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SECURITE SOCIALER e v u e b e l g e d e

SECURITE SOCIALES e r v i c e p u b l i c f Ă© d Ă© r a l S Ă© c u r i t e s o c i a l eFinance Tower - Boulevard du Jardin

Botanique 50, bte 135 - B-1000 Bruxel lesISSN : 0035-0834

La Revue belge de sĂ©curitĂ© sociale est un instrumentdu systĂšme social belge dont l’objectif est l’infor-mation au sujet de la protection sociale en Belgiquedans un contexte europĂ©en. Elle offre un forum mul-tidisciplinaire pour l’échange d’informations etd’idĂ©es en la matiĂšre en vue d’un dĂ©veloppementpermanent des connaissances et de l’élaborationd’une politique sociale satisfaisante et lĂ©gitime.Dans cette optique, la Revue s’adresse aux nom-breux acteurs et personnes intĂ©ressĂ©es dans lesdivers domaines de la protection sociale.La Revue paraĂźt chaque trimestre en deux versions : l’unefrançaise et l ’autre nĂ©erlandaise. La Revue peut ĂȘtre con-sultĂ©e sur internet:http://www.socialsecurity.fgov.be/fr/nieuws-publicaties/publicaties/btsz/belgisch-tijdschrift-voor-sociale-zekerheid.htm

Het Belgisch Tijdschrift voor Sociale Zekerheid iseen instrument van het Belgisch sociaal systeemom te informeren over de sociale bescherming inBelgië binnen een Europese context. Het biedteen multidisciplinair forum voor het uitwisselenvan informatie en ideeën terzake, met het oog opeen permanente uitbouw van kennis en van eentoereikend en legitiem sociaal beleid.Het Tijdschrift richt zich daarbij tot de vele acto-ren en geïnteresseerden in de diverse domeinenvan de sociale bescherming.Het Tijdschrift verschijnt ieder trimester in twee versies: de enein het Nederlands, de andere in het Frans. Het Tijdschrift kanook worden geraadpleegd op het internet: http://www.socialsecurity.fgov.be/nl/nieuws-publicaties/publicaties/btsz/belgisch-tijdschrift-voor-sociale-zekerheid.htm

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ISSN 0035-0834

Les travaux signĂ©s ou reproduits sous le couvert d’une indication de source danscette publication n’engagent que la responsabilitĂ© de leur auteur et ne reflĂštent pasnĂ©cessairement la position ou l’opinion du Service public fĂ©dĂ©ral SĂ©curitĂ© sociale.

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SOMMAIRE

ANALYSES EX ANTE ET EX POST DES POLITIQUES

MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE 547KOEN DECANCQ, ANDRE DECOSTER, KEVIN SPIRITUS ET GERLINDE VERBIST

UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE 579

ANDRE DECOSTER, KRIS DE SWERDT ET PIETER VANLEENHOVE

UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENUD’INTEGRATION SOCIALE 609

NICOLAS BOUCKAERT ET ERIK SCHOKKAERT

TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS AL’ERE DES MENAGES A DEUX SALAIRES 635

JORIS GHYSELS, GERLINDE VERBIST ET JOSEFINE VANHILLE

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALEEN BELGIQUE. COURTE DESCRIPTION DU MODELE AVEC DONNEES DISCONTINUES,1ER JANVIER 2009, REVENUS 2008 665

GUY VAN CAMP

L’EXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE L’ECHANTILLON DE RECHERCHE :CONSEQUENCES SUR L’ETUDE DES REVENUS ET DE LA PAUVRETECHEZ LES PERSONNES AGEES 719

HANS PEETERS ET RIKA VERPOORTEN

DEVELOPPEMENTS DE L’EUROPE SOCIALE

L’EUROPE SOCIALE EN BELGIQUE : EMPLOI ET INCLUSION SOCIALE AUPRISME DE L’EUROPEANISATION 745

BART VANHERCKE, YANNICK VANDERBORGHT ET GERT VERSCHRAEGEN

DIGEST EUROPEEN – DIGEST INTERNATIONAL 775OBSERVATOIRE SOCIAL EUROPEEN

PRESENTATION DE LIVRES

PRESENTATION DE LA TROISIEME EDITION ENRICHIE DE L’OUVRAGE “LE PAYSAGEINFORMATIQUE DE LA SECURITE SOCIALE COMME METAPHORE?” 787

ISABELLE BOYDENS

OPINION

LA SECURITE SOCIALE ET SES FINANCES 793

JEF MAES

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ANALYSES EX ANTE ET EX POSTDES POLITIQUES

MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LAFLANDRE 547

UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE 579

UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU D’INTE-GRATION SOCIALE 609

TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDEDES ENFANTS A L’ERE DES MENAGES A DEUX SALAIRES 635

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUESOCIALE EN BELGIQUE. COURTE DESCRIPTION DU MODELE AVECDONNEES DISCONTINUES, 1ER JANVIER 2009, REVENUS 2008 665

L’EXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE L’ECHANTILLON DERECHERCHE : CONSEQUENCES SUR L’ETUDE DES REVENUS ET DE LAPAUVRETE CHEZ LES PERSONNES AGEES 719

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MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DEMICROSIMULATION POUR LA FLANDRE (*)

PAR KOEN DECANCQ (1), ANDRE DECOSTER (2),KEVIN SPIRITUS (2) et GERLINDE VERBIST (3)

1. INTRODUCTION

Dans son avis au gouvernement français, la Commission sur la mesure de la perfor-mance Ă©conomique et le progrĂšs social (ci-aprĂšs CMPEPS), prĂ©sidĂ©e par les PrixNobel Joseph Stiglitz et Amartya Sen, avait Ă©mis une sĂ©rie de recommandations pra-tiques pour amĂ©liorer la mesure du progrĂšs social. L’une de ces recommandationsprĂ©conisait de ‘donner une plus grande proĂ©minence Ă  la rĂ©partition des revenus,Ă  la consommation et aux fortunes’ (Stiglitz-Sen-Fitoussi, p. 13 2009).

Cette recommandation illustre un intĂ©rĂȘt renouvelĂ© pour ‘l’inĂ©galité’ et les questionsde rĂ©partition dans les Ă©crits acadĂ©miques tout comme dans les Ă©crits orientĂ©s sur la

* MEFISTO est dĂ©veloppĂ© en tant que volet du projet SBO “FLEMOSI : un outil pour l’évaluation exante des politiques socioĂ©conomiques en Flandre”, financĂ© par IWT Flandre. Le projet visant Ă  Ă©labo-rer des ‘FLEmish MOdels of SImulation’ (ModĂšles flamands de simulation) est une tĂąche commune duCentre d’Etudes Ă©conomiques (CES) de la Katholieke Universiteit Leuven – le Centre de politiquesociale Herman Deleeck (CSB) de l’UniversitĂ© d’Anvers – l’Interface DĂ©mographie de la Vrije Univer-siteit Brussel – le Centre de Recherche en Economie Publique et de la Population (CREPP) de l’Uni-versitĂ© de LiĂšge et de l’Institut de Recherche sociale et Ă©conomique (UnitĂ© de Microsimulation) del’UniversitĂ© d’Essex.Nous remercions un lecteur anonyme, ainsi que Rembert De Blander et les membres du comitĂ© direc-teur du projet FLEMOSI pour leurs commentaires enrichissants. Nous remercions Ă©galement PatrickLusyne pour son aide indispensable dans la collecte des donnĂ©es, Graham Stark de Virtual Worlds etSteven Vermeulen de Making Choices pour avoir adaptĂ© MEFISTO Ă  la Toile. Enfin, nous remercionsHolly Sutherland et toute l’équipe EUROMOD pour leurs encouragements, leurs suggestions utiles etleurs efforts permanents visant Ă  Ă©tendre EUROMOD, le gĂ©ant de la microsimulation europĂ©enne surles Ă©paules duquel repose MEFISTO. Il va de soi que toutes les erreurs qui subsistent sont de notreresponsabilitĂ©.(1) Center for Economic Studies, KU Leuven, Naamsestraat 69, 3000 Leuven, Belgique.(2) Centrum voor Sociaal Beleid Herman Deleeck, Universiteit Antwerpen, Sint Jacobstraat 2, 2000Anvers, Belgique.(3) CORE, U.C.Louvain, Voie du Roman Pays 34, 1348 Louvain-la-Neuve, Belgique. 547

