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MALADIE MENTALE – HANDICAP PSYCHIQUE – INSERTION AU TRAVAIL I) Repères et définition Il est utile de préciser que la maladie mentale entraîne des troubles plus ou moins sévères. Elle nécessite le suivi d’un traitement régulier sans lequel il est peu probable que la personne puisse intégrer un parcours d’insertion au travail. Le handicap psychique est à considérer comme le résultat néfaste de la maladie mentale. Il associe des troubles comportementaux et des difficultés relationnelles, qui contrarient une insertion sociale et professionnelle favorable. Le travail est un appoint qui peut éventuellement favoriser l’insertion sociale. Il est important de ne pas en faire un absolu de l’insertion. La personne malade mentale, handicapée par sa maladie, doit pouvoir être orientée et guidée dans le cadre de l’individualisation de son parcours de vie, et bénéficier d’un soutien actif dans la recherche d’activités autres que le travail, de façon à trouver sa place dans sa communauté de vie. Au travers la loi de 2005 le projet de vie permet de répondre à cette attente. II) 4 champs qui déclinent la spécificité du handicap psychique le champ cognitif C’est l’ensemble des activités mentales (pensées, perceptions, actions, volonté, mémorisation, rappels, apprentissages, …) impliquées dans les relations que l’individu entretien avec son environnement. Bloise Jean-Yves cours MA – CEFRAS 09/04/2008 1

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MALADIE MENTALE – HANDICAP PSYCHIQUE – INSERTION AU TRAVAIL

I) Repères et définitionIl est utile de préciser que la maladie mentale entraîne des troubles plus ou moins sévères. Elle nécessite le suivi d’un traitement régulier sans lequel il est peu probable que la personne puisse intégrer un parcours d’insertion au travail.

Le handicap psychique est à considérer comme le résultat néfaste de la maladie mentale. Il associe des troubles comportementaux et des difficultés relationnelles, qui contrarient une insertion sociale et professionnelle favorable.

Le travail est un appoint qui peut éventuellement favoriser l’insertion sociale. Il est important de ne pas en faire un absolu de l’insertion.

La personne malade mentale, handicapée par sa maladie, doit pouvoir être orientée et guidée dans le cadre de l’individualisation de son parcours de vie, et bénéficier d’un soutien actif dans la recherche d’activités autres que le travail, de façon à trouver sa place dans sa communauté de vie.

Au travers la loi de 2005 le projet de vie permet de répondre à cette attente.

II) 4 champs qui déclinent la spécificité du handicap psychique

le champ cognitif

C’est l’ensemble des activités mentales (pensées, perceptions, actions, volonté, mémorisation, rappels, apprentissages, …) impliquées dans les relations que l’individu entretien avec son environnement.

Indicateurs cognitifs :

o repérages spatio-temporelso assimilation des consigneso concentrationo utilisation des consigneso jugement raisonnement logique

Les habiletés socialeso Habiletés perceptives : comprendre une situation socialeo Habiletés décisionnelles : capacité à choisir une réponse adaptée à

la situationo Habiletés comportementales 

Les habiletés professionnelleso Rapidité d’exécution des tâches, résistance, persévéranceo Mobilisation des savoirs faireo Réponses et cohérences des décisions

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Page 2: MALADIE MENTALE – HANDICAP PSYCHIQUE ... · Web viewRepères et définition Il est utile de préciser que la maladie mentale entraîne des troubles plus ou moins sévères. Elle

L’identité personnelleo Perception de soi et de ses capacitéso Perception de soi au travailo Gestion émotionnelle et relationnelleo Intégration au groupeo Sensibilité au changement

III) Eléments à prendre en compte avant la mise au travail

a) Le travail « une norme sociale »

Le travail s’inscrit dans l’élaboration de l’identité de la personne Il fait référence aux liens identitaires de la personne, liens qui se sont créés au cours de son développement. Il renvoi aux figures majeurs que la personne a rencontré dans son univers familial, amical et social.

C’est le point marquant d’une reconnaissance sociale qui conduit à une certaine autonomie. Il procure un statut social. L’absence ou le manque de travail peu conduire à un déficit narcissique, une mésestime de soi préjudiciable à l’équilibre psychologique de la personne.

b) Le statut de la personne handicapée

La loi de février 2005 favorise la prise en compte des conséquences de la maladie mentale qui entraîne les handicaps, la CDAPH (commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées) ne se centre plus uniquement sur l’aspect déficitaire et invalidants, mais au contraire tente d’orienter l’aide et la prise en charge de la personne vers sa réhabilitation psychosociale.

Il y a une recherche de tout ce qui peut favoriser l’épanouissement et l’implication personnalisée du sujet marqué par son handicap.

c) l’approche psychosociale

1) la réadaptation.

Cette dimension est très liée aux soins psychiatriques. Elle se développe dans le cadre des CMP (Centre médico psychologique ) et plus particulièrement dans des unités de jour ou des centres d’activités thérapeutiques à temps partiel (CATTP).

Elle est organisée autour d’activités de sociothérapie

2) la réhabilitation.

