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Service des relations avec le public +33 450 43 24 27 Secrétaire Générale, Responsable relations avec le public et du jeune public Edwige Nuellec _ edwige.nuellec@chateau-rouge.net Attachée aux relations avec le public Violaine Séguy _ [email protected] Richard II de Shakespeare m.e.s. de Guillaume Séverac-Schmitz Collecf Eudaimonia mardi 17 janv. 19h30 mercredi 18 janv. 20h30 Château Rouge – Grande Salle Durée : 2h10 conseillé dès 14 ans PT 22€ / TR 19€ - 20 ANS 14€ / AB 17€ chateau rouge scène conventionnée scène régionale DOSSIER PEDAGOGIQUE

Richard II - Château Rouge...L’Histoire Ecrite par William Shakespeare en 1595, La vie et la mort du roi Richard II, raconte l’abdication de ce roi, dont le règne a duré 22

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Page 1: Richard II - Château Rouge...L’Histoire Ecrite par William Shakespeare en 1595, La vie et la mort du roi Richard II, raconte l’abdication de ce roi, dont le règne a duré 22

Service des relations avec le public +33 450 43 24 27Secrétaire Générale, Responsable relations avec le public et du jeune public Edwige Nuellec _ [email protected]ée aux relations avec le public Violaine Séguy _ [email protected]

Richard II de Shakespeare

m.e.s. de Guillaume Séverac-Schmitz

Collectif Eudaimonia

mardi 17 janv. 19h30mercredi 18 janv. 20h30

Château Rouge – Grande SalleDurée : 2h10 conseillé dès 14 ans

PT 22€ / TR 19€- 20 ANS 14€ / AB 17€

chateau rougescène conventionnéescène régionale

DOSSIER PEDAGOGIQUE

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L’équipe

un spectacle présenté par Le Collectif Eudaimonia

Conception Guillaume Séverac-Schmitz/Collectif Eudaimonia

Avec Jean Alibert, François de Brauer, Olivia Corsini, Baptiste Dezerces, Pierre Stéphan Montagnier, Thibault Perrenoud et Nicolas Pirson

Traduction, adaptation, dramaturgie Clément Camar-MercierScénographie Emmanuel ClolusCréation lumière Pascale BongiovanniCréation costume Emmanuelle ThomasCréation sonore Yann France/Guillaume Séverac-SchmitzRégisseur général/son Yann FranceRégisseur lumière Héla SkandraniConstruction Les Ateliers du Grand T, Théâtre de Loire AtlantiqueConstruction des accessoires Atelier du TDA de PerpignanAssistante de production Cécile UsaiProduction/administration/diffusion EPOC-Productions Emmanuelle Ossena et Charlotte Pesle-Beal

Production déléguée : Le collectif Eudaimonia Co-productions: Théâtre de l’Archipel-Scène nationale de Perpignan, Les théâtres Aix-Marseille/Gymnase-Bernardines, Le théâtre Montansier de Versailles, Le Cratère-Scène nationale d’Alès. Aide à la création: du Ministère de la culture et de la communication - DRAC Languedoc Roussillon, du Conseil Régional Languedoc Roussillon, du Conseil départemental de l’Aude, de la SPEDIDAM et du dispositif d’insertion de l’école du Nord/CDN Lille-Tourcoing soutenu par la Région Nord Pas de Calais et la DRAC-Nord Pas de Calais. Avec le soutien : de l’ARCAL-Cie Nationale d’art lyrique, du théâtre Jacques Coeur de Lattes, de la Cie Sandrine Anglade et de Réseau en scène Languedoc Roussillon / réseau de diffusion. Remerciements: Au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (CNSAD), au théâtre le Sillon de Clermont l’Hérault, au Conservatoire de Vincennes, à la Cie HO-Sara Llorca.

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IdentitéLe travail du Collectif Eudaimonia tire son énergie dans l’esprit de groupe et la cohésion qui l’anime durant la création. Nous avons le souhait profond de parler au monde avec un constant souci de vérité et nous pensons que le théâtre est une fête; qu’il doit l’être à l’endroit du partage et de la joie.

Nous abordons ici Shakespeare à travers l’histoire d’un homme qui perd tout, mais qui dans sa chute nous révèle qu’il y a une manière de gagner qui consiste à perdre. Pour la raconter, nous mettrons l’humain au centre de la création en instaurant un dialogue permanent entre les acteurs et les concepteurs. En ce sens, nous tendons vers un théâtre moderne où la créativité et la sensibilité de chacun des membres de l’équipe sont au service de l’oeuvre que nous défendons.Le projet se veut donc exigeant, créatif, rassembleur et résolument populaire.Nous partirons du texte, de ce qu’il met en jeu et de ce qu’il dit.

Nous partirons de ce qu’écrit Shakespeare, sans complexe, sans préjugés, en ayant l’ambition de toucher les enjeux dramatiques de son texte, pour en révéler la puissance.

Nous aurons à coeur de montrer qu’il y a dans chacune de ses oeuvres une part très intime de nous-même. Richard II est celle que nous avons choisie de montrer au public pour témoigner de cette universalité.

Ligne artistiqueNotre démarche part d’un principe simple : retrouver une part de notre intimité au sein d’un poème dramatique pour définir précisément les enjeux émotifs, les situations dramatiques et les lignes de force de l’oeuvre choisie.Il est capital, au-delà du rapport purement intéressé ou aimant que l’on peut éprouver pour une pièce, d’y trouver la nécessité personnelle de la révéler et de la rendre vivante sur un plateau de théâtre. Notre choix de créer Richard II est donc né d’un souci de cohérence et d’honnêteté.Puissante, poétique et bouleversante, Richard II est une oeuvre dans laquelle se trouve la clé de l’équilibre shakespearien entre épique et tragique. C’est l’histoire d’un roi qui chute et qui perd tout. Il passe d’une stature divine à celle d’un simple mortel. Ainsi, l’Homme sera au centre de cette création.La nouvelle traduction et l’adaptation ont été spécifiquement pensées pour ce projet, et donc pour les acteurs.

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le spectacle

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Le mot du collectifSi l’on continue encore de monter Shakespeare aujourd’hui, c’est qu’il y a dans son oeuvre quelque chose d’immortel, d’intemporel, d’infini mais aussi quelque chose qui demande toujours à être ré-interrogé, redécouvert, réinterprété. L’ambition du spectacle tente de réunir ces deux pôles : embrasser la poésie géniale de Shakespeare et l’ampleur de sa pensée tout en comprenant aujourd’hui la portée du discours de la pièce que ce soit d’un point de vue humain, politique mais aussi théâtral.En effet, si Richard II est l’histoire d’un roi qui chute, c’est aussi celle d’un acteur qui laisse le premier rôle. Rarement ce geste, souvent assimilé à la quintessence même du tragique, est interprété comme une gloire, une réussite : comme s’il n’y avait pas plus royal que de laisser sa place...

Tant de contradictions et de questionnements sont soulevés quand vous êtes confrontés à l’oeuvre du dramaturge anglais : si en cerner toutes les ambiguïtés est une priorité, savoir les éclairer pour les rendre lisibles et efficaces lors du passage au plateau est une nécessité. C’est dans cette perspective d’efficacité et de lisibilité que la mise en scène se doit d’être tout aussi épique et spectaculaire qu’intime et poétique. L’oeuvre est étoffée pour pouvoir être jouée par une troupe de sept acteurs. Ainsi le théâtre est sans cesse mis en abyme, il se construit à vue par les acteurs eux-mêmes. En entretenant un rapport concret avec les spectateurs, le lieu de représentation devient plus qu’une simple salle de spectacle mais l’Angleterre entière du roi Richard. Shakespeare l’avait compris : que le théâtre a bien les épaules pour rêver de grande Histoire.

Le collectif Eudaimonia

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L’HistoireEcrite par William Shakespeare en 1595, La vie et la mort du roi Richard II, raconte l’abdication de ce roi, dont le règne a duré 22 ans (1377-1399). Cette pièce historique commence après l’assassinat Thomas de Woodstock, duc de Gloucester, oncle du roi. Suite à une querelle à ce propos, RIchard II bannit Bolingbroke, duc de Lancastre et Mowbray, duc de Norfolk. Profitant d’avoir pillé la fortune de Jean de Gand, père de Bolingbroke, Richard part faire la guerre en Irlande. A son retour, Bolingbroke est revenu en Angleterre, réclamant l’héritage de son père. Forcé (ou non, selon les interprétations...), Richard donnera son royaume et sa couronne à Bolingbroke, le laissant devenir Henry IV, nouveau roi d’Angleterre. Sur un malentendu (ou non, selon les interprétations...), le nouveau roi fera assassiner Richard, alors tourmenté par la folie, dans sa cellule de prison.