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

politique. Au moins trois larges plages de littĂ©rature peuvent ĂȘtre aisĂ©ment dis-cernĂ©es. En premier lieu, la plage descriptive dans laquelle de nombreux articlesdocumentent l’inĂ©galitĂ© croissante de diffĂ©rents concepts de revenus (rĂ©munĂ©ra-tions et salaires, revenu imposable, revenu disponible, etc.) dans plusieurs partiesde la distribution (p. ex. avec une focalisation toute particuliĂšre sur les revenus lesplus Ă©levĂ©s) et pour divers pays. (4) En deuxiĂšme lieu, les chercheurs sociaux etĂ©conomiques ont intensifiĂ© leurs investigations dans les forces motrices de l’inĂ©ga-litĂ© croissante observĂ©e, parmi lesquelles ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s les aspects suivants : lacourse entre la technologie et l’éducation, le processus de mondialisation, la sous-traitance Ă  des Ă©conomies Ă©mergentes avec un coĂ»t de travail moins Ă©levĂ© et dessystĂšmes de sĂ©curitĂ© sociale moins dĂ©veloppĂ©s, le rĂŽle du changement dĂ©mogra-phique et, dernier point mais non le moindre, les changements dans les politiquesde fiscalitĂ© et d’ avantages sociaux tels qu’une diminution du taux d’imposition mar-ginal pour les revenus supĂ©rieurs ou l’introduction de conditions accrues en matiĂšred’avantages sociaux. (5) Un troisiĂšme courant de littĂ©rature se focalise sur les consĂ©-quences de l’inĂ©galitĂ©. Celui-ci suggĂšre qu’un niveau Ă©levĂ© d’inĂ©galitĂ© est sourced’instabilitĂ© financiĂšre, rĂ©duit la croissance et exerce un impact nĂ©gatif sur la santĂ©de la population et sur la cohĂ©sion sociale. (6)

Maintenant que de nouvelles perceptions ont Ă©tĂ© acquises sur la taille des inĂ©galitĂ©sd’ensemble, leurs forces motrices et leurs consĂ©quences, les dĂ©cideurs politiquespeuvent se demander ce qui peut ĂȘtre rĂ©ellement fait pour rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s.Deux types de modĂšles d’évaluation politique peuvent s’avĂ©rer utiles pour cetteenquĂȘte. PremiĂšrement, des outils d’évaluation politique ex ante estiment l’impor-tance des effets attendus d’une rĂ©forme politique avant que celle-ci ne soit effective-ment mise en oeuvre. En revanche, des mĂ©thodes d’évaluation ex post Ă©tudient l’im-pact d’une rĂ©forme aprĂšs sa mise en Ɠuvre, en opĂ©rant prudemment une distinctionentre l’impact de la politique et les autres facteurs de confusion. Bien que l’évalua-tion ex post soit gĂ©nĂ©ratrice de perspectives, il est essentiel pour un dĂ©cideur poli-tique de connaĂźtre Ă  l’avance les effets escomptĂ©s de la rĂ©forme prĂ©vue. Malheureu-sement, les modĂšles pour la prĂ©paration et le dĂ©veloppement politiques ex antesont largement indisponibles en Flandre et ceux qui existent sont limitĂ©s quant Ă leur portĂ©e et ne sont pas accessibles librement Ă  la sociĂ©tĂ© civile dans sonensemble. L’absence de tels outils est dĂ©plorable vu les avancĂ©es pratiques rĂ©alisĂ©es dans un grand nombre d’autres pays et les progrĂšs scientifiques rĂ©alisĂ©s au cours deces derniĂšres dĂ©cennies, auxquels le monde acadĂ©mique belge a participĂ© de maniĂš-re non nĂ©gligeable.

(4) Pour des aperçus voir, par exemple, Atkinson (2008), Atkinson et al. (2011) et OCDE (2008 et 2011).(5) Pour de rĂ©cents rĂ©sumĂ©s et contributions, voir Atkinson (2007), Autor et al. (2008), Bargain etCallan (2008), Bourguignon et al. (2008), Heathcote et al. (2010), Hyslop et MarĂ© (2005) et OCDE(2011).(6) Pour l’influence sur la croissance, voir l’aperçu dans Aghion et al. (1999) ; pour l’inĂ©galitĂ© commel’une des causes prĂ©sumĂ©es de la crise financiĂšre, voir Fitoussi et Saraceno (2010), pour un compterendu de l’impact dĂ©vastateur de l’inĂ©galitĂ© sur la sociĂ©tĂ© dans son ensemble, voir Wilkinson et Pic-kett (2009).

