I
LES OPINIONS EMISES DANS CE MEMOIRE SONT PROPRES À SON AUTEUR
II
DEDICACES
-A mon père M. MBIANDJA Joseph
-A ma mère PAMI Julienne
-A Mon oncle M NJAMFA Roger
-A NYADJAM Alain Péguy
-A NJANTOU Raoul
- A NYA Symphorien Borel
-A KUIGOUA Aurélie
-A KUIGOUA Ebeauni
-A toute ma famille
-A la famille DIFFO
-A mes amis
III
REMERCIEMENTS
Que tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à l’élaboration de ce travail trouvent ici l’expression de ma profonde gratitude.
Nous voulons remercier particulièrement :
-Le Professeur Jean-Marie TCHAKOUA qui a accepté de diriger ce travail avec attention.
-Mme DIFFO Justine pour son assistance tant morale que documentaire.
-M. TIMTCHUENG Moïse, enseignant à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’université de Dschang, pour ses multiples conseils.
-Tout le personnel de l’Institut de Formation et de Coopération pour le Développement (IFCD) pour leur soutien.
-Tout le personnel de la Direction des Affaires Juridiques et des Contrats de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale pour leurs conseils pratiques et leur disponibilité.
-Mon grand frère NYA Symphorien et sa femme qui ont su créer les conditions idoines pour la réalisation de ce travail
-Mes amis KITIO TSAGUE Steve, KEUFACK Hugues, DOGMO Alain, FONKUI Fernand, BELMBOCK Hubert, AZEUFACK Gatien, AZEUFACK Gaston, PANGOP Gatien, FANSI Paul, KOUAM Siméon Patrick pour leur assistance morale.
IV
TABLE DES ABREVIATIONS
Art. : ArticleAU : Acte UniformeBull. Civ. : bulletin civilCA : Cour d’Appel.CS : Cour SuprêmeCPCC : Code de Procédure Civile et Commerciale CCJA : Cour Commune de Justice et d’Arbitrage.C. civ. : Code CivilCass. : Cour de cassationD : Dalloz DP : Dalloz PériodiqueEdt. : ÉditionsGaz. Pal. : Gazette du palaisJCP : Jurisclasseur périodiqueOHADA : Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en AfriquePSRVE : procédure simplifiée de recouvrement et voies d’exécution PUA : Presses Universitaires d’AfriqueRCD : Revue Camerounaise de DroitRJCCA : Recueil Jurisprudentiel de la Cour Commune D’arbitrage d’AbidjanRDB : Revue de droit BancaireRCDIP : Revue critique de droit international privé RGDP : Revue Générale de Droit PublicRJCCA : Revue de jurisprudence de la cour commune de justice et d’arbitrage D’AbidjanRTD com. : Revue Trimestrielle de Droit Commerciale s. : Suivant Somm. : Sommaire
V
RESUME
La législation antérieure soumettait les sommes d’argent entre les mains des banques à
la procédure de saisie arrêt. Elle était critiquée pour sa lourdeur ; le législateur communautaire
intégrant ces critiques a alors prévu deux types de procédures qui pourraient être utilisées par
les créanciers afin de sécuriser leur investissement ; ils pouvaient utiliser alors soit la saisie
conservatoire des comptes, soit la saisie attribution des comptes. Ces saisies recèlent
plusieurs particularités qui fondent leurs spécificités.
Elles sont particulières car mises en œuvre sur des biens incorporels qui sont
matérialisés par un simple jeu d’écritures sur un compte. Elles le sont également parce que
celles-ci se dénouent chez une personne qui est tiers à l’opération cause de la procédure. Il
convient de préciser que sur cette personne pèsent des obligations qui lui font rompre le secret
des affaires qui entourent sa profession. Toutes ces particularités font de cette procédure l’une
des plus difficiles à opérer pourtant tel n’était pas l’objectif du législateur. Il était donc
nécessaire de faire une analyse des particularités de cette voie d’exécution qui devrait être la
procédure d’exécution par excellence car déjudiciarisée.
VI
ABSTRACT
The former legislation subjected the money in the hands of the banks to the common
procedure of seizure. It was criticized for its heaviness so the OHADA legislation integrating these
criticisms then envisaged two types of procedures, which could be used by the creditors in order to
make safe their investment. They could then use either the garnishment of the accounts or the seizure
attribution of the accounts. Those procedures are particular for many reasons: They put in place
procedure on intangible goods that are materialized by an entry on an account. But also because that
are untied at a person who is not a parties to the operation which causes the procedure. Especially
that on this person weighs obligations, which make him break the professional secret, which surrounds
its profession.
All these characteristics make this procedure however one of most difficult to operate unless
the effort of the legislator to make it simple. From there it was necessary to make an analysis of the
characteristics of this way of execution, which is one of the most used in the economic sector. Those
particularities can be found in the procedure to be used or in the contestation, which can be elevated
because of the procedure
V
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
TITRE 1 : LES REGLES SPECIFIQUES A LA MISE EN ŒUVRE DE LA SAISIE
DES SOMMES D’ARGENT ENTRE LES MAINS DES BANQUES
CHAPITRE 1 : LES SPECIFICITES LIEES A LA NATURE TRIANGULAIRE DE
L’OPERATION.
CHAPITRE2 : LES SPECIFICITES LIEES A LA NATURE DES BIENS SAISIS
TITRE 2 : LE CONTENTIEUX SPECIFIQUE A LA SAISIE DES SOMMES
D’ARGENT ENTRE LES MAINS DES BANQUES
CHAPITRE1 : LES CONTESTATIONS PORTANT SUR LE SOLDE SAISIS
CHAPITRE 2 : LE CONTENTIEUX PORTANT SUR LE COMPORTEMENT DES
ACTEURS DE LA SAISIE
CONCLUSION GENERALE
Le droit des voies d’exécution constituait jusqu’à une époque récente, « un îlot
archaïque»1 dans les systèmes juridiques de la plupart des Etats parties au traité OHADA
(Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique)2. Au Cameroun en
particulier, il demeurait soumis, dans les provinces d’expression et d’inspiration juridique
française, à une législation bicentenaire découlant pour l’essentiel du livre IV du code de
procédure civile et commerciale de 1806 applicable au Cameroun depuis l’arrêté du 16
décembre 1954 portant codification et réglementant la procédure en matière civile et
commerciale devant les tribunaux français du Cameroun. Dans les provinces du Nord-ouest et
du Sud-ouest de tradition juridique anglo-saxonne, il y avait lieu de se reporter aux
dispositions du <<sheriffs and civil process ordinance>> applicable en vertu des articles 70(1)
et 86 (1) du <<magistrates court ordinance>> de 1948 et 73(1) du <<magistrate Court’s
Law>> de 1955. A ces textes limités du colonisateur et qui constituaient la base des voies
d’exécution, il faut ajouter deux textes du Cameroun indépendant, notamment la loi n°89/020
du 29 décembre 1989 fixant certaines dispositions relatives à l’exécution des décisions de
justice modifiée par la loi n° 97/018 du 07 août 1997 et la loi n° 89/019 du 29 décembre 1989
modifiant et complétant l’ordonnance n° 72/04 du 26 août 1972 portant organisation judiciaire
1 DZUENKEU (A) : L’OHADA et la reforme des procédures civiles d’exécution en droit africain : l’exemple du Cameroun revue juridis avril mai juin 2002 p1132 Pour des informations complètes sur l’institution, voir POUGOUE (P, G) Présentation générale et procédure en droit OHADA PUA, 1998
Introduction
de l’Etat. Ces lois que nous avions héritées de la colonisation pour la plupart étaient déjà
dépassées et avaient fait l’objet de reforme chez nos inspirateurs3. Cette obsolescence des
textes rebutait les opérateurs économiques et n’encourageait pas le crédit ; or le but premier
des voies d’exécution est de mettre à leur disposition des moyens leur permettant de rentrer en
possession de leur investissement rapidement en cas de crise de confiance avec son partenaire
économique.
C’est dans le but de doter les Etats membres d’un droit moderne qu’est né l’OHADA.
Le souci premier du législateur fut de doter les Etats parties d’un droit des affaires harmonisé,
simple, moderne et adapté à l’Afrique. Mais la sécurité juridique était loin d’être atteinte si le
législateur OHADA s’en était tenu à une reforme du droit matériel. En effet, comme le
précisent les Pr. ANOUKAHA F. et TJOUEN A. D. quelques réfléchies soient les règles
adoptées, leur valeur et leur efficacité dépendent en dernière analyse de la souplesse ou alors
de rigidité des dispositions permettant leur mise en oeuvre4.
Les procédures civiles d’exécution ne pouvaient dès lors échapper au vaste chantier de
réforme du droit des affaires entrepris par les Etats parties au traité OHADA. Le législateur a
concrétisé cela par l’entré en vigueur de l’Acte Uniforme portant voies d’exécution. En effet
il ne servirait à rien d’assurer une bonne administration de la justice si les décisions rendues
ne pouvaient être exécutées car « l’exécution participe désormais de la sécurité juridique »5 .
Il était donc du devoir des Etats d’assurer aux justiciables des voies et moyens leur
permettant de voir leurs droits accéder à la vie.
3 Voir dans ce sens la loi n° 91-650 du 9 juillet 1991portant réforme des procédures civiles d’exécution et son décret d’application du 31 juillet 19924 Les auteurs parlaient alors de la nécessaire efficacité des textes dans ce domaine V. ANOUKAHA (F) et TJOUEN (A. D) Les procédures simplifiées de recouvrement des créances et voies d’exécution en OHADA PUA 1999, p .35 POUGOUE (P, G) et KOLLOKO (F, T) la saisie attribution dans l’espace OHADA
Si dans l’ensemble, la loi nouvelle reprend dans ses grandes lignes des dispositions
déjà connues6, ces points de stabilités ne sauraient nous berner car le droit OHADA opère une
profonde réforme du droit des voies d’exécution dans les Etats parties ; le droit matériel ne
trouvant vie que dans les règles procédurales7. Le législateur communautaire a réorganisé les
saisies tant mobilières qu’immobilières reprenant là la distinction opérée par le code de
Procédure Civile et Commerciale. Si du point de vue procédural, il n’existe en matière
immobilière qu’un seul type de saisie, en matière mobilière, et en raison de la variété des
catégories de biens, il a été organisé plusieurs types de saisies, que l’on peut classer selon
qu’elles sont diligentées à des fins simplement conservatoires ou à des fins d’exécutions. A
cette classification, l’on peut ajouter une autre qui distingue selon qu’il s’agit de biens
meubles corporels ou alors de biens meubles incorporels. C’est dans ce domaine que le
législateur OHADA a accompli une avancée particulière, notamment dans le domaine
bancaire où il était désormais crucial d’élaborer des règles spécifiques et précises concernant
la saisie des sommes d’argent entre les mains des banques d’où notre sujet la saisie des
sommes d’argent entre les mains des banques.
Cette réforme était nécessaire car à l’évolution sociale le droit se devait de répondre.
En effet, les conditions sociales et économiques ont beaucoup évoluées ; la consistance des
patrimoines n’est plus la même qu’à l’époque de la codification napoléonienne, du moins
pour ce qui en reste8. Au porte-monnaie classique se sont ajoutés les porte-monnaie
électroniques. La monnaie scripturale a pris le pas sur la monnaie fiduciaire jugée très lourde
et source de tracasserie de tout genre. Ainsi l’argent qualifié de « nerf de la guerre » dans
certains milieux est ici plus qu’ailleurs visé. L’argent en compte est liquide et permet au
créancier une fois qu’il l’aura recouvré de couvrir rapidement des dépenses. L’usage des
6L’A.U. ne vient pas supprimer la législation antérieure dans toutes ses dispositions mais la modifie pour la rendre plus adapté aux besoins des opérateurs économiques. 7 ANOUKAHA (F) et TJOUEN (A. D) op. Cit. p.38Il faut noter que ces textes font de plus en plus l’objet de reforme. Le législateur camerounais dotant le Cameroun progressivement de texte de loi nouveau
comptes bancaires est, on peut le dire, généralisé dans le milieu des affaires de la plupart des
Etats parties au traité OHADA. Il est alors naturel pour un particulier d’avoir un ou plusieurs
comptes en banques. L’argent est dans les Etats parties devenu monnaie scripturale, du moins
pour ce qui est des opérateurs économiques9. Il convient de relever ici que les deux fonctions
de la monnaie, à savoir, paiement et épargne sont concentrées dans les comptes entre les
mains des banques. Les comptes en banque reçoivent l’argent destiné au paiement, d’où il est
distribué soit au travers des chèques soient par le biais des cartes de crédit. Les comptes sont
également le réceptacle fréquent de la seconde fonction de la monnaie : la thésaurisation. Il
est donc clair que c’est « entre les mains des banques qu’il faut aller chercher l’argent des
débiteurs rétifs >>10. Il était donc urgent d’organiser des procédures simples, rapides et
efficaces afin d’aider les créanciers à recouvrer l’argent qui était versé dans les comptes de
leur débiteur en banque.
Ainsi, le législateur communautaire a procédé à un réaménagement de la saisie des
avoirs bancaires en droit OHADA rompant ici avec la législation antérieure qui soumettait
ces biens à une seule procédure : la saisie arrêt11. Il faut noter que le code de procédure civile
et commerciale n’avait pas pris le soin d’édicter une procédure particulière pour les saisies
entre les mains des banques des sommes d’argent déposés sur les comptes de leurs clients. Ce
n’est que de manière incidente qu’à son article 310, il faisait allusion aux comptes en banque.
Ainsi, sous l’empire de ce texte, l’adaptation des règles de saisie-arrêt aux particularités des
comptes bancaires était essentiellement l’œuvre de la jurisprudence aidée par la doctrine12.
Avec la législation OHADA, apparaissent des règles spécifiques aux comptes bancaires13 . Il 9Il convient tout de même de relever que si l’on a noté une percé des banques sur la sous région, le taux de bancarisation demeure très faible 10 MOULY (C), Les saisies des comptes bancaires, Les petites affiches, 26 mai 1993.11 Elle comportait alors deux procédures très lentes et gênantes notamment lorsque le débiteur était muni d’un titre exécutoire12 FONKOU (J, A) L’article 161 de l’acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement des voies d’exécution Mémoire DEA droit communautaire Université de Dschang, juillet 2001,p.5013 Il convient de remarquer alors que si la saisie attribution de droit commun a pour objet les créances de sommes d’argents, la saisie des avoirs bancaires porte sur les comptes bancaires plus précisément sur les soldes
a pour cela prévu deux procédures de saisies pour les comptes bancaires l’une conservatoire,
l’autre attributive.
La saisie des sommes d’argent entre les mains des banques est toute opération de
saisie pouvant affecter l’<<élément d’actif correspondant pour une personne à une somme
d’argent que lui doit une personne avec laquelle elle est en compte à l’issue d’une ou
plusieurs opérations et que celle –ci, ici le banquier, conserve entre ses mains comme sommes
à valoir dans les règlements d’une opération ultérieure >>.14 Cette définition demeure
imprécise car la saisie des comptes bancaires se décline en deux variantes. Dont l’une est
conservatoire et l’autre attributive Ainsi, il faudrait plutôt entendre par saisie des comptes
bancaires : soit l’opération de saisie qui permet au créancier non encore titulaire d’un titre
exécutoire15, s’il justifie des circonstances de nature à en menacer le recouvrement, de faire
mettre sous main de justice les avoirs bancaires de son débiteur afin de se les faire attribuer
ultérieurement une fois munis d’un titre exécutoire : il s’agit alors de la saisie conservatoire
des avoirs bancaires ; soit la saisie qui permet au titulaire d’un titre exécutoire de saisir et de
se faire attribuer à concurrence de sa créance, le solde du compte bancaire de son débiteur
directement chez son banquier et se la faire attribuer16 : c’est la saisie attribution. Dans
l’ensemble, la procédure des saisies conservatoires des comptes bancaires est plus proche de
celle de la saisie attribution que de celle de la saisie conservatoire de droit commun17 . Le
de comptes bancaires. 14 CORNU (G) vocabulaire juridique 4 Edt PUF, P.99 15 Décision de justice ou acte judiciaire comportant la formule exécutoire. Le titre revêtu de la formule exécutoire qui permet au créancier qui en dispose de saisir les biens de son débiteur.Constituent des titres exécutoires :- Les décisions de justice ayant force exécutoire (force de chose jugée) ;- Les actes notariés revêtus de la formule exécutoire ;- Les extrais de procès – verbaux de conciliation signés par le juge et les parties ;- Les jugements étrangers et les sentences arbitrales revêtus de l’exequatur ;- Le titre délivré par l’huissier en cas de non – paiement d’un chèque.16 Article 154 de l’AU. Pour une définition dans ce sens V. BITSAMANA (H, A) Dictionnaire de droit OHADA trouvé sur www.ohada.com rubrique doctrine
17 L’AU prévoit que les dispositions de l’Article 161 et suivant sont applicables en matière de saisie conservatoire des créances voir pour cela l’article 74 de l’AU.
législateur a procédé ici à une unification des règles y relatives, car ces deux procédures
portent sur des biens particuliers et il était nécessaire de tenir compte des particularités
bancaires dans l’aménagement de la procédure.
De cette distinction, l’on perçoit que le législateur a voulu rendre cette procédure de
saisie des comptes simple, rapide et dépouillée de tout formalisme excessif18. Un formalisme
qui la rendait difficile à exécuter pour les non initiés par le passé. Eu égard à la nouveauté de
cette procédure dans l’espace OHADA et à la spécificité de celle ci, il était important que l’on
procède à une analyse de cette procédure dont le particularisme ne cesse alors de s’affirmer
en pratique.
La saisie des comptes bancaires est une opération triangulaire ; elle s’opère entre trois
parties : le créancier, le banquier tiers saisi et le débiteur. Le créancier qui selon le type de
procédure engagée doit être muni d’un titre exécutoire ou non. Le débiteur qui doit devoir de
l’argent. Le tiers saisi qui est un établissement bancaire ou financier19 et la personne entre les
mains de laquelle est effectuée la saisie des biens du débiteur. Elle doit, d’une part avoir la
qualité de tiers à l’égard du saisi20, d’autre part, elle doit être débitrice envers lui.
La saisie des sommes d’argent entre les mains des banques porte sur des créances de
sommes d’argent. Ainsi l’on distingue : la créance cause de la saisie qui doit remplir les
conditions de certitude, de liquidité et d’exigibilité21 ; la créance objet de la saisie qui doit
encore se trouver dans le patrimoine du débiteur qui est celle sur laquelle porte effectivement
la saisie. La procédure, que la saisie soit conservatoire ou attributive commence toujours par
un exploit d’huissier signifié au banquier tiers saisi, sur qui pèse, à compter de cette
signification, l’obligation de déclarer au créancier saisissant <<l’étendue de ses obligations à
18 BEBOHI EBONGO (S) la saisie attribution dans la jurisprudence de l’espace OHADA mémoire de DEA droit privé 2001-2002, université de Yaoundé –II SOA19 Pour une définition voir le décret n°90/1469 du 9 novembre1990 portant définition des établissements de crédit in Juridis infos n°5 Janv-Fev-Mars 199120 Ce qui suppose l’existence d’un pouvoir autonome et l’absence d’un lien de subordination21 CCJA Arrêt n°.32 du 04 novembre 2004 affaire Société EBURNEA contre Compagnie d'Assurances les Tisserins SATCA.
l’égard du débiteur >>.22 Il faut dire que les articles 161 à 163 de l’Acte uniforme sur les
procédures simplifiées de recouvrement et les voies d’exécution (AU sur les PSRVE) qui
constituent le droit commun de la saisie des comptes bancaires est un aménagement des règles
de la saisie attribution des créances aux comptes bancaires. C’est ce qui en fait la spécificité,
spécificité sur laquelle nous mettrons l’accent au cours de notre travail. Les autres aspects de
la procédure ayant déjà eu à faire l’objet d’études.
Des premières études qui ont été faites sur cette procédure23, il ressort que la saisie des
avoirs bancaires24 suscite encore beaucoup d’interrogations de la part des acteurs de la vie
judiciaire pour ce qui est du contentieux25 et des acteurs de la vie économique pour ce qui est
de la pratique. Cette saisie nouvelle allie les spécificités de la pratique bancaire avec les
méthodes des voies d’exécution dans un domaine où le silence est la règle. Cet état de chose
le sentiment de flou qui entoure cette procédure. D’où il était intéressant de s’interroger sur
les spécificités de la saisie des comptes bancaires. S’interroger sur leur impact sur la
procédure de saisie des comptes bancaires.
Nous nous attellerons dans le cadre de notre travail à faire ressortir les spécificités de
la saisie des comptes bancaires tant au niveau de la mise en œuvre qu’au niveau du
contentieux auquel elle peut conduire. Spécificité s’entendant des aspects procéduraux qui la
singularise des aux autres saisies pouvant être mise en œuvre sur des biens meubles. En effet
elle est spécifique car il s’agit de biens incorporels et surtout de biens incorporels détenus par
un tiers chez qui se déroulera toute la procédure contrairement à la saisie mobilière de droit
22 Article 156 de l’AU
23 Voir les mémoires de BEBOHI EBONGO (S) : la saisie attribution dans la jurisprudence de l’espace OHADA mémoire DEA droit privé 2001-2002 ; DZUENKEU (A) le contentieux des saisies mobilières au Cameroun depuis la reforme OHADA mémoire DEA droit privé, mai 2001 ; de BILONG BILONG (l) Le contentieux de l’exécution au Cameroun selon l’acte uniforme OHADA relatif aux voies d’exécution mémoire de DEA droit privé 2002-2003 tous soutenues à l’université de Yaoundé II- SOA.24 Il convient de relever que ces études étaient consacrées uniquement à la saisie attribution.25 DZUENKEU (A) op. Cit. L’auteur relève à ce sujet que suite à des écarts entre la législation et la pratique se développe un contentieux parasite ce qui est contraire aux prescriptions du législateur qui voulait d’une saisie de-judiciarisée.
commun; mais également parce qu’elle a donné naissance à un contentieux spécifique
tributaire de ces particularités et qui mérite donc qu’on y prête attention. Nous organiserons
notre travail autour de deux grandes idées. A savoir :
TITRE1 : Les règles spécifiques à la mise en œuvre de la saisie des sommes d’argent
entre les mains des banques.
TITRE 2 : Le contentieux spécifique à la saisie des sommes d’argent entre les mains des
banques
La saisie des comptes bancaires, comme nous l’avons déjà relevé plus haut, était sous
l’empire de la législation antérieure soumise à la procédure de saisie arrêt et aux dispositions
particulières liées aux opérations de banques élaborées par la jurisprudence. Le législateur a
tenu compte de ces particularités dont les jalons ont été posés par la jurisprudence dans son
travail de reforme du droit des voies d’exécution. Ces particularités sont de deux ordres :
l’une a trait à la présence dans la procédure d’une troisième personne en la qualité de banque
tiers saisi chez qui va se dérouler toute la procédure avec toutes les obligations qui en
découlent; la seconde a trait au domaine de la saisie même qui est particulière des lors qu’il
TITRE I
LES REGLES SPECIFIQUES A LA MISE EN
ŒUVRE DE LA SAISIE DES SOMMES
D’ARGENT ENTRE LES MAINS DES BANQUES
s’agit de la saisie des comptes bancaires. Afin de percevoir l’originalité de cette procédure, il
faudrait que l’on examine tour à tour les particularités liées à la nature triangulaire de
l’opération (CHAPITRE 1) et ensuite que l’on procède à un examen des spécificités découlant
de la nature des biens saisis (CHAPITRE 2)
Les voies d’exécutions sont des procédures ayant pour objectif principal d’imposer
l’exécution d’un jugement ou d’un engagement. De manière générale, elles sont initiées par
le créancier à l’encontre de son débiteur récalcitrant et peuvent alors porter sur n’importe
lequel des éléments de son patrimoine,26 quel que soit l’endroit où il se trouve. Il peut arriver
que certains éléments du patrimoine du débiteur ne soit plus en sa possession sans être
toutefois sorti de sont patrimoine ; alors le litige qui concernait le débiteur et son créancier à
l’origine devient celui de trois personnes. Tel est le cas dans la procédure de saisie des
sommes d’argent entre les mains des banques.
