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1 INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC VOLUME 17 NUMÉRO 3 MAI - JUIN 2006 ÉTUDE DES ÎLOTS DE CHALEUR MONTRÉALAIS DANS UNE PERSPECTIVE DE SANTÉ PUBLIQUE CHALEUR ACCABLANTE ET USAGE DE MÉDICAMENTS ÉTUDE EXPLORATOIRE EN ESTRIE ..................... 5 ACTUALITÉS ............... 9 INFO-SMOG 2006 ............. 9 LE TRANSPORT URBAIN, UNE QUESTION DE SANTÉ ...... 9 PLAN D'ACTION QUÉBÉCOIS SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ................. 10 EAU POTABLE DANS LES COLLECTIVITÉS DES PREMIÈRES NATIONS ......... 10 CHIKUNGUNYA, VOUS DITES ? ................. 11 VIRUS DU NIL: SAISON 2006 ................. 12 ÉTUDE DES ÎLOTS DE CHALEUR MONTRÉALAIS DANS UNE PERSPECTIVE DE SANTÉ PUBLIQUE GENEVIÈVE LACHANCE (1) , YVES BAUDOUIN (2) , FRÉDÉRIC GUAY (3) (1) Université du Québec à Montréal, Institut des sciences de l'environnement; (2) Université du Québec à Montréal, Département de géographie, Pavillon Hubert-Aquin, 1255, rue Saint-Denis, Montréal (Québec) H2X 3R9. Téléphone: 514-987-3000, poste 7706, télécopieur: 514- 987-6784. Courriel: [email protected]; (3) Consortium Ouranos. En cette période estivale, une prome- nade dans les rues de Montréal est tout indiquée pour se rendre compte que certains secteurs ont des températures élevées alors que d’autres présentent des températures plus fraîches. Ce phé- nomène, appelé îlot de chaleur urbain, est étudié depuis plusieurs décennies sous de multiples points de vue. Plu- sieurs grandes villes d’Amérique du Nord (ex. Atlanta, Chicago, Houston, Toronto) s’y sont intéressées au moment de l’industrialisation au XIX e siècle puis lors de périodes de chaleur accablante estivales, survenues au début des années 1990. Dans une perspective globale de changements climatiques, une augmentation de la fréquence (nombre accru de journées de chaleur accablante) et de l’amplitude (intensité et longueur) des vagues de chaleur estivale est anticipée 1,2 , accor- dant ainsi une importance nouvelle aux îlots de chaleur. Le phénomène des îlots de chaleur peut affecter la santé des populations. Les périodes de chaleur intense coïnci- dent avec une augmentation de la mor- bidité et de la mortalité chez certains groupes plus vulnérables 3,4,5,6 . Sont concernées plus spécifiquement, les personnes âgées, seules, défavorisées d’un point de vue socio-économique et atteintes de maladies chroniques. En présence d’îlots de chaleur, l’impact des chaleurs intenses sur ces popula- tions est accru 2,6,7 . Il est donc nécessaire d’intensifier les activités de sensibili- sation au phénomène des îlots de

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INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC VOLUME 17 NUMÉRO 3 MAI - JUIN 2006

ÉTUDE DES ÎLOTS DE

CHALEUR MONTRÉALAIS

DANS UNE PERSPECTIVE DE

SANTÉ PUBLIQUE

CHALEUR ACCABLANTE

ET USAGE DE MÉDICAMENTS

ÉTUDE EXPLORATOIRE

EN ESTRIE ..................... 5

ACTUALITÉS ............... 9

INFO-SMOG 2006 ............. 9

LE TRANSPORT URBAIN,UNE QUESTION DE SANTÉ ...... 9

PLAN D'ACTION QUÉBÉCOIS

SUR LES CHANGEMENTS

CLIMATIQUES ................. 10

EAU POTABLE DANS LES

COLLECTIVITÉS DES

PREMIÈRES NATIONS ......... 10

CHIKUNGUNYA,VOUS DITES ? ................. 11

VIRUS DU NIL:SAISON 2006 ................. 12

ÉTUDE DES ÎLOTS DE CHALEUR

MONTRÉALAIS DANS UNE PERSPECTIVE

DE SANTÉ PUBLIQUE

GENEVIÈVE LACHANCE(1), YVES BAUDOUIN(2), FRÉDÉRIC GUAY(3)

(1)Université du Québec à Montréal, Institut des sciencesde l'environnement; (2)Université du Québec à Montréal,Département de géographie, Pavillon Hubert-Aquin,1255, rue Saint-Denis, Montréal (Québec) H2X 3R9.Téléphone: 514-987-3000, poste 7706, télécopieur: 514-987-6784. Courriel: [email protected];(3) Consortium Ouranos.

En cette période estivale, une prome-nade dans les rues de Montréal est toutindiquée pour se rendre compte quecertains secteurs ont des températuresélevées alors que d’autres présententdes températures plus fraîches. Ce phé-nomène, appelé îlot de chaleur urbain,est étudié depuis plusieurs décenniessous de multiples points de vue. Plu-sieurs grandes villes d’Amérique duNord (ex. Atlanta, Chicago, Houston,Toronto) s’y sont intéressées aumoment de l’industrialisation au XIXe

siècle puis lors de périodes de chaleuraccablante estivales, survenues audébut des années 1990. Dans uneperspective globale de changements

climatiques, une augmentation de lafréquence (nombre accru de journéesde chaleur accablante) et de l’amplitude(intensité et longueur) des vagues dechaleur estivale est anticipée1,2, accor-dant ainsi une importance nouvelleaux îlots de chaleur.

Le phénomène des îlots de chaleurpeut affecter la santé des populations.Les périodes de chaleur intense coïnci-dent avec une augmentation de la mor-bidité et de la mortalité chez certainsgroupes plus vulnérables3,4,5,6. Sontconcernées plus spécifiquement, lespersonnes âgées, seules, défavoriséesd’un point de vue socio-économiqueet atteintes de maladies chroniques.En présence d’îlots de chaleur, l’impactdes chaleurs intenses sur ces popula-tions est accru2,6,7. Il est donc nécessaired’intensifier les activités de sensibili-sation au phénomène des îlots de

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VOLUME 17 - 3 MAI - JUIN 2006 BISE 2

chaleur en milieu urbain dans uneperspective de santé publique. Pource faire, l’article traite d’abord dusystème relationnel dans lequel sedéveloppent les îlots de chaleur,définit la notion d’îlot de chaleur etsouligne les études entreprises à cesujet à l’échelle montréalaise.

