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Rapport spécial, six mois après Haïti De l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement © OLAV A. SALTBONES/NORWEGIAN RED CROSS

Rapport spécial, six mois après · 5 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge De l’urgence au long terme: le défi de l’assainissement

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Page 1: Rapport spécial, six mois après · 5 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge De l’urgence au long terme: le défi de l’assainissement

Rapport spécial, six mois après

HaïtiDe l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement

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P. 11

Des progrès substantiels, mais la suppléance n’est pas une solution

La FICR souhaite exprimer sa reconnaissance aux organisations suivantes pour leur contribution :

La Croix-Rouge haïtienne et de saluer au passage le travail remarquable de ses employés et bénévolesLa Croix-Rouge britanniqueLa délégation FICR à Haiti, en particulier l’équipe eau et sanitationOxfam (GB) à HaitiLa DINEPA et le groupe de travail technique sur la sanitation du WASH ClusterLa Banque Mondiale

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Case postale 372CH-1211 Genève 19SuisseTéléphone : +41 22 730 42 22Télécopie : +41 22 733 03 95Courriel : [email protected] Internet : www.ifrc.org

Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Genève, 2010

Toutes les parties de cette publication peuvent être citées, copiées, traduites dans d’autres langues ou adaptées aux besoins locaux sans un accord préalable de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, à condition de citer clairement le nom de la présente publication. Toute demande de reproduction doit être adressée directement au secrétariat de la Fédération internationale à l’adresse courriel suivante : [email protected].

Stratégie 2020 exprime la volonté collective de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de relever les principaux défis auxquels sera confrontée l’humanité dans les dix ans à venir. Fondée sur les besoins et les vulnérabilités des diverses communautés au sein desquelles nous travaillons ainsi que sur les droits et libertés fondamentaux dont elles peuvent se prévaloir, cette stratégie vise à répondre aux attentes de tous ceux qui comptent sur la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge pour contribuer à promouvoir un monde plus humain, plus digne et plus pacifique.

Au cours des dix prochaines années, la Fédération internationale s’emploiera tout particulièrement à réaliser les buts stratégiques suivants :

1. Sauver des vies, protéger les moyens de subsis-tance et faciliter le relèvement après les catas-trophes et les crises

2. Promouvoir des conditions d’existence saines et sûres

3. Promouvoir l’intégration sociale et une culture de non-violence et de paix

stratégie2020

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P. 5

Messages principaux

P. 8

Avant le tremblement de terre :début de réforme d’un système souffrant de sous-développement chronique

P. 11

Six mois après : des progrès substantiels, mais la suppléance n’est pas une solution

P. 15

Les défis des six à douze prochains mois :mettre en œuvre des stratégies d’assainissement durables

P. 20

Les dix prochaines années :place à l’innovation

P. 22

L’opération tremblement de terre en Haïti en chiffres

P. 15 P. 22P. 20

Les défis des six à douze prochains mois

L’opération tremblement de terre en Haïti en chiffres

Les dix prochaines années : place à l’innovation

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Sommaire

Case postale 372CH-1211 Genève 19SuisseTéléphone : +41 22 730 42 22Télécopie : +41 22 733 03 95Courriel : [email protected] Internet : www.ifrc.org

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Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

De l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement en Haïti • Rapport spécial, six mois après • Juillet 2010

Les services d’assainissement incluent l’élimination hygiénique et sécurisée des excréments, des déchets solides et des déchets médicaux, la lutte contre les vecteurs de maladies comme les mouches, les moustiques et les rats, la mise en place de lavabos, douches et équipements pour la lessive, la promotion de règles élémentaires d’hygiène et la gestion des dépouilles mortuaires. L’élimination hygiénique des excréments comporte à la fois la fourniture d’installations adéquates, notamment de toilettes, et leur utilisation appropriée par l’ensemble de la communauté.

Mass Sanitation Module Guidelines, IFRC (2010)

© JOSE MaNUEl JIMENEZ/IFRC

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Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

De l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement en Haïti • Rapport spécial, six mois après • Juillet 2010

Aujourd’hui, six mois après le tremblement de terre de magnitude 7 qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010, les ravages de la catastrophe sont encore omniprésents. De vastes secteurs de Port-au-Prince, de Léogâne et de Jacmel sont en ruine, et les rues sont parsemées d’amas de décombres et de détritus. Des centaines de milliers de sinistrés vivent sous des tentes ou des abris de fortune en bâches collés les uns aux autres aux coins des rues, sur les terrains vagues, dans les parcs et sur les places publiques, couvrant chaque parcelle d’espace disponible.

• les programmes d’assainissement sauvent des vies. Sans eux, on s’exposerait à une catastrophe secondaire qui verrait des rescapés du tremblement de terre succomber à des maladies évitables.

• la Fédération internationale exhorte la communauté internationale à reconnaître l’assainissement comme une des priorités absolues de la reconstruction en Haïti et à faire en sorte que des ressources suffisantes lui soient allouées.

• la situation actuelle n’est pas tenable. la Fédération internationale et d’autres organisations assurent en lieu et place des autorités haïtiennes des services d’assainissement qui excèdent leurs capacités et leur mandat.

• les autorités haïtiennes ont besoin d’un soutien financier et technique pour renforcer leur capacité à fournir à la population les services d’assainissement améliorés qu’elle est en droit d’attendre et dont elle a cruellement besoin.

• l’accès à un assainissement approprié est aussi une question de sécurité et de dignité, en particulier pour les femmes et les enfants. la participation communautaire est indispensable pour déterminer les moyens à mettre en œuvre afin que les gens puissent utiliser les installations sanitaires (toilettes et douches) en toute sécurité, aussi bien la nuit que le jour.

• la satisfaction des besoins à long terme en matière d’assainissement réclame des approches novatrices. Il convient d’étudier, par exemple, la faisabilité de solutions comme les égouts de faible diamètre, le compostage à grande échelle des déchets ou leur transformation pour la production de biogaz.

Messages principaux

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Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

De l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement en Haïti • Rapport spécial, six mois après • Juillet 2010

Six mois plus tard, une part considérable des services d’assainissement (et plus de 60 % de l’approvisionnement en eau) continue d’être assurée par les organisations internationales. Cela ne peut pas durer. La Fédération internationale appelle la communauté internationale à reconnaître l’assainissement comme une des priorités absolues de la reconstruction en Haïti et à faire en sorte que des ressources suffisantes soient allouées à ce secteur. Des plans sont à l’étude et cet effort doit être soutenu et consolidé.

Nous appelons également les bailleurs de fonds à garantir que les autorités haïtiennes bénéficieront des moyens et des appuis nécessaires pour leur permettre de fournir à la population les services d’assainissement qu’elle est en droit d’attendre et dont elle a cruellement besoin.

