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«Une cause jamais perdue», Jacques Berque Courrier du C.V.P.R. Bulletin du Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient OCTOBRE • NOVEMBRE • DÉCEMBRE • 2016 • N° 63 SOMMAIRE • Le terrorisme israélien et la retenue des Palestiniens par Amira Hass p. 3 • Sain jugement sur un homme pas très saint ! par Maurice Buttin p. 4 • Le sang de Khaled Bahar clame justice, mais personne en Israël ne l’entend, par Gideon Levy p.5 • La bande de Gaza confrontée à une baisse de l’aide humanitaire. p. 6 • Israël en tant que concept (Analyse du livre d’Ilan Pappe : « La propagande d’Israël », par Martine Sevegrand p. 7 • Lieux Saints de Jérusalem, par Jean-Dominique Merchet p. 8 • Israël et ses colombes. Questions de Pascal Boniface à Samy Cohen, p. 9 • Le responsable de B’Tselem à l’ONU, par Hagai El-Ad, p. 10 • DOSSIER : Témoignages. S. et H. Folliet - R. Gaudy p. 11 à 14 • BDS : La Haute représentante de l’UE affirme le droit au BDS p. 15 • Le boycott de Hewelett-Packard (HP) s’amplifie dans le monde p. 16 • BHL se déchaîne contre BDS p. 17 • Lancement de la campagne pour la suspension de l’Accord d’association UE-Israël : 16 novembre 2016 p. 18 • Il n’y aura pas de paix tant qu’Israël n’admettra pas sa responsabilité dans la Nakba, par Gideon Levy p. 19 • Quittons les territoires palestiniens occupés, d’ici à juin 2017 p. 20 • Courrier des lecteurs p. 21 et 22 • Livres et cinéma p. 23 et 24 Il est encore temps pour ceux qui ont oublié de le faire de régler leur cotisation 2016 (voir en bas de la page 24). Nous adressons nos meilleurs vœux de Noël et du Nouvel An à tous nos lecteurs Editorial Israël, l’éternelle victime L e vote par l’UNESCO, fin octobre, d’une décision concer- nant exclusivement le patrimoine palestinien dans Jérusalem-Est - occupée depuis juin 1967 – a provoqué des protestations véhémentes des Israéliens et de leurs séides, tel le CRIF, et bien d’autres organisations, dont, hélas, le Conseil de Paris. Déposé par l’Algérie, l’Egypte, le Liban, le Maroc, Oman, le Qatar et le Soudan, le texte litigieux avait été examiné par les 58 Etats membres du Conseil exécutif de l’UNESCO réunis en séance pléniè- re. Si les grands pays occidentaux, fidèles alliés d’Israël, s’y sont opposés, la France s’est abstenue pour sa part (service minimum !). Israël a annoncé aussitôt son retrait de cet organisme des Nations Unies. Je relève quelques perles. De Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien. Il s’excla- me : « Dire qu’Israël n’a pas de lien avec le Mont du Temple et le Kotel (Le Mur occidental) revient à dire que les Chinois n’ont pas de lien avec la Grande Muraille de Chine ou les Egyptiens avec les Pyramides ! » Ayalet Shaked, la célèbre ministre de la Justice, du parti « Foyer juif, » nationaliste et religieux, renchérit : « L’ONU bat son propre record d’ignorance et d’antisémitisme ». Des amis de la « victime » : Avi Shafran, rabbin ultra-orthodoxe : « Il est inacceptable et même obscène, que 24 pays aient nié le lien du peuple juif avec le Mont du temple. Les 28 autres pays qui se sont abstenus sont des couards ». Simone Rodan-Benzaquen directrice de l’AJC (American Jewist Commitee) pour la France et l’Europe (1) : « C’est une plaisanterie bien Mosquée Al.Aqsa et Dôme du Rocher • Suite page 2 DR

«Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

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Page 1: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

«Une cause jamais perdue», Jacques Berque

Courrier du C.V.P.R.Bulletin du Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient

OCTOBRE • NOVEMBRE • DÉCEMBRE • 2016 • N° 63

SOMMAIRE

• Le terrorisme israélien et la retenue des Palestiniens par Amira Hass p. 3

• Sain jugement sur un homme pas très saint ! par Maurice Buttin p. 4

• Le sang de Khaled Bahar clame justice, mais personne en Israël ne l’entend, par Gideon Levy p.5

• La bande de Gaza confrontée à une baisse de l’aide humanitaire. p. 6

• Israël en tant que concept (Analyse du livre d’Ilan Pappe : « La propagande d’Israël », par Martine Sevegrand p. 7

• Lieux Saints de Jérusalem, par Jean-Dominique Merchet p. 8

• Israël et ses colombes. Questions de Pascal Boniface à Samy Cohen, p. 9

• Le responsable de B’Tselem à l’ONU, par Hagai El-Ad, p. 10

• DOSSIER : Témoignages.S. et H. Folliet - R. Gaudy p. 11 à 14

• BDS : La Haute représentante de l’UE affirme le droit au BDS p. 15

• Le boycott de Hewelett-Packard(HP) s’amplifie dans le monde p. 16

• BHL se déchaîne contre BDS p. 17

• Lancement de la campagne pour la suspension de l’Accord d’association UE-Israël : 16 novembre 2016 p. 18

• Il n’y aura pas de paix tant qu’Israël n’admettra pas sa responsabilité dans la Nakba, par Gideon Levy p. 19

• Quittons les territoires palestiniensoccupés, d’ici à juin 2017 p. 20

• Courrier des lecteurs p. 21 et 22

• Livres et cinéma p. 23 et 24

Il est encore temps pour ceux qui ont oublié

de le faire de régler leur cotisation 2016

(voir en bas de la page 24).

Nous adressons nosmeilleurs vœux de Noël

et du Nouvel An à tous nos lecteurs

Editorial

Israël, l’éternelle victime

Le vote par l’UNESCO, fin octobre, d’une décision concer-nant exclusivement le patrimoine palestinien dansJérusalem-Est - occupée depuis juin 1967 – a provoqué desprotestations véhémentes des Israéliens et de leurs séides, tel

le CRIF, et bien d’autres organisations, dont, hélas, le Conseil de Paris.

Déposé par l’Algérie, l’Egypte, le Liban, le Maroc, Oman, le Qataret le Soudan, le texte litigieux avait été examiné par les 58 Etatsmembres du Conseil exécutif de l’UNESCO réunis en séance pléniè-re. Si les grands pays occidentaux, fidèles alliés d’Israël, s’y sontopposés, la France s’est abstenue pour sa part (service minimum !).

Israël a annoncé aussitôt son retrait de cet organisme des Nations Unies.Je relève quelques perles. De Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien. Il s’excla-

me : « Dire qu’Israël n’a pas de lien avec le Mont du Temple et le Kotel(Le Mur occidental) revient à dire que les Chinois n’ont pas de lien avecla Grande Muraille de Chine ou les Egyptiens avec les Pyramides ! »Ayalet Shaked, la célèbre ministre de la Justice, du parti « Foyer juif, »nationaliste et religieux, renchérit : « L’ONU bat son propre recordd’ignorance et d’antisémitisme ».

Des amis de la « victime » :Avi Shafran, rabbin ultra-orthodoxe : « Il est inacceptable et même

obscène, que 24 pays aient nié le lien du peuple juif avec le Mont dutemple. Les 28 autres pays qui se sont abstenus sont des couards ».

Simone Rodan-Benzaquen directrice de l’AJC (American JewistCommitee) pour la France et l’Europe (1) : « C’est une plaisanterie bien

Mosquée Al.Aqsa et Dôme du Rocher

• Suite page 2

DR

Page 2: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

répétitive que nous offre ces Etats majoritairement dictatoriaux qui, de nouveau,ont fait voter une résolution faisant des lieux saints de Jérusalem – pourtant men-tionnés 699 fois dans la Bible – un territoire exclusivement musulman (seuls lesnoms musulmans en arabe y sont mentionnés) et donc interdit à tout non musul-man (…) Nous pourrions rire, mais il y a un goût amer. Celui de voir la Frances’abstenir face à cette mascarade. Comment rester neutre devant cette fautemorale et cette aberration historique ? (…) La France n’a-t-elle vraiment pasd’avis lorsqu’on lui propose un texte reprenant et alimentant les pires propa-gandes haineuses appelant à voir rayé de la carte la seule démocratie du Proche-Orient qu’est Israël, réduite dans le texte voté à une « puissance occupante ».

Le CRIF : « déplore que notre pays ait manqué une nouvelle fois l’op-portunité et le courge de s’exprimer clairement sur la réalité historique ducaractère juif de Jérusalem ». (Exclusif, sans doute ?)

Le Conseil de Paris a voté une proposition, présentée par NathalieKosciusko-Morizet, Delphine Burkli, Claude Goasguen, et Jean-DidierBerthault, condamnant la décision de l’UNESCO « qui tend à délégitimerla présence du peuple juif à Jérusalem ».

« Visiblement, on ne lit pas la Bible à l’UNESCO, où le théâtre de l‘absur-dité continue ! » s’était aussi emporté Benyamin Netanyahou. Mais, lui, et sesamis d’Israël, de France ou d’ailleurs, ont-ils lu le texte de l’UNESCO – commele conseillait le journal israélien de gauche, Haaretz : « Contrairement à la cri-tique israélienne, la résolution de l’UNESCO sur le Mont du Temple…. ».

Reprenons le texte : « Affirmant l’importance de la Vieille Ville de Jérusalem et de ses remparts pour les trois religions monothéistes, et affir-mant également que rien dans la présente décision, qui vise, entre autres, à sauvegarder le patrimoine culturel palestinien et le caractère distinctif de Jérusalem-Est, (NDLR : souligné par nous) n’affectera (… ) ».

Le « vise, entre autres » est clair. La décision aborde un problème capi-tal pour le peuple palestinien, et tous ses amis épris de liberté : l’occupa-tion par Israël de Jérusalem-Est, depuis juin 1967, au mépris des résolu-tions des Nations Unies et du droit international. Elle ne nie à aucun moment l’importance aussi des Lieux saints de Jérusalem pour les juifs et les chrétiens (contrairement aux mensonges proférés par les Israéliens et leurs thuriféraires). Elle n’en parle pas. Ce n’est pas son objet.

La décision ainsi : « Regrette profondément le refus d’Israël de mettre en œuvre les précédentes décisions de l’UNESCO concernant Jérusalem (…) ». « Déplore vivement le fait qu’Israël, la Puissance occupante, n’ait pas cessé les fouilles et travaux menés constamment dans Jérusalem-Est (…). « Prie instamment Israël, la Puissance occupante, de permettre le rétablissement du statu quo historique qui prévalait jusqu’en septembre 2000 (…) concer-nant la mosquée Al-Aqsa / Al-Haram Al-Sharif » ; « Condamne fermement l’escalade des agressions israéliennes et les mesures illégales (…) limitant la liberté de culte et l’accès des musulmans au site sacré de la mosquée » ; « Déplore vivement les irruptions persistantes d’extrémistes de la droite israélienne et de forces en uniforme sur le site de la mosquée ; etc. »

Point important (…) Note avec une profonde inquiétude qu’Israël, la Puissance occupante, ne s’est conformée à aucun des douze décisions du Conseil exécutif, ni aux six décisions du Comité du patrimoine mondial, demandant la mise en œuvre de la mission de suivi réactif de l’UNESCO sur le site de la Vieille Ville de Jérusalem et ses remparts ».

En fait, ce qu’a irrité aveuglement les dirigeants israéliens et leurs amis, c’est que la décision votée fait état une dizaine de fois, voire plus, « d’ISRAEL, LA PUISSANCE OCCUPANTE » ! Triste réalité pourtant, depuis bientôt cinquante ans. Réalité qui empêche toute solution de paix.

maurice Buttin, président du CVPR PO

(1) Figaro Vox - Tribune le 3 novembre 2016.

R o n y B R A u m A N

ancien président de Médecins

sans frontières (MSF), Invité

le 14 octo-bre au grand entre-

tien de Forum dimanche de la

Radio Télévision Suisse

(RTS), a déclaré :

« Comparer Shimon Peres

à Mandela, c’est cracher à

la figure de Mandela ». Il

s'est dit scandalisé par le

concert d’éloges après la

mort du Nobel de la paix

israélien le 28 septembre.

Pour lui, Shimon Peres était

un criminel de guerre. Il avait

notamment saboté les

accords d'Oslo, dont il était

l'un des artisans avec Yitzhak

Rabin et Yasser Arafat.

Se définissant lui-même

comme antisioniste, il a ajou-

té : "La seule solution envisa-

geable aujourd'hui pour

mettre fin au conflit israélo-

palestinien est une réconci-

liation nationale à la façon

de l'Afrique du Sud ".

Et, évoquant la création d'un

seul Etat, où les droits des

Israéliens et des Palestiniens

seraient identiques, il a avan-

cé : « Israël y sera contraint

lorsqu'il n'aura plus les

moyens de sa politique mili-

taire et sécuritaire ».

J o h n K E R Y,

le Secrétaire d’Etat états-

unien, le 4 décembre lors

d’un forum à Washington a

affirmé : « il n’y aura pas

d’avancée et de paix séparés

avec le monde arabe sans un

processus palestinien et une

paix palestinienne. Chacun

doit comprendre cela. C’est

la dure réalité ».

EDITORIAL

• Suite de la première page

Courrier du CVPR, n°63 - p. 2

DIXIT

Page 3: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

Courrier du CVPR, n°63 - p. 3

L e déchaînement d’agressions à coups de cou-teau est de retour ? La vague de terreur batson plein une fois de plus ? Vous avez tort,Messieurs Dames. La vague, c’est un océan,

la terreur n’a jamais cessé et son audace ne fait que croître.On ne l’appelle pas par son vrai nom – on la qualifie de« sécurité » : Ses auteurs se promènent librement et obéis-sent à l’ordre d’intimider quatre millions d’êtres humains.

Vous faut-il une traduction ? Le régime militaire quinous est imposé depuis des dizaines d’années, c’est dela terreur pour les Palestiniens.

Moi aussi, je crois que c’est de la terreur car les genssont intimidés à tel point que leur vie leur est volée et queleur santé, leur bien-être et leur maison sont détruits afinque nos maîtres jouissent de leurs droits, gagnent en poli-tique et en économie en étendant leur territoire […]. Ilsemble que nous ne puissions pas nous voir comme lacause, des agresseurs – disons-le franchement – des terro-ristes, vis-à-vis de ceux qui, depuis leur naissance viventsous une pluie de décrets militaires, nos fusils, tanks,avions, hélicoptères et drones crachant du feu sur eux.