Modèle relationnel des îlotsde chaleur

L’étude des îlots de chaleur pré-sentée ici s’appuie sur l’existencede relations et d’interactions recen-sées entre les populations, les com-posantes du tissu urbain et les îlotsthermiques. L’expression «tissuurbain» réfère ici à la combinaisond’éléments physiques formant uneville, dont le type d’occupation dusol (ex. résidentiel, industriel, espa-ce vert), les matériaux de surface(ex. brique, béton, pierre, asphalte)et le réseau routier.

Les populations modifient constam-ment le tissu urbain au moyen depratiques d’aménagement mises del’avant par des décisions politiqueset économiques. Les composantesdu tissu urbain ainsi créées, parleurs capacités diverses à emmagasi-ner et à libérer de la chaleur, influentsur le climat local et favorisent laformation ou l’aggravation de l’effetd’îlot de chaleur. Or, l’effet d’îlotthermique augmente la vulnérabili-té des populations urbaines aux cha-leurs accablantes en période estiva-le, comparativement à celles vivanten banlieue ou en milieu rural. Ilarrive que les écarts de températureenregistrés à l’intérieur du milieuurbain soient même plus prononcés

que ceux observés entre le milieuurbain et le milieu rural8.

Qu’est-ce qu’un îlot dechaleur?

Les îlots de chaleur sont des secteursurbanisés caractérisés par destempératures de l’air ou du sol plusélevées de 5 à 10 oC que l’environne-ment immédiat du point de prise demesure9,10,11. La formation, l’inten-sité et la variabilité spatio-tempo-relle des îlots de chaleur sont asso-ciées à six principaux facteurs, denature :

- climatique (ciel clair, absence devent, pollution atmosphérique);

- énergétique (rejet de chaleur pro-venant de la consommation éner-gétique);

- géographique (emplacement dela ville);

- morphologique (densité des bâti-ments, concentration et taux decroissance des végétaux);

- politique (pratiques d’aménage-ment du territoire);

- structurelle (taille de la ville, rap-port de surface minéralisée/végé-talisée, occupation du sol).

À titre d’exemple, le secteur locali-sé de part et d’autre de l’avenue duParc à l’intersection de la rueBernard illustre ces propos (voirfigure 1 à la page suivante). À l’ouestde l’avenue du Parc, les tempé-ratures fraîches (≈25 oC) sont situéesdans un secteur résidentiel avecprésence de végétation. À l’est del’avenue du Parc, les températuresplus élevées (≈30 oC) sont égale-ment situées dans un secteur rési-dentiel, mais ayant peu de végé-tation.

Depuis une trentaine d’années, lacommunauté scientifique reconnaîtl’existence de trois grandes catégo-ries d’îlot de chaleur: «urban boun-dary layer», «urban canopy layer»et «ground surface». À l’échellejournalière, les îlots de chaleur detype «boundary layer» et «canopylayer»,caractérisés par des tempéra-tures de l’air élevées, sont à leurmaximum d’intensité la nuit12. Paropposition, les îlots de chaleur detype «ground surface» ont habituel-lement une plus forte intensité etune plus grande variation spatialeen cours d’après-midi. Ce typed’îlot se développe sous forme d’ar-chipel (petits îlots de tailles et deformes différentes) et est davantagereprésentatif des écarts thermiquesintra-urbains8. Pour cette raison, laprésente étude s’attarde à ce typed’îlot.

Études des îlots de chaleurmontréalais

Considérant les problèmes de santéliés à la problématique des chaleursaccablantes, un projet de recher-che(a) financé en majeure partie parle Fonds d’actions pour les change-ments climatiques ainsi que parOuranos et Environnement Cana-da, vise le développement d’uneapproche souple et économiqueayant pour but d’identifier, sur unebase récurrente, les secteurs mont-réalais à risque lors de chaleurs acca-blantes. Ce projet d’étude s’intègre

(a) Partenariat entre l'Université du Québec àMontréal, la Direction de santé publique de Montréal,Environnement Canada, l'Institut national de santépublique du Québec, l'Université de Montréal,Ouranos et la Ville de Montréal.

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dans un programme de protectionde la population contre la chaleurintense estivale. Il servira de modèlepour d’autres villes canadiennes quiinitient leurs propres programmesd’adaptation et de protection auxchangements climatiques. Desrapprochements avec la ville deToronto sont d’ailleurs en coursprésentement.

Pour la réalisation de ce projet, laméthodologie privilégiée se basesur le croisement de données spatio-temporelles, socio-économiques(recensement et rôle d’évaluationfoncière), sanitaires, thermiques etdu tissu urbain au moyen d’un sys-tème d’information géographique(SIG). Le Département de géogra-phie de l’Université du Québec àMontréal analyse spécifiquementl’évolution spatio-temporelle au soldes îlots thermiques montréalaissur une période minimale de vingtans. Pour ce faire, des images

satellites sont utilisées (Landsat 5et 7). Le Département participe àl’élaboration du SIG en évaluant lesrelations entre les îlots thermiques,les profils socio-économiques de lapopulation et le milieu environnant(données contextuelles). Les résul-tats obtenus orienteront les étudesportant sur l’identification des prati-ques d’aménagement appropriéespour réduire l’effet d’îlot de chaleurà Montréal.

Deux prototypes ont préalablementété développés afin d’approfondirles relations entre l’intensité ther-mique au sol et l’occupation du solà Montréal, de même que sur ladynamique entre l’intensité ther-mique au sol, le profil socio-écono-mique de la population et les com-posantes du tissu urbain dans lessecteurs résidentiels de Montréal.Les deux prototypes sont basés surl’utilisation d’un SIG et d’une imagethermique de surface acquise par

télédétection (Landsat 7 ETM+bande 6.1) le 11 août 2001 en avant-midi.

