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Mgr Benoît Rivière : « Mon grand-père

Edmond Micheletest-il un saint ? »

pages 8 à 13

84e année - Hebdomadaire n°3123 - 13 juin 2008 www.france-catholique.fr 2,90€

FRANCECatholique

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BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008

FRANCEINSTITUTIONS : Le projet de réforme constitutionnelle a été adopté en pre-mière lecture par l’Assemblée natio-nale le 3 juin.SéCURITé ROUTIÈRE : La collision entre un TER et un car scolaire qui a tué 7 collégiens et blessé 25 per-sonnes le 2 juin en Haute-Savoie est l’accident le plus grave survenu à un passage à niveau depuis 30 ans.SOCIAl : Le taux moyen de chô-mage est tombé à 7,2% de la popu-lation active au 1er trimestre de cette année ; il faut remonter à 1983 pour trouver un taux aussi bas.FISCAlITé : La commission des Finances a révélé le 5 juin que le coût des niches fiscales pour l’État était passé de 50 à 73 milliards d’euros entre 2003 et 2008, ce qui représente 27% des recettes fiscales et 3,8% du PIB ; 150 millionnaires ne paieraient pas d’impôt sur le revenu.Le centre hospitalier d’Épinal où plus de 5 000 personnes ont été victimes de surirradiation entre 1987 et 2006 a été mis en examen en tant que per-sonne morale le 6 juin.URBANISmE : Le président de la Répu blique a reçu le 4 juin les dix architectes et urbanistes chargés de proposer leur vision du Grand Paris pour les 30 prochaines années.COmmERCE : La ministre de l’Éco-nomie a lancé le 2 juin à l’Assem-blée nationale l’examen du texte sur la modernisation de l’économie et notamment l’implantation de nou-velles grandes surfaces pour stimuler la concurrence.TéléVISION : Le présentateur vedette de TF1, Patrick Poivre d’Arvor, cédera sa place à la rentrée à la journaliste Lau rence Ferrari, pour le Journal de 20 h.lOgEmENT : Deux décisions rendues publiques le 5 juin à Strasbourg par le Conseil de l’Europe dénoncent « l’insuffisance manifeste » d’offre de logements sociaux en France ; le Conseil a jugé que la France violait la Charte des droits sociaux en ce qui

concerne les modalités d’attribution des logements, la procédure d’expul-sion ou le manque de places en foyers pour sans-abri.ISlAm : Le vote destiné à renouveler les instances représentatives de l’is-lam de France s’est tenu le 8 juin en dépit du retrait de la Grande Mosquée de Paris et de celle de Lyon ; c’est le Rassemblement des Musulmans de France, soutenu par le Maroc, qui est arrivé en tête du scrutin.CUlTURE : La Fondation Jacques Chirac pour le développement durable et le dialogue des cultures a été lancée le 9 juin au musée du Quai Branly à Paris avant de s’installer rue d’Anjou.Sur proposition de la ministre Christine Albanel, le président de la République a choisi le 4 juin l’écrivain et cinéaste Fré déric Mitterrand pour diriger la Villa Médicis à Rome.SCOUTISmE : Les Scouts et Guides de France, qui ont tenu leur assemblée générale les 7 et 8 juin, ont vu leurs inscriptions augmenter de 8% depuis septembre dernier.TENNIS : Aux Internationaux de France de Roland-Garros, la joueuse serbe Ana Ivanovic a remporté la finale dames le 7 juin ; elle est devenue numéro un mondial. C’est le joueur espagnol Rafaël Nadal qui s’est impo-sé chez les hommes le 8 juin pour la quatrième année consécutive.

mONdEAlImENTATION : La Conférence inter-nationale de la FAO (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture) qui s’est tenue à Rome du 3 au 5 juin s’est penchée sur les récentes émeutes de la faim et les moyens de juguler la hausse des prix alimentaires et le déficit de production agricole dans le monde ; parmi les questions soulevées figurent les subventions agricoles dans les pays riches, les obstacles aux échanges, le recours aux OGM et l’impact des agro-carbu-rants sur l’offre alimentaire.PéTROlE : Alors que le prix du pétrole frôlait les 140 dollars le baril, les pays

du G8, la Chine, l’Inde et la Corée du sud ont demandé le 8 juin un accrois-sement urgent de la production pour enrayer la hausse.mONNAIE : Le président de la Banque centrale européenne, J.C. Trichet, a créé la surprise le 5 juin en affirmant que la Banque pourrait relever ses taux au mois de juillet afin de lutter contre l’inflation.SPORT : C’est le 7 juin que s’est ouvert en Suisse le 13e Championnat d’Eu- rope de football ; seize pays seront en compétition jusqu’au 29 juin, dont la France qui figure parmi les favoris.IRlANdE : D’après un sondage paru le 6 juin, le « non » était en tête à quelques jours du référendum du 12 juin sur le traité de Lisbonne ; il faut que les 27 États membres ratifient ce traité pour qu’il puisse entrer en vigueur.éTATS-UNIS : Barak Obama a rem-porté le 3 juin l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre prochain ; Hillary Clinton lui a appor-té son soutien.gRANdE-BRETAgNE : Un service pour téléphone mobile qui permet de loca-liser (ou d’espionner) ses amis vient d’être lancé en Grande-Bretagne ; ce service existe déjà au Danemark et en Suède où il compte 80 000 utili-sateurs.TURqUIE : La Cour constitutionnelle a annulé le 5 juin le texte autorisant le port du foulard dans les universités, le jugeant contraire au principe de laïcité.gRÈCE : Le président Sarkozy s’est rendu à Athènes le 6 juin où il s’est exprimé devant le Parlement ; c’est la première visite d’un président fran-çais en Grèce depuis 1982.lIBAN : Le président Sarkozy accom-pagné du Premier ministre et des dirigeants des principaux partis poli-tiques français, s’est rendu le 7 juin à Beyrouth pour y rencontrer le nou-veau président Sleimane ; il a invité les Libanais au dialogue et souhaité la reprise des contacts avec la Syrie.AlgéRIE : Treize personnes dont un ingénieur français ont été tuées le 8 juin dans un double attentat islamiste à l’est d’Alger. J.L.

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SOMMAIRE

ACTUALITé 4 TéLévISIOn Réforme ambiguë Alice Tulle

5 EUROpE Sarko à 27 Yves La Marck

6 EUThAnASIE Le mot et la lettre Tugdual Derville

EnTRETIEn 8 hISTOIRE Edmond Michelet, homme de Dieu Albéric de Palmaert

La sainte vie de mon grand-père Mgr Benoît Rivière / Albéric de Palmaert

ESpRIT 14 MéMOIRE DES jOURS L'église de la merci Robert Masson 15 ŒUvRE D'ORIEnT jérusalem 2008 Mgr Philippe Brizard / Cardinal Leonardo Sandri 19 ECCLESIA Invitation à lire vatican II Père Michel Gitton

20 fOnDATIOn DES MOnASTèRES La Coudre Une Sœur

23 bD Sac à dos sans trêve (34/40)

A. de Palmaert / Palmart

24 LECTURES 11e dimanche Père Michel Gitton 25 AED Malaisie, le dialogue...

Marc Fromager

26 gUIDES Chemins spirituels Louis Mollaret

MAgAzInE 28 DébATS ISf, l'impôt sans fondement

Jean-Philippe Delsol

virginité au prétoire SergePlénier

29 Réforme de l'Enseignement, enfin...Hyacinthe-Marie Houard

30 ExpOSITIOnS L'aigle et le cygne Alain Solari

32 IDéES édith Stein et érich przywara Gérard Leclerc

33 CInéMA "Tabarly", "Sex and the City" "Les orphelins de huang Shui", "Sagan" Marie-Christine Renaud d'André / Marie-Lorraine Roussel 34 ThéATRE "Cette fille-là" Pierre François

35 TéLévISIOn "La Cité interdite", "Sally Lockhart", "Disparition", "La fille du juge" M.-Ch. Renaud d’André/ M.-L. Roussel

36 TéLévISIOn votre début de soiréeM.-Ch. R. d’A.

38 bLOC-nOTES vie associative et d’église Brigitte Pondaven

Couverture : photo Edmond Michelet © CEnTRE EDMonD MiCHELET de Brives,

photo Mgr Benoît Rivière © DioCÈSE D'AUTUn

éDITORIAL

FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008 3

Il faut féliciter tf1 pour l'effort de pédagogie exceptionnel dont la chaîne a fait preuve au journal de 20 heures de Patrick Poivre d'Arvor en exposant avec la force nécessaire le drame ravivé de la faim dans le monde. Tous les dossiers étaient clairement présentés, sans omissions quant aux causes actuelles du renchérissement

mondial des denrées alimentaires. L’intervention des médias sur un tel sujet constitue un impératif absolu. Jacques Diouf, directeur général de la FAo, le soulignait récemment : "La communauté internationale ne réagit que lorsque les médias apportent dans les foyers des pays nantis le spectacle douloureux de ceux qui souffrent dans le monde." C’est donc à une mobilisation générale des moyens d’information qu’il convient de procéder pour sortir d’une situation proprement accablante.

Que l’Église soit en première ligne dans cette bataille correspond à l’impératif évangélique le plus direct (Mt 25,35). Le message envoyé par Benoît XVi au sommet de la FAo à Rome était sans ambiguïté, d’une précision remarquable jusque dans le rappel technique des causes de l’aggravation actuelle de la sous-alimentation des populations les plus pauvres. Dans une autre intervention, à destination du Guatemala, le Pape a également confié sa hantise et son vœu le plus formel pour que toutes les mesures soient prises au plus vite pour répondre à la détresse de la faim. De même Justice et Paix, qui est au Vatican le ministère directement concerné, agit en permanence, en lien de solidarité avec toutes les Églises locales.

on attendait beaucoup du sommet de la FAo dont le thème prévu (la sécurité alimentaire face au réchauffement climatique) avait dû être modifié pour répondre à « l’urgence alimentaire » actuelle. Hélas, il faut bien constater que le spectacle unanimiste des chefs d’État à la tribune officielle était démenti par les discussions en commissions où les délé-gations défendaient leurs intérêts économiques immédiats. C’est bien d’échec qu’il faut parler puisqu’aucun accord décisif n’a pu être conclu entre les différents pays et que, faute de solutions acceptées en commun, le processus de renchérissement des denrées ne s’arrêtera pas et que les phénomènes de spéculation continueront à l’amplifier. Le Vatican a vivement protesté contre ce qu’il faut bien appeler le fiasco inadmis-sible de l’espoir qui s’était concentré sur cette rencontre des principaux responsables de la planète. il n’est pas pensable d’en rester là. La détresse du peuple de la faim crie vers le ciel. n

L'échecimpensable

par Gérard LECLERC

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Lancée par le Président au cours de sa confé-rence de presse du 8 janvier, la réforme du financement de

l’audiovisuel public avait fait l’effet d’une bombe. Peu de personnes étaient au courant – pas même Christine Albanel, ministre de la Culture. Dans l’émotion générale, beau coup oublièrent que l’idée venait de la gauche.

C’est en 1986 que quelques membres du Parti socialiste (Max Gallo, Christian Pierret, le réalisateur Ange Casta) se réunirent pour réfléchir à l’ave-nir de la télévision française, dans une ambiance marquée par la privatisation de TF1. Ange Casta, connu pour son dévouement au service public, proposa de supprimer la publi-cité sur les écrans et de créer une « contribution culture et communication » - autre-ment dit une taxe prélevée sur les recettes publicitaires des médias privés.

Le projet ne fut pas repris par les gouvernements Rocard et Jospin, mais des associa-tions de gauche continuèrent de proposer que les antennes publiques soient libérées de la pression des publici taires, sans susciter le moindre intérêt. Soudain relancée par Nicolas Sarkozy, cette réforme majeure a immédiatement rencon-tré l’hostilité des syndicats de la télévision publique qui

re doutent la privatisation de France 2 ou de France 3, et celle du Parti socialiste qui dénonça le « cadeau fait à TF1 » .

C’est dans ce contexte que fut créée, sous l’égide de Jean-François Copé, une commission chargée d’étu-dier les conditions de mise en

œuvre de la réforme - plus particulièrement celle du financement car la publicité représente 20% des recettes de l’audiovisuel public. Les travaux se sont déroulés dans une atmosphère lourde, à tel point que députés socialistes et communistes ont annoncé le 4 juin qu’ils démissionnaient de cette commission.

Deux jours auparavant,

des personnalités de l’audio-visuel avaient lancé un appel pour la défense du service public « victime d’une dimi-nution drastique de l’offre de programme » qui entraîne « la disparition de milliers d'em-plois, permanents ou inter-mittents, qui touchent tous

les secteurs du spectacle, de l'information et des industries techniques ».

Désormais composée des seuls parlementaires de la ma jorité, la Commission Copé n’en poursuit pas moins ses travaux. Avant le départ des élus de gauche, son président avait proposé d’autoriser une seconde coupure publicitaire dans les programmes des chaî-

nes privés. L’opposition y a vu un soutien direct à TF1, qui sera le principal bénéficiaire de la publicité qui se reportera du secteur public au privé. Il est vrai que la première chaîne est dans une situation cri tique (baisse d’audience, pertes financières) et qu’un apport de 200 millions d’euros arran-gerait ses affaires.

Par ailleurs, Jean-François Copé a précisé les orientations de sa commission en matière de taxes – qui sont le seul moyen de financer la perte des écrans publicitaires puisque Nicolas Sarkozy refuse toute augmentation de la redevance – faible par rapport à celle qui est prélevée chez nos voisins.

L’idée principale, qui n’est pas nouvelle, serait de taxer les fournisseurs d’accès à inter-net ("FAI") et les opérateurs de téléphonie mobile. Jean-François Copé souhaite égale-ment que les personnes qui regardent la télévision sur leur ordinateur soient soumises à la redevance. Celle-ci pourrait par ailleurs être indexée sur l’évolution des prix. Pour le président du groupe UMP, qui ne cache plus ses désaccords avec Nicolas Sarkozy et qui souhaite se présenter à l’élec-tion présidentielle de 2017, c’est une manière de marquer sa différence.

Quand au fond de la ré forme, il est trop tôt pour se pro noncer : si le financement est mal assuré, la télévision publique sera menacée par une privatisation partielle et par une baisse de qualité de ses programmes. Si un finan-cement régulier est garanti, elle peut retrouver une liberté de création et de ton. n

Réforme ambiguë

ACTUALITÉTÉLÉvIsIon

Si le financement est mal assuré,la télévision publique sera menacée

4 FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008

par Alice TULLE

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Conçue par la gauche, mise en œuvre sur l’initiative de Nicolas Sarkozy, la suppression de la publicité sur les chaînes publiques peut être la meilleure ou la pire des réformes.

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L'administration fran-çaise se prépare à exercer pendant six mois la présidence tournante de l'Union

européenne. Cette occasion sera la dernière puisque cette modalité doit disparaître avec la mise en oeuvre du nouveau traité qui prévoit une prési-dence fixe appuyée sur un service diplomatique euro-péen. Succédant à la Slovénie et précédant la République Tchèque au premier semestre 2009, la présidence française apparaît comme celle d'un géant au milieu de nains. D'où vient toute l'énergie mise en oeuvre par le président Sarkozy dans l'exercice de cette respon-sabilité ?

Sans entrer ici dans les calculs de politique intérieure, elle dénote une volonté de retrouver un rôle central au sein d'une Europe écartelée entre ses divers intérêts géographiques, particulièrement de l'Est et du Sud. Les priorités définies pour cette présidence sont, outre l'en-vironnement, la défense, l'im-migration et la Méditerranée. Que propose la France sur ces trois derniers points ? Une véritable défense européenne capable de projection exté-rieure, une harmonisation des pratiques d'accueil et d'asile des migrants, enfin l'établissement d'un partenariat durable avec tous les pays du pourtour de la Méditerranée. Les intérêts des nouveaux adhé rents d'Eu-rope centrale et de l'Est sont-ils compatibles avec ceux des pays riverains du Sud ? Aux premiers, on peut faire valoir que la

dé fense européenne passe par le rapprochement avec les struc-tures de l'OTAN dans lesquelles ils font reposer leur sécurité face à Moscou. L'immigration ne vise plus le plombier polonais puisqu'il a désormais rejoint l'espace intérieur de libre circu-lation, mais les Ukrainiens, les Moldaves et autres Bengalais ou Africains. Enfin l'Union de

la Méditerranée peut leur être présentée comme un substitut d'une adhésion formelle de la Turquie, voire du Maroc. Ils ne sont qu'à moitié convaincus.

Les nouveaux adhérents redoutent que l'on consacre au développement des pays du sud de la Méditerranée des ressour-ces qui doivent leur être allouées exclusivement. La Pologne s'es-time en droit de bénéficier des mêmes montants de transferts nets qu'a obtenu l'Espagne pendant vingt ans, environ cent milliards d'euros, soit 2000

Euros par tête d'habitant. Sans parler des transferts massifs de l'ex-RFA vers l'ex-RDA. Toute la philosophie de l'élargissement repose sur la capacité de trans-ferts, ainsi que son indéniable succès. Pourra-t-on poursuivre à ce rythme et attendre vingt ans avant de s'engager dans une politique analogue vis-à-vis des pays du Sud ?

Les nouveaux adhérents redoutent également que, pour des raisons de sécurité inté-rieure et extérieure, la défense européenne vise à détourner le dispositif OTAN en direction du Sud. Après tout, la Turquie, partie intégrante de l'OTAN, fait historiquement partie de la « barrière de l'Est » qui allait de la Suède à la Sublime Porte, à travers l'Ukraine. Elle fait partie de leur paysage et ils n'ont pas la même attitude à son égard que la nôtre. Mais pourquoi le Maghreb ? Sinon pour des

raisons d'immigration. Si nous construisons un grand marché intérieur de l'emploi, disent-ils, l'immigration extérieure, « concertée » ou non, passera au second plan, ce qui n'est pas le point de vue de M. Hortefeux pour des raisons franco-fran-çaises.

