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Travail sans risques et culture de la sécurité Le rapport du BIT pour la Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail 2004

Travail sans risques et culture de la sécurité - ilo.org · améliorer une culture de la sécurité, mais on commence à reconnaître que les organisations peuvent adopter un certain

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Travail sans risques et culture de la sécurité

Le rapport du BIT pour la Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail

2004

Journée mondiale pour la santé et sécurité au travail 28 avril 2004

La Journée mondiale du BIT pour la sécurité et la santé au travail a lieuchaque année le 28 avril. L'origine de cette journée remonte à 1989, lorsque des travailleurs américainset canadiens ont décidé de consacrer une journée à la mémoire destravailleurs morts et blessés au travail. La Confédération internationale dessyndicats libres (CISL) a donné à cette initiative une envergure mondiale enla liant à la notion de travail et de lieux de travail durables. Aujourd'hui, plusd'une centaine de pays célèbrent la Journée internationale decommémoration des travailleurs morts et blessés au travail. Le BIT s'est associé à cette initiative en 2001 et 2002. Dans le but de lancerune discussion tripartite et de promouvoir la sécurité et la santé au travail parl'intermédiaire de valeurs partagées, le BIT a décidé en 2003 de passer duconcept de la commémoration des morts à l'organisation d'une journéeconsacrée à la prévention des accidents du travail et des maladiesprofessionnelles dans le monde. Alors que nous nous apprêtons à célébrer pour la deuxième annéeconsécutive la Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail, le BITcontinue, comme il l'a toujours fait, de promouvoir une culture de la sécurité,le tripartisme et le dialogue social. Il s'acquitte ainsi du mandat qui lui aconfié la Conférence internationale du Travail en juin 2003:

entériner l'instauration d'une manifestation ou d'une campagne internationale (Journée ou Semaine mondiale pour la sécurité et la santé) afin de susciter une plus large prise de conscience de l'importance de la sécurité et de la santé au travail et de promouvoir le droit des travailleurs à un milieu de travail sûr et salubre.

Nous vous invitons à nous rejoindre pour promouvoir cette journéeimportante.

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Journée mondiale pour la santé et sécurité au travail 28 avril 2004

Table des matières

INTRODUCTION...............................................................................................1

Evaluation du problème ....................................................................................... 3 La Stratégie mondiale de l’OIT pour la sécurité et la santé au travail .......................... 5 Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail - 28 avril 2004 ...................... 6

SUBSTANCES CHIMIQUES DANGEREUSES............................................9

Accidents majeurs..............................................................................................10 Instruments de l’OIT pour favoriser la sécurité chimique..........................................11 Perspectives......................................................................................................12

LA VIOLENCE AU TRAVAIL ........................................................................15

Qu'est-ce que la violence au travail selon le recueil de directives pratiques? ...............15 Le dialogue social dans le recueil de directives pratiques .........................................17 Une culture de la sécurité pour prévenir la violence au travail ..................................18 SOLVE: dialogue social, politiques et mesures pour prévenir la violence au travail.......18 La violence au travail: prévention et réaction.........................................................19

MALADIES RESPIRATOIRES PROFESSIONNELLES (MRP)............21

L'ampleur du problème.......................................................................................21 Principales lacunes de la prévention......................................................................23 La réponse du BIT..............................................................................................23 Action future: le dialogue social et les systèmes de sécurité et de santé au travail.......25

SITES WEB.......................................................................................................27

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Introduction L'instauration de conditions de travail sûres et salubres est un défi que s'est lancée l’Organisation internationale du Travail (OIT) depuis sa création, en 1919. En effet, certaines des toutes premières normes internationales créées par l’OIT visaient déjà à protéger les travailleurs contre les risques présents dans leur milieu de travail. A mesure que le monde évolue, de nouvelles technologies et de nouvelles formes de travail apparaissent qui se traduisent par de nouveaux défis. Pour pouvoir y faire face, l’OIT estime que, outre les instruments qu'elle a mis au point et les activités menées à bien par le Bureau international du Travail (BIT)1, une "culture de la sécurité" authentique - élaborée par les gouvernements, les employeurs et les travailleurs - est indispensable. En quoi consiste cette culture de la sécurité? Selon les conclusions de la Conférence internationale du Travail de juin 2003, une culture préventive de sécurité et de santé au niveau national est une culture où le droit à un milieu sûr et salubre est respecté à tous les niveaux, où les gouvernements, les employeurs et les travailleurs s'emploient activement à assurer un milieu de travail sûr et salubre par la mise en place d'un système de droits, de responsabilités et d'obligations bien défini, et où le principe de prévention se voit accorder la plus haute priorité. Pour développer et maintenir une culture préventive de sécurité et de santé, il faut avoir recours à tous les moyens disponibles pour améliorer la prise de conscience générale, la connaissance et la compréhension des concepts de danger et de risque, ainsi que la manière de les prévenir et de les maîtriser. L'approche dynamique et progressive nécessaire au développement d'une culture de la sécurité est très semblable à celles qui déterminent une organisation efficace. Certes, on sait qu'il n'existe pas de prescriptions universelles pour élaborer et améliorer une culture de la sécurité, mais on commence à reconnaître que les organisations peuvent adopter un certain nombre de caractéristiques et de pratiques communes pour progresser. On trouvera dans le présent rapport un certain nombre de pratiques bien précises qui ont prouvé leur valeur dans la mise au point d'une culture de la sécurité rationnelle. Toute entreprise a besoin de concentrer ses efforts sur ce que l'on peut décrire comme une évolution continue. Indépendamment de la qualité de sa performance, elle doit perpétuellement réfléchir aux moyens d'améliorer ses résultats; en particulier, elle doit examiner les différents moyens d'améliorer les systèmes et processus en cours, ainsi que la manière d'utiliser les technologies nouvelles au

1 Le Bureau international du Travail, dont le siège se trouve à Genève, est le secrétariat permanent de l’Organisation internationale du Travail. Il fait aussi office de siège opérationnel, de centre de recherche et de maison d’édition.

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profit de tous. C'est en se concentrant sur les améliorations apportées par les travailleurs, à tous les niveaux de l'entreprise, que l'on favorise l'évolution continue. Une approche systémique à la gestion de la sécurité et de la santé au travail au niveau de l'entreprise telle que celle récemment mise au point par les Principes directeurs du BIT concernant les systèmes de gestion de la sécurité et de la santé au travail (ILO-OSH 2001)2 constitue un élément primordial de cette évolution continue. L’OIT considère que l'un des piliers fondamentaux d'une stratégie globale en matière de sécurité et de santé au travail consiste à mettre au point et maintenir une culture préventive de la sécurité et de la santé au niveau national et à adopter une approche systémique de la gestion de la sécurité et de la santé au travail. Comment y parvenir? Les gouvernements ont la responsabilité d'élaborer et de mettre en œuvre une politique cohérente de sécurité et de santé au travail au niveau national et de promouvoir, notamment par l'éducation, une culture de la sécurité chez tous les citoyens dès leur plus jeune âge. Les employeurs ont pour responsabilité de s'engager à fournir un milieu de travail sûr et salubre, en mettant sur pied des systèmes de gestion de la sécurité et de la santé au travail conformes aux Principes directeurs du BIT, ILO-OSH 2001. Selon ces mêmes principes directeurs:

La santé et la sécurité au travail, y compris le respect des prescriptions de sécurité et de santé au travail applicables dans la législation et réglementations nationales, sont la responsabilité et le devoir de l'employeur. L'employeur devrait jouer un rôle de premier plan dans les activités relatives à la sécurité et à la santé au travail dans l'entreprise et faire le nécessaire pour établir un système de gestion à cet effet.