Maintenant, vois ! Vois comme je me défais !Je me défais de ce poids qui entourait ma tête,

Je me défais de ce sceptre qui encombrait ma mainEt me défais du roi qui faisait battre mon coeur...

Richard II. IV/1

Les personnages Jean Alibert : Thomas de Woodstock, duc de Gloucester et Edmond de Langley, duc d’York, Oncles de Richard.François de Brauer : Henry Bolingbroke, duc de Hereford, fils de Jean de Gand et cousin de Richard.Olivia Corsini : La duchesse de Gloucester, veuve de Thomas de Woodstock / La reine Isabelle, épouse de Richard / Lord Ross, partisan de Bolingbroke / La duchesse d’York,femme du duc d’York et mère du duc d’Aumerle. Baptiste Dezerces : Le duc d’Aumerle, fils du duc d’York, cousin et ami de Richard.Pierre Stéphane Montanier : Jean de Gand, duc de Lancastre, père de Bolingbroke et oncle de Richard / Lord Bushy, ami de Richard / l’évêque de Carlisle, partisan de Richard / L’aide jardinierThibault Perrenoud : Le Roi Richard II d’AngleterreNicolas Pirson : Thomas Mowbray, duc de Norfolk / Henry Percy, Comte de Northumberland, partisan de Bolingbroke.

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LE SPECTACLE

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Le Collectif Eudaimonia(L’eudémonisme (du grec : εὐδαιμονία / eudaimonía, « béatitude » ) est une doctrine philosophique posant comme principe que le bonheur est le but de la vie humaine. Le bonheur n’est pas perçu comme opposé à la raison, il en est la finalité naturelle.)

Pas d’acteurs, pas de théâtre.Le processus de création de Richard II comprend un principe fondamental qui place le collectif artistique au centre. C’est la ligne du Collectif Eudaimonia.Dans un premier temps, le travail de recherche dramaturgique est nécessaire pour appréhender les lignes de tensions, les enjeux, les situations, les objectifs, l’espace de jeu. Et, dans un second temps, c’est aux acteurs de s’emparer de ce matériau pour le rendre vivant. Voilà le sens des répétitions.L’objectif : leur donner les moyens de rendre signifiant ce monde complexe par des actions simples.Nous tendons vers un théâtre qui vise une certaine forme de virtuosité, où la complexité se mêle à la simplicité, où l’exécution se mêle à l’interprétation, où l’exigence professionnelle de l’acteur face à son texte est égale à celle du musicien face à sa partition.

Direction d’acteurLes personnages shakespeariens sont tous habités par ce que nous appellerons : la verticalité.Loin d’être une intellectualisation, cette notion a une valeur très concrète au plateau.Avant tout, Shakespeare raconte des histoires et ses personnages sont des entités qui font un lien entre le ciel et la terre, entre le paradis et l’enfer. Les acteurs doivent les suivre.Dans Richard II, les figures ont un rapport concret à ses pôles opposés : ils les nomment, ils les invoquent, ils jurent en leurs noms et ils y puisent souvent la force de leurs actions.Les personnages revêtent donc un caractère sacré qui élève considérablement les enjeux des situations que les acteurs doivent traverser. Dominique Goy-Blanquet+ ajoute même qu’aucun «rôle n’est stable, c’est le leitmotiv des tragédies de la fortune, laquelle d’un tour de roue fait d’un roi un mendiant et d’un mendiant un prince (…) tout ce qui vit est sujet au changement. »Cette dualité oblige les acteurs à troquer la globalité d’un jeu linéaire pour la versatilité d’un jeu protéiforme. Ainsi, la vie peut arriver sur scène. Parcours d’acteursRichard II comprend une trentaine de rôles dans sa version originale. Ici, nous avons adapté l’oeuvre pour qu’elle soit jouée par sept interprètes. C’est un choix délibéré et mûrement réfléchi.Certains acteurs n’auront qu’une seule partition, comme Richard par exemple, et d’autres auront une partition composée de plusieurs rôles. L’ensemble de l’équipe aura donc à défendre un parcours équivalent en taille au sein du spectacle, permettant ainsi de créer une solidarité très forte au sein de l’équipe. Cette forme de contrainte, souvent nécessaire et source d’originalité, amène l’ensemble des concepteurs du spectacle à attaquer la pièce de manière créative, à travers ce que nous jugeons de plus important: sa force dramatique.

Les éléments : du sacré à la terre…Par son lyrisme et sa poésie, Richard II renferme un univers symbolique très puissant qui embrasse la vie des personnages. Ainsi, la mise en scène s’emparera de ces symboles en déployant leur portée théâtrale.Des éléments naturels seront très souvent utilisés comme métaphores pour renforcer considérablement le caractère sacré de l’oeuvre.En effet, en plus du travail fondamental autour de la direction d’acteur, il nous semble important d’aborder la pièce par cet angle poétique et vibrant de la sacralisation.

AXE DE MISE EN SCENE

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Ces deux principes du travail de mise en scène (les acteurs et le sacré) ont vocation à dialoguer et à fusionner selon les situations.Le but: créer des images puissantes qui naissent du texte et de la pensée des acteurs pour venir sublimer leur présence au plateau.

Par exemple, Richard II commence par un règlement de compte entre deux personnages qui, devant le roi, se renvoient violemment la responsabilité de la mort du duc de Gloucester, oncle de Richard.Or, il se trouve que c’est Richard lui-même qui a commis ce meurtre. Stratégie politique, meurtre violent et lien du sang viennent se télescoper et nous éclairent sur la nature du règne et la personnalité du Roi.Cette scène du meurtre à proprement parlé n’est pas écrite dans la pièce, elle est simplement évoqué dans la première scène par le biais des protagonistes qui font naitre son enjeux. Afin d’éclairer le spectateur sur la personnalité de Richard, nous mettrons en scène le meurtre de Gloucester. Ce sera le prologue du spectacle.

Un autre exemple: la terre est un élément fondamental de la pièce. Symbole de l’Angleterre elle cristallise toutes les émotions. Le rapport que les personnages entretiennent avec elle est passionnel.Elle représente leur origine, leur culture. Ils la considèrent comme une mère.L’attachement qu’ils lui portent se manifeste dans le texte à travers des prises de paroles lyriques, parmi les plus belles de la pièce. Célébration de sa grandeur, énoncé de sa chute, prière mystique, ode poétique, elle est l’objet de toutes les métaphores. Les personnages y puisent leur force et leur élan vital pour affronter les situations qu’ils traversent. Ainsi, la terre sera concrètement présente sur le plateau et fera son apparition aux moments où le destin des personnages qui l’invoquent sera sur le point de basculer. De même, d’autres éléments naturels fondamentaux, comme le vent et l’eau, ont une symbolique très forte.Versatiles, imprévisibles, magnifiques et parfois meurtriers, ils seront aussi utilisés dans la mise en scène comme expression de l’état intérieur des personnages.

...Du pouvoir à la poésie.L’énigme reste entière. Pourquoi Richard décide-t-il d’abandonner si promptement le pouvoir? «Tout est à vous»: d’un seul coup, comme ça. Quelle mouche l’a donc piqué? Dans la pièce, tout est jeu de pouvoir, vilain jeu qui tourne vite au massacre.Les personnages passent leur temps à se laver les mains, au sens figuré.Imaginons-le sur scène, au sens propre. Comme le nez de Pinocchio se rallonge au mensonge, toutes ces mains avides de pouvoir se tâchent dès que l’ambition gonfle. Il faut donc passer son temps à se laver les mains car la soif de pouvoir n’est efficace que bien insidieusement masquée. Mais peut-on vraiment détourner les autres de nos volontés quand elles sont aussi majestueuses que la royauté ?Richard, lui, se lave les mains dès le début: il a tué son oncle. Mais peu à peu, ce n’est plus lui qui a soif de pouvoir, cette soif s’estompe au nom d’une fièvre poétique. Ces mains ne se tâchent plus car il abandonne totalement l’addiction au pouvoir, éternellement liée au sang, pour pénétrer un autre monde, fou, féérique, malade du verbe. Le pouvoir fatigue car il nécessite cette frénétique ablution qui assèche les mains. La terre, le sang, le pouvoir: c’est la soif des humains. Il s’évade vers l’autre monde, vers le ciel: là où on peut résider au son d’une musique. Mais pour cela, il faut mourir: car tout est pourri au royaume du pouvoir. Dans un terrible bain de sang, la poésie nous tuera tous. Et si c’était donc elle qui avait emporté Richard ?

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Que Dieu pardonne tous ces serments violés envers moi,Que Dieu garde inviolés tous les serments envers toi,

Mais qu’Il ait pitié de moi qui maintenant n’ai plus rienComme il doit te bénir, toi qui maintenant a tout.Que tu trônes longtemps sur le trône de Richard,

Et que rapidement enterré dans un trou soit Richard!Longue vie au roi Henry...