Il n'y a donc pas de consensus ni sur la défense européenne, ni sur la charte de l'immigration, ni sur l'Union de la Méditerranée. Le lancement de cette dernière dès le 13 juillet pendant la prési-dence concentrera la somme des contradictions. On met en avant les réticences de l'Algé-rie, de la Libye ou de la Syrie, mais on oublie celles des pays de l'Est et du Nord orchestrées par la Chancelière allemande, Angela Merkel. Le compromis obtenu au dernier sommet est conjoncturel. Depuis la chute du mur de Berlin, l'Est et le Sud continuent de soupçonner que l'on privilégiera l'autre. La tâche de Nicolas Sarkozy sera de les combiner et non de les opposer.

La contradiction du projet européen de Nicolas Sarkozy est de chercher les voies d'une influence retrouvée au moment où la France prépare inélucta-blement un repli budgétaire, notamment sur la Défense, dont elle attend compensation par ses partenaires européens, et au moment où les autres grands acteurs mondiaux tâtent leurs muscles : le 7 août avec l'ouver-ture des jeux de Pékin, le 4 novembre avec l'élection prési-dentielle américaine. L'Europe a déjà pris beaucoup de retard. n

ACTUALITÉ

par Yves LA MARCK

sarko à vingt-septEURoPE

FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008 5

)Toute la capacité de l'élargissement repose sur la capacité de transfert

La présidence française de l'Union européenne(« PFUE ») commence au 1er juillet prochain.

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J ean-luc romero, prési-dent de l ’associa-tion pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), a encore

tenté de convaincre les dépu-tés de la Mission parlemen-taire d’évaluation de la loi fin de vie en s’affirmant favorable aux soins palliatifs comme à l’euthanasie, avant de laisser le tour aux époux Pierra. Ces derniers ont dénoncé « l’hypo-crisie » de la loi actuelle qui a cautionné l’arrêt d’alimenta-tion et d’hydratation dont leur fils est mort à leur demande, sans autoriser la piqûre létale qu’ils estiment moins cruelle (voir FC n°3120).

Ces discours prononcés après que l’ADMD a fait le forcing pour être entendue tentent-ils de parer l’effet d’annonce des mesures en faveur des soins palliatifs prévues par Nicolas Sarkozy ? Une fuite les a dévoilées en avant-première, au grand dam de l’Élysée, avant la date prévue du 13 juin. Le double-ment en quatre ans de la capacité de l’offre de soins palliatifs serait financé par les franchises médicales préle-vées sur les prescriptions. Il ne serait fait aucune mention de l’euthanasie.

Un tel plan avait déjà été ébauché le 22 mai 2007. Le président fraîchement élu faisait de la multiplication des

moyens attribués aux soins palliatifs une des priorités de son quinquennat. Il aura fallu l’affaire Sébire pour passer des promesses aux actes.

Entre-temps, Marie de Hennezel a produit un rapport alarmant. L’enquête effectuée dans les régions par la psycho-logue déplore un fort déficit de moyens et d’information sur ces soins et cette « culture » venue de Grande-Bretagne depuis quelques dizaines d’an-nées. Inscrits dans la tradition d’une médecine millénaire, les soins palliatifs contemporains sont destinés à humaniser une pratique technicisée à outrance ; les protocoles anti-douleur qu’ils ont développés font désormais partie de la médecine de pointe.

Las, les téléspectateurs ont vu Chantal Sébire accuser les soins palliatifs de ne lui proposer qu’« un mouroir ». Et ils l’ont cru quand elle se disait aller gique à la morphine, alors qu’elle en avait simplement peur, la considérant comme « du poison ». Avec de telles assertions, on comprend que, sous le coup de l’émotion, les Français soient nombreux à croire que la seule façon d’évi-ter l’acharnement thérapeu-tique, c’est de se résoudre à l’euthanasie.

Pourtant, sur le plan poli-tique, et malgré le harcèle-ment organisé par l’ADMD,

beaucoup d’élus demeurent hos tiles à toute remise en cause du dispositif légal actuel. Ils considèrent que ce fragile édifice, voté par consensus il y a moins de trois ans, doit être appliqué avant d’être bous-culé. Une nouvelle proposition de loi favorable à l’euthanasie vient certes d’être élaborée par le député UMP Henriette Martinez, membre de l’ADMD. Toutefois, le clivage droite-gauche sur cette question de société emblématique semble se préciser.

Les 400 000 cartes pos tales de l’Alliance pour les Droits de la Vie qui circulent actuel-lement en France montrent que la mobilisation n’est pas à sens unique : ni acharnement thérapeutique, ni euthanasie, plaide cette campagne, tout en demandant les moyens promis pour les soins pallia-tifs. L’action vise à conforter les parlementaires dans leur résistance. Certains ont déjà reçu une centaine de cartes.

La plupart des soignants demeurent également oppo-sés à l’euthanasie. Le 2 juin, devant 22 centres hospitaliers de l’hexagone, les militants de l’Alliance ont organisé des opérations de diffusion et signature de cartes qui ont été bien accueillies par les visiteurs de ces hôpitaux et la presse régionale.

Les perspectives seraient

encourageantes s’il n’y avait pas un ver dans ce fruit : l’as-similation abusive de l’ali-mentation et de l’hydratation à des traitements dans le préambule de la loi fin de vie. Elle a conduit à une légali-sation rampante – heureuse-ment partielle – d’une forme d’euthanasie, sans que ce mot soit prononcé.

L’officialisation du plan Sar kozy devait précéder de quelques jours le congrès de la Société Française d’Accompa-gnement et de Soins Palliatifs qui se déroulera à Nantes fin juin. Ce sera peut-être l’occa-sion de clarifier la position des leaders de ce mouvement sur la question sensible de l’ex-ception d’euthanasie.

Certaines personn alités, comme le docteur Régis Aubry, ont en effet cédé du terrain à l’ADMD. Président du Comité de développement des soins palliatifs, non seulement il cautionne certains arrêts d’ali-mentation et d’hydratation à dimension euthanasique (en application extensive de la loi) mais encore il va jusqu’à revendiquer l ’ idée d’une « transgression » à l’interdit du meurtre dont le médecin aurait à rendre compte devant le juge. « L’interdit de tuer ne mérite pas qu’on y introduise des exceptions » a quant à lui déclaré le professeur Axel Kahn aux députés avant de conclure : « Il faut une fois pour toutes tordre le cou à l’idée selon laquelle le suicide, la demande d’euthanasie serait une liberté ».

En matière d’interdit du meurtre, chacun peut en effet saisir la portée symbolique et surtout pratique de la moindre exception à la règle. n

Le mot et la lettre

ACTUALITéEUTHANASIE

Les téléspectateurs ont vu Chantal Sébire accuser les soins palliatifs

6 FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008

(

Le vent tournerait-il dans le bon sens ? Ce serait, officiellement, non à l’euthanasie, même d’exception. Il reste que certaines pratiques euthanasiques sont déjà légales.

par Tugdual DERVILLE

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La politique aujourd'hui semble être de-venue un repaire de caïmans plus ou moins agressifs. C’est à qui lancera l’attaque la plus basse pour atteindre celui qu'on ne considère plus comme un adversaire mais comme un ennemi. Pièges armés, rets tendus, filets en tous

genres déployés et jetés dans les cam pagnes… rien n’est oublié. Et au bal des faux-culs, chacun « tar-tufe » à qui mieux mieux…

Faut-il se souvenir alors d’un temps ancien, comme d’un âge d’or ? Certes, non. Les marigots étaient tout aussi remplis. Mais le climat quand même paraissait peut-être moins souillé. Car, même trahies, les valeurs avaient encore un sens et nul, sauf exception, n’érigeait en qualité ce, qu’au fond de lui, il savait être un défaut. L’homme restait un homme, mais au moins savait-il qu'il n’était qu'un homme.

C’est dans ce climat qu'ont pu surgir des per-sonnalités comme Edmond Michelet. Ou peut être,

DOSSIER

Le 9 octobre 1970 disparaît Edmond Michelet. Un homme politique s’éteint. Georges Pompidou est au pouvoir. La France continue. Un mois plus tard c’est le général de Gaulle qui, à son tour, meurt à la Boisserie. Cette fois la France a l’impression que quelque chose se brise. De Gaulle est entré dans l’Histoire. Et l’histoire de Michelet se prolonge. En effet en 2006 s’ouvre l’enquête pour la béatification de celui qui aura tout au long de sa vie regardé vers le ciel, tout en acceptant d’avoir les pieds sur terre et parfois même les mains dans la boue.

Par Albéric de PAlmAert

8 FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008

HISTOIRE

EdmondMichelethommede Dieu

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DOSSIERen regardant les choses différemment, serait-il plus juste de dire que c’est grâce à des individus comme Edmond Michelet que pouvait survivre ce climat ?

Son nom n’apparaît pas immédiatement quand on pense à la politique menée au temps du général de Gaulle. On se souvient peut être plus de Mal-raux, à qui il a succédé à la Culture, ou de Debré, à la Justice, voire de Giscard ou d’un jeune secré-taire d’État du nom de Jacques Chirac. Et pour-tant il fut un des ministres les plus influents, par le conseil, par l’amitié et aussi certainement par la prière. Edmond Michelet a su, tout au long de sa longue carrière politique, placer son action sous le feu du Saint-Esprit et dans l’humilité de la grâce qu’il puisait chaque jour dans l’eucharistie.

Sa vie et sa carrière politique sont d’une cer-taine façon un long ministère (sans trop jouer sur les mots). Tout cela com mence très tôt. Enfant déjà… C’est l’histoire que l’on retrouve dans Quand il avait 12 ans… edmond michelet.

Mais, jeune homme, il sait vers qui tourner son cœur et son esprit.

Le 30 mai 1921, il a 22 ans. Alors qu’il effec-tue son service militaire en Allemagne, il écrit à celle qui deviendra sa femme : « j’ai pris la résolu-tion d’aller tous les soirs faire une visite au Saint-Sacrement, dans la petite église de Kaldenhauser. Cela est si réconfortant que de s’entretenir avec le Dieu du Tabernacle ! »

Cette résolution prise à la veille de son ma-riage, il la tiendra toute sa vie.

Si, avant la guerre, il se donne aux autres, no-tamment comme président de la jeunesse catho-lique du Béarn puis de Corrèze, c’est avec la guerre qu’il se met encore plus au service de ses frères, humble instrument dans les mains du Seigneur.

Le 25 février 1943 la gestapo l’arrête à l’aube, alors qu’il s’apprête à partir à la messe comme chaque jour. Il est amené à Paris, à la prison de Fresnes. Il fait de ce temps une véritable retraite qui le prépare à ce qu’il va vivre quelques mois plus tard.

Le 21 juillet, il fait parvenir une lettre à Ma-rie, sa femme. Il lui confie son emploi du temps : « Vers 6 h 30 : angélus, lever, exercices physiques. 7 heures : jus et casse-croûte (grâce aux colis), grande toilette (l’eau ne manque pas ici, ce n’est pas comme à Marcillac !) 8 heures : prières du ma-tin, chapelets. 8 h 45 : lecture de la Bible, jusque vers 10 heures. Messe chantée suivie du chemin de croix et des litanies de la Sainte Vierge ; Midi : angélus. Soupe (très améliorée grâce à vous)

12 h 45 : sieste ou lecture. 16 heures : jus et ensuite relecture jusqu’à 19 heures. Puis casse-croûte. Rosaire, vêpres chantées, cantiques à la Sainte Vierge, chant du salut, prière du soir. Vers 22 h 30 : Re-grande toilette puis au lit. Chant des complies et angélus du soir. Et la nuit, je dors, mais mon cœur veille. »

Il passe plusieurs mois à Fresnes. Puis le 30 août 1943, il est conduit à la gare de l’Est. Le 15 septembre, c’est l’arrivée à Dachau. Commence alors un long chemin de croix où, en chaque hom-me qu’il croise, il voit et regarde le Christ souf-frant. Il s’arrange pour être muté au commando de désinfection ce qui lui permet d’entrer dans toutes les baraques. Il porte la communion aux plus fai-bles au risque de sa vie. Il accompagne ceux qui vont mourir.

Un prisonnier envoyé en usine réussira à faire parvenir à sa femme une lettre dans laquelle il écrit : « Ce qui donne du courage à votre mari, c’est qu'il a un très bon moral et il puise cette force dans la prière… »

Fin 1944, il est atteint par le typhus. Il reste plusieurs semaines entre la vie et la mort. Ses seules forces, il les consacre à la prière, mettant parfois la journée entière pour réciter un « Notre père » ou un « Je vous salue, Marie. »

Et quand le camp sera libéré le 29 avril 1945, il ne voudra pas rentrer avant que tous les Français soient rapatriés. Mais là encore il a une consola-tion. Il écrit fin mai à son épouse : « Ce matin à l’aube, comme tous les matins, depuis le 29 avril, j’ai pu entendre la sainte messe sans encourir les pires dangers et en toute liberté d’esprit. Ma pen-sée est à Marcillac en ce matin ensoleillé de Pen-tecôte. »

FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008 9

Sa vieet sa carrière politique sont d'une certaine façon un long

ministère

Ministre de la Culture

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Il rentre à Brive. Un autre devoir l’attend. La France est à reconstruire. La France et le cœur des Français. Est-ce à moment que lui viennent les paroles de la prière qu’il composera plus tard ? « Nous vous prions aussi, Seigneur, pour nos enne-mis, pour nos adversaires, ceux qui se croient ou se disent tels. Et cela parce que vous nous l’avez demandé ; parce que nous ne voulons pas porter en nous le poids de la haine ; parce que nous croyons que la recherche persévérante de la réconciliation entre les hommes est le signe auquel doivent se reconnaître vos enfants. »

Car des ennemis, il va en avoir dont certains encore qui n’ont pas connu ces temps, n’ont su ni pardonner s’il le fallait, ni ouvrir les yeux comme le réclamerait tout simplement l’intelligence.

En effet on ne peut oublier la polémique qui re-surgit, à chaque fois que l'on évoque sa mé moire. Edmond Michelet était ministre de la Justice au moment du drame de l'Algérie. Certains lui repro-chent de n’avoir pas démissionné. Mais pouvait-il déserter ? Et quand bien même trouverait-on des raisons valables de critiquer son choix, peut-être est-il utile de rappeler que jamais le garde des Sceaux n’a détenu le droit de grâce, que détient seul le président de la République.

On lui reproche en effet d’avoir co-signé le ré-tablissement de la peine de mort pour motif poli-tique, peine abolie pour ce motif depuis 1848, et non rétablie depuis lors, que ce soit sous le se-cond Empire ou sous le régime de l’État Français. Il serait utile de réfléchir à la différence fonda-mentale entre la morale privée et personnelle et la morale de la collectivité et de l’État. C’est certes aujourd’hui une différence étonnamment oubliée. Il n’en est que plus important de s’en souvenir. Les temps étaient exceptionnels. Michelet le fut aussi.

Son fils Claude raconte dans mon Père, edmond michelet : « nous avons retrouvé dans son bureau une feuille sur laquelle, sentant venir sa fin, il avait griffonné de mémoire et à la hâte ces quelques vers de Rainer Maria Rilke :

Seigneur, donne-nous à chacun sa propre mort,la mort que cette vie comporteoù il connaît l'amour, le sens et la détresseCar nous ne sommes rien que l’enveloppe et la feuillela grande mort, que chacun porte en soi,elle est le fruit, elle est le Centre…

Il serait bon aujourd’hui que les hommes poli-tiques se souviennent de lui. Non pour le regarder comme un grand ancêtre, pensant qu’il fait partie d’un autre siècle, voire d’un autre temps, ni comme un modèle qu’on se contente de statufier pour le rendre à ses propres yeux moins dangereux, mais comme d’un serviteur du Christ qui a su se faire serviteur de ses frères et en ce sens donner ses véritables lettres de noblesse au métier de la po-litique. n

DOSSIER

Quoi de plus beau que de se laisser éclairer par la vie d’un homme qui a cherché pendant toute sa vie à être utile aux autres ? Évêque d’Autun, Chalon et Mâcon, président du Conseil pour la pastorale des enfants et des jeunes, Mgr Benoît Rivière est aussi le petit-fils d’Edmond Michelet. Aujourd’hui l’intimité spirituelle qu’il a avec son grand-père lui permet de vivre sa vocation de prêtre et d’évêque comme une sorte de compagnonnage et un entraînement vers la sainteté.Cette intimité si importante pour lui, il souhaite qu'elle puisse également être vécue par tous les jeunes qui s’ouvrent à la vie.

Benoît Rivière tenant son grand-père par la main

La sainte vie demon grand-père

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DOSSIER

FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008 11

Mgr Rivière, Edmond Michelet était votre ngrand-père, quelle image en gardez-vous ?

En revoyant dans mes souvenirs per-sonnels le visage et la vie de mon grand-père, ce qui apparaît en premier c’est l’engagement constant de sa personne, une présence toujours vivante, une pré-sence active, un regard bienveillant et un peu riant, un regard qui fait confiance et qui fait appel à plus de vie, un regard plein de vitalité et d’amour.

Mon grand-père a été un homme engagé dans tout ce qu’il faisait, avec cette sorte de noblesse et de simple hu-milité dans la réalisation de son travail. Il agissait comme s’il faisait simplement et sans vouloir du tout se faire remar-quer, mais à fond, son devoir d’état.

Peut-on dire que sa personnalité vous a ninfluencé dans votre vocation de prêtre ?

L’exemple de charité et d’engage-ment de mon grand-père est un puis-sant stimulant dans ma propre vie. Mais je ne peux pas dire que mon grand père ait eu une influence au début de ma vo-cation que j’ai reçue à l’âge de 10 ans. J’avais 16 ans quand mon grand père est décédé et je ne lui avais jamais parlé de mon désir de devenir prêtre.

Devenu prêtre, et maintenant depuis 7 ans évêque, son exemple et plus enco-re son discret encouragement, la force et la droiture de sa pensée, son sens très grand des autres, son désir inlassable de rapprocher les êtres et de ne pas couper les ponts dans des situations difficiles, tout cela est aujourd’hui plus que jamais une aide, et même davantage un stimu-lant, une sorte de compagnonnage et d’entraînement vers la Sainteté.

Quelle principale qualité voudriez-vous que nl'on garde de lui ?