Nous ne nous voyons pas ? Je corrige : Nous refusonsde nous voir comme la cause. Dans un réflexe pavlovienrabattu et ennuyeux, nos médias qualifient de « vague » lesagressions à coups de couteau, et, avec l’aide d’analysessavantes, expliquent pourquoi le « calme » est terminé. […]

Le titre « Inquiétude au sujet de l’éruption d’incidents

(de sécurité) » est déployé en tête de la page d’accueil dusite web d’Haaretz. Il n’est pas là pour rassembler desreportages sur la façon dont des dizaines de jeunesPalestiniens deviennent handicapés après des tirs de ballesIDF Ruger dans leurs genoux. Ce n’est pas le même titrepour le déchaînement d’interdictions de quitter la bande deGaza, ou pour une autre vague de soldats, tueurs dePalestiniens qui ne posaient aucun danger de mort : à al-

Fawar (Mohammed Hashash), Silwad (Iyad Hamed),Shoafat (Mustafa Nimer). Vous n’y trouverez pas de titrerésumant les orgies quotidiennes que sont les incursionsmilitaires (au moins 116 entre le 9 et le 21 septembre). Parexemple, à Bil’in mercredi dernier (le 21), au matin : Les «nebechs » du ghetto ont fait irruption chez des militants desComités de résistance populaire – faisant une peur bleueaux enfants – et ont confisqué (c.-à-d. volé) des ordinateurset des téléphones cellulaires. Ni morts ni blessés pour nossoldats : La réalité est une victime dont on ne parle pas !

On fait des reportages sur une nouvelle vague de ter-reur lorsque des juifs : soldats, gardes-frontières, sontatteints ou se sentent menacés. Des dizaines de milliersd’histoires et de reportages - principalement dansHaaretz - qui traitent de violence militaire et bureaucra-tique en Israël, se transforment en accidents aléatoires.Le flot intolérable et continu de harcèlement délibérécontre les Palestiniens, est lié au fait que nous sommesdes occupants militaires étrangers, et ne se voit pascomme un continuum, dans le milieu journalistique.

Les journalistes aiment le drame et la tragédie.Quand le désastre est permanent, ça ne fait plus sensa-tion, spécialement lorsque la cause, c’est nous. Lesmisères journalières que nous infligeons auxPalestiniens n’existent pas dans le monde des israéliens.C’est pourquoi ça fait rarement la une, et l’absence degros titres, à son tour, forme dans notre esprit, une réali-té dans laquelle tout est bien. Alors se forme une toutautre réalité où l’on se pose la question : « Qu’est-ce

qu’ils ont ces Palestiniens à encore nous attaquer ? »

Traduit par Chantal C. pour CAPJPO-EuroPalestine Source : http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.744264

(1) : Amira Hass, vit en Cisjordanie après avoir habité à Gaza Elle est jour-naliste à Haaretz depuis 1989.

Le terrorisme israélien et

la retenue des palestiniens par Amira HAss

"Tandis que les experts continuent d’expliquer

pourquoi le « calme » a pris fin, ce qu’il faut

clairement expliquer, c’est la retenue des

Palestiniens face à la violence des Israéliens.", écrit dans Haaretz, Amira Hass, qui s’inscrit

en faux dans la manière dont les médias présentent la situation en Israël/Palestine.

Palestine

Page 4: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

IsraëlD

R

Sain jugement sur un homme

pas très saint !par Maurice ButtIN

Courrier du CVPR, n°63 - p. 4

J e suis, pour ma part, plus que dubitatif sur ceslouanges. « On parle de lui comme un saint ou pour lemoins un Nelson Mandela » écrit Michel Warshawski,

qui poursuit : « Disons le clairement. Pérès n’a pas volél’image négative qui l’a accompagnée tout le long de sacarrière : aucun politicien n’a su être aussi opportunisteque lui et faire de la trahison, un art. « Infatigable manipu-lateur », c’est ainsi que le décrit dans ses mémoires YitzhakRabin, qui l’a côtoyé pendant de longues années à la tête duParti travailliste ». Je partage ce jugement.

« Dernier des fondateurs d’Israël » rapportent lesmédias. Une fausse assertion répondent ses proprescamarades. Ayant attiré l’attention de la direction duParti, Pérès devint, en 1948, collaborateur du Premierministre David Ben Gourion. Celui-ci l’envoya auxEtats-Unis acheter des armes. Un travail important pourla cause (« La guerre d’indépendance »), certes, mais quilui a évité les risques des combattants au feu...

« Homme de paix » a en croire encore ses panégyristes,dont des dizaines de personnalités participant à ses obsèques,notre président de la République, François Hollande, en tête.

Pérès était pourtant tout autre. Devenu, très vite, lebras droit de Ben Gourion, il calqua sa vie sur lui qu’iladmirait. Or, celui-ci ne croyait pas à la paix. Il estimaitque les Arabes, battus en 1948/49 ne feraient jamais lapaix avec Israël, qui s’était établi sur leur propre pays.

Pour assurer la défense du pays - prolongement colo-nial de l’Occident en quelque sorte - il fallait y trouverun allié. Les Juifs avaient combattus les Anglais après ladeuxième guerre mondiale. Ils se tournèrent vers laFrance, conscients de l’opposition de celle-ci auxArabes, en particulier au président égyptien, Gamal Abd-el-Nasser, accusé d’être à la base du soulèvement dupeuple algérien, en 1954. Or, l’émissaire de Ben Gourionen France, n’était autre que Shimon Pérès...

Et, en novembre 1956, lorsque, secrètement,Britanniques (Antony Eden, Premier ministre) etFrançais (Guy Mollet, président du Conseil) décidèrentde punir le leader égyptien, par un débarquement detroupes françaises et britanniques à Port Saïd, l’« hommede paix » (Pérès) leur apporta son précieux concours,Israël envahissant de son côté le Sinaï...

La France, pour le remercier apporta, tout simple-ment, à son pays, tous les moyens pour créer à Dimona,un centre de recherche nucléaire, où, comme chacun lesait, Israël a développé la bombe atomique...

A la fin de la guerre d’Algérie, lorsque, en février1961, les opposants au Général De Gaulle et certainscolons sur place, créèrent l’OAS (l’Organisation del’Armée Secrète) pour la défense de la présence françai-se en Algérie - par tous les moyens, y compris le terroris-me à grande échelle - un navire plein d’armes fut décou-vert en haute mer. Tout le monde suspecta le ministre de

Page 5: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

Palestine

DR

la Défense israélien, Shimon Pérès, qui fournissait desarmes à beaucoup d’autres pays...

En 1967, Shimon Pérès espérait être de nouveau êtreministre de la Défense, mais le poste fut confié au géné-ral Moshé Dayan, quelques jours avant que la « Guerredes Six jours », n’éclate. Par la victoire éclatante, l’hom-me au bandeau noir devint une célébrité mondiale, à labarbe de Shimon Pérès...

Mais six ans après, lors de la Guerre du Ramadan oudu Kippour, après l’échec initial de l’armée israélienne,Moshé Dayan devait suivre la Première ministre GoldaMeir dans sa chute en juin 1974. Et Pérès, l’« homme dela paix » redevint le ministre de la Défense, responsablede la Palestine occupée, sous la coupe cette fois d’YitzakRabin, le nouveau Premier ministre, qu’il n’aimait pas.

Alors, « pour contrarier Rabin, Pérès fit une chose deportée historique : il créa les premières colonies israé-liennes en pleine Cisjordanie initiant un processus quimenace aujourd’hui l’avenir d’Israël », écrit UryAvnery, dans un article publié sur le site du GushShalom, le 8 octobre 2016.

A la veille de la guerre du Liban en 1982, l’« homme

de la paix » et Rabin allèrent trouver Menahem Beginpour lui demander d’envahir le Liban...

Pérès a bien joué un certain rôle dans la préparationdes « accord d’Oslo », mais, c’est Rabin qui les a signéset le paya de sa vie le 4 novembre 1995.

Après sa mort, Pérès devint Premier ministre à titretemporaire. Il va alors prendre deux décisions, qui mon-trent qu’il n’était pas « un « homme de la paix » : l’ordred’assassiner un résistant palestinien Yahia Ayache, dit « l’ingénieur » - alors que, d’accord parties, il y avait euune trêve depuis des mois ! -, ce qui entraîna l’attaquemeurtrier d’autobus à Jérusalem et à Tel-Aviv, en février etmars 1996 ; l’ordre d’envahir à nouveau le Liban, en avril1996, opération baptisée « Les Raisins de la colère », quientraîna le massacre de plus de 100 civils, et des dizainesde blessés, réfugiés dans un poste de l’ONU à Cana !

En juillet 2007, Pérès est élu président de l’Etatd’Israël. Uri Avnery rappelle, dans l’article cité : « Il seservit de sa célébrité mondiale retrouvée pour servir defeuille de vigne au gouvernement Netanyahou et à sapolitique d’occupation et d’oppression, tout en étantadoré à l’étranger comme l’Homme de la Paix ».

Le sang de Khaled Bahar clame justice,mais personne en Israël ne l’entend

Par Gideon LevY (1)

Courrier du CVPR, n°63 - p. 5

L e sang de Khaled Baharclame justice. On peutpresque entendre cette cla-

meur là où il est tombé [le 20 octobresous les balles d’un soldat israélien], àl’ombre de quelques abricotiers, où ilreste une tache noire de sang coaguléà côté de quelques cailloux et d’unebouteille d’eau en guise de mémorial.On entend la clameur de son sangdans la salle 1207 du lycée à BeitUmmar, entre Bethléem et Hébron –la classe du 10e degré, dont les élèvessont restés à la maison en signe dedeuil. Cette grève a été décidée spon-tanément par les étudiants. Ils ontposé des pétales de fleur colorés surchaque pupitre, suspendu des fleursen plastique commémoratives sur lesmurs. Et, sur le pupitre du mort, ilsont mis sa dernière photographie,entourée de couronnes de fleurs.Jeudi, juste quelques heures avantqu’un soldat israélien le tue, Khaledétait encore assis dans cette classe.

Le sang de Khaled clame justice dansle silence de mort qui enveloppe la sallede classe vide comme un linceul, dans ledrapeau en berne qui flotte dans la courde récréation. Son sang clame justice à

cause des circonstances qui ont entourésa mort : un jeune de 15 ans que les sol-dats ont pourchassé avec une jeep parcequ’ils le suspectaient d’avoir jeté despierres sur leur véhicule blindé, avantque trois soldats sortent de la jeep et quel’un d’entre eux l’abatte d’un coup defeu tiré dans le dos d’une distance de20 mètres, le tuant alors qu’il fuyaitdésespérément pour sauver sa vie.

Son sang clame justice face aumanque total d’intérêt que sa mort aprovoqué en Israël, le même désinté-rêt que rencontre chaque tuerie dePalestiniens. Son sang clame justicepour cet adolescent qui avait participédans un projet de foot juif-arabe, etqui a, ensuite, été appelé un « terro-riste ». Il clame justice face à l’attitu-de automatique et indifférente duporte-parole de l’unité de l’arméeisraélienne qui s’est borné à évoquerdes « jets de pierres », des « conclu-sions opérationnelles » et « l’enquêtede la police militaire » dont « lesconclusions détermineront les éven-tuelles poursuites judiciaires ». Toutce verbiage sortant tout droit de l’usi-ne à disculpations de l’armée n’ad’autre but que de blanchir ce genred’actions. Il ne contient pas un mot devrai et est dépourvu de toute humani-té. Même après l’enquête de l’arméeet même si celle-ci conclut que lessoldats ne se trouvaient aucunementen danger, il n’y a aucune chancepour qu’elle exprime des regrets.

Le sang de Khaled clame justiceparce que, après l’avoir tué, les soldatsont enlevé son corps, et qu’une semai-

Page 6: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

Courrier du CVPR, n°63 - p. 6

ne plus tard celui-ci n’a toujours pasencore été rendu à sa famille – d’abord« à cause des vacances » et mainte-nant pour des raisons peu claires. Lafamille n’a qu’à attendre, de toutemanière personne ne s’en soucie.

Le sang de Khaled clame justiceparce qu’il est évident que person-ne ne sera puni pour cet assassinat,parce que le soldat qui l’a tué n’aaucune idée de qui il a tué et qu’ilest peu probable que cela l’intéres-se ou le trouble. Il est peu probablequ’il comprenne ce qu’il a fait etqu’il prenne conscience du fait qu’ilétait injuste de tuer un adolescentpalestinien. D’ailleurs, personne nese donnera la peine de le lui expli-quer. (NDLR : souligné par nous)

Le sang de Khaled clame justice.Cette semaine j’ai été sur les lieux de latuerie et sur les lieux de commémora-tion chez lui et à son école à Beit

Ummar, et vendredi je ferai un rapportdétaillé. Depuis cette visite, j’ai de lapeine à garder le silence, à ne pasdénoncer cet acte ignoble et lâche, sidéplorable et rageant qui consiste àabattre un adolescent en fuite en luitirant dans le dos, sans sentiment deculpabilité et sans encourir de sanction.

Il est difficile de garder le silencelorsque des soldats reçoivent l’ordred’agir ainsi. Car c’est bon pour lesdites forces de défense israéliennes(IDF). Après tout, ton commandantde brigade, le colonel YisraelShomer, a fait exactement la mêmechose et rien ne lui est arrivé. Il seracertainement encore promu. Il est dif-ficile de garder le silence lorsqu’onrencontre la famille du mort, unefamille pacifique, dont le père tra-vaille en Israël; après la mort de leuraîné, lui et sa femme restent avecdeux filles et un fils handicapé.

Il est difficile de rester indifférentlorsqu’on voit comment ils ont gardé lepermis du seul point d’entrée qui a étéremis à Khaled au cours de sa courte vie,un permis d’une journée pour un jeu defoot dans l’équipe juive-arabe, qui faitpartie d’un projet de paix dans une zoneprès de la frontière avec la bande deGaza. Le sang de Khaled Bahar clamejustice, mais personne en Israël n’en-tend ce cri d’un adolescent dont lamort est un crime – et qui n’est ni lepremier ni le dernier à mourir ainsi.(NDLR : souligné par nous)

Article publié dans Haaretz, le 27 octobre 2016.

Traduction « A l’Encontre »

(1) : Gideon Lévy est un journaliste et écrivain israé-lien, membre de la direction du quotidien Haaretz.

http://alencontre.org/moyenorient/israel/le-sang-

de-khaled-bahar-clame-justice-mais-personne-

en-israel-ne-lentend.html

La bande de Gaza confrontée à

une baisse de l’aide humanitaire

Avec la concurrence desguerres en syrie, en Irak,ou au Yémen, les agenceshumanitaires à Gaza fontface à une chute spectacu-laire des financements. Orprès de la moitié de lapopulation de l’enclavepalestinienne dépend del’aide alimentaire.

D eux ans après la guerre de Gazaen 2014, plus de 60 000 per-

sonnes sont toujours déplacées sur leterritoire gazaoui. L’eau et l’électrici-té sont toujours très aléatoires et letaux de chômage des jeunes explose.Ce qui se passe à Gaza ressemble àune situation de panne générale,témoigne Allah Rachid. L’entreprisede ce menuisier ne s’est pas remisede la guerre. "Je ne travaille pas ence moment. A la fin de la semaine j’aientre 100 et 120 euros pour moi etpour mes collègues. On ne peut pasdire qu’on travaille", explique-t-il.

