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Les 10 Commandements du
Parcours Lent
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Sommaire 01 Comprendre la philosophie du plateau 02 Comment rater son plateau comme un chef 03 Comment réussir son plateau comme un boss 04 Pour réussir le parcours lent, il faut dé-com-po-ser. 05 Les 10 Commandements du Parcours Lent 06 Section bonus 07 Conclusion
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Comprendre la philosophie des exercices du plateau Quand on se prend la tête avec le plateau, il arrive souvent un moment où on se demande : “Nan mais, en vrai, ça sert à quoi tous ces trucs avec les plots ?” Voire, on se dit souvent que ça ne sert à rien dans la vraie vie. Il y a pourtant un truc fondamental à comprendre (ou à se rappeler) : Manier une moto, c’est arriver à combiner 1001 savoir-faire en même temps. Sans devoir y réfléchir. En mode “pilote automatique” : équilibre, trajectoire, vitesse, autres véhicules, etc. Et justement, le but des exercices du plateau, c’est de s’assurer que, avant de t’envoyer sur la route, tu sais manier ton engin correctement. Donc, hors circulation dans un premier temps. Puisqu’une fois lâché dans le grand bain, tu devras savoir appliquer sans y penser, de façon automatique :
- La gestion de l’équilibre dans les bouchons et ralentissements -> talent que tu auras appris grâce à ta maîtrise de l’allure lente en répétant un nombre incalculable la partie chronométrée en plus de 20 secondes
- L’esquive d’un ou plusieurs obstacles qui peuvent surgir à tout moment, en mode kermesse -> talent que tu auras appris à déclencher automatiquement grâce à d’innombrables répétitions de l’évitement d’un obstacle fixe (lot de plots) et connu à l’avance au plateau
- Le freinage soudain et non anticipé parce qu’un gamin court après son ballon sans regarder ou parce qu’une voiture a pilé devant toi -> talent que tu auras appris à déclencher automatiquement grâce à d’innombrables répétitions du freinage d’urgence face à un obstacle fixe (ligne blanche) et connu à l’avance au plateau
Si c’est trop scolaire ce que je viens de dire (ce que je peux comprendre), crois-moi que tu seras heureux d’avoir développé les bons réflexes le jour où tu te retrouveras sur l’A86 avec un semi-remorque de la taille d’un immeuble qui part en drift et fait piler tout le tronçon de voiture et que tu dois esquiver par la gauche le Scénic juste devant toi alors que tu es déjà sur la voie de gauche. Comme ce jour où j’allais juste faire ma vidange d’huile de fourche au Dafy de Cachan sur mon GS500E.
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Comment rater son plateau comme un chef Il y a au moins 70 façons de foirer son plateau. Ici, on va se contenter des deux meilleures. La crème de la crème. 1) Se focaliser sur les exercices du plateau en tant que tels plutôt que sur l’apprentissage des compétences nécessaires pour les réussir. Ces compétences vous serviront dans la “vraie vie” comme on vient de le voir. Masterisez-les et vos exercices deviendront plus faciles tout en faisant de vous un meilleur motard. 2) Considérer que l’examen est un “certificat de savoir conduire” ou un “certificat de bon pilote” au lieu de se rappeler que ce n’est qu’un examen. Un exercice. Que le foirer peut arriver à tout le monde, même aux meilleurs. L’examen n’est qu’une formalité à accomplir, ça n’atteste pas de vos compétences de pilote. Ça atteste uniquement qu’un jour J dans votre vie, vous avez su exécuter un certain nombre d’exercices dans un ordre particulier, sous le regard d’une personne tierce prenant des notes sur ce que vous faites. En vrai, repensez à votre permis voiture. Quand vous l’avez obtenu, étiez-vous le meilleur pilote de voiture du monde ? Un permis de conduire en tant que tel (quel que soit le permis) n’est qu’un permis d’apprendre dans des conditions réelles. Avant de vous laisser faire votre véritable apprentissage sur la route (pas entre des plots), on s’assure que vous le ferez sans mettre en danger ni les autres ni vous-même. C’est tout.
