of 286 /286

Raymond Devos - Matière à Rire - L'Intégrale (Plon)

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Intégrale des sketches de Raymond Devos

Text of Raymond Devos - Matière à Rire - L'Intégrale (Plon)

  • Raymond Devos

    Matire rire

    Lintgrale

    FRANCE LOISIRS123, boulevard de Grenelle,

    Paris

  • PREMIRE PRIODE

    (1977-1991)

  • Le pied de vigne ou limagination de la matire

    La mtempsycose, cela existe !Avant dtre ce que nous sommes, nous avons tous t quelquun dautre ou quelque chose

    dautre, dans une vie antrieure.Il y a des tmoins.Je peux vous en citer trois.Il y a dabord mon voisin de palier, le fruitier !Eh bien, dans une vie antrieure, il a t un figuier.Puis sur le mme palier, la fleuriste !Elle a t rosier dans une autre existence.Et le troisime tmoin, cest moi ! la mme poque, la tertiaire, jtais un pied de vigne.Nous tions tous trois voisins despalier.Nous menions une vie vgtative. ma droite, le rosier ! ma gauche, le figuier !Moi, entre eux, je me tenais comme a sur un pied (Il sy met.)Jtais tout noueux, tout tordu, tout maigrichon !Javais lair dun pouvantail Je faisais peur aux oiseauxAlors que le figuier, lui, les attirait !Je me disais : Qua-t-il de plus que moi ce figuier, part ses figues ?(Il ny a l aucune arrire-pense.)Ctait un figuier Il avait des figuesJe dis : des figues .Cet t un chne, jaurais dit : des glands . Quest-ce quil avait de plus que moi, ce figuier,

    part ses deux figues ? Il nen avait que deux !Jaurais dit : trois , on aurait dit : il exagre !Non ! Ce quil avait de plus que moi, ce figuier, ctait des feuilles de belles feuilles vertes !Cest alors que lide me vint de me faire une feuille bien moi, qui ne ressemblerait aucune

    autre feuille.Aussitt, je me suis mis penser feuille Ah, limagination de la matire !Combien de rves de feuille il ma fallu faire avant den voir une se cristalliser, se

    matrialiser, prendre forme !Ah, la belle feuille !Je la baptisais aussitt feuille de vigne . Je lai tout de suite place au bon

    endroit, dinstinct ! Vous me direz : Vous naviez rien cacher ? Certes ! Mais je navais rien montrer non plus ! Alors que le rosier arborait chacune de ses boutonnires unerose odorante dun beau rouge vif !

    Cest alors que lide me vint de me faire une fleur bien moi, qui ne ressemblerait aucuneautre.

    Aussitt, je me suis mis penser fleur .

  • Ah, limagination de la matire !Combien de rves de fleur il ma fallu faire avant den voir une se cristalliser, se

    matrialiser, prendre forme !Ah la vilaine fleur !Mi-figue, mi-raisin ! Bisexue !De nos jours, la bisexualit chez les fleurs, personne ny trouve redireMais lpoque, tre la fois la fleur de la femelle et la fleur du mle (mal), ctait plutt mal

    accueilli !Elle tait comme a (Il reprend la mme attitude que pour le pied de vigne.) Toute noue, toute

    tordue toute maigrichonne Ah, ce ntait pas la fine fleur, mais ctait ma fleur Je ne pouvais pas la renier ! Je lai glisse sous ma feuille Et cest l que bien au chaud, labri des regards, ma fleur a

    fructifiEt par un beau matin ensoleill, ma fleur sest mtamorphose en un beau grain de raisin Un

    seul, oui ! Mais(Il en indique la grosseur.) Disons (Il ramne la grosseur de son raisin de plus justes

    proportions.)Vermeille tait sa couleur, ronde sa forme, juteuse sa substance !Ah, limagination de la matire !Javais, partir dun dsir cent fois caress fait natre charnellement ce superbe grain de raisin.Cest alors que je vis arriver pour la premire fois une espce de petit bonhomme barbu, avec une

    hotte sur le dos.Tout dabord, jai cru que ctait le pre Nol.Et puis non, ctait saint milionIl a sorti un scateur et clac ! (dans le vif du sujet).On a beau tre de bois Jen ai eu le souffle coupJavais perdu de ma superbe.Savez-vous comment a fini mon beau grain de raisin ? Pitin cras sous les pieds dun

    dnomm Bacchus qui dansait la bourre ! Et cest ainsi que je suis devenu vin . videmment, vousallez me dire : Monsieur, est-ce que toute cette histoire de pied de vigne dans une vie antrieure neserait pas plutt le fruit de votre imagination, un jour o vous tiez dans les vignes duSeigneur ? Peut-tre !

    Mais alors comment expliquez-vous que dans ma famille, depuis des gnrations et desgnrations, on ne trouve que des vignerons et quils ont tous un petit grain quelque part, de lagrosseur dune figue ?

    Dailleurs, si vous voyez mon arbre gnalogique il est comme a tout noueux, touttordu, tout maigrichon !

    Mais au bout de chaque branche il y a une rose !

  • Les enfants

    Un jour je mapprtais traverser la rue et ct de moi, il y avait une dame qui sapprtait lefaire aussi qui se tourne vers moi et qui dit :

    Oh, le beau petit garon !Moi, jai cru quelle sadressait un enfant qui devait se trouver derrire moi et que je devais

    cacher ! Pas du tout ! Ctait de moi quil sagissait ! Elle me dit : ton ge, ton papa te laisse sortir tout seul ?Je lui dis : Mais madame, il y a longtemps que je nai plus mon papa.Elle me dit : Oh, pauvre petit ! Donne-moi la main je vais taider traverser la rue.Je lui dis : Mais madame, vous vous mprenez ! Je ne suis plus un enfant ! Vraiment ? Mais enfin, madame, voyez ma taille ma corpulence Je suis gros !Elle me dit : Oh mais, il y a des petits gros !Je lui dis : Un petit gros, il est gros mais petit. Moi, je suis gros mais grand.Elle a fini par mavouer que, comme elle navait jamais eu denfants, elle ne savait pas ce que

    ctait ! Je lui dis : Enfin, madame, votre ge !Elle me dit : Mais quel ge me donnez-vous donc ?Moi, je lui donnais entre trente et trente-cinq ansElle me dit : Je viens tout juste den avoir cinq !Je lui dis : Et ton ge, ta maman te laisse sortir toute seule ?Elle me dit : Il y a longtemps que je nai plus ma maman.Je lui dis : Pauvre petite Donne-moi la main !Puis je lai aide traverser la rue. De lautre ct de la rue, comme je lui lchais la main, elle a

    pris la mienne et elle ma accompagn jusque devant chez moi. Devant chez moi, comme elle melchait la main, je lai prise par le bras et je lai accompagne jusque devant chez elle !

    Et ce petit jeu a dur des semaines et des semaines !Vous me direz : quoi jouiez-vous ? Tantt la dnette, tantt au cerceauLe plus souvent la marelle !Jusquau jour o elle a voulu jouer au papa et la maman.L, je lui ai dit :

  • coute ! Nous sommes encore un peu jeunes pour jouer ce jeu-l !Elle en tait tout attriste.Pour la consoler, je lui ai promis que plus tard, quand on serait grands, on se marierait !En attendant je lui ai offert une poupe, pour quelle se familiarise tout doucement !Alors quand on dit quil ny a plus denfants ! Des petits, peut-tre ! Mais des grands !

  • Lartiste

    Sur une mer imaginaire, loin de la riveLartiste, en qute dabsolu, joue les naufrags volontaires Il est l, debout sur une planche qui

    oscille sur la mer. La mer est houleuse et la planche est pourrie. Il manque de chavirer chaqueinstant.

    Il est vert de peur et il crie : Cest merveilleux ! Cest le plus beau mtier du monde !Et pour se rassurer, il chante : Maman, les ptits bateauxQui vont sur leauOnt-ils des jambes ?Mais oui, mon gros bta et plouff, il tombe leau !Il est rappel la dure ralit de la fiction.Lui, qui se voyait dj en haut de laffiche, il se voit dj en bas de la liste de ces chers disparus !Il a envie de crier : Un homme la mer !Mais comme lhomme, cest lui, et que lui, cest un artiste et quil exerce le plus beau mtier du

    monde, il crie : Et le spectacle continue !Il remonte sur sa planche pourrie. Il poursuit sa qute de labsolu. (Chant :) Maman, les ptits bateauxQui vont sur leauOnt-ils des jambes ? et plouff ! Il retombe leau.Il est ballott comme une bouteille la mer, lintrieur de laquelle il y a un message de

    dtresse. Il a envie de crier : Une bouteille la mer !Mais comme la bouteille, cest lui, et que lui, cest un artiste et quil exerce le plus beau mtier du

    monde, il crie. Leau est bonne ! Un peu frache, mais bonne !Il remonte sur sa planche pourrie Il a compltement perdu le nord. Il se croit sur la mer du

    mme nom, la mer du Nord Il fait la manche Toujours la qute de labsolu ! (Chant :) Maman, les ptits bateauxQui vont sur leauOnt-ils des jambes ?

  • Et il retombe leau.Le public, qui est rest sagement sur la rive, se demande si lartiste nest pas en train de

    lemmener en bateau. Il se dit : Mais alors, quand est-ce quil se noie ? Lartiste, lui, saperoit soudain que la planche pourrie sur laquelle il est remont pour la nime

    fois donne de la gte sur tribord ! Cest--dire quelle penche du ct o il va tomber !Il a envie de crier : Les femmes et les enfants dabord !Mais comme il est tout seul, il crie : Je suis le matre bord !Il ajouterait bien : Aprs Dieu !Mais comme dans limaginaire, Dieu, on ne risque pas de le rencontrer ! (Dieu

    existe, certes mais dans le rel !) Pour Dieu, limaginaire, cest une vue de lesprit ! La fiction, a ledpasse !

    Lartiste sait quil na rien attendre du Ciel.Alors, au lieu de crier : Aprs Dieu !il crie : Aprs moi, le dluge !Et tandis que sa planche, qui fait eau de toutes parts, senfonce dans les eaux, il na plus quune

    pense : Sauver la recette ! Il fait une annonce publicitaire : Mesdames et messieurs, la planche pourrie sur laquelle jai eu lhonneur de sombrer pour la

    dernire fois devant vous ce soir tait sponsorise par le ministre de la Culture !Et il coule avec la subvention !Il disparat dans les flots et il rapparat aussi sec Il a de leau jusqu la ceinture Ses deux

    pieds touchent le fond de la mer.Alors, le public : Ha ! Ha ! Il sest noy dans un verre deau ! lvidence, la mer imaginaire sur laquelle lartiste sest embarqu imprudemment est la

    hauteur de son imagination. Elle manque de profondeur. Cest une mer mare basse. Une mer debas-fonds ! Une mer indigne dun grand naufrage !

    Alors lartiste, pour ne pas sombrer dans le ridicule il fait la planche ! Il fait la planche pourrie.Il a envie de crier : Une planche la mer !Mais comme la planche, cest lui, et que lui, cest un artiste et quil exerce le plus beau mtier du

    monde, il crie : Je suis le radeau de la Mduse moi tout seul et il se pourrait que cette fois-ci, il ny ait pas de

    survivants !Le public, impermable jusque-l, se dit : Cest un spectacle cool Pas de survivants ? Cela promet Cela laisse entrevoir une fin

    heureuse ! Alors, aprs avoir cri : Bis !

  • Il crie : Ter ! Ter !Et cest le miracle ! Devant le public mdus, lartiste transfigur regagne la rive en marchant sur

    les flots et il se noie dans la foule !

  • La porte

    Chaque fois que je fais mon tour , un moment jinvente une histoire. Je dis au public : Si quelquun veut bien me donner un thme sur lequel je puisse improviserEt un soir, dans la salle, un spectateur me crie : Moi, je vais vous en donner un. Voil ! Vous, Devos, lartiste, quand vous ntes pas sur votre

    planche qui oscille sur la mer (rappel du sketch intitul Lartiste ), vous avez bien un pied--terre ? Je lui dis :

    Oui monsieur ! Eh bien, supposons que vous nayez pas pay votre loyer depuis des semaines. Le propritaire

    des murs vous met la rue. Il vous dit : Prenez la porte ! Quest-ce que vous faites ?Je lui dis : Je la prends et avec son chambranle ! (Parce que, sans chambranle, une porte ne peut ni

    souvrir ni se fermer, je vous le signale. Si vous prenez la porte, il faut emporter le chambranleavec !) Bref ! Je prends la porte avec son chambranle et je sors dans la rue.