Richard II

Le rapport Scène/SalleRichard II est une pièce historique. Comme à son habitude, Shakespeare a pris deslibertés avec certains passages de l’Histoire, afin d’accélérer le récit, de le rendre plus intense et plus captivant.On pourrait dire qu’il a théâtralisé l’Histoire d’Angleterre tout en amplifiant sa force dramatique. Dans le but de conserver et d’exploiter cette force et qu’elle puisse être reçue par un public français d’aujourd’hui, il nous paraît fondamental de penser un rapport actif entre la scène et la salle.Les évènements qui surviennent dans Richard II sont très souvent liés au peuple.Richard, le roi, et Bolingbroke, son ennemi, ont des partisans qui seront les témoins privilégiés de l’histoire, au même titre que doivent l’être les spectateurs. Ainsi, le public sera invité à sortir de son écoute habituellement passive pour embrasser une destinée active et prendre place au coeur des événements. La scénographie sera aussi pensée à cet effet. Elle fera varier les niveaux de proximité des acteurs au public, allant même jusqu’à les confondre parfois.

FiliationD’un simple regard, Richard II raconte l’histoire d’un homme qui prend la place d’un autre entraînant ainsi sa chute et sa dépossession. C’est aussi une histoire de familles: tous les enjeux des protagonistes, bien que royaux et aristocrates, les ramènent à leur dimension humaine.Ainsi, ils éprouvent les joies de l’amitié, la passion amoureuse, l’injustice de l’exil, la colère de la trahison, la douleur du deuil ou la tristesse de la séparation. «Je mange du pain, comme vous, je ressens le manque, je souffre la douleur et j’ai besoin d’amis...» nous rappelle le roi Richard.Humanité et la filiation: voilà deux fondements pour le travail de l’acteur autant que pour les émotions du spectateur. Ce qui doit aboutir, pour les acteurs, à un rapport concret au plateau. Quant aux spectateurs, ils pourront comprendre les événements dont ils sont les témoins.

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Conception & scénographie par Emmanuel Clolus

Chercher un espace de jeu simple avec un grand pouvoir d’évocation; une sorte d’étendue ou l’acteur peut évoluer seul ou en groupe ou muni d’accessoires, bordée de part et d’autre d’échelles dédiées à la technique; support de projecteurs, d’enceintes, de ventilateurs, de fumée …Plateau de bois posé sur un liner, pouvant recevoir de l’eau, du sang, de la terre: le tout balayé par le vent….Les quatre éléments tissent des liens dans l’histoire de Richard et traversent les êtres: soit ils y grandissent, soit ils y périssent.

Costumes par Emmanuelle Thomas

Mon travail, sur ce spectacle, sera en étroite collaboration avec Guillaume bien sûr, mais surtout avec les comédiens. Créer un costume nécessite un dialogue constant avec le metteur en scène mais aussi avec le comédien afin de souligner le caractère et le statut du personnage incarné. C’est comme cela que je conçois mon travail.La mise en scène étant moderne et actuelle mais s’appuyant néanmoins sur un texte datant du XVIème siècle et sur une histoire se déroulant au XIVème siècle, mon travail sera donc d’allier modernité et esthétique, de m’inspirer des codes vestimentaires d’une époque passée tout en gardant un oeil neuf sur la coupe et les lignes des costumes. L’une des particularités de cette pièce est le nombre conséquent de personnages (une trentaine au moins) mais qui sera pour cette mise en forme jouée par seulement sept comédiens. J’essaierais donc de trouver comment transformer un personnage en un autre d’une manière significative et rapide. J’imagine une base de costume assez neutre pour chacun, qui sera facilement modifiable avec un rajout de différents éléments de costumes, sans oublier le maquillage et la coiffure qui viendront appuyer ces transformations de silhouettes. Cette contrainte reste tout de même un vrai défi.Guillaume a évoqué l’idée du tatouage pour le rôle de Richard II, un lion dessiné sur le dos. Le tatouage sera aussi le fil conducteur entre les différents clans. Il représentera pour Richard II une sorte de talisman et de symbole religieux: le roi des rois, le Dieu des dieux!Pour cette première étape de travail je me nourris de différents artistes comme Klimt ou Rothko pour le couleur, en passant par des couturiers comme Lacroix, Kenzo ou Issey Miyake. L’esthétique japonaise m’inspire pour le graphisme des tatouages, mais aussi pour la sobriété et l’élégance des silhouettes. J’aime travailler les détails et les matières. Le choix des tissus sera très important dans ce travail.La ligne des costumes pourra évoluera en fonction de la morphologie des comédiens, de la mise en scène, du décor et des lumières...

La musique par Yann France et Guillaume Séverac-Schmitz

La musique tiendra une place très importante, elle sera au coeur de notre travail.Les respirations du texte, les grandes envolées lyriques, les récits intimistes, les entre-actes seront propices à son utilisation. Son rôle sera d’épouser la sensibilité du texte afin de soutenir la narration et de garantir le rythme du spectacle.Nous utiliserons des musiques additionnelles très variées, de la musique baroque à la musique électronique. Certaines d’entres elles seront aussi composées spécialement pour le spectacle.

CONCEPTIONS

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DramaturgieNotes sur la nouvelle traduction et l'adaptation pour la scène par Clément Camar-Mercier

Si la traduction a l'air de toujours se poser comme un problème dans l'histoire et dans l'approche de la littérature, il faut aussi par-fois savoir embrasser sa beauté. Au théâtre, ce serait de pouvoir offrir à chaque nouvelle création d'un même texte: un nouveau souffle, une nouvelle langue. Au fond, la traduction dramatique est là pour servir la poésie du théâtre : pour une seule pièce, un nombre illimité detextes. Imaginez !

Il n'y a aucun travail de comparaison à faire entre les différents et merveilleux travaux autour de Shakespeare, que ce soit les traductions universitaires les plus fidèles ou les adaptations les plus folles. Chaque travail de traduction est différent: il s'agit d'un geste pour comprendre l'auteur, connaître le théâtre pour lequel il écrivait et sa contextualisation autant sociale, poétique que métaphysique. D'autre part, la connaissance de la langue dans laquelle on traduit a toujours plus d'importance que la langue depuis laquelle on traduit. Il faut tenter de recréer un nouveau texte fidèle à un esprit plus qu'à un contenu, fidèle à une forme plus qu'à un sens, fidèle à une esthétique plutôt qu'à un discours.Et puis, une oeuvre "complète" de Shakespeare n'a aucun sens, les textes ont sans cesse été modifiés, souvent écrits en commun avec les acteurs (pour les théories les moins loufoques...), transcrits depuis les notes des souffleurs ou écrits de mémoire par les acteurs. C'était donc déjà un théâtre en mouvement, d'où l'intérêt encore de continuer ce mouvement par la traduction.Pour prendre un exemple: une des particularités les plus intéressantes à développer avec ce théâtre, ce sont les différents niveaux de langage utilisés par Shakespeare, selon les personnages. Une traduction trop fidèle à un discours de l'époque ne peut pas avoir le même effet sur un public d'aujourd'hui qui n'a ni les mêmes références historiques, ni le même rapport au théâtre. L'idée est que le spectateur ne doit pasêtre limité dans son immersion au théâtre par ces références, évidentes à l'époque Élisabéthaine, contraignantes aujourd'hui et qui nuisent à l'urgence dramaturgique essentielle à Shakespeare.

Ce qui pouvait paraître vulgaire ou commun à l'époque de Shakespeare peut nous apparaître soutenu aujourd'hui. Disons grossiè-rement que cette proposition d'adaptation utilise les registres contemporains pour faire ressentir les ruptures dans les registres de l'époque élisabéthaine. Si ces adaptations de langage existent, le texte reste une traduction fidèle qui, par une orientation dramaturgique originale, tente de retrouver le lyrisme théâtral propre à l'anglais de l'auteur.

Intéressons-nous aussi à la ponctuation: dans cette traduction, elle est adaptée aufrançais, car son utilisation est différente d’une langue à l’autre, mais, bien sûr, inspirée par le rythme du texte original – pour en retranscrire l’humeur et l’énergie. Idem pour les sauts à la ligne, ils collent parfois avec le vers Shakespearien mais marquent plus souvent une proposition de respiration, de rupture dans le phrasé français – ou aident simplement à la compréhension. Autre exemple: les jeux de mots ou les blagues doivent être adaptés et à l’époque, et à la langue française. Quitte à s’éloigner un peu du sens d’une blague... Mieux vaut faire rire aujourd’hui! Je ne pense pas que le contenu d’une blague, d’un jeu de mot ou d’une allitération soit le plus important, ce qui est important c’est de faire rire quand Shakespeare voulait faire rire. Pareil pour la fluidité et le rythme. Toujours garder le tempo: quitte à s’arranger en disant différemment.Pour ce qui est du travail d’adaptation, il a été fait en étroite collaboration avec le metteur en scène, ainsi le texte de cette création relève d’un double travail qui ne peuvent qu’exister ensemble. Cette nouvelle traduction de la pièce ne peut donc pas se détacher de l’adaptation pour la mise-en-scène qu’elle propose: intrigue étoffée, moins de personnages, clarification du propos historique, rythme accéléré,transitions plus brutales, etc.