Les travailleurs ont pour responsabilité de coopérer avec leur employeur à la création et au maintien d'une culture de la sécurité sur le lieu de travail et de participer activement à la mise au point et au fonctionnement du système de gestion de la sécurité et de la santé au travail de l'entreprise. Ils devraient être consultés, informés et formés sur tous les aspects pertinents et disposer du temps et des ressources nécessaires pour participer activement, par exemple aux travaux des comités de sécurité et de santé au travail. Selon les principes directeurs ILO-OSH:

la participation des travailleurs constitue un élément essentiel du système de la gestion de la sécurité et de la santé au travail dans l'organisation.

2 Disponibles sur le site Web suivant: www.ilo.org/public/english/protection/safework/managmnt/index.htm.

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L’OIT - seul lieu au monde où gouvernements, employeurs et travailleurs se réunissent sur un pied d'égalité - est bien placée pour exercer une influence sur les activités à l'échelle mondiale dans le domaine de la sécurité et de la santé au travail. Comme l'a fait remarquer le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan:

La sécurité et la santé des travailleurs font partie intégrante de la sécurité humaine. En tant qu'institution des Nations Unies, chef de file pour la protection des droits des travailleurs, l'OIT est en première ligne pour promouvoir et défendre la sécurité et la santé au travail. Travailler dans des conditions salubres ne relève pas uniquement d'une politique économique efficace; c'est aussi un droit humain fondamental.

Evaluation du problème Gouvernements, employeurs et travailleurs sont unanimes à reconnaître que la prévention des lésions, des maladies, des handicaps et des décès consécutifs à des accidents du travail et à des maladies professionnelles est une priorité. La prévention qui consiste à créer une culture de la sécurité faisant partie intégrante des objectifs de l'entreprise présente donc le plus grand intérêt pour tous. Pour progresser dans ce domaine, il faut d'abord mesurer l'ampleur de l'occurrence des lésions et des maladies professionnelles dans le monde. Le BIT dispose de ses propres estimations concernant le nombre des accidents du travail et des maladies professionnelles au niveau mondial.

Estimations du nombre des accidents du travail et des maladiesprofessionnelles

• Les estimations du BIT ne se rapportent pas à des accidents enregistrés oudéclarés mais elles se fondent sur les informations existantes concernantl'exposition effective à certains risques professionnels et sur les connaissancesrelatives aux conséquences d'une exposition à ces risques. Les accidents de trajetne sont pas inclus dans ces chiffres.

• Pratiquement aucun pays ne dispose d'un système global de déclaration et

d'enregistrement, notamment en ce qui concerne les maladies professionnelles, etles systèmes existants de compensation des travailleurs sont fondés sur lesdécisions administratives.

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Dans les pays en développement, il n'est pas rare de trouver des régimesd'assurance qui ne protègent que 2 à 3 pour cent de la population active contreles accidents du travail et qui n'assurent aucune couverture contre les maladiesprofessionnelles.

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Le tableau ci-après présente des estimations réalisées par le BIT sur les décès d'origine professionnelle répartis par sexe (voir tableau 1). L'écart entre le nombre d'hommes et de femmes s'explique en grande partie par la répartition des deux sexes dans les emplois dangereux. Les hommes sont plus nombreux à travailler à des postes où ils sont exposés aux dangers de l'amiante et d'autres substances cancérigènes, aux risques d'accidents et aux maladies circulatoires et respiratoires. Par ailleurs, le nombre important de femmes travaillant dans l'agriculture dans les pays en développement les rend particulièrement vulnérables aux maladies contagieuses, par exemple, le paludisme, les hépatites, la schistosomiase (infection propagée par un parasite présent dans l'eau) et d'autres maladies bactériennes virales et à transmission vectorielle, liées au travail. Tableau 1. Estimations mondiales par sexe du nombre des accidents du travail et des maladies professionnelles mortifères (BIT, 2000)

Causes Mortalité liée au travail, hommes

Mortalité liée au travail, femmes

Total

Maladies transmissibles 108 256 517 404 625 660

Tumeurs malignes 570 008 64 975 634 984

Maladies de l’appareil respiratoire 127 226 17 562 144 788

Maladies du système circulatoire 337 129 112 214 449 343

Maladies neuropsychiatriques 18 827 5 384 24 212

Maladies du système digestif 16 307 4 959 21 266

Maladies vénériennes 9 163 1 200 10 362

Accidents et violence sur le lieu de travail 311 493 34 226 345 719

Mortalité totale 1 498 410 757 925 2 256 335 Source: www.ilo.org/safework.

Le BIT insiste sur le fait que, parallèlement au développement économique, un important élément de tout programme national de sécurité et de santé au travail devrait être l'élaboration d'une base de données fiable sur le nombre réel des accidents du travail et des maladies professionnelles. Ces informations pourront par la suite servir de base aux programmes de prévention, à l'action normative et aux activités de sensibilisation et de promotion. Le message à communiquer est que la mise en œuvre d'une culture de la sécurité permettra d'éviter de nombreux accidents du travail et maladies professionnelles. La Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail célébrée chaque année le 28 avril nous donne l'occasion de diffuser ce message.

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La Stratégie mondiale de l’OIT pour la sécurité et la santé au travail Lors de la Conférence internationale du Travail de juin 2003, l’OIT a adopté une stratégie mondiale concernant la sécurité et la santé au travail. Cette stratégie repose sur deux piliers dont le premier est la promotion d'une culture de la sécurité. Dans le cadre d'une telle culture, le droit à un lieu de travail sûr et salubre sera respecté par les gouvernements, les employeurs et les travailleurs. Toutes les parties doivent œuvrer ensemble à la promotion d'une culture de la sécurité, se référant aux droits, aux responsabilités et aux devoirs pertinents, et se fondant sur les valeurs, les attitudes et les comportements, à tous les niveaux. La Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail fait partie intégrante des activités du BIT dans ce domaine. Le second pilier de la stratégie mondiale est la gestion de la sécurité et de la santé au travail par l'intermédiaire d'une "approche systémique". La gestion systématique de la sécurité et de la santé au travail - aux niveaux national et international - constitue la méthode la plus efficace pour améliorer l'impact des programmes, systèmes et moyens d'action nationaux. Il faut viser une réduction durable du nombre des décès, lésions et maladies professionnelles et faire en sorte que les travailleurs soient en bonne santé et productifs, du début à la fin de leur vie professionnelle. La stratégie mondiale de l’OIT comprend une "boîte à outils" qui doit aider les mandants à obtenir des résultats concrets. Le principal outil défini à la Conférence internationale du Travail en juin 2003 est l'élaboration d'un cadre promotionnel destiné à inscrire la sécurité et la santé à un niveau prioritaire de l'ordre du jour des Etats Membres. Ce cadre promotionnel appellera l'attention sur les normes existantes de l’OIT en la matière, sensibilisera les partenaires sociaux au fait que la sécurité et la santé relèvent de la responsabilité de tous, et renforcera les systèmes nationaux. Autre composante de la "boîte à outils": le volet "assistance technique et coopération" prévu pour aider les pays à évaluer leurs besoins, à adopter progressivement les mesures nécessaires, et à améliorer continuellement leurs systèmes nationaux de sécurité et de santé au travail tout en défendant les instruments et les valeurs de l’OIT. Cette assistance devrait se concentrer sur la création et la mise en œuvre de programmes nationaux de sécurité et de santé au travail par les gouvernements, en étroite collaboration avec les employeurs, les travailleurs et leurs organisations. De nombreux programmes de ce type comportant des objectifs précis et des indicateurs mesurables viennent d'être lancés. Troisième composante: les campagnes de sensibilisation et de promotion. La Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail constitue un exemple de campagne mondiale visant à promouvoir une culture de la sécurité et de la santé afin de diminuer le nombre des décès et des maladies liés au travail. En publiant

