009 – Des Penan manifestent contre les producteurs d’huile de palme.

SAEED KHAN/AFP/Getty Images

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16 – 30 NOVEMBRE 2009 ● La Grande Époque44 InternationalInternational www.lagrandeepoque.com

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MARDI 17 NOVEMBRE 2009 20h 30

Sylvie GRUBER piano

Au programme :MOZART – SCHUBERT-LIZT – SCHU-

BERT

VENDREDI 20 NOVEMBRE 2009 20h 30

John DEVORE violoncelle

Katalin HORVATH piano

Au programme :BEETHOVEN - PIAZZOLA

MARDI 24 NOVEMBRE 2009 20h 30

Charlotte MACLET violonIsabel MAYOR piano

Au programme :Brahms - Mozart - Ravel

CERN MEYRIN (terminus bus 56-CERN)

entrée B - bâtiment 500 - amphithéâtre

Entrée libreNos concerts sur notre site : www.concerts-cern.com

et sur les sites : www.whys.org et www.agendadegeneve.ch

Suite de la première page

À en croire certains experts, la gym-nastique diplomatique de Washington vis-à-vis de Moscou vise, en grande par-tie, à neutraliser les ambitions nucléaires de Téhéran. Mais les double-jeux fusent de toutes parts. Tandis que la secrétaire d’État, Hillary Clinton, courtise les Rus-ses et leur ministre des Affaires étran-gères, Sergeï Lavrov, le vice-président américain, Joe Biden, parcourt l’Europe de l’ancien bloc soviétique à un train d’enfer pour galvaniser les jeunes démo-craties contre Moscou.

Nouveaux terrains de jeuLe terrain d’opposition entre les deux

grands ex-rivaux de la guerre froide ne s’étend peut-être plus à tous les confi ns du globe, mais si on ne parle plus des tensions autour du Caucase, ce sont les pays Baltes qui attirent l’attention :

Moscou s’est opposé à l’indépen-dance du Kosovo et voilà que la Serbie lui envoie un retour d’ascenseur pour ce service politique. Lors de la visite du pré-sident russe, Dmitri Medvedev, à Bel-grade le 20 octobre, un accord ayant attiré l’attention jetterait les bases pour une éventuelle présence militaire russe en sol serbe, sous le couvert d’un centre logistique de gestion des crises humani-taires.

Et que restera-t-il d’ici quelque temps des révolutions pro-occidentales de Géorgie et d’Ukraine ? Les populations sont aux prises avec des dirigeants impopulaires, que ce soit le résultat de promesses non tenues ou d’opérations tous azimuts soutenues par le pouvoir russe.

Voyant que Moscou n’a pas l’inten-tion d’abandonner son joker iranien qui représente, il faut le dire, tout un atout avec son emplacement géographique et sa capacité de frappe non convention-nelle à travers sa Force Qods et le Hez-bollah libanais, Washington a peut-être maintenant décidé de reprendre les cho-ses où l’administration sortante les avait laissées.

L’appel à la démocratie de Joe Biden

Quelques semaines avant le 20e anni-versaire de la chute du régime commu-niste de Ceausescu, Joe Biden était en Roumanie, s’adressant à des étu-diants dans la capitale, Bucarest : « Il y a 20 ans, le monde observait avec stu-peur et admiration lorsque les hommes et les femmes de cette région ont brisé les chaînes de l’oppression et sont deve-nus un peuple libre », a déclaré Biden en ouverture.

Il a poursuivi en insistant sur le fait que la Roumanie, maintenant libre et bâtissant sa démocratie, doit non seu-lement servir d’exemple à d’autres pays des environs, mais doit aussi y soutenir les efforts pour répéter les transforma-tions de 1989.

« Vous pouvez aider à guider la Mol-davie, la Géorgie, l’Ukraine sur le che-min de la stabilité et de la prospérité durables. C’est à votre tour de mener. L’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Bélarus peu-vent bénéfi cier de vos expériences per-

sonnelles », a affi rmé le vice-président américain.

Joe Biden n’a laissé aucune ambi-guïté en déclarant que les promesses de la révolution roumaine se sont réalisées et que maintenant la Roumanie « est en position pour en aider d’autres à faire de même ». Soit un appel à renverser les derniers régimes autoritaires de l’ex-Union soviétique, tout en demandant de soutenir les pays actuellement convoités par Moscou.

S’agissait-il de simples menaces voi-lées contre Moscou pour l’avertir que l’administration actuelle a également quelques atouts dans son jeu en cas de refus du Kremlin de coopérer sur l’Iran ?

Selon George Friedman, directeur de la fi rme de renseignement privée Strat-for et auteur du livre The Next 100 Years, le discours était mûrement réfl échi : « Il s’agissait d’un discours rédigé prudem-ment : ce n’était pas un dérapage de Biden, mais bien l’expression d’une poli-tique de l’administration Obama. Et cela s’inspire d’une crainte russe fondamen-tale, soit que l’Occident va gruger son fl anc ouest – et la Russie elle-même – avec des révolutions « colorées » qui ont mené au pouvoir des gouvernements pro-occidentaux, comme ce qui est arrivé en Géorgie en 2003 et en Ukraine en 2004-2005. Les États-Unis se sont engagés à faire justement cela et ont demandé au reste de l’Europe centrale de participer à la création et au renforce-ment de gouvernements pro-occidentaux dans l’ex-Union soviétique. »

Friedman et Stratfor, dans leurs ana-

lyses, sont loin de constater un dégel des relations américano-russes, con-trairement à Jocelyn Coulon, analyste politique publiant fréquemment dans le quotidien La Presse.

Ce dernier écrivait le 25 septembre que « l’équipe Obama a pris la bonne décision » en abandonnant le projet ini-tial de bouclier antimissile, car « face au nucléaire iranien et nord-coréen, à l’en-lisement du processus de paix israélo-palestinien, à la nécessité d’éviter des frictions inutiles au sujet de l’Ukraine et de la Géorgie et aux conséquences de la crise économique, il était préférable d’avoir la Russie à ses côtés ».

Cette perspective, faisant fi des inten-tions russes mais reconnaissant ses inté-rêts nationaux – au détriment de pays souhaitant sortir de sa sphère d’infl uence – est chahutée par la visite de Biden en Europe, où il a assuré les alliés améri-cains que le projet de bouclier n’était que transformé et que la Pologne pourrait recevoir la livraison de missiles Patriot, une pièce de matériel militaire bien solide, stratégique et moins abstraite que le bouclier.

Les intérêts américains et russes peu-vent diffi cilement concorder, peu importe les gestes de bonne volonté et les enten-tes sur de grands enjeux mondiaux. Si certains, comme Jocelyn Coulon, sou-lignent « une collaboration exemplaire sur la lutte contre le terrorisme » entre Moscou et Washington, d’autres pour-raient aviser du contraire. Israël accusait la Russie en septembre 2008 de fournir des renseignements sur l’État hébreu à

la Syrie, qui se retrouvaient par la suite dans les mains du Hezbollah.

Oksana Antonenko, de l’Internatio-nal Institute for Strategic Studies, écrit pour sa part que le « vrai problème dans les relations américano-russes n’est pas de savoir si les deux pays sont amis ou ennemis, mais réside dans la diffi culté qu’ils ont à bâtir ce qu’on pourrait qualifi er de relations « normales ». Washington et Moscou ne partagent pas de compréhen-sion claire des intérêts communs impor-tants et n’ont démontré aucune capacité récente à interagir sur des questions de préoccupation commune ou de diffé-rend clair dans une manière qui fortifi e la confi ance. Les relations sont prison-nières d’un manège émotif dans lequel les attentes, les incompréhensions, les mémoires et les insécurités se traduisent dans le langage de la géopolitique, de la suspicion et des menaces ».

Dans la tête du KremlinIl y a cette opinion répandue chez les

partisans de la détente que la Russie et la Chine sont autant préoccupées que l’Occident par la nucléarisation de l’Iran ou par la présence de l’arme nucléaire en Corée du Nord. Selon cette concep-tion, il faut donc collaborer avec Moscou et Pékin pour marginaliser ou diminuer l’infl uence de ces États.

C’est, comme indiqué plus haut, faire fi des intentions, des intérêts et de la nature de ces États, qui considèrent ces pays comme des partenaires ou des outils dans l’exécution de leurs stratégies internationales. L’entretien d’une relation

tissée serré avec un pays qui menace votre principal compétiteur représente un levier de chantage immense.

« Il y a des politiciens et analystes américains [...] qui croient que la pers-pective d’un Iran nucléaire effraie telle-ment la Russie qu’elle va se ranger du côté américain tôt ou tard », écrit l’ana-lyste Andranik Migranyan. « Ceci est absolument à l’opposé de la réalité. »

Selon Migranyan, les États-Unis devraient concéder énormément pour que la Russie abandonne son excellente relation avec l’Iran. Car en ce faisant, « la Russie pourrait se retrouver avec un État hostile [l’Iran] à sa frontière qui possède un potentiel considérable pour déstabili-ser les voisins de Moscou, et la Russie elle-même ».

« Il est impératif que nos partenaires américains comprennent que mainte-nir une relation amicale et mutuellement avantageuse avec l’Iran rencontre les intérêts stratégiques de l’État russe. La Russie et l’Iran sont de sérieux partenai-res commerciaux et économiques. L’Iran est un marché pour les produits russes de haute technologie. La Russie atta-che une grande importance à conser-ver ses experts, sa main-d’œuvre et sa technologie dans le domaine de l’éner-gie nucléaire. Et l’Iran est un client, étant donné que ses dirigeants veulent conti-nuer la construction de centrales nucléai-res. De plus, l’Iran est un marché pour la technologie militaire russe. »

Il poursuit : « Afi n que la Russie aban-donne tous ces aspects de sa relation avec l’Iran, les États-Unis devront trou-ver quelque chose qui fasse contrepoids à tout ce que l’actuelle relation russo-ira-nienne peut offrir. »

Migranyan lance aussi l’avertissement qu’advenant une action militaire con-tre l’Iran par Israël ou les États-Unis, la Russie ressortirait gagnante, profi tant de l’augmentation du prix du pétrole cau-sée par l’instabilité et le chaos des atten-tats ou actes de guerre découlant de la revanche iranienne à l’étranger ou dans le détroit d’Hormuz.

Une manière de rappeler la complexité du système international et la perspec-tive russe de la géopolitique.

ANTOINE LATOUR

Clinton dégèle, Biden enfl amme : où va la politique américaine sur la Russie ?

« Il y a des politiciens et analystes américains [...] qui croient que la perspective d’un Iran nucléaire effraie tellement la Russie qu’elle va se ranger du côté américain tôt ou tard. C’est absolument à l’opposé de la réalité. »Andranik Migranyan

Le vice-président américain, Joe Biden, prononce un discours le 22 octobre 2009 depuis la bibliothèque de l’université de Bucarest, en Roumanie. Il a encouragé la Roumanie à œuvrer à la démocratisation des autres pays de l’ancien bloc soviétique, un geste qui n’est certainement pas tombé dans l’oreille d’un sourd à Moscou. Pendant ce temps, le Département d’État américain tente d’orchestrer une « remise à neuf » des relations avec la Russie.

Daniel Mihailescu/AFP/Getty Images

Page 5: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 16 au 30 novembre 2009

La Grande Époque ● 16 – 30 NOVEMBRE 2009 55ChineChinewww.lagrandeepoque.com

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OTTAWA – Sénateurs et dépu-tés de différents partis canadiens préoccupés par la détresse des membres du mouvement bouddhiste chinois Falun Gong, réprimé de façon sanglante en Chine, ont fondé une organi-sation parlementaire afi n de se pencher sur le sujet.

Parliamentary Friends of Falun Gong (PFOFG), entièrement constitué de parlementaires canadiens, se

donne pour mission d’offrir un soutien à la pratique de méditation et d’enseigne-ments moraux victime d’une décennie de persécution en Chine.

« Notre premier objectif est de s’assurer que les parlementaires soient mieux infor-més sur les questions relatives au Falun Gong », a déclaré le président de PFOFG, le néo-démocrate Bill Siksay. « Une des principales raisons d’être de l’organisation est d’encourager le respect des droits de l’homme fondamentaux en Chine. »

Des rapports des Nations unies, d’or-ganismes gouvernementaux, d’orga-nisations des droits de la personne et d’enquêteurs indépendants mettent en relief la brutalité de la répression subie par le Falun Gong.

Popularisé en Chine dans les années 90, le Falun Gong – avec son retour à des valeurs morales traditionnelles chi-noises – a connu une popularité sans précédent en Chine. Avant le début de sa répression en 1999, il comptait, selon les estimations du gouvernement chinois, entre 70 et 100 millions d’adeptes.

M. Siksay a fait savoir que le premier mandat du groupe était de rencontrer l’Association du Falun Dafa du Canada (AFDC).

« Nous sommes ravis d’apprendre que ce groupe a été mis sur pied », a affi rmé le président de l’AFDC, Xun Li. « L’inté-rêt des parlementaires indique que cette affaire est importante. Cela envoie un

message d’encouragement aux prati-quants en Chine. »

Le Canada, premier à con-damner la persécution

Il y a dix ans, le Canada avait déjà pris les devants en étant le premier pays à condamner publiquement la répression du mouvement. Le Canada avait, rap-porte le journal Globe and Mail, déposé une plainte offi cielle auprès du ministre des Affaires étrangères chinois peu de temps après le début des arrestations et des détentions massives de pratiquants le 20 juillet 1999.

Dans une rencontre Canada-Chine sur les droits de l’homme en novembre 1999, le secrétaire d’État pour l’Asie-Pacifi que, Raymond Chan, annonçait alors que sa délégation soulèverait « les questions spécifi ques en regard des libertés de reli-gion et des droits fondamentaux ainsi que des rapports de mauvais traitements infl i-gés aux adeptes du Falun Gong ».

D’après La Presse Canadienne, le Falun Gong était le troisième sujet le plus souvent abordé dans les correspondan-ces avec le Bureau du Premier ministre en 2005. Et un rapport du Département d’État américain de 2008 indique que,

selon des observateurs étrangers, au moins la moitié des 250.000 prisonniers des camps de travail en Chine sont des pratiquants de Falun Gong.

Le groupe est en parallèle victime d’une campagne de calomnie extrême-ment agressive, orchestrée par les auto-rités chinoises pour tenter de contrer les critiques internationales. « Il a toujours été clair pour moi qu’il y a une incompré-hension de taille au sujet de la pratique du Falun Gong », commente M. Siksay. Il pense que si ses collègues sont bien informés et sont conscients des questions importantes en lien avec la pratique, « je

ne vois pas comment cela ne pourrait pas infl uencer la politique gouvernementale ».

Groupe multipartisLes membres fondateurs du PFOFG

incluent deux sénateurs et 18 députés provenant de tous les partis représentés au Parlement.

Le libéral Borys Wrzesnewskyj et le conservateur Stephen Woodworth sont les vice-présidents. L’exécutif comprend également les néo-démocrates Peter Julian et Don Davies ; les conservateurs Scott Reid, Rob Anders et le sénateur Consiglio Di Nino ; ainsi que Diane Bour-geois du Bloc Québécois.

M. Di Nino est à l’origine de la fondation du groupe parlementaire, dont il a amené l’idée il y a six mois.

M. Wrzesnewskyj a de son côté pré-senté un projet de loi pour combattre le trafi c d’organes international, qu’il a rédigé après avoir lu un rapport d’enquête canadien publié en 2006-2007 qui docu-mente les prélèvements d’organes forcés faits sur les pratiquants de Falun Gong par les hôpitaux chinois.

Irwin Cotler, un autre membre de PFOFG, est le conseiller spécial libéral chargé des droits de la personne et de la justice internationale. Il a aidé à obtenir la libération de prisonniers de conscience partout dans le monde, y compris des pra-tiquants de Falun Gong.

La motion parlementaire M-236, copar-rainée par l’actuel ministre du Commerce international Stockwell Day, a par exem-ple mené à la libération de huit membres du Falun Gong en l’espace d’un an.

« Les Canadiens pratiquant le Falun Gong ont demandé notre aide », indique Stephen Woodworth dans un communi-qué. « Le moins que les parlementaires puissent faire c’est de défendre les droits de l’homme lorsqu’on leur demande de le faire. »

Des groupes parlementaires comme le PFOG existent déjà au Canada pour défendre la cause du Tibet ou des droits de l’homme en Birmanie.

CINDY CHAN

Comité de soutien au Parlement canadien pour un groupe persécuté en Chine

La Colline du Parlement à Ottawa.

MICHEL COMTE/AFP/Getty Images

Les sécheresses qui ont ravagé le sud de la Chine ont détruit les récoltes. Et les niveaux d’eau dans

les réservoirs et les rivières n’ont jamais été aussi bas. Depuis le mois d’août, certaines provinces ont eu peu, voire pas de pluie du tout, d’après le Bureau des Eaux de la province de Jiangxi.

« Nous n’avons pas d’eau du tout et les vers mangent les récoltes. Quand nous récoltons le riz, ce sont des vers [que l’on trouve] à la place », dit Deng, fermier dans le comté de Jing’an dans le Jiangxi.

La pluie n’est pas tombée dans la pro-vince mais les températures d’automne ont augmenté. « Le réservoir d’eau est vide », explique Deng, précisant qu’il n’a jamais vu une telle réduction des récoltes et à si grande échelle.

Avec des rivières et des mares pres-que asséchées, les rizières très dépen-dantes de l’irrigation ont de très faibles rendements. Beaucoup de fermiers ont dû s’arrêter de travailler. « On ne peut rien faire sans eau », explique Ye, fer-mier du comté de Longmen, interviewé par La Grande Epoque. « Les légu-mes ne poussent pas, et on est obligé d’en acheter maintenant. Dans cer-tains endroits il n’y a même plus d’eau à boire. »

Des centaines de milliers de person-nes dans le Guangdong ont été affec-tées, d’après le Bureau de météorologie là-bas. Le niveau d’eau de 32 grands réservoirs du Guangdong est même plus bas que durant la sécheresse de 2004.

