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IEPF Le Programme solaire mondial une nouvelle dynamique pour les EnR INSTITUT DE L ÉNERGIE ET DE L ENVIRONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE NUMÉRO 46 – 1 er TRIMESTRE 2000 Organisation Internationale de La Francophonie Le Programme solaire mondial une nouvelle dynamique pour les EnR

Le programme solaire mondiale

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Le programme solaire mondiale

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Page 1: Le programme solaire mondiale

IEPF

Le Programmesolaire mondial

une nouvelledynamique pour les EnR

INSTITUT DE L ÉNERGIE ET DE L ENVIRONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE

NUMÉRO 46 – 1er TRIMESTRE 2000

Organisat ion Internat ionale de

La Francophonie

Le Programmesolaire mondial

une nouvelledynamique pour les EnR

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Sommaire

Numéro 461er trimestre 2000

est publié trimestriellement par l’Institut de l’énergie et de l’en-vironnement de la Francophonie (IEPF).56, rue Saint-Pierre, 3e étageQuébec G1K 4A1 Canada Téléphone : 1 (418) 692-5727Télécopie : 1 (418) 692-5644Courriel : [email protected] Internet : www.iepf.org

Directeur de la publication :El Habib Benessahraoui

Rédacteur en chef invité :Boris Berkovski

Comité éditorial : El Habib Benessahraoui Sibi BonfilsFrançois DorlotDibongué A. KouoBoufeldja BenabdallahJean-Pierre NdoutoumSory I. DiabatéCarole Grass-Ramalingum

Édition et réalisation graphique :Caractéra inc.

Photo de la couverture :PhotoDisc Imaging

Photos des pages 21 et 23 :tirées de la brochure de la Commission Solaire Mondiale, 1er mai 1998

ISSN 0840-7827

Tirage : 4000 exemplaires

Dépôt légal :Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

Les textes et les opinions n’engagent que leurs auteurs.Les appellations, les limites, figurant sur les cartes de LEF n’impliquent de la part de l’Institut de l’énergie etde l’environnement de la Francophonie aucun jugementquant au statut juridique ou autre d’un territoire quel-conque, ni la reconnaissance ou l’acceptation d’une limi-te particulière.

Prix de l’abonnement annuel (4 numéros) :40 $ CAD ; 28 $ USD ; 30 € EUR ; 16 000 CFA ; 380 000 Dongs vietnamiens

Poste-publications – ConventionNo 155 7440

INSTITUT DE L ÉNERGIE ET DE L ENVIRONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR

MOT DU DIRECTEUR EXÉCUTIF 3

ÉDITORIAL 4L’énergie propre et renouvelable pour une meilleure qualité de vie par Boris Berkovski

1) AUX SOURCES DU PROGRAMME SOLAIRE MONDIAL

Les énergies renouvelables et l’ONU par Luis G. Marques 6

Déclaration de Harare 10

2) LE PROGRAMME SOLAIRE MONDIAL EN AFRIQUE

Vers une utilisation à grande échelle des énergies 14renouvelables en Afrique par Jacques-Césaire Mba-Nze

Le développement des énergies renouvelables 20en Tunisie par Faïza Kéfi

Les énergies renouvelables au Niger par Yahaya Saleye 24

Petite centrale hydroélectrique de Nyakabanda (Rwanda) 29

3) LES INSTITUTIONS SE MOBILISENT

France : vers un développement durable 30des énergies renouvelables par Jean-Louis Bal

Énergies renouvelables pour la construction 34 de l’avenir des îles par Cipriano Marin

Électrification rurale décentralisée de cinq îles au Vanuatu 38

L’énergie rurale au service du développement par B. Benabdallah 39

Biomasse 42

Logiciel RETScreen MC version 99 42

Coopération EDF – CSM 43

Programme d’action 1998-2005 44

4) DIMENSIONS TECHNOLOGIQUES DES ENRL’énergie éolienne par Maxime Kleinpeter 45

5) EnR : préparer l’avenirÉducation et formation sur les énergies renouvelables 51 par Osman Benchikh

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EL HABIB BENESSAHRAOUI

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 3

Le rôle des énergies renouvelablespour le développement durable etpour l’amélioration de l’accès àl’énergie moderne, notamment auprofit des populations rurales etdémunies, a été mis en exerguesolennellement lors du Sommet de la planète Terre.

Les négociations internationalesautour du changement climatique et en faveur de la lutte contre la désertification montrent un largeconsensus quant à l’intérêt de l’uti-lisation des ÉnR et de la promotionde l’efficacité énergétique tant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre que pour limiter la déforestation.

Force est de constater cependantque le développement des ÉnR aconnu des fortunes diverses, plus enraison de conditions réglementaires,législatives, institutionnelles ou de courte vue économique que de difficultés techniques.

Il faudrait, pour remédier à cela, uneautre façon de dire et de faire leschoses, en somme une dynamiquenouvelle pour les ÉnR. Le Processussolaire mondial initié par l’UNESCOen 1993 participe directement decette dynamique. Il exprime surtoutune volonté : celle de créer desconditions à même de fédérer desinitiatives, toutes les initiatives, dansce domaine et de les organiser versun même objectif, celui d’une utili-sation généralisée des ÉnR, pourqu’elles jouent pleinement leur rôledans la construction d’un dévelop-pement humain propre et durable.

Des hommes d’État ont accepté de s’engager pour créer cette dyna-mique nouvelle. La déclaration de Harare exprime leur volonté demobiliser la communauté interna-tionale et de la mettre en mouvementautour de et vers cet objectif. LesNations Unies cautionnent ladémarche dans une résolution del’Assemblée générale. Des institu-tions, certes encore peu nombreuses,s’impliquent et traduisent leur adhé-sion au projet par des chantiersrésolument inscrits dans le processus.

Nous avons voulu rendre comptede tout ce foisonnement d’idées, debonnes volontés et d’actes concretsdans ce numéro spécial de LEF. Enallant aux sources de l’information.En donnant la parole à ceux qui ontpensé le processus et agissent auquotidien pour sa mise en action.Puisse cette modeste contributionrenforcer les échanges et créer denouvelles collaborations, dans lesens des objectifs visés.

El Habib BenessahraouiDirecteur exécutif

Mot du directeur exécutif

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L’ÉNERGIE PROPRE ET RENOUVELABLEPOUR UNE MEILLEUREQUALITÉ DE VIETout au long de l’histoire du monde,les questions de pouvoir ou d’indé-pendance, de richesse ou de pau-vreté, de privilèges ou d’égalité, de survie ou de faillite ont été étroi-tement liées à l’accès aux sourcesd’énergie. C’est ainsi que ni le succèsdes pays industrialisés, ni l’échecdes pays en voie de développementne peuvent être expliqués sans quelon se réfère à l’efficacité de leurssystèmes énergétiques. Aujourd’hui,plus que jamais, l’énergie est lemoteur du développement écono-mique et social.

Toutefois, le recours massif auxcombustibles d’origine fossile, qui a permis à l’humanité de satisfairependant le XXe siècle sa demandeénergétique, a posé un certainnombre de problèmes, dont lesatteintes à l’environnement, lapollution et la dépendance énergé-tique. Ceci a eu pour conséquenceque, progressivement, un consensusse soit fait autour de la notion dedéveloppement durable, consacréepar la Conférence des Nations Uniessur l’Environnement et le Dévelop-pement, connue aussi sous le nomde «Sommet de la terre» (Rio deJaneiro, 1992). C’est à la lumièredes conclusions et recommandationsde cette Conférence que les condi-tions ont été réunies pour donnerune nouvelle impulsion à l’utilisa-tion accrue des énergies renouve-lables (solaire, éolienne, biomasse,des marées, océanique, géothermale,petite hydraulique, etc.) qui per-

mettent de fournir les services énergétiques nécessaires au déve-loppement sans porter atteinte àl’environnement.

Le temps où le développement étaitmesuré en termes économiques estrévolu, deux autres dimensions étantdésormais présentes : la dimensionenvironnementale et la dimensionsociale. Il s’agit là d’une nouvelledonne, qui bouleverse les critèresde choix de la politique énergétiqueau niveau mondial : d’une part, ilfaut assurer la production de l’éner-gie indispensable au développementsans mettre en danger l’écosystèmeet, d’autre part, il est essentiel d’ap-porter les services énergétiquesnécessaires au groupe formé de plusd’un tiers de la population mondialequi n’y a pas accès, notamment leshommes et les femmes qui viventdans les zones rurales et/ou d’accèsdifficile, surtout dans les pays endéveloppement.

La situation du monde serait sansnul doute encore plus préoccupanteen l’absence des efforts que l’huma-nité déploie pour utiliser l’énergierenouvelable à une plus grandeéchelle. Des possibilités d’emploinouvelles, un environnement propre, l’indépendance énergétique,l’édification de la paix et la durabi-lité du développement sont autantde facteurs qui poussent à faire del’énergie renouvelable un élémentimportant des sources mondialesd’énergie. Les connaissances tech-niques en matière d’énergie renou-velable sont très inégalementréparties.

Il convient donc de faciliter et de promouvoir le processus de

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BORIS BERKOVSKI

Rédacteur en chef invité

Secrétaire général de la Commission solaire mondiale,

Directeur de la Division des sciences de l’ingénieur et de la technologie,UNESCO

Éditorial

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Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 5

transfert et de diffusion des techno-logies en se fondant sur le principeque la sélection des technologies lesplus appropriées et leur adaptationaux conditions locales devraientavoir la priorité en matière de coopé-ration technologique. Cela conduiraà renforcer au niveau local la capa-cité de choisir, d’adapter, puis deperfectionner lesdites technologies.

Il est nécessaire d’accroître sensible-ment l’accès à l’énergie des popula-tions des pays en développementafin que des approvisionnements enénergie suffisants puissent améliorerles conditions de vie, diminuer lapauvreté, améliorer la santé etl’éducation, promouvoir les petitesentreprises et créer des activitésgénératrices de revenus, en particu-lier dans les zones rurales et isolées,réduisant ainsi les migrations despopulations rurales vers les centresurbains.

Un vrai coup de pouce à cet égarda été donné par la 19e sessionextraordinaire de l’Assemblée géné-rale de l’ONU (New York, 1997)consacrée au suivi du Sommet de laterre après cinq ans, qui a reconnunotamment que :

– l’accroissement de l’utilisation des énergies renouvelables peutréduire la dégradation de l’envi-ronnement résultant d’activitéshumaines dommageables tellesque la pollution industrielle et la déforestation.

– le contrôle des émissions de gazà effet de serre et autres gaz etsubstances dans l’atmosphèrerend nécessaire le recours à dessystèmes énergétiques rationnelset efficaces, notamment ceuxfaisant appel à l’énergie propre et renouvelable.

En 1995, à l’occasion du processusde préparation du Sommet solairemondial tenu à Harare (Zimbabwe),dix-huit chefs d’État et de gouver-nement ont décidé de donner unenouvelle impulsion au développe-ment et à l’utilisation des sourcesd’énergie renouvelables, tant dans

les pays en développement quedans les pays industrialisés, encréant la Commission solaire mon-diale. Cette Commission offre uneautorité et une orientation au plushaut niveau au Programme solairemondial 1996-2005, qu’elle aapprouvé en 1997.

Le Programme solaire mondial1996-2005 (PSM), une initiativemajeure en matière de développe-ment durable – qui comprendtoutes les énergies propres etrenouvelables – , est mis en œuvreavec la participation active desInstitutions spécialisées et desProgrammes des Nations Unies,ainsi qu’avec la Commission euro-péenne. L’un des objectifs de ceProgramme est de développer unclimat politique favorable pourl’utilisation à grande échelle desénergies propres et renouvelables,en démontrant notamment la viabi-lité économique et l’acceptabilitésociale des projets du PSM. Visantà créer une stratégie industriellecapable de satisfaire les besoinsd’un marché estimé à 200 milliardsde dollars en l’an 2005, le PSMprésente un grand intérêt, à la foispour les pays en développement etles pays industrialisés.

L’Assemblée générale de l’ONU a adopté en 1998 et 1999 deuxrésolutions en faveur du Programmesolaire mondial 1996-2005 (référen-ces : A/RES/53/7 et A/RES/54/215respectivement). La Conférencegénérale de l’UNESCO a égale-ment adopté en 1997 et 1999 deux résolutions en faveur de ceProgramme (29 C/Résolution 14 et30 C/Résolution 19). La Commis-sion européenne, dans son «LivreBlanc» établissant une stratégie et un plan d’action communautaires :Énergies pour l’Avenir – Les Sourcesd’Énergie Renouvelables – COM(97) 599 final (26/11//97), a parti-culièrement souligné son attache-ment et son soutien au Programmesolaire mondial 1996-2005.

Le financement du Programmesolaire mondial 1996-2005 est

considéré comme un grand défi de la Commission solaire mondiale.La mise en place de deux ou troisprojets d’énergie propre et renou-velable à large échelle dans chaquepays comporterait un investissementde quelques 200 milliards de dollarsaméricains d’ici l’an 2005. Or,aucun instrument de financementn’est encore disponible pour satis-faire ces besoins. Il est impératifque de nouveaux instruments soientmis en place et que les mécanismesexistants soient renforcés pourassurer le financement des projetsd’énergie propre et renouvelable.Une des premières idées a été decréer un Fonds solaire mondial.Cette idée n’a pas encore étéconcrétisée.

Je suis persuadé que, parmi lesmesures pour favoriser l’utilisationaccrue des énergies renouvelables,la suppression progressive dessubventions aux énergies d’originefossile, les allégements fiscaux auxproducteurs et utilisateurs des éner-gies renouvelables et l’éliminationdes barrières douanières et autresqui rendent difficiles le transfert de technologie seraient les plusefficaces.

En tout cas, l’amélioration de laqualité de vie des deux milliardsd’êtres humains n’ayant pas encoreaccès aux services énergétiques debase devrait être l’objectif principalde l’utilisation accrue des énergiesrenouvelables dans les années àvenir.

Boris Berkovski

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l ne suffit pas qu’une idée soit bonne en soi pour qu’elle s’impose à ceuxqui pourraient en bénéficier ; ce qui importe c’est qu’elle soit lancée aumoment opportun. Il est bien connu que, pendant très longtemps, l’énergied’origine fossile étant à très bon marché, les scientifiques et les ingénieursqui travaillaient dans le domaine de certaines énergies renouvelables (solaire,éolienne, biomasse, océanique, etc.) étaient considérés comme des « professeurs Tournesol» qui n’avaient pas les pieds sur terre. En outre, ces énergies n’ayant pas d’applications militaires, les sommes consacrées àleur recherche et développement sont restées très modestes. Ce n’est quegrâce à la prise de conscience progressive des conséquences négatives de lacombustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) sur l’environnementque l’intérêt pour les énergies renouvelables s’est éveillé chez l’opinionpublique, les politiques et les spécialistes.

Les organisations internationales du système des NationsUnies, notamment l’Organisation des Nations Unies pourl’éducation, la science et la culture (UNESCO), s’étaientpenchées depuis assez longtemps sur l’utilisation desénergies renouvelables. C’était le cas du Programme de l’UNESCO pour les zones arides, qui s’est étendu de1952 à 1969, puis du Congrès international « Le Soleil auservice de l’humanité » organisé par l’UNESCO en 1973.De leur côté, le Programme des Nations Unies pour leDéveloppement (PNUD) et la Banque mondiale avaientmis en œuvre pendant le période 1978-1990 un projetglobal de pompage solaire, et l’Organisation des NationsUnies, suite aux deux chocs pétroliers, avait organisé àNairobi, Kenya, en 1981, une Conférence sur les sourcesd’énergie nouvelles et renouvelables, qui avait approuvéun plan d’action visant l’utilisation accrue de ces sources.Le prix du baril de pétrole étant retombé par la suite, la mise en œuvre du Plan d’action de Nairobi n’a pas eule succès escompté.

Les énergies renouvelables et l’ONU

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I

Luis G. MARQUES, consultant auprès de la Commission solaire mondiale.

LUIS G. MARQUES

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La Conférence de Rio de 1992Sur le plan international, le grandtournant a été la Conférence desNations Unies sur l’environnementet le développement, tenue à Rio de Janeiro, Brésil, en 1992. En effet,la constatation avait été faite que,compte tenu de l’augmentation prévisible de la demande énergé-tique dans les décennies à venir, laproduction d’énergie, telle qu’elleexiste actuellement, risquerait decauser des dommages irréversibles à l’écosystème de la planète, portantainsi atteinte aux droits des généra-tions futures.

Ce sont les pays industrialisés, oùdes graves problèmes de pollutionatmosphérique et de contaminationde l’eau sont apparus, qui les premiersont compris que le modèle actuel dedéveloppement était incompatibleavec la protection de l’environne-ment ; le concept de développementdurable aura été la conséquence decette prise de conscience.

La Conférence de Rio a bien insistésur le rôle primordial que jouel’énergie dans la réalisation desobjectifs économiques, sociaux etenvironnementaux du développe-ment durable et souligné que lesressources et techniques énergé-tiques doivent être utilisées sur leplan social. Mais, pour des raisonspolitiques ayant trait notamment àla nécessité d’arriver à un consensus,la Conférence de Rio ne s’est pasoccupé de manière approfondie de deux questions qui constituentautant de défis à court et à moyenterme : l’eau et l’énergie. Toutefois,en ce qui concerne cette dernière,au chapitre 9 du Programme 21qu’elle a approuvé, la Conférence de Rio a souligné avec force que «L’énergie joue un rôle essentieldans le développement économiqueet social et dans l’amélioration de laqualité de la vie. Une grande partiede l’énergie mondiale est toutefoisproduite et consommée d’unemanière qui ne serait pas viable àlong terme si la technologie

n’évoluait pas et si les quantitéstotales devaient augmenter considé-rablement. La nécessité de contrôlerl’émission des gaz à effet de serre et autres gaz et substances dansl’atmosphère devra se fonderdavantage sur l’efficacité en matièrede production, de transport, dedistribution et de consommation etsur le recours croissant à des systè-mes énergétiques écologiquementrationnels, notamment aux sourcesd’énergie nouvelles et renouvelables.Toutes les sources d’énergie devrontêtre utilisées de manière à respecterl’atmosphère, la santé humaine etl’environnement dans son ensemble.»

Si je me suis étendu sur la Confé-rence de Rio, c’est parce que lespolitiques, programmes et activitésactuellement menés par les orga-nismes des Nations Unies enmatière d’énergie s’inscrivent, pourla plupart, dans le prolongement decette Conférence et, dans un degrémoindre, dans celui de la Confé-rence des Nations Unies sur lessources d’énergie nouvelles etrenouvelables, tenue à Nairobi en1981. C’est ainsi que l’UNESCO a donné en juillet 1993 une suiteconcrète aux recommandations de la Conférence de Rio avecl’organisation à son siège de Paris,avec quelques autres partenairesdont l’ONU, l’ONUDI, la Banquemondiale, la Commission euro-péenne, l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Associationeuropéenne pour l’énergie solaire(EUROSOLAR), la Société inter-nationale d’énergie solaire (ISES), et l’Agence française de l’environne-ment et de la maîtrise de l’énergie(ADEME), d’une réunion despécialistes de haut niveau intitulée– comme le congrès tenu dix ansplus tôt – «Le soleil au service de l’humanité». Cette réunion, à laquelle ont participé quelques350 spécialistes de 53 pays, quiavaient préparé 66 études appro-fondies sur les différents aspects des énergies renouvelables, arecommandé, notamment, que

l’UNESCO prépare pendant lestrois années suivantes la tenue d’unsommet mondial sur les énergiesrenouvelables au niveau des chefsd’État et de gouvernement, afin de donner une impulsion politiqueconséquente à l’utilisation accrue de ces énergies. Ce processus prépa-ratoire, accompli par le truchementd’une vingtaine de réunions régio-nales et sous-régionales dans lesdifférentes régions du monde, aculminé avec la tenue à Harare,Zimbabwe, en septembre 1996, du Sommet solaire mondial*.

Il y a lieu de signaler ici que leConseil exécutif de l’UNESCOavait décidé en 1994 qu’il convenaitde créer un organe pouvant orienteret piloter le processus de préparationdu Sommet ; cet organe, intitulé laCommission solaire mondiale, a étéplacé sous la présidence de S.E.Robert G. Mugabe, président de laRépublique du Zimbabwe, qui avaitproposé d’accueillir le Sommet dansla capitale de son pays. La Commis-sion a été constituée début 1995,comprenant les chefs d’État del’Afrique du Sud, Chine, Costa Rica,Espagne, Géorgie, Indonésie,Pakistan, Sénégal, Tunisie etZimbabwe, des chefs de gouver-nement de l’Australie, Autriche,Inde, Israël, Jamaïque et Malaisie, et du président de l’Autorité pales-tinienne. Il va sans dire qu’il n’y apas de précédent dans le systèmedes Nations Unies d’un programmescientifique ayant un organe direc-teur d’un tel niveau.

La Commission solaire mondiale,qui a tenu sa première session deuxjours avant l’ouverture du Sommet,a approuvé et transmis à ce dernierun projet de déclaration et l’esquissed’un programme décennal pour la

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* Le terme « solaire» est employé au senslarge ; il s’agit en l’occurrence de toutes les énergies renouvelables (thermosolaire,photovoltaïque, éolienne, énergie issue dela biomasse, énergie des marées, énergiedes mers, énergie micro-hydraulique, etc.,et également énergie géothermique).

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promotion des énergies renouve-lables. Au terme de ses travaux, leSommet solaire mondial a approuvéla Déclaration de Harare sur l’éner-gie solaire et le développementdurable, et a décidé de lancer lapréparation d’un Programme solairemondial 1996-2005, sur la base del’esquisse présentée par la Commis-sion solaire mondiale. Ce Programmea été approuvé par la Commissionen juin 1997, lorsqu’elle a tenu sadeuxième session à New York, àl’occasion de la dix-neuvième sessionextraordinaire de l’Assemblée géné-rale de l’ONU, consacrée à faire le point du suivi de la Conférencede Rio cinq ans après.

Le Programme solairemondial 1996-2005Comme indiqué ci-dessus,l’UNESCO a été à l’origine de la préparation du Sommet solairemondial, dans le cadre du suivi de la Conférence de Rio, et le Sommetde Harare a décidé que le Secré-tariat de la Commission solairemondiale ferait partie de la Divisiondes Sciences de l’ingénieur et de la Technologie de l’UNESCO. Mais le Programme solaire mondial 1996-2005 ne doit pas pour autant êtreconsidéré comme un programme de l’UNESCO. En fait, il est devenuun instrument au service de lacommunauté internationale pour la promotion des sources d’énergiesrenouvelables et la diffusion de la technologie nécessaire.

Le Programme comprend une sériede recommandations basées sur lesengagements pris dans la Déclara-tion de Harare, adressées à tous lesacteurs de la scène internationale,sur les mesures qu’il convient deprendre aux niveaux national etinternational. Il comprend égale-ment cinq projets majeurs à échellemondiale et quelques 500 projetsnationaux faisant appel aux énergiesrenouvelables, présentés par lesgouvernements et par la Commissioneuropéenne.

Les cinq projets majeurs sont lessuivants :

a) Programme mondial d’éducationet de formation en matièred’énergies renouvelables ;

b) Système international d’informa-tion et de communication sur lesénergies renouvelables ;

c) Les énergies renouvelables auservice de l’électrification rurale ;

d) Les énergies renouvelables pourle dessalement et le traitement de l’eau ;

e) Politique industrielle, pénétrationdu marché et transfert detechnologies pour les énergiesrenouvelables.

Depuis l’approbation du Programmesolaire mondial 1996-2005, laCommission solaire mondiale a étéen mesure de mobiliser environ 600 millions de dollars américainsd’aide internationale pour l’exé-cution de plus de 400 projetsprioritaires relatifs à l’exploitationdes énergies renouvelables dans les pays en développement. LeProgramme comprend égalementdes projets présentés par les paysdéveloppés, dont bon nombre ontété mis en œuvre grâce à des fondsde sources nationales. En outre, la Commission solaire mondiale, par le truchement du collège dereprésentants personnels de sesmembres et de son Secrétariatgénéral, a continué d’organiser dansles différentes régions du mondetoute une série de réunions mettantl’accent sur le financement et lespossibilités d’investissement dusecteur privé dans la diffusion de latechnologie des énergies renouve-lables. Par ailleurs, et conformémentaux engagements contenus dans laDéclaration de Harare sur l’énergiesolaire et le développement durable,plusieurs pays ont adopté desmesures législatives en faveur dudéveloppement et de l’utilisation de techniques d’exploitation desénergies renouvelables.