Résultats des prototypes

Les résultats du premier prototypedéveloppé indiquent que les taxons(types d’occupation du sol définispar l’ancienne Communauté urbai-ne de Montréal), que l’on qualifiede fortement minéralisés (centrede détails, centre commercial, ser-vice d’utilité publique et industrie),sont associés à des températuresélevées variant de 31 oC à 37 oC13.Quant aux taxons plus végétalisés(espace vert, golf, cimetière, espacerural et espace vacant), ils sontassociés à des températures plusfraîches, variant de 19 oC à 28 oC.

Les résultats du second prototypeconfirment par ailleurs qu’il est pos-sible, mais complexe, d’associerdes données à caractère social etenvironnemental14. Une relation

Figure 1. Variation des températures selon le couvert végétal

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statistiquement significative entreles éléments thermiques, sociauxet urbains est difficile à établir puis-que l’îlot de chaleur est largementinfluencé par des éléments contex-tuels situés à proximité. Ainsi, lesvaleurs thermiques les plus fraîchesà l’échelle montréalaise sont situéesprès de plans d’eau comme le lacSaint-Louis, le lac des Deux-Mon-tagnes et la rivière des Prairies, demême qu’aux abords de zones aucouvert végétal dense (ex. Parc duMont-Royal). Au contraire, les sec-teurs résidentiels ayant une intensi-té thermique élevée sont fré-quemment situés au centre-est del’Île, près de secteurs commerciaux,industriels et de services d’utilitépublique. À titre d’exemple, deuxsecteurs de densité résidentiellemoyenne, situés dans Mercier/Hochelaga-Maisonneuve, présen-tent des températures moyennestrès différentes (35 oC et 29 oC)(figure 2). Le secteur le plus chaud

est situé à proximité d’une zoneindustrielle (Emballages Paper-board inc.- surface bétonnée) alorsque le plus frais côtoie une zone deverdure (parc Dickson/Monsabré).

De plus, certaines relations entrel’intensité thermique au sol, le profilsocio-économique de la populationet les composantes du tissu urbainont été mises en évidence au moyend’une analyse factorielle. Les résul-tats suggèrent que la densité dutissu urbain (définie en fonction del’intensité thermique, de la densitérésidentielle et de la valeur foncièredes immeubles au mètre carré - m2)représente le principal facteur struc-turant le territoire. Cela signifieque les secteurs ayant une intensitéthermique et une densité résiden-tielle élevées (arrondissementscentraux) s’opposent à ceux dont lavaleur foncière des immeubles/m2

est élevée (arrondissements àl’ouest de l’Île et au pourtour duMont-Royal). Par contre, aucun

facteur regroupant l’intensité ther-mique et des variables socio-écono-miques n’a été généré.

Les prototypes développés concer-nant les îlots de chaleur fournissentdes renseignements qui oriententle développement du projet de re-cherche en cours pour l’identifica-tion des secteurs montréalais àrisque lors de chaleurs accablantes.

CONCLUSION

Au Québec, les îlots de chaleurreprésentent une nouvelle sourcede préoccupation de santé publiqueen milieu urbain. En présenced’îlots thermiques les populationssont plus sensibles aux chaleurs acca-blantes, ce qui se traduit par deshausses de mortalité et de morbi-dité. Or, dans une perspective dechangements climatiques, une aug-mentation de l’intensité et de lafréquence des vagues de chaleuraccablante est envisagée.

L’approche méthodologique privi-légiée dans l’étude des îlots de cha-leur montréalais génère des donnéesthermiques réalistes. En effet, lesdonnées thermiques ont été validéesavec celles obtenues aux stationsmétéorologiques d’EnvironnementCanada. De plus, l’approche propo-sée s’avère économique et appli-cable à d’autres villes canadiennes.En effet, le coût d’achat d’une imagesatellite représentant la chaleur à lasurface du territoire est abordablepour les municipalités et/ou lesorganismes publics.

Enfin, les conséquences sanitairesde la canicule survenue en France àl’été 2003 ont démontré aux

Figure 2. Influence de l'occupation du sol dans Mercier/Hochelaga-Maisonneuve

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autorités publiques l’importanced’anticiper les complications reliéesaux vagues de chaleur. Elles ontaussi confirmé la nécessité dedévelopper des dispositifs visant àréduire l’impact négatif des chaleursintenses sur les populations vulné-rables. Depuis cet événement,diverses sphères d’interventionsmontréalaises ont été progressive-ment sensibilisées au phénomènedes îlots de chaleur, que ce soit dansune perspective de santé publiqueou de qualité de vie globale.

Références

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L’exposition prolongée aux cha-leurs intenses constitue un stressnon négligeable pour l’organismehumain. En plus d’être la causeinitiale d’accidents potentiellementgraves tels que le coup de chaleur,cette exposition peut aggraver desmaladies préexistantes et accentuer,de diverses façons, la vulnérabilitédes populations faisant usage de

CHALEUR ACCABLANTE ET USAGE DE MÉDICAMENTS

ÉTUDE EXPLORATOIRE EN ESTRIE

Carole Albert(1)

, Reno Proulx(1)

, Pierrot Richard(1)

certains types de médicaments. Lorsde vagues de chaleur accablante, lesmécanismes d’adaptation à la cha-leur sont mis à l’épreuve. Or, cesmécanismes physiologiques peu-vent être confrontés à l’effet antago-niste de médicaments agissant surl’hydratation, la balance électro-lytique, le système de thermorégu-lation et le niveau de vigilance. Àl’inverse, les effets de la chaleur surcertains médicaments (par ex. ladéshydratation) peuvent avoir pourconséquence d’affecter leur profilpharmacodynamique. Il s’agit ici

d’un volet essentiel pour l’identifi-cation des groupes vulnérables.

