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CHILI CHILI Victoire de la droite : une première depuis la fin du régime de Pinochet. Page 4 PAKISTAN PAKISTAN Les pauvres contraints à vendre leur rein. Page 8 FRANCE/TAÏWAN FRANCE/TAÏWAN La culture taïwanaise à l’honneur à l’Institut de France. Page 11 SANTÉ SANTÉ Troubles du rythme cardiaque : nouvelle conséquence du vieillissement des personnes. Page 12 Chine p. 5 Page 2 ................ International Page 3 ................ International Page 4 ................ International Page 5 .............................. Chine Page 6 .............................. Chine Page 7 ....................... Économie Page 8 ................... Droits humains Page 9 .................. Nouveau regard Page 10 ................. Environnement Page 11 ................................................ Culture Page 12 ............................... Santé et bien-être Page 13 ................................ Petites annonces Page 14 ................. Découverte Page 15 ....................... Société Page 16 ....................... Culture Amérique latine p. 4 P. 9 Nouveau regard Partir pour se reconstruire Jacques Prévert, Mesrine et les autres P. 15 Art de vivre Économie p. 7 P. 16 Concours de haute couture Une designer parisienne gagne le premier prix Les cadavres encombrants de la mafia croate Aux portes de l’Europe et invi- tée à joindre l’OTAN par le pré- sident George W. Bush, la Croatie étale son impuissance à lutter contre le crime orga- nisé. Les cadavres se multi- plient dans Zagreb, dont la mort violente peut être liée à tant « d’affaires » que les observa- teurs étrangers ont bien du mal à se retrouver dans les réseaux d’intérêts politico-criminels qui communiquent entre eux par cadavres interposés. Faut- il, comme le suggère l’avocat angevin d’origine croate Ivan Jurasinovic, aller chercher les responsabilités jusqu’au som- met de l’Etat croate et parmi les plus proches amis du pré- sident Stjepan Mesic ? Auquel cas il est difficile d’envisager que le gouvernement croate, accusé par des anciens hauts- responsables du renseignement d’avoir partie liée avec les grou- pes mafieux locaux, agira effica- cement. Le 25 octobre, le président améri- cain George W. Bush a formellement appuyé la candidature de la Croatie et de l’Albanie à l’OTAN, après les avoir félicitées d’avoir su se tirer du commu- nisme et devenir des pays « ouverts et en paix », ce qui pourrait mener à leur adhésion, effective dès 2009, à l’Organi- sation Nord-Atlantique. Pourtant, en affir- mant que « les peuples d’Albanie et de Croatie aident le monde à se rapprocher de ce qui sera un grand triomphe de l’his- toire – une Europe entière, une Europe libre et une Europe en paix » le prési- dent Bush pose un mouchoir pudique sur les réseaux mafieux hérités de l’ère com- muniste qui gangrènent tous les pays de l’ancien bloc soviétique, et qui durant le mois d’octobre ont montré en Croa- tie avec quelle parfaite impunité ils pou- vaient agir. Les représentants de l’Union Euro- péenne, que la Croatie espère égale- ment rejoindre prochainement, n’ont eux pas choisi le dithyrambe aveugle pour évoquer la situation à Zagreb. Le rap- porteur de la candidature croate, Hannes Swoboda, ne cache ainsi pas son inquié- tude et indique clairement que les récents assassinats faisaient reculer la candida- ture de la Croatie à l’Union : « Le Gou- vernement doit réussir à mettre de l’ordre à cela et éliminer l’apathie observée ces derniers mois et années, ou il n’y aura pas d’entrée rapide de la Croatie dans l’Union Européenne », indique le rapporteur, cité par le site Internet Javno.hr. Un rapport d’étape de la Commission européenne doit par ailleurs être publié dans les pro- chaines semaines pour faire le point sur l’avancée du processus d’une adhésion initialement espérée en 2011. Lire la suite page 2 Les plans d’alliance turco-slave de Moscou Image de 1994 : un Arménien sur la tombe de son fils au Karabakh. Page 3 Alexander Nemenov/AFP/Getty Images Deux cadres chinois disparaissent en France Les autorités chinoises confisquent les passeports des cadres du parti Crise financière et Ibéro- Amérique La Chine s’approche de la crise économique La Grande Époque UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION EpochTimes.com WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM Epoch Times Paris Genève Bruxelles Londres Berlin New York Dublin Lima Taipei Tokyo... 1 700 000 exemplaires ÉDITION 143 1 – 15 NOVEMBRE 2008 • BIMENSUEL

La Grande Epoque Bimensuel 1-15 Novembre 2008

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CHILICHILIVictoire de la droite : une première depuis la fi n du régime de Pinochet.

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Amérique latine p. 4

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Partir pour se reconstruire

Jacques Prévert, Mesrine et les autres

► P. 15 Art de vivre

Économie p. 7

► P. 16 Concours de haute couture

Une designer parisienne gagne le premier prix

Les cadavres encombrants de la mafi a croateAux portes de l’Europe et invi-tée à joindre l’OTAN par le pré-sident George W. Bush, la Croatie étale son impuissance à lutter contre le crime orga-nisé. Les cadavres se multi-plient dans Zagreb, dont la mort violente peut être liée à tant « d’affaires » que les observa-teurs étrangers ont bien du mal à se retrouver dans les réseaux d’intérêts politico-criminels qui communiquent entre eux par cadavres interposés. Faut-il, comme le suggère l’avocat angevin d’origine croate Ivan

Jurasinovic, aller chercher les responsabilités jusqu’au som-met de l’Etat croate et parmi les plus proches amis du pré-sident Stjepan Mesic ? Auquel cas il est diffi cile d’envisager que le gouvernement croate, accusé par des anciens hauts-responsables du renseignement d’avoir partie liée avec les grou-pes mafi eux locaux, agira effi ca-cement.

Le 25 octobre, le président améri-cain George W. Bush a formellement appuyé la candidature de la Croatie et de l’Albanie à l’OTAN, après les avoir

félicitées d’avoir su se tirer du commu-nisme et devenir des pays « ouverts et en paix », ce qui pourrait mener à leur adhésion, effective dès 2009, à l’Organi-sation Nord-Atlantique. Pourtant, en affi r-mant que « les peuples d’Albanie et de Croatie aident le monde à se rapprocher de ce qui sera un grand triomphe de l’his-toire – une Europe entière, une Europe libre et une Europe en paix » – le prési-dent Bush pose un mouchoir pudique sur les réseaux mafi eux hérités de l’ère com-muniste qui gangrènent tous les pays de l’ancien bloc soviétique, et qui durant le mois d’octobre ont montré en Croa-tie avec quelle parfaite impunité ils pou-vaient agir.

Les représentants de l’Union Euro-péenne, que la Croatie espère égale-ment rejoindre prochainement, n’ont eux

pas choisi le dithyrambe aveugle pour évoquer la situation à Zagreb. Le rap-porteur de la candidature croate, Hannes Swoboda, ne cache ainsi pas son inquié-tude et indique clairement que les récents assassinats faisaient reculer la candida-ture de la Croatie à l’Union : « Le Gou-vernement doit réussir à mettre de l’ordre à cela et éliminer l’apathie observée ces derniers mois et années, ou il n’y aura pas d’entrée rapide de la Croatie dans l’Union Européenne », indique le rapporteur, cité par le site Internet Javno.hr. Un rapport d’étape de la Commission européenne doit par ailleurs être publié dans les pro-chaines semaines pour faire le point sur l’avancée du processus d’une adhésion initialement espérée en 2011.

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Image de 1994 : un Arménien sur la tombe de son fi ls au Karabakh.Page 3

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Deux cadres chinois disparaissent en France Les autorités chinoises confi squent les passeports des cadres du parti

Crise financière et Ibéro-Amérique

La Chine s’approche de la crise économique

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Suite de la première page

Le message ferme de l’Union fait suite à un mois d’octobre sanglant à Zagreb, avec comme summum l’assassinat de deux journalistes très infl uents, le jeudi 23 octobre.

Ivo Pukanic, propriétaire et ex-rédac-teur en chef de l’hebdomadaire Nacio-nal, et le directeur de marketing du magazine, Niko Franjic, ont été tués par l’explosion d’une bombe à côté de la berline Lexus d’Ivo Pukanic. Quel-ques semaines auparavant, celui-ci avait réchappé de justesse à une atta-que à l’arme à feu.

Le président croate Stjepan Mesic n’a pu que reconnaître la gravité de la situa-tion : « Le terrorisme gagne les rues de la capitale croate », a-t-il prévenu, cité par des correspondants du site Le Cour-rier des Balkans. « C’est un défi entiè-rement nouveau pour chacun d’entre nous. Les institutions de l’État doivent réagir immédiatement et avec fermeté. La société croate doit s’unir, on ne peut plus attendre, c’est soit eux soit nous ».

Nombreux sont ceux en Croatie qui demandent maintenant au gouverne-ment croate de décréter l’état d’urgence et de déclencher une opération « mains propres ».

LA FIN D’UN PERSONNAGE MÉDIA-TIQUE LIÉ AU POUVOIR

La mort d’Ivo Pukanic fait beaucoup de bruit car le sulfureux patron de presse

était un homme puissant, proche du pou-voir politique croate et très introduit dans les milieux du renseignement national.

Pukanic était également un ami pro-che de Hrvoje Petrac, homme dont le nom se retrouve associé de près ou de loin à des dizaines d’affaires d’enlève-ment, de meurtre et d’extorsion.

Grâce à une fuite organisée par la femme d’Ivo Pukanic – les divorces confl ictuels ont au moins cela de bon – la Société des Journalistes Croates a pu être informée du « deal » proposé à Hrvoje Petrac par le gouvernement croate. Emprisonné entre autres pour l’enlèvement du fi ls de l’ex-général croate Vladimir Zagorec, Petrac avait envoyé des lettres à son ami Pukanic, qui indiquent qu’un accord a été trouvé avec quelqu’un « au sommet de l’Etat » pour témoigner contre Vladimir Zagorec en échange d’une réduction de peine.

Dans ce « deal », Ivo Pukanic ser-vait d’intermédiaire avec la présidence croate. Illustration de l’infl uence du jour-naliste décédé, en avril 2008, celui-ci a réussi à faire interner de force dans un hôpital psychiatrique son ex-épouse, arrêtée par la police chez elle alors qu’elle accordait une interview et faisait de nouvelles révélations.

L’ex-militaire Vladimir Zagorec est lui soupçonné de détournement de fonds et a été arrêté fi n septembre à Vienne. Ancien vice-ministre de la Défense, il était en charge de l’approvisionnement en armes de l’armée croate au début

des années 90 – en plein embargo – et en sait beaucoup trop sur les réseaux inavouables d’importation d’armes de l’époque – parmi lesquels auraient fi guré des partenaires autrichiens, allemands, et jusqu’à l’armée française.

MESSAGE AUX AVOCATS ?La fi lle de l’avocat de Vladimir Zago-

rec, Zvonimir Hodak, a elle été abattue le 7 octobre, en plein jour et en plein centre de Zagreb, de deux balles dans la tête. Ivana Hodak, 26 ans, avocate elle-même, travaillait avec son père. Le cadavre de la jeune femme est devenu un de ces messages que les clans mafi eux envoient comme avertissement, et qu’ils affi chent ensuite en toute impu-nité, comme un tableau de chasse, dans les bars de Zagreb bien connus qu’ils fréquentent. Pour compliquer la situa-tion, Ivana Hodak entretenait une liaison avec Ljubo Pavasovic Viskovic, l’avo-cat de Hrvoje Petrac… soit le principal témoin à charge dans l’inculpation du client de son père.

Mais le casse-tête ne s’arrête pas là : Yvan Jurasinovic, jeune avocat français en prise directe avec le Président croate, a révélé au quotidien Ouest France que c’est par le biais de Zvanimir Hodak qu’il a pu déposer plainte contre le prési-dent Mesic. La signature des services de renseignement croates est d’après son client – l’ancien n° 2 des services secrets croate – visible dans ce meur-tre.

UN AVOCAT FRANÇAIS COMME UN CHEVEU SUR LA SOUPE

Yvan Jurasinovic s’attaque au Pré-sident Mesic auquel il demande d’ex-pliquer ses liens avec un parrain de la mafi a croate qui a fi nancé ses campa-gnes électorales. Le jeune avocat, qui a subi des intimidations diverses, a déjà obtenu le 24 octobre 10.000 euros de dommages et intérêts dans la plainte que lui-même a déposée contre le pré-sident croate pour insulte et menace. Stjepan Mesic a en effet conseillé publi-quement à l’avocat un séjour dans l’hô-pital psychiatrique Vrapce – institution largement connue comme un centre de tortures et de disparitions organisées lors de la période communiste.

LES HYPOTHÈSESLe journal Slobodna Dalmacija, cité

par le Courrier des Balkans, voit plu-sieurs moyens d’expliquer l’assassi-nant d’Ivo Pukanic. Celui-ci pourrait être la réponse au meurtre d’Ivana Hodak, Pukanic ayant été intermédiaire du pou-voir croate dans sa campagne pour l’ex-tradition du général Vladimir Zagorec, défendu par le père de la jeune fi lle. Le journal Nacional avait de plus le pre-mier publié la liaison gênante de la jeune fi lle.

Cette hypothèse, en particulier du fait de la « co-incidence » temporelle des décès, semble la plus solide. Elle n’ex-clut cependant pas une implication de

la mafi a monténégrine des cigarettes, que le Nacional avait écorchée par ses articles sur les circuits de contrebande entre Montenegro et Serbie, ou bien d’is-lamistes répondant à la publication par le journal des caricatures danoises de Mahomet.

DES MOYENS DE PAPIERLe 7 octobre, lendemain du meurtre

d’Ivana Hodak, Ivo Sanader, Premier ministre croate, a limogé le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Justice, ainsi que le chef de la police. Ceux-ci ont été jugés responsables de l’inertie des actions contre la mafi a.

Peu après, le Premier ministre a annoncé la mise en place d’une loi sur la confi scation des biens accumulés par des personnes reconnues membres du crime organisé, initiative dont l’effi cacité potentielle a divisé l’opinion. Au-delà de ces mesures, les autorités croates disent ne pas envisager de décréter l’état d’ur-gence, à l’inverse de ce qui avait été fait en Serbie après l’assassinat de l’an-cien Premier ministre Zoran Djindjic en mars 2003. L’opération « Sabre » qui, sans les éradiquer, a su pour quelques temps contenir en Serbie les syndicats du crime, n’est souhaitée en Croatie que par les citoyens lassés de voir l’impuis-sance d’un gouvernement dont les liens avec le « second pouvoir » sont proba-blement trop étroits pour pouvoir effi ca-cement lutter contre lui.

AURÉLIEN GIRARD

Les cadavres encombrants de la mafia croateUne mince frontière entre gangsters et hommes politiques.

La cérémonie funéraire du journaliste Ivo Pukanic, à Zagreb le 27 octobre.Hrovje Polan/AFP/Getty Images

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La Grande Époque ● 1 – 15 NOVEMBRE 2008 33InternationalInternationalwww.lagrandeepoque.com

Les plans d’alliance turco-slave de MoscouA travers les jardins noirs du Haut Karabakh.Organisateur de la rencontre à Moscou, ce dimanche 2 novem-bre, des présidents « ennemis » arméniens et azerbaïdjanais pour aborder la question de la zone séparatiste du Haut Kara-bakh, enclave arménienne en Azerbaïdjan, le Kremlin se veut garant d’un succès de négocia-tions qui pourraient être le point d’amorce d’une réconciliation des trois nations du Sud-Cau-case : Azerbaïdjan, Arménie, Turquie. Par son positionne-ment dans la région, Moscou disposerait alors possiblement d’une tenaille sur l’irritante Géor-gie, ainsi que d’un levier pour demeurer le passage privilégié des hydrocarbures sur leur trajet de l’Asie centrale vers l’Europe.

LE HAUT-KARABAKH, zone monta-gneuse enclavée en Azerbaïdjan, « jar-din noir » habité majoritairement par des Arméniens mais séparé de l’Arménie – plus à l’Ouest – par l’étroit corridor de Lachin, est aux yeux de la communauté internationale un territoire azerbaïdjanais. Mais, depuis l’indépendance controversée du Kosovo et les deux couleuvres ava-lées de l’indépendance de facto cet été de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, la vision de la communauté internationale sur les territoires séparatistes tend à l’hy-permétropie : claire de loin, elle laisse la place au vague de près. La Russie, profi -tant de la place laissée par l’inaction amé-ricaine en cette fi n d’administration Bush, a donc décidé de prendre la main en invi-tant à résoudre la question en suspens du Haut-Karabakh, et à se porter garante du résultat attendu – c’est à dire une stabili-sation régionale, pour ce qui est de la part affi chable de la motivation russe.

Au-delà de cette louable première intention, Moscou cherche à redorer son image dans le Caucase. La diplomatie russe introduit donc ses efforts vis-à-vis de Bakou et Erevan comme la consé-quence de la compréhension profonde gagnée lors du confl it avec la Géorgie.

C’est sur cette base que, lors de sa visite à Erevan à la mi-octobre, le prési-dent russe Dimitri Medvedev a invité son homologue arménien Serge Sarkissian à se joindre à une rencontre tripartite à Mos-cou avec le président azerbaïdjanais. Et ce n’est que la veille de la rencontre qu’on a appris de la bouche du médiateur amé-ricain, Matt Bryza – cité par l’agence de presse Trend Azeri – que la rencontre accueillerait des représentants du groupe de Minsk de l’OSCE (organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), groupe chargé de la question arménienne et du Haut-Karabakh. Dans ce groupe, coprésidé par la Russie, les Etats-Unis et la France, la position des deux derniers ressemble donc à celle d’un spectateur sur strapontin.

Ceci a pu faire supposer que la Russie décidait de passer au-dessus de la tête de la France – et au travers d’elle de l’Europe – et des Etats-Unis, ce que les analystes russes confi rment.

Pour expliquer la soudaine reprise des discussions, le président arménien, cité par Armenia Now, précise : « La situation réelle est qu’après une longue phase pas-sive le processus de résolution du confl it du Nagorno-Karabakh est entré dans une phase active. Ceci vient d’au moins deux facteurs importants : les élections pré-sidentielles en Arménie et Azerbaïdjan sont passées. Et après les événements bien connus de la guerre en Géorgie, il est devenu clair qu’il n’y a pas de solution mili-taire au problème. »

LA VISION RUSSE DES CHOSESQuel intérêt la Russie a-t-elle à coor-

donner et à s’engager sur le résultat des discussions entre Arménie et Azerbaïd-jan ? Moscou, constamment agressé par l’expansion de l’OTAN – dont plusieurs

freins ont été enlevés par l’intervention russe en Géorgie, a tout intérêt à s’ancrer comme un partenaire régional de réfé-rence au Sud Caucase. Ceci passe en particulier par l’obtention d’une « neutra-lité » de la Turquie – laquelle a déjà, lors du confl it géorgien, freiné l’arrivée des navires américains dans la Mer Noire – et par une alliance avec l’Azerbaïdjan. Les liens avec l’Arménie, forts et au beau fi xe, ne doivent eux qu’être maintenus.

Une marche vers l’indépendance du Karabakh serait donc contre-productive dans une optique de séduction de l’Azer-baïdjan, et il y a tout à parier, croit Alexan-der Dugin, un des experts les plus en vue et les plus proches du pouvoir russe, que le plan soit « de déployer des forces de maintien de la paix russes, en obtenant le retrait total des troupes arméniennes du Karabakh. » S’y ajouterait le retour des Azeris originaires du Karabakh et chassés par la guerre 1992-1994, voire la restitu-tion à Bakou de quelques zones tampon autour du Karabakh. « Tout cela a pour but de résoudre les problèmes régionaux sans interférence américaine, qui essaie de provoquer des heurts inter-ethniques dans la région, comme il l’a fait en Ossé-tie du Sud », indique Alexander Dugin. Idéologue superstar du néo-nationalisme russe, ancien fondateur du Front National Bolchévique dont le nouveau Parti (Eura-sie) est fi nancé par le Kremlin, le point de vue de Dugin peut être considéré comme une référence tant cet ancien du KGB est proche de Vladimir Poutine et de Dimitri Medvedev.

Poussé à la concession, le gouver-nement arménien pourrait espérer en échange une ouverture à l’internatio-nal – via la Turquie et l’Azerbaïdjan – de ses voies de transport routier, qui pas-sent à l’heure actuelle exclusivement par la Géorgie et ont été bombardées lors du confl it russo-géorgien du mois de juillet.