En règle générale, après une catastrophe naturelle, on se fixe pour objectif d’aider le pays affecté à rétablir une qualité de services équivalente à celle qui prévalait auparavant. Compte tenu de la médiocrité de l’accès à l’eau et à l’hygiène qui caractérisait Haïti avant même le tremblement de terre, toutefois, nous devrions en l’occurrence nous attacher à faire beaucoup mieux que cela. Dans cette perspective, il convient de fournir aux autorités haïtiennes tout le soutien nécessaire en vue de mettre en place des systèmes novateurs et durables susceptibles d’assurer, dans bien des cas pour la première fois depuis de nombreuses années, des services d’assainissement de qualité à la population.

Erythrée 3 5 143

Niger 3 7 714

Tchad 5 9 640

Ghana 6 10 1 465

Éthiopie 4 11 6 858

Sierra Leone - 11 147

Madagascar 8 12 1 353

Togo 13 12 222

Burkina Faso 5 13 1 365

Guinée 13 19 991

Haïti 29 19 -162

Congo - 20 -

Rwanda 29 23 38

Somalie - 23 605

Côte d’Ivoire 20 24 1 905

Taux de couverture d’assainissement amélioré (%)

Nbre de personnes ayant accédé à un assainissement

amélioré (milliers)1990 2006 1990 – 2006

Tableau 1 : Pays à faible taux de couverture de services d’assainissement améliorés

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De l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement en Haïti • Rapport spécial, six mois après • Juillet 2010

Le gouvernement et les autorités locales n’ayant pas été épargnés par le tremblement de terre – ministères et autres bâtiments administratifs effondrés, fonctionnaires tués, archives et équipements détruits –, les organisations internationales ont uni leurs efforts pour aider les pouvoirs publics à pourvoir aux besoins les plus essentiels des rescapés : bâches et tentes pour se protéger des intempéries, soins de santé, eau potable et services d’assainissement.

Sur ce dernier plan, la tâche est dantesque. Avant la tragédie de janvier, Haïti figurait parmi les pays d’Amérique latine et des Caraïbes les plus mal lotis en ce qui concerne l’accès à l’eau potable2 et parmi les moins bien équipés du monde en termes d’assainissement (voir tableau 1).3 Le tremblement de terre n’a fait qu’aggraver une situation déjà très médiocre.

Le présent rapport met l’accent sur un secteur d’activité particulier : la fourniture de services d’assainissement.L’assainissement combine l’ensemble des défis et opportunités que présente la réponse à cette terrible catastrophe sur le plan, par exemple, des services de santé et des abris, tout en étant souvent négligé au regard de l’approvisionnement en eau, un secteur étroitement complémentaire qui reçoit généralement davantage d’attention et bénéficie de la majeure partie des fonds disponibles.

C’est pourquoi le présent rapport insiste sur la nécessité d’accorder aujourd’hui et à l’avenir une attention égale à l’amélioration des systèmes d’assainissement en Haïti. Cela sera absolument déterminant pour faire reculer les maladies, améliorer la santé et garantir la dignité de tous ceux dont les existences ont été bouleversées par la tragédie du tremblement de terre.

ACF 824

ACTED 871

CARE 698

HAVEN 1 072

Oxfam 1 373

Mouvement CRCR 2 671

Save the Children 900

Les sept principales organisations engagées dans les services d’assainissement1

Nbre approximatif de latrines construites

1 Provenant des statistiques produites par DINEPa le 14 juin 2010, actualisées selon les chiffres de la FICR à Haiti. DINEPa signale que les chiffres avancés restent très approximatifs alors que les rapports de beaucoup d’organisation restent en-deçà des réalités en termes de construction. le rapport de la DINEPa avance que 11 234 ont été construites bien qu’aucun détail ne soit donnée quant au nombre d’entre elles toujours en service.

2 Mcleod, C, Haiti : Exploring Water & Sanitation, University of Pennsylvania (2009) – http://www.pgwi.org/. Ce rapport souligne que Haïti fait pourtant partie de la région de la planète la mieux dotée en termes de quantité d’eau disponible par habitant.

3 Progress in Drinking Water and Sanitation : special focus on sanitation, WHO/UNICEF (2008) http://www.who.int/water_sanitation_health/monitoring/jmp2008/en/index.html

Tableau 2 : Principaux fournisseurs de services d’assainissement en Haïti depuis le tremblement de terre

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De l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement en Haïti • Rapport spécial, six mois après • Juillet 2010

Avant le tremblement de terre

Début de réforme d’un système souffrant de sous-développement chroniqueEn 2008, Haïti était l’unique pays dans lequel l’accès à un assainissement amélioré4 avait reculé dans des proportions significatives au cours de la précédente décennie.5 Haïti se situait à l’époque au 11e rang des pays les plus mal lotis en la matière, au même niveau que la République démocratique du Congo et la Somalie.6 Les agences en charge de l’eau n’avaient aucune responsabilité sur le plan de l’assainissement, d’où l’absence de tout réseau d’égouts et l’obligation pour les familles de s’organiser en fonction de leurs ressources individuelles. Les foyers dotés de toilettes ou de latrines qui en avaient les moyens payaient pour faire purger leurs installations – y compris en recourant à des bayacou qui récoltaient les excréments à la main –, mais de nombreuses fosses d’aisance pouvaient rester des années sans être vidangées en raison de leur grande profondeur.

Si l’on ajoute à cela que moins de 70 % des habitants des agglomérations ur-baines bénéficiaient d’un accès régulier à l’eau potable, il n’est pas étonnant que l’incidence des maladies diarrhéiques ait été très élevé. En moyenne, les enfants haïtiens subissaient 4 à 6 épisodes de diarrhée par an (un taux plusieurs fois supérieur à celui qui prévaut dans les pays industrialisés) et la diarrhée aqueuse était à l’origine de 5 à 16 % de la mortalité infantile.7

La situation n’était pas meilleure pour ce qui concerne le ramassage des ordures. De nombreux anciens parlent de Port-au-Prince comme d’une ville autrefois relativement propre, bénéficiant de services réguliers de voirie. Hélas, trente années de négligence et d’incurie se sont écoulées, avec pour résultat que les monceaux de détritus étaient devenus un spectacle familier à travers toute la capitale.

Un signal encourageant a été donné en 2009 avec la création d’une nouvelle autorité de l’eau et de l’assainissement. La DINEPA8 s’est vue confier pour mandat de réformer tout le secteur, en commençant par harmoniser les organismes existants. Le processus venait de démarrer quand s’est produit le tremblement de terre.