Aujourd’hui, près de la moitié dela population de Gaza dépend, plus

ou moins fortement, de l’aide alimen-taire. Dans ce tableau déjà sombre, lesagences humanitaires font face à unechute spectaculaire des financements.En 2016, le plan pour la réponsehumanitaire dans la bande de Gaza aété réduit par rapport aux deux annéesprécédentes et pour l’instant il n’estfinancé qu’à hauteur de 27% pour l’en-clave. " Après l’offensive de 2014, Il ya eu beaucoup de soutien pour aiderles ONG à venir en aide aux gens quisouffraient à Gaza. Mais après un cer-tain temps, les fonds ont diminué aumoment où les besoins ont augmenté.Donc il y a un décalage ", analyseAmjad Shawa, qui travaille pour unecoalition d’ONG palestiniennes.

Désintérêt des bailleurs de fonds

Gaza souffre de la concurrence desautre conflits, en Syrie, en Irak ou auYémen et de son enfermement dansune crise chronique. "Au mêmemoment, la Palestine et Gaza en parti-culier, sont dans un conflit de longuedurée. Les besoins humanitaire sontdevenus plus complexes, plus pro-fonds, alors qu’on note peu de progrès.Donc les donateurs sont réticents",

observe Kathleen Maes, respon-sable de la structure qui coordonnel’aide humanitaire pour l’ONU àGaza. Est-ce que des modèles d’as-sistance qui couvrent quasiment lesdeux tiers de la populationgazaouie sont soutenables dans letemps ? Non, sûrement pas.

Ce désintérêt des bailleurs defonds se double d’un désintérêt poli-tique pour la région. Mais il ques-tionne aussi le modèle humanitaireappliqué aujourd’hui à Gaza. " Il y aune économie à soutenir à Gaza, desprojets de la société civile à mettreen valeur. Et peut-être qu’on devraitinsister un peu plus sur ces modèles-là que sur des modèles d’assistanceextérieure traditionnels tels que leshumanitaires peuvent avoir à le fairedans d’autres situations", s’interrogeChristophe Gadrey, chef de bureauau Service de l’Union européennepour l’aide humanitaire et la protec-tion civile, un important bailleur.

Même l’avancée de la reconstruc-tion de la péninsule devient préoccu-pante. D’après les experts cités parl’ONU, au rythme actuel, à peineplus de la moitié des maisons seronsréparées ou reconstruites, d’ici un an.

francetvinfo.fr, samedi 8 octobre 2016

Voir: http://www.france-palestine.org/La-

bande-de-Gaza-confrontee-a-une-baisse-

de-l-aide-humanitaire

Palestine

Page 7: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

Israël en tant que conceptAnalyse du nouveau livre d’Ilan Pappe : « La propagande d'Israël »

par Martine seveGRAND

Ilan Pappe (1) étudie dans cet ouvrage les versions successives du concept d'Israël qui jouaet joue toujours un rôle essentiel pour légitimer le pouvoir de l'État. Il mène son étude àtravers les travaux des intellectuels, historiens d'abord, mais aussi journalistes, écrivainset artistes et distingue trois périodes successives.

La période de « la loyautésioniste » jusqu'au débutdes années 80

L es historiens mélangentalors allègrement profes-sionnalisme et idéologiepour prouver aux juifs du

monde entier qu'ils constituent unemême nation et qu'il y a une continui-té historique entre l'Israël des tempsanciens et le nouvel Israël. Ilan Pappeconsacre un chapitre à la perceptiondes Palestiniens, transformés en terro-ristes. La guerre de 1948 est évidem-ment la question-clé de cette histoiresioniste. Elle est dépeinte comme lesommet d'une lutte anticolonialistecontre l'empire britannique, puis, avecl'intervention arabe, comme le com-bat contre la menace d'une nouvelleextermination. Les Palestiniens sontles grands absents de cette histoire oudécrits comme une foule anonyme debarbares dont la violence est inexpli-cable. L'apport de l'auteur consiste às'appuyer non seulement sur les tra-vaux historiques mais aussi sur lesfilms produits avant 1980.

Le « post-sionisme »

A partir des années 80, toute unesérie d'événements favorisa l'émer-gence de ce qu'on a appelé la « nouvel-le histoire d'Israël ». L'offensive auLiban – Ilan Pappe confesse combiencette guerre pesa lourd dans son itiné-raire –, la Première Intifada (1987),mais aussi la déclassification desarchives après un délai de trente ans,

transformer Israël en un État detous ses citoyens. Désormais le néo-sionisme vise un État juif ethnique.

Le dernier chapitre porte sur lanouvelle narration de la guerre de1948. Les historiens néo-sionistes ontpu accéder à une documentation desforces armées qui leur a permis demesurer l'ampleur de l'épuration eth-nique qu'ils ne cachent pas.Cependant, loin de dénoncer lescrimes commis par les troupes sio-nistes, les néo-sionistes légitimenttoutes les exactions. Le cas de BennyMorris est exemplaire, si l'on peutdire. En 2004, il publiait une versioncorrigée de son ouvrage de 1988, Thebirth of the Palestinian RefugeeProblem. Il accumulait les preuves descrimes de guerre et, dans une inter-view donnée à Haaretz, il justifiaitl'épuration ethnique : « Sans l'éradi-cation des Palestiniens, il n'y auraitjamais eu d'État juif ici ». Morris envint même à reprocher à Ben Gourionde ne pas avoir « épuré toute la Terred'Israël jusqu'au Jourdain ».

Cependant, souligne en conclusionIlan Pappe, la bataille autour duconcept d'Israël s'est propagé à l'étran-ger avec l'émergence de deux para-digmes qui défient la conception offi-cielle israélienne : le paradigme colo-nialiste et le paradigme de l'apartheid.

Encore un livre d'Ilan Pappe qu'ilfaut lire.

(1) : Ilan Pappé est un historien israélien. Ilfait partie des « nouveaux historiens » qui ontréexaminé de façon critique l'histoire de l'État d'Israël et du sionisme. (Wikipédia)

Courrier du CVPR, n°63 - p. 7

favorisèrent une approche totalementrenouvelée de la guerre de 1948. IlanPappe qui appartient à cette généra-tion consacre 200 pages à cette pério-de. Il souligne le rôle de Benny Morrisqui réfuta un mythe fondamental :celui de la fuite des Palestiniens à l'ap-pel des dirigeants arabes sansadmettre, pour autant, que les expul-sions faisaient partie d'un plan. Lesautres mythes tombèrent les uns aprèsles autres : celui d'un Goliath arabe etd'un David sioniste, celui de larecherche inlassable de la paix parIsraël. Les recherches sur 1948 prépa-rèrent le terrain à une critique de ladécennie qui suivit et à celle, plus fon-damentale du sionisme lui-même. Nédans les années 80, le « post-sionis-me » regroupa plusieurs centainesd'universitaires, historiens et socio-logues, et d'intellectuels. On s'attaquaà la destruction de la Palestine elle-même et Ilan Pappe consacre un cha-pitre à ce qu'Israël Shahak a qualifiéde « falsification de l'Holocauste ».Plus original encore, le chapitre sur lecinéma et le théâtre en cette période.Cependant, l'appellation post-sionisterépondait au souci de certains de nepas apparaître comme des anti-sio-nistes, donc des traîtres.

Le « néo-sionisme »

A la fin des années 90, le virageà droite de l'opinion qui élit Arielsharon provoqua l'effondrementdu post-sionisme et le retour à uneversion consensuelle du sionisme.Benny Morris et d'autres firentleur autocritique. Plus question de

Israël

Page 8: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

Courrier du CVPR, n°63 - p. 8

Lieux saints de Jérusalem :« Israël en fait désormais un sujet polémique »

par Jean-Dominique MeRCHet

Le comité du patrimoi-ne mondial del’Unesco a approuvémercredi une résolu-tion sur les lieux

saints de Jérusalem qui n’évoque queleur caractère musulman, sans réfé-rence au judaïsme. Le 13 octobre,déjà, le comité exécutif de l’Unescoavait adopté un texte comparable –avec l’abstention de la France. Cesrésolutions suscitent une vive polé-mique en Israël et dans la commu-nauté juive.

• Comment réagissez-vous auxpolémiques suscitées par lesrésolutions de l’unesco sur leslieux saints de Jérusalem ?

— En fait, ce sont des textes assezbanals, régulièrement votés depuis1967. Ce qui est nouveau, enrevanche, c’est la réaction du gouver-nement israélien qui en fait désor-mais un sujet de polémique, dans unestratégie politique apparemmentgagnante au vu des réactions quecette affaire suscite. Auparavant, ilfaisait la sourde oreille et ne commu-niquait pas sur ce sujet.

• D’où vient cette querelle ?

Depuis 1967, le « groupe deKhartoum » qui réunit plusieurs paysarabes - dont l’Algérie ou le Maroc -entend protéger les lieux saints musul-mans dans les territoires occupés parIsraël. Ils font voter régulièrement destextes dans ce sens par les organisa-

tions internationales comme l’Unesco.Dans ces résolutions il n’y a pas dedéni explicite du lien entre le judaïsmeet Jérusalem - mais un déni implicite :effectivement ce lien n’est pas explici-tement mentionné. C’est un peucomme si on reprochait à BenyaminNetanyahou de ne pas parler des liensentre Jérusalem et l’Islam… en soicela n’a rien d’étonnant, chacun sonbusiness, en quelque sorte ! Sur leplan juridique, celui du droit interna-tional, Jérusalem Est et la Vieille Ville(où sont les Lieux Saints - ndlr) sontdes territoires occupés, même si l’Étatd’Israël a annexé cette partie de laville. L’Unesco est donc fondé àdénoncer l’occupation militaire et lesrisques qu’elle fait courir à ces sites.

• Qu’en est-il d’un point de vuehistorique ?

— Il faut remonter à ce qu’il fautappeler le "compromis de 1967".Lorsque l’armée israélienne estentrée à Jérusalem Est et dans laVieille Ville (qui étaient alorsannexée par la Jordanie - ndlr), legouvernement a décidé de laisseraux musulmans l’esplanade desMosquées, sur laquelle se trouve leDôme du Rocher, le plus ancienlieu saint de l’Islam. Des dirigeantsisraéliens comme Moshe Dayan ou lePremier ministre Levi Eshkol ont faitimmédiatement retirer le drapeauisraélien de ce site. en contrepartie,quelques jours plus tard, les mai-sons arabes du Quartier desMaghrébins ont été rasées et les

habitants, de l’ordre d’un millier,évacués en deux heures, pour créerce qui est aujourd’hui l’esplanadedevant le mur des Lamentations -le lieu saint du judaïsme. Ce compro-mis politique sur la séparation deslieux saints était soutenu par le GrandRabbinat, qui déconseillait aux juifsreligieux de se rendre sur l’Esplanadedes mosquées.

• Ce compromis est-il aujour-d’hui remis en cause ?

— Il y a effectivement une remise entension de ces lieux saints depuisquelques années, et l’affaire autourde la résolution Unesco n’en est fina-lement qu’un symptôme de plus. Laréaction du gouvernement israélien àla résolution de l’Unesco entémoigne. Il y a toujours eu des grou-puscules juifs ultraminoritaires quivoulaient reconstruire le Temple àl’emplacement des lieux saintsmusulmans. Or, cette position extré-miste est maintenant défendue pardes députés du Likoud (le parti deNetanyahou) et même jusqu’au seindu gouvernement israélien. En face,et dans ce contexte, il faut recon-naître que la résolution de l’Unescoest extrêmement maladroite. Elle estmême contre-productive pour lesobjectifs que le groupe de Khartoumentend défendre. La direction del’Unesco s’en est d’ailleurs quasi-ment désolidarisée.

L’Opinion, mardi 8 novembre 2016

(1) Historien spécialiste de Jérusalem,Vincent Lemire enseigne à l’Université Paris-Est Marne-La Vallée et il est chercheur asso-cié au Centre de recherches français deJérusalem (CRFJ).

Intégralité de l'article sur:http://www.france-palestine.org/Lieux-

saints-de-Jerusalem-Israel-en-fait-desor-

mais-un-sujet-polemique

Pour l’historien vincent Lemire (1), la nouvellestratégie du gouvernement israélien autour des

résolutions de l’uNesCO remet en cause le « compromis de 1967 ».

Palestine

Page 9: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

Courrier du CVPR, n°63 - p. 9

Israël et ses colombesLe 3 novembre 2016, Pascal Boniface a posé 3 questions à samy Cohen (1) àl’occasion de la parution de son dernier ouvrage : "Israël et ses colombes :

enquête sur le camp de la paix", aux Éditions Gallimard. Nous publions ci-dessous ses réponses à une des questions de Pascal Boniface dans laquelle il

donne son opinion sur la position d'Ytzhak Rabin

• Contrairement à ce qui estgénéralement admis désormais,Yitzhak Rabin n’était pas le"champion du camp de la paix"et ne s’est pas appuyé dessus.Pourquoi ?

— Les choses sont plus compli-quées. Depuis qu’il a signé lesaccords d’Oslo, Y. Rabin est consi-déré comme le champion du campde la paix. Tous les pacifistes seréclament de son « héritage »,même si celui-ci n’est pas très clair.Car bien de questions se posent :comment Rabin voyait-il l’issue duprocessus engagé en 1993 ? Etait-ilprêt à accepter un État palestinien ?Il y a toutefois un problème : Rabinn’a jamais aimé le camp de la paix.Il voulait gérer le processus de paixen prise directe avec l’armée. Iln’était donc pas question de s’em-barrasser du « soutien empoisonné »d’un mouvement de paix comme LaPaix maintenant, qui traînait l’ima-ge sulfureuse d’une organisation« gauchiste ». Rabin se méfiait detout ce qui pouvait l’associer à lagauche militante. Il ne percevait pasLa Paix maintenant comme unmouvement sioniste de gauche.Cette partie difficile, il voulait lajouer seul, sans être gêné par sesalliés. Il entendait incarner un largerassemblement dépassant le clivagegauche-droite, rallier la droitemodérée qui lui faisait confiance, etétendre son assise électorale auxcouches défavorisées et populaires,aux mizrahim surtout, les Juifsorientaux, pour qui la gauchecolombe n’était qu’un assemblagede « bourgeois ashkénazes ».