Même situation à Xiamen, dans la province de Fujian, où le riz est la prin-cipale culture. « Les plants de riz et de légumes que nous avons repiqués sont tous morts », dit Chen, un fermier de la région. « Les légumes pourrissent de l’intérieur. Nous n’avons quasiment aucune récolte cette saison. »

Chen s’inquiète des conséquences qu’aura la sécheresse dans la province de Fujian si cela continue. « On ne peut même pas utiliser les légumes secs pour nourrir les poulets », dit-il, ajoutant que beaucoup de gens se sont tour-nés vers la culture des aubergines, qui poussent mieux en terrain sec.

Environ 526.000 hectares de terres cultivées sont ravagés par la séche-resse dans cette province, où officiel-lement 194.000 habitants souffrent de la soif. Des dizaines de réservoirs d’eau sont presque à sec, et certains sont vides, d’après des rapports du Bureau local pour le contrôle de la nourriture.

Depuis un pont de la rivière Xiang, on peut voir que celle-ci fait la moitié

de sa largeur habituelle, environ 500 mètres sont à nu. Des algues envahis-sent l’eau stagnante. Et la saison sèche de la rivière devrait durer jusqu’à la fin de l’année.

Les faibles niveaux d’eau ont provo-qué l’arrêt des commerces le long d’une partie de la rivière. D’après un rapport officiel, la section Anqing de la rivière Yangtze dans les provinces de l’Anhui et du Jiangsu a aussi atteint son plus bas niveau depuis 1986. Les bateaux restent à quai et la navigation est cha-que jour un peu plus difficile.

Depuis les années 1990 la fréquence des sécheresses augmente de façon inquiétante en Chine.

GU YUNYIN

La sécheresse ravage le sud de la Chine

Un champ asséché dans une ferme aux abords de Changsha.

STR/AFP/Getty Images

Suite de la première page

L’organisation environnementale dit avoir analysé des échantillons durant sept mois, surveillant plus de 60 usi-nes de huit villes dans la région et les zones en amont. « Une grande variété de substances toxiques » ont été déce-lées dans les échantillons, notamment de forts taux de béryllium, de cuivre et de manganèse. Le taux de béryllium est en moyenne 25 fois plus élevé que la norme locale et le taux de cuivre 12 fois plus.

On a retrouvé également de nom-breux composés organiques toxi-ques notamment un ignifugeur bromé qui perturbe le système hormonal et affecte le système nerveux ; du bisphé-nol-A qui réduit la fertilité ; du dichloro-méthane qui provoque des mutations génétiques et des cancers ; et des phé-nols alkyl qui réduisent la production de sperme et provoquent des spermato-zoïdes anormaux. Ces substances sont des poisons lents pour les hommes et l’environnement car ils sont diffi ciles à détruire et se concentrent au fi l de la chaîne alimentaire.

Quatre des cinq entreprises incrimi-nées dans ces pollutions sont hongkon-gaises, et deux sont cotées en bourse à Hong Kong. « Nos découvertes ne sont que la pointe de l’iceberg », sou-pire un des membres de l’expédition de Greenpeace en Chine, Chan Yu-Hui.

« La pollution de l’eau dans d’autres régions en Chine est également très alarmante. Une entreprise sur deux du delta de la rivière des Perles est hon-gkongaise, et beaucoup d’entre elles sont cotées en bourse. Ces grandes sociétés devraient montrer l’exemple en matière de protection de l’environ-nement, au lieu d’être les principaux pollueurs. »

Les environnementalistes lancent un appel urgent pour réduire et éliminer des déchets industriels toxiques.

DANE CROCKER ET PINGPING YU

La version complète du rap-port de Greenpeace Empoison-ner la Perle : Enquête sur la pollution industrielle de l’eau dans le delta de la rivière des Perles, est consulta-ble à l’adresse www.greenpeace.org/poisoningthepearl

Pollution de la rivière des Perles : rapport accablant de Greenpeace

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Suite du septième commentaire

V. La destruction de la famille

Nous n’avons aucun moyen de chiffrer le nombre de personnes tuées dans les campagnes politiques du PCC. Il n’est pas possible non plus de faire des enquê-tes statistiques parmi la population, du fait du blocus de l’information et des barrières entre les différen-tes régions, groupes ethniques et dialectes locaux. Le gouvernement du PCC ne fera jamais ce genre d’en-quête d’ailleurs, car cela équivaudrait à creuser sa pro-pre tombe. Il préfère passer sur les détails lorsqu’il s’agit de sa propre histoire.

Le nombre de familles détruites par le Parti est encore plus diffi cile à estimer. Dans certains cas, une personne est morte et la famille a éclaté. Dans d’autres cas ce sont des familles entières qui ont été décimées. Même lorsque personne n’était tué, beaucoup étaient forcés de divorcer. Parents et enfants ont été forcés à renon-cer à leur lien de parenté. Certains sont restés infi rmes, d’autres sont devenus fous et certains sont morts jeunes de maladies graves suite aux tortures. Les archives de ces tragédies familiales sont largement incomplètes.

Le journal Yomiuri News basé au Japon a rapporté que plus de la moitié de la population chinoise a été persécutée par le PCC. Si tel est le cas, on peut esti-mer le nombre de familles détruites par le PCC à plus de 100 millions.

Par exemple, Zhang Zhixin est très connue parce que l’on a souvent raconté ce qu’elle a vécu. Beaucoup de gens savent qu’elle a souffert de tortures physiques, de viols collectifs et de tortures mentales. Elle a fi ni par devenir folle et a été fusillée après avoir eu la gorge tranchée. Mais beaucoup de gens ne savent peut-être pas qu’il y a une autre histoire cruelle derrière cette tra-gédie – même les membres de sa famille ont dû prendre part à « des sessions d’études pour familles de condam-nés à mort ».

Lin Lin, la fi lle de Zhang Zhixin, se souvient qu’au début du printemps 1975 :

« Une personne du tribunal de Shenyang a dit à haute voix : ‘Votre mère est une contre-révolution-naire à la peau dure. Elle refuse d’être réformée, elle est incorrigible et obstinée. Elle est contre notre grand dirigeant et président Mao, contre la pensée invincible de Mao Tse Toung et contre la direction de la révolu-tion prolétarienne de notre président Mao. Ses crimes sont multiples, notre gouvernement envisage de durcir sa punition. Si elle est exécutée quelle sera votre atti-

tude ?’ J’ai été prise de court et n’ai pas su quoi répon-dre. J’avais le cœur brisé. Mais j’ai fait semblant d’être calme, retenant mes larmes. Mon père m’avait dit qu’il ne fallait pas pleurer devant les autres, sous peine de ne pas pouvoir renoncer à notre lien de parenté avec Maman. Alors mon père a répondu pour moi : ‘Si tel est le cas, notre gouvernement est libre de faire ce qu’il con-sidère comme nécessaire’. »

La personne du tribunal a encore demandé : « Récla-merez-vous son corps si elle est exécutée ? Réclame-rez-vous ses affaires en prison ? » J’ai baissé la tête et n’ai rien dit. Mon père a répondu une fois de plus pour moi : « Nous n’avons besoin de rien. » [...] Lors-que nous sommes sortis du motel du canton, mon père nous tenait par la main mon frère et moi. Titubant, nous sommes rentrés en luttant contre la tempête de neige. Nous n’avons pas cuisiné ; papa a coupé le seul pain de céréales que nous avions à la maison et l’a partagé entre mon frère et moi. Il a dit : « Finissez-le, et allez-vous coucher tôt. » Je me suis couchée sur le lit en terre sans rien dire. Papa était assis sur une chaise fi xant la lumière d’un regard prostré. Après un certain temps il a regardé vers le lit et a cru que nous dormions. Il s’est levé, a doucement ouvert la valise que nous avions apportée de notre ancien domicile à Shenyang, il en a sorti une photo de notre mère. Il l’a regardée et n’a pu s’empêcher de pleurer.

Je me suis levée du lit, j’ai posé ma tête dans les bras de Papa et j’ai commencé à pleurer à chaudes lar-mes. Mon père m’a tapotée en disant : « Chut, les voi-sins pourraient nous entendre. » En m’entendant pleurer mon frère s’est réveillé. Papa nous a tenus très fort dans ses bras mon frère et moi. Nous avons versé tant de larmes cette nuit-là, mais nous n’avions pas le droit de pleurer. »

Pour en savoir plus : Les neuf commentaires sur www.lagrandeepoque.comVersion audio disponible sur le site de la radio Son de l’Espoir www.sondelespoir.org

62.497.932 Chinois ont démissionné

du Parti après avoir lu les Neuf commentaires sur le Parti Commu-niste. Ce mouvement de démissions

reste pour le peuple un moyen d’ex-

pression non violent, apolitique et sans

précédent dans la société chinoise.

La Grande Époque publie un extrait

traduit de cette série éditoriale chinoise

dans chacun de ses numéros.

16 – 30 NOVEMBRE 2009 ● La Grande Époque66 ChineChine www.lagrandeepoque.com

ÉDITORIAL

Quatre usines chimiques, Zhongchu, Lantian, Hongyang, et Yinhe, dans l’Est de la pro-vince de Hubei sont accusées d’être responsables de l’empoisonnement des habitants

de villages alentours. Les habitants du village Ganghe Shuanglong affi rment que les usines versent directement dans la rivière des rejets nauséabonds. L’agriculture est devenue impos-sible. M. Huang, un habitant local indique : « Cela fait plus de dix ans que la pollution ici est dramatique. Je parierais que nous sommes numéro 1 dans le pays. Chaque habitant souffre de nausées, de troubles de l’équilibre et de maux de tête. Rien ne pousse dans nos champs, et le simple fait de toucher l’eau de la rivière provoque des craquelures sur la peau, comment pourrions-nous la boire ? »

Deux ans après que le Bureau de l’Environnement a été saisi par les résidents, aucune visite n’a été faite. Un responsable du bureau, interrogé, répond : « Bien sûr nous suivons les lois. Mais les lois ne nous permettent pas d’interrompre la production des usines. » Les premiers cas de malformations congénitales ont récemment été rapportés dans les villages avoisinants.

AUJOURD’HUI EN CHINENouvelles des correspondants de la radio Son de l’Espoir

(Sound of Hope Network : www.sohnetwork.com)

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Pollution chimique dans la province de Hubei

Les photographies prises par le photographe chinois Lu Guang et appelées « Pollu-tion en Chine (1) » ont inspiré quelques « net-citoyens » chinois à réaliser une carto-

graphie de la pollution en Chine. Parmi eux, Guo Baofeng de la province de Fujian :« Quand j’ai vu les images de Lu Guang, j’ai été si impressionné que j’ai eu l’idée de

mettre tout cela sur une carte. Avec un autre ami, Shuang Ye, nous avons aussi carto-graphié les ‘villages du cancer’. En fait, quand on superpose les deux cartes on voit que les deux sont très proches. »

Les différentes tentatives de citoyens pour promouvoir la protection de l’environne-ment ont généralement été réprimées par les autorités chinoises. En mai par exemple, 200 personnes qui manifestaient contre un projet d’usine pétrochimique à Chengdu, dans la province de Sichuan, ont été violemment dispersées et l’organisateur du ras-semblement, Chen Yunfei, torturé en détention.

Parmi les sites cartographiés par Guo Baofeng, les parc industriels de Wuhai, de Mongolie Intérieure, de Taixing dans la province de Jiangsu, les usines de Fanjiazhuang dans la province de Henan qui provoquent des « pluies d’acier » quotidiennes sur les villages alentours ; les eaux industrielles de Xiaoshan dans la province de Zhejiang ; les rejets pétrochimiques de Ma Anshan, province de Anhui et de Haimen, province de Jiangsu ; les eaux brunes de Zeng Miao, en Mongolie intérieure, et bien d’autres.

(1) photos consultables à l’adresse : http://www.chinahush.com/2009/10/21/amazing-pictures-pollution-in-china/

Cartographie de la pollution en Chine par des « net-citoyens »

M. Jia Jia, ancien secrétaire général de l’association des scientifi ques et experts en technologie de la province de Shanxi a été arrêté à l’aéroport de Pékin alors qu’il

arrivait de Nouvelle-Zélande pour, disait-il « apporter la démocratie aux Chinois ».Pour Zhang Lihang du cabinet d’avocat Han Ding de la province de Zhejiang, les

lois nationales sur l’immigration s’appliquent puisque la Chine n’a pas traduit dans sa loi nationale la convention internationale sur les droits civiques et politiques, qu’elle a signée. Cependant, « même sur le territoire chinois et après avoir quitté la zone interna-tionale de l’aéroport, il n’aurait pas dû subir de restriction à sa liberté de personne. L’ex-pression d’opinion de M. Jia n’est pas criminelle, et son emprisonnement est illégal. »

Un avocat pékinois qui a souhaité rester anonyme a rappelé que « M. Jia, bénéfi ciant du statut de réfugié des Nations unies, ne peut être puni pour les opinions qu’il a expri-mées hors de Chine.»

M. Jia Jia avait fait les titres de la presse internationale en 2008 en démissionnant du Parti communiste chinois et en se réfugiant en Nouvelle-Zélande.

Arrestation d’un scientifi que expatrié

Wujie et Dynamic Internet Technology Inc. ont récemment rendu public leur dernier logiciel anti-censure, qui permet aux internautes chinois un accès facilité aux sites

internet hébergés hors de Chine. Free Gate est dans une course de vitesse permanente avec les développeurs du régime chinois qui tentent de développer des moyens de le blo-quer. Free Gate doit publier régulièrement de nouvelles versions de son logiciel phare.

Une nouvelle version de Free Gate brise la « muraille de Chine »

Alors que l’Europe célèbre les 20 ans de la chute du mur de Berlin, 1,3 milliard de Chinois restent prison-niers du blocus de l’information maintenu par la dicta-

ture chinoise. Le 5 novembre, la chaîne chinoise NTDTV a saisi le Tri-

bunal de commerce de Paris contre l’opérateur satellitaire Eutelsat, qui a interrompu ses programmes en Chine en juin 2008 à la veille des Jeux olympiques de Pékin.

Représentée par l’avocat William Bourdon, spécialiste des droits de l’homme et de la liberté de la presse, NTDTV a demandé au Tribunal de commerce de nommer un expert qui enquêtera sur les vraies raisons qui ont poussé Eutelsat à mettre fi n à sa diffusion en Chine. Cette procédure est la dernière d’une série d’actions menées par NTDTV pour con-tinuer à diffuser ses programmes en Chine et briser le mur de Berlin chinois.

« Je pense que nous avons toutes les chances de gagner », indique Me Bourdon. « L’avocat d’Eutelsat a dit : ‘Je n’ai rien à craindre d’une expertise, je n’ai pas du tout peur d’un expert, ça m’est égal mais je n’en veux pas du tout’. Si vrai-ment on n’a rien à craindre d’une expertise quand on est une société comme Eutelsat, alors quelle est la raison de se bat-tre avec autant d’énergie pour éviter qu’un technicien aille mettre son nez dans les dossiers techniques, contractuels et fi nanciers d’Eutelsat ? Donc on voit bien que pour eux c’est un enjeu très important ».

L’audience avait une première fois été reportée du 13 octobre au 5 novembre, l’avocat d’Eutelsat ayant déposé son dossier à la dernière minute. L’indélicatesse de la défense d’Eutelsat s’est reproduite le 4 novembre. « Il y a un principe, ce n’est pas un principe juridique, c’est un principe de cour-toisie. Ce n’était pas très courtois de me communiquer ces pièces hier soir alors qu’il les a depuis des semaines… », remarque William Bourdon. Un signe qu’Eutelsat ne se sent pas à l’aise sur le dossier et qu’il y aurait plus qu’un malheu-reux « incident technique » derrière la coupure de NTDTV ?

NTDTV, vitale pour le peuple chinoisFondée en 2001, New Tang Dynasty Television (NTDTV)

est le seul réseau de télévision sinophone libre à avoir dif-fusé ses émissions en Chine. La chaîne a par exemple révélé l’épidémie de SRAS trois semaines avant que Pékin

ne reconnaisse son existence. Elle traite en particulier de sujets environnementaux et humanitaires.

Depuis sa diffusion sur le satellite W5 en 2004, NTDTV est devenue indispensable pour les téléspectateurs chinois. Unique chaîne de TV de langue chinoise évitant la censure de Pékin, NTDTV a toujours été la première à rapporter des nouvelles qui comptent pour le peuple chinois et sans l’in-fl uence du gouvernement.

« Nous ne savons pas quand surviendra le prochain SRAS, ni quand arrivera le prochain scandale du lait conta-miné à la mélamine. Sans NTDTV, il y aurait eu beaucoup plus de victimes du SRAS en 2003. La libre circulation de l’in-formation est un élément critique pour la santé et la sécurité non seulement des Chinois mais aussi du reste du monde », explique l’un des sympathisants de la chaîne rassemblés devant le Tribunal de commerce au moment de l’audience.

L’ordonnance qui doit décider de la nomination d’un expert pour enquêter sur l’interruption de NTDTV sera rendue par le tribunal de commerce le 17 novembre.

ISABELLE MEYER

La télévision chinoise NTDTV saisit la justice française contre Eutelsat

La Grande Époqiue

Des sympathisants de la chaîne NTDTV face au Tribunal de commerce le 5 novembre pendant l’audience.

Page 7: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 16 au 30 novembre 2009

La Grande Époque ● 16 – 30 NOVEMBRE 2009 77ÉÉconomieconomiewww.lagrandeepoque.com

... ON EN PARLE ...