4 autrement dit, des installations conformes aux normes d’hygiène.5 Mcleod, ibid, p116 WHO/UNICEF (2008), ibid, voir tableau ci-dessus.7 CDC : http://www.bt.cdc.gov/disasters/earthquakes/haiti/waterydiarrhea_pre-decision_brief.asp8 Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’assainissement

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De l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement en Haïti • Rapport spécial, six mois après • Juillet 2010

Le tremblement de terre a réduit à néant des systèmes d’eau et d’assainissement déjà précaires à proximité de l’épicentre, privant plus de 1,5 million9 de personnes vulnérables d’eau potable ou de toilettes et les laissant sérieusement exposées aux maladies véhiculées par l’eau ou liées au manque d’hygiène. Dans les secteurs moins proches de l’épicentre, les dommages ont été moindres, mais, de nombreux sinistrés ayant quitté Port-au-Prince pour chercher refuge dans pratiquement toutes les régions du pays, la pression sur des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement déjà carentiels s’en est trouvée gravement augmentée parmi les communautés d’accueil.

Quoique durement touchée par la catastrophe, ayant perdu des employés, des biens et équipements et des archives et autres documents, la DINEPA a pris la tête du groupe sectoriel WASH chargé d’harmoniser à travers tout le pays les activités eau, assainissement et hygiène en réponse au tremblement de terre.10 Au cours des six premiers mois, la DINEPA a assuré l’acheminement par camions d’environ un tiers de l’eau financée par la communauté internationale vers les campements improvisés des zones sinistrées.

Les programmes d’assainissement du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont contribué de façon notable à l’amélioration des conditions d’existence des rescapés du tremblement de terre. En collaboration avec la Croix-Rouge haïtienne, les Sociétés nationales autrichienne, britannique, espagnole et française ont à ce jour procuré des installations sanitaires (toilettes et douches) à 85 000 personnes dans différents camps de Port-au-Prince, Jacmel, Léogâne, Petit-Goâve et Grand-Goâve.

9 OCHa’s Humanitarian Bulletin, 19 juin 201010 Pour plus d’information : http://www.humanitarianreform.org/humanitarianreform/Default.aspx?tabid=76

« les besoins minimums en eau sont couverts pour 1,2 million de personnes ; le groupe sectoriel a atteint l’objectif de la Phase Une de son opération consistant à fournir 5 litres d’eau potable par jour et par personne… et à aménager suffisamment de latrines sur la base de 200 utilisateurs par installation. avec 16 500 latrines supplémentaires en construction ou en projet, ce chiffre devrait tomber à 200 utilisateurs par installation d’ici octobre. » le Bulletin note que les taux de construction sont nettement sous-évalués et l’utilisation des installations surestimée, ce qui pourrait signifier « que les niveaux d’utilisation ont déjà atteint des chiffres acceptables de l’ordre de 50 à 100 usagers par toilette. »

OCHa, Humanitarian Bulletin, 19 juin 2010 http://www.reliefweb.int/rw/rwb.nsf/db900sid/ MINE-86kR32?OpenDocument&RSS20&RSS20=FS

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De l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement en Haïti • Rapport spécial, six mois après • Juillet 2010

Elie Michel tangue doucement sur les étroites planches de bois pendant qu’il remplit d’eau la cuve. « Nous attendons qu’un camion vienne vidanger les fosses », explique ce jeune homme de 22 ans. Dans l’intervalle, nous rajoutons de l’eau pour fluidifier les matières, de manière à ce que le pompage soit facilité. Ensuite, un autre camion emportera les cuves vides et nous pourrons en poser des neuves. »

Elie travaille pour la Croix-Rouge espagnole qui assure des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement dans trente-deux campements à travers toute la capitale. Il a un contrat de trois mois qu’il espère bien voir renouvelé. Avec sa mère, qui tient un petit commerce, il arrive ainsi à pourvoir aux besoins essentiels de ses petits frère et soeur. Les quatre vivent dans une tente à Portail Léogâne, dans le centre de Port-au-Prince.

Quand on lui demande si son travail ne présente pas de gros risques pour la santé, Elie répond : « Nous avons des équipements de protection. Je ne m’inquiète pas. C’est un sale boulot, mais il faut bien que quelqu’un s’en charge. J’aimerais autant avoir un autre travail, mais, pour le moment, je suis content d’avoir quelque chose à faire. Mon rêve serait d’être policier, mais, dans l’immédiat, les perspectives sont bouchées, alors je reste à la Croix-Rouge. »

Au demeurant, il est fier de la tâche qu’il accomplit avec ses collègues. « Nous formons une équipe soudée, le chauffeur, le technicien et moi. Nous installons les toilettes dans les camps et assurons leur entretien. » Pourtant, son job peut être frustrant. « Ces toilettes ont besoin de réparations, parce que des gens les ont vandalisées. C’est décourageant, après tout le travail que nous avons fait pour les construire. »

Dans certains campements, des comités d’assainissement ont été constitués afin d’encourager les résidents à entretenir les équipements installés par la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge. En outre, des activités de promotion de l’hygiène sont organisées en vue de garantir l’utilisation correcte des toilettes.

Elie déplorent l’attitude de certaines personnes compte tenu des efforts déployés pour améliorer leur bien-être. « Certains se plaignent de l’odeur qui se dégage des toilettes. C’est vrai que, selon le vent, l’odeur peut être envahissante, mais on peut aussi se demander pourquoi les gens y jettent toutes sortes de détritus qui n’ont rien à faire ici. »

« C’est un sale boulot, mais il fautbien que quelqu’un s’en charge. »

ÉTuDe De CAS

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De l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement en Haïti • Rapport spécial, six mois après • Juillet 2010

Six mois après : des progrès substantiels, mais la suppléance n’est pas une solution

Six mois après le tremblement de terre et en dépit des efforts intensifs de la DINEPA et des agences humanitaires, la Fédération internationale estime que 50 % environ des personnes directement affectées – et plus spécialement celles qui vivent dans des endroits non répertoriés ou difficiles d’accès – n’ont toujours pas bénéficié de la moindre amélioration en matière d’approvisionnement en eau et d’assainissement, et qu’ il faudra encore des mois aux autorités et aux organismes internationaux d’assistance pour répondre à tous les besoins.

Durant les dernières semaines, des améliorations encourageantes ont été constatées à Port-au-Prince en termes d’hygiène de l’environnement. Les bennes à ordures fournies par le SMCRS11 commencent à se multiplier aux coins des rues et les équipes de voirie ont entrepris de nettoyer les caniveaux et les rigoles d’écoulement des eaux usées. Il semblerait même que certaines artères soient plus propres aujourd’hui qu’avant le tremblement de terre – en tous les cas moins encombrées de détritus.