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des rapports, des affiches, en recourant aux médias et à des manifestations locales, tripartites si possible, organisées autour du 28 avril de chaque année, le BIT compte sensibiliser le public à la nécessité urgente d'instaurer une culture de la sécurité dans le plus grand nombre possible de lieux de travail dans le monde.

Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail - 28 avril 2004 Conformément à la Stratégie mondiale de l’OIT, le thème prédominant de cette journée sera cette année la création et la promotion d'une culture de la sécurité au travail. Parmi les nombreux thèmes dignes d'attention dans ce contexte, on en a choisi trois, en fonction de leur impact et de leur actualité. Ce rapport aborde les problèmes relatifs aux substances dangereuses, à la violence sur le lieu de travail et aux maladies respiratoires professionnelles, ainsi que les travaux du BIT pour encourager l'instauration d'une culture de la sécurité. La première partie traite donc des substances dangereuses au travail. La manipulation inadéquate des produits chimiques peut affecter gravement la santé des travailleurs. Le potentiel de décès et de lésions infligés à la communauté et de dommages infligés à l'environnement du lieu de travail dans le cas d'accidents majeurs est alarmant. Cette année marque le 20e anniversaire de la catastrophe de Bhopal, qui avait tué des milliers de personnes vivant près de l'usine dans laquelle s'est produite la fuite de gaz. Cet anniversaire vient rappeler les terribles conséquences de la mauvaise gestion des produits chimiques et l'importance vitale que revêt, pour le salut de chacun, l'existence d'une culture de la sécurité au travail. La deuxième partie du rapport concerne ce que l'on pourrait considérer comme un phénomène moderne, à savoir la violence sur le lieu de travail. Ce n'est pas un phénomène nouveau; cependant au cours de ces dernières années, l'importance de sa prévention a été reconnue, à la fois dans l'intérêt de la santé du travailleur et dans celui de la survie de l'entreprise. Une culture de la sécurité fondée sur un respect mutuel est un élément essentiel de la prévention de la violence sur le lieu de travail. La troisième partie du rapport présente les maladies respiratoires professionnelles comme une cause très importante de maladies et de décès liés au travail partout dans le monde. A force de respirer des poussières nocives, les travailleurs meurent de cancers et de maladies pulmonaires incurables une fois qu'ils sont contractés, mais qu'il serait pourtant facile de prévenir. Les taux d'incidence de la maladie dans le monde en développement sont particulièrement élevés, et le BIT participe actuellement à des efforts internationaux visant à promouvoir une culture de la sécurité afin de prévenir l'occurrence de ces décès.

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Un travail qui ne présente pas de garanties de sécurité suffisantes n'est pas un travail décent, et les trois problèmes mentionnés ci-dessus sont des obstacles au travail décent. La Journée mondiale du BIT pour la sécurité et la santé au travail vise à mettre en lumière la sécurité et la santé au travail, à sensibiliser le public aux problèmes y relatifs, et à encourager la prise de mesures de suivi pour éliminer, réduire et prévenir les décès et les lésions professionnelles, et promouvoir ainsi un travail sûr et décent.

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Substances chimiques dangereuses Les substances chimiques font désormais partie de notre vie et de beaucoup de nos activités; elles permettent la prévention et la maîtrise de nombreuses maladies et l'augmentation de la productivité agricole. Cependant nous savons tous qu'elles peuvent mettre en danger notre santé et empoisonner notre environnement, notamment si elles ne sont pas utilisées correctement. Selon les estimations, un millier de nouveaux produits chimiques arrivent sur le marché chaque année, et une centaine de milliers de ces produits sont utilisés à l'échelle mondiale. Ils prennent souvent la forme de mélanges, intégrés dans des produits commerciaux. Un à deux millions de ces produits ou de ces noms de marques existent dans la plupart des pays industrialisés. Leur multiplication et l'augmentation de leur production engendrent aussi l'augmentation de leurs entreposage, transport, manipulation, utilisation et élimination. Beaucoup de produits qui sont régulièrement utilisés au travail contiennent des substances chimiques qui, manipulées d'une manière inadéquate, peuvent être dangereuses. Selon les estimations du BIT, les produits chimiques sont à l'origine de 439 000 décès liés au travail sur les deux millions que l'on déplore tous les ans et de 35 millions de maladies professionnelles sur les 160 millions de cas qui se déclarent chaque année. La préoccupation générale causée par ces décès et par ces maladies professionnelles ne cesse de s'accroître, compte tenu de l'augmentation très rapide de la liste des produits chimiques utilisés dans le commerce, notamment dans les pays en développement qui, très souvent, ne disposent pas de mesures de contrôle appropriées. Le tableau 2 montre les estimations relatives à la moyenne annuelle des décès attribuables à l'exposition aux substances dangereuses au travail dans le monde, répartis par maladie. Tableau 2: Estimation de la moyenne annuelle des décès attribuables à l'exposition aux substances dangereuses au travail dans le monde, répartis par maladie

Causes de décès Nombre de décès Estimation du pourcentage attribuée aux substances dangereuses

Nombre de décès attribués aux substances dangereuses

Hommes Femmes Hommes Femmes

Cancers (Total des) 314 939 Cancer du poumon et mésothéliome

996 000 333 000 15 5 166 050

Cancer du foie 509 000 188 000 4 1 22 240

Cancer de la vésicule 128 000 42 000 10 5 14 900

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Leucémie 117 000 98 000 10 5 16 600

Cancer de la prostate 253 000 1 2 530

Cancer de la bouche 250 000 127 000 1 0,5 3 135

Cancer de l’œsophage 336 000 157 000 1 0,5 3 517

Cancer de l’estomac 649 000 360 000 1 0,5 8 290

Cancer colorectal 308 000 282 000 1 0,5 4 490

Cancer de la peau 30 000 28 000 10 2 3 560

Cancer du pancréas 129 000 99 000 1 0,5 1 785

Autres cancers non précisés

819 000 1 350 000 6,8 1,2 71 892

Maladies cardiovasculaires (15-60 ans)

3 074 000 1 1 30 740

Troubles du système nerveux (15 ans et plus)

658 000 1 1 6 580

Maladies des reins (15 ans et plus)

710 000 1 1 7 100

Maladies respiratoires chroniques (15 ans et plus)

3 550 000 1 1 35 500

Estimation des pneumoconioses

36 000 100 100 36 000

Asthme (15 ans et plus) 179 000 2 2 3 580

Total 438 489 Source: SafeWork BIT.