    Le spectateur : Et alors ?Je dis : Et alors, arriv au milieu de la rue, je pose ma porteIl me dit : Et alors ? Jouvre la porte. Je sors dans la rue. Je prends lair Je fais quelques pas pour me dgourdir les

    jambes Et comme le temps est la pluie, je rentre. Je repasse le pas de la porte et je me retrouve la rue. Je dis : Tiens ? Jai d faire une fausse manuvre. Je ressors dans la rue. Je reprendslair le mme Je refais quelques pas pour me dgourdir les jambes les mmes ! Et comme letemps est toujours la pluie, je rentre. Je repasse le pas de la porte et je me retrouve dans la mmerue. Le spectateur :

    Et alors ?Je dis : Alors, je change de rue. Je reprends ma porte avec son chambranle Tout coup, jentends

    frapper. Qui cest ? Police !Jouvre. Un agent de police Vous avez votre passeport (e) ? ! ! Et votre permis de port de porte ?Je dis : Non ! Je vais tre oblig de le mettre dans mon rapport (e).Je lui dis : Mettez ! Mettez !Il me dit :

  • Quel est votre nom ?Je lui dis : Il est sur la porte. Ah, il me dit, cest vous, Devos ? Nallez pas en faire une histoire !Je lui dis : Cest trop tard, je suis en train de la faireIl me dit : O habitez-vous ?Je nai pas os lui dire que jhabitais une porte Pensez un agent ! Jai dit : Jhabite le petit htel qui est l ! Ah, il me dit, cest la porte ct. Je vous accompagne.Arriv devant lhtel, je laisse ma porte au portier avec la clef pour quil puisse la dplacer le

    cas chant (Au public :) Vous me suivez, l ? Je loue une chambre et je vais me coucherLe spectateur : Et alors ?Je dis : Et alors, le lendemain, je tlphone au portier. Cinq minutes plus tard, ma porte est devant la

    porte de ma chambre. Je nai plus que deux portes traverser et je suis chez moi. Je prends ma portepar la poigne (comme une valise), pour ne pas me faire remarquer Je descends dans le hall Et leconcierge me dit :

    Monsieur, vous avez oubli de remettre la clef de la chambre ! Ah, je dis, non, je lai laisse sur la porte !Il me dit : Oui, mais vous avez gard la porte sur vous ! (Javais emport les deux portes !)Alors, je lui rends la porte-clef et je sors avec ma porte-bagage. (Au public :) L, il faut

    suivre, hein Il faut suivre !Le portier se prcipite. Il me dit : Monsieur, on vient de me mettre la porte. Voulez-vous mengager comme portier ?Je lui dis : Mais mon pauvre ami, si je vous engage comme portier, je vais tre oblig de vous remettre la

    porte ! Ah, il me dit, je navais pas pens aJe lui dis : Si, si ! Ce que je peux faire pour vous, cest vous prendre comme porteur Ah, il me dit, cest mon premier mtier. Avant dtre portier, jtais porteur.Je lui dis : Quest-ce que vous portiez ?Il me dit : Tout ce qui se porte !Je lui dis : Vous pouvez porter ma porte ?Il me dit : Volontiers ! Je la porte o ?Je lui dis : Nimporte o ! Peu importe !

  • Il prend ma porte sur son paule. Oh, je lui dis, elle vous va bien. Vous la portez mieux que moi !Il me dit : Cest une prte--porter Cest ce que je porte le mieux !Et nous voil partis un moment, il me dit : Vous savez que jai voulu faire comme vous Mais au lieu de prendre la porte, jai voulu

    emporter le toit.Je lui dis : Et alors ?Il me dit : Comme le toit ne passait pas par la porte, jai voulu le passer par la fentre, mais ma femme sy

    est oppose. Elle ma dit : Si tu franchis ce pas, je ne pourrais plus vivre avec toi car je ne sauraisvivre sans toit ! Elle ma dit : Cest le toit ou moi. Ou tu me prends, moi, ou tu prends le toit !

    Je lui dis : Quest-ce que vous avez fait ?Il me dit : Jai fait le mur ! un moment, je lui dis : O on est ici ? On est mi-chemin de nimporte o . On vient de passer nimporte et on va arriver

    o .Je lui dis : Bon, laissez-moi l ! a va trs bienIl me dit : Vous pouvez me donner un autographe ?Je dis : Volontiers ! Je le mets o ?Il me dit : Sur le chque !Alors, je mets : Au porteur avec toute ma sympathie ! Au revoir, monsieur. Portez-vous bien !Je ne sais pas ce quil a voulu dire Et comme je mapprtais reprendre ma porte, jentends

    derrire des gloussements des rires touffs Jouvre. Et je vois une salle obscure avec desgens assis au premier rang tout comme je vous vois, mesdames et messieurs Et au milieu de lasalle, un spectateur qui se met crier Des spectateurs :

    Et alors ?Jai dit : Alors euhJe ne savais plus du tout comment mon histoire se terminait. Je ne savais mme plus comment elle

    avait commenc Un trou de mmoire !Jai dit : Excusez-moi ! Je me suis tromp de porte !Pfoff ! (geste de la refermer)Jai dit : Je vais sortir par la porte ct cour Ferme ! La porte ct jardin ferme ! ? La porte

  • du fond ferme !Je dis : Tiens ? a doit tre la fermeture annuelle des portes. Je vais sortir par la porte qui donne

    dans la salle Et alors que je croyais tourner la poigne de ma porte, je me suis aperu que ctait laporte qui tournait mon poignet L, jai compris que javais franchi un seuil. Commeon semmure dans un mur, je mtais emport dans ma porte. Jtais ptrifi dans monchambranle Je ne pouvais plus ni mouvrir ni me fermer Savez-vous ce qui ma sauv, mesdameset messieurs ? Cest la pluie La pluie qui sest mise tomber. Une pluie bienfaisante une pluietorrentielle diluvienne ! En peu de temps, tout a t inond. Javais de leau jusquma serrure ! Cest alors que limage de lartiste sur sa planche (Rappel du sketchintitul Lartiste ) qui oscille sur la mer

    Jai pris ma porte.Je lai pose sur leau.Je suis mont dessusEt je me suis laiss emporter par les flots en priant le Ciel que ma porte ne souvre pas !

  • Le savant et lartiste

    Quelquefois, on me dit, comme on dit tous ceux qui ont la prtention damuser les gens, on medit :

    En dehors de faire le guignol, quest-ce que vous faites ?Parce que a ne fait pas trs srieux !Effectivement, je connais un fantaisiste, un danseur de claquettesParfois, chez lui, il se met devant sa glace. Il prend un chapeau, une canne et puis (Lartiste

    danse les claquettes sur la musique de Cest magnifique et termine le thme par un saut sur place.) afait lger !

    Dautant que dans la pice ct, il y a un savant, un savant avec un grand frontToute la journe, il est l pench sur un microscope.Il cherche localiser un virusa, cest important pour le bien de lhumanit !Alors que dans la pice ct, il y a lautre guignol avec son chapeau et sa canne (Nouvelle

    danse des claquettes sur la mme musique qui se termine par les paroles de la chanson.)Oh ! la la !(Grimaces de souffrance.)Tout dun coup, il ne se sent pas bienIl a d attraper un virus mais il ne sait pas lequel, alors, il cherche !Alors que dans la pice ct, le savant, il a trouv son virus !De joie, il prend un chapeau, une canne et (Sortie de lartiste qui danse les claquettes sur la

    mme musique de Cest magnifique.)

  • La boule volante

    Lartiste (prsentant un foulard) :Mesdames et messieurs, voici un foulard reprsentant la mer (Chantant :)La mer quon voit danser le long des golfes clairsvidemment, il ny a rien lintrieur (montrant lenvers et lendroit) comme vous pouvez le

    constaterVoici, mesdames et messieurs, rien que par la puissance de mon souffleParce quil y a des magiciens qui vous promettent la lune Moi, je vous promets le soleil rien

    que par la puissance de mon souffle !(Il place le foulard devant son visage, colle ses lvres contre le foulard et fait mine de souffler

    dessus. On voit alors le foulard se courber comme si un ballon grossissait dessous Lartisteabaisse lgrement le foulard et lon voit dcoller de ses lvres et slever dans le ciel unsuperbe soleil quil fait aussitt redescendre derrire le foulard.)

    Et voici un coucher de soleil sur la mer !(Il fait lever son soleil de derrire la ligne dhorizon du foulard.)Et voici un lever de soleil sur la mer !(Mouvement inverse.)Un coucher de soleil sur la mer !(Mouvement inverse.) nouveau, un lever de soleil sur la mer !(Tout en continuant le mouvement de lever et de coucher :)Cela peut durer des jours et des nuits ! Voici un soleil qui disparat lhorizon (Lartiste fait

    passer la boule sous son aisselle gauche tout en montrant que le foulard ne cache rien. Tandis quelon sent que le soleil passe derrire son dos) Voici nouveau un lever de soleil vu sous unjour nouveau ! (On voit resurgir le soleil sur le ct droit.)

    Voici, mesdames et messieurs (Il donne un coup de pied dans le soleil recouvert dufoulard :) un coup de pied la lune dans le soleil ! (Sur le coup, le soleil , toujours recouvert dufoulard, prend son essor et slve comme un ballon rouge.) Et voici enfin, visible pour tous, un doutequi plane (Comme le soleil, qui a pris de la hauteur, passe au-dessus de lui, et lgrement enarrire lartiste, pour ne pas le perdre de vue, fait demi-tour et se trouve ainsi dos au public. Samain gauche ayant lch un des coins du foulard, il en profite pour prendre dans sa poche un fauxnez (petite boule rouge) quil place sur son appendice nasal.)

    (Lartiste rattrape de la main gauche le coin du foulard qui pendait et ramne le foulard sur satte. Puis, il se retourne lentement vers le public, le visage toujours cach :)

    Voici un artiste envahi par le doute !(Il fait apparatre la boule au-dessus du foulard.)Voici nouveau le coup du soleil levant !(Jeu inverse :)Le coup du soleil couchant !(Abaissant la boule et montrant son nez coiff de la petite boule rouge :)Voici le coup de soleil sur le nez !(Superposant la grosse boule rouge :)

  • Voici le mme effet grossi plusieurs fois !(Dplaant la grosse boule sur le ct :)Attention ! Un soleil peut en cacher un autre !(Lartiste retire alors son nez quil gardera dans la main gauche. Puis, descendant le foulard

    jusqu la hauteur de la ceinture, il montre que le soleil a disparu.)Et voici enfin le soleil qui disparat dans la mer, dfinitivement !(Saluant :)Merci beaucoup, mesdames et messieurs !

  • O courent-ils ?

    Lartiste (entrant) :Excusez-moi, je suis un peu essouffl !Je viens de traverser une ville o tout le monde couraitJe ne peux pas vous dire laquelle je lai traverse en courant.Lorsque jy suis entr, je marchais normalement. Mais quand jai vu que tout le monde

    courait je me suis mis courir comme tout le monde, sans raison ! un moment, je courais au coude coude avec un monsieur Je lui dis : Dites-moi pourquoi tous ces gens-l courent-ils comme des fous ?Il me dit : Parce quils le sont ! !Il me dit : Vous tes dans une ville de fous ici vous ntes pas au courant ?Je lui dis : Si, des bruits ont couru !Il me dit : Ils courent toujours !Je lui dis : Quest-ce qui fait courir tous ces fous ?Il me dit : Tout ! Tout ! Il y en a qui courent au plus press. Dautres qui courent aprs les

    honneurs Celui-ci court pour la gloire Celui-l court sa perte ! ?Je lui dis : Mais pourquoi courent-ils si vite ?Il me dit : Pour gagner du temps ! Comme le temps, cest de largent plus ils courent vite, plus ils en

    gagnent !Je lui dis : Mais o courent-ils ?Il me dit : la banque. Le temps de dposer largent quils ont gagn sur un compte courant et ils

    repartent toujours courant, en gagner dautre !Je lui dis : Et le reste du temps ?Il me dit : Ils courent faire leurs courses au march !Je lui dis : Pourquoi font-ils leurs courses en courant ?Il me dit : Je vous lai dit parce quils sont fous !Je lui dis : Ils pourraient aussi bien faire leur march en marchant tout en restant fous !