Le camp de la paix est affaibli maisdemeure vivant, grâce à de nombreusesinitiatives. Qu’est-ce qui pourrait luiredonner une place importante ? Il fau-drait qu’il commence par s’unir et sur-monter ses divisions, sa principale fai-blesse. Elles ne sont le fruit ni du hasardni une calamité naturelle. Il s’agit d’unchoix. Cet ensemble n’a jamais voulus’unir pour former un mouvement demasse. Pour la plupart des ONG paci-fistes, il est plus important de se distin-guer que de se rassembler. Leur "priori-té des priorités" est de persévérer dansleur être, dans leur identité. Elles préfè-rent l’insatisfaisant statu quo actuel à unmouvement de masse qui les conduiraità y perdre leur âme, ainsi que lessources de financements qu’elles ontsouvent péniblement réussi à obtenir.

Ces divisions s’expliquent égale-ment par des facteurs idéologiques. Sitoutes ces organisations tendent vers lemême objectif, la paix, les chemins quiy mènent sont différents. Certaines pen-sent qu’il n’est pas souhaitable d’abor-der des questions trop sensibles tellesque la guerre de 1948 ; d’autres, aucontraire, pensent qu’elle est inévitable.Certaines veulent se montrer « apoli-tiques », ne pas se laisser entraîner dansdes critiques anti-gouvernementales quiles marqueraient « à gauche ». D’autres,inversement, n’hésitent pas à ciblerdirectement le Premier ministre et legouvernement, responsables à leursyeux du maintien du statu quo. Enfin, laquestion des alliances et des coalitionsest primordiale. Comme dans toutesociété, les mouvements sociaux ont lesouci de ne pas s’allier à des organisa-

tions qu’ils ne tiennent pas en estime etdont les objectifs ne concordent pasavec les leurs.

Il lui faut un leader qui lui faitdéfaut depuis que Rabin a été assassi-né. Nul processus de paix ne pourraémerger sans la présence de leaderspolitiques de grande envergure desdeux côtés, porteurs d’une visiond’avenir, capables de rassurer leurpeuple autant que celui du camp adver-se. Le camp de la paix est à larecherche d’un « homme fort », unhomme providentiel au passé sécuri-taire irréprochable. Car compte tenu del’état de méfiance réciproque régnantentre Israéliens et Palestiniens, de lafracture israélienne entre partisans etadversaires d’un compromis politique,et de l’opposition entre le Fatah et leHamas, la tâche qui attendrait ce leaderrequiert un courage et un savoir-fairehors du commun. Il n’y a pas actuelle-ment de leader colombe crédible.

Il faudrait, enfin, une oppositionvéritable au gouvernement actuel,convaincue de poursuivre le processusde paix. Or, sur ce chapitre, rien de bienprometteur ne se profile à l’horizonmême si l’alternance politique n’est pasinconcevable. En mars 2015, le partitravailliste et ses alliés centristesn’étaient pas loin de l’emporter. Maisces partis ne sont pas prêts à prendre àbras le corps la question du conflit israé-lo-palestinien car ils sont à la recherchedes voix de la droite modérée pour quile conflit n’est pas la priorité.

(1) Samy Cohen est Directeur de rechercheémérite à CERI- Sciences Po

Voir l'intégralité de l'interview sur:http://www.iris-france.org/82912-israel-et-

ses-colombes-3-questions-a-samy-cohen/

Page 10: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

Courrier du CVPR, n°63 - p. 10

J e me suis exprimé aux NationsUnies contre l’occupation parceque j’aspire à la qualité d’être

humain. Et les êtres humains, lors-qu’ils sont responsables d’une injusti-ce envers d’autres êtres humains, ontl’obligation morale de réagir.

Je me suis exprimé aux NationsUnies contre l’occupation parce queje suis israélien. Je n’ai pas d’autrepays. Je n’ai pas d’autre citoyenneténi d’autre avenir. J’ai grandi ici et yserai enterré. Je me soucie du destinde cet endroit, du destin de ses habi-tants et de son destin politique, qui estaussi le mien. Et, au vu de tous cesliens, l’occupation est un désastre.

Je me suis exprimé aux NationsUnies contre l’occupation parce queles collègues de B’Tselem et moi-même, après tant d’années de travail,sommes arrivés à plusieurs conclu-sion. En voici une : la réalité ne chan-gera pas si le monde n’intervient pas.Je soupçonne notre gouvernement,dans son arrogance, de savoir cela et,de ce fait, de s’occuper à répandre lapeur d’une telle intervention.

Une intervention du monde contrel’occupation est tout aussi légitimeque n’importe quelle question dedroits humains. Et ce d’autant plusqu’il s’agit d’un thème tel que notrepouvoir sur un autre peuple. Ce n’estpas un problème israélien interne,mais une question internationale, c’estflagrant. Voici une autre conclusion : iln’y a aucune chance que la sociétéisraélienne de son bon vouloir et sansaucune aide, mette fin au cauchemar.De trop nombreux mécanismes fontun cas à part de la violence que nousmettons en œuvre pour contrôler lesPalestiniens. Trop d’excuses se sontaccumulées. Il y a eu trop de peurs etd’angoisse – des deux côtés – au coursdes 50 dernières années. Au bout ducompte, j’en suis sûr, Israéliens etPalestiniens mettront fin à l’occupa-tion, mais pas sans l’aide du monde.

Les Nations Unies, c’est beau-coup de choses. Beaucoup sont pro-blématiques, certaines complètementinsensées. Je ne les approuve pas.Mais les Nations Unies c’est aussil’organisation qui nous a donné unÉtat en 1947 et cette décision est la

base de la légitimité internationale denotre pays, celui dont je suis citoyen.et chaque jour de l’occupationnous fait non seulement croqueravec délice la Palestine, mais aussidétruire la légitimité de notre pays.(NDRL : souligné par nous).

Je ne comprends pas ce que le gou-vernement veut que les Palestiniens fas-sent. Nous avons régi leurs vies depuisprès de 50 ans, nous avons déchiquetéleur terre en petits morceaux. Nousexerçons un pouvoir militaire et bureau-cratique avec grand succès et nous nousarrangeons parfaitement avec nousmêmes et avec le reste du monde.

Qu’est ce que les Palestiniens sontsupposés faire ? S’ils osent manifes-ter, c’est du terrorisme populaire.S’ils appellent à des sanctions, c’estdu terrorisme économique. S’ils utili-sent des moyens légaux, c’est du ter-rorisme judiciaire. S’ils se tournentvers les Nations Unies, c’est du terro-risme diplomatique. Il s’avère quequoi que fasse un Palestinien à part selever le matin et dire « merci patron,merci maître », c’est du terrorisme.Qu’attend le gouvernement, une lettrede reddition ou la disparition desPalestiniens ? Ils ne disparaîtront pas.

Nous ne disparaîtrons pas non plus,ni ne nous tairons. Nous devons le répé-ter partout : l’occupation ne résulte pasd’un vote démocratique. Notre décisionde contrôler leurs vies, pour autant quecela nous convienne, est une expressionde violence et non de démocratie. Israëln’a pas de raison valable de continuerainsi. et le monde n’a pas de raisonvalable de continuer à nous traitercomme il l’a fait jusqu’à présent –que des mots et pas d’action.

Je me suis exprimé au Conseil deSécurité de l’ONU contre l’occupa-tion parce que je suis optimiste, parceque je suis Israélien, parce que je suisné à Haïfa et que je vis à Jérusalem,et parce que je ne suis plus un jeunehomme et que chaque jour de ma viea été marqué par le contrôle que nousexerçons sur eux. Et parce qu’il estimpossible de continuer ainsi.

Nous ne devons pas continuerainsi. Je me suis exprimé au Conseilde Sécurité de l’ONU contre l’occu-pation parce que j’aspire à la qualitéd’être humain.

Haaretz - traduction sF pour l’AuRDIP,29 octobre 2016

(1) H. El-Ad est directeur exécutif de B’Tselem

Le responsable de B’tselem :« Pourquoi je me suis exprimé à l’ONucontre l’occupation » par Hagai eL-AD (1)

"Il n’y a aucune chance que la société israélienne,de son bon vouloir et sans aucune aide, mette fin aucauchemar. De trop nombreux mécanismes isolentla violence que nous mettons en œuvre pour contrô-ler les Palestiniens."

Discours d’Hagai El-Ad à l’ONU

DR

Israël

Page 11: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

Témoignages

Voyage en Palestineoccupée – octobre 2016

Courrier du CVPR, n°63 - p. 11

Nous venons de passer12 jours en Palestineoccupée : Jérusalem-Est,Hébron, Bethléem,

Nazareth, Jénine, Sabastiya,Naplouse, Tulkarem, Ramallah.Nous étions quelques amis désireuxde confronter nos convictions à laréalité palestinienne. Le programmeélaboré en concertation avec uneagence de tourisme franco-palesti-nienne, avait pour objectif de rencon-trer des Palestiniennes et desPalestiniens qui subissent au quoti-dien l’occupation militaire et la colo-nisation, dans les villages de la zone C, dans les quartiers populairesdes villes : des cultivateurs, des arti-sans, des militantes et militants asso-ciatifs et syndicaux, mais aussi detrès nombreux acteurs de la vie intel-lectuelle et artistique. Nous n’avonseu aucun contact avec des personna-lités officielles, représentants del’Autorité Palestinienne ou des partispolitiques, du monde économique oudes médias, mais de simplescitoyens, dignes, obstinés, lucides.

Ce qui impressionne en effet chezces femmes et chez ces hommes c’estleur dignité exemplaire. Jamais ils nesollicitent notre compassion pour leshumiliations et les souffrances infli-gées à eux-mêmes et à leurs proches,mais seulement notre attention, notreécoute, nos questions. Ils tiennent àmontrer, à expliquer ce qui se passeréellement, comment et pourquoi. Enfrançais ou en anglais, mais le plussouvent en arabe – nos guides sontd’excellents interprètes – ils s’expri-ment avec sobriété, avec émotionsouvent, avec colère parfois, maisjamais ils ne tiennent un discours dehaine en réponse à la haine viscéralede leurs bourreaux : les armes de leurrésistance sont l’obstination et ladérision.

L’obstination : ne jamais renon-cer à revendiquer ses droits malgréles emprisonnements, à cultiver saterre malgré les confiscations, à

cueillir les olives malgré les ballesdes colons, à se déplacer malgré lescheck-points, à reconstruire les mai-sons malgré les bulldozers, à assurerl’instruction des enfants.

Près de Tulkarem, l’exploitationdu maraîcher Fayez Taneeb a étéexpropriée pour construire une usinede produits chimiques et lui-même aété emprisonné. À sa sortie, il a pro-gressivement réoccupé et cultivé prèsla moitié de son terrain, a construitd’immenses serres anti-pollution,inventé d’ingénieux dispositifs derecyclage qui lui assurent une quasiautonomie en matière d’eau, d’éner-gie et d’engrais. Il anime un groupe-ment local de producteurs qui refu-sent comme lui de céder la place. Il atémoigné à Londres lors de la derniè-re réunion du Tribunal Russell pourla Palestine. Il est prospère mais lamenace demeure, obsédante.

Dans la vallée du Jourdain, prèsd’une petite colonie verdoyante, lescultivateurs/éleveurs d’Al Hadidiyapersistent à camper sous des tentes,menacés par les colons, harcelés parl’armée. Celle-ci les a privés de leurs

ressources traditionnelles en eau,allant jusqu’à détruire le réservoirdestiné à recueillir l’eau de pluie. Destranchées ont été creusées en traversdes pistes à peine carrossables quirelient le campement à la route. Maisses habitants s’organisent avec ceuxdes villages voisins pour faire obs-tacle, y compris par des recours

auprès de la Cour Suprême, auxexpulsions.

Nous avons visité l’impression-nant champ de ruines du village deSuffurya détruit en 1948, mais aussiles ruines toutes fraîches de 11 mai-sons démolies, en juillet 2016, àKalandia près de Jérusalem. Leurspropriétaires, pour loger leursenfants, les avaient construites surdes terrains leur appartenant, maissans attendre une autorisation israé-lienne qui ne viendrait jamais. Ilsnous racontent l’intervention desbulldozers et de l’armée et ajoutent :« Nous sommes tristes, mais nousreconstruirons ».

La dérision : Elle ne tue personnemais elle est dévastatrice pour l’ima-ge des bourreaux quand les réseauxs’en emparent et que les grandsmédias les relaient. Dans tous les casle bourreau la reçoit comme uneoffense personnelle, la preuve irréfu-table de son impuissance à dominersa victime. Le dessin devient alors,avec le film d’animation, la carica-ture et la BD, une arme politique.

Dans les années 80, les habitants

Sur les murs du Théâtre de la Liberté à Jénine; Handala icône de la Résistance palestinienne

Dossier

Page 12: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

de Beit Sahour, village proche deBethléem, avaient décidé de boycot-ter les produits laitiers israéliens etfait l’acquisition de 18 vaches.Devant le succès de ce boycott, l’ar-mée israélienne s’était lancée avec degrands moyens à la poursuite de cesmammifères terroristes. L’échec decette opération ubuesque avait beau-coup fait rire à l’époque aux dépendsde Tsahal! En 2014, deux cinéastes, lecanadien Paul Cowan et le PalestinienAmer Shomali réveillent le souvenirde cette traque burlesque avec les res-sources comiques propres au filmd’animation : c’est le film « 18 wan-ted », ou « Les 18 fugitives ». Projetéen France par Arte, en dépit du CRIF,il fut présélectionné pour les Oscars.

Handala est une sorte deGavroche palestinien, créé par NajiAl Ali, célèbre caricaturiste palesti-nien mystérieusement assassiné àLondres en 1987. L’artiste avait vouluque ce petit bonhomme ébourifféincarne la jeunesse, la conscience etl’avenir du peuple palestinien. Il estgénéralement représenté les mainscroisées derrière le dos pour signifierle refus de l’occupation, parfois aussiavec un bras levé tenant une clé,symbole du « droit au retour. Il estpartout présent en Palestine, taguénotamment sur le « Mur de sépara-tion », ressuscité aussitôt qu’effacé.

La BD politique en Palestine esten plein essor. Nous avons rencontréau Centre culturel de Tulkarem dejeunes artistes talentueux, parmi euxplusieurs jeunes filles, formés àl’Université Al Najah de Naplouse,qui préparaient une exposition deleurs œuvres. Toutes s’attachaient àmontrer, sur le mode explicitementou implicitement critique, les réalitésde la vie en Cisjordanie occupée.

Ce séjour a conforté notre convic-tion que jamais la toute-puissancemilitaire israélienne, en dépit du sou-tien de l’Occident, ne viendra à boutde la résistance du peuple palestinien,de son intelligence, de sa force mora-le. D’autant que cette force morale vade pair avec sa lucidité politique. Cepeuple ne se fait aucune illusion, nisur les véritables objectifs d’Israël, nisur la volonté des instances interna-tionales de faire prévaloir le Droit, nisur les mirages du salafisme et du dji-hadisme. Il ne se fait pas davantaged’illusions sur les institutions issues

des Accords d’Oslo et sur les« élites » politiques palestiniennes.