La Conférence générale del’UNESCO et l’Assemblée généralede l’ONU – c’est-à-dire les organeslégislatifs suprêmes de ces deuxentités – ont appuyé à plusieursreprises le Programme solairemondial 1996-2005, en faisant appel à leurs États membres et auxorganismes de financement, auxorganisations non gouvernementaleset au secteur privé pour qu’ilscontribuent au succès de sa mise en œuvre. Au niveau de l’ONU,l’Assemblée générale a adopté une première résolution lors de sa53e session (1998) et une deuxièmeà sa 54e session (1999). Dans cettedernière (Résolution 54/215)1,adoptée après avoir pris connais-sance du rapport sur le Programmesolaire mondial 1996-2005 qui luiavait été présenté par le Secrétairegénéral de l’ONU,2 l’Assembléegénérale a renouvelé son appro-bation du Programme en tant quecontribution au processus généralde développement durable, et elle a invité tous les gouvernements àencourager toutes les partiesprenantes intéressées, y compris le secteur privé, à participer à lapromotion des activités de recher-che sur les sources d’énergie renou-velables et à leur mise en valeur, eten particulier à la mise en œuvre duProgramme solaire mondial 1996-2005. Enfin, l’Assemblée généralede l’ONU a engagé toutes lesinstitutions de financement et lesdonateurs bilatéraux et multilatérauxconcernés, ainsi que les institutionsrégionales de financement et lesorganisations non gouvernementales,à appuyer les efforts actuellementdéployés pour développer le secteurde l’énergie renouvelable dans lespays en développement en s’ap-puyant sur des sources d’énergierenouvelables non polluantes dontla viabilité a été démontrée.

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1 Document de l’Assemblée généraleA/RES/54/215

2 Document A/54/212

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Il y a lieu de préciser ici que laCommission du développementdurable de l’ONU, créée à la suitede la Conférence de Rio, consacrerasa neuvième session, en 2001, à examiner le thème de l’énergie. La résolution susmentionnée del’Assemblée générale invite leGroupe de travail inter-organisationssur l’énergie (instance de coordina-tion des organismes du système de l’ONU ayant des activités enmatière d’énergie) à veiller à ce que les travaux menés au titre duProgramme solaire mondial 1996-2005 aident la Commission dudéveloppement durable à examinerle thème de l’énergie à sa neuvièmesession.

APERÇU DES ACTIVITÉS DES ORGANISMES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES EN MATIÈRED’ÉNERGIE RENOUVELABLE

Les entités des Nations Uniesparticipent à diverses activités decoopération technique selon lesdemandes et priorités des paysauxquels elles apportent leur appui.Ces activités visent à promouvoirl’utilisation rationnelle de l’énergieet la gestion de la demande, lestechniques d’énergie non polluantes,le développement et l’application àplus grande échelle des techniquesd’exploitation des énergies renou-velables, un meilleur accès despopulations rurales à des servicesénergétiques modernes, le renforce-ment des capacités et le développe-ment institutionnel, la planificationet la gestion du secteur de l’énergieafin d’atteindre les objectifs écono-miques, sociaux et environnementauxdu développement durable, et lapromotion des écotechnologies. Àla suite de l’adoption du Programmesolaire mondial 1996-2005, denombreuses entités du système desNations Unies ont modifié leursprogrammes et projets respectifs demanière à y inclure dans la mesuredu possible les activités relevant dece Programme.

Organisation des Nations Unies(ONU)Le Département des affaires écono-miques et sociales du Secrétariat de l’ONU a pris plusieurs initiativesconcernant le développement etl’utilisation des sources d’énergierenouvelables. Il a notamment orga-nisé des séminaires de formation,des ateliers et des colloques sur : a) la création d’entreprise et lesméthodes novatrices de financementde la commercialisation de systèmesd’énergie renouvelable ; b) l’électri-fication décentralisée des zonesrurales ; c) l’utilisation décentraliséedes énergies de substitution,conjointement avec l’UniversitéColumbia des États-Unis ; d) lerenforcement des capacités desmunicipalités à fournir aux zonesrurales des services énergétiquesviables, avec le Centre de dévelop-pement de l’Asie-Pacifique ; e) l’énergie de la biomasse et laproduction d’hydroélectricité àpetite échelle ; et f) les obstacles àl’exploitation viable des sourcesd’énergie dans les pays en dévelop-pement – notamment en Afrique – à organiser conjointement avec lePNUE. Plusieurs voyages d’étudeont été organisés aux Pays-Bas et au Royaume-Uni à l’intention desfonctionnaires des pays en dévelop-pement, afin de les familiariser auxapplications technologiques nova-trices (énergie tellurique, solaire etéolienne). Le Département desaffaires économiques et socialesexécute actuellement un projetquinquennal en Chine, financé parle Fonds pour l’environnementmondial, les Pays-Bas et l’Australieet destiné à supprimer les obstaclesà la commercialisation rapide desénergies renouvelables et à démon-trer certaines applications techno-logiques importantes. Dans les Étatsarabes, un projet régional, qui vise àrenforcer les capacités institution-nelles en matière de développementdurable de l’énergie, y compris lacréation d’entreprises, l’établisse-ment de normes et l’adoption des

meilleurs pratiques, est en coursd’exécution. Grâce aux ressourcesd’un fonds d’affectation spécial créépar l’Italie, plusieurs petits Étatsinsulaires mettent en application des techniques d’exploitation desénergies renouvelables pour laproduction d’électricité – énergiesolaire, photovoltaïque, éolienne,énergie de la biomasse, énergiethermique des mers.

Organisation des Nations Uniespour l’Agriculture et l’Alimentation(FAO)Les activités de la FAO en matièred’énergie visent à aider les pays endéveloppement à satisfaire leursbesoins énergétiques dans l’agricul-ture, la sylviculture et la pêche, afin d’atteindre un développementrural durable. Dans ce but, la FAO a mis l’accent sur la nécessité depromouvoir des sources d’énergierenouvelable adaptées aux besoinssocio-économiques des populationsrurales, ainsi que sur l’utilisation plus efficace des énergies conven-tionnelles.

Si l’utilisation plus rationnelle de labiomasse (surtout du bois) est le butprincipal des activités de la FAO,elle s’est aussi intéressée au dévelop-pement des énergies solaire, éolienneet géothermale, notamment pour lepompage de l’eau et le chauffagedes serres par la géothermie. La pro-motion et diffusion des cuisinières à bois et à charbon plus efficaces a été depuis plusieurs années uneactivité soutenue.

Organisation des Nations Uniespour le Développement industriel(ONUDI)Le thème «énergie et environne-ment» est l’une des priorités duprogramme de travail de l’ONUDI.À ce sujet, la mise en œuvre desaccords internationaux est l’une desactivités principales, comprenantl’aide aux engagements découlant de la Convention-cadre des NationsUnies sur le changement climatique

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Nous, chefs d’État et de gouvernement, réunis ou officiellement représentés à Harare, à l’occasion duSommet solaire mondial, tenu à l’invitation du gouvernement du Zimbabwe et à l’initiative de l’Organisationdes Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, en collaboration avec des institutions etorganisations internationales, pour lancer un programme d’activités solaires à l’échelle du globe intituléProgramme solaire mondial 1996-2005,

1. Reconnaissons l’importance du rôle que les sources d’énergie renouvelables, solaire et autres, telles que l’énergieéolienne, géothermique, hydraulique, de la biomasse et des océans, ainsi que l’efficacité énergétique devraientjouer dans la fourniture de services énergétiques et dans l’utilisation durable des ressources de l’environnementpour le bien-être de l’humanité ;

2. Réitérons notre appui aux principes et actions visant à promouvoir les systèmes énergétiques pour un dévelop-pement durable recommandés par la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement,tenue du 3 au 14 juin 1992 à Rio de Janeiro, Brésil, en particulier la Déclaration de Rio sur l’environnement etle développement, le Programme Action 21, ainsi que les engagements pris dans la Convention-cadre des NationsUnies sur les changements climatiques ;

3. Reconnaissons que la fourniture suffisante de services énergétiques à des prix abordables, ainsi que l’adoptionde mesures d’économie d’énergie, sont essentielles pour que tous les pays, développés ou en développement,parviennent peu à peu à satisfaire les besoins actuels et à répondre à leur accroissement futur, tout en réduisantles risques de dégradation de l’environnement, et à exploiter tout le potentiel des sources d’énergie renouvelables ;

4. Reconnaissons qu’il est nécessaire d’accroître sensiblement l’accès à l’énergie des pays en développement et quedes approvisionnements en énergie suffisants peuvent améliorer les conditions de vie, diminuer la pauvreté,améliorer la santé et l’éducation, promouvoir les petites entreprises et créer des activités génératrices de revenus,en particulier dans les zones rurales et isolées, réduisant ainsi les migrations des populations rurales vers lescentres urbains ;

5. Reconnaissons que le rôle de l’énergie solaire dans chaque pays doit être intégré et spécifié dans sa politiquenationale relative à l’énergie ;

6. Reconnaissons que la mise en valeur, la diffusion et l’utilisation généralisée de l’énergie solaire rencontrent desdifficultés, en particulier en ce qui concerne la gestion, la maintenance et le financement des installations ainsique l’accès aux données, à l’information, aux moyens d’éducation et de formation et à la technologie dans cedomaine ;

et du Protocole de Montréal.L’ONUDI est d’ailleurs l’une desagences d’exécution du Fondsmultilatéral pour la mise en œuvrede ce dernier.

Un autre thème central du travail de l’ONUDI est celui de l’industrieet l’énergie, dans le cadre duquel

elle fournit de l’assistance techniquepour l’amélioration de l’énergieindustrielle. Parmi les 60 projets liés à l’énergie que l’ONUDI exé-cute actuellement, quelques-unsconcernent l’introduction accrue detechnologies d’énergie renouvelable.Il y a lieu de rappeler, à ce sujet,que l’ONUDI avait créé en 1984

un Groupe consultatif sur la recherche et les applicationsde l’énergie solaire, dont l’un desrésultats a été l’établissement àPerth, en Australie, du Centreinternational pour l’application del’énergie solaire, avec l’appui du gouvernement australien et de la région d’Australie occidentale.

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Déclaration de Hararesur l’énergie solaire et le développement durable

(suite à la page 12)

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17. Reconnaissons que l’accroissement de l’utilisation de l’énergie solaire peut réduire la dégradation del’environnement résultant d’activités humaines dommageables telles que la pollution industrielle et la déforestation,et qu’il incombe aux gouvernements ainsi qu’à tous les secteurs de la société civile de travailler ensemble pourtrouver des solutions viables aux problèmes menaçant le développement durable de l’humanité ;

18. Soulignons le fait que le contrôle des émissions de gaz à effet de serre et autres gaz et substances dansl’atmosphère rend nécessaire le recours à des systèmes énergétiques rationnels et efficaces, notamment ceuxfaisant appel à l’énergie solaire ;

19. Reconnaissons que les organisations non gouvernementales concernées jouent un rôle important dansl’exploitation et la diffusion de l’énergie solaire ;

10. Reconnaissons que les femmes ont un rôle important à jouer dans la promotion de l’énergie solaire et qu’ellespourront largement bénéficier de son utilisation ;

11. Sommes convaincus que le développement et l’utilisation durable de l’énergie solaire requièrent un renforcementdes capacités aux niveaux local et national associé à la réforme des politiques et au partage des technologiesentre les nations, en particulier grâce à des efforts cohérents visant à l’acquisition et à la mise au point detechnologies par les pays en développement.

EN CONSÉQUENCE, NOUS

12. Nous engageons à œuvrer en vue d’une utilisation accrue de l’énergie solaire pour renforcer le développementéconomique et social de tous les peuples ; l’appui et la promotion de ces efforts devraient être des buts trèsimportants pour nos gouvernements, la communauté internationale et tous les secteurs de la société, enparticulier les populations vivant dans des communautés rurales et insulaires, isolées et défavorisées ;

13. Nous engageons à œuvrer pour établir des politiques et des mécanismes efficaces capables d’accélérer et de faciliter l’utilisation de l’énergie solaire en éliminant les chevauchements d’efforts ainsi que les délaisadministratifs, et en encourageant la coopération internationale, y compris la participation à des organismesrégionaux et internationaux et à des organisations scientifiques et techniques ;

14. Nous engageons à utiliser plus largement l’énergie solaire en recourant à la mise en place d’une assistancetechnique et de financements suffisants, à utiliser pleinement les fonds internationaux existants, et à faciliter laparticipation accrue à la fois des secteurs public et privé.

POUR ATTEINDRE CES OBJECTIFS, NOUS :

15. Appelons toutes les nations à participer à la mise en place et à l’exécution du Programme solaire mondial 1996-2005 ;

16. Invitons la Commission solaire mondiale à continuer d’assurer à un haut niveau une autorité et une orientationafin d’atteindre les objectifs du Sommet, et l’UNESCO à continuer de jouer un rôle prépondérant dans la miseen place du Programme solaire mondial 1996-2005, en étroite coopération avec les organisations internationalescompétentes ;

17. Invitons le secrétaire général de l’ONU et les chefs des secrétariats, des institutions spécialisées et des programmesdes Nations Unies ainsi que les gouvernements nationaux, les organisations inter-gouvernementales et nongouvernementales, les institutions universitaires et de recherche, et le secteur privé à participer à la mise enœuvre du Programme solaire mondial 1996-2005.

HARARE, 17 septembre 1996

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Ce Centre fournit un appui et desavis rapides et efficaces en matièrede technologies et de marchés afinde donner aux entreprises la confiancepour investir dans l’énergie solaire etles autres énergies renouvelables.

Organisation Mondiale de la Santé (OMS)Reconnaissant que, malgré lesmigrations généralisées des zonesrurales vers les centres urbains, lapopulation rurale, dans les années à venir, représentera encore 50% de celle du globe, l’OMS s’est inté-ressée aux aspects importants de lasanté rurale, y compris les applica-tions de technologies appropriéespour résoudre à la fois les problèmesliés à l’environnement et au bien-être des populations concernées. Il est évident que les systèmesénergétiques décentralisés utilisantles énergies renouvelables sontparticulièrement bien adaptés aumilieu rural. La fourniture d’élec-tricité aux hôpitaux et dispensairesruraux constitue une avance considérable dans l’amélioration de la santé de ces populations,permettant par exemple la produc-tion de froid pour le stockage devaccins et autres produits médicaux.C’est ainsi que, dans le cadre desprogrammes d’immunisation mis enœuvre par l’OMS, on utilise plus de6.000 réfrigérateurs solaires. L’OMSa effectué, en outre, une série d’étudessur l’impact sur la santé des diffé-rentes formes d’énergie et elle aapporté son soutien à des program-mes de protection de la santé destravailleurs et des communautés parla promotion des énergies propres,dont les énergies renouvelables.

Programme des Nations Uniespour le Développement (PNUD)Au sein du système des NationsUnies, le PNUD est la source prin-cipale de fonds pour les activités enmatière d’énergie ; c’est ainsi qu’ilfinance des projets d’autres orga-nismes tels que FAO, ONUDI, etUNESCO.

Le PNUD a intensifié ses activitésdans le cadre de son Initiative pourl’énergie durable, qui décrit lesrapports entre l’énergie et les princi-paux objectifs de son programme,en particulier l’élimination de lapauvreté. L’Initiative met l’accent surles activités en faveur des énergiesrenouvelables et de l’utilisationrationnelle de l’énergie ainsi que sur les technologies énergétiquesmodernes non polluantes. Ellesouligne, d’autre part, la nécessitéd’aborder les questions autres quetechnologiques, telles que les cadresinstitutionnel, juridique et fiscal etle renforcement des capacités. LePNUD a reconnu que de nombreuxprojets qui figurent en priorité dans le Programme solaire mondial1996-2005 concordent avec l’Initia-tive pour l’énergie durable, et queleur financement pourrait êtreimputé sur les montants ciblés pourl’allocation des ressources de base,les ressources du Fonds pour l’envi-ronnement mondial ou les contribu-tions au titre de participation auxcoûts de tiers, selon la situation despays et en fonction des prioritésgouvernementales.

Programmes des Nations Uniespour l’Environnement (PNUE)Le PNUE, dont le siège est àNairobi, dispose d’un budgetalimenté par des contributionsvolontaires qui a subi dernièrementles conséquences de la diminutiongénéralisée de l’aide officielle audéveloppement. Il n’est pas unorganisme d’exécution, car son rôleest plutôt catalytique et de coordi-nation. Le PNUE a récemment misau point un Programme sur lespolitiques d’énergie dont le butprincipal est de contribuer auchangement vers des systèmesénergétiques produisant moins deCO2 et d’autres gaz à effet de serre,afin de réduire leur impact surl’environnement ; dans le cadre dece Programme figure notammentl’utilisation accrue des énergiesrenouvelables. Il est intéressant de

signaler que l’un des projets majeursde ce Programme est celui de lapromotion du financement commer-cial de l’efficacité énergétique et desinvestissements dans les énergiesrenouvelables ; ce projet vise surtoutles pays en développement et ceuxdes économies en transition. Unautre projet, intitulé «Développe-ment des entreprises d’énergierenouvelable en Afrique», a pourbut de faciliter la création de petitesentreprises privées, basées dans lestechnologies des énergies renouve-lables. Enfin, le PNUE met enœuvre un certain nombre de projetsfinancés par le GEF ayant trait auchangement climatique et, toujoursen partenariat avec le GEF, prépareactuellement une étude globale surle potentiel d’ajouter des systèmesphotovoltaïques aux usines hydro-électriques existantes.

Le Fonds pour l’Environnementmondial (GEF)Plus connu par son sigle anglaisGEF (“Global Environment Facility“)ce Fonds a été créé par le PNUD, le PNUE et la Banque mondiale en1990, c’est à dire deux ans avant laConférence de Rio, en tant queprogramme expérimental fournissantdes fonds pour l’amélioration del’environnement à l’échelle mondialedans quatre domaines : changementclimatique, diminution de la couched’ozone, biodiversité et pollutiondes eaux internationales. En mars1994 le GEF a été transformé enmécanisme financier permanentavec un fonds en dépôt de 2 milliardsde dollars, ce qui représentait lepremier suivi financier important de la Conférence de Rio.

Le PNUD, le PNUE et la Banquemondiale sont les agents d’exécutiondes projets financés par le GEF, dont 80% concernent le changementclimatique et la biodiversité. Pour ce qui est des énergies renouvelables,l’action du GEF s’est orientée surtoutvers leur promotion par l’éliminationdes barrières législatives et fiscaleset la réduction des coûts.

(suite de la page 10)

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Coordination des activités Au cours des dernières années, desorganes tels que la Commission duDéveloppement durable, le Conseiléconomique et social de l’ONU, le Comité sur les Sources d’énergienouvelles et renouvelables (devenudepuis 1999 le Comité de l’Énergieet des Ressources naturelles pour le Développement), la DeuxièmeCommission de l’Assembléegénérale de l’ONU et divers autresorganes délibérants relevant desorganismes concernés du systèmedes Nations Unies, ont souligné àmaintes reprises la nécessité d’inciterces organismes à resserrer leur liensde coopération et à coordonnerleurs activités, notamment dans ledomaine de l’énergie. Bien que desaméliorations aient été constatées, il faut reconnaître que ces activitéssont quelque peu ponctuelles,qu’elles souffrent de l’absence d’unestratégie commune – car bon nom-bre d’entre elles sont menées auniveau national – , que les organismesconcernés coopèrent peu entre euxpour ce qui est de la mise au pointet de la mise en œuvre d’activités quitiennent compte de la conjoncturelocale et qu’ils auraient tout intérêtà mettre davantage en communleurs expériences respectives.

Au niveau du Secrétariat de l’ONU,le fait que les trois départements qui s’occupaient auparavant desquestions économiques et socialesaient fusionné en un seul, le Dépar-tement des Affaires économiques etsociales, a permis de regrouper lesmoyens politiques, normatifs ettechniques, et ainsi d’enrichir lespolitiques menées par le systèmedes Nations Unies. En 1996, unGroupe spécial interorganisationsdes sources d’énergie nouvelles etrenouvelables a été créé, dont les réunions successives se sont penchées sur la nécessité d’améliorerles échanges d’information, ainsique sur l’élaboration et la mise enœuvre conjointe de projets et deprogrammes. Plus récemment, en

1999, a été créé un Groupe spécialinterorganisation sur l’énergie, dansle cadre de la préparation de laneuvième session, en 2001, de laCommission du Développementdurable.

En ce qui concerne les énergiesrenouvelables, je persiste à croireque c’est autour du Programmesolaire mondial 1996-2005 que lacoordination interorganisationsdevrait se faire. Ceci semble avoirété l’avis de l’Assemblée générale del’ONU dans sa résolution 54/215,lorsqu’elle a pris note «que le Groupede travail interorganisations surl’énergie a été créé afin de coordon-ner les activités menées par tous lesorganismes compétents des NationsUnies pour préparer la neuvièmesession de la Commission du Déve-loppement durable, qui doit se teniren 2001, et de contribuer au déve-loppement durable, en tenantcompte des recommandations duProgramme solaire mondial 1996-2005».

Conclusion L’utilisation de l’énergie pour ledéveloppement a trois dimensions :économique, environnementale etsociale. Par le passé le monde aaccordé plus d’importance à lapremière mais, plus récemment, les phénomènes de réchauffementplanétaire, de pollution urbaine, depluies acides et autres conséquencesnégatives de la production éner-gétique par combustibles fossiles,ont attiré l’attention de l’opinionpublique et des décideurs (surtoutdes pays industrialisés) sur la néces-sité de préserver l’environnementafin de ne pas causer des dommagesirréversibles à l’écosystème. Au seindu système des Nations Unies,plusieurs agences et programmess’occupent de l’environnement :PNUE, PNUD, GEF, etc. Restedonc la dimension sociale, c’est-à-dire comment apporter les servicesénergétiques de base au tiers de la population de la planète qui n’y

a pas accès. Seule la diffusion àgrande échelle de systèmes éner-gétiques décentralisés utilisant lesénergies renouvelables (solaire,éolienne, biomasse, mini-hydraulique)permettra, notamment, d’apporterl’électricité aux communautés vivantdans les zones rurales et/ou éloignées,dans des petites îles ou dans deszones d’accès difficile. C’est cettedimension sociale que je souhaiteraisvoir davantage mise en relief con-cernant la contribution des énergiesrenouvelables au développementdurable. Apporter ainsi l’énergie àceux qui en sont dépourvus contri-buerait à l’éradication de la pauvreté,à l’intégration des communautésconcernées dans la société du paysdont elles font partie, à libérer lesfemmes et les enfants des corvéesdécoulant de la recherche de l’eauet du bois de feu, à l’amélioration de la santé en fournissant du froidpour les dispensaires ruraux, à dis-poser d’éclairage pour des cours dusoir, à donner accès à la radio et latélévision, à disposer de cuisinièressolaires et de séchoirs pour lesproduits agricoles et, en général, àaméliorer la qualité de vie des popu-lations concernées. À ce sujet, il mesemble que l’UNESCO est l’insti-tution spécialisée des Nations Uniesla mieux placée pour défendre cettedimension, dont les aspects éducatifs,scientifiques, sociaux, culturels et de communication relèvent de sacompétence constitutionnelle.

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A- Contexte général de l’Afrique et objectifs Le continent africain a une population de 708 millions d’habitants qui secaractérise par un taux de croissance élevé de 2,7% l’an, soit un doublementtous les 26 ans. Le revenu moyen par habitant est faible, de l’ordre 500 $ USpar an.

À l’aube du 21e siècle, le continent présente encore des signes patents desous-développement dont les plus importants sont :

• la prédominance des communautés rurales. 66 % de la populationafricaine, soit environ 467 millions d’habitants, vit en milieu rural ;

• le faible taux d’utilisation des formes modernes d’énergie. Ce taux secaractérise par la très faible consommation de l’énergie commerciale parhabitant (670 kep par an), le très bas taux d’accès à l’électricité (19 %, cequi signifie que 81 % de la population vit hors de portée des réseauxélectriques) et la faible production électrique par habitant (493 kWh) ;

• la destruction de l’environnement pour la satisfaction des besoinsénergétiques ;

L’Afrique dispose d’un important potentiel,

insuffisamment mis en valeur, d’énergies renouvelables

(hydro-électricité, solaire, éolien, biomasse, etc.)

dont une exploitation organisée et rationalisée

permettrait de répondre aux besoins

de développement du continent

dans une perspective de durabilité.

Vers une utilisation à grande échelle des énergies renouvelables en Afrique

14 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

Jacques-Césaire Mba-Nzé,spécialiste du Programme à la Division des Sciences de l’Ingénieur et de laTechnologie de l’UNESCO etresponsable pour l’Afrique du Programme solaire mon-dial 1996-2005.

JACQUES-CÉSAIRE

MBA-NZÉ

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Valeurs du rayonnement solaire en Afrique

• le faible taux d’accès aux autresservices de base tels l’eau potable,la santé, l’éducation, etc. Pour se développer, le continent abesoin d’une population en bonne santé et bien alphabétisée.Pourtant cet objectif modeste est encore hors de portée d’ungrand nombre de pays africainscomme le soulignent les chiffresqui suivent :

– seuls 44% de la population ontaccès à l’eau potable. Le reste,soit 56%, est exposé aux nom-breuses maladies transmises parl’eau non potable (comme lecholéra, le ver de Guinée, etc.).Certains d’entre eux doiventparcourir des kilomètres ou tirerà partir d’un puits profond pourse procurer de l’eau ;

– la couverture sanitaire estinférieure à 30% dans 12 paysdu continent, se situe entre 30 et 59% dans 45 autres et est supérieure à 60% dans seulement 3 pays.

La couverture vaccinale, qui protègeles enfants contre les ravageusesépidémies de maladies infantiles, estinférieure à 50% dans 14 pays, sesitue entre 50 et 80% dans 22 autreset est supérieure à 80% dans seule-ment 9 pays.

I. POTENTIEL EN ÉNERGIESRENOUVELABLES DE L’AFRIQUE

• Le continent africain est doté d’un potentiel énorme d’énergiesrenouvelables dont l’exploitationest à peine commencée.