Renault annonce que son usine de Flins, située à 30 kilomètres de Paris, produira

dès 2012 une petite citadine fonctionnant totalement à l’électricité. Elle s‘appelle Zoé ZE comme « Zéro émission », une voiture compact de quatre places qui pourra attein-dre 140 km/heure et aura une autonomie d’environ 160 kilomètres. Le projet englobe aussi la production des batteries électriques dont les capacités de production envisa-gées attendraient 100.000 batteries par an. Pour hisser la France à la pointe de la tech-nologie électrique, l’Etat via le Fonds Straté-gique d’Investissement (FSI) va contribuer à hauteur de 125 millions d’euros dans ce pro-jet dont le coût d’investissement est chiffré à 600 millions d’euros pour sa phase initiale. Renault a également conclu une alliance avec le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) pour bénéfi cier de la recherche avan-cée dans le domaine de batteries pour les véhicules électriques.

Par Lauren Smith

Xavier Darcos, ministre du Travail, a pré-venu le 7 novembre que des sanctions

seront mises en place contre les entreprises qui ne respectent pas l’égalité profession-nelle hommes-femmes. Selon les chiffres du ministère, les femmes gagnent 27 % de moins que les hommes. Par ailleurs, pour un travail équivalent et avec le même niveau d’études, l’écart de salaire s’élève à 10 % en défaveur des femmes. De plus, les fem-mes ont plus de mal à accéder aux postes de responsabilité, elles sont beaucoup plus nombreuses à travailler à temps partiel et dans les emplois peu qualifi és.

Depuis trente-cinq ans l’égalité profes-sionnelle a fait l’objet de six lois qui réaffi r-maient le principe « à travail égal, salaire égal », mais en réalité presque rien n’a changé, car ces textes de loi n’ont tout sim-plement pas été appliqués. Les sanctions fi nancières prévues sous forme des quotas et de bonus-malus à l’instar de ce qui a été mis en place pour l’emploi de seniors (péna-lité à hauteur de 1 % de la masse salariale) pourraient être insuffi santes pour restaurer l’égalité au travail. Il faut aussi changer les mentalités, ce qui est plus diffi cile.

Renault : une voiture « Zéro émission » pour 2012

Parité hommes-femmes : il reste beaucoup à faire

Les banquiers centraux maintiennent leur politique monétaire à bas taux d’in-

térêt c’est-à-dire très accommodante. Le taux directeur de la BCE reste inchangé à 1 %, alors qu’une reprise économique gra-duelle se confi rme. Le contexte est jugé pour l’instant défl ationniste à cause de la faiblesse du crédit et de la faible utilisation des capacités de production. La Réserve fédérale américaine (Fed) a aussi confi rmé son intention de maintenir ses taux direc-teurs durablement bas à des valeurs quasi nulles (entre 0 % et 0, 25 %). La dynami-que de croissance n’est pas assez signi-fi cative pour redémarrer l’investissement et l’emploi, selon le communiqué accom-pagnant la décision de la Fed. En effet, le taux de chômage américain a franchi en octobre la barre symbolique des 10 % pour atteindre 10,2 %. La Banque d’An-gleterre, elle, a aussi maintenu son taux à 0,5 %. Les déterminants de la consomma-tion sont orientés négativement, les excès de capacité restent exceptionnellement élevés, et le chômage est en constante progression quel que soit le pays… l’hori-zon de la croissance de l’économie mon-diale reste brouillé.

La politique de l’argent « gratuit » continue… un rappel à la réalité ?

Le vendredi 6 novembre, le Tribu-nal de Grande Instance de Caen, dans le département du Calva-

dos, a décidé de suspendre le disposi-tif d’alerte professionnelle mis en place dans la société Benoist Girard. Dans sa décision, le juge a estimé que « La con-fi guration internationale du site permet de dénoncer anonymement des faits qui ne concernent pas seulement des faits de corruption ou de malversations... mais aussi des sujets d’ordre général regroupés par exemple sous la caté-gorie ‘autres sujets’ d’inquiétude, qui autorisent une dérive dans la délation contraire à la loi informatique et liberté de 1978 ». L’entreprise dispose d’un délai d’un mois pour accepter la déci-sion, sous peine de paiement d’une astreinte de 84.000 euros par jour. Il est fort probable que l’entreprise Benoist Girard fasse appel puis se pourvoie en cassation, ce qui peut faire traîner l’af-faire pendant plusieurs années, mais un autre jugement est attendu dans les prochaines semaines sur un cas simi-laire impliquant le groupe Dassault, ce qui permettrait de fi xer rapidement une jurisprudence sur les dispositifs d’alerte professionnelle.

La loi SOX : une législa-tion à caractère interna-tional

L’entreprise Benoist Girard, basée à Hérouville Saint Clair dans le Calvados, emploie 280 salariés et fabrique des prothèses de hanches. Elle est fi liale du puissant groupe américain Stryker Cor-poration, qui emploie 17.000 personnes pour un chiffre d’affaires 2008 de 6,7 milliards de dollars. C’est l’un des lea-ders mondiaux du marché du matériel orthopédique et médical. Comme tou-tes les entreprises américaines cotées en bourse, Stryker Corporation est sou-mise à la loi Sarbane-Oxley (loi SOX), qui a été votée en 2002 aux Etats-Unis suite aux scandales fi nanciers révélés

lors des faillites des groupes Enron et WorldCom.

Cette loi oblige notamment les pré-sidents et directeurs fi nanciers à cer-tifi er personnellement les comptes de l’entreprise, et instaure l’obligation d’un contrôle interne très rigoureux. Elle ins-titue également la mise en place de dis-positifs d’alerte professionnelle, afi n de prévenir les dérives et malversations comptables à l’origine des faillites frau-duleuses. Elle s’applique aux groupes américains cotés sur les bourses amé-ricaines, mais également à leurs fi lia-les basées à l’étranger. Ainsi, dans le cas de Stryker Corporation, la société Benoist Girard est soumise à la loi Sar-bane-Oxley.

Un dispositif « d’alerte professionnelle » inquié-tant

Parallèlement à cette loi, un groupe d’experts en management et lutte con-tre la fraude fondaient en 1999 dans l’Oregon le site www.EthicsPoint.com., dont l’objectif affi ché sur Internet est « d’assurer que vous puissiez commu-niquer en toute sécurité et honnêteté, les problèmes et les préoccupations reliés aux activités contraires à l’éthique et illégales, avec la haute direction ou le conseil d’administration d’une organisa-tion, tout en préservant votre anonymat ainsi que votre confi dentialité ».

EthicsPoint vend donc une presta-tion de fourniture d’informations confi -

dentielles aux dirigeants d’entreprises, en permettant aux salariés de dépo-ser anonymement leurs informations au travers d’une hotline téléphonique et d’un site Internet sécurisés. Ses outils sont certifi és Safe Harbor, autrement dit validés par le Département du Com-merce des États-Unis. De façon prati-que, le salarié d’une entreprise cliente d’EthicsPoint reçoit un code secret lui permettant de laisser anonymement un message confi dentiel sur le site, dont le contenu est ensuite transmis à l’entre-prise cliente.

Cette méthode de renseignements s’est également répandue en France. Selon la Commission Nationale Infor-matique et Libertés (la CNIL), on dénombre déjà plus de 1.300 entre-prises ayant mis en place un dispositif d’alerte professionnelle, dont la plupart sont des fi liales de groupes américains implantées en France. Une circulaire proscrit cependant l’anonymat et limite leur application aux domaines fi nancier, comptable, bancaire, et à la lutte contre la corruption.

Une question de culture et d’histoire nationale

Pour les Américains, le site EthicsPoint.com répond parfaitement aux besoins actuels de transparence et de renforcement de l’éthique. Le succès d’EthicsPoint est d’ailleurs au rendez-vous, puisque l’entreprise revendique déjà plus de 2.200 entreprises clien-tes, parmi lesquelles on trouve le cabi-net d’audit Ernst&Young, la banque Western Union, Arcelor Mittal Canada, Toyota Motors North America, et même

l’Unicef. Preuve s’il en est que les Amé-ricains ne semblent pas ressentir de risques liés au whistleblowing (littérale-ment « coup de siffl et » en français).

Les Français se rappellent cepen-dant les mauvais souvenirs du régime de Vichy, où la dénonciation des juifs était obligatoire, et craignent pour le respect de leur vie privée. A cet égard, EthicsPoint.com est considéré par la CFDT comme un produit susceptible de créer un climat de suspicion dans une entreprise. Avec la possibilité de communiquer des préoccupations liées à l’éthique, elle entrevoit un risque de dénonciation abusive entre collègues de travail, sous couvert d’anonymat et via Internet. Par ailleurs, le question-naire du site d’EthicsPoint.com n’est pas bâti de la même manière selon les nationalités auxquelles il s’adresse, ce qui pose problème. Par exemple, les formulaires belges ou canadiens, qui peuvent être librement utilisés par des Français, abordent des questions rela-tives aux « abus de stupéfi ants », c’est-à-dire portant atteinte au secret médical et sortant du cadre de la circulaire de la CNIL. Enfi n, l’anonymat de la personne ne semble pas vraiment garanti.

Le débat sur l’éthique et les moyens de la garantir est très large et diffi cile à trancher. La culture nationale y joue un rôle fondamental. On y voit à nouveau se dessiner l’étendard de l’exception culturelle française face à l’hégémo-nie américaine. Ce débat n’existerait cependant pas si chacun se contentait de respecter les lois ou d’écouter sa conscience. Est-ce si diffi cile à faire ?

PATRICK C. CALLEWAERT

EthicsPoint : le business de la délation en questionLa loi américaine Sarbanes Oxley de 2002 a imposé aux sociétés cotées aux Etats-Unis de lutter contre la corruption via un système d’alerte professionnelle.

L’once de métal jaune a atteint un nouveau record historique le 6 novembre, atteignant 1.101,42 dol-

lars sur le marché de Londres. C’est une première dans l’histoire du métal pré-cieux. En dix ans le prix de l’or a explosé à partir du plus bas à 250 dollars l’once en mars 1999. Mais pourquoi alors l’or enchaîne-t-il les records historiques dans un contexte de stabilisation des écono-mies et de reprise de confi ance sur les marchés fi nanciers ? Parmi les facteurs de soutien à cette forte hausse se trou-vent les achats d’or des banques cen-trales asiatiques, la faiblesse du dollar et une demande massive d’or de la part des fonds de gestion.

Les achats d’or par les banques centrales

Parmi les banques centrales les plus actives pour augmenter leurs avoirs en or se distingue surtout la Chine et l’Inde. Le 2 novembre la banque centrale indienne a annoncé qu’elle achetait 200 tonnes de métal jaune auprès du Fonds monétaire international (FMI). La tran-saction s’est élevée à 6,7 milliards de dollars. Ce rachat d’or a permis à l’Inde d’augmenter de 4 % à 6 % sa couverture en or dans ses réserves de change. Ses réserves d’or s’élèvent désormais à 557 tonnes ce qui la fait passer de 14e place à la 11e place dans le classement établi par Le Conseil mondial de l’or à fi n sep-tembre 2009. Le marché anticipait que ce serait la Chine, et pas l’Inde, qui rafl e-rait l’or mis en vente par le FMI. La sur-prise a été totale. La vente d’or par le FMI à la Chine était-elle assortie de con-ditions quant à une réévaluation du Ren-minbi, s’interrogent les experts.

D’après les déclarations des autori-tés communistes chinoises en avril de cette année, la Chine qui avait 600 ton-nes d’or en réserve, aurait acheté pour 454 tonnes d’or supplémentaires et en détient théoriquement 1.054 tonnes aujourd’hui. Ce montant peut paraître important, mais par rapport au montant de leurs réserves de change, il ne repré-sente que 1,9 % de ses réserves, ce qui est très faible comparé aux 77 %

de réserves en or des Etats-Unis, 69 % pour Allemagne et 70 % pour la France. La Chine reste donc encore très dépen-dante du billet vert. Par ailleurs, ces 454 tonnes déclarées par le régime totalitaire semblent étrangement proches du mon-tant de vente d’or prévu par le FMI. Si la Chine se fi xait comme objectif le chiffre de 10 % de ses réserves de change, il faudrait qu’elle achète 4.300 tonnes d’or sur le marché, c’est-à-dire plus d’un an et demi de production mondiale d’or.

Les ventes d’or du FMI

Le projet de vente de 403,3 tonnes d’or par le FMI a été approuvé le 7 avril 2008 par son conseil d’administration, dans le cadre d’une réforme de son fonctionnement. Ce n’est qu’en septembre 2009, après avoir obtenu l’appro-bation de 85 % de ses 185 pays membres, que l’insti-tution internationale a offi -ciellement annoncé qu’elle envisageait de céder le hui-tième de ses réserves éva-luées à 3.217 tonnes d’or aux banques centrales ou sur le marché de l’or. Ces ventes

devraient permettre au FMI de diversifi er ses sources de revenus et d’augmenter les aides aux pays pauvres. Les réser-ves d’or du FMI sont les troisièmes plus importantes après celles des Etats-Unis avec 8.133 tonnes, et l’Allemagne avec 3.408 tonnes, d’après les statistiques de Conseil mondial de l’or. Pour ne pas per-turber le cours de l’or, ces ventes doi-vent s’inscrire dans le cadre des accords renégociés le 7 août dernier entre les dix-neuf banques centrales européen-nes (« Central Bank Gold Agreement ») qui visent à respecter collectivement une

limite de vente d’or à 400 tonnes par an sur les cinq prochaines années à partir du 27 septembre.

L’or – valeur refuge par excellence

Le 6 novembre c’était le tour de la ban-que centrale du Sri Lanka qui a annoncé avoir acheté de l’or afi n de diversifi er ses réserves à cause d’une faiblesse persis-tante du billet vert. En effet, face à la fra-gilité du dollar, il vaut mieux aujourd’hui détenir de l’or que des dollars. De plus, si les économies se redressent, des ten-sions infl ationnistes risquent d’appa-raître. L’or est utilisé alors comme un moyen de protection contre l’infl ation et bénéfi cie pleinement de sa réputation de valeur refuge par excellence.

Le phénomène de hausse du cours de l’or est également amplifi é par une forte demande des investisseurs via des ETF (Exchange Trade Funds), aussi appe-lés trackers - fonds indiciels cotés en bourse adossés à l’or physique dont les encours sous gestion se situent à un niveau record.

Le marché de l’or va-t-il poursuivre son ascension au-delà de 2 000 dollars l’once ? Tout semble le confi rmer.

LAUREN SMITH

Des lingots d’or de 1.000 grammes.

La hausse spectaculaire du métal jaune se poursuit

Jae-HwanKim/AFP/Getty images

1.300 entreprises en France utilisent ce dispositif censé permettre la prévention des scandales fi nanciers.

Page 8: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 16 au 30 novembre 2009

16 – 30 NOVEMBRE 2009 ● La Grande Époque88 HommageHommage www.lagrandeepoque.com

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Claude Lévi-Strauss, l’un des derniers grands intellectuels du XXe siècle, est mort le 30 octo-bre 2009.

D’innombrables mots ont déjà été dits et seront encore dits sur Claude Lévi-Strauss, l’un des intel-

lectuels les plus remarquables du XXe siècle. Le philosophe structuraliste qui a changé la pensée et le discours politique et culturel de l’Occident dans la deuxième moitié du XXe siècle, aurait eu 101 ans le 28 novembre. Claude Lévi-Strauss le philosophe, l’ethnologue, l’anthropolo-gue, l’écrivain, l’homme d’action, l’intel-lectuel, écologiste précurseur : il n’y a pas un titre ou un superlatif qui n’échappe à son tableau. Qu’il s’agisse de linguisti-que, de sémiotique ou même de Gender Studies, d’histoire, de psychologie, d’art, de théologie, de sociologie, il n’est pas un étudiant qui ne l’ait lu. Claude Lévi-Strauss aura en effet réinventé les scien-ces humaines à lui tout seul.

Claude Lévi-Strauss, la pensée et la perception de l’autre

Même si une partie de ses conclusions n’a plus cours, personne ne conteste le fait qu’il a changé notre perception de l’autre et a octroyé à la connaissance humaine un regard universel et huma-niste. C’est l’homme qui nous a dévoilé que derrière la pensée du « sauvage », il y a une pensée sophistiquée et créa-tive. Pour lui, il n’y a pas de tribus primi-tives, retardées dans leur développement évolutionniste, mais des civilisations dif-férentes dont il faut déchiffrer la morpho-logie interne. Cette morphologie interne dominée par des systèmes de fonction-nement semblables partout à l’homme et qui lui permettent le traitement de l’in-formation et la communication. Il nous a appris que la pensée humaine est iden-tique partout et que les différents mythes du Brésil, du Japon ou de la Grèce anti-que révèlent une seule structure de la pensée humaine. Ainsi des relations uni-verselles, régissent, partout, l’inconscient de l’homme.

Ses recherches ont annulé la concep-tion hiérarchique répandue jusqu’alors entre la société occidentale et les autres sociétés. Par conséquent, elles ont eu un impact politique sur le colonialisme.

Claude Lévi-Strauss, père du structu-ralisme anthropologique, contemporain de Sartre et son adversaire, a développé la théorie de Saussure le linguiste. Il a été infl uencé par des théories mathéma-tiques, ainsi que par le travail de Roman Jacobson. Il est arrivé à la conclusion que l’identité d’un élément est défi nie par ses relations avec les éléments qui l’entou-rent. Ses conclusions ont infl uencé des chercheurs dans plusieurs domaines. Elles ont accompagné la psychanalyse lacanienne et sa rhétorique de l’incons-cient. Elles ont aussi infl uencé le sociolo-gue Pierre Bourdieu dans la présentation des forces qui infl uencent le champ de l’art et dans sa critique sur la télévision

et ses manipulations dans la production de l’image et du discours. Bien que ce dernier l’ait contesté. Bref, certains com-parent le rôle joué par ce grand homme à celui qu’a joué la philosophie des Lumières, pensant à juste titre, que son infl uence s’est étendue à tous les domai-nes de notre pensée.