Il y a les qualités humaines du cou-rage, de la franchise, de la sensibilité. Et il y a la Foi, l’ouverture du pardon à don-ner, la charité inlassablement recherchée pour en vivre concrètement.

Que peut représenter un homme comme nEdmond Michelet pour la jeunesse d'aujourd'hui ?

La jeunesse d’aujourd’hui est parti-culièrement sensible à la possibilité de vivre pleinement un amour humain qui épanouisse et qui reste fidèle jusqu’à la mort.

En ce sens, l’exemple d’Edmond et Marie Michelet, fiancés d’une très belle manière et amoureux l’un de l’autre jusqu’au terme de leur existence, est un beau chemin que des jeunes peuvent vouloir suivre aujourd’hui.

Je développe un peu ce point : je vois la maturité dans le dialogue entre ces deux jeunes fiancés, leur volonté très nette d’ancrer leur couple dans la foi au Christ, leur humour et leur très grande franchise l’un envers l’autre et, il

faut bien le dire, un amour qui n’a cessé d’être alimenté, d’être approfondi. En té-moigne la merveilleuse correspondance échangée au cours de leur existence.

Je pense aussi que pour les jeunes qui désirent que leur vie soit utile aux autres, quoi de plus beau que de se lais-ser éclairer par la vie d’un homme po-litique qui a cherché pendant toute sa vie à être utile aux autres dans le très large champ de la politique. Nous som-mes loin du désir de la gloire personnelle ou de satisfaire un projet ambitieux pour soi-même. Il s’agit pour mon grand père d’obéir à l’appel à servir son pays.

Ne risque-t-il pas d’être l’homme d’une nautre époque ?

Indéniablement, il n’a pas vécu à la même époque que la nôtre. Les choses ont beaucoup évolué, notamment l’in-ternationalisation, la professionnali-sation de la carrière politique, l’exten-sion du pouvoir des médias, les grandes diffi cultés du lien social et des fidélités familiales, etc. Oui, indéniablement le contexte n’est pas le même aujourd’hui, et il faut donc toujours chercher à resi-tuer les pensées et les actes d’un homme dans le contexte de son époque. Ceci étant, la force de son engagement, la très belle flamme qui anime sa vie, les actes héroïques posés au risque de sa vie dans les circonstances de la se-conde guerre mondiale, et plus tard de la guerre d’Algérie, l’engagement désin-téressé de soi, tout cela est plus que ja-mais un stimulant pour ceux qui veulent mener une vie droite et belle.

En quoi alors peut-il être un modèle pour nles jeunes d'aujourd'hui ?

Il s’est engagé dès son adolescence à consacrer du temps pour les personnes

Mgr Benoît Rivière

La sainte vie demon grand-père

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seules et les personnes âgées dans les conférences Saint Vincent de Paul et il a découvert que c’est lorsqu’on s’oublie soi-même que l’on se trouve et que l’on réalise vraiment les potentialités de sa vocation d’homme. L’amour très beau et plein d’inventivité, de créativité, d’humour et de délicatesse envers son épouse sont aussi un grand exemple pour les jeunes qui cherchent à vivre un bel amour.

La capacité qu’il a eue de se culti-ver en faisant son miel à partir de toutes les rencontres et les lectures, est aussi une indication pour les jeu-nes d’aujourd’hui.

Je pense enfin à un point que votre ouvrage sur Edmond Michet à 12 ans souligne bien, c’est celui de la force de caractère qui lui fait renon-cer à s’enfermer dans l’amertume et toujours dépasser les déceptions et les difficultés pour habiter pleine-ment le moment présent et se donner joyeusement dans tout ce qu’il fait. Voici un exemple pour les jeunes !

Est-ce important, à votre avis, de voir l'en- nfant qu'il a été ?

Évidemment, dans l’enfant se trou-vent déjà en germe bien souvent les grands élans qui se déploieront ensuite dans la vie adulte.

Dans un enfant et un adolescent se trouve déjà la capacité de dire un oui profond et loyal à l’appel de Dieu ou au contraire d’hésiter ou de ne pas s’enga-ger complètement dans le oui de la vie.

Chez mon grand père, nous pouvons déjà voir dans son enfance, la grande force, la grande netteté, la loyauté, le cran c’est-à-dire le courage et la capa-cité à surmonter et à dépasser les dé-ceptions et les difficultés.

Peut-être, trouve-t-on déjà dans le rapport qu’il a avec ses parents et no-tamment avec son père, l’immense gé-nérosité qui va jusqu’à pardonner les insuffisances et parfois les blessures qui vous sont infligées.

En tant que président du Conseil des évê- nques pour la pastorale des enfants et des jeunes, pensez-vous qu'il est important de donner aux jeunes des images, des modèles ?

Je parlerai plutôt d’exemple ou de témoins. Oui, les jeunes sont attirés par des vies d’adultes réussies, non pas au sens du succès du monde, mais réussies en ce sens qu’elles ont été entièrement belles aux yeux de Dieu et aux yeux des

hommes.Un jeune vit

aujourd’hui beau- coup dans l’im-médiateté et dans la dispersion souvent ruineuse des images et des messages qui viennent habiter son cerveau, son cœur, sa sensibi-lité. Il est plus que jamais important d’inscrire dans sa mémoire d’autres images que celles de la publicité, du monde du show-

business et des jeux télévisés. Il est si important de favoriser la rencontre spi-rituelle des jeunes avec des figures de l’Histoire très proche, des figures qui ne se sont pas laissées asservir par les dé-mons mais au contraire des figures qui sont restées libres et qui ont grandi en liberté. Ces témoins sont donc appelants pour nous ; ils nous montrent la possi-bilité de vivre en homme et en femme libres dans ce monde.

Le pape Jean Paul II a beaucoup ma nifesté son désir de voir les jeunes connaître et suivre les saints et les sain-tes. Il y a ceux qui sont canonisés et beaucoup d’autres.

Je crois sincèrement qu’un père de fa-mille nombreuse courageusement donné au service des autres dans l’horreur d’un camp de concentration et s’engageant de toutes ses forces dans le combat pour une belle politique dans notre pays, cet exemple fait partie de ceux qui vont aider les jeunes à se projeter plus loin que l’immédiateté des propositions de vie qui leur sont offertes.

Que veut dire la sainteté pour les jeunes nd'aujourd'hui ?

Ils sont sûrement sensibles à l’authen-ticité d’une vie dans laquelle les actes et les paroles sont concordants. Ils sont sû-

rement sensibles à la joie et à l’équilibre de la vie des saints et des saintes. Ils se-ront particulièrement attentifs à la réa-lité de l’engagement auprès des autres et notamment des plus défavorisés.

Pour un certain nombre de jeunes, la sainteté n’évoque rien de bien réel. Ce qui ne signifie pas qu’ils ne portent pas en eux le désir de réussir leur vie et de faire de leur vie une très belle chose. Mais, ce n’est pas encore cela la sain-teté puisqu’elle réside à mes yeux dans la totale acceptation, dans la totale dis-ponibilité à l’amour premier dont Dieu nous aime et dans ce laisser aimer par Dieu. C’est l’appui et le point de départ toujours à approfondir de l’engagement dans le don de nous-même aux autres.

Comment les adultes peuvent-ils conduire nles jeunes, et principalement leurs enfants, sur ce chemin ?

Essentiellement, par la cohérence et l’humilité de leur vie. Les paroles des adultes n’ont du prix que si elles sont portées par le témoignage d’une vie humble, discrète sur elle-même et authentique.

Il faut ajouter que l’éducation et la transmission de la foi sont une joie, mais une joie qui traverse les épreuves et le combat ; car éduquer et transmettre la foi suppose d’entrer dans un combat spi-rituel et de nous arracher à la désespé-rance et à l’égoïsme.

Quelqu'un a dit que les pères et mè-res de famille étaient les vrais aventu-riers des temps modernes. Je le crois bien volontiers.

Enfin, plus précisément, où en est la cause nde béatification d'Edmond Michelet ?

Mgr Brunon, Évêque de Tulle, au mo-ment de la mort de mon grand-père, avait très vite demandé l’ouverture d’une enquête en vue de la possible béatifica-tion.

Un travail a été entrepris dès 1976 mais l’ou verture canonique de l’enquête en vue de la béatification n’a été décré-tée que le 16 septembre 2006. Elle est actuellement en cours.

Centre d'études Edmond MicheletBrive-la-Gaillarde - Tél. 05.55.74.06.08.

DOSSIER

1969

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En mémoire des jours

Henri Teissier n'est donc plus archevêque d'Al­ger. Les raisons d'âge

l'avaient amené, il y a quel­ques années déjà, à don­ner sa démission. C'est le sort commun des évêques, sans doute, et il est encore plus impératif, dans le cas d'un pays comme l'Algérie, dont l'histoire a si souvent tourné au drame, et pour tout dire, à des guerres qui ne disaient pas toujours leur nom. C'est le cardinal Duval qui avait appelé près de lui Henri Teissier, dans l'intention évidente de lui confier un jour la charge de l'arche vêché. Choix on ne peut plus judicieux.

Henri Teissier était un homme qui inscrivait sa pensée et sa foi dans les perspectives où le drame le disputait à la raison. L'Église dont Mgr Teissier prenait la charge, avait connu ce qu'il appelait des « séismes », avec, tout d'abord, le départ brutal de toute la commu­nauté chré tienne d'Algérie, qui laissait soudain un vide, dont on se demandait com­ment le combler. Il fallait se faire au réel ainsi créé, c'était celui du petit nom­bre, celui que la Bible appe­

lait le petit reste. L'Esprit, qui était à l'œuvre, allait bien sûr tirer son parti de ces situations. L'imprévu, ce fut dans le même moment, l'irruption de cet islamisme, qui était en passe de l'em­porter, quand les autorités mirent fin au processus électoral. On allait beau­coup le leur reprocher, mais qui peut dire ce qui serait arrivé avec une Algérie sur le modèle de ce qu'on a pu voir à Téhéran et en quelques autres lieux ? Il fallait du caractère pour assumer la charge, dans des conditions aussi incer­taines. Henri Teissier avait une grande force morale, comme tous les évêques d'Algérie, au plus fort d'une terreur islamiste, qui n'hési­ta même pas à s'en prendre à un lieu de bénédiction, comme ce petit monastère dans la montagne qui s'ap­pelait Tibhirine.

La première manifes­tation de cette terreur, se produisit une nuit de Noël où un commando fit irrup­tion dans ce monastère, pour exiger des moines des choses qui n'étaient pas conformes à leur voca­tion. L'homme qui dirigeait ce commando, avait à son actif, si l'on peut dire, une triste notoriété de vio lence. Peu de temps aupara­vant, il aurait égorgé de sa main des travailleurs croa­tes, dans une montagne à proximité du monastère d'ailleurs.

Cette nuit­là pourtant, la force de l'Esprit l'em­porta. L'office de Noël, un instant interrompu, pu reprendre comme si de rien n'était. Mais les frères avaient senti le vent souf­

fler de très près. C'était un avertissement, auquel il serait donné suite moins de deux ans après.

Quand le prieur de Tib­hirine apprit à l'archevêque d'Alger ce qui venait d'ar­river, il était midi et Mgr Teissier s'apprêtait à rece­voir des hôtes, comme il faisait d'ailleurs toutes les fois où ces choses étaient possibles. L'évêque d'Alger proposa aussitôt aux frères de Tibhirine de les rejoindre. Ces derniers préfèrent se donner le temps de réféchir aux conséquences à tirer de ce qui venait de se passer.

Au cœur de ces années de plomb, il y eut beaucoup de déferlements du genre. Au total, l'Église d'Algérie eut à pleurer l'assassinat de 19 des siens, les 7 moines de Thibirine, les 6 petites sœurs d'Alger, toutes assassinées en allant ou en revenant de la Messe, ce qui est tout de même un symbole, les Pères Blancs, Mgr Henri Vergès et la sœur Paul­Hé lène, et enfin l'évêque d'Oran. C'était évidemment un lourd tribut que la communauté chrétienne consentait, sans renoncer pour autant à vivre dans ce pays qu'on préten­dait leur interdire.

L'Algérie alors ressentit en profondeur ce qu'il en était de la solidarité d'une Église qui n'entendait pas abandonner ses amis à l'heure où leur vie se fai­sait tellement difficile, car jamais on n'oubliait à Alger de rappeler le martyrologe des Algériens eux­mêmes.

Henri Teissier n'était pas naturellement préparé à vivre un affrontement de ce type, car cet évêque était, au sens où l'entend

l'Évangile des Béatitudes, un Pacifique. Il n'avait rien de ces violents, qui persé­cutaient son Église comme tout ce qui était libre en ce pays. Henri Teisier dut prendre sur lui pour domi­ner ses propres effrois, et ceux de son environnement algérien. Mais à vrai dire, il ne dissociait pas son sort et celui des communautés chrétiennes, du destin tra­gique de tout un peuple.

Henri Teissier, en ces heures noires, sut rester un être de compassion. Dieu sait pourtant qu'il lui en a coûté d'avoir à vivre cette violence qui contredisait tellement tout ce qu'il est. Sa propre émotion, toutes les fois où il est amené à parler de Tibhirine ou des autres martyrs, dit assez quelle est la profondeur de la blessure que cette guerre inavouée lui a provoquée.

Ce n'était décidément pas rien d'avoir en charge cet archevêché en ces années. Jean­Paul II disait aux évêques du Maghreb : « L'Église chez vous est un signe ». On ne demande pas à un signe de faire nom­bre. On ne construit pas le Royaume de Dieu, on accueille son règne.

Merci à Henri Teissier qui nous a permis de redire les vérités d'un royaume pour tous les temps. L'Église d'Algérie, comme tous les prélats du Maghreb, est l'exemple même de la force dans la faiblesse.

Merci Henri Teissier, de nous avoir rappelé ces choses si essentielles et plus que jamais en Algérie où les chrétiens sont forcés de s'interroger à nouveau sur leur avenir. n

L'Églisede la merci

ParRobert Masson

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ESPRIT

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Message du Cardinal Sandri, lors de la messe de l'Œuvre d'Orient, le 18 mai, en la cathédrale Notre-Dame de Paris

Depuis plus de 150 ans, l’Œuvre d’Orient est un vrai motif d’éloges pour la France. Elle est l’expression lumineuse de charité ecclésiale au service des chrétiens d’Orient.(..)Permettez-moi de vous demander d’unir vos voix pour invoquer le Seigneur afin qu’Il donne la paix et la stabilité à la Terre Sainte, au Liban, à l’Irak et à tout le Moyen-Orient, tous ces pays qui ont un lien historique avec la France. Seule la paix, tant désirée, permettra aux chrétiens, présents sur ces terres depuis les origines de l’évangélisation, de continuer à vivre et à professer leur foi en Jésus-Christ tant comme personnes que comme communautés. Nous pourrions être tentés par le découragement après avoir prié tant de fois à cette intention, mais (…) les exemples de prières insistantes entendues par Dieu sont nombreux dans la Bible. (…) Demandons à Notre Dame de Paris de porter à Dieu notre supplique pour la paix.

Cardinal Leonardo Sandri, Préfet de la Congrégation

pour les Eglises Orientales

20 rue du Regard, 75278 Paris cedex 06Tél. : 01 45 48 54 46

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BIÉLORUSSIE Le cardinal Tarcisio Bertone, se ­crétaire d'État, se rend en Biélorussie du 18 au 22 juin. Durant son séjour, il rencontrera des représentants du gouvernement ; présidera des célébrations liturgiques et d'autres moments de prière dans l'archidiocèse de Minsk­Mohilev et dans les diocèses de Pinsk et de Grodno. Il rencontrera éga lement des membres de la Confé­rence épiscopale biélorusse.

NORVÈGE Le Parlement norvégien devait vo ter le 11 juin sur un projet de loi gouvernemental étendant les droits du mariage aux couples homosexuels et la possibilité pour ces derniers d'une cérémonie dans les églises luthériennes si la majorité de la paroisse donne son accord. Les pasteurs ne pourront cependant pas être contraints à présider la cérémonie. Les pasteurs de l'Église de Norvège sont officiers d'état­civil, rémunéré par l'État.

ALGÉRIE Le 3 juin, le tribunal correctionnel de Tiaret (350km au sud­ouest d'Alger) a condamné quatre Algériens convertis au christianisme à des peines de prison avec sursis et des amendes de 1000 à 2000 €. Deux autres prévenus ont été relaxés. Le cas de Habiba Kouider, chrétienne de 37 ans, arrêtée pour détention de Bibles a été mis en délibéré. On a appris le 6 juin, que six mi litaires algériens ont été tués, et quatre autres blessés, dans la destruction de leur véhicule par une mine enterrée sur une route côtière à Cap Djinet, à l'est du département de Boumerdès (60km à l'est d'Alger).

YVES SAINT-LAURENT Le grand couturier Yves Saint­Laurent, mort d'un cancer au cerveau à l'âge de

Invitation à lire Vatican II

On voit des journalistes, des prêtres, des gens d’habitude « informés », s’éton-ner, voire s’indigner, de ce que Benoît XVI ait osé le jour de la Fête-Dieu – pensez donc ! – donner la communion à des fidèles à genoux et, en plus,

sur les lèvres, alors que cela ne se fait plus « depuis Vatican II ». L’affirmation est répétée avec tant de naïve constance qu’elle prend valeur de certitude. Avant Vatican II, on s’agenouillait et on tirait la langue, depuis on s’avance et on tend la main. Personne ne se donne la peine de fournir la moindre référence et pour cause ! Aucun texte du Concile Vatican II n’a abordé de près ou de loin la question de savoir comment devait être donnée la communion. Quant au Missel Romain « restauré » à la suite du dit Concile, dont la première édition remonte à 1969, la seule manière envisagée est la manière traditionnelle.