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Comment réussir son plateau comme un boss 3 règles d’or pour y arriver : 1. Y aller progressivement et comprendre que c’est ça la nature de l’apprentissage. Avant de savoir courir, par combien d’étapes êtes-vous passé ? Avant de savoir donner un coup de poing, par combien d’étapes passe un boxeur ? Avant de savoir conduire une voiture, par combien d’étapes êtes-vous passé ? Laissez cette pensée infuser avant de répondre à la question... Et maintenant, dé-com-po-sez votre apprentissage du parcours lent par étapes simples. Vous verrez que ça devient tout de suite plus facile. 2. Être tolérant avec soi-même en sachant reconnaître son progrès sans s’auto-flageller dès qu’on se foire un peu. On pourrait même dire être bienveillant avec soi-même. “No pain, no gain.” qu’ils disent... Je ne sais pas pour vous mais de mon point de vue, il n’y a qu’une personne qui sera à mes côtés jusqu’à la tombe. Quoi qu’il se passe. Et cette personne, c’est moi-même. Alors, autant en prendre soin. Je vous propose donc un truc nouveau, différent : Et si on se mettait à prendre du plaisir face à des difficultés ? Et si on commençait à reconnaître le défi que ça représente au-delà de la frustration initiale ? Et si au lieu de se critiquer sur le moindre truc qui va pas, on souriait et on s’encourageait à s’améliorer ? Encore et encore ? Et de mieux en mieux. 3. Prendre confiance en soi (si on ne l’a pas déjà prise) et en sa capacité à réussir. Même un truc considéré comme “dangereux” par les autres.
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À moto, il est facile d’avoir peur. L’entourage peut nous rappeler chaque jour à quel point on est fous / cons / suicidaires / *insérer le commentaire reçu récemment* de vouloir conduire une moto. Ensuite, les fiches que l’on doit apprendre pour l’examen peuvent être plus ou moins résumées par le titre suivant : “Les 12 meilleures façons de mourir à moto” Et comme on les apprend généralement par cœur, ça peut laisser des traces en nous. Si on traine sur YouTube, les vidéos de motos les plus mises en avant sont les road rages et les crashes violents. Merci le buzz et le sensationnalisme. Là encore, rien de rassurant. Ce rappel constant a de quoi éroder sa confiance initiale et enclencher un vicieux processus d’auto-sabotage inconscient pour certains : on sait faire les exercices à l’entraînement mais le jour de l’examen. Zip. Nada. Walou. On perd nos moyens. Et on met ça sur le dos du stress. Sans se poser la question de ce qui a créé ce stress... À la place, domptez vos peurs, transformez-les en un moteur de protection personnelle. Utilisez cette énergie pour mieux apprendre pendant vos leçons, pour devenir un meilleur pilote. Utilisez cette énergie pour devenir hyper vigilant quand vous roulez. Utilisez cette énergie pour prendre confiance en votre capacité à réussir, même un truc dangereux comme conduire une moto. Ah et arrêtez de regarder des vidéos de crash. Ça ne vous sert à rien de bon.
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Pour réussir le parcours lent, il faut dé-com-po-ser. La plupart des moniteurs abordent le lent en demandant à l’élève de se lancer en version “simple” : pas de chrono, pas de point de patinage, juste passer entre les plots. Et de là, ils ajoutent des éléments pour complexifier l’exercice. De mon point de vue, l’être humain apprend mieux en décomposant un exercice complexe en étapes simples à assimiler. Un peu comme pour apprendre à marcher, on apprend déjà à se lever puis à se maintenir debout avant de mettre un pied devant l’autre pour faire son premier pas. Pourquoi est-ce que ça serait différent pour apprendre à piloter une moto ? Dans le cas du lent, les compétences à maîtriser et à combiner en même temps sont :
- Gestion du régime moteur
- Gestion du point de patinage
- Gestion du frein arrière
- Gestion de l’allure
- Gestion de la trajectoire
- Gestion de l’équilibre
- Gestion du regard
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1er Commandement : Augmenter et stabiliser mon régime moteur autour de 2500 RPM Stabiliser son régime moteur apporte 5 bénéfices principaux :
1. Le point de patinage devient plus précis, plus stable, plus facile à doser
2. Augmenter le régime moteur améliore l’équilibre de la moto (effet gyroscopique + la moto s’assied du pneu arrière)
3. Avoir du gaz constamment évite de caler
4. Avoir un régime stable évite les à-coups moteur
5. Ça nous fait un paramètre en moins à gérer dans notre allure lente puisqu’on le rend fixe / constant
Les étapes pour y arriver :
1. En neutre, la moto démarrée tournera sur son régime dit de “ralenti moteur”, généralement autour des 1000 tours / minute.
2. Toujours en neutre, je joue de l’accélérateur pour comprendre de combien je dois
tourner la poignée pour atteindre un certain niveau de régime moteur (2000, 3000, 4000 tours / minutes, etc.). Attention, si la moto est à froid, éviter les grands coups de poignée qui amène à un très haut régime moteur, voire dans le rouge - rien de pire pour le moteur.