Claude Lévi-Strauss, sa vie, son œuvre

Claude Lévi-Strauss est né en 1908 en Belgique dans une famille française d’ori-gine juive.

Il a fait des études de droit et de philo-sophie à la Sorbonne. En 1935 il est parti en délégation à l’université de Sao Paolo au Brésil où il fait ses recherches sur les Indiens du Brésil. Ce voyage sera déter-minant pour sa carrière d’anthropologue. En 1939, il retourne en France, est mobi-lisé et envoyé sur la ligne Maginot. En 1941, suite à la montée du gouverne-ment de Vichy et en raison des lois racia-les, il est obligé de s’exiler. Il part pour les États-Unis. Ses années aux États-Unis ont été cruciales pour le développement de sa théorie et surtout dans ses rapports avec Roman Jacobson. En 1948, il ren-tre à Paris et publie, l’année suivante, sa thèse Les structures élémentaires de la parenté qui a connu un succès immédiat. En 1955, il publie Tristes Tropiques qui le positionne parmi les intellectuels de pre-mier rang. Dans les années 60, il rédige les volumes de son ouvrage Mythologi-ques. En 1966, il est élu à l’Académie Britannique, et en 1973 à l’Académie Française. Il a également reçu de nom-breux prix et a été nommé docteur hono-ris causa de plusieurs universités, dont Oxford et Harvard.

Sans doute son humanisme, sa pas-sion pour les arts et la musique, le dialo-gue interculturel auquel il croyait, son don pour intégrer les méthodes de pensée de l’école française et de l’école américaine ainsi que son ouverture vers les différen-tes cultures ont contribué à l’excellence de son œuvre et à en faire l’intellectuel hors du commun que nous connaissons.

Plus que des grands discours sur le personnage, rendons-lui la parole l’es-pace d’un instant. Voici donc un extrait de Regarder, Écouter, Lire paru en 1993 par lequel Claude Lévi-Strauss nous invite à la réfl exion sur la condition humaine :

« Vues à l’échelle des millénai-res, les passions humaines se confon-dent. Le temps n’ajoute ni ne retire rien aux amours et aux haines éprouvés par les hommes, à leurs engagements, à leurs luttes et à leurs espoirs : jadis et aujourd’hui, ce sont toujours les mêmes. Supprimer au hasard dix ou vingt siècles d’histoire n’affecterait pas de façon sen-sible notre connaissance de la nature humaine. La seule perte irremplaçable serait celle des œuvres d’art que ces siècles auraient vu naître. Car les hom-mes ne diffèrent, et même n’existent, que par leurs œuvres. Elles seules apportent l’évidence qu’au cours des temps, parmi les hommes, quelque chose s’est réelle-ment passé. »

MICHAL BLEIBTREU-NEEMAN

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Les hommages sont unanimes après le décès de l’ethnologue Claude Lévi-Strauss, pionnier du structuralisme dans le domaine de l’anthropologie à travers la formulation de la théorie de l’alliance : organisation des relations sociales au sein d’un groupe par un jeu de relations formelles de prescriptions et d’interdictions.

PASCAL PAVANI/AFP/Getty Images

Lévi-Strauss, le philosophe, l’anthropologue, l’aventurier, l’humaniste, nous a quitté

Page 9: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 16 au 30 novembre 2009

Instant terrestre www.instanterrestre.com

« Si mon but est de restituer avec précision un lieu naturel, je le fais avec ma sensibilité, ce lien pres-que charnel qui nous relie au monde, pour délivrer l’émotion éprouvée. H.C. Bresson ne disait-il pas ‘une pho-tographie nait de l’intérieur’, c’est si vrai. Je regarde le monde en me dépossédant de mes croyances. Je n’ai pas de méthode particulière, sauf celle de la lumière, des contras-tes et des couleurs. Épurer sans pour autant trahir le sens des lieux, pré-servant le détail et le pittoresque pour laisser venir à nous l’étrangeté et la singularité de toute terre. »

Photo et texte de Stéphane Cabaret

►Chronique d’un observateur du 7e

NOUVEAU REGARDUN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 16 – 30 NOVEMBRE 2009 • BIMENSUELWWW.LAGRANDEEPOQUE.COM

ÉDITION 166

EpochTimes.comLa Grande Époque

La sensualité, l’un des facteurs clés du cinéma, semble avoir disparu. Les fi lms du passé, malgré la censure des

années 40, exprimait plus « la rage des corps » face à la froide raison. Autant-Lara n’hésite pas une seconde à tourner Le dia-ble au corps (1947) d’après le roman de Radiguet. Dans Quai des brumes (1938) de Marcel Carné, le désir est amené à un point très fort. Le visage magnifi que de Michèle Morgan, le romantisme accompa-gné d’une nostalgie des temps meilleurs, les éclairages transportent les formes du corps vers une volupté diffi cile à attein-dre par ces temps de guerre qui s’annon-cent. La photographie d’Eugène Schüfftan sculpte l’espace et les formes.

Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là...

…amenant plus de sens à une image éclairée par une histoire d’amour aux mul-tiples formes. Dans Remorques (1941), Jean Grémillon reprend le couple emblé-matique d’amoureux parfaits, un homme viril et une femme nantie d’une féminité accompagnée de la lumière du sourire. Ils projettent ensemble leur poésie sur un avenir incertain à cause des événements incontrôlables de l’histoire. Jean Grémillon choisit d’adapter le roman de Roger Ver-cel avec Jacques Prévert. Les éléments lui parlent. Le rapport de l’eau, des vagues, du temps qui passe et des sentiments qui remplissent les corps envahis par la séche-resse du temps des habitudes. Madeleine Renaud représente la femme en opposition à Michèle Morgan tout en formes, en relief, sur son visage et sur son corps. La tragé-die du couple, c’est celle des corps dislo-qués par la tempête qui ramène l’homme vers l’essentiel, la survivance. Il faut aller loin aujourd’hui pour trouver une sensua-lité digne de ce nom qui ne prend pas sa source dans l’image d’un corps cru sans histoire, sans réfl exion. François Truffaut avait réussi, dès le début de sa carrière, à représenter l’apport des relations amoureu-ses, avec des intrigues originales.

D’un homme à l’autreJules et Jim (1962) de François Truf-

faut est une représentation magnifi que de ces sensations, de ces échanges entre l’homme et la femme. Jeanne Moreau a amené énormément dans ce sujet. Dans

Viva Maria (1965) de Louis Malle, Bri-gitte Bardot et Jeanne Moreau, deux jeu-nes chanteuses d’une troupe de music-hall ambulante s’éprennent du même homme, un révolutionnaire. Il meurt. Ayant pris fait et cause pour lui, elles continuent son œuvre jusqu’au triomphe de la révolution. Et Dieu créa la femme (1956) de Roger Vadim est un fi lm important dans la fi lmographie som-maire de la sensualité. Brigitte Bardot est une jeune femme qui fait rêver le monde. Elle est une déclinaison un peu lointaine, certes, mais probante de Marilyn Monroe, interprète du fi lm Les hommes préfèrent les blondes (1954) de Howard Hawks ou Sept ans de réfl exion (1955) de Billy Wil-der.

Dans le cinéma français, les actrices sont bien formées professionnellement mais elles n’ont plus cette sensualité qui en fai-sait les beaux jours. Mademoiselle Cham-bon (2009) de Stéphane Brizé est un bon fi lm. Nous l’avons écrit. Sandrine Kiberlain n’est certainement pas, du moins esthéti-quement, une femme qui appartienne à la classe des femmes à la Brigitte Bardot ou Marilyn Monroe.

Michel Mitrani, le metteur en scène des Guichets du Louvre (1974), d’Un Bal-con en Forêt (1979), de La Nuit bulgare (1969), expliquait qu’au cinéma, depuis l’après 1968, que les hommes et les fem-mes s’étaient transformés en êtres similai-res, égaux. Ils avaient les mêmes fonctions. Sur le plan professionnel tant mieux, mais sur le plan physique, la femme avait sou-vent une allure d’homme. S’habiller comme une femme semblait être une contrainte... Le corps semblait suivre l’inspiration nou-velle de la femme.

La féminité ne semblait plus coïncider avec l’ouverture, la libération, tel que le prô-naient les événements de mai 1968. Il y a certainement des raisons étranges qui font qu’en France, plus qu’en Italie, les femmes se sont peu préoccupées de leur aspect de femme dans le contexte du cinéma. En France, la nouvelle vague a déferlé, rédui-sant la taille du matériel, permettant ainsi de fi lmer partout. Jean Seberg dans À bout de souffl e (1960) de Jean-Luc Godard est fi l-mée sous toutes les coutures. Anna Karina, dans Pierrot le fou (1965) suscite des mouvements de caméra qui découvrent le relief de ses formes qui troublent Jean-Paul Belmondo. Les actrices italiennes, Sophia

Loren en premier avec La Chute de l’em-pire romain (1963) d’Antony Mann ou Gina Lollobrigida dans Fanfan la Tulipe (1952) de Christian Jacques avec Gérard Philippe ou bien ce fi lm extraordinaire de Guiseppe de Santis qui traite de la lutte des classes, Riz amer (1949) avec Silvana Mangano.

Le maître de la sensualité reste Alfred Hitchcock. Dans Les oiseaux (1960) Tipi Hedren se rend chez Rod Taylor. Puis elle traverse un lac pour rentrer chez elle. Elle est habillée d’un manteau de vison, porte un sac à main et est coiffée simplement. Elle a l’allure d’une jeune femme conqué-rante. Un oiseau l’attaque. Ses gestes sont simples, sa voix est ensorcelante. Dans Psychose (1960) Janet Leigh est dans une chambre en soutien-gorge. Elle enfi le son corsage, prête à retourner à son travail. Son corps est beau comme une sculpture. Dans Pas de printemps pour Marnie (1964), Hitchcock fait atteindre à son interprète Tipi Hedren un niveau de sensualité exception-nel, parallèle à son état psychanalytique défaillant. Les femmes et les hommes pro-duisent ce désir de vivre qui s’appelle aussi sensualité.

Non, il ne s’est rien passé à Hiroshima.....

Alain Resnais est le cinéaste fondateur d’un mouvement cinématographique fran-çais de qualité où les recherches formelle et thématique se répondent dans une harmo-nie. Chacun de ses fi lms est souvent utilisé comme une matrice, un support modifi able autour duquel la forme prendra sa nourri-ture. Hiroshima mon amour (1959), fi lm écrit par Marguerite Duras, va le propul-ser dans la cour des réalisateurs estimés pour leur savoir artistique et théorique. Un peu plus tard en 1961, L’Année dernière à Marienbad confi rme cette recherche ciné-matographique que Resnais prend très à cœur et qu’il veut faire avancer naturelle-ment, sans se fi xer de plan.

Avec Providence, Alain Resnais rend hommage aux romanciers qui se plient aux nécessités de l’autorité littéraire sans lesquelles aucun livre ne pourrait sortir de l’inspiration, cette caverne d’Ali Baba où dorment les mots avant que la phrase magi-que ne fasse ouvrir la grotte secrète.

À 87 ans, Alain Resnais ne veut sans doute pas rater sa sortie. Les Herbes fol-les (2008) est un sujet adapté d’un beau

roman de Christian Gailly. L’Incident (2008) lui permet de trouver la liberté créa-trice dont le thème le touche intimement. Il sait que la mort peut le prendre à n’importe quel moment dans une fi èvre créatrice.

Le cinéaste a trouvé une histoire banale, dans un milieu social aisé, loin des crises qui secouent notre société. Marguerite Muir se fait voler son sac à main à la sortie d’un magasin. Le voleur jette le portefeuille sur une aire de parking. Georges le ramasse et le regrettera. Alain Resnais, de cette intri-gue extrêmement banale, va utiliser des ressorts dramatiques pour faire sortir le passé, les désirs, les frustrations enfouies de ses personnages, au détour d’une aven-ture, après une existence faite de conven-tions sociales. Resnais suggère : « Dans un fi lm, c’est l’imaginaire qui prime sur la réalité et toute l’infrastructure technique est là pour créer un milieu artifi ciel d’où devrait ressortir la promesse d’un voyage vers le rêve éveillé, c’est-à-dire l’imaginaire total ». Dans Providence Resnais avait sculpté sur la pellicule le thème de la création lit-téraire et son cheminement dramaturgique. Aujourd’hui, Resnais montre les limites de la création qui peut être oubliée une fois les auteurs disparus. Il entame cette réfl exion austère avec son humour qui, de fi lm en fi lm, occupe ses histoires. Pour que ses fi lms fonctionnent comme il le désire, Alain Resnais s’est constitué une famille. Sabine Azéma, évidemment, André Dussolier dont l’humour constitue à lui seul une pièce maî-tresse dans l’élaboration du fi lm, Emma-nuelle Devos dont les prouesses dans les fi lms de Jacques Audiard rejaillissent. L’ac-trice Anne Consigny apporte cet érotisme tranquille et l’ambigüité du couple en main-tenant un mystère jamais révélé. Enfi n Mathieu Almaric, au visage constamment étonné amène cette touche de provoca-tion qui enracine un crime bien improbable. Finalement Resnais semble ne pas vou-loir aller au-delà des dialogues pour expri-mer l’amour, l’Éros que les mouvements de caméra noient dans un refus de montrer les formes sensuelles de l’amour. Il rend la relation amoureuse littéraire, comme Mar-guerite Duras, les mots se heurtent à l’in-conscient, ce qui promet sans doute pour un prochain fi lm.

Concerto pour violon et orchestre de Mozart

Le fi lm de Radu Mihaileanu, Le Con-cert (2009), est en opposition avec l’œu-vre cérébrale et la réserve d’Alain Resnais.

Il prend son essor dans le thème de la poli-tique, dans la sensualité des êtres bouillon-nant de frustrations et de désir de rattraper le temps perdu. Tous les personnages sont épris de musique. Personne ne retient ses mots, les expressions fusent. C’est un fi lm moins formel que celui de Resnais qui uti-lise des mouvements de caméra sophisti-qués et quelques effets visuels. C’est plus spectaculaire puisqu’il s’agit au fi nal d’un concert donné au Théâtre du Châtelet.

Le concerto pour violon de Tchaïko-vski exalte la sensibilité des personnages qui tombent dans une émotion grandiose où se mêlent cette revanche positive sur un système politique qui avait écrasé tou-tes les existences, toutes les promesses d’un peuple livré à un totalitarisme absolu où toutes les ambitions artistiques avaient été broyées par un système qui réfutait l’in-dividualisme positif de l’homme. Le mélo-dramatique est nécessaire dans ce fi lm, voire utile, pour entrer dans une forme d’art du spectacle promis à une accepta-tion du public. Cette volupté qu’accompa-gne le regard de l’actrice, Mélanie Laurent qui interprète le concerto pour violon de Tchaïkovski fonde une sensualité qui pro-voque les larmes.

Le fi lm est aussi politique. À l’ère de Bre-jnev, pour avoir refusé d’exclure ses musi-ciens juifs, un chef d’orchestre est rejeté pendant trente ans de tous les orchestres. Il prend sa revanche en se faisant passer pour l’orchestre du Bolchoï. Il recrute tou-tes sortes de musiciens, tsiganes et ama-teurs et réussit à constituer un orchestre qui le mènera à Paris.

Dans une autre perspective, Jean-Pierre Jeunet préfère empêcher le goût des armes de se développer tout en réconfortant des hommes et des femmes brisés par la vie et les accidents dus aux armes. Micmac à tire-larigot (2009) met en scène des lais-sés-pour-compte qui, malgré tout, ont plus d’un tour dans leur sac et veulent contri-buer à l’amour de l’humanité, défendre la vie contre les trafi quants d’armes qu’ils vont mettre hors d’état de nuire. L’histoire ne peut presque pas se raconter. Il y a de la générosité, de l’amour, bien retenu par les blessures de chacun. La solidarité mer-veilleuse fait honneur à leur dévouement pour tous les individus rencontrés. L’es-thétique de Jean-Pierre Jeunet, à domi-nante dorée, donne un aperçu du désir profond des êtres : revenir au paradis et vivre mieux.

ALAIN PENSO

Émotion du photographe

Au cinéma, la sensualité n’est plus ce qu’elle était...

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4.500 hectares de zones humides en Camargue, sur le territoire de la com-mune d’Arles, ont été acquis par le

Conservatoire du littoral. Cette opération fi nancière, conclue avec le producteur des sels marins du midi, va permettre de pro-téger de façon durable une zone humide d’importance capitale. Cette acquisition s’inscrit dans l’objectif mis en place au Grenelle de l’Environnement qui avait prévu l’achat de 20.000 hectares de zones humides d’ici à 2015. Dans cet objec-tif, une nouvelle acquisition est attendue sur cette zone. Ainsi le Conservatoire sera propriétaire de près de 21.000 hectares d’un seul tenant, sur ce site.

Le communiqué de presse précise les atouts de cet achat : « Les terrains camar-guais accueillent un site de reproduction des fl amants roses, de nombreuses espè-ces d’oiseaux (sterne pierragarin, mouette rieuse, goéland railleur...), de reptiles, d’amphibiens et de mammifères. À ce titre, ils sont classés au titre de la conven-tion Ramsar (1), et sont classés en Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunisti-que et Floristique (ZNIEFF) en raison de leur grand intérêt biologique ou écologi-que et de leurs potentialités biologiques importantes ».