Alors, d’où vient le changement ? Il est vrai que des demandes parvinrent à Rome dans les années de l’après Concile pour obtenir la permission de donner la communion dans la main pour les fidèles que risquait d’indisposer le geste du prêtre qui leur déposait une hostie dans la bouche. Raison purement sanitaire, si on peut dire, qui n’avait rien des hautes motivations données ensuite à ce geste soi-disant plus « adulte ». Rome procéda à une enquête auprès des évêques du monde entier sur l’opportunité d’un changement de la pratique reçue. La conclu-sion fut négative : il ne fallait rien changer à l’usage. Néanmoins, pour calmer les Français et quelques autres pays occidentaux, une permission fut donnée, assortie de bien des précautions, qu’on se dépêcha d’oublier. La brèche une fois ouverte, on s’empressa de l’élargir, on rendit presque impossible la communion à genoux, les catholiques qui firent mine de demander à recevoir leur Sauveur sur les lèvres furent dans bien des cas montrés du doigt, quand on ne le leur refusa pas tout simplement, malgré le droit. Peu à peu, par lassitude ou par convic-tion, la majorité des assemblées suivit ce qui n’était qu’une permission, avec le sentiment que c’était cela que demandait l’Église, alors qu’il n’en était rien. Récemment, un évêque d’Amérique du Sud a rappelé que la permission n’étant pas donnée dans son diocèse, puisqu’il ne l’avait pas demandée, la communion dans la main était interdite. Rome a soutenu son bon droit. Et l’on se souvient de Jean Paul II refusant de donner la communion autrement que sur les lèvres à Madame Chirac en 1980 sous les caméras de la télévision.

Cet accès de fièvre, qui pourrait faire sourire, ne laisse pas d’être révélateur. L’ignorance du réel enseignement du Concile Vatican II, en ce domaine comme en d’autres, est vertigineuse, elle va de pair avec une valorisation mythique du changement intervenu. Espérons que le mythe se dissipant peu à peu, et heureu-sement, on en vienne à lire tout simplement les documents de ce Concile qui n’a pas tout dit, mais qui a posé de solides jalons pour permettre à l’Église d’affronter le monde en train de naître autour d’elle et de lui porter la Bonne Nouvelle.

Père Michel GITTON

71 ans, a eu des obsèques religieuses célébrées par le père Roland Letteron, ancien aumônier des artistes, en l'église St­Roch à Paris, en présence de sa vieille mère et de 800 personnalités dont le président de la République et sa femme. La dépouille d'Yves Saint­

Laurent a ensuite été incinérée pour être enterrée dans le parc de la villa Majorelle qu'il possédait à Marrakech au Maroc, avec son compagnon Pierre Berger. Celui­ci a révélé s'être tout récemment pacsé avec Yves Saint­Laurent dont il est le légataire.

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Elles sont une cinquantaine de sœurs, de 24 à 95 ans, à avoir entendu un jour l’appel de Dieu répercuté par saint Benoît : « Qui veut la vie ? Qui veut voir des

jours heureux ?... C’est à toi que s’adresse cet appel, à toi qui que tu sois qui re-nonces à ta volonté propre, et qui prends

les fortes et nobles armes de l’obéissance pour combattre sous l’étendard du Sei-gneur Christ (Règle, Prologue). Leur quo-tidien ? Une vie de combat spirituel, com-me tout homme, toute femme qui désire la vie. Vie de louange à la gloire de Celui qui « a bien fait toutes choses » (Évangile de Marc 7.37). Vie d’intercession en soli-

darité avec tous ceux qui peinent. Vie de travail aussi pour gagner leur pain. Vie de charité fraternelle, surtout, entre jeunes et anciennes (deux novices et une pro-fesse temporaire sont en formation), en-tre les sœurs pleinement actives et celles qui, ignorant « l’âge de la retraite » conti-nuent d’assurer de multiples ser vices. En un mot, vie de préférence pour le Christ. Cette vie, don du Seigneur lui-même, elles souhaitent qu’elle soit une aide, un soutien pour quiconque veut se joindre à elles dans la liturgie, ou prendre près d'elles un temps de recul et de ressour-cement. Des hôtes leur disent que moines et moniales n'ont pas conscience de la ri-chesse spirituelle et humaine dont leurs communautés sont dépositaires, et com-bien il leur devient essentiel de faire halte dans ces monastères. Si, d’un monastère à l’autre, la vie est fondamentalement la même, chaque communauté a cependant le visage que l’histoire lui a dessiné.

AVANT LA COUDRE,SAINTE CATHERINE

C’est dès 1816, après la tourmente ré-volutionnaire et impériale, qu’un groupe de moniales cisterciennes, issu du ra-meau trappiste et venant de Belgique, réoccupe l’ancien prieuré Ste-Catherine à Laval, un an après que les moines se soient installés à une dizaine de km, sur la commune d’Entrammes (53) à Port-Ringheard, devenu leur « Port du Salut » (cf Psaume 106). La vie est dure, mais les sœurs sont vaillantes, et elles sont très vite aimées des Lavallois, qui les assistent de leurs aumônes : des sœurs oblates ne tiennent elles pas une école pour les pe-tites filles pauvres de la ville ? Mais à partir de 1855, la construction du chemin de fer vient couper la pro-priété, amenant bruit et perturbations diverses. On envisage de déménager. Une société civile est créée, en vue d’acquérir plusieurs terrains en bordure sud de la ville, dont la Grande et la Petite Coudre,

COMMUNAUTÉS

Il y a 150 ans, les cisterciennes de Laval construisaient leur nouveau monastère, l’abbaye de la Coudre, située en pleine campagne, au sud de Laval. Aujourd’hui, exposées à une proximité croissante de la ville, elles désirent rénover leurs lieux d’accueil pour mieux répondre aux attentes d’hôtes de plus en plus nombreux, en quête de sens, de silence et de paix.

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FONDATION DES MONASTÈRES

Un groupe de moniales cisterciennes, issu du rameau trappiste(

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non loin de l’église Notre-Dame d’Aves-nières. Le chantier du monastère actuel, supervisé par le cellérier de Port du Sa-lut, durera de 1856 jusqu’en 1859, où le 26 avril, en pleine nuit et dans le plus grand silence, les sœurs traversent la ville pour intégrer leur nouvelle demeu-re, un beau monastère très fonctionnel.

A LA COUDRE : LES ALEASDE L’ECONOMIE DU MONASTERE

Ici, il n’est plus question d’école, et pour ne plus peser sur les donateurs, une fromagerie est construite en 1868, grâce encore aux moines de Port du Salut. Pour ce travail, les moyens de production vont peu évoluer jusqu’à la réfection de la fromagerie à partir de 1978... qui ne suffira pas pour résister à la concurrence des fromageries indus-trielles. La fabrication du fromage est abandonnée en 1995… pour n’en garder que l’affinage. Les préparations pour entremets « Véritable Trappe », commer-cialisées à partir de 1975, prennent le relais comme principale ressource de la communauté. Par ailleurs, avec l’ouver-ture, en 2003, de la Galerie monastique et de son magasin, la vente d’autres produits monastiques s’est étendue.

VIE DE LA COMMUNAUTÉ :OUVERTURES ET FONDATIONS

En 1870 et entre 1914 et 1918, les sœurs ouvrent le monastère pour ac-cueillir et soigner des centaines de bles-sés de guerre. De 1940 à 1944, c’est aux séminaristes du diocèse qu’elles abandonnent la moitié de leurs locaux,

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le Grand Séminaire de Laval ayant été ré-quisitionné par l’occupant. Les sœurs de Ste-Catherine et de la Coudre ont essaimé à maintes reprises. En 1837, un groupe se rend dans les Vos-ges pour fonder Ubexy, à Charmes (88). En 1841, quelques sœurs quittent Laval pour Mondaye (14). Leur nouvelle com-munauté se fixera finalement à Bouil-lon en Belgique, devenant l’Abbaye de Clairefontaine. Des sœurs parties fon-der Mâcon, en 1875, s’exilent au Brésil en 1908. Revenue en Belgique en 1929, cette communauté s’unira peu après à un groupe de sœurs de Maubec (26), pour réoccuper l’Abbaye de Chambarand (38). En 1893, un groupe de sœurs de la Cou-dre fonde Belval (62). Alors que la République radicale me-nace les congrégations, en 1903, douze sœurs s’installent dans un « monastère » de repli possible, à Blitterswijck en Hol-lande. Elles rentrent à Laval en 1920, et en dé cembre de la même année, c’est un nouveau groupe de fondatrices qui quitte la maison mère, pour Sainte-Anne d’Auray (56). Un second groupe suivra. De là, la nouvelle communauté, prenant le nom de la Joie Notre-Dame, rejoint Campénéac en 1953. La communauté de la Coudre, qui attire beaucoup de jeunes, reste nombreuse. Et en 1929, trente-deux sœurs vont restaurer la vie monastique à Igny, monastère du bienheureux cister-cien Guerric, situé à Fismes (51). Toute la première moitié du XXe siècle,

des sœurs partiront également aider les jeunes implantations cisterciennes du Ja-pon. En 1968, l’appel vient d'Afrique : un groupe de sœurs de la Coudre occupe le monastère de Grandselve au Cameroun, laissé libre par des moines cisterciens qui vont s’installer au nord du pays, à Kou-taba. En 1981, quelques sœurs quittent encore Laval pour le Jassonneix à Mey-mac (19). Ces fondations sont vécues sur fond de ferveur monastique, mais on imagine les préparatifs continuels, les de mandes d’aide des jeunes communautés, pour les-quelles la maison mère réduit ses propres besoins. Concrètement, en 1985 le résul-tat est là : les bâtiments sont restés en l’état, ou presque (après quelques amé-nagements dans l’église et la construc-tion en 1968 d’une hôtellerie extérieure, proche d’un boulevard qui allait devenir très passant). Après la réfection de la fromagerie pour continuer à subvenir aux besoins de la communauté, commence le réaména-gement patient des divers lieux de vie du monastère, par ordre d’urgence. En 1985, l’infirmerie est aménagée pour les sœurs anciennes. Puis en 1987, on transforme les grands dortoirs en cellules individuelles, non sans avoir construit une chaufferie centrale pour tout le monas-tère, profitant de la pré sence des entre-prises pour mettre le tout-à-l’égout en se raccordant aux réseaux de la ville. Après des aménagements de bureaux et d’ate-

liers, nécessités en 1989 par le change-ment de leur économie (développement des entremets), une inondation de la cour d’entrée, qui provoque la détérioration de murs, les amène à reconsolider sur une dalle de béton les cloîtres du monastère en 1990. En 1993, la réfection de l’église et son extension pour permettre aux fi-dèles une meilleure participation, a été hâtée par la dégradation des toitures. Il restait la partie liée à l’accueil : une pre-mière réalisation a été la construction de la Galerie monastique avec le magasin, ouverte en 2003.

RÉNOVATIONS DEL’HÔTELLERIE, DE LA CUISINE ET DE LA COUR : 2008-2010

Aujourd’hui, les sœurs doivent pour-suivre, en rénovant la cour d’entrée, l’hôtellerie intérieure et la cuisine pour répondre à des normes sanitaires et de sécurité de plus en plus exigeantes. Le coût est estimé à 2 700 000 € Le financement sera assuré par la vente de leur propriété du Tertre, affectée à l’accueil des jeunes (qu'elles recevront désormais dans l’hôtellerie extérieure) : Des travaux trop importants de mise aux normes étaient nécessaires. Le produit de la fromagerie et des préparations pour entremets suffit juste à assurer l'existence au jour le jour de la communauté. Un emprunt sera donc souscrit dans la limite des possibilités raisonnables de remboursement. Cela fait, il reste à trouver la moitié des som-mes néces saires auprès de généreux do-nateurs... n

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Toute la première moitié du XXe siècle, des sœurs partent au Japon(

Abbaye de La Coudre,Rue st Benoît - BP 0537,53005 Laval cedex,tél. 02.43.02.85.85,fax 02.43.66.90.18.www.abbaye-coudre.comPour aider les sœurs, et recevoir un reçu permettant de bénéficier de réductions d'impôts, libellez votre chèque à l’ordre de la Fondation des Monastères, indiquez au dos :« LA COUDRE TRAVAUX»et renvoyez-le à :Fondation des Monastères83/85 rue Dutot - 75015 Paris.

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La vie de Jacques Sevinsac au dos sans trêve...

34/40Texte de A. de PalmaertDessins de Palmar

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© Editions Viltis - Albéric de Palmaert, 12 rue Botzaris, 75019 Paris - tél. 06 62 22 37 75

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On ne donne plus beaucoup dans le triomphalisme au jourd’hui. Si, jadis, on vantait la solidité des ins­titutions ecclésiales, la

doctrine restée inchangée pendant des siècles, la résistance à tous les pouvoirs persécuteurs, les fruits de civilisation et de sainteté, on est devenu plus modeste quand on parle de l’Église à présent. Trop peut­être. À entendre certains, l’histoire de l’Église ne serait qu’une longue suite de bévues et de compro­missions, ce qui est une ma­nière bien partiale de voir, que sont loin de partager des historiens sérieux, même parmi les non catholiques. À force d’accepter le regard négatif du monde qui nous entoure, on finit par le faire nôtre, aux dépens de toute raison et de toute justice. La démarche de repentance entreprise par Jean­Paul II ne com­portait rien de tel, il s’agissait de pouvoir reconnaître les défail­lances de certains chrétiens, pour mieux mettre en valeur l’œuvre de l’Esprit qui soutient et embellit sans cesse l’Église.

On est frappé, à lire les textes anciens, ceux de l’Écriture et ceux des premiers Pères de l’Église, de sentir le ton étonnamment louangeur avec lequel ils parlent de l’Église. Pour tant celle­ci, de leur temps, était bien peu de chose : quelques milliers, dizaines de milliers tout au plus, de croyants répartis autour du bassin méditerranéen, parmi lesquels tout le monde n’était pas un exemple de vertu (il suffit de rappeler la fraude d’Ananie et de Saphire racontée dans les Actes

des Apôtres, chapitre 5). Pourtant cette Église, elle est, au dire de saint Pierre : « la race élue, la communauté sacerdotale du roi, la nation sainte, le peuple que Dieu s'est acquis » (1ère lettre de Pierre 2,9), elle réalise les lointaines promesses de l’Exode que nous lisons ce dimanche. Saint Jean parle dans sa deuxième lettre de la « Dame élue » (v.1) pour désigner

la communauté locale à laquelle il s’adresse, ce qui ne l’empêche pas d’émettre conseils et reproches à son endroit. Saint Ignace d’Antioche, quant à lui, profite de chacune de ses lettres pour faire l’éloge des Églises qui l’accueillent. Pour parler de l’Église de Rome (« celle qui préside dans la région des Romains »), il n’a pas d’expression assez élevée : « digne de Dieu, digne d’honneur, digne d’être appelée bienheureuse, digne de louange, digne de succès,

digne de pureté, elle qui préside à la charité, qui porte la loi du Christ, qui porte le nom du Père ».

Il nous faut absolument retrouver ce regard de foi et d’amour sur l’Église. Il ne s’agit pas d’être naïf et de croire que tout est bien, que les décisions sont toujours prises pour le mieux par les hommes les plus compétents, cela n’est pas vrai.

Il y a parmi les chrétiens, les prêtres, les religieux la même proportion de gens limités, faibles et timbrés que dans le reste de la société. Ce qui est extraordinaire, c’est que Dieu, avec ce matériau, fait son Église, le Temple saint de

sa gloire, qu’il en tire des saints et des martyrs, qu’il lui permet de lui rendre un culte sur toute la face de la terre, d’enseigner la seule Vérité confiée aux hommes, qu’il suscite en elle, malgré toutes les lacunes, une charité qui tient ensemble des multitudes d’hommes et de femmes que tout devrait séparer, qu’il instaure une mystérieuse continuité au fil de l’histoire qui nous relie directement à l’origine.

Il est arrivé aux chrétiens déçus par leur Église de rêver à une communauté idéale à venir, ou de penser que la seule vraie Église était céleste et n’avait que de lointaines connexions avec celle de la terre. Gardons­nous de cette erreur, elle ne peut que nous rendre aveugle sur la splendeur que Dieu nous donne dès maintenant. n

Première lecture : Lecture du livre de l’Exode (19, 2-6a) - Psaume 99 - Deuxième lecture : Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (5, 6-11) - Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (9, 36 – 10, 8).

Un royaume de prêtresune nation sainte par le Père

Michel GITTON

11e dImanchE TEmPS oRdInaIRE (annéE a)

Retrouvez chaque jour, sur internet, les points d'oraison du Père Michel Gitton, et les commentaires des Pères Louis et Bernard Hurault, à partir des lectures du jour :

www.france-catholique.fr

Retrouvez le Père Gittonchaque semaine sur Radio Espérance

Tél. 04.77.49.59.69

Il nous faut absolument retrouver ce regard de foi et d'amour sur l’Église(

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Le 28 janvier 2008, Juliana Nicholas, fidèle de la paroisse Notre-Dame de Lourdes à Klang, à 30 km de Kuala Lumpur, rentrait de Manille, où

elle avait fait l’acquisition de 32 bibles en anglais pour les remettre à un centre de formation chrétienne de sa paroisse. Inspectant ses bagages, un douanier a saisi les livres, au motif qu’ils devaient être visés par le Département de contrôle des textes et publications coraniques du ministère de la Sécurité intérieure. Finalement, le 5 février, les bibles ont été rendues à leur propriétaire.

L’incident a fait réagir les respon-sables chrétiens de Malaisie. Mgr Paul Tan Chee Ing, évêque du diocèse catho-lique de Malacca-Johor et président de la Fédération chrétienne de Malaisie, a déclaré avoir apprécié l’action rapide du ministre-adjoint pour régler l’affaire, mais il a ajouté que les responsables chrétiens protestaient « dans les termes les plus vifs ». Le gouvernement « ne peut empiéter sur notre droit à utiliser notre livre saint ou tout autre ouvrage chrétien.

De telles affaires n’étaient pas rares ». Le prélat a demandé à l’administration de rédiger une directive à l’attention de toutes les agences gouvernemen-tales, surtout à l’appareil de la Sécurité intérieure, afin que les fonctionnaires s’abstiennent d’agir comme l’a fait le douanier de l’aéroport.

Un incident similaire s’est produit en décembre 2007 : des fonctionnaires de la Sécurité intérieure ont saisi des manuels de catéchisme en anglais, au motif qu’ils contenaient des illustrations de « prophètes communs aux religions chrétienne et musulmane ».