Ne plus penser la traduction comme un problème mais comme une chose incroyable, un outil merveilleux: voilà ce que permet le théâtre. Puisque Shakespeare est aussi atemporel qu’universel, pertinent satire qu’exigeant tragédien: ce travail semble couler de source. Les pièces peuvent renaître sans cesse, non plus par l’intermédiaire unique de la mise en scène, mais aussi par le travail de traduction et d’adaptation dramatique qui nous fait penser le texte dans une nouvelle époque, pour un autre public et grâce à une langue différente qui ne doit détériorer ni la poésie ni le sens profond du verbe décryptant l’âme humaine avec toujours plus de véracité. Et puis l’important : n’est-ce pas la soif d’énergie vitale que nous apporte la poésie?

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Que doit faire le roi maintenant?

Se soumettre? Le roi le fera.

Se déposer? Le roi acceptera.

Perdre le nom de roi? Au nom de dieu je le laisse filer.

J’échange mes bijoux contre un chapelet, Mon somptueux palais contre un couvent, Mes habits élégants contre un torchon, Mes verres décorés contre une pinte en bois, Mon sceptre contre une canne de marche, Mes sujets contre une paire de statuts, Et mon très grand royaume contre une petite tombe, Une toute petite, petite, petite tombe, Très sombre. Ca ne changera pas grand-chose, car mon coeur, aujourd’hui, est lui-même piétiné.

Richard II. III/3

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Sur le traducteur par François Regnault(Texte écrit après la création de la nouvelle traduction de Richard III par Clément Camar-Mercier)

Tout traducteur en envie un autre. Horace a inventé la formule : « Engeance irritable des poètes » , mais bien plus existe la gente irritable des traducteurs ? De toute façon, toute personne un peu frottée d’une langue étrangère trouvera toujours que tel mot n’est pas bien rendu dans la sienne : « Non, to be, ce n’est pas tout à fait être ! C’est plus…, c’est moins…, etc. » Donc, Clément Camar-Mercier traduit leredoutable Richard III (redoutables et la pièce et le Roi). Eh bien ! Partons de l’essentiel : cela passe fort bien la rampe. On entendait tout, et aussi ce que Shakespeare laisse entendre sans le dire, ou dit sans le penser, ou pense en laissant entendre autre chose, car il était retors, ou, si vous préférez, baroque.

Traduire une pièce de théâtre en vers, cela consiste, je le pense, à bien rendre les mots, mais aussi les figures, métaphores, tournures, trouvailles, audaces, jeux de mots, et les équivoques, presque toujours obscènes – si nombreuses chez Shakespeare qu’on en a souvent le tournis – et aussi les injures ; et puis les phrases, de façon qu’on les distingue comme phrases, et la syntaxe parfois complexe, de façon qu’on en perçoive le mouvement et la portée. Et puis les vers, qu’on traduise en prose, en vers nombrés ou en vers libres, comme ici… Et puis le style, cette chose bizarre dont Buffon dit que c’est « l’homme même » (« l’homme à qui on s’adresse », ajoute Lacan), même si l’homme Shakespeare, on ne sait toujours pasqui il était (j’entends le poète, je laisse de côté les fariboles sur son existence et sur son identité), et que peut-être l’homme était bel et bien vous et moi, s’adressant en même temps à vous et à moi. Et en outre, il faut savoir tra-duire la réplique comme réplique de théâtre, et puis aussi l’ampleur d’une tirade, et l’étendue d’une scène entière, et, pour finir, la pièce dans toute sa trajectoire !

Je pense que Clément Camar-Mercier est soucieux des objets tangibles, de la réalité, d’en venir, comme on dit, au faire et au prendre, donc des verbes, donc des actions. Allons donc ! Prenons un exemple. Les injures, si es-sentielles : « rooting hog », dit Margaret à Richard ; on peut traduire « porc fouisseur », oui, c’est élégant, mais « cochon fouineur », traduit Camar-Mercier : on voit mieux l’objet en question,dans sa boue…En reconduisant Shakespeare à ses objets réels, à des tours familiers, à des actions concrètes, à des trajets aisés à suivre, posons que Clément Camar- Mercier, loin de prosaïser, ramène son poète à la scène, mais l’ouvre d’autant plus au vent qui passe, dans la folle équipée de ce si sympathique monstre, dont nous retiendrons qu’il la com-mence par « l’hiver de son déplaisir », mais pour nous faire aussitôt passer par ces nuages dissipés à ce que nous oublions : son été – sanglant – de gloire !

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Baptisé le 26 avril 1564 à Stratford-upon-Avon et mort le 3 mai (23 avril) 1616 dans la même ville, est considéré comme l’un des plus grands poètes, dramaturges et écrivains de la culture anglaise. Il est réputé pour sa maîtrise des formes poétiques et littéraires, ainsi que sa capacité à représenter les aspects de la nature humaine.Figure éminente de la culture occidentale, Shakespeare continue d’influencer les artistes d’aujourd’hui. Il est traduit dans un grand nombre de langues et, selon l’Index Translationum, avec un total de 4 281 traductions, il vient au troisième rang des auteurs les plus traduits en langue étrangère après Agatha Christie et Jules Vernes . Ses pièces sont régulièrement jouées partout dans le monde. Shakespeare est l’un des rares dramaturges à avoir pratiqué aussi bien la comédie que la tragédie.Shakespeare écrivit trente-sept œuvres dramatiques, entre les années 1580 et 1613. Mais la chronologie exacte de ses pièces est encore discutée. Cependant, le volume de ses créations n’apparaît pas comme exceptionnel en regard de critères de l’époque. Ces oeuvres principales : Roméo et Juliette, Hamlet, Macbeth, Othello, Le Roi Lear, Antoine et

Cléopâtre, Henri V, Jules César, Le Songe d’une nuit d’été, Beaucoup de bruit pour rien, Le Marchand de Venise, La Nuit des rois, La Tempête, Comme il vous plaira, Richard II...

On mesure l’influence de Shakespeare sur la culture anglo-saxonne en observant les nombreuses références qui lui sont faites, que ce soit à travers des citations, des titres d’œuvres ou les innombrables adaptations de ses œuvres. L’anglais est d’ailleurs souvent surnommé la langue de Shakespeare tant cet auteur a marqué la langue de son pays en inventant de nombreux termes et expressions. Certaines citations d’ailleurs sont passées telles quelles dans le langage courantwww.wikipedia.org

WILLIAM SHAKESPEARE

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EQUIPE

Guillaume Séverac-Schmitz - metteur en scène

Acteur, Musicien et metteur en scène , formé au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris (CNSAD), Guillaume Séverac-Schmitz dirige Le Collectif Eudaimonia-Cie de création.Il joue sous la direction de Mario Gonzalez : Georges Dandin au théâtre 95 de Cergy Pontoise et en tournée, Spectacle pour lequel il recevra le prix du meilleur acteur au festival d’Angers 2008.Cécile Garcia-Fogel Deux fous dans la forêt (1ère version) variation sur les sonnets de Shakespeare à la maison de la poésie à Paris, Karelle Prugnaud La nuit des feux d’E. Durif, Théâtre National de la Colline.Wajdi Mouawad Littoral et Forêts et la trilogie Le sang des promesses au Festival d’Avignon/Cours d’honneur du Palais des Papes, Théâtre National de Chaillot puis tournée en France et à l’étranger.Jean Louis Martinelli Ithaque de Botho Strauss au théâtre des Amandiers de Nanterre/Mc2 de Grenoble et tournée.Jean Michel Ribes, l’Opéra bouffe et tumultueux René l’énervé de Jean Michel Ribes, Théâtre du Rond Point/Opéra National de Nancy Lorraine.Sara Llorca Les deux Nobles Cousins de Shakespeare et Fletcher au théâtre 13 (côté Seine), Carline d’acanthe,Théâtre à la Campagne de David Lescot, au JTN, Comédie de Genève, Théâtre des trois ponts de Castelnaudary.David Lescot Les jeunes, spectacle en tournée et créé au théâtre de la Ville-Paris.Il participe au festival de La Mousson d été, où il travaille avec Michel Didym, Laurent Vachet et David Lescot. Il participe également en mars 2014 à la Master Class les trois soeurs D’Anton Tchékhov dirigé par Jean Francois Sivadier dans le cadre du Festival Les art’scènes à Nantes.En Décembre 2012, il fonde Le Collectif Eudaimonia et conçoit en novembre 2013 le Solo Un obus dans le coeur de Wajdi Mouawad au Théâtre des 13 Vents- CDN de Montpellier, actuellement en tournée 14/15.Guillaume Séverac-Schmitz est Artiste Associé au Théâtre de l'Archipel-Scène Nationale de Perpignan et aux théâtres-Aix-Marseille/Grand théâtre de Provence- Paume-Gymnase-Bernardines.