26 Les articles 2092et 2093 du c.civ. Précisent en effet que le patrimoine du débiteur sert de gage général à ses créanciers.
CHAPITRE 1
LES PARTICULARITÉS LIEES A LA NATURE
TRIANGULAIRE DE L’OPERATION
Le tiers est ici la banque chez qui les clients viennent ouvrir des comptes. La
procédure de saisie initiée par le créancier dans le but de rentrer en possession de ces biens du
débiteur est alors modifiée dans son schéma classique. Si à l’origine seul le débiteur et son
créancier étaient les acteurs à la procédure tel n’est plus le cas ici. D’où la nécessité
d’examiner les spécificités liées à la nature triangulaire de l’opération. Ces spécificités ont
trait aux obligations qui pèsent sur le tiers saisi27 et qui sont liées au rôle crucial que lui fait
jouer le législateur dans le cadre de cette voie d’exécution.
Il convient de distinguer pour ce faire les obligations du tiers au déclenchement de la
saisie et qui se résument en une obligation de coopération (SECTION 1) et celles qui
pèsent sur lui une fois la saisie pratiquée qui constitue le devoir de règlement du banquier
dans la procédure. (SECTION2)
SECTION 1 : LE DEVOIR DE COOPERATION DU
BANQUIER TIERS SAISI
Dans le cadre de la saisie des comptes bancaires, il pèse sur le banquier au
déclenchement de la saisie des obligations qui découlent principalement de l’article 156 de
l’AU. Il doit <<déclarer au créancier l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur ainsi
que les modalités qui pourraient les affecter et s’il y’a lieu les cessions de créance, délégation
ou saisies antérieures Iil doit communiquer copie des pièces justificatives>>.28 Il découle de
cet article que le législateur met à la charge du banquier deux catégories d’obligations : une
obligation de déclaration (PARAGRAPHE 1) et une obligation de communication des pièces
27 En effet ce sont les mêmes obligations qui pèsent sur les autres protagonistes dans le cadre de la saisie attribution de droit commun qui sont reprises ici.
28 L’article 156 de l’AU reprend ici des dispositions du droit antérieurement applicable (CPCC).
justificatives (PARAGRAPHE 2).Tout ceci laisse penser que c’est une véritable délation
institutionnelle qui est désormais mise à la charge du banquier dont la profession est pourtant
entourée du secret des affaires.29
PARAGRAPHE 1 : L’INSTITUTION D’UNE OBLIGATION DE DECLARATION
ROMPANT LE SECRET BANCAIRE
Instrument de préservation des droits des créanciers, certaines mesures d’exécution
forcées telle la saisie des sommes d’argent entre les mains des banques remettent
fondamentalement en cause le secret des affaires30. Si la question s’était posée de savoir si le
banquier pouvait invoquer le secret bancaire pour empêcher l’efficacité de ces mesures
d’exécutions, l’AU répond à la question par la négative en son article 156 alinéa 1 qui
dispose que : <<Le banquier comme tout tiers saisi est tenu de déclarer au créancier
l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur, ainsi que les modalités qui pourraient les
affecter>>. Ainsi la banque n’est pas fondée à opposer le secret professionnel à la demande du
créancier tendant à connaître la nature et <<la position>> des comptes ouverts dans <<ses
livres au nom du débiteur>>.31 Une fois cette question résolue, il faudrait analyser cette
obligation de déclaration pesant sur le banquier, tant en ce qui concerne la déclaration de
l’ensemble des comptes ouverts au nom du débiteur dans ses livres (A) que l’obligation qui
lui est faite de déclarer toutes les modalités qui affecteraient ce compte au jour de la saisie.
(B)
29 NGO (N) Le secret des affaires dans les pays de l’espace OHADA et en France. Thèse doctorat d’Etat, Université d’Evry, Paris 2005, p.307n°453.30 NGO (N) op. cit. p.30731 Paris, 11 janvier 1985.gaz.pal.1985 .287. Lyon, 16 juin 1994, banque et droit .1994, n°38, p.32, note GUILLOT (J-L).
A- LA DECLARATION DES COMPTES DETENUS POUR LE COMPTE DU
DEBITEUR :
Une fois l’acte de saisie servi par l’huissier instrumentaire, le banquier doit procéder à
l’énumération des comptes ouverts au nom du débiteur dans ses livres.32 Cette déclaration, on
aurait pu le penser, ne porte pas seulement sur le compte dont le créancier aurait connaissance
et pour lequel il pratique la saisie mais sur tous les comptes détenus par le banquier pour le
compte du débiteur. Le banquier sera ainsi tenu d’indiquer, le solde des divers comptes
ouverts par le débiteur saisi, s’il existe une convention de fusion de compte ou de
compensation et de préciser si la saisie porte sur un compte joint ainsi que les noms et
adresses des titulaires.33 Seulement, il convient de s’interroger sur la portée d’une telle
déclaration car l’AU met à la charge du banquier une déclaration sur <<le champ>> 34 à
l’huissier de l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur.
Dans la pratique, cette déclaration n’est pas aisée, notamment lorsque l’acte de saisie
n’est pas servi à l’agence de la banque qui gère le compte en question. Et lorsque tel est le cas,
les banques ayant plusieurs succursales sur l’étendu du territoire, celles-ci ne sauraient sur-le-
champ, déterminer avec exactitude l’ensemble des comptes détenu pour le compte du
débiteur et encore moins savoir si ce dernier a ouvert un compte dans une autre succursale.
Beaucoup objecteront alors que la jurisprudence des GARES PRINCIPALES35 permettrait a
priori de résoudre la question mais elle ne résout le problème que d’un point de vue théorique.
Du point de vue pratique, elle se heurte à deux obstacles importants :
Un obstacle technique et financier tout d’abord : les immenses progrès qu’autorisent
les progrès techniques sont contrariés par la science elle-même, mais et surtout par celle du
32 C.A. Caen, 21 février 1995 ; Gaz. Pal. , 25 –29 août 1995, p.5 comm. EDU Dusquez, BRDA.95, 21, P.13.33 C.A. Lyon, 3 dec.1997, D, Affaires 1998, p.155, obs. J. F. CREDOT ; JCP G 1999, IV, 1438; RGDP 1998, 524, obs. PUTMAN (E).34 Article 156 de l’AU sur les Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’exécution (PSRVE).35 Cette jurisprudence récuse totalement pour les personnes morales le principe de l’unicité du domicile Civ. 4 mars 1857 ; DP 1857, 1,124
coût des investissements considérables que supposent les installations nécessaires à la
détermination de l’ensemble des comptes tenus pour le compte du débiteur. A l’heure
actuelle, les banques sont peu enclines à investir dans des secteurs ne leur rapportant pas
directement de l’argent.
Un obstacle juridique ensuite. En effet, parmi les conséquences de la théorie de
l’identité de la personne morale, on relève celle relative à son domicile36. C’est le siège social
de la société, c’est-à-dire le lieu de son principal établissement, qui constitue le domicile de
celle-ci permettant par-là de déterminer en cas de litige le tribunal territorialement compétent.
Toutefois, la jurisprudence a été amenée à consacrer la théorie des gares principales dans
l’intérêt du demandeur. Seulement, cette même jurisprudence y a apporté quelques
tempéraments.
Ainsi, il faut tout d’abord, que l’établissement concerné ait un pouvoir ou une
autonomie suffisante et soit dirigé par un préposé disposant des pouvoirs nécessaires37. Il faut
également que le litige soit né à l’occasion, soit d’une affaire traitée par la succursale, soit
d’une faute dommageable commise dans l’aire géographique de son activité38. Ainsi il serait
judicieux de n’admettre la saisie que dans les succursales ayant un rapport direct avec le
débiteur ou alors à défaut elle devra être pratiquée au siège social de la banque. La déclaration
sur-le-champ aurait alors une portée plus vraisemblable car elle sera faite par l’établissement
opérant pour le compte du débiteur (il s’agit alors de l’hypothèse où la saisie est pratiquée à
l’agence où le débiteur a effectivement ouvert un compte) ou du siège social de la banque.
Telle est déjà la solution retenue en France et il serait judicieux de la reprendre ici dans le
36 DELLECI (J. M) la saisie attribution son application aux opérations de banque : 2 Edt, p.224.37 Cass.soc.10 février 1991, Bull. civ, V.n°99 p.81 ; TGI paris 18.07.1980, gazette du palais 1981 somm.p.197 ; TGI Nantes 20.01.1983, revue banque 1983, notes Martin L.M.
38 TGI de la Seine.29 avril 1966, D.S. 1966, 2, p.752 où les juges avaient décidé que le fait qu’existe dans le ressort de n’importe quel tribunal un établissement quelconque de la société ne suffit pas à justifier l’adversaire de cette dernière à saisir arbitrairement cette juridiction
silence de l’acte uniforme. Cette solution viendrait alors rendre plus efficiente cette procédure
que la doctrine n’a pas manquée de qualifier de clé de voûte des voies d’exécution.
Sur le plan international, il demeure également une question non tranchée par l’acte
uniforme celle de savoir si une saisie signifiée au siège social de la banque est de nature à
avoir des répercussions sur les comptes du débiteur tenu par une filiale ou une succursale
étrangère
La solution lorsque les comptes sont tenus par une filiale étrangère de la banque est,
compte tenu de la neutralité de la filiale par rapport à la société mère, l’absence d’une
obligation de déclaration. La filiale est une personne morale distincte de la maison mère, ne
saurait être concernée par une saisie signifiée à cette dernière39.
Par contre lorsque c’est une succursale étrangère de la banque, celle –ci n’est pas distincte de la maison mère. Il se pose alors
deux questions : l’une de savoir si une fois que la procédure est engagée en vertu d’un titre exécutoire dans l’un des pays
membres, elle peut être poursuivie dans un autre sans qu’il soit nécessaire de demander l’exequatur ? Certainement que tel sera
le cas car il en va de la crédibilité des procédures OHADA. L’autre interrogation est celle de savoir si une saisie pratiquée selon
le droit OHADA peut trouver application dans un pays non-membre où se trouve l’un des comptes du débiteur. Dans le silence
de la loi et en l’absence de position de la part de notre jurisprudence, nous nous inspirerons de celle de la Cour de Cassation
française qui face à une telle demande avait relevé <<qu’en dehors de la voie de l’exequatur une telle demande n’était pas
recevable sans porter atteinte au principe de l’indépendance et la souveraineté respective des Etats >>40
. Seulement cette solution
ne vaut qu’au niveau de la poursuite de l’exécution et ne saurait jouer au moment du recouvrement effectif Ainsi le banquier
est tenu de déclarer même les comptes tenus par les succursales même à l’étranger41
.
Une fois la déclaration de l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur effectuée, il reste au banquier de préciser quelles
modalités affectent les soldes des comptes énumérés.
39 Sur la position contraire voir arrêt cour de cassation 2 ch. Civ. ,30 janvier 2002 où les juges ont déclaré<<Mais attendu que c'est sans excéder ses pouvoirs ni violer le principe de la territorialité des procédures d'exécution que la cour d'appel a retenu que la banque, tiers saisi, devait déclarer l'ensemble des sommes dues au débiteur dès lors que celles-ci sont dues par la personne morale elle-même, peu important la localisation en France ou à l'étranger des succursales, elles-mêmes non constituées en sociétés distinctes, dans lesquelles les comptes sont tenus>>
40 Cass. Civ. 12 mai 1931, D.P.1933, 1, P.60 note de E.SILZ. Voir également dans le même sens Cass.civ.1, 4 mai 1976 RCDIP 1977 jurisprudences, p.352 note D Mayer. En l’espèce la cour a considéré qu’un tribunal français ne pouvait paralyser les actes d’exécution exercée sur le territoire d’un Etat étranger avec l’autorisation des juridictions compétente de l’Etat concerné.41 Cass.Com.30 mai1985, RCDIP 1986, jurisprudence, note Henri BATIFFOL.p.329.
B- DECLARATION DES MODALITES AFFECTANT LE SOLDE DES COMPTES DU DEBITEUR
Une fois que le banquier aura déterminé avec exactitude quels sont les comptes ouverts au nom débiteur dans son
établissement, il lui restera à établir leur solde42
et à déclarer les modalités qui affectent ces comptes à l’huissier instrumentaire.
Le législateur communautaire a été très précis sur la question en énumérant ces modalités. Elles sont de diverses natures. Il
s’agit notamment des cessions de créances, des délégations ou de toute saisie antérieure qui aurait été opérée sur les comptes du
débiteur.
Ainsi il y a cession de créance lorsque le débiteur avait cédé sa créance à l’égard du banquier à un autre de ses créanciers.
Le créancier poursuivant ne pourra plus la faire saisir car celle-ci n’est plus dans le patrimoine de son débiteur qui par l’acte de
cession en transfère la propriété43
. Il y a délégation lorsque le débiteur aurait été invité par l’un de ses créanciers à payer par le
truchement de son compte une de ses dettes.
Le banquier est également tenu de préciser à l’huissier instrumentaire l’existence de saisies antérieures et également de
préciser le montant pour lequel elles ont été pratiquées. C’est une obligation classique qui prend une importance particulière,
car un effet attributif est attaché à la saisie pratiquée sur les comptes bancaires.
Le législateur met également à la charge du banquier de déclarer le solde exact du ou des comptes du débiteur44
. Le banquier
fera alors une présentation séparée du solde de chacun des comptes dans le cas où le débiteur aurait plusieurs comptes. Une
modalité sur laquelle il faudrait apporter des précisions : c’est celle de savoir si les conventions de compensation de compte
jouent de plein droit en droit OHADA45
. En effet lorsque deux comptes viennent en compensation, leur solde est toujours
déterminé cumulativement sur la base des informations tirées des deux comptes. Il est certain que la présentation de leur solde se
fera cumulativement eu égard à la force exécutoire des conventions. A défaut, la banque pourrait se retrouver avec un découvert
sur un compte qui était pourtant en compensation avec un autre au terme d’une procédure de saisie notamment si celle–ci
couvre tous les fonds du compte créditeur. Dans tous les cas, la présentation séparée du solde de chacun des comptes ne reflétera
pas la réalité. Il est certain que dans une telle hypothèse, le banquier cherchera toujours d’abord à se faire payer et fera jouer la
compensation. Ceci pourrait être une cause de litige et nous pensons que le législateur pour éviter cet état de chose se devrait de
reprendre la position ancienne où tel était déjà le cas.
Une fois ces déclarations faites, le créancier peut désormais poursuivre l’exécution. Afin de permettre au créancier d’être
rassuré au sujet des déclarations qui lui sont faites. Le législateur a également mis à la charge du banquier ; l’obligation de
fournir au créancier les pièces justificatives de ses déclarations.
42 V.infra Chapitre 2.
43 Voir code civil article 1689 et s.44 Article 161 de l’AU PSRCVE <<L’établissement est tenu de déclarer la nature du ou des comptes du débiteur ainsi que leur solde au jour de la saisie. >>.45 Cette solution était déjà appliquée à l’époque de la saisie arrêt par la jurisprudence et a été confirmé en France par la cour de cassation Cass.2.civ., 5 juillet 2000,Bull. civ. II, n°113 ; D.2000, IRp.239, obs. DERRUPE ; PERROT et THERY, Saisie attribution ; la situation du tiers saisi(les arrêts du 5 juillet 2000) , D.2001, p.715, n°5.
PARAGRAPHE 2 : L’INSTITUTION D’UNE OBLIGATION DE COMMUNICATION DES PIECES JUSTIFICATIVES
Les établissements de crédits et les fonctionnaires sont tenus au secret professionnel aussi ils n’ont pas le droit de communiquer
pièces ou documents concernant leur client ou les usagers de leur service. Ce secret qui pèse sur le banquier tombe toutefois
lorsqu’il s’agit d’une saisie des comptes bancaires.
L’article 156 de l’AU institue une obligation pour le tiers saisi : de <<communiquer copie des pièces justificatives…sur-le-
champ>>. Le législateur a institué pareille obligation de communication des pièces justificatives sur place, pour deux raisons :
d’une part, c’est dans le but d’éviter une éventuelle collusion frauduleuse entre le débiteur et son banquier car la déclaration à
elle seule ne suffirait pas à rassurer le créancier sur la véracité des informations qui lui ont été données par le banquier. On le
sait il existe une véritable confiance entre les banquiers et leur clientèle celle-ci n’allant que là où elle sent que leurs économies
jouissent d’une parfaite sécurité ; d’autre part, c’est dans le but d’éviter toute manipulation des articles figurant au compte
Cette obligation de communication prend alors plusieurs formes. Il a été ainsi jugé qu’une banque devrait <<communiquer
pièces justificatives d’une convention de compte courant>>46
entre elle et son client. Cette communication vient (comme le
précisait la Cour d’appel de Montpellier dans une espèce) <<conforter et étayer et permettre de vérifier la sincérité et l’exactitude
de la déclaration du tiers saisi >>. 47
Tout comme nous l’avons relevé pour ce qui est de l’obligation de déclaration de l’étendu de ses obligations à l’égard de son
client, le tiers saisi peut être confronté à des problèmes de même ordre lors de l’exécution de son obligation de communication
des pièces. Il peut se trouver dans l’impossibilité de donner des pièces justificatives de sa déclaration sur-le-champ surtout qu’il
s’agit de compte et non des créances entre simples particuliers où les créances sont généralement matérialisées par des titres ou
reconnaissances de dette qui peuvent facilement être présentés. Dans cette hypothèse, il s’agit surtout de pièces comptables qui
peuvent en cas de pluralité de comptes être disséminés sur toute l’étendue du territoire et dans cette hypothèse il est alors
difficile de rassembler sur place des éléments de preuve de ce que l’on avance. Dans ces conditions il aurait été plus juste de ne
mettre cette obligation de communication sur place qu’à la charge que des particuliers et permettre aux banques de bénéficier
du répit de <<cinq jours >> qui leur est accordé lorsque la dénonciation n’est pas faite à personne48
. L’on nous objectera
certainement de faire abstraction du fait que ces banques pourraient effectuer des achats ou des améliorations dans la gestion de
leur clientèle, ce qui permettrait d’éviter des déclarations erronées source d’un contentieux dont ces institutions voudraient bien
se passer et faciliter ainsi la procédure mais dans ce cas cet argument ne vaudra pas.
Il va s’en dire que ces obligations de renseignement sont très importantes dans la mesure où elles influencent directement la
poursuite de la procédure engagée. Celle-ci s’arrêterait si le tiers saisi venait, par exemple, à se déclarer non-détenteur de
sommes pour le compte du débiteur saisi.
46 C.A. de Lyon, 20 janvier 1999, SA ERNOVAL c/ Lyonnaise des banques, registre n° 97/03162, inédit citée par S. GUINCHARD et T. MOUSSA, droit et pratique des voies d’exécution, Dalloz 2004-2005, p.640.
47 C.A. de Montpellier, 10 janvier 2000, revue droit bancaire et financier 2000, p.179, obs. J-M DELLICI.
48 Voir dans ce sens l’article 156 de l’AU <<ces communications et déclarations doivent être faites sur-le-champ…. ou, au plus tard, dans les cinq jours si l’acte n’est pas signifié à personne. >>.
Comme le déclarait Maître Roland SOULARD, <<l’obligation faite au tiers saisi de fournir sur-le-champ à l’huissier de justice
les renseignements nécessaires prévus à l’article 44 de la loi de juillet 1991, soit l’étendue de ses obligations vis-à-vis de son client
ainsi que les actes qui pourraient les affecter ne nécessite pas la fourniture, par le tiers saisi, d’un relevé de compte et de la copie de
ses actes. Le renseignement verbal, indiqué dans un acte authentique, doit suffire à lui-même. Il suffit que le tiers
saisi ‘’communique ‘’ les pièces justificatives, c’est-à-dire qu’il laisse à l’huissier de justice la possibilité d’en prendre
connaissance>>.49
En effet, cette solution devrait entre reprise par le législateur OHADA. Au travers de cette obligation de déclaration ce dernier
n’entend pas mettre à la charge du tiers saisi la déclaration de la nature des opérations qui ont affecté le compte depuis son
ouverture mais en donner la situation au moment où l’on procède à la saisie ainsi que les derniers mouvements de fonds sortants
ou entrant en compte. Cette information pourrait donc tenir en une simple déclaration revêtant par exemple le cachet de la
banque dont émane les renseignements ou encore en une simple déclaration qui pourrait alors être consigné par l’huissier
instrumentaire. Ce dernier en sa qualité d’officier public dressera alors un acte authentique. D’ailleurs l’AU prévoit la
possibilité de dénonciation verbale de la saisie au débiteur50
pourquoi ne peut–il pas en être le cas en matière de déclaration du
solde qui on le sait est d’ailleurs provisoire51
.
Une fois que le banquier a satisfait à ces obligations qui sont à sa charge la procédure enclenchée ; il demeure astreint à un
certain nombre d’obligations qui lui sont imposées par le législateur communautaire après la saisie. Ces obligations se résument
en une obligation de règlement qui pèse sur le banquier.
SECTION 2 : LE DEVOIR DE REGLEMENT DU BANQUIER
APRES LA SAISIE
Une fois la saisie déclenchée, l’on ne saurait dire que le rôle du banquier dans cette
procédure comme tout tiers saisi s’achève : son rôle se poursuit au travers du devoir de
règlement qui pèse encore sur lui. En effet si pareille procédure a été entamée, c’est afin de
voir ces fonds dont étaient encore propriétaire le débiteur récalcitrant passer dans le
patrimoine de son créancier. Ce devoir de règlement passe par l’obligation pour le banquier de
conserver les fonds qui sont mis à sa disposition (PARAGRAPHE 1) d’une part, et, d’autre
49LANDZE (R. D) Le concours du tiers saisi dans la saisie attribution de l’OHADA article trouvé sur www.ohada.com, rubrique doctrine.50 V. l’article 157 de l’AU51 Ce solde est susceptible d’être influencé par des opérations non encore enregistrées au jour de la saisie.
part par une obligation pour ce dernier de payer les fonds dès le dénouement de la procédure
(PARAGRAPHE2)
PARAGRAPHE 1 : L’OBLIGATION DE CONSERVATION DES FONDS RENDUS
INDISPONIBLES
L’obligation de conservation ressort de l’AU qui énonce en son article 154 alinéa 2
que << les sommes saisies sont rendues indisponibles par l’acte de saisie>>. Ces fonds sont
bien entendu conservés par le banquier; en effet même si la possibilité a été offerte aux autres
tiers saisis de déposer ces fonds chez un séquestre, dans la pratique bancaire tel n’est pas le
cas car le tiers saisi est de part sa nature la personne la mieux indiquée pour conserver ces
fonds, sauf cas particulier52 . Cet argent est certainement plus en sécurité chez ce dernier.
Ceci se justifie par la présomption de sécurité des transactions dont jouissent les
établissements bancaires. Ainsi, le banquier est donc tenu de bloquer les fonds saisis (A) mais
il est également comptable de ces sommes envers le créancier. (B)
A- L’OBLIGATION DE BLOQUER LES FONDS SAISIS
Cette obligation n’est pas expressément édictée par l’AU. Elle découle de la nature
même de la saisie53 Aux termes de l’article 154 de l’AU, <<l’acte de saisie emporte, à
concurrence des sommes pour lesquelles elle est pratiquée ainsi que tous ses accessoires,
mais pour ce montant seulement, attribution immédiate au profit du saisissant de la créance
saisi, disponible entre les mains du tiers. Ces sommes saisies sont rendues indisponibles par
l’acte de saisie…>>. De cette disposition l’on perçoit que les fonds saisis sont rendus
52 Voir dans ce sens l’article 166 de l’AU qui dispose qu’ << en cas de contestation, toute partie peut demander à la juridiction compétente, sur requête, la désignation d’un séquestre, à qui on versera les sommes saisies >>.