1. Potentiel hydroélectriqueL’énergie hydroélectrique représente21% des puissances électriquestotales installées en Afrique, en1992, soit 20206 sur 96904 MW.Par ailleurs, on remarque que 77%de l’énergie électrique sont produitsà partir des sources thermiques, cequi n’est pas sans conséquence surl’environnement, notamment concer-nant la production des gaz nocifs(le CO2, les NOx, le SO2, etc.). Eneffet, une partie non négligeable del’électricité est produite à partir ducharbon dont les rejets en ces gazsont plus importants que pour lescentrales diesels. On ne prend pasen compte la production électriquede l’Afrique du Sud où le charbon a une contribution importante.

Par contre, le continent est dotéd’un potentiel hydroélectrique im-portant estimé à plus 436 000 MW.Les puissances installées actuellementne représentent qu’à peine 5% du potentiel disponible. Un calculsimple montre que l’utilisation sys-tématique du potentiel hydroélec-trique peut, à elle seule, multiplier la capacité de production totaleactuelle par 5,5. Par ailleurs, l’Afriqueest la région du monde où la pro-portion d’hydroélectricité est la plusfaible : 5% contre 90% pour l’Europe,45% pour l’Amérique du Nord,20% pour l’Asie et l’Amérique duSud.

Une étude1 récente a montré qu’enAfrique australe, le barrage deCahora Bassa, sur le fleuve Zambèzeau Mozambique, qui, pendant vingtans, n’a fonctionné qu’à 1% de sacapacité, et le barrage d’Inga, sur

le fleuve Congo en RépubliqueDémocratique du Congo, sont àmesure de fournir jusqu’à 10.000 MWdans un futur proche. Cette capa-cité, une fois mobilisée, produiraitune économie annuelle de :

– 13 millions de tonnes de CO2,

– 142 000 tonnes de SO2 et

– 60 000 tonnes de NOx.

Ce potentiel hydroélectrique cons-titue ainsi un important terreaufavorable au développement de lamicro et mini-hydroélectricité pourl’électrification rurale.

En terme de coût on peut rappelerque le kWh varie de 0,04 à 0,07dollars US pour les grandes instal-lations. Pour les petites installations,en terme de Watt installé, le coût se situe entre 1,5 et 3 dollars US.

2. L’énergie solaireLa carte mondiale de gisementsolaire montre que 47% de lasurface du continent bénéficie d’unensoleillement annuel supérieur à2 100 kWh/m2, 27% entre 1 900 et2 100, et les 26% restants entre1 500 et 1 900. On remarque aussique les valeurs les plus élevées del’ensoleillement correspondent auxparties les plus denses du peuplement,excepté les déserts du Sahara et duKalahari. Ainsi tous les paramètresgéographiques sont favorables à unelarge utilisation de l’énergie solaire.

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1 Pedro de Sampaio Nunes, Forum d’Affaireset d’Investissement pour le Développe-ment des Energies renouvelables enAfrique, Harare, 29-31 Mars 1999.

Tableau A.1

Valeur de l’ensoleillement Supérieur à 2100 1900 à 2100 1500 à 1900en kWh/m2/an

Pourcentage de la surface 47 % 27 % 26 %

Observations Régions désertiques et Régions de savane, très peuplées Régions forestières, peu peupléesdenses, périphériques

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Productivité de l’éolienne Zones concernées(en kWh/kW par an)

> 5 000 les côtes de l’Afrique australe (Namibie, Afrique du Sud et Mozambique)

3 750 à 5 000 Les côtes de l’Afrique de l’ouest (Liberia, Sierra Leone, Guinée, Guinée Bissau, Sénégal, La Gambie, Mauritanie) et du Maroc

2 250 à 3 750 Les côtes de l’Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Libye, Égypte), du Soudan, de l’Érythrée, du Djibouti et de la Somalie

750 à 2 250 Tout le reste du continent excepté le noyau central

< 750 Le noyau central continental

En dépit de ces conjonctions géo-graphiques et des besoins pressantsde la population, l’utilisation de l’éner-gie solaire reste encore marginale.

Il existe actuellement plusieursmodes d’utilisation de cette formed’énergie et les plus utilisés sont :

– l’électricité solaire photovoltaïque,pour le pompage de l’eau, l’éclai-rage, la réfrigération, la télé-communication, etc. ;

– les centrales thermiques utilisantdes concentrations cylindro-parapoliques, qui sont, actuelle-ment, le mode le plus compétitifd’utilisation de l’énergie solaire surréseau ;

– le séchage des produits agro-alimentaires ;

– le chauffage solaire sous forme de chauffe-eau, de chauffaged’habitation, etc. ;

– la cuisson solaire pour laquelle il existe plusieurs variantes d’appa-reils. Mais la technologie la plusprometteuse est celle de laconcentration par paraboloïde.

3. L’énergie éolienneLa carte mondiale de productivitéde l’énergie éolienne montre quel’Afrique est constituée de troiszones de productivité décroissanteallant de la côte vers l’intérieur ducontinent, comme résumé ci-dessous :

Ainsi, on observe que, dans 50%des régions côtières, l’utilisation àgrande échelle de l’énergie éolienneest possible. Par rapport à l’énergiesolaire, l’énergie éolienne offre plus de possibilité, à moindre coût,de production, à grande échelle, de l’énergie électrique en réseauconnecté ou isolé. Là où les condi-tions sont moins favorables, l’énergieéolienne s’apprête aussi à des utilisa-tions à petites échelles pour le pom-page de l’eau ou l’électrification depetits villages.

Il est à signaler que la gamme depuissance des aérogénérateurs est

très large et va de 500 kWh pourles modèles synchrones intégrablesau réseau à 100 W à 10 kW pour les modèles autonomes.

4. La biomasse, rationalisation etpréservation

La biomasse est actuellement la pre-mière source d’énergie de l’Afrique.Excepté dans les zones à fragileéquilibre écologique comme leSahel, le continent dispose d’uncapital appréciable de biomasse.Mais ces ressources ne sont pasinépuisables et le poids démogra-phique du continent est en traind’amenuiser leurs capacités derégénération naturelle. Aussi dansbeaucoup de pays, le taux de prélè-vement est de loin plus élevé quecelui de la régénération. Il est doncimpératif de prendre des mesuresappropriées pour conserver lecaractère renouvelable de cettesource d’énergie.

B- Les Projets africains de haute priorité

Dans le cadre du Programme solairemondial (1996-2005) (PSM), lespays africains ont présenté 260 pro-jets nationaux de haute priorité(PNHP) que l’on a classés selon lescinq programmes globaux suivants :

• Formation et éducation enmatière d’énergies renouvelables :15 projets ont été présentés, dont4 concernent la création d’institutsde formation et 11 la mise en placede programmes de formation dansdes institutions existantes.

• Système de collecte et de diffusion d’informations : 32 projets embrassent diversdomaines tels l’étude des gisements,

16 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

2 Certaines parties empruntées à A.M. Dahouenon, GTZ-Sénégal, et Z. Koïta, SENELEC, Sénégal

Type d’application Usage Puissance

Système individuel ou SHS Éclairage, alimentation des postes radio ou 5 à 200 Wctéléviseur, etc.

Système PV institutionnel Électrification des centres communautaires 100 à 500 Wc(santé, culture, éducation, culte, etc.)

Système PV de pompage Exhaure de l’eau potable ou pour irrigation 0,2 à 6 kWc

Télécommunication Alimentation des stations relais 0,2 à 25 kWc

Micro-centrale électrique Électrification d’un village 5 à 100 kWc

Applications courantes de l’électricité solaire photovoltaïque2

Tableau A.2

Zones de productivité

Tableau A.3

Page 17: Le programme solaire mondiale

de faisabilité ou de marché desénergies renouvelables, la mise enplace d’un plan de promotion del’utilisation de ces énergies oud’économie d’énergies tradition-nelles, la création de banques dedonnées, la création ou le renfor-cement d’un centre de collecte etde diffusion d’informations, etl’organisation de conférencesinternationales.

• l’augmentation de la capacitéd’utilisation des énergies renou-velables : 151 projets touchentdivers secteurs tels que l’électri-fication rurale ou urbaine, levillage solaire intégré de démons-tration, l’alimentation en eaupotable ou douce, l’équipementdes centres sociaux (de santé,d’éducation ou de la culture),l’utilisation massive des appareilssolaires thermiques (chauffe-eau,cuiseur, séchoir), la télécommunica-tion, le froid pour la conservationdes produits agro-alimentaires,l’irrigation ou l’adaptation descultures, l’architecture solaire et la sauvegarde de la faune sauvage.

• la création ou développementdes capacités locales industriellesou de recherche développement :33 projets ont été présentés dont11 pour le développement descapacités industrielles et 22 en matière de recherche/développement.

• l’initiative sur la biomasse : 29 projets figurent dans cedomaine. Ils concernent laproduction, la rationalisation ou la substitution au bois-énergie, la production du biogaz et l’utili-sation des huiles végétales, del’alcool ou de déchets commesource d’énergie.

C- Mécanisme de mise en œuvre

L’exécution de ces projets nécessitela mise en place de structures decoordination aussi bien au niveaunational qu’au niveau interafricain

afin d’utiliser au mieux toutes lesressources indispensables à leurréalisation. Dans cette perspective,les actions suivantes devraient êtreréalisées ou renforcées :

• la mise en place effective d’unConseil Solaire Africain (CSA),avec définition de statuts et d’un règlement ainsi que d’un programme d’action ;

• la mise en place de structuresnationales et sous-régionales. Eneffet, le Forum Solaire Africain de Bamako (Mali), de mars 1998,dans ses recommandations, ainvité « les pays participants à accélérerla mise en place des Comités solairesnationaux» et exhorté «les organismesinter étatiques à mettre en place desprocédures de coordination suivies, d’une part avec la Commission SolaireMondiale et avec le Conseil SolaireAfricain d’autre part».

Il serait judicieux d’associer les ONGet la société civile à la réalisationdes projets du PSA afin de mieux lessensibiliser aux possibilités qu’offrel’énergie solaire. Les institutions decoordination doivent égalementchercher à intéresser et sensibiliserle secteur privé pour accroître aumaximum la possibilité d’un appro-visionnement large et régulier dumarché d’équipements d’énergiesolaire. Au besoin, ces structuresdoivent aider le secteur privé àétablir des contacts avec les orga-nismes étrangers.

Dans l’exécution des projets, lapriorité doit être accordée auxprojets pilotes et de démonstrationet une large publicité devrait êtrefaite autour de ces projets afin demieux sensibiliser tous les acteursconcernés.

D- Mécanisme de financement

I. ÉVALUATION DES BESOINS

Pour mettre l’énergie électrique à la portée des populations rurales, on peut procéder par extension desréseaux, interconnectés ou non, ou

par la méthode de «Village solaireintégré». Cette dernière méthode,qui a l’avantage d’être la moinscoûteuse et la plus adaptée auxéchelles des énergies renouvelables,consiste à satisfaire les besoinsénergétiques essentiels (tel l’exhaurede l’eau, la conservation de vaccins,l’éclairage des centres sociaux, latélécommunication, etc.) des commu-nautés rurales grâce à l’énergiesolaire, généralement photovoltaïqueou éolienne. Le coût moyen d’un unvillage standard de 2.500 habitantsest de l’ordre de 86.000 dollars US.

II. BUDGET DU PROGRAMMESOLAIRE MONDIAL (1996-2005) :AFRIQUE (PSA)

Sur les 260 projets présentés par lesÉtats, 188, soit 72% du total, ontété budgétisés. Le montant globaldu budget est de 1,39 milliards dedollars US pour une moyenne parprojet budgétisé de 7,38 millions.

Sur la base d’un calcul attribuant en moyenne 10 millions de dollarsUS par pays et pour les 53 pays ducontinent, le PSA s’est fixé commeobjectif réaliste la mobilisation de 600 millions de dollars USpour l’Afrique, durant la durée duProgramme. Cette somme modestereprésente 43% du montant globaldes projets de haute priorité bud-gétisés et seulement 4% du besoinréel du continent. En tenant comptede l’évolution de la population,cette somme représente l’investis-sement nécessaire pour satisfairel’accroissement des besoins enénergie électrique d’un an et demi.

III. LIGNES D’ACTIONS

Pour réunir le montant de 600 mil-lions de dollars US, le PSA prévoit,pour chacun des acteurs, les actionssuivantes :

a) Gouvernements africainsConformément aux engagementscontenus dans la déclaration deHarare, les gouvernements africainsdoivent se donner les moyens

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 17

Page 18: Le programme solaire mondiale

d’exécuter les projets inscrits dans lePSA. Afin de tenir leurs engagementset mieux intéresser les bailleurs defonds extérieurs, les plus hautesautorités gouvernementales doivents’impliquer davantage en entrepre-nant les actions suivantes :

• le recours aux énergies renouve-lables dans les projets de dévelop-pement nationaux ou régionaux(agriculture, santé, éducation,etc.) et l’inscription de ces projetsdans les plans nationaux dedéveloppement ;

• la création de fonds nationaux des énergies renouvelables devantservir de contrepartie aux finan-cements extérieurs des projets ;

• l’adoption de lois portant sur laréduction des taxes d’importationsur les équipements pour lesénergies renouvelables ;

• la formulation et la constitutiondes documents de projets dont les fiches sont déjà disponibles,selon les formats requis par lesorganismes de financement ;

• l’introduction de requêtes definancement, appuyées par lesdocuments mentionnés ci-dessus,auprès des bailleurs de fonds pourles projets inscrits dans le PSA. A cet effet, les gouvernementsdoivent s’enquérir, auprès desbailleurs de fonds, des règles etprocédures adéquates ;

• la sensibilisation aux énergiesrenouvelables des ONG présentesdans les pays, afin de les amener à s’engager dans la mise en œuvredu PSA. En plus des rôles impor-tants relevant des ONG, desactions de micro crédit peuventavoir des effets appréciables surl’acquisition, par les populationsrurales et périurbaines, des équi-pements en matière d’énergiesrenouvelables et sur la formationdes techniciens de maintenance ;

• la concertation et la collaborationentre toutes les institutions afri-caines concernées par les énergies

renouvelables pour échanger lesexpériences acquises, créer encommun des banques de donnéeset lancer en coopération desprogrammes éducatifs ou derecherche/développement.

b) Conseil Solaire Africain (CSA)Conformément à son rôle decoordination des actions des paysafricains pour la réalisation du PSA,le CSA, conjointement avec lesGouvernements, devrait entre-prendre les actions suivantes :

• encourager la création des comitéssolaires nationaux dans les Étatsafricains ;

• agir auprès des organismes definancement et de développementinternationaux et régionaux(notamment le PNUD, la BAD,l’Union européenne, la BID, etc.) pour faciliter les possibilités definancement des projets du PSA ;

• donner les moyens aux respon-sables nationaux des PNHP afinqu’ils puissent préparer et présenterleurs projets de façon à intéresserles organismes de financement etles bailleurs de fonds.

c) Secrétariat de la CommissionSolaire Mondiale (CSM)

Conformément à son rôle centra-lisateur des activités du PSM, leSecrétariat de la CommissionSolaire Mondiale devrait collaboreravec le CSA dans l’élaboration desPNHP et avec les gouvernementsnationaux et les bailleurs de fondsinternationaux pour la recherche de financement des projets dont les documents sont disponibles.

IV. DÉMARCHES GÉNÉRALES POURLE FINANCEMENT DES PNHP

La procédure de financement desprojets nationaux de haute prioritédu Programme solaire mondial1996-2005 est un processus quidécrit le cheminement des projetsdepuis leur identification jusqu’àleur financement par les bailleurs

de fonds. Les principales étapes sont les suivantes :

a) Identification des projetsÀ l’étape initiale de l’identificationet de formulation des projets natio-naux de haute priorité peuventintervenir les acteurs suivants :

• les organismes publics (lesministères, les établissementspubliques, les collectivitésterritoriales, etc.) ;

• les organismes parapublics (les sociétés d’État, etc.) ;

• le secteur privé (les sociétésprivées, les associations, les ONG, etc.).

L’organisme initiateur du projet doit élaborer un document de projetconsistant qui renferme toutes lesinformations essentielles pour, nonseulement, attirer l’attention desbailleurs de fonds, mais aussi, leurdonner une idée assez complète duprojet. À cet effet, il a été conçu unguide de préparation de projet parle secrétariat de la Commissionsolaire mondiale.

b) Traitement des PNHP au niveau national

Avant leur soumission au Secrétariatde la Commission Solaire Mondiale,les projets NHP doivent d’abordavoir l’approbation des autoritésnationales afin de justifier leurappellation de «haute prioriténationale». Dans les pays où existeun Comité Solaire National (CSN),celui-ci est l’organe le plus indiquépour juger de l’importance au plannational du projet. À défaut, leMinistère ayant en charge les éner-gies renouvelables peut valablementaccomplir ce rôle.

Pour mieux accroître ses chances de financement, le projet doit êtreinscrit dans le plan national dedéveloppement du pays.

Il est très utile de faire apparaîtretoutes ces démarches nationalesdans l’avant-propos du document de

18 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

Page 19: Le programme solaire mondiale

projet afin de mieux sensibiliser lesbailleurs de fonds sur l’importancedu projet. Après quoi, le projet doit parvenir au Secrétariat de laCommission Solaire Mondiale quiest assuré par la Division desSciences de l’Ingénieur et de laTechnologie (SC/EST) du Secteurdes Sciences Exactes et Naturellesde l’UNESCO. Il doit être clairementcompris que l’inscription d’un projetau Programme Solaire Mondial1996-2005 n’est pas synonyme deson financement. Les efforts duSecrétariat de la CSM dans larecherche de financements doiventabsolument être complétés par :

• des démarches nationales endirection des bailleurs de fondstraditionnels du pays, des ONG,des bailleurs de fonds nationaux,etc. Cette démarche a le doubleavantage, d’une part, de mobiliserdes fonds qui sont normalementinaccessibles à la CommissionSolaire Mondiale et, d’autre part,d’accroître le nombre de projetsfinancés. Les pays membres dugroupe ACP peuvent inscrire lesprojets NHP dans le ProgrammeIndicatif National (PIN) ou

Régional (PIR) qui lient les Étatsou les régions à la CommissionEuropéenne ;

• des actions de soutien (requêtes,lettres, etc.) pour appuyer desdémarches du Secrétariat. Maisces actions de soutien n’inter-viennent qu’à la demande duSecrétariat.

c) Les démarches internationalesPour le financement des projetsnationaux ou régionaux de hautepriorité, la Commission SolaireMondiale s’adresse aux trois typesde bailleurs de fonds suivants :

• les bailleurs de fonds institution-nels, notamment la Commissioneuropéenne, la Banque Mondiale,la Banque Africaine de Dévelop-pement (BAD), le E7, la coopé-ration bilatérale, etc. ;

• les investisseurs internationaux,comme l’Electricité De France(EDF), les Industriels, etc. ;

• le Système des Nations Unies,notamment l’UNESCO, lePNUD, l’ONUDI, etc. En effet,ces institutions peuvent, dans

l’exécution des projets relevant de leurs propres domaines decompétence, privilégier l’utili-sation des énergies renouvelablespar rapport à d’autres sourcesd’énergies.

Pour le cas de l’UNESCO, le Pro-gramme de Participation peut êtreun moyen, même limité, pour lefinancement des projets du PSM.Les États Membres doivent garder à l’esprit cette opportunité dans la formulation de leurs requêtesrelatives à ce Programme.

Concernant le PNUD, cet orga-nisme établit périodiquement unprogramme propre à chaque pays,en collaboration les autorités nationales. C’est là une occasionsupplémentaire où les États peuventinscrire l’exécution des projets àénergies renouvelables.

Des formules de financement etd’exécution conjoints sont égale-ment à l’étude, sur le terrain, entrel’UNESCO et le PNUD. Les payspeuvent également aider à laconcrétisation de cette volontéexprimée par les deux agences desNations Unies.

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 19

En tant que pays ayant des besoins de développement d’une grande portée et un niveau trèsélevé d’ensoleillement, l’Afrique du Sud s’est résolument engagée dans l’utilisation de l’énergiesolaire.

Notre gouvernement applique une politique favorisant l’accès aux services énergétiques durablesdes foyers spécialement défavorisés, ainsi que des petites entreprises et des exploitationsagricoles. De ce fait, l’accent est fortement mis sur l’exploitation de petits systèmes d’énergiesolaire. Nous sommes engagés dans une série de projets pour la fourniture d’énergie d’originesolaire aux industries, aux communautés urbaines et rurales, aux établissements publics tels

que les écoles et les centres médicaux, ainsi qu’aux exploitations agricoles et forestières.

Par conséquent, nous appuyons fortement le Programme Solaire Mondial visant à stimuler la diffusion des technologiessolaires au niveau mondial. Ce programme renforcera nos efforts pour améliorer la situation socioéconomique,notamment des plus pauvres, pour créer des emplois, pour réduire les effets négatifs du secteur énergétique surl’environnement et pour contribuer au développement d’un système énergétique durable.

Son ExcellenceMonsieur Nelson Mandela

Président de la République d’Afrique du Sud de 1994 à 1999

Afrique du Sud

Page 20: Le programme solaire mondiale

a disponibilité des ressources énergétiques suffisantes et fiables favorise ledéveloppement. Cependant, ce concept a été pendant longtemps à l’origined’une confusion qui faisait que l’énergie était considérée comme un des objec-tifs de développement. Même les organismes internationaux considéraient laconsommation d’énergie conventionnelle par tête d’habitant comme un indi-cateur du degré de développement d’un pays. Or l’énergie n’est qu’un moyenqu’il faut s’efforcer de maîtriser. Un moyen certes indispensable au dévelop-pement, mais qui engendre également des nuisances locales et globales dontles effets négatifs sont immédiats et futurs. De ce fait, les énergies renouve-lables ont un rôle central dans le processus de développement durable.

Convaincu de la nécessité d’un développement durable, le président Zine ElAbidine BEN ALI n’a pas tardé à accorder une place primordiale auxquestions de l’environnement de manière générale et de développement desénergies renouvelables en particulier. Cette volonté politique s’est traduite parla mise en place de cadres institutionnels et réglementaires favorables à lapromotion de ces secteurs, dotés des outils administratifs et des moyensfinanciers et humains nécessaires. Parmi ces cadres on peut citer le ministèrede l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire et des institutionssous tutelle : l’Agence nationale des énergies renouvelables, l’Agence nationalede protection de l’environnement et le Centre international des technologies de l’environnement de Tunis.

Après l’adoption de la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à la Conférence de Rio sur l’environnement et le développement durable en 1992,la Tunisie a fait sien le concept de développement durableen intégrant les trois dimensions : économique, sociale etenvironnementale. L’énergie s’est trouvée au cœur de ce débat « environnement/développement » à la fois commevecteur incontournable de développement économique etcomme une des causes majeures de la dégradation del’environnement global à travers l’émission des gaz à effet de serre.

Le développement des énergies renouvelables en Tunisie

20 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

Ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire – Tunisie

FAÏKA KEFI

L

Page 21: Le programme solaire mondiale

Ce à quoi s’ajoutent les bureauxd’études spécialisés et les équipesd’installation créées à l’échelle deszones bénéficiaires des projets.

Consciente du rôle que les énergiesrenouvelables peuvent jouer dans le système énergétique général etdes services rendus aux usagers, la Tunisie a accordé une priorité aux programmes de formation etd’éducation dans ce domaine. Cesprogrammes, qui ont été basés surles nouvelles technologies adaptées aucontexte tunisien et sur des méthodesmodernes de formation alliant théorieet pratique en tenant compte desconditions locales, s’adressent à tous les acteurs concernés afind’assurer le succès de l’étude, del’installation, du suivi et de la main-tenance des différents projets réalisésdans ce domaine. Parmi les acteursconcernés figurent les décideurs(ingénieurs, économistes, cadres de promotion, etc.), les technicienslocaux (pour l’installation et la main-tenance) et les usagers. La coopérationétrangère a contribué efficacementau développement de ces programmes

Énergies renouvelables pour le développementLes potentialités en matière de res-sources d’énergies renouvelables sontimportantes en Tunisie. L’énergieéolienne, la biomasse, l’énergiegéothermique et surtout l’énergiesolaire ont l’avantage d’être desressources abondantes et fiables dansde nombreux domaines. Les techno-logies correspondantes ont atteintune certaine maturité au plan de la production et de l’applicationnotamment dans les chauffe-eausolaires et les systèmes solairesphotovoltaïques.

Il faut souligner la concordance dela dimension sociale de la stratégiede promotion des énergies renou-velables en Tunisie avec une visionglobale du développement. Le pro-gramme d’électrification photovol-taïque, l’une des principales actionsde l’Agence nationale de énergiesrenouvelables, s’inscrit dans le cadrede la politique volontariste de déve-loppement économique et social deszones rurales les plus défavorisées.En Tunisie, les énergies renouvelablescontribuent de manière effective etconcrète à l’amélioration des condi-tions de vie des populations ruralesen leur apportant de l’électricité pourl’éclairage, l’audiovisuel, l’éducation,la conservation des médicaments, lacommunication, l’approvisionnementen eau potable d’une part, la créationd’une dynamique industrielle pour la production, l’installation des équi-pements économes en énergie etutilisant les énergies renouvelables,d’autre part.