Clément Camar-Mercier - assistant et dramaturge

Diplômé de l’ENS-l’Ecole Normale Supérieure en Histoire et Théorie des Arts, Clément Camar-Mercier est doctorant et enseignant en études cinématographiques à l’université d’Aix-Marseille.Pendant son parcours universitaire, il se forme à l’art théâtral avec Christian Schiaretti, Olivier Py, Brigitte Jaques-Wajeman, François Regnault, Alice Zeniter ou Octavio de la Roza.Depuis, il continue de collaborer avec les quatre derniers comme assistant, vidéaste, dramaturge ou scénographe. Il a aussi travaillé pour Arte, la cinémathèque de Montréal ou France Culture.En 2012, il monte sa compagnie Les Fossés Rouges, qu’il dote d’un lieu de création dans la région Centre, et il met en scène Pour un tombeau d’Anatole, d’après Stéphane Mallarmé, pour la réouverture du théâtre universitaire de la rue d’Ulm.En 2013, sur commande de la compagnie Juste Avant, il traduit et adapte Richard III de William Shakespeare pour le théâtre régional d’Arbois. Répondant à une nouvelle commande de cette compagnie, il écrit en 2014, L’émouvante épopée d’Elvis K. pour des élèves de l’EPSAD à Lille.

En 2014, Guillaume Séverac-Schmitz lui commande une nouvelle traduction et adaptation de Richard II. Parallèlement, il a créé une société de production audiovisuelle, spécialisée dans le clip, la captation de spectacles et le courtmétrage.En 2015, en tant que dramaturge et assistant, il travaillera au Théâtre de la Ville-Paris pour Brigitte Jaques-Wajeman et au théâtre de Vanves pour Alice Zeniter, avant de créer son nouveau spectacle Avec grâce, librement inspiré de Yukio Mishima.

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Bibliographie• La tragédie du roi Richard II, traduction de Jean Michel desprats aux éditions la pléiade• Les deux corps du roi, essai sur la théologie politique au moyen âge d’Ernst Kantorowicz - Collection Quarto/

Gallimard• Will le magnifique, biographie de Shakespeare par Stephen Greenblatt aux éditions Flammarion• Etude dramaturgique de Richard II, par Dominique Goy-Blanquet aux éditions Armand Colin

Travail proposé pour différentes disciplines Français • Analyse du texte de Shakespeare.• Étude des adaptations littéraires et cinématographiques.• Travail autour de la littérature élisabéthaine.

Philosophie • Travail autour du pouvoir et de la décadence.

Anglais• Etude du texte original.• Etude de la civilisation élisabéthaine.

HistoireShakespeare nous décrit Richard II comme un roi faible, avide de pouvoir, autoritaire, qui ne se repentira qu'une fois à terre, ce n'est pas l'image que l'Histoire a gardé de ce roi. Faites une étude comparative.

L’abdication du Roi, un tournant pour l’Histoire anglaise

Richard II est le dernier roi de la dynastie des Plantagenêts, qui s’est installée en Angleterre deux siècles et demi plus tôt, avec le couronnement d’Henri II et Aliénor. En forçant Richard II a abdiqué, Henri IV mets donc fin à l’une des grandes familles royale, mais il ouvre aussi une brèche.L’irrésistible coalition de grandes familles aristocratiques qui s’est formé autour du Duc de Bolin-broke, ajouté au soutien quasi unanime des élites bourgeoise et cléricale, permet une rébellion facilitée par l’absence, au début de 1399, du roi qui fait alors campagne en Irlande. Elle aboutit à la capture de Richard II. Son vainqueur, malgré ses proclamations antérieures, entend obtenir pour sa maison de Lancastre bien plus que la restitution de ses fiefs : ayant extorqué à Richard la convo-cation d’un parlement, il lui arrache une abdication « volontaire » que ce parlement ratifie le 30 septembre 1399. Cependant, il est difficile pour Henri IV de tenir longtemps emprisonné l’ancien roi légitime, et tout permet de penser que les geôliers ont volontairement laissé mourir de faim Richard II, en février 1400. La déposition et l’assassinat de Richard II ébranlent la conception traditionnelle de la légitimité dynastique et du caractère divin des rois, ouvrant ainsi la voie aux usurpations et aux

révoltes des siècles suivants.

Pour aller plus loin

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Les différentes conséquences • fin d’une dynastie d’héritage de droit divin et royale.Henri de Lancastre devient roi sous le nom d’Henri IV et fonde la dynastie des Lancastre. Son avènement, en-de-hors de toute règle dynastique, porte un coup fatal au prestige de la monarchie. Cette nouvelle dynastie verra sa fin en 1485, soit moins d’un siècle plus tard, pour laisser place aux Tudors avec Henri VII.

• La lignée des Lancastre se verra marqué par la guerre des deux roses.Le fils d’Henri IV, Henri V profite des désordres civils en France pour défaire l’armée française à Azincourt. Il épouse la fille du roi Charles VI le Fou et, par le Traité de Troyes, impose leur fils à naître comme héritier des deux couronnes de France et d’Angleterre. Né en 1421, Henri VI de Lancastre devient roi l’année suivante, à la mort de son père. Il épouse en 1445 la fille du roi René d’Anjou. Mais son autorité se dégrade suite à la perte des possessions continentales, , en juillet 1453. Le mois suivant, le roi manifeste de premiers signes de folie, tout comme son grand-père maternel Charles VI le Fou. L’ironie du sort veut que naisse quelques mois plus tard, son fils et héritier tant attendu, le prince Édouard.Sa femme Marguerite d’Anjou, manifestant une énergie peu commune, le supplée dans la direction du royaume mais doit bientôt faire face à la rébellion du duc Richard d’York...Henri VI et son rival Richard descendent tous deux du roi Edouard III Comme le symbole de la maison de Lancastre est la rose rouge, et celui de la maison d’York la rose blanche, on qualifiera leur guerre de guerre des Deux-Roses. Cette dernière duera 30 ans (1455 à 1485) et mettra fin à leur lignée.

• Propagation d’idée religieuse jugées hérétique qui mèneront à la réforme protestante plus d’un siècle plus tard. La révolution culturelle de WyclifComme si les révoltes sociales ne suffisaient pas, l’establishment anglais doit aussi supporter la contestation reli-gieuse. Celle-ci vient d’un vénérable docteur en théologie d’Oxford, John Wyclif.Dans ses prédications, il n’hésite pas à contester la présence effective du Christ dans l’hostie lors de la commu-nion eucharistique. Il s’interroge aussi sur le sacrement de la pénitence et la pratique des indulgences.John Wyclif finit ses jours en paix en 1384 grâce à des protecteurs haut placés. Mais ses idées qui ont un parfum d’hérésie sont condamnées à titre posthume en 1415 au concile de Constance. La condamnation vient trop tard ! L’entourage tchèque de la reine Anne de Bohême, première épouse du roi Richard II, a déjà véhiculé ces idées à Prague où elles ont inspiré un autre prédicateur de talent, Jan Hus.Jan Hus, moins chanceux que Wyclif, est brûlé vif à Constance. Mais un siècle plus tard, l’Allemand Martin Luther marche sur ses traces avec davantage de succès. Ses prédications provoquent en effet une scission durable dans l’Église catholique.

www. Hérodote.net

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Richard II : la dynamique du gain et de la perte selonGuillaume Séverac-SchmitzPar Julie Cadilhac -Lagrandeparade.fr/ 17/11/15