3. Je m’entraîne ensuite à viser les 2000-2500 tours / minute et à maintenir le
régime moteur autour de ce niveau constamment (toujours en neutre évidemment).
4. Mentalement, je retiens le “dosage de poignée” nécessaire à atteindre et
maintenir 2000-2500 tours / minutes. À force de pratiquer, ce dosage va s’inscrire en mémoire musculaire et devenir un réflexe. Plus besoin d’y penser, il n’y a qu’à exécuter.
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Note : intuitivement on peut penser qu’accélérer constamment pendant le lent va nous faire aller trop vite mais ce serait oublier que ce n’est qu’une seule composante de l’allure. Par la suite, on ajoutera 2 autres composantes, le dosage de l’embrayage et le dosage du frein arrière, et c’est bien la combinaison des 3 qui donnera l’allure finale de la moto. Ceci est important : Pendant toute la partie chronométrée du parcours lent, vous devez avoir un filet de gaz constant (et non pas des coups d’accélérateur comme on voit souvent sur le plateau) qui vous maintient à ce niveau de régime moteur autour des 2000-2500 tours / minutes.
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2e Commandement : Découvrir et maîtriser mon point de patinage Une fois le 1er Commandement maîtrisé, on peut bâtir la suite sur cette base. On va trouver la “zone” de patinage, c’est-à-dire la zone dans laquelle je vais osciller pour mon parcours lent. Pas complètement embrayé. Mais pas complètement débrayé non plus - le tout selon les phases du parcours lent (en virage serré vs. en ligne droite, etc.) Les étapes pour y arriver :
1. Je démarre en neutre et je stabilise mon régime moteur autour des 2000-2500 tours / minutes
2. Je débraye complètement et je passe ma 1re vitesse
3. Une fois la 1re vitesse enclenchée, je relâche doucement et avec contrôle mon embrayage jusqu’à ce que je sente la moto qui commence à être entraînée vers l’avant
4. Je débraye complètement
5. Je recommence en relâchant l’embrayage un peu plus loin pour me rendre compte de la différence de “vitesse” (à quel point la moto est plus entraînée que la 1re fois)
6. Je débraye complètement, et ainsi de suite jusqu’à trouver ce fameux “sweet spot” : la zone de patinage
NB : de la même manière, cherchez aussi à trouver le moment où la moto commence à débrayer. Au cas où ça n’était pas clair : vous gardez votre filet de gaz constant pour maintenir votre régime moteur pendant tout l’exercice, même quand vous débrayez.
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Le but ici est d’arriver à identifier dans ma zone de patinage à quel “dosage” la moto avance et à quel dosage la moto n’est plus entraînée par le moteur sans aller aux extrêmes (complètement débrayé et embrayage complètement relâché). Pendant tout l’exercice du lent, le but du jeu est de rester dans cette zone plus ou moins embrayé mais jamais complètement débrayé (perte d’élan moteur, de vitesse, potentiel de calage à la reprise, etc.) Et pas complètement embrayé non sinon la vitesse sera trop élevée, ce sera plus dur de micro-doser votre vitesse et vous ne pourrez pas prendre autant d’angle qu’en roue libre.
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3e Commandement : Micro-doser mon frein arrière On arrive ici à la 3e composante de l’allure lente, en plus de l’accélérateur et de l’embrayage : le frein arrière. Piloter à allure lente demande de jouer avec ces 3 paramètres et pour rendre l’exercice moins complexe (entre autres), dans la méthode PMF on rend un paramètre constant. L’accélérateur devient finalement un “simple multiplicateur” du dosage d’embrayage (de façon imagée) que vous envoyez dans votre allure lente (votre point de patinage). L’ajout du 3e paramètre vous permettra de micro-doser votre allure en lien avec l’embrayage à accélération constante :
● Si je relâche l’embrayage, je vais plus vite et si je débraye, je passe en roue libre, mon allure va très légèrement s’accélérer pendant un premier temps (plus rien ne retient le moteur) avant de ralentir (plus rien n’entraîne le moteur non plus)
● Plus je freine, plus je ralentis - et vice versa, plus je relâche le frein, plus je laisse la moto se faire entraîner et accélérer
Dans l’idée, pour la partie chronométrée, on va seulement effleurer en continu notre frein arrière pour maintenir une allure vraiment lente. Pour ça, on utilise que le bout du pied et on évite d’écraser la pédale comme du raisin de Bordeaux. Pour vous familiariser avec la commande :
1. Je démarre ma moto, je suis en neutre.
2. Je passe ma première vitesse et prendre un peu de gaz pour me lancer.
3. Une fois que je suis parti, je relâche complètement les gaz pour être à allure du ralenti moteur. (C’est ce qui va nous rapprocher le plus de l’allure lente.)