Jean-Louis Borloo a déclaré lors de cette transaction : « Nous nous réjouis-sons de la réalisation de cette ambitieuse opération foncière qui permettra de proté-ger et de gérer durablement des zones humides d’un très grand intérêt. Ces milieux remarquables présentent de nom-breuses fonctionnalités environnementa-les : expansion des crues, biodiversité, lien terre mer... ».

Écosystèmes remarqua-bles, chevaux et taureaux en liberté

La diversité biologique est exception-nelle. Elle est le résultat d’une situation géographique particulière due à la rencon-

tre de deux écosystèmes remarquables, la Camargue et la Crau. Des espèces végétales et animales s’y épanouissent et cohabitent. C’est ainsi qu’on rencon-tre des taureaux et des chevaux de race camarguaise qui y pâturent librement.

Le cheval Camargue fait partie des races les plus anciennes au monde. Il est reconnu comme antérieur à l’ère chré-tienne. Ses origines sont méconnues. Les haras nationaux font du cheval Camargue un descendant du cheval de Przewalski (ancien cheval sauvage). Des auteurs

modernes comme Gérard Gadiot souli-gnent une ressemblance avec les peintu-res de la grotte de Lascaux.

Le cheval Camargue est maintenu par les éleveurs en élevage de plein air tradi-tionnel, souvent avec des bovins. La plu-part vivent ainsi en liberté toute l’année. Ils ne sont rassemblés qu’une fois par an pour un contrôle de marquage ou tout autre type de soins.

Mythes et légendes Selon des récits folkloriques, le che-

val Camargue serait un animal « né de l’écume de la mer ». Jean-Claude Girard, conservateur des musées du Gard, rap-porte la légende d’un homme poursuivi par un taureau noir, qui se jeta à la mer et fût ainsi sauvé par un étalon sorti de l’écume. L’étalon dit à l’homme : « Je ne serai jamais ton esclave, mais ton ami ». Ce cheval a été, selon la légende, le créa-teur des chevaux camarguais.

Réserve de biosphère de l’Unesco

La Réserve naturelle de Camar-gue est classée biosphère de l’Unesco, c’est-à-dire que ce site contribue à la protection de la biodiversité, et s’impli-que dans une fonction de durabilité. Ce delta est un ensemble naturel et artifi ciel de zones humides, de marais, de prai-ries et de landes. Il continue d’évoluer du fait des sédiments en provenance des Alpes, transportés jusqu’en Camargue par le Rhône. L’Unesco décrit ce territoire comme une combinaison d’eau douce, d’eau saumâtre et d’eau de mer, et que cette zone humide importante comprend un très large éventail d’habitats dont huit biotopes terrestres. En outre, cette zone constitue une aire d’hivernage importante pour les oiseaux migrateurs avec plus de 200.000 canards qui hivernent dans ces lieux. À ce jour, dix réserves de biosphère ont été classées en France.

Rôle des zones humidesLes zones humides ont de nombreuses

fonctions. Outre la préservation des espè-ces tant végétales qu’animales, elles par-ticipent à la régulation du débit des cours d’eau. Ainsi le maintien des zones humi-des atténue les crues et prévient des inon-dations et des sécheresses. Elles ont aussi la capacité de stocker et de restituer progressivement de grandes quantités d’eau. Elles permettent ainsi l’alimentation des nappes d’eau souterraines et superfi -cielles. Par ailleurs, elles favorisent l’épu-ration, la fi ltration des eaux et participent à la bonne qualité de l’eau.

HÉLOÏSE ROC

(1) La Convention sur les zones humides d’importance internationale, appelée Con-vention de Ramsar, est un traité intergou-vernemental qui sert de cadre à l’action nationale et à la coopération internatio-nale pour la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources. www.ramsar.org

Des chercheurs partiellement fi nan-cés par l’Union européenne utili-seront une technologie de pointe

pour tenter de construire des observatoi-res sous-marins destinés à la surveillance de l’activité sismique qui menace l’Est de la région méditerranéenne. Cette région connaît une forte croissance démographi-que. Aussi les scientifi ques cherchent-ils à détecter des signes de tremblements de terre avant qu’ils ne se produisent.

Réseaux océaniques d’ob-servation des fonds marins européens

Ces travaux s’inscrivent dans le cadre du projet ESONET (Réseau d’Observa-tion des mers Européennes) lancé en mars 2007. Il a reçu un fi nancement de 7 millions d’euros au titre du sixième pro-gramme-cadre. L’objectif premier d’ESO-NET est de créer une organisation capable de mettre en oeuvre, de gérer et de maintenir un réseau d’observatoi-res océaniques dans les fonds marins de toute l’Europe, depuis l’océan Arctique jusqu’à la mer Noire. Ces observatoires seront connectés au rivage par transmis-sion automatique des informations et par des liaisons électriques via des câbles à fi bre optique. La surveillance permanente permettra la résolution d’évènements dan-gereux quasi-instantanés tels que les glis-sements de terrain, les tremblements de terre, les tsunamis et les tempêtes ben-thiques.

La mer de Marmara sous haute surveillance

L’un des sites étudiés, dans ce cadre, est la mer de Marmara, qui relie la mer

Noire à la mer Méditerranée au Sud d’Is-tanbul (Turquie). Les dimensions et la proximité des côtes de la mer de Mar-mara impliquent qu’outre l’activité sismi-que, il faut également surveiller la qualité de l’eau. Il s’agit également d’un lieu idéal pour qu’ESONET conduise ses démons-trations et essais.

Étude des bulles : du méthane échappé du sédi-

mentEn novembre et décembre 2009, les

chercheurs d’ESONET, menés par Louis Geli de l’IFREMER (l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer) et Pierre Henry du CNRS (le Centre National de la Recherche Scientifi que), réaliseront une campagne à bord du navire océano-graphique Le Suroît. Les activités poursui-vent deux objectifs : déterminer s’il existe un lien entre la sismicité et les manifes-

tions d’expulsion de fl uides observées le long de la faille nord anatolienne, et réali-ser des études préalables à l’implantation d’observatoires sous-marins permanents. C’est dans ce cadre que (BOB), un sys-tème de surveillance de sorties des bulles de gaz en fond de mer, sera déployé.

Le long des failles actives, du gaz, principalement sous forme de méthane, s’échappe du sédiment. La faille nord-anatolienne, qui s’étend de part et d’autre

de la mer de Marmara, a déjà causé 12 séismes depuis 1942, notamment le trem-blement de terre d’Izmit en 1999, res-ponsable du décès de plus de 17.000 personnes. Sur les 1.600 kilomètres de longueur de la faille, ce segment situé au sud d’Istanbul est le seul qui ne se soit pas rompu depuis plusieurs siècles. C’est éga-lement le seul endroit de la faille d’où ne s’échappent pas des bulles de gaz. Lors du prochain séisme, poursuivent les cher-cheurs, les gaz piégés dans le sédiment seront expulsés. Toute la question est de savoir s’il y aura une amorce de dégazage juste avant la rupture.

Prévenir des catastrophes naturelles

Les observatoires du fond des mers sont comparables à des laboratoires pla-cés au fond des océans. Équipés d’un ensemble d’instruments de mesure, ils sont capables d’enregistrer différents types de données servant à comprendre les phénomènes océaniques. La techno-logie d’observatoires scientifi ques du fond des mers câblés n’en est qu’à ses balbu-tiements, et le projet ESONET facilitera le développement et la mise en oeuvre d’in-frastructures d’observation permanente. Les observatoires fourniront des infor-mations sur les changements au niveau mondial, préviendront des catastrophes naturelles et constitueront la base d’une gestion durable des mers européennes. Les observatoires du fond des mers feront partie des initiatives pour la surveillance mondiale de l’environnement et la sécurité (GMES) et le système mondial des systè-mes d’observation de la Terre (GEOSS).

CORDIS NOUVELLES

16 – 30 NOVEMBRE 2009 ● La Grande Époque1010 EnvironnementEnvironnement www.lagrandeepoque.com

La Camargue conquise par le Conservatoire du littoral

Des fl amants roses s’envolent du sanctuaire d’oiseaux du parc naturel régional de Camargue, créé en 1970 pour protéger les oiseaux qui y hivernent. Ce lieu offre aux ornithologues et aux passionnés un spectacle permanent de toute beauté.

Sam Panthaky/Getty Images

Un projet déploie un système de surveillance de l’activité sismique

La mer de Marmara est située entre l’Europe orientale et l’Asie mineure. Elle relie la mer Noire à la Méditerranée (mer Égée). Elle est située sur une faille responsable de nombreux et dramatiques séismes.

Bulent Kilic/Getty Images

Page 11: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 16 au 30 novembre 2009

PARIS 9e, salon de coiffure, 73 rue La Fayette, 58 m² + grand sous-sol clim. Rideau de fer. Bail neuf. Loyer : 2 000 € CC. Vente pour cause retour lieu natal. Cession : 108 000 €. Tél : 06.30.55.21.79

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92160 ANTONY. Nationale 20, quartier résidentiel, en pleine expansion. Presse, librairie, papeterie, grattage, recharges téléphones, RATP, carterie, photoco-pies, 40 m² de surface de vente + réserve. Commission annuelle : 30.000 €. Loyer : 800 €/mois sans augmentation au renou-vellement du bail. Bail neuf. Affaire à developper. Vente cause double activité. Prix : 50.000 € + stock. 01.57.19.08.62 ou 06.11.29.68.92.

92240. Vends restaurant pizzeria 75 m². 50 couverts. Proche métro Etienne Dolet. A proximité de nombreux bureaux. Pro-che centre ville. Loyer 1.250 €/mois char-ges comprises. Fonds 100.000 €. Prix à débattre. Tél : 06.50.20.17.93

93110 Rosny Sous Bois. Vends tabac, presse, loto, PMU, RATP. RAPIDO et BAR en cours. 82 m². Pas de conc-curence directe. Bon chiffre d’affaires en constante progression.Surveillance vidéo, alarme,rideau metallise. Loyer : 1.200 €/An Prix: 245.000 € à débattre. Tél 01.49.35.18.19 ou 06.22.49.93.63

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94300 Vincennes. Cause retraite cède librairie, presse, papeterie, carterie, fax, informatisé, connexion Strator. Clientèle

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95300 Pontoise. A vendre Restaurant (restauration rapide ou autre activité pro-fessionnelle). Fond de commerce en plein centre de Pontoise comprenant petit jar-din, chambre froide, grande cave à vin, local de stockage, garage. Bureau, 2 studios, F2. Entrée séparée du restau-rant. Possibilité de 100 couverts. Bail jus-qu’en 2013. Loyer TTC 2.097€. Possibilité de renouveler le bail au nouvel acheteur. Montant global : 130.000€ (négociable). M.Demirhan: 06 73 51 28 84 et 06 59 78 30 30.

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Directrice de la publication : Isabelle ChaigneauDirecteur de la rédaction : Rémi BleibtreuRédacteur en chef : Aurélien GirardComité de rédaction :Hanna L. Szmytko

Héloïse RocFrédérique Privat Catherine Keller Directrice de la communication :Hélène TongDirecteur artistique : Mathieu Sirvins

Impression : Oppermann Druck und VerlagsGmbH & Co. Gutenbergstraße 1 D-31552 RodenbergDépôt légal : à parution.ISSN : 1772-3426.

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Page 12: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 16 au 30 novembre 2009

À l’occasion des Journées du Patri-moine qui se sont déroulées les 19 et 20 septembre derniers, nous

nous sommes rendus dans la commune de Régina, située dans l’Est guyanais, sur les bords de l’Approuague, troisième fl euve de Guyane en superfi cie. Nous avons rencontré le maire de Régina, Jus-tin Anatole, avec qui nous nous sommes longuement entretenus du passé riche de cette région, de ce présent qui renaît peu à peu, et d’un avenir souhaité aussi inté-ressant que dans les beaux jours passés.

LGE : Nous sommes aujourd’hui à l’écomusée de la ville dans lequel vous avez vous-même animé une visite de l’exposition permanente en créole. Pourquoi un écomusée à Régina ?

Justin Anatole : La commune s’est donnée, depuis plusieurs années, un objectif de savoir et de savoir-faire parce qu’elle était en perte de vitesse. Une com-mune si riche en histoire avait besoin de le faire savoir ! Mais pourquoi ? Tout sim-plement afi n de laisser des traces aux générations futures, aux Guyanais et aux autres personnes venant de l’extérieur… et parce que Régina était, économique-ment parlant, une commune très riche à une époque, et nous voulions retranscrire cela dans la durée.

LGE : Vous parlez de Régina qui a un passé très riche, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Justin Anatole : Au début du XVIIe siè-cle, Régina a été une commune pressen-tie pour développer l’agriculture grâce à ses terres basses dites terres noyées et qui avaient l’avantage d’être suffi sam-ment fertiles pour la production agricole.

On a connu au temps des Antilles fran-çaises la période esclavagiste qui a été essentiellement consacrée à la main d’œuvre pour permettre aux colons de pouvoir produire différentes denrées dont l’Europe avait besoin. Outre cela, il y a eu d’autres activités qui ont primé sur le sec-teur de l’Approuague, notamment le bois de rose pour son essence, le balata pour sa gomme, et également la grande épo-pée de l’orpaillage.

LGE : Quelles ont été alors les cau-

ses du déclin de cette région ?Justin Anatole : Historiquement par-

lant, je vous dirais que nous avons été mis hors circuit par la qualité du sucre produit aux Antilles, ajouté à l’éloignement par rapport au coût de la production de sucre en Guyane, notamment à Régina. Le sucre de Guyane n’était plus compétitif. Voilà déjà un premier choc perçu.

Deuxièmement, avec la découverte de l’or, toutes ces activités agricoles qui méritaient d’exister ont été gommées par l’orpaillage. Puis l’orpaillage est tombé à son tour parce qu’à un moment donné l’état à mis un frein à l’installation des placers en nommant le bureau minier en Guyane pour pouvoir faire des inves-tigations à grande échelle de la potentia-lité de la ressource, et on a mis à la porte bon nombre d’orpailleurs. Quant au bois de rose, c’est pareil.

LGE : En tant que maire de Régina, que pensez-vous mettre en place afi n de réhabiliter cette région ?

Justin Anatole : Aujourd’hui ce serait diffi cile de faire venir s’installer un indus-triel sur l’Approuague. Je suis en train de

revaloriser ce patrimoine en proposant à une majorité de personnes de le décou-vrir et de le visiter.

LGE : Vous proposez de visiter les vestiges de Guisanbourg, « quartier de Régina » qui était situé sur l’Approua-gue et autrefois très productif commer-cialement. Avez-vous des perspectives d’avenir concernant ce site ?

Justin Anatole : Le site de Guisan-bourg a été asséché par l’ingénieur suisse Guisan afi n de mettre en place des polders ainsi qu’une zone de vie. Aujourd’hui, il serait diffi cile pour la muni-cipalité de Régina avec offi ciellement 900 âmes en tout et pour tout, en terme de budget, de remettre Guisanbourg sur pied. La démarche est plutôt d’en faire un site touristique.

Les équipements sont de véritables ruines, la végétation a repris ses droits. De plus, il y a l’éloignement de Guisam-bourg, à une heure vingt de pirogue de Régina… Et je ne me vois pas laisser des objets dans un site qui ne fonctionnerait que le weekend, car il serait vite pillé… Toutes les maisons de Guisambourg ont

été démontées et remontées sur les sites d’orpaillage situés sur le Haut-Approua-gue.

LGE : L’orpaillage serait-il alors l’un des facteurs principaux de la dispari-tion de sites à la fois de production ou de vie autour de Régina ?

Justin Anatole : Non, ce n’est pas l’or-paillage qui est à l’origine de cela, mais l’humain, tout simplement.

LGE : Autrefois l’orpaillage était une activité « saine » qui respectait l’envi-ronnement et qui a permis de faire con-naître la région à des Antillais et autres qui venaient en Guyane pour prospec-ter. Mais maintenant, que pensez-vous de l’orpaillage tel qu’il est pratiqué actuellement ?

Justin Anatole : J’ai des pincements au cœur par exemple pour les villages de Sainte Lucien, Coco, Souvenir, Pierrette, Maïs, etc. Quand on se rend sur ces sites, c’est le désastre. Il y a eu un boulever-sement incroyable de la nature ! Tant de destructions ! Et je sais que sur les lieux où les clandestins brésiliens ont travaillé des forêts ne repousseront jamais, mal-heureusement. Là, c’est la face cachée qu’on ne montre jamais.

LGE : Y a-t-il une politique du gou-vernement français en matière de pro-tection de cet environnement, et quelle est-elle ?

Justin Anatole : Les faits et les actes sont deux choses, tout le monde le sait. On a fait le Grenelle de l’environnement, le Grenelle de la mer. En France nous avons la tradition de beaucoup parler mais on ne joint pas des actes forts à la parole. Je vous cite un exemple : au Suri-nam, les orpailleurs brésiliens ont essayé d’envahir des sites… eh bien, je peux vous dire que les Surinamais ont réglé le problème en une semaine.

Nous sommes en Guyane et donc en France. On passe beaucoup de temps et beaucoup d’argent sur différentes opéra-tions menées sur le territoire que je dirais insuffi santes. Je parle par exemple de l’opération Anaconda qui n’a pas eu beau-coup d’effet. Puis maintenant l’opération Harpie, dont on parle de temps en temps

dans les médias, des opérations qui res-tent secrètes… Il faut un véritable déman-tèlement mais il y a des éléments qui manquent. Je veux m’expliquer là-dessus en disant que lorsque les forces de l’ordre vont sur un site d’orpaillage légal et ren-contrent des gens en situation irrégulière, il y a un bout de papier sur lequel est mar-qué : « Vous avez 48 heures pour quit-ter le département ». Puis ils repartent… Mais ces gens-là sont très organisés et ne repartent pas bien sûr.