Richard II de William Shakespeare est une fresque historique de trente personnages, à l’intelligibilité évidente pour les autochtones, bien moins pour les mangeurs de grenouilles que nous sommes.Pour faciliter notre immersion dans cet épisode de la Guerre des Deux-Roses, Guillaume Séverac-Schmitz a ima-giné une version plus que dépoussiérée, vitupérant de jeunesse et de vitalité, délicieusement décalée et exaltée. Optant tout d’abord pour une adaptation, traduction et dramaturgie exclusives, il nous offre l’occasion d’entendre Shakespeare d’une manière bien moins classique qu’à l’accoutumée, rafraîchissant sans l’outrager l’icône sacrée; le verbe se pare ainsi de modernité et d’un franc-parler,dans certaines répliques, cherchant à restituer par sa teneur argotique les niveaux de langue variés qu’utilisait Shakespeare et que les traductions conventionnelles n’osent pas souvent reproduire. A l’ouverture de la pièce, il choisit ensuite de reproduire le meurtre du duc de Gloucester, à l’origine de la dispute entre Bolingbroke et Mowbray, une scène qui n’existe pas dans l’oeuvre originale mais permet aux non-initiés d’avoir sous les yeux l’objet du conflit, d’en mesurer la gravité et d’en mieux percevoir les enjeux.Dans cette interprétation du collectif Eudaimonia, Richard apparaît comme un roi clownesque, un Ubu ex-centrique et freluquet qui, dans sa chute, retrouve peu à peu son humanité. Une figure du pouvoir narcissique qui se noie dans le miroir de sa vanité et des paroles flatteuses des courtisans, embrasse la démesure jusqu’à la folie et oscille entre l’insolence arrogante du petit-fils prodigue et la fragilité -avérée historiquement- du psychopathe. Face à lui, Bolingbroke effectue un parcours inversé : de cousin forcé à l’exil et dépossédé de son héritage, figure de droiture, de loyauté et d’allégeance au Roi Richard, il s’improvise peu à peu héros providentiel pour le peuple anglais, commence à punir ceux qui l’ont outragé et rétrécit sa pitié jusqu’à devenir ce roi paranoïaque dès ses premières heures sur le trône, persuadé qu’on voudra le renverser et qui n’accepte pas de porter la culpabilité de l’assassinat commandité de Richard.Comment exprimer la problématique du pouvoir et de son irrésistible attraction, centrale dans cette oeuvre shakespearienne ? A la Renaissance, voir et pouvoir sont intimement liés. Celui qui éclipse ses adversaires est le grand vainqueur.Guillaume Séverac-Schmitz met ainsi en exergue le «poids» de la couronne d’Angleterre, qui se manifeste physi-quement dans le jeu des personnages. On est quelqu’un quand on la porte, on devient«rien» lorsqu’on s’en dévêt. Eternel recommencement, tous les coups sont permis pour la conserver ou la ravir.

Pour illustrer le caractère spectaculaire de la royauté, la mise en scène exploite également la comparaison shakes-pearienne qui fait de la vie un grand théâtre. Brisant régulièrement les illusions de la représentation (en rallumant les lumières dans la salle et en prenant en compte la présence du public), sur le plateau, les acteurspersonnages ne cessent de réclamer l’attention des spectateurs, tantôt membres de la cour, tantôt peuple courroucé. Les comédiens rivalisent de charisme, de poignées de main, d’artifices et de mots percutants pour gagner son assen-timent. Le comique pointe donc parfois dans cette version singulière car Guillaume Séverac- Schmitz a souhaité montrer des comédiens qui ont bien conscience d’incarner des personnages, de changer de rôles (ils sont 7 pour incarner toute la distribution de Shakespeare) et de ne pas mourir réellement sur scène.... Tout prend un côté carton-pâte, décalé et goguenard...même si la tragédie et sa gravité majestueuse les rattrape toujours et offre de belles scènes d’émotion dramatique.

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La scénographie s’avère inventive quoiqu’épurée : peu de décors, quelques accessoires que l’on remaquille, couvre d’un drap ou badigeonne d’hémoglobine. Un effet d’ombres ou de lumières, uneposture, trois drapeaux ou un brouhaha de grommelots aux inflexions anglaises deviennent la raison suffisante d’une atmosphère. Cette tragédie renfermant un univers symbolique omniprésent, on félicitera les évocations plurielles des éléments naturels, qui se déploient sous nos yeux grâce à un ventilateur, les marbrures et miroi-tements de l’eau, les jeux d’ombres et de lumières, et qui font naître, en étroite collaboration avec le texte et le jeu des acteurs, des images puissantes et mémorables. Une création sonore de qualité, aussi pertinente qu’hété-roclite, permet aussi d’exprimer la poésie et le lyrisme de l’oeuvre. Enfin, la direction d’acteurs est à saluer. Leur justesse et leur tenue sont remarquables, impulsant une énergie indispensable à la bonne digestion d’une pièce de 2h30. Seule au milieu d’un casting masculin irréprochable, Olivia Corsini incarne avec brio tous les rôles de femmes et chacune de ses métamorphoses est un enchantement.Ce Richard II est une récréation shakespearienne de grande qualité. Sous une pluie de pétales de rose, le génie du dramaturge explose de jeunesse, de vitalité et d’inventivité. Le collectif Eudaimonia a incontestablement du talent et est à suivre de très près!

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Propositions d’activités à mener en classe

Avant le spectacle Afin de préparer les élèves à réfléchir à la mise en scène, il est possible de partir des extraits des notes d’intention du metteur en scène et leur demander d’imaginer les grandes lignes de la mise en scène. Chaque groupe d’élève dispose d’une fiche avec des extraits de notes concernant le projet du collectif Eudaimonia et des extraits de texte de la traduction de Clément Camar-Mercier. Chaque groupe surligne des mots-clés, fait du repérage dans les textes se rapportant à l’élément de la mise en scène qu’il doit travailler. Il vaut mieux travailler un élément précis à la fois, il est d’ailleurs préférable peut-être pour certains élèves de limiter le nombre d’ extraits en ne leur donnant que ceux liés à l’élément qu’ils ont à travailler. Les élèves écrivent leurs hypothèses de mise en scène en lien avec ces extraits et le texte. Il est ensuite possible d’effectuer une rapide mise en commun en demandant à chaque groupe de rapporter à l’oral ses hypothèses. Le travail peut s’effectuer également en deux temps : les élèves réfléchissent d’abord sur les extraits du dossier de création et ensuite ils confrontent leurs hypothèses au texte.

• Scénographie : - quel décor ? quelle mise à disposition de l’espace ? quelle technique ? quels accessoires ? - quelles lumières ? - quelles musiques ? - quels costumes ? • Jeu des comédiens (leur couleur, leur posture, leur gestuelle, leur rapport au texte, leur rapport au public).

Document 1. Extraits du dossier de création

Nous abordons ici Shakespeare à travers l’histoire d’un homme qui perd tout, mais qui dans sa chute nous révèle qu’il y a une manière de gagner qui consiste à perdre. Pour la raconter, nous mettrons l’humain au centre de la création en instaurant un dialogue permanent entre les acteurs et les concepteurs. En ce sens, nous tendons vers un théâtre moderne où la créativité et la sensibilité de chacun des membres de l’équipe sont au service de l’œuvre que nous défendons.Le projet se veut donc exigeant, créatif, rassembleur et résolument populaire. Nous partirons du texte, de ce qu’il met en jeu et de ce qu’il dit.

Elle fera varier les niveaux de proximité des acteurs au public, allant même jusqu’à les confondre parfois. Filiation D’un simple regard, Richard II raconte l’histoire d’un homme qui prend la place d’un autre entraînant ainsi sa chute et sa dépossession. C’est aussi une histoire de familles: tous les enjeux des protagonistes, bien que royaux et aristocrates, les ramènent à leur dimension humaine. Ainsi, ils éprouvent les joies de l’amitié, la passion amoureuse, l’injustice de l’exil, la colère de la trahison, la douleur du deuil ou la tristesse de la séparation. «Je mange du pain, comme vous, je ressens le manque, je souffre la douleur et j’ai besoin d’amis...» nous rappelle le roi Richard.Humanité et la filiation: voilà deux fondements pour le travail de l’acteur autant que pour les émotions du spectateur. Cequi doit aboutir, pour les acteurs, à un rapport concret au plateau. Quant aux spectateurs, ils pourront comprendre les événements dont ils sont les témoins

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Dans un premier temps, le travail de recherche dramaturgique est nécessaire pour appréhender les lignes de tensions, les enjeux, les situations, les objectifs, l’espace de jeu. Et, dans un second temps, c’est aux acteurs de s’emparer de ce matériau pour le rendre vivant. Voilà le sens des répétitions.L’objectif : leur donner les moyens de rendre signifiant ce monde complexe par des actions simples.Nous tendons vers un théâtre qui vise une certaine forme de virtuosité, où la complexité se mêle à la simplicité, où l’exécution se mêle à l’interprétation, où l’exigence professionnelle de l’acteur face à son texte est égale à celle du musicien face à sa partition.

Richard II comprend une trentaine de rôles dans sa version originale. Ici, nous avons adapté l’oeuvre pour qu’elle soit jouée par sept interprètes. C’est un choix délibéré et mûrement réfléchi.Certains acteurs n’auront qu’une seule partition, comme Richard par exemple, et d’autres auront une partition composée de plusieurs rôles.

Par son lyrisme et sa poésie, Richard II renferme un univers symbolique très puissant qui embrasse la vie des personnages. Ainsi, la mise en scène s’emparera de ces symboles en déployant leur portée théâtrale.Des éléments naturels seront très souvent utilisés comme métaphores pour renforcer considérablement le ca-ractère sacré de l’oeuvre.