4. On va maintenant utiliser notre pied pour appuyer sur la pédale de frein arrière et sentir le dosage petit à petit jusqu’à ce qu’on sente que ça nous retient bien en arrière, que ça broute et dès que je sens que c’est prêt à caler je relâche. Vous allez voir que la moto repart tout de suite de l’avant.
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Variante de l’exercice :
1. J’ai toujours ma moto en neutre, je passe ma première, je m’élance en lâchant doucement le point de patinage.
2. Et cette fois, je vais arrêter de mettre des gaz pour rester en ralenti moteur sauf que je vais débrayer complètement et aller chercher mon frein arrière jusqu’à m’arrêter. (Attention à l’équilibre puisque on a plus de vitesse.)
Autre variante : je freine jusqu’à sentir que je suis proche du calage et au lieu de relâcher le frein, je débraye en maintenant le frein ou non (pour sentir les différences) jusqu’à m’arrêter.
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Check Point : Je teste mon apprentissage des trois premiers commandements en appliquant le Théorème de l'Élastique Maintenant que vous avez compris comment vos paramètres jouent sur votre allure, vous pouvez à l’exercice pratique qui vous permettra de tester votre apprentissage des 3 premiers conseils en même temps. Une métaphore qui va vous être utile pour comprendre comment les combiner ensemble pour obtenir l’allure lente parfaite au parcours chronométrée s’appelle le Théorème de l'Élastique. J’attache un élastique entre deux points au-dessus du sol. Mon objectif étant qu’il ne touche pas le sol. Si je ne mets pas assez de tension, il va toucher le sol. Mais par contre, si j’en mets trop, il va se casser. Mon objectif est donc d’avoir ce qu’il faut de tension, ni trop, ni trop peu. Mon point de l’avant, ça va être mon accélération. Et mon point arrière, ça va être mon freinage. Si je freine trop, je vais avoir trop de tension vers l’arrière. Mon élastique casse, je perds en équilibre, voire je cale. Si je vais trop vite, si j’accélère trop, mon élastique va être trop tendu vers l’avant et il va casser aussi. Ce qui veut dire que vous allez aller trop vite par rapport aux vingt secondes. Ou que vous ne serez pas en mesure de prendre la bonne trajectoire de par votre vitesse. Cette métaphore de l’élastique est particulièrement utile pour comprendre le concept de micro dosage. Disons que je suis allé trop vite. J’ai trop accéléré, je souhaite corriger ça. Si je relâche tout d’un coup, c’est un peu comme si j’avais tiré fort sur mon élastique et que je le relâche. Je me prends un retour d’élastique, ça va me générer des à-coups dans ma trajectoire. De la même manière, si j’ai trop freiné et que je relâche tout, que je remets les gaz trop vite, ça va me faire un retour d’élastique mais dans l’autre sens. C’est-à-dire que mon élastique aura été tiré fort vers l’arrière puis relâché et ça m’a propulsé trop vite vers l’avant. Ce qui peut gêner ma trajectoire et/ou mon tempo pour atteindre les 20 secondes.
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Maintenant, un test simple permet de vérifier le bon apprentissage de ces 3 points consiste à combiner ces trois points pour rouler en ligne droite à allure lente :
1. À l’arrêt, je débraye et je stabilise mon régime moteur (1er Commandement)
2. J’enclenche l’embrayage progressivement jusqu’à être entraîné (sans relâcher les gaz) (2e Commandement)
3. Une fois que je commence à partir, je laisse ma moto avancer un peu en ligne droite puis je dose mon frein arrière sans relâcher les gaz pour maintenir l’allure autour de 5 km/h (idéalement 3 km/h mais allez-y progressivement)
4. Le but étant de parcourir la plus grande distance à allure constante sans s’arrêter / poser de pied au sol en utilisant ses 3 commandes de l’allure lente
2 variantes sont possibles à partir de cet exercice :
1. Faire marcher un camarade à pied à ses côtés ou devant soi pour donner le tempo (l’allure lente est censée être celle d’un homme marchant à pied)
2. Faire une course de lenteur avec un/des camarade(s) : le dernier arrivé a gagné. Plusieurs points à noter :
- Cet exercice vous apprend d’ores et déjà à maîtriser le passage du couloir qui est le moment où l’on gagne le plus de temps sur le lent
- Idéalement, avant de passer à des exercices plus complexes, cet exercice doit être maîtrisé sur le bout des doigts
- Serrez les genoux, ça vous aidera à stabiliser l’équilibre de la moto pendant cet exercice (conseil valable d’une manière générale à moto)