Accidents majeurs La plupart des accidents chimiques touchent un nombre relativement peu élevé de personnes, et ils ne sont même pas déclarés. Malheureusement, il en est qui ont des effets catastrophiques, provoquent un grand nombre de décès et de graves dommages à l'environnement. Cette année marque le 20e anniversaire de la catastrophe de Bhopal, l'une des pires que l'industrie chimique ait jamais connue. La nuit du 2 décembre 1984, une fuite de gaz a provoqué un nuage létal qui s'est répandu au-dessus de la ville de Bhopal dans le centre de l'Inde, tuant 2 500 personnes et en blessant plus de 200 000 en quelques heures. L'accident s'est produit à cause d'une réaction d'emballement dans l'un des réservoirs qui contenait de l'isocyanate de méthyle. Le réservoir de béton qui contenait environ 42 tonnes de ce produit, utilisé pour fabriquer des pesticides, a explosé et diffusé de l'isocyanate de méthyle et d'autres produits chimiques dans l'atmosphère. Les effets de cette catastrophe se font encore sentir aujourd'hui. Nombre de survivants

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souffrent de problèmes de santé à long terme, et l'eau et le sol sont encore très pollués dans la région. Bien que le tollé qui a suivi la catastrophe de Bhopal ait permis de sensibiliser le public aux dangers que représentent les produits chimiques, la probabilité de l'occurrence d'accidents majeurs n'a pas disparu et elle ne se limite pas au monde en développement. Récemment à Toulouse, France, une explosion qui s'est produite dans une usine de fertilisants en septembre 2001 a tué plus de 31 personnes et en a blessé plus de 2 400. Une authentique culture de la sécurité doit inclure le renforcement du système de prévention de ces accidents majeurs ainsi qu'une sensibilisation à la sécurité lors de l'utilisation des produits chimiques en général.

Instruments de l’OIT pour favoriser la sécurité chimique Depuis sa fondation en 1919, l’OIT a beaucoup fait pour promouvoir la sécurité en matière d'utilisation des produits chimiques au travail. Certains de ses tout premiers instruments, à savoir les conventions qui, si elles sont ratifiées, deviennent juridiquement contraignantes et les recommandations portaient sur la sécurité chimique. Plus récemment, deux importantes conventions en la matière ont été adoptées; elles constituent le fondement d'une grande partie des travaux actuels de l'Organisation dans ce domaine, auxquels viennent s'ajouter une assistance technique aux Etats Membres et la mise au point de systèmes d'information sur la sécurité chimique. La convention (nº 170) sur les produits chimiques, 1990, lance un appel en faveur de la création d'un système national garantissant un flux d'informations en matière de produits chimiques, qui s'écoulerait dans le sens fournisseurs-utilisateurs, et qui s'inscrirait dans le contexte d'une politique nationale cohérente sur la sécurité et l'utilisation des produits chimiques au travail. L'information est un facteur essentiel du succès des mesures préventives sur le lieu de travail, car la première mesure à prendre pour éviter un danger est de le reconnaître. La convention demande que les informations soient intégrées dans une classification nationale et un système d'étiquetage à l'usage des fournisseurs de produits chimiques et des employeurs. Elle établit également la responsabilité des employeurs concernant la formation des travailleurs et les mesures de contrôle opérationnel telles que la maîtrise de l'exposition aux produits chimiques sur le lieu de travail. L'objectif de la convention (nº 174) sur la prévention des accidents industriels majeurs, 1993, n'est pas uniquement de prévenir les accidents majeurs dus à des produits chimiques dangereux, mais encore de réduire au minimum leurs effets. La convention demande aux Etats qui la ratifient, en consultation avec d'autres parties intéressées dans leur pays, d'élaborer une politique nationale cohérente portant sur l'identification des installations à risque d'accident majeur ainsi que sur les rapports de sécurité les concernant; cette politique doit prévoir des mécanismes permettant

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une prise de décision responsable concernant les lieux où il convient de situer ces installations. L'information du public et des travailleurs est un élément essentiel, ainsi que la prise de conscience par l'employeur de ses responsabilités à l'heure de mettre en place et de maintenir un système de maîtrise des risques majeurs. Outre les conventions, qui sont juridiquement contraignantes lorsqu'elles sont ratifiées, et les recommandations, le BIT a également produit un certain nombre de recueils de directives pratiques, de guides et de systèmes visant à fournir des informations. L'un des instruments les plus récents du BIT dans le domaine de la sécurité chimique est le Système général harmonisé de classification et d'étiquetage des produits chimiques (SGH). Découlant de la disposition de la convention nº 170 qui appelle à la création d'un système de classification national, le SGH a été mis au point pour que les Etats ayant ratifié la convention disposent d'un instrument international facile à utiliser. En décembre 2002, la version définitive du SGH a été adoptée, et elle a été publiée en 2003 dans les six langues officielles des Nations Unies3. Le SGH a été conçu pour être applicable universellement, et il couvre à la fois les substances chimiques pures ainsi que les mélanges, et un certain nombre d'environnements où on trouve des produits chimiques, tels que le lieu de travail où on les utilise; il couvre aussi le transport des marchandises dangereuses. Le SGH est aussi conçu pour répondre aux besoins du consommateur et de l'environnement. Les Fiches internationales de sécurité chimique (ICSC) sont conçues pour servir de références internationales dans le domaine de l'information sur la sécurité chimique. Elles constituent des résumés clairs, apportent des informations essentielles en matière de sécurité et de santé concernant les substances chimiques, et elles sont utilisées par les travailleurs de la base tout comme par les responsables de la sécurité et de la santé sur le lieu de travail. Actuellement, ces fiches font l'objet d'une harmonisation avec les classifications du SGH. Environ 1 300 d'entre elles sont disponibles gratuitement sur l'Internet en 16 langues. Selon les estimations, les fiches font l'objet de plus de 1,5 million de téléchargements par an, ce qui prouve leur très grande utilité et leur impact considérable.

Perspectives Le SGH fournit un cadre mondial qui assure la cohérence du partage des informations en matière de risques chimiques. Il permet aux pays qui n'ont pas encore mis au point de systèmes nationaux de classification et d'étiquetage d'adopter plus aisément la convention sur les produits chimiques, car il fournit le système de classification et d'étiquetage demandé par la convention. Pour les pays qui disposent déjà de systèmes, l'adoption du SGH et l'examen des autres mesures

3 Anglais, espagnol, français, chinois, arabe et russe.

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préventives décrites dans la convention sur les produits chimiques permettent de renforcer ces systèmes et de contribuer à la création d'une alliance mondiale en matière de sécurité chimique. Etant donné que de plus en plus de produits chimiques sont vendus au-delà des frontières nationales, l'adoption du SGH permet d'améliorer la sécurité chimique par la fourniture d'informations appropriées et faciles à partager au niveau international. L'engagement du gouvernement à l'égard des conventions relatives aux produits chimiques et du SGH doit se matérialiser par l'élaboration et la mise en œuvre d'une législation nationale efficace. La mise en œuvre incombe en principe à l'inspection du travail de chaque pays, qui doit disposer des ressources nécessaires pour s'acquitter de sa tâche et pour donner conseils et informations sur la manière de respecter cette législation. Compte tenu du fait que des accidents industriels majeurs provoqués par des produits chimiques dangereux ont encore lieu partout dans le monde, il semble que, tant les pays développés que les pays en développement doivent réexaminer les systèmes de contrôle qui existent déjà afin de renforcer leurs mesures de prévention. A cette fin, l’OIT propose des instruments, dont certains ont été décrits dans ce document. Le recours à ces instruments est un premier pas vers l'instauration d'une culture de la sécurité, qui ferait de cette dernière un réflexe plutôt qu'un fardeau.