L’OBJECTIF D’UN BLOC CAUCASIENLa Turquie a, parallèlement, proposé de

créer un nouveau forum pour la commu-nication entre les pays du Sud-Caucase et leurs voisins. Immédiatement après le début du confl it russo-géorgien, le Pre-mier ministre Turc Recep Tayyip Erdogan s’est rendu à Moscou, Tbilissi et Bakou, où il a dévoilé son plan de « Pacte de Sta-bilité pour le Caucase ». Le point clé du plan : une stabilité garantie par des ren-contres régulières entre Géorgie, Armé-nie et Azerbaïdjan, avec la présence de deux grands pays frontaliers, la Turquie

et la Russie. L’Iran a élargi cette propo-sition en suggérant une formule « 3+3 » : les trois pays du Caucase et leurs trois voisins. Iran compris, donc. Mais pour Moscou, l’axe à construire n’inclut pas la Géorgie, trop atlantiste.

L’évolution de la position turque est d’une grande importance : historiquement et ethniquement proche de l’Azerbaïdjan, Ankara n’a pas pardonné à l’Arménie la guerre au Karabarh des années 1990 ; pendant longtemps, la condition à la nor-malisation des relations entre les deux pays a été, pour Erevan, la reconnais-sance du génocide arménien de 1915-1916, et pour Ankara le retour du Karabarh à l’Azerbaïdjan. La visite récente d’Abdul-lah Gull, à l’occasion d’un match de foot-ball, en Arménie a donc été une petite révolution, à la suite de laquelle le prési-dent turc a affi rmé sans être démenti avoir reçu la promesse d’un retrait arménien du Haut-Karabakh.

LA LOGIQUE DES COURTISÉSRussie comme Etats-Unis et Europe

voient un rapprochement des trois pays comme stratégique. Pour Sinan Ogan, expert turc au Centre d’Etudes Stratégi-ques, les Etats-Unis et l’Europe souhai-tent pouvoir ajouter l’Arménie au projet Nabucco qui permettrait de s’affranchir de la Russie pour le transport de pétrole et de gaz en provenance de la mer Cas-pienne, en reliant directement Europe et Asie centrale. Ce gazoduc doit permettre d’approvisionner en gaz naturel l’Europe à partir du Turkmenistan, du Kazakhstan, de l’Azerbaïdjan, via la Turquie, la Bulga-rie, la Hongrie et l’Autriche. Soit une lon-gueur de plus de 3.000 kilomètres, sans incorporer l’hypothèse de connections par le Sud pour transporter les productions iraniennes et irakiennes.

La volonté européenne de s’affran-chir des pressions énergétiques russes dépend donc, elle aussi, de la qualité des relations entre Turquie, Arménie et Azer-baïdjan, focalisées sur la question du Haut Karabakh.

Pour la Russie, le maintien de ces pressions et le contrôle par le Sud d’une Géorgie trop pro-américaine au goût de Moscou passe par la même voie.

Turquie comme Azerbaïdjan ména-gent aujourd’hui les deux grands blocs et ne peuvent dépendre uniquement de l’un ou de l’autre : Bakou cherche par exem-ple des voies alternatives pour exporter sa production énergétique sans passer par l’instable Géorgie. Cela signifi e trouver

une alternative à l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan), inauguré en 2006 et motivé par les Etats-Unis. Elle négo-cie donc avec la Russie pour accroître la capacité de l’oléoduc Bakou-Novoros-siysk dit « route du Nord » qui peut déli-vrer le pétrole de la Caspienne jusqu’à la mer Noire puis l’Europe en passant par la Russie.

Le 5 novembre, le président azerbaïdja-nais Ilam Aliyev se rendra en Turquie pour y rencontrer son homologue Abdullah Gul, qui sera lui-même présent à Bakou le 14 novembre pour un sommet sur l’énergie. Washington n’est plus maître des lieux et le successeur de George W Bush devra opérer une reconquête diplomatique du Caucase s’il souhaite empêcher les

manœuvres énergétiques de Moscou.D’ores et déjà pourtant, pour Maxime

Lefebvre, politologue et professeur en questions internationales à l’IEP-Paris, avec la crise géorgienne, « la Russie a pris sa revanche sur les humiliations et les concessions à répétition qui ont suivi la fi n de la guerre froide. » « La Russie a encore gagné en se réimposant comme la maîtresse du Caucase. Elle a reculé ses frontières stratégiques, conservé le tun-nel d’accès de Roki, allongé la côte qu’elle contrôle sur la mer Noire […] Plus que jamais, l’Europe est tributaire pour ses approvisionnements gaziers de la Russie (y compris dans l’accès aux réserves de la Caspienne) et / ou de l’Iran ».

AURÉLIEN GIRARD

Image de 1994 : un Arménien sur la tombe de son fi ls au Karabakh.

Alexander Nemenov/AFP/Getty Images

LE KARABAKH (nom perse signi-fi ant « jardin noir ») est une « île » au Nord-Est de l’Arménie, dont il est séparé par une frange de territoire azerbaïdjanais. Sa population, esti-mée à 130.000 personnes en 1996, se compose pour l’essentiel d’Armé-niens de confession chrétienne.

Le Karabakh a passé plus de 60 ans, entre 1921 et 1988, avec le statut de région autonome de l’Azerbaïdjan, alors sous domination de l’ex-URSS.

La proclamation de l’indépendance du Haut Karabakh en 1988 a entraîné une guerre violente entre l’automne 1991 et le printemps 1994. Cette période a été marquée par des opéra-tions militaires intensives, mais aussi par les manœuvres diplomatiques des États impliqués dans le confl it. Ainsi, commencé selon certains comme un « banal confl it ethnique », le confl it du Haut Karabakh s’est transformé en

véritable guerre.En mai 1994, un cessez-le-feu a

finalement mis fin aux hostilités. La prise en charge de la détermina-tion du statut du Haut Karabakh par la diplomatie internationale a abouti à un encadrement européen. C’est l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) qui a servi de cadre permanent de négo-ciations. Les actions entreprises par l’OSCE ont été largement soutenues par l’Organisation des Nations Unies. Cependant, malgré les multiples ren-contres des présidents arménien et azerbaïdjanais, qui devaient permet-tre de donner une base aux négo-ciations, le conflit reste aujourd’hui encore dans l’impasse. Cette région reste, d’après la Fédération Inter-nationale des Droits de l’Homme (FIDH), dans un état de « ni guerre ni paix ».

Page 4: La Grande Epoque Bimensuel 1-15 Novembre 2008

1 – 15 NOVEMBRE 2008 ● La Grande Époque44 InternationalInternational www.lagrandeepoque.com

Crise financière et Ibéro-Amérique A deux semaines de la réu-nion du G20 qui se tiendra le 15 novembre à Washington pour tenter de redéfi nir les fon-dements du système fi nan-cier international, les 22 pays ibéro-américains (19 d’Amérique latine, plus l’Espagne, le Portu-gal et la principauté d’Andorre) envisagent d’élargir le débat en associant la communauté mon-diale, sous l’égide de l’Organisa-tion des Nations Unies (ONU), à la solution de la crise actuelle.

LES CHEFS d’Etat et de gouvernement participant au XVIIIe sommet ibéro-amé-ricain, réunis les 30 et 31 octobre dans la capitale du Salvador, ont approuvé notamment un « communiqué spécial de la communauté ibéro-américaine sur la conjoncture économique mondiale ».

« Des consultations seront tenues pour évaluer la possibilité de convoquer d’ur-gence une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement, dans le cadre des Nations Unies, compte tenu de la gravité de la crise fi nancière », affi rme le communi-qué.

Il indique que ses signataires « ont rap-pelé la responsabilité du système fi nan-cier des pays développés dans la crise actuelle » et « ont souligné l’importance de la participation universelle, démocra-tique et équitable, au débat sur l’actuelle crise fi nancière internationale et à sa solu-tion ».

Les pays de l’Ibéro-Amérique expri-ment aussi dans ce même communiqué leur propre « détermination à participer et contribuer activement à un processus de large et profonde transformation de l’ar-chitecture fi nancière internationale, qui établisse des instruments de prévention et de réponse immédiate aux crises futu-res et qui assure une régulation effi cace des marchés de capitaux ».

Le thème offi ciel du sommet de San Salvador, « Jeunesse et Développe-ment », a ainsi été éclipsé par un débat sur la crise fi nancière mondiale et une prise de position commune qui fait écho à l’appel lancé par le président actuel de l’Assemblée générale des Nations Unies, le sandiniste nicaraguayen Miguel D’Es-coto.

Ce dernier a estimé le 30 octobre qu’il faut cesser de considérer l’économie mondiale comme le domaine réservé de quelques groupes de pays. Le G8, le G15 et le G20 ne sont pas suffi samment lar-ges pour pouvoir résoudre ces problè-mes, a précisé Miguel D’Escoto. Selon lui, un G192, réunissant donc tous les pays membres de l’ONU, serait plus adapté à la situation actuelle.

Ce point de vue est particulièrement soutenu par le Venezuela, la Bolivie,

l’Equateur, Cuba et le Nicaragua, pays relevant de la gauche latino-américaine dite radicale. Ils ont donc pu se faire écouter au sommet ibéro-américain, mal-gré l’absence des présidents Raul Castro et Hugo Chavez (qui estimait sa sécurité mal assurée au Salvador).

Le « communiqué spécial de la commu-nauté ibéro-américaine sur la conjoncture économique mondiale » est d’autant plus signifi catif qu’au nombre de ses 22 signa-taires fi gurent Luiz Inacio Lula da Silva, Cristina Fernandez de Kirchner et Felipe Calderon, chefs d’Etat, respectifs du Bré-sil, de l’Argentine et du Mexique, trois pays membres du G20 qui se réunira le 15 novembre à Washington.

Le G20, dont en outre le Brésil assume

actuellement la présidence, comprend le groupe des huit (G8 - Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie), plus onze gran-des économies émergentes (Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Aus-tralie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Turquie), ainsi que l’Union européenne.

« La voix des pays les plus pauvres doit être entendue, car ils sont les vic-times et non les coupables d’une crise face à laquelle les pays riches n’ont pas su réagir », a déclaré le président brési-lien Lula da Silva en séance plénière du sommet ibéro-américain. Les 22 pays par-ticipants ont admis, y compris le président conservateur colombien Alvaro Uribe, que l’heure est au retour, à des degrés divers, de la politique et de l’Etat dans l’économie pour conjurer le néolibéralisme ou pour le moins ses excès.

S’ils sont convenus de faire entendre, théoriquement, leur même voix commune à Washington et ailleurs, les pays ibéro-américains n’en sont pas moins divisés sur la philosophie de la solution à appor-ter à la crise. Le Venezuela, la Bolivie,

l’Equateur, Cuba et le Nicaragua croient nécessaire la recherche d’un nouveau modèle face à « l’échec et la crise glo-bale du capitalisme ». Les autres pays défendent une réforme du système fi nan-cier existant.

« Il ne s’agit pas de sauver le capita-lisme. Le capitalisme ne résoudra jamais les problèmes de l’humanité », s’est exclamé à San Salvador le président boli-vien Evo Morales.

Par contre, bien qu’estimant que la pen-sée néolibérale basée sur la dérégulation et la négation de l’intervention de l’Etat « s’est écroulée d’elle-même », le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, président du gouvernement espagnol, a déclaré « qu’il faut partir de ce que nous avons ». A ses yeux, « le marché est la meilleure méthode d’assigner les ressources ». Et d’en conclure : « Institutions fi nancières, oui, mais avec des règles, de l’ordre, en considérant toujours qu’elles doivent répondre à la recherche d’un profi t et, simultanément, de l’intérêt général ».

L’ESPAGNE VEUT ÊTRE INVITÉE AU SOMMET DE WASHINGTON

En marge du sommet ibéro-américain de San Salvador, M. Zapatero a multi-plié les rencontres bilatérales, s’assurant ainsi de l’appui du Brésil, de l’Argentine et du Mexique à la revendication de l’Espa-gne d’être invitée à Washington au som-met du G20.

Se prévalant de représenter « la hui-tième économie mondiale », mais mal en cour à la Maison blanche depuis le retrait des militaires espagnols engagés en Irak, M. Zapatero estime que les Etats-Unis ne devraient pas être les seuls à lancer des invitations à un sommet convoqué aussi, dit-il, à l’initiative de l’Union européenne (UE).

La satisfaction de la prétention de l’Es-pagne de participer le 15 novembre au sommet de Washington sans appartenir ni au G8 ni au G20 demeure incertaine. Pour la concrétiser, José Luis Rodri-guez Zapatero affi rme miser surtout sur « la voie européenne ». La France assu-mant ce semestre la présidence de l’UE, Madrid compte donc sur Nicolas Sarkozy pour forcer la main à George W. Bush.

CHRISTIAN GALLOYDirecteur de LatinReporters

Photo de famille au sommet ibéro-amérique.Eitan Abramovich /AFP/Getty Images

Chili : victoire de la droite aux municipalesUne première depuis la fi n de la dictature du général PinochetLa coalition de droite Alliance pour le Chili a rem-porté le 25 octobre l’élection directe des maires avec 40,49 % des suffrages, contre 38,43 % à la Concerta-tion pour la Démocratie, la coalition de centre gauche qui gouverne le Chili depuis 1990. Devancée pour la première fois depuis la fin de la dictature du général Pinochet, la Concertation a toutefois dominé l’élec-tion parallèle des conseillers municipaux avec 45,2 % contre 36,05 % à la droite.

A PARTIR des ces chiffres résultant du dépouillement de 95 % des bulletins de vote, les deux camps crient victoire, les yeux tour-nés vers la relativement proche élection présidentielle de décembre 2009. La socialiste Michelle Bachelet ne pourra pas alors briguer la présidence pour un second mandat consécutif. Le favori des son-dages pour lui succéder à la charge suprême est actuellement son adversaire de droite à la présidentielle à deux tours de décembre 2005 et janvier 2006, le milliardaire Sebastian Piñera. Assiste-t-on au premier reflux de la marée rose-rouge qui a déferlé sur l’Amérique latine? Se prononcer à cet égard serait prématuré.

Plus de 8 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes municipa-les. La droite conserve la mairie la plus prestigieuse, celle de la capi-

tale, Santiago, conquise par Pablo Zalaquet. Il remporte ce que la presse qualifie de « mère de toutes les batailles » contre son adver-saire de la Concertation, le démocrate-chrétien Jaime Ravinet.

L’Alliance pour le Chili évince, en outre, le centre gauche de la mairie de villes emblématiques telles que Valparaiso et Temuco. Elle réussit même à conserver le pouvoir à Huechuraba, Recoleta et Viña del Mar, où le résultat paraissait incertain suite à des cas de corruption.

Sebastian Piñera en profite pour prédire que « si je deviens le pré-sident du Chili, je lancerai un mouvement national unissant les Chi-

liens et mettant fin à leur division ».L’avantage de la Concertation dans l’élection des conseillers muni-

cipaux permet néanmoins à la présidente socialiste Michelle Bache-let de saluer « la nouvelle démonstration de confiance des citoyens après 18 ans » de pouvoir national du centre gauche. Mais elle invite les partis de la coalition gouvernementale à « écouter la rumeur de la rue » et les appelle avec insistance à « davantage d’unité, davan-tage d’unité et davantage d’unité ».

Soledad Alvear, présidente de la Démocratie Chrétienne, recon-naît l’important recul de son parti (en moyenne 15 % des suffrages contre 20 % en 2004) et elle l’explique notamment par le fait que, pour la première fois, la Concertation pour la Démocratie présen-tait deux listes séparées à l’élection des conseillers municipaux. Une liste Concertation Démocratique réunissait démocrates-chrétiens et socialistes, tandis que les deux autres composantes de la tradition-nelle coalition gouvernementale de centre gauche, le Parti pour la Démocratie (PPD) et le Parti Radical Social-Démocrate (PRSD), se présentaient sous l’étiquette Concertation Progressiste.

Désormais ventre mou de la coalition gouvernementale de cen-tre gauche après en avoir été le principal pilier, le parti de Sole-dad Alvear subit un effilochage progressif dont profitent, à droite, les deux composantes de l’Alliance pour le Chili, l’Union Démocrate Indépendante (UDI) et la Rénovation Nationale (RN) de Sebastian Piñera.

LatinReporters.com

Le Salvador

Le Salvador.

Page 5: La Grande Epoque Bimensuel 1-15 Novembre 2008

Selon un témoin qui réclame l’anony-mat, le régime communiste chinois a kidnappé l’avocat Gao Zhisheng, sa femme et leur fi lle d’une dizaine d’an-nées ainsi que leur jeune fi ls, quel-ques mois avant les Jeux Olympiques de Pékin. Depuis, ils ont été empri-sonnés dans un lieu inconnu situé à Daxing, au sud de Pékin, où ils sont victimes de sévices corporels d’une extrême cruauté.

« ILS sont traités encore plus cruellement que ne le feraient des fascistes », rapporte le témoin.

Selon lui, Gao Zhisheng garde l’espoir malgré des mois de tortures. Mais sa femme Geng He et

sa fi lle Gege sont dans une détresse infi nie. « La mère et la fi lle risquent de sombrer dans une dépression nerveuse ».

De peur que les autorités chinoises ne par-viennent à l’identifi er et à se venger de lui, cette personne n’a pas voulu en dire davan-tage. Quant aux tortures subies par Gao et sa famille, elles sont décrites comme inhumaines. « Je ne peux pas vous dire, ça me brise le cœur de vous raconter. C’est trop douloureux », pré-cise le témoin.

Gao Zhisheng et sa famille seraient donc incarcérés à Daxing, au sud de Pékin, après avoir été kidnappés par les autorités chinoises quelques mois avant les Jeux Olympiques. La rumeur selon laquelle ils seraient emprisonnés dans la province de Hebei est fausse.

Le témoin a également révélé que les enfants de Gao ainsi que ses parents et son frère ont également été emmenés à Daxing. Mme Gao et

sa fi lle ont enduré des sévices innommables. Sa fi lle n’a plus le droit d’aller à l’école, alors qu’elle est en âge d’aller au collège. Un habitant de Pékin a vu pour la dernière fois la fi lle de Gao au printemps 2007 à l’école Hepingli de Pékin. En allant rendre visite à Gao à Pékin, les visiteurs se sont rendus compte que le domicile était aban-donné et que personne dans les environs ne savait ce qu’était devenue la famille.

Connu sous le nom de « La Conscience de la Chine » et auteur de A China More Just, Gao Zhisheng a publié sa troisième lettre ouverte aux dirigeants chinois le 12 septembre 2005. Ce courrier fait état d’informations de première main, de chiffres solides et de preuves des gra-ves violations des droits de l’Homme en Chine. Depuis, Gao et sa famille sont harcelés par les autorités.

ZHAO ZIFALA GRANDE ÉPOQUE

New York – 1er septembre 2008 – New Tang Dynasty Television (NTDTV) est fi ère d’annoncer le lancement du programme du Satellite de la Liberté pour la Chine (Free-dom Satellite for China, FSC). Il vise à lever des fonds pour louer ou acheter les moyens techniques satellitaires en vue d’assu-rer la diffusion de programmes télévisés et radiophoniques indépendants en Chine qui soient libres de toute interférence politique.

NTDTV et la radio Sound of Hope (SOH) diffusent leurs programmes indépendants en Chine depuis 2004 grâce au satellite d’Eutelsat W5. Ces médias de lan-gue chinoise sont les seuls qui échappent au contrôle du régime communiste et qui sont accessibles par les Chinois.

Malheureusement, Eutelsat a interrompu leur diffu-sion le 16 juin 2008, au motif d’une prétendue panne technique sur le satellite. Le 10 juillet 2008, Reporters sans frontières (RSF) a dévoilé des preuves selon les-quelles le président d’Eutelsat Giuliano Berretta a mis fi n à la diffusion de NTDTV pour s’attirer les faveurs de Pékin dans l’espoir d’obtenir des contrats.

Avant la diffusion sans précédent de NTDTV en Chine, depuis plus de cinq décennies, le régime com-muniste chinois exerçait un contrôle total sur tous les médias en Chine. La « fenêtre de liberté de l’infor-mation » offerte par NTDTV et SOH était un véritable espoir pour le peuple chinois, mais causait une peur frénétique au sein du régime. D’après RSF, le régime communiste chinois a demandé de manière répétée à Eutelsat de cesser la diffusion de NTDTV. Le 16 juin 2008, quand les téléspectateurs ont cessé de recevoir les programmes de NTDTV, l’un d’eux a écrit : « NTDTV c’est comme une bouffée d’air pur, sans elle on a l’im-pression d’étouffer. »

Le Parti Communiste chinois ne peut pas survivre sans la censure. En raison du contrôle des médias par le régime, des informations vitales n’ont pas pu atteindre les gens qui en avaient le plus besoin. L’ab-sence d’information sur l’épidémie du SRAS en 2003, le silence total des médias sur les prévisions du séisme du Sichuan en mai 2008 sont autant d’exemples qui illus-trent comment la censure peut aggraver les dommages causés par des catastrophes naturelles et en faire des catastrophes provoquées par l’homme lui-même, cau-sant la mort de populations entières d’innocents. Les reportages de NTDTV sur des sujets censurés par le régime et ses analyses de la censure en Chine consti-tuent une véritable bouée de sauvetage pour les habi-tants de la Chine.