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4e Commandement : La vitesse redresse (effet gyroscopique et auto-stabilisation de la moto) Un des points difficiles au lent est de résister à l’envie de poser son pied pour maintenir son équilibre sur une trajectoire un peu foireuse. C’est normal de vouloir le faire, c’est parfaitement intuitif, voire inconscient. La moto penche, notre corps avec, notre cerveau pense qu’on va se casser la gueule et cherche tout simplement à nous maintenir debout (enfin assis en l'occurrence :-) ). Réflexe primitif de survie : ne pas se casser la gueule. Que l’on soit debout, assis, à vélo, à moto… à cloche pied… c’est le même réflexe, on ne réfléchit, pas on agit. Et on agit par rapport à notre connaissance (inconsciente) des mécanismes de l’équilibre… de l’équilibre du corps humain... Sauf que dans notre cas, ce n’est pas l’équilibre de notre corps qui fait défaut mais celui de la moto sur laquelle repose notre corps. Le “réflexe de survie” n’est donc pas adéquat. Ce qu’il faut comprendre à moto, et particulièrement dans le cas de l’allure lente, c’est que plus la moto roule vite, plus elle se redresse et plus elle auto-maintient son équilibre de par l’effet gyroscopique. (C’est un peu comme quand on lance une toupie : au début, la toupie tient debout avec toute sa vitesse puis, n’étant plus propulsée, sa trajectoire oscille et oscille, jusqu’à ce qu’elle tombe. Sauf qu’ici on est à l’horizontale et que c’est pas une toupie mais des pneus qui tournent.) C’est justement pour ça, qu’à allure lente, la gestion de l’équilibre est moins simple : on bénéficie moins de l’effet gyroscopique pour stabiliser la moto. Concrètement, sur le lent, il y a assez peu de chances de se faire mal et de vraiment faire tomber la moto. C’est lourd mais ça se rattrape aisément ou on la pose au sol délicatement. Au pire, vous la laissez tomber et rien de grave n’est arrivé. Vous n’avez
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rien, une moto d’école a des protections spéciales pour ce genre de cas et au pire, ce n’est que du matériel pour lequel l’école est assurée. Quand vous sentez que la moto commence à perdre l’équilibre, redonnez de la vitesse en relâchant du frein et en jouant de l’embrayage (relâché le un peu, délicatement et avec contrôle) et vous verrez que la moto se redresse toute seule (on se servira d’ailleurs de cet effet par la suite sur le demi-tour arrêté). Bien sûr, si vous sentez que ça va quand même être la chute, posez votre pied ou faites ce que vous avez l’habitude de faire pour éviter la chute :-)
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5e Commandement : J’utilise le poids de mon corps pour maintenir la moto en équilibre dans les courbes À utiliser avec le 4e Commandement :-) Pour tourner, une moto doit pencher et sans contrepoids, toutes choses égales par ailleurs, elle va finir par tomber en penchant trop. Pour éviter ça, il faut user de votre corps pour changer le centre de gravité et permettre à la moto de pencher sans tomber. Rien de plus simple : déplacez votre poids de corps vers le côté opposé auquel vous tournez pour faire contrepoids et déplacer le centre de gravité. À vous d’expérimenter le dosage de contrepoids nécessaire selon l’angle, la vitesse à laquelle vous allez, le poids de la moto et le vôtre. Généralement, plier son coude et déporter son épaule vers l’extérieur et en avant suffit. Si ça ne suffit pas, vous pouvez tester en sortant les fesses / le bassin aussi. Comme pour tout : expérimentez pour trouver le bon dosage et si vous sentez que ça part trop, rappelez-vous le 4e Commandement : en prenant de la vitesse, une moto se redresse.
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6e Commandement : J’utilise mes jambes pour guider la moto dans les courbes À moto, vous le savez déjà, on guide son engin - entre autres - avec ses jambes, et ce, quelque soit l’allure. Un seul mot d’ordre au parcours lent : serrer les genoux. Un deuxième en fait : En fonction de là où vous voulez emmener votre bécane, poussez avec votre cuisse opposée dans la direction où vous allez, comme pour accompagner le mouvement. Autrement dit : Vous prenez une courbe vers la gauche, poussez vers l’intérieur / vers la gauche, dans le corps de la moto avec votre cuisse droite tout en serrant les genoux (les 2 !) Donc sans ouvrir le genou gauche puisqu'il participe à accompagner le mouvement (et si vous avez trop poussé, peut être utilisé pour redresser la moto en poussant dans le sens inverse !). Évidemment, ce conseil est à combiner avec le précédent : vous maintenez vos genoux serrés quand vous faites contrepoids.