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La violence au travail Le phénomène de la violence au travail existe toujours. Cependant, on a de plus en plus conscience de la menace que cette violence représente pour la santé des travailleurs et pour la survie de l'entreprise. Elle peut faire subir des pertes financières et autres aux gouvernements, aux employeurs et aux travailleurs. Ce phénomène, s'il a existé de tout temps, n'était pas pour autant considéré comme un problème. Aujourd'hui, cependant, le respect des droits de l'homme rend la violence au travail de plus en plus inacceptable. S'agissant de développer une culture de la sécurité et de la santé pour remédier au problème de la violence au travail, il existe un certain nombre d'instruments dont peuvent s'inspirer les gouvernements, employeurs et travailleurs, notamment un récent recueil de directives pratiques du BIT, un programme éducatif axé sur le dialogue social et s'intéressant aux problèmes psychosociaux, y compris la violence au travail, abordant autant l'aspect politique que les actions à mener sur le terrain, ainsi qu'une récente publication technique consacrée aux programmes et politiques de prévention en la matière. Selon la littérature récente, les Etats-Unis ont recensé en 2002 deux millions de victimes de la violence au travail. Au Royaume-Uni, 1,7 pour cent des adultes engagés dans la vie active (357 000 travailleurs) ont été victimes d'un ou plusieurs incidents relevant de la violence au travail. Comme celle-ci peut avoir son origine aussi bien en dehors du travail qu'au travail même, ou être importée par un client, il est essentiel que des politiques et des actions globales soient menées dans le cadre d'une culture de la sécurité et par le dialogue social afin de remédier promptement et efficacement à ce problème.

Qu'est-ce que la violence au travail selon le recueil de directives pratiques? L'un des plus récents recueils de directives pratiques du BIT porte sur la violence au travail4. Ce recueil a été conçu comme référence de base pour encourager l'élaboration de législations, politiques et programmes d'action aux niveaux régional, national, sectoriel, de l'entreprise, de l'organisation et du lieu de travail, destinés et adaptés à une variété de cultures, de situations et de besoins.

4 Le titre complet de la publication est "Recueil de directives pratiques sur la violence au travail dans le secteur des services et mesures visant à combattre ce phénomène". On peut se le procurer à l'adresse suivante: www.ilo.org/public/french/dialogue/sector/techmeet/mevsws03/mevsws-cp.pdf.

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Dans cette publication5, la violence au travail est définie comme suit: "toute action, tout incident ou tout comportement qui s'écarte d'une attitude raisonnable pour lesquels une personne est attaquée, menacée, lésée ou blessée, dans le cadre ou du fait direct de son travail"; par "du fait direct", on entend qu'il existe un lien évident avec le travail, et que l'action, l'incident ou le comportement se sont manifestés dans un délai raisonnable. La violence au travail peut être interne si elle se manifeste entre les travailleurs, ou externe, si elle s'exprime entre les travailleurs et toute autre personne présente sur le lieu de travail.

Les principes sur lesquels est fondé lerecueil de directives pratiques sont inscritsdans les dispositions de la convention (nº155) sur la sécurité et la santé destravailleurs, 1981, qui préconisent unenvironnement de travail propre à favoriserune santé physique et mentale optimale enrelation avec le travail, et dans lesdispositions de la convention (nº 111)concernant la discrimination (emploi etprofession), 1958, visant à promouvoir letravail décent et le respect mutuel, ainsiqu'à combattre la discrimination sur le lieude travail.

La violence au travail peut avoir un impact important sur les entreprises ou les organisations où elle se manifeste. Le recueil de directives pratiques propose plusieurs indicateurs permettant de déterminer si la violence au travail constitue un problème dans une entreprise ou une organisation donnée. Ce sont notamment des facteurs comme l'absentéisme, le congé maladie, le taux d'accidents et la rotation du personnel. Ces facteurs sont des indicateurs types permettant de mesurer la productivité dans la mesure où, quand leurs coefficients sont élevés, des ressources doivent être réaffectées pour pallier les insuffisances. Quand les ressources sont limitées, on peut, par la prévention de la violence, améliorer la productivité et la prestation de services. La violence au travail peut aussi affecter fortement la santé et le bien-être des travailleurs. Lorsque des travailleurs sont agressés, lésés ou blessés, leur santé s'en ressent. La douleur n'est jamais purement physique, elle a aussi un aspect psychologique, quelle qu'en soit la cause. Lorsque la souffrance est le fait d'un acte de violence ou d'une attaque personnelle, on ne saurait en négliger l'impact sur le bien-être et la santé mentale. Cela dit, il est rare qu'une attaque personnelle n'ait pas été précédée de signes avant-coureurs.

5 Un recueil de directives pratiques est un document d'orientation d'inspiration tripartite. Cependant, à la différence des conventions et des recommandations, ces instruments ne sont pas ouverts à la ratification et ne sont pas juridiquement contraignants. Même si le nouveau recueil de directives pratiques ne traite en principe que de la violence au travail dans le secteur des services publics, bon nombre de ses dispositions peuvent s'appliquer à tout lieu de travail.

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Le recueil de directives pratiques identifie les éléments suivants comme des signes possibles de tension au travail, susceptibles de contribuer au déclenchement d'actes de violence:

• les violences verbales; • une gestuelle agressive; • le harcèlement; • l'expression d'une intention de nuire.

Que la violence au travail soit précédée ou assortie de menaces, d'agressions verbales ou d'autres formes de harcèlement, tout travailleur qui en sera victime sera atteint tant physiquement que moralement.

Le dialogue social dans le recueil de directives pratiques Le recueil dit que la prévention de la violence au travail devrait faire l'objet d'accords nationaux, sectoriels et d'entreprise, et qu'il est indispensable d'adopter des politiques du personnel et des pratiques propres à promouvoir le respect mutuel et la dignité au travail. Une culture de la sécurité instaurée par le dialogue social est un moyen efficace, intégrant autant les politiques que les pratiques de prévention de la violence. Le rôle du gouvernement est de promouvoir des politiques nationales qui s'attaquent efficacement au problème de la violence au travail, généralement par le biais de ses services d'inspection du travail. Il devrait promouvoir l'adoption de systèmes de gestion de la sécurité et de la santé au travail qui permettent aux employeurs d'évaluer le risque de violence au travail et de prendre ensuite des mesures visant à éliminer ce risque. Quand les services d'inspection du travail œuvrent en partenariat avec les organisations d'employeurs et de travailleurs, il est alors possible d'élaborer des codes de bonne pratique au niveau local. Le recueil de directives pratiques recommande également que l'Etat joue un rôle moteur tant en matière de recherche et de législation que pour mobiliser les ressources financières et les formes de collaboration requises pour remédier au problème de la violence au travail. Il incombe aux employeurs de prendre les initiatives nécessaires pour réduire et gérer les risques, et de prévoir des procédures de règlement des différends et des procédures disciplinaires qui soient adaptées. Des politiques et des accords appropriés devraient être mis en place avec la participation des travailleurs, et il conviendrait, en la matière, d'assurer aussi bien l'information que la formation. Les travailleurs et leurs représentants devraient prendre toutes les précautions raisonnables propres à prévenir, réduire et éliminer les risques de violence au travail. Pour ce faire, ils devraient œuvrer, par l'entremise de comités de santé et de sécurité, à l'élaboration et à la mise en œuvre de stratégies appropriées

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d'évaluation des risques et de politiques de prévention, à la diffusion d'informations sur la prévention de la violence au travail ainsi qu'en faveur de la coopération avec les employeurs pour l'élaboration de stages sur la prévention de la violence au travail, à l'intention de tous les travailleurs.

