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Melanges_Kanawati

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Egyptian CulturE and SoCiEty

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Egyptian CulturE and SoCiEty

StudiES in honour of naguib kanawati

supplément aux annales du service

des antiquités de l'égypte

cahier no 38

VolumE ii

Preface byZahi hawaSS

Edited byalExandra woodS

ann mCfarlanE

SuSannE bindEr

PUBLICATIONS DU CONSEIL SUPRÊME DES ANTIQUITÉS DE L'ÉGYPTE

Page 5: Melanges_Kanawati

Graphic Designer:Anna-Latifa Mourad.

Director of Printing:Amal Safwat.

Front Cover: Tomb of Remni.Opposite: Saqqara season, 2005.Photos: Effy Alexakis.

(CASAE 38) 2010© Conseil Suprême des Antiquités de l'Égypte

All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording or other-wise, without the prior written permission of the publisher

Dar al Kuttub Registration No. 2874/2010

ISBN: 978-977-479-845-6

IMPRIMERIE DU CONSEIL SUPRÊME DES ANTIQUITÉS

The abbreviations employed in this work follow those in B. Mathieu, Abréviations des périodiques et collections en usage à l'IFAO (4th ed., Cairo, 2003) and G. Müller, H. Balz and G. Krause (eds), Theologische Realenzyklopädie, vol 26: S. M. Schwertner, Abkürzungsverzeichnis (2nd ed., Berlin - New York, 1994).

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ContEntS

VolumE i

prEfaCE Zahi hawass xiii

aCknowlEdgEmEntS xv

naguib kanawati: a lifE in Egyptology xviiann mcFarlane

naguib kanawati: a bibliography xxvii

1

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87

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susanne Binder, The Title 'Scribe of the Offering Table': Some Observations

gillian Bowen, The Spread of Christianity in Egypt: Archaeological Evidence from Dakhleh and Kharga Oases

edward Brovarski, The Hare and Oryx Nomes in the First Intermediate Period and Early Middle Kingdom

vivienne g. callender, Writings of the Word Hathor from Akhmim

malcolm choat, Athanasius, Pachomius, and the 'Letter on Charity and Temperance'

rosalie david, Cardiovascular Disease and Diet in Ancient Egypt

linda evans, Otter or Mongoose? Chewing over the Evidence in Wall Scenes

roByn gillam, From Meir to Quseir el-Amarna and Back Again: The Cusite Nome in SAT and on the Ground

said g. gohary, The Cult-Chapel of the Fortress Commander Huynefer at Saqqara

michelle hampson, 'Experimenting with the New': Innovative Figure Types and Minor Features in Old Kingdom Workshop Scenes

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x

Zahi hawass, The Anubieion

tom hillard, The God Abandons Antony: Alexandrian Street Theatre in 30bC

colin a. hope and olaF e. kaper, A Governor of Dakhleh Oasis in the Early Middle Kingdom

Jana Jones, Some Observations on the Dimensions of Textiles in the Old Kingdom Linen Lists

edwin a. Judge, The Puzzle of Christian Presence in Egypt before Constantine

lesley J. kinney, Defining the Position of Dancers within Performance Institutions in the Old Kingdom

audran laBrousse, Huit épouses du roi Pépy Ier

VolumE ii

miral lashien, The Transportation of Funerary Furniture in Old Kingdom Tomb Scenes

lise manniche, The Cultic Significance of the Sistrum in the Amarna Period

kim mccorquodale, 'Hand in Hand': Reliefs in the Chapel of Mereruka and other Old Kingdom Tombs

roBert s. merrillees, Two Unusual Late Cypriote Bronze Age Juglets from Egypt in Western Australia and Tatarstan

Juan carlos moreno garcía, La gestion des aires marginales: pHw, gs, Tnw, sxt au IIIe millénaire

karol myśliwiec, The Mysterious Mereris, Sons of Ny-ankh-nefertem (Sixth Dynasty, Saqqara)

alanna noBBs, Phileas, Bishop of Thmouis

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xi

Boyo g. ockinga, The Memphite Theology - Its Purpose and Date

maarten J. raven, A New Statue of an Old Kingdom Vizier from Saqqara

gay roBins, Space and Movement in Pre-Amarna Eighteenth Dynasty Theban Tomb Chapels

ashraF-alexandre sadek, Trois pièces de la Collection Égyptienne du Musée des Beaux-Arts de Limoges

ramadan el-sayed, À propos de sept scarabées au Musée du Caire

michael schultZ, The Biography of the Wife of Kahai: A Biological Reconstruction

sameh shaFik, Disloyalty and Punishment: The Case of Ishfu at Saqqara

Basim samir el-sharkawy, Sobek at Memphis, Once Again: Further Documents

kenneth a. sheedy, Scenes from Alexandria in the Time of Domitian

karin n. sowada, Forgotten Cemetery F at Abydos and Burial Practices of the Late Old Kingdom

Joyce swinton, De-Coding Old Kingdom Wall Scenes: Force-Feeding the Hyena

eliZaBeth thompson, Scenes of the Tomb Owner Journeying-by-Water: The Motif in Tombs of the Old Kingdom Cemetery of El-Hawawish

miroslav verner, miroslav Bárta and Zdenka sůvová, The Second Renaissance of Abusir

sophie winlaw, The Chapel Types Utilised in the Teti Cemetery at Saqqara

alexandra woods, A Date for the Tomb of Seneb at Giza: Revisited

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LA GESTION DES AIRES MARGINALES: pHw, gs, Tnw, sxt AU IIIe MILLÉNAIRE

Juan Carlos Moreno García CNRS, France

Marginal areas usually stood in opposition to settlements or cultivated zones in the artistic and literary record. Nevertheless, archaeological surveys and administrative documents show a rather different picture, as marginal areas and their inhabitants were well integrated in the pastoral and agricultural activities of the Nile Valley. Fowlers, fishermen, shepherds or hunters frequently worked as specialists controlled by central and provincial officials, subject to taxes, and their presence in a given area might reveal the local importance (both economic and geographical) of inundated areas, marshes and bushes.

I

La contribution du professeur Kanawati à la connaissance de l'histoire et de l'archéologie de l'Ancien Empire est bien connue des égyptologues intéressés par cette période du passé pharaonique. Son énergie dans les chantiers archéologiques qu'il a animés au cours des dernières décennies a augmenté de manière considérable les données à notre disposition; en outre, il a ouvert de nouvelles pistes de recherche, redécouvert des sites insuffisamment étudiés et posé des questions qui nous obligent à reconsidérer l'histoire de l'Égypte du troisième millénaire. Qu'il me soit permis d'exprimer dans les pages qui suivent mon admiration pour le savant et de rendre hommage à ses travaux. Pour cela je voudrais justement partir de l'analyse d'une inscription de Der el-Gebraoui, récemment publiée par le professeur Kanawati, afin d'aborder le problème de la gestion des aires marginales de la Vallée du Nil au IIIe millénaire.

L'inscription de Henqou de Der el-Gebraoui est bien connue des égyptologues (Urk. I 76-79). Certains passages de son récit autobiographique évoquent les mesures prises par ce dignitaire afin d'augmenter la prospérité de son nome et consistant, parmi d'autres, à multiplier les troupeaux et les ressources du territoire soumis à son autorité,1 une pratique dont se vantent de nombreux gouverneurs provinciaux de la Première Période Intermédiaire:2 jw gr mH.n(.j) wDbw.s m kAw/jHw mxrw.s m awt jw gr ssA.n(.j) wnSw nw Dw Drjwt nt pt m xAw n awt j mr(.j) Ax s ntj jm.s « j'ai rempli ses rives [.s renvoie à zpAt « province »] avec des bovidés et ses pâturages avec du petit bétail. En outre, j'ai rassasié les chacals de la montagne et les milans du ciel avec les peaux du petit bétail, puisque je voulais que ses habitants soient favorisés » (Urk. I 77:10-14=col. 12-15) et gm.n(.j) s(jj) m zAw-pr

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nw kAw/jHw grgwt nt wHaw jw grg.n(.j) jAt.s nb m rmTw kAw/jHw [...]r[...] awt m bw mAa « je l'avait trouvée [=la province] comme les zones de pâturage des bovidés, (comme) les aires inondables des oiseleurs. (Mais) j'ai peuplé toutes ses collines avec des gens, des bovidés […] et du petit bétail, en vérité » (Urk. I 78:16-79:1=col. 23-24). Des comparaisons similaires figurent dans d'autres textes provinciaux de la même époque : gm.n(.j) pr-¢ww Ttf(w) mj grgt « j'ai trouvé le Domaine de Khouou inondé comme une grgt » ;3 [gm.n.j s]w m grgt « [je l'ai trouvé] comme une grgt ».4 Ces formules renvoient au topos, bien connu des inscriptions de la fin du IIIe millénaire, du dirigeant provincial efficace qui arrive dans une province tombée dans le désordre et qui, grâce à ses initiatives, parvient à la redresser et à la transformer en un centre de prospérité et d'abondance qui contraste nettement avec le chaos qui règne partout ailleurs.5 Pour mieux souligner cette perspective, l'inscription de Henqou de Der el-Gebraoui ou le récit autobiographique d'Ânkhtifi de Mo‛alla évoquent des aires marginales telles que des prairies ou des zones de chasse et de pêche afin de les opposer aux terres cultivées et aux pâturages.6 L'opposition entre les territoires transformés par l'action humaine, cadre des activités agricoles et pastorales des Égyptiens, et les milieux naturels non anthropisés (bien qu'exploités selon des modalités diverses) est net dans les sources pharaoniques.

L'importance de ces milieux marginaux était pourtant fondamentale pour l'économie des anciens Égyptiens. Les marais, les zones comportant des eaux résiduelles de la crue du Nil, les brousses, les aires limitrophes avec le désert constituaient un élément habituel du paysage de la vallée du Nil, à un point tel qu'ils exercèrent une fascination certaine sur ses habitants si l'on en juge par les textes littéraires datant du Moyen Empire. Des récits divers ont pour protagonistes ou pour scénario les milieux marginaux et ses populations, l'Oasien étant le plus célèbre de tous, mais sans oublier d'autres exemples où des pasteurs, des pêcheurs, des oiseleurs et des chasseurs sont au centre des compositions conservées.7 En outre, les descriptions topiques des nomes égyptiens mentionnent les pHw « marais » comme un élément constitutif du paysage au même titre que les localités et les districts, et ceci depuis la plus haute antiquité.8 Enfin, il ne sera pas inutile non plus de rappeler l'importance des milieux aquatiques et désertiques dans les scènes des mastabas. C'est dans ce cadre privilégié que se déploient les capacités des dignitaires en qualité de chasseurs habiles, affrontant les risques posés par une faune dangereuse composée d'hippopotames ou de taureaux sauvages, ou s'épanouissant selon le style de vie propre à l'élite pharaonique.