D’autre part, une chrétienne, conver-tie de l’islam, se bat depuis huit ans pour que l’on inscrive sur sa carte d’identité qu’elle n’est plus musulmane. La Cour fédérale a pris la décision qu’elle ne pourrait pas faire ôter la mention islam, bien qu’elle soit convertie depuis 1998. Elle pourrait donc être condamnée à une peine de prison pour apostasie !

Le 14 octobre 2007, des musul-mans ont assisté à la messe puis ont engagé un dialogue avec les catholiques de la paroisse de la Sainte Trinité de Kuching, capitale de l’État de Sarawak, sur la partie malaisienne de Bornéo.

L’archidiocèse de Kuching est l’un des neuf dio cèses catho-liques en Malaisie. Il compte 153 000 catholiques, répartis dans dix paroisses, pour une population d’un million d’habi-tants.

Selon des sources locales, cette visite est une première dans ce pays majoritairement musulman, où religion et appar-tenance ethnique sont des ques-

tions sensibles et fortement politisées. Chez les chrétiens et les musulmans, il est interdit à toute personne d’une religion différente de pénétrer dans un lieu de culte chrétien ou musulman, et d’assister à un office religieux. La visite à la paroisse de la Sainte-Trinité est à l’origine une initiative musulmane. Selon Shah Kirit Kakakul Govindji, initia-teur du projet et membre de l’Islamic Information and Services Foundation, l’initiative avait pour objectif « d’établir un pont » entre les deux religions, afin de renforcer leurs relations, de favoriser une meilleure compréhension mutuelle et de mettre en relief les similitudes et les traditions communes partagées par l’islam et le christianisme, ainsi que de « s’entendre sur les points de désac-cord », dans un esprit de respect mutuel. Une occasion pour les musulmans de poser des questions sur les diffé rentes communautés chrétiennes, sur la formation et l’enseignement dispensé aux séminaristes et sur les différents ministères de l’Église. La visite éven-tuelle d’une délégation catholique dans une mosquée a été évoquée.

Des petits pas certes, mais indis-pensables pour permettre à l’Église de travailler dans la paix. ■

* On compte aussi 19 % de bouddhistes et 9 % d'hindouistes.

ESPRIT

Dans ce pays majoritairement musulman (60 %)*, les chrétiens (9 %) se battent pour le respect de leurs droits et leur action commence à porter des fruits malgré des tensions.

par Marc FROMAGER

Religion et appartenance ethnique sont des questions sensibles et fortement politisées

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Écoutez la chronique de Marc Fromager, chaque semaine sur :

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Mosquée de Penang

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MALAISIE

Le dialoguemalgré des incidents

église de Kuching

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Guide des voyages de saint Paul

Jean Emeriau, Desclée de Brouwer, Paris, 2007,ISBN 978-2-220-05842-9, 296 pages, 24 e

Du 28 juin 2008 au 28 juin 2009, l’Église célèbre par une année jubilaire extraordinaire le 2000e anniversaire de la naissance de saint Paul. De nombreux lecteurs de France Catholique en profi-teront pour mieux connaître cet apôtre hors du commun. Certains auront le bonheur de pouvoir marcher sur les traces de l’un ou l’autre de ses nombreux voyages. Beaucoup se contenteront d’un pèlerinage spirituel en lien avec les céré-monies jubilaires. Les éditions Desclée de Brouwer viennent d’éditer un guide des voyages de l’apôtre qui sera utile aux uns et aux autres. Son auteur est guide-accompagnateur, spécialiste des pays bibliques. Il a parcouru les sites qu’il présente, les a photographiés et a médité les textes qui en parlent. Il ne se contente pas des sources bi bliques mais fait un large appel aux historiens et autres auteurs qui permettent de comprendre saint Paul et le monde dans lequel il vit. Il cite aussi des récits de voyageurs qui ont visité et décrit les lieux parcourus par saint Paul. Ce guide comprend trois parties, une présentation du monde gréco-romain, la vie et les lettres de Paul et de courtes monogra-phies, présentées par ordre alphabéti-que, des sites pauliniens et de ceux qu’il a cités dans ses lettres. En annexe figurent des sites non mentionnés par Paul mais

qui font souvent partie des itinéraires proposés dans les voyages « sur les pas de saint Paul ».

Ce guide, illustré de photographies en couleur, comprend une cinquantaine de cartes et plans et un nombre sensible-ment égal de textes d’auteurs divers dont certains, hors du monde juif, présentent une parenté avec la pensée de saint Paul. Ils sont présentés en encadrés avec des codes de couleur qui facilitent la lecture. Des tableaux chronologiques ou théma-tiques donnent des repères et des vues d’ensemble synthétiques. Des index permettent de s’y référer facilement.

La qualité du papier en fait un livre un peu lourd pour un guide. Il sera plus aisément consulté le soir à l’hôtel ou dans les moyens de transport que sur le terrain. Tous ceux qui ne voyageront pas y trouveront une introduction didac-tique et agréable en préalable à une étude éventuelle plus approfondie, en se reportant par exemple au Saint Paul de notre ami Gérard Leclerc, paru en 1997 chez Pygmalion... (ISBN 2-85704-513-1), 255 pages, 17,50 €

Le marchant de bonheur, à pied d’Auschwitz à Jérusalem

André Weill, Le Mercure Dauphinois, Grenoble, 2008ISBN : 978-2-35662-003-3, 248 p., 18 e

Les lecteurs de France Catho- lique connaissent déjà André Weill

(voir n°3062 du 9 mars 2007).Il se présente ici en « marchant de

bonheur », faisant partager les émotions,

les joies, les découvertes des 3366 km qu’il a parcourus entre Auschwitz et Jérusalem. Laissons-lui la parole :

« Parti du Mémorial de Drancy, en mai 2005, j'arrivais deux mois plus tard au camp d'Auschwitz. De cette arrivée, il me restera longtemps un certain trouble. Un vide, un manque, un indéfinissable « c'est pas ça ». Car, en vérité, je n'étais pas arrivé au camp d'Auschwitz. Je n'étais arrivé qu'à son musée.

C'est la raison pour laquelle je suis reparti d'Auschwitz en juillet 2006. C'était vital, il me fallait repartir. Peut-être que la vérité d'Auschwitz ne se trouve que dans la nécessité de le quit-ter.

Alors, je pars! Je quitte Auschwitz pour dire Jérusalem à nos enfants. Et je le dis avec mes pieds. Dix pays traver-sés et 3300 kilomètres pour honorer le sacré.

Ô Jérusalem, je ne sais rien de tes enseignements. Je ne t'amène ni myrrhe, ni or, ni encens. Je ne t'amène que la mémoire de mon grand-oncle, Fernand, assassiné à Auschwitz. Et un petit caillou arraché au mur des fusillés.»

Tout au long du voyage, ce caillou sera comme un talisman pour André. Il sera aussi la petite voix qui l’aidera dans les moments difficiles ou lui suggérera de bonnes décisions. Ce petit caillou a rejoint Jérusalem. Il y porte la mémoire de Fernand et de tant d’autres victimes de l’inhumanité.

Expérience unique et singulière que celle d’André. Cheminer avec lui en lisant son récit est une grâce. Celle de béné-ficier de toute la richesse de son expé-rience de marcheur qui sait trouver en tout homme un frère parce que des jours et des jours de marche solitaire lui ont appris la valeur de la rencontre vraie, la rencontre que l’on vit d’un geste ou d’un regard avec celui dont on ne parle pas la langue. La grâce aussi de partager ses réflexions et ses lectures dont des cita-

GUIDES

par Louis MOLLARET

LIVRES

26 FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008

Chemins spirituels

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LIVRES

tions, sans doute longuement méditées en marchant, éclairent les chapitres.

Mais ce récit est aussi relation très concrète de ce voyage à travers dix pays d’Europe et du Moyen-Orient, occasion de découvrir leurs habitants, les repas qu’ils offrent mais aussi leurs conditions de vie et certaines coutumes, occasion de réviser de vieilles leçons de géogra-phie par les descriptions des paysages, des cultures et des activités des hommes et des femmes rencontrées.

Les spécialistes ou les plus curieux seront également intéressés par les tableaux de marche et le budget qui figurent en annexe.

Et au bout de la marche Jérusalem : « Ô Jérusalem ! Cinq mois de marche et trois mille trois cents kilomètres pour buter sur ton mur au dernier kilomètre. » Ce ne fut pas la seule frontière qu’André ne put passer à pied.

Ce livre est une invitation à bous-culer les frontières de l’indifférence, des particularismes et des égoïsmes qui conduisent à la haine. Shalom, Salam, Om Shanti, Alleluia conclut André, invi-tation à écouter le message de paix que son livre nous apporte. Un très bon livre à recommander.

Le Tro BreizYannick Pelletier, Les guides Gisserot, Paris, 2008Album 19x26, 32 pages, ill. couleur, 5 eISBN : 9 782877 47912 7

Les éditions Gisserot ont une poli-tique de prix particulièrement agres-sive. Elles proposent des ouvrages de

qualité et fort bien illustrés à des prix très attractifs. Nous avons sélectionné trois ouvrages dans ses collections. Le Tro Breiz, représente la série des guides. Il enchantera les Bretons et sera utile à tous ceux qui passeront leurs vacances en Bretagne. Un seul reproche à faire à cet album, il sacrifie à la mode en donnant à ce pèlerinage circulaire une origine médiévale qu’il n’a pas.

Les TempliersAlain Demurger,Gisserot-Histoire, Paris, oct. 2007Format 12,5x19, 128 pages, 5 eISBN : 9 782877 479554

Dans la col- lection His- toire, Les Tem-

pliers permettra de faire la part entre l’histoire de ce premier ordre religieux-militaire de la chrétienté médiévale et les légendes nées de sa fin dramati-que. L’auteur, Alain Demurger, est un des meilleurs spécialistes de l’histoire du Temple.

Les CatharesJean-Louis Biget, mémo Gisserot, Paris, 2008Format 11,5x16,5, 64 pages, ill. couleur, 2,80 eISBN : 9 782755 800364

Dans la toute nouvelle collection des mémos, Les Cathares de Jean-Louis Biget intéressera tous ceux qui souhai-tent dépasser les clichés habituels des offices de tourisme et ne seront pas déroutés d’apprendre comment les Albigeois sont devenus Cathares à partir du XIXe siècle.

Jeanne d’Arc, la voix des poètes

Textes réunis par Yves Avril et Romain Vaissermann,Paradigme, Orléans, 2008, 318p., 25 eISBN : 978-2-86878-262-5

Les auteurs ont rassemblé dans ce livre des textes poéti-ques évoquant la f igure et l ’his to ir e de cette « pèle-rine » d'un genre plutôt militaire. De Chr is t ine de Pizan, sa

contemporaine, à Oskar Denger, poète allemand écrivant Une fille enchaînée au début du XXIe siècle, un peu plus d’une centaine de textes de poètes français et étrangers offrent au lecteur l’occasion de rêver à l’épopée de Jeanne et de confron-ter ses propres souvenirs aux visions des poètes. Un lexique des termes anciens, des biographies des auteurs cités, un lexique et les versions originales des poèmes étrangers complètent utilement l’ouvrage. n

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Chemins spirituels

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ISF : l’ImpôtSans Fondement

Au plus tard le 15 juin, plus de 500 000 foyers devront déclarer et payer l’I.S.F.

Créé en 1981 par idéologie, l’Im-pôt sur la Fortune continue d’empoi-sonner l’économie et la vie politique françaises. Depuis que Jacques Chirac s’est persuadé d’avoir perdu les élec-tions de 1988 pour avoir supprimé l’IGF, ancêtre de l’ISF, en 1986, les gouvernements de droite ne veulent

pas prendre le risque de remettre en cause ce qui apparaît comme un élément institutionnel du paysage fiscal français.

Pourtant cet impôt ne se justifie d’aucune manière sinon au travers d’un discours anti-riches. En viola-tion d’un vieux principe de droit et d’équité, - non bis in idem - que les Latins avaient institué pour éviter que la même assiette fiscale soit taxée plus d’une fois, il frappe des patrimoines qui ont déjà supporté des droits de succession, le cas échéant, des droits d’enregistrement ou la TVA

à l’achat, un impôt foncier pour les biens immobiliers...

Lorsqu’il pèse sur les actions ou les entreprises détenues par des person-nes physiques, cet impôt oblige ses détenteurs à des contorsions juri-diques, onéreuses et stupides, pour en diminuer le poids ou mieux en supprimer la charge : des dirigeants retraités conservent leur fonction sans autre motif que d’échapper à l’ISF, les familles s’obligent à conser-ver leurs titres en signant des pactes imaginés par le Ministre Dutreil au détriment des exigences de mobilité de la vie économique et financière, des sommes sont investies dans la terre ou dans les forêts pour la seule raison de réduire de ¾ la valeur impo-sable à l’ISF sans bénéficier d’une loi favorable à ces placements…

Certes, le président de la Répu-blique a tenu ses promesses d’offrir aux contribuables une alternative à l’impôt en leur permettant d’imputer sur leur impôt sur la fortune 75% de leurs versements à des fondations reconnues d’utilité publique ou au capital de PME, dans la limite de 50 000 € par an. Cette mesure intelli-gente favorise la charité et les petites entreprises et c’est bien. Mais sa mise en œuvre est complexe et limitée.

Par ailleurs, le bouclier fiscal per met aux plus riches de limiter leur ISF, en même temps que leur impôt sur le revenu et leurs taxes foncières et d’habitation de l’habitation princi-pale, à 50% de leur revenu imposable. Mais le paradoxe est que, sauf excep-tion, seuls les « très riches » qui n’ont pas ou guère de revenus du travail peuvent en profiter.

Il eut sans doute mieux valu renoncer purement et simplement à cet impôt inutile comme l’ont fait ces dernières années de nombreux pays en constatant que cet impôt faisait fuir les entrepreneurs et les capitaux, alors que son rendement restait toujours limité. Sept pays européens ont supprimé leur impôt sur le capital depuis 10 ans, l’Espagne socialiste étant le dernier en date. Il ne reste plus que deux pays en Europe qui pratiquent l’impôt sur la fortune.

La fortune est d’ailleurs vite impo-sée en France puisque le seuil est de 770 000 €. Celui qui possède un appartement de 120 m² à Paris et

DÉBATS

28 FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008

La virginité au prétoire

L ’affaire du mariage annulé à Lille pour une question de virginité n’a pas fini d’alimenter les conversations. Féministes, adversaires du commu-nautarisme, militants des droits de l’homme, tous se sont élevés contre

ce qui apparaît bien comme une régression. L’indignation est si générale que la Chancellerie a demandé au procureur général de Douai d’interjeter appel de la décision du tribunal de grande instance de Lille.

Dans ce concert d’indignation, il convient d’abord de faire la part du droit. Le juge de Lille (qui était une juge) n’a pas proclamé la nullité d’un mariage au motif que la mariée n’était pas vierge ; sa décision a été motivée par le mensonge (reconnu) de la mariée sur sa virginité. En somme, l’annulation du mariage n’a été considérée que comme un élément de nature à vicier le consentement nécessaire à la validité du mariage. Le mariage en question n’a pas été annulé parce que la mariée n’était pas vierge, mais parce qu’elle avait prétendu qu’elle l’était.

Dans cette optique, la juge de Lille a rendu une décision conforme à la loi, et plus précisément à l’article 180 du Code civil qui mentionne l’erreur sur la personnalité du conjoint comme motif d’annulation.

Mais le droit n’explique pas tout et l’adage summum jus summa injuria (la justice extrême devient extrême injustice) trouve peut-être ici une nouvelle application. On peut en effet se demander raisonnablement quelles pres-sions ont amené la mariée à mentir sur sa virginité*, et surtout s’interroger sur une demande d’annulation qui ressemble un peu trop à une répudiation. Que l’affaire concerne deux musulmans n’est pas un hasard. Une telle affaire serait peu concevable dans un couple catholique (par exemple) où la virgi-nité, avant le mariage, ressort essentiellement du tribunal de la confession, voire (dans le pire des cas), des tribunaux ecclésiastiques.

En fait, la décision du TGI lillois semble ici renforcer une certaine posture communautaire et l’on ne peut que le regretter. Un tribunal n’est pas une instance morale. Même si elle n’est évoquée qu’indirectement, la question de la virginité, question intime entre toutes, ne devrait pas avoir sa place dans un prétoire. Décidément, la laïcité française se heurte encore à bien des ambi guïtés. Serge PLÉNIER

* C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la première réaction - qui lui a beaucoup été reprochée - du Garde des sceaux, Rachida Dati, interprétant le jugement aussi comme une mesure de pro-tection de la jeune femme. Celle-ci a menti, mais peut-être n'a-t-elle pas pu agir plus librement ? Quant au mari, faisait-il un mariage d'amour ou de convenance ? Bref les conditions d'un mariage libre étaient-ellles réunies ? C'est ce qui sera peut-être examiné en appel.

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une maison de campagne, peut déjà être taxé de fortuné à la française, assujetti à l’ISF. Et comme les plus riches ne sont guère confiants dans la pérennité du bouclier fiscal, instabi-lité politique oblige, ils continuent de fuir la France au détriment de celle-ci. Jusqu’à ces dernières années, un Français « fortuné » quittait la France chaque jour. Désormais, il y en a plus de deux par jour : 843 contribuables par an assujettis à l’ISF ont quitté la France en 2006 en emportant 2,8 milliards d’euros de capitaux qui auraient rapporté à la France.

L’ISF n’a qu’un rendement modeste, de l’ordre de 1% des recettes fiscales brutes de l’État, et son intérêt premier pour l’État est d’obliger les contri-buables à déshabiller leur patrimoine devant lui. Mais est-ce une vertu pour l’État d’être voyeur ? C’est plutôt un vice capable d’entraver la dynamique sociale.

Il faut cesser de toujours vouloir bannir la propriété et punir les pro priétaires. Tout au contraire, il faut réhabiliter la propriété en re connaissant « le caractère naturel du droit à la propriété privée… Ce droit fondamental pour l’autonomie et le développement de la personne » comme le soulignait Jean Paul II dans Centesimus annus.

À cet égard, il serait sans doute plus courageux et sûrement préfé-rable de supprimer l’ISF.

Jean-Philippe DELSOL

Réforme de l'enseignement, enfin.