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Le projet FLEMOSI (Flemish Models of Simulation) reprĂ©sente un effort coordonnĂ©pour fournir une telle boĂźte Ă  outils d’instruments d’évaluation de la politiquesocioĂ©conomique largement accessible. Il existe trois types de modĂšles ex antepour Ă©valuer l’impact d’un changement politique durant sa phase prĂ©paratoire : lesmodĂšles macroĂ©conomiques agrĂ©gĂ©s; les modĂšles d’une famille dĂ©terminĂ©e et lesmodĂšles de microsimulation (en abrĂ©gĂ© Ă  partir d’ici MSM). Les modĂšles agrĂ©gĂ©s oumacroĂ©conomiques Ă©valuent les impacts agrĂ©gĂ©s ou moyens des mesures politiquessur par exemple le PIB, la consommation et la prospĂ©ritĂ©. (7) Les modĂšles d’unefamille dĂ©terminĂ©e, pour leur part, se focalisent sur un seul type de famille prĂ©dĂ©finiet observent l’impact de la mesure politique d’une maniĂšre trĂšs dĂ©taillĂ©e pour ceseul type (Van Mechelen et Verbist, 2005 ; OCDE, 2010). Bien que les macro-modĂšles et les modĂšles de familles-type s’avĂšrent extrĂȘmement utiles pour la prĂ©pa-ration politique, ils restent cependant muets quant Ă  la distribution des effets sur lasociĂ©tĂ©, et, dĂšs lors, ne sont pas en ligne avec la recommandation mentionnĂ©e ci-dessus du CMPEPS. Les modĂšles de microsimulation, par contre, prĂ©sentent leseffets des mesures politiques au niveau de tous les agents Ă©conomiques individuels,tout en permettant d’analyser les impacts distributionnels et budgĂ©taires desrĂ©formes politiques. C’est pour cette raison que l’équipe du projet FLEMOSI a optĂ©pour le dĂ©veloppement d’un nouveau modĂšle de microsimulation, appelĂ© MEFISTO(Modelling and Evaluating Flanders’ Fiscal and Social Tomorrow ; ModĂšle et Evalua-tion de la Flandre fiscale et sociale de demain).

Les modĂšles de microsimulation ont une longue histoire. L’idĂ©e a Ă©tĂ© originellementformulĂ©e par Orcutt (1957) qui notait : les ‘modĂšles actuels de notre systĂšmesocioĂ©conomique prĂ©disent seulement des agrĂ©gats et ne parviennent pas Ă  prĂ©-voir les distributions des individus, des mĂ©nages, ou des entreprises dans des clas-sifications simples ou multivariĂ©es’ (Orcutt, p. 116, 1957). Il attribuait prĂ©cisĂ©mentl’absence de pouvoir de prĂ©diction des modĂšles existants Ă  ce caractĂšre agrĂ©gĂ©.SimultanĂ©ment, Orcutt avait dĂ©crit avec admiration et Ă©tonnement l’arrivĂ©e de‘gĂ©ants puissants’ pour parler d’une ‘grande machine Ă©lectronique, telle que l’IBM704 ou l’UNIVAC II’ (Orcutt, p. 119, 1957), et dĂ©montrait ses qualitĂ©s de visionnai-re en remarquant : la ‘Solution des modĂšles du type prĂ©sentĂ© ici impliquera descalculs extensifs, et que ce n’est que l’avĂšnement de possibilitĂ©s de calcul trĂšs puis-santes qui fait de ce modĂšle une opportunitĂ© enthousiasmante’ (Orcutt, p. 117,1957). En effet, il a fallu attendre l’arrivĂ©e de l’ordinateur personnel et de ses possi-bilitĂ©s de calcul accrues sur le bureau des chercheurs dans le courant des annĂ©es ’80pour assister Ă  la vĂ©ritable percĂ©e des idĂ©es d’Orcutt. (8) RĂ©cemment, le modĂšle

(7) Pour l’essentiel, nous qualifions ces modĂšles de ‘macro’ parce qu’ils modĂ©lisent le comportementd’un agent reprĂ©sentatif au lieu de prendre en considĂ©ration l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© d’ensemble de la popula-tion.(8) Un compte rendu dĂ©taillĂ© de la totalitĂ© du processus historique et de la genĂšse d’un grandnombre de types de MSM dĂ©passerait certainement le cadre de cet article, mais nous renvoyons lelecteur Ă  Atkinson et Sutherland (1988) pour un aperçu des premiers pas du dĂ©veloppement desMSM en Europe, et Ă  Atkinson (2009), Bourguignon et Spadaro (2006) pour les aperçus historiques.