Cependant, notre connaissance des milieux marginaux et de leur intégration (ainsi que celle de ses habitants) dans la vie économique, administrative et politique de l'Égypte reste encore insuffisante. Il me semble qu'une des raisons qui expliquent cette situation paradoxale est due à la construction intellectuelle, à la fin du XIXe siècle, d'une image du milieu agricole pharaonique largement dépendante de l'iconographie, des textes et des conditions prévalant dans la campagne égyptienne dans le dernier tiers du XIXe siècle. En revanche, les apports de l'hydrologie, de la

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géographie ou de l'histoire des techniques sont restés largement sous-estimés. En effet, si la Description de l'Égypte a ouvert la voie de l'exploration scientifique du pays au tout début du XIXe siècle, les décennies postérieures ont vu, curieusement, s'élargir l'écart entre la géographie et une Égyptologie de plus en plus ancrée dans l'analyse des textes, des beaux objets et de l'iconographie et peu attentive à la compréhension du milieu où les anciens Égyptiens ont vécu et travaillé. Il a fallu attendre la fin du XXe siècle pour que des études comme celles de Butzer et d'Alleaume viennent interpeller les égyptologues sur la complexité de la circulation de l'eau du Nil dans la vallée et de ses conséquences saisonnières sur le milieu rural: des cours secondaires, des zones de marais, des sols qui retenaient l'eau de la crue, des eaux résiduelles au pied des falaises, parsemaient le paysage de la Haute-Égypte et révèlent une géographie moins domestiquée que postule l'opinion couramment admise.9 Ces études ont aussi eu le mérite de montrer que les marais et les possibilités de leur exploitation ouvraient la voie à d'autres activités productives que la seule agriculture, bien que complémentaires de celle-ci, et pas uniquement dans le Delta. On remarquera que ces observations, dues à des auteurs comme Alleaume, se fondent sur une interprétation intelligente des données contenues dans la Description de l'Égypte. On ne peut regretter à ce propos que l'essor de l'archéologie extensive ou le recours à l'ethno-archéologie, qui ont produit des fruits remarquables pour d'autres régions du Proche-Orient,10 n'aient à peine intéressé les égyptologues. D'où les lacunes considérables dans nos connaissances concernant les systèmes de production et d'irrigation et, pire encore, la persistance dans l'imaginaire de nombreux chercheurs d'un paysage et d'une agriculture pharaoniques idéalisés qui, d'après les agronomes, les géographes et les hydrologues, ne correspondent point à la réalité historique du pays.

Trois éléments sont pourtant en train de modifier cette situation. D'une part, des projets archéologiques comme ACACIA (Université de Cologne), the Survey of Memphis (Egypt Exploration Society), l'étude de l'oasis de Kharga11 ou les fouilles de Tell el-Dab‛a (Université de Vienne), où l'analyse du milieu environnant occupe une place d'honneur à côté des fouilles des sites archéologiques. D'autre part, l'emploi des images satellites, qui permet d'étudier le déplacement historique du cours du Nil à travers les siècles et de mesurer ses conséquences sur la plaine fluviale, l'habitat naturel et les établissements humains.12 Enfin, des études plus poussées consacrées à l'hydrologie du Nil, aux transformations historiques de l'agriculture égyptienne et aux aménagements hydrauliques réalisés dans la vallée au cours des siècles contribuent à mieux saisir les caractéristiques régionales de l'irrigation.13 Parallèlement, les progrès dus à ces projets nous permettent de réévaluer les scènes dites « de la vie quotidienne » et de mieux comprendre les critères savants et les codes culturels qui déterminaient leur composition. Last but not least, l'intérêt porté aux aspects non officiels et non institutionnels de la société rurale et des activités productives favorise de revaloriser, en plus de l'agriculture domestique, l'exploitation complémentaire d'autres niches écologiques, les spécialisations productives locales ―agriculture/pâturages―14 ou la

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complémentarité des productions institutionnelle et domestique, comme dans le cas de Kom el-Hisn.15

Dans cette perspective, l'emploi des nouvelles technologies, comme la télédétection par satellite, a revalorisé l'importance des milieux deltaïques et lacustres pour les économies du Proche-Orient ancien, notamment en Mésopotamie du Sud. Des chercheurs comme Pournelle ont ainsi découvert que l'apparition de l'agriculture et des premiers centres urbains eut lieu dans des régions marécageuses qui permettaient l'exploitation de ressources diverses et où l'agriculture et l'élevage n'étaient que des activités productives parmi d'autres à côté de l'élevage extensif, de la pêche ou de la cueillette.16 Seule l'expansion postérieure de l'agriculture, liée à l'essor des premiers centres urbains, a encouragé la dessiccation des zones inondables au profit des cultures, jusqu'au point de créer le paysage steppeux parsemé de tells caractéristique de la Mésopotamie méridionale contemporaine. En outre, les traces en surface des anciens fleuves et des réseaux de canaux permettent d'observer comment les déplacements périodiques des cours fluviaux ou le comblement des canaux transformaient l'habitat et scellaient parfois le destin des centres urbains.17

Pour le cas de l'Égypte, notre connaissance du milieu naturel et de l'exploitation des marais à l'aube de la civilisation pharaonique reste encore très limitée. Les fouilles américaines dans la région de Ouadi Koubanieh, au nord d'Assouan, ont permis de comprendre les cycles saisonniers d'exploitation des ressources de la plaine alluviale dans ce secteur de la Vallée du Nil à la fin du Paléolithique, selon les rythmes marqués par la crue et la décrue annuelles. Elles ont révélé également quelle était la végétation et la faune typiques de la vallée avant l'essor des activités agropastorales.18 Des zones boisées situées au-dessus de la ligne de l'inondation étaient parcourues par le taureau sauvage et les antilopes tandis que sur les bords désertiques se trouvaient des tamaris et des bosquets d'acacias. Les eaux de la crue alimentaient des lacs provisoires au fond du ouadi et leur retrait progressif, de novembre à février, découvrait des terres gorgées où poussaient des quantités de plantes et où se formaient des mares résiduelles. Les oiseaux évoluant dans les milieux aquatiques et migrateurs, qui visitent l'Égypte en hiver, étaient abattus à cette époque. Le cas de Djara illustre un autre cycle productif, où des habitants de ce site du désert occidental, à l'ouest de la Moyenne Égypte, parcouraient périodiquement les territoires des alentours et les abords du Nil pour assurer leur subsistance.19 Pour les périodes historiques Herb a attiré l'attention sur l'importance des marais pour l'économie des habitants de la vallée du Nil, où les activités saisonnières de cueillette, de pêche et de capture d'oiseaux venaient compléter l'éventail des ressources à leur disposition.20 Le seul reproche que l'on puisse formuler au tableau si séduisant suggéré par Herb est que ses conclusions se fondent en grande partie sur l'iconographie des tombes, censée reproduire fidèlement le paysage proche des inhumations alors qu'elle ne fait que répéter, selon un modèle bien codifié, des conventions picturales développées d'abord dans les ateliers de la capitale, Memphis, à l'extrémité méridionale du Delta, et reproduites par la suite dans les nécropoles de la Haute-Égypte.21

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Et le Delta? Serait-il possible d'imaginer des conditions naturelles comparables à celles de la Mésopotamie méridionale? Butzer a résumé récemment l'état actuel des connaissances sur l'hydrologie de la Basse Égypte à la lumière des dernières recherches, et la réponse serait plutôt négative.22 Face aux interprétations qui faisaient de cette région une aire couverte de marécages et colonisée de manière graduelle, Butzer signale qu'un tel paysage dominait surtout dans les régions côtières. Plus au sud, les vestiges paléobotaniques récupérés sur l'axe est-ouest formé par les localités de Tell Ibrahim Awad, Minshat Abou Omar, Bouto et Kom el-Hisn révèlent, au début de la période historique, un paysage cultivé, où le bétail demeurait dans des étables une partie de l'année, où les pâturages étaient situés à une certaine distance des établissements humains et où des marais parsemaient le territoire. Les analyses archéo-zoologiques confirment l'image d'un écosystème fortement modifié par l'action de l'homme où, par exemple, les seules espèces sauvages attestées dans un site comme Tell Ibrahim Awad sont des poissons et des oiseaux, tandis que l'importance du porc diminue face aux bovidés. Bref, les données bio-archéologiques disponibles correspondent davantage à un paysage marqué par les activités humaines qu'à un territoire où des pionniers auraient créé des établissements isolés à l'intérieur d'un milieu deltaïque peu anthropisé. L'idée d'une zone où des populations de chasseurs/pêcheurs habiteraient dans les fourrés de papyrus, en marge des populations sédentaires, serait donc à rejeter. Il semble plus approprié de considérer que la richesse naturelle du Delta permettait l'existence de spécialités productives complémentaires de l'agriculture et de l'élevage de bétail et intégrées dans le même système de production. Telle est l'image qui se dégage, par exemple, de l'analyse des archives les plus anciennes. Les papyrus de Gébélein montrent en effet que, parmi les habitants du village Jnrtj-Jnpw, situé dans la région thébaine, y figuraient des pêcheurs (wHaw-rmw), de nombreux chasseurs (nww), des nomades (Hrjw-Sa) et, apparemment, des individus qui s'occupaient de collecter du miel et des plumes.23

II

En effet, les pêcheurs (wHaw-rmw) et les oiseleurs (wHaw-Apdw) figurent dans l'iconographie funéraire de l'Ancien Empire affairés dans des activités liées à l'exploitation des ressources aquatiques et marécageuses, mais toujours dans le cadre des travaux organisés et surveillés dans la maisonnée du défunt. Les textes administratifs évoquent justement l'éventail des tâches effectuées par ces catégories de travailleurs et les milieux où ils les assuraient, ce qui nous donne une image bien plus nuancée que l'iconographie standardisée des tombes ou que les stéréotypes littéraires des satires des métiers nous livre.24 Les wHaw ou leurs responsables étaient chargés de la livraison de produits en provenance de la sxt « campagne » et des prairies inondables, dans un milieu où abondaient le bétail mnmnt, les installations pour capturer des oiseaux, les papyrus et les îles.25 En fait, quelques scènes montrent des prairies où l'élevage de bétail dans les aires zA-pr n'excluait pas la présence de wHaw,26 ce qui confirme l'association entre les terres inondables, les