Le but : créer des images puissantes qui naissent du texte et de la pensée des acteurs pour venir sublimer leur présence au plateau.

Les évènements qui surviennent dans Richard II sont très souvent liés au peuple.Richard, le roi, et Bolingbroke, son ennemi, ont des partisans qui seront les témoins privilégiés de l’histoire, au même titre que doivent l’être les spectateurs. Ainsi, le public sera invité à sortir de son écoute habituellement passive pour embrasser une destinée active et prendre place au coeur des événements. La scénographie sera aussi pensée à cet effet. Elle fera varier les niveaux de proximité des acteurs au public, allant même jusqu’à les confondre parfois.

Chercher un espace de jeu simple avec un grand pouvoir d’évocation

La mise en scène étant moderne et actuelle mais s’appuyant néanmoins sur un texte datant du XVIème siècle et sur une histoire se déroulant au XIVème siècle, mon travail sera donc d’allier modernité et esthétique, de m’ins-pirer des codes vestimentaires d’une époque passée tout en gardant un oeil neuf sur la coupe et les lignes des costumes. L’une des particularités de cette pièce est le nombre conséquent de personnages (une trentaine au moins) mais qui sera pour cette mise en forme jouée par seulement sept comédiens. J’essaierais donc de trouver comment transformer un personnage en un autre d’une manière significative et rapide.

Les personnages shakespeariens sont tous habités par ce que nous appellerons : la verticalité.Loin d’être une intellectualisation, cette notion a une valeur très concrète au plateau.Avant tout, Shakespeare raconte des histoires et ses personnages sont des entités qui font un lien entre le ciel et la terre, entre le paradis et l’enfer. Les acteurs doivent les suivre.Dans Richard II, les figures ont un rapport concret à ses pôles opposés : ils les nomment, ils les invoquent, ils jurent en leurs noms et ils y puisent souvent la force de leurs actions.

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Document 2. Extraits de la pièce.

L’Histoire

Ecrite par William Shakespeare en 1595, La vie et la mort du roi Richard II, raconte l’abdication de ce roi, dont le règne a duré 22 ans (1377-1399). Cette pièce historique commence après l’assassinat de Jean de Gand, duc de Gloucester, oncle du roi. Suite à une querelle à ce propos, il bannit Bolingbroke, duc de Lancastre et Mowbray, duc de Norfolk. Profitant d’avoir pillé la fortune de Jean de Gand, père de Bolingbroke, Richard part faire la guerre en Irlande. A son retour, Bolingbroke est revenu en Angleterre, réclamant l’héritage de son père. Forcé (ou non, selon les interprétations...), Richard donnera son royaume et sa couronne à Bolingbroke, le laissant devenir Henry IV, nouveau roi d’Angleterre. Sur un malentendu (ou non, selon les interprétations...), le nouveau roi fera assassi-ner Richard, alors tourmenté par la folie, dans sa cellule de prison.

ACTE I. Scène 2Entrent Gand et la duchesse de Gloucester.

GANDHélas !Ce sang de Gloucester qui coule en moiMe sollicite plus que vos craintesPour me venger des bouchers de sa vie.Mais c’est les mains du Roi qui peuvent en décider,Et c’est ces mêmes mains, que nous ne pouvons châtier,Qui commirent le crime. Confions-nous donc au Ciel.Quand Il verra les heures mûres sur la terre,Il fera pleuvoir une vengeance brûlante sur les pécheurs,Le feu et le souffre sur la tête des coupables.

DUCHESSE GLOUCESTEREst-ce tout ce que t’inspirent les liens fraternels ?N’y a-t-il plus d’amour dans ce vieux sang ?Plus de flamme qui vive ?Toi et tes sept frères étiez comme sept fioles de sang sa-cré.Les sept enfants d’Edouard IIIÉtaient comme les sept branches d’un même arbre.Certaines fioles sont desséchées par la Nature.Certaines branches coupées par les Destinées.Mon cher seigneur, ma vie, mon Gloucester,Cette fiole pleine du sang sacré d’Édouard,Cette branche fleurie d’une royale souche :Brisée ! Sa sève précieuse se répand.Tranchée ! Et ses feuilles d’été se fanent.Par la main de l’envie, la hache sanglante tue.Ah. Gand, ce sang était le tien. Ce lit, ce ventre,Cet acier, dont le moule te façonna aussi,L’avaient fait homme. Tu as beau vivre et respirerEt pourtant : en lui, on t’a assassiné.Tu consens largement à la mort de ton pèreEn voyant la mort de ce frère malheureuxQui était à l’image de ton père vivant.N’appelle pas ça patience, c’est du désespoir.En souffrant ainsi que l’on massacre ton frère,Tu nous montres le passage dénudé de ta vie,Tu apprends au meurtre barbare comment te charcuter.Ce que les communs appellent la patienceN’est que froide lâcheté chez les nobles poitrines.Qu’est-ce que je peux dire encore ? Oui,Pour préserver ta vie, venge ton frère Gloucester

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ACTE I. Scène 3Trompettes.

Le roi s’adresse à Bolingbroke et MowbrayVenez, plus près.Écoutez ce que j’ai décidé :Pour ne pas souiller la terre de notre royaumePar ce cher sang qu’elle a nourri etParce que nos yeux détestent l’aspectDes blessures civiles taillées entre voisins.Réveillée par le désaccord des tambours,Par le son horrible de ces trompettes macabres,Par le choc de vos armes énervées,La douce paix pourrait s’évaporer de nos paisibles terresEt nous faire baigner dans le sang de nos frères.C’est pourquoi ! Nous vous bannissons...Toi, Bolingbroke, sous peine de mort,Avant que dix étés n’aient enrichi nos champs,Vous ne reviendrez pas saluer le paysMais hanterez, étranger, les sentiers de l’exil.

BOLINGBROKECe sera fait. Et comme réconfortLe soleil qui vous chauffe se reflètera sur moi.Que ses rayons dorés enluminent mon exil !

RICHARDMowbray, pour toi, cela est bien plus lourdEt lourd aussi, à dire pour mon coeur.Les lentes spirales du tempsNe pourront guère finir l’infini de l’exil.Cruels et sans espoirs sont les mots :« Ne jamais revenir » ...Mais c’est sous peine de mortQue je te les prononce.

MOWBRAYTrès souverain seigneur, oui, cette sentence est lourdeEt très inattendue venant de votre bouche.Je pense mériter mieux que cette sombre plaieD’être ainsi jeté vers une terre sans prestige.Oui ! Ai-je mérité que vos si nobles mainsMe fasse renoncer à ma langue maternelle ?Et si ma langue abandonne son anglais,Elle n’est pas plus utile qu’une guitare sans cordes...Je suis trop vieux pour vouloir des câlinsOu pour qu’une nourrice me conduise à l’école :Ta sentence est une mort sans voixQui essouffle ma langue de son souffle natal.

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Exemple de pistes sur lesquelles peuvent aller les élèves.

• Scénographie : Peu de décor car mise en avant du texte et de sa force dramatique. Mise en lumière du jeu du comédien qui est intense par le nombre de personnages qu’il a à jouer, les sentiments forts qu’il traverse etc. Proximité facilité avec le public. Comment représenter la symbolique ? Remarquer que certains éléments comme la terre et le sang sont omniprésents, doit-on les représenter sur scène ? Une épée, une couronne peuvent être présentes su r le plateau et les personnages peuvent les utiliser d’une certaine façon pour en dégager la force symbolique. Par exemple, on peut imaginer que Richard ne portera pas de la même façon sa couronne du début à la fin.

• une réflexion sur la traduction.Notes sur la nouvelle traduction et l’adaptation pour la scène par Clément Camar-MercierIl faut tenter de recréer un nouveau texte fidèle à un esprit plus qu’à un contenu, fidèle à une forme plus qu’à un sens, fidèle à une esthétique plutôt qu’à un discours.Et puis, une oeuvre «complète» de Shakespeare n’a aucun sens, les textes ont sans cesse été modifiés, souvent écrits en commun avec les acteurs (pour les théories les moins loufoques...), transcrits depuis les notes des souf-fleurs ou écrits de mémoire par les acteurs. C’était donc déjà un théâtre en mouvement, d’où l’intérêt encore de continuer ce mouvement par la traduction.Pour prendre un exemple: une des particularités les plus intéressantes à développer avec ce théâtre, ce sont les différents niveaux de langage utilisés par Shakespeare, selon les personnages. Une traduction trop fidèle à un discours de l’époque ne peut pas avoir le même effet sur un public d’aujourd’hui qui n’a ni les mêmes références historiques, ni le même rapport au théâtre.

LiensDeux vidéos d’entretiens avec le metteur en scène Guillaume Séverac-Schmitz sur le travail du collectif autour de cette pièce :

• http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/King-Richard-II-14901/entretiens/ • https://vimeo.com/144345114

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Traduction de Victor Hugo / Acte III, scène 1

RICHARD.— Je suis en pleine santé, je respire, et je te vois bien malade.