A pour objectifs de développer des capacités personnelles persistantes malgré la maladie, de maintenir un équilibre dans la socialisation de la personne et un étayage dans le développement de son projet de vie individuel et social.

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3) la réinsertion.

Elle accompagne les actions précédentes de réadaptation et de réhabilitation psychosociales. Il s’agit de mettre en œuvre des actions qui luttent contre la stigmatisation dont peut faire l’objet la personne handicapée psychique, et de permettre son maintien dans sa communauté.

4) l’insertion par le travail.

Il faut savoir que l’accès au travail représente une source d’angoisse pour la personne qui souffre de maladie mentale. Cet accès, ou ce retour au travail peut entraîner des attitudes de fuite, un repli sur les bénéfices secondaires de la maladie, un retour des attitudes morbides et pathologiques. Le retour au travail est confirmé par la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (CDAPH, anciennement COTOREP), l’orientation est envisagée suivant différentes modalités.

o Milieu ordinaire de travail

o Milieu protégé ESAT ou Atelier protégé (adapté)

o Entreprise d’insertion

o Formation ou pré-formation

Il faut reconnaître une grande difficulté à positionner des personnes handicapées psychiques vers ces structures.

En effet la maladie mentale et les handicaps qui en découlent ne placent pas les personnes dans une situation stable, les rechutes sont fréquentes, les rythmes sont marqués par des arrêts, des absences au travail. Même au quotidien l’activité des personnes est sujette à des variations importantes dues à leurs fragilités et à leurs troubles, troubles de la communication, de concentration, de l’orientation. Parfois ce sont aussi les effets des médicaments qui entraînent une grande fatigabilité.

Les conséquences de la pathologie sont nombreuses, nervosité, suspicion, peurs, désorganisation de la pensée, bizarreries, morcellement, hallucinations. Ce qui va provoquer des réactions d’incompréhension, de gêne, voir d’insécurité dans le milieu de travail, avec parfois pour conséquence un rejet, et une rupture du contrat de travail.

IV) Les structures

o Les ateliers thérapeutiques. Souvent mis en place dans le réseau des soins psychiatriques. IL s’agit d’ateliers de réentraînement au travail

o Les centres de pré-orientation pour handicapés mis en place sous l’égide des maisons du handicap (MDPH), parfois des ANPE via CAP Emplois

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o Les centres de rééducation de réadaptation et de formation.

Les centres de réadaptation professionnelle et de réadaptation sociale. Réentraînement à l’effort, apprentissage adapté, service social et hébergement.

o Les centres d’accompagnement vers l’emploi

Evaluation de l’employabilité, préparation à l’emploi, suivi et soutien personnalisé

o ESAT (anciennement CAT)

Etablissement médico-social, activités de production et soutien médico-social, s’adresse à des personnes aux capacités de travail inférieure à la normale.

o Entreprise adaptée

Proche de l’entreprise, doit tendre à son autonomie financière, actions médico-sociale. Personnes aux capacités de travail proche de la normale.

o Entreprise d’insertion spécialisée

V) L’intégration au travail

Il faut prendre en compte le fait que la personne handicapée psychique souffre autant des conséquences qui ont précédées sa situation de handicap que des conséquences sociales qu’a entraîné sa maladie (perte d’emplois, ruptures familiales, isolement social).

La société a aujourd’hui tendance à exacerber l’idée d’émancipation et d’autonomie, ce qui provoque une importante tension psychique pour la personne handicapée psychique, et engendre une insécurité massive.

Le travail n’engage pas la personne uniquement vers le respect de consignes permettant d’effectuer un certain nombre de tâches relatives à son travail, mais aussi l’ensemble de sa personne. Une totale implication de son être, qui permet de comprendre l’énorme difficulté d’adhésion au travail. Cet engagement est aussi un engagement du corps.

L’ensemble de ces problématiques à tendance en écho, à rejaillir sur les professionnels chargés de l’accompagnement de ces personnes. Bien souvent cela entraîne un constat négatif, un sentiment d’échec de part et d’autre, avec l’évidence d’une inadaptation des personnes au monde du travail.

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Il paraîtrait souhaitable que les encadrants des ateliers soient dotés de bonnes notions des effets néfastes de la stigmatisation vécus par les handicapés psychiques. Au-delà de cette information, il est nécessaire d’aider à ce que les personnes trouvent leur place au sein des ateliers et des groupes de travail, on ne peut ignorer que le milieu de travail des ESAT engendre aussi des phénomènes d’exclusion que l’on constate dans la société en générale.