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pâturages et les activités des pêcheurs qui figure dans l'inscription de Henqou citée au début de cet article. La délivrance de bois figurait également parmi leurs obligations,27 bien que l'activité la plus attestée soit, naturellement, la capture du poisson et des oiseaux.28 D'autres spécialistes opérant dans le même milieu s'occupaient des bateaux et des étables29 ou bien ils collectaient du miel, et ils étaient parfois désignés collectivement sous le nom de sxtjw dans les recensements administratifs.30

En définitive, les textes confirment que les chasseurs et pêcheurs n'étaient pas des populations marginales et résiduelles reléguées aux marécages, en marge des populations sédentaires qui pratiquaient l'agriculture et l'élevage. Bien au contraire, ils étaient des spécialistes qui exploitaient des niches écologiques de caractéristiques très particulières (mais dans le cadre d'une économie palatiale), que ce soit les marais ou les terrains inondables susceptibles d'être mis en culture une fois les travaux d'assèchement et de préparation du sol achevés. On remarquera à ce propos que les prairies SA et les localités nwt figurent ensemble dans la formule stéréotypée m SA m nwt « dans la prairie et dans la localité », qui décrivait les aires où un Égyptien possédait normalement des biens.31 Une autre expression, formée avec sxt et nwt, apparaît également à la fin du IIIe millénaire avec le même propos.32 Enfin, ce milieu riverain fréquenté par les troupeaux est évoqué en détail dans le décret de Nauri de Séthi Ier (KRI I 45-48), où l'on mentionne, d'une part, les étables remplis avec toute sorte de bétail (lignes 19-20) et, d'autre part, les zones parcourues par les pasteurs mnjw (lignes 21-23): « les pasteurs prenaient soin des troupeaux à leur charge, de fils en fils pour toujours et à jamais. On leur assigna des pâturages (smw) dans les zones fréquentées par les oiseaux (r-jmjjw-Apdw) et dans les prairies (SAw), ainsi que des pousses (axmjjw) et des légumes (rnpwt). On leur a laissé cette terre en tant que fourrage, et toute transgression à cet égard est interdite. Les taureaux et les bovidés sont dispersés (xnr) dans les prairies (SAw) et les rivages (wDbw) ».

De telles références ne font que confirmer l'exploitation de plusieurs milieux écologiques différents, où les chasseurs et les pêcheurs accomplissaient des tâches très précises dans des zones qui, par leurs conditions physiques, n'étaient pas cultivées. De surcroît, les listes de métiers comme celles qui figurent dans les Onomastica citent les wHaw dans la même section que des spécialistes nautiques tels que les matelots (nfw), les pilotes (jrj HAt) et les timoniers (jrw Hmjj).33 En outre, le fait qu'ils doivent payer au fisc et aux institutions certaines quantités d'argent, sous la forme de dbn, indique leur intégration dans des circuits d'échanges.34 Leurs activités sont donc comparables à celles des travailleurs qui recueillaient du bois et des produits divers et qui pratiquaient la chasse et la pêche dans les marais de la Mésopotamie du Sud au service des institutions.35 Plutôt que des écosystèmes et des populations échappant à l'action de l'État, on constate une articulation des activités productives visant à exploiter les ressources de zones écologiques diverses.

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Deux régions semblent avoir été particulièrement prisées pour développer ces activités, les aires gs et la sxt. Les gs-pr et le gswj-pr figurent souvent en rapport avec le Delta et l'exploitation du bétail. J'ai discuté en détail ces termes dans une autre étude,36 mais je voudrais ajouter quelques précisions. Gs indique le côté tandis que le duel gswj signifie le contour.37 L'expression gswj-pr apparaît souvent en rapport avec le Delta et il est remarquable de constater que plusieurs nomes de cette région portent le déterminatif gs dans la Chapelle Blanche de Sésostris Ier, notamment ceux qui se trouvent aux limites externes de la Basse-Égypte, comme les nomes 7, 8 et 14.38 Dans ce même monument, gs a le sens de « section » pour évoquer, par exemple, les sections orientale et occidentale du Nome du Harpon.39 D'autres sources emploient aussi le terme gs avec une valeur géographique, afin de désigner les sections orientale (gs jAbtj) et occidentale (gs jmntj) du Delta.40 Plus tard, des termes comme wart incorporeront, au cours du Moyen Empire, un éventail de significations similaires, allant d'une région administrative à une section d'une localité ou d'une nécropole, voire à une section de travailleurs.41 En fait, l'association entre les zones limitrophes de l'Égypte et le gs figure déjà dans le titre de la période thinite aD-mr Hwt-xAswtj-gstjw « administrateur du Hwt 'Les-deux-plateaux-e(t)-les-confins' »,42 une association qui apparaît dans des titulatures de la même époque comme celle de Mérika à Saqqara, qui était aD-mr zmt « administrateur de la contrée désertique » et aD-mr Tnw rsj « administrateur de la zone limitrophe méridionale ».43 Quand il est employé avec une valeur géographique, gs semble indiquer des zones peu organisées du point de vue administratif, côtoyant celles couramment habitées et cultivées. Loret, dans une importante étude, interpréta le gs-pr comme le côté désertique limitrophe du Domaine, c'est-à-dire, de l'Égypte et, plus particulièrement, les contrées désertiques aux limites de la Vallée du Nil, séparées de celle-ci par les marais pHw et où l'on pratiquait la chasse et l'élevage extensif de bétail.44 Pourtant, une telle définition me semble trop précise, surtout à la lumière des textes qui évoquent l'existence de gs-pr à l'intérieur du Delta (donc loin du désert) ou la nomination d'un responsable d'un gs-pr avec la mission d'exploiter des champs et des jardins.45 Si l'on revient aux inscriptions de la Chapelle Blanche de Sésostris Ier on constate que, toujours dans le Delta, gs concerne surtout des zones relativement peu organisées du point de vue administratif, situées sur les marges externes de cette région, là où les nomes ne sont pas encore bien définis et délimités. Des conditions similaires caractérisèrent le Fayoum au IIIe millénaire, avant les aménagements encouragés par les rois du Moyen Empire, si l'on en juge par le titre sSm tA n nwtj n(t) art zpAwtj « gouverneur des deux villes de la Chèvre des deux provinces » attesté à Deshasha,46 où les deux provinces correspondent aux nomes Nart xntjt « Nart méridionale » et Nart pHwjt « Nart septentrionale », les provinces 20 et 21 de la Haute-Égypte.47 En fait, L'enseignement pour Mérikarê, du début du IIe millénaire, décrit en détail l'organisation administrative des régions allant, précisément, de l'extrémité nord de la Haute-Égypte jusqu'aux confins du Delta.48 Par conséquent, l'emploi de la formule ¦A-MHw m gswj-pr « le Delta dans/avec ses deux gs-pr » désignerait, dans le cas de la Basse-Égypte, le Delta et ses contours encore peu

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organisés, une idée confortée par les titres de Wsr-kA.f-anx, un administrateur territorial du Delta durant la Vème dynastie qui était jmj-r zpAwt ¦A-MHw m gswj-pr « intendant des nomes de la Basse-Égypte dans les deux gs-pr » mais aussi Hrj-sStA n rA-Aw xAswt m gswj-pr « chef des secrets des entrées aux pays étrangers dans des deux gs-pr », des occupations qui suggèrent que les gswj-pr étaient des zones situées aux limites du pays.49 Dans d'autres contextes, de telles aires marginales peuvent se trouver tant à l'intérieur d'une région (même dans le Delta)50 que dans la Haute-Égypte (comme dans l'inscription d'Imény de Beni Hassan).51 Cette interprétation est confortée par un autre titre porté par Wsr-kA.f-anx, celui de jmj-r Tnww « intendant des bords de la vallée ». Des inscriptions de l'Ancien Empire provenant, par exemple, des tombes de ¢ntj-kA, ¡zjj et de MHw indiquent, précisément, que des responsabilités étaient exercées jmj(t) Tnwj « à l'intérieur des bords de la vallée » ou que des produits provenaient de ces zones.52 L'iconographie montre aussi, dans les zones bordant le désert, la présence d'arbres et d'une végétation suffisants pour nourrir des troupeaux de chèvres et pour se procurer du bois.

Quant à l'espace sxt, récemment analysé par Quirke,53 cet auteur signale que, au cours de la Deuxième Période Intermédiaire, ses habitants (les sxtjw), n'étaient pas nécessairement des paysans, mais plutôt des populations habitant les territoires situés à l'extérieur des terres cultivées du Delta. Il indique en plus que les deux grandes zones marginales aux abords du Delta étaient désignées par le terme sxt: à l'est, le Ouadi Toumilat et, à l'ouest, le Ouadi Natroun (¤xt-HmAt),54 dont l'habitant le plus connu était justement un sxtj protagoniste du récit de l'Oasien. Ce personnage n'était point un paysan sédentaire, mais plutôt un marchand itinérant pratiquant la chasse et la cueillette et qui trafiquait avec les produits obtenus dans ce milieu marginal.55 Finalement, Quirke attire l'attention sur les nombreuses attestations du titre jmj-r sxtjw « intendant des habitants des marais » connues depuis la fin du Moyen Empire, une circonstance qu'il faudrait, à son avis, mettre en rapport avec l'importance grandissante du Delta oriental et de la région du Ouadi Toumilat durant cette époque, avec le déplacement du centre politique et administratif du pays depuis l'aire memphite et le Fayoum vers la périphérie du Delta oriental. À mon avis, cette hypothèse serait confortée par l'essor du titre jmj-r ¦A-MHw « intendant de la Basse-Égypte » au Moyen Empire, un titre qui désigne le responsable des expéditions militaires à l'étranger, surtout au Sinaï.56 Cet intérêt porté aux régions marécageuses pendant le Moyen Empire trouve un écho dans la littérature de cette époque, avec l'apparition de nombreux récits dont les protagonistes sont des pasteurs ou des sxtjw, et où l'action se situe dans un milieu de marais.57

On ne peut pas conclure sans évoquer l'importance des eaux résiduelles de la crue retenues dans les zones limitrophes du désert et des falaises bordant la vallée du Nil, ce qui donnait lieu à un paysage marécageux saisonnier. Les textes rituels révèlent, en effet, que chaque province égyptienne comprenait, en plus des terrains de labour, des pHw, c'est-à-dire des marais utilisés pour le pâturage des troupeaux.58 D'autre part, les textes administratifs, comme le papyrus Wilbour, indiquent que les