  • Il me dit : On voit bien que vous ne les connaissez pas ! Dabord, le fou naime pas la marcheJe lui dis : Pourquoi ?Il me dit : Parce quil la rate ! !Je lui dis : Pourtant, jen vois un qui marche ! ?Il me dit : Oui, cest un contestataire ! Il en avait assez de toujours courir comme un fou. Alors, il a

    organis une marche de protestation !Je lui dis : Il na pas lair dtre suivi ?Il me dit : Si ! Mais comme tous ceux qui le suivent courent, il est dpass !Je lui dis : Et vous, peut-on savoir ce que vous faites dans cette ville ?Il me dit : Oui ! Moi, jexpdie les affaires courantes. Parce que mme ici, les affaires ne marchent pas !Je lui dis : Et o courez-vous l ?Il me dit : Je cours la banque !Je lui dis : Ah ! Pour y dposer votre argent ?Il me dit : Non ! Pour le retirer ! Moi, je ne suis pas fou !Je lui dis : Si vous ntes pas fou, pourquoi restez-vous dans une ville o tout le monde lest ?Il me dit : Parce que jy gagne un argent fou ! Cest moi le banquier !

  • Ceinture de scurit

    Mesdames et messieurs, je ne voudrais pas vous affoler, mais des fous, il y en a ! Dans la rue, onen ctoie Rcemment, je rencontre un monsieur. Il portait sa voiture en bandoulire ! Il me dit :

    Vous ne savez pas comment on dtache cette ceinture ?Je lui dis : Dites-moi ! Lorsque vous lavez boucle, est-ce que vous avez entendu un petit dclic ? Il me

    dit : Oui, dans ma tte !Je me dis : Ce type, il est fou lier ! Jai eu envie de le ceinturer mais quand jai vu que sa

    ceinture tait noire je lai boucle ! !

  • Tours de clefs

    Moi-mme, il y a des moments o je me demande si jai tout mon bon sens !Quelquefois, je me pose la question !Parce quil marrive des choses que je ne peux pas expliquer !Comment expliquez-vous a ?Exemple :Je rentrais de voyage Je mets ma voiture au garage qui est juste en face de chez moi Je sors

    ma valise Distrait, je garde la clef de la voiture la main et jouvre la porte de ma maison avecla clef de ma voiture ! ! Le temps de raliser, javais fait trente kilomtres ! Alors que la routentait mme pas glissante !

    Je me suis dit : Bon ! Puisquen ouvrant la porte de ma maison avec la clef de ma voiture, jai fait trente

    kilomtres dans le sens de laller en fermant la porte avec cette mme clef, je vais faire trentekilomtres dans le sens du retour.

    Hop ! (Geste de tourner la clef.)Je referme la porte double tour !Au lieu de faire trente kilomtres, jen ai fait soixante !Je me suis retrouv trente kilomtres de ma voiture, mais de lautre ct !Je me suis dit : Bon, je vais donner un simple tour de clef et je vais regagner mon point de dpart. Hop ! (Geste

    de tourner la clef.) La maison qui cale !Une maison qui venait de faire combien ? quatre-vingt-dix kilomtres au quart de

    tour, comme sur des roulettes elle cale !On ne sait pas pourquoi !Alors, oblig de faire les trente kilomtres pied pour aller rejoindre ma voiture et pour

    constater, devant ma voiture, que javais oubli la clef de ma voiture sur la porte de ma maison !Alors, jai essay douvrir la portire de ma voiture avec la clef de la valise !La voiture qui se fait la malle !Oblig de refaire les trente kilomtres en sens inverse, la voiture la main, en la tenant par la

    poigne, comme une valise !En redoutant de rencontrer le type avec sa voiture en bandoulire !(Rappel de Ceinture de scurit .)Il maurait pos des questions idiotes, ce type ! Cest certain !Je nai plus eu quune chose faire, cest de remorquer ma maison jusque dans mon garage pour y

    faire les petites rparations ncessaires Ce nest pas la peine que je continue, les gens ne mecroient pas ! Je le vois bien !

    Et ils ont raison. Ils ont raison !Cest tellement norme ce que je raconte l !Cest gros comme une maison !Dailleurs, les gens sont tellement gentilsIls voudraient me croireIls me le disent :

  • Monsieur, vous nauriez pas une preuve de ce que vous avancez ? Un tmoin clef ? Et jen aiun !

    Il y a un spectateur qui est venu me voir, il ma dit : Monsieur, moi, jai vu votre maison glisser sur la route ! Elle a crois la mienne qui glissait

    dans lautre sens !Cest tellement norme que je ne lai pas cru !

  • Petits travers

    Lartiste (ayant un lorgnon sur son nez) :Derrire mes verres, je vois tout petit !(Regardant autour de lui :)Je vois un petit micro-micro !Je vois un tout petit piano comme a avec une toute petite queueJe vois un tout petit pianiste comme a avecDerrire mes verres, non seulement je vois tout petit, mais je vois tout de travers !Dans la rue, je marche de travers ; je traverse de travers !Il ny a que dans les rues transversales que a marche peu prs droit !Hier soir, je monte dans ma petite voitureJe mets mes verres de travers, ma ceinture en travers.Jusque-l, tout allait de travers mais bien !Je fonce droitEt je vois travers mon petit pare-brise un petit car de police un mini-car un quart de carEn descend un petit gendarme pied avec deux petits piedsIl brandit son petit bton : Stop !Jobtempre.Ma petite voiture se met en travers. Je vois dans mon petit rtro, derrire, un petit camion (il en

    indique la dimension entre le pouce et lindex) un petit poids lourd qui me prend revers Sloup ! Je perds mes verres !Et je vois un immense agent de police, avec un grand kpi de travers deux gros yeux Donnez-moi vos petits papiers ! dune toute petite voix.Je lui donne mes petits papiers Il sort son gros crayon vert et il crit sur une immense

    contravention mon petit nom ! Un Vos ! ? Non ! De (ux)(Lartiste indique le chiffre de lindex et du majeur.)Il me dit : Cest vous qui vous moquez de nos petits travers ? Mettez votre petit autographe !Jai pris son gros crayon vert et jai crit sur son immense contravention mon grand nom.Et a ma cot une petite fortune ! !

  • Qui tuer ?

    Un jour, en pleine nuit mon mdecin me tlphone : Je ne vous rveille pas ?Comme je dormais, je lui dis : Non.Il me dit : Je viens de recevoir du laboratoire le rsultat de nos deux analyses. Jai une bonne nouvelle

    vous annoncer. En ce qui me concerne, tout est normal. Par contre, pour vous cest alarmant.Je lui dis : Quoi ? Quest-ce que jai ?Il me dit : Vous avez un chromosome en plusJe lui dis : Cest--dire ?Il me dit : Que vous avez une case en moins !Je lui dis : Ce qui signifie ?Il me dit : Que vous tes un tueur-n ! Vous avez le virus du tueurJe lui dis : Le virus du tueur ?Il me dit : Je vous rassure tout de suite. Ce nest pas dangereux pour vous, mais pour ceux qui vous

    entourent ils doivent se sentir viss.Je lui dis : Pourtant, je nai jamais tu personne !Il me dit : Ne vous inquitez pas cela va venir ! Vous avez une arme ?Je lui dis : Oui ! Un fusil air comprim.Il me dit : Alors, pas plus de deux airs comprims par jour !Et il raccroche !Toute la nuit jai cru entendre le chromosome en plus qui tournait en rond dans ma case en

    moins.Le lendemain, je me rveille avec une envie de tuer irrsistible !Il fallait que je tue quelquun. Tout de suite ! Mais qui ?Qui tuer ? Qui tuer ?Attention ! Je ne me posais pas la question : Qui tu es ? dans le sens : Qui es-tu, toi qui

    cherches qui tuer ? ou : Dis-moi qui tu es et je te dirai qui tuer. Non ! Qui jtais, je le savais !

  • Jtais un tueur et un tueur sans cible !(Enfin sans cible, pas dans le sens du mot sensible !)Je navais personne ma porte.Ma femme tait sortieJe dis : Tant pis, je vais tuer le premier venu !Je prends mon fusil sur lpaule et je sors. Et sur qui je tombe ?Le hasard, tout de mme !Sur le premier venu !Il avait aussi un fusil sur lpaule(Il avait un chromosome en plus, comme moi !)Il me dit : Salut, toi, le premier venu !Je lui dis : Ah non ! Le premier venu, pour moi, cest vous !Il me dit : Non ! Je tai vu venir avant toi et de plus loin que toi !Il me dit : Tu permets que je te tutoie ? Je te tutoie et toi, tu me dis tu !Je me dis : Si je dis tu ce tueur, il va me tuer ! Je lui dis : Si on spaulait mutuellement ? Dautant que nous sommes tous les deux en tat de lgitime

    dfense !Il me dit : Daccord !On se met en joue Il me crie : Stop ! Nous allions commettre tous deux une regrettable bavure On ne peut considrer

    deux hommes qui ont le courage de sentre-tuer comme des premiers venus ! Il faut en chercher unautre !

    Jen suis tomb daccord !L-dessus, jentends claquer deux coups de feu et je vois courir un type avec un fusil sur

    lpauleJe lui crie : Alors, vous aussi, vous cherchez tuer le premier venu ?Il me dit : Non, le troisime ! Jen ai dj rat deux !Et tout coup, je sens le canon dune arme senfoncer dans mon dos.Je me retourne. Ctait mon mdecin Qui me dit : Je viens vous empcher de commettre un meurtre ma placeJe lui dis : Comment, votre place ?Il me dit : Oui ! Le laboratoire a fait une erreur. Il a interverti nos deux analyses. Le chromosome en

    plus, le virus du tueur, cest moi qui lai !Je lui dis :

  • Docteur, vous nallez pas supprimer froidement un de vos patients ?Il me dit : Si ! La patience a des limites. Jen ai assez de vous dire : Ne vous laissez pas abattre ! Je lui dis : Vous avez dj tu quelquun, vous ?Il me dit : Sans ordonnance jamais ! Mais je vais vous en faire une !

  • Quest-ce qui vous arrive ?

    Lartiste : Tout lheure, en arrivant ici Je croise un type Il tait comme a !(Lartiste se rapetisse de quelques centimtres.)La veille, je lavais rencontr Il tait comme a !(Il reprend sa taille normale.)Et l, je le vois Il tait comme a !(Il se rapetisse nouveau.)Je lui dis : Quest-ce qui vous arrive ?Il me dit : Ne men parlez pas ! Tout lheure, en arrivant ici, je croise un type Il tait comme a !(Lartiste se rapetisse de quelques centimtres de plus.)La veille, je lavais rencontr Il tait comme a !(Il se redresse.)Et l, je le vois comme a(Il se rapetisse nouveau de quelques centimtres.) effondr !Je lui dis : Prenez une chaise !Il me dit : Non ! Je prfre rester debout !Je lui dis : Quest-ce qui vous arrive ?Il me dit : Ne men parlez pas ! Je viens de croiser un type Il tait comme a ! (Il se met quatre

    pattes.) La veille, je lavais rencontr Il tait comme a ! (Il sabaisse de quelques centimtres.) Etl, je le vois Il tait comme a ! (Il se redresse, mais toujours quatre pattes.)