Contexte de l'étude

Ayant identifié les principaux médi-caments problématiques en situa-tion de chaleur accablante, nousavons cherché à estimer la taille dela population faisant usage de telsmédicaments afin de mieux connaî-tre l’ampleur de la tâche à accomplirsi nous devions communiquer à cesindividus de l'information claire etpratique quant à leur risque accru.Afin de bien documenter la

(1) Direction de santé publique et de l’évaluation,Agence de la santé et des services sociaux de l’Estrie,300, rue King Est, bureau 300, Sherbrooke (Québec)J1G 1B1. Téléphone : 819-829-3400, poste 42215;télécopieur : 819-569-8894. Courriel : [email protected]

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VOLUME 17 - 3 MAI - JUIN 2006 BISE 6

proportion de la populationvulnérable à la chaleur en Estrie,nous avons d’abord analysé lesdonnées populationnelles, principa-lement chez les personnes âgées.

L’analyse de ces données nous apermis de constater que la régioncomportait une proportion appré-ciable de personnes âgées:

Personnes de 65 et plus- En 2006 : prévision de 45 189

personnes, soit 14,9 % de la popu-lation estrienne;

- En 2005 : 43 994 personnes.

Sur les 43 994 personnes en 2005- 3,4 % habitent en centre hospita-

lier de soins de longue durée(CHSLD);

- 0,6 % habitent en hébergementnon institutionnalisé (ressourcesintermédiaires ou ressources detype familial);

- 96 % habitent hors du systèmed’hébergement public; de cenombre, 10,7 % habitent en rési-dence privée avec services pourpersonnes âgées.

Sur les 96 % qui vivent hors dusystème d’hébergement public en2005- 19 % reçoivent des services de

soutien à domicile liés au vieillis-sement ou à la perte d’auto-nomie*;

- 28 % vivent seules.

Bien qu’une partie des personnesâgées puisse être rejointe par lebiais des services des centres de

santé et de services sociaux, noussommes en mesure de constaterqu’un bon nombre d’entre elles nereçoivent aucun soin et qu’une pro-portion significative demeure seule.

Il est bien connu que le vieillisse-ment est souvent accompagné deproblèmes de santé et que, par con-séquent, un bon nombre de person-nes consomment des médicamentssur une base régulière. Les questionsqui se posent sont donc les sui-vantes :

- Quelle est la proportion de con-sommateurs faisant usage de médi-caments interférant avec lesmécanismes d'adaptation à lachaleur?

- Parmi les médicaments consom-més, lesquels sont susceptiblesd’interagir avec les mécanismesadaptatifs de l’organisme sollicitésen cas de température élevée?

Matériel et méthodes

Nous avons consulté la banque dedonnées des services pharmaceuti-ques de la Régie de l’assurancemaladie du Québec (RAMQ). Cettebanque ne renferme toutefois queles ordonnances des adhérents aurégime public d’assurance médica-ments du Québec. L’importancedu bassin d’adhérents varie selonl’âge. Le nombre d’adhérents enéquivalent temps plein sur la projec-tion de population, corrigée pourle sous-dénombrement, indiqueque 91,0 % des personnes âgées de65 ans et plus ont eu accès au régimepublic d’assurance médicaments,tandis que seulement 31,4 % des0-19 ans et 34,8 % des 20-64 ans se

retrouvent inscrits dans le régimepublic en Estrie. Les résultats quisuivent excluent donc les personnescouvertes par une assurance médica-ments privée de même que les rési-dants d’établissements publics desoins de longue durée.

Un portrait de la consommationquotidienne de médicaments sousordonnance a été réalisé pour lesadhérents de l’Estrie pour la journéedu dimanche 13 juin 2004. Seulesles ordonnances actives ont été rete-nues, soit celles délivrées le jourmême ou dans les semaines précé-dents et dont l’échéance de l’ordon-nance était égale ou supérieure au13 juin 2004. Les ordonnances déli-vrées au-delà de 5 mois avant cettedate ont été exclues. Les ordonnan-ces supérieures à 150 jours repré-sentent moins de 0,2 % de l’ensem-ble des ordonnances de 2004. Lesordonnances multiples répertoriéesle 13 juin ont été comptabilisées defaçon unique sur la base du numérod’identification du médicament afind’exclure les renouvellements avantéchéance.

En l’absence d’une liste exhaustive,les médicaments ayant des effetsaggravants en cas de chaleur acca-blante ont été répertoriés à partirdu Guide pour l’élaboration d’un planlocal de prévention et protection en casde chaleur accablante et de chaleurextrême à l’usage des professionnels dela santé1. Cette liste a été adaptée duPlan national canicule du ministèrede la Santé et de la Protection socialede la France2. Le traitement a étéeffectué en fonction des diversesdénominations communes de

* L’âge n’étant pas un facteur discriminant, despersonnes âgées de moins de 65 ans peuvent êtreconsidérées dans cette population.

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médicaments identifiés dans letableau du guide. Ceci avait pourbut de retenir l’ensemble des médi-caments ayant une dénominationcommune préalablement identifiée,peu importe leur nom commercial,leur dosage ou leur forme.

Résultats

Les résultats font d’abord ressortirque les médicaments sous ordon-nance pouvant aggraver les effetsde la chaleur accablante sont davan-tage prescrits chez les personnesâgées. En effet, 40 % des personnesâgées de 65 ans et plus avaient aumoins une ordonnance active(tableau 1). Les gens ayant au moinsdeux ordonnances (près de 15 %)voient ainsi le risque de réactionnéfaste augmenter. Un peu moinsde 5 % des gens cumulaient troisordonnances ou plus.

La proportion d’adhérents au régi-me âgés entre 20 et 64 ans ayantune ordonnance ou plus est de

12,1 %, dont plus du quart a aumoins deux ordonnances actives àson dossier. Pour le groupe d’âgedes 0-19 ans, très peu ont uneordonnance active susceptibled’aggraver les effets de la chaleur.

Les médicaments ont, selon leurcatégorie, des effets différents surl’organisme. Ainsi, chez les person-nes âgées de 65 ans et plus, 30,2 %ont une ordonnance ayant un profilcinétique pouvant être affecté parla déshydratation, 16,0 % ont uneordonnance pouvant empêcher laperte calorifique, principalementau niveau périphérique, alors que6,3 % des gens ont une ordonnancepouvant altérer la fonction rénale.Chez le groupe des adultes de 20 à64 ans, on retrouve les deux mêmesrisques principaux, soit le profilcinétique de l’ordonnance qui peutêtre affecté par la déshydratation(7,7 % des gens) et la médicationpouvant affecter la perte calorifique(5,8 %).