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pâturages Smw étaient un élément habituel du paysage rural, plus abondant dans certaines régions comme la Moyenne Égypte. Il existait donc la possibilité, certes variable selon les régions, d'entretenir des troupeaux en régime extensif et, d'après les recherches lexicographiques de Pascal Vernus, les termes mnmnt et awt renvoient à deux pratiques différentes d'élevage, l'une extensive et fondée sur une transhumance locale et l'autre sur l'élevage en étables. Le terme mnmnt apparaît pour la première fois au début du Moyen Empire pour désigner les troupeaux qui se déplaçaient, qui étaient soumis à des taxations, appartenant à une institution et surtout constitués de bovins.59 On peut s'interroger aussi sur l'existence de réseaux de transhumance reliant, par exemple, soit les riches pâturages du Delta à d'autres aires de la vallée du Nil, soit les pâturages entre le Nil et les abords du Bahr Youssef en Moyenne Égypte.60 L'iconographie des mastabas de l'Ancien Empire montre souvent des troupeaux qui abandonnent les marécages du Nord pour se rendre vers la terre ferme, les zones « surélevées » (Hrj-tp).61 Enfin, les contacts entre, d'une part, les pasteurs nubiens (venus du désert occidental), les medja (en provenance du désert oriental), les Asiatiques et les Libyens et, d'autre part, la vallée du Nil, dans le cadre probablement des échanges avec les populations sédentaires, impliquent que les milieux marginaux parcourus permettaient l'existence ou l'entretien temporaire de troupeaux. Butzer estime que le pastoralisme pratiqué en Égypte était saisonnier, limité à la période de la crue, quand les troupeaux étaient amenés hors de portée de l'inondation, vers les terrains surélevés limitrophes avec le désert, où ils seraient nourris grâce à la végétation locale et au fourrage ramassé au préalable.62 Pourtant, la découverte de centres de culte des pasteurs nubiens à Hiéraconpolis datés de la Deuxième Période Intermédiaire, ou leur présence dans des localités proches de Gébélein depuis la IVe dynastie, révèlent que le binôme complémentaire pasteurs/sédentaires aurait pu exister en Égypte, mais à une échelle plus réduite que celle caractéristique du Proche-Orient ancien.63 Quant au Delta, son rôle en tant que zone de contact des Égyptiens avec les populations pastorales qui habitaient hors de la vallée du Nil est bien connu, que ce soit dans ses marges occidentales, visitées par des populations libyennes,64 ou dans ses marges orientales, comme l'attestent les traces d'infiltration de pasteurs asiatiques à travers le ouadi Toumilat.65 Enfin, la capture du bétail des medja figure parmi les exploits dont se vantent certains dignitaires égyptiens.66

III

Les sources du IIIe millénaire apportent des informations précieuses sur l'exploitation des milieux marginaux par les anciens Égyptiens. Pourtant, comme on l'a déjà vu, le terme « marginaux » est sujet à caution, puisqu'il ne désigne nullement des espaces vierges, visités occasionnellement par les habitants de la vallée du Nil mais, bien au contraire, des aires anthropisées puisqu'exploitées régulièrement, bien que le paysage y soit très différent de celui dominé par les pâturages ou les terres de labour. Ces différences résultent des utilisations

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sélectives du territoire, donc de l'intervention humaine, non d'une opposition nette entre des espaces naturels et des zones cultivées, bien que, du point de vue idéologique, les textes égyptiens se plaisent à les présenter comme antagonistes.

Quand les documents deviennent suffisamment détaillés, on constate que l'exploitation des ressources des aires marginales s'intègre souvent dans une logique de production organisée et dirigée par les agents de la couronne, qui laisse peu de place à des formes d'existence autonomes, en marge de l'autorité royale. On connaît le déplacement de pasteurs dans l'Ouadi Toumilat ou les bords du Delta mais, apparemment, il n'y a pas de traces de populations autochtones menant une existence indépendante dans les espaces non cultivés de la Basse-Égypte. Des dignitaires attestés entre la fin de la IIIe dynastie et le début de la IVe, comme MTn ou PH-r-nfr, étaient spécialisés dans la gestion administrative du Delta et de ses ressources, si l'on en juge par leurs nombreux titres en rapport avec cette région. Tous les deux dirigeaient des installations de la couronne en Basse-Égypte et s'occupaient, en même temps, de la transformation des produits cultivés. La gestion des troupeaux figurait parmi leurs responsabilités, et le fait qu'ils aient administré la localité de ¡wt-jHwt indique, d'une part, que l'entretien des bovidés jouait un rôle considérable dans l'économie institutionnelle du Delta et, d'autre part, que la place de ¡wt-jHwt dans ce schéma de production était assez importante pour que son contrôle soit assuré par les plus hauts dignitaires du royaume. MTn et PH-r-nfr furent, respectivement, HoA Hwt-aAt ¡wt-jHwt, ce qui suggère que dans cette localité il existait un grand centre d'élevage de bétail. Les titres de MTn révèlent, en plus, que sa fonction de gouverneur d'un grand Hwt en rapport avec ¡wt-jHwt était liée au contrôle des chasseurs et des contrées désertiques occidentales (xrp nww, aD-mr zmt: Urk. I 2:4; 6:7-8). Quant à PH-r-nfr, il exerça aussi son autorité sur les régions désertiques occidentales en tant que aD-mr jmntt et aD-mr zmt jmntt.67 Tant MTn que PH-r-nfr figuraient probablement parmi les dignitaires les plus puissants de leur époque, compte tenu de leurs titres et responsabilités. Deux vizirs postérieurs, §jj et Jdw[I]:Nfr, gouvernèrent aussi ¡wt-jHwt, ce qui confirme l'importance des activités productives pratiquées dans cette localité, directement surveillées par les plus grands dignitaires du royaume. L'archéologie est venue confirmer la place centrale que l'élevage de bétail occupait à ¡wt-jHwt.

Les fouilles menées à Kom el-Hisn montrent un pourcentage considérable d'os de porc (48,73% du total) et d'ovi-capridés (36,27%), tandis que les bovidés étaient négligeables (1,27%). Mais l'étude combinée des restes animaux et végétaux ainsi que l'analyse de l'âge des animaux au moment de leur abattage apportent des renseignements complémentaires précieux. On a constaté ainsi que les bovidés n'étaient pas consommés habituellement par la population locale. Mais les études de paléobotanique ont révélé la prédominance locale des plantes fourragères, preuve de l'élevage intensif du bétail, ainsi que l'importance du fumier des bovidés comme combustible; par conséquent, les bovidés abondaient dans cette localité malgré leur rareté dans les vestiges archéologiques. D'autre part, les os indiquent que les animaux étaient soit très jeunes lors de leur abattage (moins de deux ans

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d'âge) soit très vieux, ce qui suggère une exportation de ceux dont l'âge était compris entre un an et demi et deux ans. D'autres localités, comme la ville des ouvriers des pyramides de Gîza, prouvent que les animaux consommés par les artisans et les travailleurs avaient moins de deux ans, ce qui indique l'existence de circuits reliant les centres d'élevage aux centres de consommation. Quant aux ovidés et caprinés de Kom el-Hisn, ils étaient élevés pour d'autres destinations que la consommation locale, probablement pour produire du lait et de la laine, confortant l'interprétation de cette localité comme un centre d'élevage d'animaux qui étaient, par la suite, exportés vers d'autres zones. Finalement, il faut se souvenir qu'il existe un rapport inverse entre la culture intensive des céréales et l'élevage des porcs. En effet, ceux-ci sont plus abondants là où existent de nombreuses ressources alimentaires autres que les céréales, renforçant, une fois de plus, l'idée selon laquelle Kom el-Hisn était un centre spécialisé dans l'élevage du bétail et non pas dans l'agriculture durant l'Ancien Empire, et que les troupeaux de bovidés et, partiellement, d'ovins étaient consommés ailleurs, vraisemblablement à Memphis. Cette importance de l'aire ¡wt-jHwt/Kom el-Hisn au IIIe millénaire, ses liens avec la capitale et ses besoins alimentaires (y compris les rations des ouvriers engagés dans les grands travaux), expliqueraient que son administration ait été souvent confiée à de grands dignitaires et des vizirs.68

Mais les titres des administrateurs de ¡wt-jHwt apportent des renseignements complémentaires sur l'exploitation des milieux marginaux. MTn n'était pas le seul fonctionnaire à exercer son autorité à la fois sur cette localité et sur des chasseurs. Nj-kA-Ra, par exemple, qui vécut au milieu de la Ve dynastie, fut aussi jmj-r ¡wt-jHwt « intendant de ¡wt-jHwt » et jmj-r nww nb « intendant de tous les chasseurs » et, en outre, jmj-r pHw nb « intendant de tous les marais », jmj-r Apdw « intendant des canards » et jmj-r bjtjw nb « intendant de tous les apiculteurs ».69 Ces activités suggèrent l'exploitation des ressources d'un milieu marécageux, y compris peut-être la chasse de bovidés sauvages.70 Le même rapport entre les marais, ¡wt-jHwt et la végétation apparaît dans les inscriptions de la tombe de Grf:JTj, un dignitaire actif sous les règnes de Téti et Pépi Ier environ, qui ajouta aux titres de jmj-r ¡wt-jHwt « intendant de ¡wt-jHwt » et jmj-r pHw « intendant des marais » celui de jmj-r Sn-tA nb « intendant de toute la végétation ».71 Quant à ¤mdntj, contemporain de Grf:JTj, ses responsabilités sur ¡wt-jHwt et les marais pHw sont accompagnées de références aux Deux Champs d'Offrandes et à des fonctions relatives à la production de biens divers.72 En fait, l'association fréquente des titres relatifs à ¡wt-jHwt et aux marais confirme l'existence de modalités d'élevage du bétail bien connues par l'iconographie, où des troupeaux de bovidés étaient conduits vers les marais du Delta avant de regagner les hautes terres. Dans certains cas, ces bovidés étaient des vaches laitières,73 citées occasionnellement en rapport avec les pyramides, comme dans le cas du titre jmj-r sSrt nt mr Axt-¢wfw « intendant des vaches laitières de la pyramide 'L'horizon de Kheops' », qui figure avec celui de jmj-r kAw/jHw « intendant des taureaux/vaches » dans une titulature de Gîza.74 Enfin, la reconquête thébaine du Delta, après la période de conflits qui suivit la fin