Alors que ce pays devient une puissance mondiale, il est vital pour le reste de l’humanité que les Chinois aient accès à une information libre. C’est la raison pour laquelle NTDTV lance le programme du Satellite de la Liberté en Chine. NTDTV demande à tous ceux qui croient aux libertés dans le monde de les rejoin-dre pour préserver une fenêtre de liberté de l’informa-tion en Chine.

Un compte bancaire a été ouvert spécialement pour le Satellite de la Liberté pour la Chine. Ce fonds va servir exclusivement à fi nancer le projet. Les dépenses seront totalement transparentes et accessibles au public.

Pour en savoir plus sur le Satellite de la Liberté pour la Chine, vous pouvez consulter le site www.ntdtv.com/fsc.en ou appeler le 001 800-558-9045 ou encore écrire à l’adresse [email protected]. Votre générosité se concrétisera par plus de liberté d’information pour les Chinois, plus de paix et de prospérité pour l’humanité.

RÉMI BLEIBTREU

La Grande Époque ● 1 – 15 NOVEMBRE 2008 55ChineChinewww.lagrandeepoque.com

Deux cadres chinois disparaissent en France En Chine, la fête nationale du 1er octobre et les vacances qu’elle occasionne sont pour les cadres le moment rêvé pour fuir à l’étranger. Tout récemment encore, deux hauts fonctionnaires ont été portés disparus lors d’un voyage en France.D’APRÈS le reportage d’un media chi-nois official du 22 octobre, Xin Wei-ming, chef adjoint du district Luwan de Shanghai, a disparu lors d’un voyage d’affaires à Paris. Un matin, il n’était

plus là au moment du petit-déjeuner à l’hôtel. Les membres de la délégation ont constaté plus tard que ses baga-ges avaient disparu. Ils ont retrouvé une note dans sa chambre disant qu’il était allé rencontrer un ami en France. Xin n’était pas présent au moment du départ de l’avion de retour vers la Chine.

Avant de disparaître, Xin Weiming a participé au congrès national du peu-ple de 2008 (NPC) et à la Conférence Consultative politique du peuple chinois (CPPCC). En mars, il a même soumis une proposition intitulée « Bien ajus-ter les politiques de fertilité dans les villes de Chine ». Il suggérait de per-

mettre aux couples n’ayant qu’un seul enfant d’en avoir un deuxième dans les villes de faible natalité telles que Pékin et Shanghai.

Les hauts responsables de Shanghai et les connaissances de Xin sont tous sous le choc de cette soudaine dispa-rition. Il n’est pas impliqué dans la cor-ruption ni de mauvaises affaires. Il y a simplement eu des rumeurs non confir-mées sur son mode de vie.

L’article du 21 octobre indiquait que durant la fête du 1er octobre, Yang Xian-ghong, secrétaire membre du parti du district Lucheng de Wenzhou, refu-sait de rentrer en Chine. Il a profité d’un voyage d’études en France pour

s’échapper. Yang avait prétexté une maladie.

Les hauts responsables de la ville de Wenzhou ont tenu une réunion d’ur-gence au sein du comité permanent NPC. Ils ont décidé d’envoyer un cadre pour rendre visite à Yang et s’enquérir de son état de santé.

L’incident de Yang a provoqué un mouvement de retraits de passeport. Tous les responsables gouvernemen-taux de Wenzhou ont dû remettre leurs passeports aux autorités et aucun n’a le droit de quitter le pays.

On dit que trois jours avant le départ de Yang, il a demandé une réunion avec la commission provinciale d’ins-

pection de la Discipline. Après les vacances du 1er octobre, Yang a retardé son retour prétextant des problèmes de santé durant son voyage en France.

Yang Xianghong est né en 1956. En juillet 2004, il a été nommé membre du Secrétariat du comité permanent, et vice-ministre du département d’Or-ganisation du district Lucheng à Wen-zhou. En mars 2007, il a été élu au comité permanent du comité municipal de Wenzhou.

Selon des statistiques incomplètes, durant ces dernières années, plusieurs milliers de hauts responsables chinois ont fui à l’étranger.

RÉMI BLEIBTREU

Le Parti interdit aux Ouïghours leur pèlerinage annuel D’après le Congrès mondial des Ouïghours, le Parti Communiste chi-nois (PCC) utilise tous les moyens poli-tiques pour empêcher les Ouïghours de faire leur pèlerinage annuel vers La Mecque, appelé Hajj. LE RÉGIME chinois a émis une réglementa-tion pour la région autonome du Xinjiang intitu-lée « cinq packages » selon laquelle les autorités de différents villages du Xinjiang et communautés doivent surveiller les actions liées au pèlerinage.

Les Ouïghours dont on apprend qu’ils envisa-

gent de faire leur pèlerinage à La Mecque subis-sent des pressions du PCC. En effet, ils sont menacés de perdre leur droit au logement, leur subvention à la contraception, leurs bourses aca-démiques, leurs aides à l’agriculture pour ne citer que quelques exemples. Les chefs d’entrepri-ses risquent aussi de voir leur licence d’entre-prise résiliée.

La politique publique interdit expressément aux membres du parti de la minorité ouighoure de par-tir à l’étranger pour effectuer leur pèlerinage. Elle s’oppose également à ce qu’ils étudient à l’étran-ger et obtiennent un visa.

Pour empêcher les Ouïghours d’aller au Hajj, le

PCC a demandé aux autorités de la sécurité de ne plus délivrer de passeports aux Ouïghours. Ceux qui sont déjà en possession d’un passeport sont dans l’obligation de verser un dépôt d’argent en signant un accord devant témoin, accompagnés d’un garant ou de leur employeur promettant qu’ils ne se rendront pas en pèlerinage à La Mecque.

Le porte-parole du Congrès national ouïghour, You Lixia, a dit que même si le PCC prétend « respecter et protéger la liberté de croyance », il continue à piétiner la liberté de religion des Ouïghours.

WEN JINGLA GRANDE ÉPOQUE

Le régime chinois emprisonne et torture un célèbre avocat des droits de l’Homme

NTDTV lance le satellite de la liberté pour la Chine

Le célèbre avocat des droits de l’Homme Gao Zhisheng et sa femme Geng He et leur fi ls Gao Tianyu.La Grande Époque

Page 6: La Grande Epoque Bimensuel 1-15 Novembre 2008

Suite du sixième commentaire

Jamais dans l’histoire un empereur n’avait tenté d’éradiquer de l’esprit des gens ce qu’ils considéraient comme le plus beau et le plus sacré, en utilisant la violence et une propa-gande insultante, comme l’a fait le Parti Com-muniste Chinois (PCC). L’élimination de la croyance peut faire souvent plus de dégâts et durer plus longtemps que la seule destruction physique.

6. RÉFORMER LES INTELLECTUELSLes caractères chinois incarnent l’essence

de 5.000 ans de civilisation. La forme et la pro-nonciation de chaque caractère, les expres-sions et les allusions littéraires nées de leur combinaison, expriment toutes de profondes signifi cations culturelles. Le PCC n’a pas seu-lement simplifi é les caractères chinois, il a aussi essayé de les remplacer par un pinyin alpha-bétisé, qui aurait vidé les caractères chinois et le langage de toute tradition culturelle. Mais son plan de substitution a échoué, épargnant davantage de dommages à la langue chinoise. Mais les intellectuels chinois qui partageaient le même héritage n’ont pas eu la chance d’échap-per à la destruction.

Avant 1949, la Chine comptait environ deux millions d’intellectuels. Bien que certains aient étudié en Occident, ils n’en avaient pas moins hérité de certaines idées confucéennes. Le PCC ne pouvait pas relâcher son contrôle sur les intellectuels, parce qu’en tant que membres de la classe traditionnelle de « l’aristocratie éru-dite », leurs manières de penser jouaient un rôle important pour modeler l’esprit des gens.

En septembre 1951, le PCC initiait « le mou-vement de réforme de la pensée » à grande

échelle commençant parmi les intellectuels de l’université de Pékin, et demandait « d’organi-ser un mouvement (parmi les enseignants des universités, des lycées et des écoles primaires, et les étudiants d’université) pour confesser leur histoire fi dèlement et honnêtement, afi n de net-toyer des esprits tout élément contre-révolution-naire ».

Mao Tse Toung n’a jamais aimé les intellec-tuels. Un jour il a dit : « Ils (les intellectuels) doi-vent prendre conscience d’une vérité, c’est que beaucoup de soi-disant intellectuels sont, rela-tivement parlant, tout à fait ignorants et les tra-vailleurs, les paysans en savent parfois plus qu’eux ». « Comparés aux travailleurs et aux paysans, les intellectuels non réformés n’étaient pas propres, et fi nalement, les travailleurs et les paysans étaient les plus propres, même si leurs mains étaient sales et leurs pieds couverts de bouse de vache […] »

La persécution des intellectuels par le PCC a commencé par diverses formes d’accusa-tions, allant de la critique de Wu Xun en 1951 pour avoir « dirigé les écoles avec de l’argent mendié » jusqu’aux attaques personnelles de Mao Tse Toung, en 1955, à l’encontre de l’écri-vain Hu Feng accusé d’être un contre-révolu-tionnaire. Au début, les intellectuels n’ont pas été qualifi és de réactionnaires, mais dès 1957, après que plusieurs grands groupes religieux se soient rendus au travers du mouvement du « Front unifi é », le PCC a pu concentrer son éner-gie sur les intellectuels. Le mouvement des « anti-droitiers » a alors été lancé.

Pour en savoir plus :www.lagrandeepoque.com/jiupingVersion audio disponible sur le site radio Son de l’Espoir : www.sondelespoir.org

44.879.952 Chinois ont démissionné du Parti après avoir lu les Neuf commentaires sur le Parti Communiste. Ce mouvement de démissions reste pour le peuple un moyen d’expression non

violent, apolitique et sans précédent dans la société chinoise face à la dictature et à la corruption généralisée au sein du régime. La Grande Époque publie un extrait traduit de cette série éditoriale chinoise dans chacun de ses numéros.

1 – 15 NOVEMBRE 2008 ● La Grande Époque66 ChineChine www.lagrandeepoque.com

ÉDITORIAL

UN MILLIER DE PROTESTATAIRES AUTOUR DU BUREAU DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE DE LA PROVINCE DE GANSU

Après la mort suspecte de l’ancien responsa-ble des stocks d’explosifs, M. Li Ziquan, qui avait été arrêté par les autorités, plus d’un millier de per-sonnes ont encerclé la morgue et le bureau de la sécurité publique de la préfecture Gaotan, dans la province du Gansu. Une dizaine de personnes ont été blessées.

Arrêté après une explosion dans un commissa-riat local, Li Ziquan était soupçonné d’avoir faci-lité l’accès aux explosifs. D’après sa famille qui a été informée de son décès le 25 octobre, le corps de M. Li portait une vingtaine d’hématomes et des marques de coups de couteau, ce qui a fait suppo-ser qu’il avait été torturé à mort. C’est le second cas rapporté pour le mois d’octobre après qu’un étu-diant de Harbin, Ling Sonlin, a été battu à mort par six policiers.

DES TOURISTES CORÉENS RACKETTÉS AU MONT HUANGSHAN

Un groupe de 16 touristes sud-coréens a été retenu pendant 12 heures dans le bus qui, de Shanghai, les emmenait visiter le site touristique des monts Huangshan. Le tour opérateur chinois et le conducteur de bus ont réclamé la somme de 80.000 yuans (8.000 euros) « impayés » et ont refusé de les laisser partir. Après une longue négo-ciation, les touristes ont pu regagner leur hôtel. L’agence de voyages sud-coréenne affi rme que tous les frais du voyage avaient déjà été payés au tour opérateur chinois.

DES PÉKINOIS CONTRE LA POLLUTION DE L’AIR

Environ 200 habitants du complexe immobi-lier Wanxiang dans le quartier Chaoyang à Pékin se sont rassemblés le dernier week-end d’octobre pour protester contre les émanations toxiques de l’usine de retraitement Gaoantun.

Les résidus de l’usine de traitement des eaux usées sont, d’après l’un des habitants, laissés sur place où ils fermentent et produisent du méthane, des dérivés chlorés et de l’hydrogène sulfuré, répandant dans le quartier une odeur suffocante d’œuf pourri.

Des heurts avec les représentants du comité de quartier, qui demandaient la dispersion de la mani-

festation, ont été rapportés.

PRODUCTEURS DE PRO-AMPHÉTAMINES DANS LA PROVINCE DE GUANGDONG

Dans des bâtiments de 4.000 mètres carrés de la ville de Huizhou, loués pour créer une usine de chimie, la police de la province de Guangdong a découvert des équipements de production ultra-modernes pour la fabrication de Contac NT.

Contac NT est un médicament contre le rhume à haute teneur en pseudo-ephedrine. Il est, par ailleurs, fort apprécié car il permet au corps de fabriquer des metamphétamines. Treize personnes ont été arrêtées dans l’usine, avec une capacité de production de 500 kg de Contac NT, pour une valeur commerciale de 65 millions d’euros.

MANIFESTATION DE VICTIMES D’ESCRO-QUERIE

Des centaines de policiers ont été envoyés pour restreindre les protestations des victimes d’une escroquerie au centre de laquelle se trouve la Jizhen Health Product Franchise Limited Corpora-tion. L’entreprise, qui a fonctionné pendant 12 ans sous la supervision des responsables de la pro-vince du Shandong, a perdu son président qui a quitté le pays avec une somme colossale d’argent, laissant 200.000 personnes fl ouées au total de plu-sieurs milliards d’euros.

Pour M. Sun, professeur à l’université de Jinan, le gouvernement de la province a sa part de res-ponsabilité puisqu’il a activement fait la promotion de l’entreprise, le gouverneur s’impliquant même personnellement. Ce soutien apparent a encouragé les investisseurs à rejoindre la Jizhen Health, qui commercialise des compléments alimentaires à tra-vers un très large réseau de franchises.

CAMPAGNE DE SIGNATURES POUR UN DÉFENSEUR DES DROITS DE L’HOMME

Un activiste de la province de Fujian, M Ji Sizun, a été arrêté pendant les Jeux olympiques de Pékin pour avoir demandé aux autorités pékinoises de respecter leur engagement de fournir trois lieux de rassemblement aux manifestants divers. Il est aujourd’hui encore détenu dans la seconde prison de la ville de Fuzhou. Zhang Jianping, un activiste de la province de Jiangsu, aidé par d’autres défen-seurs des droits civiques, viennent de lancer une pétition nationale pour sa libération. Il est à prévoir

que celle-ci sera prochainement interdite.

35 MORTS DANS UN ACCIDENT MINIERL’accident de la mine de charbon Lijiawa, dans la

province de Hebei au mois de juillet, est confi rmé. Dissimulé pendant 50 jours avec l’aide du gouver-nement provincial, l’accident dû à un stockage illé-gal d’explosifs a fait 35 morts. La mine opérait en toute impunité bien qu’illégale.

ÉMEUTES DANS LA PROVINCE DE JIANGXIPour stopper la déforestation menée par l’entre-

prise Lu Hai, des centaines d’habitants ont organisé des sit-in pour bloquer les bûcherons. L’entreprise a alors recruté 300 hommes qui, initialement char-gés de protéger les sites en cours de déforestation, ont ensuite activement attaqué les habitants, bles-sant même le chef du comté.

En réponse, des centaines de villageois en colère ont investi le 24 octobre les bureaux de la Lu Hai qu’ils ont dévastés. Des forces policières abon-dantes entourent aujourd’hui encore les locaux de l’entreprise pour empêcher une nouvelle incursion.

Le gouvernement local est soupçonné de corrup-tion pour avoir vendu à 10 % du prix habituel 17.000 acres de forêt à la Lu Hai. L’entreprise Lu Hai ne dissimule pas non plus ses liens avec le plus ancien gang mafi eux local, le Fong-Tian qui contrôle la ville de Tonggu grâce à ses liens supposés avec des responsables politiques haut-placés.

HU JIA AUTORISÉ À VOIR SA FAMILLELe dissident chinois Hu Jia, récipiendaire du Prix

Sakharov 2008, a pu recevoir la première visite de sa famille depuis son incarcération au printemps. Le sommet Union Européenne-Chine est respon-sable de cet assouplissement, qui a également permis à la femme de Hu Jia de ne plus être cons-tamment sous surveillance policière. La mère de Hu Jia indique que celui-ci a maintenant droit à deux repas par jour au lieu d’un et a accès à des livres. En avril cette année, Hu Jia a été condamné à trois ans et demi de prison pour « subversion du pouvoir d’Etat ». D’abord détenu dans la prison Chaobai de Tianjin, il a été transféré en banlieue de Pékin (quartier Daxin) le 10 octobre.

RÉPRESSION RECORD DANS LA VILLE DE CHONGQING

Près de 10.000 arrestations en 3 mois, confi sca-

tion de 13.500 armes à feu, de 23.000 armes blan-ches… la police de Chongqing mène la plus large opération anti-criminalité des 25 dernières années, sous l’impulsion de Bo Xilai, membre du bureau politique national du parti communiste chinois et nouveau chef du parti à Chongqing. Plusieurs dizai-nes de gang mafi eux sont supposément « éradi-qués » alors que les prisons et centres de détention sont au maximum de leur capacité.

DU TALC DANS LA FARINE DE LA PROVINCE DE SHANDONG

Nouveau scandale alimentaire déclenché par une découverte dans la ville de Pingdu, province du Shandong : de grandes quantités de talc ont été trouvée dans la farine locale. Des employés de l’en-treprise en cause parlent d’addition de talc allant entre 2,5 kgs et 10 kgs par 50 kgs de farine. L’addi-tif bon marché aurait été utilisé pour améliorer l’as-pect de la farine.

MÉDECINE MORTELLETrois patients traités dans la province du Yunnan

par des injections de Ci-wu-jia, le ginseng sibérien, sont récemment décédés. La préparation faite par l’entreprise Wandashan dans la province de Hei-longjiang était contaminée par des bactéries. La formulation Ci-wu-jia pose régulièrement des pro-blèmes et est liée à des décès de patients depuis 1995.

PLUSIEURS MILLIERS DE PÉTITIONNAIRES À PÉKIN

Le 20 octobre, plusieurs milliers de pétitionnai-res en petits groupes régionaux ont été repoussés du « Bureau des appels » de Pékin par environ 500 policiers. C’est le plus large rassemblement à Pékin depuis les Jeux Olympiques.

Le plus large groupe, d’environ un millier de per-sonnes, était constitué des victimes de l’entreprise Yiling, dont le procès commencera courant novem-bre. La fraude de l’entreprise Yiling, commencée en 2005, a consisté à acheter à bas prix des domai-nes forestiers et à les revendre via des agences de promotion à Pékin, Shanghai, Chongqing et She-nyang à des investisseurs en promettant une ren-tabilité imaginaire.

AUJOURD’HUI EN CHINENouvelles des correspondants de la radio Son de l’Espoir (Sound of Hope Network : www.sohnetwork.com)

10.000 habitants de Jiangsu manifestent contre des violences policières Le 20 octobre, près de 10.000 habitants de la province du Jiangsu se sont rassem-blés au collège Suyu à Suqian, dans la province du Jiangsu pour protester contre les mauvais traitements infligés par des policiers aux parents d’un élève qui s’était suicidé. L’élève âgé de 13 ans s’est sui-cidé suite au harcèlement violent et cons-tant de son professeur. QUAND les parents de l’élève sont allés à l’école pour avoir des explications, les représentants de l’école ont refusé de les rencontrer. L’école a appelé la police, qui s’en est prise aux parents en les attaquant. Ces violences policières ont provoqué la colère des habi-tants de Jiangsu dans les environs. Des milliers d’ha-bitants sont venus encercler et attaquer près de cent policiers. Lors des affrontements, au moins un véhi-cule de police a été détruit.

D’après la télévision New Tang Dynasty (NTDTV), avant de se pendre l’étudiant a écrit son testament où il demandait à ses parents de porter plainte contre le professeur qui l’aurait frappé de manière constante.

Des témoins ont dit que les policiers ont tenté d’em-mener la dépouille de l’élève pour l’incinérer. C’est quand les parents ont refusé de leur en donner l’auto-risation que les policiers les ont attaqués.