    Je lui dis : Alors, a va mieux ? La situation se redresse ?Il me dit : Non ! Hier, jtais comme a (il saplatit nouveau) parce que je cherchais quelquun ! Et

    aujourdhui (il se redresse, mais toujours quatre pattes) je lai retrouv !Je lui dis : Qui ctait ?Il me dit : Ctait un type Quand je lai crois (il se met plat ventre) il tait plat ! La veille, je

    lavais rencontr Il avait un certain relief ! Et l il tait lamin !Je lui dis : Quest-ce qui vous arrive, mon pauvre lamin ?Il me dit : Ne men parlez pas ! Je viens de croiser un type (L, lartiste semble marquer une

    pause Aprs avoir regard les spectateurs :)coutez, mesdames et messieurs pour ceux qui auraient manqu le dbut de ce rcit, les

  • retardataires et qui me surprendraient dans cette position dgradante je vais faire un rapidersum des chapitres prcdents :

    En arrivant ici, je croise un type(Tandis que se droule le rsum, la voix dabord voile de lassitude devient progressivement

    inaudible.)LARTISTE (alors quil ne sexprime que par gestes) : Bon ! Jen arrive tout de suite au dernier

    chapitreLe type me dit : Est-ce que vous voyez quelquun l ? (Il dsigne un point sur le plancher.) Je lui dis : O ?Il me dit : L !Je lui dis : L, je ne vois personne !Il me dit : Hier, il tait encore visible Et aujourdhui, je lai perdu de vue ! (noir)(Lartiste se remet debout.) (plein feu)LARTISTE : Et encore l jai fait des coupures ! Cest la version raccourcie. Si vous tiez venus

    hier, lhistoire tait interminable. Par exemple, jai coup un chapitre qui commenait de la faonsuivante :

    Je viens de croiser un type non seulement, il tait comme a (trs courb) mais de plus, ilavait un il ferm ! La veille, je lavais rencontr il avait dj un il ferm mais il se tenaitcomme a (moins courb) Et l, je le vois (de nouveau trs courb) lil toujours ferm !

    Je lui dis : Quest-ce qui vous arrive ?Il me dit : Ne men parlez pas ! Ils ont baiss la serrure !Cest un chapitre que jai coup Il y en a un autre que jai supprim aussi qui disait ceci :Je viens de croiser une dame que je connaissais Je lenlace ! Elle tait comme a ! (Il

    indique lextrme minceur de la taille.) La veille, je lavais enlace Elle tait comme a ! (Il indiquelextrme grosseur de la taille.) Et l, je lenlace Elle tait comme a ! (Extrme minceur de lataille.)

    Je lui dis : Quest-ce qui vous arrive ?Elle me dit : Hier, ce ntait pas moi !Je lai coup aussi !Par contre, il y a un chapitre que jai coup et que jaurais mieux fait de garder : Je croise un type

    qui sortait de chez son percepteur Il tait comme a (Lartiste se rapetisse de quelquescentimtres.) La veille, je lavais rencontr alors quil entrait chez son percepteur Il tait commea ! (Il se redresse.) Et l, je le vois (Il se rapetisse.)

    Je lui dis : Quest-ce qui vous arrive ?Il me dit :

  • Hier, lorsque je suis entr chez mon percepteur, jtais comme a (il se redresse) parce que jecroyais que javais droit un abattement.

    Je lui dis : Et ce ntait pas un abattement ?Il me dit : Non ! Ctait un (il seffondre) redressement !

  • a narrive qu moi

    Les gens disent tous la mme chose !Ils disent tous, lorsquil leur arrive quelque chose : a narrive qu moi ! De temps en temps, il y en a un qui il narrive rien, qui ne dit pas comme tout le monde.Il dit : a narrive quaux autres ! Parce quil a entendu les autres dire : a narrive qu moi ! , il croit que a narrive qu

    eux (aux autres) ! Alors que peut-tre, il ny a qu lui que a arrive de penser que a narrive quauxautres !

    Encore que lorsquil sen aperoit, il dit comme les autres : a narrive qu moi ! Cela mest arriv moi !Alors, si cela vous arrive je veux dire, si vous faites partie de ceux qui, comme moi, disent :

    a narrive quaux autres ! , posez-leur la question, aux autres ! Quest-ce qui vous arrive ?Ils vous rpondront tous la mme chose : Nous ne savons pas ce qui nous arrive, mais a narrive qu nous !Par contre, si vous faites partie des autres, de ceux qui disent : a narrive qu moi ! posez-vous

    la question vous : Quest-ce qui tarrive ? Et vous verrez que ce qui vous arrive cest ce qui arrive aux autres !Cest ce qui arrive tout le monde !Et vous conclurez comme moi, par cette petite phrase sibylline : Ce qui narrive quaux autres narrive qu moi aussi ! Et vous vous sentirez solidaire !

  • Le prix de lessence

    Lartiste (parlant de son pianiste) :Il rouspte !Il est toujours en train de rouspter ! Lessence augmente Lessence va encore augmenter(Au pianiste et la cantonade :)Oh ! Eh !Vous y mettez un peu du vtre, hein ! Au lieu dacheter des 25 et 30 litres, vous navez qu faire

    comme moi : vous navez qu en prendre pour cent francs !(Au public :)Moi, cela fait des annes que jen prends pour cent francs Jai toujours pay le mme prix !Il me dit : Oui, mais vous allez de moins en moins loin ! ( ladresse du pianiste :) Je vais o je veux !

  • Mes deux bufs

    Jai failli tre en retard parce que je suis venu en deux bufs !En deux bufs !En France, on na pas de ptrole, mais on a des ides !Alors, jai troqu ma deux chevaux contre une deux bufs ! Vous lavez peut-tre aperue, devant

    la porte ? Cest une deux bufs blancs tachs de roux !Quand on me demande : Quest-ce que vous avez comme voiture ?Je rponds : Jai une deux bufs ! Les gens sont surpris ! Ils sattendent me voir arriver en Rolls-

    Royce Lartiste ! Alors, quand ils me voient arriver en deux bufs, ils sont fort dus ! Alors lesrflexions : Tiens ! Voil la paire de bufs du pre Deveaux ! a fait mal ! Sur mon passage, lesquolibets. Les mamans leurs petits : Enfants, voici les bufs qui passent ! Cachez vos rougestabliers !

    Alors, les enfants : Sauve qui bufs !Parce quune deux bufs, a pose des problmes ! Exemple : un feu rouge, une deux chevaux

    sarrte. Pas une deux bufs ! Parce que le rouge, a lexcite !Alors, elle fonce !Quand cest vert, elle broute ! Et pour faire repartir une deux bufs qui broute, a fait :

    Buf ! Buf ! Buf ! Cet aprs-midi, sur mon passage, il y a un irresponsable qui a cri : Suivez le buf !Alors, il y a un tas de gens qui ont suivi avec des pancartes o il y avait marqu : Mort aux vaches ! Pour corser le tout, il y avait une affiche de La vache qui rit. On ne sait pas ce qui se passe dans la

    tte des bufs.Mes bufs ont-ils cru que la vache se foutait deux ? Toujours est-il quils ont fonc dans le

    panneau, tte baisse !Vous savez que pour retenir un bufUn buf, a enfonce tout !Cest comme un bulldozer !Et encore, un bulldozer, on peut larrter !Pour arrter un bulldozer, vous navez qu couper larrive dessenceIl ny a qu couper !Mais un bufQuest-ce que vous voulez couper ? Il lest dj ! !

  • Les neuf veaux

    Savez-vous ce qui sest pass lors de la dernire confrence des Neuf sur lEuropeagricole ? Pendant que les neuf ministres de lAgriculture dbattaient du prix du porc, il y a un paysanmcontent qui a fait entrer neuf veaux dans la salle.

    Une confusion !On ne savait plus qui tait qui ! la fin de la confrence, le paysan, au lieu de remporter ses neuf veaux, dans la bousculade qui a

    suivi nen a remport que huit !Il a emmen un ministre avec.On ne dit pas lequel !Ce nest quen arrivant sur le march quil sen est aperu.Au moment de vendre les veaux, il y en avait un qui tait invendable.Ctait le eh oui !Parce quun ministre, a ne se vend pas ! a sachte parfois ! Mais a ne se vend pas ! Une

    fois (je lavoue ma grande honte), je me suis vendu pour pas cher, et quand jai voulu me racheter, jeme suis pay un prix fou !

  • Le rire primitif

    propos du rire, vous savez quon la chapp belle ?On la chapp belle !Parce que le rire (comme chacun sait, ou ne sait pas) le rire, cest une nergie une nergie

    contenue qui se libre rapidement et, en se librant, elle (cette nergie) fait vibrer les muscles les plusfragiles, les plus vulnrables, qui se trouvent tre les zygomatiques

    (Il en fait la dmonstration :)Ha ! Ha ! Ha !Eh bien, supposez que les muscles fessiers ceux que lon appelle les fessiers, soient plus

    vulnrables que les zygomatiques, on rirait comme a(Il est secou par une vibration des muscles fessiers.)On la chapp belle !(Prenant une chaise :) Vous voyez toute une salle qui rit ? (Il sassied et rit par le truchement des

    fessiers.) Dsopilant ! (Sursautant sur sa chaise :) Je pouffe ! Un rire crisp cela ferait (Il se raiditsur sa chaise.) Rire aux clats , je ne vois pas trs bien quoi cela correspond !

    (Il se lve et remet la chaise l o il la prise.)On la chapp belle !Attention !Nos anctres riaient comme a !Les primitifs !Lhomme des cavernes !Le rire caverneux non a na rien voir !Mais les primitifs, ceux quon appelait les primitifs, ils riaient comme a.Je nai rien contre les primitifs(Oh ! H Grand Dieu !)Ils ont tout invent !La pierre taille.Qui est-ce qui a invent la pierre taille ? Un primitif !Le feu. Qui a invent le feu ? Un primitif !Ctait peut-tre linnocent du village. Un jour quil ne savait pas quoi faire de ses dix doigts, il a

    pris deux pierres, une dans chaque main (aux innocents les mains pleines !) Il a frott les deuxpierres lune contre lautre Zim ! Zim ! Et a a tout de suite fait des tincelles ! Alors, le chef, unprimitif aussi (primitif mais chef, ce nest pas incompatible !) tout dabord, il na vu que dufeu, cest--dire quil na vu que la fume ! Mais comme il ny a pas de fume sans feu, il a dit :

    Allez chercher le sorcier ! Le sorcier est arriv (un sacr primitif aussi !)Il a dit : Quest-ce quil y a ?Alors le chef a dit : Cest linnocent !Il a dit linnocent : Refais devant le sorcier ce que tu nous as fait tout lheure ! Et linnocent, avec ses deux

    petites pierres : Zim ! Zim ! Il a refait une petite flambe !

  • Le sorcier a dit : Feu de Dieu ! a sent le roussi ! Il a jou avec les amulettes ! Il faut le brler ! Le chef a dit : Avec quoi ?Alors, lautre innocent a dit : Avec a !(Il fait le geste de frotter deux pierres lune contre lautre.) Zim ! Zim ! Et il a mis le feu au bcher

    quon venait de dresser pour lui ! Autour du bcher, les primitifs ils devaient se taper le derrire parterre ! Alors, les rflexions :

    Heureusement quil na pas invent la poudre ! Parce quen plus de le brler, il aurait fallu lefaire sauter ! Il y en a un qui devait se taper le derrire plus fort que les autres a lui a durci lesfessiers Les fessiers sont devenus moins vulnrables que les zygomatiques Le rire lui est mont la gorge et il a fait :

    Ha ! Ha !Il avait invent le rire sonore !On venait de passer du rire muet au rire parlant !Les primitifs ils ont tout invent !Tout !Et moi, qui suis volu (rpondant quelque contestataire :) si !Quai-je invent ?(Aprs rflexion :)Ah si ! Parce que lhistoire telle que je viens de vous la conter (attitude primitive :) cest moi

    qui lai invente ! !

  • Le grimacier

    force de faire des grimaces, il arrive ce quon appelle un relchement des zygomatiques, cest--dire Crac !

    Un claquage musculaire !Oblig de tout remonter la main !a donne une expression arbitraire, comme a (Dmonstration.)Jamais vous ne verrez cette expression nulle part !Elle ne correspond aucun sentiment.Je peux mme dire nimporte quoi dessousCe que les gens voient ne correspond pas ce quils entendent !Parce que je suis un grand grimacier !Jai mme reprsent la France au Festival international de la grimace !Il y avait l tous les grands grimaciers du mondeMoi, jai fait des grimaces bien de chez nous !Je ris Je pleure La haine ! La colre !Parce que la grimace, cest international ! Il ny a pas de frontire la grimace. Par exemple, si je

    tire la langue, excusez-moi, mesdames et messieurs cest compris de tous !Parce quune langue, cest une langue ! Cest la mme pour tout le monde ! Alors que si vous

    parlez la vtre, on dit : Quest-ce quil dit ?Alors, on me dit : Mais monsieur, reprsenter la France par des grimaces, cest facile !Pas du tout !Avant, ctait facile, parce que la France avait un profil de mdaille.Pour la reprsenter, il suffisait de montrer son bon profil !Tandis que maintenant, pour reprsenter la France, il faut au moins a(Affreuse grimace.)Cest la France dfigure !Cest pour cela que chaque fois quil y a un Festival international de la grimace et quil faut y

    reprsenter dignement la France, on envoie un clown un grimacier !