53 LANDZE (R, D) le concours du tiers saisi dans la saisie attribution de l’OHADA op. cit.
indisponibles et il est judicieux, dans l’éventualité de l’intervention de circonstances de nature
à remettre les parties en l’état, de confier la garde de ces fonds au tiers saisi. Ceci se
comprend car il faut que la période de quinze jours selon qu’il n’y ait pas d’effets de
commerce à escompter ou un mois selon qu’il y ait des effets de commerce à escompter soit
expirée ou qu’intervienne une décision de la juridiction compétente tranchant les éventuelles
contestations de manière définitive.
Ainsi, ni le tiers ni le débiteur ne peuvent avoir accès à ces fonds en dehors de ces
délais stricts fixés par la loi. D’ailleurs l’AU fait du tiers saisi un gardien des fonds saisis
envers le créancier54 .
B- LE TIERS SAISI EST COMPTABLE DES FONDS SAISIS
Le tiers saisi est tenu de conserver les sommes saisies dont il est également comptable
envers le créancier en cas de distraction de ces fonds. Cette obligation est ferme chez le
législateur OHADA qui le réaffirme en son article 154 alinéa 3. << cet acte (saisie) rend le
tiers personnellement débiteur des causes de la saisie >>. Si sous l’empire de l’ancienne
saisie arrêt, un tel paiement était inopposable au créancier, désormais la solution est
différente. L’acte de saisie rend le tiers saisi débiteur du créancier saisissant en lieu et place de
son client débiteur saisi.55 Dans tous les cas, si le banquier se libère des fonds56 avant la fin de
la période prescrite, ce paiement n’est pas libératoire. La CCJA s’est prononcé sur la question
dans un arrêt 57 où l’auguste chambre précise clairement que le tiers saisi est tenu de
conserver les fonds et qu’en se déchargeant de tout ou partie, il viole les textes. En l’espèce, la
54 Voir dans ce sens l’article 157 alinéa 4 qui dispose à cet effet que l’acte de saisie doit contenir à peine de nullité la mention selon laquelle <<le tiers saisi est personnellement tenu envers le créancier saisissant et …il lui est fait défense de disposer des sommes saisies dans la limite de ce qu’il doit au débiteur>>.
55 THERY (P) et PERROT (R): procedures civiles d’ éxecution Dalloz 2000.56 Entre les mains de l’une des parties.57 CCJA, arrêt n°004/2002 du 10 janvier 2002.Banque of Africa Cote d’Ivoire c/ Banque de l’habitat Cote d’Ivoire in juridis périodique n°54 Avril-Mai-Juin 2003 p.115.
banque Of Africa Côte d’Ivoire avait déclaré détenir pour le compte de la société GEO
BETON un compte dont le solde s’élevait à 20.000.000 F. Mais au moment de payer, elle ne
lui a versé qu’une partie du montant qu’elle avait déclaré détenir pour le compte de la société
GEO BETON.
Par ailleurs, l’acte uniforme en son article 168 prévoit qu’<<en cas de refus de
paiement par le tiers saisi des sommes qu’il a reconnu devoir ou dont il a été jugé débiteur, la
contestation est portée devant la juridiction compétente qui peut délivrer un titre exécutoire
contre le tiers saisi. >>. Autrement dit, sa responsabilité sera engagée en cas de désaccord
ultérieur. Tel fut d’ailleurs le cas dans la décision précitée. Une fois que la procédure se sera
achevée, le banquier est tenu de payer les fonds à la personne appropriée.
PARAGRAPHE 2 : L’OBLIGATON DE PAIEMENT DU BANQUIER EN CAS DE
SAISIE DES COMPTES BANCAIRES
Si le paiement ne peut intervenir dans le cadre de la saisie conservatoire des comptes
bancaires qu’elle vise avant tout à sécuriser le recouvrement futur, le paiement marque la fin
de la procédure de saisie attribution des comptes bancaires et permet au créancier de goutter
aux fruits de l’action qu’il a entreprise. Cette obligation de paiement des fonds au terme de la
saisie qui pèse sur le banquier découle de l’obligation de conserver les fonds saisis qui pèse
sur ce dernier. Le paiement intervient dans plusieurs hypothèses (A) qu’il convient d’analyser
avant de voir comment s’opère effectivement la libération des fonds saisis. (B)
A-LES HYPOTHESES DONNANT LIEU A PAIEMENT
Nous l’avons vu le banquier est tenu de ne pas se libérer des fonds saisis à peine de
devoir payer deux fois. Une fois à son client, une autre fois au créancier de son client envers
qui il est comptable des fonds saisis58 . Il ne doit se libérer aux termes de l’AU qu’au
58 Le paiement fait la première fois ne sera pas libérateur. Article 1239 du code civil.
dénouement de la procédure. Le législateur a déterminé les circonstances dans lesquelles il
peut libérer les fonds. On distingue alors selon que la procédure s’est achevée sans
contestation (1) et selon que la procédure a donné lieu à contestation (2)
1-LE PAIEMENT IMMEDIAT EN L’ABSENCE DE CONTESTATION
Le paiement sans contestation intervient dans les conditions établies par l’article 164
de l’AU sur les PSRVE qui dispose avec une certaine élégance que les <<tiers saisis
procèdent au paiement sur présentation d’un certificat du greffe attestant qu’aucune
contestation n’a été formée dans le mois suivant la dénonciation de la saisie >> ou alors
<<si le débiteur a déclaré par écrit ne pas contester la saisie>>.
Ainsi, d’une part le paiement n’intervient que s’il est produit acte du greffe attestant
l’absence de contestation dans le délai minimum d’un mois suivant la dénonciation de la
saisie au débiteur. En l’absence d’un tel certificat, le refus de se libérer des sommes saisis ne
peut engager la responsabilité du banquier. Dans un arrêt n° 015/2004 du 29 avril 2004,affaire
société ENERGIE DU MALI dite EDM-SA C/ JEAN DRISS KOITA59, la haute juridiction
communautaire cassant un arrêt de la cour d’appel de Bamako précise << qu’en accordant
aux banques, tiers saisis, de payer les sommes qu’elles ont reconnu devoir, alors que les
parties saisissantes n’avaient présenté ni un certificat du greffe attestant qu’aucune
contestation n’avait été formée dans le délai d’un mois… tel qu’exigé par l’article 164 de
l’AU, la cour d’appel de Bamako a violé par refus d’application, ledit article et son arrêt
encourent cassation>> cette décision vient alors confirmer la force obligatoire de l’article
164 de l’AU. Il aurait également été à notre avis pertinent de préciser que ce délai court dès
la dénonciation60 de la saisie au débiteur saisi et non à la banque.
59 RJCCA n°3, JANVIER JUIN 2004, p.112.60 Il faut préciser que la dénonciation c’est le fait de porter à la connaissance d’une personne un acte juridictionnel voir dans ce sens CORNU (G) vocabulaire juridique et qu’une simple énonciation du terme dénonciation peut être porteuse de confusion en effet, la saisie est dénoncée à deux personne le banquier et le débiteur
Dans la seconde hypothèse, le paiement est facilité par le débiteur qui donne par écrit
son accord pour le paiement au créancier. Le paiement dans cette hypothèse intervient un peu
plus tôt avant l’expiration du délai prévu pour l’élévation de contestation. Tel n’est
généralement pas le cas, le monde des affaires regorge de débiteurs de mauvaise foi qui ne
consentent que très difficilement à payer leurs dettes. Mais il peut également arriver que le
débiteur juge abusive la saisie qui est pratiqué sur son compte et qu’il saisisse le juge de
l’urgence statuant comme juge de l’exécution61.
2- LE PAIEMENT DIFFERE EN CAS DE CONTESTATION
La saisie attribution est une opération triangulaire où se trouve impliqué des
intérêts multiples et divers qui peuvent donner lieu à contestation. Les contestations peuvent
ainsi provenir aussi bien du débiteur que du tiers saisi ou alors du créancier saisissant. Elles
émanent surtout dans ce cas du débiteur car c’est sur des éléments de son patrimoine que
porte la saisie. Le paiement est alors différé à la date du règlement des contestations
L’article 164 de l’AU dispose alors que le paiement des sommes saisis ne peut
s’opérer dans cette hypothèse que << sur présentation de la décision exécutoire de la
juridiction rejetant la contestation>>. Dans ce cas, le débiteur fait usage des voies de recours
que lui reconnaît la loi afin de protéger son patrimoine d’une atteinte injustifiée. En présence
de contestation l’attribution sera maintenue mais le paiement sera différé au jour où toutes les
61Nous adoptons ici la position de la doctrine majoritaire pour laquelle << le juge de l’article 49 est le juge de l’urgence statuant comme juge de l’exécution ce qui justifierait sa capacité à statuer au fond>> (voir dans ce sens ANA MBO la nouvelle juridiction présidentielle dans l’espace OHADA: l’endroit et l’envers d’une reforme multiforme RCDA n°3 avril juin 2000 pp.9 et s. dans le même sens les professeurs MODI KOKO BEBEY IN l’identification de la juridiction compétente de l’article 49 de l’AUPSRVE ,séminaire international sur le recouvrement des créances GICAM Douala,5-6 octobre 2004 ET JOSEPH ISSA SAYEGH in quelques aspects techniques de l’intégration juridique : l’exemple des actes uniformes de l’OHADA trouvé sur Internet( page d’accueil du site d’UNIDROIT) pour la tendance contraire voir les professeurs TJOUEN A. D. dans son ouvrage paru aux éditions PUA : les procédures simplifiées de recouvrement des créances et voies d’exécution en OHADA et POUGOUE P. G. et Me TEPI KOLLOKO dans leur toute récente publication. Une tendance minoritaire est menée par DZUENKEU Alexis, Les nouvelles règles de compétence juridictionnelle en matière de saisie mobilières: regards sur l’article 49 de l’AU OHADA sur les procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution Annales de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Dschang, tome 6,2002,p.47 ; Henry TCHANTCHOU : le contentieux de l’exécution et de saisie dans le nouveau droit OHADA, juridis périodique n°46 pp.98 et s. et Maurice SOH les saisies des avoirs bancaires, mémoire auditeur de justice, ENAM, Yaoundé juillet 1999.
contestations auront été réglées. Il peut arriver que le juge fasse droit à la demande du
débiteur et lorsque tel est le cas la procédure se poursuivra par la libération des fonds qui
faisaient l’objet d’une indisponibilité entre les mains de la personne appropriée. Ce sera alors
selon le cas soit le débiteur si la procédure est exagérée ou alors le créancier si l’action était
fondée tout au moins en partie.
B- LA LIBERATION DES FONDS SAISIS.
Le paiement s’opère contre quittance entre les mains du créancier saisissant ou de son
mandataire justifiant d’un pouvoir spécial qui doit en informer immédiatement son
mandataire. Ce paiement vaut libération à hauteur de la créance cause de la saisie sur la
créance objet de la saisie. La question s’est posée de savoir si le paiement effectué entre les
mains de l’huissier instrumentaire ne justifiant pas d’un mandat spécial de la part du créancier
saisissant62était valable. Dans une espèce la cour d’appel d’Abidjan à la suite du tribunal
d’instance répond par la positive en déclarant que l’<< huissier de justice, de par son statut,
n’a pas besoin de statut spécial pour percevoir le montant des condamnations dès lors qu’il
est porteur de la grosse de la décision. Il est donc manifeste que les dispositions de
l’article165 de l’AU concernent les personnes autre que les huissiers de justice >>.63. Cette
solution pourrait comme le pense par ailleurs les Pr. P.G. POUGOUE et Me F. T.
KOLLOKO être appliquée aux avocats, sous réserve d’une objection du client 64qui peut en
décider autrement.
Ce paiement éteint à concurrence des sommes versées l’obligation du débiteur envers
son créancier. En cas de pluralité de comptes. Il est effectué en prélevant en priorité les fonds
62 C.A. Abidjan arrêt n°248 du 7 mars 2003 Epoux KOMENAN C/ BICICI, décision trouvée sur www.ohada.com , rubrique jurisprudence.63 Tel fut également le cas dans l’espèce CCJA arrêt n°007/2002 du 21 mars 2002 Compagnie Camerounaise d’Assurances et de Réassurances dite CCAR C/Ayants droit WOROKOTANG MBATANG Pius- Ayants droit MUCHING David. Op.cit64 POUGOUE (P, G) et. KOLLOKO (F, T) La saisie attribution des créances OHADA.PUA 2005 p.45.
disponibles à vue, à moins que le débiteur ne prescrive le paiement d’une autre
manière.65 .L’acte uniforme précise en son article 39 que le débiteur ne peut forcer le
créancier à recevoir un paiement partiel même s’il s’agit d’une dette divisible. Ainsi le
banquier ne se libérera que contre quittance et pour toute la somme qu’il a affirmé détenir
pour le compte du débiteur sans aucune autre formalité qui pourrait en différer le paiement ou
le rendre difficile. Plus complexe est l’hypothèse où le banquier veut obliger le créancier à
percevoir les fonds par fractions. Le texte est très clair sur la question et autorise ce dernier à
refuser tout paiement par fractions s’il le désire sauf autorisation du juge. En cas de paiement
partiel, le créancier peut se voir condamné au paiement des causes de la saisie conformément
à l’AU66.
Il convient à présent le droit commun présenté d’apporter des précisions sur un cas
spécifique : celui où le compte qui fait l’objet de saisie est alimenté de manière périodique.
Dans cette hypothèse, le tiers saisi se libère (bien entendu sur présentation du certificat de
non-contestation pour ce qui est du premier versement la présentation valant pour les autres
fois) au fur et à mesure des échéances entre les mains du créancier saisissant ou de son
mandataire qui lui en donne chaque fois quittance et en informe le débiteur. Les dispositions
ci-dessus ont en droit français donné lieu à une demande d’avis de la part de la Cour de
Cassation à propos des effets de la saisie des comptes alimentés par des créances à exécution
successive en cas de survenance d’un jugement d’ouverture de redressement ou de liquidation
judiciaire. Selon la haute cour, << une saisie attribution des créances à exécution successive
pratiquée à l’encontre de deux époux communs en biens et co-débiteur solidaire,
antérieurement à la mise en liquidation judiciaire de l’un d’eux sur les loyers d’un immeuble
dépendant de la communauté poursuit ses effets sur les loyers échus après le jugement de
65 Ces dispositions reprennent le principe de l’affectation prioritaire des comptes à vue pour assurer le paiement de la créance cause de la saisie. .66 CCJA, Arrêt n°004/2002 du 10 janvier 2002. Banque of Africa Cote d’Ivoire c/ Banque de l’habitat Côte d’Ivoire in juridis périodique n°54 Avril-Mai-Juin 2003 p.115.
liquidation>>.67 Ceci vient en effet conforter le caractère attributif reconnu à la saisie
attribution des comptes bancaires. Ceci nous amène à nous interroger sur la question de savoir
si la solution est la même en cas de saisie conservatoire de compte ? Certainement que tel sera
le cas, dans la mesure où car l’effet attributif est également attaché à la saisie conservatoire,
surtout si le créancier pense à la convertir en saisie attribution.
67 Cass.civ.16 décembre 1994.JCP1995, Ed. E. II, n°686, p. 98, com. Raymond MARTIN
CONCLUSION CHAPITRE 1
Nous avons vu que la particularité liée à la nature triangulaire de l’opération est
l’édiction d’obligations pesant sur le tiers saisi. Ces obligations diffèrent selon que l’on se
situe au déclenchement ou au dénouement de la procédure. Au déclenchement il s’agit des
obligations de déclaration et de communication. Au dénouement de l’obligation de règlement
qui pèse sur le banquier tiers saisi. Ces obligations ne constituent pas les seules spécificités de
la procédure. Elles ont également trait à la nature particulière des biens concernés.
Lorsque la saisie porte sur des biens meubles corporels, celle-ci est simplifiée car les
biens concernés par la saisie sont facilement identifiables. Tel n’est pas le cas dans la saisie
des comptes bancaires où les biens sont matérialisés par <<un simple jeu d’écritures>> ce qui
en complique le suivi. Le législateur en son article 161 sur la saisie attribution organise toute
la procédure applicable en matière de saisie des comptes.
Ce texte, suivant les pistes élaborées par la jurisprudence, organise une procédure
particulière liée à la nature des biens objet de la saisie. En effet la dynamique du compte
bancaire, qui est d’enregistrer des opérations créditrices ou débitrices de manière successives,
en rend la saisie difficile. Ces opérations n’étant pas enregistrées en temps réel, cette situation
en perturbe le suivi. Ils appellent donc un régime spécial (SECTION 2) Il est nécessaire avant
d’analyser ce régime de revenir sur les comptes et éléments susceptibles d’être saisis
(SECTION1)
CHAPITRE 2
LES SPÉCIFICITÉS LIEES A LA NATURE
DES BIENS SAISIS
SECTION 1 : LES COMPTES ET ELEMENTS SUSCEPTIBLES
D’ETRE SAISIS.
En matière de saisie des comptes bancaires, les procédures d’exécution de l’acte
uniforme sont plus orientées vers la monnaie scripturale et plus particulièrement vers son
moyen d’expression qui est le compte. Il convient donc de déterminer les comptes visés par
l’article 161 de l’AU (PARAGRAPHE 1) avant de voir les éléments de ces comptes
susceptibles de faire l’objet de saisie (PARAGRAPHE 2)
PARAGRAPHE 1 : LES COMPTES VISES PAR L’ARTICLE 161 DE L’AU SUR LES
PSRVE
Les comptes visés par l’article 161 de l’AU sont tous les comptes de sommes d’argent
que le banquier détient pour le compte du débiteur. Cet article dispose que <<L’établissement
est tenu de déclarer la nature du ou des comptes du débiteur ainsi que leur solde >>. En droit
bancaire, l’on distingue plusieurs types de compte que l’on peut regrouper en compte de dépôt
ou en compte courant. Cette saisie concerne tous les comptes enregistrant des espèces
domiciliées dans une banque ou un établissement assimilé.68 Nous ne nous aventurerons pas à
dresser une liste exhaustive des comptes de dépôt car l’imagination est grande chez les
financiers pour attirer l’épargne par des formules sans cesse renouvelées.69
L’AU précise qu’il s’agit de tous les comptes de sommes d’argent, dans la réalité il
existe des comptes qui ne peuvent faire l’objet de saisie. Certains de ces comptes ne peuvent
68 Voir loi n°85/02 du 31 août 1985 relative à l’exercice de l’activité des établissements de crédit in Journal Officiel De la République du Cameroun n°17 du 15 septembre 1985, tome2, p.3179 et le décret n°90/1469 du 9 novembre 1990 portant définition des établissements de crédit juridis-infos n°5, janv-fev-mars; p.25.69 Pour une énumération des comptes saisissables C.A. Paris, 27 juin 1996, motifs, juris-data n°024109.
faire l’objet de saisie parce qu’ils font déjà l’objet de saisie et de ce fait sont sortis du
patrimoine du débiteur. D’autres par contre ne peuvent être saisis car ils ne sont pas tenus
directement par l’établissement bancaire, c’est le cas des comptes détenus par les filiales et les
succursales à l’étranger70 ; d’autres encore ne le seront pas eu égard à leur nature: c’est le cas
des ouvertures de crédits qui ne peuvent faire l’objet de saisie. La question de leur
saisissabilité a soulevé des débats en doctrine et en jurisprudence car bien que l’ouverture de
crédit donne naissance, au profit de son bénéficiaire, à une créance contre le banquier ; une
partie de la doctrine et la jurisprudence sont hostiles à une telle saisie71. Néanmoins, nous
pensons que ceux-ci devraient être saisissables du moins lorsque la créance cause de la saisie
est née au cours de l’opération justifiant l’ouverture de crédit. Tel pourrait être le cas d’un
fournisseur qui fera saisir ces fonds s’il n’est pas payé lorsque l’ouverture de crédit garantie
par exemple la construction d’un immeuble. La Cour criminelle, percevant d’ailleurs la
possibilité pour le débiteur d’user de manière frauduleuse cette protection en laissant le
débiteur dans une situation indésirable, 72en a décidé la saisissabilité, ceci malgré la position
contraire de la doctrine. En effet cette insaisissabilité couvre le bénéficiaire qui peut paralyser
toute mesure d’exécution tout en continuant à utiliser l’ouverture de crédit au profit d’autres
créanciers.
Il convient de revenir tout de même sur la saisie de certains comptes présentant des
particularités. Ce sont les comptes courants (A), les comptes à termes (B), les comptes de
garantie (C).
A- LA SAISISABILITE DU COMPTE COURANT :
70 Cass.Com.30 mai1985, RCDIP 1986, jurisprudence, notes Henri BATIFFOL.p.329.71 Paris 16 nov.1983, Banque 1985.525, note RIVES-LANGES; D.1985, IR 339.72 Bull. Crim. n°194; RTD civ. 1985, p.220 obs. R. Perrot; Banque 1984, p.1202 obs. RIVES-LANGES.
Le compte courant peut se définir comme la convention par laquelle <<deux personnes
qui sont périodiquement créancières et débitrices réciproques font figurer leurs créances et
dettes en articles de compte indivisible, seul le solde étant du après la clôture>>73.
Au contraire du compte de dépôt où les remises sont unilatérales, le compte courant a
vocation à enregistrer des remises réciproques entre le client et le banquier. Il s’établit par
conséquent une relation de compte bilatéral dont le solde n’est en principe destiné à être
dégagé que par la balance des articles du compte à la clôture de celui-ci. C’est ce qui
explique l’indivisibilité du compte courant.74 Cette indivisibilité a longtemps fait obstacle à la
saisissabilité du compte avant la clôture75. Ainsi la jurisprudence a longtemps estimé que <<<
les opérations d’un compte courant, se succédant les unes aux autres jusqu’au règlement
définitif, forment un tout indivisible qu’il n’est pas permis de décomposer ni de scinder : tant
que le compte reste ouvert, il n’y a ni créance, ni dette mais seulement des articles de crédit et
de débit et c’est par la balance finale que se détermine le solde à la charge de l’un ou de
l’autre des cocontractants et par conséquent les qualités de créancier et de débiteur, jusque là
en suspens>>.76 .
Cette indivisibilité du compte courant implique l’impossibilité d’en extraire un article,
malgré que la logique qui la sous-tend, était susceptible de générer des abus en tant qu’elle
conduisait à son insaisissabilité au cours du fonctionnement. En effet, le débiteur pouvait
après la saisie, vider son compte de manière à ne lui laisser qu’un solde nul à la clôture. Une
atténuation a été portée à la rigueur de l’indivisibilité du compte courant à travers la notion
de solde provisoire. On a ainsi estimé qu’à un moment donné du fonctionnement de ce
compte, il était possible de ressortir sa situation provisoire afin de déterminer qui du banquier
ou du client est à ce moment le créancier de l’autre. Ce solde provisoire ne devant avoir
73 GUILLIEN (R) et VINCENT (J) ; Lexique des termes juridiques, p.125 13 Edt. Dalloz 2001.
74 PUTMAN (E) : Droit des affaires, Tome 4 : Moyens de paiement et de crédit, PUF.1995n°155.75 Cass. Civ. ; 23 janvier 1922 D. 1925, 5, 1923 citée par POUGOUE P. G. et TEPI. K F. op. cit.76 Cass. Civ. I 20 avril 1983 Gaz. Pal.1983 n°272.
qu’une existence comptable sans conséquences juridiques77 ; Seul le solde définitif devant
constituer une créance avec les prérogatives que cela implique pour son titulaire.
Dans la même logique, la chambre commerciale de la cour de cassation française a
dans un arrêt de principe rendu le 13 novembre 1973 admis qu’un compte courant pouvait être
saisi à tout moment de son fonctionnement sans attendre la clôture du compte pour en
déterminer le solde exigible. Pour déterminer l’assiette de la saisie, la haute juridiction invite
les juges du fond << à rechercher les disponibilités du compte au jour de la saisie>>78
C’est donc à juste titre que les dispositions de l’article 161 doivent être applicables au
solde provisoire d’un compte courant. L’équité qui est à la base de cette solution aurait dû
amener le législateur communautaire à l’admettre de façon expresse. Il aurait suivi le bon
exemple du code de commerce allemand et du code civil italien qui admettent la saisie du
compte courant au cours de son fonctionnement79.