JEAN DE GAND.— Ah ! celui qui m’a créé sait que je te vois bien malade : — la maladie que tu vois en moi, je la vois en toi. — Ton lit de mort, c’est ce vaste pays, — où tu languis dans l’agonie de ta renommée. — Et toi, trop insoucieux patient, — tu confies ta personne sacrée aux soins — des médecins mêmes qui ont fait ton mal. — Mille flatteurs siègent sous ta couronne, — dont le cercle n’est pas plus large que ta tête ; — et, si petite que soit cette cage, leurs ravages ont toute l’étendue de ce royaume. — Oh ! si d’un regard prophétique ton aïeul avait — pu voir comment le fils de son fils ruinerait ses fils, — il aurait mis ton déshonneur hors de ta portée ; — il t’aurait dépossédé d’avance en te déposant, — plutôt que de te laisser, possédé que tu es, te déposer toi-même. — Oui, cousin, quand tu serais le maître du monde, — il y aurait déshonneur à affermer ce pays ; — mais quand tu ne possèdes au monde que l’Angleterre, — n’est-il pas plus que déshonorant de la déshonorer ainsi ? — Tu es un sei-gneur d’Angleterre, tu n’en est plus le roi : — ta puissance légale s’est asservie à la loi, — et…

RICHARD.Et toi, chétif esprit, imbécile lunatique, — tu te prévaux du pri-vilège de la fièvre, — pour oser avec ta morale glacée — faire pâlir notre joue, pour oser, dans ton délire, — chasser le sang royal de sa résidence native ! — Ah ! par la très-royale majesté de mon trône, — si tu n’étais le frère du fils du grand Édouard, — cette langue, qui roule si rondement dans ta tête, — ferait rouler ta tête de tes insolentes épaules !

Traduction de Clément Camar-Mercier / Acte III, scène 1

GANDAh non !J’ai beau être malade, c’est toi qui est mourant.

RICHARDAh bon ? Mais je respire et je me sens bien.Par contre toi, tu as l’air au plus mal...

GANDAh ! Dieu sait bien que c’est toi qui va mal,Et mon mal est de voir autant de mal en toi...Ton lit de mort n’est rien que ton pays : tu y es allongé,Malade d’insouciance et détesté du peuple.Et pour guérir ton corps sacré, tu prends comme médecins :Les flatteurs qui te blessent et squattent ta couronne.Pourtant, elle n’est pas plus grande que ta tête,Mais ravage pas moins que le royaume entier !Oh ! Si ton grand père eut l’oeil d’un prophètePour voir son petit-fils détruire ses propres filsC’est hors d’atteinte qu’il aurait mis ta hontePour te déposséder avant que te possèdeLa fureur de cette possession qui te dépossédera.Eh ! Mon neveu ! Même si tu contrôlais l’univers,C’est une honte de mettre à louer ce royaume.Mais...

RICHARDMais quel connard, oui !Ton esprit débile se cache derrière la fièvre 20Pour oser me dire toutes ces insultes froidesQui chassent mon sang royal à faire pâlir mes joues.Par mon trône, si tu n’étais pas un frère de mon pèreEt fils du grand Édouard, cette face qui fait rouler sa langue,Roulerait sur le sol bien loin de tes épaules !

GANDEt bien vas-y ! Tue, mon neveu ! Achève-moi !Ce n’est pas la première fois que mon royal sangSera ainsi versé.Souviens-toi de Gloucester : il en est le témoin.Ainsi ne serai-je pas le premier oncleDont tu puises le sang pour te bourrer la gueule.Toi et ma tristesse, vous faites bonne équipe :Fauchez-moi sans attendre, je suis déjà fané !Ta honte survivra à ta honteuse vie,Que ces derniers mots soient pour toi une torture,Je m’en vais dans mon lit, que dis-je,Dans ma tombe.

RICHARDCrève ! Crève !La vieillesse vindicative habille bien les tombeaux.

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guide du spectacle à l’usage de l’enseignant

Vous allez bientôt emmener vos élèves découvrir un spectacle à Château Rouge. Pour certains d’entre eux, ce sera peut-être la première fois qu’ils découvriront l’univers du spectacle vivant. Et comme toutes les premières fois, ce moment particulier mérite qu’on lui porte toute son attention.

Dans tous les cas, il s’agit d’une démarche d’ouverture culturelle nécessitant d’être préparée. Préparation au contenu de la représentation qu’ils vont voir, mais également sensibilisation au monde du spec-tacle, ses règles, ses codes. En effet, être spectateur n’est pas inné, c’est un apprentissage qui se fait aussi dans le cadre de l’école.

Avant le spectacle...

En classe avec mes élèves

• Je leur explique ce qu’est le «spectacle vivant» si cela n’a jamais été fait auparavant : les artistes sont présents physiquement sur scène, face au public. Bien que la salle soit plongée dans le noir, les artistes «voient» les spectateurs dans le sens où ils ressentent leurs attitudes, leurs réactions, leurs émotions. Il y a une véritable interaction entre les artistes et le public. En cela, le spectacle vivant diffère du cinéma ou de la télévision, qui demandent notamment moins de concentration et d’attention.

• J’informe mes élèves sur le spectacle qu’ils vont voir : * Le titre du spectacle * Le genre : cirque, théâtre, marionnettes, danse, théâtre d’objets, concert, conte, etc. * Le nombre d’artistes sur scène, le nom de la Compagnie

• Je collecte et étudie avec eux différents documents liés au spectacle afin de susciter leur curiosité sur le spec-tacle qu’ils verront bientôt. Pour cela, plusieurs documents sont disponibles auprès de Château Rouge ou dans le dossier pédagogique (dis-ponible en ligne sur le site internet de Château Rouge) : * une affiche (sur demande) ou une photo du spectacle * le résumé du spectacle (dans le dossier pédagogique) * des extraits vidéos sur le site internet de Château Rouge

Ces éléments doivent permettre aux élèves de se faire une première idée du spectacle et laisser aller leur imagi-naire sur ce qu’ils vont voir sans pour autant dévoiler la totalité du spectacle.

• Je leur explique les codes et rituels du spectacle :

* L’attente avant l’entrée en salle * L’installation en silence * Le «noir» avant et pendant le spectacle * L’espace de l’artiste – la scène – et l’espace du public – le gradin * Les applaudissements à la fin de la représentation

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• Je leur présente les règles de comportement à avoir dès leur entrée dans la salle de spectacle et pendant toute la durée du spectacle :

* Ne pas parler avec son voisin, ne pas commenter le spectacle : cela gêne les autres spectateurs et surtout les artistes sur scène. * Garder en tête ses commentaires, ses impressions pour en discuter à la fin du spectacle avec les autres élèves (sur le chemin du retour par exemple), puis en classe avec l’enseignant(e). * Ne pas manger ou boire : expliquer par exemple la différence avec ce qui est permis au cinéma : un film continuera à se dérouler quoi qu’il se passe dans la salle alors qu’au théâtre, tout se joue en direct, tout est donc plus fragile.

Il est important d’expliquer ces interdits aux élèves afin qu’ils comprennent qu’il ne s’agit pas d’une punition, mais bien d’une question de respect pour les artistes, pour les autres spectateurs et avant tout pour eux-mêmes.

Avec les parents-accompagnateursJe les informe de leur rôle pour cette sortie culturelle : ils encadrent le déplacement des élèves de l’école à Châ-teau Rouge, mais aussi sur place, pendant le spectacle.

Pendant le spectacle...- Je laisse les enfants vivre et expérimenter différentes émotions : s’émerveiller, rire, sursauter, etc.- J’ai le droit d’intervenir auprès des élèves pendant la représentation, par exemple si un élève est trop agité ou parle pendant la représentation.- Je n’hésite pas à sortir de la salle avec un élève si celui-ci pleure, a très peur ou ne se sent pas bien, et ce pour ne pas déranger le bon déroulement du spectacle.

Après le spectacle...Il est important qu’un retour sur le spectacle soit fait en classe avec vos élèves afin qu’ils puissent exprimer leur point de vue et leurs sentiments sur l’expérience esthétique qu’ils viennent de vivre. Cela peut prendre plusieurs formes, voici quelques pistes :

- rassembler et lister les différents éléments du spectacle : les personnages : quel costume, quelle voix les couleurs dominantes du spectacle les éclairages, les lumières : leur rôle, fort/faible, qu’apportent-ils au spectacle le décor, les accessoires la musique, la bande-son

- exprimer son point de vue : par la parole : cela peut prendre la forme d’un débat par le dessin : demander aux élèves de dessiner leur moment préféré par le jeu, par exemple à l’aide du portrait chinois (Si le spectacle était un animal/un parfum / etc.)

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