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de l'Ancien Empire, fut accompagnée d'une réorganisation de la fiscalité de la couronne dans la région et de la nomination d'administrateurs. Un de ces fonctionnaires, Jp, accumula, outre des fonctions militaires, des tâches relatives à l'administration du Delta présentes dans les titulatures analysées ci-dessus.75 Il fut, en effet, jmj-r ¡wt-jHwt « intendant de ¡wt-jHwt », jmj-r pHw « intendant des marais » et jmj-r Sn-tA nb « intendant de toute la végétation » et, tout comme MTn et PH-r-nfr, ses responsabilités concernaient également le désert occidental (jmj-r zmt jmntt « intendant du désert occidental »).76 Ses activités rappellent celles de ¡nnw, dignitaire de la fin de la XIe dynastie, qui mit à contribution la Haute-Égypte dans le même contexte de réorganisation des appareils d'État et qui, notamment, déclara: nHb.n(.j) spAwt ¥maw m kAwt anxwt « j'ai accordé comme dotation aux provinces de la Haute-Égypte des bovidés et du petit bétail ».77

Pourtant, la comparaison des titulatures des responsables des marais (pHw) de la végétation (Sn-tA) et de ¡wt-jHwt apporte d'autres informations. Contrairement à ce que l'on pourrait penser à partir de l'étude des fonctions de Jp, Grf:JTj et §jj, il n'était pas habituel que le même dignitaire exerce ces trois fonctions.78 Bien que les jmj-r ¡wt-jHwt portent souvent des titres en rapport avec les marais et la végétation, on ne trouve pas, en dehors de cette catégorie de fonctionnaires, des mj-r Sn-tA nb qui soient en même temps jmj-r pHw. Cette caractéristique révèle le rôle exceptionnel joué par ¡wt-jHwt en tant que centre permettant l'exploitation de plusieurs niches écologiques, en raison de sa localisation dans le Delta, depuis les pâturages jusqu'aux marais, voire les contrées désertiques. Elle confirme encore une fois l'importance des marais de la Basse-Égypte pour l'élevage du bétail et illustre, pour le cas des tombes décorées de la Haute-Égypte, le danger d'accepter leurs scènes stéréotypées (reproduisant des motifs développés dans l'art memphite) comme étant la représentation fidèle des conditions écologiques locales.79 Il est significatif à ce propos que, même si des marais pHw étaient présents en Haute-Égypte, leur gestion ne soit pas évoquée dans les monuments des fonctionnaires locaux malgré le fait que des sources postérieures révèlent leur importance. Tel est le cas de ¤xt, un toponyme du nome IX formé à partir d'un autre terme sxt, qui désigne le fait de poser des pièges et d'oiseler; cité dans les papyrus Reisner, du Moyen Empire, il désigne en fait les pHw de cette province, une aire de chasse et de pêche bien connue en époque historique.80 En revanche, la végétation et les acacias figurent parfois parmi les responsabilités des nomarques ou de leurs assistants, ce qui renvoie à un milieu naturel différent de celui du Delta.

Prenons, par exemple, la Moyenne-Égypte. La nécropole de Deshasha contient des tombes de l'Ancien Empire dont certaines ont fourni les titulatures des gouverneurs locaux dont un, Jttj:¥dw, était jmj-r sm nb rnpj « intendant de toute la végétation fraîche ».81 L'importance de ces pâturages dans cette région est indiquée par des sources plus tardives, comme le papyrus Wilbour, dont les nombreux paragraphes évoquant les pâturages smw d'une institution sont suivis immédiatement par d'autres mentionnant les chèvres dépendant des domaines des temples.82 En revanche, les pHw n'étaient pas, à en juger le contenu de ce même document, un

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élément marquant du paysage local. Un peu plus au nord, dans les environs du Fayoum, les titres conservés mentionnent surtout le contrôle des acacias, comme dans le cas de jmj-r SnD nb n ¥-rsj « intendant de tous les acacias du Lac Méridional »;83 dans les sources tardives, le nom traditionnel du terroir cultivable du XXIe nome était, précisément, ¤xt-SnD « La campagne de l'acacia ».84 Enfin, deux nomes de la Haute-Égypte ont livré des références qui permettent de mesurer l'importance locale des aires arbustives. Les titres jmj-r Sn-tA « intendant de la végétation », jmj-r Sn-tA nb n zpAt « intendant de toute la végétation du nome », jmj-r SnDw « intendant des acacias » sont attestés tant à Dendera (nome VI) qu'à Naga ed-Dêr (nome VIII), tout comme le titre jmj-r wHaw Apdw nww n zpAt « intendant des oiseleurs et des chasseurs du nome ».85 Apparemment, les aires herbacées et boisées dans ces provinces justifiaient l'existence de spécialistes assez nombreux pour créer une branche administrative les concernant. En revanche, un titre comme jmj-r Sn-tA nb « intendant de toute la végétation » semble avoir concerné l'ensemble de l'Égypte, justifiant qu'il soit souvent porté par des vizirs, comme §jj, anx-m-a-¡r et Nfr-sSm-Ra:¥Sj.86

L'inscription de Henqou de Der el-Gebraoui est un des rares textes du IIIème millénaire qui évoque l'exploitation de milieux marginaux et, surtout, l'opposition entre ces zones et les aires aménagées pour y développer des activités productives. Avant l'intervention du fonctionnaire diligent, la province était m zAw-pr nw kAw/jHw grgwt nt wHaw « comme les zones de pâturage des bovidés, (comme) les aires inondables des oiseleurs ». Mais, par la suite et grâce à l'intervention de Henqou, ces terrains exploités jusqu'alors occasionnellement deviennent conquis et aménagés, de telle sorte que jw grg.n(.j) jAt.s nb m rmTw kAw/jHw [...]r[...] awt m bw mAa « j'ai peuplé toutes ses collines avec des gens, des bovidés […] et du petit bétail, en vérité ». Le passage d'un état à l'autre est exprimé grâce au verbe grg « aménager, fonder ». Même si une telle transformation n'avait pas forcement lieu, les zones marginales faisaient partie néanmoins de circuits économiques intégrant des oiseleurs, des pêcheurs, des chasseurs, des apiculteurs, des éleveurs, des bûcherons et d'autres spécialistes encore; en outre, des troupeaux des institutions parcouraient ces aires. Par conséquent, les informations que nous procurent les textes et les titulatures des fonctionnaires viennent compléter, et surtout nuancer, l'opposition trop nette entre zones marginales et anthropisées suggérée par les scènes dites « de la vie quotidienne », les formules stéréotypées ou les textes littéraires. Les régions marécageuses et marginales étaient un élément habituel du paysage égyptien, utilisées à des fins productives et, même si les études de paléoécologie sont encore très rares, des sources administratives telles que les papyrus ou les titres des fonctionnaires peuvent nous aider à détecter soit des métiers soit la présence locale de bosquets, d'aires marécageuses ou de zones de steppe. Des informations précieuses pour mieux connaître la géographie historique de la vallée du Nil et les transformations du paysage au cours des siècles.

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1 N. Kanawati, Deir el-Gebrawi, I. The Northern Cliff, ACE Reports 23 (Oxford, 2005), 72-

73, pls. 29-30, 56, 66-67. S. Grunert, 'Erlebte Geschichte — ein authentischer Bericht', dans M. Fitzenreiter (éd.), Das Ereignis — Geschichtsschreibung zwischen Vorfall und Befund (Londres, 2009), 125-135 esp. 133.

2 J. C. Moreno García, 'Administration territoriale et organisation de l'espace en Égypte au troisième millénaire avant J.-C.: grgt et le titre a(n)D-mr grgt', ZÄS 123 (1996), 116-138; J. C. Moreno García, 'J'ai rempli les pâturages de vaches tachetées … Bétail, économie royale et idéologie en Égypte, de l'Ancien au Moyen Empire', RdE 50 (1999), 241-257, surtout 244-245.

3 J. Vandier, Mo‛alla. La tombe d'Anktjfj et la tombe de Sébekhotep, BdE 18 (Le Caire, 1950), 163 [inscr. Iα2-3].

4 H. G. Fischer, Dendera in the Third Millennium BC down to the Theban Domination of Upper Egypt (New York, 1968), 148 n. 650.

5 J. C. Moreno García, Études sur l'administration, le pouvoir et l'idéologie en Égypte, de l'Ancien au Moyen Empire, Ægyptiaca Leodiensia 4 (Liège, 1997), 25-31.

6 Les grgt inondés évoqués dans le récit d'Ânkhtifi rappellent un autre terme figurant dans les ostraca démotiques de Manâwir, sis dans l'oasis de Kharga. Dans un contrat de cession à bail d'un droit de chasse aux oiseaux (Manâwir 738), ceux-ci sont censés être piégés dans les environs des gmgm, mot pourvu du déterminatif de l'eau. Un autre document évoque la jouissance de cinq jours d'eau provenant (?) d'un grgr. M. Chauveau propose d'identifier les deux mots et d'y voir un type d'adduction particulier (M. Chauveau, 'Les qanâts dans les ostraca de Manâwir', dans P. Briant (dir.), Irrigation et drainage dans l'Antiquité. Qanâts et canalisations souterraines en Iran, en Égypte at en Grèce (Paris, 2001), 139. J'estime que ce terme pourrait évoquer un type de petit lagune, de terrain inondé, et qu'il correspondrait en fait à l'ancienne grgt. Cf., toujours dans ce contexte et en rapport avec les oasis, la tablette Balat 3689-7, 8 et 11, provenant de l'oasis de Dakhla et datée de la fin de la VIe dynastie (A. Philip-Stéphan, 'Deux actes de disposition inédits découverts dans l'oasis égyptienne de Dakhla', RHD (2005), 273-281= A. Philip-Stéphan, Dire le droit en Égypte pharaonique (Bruxelles, 2008), 261 [56]); on y évoque seize mw-mA m Sdwt « points d'eau d'animaux sauvages servant de puits » appartenant au dignitaire Téchiou et distribués lors de l'ouverture de sa succession entre ses fils.

7 S. Quirke, Egyptian Literature 1800 BC Questions and Readings, GHP—Egyptology 2 (Londres, 2004), 180, 197, 212-217.

8 J. Yoyotte, 'Études géographiques, 2: Les localités méridionales de la région memphite et le "Pehou d'Héracléopolis" ', RdE 14 (1962), 75-111; P. Lacau et H. Chevrier, Une chapelle d'Hatshepsout à Karnak (Le Caire, 1977), 88-91; S. Aufrère, 'Le "territoire cultivé" (ouou) et "la réserve aquatique" (pehou) dans les monographies des nomes de l'Égypte ancienne', dans La campagne antique. espace sauvage, terre domestiquée, Cahiers KUBABA 5 (Paris, 2003), 9-44. La découverte, dans la chaussée de Sahourê à Abousir, d'un bloc avec la mention des pHw de plusieurs provinces du Delta a été annoncée au colloque Chronology and Archaeology of Egypt. The Late Fourth and the Third Millennium BC (Prague, 2007), 11-14 juin.