Chez les personnes âgées de 65 anset plus, un peu plus des deux tiersdes ordonnances se concentrentdans six catégories selon la classifi-cation thérapeutique de l’AmericanHospital Formulary Service(AHFS), soit :

• les inhibiteurs de l’HMG-COAréductase (19,5 %);

• les bloquants bêta-adrénergiques(18,0 %);

• les antagonistes des récepteurs del’angiotensine II (9,1 %);

• les bloquants du canal calcique(7,1 %);

• les benzodiazépines (6,9 %);• divers antidiabétiques (6,9 %).

Le classement des catégories lesplus fréquentes diffère pour les adul-tes de 20 à 64 ans. Nous retrouvonsainsi :

• les inhibiteurs de l’HMG-COAréductase (17,7 %);

• les antidépresseurs (13,7 %);• les bloquants bêta-adrénergiques

(13,2 %);• les tranquillisants (7,9 %);• les benzodiazépines (7,2 %);• les antagonistes des récepteurs de

l’angiotensine II (7,1 %).

Malgré la faible présence des ordon-nances ayant des effets aggravantschez les 0-19 ans (soit moins de1 %), nous observons avec une cer-taine réserve la présence des classessuivantes :

• les tranquillisants (21,9 %);• les anti-infectieux (autres)

(17,5 %);• les antidépresseurs (15,6 %);• les AINS (anti-inflammatoires non

stéroïdiens) (9,4 %).

Tableau 1. Proportion de la population estrienne adhérant au régimepublic d’assurance médicaments et ayant des ordonnancessusceptibles d’aggraver les effets de la chaleur accablanteen 2004

ÂGE NOMBRE

D’ORDONNANCES À RISQUE 0-19 ans 20-64 ans 65 ans et +

1 0,6 % 8,8 % 25,2 %

2 0,1 % 2,5 % 10,1 %

3 ou + <0,1 % 0,8 % 4,7 %

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Discussion

Cette étude exploratoire permetd’abord de confirmer l’importancedes ordonnances représentant unrisque potentiel en cas de chaleuraccablante, principalement chez lespersonnes âgées de 65 ans et plus.De même, l’analyse des donnéespopulationnelles fait ressortir lenombre considérable de personnesà informer dans le cadre d’une éven-tuelle campagne d’information.Pour une telle campagne, nousconsidérons qu’il serait pertinentde s’adjoindre les professionnelspharmaciens, compte tenu du con-tact privilégié de ces derniers avecles personnes à risque. En effet,leur rôle serait essentiel en ma-tière :

• « de diffusion et d’explication desrecommandations en fonction desrisques sanitaires à donner auxpersonnes à risque, fragiles et àleur entourage;

• d’analyse et de repérage desrisques liés aux prescriptionsmédicamenteuses3. »

De plus, même si les ordonnances àrisque d’aggraver les effets de lachaleur accablante ne sont pas aussinombreuses chez les personnes de20 à 64 ans, nous constatons que lesantidépresseurs se classent audeuxième rang des catégories lesplus importantes chez ce grouped’âge. Il semble donc important detenir compte de la problématiquede la santé mentale en tant quefacteur de risque parmi la popu-lation. En effet, le traitement de labanque de données de la RAMQ

concernant les services rémunérésà l’acte nous permet d’apprendrequ’en Estrie, en 2004, 11,9 % de lapopulation a consulté au moins unefois un médecin omnipraticien ouspécialiste pour un diagnostic detrouble de santé mentale. Il est fortprobable que ce chiffre soit sous-estimé, puisque la banque de don-nées n’inclut pas les gens suivis pardes professionnels de la santé nonrémunérés à l’acte ou oeuvrant enpratique privée. La proportion depersonnes présentant un troublemental est de 6,4 % chez les 0-17ans. Elle est beaucoup plus impor-tante parmi les adultes de 18 à 64ans, avec 12,9 %. Chez les 65 ans etplus, même si les antidépresseursse classent au huitième rang desordonnances à risque d’aggraverles effets de la chaleur accablante,nous constatons que 15,1 % desaînés ont eu au moins une consul-tation médicale liée à la santé men-tale au cours de l’année.

À ces observations, s'ajoute unepréoccupation plus globale concer-nant les personnes présentant destroubles mentaux dont la consom-mation de nombreux médicamentspourrait être associée à des habi-tudes de vie malsaines.Cettepopulation regrouperait souvent enforte proportion des personnes fai-sant usage de tabac, ainsi que despersonnes consommant de façonimportante des boissons à forteteneur en sucre et en caféine. Afind’obtenir des résultats probants, ilfaudrait s’assurer, pour ce groupede personnes, que les messages pré-ventifs s'accompagnent d’explica-tions simples et claires sur les effets

combinés de la chaleur avec lesmédicaments et les mauvaises habi-tudes de vie. Il faut en effet considé-rer que ces personnes peuvent pré-senter des problèmes de jugementqui les rendent moins aptes à fairedes choix éclairés pour leur santé.Compte tenu de ces limites, le rôleconjoint des professionnels duréseau de la santé et des pharmacienss’avère essentiel afin d'informeradéquatement cette clientèle parti-culièrement vulnérable à la chaleuraccablante. Rappelons que l'amélio-ration des connaissances avait pourbut de mieux cibler les clientèlesles plus vulnérables à la chaleuraccablante afin d’intervenir de façonplus spécifique auprès d’elles.

Par ailleurs, il serait éventuellementintéressant d’approfondir d’autresaspects importants tels que la con-sommation de médicaments à ris-que vendus sans ordonnance ouencore l’interaction possible demédicaments ayant des effetsaggravants de nature différente surl’organisme. De plus, l’accumula-tion et l'interaction d’autres fac-teurs de risque connus liés à lachaleur accablante, combinées à laprise de médicaments ayant unpotentiel de risque d’aggraver leseffets de la chaleur, pourraient fairel'objet d'une étude plus appro-fondie.