Un étudiant nommé Zhu a dit : « L’école a été fer-mée et aucun média n’a eu le droit de rentrer. C’est la raison pour laquelle il n’y a eu aucun reportage sur le sujet. Notre professeur nous a aussi mis en garde de ne rien dire à personne, parce que si la réputation de l’école venait à en pâtir, l’école aurait des difficultés à attirer d’autres étudiants. »

Un étudiant des environs a expliqué combien le sys-tème éducatif en Chine ne se base que sur les diplô-mes pour juger quelqu’un. L’élève est soumis à une pression immense. Cet étudiant a révélé qu’il y avait eu d’autres cas de suicides auparavant par défenes-tration, mais que les autorités avait tenté de dissimu-ler l’information.

RÉMI BLEIBTREU

Des milliers d’habitants du Jiangsu se sont rassemblés pour manifester contre les sévices infl igés par des policiers aux parents d’un étudiant qui s’était suicidé.

Des habitants du Jiangsu en colère détruisent une voiture de police pour protester contre les violences policières.

La Grande Époque

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La Grande Époque ● 1 – 15 NOVEMBRE 2008 77ÉÉconomieconomiewww.lagrandeepoque.com

►Sommet de l’ASEM – Rôle de la Chine

La Chine s’approche de la crise économique (1e partie)Dr Jörg Rudolph¹, professeur à l’Institut d’économie de l’Asie de l’Est à Ludwigshafen en Allema-gne, ne croit pas que la Chine pourrait être en mesure de jouer un rôle dans l’atténuation de la crise fi nancière mondiale. Son postulat, qui semble diffi -cile à accepter, est que l’Empire du Milieu fait face à sa propre crise économique : « La Chine a amassé des réserves en devi-ses pour un montant de 1.900 milliards de dollars. Or la nation chinoise a besoin de reconsti-tuer ses réserves bancaires, car beaucoup de banques chinoises sont proches de la banqueroute. C’est pourquoi je pense que les réserves chinoises en dollars ne joueront pas un rôle important sur le marché fi nancier interna-tional ».

LORS de son entretien avec La Grande Epoque en Allemagne, le Dr Rudolph prévoit en Chine une crise des subprimes similaire à celle survenue aux Etats-Unis, mais un peu plus lente. Il ne croit pas que les banques chinoises aient eu des répercussions sur leurs investissements aux Etats-Unis pendant cette période : « Les banques chinoises ont parié pen-dant des années, en premier lieu avec les fonds d’état chinois CIC, puis avec les milliards appartenant au capital des orga-nismes de refi nancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac aujourd’hui mises sous tutelle gouvernementale, autant avec Morgan Stanley et la banque européenne insolvable Fortis ».

La Grande Époque : La chance-lière Angela Merkel est actuellement en Chine. Quel rôle la Chine jouera-t-elle pendant le sommet de l’ASEM et les discussions au sujet de la réforme de la fi nance ?

Jörg Rudolph : Je pense que la Chine ne peut jouer aucun rôle, en tout cas pas le rôle que beaucoup attendent, car la Chine a sa propre crise économique, et elle prend du temps. Je n’ai aucune illu-sion au sujet d’une contribution positive de la Chine au problème fi nancier mon-dial.

LGE : Même si l’on tient compte de ses énormes réserves ?

JR : Ces réserves sont de l’ordre de 1.900 milliards de dollars. Elles sont lar-gement investies en Europe et aux Etats-Unis sur les marchés d’actions ou en bons du trésor, pour environ 1.000 mil-liards de dollars. La Chine a besoin de la plupart de cet argent pour soutenir ses propres banques comme par exem-ple pour Nong Ye Yinhang (Banque agri-cole de Chine) qui est virtuellement en faillite. Je n’ai aucun espoir de voir ces réserves contribuer de façon positive à soulager la crise, ni à la résoudre. Tout leur argent a été investi. Quels que soient les décisionnaires, le régime chinois ou le Politbureau, personne ne peut sim-plement camoufl er l’argent. Il y a aussi une autre considération : le fonds chinois CIC a lourdement investi sur les marchés internationaux pendant les années pas-sées, par exemple dans Morgan Stan-ley, et dans la banque belge Fortis. Ce fonds a donc enregistré des pertes énor-mes, et je ne serais pas surpris qu’il ait également investi dans Lehman Brothers. Personne en Chine n’oserait donc main-tenant répéter les mêmes erreurs, ce qui est un changement politique.

LGE : Quelles banques chinoises ont besoin d’être aidées ?

JR : C’est diffi cile à dire. Nous savons que la Chine a investi 400 milliards de dol-lars dans les organismes de crédit Fannie Mae et Freddie Mac, qui sont maintenant nationalisés pour éviter la faillite. Cela signifi e que les milliards de dollars inves-

tis par les chinois seraient perdus.

LGE : Cette conversion du gouver-nement américain vers la nationalisa-tion est-elle arrivée sous la pression chinoise ?

JR : C’est facile de l’affi rmer, n’est-ce pas ? Les politiques américains et le parti chinois ont une relation de symbiose et doivent se faire mutuellement confi ance, ce qui explique leurs relations amica-les. Le régime chinois a investi beau-coup d’argent aux Etats-Unis. Il a fi nancé la dette américaine. Ils ne peuvent pas simplement effacer ces emprunts, parce que le régime chinois a un intérêt vital au maintien à fl ot de l’économie américaine. Après tout, les marchés américain et européens sont des débouchés commer-ciaux cruciaux pour les produits chinois, dans ce cas, ils sont interdépendants. Ils ne prendront pas le risque de s’offen-ser ni d’avoir des attitudes irrationnelles. C’est la raison pour laquelle nous devons supposer qu’ils continueront à débattre des différents moyens pour trouver des solutions à cette crise.

LGE : Nous parlons de tout cet argent, mais personne ne semble comprendre ce que cela signifi e. Il s’agit de sommes énormes.

JR : Ce n’est pas tout, car de nou-veaux problèmes continuent à apparaî-tre. Le prochain en vue est celui des établissements fi nanciers de cartes de crédit. Selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung, ces sociétés ont enregistré des dettes énormes de l’ordre de 900 mil-liards de dollars. Ces dettes ont été revendues à d’autres investisseurs, qui les ont également revendues. Dès que les sociétés de cartes de crédit stoppe-ront les paiements, nous serons face à un nouveau dilemme.

LGE : Cela semble être un vieux pro-blème récurrent. Pourquoi les gens ne le reconnaissent-ils pas ?

JR : En effet. Et qui va payer ? Vous et moi (dit-il en riant), les contribuables ! Il y a un principe économique : vous démar-rez une grande roue tournante, et lors-qu’elle heurte le mur de briques, ce sont les autres qui doivent faire face au pro-blème. Nous connaissons cela avec les banques : lorsque quelqu’un a une dette de 10.000 euros et ne peut rembourser, alors l’emprunteur a un problème. Mais lorsque quelqu’un a une dette de 10 mil-lions d’euros, alors cela devient le pro-blème de la banque. De même pour la Chine, il suffi t de regarder tout autour pour être frappé par la très grande diver-sité des problèmes chinois. Beaucoup d’entreprises du Dongguan ont été décla-rées en faillite. Les gens ont été licenciés et n’ont pas reçu de salaire depuis plu-sieurs semaines. On dit que le trésor chi-nois a alloué l’équivalent de 200 millions de dollars pour construire des lignes de chemins de fer, dans le but de donner du travail aux chômeurs. La Chine fait face à d’énormes problèmes économiques.

LGE : Quels sont ces problèmes ?JR : Dès que les consommateurs amé-

ricains et européens arrêteront d’acheter autant d’articles importés de Chine, et tout indique que nous allons dans cette direction, alors les problèmes de la Chine s’amplifi eront. Pourquoi acheter des pro-duits dont on n’a la plupart du temps aucun besoin, comme par exemple un troisième plat à gâteau pour la forêt noire

aux cerises ? Les gens ne seront bien-tôt plus intéressés à acheter ces cho-ses. Et lorsque nous n’en aurons plus besoin, alors les problèmes chinois vont devenir profonds. Je ne veux pas appeler cela le leadership chinois, mais ceux qui ont le pouvoir devront faire face à d’énor-mes problèmes sur leur propre territoire. Les dirigeants ne pensent qu’à le maîtri-ser et le contrôler, ils ne veulent pas s’oc-cuper des évènements internationaux. Je suis convaincu que l’élite politique chi-noise et la plupart des citoyens chinois ont l’impression que les « mauvais occi-dentaux, ces impérialistes », ne s’inté-ressent qu’à tenir les riches chinois et leur argent entre leurs mains et tromper la Chine. Les Chinois aiment les histoi-res de conspirations, plus que n’importe qui. Aussi, en résumé, n’attendez aucune aide de la Chine !

LGE : Que signifi e pour les banques chinoises le fait qu’elles ont investi dans des emprunts américains dou-teux qui ont échappé à la sagacité de leurs organes de contrôle ?

JR : Toutes les banques chinoises sont

en faillite ! Le régime est en train d’injec-ter l’équivalent de 20 milliards de dollars dans le système, en particulier pour la Banque agricole de Chine dont j’ai déjà parlé. Mais on ignore d’où vient l’argent ? Impriment-ils de nouveaux billets ?

LGE : Revenons aux réserves, peut-on en faire quelque chose ?

JR : Les Chinois sont incapables de les utiliser pour leurs besoins propres, car ils viennent des exportations. Cet argent est libellé en euros et en dol-lars, et ne revient en Chine que lorsqu’il a été changé en yuans. La banque cen-trale chinoise est assise sur des dollars et des euros, qui sont de nouveau dans le système économique sous la forme de yuans, ce qui signifi e que tout l’argent est retourné dans l’économie. On ne peut pas dépenser l’argent en dollars, à moins qu’on en imprime soi-même.

LGE : Si cet argent devait d’une quelconque manière être dépensé aux Etats-Unis ou en Europe, génèrerait-il de l’infl ation chez nous ?

JR : Aux Etats-Unis, il est investi en

emprunts d’Etat, mais une partie est éga-lement en Europe.

LGE : Peut-on dénombrer les ban-ques chinoises touchées par les emprunts douteux ?

JR : Des emprunts douteux en Chine ? Il y a beaucoup de spéculation. Ernst & Young (une société d’audit internatio-nale) a publié un rapport qui a soulevé beaucoup de critiques, et elle l’a retiré. Personne ne connaît le nombre actuel, mais les évaluations se situent à envi-ron 900 millions de dollars. Il est diffi -cile de le garder secret. Nous ne devons pas oublier que le régime chinois man-que d’expérience dans beaucoup de domaines (comme diriger un pays ou négocier de sujets compliqués et inter-nationaux). Regardez ces personnes, Hu Jintao et Wen Jiabao. Quelle expérience ont-ils, mis à part celle de rester au pou-voir ? Ils ne voudront jamais intervenir sur des sujets comme celui d’annoncer les lourdes pertes dues à leurs bêtises. C’est déjà comme ça pour Morgan Stan-ley, Fortis ou Blackstone.

LGE : On dit que les banques chi-noises n’ont aucunement souffert de la crise américaine du crédit.

JR : Beaucoup de choses sont venues plus tard nous éclairer ! Evidem-ment qu’ils parient, les Chinois sont des joueurs invétérés, ils adorent aller au casino. C’est pareil avec les banques, si certaines d’entre elles sont impliquées, elles ont simplement joué sur une plus large échelle. Nous devons considérer cela avec sérieux. Nous avons des sour-ces fi ables qui nous ont dit que les ban-ques chinoises ont dilapidé leur argent par des gestes somptueux.

LGE : Ces derniers temps, les médias allemands ont souvent cité cette phrase de Hu Jintao : « L’es-poir dans l’avenir est beaucoup plus important que tout le reste ».

JR : (rire) Et l’éthique, n’oubliez pas cela ! Mais partout le système économi-que manque d’éthique, pas seulement en Chine.

LGE : L’absence d’éthique est-elle inévitable ?

JR : Toute économie est dépour-vue d’éthique. Nous faisons du profi t ! Rien ne donne plus de succès que le succès lui-même. La Chine doit actuel-lement se débrouiller avec d’insurmon-tables problèmes. Et tous ces problèmes se pointent au même moment. Les pro-ducteurs d’acier ne peuvent plus trouver d’acheteurs, surtout à cause de la réces-sion dans l’industrie automobile. Comme vous l’avez peut-être remarqué, les prix chutent.

LGE : Quelles perspectives voyez-vous pour la Chine ?

JR : Les prix ont été en augmentation pendant des années, et maintenant ils tombent. Le régime a diminué les critè-res de garanties pour les prêts et les diri-geants recourent maintenant à ce que les Etats-Unis ont fait pour leurs subprimes, les Chinois suivent actuellement la même tendance. Dès que la classe moyenne chinoise ne pourra plus rembourser ses prêts immobiliers ou le paiement de ses voitures, alors un énorme problème sur-gira.

MARIA ZHENG ET FLORIAN GODOVITS

¹Dr. Jörg M. Rudolph (1951) est pro-fesseur et directeur de l’Institut d’Asie de l’Est à l’École d’économie à Ludwigs-hafen en Allemagne. Son domaine d’ex-pertise se concentre sur l’histoire et la géographie de la Chine et s’étend à l’évo-lution de l’actualité politique et écono-mique. Il est aussi l’éditeur de Sju Tsai – Le Monde chinois (www.xiucai.oai.de). Il a été délégué pour les Intérêts Eco-nomiques de l’Allemagne à Pékin entre 1997 et 2002 et l’un des membres fonda-teurs de la Chambre allemande de Com-merce en Chine. Il a étudié la sinologie à la faculté de l’Asie de l’Est de l’Université Libre de Berlin entre 1974 et 1979.

Jörg Rudolph ne croit pas que la Chine pourrait être en mesure de jouer un rôle dans l’atténuation de la crise fi nancière mondiale.

Matthias Kehrein/La Grande Époque

43 pays d’Europe et d’Asie se sont réunis à Pékin dans le cadre du septième sommet de l’ASEM les 24 et 25 octobre 2008.

Pool/Getty Images

« La Chine doit actuellement se débrouiller avec d’insurmontables problèmes. Et tous ces problèmes se pointent au même moment. »

Page 8: La Grande Epoque Bimensuel 1-15 Novembre 2008

TOGO : UNE FILIÈRE ÉQUITABLE SUD-SUD POUR LE MAÏS

En 2008, le cours du maïs au Togo a presque triplé. Chaque Togolais consomme en moyenne 72 kg de maïs par an, ce qui fait du maïs l’un des aliments principaux de la population (source : Organisation des Nations Unies pour l’alimen-tation et l’agriculture-Fao, 2003). Une popu-lation très vulnérable, puisque 62 % des Togolais vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Depuis fi n 2007, la fi lière de commerce équita-ble « Ville-Campagne » relie les producteurs de maïs togolais aux femmes restauratrices de la capitale Lomé. Pour favoriser la rencontre entre les producteurs de maïs et les femmes restaura-trices, les associations organisent chaque année des réunions au mois de mars, au début de la sai-son agricole, pour que producteurs et restauratrices décident ensemble de la quantité de maïs à produire et du prix de vente (avec une marge d’ajustement au cours de l’année. Le maïs récolté est ensuite livré au domicile des femmes restauratrices géran-tes de kiosques dans les rues de Lomé et qui ont adhéré au groupement d’achat.

Pour en savoir plus : contacter Komi Afelete Julien Nyuiadzi par e-

mail : [email protected]. Adresse postale : B. P. 23 Kpalimé - Lomé (Togo).

PAYSANS.FR : LE MARCHÉ PAYSAN S’INS-TALLE SUR LE WEB

L’instabilité des prix des produits agricoles est une menace pour les revenus des producteurs.En 2007, les revenus des céréaliers ont doublé alors que ceux des producteurs de fruits ont baissé d’en-viron 20 %. Le site web de vente directe Paysans.fr vise à instaurer des circuits courts de distribution des produits agricoles pour mieux rémunérer le travail des producteurs et les protéger des aléas des cours des denrées. Créé en décembre 2002 par Patricia Juthiaud, Paysans.fr est un marché en ligne distribuant en livraison directe les pro-duits issus de l’agriculture locale française. Depuis son siège à Marmande (Aquitaine), Paysans.fr gère un catalogue saisonnier qui comprend entre 300 et 700 produits, dont 80 % certifi és biologiques. Chaque lundi, une liste de 30 à 50 produits est publiée sur le site web : fruits, légumes, viande, poisson, fromages et produits laitiers, pain, fruits, plats cuisinés sous vide ou longue conservation, vins et bières et produits d’entretien pour la mai-

son. Les clients titulaires d’un compte peuvent composer leur panier ou choisir l’un des paniers préconçus (couples, familles, célibataires, viande), modifi er les quantités et régler leur facture par carte bancaire (ou par chèque à la livraison). Pour cha-que produit sont précisés le prix, le nom du pro-ducteur, l’éventuelle appellation Bio et la région de provenance (90 % de la gamme proposée par le site est produit dans un rayon de 40 km autour de Marmande, à l’exception de certains produits typi-ques et des spécialités : moules, saucissons, fro-mages). Les clients disposent d’une semaine pour composer leur panier et passer la commande. Le dimanche soir, les commandes sont arrêtées, le catalogue est mis à jour et les producteurs reçoi-vent l’exacte quantité de marchandise à livrer à la plateforme de Marmande. De là, les produits par-tent vers les particuliers à bord de camions réfri-gérés : Paysans.fr dispose d’une fl otte de trois camions pour les livraisons en Aquitaine ; pour l’Ile-de-France, les marchandises sont envoyées dans la nuit vers une plateforme froide au marché de Run-gis, à partir de laquelle elles sont distribuées par une fl otte de livreurs sous-traitants.

Pour en savoir plus : www.paysans.fr

UNE BANQUE ITINÉRANTE ARPENTE LES ILES FIDJI

6,5 millions d’épargnants potentiels. En 2006, 75 % la population des îles du Pacifi que (14 pays, hor-mis les Tom), soit 6,5 millions de personnes, n’avait pas accès aux services fi nanciers de base (source : Pnud, 2006). L’objectif d’ANZ est de rendre acces-sible l’épargne aux communautés rurales des Iles Fidji en créant un espace où institutions de micro-fi nance, groupes d’épargnants et particuliers puis-sent garder leurs économies. En 2004, la banque australienne ANZ (Australia and New Zealand ban-king group) lance son service d’agences rurales mobiles destinées aux Iles Fidji. Depuis, six camion-nettes 4x4 sillonnent les 250 villages des îles de Viti Levu et Vanua Levu, à fréquence régulière (tous les quinze ou trente jours). Elles sont suivies par d’autres véhicules emmenant les membres du staff d’ANZ : 12 employés au total, spécifi quement for-més. Ferme le cortège une escorte de sécurité, assurée par une entreprise privée. L’agence rurale mobile offre deux types de produits, un compte chè-que et un compte épargne, adressés à tout public (particuliers, groupes, associations et coopératives). Le compte chèque permet de retirer et de verser des

sommes régulièrement. Il coûte l’équivalent de 3,7 euros à l’ouverture et 2,2 euros par mois de frais de gestion. En échange, les clients ont droit à un nombre illimité d’opérations et peuvent également recevoir et transférer des sommes vers n’importe quel autre compte bancaire international. L’ouver-ture et la gestion du compte épargne sont en revan-che gratuites. Les clients peuvent verser leur argent librement mais une commission de 3 dollars est appliquée pour tout prélèvement.

Fin 2008, la banque rurale mobile d’ANZ compte environ 60.000 clients : 90 % d’entre eux n’avaient jamais ouvert un compte auparavant. Le montant d’argent déposé a atteint 1 million de dollars.

Pour en savoir plus : www.anz.com/Fiji

TERRE DE LIENS : L’ÉPARGNE SOLIDAIRE RETOURNE À LA TERRE

Chaque année en France, 60.000 hecta-res de terrains agricoles et naturels disparais-sent, engloutis par les implantations industrielles ou les habitats urbains qui, entre 1994 et 2004, ont progressé de 15 % (source : Service cen-tral des enquêtes et études statistiques-Scees, 2004). Et tandis que les petites exploitations dis-paraissaient, les plus grandes ont doublé leur nom-bre : en 2005, on compte 85.000 exploitations de plus de 100 hectares (source : Agreste, 2005). Cette concentration a notamment provoqué une montée des prix des terres. Entre 1998 et 2007, compte tenu de l’infl ation, le prix moyen à l’hec-tare est passé de 3.700 à 4.900 euros (source : Société d’aménagement foncier et d’établissement rural, Safer, 2008). Le prix des terres s’avère donc prohibitif pour les jeunes agriculteurs qui se replient le plus souvent sur la location

L’association Terre de liens naît en 2003 à l’ini-tiative de l’agriculteur d’origine hollandais Sjoerd Wartena. Son objectif : favoriser l’implantation des jeunes agriculteurs et préserver le territoire agricole national. Fin 2006, l’association rassem-ble 36 actionnaires et lance la Foncière Terre de Liens, un fonds d’investissement foncier lui per-mettant de racheter des terres agricoles pour les soustraire au marché spéculatif. La Foncière Terre de Liens achète ainsi collectivement des terres et des fermes, s’engageant à ne plus les revendre. Pour fi nancer ces actions, la Foncière Terre de Liens collecte de l’épargne solidaire. 357 hectares des terrains rachetés dans cinq régions de France.