La réforme des lycées s’imposait, dit au Figaro (2 mai 2008), le nouveau responsable de ce secteur délicat. Son propos a été repris, le même jour avec vigueur par le Président de la République devant les recteurs et les présidents d’universités. En effet, un grand nombre de bacheliers, voire de titulaires de mentions, échouent à leur entrée dans l’enseignement supérieur. Et la proportion est inquiétante. Il semble que la cause de ce gigantes-que gâchis doive être trouvée dans le fait que, progressivement, on ait oublié le travail personnel au béné-

fice d’une multiplication des heures de cours. L’information chassait la formation.

Or, en principe, l’université n’est pas faite pour donner des méthodes, mais plutôt pour mettre en œuvre celles qui, normalement, ont été acquises. Faute de quoi le résultat est celui que l’on déplore aujourd’hui.

Alors que faire, en attendant que la réforme envisagée ne porte ses fruits ? Dans un premier temps, il y a une vingtaine d’années, on avait déjà pris conscience d’une néces-saire interface entre le secondaire et le supérieur. Dans un colloque à Jussieu, l’auteur de cet article avait été invité à présenter l’expérience qu’il avait tentée à l’IRCOM, avec les sessions de préparation à l’enseigne-ment supérieur (SPES). C’était bien timide compte tenu de l’ampleur du problème.

Or celui-ci s’est aggravé. Il faut aujourd’hui que l’université elle-même se remette en cause, acceptant de prendre en charge, pour ce qu’ils sont, les bacheliers qu’elle accueille. On peut comprendre que l’effort soit difficile dans le cadre pesant des structures des facultés. Il est pourtant possible puisqu’il a été réussi par de nouveaux établissements libres qui s’y sont attachés. N’en connaît-on pas qui conduisent près de 90% de leurs étudiants à la licence en trois ans ?

Au vu de ces résultats, on pense aussitôt que l’administration de l’en-seignement supérieur aurait dû encou-rager, faciliter et pourquoi pas copier les moyens mis en œuvre. Hélas, il n’en est rien. Au contraire, voilà qu’on exige des établissements en question qu’ils passent des conventions avec l’établissement public le plus proche, quelles que soient les performances de celui-ci.

Au moment où l’on parle avec tant de ferveur de la libéralisation du commerce, on imagine la transposition de la méthode. Ouvrez la bou tique que vous voulez, où vous voulez, mais n’y proposez que des produits acceptés par la grande surface la plus proche ! ça serait génial, non ?

Père Hyacinthe-Marie HOUARDFondateur de l’IRCOM

et de l'Institut Albert le Grand(près d'Angers)

FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008 29

« Un livre passionnant sUr la réalité familiale, fort bien docUmenté et argU-menté » (la croix)

« JacqUes bichot et denis lensel n’ont pas peUr des taboUs » (le figaro maga-zine)

« Un espace de liberté, où l’on pose malgré toUt les règles de vie en société » (famille et édUcation)

« Un cadre affectif essen-tiel à l’épanoUissement des personnes » (le spectacle dU monde)

« le rôle qUe JoUe la famille aU niveaU maté-riel, dans la vie affective, dans le développement des enfants » (popUlation et avenir)

« Une sécUrité sociale natUrelle, Un rempart de liberté » (le bien pUblic)

presses de la renaissance, 290 pages, 20 eUros.

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Les arts décoratifs prennent un sens nou-veau au moment où, en France, s’af-firme l’Empire. Après la Révolution, le « charme millénaire » de la monarchie rompu, la pensée politique surgit et

dépasse la sphère publique pour s’imposer jusque dans l’intimité des demeures. Le motif décoratif devient le vecteur d’une pensée poli-tique. Ce changement de nature s’impose à l’esprit en visitant l’exposition du Musée des Arts décoratifs : « Napoléon, symboles des pou-voirs sous l’Empire ». Pour cette manifestation, le musée n’a pas seulement fait appel à ses propres collections, particulièrement riches,

mais aussi à celles de Fontainebleau, de la Malmaison, de Versailles, de Compiègne ; à cel-les du Mobilier national, de Sèvres ou de la Légion d’Honneur. 250 objets : mobilier, pièces d’orfèvrerie, céramiques, textiles ou papiers peints, sont réunis dans la grande nef des Arts décoratifs pour illustrer le propos.

Déjà perceptible à la fin de l’Ancien Régime, l’influence de la philosophie des Lumières impose le plus souvent des formes simples et symé-triques, condamne l’ornement dénué de sens. L’Antiquité gréco-romaine demeure une grande source d’inspiration, mais prend un sens nou-veau, orchestré par les deux grands architectes du régime impérial : Charles Percier et Pierre-François Fontaine. Bonaparte, puis Napoléon, incarne le héros guerrier, la force et la victoire. Figure mythique, il se situe dans la filiation de Mars, que l’on voit représenté sur le plastron de sa cuirasse d’apparat. L’héroïsme militaire est, par exemple, figuré sur un tabouret en forme de sabres croisés (attribué à Biennais, vers 1813–1814). Napoléon charge une commis- sion de sélectionner les symboles de son nou-veau pouvoir. Le coq, souvent utilisé depuis la Renaissance comme représentation de la France*, est écarté : « Le coq est de basse-cour.

Le Musée des Arts décoratifs présente actuellement une grande exposition sur le thème des « symboles des pouvoirs sous l’Empire ». Napoléon entendait affirmer la force et la séduction de son pouvoir jusque dans la sphère intime.

ARTS DéCORATIFS

expOSITIOnS

L’aigleet le cygne

30 FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008

Bol, tasses et soucoupes « Des peines et

des plaisirs de l’Amour », vers 1809-1813

Manufacture de Sèvres, porcelaine dure, vermeil.

Lit bateau, vers 1804-1810. Acajou, bronze doré.

D.R.

D.R.

L'aigleest retenude préférence au lion ouà l'éléphant

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C’est un animal trop faible ». L’aigle, qui renvoie à la Rome antique fondatrice de la civilisation et rempart contre la barbarie, est retenu, de préférence au lion ou à l’éléphant. Pour le man-teau du couronnement, on choisit les abeilles pour remplacer les fleurs de lys, par référence supposée au symbole des Francs*. L’utilisation des deux emblèmes, l’aigle et l’abeille, va crois-sant avec le réaménagement des Tuileries, de Compiègne, de Trianon… et la mise en chantier de grandes commandes.

Aux vertus militaires représentées par des Victoires, des Renommées ou, plus modes-tement par des couronnes de laurier ou des palmes, la société sortie de la tourmente révo-lutionnaire ajoute des ornements symboles de séduction. Le cygne apparaît déjà, comme un motif récurrent, sous le Directoire. Son omni-présence (on le retrouve par exemple sur un fauteuil gondole de Jacob, dans le boudoir de Joséphine à Saint-Cloud) est riche d’une symbolique complexe. C’est l’allégorie antique d’Apollon amoureux. Il tire les chars d’Apollon ou de Vénus dans les airs et sur les eaux. C’est l’animal choisi par Jupiter pour séduire Léda en se transformant. Sans doute moins connu que le cygne, le papillon apparaît lui aussi comme

motif décoratif : ses ailes battent dans le dos de Psyché qui personnifie l’âme féminine, réputée inconstante. À cette époque, apparaissent ces grands miroirs basculants que l’on nomme pré-cisément psychés. Au fronton de l’un de ceux qui sont exposés, figure Apollon qui incarne à la fois la force et la séduction, ces deux images que le régime impérial entend faire passer dans les arts décoratifs.

Quant aux fleurs, éternels motifs décoratifs à travers toutes les époques, elles veulent, sous l’Empire, magnifier la richesse de la France, retrouvée grâce à une supposée – elle sera brève – stabilité politique. Mais ici, la nature libre et sauvage est maîtrisée par une rigoureuse symétrie. Le pouvoir d’un empereur-soldat, qui suppose la sobriété, entretient avec le luxe des relations complexes. Mais le souverain passe d’importantes commandes auprès des manufactures nationales, notamment à des fins diplomatiques. L’exposition du Musée des Arts décoratifs a le mérite de nous aider à décrypter le sens des symboles qui figurent sur les su- perbes objets qui y sont exposés. ■

FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008 31

expOSITIOnS

La nature libre etsauvageest maîtriséepar unerigoureuse symétrie

L’aigleet le cygnepar Alain SolAri

Tabouret en forme de sabres croisés,attribué à Martin-Guillaume Biennais. Acajou, bronze doré, cuir.

D.R.

Aiguière, vers 1804.Henry Auguste.Vermeil.

* En latin, Gallus est aussi bien un Gaulois qu’un coq.* Après la découverte à Tournai, en 1653, de la tombe de Childéric 1er, père de Clovis, l’érudit Jean-Jacques Chiflet avait cru reconnaître des abeilles dans les petites pièces d’orfèvrerie qui s’y trouvaient.

« Napoléon, symboles des pouvoirs sous l’Empire », jusqu’au 5 octobre, au Musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris, tél. 01.44. 55.57.50. Ouverture du mardi au vendredi (11h-18h), samedi et di-manche (10h-18h), nocturne le jeudi (jusqu’à 21h).

D.R.

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IDÉES

(

10 MARS

Je découvre qu’Edith Stein avait traduit en allemand L’idée d’université de Newman. Mieux encore : c’est le père Erich Przywara qui fut à l’origine de ce travail. L’association de ces trois noms Newman-Przywara-Edith Stein a pour moi quelque chose de fascinant, car elle signifie la transmission même grâce à la plus haute intelligence catholique. Mais voilà qui demande quelques explications. Tout d’abord, c’est sœur Cécile Rastoin, du carmel de Montmartre, qui m’a fait faire cette découverte. Cette religieuse est, en effet, une des meilleures spécialistes d’Edith Stein. Dans son essai (Edith Stein 1891-1942, Enquête sur la source, Ed. du Cerf) elle nous donne un remarquable itinéraire de cette sainte moderne. Je le recommande à tous ceux qui veulent entrer dans le secret d’un de nos grands génies chrétiens.

Mais je dois ici m’arrêter pour rappe-ler la mémoire de la maman de sœur Cé-cile, qui s’est éteinte il y a quelques mois. Je ne l’ai jamais rencontrée, mais j'ai eu avec elle – lectrice assidue de France Ca-tholique - de longs échanges téléphoni-ques. Je me trouvais en totale communion de conviction avec Jacqueline Rastoin qui était, par ailleurs, toute dévouée à l’Amitié judéo-chrétienne de France. Elle y vérifiait le bien-fondé d’un ressourcement dans la première Alliance pour un approfondis-sement de notre foi. En accord avec ses deux enfants consacrés au Seigneur, l’une au carmel, l’autre à la compagnie de Jésus. Mais revenons à notre sujet. C’est d’abord l’intermédiaire entre Newman et Edith Stein qui m’intéresse ! Cela fait longtemps que le nom d’Erich Przywara me fait rêver. D’abord cette consonance tchèque, bohémienne peut-être. Ne s’appelait-il pas en riant « le Gitan » ? Il était né à Katowice en haute Si-lésie en 1889, m’apprend sœur Cécile. Y a-t-il un seul livre de lui disponible en français ? Pourtant il joua un rôle considérable dans le catholicisme allemand. Balthasar disait de lui qu’il était « le plus grand esprit qu’il eut jamais l’occasion de rencontrer ». C’est précisément par Balthasar que j’ai appris l’importance philosophique et théologique de ce religieux dont j’avais entendu par-ler comme interlocuteur principal d’Edith Stein. Dans son intense dialogue avec Karl

Barth, Przywara est particulièrement pré-sent à cause de sa réflexion sur l’analogie de l’être. C’est le titre du maître ouvrage de ce jésuite, dont la première version remon-te à 1932. On ne peut s’étonner qu’Edith Stein est échangé sur ce thème précis avec l’auteur et qu’elle évoque ses rencontres dans l’introduction de son grand ouvrage : L’être fini et l’Être éternel.

Sœur Cécile consacre quelques pages suggestives à Erich Przywara « auteur de cinquante ouvrages et 800 articles ». Né trois ans avant Edith Stein dans la même ré-gion de haute Silésie, il entra chez les jésui-tes à 18 ans et s’affirma vite comme un des plus dynamiques représentants du catholi-cisme allemand. On comprend que les nazis l’aient repéré. Mais quelle fougue intellec-tuelle ! Quelle ouverture d’esprit à ce qui était le plus fécond pour la pensée et le dia-logue de la foi. La phénoménologie requiert toute son attention. Il y voit la victoire de l’intelligence sur « le psychologisme, le na-turalisme et l’historicisme ». Il ne s’intéresse pas seulement à Husserl, il comprend l’in-térêt de Max Scheller de la même manière qu’un certain Karol Wojtyla quelques dé-cennies plus tard. Il discute avec Heidegger, Karl Barth, Tillich. La question des rapports entre christianisme et judaïsme est pour lui capitale, il a saisi la chance providentielle que constitue l’essor moderne d’une pensée d’inspiration vraiment juive avec Martin Bu ber ou Hermann Cohen : « Przywara fait de nombreuses recensions de livres sur le judaïsme, comme s’il pressentait que dans les années à venir se jouait là le sort de l’hu-manité, en cette terre allemande où il voyait se diffuser avec inquiétude l’idéologie nazie. Dans ses critiques à certains de ses inter-locuteurs juifs, ce sont l’assimilation et le rationalisme athée qu’il déplore, et non la pratique et la sauvegarde de l’identité juive, qu’il admire. »

Przywara est vraiment un précurseur des retrouvailles du judaïsme et du chris-tianisme qu’il envisage dans leur plus haute définition théologique. Sœur Cécile signale aussi ses prédications à Munich et à Vienne dans les années 43-44, publiées par la suite sous le titre Ancienne et Nouvelle alliance. Il s’agit d’établir l’unité et la cohérence des deux Testaments. Il est providentiel qu’un tel religieux ait rencontré la future carméli-

te et poursuivi avec elle de longs entretiens, à la suite desquels Edith partagera son amour pour Thomas d’Aquin et pour New-man. Dernière remarque de sœur Cécile : « Le jésuite était profondément imprégné de la spiritualité du Carmel dont il connaissait et admirait toutes les grandes figures. Aussi ne peut-on pas s’étonner qu’il ait situé sœur Thérèse Bénédicte de la Croix dans l’élan du Carmel, ayant intégré la solitude d’Élie le prophète et l’esprit d’enfance de Thérèse de l’enfant Jésus. Ce que confirme la sainte elle-même dans sa relation sur l’histoire du Carmel : au plus profond de la solitude de la nuit, dans la confrontation à l’abîme, seule demeure la voie de confiance aveugle en Dieu, la voie de l’enfant qui s’abandonne à la main de son père… »

12 MARS

Dans le livre de sœur Cécile Rastoin, j’ap prends aussi qu’Édith Stein était tombée amoureuse du philosophe Roman Imgarden pendant la première guerre mondiale. Ce fut sans doute un moment assez bref, Imgar-den s’étant vite éloigné d’elle sans que leur amitié ne soit jamais rompue. Il existe des lettres entre les deux jeunes gens qui seront publiées plus tard par le fils d’Imgarden et qui montrent quelle confiante intimité fut la leur. Roman se mariera de son côté en 1919. Edith, par la suite, écrit sœur Cécile « tente vainement de lui faire comprendre la joie de la foi et combien son chemin ne s’explique pas par un dépit amoureux, mais bien par la découverte d’un monde nou-veau et par l’aboutissement d’une quête à la fois intellectuelle et existentielle ». Cette correspondance se poursuivra lorsque Edith sera entrée au Carmel.

C’est au lendemain de la seconde guerre mondiale que Karol Wojtyla rencontrera à Cracovie le même Roman Imgarden, juif po-lonais qui a fait retour à sa patrie natale. Il sera son professeur à l’université Jajellone. Un rapide examen des historiens de Jean-Paul II, George Weigel et Bernard Lecomte, permet de confirmer les rapports du philo-sophe et du futur pape. Je retiens surtout que « le 6 avril 1968, face à la campagne antisémite lancée par le parti, Mgr Wojtyla invite ostensiblement à l’archevêché de Cracovie son ancien maître, le philosophe Roman Imgarden, d’origine juive, pour une conférence sur… la philosophe Edith Stein morte à Auschwitz. » (Bernard Lecomte, Jean-Paul lI, Gallimard). n

Il s'agit d'établir l'unité et lacohérence des deux Testaments

Édith Stein et Érich PrzywaraLE JOURNAL DE GÉRARD LECLERC

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cinéma

L es plus belles histoires sont par-fois à chercher non pas dans la fiction ou dans l'imagination

dé bridée d'un scénariste, mais dans la réalité. Car si l'histoire de notre huma-nité est marquée par ses grandes tra-gédies, il a toujours existé des individus qui ont su s'élever contre la barbarie et mettre leur vie au service d'une noble cause. C'est l'un de ces des tins excep-tionnels que nous conte ce film.

George Hogg débarque en Chine dans les années 30 pour couvrir la ter-rible guerre qui secoue le pays. Il pho-tographie les atrocités commises par l'armée japonaise, mais celle-ci par-vient à mettre la main sur ses clichés et s'apprête à le tuer. Jack Chen, un communiste chinois, lui sauve la vie et lui conseille de se rendre à l'orphelinat de Huang Shui…

L'intrigue n'est pas sans rappeler celle de « L'auberge du sixième bon heur », où Ingrid Bergman incarnait une missionnaire anglaise sauvant la vie de nombreux enfants pris dans la tourmente de la guerre. Les deux films possèdent ce même matériau épique et romanesque à souhait et partagent ce même humanisme bouleversant. Dans « Les orphelins de Huang Shui », le réalisateur Roger Spottiswoode par vient dès les premières séquences à

nous passionner pour le parcours atypique de ce journaliste qui, témoin d'une guerre, en est devenu l'un des hé ros. Si la mise en scène est de fac ture classique, elle distille une puis san ce dramatique à laquelle on ne peut rester insensible. George et Lee, qui vont se dé vouer corps et âmes au sort de ces or phelins, sont deux magnifiques per sonnages. Quelques scènes peuvent impressionner. ■

Les orphelins de Huang Shui. Drame sino-australo-alle-mand (2008) de Roger Spottiswoode, avec Jonathan Rhys Meyers (Georg Hogg), Radha Mitchell (Lee Pearson), Chow Yun-Fat (Jack Chen), Michelle Yeoh (Madame Wang), David Wenham (2h03). (Adolescents). Sortie le 11 juin 2008.

