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Emmanuel Macron Au car du problème Le bouülant ministre de l'Economie ami du transport en car en prendrait bien un direct pour l'Elysée, mais il n'y a pas que sa grosse tête qui l'empêche d'y monter. M ACRON s'est rendu cet au- << tomne à un con- cert de Johnny avec sa femme. Quand il est arrivé, environ 200 personnes, des trentenaires mais aussi des moins jeunes, ont crié : "Macron président"! Il marchait sur l'eau, le gars, il rayonnait littéralement, in- capable de capter la dimension de dérision de ce moment. Les gens v.oulaientjuste se marrer, _ en fait, sans méchanceté, ils disaient ça avec une certaine rouerie, juste pour voir, mais, lui, il y croyait dur comme fer. » Cette fois-ci, les couteaux sont sortis. L'anecdote, racon- tée par un de ses collègues du gouvemement, permet de bien comprendre l'angle d'attaque. Soutenu par quelques dépités Macron, rendu fou par les médias, qui en ont fait des 1 tonnes sur son '' charisme », son " modernisme », sa jeu- nesse, sa capacité à naviguer d'un monde à l'autre, ses yeux bleus, et Ricoeur, et Rocard, et Rothschild, aurait " pété les plombs >>, quitté la route. Et LE COMITÉ DE SOUTIEN À HOLLANDE RÉUNI DANS UN AMPHI SANS MACRON . .. f 4.f S ÇNT . son absence d'ancrage local- il n'a jamais été ni maire, ni député, ni conseiller départe- mental -, loin des réalités du suffrage universel et des vraies gens, serait un handi- cap pour décoder les véritables sentiments du peuple à son égard. Le " danseur de claquettes >> , comme l'appelle méchamment un autre ministre, est en fait un homme politiquement seul. Mais, promis-juré, ses cama- rades ne demandent qu'à lui tendre la main de nouveau. Rentre dans le rang, Emma- nuel, on te pardonnera ton coup de chaud. Tu as pris le melon, c'est humain, t'es pas le premier. Tu vaux mieux qu'un Montebourg, qui posait, grisé, devant les caméras, les pommettes en feu et les bras tendus, avec sa piquette du « redressement productif >>. Lui aussi, il s'y voyait. Pas terrible, le résultat. Tu as tout pour toi, même les patrons, mais c'est trop tôt, attends ton tour. Tu te calmes sur les 35 heures, la gauche qui ne te branche pas, l'ISF et les fonctionnaires, et tout ira bien, on sait ce que c'est, on a été jeunes aussi. Les sondages , ça monte vite à la tête, mais tu sais bien qu'ils peuvent fondre encore plus raRido. soutien de la presse étrangère, les tweets énamou- rés des pédégés indiens ou chinois que tu rencontres, c'est juste bon pour la photo- souvenir, et tes communi- cants, jeunes et futés, ne re- présentent qu'eux-mêmes. Côté troupes, tu ne peux comp- ter que sur quatre ou cinq par- lementaires dévoués, et avec ça tu n'iras pas loin. Ce n'est pas avec Pascal Terrasse, Ri- chard Ferrand, Amaud Leroy, François Patriat que tu vas prendre la France, si tu veux plus de députés, il faut les bi- chonner , et le problème est que, ce qui les obsède, c'est jus- tement ce qui ne t'a jamais in- téressé : leurs · · · promesses n'engagent que toi, qui y crois. Dray t'a pris sous son aile mais te regardera tomber, Fouks s'est replié chez Valls, Le Foll te flingue à tout- va, Le Drian te recadre, Caze- neuve te cause pas, Najat sou- rit sans avancer d'un pas, Placé est légitimiste. il n'y a que Royal qui te soutienne en- core, normal, ton mouvement En marche, ça lui rappelle le · bon vieux temps de ses Désirs d'avenir. Filippetti et Hamon te trouvent des qualités, ils viennent te voir avec des airs de conspirateurs, mais, ce qui les intéresse, ce n'est pas toi, c'est le tort que tu fais à Hollande. Sale Issoire Si tu ne la mets pas en sour- dine, on va parler de ton bilan. Tu as soutenu la reconduction d'Alexandre de Juniac, le pé- dégé d'Air France. On a vu le résultat, et voilà maintenant, moins d'un an après sa recon- duction, qu'il file à l'Associa- tion intemationale du trans- portaérien (lata) toucher un confortable salaire à Montréal, avec un job pas terriblement Bravo et merci montré trop gourmand, et EDF , dont tu as la charge , n'est pas au mieux de sa forme, même si l'Etat ne t'a pas attendu pour ponctionner massivement la boîte. Tu n'as pas été présent au meeting de soutien au Prési- dent, pour cause de déplace- ment à Hanovre. Tu as raison, fais-toi un peu oublier. A Is- soire, les syndicalistes ne t'ont pas loupé . Tu vois, le vieux monde bouge encore. Tu leur as fait le coup de l'écoute, de la poignée de main à tous. " Je suis venu vous parler, vous écouter. >> Mignon. Résultat : niet. C'est dur , le terrain , plus qu'une eup of tea à la City. Tiens, lis ça. C' est un mi- nistre qui l'a déniché. " La seule solution, c'est de partir, de quitter les partis, de sortir des classifications, de poser des objectifs : modernisation, Eu- rope, formation politique nou- velle, et de laisser venir dans cette direction tous les Fran- çais, d'où qu'ils viennent, qui se sentent appelés par cette pos- sibilité. >> C'est du Lecanuet, lors de la campagne de 1965. Et comment s'appelait son mouvement? << Une France en marche ! >>. Et il a fini où, le marcheur ? Eduqué comme tu es , tu connai s l'hi s toire par

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Le canard

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Emmanuel Macron

Au car du problème Le bouülant ministre de l'Economie ami du transport en car en prendrait bien un direct

pour l'Elysée, mais il n'y a pas que sa grosse tête qui l'empêche d'y monter.