Dans ce cadre, le secteur privé estdevenu aujourd’hui un acteur dudéveloppement de ce domaine. Ainsi,plus d’une dizaine d’entreprises sontactives dans la production des équi-pements (chauffe-eau solaires, batte-ries solaires, quelques composantsphotovoltaïques) et la commerciali-sation (représentation des produitsétrangers dans un cadre de consor-tium avec des sociétés locales).

notamment à travers la CommissionEuropéenne, l’UNESCO, les Agenceseuropéennes chargées des énergiesrenouvelables, le PNUD, des ONG,des bureaux d’études, etc. Ainsi,différentes compétences ont étéformées à travers tout le pays dansplusieurs disciplines (solaire thermiqueet photovoltaïque, biogaz rural etindustriel, éolien, géothermie etc.),des nouveaux postes ont été créés,des petits métiers ont été développésdans les zones rurales défavoriséespermettant l’amélioration de laproductivité familiale.

3. Réalisations et perspectivesSur le plan économique, les énergiesrenouvelables sont déjà la ressourceénergétique la plus adaptée pourcertains usages et dans certainesconditions. Prenons l’exemple de l’élec-trification des populations ruralesdispersées. Les analyses écono-miques montrent que l’utilisation desénergies renouvelables, notammentl’énergie solaire photovoltaïque,reste le mode d’électrification le

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 21

Pompage d’eau par l’énergie éolienneet l’énergie solairephotovoltaïque, Sud Tunisie.

Page 22: Le programme solaire mondiale

moins cher, aussi bien à l’investis-sement qu’au fonctionnement. Il enest de même pour la desserte en eaupotable des zones rurales isolées, où le pompage par l’énergie solairephotovoltaïque ou parfois par l’énergie éolienne est souvent lemoyen le plus économique.

Avec une dizaine de milliers de sys-tèmes solaires photovoltaïques d’unepuissance unitaire de 100 wattsinstallés dans des habitations ruralesisolées et dispersées, dans environ200 écoles éloignées du réseaunational et ce, dans le cadre d’unprogramme national d’électrificationrurale visant l’équipement de 70 000foyers à l’horizon 2010, la Tunisiecompte parmi les pays avancés dansla promotion de l’énergie solairephotovoltaïque dans le milieu rural.C’est ce qui lui a valu une place de choix dans la dynamique de lacoopération régionale dans le bassinméditerranéen. Rappelons que laTunisie est membre de la Commission

solaire Mondiale mondiale depuisseptembre 1996 et est actuellementle point focal du réseau africain des énergies renouvelables, et des éco-technologies dans le cadrede la Convention de lutte contre la désertification.

Dans le domaine de chauffage del’eau sanitaire, la fabrication deschauffe-eau solaires a démarré depuisune vingtaine d’années. Actuellement,on compte plus de 50 000 m2 decapteurs solaires installés chez lesménages et dans le secteur tertiaire(hôtels, hôpitaux, centres sportifs,etc...). Vu la tendance de l’évolutionde la consommation d’eau chaudede ces secteurs à l’horizon 2010, lepotentiel des chauffe-eau solaires est estimé à 1,5 millions de m2 decapteurs. Par ailleurs, il est prévud’installer 1 million de m2 à cettehorizon ; ce qui conduira à uneéconomie d’énergie estimée à100 000 tonnes équivalent pétrolepar an permettant d’éviter le

dégagement dans l’atmosphère de 300 000 tonnes de CO2/an.

Dans le souci de préserver l’environ-nement et de ralentir le processusde déforestation, un programme aété mis en place pour développer un type de couvercle utilisé pour lacuisson du pain dans les fours tradi-tionnels, pratique courante dans les foyers ruraux et qui permet deréduire la consommation de bois de 50%. Actuellement, des opéra-rations de sensibilisation et devulgarisation, notamment avec lesorganisations non gouvernementales(ONG) et les associations activesdans plusieurs régions de la Tunisiesont menées afin de renforcer ceprogramme.

La production de biogaz à partir dela biomasse organique vise à protégerl’environnement et valoriser l’apporténergétique de ces déchets en vuede satisfaire une part des besoinsénergétiques. Dans ce cadre, l’expé-rience tunisienne a couvert des unités

22 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

En ma qualité de membre de la Commission solaire mondiale, il me plaît d’apporter mon soutienau « Processus du Sommet solaire mondial », 1996-2005, initié par l’UNESCO, et d’exprimer monadhésion totale aux efforts mondiaux de développement durable, respectueux des équilibresécologiques et fondé sur le partenariat et la solidarité internationale agissante.

Dans ce contexte mondial, et fidèle à ses principes et ses engagements, la Tunisie s’est dotéed’une stratégie claire en matière de développement des énergies renouvelables, visantessentiellement l’approvisionnement énergétique des zones rurales afin d’améliorer les conditionsde vie du citoyen tunisien dans ces régions.

Tout en renouvelant nos appels à la communauté internationale afin que les pays et organismes donateurs redoublentd’efforts en apportant un soutien inconditionnel à la mobilisation des fonds requis pour mener à bien ce processus,nous tenons à réaffirmer la volonté et l’engagement de la Tunisie à apporter son appui aux efforts entrepris par lebiais de ses compétences et ses institutions spécialisées dans les domaines scientifique et technologique.

Son Excellence,Monsieur Zine El Abidine Ben Ali

Président de la République TunisienneAvril 1998

Tunisie

Page 23: Le programme solaire mondiale

familiales au plan des fermes d’éle-vage de bovins et des installationsindustrielles, de même qu’au plandes stations d’épuration des eauxusées. Actuellement, un projet pilotede production industrielle de biogazutilisant les fientes de volailles esten cours de réalisation. Cette unitépourrait être généralisée pour traiterégalement les déchets d’originesdomestique, industrielle et animale.

Concernant l’énergie éolienne, les études préliminaires réaliséesmontrent les possibilités offertes par l’exploitation de cette sourced’énergie pour l’approvisionnementen énergie électrique et pour contri-buer à faire face aux problèmesinhérents aux réserves de pétroleainsi qu’aux moyens de productionélectrique. De ce fait, l’exploitationà grande échelle de l’énergie éolienneconstitue une alternative économiquede production d’énergie électrique.Le projet d’installation et d’exploi-tation d’une ferme éolienne d’unepuissance de 10 MW au nord de laTunisie constitue actuellement unepremière expérience en attendant

sa généralisation. Dans ce sens, onprévoit l’installation d’une dizainede centrales de ce type d’ici 2010,ce qui porterait les capacités à 100 MW produisant une énergieélectrique de 250 GWh/an corres-pondant à environ 60 000 tonneséquivalent pétrole par an écono-misées et à 180 000 tonnes de C02évitées.

Enfin, par leur caractère « sobre» et«propre», les énergies renouvelablessont parmi celles qui sont totalementcompatibles avec un développementrespectueux de l’environnement. Le programme de développementde ces énergies à l’horizon 2010 enTunisie permettrait d’éviter l’émissiondans l’atmosphère de plus de 1 millionde tonnes de CO2 par an. Ensuite,de par leur nature, ces énergies ontun caractère renouvelable et illimitédans le temps, ce qui est complè-tement en harmonie avec l’une desexigences fondamentales du conceptde développement durable : la garan-tie de la satisfaction des besoins desgénérations futures.

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 23

Du 15 au 20 mai 2000, l’IEPF aorganisé, en collaboration avec leCEREF (Centre d’études en régle-mentation économique et financièrede l’Université de Sherbrooke) et laRégie de l’énergie du Québec, unesession intensive de haut niveausur La réglementation économiqueet financière dans l’industrie élec-trique : les dimensions écono-miques, juridiques et financièresde la réglementation économique.Cette session s’adressait aux res-ponsables et décideurs de l’indus-trie électrique qui doivent mettreen œuvre la fonction de contrôleréglementaire dans leurs paysrespectifs. Vingt-cinq participantsont suivi le programme de forma-tion qui donnait lieu à la délivranced’un certificat de trois créditsuniversitaires par le départementd’Économique de l’Université deSherbrooke. M. Dibongue Kouo([email protected]), responsable duprogramme « Politiques énergé-tiques », assurait la coordination decette formation. Les participantsont par la suite assisté au Forummondial sur la régulation de l’éner-gie, organisé par la Régie del’énergie, qui se tenait à Montréaldu 21 au 24 mai 2000. Ce forumréunissait tout près de mille parti-cipants provenant de quatre-vingt-dix pays.

Brève

300 m2 de chauffe-eau solaires Hôpital Gafsa, Tunisie

Page 24: Le programme solaire mondiale

a population du pays est d’environ 9 millions d’habitants et s’accroît assezrapidement, au rythme de 3,2% par an. La plus grande partie de la population(85%) vit en milieu rural où les principales activités sont l’agriculture etl’élevage. Le taux d’urbanisation très faible (15%) croît néanmoins assez viteà cause du taux élevé de l’exode rural, amplifié parfois par la survenue dessécheresses.

Le Produit intérieur brut (PIB) par habitant était de 290 $ US en 1990. Laconsommation énergétique est très faible et est de l’ordre de 180 kep parhabitant et par an. Cette consommation se répartit comme suit : 91% decombustible ligneux (bois et résidus agricole), 7% de produits pétroliers et2% d’électricité. Le taux d’accès à l’électricité de la population est de 6%.L’électricité est importée à 54% à partir du Nigeria et produite à 39% à partirdu charbon minéral.

Fort de son avantage sur la disponibilité quasi permanente de l’énergiesolaire, le pays s’est lancé très tôt dans l’exploration de l’utilisation de cette forme d’énergie en créant l’Office de l’énergie solaire (ONERSOL)dans les années 60. Ainsi, plusieurs formes d’utilisation des énergiesrenouvelables ont été expérimentées ou adoptées au Niger. On peut citer,notamment, le chauffe-eau solaire, l’énergie solaire photovoltaïque pourdivers usages (pompage de l’eau, équipement des centres de santé, télécommu-nications), l’énergie éolienne pour le pompage, le biogaz pour diversesapplications, les foyers améliorés, etc.

Le Niger est un pays continental situé dans la régionsahélienne de l’Afrique entre le 12e et le 23e parallèlesnord. Géographiquement, le pays est divisé en deuxparties : une partie nord désertique constituant les 3/4

du territoire et une bande sud, recevant relativement plusde pluie, où vivent les 3/4 de la population. Dans cettedernière zone, le climat se caractérise par une saison de pluies qui dure en moyenne trois mois (de juillet à septembre) et une saison sèche le reste de l’année.

Les énergies renouvelables au Niger

24 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

L

Yahaya Saleye est expert associé à la Section desSciences exactes et naturelles,division Sciences de l’Ingénieuret de la Technologie (SC/EST)de l’UNESCO.

YAHAYA SALEYE

Page 25: Le programme solaire mondiale

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 25

I. Gisement d’énergiesrenouvelables au Niger

Le gisement d’énergies renouvelablesle plus abondant et le plus unifor-mément réparti sur le territoirenational est certainement l’énergiesolaire. Les autres formes d’énergierenouvelable sont aussi présentes etla situation se présente globalementcomme suit :

– L’ensoleillement est assez réguliersauf au mois d’août, où il estfortement réduit par la présencedes nuages. Ainsi les valeursmoyennes mensuelles observéesvarient de 5 à 6 kWh/m2 par jouret la durée moyenne d’insolationest de 8,5 heures par jour ;

– Bien que n’ayant pas beaucoup decours d’eau permanents, le paysdispose néanmoins de quelquessites importants propices à laconstruction de barrages hydro-électriques. Ces sites sont situés sur le fleuve Niger et ses affluentset sont notamment : le site deKandadji avec une potentialitéannuelle de 1,322 GWh, le site deGambou avec 360 GWh et celuide Dyodyonga avec 75 GWh;

– Le gisement de l’énergie éoliennese caractérise, d’une part, par sadisponibilité à travers tout le payset, d’autre part, par la modestie deson ampleur. Ainsi les moyennesdu vent varient de 2,5 à plus de 5 m/s selon les localités. En généraldans la zone nord désertique, lavitesse du vent est plus élevée ;

– Le pays étant situé aux 3/4 dansune zone désertique, son potentielforestier est, par conséquent, trèsréduit. Il se pose alors, à l’imagede tous les pays sahéliens, unproblème de gestion du capitalforestier, qui tout en étant trèsfaible constitue aussi la principalesource d’énergie de ces pays (91% pour le cas du Niger).

L’énergie géothermique, bien quedisponible dans certains sites de

la zone nord du pays, reste encorenon exploitée.

II. Situation actuelle del’utilisation des énergiesrenouvelables

Toutes les sources d’énergies renou-velables citées dans les paragraphesprécédents, à l’exception de lagéothermie, connaissent un débutd’exploitation, mais restent encorelargement sous-utilisées.

2.1. L’UTILISATION DE L’ÉNERGIESOLAIRE

Les deux principales applications de l’énergie solaire directe, photo-voltaïque et thermique, dépassentlargement le stade de démonstrationou d’application pilote. Mais le niveaud’utilisation atteint reste insignifiantpar rapport aux potentialités et auxbesoins du pays.

2.1.1. L’ÉNERGIE SOLAIREPHOTOVOLTAÏQUE

Les premières utilisations à grandeéchelle de l’énergie solaire photo-voltaïque ont commencé au milieudes années 1970 avec l’installationde 1 370 postes téléviseurs, alimentéspar des modules solaires photovol-taïques, sur toute l’étendue du terri-toire. À la fin de l’année 1993, la

puissance totale installée était de280 kWc (voir tableau 1).

Comme le montre le tableau 1,l’utilisation la plus importanteconcerne l’exhaure de l’eau (44%),suivi de la télécommunication (31%).La prépondérance de l’exhaure del’eau s’explique, d’une part, par lafiabilité des équipements et leurdegré d’automatisation et, d’autrepart, par l’importance du secteurhydraulique pour un pays sahélienoù l’eau de surface est très rare. Le secteur des télécommunicationsbénéficie aussi largement dudéveloppement de l’énergie solairephotovoltaïque pour alimenter desrelais qui se situent naturellement en brousse, très éloignés de touteagglomération. En considérant lestélécommunications au sens large(télévision, radio émetteur-récepteur),on s’aperçoit que celles-ci représen-tent plus de 47% des puissancesinstallées. L’électricité solaire photo-voltaïque intervient aussi dans lesecteur de la santé pour l’éclairage,la production du froid et le brassaged’air. Ainsi elle améliore nettementle service de santé en rendantpossible la conservation de certainsvaccins, en augmentant le confortdes soignants et des malades et encréant les conditions de meilleuresinterventions nocturnes.

Secteur d’activité Puissance installée (kWc) Pourcentage

Exhaure de l’eau 123,5 44,1

Télécommunication 86,0 30,7

Télévisions communautaires 41,5 14,8

Installation du secteur privé 10,4 3,6

Radios émetteurs-récepteurs stationnaires 5,5 1,9

Dispensaires ruraux 5,0 1,7

Stations relais de télévision 2,0 0,7

Autres installations (balisage, compteurs 6,0 2,5de véhicules, station météorologique)

Répartition des puissances solaires photovoltaïques installées par secteurs d’utilisation

Tableau 1

Source : PSE, Décembre 1993

Page 26: Le programme solaire mondiale

Équipement solaire Nombre Secteur d’utilisation Observations

Chauffe-eau 281 Administration publique

204 Particuliers

23 Exportation

Distillateur 43 Industries (télécommunication, Exportation vers le Bénin garages, savon) et écoles et le Burkina Faso

7 Exportation

Séchoirs 15 Institutions de recherches

Cuisinière 33 Centres de santé et particuliers Ils servent à la cuisson des aliments, à la production d’eau chaude sanitaire et à la stérilisation des équipements médicaux

2.1.2. L’ÉNERGIE SOLAIRETHERMIQUE

L’utilisation la plus importante del’énergie solaire thermique est lechauffe-eau solaire dont la promotionest assurée par le Centre nationald’énergie solaire (CNES, ancienne-ment ONERSOL). Ainsi, ce centrea installé, de 1976 à 1997, quelque508 chauffe-eau solaires de capacitévariant de 200 à 1 000 litres d’eauchaude par jour (voir tableau 2).Les utilisations les plus courantes du chauffe-eau relèvent de la produc-tion d’eau chaude sanitaire, surtoutpendant la saison froide et durant les périodes post-accouchement. Le coût élevé des équipements etdes charges d’entretien constituentles principales contraintes limitant la diffusion de cet appareil.

Parallèlement au chauffe-eau solaire,le CNES s’est aussi attaché à lapromotion d’autres applications del’énergie solaire thermique dont ledistillateur, le séchoir et les cuisi-nières solaires à concentration (voirégalement tableau 2). Le distillateursert à la production de l’eau distilléepour les usages des laboratoires etd’entretien des batteries à solutiond’acide. Les capacités des appareilssont de 10 et 25 litres par jour. Leséchoir permet de sécher les produitsalimentaires à l’abri des mouches etde la poussière, deux facteurs quilimitent de beaucoup la qualité del’hygiène alimentaire au Niger. Quantaux cuisinières, leur large diffusionest susceptible de réduire de façonsignificative la consommation debois pour la cuisson des aliments.Face à la menace environnementaleque constitue la surconsommationdu bois-énergie dans les régionssemi-désertiques du Sahel, la maîtriseet la vulgarisation des cuisinièressolaires méritent d’être fortementencouragées.

Il doit être rappelé que le CNES a expérimenté, pendant plusieursannées, l’utilisation des moteurssolaires thermodynamiques pourl’exhaure de l’eau (voir tableau 3).

Ces expériences rentrent dans ladynamique de l’utilisation des moteurssolaires thermiques qui, actuellementdans le monde, constituent la seuleforme d’énergie solaire directe com-pétitive par rapport à l’énergie fossile(cf. le cas de Luz International Ltd,en Californie).

2.2. L’HYDROÉLECTRICITÉ

La rareté des cours d’eau permanentsexplique en partie l’absence des sitesd’exploitation hydroélectrique auNiger. Les sites identifiés (voir para-graphe I) sont de grande capacité etdemandent donc des moyens finan-ciers importants pour leur mise envaleur. Néanmoins, on peut souli-gner que la moitié de l’électricité

consommée dans le pays provient du barrage hydroélectrique de Kainji,au Nigeria.

2.2. L’UTILISATION DE L’ÉNERGIE ÉOLIENNE

Comparée à celle de l’énergie solaire,l’utilisation de l’énergie éoliennesemble être encore au niveau de ladémonstration. Après les premièresinstallations des années 50 du SudanInterior Mission (SIM), il s’est manifesté,récemment, soit dans les années 90,un regain d’intérêt pour cette formed’énergie avec l’installation de sept(7) éoliennes par le Projet Énergie éolienneau Niger (PEEN). Depuis lors, biend’autres installations ont eu lieu, mais toujours pour le même besoin

Équipements solaires thermiques installés au Niger par le CNES de 1976-1997

Tableau 2

Soit un total de 508appareils. Exportationvers le Bénin, le BurkinaFaso et le Togo.

Année Marque Type de moteur Puissance Observations

1992 ENSAM de Paris Moteur à membrane 0,6 kW Sur un puits de laboratoire

1988 Dornier Piston à double effet 1 kW Alimentation en eau du village de Simiri (2 500 habitants)

1981 Onersol-Spilling Moteur à vapeur 10 kW Test inachevé

1979 Sofretes Irrigation au village de Karma

1969 Sofretes Alimentation en eau du village de Bossey-Bongou

Moteurs thermodynamiques expérimentés par le CNES pour l’exhaure de l’eau

Tableau 3

26 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

Page 27: Le programme solaire mondiale

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 27

Site Nombre Volume Type Utilisationdu digesteur

Lossa I 2 5 m3 chacun Discontinu Alimentation d’un moteur mixte (biogaz-gazole)

2 3 m3 chacun

Lossa II 1 20 m3 Continu Alimentation d’un groupe électrogène et d’une pompe à pression

Chikal 1 20 m3 Continu Alimentation d’un groupe électrogène

N’Dounga 1 6 m3 Continu Cuisson des aliments

Maradi 2 6 m3 chacun Discontinu Cuisson des aliments

Kirkissoye 1 8 m3 Continu Cuisson des aliments

Toukounous I 1 6 m3 Discontinu Alimentation d’un groupe électrogène

1 8 m3

Toukounous II 1 60 m3 Chinois Alimentation d’un groupe électrogène mixte biogaz-gazole

Niamey 2 6 m3 chacun Continu Cuisson des aliments

d’exhaure de l’eau. En juin 1992, lenombre total d’installations s’élève à 38.

Les installations éoliennes d’exhaurede l’eau coûtent environ 5 fois moinscher que les installations en pompessolaires photovoltaïques (7 millionsde F CFA contre 30 à 40 millions enmoyenne). Mais elles comportentl’inconvénient d’entraîner des chargesd’entretien importantes. Une étudedes équipements et matériaux utilisésaiderait certainement à augmenter lafiabilité des installations et à gagnerainsi sur les charges d’entretien.

2.3. L’USAGE DE LA BIOMASSE

Dans le domaine de la biomasse ondistingue essentiellement le bois dechauffe ou bois énergie et le biogaz.Le premier relève d’une utilisationtraditionnelle qu’il faudra rationaliseret adapter aux exigences de l’envi-ronnement alors que le second estune forme de récupération desdéchets pour produire une formeévoluée d’énergie.

2.3.1. LE BIOGAZ

En 1997, il a été recensé un ensemblede 13 installations de production debiogaz au Niger dont la quasi totalité

est hors service (voir tableau 4).L’observation de ce tableau montrequ’il existe deux utilisations courantesdu biogaz : la cuisson des alimentset le fonctionnement des groupesélectrogènes bi-énergie.

L’arrêt de toutes ces installations, de production du biogaz, parfois degrande capacité, mérite une granderéflexion afin d’en dégager les causesprofondes. Néanmoins, on doit sou-ligner la simplicité de la technologieet la disponibilité locale des matériauxessentiels. Par ailleurs, la productionsubséquente d’engrais organiquespar le digesteur dégage le systèmede toute concurrence éventuelledans l’utilisation des matièrespremières qui sont les déchets.

2.3.2. LE BOIS-ÉNERGIE

La question de la consommation dubois-énergie revêt une importancecapitale à cause, d’une part, de sonimplication dans l’équilibre environ-nemental de la région sahélienne engénéral et, d’autre part, du fait quele bois constitue la première sourced’énergie du pays (91% du bilanénergétique global). Au début desannées 1980, des études menées parle projet forestier PUSF ont établi

un bilan général des ressourcesforestières. Bien que comportant desimprécisions, il donne néanmoinsun aperçu général du problème quise traduit par un déficit annuel de1,38 million de tonnes de bois paran (voir tableau 5).

À cause de la faible productivité des forêts, les interventions despouvoirs publics dans le domaine de la biomasse portent surtout sur la gestion des ressources disponiblesà travers les mesures suivantes :

– la substitution du bois par l’énergiefossile (pétrole, gaz, charbonminéral prétraité) notammentpour la cuisson des aliments ;

– la gestion de l’offre par demeilleures organisations des forêts naturelles ou plantées ;

– la gestion de la demande par desmesures de rationalisation (foyersaméliorés, taxes).

Toutes ces mesures ont, pour lemoment, des portées limitées. Il estdonc nécessaire de poursuivre lesefforts pour éviter au pays et à larégion une désertification pluspoussée.

Installations de production de biogaz au Niger

Tableau 4

Alimentation d’un moteur mixte (biogaz-gazole) entraînant un moulin à grain

Page 28: Le programme solaire mondiale

ConclusionÀ travers ce texte succinct sur lasituation des énergies renouvelablesau Niger, on mesure aisément l’im-portance que revêt l’utilisation accruede ces sources d’énergies pour ledéveloppement du pays. On évalueaussi les efforts déployés par lesdifférents acteurs pour la maîtrise etle développement de ces énergies.En terme de perspectives, on doitrapporter que les autorités nigériennesont inscrit au Programme solairemondial 1996-2005 (PSM) 19 projetsnationaux de haute priorité. Cesprojets ont trait à :

– l’utilisation accrue de l’énergiesolaire photovoltaïque pour ledéveloppement rural (sauvegardede l’environnement, éducation desenfants et des adultes, animationde centres culturels, maraîchage,alimentation en eau potable,équipement des centres de santé) ;

– le renforcement des capacités desinstitutions chargées du dévelop-pement des énergies renouvelables ;

– le développement et la vulgari-sation des équipements solairesthermiques (extracteur de sel,séchoir, cuisinière) ;

– la promotion de digesteurs pour la production de biogaz ;

– la diffusion de l’utilisation deséoliennes.

La réalisation de ces projets consti-tuera sans doute une grande avancéedans le développement des énergiesrenouvelables au Niger.

Sources :

– FOULANI, P., BA, A. et KIRI, T., Bilandiagnostic des stratégies, programmes etprojets dans le domaine des énergiesrenouvelables au Niger, Décembre 1997.

– YAHAYA S. et KIRI T., Étude du marchépotentiel des micro-systèmes solaires PV auNiger, Niger, Juillet 1997.

– Les atlas, Jeune Afrique, Niger, ÉditionsJeune Afrique, 1980.

– TRIEB, Frantz (de l’Institut pour laThermodynamique technique deStuttgart (Allemagne), Solar ElectricityGeneration, 1995.