Références

1. DWYER, J., KING, N., REIS, M. etRODRIGUE, H. Guide pour l’élaborationd’un plan local de prévention et protection encas de chaleur accablante et de chaleur extrêmeà l’usage des professionnels de la santé, Agencede la santé et des services sociaux deMontréal, Annexe 3, p. 31, avril 2006.2. Ministère de la Santé et de la Protectionsociale et Ministère délégué aux personnesâgées, Plan national Canicule, Annexe 7, p.149, mai 2004.3. Plan national canicule, Paris, Institutnational de veille sanitaire, version 2, 05/05/04.

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ACTUACTUACTUACTUACTUALITÉSALITÉSALITÉSALITÉSALITÉS

InfInfInfInfInfo-Smog 2006o-Smog 2006o-Smog 2006o-Smog 2006o-Smog 2006

Le programme Info-Smog a étérenouvelé pour une treizième annéeconsécutive. Info-Smog est un pro-gramme de prévision et d’avertisse-ment de la qualité de l’air visant àinformer la population sur la qualitéde l’air extérieur, plus particulière-ment lorsque des contaminantsatteignent ou risquent d’atteindredes niveaux dommageables pour lasanté. La qualité de l’air, dont l’évo-lution peut être prévue sur unepériode de 36 heures, est classéeselon trois catégories : bonne,acceptable et mauvaise. Lorsque lacatégorie « mauvaise » est prévue,un avertissement de smog est émispour les régions concernées, ce quipermet notamment à la populationde se prémunir contre les effetspotentiellement néfastes sur la san-té. Pour les gens sensibles ou plusvulnérables, telles que personnesâgées et celles souffrant de pro-blèmes respiratoires ou cardiaques,il s’agit par exemple de diminuerles activités physiques à l’extérieurafin de réduire l'exposition aux con-taminants de l’air (particules fines,ozone, etc.). Cette année, des chan-gements notables ont été apportésau programme. Il devient main-tenant un programme annuel, sansdistinction entre ses versions esti-vale et hivernale. De plus, de nou-velles régions de prévision météo-rologique s’ajoutent à la couverturegéographique du programme.Celle-ci dessert maintenant 7,2millions de Québécois, ce qui

représente plus de 95 % de la popu-lation du Québec. Il est possibled’accéder à de l'information plusdétaillée et aux fiches techniquesdu programme Info-Smog en con-sultant le site Web d’Environne-ment Canada (www. qc.ec.gc.ca/atmos/smog/main_f. html), ainsique celui de ses partenaires, soit leministère de la Santé et des Servicessociaux du Québec (www.msss.gouv.qc.ca/sujets/santepub/env_smog.html), le ministère duDéveloppement durable, de l’Envi-ronnement et des Parcs du Québec(www.mddep. gouv.qc.ca/air/info-smog/index. htm), la Direc-tion de santé publique de Montréal(www.santepub-mtl .qc.ca/Environnement/smog/index.html) et la Ville de Montréal(www.rsqa.qc.ca/). [JML]

Source : Communiqué de presse, EnvironnementCanada, 17 mai 2006

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question dquestion dquestion dquestion dquestion de se se se se santéantéantéantéanté

Dans le 8e rapport annuel sur lasanté de la population montréalaiseparu récemment, le Directeur desanté publique de Montréal cibleles principaux impacts sur la santédu transport urbain dans sa formeactuelle, où domine l’automobileprivée :

• les impacts sanitaires de la pollu-tion atmosphérique, du bruit etdes gaz à effet de serre;

• l’insécurité routière se traduisantpar les nombreux décès, blessu-res, handicaps, etc.;

• les problèmes de santé liés àl’inactivité physique et à la séden-tarité;

• l’exclusion sociale liée aux lacu-nes du système de transport.

La réduction de ces impacts exigeune réorganisation des transportset une réorientation des investisse-ments majeurs effectués dans cesecteur afin qu’ils soient plus confor-mes au principe de développementdurable. En priorité, il faut amélio-rer l’offre en transports collectifs,dissuader l’utilisation de l’automo-bile privée dans la région montréa-laise et favoriser les transports actifs(ex. la marche), qui sont béné-fiques pour la santé. Sans oublier,par ailleurs, la réduction des émis-sions polluantes des véhicules quicontinuent à circuler.

Afin d’encourager la mobilisationdes acteurs montréalais autour deces enjeux, la Direction de santépublique de Montréal (DSP) a orga-nisé un forum régional sur le trans-port, l’aménagement urbain et lasanté auquel ont participé plus de200 personnes provenant du réseaude la santé et des services sociauxainsi que des milieux municipal,scolaire, communautaire, univer-sitaire et gouvernemental. Ceforum a permis de constater lapanoplie de solutions efficaces, con-crètes et accessibles pour redonnerplus de place aux piétons, auxcyclistes et au transport en communtant dans les arrondissements

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montréalais que dans les autresvilles :

• aménager des intersections pourfaciliter et sécuriser la traverséedes piétons (ex.signalisation, trot-toirs en saillie et ajout de terre-pleins);

• réserver des voies en site proprepour le transport en commun etle vélo;

• rendre plus sécuritaires les corri-dors scolaires;

• apaiser la circulation en réduisantla vitesse et le nombre de véhi-cules;

• améliorer la compétitivité dutransport en commun par un meil-leur financement (ex. confort,fiabilité, rapidité, coût pourl’usager).

L’exemple de la Ville de Paris, pré-senté au forum, est éloquent. À lasuite de l’adoption d’une politiquedes déplacements et d'implantationde plusieurs de ces mesures, on a puobserver à Paris :

• une diminution de 15 % de lacirculation automobile entre 2001et 2005;

• une augmentation de 44 % desdéplacements en vélo entre 2001et 2005;

• une augmentation de 8 % desdéplacements en métro entre2001 et 2005;

• une augmentation de 44 % dansl’achalandage des transports encommun la nuit entre 2004 et2005;

• un large appui de la populationparisienne (80 % !) à la politiquedes déplacements.