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MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE

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EUROMOD a été largement reconnu comme étant le modÚle de MSM de référenceau niveau européen en matiÚre de microsimaluation des politiques socioécono-miques. (9)

Etant donnĂ© qu’EUROMOD est conçu pour faciliter les comparaisons des politiquessuivies dans divers pays, nous avons choisi de dĂ©velopper l’architecture de MEFIS-TO en ligne avec le cadre d’EUROMOD, ce qui augmentera les possibilitĂ©s de com-paraison entre les politiques de taxes et d’avantages sociaux flamandes et belgesavec celles d’autres pays. La combinaison, d’une part, des nombreuses annĂ©es d’ex-pertise dans la construction et l’utilisation de MSM au Centrum voor Sociaal BeleidHerman Deleeck Ă  Anvers et au Centrum voor Economische StudiĂ«n Ă  Louvain,avec, d’autre part, la communautĂ© acadĂ©mique internationale derriĂšre EUROMODfournit Ă©galement une opportunitĂ© de repousser les frontiĂšres de la mĂ©thodologiedes MSM. L’expertise du Centre de recherches en Ă©conomie publique et en Ă©cono-mie de la population Ă  LiĂšge permettra l’expansion du modĂšle aux simulations depensions, et l’expĂ©rience de l’Interface DĂ©mographie Ă  Bruxelles servira de base auxprojections dĂ©mographiques Ă  long terme qui seront utilisĂ©es dans le projet FLEMO-SI.

MEFISTO n’est qu’un des modĂšles Ă©laborĂ©s dans le cadre du projet FLEMOSI, maissimultanĂ©ment, c’est l’un des outils centraux. Il s’agit d’un modĂšle de microsimula-tion mettant en Ɠuvre des compĂ©tences du niveau fĂ©dĂ©ral belge et des compĂ©tencesspĂ©cifiques pour la rĂ©gion flamande. Le modĂšle utilise les derniĂšres microdonnĂ©esdes rĂ©pondants flamands de l’European Union Statistics on Income and LivingConditions (SILC-UE) – l’enquĂȘte d’ensemble europĂ©enne de rĂ©fĂ©rence pour l’analy-se des inĂ©galitĂ©s et de la pauvretĂ©. Par ailleurs, il recourt Ă  un ensemble de rĂšgles depolitique rĂ©flĂ©chissant l’environnement fiscal le plus rĂ©cent de l’imposition directeen Belgique et en Flandre et utilise le moteur du modĂšle de microsimulation EURO-MOD pour ses calculs. Cette combinaison permet d’évaluer de maniĂšre dĂ©taillĂ©e leseffets des rĂ©formes des politiques de bĂ©nĂ©fice fiscal flamandes.

La version actuelle du modĂšle se focalise sur le premier degrĂ© ou sur le niveau ditd’effets arithmĂ©tiques des rĂ©formes politiques, faisant abstraction de toute rĂ©actioncomportementale des individus (comme le nombre d’heures ouvrĂ©es). (10) Toute-fois, mĂȘme un simple MSM arithmĂ©tique est un outil puissant pour une Ă©valuation

(9) EUROMOD est un modĂšle de microsimulation sur les taxes et bĂ©nĂ©fices pour l’Union europĂ©enne(EU) qui permet aux chercheurs et aux analystes politiques de calculer les effets des taxes et desbĂ©nĂ©fices sur les revenus des mĂ©nages et les stimulants au travail pour la population de chaque payset pour l’UE dans son ensemble. EUROMOD est maintenu, dĂ©veloppĂ© et gĂ©rĂ© par l’Institute for Socialand Economic Research (ISER) de l’UniversitĂ© d’Essex en collaboration avec des Ă©quipes nationalesdes Etats membres de l’UE. Pour de plus amples informations, voir Sutherland (2007) et Lietz et Man-tovani (2006) ou le site Internet du modĂšle http://www.iser.essex.ac.uk/euromod.(10) Dans ce numĂ©ro de la RBSS, deux autres articles illustrent comment les rĂ©actions comportemen-tales, telles que l’offre de main-d’ouvre ou la rĂ©ponse aux offres d’emploi des minima sociaux peu-vent ĂȘtre modĂ©lisĂ©es dans le cadre des modĂšles de microsimulation (voir Bouckaert et Schokkaert,2011, et Decoster et al., 2011a).550

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politique ex ante. Il permet de calculer les taxes et les avantages sociaux de tous lesindividus dans la distribution, indique les gagnants et les perdants d’une rĂ©forme etlivre une premiĂšre apprĂ©ciation de son coĂ»t budgĂ©taire. A nos yeux, la disponibilitĂ©publique de ces outils est de la plus haute importance pour enrichir le dĂ©bat publicdans l’époque actuelle de crise et d’austĂ©ritĂ©.