Département Productivité (tonnes) Consommation (tonnes) Solde (tonnes)

Agadez 1.800 91.980 – 90.180

Diffa 21.517 55.003 – 33.486

Dosso 409.770 306.600 + 103.170

Maradi 90.000 398.815 – 308.815

Tahoua 27.672 485.000 – 457.328

Tillabéry 300.000 600.000 – 300.000

Zinder 60.000 200.000 – 140.000

Niamey (C.U.N.) 0 156.000 – 156.000

TOTAL 910.759 2.293.398 – 1.382.639

Bilan de productivité forestière et de consommation de bois-énergie

Tableau 5

28 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

La dernière livraison d’Objectif Terre, le bulletin du développement durable de l’espace francophone publié trimestriellementpar l’IEPF en collaboration avec l’Observatoire de l’écopolitique internationale de l’UQAM (Université du Québec à Montréal),est disponible depuis avril 2000.

Au sommaire, vous y trouverez, entre autres, un article de fond sur le Protocole de Kyoto et une nouvelle rubrique surl’évaluation des impacts sur l’environnement.

Consultable en ligne sur le site de l’IEPF (www.iepf.org), vous pouvez également le recevoir en version papier en nousenvoyant votre demande d’abonnement et vos coordonnées postales précises à l’adresse habituelle de l’IEPF.

Brève

Page 29: Le programme solaire mondiale

Au cours de l’année 1993, l’Institut décide d’amorcer un programme d’équipement de communes rurales en turbines

de basses chutes dans le cadre du volet « développement technologique » de sa programmation. La finalité de cette

action, à l’instar de la plupart des projets de terrain à vocation de démonstration de l’Institut, est de pourvoir en

énergie électrique les communautés rurales, décentralisées par rapport au développement des réseaux. Dans le cas

de la commune rurale de NYAKABANDA qui se trouve à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale

Kigali, il s’agit d’équiper la rivière qui traverse le village d’une turbine de 65 kW pour alimenter une population de

3 000 personnes qui n’est pas raccordée au réseau de la société nationale ELECTROGAZ.

Ce projet a été réalisé à partir d’un financement de la Région Wallonne de Belgique. Les principes de base qui sous-

tendent sa réalisation concernent la nécessité d’une gestion communautaire par les villageois eux-mêmes, de la

réalisation et de leur implication dans la dynamique de mise en œuvre du projet. La petite centrale hydroélectrique

de NYAKABANDA qui a été mise en service au mois de janvier 1994 est ainsi le résultat d’une collaboration exemplaire

entre :

• une ONG locale, les Compagnons Fontainiers du Rwanda (COFORWA), que l’Institut a mise en rapport avec le

fournisseur belge des équipements électromécaniques, les Établissements WILLOT JLA. Le fabricant belge de la

turbine a accueilli en formation dans ses ateliers, pendant le cycle de fabrication de la turbine, deux techniciens

de COFORWA choisis pour leur ingéniosité et qui sont en charge actuellement de l’entretien et de la maintenance

des équipements pour en limiter les ruptures de charge.

• les populations bénéficiaires encadrées par le bourgmestre de la commune rurale concernée, pour les aspects

« gestion commerciale » des branchements réalisés en aval de la mise en service de la PCH. Cette autogestion de

ce micro-aménagement permet aujourd’hui de générer les ressources qui permettent à la commune rurale de veiller

à la pérennité du fonctionnement de l’installation.

Fait notable : ce schéma d’appropriation technique a permis à cette PCH de « survivre à la guerre », puisque les

techniciens formés ont été capables de démonter les équipements pendant les troubles civils qu’a connus le Rwanda

et que la turbine, qui a été entièrement remontée localement après les douloureux événements dans ce pays, continue

aujourd’hui à alimenter les populations de la commune rurale de NYAKABANDA en énergie électrique.

Ces activités de terrain intégrées aux activités d’information, de formation et de mobilisation d’expertises ont permis

le développement de synergies et surtout de partenariats qui, au-delà de l’action de l’IEPF, perdurent sur le terrain,

que ce soit en bilatéral ou en multilatéral.

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 29

Petite centrale hydroélectriquede NYAKABANDA (Rwanda)

Page 30: Le programme solaire mondiale

es raisons en sont bien connues et les principales sont, à l’instar des autrespays industrialisés :

• des coûts encore trop élevés, dus notamment au marché très limité ;

• une structuration insuffisante du secteur professionnel ;

• l’absence de prise en compte en termes économiques des impacts sociauxet environnementaux des usages énergétiques ;

• la structure de leur coût, investissement élevé et faibles frais de fonctionne-ment couplés au manque de confiance des institutions financières et des investisseurs.

Le contexte a cependant évolué favorablement ces dernières années. Lesprogrammes très ponctuels et structurés lancés par l’État ont connu certainssuccès, comme le Plan Bois-Énergie et Développement local, 20 000 chauffe-eau solaires dans les DOM ou l’électrification des sites isolés. Le programmeÉole 2005, qui a pour objectif d’installer 500 MW de centrales éoliennes,tarde à se concrétiser mais a néanmoins eu le mérite de stimuler l’intérêt del’industrie pour cette technologie. Le contexte a surtout évolué au plan

Les énergies renouvelables occupent une place limitéedans le paysage énergétique français : de 7 %, selonEurostat, à 12 % suivant le Secrétariat d’État à l’Industrie.Cette différence s’explique par deux facteurs. L’équiva-lence entre énergie thermique et énergie électrique est 1 MWh = 0,086 tep pour Eurostat et 1 MWh = 0,222 teppour les statistiques françaises. Par ailleurs, Eurostat netient pas compte de la consommation de bois-énergie noncommerciale qui est estimée à 4 Mtep. Au-delà de cesdivergences statistiques, le constat est le même : lesénergies renouvelables ont aujourd’hui une contributionlimitée assurée par deux sources qui n’ont pas tendance àaugmenter, l’hydroélectricité et le bois-énergie. Les autresformes d’énergies renouvelables, géothermie, solaire et éolien,n’occupent qu’une place très marginale.

France – Vers undéveloppement durable des énergies renouvelables

30 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

L

Jean-Louis BAL, directeur-adjoint du Bâtiment et des Énergies renouvelables et Chargé des Énergies renou-velables à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie(ADEME).

JEAN-LOUIS BAL

Page 31: Le programme solaire mondiale

international, dans le domaine de lalutte contre le changement climatiqueavec les engagements pris, lors desconférences de Kyoto et Buenos-Aires, par l’Union Européenne et, enparticulier, la France. Celle-ci s’estengagée à stabiliser en 2008-2010ses émissions de gaz carbonique auniveau de 1990. Au vu des tendancesactuelles, la France émettrait en 2010un surplus de 16 Mt C-équivalentdans le cadre d’une politique delaisser-faire.

Une première mesure a été annon-cée en février 1998 par le premierministre, M. Lionel JOSPIN: larelance de la politique de maîtrisede l’énergie et de développementdes énergies renouvelables avec unenouvelle dotation budgétaire pérennede 500 MFRF/an pour l’ADEME.

Sur cette base, l’ADEME a défini unprogramme portant sur la période1999-2006 et qui identifie trois axesde développement des énergiesrenouvelables :• la diffusion des technologies mûres

vers les marchés accessibles àsavoir le bois-énergie, le solairethermique et l’éolien, avec unaccent particulier sur les DOM-TOM et la Corse où le coût élevéde l’énergie et son contenu en CO2rendent les énergies renouvelablesparticulièrement attractives ;

• La recherche et développementvers des technologies en devenircomme les biocomposants decarburants, la chimie des moléculesvégétales et le biogaz, l’éolien enmer, le solaire photovoltaïque, le rafraîchissement solaire ou lagéothermie de roches fracturées ;

• L’accompagnement de filières spé-cifiques comme les biomatériaux,la géothermie basse température,la petite hydroélectricité et l’élec-trification rurale décentralisée, quiont atteint la maturité mais doiventfaire face à des problèmes structu-rels et commerciaux de diffusion.

Les objectifs du programme del’ADEME sont détaillés en encadré.

1999 a été la première année demise en œuvre de ce programme.Elle aura été marquée par un renfor-cement marqué des programmesantérieurs les plus importants :Agrice pour les applications nou-velles de ressources renouvelablesd’origine végétale, le programmebois-énergie et le développementdes énergies renouvelables dans les DOM. Mais l’année 1999 auravu également la préparation ou lelancement de programmes nouveauxcomme Hélios 2006, le programmebiogaz, le plan construction – envi-ronnement – bois, ainsi que la réactualisation de domaines d’inter-vention plus traditionnels comme la géothermie basse température etla petite hydraulique.

Il convient surtout de souligner quele développement des énergiesrenouvelables s’inscrit durablementdans la stratégie de lutte contrel’effet de serre. Celle-ci se déclined’abord dans un contexte national.La MIES (Mission interministériellede l’effet de serre) a préparé avecl’aide de l’ADEME le Plan françaisde lutte contre l’effet de serre. Lesénergies renouvelables y apporterontune contribution très significativeestimée par l’ADEME à plus de 1 million de tonnes de carbonesupplémentaires évitées annuellementà l’horizon 2010.

Mais la prévention du changementclimatique se place également dansun contexte européen et interna-tional. La Commission de l’UnionEuropéenne, à la suite des engage-ments de Kyoto, a proposé à traversson livre blanc des sources d’énergiesrenouvelables de doubler à l’horizon2010 la part des énergies renouve-velables dans la consommationénergétique européenne, c’est-à-direde passer de 6 à 12% de cetteconsommation. Cet objectif nepourra être atteint que si chacun des États membres le décline à sonniveau et définit les politiques etmesures nécessaires. Cet enjeu feraprobablement l’objet d’une directive

européenne dont le projet a déjà étéabondamment discuté en 1999, et lesera encore en 2000.

Au plan conjoncturel, le dévelop-pement des énergies renouvelables a dû faire face, en 1999, à uncontexte plus mouvant marqué à la fois par le renchérissement descombustibles et carburants fossileset par la dérégulation du marché del’énergie, actuellement l’électricité etprochainement le gaz. Ce constatincite plus encore à la promotiond’un marché européen différenciédes énergies renouvelables grâce,notamment, à la mise en place future de permis négociables ou de «certificats verts» matérialisantles avantages environnementaux liés à ces nouvelles énergies.

Ouvrir le marché aux énergiesrenouvelables dans le but de réduireles émissions de CO2 est donc lepremier axe de la politique menéepar les pouvoirs publics français eteuropéens. Le second axe vise àasseoir durablement la légitimitééconomique et la compétitivité desénergies renouvelables en valorisantles débouchés positifs qu’elles com-portent (CO2, emplois, balancecommerciale...) et en permettant auxréseaux professionnels de s’organiseret de proposer des produits ouservices concurrentiels et de qualité.Les programmes conduits parl’ADEME et ses partenaires en 1999peuvent à cet égard être classés endeux grandes catégories :

• Des programmes de Recherche,Développement et Démonstrationqui visent à moyen et long termeà améliorer la performance destechnologies et à en réduire lescoûts : agrice, bois matériau, photo-voltaïque, géothermie des rocheschaudes sèches, éolien en mer.On peut citer particulièrement en 1999 :– la mise au point de biolubri-

fiants pour la motorisationet l’industrie ;

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 31

Page 32: Le programme solaire mondiale

– le développement de filmsplastiques biodégradablesd’origine végétale ;

– les travaux concernant desmatériaux de constructioncomposites à base de fibresvégétales ;

– la mise en service de la premièreéolienne de Jeumont Industrie àattaque directe et génératricediscoïde.

• Des programmes de diffusion quivisent, par le développement dumarché, à pérenniser et rentabiliserl’accès à ces technologies grâceaux effets d’échelle et à l’organi-sation de réseaux professionnelsassurant la fabrication, la prescrip-tion, la vente, l’installation, lamaintenance, l’approvisionnementvoire le financement : programmeBois- Énergie, Biogaz, le solairethermique avec le programmeHélios 2006, Géothermie BasseTempérature, électrification ruraledécentralisée...

On peut citer notamment pour 1999:– la réalisation de 5 premiers

projets à grande échelle pour la production d’électricité àpartir de biogaz de décharge ;

– le doublement du nombre dechaufferies à bois installées parrapport à 1998, parmi lesquelsdes projets exemplaires et detaille importante (Autun, Dôle,La Ferté Macé, Sedan, etc...)

Cette action s’inscrit dans un con-texte de coopération internationale.Les programmes de R & D se sontsolidement adossés au 5e Programmecadre de Recherche et Développe-ment de la Commission Européenne,tant financièrement qu’au point devue des échanges d’expériences avecles partenaires étrangers. Le projetde démonstration dénommé HIP-HIP (voir encadré) dans le domainede l’intégration du photovoltaïqueau bâtiment et au réseau électriqueest à cet égard particulièrementexemplaire. De même les réseauxNTB net, AFB net et IENICA ont

abouti à une véritable coopérationeuropéenne dans les domainestouchant aux bioénergies et à lachimie du végétal. Par ailleurs, la participation de l’ADEME à desréseaux d’échanges d’informationscomme l’association ERRMA(European Renewable Ressourcesand Materials Association), le clubENR, et le Renewable EnergyWorking Party de l’AIE permet debénéficier de l’expérience étrangère.

Dans cet esprit, le programme Éole2005 conduit par EDF à la demandedu Secrétariat d’État à l’Industriedevrait être évalué à la lumière deses premières réalisations, et desrésultats obtenus dans les autres payseuropéens. Lancé en 1997, il avaitpour objectif d’installer 500 MWd’électricité éolienne en 2005, au moyen d’appels à propositionsmettant en concurrence les opérateursprivés, avec pour principal critère le prix du kWh électrique demandé.En ce début de 2000, le total desprojets approuvés se hausse à 355 MW,mais moins de 15 MW ont étéinstallés et une trentaine devrait l’êtredans le courant de cette année.C’est évidemment un résultat trèsmodeste comparé aux 2 700 MWinstallés durant l’année 1999 dansl’Union Européenne, essentiellementau Danemark, en Espagne et enAllemagne. La procédure devraitdonc être fondamentalement revue.

Le contexte international supposeégalement la mise à disposition despays en développement des techno-logies et savoir-faire développés par les entreprises françaises aveccomme objectif le développementéconomique de ces pays et leurparticipation aux objectifs de Kyoto.Les nouveaux chantiers ouverts en1999 dans les pays méditerranéensavec notamment le Programme dediffusion de la garantie de résultatssolaires sont également exemplairesdu champ de compétence quel’ADEME et ses partenaires se doiventde valoriser dans la perspective dudéveloppement durable.

Les coopérations initiées depuis delongues années dans le domaine de l’électrification rurale décentraliséeseront perpétuées. Il est probableégalement que les années futuresverront s’établir un cadre de colla-boration durable avec le Maghreb etl’Afrique francophone dans lesdomaines de la valorisation éner-gétique rationnelle de la biomasse,notamment dans les secteurs tertiaireset industriels.

HIP HIP : Photovoltaïqueeuropéen intégré au bâtimentet connecté au réseauLa Commission de l’Union Euro-péenne a approuvé en décembre 1999le financement, par le 5e Programmede Recherche et Développement,du programme HIP HIP proposépar un bureau d’études français, IED,deux fabricants de modules photo-voltaïques, Shell Solar et le françaisPhotowatt, et 6 consortiums natio-naux représentant la France, l’Italie,l’Espagne, les Pays-Bas, l’Allemagneet l’Autriche.

L’ADEME a pris la tête du consortiumfrançais qui regroupe l’associationPhébus, le bureau d’études Transé-nergie, les ensembliers Total Énergie,Apex, Sunwatt, la Direction Étudeset Recherches d’EDF, le Genec,centre d’essais de l’ADEME et duCEA et le CSTB.

L’objectif du programme est dediminuer les coûts des générateursphotovoltaïques connectés au réseauélectrique, notamment en favorisantl’intégration des modules photovol-taïques dans l’enveloppe du bâtimenten leur conférant une autre fonctionque celle de la production d’élec-tricité : pare-soleil, verrière semi-transparente, éléments de façade par exemple. Il vise à installer untotal de 3 MW en 3 ans répartis àraison de 500 kW par pays. Les prixobjectifs sont de 7 euros/Wc en2000, 6 euros/Wc en 2001 et 5 euros/Wc en 2002. Le budget totaldu programme est de 22 Mio Euros

32 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

Page 33: Le programme solaire mondiale

sur lequel la Commission Européenneapportera une contribution de 35%.

L’ADEME qui voit dans cette appli-cation le marché de l’avenir, au moinsen ce qui concerne les pays indus-trialisés, apportera une contribution

supplémentaire de 15% sur la partiequi sera installée en France.

Afin de favoriser l’échange d’expé-rience entre les 6 pays, des groupesde travail ont été mis en place surles thèmes de l’impact sur le réseau

électrique, la certification, le compor-tement des usagers et les obstaclesnon techniques. Un site Web serainstallé dans les prochaines semaines,où les progrès du programme pour-ront être suivis.

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 33

Ils seront essentiellement de deux types :• augmenter la part des ÉnR dans le bilan énergétique français et apporter une contribution significative au

programme national « effet de serre » ;• améliorer la compétitivité et la pérennité des filières ÉnR en cours de développement.

• Bois-énergie :Industrie et collectif/tertiaire : + 200 000 tep soit 2 000 chaufferies automatisées.Domestique : + 10 % de rendement global (soit 400 000 Tep Substituées) avec une consommation de bois en

bûche maintenue à 8 Mtep.

• DOM – TOM :Géothermie : + 25 MW-é.Éolien : + 20 MW.Solaire thermique : + 35 000 chauffe-eau solaires individuels + 10 000 m2 de chauffe-eau collectifs.Photovoltaïque : + 6 MW.

• Production d’électricité ÉnR :Sur réseau Petite hydroélectricité : + 100 MW ou 0,5 TWh/an.Éolien : + 500 MW ou 1,5 TWh/an dans le cadre du programme Éole 2005 et + 3 000 MW à l’horizon 2010.Hors réseau : + 1 000 sites isolés électrifiés par ÉnR.

• Géothermie : + 10 000 équivalents logements raccordés aux réseaux franciliens soit + 5 000 tep.

• Solaire thermique :+ 50 000 chauffe-eau solaires individuels ;+ 25 000 m2 de chauffe-eau collectifs ;+ 1 500 chauffages solaires de l’eau et de l’habitat individuel.

Au regard de la compétitivité des filières, les objectifs se déclinent de la façon suivante :• Favoriser l’émergence d’une offre technologique de haute qualité énergétique et environnementale sur les chaufferies

collectives au bois et les appareils de chauffage domestique divisés.• Structurer les réseaux professionnels d’approvisionnement et de distribution du bois-combustible.• Stabiliser les filières en développement dans les DOM et les préparer au non-renouvellement éventuel des dispositifs

fiscaux en vigueur jusqu’à la fin 2001. En particulier, l’éolien de moyenne puissance, résistant aux cyclones etpouvant être couplé au réseau diesel, doit diminuer son coût installé de 18 000 à 11 000 FRF/kW.

• Diminuer d’un facteur 2 le coût global actualisé des chauffe-eau solaires individuels et collectifs, ainsi que structurerle tissu professionnel (fabricants, importateurs, vendeurs, installateurs).

• Vérifier la pertinence économique et technique d’une contribution significative de l’énergie éolienne sur réseau.La faisabilité de l’éolien en mer sera démontrée et son potentiel réel sera évalué finement.

• Pérenniser la contribution de la géothermie notamment en Île-de-France et confirmer la faisabilité économique despompes à chaleur de type géothermal.

L’Agence de l’environnement et dela maîtrise de l’énergie (ADEME)Objectifs du programme 1999 – 2006

Page 34: Le programme solaire mondiale

u ses implications territoriales, environnementales et économiques, celle-ci est un élément central du dilemme insulaire. En effet, l’adoption de modèlesénergétiques erronés pourrait hypothéquer nos économies, les options futuresde développement et l’environnement, car les solutions énergétiques sontétroitement liées à la façon dont sont gérées les ressources insulaires. Cetteinterdépendance est absolument évidente sur les îles ; en outre, les politiquesen matière de transport, d’eau ou de résidus sont, elles aussi, impliquées dansce sens, et constituent des aspects auxquels il est nécessaire d’apporter dessolutions satisfaisantes dans nos milieux.

Il est indéniable que les îles se heurtent et se sont toujours heurtées à uneinfinité de contraintes. Et c’est justement pour cette raison que de nombreuseslimites imposées par l’insularité doivent être abordées à partir de l’optiqued’une politique technologique basée sur la spécificité des îles et sur lavalorisation de leurs ressources. Et qui plus est, la spécialisation progressivede leurs économies oblige à introduire avec détermination des aspects dequalification technologique, et d’abandonner, en même temps, la culturetraditionnelle où primait la quantité, en raison du besoin qu’il y avait decouvrir les déficits historiques dont souffraient les territoires insulaires. Àl’heure actuelle, les îles doivent rechercher des solutions conjointes, baséessur une stratégie commune, où les facteurs dominants sont l’innovation etl’adaptation.

À l’aube du XXI e siècle, les îles s’apprêtent à relever les nouveaux défis qui ont surgi dans le monde actuel. Le chapitre 17 de l’Agenda 21 indique que les îlesconstituent un cas particulier, tant sur le plan del’environnement que sur le plan du développement, etqu’elles présentent des problèmes tout à fait spécifiqueslors de la planification du développement durable, étantdonné qu’elles sont extrêmement fragiles et vulnérables.Or, dans le contexte du développement durable, l’énergieest une pierre angulaire à prendre en compte lors desstratégies de planification.

Énergies renouvelables pour la construction de l’avenir des îles

34 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

V

Cipriano Marín est Vice-secrétaire général de INSULA (Conseil scientifique international pour le développement des îles). Il a été le Secrétaire du Sommet solaire des Îles (1999).

CIPRIANO MARÍN

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Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 35

Du point de vue énergétique, laplupart des îles présentent toute unesérie d’avantages et d’inconvénients,qu’il est nécessaire de bien soupeserafin de pouvoir prendre les décisionsles plus adéquates.

Parmi les inconvénients, on peutrelever tout particulièrement :

Isolement et dépendance.Un facteur qui conditionne actuel-lement les îles est leur dépendanceextrême quant aux produits énergé-tiques d’importation. Ce phénomènese manifeste avec la plus grandeévidence dans les domaines dutransport et de la production d’élec-tricité. Dans la majorité des cas,l’acquisition de produits énergétiquesreprésente plus de 15% de latotalité des importations des îles.

La production d’énergie constitue,par ailleurs, un chapitre fort impor-tant du PIB. Il s’agit là d’une lourdecharge, qui limite très souvent lespossibilités de développement etd’épanouissement de la qualité devie des habitants insulaires.

Gamme de ressources énergétiques limitée.Les sources d’énergie convention-nelles disponibles sont, en général,limitées, voire inexistantes. Les îleselles-mêmes ne disposent pas desources d’énergie très variées. Or,ces facteurs ne font qu’augmenter la vulnérabilité insulaire, donnantlieu, parfois, à une surexploitationou à un épuisement prématuré deleurs ressources si limitées.

Spécialisation des économies.En raison de la spécialisation exces-sive de la plupart des économiesinsulaires, celles-ci se voient obligéesd’installer des capacités énergétiquesdémesurées ; en effet, elles doiventêtre à même de couvrir des phéno-mènes tels que la demande saison-nière, les changements brusquesintervenant sur le marché, ou encorela dispersion territoriale, nettement

infrastructures de production et destockage énergétique sur des terri-toires très limités, ce qui entraîne,évidemment, des coûts externesextrêmement élevés.

Utilisation peu efficiente desressources énergétiques.La plus grande partie des étudesprospectives portant sur les possibi-lités d’économie et d’efficience éner-gétiques mettent en évidence desparamètres de réduction potentielledépassant, dans certains cas, 20%.Ainsi donc, la rationalité énergétiqueappliquée aux nouveaux types deconsommation constitue, à l’heureactuelle, l’un des grands défis àrelever.

Par ailleurs, les modes de mobilitéet de transport interne importés sont, en ligne générale, absolumentinefficaces, et entraînent, de façonprogressive, une augmentation de la facture énergétique insulaire. Surnombre d’îles à forte présence dusecteur des services, la consommationénergétique due au transport dépasse50% de la totalité.

Par contre, de l’autre côté de labalance, les îles jouissent des avan-tages suivants :

D’abondantes sources d’énergie renouvelables.La majorité des îles disposent d’excel-lentes ressources dans le domainedes énergies renouvelables, qui sont,souvent, suffisantes pour assurer unelarge autonomie énergétique. Tou-tefois, actuellement, ce sont des ressources énergétiques peu utilisées,si l’on considère le potentiel réel qui existe en fait.

Les énergies solaire, éolienne, micro-hydraulique et houlomotrice sontdes sources d’énergie fort abondantesdans l’ensemble de la géographieinsulaire. En règle générale, il s’agitde sources d’énergie qui se complè-tent mutuellement, vu que la pénuried’une modalité est compensée, sur la

plus prononcée que ce n’est le casdans d’autres régions.

L’incorporation de beaucoup d’îles àl’offre touristique globale impliquenotamment l’adoption de comporte-ments et l’apparition de nécessitésénergétiques fort difficiles à assumer.Les destinations touristiques insu-laires se voient forcément contraintesde faire face aux nombreux problèmesénergétiques supplémentaires quidécoulent de cette activité, ce qui,dans la plupart des cas, implique en même temps une transformationradicale des modèles culturels tradi-tionnels en matière de consommation.