  • Jai le faux rire

    Jai le faux rire ! Ha ! Ha !Quelquefois, on me dit, le plus srieusement du monde : Pourquoi, sur scne, portez-vous une perruque ?Cest faux ! Ou alors, cest une fausse perruque ! Ce sont mes vrais cheveux, mesdames et

    messieurs, mes cheveux de tous les jours que je me suis laiss pousser comme on se laisse pousser labarbe ! Pourquoi ?

    Parce que dessous, jai un crne chauve, tout bossel !Jai voulu enfoncer une porte ouverte.Je suis rentr dedans la tte la premire.Non seulement ctait une fausse porte, mais en plus, elle tait ferme !Je me suis fait mal !Depuis, jai sur le haut du crne une bosse en forme de chapeau pointu Turlututu ! Mssieur ? Oui, mssieur ? Pourquoi sur la piste vous maquillez-vous ? Vous avez lair dun vrai clown !Cest faux ! Cest dans la vie que jai lair dun vrai clown !Si vous voyiez mon visage de tous les jours, il nest pas prsentable !L, vous ne pouvez pas vous en rendre compte parce que jai un fond de teint !Mais sous le fard, jai deux grandes paupires blanches surmontes de deux sourcils en

    accent circonflexe !Sous mon faux nez (parce que le nez que je porte est faux, cest un nez postiche, en carton-

    pte !) dessous, jai un gros nez rouge lumineux !Sous mes faux cils, l, jai deux petites larmes aux yeux qui dgoulinent sur une grande

    bouche fendue de l l (il fait le geste, dune oreille lautre), si bien quon ne sait jamais si je risou si je pleure !

    Ha ! Ha ! Jai le faux rire ! Mssieur ? Oui, mssieur ? Pourquoi sur la piste vous dguisez-vous ? Vous avez lair dun vrai clown !Cest faux, cest dans la vie que je me dguise. Si vous voyiez mon costume de tous les jours, il

    nest pas prsentable !L, vous ne pouvez pas vous en rendre compte parce que jai mon costume de scne par-

    dessus, mais sous mon pantalon bleu, jen ai un rose bonbon qui dgouline sur deux grands pieds platsimmenses ! L, vous ne pouvez pas les voir parce quils sont dans mes petits souliers ! Jai mis mesgrands pieds plats dans les petits ! Sous mon petit nud o les petits pois sont verts, jen ai un gros oles petits pois sont rouges ! Il ny a que le faux col qui soit vrai ! Ha ! Ha !

    Tellement je ris, jen ai mal mon faux ventre !Parce que je suis un faux gros ventre, parfaitement !Jai la fausse bosse du ventre, comme Polichinelle avait la fausse bosse au dos. Le drame, cest que

    lorsque je rentre la fausse bosse du ventre, jai la fausse bosse du dos qui sort ! De ventru, je deviensbossu !

  • Faux ventre, faux dos ! (Dmonstration de lartiste.) Faux ventre, faux dos ! Et quand aglisse, faux cul ! (Ah, fausse note !)

    Mssieur ? Oui, mssieur ? Pourquoi sur la piste vous contrefaites-vous ? Mais je ne me contrefais pas, mssieur ! Je fais le chameau ! Alors, quest-ce que vous attendez pour vous mettre quatre pattes ? Jattends les deux pattes de devant, mssieur ! Moi, je ne suis que les deux pattes de

    derrire. Vous nauriez pas vu passer une tte de chameau sur ses deux pattes avant ? Ah si ! Jai bien vu passer un chameau, mais il tait complet ! a ne fait rien, mssieur, je prendrai le suivant !

  • Le clairon

    Lartiste (prenant sur le piano un clairon) : Je vais vous faire une petitesonnerie ! Lattaque ! Lattaque !

    Si vous navez pas a (facis), vous ne pouvez pas attaquer Il faut jouer du violon !Il faut se mettre en condition de lattaque !(Il joue les premires mesures puis termine en pleurnichant.)Excusez-moi ! Chaque fois que je sonne lattaque, je repense mon grand-pre !Parce que mon grand-pre a rendu son dernier souffle dans ce clairon !Sur le champ de bataille, sil vous plat !Il sonnait lattaque et lennemi a attaqu Il a pris un boulet dans le pavillonSloup !Il a aval lembouchure Gloup !Et il a rendu lme Rhaah !Lorsquon a rapport son clairon sa veuve, elle a dit : Mais quelle ide aussi daller faire de la musique dans un moment pareil ? Alors, mon pre a

    repris le flambeau. Parce que mon pre a fait toutes les guerres en tant que clairon. Dailleurs, pourmon pre, la guerre, ctait une belle sonnerie Il les a toutes faites ! Il a sonn toutes les attaques dela guerre 14-18, et toutes les retraites de la guerre 39-45 !

    Et il est mort la retraite dune attaque dans son lit !Le destin !Attention : Il y a sonnerie et sonnerie !Il ne faut pas se tromper de sonnerieExemple :Ouvrez le ban (Il le joue sur son clairon.) Fermez le ban (Il le joue galement.) Cest la mme

    chose ! Alors, le soldat qui na pas entendu quon ouvrait le ban quand on le ferme, il croit quonlouvre ! Alors, il attend quon le ferme ! Quand on louvre nouveau, il croit que cest lafermeture et il rentre chez lui !

    Cest comme a quon perd les guerres !Parce que les clairons (jallais dire : ils sont tous un peu sonns. Excusez-moi !)En ce qui concerne mon voisin, cest vrai !Mon voisin, cest mon professeur de claironDj, pendant la guerre, il tait porte-drapeau.Il a tellement pris lhabitude de brandir un drapeau, que depuis quil na plus de drapeau, il ne

    brandit plus !Il est hbt !Parce quun homme qui ne brandit plus, il est hbt.Quelquefois, jentends sa femme qui lui crie : Mais brandis autre chose !Il lui dit : Non ! Cest un drapeau ou rien !Elle lui dit : Accroche un drap blanc au bout dun manche balai et brandis-le !

  • Alors lui : Capituler ? Jamais !De plus, il na pas doreille ! Il nentend pas ce quil joue ! Alors, quand il me donne une leon, il

    me dit : coutez !(Lartiste joue une note file puis porte lembouchure son oreille, se servant du clairon comme

    dun cornet acoustique.)On perd un temps fou !

  • Prter loreille

    Mesdames et messieurs, si vous voulez bien me prter une oreille attentive Quelle phrase !Voulez-vous me prter loreille ?Il parat que quand on prte loreille, on entend mieux. Cest faux !Il mest arriv de prter loreille un sourd, il nentendait pas mieux !Il y a des phrases comme aPar exemple, jai ou dire quil y a des choses qui entrent par une oreille et qui sortent par lautre.Je nai jamais rien vu entrer par une oreille et encore moins en sortir !Il ny a quen littrature quon voit a.Dans Rabelais, nous lisons que Gargamelle a mis Gargantua au monde par loreille gauche. Ce qui

    sous-entend que par loreille droite il devait se passer des choses ! Des cris et deschuchotements ! De quoi vous faire dresser loreille ! Alors, on me dit :

    Mais monsieur, quand on parle de choses qui entrent par une oreille et qui ressortent parlautre, on ne parle pas de choses vues mais de choses entendues.

    Jentends bien !Un son peut entrer par une oreille mais il nen sort pas !Par exemple, un air peut trs bien entrer dans le pavillon de loreille.Une fois entr, il ne sort plus !Je prends un air au hasard, un air qui me traverse la tte :Viens dans mon joli pavillon !Eh bien, ds quil est entr dans le pavillon, il nen sort plus ! Cest fini !Cest ce quon appelle une rengaine.Une rengaine, cest un air qui commence par vous entrer par une oreille et qui finit par vous sortir

    par les yeux !

  • Ou-dire

    Il y a des verbes qui se conjuguent trs irrgulirement. Par exemple, le verbe OUR. Le verbeour, au prsent, a fait : Jois jois

    Si au lieu de dire jentends , je dis jois , les gens vont penser que ce que jentends estjoyeux alors que ce que jentends peut tre particulirement triste.

    Il faudrait prciser : Dieu, que ce que jois est triste ! Jois Tu ois Tu ois mon chien qui aboie le soir au fond des bois ? Il oitOyons-nous ? Vous oyez Ils oient. Cest bte !Loie oit. Elle oit, loie !Ou-direCe que nous oyons, loie loit-elle ? Si au lieu de dire loreille , on dit loue , alors : loue

    de loie a ou. Pour peu que loie appartienne Louis : Loue de loie de Louis a ou. Ah oui ? Et qua ou loue de loie de Louis ? Elle a ou ce que toute oie oit Et quoit toute oie ? Toute oie oit, quand mon chien aboie le soir au fond des bois, toute oie

    oit : ouah ! ouah ! Quelle oit, loie !Au pass, a fait : Jous Jous !Il ny a vraiment pas de quoi !

  • Le petit poussin

    Rcemment, je suis entr dans une auberge pour y dner et sur la carte, il y avait marqu : Poussin rti .

    Et jai command un poussin rti.Jai vu arriver un petit poussin dans une assiette Hamm ! ! !Je nen ai fait quune bouche dans mon gros ventre !Un petit poussin !Vous avez dj vu un petit poussin ?Cest mignon croquer !Cest une petite boule jaunea fait : cui-cuiIl ntait pas cuit !Et je nen ai fait quune bouche dans mon gros ventre !a aurait t une vieille poule, encore Bon ! Une dure cuire elle a vcu ! (Elle a fait son

    temps !)Mais un petit poussin !Jaurais mieux fait daller me faire cuire un uf !Oh, a ne vaut gure mieux !Chaque fois quon va se faire cuire un uf, cest comme si on envoyait un poussin se faire cuire !Parce que, quest-ce qui fait le poussin ?Cest luf !Et encore on ne sait plus !Il y a ce fameux dilemme que chacun connat Quest-ce qui fait luf ? Cest la

    poule ! Bon ! Jusque-l, il ny a rien dire.On est tous daccord.Mais quest-ce qui fait la poule ? Cest luf !Alors, la question est : Qui a commenc ? Est-ce luf le pre de la poule, ou la poule la mre de

    luf ?a ne peut pas tre le coq !Les coqs, eux, ne pondent pas dufs !Quoiquil ny ait pas de poules sans eux ! (ufs)Sans eux les coqs !Comme il ny a pas de coqs sans elles (ailes)Sans elles, les poules !videmment ! Parce que sans ailes, il ny aurait ni coqs, ni poules, ni poussins !Et ce serait tant mieux !Parce que jaurais mang autre chose !Jaurais mang du veauUn petit veau !Vous avez dj vu un petit veau ? Un vieux buf bon ! Passe encore. Il a vcu ! Mais un petit

    veau

  • Vous avez dj vu une petite tte de veau ? la vinaigrette !Jaurais mieux fait de manger un uf, parce que, comme on dit, qui mange un uf mange un

    buf !

  • Alimenter la conversation

    Mesdames et messieurs, avez-vous remarqu qu table les mets que lon vous sert vous mettentles mots la bouche ?

    Jen ai fait lobservation un jour que je dnais seul. la table voisine il y avait deux convives qui mangeaient des steaks hachsEt tout en mangeant, ils alimentaient la conversation.Au dbut du repas, tandis que lun parlait, lautre mangeait et inversement !Lalternance tait respecte.Et puis les mets appelant les mots et les mots les mets ils se sont mis parler et manger en

    mme temps : Ce steak nest pas assez hach, disait lun. Il est trop hach pour mon got, disait lautre.Les mots qui voulaient sortir se sont heurts aux mets qui voulaient entrer (Ils se

    tlescopaient !) Ils ont commenc mcher leurs mots et articuler leurs mets !Trs vite, la conversation a tourn au vinaigre. la fin, chacun ayant raval ses mots et bu ses propres paroles, il ny eut plus que des clats

    de voie digestive et des mots destomac !Ils ont fini par ventriloquer et cest qui aurait le dernier rot !Puis lun deux sest pench vers moi.Il ma dit : Monsieur, on ncrit pas la bouche pleine !Depuis, je ne cesse de ruminer mes crits !Je sais Vous pensez : Il a crit un sketch alimentaire, un sketch hach ! Et alors ?Il faut bien que tout le monde mange !

