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Comme chaque année, le Cnajep a réalisé une analyse technique et politique du programme 163 « Jeunesse et Vie associative » en vue des débats parlementaires sur le projet de loi des finances 2015.
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PROJET DE LOI DE FINANCES 2015
Mission Sports, jeunesse et vie associative Programme 163 « Jeunesse et Vie Associative »
ANALYSE POLITIQUE DU CNAJEP
ÉLÉMENTS DE CONTEXTE La présentation du projet de loi de finances 2015 intervient dans un contexte politique qui place la jeunesse et l’éducation comme les priorités de l’action gouvernementale. Cette ambition se traduit notamment par :
La préparation et la mise en œuvre des décisions du Comité Interministériel pour la Jeunesse, qui a été réactivé en 2013.
La montée en puissance du service civique.
La loi sur la refondation de l’école. Les associations de jeunesse et d’éducation populaire ont été appelées à se mobiliser fortement dans la mise en œuvre de ces politiques publiques. Malgré ces priorités, le budget 2015 du ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports est placé sous le signe de l’effort de redressement des comptes publics. Ce contexte de pénurie est accentué par la fragilité financière des collectivités territoriales, qui pèse directement sur leur capacité d’intervention dans le champ de la jeunesse et de l’éducation populaire.
ANALYSE POLITIQUE DU BUDGET 2015 Un budget difficilement lisible Le programme 163 ne porte que sur une partie de l’action de l’Etat en faveur de la jeunesse, de l’éducation populaire et du développement de la vie associative. Ces politiques sont en effet partagées entre de multiples Intervenants et font l’objet d’une mobilisation interministérielle importante. Celle‐ci se retrouve dans deux documents annexés à la loi de finances : le document de politique transversale «Politiques en faveur de la jeunesse» et le Jaune «Effort financier de l’État en faveur des associations». A cela s’ajoute la non‐reconduction en 2015 du programme 411 « Projets innovants en faveur de la jeunesse », dont la création en 2014 s’inscrivait dans le cadre exceptionnel du programme d’investissement d’avenir (PIA). Ce manque de lisibilité est également lié à la discontinuité des périmètres couverts par les actions et les sous‐actions du programme 163. Certaines lignes de crédit ont ainsi disparu : c’est le cas notamment des sous‐actions de l’action 2 « Soutien aux métiers de l’animation » et « Protection des mineurs », qui ont respectivement été supprimées en 2014 et 2013. D’autres lignes de crédit ont été réparties vers d’autres sous‐actions : c’est le cas notamment des crédits alloués aux Centres Régionaux d’Information Jeunesse (CRIJ), qui apparaissaient dans la sous‐action « Réseau Information Jeunesse » avant d’être transférées vers la sous‐action « Soutien aux actions locales » à partir de 2014. D’autres lignes encore varient artificiellement du fait de certaines évolutions dans le mode de calcul : c’est le cas du service civique, la baisse des charges sociales par volontaire entre 2013 et 2014 ayant permis une hausse du nombre de jeunes, à moyens financiers constants.
Cette illisibilité des moyens affectés à telle ou telle intervention a pour conséquence de renvoyer la responsabilité des arbitrages aux Directeurs Régionaux (DRJSCS), et soulève par conséquent la question du rôle de régulation et d’équité que l’Etat est en mesure de jouer.
Des orientations budgétaires inquiétantes L’analyse du programme 163 du projet de loi de finances 2015 fait apparaître plusieurs tendances :
La reprise de l’érosion du financement alloué aux associations de jeunesse et d’éducation populaire. Les projets de loi de finances 2013 et 2014 étaient venus juguler la fragilisation continue du soutien financier de l’Etat aux associations de jeunesse et d’éducation populaire. Les crédits alloués à ces associations, tant à l’échelon national qu’au niveau déconcentré, avaient en effet subi une saignée de près de 30 % entre 2008 et 2012. Le PLF 2015 marque une nouvelle inflexion du soutien aux têtes de réseau nationales, avec une diminution de 500 000 € (‐5,5 % par rapport à 2014) de l’enveloppe dédiée aux conventions liant le ministère à ces associations. La sous‐action « Soutien aux actions locales » enregistre quant à elle une baisse de 1 350 000 € (soit ‐8,4% par rapport à 2014).