9 K. W. Butzer, Early Hydraulic Civilization in Egypt. A Study in Cultural Ecology (Chicago-Londres, 1976); G. Alleaume, 'Les systèmes hydrauliques de l'Égypte pré-moderne. Essai d'histoire du paysage', dans Ch. Décobert (éd.), Itinéraires d'Égypte. Mélanges offerts au père Maurice Martin s. j., BdE 107 (Le Caire, 1992), 301-322. Cf. aussi Th. Ruf, 'The history of agricultural development', dans G. M. Craig (éd.), The Agriculture of Egypt (Oxford, 1993), 188-208; Th. Ruf, Histoire contemporaine de l'agriculture égyptienne. Essai de synthèse (Paris, 1988); Th. Ruf, 'L'irrigation égyptienne. Deux siècles de changement socio-territorial', dans J. C. Moreno García (éd.),

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L'agriculture institutionnelle en Égypte ancienne. état de la question et perspectives interdisciplinaires, CRIPEL 25 (Villeneuve d'Ascq, 2006), 276-297.

10 Cf., par exemple, les études classiques de R. McC. Adams, Land behind Bagdad. A History of Development on the Diyala Plains (Chicago, 1965); R. McC. Adams et H. J. Nissen, The Uruk Countryside. The Natural Setting of Urban Societies (Chicago-Londres, 1972); R. McC. Adams, 'The mesopotamian social landscape: a view from the frontier', dans Ch. B. Moore (éd.), Reconstructing Complex Societies. An Archaeological Colloquium, BASOR Supplement 20 (Cambridge MA, 1974), 1-20; R. McC. Adams, Heartland of Cities (Chicago, 1981). Cf. aussi E. B. Banning, 'Highlands and lowlands: problems and survey frameworks for rural archaeology in the Near East', BASOR 301 (1996), 25-46; A. T. Smith, 'On landscapes in the ancient Near East', JESHO 44 (2001), 363-371; T. J. Wilkinson, Archaeological Landscapes of the Near East (Tucson, 2003); R. M. Jas (éd.), Rainfall and Agriculture in Northern Mesopotamia, MOS Studies 3 (Leiden, 2000); B. Geyer (dir.), Conquête de la steppe et appropriation des terres sur les marges arides du Croissant fertile, Travaux de la Maison de l'Orient Méditerranéen 36 (Lyon, 2001).

11 B. Bousquet, Tell-Douch et sa region. géographie d'une limite de milieu à une frontière d'empire, FIFAO 31 (Le Caire, 1996); B. Bousquet, 'Les paysages d'irrigation dans les oasis du désert Libyque (Egypte) pendant l'Antiquité', dans J. Peyras et G. Tirologos (éd.), L'Afrique du Nord antique. cultures et paysages (Nantes, 1999), 47-66; M. Wuttmann et alii, BIFAO 98 (1998), 367-462.

12 A. Graham et J. Bunbury, 'Ancient landscapes and waterscapes of Karnak', EA 27 (2005), 17-19; J. K. Hillier, J. M. Bunbury et A. Graham, 'Monuments on a migrating Nile', Journal of Archaeological Science 34 (2007), 1011-1015; K. Lutley et J. Bunbury, 'The Nile on the move', EA 32 (2008), 3-5; D. Jeffreys, 'Archaeological implications of the moving Nile', EA 32 (2008), 6-7; S. H. Parçak, 'Site survey in Egyptology', dans R. H. Wilkinson (éd.), Egyptology Today (Cambridge, 2008), 57-76.

13 Cf. la note 9 ci-dessus, ainsi que W. Schenkel, Die Bewässerungsrevolution im Alten Ägypten (Mayence, 1978); W. Schenkel, 'Be- und Entwässerung', dans W. Helck, E. Otto, W. Westendorf (eds.) Lexikon der Ägyptologie, 7 vols. (Wiesbaden, 1975–), I, c. 775-782; W. Schenkel, 'Wasserwirtschaft', LÄ VI, c. 1157-1158; E. Endesfelder, 'Zur Frage der Bewässerung im pharaonischen Ägypten', ZÄS 106 (1979), 37-51; U. Luft, 'L'irrigation au Moyen Empire', dans B. Menu (éd.), Les problèmes institutionnels de l'eau en Égypte ancienne et dans l'Antiquité méditerranéenne, BdE 110 (Le Caire, 1994), 249-260.

14 Vid., par exemple, M. D. Adams, 'A textual window on the settlement system in ancient Egypt', dans J. Lustig (éd.), Anthropology and Egyptology. A Developing Dialogue, Monographs in Mediterranean Archaeology 8 (Sheffield, 1997), 90-105.

15 A. Cagle, The Spatial Structure of Kom el-Hisn (Oxford, 2003). Pour une introduction à ces thèmes, cf. J. C. Moreno García, 'Introduction: nouvelles recherches sur l'agriculture institutionnelle et domestique en Égypte ancienne dans le contexte des sociétés antiques', dans Moreno García (éd.), L'agriculture institutionnelle en Égypte ancienne, 11-78 et, plus particulièrement, 50-66.

16 J. R. Pournelle, 'KLM to CORONA: A bird's-eye view of cultural ecology and early Mesopotamian urbanization', dans E. C. Stone (éd.), Settlement and Society. Essays Dedicated to Robert McCormick Adams (Chicago, 2007), 29-62. À propos de la complémentarité des activités productives, cf. P. Steinkeller, 'Land-tenure conditions in third-millennium Babylonia: The problem of regional variation', dans M. Hudson et B. A. Levine (éd.), Urbanization and Land Ownership in the Ancient Near East, Peabody Museum Bulletin 7 (Cambridge MA, 1999), 289-329. Quant à l'application des nouvelles technologies pour la reconstruction des productions et des paysages antiques, cf.

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Wilkinson, Archaeological Landscapes of the Near East; T. A. Kohler et S.E. van der Leeuw (éd.), The Model-Based Archaeology of Socionatural Systems (Santa Fe, 2007); H. Kühne, R. M. Czichon et F. J. Kreppner (éd.), Proceedings of the 4th International Congress of the Archaeology of the Ancient Near East, I. The Reconstruction of Environment. Natural Resources and Human Interrelations through Time (Wiesbaden, 2008). Un exemple appliqué à l'Égypte pharaonique: S. Symons, D. Reine, 'Agent-based models of ancient Egypt', dans N. Strudwick (éd.), Information Technology and Egyptology in 2008 (Piscataway, 2008), 129-146.

17 H. Gasche et M. Tanret (éd.), Changing Watercourses in Babylonia. Towards a Reconstruction of the Ancient Environment in Lower Mesopotamia (Ghent-Chicago, 1998); S. W. Cole et H. Gasche, 'Levees, floods and the river network of northern Babylonia: 2000-1500 and 1000-500 B. C. — A premiminary report', dans J. Renger (éd.), Babylon. Focus mesopotamischer Geschichte, wiege früher Gelehrsamkeit, Mythos in der Moderne (Berlin, 1999), 87-110; P. Steinkeller, 'New light on the hydrology and topography of southern Babylonia in third millennium', ZeitAss 91 (2001), 22-84; P. Briant (dir.), Irrigation et drainage dans l'Antiquité (Paris, 2001); P. Briant (éd.), Politique et contrôle de l'eau dans le Moyen-Orient ancien, Annales. Histoire, Sciences sociales 57/3 (Paris, 2002); P. Sanlaville, 'The deltaic complex of the lower mesopotamian plain and its evolution through millennia', dans E. Nicholson et P. Clarks (éd.), The Iraqi Marshlands. A Human and Environmental Study (Londres, 2002), 133-150; H. Gasche et S. W. Cole, 'Fleuves, irrigation et inondations en Basse Mésopotamie et en Susiane', Scienze moderne e antiche sapienze. Le radici del sapere scientifico nel Vicino Oriente antico (Milan, 2003), 67-89. Cf. également les articles de R. McC. Adams, G. Lehmann et I. Thuesen dans A. Hausleiter, S. Kerner et B. Müller-Neuhof (éd.), Material Culture and Mental Spheres. Rezeption archäologischer Denkrichtungen in der vorderasiatischen Altertumskunde, AOAT 293 (Münster, 2002). Cf. aussi les découvertes récentes à Hiéracompolis, qui révèlent l'existence d'un cours d'eau à l'ouest de la ville pendant le Prédynastique qui faisait de cette localité une île. Le colmatage postérieur du canal, dû aux sédiments emportés par la déforestation des ouadis, était déjà complète vers la fin de la période Thinite: J. M. Bunbury, 'There is nothing boring about a borehole', Nekhen News 20 (2008), 22-23.

18 F. Wendorf et R. Schild, Loaves and Fishes. The Prehistory of Wadi Kubbaniya (Dallas, 1980); B. Midant-Reynes, Aux origines de l'Égypte. Du Néolithique à l'émergence de l'État (Paris, 2003), 36-45.

19 K. Kindermann, O. Bubenzer, 'Djara — humans and their environment on the Egyptian limestone plateau around 8,000 years ago', dans O. Bubenzer, A. Bolten et F. Darius (éd.), Atlas of Cultural and Environmental Change in Arid Africa, Africa Praehistorica 21 (Cologne, 2007), 26-29.

20 M. Herb, Der Wettkampf in der Marschen. Quellenkritische, naturkundliche und sporthistorische Untersuchungen zu einem altägyptischen Szenentyp, Nikephoros Beihefte 5 (Hildesheim, 2001); M. Herb, 'Ikonographie — Schreiben mit Bildern. Ein Essay zur Historizität der Grabdekorationen des Alten Reiches', dans M. Fitzenreiter et M. Herb (éd.), Dekorierte Grabanlagen im Alten Reich — Methodik und Interpretation, IBAES 6 (Londres, 2006), 111-213, surtout 148-154, 157-169 et 183-187; M. Herb, 'Landscape and logistics — the success of ancient Egypt', dans Bubenzer, Bolten et Darius (éd.), Atlas of Cultural and Environmental Change, 96-99;

21 Pour une approche plus nuancée, cf. J. C. Moreno García, 'La gestion sociale de la mémoire dans l'Égypte du IIIe millénaire: les tombes des particuliers entre utilisation privée et idéologie publique', dans Fitzenreiter et Herb (éd.), Dekorierte Grabanlagen im Alten Reich, 215-242, ainsi que les importantes remarques de S. J. Seidlmayer, 'People at

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Beni Hassan: Contributions to a model of ancient Egyptian rural society', dans Z.A. Hawass et J. Richards (éd.), The Archaeology and Art of Ancient Egypt. Essays in Honor of David B. O'Connor, 2 vols. (Le Caire, 2007), II, 351-368.