  • Le mille-feuille

    Lartiste (essayant de fermer sa veste) : Regardez(Il tente de boutonner sa veste sans y parvenir.)Je peux presque la boutonner.Jai terriblement maigri Avant, les pans marrivaient ici (Il recule les deux pans de sa veste de

    plusieurs centimtres.)Et aujourdhui tenez !(Il rapproche les deux pans qui ne sont pas trs loin de se toucher. Il refait le mouvement comme

    un tailleur se mesurerait la taille.)Jai terriblement maigri ! la suite dun pari que jai fait et que je ne regrette pasFigurez-vous que rcemment, la fin dun bon repas, tandis que lon apportait les

    ptisseries, quelquun me dit : Pourquoi ncririez-vous pas un monologue sur la faim la faim dans le monde ?Jai dit : Parce que ce ne serait pas drle !Il me dit : Si ! Si cest vous qui crevez de faim, les gens vont mourir de rire !Jai dit : Sil ny a que a pour les amuser, daccord ! Je my mets et tout de suite !Jai repouss les ptisseries et jai quitt la table.Comme javais un peu oubli ce que ctait que davoir faim, jai fait maigre Jai jen jai

    jenCela sest vu tout de suite.Lentourage : Tiens ? Le vieux jene ! Ds que je me suis senti le ventre creux (de lintrieur), jai compris que la faim tait

    proche ! Je suis rentr chez moi et jai crit le commencement de la faim. Jai commenc par la faim : Il tait une fois la faim ! Et pendant toute lhistoire, je nai fait que parler de la faim lafaim la faim Si bien qu la fin, jai t pris dune telle fringale Jai fourr mon manuscrit dansma poche. Je me suis prcipit chez le ptissier le plus proche, et devant la ptisserie, il y avait unpauvre qui mendiait :

    Monsieur, sil vous plat ?Je lui dis (ce que je rponds toujours en pareil cas) : Jai dj donn ! Oh ! il me dit, pas moi ! Je suis un nouveau pauvre, je ne suis encore sponsoris par

    personne !Je lui dis : Que ne le disiez-vous !Je lui donne une pice en lui disant : Surtout, dites bien partout que cest moi qui vous lai donne !Il me signe un reu pour mes impts et il sengouffre lintrieur de la ptisserie.

  • Je jette un coup dil derrire la vitre et je vois parmi des ptisseries de toutes sortes unmille-feuille pais comme a avec de la crme entre chaque feuille, qui dbordait napp desucre glace blanc Aussitt, jentends une voix intrieure qui me dit : Tu ne vas tout de mme pasmanger ce mille-feuille toi tout seul ?

    Et puis, une autre voix intrieure, encore plus profonde, qui me dit : Chiche ! (Oh, jen taisbien capable !)

    Et puis, une troisime voix intrieure que je ne me connaissais pas : Tu vas partager ce mille-feuille en trois. Tu en donneras deux tiers au tiers monde et tu

    garderas le troisime pour toi ! L, je me suis dit : Je ne voudrais pas marchander mais deux tiers pour le tiers monde, est-ce que cela ne fait pas

    un tiers de trop ? Et puis est-ce que cela leur parviendra ? Pour peu quil y ait un intermdiairepeu scrupuleux, qui se moque du tiers monde comme du quart, qui dtourne un des deux tiers desfins personnelles, je prfrerais manger les trois tiers en entier ! Au moins, je saurais o a va !

    Et puis la question sest pose :O manger un pareil mille-feuille ?On ne peut pas manger un pareil mille-feuille devant tout le monde ! Ce serait indcent.Il faut se cacher !Mais o ? O se cacher ?Dans une glise ? Peut-tre.Oui, dans une glise !Oui, mais si le cur me surprend ? Je ferai semblant de feuilleter (Il fait le geste de tourner les pages dun livre pieux tout en

    humectant son doigt cens tre plein de crme)Non ! Derrire un pilier ?Oui, mais il y a Dieu l-haut qui voit toutDieu : Alors, on joue les Don Camillo ? Moi qui te prenais pour la crme des hommesMoi : Seigneur, ce ne sont que de pauvres feuilles !Lui : Oui ! Mais il y en a mille ! Pense ceux qui ont faim, homme de peu de foi Pour ta

    pnitence, tu me copieras cent fois le mot faim et sans fin, le mot foi !Jai pens : Je ferais peut-tre mieux de prendre une religieuse Et tout coup, qui je vois derrire la vitre ? (Je vous le donne en mille !) Une religieuse une

    vraie authentique nappe de (se reprenant) coiffe de deux gaufrettes (se reprenant) deuxcornettes en Enfin elle dsignait mon mille-feuille du doigt !

    Alors, jai frapp la vitre : H, ma sur ! Non, non ! Il est moi, ce gteau Vous pouvez faire une croix dessus !Comme elle semblait ne pas comprendre, jai essay de linfluencer mentalement : Non, non ! Pas ce mille-feuille ! Tu ne vas pas prendre ce mille-feuille ! Tu vas prendre une

    tarte Tu vas la prendre, la tarte ! Pour plus de scurit, je suis entr dans la ptisserie et jai entendu la religieuse : Donnez-moi vingt-quatre nonnettes ! cest pour les pauvres de la paroisseLa vendeuse :

  • Et vous, madame ?La dame : Pour mes pauvres moi, je voudrais douze clairs au chocolat !Et dans un coin, il y avait mon pauvre qui disait : Est-ce que je pourrais avoir ?La vendeuse : Une seconde, sil vous plat ! Et vous, madame ? Je voudrais vingt babas au rhum, cest pour mes pauvresEt mon pauvre, dans son coin : Est-ce que je pourrais avoir ?La vendeuse : Une seconde, sil vous plat ! Et vous, madame ?La dame : Pour mes pauvres, je voudrais des chaussons aux pommes !La vendeuse : Combien ? Quinze paires !Et dans son coin, mon pauvre : Est-ce que je pourrais avoir ?La vendeuse (excde) : Une seconde, non ! Vous voyez bien que tout le monde soccupe de vous ! Et vous, monsieur ? Moi, je voudrais ce mille-feuille-l !Et je vois, de lautre ct de la vitre, deux grands yeux qui me regardaient un petit visage

    denfant blme (amaigri) Cela ma rappel des images insoutenables que je croyais effacesde mon esprit

    L, jai dit : On ne rit plus. L, on ne peut plus rire ! La vendeuse : Cest pour manger tout de suite ?Jai dit : Non, cest pour offrir !Jai pris le mille-feuille. Je lai pay et je suis sorti Je lai donn au gosse.(Aprs un certain silence qui devrait tre charg dmotion :)Ce qui ma fait le plus plaisir cest que le gosse est all se cacher derrire moi pour le

    manger ! Dautant que les gens staient arrts !Une maman disait sa petite fille : Tu le reconnais ? Cest le comique qui fait la grve de la faim pour nous distraire !Et la petite fille : Maman, quest-ce que a mange, un comique ? Alors l, lhomme de spectacle que je suis a

    repris le dessus ! Jai sorti mon manuscrit de ma poche Jai mordu dedans pleines dents(Petite pantomime de celui qui dvore un mille-feuille.) Oh, quil est bon !Et jai mang tout mon manuscrit, feuille aprs feuille sauf la dernire !Alors, les gens qui veulent toujours connatre le mot de la fin : Pourquoi ne mangez-vous pas la dernire feuille ? Jai dit :

  • Eh ! Et la part du pauvre ?

  • La chute ascensionnelle

    Lartiste (jonglant avec trois petites boules rouges) : Avant, je jonglais avec trois boules de troiskilos Et puis, jai pris une boule sur la tte ! Alors, jai rduit le matriel. un moment, je lanaisune boule de trois kilos trois mtres de hauteur, et au moment o elle devait me tomber sur la tte, jefaisais a (un cart) et la boule tombait l ! ( ct de ses pieds).

    Un soir, je lance ma boule de trois kilos trois mtres de hauteurAu moment o elle devait me tomber sur la tte, je fais a (il fait un cart) et je la prends

    dessus !Je me suis tass de trois centimtres !Tenez !(Il va chercher la boule et la montre.) La voil !Ce ne sont pas des paroles en lair ! Alors, on a dit : Oui Depuis que Devos a pris une boule sur la tte, il nest plus comme avant il est

    mieux ! Et cest vrai ! ! Grce au ciel ! Parce quavant, jtais un mcrant ! Je ne croyais ni Dieu ni Diable ! Je me permettais de questionner le Ciel :

    Dieu si tu es l-haut, envoie-moi une preuve de ton existence ! Et Lui (signe quil la bienreu) Vlaff ! (Il laisse tomber la boule sur le sol.) Irrfutable ! Cest comme si le Ciel mtait tombsur la tte ! Quand je me suis retrouv genoux, jai compris que javais la foi !

    Une foi inbranlable !Parce que mme avec Dieu, il ne faut pas tenter le Diable !Alors, on a dit (Que na-t-on pas dit !) Oui Si Dieu a envoy une boule sur la tte de Devos, cest pour quon parle de Lui ! Pas de moi de Dieu ! Moi, je nen ai pas besoin ! Eh bien, mesdames et messieurs, depuis que

    jai pris cette boule sur la tte, je lvite (prcisant) je lvite du mot lviter la lvitation jemlve je quitte le sol je mlve dans les airs de a, peu prs (il montre la hauteur avecla main lhorizontale). Alors, les gens :

    Pourquoi ne montez-vous pas plus haut ?Cest que si jarrive vaincre la pesanteur, je ne la supprime pas et Dieu merci ! Parce que si on

    supprimait la pesanteur, cette boule (il la ramasse) au lieu de tomber comme une pierre, elleslverait dans les airs comme un ballon ! Et moi avec ! Je tomberais en haut ! Et l-haut, il ny apas de fond ! Cest lternelle chute ! Parce que, lorsquon tombe dans un gouffre, il y a un fond Onle dit : Jai touch le fond. Ou bien on se raccroche une racine, je ne sais quoi Mais l-haut ? quoi voulez-vous vous raccrocher ? une nbuleuse ? Je tomberais en haut la chuteascensionnelle ! Les gens :

    O est Devos ? En pleine ascension ! Lirrsistible ascension de Devos ! Que fait-il l-haut ? Il tourne autour de sa boule, comme un satellite Il est son apoge ! Quand redescendra-t-il parmi nous ? Dieu seul le sait ! Devos super-star ! Linaccessible toile !Alors, lorsque je serais devenu invisible, les controverses : Sest-il envol vers la gloire ou est-il tomb dans loubli ? Alors, les uns, les inconditionnels :

  • Devos existe je lai rencontr ! Les autres, les mcrants : Devos, si tu es l-haut envoie-nous une preuve de ton existence ! Alors moi(Il laisse tomber lourdement la boule sur le sol.) La voil, la preuve !

  • Un ange passe

    On dit parfois que jextravague que je dlirePourtant, il ny a pas plus raisonnable que moi !Il ny a pas desprit plus cartsien que le mien !Je ne fais que rapporter les faits tels que je les observe. Il est vident quil y a observer et

    observer ! Cela dpend du sens que lon donne au mot observer .Exemple :Quand on demande aux gens dobserver le silence au lieu de lobserver, comme on observe une

    clipse de lune, ils lcoutent et tte baisse, encore !Ils ne risquent pas de le voir, le silence !Parce que les gens redoutent le silence.Ils le redoutent !Alors, ds que le silence se fait, les gens le meublent.Quelquun dit : Tiens ? Un ange passe ! alors que lange, il ne la pas vu passer !Sil avait le courage, comme moi, dobserver le silence en face, lange, il le verrait ! Parce

    que, mesdames et messieurs, lorsquun ange passe, je le vois ! Je suis le seul, mais je le vois !videmment que je ne dis pas que je vois passer un ange, parce quaussitt, dans la salle, il y a un

    doute qui plane !Je le vois planer, le doute !videmment que je ne dis pas que je vois planer un doute parce quaussitt, les questions : Comment a plane, un doute ? Comme a ! (Geste de la main qui oscille.) Comment pouvez-vous identifier un doute avec certitude ? son ombre ! Lombre dun doute, cest bien connu ! Si le doute fait de lombre, cest que le

    doute existe ! Il ny a pas dombre sans doute ! Et lon sait le nombre de doutes au nombredombres ! Sil y a cent ombres, il y a cent doutes.