Le législateur reste également muet sur la question de la saisissabilité des comptes à terme.
B LA SAISISABILITE DES COMPTES A TERME
Les comptes à terme comme les comptes courants rentrent dans le champ
d’application de l’article 161 de l’AU. L’on se pose la question de savoir si ce terme qui
affecte la créance du débiteur saisi sur le banquier est opposable au créancier saisissant. La
réponse semble positive au regard de l’article 156 alinéa 1 qui invite le tiers saisi à déclarer
l’ensemble des modalités qui affectent ses obligations à l’égard du débiteur. Cette solution est
reprise par la majorité de la doctrine qui pense que le placement à terme est un choix que l’on
ne peut modifier sans enfreindre gravement le droit de propriété que la protection des
créanciers ne saurait justifier.80
77 PUTMAN(E) op. cit. n°181.78 Gaz. Pal.1974, I, 154 obs. BLANCHER ; RTD.com 1974, 130, obs. CABRILLAC et RIVES LANGE.voir également RIVES LANGE (J. L.) : La saisissabilité du compte courant. D.1974. Chron. 101.79 JUGLART (M., De) et IPPOLITO (B) : Traité de droit commercial, tome 7 : Banques et Bourses . 3 Edt. par Lucien M. MARTIN. Montchrestien, 1991, n°193.80 MOULLY (C) Les saisies des comptes bancaires, Les petites affiches, 26 mai 1993 n°19.
Cette saisissabilité nous semble cependant opportune parce que plus juste et plus
équitable. En effet, l’opposabilité du terme des comptes au saisissant viendrait porter un coup
à l’équilibre recherché par la législation OHADA sur les voies d’exécution entre les intérêts
des créanciers et ceux du débiteur. En clair, l’attente de l’échéance du terme pourra causer au
créancier saisissant un préjudice économique ; sa créance (dont le débiteur peut avoir besoin
dans la réalisation d’un investissement ponctuel) étant immobilisée par le terme qui fait
obstacle à son recouvrement. A l’opposé, la rémunération du compte continue à grossir l’actif
du débiteur dont la gestion des affaires ne souffre point de son indélicatesse A notre sens, une
créance qui pressente les caractères de certitude lorsqu’il est indélicat ou tout simplement
rétif, doit en perdre le bénéfice pour ne pas permettre au créancier d’en souffrir. Ceci rendrait
l’application de l’article 161 aux comptes à terme moins difficile qu’aux comptes de garantie.
C -LES PARTICULARITES DU COMPTE DE GARANTIE ET SA
SAISISABILITE
Le compte de garantie peut se définir comme un compte bloqué dont le solde,
créditeur pour le client, est affecté en garantie du paiement du solde d’un autre compte solde
par hypothèse, créditeur pour le banquier81 Il peut également s’analyser comme un gage sur
des espèces82 dans la mesure où le banquier transfert les fonds du client sur un compte
spécial bloqué. On peut également y voir un nantissement des créances dans la mesure où ce
qui est donné en garantie est un solde créditeur du client, c’est-à-dire une créance sur le
banquier lui-même.
Mais les banquiers préfèrent souvent recourir à une convention de compensation qui,
lorsqu’elle n’intervient pas en période suspecte, permet au banquier de compenser à tout
moment le solde créditeur d’un compte du client avec le solde d’un autre. Mais plus astucieux
encore sont ceux des banquiers qui font recours à la lettre de fusion ou d’unité de compte qui
81 PUTMAN (E) Droit des affaires : moyens de paiement et de crédit tome 4, PUF, 1995.n°155.82 CABRILLAC (M) : Les sûretés conventionnelles sur l’argent, Mélanges DERUPPE, n°333.
permet aux parties de n’avoir en fait, juridiquement, qu’un seul compte ; celui-ci devant
comporter, d’un point de vue comptable, des rubriques des <<sous comptes>>. Dès lors, non
seulement les soldes des sous comptes vont se compenser entre eux, mais la sûreté
garantissant l’un des sous-comptes garantit aussi l’autre83.
La question qui se pose alors en matière de saisie est de savoir si un seul de ces
comptes peut faire l’objet de saisie sans tenir compte du solde de l’autre compte. La doctrine
répond par la négative.84Certes, la saisie attribution rend indisponible l’ensemble des comptes
du débiteur et l’article 161 alinéa 1 invite le banquier par ailleurs à déclarer tous les soldes
ainsi que les modalités qui peuvent les affecter ; il est clair que le législateur OHADA a
entendu par-là également que le banquier se devrait de dire si le compte fait l’objet de
convention où s’il sert de garantie à un autre. Par ailleurs, l’article 154 al.2 pose clairement le
principe selon lequel le créancier n’est tenu que << dans la limite de son obligation>>. Ainsi
le banquier ne sera tenu à l’égard du débiteur qu’à hauteur du solde du compte de garantie tel
q’il est stipulé dans leur convention. Seul celui-ci peut alors faire l’objet de saisie.
Une fois ces précisions concernant les comptes spécifiques pouvant faire l’objet de
saisie déterminée, il est intéressant de préciser que plus que sur des comptes, la saisie porte en
priorité sur le solde des comptes. Il convient donc de déterminer quels éléments de ces
comptes sont saisissables.
PARAGRAPHE 2 : LES ELEMENTS SAISISSABLES
Quels sont les éléments saisissables d’un compte ? C’est selon l’article 161 alinéa 1 de
l’AU, le solde disponible au jour de la saisie. C’est la raison pour laquelle il a institué une
obligation pour le banquier de préciser l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur en
précisant aussi le solde de son compte au jour de la saisie. En principe tous les soldes
83 RIVES-LANGES et RAYNAUD (C) : Droit bancaire, précis Dalloz 5 Edt. , n°186.
84 MARTIN (L, M), cité par PUTMAN (E) : op. cit.
créditeurs sont saisissables seulement les comptes sont devenus du moins pour ceux qui en
disposent le passage obligé de tous leurs revenus. Là se pose le problème des créances
insaisissables versées en compte.
En raison de la fongibilité de l’argent, dès son entrée en compte, la créance devrait
perdre sa nature et partant son caractère insaisissable. Dans le souci d’équilibre entre les
intérêts du créancier et les besoins du débiteur, le législateur a tout de même prévu des
dérogations, des aménagements à la procédure.85 Ainsi il consacre en son article 52
l’insaisissabilité des créances insaisissables versées sur un compte86. L’on peut donc dire que
par principe le solde du compte est saisissable (A) mais il est des éléments de ce dernier qui
de par leur nature, ne peuvent faire l’objet de saisie eu égard à leur caractère humanitaire (B)
et sont directement mis à la disposition du débiteur.
A- LE SOLDE DU COMPTE EST SAISISSABLE
La saisie porte sur tous les comptes du débiteur nous dit le législateur mais cette
énonciation pourrait être interprétée autrement ; car la saisie ne porte effectivement que sur le
solde de ceux –ci dont les comptes sont l’expression visible. Le solde du compte seul fera
effectivement l’objet de saisie c’est-à-dire le résultat du compte au jour de la saisie. Ainsi si
une convention de garantie existe entre deux comptes, le solde sera le résultat de la différence
entre par exemple le solde débiteur du compte A et le solde créditeur du compte B.L a saisie
ne portera alors que sur ce résultat là car le fonctionnement du compte en soi n’est pas affecté.
L’article 161, impose au banquier de déclarer les soldes sans distinguer selon qu’ils sont
créditeurs ou débiteurs. Le législateur confirme là une solution de la cour de cassation87 qui
reste largement ignorée dans la pratique, le banquier ne communiquant généralement pas le
solde du compte lorsqu’il celui-ci est débiteur.
85 Cass. Com., 9 octobre 2001, Dalloz, n°39 p.3191 obs. Xavier DELPECH.86 Article 52 AU <<les créances insaisissables dont le montant est versé sur un compte demeurent insaisissables.87 Com., 6 mai 1981 : D .1982, 33, note M. VASSEUR.
Il convient également de préciser que le solde concerné ici est le solde du ou de
chacun des comptes du débiteur au jour de la saisie. Ce solde peut comprendre en son sein
des éléments qui de part leur caractère humanitaire ne sauraient faire l’objet de saisie.
B -LES ELEMENTS SAISISSABLES DU COMPTE
Comme nous l’avons fait remarquer plus haut, le solde du compte ou des comptes du
débiteur est saisissable. Ceci n’est valable que dans son principe ; en effet, désormais par le
compte transite la majeure partie des revenues des débiteurs. Il est donc essentiel de leur
assurer un minimum pour leur survie en laissant à la disposition du débiteur une fraction de ce
solde qui lui permettra de survivre. Ces sommes sont dites insaisissables car elles sont
considérées comme primordiales à la survie du débiteur. Le législateur communautaire dans
son œuvre en a tenu compte. Rompant ici avec l’idée selon laquelle la fongibilité faisait
perdre aux créances insaisissables une fois qu’elles sont entrées en compte leur nature
particulière88. Celui-ci en son article 52 précise qu’elles conservent leurs particularités. Sinon
cette protection perdrait sa raison d’être dès leurs entrés en compte. Deux catégories de biens
sont protégés dans le cadre de la saisie des comptes bancaires : les sommes provenant de
créances insaisissables et versées au compte (1) qui appartiennent en propre au débiteur et les
gains et salaires de l’époux commun en biens (2).
1-LE SORT DES SOMMES PROVENANT DES CREANCES INSAISISSABLES
Le législateur OHADA reste muet sur la question de leur détermination. Il laisse le
soin à chaque Etat partie de déterminer quelle créance est insaisissable ou pas89.
Il s’agit ici de comptes alimentés par les salaires, les pensions de retraite, les sommes
payées à titre d’allocations familiales90 , de toutes sommes ayant un caractère alimentaire ou
88 ASSI-ESSO (A, M) et NDIAW (D) Recouvrement des créances Bruylant Juriscope 2002 p.166 n°355.89 Article 52 de l’AU << les créances insaisissables dont le montant est versé sur un compte demeurent insaisissables>>.90 TGI de Lyon, 15 mars 1989, Gazette du palais, 19 septembre 1989, p.16 dans le même sens Cass. Civ.2, 28 mars 1994 ; Gazette du palais, 25-29 aout1995 p.18 somm. Michel VERON qui cite à ce titre : le minimum inter–professionnel, les bourses d’étudiant et les prestations compensatoires.
provenant de créances insaisissables. Pour ces montants le débiteur peut demander la mise à
disposition immédiate à hauteur de ces créances insaisissables, déduction faite des opérations
en cours depuis le dernier versement.
La question s’est posée de savoir si cette insaisissabilité n’était pas limitée dans le
temps. Nous pensons que non ; en effet comme le précise le Pr. Philipe SIMLER91 parlant de
la procédure en droit français, <<cette mise à disposition est limitée au dernier versement>>
92.Cette solution est d’ailleurs conforme à l’article 53 de l’AU qui traite de la mise à
disposition des fonds provenant des gains et salaires d’un époux commun en biens versés au
compte.
2-L’INSAISISSABILITE PARTIELLE DES GAINS ET SALAIRES D’UN EPOUX
COMMUN EN BIENS.
Généralement, les ménages ont tendance à n’ouvrir qu’un seul compte vers lequel est
orienté l’ensemble des revenues du ménage. Lors de la saisie de ce compte, les créanciers ne
distinguent pas toujours parmi les fonds en compte ceux du conjoint. La procédure est
orientée vers les revenus du débiteur et non vers ceux du conjoint qui n’est pas partie à
l’opération donnant lieu à la saisie. Ceci est une violation de ses droits. Le législateur du code
civil avait déjà perçu la nécessité de protéger les gains et salaires de l’époux. En effet,
l’article 1414 dispose que <<les gains et salaire d’un époux ne peuvent être saisi par le
créancier de son conjoint que si l’obligation a été contractée pour l’intérêt du ménage ou
l’éducation des enfants>>, Il s’agit là d’une sorte de protection autour des biens du conjoint
commun en biens. Cette solution était la bienvenue en Afrique où l’homme conserve
contrairement aux normes de la Convention sur l’Elimination de toues les Formes de
91 SIMLER (P) : De quelques lacunes du dispositif législatif relativement à la saisissabilité des revenus des époux en régime de communauté Droit et Actualité. Etudes offertes à J. BEGUIN Edt. Lexisnexis, p 692.
92 Article D 45 de la loi du 9 juillet 1991.
Discriminations à l’Egard des Femmes (CEDEF) la puissance maritale et gère de main de fer
les biens de la famille
Le législateur OHADA, percevant la nécessité de protéger ces gains et salaires, a
prévu en son article 53 un mécanisme permettant au conjoint de récupérer une part des biens
qui sont saisis à l’occasion de la procédure. Il dispose à cet effet que <<lorsqu’un compte
même joint, alimenté par les gains et salaires d’un époux commun en biens, fait l’objet d’une
mesure d’exécution forcée ou d’une saisie conservatoire pour le paiement ou la garantie du
paiement d’une créance née du chef du conjoint, il est laissé immédiatement à la disposition
de l’époux commun en biens une somme équivalent, à son choix, au montant des gains et
salaires versés au cour du mois précédant la saisie ou au montant moyen mensuel des gains
et salaires versés dans les douze- mois précédents la saisie>>. Si l’on reproche à cette
solution son manque de fondement raisonnable car elle expose le créancier aux abus du
débiteur dont le conjoint dira qu’il n’a pas encore utilisé son salaire versé sur le compte alors
qu ‘il l’a déjà fait. Il convient de remarquer que celle ci vient apporter un peu de justice dans
un domaine où les droits des conjoints notamment féminins sont souvent lésés.
A notre avis, cette solution est salutaire mais appelle quelques réflexions. En effet
cette limitation de la saisie à une fraction au choix du conjoint n’est pas à notre sens complète
car, il est nécessaire de préciser qu’une grande partie de ses revenues feront l’objet de saisie.
Il faudrait comme le propose le Pr. SIMLER de ramener le montant mis à la disposition du
conjoint à l’équivalent de trois mois de salaires93car ce sont ses économies à lui qui sont
ainsi mis à la disposition du créancier de son époux.
Une fois les biens saisissables déterminés, il est nécessaire de procéder à un examen de
règles qui organisent le fonctionnement des fonds frappés de saisie.
93 SIMLER (P) « De quelques lacunes du dispositif législatif relativement à la saisissabilité des revenues des époux en régime de communauté ». Droit et actualité. Etudes offertes à J.BEGUIN p.689 et s.
SECTION 2 : LE REGIME JURIDIQUE DES BIENS SAISIS
Une fois la saisie pratiquée, les biens tombent sous un régime tout autre que celui auquel ils
étaient soumis. Le législateur uniforme organise ce régime en son article 154. Cet article
dispose que ces fonds sont frappés d’une indisponibilité (PARAGRAPHE 1) et font
également l’objet d’une attribution immédiate au profit du créancier (PARAGRAPHE 2)
PARAGRAPHE 1 : L’INDISPONIBILITE DES AVOIRS SAISIS
Le Pr. Jean Marie DELLICI dans un article paru aux petites affiches parle de la mise
en<< indisponibilité>> comme une des obligations qui pèse sur le banquier. Cette
indisponibilité entraîne une immobilisation du solde du compte quelle que soit la
disproportion entre le montant de solde et celui de la créance cause de la saisie. La saisie
opérée auprès des établissements bancaires englobe donc tous les comptes libellés en argent.
L’acte de saisie entraîne une indisponibilité du solde du compte du debiteur (A) ; cette
indisponibilité peut être perturbée par le dénouement des opérations en cours. (B)
A- L’INSTITUTION D’UNE INDISPONIBILITE TOTALE
Contrairement au principe qui voudrait que l’acte de saisie rende « les sommes saisies
indisponibles» mais seulement pour le montant pour lequel elle est pratiquée ainsi que tous
ces accessoires, en matière de saisie des sommes d’argent entre les mains des banques,
l’indisponibilité concerne tout le solde des comptes du débiteur. L’article 161 précise les
modalités et la durée de l’indisponibilité.
L’article 161 détermine un délai de liquidation dont la durée varie de 15 jours à 1 mois
suivant la signification de la saisie, période pendant laquelle les sommes en compte son
rendues indisponibles afin de permettre la liquidation des opérations en cours et la
détermination du solde exact du compte.
L’on pourrait penser que la saisie, portant sur le solde d’un compte bancaire, ne s’exerçait
que sur la fraction du solde nécessaire au règlement du montant de la saisie, et qu’elle laissait
disponible les sommes excédant ce montant. Les partisans français de cette interprétation, se
fondaient alors sur l’idée que l’avant dernier alinéa de l’article 47 de la loi du 9 juillet 1991
semblait opérer une distinction entre le solde saisi attribué et les sommes non frappées de la
saisie. Ce serait risquer de laisser les fonds non frappés sans contrôle et faire courir un risque
élevé au créancier de voir les fonds saisis disparaître puisqu’ils peuvent être affectés par les
opérations en cours sur le compte. Si en droit français des débats doctrinaux ont animé la
scène juridique sur la question de la portée de l’indisponibilité, la législation OHADA a
tranché et a clairement posé le principe de l’indisponibilité des fonds saisis c’est-à-dire du
solde du ou des comptes. Dans une formulation indirecte il précise que « le solde saisi n’est
affecté par ces éventuelles opérations de débit et de crédit que dans la mesure ou leur résultat
négatif cumulé est négatif et supérieur aux sommes non frappées par la saisie au jour de leur
règlement »
Le seul reproche que l’on pourrait faire au législateur est celui de la durée de
l’indisponibilité. En effet le compte est généralement la pierre angulaire du fonctionnement
des « cellules économiques ». A notre avis, ce délai est très long et défavorable aux opérations
économiques où l’instantanéité s’est érigée en règle dans l’exécution des opérations. Nous
proposons que ce délai soit ramené à 15 jours sans soucis de mimétisme comme en droit
français. Certains objecteront que ce délai ne passe à 30 jours que s’il y a des effets de
commerce à escompter mais on peut le ramener à 15 jours sans porter atteinte à la garantie qui
couvre les effets de commerce. Dans tous les cas, cette indisponibilité est justifiée car des
opérations en cour pourraient venir modifier le solde saisi soit positivement soit négativement.
B- LE DENOUEMENT DES OPERATIONS EN COURS
LA DÉCLARATION FAITE PAR LE BANQUIER AU MOMENT DE LA SAISIE
N’EST PAS, IL CONVIENT DE LE RAPPELER, DÉFINITIVES. EN EFFET, FAITE
SUR-LE-CHAMP, ELLES NE SAURAIENT REFLÉTER, COMME NOUS LE
FAISIONS DÉJÀ REMARQUER, L’ÉTAT RÉEL DU COMPTE AU MOMENT DE
LA SAISIE. CE SOLDE PEUT ÊTRE SUPÉRIEURE COMME INFÉRIEURE AU
MONTANT RÉEL DU SOLDE DU COMPTE AU JOUR DE LA SAISIE. C’EST
D’AILLEURS POUR CETTE RAISON QUE LES BANQUES SONT TENU DE
DÉCLARER LE SOLDE DU COMPTE MÊME S’IL EST DÉBITEUR. IL POURRAIT
AU TERME DES OPÉRATIONS DE LIQUIDATION REDEVENIR CRÉDITEUR.
CECI JUSTIFIE LE FAIT POUR LE LÉGISLATEUR DE PRÉVOIR DES
DISPOSITIONS PARTICULIÈRES AFIN DE FAIRE VÉRIFIER QUE LE SOLDE
PROVISOIRE DÉCLARÉ EST BIEN RÉEL. A CET EFFET, L’ARTICLE 161
ORGANISE LA PÉRIODE ET DÉTERMINE LES OPÉRATIONS DONT IL FAUT
TENIR COMPTE.
L’ARTICLE 161 DÉTERMINE ÉGALEMENT DANS QUELLES CONDITIONS
LE SOLDE SAISI PEUT ÊTRE MODIFIÉ. A CET EFFET IL PRÉVOIT QU’IL PEUT
Y AVOIR DES OPÉRATIONS CRÉDITRICES OU DÉBITRICES À CONDITION
QU’ELLES AIENT ÉTÉ RÉALISÉES ANTÉRIEUREMENT À LA SAISIE. IL
CONVIENT DONC DE LES EXAMINER ET DE VOIR COMMENT ELLES SONT
IMPUTÉES SUR LE SOLDE SAISI.
1) LES OPÉRATIONS EN COURS POUVANT AFFECTER L’ASSIETTE DE LA SAISIE.
IL PEUT S’AGIR SELON LE CAS D’OPÉRATIONS CRÉDITRICES (A) OU
ALORS D’OPÉRATIONS VENANT AU DÉBIT DU SOLDE SAISI (B).
A- LES OPÉRATIONS CRÉDITRICES
IL S’AGIT DES REMISES FAITES ANTÉRIEUREMENT, EN VUE DE LEUR
ENCAISSEMENT, DE CHÈQUES OU D’EFFETS DE COMMERCE, NON ENCORE
PORTÉES AU COMPTE. LA DATE EST DONC L’ÉLÉMENT DÉTERMINANT DU
RÉGIME DE CELLES-CI. ANTÉRIEURE À LA SAISIE, LA REMISE EST UNE
OPÉRATION EN COUR AFFECTANT L’ASSIETTE DE LA SAISIE À
L’AVANTAGE DU SAISISSANT. POSTÉRIEURE À LA SAISIE, LA REMISE EST
DISPONIBLE AU COMPTE DU CLIENT ALORS IL S’AGIT « D’ARGENT
FRAIS ».CES FONDS NE RENTRENT PAS ALORS DANS L’ASSIETTE DE LA
SAISIE ET LE CRÉANCIER NE SAURAIT AVOIR DES PRÉTENTIONS SUR CES
SOMMES À MOINS POUR LUI EN CAS D’INSUFFISANCE DES FONDS SAISIS AU
TERME DE LA PROCÉDURE DE PROCÉDER À NOUVEAU À UNE AUTRE
SAISIE. CES FONDS PEUVENT PAR AILLEURS FAIRE L’OBJET DE RETRAIT.
EN EFFET, IL S’ÉCOULE TOUJOURS UN TEMPS ENTRE LE DÉPÔT À LA
CAISSE D’UN CHÈQUE ET L’INSCRIPTION DE LA VALEUR ÉQUIVALENTE
SUR LE COMPTE DU DÉBITEUR. TRÈS SOUVENT LES OPÉRATIONS EN
COURS AFFECTERONT NÉGATIVEMENT LE SOLDE DU COMPTE ON PARLE
ALORS D’OPÉRATIONS DÉBITRICES.
B- LES OPÉRATIONS DÉBITRICES
L’ARTICLE 161 ALINÉAS 2 ÉNUMÈRE LES OPÉRATIONS SUIVANTES
COMME VENANT AU DÉBIT DU COMPTE.
-L’IMPUTATION DES <<CHÈQUES REMIS À L’ENCAISSEMENT OU PORTÉ AU
CRÉDIT DU COMPTE ANTÉRIEUREMENT À LA SAISIE ET REVENUS
IMPAYÉS ».IL S’AGIT ICI DES CHÈQUES QU’A REÇU LE DÉBITEUR ET QU’IL
A DÉPOSÉ À L’ENCAISSEMENT DANS SA BANQUE ET QUI SONT REVENUS
IMPAYÉS. DÈS LORS QUE LES CHÈQUES SONT DÉPOSÉS À L’ENCAISSEMENT
CHEZ LE BANQUIER PAR LE DÉBITEUR, IL Y A UNE AUGMENTATION DU
SOLDE DU COMPTE PROPORTIONNELLE À LEUR MONTANT IL EST DONC
NORMAL QUE CE MONTANT SOIT DÉDUIT DU MONTANT DU SOLDE AU
JOUR DE LA SAISIE SI CELUI REVIENT IMPAYÉ. A DÉFAUT, IL GONFLERA
LES RÉSULTATS DU COMPTE POURTANT IL N’Y AURA PAS LA PROVISION
ÉQUIVALENTE.