Pour en savoir plus : www.terredeliens.org

DANSE AUTOUR DES LITS D’HÔPITAUX 6,16 % des plus de 84 ans sont hospitalisés. Au

1er janvier 2008, la France métropolitaine dénom-brait 5.840.207 personnes âgées de 75 ans et plus (source : INSEE, Institut national de la statistique et des études économiques). 5,77 % des 75-84 ans et 6,16 % des plus de 84 ans sont hospitalisés, pour cause, notamment, de maladies neurodégénérati-ves qui affectent le fonctionnement du cerveau et plus généralement le système nerveux. Pour ces patients, les animations occupationnelles ne sont pas adaptées. Il faut inventer de nouvelles appro-ches pour maintenir ou retrouver des formes de communication. L’objectif de l’association Compa-gnie Alouette/ACM Ballet est de ranimer l’éveil des personnes âgées et de créer et du lien entre eux, leurs familles et le personnel hospitalier grâce à des représentations de danse.

Créée en 1989, l’association Compagnie Alouette/ACM Ballet est une compagnie de danseurs profes-sionnels qui pratique un registre étendu de danses allant du classique au néo classique en passant par la danse contemporaine, le music hall et le baroque. En octobre 2005, l’hôpital gériatrique Bretonneau (Paris-18e) permet à la troupe de disposer d’un auditorium pour ses répétitions avec pour contre-partie de donner libre accès aux personnes âgées, aux visiteurs et au personnel.

Mais la compagnie réalise qu’elle se prive d’un large public, la majeure partie des patients de l’hô-pital n’étant pas en mesure de se déplacer. A partir d’avril 2006, avec l’accord des responsables de l’hô-pital, elle décide donc d’élargir les représentations à l’ensemble de l’établissement. A chaque venue, la troupe parcoure les différents services, chambres et couloirs, entre 9h30 et 17h, ¸ la rencontre de tous les patients désireux de les voir. Les specta-cles sont élaborés par des chorégraphes et exécu-tés par quatre danseurs sur la base de répétitions effectuées avec les danseurs étoiles Wilfrid Piollet et Jean Guizerix. Tous les participants sont des pro-fessionnels rémunérés par l’association et par les hôpitaux. La troupe visite des hôpitaux huit journées par mois.

Pour en savoir plus : compagniealouette.google-pages.com

Brèves d’espoir Avec l’agence d’informations Reporters d’Espoirs

1 – 15 NOVEMBRE 2008 ● La Grande Époque88 Droits humainsDroits humains www.lagrandeepoque.com

LAHORE - Pervaiz Masih, 32 ans, accorde une attention par-ticulière à son régime alimen-taire, ces jours-ci. « J’essaie de manger un peu de viande et de boire au moins un verre de jus de fruits par jour. Je dois être en bonne santé, comme ça, j’aurai plus de chances que quelqu’un m’achète un rein », a-t-il expliqué à IRIN.

M. MASIH, manœuvre de son métier, gagne environ 4.000 roupies (environ 50 dollars) par mois. Avec trois enfants à charge, il lui est impossible, affi rme-t-il, de survivre avec ses revenus (et ceux de son épouse, qui empoche 2.000 rou-pies par mois en travaillant comme aide domestique).

La famille a accumulé de lourdes det-tes, auprès de voisins, de parents et de commerçants.

« Le seul moyen pour moi de rem-bourser ces dettes d’environ 100.000 roupies [1.250 dollars], c’est de ven-dre un rein », a-t-il dit. « J’ai pris con-tact avec plusieurs agents d’un hôpital de Lahore et on m’a dit que cela pouvait me rapporter 200.000 roupies [environ 2.500 dollars] voire plus si un Pakista-nais fortuné ou un étranger m’achetait mon rein ».

Jusqu’en septembre 2007, le Pakistan était réputé pour être un des principaux centres de « tourisme rénal » du monde. En raison du vide juridique qui entourait la question du don et de la transplanta-tion de reins, il était facile pour les per-sonnes ayant besoin d’un nouvel organe de se rendre au Pakistan pour s’en pro-curer un, généralement auprès d’indi-gents, prêts à tout pour de l’argent.

« Mon neveu âgé de 24 ans à l’épo-que - a vendu un rein en 2004, bien que sa famille lui ait conseillé de ne pas le faire. Il voulait s’acheter une moto », a raconté Sumera Khatoon, 60 ans, origi-

naire d’un village situé près de la ville de Sargodha, dans le centre de la province du Punjab.

« Aujourd’hui, quatre ans plus tard, il n’a toujours pas d’emploi et il est encore pauvre. Il a beaucoup de problèmes de santé et ne peut pas faire de travaux physiques lourds », a expliqué Mme Khatoon.

Ces récits sont confi rmés par diverses études académiques.

En juillet 2007, les chercheurs de l’Institut d’urologie et de transplanta-tion du Sindh (SIUT), à Karachi, ont écrit dans Transplant International, le journal offi ciel de la Société européenne

pour la transplantation d’organes, qu’au cours d’une enquête menée auprès de 239 vendeurs de rein du Punjab (dont 90 pour cent étaient illettrés), 88 % des sondés n’avaient fait état d’aucune amé-lioration économique dans leurs vies et que 98 % avaient fait état d’une aggra-vation de leur état de santé.

69 % des vendeurs travaillaient dans des conditions de servitude. 93 % d’en-tre eux avaient besoin de cet argent pour rembourser leurs dettes.

UNE NOUVELLE LOI L’adoption, en septembre 2007, de

l’Ordonnance sur la transplantation de

tissus et organes humains a laissé entre-voir l’espoir d’un changement dans ce domaine.

En vertu de cette nouvelle loi, l’achat et la vente d’organes humains sont désor-mais des crimes, et les conditions auto-risant la transplantation de reins entre deux personnes sans liens familiaux sont désormais strictes. On ignore néanmoins encore si cette loi a été effi cace.

« J’ai des collègues qui continuent de se livrer au trafi c de reins parce que c’est un secteur très lucratif, mais depuis l’adoption de cette loi, il est plus diffi cile de se procurer des reins. Certains méde-cins que je savais impliqués dans ce type

de pratiques ont été menacés d’avoir affaire à la police », a rapporté Jaffar Malik (un nom d’emprunt), un urologue de Lahore.

« Même aujourd’hui, les gens vien-nent du Moyen-Orient ou d’Europe pour acheter des reins ici, bien que les coûts soient plus élevés qu’auparavant », a-t-il ajouté.

L’on craint toutefois que les progrès réalisés grâce à la loi de 2007 ne ris-quent bientôt d’être réduits à néant. Plusieurs membres du Parlement pakis-tanais ont en effet proposé des amende-ments qui ouvriront la voie à un nouvel essor du trafi c de reins, craignent les experts.

Selon Adibul Hasan Rizvi, directeur du SIUT, qui avait fait campagne en faveur de la loi de 2007, certains parlementaires veulent voir ajouter les termes « demi-frère » et « demi-sœur » à la défi nition de « proches parents biologiques », ce qui créerait une brèche juridique facilitant les ventes illégales.

On ignore le nombre de reins vendus illégalement chaque année au Pakistan. Jusqu’en 2007, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé, on comptait environ 1.500 ventes annuelles aux « touristes rénaux ». D’autres esti-ment que le chiffre était bien plus élevé.

Les agents, liés aux hôpitaux, sillon-nent les régions rurales pour trouver des donneurs, percevant une commission sur chaque vente.

« Ces intermédiaires viennent aussi chez nous. Jusqu’ici, aucun membre de notre famille n’a vendu son rein. Mais, qui sait ? Les temps sont tellement durs que nous serons peut-être fi nalement amenés à le faire », a déclaré Abdul Rehman, 35 ans, qui vit dans le quartier de Shahdra, à Lahore.

Oxfam, l’association caritative britan-nique, a rapporté dans le courant de ce mois-ci que 17 millions de Pakistanais de plus étaient désormais touchés par la pauvreté en raison de l’augmentation du prix des denrées alimentaires.

Irin News

Pakistan : contraints à vendre leur rein

ARIF ALI/AFP

PAKISTAN, Lahore : des Pakistanais attendent au commissariat le 27 mai 2007. Ils montrent leurs cicatrices après le prélèvement de leur rein. Les services de police sont intervenus dans une clinique clandestine et arrêté huit personnes dont cinq médecins impliquées dans le trafi c d’organes. Ils ont recensés dix personnes dont le rein avait été prélevé.

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L’ÉLOGE ET LA RECONNAISSANCEIl y avait longtemps qu’une manifesta-

tion n’avait pas été consacrée à Jacques Prévert. La mairie de Paris a décidé de proposer Jacques Prévert, Paris la belle où toute une déclinaison de l’œuvre du poète est exposée. La petite fi lle de Pré-vert a apporté force et jeunesse pour faire aboutir le projet, qui au départ a rencontré quelques réticences. Jacques Prévert étant étudié à l’école, il semble-rait qu’il n’avait plus à intervenir dans le champ public.

Le cinéma le Champollion s’est fait le décrypteur de ses œuvres cinémato-graphiques. Parmi elles, Drôle de drame (1937) qui n’avait pas été bien compris lors de sa sortie. A le revoir aujourd’hui, on découvre l’aspect avant-gardiste de cette œuvre dans le domaine de l’hu-mour. Remorques de Jean Grémillon retrace la vie immobile d’un couple de marins livré au temps qui passe. L’am-biance d’une guerre incertaine s’insinue dans le scénario, la drôle de guerre s’an-nonce presque à la fi n de l’œuvre avec violence. L’amour s’évanouit, et la sta-bilité du couple explose avec la mort d’un de ses membres. Il en résulte une absence suivie d’une incertitude, que seuls l’aventure et le danger peuvent tromper.

MESRINE LE BANDIT BIEN AIMÉ

Mesrine, L’Instinct de mort de Jean-François Richet, traite l’histoire de Jac-ques Mesrine comme un fi lm policier alors qu’on aurait préféré qu’un person-nage aussi emblématique soit traité sur le plan idéologique plutôt que spectacu-laire. Le personnage prônait une avan-cée sociale sans toutefois ressembler à Robin des Bois, et cet aspect de sa per-sonnalité n’apparaît pas dans le fi lm. Le réalisateur n’a pas procédé à une ana-lyse suffi samment passionnante des

forces politiques en présence. Il reste que les épisodes d’attaques des ban-ques sont prenants. On annonce une deuxième partie. Pourquoi ne pas l’avoir intégrée à la première pour donner un fi lm plus profond ?

UN HOMME D’EXCEPTIONJe n’avais pas revu Henri Agel depuis

longtemps, m’apprêtant à lui amener une nouvelle cargaison de nouveautés con-cernant le cinéma. Je l’avais rencontré à une manifestation cinématographique bien sûr, Cinéma et Spiritualité à la fi n des années quatre-vingt-dix. J’avais tout de suite été fasciné par ce langage d’or-fèvre et de gentillesse avec lequel il me parlait. Je lui ai avoué que j’avais appris la théorie du cinéma grâce à son manuel qui devait être le premier du genre. Je lui ai envoyé mes articles pour qu’il me les critique et… j’ai trop attendu et il est décédé avant de pouvoir me répon-dre. Je devais aller le voir à Montpel-lier, je regrette de ne plus pouvoir le revoir. Il faut se souvenir de son rôle dans L’Homme qui aimait les femmes de François Truffaut où il jouait un édi-teur en province avec Brigitte Fossey et Charles Denner.

LA BELLE ET HEUREUSE HISTOIRE DE NEWMAN

Dans la dernière chronique, j’avais parlé de Paul Newman acteur en omet-tant son côté passionnant de metteur en scène de cinéma reconnu de tous.

Dans Rachel, Rachel (1968), l’acteur fait un portrait délicat de sa femme. Le personnage du fi lm est une institutrice un peu perdue entre sa mère insuppor-table qui l’ennuie et son amant médio-cre, pas du tout amusant. C’est une sorte de variation sur les qualités néces-saires pour aimer. Ce fi lm fait songer aux fi lms de jeune cinéma des années

soixante et un peu de la Nouvelle Vague comme ceux de Jean-Daniel Pollet, Pia-lat et Chabrol.

En 1978, Paul Newman perd son fi ls de 28 ans qui succombe à une overdose. Il est abattu. Sa vie, c’est sa femme et ses enfants. Il aura toujours en lui cette trace indélébile sur le cœur et dans ses œuvres. Faisant écho à ce drame per-sonnel, Paul Newman tourne L’Affronte-ment et Harry and Son (1984) : un père maladroit n’arrive pas à s’entendre avec

son fi ls et ne peut pas se réconcilier avec lui. Incontestablement ce fi lm est le plus proche de Paul Newman.

Le lien est une constance dans l’œuvre de Paul Newman, le fondement de toute sa vie, son secret le plus profond. On pourrait rapprocher son œuvre très fémi-niste de l’unique fi lm de Barbara Loden, Wanda (1970). Touché à vif par les siens, sa famille, ses amis, son person-nage rappelle celui de Carrie de Brian de Palma (1976). Eleanor Newman, sa fi lle, joue le rôle d’une adolescente qui expose sur l’estrade à un concours de sciences organisé par son école « l’infl uence des rayons Gamma sur le comportement des marguerites ». Sa fi lle montre que sur la terre tous les espoirs sont permis même, dit-elle, celui de se réconcilier avec la vie pour l’aimer toujours avec un regard sur nos semblables.

Le plus surprenant est la carrière de réalisateur de Paul Newman qui s’éche-lonnera de 1968 à 1987. Il réalise cinq fi lms qui obtiendront le respect de la pro-fession pour ses qualités indiscutables de cinéaste et surtout pour les thèmes qu’il n’avait pas eu peur d’aborder, dans une société qui était restée puritaine et conformiste. Les thèmes intimistes ayant traits aux problèmes de la famille étaient restés jusque-là tabous.

UN HOMME FIDÈLE À SES AMOURS : SA FEMME, SES ENFANTS, SON MÉTIER DE CRÉA-TEUR

Newman débusque quelques expres-sions de sa femme qu’il veut fi xer pour toujours, de ce personnage, blessé par la vie, qui veut rester une mère malgré l’absence d’amour d’un homme à ses côtés.

Newman ne se soucie nullement des états d’âme des autorités, trop occupées à garder leurs pouvoirs plutôt qu’à réfl é-chir sur les rapports diffi ciles qu’entre-tiennent les membres d’une famille. Paul Newman pense profondément aux êtres qu’il aime. Il veut le clamer et le montrer. Sa femme est la vedette dans son cœur et dans ses fi lms (elle apparaîtra dans quatre d’entre eux).

Paul Newman était pour moi un acteur que j’admirais et que je respectais. Je lui avais posé une question en 1987 lors-qu’il avait présenté son fi lm La Ména-gerie de verre. Je l’avais trouvé plein

d’humour, et d’une intelligence emplie d’humanisme. Un journaliste a tenté de le déstabiliser en lui parlant d’étiquet-tes à collectionner sur les bouteilles de vinaigrettes qu’il vendait. Newman avait répondu : « la campagne est bien belle par ce temps. ».

Newman fi lme sa femme comme per-sonne, crée une esthétique magnifi que persuadé que la trace reste après.

WOODY ET LES ROBOTSRetrouver Woody Allen est toujours

un bonheur. Le réalisateur a procédé en plusieurs étapes pour arriver jus-qu’à Barcelone et tourner Vicky Cristina Barcelona. Woody Allen a un peu plus de soixante-dix ans. Il a cherché son genre entre plusieurs styles, ou plutôt navigué parmi eux. Ainsi ne tomberait-il pas dans un sommeil profond. Quelques années auparavant à la cinémathèque de Chaillot, Henri Langlois, comme il en avait l’habitude, nous avait préparé une surprise, une avant-première de Woody et les Robots en présence de son auteur. Il est entré dans la salle de la cinémathè-que, il était à un mètre de moi, je croyais que c’était Dieu. Il m’a regardé avec un sourire hilarant, j’ai éclaté de rire et toute la salle a suivi. Langlois lui a posé une série de questions et nous avons été conquis pendant toute la soirée. C’était un moment délicieux où la réalité et la fantaisie avaient décidé de cohabiter un moment. Dans Guerre et amour (1975), un fi lm à costumes, Woody Allen prend un plaisir immense à parodier l’histoire : Boris Grouchenko, révolté par l’invasion française, tente d’assassiner Napoléon, mais l’aventure tourne mal. D’une drôle-rie époustoufl ante, le fi lm obtiendra un grand succès. Il vaudra par sa fi ne satire du pouvoir militaire que seule l’ambition personnelle anime dans une bataille.

DE IN THE MOOD FOR LOVE AUX CENDRES DU TEMPS

Je suis toujours attentif aux nouveaux fi lms de Wong Kar-wai depuis que j’ai vu In the mood for love (2000) et 2046. Son traitement des images et la considération minutieuse pour la narration font avancer l’expression cinématographique.

Son nouveau fi lm Les Cendres du temps donne un nouvel élément à son travail de recherche. Terminé en 1994, l’année de Chungking express, ce fi lm d’aventure chinois était doté d’un bud-get très important. N’ayant pas trouvé un public suffi sant, à la mesure des dépen-ses effectuées, les producteurs et les exploitants se sont mis à triturer, trafi co-ter, remonter le fi lm au point qu’à la fi n, on ne comprenait plus rien. Wong Kar-wai, qui tenait beaucoup à son fi lm, a passé des moments noirs. Finalement, la version originale du fi lm avait défi niti-vement disparu.

Très attaché à ce projet qui avait été sauvagement saccagé, Kar-wai entre-prend de restaurer son fi lm en lui don-nant un autre sens. C’est pour lui l’occasion de nous offrir un voyage dans le temps grâce aux chutes de son œuvre retrouvées. Il utilise toute la palette gra-phique pour fabriquer de nouvelles ima-ges confi rmant l’apport nécessaire de l’esthétique pour faire avancer la nar-ration.

Cette œuvre devait être un fi lm d’art martial en costume avec des scènes de batailles et de duels, des voltiges, des combats violents, des séquences épi-ques. Il ne tourne rien de tout cela, mais montre plutôt deux amis qui se retrou-vent pour boire un vin magique qui effa-cera leur mémoire, la troublera, modifi ant ainsi leur équilibre temporel. Les cendres du temps est une sorte de voyage initiati-que peuplée de beauté picturale.

ALAIN PENSO

Instant terrestre www.instanterrestre.com

LumièreLa « belle » lumière est au photographe ce que le diamant est au joaillier, une offrande ! Privé de cet éclai-rage, l’oeil humain observerait un monde en noir et blanc. Au Costa Rica comme partout ailleurs, la nature développe des matières, des formes et des couleurs bouleversantes de poésie. « La nature n’est qu’unspectacle de bonté », ces mots chers à Rimbaud précisent notre attachement à la terre, source de provi-dence et d’émerveillement. Et c’est à un autre oeil, celui du photographe, de saisir au vol ce butor d’Amé-rique dans une expression très artistique.

Texte et photo de Stéphane Cabaret

►Chronique d’un observateur du 7e

Jacques Prévert, Mesrine, Paul Newman et les autres

AFP

Portrait de Jacques Prévert présent dans l’exposition Jacques Prévert, Paris la belle.

NOUVEAU REGARDUN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 1 – 15 NOVEMBRE 2008 • BIMENSUELWWW.LAGRANDEEPOQUE.COM

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EpochTimes.comLa Grande Époque

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1 – 15 NOVEMBRE 2008 ● La Grande Époque1010 EnvironnementEnvironnement www.lagrandeepoque.com

« PLANÈTE vivante 2008 » c’est le nom du rapport publié le 29 octobre par l’as-sociation de défense de l’environne-ment WWF International. Il montre que la manière de produire des hommes, de consommer et de rejeter les déchets sur la planète, est supérieure d’un tiers par rapport à ses capacités de régéné-ration. Le rapport dit que si nous conti-nuons à agir de la même manière, au début des années 2030, deux planè-tes seront nécessaires pour combler les demandes de l’humanité. Selon ce rap-port il faut prendre ces données très au sérieux car la crise écologique à venir sera beaucoup plus grave que la crise fi nancière actuelle.