TabarlyÉric Tabarly, disparu en mer d'Irlande, dans la nuit du 12 au 13 juin 1998, est considéré comme l'un des plus grands navigateurs français. Ce marin solitaire hors du commun remporta un nombre impressionnant de courses et battit plusieurs records. En 1952, alors qu’il est âgé de 21 ans, il reçoit de son père son premier bateau... La force de ce brillant documentaire, composé de nombreuses images d'archives, parfois inédites, parfois simplement oubliées, tient au remarquable travail de montage réalisé par Pierre Marcel. Le cinéaste a construit ce portrait comme une histoire, avec ses points d'orgue et ses nombreuses péripéties. Aucun commentaire n'a été ajouté, ce sont uniquement les mots d'Éric Tabarly qui donnent forme et sens à ce film et le rendent si personnel et si émouvant. Ce qui frappe dans ce beau portrait, c'est tout autant le courage du navigateur que la grande modestie de l'homme.

M.-L. R.Documentaire français (2008) de Pierre Marcel à partir de documents d’époque et de nombreux témoignages des coéqui-piers de Tabarly, comme Alain Colas, Jean-François Coste, Marc Pajot. (1h30)(Tous). Sortie le 11 juin 2008.

Sex and the cityCarrie a reçu une demande en mariage de Big... Cette adaptation glamour de la célèbre série éponyme, se caractérise par sa façon très crue d'aborder la sexualité, dans les images comme dans les dialogues. Tout cela reste assez artificiel, même si l'ensemble ne manque pas de charme ni d'humour. Vie sentimentale débridée et aspiration au grand amour sont au programme. Situations scabreuses et scènes érotiques en prime. M.-L. R.

Comédie dramatique (2008) de Michael Patrick King, avec Sarah Jessica Parker (Carrie Bradshaw), Kim Cattrall (Samantha Jones), Kristin Davis (Charlotte York), Cynthia Nixon (2h15). (Adultes). Sortie le 28 mai 2008.

SaganEn 1953, Françoise Sagan, une jeune fille de 18 ans, écrit son premier roman qui sera publié l'année suivante sous le titre « Bonjour tristesse » et connaîtra un succès fulgurant. Le biopic est un genre difficile et un sentiment d'ar- tificialité domine dans les premières séquences. Mais, peu à peu, le récit gagne en profondeur et, grâce à l'interprétation ex-

ceptionnelle de Sylvie Testud, se dessine avec un certain relief le portrait d'une femme complexe. Difficile, en effet, de cerner la personnalité de cette artiste connue pour sa vie tumultueuse et sans entraves, mais qui redoutait plus que tout les blessures de la solitude.

Marie-Lorraine RousseLComédie dramatique (2007) de Diane Kurys, avec Sylvie Testud (Françoise Sagan), Pierre Palmade (Jacques Chazot), Jeanne Balibar (Peggy Roche), Arielle Dombasle (Astrid), Lionel Abelanski (Bernard Frank), Guillaume Gallienne (Jacques Quoirez), Denis Podalydès (Guy Schoeller) (1h57). (Grands adolescents). Sortie le 11 juin 2008.

Jonathan Rhys Meyers, Radha Mitchell et Chow Yun-Fat forment un superbe trio de comédiens.

Un destin exceptionnelLeS orpheLinS de hUang ShUi par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

De nombreuses scènes ont été tournées dans la région même où se trouvait l'orphelinat

(

FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008 33

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«Cette fille-là » (1) est un spectacle écrit par une canadienne anglophone de Vancouver, traduit et mis en scène par des Québécois de Montréal, joué en ce moment à Paris et… univer-

sel. À l’origine de cette fiction, un fait divers : une jeune Indienne se fait agresser et tuer par huit de ses camarades de classe à Victoria, en Colombie-Britannique. À l’arrivée, dans la salle de spectacle parisienne, un groupe de quinze collégiens pas très à l’aise pour partager sur la loi du silence des enfants face aux professeurs…

Entre les deux, des adultes, parents pour la plupart, avec leurs souvenirs et leurs interroga-tions, dont la comédienne qui, lors du débat qui a suivi la représentation, confessait porter en elle à la fois lâcheté et courage.

Car là est l’enjeu de cette pièce qui se pré-sente comme une confession, mais aussi une tentative de fuite pour éviter l’aveu trop lourd, qui viendra pourtant par arriver dans la mesure où la vérité finit toujours par sourdre.

Cette pièce nous fait entrer dans une bulle hypnotique. Durant les trois premières minutes, pas plus, on s’étonne et se laisse charmer par l’ac-cent franco-américain de l’interprète. Très vite le récit prend le dessus, débité qu’il est à une vitesse incroyable et néanmoins dans une diction parfai-

tement claire. Il y a là une réelle performance ! Certes, on a un peu de mal à saisir que la comé-dienne se trouve sur un quai. On le comprend quand elle explique qu’elle est sur une île et fait référence au « traversier » (2) et certaines réfé-rences de vie quotidienne (le car de ramassage scolaire, les « droits fondamentaux » de l’enfant, la façon de compter les classes…) sont autant des enseignements sur la mentalité du pays que des renvois aux faits. Mais tout au long de ce monologue existe une réelle complicité entre la comédienne et son public, parce qu’elle lui parle à l’âme. Pas le temps d’éprouver le moindre sus-pens sur la façon dont ces agressions sournoises et répétées vont se terminer, mais le sentiment d’être en totale symbiose avec une conscience prise dans le maelström de ses remords…

Cette pièce mérite d’être vue au triple titre de son universalité, de son utilité sociale (les professeurs qui y ont emmené leurs élèves ne s’y sont pas trompés) et du spécimen d’excellence qu’elle constitue, au sens de la sensibilité qué-bécoise. Elle a en effet été finaliste pour la soi-rée des Masques (l’équivalent de nos Molières) dans six catégories, dont le prix du public et le prix d’interprétation féminine. n

théâtre

34 FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008

La célébrité s’amuse« Croque Monsieur »(1) est l’occasion de faire admirer au public les jambes d’Isabelle Mergault, qu’elle a certes fort belles. La pièce n’acquiert un véritable rythme qu’après l’entracte. Voilà une pièce qui satisfera cette partie du public qui a besoin d’un humour facile pour être sûr de ne rater aucun effet. C’est dommage que certains spectateurs soient si peu sûr d’eux, car ils ont en prime et en l’espèce une voix de poissonnière, une benne de lieux communs, un pastiche passager d’opérette et des rôles plus caricaturés que joués. On est dans le genre « j’aime beaucoup ce que vous faites » ou « Le clan des divorcées », en plus abouti encore dans le style… ■

(1) « Croque Monsieur », avec Isabelle Mergault… le samedi (20h30), le dimanche (16h30) jusqu’au 15 juin, au Théâtre des Variétés, 7 bld Montmartre, 75002 Paris, tél. 01.42.33.09.92.

La condition de souffre-douleurest aussi vieille que l’existencede l’école, ce n’est pas une raisonpour ne pas s’interroger surles ressorts de ce processus.

« Cette fille-là »

Singulièreet universelle

On s'étonneet se laisse charmerpar l'accent franco-américain de l'interprète

par Pierre François

(1) « Cette fille-là », de Joan MacLeod, le vendre-di (20h), le samedi (16h-20h) jusqu’au 14 juin au Tarmac, Parc de la Villette, 211, av. Jean Jaurès, 75019 Paris, tél. 01.40.03.93.95. Places à 12 et 16 e.(2) Nous dirions le « bac » ou, en franglais, le « ferry-boat ».

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Art de l'image, qui a commencé par être muet, le cinéma s'est souvent donné pour vocation le plaisir vi-

suel du spectateur : vues panoramiques, com positions picturales des plans, recherche élaborée sur la lumière… À l'heure de la vidéo, cette vocation n'est plus toujours une préoccupation. On ne peut donc que se réjouir que des ci- néastes comme Zhang Yimou continuent à raconter des histoires par la puissance évocatrice des images. Nous sommes en Chine, au Xe siècle. La dynastie Tang est au pouvoir. L'impé-ratrice, contrainte de boire un breuvage plusieurs fois par jour pour se soigner, découvre qu'on cherche à l'empoisonner. L'empereur, de retour à la Cité interdite après une longue absence, la contraint à

boire ce breuvage. L'impératrice de- mande à l'un de ses fils de l'aider à fomenter un complot contre l'empereur. Cette œuvre est donc, d'abord et avant tout, une splendeur visuelle. Chaque plan est soigneusement compo-sé. C'est peu dire que les décors et les costumes sont somptueux. Le cadre très coloré de la Cité interdite et les cos tumes sophistiqués des personnages, dominés par des teintes dorées, symbolisent tout le faste et la décadence d'une dynastie. L'intrigue rappelle les tragédies an tiques, où une certaine grandiloquence, ainsi que l'exaltation des sentiments et de la

gestuelle sont de mise. Les comédiens adoptent les codes du genre, à travers un jeu très théâtralisé. Comme souvent dans les tragé-dies, trahisons et vengeance motivent les comportements des personnages. Des violences. ■

La Cité interdite. Drame historique chinois (2006) de Zhang Yimou, avec Gong Li (l'impératrice), Chow Yun-Fat (l'empereur), Jay Chou (le prince Jai), Liu Ye (le prince héritier Wan), Chen Jin (l'épouse du médecin impérial), Ni Dahong (le médecin impérial), Li Man (Chan), Quin Junjie (1h54). Diffusion le mercredi 18 juin, sur Canal +, à 20h50.

La fille du juge

En septembre 2001, Clémence Boulouque s'installe à New York. Lorsque surviennent les attentats du 11 septembre, de nom-breux souvenirs douloureux ressurgissent en elle. Elle commence alors à écrire un livre sur son père, Gilles Boulouque, juge antiterroriste, qui fut saisi des dossiers des attentats de Paris en 1986. Elle se souvient des pressions qu'il subissait et des menaces qu'il recevait. Le 13 dé- cembre 1990, son père se suicidait. Clémence était âgée de 13 ans. Ce documentaire de William Karel (« Le monde selon Bush ») est à la fois un hommage bouleversant d'une fille à son père et un témoignage passionnant sur le contexte de l'époque, sur le terrorisme et sur le rapport complexe qui lie les mondes judiciaire et politique. Le montage faisant alterner films familiaux en super-huit et images d'archives est très habile. Le texte de Clémence Boulouque, lu par la douce voix de l'actrice Elsa Zylberstein, est magnifique et d'une grande pudeur.Documentaire français ((2005) de William Karel, d'après le livre de Clémence Boulouque. Texte lu par Elsa Zylberstein. Avec Clémence Boulouque (1h23). Diffusion le mardi 17 juin, sur Arte, à 21h00.

Les aventuresde Sally Lockhart (1/2)En 1872, Sally Lockhart, qui vient de perdre son père, vit à Londres chez une tante revêche et odieuse. Elle décide de la quitter pour vivre sa vie. Cette adaptation de Philip Pullman nous fait pénétrer dans les bas-fonds de Londres, sur les traces de la délicieuse héroïne. C’est aussi mystérieux que roma-nesque. Si l’héroïne est courageuse et géné-reuse, le climat est assez angoissant.Téléfilm britannique (2006) de Brian Percival, avec Billie Piper (Sally Lockhart), Julie Walters (madame Holland), J. J. Feild (Frederick Garland), Matt Smith (Jim Taylor), David Harewood (Nicholas Bedwell), Don Gilet (Henry Hopkins), Robert Glenister (Samuel Selby), Julia Joyce (Sally Lockhart jeune) (1h30). Diffusion le vendredi 20 juin, sur Arte, à 21h00.

TÉLÉVISION

DisparitionAlice est directrice littéraire dans une maison d’édition. Depuis son divorce, elle est partie s’installer avec son fils Lucas près de Lille. Un jour, elle reçoit un coup de téléphone du proviseur qui lui annonce que son fils n’est pas venu à l’école ce jour-là. Elle prévient aussitôt la police, mais celle-ci croit à une fugue. Elle est très émouvante, cette histoire

d’enlèvement. C’est la mère, qui se bat avec détermination pour retrouver son enfant, qui est au cœur de cette œuvre tragique. Maruschka Detmers est sensationnelle d’émotion et de sobriété et elle donne beaucoup de force à ce téléfilm qui dénonce également les vautours qui s’agglutinent autour des gens frappés par le malheur. Mais il y a quelques longueurs. Les journalistes à sensation en prennent pour leur grade dans cette peinture au vitriol des mœurs de notre époque (en particulier, les dangers des rumeurs incontrôlables). Mais cette œuvre souligne également les conséquences du divorce sur les enfants. On regrette un suicide et la banalisation de l’homosexualité. Mais cela aussi fait partie de mœurs de notre époque.Téléfilm franco-belge (2005) de Laurent Carcélès, avec Maruschka Detmers (Alice), Andréa Ferréol (Jeanne), Jean-Yves Berteloot (Didier), Sara Martins (Karine), Gérald Laroche (Kolbi), Olivier Brocheriou (Simon), Olivier Pagès (2 x 1h30). Diffusion le samedi 14 juin, sur France 3, à 20h50.

Par le recours à l'art du verre chinois, la luminosité des différents décors a été particulièrement étudiée.

La Cité interditepar Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

La performancede Gong Li,en impératrice blessée, est vraiment superbe

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FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008 35

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TF120.35 Football, Euro 2008 «Grèce/Russie».23.10 New York, police judi­ciaire. Série avec J. L Martin 2.00.50 New York, cour de jus­tice. Série avec B. Neuwirth 2.France 220.50 Le plus grand caba­ret du monde. Divertisse­ment présenté par Patrick Sébastien, avec Jacques Weber, Christine Caron, Karl Zéro, Jacques Pradel, Élodie Gossuin, Patrice Dominguez, Gérard Louvin, Pascal Sellem, Françoise Laborde, etc.23.15 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 320.50 Disparition GA. Téléfilm avec Maruschka Detmers, An dréa Ferréol, Sara Martins (3h). (Voir notre analyse page 35)00.30 La case de l’oncle Doc «Jupe ou pantalon ?». Documentaire.ArteL’aventure humaine21.00 Stonhenge grandeur nature J. Passionnant.22.15 Liaisons coupables A/Ø. Téléfilm avec Josef Bierbichler, Barbara Sukowa (1h27). Bien filmé, mais il y a des lon­gueurs, une scène très sensuelle et un inceste.23.45 Jimi plays Monterey. Concert.00.35 Shake ! «Otis at Monterey». Concert.M620.45 Où es­tu ? (3 et 4/4) A. Téléfilm avec Cristiana Reali, Philippe Bas, Elsa Lunghini (1h30). Bavard, long, sen­suel et assez choquant. Mais c’est aussi très émouvant.Canal +

20.50 Ensemble, c’est tout GA. Comédie dramatique (2006) de Claude Berri, avec Audrey Tautou, Guillaume Canet (1h37). Une excellent adapta­tion du roman d’Anne Gavalda, sur fond de licence de mœurs.KTO20.55 VIP «Jean­Pierre Elkabbach». Rencontre avec un homme de presse.21.50 Mozart «Requiem». Concert.23.00 KTO magazine «Le sport : Terrain d’évangélisation ?».

télévision

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TF120.35 Football, Euro 2008 «Portugal/Suisse ou Turquie/République tchèque».23.10 Esprits criminels. Série avec Mandy Patinkin 3.France 2

20.55 FBI portés disparus : «Après la tempête», «Tous pour un», «Des années volées». Série avec Anthony LaPaglia 3.23.35 Copycat Ø. Policier (1995) de Jon Amiel, avec Sigourney Weaver, Holly Hunter (2h04) 3. Pas mal fait, mais assez peu convaincant et truffé de violences traumatisantes.France 320.55 Famille d’accueil «À 1000 mètres du bonheur» J. Téléfilm avec Virginie Lemoine, Christian Charmetant. Sympathique et plein d'humour, mais un peu outrancier.23.05 La vie comme un roman «Baroque académie». 00.40 Perche si uccide un magistro. Drame (1974) de Damiano Damiani, avec Franco Nero, Françoise Fabian (1h55).ArteCes voyagesqui nous transforment

20.40 African Queen J. Aventures (1951) de John Huston, avec Humphrey Bogart, Katharine Hepburn (1h43). (Voir notre analyse ci­contre)22.25 Le voyage de Joachim J. Pittoresque.M620.50 Capital «Maison, jardins, bricolage : du rêve à tous les prix…». Magazine.22.50 Enquête exclusive «Dans les secrets de Pékin avant les Jeux Olympiques». Magazine.Canal +20.50 L’histoire vraie de Gwen Araujo. Téléfilm de Agnieszka Holland, avec J.D. Pardo (1h26) 2.KTO20.50 La foi prise au mot «Les anges». 21.50 Vu de Rome.22.15 Vieillir dans la foi.

TF120.50 Hold­up à l’italienne A. Téléfilm avec Astrid Veillon, Claudia Cardinale, Bruno Wolkowitch, Jacques Perrin. Une comédie policière assez amusante, mais peu cré­dible et immorale.