-<<LES RETRAITS PAR BILLETTERIE EFFECTUÉS ANTÉRIEUREMENT À LA
SAISIE ET LES PAIEMENTS PAR CARTE, DÈS LORS QUE LEURS BÉNÉFICIAIRES
ONT ÉTÉ EFFECTIVEMENT CRÉDITÉS ANTÉRIEUREMENT À LA SAISIE>>. IL
EST CLAIR QUE CEUX-CI DEVRAIENT ÊTRE DÉDUIT DU COMPTE CAR CES
FONDS N’EXISTENT PLUS DANS LE PATRIMOINE DU DÉBITEUR. LES
RETRAITS PEUVENT DÉSORMAIS ÊTRE FAIT À TOUT MOMENT PAR LE
DÉBITEUR AU MOYEN DES CARTES DE CRÉDITS. LEUR IMPUTATION SUR
LE SOLDE PEUT ÊTRE DIFFÉRÉE. IL EST DONC NORMAL QUE CEUX-CI
VIENNENT EN DIMINUTION DU SOLDE SAISI.
-<<LES EFFETS DE COMMERCE QUI REMIS À L’ESCOMPTE ET NON PAYÉS À
LEUR PRÉSENTATION OU LEURS ÉCHÉANCES>>. LORSQUE LA REMISE DE
L’EFFET DE COMMERCE EST ANTÉRIEURE À LA SAISIE, CELUI-CI PEUT
ÊTRE CONTRE-PASSÉ DANS LE DÉLAI D’UN MOIS À COMPTER DE LA SAISIE.
IL CONVIENT À PRÉSENT CES ÉLÉMENTS RÉPERTORIÉS, DE VOIR
COMMENT SONT IMPUTÉES CES OPÉRATIONS SUR LE COMPTE.
2- L’IMPUTATION DES RÉSULTATS DE LA LIQUIDATION SUR LE COMPTE SAISI
CETTE IMPUTATION, LORSQU’ELLE ÉMANE DES OPÉRATIONS DE
CRÉDIT NE POSE AUCUN PROBLÈME CAR ELLE VIENT EN AUGMENTATION
DU SOLDE DU COMPTE. TEL N’EST PAS LE CAS LORS QU’ILS DÉCOULENT
D’OPÉRATIONS DÉBITRICES. LA QUESTION S’EST ALORS POSÉ EN
DOCTRINE DE SAVOIR SUR QUELS FONDS DEVAIENT S’IMPUTER LES
OPÉRATIONS DÉBITRICES. EST –CE SUR LES FONDS EN COMPTE AU JOUR
DE LA SAISIE OU ALORS SUR LES FONDS EN COMPTE AU JOUR DE LEUR
LIQUIDATION QUE DOIVENT S’IMPUTER CES OPÉRATIONS ?
SELON LE PR. CHRISTIAN MOULLY94, L’IMPUTATION DES RÉSULTATS
DES OPÉRATIONS EN COUR NE PEUT ÊTRE FAITE QUE SUR DES SOMMES
SAISIS – ATTRIBUÉS ET JAMAIS SUR « L’ARGENT FRAIS », PROVENANT DES
REMISES POSTÉRIEURES À LA SAISIE. CETTE THÈSE QUI NE CADRE PAS
AVEC LA LOGIQUE DU DROIT BANCAIRE N’A PAS ÉTÉ RETENUE PAR LE
LÉGISLATEUR COMMUNAUTAIRE. L’ARTICLE 161 DE L’AU DISPOSE À CET
EFFET QUE : « LE SOLDE SAISI N’EST AFFECTÉE PAS CES ÉVENTUELLES
OPÉRATIONS DE DÉBIT ET DE CRÉDIT, QUE DANS LA MESURE OU LEURS
RÉSULTATS PUBLIÉS EST NÉGATIF ET SUPÉRIEUR AUX SOMMES NON
FRAPPÉES PAR LA SAISIE, AU JOUR DE LEUR RÈGLEMENT ».
COMMENTANT L’ACTE UNIFORME, LE PR. ANNE-MARIE ASSI ESSO95
ÉCRIVAIT ALORS QUE LORSQUE LE RÉSULTAT CUMULÉ « DES
OPÉRATIONS EN COURS », SE TRADUIT PAR UN DÉBIT, CELUI-CI DEVRA
ÊTRE IMPUTÉ PAR PRÉFÉRENCE SUR LA PARTIE DES SOMMES QUI, DANS
LE SOLDE AU JOUR DE LA SAISIE, EXCÉDAIENT LE MONTANT DE LA
CRÉANCE CAUSE DE LA SAISIE. CECI JUSTIFIERAIT À SON AVIS
L’OBLIGATION QUI EST FAITE À LA BANQUE DE FOURNIR PAR LETTRE
94 MOULLY (C) : les saisies des comptes bancaires, les petites affiches, 26 mai 1993, n°73 ; voir également du même auteur Procédure d’exécution civiles et droit bancaire RTD civ. 1993 n° spécial la reforme des procédures civiles d’exécution sous la direction de Roger Perrot. 95 ASSI-ESSO (A, M) et NDIAW (D) recouvrement des créances Bruylant Juriscope 2002.
RECOMMANDÉE AVEC AVIS DE RÉCEPTION OU TOUT MOYEN LAISSANT
TRACE ÉCRITE ADRESSÉE AU CRÉANCIER, AU PLUS TARD HUIT JOUR
APRÈS LE DÉLAI DE CONTRE PASSATION UN RELEVÉ DEPUIS LE JOUR DE
LA SAISIE INCLUSIVEMENT.
L’ON PERÇOIT DE CES DEUX THÈSES QUE LA NOTION D’ « ARGENT
FRAIS » NE FAIT PAS ENCORE L’UNANIMITÉ EN DOCTRINE. L’ON PEUT
DIRE QUE L’<<ARGENT FRAIS>> DANS LA PROCÉDURE DE SAISIE DES
SOMMES D’ARGENT ENTRE LES MAINS DES BANQUES C’EST << L’ARGENT
PROVENANT DES REMISES POSTÉRIEURES À LA SAISIE>>. DIRE ALORS QUE
LES OPÉRATIONS EN COURS S’IMPUTENT D’ABORD SUR LE SOLDE SAISI ET
NON SUR CES FONDS EST LOIN D’ASSURER AU CRÉANCIER DE RECOUVRER
SA CRÉANCE OR TEL EST L’OBJECTIF AVOUÉ DU LÉGISLATEUR. IL EST
DONC PRÉFÉRABLE, AFIN D’ACCORDER UN MINIMUM DE SÉCURITÉ AUX
CRÉANCIERS DE PERMETTRE QUE LE SOLDE DÉBITEUR DES OPÉRATIONS
EN COUR SOIT REPORTÉ D’ABORD SUR CET << ARGENT FRAIS >>ET QU’EN
CAS D’INSUFFISANCE SEULEMENT L’ON REPORTE LE RESTE SUR LES
FONDS SAISIS. EN EFFET IL EST POSSIBLE QU’AU JOUR OU LA SAISIE SOIT
PRATIQUÉE LE COMPTE SOIT CRÉDITEUR ET QUI SUITE À LA
LIQUIDATION DES OPÉRATIONS EN COUR IL DEVIENNE DÉBITEUR.
POURTANT, LORSQUE LE LENDEMAIN DE LA SAISIE LE COMPTE SAISI EST
CRÉDITÉ, CES FONDS NE PEUVENT PAS ÊTRE UTILISÉS POUR SATISFAIRE
LE CRÉANCIER SAISISSANT CAR CET ARGENT N’ÉTAIT PAS ENCORE EN
COMPTE AU JOUR DE LA SAISIE. EST-IL DONC JUSTE DE LAISSER LE
CRÉANCIER SANS RESSOURCE PENDANT QUE SUR LE COMPTE DE SON
DÉBITEUR IL Y’A DE L’ARGENT FRAIS. DE MÊME COMMENT ADMETTRE
QUE SEUL LE SOLDE DÉBITEUR DES OPÉRATIONS EN COURS SOIT
IMPUTABLE SUR LE SOLDE SAISI ET QUE LORSQU’IL EST CRÉDITEUR QU’IL
NE PUISSE PAS BÉNÉFICIER AU CRÉANCIER NOTAMMENT LORSQUE LE
SOLDE AU JOUR DE LA SAISIE ÉTAIT INFÉRIEUR AU MONTANT DE LA
CRÉANCE CAUSE DE LA SAISIE. LÀ SONT DES INTERROGATIONS SUR
LESQUELS ONT PENSE QUE LE LÉGISLATEUR DEVRAIT PLANCHER.
SI LE DÉBITEUR EST, AU JOUR DE LA PÉRIODE PRÉVU POUR LA
LIQUIDATION DES OPÉRATIONS EN COURS, CRÉDITEUR DANS LES LIVRES
DU BANQUIER, LA DÉCLARATION DÉFINITIVE EMPORTE CANTONNEMENT
DE LA SOMME OBJET DE LA SAISIE DANS LA LIMITE DISPONIBLE ENTRE
LES MAINS DU TIERS. L’AUTRE EFFET ATTACHÉ À CETTE SAISIE SOMME
TOUTE PARTICULIÈRE EST L’EFFET ATTRIBUTIF.
PARAGRAPHE 2 : L’ATTRIBUTION IMMEDIATE DES FONDS SAISIS
Dès que la saisie est signifiée, elle entraîne aux termes de l’article 154 alinéa 1
<<attribution immédiate au profit du saisissant de la créance saisie disponible entre les
mains du tiers>>. Il ne faut cependant pas se méprendre sur le sens de l’expression
<<attribution immédiate >>. Il est judicieux de revenir d’abord sur cette expression qui a fait
couler beaucoup d’encre tant en doctrine qu’en jurisprudence (A). Ce qui est nécessaire si l’on
veut comprendre la raison d’être de son impact qu’est l’inefficacité du concours de saisie dans
cette hypothèse (B)
A- précision autour de la notion d’<< attribution immédiate >>
Dans l’ancienne saisie arrêt, le créancier n’acquérait de droit exclusif sur la créance
qu’avec la signification d’un jugement de validité. Ce qui permettait à d’autres créanciers de
saisir à leur tour la créance et de venir en concours avec le premier saisissant sur celle-ci.
Avec les nouvelles règles de procédure, le créancier premier saisissant bénéficie désormais
d’un droit exclusif sur la créance. Se pose alors la question de savoir si le créancier saisissant
en devient propriétaire dès la signification ? Le mécanisme de l’attribution immédiate dont
parle le législateur peut être trompeur car si on parle d’attribution immédiate il s’agit en fait
d’une fiction juridique (1) car le créancier n’exerce qu’une propriété conditionnelle sur le
solde saisie (2).
1-L’attribution immédiate une fiction juridique
L’affectation au saisissant est opérée par deux techniques différentes selon la
procédure initiée. Dans la saisie conservatoire, le privilège et le droit de rétention du créancier
gagiste transfèrent au créancier la valeur du solde. Dans la saisie attribution, la propriété du
solde (monnaie scripturale) lui est transmise dès la signification de la saisie.
Même si le législateur rejoignant la doctrine française96 parle de transmission ou
attribution immédiate, il faudrait tout de même nuancer cette affirmation. La créance ne
rentre pas directement dans le patrimoine du créancier. Elle n’est sortie que virtuellement du
patrimoine du débiteur en vue de la préserver des velléités des créanciers qui pourraient
éventuellement chercher à la saisir. Le créancier n’aura la propriété de ces fonds qu’une fois
qu’ils lui seront payés par le tiers saisi. Maurice SOH 97 analysant ce mécanisme particulier à
la saisie des sommes d’argent entre les mains des banques conclut que <<la somme saisie
attribuée serait dans une situation de flottaison d’appartenance entre l’acte de saisie et
l ‘expiration du délai imparti pour contester, car, extraite du patrimoine du débiteur, elle
n’est pas encore effectivement entrée dans le patrimoine du créancier, le paiement étant
différé et le banquier étant demeuré le gardien>>
96 Dans ce sens voir : DONNIER (M), voies d’exécution et procédure de distribution, Litec, 1996, n°846 ; Miguet, Jurisclasseur Procédure civile, Fascicule 2250, n°82 et s PERROT et THERY, option cité n°361.
97 SOH (M) les saisies des avoirs bancaires, mémoire d’auditeur de justice, ENAM Yaoundé, juillet 1999, p.33.
C’est cette doctrine qui devrait faire l’unanimité car s’il s’agissait d’une réelle attribution
celle-ci ne saurait faire l’objet d’une quelconque remise en cause par les éventuelles
opérations en cours car la propriété que le créancier a sur la créance saisie est conditionnelle.
2- La créance attribuée : une propriété conditionnelle pour le créancier.
L’article 154 de l’AU dispose que « l’acte de saisi emporte…attribution immédiate au
profit de saisissant de la créance saisi ». Il pose là l’idée selon laquelle dès que la saisie est
pratiquée la propriété de la créance objet de la saisie est transférée. Seulement, à l’analyse, il
ne s’agit pas d’un transfert instantané. La propriété est conditionnée car le créancier doit
attendre que le délai prescrit pour la liquidation des opérations en cour soit passé 98 .Le
législateur précise bien que ce délai peut varier de 15 jours à un mois selon qu’il y ait ou non
des effets de commerce à escompter.
Le créancier doit attendre un mois depuis la signification de la saisie au débiteur pour
dire qu’il est désormais le propriétaire de la créance de son débiteur chez le banquier tiers
saisi.
Cette attribution ne joue également pas de plein droit lorsque la créance objet de la saisie
est à échéance périodique car comme le précisait le Pr. Paul ANCEL, <<les principes
généraux du droit des obligations amènent à faire une distinction, quant au moment de l’effet
attributif, entre les différentes créances >>.99 En effet la créance à exécution successive se
régénère à chaque échéance or la saisie ne peut être opérée que sur un bien présent dans le
patrimoine du débiteur; tel n’est pas le cas pour les créances à échéances périodiques non
encore échues.
Cet effet <<attributif essentiel et instantané>>100qui permet au créancier d’être à l’abris
de tout concours avec les créanciers privilégiés a été confirmé par la CCJA dans l’affaire
98 Pour le créancier ayant pratiqué une saisie conservatoire, il se doit de la transformer en saisie attribution dans le délai d’un mois.99 ANCEL (P), note sous cass. civ. 2,10 juillet 1996 ; D.1996, p.625 et s. spécialement p.628.100 ETOUNDI (O, F) : La pratique de la saisie attribution à la lumière de la jurisprudence de la CCJA de l’OHADA. Edition Numerix, Mars 2006, p.50.
Dame KHOURI Marie c/ SGBCI où statuant, elle décide que <<l’effet attributif immédiat de
la saisie attribution entraînant transfert instantané de la créance saisie disponible dans le
patrimoine du saisissant, le juge de l’exécution ne peut pas suspendre les effets de ladite
saisie–attribution en accordant des délais de paiement>>101. Se basant également sur cet
effet, la haute juridiction a déclaré que la saisie simultanée de plusieurs comptes d’un débiteur
n’est pas permise si les fonds déposés sur les premiers comptes saisis constituent un solde
suffisant102 pour désintéresser le créancier. Si l’attribution est une des innovations du
législateur sur la question, plus originale est celle relative à l’inefficacité du concours entre
créanciers dans ce cas.
B- l’inefficacité du concours en cas de pluralité de saisie
La règle de l’attribution immédiate de la créance du débiteur au profit de son créancier
à hauteur de la créance disponible combinée à l ‘article 155 alinéa 2 de l’AU qui prévoit que
<< la signification ultérieure d’autre saisie ou de toute autre mesure de prélèvement, même
émanant de créanciers privilégiés ne remettent pas en cause cette attribution>> institut un
véritable <<super privilège >>au profit du créancier premier saisissant. En effet aucun autre
créancier ne peut prétendre à des droits sur le solde une fois que celui-ci est saisi. Ce qui lui
évite l’un des principaux incidents des saisies mobilières : le concours de saisie. Comme le
précise le Pr. Anne Marie ASSI-ESSO il n’y aura concours que sur la fraction de la créance
non attribuée entre les créanciers ultérieurs.
Seulement des interrogations subsistent selon que l’on est dans une hypothèse de pluralité de
saisies réalisées toutes par des particuliers (1) et selon que l’on n’a à faire à une procédure de
saisie et un acte administratif (2)
101 Décision citée par Felix Onana ETOUNDI op. cit, p.50.
102 Arrêt n° 27/2004 du 15 juillet 2004, affaire Mobil Oil C/Les Centaures Routiers, Compagnie Ivoirienne d’Electricité dite CIE&SCB décision trouvé sur www.juriscope.org.
1-En cas de concours de saisie entre particuliers
L’on peut dire qu’à travers l’article 155 alinéa 2 de l’AU, le législateur a résolu la question
mais il ne pose que des principes qu’il faut appliquer. La seule hypothèse de concours qui a
été maintenu dans la matière est celle des créanciers ayant signifié simultanément leurs actes
au cours de la même journée. Les divers actes de saisie <<sont réputés faits simultanément>>
et là si les sommes saisies disponibles ne permettent pas de les désintéresser, ceux-ci seront
payés au marc le franc c’est-à-dire au pro-rata.
D’après l’acte uniforme, le créancier premier saisissant ne peut pas être inquiété s’il a
procédé à une saisie attribution. Mais alors si c’est une saisie conservatoire jouira-t-il des
mêmes privilèges face aux autres créanciers ? Une lecture de l’acte uniforme nous laisse
croire que tel sera également le cas; l’article 57 dispose clairement que <<lorsque la saisie
porte sur une créance ayant pour objet une somme d’argent …elle confère au saisissant un
droit de gage>>, le même article dispose que les dispositions de l’article 161 sont applicables
en la matière. Toute chose qui porte à croire que le créancier saisissant même
conservatoirement bénéfice d’un privilège sur le solde saisie à hauteur de la créance cause de
la saisie. Quel sera dès lors le sort du particulier qui rencontre l’administration dans son
opération ?
2-En cas de concours entre un avis à tiers détenteur et une saisie des comptes
Il peut arriver qu’alors qu’un créancier signifie un acte de saisie le même jour soit émis un
avis à tiers détenteur par l’administration. L’avis à tiers détenteur primera-t-il sur la procédure
civile engagée ? Il faudrait procéder à une définition de l’avis à tiers détenteur avant de voir
les solutions envisageables.
L’avis à tiers détenteur est aux termes de l’article L71 du livre deuxième du code général
des impôts103 un acte par lequel <<les dépositaires, détenteurs ou débiteurs de sommes
appartenant ou devant revenir au redevable d’impôts, de pénalités et de frais accessoires
103 Loi n°2002/03 du 19 avril 2002 portant code général des impôts de la république du Cameroun.
dont le recouvrement est garanti par le privilège du trésor sont tenus, sur demande qui leur
en est faite sous forme d’avis à tiers détenteur… à concurrence des impositions dues par les
redevables>>. L’article L72 lui confère un effet attributif tout comme la saisie des comptes
bancaires. Cette définition faites, il convient de rechercher la procédure qui primera entre les
deux dans la mesure où l’article L82 prévoit que le <<privilège du trésor porte sur tous les
biens … et prime sur les autres privilèges mobiliers généraux ou spéciaux>>.
Face au silence du texte, l’on peut s’inspirer de la doctrine 104 qui a pris position pour une
interprétation proche de celle de la CCJA.105La cour déclare alors qu ‘il y a une disparition de
la prévalence de l’avis à tiers détenteur sur le privilège du premier saisissant. Ceci se
comprend car comme le précise l’AU, l’acte de saisie entraîne une attribution au profit du
créancier saisissant de la créance de son débiteur chez le tiers saisi. En effet même si c’est une
sortie fictive du patrimoine du débiteur, cette créance sort effectivement du patrimoine du
débiteur et ne saurait donc plus faire l’objet de prétention de la part du trésor et en cas de
signification faite le même jour, ils viennent en concours et se partageront les fonds au marc
le franc comme de simple particulier.
Saisi sur la question par une demande d’avis sur le point de savoir quel est le sort des
procédures fiscales contentieuses par rapport à l’effet abrogatoire des dispositions 336 de
l’A.U sur les P.S.R.V.E106, la CCJA émit l’avis suivant<<le droit fiscal ne fait pas partir à ce
jour des matières rentrant dans le domaine du droit des affaires harmonisé tel que défini par
l’article 2 du traité OHADA. Toutefois, si les procédures fiscales postérieures à la date
d’entrée en vigueur de l’acte uniforme concerné mettent en œuvre des mesures
conservatoires, mesures d’exécution forcée et procédures de recouvrement déterminées par
ledit acte uniforme, ces procédures fiscales doivent se conformer aux dispositions de celui-
104 SOH (M), mémoire précité p.103, MABINGO (E) le privilège du trésor accordé à la société.de recouvrement des créances du Cameroun (SRC), mémoire, ENAM, Yaoundé 1998.105 Avis n° 001/2001/EP du 30 avril2001, RJCCA n° spécial, janvier 2003, p.74.106 Avis précité
ci>>. Tirant une conclusion de la réflexion du juge communautaire à travers cet avis Félix
Onana ETOUNDI et Jean Michel MBOCK disent que l’on pourrait parler d’une sorte de
banalisation ou de relativisation des effets de l’avis à tiers détenteur107.
Au total il est clair que si l’avis à tiers détenteur est signifié simultanément ou après une
saisie attribution ; il est traité au même titre qu’une autre saisie attribution ceci malgré que
l’avis à tiers détenteur soit doté de l’effet attributif.
CONCLUSION CHAPITRE 2Tout au long de ce chapitre consacré aux particularités de la saisie des sommes d’argent entre les mains des banques liées aux biens, l’on s’est rendu compte que ces particularités ont trait tantôt aux biens visés tantôt au régime de ces biens, une fois que ceux –ci sont saisis. Nous avons pu constater un manque de précision de la part du législateur dans son énonciation des comptes concernés mais également qu’au niveau du régime des biens concernés des précisions sont nécessaires afin d’éclairer les justiciables sur certains points que nous n’avons pas manqués de soulever.
107 ONANA (F, E) et MBOCK(J, M), Cinq ans de jurisprudence commentée de la CCJA de l’OHADA 1999-2004,Presse de l’AMA, Yaoundé, 1 ère édition, p.204
Au terme du premier mouvement de notre analyse, nous avons pu constater combien la
saisie des sommes d’argent auprès des banques tel qu’organisées par le législateur OHADA
regorge de particularités. Ces particularités constituent des innovations qui organisent une
mini législation sur la saisie entre les mains des banques. Elles ont traient à l’institution
d’obligations pesant sur le tiers saisi ; mais également à la nature particulière des biens qui
font l’objet de cette procédure. Ces particularités ne s’arrêtent pas à la mise en œuvre de la
saisie elles s’étendent également au niveau du contentieux qu’elle peut générer.
CONCLUSION
DU TITRE I
La saisie des comptes bancaires qu’elle soit conservatoire ou attributive donne souvent
lieu à contentieux. En effet, ces sommes peuvent être le fruit de longues années d’économie
ou alors tout simplement le revenue du débiteur. Ce dernier a donc tout intérêt à ce que tout se
déroule dans les normes. Le créancier quant à lui veut veiller sur les éléments de l’actif de son
débiteur surtout quant on sait la complicité qui règne entre le banquier et ses clients. Le
banquier quant à lui doit veiller à ce que les opérations se déroulent bien surtout que pèse sur
lui des obligations qualifiées d’exorbitantes surtout qu’en contrepartie la procédure ne leur
permet pas toujours de réaliser des profits. Elle peut d’ailleurs déboucher sur une perte de
clientèle. Il est donc nécessaire d’examiner le contentieux lié au comportement des parties au
procès notamment celui du créancier et celui du banquier qui sont ici l’originalité (Chapitre1).