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Check Point : Je combine les 3 commandements suivants pour garder l’équilibre dans les courbes au parcours lent Pour prendre un virage à allure lente, je :
1. Je serre les genoux en permanence
2. Je fais contrepoids avec mon corps dans la direction opposée du virage
3. Je pousse avec ma cuisse opposée dans la direction de la courbe et je maintiens la pression avec mon autre cuisse (je serre les genoux)
4. En cas de perte d’équilibre, la vitesse redresse (et mon genou opposé peut aider à redresser !)
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7e Commandement : J’utilise mon embrayage en plus de l’inclinaison et du guidon pour tourner plus court. Sans perdre l’équilibre. Vous savez maintenant contrôler votre moto avec votre corps pour la guider dans les courbes et maintenir son équilibre à allure lente. Vous savez également qu’une moto a besoin de pencher pour tourner. Vous savez aussi d’expérience que les courbes sur l’exercice du lent sont assez marquées, et qu’il faut donc tourner assez court. Vous avez appris qu’en débrayant, on gagne un léger élan de vitesse avant de finalement décélérer. Ajoutons un paramètre de plus : en débrayant, on gagne en rayon de braquage. C’est-à-dire que l’on tourne plus court en étant en roue libre. Vous sentez les pièces du puzzle cliquer entre elles? (et pourquoi j’insiste sur le fait de décomposer ;-) ) En débrayant et en penchant la moto, on tournera plus court. En utilisant les commandements #4, #5 et #6, on le fait sans perdre l’équilibre tout en étant en mesure de rattraper ses potentielles erreurs grâce à maitrise des commandes acquises via les commandements #1, #2 et #3.
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8e Commandement : Je regarde là où je vais pour optimiser ma trajectoire car la moto ira là où je regarde. À moto, prendre la bonne trajectoire est relativement “simple” d’un point de vue théorique : Tu vas là où tu regardes. Et c’est bien pour ça que ton moniteur ne cesse de te répéter d’arrêter de regarder le plot ou la ligne. Regarde-les et tu vas te les manger. Regarde par terre, et tu vas y aller - ou en tout cas, poser ton pied. Tout ça c’est bien mais encore faut-il savoir quoi regarder. Ou plutôt, où regarder. Le concept est simple mais demande un peu de pratique pour y arriver sans y réfléchir. Décomposons. Réfléchissons déjà à la trajectoire idéale. Les courbes sont serrées et on doit optimiser notre prise d’angle en tournant court (cf. commandement #7). Si je tourne court en ayant pris une porte trop sur l’intérieur je vais me prendre le plot intérieur au passage. Je dois donc viser l’extérieur de la porte que je vais passer avec mon pneu avant pour finir par frôler l’intérieur de la porte avec mon pneu arrière dans une belle courbe bien en S. Je dois aussi préparer ma porte suivante tout en gérant ma porte en cours. La séquence va donc être :
- Je regarde consciemment le plot extérieur de ma prochaine porte
- Pendant que je passe cette porte, je commence à regarder la porte suivante
- Et ainsi de suite avec la suivante
- Pendant ce temps-là, je laisse mon inconscient gérer les obstacles (Se reporter aux bonus pour comprendre la différence entre regard conscient et inconscient)
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9e Commandement : Je combine ces savoirs-faire pour gérer le demi-tour arrêté comme un boss Le demi-tour arrêté est l’exercice où tu peux vite te sentir très con. Tu viens de torcher ton chrono parfait sans poser le pied. Soulagement, tu relâches ton attention et ta technique se relâche aussi. Tu viens de dépasser la ligne blanche et foirer ton lent. “C’est un C monsieur.” On prend les mêmes et on recommence mais à l’arrêt cette fois. On va partir du principe que tu arrives à t’arrêter dans la zone comme il faut, sinon avant d’appliquer ce conseil, il faudra déjà commencer par travailler à y arriver en dosant ton frein arrière. (Rappel : allure lente + courbe + frein avant = casse-gueule) Le moment fatidique est celui où tu dois redémarrer et tourner hyper court, le tout sans élan et sans dépasser la ligne blanche. (Note que tu as le droit de mordre un peu dessus mais pas de la dépasser sinon c’est le C garanti). Comment faire ? Tu es à l’arrêt, les 2 pieds au sol :
1. Ton regard, tu le braques complètement de l’autre côté de la ligne blanche. Derrière toi, en mode torticolis. Regarde ce plot autour duquel tu dois repasser avant de récupérer ton passager ou encore plus loin, la ligne blanche DERRIÈRE toi. Celle d’où tu viens. (Cf. 8e Commandement)
2. La moto, tu la bascules physiquement contre ta jambe dans l’intérieur du virage, c’est-à-dire que tu la mets en appui contre ta cuisse pour qu’elle penche légèrement dès le départ (une moto qui tourne est une moto qui penche, remember ?)