On dit qu’on démantèle le matériel, oui, c’est vrai, mais les machines qui sont détruites par les forces armées de l’Etat sont souvent en triple exemplaires, et quand l’opération est terminée, ils recom-mencent à travailler… C’est le jeu du chat et de la souris tout simplement, mais par contre chaque opération coûte des mil-lions d’euros, et sans retombées pour la Guyane. Donc ces fonds-là, j’estime qu’ils sont perdus.

S’il y avait un contrôle en amont ou en aval sur les productions qui sont à cha-que fois saisies, on pourrait toutefois dire : « Nous avons dépensé tant d’ar-gent, mais nous avons pu récupérer tant de tonnes d’or qui vont coûter tant ». En effet, quand on sait qu’un kilo d’or coûte 24.000 euros, vous imaginez un peu ce qui part de la Guyane ! Et on sait perti-nemment que c’est une ressource non renouvelable, ce qui est enlevé on ne le retrouvera pas, c’est terminé ! Or, c’est quand même une ressource qui peut ser-vir pour les générations futures…

Savez-vous qu’au Brésil, l’orpaillage est interdit et que tous les sites construits pas bien loin de nos frontières sont fer-més. Ce sont donc les chercheurs d’or brésiliens qui se sont rabattus sur la Guyane…

LGE : Pour conclure, comment voyez-vous le futur de Régina ?

Justin Anatole : J’aimerais voir Régina à la hauteur des autres commu-nes, je n’aurai pas l’ambition de la rame-ner soixante-dix ans en arrière, mais en tout cas de la ramener à l’échelle des autres.

FRÉDÉRIQUE PRIVATLA GRANDE ÉPOQUE

GUYANE

Le manioc fait partie des habitu-des alimentaires des Antilles et c’est à Marie-Galante que Nata-cha Darin dirige une petite entre-prise familiale depuis 2002 appelée Farimag.

Cette jeune femme originaire de l’île a grandi dans la production de la farine. C’est à sa grand-mère puis à

sa mère qu’elle doit cet héritage. Le hangar qui jouxte la maison familiale a été cons-truit pour cette activité. Un four artisanal en sous-sol permet de chauffer les platines. Les presses artisanales s’érigent naturel-lement dans la nature sauvage. Natacha nous dévoile essentiellement les secrets de la fabrication de la farine de manioc, mais l’entreprise n’en reste pas là et fabri-que également de la farine de coco, du kili-bibi – de la farine de maïs grillée, spécialité de Marie-Galante, des tourments d’amour et autres spécialités toutes aussi originales les unes que les autres.

LGE : Qu’est-ce que le manioc ?Natacha Darin : Le manioc est un tuber-

cule planté par bouturage. Après un an, on récupère le tubercule qu’on transforme en différentes farines dont la farine de manioc, la farine de coco et d’autres spécialités comme les kassaves.

LGE : Il paraît que le manioc peut être toxique…

Natacha Darin : C’est vrai, le jus de manioc est toxique parce que l’on utilise les tubercules amers. Il existe deux sortes de tubercules, le manioc doux que l’on appelle kamanioc qui est comestible et que l’on uti-lise comme un légume, et le manioc amer qu’on ne mange pas en légume mais qui est utilisé pour faire de la farine et les kas-saves. La toxicité disparaît au lavage et à

la cuisson.

LGE : Comment fabrique-t-on la farine de manioc ?

Natacha Darin : Le fruit est récolté au bout d’un an, le tubercule est alors lavé, épluché à l’économe ou au couteau et passé au moulin. On récupère alors une purée riche en amidon. Le jus toxique est récupéré et par décantation, on obtient son amidon que l’on appelle la moussache. On l’utilise pour amidonner le linge.

À partir de ce produit, on peut fabriquer des kassaves. Les fi bres sont ensuite pres-sées pour éliminer toute l’eau. Ainsi on fera ressortir 80 % d’eau du manioc. Le lende-main on va tamiser et sécher la farine sur une platine, une sorte de grande poêle. La farine devra être brassée à la main pendant 2 heures 30 à 3 heures pour bien la sécher. Plus le tubercule est vieux, plus le séchage est long.

La farine de manioc est utilisée au petit déjeuner avec du lait, pour le féroce d’avo-cat. Elle accompagne parfaitement les légumineuses et est très utilisée en pâtis-serie. C’est un produit sans gluten qui se révèle fort intéressant pour les personnes allergiques à cette substance.

LGE : Vous avez parlé de kassave, qu’est-ce que c’est ?

Natacha Darin : Les kassaves sont de petites galettes chaudes sucrées ou salées fabriquées avec l’amidon du manioc ou alors avec la farine mais que l’on appellera pain de manioc. Elles sont fourrées avec de la confi ture de coco et peuvent être garnies de légumes, de fromage, de banane agré-mentée de chocolat fondu. Elles se dégus-tent en général sur le marché.

LGE : Et le kilibibi, qu’est-ce que c’est ?

Natacha Darin : Le kilibibi est un produit à base de maïs local grillé auquel on va

rajouter des épices comme la cannelle, la muscade et un peu de sucre de canne.

Nous utilisons aussi la farine pour con-fectionner des tourments d’amour, des accras, des gâteaux et différentes qui-ches. Nous avons également le petit bon-bon meringue que l’on appelle le bonbon moussache.

LGE : Toutes vos installations sont très rustiques, pas de machine moderne, tout est fait à la main, c’est vraiment très artisanal…

Natacha Darin : Oui c’est vrai, il faut res-ter une longue journée dans l’épluchage. La farine est faite en deux étapes. La pre-mière journée on récolte, on lave, on éplu-che, puis on passe au moulin et la purée est mise sous presse. Le deuxième jour, on tamise et on sèche la farine…

Farimag produit chaque semaine une tonne de manioc qui fournit de 200 à 250 kilogrammes de farine. Bien que Natacha soit une femme d’entreprise dynamique, elle est pleinement consciente que pour évoluer et prendre des parts du marché, il

faut se moderniser et améliorer les indus-tries de production.

Elle ne cache pas que les bonnes idées et les aides éventuelles sont les bienve-nues. Son souhait serait de pouvoir faire des échanges et des partages avec le Bré-sil qui est un grand producteur et consom-mateur de manioc. Les produits Farimag sont distribués exclusivement à Marie-Galante et en Guadeloupe.

MAGGY SANNERLA GRANDE ÉPOQUE

GUADELOUPE

Régina, une commune au patrimoine de reine

Justin Anatole, maire de Régina, lors de la visite guidée en créole de l’Ecomusée municipal d’Approuague-Kaw (EMAK) présentant les dernières machines vestiges de la scierie de Régina.

Frédérique PRIVAT/La Grande Epoque Guyane

Du manioc pour des gourmandises traditionnelles

16 – 30 NOVEMBRE 2009 ● La Grande Époque1212 Outre-merOutre-mer www.lagrandeepoque.com

Page 13: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 16 au 30 novembre 2009

L’association Celebrities for Sports and Charities dont le pré-sident d’honneur est S.A.S. le Prince Albert II de Monaco a organisé, le 17 octobre dernier, la « Star Handi Voile » en collabora-tion avec l’association Voiles Pour Tous et le Club Nautique de Nice. Une vingtaine de participants ont formé des équipes composées d’une personne à mobilité réduite et d’une personnalité sportive, artistique ou journalistique. Ils ont pris part au challenge à bord de voiliers Néo 495 ainsi que de trois catamarans Hobie Cat 15 adap-tés pour participer à une régate de type match racing.

Encourager la création sportive

L’association Celebrities for Sports and Charities a été créée en 2004. Elle a pour objet de réunir des célébrités du milieu sportif et artistique et des personnes à mobilité réduite autour de thèmes sportifs, artistiques, sociaux et environnementaux. C’est un encouragement à la création artis-tique ou à l’activité sportive pour réduire les inégalités, accompagner le vieillissement, sortir de l’isolement, favoriser le dévelop-pement du lien social ou aider des associa-tions caritatives.

Développer les actionsL’association compte plus de 350 mem-

bres de 34 nationalités. Plus d’une centaine ont déjà participé aux différentes manifesta-tions depuis la création de l’association. De nombreux challenges composés d’épreu-ves sportives comme la course à pied, le golf, le ski alpin ont été organisés à Paris, Nice, Cannes, Sophia-Antipolis, les Menui-res, Arcs 1950. Les fonds récoltés à ces occasions ont permis de fi nancer des asso-ciations comme l’ONISEP, Odyssea, Resist 06, Institution Curie… Par exemple, une collecte a été organisée afi n de soutenir la famille de Loïc Leferme (recordman du monde en plongée en apnée no limit) suite au décès de ce dernier.

L’association Voiles Pour Tous veut changer le regard sur le handicap

L’association Voiles Pour Tous, agréée Jeunesse & sports, est affi liée à la Fédé-ration Française Handisport. Ses objectifs ? Permettre aux personnes à mobilité réduite de pratiquer la voile en initiation, en loisir ou en compétition afi n de rendre la personne handicapée actrice de son sport. Elle orga-nise différentes régates avec des équipa-ges mixtes « valid-handi ». Cela permet d’apporter un regard différent sur le handi-cap en favorisant l’échange entre le monde valide et celui du monde du handicap.

Le Club Nautique de Nice, un lieu de rassemblement à mobilité réduite

Fondé en 1883, c’est la Société Nautique la plus ancienne de la Côte d’Azur. De ce fait, elle a acquis une très large expérience dans la pratique des deux sports nauti-ques : la voile et l’aviron. Le club est l’orga-nisateur des « Régates Internationales de Star de Noël », très prisées par un public connaisseur. Il est classé 5e Club de France sur les 1.300 bases nautiques de France.

Christophe Van Leynseele est le vice-président de l’association Celebrities for Sports and Charities, il est également le

président de l’association Voiles Pour Tous. Il a reçu le prix « Fais-nous rêver » décerné par l’Agence pour l’Education par le Sport. Christophe est tétraplégique suite à un plongeon en piscine à l’âge de 24 ans. C’est un passionné de la mer, grand amou-reux des sports de pleine nature. Il pratique aussi la plongée depuis 20 ans en « valid-handi ». Il a pour projet la construction d’un catamaran accessible à tous afi n de parta-ger le respect du monde marin.

LGE : Est-ce votre première édition sur la Côte d’Azur ?

Christophe Van Leynseele : Oui, c’est la première. Cela me permet de faire con-naître le handicap et de faire avancer un peu la cause. Nous avons beaucoup de diffi cultés pour changer l’image du handi-cap. Il faut permettre aux gens de décou-vrir que nous sommes capables de faire beaucoup plus qu’ils ne le pensent. Nous avons la capacité de nous insérer dans la société, il suffi t de nous donner notre chance. Ces « fl ashs » peuvent faire avan-cer notre cause.

LGE : C’est donc encore un long com-bat ?

Christophe Van Leynseele : Oui, on se bat pour accéder aux loisirs, aux tourismes en général, aux sports. Nous avons hélas du mal à être actifs car l’environnement comme les trottoirs, la voirie en général, sont mal adaptés.

LGE : Votre association se trouve en Camargue ?

Christophe Van Leynseele : L’associa-tion se trouve en Camargue et moi je suis basé à Montpellier. Nous sommes là pour faire avancer les choses à Nice au niveau du sport, de la voirie, des transports, etc.

LGE : Personne ne vous soutient à part des personnes à mobilité réduite ?

Christophe Van Leynseele : Nous sommes mieux à même de nous défendre. Les politiques font appel à nous pour gérer nos problèmes. C’est une bonne chose car avant, c‘était géré par des personnes vali-des, bien pensantes et bienveillantes, mais ne dominant pas la situation car elles ne pouvaient pas comprendre les problèmes que nous rencontrons.

LGE : Etes-vous satisfait de votre pre-mière à Nice ?

Christophe Van Leynseele : Oui. Les

artistes ont répondu présents. Il y règne une bonne ambiance conviviale. Le but est de dédramatiser le handicap, de montrer que nous sommes comme tout le monde… on mange, on rigole, on évolue. Il est impor-tant de renforcer ces messages.

LGE : Comment se comportent les enfants vis-à-vis de vous ?

Christophe Van Leynseele : Les enfants sont spontanés. Ils posent des questions franches et directes et quand ils ont intégré le message, il n’y a pas de problème. Les adultes ont souvent peur du handicap parce que cela leur renvoie des images d’impuissance. Il faudrait que les adultes aient cette petite part d’enfance et de spontanéité pour oser nous parler. C’est la peur de la différence, de l’acceptation de cette différence… c’est un peu comme le racisme, on en oublie que chacun a ses spécifi cités. Nous sommes capables de vivre ensemble. Le monde de la voile véhi-cule toutes ces valeurs d’échanges, de par-tage, de fraternité.

LGE : Vous naviguez donc toute l’an-née ?

Christophe Van Leynseele : Bien sûr ! Avec des personnes tous handicaps con-fondus, pour naviguer et découvrir les joies de la navigation.

Stéphane Diagana a été le premier champion du monde d’athlétisme français en 1997 à Athènes. Il est recordman d’Eu-rope du 400 mètres haies.

LGE : Stéphane Diagana, votre partici-pation à cette prestation vient du fait que vous faites aussi partie de l’association Celebrities for Sports and Charities ?

Stéphane Diagana : Non, pas du tout, je suis là grâce à une connaissance. Je trouve que c’est un évènement sympa grâce à la voile déjà. L’idée de rencontrer des sportifs

valides et à mobilité réduite, autour de la voile, pourquoi pas ?

LGE : Avez-vous appris beaucoup de choses ?

Stéphane Diagana : Vous savez en ath-létisme il règne une connaissance mutuelle plus grande que dans un autre sport car on ne sépare pas les épreuves. Les épreuves en fauteuil ou avec des amputés existent dans les grands championnats.

LGE : Avez-vous un message à pas-ser à nos lecteurs ?

Stéphane Diagana : Continuez à encou-rager le sport handicap car il y a plein de belles choses ainsi que des performances de très haut niveau. Ce sont des sportifs à part entière et il faut absolument avoir le même respect pour eux que pour les perfor-mances des valides.

Anne Richard est comédienne. Elle tient le rôle de juge depuis huit ans dans la série Boulevard du Palais sur France 2.

LGE : Anne Richard, expliquez-nous votre présence à HandiVoile ?

Anne Richard : Je suis venue par l’in-termédiaire de l’organisatrice Sabine Dela-basse. J’ai pratiqué beaucoup de sports différents pour un fi lm sur l’athlétisme. Je ne suis pas une adepte de la voile car je suis toujours malade en mer, mais l’idée m’a interpellée. Je trouvais important d’y participer et d’utiliser mon image pour sou-tenir des causes. Ces gens se battent pour faire que les personnes à mobilité réduite puissent vivre normalement.

LGE : Vous êtes donc partie en mer avec une personne à mobilité réduite que vous ne connaissiez pas ?

Anne Richard : Exactement et sur un petit bateau à deux places. Je ne suis jamais montée sur un de ces bateaux, je ne connais absolument rien à la voile. Par con-tre lui était très compétent, il maîtrisait admi-rablement bien son bateau.

LGE : Vous avez dû avoir un bel échange sur l’eau ?

Anne Richard : Oui, c’était un beau moment d’intimité, de rencontre avec l’autre et avec sa différence. C’est important d’es-sayer de comprendre comment l’autre peut arriver à s’en sortir. Je les trouve admira-bles. On se dit : « Mon Dieu, il peut arriver des accidents malheureux et la vie bascule du jour au lendemain », mais malgré cela ils continuent à se battre. De jolies rencontres, je reviendrai. »

Antoine Coesens est acteur. Il joue notamment dans la série Central nuit et dans le fi lm La loi de Murphy.

LGE : Antoine Coesens, quel est votre ressenti aujourd’hui sur cette sortie ?

Antoine Coesens : Je suis très con-tent d’y participer, c’est valorisant pour eux, pour nous, il n’y a plus de barrière, on a tous sympathisé. Une belle leçon, car moi la voile, je suis incapable d’en faire. On n’a

pas forcément l’occasion de les rencontrer par ailleurs. Donc tout cela est une bonne idée et c’est formidable.

LGE : Avez-vous un message à pas-ser ?

Antoine Coesens : L’espoir que le monde aille mieux, que les gens pensent plus aux autres en partageant beaucoup plus. Le but de la vie est de partager, la terre nous offre tout et nous sommes en train de tout détruire car nous ne sommes pas dans le partage.

Sabine Delabasse est l’organisatrice et vice-présidente de l’association Celebrities for Sports and Charities.

LGE : En tant qu’organisatrice, êtes-vous satisfaite de cette journée ?

Sabine Delabasse : Oui, nous avons pu faire découvrir la voile à des personnalités et beaucoup ne savaient pas en faire.

LGE : Quelles étaient les conditions pour y participer ?

Sabine Delabasse : Que l’un des deux participants maîtrise les notions de la voile. Sur les Néo 495, ce sont les personnes de Handicap qui maîtrisaient, les personna-lités ne savaient pas en faire. Ils ont été coachés par les handicapés. Sur les cata-marans c’était plutôt l’inverse, par exemple on avait Florence Arthaud, Jean Galfi one et Stéphane Diagana, les rôles ont donc été inversés. Nous étions une vingtaine de par-ticipants sur l’eau.

LGE : Avez-vous eu des partenaires commerciaux ?

Sabine Delabasse : Nos partenaires principaux sont le Conseil Général, la ville de Nice, EDF et plusieurs banques ont joué le jeu.

Frédéric Allo est président délégué du Comité Départemental de Voile des Alpes-maritimes et président du Club nautique de Nice.

LGE : Quel est votre rôle dans ce chal-lenge ?

Frédéric Allo : Nous avons organisé la partie sur l’eau, mis à disposition notre matériel de sécurité, nos bateaux et notre savoir-faire en matière de régates.