Montréal deviendra-t-elle unmodèle nord-américain du

transport en commun et dutransport actif ? Le défi est lancé…

Le rapport annuel et les présenta-tions du forum sont disponibles surle site Web de la DSP de Montréalà l'adresse suivante : www.santepub-mtl.qc. ca.

Source : Norman King, Direction de santé publiquede Montréal

Plan d’aPlan d’aPlan d’aPlan d’aPlan d’action québécoisction québécoisction québécoisction québécoisction québécois

sur les changementssur les changementssur les changementssur les changementssur les changements

climaclimaclimaclimaclimatiquestiquestiquestiquestiques

Le gouvernement du Québec a ren-du public, le 15 juin dernier, sonplan d’action 2006-2012 sur leschangements climatiques. Selon lecommuniqué de presse produitpour l’occasion, le gouvernementmettra en œuvre vingt-quatreactions visant à réduire ou à éviterles émissions de gaz à effet de serreet à s’adapter aux changementsclimatiques. L’une de ces actionstouche directement le secteur de lasanté et vise en fait à instaurer desmécanismes qui permettront deprévenir et d’atténuer les impactsdes changements climatiques sur lasanté. En ajout aux actions déjàentreprises au cours des dernièresannées, le gouvernement québécoisse propose d’instaurer un systèmede veille - avertissement de chaleurintense et de surveillance des pro-blèmes de santé associés aux change-ments climatiques. Dans un deuxiè-me temps, il entend mettre surpied un système de surveillanceépidémiologique des problèmes desanté physique et psychosociale liésaux événements climatiques extrê-mes. De plus, les systèmes de sur-veillance en maladies infectieuses

seront améliorés pour permettreune détection rapide des agentspathogènes et des maladies dont ledéveloppement est favorisé par leschangements climatiques. Des acti-vités de formation seront notam-ment offertes au personnel oeuvrantdans le domaine de la santé publi-que. Des tables d’experts serontcréées pour conseiller les gestion-naires d’établissements de santé surles actions à appliquer pour que lesbâtiments soient adéquatementpréparés à résister aux effets poten-tiellement néfastes de la chaleur.Enfin, un soutien financier seraapporté à la création d’îlots de fraî-cheur en milieu urbain et à la clima-tisation de bâtiments stratégiquesafin d’atténuer l’impact desépisodes de canicule estivale sur lapopulation. On peut consulter ledocument intitulé Le Québec et leschangements climatiques, un défi pourl’avenir sur le site Web du ministèredu Développement durable, del’Environnement et des Parcs àl’adresse suivante : www.mddep.gouv.qc.ca. [JML]

Source : Communiqué de presse, ministère duDéveloppement durable, de l'Environnement et desParcs, juin 2006

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Premières nPremières nPremières nPremières nPremières naaaaationstionstionstionstions

Le ministère des Affaires indienneset du Nord Canada a récemmentannoncé, par voie de communiqué,la création d’un groupe d’expertschargé de proposer un cadre deréglementation qui permettra d’as-surer la salubrité de l’eau potabledans les collectivités des Premières

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nations. Les avis concernant laqualité de l’eau potable émis envertu des lois provinciales sont fré-quents dans les petites collectivitéséloignées du Canada. Selon SantéCanada, 84 avis concernant la qua-lité de l’eau potable étaient envigueur au 2 juin 2006 dans cescollectivités canadiennes. On y pré-cise que les avis peuvent être dedeux types, soit des avis de fairebouillir l’eau du robinet avant de laconsommer ou de l’utiliser pour lebrossage des dents, et des avis d’in-terdiction de boire l’eau, qui visentà informer la population d’utiliserde l’eau potable d’une autre origine,telle que l’eau embouteillée, parexemple. Les raisons pour lesquel-les des avis d’ébullition à long termesont en vigueur dans bon nombrede ces collectivités relèvent notam-ment de la difficulté de recruter etde maintenir en poste des opéra-teurs de station de traitement d’eaupotable. Il arrive également quedes avis de faire bouillir l’eau à longterme soient émis lorsque les res-ponsables d’une station de traite-ment de l’eau interrompent lachloration de l’eau parce que desmembres de la communauté sepréoccupent du goût de chlore del’eau traitée. Le groupe d’experts,composé notamment du grand chefSan Louttit, Cri de la banded’Albany, étudiera les options entenant compte, entre autres, desrôles, des pouvoirs, de la responsa-bilisation, des normes, desprocessus d’approbation, du con-trôle d’application de la réglemen-tation et de la participation dupublic. Au cours des prochains mois,

le groupe d’experts tiendra desaudiences publiques avec des repré-sentants des Premières nationspartout au pays. Le document finalsur les options proposées doit êtresoumis d’ici la fin du mois d’août2006. Un rapport d’analyse devraitêtre rendu public en septembreprochain. [JML]

Sources : Santé Canada, Avis concernant la qualitéde l’eau potable, juin 2006 et Affaires indiennes et duNord Canada, Communiqué, juin 2006

ChikungunyChikungunyChikungunyChikungunyChikungunya ,va ,va ,va ,va ,vousousousousous

dddddites ?ites ?ites ?ites ?ites ?

Le « chick », comme l’appellentfamilièrement les insulaires del’océan Indien, sévit depuis janvier2005 dans cette région du mondeet plus particulièrement sur l’Île dela Réunion. Le petit départementfrançais outre-mer a connu uneflambée fulgurante du virus Chikun-gunya en début de 2006, rapportantpour la seule semaine du 6 février,46 000 nouveaux cas humains.Encore une fois le « moustique »,comme disent nos cousins français,est au pilori et cette fois son compteest bon, s’il n’en tient qu’aux auto-rités sanitaires de l’Île. Aedesalbopictus doit maintenant composeravec 3 600 vengeurs, équipés del’artillerie moderne des adulticides,larvicides et autres « cides » et enga-gés dans une lutte antivectoriellesans précédent. Bon nombre desforces déployées sur le terrain sontdes militaires venus de la mère patrieen renfort aux maigres ressourcesentomologiques encore présentessur l’Île après l’éradication confir-mée de la malaria durant les années1950.