Une culture de la sécurité pour prévenir la violence au travail Dans les entreprises et les organisations dotées d'une authentique culture de la sécurité, les cas de violence au travail seront moins fréquents du fait que la prévention permet d'empêcher la manifestation éventuelle de signes de tension au travail et, partant, d'éliminer le risque d'une escalade aboutissant à l'expression de la violence. Pour instaurer une culture efficace de la sécurité propre à prévenir la violence au travail, le recueil de directives pratiques recommande ce qui suit:

Il devrait être donné priorité à la mise en place d'une approche constructive du lieu de travail fondée sur le travail décent, la déontologie, la sécurité, le respect mutuel, la tolérance, l'égalité des chances, la coopération et la qualité du service.

Le recueil de directives pratiques précise que cela suppose:

• des objectifs clairement définis, reflétant le rôle décisif des ressources humaines dans la prestation de services de qualité;

• la mise en valeur de la notion selon laquelle l'organisation et l'ensemble de ses collaborateurs partagent des objectifs communs;

• l'engagement à prévenir la violence au travail. Selon le recueil de directives pratiques, il est impératif que les cadres dirigeants formulent et diffusent une déclaration de principe qui reconnaisse explicitement l'importance des efforts visant à éliminer la violence au travail. Sur le plan pratique, le recueil recommande un système de gestion qui intègre des stratégies antiviolence, de sensibilisation et de communication, ainsi qu'une évaluation de l'environnement du travail et des pratiques qui y ont cours et, le cas échéant, des mesures de prévention.

SOLVE: dialogue social, politiques et mesures pour prévenir la violence au travail

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Pour aider à la conception d'une approche constructive du lieu de travail, le BIT propose un programme éducatif unique intitulé SOLVE. En complément du recueil de directives pratiques, ce programme insiste sur la nécessité de mettre en place une politique d'entreprise intégrée qui mette en lumière les besoins en matière de sécurité et de santé au travail et donne notamment un coup de projecteur sur des problèmes tels que la violence au sein de l'entreprise. Une telle orientation n'a de sens que si elle est suivie d'actions sur le terrain. SOLVE fournit également aux organisations du matériel didactique pour éduquer les travailleurs selon une méthode autonome et adaptée à leurs besoins. Malheureusement, les approches traditionnelles n'ont pas toujours tenu compte de la nécessité de mettre en place de telles politiques, pas plus qu'elles n'ont trouvé de solution pour réduire l'impact négatif des problèmes psychosociaux.

Le programme SOLVE du BIT, administrépar le Département SafeWork, apporte uneréponse au problème de la violence autravail. Il combine des objectifséconomiques et sociaux en mettant l'accentsur des solutions bénéfiques pour toutes lesparties, peu coûteuses et pratiques, quirépondent aux besoins à la fois desindustries et des travailleurs. Grâce à lamise en œuvre des activités SOLVE, traiterde façon combinée les problèmes liés à ladrogue, l'alcool, la violence, le stress, letabac ou le VIH/SIDA dans le cadre deprogrammes de santé et de sécurité autravail et de développement industriel estdevenu possible.

En concertation avec les organisations d'employeurs, les organisations de travailleurs, les gouvernements et les institutions, le BIT s'efforce de créer la capacité requise pour la mise en œuvre de SOLVE dans un certain nombre de pays développés et en développement, dans le monde entier. Le programme SOLVE est actuellement disponible en anglais, français et thaï, et sa traduction dans d'autres langues est en cours. SOLVE forme également des directeurs de cours et des agents de vulgarisation nationaux en vue d'une organisation et d'une mise en œuvre sur le plan local. La capacité de mettre en œuvre ce programme existe actuellement dans 25 pays, et l'on compte plus de 150 directeurs de cours dans le monde entier6.

La violence au travail: prévention et réaction Le nouvel ouvrage du BIT intitulé "Preventing and responding to workplace violence"7 (La violence au travail: prévention et réaction) contient des informations

6 Pour complément d'information, veuillez consulter le site www.ilo.org/public/english/protection/ safework/whpwb/solve/index.htm. 7 Rodgers, K.A. et Chappell, D. (2003): Preventing and responding to workplace violence, BIT, Genève.

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et des indications pour systématiser la conception et la mise en œuvre de programmes et de politiques de prévention sur le lieu de travail. En plus de passer en revue toute une série de directives et politiques existantes, élaborées par différents partenaires sociaux, et donc de présenter un tour d'horizon utile des meilleures stratégies, cet ouvrage expose une méthode fiable et efficace d'élaboration d'un programme de prévention de la violence et de dispositions à prendre en cas de violence, adapté à chaque lieu de travail. Cette méthode montre aux cadres dirigeants la voie à suivre pour évaluer et décrire les risques, pour élaborer et mettre en œuvre des mesures appropriées, et pour contrôler les mesures qui sont prises et en évaluer les effets. ACTRAV, le bureau des activités pour les travailleurs, a également préparé un numéro de sa revue trimestrielle Education ouvrière, entièrement consacré à la violence au travail. Cette édition proposera des articles portant sur différents aspects de la violence, sur des aspects spécifiques à certains secteurs, sur le coût et sur les conséquences de la violence, ainsi que sur les solutions et les mesures législatives que ce problème appelle. Ce numéro de la revue sera publié au milieu de l'année 2004. Selon les termes du recueil de directives pratiques, la violence au travail constitue une "menace majeure pour la santé et la sécurité, l'efficacité des services, la productivité, l'égalité de traitement et le travail décent". Si tous les partenaires sociaux s'engagent à prévenir la violence au travail, nous nous rapprocherons d'une culture efficace de la sécurité.

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Maladies respiratoires professionnelles (MRP) L'émergence des maladies respiratoires professionnelles (MRP) en tant que groupe spécifique de maladies professionnelles est étroitement liée au développement économique. La révolution industrielle s'est traduite par une croissance rapide des populations urbaines qui travaillent. Parallèlement, l'utilisation extensive du charbon dans l'industrie et pour le chauffage a déplacé le lieu de travail et la pollution atmosphérique vers des villes surpeuplées, d'où une augmentation radicale du nombre des décès provoqués par les maladies respiratoires professionnelles. Plus tard, le développement rapide de l'exploitation minière, du percement des tunnels et de l'exploitation des carrières, de la construction, des fonderies, de la construction navale, et des industries métallurgiques, textiles et chimiques est allé de pair avec l'utilisation très répandue de l'amiante, de la silice, des minéraux naturels, des matières organiques et artificielles, de la fabrication du verre, de la céramique et d'agents abrasifs. Cependant, comme ce développement industriel n'a pas été suivi par l'application de mesures préventives et efficaces, ni par l'application de techniques de dépoussiérage visant à protéger les travailleurs, les maladies respiratoires professionnelles ont prospéré partout dans le monde.