M ACRON s'est rendu cet au­<< tomne à un con­

cert de Johnny avec sa femme. Quand il est arrivé, environ 200 personnes, des trentenaires mais aussi des moins jeunes, ont crié : "Macron président"! Il marchait sur l'eau, le gars, il rayonnait littéralement, in­capable de capter la dimension de dérision de ce moment. Les gens v.oulaientjuste se marrer, _ en fait, sans méchanceté, ils disaient ça avec une certaine rouerie, juste pour voir, mais, lui, il y croyait dur comme fer. » Cette fois-ci, les couteaux sont sortis. L'anecdote, racon­tée par un de ses collègues du gouvemement, permet de bien comprendre l'angle d'attaque.

Soutenu par quelques dépités

Macron, rendu fou par les médias, qui en ont fait des

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tonnes sur son '' charisme » ,

son " modernisme », sa jeu­nesse, sa capacité à naviguer d'un monde à l'autre, ses yeux bleus, et Ricœur, et Rocard, et Rothschild, aurait " pété les plombs >>, quitté la route. Et

LE COMITÉ DE SOUTIEN À HOLLANDE RÉUNI DANS UN AMPHI SANS MACRON

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son absence d'ancrage local­il n'a jamais été ni maire, ni député, ni conseiller départe­mental -, loin des réalités du suffrage universel et des vraies gens, serait un handi­cap pour décoder les véritables sentiments du peuple à son égard.

Le " danseur de claquettes >>, comme l'appelle méchamment un autre ministre, est en fait un homme politiquement seul. Mais, promis-juré, ses cama­rades ne demandent qu'à lui tendre la main de nouveau. Rentre dans le rang, Emma­nuel, on te pardonnera ton coup de chaud. Tu as pris le melon, c'est humain, t 'es pas le premier. Tu vaux mieux qu'un Montebourg, qui posait, grisé, devant les caméras, les pommettes en feu et les bras tendus, avec sa piquette du « redressement productif >>. Lui aussi, il s'y voyait. Pas terrible, le résultat. Tu as tout pour toi, même les patrons, mais c'est trop tôt, attends ton tour. Tu te calmes sur les 35 heures, la gauche qui ne te branche pas, l'ISF et les fonctionnaires, et tout ira bien, on sait ce que c'est, on a été jeunes aussi. Les sondages, ça monte vite à la tête, mais tu sais bien qu'ils peuvent fondre encore plus raRido. L~ soutien de la presse

étrangère, les tweets énamou­rés des pédégés indiens ou chinois que tu rencontres, c'est juste bon pour la photo­souvenir, et tes communi­cants, jeunes et futés, ne re­présentent qu'eux-mêmes. Côté troupes, tu ne peux comp­ter que sur quatre ou cinq par­lementaires dévoués, et avec ça tu n'iras pas loin. Ce n'est pas avec Pascal Terrasse, Ri­chard Ferrand, Amaud Leroy, François Patriat que tu vas prendre la France, si tu veux plus de députés, il faut les bi­chonner, et le problème est que, ce qui les obsède, c'est jus­tement ce qui ne t'a jamais in-téressé : leurs · · ·

promesses n'engagent que toi, qui y crois. Dray t'a pris sous son aile mais te regardera tomber, Fouks s'est replié chez Valls, Le Foll te flingue à tout­va, Le Drian te recadre, Caze­neuve te cause pas, Najat sou­rit sans avancer d'un pas, Placé est légitimiste. il n'y a que Royal qui te soutienne en­core, normal, ton mouvement En marche, ça lui rappelle le · bon vieux temps de ses Désirs d'avenir. Filippetti et Hamon te trouvent des qualités, ils viennent te voir avec des airs de conspirateurs, mais, ce qui les intéresse, ce n'est pas toi, c'est le tort que tu fais à Hollande.

Sale Issoire

Si tu ne la mets pas en sour­dine, on va parler de ton bilan. Tu as soutenu la reconduction d'Alexandre de Juniac, le pé­dégé d'Air France. On a vu le résultat, et voilà maintenant, moins d'un an après sa recon­duction, qu'il file à l'Associa­tion intemationale du trans­portaérien (lata) toucher un confortable salaire à Montréal, avec un job pas terriblement

Bravo et merci

montré trop gourmand, et EDF, dont tu as la charge, n'est pas au mieux de sa forme, même si l'Etat ne t'a pas attendu pour ponctionner massivement la boîte.

Tu n'as pas été présent au meeting de soutien au Prési­dent, pour cause de déplace­ment à Hanovre. Tu as raison, fais-toi un peu oublier. A Is­soire, les syndicalistes ne t 'ont pas loupé. Tu vois, le vieux monde bouge encore. Tu leur as fait le coup de l'écoute, de la poignée de main à tous. " Je suis venu vous parler, vous écouter. >> Mignon. Résultat : niet. C'est dur, le terrain, plus qu'une eup of tea à la City.

Tiens, lis ça. C'est un mi­nistre qui l'a déniché. " La seule solution, c'est de partir, de quitter les partis, de sortir des classifications, de poser des objectifs : modernisation, Eu­rope, formation politique nou­velle, et de laisser venir dans cette direction tous les Fran­çais, d'où qu'ils viennent, qui se sentent appelés par cette pos­sibilité. >> C'est du Lecanuet, lors de la campagne de 1965. Et comment s'appelait son mouvement? << Une France en marche ! >>. Et il a fini où, le marcheur ? Eduqué comme tu es , tu connais l'histoire par