L’Institut français de veille sanitaire(InVS) rapporte au 23 avril dernier

248 000 cas humains de Chikun-gunya sur une population totale de780 000 personnes, dont 207 décèssusceptibles d'être attribués auvirus. L’Institut note cependant unretour à des données plus conser-vatrices avec « seulement » 1 500nouveaux cas humains pour la pre-mière semaine de mai. Commepour la plupart des autres arbovi-roses, les symptômes sont descéphalées importantes accompa-gnées de forte fièvre, souvent supé-rieure à 40 °C. Suivent des myalgieset des éruptions cutanées. La carac-téristique spécifique de cette mala-die est l’apparition généralisée dedouleurs persistantes aux articula-tions, d’où le nom de chikungunya(en swahili, la maladie de l’hommecourbé). Toutes les classes d’âgesont touchées avec un pic chez lesadultes de 45 à 59 ans. La grandemajorité des personnes infectéesvont récupérer dans les deux semai-nes suivant l’apparition des symptô-mes. Les cas graves et les décès seretrouvent généralement chez lessujets âgés de 65 ans et plus.

L’expérience réunionnaise met enlumière les impacts d’un tel événe-ment sur plusieurs décideurs de lasociété civile impliqués dans lagestion d’épidémies non attendues,que ce soit sur les autorités sanitairesavec des actes d’humilité obligés ousur les pouvoirs politiques avec unegestion de crise bien intentionnéemais qui souffrira inévitablementde récupération politique.Lesmédias et le public en général ontvite identifié les coupables d'unesituation qui tarde à se régler et

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VOLUME 17 - 3 MAI - JUIN 2006 BISE 12

BISE, le Bulletin d'information en santé environnementale, est publié six foispar année par l'Institut national de santé publique du Québec. Lareproduction est autorisée à condition de mentionner la source. Touteutilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependantstrictement interdite. Le bulletin peut être consulté sur internet àl'adresse www.inspq.qc.ca/bulletin/bise/Poste-publications: 40786533Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Canada et Bibliothèque nationale

du Québec ISSN 1199-052X

Adresse de correspondance : Direction risques biologiques,environnementaux et occupationnels, Institut national de santé publiquedu Québec, 945, avenue Wolfe, Sainte-Foy (Québec), Canada, G1V 5B3.Information : Claire Laliberté, téléphone 418-650-5115, poste 5253;télécopieur 418-654-3144; [email protected]. Rédaction :Jean-Marc Leclerc et Claire Laliberté. Révision de textes : GenevièveBrisson. Mise en page : Diane Bizier-Blanchette. Abonnement gratuit :Diane Bizier-Blanchette, téléphone 418-650-5115,poste 5220, télecopieur 418-654-3144, diane.bizier. blanchette@ inspq.qc.ca

d'interventions qui sont qualifiéesd’improvisation. Et puis apparais-sent les faiseurs de miracle et autresopportunistes toujours à l’affût dela bonne affaire. Bref, le fragileéquilibre social est perturbé et unclimat d’insécurité s’installe. Aprèsune telle expérience, personnen’ose remettre en cause le méritedes efforts de vigilance et de préven-tion. Chikungunya, vous disiez ?

Source : Robert Chénard, Société de protection desforêts contre les insectes et maladies (Sopfim).(L’auteur a participé à une mission à Île de la Réunion enmars dernier dans le cadre du programme de lutte auChikungunya).

Virus dVirus dVirus dVirus dVirus du Nil : su Nil : su Nil : su Nil : su Nil : saison 2006aison 2006aison 2006aison 2006aison 2006

Si pour plusieurs l’été est synonymede bain de soleil et de baignade, leretour de la belle saison peut égale-ment être associée à la présence desmoustiques et par le fait même auvirus du Nil occidental (VNO).Détecté pour la première fois sur leterritoire québécois en 2002, leVNO se transmet principalementpar la piqûre d’un maringouininfecté. Dans la très grande majoritédes cas, le VNO engendre des effets

mineurs sur la santé. Par contre,une maladie sévère, comportantdes symptômes neurologiques, peutêtre développée chez une très faibleproportion des personnes infectéespar le virus.

Afin de protéger la populationcontre le VNO, le ministère de laSanté et des Services sociaux (MSSS)a dévoilé le 21 juin dernier la straté-gie gouvernementale qu’il entendmettre de l’avant pour la saisonestivale.Cette année encore, lesmesures de protection personnelletelle que l’utilisation de chasse-moustiques à base de DEET oud’eucalyptus-citron ainsi que le portde vêtements longs de couleurs clai-res lors des activités de plein airsont privilégiées. Le Ministère invi-te également les citoyens à adopterdes comportements qui contribuentà réduire le nombre de maringouinsautour de la maison. Des gestessimples tels qu’enlever ou renverserles objets pouvant contenir de l’eauou encore empêcher l’accumulationd’eau sur la toile de piscine s'avèrentutiles afin d'éviter que les mous-tiques ne se reproduisent.

La surveillance des moustiques sepoursuivra et permettra de ciblerdes interventions préventives si levirus est détecté dans une région.La surveillance des cas d’infectionpar le VNO parmi les êtres humainssera également maintenue. Par ail-leurs, il n’y aura plus de surveillan-ce des corvidés (Corneille d’Amé-rique, Geai bleu et Grand corbeau)puisqu’au cours des dernières an-nées cette activité, qui faisait appelà la participation des citoyens, apermis d’identifier les principalesrégions où le virus est présent, soitla Montérégie, Montréal, Laval,Lanaudière, les Laurentides et l’Ou-taouais. Aucune application préven-tive de larvicides n’est prévue pourla saison 2006, la meilleure façonde se protéger contre le VNOdemeurant de lutter contre lesmaringouins au quotidien. Le toutnouveau dépliant intitulé «Agissezcontre le virus du Nil! à la ville et àla campagne» produit par le MSSSrésume les mesures préconiséespour la saison 2006.

Source: Karine Chaussé, Institut national de santépublique du Québec