L'ampleur du problème Aujourd'hui, les maladies respiratoires professionnelles représentent toujours une proportion considérable des maladies professionnelles, soit entre 15 et 30 pour cent, l'asthme professionnel notamment s'étant accru régulièrement au cours de la dernière décennie. Selon nos estimations, des millions de travailleurs sont exposés chaque jour à de l'air contaminé dans l'industrie et dans l'agriculture, et courent le risque de contracter des maladies susceptibles de les affaiblir ou de les handicaper gravement. Parmi les maladies professionnelles, les maladies respiratoires constituent la première cause d'invalidité permanente et de décès prématuré. En dépit de tous les efforts consentis par les gouvernements, par les experts industriels et les experts en matière de sécurité et de santé, des millions de nouveaux cas se déclarent chaque année, et il en est beaucoup d'autres qui ne sont ni diagnostiqués ni déclarés, compte tenu de l'inadéquation des capacités de prévention caractérisant de nombreuses infrastructures nationales en matière de sécurité et de santé au travail. Mis à part la souffrance endurée par les travailleurs et leurs familles, les maladies respiratoires professionnelles représentent un énorme fardeau pour les économies nationales et pour les systèmes d'indemnisation des travailleurs, en termes d'absentéisme pour cause de maladie, de journées de travail perdues, de handicap, de paiements compensatoires et de perte de main-d'œuvre qualifiée. Il y a beaucoup à faire pour réduire, au moins dans une certaine mesure, la souffrance

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individuelle des travailleurs touchés par ces maladies ainsi que les coûts économiques qu'elles engendrent. L'exposition sur le lieu de travail aux poussières fibrogéniques (qui endommagent les poumons et provoquent la fibrose) et les maladies pulmonaires qui en résultent et que l'on appelle pneumoconioses sont depuis toujours une préoccupation aux niveaux national et international. Parmi toutes les maladies pulmonaires dues au travail, la silicose, l'asbestose et la pneumoconiose des travailleurs du charbon sont les plus répandues, les plus incurables et les plus handicapantes. La silicose est probablement la plus ancienne et la plus répandue dans le monde. La silice inhalée sur le lieu de travail a été reconnue comme substance cancérigène pour l'homme (groupe 1) selon la classification du Centre international de recherche sur le cancer8. Les maladies provoquées par les fibres d'amiante figurent parmi les maladies professionnelles les plus graves et les plus coûteuses. Selon les estimations, dans les pays industrialisés de l'Europe occidentale, d'Amérique du Nord, du Japon et en Australie, 20 000 cas de cancers du poumon dus à l'amiante et 10 000 cas de mésothéliome (autre type de cancer) se déclarent chaque année. Même si, au cours des quarante dernières années, les mesures de dépoussiérage et les contrôles sanitaires ont permis de réduire l'incidence des pneumoconioses dans les pays industrialisés, on continue d'enregistrer de nouveaux cas. Tous les pays de l'OCDE mènent à bien des activités nationales liées à la prévention des maladies respiratoires professionnelles, ciblant en particulier la silicose et les autres pneumoconioses. Beaucoup d'institutions nationales spécialisées telles que l'Administration de la sécurité et de la santé des travailleurs (OSHA) et l'Institut national de la sécurité et de la santé au travail (NIOSH) aux Etats-Unis ou la Direction de la sécurité et de la santé (HSE) au Royaume-Uni ont mis au point des stratégies d'élimination de la silicose, une documentation technique et des instruments susceptibles d'être pris pour modèles par d'autres pays dans le cadre de leurs programmes nationaux. Après des décennies d'efforts sans relâche, la Finlande, la Suède et la Suisse ont réussi à éliminer la silicose. Cependant, leurs experts soulignent que cette réussite ne durera qu'aussi longtemps que le degré d'exposition restera maîtrisé. Dans les pays en développement et en transition, le problème est beaucoup plus grave que dans les pays industrialisés, parce que des dizaines de milliers de travailleurs sont encore occupés dans des industries primaires, comme la construction et l'exploitation minière, et qu'ils risquent de contracter une pneumoconiose ou une silicose. Pour ne citer que deux exemples, en Amérique latine, 37 pour cent des mineurs sont atteints de silicose, et ce pourcentage s'élève à 50 pour cent chez les mineurs de plus de 50 ans. En Inde, ce taux atteint 54,6 pour cent parmi les ardoisiers et 36,2 pour cent parmi les tailleurs de pierre. On craint que, dans ces pays, l'amiante ne soit une bombe à retardement dans le domaine de la santé au cours des vingt ou trente ans à venir.

8 Monographie CIRC: Silica, some silicates, Coal Dust and para-Aramid Fibrils (vol. 68), 1997.

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Principales lacunes de la prévention Comme c'est le cas pour les maladies professionnelles en général, des statistiques mondiales fiables sur l'incidence et la prévalence des maladies respiratoires professionnelles sont difficiles à établir à cause de l'absence de déclaration et de la nature non officielle des déclarations dans la majorité des pays. Les autres causes de pénurie chronique de déclaration, notamment dans les pays en développement, sont l'absence ou l'inefficacité des mécanismes d'enregistrement et de déclaration des accidents et des maladies professionnelles, et le fait que la grande majorité des travailleurs sont occupés dans l'économie informelle concernant laquelle, de toute évidence, très peu de données sont disponibles. Dans de nombreux pays, les technologies et les processus utilisés sont souvent désuets et intrinsèquement dangereux; les mesures de dépoussiérage sont inadéquates et les concentrations de poussières respirables dépassent souvent les limites d'exposition généralement acceptables. Les systèmes de contrôle sanitaire des travailleurs sont inefficaces ou inexistants. L'obstacle le plus grave à la prévention est que des proportions élevées de travailleurs exposés aux poussières fibrogéniques sont employés dans des petites industries et que, notamment dans les pays en développement, la prévention ne peut les atteindre. Parmi les autres lacunes, on peut citer l'absence d'une prise de conscience générale et d'une information adéquate au niveau institutionnel et à celui de l'entreprise. Une formation appropriée fait défaut ainsi que la diffusion d'informations relatives à la sécurité et à la santé, notamment aux employeurs des petites et moyennes entreprises et aux travailleurs exposés. Très souvent, il n'y a pas de réglementation précise et, lorsqu'il y en a une, elle n'est pas appliquée. Partout où l'on a recours à des technologies désuètes, les risques sont plus élevés, mais les ressources disponibles sont affectées au traitement des conséquences de l'exposition plutôt qu'à la prévention. Cependant, la prévention primaire est possible, notamment par le contrôle technique de la production des poussières, ainsi que par la prévention, telle que l'application de systèmes de protection personnelle. Les pays en développement souffrent d'une pénurie de ressources à l'heure d'appliquer des mesures préventives ou de recourir à des procédés de production plus propres.