À cet égard, nous avons dû corri-ger nos propres erreurs de perspecti-ve. Le discrédit de l’AutoritéPalestinienne, de son administrationet de son chef, est bien réel, dans lesmilieux intellectuels comme dans lesvillages et les quartiers populaires, enraison de son incapacité à protéger lapopulation contre les exactions israé-liennes et de son indifférence au sortdes victimes. La police palestinienneest, de l’avis général, une police poli-tique au service de l’occupant, sacomplice active dans la répression dela résistance populaire.

La politique économique « libéra-le » et l’austérité qui en est le corol-laire comportent les mêmes consé-quences qu’en Occident, mais trèsaggravées, pour le fonctionnementdes services publics, notamment lasanté, l’éducation et la culture. LeFatah et le Hamas sont tout autant dis-crédités par leurs rivalités, leur clien-télisme et leur corruption présumée.

Plus grave encore est le discréditdes grandes centrales syndicales,directement inféodées aux partis,dirigées par des appareils non élus,mais cooptés, bafouant les principesélémentaires de la démocratie syndi-cale, liés à la centrale syndicaleisraélienne par des accords financiersobscurs, et n’apportant aucun soutienaux salariés, engagés dans desconflits sociaux de plus en plus fré-quents, de plus en plus durs, avec lesemployeurs israéliens mais aussipalestiniens. Des syndicats indépen-dants se créent dans des entreprises,des coordinations tentent de s’organi-ser, une nouvelle centrale s’est créée,dotée de statuts démocratiques, mais

elle n’a pas encore obtenu la recon-naissance internationale.

La « lutte des classes » est une réa-lité aussi dans la société palestinienne,que notre représentation d’un peuplepalestinien uni et solidaire dans lalutte pour ses droits nationaux, risquede nous faire oublier. Les beaux quar-tiers de Ramallah, leurs immeubles deprestige et tous les attributs du luxedignes d’une grande capitale - ce queBenjamin Barthes a si bien décrit dans« Ramallah dream » - offrent uncontraste saisissant avec le reste de laCisjordanie. La « fracture sociale » estici flagrante ! Mais remet-elle encause l’unité nationale ? Pour la

population palesti-nienne que nousavons côtoyée au longde ce séjour, pour leshommes et lesfemmes que nousavons écoutés, il n’y aaucune contradictionentre luttes sociales(et sociétales) et luttepour la souveraineténationale : rien ne jus-tifie d’établir entreelles des liens desubordination, nid’exiger jusqu’auxcalendes, au nom de

la cohésion nationale, l’acceptationdes injustices sociales par ceux qui lasubissent.

Mais qu’en est-il de ceux qui,manifestement, tirent de la situationactuelle des bénéfices économiquesou politiques et les avantages maté-riels et symboliques qui vont avec ?En d’autres termes, le capitalismepalestinien peut-il considérer, dans lecontexte régional et internationalactuel, que ses intérêts de classeseraient mieux assurés par un « com-promis historique » avec le capitalis-me israélien dominant et dominateurque dans une Palestine économique-ment et politiquement souveraine ?Quelle que soit la réponse à cettequestion - qui n’est pas sans rapportavec le débat « Un Etat ou Deux Etats ? » - et quelle que soit la solutionqui prévaudra, nous sommes persua-dés que le peuple palestinien, peuple-citoyen politiquement mûr et lucide,tel qu’il nous est apparu, ne renoncerajamais à lutter pour ses droits.

Henri et Suzanne Folliet

Courrier du CVPR, n°63 - p. 12

Dossier

Handala icône de la Résistancepalestinienne

Page 13: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

Courrier du CVPR, n°63 - p. 13

Dossier

Treize jours à ChatilaNajdeh

J’étais à Chatila en octobreavec ma femme Elisabeth etun groupe de volontairesAFPS Paris 14e -6e, mission-nés auprès de deux associa-tions palestiniennes pourrénover des bâtiments et pour évaluer les besoins enmatière d’enseignement et d’aide psychologique. Je vou-lais voir ce camp de réfugiés trente-quatre ans après lemassacre de 1982, témoigner en hommage à Jean Genet,à son texte « Quatre heures à Sabra et Chatila ». Le campde Sabra n’existe plus. Chatila est toujours là. Là vivent35.000 personnes environ, peut-être plus, car il y a maintenant les réfugiés venus de Syrie.

comité de parents. Dans le centrepsycho-social, les femmes sontaccueillies, écoutées. Cet automne,plusieurs membres de notre mission(des professeurs, une psychologue)ont travaillé dans ces deux centres.

Rêves de réfugiés

« Rêves de réfugiés », ce sont 8 res-ponsables bénévoles et 16 salariés à200-250 dollars par mois. Une histoi-re d’amitié et de volonté. Trois copainsdu camp, Sobhi, Tarek et Jalal, ne sup-portaient plus l’état des enfants ducamp. Ils créent une structure de sou-tien scolaire. Ils convainquent le pèrede Sobhi qui achète un immeuble.Aujourd’hui 500 enfants sont « soute-

nus ». les trois copains ouvrent undeuxième chantier: réhabilitation ducadre de vie. Ils commencent par leurrue. Exemplaire, elle s’appellera « ruede l’espoir ». Ils ont réhabilité troisruelles et 56 appartements. Chaqueélève paie 10 dollars par mois. Unfilm, réalisé par Antoine Laurent est encours de finition sur cette aventure.

C’est avec cette association que,cet automne, l’équipe des bénévolesfrançais (André, Vincent, François etles autres) a remis à neuf un étage ducentre psycho-social et un apparte-ment privé (peinture, électricité,plomberie).

Enfants

Les enfants sont partout. En groupeavec leur classe, cartable sur le dos.Seuls dans la rue, chips à la main, ilsjouent avec presque rien. A se battre, àse poursuivre, aux billes, à saute-mou-tons, avec un chat. A lancer une ballerebondissante contre une façade. Ashooter dans un caillou avec des chaus-sures percées. A sauter à pieds jointssur une bouteille en plastique pour lafaire exploser. A transporter un blessé,deux garçons courent, emportant surleur dos leur copain couché. Deuxfilles dans une boutique de robes demariée jouent au badminton. Quatreenfants tripotent les manettes d’un tri-porteur, arrive un homme avec un arro-soir, qui les arrose calmement, les moi-neaux s’égaillent. Un gamin, arméd’une bouteille en plastique, frappe surune Mercedes 300 E noire flambantneuve, déclenche l’alarme qui hurlequelques secondes, puis s’arrête. Ilrecommence. Cela actionne aussi lesfeux de détresse. Quel pouvoir. Deshommes dans le hangar voisin chargentdes cartons d’eau dans une camionnet-te, ils ne voient, n’entendent rien. Legamin se lasse et disparait.

Déchets

Paquets de chips éventrés,mégots, papiers gras, capsules dente-lées, emballages de pizzas maculésde sauce tomate, éclats de verre,éclats de faïence, kleenex souillé deboue séchée, bout de pain, sac enplastique noir, chaussure orpheline.Le vent berce un gobelet en carton.Carcasses de voitures, couvertes depoussière grasse, pneus crevés, tached’huile. Une fourgonnette au soleil.Sur le pare-brise un impact de balle,au centre un trou noir rond. J’imagine

Association créée après la des-truction du camp palestinien deTell El Zaatar (nord-est deBeyrouth). Dans les onze campsdu Liban, Najdeh gère 34 centres(jardins d’enfants et centres psy-cho-sociaux).

AChatila, Najdehc’est un jardind’enfants et uncentre psycho-social. Dans le jar-din, l’enfant du

camp, privé de tout, en particulier dedivertissements, peut jouer etapprendre par le jeu. Tout est gratuit.Les parents sont associés, via un

Scènes d’horreur au camp de Sabra après les 16 et 17 septembre 1982D

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Page 14: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

le trajet de la balle, l’homme derriè-re le volant. Le déchet recherche lescoins, l’arrière des plots de béton, descuves, le dessous des carcasses. Là, ilse réfugie. Là il est bien, à l’ombre,à l’abri, en sécurité, personne, aucunbalai ne viendra le dénicher, débus-quer. Il est la végétation, la flore et lafaune, l’architecture aussi car un peupartout il se regroupe en tas, en mon-ticules, parfois collines. Alors ildevient décharge. Il est le mobilierurbain, le tapis douillet sur lequel onmarche. Par endroits de vrais tapisont été posés à même la chaussée,pour boucher un trou. A l’entrée desboutiques, c’est un carton qui sert depaillasson. Par endroits les déchetssont là depuis si longtemps qu’ilsfont corps avec le sol, les matières sesont fondues, c’est une pâte homo-gène, compacte, un magma noir,gras, comme du cambouis. Pas depoubelles fixes. De temps en temps,passe un homme, un morceau de car-ton dans chaque main. Avec cettepince il soulève les déchets et lespose dans une charrette, monte des-sus pour tasser le tout. Le sol est àpeu près net, un certain temps.Canettes en métal, cartons, ferraille,cagettes de fruits et légumes sontramassés, rangés, emportés au loin.

Electricité et eau

Dans la rue, d’une façade à l’autre,pendent des câbles électriques, grosou fins. Mêlés aux tuyaux d’eau. Unfil nu descend jusqu’au sol. Un autresert de séchoir à linge. Les tableauxélectriques sont fixés sur les façades.Les accidents mortels sont nom-breux. C’est Electricité du Liban quialimente le camp. Mais la productionet le réseau de transport sont insuffi-sants – dans le pays il y a plusieursheures de coupure par jour. Relaisassuré par les générateurs privés.Ceux qui ne peuvent pas en acheterun subissent les coupures, ou passentpar un des « opérateurs privés » quivendent du courant, très cher.

Pas d’alimentation en eau potable.Les logements ont l’eau courante,mais c’est de l’eau de mer. Elle colleà la peau, fait rouiller les tuyaux,détraque les machines. Alors onrecueille l’eau sur les toits (encorefaut-il qu’il pleuve), les marchandsd’eau font fortune - Nestlé est partout.Pas de véritables égouts non plus. Encas de fortes pluies, ça déborde.

Le Centre Enfance et jeunesse

Le « Centre Enfance et jeunesse » apporte éducation et loisirs aux enfantset jeunes de Chatila et du camp de Nahr El Bared (nord du Liban). Il gère aussila seule «guest house » du camp, où sont logés mes collègues de l’AFPS. AbouMoujahed en est le directeur. Il était là en 1982 : « Je lisais le récit du massacrede Deir Yassin, je peux le raconter maintenant». Deux questions le préoccu-pent: les abus sexuels et la drogue.

Le mémorial Sabra et Chatila

Un espace vide, bordé de jeunes arbres. Terre battue. A l’entrée, une vieille vali-se, deux poubelles, des sacs plastique. De ci de là, en liberté, des pintades, despoules, un poussin picore près de sa mère. Au fond une petite stèle. Je foule le sol.Où sont les morts ? Sous mes pieds ? Pas de tombes, pas de noms. Est-ce cela unefosse commune? Aucune enquète sérieuse. L’Etat libanais a classé l’affaire (au nomde la «réconciliation »), les assassins n’ont jamais été poursuivis. Sabra et Chatila,comment de victimes ? L’historienne Bayan Nuwayhed a recensé 906 morts et 484disparus (« Sabra and Chatila 1982 », Pluto Press, Londres 2004).

Courrier du CVPR, n°63 - p. 14

Melana Bourgi

Elle a été célèbre le temps d’unephoto de presse. Une femme deboutdans une rue, son voile à la main,devant des cadavres. Elle a perdu sesdeux fils et son mari, entraineur dechevaux. Elle avait 49 ans, elle en a83. Elle raconte : « C’était jeudi, vers17h.30 -18h. J’ai entendu des bruitsde balles et des cris. Des militairessont arrivés. « Vous êtes là pour nousprotéger ? Nous sommes là pourvous tuer ». Je suis chrétienne d’ori-gine, des chrétiens nous insultaient.

Les Israéliens nous ont d’abord dit :Rentrez chez vous. Puis ils ont emmenéles femmes dans des camions. Troisjours ils nous ont gardées. Pendant toutce temps je n’ai rien mangé, rien bu,tellement j’étais angoissée, je ne savaisrien. Le dimanche seulement ils nousont relâchées. Alors a commencé larecherche des corps. C’est à ce momentque la photo a été prise par un photo-graphe libanais, Youssef ». Elle montrela coupure de journal: « Ici c’est monmari. Ici, mes deux fils ».

En 1982, Genet écrit : « Que vou-lait gagner Israël à Chatila : détruire

les Palestiniens ». Les Palesti-niens ne sont pas détruits. Ilstiennent. Dans un pays qui lestolère plus qu’il ne les accepte.Ils luttent, chacun à sa façon,pour survivre et pour que lemonde reconnaisse leur droit auretour dans leur pays, laPalestine. Un mot les définit :persévérance.René Gaudy, 29 novembre 2016

P.S. : Je remercie Hervé Sabourin,directeur régional de l’Agence Universi-taire de la Francophonie (Bureau Moyen-Orient), qui m’a mis en contact avec septjeunes élèves-interprètes libanaise grâceauxquelles j’ai pu interviewer les réfugiés.A ma demande, chacune a témoigné parécrit de cette première expérience pourelles de solidarité (aucune n’était jamaisvenue à Chatila).

« Quelle citoyenneté

dans les camps de réfugiés ? Les

Palestiniens du Liban », de GlendaSantana de Andrade, doctorante ensociologie, Ed. L’Harmattan, 2016.

Un livre à lire :

Et présentant celle de ses deux enfants assassinés lorsdu massacre.

Melana Bourgi tenant la photo de son mari

Dossier

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Page 15: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

La campagne "Boycott, Désinvestissement Sanctions" trouve son origine dans l'appel lancé, le 9 juillet

2005, aux sociétés civiles internationales et aux gens de conscience du monde entier, par 172 partis, orga-

nisations et syndicats, représentant la société civile palestinienne, en vue d'imposer de larges boycotts à

Israël, et des retraits d'investissement.

Elle a essentiellement pour but de faire respecter par Israël le droit interna- tional, superbement ignoré par

l’Etat hébreu depuis sa proclamation par David Ben Gourion, le 14 mai 1948.

Cet appel énonce les trois exigences indissociables du peuple palestinien :

1/ Fin de l'occupation de la Palestine (Cisjordanie, Jérusalem-Est, Bande de Gaza) et de la colonisation

de toutes les terres.

2/ Egalité absolue des droits accordés aux Juifs et aux Palestiniens d’Israël, dont la nationalité.

3/ Droit des réfugiés au retour et à l'indemnisation, comme stipulé par la résolution 194 de l'ONU, du

11 décembre 1948.

La campagne BDS

en France et

dans le monde

La Haute représentante de l’UE,Fédérica Mogherini, affirme le droit au BDS

Courrier du CVPR, n°63 - p. 15

Pendant que la

France est un des

seuls pays du monde

à tenter de

criminaliser le BDS,

Federica Mogherini

rappelle la position

traditionnelle de

l’Europe.