CULTURE DE LA SATISFACTION IMMÉDIATE

Geoffroy De Schutter, directeur des programmes au WWF-Belgique expli-que : « Nous agissons avec l’environ-nement comme l’ont fait les institutions fi nancières dans le domaine économi-que : nous voulons la satisfaction immé-diate et ne regardons absolument pas les conséquences à plus long terme ». Il ajoute « qu’il y a cependant une dif-férence : les conséquences de la crise écologique mondiale sont bien plus gra-ves que celles de la crise économique actuelle. En effet, dans le cas de la crise écologique, ce sont nos actifs environne-mentaux qui sont sous-évalués. Or, ces derniers sont à la base de toute vie. La logique de croissance à l’infi ni que suit notre consommation dans une seule pla-

nète fi nie montre aujourd’hui ses limi-tes. » Actuellement nous assistons aux changements climatiques et à la crise alimentaire, qui sont les premières con-séquences de notre comportement du plaisir immédiat.

L’EMPREINTE ÉCOLOGIQUE DE LA TERRE ET DE L’EAU

Le rapport Planète Vivante fait le bilan de santé de la terre tous les deux ans. Ce bilan s’effectue d’après le suivi de 5.000 populations et de 1.686 espèces animales. Des critères d’analyse éco-logique découlent de cette étude, qui représentent l’empreinte écologique de l’humanité. Ils consistent à comparer la surface terrestre indispensable à notre production naturelle et celle nécessaire à l’absorption de nos déchets. Actuelle-ment l’indice d’évaluation de l’empreinte écologique mondiale est de 2,7 hectares par personnes tandis qu’uniquement 2,1 hectares seraient disponibles.

Le rapport accentue ses recherches et tend à mesurer celle de « l’empreinte de l’eau », car l’eau est inégalement prodi-guée dans le monde. Elle est utilisée de manière inconsidérée. En effet la quan-tité d’eau douce disponible sur la planète continue à se réduire considérablement. Et les diverses productions telles que les produits laitiers, la viande, le sucre, le coton etc. nécessitent des quantités d’eau énormes. Par exemple, la pro-duction d’un t-shirt en coton demande près de 3.000 litres d’eau. Ce qui fait qu’aujourd’hui près de cinquante pays

sont confrontés à une grave pénurie d’eau, de manière épisodique ou régu-lière.

L’EMPREINTE ÉCOLOGIQUE EUROPÉENNEL’empreinte écologique d’un pays cor-

respond à sa demande envers la pla-nète. Cette empreinte a augmenté en Europe de 85 % entre 1961 et 2005, elle est actuellement évaluée à 4,9 hectares par personne. Donc l’excédent est de 62 % par personne en relation de l’échelle mondiale évaluée à 2,7 hectares par habitant. Ce surcroît est dû à la hausse de l’empreinte carbone, analysée en fonction des terrains bâtis, c’est-à-dire en évaluant la surface capable d’absor-ber les émissions de CO2 du pays.

La France utilisait en 2005, 4,9 hec-tares de terre et de mer par personne. Actuellement la bio-capacité du pays est de 3 hectares par habitant, donc l’empreinte écologique aurait tendance à se stabiliser. Mais, selon le WWF la France évite un jugement plus sévère, car l’étude a inclus les bio-capacités des territoires d’Outre-mer avec leurs forêts, l’empreinte écologique se trouve ainsi réduite.

Ainsi, les chiffres peuvent être faus-sés sachant qu’un pays importateur peut utiliser l’eau des autres. Le rapport du WWF souligne la nécessité d’une prise en compte d’une eau dissimulée, qui fait partie de la commercialisation internatio-nale, ce qui n’a pas été fait dans cette étude.

HÉLOÏSE ROC

Aurons-nous besoin de deux planètes en 2030 ?

Les conséquences d’une déforestation effrénée peuvent conduire à une crise écologique grave, plus dramatique que la crise économique actuelle.

Ahmad Zamroni/Getty image

Le Parc national des Virunga au regard de la violenceLES HOMMES de NKunda ont investi le Parc national de Virunga, le plus vieux parc d’Afrique créé par décret royal en avril 1925. Il est classé au patrimoine mondial par l’Unesco. La République Démocratique du Congo met en péril ce site protégé du patrimoine mondial. Le Parc national de Virunga est doté d’une remarquable biodiversité et abrite les dernières populations de gorilles de montagne, une espèce particulièrement menacée. Le 29 octobre l’UNESCO s’est inquiété des violences commises sur ce territoire. Le parc est fréquemment victime de combats entre l’armée régulière et les belligérants.

ASSURER LA SURVEILLANCE ET LA ZONE D’HABITAT DES GORILLES DE MONTAGNE

De plus les combats ont réduit des milliers de personnes à fuir, provoquant une crise humanitaire catastrophique. Koïchiro Matsuura, directeur général de l’UNESCO, a déclaré dans un commu-niqué : « Selon les informations qui me sont parvenues, les gardes du Parc ne sont plus en mesure d’en assurer la sur-veillance et la zone d’habitat des gorilles de montagne est menacée par des tirs soutenus ». Il a par ailleurs fait remar-quer que l’inscription d’un site sur la liste du patrimoine mondial consacre sa valeur exceptionnelle universelle et engage la responsabilité de la communauté inter-nationale toute entière en faveur de sa protection. C’est ainsi qu’il rappelle aux rebelles de respecter ce lieu et de trou-ver rapidement une solution pacifi que à leurs confl its.

IL RESTE 700 GORILLES DE MONTAGNE

DANS LE MONDESelon les statistiques, il n’y aurait plus

que 700 gorilles de montagne dans le monde, et la moitié d’entre eux vivent dans trois parcs nationaux africains, celui du Parc national de Virunga compris. Les conservateurs regrettent que les animaux

sont souvent menacés par les popula-tions locales et les braconniers. Ce sont 200 gorilles qui vivent au Congo, 72 sont familiers aux humains, c’est ainsi que 10 gorilles ont été victimes des violences de l’an dernier.

La réserve du Virunga est spécifi que.

Elle s’étire le long d’une chaîne de volcans actifs, elle possède une richesse et une diversité d’habitats qui surpasse celle de tout autre Parc africain, avec un éventail de steppes, de savanes, de marécages et de forêts. Plus de 2.000 ont été identifi és, dont 10 % sont endémiques. Le parc abrite

également 218 espèces de mammifères, 706 espèces d’oiseaux, 109 espèces de reptiles et 78 espèces d’amphibiens. Il sert aussi de refuge à 22 espèces de primates, dont trois espèces de grands singes, dont le gorille des plaines de l’Est, mais aussi le chimpanzé de l’Est et à un tiers de la popu-lation mondiale de gorilles de montagne.

WWF : L’ARMÉE RÉGULIÈRE EST CAPITALE SUR LE TERRITOIRE

L’UNESCO entretient un contact per-manent avec l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), Cosma Wilungula Balongelwa et les partenai-res de terrain. Il s’agit d’identifi er ensem-ble les moyens, en plus du mécanisme de suivi renforcé dont bénéfi cie le bien depuis 2007, pour faire face à cette nouvelle crise. Le président fondateur de l’asso-ciation française Gorilla, Fabrice Martinez, a déclaré à Associated Press : « Il fallait absolument réduire l’impact humain sur le Parc des Virunga, qui doit rester un sanc-tuaire pour gorilles ». « Jusqu’à présent, la présence de nombreuses factions armées sur ce territoire sensible était de nature à mettre en péril le devenir des derniers gorilles. [...] Même si le départ des sol-dats ne veut pas dire que tout est réglé, c’est un encouragement et un signe de la volonté des autorités congolaises à sau-vegarder coûte que coûte cet environne-ment. » Par contre le WWF pense que l’armée régulière est capitale sur le terri-toire. « On ne peut pas intervenir tant que les conditions humanitaires et de sécurité ne sont pas réunies », selon Gilles Moy-not, responsable de l’organisation pour le bassin du Congo.

H. R.

John Moore/ Getty Images

Parc national des Virunga dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Plus de 500 gardes forestiers ont été formés à des techniques militaires pour lutter contre les braconniers fortement armés. Les braconniers profi tent du chaos provoqué par des années de guerre.

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La Grande Époque ● 1 – 15 NOVEMBRE 2008 1111ÉvénementÉvénementwww.lagrandeepoque.com

À New York en 2000, de jeunes doctorants d’origine chinoise achètent un journal local du New Jersey dans l’ambition de trai-ter le plus objectivement possible l’actualité chinoise. Le journal Da Ji Yuan (La Grande Époque) est né.

Sept ans plus tard, La Grande Époque est diffusée en 18 langues dans plus de 30 pays. Elle est distribuée dans des villes telles que Toronto, Taipei, San Francisco, New York, Buenos Aires, Lima, Sydney, Hong Kong, Tokyo, Berlin, Londres…

Paris a vu naître en janvier 2005 sa version en langue française également disponible à Genève, Bruxelles et Montréal.

La Grande Époque offre un « regard nouveau sur un monde en évolution ». Créée avec la volonté de promouvoir la diversité des points de vue et l’indépendance d’informa-tion, La Grande Époque est aujourd’hui l’une des premières sources d’information indépendante sur la Chine.

Avec des journalistes présents dans une trentaine de pays, La Grande Époque propose également à ses lecteurs un contenu éditorial riche et varié. Actualité internationale, protection des droits humains, de l’environnement et de la diversité culturelle, art de vivre et bien-être sont autant de thèmes qui font la spécificité de cette publication.

EpochTimes.com La Grande Époque

L’institut de France a accueilli l’hommage rendu à la culture taïwanaiseDans les salons de l’Institut de France à Paris a eu lieu, le 27 octobre der-nier, la remise du XIIe Prix de la Fon-dation culturelle franco-taïwanaise. Ce prix récompense chaque année des personnes dont l’action illustre le mieux la coopération internationale dans les domaines culturel et artisti-que entre les pays.CETTE année le prix a été attribué au Centre d’Études taïwanaises de l’École d’Études orien-tales et africaines de l’université de Londres (Centre of Taïwan Studies, School of Oriental and African Studies SOAS, University of Lon-don) représenté par son directeur Robert Ash et son directeur adjoint Dafydd Fell et au Festi-val des Trois Continents de Nantes (Loire-Atlanti-que) représenté par son directeur artistique Alain Jalladeau.

Il est revenu à Madame Pi-Twan Huang, prési-dente du Conseil national des Affaires culturelles de la République de Chine à Taïwan conjointe-ment avec Monsieur Michel Albert, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques de remettre ce prix aux lauréats.

Parmi les nombreuses personnalités présen-tes dans les salons de l’Institut de France, l’as-semblée comptait, notamment, l’ambassadeur du Paraguay et les sénateurs Jean-Pierre Four-cade et Richard Yung.

Précédant la cérémonie, un dîner a été donné à la presse. À cette occasion, Madame Huang a exprimé sa satisfaction de voir les échanges cul-turels contribuer à développer une considération réciproque entre les deux pays dont la collabora-tion du Conseil national des Affaires culturelles à Taïwan et de l’Académie des Sciences morales et politiques en France en est le meilleur exem-ple.

Elle a exprimé son souhait d’améliorer les inte-ractions entre toutes les instances gouverne-mentales concernées à Taïwan et manifesté sa volonté d’augmenter la coopération internatio-nale dans les domaines culturel et artistique en participant, notamment, à des forums d’échan-ges internationaux.

Par ailleurs madame Huang a répondu, au cours de ce dîner, aux questions des journalistes présents dont La Grande Époque :

LGE : Comment le passé culturel chinois est-il préservé et transmis à la jeunesse de Taïwan ?

Mme Huang : Une commission appelée Conseil de protection du patrimoine culturel de Taïwan a été fondée pour préserver les sites his-toriques du pays qui sont des témoignages de notre passé culturel. Ainsi, cette commission a pu recenser et classer environ 1.000 sites histori-ques que la jeunesse, les habitants de l’île et les étrangers peuvent visiter. D’autre part, nous nous sommes aperçus que la culture chinoise trans-

mise par l’opéra avait tendance à être ignorée de la population jeune. Aussi les autorités ont-elles pris de nouvelles mesures tant au niveau du bud-get que de la communication pour sensibiliser les jeunes à cet art lyrique qui est une véritable tradi-tion de la culture chinoise ancienne.

LGE : Vous venez d’évoquer la transmis-sion culturelle par l’expression artistique mais qu’en est-il de la transmission histo-rique et sociale au peuple taïwanais quand on sait l’éducation dispensée en Chine con-tinentale ?

Mme Huang : Il est certain qu’il existe là une interprétation différente du passé historique et nous faisons référence à nos historiens et à tous les témoignages dont nous disposons comme le font tous les peuples.

Par ailleurs, madame Huang a expliqué que Taïwan, État insulaire, libre et ouvert, pour des raisons qui tiennent à la fois à son histoire et à sa situation géographique, possède les racines de la civilisation chinoise. Si l’île reçoit les infl uen-ces culturelles européenne, américaine et japo-naise sans oublier son fonds culturel aborigène, elle travaille à élargir les bases existantes d’une coopération avec la France qui tient une place particulière en Europe. Sa diversité, la vitalité de son art contemporain en font une place de pre-mier ordre au niveau international et apprécié du peuple taïwanais.

Pour sa part, le président Ma Ying-Jeou dans son Livre blanc sur la culture à Taïwan a proposé de faire passer en quatre ans le budget de l’État pour la culture de 1,36 % actuel à 4%. Ainsi, le budget du Conseil national des Affaires culturel-les augmentera de 11 % en 2009. Tirant les con-clusions de cet investissement, madame Huang a ajouté que cela produira des effets très positifs sur la promotion de la culture taïwanaise.

ISABELLE MEYER

Rencontres avec…... Alain Jalladeau...LGE : quelle cinématographie couvre le Festival des

trois continents ?Alain Jalladeau : Le Festival des Trois Continents est

consacré aux cinématographies d’Afrique, d’Asie et d’Amé-rique latine. Évidemment le cinéma du Moyen-Orient en fait partie, ainsi que les ex-républiques asiatiques de l’Union Soviétique, c’est-à-dire le Kirghizstan, le Kazakhstan, etc. L’Asie fait partie intégrante du Festival et c’est le continent qui produit le plus de fi lms bien évidemment. En termes de production, de l’Inde au Japon, de la Corée en passant par la Chine, Taïwan, la production est énorme.

LGE : Quelle sont les objectifs de ce festival ? AJ : On l’a créé au départ pour faire en sorte que la carte

cinématographique mondiale ne se résume pas aux Etats-Unis et à l’Europe mais soit élargie au reste du monde. C’est la priorité parce qu’avant de créer le festival, on voyait des fi lms formidables au Brésil, en Chine, à Taïwan, en Inde, et dans de nombreux autres pays. Ces fi lms-là n’étaient pas représentés en France. Notre but a été de dire qu’il y a d’excellents fi lms faits par de vrais auteurs à Taïwan – Hou Hsuao-hsien, Edward Yang, etc. – en Inde, au Brésil et partout ailleurs. Donnons-leur la reconnais-sance qu’ils méritent !

On était dans un axe trop Est-Ouest, on voulait l’orien-ter Nord-Sud, du Japon au Chili, en passant par l’Afrique. Donc étaient exclus les Etats-Unis et l’Europe.

LGE : Votre première édition, consacrée au cinéma noir américain, a été reprise par le Département d’État américain à la Culture. Pouvez-vous nous raconter ce cheminement ?

AJ : Cela a été une grande première mondiale et une

grande découverte. Certains journalistes de renom qui publient dans le journal Le Monde notamment sont venus à Nantes. Ils ont trouvé cette démarche tout à fait incroyable. On leur a expliqué qu’on faisait cela parce qu’on considérait que ce cinéma-là était quand même une sorte de diaspora qui faisait partie de la culture africaine – il faut remonter à loin mais quand même les origines sont là – donc il était normal qu’une manifestation comme la nôtre rende hom-mage à des cinéastes noirs américains qu’on avait isolés, qui se retrouvaient dans des ghettos aux Etats-Unis et qui n’étaient pas considérés.

À cette époque, en 1979, c’était un cinéma rejeté et mar-ginalisé et que personne ne connaissait. On a fait un travail très sérieux de prospection. On a permis à des cinéastes noirs de se faire connaître et de se faire respecter. Cela a été le point de départ. On a procédé de la même manière avec tous les pays. Il y a eu Taïwan dans les années 1983, 1984, 1985. Je suis allé plusieurs fois à Taiwan et quand je vois là-bas des fi lms exceptionnels d’une très grande qua-lité et que je rencontre des cinéastes de valeur, nous les soutenons, nous les encouragerons et nous faisons en sorte qu’ils gagnent une vraie reconnaissance internatio-nale, ce qui est le cas de Hou Hsuao-hsien, d’Edward Yang et des autres.

LGE : Quels sont les projets d’avenir du festival des Trois continents ?

AJ : C’est la 30e édition cette année. On continue ce tra-vail de découvreur, de faire connaître des auteurs, de leur donner une plus grande visibilité, une meilleure reconnais-sance. Le cinéma taïwanais est d’une grande qualité, d’une grande richesse. Si je tombe sous le choc en voyant un fi lm taïwanais, vous savez, c’est mon tempérament, je suis enthousiaste ! Alors formidable ! Ce fi lm doit être vu à New York, à Buenos Aires, à Londres, à Paris !

... Robert Ash...LGE : Le Centre d’études taïwa-

naises a été récompensé par le prix de la Fondation. Pouvez-vous nous présenter votre école ?

Professeur Robert Ash : L’École des Études orientales et africaines de l’université de Londres a créé en 1999 le Centre d’études taïwanaises. Son objectif est d’étudier le dévelop-pement des relations entre Taïwan, la Chine et les autres pays de l’Asie de l’Est. Ce centre est le seul consa-cré à Taïwan qui délivre un diplôme équivalent au master ou supérieur. Il permet de mener des recherches sur le développement économique

de Taïwan, l’évolution de la société taïwanaise et la modernisation de sa politique. Il favorise de nombreux échanges entre les universitaires qui

consacrent leurs études à Taiwan.

LGE : Lors de votre discours, vous avez évoqué les principes démocratiques à Taiwan. Ont-ils un impact sur la création artistique ?

RA : En effet, la création artistique est riche à Taiwan. Le fait qu’une véri-table démocratie ait émergé à Taiwan a défi é les conceptions répandues en Europe et dans le monde entier. Les gens ne pensaient pas qu’une démo-cratie pourrait prospérer dans un envi-ronnement chinois. Taiwan a montré que c’est possible, que la démocra-tie peut non seulement y prospérer mais aussi s’y renforcer chaque jour qui passe.

... Michel Albert...

LGE : En quelques mots, pour-riez-vous nous présenter la Fonda-tion et nous dire comment le Prix a été sélectionné ?

Michel Albert : La Fondation a été créée il y a 13 ans par les rela-tions établies à l’époque entre le pré-sident de la République de Taiwan et l’un des membres de l’Académie des Sciences Morales qui était un ancien ministre bien connu et vénéré, Pierre

Mesmer. Pierre Mesmer et le prési-dent ont décidé ensemble de créer une fondation pour développer la connaissance de la culture taïwa-naise en Europe.

LGE : Comment s’est dévelop-pée la fondation depuis sa créa-tion ?

MA : Si l’on considère uniquement cette année, il y a eu 11 candidats retenus pour le prix, ce qui prouve le succès de cette entreprise.

LGE : Comment les Taïwanais se sont-ils impliqués ?

MA : Les implications sont remar-quables, nous avions à la tribune madame Huang, le ministre de la Culture de Taiwan. D’imminents pro-fesseurs font partie du jury ainsi que l’ancien ambassadeur de Taiwan à Paris. Nous découvrons la diversité de la culture taïwanaise qui s’exprime à la fois par ses qualités linguistiques, cinématographiques et dans l’art des marionnettes, reconnu comme le plus grand dans le monde.

Zhang Yu / La Grande Époque

Madame Pi-Twan Huang, ministre de la Culture, remet le Prix de la Fondation culturelle franco-taïwanaise à Alain Jalladeau.

Zhang Yu / La Grande Époque

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Comment aider un adolescent au bord du suicide (2e partie)Il est normal de se sentir désemparé face à ce problème et de ne pas savoir quoi répon-dre ni comment agir.