3. Ton pied à l’extérieur du virage, tu vas le mettre en appui sur le repose-pied pour faire contrepoids et éviter la gamelle (pas juste posé, en appui sinon ça marche moins bien).(Cf. 5e Commandement)
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4. Le guidon, tu le braques le plus possible dans le sens du virage pour optimiser ta trajectoire
5. Tu es complètement débrayé puisque à l’arrêt sur ta 1re vitesse. Tu remets des gaz et stabilise ton régime moteur autour de 2000-2500 tours/minute (1er Commandement)
6. Tu peux désormais relâcher progressivement ton embrayage pour que la moto avance. Si besoin, pour l’aider, avec ton pied intérieur au sol, tu pousses dans le bitume comme si tu faisais de la trottinette pour donner de l’élan à la moto (tant que tu es dans la zone autorisée, sinon ça comptera comme une faute !)
7. Tu as gardé ton regard braqué dans le bon sens et gardé l’équilibre pendant toute la séquence ? Bingo, tu as géré ton demi-tour, va chercher ton passager !
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10e Commandement : Je combine ces savoirs-faire pour gérer la partie avec passager comme un boss La seule difficulté dans la partie avec passager tient dans le fait que ton équilibre est différent puisque le centre de la gravité change sous le poids de ton camarade assis derrière toi. Si tu as bien intégré les commandements précédents, tu sais déjà lesquels on va utiliser ici :
- #4 : la vitesse donne de l’équilibre
- #6 : utiliser ses jambes
- #8 : utiliser son regard Bien sûr, on ne part pas comme un Valentino Rossi en Moto GP ! Quand on dit de la vitesse, c’est principalement au démarrage, une fois que tu as récupéré ton passager, pour éviter que ta trajectoire “tremblotte”. (Et dans les autres lignes droites) Ralenti progressivement à environ 1,50 m de ta 1re porte en utilisant ton frein arrière uniquement. Au niveau des portes, quand tu dois tourner, débraye pour améliorer ta trajectoire et pense à garder des gaz quand tu vas réembrayer ensuite progressivement pour éviter le calage ! Pense à serrer les genoux comme jamais et à détendre tes bras : fais corps avec la moto et sois fluide dans tes mouvements. Vas-y calmement en te concentrant sur ta trajectoire (et donc sur ton regard) et laisse ton corps gérer l’équilibre (serre les genoux !). Pense à t’arrêter proprement et à attendre que l’inspecteur vienne te confirme ta (bonne) note avant de faire quoi que ce soit d’autre.
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Conseil bonus #1 : Rattraper un calage Caler au lent arrive souvent quand on débute. Ça arrivera moins, voire jamais en appliquant les 10 commandements du parcours lent. Si jamais ça arrive, c’est assez simple à rattraper. Il faut juste aller (très) vite, avant que la moto ne perde son élan stabilisateur. On débraye tout de suite(*), on appuie sur le démarreur et on se remet directement en mode gaz stable et point de patinage maîtrisé. C’est tout. C’est simple. C’est efficace. Le seul moment où ça peut être un poil plus chaud à rattraper c’est si vous calez en courbe (impact sur l’équilibre de la moto) mais si vous suivez nos conseils, ça ne devrait jamais vous arriver. (*) une moto en 1re vitesse ne démarrera pas si tu ne débrayes pas, question de sécurité.
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Conseil bonus #2 : Le regard de trajectoire vs. identifier les obstacles On a évoqué plus tôt le fait d’utiliser son regard pour donner la trajectoire à prendre par la moto. C’est ce qu’on va appeler le regard “conscient”. Le regard “directeur”. Bref, celui où j’agis. Il y a un second regard à avoir et qui est automatique. Il faut juste le laisser faire. C’est le regard “inconscient”, celui qui va percevoir votre position dans l’espace et identifier les obstacles autour de vous. Pas besoin de l’activer consciemment celui-là. Il est déjà là. Un peu comme quand vous marchez au quotidien, vous n’avez pas besoin de penser consciemment à esquiver les passants et les lampadaires dans la rue. N’est-ce pas ? Le seul truc à faire est de le laisser faire. De s’en servir. Il vient alors compléter le regard “conscient” pour affiner la trajectoire et éviter les obstacles. La plupart des gens sont consciemment en train de regarder les plots, la ligne blanche ou par terre de peur d’y aller, et c’est là où ils finissent. C’est normal, la moto va là où on lui demande d’aller. C’est-à-dire là où on regarde consciemment. Faites l’inverse. Demandez consciemment (via votre regard) à votre moto d’aller dans la bonne trajectoire et laissez faire votre inconscient pour le reste. Ayez confiance en lui pour ajuster cette trajectoire, pour éviter les obstacles. Il est là pour ça. C’est son rôle le plus primitif : vous protéger. En tout temps. Même si vous ne vous en rendez pas encore compte. Alors, laissez-le vous aider.