La réponse du BIT La lutte du BIT contre les maladies respiratoires professionnelles a commencé en 1930 avec la première Conférence internationale sur la silicose à Johannesburg, Afrique du Sud. Le programme sur les MRP date de la même époque. La 10e

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Conférence internationale sur les maladies respiratoires professionnelles (10e ICORD) se tiendra en 2005 à Beijing, Chine9. Pour répondre aux questions soulevées, la communauté internationale a mis au point une "boîte à outils" pour prévenir les maladies respiratoires professionnelles partout dans le monde. Voici quelques-unes de ces mesures techniques. Au cours des années quatre-vingt-dix, le BIT et l'OMS ont organisé des ateliers de sensibilisation à l'intention des responsables nationaux de la prise de décisions, y compris les spécialistes des MRP ainsi que les représentants des organisations d'employeurs et de travailleurs. Ces ateliers étaient conçus pour aider les pays qui s'efforcent de prévenir les MRP et d'instaurer des programmes nationaux d'élimination de la silicose. Un programme de formation spécial créé par le BIT a beaucoup contribué à l'amélioration des compétences pratiques des spécialistes des pays en développement qui ont recours à la Classification internationale des radiographies de pneumoconiose du BIT permettant la détection précoce de la maladie. Le programme a rassemblé les spécialistes des pays développés et ceux des pays en développement. En outre, il existe le Programme mondial OIT/OMS de lutte contre la silicose qui a été créé par le Comité mixte OIT/OMS de la santé au travail en 1995. Il s'agit d'un programme international de coopération technique conçu pour aider les pays qui luttent contre la silicose et souhaitent éliminer ce problème de santé au travail partout dans le monde. Il permet d'encourager l'échange des connaissances, des compétences techniques, des leçons apprises et des pratiques exemplaires susceptibles de favoriser l'élimination de la silicose et celle d'autres maladies respiratoires professionnelles connexes. L'un des principaux moyens d'action de ce programme est la catalyse de la coopération à long terme entre les pays, les organisations intergouvernementales, les organisations d'employeurs et de travailleurs ainsi que les organismes non gouvernementaux spécialisés. Il vise principalement à promouvoir le développement de plans nationaux d'action ainsi que la création et la mise en œuvre de programmes nationaux. Enfin, il fournit aux pays concernés l'assistance technique qui leur est nécessaire pour lancer et mener à bien des programmes visant à éliminer la silicose. Le succès du Programme OIT/OMS se répand comme une traînée de poudre. La Chine, le Brésil, l'Inde, la Thaïlande et le Viet Nam ont mis au point des plans nationaux d'action et ont commencé à appliquer des programmes nationaux. Par ailleurs, la Chine, l'Indonésie, le Brésil, le Chili, le Mexique, la Turquie, le Liban, la Russie, la Pologne, l'Ukraine, le Sénégal, l'Afrique du Sud et le Burkina Faso mènent à bien des campagnes de sensibilisation nationale. Plusieurs autres pays en développement ont manifesté leur souhait de participer à ce programme, suite à

9 http://www.icord2005.com.

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d'autres expériences positives qu'ils attribuent à la coopération technique avec le BIT.

Action future: le dialogue social et les systèmes de sécurité et de santé au travail Les gouvernements ont un rôle essentiel à jouer dans la promotion de politiques et pratiques nationales permettant de réduire voire d'éliminer les maladies respiratoires professionnelles. Pour atteindre cet objectif, il est indispensable de promouvoir et d'instaurer une culture de la sécurité à tous les niveaux. Cela exige l'existence ou l'élaboration d'une législation qui doit être strictement appliquée. C'est aux services de santé au travail et à l'inspection du travail qu'il incombe de mener cette tâche à bien, et ils ont besoin, pour ce faire, de ressources humaines et financières suffisantes ainsi que d'une formation appropriée. Les institutions gouvernementales, telles que les services de santé au travail et l'inspection du travail, doivent aussi collaborer avec les organisations d'employeurs et de travailleurs, afin de pouvoir compter sur le soutien de leurs partenaires sociaux dans la promotion de ces politiques, et dans la lutte contre ces risques. Il faut les faire connaître autant que possible dans les secteurs pertinents et encourager le recours à des mesures préventives qui pourraient réduire, voire éliminer, les maladies. Les progrès actuels de la science et de la technique permettent de classer ces maladies parmi les plus faciles à prévenir. Compte tenu du succès qu'ont connu certains pays tels que la Finlande, la Suède et la Suisse s'agissant d'éliminer la silicose, leurs programmes pourraient servir de modèle à une stratégie mondiale visant l'élimination des poussières dangereuses du milieu de travail, et par conséquent celle de la menace qu'elles font peser sur la santé. L'exposition aux risques respiratoires n'est que l'un des multiples dangers qui menacent le lieu de travail. La réaction à ces problèmes incombe aux infrastructures nationales en matière de sécurité et de santé au travail, qui souvent ne sont pas très bien coordonnées. Il faut mettre au point une approche cohérente à la prévention des maladies respiratoires professionnelles dans le contexte général du renforcement des infrastructures nationales en matière de sécurité et de santé au travail, y compris les systèmes de santé au travail, comme l'a recommandé la stratégie mondiale de l'OMS pour la santé au travail pour tous, et plus récemment la résolution adoptée par la Conférence internationale du Travail fondée sur une approche intégrée à la santé et la sécurité au travail (juin 2003). Les programmes nationaux de santé et de sécurité au travail qui sont bien coordonnés devraient accorder la priorité à la création de programmes d'action nationaux sur l'élimination de la silicose, ainsi qu'à la promotion des normes internationales pertinentes de

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l’OIT en matière de sécurité et de santé au travail10, afin de participer à la création d'une authentique culture de la sécurité.

10 Notamment, la convention (nº 139) sur le cancer professionnel, 1974, la convention (nº 155) sur la sécurité et la santé des travailleurs, 1981, la convention (nº 161) sur les services de santé au travail, 1985, et la convention (nº 162) sur l'amiante, 1986, ainsi que les recommandations qui les accompagnent, et les recueils de directives pratiques et les orientations y relatifs.

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Sites Web Journée mondiale du BIT pour la sécurité et la santé au travail:

www.ilo.org/safework/safeday BIT SafeWork:

www.ilo.org/safework Normes internationales de l’OIT:

www.ilo.org/ilolex/french/index.htm Normes de l’OIT en matière de sécurité et de santé au travail:

www.ilo.org/public/english/protection/safework/standard.htm Recueil de directives pratiques du BIT sur la sécurité et la santé au travail:

www.ilo.org/public/english/protection/safework/cops/french/index.htm Recueil de directives pratiques sur la violence au travail (site temporaire):

www.ilo.org/public/french/dialogue/sector/techmeet/mevsws03/mevsws-cp.pdf

Publications du BIT:

www.ilo.org/public/french/support/publ/index.htm OIE:

www.ioe-emp.org CISL:

www.icftu.org/ SafeWork - Sécurité chimique:

www.ilo.org/public/english/protection/safework/chemsfty/index.htm SOLVE:

www.ilo.org/safework/solve SafeWork - Maladies respiratoires:

www.ilo.org/public/english/protection/safework/health/index.htm

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