    Je ne sais pas comment vous convaincre ? !Je vous donnerais bien ma parole, mais vous allez la mettre en doute !Le doute je vais le voir planerJe vais dire : Je vois planer un doute. Aussitt, le silence va se faireQuelquun va dire : Tiens ? Un ange passe !Et il faudra tout recommencer ! propos de lange, aussi, on men pose des questions insidieuses : Dites-moi, votre ange l, de quel sexe est-il ?Alors l (geste de la main qui oscille), je suis oblig de laisser planer un doute, parce que je nen

    sais rien ! Do vient-il ?Il va vers sa chute !Parce que lange, attir par la lumire des projecteurs sy prcipitebloui, lange sy brle les ailes et lange choit !

  • Et un ange qui a chu est dchu ! !Mesdames et messieurs la mmoire de tous les anges qui sont tombs dans cette salle, nous

    allons observer une minute de silence(Lartiste voyant passer un ange, les gens rient.)(Lartiste avec un geste de la main qui oscille :)Il ny a que des doutes qui planent !

  • Linconnu du 11 Novembre

    propos de minute de silence, le 11 Novembre dernier, jtais sous lArc de Triomphe. Leprsident de la Rpublique tait en train de ranimer la flamme du tombeau. Toute larmefranaise tait sur le pied de guerre au repos !

    Tout coup, ct de moi, jobserve un soldat qui ne mtait pas inconnu ! !Profitant de la minute de silence, je lui dis (parce que lon peut en dire, des choses, pendant une

    minute de silence) : Dites-moi, votre visage ne mest pas inconnu ?Il me dit : a mtonnerait ! Personne ne me connat ! Moi-mme, je ne me connais pas !Je lui dis : Pourtant, vous faites bien partie dun bataillon ?Il me dit : Oui, mais jy suis inconnu ! ! !Je lui dis : Vous tes inconnu au bataillon ? Pourtant, vous avez bien un nom ?Il me dit : Oui. On mappelle Hep ! .Je lui dis : Hep ? Ce nest pas un nom !Il me dit : Non, cest un diminutif ! Mon vritable nom, cest : Hep ! Toi l-bas, oui toi ! ! !Et puis, la minute de silence se termine. Je relve la tte Il ntait plus l !Et puis, tout coup, je crois le reconnatre. Je lui crie : Hep ! Toi l-bas, oui toi !Le prsident de la Rpublique se tourne vers moi Il me dit : Moi ?Je lui rponds : Non, pas toi ! Je ne lavais pas reconnu !

  • Il y a quelquun derrire

    Lartiste est seul sur scne.(Aprs stre retourn rapidement plusieurs fois :)Cest drle ! Tout coup, jai eu limpression quil y avait quelquun derrire moi !Cela marrive parfois quand je suis tout seul.Tout coup, jai limpression quil y a quelquun derrire moi. Je me retourne et puis, il ny a

    personne !Cela arrive dautres aussi !Je ne sais plus qui me disait quil connaissait un monsieur qui, lorsquil tait tout seul, avait

    toujours limpression quil y avait quelquun derrire lui.Alors, il se retournait tout le tempsEt finalement, il ny avait jamais personne !Et il ajoutait : Il doit tre dtraqu !Je lui dis : Dtraqu, cest vite dit ! Dabord, comment savez-vous quil ny avait personne derrire

    lui, puisquil tait tout seul ?Il me dit : Parce que jtais l !Je lui dis : Donc, il y avait quelquun !Il me dit : Il ne pouvait pas me voir. Jtais derrire !Je lui dis : Oui ! Mais a justifiait son impression. Et part vous, derrire lui, il ny avait personne ?Il me dit : Non, jtais tout seul !Je lui dis : Ah oui ! Mais alors, qui me prouve que ce nest pas vous qui avez eu limpression quil y

    avait quelquun devant vous ? H ! Cela justifierait tout ! Vous avez eu limpression quil y avait quelquun devant

    vous, lequel forcment vous donnait limpression quil y avait quelquun derrire, puisque vous ytiez !

    Il avait du mal me suivre, hein ! Il me dit : Dabord, sil ny avait eu personne devant, je laurais vu !Je lui dis : Cest justement quand il ny a personne devant quon ne la voit pas !L, il ne me suivait plus du tout !Et pourtant, javais toujours limpression quil tait derrire moi. un moment, je me retourne et puis, il ny avait personne ! a justifie ce que je viens de

    vous dire.Vous me suivez, l ?

  • Alors, coutez !(Directement au public :)Sil vous arrive, comme moi en ce moment, davoir limpression quil y a quelquun derrire

    vous, ne vous retournez pas ! Parlez-lui.(Sadressant, sans se retourner, quelquun qui est cens tre derrire lui :) Je sais que vous tes derrire moi, vous savez Vous pouvez rester ; a ne me drange

    pas ! Maintenant, ce que vous y faites (Interrogeant le public :)Quest-ce quil fait ? Il fait des grimaces Cest ce quils font tous, quand ils sont derrire

    vous, ils font des singeries les primitifs !Si vous permettez, je voudrais vrifier une chose ! Parce que l, jai limpression quil y

    a quelquun derrire moiJe me demande, si je me retournais Est-ce que jaurais limpression quil y a quelquun devant ?

    (Il se retourne.) Cest drle !Jai toujours limpression quil y a quelquun derrire !

  • Supporter limaginaire

    La force de limaginaire !On simagine que limaginaire, cest lger cest futile ! alors que cest primordial !Seulement, il faut faire attention !Lorsquon a la prtention, comme moi, dentraner les gens dans limaginaire, il faut pouvoir les

    ramener dans le rel, ensuite et sans dommage !Cest une responsabilit !Parce que vous entranez les gens dans limaginaire et puis, il y en a qui vont plus loin que

    vous ! Et vous rentrez tout seul !Pendant un certain temps, sur scne, je mimais un monsieur qui a soif et qui boit et qui fume ! Je

    commenais par mimer les objets Pour bien mimer les objets, il faut les sentir, de telle sorte quilsfinissent par exister aux yeux des autres, pas aux miens !

    (Moi, je ne suis pas dupe. Je suis lartiste !)Je commence par mimer un monsieur qui se roule une cigarette (Il mime tout ce qui suit :) Le

    papier le tabacJe passe les dtailsIl se les roule lui-mme ! On voit la cigarette, l ?Merci beaucoup !La langue, on la voit ? Bote dallumettes (Il mime celui qui, par deux fois, craque une

    allumette sortie de sa bote, allumette qui casse.)( la troisime fois, il allume rellement une cigarette. La rejetant loin de lui :)Rhahh !L, je suis all trop loin ! Je recommenceCest un monsieur qui a soif et qui boit et qui a cess de fumer parce que ce nest pas bon pour

    sa sant !Je commence par mimer les objetsOn voit bien le verre, en transparence ?La bouteille on la sent bien ?Elle est flagrante !Moi, jai tellement lhabitude que jarrive voir ltiquette. Vous, vous ne pouvez pas la

    voir Forcment, elle est l (Il retourne rapidement sa main.)L, il faut faire vite, sans cela, on voit tout ! Je commence par me servir un verre de vin (Il le

    mime puis mime celui qui boit.)Il est bon et puis, il est frais !Alors, quand il fait chaud dans la salle, les gens (il se passe la langue sur les lvres).Au quatrime verre, jarrte !Parce quil y a des gens qui se lvent et qui se rendent au bar !Il y en a dautres qui montent sur le plateau pour trinquer avec moi !Cela mest arrivUn jour, un monsieur du premier rang il monte sur le plateau il me tend son verre enfin, il

    me tend la main Je la lui sers enfin je la lui remplis.Il la boit.

  • Il me dit : Cest un bon cru !Je lui dis : Je le crois !Il me dit : Allez, on remet a !Je lui dis : Une seconde ! Limaginaire, cest comme tout ! Il ne faut pas en abuser ! Parce que tout

    lheure (geste de monter la tte). Le temps que je fasse a, je le vois qui fait a (geste derattraper quelque chose.)

    Je lui dis : Quest-ce quil y a ?Il me dit : Heureusement que je lai rattrape !Je lui dis : Quoi ?Il me dit : La bouteille ! Quand vous avez fait a (il le refait) vous lavez lche !Il y croyait, limaginaire !Il me rend la bouteille Ce ntait plus la mme ! Elle avait augment de volume Parce

    que, comme il avait la main plus large que la mienne (Moi, jai une main qui tient peu prs unlitre Voyez ! La sienne faisait au moins un litre et demi !)

    Comme jy gagnais, je nai rien dit !Lui, il na vu que du feu.Il buvait toutes mes paroles, et comme je parlais beaucoup, un moment, je le vois qui

    titubait Moi, je titubais aussi (Mais moi, je ntais pas dupe. Je suis lartiste !) Je lui dis : Dites donc ! Vous tes venu en voiture ici ? Cest vous qui conduisez ?Il me dit : Oui ! Cest moi qui porte ma voiture en bandoulire ! (Rappel de Ceinture de scurit .)Je lui dis : coutez ! Il faut tre raisonnable Il faut regagner votre sige !Il me dit : Daccord !Comme il ne tenait plus debout, je lui glisse le mien. Il sy laisse choir bien ! Rien dire ! Il me

    dit : Allez, montez ! Je vous ramne ! Moi, je ntais pas dupe : mais je suis mont quand

    mme ! un moment, il regarde sa main Je lui dis : Quest-ce que vous regardez ? Cest la carte routire ?Il me dit : Non ! Cest la carte des vins Cest pour viter les bouchons !Il me dit : Allez, en route !Quand jai vu comment il conduisait je lui dis : Attention ! Jai limpression quil y a quelquun devant !Il me dit :

  • Moi, jai plutt limpression quil y a quelquun derrire !Je lui dis : Cest vous qui avez raison ! Cest parce que je regardais dans le rtroviseur ! Dites donc ! Il y a

    un gendarme qui nous suit Il y a un gendarme qui nous suit ! Arrtez ! Surtout, ne vous retournezpas ! Laissez-moi lui parler ! (Sadressant quelquun derrire :) Gendarme ! Je sais que vous tesderrire moi, vous savez ! Non, non, vous pouvez rester ! a ne me drange pas ! Je sais que do voustes, vous devez avoir limpression de voir devant vous une voiture qui fait a (geste zigzag) etvous vous dites que cest parce que le conducteur (geste quil est mch).

    Le temps que je fasse a je vois lautre qui fait a (geste de rattraper la bouteille).Je lui dis : Cachez la bouteille ! Ce nest pas le moment de la montrer Je dis au gendarme : Tout a, cest de lillusion ! Cest moi qui ai entran ce spectateur dans limaginaire Or, ce

    spectateur ne supporte pas limaginaire ! Et ma grande stupeur, jentends la voix dun gendarme merpondre :

    Que vous soyez dans limaginaire, cest normal, vous, vous tes lartiste ! Mais moi, je suisgendarme et je ne suis pas dupe ! Alors l, jai dit au spectateur :

    coutez ! Je crois que nous sommes alls trop loin dans limaginaire ! Il faut faire machinearrire et en vitesse !

    Il me dit : Daccord !Il met le moteur en route il met en marche arrire Crrr !Jentends comme un bruit de kpi cras ! Un choc ! Plus de voiture !Il ny avait plus que le sige et moi dessus, videmment !Moi, jen suis sorti indemne(Je ntais pas dupe Je suis lartiste !)Mais le spectateur Moi, jai limpression quil y est rest, dans limaginaire Parce que je nai

    retrouv ni le verre ni la bouteille !