Par ailleurs, il est évident que la mise en place de services d’eau et d’assainissement a beaucoup fait pour le bien-être d’une multitude de personnes vulnérables. Si le nombre de toilettes demeure très inférieur aux normes préconisées par le projet Sphere pour les interventions en cas de catastrophe, le fait que les résidents des camps fassent rarement la queue pour utiliser ces installations et que l’on n’ait pas eu à déplorer de flambées importantes de maladies diarrhéiques constitue peut-être une indication plus probante dans cet environnement urbain complexe. Des organisations engagées dans ce secteur d’activité en Haïti estiment que certains des indicateurs du projet Sphere mériteraient d’être aménagés de manière à prendre en compte le fait que de nombreux résidents rentrent dans leurs foyers pour utiliser les toilettes et que le nombre réel de personnes habitant en permanence dans les campements n’est pas clairement établi.

Cela dit, il est vrai que la situation de la plupart des Haïtiens affectés par le tremblement de terre sur le plan de l’hygiène est nettement pire qu’avant la catastrophe.

Au sein de la communauté humanitaire, la priorité initiale a consisté à aménager un maximum de toilettes. À présent, on s’emploie également à garantir que les installations restent utilisables ainsi qu’à améliorer et à remplacer les équipements existants lorsque cela s’impose. Dans cette optique, les activités de promotion de l’hygiène destinées à favoriser le bon usage et l’entretien adéquat des toilettes sont essentielles, de même que leur inspection régulière et leur remise en état rapide quand c’est nécessaire.12 Les efforts de promotion de l’hygiène, ciblant plus particulièrement les enfants, doivent toutefois aller de pair avec la fourniture d’eau propre et de savon ; en leur absence, il serait en effet futile d’inciter les gens à se laver les mains après être allé aux toilettes et avant de toucher les aliments. Il conviendrait par ailleurs d’encourager autant que possible l’éducation à l’hygiène dans le cadre scolaire.

La Fédération internationale estime que 50 % environ des personnes directement affectées n’ont toujours pas bénéficié de la moindre amélioration en matière d’approvisionnement en eau et d’assainissement.

11 le Service Métropolitain de Collecte des Résidus Solides12 À la mi-juin, la DINEPa a démarré un programme d’inspection bimensuelle des installations sanitaires de la totalité des 1 300 campements improvisés.

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De l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement en Haïti • Rapport spécial, six mois après • Juillet 2010

Garantir l’accès à un assainissement approprié est aussi une question de sécurité et de dignité, en particulier pour les femmes et les enfants. Même dans les camps convenablement équipés, les femmes redoutent souvent d’aller aux toilettes pendant la nuit selon la distance à parcourir et l’éclairage des lieux, préférant recourir à des sacs en plastique ou autres récipients dans l’intimité de leurs abris. Certains comités de résidents ont instauré des systèmes de surveillance volontaire pour tenter de limiter les risques de violences, mais il semble que cela ne suffise pas toujours à rassurer les femmes. Les organisations qui fournissent des toilettes et des douches devraient consulter les résidents des camps en vue de trouver des solutions pour que chacun puisse utiliser les installations la nuit comme le jour avec un sentiment de totale sécurité.

La suppléance ne peut pas durer indéfiniment. La Fédération internationale et les autres agences engagées dans le secteur de l’eau et de l’assainissement suppléent actuellement les autorités haïtiennes dans la fourniture de ces services, un rôle qui excède leur capacité collective comme leur mandat. L’approche actuelle consiste essentiellement à gagner du temps en attendant que soient adoptées des solutions à plus long terme. Cette situation ne peut pas se prolonger indéfiniment. Cependant que le gouvernement et le groupe sectoriel WASH s’emploient à planifier le transfert des responsabilités pour l’approvisionnement en eau, les plans relatifs à l’assainissement sont encore dans les limbes. Une stratégie attachant une importance égale au financement des activités d’assainissement et d’approvisionnement en eau s’impose afin de garantir la santé des personnes affectées directement et indirectement par le tremblement de terre.

© JakOB Dall

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De l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement en Haïti • Rapport spécial, six mois après • Juillet 2010

Jean-David Dieudonné était sans emploi avant le tremblement de terre, mais il aidait sa mère qui tenait un petit commerce. Sa femme a quitté le pays pour Saint-Domingue, la capitale de la République dominicaine voisine, dans l’espoir d’y trouver du travail. Dans l’intervalle, Jean-David a eu la chance d’obtenir un job dans le campement où il vit depuis la catastrophe.

Il se consacre à la promotion de l’hygiène pour le compte de la Croix-Rouge britannique dans le camp connu sous le nom de La Piste. « J’ai commencé à travailler il y a deux mois. Avant le tremblement de terre, je vivais non loin d’ici, à Pont Rouge, » raconte-t-il.

À raison de six jours de travail, il gagne 550 dollars haïtiens par mois, de quoi subvenir à ses besoins et à ceux de son fils de dix ans.

« Je suis heureux de faire partie d’une équipe qui s’emploie à améliorer la santé des gens. Nous organisons des réunions pour apprendre aux gens à se protéger contre les maladies en se lavant les mains et en veillant à la propreté de leur environnement et leur montrons comment utiliser correctement les toilettes à travers des représentations de théâtre, » explique-t-il.

D’après Jean-Daniel, les efforts de promotion de l’hygiène ont déjà eu un impact sur le comportement des gens. « Je vois la différence. Avant que nous démarrions nos activités, il arrivait qu’on trouve des excréments humains sur le terrain du camp. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les gens utilisent les toilettes et du papier pour s’essuyer ; avant, ils se servaient de carton et de tout ce qui leur tombait sous la main. Avant le tremblement de terre, beaucoup de Haïtiens n’avaient jamais reçu la moindre éducation à l’hygiène. À présent, grâce à nos activités de promotion de l’hygiène, leur comportement a changé. »

En tant que résident du camp de La Piste, Jean-David bénéficie lui-même des services assurés par la Croix-Rouge britannique. « J’avais des toilettes dans ma maison, mais celles du camp sont beaucoup mieux. Les gens se plaignaient des latrines rudimentaires installées au début, parce qu’il y avait des quantités de mouches et que l’eau de pluie pénétrait à l’intérieur. Aujourd’hui, nous avons des toilettes surélevées qui sont beaucoup plus agréables. »

Promotion de l’hygièneau Camp La Piste

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De l’urgence au long terme : le défi de l’assainissement en Haïti • Rapport spécial, six mois après • Juillet 2010

Tous les matins, à 8 heures, Jasmin Herline et Lucia Toussaint nettoient les toilettes du bloc 2 du camp d’Automeca. À leur grand désespoir, les lieux sont à chaque fois dans un état de saleté repoussante.