22.40 Grey’s anatomy : «Ainsi soit­il», «Une nouvelle famille» GA. Série avec Ellen Pompeo. Très prenant.00.25 Vol de nuit «Spéciale 20 ans». Magazine de P. Poi vre d’Arvor, avec Jérôme Béglé, Robert Solé, Olivia de Lam­bertie, Maïa Gabily, Joseph

Macé­Scaron, Pierre Vavasseur, Clara Dupont­Monod, C. Fer rand, Étienne de Montéty, etc.France 220.50 L’amour sans préavis GA. Comédie (2002) de Marc Lawrence, avec Sandra Bullock, Hugh Grant (1h37). Raté et souvent vulgaire.22.35 Un œil sur la planète «Japon : Le réveil du sumo ?». Magazine de Thierry Thuillier.France 3

20.55 Le plus beau jour de ma vie J. Documentaire de Jean­Luc Léon. Pas mal, mais long et très profane.22.55 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h30). Magazine.00.45 NYPD blue. Série.Arte21.00 La cité des enfants per­dus GA. Conte (1995) de Jean­Pierre Jeunet et Marc Caro, avec Ron Perlman (1h48). Très bien fait, mais un peu confus.22.50 Musica «Robyn Orlin : De Johannesburg au palais Garnier». M620.30 Euro 2008 «Pologne/Croa­tie» ou «Autriche/Allemagne».22.40 L’intrus GA. Drame (2002) de Harold Becker, avec John Travolta (1h35) 2. Un excellent thriller, réquisitoire implicite contre le divorce. Mais c'est assez violent.Canal +20.50 Faîtes passer l’info.KTO20.50 L’Église au Québec, le renouveau par la jeunesse.21.50 Congrès Eucharistique international à Québec «Ouverture officielle».22.30 KTO magazine.23.30 Art et culture.

TF120.50 Dr. House : «Leçon d’es­poir», «Culpabilité», «Être ou paraître» GA. Série avec Hugh Laurie 2. Toujours aussi bien fait et truffé d'un humour réjouissant.23.20 Pascal, le grand frère. Magazine.00.55 À nous les petites Anglaises ! A. Comédie (1975) de Michel Lang, avec Rémi Laurent, Sophie Barjac (1h50). Amusant, mais libertin.France 2

20.50 Mademoiselle Else GA. Téléfilm, d’après Arthur Schnitzler, avec Julie Delarme, Béatrice Agenin, François Marthouret (1h34). Une œuvre poignante et déses­pérée, superbe adaptation 22.35 Faites entrer l’accusé «Abderrazak Besseghir : Le bagagiste de Roissy». Magazine de Christophe Hondelatte.France 320.50 Mort sur le Nil GA. Policier (1978) de John Guillermin, avec Peter Ustinov, Jane Birkin (2h14). Une adaptation très spectaculaire du célèbre roman d'Agatha Christie, avec une brillante dis­tribution et des paysages égyp­tiens splendides.23.40 Ce soir (ou jamais !).01.00 NYPD blue. Série.Arte21.00 La fille du juge J. Docu­mentaire (2006) de W. Karel, avec Clémence Boulouque (1h23). (Voir notre analyse page 35)22.20 Grand format «Wattstax» J. Documentaire de Mel Stuart. La musique est excellente, et l’ensemble est bon enfant.M620.30 Euro 2008 «France/Italie».22.40 100% Euro. Magazine présenté par Estelle Denis.Canal +20.50 U.V. GA. Thriller (2007) de G. Paquet­Brenner, avec Jacques Dutronc (1h37) 2. Un thriller réussi, mais sensuel.KTO20.50 Congrès Eucharistique international à Québec «L’Eucharistie, don de Dieu par excellence», avec Mgr Donald William Wuerl et Jean Vanier.22.15 La foi prise au mot «Les anges».

samedi 14 juin Dimanche 15 juin lundi 16 juin Mardi 17 juin

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émissions religieuses :08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Judaïca», «Source de vie», «Présence protestante» - 10h30 Le jour du Seigneur «Les enfants de sœur Hilarion» ­ 11h00 Messe en l’église de Notre­Dame de l'Assomption, à Miquelon (975).

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télévision

FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008 37

sur ArteDimanche 15 juin, à 20h40African Queen JPendant la Première Guerre mondial, Miss Rose, une vieille fille coincée, est recueillie par Allnut, un aventurier. Ce grand classique du cinéma, aussi amusant que spectaculaire, met en scène un couple désassorti formé de Katharine Hepburn et Humphrey Bogart. Les dialogues sont savoureux, voire truculents, et l’ensemble est sensationnel. Ce beau film est visible en famille, malgré quelques scènes impressionnantes pour les plus jeunes.

TF120.35 Football, Euro 2008 «Espagne/Grèce» ou «Russie/Suède».23.10 New York unité spéciale. Série 3.France 220.55 Le sanglot des anges «Le piège» (2/4) GA. Téléfilm avec Ruggero Raimondi, Ludmila Mikaël (1h36). Assez décevant et peu crédible.22.45 Ca se discute «Comment refaire sa vie quand on a des enfants ?». Magazine présenté par Jean­Luc Delarue.France 320.50 La cuisine au féminin. Documentaire avec Meryem Cherkaoui, Chrystel Barnier, Audrey Hellio, etc.22.55 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h25). Magazine.00.45 NYPD blue. Série 2.Arte21.00 Les mercredis de l’his­toire «Citizen King» GA. Intéressant, mais trop descriptif.22.55 Factotum A/Ø. Comédie dramatique en VO (2005) de Bent Hamer, avec Matt Dillon, Lili Taylor, Marisa Tomei (1h30). Très réussi artistique­ment, mais sinistre et érotique.M6

20.45 Cellule Identité : «Félix», «Georges» GA. Série avec Antoine Chappey, Mathieu Delarive, Ysé Tran, Anne Suarez (1h44) 2. La série s’améliore (surtout dans le pre­mier épisode), mais certaines scènes sont inutiles.22.25 Desperate housewives : «Le jeu du faux­semblant», «Ceux qui nous aiment» GA. Série avec Teri Hatcher, Marcia Cross. Pas mal, mais toujours aussi corrosif.Canal +20.50 La Cité interdite GA. Drame (2006) de Zhang Yimou, avec Gong Li, Chow Yun­Fat (1h54) 2. (Voir notre analyse page 35)KTO20.50 Congrès Eucharistique in ternational à Québec «L’Eucha­ristie, mémorial du mystère pas­cal», avec le cardinal Philippe Barbarin et le père Nicolas Buttet.22.15 VIP «Jean­Pierre Elkabbach».23.10 Audience générale.

TF120.35 Football Euro 2008 «1/4 de finale : 1B/2A».

ou20.50 Les experts Manhattan : «La flèche de l’amour», «Le der­nier métro», «Fausse donne». Série avec Gary Sinise, Melina Kanakaredes, Hill Harper 3.23.10 Confessions intimes. Magazine présenté par Isabelle Brès.France 220.55 Boulevard du Palais «Le revers de la médaille» GA. Téléfilm avec Anne Richard, Jean­François Balmer, Philippe Ambrosini, Marion Game, Olivier Saladin, Jean­Louis Tribes (1h32). Prenant, mais assez tordu.22.35 Musiques au cœur 5 étoiles «Les grandes héroïnes». Magazine présenté par Ève Ruggiéri.France 320.50 Thalassa «Thalassa en Indonésie». Magazine.23.25 Pièces à conviction «Mort sous les tropiques». Magazine présenté par E. Lucet.Arte

21.00 Les aventures de Sally Lockhart (1/2) «La malédiction du rubis» GA. Téléfilm avec Billie Piper, Julie Walters, J. J. Feild, David Harewood (1h30). (Voir notre analyse page 35)22.35 Tracks. Magazine.M620.30 Football Euro 2008 «1/4 de finale : 1er groupe B/2e grou­pe A», en direct de Vienne.

ou20.45 Bones : «Les nerfs à vif», «Rien ne va plus», «Fin de par­tie». Série avec Emily Deschanel, David Boréanaz 2.22.40 Sex and the City. Série avec Sarah Jessica Parker 2.Canal +20.50 La musicale. Divertissement présenté par Emma de Caunes.KTO20.50 Édition spéciale «Les 400 ans du Québec»21.50 Congrès Eucharistique in ternational à Québec «L’Eu cha­ristie, vie du Christ dans nos vies», avec Élisabeth Nguyen Thi Thu Hong et Mgr L. Antonio G. Tagle.23.10 La foi prise au mot.

TF120.35 Football Euro 2008 «1/4 finale : 1A/2B».

ou20.50 Esprits criminels : «De l’autre côté», «Code d’honneur», «Les proies». Série avec Mandy Patinkin, Thomas Gibson 3.23.10 La méthode Cauet. Divertissement.France 220.55 Envoyé spécial : «Les faux papiers du travail», «Carnets de route : À la frontière du Tibet», «Portrait de Georges Moustaki». Magazine.23.05 Infrarouge «Chroniques de la violence ordinaire : Les mauvais garçons». Documentaire.France 320.50 Louis la brocante «Louis et la ferme des Blanchard» GA. Téléfilm Victor Lanoux, Évelyne Buyle. Une histoire sombre et émouvante.22.35 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h30). Magazine.00.45 NYPD Blue. Série.Arte21.00 Le dernier témoin (5 et 6/26) : «La réunion de promo­tion», «Dérapage médiatique» GA. Série avec Ulrich Mühe. Pas mal fait et bourré d’humour.22.30 Jessye Norman «Je vis seule dans mon paradis, dans mon amour, dans mon chant».

00.00 La lettre scellée du sol­dat Doblin J. L'histoire étonnante et passionnante d'un grand mathématicien.M620.30 Euro 2008 «1er groupe A/2e groupe B (1/4 de finale)».20.45 Le plus beau jour de ma vie A/Ø. Comédie dramatique 2004) de Julie Lipinski, avec Hélène de Fougerolles (1h44). Très moyen et avec des scènes de mauvais goût.Canal +20.50 Cold case : «Suffra ­get tes», «Trafic inhumain». Série avec Kathryn Morris 2.KTO20.50 Congrès Eucharistique international à Québec «L’Eucharistie édifie l’Église, sacrement du salut», avec le cardinal Jorge Mario Bergoglio.21.50 Art et culture.22.20 Mozart «Requiem».

Mercredi 18 juin Jeudi 19 juin vendredi 20 juin

T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsÀ : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive : Élément positif : Élément négatif

Repères

RaDiosRadio Notre-DameDimanche 15 juin14h30 Agenda musical "Haydn Quatuor en sol mineur, Chopin 12 études, Mendelssohn Trio n°2, Schumann Quatuor opus 41"Lundi 16 juin10h45 Aujourd’hui l'Église "Benoît XVI, le pasteur de l'unité"Mardi 17 juin10h45 Aujourd’hui l'Église "La pop louange, chemin de conver-sion"Mercredi 18 juin10h45 Aujourd’hui l'Église "Le Collège des Bernardins : stimuler le dialogue pour l’Église et la société"Jeudi 19 juin10h45 Aujourd’hui l'Église "L'orgue, instrument par excellence de la liturgie"

RCFLundi 16 juin10h A votre service "Grands pa-rents : quelles idées pour occuper ses petits enfants en vacances ?" (Vos appels au 04.72.38.20.23)Mardi 17 juin21h Soirée RCF "Peut-on dire que tout est relatif ?", avec Jean-Noël Dumont (agrégé de philosophie).Mercredi 18 juin10h A votre service "Préparer son jardin à l'été", avec Michel Chéroux (ingénieur agricole)Vendredi 20 juin9h A votre service "A la décou-verte de Nice", en direct.21h "Nice en musiques"

France CultureDimanche 15 juin10h Messe, depuis l'église Saint-Louis d'Antin, 4 rue du Havre et 63 rue Caumartin, 75009 Paris, commentée par Frère Eric Macé. Prédicateur : Père Christian Lancray-Javal.

Marie BIZIEN

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Aisne✔ La communauté de la Sainte-Trinité propose une session de formation, animée par Frère Ephrem Yon, du mercredi 2 juillet (10h) au mercredi 8 juillet (17h), "Iconographie ; technique de peinture d'icône ; écriture d'une icône", conditions requises ; sens artistique et expérience iconographique ; discipline d'apprentissage ; débutants non acceptés. Inscriptions auprès de frère Éphrem Yon, Prieuré Saint Pierre et Saint Paul, 02210 La Croix sur Ourcq, ✆ 03.23. 55.26.57/[email protected]✔ La communauté des Béati- tudes, Le Château, 14100 Hermi-val-les-Vaux, ✆ 02.31.32.00.44, organise une session d'été, du 4 au 8 août, avec le Père Marie Angel, le Père A. Daigneault, Doudou Callens et le Père J. M. Crespin, sur le thème "Sa Parole peut te sauver", avec temps litur-giques, temps de louanges, ado-ration, veillées de prières, ensei-gnements, temps fraternels.Vaucluse✔ Une veillée de chansons et de prières avec Jean-Claude Gianadda est prévue le 11 juillet

(20h15) à l’église basse, 84480 Bonnieux.AFC de Viroflay✔ Une soirée-conférence organi- sée par l’Association Familiale Catholique de Viroflay et ses environs aura lieu le 16 juin (20h30) "Ouvrir la porte à l’Esprit-Saint, dans le quotidien de nos vies", par Simone Pacot, (avocate honoraire et écrivain, auteur de "l’Évangélisation des profondeurs"), à la Crypte de Notre-Dame du Chêne, 28 rue Rieussec, 78220 Viroflay.Communauté du Chemin Neuf✔ Pour les 18/30 ans, un forum international "Passeurs de Vie" est prévu du 3 au 8 août, à l'abbaye d’Hautecombe (Savoie) avec des centaines de jeunes de France et d'Europe, pour se former, partager, prier... Deux formules sont proposées : l'une avec de nombreux forums et activités au choix ; l'autre avec un parcours sur mesure pour approfondir un thème pour toute la semaine : "éthique de la vie" ou "engage- ment dans le monde" . De nombreux intervenants : Steven Gunnel, Xavier Mirabel, Jérôme Vignon, Mgr Benoît Rivière, Père Laurent Fabre... Rens./insc. :

Secrétariat Jeunes International, 59 montée du Chemin Neuf, 69005 Lyon, ✆ 04.78.15.07.96 ou 06.30.14.06.96 / [email protected] bénévole✔ Cet été… guide bénévole, à La Chaise-Dieu. Haut-lieu religieux depuis le XIe siècle, La Chaise-Dieu (43) attire chaque été de nombreux touristes. Si vous avez entre 18 et 30 ans, les frères de Saint-Jean vous invitent à faire découvrir le patrimoine artistique et religieux très riche de l'abba-tiale au sein d'une équipe de gui-des bénévoles, sur une période de 15 jours entre le 29 juin et le 17 août. Rens. auprès des pères Nicolas ou Michel-Marie, ✆ 04.71. 00.05.55, [email protected] (inscription en ligne possible)Festival saint Jean✔ Des camps sont organisés sur le thème "Je suis venu jeter un feu sur la terre" (Lc 12,49) : pour les 16-30 ans, "dans l'esprit des JMJ de Sydney", du 19 au 24 août ; "Serviteurs de la technique" (montage des infrastructures) du 4 au 27 août ; "Musique" (chants liturgiques) du 4 au 27 août ; "Fra Angelico" (décoration et liturgie),

du 7 au 27 août ; "Hosanna" (louange) du 7 au 27 août. Prix 239 e. Rens./insc. Festival Saint Jean, Les Roches, 37310 Saint-Quentin-sur-Indrois, ✆ 02.47. 92.28.17 / [email protected] www.festival-saint-jean.comCamp pour les 8-12 ans✔ Les AFC (Associations Familiales Catholiques) de Moselle proposent, en partenariat avec la Fraternité franciscaine de Bitche, un camp pour les 8-12 ans, du 17 au 27 juillet "Astérix et les premiers chrétiens", à Plainfaing (Vosges). Inscriptions au ✆ 03.87.75.95.66/[email protected] : www.afc-france.orgSession IPC✔ Une session, ouverte à tous, avec l'IPC (70 av. Denfert Roche- reau, 75014 Paris, ✆ 01.43.35. 38.50, fax 01.43.35.59.80/[email protected] / www.ipc- asso.com) est prévue au centre "Les Naudières", 31 rue des Naudières, 44400 Rezé, du 25 au 29 août, sur le thème "Les interrogations de la sagesse", avec Michel Boyancé, Bénédicte Mathonat, Emmanuel Brochier, avec conférences la journée et groupes de travail en soirée. Conférences, hébergement, repas : 280 e.

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

Avec un premier abonnement, en cadeau,1 DVD de "Un modèle pour Matisse"

Histoire de la CHapelle du rosaire à VenCe

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Marches au désert :Les Goums✔ 8 jours de désert avec les gOUMs, une expérience unique en son genre… Les gOUMs commencent à être connus, du moins par ce qu'on en dit mais rien ne vaut d'en connaître la réalité par l'expérience. Il y a bien des manières de traverser le désert, même en 4x4, mais, avant la curiosité des paysages, la vérité du désert se trouve en soi. Nous vivons une époque où, malgré la montée en puissance de la science, l'individu vit de plus en plus dans l'incertitude. Au milieu des villes à millions d'habitants, on ne sait plus qui l'on est… soi. On se demande même parfois si la vie a un Sens. Le désert "vécu à la ma nière gOUM" vous donne au moins une chance de trouver un commencement de réponse à cette question. Nos marches au long cours, nos bivouacs à la belle étoile, nos petites équipes fraternelles de 15 à 20, nos Eucharisties quotidiennes avec des Prêtres qui marchent avec nous, donnent à notre expérience gOUM une captivante originalité. Les gOUMs lancent cet été 25 Raids du 4 juillet au 11 septembre : Les

Causses (Méjean, Sauveterre, Larzac, Quercy, Aubrac), Auvergne, Maroc (Haut-Atlas), Italie. âge des participants : 20-35 ans. (90-140 e la semaine). Informations et calendrier, site : www.goums.org. ou auprès de Jean Gillard, 12 rue de la Carague, 87700 Aixe-sur-Vienne, ✆ 06.88.75.06.01/[email protected], ou Jean Cauvin, 21 bd de Paris, 13002 Marseille, ✆/fax/rép. 04.91.91.26.08.Les servantes de la Parole✔ Un temps fort de 7 mois pour jeunes filles (à partir de 18 ans), du 30 novembre 2008 au 29 juin 2009 : Étude de la Bible à la lumière des rabbins et des Pères ; Parcours catéchétique sur les grandes vérités de la foi ; Initiation à l’hébreu ; Vie de prière (offices et messe quoti- dienne) et vie fraternelle ; Pos s i bi l i té d’une aide au dis cernement d’une vocation. Ins criptions et renseignements : site : www.servante-parole.net, Sr Claire Patier ✆ 01.64.58.42.09

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FRANCECatholique n°3123 13 juin 2008 39

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

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