COMMENT RÉAGIRSe rendre disponible, montrer qu’il

peut avoir confi ance mais mettre des limites par rapport à ce que nous som-mes capables réellement de lui don-ner peut créer une ouverture en même temps qu’une responsabilisation. L’aider à s’exprimer sur ce qu’il ressent, évo-quer directement ses craintes face à son comportement et au suicide peut avoir le même effet. Si vous vous rendez compte que le jeune est prêt à passer à l’acte parce qu’il a choisi et possède le moyen de mourir, il faut évidemment tout faire pour l’en empêcher. Retirez-lui son arme, s’il en possède une, ne le laissez pas seul, appelez un médecin, utilisez la force si nécessaire. Les jeunes se tuent en général non par choix philosophique et raisonné mais parce qu’ils ne voient pas d’autre issue à leur souffrance.

Si le projet de passage à l’acte n’est pas défi ni, faites-lui comprendre qu’il y a d’autres sorties et aidez-le à trouver la sienne. Regardez avec lui ce qu’il a déjà fait pour s’en sortir, évaluez avec lui l’effi cacité de ses demandes. Insis-tez sur le caractère irréversible de la mort. Souvent un jeune suicidant qui se trouve face à un mort prend conscience de l’irréversibilité de la mort et change d’idée. Face au suicide, il n’est pas bon que le jeune suicidaire et la personne qui le côtoie restent seuls, c’est une règle fondamentale. Parfois, le jeune a besoin d’une rupture complète avec son environnement et d’entrer dans un cen-tre spécialisé où il trouvera les armes nécessaires pour se reconstruire et

construire sa nouvelle vie.

CE QU’IL NE FAUT PAS FAIREBanaliser un propos suicidaire peut

être pris comme un encouragement à passer à l’acte. Se moquer, juger ou attendre ont des effets négatifs. En général, ce type de comportement

démontre le malaise de la personne face au suicide et n’aide pas le jeune suici-dant.

Il est inutile de donner des conseils comme « ça ira mieux demain, bouge toi, tu as tout pour être heureux… ». Mais le contraire. Ne pas accepter non plus de justifi er des absences scolaires, des fugues – en faisant les choses à sa place sans explication, vous devenez son complice. Garder secret une confi -dence de pensées suicidaires peut-être pris comme l’acceptation d’un passage à l’acte, avec le risque de se sentir respon-sable toute sa vie ensuite.

Finalement, mettre au défi une per-sonne suicidaire est un risque qu’il vaut mieux éviter. Il ne faut pas croire que nous contrôlons suffi samment la situa-tion et que nous sommes capables d’évi-ter qu’un jeune passe à l’acte.

Malgré tous les efforts faits, il est pos-sible que le jeune se donne la mort. Alors, pour tous les proches, bien retenir que la décision et la responsabilité sont siennes, pas celles de son entourage.

À GENÈVEL’unité de crise pour adolescents et

jeunes adultes dépend des HUG (hôpi-taux universitaires de Genève et est soutenue par l’ONG Children Action¹ qui apporte une contribution de 800.000 euros par an aux trois entités. Son aide a permis d’ouvrir un nouveau centre en avril 2008, le CTAI, ouvert 7 jours sur 7 et 24h sur 24 et qui peut suivre 30 ado-lescents. Ce centre ambulatoire assiste les jeunes pendant 8 à 12 semaines. Durant cette période, les traitements proposés (la démarche du jeune est tou-jours volontaire) s’étendent sur une large palette : entretiens, activités de groupe, méditation, art-thérapie, psychothérapie.

Le CTAI complète l’unité hospitalière

(UCA) et le centre étude et prévention du suicide (CEPS). L’UCA reçoit les jeu-nes suicidants en crise qui ont besoin d’une coupure avec leur environne-ment. Pour retrouver une certaine sta-bilité, ils acceptent volontairement le traitement en interne. Depuis sa créa-tion en 1996, l’UCA a ainsi accueilli plus de 1.200 jeunes et reçu près de 4.000 appels. Le CEPS fait de la prévention en développant des outils et des straté-gies capables de transmettre une bonne information. Grâce à des efforts de ce genre, en 25 ans, le taux de suicide chez les 15-24 ans est passé de 30,7 cas pour 100.000 habitants à 8,8 cas.

CATHERINE KELLERLA GRANDE ÉPOQUE

GENÈVE

*Source : Débat mené par le profes-seur Daniel Marcelli, psychiatre pour enfants et adolescents, chef de service et professeur de l’université à la faculté de médecine de Poitiers, la doctoresse Aurora Venturini, responsable de l’UCA et du CTAI, Madame Maja Perret Cati-povic, psychologue et responsable de l’unité de prévention, le professeur David Lebreton, professeur en socio-logie à l’université Marc Bloch près de Strasbourg et auteur de plusieurs ouvra-ges et François Ansermet, professeur de pédopsychiatrie à la faculté de biologie et de médecine de l’université de Lau-sanne et médecin-chef au service uni-versitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.

¹ http://www.childrenaction.org/data/fr/projets/terrain/geneve.asp

Pour en savoir plus : www.sos-suicide-phenix.orgwww.conduites-suicidaires.com

Une tentative de suicide signifi e le plus souvent « Je ne veux plus vivre… comme ça. »

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Troubles du rythme cardiaque : encore une conséquence du vieillissement Une toute nouvelle technologie de traitementDans le cadre du dossier (cf. n° 134 de La Grande Époque) que nous avons récemment consacré au vieillissement des personnes sont également à prendre en compte les troubles du rythme cardiaque, un aspect particulier des pathologies car-dio-vasculaires, que nous abor-dons complémentairement ci-dessous.

ACTUELLEMENT, plus de cinq millions de personnes dans le monde souffrent des affections insidieuses, porteuses d’un haut risque de mortalité subite, que sont les fi brillations auriculaires et ventri-culaires, extrasystoles, tachycardies, etc. et leur nombre est en rapide croissance, cinq cent mille nouveaux patients étant diagnostiqués chaque année. En France, la population touchée par an est de 800 à 1.000 patients. Le seuil des 60 ans est remarquable : les troubles sont quatre fois plus fréquents au-delà.

Il a été diffi cile d’y porter effi cacement et durablement remède par la médica-tion, et il a fallu attendre que de nouvelles technologies de traitement électro-physio-logiques en provenance des Etats-Unis soient mises au point et soient entrées, depuis décembre dernier, dans la prati-que cardiologique du CHU de Bordeaux, le premier en France à en être doté pour que des solutions structurellement nou-velles et plus radicalement décisives soient enfi n apportées à ce problème dans notre pays.

Il s’agit d’un système robotique d’ex-ploration du cœur et d’« attaque » in situ par radiofréquence des cellules bio-élec-triques à l’origine des dérèglements cons-tatés. Les cathéters intracardiaques sont téléguidés par un couple d’aimants pilotés par ordinateur, et non manuellement. Ils

ont été introduits par la veine fémorale du patient anesthésié localement et montés, sous surveillance électrocardiographique, jusque dans l’oreillette droite et, de là, dans d’autres régions du cœur et jusque dans les veines pulmonaires, afi n de dres-ser une cartographie des sites anormaux. Il conviendra ensuite d’agir de manière à isoler électriquement les cellules déré-glées. Les interventions durent de deux à quatre heures et le patient est valide dès le lendemain, le plus souvent ; toute-fois un antalgique est prescrit, mais il est dispensé des traitements au long cours anti-arythmiques et anticoagulants, très handicapants et de succès mal assuré.

Bien entendu, la mise en place des technologies de pointe installées au CHU de Bordeaux s’est effectuée en partena-riat avec des sociétés spécialisées à haut niveau dans l’équipement hospitalier et le génie médical.

HENRI DURRENBACH

Pour en savoir plus :www.comevent.com,Contact presse : Anne-Marie Deshayestél : 01 39 81 04 56

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L’automne et la médecine chinoise La médecine chinoise parle une langue qui nous est étrangère. Elle évoque des concoctions d'herbes surprenantes, mais elle va beaucoup plus loin. Développée sur plusieurs milliers d'an-nées, cette médecine procède par une approche holistique et individualisée, visant davantage à prévenir, identifi er et traiter les racines même de la maladie, plutôt que traiter seulement les symptômes. LA MÉDECINE chinoise suit le principe « le ciel, les êtres humains et l'univers ». Selon ses théories, le corps humain est considéré comme un microcosme avec un jeu complexe de systèmes qui se connectent entre eux et à l'environne-ment.

La meilleure façon de se maintenir en bonne santé est de nourrir son esprit et son corps et d'avoir un mode de vie tran-quille et détendu. Lorsque l'équilibre et l'harmonie sont obte-nus dans tous les aspects de la vie, le corps humain est en état d'équilibre.

Si une personne malade, guérie par un docteur, continue par la suite à s'emporter pour poursuivre ses intérêts person-nels, comment sa maladie peut-elle ne pas réapparaître ? La médecine chinoise lie entre eux chaque aspect de la nature du patient.

Nombreux sont ceux qui rejettent avec ironie tout ce qui n’est pas de notre époque. Mais un système qui existe depuis des milliers d'années continue toujours à prendre soin de plus d'un quart de la population mondiale. La pratique de la méde-cine chinoise peut aider à avoir un autre regard sur de nom-breux problèmes de santé.

UN BON SOMMEILLe premier facteur à prendre en compte pour avoir un bon

sommeil est de garder un esprit calme et paisible et le « coeur clair ». Un « cœur clair » signifi e l'absence de pensées, alors qu'un esprit calme traduit une humeur stable. Les caractéris-tiques de la literie sont aussi importantes. Le lit ne doit être ni trop dur ni trop souple ; la couverture ne doit être ni trop légère ni trop lourde. Les personnes âgées comme les enfants doi-vent dormir dans un lit muni d’un sommier en bois. Le matelas et la couverture doivent être propres. Et six recommandations sont à suivre avant d'aller se coucher : une humeur stable, éviter la consommation d'alcool, de thé ou de café, un repas lourd, l'épuisement, le désir physique et le bruit.

LE LEVER ET LE COUCHER DURANT L'AUTOMNE Dans la nature, les animaux se retirent dans leur habitat

afi n de renforcer leur énergie et s'auto-préserver. S'adapter ainsi à la nature peut aider à éviter des effets nuisibles sur le qi (l'énergie vitale), qui peuvent être provoqués par le carac-tère austère et désolé de l'automne. Dormir aide à rassembler le qi dans les poumons. Se coucher tôt en automne procure

au corps ce dont il a besoin. Le temps doux et sec (dans le nord de la Chine, hélas en

Europe ce sont plutôt des pluies, des champignons et des brumes !) qui caractérise la saison automnale est propice à une bonne nuit de sommeil. Comme on dort moins avec la chaleur de l'été, il est bon de compenser cette perte de som-meil lorsque l'automne arrive, en accord avec la façon de vivre et de se nourrir.

Se coucher tôt permet de dormir davantage. Cela entretient et rajeunit l’esprit et le garde en paix.

Selon la médecine chinoise, durant l'automne, le qi des poumons est puissant et domine le corps. Il est bon de sai-sir cette période pour se lever tôt et faire des exercices. L'automne est également la meilleure saison pour les exerci-ces matinaux car la température est modérée et l'air est doux et sec. Cela favorise l’élévation de l'esprit. Enfi n, le paysage automnal est propice à la contemplation. En résumé, la méde-cine chinoise conseille d’adapter son rythme de vie à chaque saison, et surtout en automne.

HE TONG ET CHEN SONG LING

Selon la médecine chinoise, l’automne est la saison où il faut se coucher tôt le soir et se lever tôt le matin.

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1 – 15 NOVEMBRE 2008 ● La Grande Époque1212 Santé et Bien-êtreSanté et Bien-être www.lagrandeepoque.com

Page 13: La Grande Epoque Bimensuel 1-15 Novembre 2008

La Grande Époque ● 1 – 15 NOVEMBRE 2008 1313Petites annoncesPetites annonceswww.lagrandeepoque.com

Bar brasserie Rapido, possibilité PMU 60 places + terrasse. Affaire. Angle. Emplacement n° 1 sortie métro, marché 3 fois par semaines. Très bon CA. Prix 330 000 euros. Loyer 2 000 euros. Travaux faits en 2008. Cuisine pro. Tel : 06 61 00 74 22.

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30m2 : bar et salle de 20 couverts, sous-sol de 30m2: salle de concert Karaoke ou dancing possibilité 20 couverts, sortie de secours, réserve de stockage. Travaux récents, mobilier neuf, cuisine équipée et avec extracteur. Grand potentiel à dévelop-per. Loyer: 1.100 € toutes taxes et charges comprises. Cession : 130.000 € (négo-ciable). Site: www.zeste.abcsalles.com. 06.69.31.10.68 ou [email protected]

PARIS 14e, rue Raymond Losserand. Métro Porte de Vanves. Fonds de com-merce restaurant de spécialités exoti-ques. Bail récent. 90 m² dont 1 grande salle, 60 couverts, cuisine, cave, wc. Terrasse sur rue. Très bien situé. Loyer : 2.500 €/trimestre. Prix : 190 000 € (1 279 116,15 F). 01.45.39.00.91 ou 06.82.62.39.70 ou e-mail : [email protected].

PARIS 15e, Fonds de commerce et bail. Cause retraite vend boutique 55 m² avec sous-sol 55 m². Loyer annuel 18,000 euros. Sortie métro Vaugirard. Tel : 06 27 56 95 86 Arfi / 01 42 50 18 94

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PARIS 15e, Bar-brasserie-sandwiche-rie, secteur Montparnasse/Vaugirard. Eta-blissement entièrement refait, bien placé. Belle affaire avec un gros potentiel à déve-lopper le soir. Fermé le week-end. Matériel de cuisine professionnel. 25 places assi-ses + 8 en terrasse. 5 m de façade et 40 m² de salle. Deux caves avec congélateurs et armoire froide. Licence IV + extraction. Bail neuf : 900 €/mois. Prix : 175.000 € TTC. 06.67.42.96.24 ou 06.11.18.50.87.

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PARIS 16e, vends fond de commerce, rue de la Pompe. Boutique 28 m2 + sous-sol 35 m2. Loyer : 800 € TTC. Prix : 195 000 €, Tel : 06.60.74.44.32

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PARIS 17e, Cause départ maternité, vend fond de commerce 35m². Sandwi-cherie, saladerie, pâtes. 28 bis Bd Pereire, angle rue de Tocqueville. Refait à neuf en 2007, entièrement équipé, matériel état neuf, vente à emporter, sur place et livrai-son, clientèle de bureau. 26 couverts, 10 couverts intérieur plus 16 couverts en ter-rasse d’été et couverte l’hiver. Equipement cuisine neuf, 2 scooters de livraison. Bail 3, 6, 9, rest 7 ans. Loyer 1100 euros char-ges comprises, Prix 95 000 euros Tel 01 47 66 98 12 / 06 27 36 28 18

PARIS 17e, Vends fonds de commerce cause maladie, crêperie, 95 rue de Saus-sure. Cuisine équipée, grande cave, studio au dessus, (durée du bail : 4 ans jusqu’en

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PARIS 18e, bijoux/accessoires, 149 rue Ordener. Boutique 32 m2 + 2 caves + F2 (35 m²). Loyer : 1000 €. Prix : 100 000 € Tel : 06.60.74.44.32

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PARIS 19e, prêt-à-porter, métro Crimée, rue très commerciale, surface : 50 m² Bail 3.6.9 reste 6 ans tous commerces sauf nuisances. Loyer : 965 € TTC. Cession : 65 000 €. Tél : 06.99.90.08.06

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Paris 20e, Restaurant indien très réputé, existe depuis 19 ans. Clientèle fi dèle. Très bon chiffre d’affaires. 40 à 45 pla-ces. Aux normes. Livraison à domicile. Fichier clients (plus de 11.000 clients). Loyer faible. Prix : 300.000 € à débattre. 06.10.15.12.82.

PARIS 20e. Quartier Gambetta. Vends fonds de commerce bar restaurant d’an-gle, licence IV. Bail 3/6/9, reste 5 ans. Pas de travaux à faire. Loyer 1 900 €/mois charges comprises. 280.000 €. 01.40.33.48.01.

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93 Bagnolet fleuriste traditionnelle, bon chiffre d’affaires, à développer, réseau Interflora, Proche métro Gal-lieni, rue principal, centre de Paris 30 mn, Boutique 40 M2 avec 8M de vitri-nes + cave 40M2 + appartement 100M2 + grenier Bail 2006/2015, 3/6/9, Tel : 01.43.62.69.87 ou 06.28.22.65.65

93160, Noisy le Grand, pizzéria/restaurant, 150m²+150 m² sous-sol, 60-80 couverts, licence IV, grand sous-sol, climatisé, bien placé, 104 avenue Emile Cossonneau, Noisy le Grand. Loyer 1527 € TTC sans clauses pour obtention de

crédit. Prix : 130.000 €. 06.26.94.37.50.

93 MONTREUIL – Restaurant. Porte de Montreuil, 205 rue de Paris, immeuble. Salle 90 m² (60 couverts) + cuisine 90 m² + 4 chambres au-dessus, salle rénovée en 2007. Loyer 1.350 € HT. Bail neuf, très fort potenciel. Face à 5.000 m² de bureaux. Visite hors heures de service. Prix : 175.000 €. 06.09.77.48.92.

93 AUBERVILLIERS, Prêt-à-porter, 32 rue de la Commune de Paris côté mairie. Surface : 45 m². Loyer : 874 €. A débat-tre. Tél : 06.25.42.16.52

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Page 14: La Grande Epoque Bimensuel 1-15 Novembre 2008

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La Grande Route de l’île de Saba dans les CaraïbesLes Néerlandais sont prodigieux pour créer des merveilles d’ingé-nierie sur leur propre terrain, mais quand on leur a demandé, dans les années 1940, de construire une route autour et sur la très petite île de Saba qui fait partie des Antilles néerlandaises dans les Caraïbes, ils ont étudié lon-guement la question et répondu : « Nee – Non, c’est impossible » et sont rentrés chez eux.

COURAGEUX, les audacieux habitants de cette île parsemée de montagnes, aux contours déchiquetés et aux vallées pro-fondes ont convenu de ne pas rester sur une réponse négative. Ils ont décidé de construire la route eux-mêmes.

Ils étaient dirigés par un remarquable menuisier de 40 ans, Joseph Hassel, qui ne connaissait rien à la construction des routes. Ce dernier s’est donc inscrit à un cours de cinq ans… par correspondance.

Tout en poursuivant ses études, avec 1.000 autres résidents de Saba ils ont pla-nifi é leur route dans les villages, les fer-mes isolées et les communautés sur la très petite île de 13 km2 et décidé que tous les hommes, toutes les femmes et tous les enfants valides allaient contribuer bénévo-lement chaque semaine aux travaux rou-tiers.

RÉALISER L’IMPOSSIBLEEnsuite, avec des objets aussi petits que

des pics, des pelles, des râteaux et des seaux, ils ont mis 25 ans à concrétiser la construction de leur chef-d’œuvre que cer-tains ingénieurs hollandais avaient déclaré « impossible ».

Dans la plupart des endroits, la route sinueuse monte et descend jusqu’à plus de 35 º et les demi-tours en glissière dans ces montagnes escarpées reviennent en boucles pratiquement au-dessus d’elles-mêmes. Aussi, de la mer ou du haut des airs, elle se découpe en une ligne similaire à la Grande Muraille de Chine. Elle est sur-

nommée « La Grande Route de Saba ».Quarante ans environ après son ouver-

ture, la route, qui n’a jamais été offi cielle-ment nommée autrement que La Route, relie le petit port de Fort Bay – avec sa centrale électrique au diesel, sa bouti-que de souvenirs et quelques boutiques de plongée – à The Bottom (le village à la base de la plus haute montagne), au pit-toresque Winwardside, à Hell’s Gate et à l’aéroport.

Il y a seulement 1.600 personnes qui vivent encore ici dans de ravissantes mai-sons de pain d’épice dont toutes, par obli-gation légale, ont les murs blanchis à la

chaux, des toits en tuiles rouges et des volets verts.

DES EXPLOITS DONT SE SOUVIEN-NENT LES ANCIENS

Les anciens se souviennent comment, avant que La Route ne soit construite, ils avaient assemblé une série d’échelles avec plus de 900 barreaux à partir du niveau de la mer pour relier les pistes montagneuses et les sentiers de leurs fermes, maisons, boutiques et commerces pour pouvoir se rendre du quai à leurs maisons.

Tout, de l’épicerie aux meubles et aux produits agricoles, était monté et descendu

par l’intermédiaire de ces échelles et pis-tes. Même un grand piano à queue, des-tiné à un musicien enthousiaste du coin, a été transporté de cette façon avec l’aide d’une dizaine de résidents.

Saba reçoit environ 25.000 touristes chaque année qui viennent soit par tra-versier, soit par petits navires de croisière, soit par avion, grâce à une piste d’atter-rissage, un autre exploit de ces habitants ingénieux. Encore une fois, lorsque l’on a répondu aux résidents de Saba qu’il était impossible de construire un aéroport sur l’île, ceux-ci ont simplement dit : « Nee – Non » aux colonisateurs. Ils ont rasé le

sommet d’une de leurs nombreuses colli-nes, l’ont poussé dans la mer et y ont cons-truit une piste d’atterrissage.