L’échelle, un facteur conditionnantau niveau de la technologie et du marché.Deux difficultés additionnelles rési-dent dans l’échelle même des îles.D’une part, leurs dimensions limitenténormément l’efficience des systèmesénergétiques conventionnels, conçuset élaborés pour d’autres économieset pour d’autres territoires. Ainsi, parexemple, on constate fréquemmentque les coûts de la production d’éner-gie électrique peuvent, sur les petiteset moyennes îles, jusqu’à décuplerles prix de référence continentaux.D’autre part, le facteur d’échellecomplique énormément les condi-tions du marché. En effet, les petitsmarchés énergétiques insulaires nesont pas très attrayants, et dépendentbien souvent de la capacité publique,par ailleurs hypothétique, d’assumerleurs déficits.

Environnement extrêmementsensible.Les îles se caractérisent par la fragi-lité de leurs écosystèmes. La preuveen est que la proportion de zonesprotégées, ou qu’il est nécessaire deprotéger, y est bien plus haute quedans d’autres régions de la planète.

En milieu insulaire, les problèmesenvironnementaux de l’énergieacquièrent une importance extraor-dinaire. En outre, il est nécessairede reproduire, sur les îles, toutes les

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plupart des îles, par une grandedisponibilité des autres.

Les petites dimensions peuventconstituer un avantage.Les sources d’énergie renouvelablesont une capacité de modulationexcellente à petite échelle, en compa-raison avec les schémas de produc-tion rigides conventionnels. Ainsi,les technologies des énergies renou-velables parviennent bien mieux às’adapter à l’échelle et aux besoinsinsulaires.

Les modalités spécifiques de l’économie insulaire n’exigent pasune consommation énergétiqueintensive.Sur les territoires insulaires, on nepratique quasi jamais d’activités économiques à grande intensitéénergétique, étant donné que, pourla plupart, on s’y oriente progressi-vement vers la tertiairisation. Lesconsommations intensives n’appa-raissent que de façon très ponctuelle,la plus grande partie de la demandeprovenant du secteur des services,du transport et du logement.

Le grand marché insulaire des énergies renouvelables.Considérées de façon individuelle,les îles ne sont pas des marchésénergétiques importants, à massecritique acceptable ; cependant, vuesde manière globale, elles constituent,à l’heure actuelle, le plus importantcréneau mondial en matière d’éner-gies renouvelables.

Au cours des dernières années, lacroissance relative la plus considé-rable des segments spécifiques liésaux énergies renouvelables a eu lieusur les territoires insulaires. Ainsi,par exemple, l’utilisation de l’énergieéolienne a connu une croissancecontinue sur les îles, face à une stag-nation dans les zones continentales.

En fait, aujourd’hui, les plus grandspourcentages d’énergies renouve-

lables dans le bilan énergétique sontenregistrés sur les îles, à tel point quel’on commence à assister à l’appa-rition des premières îles alimentéesà 100% par énergies renouvelables.

De la théorie à la pratiqueLe Sommet solaire des îles, qui s’est tenu au mois de mai 1999 surl’île de Tenerife sous les auspices de l’UNESCO, du World SolarProgramme (Programme solairemondial, 1996-2005) et d’INSULA,a mis en évidence que c’est précisé-ment sur les territoires insulaires quela stratégie de la durabilité énergé-tique est pleinement consolidée.

Les conclusions de l’Agenda solairedes îles émanant du Sommet allèrenttotalement dans ce sens, et appuyè-rent à nouveau les résultats de laSession spéciale de la XXIIe Assembléegénérale consacrée aux îles. Lors decelle-ci, l’eau, l’énergie et le tourismefurent considérés comme étant dessecteurs stratégiques.

Cette interrelation étroite entre desactivités fondamentales pour la survieactuelle des îles a en fait poussé à ce que les politiques énergétiquesportant sur les sources d’énergiesrenouvelables, formulées sur papier,se traduisent, en l’espace de quelquesannées seulement, en maints projetset réalisations ambitieuses. Et c’estprécisément sur les îles que sont misen œuvre des projets renouvelablesà 100%, quelque chose qui étaitabsolument impensable il n’y a que quelques années encore. Onpeut citer, dans ce sens, El Hierro(Canaries), Samsø, Aran, LaMaddalena, Galápagos et quelquesîles grecques. À El Hierro, parexemple, d’ici peu, tous les besoinsénergétiques seront couverts à partird’un système éolien hydraulique, qui permettra d’assurer l’approvision-nement en énergie électrique del’île, et ce avec une sécurité et unefiabilité totales.

Un autre grand domaine d’action, àl’heure actuelle, implique le binômeeau-énergie, deux éléments déjàmaintenant inséparables sur les îles.Dans ce sens, le Programme solairemondial vise à renforcer la stratégiede la production propre d’eau. Il ne faut pas oublier qu’il existe, d’oreset déjà, sous toutes les latitudes, des îles qui dépendent de systèmes de dessalage pour pouvoir survivreet se maintenir dans des conditionsenvironnementales non compétitivesen matière d’eau.

Parmi les facteurs découlant de cenouveau scénario des besoins insu-laires, il faut relever tout particuliè-rement le tourisme. Et, ici aussi, oncommence à assister à des réalisationsquelque peu surprenantes. L’Institutdu Tourisme responsable a lancé, en collaboration avec INSULA, lacampagne «Hôtels durables pourdes destinations durables» en vued’appuyer une nouvelle approche en matière de développementtouristique. Le point culminant decette campagne est la création d’unréseau international d’hôtels et decentres touristiques insulaires deréférence qui se caractérisent de par leur efficience énergétique etl’utilisation maximale des sourcesd’énergie renouvelables, y comprisl’emploi de systèmes passifs et laconstruction bioclimatique.

Ces quelques remarques montrentbien l’éventail encore à déployerdans le domaine des capacitéstechnologiques développées pourrépondre à la condition insulaire,même s’il faudra, dans ce sens,surmonter d’importantes barrièressur le plan du marché et de laformation technique.

En effet, nous ne devons guèreoublier que les aspects énergétiquesenglobent, sur les îles, une dimensionhumaine fortement liée à la longueaventure de la survie insulaire. Detout temps, l’habitant des îles s’estvu obligé de trouver l’abondance

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Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 37

dans la pénurie. Il s’agit là de toutun ensemble d’idées qui apparaîtparfaitement résumé dans la phrased’un poète insulaire méditerranéen :

«L’habitant insulaire est un êtreapocalyptique. Et ce, parce qu’ilperçoit toutes les menaces. Il estindolent, et cesse de l’être dans lamesure où il est obligé de survivre.L’habitant insulaire est dédaigneux,hautain et simple. Un insulaire estun homme dans un rocher, et aussiun homme comme un rocher. Il nepeut pas tourner le dos à la géogra-phie, parce qu’il en est le fruit. C’estun homme obsédé par les voyages,et menacé par ceux-ci. Il est, toutcompte fait, l’habitant d’un paradiset d’un enfer».

Près de 90 % de la population de notre continent n’a pas accès à l’énergie marchande. C’est làune situation aberrante au seuil du troisième millénaire. Heureusement, grâce aux progrèsscientifiques et techniques qui rendent possible aujourd’hui l’exploitation des énergies nouvelleset renouvelables que sont la biomasse, le vent, l’eau ou le soleil, des solutions satisfaisantes ànotre déficit actuel sont à notre portée.

Je souhaite ardemment, en ma qualité de Président du Conseil Solaire Africain, que l’« espritd’Hararé » continue sans cesse de nous inspirer, afin que nous gagnions notre combat pourl’autosuffisance énergétique, étape obligée pour un développement durable.

Son Excellence,Monsieur Abdou Diouf

Président de la République du Sénégal de 1981 à mars 2000

Président du Conseil Solaire AfricainFévrier 1998

Sénégal

En juin 2000, l’IEPF a organisé deux ateliers nationaux sur la restructurationdu secteur électrique. Le premier s’est tenu du 14 au 16 juin à Ouagadougou,Burkina Faso, et le deuxième a eu lieu du 20 au 22 juin 2000 à Conakry,Guinée. Ces ateliers ont pour objectif de mettre au point un programme derenforcement des capacités techniques, juridiques, financières et économiquesdes acteurs impliqués dans les réformes en cours dans ces pays. M. DibongueKouo ([email protected]), responsable du programme « Politiques énergétiques »à l’IEPF, s’occupait de coordonner ces ateliers.

Brève

Page 38: Le programme solaire mondiale

Avec une population de près de 160 000 habitants et une superficie émergée de 12 340 km2, le Vanuatu a unedensité d’habitants au km2 égale à 13. Les populations se trouvent de fait isolées en zones rurales.

L’électrification du pays est presque exclusivement limitée aux principaux centres urbains, Port Vila, la capitale, surl’île d’Efate, et Luganville sur l’île de Santo. Ainsi, seulement 20 % de la population a accès aux services de l’électricitéet ce pourcentage est inférieur à 5 % pour la seule population rurale.

Les gisements énergétiques locaux sont particulièrement propices à l’utilisation des énergies renouvelables. Le paysbénéficie en effet d’un ensoleillement régulier, des cours d’eau aux débits relativement constants au cours de l’annéedescendent des reliefs volcaniques, la biomasse y est abondante et le régime des vents, hormis lors des périodescycloniques, est favorable.

Le département de l’Énergie, appuyé par les autres services de l’État impliqués dans le secteur rural, a ainsi mis enœuvre la politique définie dans le cadre des Plans de développement national successifs.

Le projet a été lancé en 1995.

Après les quatre centres de santé et quatre écoles électrifiés par le département de l’Énergie, un autre projet estlancé pour l’électrification d’écoles, cofinancé par le gouvernement du Vanuatu, l’IEPF, Électricité de France (EDF)et la Fondation Énergies pour le monde. Les services de l’électricité sont destinés essentiellement à l’éclairage, auxmoyens audiovisuels et à l’approvisionnement en eau.

Cette électrification s’inscrit dans le cadre du programme Solidarité Énergie Vanuatu pour l’électrification des cinqîles de TANA, MALEKULA, AMBRYM, EPI et PAAMA, soit 36 écoles et services communautaires.

• TANNA (5 sites, 41 kits photovoltaïques)

• MALEKULA (4 sites, 23 kits photovoltaïques)

• PAAMA (1 site, 7 kits photovoltaïques)

• AMBRYM (1 site, 4 kits photovoltaïques)

• EPI (2 sites, 17 kits photovoltaïques)

Au total, 13 sites et 92 kits photovoltaïques sont donc installés. Ce projet a permis aussi la formation d’une équipede maintenance ayant élaboré un manuel de l’utilisateur du photovoltaïque et un manuel didactique de formation.

Électrification rurale décentralisée de cinq îles au Vanuatu

38 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

Page 39: Le programme solaire mondiale

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 39

Depuis plus d’une décennie, l’Institut de l’énergie

et de l’environnement de la Francophonie œuvre

au service des pays membres de l’Agence

de la Francophonie, dans une perspective visant

le développement durable. Son programme Énergie,

dans ses activités concernant le monde rural

notamment, s’inscrit dans cette dynamique.

Boufeldja Benabdallah,responsable de programme,

IEPF

L’Énergie rurale au service du développement

BOUFELDJA

BENABDALLAH

IEPF œuvre au niveau du programme énergétique selon trois grands axescomprenant :

• Les politiques de l’énergie pour la maîtrise des outils et méthodes indis-pensables à l’édification d’un système énergétique national cohérent quiréponde aux aspirations des différents groupes sociaux et optimisel’utilisation des ressources nationales. L’accompagnement et l’aide à ladécision des pays membres engagés dans le processus des réformes deleurs secteurs électriques s’inscrivent dans ce cadre, de même que lesactions conduites ailleurs par l’Institut pour induire les changementsinstitutionnels nécessaires au développement de l’électrification rurale.

• la maîtrise de l’énergie qui trouve sa logique dans les changements de mode deconsommation que commande l’Agenda 21. Ce projet valorise les acquisdu réseau et du Programme International de Soutien à la Maîtrise del’Énergie (PRISME), notamment par une plus grande implication desentreprises industrielles et du secteur privé dans la diffusion des outilsméthodologiques en efficacité énergétique et leur mise en œuvre. Lesactions dans ce domaine sont par ailleurs consolidées et renforcées àtravers la dynamique impulsée par les négociations sur les changementsclimatiques, avec en particulier les mécanismes de flexibilité, dont lesmécanismes de développement propre.

L‘

Page 40: Le programme solaire mondiale

• l’énergie rurale qui se préoccupe des moyens d’accès à l’énergie dumonde rural et de la «ville rurale»,ces quartiers « spontanés» qui sesont développés à la périphériedes grandes métropoles. Les acti-vités touchant la maîtrise et lapromotion des Énergies Renouve-lables, l’introduction d’approchesinnovantes dans l’utilisation desénergies traditionnelles et la des-serte des communautés isolées,s’inscrivent dans ce cadre.

Le projet Énergie rurale contribueainsi à :

• Apporter une réponse durable aux besoins de base actuellementcouverts par la biomasse et sesdérivés. Les activités touchant lagestion dynamique de la ressource,son utilisation rationnelle, lestechniques de transformationefficace ou de substitutions’inscrivent dans ce cadre ;

• Accompagner la transition vers lesformes et modes modernes d’accèset d’utilisation de l’énergie. Lesactivités autour de l’électrificationrurale décentralisée et de maîtrisedes technologies d’énergies renou-velables (solaire, éolien, micro-hydro...) s’inscrivent dans cetteperspective, de même que la miseen œuvre des formes modernesd’utilisation de la biomasse ;

• Promouvoir les mécanismesinstitutionnels et financiers quifavorisent une maîtrise endogèneet durable de l’approvisionnementen énergie du monde rural. Despolitiques énergétiques et cadresinstitutionnels correctement établisy contribuent. La diffusion desnouveaux arrangements institution-nels (Société de service décentra-lisé – SSD...) et des mécanismeslocaux de financement appropriés(micro crédit, mobilisation del’épargne locale...) y concourentaussi.

Les outils d’interventionDes outils d’intervention sont misen œuvre dans le but de :

• Sensibiliser et diffuser des idéesnovatrices

• Produire et diffuser de l’informationaux professionnels, aux décideurset aux usagers.

• Former et développer les capacitésde maîtrise des techniques ettechnologies en jeu

• Mobiliser et valoriser l’expertisedans le domaine

• Réaliser des projets de démons-tration en liaison avec l’expertiseexistante

SENSIBILISER ET DIFFUSER DES IDÉES NOVATRICES EN PARTICIPANT ACTIVEMENT À L’ORGANISATION DES FORUMS,DES JOURNÉES SCIENTIFIQUES ET SÉMINAIRES :

Avec ses partenaires nationaux etinternationaux, l’IEPF réalise desactivités d’échange et de concerta-tion sur tous les aspects touchantaux énergies renouvelables. Plusieursséminaires, ateliers, forums et jour-nées scientifiques ont été réaliséeset d’autres sont en cours.

Atelier sur l’interconnexion bois-énergie, Québec 1994, Abidjan1993, Dakar 1989, Mise en valeur des ressourcesénergétiques en Afrique : l’énergiesolaire Bamako 1991Le développement du biogaz enAfrique, Bujumbura 1992Avenir de l’hydroélectricité auCambodge, au Laos et au Viêt-namColloque. Vientiane 1992Atelier sur Options techniques pourl’électrification rurale, Bingerville,19921ères Journées Scientifiques Interna-tionales sur l’Électrification Rurale(JSIER) Rabat 1992Électrification rurale et aménage-ment du territoire : Quelles stratégies,quels acteurs ? Abidjan 1993

L’Électrification rurale décentralisée,Marrakech 1995

Énergie, Environnement, Développe-ment durable, Liège 1997

Le changement d’échelle en ERD,Ho Chi Minh Ville 1998

La microhydro électricité, Conakry1998

L’ERD et les mutations du secteurélectrique, Yaoundé 1999

Symposium sur Biomasse Énergie en Afrique, Abidjan 1999

Séminaire national sur l’éolien en Mauritanie, Nouakchott 1999

Séminaire national sur les EnR en RDC, Kinshasa 2000

Symposium sur l’Éolien en Afrique,

à venir

PRODUIRE ET DIFFUSER DESMONOGRAPHIES, DES GUIDES OU OUVRAGES DE RÉFÉRENCES AUX PROFESSIONNELS

Il s’agit de mettre à contribution les nouvelles technologies de l’infor-mation tout en assurant la productionet la diffusion de guides pratiquessur les technologies éprouvées.

L’électrification rurale par l’énergiesolaire dans les pays en dévelop-pement : Analyse documentaire de l’information récente, 1992

La comptabilisation des énergiestraditionnelles : comparaison desméthodes, applications à des paysfrancophones par Mme DeniseCavard, 1992

Guide de l’énergie solaire électricitésolaire au service du développementrural, avec le concours du RIES, 1993

Guide Biomasse-Énergie avec leconcours du Groupe Bioénergie-Environnement (GBE) et de la Région Wallonne, 1994

La filière biogaz dans les pays en développement (1995)

Fiches techniques (10) sur la satis-faction des besoins en milieu rural en Afrique avec le concours duGERES, France, 1997

40 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

Page 41: Le programme solaire mondiale

Guide de l’énergie solaire : le solairethermique au service du développe-ment durable, avec le concours de laRégion Wallonne, de la FONDEMet du RIES, 96Le séchage solaire à petite échelledes fruits et légumes sous Les Éditionsdu GRET-France, avec le concoursdu Ministère français de la Coopé-ration et du CIRAD, 1996Le pompage photovoltaïque, unmanuel de cours pour ingénieurs ettechniciens avec le concours del’Université d’Ottawa, de l’EIER etdu CREPA, 1998Guide de l’énergie éolienne : lesaérogénérateurs au service du déve-loppement durable, avec le concoursde la FONDEM, le Languedoc-Roussillon et l’ADEME (1998)Traduction du document-DGXVII de la CE sur les standards ERD avecle Concours de la FONDEM, 2000Guide technique sur l’électrificationrurale décentralisée en cours deréalisationavec le concours de laFONDEM, 2000Liaison Énergie Francophonieimprimé à 4000 exemplaires etdiffusé à l’ensemble de la commu-nauté francophone

FORMER ET DÉVELOPPER LESCAPACITÉS DE MAÎTRISE DESTECHNIQUES ET TECHNOLOGIES EN JEU EN OFFRANT DES SESSIONSDE FORMATIONS RÉPONDANT À DESBESOINS SPÉCIFIQUES OU ENFAVORISANT LE RENFORCEMENT DE COMPÉTENCES DE FORMATEURS

Les options techniques pour l’ERD avec le concours de l’UPDEA,Bingerville 1992 Formation en biomasse énergie avecle concours ADEME, Bengerville,1992-96 Formation de formateurs aux EnRavec le concours du CIFFUL deLiège et l’ENSET de Mohamédia,Maroc, 1997 à 1998Formation en séchage des produitsagroalimentaires avec le concours duGERES, Ouagadougou 1996 et 199811e École d’été sur l’Électrificationrurale les zones isolées, UNESCO,Paris et Marrakech, 1999

MOBILISER ET VALORISER L’EXPER-TISE EN IDENTIFIANT LES BASSINSD’EXPERTISES ET DE COMPÉTENCESET EN FAVORISANT LEUR MISE ENRÉSEAUX

Atlas des expertises en solaire enfrancophonie avec le concours de laFONDEM et de la Région Wallonne(1998)Atlas des expertises en biomasseénergie en francophonie avec leconcours du Centre québécois de la valorisation des biomasses et des biotechnologies et de la RégionWallonne 1998Dotation Internet des coordonna-teurs du programme -RPTES/Banquemondiale 1999-2000Réseau International Énergie Solaire(RIES)Groupe International Technique surÉlectrification Rurale (GITER)Groupe Bioénergie Environnement(GBE)Atlas des expertises en éolien enfrancophonie, à venir

RÉALISER DES PROJETS PILOTESAVEC LE CONCOURS FINANCIER ET TECHNIQUE EN PARTENARIAT

L’objectif est de réaliser des actionspilotes en vue de l’amélioration desconditions de transfert et d’appro-priation des technologies, la promo-tion et la diffusion des technologiesrespectueuses de l’environnement.

Installation d’une microcentralehydro électrique à Nyaka Banda,Rwanda, 1995 Production et installation de 100 éoliennes dans la région du Centre Sud du VietNam, 1997Électrification photovoltaïque de 32 villages au Vietnam, 1997-1998Électrification photovoltaïque etMicro hydroélectricité d’un villagede planteurs de thé au Vietnam,1998Alimentation P.V. de dix-sept écolesrurales et centres de lecture de cinqîles du Vanuatu, 1998Installation de 28 unités deproduction de biogaz en Guinée,1999

Équipement pilote Séchage deCéréales en Afrique tropicale,Abidjan, 1999

Projet de production d’électricité par gazéification de biomasses,Burkina Faso, 1999

Électrification de 40 centres de santéet hôpitaux, Cambodge 1999

Électrification rurale P.V. au Laos,1999-2000

Économie de bois de feu auCambodge, 1999-2000

Installation de quatre hydrauliennesau Gabon, 2000

Tour de mesure des vents à la Baseaérogénérateurs de Nouakchott,Mauritanie 2000

Installation d’une minicentralehydro-électrique à Ambositra,Madagascar, 1997-2000

Projet de développement du secteuréolien en Tunisie, ANER 1999

MOBILISER LES FINANCEMENTSNÉCESSAIRES POUR LA RÉALISATIONDES ACTIONS D’INFORMATION DEFORMATION ET DE DÉVELOPPEMENTET DE DÉMONSTRATIONTECHNOLOGIQUE

Emploi des fonds multilatérauxFinancement des projets terrain par les fonds de concours de nospartenaires ADEME, RégionWallonne, Coop. française, EDF,HQI, MRN, etc.

Exploration d’autres voies telles que la mobilisation de l’épargne, La mobilisation de financementsextérieurs, le recours aux fondsrécurrents et l’implication du secteurprivé dans un cadre institutionneladapté :

Étude sur Épargne - crédit pour kitsénergétiques individuels au Vietnam1999

Mise en place de l’Épargne - créditpour kits énergétiques individuels auBurkina Faso, 1999-2000

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 41

Page 42: Le programme solaire mondiale

Atlas des expertises et des compétences en Biomasse-énergie et en Énergie solaire en Francophonie

Ces deux ouvrages sont des bases de données sur les entreprises, les institutions, les ONG et les spécialistes œuvrantdans la biomasse-énergie et dans le solaire. Quelque 500 entrées sont recensées. Les deux atlas sont disponiblessous forme papier.

La maîtrise des énergies renouvelables tant au plan des prises de décision en matière de planification énergétiquequ’au plan de l’investissement, passe par le développement des compétences nationales.

L’inventaire des experts et des institutions dans les domaines de la biomasse-énergie et de l’énergie solaire est unpremier pas pour favoriser le développement de ces filières. L’identification des axes d’intervention et des champsde compétence, de même que le rayonnement géographique sont autant de paramètres qui ont été identifiés pourcaractériser l’expertise en biomasse-énergie et en énergie solaire au sein de la francophonie. Introduits avec d’autresdonnées descriptives et statistiques, ils permettront à l’utilisateur de ces atlas de disposer d’une somme d’informationsutiles pour entreprendre des contacts et pour développer des relations de coopération technique, scientifique etinformationnelle dans le domaine.

Ces deux ouvrages qui répondent à un besoin réel sont le résultat du partenariat que l’IEPF a développé avec laRégion wallonne et le Centre québécois de valorisation des biomasses et des biotechnologies (CQVB), la FondationÉnergie pour le monde, le programme Synergy de la Commission européenne et la Coopération française.

DÉVELOPPER LE PARTENARIAT

Afin d’appuyer le secteur des éner-gies rurales, l’IEPF se préoccupeautant de la stimulation du partagedu potentiel scientifique et techno-logique de nos pays membres, que

de la recherche des partenariatstechniques et financiers pour laréalisation des actions d’informationde formation et d’installation d’ou-vrages de démonstration.

Ces partenariats couvrent un grandéventail impliquant le multilatéral etle bilatéral, les ONGs et le secteurbancaire, les scientifiques et leprivé.

42 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

Biomasse

RETScreenMC est un logiciel d’analyse de projets de technologies d’énergies renouvelables qui a été développé parle Laboratoire de recherche en diversification énergétique de CANMET de Ressources naturelles Canada encollaboration avec de nombreux experts de l’industrie et du Gouvernement. Le logiciel d’analyse préliminaire defaisabilité RETScreen a été élaboré pour être utilisé avec le logiciel Excel de Microsoft®. Il permet d’évaluer rapidementet efficacement les meilleures opportunités de mise en application rentable des technologies d’énergies renouvelables.Avec RETScreen. les utilisateurs peuvent réaliser une évaluation préliminaire du rendement annuel, des coûts et dela viabilité financière de projets de technologies d’énergies renouvelables (TÉR) quelle que soit la région du monde.Pour faciliter l’utilisation, un manuel en ligne et plusieurs banques de données sont intégrés à même le logicielRETScreen Version 99. Pour plus d’informations visiter le site http ://retscreen.gc.ca/ ou adressez-vous à l’IEPF quitransmettra la demande.