Chaque travailleur est soumis aux regards des autres sur ses capacités, ses compétences au travail. Le travail adapté n’échappe pas à l’esprit de compétition du monde ordinaire de travail. De là découlent beaucoup de conflits, d’insatisfaction, qui peuvent provoquer des attitudes de replis des personnes les plus fragiles. Il existe une interdépendance entre les identités collectives et individuelles. Pour favoriser l’intégration au travail les accompagnateurs peuvent s’appuyer sur la mise en œuvre d’attitudes propices à la relation d’aide.

o Donner des explications, une signification, un sens sur les tâches à accomplir, favoriser la compréhension,la cohérence des actions en précisant et en expliquant l’utilité de chaque tâche par rapport à la finalité globale des actions, même si on a le sentiment d’un désintérêt, d’une indifférence de la personne. Il y a parfois un décalage entre ce qui est dit et sa compréhension par la personne, on n’est pas dans le temps commun.

o S’appuyer sur des choses connues et partagées par le groupe, puiser des exemples dans l’univers du quotidien et familier. Prendre appui sur l’expérience des plus anciens.

o Créer des temps de dialogue, des moments d’écoute collectifs et individuels. Fixer ces temps dans le déroulement des tâches, la personne doit savoir qu’ils existent, savoir qu’elle pourra s’exprimer, la rassure, la sécurise, et ce d’autant plus que ce sera repérable dans les temps de travail. Cela évite le sentiment de mise à l’écart à causes de ses difficultés ou de ses problèmes.

o Favoriser la reconnaissance de chacun dans ses capacités et ses limites, d’autant qu’elles peuvent évoluer, ne sont pas forcément fixées.

o Il est souhaitable de ne pas trop laisser s’installer des attitudes de blagues, de railleries, de moqueries, qui peuvent insidieusement s’installer et provoquer des phénomènes d’isolement et de replis pour certains.

Il semble évident que pour reconnaître l’autre, il est important d’être soit même reconnu. L’intérêt que l’on porte à l’autre et l’aide qu’on lui apporte favorise « l’estime de soi ». Pour certains auteurs « l’estime de soi » serait d’une certaine manière «  un système immunitaire du psychisme », autrement dit un antidote à la dépression.

VI) Préparation au travail

a. l’inventaire du possible

o Amener la personne par des situations concrètes de travail à abandonner une représentation idéalisée de ses compétences antérieures, une évaluation fiable même si elle lui semble difficile à accepter lui permet

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de s’ajuster à la réalité de ce qu’on va lui demander, la rassurer car elle peut franchir l’étape, et percevoir une capacité d’évolution.

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o Recenser avec la personne elle-même ses points forts et ses points faibles. Ceci n’est pas toujours fait sur les lieux mêmes où seront réalisées les tâches confiées à la personne. Cela a souvent était fait dans des lieux préalables d’évaluation, d’orientation. L’unité de lieux d’espaces, a tendance à rassurer la personne handicapée psychique.

o Dans la mesure du possible il serait favorable de pouvoir adapter progressivement les postes de travail, en commençant par les tâches immédiatement accessible pour la personne, même si il lui semble que ce qu’on lui demande est un peu au dessous de ses capacités, on peut lui montrer que c’est une manière de l’aider à s’habituer à franchir plus aisément les étapes.

b. l’accompagnement

o le projet d’intégration professionnelle vise l’accès des personnes à des formations et des postes de travail ordinaire. Il est parfois possible de promouvoir la reconnaissance des savoirs professionnels (RSFP) dans le cadre des APR/AFPA

o Dans la mesure du possible le temps partiel convient mieux aux personnes handicapées psychique.

o La présence d’un référent, d’un tuteur est un élément favorable, il va de soi que des phénomènes relationnels entrent en jeu, c’est un travail du lien.

o Repérer le réseau d’intervenants autour de la personne

o Partager avec le réseau social et médico-social.

o Communiquer de manière collective sur les problèmes de santé mentale

o Se doter en tant que professionnel des outils développés dans le cadre des formations permanente et continue.

VII) Les alternatives au travail

La loi de janvier 2002 dans son article 2 indique clairement une option de citoyenneté et de non exclusion. Elle prône des mesures d’aide et d’accompagnement vers l’autonomie.

Cette aide et cet accompagnement ne doivent pas se limiter au monde du travail. Si la personne handicapée psychique ne parvient pas, voir momentanément, à s’insérer au travail à cause de ses troubles et de ses difficultés, on doit lui proposer des alternatives d’épanouissement personnel (projet de vie). Il faut éviter qu’elle se trouve de nouveau confrontée à l’oisiveté et à l’isolement, avec de surcroît le poids d’un vécu d’échec.

Une orientation et un accompagnement vers d’autres structures doivent pouvoir lui être proposés. Les SAVS, les SAJ et les GEM sont les structures adaptées à cette orientation.

Ces structures proposent des activités qui développent la socialisation et la citoyenneté par la mise en œuvre d’actions et d’activités créatives, manuelles, voir artistiques.

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La personne est invitée à y adhérer d’une manière libre et active. Le rôle des accompagnateurs consiste à aider la personne à investir ces lieux d’activités. Il est possible et souhaitable de l’amener à considérer ces propositions comme une étape et non pas un échec, un sas, un temps nécessaire pour envisager un éventuel retour au travail, après avoir retrouvé un équilibre suffisant. Mais parfois aussi de découvrir des investissements nouveaux qui feront que le travail pour elle-même n’est plus une préoccupation essentielle, qu’elle peut vivre pleinement dans sa communauté en participant à des actions collectives qui lui offriront une forme de reconnaissance sociale suffisante à son équilibre.

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