Eu égard à la spécificité des biens sur lesquels porte la saisie, il est intéressant de s’attarder
sur le contentieux particulier à ces biens (Chapitre2).
TITRE 2
LE CONTENTIEUX SPECIFIQUE A LA
SAISIE DES SOMMES D’ARGENT
ENTRE LES MAINS DES BANQUES
Une fois la saisie opérée, les fonds sont rendus indisponibles. Le créancier peut alors
attendre que s’écoule le délai prévu pour opérer des contestations avant de rentrer en
possession des fonds saisis. Dans la pratique, tel n’est malheureusement pas toujours le cas.
En effet les fonds saisis sont en général l’ensemble et les seules ressources du débiteur. Ce
dernier va tout faire pour les préserver d’une quelconque atteinte. A l’opposé, le créancier
voudra préserver ces fonds qu’il considère déjà comme les siens eu égard à l’effet attributif
que lui reconnaît l’AU. L’existence de ces intérêts divergents dans la procédure aboutit en
général à un contentieux qui peut naître à n’importe quelle étape de la procédure et peut être
mis en œuvre par n’importe laquelle des parties à la procédure. L’AU enferme cette
contestation dans le délai d’un mois suivant la signification de la saisie au débiteur. En
général, les contestations porteront sur l’assiette de la saisie (SECTION 2) ou seront liées à
l’origine des fonds qui sont ici frappés par la saisie. (SECTION 1).
CHAPITRE 1
LES CONTESTATIONS PORTANT SUR
LES SOMMES SAISIES
SECTION 1 : LES CONTESTATIONS PORTANT SUR
L’ORIGINE DES FONDS SAISIS
Le compte bancaire est pour leur titulaire ce qu’une caisse est pour un magasin de
commerce. C’est par le compte que passe la plupart des revenus de leur titulaire. Cet état de
chose est de nature à en perturber la saisie, surtout que parmi ces sommes il y’en a qui sont
frappées d’une insaisissabilité qui peut être soit totale soit partielle. En jurisprudence la saisie
des comptes sur lesquels sont versés les salaires a donné lieu à un contentieux spécifique.
(PARAGRAPHE 1) A coté de ce contentieux spécifique il est d’autres contentieux qui
pourraient naître de l’origine des fonds frappés par la saisie. (PARAGRAPHE 2)
PARAGRAPHE 1 : LES FONDS PROVENANT DES SALAIRES
Une fois la saisie est signifiée au tiers saisi, ses effets peuvent s’étendre sur l’ensemble
du compte ou des comptes du débiteur. Sur ces comptes, il peut se trouver que seraient virés
les salaires du débiteur. Ceux-ci rentreront alors dans l’assiette de la saisie. C’est ce qui donne
généralement lieu à contentieux, car les salaires font l’objet d’un régime de protection et ne
peuvent, aux termes de l’article 174 de l’AU108, faire l’objet de saisie qu’après une tentative
108 Article 174 AU <<la saisie des sommes dues à titre de rémunérations, quel qu’en soit le montant, à toutes les personnes salariées ou travaillant, à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs, ne peut être pratiquée qu’après une tentative de conciliation devant la juridiction compétente du domicile du débiteur>>.
de conciliation devant la juridiction compétente du domicile du débiteur conformément à la
procédure de saisie des rémunérations. Cette situation a donné lieu en jurisprudence à la
consécration des comptes dits de virement bancaire dont les juges camerounais notamment
ont eu à consacrer l’insaisissabilité (A) suivant un raisonnement dénué de tout fondement. (B)
A- LE REJET EN JURISPRUDENCE DE LA SAISISSABILITE DES
COMPTES DITS DE <<VIREMENT BANCAIRE>>
La saisie des comptes bancaires vers lesquels sont virés les salaires de leurs titulaires
peut –elle emporter saisie des rémunérations et être par conséquent subordonnée au respect du
principe de conciliation préalable tel que l’organise l’article 174 de l’AU ? Telle était la
question posée aux juges nationaux dans trois espèces où ceux-ci ont fait face à des
prétentions où les demandeurs prétendaient que les comptes saisis par leurs adversaires étaient
en réalité les comptes vers lesquels étaient virés leurs salaires.109 A la lecture de celles-ci, on
perçoit qu’il n’est pas du tout aisé de faire une distinction entre ces deux procédures
notamment lorsque les fonds sont virés sur le compte par l’employeur.110 De ces décisions, il
ressort qu’il y a saisie déguisée des salaires lorsque le débiteur apporte la preuve du dépôt sur
ledit compte de son salaire111alors qu’en l’absence d’une telle preuve, on ne saurait
confondre la saisie des sommes d’argent entre les mains d’une banque et la saisie des
109 Ordonnance de référé n°218 du 16 décembre 1999 affaire Dame TAGNY née KAMDEM FOTSO Alice c/NGNINTEDEM Bavoua Joseph – BICEC ; ordonnance de référé n°489 /c du 23 Mars 2000 Affaire NJIKE Gilbert c/ NJIKE Betoni Sylvie et BICEC, ordonnance de référé n° 403/C du 02 mars 2000 Affaire NEMBA Gabriel c/ BAYEMI marie madeleine.110 Ainsi contrairement à ce qu’affirme BEBOHI EBONGO Sylvie dans son mémoire( la saisie attribution dans la jurisprudence de l’espace OHADA) le juge de l’espèce ne dit nullement que la saisie d’un compte alimenté par les salaires est possible car pratiquée entre les mains du banquier et non de l ‘employeur mais au contraire on pourrait déduire de son considérant que << la saisie attribution querellée, pratiquée sur un compte bancaire dont le demandeur ne prouve du reste pas qu’il est alimenté par son salaire, est une mesure d’exécution forcée complètement distincte de la saisie des rémunérations du travail et qui n’est soumise à aucune tentative de conciliation préalable>>. Si le débiteur réussissait à prouver que ce compte qui fait l’objet de saisie était alimenté par son salaire, son compte aurait certainement échappé à la saisie attribution.111 Ordonnance de référé n° 218 du 16 décembre 1999 affaire Dame TAGNY née KAMDEM FOTSO Alice c/NGNINTEDEM BAVOUA Joseph – BICEC.
rémunérations112. Les juges dans ces espèces consacraient ainsi un type de comptes qui
n’existait pas jusqu’alors : les comptes dits de virement de salaires. Ceci avec pour corollaire
la subordination de toute saisie sur ces biens au préalable de la conciliation qui est alors un
préalable obligatoire au sens de l’article 174 de l’AU. A notre avis un tel raisonnement est
sans fondement raisonnable.
B-L’INSAISISSABILITE DES COMPTES DITS DE <<VIREMENT DE SALAIRES>>
UNE SOLUTION SANS FONDEMENT
A notre avis, si le souci des juges est louable parce que conforme à l’idée selon
laquelle les salaires doivent faire l’objet de protection, le contexte des décisions le justifiait
car comme l’affirme Me IPANDA, il <<s’agit de renforcer judiciairement la protection
légale du salaire en mettant à l’abri des saisies ordinaires, en quelques mains que ce soit, les
rémunérations du travail>>.113 Seulement une telle décision est incohérente car, d’un point
de vue bancaire et juridique, elle présente des incompatibilités.
La première incohérence concerne la fongibilité des sommes versées sur le compte
bancaire. L’économie de ce principe est d’éviter toute classification à l’intérieur du compte en
fonction de l’origine des remises114. En effet, une fois que les sommes sont versées sur le
compte, elles perdent leur individualité et ne sauraient plus faire l’objet d’individualisation.
On ne peut donc, une fois la créance enregistrée au crédit du compte continuer à croire que
celle-ci conserve ses caractères primitifs par exemple une insaisissabilité. La jurisprudence
française qui s’est déjà prononcée sur la question a décidé par application du principe de la
fongibilité que les salaires versés par l’employeur dans un compte de dépôt ouvert par le
salarié, perdent dès leur entrée en compte le caractère d’insaisissabilité dont ils jouissaient
112 Ordonnance de référé n°489 /C du 23 Mars 2000 Affaire NJIKE Gilbert c/ NJIKE Betoni Sylvie et BICEC, ordonnance de référé n° 403/C du 02 mars 2000 Affaire NEMBA Gabriel c/ BAYEMI marie madeleine.
113 Maître IPANDA note sous décisions du TPI précitée, Revue Camerounaise de Droit N° 2 2000 p.41 et s.114 GAVALDA (C) et STOUFFLET (J), Droit de la banque édition PUF 1974 ; voir également Rives Langes (J, L) La saisissabilité du compte courant Dalloz 1974 chronique p.101.
avant leur entrée en compte.115 En effet la protection accordée par le législateur ne couvre les
salaires que lorsque ceux ci se trouvent entre les mains de l’employeur ; or dans le compte,
ces fonds ne sont plus entre les mains de l’employeur et peuvent dès lors faire l’objet d’une
saisie conservatoire ou d’une saisie attribution.116
La deuxième incohérence est le fait que les juges donnent naissance ici à une catégorie
de comptes jusqu’alors inconnue. Le droit bancaire classique ignore en effet ce type de
compte. Ce qui a pour grand désavantage d’introduire en voies d’exécution une catégorie que
le législateur n’avait pas prévue dans la classification des saisies. Non seulement elle rend
impossible une saisie conservatoire de ces fonds mais également elle rend la saisie attribution
subsidiaire à la saisie des rémunérations car celles-ci seront exercées sous condition
résolutoire.117
D’un point de vue juridique, il y a comme un oubli de la part des juges car le contrat
qui lie le débiteur à son banquier est loin d’être un contrat de travail et est dénué de tout
rapport de subordination. De même, dès que ces fonds entrent en compte, ils cessent d’être
des salaires pour devenir des économies et sont administrés par le banquier.
L’on peut dire que même si en jurisprudence les comptes sur lesquels sont virés les
salaires font l’objet d’une protection. A l’analyse, la saisie des comptes sur lesquels sont virés
les salaires est possible. Les créanciers des salariés peuvent donc les faire saisir.118Les salaires
ne sont pas les seules sommes qui, versées sur les comptes en banque, en compliquent la
saisie.
115 TGI de Lilles, 04 décembre 1961 Banque 1962, p. 855.obs. Marin ; paris, 4 décembre 1971, Gazette du palais 1972, I. , P.400.
116 Ordonnance de référé n°489 /c du 23 Mars 2000 Affaire NJIKE Gilbert c/ NJIKE BETONI Sylvie et BICEC.117 Me IPANDA op.cit.118 Pour des précisions sur la question voir SOH (M ) L a situation des créanciers du salarié dans les procédures d’exécution de l’OHADA ou le difficile équilibre entre les intérêts en présence, Juridis Périodique n°49 janvier -février- mars 2002 p.104.
PARAGRAPHE 2 : LES FONDS PROVENANT D’AUTRES CREANCES
INSAISISSABLES
Le développement du recours aux banques a fait apparaître les limites de
l’insaisissabilité : en effet le paiement, qui éteint la créance, fait disparaître l’insaisissabilité
qui y était attachée. Cette situation n’avait guère d’inconvénient lorsque ces créances étaient
payées directement chez le débiteur. Mais tel n’est plus le cas maintenant ? Du moins pour
ceux qui sont titulaires de comptes bancaires. Juridiquement paralysé avant le paiement, le
créancier ne pouvait guère espérer appréhender ensuite les fonds versés à son débiteur. Cette
situation a changé avec l’importance accrue des banques dans la vie juridique des personnes
ayant ouvert des comptes chez elles. Ces sommes payées sont alors déposées chez le banquier
et enregistrées en compte, ce qui ouvre la voie à la saisie et un créancier pouvait sans gêne
procéder à une saisie.
Le législateur communautaire, cernant la nécessité de protéger ces fonds, énonce en
son article 52 que << les créances insaisissables dont le montant est versé sur un compte,
demeurent insaisissables. >>. Le législateur permet alors au débiteur de saisir le juge afin de
voir ces fonds mis à sa disposition. Seulement il est mis à la charge du débiteur l’obligation de
justifier l’origine des fonds dont il déclare l’insaisissabilité. A cette condition, s’ajoute le fait
qu’il soit obligé de demander la mise à disponibilité avant que le créancier ne demande le
paiement au tiers saisi. Il est également nécessaire de préciser que lorsque ces créances sont
versées à échéances périodiques, il y aura report de l’insaisissabilité à chaque fois que ces
fonds seront versés en compte. La question qui se pose est celle de savoir si la protection
couvre toutes les sommes insaisissables une fois qu’elles sont entrées en compte ou alors si
cette protection disparaît après un certain laps de temps. L’on peut penser, en s’inspirant du
cas des salaires du conjoint commun en biens, que cette protection ne portera que sur le
dernier versement effectué sur le compte du débiteur. L’on pense que si cette protection
couvre toutes ces sommes découlant de créances insaisissables sans limite, ce serait léser les
intérêts du créancier. Celles-ci peuvent, au bout d’un certain temps, devenir des économies et
il serait injuste de ne pas permettre au créancier de les saisir.
Il en résulte que si législateur a bien fait de prévoir une protection pour les sommes
insaisissables versées sur le compte, cette protection gagnerait en crédibilité si celui-ci
essayait de les limiter sinon il les viderait de leur substance.
SECTION2 : LES CONTESTATIONS PORTANT SUR
L’ASSIETTE DE LA SAISIE
Des contestations peuvent en général s’élever concernant le montant pour lequel est
pratiquée la saisie. Il est très tentant pour un créancier de se faire payer plus qu’il ne lui est dû
par son débiteur. Le législateur a prévu afin d’éviter une injustice des hypothèses de
contestation. Ces contestations peuvent porter soit sur toute l’assiette de la saisie, soit sur une
partie de celle-ci. Il faudrait déjà rappeler que lorsque la contestation porte sur toute l’assiette
de la saisie, l’on a recours aux règles posées par les articles 54 et 91 de l’AU.119 Mais en
général, la contestation portera sur une fraction de la créance cause de la saisie
(PARAGRAPHE 1) ou alors dans un cas spécifique aux saisies des comptes bancaires sur le
paiement des intérêts et des accessoires de la créance cause de la saisie (PARAGRAPHE 2)
PARAGRAPHE 1 : LES CONTESTATIONS PORTANT SUR UNE PARTIE DE LA
CREANCE CAUSE DE LA SAISIE
119 Ces articles déterminent avec précision les critères que doit remplir une créance pour que soit poursuivie une procédure d’exécution à l’encontre du débiteur. (Liquide, certaine et exigible).
Ces types de contestations sont en général élevées par le débiteur qui trouve non
fondée une partie de la créance pour laquelle on procède à une saisie de ses avoirs. Le
législateur a prévu que lorsque la contestation porte sur une partie de la créance120le juge peut
autoriser que la saisie prenne effet pour la partie non contestée de la créance (A) mais soumet
l’exécution pour ce qui est de la partie contestée à des préalables. (B) Cette solution est
largement reprise par la jurisprudence.121
A – LA PRISE D’EFFET DE LA SAISIE POUR LA PARTIE NON-CONTESTEE DE
LA SAISIE.
Il peut arriver que le débiteur conteste le bien fondé d’une partie de la créance sur la
base de laquelle est pratiquée la saisie sur ses comptes. Cette contestation peut intervenir soit
parce qu’il a déjà payé pour cette fraction, soit parce que celle-ci n’est pas fondée dans son
principe.122
La question qui se pose est celle de savoir si cette contestation paralyse la saisie qui a
déjà été pratiquée, même pour la partie de la créance non contestée ? Ce serait injustifié car
ce serait exposer le créancier ingénieux qui a eu l’idée de faire saisir les biens de son débiteur
à un retour des autres créanciers de son débiteur créanciers ameutés par la procédure engagée
par lui. Prenant cela en compte, le législateur communautaire a prévu en son article 171 que
<< la juridiction compétente donne effet à la saisie pour la fraction non contestée de la dette.
Sa décision est exécutoire sur minute>>.123 Ainsi le juge autorisera-t-il que l’on poursuive la
saisie pour la partie non contestée de la créance. Tel fut le cas dans l’arrêt de la CCJA
n°007/2002 du 21 mars 2002 affaire Compagnie Camerounaise d’Assurance et de
120 Article 171 AU sur les PSRVE << la juridiction compétente donne effet à la saisie pour la fraction non contesté de la dette. >>.121 Les dispositions de l’acte uniforme sur la question sont écris sans ambiguïté et ne sauraient donner lieu à interprétation.122 ONANA (E, F) la pratique de la saisie attribution des créances à la lumière de la jurisprudence de la CCJA de l’OHADA p.65.123 Article 171 de l’AU sur les PSRVE.
Réassurance dite CCAR C / Ayants droits WOROKOTANG MBATANG Puis124 où les
juges ont annulés une saisie pratiquée en violation de l’article 157 alinéa 3 de l’AU en partie
et partant la confirmait pour ce qui était de l’autre fraction. La solution est tout autre
lorsqu’il s’agit de la partie contestée de la créance cause de la saisie.
B- LA POSSIBLE EXECUTION PROVISOIRE DE LA PARTIE CONTESTEE DE LA
SAISIE
Dès lors que le débiteur conteste une partie de la créance cause de la saisie, la situation
diffère de celle décrite plus haut. Le législateur a prévu que lorsque tel est le cas,
<<l’exécution peut se poursuivre mais à condition que ni le montant de la créance du
saisissant ni la dette du tiers saisi ne soient sérieusement contestable >>125 l est tout de même
important de remarquer que si le texte est clair sur la question, en jurisprudence, l’exécution
provisoire est généralement refusée.126 Ainsi dans l’espèce ayants droits WOROKOTANG et
Autres, la haute juridiction annule le procès verbal de la saisie attribution <<pratiquée en
partie sur des sommes non prévues par l’arrêt de condamnation ayant servi de base à la
saisie et ne contenant pas le décompte distinct des sommes réclamées et le principal, frais et
intérêts échus en violation de l'art 154 de l’AU >>. On pourrait trouver des justificatifs à
cette solution des juges. En général les créanciers saisissants ne fournissent pas de garantie
suffisante pour une restitution des fonds sur lesquels on leur a accordé une exécution
provisoire.
L’on peut dire que lorsque la créance cause de la saisie fait l’objet de contestation,
l’exécution se poursuivra ; ce qui à notre sens est une solution innovante car elle évite au
créancier de devoir recommencer une autre procédure avec les risques que cela comporte ; et
124 Op. cit.
125 Article 171 de l’AU sur les PSRVE.126 CCJA arrêt n°007/2002 du 21 mars 2002 affaire Compagnie Camerounaise d’Assurance et de Réassurances dite CCAR C / Ayants droits WOROKOTANG MBATANG et Autres, op.cit.
l’exécution provisoire est en général refusée pour ce qui est de la quotité contestée par le
débiteur notamment lorsque les conditions fixées par l’AU sur les PSRVE ne sont pas
respectées.
PARAGRAPHE 2 : CONTESTATION PORTANT SUR LES ACCESSOIRES DE LA
CREANCE CAUSE DE LA SAISIE
L’article 154 de l’AU dispose clairement que l’acte de saisie <<emporte attribution à
concurrence des sommes pour lesquelles elle est pratiquée ainsi que ses accessoires, mais
pour ce montant seulement …>>. A l’analyse, il ressort de la première branche de cet article
que le montant global est constitué du principal et des accessoires de ce principal. En général,
le paiement du principal ne pose pas de problème car c’est la source de l’exécution forcée. Le
sort des accessoires de la créance cause de la saisie font l’objet d’une controverse quant à leur
détermination. (A) D’où le recours aux juridictions pour l’élaboration des principes de
détermination. (B) des accessoires.
A – LA CONTROVERSE AUTOUR DE LA DETERMINATION DES ACCESSOIRES
DE LA CREANCE CAUSE DE LA SAISIE
Une créance est toujours constituée d’un principal et de ses accessoires. Ainsi lorsque l’on
procède à la saisie de ce principal les accessoires subissent le même sort.127 Au sens du
législateur communautaire, les accessoires du principal sont les intérêts qui continuent de
courir et les frais de procédure. Les intérêts constitués sont ceux qui continuent de courir
dans la limite du mois qui suit la signification de la saisie. Les frais de procédure sont les
dépenses faites par le créancier en vue de la réalisation de la saisie. En pratique des problèmes
surviennent au moment de déterminer quels accessoires entrent dans le montant global de la
saisie. Il s’agit des intérêts qui continuent de courir jusqu’au paiement effectif128qui est censé
127 On dit alors que l’accessoire suit le principal.128 Me Douala MOUTOME Quelques aspects relatifs au tiers saisi actes du séminaire international sur le recouvrement simplifié des créances et des voies d’exécution GICAM, Douala, 5-6 octobre 2004.
intervenir dans le délai d’un mois si tout se passe bien, des honoraires des huissiers et de tous
les autres frais de procédure que justifie la saisie.
La question des honoraires a été réglée par le législateur communautaire à travers
l’article 47 de l’AU129. Leur paiement s’impute en général sur le montant global ; les
honoraires sont des accessoires qui aux termes de l’acte uniforme entre dans le montant global
pour lequel la saisie est pratiquée.
La question des intérêts à échoir a également fait l’objet de réglementation. Ils
n’entrent dans le montant global que s’ils sont effectivement à la charge du débiteur.130 Ils
sont limités dans leur calcul car, seuls ceux qui sont à échoir dans le délai d’un mois suivant la
saisie feront l’objet d’une prise en compte. Malgré cette précision du législateur, en pratique,
on rencontre sur la question des interrogations de divers ordres : la première a trait aux
intérêts qui seront dû au-delà de la période légale d’un mois prévue par le législateur en effet
les renvoies devenus récurrents des dossiers pendants devant le juge de l’exécution au
ministère public pour ses réquisitions induisent en effet des prolongements de procédure plus
ou moins longs131.
Une autre interrogation est celle de l’anatocisme des intérêts générés. En effet si
l’article 1154 du code civil impose qu’ils soient demandés aux juges, ceux-ci à notre avis ne
seront pas nécessairement productifs d’intérêts après le premier paiement .Comme le précise
Me MOUTOME dans son intervention, appliquée à des montants dérisoires, cette question
peut paraître sans importance. Mais en tenant compte des principes et des cas où on est en
présence de montant plus élevé, elle peut présenter un intérêt certain.132
129 <<Les frais d’exécution forcée sont à la charge du débiteur …>> Article47 AU sur les PSRVE.130 Tel était le cas dans l’espèce de la CCJA arrêt n°007/2002 du 21 mars 2002 affaire Compagnie Camerounaise d’Assurance et de Réassurances dite CCAR C / Ayants droits WOROKOTANG MBATANG, décision trouvée sur www.juriscope.org.131 Me Douala MOUTOME op. cit. 132 Les intérêts d’un milliard sont d’une telle consistance qu’il serait intéressant de savoir si on peut les recouvrer.
Une autre interrogation porte sur les accessoires qui doivent entrer dans le montant
global de la saisie. Le législateur ne les ayant pas déterminé. Tel était le cas dans l’espèce
Compagnie Camerounaise d’Assurance et de Réassurances dite CCAR C / Ayants droits
WOROKOTANG MBATANG et Autres 133objet de l’arrêt de la CCJA n°007/2002 du 21
mars 2002. En l’espèce, les juges étaient saisis d’une contestation qui portait sur les intérêts à
payer découlant du principal ; la CCAR a contesté ladite saisie non sur le principe des frais
réclamés en principal pour lesquels elle avait d’ailleurs fait une offre de paiement mais sur des
éléments qui ne devraient pas rentrer dans le solde saisi. Ses contestations portaient sur une
somme (13.700.000 francs CFA) qui avait été considérée par les saisissants comme un
accessoire devant rentrer dans le montant global à saisir. Or pour la CCAR, cette somme
constituait des intérêts qui incombait selon l’article 268 du code CIMA à l’assureur du
véhicule à bord duquel les victimes avaient pris place. La CCAR pensait donc que
conformément aux articles 154 al.1 et 157 al 2(3) de l’AU sur les PSRVE, les intérêts à
considérer comme accessoires devaient être ceux découlant de l’arrêt de condamnation du 02
juin 1998 et non ceux résultant d’une quelconque offre d’indemnité. Ce qui à leur sens
constituait une surévaluation du montant global résultant d’une confusion des accessoires.