Logiciel RETScreen MC version 99

Page 43: Le programme solaire mondiale

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 43

1.1 Séminaire du Cameroun (Yaoundé, du 25 au 28 février 1997) Ce séminaire, organisé à l’initiative de la CSM,a bénéficié d’un important appui d’EDF Bien qu’il se soit tenu avant la signature de la Déclaration de Dakar, lamise en œuvre des conclusions qui en découlaient a été réalisée dans le cadre de cette Déclaration. C’est lecas, en particulier, du développement de la coopération entre EDF, la SONEL et la CSM pour la création devillages solaires au Cameroun.

1.2 Forum solaire africain (Bamako, du 25 au 28 mars 1997)

Cette manifestation fait suite au Sommet solaire mondial de Hararé, en septembre 1997. En application de laDéclaration de Dakar, EDF a pris une part active dans l’organisation de ce Forum.

À cette occasion, EDF a présenté ses actions en faveur du développement durable en Afrique dont une largepart s’inscrit dans le cadre de la coopération EDF - CSM

1.3 Électrification photovoltaïque de deux villages mauritaniens

Dans le cadre de la coopération avec l’UNESCO et le CSM, EDF a pris en charge l’électrification, en modedécentralisé, de la Maison de la Culture de Ouadanc et de la Maison des Manuscrits de Chaignetti. Ces deuxvillages sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.

1.3 Forum d’affaires « Énergies renouvelables en Afrique » (Hararé, du 29 au 31 mars 1999)

Cette importante manifestation pour l’Afrique n’aurait pas pu s’organiser sans la coopération active entre legouvernement du Zimbabwe, l’UNESCO, la Commission Européenne, EDF, ADEME et la CSM Elle a regroupéprès de 200 participants et 35 bailleurs de fonds.

1.4 Conseil solaire africain (C.S.A.)

Le Conseil solaire africain, présidé par Son Excellence Abdou Diouf, ancien président du Sénégal, devait tenirsa première réunion en septembre 1999 à Dakar. La CSM et EDF ont décidé de conjuguer leurs efforts pourréussir l’organisation de cette rencontre qui devait consacrer le lancement du Programme solaire africain. Desréunions préparatoires EDF – CSM ont permis de bien faire avancer cette organisation.

Malheureusement, en raison de la proximité des élections présidentielles au Sénégal, les autorités sénégalaisesont décidé de remettre cette réunion à l’an 2000.

1.5 Participation d’EDF à l’École d’été de l’UNESCO sur les « Énergies renouvelables »

Depuis plus de dix ans, l’UNESCO et la CSM organisent annuellement un cours d’été sur les énergies renouvelableset leur exploitation. Ce cours s’adresse aux spécialistes des pays en développement.

Les experts d’EDF ont toujours apporté leur concours à ces cours, tant sur le plan de l’enseignement que pourl’organisation de visites techniques.

1.6 Réunions de réflexion et de concertation EDF - CSM

1.7 Réunions de réflexion et de concertation EDF - CSM

Des réunions de concertation ont lieu assez régulièrement entre EDF International et la CSM Le but estd’approfondir la réflexion sur les axes prioritaires à entreprendre, de définir les opérations à mener encollaboration, d’échanger les expériences.

Coopération EDF – CSM entre le Conseil Mondial de l’Énergie et Électricitéde France (EDF)

Page 44: Le programme solaire mondiale

Les perspectives communes fixées par les partenaires (1998-2005)Il s’agit à la fois de promouvoir avec les bailleurs de fonds un premier projet sur grande échelle (500 à 1000 villages)sur plusieurs pays d’Afrique subsaharienne au cours de la période 2001/2005 et de réaliser d’ici la fin de la période(c’est-à-dire 2004/2005) les conditions d’un véritable changement de rythme (plusieurs projets sur grande échellemenés en parallèle chaque année avec des partenaires à définir) pour la décennie suivante 2006/2015.L’objectif « Electricity for all » (électricité pour tous) doit être atteint en Afrique Subsaharienne en une (25 ans), deuxou trois générations, d’où quatre scénarios à étudier avec le scénario tendanciel.

LE PROGRAMME 1998/20001. SUIVI ET DÉVELOPPEMENT DES ACTIONS EN COURS OU ENGAGÉES.1.1 Les programmes FONDEM au Sénégal, au Mali et à Madagascar1.2 Les programmes E7 au Zimbabwe et au Grand Parc du W (Niger, Burkina Faso, et Bénin)1.3 Les expériences pilotes au titre de l’accord ADEME/EDF

Projets CCA au Bénin, au Burkina Faso, au Mali et au Tchad dans le cadre d’un groupement d’opérateurs étenduà France TELECOM et TOTALProjets GECO/RECO en Côte d’Ivoire et projets GECO/photovoltaïque au CamerounMicro-réseau diesel au MaliMicro-réseau hybride diesel/photovoltaïque au MaliOffice de puissance au Mali

1.4 Le programme EDF/NUONProjet de Société de services décentralisés (SSD) sur 20 villages de la zone cotonnière du Mali

2. DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES ACTIONS DANS LA RÉGION

2.1 FONDEM (intérêt marqué pour l’Angola et le Mozambique)2.2 E7 (accord de principe pour réaliser une action à proposer à la partie africaine)2.3 ADEME/EDF Micro réseaux diesel en Mauritanie et au Sénégal, micro réseaux hybrides diesel et/ou éolien en

Mauritanie2.4 EDF/NUON (à confirmer) Projet SSD sur 20 villages de la zone cotonnière au Sénégal Projet SSD sur 20 villages

de la zone cotonnière du fleuve Sénégal au Mali

3. ÉTUDE DE SCHÉMAS DIRECTEURS À CARACTÈRE LOCAL OU NATIONAL

Mali, Sénégal, Burkina Faso (zones cotonnières) Mauritanie (axe Nouakchott Nema)autres pays (à prévoir)

4. ACTIONS DE FORMATION

Développement d’actions de formation type UFERFI (ADEME/EDF) en Afrique, articulées sur les séminairesPhocon de l’ADEME à Sophia Antipolis et ERD d’EDF à SteTulle et à l’École d’été de l’UNESCO à Paris

5. ACTIONS DE RETOURS D’EXPÉRIENCES, D’ÉCHANGES ET DE COMMUNICATION SUR CES PROGRAMMES

À l’occasion de séminaires, de lancements de projets ou d’inaugurations seront organisées des réunions de travailen référence à la double perspective de changement d’échelle et de changement de rythme annoncée ennovembre 1995 au séminaire de Marrakech et reprise en décembre 1997 dans la déclaration de Dakar.

6. ORGANISATION ET DÉVELOPPEMENT DE LA COOPÉRATION POUR L’AFRIQUE DANS LE CADRE DE LA DÉCLARATIONDE DAKAR (SIGNÉE PAR CSM, CSA, ET EDF).En particulier, il est prévu de favoriser la création de Conseils solaires régionaux dans diverses parties du monde,à l’instar du Conseil solaire africain et d’étendre la coopération précitée à ces nouvelles organisations.

Coopération EDF – CSM Programme d’action 1998-2005

44 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

Page 45: Le programme solaire mondiale

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 45

e présent article se propose de faire le point sur l’état actuel dudéveloppement de l’énergie éolienne et en examine les aspects techniqueset économiques à court et moyen terme.

Une technique ancienne servie par le progrès techniqueÀ côté des moulins à vent d’autrefois, se développèrent au XIXe siècle, auxÉtats-Unis surtout, mais aussi en Europe, de simples éoliennes à axe hori-zontal ou vertical, à aubes ou à ailettes, utilisées pour le pompage de l’eau,et, au début du XXe siècle, pour la production d’énergie. De 1880 à 1930 onconstruisit aux États-Unis près de 6,5 millions d’éoliennes de ce type, desmachines à capacité de quelques kilowatts jusqu’à quelques dizaines de kilowatts.

En 1854, Halladay réalisa une éolienne à axe horizontal, à ailettes d’unedizaine de kilowatts, qui connut un grand succès. Les grands réservoirsservant à l’alimentation d’eau des locomotives à vapeur de l’Union PacificRailroad pouvaient, sans avoir recours à une énergie fossile dont l’appro-visionnement s’avérait onéreux, desservir les motrices de convois transitantsur de longs parcours (Figure l). Plus récemment la même technique de la roue à ailettes ou à aubes était expérimentée non plus pour le pompage del’eau mais pour la production d’électricité dans l’île côtière de Pellworm auSchleswig-Holstein (Figure 2). Les éoliennes disposaient d’un système simpled’orientation pour optimiser la prise du vent.

On assiste depuis une décennie à un développementsoutenu des énergies renouvelables et plus particulière-ment de l’énergie éolienne. Les contraintes imposées par la mise en œuvre croissante d’énergies fossiles commele pétrole, le gaz naturel ou le charbon, contraintes de natureéconomique par la variation constante des prix, ou politiquescompte tenu de la localisation des réserves, ou encore envi-ronnementales, donnent aux énergies comme le soleil, le vent et la biomasse des perspectives d’avenir intéressantes.La réticence de l’opinion publique vis à vis de l’énergienucléaire ne fait que confirmer cette évolution.

Maxime Kleinpeter est prési-dent du Comité « Électrother-

mie industrielle » de laCommission

électrotechnique internationa-le et consultant

à la Division des sciences de l’Ingénieur et

de la Technologie (SC/EST) de l’UNESCO.

L’énergie éolienne

MAXIME

KLEINPETER

L

Page 46: Le programme solaire mondiale

Les aérogénérateurs de constructionrécente ont beaucoup évolué quantà leur conception. L’énergie éolienne,pour sa disponibilité, reste tributairedes conditions météorologiques.Certains la définissent par opposi-tion aux énergies fossiles, qualifiées«d’énergies stock» comme une«énergie flux». Pour tirer un profitmaximum d’une telle ressourcenaturelle, tout en minimisant lesconséquences d’une indisponibilitéfortuite due à un vent ou trop faibleou de force trop élevée, les concep-teurs ont développé au cours de ladernière décennie des aérogénéra-teurs de plus en plus performants,associés, le cas échéant, à des sys-tèmes complémentaires (diesel,batteries d’accumulateurs).

Bref rappel des basesphysiques de l’énergie du ventLa puissance mécanique du rotord’un aérogénérateur est déterminéeselon l’équation :P = Cp.❑ . V3 .A.

2avec P = Puissance mécanique du

rotor de l’aérogénérateur(en kW)

Cp = Coefficient de puissance ❑ = densité de l’air ambient

(Kgr/m3)V = Vitesse du vent au niveau

du moyeu del’aérogénérateur (m/s)

A = Surface balayée par lerotor sous l’effet du vent(m2)

Le cœfficient de puissancereprésente le rapport de l’énergiemécanique qu’on peut extraire duvent à l’énergie cinétique totalecontenue dans la masse d’air enmouvement. La valeur maximale de Cp pour un flux de vent nonperturbé et une conversion enénergie mécanique sans pertes est,d’après les travaux de l’ingénieurBetz au début du 20ème siècle,limitée à 0,593 ou 16.

27

Les valeurs pratiques varient sensi-blement suivant les techniques misesen œuvre. Les rotors à axe vertical(rotors de type Savonius ou Darrieus)ont des coefficients de puissanceinférieurs aux rotors à axe horizontaldu type à pales, dont le type à troispales représente le cas le plus favo-rable. La plupart des aérogénérateursrécents, de puissance relativementélevée (au-dessus de 100 kW) ensont la confirmation. Les rotors àaxe vertical n’auraient-ils donc plusd’avenir ?

Un deuxième coefficient appelé«cœfficient de vitesse périphé-rique», défini comme le rapportentre la vitesse tangentielle de l’ex-trémité d’une pale et la vitesse duvent (cœfficient ❑ ) se rapporte àune grandeur essentielle : la vitesse

minimale du vent à laquelle démarreun aérogénérateur (vitesse d’accro-chage).

Les rotors à pales modernes, à axehorizontal, ont des coefficientsrelativement élevés. Comme ordrede grandeur, leur vitesse d’accro-chage du vent se situe autour de 4 à 4,5 mètres par seconde.

Les rotors à axe vertical, par contre,ont des coefficients ❑ plus faibles.Ils démarrent par des vitesses duvent de l’ordre de 2 mètres parseconde.

Un rotor du type Savonius (Figure 3)comportant deux demi-cylindresdont les axes sont décalés l’un parrapport à l’autre, restent ainsi desmachines intéressantes de par leursimplicité de construction pour lespays en voie de développement (ilsuffit parfois d’un bidon coupé endeux). Les dimensions de tels enginsrestent modestes comme leur puissance (3 à 4 mètres de hauteur,

Figure 1. Éolienne de Halladay pour pompage de l’eau des locomotives del’Union Pacific Railroad 1868

46 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

Figure 4. Rotor Darrieus

Figure 2. Éolienne à axe horizontal dite de Heindl

Figure 3. Rotor Savonius

Page 47: Le programme solaire mondiale

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 47

quelques kilowatts, diamètres de 2 à 3 mètres).

À la même époque que le FinlandaisSavonius, dans les années 1925, leFrançais Darrieus concevait un autretype de rotor à axe vertical avec despales de forme plus ou moins ellip-tique (Figure 4). Contrairement aurotor Savonius, cet engin ne démarrepas seul et doit être lancé, soit parun moteur auxiliaire soit par uneéolienne auxiliaire de type Savonius(Figure 4a). Peu exploité pendantlongtemps, il a été redécouvert dansles années 60. Son coefficient depuissance de l’ordre de 0,3 pour les petites machines peut en effetatteindre 0,4 pour les grandesmachines, c’est-à-dire une valeur àpeine inférieure à celle des rotorsmodernes à axe horizontal à 3 pales(0,45). Une machine de 4 mégawattsinstallée en 1987 au Canada n’acependant pas connu le succèsattendu en raison d’une fragilitémécanique mal maîtrisée. Il n’est pasimpossible que des recherches pluspoussées aboutissent un jour à unregain d’intérêt pour de tels rotors.Leur avantage inhérent par rapportaux rotors à axe horizontal estl’absence d’un système d’orientationpar rapport à la direction du vent.Par contre, la puissance du rotor,contrairement aux types modernes à axe vertical, ne peut être réglée

par modification du pas de l’hélice(sauf dans le cas de quelques enginsexpérimentaux). Une version parti-culière du rotor Darrieus est laconfiguration dite «en H». Unaérogénérateur expérimental de ce type se trouve en Bavière (Figure 4b). Une mention particu-lière concernant cette éolienne doitêtre accordée au générateur électriqueintégré dans le rotor et à champmagnétique «migrant». La machinene nécessite pas de multiplicateurde vitesse. Une difficulté subsistecependant pour les rotors à axevertical : la limitation à une valeurrelativement modeste de la puis-sance nominale de l’aérogénérateur.Tout n’est peut-être pas dit sur cetype d’éolienne qui pourrait, si lesrecherches s’avèrent concluantes,receler encore quelques perspectives.

Le développement des grands aérogénérateurs à axe horizontal – État actuel de la technique

A) LES TYPES RÉCENTSD’AÉROGÉNÉRATEURS (FIGURE 5)

Dans le cas des premières éoliennesà une seule pale (à pas fixe) aveccontrepoids, pour les puissancesnominales de l’aérogénérateurautour de 100 kW, on est passé,d’abord à titre expérimental – parexemple dans les années 1980 pour

la grande machine Growian(«Grosse Windenergieanlage») enAllemagne du Nord de 2000 kW–,à des systèmes à 2 pales alors qu’àprésent, en recherchant l’optimumentre propriétés aérodynamiques,faisabilité technique et économie,on s’oriente vers des types à 3 pales(avec pas réglable). Elles sont réali-sées en matériaux composites (fibresde verre, fibres en carbone). Lespales métalliques (en aluminium ouen acier) ont disparu pour des raisonsmécaniques et électromagnétiques(perturbations).

B) LE RÉGLAGE DE PUISSANCE(FIGURE 6)

La vitesse du vent varie, commel’indique l’échelle de Beaufort, entredes valeurs pratiquement égales àzéro (force 0, calme) à des vitessesde plus de 33 mètres par seconde(force 12, ouragan). Pour éviter undépassement des paramètres méca-niques et électriques du concept(résistance mécanique du rotor, del’arbre de transmission et puissanceélectrique du générateur) pour lesvitesses élevées, un dispositif delimitation combine à la fois lavariation du pas de l’hélice du rotor,et dans les petites éoliennes, larotation du rotor «hors du vent».Pour éviter les dommages possibles,

Figure 4a. Éolienne combinant 2 rotorsSavonius et un rotor Darrieus Figure 5. Éolienne à 3 pales à axe horizontal

Figure 4b. Rotor vertical en H.

Page 48: Le programme solaire mondiale

actuels reste de l’ordre de 15 tourspar minute. Pour coupler l’engin surun réseau public à 50 Hertz, entrel’arbre lent d’entrée et l’arbre rapideà 1500 tours pour un générateur à 2 paires de pôles, un multiplicateurde vitesse doit être inséré. Il consti-tue un élément relativement sensible(bruit par frottement). Grâce au pro-grès des redresseurs à semiconduc-teurs, certaines éoliennes récentespeuvent s’en affranchir. La décisionentre tel ou tel type de générateurreste souvent d’ordre économiqueautant que technique.

On rencontre en effet soit :

– des générateurs asynchrones àmultiplicateur couplés directementsur le réseau. Dans ce type lavariation de vitesse n’est possibleque dans la marge donnée par leglissement, sauf pour les systèmescomprenant un circuit redresseurcouplé à un moteur asynchrone àbagues. Il autorise une variationde vitesse plus élevée.

– des générateurs synchrones à 2 paires de pôles et multiplicateurde vitesse associé à un systèmeredesseur – onduleur à 50 Hertz.

– des générateurs synchrones multi-polaires sans multiplicateur.

Pour certaines éoliennes, on testemême des générateurs à excitationpar aimant permanent.

F) LES SUPPORTS

Les mâts ou pylônes sont soit :

– en poutrelles d’acier (treillis)comme les pylônes électriquesordinaires pour les puissancesmodérées.

– en béton armé précontraintsurtout pour les puissances plusélevées.

– en tube d’acier avec ou sanshaubannage.

Quelques aspects de l’économie de l’éolienneLes séries de puissances nominalesd’éolienne sur le marché varient àprésent entre quelques centaines

48 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

certains petits aérogénérateurshaubannés peuvent même, dans lesrégions soumises à des cyclones,être, en cas de danger, rabattus enposition horizontale. Le réglage du pas de l’hélice se fait surtout par des dispositifs électroniques (par évaluation adaptive).

C) LE DISPOSITIF DE FREINAGE(FIGURE 6)

Pour des raisons de sécurité, undouble système de freinage s’estimposé. Pour les installations à pasd’hélice réglable, la modification du pas sert de système de freinageprincipal. Pour une mise à l’arrêt, les pales prennent des positions «endrapeau». Un deuxième frein (àdisque) se trouve incorporé dans lesystème de transmission pour unblocage complet des pales. Pour les installations plus anciennes, à pas fixe, le freinage s’effectue par des ailerons orientables plaçés à l’extrémité des pales.

D) LE DISPOSITIF D’ORIENTATIONPAR RAPPORT AU VENT (FIGURE 6)

La nacelle est en général orientablepar rotation autour de l’axe dupylône pour optimiser la prise devent. Le mouvement s’effectue parun engrenage actionné mécanique-ment, hydrauliquement ou électri-quement.

E) LE MULTIPLICATEUR DE VITESSEET LE GÉNÉRATEUR ÉLECTRIQUE(FIGURE 6)

La vitesse de rotation, en régimenormal, des grands aérogénérateurs

de kilowatts jusqu’à 1650 Kilowatts.Quelques installations de plus de 2 mégawatts restent au stade de démonstration.

Ces séries sont annoncées commetechniquement fiables. Pour detelles puissances le coût spécifiquedu kilowattheure installé (fabrica-tion, montage, essai) se situe autourde 6500 à 8000 francs français ou1900 à 2300 Deutschmark. Ceschiffres sont particulièrement signi-ficatifs car l’Allemagne possède àprésent le plus grand nombre d’éoliennes en service dans lemonde soit plus de 4000 mégawatts(environ 8000 machines) contre2200 mégawatts aux États-Unis,1500 au Danemark, 1000 en Inde et 900 en Espagne.

Un calcul économique essentiel serapporte au coût du kilowattheureproduit. Il dépend d’abord d’unparamètre qui doit être connu avecsuffisamment de précision : la vitessemoyenne annuelle du vent. Dansles sites bien ventés des régionscôtières, des vitesses moyennesannuelles de 6 à 7 mètres parseconde correspondent à des durées à pleine charge de 2400 à2500 heures. Pour certains sitesparticulièrement favorables onannonce des valeurs jusqu’à 9 mètrespar seconde et même légèrementsupérieures.

Suivant le taux d’intérêt, le calculéconomique par la méthode d’ac-tualisation fournit un kilowattheureentre 37 et 45 centimes (français)pour les régions côtières favorables.Dans les zones plus à l’intérieur des terres, ce coût peut croître à 50 voire 75 centimes. Cela confirmela nécessité pour de telles machines(ayant autour de 4 à 4,5 mètres parseconde de vitesse d’accrochage du vent) de se trouver sur des siteschoisis avec soin, ayant une duréeannuelle de marche à puissancenominale supérieure à 2400heures/en ordre de grandeur (Figure 7).

Cependant, un calcul de coût spéci-fique incorpore un autre paramètre

Figure 6. Nacelle d’une éolienne à pales

Page 49: Le programme solaire mondiale

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 49

essentiel : la durée d’amortissement,en général équivalente à la durée devie de l’éolienne. Actuellement onadmet dans les calculs des durées de 15 et plus récemment de 20 ans.L’expérience confirmera un telchiffre surtout pour les machinesrécentes, plus perfectionnées. Dansune certaine mesure, pour resterobjectif et réaliste, on introduit dansle calcul un élément d’incertitudequi ne sera éliminé que par l’exploi-tation sur une longue durée (Figure 8).

Perspectives présentes de développementLa grande majorité des projetsd’éolienne dans le monde concernedes générateurs d’électricité couplésà un réseau de distribution public.La desserte en courant électrique depoints de consommation isolés ouen îlot s’effectue soit par associationavec un groupe diesel soit avec unebatterie d’accumulateurs. Certainsproblèmes de coordination et destabilité entre les deux sourcescomplémentaires se résolvent àprésent plus aisément grâce àl’assistance de l’automatisme et del’électronique.

Une autre application spécifiquemérite qu’on s’y attarde :

Le pompage de l’eau grâce aux éoliennesElles s’étaient développées à cettefin au cours du XIXe siècle, surtoutaux États-Unis où les pionniersconnaissaient des conditions d’exis-tence voisines de celles encorevécues dans des régions en voie dedéveloppement. Le XXIe siècle neconnaîtra peut-être pas de problèmesd’approvisionnement en énergiequantitativement parlant. Le souciprincipal de l’humanité visera uneénergie de qualité par rapport àl’environnement, une énergie propre,d’où découlent les chances desfuturs aérogénérateurs.

Dès à présent cependant, apparaîtl’angoissante question de l’approvi-sionnement en eau des populations

de la planète, en abondance et enqualité. Or, la pompe à eau coupléeà une éolienne, généralement depuissance nominale modeste résoud,par la nature même du produit àextraire, le problème de stockage. Il n’est pas exclu dans ces conditionsde risquer le pronostic suivant : deséoliennes de petite taille pour lepompage et l’alimentation encourant de sites isolés ciblés, deséoliennes de taille importante pourla production d’électricité aveccouplage sur un réseau public.

Y a-t-il une limite au développement ?Les grandes éoliennes à présentréalisées atteignent des puissancesnominales de 1500 à 1600 kilowattsvoire 2000 kilowatts. Quelquesinstallations expérimentales voisi-nent les 3000 kilowatts. On aannoncé récemment la mise àl’étude de machines à axe horizontalde 5000 kilowatts. De tels enginsnécessiteront des pylônes d’unehauteur d’une centaine de mètres,des diamètres de balayage des palesdu rotor de 110 mètres. Un récentprojet d’un parc de 100 éoliennescomme première tranche, suivi d’unenouvelle tranche de 100 machinesde 5000 kilowatts chacune (soit1000 mégawatts, l’équivalent de lacapacité d’une centrale nucléaire) se situe en pleine mer entre l’île deHelgoland et le Schleswig-Holstein,sur des hauts-fonds et une superficiede plus de 100 kilomètres carrés(profondeur moyenne de l’eau : 20 mètres).

Le projet suscite autant d’intérêt quede scepticisme, vu la nécessité deconstruire, d’exploiter et de réparerdes éoliennes dans un milieu marinoù les vagues peuvent atteindre deshauteurs d’une vingtaine de mètres.Restera à résoudre, outre l’évacuation

de l’énergie électrique vers le conti-nent, le couplage d’une telle capacitéde production à disponibilité fluc-tuante sur le réseau haute tension duNord de l’Allemagne, distant d’unetrentaine de kilomètres.

La réussite d’une telle entreprisepourrait donner une impulsion ren-forcée à une énergie renouvelablequi suscite parfois quelques opposi-tions en raison d’une certainenuisance esthétique, un reprochedevenu caduque pour les sites enpleine mer. D’autres récriminationsne manquent pas, comme la gêneoccasionnée à la navigation ou àl’industrie de la pêche, mais celles-ciparaissent discutables.