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Conseil Bonus #3 : Utiliser des techniques de préparation mentale pour ancrer ces savoirs-faire en soi au fur et à mesure On vient de parler à votre inconscient pour que vous le laissiez-vous aider. Et on peut aussi l’aider à vous aider. Les techniques issues de la Programmation Neuro-Linguistique et l’Hypnothérapie sont les plus puissants moteurs de changement personnel. Elles sont utilisées par la plupart des athlètes de haut niveau. Saviez-vous que l’équipe nationale de natation française dispose d’un coach mental pour les aider à sur-performer ? Lisez donc cet article de Canal + pour vous en convaincre : https://detours.canal.fr/la-pnl-recette-miracle-pour-le-succes-de-nos-athletes/ Pour vous montrer la puissance de votre inconscient, je vous invite à faire ce simple exercice de visualisation. Il est sans risques et ne vous prendra que 2 minutes tout au plus. Il provient de l’excellent livre de Mireille Meyer sur l’autohypnose. Les étapes pour y arriver :
1. Installez-vous debout, les pieds légèrement écartés, les bras le long du corps.
2. Montez lentement un bras sur le côté jusqu’à l’horizontale.
3. Tendez votre index comme pour indiquer une direction. En gardant votre bassin immobile, tournez votre buste vers la droite si vous avez choisi le bras droit, ou vers la gauche si vous avez choisi le bras gauche.
4. Notez mentalement où arrive votre index en prenant comme repère un objet dans la pièce (bord d’une fenêtre, objet présent dans la pièce, etc.). Vous venez de
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mesurer votre amplitude de rotation.
5. Revenez maintenant à la position initiale, bras le long du corps
6. Fermez les yeux et sans bouger, visualisez le même mouvement sans le faire : revoyez votre bras s’élever tout doucement, à votre rythme, puis votre index qui se tend de nouveau. Visualisez, toujours sans bouger, la rotation de votre buste, la même que celle que vous venez de réaliser, en imaginant simplement aller un peu plus loin, puis beaucoup plus loin dans ce mouvement, jusqu’à dépasser le point de repère de l’étape 4.
7. Ouvrez les yeux et montez à nouveau votre bras. Refaite le même mouvement qu’à l’étape 3. Regardez où arrive votre index à présent et comparez par rapport au repère du premier essai.
8. Que remarquez-vous ? C’est dingue, n’est-ce pas ? Voici quelques applications de la visualisation dans le cadre du permis moto :
1. À chaque passage au lent, vous pouvez vous visualiser mentalement en train de le faire à la perfection avant de vous élancer
2. Une fois de retour chez vous, au calme, vous pouvez revoir votre leçon du jour. Prendre plaisir à revoir ce qui était bien dans ce que vous avez fait. Identifier ce qui aurait pu être mieux fait et le corriger mentalement jusqu’à ce que la scène que vous voyez mentalement soit parfaite
À noter que quand on parle de visualisation, ne vous limitez pas à la vue. Derrière vos yeux, quand vous visualisez des choses, ajoutons la bande son qui va avec : le bruit du moteur de la moto, votre voix intérieure, ce que vous disent vos camarades et vos profs, etc. Incluez toutes les sensations, physiques (la sensation du guidon sous les doigts, etc.) ou internes (fierté, appétence pour le défi, etc.) qui vous viennent. Plus ça semble vrai, plus ça le devient. Lâchez-vous et faites-vous plaisir ! Si cette “mise en bouche” vous a plu et que vous souhaitez aller plus loin, cliquez-ici pour accéder à une liste de ressources que je recommande sur la préparation mentale.
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Conclusion sur le lent Tu as suivi et appliqué ces conseils? Alors, voilà, c’est bon… tu y es... Tu as arrêté ta moto… ton passager descend et tu as le cœur qui bat à la chamade... L’examinateur vient te voir… et... Ça y est, il te lâche la phrase que tu attendais depuis tout ce temps : “C’est un A monsieur/madame.”
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