LGE : Avez-vous procédé bénévo-lement ou avec l’accompagnement de sponsors ?

Frédéric Allo : Mme Delabasse avait ses sponsors, mais nous sommes partenai-res, c’est donc compris dans notre budget. La journée s’est vraiment bien déroulée.

SUZI LOOLA GRANDE ÉPOQUE

NICE

Pour en savoir plus : www.celebritieschallenge.comwww.voilespourtous.fr

Star HandiVoile à Nice ou le Challenge du handicap

Suzi Loo/La Grande Epoque Nice

Suzi Loo/La Grande Epoque Nice

Antoine Coesens.Suzi Loo/La Grande Epoque Nice

Sabine Delabasse. Suzi Loo/La Grande Epoque Nice

Frédéric Allo. Suzi Loo/La Grande Epoque Nice

Stéphane Diagana.Suzi Loo/La Grande Epoque Nice

Anne Richard.Suzi Loo/La Grande Epoque Nice

Christophe Van Leynseele.Suzi Loo/La Grande Epoque Nice

Les participants tous réunis.

Départ d’un participant valide et d’un participant à mobilité réduite à bord d’un catamaran Hobie Cat 15.

La Grande Époque ● 16 – 30 NOVEMBRE 2009 1313SociétéSociétéwww.lagrandeepoque.com

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Dans les pays industrialisés, les scientifi ques considèrent que le problème majeur d’obésité n’est pas seulement dû au déséqui-libre entre les calories consom-mées et celles dépensées, mais que d’autres facteurs non négli-geables peuvent être pris en compte tels qu’une mauvaise ali-mentation, le sédentarisme, des facteurs génétiques, neurologi-ques et endocriniens.

Certains chercheurs se sont demandé si un autre élément pré-sent dans l’alimentation pourrait

infl uencer la prise de poids. Parmi eux, Jesús Fernández-Tres-

guerres, directeur du Département de Physiologie de la Faculté de Médecine de l’université Complutense de Madrid (UCM), a pu démontrer que l’utilisation

du glutamate monosodique (GMS) pouvait avoir de graves conséquences sur la ten-dance à l’obésité en augmentant la sensa-tion de faim.

Des études plus poussées sur des rats ont dévoilé qu’à partir d’une certaine quan-tité, le GMS peut aussi avoir des effets toxiques sur l’organisme en détruisant des parties du cerveau impliquées dans le contrôle de l’appétit. De plus, cette subs-tance triple la quantité d’insuline sécrétée par le pancréas, causant ainsi l’obésité.

D’après lui, l’utilisation de cet additif et la croissante consommation d’aliments hyper protéinés pose un sérieux problème de santé publique.

Qu’est-ce que le GMS (glu-tamate monosodique) ?

Le glutamate monosodique est un exhausteur de goût qui renforce le goût des ingrédients auquel il est mélangé. On peut le retrouver dans beaucoup d’ali-ments comme les soupes en sachet, les bâtonnets de crabe (surimi), certaines charcuteries, presque tous les bouillons

en cube même bio, dans certaines épi-ces, dans de très nombreux plats prépa-rés, dans des centaines de desserts, des bonbons, des chips et de nombreux pro-duits à base de soja.

On le rencontre malheureusement bien souvent dans certains suppléments vita-minés et dans des capsules de médica-ments contenant de la gélatine.

Sans compter l’industrie de la restau-ration rapide et même les restaurants de bonne qualité qui utilisent le GMS en abondance.

Le GMS est caché sous plusieurs noms différents. On le retrouve fréquemment sous les références E621, E625 (norme européenne), ou protéine végétale hydro-lysée, glutamate monosodique, protéines ou huiles végétales hydrogénées, levure rajoutée, acide glutamique, caséinates de sodium ou de calcium, glutamate monopo-tassique, arôme naturel, etc.

Pourquoi le GMS est-il dans autant de produits alimentaires ? Est-ce un agent de conservation ou une vitamine ?

Dans son ouvrage intitulé L’empoi-

sonnement lent de l’Amérique, John Erb déclare que le GMS ajouté à l’alimentation provoque non seulement l’obésité mais aussi la dépendance à un produit.

Les fabricants de GMS admettent ouvertement que grâce à leur produit, ils rendent les gens dépendants et s’assu-rent ainsi la fi délité de leurs clients. De plus, le GMS accentue la sensation de faim, un élément non négligeable pour la production.

Quels sont les autres ris-ques majeurs ?

Non seulement le GMS est facteur d’obésité et de dépendance mais il peut provoquer de nombreux troubles tels que des troubles cardiaques, digestifs, mus-culaires, respiratoires et des troubles de la vue. Il provoque des problèmes cuta-nés et divers malaises : de violents maux de tête, des nausées, de la diarrhée, des œdèmes, voire un étouffement… Ils sont rassemblés sous le nom de syndrome du restaurant chinois, car l’utilisation du GMS s’est fait connaître plus particulièrement

dans les restaurants chinois où on l’utili-sait à outrance.

Plus grave encore, des études men-tionnées dans le livre de John Erb lient le GMS au diabète, à l’autisme, au Parkinson et même à l’Alzheimer.

Depuis 1957, la toxicité du gluta-mate a été prouvée par D. R. Lucas et J. P. Newhouse. Ceux-ci affi rmaient avoir observé la toxicité du glutamate quand ils ont constaté la destruction de neurones dans la couche interne de la rétine de sou-ris nouveau-nées nourries au glutamate monosodique.

Lorsque l’on associe le GMS avec le colorant E133 ou bleu brillant FCF, il a été démontré que ce mélange rendait le GMS sept fois plus nocif pour les cellules du cerveau.

MAGGY SANNER

Pour en savoir plus :Les additifs alimentaires : Danger, de Corinne GougetLe mensonge alimentaire, du docteur Hans-Hulrich Grimm

Les effets secondaires d’une plante médicinale sont minimes, dans un contexte de prise adapté : au bon

moment et selon le bon procédé. Autre-ment, ils peuvent être nocifs. Par exemple, le huangqi pris seul doit être utilisé avec précaution pour ceux qui souffrent d’hyper-tension ou de températures élevées dues aux infections.

Le rôle du docteur en méde-cine chinoise

Il est essentiel pour celui qui veut béné-fi cier de la phytothérapie chinoise de con-sulter un docteur en médecine chinoise. Ce dernier va évaluer la situation selon les théories et les techniques de diagnostic de la médecine chinoise, y compris la prise des pouls et l’auscultation de la langue.

En examinant le patient, le médecin doit d’abord identifi er quels méridiens et quels systèmes de quels organes sont en désé-quilibre. Par exemple, les méridiens du foie et de l’estomac sont souvent affec-tés dans les problèmes de digestion. Le médecin doit déterminer la nature du désé-quilibre énergétique, chercher s’il provient d’un excès ou d’un manque d’énergie ou si l’énergie stagne, est bloquée, ou circule dans le mauvais sens.

Prenons le refl ux œsophagien comme exemple. L’origine peut provenir du fait que l’énergie du foie stagne, ce qui affecte la cir-culation normale de l’énergie de l’estomac qui se déplace alors dans le sens inverse. Si c’est un état chronique, le patient peut être très fatigué et sous-alimenté.

Souvent, la tristesse, la colère et plus particulièrement le ressentiment ont une infl uence sur la stagnation de l’énergie du foie. Les patients présentant ce type de déséquilibre peuvent également souffrir de migraines, de dépression, d’insomnie, d’in-testins irritables ainsi que de douleurs chro-niques dans les tissus profonds.

L’empereur, le ministre, l’auxiliaire et l’ambassadeur

Quand toutes les informations sont recueillies, le médecin propose un remède individualisé, une formule propre à la médecine chinoise. Dans la plupart des

cas, quatre types de plantes composent cette formule. Le premier s’appelle l’empe-reur. L’empereur représente les plantes qui traitent les symptômes principaux et leurs causes sous-jacentes.

Le deuxième s’appelle le ministre. Le ministre aide l’empereur à réaliser un meilleur travail et traite également les symptômes qui accompagnent les causes sous-jacentes.

Le troisième s’appelle l’auxiliaire. Il aide l’empereur et le ministre dans leur fonction mais harmonise également la formule et élimine les toxines potentielles et les effets secondaires.

Le quatrième s’appelle l’ambassadeur. L’ambassadeur veille à ce que la for-mule atteigne les organes et les méridiens visés. Chaque type peut se composer de plusieurs plantes. Traditionnellement, le patient fait une décoction à partir de la for-mule à base de plantes crues, en suivant les instructions et les procédures spécifi -ques et boit la décoction deux fois par jour, habituellement loin des repas. Des prépa-rations peuvent également se présenter en capsules. Ce sont alors des extraits con-centrés de plantes.

Les médecins de la médecine chinoise conseillent souvent à leurs patients de ne pas manger de la nourriture froide, crue ou trop chaude et épicée pour rééquilibrer le rapport entre le yin et le yang.

Traditionnellement, l’acupuncture se pratique quotidiennement. Mais en occi-dent, pour des raisons fi nancières et de temps, elle est pratiquée beaucoup moins fréquemment. Lors de pathologies compli-quées et chroniques et lorsque les patients ont une grande défi cience énergétique, la phytothérapie chinoise s’avère être un adjuvent à l’acupuncture d’une valeur ines-timable.

DOCTEUR JINGDUAN YANG

Le docteur Jingduan Yang est un psychia-tre certifi é. Il est titulaire d’une licence en acupuncture. C’est un médecin de la qua-trième génération en médecine chinoise.

Pour en savoir plus :www.taoinstitute.com

Si la sangsue est principalement un parasite, c’est aussi une « thérapeute ». Elle est couram-ment utilisée en naturopathie. De grands hôpitaux l’utilisent en chirurgie réparatrice, pour com-battre la stase veineuse lors de réimplantations d’organes et de greffes de peau. Au moment de la morsure, la sangsue crée un échange. Elle suce le sang et sécrète dans la plaie près de 30 substances, utiles pour plu-sieurs pathologies.

Le docteur Dominique Schweizer est une spécialiste de la sangsue. Elle nous explique ici ses applications.

Histoire de la sangsue thé-rapeutique

La médecine indienne, l’Ayurveda, l’utilise depuis toujours. D’ailleurs, Dhan-vanthari, la divinité de cette médecine, tient une sangsue dans une main. Les Égyptiens, les Grecs et les Romains l’uti-lisaient aussi. En Occident, son utilité curative est ignorée jusqu’au XIXe siècle, alors qu’elle est utilisée depuis toujours, en Inde, en Russie et en Perse.

Au début du XIXe siècle, le médecin et chirurgien François-Joseph-Victor Brous-sais a prôné le traitement par les sang-sues. À cette époque, leur utilisation se faisait avec exagération en plaçant une centaine de sangsues par traitement. Le patient s’en trouvait fortement affaibli. De plus, les règles d’hygiène n’étant souvent pas respectées, les maladies infectieu-ses fi nissaient par entraîner la mort des patients. L’épidémie de choléra, en 1832, a mis un sérieux coup de frein à cette pratique. Ces abus ont discrédité l’hiru-dothérapie et décimé la population de sangsues européennes. Celles-ci sont maintenant protégées.

De nos jours, en Russie, cette thé-rapie est très utilisée pour soigner un grand nombre de pathologies. Redécou-verte aux Etats-Unis en chirurgie, l’hi-rudothérapie est maintenant largement pratiquée dans la médecine alternative, surtout dans l’est de l’Europe. À raison d’une à sept sangsues par séance, la thérapie doit être pratiquée exclusive-ment pas des professionnels formés et compétents. La formation d’hirudothéra-peute, pour le personnel médical, com-prend en Suisse 50 heures de théorie et de pratique.

Anatomie de la sangsueLa sangsue peut vivre plus de 20 ans

et peut atteindre 22 centimètres de long pour un poids de 40 grammes (environ 1,5 à 2 grammes pour la thérapie). Elles font parties de la même famille que les

vers de terre et ont les mêmes caracté-ristiques : des anneaux et un corps com-posé principalement d’un tube digestif. Elles sont hermaphrodites mais se fécon-dent mutuellement. Elles ont également une ventouse à chaque extrémité et dans la ventouse antérieure une mâchoire composée de trois mandibules s’accro-chent à la proie. Elle se nourrit exclusive-ment de sang et absorbe jusqu’à dix fois son poids puis se décroche. Elle digère son repas durant plusieurs mois pendant lesquels elle reste à jeun. Il existe plu-sieurs variétés de sangsues. Son nom latin est Hirudo pour les sangsues médi-cinales européennes. Hirudinaria est celui donné aux sangsues asiatiques.

En Europe, les variétés utilisées pour la thérapie sont Hirudo medicinalis et surtout Hirudo verbana. Pour la thérapie, elles ne dépassent pas 2,5 grammes et ont jeuné au moins six mois. Elles n’ont jamais bu de sang humain avant et sont détruites après utilisation. Lorsqu’elles mordent, la salive pénètre dans le sang. Dans un premier temps, elles anesthé-sient l’endroit mordu puis sécrètent la destabilase qui va dissoudre le collagène et permettre avec la hyaluronidase, la dif-fusion tissulaire de la salive. La sangsue sécrète aussi de l’hirudine (effet anti-thrombotique), la bdelline (anticoagulant) et l’égline (anti-infl ammatoire puissant). Ce sont là quelques unes des substan-ces les plus connues retrouvées dans la salive de la sangsue.

La séance d’hirudothéra-pie

Une séance d’hirudothérapie dure le temps que va mettre la sangsue pour se gorger de sang et enfi n tomber, soit entre 20 et 90 minutes. Cela dépend de l’endroit où elle est posée. Pour une hémorroïde ou un furoncle, c’est très rapide, mais cela prend plus de temps pour dégorger le foie. À la fi n du traite-ment, un gros pansement est posé sur

la plaie qui peut couler encore pendant 6 à 12 heures. Il faut alors boire beaucoup et se reposer. L’effet des sangsues est dépuratif, relaxant, décongestionnant, anticoagulant, antiphlogistique et immu-nostimulant.

Voici quelques uns des troubles pour lesquels cette thérapie ancestrale est indiquée : les arthroses du genou, du poignet et du pouce, les tendinites, les périarthrites, les polyarthrites rhumatoï-des, les hémorroïdes, les varices, les thrombophlébites, les hématomes, les accidents vasculaires cérébraux pris précocement, l’hypertension, la dépura-tion du foie.

CATHERINE KELLER

Née à Paris, où elle a fait ses études de médecine, le docteur Dominique Schwei-zer travaille en Suisse depuis plus de trente ans. Elle a un doctorat en méde-cine, une formation en psychiatrie et psychothérapie, en médecine psychoso-matique, en phytothérapie SMGP (1), en diagnostic et thérapie selon la méthode du docteur Franz Xaver Mayr. Elle s’in-téresse aux sangsues depuis 2002. Elle est allée en Allemagne et en Rus-sie (leader mondial de l’hirudothérapie) pour y être formée. Passionnée par ces petits animaux, elle les élève et les utilise dans son cabinet médical. Elle fait égale-ment des formations et donne des con-férences.

Pour en savoir plus :www.hirumed.ch pour des renseigne-ments complémentaires, thérapeutes et formations.www.sangsue-medicinale.com Ricarim-pex est la seule entreprise française spécialisée dans l’élevage et la com-mercialisation de sangsues médicinales (Hirudo medicinalis).

(1) Schweizerische Medizinische Gesel-lschaft für Phytotherapie

Que mettons-nous dans notre assiette ?

Comment la médecine chinoise utilise les plantes 2e partie

L’hirudothérapie : le retour de la sangsue

Le nom latin du huangqi est astragalus. (USDA-NRCS Plants Database)

Le docteur Dominique Schweizer.La Grande Époque

16 – 30 NOVEMBRE 2009 ● La Grande Époque1414 Santé et Bien-êtreSanté et Bien-être www.lagrandeepoque.com

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« Ceux qui cherchent vraiment le bien de leurs enfants devraient exercer leur autorité. » Ainsi aurait pu s’exprimer le docteur Shulamit Blank, pédiatre et psy-chiatre, fondatrice de l’Institut pour enfants en diffi culté Bnei Arazim près de Tel-Aviv en Israël.

Six ans après la publication de son livre Des parents trop bons (Orim tovim midaï), La Grande Époque a

interviewé Shulamit Blank, sur un sujet plus que jamais d’actualité à savoir, com-ment rendre leur autorité aux parents ?

L’Institut Bnei Arazim Grâce à sa méthode, le docteur Blank

arrive à éviter l’hospitalisation. Dans bien des cas, aucun traitement médical n’est administré. Certains enfants en étaient arrivés au point où ils refusaient de mar-cher, de manger, d’aller à l’école, de sortir de la maison, ou bien ils manifestaient un comportement violent.

« Quand il y a des limites, l’enfant se sent en sécurité. Son angoisse s’apaise et il découvre qu’il est capable de faire des choses positives et de capter l’attention des adultes par ces actions positives. Dans des cas extrêmes où les parents sont inca-pables de tenir leur rôle et de donner des limites, l’enfant est intégré à l’institut Bnei Arazim. Il vit dans un milieu collectif dans lequel les enfants eux-mêmes imposent les limites. Dans les cas les plus diffi ciles, l’enfant est séparé de ses parents tout en restant toujours en contact avec eux. On lui

réapprend à suivre les règles les plus élé-mentaires », explique-t-elle.