22 K. W. Butzer, 'Geoarchaeological implications of recent research in the Nile Delta', dans E. C. M. van den Brink et Th. E. Levy (éd.), Egypt and the Levant. Interrelations from the 4th through the Early 3rd Millennium BCE (Londres-New York, 2002), 83-97.

23 Cf. P. Posener-Krieger, I papiri di Gebelein (Scavi G. Farina 1935) (Turin, 2004): pGébélein I (pl. 1, 3), II (pl. 12), IV (pl. 32-33), V (pl. 37-38). Je propose de lire bjtj « apiculteur » au lieu de arf dans le titre qui figure, par exemple, aux pl. 3 [col. 7] et 37 [col. 26], à la lumière des paquets manipulés par les apiculteurs dans la scène publiée par E. Edel et S. Wenig, Die Jahreszeitenreliefs aus dem Sonnenheiligtum des Königs Ne-user-Re (Berlin, 1974), pl. 9. Quant à mon interprétation du titre Sw (?) qui apparaît dans les pGébélein II (pl. 12 [col. 54, 63]) et V (pl. 38 [col. 40, 41, 43]) comme une activité en rapport avec la volaille, cf. le titre du Moyen Empire jmj-r ab wHm Swt nSmt « intendant des cornes, sabots, plumes et écailles » et ses variantes (S. Quirke, 'Horn, feather and scale, and ships: On titles in the Middle Kingdom', dans P. der Manuelian (éd.), Studies in Honor of William Kelly Simpson, 2 vols., (Boston, 1996), II, 665-676).

24 Comme, par exemple, le pSallier II col. VIII:6-IX:2=W. Helck, Die Lehre des ¨wA-£tjj (Wiesbaden, 1970).

25 Cf. pUC 32145A=M. Collier et S. Quirke, The UCL Lahun Papyri. Accounts, BAR International Series 1471 (Oxford, 2006), 180-183.

26 Edel et Wenig, Jahreszeitenreliefs, pl. A, 12, 36. Discussion dans E. Edel, Zu den Inschriften auf den Jahreszeitenreliefs der «Weltkammer» aus dem Sonnenheiligtum des Niuserre (Gottingen, 1963), 246-249, fig. 13. Parallèle dans A. M. Moussa et H. Altenmüller, Das Grab des Nianchchnum und Chnumhotep, AVDAIK 21 (Mayence, 1977), 96, pl. 31, fig. 12.

27 Cf., par exemple, Edel et Wenig, Jahreszeitenreliefs, pl. 18 ; pUC 32104=Collier et Quirke, UCL Lahun Papyri, 168-171; oBerlin 10632, 1-2=KRI V 610:4-5. Pour le cas de Der el-Medineh, cf. J. Janssen, E. Frood et M. Goecke-Bauer, Woodcutters, Potters and Doorkeepers. Service Personnel of the Deir el-Medina Workmen (Leiden, 2003).

28 Cf. pUC 32096A, B=Collier et Quirke, UCL Lahun Papyri, 148-149; oCGC 25677 v 20-22=KRI IV 176:9

29 Cf. le s n dpt « l'homme du bateau », le wHa « pêcheur » et le jrj mDt « chargé de l'étable » qui naviguaient vers la Résidence pour y offrir leurs produits et qui sont mentionnés dans le pUC 32142B r=Collier et Quirke, UCL Lahun Papyri, 172-173.

30 Cf. pUC 32099C+32100B+32103Diii et pUC 32099A=Collier et Quirke, UCL Lahun Papyri, 160-161. Cf. aussi l'étude récente de S. Quirke, 'Labour at Lahoun', dans. Hawass and Richards (éd.), Essays in Honor of David B. O'Connor II, 273-288, relative à l'organisation du paysage rural égyptien et des activités qui y avaient lieu.

31 Cf., par exemple, le pUC 32301BB=Collier and Quirke, UCL Lahun Papyri, 294-295. 32 On trouvera des références dans J. C. Moreno García, ¡wt et le milieu rural égyptien du

IIIe millénaire. Économie, administration et organisation territoriale, Bibliothèque de l'EPHE 337 (Paris, 1999), 147-148.

33 A. H. Gardiner, Ancient Egyptian Onomastica I (Oxford, 1947), 94*. 34 Cf., par exemple, le oGardiner 86, 5-6=J. Černy et A. H. Gardiner, Hieratic Ostraca

(Oxford, 1957), pl. 81-82; stèle Le Caire JE 36861, 10-11=D. Meeks, 'Une fondation memphite de Taharqa (Stèle du Caire JE 36861)', dans Hommages à la mémoire de Serge Sauneron, I. Égypte pharaonique (Le Caire, 1979), 238-241.

35 P. Steinkeller, 'The foresters of Umma: toward a definition of Ur III labor', dans M. A. Powell (éd.), Labor in the Ancient Near East, AOS 68 (New Haven, 1987), 73-115;

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Steinkeller, dans Hudson et Levine (éd.), Urbanization and Land Ownership in the Ancient Near East, 289-329.

36 J. C. Moreno García, 'Administration territoriale et organisation de l'espace en Égypte au troisième millénaire avant J.-C. (V): gs-pr', ZÄS 126 (1999), 116-131.

37 P. Lacau et H. Chevrier, Une chapelle de Sésostris Ier à Karnak (Le Caire, 1956), 158 n. 3. 38 Lacau et Chevrier, Chapelle de Sésostris Ie, 234, 235-236, pl 42. 39 Lacau et Chevrier, Chapelle de Sésostris Ie, pl. 42. 40 Edel and Wenig, Jahreszeitenreliefs, pl. B, D, 12, 15, 36, 38; Edel, Inschriften auf den

Jahreszeitenreliefs, 154, fig. 4. Cf. aussi les mentions des provinces orientales et occidentales qui aparaissent dans quelques sceaux archaïques: P. Kaplony, Die Inschriften der ägyptischen Frühzeit, 3 vols., ÄA 8 (Wiesbaden, 1963), III, pl. 67 [238-239], 85 [319]; W. Helck, Untersuchungen zur Thinitenzeit, ÄA 45 (Wiesbaden, 1987), 226-227; à propos de ces sceaux cf. récemment les observations de E.-M. Engel, 'Die Entwicklung des Systems der ägyptischen Nomoi in der Frühzeit', MDAIK 62 (2006), 151-160, esp. 157 [17], 158, fig. 3.

41 S. Quirke dans D. B. Redford (éd.), The Oxford Encyclopedia of Ancient Egypt III, (Oxford, 2001), 397.

42 Kaplony, Inschriften der ägyptischen Frühzeit III, pl. 49 [182]; D. Jones, An Index of Ancient Egyptian Titles, Epithets and Phrases of the Old Kingdom, 2 vols., BAR International Series 866 (Oxford, 2000), 358 [1328].

43 Kaplony, Inschriften der ägyptischen Frühzeit I, 499sq.; Helck, Thinitenzeit, 231-236. 44 V. Loret, La résine de Térébinthe (sonter) chez les anciens Égyptiens (Le Caire, 1949), 40-

47. 45 Moreno García, ZÄS 126 (1999), 117-119, textes [1], [3] et [8]. 46 N. Kanawati et A. McFarlane, Deshasha. The Tombs of Inti, Shedu and Others, ACE

Reports 5 (Sydney, 1993), 39, pl. 53. 47 Cf. H. Goedicke, Königliche Dokumente aus dem Alten Reich, ÄA 14 (Wiesbaden, 1967),

172, 175 fig. 18 [col. 5], et les remarques de Kanawati et McFarlane, Deshasha, 11-14. 48 Cf. pHermitage 1116 A v 81-91, 98-106. S. Quirke, Egyptian Literature 1800 BC, 116-

117. Cf. Moreno García, ZÄS 126 (1999), 117-118 [3] avec bibliographie. 49 D. Franke, 'Anch-Userkaf und das Nildelta: Statue Frankfurt/M. Liebighaus 1629', dans N.

Kloth (éd.), Es werde niedergelegt als Schriftstück. Festschrift für Hartwig Altenmüller zum 65. Geburtstag, SAK Beihefte 9 (Hambourg, 2003), 117-132. Des stèles du Moyen Empire évoquent les gs-pr de la Haute-Égypte et, dans un cas, en rapport avec aA m mnnw n Abw « l'entrée dans la forteresse d'Éléphantine », dans BM 852=HTBM, IV (Londres, 1913), pl. 10.

50 Moreno García, ZÄS 126 (1999), 117-118 [1] et [ 3]. 51 Moreno García, ZÄS 126 (1999), 118 [5]. 52 Jones, Index of Ancient Egyptian Titles, 57-58 [274], 275 [989]. À propos de Tnw cf. E.

Edel, 'Beiträge zum ägyptischen Lexikon (III)', ZÄS 81 (1956), 68-74, ainsi que l'étude récente de A. Diego Espinel, Etnicidad y territorio en el Egipto del Reino Antiguo, Aula Ægyptiaca—Studia 6 (Barcelone, 2006), 276-280.

53 S. Quirke, 'Identifying the officials of the Fifteenth Dynasty', dans M. Bietak et E. Czerny (éd.), Scarabs of the Second Millenium BC from Egypt, Nubia, Crete and the Levant. Chronological and Historical Implications, Contributions to the Chronology of the Eastern Mediterranean 8 (Vienne, 2004), 183-184; Quirke, Egyptian Literature 1800 BC, 40-41; Quirke, dans Hawass et Richards (éd.), Essays in Honor of David B. O'Connor II, 273-288.

54 On peut penser également à d'autres zones marginales désignées par le terme sxt, comme ¤xt aAt, la Vallée des Rois, ou ¤xt JAm, une zone désertique à l'ouest de la Vallée du Nil.

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55 Les même produits sont évoqués dans un autre récit littéraire plus tardif, bien que sous la

forme de versements payés aux travailleurs: pPushkin 127, 4:7-8 (=R. A. Caminos, A Tale of Woe (Oxford, 1977), 54-55, 72, pl. 9-10). Le même document évoque aussi les difficultés de l'agriculture pratiquée dans les oasis: pPushkin 127, 4:15-5:2 (Caminos, Tale of Woe, 60-64, 72, pl. 9-12).