  • Les ombres dantan

    (La lumire steint brutalement.)LARTISTE (allumant une bougie) :Les plombs ont saut !LE PIANISTE : Mais non ! Cest par conomie !LARTISTE (se promenant, la bougie allume la main) :Cest par conomie ! Cest par conomie ! pargnons ! pargnons ! Cest le mot dordre du

    ministre des Finances : pargnez ! pargnez ! Et je vous pargnerai ! Alors, pour faire desconomies dlectricit, ils ont rduit au minimum les feux de la rampe. Moi-mme, qui ne suis pasune lumire, je me suis mis en veilleuse ! Jconomise ! Jconomise sur tout ! Jconomise masalive je ne dis plus quun mot sur deux. Exemple :

    Quand on me demande comment a va, au lieu de rpondre trs bien , je rponds trs et lebien qui me reste, je cours le dposer ma banque ! Regardez ! Oh, la belle obscurit ! Oh, que cestbeau ! Il y a longtemps que je navais vu une telle obscurit ! On ne sait plus ce que cest quelobscurit. force de vouloir faire la lumire sur tout, on ne distingue plus rien ! coutez ! Je croyaisconnatre cet endroit Eh bien, la faveur de la pnombre, jy dcouvre des choses Regardez ! regardez ce coin sombre !

    (Lartiste indique le ct cour :)Tout lheure, la lumire, il passait inaperu !(Se dirigeant vers la cour :)O est-il pass ?(Revenant au centre :)Ah ! Ce que cest beau ! Ce sont les ombres dantan ! On nen fait plus des comme celles-l ! Les

    ombres, pour bien les voir, il faut les regarder la lueur dune bougie !(Citant Brassens :)Moi, mes amours dantan, ctait de la grisette,Margot la blanche caille et Fanchon la cousette !O sont les plombs ? la cave ? Ah ben, voil la cave, tiens !(Lartiste mime louverture dune trappe par laquelle il descend :)Je ne vois pas trs bien, mais enfin(Il mime la descente dun escalier tournant, sappuyant dune main contre la paroi.)Je ne vois pas trs bien les marches ! dire vrai, je ne les vois pas du tout ! Il fait froid ! Il fait

    froid et humide a suinte de partout ! Atchoum ! !(Se tournant vers la trappe fictive :)La porte, sil vous plat !(Se promenant dans la pice :)Cest une cave, a ?(Arrivant prs du piano :)Ah ! il y a des bouteilles !(Revenant vers le centre et levant sa bougie :)Oh ! cest une grotte !(Promenant sa bougie :)

  • Il y a des fresques sur les murs.(Levant sa bougie :)Oh ! mais cest plein de ttes de bison, l-haut ! Il y a des inscriptions l ?(Il promne sa bougie sur une paroi fictive.) Attention la peinture ! a ne date pas dhier, a ! Il y a des graffiti palolithiques Et l ?

    Limagination au pouvoir. a date ! Et l ? Oh ! mais il y a des ossements ? (Lartiste relve sajambe de pantalon et claire son mollet.) Oh, un tibia ! (Il relve lautre jambe et lclaire.) Jai lemme ! (Sapprochant du piano :) Quest-ce que cest que a ? Cest un sarcophage ?

    (La lueur de la bougie claire le pianiste assis au piano.)Oh, un crne ! a, cest lhomme de Cro-Magnon ! Quelle belle matire rflexion ! (Se tournant

    vers le fond cour :) Ah, voil le compteur ! (Il sen approche et manuvre une manette fictive. Lalumire revient.) (Hbt, il regarde autour de lui et aperoit le pianiste.)

    Vous tes le pianiste de ce piano ?(Les gens rient, il les dcouvre .)Qui sont ces gens ?LE PIANISTE : Cest un spectacle !LARTISTE : Ah ! Cest un spec-ta-cle ! Jai d me tromper dendroit Jai d faire une

    fausse manuvre.(Il repart lendroit du compteur fictif et en manuvre la manette en sens contraire. Lobscurit

    revient.)LARTISTE (cherchant sorienter) : Jai d descendre trop bas !(Il repre lescalier et en mime la monte jusqu larrive sur le palier.)Je suis dj venu ici je suis venu ici Je connais cet endroit ! Ah, cest ici que jai fait mes

    dbuts ! Je mimais le funambule, sur ce fil. Il y avait un escalier, l !(Musique.) (Lartiste mime la monte sur la plate-forme, puis quelques pas sur le fil)Je nai plus lhabitude Je ne vois plus le fil Je suppose quil est l Cest dangereux parce

    que je mappuie sur une simple supposition ! Je suppose quil est l (son pied glisse sur le soldevant lui), mais il pourrait aussi bien tre ici (son pied glisse sur le ct) ou l (son pied glissede lautre ct. Sappuyant dessus :) Tenez ! Cest une question dimagination ! Limagination, cestfabuleux !

  • Lapparition de la parente

    LARTISTE (sadressant quelquun en coulisse ct cour) : Comment ? La dame est l ? Bravo !(Au pianiste :)La dame est l !(Devant son air interrogatif :)Cest une dame que jai invite. Elle est arrive.( la dame :)Une seconde, madame, je vous prsente tout de suite ! (Au public :)Mesdames et messieurs, je vais vous prsenter une dame. Cest une proche parente moi, une

    proche parente. Elle sappelle madame Close. Dans le temps, elle tenait une agence de voyages.(Aprs avoir jet un coup dil en coulisse, baissant le ton :)

    Je vous signale tout de suite quelle est assez extravagante. Figurez-vous quil y a quelquetemps, elle a donn une trs grande rception chez elle. Elle my a invit Je my suis rendu Ellema reu dans lentre :

    Venez que je vous prsente mes invits !Elle ma fait entrer dans un salon clair aux bougies o il ny avait

    personne ! Mais personne ! ! Et l, elle ma prsent un tas de gens : Je vous prsente monsieur Untel !LARTISTE (serrant une main imaginaire) : Enchant ! Madame Unetelle ! Oh ! (Mme jeu. Baisemain.) Il y avait un monde l-dedans ! Au bout dun certain temps que

    je jugeais raisonnable, jai dit : Madame il est tard. Il faut que je me rende au thtre le public mattend.Elle me dit : Oh jaimerais tellement le connatre, votre public !Je lui dis : Madame, la premire occasion, je vous le prsenterai !Loccasion se prsentant, je vais vous la prsenter Il y en a pour deux

    minutes : Entrez, madame ! Venez ! Venez !(Il va la chercher en coulisse et tend son bras qui disparat derrire le rideau ct cour.) (Au

    public :) Elle nose plus !(Il prend par le bras une prsence concrtise par le spot dune poursuite et revient au centre de

    la scne.)LARTISTE ( la dame fictive) : Je vous prsente le public, madame !(Au public :)La parente en question ! La parente, pas lapparente ! (Lorsque le public applaudit, lartiste dit

    la dame :) Cest pour vous ils vous applaudissent ! Vous tes contente ?(La parente lui dit quelque chose loreille.) Ah non !(Explication au public :) Elle veut chanter !Non ! Non ! Il faut tre raisonnable. Venez !(La tenant toujours par le bras, il amorce une sortie.)(Au pianiste :)

  • Dites ? Voulez-vous avoir lobligeance de raccompagner cette dame en coulisse, sil vous plat ?LE PIANISTE (se levant et prenant le bras de la dame) : Bien sr ! Venez, madame ! (Le pianiste

    se dirige vers la coulisse ct jardin.)LARTISTE (avec un petit signe de main) : Je vous tlphone, madame !(Comme le pianiste et la dame vont pour sortir :)LARTISTE (au public) : Vous voyez quil croit nimporte quoi !

  • La quatrime dimension

    Attention ! Madame Close existe Madame Close existe, je lai rencontre dans un universparallle dans ce que lon appelle la quatrime dimension !

    Parce que cette quatrime dimension, tout le monde en parle et puis personne ny est jamaisentr, finalement ! Parce que cest un milieu trs ferm.

    Si vous navez pas de relations, vous nentrez pas, l-dedans !Moi, jy suis entr par accidentFigurez-vous quun jour, jtais chez moi Tout coup, jentends : uitte !Ctait une lettre que le postier venait de glisser sous la porte.Je louvre Ctait une invitation de madame Close une rception quelle donnait le soir mme

    en sa maison. Je navais rien dautre faire. Je me dis : Je vais y aller ! Je mhabille, je sors Jepasse chez la fleuriste pour y acheter quelques fleurs chez la crmire pour y acheterquelques petits-beurre et petits fours. Et jarrive devant la maison Close dont la porte taitouverte Et l, jentends la voix de la concierge qui me dit :

    Monsieur, la maison Close est ferme !Je lui dis : Pourtant, la porte est ouverte, madame ! Oui ! Mais la maison est close coutez jai une invitation de madame Close Quelle madame Close ? Cest une proche parente moi. Dans le temps, elle tenait une agence de voyages.Elle me dit : Cest au 36e tage !Je lui dis : Merci, madame ! Je vais prendre lascenseur(Il mime la scne.)Jouvre la grille de lascenseur Je rentre dans lascenseur Je referme la grille, je vais pour

    appuyer sur le bouton Il ny en avait pas !Pas de boutons dans un ascenseur ?Je me dis : a doit sexpliquer. Il y a une explication tout ! Tant pis, je vais prendre lescalier. Je sors de lascenseur, je vais pour prendre lescalier et je maperois que lescalier ne dpassait

    pas le plafond !Je me dis : a doit sexpliquer. Il y a une explication tout ! Je vais voir dehors et je maperois que limmeuble navait pas dtages Eh bien, a

    expliquait pourquoi, dans lascenseur, il ny avait pas de boutons !Je dis la concierge : Madame la concierge, il ny a pas de 36e dessus ! Mais le 36e, ce nest pas au-dessus cest en dessous !Effectivement, lescalier qui ne montait pas descendaitJarrive dans les 36e dessous. Je tombe sur un mur au milieu duquel il y avait un trou de

  • serrure. Intrigu, jy glisse un il. Quest-ce que je vois ?Mon il qui tait pass de lautre ct !Je me dis : Ce nest pas possible ! Jenfonce mon doigt dans la serrure, je me le fourre dans lil ! Je retire

    ma main et je maperois que mon doigt tait rest dans la serrure Je me dis : Cest peut-tre mon doigt, la clef ? laide des doigts qui me restaient, je tourne mon doigt dans la serrure Il nallait pas ! Ce

    ntait pas le bon doigt ! Jessaie lautre Trop gros ! Tout le trousseau de doigts y estpass Aucun doigt nallait !

    Machinalement pour rflchir, je mappuie contre le mur et uitte !Je passe au travers !Vous ne pouvez pas savoir ce que cest que de passer travers un mur ! La jouissance quon

    prouve ! Parce que la quatrime dimension, ce nest pas autre chose !Cest passer au travers de travers tout ! Cest le voyage dans lespace ! Et je me retrouve chez

    moi ! Tout coup, jentends : uitte ! Ctait une lettre que le postier venait de glisser sous la porte ! Jelouvre Ctait une invitation de madame Close une rception quelle donnait le soir mme en samaison. Donc, je navais pas rv !

    L, je me suis dit : Non seulement je peux voyager dans lespace, mais en plus, je peux voyager dans le

    temps ! Alors, comme javais le temps, je me dis : Je vais y aller ! Je vais pour sortir et je maperois que ma porte dentre tait ferme clef mais de

    lextrieur ! Intrigu, je glisse un il dans le trou de la serrure.Quest-ce que je vois ?Mon il qui tait pass de lautre ct !Cela ne ma pas tellement surpris, parce que ce ntait pas la premire fois !Jenfonce mon doigt je me le refourre dans lil ! Comme quoi, on fait toujours les mmes

    btises ! Et l, je ralise que puisque je suis dans la quatrime dimension, je nai pas passer par laporte ; je nai qu traverser le mur, comme tout le monde !

    Uitte ! Je passe travers le mur !Dehors, le ciel tait dgag je men souviendrai toujours, parce que je me suis fait lobservation

    suivante : Tant mieux ! Tant qu faire qu voyager dans le temps, il vaut mieux que le temps soit beau ! Jarrive devant la fleuriste Uitte ! Je passe au travers comme une fleur ! La crmire comme

    dans du beurre ! Jarrive devant la poste, je la franchis comme une lettre ! Et jarrive devant lamaison Close dont la p