Quel handicap à une large expansion ?Jusqu’à présent les éoliennes depuissance moyenne dispersées surune large étendue d’un territoire neposaient pas de problèmes au réseaulocal d’électricité. Elles alimentent la plupart du temps un réseaumoyenne tension, plus rarement le réseau haute tension.

La prolifération des éoliennes,comme la connaissent les régions duNord de l’Allemagne (Basse Saxe,Schleswig-Holstein, Westphalie)

Figure 7. Diagramme puis-sance de l’éolienne parrapport à la vitesse du vent (éolienne expéri-mentale de 3000 kW)

Figure 8. Coût du kilowattheure en fonctionde la vitesse moyenne annuelle et de ladurée d’amortissement en Allemagne.

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avec l’augmentation simultanée descapacités spécifiques des machines,suscite dès à présent des préoccupa-tions dans les sociétés de productionet de distribution d’électricitéconcernées.

L’aérogénérateur démarre à desvitesses de vent de l’ordre de 4 à 4,5 mètres par seconde et doitêtre bloqué pour des vents dont lavitesse est supérieure à 24-26 mètrespar seconde. Il en découle, d’aprèsles producteurs d’électricité, lescontraintes suivantes :

– un effort plus grand demandé auréglage de la charge des centralesthermiques classiques.

– la prise en compte des gradientsde puissances plus élevés.

– le démarrage et l’arrêt plus fréquentdes groupes tournants avec lamise à disposition d’une réserve(chaude) suffisante et coûteuse.

– un effort supplémentaire demandéau réglage primaire des centralesavec rupture du couplage deséoliennes autour de 49,6 Hertz,d’où l’intérêt des nouveaux systèmesà semi-conducteur à onduleurs.

Les grands producteurs d’électricitéallemands confrontés à ces difficul-tés ont demandé que la capacité enéoliennes couplées à leur réseau soitlimitée à 5% de leur propre capacitéen centrales thermiques classiques.Envisager dès le départ la minimi-sation de ces inconvénients peutcontribuer largement à l’essor del’énergie du vent.

L’énergie éolienne et le soutien financier pour son développementSubventionner une énergie renouve-lable jouissant de bonnes perspec-tives de développement ne suscitedes récriminations que si des effetspervers apparaissent. C’est ainsiqu’en Allemagne la nouvelle loi depromotion des énergies renouve-lables confirme l’obligation pour ledistributeur public de racheter leskilowattheures produits par l’énergieéolienne à 17 Pfennigs le kilowatt-

heure (60 centimes français). Cechiffre décroîtra cependant au coursdes années. Il faut noter qu’il resteloin derrière la subvention accordéeau kilowattheure d’origine solaire de99 Pfennigs (soit 3,5 francs français).

L’Espagne soutient le kilowattheureéolien à hauteur de 50 pesetas (soitenviron 20 centimes français) maisvise un développement de l’énergiedu vent sans subvention d’ici 2010.

Dans un marché de l’électricité quis’ouvre largement à la concurrence,où privatisation et fusion d’entre-prises créent une certaine agitation,l’obligation de rachat se trouveparfois controversée. La promotionde l’énergie éolienne, dans unedémarche objective et rationnelle se voit par contre moins contestée.

ConclusionÉnergie propre, énergie d’avenir,l’énergie du vent développée judi-cieusement, sans optimisme exagéré,ni réserve injustifiée, doit confirmer

ses créneaux porteurs aussi bien pourla production d’électricité que pourdes applications essentielles commele pompage de l’eau.

Mettant en œuvre les retombées duprogrès technique, ses perspectives,malgré les limites techniques etéconomiques à prendre en compte,s’avèrent prometteuses.

Bibliographie :

– SEIDEL , Jürgen, Elektrische Energie ausWind, Hamburgische Elektrizitäswerke Schulinformation.

– Guide de l’énergie éolienne, I.E.P.F., Québec.

– Erneverbare Energien.LeitfadenFür Städteund Gemeinden, Forum fürZukunftsenergien, Bonn.

– WALKER, John F., JEINKINS, Nicholas,Wind Energy Technology, John Wileyand Sons. 1997.

– HÖHNSCHEIDT, Walter, Windräder,Hinter hohen Wellen, FrankfurterAllgemeine Zeitung 12.10.1999,page 12.

– Loi allemande sur les énergie renouvelables du 25.02.2000. Entrée en vigueur le 1.04.2000.

Le monde se trouve au milieu d’une transition énergétique etconstate l’avènement de sources d’énergie favorables àl’environnement. La Commission Solaire Mondiale peut faire unecontribution importante pour faciliter cette transition et préparerun avenir durable pour l’humanité.

L’Inde possède l’un des programmes d’énergies renouvelables leplus important du monde dans le domaines de l’énergie ruraleet de la production électrique. Elle participe activement à

plusieurs initiatives internationales pour la promotion des énergies renouvelables.À l’initiative de l’UNESCO, l’Inde a proposé un projet visant à développer unprogramme complet de formation en technologies des énergies renouvelablesdestiné aux ressortissants de pays en développement. Ceci contribuera de manièreimportante à répondre aux besoins de personnel formé dans le domaine desénergies renouvelables. Une autre initiative que nous avons lancée concernel’électrification rurale par le moyen des technologies d’énergies renouvelables.Cette initiative correspond à notre priorité nationale de fournir l’énergie aux zonesrurales et pourrait servir de modèle à d’autres pays.

Je suis convaincu que la Commission Solaire Mondiale peut jouer un rôle majeurdans la promotion de ces initiatives. L’Inde apporte son soutien au ProgrammeSolaire Mondial 1996-2005.

Son ExcellenceMonsieur Atal Bihari Vajpayee

Premier Ministre de l’IndeMai 1998

Inde

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Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 51

a spécialisation dans ce domaine suppose une connaissance générale surles diverses technologies et leur adaptation aux différents contextes etdomaines d’application. On constate qu’il n’existe pas de formation univer-sitaire spécifique qui aborde les diverses formes d’énergies renouvelables etqui couvrirait leurs différents aspects (techniques, technologiques, écono-miques et sociaux) et qui soit sanctionnée par un diplôme reconnaissantcette spécialisation. Plus particulièrement :

• Le grand public est très mal informé sur l’état actuel et les perspectivesréelles qu’offrent les énergies renouvelables et est souvent désorienté parles effets de mode et anti-mode liés aux contextes énergétique, environne-mental et économique concernant particulièrement ce type d’énergie.

• Il n’existe pas de formation spécifique sur les énergies renouvelables dansles programmes éducatifs au niveau du secondaire, capable d’intéresser unpublic jeune et d’orienter de manière réaliste un choix futur.

• Il existe très peu ou pas de manuels pédagogiques pratiques sur les énergiesrenouvelables qui s’adressent au grand public, et notamment aux plusjeunes.

• Très peu d’information à l’adresse des jeunes dans les lycées sur lesperspectives et débouchés qu’offre une spécialisation dans le domaine desénergies renouvelables.

• Il n’existe pas de coordination dans le domaine de l’éducation entre lesdiverses activités liées aux énergies renouvelables.

• Il existe peu d’information sur les filières universitaires permettantd’accéder à une formation liée aux énergies renouvelables.

Tout ou presque reste à faire en matière d’éducation et deformation sur les énergies renouvelables. Cette absence deprogrammes éducatifs ambitieux s’explique notamment parl’action conjuguée des deux éléments suivants :

1. l’interdisciplinarité du sujet et sa diversité ;

2. la non-reconnaissance de ce sujet comme composantemajeure du thème « Énergie ».

Osman Benchikh, spécialistede programme à l’UNESCO.

Éducation et formation sur les énergies renouvelables

OSMAN BENCHIKH

L

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52 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46

• Les besoins en matière de forma-tion sur les énergies renouvelablessont peu connus. Les organisationsayant besoin de formation pourleur personnel et les domainesd’intérêts doivent être égalementidentifiés.

• Il y a très peu d’information sur le type de formation demandée :technique, pratique, cours inten-sifs, formation continue, coursspécifique, école d’été, etc.

De plus, si le potentiel du gisementsolaire photovoltaïque (par exemple)n’est pas négligeable à l’échellemondiale, les centres de rechercheet formation liés aux énergiesrenouvelables sont souvent malrépartis. Les régions bénéficiantd’un fort potentiel en énergie solaireet confrontées à un déficit enmatière d’électrification, notammentrurale, sont celles où la répartitiondes centres de formation spécialisésdans ce domaine est faible (Fig.1).

2. Besoins en formationLes aspects généraux des besoins en formation sont à examiner sousdeux angles :

• Quelles «cibles» pourl’enseignement ? Bien évidemment les besoinsd’aujourd’hui dépendent desperspectives actuelles d’emploi.

• Quelles matières doivent êtreenseignées ?La réponse générale sera proposéeet déclinée pour les différentes«cibles» aux paragraphes suivants.

À titre d’exemple, les besoins enformation ont été traités en 1993pour les trois filières : solaire ther-mique, photovoltaïque et aérogéné-rateurs1 à l’échelle européenne.Nous citerons largement ce travailet y ajouterons un petit nombre dedonnées plus récentes.

Partant de presque nul en 1980, lenombre d’emplois créés par ces troisfilières est, dans l’Europe de 1992,

respectivement de 3 000, 3 000 et6 000. Il devrait atteindre 20 000 enl’an 2000. Examinons plus en détailla structure des 6 000 emplois de lafilière aérogénérateurs en 1992.

Ils se décomposent en 2 500 emploisdirectement créés dans les entre-prises de ce secteur ; ces entreprisessont de petite taille (de 10 à 100 personnes), ce qui indique un manque de maturité ; une seuleavait, en 1992, 500 employés. Sur ces 2 500 emplois «directs»,1 400 étaient localisés au Danemark,400 aux Pays-Bas, 300 en Allemagne,100 en Grande-Bretagne. Il s’yajoutait 1 550 emplois « indirects»(c’est-à-dire fournisseurs, sous-traitance) et 2 900 emploisconsacrés à l’installation et à lamaintenance.

Dès 1995, ce panorama avait pro-fondément évolué. Selon SystèmesSolaires2, le nombre d’emplois étaitpassé à 5 000 en Allemagne (dont1 400 directs), 3 700 en Grande-Bretagne (dont 1 300 directs et 220 consacrés à l’exportation) ; un éventuel programme françaisd’aérogénérateurs, de 500 MW en 10 ans, créerait 2 800 emplois(dont 860 directs).

Par ailleurs, ces chiffres cachent une grande mutation technologiquedu secteur dont la productivité estpassée, en quelques années, de 15 à5,6 emplois par mégawatt installé.

À ce sujet, on rappellera une indi-cation du World-Watch ResearchInstitute : pour créer un équipementproduisant annuellement 1000 GWh,il faut le travail de 100 personnesdans le secteur nucléaire, soit 116 personnes dans le secteur charbon,248 personnes dans le solaire ther-mique, ou encore 542 personnespour les aérogénérateurs. Ces ratiospeuvent certes évoluer, mais onretiendra que les énergies renouve-lables sont davantage créatricesd’emplois que les énergies classiques(ce qui se traduit en général par unetendance à un coût en capital plusélevé, que compensera en partie uncoût de fonctionnement plus faible).

Ces précisions d’ordre quantitatifdevraient être complétées par denouvelles études, actualisées etgénéralisées d’une part à toutes lesfilières, d’autre part à toutes lesrégions y compris les zones ruralesdes pays en développement où lesénergies renouvelables, notamment

1 MALBRANCHE, Ph., The training and qualificationsrequirements to support the development of solarthermal energy, photovoltaic energy and windenergy, Rapport présenté par EuropeanMaterials Research Society à la DG I de l’Union Européenne, 1993.

2 Voir deux (2) articles de Systèmes Solaires113, 1996, page 26. Cette revue estconsacrée aux énergies renouvelables et setrouve à l’adresse 146 rue de l’Université,75007 – Paris.

Figure1. Répartition des formations et centres de recherche/ potentiel solaire photovoltaïque

Asie Océanie

4,1 %

ExURSS1,9 %

Europe59,4 %

Afrique4 %

Amériquedu Nord

15 %

Amériquedu Sud15,6 %

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Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 53

le photovoltaïque, ont un rôlemajeur à jouer. Nous en retiendronsles conclusions provisoiressuivantes :

Les différentes filières d’énergies renouvelablessont une mine d’emplois nouveaux. Desdizaines de milliers d’emplois ont déjà étécréés en quelques années. La localisation etla nature de ces emplois évoluent rapidementen même temps que leur nombre s’accroît :c’est donc un secteur où une politique deformation convenable est absolumentindispensable.

La plupart des nouveaux emplois nedemanderont pas de compétencesradicalement nouvelles ; cependant,des sessions de formation basées surles compétences originelles sontindispensables. Par exemple, le savoirde base des ingénieurs concepteurset architectes pourrait être suffisant,mais un changement drastique deleur comportement est nécessaire.Ils sont habitués à des systèmesconventionnels qu’on peut utilisern’importe où quel que soit l’environ-nement. Au contraire, les technolo-gies utilisées dans le domaine desénergies renouvelables sont influen-cées par le site et le climat et ellesinteragissent avec le consommateur.Elles exigent en général plus detravail de conception, d’adaptation,de mise au point des sites et dessystèmes que tout autre systèmebasé sur les combustibles fossiles.Ceci implique davantage d’emploispour obtenir des systèmes efficaceset durables.

Dans le secteur de la constructionpar exemple, le nombre total d’em-plois créés par le solaire photovol-taïque pour la production annuellede 1TWh représente 198 852emplois. Pour la même énergieproduite, ces chiffres représentent le nombre le plus élevé comparé auxautres sources d’énergie convention-nelles. Le tableau suivant donne unevue d’ensemble comparative sur lesemplois créés pour la productionannuelle de 1TWh par lesdifférentes sources d’énergie.

3. Aspects spécifiques de formation3

Des considérations spécifiques à laformation des chercheurs, ingénieurs,techniciens et techniciens supérieurs,à l’information des décideurs, éluslocaux, consultants et du grandpublic en général, devraient fairel’objet d’une meilleure prise encompte. La formation des techniciensest l’une des actions les plus urgentes,nécessaires à la réussite de toutprogramme d’énergies renouvelables.Elle sera présentée en premier afinde souligner l’importance qui doitlui être réservée.

3.1. FORMATION DES TECHNICIENS

Les techniciens auront un rôleprimordial à jouer à tous les stadesdes projets solaires4. En effet, ilsauront à intervenir au niveau du

laboratoire, des centres d’essais, de la production industrielle descomposants, de la distributioncommerciale, de l’assemblage dessystèmes, de leur installation, deleur entretien et de leur mainte-nance. Le succès des projets solairesne sera donc possible que si chaqueétape est elle-même menée avecsuccès grâce à l’action de technicienscompétents. C’est vraisemblable-ment pour assurer les tâchesd’installation, d’entretien et demaintenance des systèmes que semanifestera la demande la plus

3 BENCHIKH, O., FRERIS, L., KYRITSIS, S., PANAGAKIS, P. et SOUNDRA-NAYAGAN,M., dans un rapport présenté à laDirection DG XII de la CommissionEuropéenne, 1996.

4 Le terme utilisé dans cette partie représentetoutes les formes d’énergies renouvelables.

Nombre d’emplois/par TWh produit annuellement

Emploi dans la construction

DIRECTS INDIRECTS TOTAL

SECTEUR ÉLECTRIQUE

GAZ 18 250 39 992 58 242

CHARBON 29 077 78 215 107 292

PÉTROLE 29 077 65 223 94 300

NUCLÉAIRE 45 073 115 334 160 407

PHOTOVOLTAïQUE 79 541 119 311 198 852

BIO-ÉNERGIE 30 933 83 960 114 893

Nombre d’emplois/ TWh produit annuellement

Figure 2. Emploi dans la construction

Bioénergie 15 % Gaz 8 %

Charbon 15 %

Pétrole 13 %

Nucléaire 22 %

Photovoltaïque 27 %

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importante de technicienscompétents.

Les établissements d’enseignementtechnique sont logiquement lesmieux placés pour dispenser cesformations. Ceux-ci devraient néan-moins travailler en étroite liaisonavec les centres d’essais solairesdont les moyens d’essais techniquespourront être avantageusementutilisés comme support pédagogiquede ces formations.

La formation permanente constitueun autre aspect de la formation destechniciens solaires. Elle doitpermettre à des techniciens formésdans d’autres disciplines ; d’acquériren un temps court les connaissancesnécessaires pour maîtriser l’une desspécialités diverses.

3.2. FORMATION DES CHERCHEURS

Il faut souligner l’intérêt de promou-voir un important programme derecherches dans un secteur relative-ment nouveau, celui de la chimiesolaire pour la production decombustibles. Il convient aussi de mentionner d’autres thèmes de recherche faisant l’objet deprogrammes déjà bien soutenus,mais qui devront néanmoins êtremaintenus, voire amplifiés.

Les performances et les coûts dessystèmes d’énergies renouvelablessont encore susceptibles d’êtreaméliorés de façon substantielle parrapport à la situation actuelle. Sousl’impulsion du programme d’électri-fication rurale (et autres applications)ainsi que l’expansion du marché quien résultera, les progrès dans cesecteur seront naturellement accé-lérés. Cette dynamique induira unaccroissement de l’effort industrielet justifiera de ce fait un renforce-ment des moyens de recherche dansce secteur.

C’est aux universités et aux écolessupérieures d’ingénieurs qu’incom-bera la mission de former les chercheurs qui demain ferontprogresser ces programmes.

3.3. FORMATION DES INGÉNIEURS

La réalisation des programmesd’énergies renouvelables, notammentd’électrification solaire rurale, cons-titue un immense projet industrielpour les prochaines décennies. Lespays industrialisés pourront de touteévidence apporter une contributionappréciable à cette tâche, ce quientraînera des conséquences bénéfiques au plan de la créationd’emplois. On peut aussi espérerque cette dynamique entraîne ledéveloppement d’une industrie dansles pays utilisateurs, susceptibled’apporter une contribution majeureà la réalisation de ces programmes.

L’essor industriel prévu dans lesdomaines de l’électricité éolienne etsolaire, les biocarburants et l’archi-tecture passive exige d’être animépar de nouvelles générations d’ingé-nieurs dont le travail, les initiativeset les compétences seront les meil-leurs garants du succès. On voitdonc clairement apparaître la néces-sité d’assurer la formation de cettefuture élite d’ingénieurs qui aura àcréer, organiser et animer l’industriesolaire des prochaines décennies.

Les domaines de compétence àprivilégier dans les enseignementsd’ingénieurs sont, comme il a été ditplus haut à propos des chercheurs, laphysique du solide, la physique desmatériaux, la physique moléculaire,la thermochimie, la photochimie, la thermique, la thermodynamique,etc. À cette liste devraient s’ajouterl’électronique de puissance, l’élec-trotechnique et la mécanique desfluides.

L’aspect pratique doit revêtir uncaractère prioritaire dans ces ensei-gnements. La pédagogie laissera eneffet une large part aux travauxpratiques et aux projets relatifs à deséquipements réels et des installationsen vraie grandeur. Il y aura donctout intérêt à implanter les établis-sements de formation d’ingénieursauprès des centres d’essais, dont uncertain nombre existent déjà.

La formation permanente constitueun autre aspect important de laformation d’ingénieurs. Elle permeten effet à des ingénieurs formésdans d’autres disciplines d’acquériren un minimum de temps lesconnaissances qui leur permettrontde se consacrer plus efficacement àde nouveaux domaines. Les forma-tions courtes du type écoles d’étérépondent bien à ce besoin. L’écoled’été annuelle organisée parl’UNESCO sur le thème «Électri-cité solaire pour les zones ruralesisolées» constitue un exempled’action dans cette direction. Cetteinitiative devra être encouragée etpoursuivie, voire étendue à d’autressecteurs d’intérêt comme la bio-masse, l’éolien ainsi que les autresformes d’énergie renouvelable.

3.4. INFORMATION DES DÉCIDEURS,DES ÉLUS LOCAUX ET DES SERVICES TECHNIQUES

L’une des difficultés qu’il faudrasurmonter pour parvenir à promou-voir les programmes solaires sera deconvaincre les décideurs du bienfondé de ces propositions en vued’obtenir leur soutien. Le contexteactuel est loin d’être favorable à unetelle action. Le faible coût actueldes produits pétroliers, l’existenced’autres technologies considérées àtort ou à raison plus crédibles, sus-citent chez beaucoup de décideurset d’experts des réactions d’incrédu-lité, de scepticisme voire d’hostilitévis à vis des technologies solaires. Ceclimat difficile résulte aussi d’uneméconnaissance assez générale desrésultats et des succès des technolo-gies solaires au cours des dernièresannées. De plus, les progrès réalisa-bles et les perspectives futures sontprobablement encore moins bienconnus.

L’insuffisance de l’information dansce domaine n’est pas nécessairementdue à la modestie des chercheurs du solaire, mais plutôt à celle desmoyens qui leur ont été attribuéspar le passé. Un effort réel est àentreprendre pour promouvoir une

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Dans le processus de civilisation et de développementsocial, l’exploitation des énergies renouvelables ajoué un rôle important. Aujourd’hui, alors quel’énergie, l’environnement et le développementdurable sont devenus des sujets d’intérêt universel,les énergies renouvelables apportent un nouvel espoirà l’humanité pour construire un système énergétique

orienté vers le futur. Promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables,réduire la pollution et protéger l’environnement sont des entreprisesqui bénéficieront à l’humanité dans son ensemble ; leur succès dépenddes efforts conjugués et de la large participation de la communautéinternationale.

Je voudrais saisir cette occasion pour réitérer le plein appui dugouvernement chinois au Programme Solaire Mondial 1996-2005 initiépar l’UNESCO et souhaiter que le Programme rencontre un total succès.

Son ExcellenceMonsieur Jiang Zemin

Président de la République populaire de ChineAvril 1998

Le Programme solaire mondial : une nouvelle dynamique pour les EnR 55

meilleure information hors des milieuxspécialisés de la recherche solaire.

Pour un électricien, l’électrificationrurale est souvent synonyme dedéveloppement et extension duréseau interconnecté. Pour l’élu local,qui n’a pas une bonne connaissancede l’éventail des technologies dis-ponibles, s’en remettre aux sociétésnationales d’électricité c’est souventchoisir la sécurité, par inertie ou parhabitude. Il faut donc convaincretout à la fois les cadres des sociétésd’électricité et les élus locaux que lerecours aux technologies solaires estun atout pour tous, un complémentaux interconnexions et qu’il n’y apas nécessairement antagonismeentre le réseau interconnecté et lestechnologies solaires décentralisées.

Certaines sociétés d’électricité l’ontd’ailleurs bien compris qui, dans uncontexte où la construction de nou-velles centrales et de nouvelleslignes à haute tension se heurte à denombreuses difficultés financières,écologiques ou réglementaires,voient dans le recours aux technolo-gies solaires une solution complé-mentaire aux solutions traditionnelles.

Dans les pays en développement, leconcept de «pré-électrification»permet de comprendre que la pro-motion de certaines technologiessolaires est souvent une premièreétape vers la constitution d’unréseau interconnecté. Le meilleurallié du solaire est sans doute l’élec-tricien lorsque celui-ci a comprisque l’énergie solaire n’est pas unerivale mais un atout pour la promo-tion de l’électricité. Il y a là uneffort important de formation etd’information à accomplir.

3.5. INFORMATION DU GRANDPUBLIC ET DES UTILISATEURS

Le travail de formation et d’infor-mation mentionné ci-dessus seraégalement à entreprendre auprès desutilisateurs et en général du grandpublic qui ignore aujourd’hui laplupart des réalisations, des possi-

bilités et des perspectives destechnologies solaires.

Dans les pays où devront être réalisésdes programmes solaires, où les popu-lations auront un contact direct avecles équipements solaires, cette infor-mation rejoint celle de l’utilisateur.

4. Préparer l’avenirLa formation de spécialistes en énergiesrenouvelables est basée sur les savoirshabituellement enseignés dans les différentesdisciplines et aux différents niveaux, maisexige des compléments spécifiques. Cescompléments sont de deux ordres : d’une partune culture générale apte à faire comprendrela place éminente qui est et sera celle desénergies renouvelables, d’autre part unapprofondissement technique particulier àchaque filière et fournissant les clefs d’untravail de terrain efficace dans les condi-tions d’utilisation de cette filière.

Pour accompagner et renforcer la nouvelle perspective mondialerelative aux énergies renouvelables,l’UNESCO a mis en place, dans le cadre du Programme SolaireMondial 1996-2005 (PSM), un

programme intitulé « Programmeglobal d’éducation et de formationsur les énergies renouvelables»(GREET Programme)5, destiné àrépondre aux besoins d’éducation etde formation. Les actions proposéesdans le cadre de ce programmecontribueront à répondre auxbesoins en matière de formationpour les niveaux mentionnés ci-dessus et de manière générale auxdifférents acteurs impliqués demanière directe ou indirecte dans la mise en place, la réalisation et le suivi des projets et programmessolaires. Pour une exécution effec-tive du plan d’action du GREETProgramme, la participationseffective des différents Conseilssolaires régionaux mis en place dansle cadre du Processus du Sommetsolaire mondial ainsi que celle desdifférentes institutions nationales,régionales et internationales concer-nées par la recherche, développe-ment et formation dans ce domaineconstitueront la composanteessentielle.

5 BENCHIKH, O., Publication de l’UNESCO.

Chine

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