« Je ne peux pas m’empêcher de penser que les gens seraient plus propres s’ils étaient chez eux. Peut-être qu’ils considèrent qu’à partir du moment où les toilettes ne leur ont rien coûté, ils n’ont pas à se soucier de les entretenir ?, » s’interroge Jasmin.

Jasmin s’est installée dans le camp au lendemain du tremblement de terre avec sa famille élargie – parents, frère et soeur, mari et enfants. Sa maison se trouvait sur la route qui mène à l’aéroport.

« Les premières toilettes ayant été installées tout près de notre abri, je me suis portée volontaire pour participer à leur entretien, parce que j’estimais que c’était un service très appréciable que nous offrait la Croix-Rouge, » explique-t-elle. Bientôt, la Croix-Rouge britannique a versé une indemnité de 250 gourdes par jour aux membres des équipes en charge de ce pénible travail.

Leur tâche consiste également à avertir la Croix-Rouge quand les fosses ont besoin d’une vidange.

Dans son ancienne maison, Jasmin apportait au nettoyage des toilettes le même soin qu’aujourd’hui dans le camp. « Je m’en sers moi-même et je veux que ce soit propre, » commente-t-elle.

Dans certains campements, les résidents retournent dans leurs maisons désertées pour aller aux toilettes, plutôt que de se servir des installations collectives. Jasmin pense que cela s’explique en partie par des considérations de sécurité. « Il n’y a pas de rondes de surveillance la nuit et cela peut-être dangereux de sortir pour aller aux toilettes. Même les hommes ne sentent pas rassurés. Personnellement, je me sers d’un pot de chambre que je vide chaque matin. »

Le camp d’Automeca possède un comité et organise des patrouilles de sécurité volontaires pendant la journée. Mais, la nuit, il est difficile de persuader quiconque de s’aventurer à l’extérieur.

Technicien sanitaire :un emploi peu convoité

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Les défis des six à douze prochains mois

Mettre en œuvre des stratégies d’assainissement durablesSi, durant les six premiers mois, la priorité a consisté à assurer un niveau minimum de gestion des excréments et des déchets solides dans les campements, au cours des six à douze prochains mois, la DINEPA et des partenaires comme le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge vont s’attacher de plus en plus à répondre aux besoins de santé et d’hygiène des sinistrés s’installant dans des abris de transition et de ceux qui retournent dans leurs foyers. Cela comportera de remettre en état les toilettes dans des maisons jugées sûres ou réparables, tout en continuant d’améliorer les services existants dans les camps.

Il est évident que, pour apporter des solutions viables (à court et à long terme) en matière d’assainissement, il faut avoir préalablement résolu les problèmes liés au logement, y compris en évacuant les gravats et en offrant des options de réinstallation aux sans-abri. À cet égard, il sera primordial de travailler de manière intégrée ainsi que d’augmenter l’échelle et d’accélérer le rythme des interventions. (Il convient de souligner que les délais dont souffre actuellement l’acheminement d’équipements vitaux en Haïti ont également un impact sur la capacité des agences à répondre aux besoins dans le domaine de l’assainissement, entre autres. Le temps considérable requis pour le dédouanement et l’enregistrement de véhicules de pompage, par exemple, paralyse certaines opérations. Il serait judicieux de soutenir le développement des capacités des autorités et services concernés afin qu’ils puissent accélérer les formalités d’importation et d’enregistrement d’équipements de base.)

Une des leçons essentielles des premiers mois de l’opération d’assistance consécutive au tremblement de terre réside dans la nécessité de prendre en compte le contexte particulier de chaque campement et environnement pour déterminer les solutions les plus appropriées aux besoins sanitaires des résidents. Chaque camp présente en effet des caractéristiques propres qui peuvent nécessiter une approche différente et les agences doivent y être attentives afin d’optimiser leurs interventions.

La promotion de bonnes pratiques d’hygiène, aussi bien dans les camps que parmi les personnes qui vont se réinstaller dans leurs maisons, est énergiquement encouragée par le groupe sectoriel WASH dont la Fédération internationale fait partie. Ainsi, dans le cas de personnes qui utilisaient avant le tremblement de terre des latrines vidangeables, une solution pourrait consister à les persuader de la nécessité d’opérer régulièrement et de manière hygiénique, y compris pour ce qui concerne l’élimination des résidus.

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Infirmière, Nicolette Bernard, 30 ans, dirige une équipe Croix-Rouge de dix promoteurs de l’hygiène au camp d’Automeca. « J’adore ce que je fais. Ma tâche consiste à informer et éduquer les gens et à les encourager à changer leurs habitudes. J’adore le contact avec les gens. Mon job actuel est plus gratifiant que mon précédent emploi, parce que je vois les comportements évoluer, » déclare-t-elle.

Avant le tremblement de terre, Nicolette travaillait au service de maternité de l’hôpital Sainte-Croix à Léogâne. Quand la catastrophe s’est produite, elle était à la maison à Port-au-Prince. Elle a couru se mettre en sécurité dans un champ voisin. Au début, elle a servi dans un hôpital local, puis elle a pris contact avec la Croix-Rouge haïtienne par le truchement de sa soeur, volontaire depuis de nombreuses années.

« La Croix-Rouge avait besoin d’aide. J’ai offert mes services comme interprète au sein de l’équipe sanitaire. Un jour, Ferna Victor, directrice de la section locale, m’a dit que la Croix-Rouge britannique cherchait des infirmières pour la promotion de l’hygiène. »

Nicolette dirige aujourd’hui une équipe d’éducateurs, de nettoyeurs et d’inspecteurs qui s’emploient ensemble à faire en sorte que les conditions d’hygiène soient satisfaisantes dans le camp. Les éducateurs recourent aux chansons et aux démonstrations pratiques interactives pour diffuser leurs messages d’hygiène, en ciblant tout spécialement les enfants. Les résidents sont encouragés à créer des comités d’assainissement pour assurer l’entretien régulier des toilettes. Des inspecteurs procèdent à des contrôles journaliers pour vérifier que les installations sont bien entretenues et que les portes et les toits restent en place. C’est plus facile à dire qu’à faire. Dans certains camps, comme celui de La Piste, les portes des toilettes ont disparu dans les jours qui ont suivi leur installation.

Nicolette déplore la dégradation des services d’assainissement observée au fil des ans. « Dans les années 1980, la capitale était beaucoup plus propre », affirme-t-elle. « Mais la surpopulation et les coupes budgétaires ont fait sérieusement reculer le niveau de l’hygiène. »

Avec ses collègues, elle s’emploie à modifier les comportements et à améliorer l’environnement. « Les gens avaient l’habitude de laisser leurs détritus n’importe où, même quand il y avait des poubelles. À présent, ils utilisent les poubelles, » se félicite-t-elle.