En réponse à une question dela députée MartinaAnderson pour savoir si laCommis-sion de l’UE s’en-

gagera à défendre le droit des militantsBDS à exercer leur liberté démocra-tique d’expression, la Haute représen-tante de l’U.E. a répondu : « L’UE sesitue fermement dans le soutien à laliberté d’expression et d’association

conformément à la Charte des droitsfondamentaux de l’Union européenne,qui s’applique sur le territoire desEtats membres de l’UE, y compris ence qui concerne les actions BDSmenées sur ce territoire ».

Elle a aussi affirmé que « La liber-té d’expression, comme le souligne lajurisprudence de la Cour européennedes Droits de l’homme, s’applique

aussi aux informations ou aux idéesqui choquent ou dérangent l’Etat outout secteur de la population. »

Après avoir échoué à gêner le sou-tien croissant et l’impact du mouve-ment BDS dans le grand public, Israëla lancé une campagne antidémocra-tique, sans précédent, pour faire tairele militantisme pour les droits palesti-niens et mettre le BDS hors la loi.

Les attaques d’origine israéliennecontre le mouvement BDS font pres-sion sur les gouvernements, les légis-lateurs et les responsables pour com-battre l’activité BDS par des mesuresrépressives qui menacent les libertésciviles et politiques en général.

Interrogée à propos du jugementde la Commission et à propos desdéclarations du ministre duRenseignement israélien, YisraelKatz, pour qui des “éliminationsciviles ciblées” devraient être accom-plies contre les leaders palestiniens etinternationaux du mouvement BDS,

Fédérica Mogherini en mars 2014 (Wikipédia)

Page 16: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

Nouvelle baisse pour les exportations

israéliennes dans le monde

C e ne sont pas seulement lesinvestissements étrangers en

Israël qui sont en chute libre depuisplusieurs années, mais également lesexportations qui ne cessent de baisserpour la 6ème année consécutive, rap-porte l’observatoire économiqueGlobes.

Si on met de côté les exportationsde diamants (nous avons déjà mis engarde contre l’achat des diamants quine comportent aucune traçabilitépuisqu’ils sont exportés bruts, puistaillés dans d’autres pays), les expor-tations de produits israéliens ont subiune nouvelle baisse de 5,7 % dans les6 premiers mois de l’année 2016.

Les exportations israéliennes ontatteint leur point le plus bas depuis6 ans, indique l’Institut israélien sur lesexportations et la coopération interna-tionale. Les produits les plus touchéspar cette baisse sont les produits phar-maceutiques, les composants électro-niques et les produits chimiques.

Les exportations ont chuté surl’ensemble des continents : auRoyaume Uni notamment en ce quiconcerne l’Europe, où la baisse est de17 %, mais aussi en Turquie, auxEtats-Unis, en Inde et en Chine.

Published by Globes [online], Israel business news

- www.globes-online.com - on September 25, 2016

Le boycott de Hewlett-Packard (HP)

s’amplifie dans le monde entier3 novembre 2016

D éjà dénoncé à de nombreusesoccasions pour son implication

dans le contrôle et la répression desPalestiniens, HP est en train de deve-nir la cible d’une campagne mondia-le de boycott et de désinvestissement.Plusieurs pays annoncent même unesemaine internationale d’action etd’information sur la participationd’HP à l’occupation et à la colonisa-tion israélienne du 25 novembre au3 décembre prochain.

Le géant étatsunien des technolo-gies de l’information Hewlett-Packard se vante d’avoir “une pré-sence massive” en Israël, avec prèsde 6 000 employés, et il est l’un desprincipaux fournisseurs de technolo-gies de l’information à l’appareilmilitaire israélien.

HP fournit des sys-tèmes de traitement del’information au minis-tère de la Défense, ilfournit et gère des serveurs informatiquespour l’armée, et admi-nistre l’infrastructureIT (Information Tech-nology) pour la marine,participant ainsi aublocus de Gaza. Son

contrat de 5 ans, passé en 2011 avec leministère de la Défense israélien garan-tit la fourniture et la gestion de tous lesordinateurs et serveurs du ministère etde l’armée pour un montant de 90 mil-lions de dollars.

La société EDS Israël, désormaismieux connue sous le nom de HPEnterprise Services Israel, a fourni etinstallé le “Basel System”, c’est-à-dire un système de contrôle d’accès etd’identification biométrique (recon-naissance faciale et des paumes desmains) [1]. Il a fait son apparitionpour la première fois en 2004 aucheckpoint de Erez, le point de passa-ge entre Israël et la Bande de Gaza, etil est actuellement aussi opérationneldans plus de 20 checkpoints israéliensen Cisjordanie occupée. (...)

la Haute représentante de l’UE adéclaré que « l’UE condamne ferme-ment, en toutes circonstances, lesmenaces et la violence contre lesdéfenseurs des droits humains. »

Riya Hassan, directrice de cam-pagne pour l’Europe du « ComitéNational Palestinien BDS » (BNC),la grande coalition de la société civi-le palestinienne à la tête du mouve-ment BDS mondial, a commenté :

« Nous saluons la défense tardivede l’UE du droit des citoyens euro-péens et autres à être solidaires desdroits palestiniens, y compris par lestactiques du BDS. Cependant la socié-té civile palestinienne escompte quel’UE respectera ses obligationsconformes au droit international et àses propres lois en, au minimum, impo-sant un embargo militaire à Israël, enbannissant les sociétés qui font desaffaires avec les colonies illégalesisraéliennes, et en suspendant l’accordd’association EU-Israël jusqu’à cequ’Israël se conforme à la clause del’accord sur les droits humains. »

Une lettre signée par plus de30 députés européens avait appeléFédérica Mogherini à prendre des dis-positions pour assurer la liberté d’ex-pression du mouvement sous directionpalestinienne Boycott, Désinvestis-sement et Sanctions (BDS) pour lajustice et l’égalité et pour la reconnais-sance comme défenseur des droitshumains d’Omar Barghouti, cofonda-teur du mouvement BDS. Cette lettrefait écho à l’augmentation des appelsde la société civile pour protéger laliberté d’expression des militant-e-s etdes organisations impliquées dans lesactivités BDS pour les droits palesti-niens, selon le droit international.

Plus de 350 organisations euro-péennes pour les droits humains, syn-dicats, églises et partis politiques, ontappelé l’Union européenne àdéfendre les citoyens et les organisa-tions à boycotter Israël en réponse àson occupation et aux violations desdroits des Palestiniens.

Les représentants des gouverne-ments suédois, hollandais et irlandaisont défendu publiquement le droit desoutenir et faire campagne par leBDS pour les droits des Palestiniensconformes au droit international.

Traduction |JPB pour l’AURDIP

Voir : http://www.aurdip.fr/la-haute-repre-

sentante-de-l-ue.html?lang=fr

Courrier du CVPR, n°63 - p. 16

BDS

DR

Page 17: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

Courrier du CVPR, n°63 - p. 17

H.P. et les colonies

HP a installé un centre derecherche et développement dans lacolonie israélienne de Beitar Illit.

Il a fourni des systèmes de stocka-ge de données à la colonie de Ariel,qui est désignée dans une publicationdu groupe comme “la capitale de laSamarie” (ce qui est la terminologieutilisée par Israël pour désigner lapartie nord de la Cisjordanie occu-pée), “au cœur d’Israël”. La carteincluse dans cette publication montrele territoire israélien s’entendant duJourdain à la Méditerranée, sansaucune trace de la Cisjordanie et de laBande de Gaza. (...)

Le groupe “Palestinian YouthTogether for Change” (La jeunessepalestinienne unie pour le change-ment), a lancé la campagne“Mutharkeen” (“ceux qui font bou-ger les choses”) et a déjà contribué àune prise de conscience, en multi-pliant les présentations à de nom-breux groupes, aux étudiants et à desuniversités à Gaza et en Cisjordanie,ainsi qu’en Israël, où le systèmed’identité biométrique fourni par HPpermet de faire la différence entreJuifs et non Juifs parmi les citoyensisraéliens, ouvrant ainsi la porte auxmultiples discriminations institution-nalisées entre les uns et les autres...Ce groupe palestinien récolte lessignatures de personnes qui s’enga-gent à boycotter HP, un boycott quiest défini comme « le rejet de la frag-mentation géographique et moraleimposée par la colonisation sioniste,et de la suppression de notre identitépalestinienne ».

Le boycott de HP est aussi deve-nu une priorité pour le groupeBDS-Italie, qui mène campagne

pour qu’un maximum d’organisa-tions prennent l’engagement dedébarrasser leurs bureaux de toutéquipement fourni par HP. Le syndi-cat italien “Unione Sindacale di Base”a récemment approuvé à l’unanimité lacampagne BDS et a appelé ses 250.000membres ainsi que ses bureaux à neplus acquérir aucun produit HP.

Le “Forum Italien de l’eau”, l’ONG“Un ponte per” et le syndicat COBASont pris des engagements similaires.

C’est également le cas de la“Palestine Solidarity Campaign” bri-tannique qui a recueilli plus de 18.000signatures de personnes s’engageant àne plus acheter de produits HP.

Dans le passé, il est arrivé que HPcède à une pression venue de l’exté-rieur. En 1989, en raison de la mon-tée en puissance des campagnesanti-apartheid, HP a pris ses dis-tances avec l’Afrique du Sud.(NDLR : souligné par nous). Et en1996, HP s’est retiré de la Birmanie,à la suite d’une loi adoptée par leMassachusetts prévoyant que le gou-vernement éviterait, lors de la passa-tion de marchés publics, d’acheter àdes compagnies qui faisaient desaffaires dans ce pays.

En 2014, l’Église Presbytériennedes États-Unis a adopté une résolu-tion par laquelle elle décidait dedésinvestir de HP en raison de sonrôle dans l’occupation de laPalestine. (NDLR : souligné parnous). Avant ce vote, HP avait tenté delimiter les dégâts en adressant unelettre à l’Eglise dans laquelle le grou-pe affirmait que son système decontrôle biométrique réduit les “fric-tions” dans les checkpoints israéliens !

HP, qui se targue de respecter lesdroits de l’homme dans sa "charte

d’éthique", n’a pas réservé de suite àune demande de commentaires à pro-pos de cet article, fait remarquer l’au-teur de cet article, StephanieWestbrook, américaine qui vit àRome, et qui écrit de nombreuxarticles sur la Palestine. (On peut lasuivre sur Twitter : @stephinrome),dont celui-ci publié par ElectronicIntifada et traduit en Français par LucDelval sur www.pourlapalestine.be

On peut trouver de nombreusesdonnées factuelles concernant HP etsa collaboration avec l’occupationisraélienne sur le site de

“Who Profits”,

et sur :

ht tp: / /s tophp.uk/wp-content /uploads/

2016/05/Hewlett-Packard-Israel-Factsheet-

done-y-Michael -Duke- for-sol ic i tors-

2015.docx[/vc_column_text][/vc_column]

[/vc_row]

H.P. et les prisons

Depuis 2007, HPfournit et gère aussides systèmes infor-matiques et desimprimantes au ser-vice israélien des pri-sons.

Un Palestinien utilise le scanner biométrique au checkpoint de

Qalandia – Photo AP

BHL se

déchaine

contre BDS

I nvité au ParlementEuropéen le 27 septembre

2016 pour évoquer "l'avenirdes communautés juives enEurope", BHL part dans undélire sur le mouvement BDSet les Frères Musulmans, mul-tipliant les points Godwin etles inepties historiques :

« Je suis le premier à memobiliser sans le moindrequartier contre le mouvementBDS dont je pense que c'est unmouvement fasciste, né aumoment du fascisme, organiséà partir d'anciens nazis recy-clés dans certains pays arabesen 1946-47 » (...)

« Les Frères Musulmansc'est la version arabe de l'hit-lérisme, tout cela est incontes-table »

Voir : http://www.alterinfo.net/BHL-

se-dechaine-contre-BDS-un-mouve-

ment-fasciste--organise-a-partir-d-

anciens-nazis_a126167.html

BDS

Page 18: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

Courrier du CVPR, n°63 - p. 18

Lancement de la campagne pour

la suspension de

l’Accord d’association UE-Israël :

16 novembre 2016

Collectif pour une Paix Juste et Durable

entre Palestiniens et Israéliens,

La situation en Palestine ne cessede se détériorer du fait de l’ex-

tension permanente de la colonisation,mais aussi de la mise en œuvre assu-mée par le gouvernement israélien,d’une stratégie visant avec le blocusde Gaza, l’isolement et l’annexionprogressive de Jérusalem-Est, la seg-mentation de la Cisjordanie, à rendrela continuité du territoire impossiblepour la création d’un Etat palestiniendont il ne veut absolument pas.

Les droits de l’Homme, le droitinternational, la démocratie, sont sys-tématiquement bafoués, sans que celane soulève plus qu’une expressiontimide de désaccord de la commu-nauté internationale. Une expressionque le gouvernement israélien nepeut qu’interpréter que comme unlaisser faire tacite.

La campagne BDS, malgré lespressions, les interdictions et le pro-cès, constitue un moyen efficace etde plus en plus partagé de résistanceet de solidarité avec les palestinienspour dénoncer et porter des coups àl’occupation et la colonisation.

Le volet « Sanction » de BDS, n’estpas le plus facile à obtenir, mais il estparticulièrement redouté par Israël à lafois pour son image internationale etpour les effets économiques et poli-tiques sur lesquels il permet de peser.

Pour que l’Union européennecesse de cautionner, en appliquant unaccord économique privilégié, la vio-lation du droit international quereprésente l’occupation de laPalestine par Israël, une campagneest lancée en France par de nom-

breuses associations et organisationsréunies, le 16 novembre auprès descitoyens et des institutions.

Le Collectif national pour unepaix juste et durable entrePalestiniens et Israéliens, qui regrou-pe 52 associations et organisations, etle Collectif « Trop c’est Trop » pourles droits des Palestiniens – avec lesoutien de la Plateforme des ONGfrançaises pour la Palestine – propo-sent notamment la signature d’unAppel adressé aux institutions del’Union européenne.

Cette campagne sera d’abord portéeau sein de la société civile, en France.Elle bénéficie de l’appui de plusieursparlementaires nationaux et européens(dont certains participeront à la confé-rence de presse) et des encouragementsde la Coordination européenne descomités et associations pour laPalestine (CECP) pour lui donner unécho à l’échelle de toute l’Europe.

Suspendre l’Accord d’associa-tion entre l’Union européenne etIsraël tant que durent les violationsflagrantes du Droit internationalserait conforme aux termes mêmesde cet Accord (qui est conditionnépar le respect des droits démocra-tiques) et au vote, en 2002, duParlement européen qui a deman-dé cette suspension. Il se placeradans la prolongation de l’appel de 309 associations (2014) et de 62 députés (2015). (NDLR : souli-gné par nous)

Lettre au rédacteuren chef du New York

Review of Books

Une déclaration récemmentpubliée dans le New York

Review of Books appelle à « un boy-cott économique et une non-recon-naissance politique des coloniesisraéliennes dans les territoires occu-pés » (Lettres, 13 octobre).