Le choix de l’Etat de concentrer ses maigres moyens sur des programmes et dispositifs qu’il gère en direct, au détriment d’une politique d’accompagnement et de développement de la vie associative autonome. Cette orientation, déjà constatée lors des précédents exercices, se poursuit et se renforce en 2015, avec la préservation ou l’augmentation des crédits alloués aux établissements sous tutelle du ministère (INJEP, Agence Erasmus +, OFAJ, …) ou aux dispositifs publics (service civique). Cette situation est d’autant plus paradoxale à l’heure où les associations de jeunesse et d’éducation populaire sont appelées à se mobiliser fortement dans la mise en œuvre d’un certain nombre de politiques publiques (priorité jeunesse, refondation de l’école, …).
Le risque de cannibalisation du budget « Jeunesse et vie associative » par le service civique. Si nous souscrivons à l’objectif de montée en puissance du service civique, nous ne pouvons qu’être interpellés par la tendance persistante à la cannibalisation du programme « Jeunesse et Vie associative » par ce dispositif. L’ambition d’atteindre 100 000 jeunes engagés en service civique à l’horizon 2017 peut laisser craindre des arbitrages internes au programme 163 qui se feront au détriment des autres lignes de crédit inscrites dans ce programme, et notamment du soutien aux associations. Cette situation est d’autant plus paradoxale à l’heure de l’accroissement des besoins de formation et d’accompagnement liés à la montée en puissance quantitative et qualitative du service civique et à l’accueil des volontaires.
L’absence d’ambition pour l’éducation populaire. Nous regrettons qu’aucune ambition ne se dégage de ce projet de loi de finances en faveur d’une politique rénovée d’éducation populaire, que la ministre Valérie Fourneyron a pourtant appelée de ses vœux. Dans ce contexte, il nous semble urgent de construire une représentation collective et partagée de ce qu’est l’éducation populaire et de la manière dont elle concourt à l’émancipation de tous, et notamment des jeunes. Ce chantier doit permettre de situer le rôle de nos associations et leur donner les moyens de répondre aux besoins éducatifs, culturels et sociaux qui se font grandissants.
Des indicateurs de performance inadaptés Les inquiétudes liées aux orientations budgétaires pour 2015 sont corroborées par l’analyse des indicateurs de performance rattachés au programme 163, qui témoignent d’une vision étriquée des enjeux liés à la jeunesse, à l’éducation populaire et à la vie associative.
Les indicateurs relatifs à l’engagement et à la mobilité des jeunes sont centrés sur les dispositifs publics (service civique, OFAJ, OFQJ, Erasmus +), et ne font aucun cas de la contribution spécifique des acteurs associatifs, réduits à de simples opérateurs ou prestataires. Ces indicateurs tendent également à segmenter les publics et à se focaliser sur les « jeunes ayant moins d’opportunités » (JAMO), au détriment d’une approche universelle et décloisonnée des questions de jeunesse.
De manière analogue, le soutien au développement de la vie associative n’est analysé qu’à travers le prisme des Fonds de soutien à l’emploi associatif et à la formation des bénévoles que sont le FONJEP et le FDVA. On notera également que ces fonds seront prioritairement fléchés vers les associations « non employeurs ou faiblement employeurs », ce qui tend à nier le rôle essentiel des têtes de réseau dans l’accompagnement et la structuration de la vie associative.
Enfin, l’objectif de sécurisation des accueils collectifs de mineurs (ACM) – objectif qui n’est assorti d’aucun moyen financier dans le programme 163 – ne sera évalué qu’au regard du taux de contrôle des organisateurs de séjours et des locaux.