En savoir plus surles questions d’hygiène

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La Fédération internationale travaille principalement dans des camps et environnements spacieux, mais d’autres agences et ONG opèrent dans de petits campements où les gros véhicules de pompage et de vidange ne peuvent pas accéder. Pour pallier cet inconvénient, elles appliquent elles aussi l’approche consistant à « améliorer l’existant » en étroite consultation avec les résidents. Ces agences testent actuellement différentes options, comme la distribution et collecte de sacs biodégradables13 dans les endroits ou aucune autre solution n’apparaît praticable (pas de place pour l’installation de toilettes conventionnelles, par exemple) ou l’aménagement de toilette sèches ou à faible consommation d’eau.14 Elles étudient également la possibilité des pompes manuelles qui amélioreraient le système du bayacou en usage avant le tremblement de terre.

Dans les campements où la responsabilité de l’assainissement est partagée par plusieurs agences, une approche commune sur le terrain doit impérativement être adoptée. Dans certains cas, les différentes agences appliquent en effet des méthodes différentes (par exemple, certaines paient pour le nettoyage des toilettes alors que d’autres favorisent une approche fondée sur la prise en charge communautaire), ce qui peut entraîner des tensions et autres difficultés. Cet écueil doit être évité par le biais d’une pratique unifiée dictée par les besoins et le contexte.

La gestion des déchets solides au niveau de l’agglomération – notamment, la collecte des ordures dans les bennes et leur transport jusqu’à la décharge – ne relève évidemment pas de la responsabilité des agences qui assurent aujourd’hui des services d’assainissement. L’engagement des autorités compétentes sera déterminant pour progresser dans ce domaine, à charge pour la communauté internationale de leur apporter le soutien nécessaire pour leur permettre de s’acquitter aussi efficacement que possible de leur tâche. Le SMCRS a entrepris de renforcer ses capacités de gestion des déchets solides et de voirie, mais il a en effet besoin de ressources adéquates pour maintenir l’élan, entretenir infrastructure et équipements, former du personnel et systématiser le ramassage des ordures. Des financements pour mettre en œuvre un programme initial ‘argent contre travail’de grande envergure visant à déblayer tous les fossés, caniveaux et autres rigoles permettraient au SMCRS de préserver ultérieurement un environnement salubre tout en réduisant la vulnérabilité de Port-au-Prince aux inondations durant les saisons des pluies et des ouragans.

Il conviendrait également d’aider le SMCRS à améliorer la décharge publique de Port-au-Prince. Actuellement, tous les détritus et déchets (y compris les excréments humains collectés dans des sacs en plastique, une pratique courante en Haïti) sont déversés en vrac à Truitier, à la lisière de la ville. Ceux qui ont eu la pénible occasion de visiter ce site le décrivent comme « pire que l’enfer ». Pourtant, dans cette immense étendue d’ordures qui se consument lentement en dégageant une atroce puanteur, des riverains s’affairent en permanence pour récupérer tout ce qui est susceptible d’être recyclé.

Au cours des six à douze prochains mois, la DINEPA et les agences engagées dans la fourniture de services d’assainissement seront confrontées à une série de dilemmes :

13 Entre autres, des sacs PeePoo qui accélèrent la décomposition des matières fécales : http://www.peepoople.com/showpage.php?page=514 Plus de détails sur les toilettes Ecosan sur le lien suivant : http://washlink.wordpress.com/category/toilet/ecosan/

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Comment consolider les services d’assainissement à court terme dans des campements aménagés sur des sites précaires et absolument pas viables à long terme sans risquer de donner l’impression qu’il est convenable et acceptable que des gens vivent dans de telles conditions. Dans les camps de grande étendue, les agences doivent prendre garde de ne pas contribuer involontairement à favoriser la création de bidonvilles durables.

Comment mettre en place une stratégie cohérente et coordonnée favorisant des solutions plus durables et moins coûteuses15 d’élimination des excréments pour les habitants des villes affectées par le tremblement de terre, les populations déplacées et les sinistrés qui réintègrent leurs foyers. Si l’utilisation de toilettes vidangeables peut constituer une option acceptable durant les phases d’urgence et de relèvement de l’opération, elle ne représente sans doute pas une solution idéale à long terme, en termes à la fois de coût et de contraintes logistiques.

Comment mesurer avec précision le taux de couverture des installations sanitaires dans les campements, compte tenu de la difficulté qu’il y a à établir combien de personnes vivent en permanence dans tel ou tel camp et combien ne bénéficient pas d’un plein accès aux toilettes. Il convient d’élaborer des méthodes alternatives pour déterminer le taux de couverture approprié pour chaque camp, y compris par le biais de l’observation et des sondages. Quelle que soit la méthode adoptée, elle doit se baser sur le nombre de toilettes utilisables et non pas sur le total des toilettes fournies, certaines pouvant être hors service par suite, par exemple, de déprédation ou d’un manque d’entretien.

Comment promouvoir la mobilisation communautaire dans des camps qui ne sont pas des communautés établies. Pour les agences habituées à opérer plutôt en milieu rural, cela peut constituer une sérieuse difficulté. Si certains campements de voisinage (regroupant des habitants d’un même secteur à proximité de leurs maisons) peuvent offrir un environnement familier et solidaire, la plupart des camps de grandes dimensions ne sont pas des communautés à proprement parler, mais des concentrations humaines hétéroclites. Or, dans les mois à venir, il sera crucial de promouvoir la mobilisation sociale des résidents des camps. Dans celui de La Piste, les Sociétés de la Croix-Rouge espagnole et britannique ont entrepris de mobiliser les femmes en mettant en place des mécanismes de consultation. D’autres organisations ont avec un certain succès créé des groupes de mères. La leçon à retenir est que chaque contexte réclame une approche spécifique.

Comment interagir avec des comités de résidents dont les membres sont parfois auto-désignés plutôt que véritablement représentatifs. Si certains oeuvrent sincèrement au bien-être général, d’autres peuvent avoir des intérêts plus personnels que les organismes d’assistance ne sauraient défendre. Travailler par le truchement de groupes de femmes pourrait être une façon d’éviter de soutenir involontairement des comités non démocratiques.

Après six mois de travail intensif sur le terrain, les plans de certaines des 48 agences membres du groupe sectoriel WASH visant à renforcer les activités d’assainissement sont compromis par le manque de personnel. À la mi-juin, ReliefWeb16 affichait vingt-et-un postes vacants ciblant des professionnels de l’eau et de l’assainissement pour des missions en Haïti, dont quatre pour des programmes de la Fédération internationale ; cette dernière avait onze postes vacants sur son propre site d’offres d’emploi, JobNet. La mise à contribution de résidents des camps dans le cadre d’activités de mobilisation sociale et de fonctions non techniques aurait pour effet de libérer des spécialistes pour d’autres tâches, mais, si les vacances de postes ne sont pas rapidement comblées, la situation de nombreux Haïtiens en matière d’approvisionnement en eau et d’assainissement risque d’en pâtir très sérieusement. Il est urgent d’identifier de nouvelles sources potentielles pour le recrutement de personnel ; l’argent ne manque pas pour faire du bon travail, mais, faute de main-d’œuvre qualifiée, on ne pourra pas accomplir grand chose.