Nous saluons la façon dont ladéclaration brise le tabou qui frap-pe le boycott des institutions israé-liennes complices - au moins par-tiellement - des violations desdroits humains des Palestiniens.

Défiant néanmoins le sens com-mun, la déclaration appelle à boy-cotter les colonies en laissant Israël,l’État qui a illégalement construit etentretenu ces colonies depuis desdécennies, en dehors du coup.

De plus, les banques israéliennesnon implantées dans les colonies maisqui financent leur construction nedevraient-elles pas être ciblées ellesaussi ? C’est ce qu’ont fait l’ÉgliseMéthodiste Unie et l’important Fondde pension néerlandais PGGM.

En omettant les autres violationsgraves du droit international perpé-trées par Israël, la déclaration nesatisfait pas au test de cohérencemorale. Les réfugiés palestiniens,qui représentent la majorité desPalestiniens, n’ont-ils pas droit aurespect des droits qui leur sont sti-pulés par l’ONU ? Les citoyenspalestiniens d’Israël ne devraient-ilspas jouir de l’égalité des droits, parle rejet des dizaines de lois israé-liennes qui les soumettent à la dis-crimination raciale ?

La société civile palestinienne aappelé au Boycott, au Désinvestis-sement et aux sanctions (BDS)contre toutes les entités, israé-liennes ou internationales, qui sefont complices de la négation desdroits des Palestiniens où qu’ilssoient. Comme l’a montré le boy-cott de l’apartheid sud africain,c’est le moyen non-violent le plusefficace pour atteindre la liberté, lajustice et l’égalité pour tous.

Lettre signée notamment parAngela Davis, Richard Falk,Rashid Khalidi, et 120 signataires.-10 octobre 2016 - Traductio SFpour l’AURDIP

Rashdi Rashef

Voir : http://www.aurdip.fr/lettre-au-

redacteur-en-chef-du-new.html

BDS

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Courrier du CVPR, n°63 - p. 19

Après avoir rappelé ce quenous savons aujourd’huides exactions israéliennesayant amené la Nakba,Gideon Lévy explique quele gouvernement cache cepassé à son peuple, alorsqu’il marque un trauma-tisme fondamental pour lespalestiniens.

Le gouvernement d'Israël leconfirme une fois encore:des crimes de guerre ont étéperpétrés en 1947-1948 : il

y a eu des massacres, il y a eu l’ex-pulsion, il y a eu le nettoyage eth-nique – il y a eu une Nakba, uneCatastrophe ainsi que les Palestiniensappellent ce qu’ils ont vécu dans cesannées. Comment le savons-nous?

Le gouvernement est sur le pointde prolonger le caractère secret d’undes principaux dossiers d’archivesdes Forces de Défense d'Israël quiporte sur la création du problème desréfugiés palestiniens. Soixante huitannées se sont écoulées et Israël delui-même dissimule la vérité desarchives - pourrait-il y avoir unepreuve plus évidente qu’il y aquelque chose à cacher ? Un hautresponsable a expliqué au correspon-dant diplomatique d’Haaretz, BarakRavid « La commission dirigée parShaked est susceptible de maintenirsous le sceau du secret le "dossier dela Nakba » des archives des FDI, (20 septembre) « Quand la paix vien-dra, il sera possible d'ouvrir ces docu-ments à la disposition du public ».

La paix ne va pas venir

avant que les Israéliens ne

soient au courant

et ne comprennent comment tout acommencé. La paix ne va pas veniravant qu’Israël n’admette sa respon-sabilité, présente des excuses et

dédommage. Il n’y a pas de paix pos-sible sans ceci. Peut-être pourrait-il yavoir des commissions de la vérité etde la réconciliation comme enAfrique du Sud, ou une demande depardon et des réparations comme enAllemagne. Ceci pourrait être l’ex-pression d'excuses aux Palestiniens,un retour partiel et une compensationpartielle pour les biens volés en 1948et depuis. Pas seulement le déni et lerefus d'assumer la responsabilité. (...)

Ce peuple palestinien n’oublie

pas.

Et Israël ne pourra pas l’obliger àoublier. Israël déteste les négateurs del'Holocauste – et à juste titre. Dans denombreux pays cela est un crime. EnIsraël les gens en veulent à la Pologne,qui a interdit légalement toute mentionde sa participation à l’extermination deses Juifs. L’Autriche, qui n’a jamaisvraiment fait face son passé, mériteaussi une condamnation.

Et est-ce qu’Israël a fait face à

son passé ? Jamais

Le monde juif demande la com-pensation des biens qu’il a abandon-nés dans l’Est de l'Europe et dans lespays arabes. Les Juifs ont le droit derevenir aux propriétés juives enCisjordanie et à Jerusalem-Est. Faireface à notre passé n’est tout simple-ment pas quelque chose que nous fai-sons. Différentes lois s’appliquent ànous, les lois du peuple élu et les loisdu deux poids et deux mesures. De

notre bosse sur le dos – celle qui estcaché dans les archives et qui s’élèvehaut de chaque camp de réfugiés etde chaque village détruit – nousdétournons le regard. (...)

Ce qui est arrivé aux Palestiniensen 1948 et qui a continué après lacréation de l'Etat, ne peut pas êtreétouffé à jamais. Si Israël est sûr qu’ila raison, ouvrez les archives et prou-vez-le (NDLR : souligné par nous).En effet, un des documents qu’Israëldissimule est une étude commandéepar Ben-Gourion visant à prouver queles Arabes ont fui. Si toutes chosesont été morales, justes et légales,pourquoi ne les publient-ils pas ?

Il suffit de regarder la photogra-phie qui accompagnait le rapportdans l’édition en hébreu d’Haaretzpour réfuter la propagande sioniste:deux Arabes poussent un chariotrempli de lambeaux de leurs affaires,de tapis et d’articles ménagers, unvieil homme avec une canne traînederrière eux et trois hommes de laHaganah les accompagnent avec desfusils menaçants. (Haïfa, 12mai1948). Ceci a l’apparence de la"fuite volontaire » que les Arabessont coupables d’avoir choisi. Et cecibien sûr n’est pas l'image la plus cho-quante de l'expulsion.

La culpabilité pèse lourd. Elle nediminuera pas. De l'expulsion, et àplus forte raison d’avoir empêché unretour vers les foyers quand les com-bats ont cessé. La justice absolue ne

Il n’y aura pas de Paix tant qu’Israël n’admettra pas sa

sa responsabilité dans la Nakba par Gideon LEvY

DR

Israël

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Courrier du CVPR, n°63 - p. 20

triomphera pas ici et la faute ne pèsepas seulement sur les épaulesd’Israël. Mais le déni doit cesser.Persuadés de notre bon droit et fortsdans notre état, le temps est venu deregarder honnêtement la vérité etd’en venir à la conclusion évidente:Israël a surchargé le chaudron dessouffrances qu’il a causées aux

Palestiniens il y a longtemps. Il y alongtemps.

Haaretz le 28 septembre 2016

Traduit de l’anglais par Y. Jardin, membre du

GT de l’AFPS sur les prisonniers

http://www.france-palestine.org/Il-n-y-aura-

pas-de-paix-tant-qu-Israel-n-admettra-pas-

sa-responsabilite-dans-la-Nakba.

occupe et opprime un autre peupledepuis si longtemps ne peut pas véri-tablement être libre », a déclaréDavid Grossman en signant l'appel.

Aux côtés du chanteur DavidBroza, du réalisateur Amos Gitai ouencore de l’écrivain Sami Michael,figurent parmi les signataires desofficiers supérieurs de l'armée israé-lienne : pour être exact, quatre géné-raux à la retraite : Amram Mitzna,Nathan Sharony, Zvi Kanor, IftachSpector, et les colonels Shaul Arieli,Ze'ev Raz, Ben Ami Gov. Leur appelaux juifs de la diaspora se joint auxefforts de plus de 200 généraux israé-liens à la retraite (ex- chefs militaireset des services du Mossad et du servi-ce des renseignements de la Shin Bet)qui, avec leur organisation« Commandants pour la sécuritéd'Israël » ont mis au point un plan deretrait des territoires offrant toutes lesgaranties à l'Etat juif.

Lectures intéressantes

Nous avons lu divers articles intéres-sants mais trop denses et longs pourêtre résumés ou publiés dans le« Courrier du CVPR ».Dans l’excellent site d’Orient XXI : -Comment le comte Bernadotte fut« éliminé » sur :http://orientxxi.info/lu-vu-enten-du/1948-l-assassinat-impuni-d-un-mediateur-de-l-onu-en-israel,0625

- Les communistes arabes et la luttecontre le fascisme et le nazisme(1935-1945) sur:http://orientxxi.info/le-moyen-orient-1876-1980/les-communistes-arabes-et-la-lutte-contre-le-fascis-me-et-le-nazisme-1935-1945,1490

- Quand la France rêvait d’un califepour son empire musulman surhttp://orientxxi.info/magazine/quand-la-france-revait-d-un-calife-pour-son-empire-musulman,1454

- « Moyen-Orient » : une géographiequi a une histoire surhttp://orientxxi.info/le-moyen-orient-1876-1980/moyen-orient-une-geographie-qui-a-une-histoire,1463

- L’Orient dans la guerre (1914-1916)La correspondance McMahon-Husseinpar Kawthar Guediri sur : mcmahon-hussein,1528

"Quittons les territoires palestiniens

occupés d’ici à juin 2017".

La campagne du mouvement« Sauvons Israël – Arrêtonsl’occupation » a été lancée

par un appel public adressé aux juifsde la diaspora et signé par plus de 500personnalités israéliennes du mondede la culture et des institutions.

L'objectif de cette campagne : queles communautés juives de l'étrangerélèvent leurs voix et demandent augouvernement israélien qu’il exige leretrait des terres occupées avant le 5juin 2017, date du cinquantièmeanniversaire de la guerre des six jourset de l'occupation militaire des terri-toires palestiniens.

Ont signé la pétition : le prixNobel d'économie Daniel Kahneman,l’artiste Noah, les écrivains Amos Ozet David Grossman, 20 ambassadeursisraéliens (parmi lesquels Alon Liel,Elie Barnavi, Colette Avital, IlanBaruch), des dizaines de parlemen-taires de l’envergure d'Avraham

Burg, 48 des écrivains et des scienti-fiques ayant reçu les plus hautesrécompenses de l'Etat d'Israël,comme l'angliciste Alice Shavit, 160enseignants d’universités israé-liennes comme l'historien ZeevSterhell qui a rejoint le philosopheAvishai Margalit de l’Université dePrinceton (Etats-Unis).

Selon une enquête menée ces der-niers jours parmi les citoyens israé-liens et publiée par le mouvementSISO avec l’appel, la majorité desjuifs israéliens (75,7%) estiment quel'Etat d'Israël est responsable du sortdes juifs de la diaspora, et que ceux-ci, à leur tour, sont responsables àhauteur de 78% de ce qui advient del'Etat d'Israël. La majorité des juifsisraéliens (66,8%) conviennent que leconflit avec les palestiniens influentnégativement sur la condition desjuifs dans le monde. « Israël est unEtat souverain et indépendant, maisde fait il n’est pas libre. Un Etat qui

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Je suis régulièrement signataire duBulletin du Comité de Vigilance pourune Paix réelle au Proche-Orient.Il s'agit d'un outil d'exeellence pourrappeler la situation désastreuse de laPalestine et des crimes commiscontre son peuple et particulièrementsa jeunesse.Je vous remercie vivement pour votreengagement et celui de toute votreéquipe pour cette cause relayée aujour-d'hui à un second plan de l'actualité.Pourtant l'occupation et la poursuitedes implantations de colonies, lespunitions collectives, les assassinats,les emprisonnements massifs sansvéritable motif et sans jugement,ainsi que le déni de justice, prévalentplus que jamais et ce, au mépris desnombreuses condamnations et réso-lutions internationales.Je vous adresse pour 2016 une cotisa-tion annuelle de soutien de 100 eurosde l'Association Musulmane de laRéunion, et elle sera renouveléechaque année.

Houssen Amodeprésident de L'Association Musulmane

de la Réunion.

Je ne cesse d'être scandalisé par la poli-tique menée en Israël par Netanyahouet les siens.Le bulletin, N°62, reçu à Obonne oùje réside actuellement ne peut que merenforcer dans la condamnation d'uneligne, aggravée, depuis l'assassinatd'Yitzhak Rabin, alliant la barbarie àla mauvaise foi.Je constate avec plaisir un frémissementdans l'opinion française en faveur desPalestiniens martyrisés, particulière-ment à Gaza, et je vous joins quelquesrécentes coupures de "Ouest-France".Jusqu'à quand le monde civilisé va-t-iltolérer de la part ces autorités israé-liennes des exactions du même type quecelles subies par les Juifs européensdurant la second guerre mondiale ?

Jean-Paul Lewidoff – Paris

Bravo pour ce nouveau numéroVotre Courrier est très intéressant,varié, et surtout très objectif, il donnel'occasion à des spécialistes au Moyen-Orient de présenter leurs analyses surla situation dans cette région explosi-ve, en particulier dans les territoires

Courrier du CVPR, n°63 - p. 21

- Le Moyen-Orient (1876-1980) parVincent Capdepuy surmédiatiséhttp://orientxxi.info/le-moyen-orient-1876-1980/comment-est-ne-le-moyen-orient,1519

- La Palestine, un défi pour les histo-riens arabes par Maher Al-Charif sur :http://orientxxi.info/lu-vu-enten-du/la-palestine-un-defi-pour-les-historiens-arabes,1517

- "Les Arabes ont-ils trahi laPalestine ?" par Ramzy Baroud surh t t p : / / c j p p 5 . o v e r- b l o g . c o m /2016/09/chroniques-de-palestine-com-les-arabes-ont-ils-trahi-la-palestine-par-ramzy-baroud.html

- Sioniste est-il un gros mot ? parJonathan Rosenheadhttp://www.aurdip.fr/sioniste-est-il-un-gros-mot.html

- Sabra et Chatila, trente ans aprèspar Raoul-Marc Jennarhttp://www.investigaction.net/sabra-et-chatila-trente-ans-apres/

- Quelle configuration politique aprèsl’élection du président libanais ?http://www.lesclesdumoyenorient.com/Entretien-avec-Fadia-Kiwan-Quelle-configuration-politique-apres-l-election-du.html)

- Le contexte de BDS aujourd’huipar Jean-Guy Greilsamerhttp://www.ujfp.org/spip.php?article5179

- La campagne BDS a sans contestedonné de la force au peuple palesti-nien par Haidar Eid http://www.ujfp.org/spip.php?article5181

- Monde arabe, le grand chambarde-menthttp://www.iris-france.org/83344-monde-arabe-le-grand-chambar-dement--questions-a-yves-aubin-de-la-messuziere/

- 3 questions à Laurent Fabiushttp://www.iris-france.org/83674-37-quai-dorsay-3-questions-a-lau-rent-fabius/

- La politaque arabe de FrançoisHollandehttp://www.iris-france.org/83753-la-politique-arabe-de-francois-hol-lande/

LE CouRRiER

DES LECtEuRS

palestiniens. C'est un Courrier très suivipar beaucoup de lecteurs et des intéres-sés au conflit israélo-palestinienA mon avis, vous devrez donner davan-tage l’occasion aux Palestiniens de laCisjordanie d'écrire des articles sur la viequotidienne sous occupation dans plu-sieurs villes dans cette région qui souffrede la présence militaire israélienne, deschekpoints et de la colonisation.Encore bravo, vive la solidarité

Ziad Medoukh - Gaza Palestine

Je tiens à vous féliciter pour ce numé-ro du « courrier du CVPR » de trèsgrande qualité.