B -LA NECESSAIRE DETERMINATION DES ACCESSOIRES DU MONTANT
GLOBAL À SAISIR
Le législateur communautaire seul est à blâmer sur la question de la détermination
des accessoires car il aurait dû les déterminer. La jurisprudence qui aurait dû le suppléer ne l’a
pas fait. En effet, le juge communautaire avait eu là l’occasion de déterminer ce que l’on peut
entendre par accessoire de la créance cause de la saisie. Malheureusement comme le précise
BEBOHI EBONGO Sylvie, <<la cour n’a vraiment pas pu dire ce qu’il faut entendre par
accessoires du montant global à saisir>>.134 Néanmoins, il est une certitude. Les accessoires
133 Op. cit.134 BEBOHI EBONGO Sylvie la saisie attribution dans la jurisprudence de l’espace OHADA p.58.
sont des sommes qui sont liées au principal et qui, bien que distinctes du principal, en
dépendent, ou sont générés par lui.135 Il s’agira alors de tous les frais que la saisie engendrera.
Ceci bien entendu hors mis les dépenses effectuées par le débiteur non muni de titre
exécutoire. Tel qui est généralement le cas136 lorsque le créancier procède à une saisie
conservatoire des comptes bancaire de son débiteur.
CONCLUSION CHAPITRE 1
En conclusion, l’on peut dire que les éléments qui composent la créance cause de la
saisie n’ont pas été bien déterminés par le législateur. Ce qui justifie le contentieux y relatif
qui ne cesse de se développer tant pour ce qui est de la nature des créances cause de la saisie
que pour ce qui est des éléments qui doivent entrer dans le montant global de la saisie. Le
contentieux peut également résulter des parties qui, eu égard à leur comportement, peuvent
voir leur responsabilité établie et des sanctions prises à leur encontre.
135 Voir pour une définition dans ce sens CORNU (G) vocabulaire juridique.136 Article 47 de l’AU sur le PSRVE.
La saisie des comptes bancaires, parce qu’elle porte sur des sommes d’argent, donne
généralement lieu à contentieux. Ce contentieux est tributaire du comportement des acteurs de
la saisie. Plus qu’un contentieux, ce sont des difficultés d’exécution qu’il s’agit. Le législateur
a mis à la charge des parties des obligations qui lorsqu’elles ne sont pas respectées,
compliquent la poursuite de l’exécution. Si dans le cadre de la saisie, le contentieux est lié au
premier chef au comportement du débiteur, la spécificité ici est le fait que le comportement
CHAPITRE 2
LE CONTENTIEUX PORTANT SUR LE
COMPORTEMENT DES ACTEURS DE
LA SAISIE
des autres acteurs que sont le créancier et le tiers saisi est également susceptible d’entraîner
des difficultés d’exécution. Il est donc intéressant d’examiner comment le comportement du
créancier saisissant peut donner lieu à des difficultés d’exécution (SECTION 1) et de
s’intéresser ensuite aux conséquences dommageables que pourrait avoir le comportement
fautif du tiers saisi. (SECTION 2) Nous analyserons bien entendue les éléments constitutifs de
la faute et la sanction qui lui est attachée.
SECTION 1 : LES DIFFICULTES D’EXECUTION LIEES AU
COMPORTEMENT DU CREANCIER SAISISSANT
Le comportement du créancier est susceptible d’entraîner des difficultés d’exécution.
Tel est le fait pour ce dernier d’être inactif ou négligent une fois qu’il a engagé la procédure
(PARAGRAPHE 1) ce qui est sanctionné par une perte de droit conformément à l’article 61
de l’acte uniforme sur les PSRVE (PARAGRAPHE 2)
PARAGRAPHE1 : LA DISCONTINUATION FAUTIVE DE SAISIE
Une fois que le débiteur a déclenché la procédure, il est tenu de la poursuivre jusqu’à
son terme sinon il perdrait alors les droits acquis dans le patrimoine de son débiteur. Son
inaction est appréciée différemment selon que l’on se situe dans le cadre d’une saisie
conservatoire (A) et selon que l’on se situe dans le cadre d’une saisie attribution (B).
A-L’INACTION DU CREANCIER DANS LA SAISIE CONSERVATOIRE DES
COMPTES BANCAIRES
L’inactivité du créancier peut s’apprécier dans le cadre de la saisie conservatoire des
comptes bancaires de deux points de vue :
D’une part, lorsque ce dernier une fois l’autorisation du juge obtenue, ne procède pas à
la saisie137dans les délais prescrits par l’acte uniforme. Cette attitude du créancier est
sanctionnée par l’article 60 qui dispose à cet effet que : <<l’autorisation de la juridiction
compétente est caduque si la saisie conservatoire n’a pas été pratiquée dans un délai de trois
mois à compter de la décision autorisant la saisie>>. Ce délai est institué car les créanciers
véreux pourraient en user afin d’exercer une pression psychologique sur le débiteur et le
pousser à poser des actes qui lui seraient préjudiciables.
D’autre part, lorsque ce dernier ne transforme pas sa saisie conservatoire en saisie
attribution. Dès lors que le créancier a procédé à une saisie conservatoire sur les comptes de
son débiteur, ces comptes sont bloqués et sont rendues indisponibles.138 Ce dernier est alors
tenu d’introduire une procédure de conversion en saisie attribution, ou d’accomplir les
formalités nécessaires à l’obtention d’un titre exécutoire139. Car la conversion en saisie
attribution est conditionnée à l’obtention d’un titre exécutoire et que la plupart du temps, les
créanciers qui procèdent à la saisie conservatoire n’en ont pas, ce délai est constamment
largement dépassé par les créanciers inactifs ou ignorants. Ce qui peut donner lieu à des
contestations rendant ainsi l’exécution difficile. C’est le cas bien souvent lorsque les
créanciers inactifs veulent procéder à la conversion de leur saisie conservatoire déjà caduque
en saisie attribution.
137 Bien entendu, il s’agit ici alors exceptionnellement du créancier non muni d’un titre exécutoire.
138 Article 154 alinéa 2 de l’AU sur les PSRVE.139 Article 61 de l’AU sur les PSRVE <<si ce n’est dans les cas où la saisie conservatoire a été pratiquée avec un titre exécutoire, le créancier doit, dans le mois qui suit ladite saisie, à peine de caducité, introduire une procédure ou accomplir les formalités, nécessaire à l’obtention d’un titre exécutoire>>.
L’inaction est alors caractérisée ici par le fait pour le créancier de ne pas avoir été
assez diligent dans la transformation de sa saisie conservatoire en saisie attribution. Cette
solution est somme toute logique, car le créancier ne saurait bloquer les fonds de son débiteur
de manière fantaisiste. Ces fonds constituant en général l’essentiel des revenus des débiteurs
qu’ils soient des opérateurs économiques ou pas. Le manque de diligence n’est pas caractérisé
de la même manière lorsqu’il s’agit de la saisie attribution.
B- L’INACTION DU CREANCIER DANS LA SAISIE ATTRIBUTION
Une fois qu’il a procédé à la saisie des comptes bancaires de son débiteur, le créancier
doit prendre toutes les mesures pour se faire payer par le tiers saisi. Ainsi en cas de non-
paiement résultant du manque d’initiative de la part du créancier, tel peut être par exemple le
cas d’une banque qui se reconnaît détentrice de fonds pour le compte du débiteur et qui un an
plus tard tombe en faillite. Dans notre exemple le tiers saisi a bel et bien reconnu détenir des
fonds pour le compte du débiteur et les a déjà fait sortir du patrimoine de ce dernier et a
bloqué les fonds. Le créancier qui n’a pas été prompt à se faire payer doit être sanctionné. Il
est donc anormal de lui faire bénéficier de l’avantage d’avoir deux débiteurs d’une part son
débiteur sur qui pèse la créance cause de la saisie et le tiers saisie qui est le détenteur de la
créance objet de la saisie. En effet l’article154 alinéa 4 précise que l’acte de saisie rend le tiers
personnellement débiteur des causes de la saisie dans la limite de son obligation, ce qui fait
qu’en procédant à la saisie il y a eu libération à concurrence des fonds saisie libération du
débiteur. Le tiers saisi en payant se libère par rapport au débiteur et libère le débiteur par
rapport à son créancier. Cette attitude du créancier fait l’objet en jurisprudence d’une sanction
stricte.
PARAGRAPHE 2 : SANCTION DE L’INACTION DU CREANCIER
Conscient du fait que pareille attitude de la part d’un créancier est susceptible de nuire
à la santé financière du débiteur, le législateur a prévu une sanction : la perte de ses droits à
l’égard du débiteur à hauteur de la créance entre les mains du tiers saisi (A); il est également
intéressant de préciser que dans le cadre de la non-utilisation de l’autorisation du juge dans les
délais prescrits par l’AU sur les PSRVE, celle-ci devient caduque. Mais à l’analyse de la
jurisprudence, cette solution mérite d’être appliquée au cas par cas (B)
A – LA PERTE DE SES DROITS A L’EGARD DU DEBITEUR A HAUTEUR DE LA
CREANCE ENTRE LES MAINS DU TIERS SAISI
Dans l’hypothèse où le créancier saisissant n’a pas été payé par le tiers saisi, et
où la saisie ne produit pas son plein effet, il conserve ses droits contre le débiteur. Si ce
défaut n’est pas imputable à sa négligence. Si tel est le cas, <<il perd ses droits à concurrence
des sommes dues par le tiers saisi>> ; c’est à dire qu‘il ne pourra poursuivre le débiteur que
pour ce qui reste de sa créance. 140 Un arrêt de la deuxième chambre de la cour de cassation
du 21 octobre 2004 l’illustre bien141. En l’espèce, une banque avait saisi attribué les loyers
dus à une société immobilière. Cette banque n’obtint pas paiement au bout de plusieurs mois
et saisit le juge. La société immobilière arguât alors que si la banque n’avait pas eu gain de
cause, c’est parce que celle –ci avait été négligente. La cour de cassation française, cassant la
décision d’appel qui avait mal qualifié la négligence donnant lieu à l’absence de paiement,
décidait à cet effet que << d’avril à novembre 2000, (le créancier n’avait avisé la SCI
débitrice ni des paiements effectués au fur et à mesure des échéances, ni des défauts de
paiement et qu’il n’avait entrepris aucune initiative pour mettre en œuvre une action contre
les tiers saisis(…) que la négligence du créancier saisissant était caractérisée >>.142 Il
convient donc de relever143que cette conception de la négligence du créancier est beaucoup
140 COUCHEZ (G). , voies d’exécution, A. Collin, 7 Edt, 2003, n°271, p.138. 141 Cass.2 civ.21 octobre 2004, RTD civ. 20005, p.189, obs. Perrot R.
142 CASS 2. civ. Décision précitée.143 Voir dans ce sens le Lamy droit de l’exécution forcée saisie attribution droit commun étude 405 -180 Lamy SA –Novembre 2005 vol.1.
plus exigeante que celle des juges du fond, dans la mesure où ce qui est attendu du créancier
ce n’est pas d’avoir laissé échapper le paiement à une époque où le tiers saisi était encore
solvable, c’est, et même avant le défaut de paiement du tiers saisi soit avéré, de prendre toutes
les <<initiatives >> pour l’éviter, ce qui va du simple rappel à la mise en demeure et si
nécessaire à l’<<action>> que lui reconnaît l’article 64 du décret de 1992144 ; ce qui à notre
avis est équilibré car avant de chercher à faire renaître la créance qui était censée éteinte, le
créancier doit avoir déjà épuisé toutes les voies et moyens qui lui auraient permis de se faire
payer145. Certainement que cette solution sera adoptée par le juge communautaire.
Il convient tout de même de préciser que si telle solution est adoptée, elle ne doit pas être
systématisée car en pratique la donne est différente.
B -UNE SOLUTION A APPLIQUER AU CAS PAR CAS
La solution gagne peut être à être appliquée; mais doit-on sacrifier sur l’autel de l’efficacité
des procédures et la célérité dans les affaires, les intérêts d’un créancier face à un débiteur
qui pourrait user de tous les avantages que la loi lui reconnaît pour empêcher à son
créancier inexpérimenté de parvenir à ses fins ? Il serait alors très préjudiciable au
créancier qui est bloqué par les lenteurs judiciaires de se retrouver dans une pareille
situation, d’autant plus que dans l’espèce précitée, l’on avait déjà remarqué que la décision
était d’une rigueur exagérée. On pourrait penser que l’inactivité ne devrait pas s’entendre
du fait pour le créancier de n’avoir pas multiplié les requêtes en paiement chez le tiers saisi
car tel n’est pas à notre avis le but de la procédure. Nous pensons donc que l’on devrait
ramener cette obligation de diligence à la charge du créancier, au fait pour ce dernier de
n’avoir pas réagi promptement dès lors que les fonds étaient bloqués afin de se faire payer
ou alors que ce dernier n’ait pas procédé aux formalités de conversion de la saisie
144 Cet article correspond en droit uniforme à l’article 168 de l’AU sur les PSRVE.145 PERROT (R), procedures, 2005, n°37, p.12.
conservatoire en saisie attribution une fois qu’il a entamé la procédure d’obtention du titre
exécutoire.
L’on peut dire que le créancier à chaque fois qu’il aura engagé une procédure de saisie
des comptes de son débiteur devrait de se montrer très expéditif dans la mise en œuvre des
droits qu’il tire de la procédure; sinon cela pourrait les faire disparaître. Le comportement du
débiteur n’est pas le seul à influencer la procédure de saisie des comptes. Il y a aussi et surtout
le comportement du tiers saisi qui au delà des difficultés d’exécution que posent celui du
débiteur aboutit en général à un contentieux.
SECTION 2 : LE CONTENTIEUX LIE AU COMPORTEMENT
FAUTIF DU TIERS SAISI
Le législateur communautaire met à la charge du tiers saisi plusieurs obligations. Si pour
certains d’entre eux ces obligations sont simplifiées, 146elles sont des plus contraignantes pour
le banquier tiers saisi. Ainsi aux termes de l’acte uniforme, le tiers saisi ne saurait faire
obstacle à la procédure de saisit 147 mais en plus, le tiers saisi est tenu d’apporter son concours
lorsqu’il est requis et on le sait dans le cadre de la saisie des comptes bancaires le législateur
lui impose deux principales obligations une de déclaration et une autre de communication.
Leur non-respect constitue des attitudes fautives du tiers saisi (PARAGRAPHE 1) auxquelles
le législateur a associé des sanctions très précises (PARAGRAPHE 2)
PARAGRAPHE 1 : LES ATTITUDES FAUTIVES DU TIERS SAISI
Le tiers saisi peut voir son comportement qualifié de fautif dans deux hypothèses. Il
pèse sur lui des obligations positives ou négatives : tel est le cas de manière générale lorsque 146 Voir dans ce sens LANDZE (R, D) op.cit.147 Article 38 de l’AU sur les PSRVE <<les tiers ne peuvent faire obstacle aux procédures en vue de l’exécution ou de la conservation des créances... >>.
ce dernier fait obstacle à la poursuite de l’exécution (A) et de manière spécifique à la saisie
des comptes bancaires le non-respect des obligations que lui impose le législateur (B)
A- LA RUPTURE DE SON OBLIGATION D’ABSTENTION
Le tiers apparaît de manière classique comme un troisième personnage dans la saisie
des comptes bancaires. L’acte uniforme en son article 38 pose clairement que ce dernier ne
saurait faire obstacle à la saisie, qu’elle soit conservatoire ou attributive. Cet article 38 de
l’AU prévoit que le tiers saisi est tenu d’une obligation d’abstention148. Constitue donc une
attitude fautive le fait pour le débiteur de s’opposer à ce que la saisie se poursuive
paisiblement ou suive son court normal. Ainsi, pourront être considérés comme des actes
d’obstruction le fait pour le tiers saisi de ne pas laisser accès à ses locaux aux huissiers de
justice ou à tout autre agent d’exécution ou encore le fait pour le tiers saisi de ne pas se
montrer coopérant.
De même, le fait pour le débiteur de manipuler le solde du compte saisi constitue
également un frein à l’exécution ; car en le faisant, le tiers saisi est susceptible de freiner la
poursuite de la procédure.149 Tel était le cas dans l’espèce de la CCJA en date du 10 janvier
2002, Banque of Africa Côte d’Ivoire dite BOA contre la Banque de l’Habitat cote d’ivoire
dite BCHI où lors de la signification du procès verbal de la saisie- attribution, avait déclaré
détenir pour le compte de la société GEOBETON un compte courant débiteur de 302085 CFA
et un compte à terme créditeur de 20.000.000 de francs. Mais au moment du paiement la BOA
n’avait finalement versé à la BHCI que 2.697.915 francs déclarant que ces sommes
constituaient le solde du compte de la société GEOBETON << après avoir passé les
écritures des opérations en cours au jour de la saisie>>. Ce qui n’est pas faux, mais alors
comment savoir s’il n’y a pas eu manipulation des fonds par le tiers saisi.
148 ASSI ESSO (A-M) et NDIAW (D) op. cit. P.49. 149 Voir article de LANDZE (R, D) op.cit. P.2.
Constitue également des obstructions le fait pour le débiteur d’exercer un contrôle sur
les documents qui lui sont remis par le créancier saisissant. En effet, le législateur ne dit pas
si le tiers a un pouvoir de contrôle poussé sur les documents ou alors si ce dernier n’a qu’à se
conformer à une régularité formelle.150 .
A coté de cette obligation, le législateur l’astreint au respect d’obligations diverses.
B- LE NON-RESPECT DES OBLIGATIONS POSEES PAR L’ARTICLE 156
DE L’AU
Si le droit antérieur imposait au débiteur des obligations plus nombreuses151, le
législateur communautaire lui a simplifié la tâche et ramène ces obligations au nombre de
deux : l’une concerne l’obligation de renseignement du tiers saisi et l’autre la conservation
des fonds saisis dont il est comptable152.
Le tiers saisi est donc tenu d’indiquer à l’huissier instrumentaire le solde des comptes
du débiteur qu’il détient pour le compte du débiteur. Il est par ailleurs tenu de lui faire cette
déclaration sur place et lui communiquer des pièces justificatives. Mais également constitue
le non-respectt de ses obligations le fait pour le tiers saisi de se libérer des fonds alors que
ceux –ci font déjà l’objet de saisie. Ces abstentions de la part du tiers saisi constituent à n’en
point douter des causes de sanctions telles qu’elles sont prévues par le législateur
communautaire.
PARAGRAPHE 2 : LES CONSEQUENCES ATTACHEES A LA FAUTE DU TIERS
SAISI
150 Ceci se comprendrait d’ailleurs car sur ces derniers pèsent des obligations contractuelles concernant ces sommes qui lui sont remisent par le débiteur et il serait malheureux de devoir payer alors que cela aurait ou être évité s’il avait été un tout peu plus diligent.151 Dans la saisie arrêt, le tiers saisi était tenu d’une obligation de renseignement à deux stades : lors de la signification de l’exploit de saisie arrêt et lors de l’assignation en déclaration affirmative. Droit et pratique des voies d’exécution sous la direction de GUINCHARD (S) et MOUSSA (T) Dalloz 2004 p.639 n°821.40.152 Sur la question voir chapitre 1.
La sanction du tiers saisi dépendra, selon qu’il s’agit d’une condamnation aux
causes de la saisi ou alors que la juridiction le condamne à payer des dommages intérêts aux
créanciers à qui il aura certainement causé des dommages. (A) Mais à la lecture des textes qui
gouvernent la procédure, on se rend bien compte que ces solutions sont inopérantes envers
certains tiers saisis. (B)
A- LA SANCTION DU COMPORTEMENT FAUTIF DU TIERS SAISI
Ces sanctions visent à contraindre le tiers saisi à s’exécuter. Elles sont pour la plupart
prévues par le législateur communautaire. D’autres résultent tout simplement de la pratique
judiciaire.153 Il s’agit de la condamnation aux causes de la saisie (1) qui s’accompagne du
prononcé d’astreinte (2) afin de pousser le tiers saisi à s’exécuter.
1- LA CONDAMNATION AU PAIEMENT DES CAUSES DE LA SAISIE ET AUX
DOMMAGES ET INTERETS
L’acte uniforme pose en son article 156 le principe des sanctions. Il dispose à cet
effet que <<… toute déclaration inexacte, incomplète ou tardive expose le tiers saisi à être
condamné au paiement des causes de la saisie, sans préjudice d’une condamnation au
paiement de dommages intérêts. Ce texte ne pose cependant aucune sanction en cas de non-
communication des pièces, alors que cette obligation vient compléter et crédibiliser les
informations données par le tiers saisi.
Généralement c’est le non-respect de son obligation de déclaration qui est
sanctionné chez le tiers saisi. C’est la sanction qui intervient en cas de mauvaise foi du tiers
saisi dans l’exécution de son obligation d’information. Par exemple, une déclaration
mensongère ou inexacte.154 Ceci nous amène à nous interroger sur la portée de cette
153 BEBOHI (E, S) La saisie attribution dans la jurisprudence de l’espace OHADA p.60 mémoire précité.154 Une circulaire du ministère de la justice au Cameroun précisait que lorsqu’il est prouvé que le tiers saisi a fait une déclaration mensongère (par exemple pour dire qu’il ne détient aucune somme appartenant au débiteur saisi alors que c’est tout le contraire), il doit être condamné au paiement des causes der la saisie, sans autre forme de procès.
condamnation que les juridictions ne manquent pas d’appliquer155. En droit français la
condamnation porte sur toute la créance cause de la saisie. Ainsi la condamnation entraîne
paiement par le tiers saisi, << à la demande du créancier des sommes dues à ce dernier>> 156
et non pas seulement des <<causes de la saisie dans la limite des sommes dont le tiers saisi
est redevable envers le débiteur>>157. Nous pensons et telle est la position adoptée par les
juridictions communautaire158 que cette solution française est très sévère et qu’il faudrait que
l’on limite la sanction à hauteur de la créance entre les mains du tiers saisi159. Ainsi dans une
espèce, la Standard Chartered Bank avait refusé de faire des déclarations et communication
des pièces justificatives requises conformément à l’article 156 alinéa 1 de l’acte uniforme sur
les voies d’exécution. La cour d’appel condamna celle-ci solidairement avec le débiteur au
paiement des causes de la saisie. Ceci est à saluer car le juge répond ici à un besoin exprimé
par les justiciables face à la mauvaise foi des tiers saisis qui se croyaient à l’abri des foudres
de la justice.
Une question demeure celle de savoir quelle sanction appliquer en cas de refus
de communiquer les pièces comme cela est prévu à l’article 156 alinéa 2.Il ne ressort nul part
de l’AU qu’une sanction peut être prise à l’encontre du tiers saisi en cas de manquement à
cette obligation. Dès lors on peut penser que le législateur a entendu laisser la liberté au tiers
de fournir ou non les documents qui pourraient éventuellement être demandé par le créancier
saisissant. Les juridictions nationales font application de la même sanction qu’en cas de non-
déclaration ou de déclaration inexacte160 . En droit français la non-communication ne peut
155CCJA 19 juin 2003 Affaire SOCOM c/Société Générale des Banques au Cameroun et BEAC décision trouvée sur le site www.juriscope.org .156 TGI de Cherbourg, Jex, 8 déc. 1993, D.1994, 291, note R. Martin ; cit. .1994, P.687, obs. Perrot ; Rev.huissiers1994, 1425.157 TGI Lyon, Jex, 7 déc.1993, JCP E 1994, PAN .673.158 TPI de Douala, ordonnance de référé n° 225 du 29 décembre 2000 affaire société des Hospices du Cameroun en liquidation contre Standard Chartered Bank.159 CCJA arrêt n° 1 du 08 janvier 2004, Affaire SGBC c/ Hollywood Hôtel. 160 TPI de Douala, ordonnance de référé n° 225 du 29 décembre 2000 affaire société des Hospices du Cameroun en liquidation contre Standard Chartered Bank précité où la banque avait refusé de faire des déclarations et communications des pièces justificatives requises conformément à l’article 156 alinéa 1 de l’AU sur les PSRVE.
donner lieu qu’au paiement de dommages et intérêts. Ainsi, la cour de cassation française a
censuré une décision d’une cour d’appel qui a jugé que le défaut de fourniture des pièces
justificatives, sans motifs légitimes, entraîne condamnation du tiers saisi au paiement des
sommes dues au créancier.161 Mais que le manquement à l’obligation de fournir les pièces
justificatives ne peut donner lieu qu’au paiement, s’il y a lieu, de dommages –intérêts.162
Nous pensons que telle devrait également être la solution à retenir par les juges
communautaires. En cas de réticence de la part du tiers saisi, le juge peut assortir sa décision
d’astreinte.