15 après le tremblement de terre, des vidangeurs privés facturaient 40 dollars des Etats-Unis par cabinet de toilettes. aujourd’hui, le tarif se situe autour de 14 dollars. On estime que, chaque jour, plus de 800 m3 d’excréments sont évacués hors de Port-au-Prince.16 Entre autres choses, ReliefWeb diffuse des offres d’emploi : http://www.reliefweb.int/rw/res.nsf/doc212?OpenForm

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Paul Ladouceur est volontaire à la Croix-Rouge depuis quatorze ans. En 2003, il a commencé à travailler comme éducateur à l’hygiène pour la Croix-Rouge française. Depuis le tremblement de terre, des dizaines de volontaires comme Paul s’efforcent d’encourager les gens à maintenir aussi propres que possible les campements disséminés à travers la capitale.

Chaque samedi, les volontaires de la Croix-Rouge organisent une journée de nettoyage, fournissant aux résidents des râteaux et des pelles pour ramasser les détritus qui jonchent les camps. Sacs en plastique, bouteilles et autres ordures sont amenés au moyen de brouettes jusqu’à un camion qui assure leur transport jusqu’à la décharge de Port-au-Prince.

Paul se dépense sans compter aux côtés des familles qui s’activent sous le soleil brûlant du milieu de la journée.

« Il est crucial que les résidents soient responsabilisés vis-à-vis de la propreté de leur camp et de leur santé. Mieux vaut prévenir que guérir, » observe-t-il.

Les volontaires incitent également les sinistrés à creuser des rigoles pour permettre l’évacuation des eaux de pluie. Le camp où travaille aujourd’hui Paul n’est pas situé dans une cuvette et, par conséquent, le risque d’inondation est relativement faible. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer le danger que représente la saison des ouragans qui s’accompagnent souvent de précipitations torrentielles. Toujours dans cette perspective, Paul recommande aux résidents de ne pas chercher refuge sous des arbres, mais plutôt dans des bâtiments en dur comme les écoles et les églises.

Les volontaires organisent des concours entre les différents secteurs des camps et, à la fin de la journée, spectacles, danses et musique offrent aux habitants un délassement bienvenu. Tout cela contribue à développer un sens de la communauté parmi des personnes qui n’ont été rassemblées que par un cruel caprice de la nature.

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Les dix prochaines années

Place à l’innovationLa réponse aux besoins à long terme dans le domaine de l’assainissement en Haïti présente des défis colossaux, mais, par ailleurs, les opportunités ne manquent pas pour réaliser des progrès substantiels à Port-au-Prince et ailleurs. Dans cette optique, la meilleure stratégie consistera à aider les autorités à élaborer et mettre en place des solutions novatrices. À cet effet, il faut commencer par faire en sorte que l’assainissement bénéficie d’une attention, d’un soutien et de financements égaux à ceux accordés à l’approvisionnement en eau dans la perspective de la reconstruction à long terme d’Haïti. On ne saurait trop insister sur ce point.

Des solutions durables en termes d’assainissement réclament des projets viables dans le domaine du logement. La formulation d’une stratégie complète et détaillée de réinstallation assortie d’un plan d’urbanisme pour Port-au-Prince représente une étape cruciale vers des solutions durables et intégrées en matière de logement et d’assainissement. À mesure que seront formulés des projets en vue d’améliorer tel ou tel quartier de la ville, l’occasion se présentera d’intégrer des éléments d’assainissement dans les plans d’aménagement des habitations, des routes, des réseaux d’eau, d’électricité et de télécommunications, de manière à réaliser une amélioration aussi substantielle que possible des conditions d’existence de nombreux citoyens haïtiens.

De précieux enseignements peuvent être tirés de l’expérience d’autres villes frappées par des tremblements de terre majeurs, comme Managua (Nicaragua) en 1972 ou Arequipa (Pérou) en 2001. Le séisme de Managua avait laissé sans toit plus de la moitié de la population et détruit ou gravement endommagé 70 % des bâtiments.17 Certains analystes estiment que la reconstruction complète de la capitale aura pris 38 ans et que des erreurs de planification urbaine auraient été à l’origine de sérieux troubles sociaux dans les années qui ont suivi la catastrophe. Pour en revenir à l’assainissement, des exemples intéressants sont offerts par des pays comme l’Inde, la Tanzanie et le Brésil où des approches novatrices ont été élaborées et mises en œuvre dans des environnements urbains à très forte densité de peuplement.

Le transport et l’ élimination des déchets d’origine humaine sont coûteux. La nappe phréatique étant proche de la surface dans la plus grande partie de Port-au-Prince, l’aménagement d’un réseau d’égout conventionnel paraît exclu, mais les experts estiment que des solutions plus innovantes, comme le système d’égout de faible diamètre (Small Bore Sewerage – SBS),

17 Mallin, J, The Great Managua Earthquake, http://www.ineter.gob.ni/geofisica/sis/managua72/mallin/great01.htm. voir également http://www.mcclatchydc.com/2010/02/15/85144/haiti-quake-fear-what-if-recovery.html pour une comparaison entre Managua et Port-au-Prince.

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pourraient être appliquées avec succès en Haïti. Par ailleurs, l’assainissement pourrait offrir d’intéressantes perspectives en termes de moyens de subsistance, transformant ainsi les risques sanitaires que présente actuellement la gestion des excréments en opportunités de développement économique. Le compostage à grande échelle pour l’agriculture et la production de biogaz constituent deux options qui mériteraient d’être envisagées dans le contexte haïtien, compte tenu du coût élevé du transport et de l’élimination des déchets d’origine humaine.

S’agissant de la gestion des déchets solides, la première des priorités consiste à dégager les décombres et gravats issus du tremblement de terre, ceux-ci constituant probablement la masse la plus importante de déchets. Outre qu’ils entravent la circulation et gênent la reconstruction des maisons et autres bâtiments, ils tendent à s’enraciner dans le paysage urbain et dans l’existence quotidienne des habitants, favorisant ainsi l’accumulation d’autres détritus. En développant la capacité de gestion des déchets solides à travers, par exemple, le recyclage à grande échelle, plutôt que leur simple entassement dans les décharges, on contribuerait à améliorer radicalement la salubrité et l’hygiène environnementale en Haïti.