Jacques Sibony - Paris

Je trouve votre bulletin excellentavec des articles que l'on ne trouvepas ailleurs.

Claire Bertrand

Je viens de recevoir le Courrier : jesuis à fond pour son édito.Il nous fautrésister à cette atmosphère délétèreoù se vautrent de plus en plus deténors "médiatisés" à outrance .

Edouard Kleinmann - Finistère

Merci aussi pour le dernier numérodu Courrier du CVPR. Très intéres-sant. Mais que le dossier sur leRapport de Robert Kennedy Jr estdifficile à lire. Quel style filandreux !Une traduction y est sans doute pourquelque chose. Voltaire n'a pas finisa tâche..Gilbert Charbonnier - Avignon

Bravo pour le dernier Bulletin.Sensass.

Michel Percot

Merci beaucoup pour ce bulletin trèsriche.Bravo à toutes celles et ceux qui lefont exister.

René Nouailhat

C'est avec intérêt que je me suis plon-gée dans le numéro 62, comme tou-jours excellent. « Ce n'est qu'àl'étranger que l'on peut mener ledébat sur l'occupation » a dit GideonLevy... encore faudrait-il que "cet"étranger en soit convaincu et qu'il sedonne les moyens. Pour l'instant on avraiment que des paroles du genre ondéplore, on condamne, ce n'est pasbien... sans aller plus loin, tant dans

Page 22: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

COuRRIER DES LECtEuRS

le boycot que dans l'application desrésolutions de l'ONU...

Martine Millet – Versailles

J'ai beaucoup apprécié l'éditorial, quime parait très pertinent et l'article deGeorges Corm.

Jacques Picard - Damas

Au sujet du colloque : « L'ORIENT ARABETRAHI ! »

MERCI pour ce colloque super inté-ressant, et en plus... il a respecté letiming ! Bravo !J'ai beaucoup apprécié l'interventiondu Général Philippe Gunet, forte,sans langage de bois, difficile...J'ai également beaucoup appréciéSandrine Mansour et ThomasVescovi qui connaissent fort bienleurs dossiers et qui sont très engagésdans leurs recherches.Merci...Ce fut un beau colloque, fort, dense, onressort de là un peu tristounet parce quel'on ne voit pas d'issues à ces conflits auProche - Orient, avec le sentiment quela diplomatie est baillonnée par lesarmes. Et pendant ce temps, deshommes, des femmes, des enfants sontblessés à vie ou meurent sous des ballesou des armes chimiques. Quelle impuissance !

Martine Millet.

Très satisfait de l'éclairante et remar-quable intervention du GénéralPhilippe Gunet, d'autant qu'ellerejoint ce que j'ai rabâché - sansbeaucoup de succès - dans monentourage tout au long de ces annéesdepuis même avant la première guer-re du Golfe, je voudrais la faire par-venir à François Régis Hutin, au jour-nal Ouest-France à Rennes à sonassistante Madame Chantal Chevé.Juste une question d'embarras sur lemoins mauvais positionnement quenous devrions adopter à l'égard de laSyrie : - faut-il rejoindre l'avis de

Monseigneur Jeambart, qui se ditplutôt favorable à Bachar en tantque "protecteur des Chrétiens",

- où suivre la position de ce pèrejésuite Paolo Dal Olio, partisansd'un accord avec certains islamistespour en finir avec Bachar ?

Jusqu'ici personne ne m'a réponduclairement !

Merci pour ce colloque où malheu-reusement les cheveux blancs domi-naient

Gonzagur Hutin

Encore un grand bravo et un grandmerci pour cette journée informativetrès intéressante, qui a dû demanderun travail d'organisation énorme.

J.P. Boyer - 77186 Noisiel

Je tiens à vous féliciter pour la quali-té du colloque que vous avez organi-sé sur "L'Orient arabe trahi", que cesoir pour la qualité des intervenantsque pour la réactivité de la salle. Jepense que cela pourrait conduire àune coopération fructueuse.

Alain olmi

Merci pour ce colloque de grandetenue et de très grande qualité.Félicitations, c'est une réussite :la qualité des orateurs, des ques-tions et réponses, ainsi que la par-ticipation.Merci à tous qui ont contribué à laréussite de ce colloque

Mohamed Akil

D’abord un grand merci d’avoir orga-nisé ce colloque important : Cent ansaprès les accords Sykes-Picot, avectoutes ces interventions qui ont bienexposé des dimensions différentes.Drs. Irène SteinertFélicitations pour ce colloque trèsbien réussi !

Dominique Balereau

J’ai assisté avec beaucoup d'intérêtau colloque sur l’Orient arabe trahique le CVPR PO a organisé de mainde maître.

Judith Cahen

Bravo pour l’organisation de ce col-loque qui demande une belle énergieet qui fut un succès si on en croit lesavis très positifs des personnes qui yassistaient.

Jean Francheteau

Je veux vous remercier pour la qualitédu colloque sur Sykes-Picot de hautniveau et fort enrichissant. vous et votreéquipe ont déployé des eforts louablesqui ont été couronnés de succès.

Didier Destremau

Bravo pour ce colloque qui a enthou-siasmé toutes les personnes que j'ai

vues, qui a été d'une très grande qualité

Francis Blanchet

Avec ma soeur Marie-Thérèsre OLI-VER-SAIDI nous avons assisté à cecolloque remarquablement organisé.Comme tous les participants, venusnombreux et motivés, j'ai apprécié laqualité et la complémentarité desconférenciers et de leurs interventionsC'est pourquoi, je tiens à vous renou-veler mes chaleureuses félicitationspour cet indéniable succès, très mérité.

Jean-Louis oliver,

Secrétaire Général de l'Académie de l'Eau

Merci pour toutes vos informations sur lasituation dramatique de la Palestine. Votreinformation est abondante mais malheureu-sement concentrée sur Paris du courage etbonne continuation.

François Ruch

CVPR-PO: Association 1901,fondée par Béréa Adli-BlochPrésident d’HonneurProfesseur Jacques Milliez.Président : Me Maurice Buttin. Vice Présidents : Francis Blanchet, Raymond Du Moulin, Pierre LafranceSecrétaire générale : Hasna Abid.Trésorier :Henri MarchalDirecteur de la publication : Maurice ButtinRédacteur en chef :

Francis Blanchet

Secrétariat : 54, rue des Entrepreneurs, 75015 PARISCCP 41 675 48 J La Source. Courriel : [email protected]

Courrier du CVPR, n°63 - p. 22

Dès maintenant réservezsur votre agenda la date du 17 mars 2017. Le CVPR-PO tiendra sonAssemblée Généraleannuelle de 18h30 à 20h30 suivie d’une conférence.

Le lieu vous sera indiquépar la convocation

Page 23: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R

aLgérie dupossibLe,La révolutiond’Yves mathieu, viviane CAndAs, Film documentaire, 2015

Ce film documentaire est dédié au par-cours du militant anticolonialiste etavocat du Front de LibérationNationale (FLN) Yves Mathieu, père dela réalisatrice. D'une durée de 90 mn, cedocumentaire remonte le temps etraconte Yves Mathieu. Né à Annaba, cethomme engagé dans la lutte contre lecolonialisme, défend le principe de l’in-dépendance de l’Algérie. Un pays qu’ila adopté jusqu’à sa mort, en 1966, dansdes circonstances troubles. Il a étéconseiller du premier gouvernementalgérien. Mené comme un road moviesur les pas de son père, entrecoupéd'une multitude de témoignages decompagnons de route du militant, dontle défunt Président Ahmed Ben Bella,ce film revient longuement sur lesgrands projets de l'Etat algérien au len-demain de l'indépendance auquel YvesMathieu et son épouse avaient pris partcomme l'alphabétisation, le reboise-ment des zones bombardées au napalmpar l'armée coloniale ou encore la miseen place d'un système de santé.

Source : https://www.imarabe.org/fr/cinema/

algerie-du-possible-la-revolution-d-yves-

mathieu

cinq camérasbrisées, emad BurnAt,

Guy dAvidi, 2013

Emad, paysan, vit à Bil’in enCisjordanie. Il y a cinq ans, au milieudu village, Israël a élevé un "mur de séparation" qui exproprie les1700 habitants de la moitié de leursterres, pour "protéger" la coloniejuive de Modi’in Illit, prévue pour150 000 résidents. Les villageois deBil’in s’engagent dès lors dans unelutte non-violente pour obtenir ledroit de rester propriétaires de leursterres, et de co-exister pacifiquementavec les Israéliens. Dès le début de ceconflit, et pendant cinq ans, Emadfilme les actions entreprises par leshabitants de Bil’in. Avec sa caméra,achetée lors de la naissance de sonquatrième enfant, il établit la chro-

CINÉMA

Courrier du CVPR, n°63 - p. 23

DR

DR

nique intime de la vie d’un village enébullition, dressant le portrait dessiens, famille et amis, tels qu’ils sontaffectés par ce conflit sans fin.

Source : http://www.allocine.fr/film/fiche-film_gen_cfilm=200620.html

La pêche et L’oLive,Abdelatif BelhAj, lolita Bourdet, 2016

Retour sur le projet d'échange interculturel entre des jeunes de Montreuil et deBeit Sira (Palestine) dans le cadre de la Semaine de la Solidarité Internationale.Bien plus qu'un voyage, le projet d'échange de jeunes organisé par la ville deMontreuil dans le cadre de sa coopération avec Beit Sira a été l'aventure de neufadolescentes et adolescents montreuillois en quête d'eux-mêmes. En se rendantdisponibles à la rencontre de l'autre, ils ont accepté d'être bousculés dans leursrepères et leurs certitudes. Le film retrace ce chemin plein de doutes, de contra-dictions, mais aussi de surprises et de promesses.

Source : https://www.evensi.fr/la-peche-et-lolive-au-melies-georges-melies-salle-de-cine-ma/191126395

Photo tirée du film.

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LIVRES

dr. saoud et mr. djihad,La diplomatie religieusede l'arabie saoudite,

Pierre ConesA, 2016

Une étude exceptionnelle sur les des-sous du royaume le plus puissant et leplus secret au monde. La diplomatiereligieuse de l'Arabie saoudite constitueun étrange trou noir dans l'analyse duradicalisme qui affecte l'islam aujour-d'hui. Pourquoi le salafisme, mouvancela plus intolérante et sectaire de l'islam,est-il devenu si conquérant ? Parce queparmi tous les radicalismes religieuxqui pourrissent la planète, il est le seul àbénéficier d'un appui constant de la partd'un pays doté d'immenses moyens : leroyaume saoudien.Cette étude, dont les collaborateurs ontsouhaité conserver l'anonymat, révèlecomment ce royaume aux deuxvisages, celui conciliant de la dynastieSaoud et celui plus agressif du salafis-me, propagandiste du djihad, a depuisdes décennies développé une stratégiereligieuse pour conquérir la commu-nauté musulmane, mais aussil'Occident, sans apparaître comme unennemi grâce à un soft power original,hybride des systèmes américain etsoviétique. Aujourd'hui, ce pays long-temps protégé se retrouve menacé surson propre territoire par le salafisme dji-hadiste qu'il a propagé ailleurs.

Source : http://www.laffont.fr/site/dr_saoud_et_mr_djihad_&100&9782221195642.html

eyal sivAn et ArmellelABorie, 2016

Pour l’État d’Israël, la principale sour-ce d’exportation vers l’Occident n’estpas faite de mandarines ou d’avocats,ni même d’armement ou de systèmessécuritaires : l’essentiel, c’est la pro-motion d’une image, celle de l’ « éner-gie créative » pour tout ce qui toucheà la culture. Or cette vitrine culturelle,comme le prestige international del’université israélienne, masquent unetout autre réalité : les liens entre cetteuniversité et l’institution militaire, lerôle de l’université dans la recherchede nouveaux outils de combat et derenseignement, la discrimination desétudiants palestiniens, l’absence deprotestation contre les guerres menéesà Gaza… C’est cette réalité-là quiexplique le succès exponentiel duboycott académique et culturel dans lemonde entier – et les réactions trèsvives du pouvoir israélien contre cequ’il considère désormais comme une« menace existentielle ». Ce boycottne concerne pas les personnes maisles institutions et ceux qu’elles sou-tiennent. Il n’est ni un obstacle au dia-logue, ni un frein à l’action d’une« gauche sioniste » muette et paraly-tique. Il est un mode de résistancepacifique et parfaitement légitime.

Source : http://www.lafabrique.fr/catalogue.php?idArt=971

décris-ravage,premier épisode,« décrire l’egypte,ravager la palestine »,

Adeline rosenstein,Alex BAlAdi, 2016Avec une introduction de l’historien Henry Laurens.

Décris-Ravage, c’est tout d’abord unepièce de théâtre d’Adeline Rosenstein,une pièce qui s’inscrit dans la mouvan-ce du théâtre dit documentaire. Danscette pièce, il est question de laPalestine, du rapport entre l’Occidentet le Moyen-Orient, mais aussi de lareprésentation de cette région, ou enco-re des enjeux qui y sont liés. Pour évo-quer tout cela, sont ainsi convoqués desrécits historiques, des témoignages,mais aussi des textes de pièces dethéâtre pour tenter de comprendre « cequi a bien pu se passer pour qu’on enarrive là ». Dans ce premier épisode sesuccèdent alors paroles d’artistes,textes d’auteurs arabes et descriptionsde la campagne d’Égypte de 1798.Dense, passionnant et éclairant, ceDécris-Ravage est un livre sans réeléquivalent, aussi bien dans la biblio-graphie de l’auteur que dans le paysageactuel de la bande dessinée, une tenta-tive inédite de réflexion sur le sujet quimultiplie des sources et des points devue souvent oubliés, voire méprisés.

Source : http://www.aurdip.fr/decris-ravage.html

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un boYcottLégitimepour le bds universitaireet culturel de l’état d’israël,