Comme La Route se cramponne dan-gereusement le long de la falaise qui sur-plombe de quelques centaines de mètres les vallées luxuriantes, il faut avoir un esto-mac bien accroché pour prendre un des rares taxi fourgonnettes et faire le tour de l’île en surplombant toutes les hauteurs.

SAVOIR SE PROTEGERDe peur d’être « envahis » par des

curieux et que leur environnement soit endommagé, les habitants de l’île de Saba n’encouragent pas les grands navires de croisière à accoster. Ils précisent que, de toute façon, ils n’ont pas de plages, pas de boutiques hors-taxe, ni de boutiques de produits électroniques ou photographiques à rabais, ni de moyens de transport, outre les taxi fourgonnettes.

Cependant, il y a à Saba des endroits impressionnants pour la plongée, des pay-sages extraordinaires, de petits magasins avec des souvenirs faits main ainsi que de la dentelle exceptionnelle. De plus, ils possèdent quelques musées intéressants, dont un situé dans une maison datant de 160 ans. Que dire des petits cafés et de leur délicieuse cuisine à la hollandaise, y compris de succulents homards du pays et le « thé hollandais » (bière Heineken). Enfi n, il y a les fameuses 1.064 marches à monter pour avoir une vue spectaculaire de la crête la plus élevée.

Il y a aussi quelques petits hôtels et des pensions de famille. Si tout est réservé, il y a le poste de police de Saba dont ses deux cellules n’ont jamais servi à des prison-niers. Pragmatiques, les agents de police les ont transformées en gîte du passant pour dépanner durant la haute saison.

Consultez un agent de voyage au sujet des services de traversiers des îles des Caraïbes vers Saba ainsi que des petits yachts de croisière luxueux comme le Sea-Dream I et le SeaDream II qui visitent l’île dans le cadre de leur itinéraire des Caraï-bes de novembre à mars.

DAVID ELLISCollaboration spéciale

La Grande Route de Saba… les experts disaient que c’était « impossible à construire », les insulaires l’ont donc construite eux-mêmes.

David Ellis

LA PARTIE gauche du caractère chinois qui désigne la vertu, la mora-lité et l’éthique, (de), est formée par l’idéogramme , un caractère qui a été dérivé, depuis des milliers d’années, du symbole utilisé pour « la jambe et le pied ».

Il signifie un style bienséant de marche ou de comportement. La partie droite est composée de qua-tre symboles différents shímùyîxîn, où yî représente le chiffre un, qui reflète la genèse de l’univers à travers la séparation du yin et du yang.

shí, le symbole du chiffre dix, signifie la perfection et l’achève-ment, et en même temps, il implique que seules les divinités sont réel-lement parfaites. mù est le mot pour ‘œil’ et xîn le cœur humain. Ainsi, la partie droite con-tient la signification que les divinités observent le cœur humain.

Vu comme un tout, l’idéogramme implique que les actes des êtres

humains doivent se conformer aux lois des dieux, c’est-à-dire qu’ils doivent être vertueux.

Dans la Chine ancienne, les gens parlaient souvent d’accumuler des

mérites. Ceux qui possédaient beau-coup de mérites et agissaient avec moralité et éthique étaient assu-rés de se réincarner favorablement après leur mort. Les enseignements bouddhistes disaient que la vie de chaque personne était déterminée par la quantité de mérite qu’il ou elle avait accumulée, ou par la quan-tité de bien ou de mal qu’il ou elle avait commis dans une vie anté-rieure.

L’idéogramme montre com-bien les enseignements bouddhistes et taoïstes ont autrefois influencé la culture chinoise. Mais souvent la pensée chinoise moderne trouve ces caractères trop compliqués.

Les mystères des caractères chinois (4e partie)

Page 15: La Grande Epoque Bimensuel 1-15 Novembre 2008

83 rue du Château des Rentiers 75013 Paris Tél : 01 45 86 41 95 www.lagrandeepoque.com Edité par La Grande ÉpoqueSARL au capital de 10.000 € R.C.S. Paris B 480 550 037

Directrice de la publication : Isabelle ChaigneauDirecteur de la rédaction : Rémi BleibtreuRédacteur en chef : Aurélien Girard

Comité de rédaction :Hanna L. Szmytko (Economie), Héloïse Roc (Envi-ronnement), Frédérique Privat (Société), Catherine Keller (Art de vivre, Santé & Bien-être)[email protected]

Directeur artistique : Mathieu SirvinsImpression : Oppermann Druck und Verlags-GmbH & Co. - Gutenbergstraße 1, D-31552 Rodenberg, tirage : 16.000 exemplairesDépôt légal : à parution.ISSN : 1772-3426.

SERVICE ABONNEMENTS 01 45 86 41 95 / [email protected]É France : 06 84 57 34 04 / [email protected] ; Belgique : 09 233 7713Suisse : 079 821 7422

La Grande Époque

La Grande Époque ● 1 – 15 NOVEMBRE 2008 1515SociétéSociétéwww.lagrandeepoque.com

Partir pour se construireDans une cité banlieue de Genève, Le Lignon, Cherif Mes-saoudi et Corinne Mettler qui l’a rejoint au cours du projet sont des travailleurs sociaux « hors mur ». Très préoccupés par le devenir d’un groupe d’adoles-cents sorti du cursus scolaire, ils ont organisé avec eux un voyage dans l’Atlas marocain pour leur permettre de sortir de leur rou-tine et leur donner envie de vivre autrement. À l’unanimité, tous ont parlé d’un voyage initiatique.

Notre société laisse peu de place aux jeunes. Ils doivent se battre pour entrer dans le monde des adultes. Un monde qui peut paraître dur, dans lequel on a peu d’amis mais beaucoup de contraintes et de soucis. Notre société de consomma-tion offre un choix matériel immense et fait abstraction des valeurs humaines. Elle laisse penser qu’il suffi t de le vouloir pour l’avoir. Dès lors, les jeunes ne compren-nent pas qu’il faut travailler, passer des épreuves pour fi nalement ne même pas pouvoir acheter tout ce qu’ils veulent.

LES RAISONS DE CETTE DÉMARCHEDe ce fait, les adolescents se replient

sur ce qu’ils ont de valable, leur groupe. L’esprit de groupe est un point très impor-tant pour les adolescents. Ils s’identi-fi ent et se construisent par rapport au groupe. Appartenir à un groupe permet de se dépasser, d’aller plus loin. Les liens qui se créent au sein du groupe sont des liens affectifs et sociaux. Ils ont besoin de découvrir les avantages du travail, la satis-faction d’avoir accompli une tâche, d’avoir créé quelque chose, d’avoir enrichi l’autre pour avoir envie de vivre autrement.

Mais les jeunes qui sont en échec sco-laire ne savent pas où aller. À Genève, il n’existe pas de structure qui leur permet-trait de savoir à quelle porte frapper. Che-rif constate « qu’il existe un manque de cohérence dans le système. Il faudrait une structure qui réunisse tous les orga-nismes qui permet aux jeunes de savoir où aller pour trouver leur voie profession-nelle. Il y a de plus en plus de jeunes qui sont en rupture. »

Coincés dans cette spirale, les adoles-cents n’ont pas vraiment de motivation. Pour qu’ils relèvent le défi , le but doit être attractif et malgré tout, tous n’arriveront pas jusqu’au bout. Mais pour ceux qui ont réussi, la satisfaction d’avoir été jusqu’au bout, d’avoir découvert des choses qu’ils n’imaginaient même pas, leur a donné envie de vivre autrement.

LE BUT DU VOYAGELe but premier est leur réinsertion

dans la vie active. Le fait de préparer leur voyage, de devoir se dépasser au cours du trekking et de revenir chez eux enri-chis de toute cette expérience leur per-met de remettre le pied à l’étrier. À travers tout ce processus, le jeune se trouve con-fronté à ses limites qu’il doit dépasser. Il se retrouve seul à devoir prendre ses res-ponsabilités.

Cela lui permet de découvrir des capa-cités et des qualités qu’il n’imaginait pas en lui. Nadège explique à une jeune Maro-caine : « Tu dois continuer l’école pour pouvoir faire ce que tu veux plus tard. Comme ça, personne ne pourra t’obliger à faire ce que tu ne veux pas faire sous prétexte que tu n’as pas d’autre choix ». En rentrant à Genève, elle a repris le che-min de l’école.

Pour Corinne, un des objectifs est de les aider à s’intégrer dans la communauté suisse. « On avait envie de les confronter à une culture tierce pour qu’ils s’appro-prient la culture suisse. Une fois sur place, ils étaient obligés de dire qu’ils venaient de Suisse, même si leur origine est alba-

naise. En voyant les conditions de vie au Maroc, les jeunes se sont rendus compte de la chance qu’ils avaient de vivre dans un pays riche. Les échanges qu’ils ont eus les ont valorisés dans leur identité suisse ».

Un fi lm a été réalisé par Justin Macma-hon et Liliana Dias. Il décrit toute cette histoire pour rendre compte du parcours de ces jeunes à travers cette aventure. Cela leur permettra de revivre depuis l’ex-térieur leur périple et de donner des idées à d’autres personnes.

Plusieurs sont venus pour être avec les copains mais une fois sur place les cho-ses changent. Halim et Elvis racontent : « Par exemple, là-bas ils n’ont pas de ter-rain de foot. Ça nous a permis d’apprécier celui que l’on a ici. De retour, on a fait des petits boulots mais c’est dur de trouver du travail. On a passé tous les deux notre permis de conduire ».

LA PRÉPARATIONC’est l’occasion pour Cherif de créer

une passerelle entre ces jeunes complè-tement déstructurés et des organismes comme l’Arcade qui peuvent les réinsé-rer dans le cursus étude-travail mais qui est très structuré. Ces jeunes ont certes besoin d’être encadrés mais le fait que notre société les classe dans une mau-vaise catégorie parce qu’ils n’arrivent pas à l’heure etc. ne fait que renforcer le fossé qui les empêche de revenir à une vie plus satisfaisante.

Encadrés par l’Arcade et les anima-teurs, les jeunes ont travaillé de manière professionnelle sur des chantiers de pein-ture et de tri pour payer une partie du voyage. Cherif et Corinne ont frappé à

de nombreuses portes pour être sponso-risés. L’hospice général, le Service d’Ac-tion Sociale de Solidarité de la commune de Vernier, le Service de la Jeunesse et de l’Emploi, la maison de quartier d’Aïre et bien sûr les parents.

LE VOYAGESe retrouver dans le désert, sans télé-

phone, sans ordinateur, aller au puits pour se laver, se coucher avec le soleil sous une tente, marcher sur un terrain escarpé pendant des heures, c’est le retour à une vie sans artifi ce où l’humain prend toute sa place, où l’introspection se fait natu-rellement.

Chacun a dû surmonter ses peurs. Une jeune fi lle a dû vaincre son vertige pour passer un sentier dans la montagne, elle en tremblait encore une heure après, mais elle l’a fait. Une attaque nocturne de plu-sieurs grosses araignées a mis le campe-ment sens dessus dessous, de ceux qui étaient terrorisés à ceux qui prenaient sur eux et protégeaient les autres, cela a été un vrai test. Chaque jour avait son lot de surprise qu’il fallait affronter.

LE RETOUROn a créé des liens avec les parents.

Beaucoup de parents sont conscients du problème mais ne savent pas quoi faire. Ils sont contents d’avoir ce lien. Cer-tains ont eu des diffi cultés à comprendre pourquoi leur enfant partirait en vacan-ces alors qu’il était oisif. De retour, sept parmi les neuf familles ont remarqué un net changement chez leur enfant. Ils les ont vu motivés, se lever tôt pour partir tra-vailler, ils en sont enchantés. Il s’agit tou-tefois de trouver un travail après cela pour

ne pas être confronté au chômage.Corinne était plus proche des fi lles, elle

se rend compte que « les fi lles ont besoin de se structurer avant de pouvoir intégrer

le monde du travail contrairement aux gar-çons qui s’épanouissent au travail ». Ce voyage a été bouleversant et les fi lles ont de la peine à faire face aux traumatis-mes qu’elles ont vécus dans leur enfance. Elles ont assurément besoin d’une aide plus profonde et d’affection, de respect pour devenir des femmes épanouies.

LE RÉSULTAT Cette aventure leur a donné beaucoup

d’espoir. La majorité s’est rendue compte qu’il est possible de vivre autrement. Cette ouverture a donné envie à plusieurs de changer leur vie. Ils ne savaient pas qu’ils avaient des qualités, des compéten-ces. Grâce à ce voyage et à l’équipe qui les a encadrés et motivés, ils ont pris con-fi ance en eux et bien qu’encore très fragi-les, la majorité a montré concrètement le souhait de changer.

Les jeunes ont commencé à changer sur place. Besnik explique : « Au début c’était très diffi cile, je n’avais qu’une envie : rentrer. Puis peu à peu j’ai réfl é-chi, je me suis habitué, j’ai appris de nou-velles choses. Ça m’a aidé à avancer, j’ai repris les études ».

Sur neuf jeunes, un est en apprentis-sage, deux ont repris la classe, trois ont accepté des emplois temporaires, deux autres ont passé leur permis de conduire et le dernier a acheté une voiture avec l’argent qu’il avait gagné. Seuls trois jeu-nes n’ont rien entrepris mais cela ne signi-fi e pas que l’expérience ne leur a pas été profi table. Récemment, une fi lle s’est mise en recherche d’emploi. Statistique-ment, cela signifi e que trois adolescents ont retrouvé le cursus des études, quatre cherchent à se réinsérer professionnel-lement malgré la conjoncture actuelle et deux restent en attente. Le bilan est positif à 77 %. Cependant, le manque de budget risque de représenter un handicap pour renouveler cette expérience.

CATHERINE KELLERLA GRANDE ÉPOQUE

GENÈVE

« Je veux qu’ils soient centrés sur eux-mêmes, quand on marche dans l’Atlas, on ne peut pas parler tout le temps, on est obligé de se concentrer sur sa marche. Du coup, tout en marchant, ils vont devoir réfl échir à leur vie, se recentrer, faire un break. » Chérif Messaoudi

Justin Macmahon

Justin Macmahon

Page 16: La Grande Epoque Bimensuel 1-15 Novembre 2008

La Grande Époque ● 1 – 15 NOVEMBRE 2008 1616CultureCulturewww.lagrandeepoque.com

Wang Zhaoqing, âgée de 31 ans, a été récompensée de la médaille d’or au concours de haute couture Han sponso-risé par la chaîne de télévision New Tang Dynasty Television (NTDTV).

MADAME WANG est designer à Paris. Après avoir obtenu un diplôme de l’Aca-démie des Arts de Chine, elle a rejoint l’École des beaux-arts de Marseille (ESBAM). « Je puise mon inspiration dans la nature », dit la jeune femme.

Elle explique qu’elle aime marcher en pleine nature pour admirer les pay-sages, ressentir les changements au fi l des saisons et méditer sur les mystères de la nature.

Pour sa création « Moments », madame Wang décrit la furtive impres-sion qu’elle a eue alors qu’elle se prome-nait. Elle a remarqué des fl eurs bleues et pourpres au détour d’un chemin dans un paysage pittoresque. Les couleurs des fl eurs étaient en parfaite harmonie avec les rochers gris. Cela l’a décidée à choi-sir des tissus fl euris – bleu et pourpre – et unis – gris –, créant de subtils effets d’ombre et lumière.

La sélection des tissus pour le design des vêtements – lourd ou léger, rêche ou doux, foncé ou lumineux –, agrémentés de couleurs particulières, constitue un aspect important. Pour sa création, elle

a choisi de jouer avec le clair et le foncé. Elle a alors choisi le bleu pour le haut du vêtement et une soie légère et grise pour le bas.

C’est après avoir étudié à l’étran-ger que Wang Zhaoqing a commencé à dessiner des vêtements Han. En Chine, elle a étudié le style vestimen-taire occidental avec une théorie simi-laire à la sculpture, et une insistance sur les volumes du corps. Selon elle, la cou-ture Han en Chine était très précise. On soigne beaucoup les détails ainsi que le design pour exprimer des idées esthé-tiques. Le simple processus à l’origine des costumes Han veut que l’on plie soi-gneusement un morceau de tissu pour couper ensuite directement les manches et la taille. Son but n’est pas de mon-trer le corps mais d’évoquer des mes-sages subtils. Les vêtements Han qui sont amples donnent à ceux qui les por-

tent une impression de con-fort et une allure éthérée. Pour garder un esprit pur quand elle dessine des vêtements Han, Wang Zhaoqing se rappelle tou-jours : « Tu dois te calmer

quand tu fais de la couture Han. C’est seulement avec un cœur sincère que tu peux produire un bel article. » Elle con-clut qu’avec l’esprit clair l’artiste peut créer une œuvre capable de véritable-ment émouvoir les gens.

WANG HONG

L’avis d’une sinologue sur la Divine Performing ArtsTORONTO – Sheng Xue, spécialiste bien connue de la Chine et journa-liste à Toronto, au Canada, est aussi une admiratrice de la Divine Perfor-ming Arts, compagnie new-yorkaise, qui fait connaître la culture chinoise traditionnelle au reste du monde. Sheng Xue n’a pas manqué un seul spectacle du groupe depuis ses débuts en 2004. Pour elle, le spec-tacle de la mi-automne et celui du Nouvel An sont des « must » cha-que année.

Le 27 septembre, après avoir assisté au second Spectacle annuel de la mi-automne au John Basset Theatre, Mme Sheng s’est excla-mée : « Cette troupe va énormé-ment apporter à la société ! »

« Ses spectacles éliminent le venin instillé par la culture du Parti communiste chinois (PCC) qu’on trouve habituellement dans les pro-ductions culturelles chinoises diffu-sées dans le monde entier. »

« Pour ceux qui ont grandi dans la Chine continentale, ils ne peuvent pas oublier à quel point l’omniprésente culture du Parti communiste marquait leur vie quo-tidienne. Le PCC a fait tout son pos-sible aujourd’hui pour exporter son idéologie à l’étranger. »

« Ce qui m’a le plus marquée dans cette production [le specta-cle de la Divine Performing Arts] est qu’enfin, il existe une force capable d’utiliser l’expression artistique pour faire connaître au monde la véritable splendeur et la véritable bonté de la culture chinoise », dit-elle.

« Je crois que c’est une mission importante, et la Divine Performing Arts y parvient. Sans son travail, le monde entier n’aurait d’autre choix que d’avaler la prétendue culture chinoise qui est imprégnée de l’idéo-logie du PCC. »

« La culture du Parti communiste chinois repose sur l’inimitié », expli-que madame Sheng. « C’était tout à fait flagrant dans l’art et la littérature des années 1960-1970, à l’apogée de la Révolution culturelle. Même aujourd’hui, dans la propagande produite, une idéologie et une philo-sophie haineuses sont visibles. »

« Ceux qui n’adoptent pas les nor-mes du PCC seront attaqués à l’aide

de la littérature, d’outils culturels et artistiques dans le dessein de les diaboliser, tandis que la population est manipulée pour partager l’idéo-logie haineuse du parti. »

« Le PCC a détruit la culture chi-noise traditionnelle de manière sys-tématique, tout en suscitant la haine, le mensonge et le trucage. La Divine Performing Arts insuffle une nou-velle vie à la culture traditionnelle chinoise » , selon madame Sheng.

Heureusement que les amateurs de spectacles, désireux de connaî-tre la culture chinoise, ont main-tenant le choix. Elle encourage vivement à aller voir le spectacle de la Divine Performing Arts qu’elle qualifie de tableau véritable de son héritage culturel.

« C’est un spectacle très profes-sionnel, qui donne au spectateur un plaisir à la fois visuel et sensuel. Il livre un message très positif qui procure un sentiment de calme et de bien-être. Ce qui est bon pour tous », dit-elle.

« Même des amis qui disaient ne pas aimer les spectacles de danse sont restés sous le choc en décou-vrant combien ça leur plaisait. Ils ont complètement changé d’avis après avoir vu le spectacle. »

ANNA YANG

Sheng Xue, célèbre journaliste à Toronto et spécialiste de la Chine.

La Grande Époque

Wang Hong/La Grande Époque

Zhaoqing a gagné le premier prix du concours international de haute couture Han.

La lauréate du prix de haute couture « inspirée par la nature »►Une designer parisienne remporte le premier concours international de couture Han

La création de Zhaoqing. Le premier prix dans la catégorie « prêt à porter ».

La Grande ÉpoqueLa Grande Époque