« L’institut Bnei Arazim est un endroit fermé d’où on ne peut pas s’enfuir faci-lement. Tout est encadré et basé sur des règles et des limites. Nous apprenons aux parents comment faire en les laissant observer. Nous traitons par les études et le sport. Le sport permet aux enfants de se défouler en canalisant leur agressivité. Nous les encadrons dans une structure avec des règles, des limites, mais aussi de la créativité et du positif. Nous travaillons dans le domaine où l’enfant est fort. Par exemple, certains enfants n’étudient pas bien mais sont doués pour le football qui a aussi ses règles : cela leur permettra d’ac-cepter des cadres et des limites. »

Tough Love ou l’amour dur« Aux Etats-Unis, il y a une expression :

Tough Love », raconte le docteur Blank. Il s’agit là, on l’aura compris, d’un amour qui prend en compte les vrais besoins de l’enfant. La méthode « dure » du docteur Blank a souvent été au centre des polé-miques dans le milieu de la psychiatrie et de l’éducation en Israël. À l’époque, c’était l’antithèse de la théorie « donner beau-coup d’amour à l’enfant ». Tout en donnant beaucoup d’amour, il faut également fi xer des limites. C’est ce que le docteur Blank a ajouté à la formule.

« Bien qu’il y ait des mouvements con-tre cette méthode, la tendance générale prend cette direction, le manque d’auto-rité menant les enfants à se tourner vers la violence. Il y a de plus en plus de gens qui soutiennent cette attitude et la presse a commencé à en parler. Les parents veu-

lent savoir parce qu’ils ont compris que sans limites, on n’arrive nulle part. »

Comment aider les parents à dire « non » face aux pressions de la société ? Le docteur Blank répond : « Tout d’abord, le parent doit être convaincu que c’est le chemin qu’il doit prendre pour aider son enfant. Les parents commencent à repren-dre des forces et à avoir confi ance en eux-mêmes. Au début ils ont peur et manquent de confi ance. Comme ils disent : ‘si tout le monde laisse faire et que nous l’inter-disons, nous serons les seuls méchants’.

Moi je leur apprends que c’est possi-ble et que l’enfant est content en fi n de compte ».

La religion, une base solide pour une société équilibrée

Le docteur Blank a été élevée dans une famille juive religieuse. Son travail est fondé sur l’humilité et la modestie. « Dans la religion juive ‘Tu honoreras ton père et ta mère’ est le premier commandement social des Dix Commandements. C’est la base. Cela veut dire honorer l’autorité,

respecter les limites et connaître son ori-gine. Les juifs éduquent ainsi leurs enfants depuis 3.500 ans. Il y a des ordres et des lois qu’il faut pratiquer sans cesse et l’on se sent toujours sous l’œil attentif de Dieu. La population religieuse est donc habituée à contribuer positivement à la société. »

A la question, vous considérez-vous croyante, le docteur Blank répond : « J’ai été élevée sur ce terreau, je crois aux limi-tes et je pense que la philosophie juive soutient cette attitude. »

MICHAL BLEIBTREU-NEEMAN

Malgré ces temps de crise, nos poubelles regor-gent de nourriture : tant celles des supermar-chés que celles des particuliers. Alors que

certains doivent fouiller dans les poubelles pour man-ger. D’autres achètent plus qu’ils ne consomment, nourrissant… leur poubelle.

L’association des communes wallonnes parlent de 15 à 20 kilos d’aliments par année et par habitant, soit une perte d’environ 174 euros. La FAO, organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, estime que 30 % des aliments américains fi nissent dans les poubelles. En Europe, selon l’Institut de gestion des déchets de l’université agronomique de Vienne, les produits les plus gaspillés sont les pro-duits laitiers et les œufs (15 %), les légumes et le pain (13 %), la viande (12 %) et les plats cuisinés (9 %).

Le gaspillage de nourriture des particuliers est fai-ble, comparé aux déchets de la grande distribution (une moyenne de 45 kilos par jour et par magasin). Nous pourrions tout de même réduire de 80 % nos déchets alimentaires avec les quelques recomman-dations préconisées par l’association wallonne des communes en collaboration avec le réseau Eco-con-sommation belge.

Recommandations pour ne plus gaspiller au moment des achats- faire l’inventaire des placards- préparer des menus en tenant compte de l’inven-taire - faire la liste des achats à la maison en fonction des menus et de l’inventaire- choisir les aliments après examen de leur date de péremption et le bon état de l’emballage- acheter des quantités selon vos besoins - respecter la chaîne du froid en utilisant un sac iso-therme et de retour à la maison, ranger rapidement les aliments- placer les aliments les plus anciens en évidence.

Au quotidien, à la maisonBien souvent la date de péremption est indicative.

Quand un aliment est périmé, son odeur et sa tex-ture changent. Les protéines sont les plus dangereu-ses. Une fois périmées, elles dégagent une mauvaise odeur.

Certaines règles permettent de conserver plus long-temps les aliments et d’éviter une intoxication alimen-taire. - réfrigérer ou congeler les plats cuisinés dans les deux heures- placer les restes dans un récipient fermé et propre- transvaser le contenu des boîtes de conserves ouver-tes-consommer les restes dans les trois à quatre jours, en dehors du poisson qui se conserve un à deux jours seulement - congeler les restes, en inscrivant la date sur l’embal-lage, à moins 18 °C pour une conservation moyenne de trois mois - congeler de petites portions, plus faciles à réchauffer - nettoyer régulièrement le réfrigérateur pour éviter que des bactéries ou des moisissures contaminent les den-rées stockées - vérifi er l’état des aliments pour éviter la décompo-sition - séparer et emballer tous les aliments pour éviter qu’ils n’entrent en contact et se contaminent - séparer, de même, les produits crus des aliments préparés- composter les aliments périmés en retirant les embal-lages au préalable.

Éviter de gaspiller nous permet d’économiser nos ressources fi nancières, énergétiques et naturelles. Pourquoi ne pas essayer ?

CATHERINE KELLERPour en savoir plus : Sur Internet, faites des recher-ches avec les termes « cuisiner les restes » pour avoir pleins d’idées faciles à réaliser.

Le pain sec est utile. On peut le donner aux ani-maux ou le conserver pour l’utiliser dans des recettes faciles et économiques. Dans les pays à

fort taux d’humidité, il se conserve très bien dans une boîte en métal, comme une boîte à biscuits par exem-ple. Rassis, le pain peut être coupé en tranches ou en cubes pour l’utiliser plus tard. Grillé au four, c’est une réserve de croûtons pour la soupe. Pour toutes ces recettes, il vaut mieux rajouter du liquide plutôt que d’en mettre trop. En effet, si le pain est trop mou, le plat ne sera pas agréable à manger.

Croûtes au fromage : Compter 2 à 3 tranches de pain sec par personne. S’il vous reste des tranches de fromage après une raclette, ce sera un bon moyen de les recycler. Sinon du comté, du gruyère ou du ched-dar feront l’affaire. Placer les tranches dans un plat allant au four, les arroser avec du lait, ou de l’eau mélangée à du vin blanc, selon votre goût, et laisser un fond que le pain absorbera. Couvrir les tranches de pain de fi nes tranches de fromage, assaisonner avec du poivre, du paprika ou de la muscade. Mettre au four préchauffé à 250 °C et cuire pendant environ 15 minu-tes, pour que le fromage fonde et gratine un peu.

Croûtes façon pizza : Compter 2 à 3 tranches de pain sec par personne. Les placer dans un plat allant au four. Verser du coulis de tomates sur les tranches, l’étaler, y ajouter des tomates pelées, 1 à 2 tranches de mozzarella. Saler, poivrer, assaisonner avec des herbes de Provence, du basilic ou des herbes à pizza et un fi let d’huile d’olive. Mettre au four préchauffé à 250 °C et cuire pendant environ 15 minutes, pour que le fromage fonde et gratine un peu.

Croûtes aux champignons : Laver et émincer environ 100 g de champignons (de Paris, bolets, chan-terelles, giroles) par personne. Les faire revenir dans

un fi let d’huile, accompagner de persil et ail hachés. Ajouter un liquide (eau ou eau plus vin blanc), assai-sonner et laisser cuire environ 20 minutes. Ajouter de la crème fraîche. Il faut environ 0,30 cl de sauce par tranche de pain. Napper le pain et mettre au four pré-chauffé à 250 °C pendant 15 minutes.

Cake salé : Tremper des cubes de pain (100 g par personne) dans de l’eau salée et épicée. Le pain mouillé, l’essorer et le mettre dans une jarre. Ajou-ter 1 œuf battu par personne et mélanger. Au choix, incorporer un ou plusieurs des aliments suivants : des cubes de jambon, de fromage, des cornichons en morceaux, des olives, des tomates séchées, du thon émietté, etc. Verser la préparation dans un moule à cake et mettre au four préchauffé à 220 °C pendant 40 minutes.

Servir chacune de ces préparations avec une belle salade.

Cake sucré : Tremper le cube de pain dans du lait sucré avec de la vanille en poudre ou de la cannelle. Essorer le pain et ajouter un œuf par personne. Agré-menter avec toutes sortes de fruits : pommes, poires, fi gues, dattes, noix, amandes ou fruits confi ts. Verser la préparation dans un moule à cake et mettre au four réchauffé à 220 °C pendant 40 minutes.

Pain perdu : Tremper les tranches de pain sec dans du lait mélangé avec des œufs, du sucre et de la cannelle. Ne laissez pas le pain trop ramollir. Faire revenir les tranches dans une poêle avec du beurre. Accompagné d’une soupe de légumes en entrée, c’est un excellent dîner. On peut aussi utiliser les restes de légumes et de viande pour faire la soupe qui sera alors mixée et veloutée.

C.K.

L’autorité aux parents ! 2e partie

Trop d’aliments fi nissent dans nos poubelles

Utiliser le pain sec

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La Grande Époque

La Grande Époque ● 16 – 30 NOVEMBRE 2009 1515Art de vivreArt de vivrewww.lagrandeepoque.com

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16 – 30 NOVEMBRE 2009 ● La Grande Époque1616 Traditions chinoisesTraditions chinoises www.lagrandeepoque.com

Qian Yang, de la ville de Wuxi, dans la province de Jiangsu,

était un érudit de renom sous la dynastie Qing. Il avait une grande connaissance des classiques et des anciennes tablettes de pierre. Il gagnait sa vie en gravant des notes et des écrits sur la pierre.

Un jour il fit un rêve. Il était dans un manoir, ses serviteurs, sa femme et ses concubines venaient l’accueillir et lui dirent : « Deux de tes fils sont allés à la capitale pour passer un examen et nous venons d’avoir trois petits-enfants de plus. Toute notre famille est extrêmement heureuse ! » Il se mit à marcher et entra dans une pièce voyant là des pièces d’or empilées en tas comme une montagne. Un vieux serviteur entra en courant lui disant : « Vos deux fils ont tous deux réussi leur examen. » Il se réveilla alors, conti-nuant à jouir de son rêve.

Quelques jours plus tard, il fit un autre rêve. Dans ce rêve, il était en train d’admirer des trésors, des peintures et des livres en compa-gnie d’un noble. Il y avait une paire de canards Mallard en jade d’une valeur inestimable qu’il ne put s’empêcher de prendre dans ses mains pour les voir de plus près. Tout à coup, les canards sont tom-bés et se sont cassés en morceaux.

Le propriétaire était très en colère. Qian s’agenouilla devant lui et le supplia de lui pardonner. Il pro-mit de donner une compensation pour cette perte. Il vendit tout ce qu’il possédait, mais c’était encore insuffisant. Quand il alla voir ses vieux amis pour leur emprunter de l’argent, aucun d’entre eux n’était disposé à le faire. Qian était dans la pauvreté et la misère. Toute sa famille mourrait de faim, sa femme avait l’air d’une miséreuse.

Après son réveil, il réalisa qu’il avait connu dans ses deux rêves la richesse et la pauvreté, le gain et la perte. Il écrivit un poème pour exprimer son sentiment : « La vie est comme un rêve jusqu’à ce que la mort vous réveille. Pourquoi donc se faire du souci concernant la perte et le gain ? Vous aurez à souffrir jusqu’à ce que vous soyez sans forme. »

Peu importe la richesse et la célébrité que nous avons dans cette vie, elles s’évanouissent comme la fumée. Par nos luttes incessantes, pour le profit nous nous faisons du mal tant physique-ment qu’émotionnellement. C’est pourquoi la culture traditionnelle chinoise enseigne Wuwei : c’est-à-dire « suivre le cours naturel des choses ».

La vie est comme un rêve PAR QING YAN

Le dicton « Le ciel et la terre dans une jarre » est une expression chinoise dérivée d’une histoire du gardien

du temple taoïste Zhang Shen de la dynastie Donghan (25-220) qui portait toujours un récipient de liqueur, l’appelant un monde dans la jarre ou la « Jarre du ciel ». Donc les gens l’ont appelé le « gentilhomme à la jarre ».

À environ 480 kilomètres de l’agglomération de Chen-gdu, dans la province du Sichuan, il y a une montagne, Yun-tai, un endroit sacré dans le taoïsme. Selon des annales du taoïsme, Zhang Daoling (34-156) qui était appelé professeur Zhengyitian, amena 370 de ses disciples cultiver à la monta-gne Yuntai.

Peu après, il vit que le temple n’avait pas encore de gar-dien. Alors il choisit Zhang Shen, un disciple, pour être gar-dien du temple. Sous la direction attentive de Zhang Shen, le temple devint de plus en plus prospère.

Il y avait un gentilhomme appelé Shi Cun qui souhaitait vivement cultiver dans le taoïsme et devenir un immortel. Il entendit que Zhang Daoling avait assigné une déité appelée le gentilhomme à la jarre comme gardien du temple Yuntai, et se rendit donc là-bas apprendre du gentilhomme à la jarre. Il y a derrière ce surnom une histoire remarquable.

On découvrit que Zhang Shen portait toujours une jarre de liqueur avec lui. Lorsqu’il chantait une incantation, un monde se déployait à l’intérieur de la jarre avec un soleil, une lune, des étoiles, un ciel bleu, une terre, des montagnes, des bois et des prairies, des fleurs, des temples et des mai-sons, etc. Ce qui était encore plus mystérieux est que chaque nuit, Zhang Shen posait sa jarre sur le sol, et se glissait dans la jarre après avoir psalmodié des incantations pour jouir de son monde de déité. Il appelait son monde à l’intérieur de la jarre la « jarre du ciel ». Ainsi les gens l’appelaient le « gen-

tilhomme à la jarre ».Dans les quelques milliers d’années de l’histoire chinoise,

le confucianisme, le bouddhisme et le taoïsme formèrent la culture divine en Chine, et transmirent de nombreuses histoi-res de travail sur soi pour l’élévation spirituelle. On pourrait penser que ce ne sont que des contes de fée ou des mythes, mais si l’on arrive à abandonner ses conceptions rigides sur la réalité qui nous entoure, alors on peut soi-même se retrou-ver dans un autre monde, comme « le Ciel et la Terre dans une jarre ».

Histoire courte

Un monde dans une jarre

Wang Wei (699-761) était un des trois grands poètes des débuts

de la dynastie Tang. Bien plus que le vif Li Bai ou le franc Du Fu, Wang Fu a été un fonctionnaire accompli – il a amassé plusieurs fortunes et les a données à profusion aux monastères – mais il a été entraîné dans la rébel-lion de An Lushan de 755-759. Capturé par des rebelles, Wang a été obligé de collaborer, ce pour quoi il a été briève-ment emprisonné lorsque l’ordre impé-rial a été restauré. Mais toujours loyal, Wang est retourné au service du Gou-vernement et a appartenu au Conseil d’État jusqu’à sa mort en 761. Modeste, suprêmement doué mais détaché de la vie, Wang a été le modèle de l’érudit offi ciel, et ses 400 poèmes font partie de nombreuses anthologies.

Un poème de la dynastie TangVisite au temple de l’Approvisionnement d’Encens

Par Wang Wei

Ne sachant où le temple se trouvait,Je parcourus des kilomètres sur des monts embrumés,

À travers d’anciens pins, sur de mauvaises pistes,En direction des cloches résonnant par delà les gorges.

Courants murmurant et abrupts rochers.Un soleil frais parmi les branches de sapin.

Assis la nuit près de l’étang de la montagne,Cherchant à maîtriser le Dragon.

Wang Wei a entendu parler du temple de l’approvisionne-

ment d’encens, mais il ne sait pas où il se trouve. Il décide d’errer au hasard sur la montagne, espérant que ses pas le mèneront au tem-ple. Cela montre sa nature déten-due, insouciante. Après quelques kilomètres, il est surpris de se trou-ver lui-même haut dans la mon-tagne dans le brouillard et les nuages. Cela donne l’impression que le temple de l’Approvisionne-ment d’Encens est silencieux, dis-tant, grandiose et mérite le respect. Marchant dans une forêt d’arbres qui s’élancent jusqu’au ciel où per-sonne n’a marché jusque-là, Wang Wei entend soudain le son d’une grosse cloche, appelant au loin-tain, mais il ne peut pas dire clai-rement de quelle direction il vient. Le silence et la tranquillité du tem-ple sont profonds, et l’atmosphère mystérieuse et l’imagination fasci-nantes. Les méandres d’une source

serpentent entre les faces abruptes des rochers, comme sanglotant et soupirant doucement pour la peine et les chagrins de la vie. Les nua-ges cramoisis au soleil couchant n’ont pas éclipsé les pins anciens. Les grands pins verts paraissent encore plus dignes et composés, ayant enduré des années de vent et de tempêtes. Devant le vaste lac mystérieux au crépuscule, Wang Wei est libre de pensées humaines. Naturellement, il aspire à se débar-rasser lui-même de tous les désirs égoïstes et autres pensées profa-nes par une méditation tranquille.

Wang Wei, le grand poète et peintre de la grande dynastie Tang, a illustré de nombreuses scènes merveilleuses pleines de sons et de couleurs par ses poèmes. Cha-que image décrite par des mots est porteuse de l’aspiration unique du poète à atteindre son but ultime, qui est de cultiver son cœur et de s’éle-ver au-dessus du monde humain.

Portrait de Wang Wei