56 À propos de ce titre, cf. D. Stefanović, The Title mr tA-mHw in the Middle Kingdom Documents (Belgrade, 2003); S. Quirke, Titles and Bureaux of Egypt 1850-1700 BC, Egyptology 1 (Londres, 2004), 115-116.

57 R. B. Parkinson, Poetry and Culture in Middle Kingdom Egypt. A Dark Side to Perfection (Londres-New York, 2002), 226-232.

58 Cf. la note 8 ci-dessus ainsi que G. Alleaume, dans Décobert (éd.), Itinéraires d'Égypte. Mélanges Maurice Martin, 301-322.

59 O. Goldwasser, Prophets, Lovers and Giraffes. Wor(l)d Classification in Ancient Egypt, GOF 38 (Wiesbaden, 2002), 75: « It seems that mnmnt may originally have represented different breeds 'on the move'. As the term appeared for the first time in connection with taxation [during the Middle Kingdom in secular texts], it probably carried an additional administrative semantic value, such as 'a roaming herd belonging to', which the jAwt lacked. […] mnmnt are 'made of' jAwt ».

60 Un passage de la première stèle de Kamosé indique que les troupeaux du royaume thébain pâturaient dan les fourrées de papyrus du Delta, sous contrôle des Hyksôs: kAw.n Hr mnjt m jdHw 'nos bovidés pâturent dan les marais du Delta' (ligne 6: W. Helck, Historisch-biographische Texte der 2. Zwischenzeit und neue Text der 18. Dynastie [Weisbaden, 20023], 85).

61 M. Herb, Der Wettkampf in der Marschen, 258-261, 267-270; á propos de l'interprétation des Hrj-tp comme des gazîras, cf. 412-413.

62 K. W. Butzer, 'Nile', dans Redford (éd.), The Oxford Encylopedia of Ancient Egypt, II, 548-549.

63 R. Friedman, 'Pots, pebbles and petroglyphs: Excavations at HK64', dans R. Friedman et B. Adams (éd.), The Followers of Horus. Studies Dedicated to Michael Allen Hoffman (Oxford, 1992), 99-106; R. Friedman, 'Pots, pebbles and petroglyphs part II: Excavations at Hierakonpolis locality HK64', dans A. Leahy et J. Tait (éd.), Studies on Ancient Egypt in Honour of H. S. Smith (Londres, 1999), 101-108. P. Posener-Krieger, 'Les papyrus de Gébélein. Remarques préliminaires', RdE 27 (1975), 211-221. Cette situation se répète plus tard, avec la mention de pasteurs installés dans des centres de population habités par le personnel des temples thébains : J. J. Janssen, 'A New Kingdom settlement: the verso of Pap. BM. 10068', AoF 19 (1992), 8-23, esp. 19.

64 C. A. Hope, 'Egypt and 'Libya' to the end of the Old Kingdom: A view from Dakhleh Oasis', dans Hawass et Richards (éd.), Essays in Honor of David B. O'Connor I, 399-416; D. O'Connor, 'The nature of Tjemhu (Libyan) society in Later New Kingdom Egypt', dans A. Leahy (éd.), Libya and Egypt c. 1300-750 BC (Londres, 1990), 29-114; S. Snape, 'The emergence of Libya on the horizon of Egypt', dans D. O'Connor et S. Quirke (éd.), Mysterious Lands (Londres, 2003), 93-106.

65 J. S. Holladay, Jr., 'The eastern Nile Delta during the Hyksos and Pre-Hyksos periods: toward a systemic/socioeconomic understanding', dans E. D. Oren (éd.), The Hyksos. New Historical and Archaeological Perspectives (Philadelphia, 1997), 183-252.

66 P. Vernus, 'Études de philologie et de linguistique (V)', RdE 37 (1986), 139-147. 67 H. Junker, 'Phrnfr', ZÄS 75 (1939), 63-64. 68 R. J. Wenke et alii, 'Kom el-Hisn: excavation of an Old Kingdom settlement in the

Egyptian Delta', JARCE 25 (1988), 5-34; M.-F. Moens et W. Wetterstrom, 'The agricultural economy of an Old Kingdom town in Egypt's West Delta: insights from the

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plant remains', JNES 47 (1988), 159-173; R. W. Redding, 'Egyptian Old Kingdom patterns of animal use and the value of faunal data in modelling socioeconomic systems', Paléorient 18/2 (1992), 99-107; R. J. Wenke et D. J. Brewer, 'The Archaic-Old Kingdom Delta: the evidence from Mendes and Kom el-Hisn', dans M. Bietak (éd.), Haus und Palast im alten Ägypten (Vienne, 1996), 265-285 ; A. Cagle, The Spatial Structure of Kom el-Hisn: An Old Kingdom Town in the Western Nile Delta, Egypt, BAR International Series 1099 (Oxford, 2003), 127-136.

69 Cf. G. Andreu, 'La fausse-porte de Nykâre, Cleveland Museum of Art 64.91', dans C. Berger et B. Mathieu (éd.), Études sur l'Ancien Empire et la nécropole de Saqqara dédiées à Jean-Philippe Lauer, Orientalia Monspeliensia 9 (Montpellier, 1997), 21-30, fig. 1-4; H. G. Fischer, 'Quelques particuliers à Saqqâra', dans Berger et Mathieu (éd.), Études dédiées à Jean-Philippe Lauer, 178-179, 186-187, fig. 3-4.

70 Cf. à ce propos l'inscription du chasseur Jn-jt.f, au service de trois rois de la XIe dynastie, qui se vante d'avoir abattu les taureaux dans leurs abreuvoirs (stèle BM 1203=J. J. Clère et J. Vandier, Textes de la Première Période Intermédiaire et de la XIe dynastie, Biblioteca Ægyptiaca 10 (Bruxelles, 1948), 19 § 23 ; E. Russmann, Eternal Egypt. Masterworks of Ancient Art from the British Museum (Londres, 2001), 81-82 [12].

71 N. Kanawati and A. Hassan, The Teti Cemetery at Saqqara, I. The Tombs of Nedjet-em-pet, Ka-aper and Others, ACE Reports 8 (Sydney, 1996), 69-73, pl. 35, 65.

72 N. Kanawati, A. El-Khouli, A. McFarlane et N. V. Maksoud, Excavations at Saqqara. North-West of Teti's Pyramid, II (Sydney, 1988), 15-20, pl. 3-7; A. B. Lloyd, A. J. Spencer et A. El-Khouli, Saqqâra Tombs, II. The Mastabas of Meru, Semdenti, Khui and Others, ASE Memoirs 40 (Londres, 1990), 21-31, pl. 14-18.

73 H. Altenmüller, Grab des Mehu, 110, pl. 17[a]: pr(t) mnawt m mHt « la sortie des vaches laitières des marais »; N. Kanawati et M. Abder-Raziq, The Teti Cemetery at Saqqara, V. The Tomb of Hesi, ACE Reports 13 (Warminster, 1999), pl. 55: prt mnawt r Hr-tp m-xt wnn m mHt « la sortie des vaches laitières vers les terres hautes après avoir séjourné dans le marais ». En général, on indique dans la phraséologie des scènes des tombes que les troupeaux étaient composés de bovidés, et non pas de vaches laitières: P. Montet, Scènes de la vie privée dans les tombeaux égyptiens de l'Ancien Empire (Strasbourg, 1925), 67; Moussa et Altenmüller, Nianchchnum und Chnumhotep, 155, pl. 76-77.

74 W. K. Simpson, Mastabas of the Western Cemetery, Part I. Sekhemka (G 1029); Tjetu I (G 2001); Iasen (G 2196); Penmeru (G 2197); Hagy, Nefertjentet, and Herunefer (G 2352/53); Djaty, Tjetu II, and Nimesti (G 2337 X, 2343, 2366), Giza Mastabas 4 (Boston, 1980), 33-35, fig. 45, pl. 57[b]. A propos du titre, cf. S. Grunert, 'Ein Beispiel von 'Berufe Raten' seit dem Alten Reich', GM 176 (2000), 59-62.

75 H. G. Fischer, The Tomb of Ip at El Saff (New York, 1996). 76 Les déserts zmwt étaient assez importants pour justifier l'existence de titres concernant leur

contrôle ainsi que leurs produits. On trouvera quelques exemples dans H. G. Fischer, Varia Nova, Egyptian Studies 3 (New York, 1996), 32.

77 Stèle MMA 26.3.217, ligne 4=W. Hayes, JEA 35 (1949), pl. 4. À propos du verbe nHb, cf. Moreno García, ZÄS 126 (1999), 129-130; B. Muhs, 'The chronology of the reign of Ptolemy II reconsidered: the evidence of the nHb and nHt tax receipts', dans A. M. F. W. Verboogt et S. P. Vleeming (éd.), The Two Faces of Graeco-Roman Egypt. Greek and Demotic and Greek-Demotic Texts and Studies Presented to P. W. Pestman (Leiden, 1998), 71-85.

78 Jones, Index of Ancient Egyptian Titles, 134-135 [526], 162-163 [623], 250 [903-904]. 79 Moreno García, dans Fitzenreiter et Herb (éd.), Dekorierte Grabanlagen im Alten Reich,

238-240.

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80 F. Gomaà, Die Besiedlung Ägyptens während des Mittleren Reiches, Band I. Oberägypten

und das Fayyum, TAVO Beihefte, Reihe B, Nr. 66/1 (Wiesbaden, 1986), 233. 81 Kanawati et McFarlane, Deshasha, pl. 52-53. 82 S. L. D. Katary, Land Tenure in the Ramesside Period (Londres, 1989), 7, 74-75. 83 H. Goedicke, Re-Used Blocks from the Pyramid of Amenemhet I at Lisht (New York,

1971), 149-150 [92]. 84 J. Yoyotte, 'Études géographiques, I. La "Cité des Acacias" (Kafr Ammar)', RdE 13

(1961), 71-105, surtout 100 § 17. 85 Cf., respectivement, Jones, Index of Ancient Egyptian Titles, 105 [423], 250 [903], 250-

251 [905], 257 [929]. En général, cf. l'article indispensable de P. Vernus, 'Le mot sTAw "branchages, bosquets, bois" ', RdE 29 (1977), 179-193.

86 Cf. respectivement, PM III2, 468-478; N. Kanawati and A. Hassan, The Teti Cemetery at Saqqara, II. The Tomb of Ankhmahor, ACE Reports 9 (Warminster, 1997); N Kanawati and M. Abder-Raziq, The Teti Cemetery at Saqqara, III. The Tombs of Neferseshemre and Seankhuiptah, ACE Reports 11 (Warminster, 1998), 11-38, pls. 3-19, 39-60.

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