2- LE PRONONCE DE L’ASTREINTE
L’astreinte est un procédé destiné à obtenir l’exécution d’une décision de justice.
C’est une mesure de contrainte utilisée de manière fréquente par les juges afin de contraindre
le tiers saisi à s’exécute. Elle consiste pour le juge, à condamner une personne à une somme
d’argent à raison de tant par jour (ou semaine ou mois) de retard163 .
Selon BEBOHI EBONGO Sylvie, ont constate que les astreintes <<sont prononcées en
l’absence de toute résistance et elles accompagnent de plus en plus les ordonnances de saisie
attribution pour briser les velléités d’inexécution surtout envers les banques >>.164 On peut
citer à titre d’illustration l’espèce Société des Hospices du Cameroun contre Standard
Chartered Bank où le juge face à la réticence de la banque à s’exécuter a accompagné sa
décision d’une astreinte <<200.000 F par jour de retard à compter de sa signification>>165 .
Tel était également le cas dans l’espèce SGBC c/Hollywood Hôtel où les juges
161 C.A. Montpellier, 10 janv.2000, RD Bancaire et financier 2000, p.179, obs. DELLICI (J, M).162 Cass. 2 civ. ,20 déc. 2001, Bull. civ. II, n°205 ; RD Bancaire et Financier 2002, n°67, obs. DELLICI (J, M) ; JCP G 2002, IV, 1214.163 GUILIN (R) et Vincent (J) Lexique des termes juridiques 13 Edt. 2001 p.53.164 BEBOHI (E, S) La saisie attribution dans la jurisprudence de l’espace OHADA p.65 mémoire précité
165 TPI de Douala, ordonnance de référé n° 225 du 29 décembre 2000 affaire société des Hospices du Cameroun en liquidation contre Standard Chartered Bank précité.
communautaires ont déclaré inutile le prononcé d’une astreinte alors que le tiers avait déjà
accepté de se libérer des fonds.
On constate de plus en plus que les astreintes sont prononcées de manière exagérée
au point où leur montant en cas d’inexécution peuvent concurrencer voir dépasser le montant
pour lequel la saisie est pratiquée. Tel était déjà le cas dans l’espèce Sech Hollywood Hôtel
contre la succession Paul SOPPO PRISO où l’astreinte avait été prononcée à un des taux les
plus élevés dans la jurisprudence (614.000.000 F CFA), tout cela pour sanctionner le refus de
restituer un chèque de cinq millions de francs. D’avis avec Me IPANDA, nous pensons qu’il
serait intéressant et souhaitable que le législateur freine << la hardiesse des décisions prises
par nos tribunaux et cours en matière d’astreinte pour que ce domaine très sensible ne
dépende plus de la longueur des pieds des magistrats selon la juste expression du professeur
Malaurie>>.166
Même si ces solutions sont très efficaces, elles sont inopérantes face à certain tiers saisi.
B –UNE SOLUTION INOPERANTE ENVERS LA BANQUE CENTRALE
Ces solutions sont inopérantes lorsque l’on se trouve en face d’une banque centrale
notamment lorsque celle-ci fait l’objet de condamnation aux causes de la saisie. L’AU lui-
même précise en son article 30 que << l’exécution forcée et les mesures conservatoires ne
sont pas applicables aux personnes qui bénéficient d’une immunité d ‘exécution>>. Tel est le
cas des banques centrales. Non seulement il est impossible de procéder à une saisie
conservatoire sur des comptes qu’elles détiennent pour le compte des débiteurs mais
également on ne peut la condamner aux causes de la saisie car elle jouit de l’immunité
d’exécution.
166 Me IPANDA, obs. sur les arrêts de la C.A. du littoral ,arrêt n° 118 /Ref du 27 sept 1999 Célestin BALENG Maah contre Hollywood Hôtel ;n° 16/Ref du 25 oct.1999 Célestin BALENG Maah contre Hollywood Hôtel ; citées par BEBOHI EBONGO op. cit.
Les banques de second ordre sont tenues d’ouvrir des comptes à la banque centrale. Ce qui
fait que celle-ci se retrouve constamment dans la qualité de tiers saisi. Lorsqu’elles sont tiers
saisis notamment lorsque l’on procède directement à une saisie sur les comptes de ces
banques auprès de celles-ci, les banques centrales ne respectent pas toujours les règles
prescrites par le législateur communautaire et font très souvent l’objet de condamnation aux
causes de la saisie. Seulement, les banques centrales ne sauraient en vertu de la législation
communautaire elle-même 167 faire l’objet de condamnation ou de saisie de toute forme. Elle
prévoit en son article 30 alinéa 2 que l’exécution forcée et les mesures conservatoires ne sont
pas applicables aux personnes qui bénéficient d’une immunité d’exécution. L’immunité
d’exécution est une faveur exceptionnelle de la loi en vertu de laquelle certains débiteurs ne
peuvent faire l’objet d’une exécution forcée. Il convient de préciser qu’elle se distingue de
l’insaisissabilité qui est le caractère de ce qui ne peut faire l’objet de saisie. L’immunité
empêche le déclenchement de toute procédure d’exécution forcée à l’encontre du débiteur,
alors que l’insaisissabilité, empêche seulement le créancier d’aller jusqu’au bout de son
entreprise.168 Si l’immunité est une mesure particulière aux saisies en général, elle prend un
rôle particulier dans le cadre de la saisie des comptes d’argent notamment lorsque s ‘agit
d’une banque centrale que l’on condamne aux causes de la saisie. En vertu de son statut par
exemple la BEAC ne saurait pour ainsi dire être condamnée au paiement des causes de la
saisie efficacement car s’il est possible de saisir les avoirs des banques de second ordre
lorsqu’elles sont réticentes à s’exécuter tel ne sera pas le cas des banques centrales qui
excipent souvent leur immunité de juridiction. Cette condamnation lorsqu’elle intervient
n’aboutira certainement pas au paiement à moins que la banque elle-même y consente. Celle-
ci excipera ses accords de siège afin de ne pas souffrir de devoir exécuter de sanction. Nous
167 Article 30 précitée.168 SOH (M), insaisissabilité et immunités d’exécution dans la législation OHADA ou le passe droit de ne pas payer ses dettes, Juridis périodique n°5, juillet – août- septembre 2002, p.89 et s.
pensons donc qu’il serait intéressant que le législateur intervienne afin de remettre de l’ordre
dans ce domaine où on le sait des sommes énormes sont en jeu.
Nous pouvons dire que si en vue de préserver le secteur bancaire, les banques
centrales sont amenées à protéger les banques envers lesquelles des voies d’exécution sont
dirigées, celle ci ne saurait engager sa responsabilité même si elle bénéficie d’une immunité
d’exécution ; sinon elle conforterait les banques secondaires dans l’idée selon laquelle les
avoirs qu’elles déposent à la banque centrale bénéficient également des immunités or tel n’est
pas le cas. Cette immunité ne préservant que les biens et avoirs de la banque elle-même.
CONCLUSION CHAPITRE 2
Au terme de ce chapitre nous nous sommes rendu compte que lors de la saisie le
comportement des acteurs à la procédure peut donner lieu à sanction selon qu’il exécute
conformément à la législation les obligations à leur charge ou pas. Seulement nous pensons
qu’il serait intéressant que le législateur interviennent à nouveau pour ce qui est de l’astreinte
qui nous l’avons fait remarquer, est mal utilisée par la jurisprudence.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre étude sur la saisie des sommes d’argent entre les mains des
banques, il apparaît que cette saisie est spécifique à plus d’un titre. Cette spécificité se ressent
tant au niveau de la mise en œuvre que du contentieux.
Au niveau de la mise en œuvre, l’on a perçu des particularités de deux ordres qui
tranchent avec les autres types de saisies. La première particularité est l’éventail de
responsabilités qui sont mises à la charge du tiers saisi alors que par définition, il est étranger
à la procédure. A l‘analyse, les obligations qui sont mises à la charge du banquier le pousse à
rompre l’obligation de réserve qui entoure la profession qu’il exerce. Ce qui fait dire à
certains que le législateur communautaire a institué là une véritable délation officielle en
matière de saisie bancaire. Il serait d’ailleurs à notre avis judicieux de la part du législateur de
recadrer cette obligation qui ne manque pas de donner lieu à des dérives auxquelles le
législateur ne s’attendait pas.
La deuxième particularité est celle qui porte sur les biens qui sont visés par la
procédure de saisie. Ceux ci sont des biens meubles mais ils sont incorporels et sont
matérialisés par un simple jeu d’écriture chez le banquier. Cet état de chose est de nature à en
rendre la saisie difficile et l’impossibilité de les percevoir entraîne des risques de
manipulation frauduleuse. Problème auquel l’acte uniforme n’a pas manqué d’apporter des
solutions. Ainsi, le législateur, vu le rôle accru que jouent les comptes en banque dans la vie
des personnes qui en ont, a –t-il pris le soin de déterminer quels biens peuvent faire l’objet de
saisie. Seulement il faudrait que ce dernier suppléé par la haute juridiction communautaire
apporte des précisions sur la saisissabilité de certains biens tel les ouvertures de crédits.
L’autre volet spécifique à cette forme de saisie se retrouve au niveau du contentieux
né à l’occasion de la saisie des sommes d’argent entre les mains des banques. Ces
particularités sont liées soit aux biens soit au comportement des acteurs à la procédure.
Pour ce qui est des biens, le contentieux est lié à l’origine des fonds saisis, porte sur les
fonds saisis eux-mêmes. Pour ce qui est de l’origine des fonds saisis, l’on peut relever que les
comptes reçoivent plusieurs types de biens ayant une importance particulière dans la vie du
débiteur tel son salaire. Cet état de chose a donné naissance en jurisprudence communautaire
à un type nouveau de compte, les comptes dits de virements de salaires qui ne sauraient à leur
avis faire l’objet de saisie. A notre avis tel ne doit pas être la solution, car ce serait
restreindre le domaine de la saisie des comptes bancaires.
Pour ce qui est du comportement des acteurs à la procédure, nous avons vu que leur
comportement peut également donner lieu à contentieux selon qu’ils respectent ou non les
obligations mises à leur charge par le législateur communautaire. Le non-respect de ces
obligations donne lieu en jurisprudence à une application stricte des sanctions légales voire à
un usage abusif au niveau du prononcé des astreintes en jurisprudence.
L’on se rend bien compte des avancées dans l’organisation de la procédure de
saisie des comptes d’argent entre les mains des banques. Mais comme toute œuvre humaine,
nous pensons qu’il y a encore des choses sur lesquelles le législateur devrait revenir et y
apporter des précisions afin de rendre à la saisie des comptes d’argent entre les mains des
banques l’efficacité recherchée. En pratique, celle ci demeure complexe d’où le contentieux
parasite qui se développe autour de cette procédure.
ANNEXES
----- Ordonnance de référé n°29 du 25 janvier 2002 ,TPI de Bafoussam, Affaire CAMTEL c/
FOKAM KAMGA Frank, BICEC, NDJIONDJIOP Christine, KAPPI Charlotte.
-----Ordonnance de référé n°57 du 5 avril 2002, TPI de Bafoussam. Société Générale de
Banque au Cameroun c/ banque des Etats de l’Afrique Centrale et succession YEMTSA
Moussa.
-----CCJA, Arrêt n°004 : 2002 du 10 janvier 2002.Banque of Africa Côte d’Ivoire dite BOA
c/ Banque de l’Habitat de Cote d’Ivoire dite BHCI.
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-Procédure civiles d’exécution et droit bancaire RTD civ.1993 n° spécial
reforme des procédures civiles d’exécution (sous la direction de R.PERROT)
MOUTOME (D) Le sort des intérêts lors de la saisie des sommes d’argents entre les
mains d’un tiers, acte du séminaire international sur le recouvrement des créances et les
voies d’exécutions, GICAM Douala 5-6 octobre 2004
MARSAL (H, F) Le rôle du banquier tiers saisi face à la saisie attribution petites affiches
n°3, 6 janvier 1993
PUTMAN(E) Retour sur le droit de ne pas payer ses dettes RRJ 1994
SIMLER (P) De quelques lacunes du dispositif législatif relativement à la saisissabilité
des revenus des époux en régime de communauté. In Droit et actualité. Etudes offertes à
J.BEGUIN, éditons Lexis Nexis.p.689 et s.
V - CODES
Code civil, in codes et lois du Cameroun Gaston-Jean BOUVENET et René BOURDIN.
Code général des impôts 2002.
Code procédure civile, in codes et lois du Cameroun Gaston –Jean BOUVENET et René
BOURDIN.
VI- JURISPRUDENCE
Décisions de justice
C.A. Lyon, 3 dec.1997, D, Affaires 1998, p.155, obs. J. F. CREDOT ; JCP G 1999, IV, 1438 ; RGDP 1998, 524, obs. PUTMAN (E).
C.A. de Lyon, 20 janvier 1999, SA ERNOVAL c/ Lyonnaise des banques, registre n° 97/03162, inédit citée par S. GUINCHARD et T. MOUSSA, droit et pratique des voies d’exécution, Dalloz 2004-2005, p.640.
Ordonnance de référé n°218 du 16 décembre 1999 affaire Dame TAGNY née KAMDEM FOTSO Alice c/NGNINTEDEM Bavoua Joseph – BICEC ;
ordonnance de référé n°489 /c du 23 mars 2000 Affaire NJIKE Gilbert c/ NJIKE Betoni Sylvie et BICEC,
Ordonnance de référé n° 403/C du 02 mars 2000 Affaire NEMBA Gabriel c/ BAYEMI marie madeleine.
TPI de Douala, ordonnance de référé n° 225 du 29 décembre 2000 affaire société des Hospices du Cameroun en liquidation contre Standard Chartered Bank.
CCJA arrêt n°007/2002 du 21 mars 2002 affaire Compagnie Camerounaise d’Assurance et de Réassurances dite CCAR C / Ayants droits WOROKOTANG MBATANG et Autres, op.cit.
CCJA, arrêt n°004/2002 du 10 janvier 2002.Banque of Africa Cote d’Ivoire c/ Banque de l’habitat Cote d’Ivoire in juridis périodique n°54 Avril-Mai-Juin 2003 p.115. CCJA, Arrêt n°004/2002 du 10 janvier 2002. Banque of Africa Cote d’Ivoire c/ Banque de l’habitat Côte d’Ivoire in juridis périodique n°54 Avril-Mai-Juin 2003 p.115.
C.A. Abidjan arrêt n°248 du 7 mars 2003 Epoux KOMENAN C/ BICICI, décision trouvée sur www.ohada.com..
CCJA 19 juin 2003 Affaire SOCOM c/Société Générale des Banques au Cameroun et BEAC décision trouvée sur le site www.juriscope.org .
CCJA, Arrêt n° 27/2004 du 15 juillet 2004, affaire Mobil Oil C/Les Centaures Routiers, Compagnie Ivoirienne d’Electricité dite CIE&SCB décision trouvé sur www.juriscope.org.
CCJA arrêt n° 1 du 08 janvier 2004, Affaire SGBC c/ Hollywood Hôtel..
AVIS DE LA CCJA : Avis n° 001/2001/EP du 30 avril 2001, RJCCA n° spécial, janvier 2003, p.74.
INDEX ALPHABETIQUE
AAccessoires: 60, 62, 65 60, 62, 65
Attribution : 45, 46, 47, 53, 82
Astreinte : 77
Avis à tiers détenteur : 48, 49, 51
BBanque centrale : 78
Blocage :21
CConcours de saisie : 45, 48, 49
Compte courant : 31, 32
Compte à terme : 33
Compte joint : 12
Compte de garantie :34
Créances: 37, 38
Condamnation (aux causes de la saisie) : 75, 76, 78
Contre passation : 43
EExecution provisoire: 61, 62
I Indivisibilité : 31
Insaisissable : 57, 58, 59
Indisponibilité :40, 54
Intérêts : 60, 62
Imputation :43, 44
LLiquidation : 40, 41
PPaiement : 22, 23, 25, 26, 46
Provisoire ( solde) : 57, 58, 59
R
Reforme (des voies d’exécutions) : p.2, 3, 9
SSaisie :-Conservatoire : 2, 49, 53
-attribution : 2, 53, 82
Saisissabilité :31 ,33, 34, 56
Solde :35, 36, 42, 43
Signification:54
TTitre (exécutoire) : 5
TABLE DES MATIERES
DEDICACES…………………………………………………………………………...II
REMERCIEMENTS…………………………………………………………………...III
SOMMAIRE…………………………………………………………………………...IV
RESUME…………………………………………………………………………….….V
ABSTRACT …………………………………………………………………………....VI
INTRODUCTION GENERALE…………………………………………………………1
TITRE I : Les règles spécifiques à la mise en œuvre de la saisie des avoirs bancaires …9
CHAPITRE 1 : Les particularités liées à la nature triangulaire de l’opération…………10
SECTION 1 : Le devoir de coopération du banquier tiers saisi…………………………11
PARAGRAPHE 1 : L’institution d’une obligation déclaration rompant le secret bancaire11
A-la déclaration des comptes tenus pour le compte du débiteur…………………….. ….12
B-la déclaration des modalités affectant le solde des comptes du débiteur……………….15
PARAGRAPHE 2 : L’institution d’une obligation de communication des pièces
justificatives……………………………………………………………………………….17
SECTION 2 : Le devoir de règlement du banquier après la saisie………………………. 20
PARAGRAPHE 1 : L’obligation de conservation des fonds rendus indisponibles…………20
A- L’obligation de bloquer les fonds saisis…………………………………………………21
B- Le tiers saisi est comptable des fonds saisis………………………………………… …21
PARAGRAPHE 2 : L’obligation de paiement du banquier en cas de saisie des comptes
bancaires………………………………………………………………………………. …..22
A- L es hypothèses donnant lieu à paiement……………………………………………. …23
1- Le paiement immédiat en l’absence de contestation…………………………………….23
2- Le paiement différé en cas de contestation………………………………………………24
C- La libération des fonds saisis……………………………………………………25
Conclusion chapitre1………………………………………………………………..28
CHAPITRE 2 : Les spécificités liées à la nature des biens saisis…………………………...29
SECTION1 : Les comptes et éléments susceptibles d’être saisi……………………….……30
PARAGRAPHE1 : Les comptes visés par la loi……………………………………….…….30
A- La saisissabilité du compte courant……………………………………………………….31
B- La saisissabilité des comptes à terme……………………………………………………..33
C-les particularités du compte de garantie…………………………………………………...34
PARAGRAPHE2 : Les éléments saisissables………………………………………….…….35
A- Tout le solde du compte est saisissable……………………………………………….…..36
B- Les éléments saisissables du compte……………………………………………………...36
1- Le sort des sommes provenant des créances insaisissables……………………………….37
2-L’insaisissabilité partielle des gains et salaires d’un époux commun en biens…………….38
SECTION 2 : Le régime juridique des biens saisis…………………………………………39
PARAGRAPHE 1 : L’indisponibilité des avoirs saisis………………………………..….…40
A- L’institution d’une indisponibilité totale…………………………………………….……40
B- Le dénouement des opérations en cour…………………………………………………...41
1-les opérations en cours………………………………………………………………….….42
a- Les opérations créditrices…………………………………………………………………42
b-Les opérations débitrices……………………………………………………………….….43
2-L’imputation des résultats de la liquidation sur le compte saisi……………………………43
PARAGRAPHE 2 :L’attribution immédiate des fonds saisis………………………………..45
A- Le sens de la notion <<d’attribution immédiate>>…………………………………….45
1-L’attribution immédiate une fiction juridique…………………………………………….46
2- La créance attribuée : une propriété conditionnelle pour le créancier……………………46
B- L’inefficacité du concours en cas de pluralité de saisies…………………………………48
1-En cas de concours de saisie entre particuliers………………………………………….48
2- En cas de concours entre un avis à tiers détenteur et une saisie des comptes bancaires49
Conclusion chapitre2…………………………………………………………………….51
CONCLUSION TITRE…………………………………………………………………52TITRE II : Le contentieux spécifique à la saisie des sommes d’argent entre les mains des
banques …………………………………………………………………………………..54
CHAPITRE 1 : LES CONTESTATIONS PORTANT SUR LES SOMMES SAISIS…….54
SECTION 1 : Les contestations portant sur l’origine des fonds saisis…………………...55
PARAGRAPHE 1 : Les fonds provenant des salaires ……………………………………55
A- Le rejet en jurisprudence de la saisissabilité des comptes dits de <<virements de salaires
>>………………………………………………………………………………………………56
B- L’insaisissabilité des comptes dits de <<virement de salaires >> une solution sans
fondement…………………………………………………………………………………….…57
PARAGRAPHE 2 : Les fonds saisis provenant d’autres créances insaisissables ………….58
SECTION 2 : LES CONTESTATIONS PORTANT SUR UNE PARTIE DE L’ASSIETTE
DE LA SAISIE………………………………………………………………………………60
PARAGRAPHE 1 : La contestation portant sur une partie de la créance…………………...60
A – La prise d’effet immédiat de la saisie pour la fraction non contestée de la créance….…61
B- La possible exécution provisoire pour la tranche contestée………………………………61
PARAGRAPHE 2 : Contestation portant sur les intérêts et accessoires de la créance cause de
la saisie……………………………………………………………………………………….62
A – La controverse autour de la détermination des accessoires de la créance cause de la
saisie………………………………………………………………………………………….63
B – La nécessaire détermination des accessoires du montant global…………………………65
Conclusion chapitre1……………………………………………………………………….66CHAPITRE 2 : LE CONTENTIEUX PORTANT SUR LE COMPORTEMENT DES
ACTEURS DE LA SAISIE…………………………………………………………………67
SECTION 1 : LES DIFFICULTÉS D’EXECUTION LIEES AU COMPORTEMENT DU
CREANCIER SAISISSANT……………………………………….………………………68
PARAGRAPHE 1 : La discontinuation fautive de la saisie………………………………..68
A- L’inaction du créancier dans la saisie conservatoire des comptes bancaires……………68
B- L’inaction du créancier dans la saisie attribution……………………………………….69
PARAGRAPHE 2 : Sanction de l’inaction du créancier………………………………….70
A- La perte de ses droits à l’égard du débiteur à hauteur de la créance entre les mains du
Tiers saisi……………………………………………………………………………………70
B- Une solution à appliquer au cas par cas………………………………………………….71
SECTION 2 : LE COMPORTEMENT FAUTIF DU TIERS SAISI……………………….72
PARAGRAPHE 1 Les attitudes fautives du tiers saisi ……………………………………..73
A- La rupture de son obligation d’abstention………………………………………..……...73
B-L e non-respect des obligations posées par l’article 156 de l’AU………………………….74
PARAGRAPHE 2 : Les conséquences attachées à la faute du tiers saisi ………………….75
A- La sanction du comportement fautif du tiers saisi…………………………………………75
1- La condamnation aux causes de la saisie et aux dommages
intérêts……………………………………………………………………………..75
2- Le prononcé de l’astreinte………………………………………………………...77
B- Une solution inopérante envers la banque centrale………………………………………..78
Conclusion chapitre2……………………………………………………………...80
CONCLUSION GENERALE……………………………….81