Cependant que s’élaborent les plans d’affectation et de répartition des fonds alloués à la reconstruction d’Haïti, la cellule de réflexion en charge de l’assainissement au sein du groupe sectoriel WASH s’emploie à identifier les éléments clés d’une stratégie d’assainissement à long terme pour le pays. Ci-dessous, quelques-unes des possibles composantes de cette stratégie qui met en avant la nécessité d’accorder à l’assainissement une place prioritaire dans le projet global de reconstruction.

Le soutien institutionnel, financier et technique à long terme des autorités haïtiennes en charge des services d’assainissement est crucial pour optimiser les politiques et les ressources humaines et matérielles. La priorité consiste à aider la DINEPA à identifier le site et la technologie les mieux appropriés pour le traitement des boues de vidange. La DINEPA a besoin par ailleurs de renforcer sa capacité à assurer des services d’assainissement adéquats – à l’heure actuelle, un seul des membres de son personnel est spécialement affecté au problème de l’élimination des excréments, contre 15 pour l’approvisionnement en eau.

Il serait souhaitable également de promouvoir le développement du secteur privé en stimulant la production locale de fosses septiques, toilettes et autres équipements, ainsi qu’en apportant un soutien au système du bayacou. Les agences engagées dans le secteur de l’assainissement étudient en ce moment différentes approches pour favoriser la remise en état des toilettes individuelles dans les habitations (par exemple, la distribution d’allocations en espèces ou de coupons assortis de conseils techniques et de programmes de suivi). Cela encouragerait les propriétaires à aménager des installations sanitaires convenables dans leurs maisons et contribuerait à stimuler l’économie locale.

Il est urgent d’ investir dans la recherche formative. Il est urgent d’investir dans la recherche formative. Il est essentiel d’approfondir la connaissance et la compréhension des facteurs susceptibles d’entraver ou de favoriser l’amélioration de l’assainissement au sein de la société haïtienne, d’établir dans quelle mesure cette dernière est apte et disposée à en payer le coût, de déterminer si elle est prête à adopter des solutions innovantes comme l’utilisation agricole d’engrais dérivés des excréments humains pour la production alimentaire ou leur transformation en énergie par le biais de la production à grande échelle de biogaz. Toutes ces questions doivent être étudiées dès à présent, de même que la manière dont il convient de mettre en œuvre des programmes d’assainissement de masse en milieu urbain, la plupart des expériences à ce jour ayant été menées dans des environnements ruraux ou périurbains.

Bien qu’Haïti soit encore en plein dans la phase initiale du relèvement consécutif aux ravages provoqués par le tremblement de terre du 12 janvier, on doit s’occuper sans attendre de son avenir, pas seulement des six prochains mois, mais des dix à vingt prochaines années. Les décisions prises aujourd’hui auront une incidence décisive sur la capacité du pays à offrir à ses concitoyens des lendemains prospères. Pour que l’assainissement reçoive la même priorité que l’approvisionnement en eau, y compris sur le plan des financements, et pour ne pas laisser échapper l’occasion de mettre en œuvre des stratégies innovantes et durables de gestion des déchets solides et des excréments, il faut réfléchir, dresser des plans et agir dès à présent.

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L’opération tremblement de terre en Haïti en chiffres

(Données actualisées au 30 juin 2010)

Santé95 000 personnes ont reçu des soins dans les installations médicales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

1 000 à 2 000 patients traités quotidiennement.

152 342 personnes vaccinées contre la rougeole, la diphtérie et la rubéole.

Plus de 16 millions de messages de santé communautaire envoyés par SMS.

eau, sanitation et promotion de l’hygiène300 000 hommes, femmes et enfants touchées par les activités de promotion de l’hygiène.

Chaque jour, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge livrent 2,4 millions de litres d’eau par camion à 94 points d’eau aménagés dans les campements de Port-au-Prince, un volume permettant de couvrir les besoins de 280 000 bénéficiaires.

2 671 latrines ont été construites.

Abris120 000 familles – soit 597 000 personnes – ont reçu de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge du matériel pour abris.

La Croix-Rouge et le Croissant-Rouge se sont engagés à construire 30 000 logements de transition.

Secours995 000 articles de première nécessité – ustensiles de cuisine, articles d’hygiène, jerricans, seaux, couvertures et moustiquaires – ont été distribués.

Préparation aux catastrophesEn prévision de la saison des ouragans, la Fédération internationale a entrepris de stocker dans dix régions du pays particulièrement exposées des secours pour 25 000 familles (125 000) personnes.

Des dizaines de milliers de SMS en créole sont envoyés afin de proposer aux destinataires des informations sur la façon de se préparer en prévision de la saison des ouragans.

LogistiqueDepuis le lancement de l’opération, plus de 11 000 tonnes de secours Croix-Rouge et Croissant-Rouge ont été acheminées en Haïti.

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L’opération tremblement de terre en Haïti en chiffres

Les Principes fondamentaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

HumanitéNé du souci de porter secours sans discrimination aux blessés des champs de bataille, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, sous son aspect international et national, s’efforce de prévenir et d’alléger en toutes circonstances les souffrances des hommes. Il tend à protéger la vie et la santé ainsi qu’à faire respecter la personne humaine. Il favorise la compréhension mutuelle, l’amitié, la coopération et une paix durable entre tous les peuples.

ImpartialitéIl ne fait aucune distinction de nationalité, de race, de religion, de condition sociale et d’appartenance politique. Il s’applique seulement à secourir les individus à la mesure de leur souffrance et à subvenir par priorité aux détresses les plus urgentes.

NeutralitéAfin de garder la confiance de tous, le Mouvement s’abstient de prendre part aux hostilités et, en tout temps, aux controverses d’ordre politique, racial, religieux et idéologique.

IndépendanceLe Mouvement est indépendant. Auxiliaires des pouvoirs publics dans leurs activités humanitaires et soumises aux lois qui régissent leur pays respectif, les Sociétés nationales doivent pourtant conserver une autonomie qui leur permette d’agir toujours selon les principes du Mouvement.

VolontariatIl est un mouvement de secours volontaire et désintéressé.

unitéIl ne peut y avoir qu’une seule Société de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge dans un même pays. Elle doit être ouverte à tous et étendre son action humanitaire au territoire entier.

universalitéLe Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, au sein duquel toutes les Sociétés ont des droits égaux et le devoir de s’entraider, est universel.

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La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge soutientles activités humanitairesdes Sociétés nationales parmiles populations vulnérables.

En coordonnant les secoursinternationaux en cas de catastrophe et en encourageant l’aide au développement, elle vise à prévenir et à atténuer les souffrances humaines.

La Fédération internationale,les Sociétés nationales et le Comité international de la Croix-Rouge constituent le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.