Pour rĂ©aliser un haut niveau d’accessibilitĂ©, MEFISTO deviendra disponible en troisversions, dites versions BASIC, LIGHT et PLUS. Chacune de ces versions est custo-misĂ©e en vue d’audience cible spĂ©cifique et adopte une position diffĂ©rente sur l’é-change entre flexibilitĂ© et convivialitĂ© pour l’usager. En effet, ces diffĂ©rents utilisa-teurs ne sont pas intĂ©ressĂ©s par les mĂȘmes questions et rĂ©sultats et sont prĂȘts Ă payer un prix particulier en Ă©change de convivialitĂ© pour leur niveau souhaitĂ© deflexibilitĂ© et de portĂ©e. En premier lieu, les dĂ©cideurs politiques sont avides d’uneĂ©valuation dĂ©taillĂ©e des consĂ©quences distributionnelles et budgĂ©taires des mesurespolitiques comprises dans la version BASIC customisĂ©e pour la Toile. En deuxiĂšmelieu, la participation dĂ©mocratique de la sociĂ©tĂ© civile et du grand public au dĂ©batsur les mesures proposĂ©es sera stimulĂ©e et enrichie en rĂ©alisant une version affinĂ©edu modĂšle accessible en ligne au public, qui sera la version LIGHT. Enfin, la commu-nautĂ© acadĂ©mique est intĂ©ressĂ©e par des modĂšles les plus rĂ©cents qui permettentl’intĂ©gration des environnements souvent complexes de la politique des taxes/avan-tages sociaux dans des modĂšles thĂ©oriques et empiriques, proposĂ©s dans la versionPLUS, une version autonome disposant de toutes les fonctionnalitĂ©s de MEFISTO.

Le prĂ©sent article vise Ă  vulgariser MEFISTO sous tous ses aspects et se structurecomme suit. Dans la section suivante, nous caractĂ©risons MEFISTO comme Ă©tant unmodĂšle de microsimulation arithmĂ©tique statique pour la Flandre en termes decaractĂ©ristiques constitutives. La section trois prĂŽne le besoin d’un nouveau modĂšlede microsimulation au niveau flamand en comparant le modĂšle avec certainsmodĂšles alternatifs pour l’évaluation politique ex ante en Flandre tout en mettant enlumiĂšre ses avantages comparatifs. La quatriĂšme section passe briĂšvement en revuel’architecture de MEFISTO. Dans la partie cinq, nous illustrons comment le modĂšlepeut ĂȘtre utilisĂ© et comment devraient ĂȘtre interprĂ©tĂ©s les rĂ©sultats en analysantquatre rĂ©formes politiques illustratives. La sixiĂšme section fournit une prĂ©visualisa-tion du dĂ©veloppement du modĂšle dans un futur proche. La section sept contientnotre conclusion.

2. MEFISTO : UN MODELE DE MICROSIMULATION ARITHMETIQUE STATIQUE POURLA FLANDRE

La seule maniĂšre d’adopter scrupuleusement la recommandation mentionnĂ©e ci-des-sus de la CMPEPS portant sur l’importance des questions distributionnelles consisteĂ  calculer l’effet d’une politique pour un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la population.C’est prĂ©cisĂ©ment ce que fait MEFISTO. Etant un modĂšle de microsimulation, il estcapable de calculer l’effet des rĂ©formes politiques pour un vaste nombre de poli-

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tiques flamandes. Il y parvient, en se basant sur un Ă©chantillon de microdonnĂ©es quiest reprĂ©sentatif de l’ensemble de la population flamande, en prenant en ligne decompte sa riche diversitĂ© socioĂ©conomique. Toutefois, un grand nombre de choixsont ouverts lorsque l’on Ă©labore un tel modĂšle : incluons-nous des rĂ©actions com-portementales d’agents Ă©conomiques individuels ? ModĂ©lisons-nous ce comporte-ment et l’impact des politiques Ă  travers le temps ? Quels sont les domaines poli-tiques intĂ©grĂ©s dans le modĂšle ? Dans les cinq sous-sections suivantes, nous dĂ©cri-vons MEFISTO comme un modĂšle de microsimulation arithmĂ©tique statique ex antepour la Flandre Ă  l’aide de ses cinq caractĂ©ristiques constitutives.

2.1. MEFISTO EST UN MODELE DE MICROSIMULATION Les modĂšles de microsimulation calculent ou Ă©valuent les effets d’une rĂ©forme poli-tique envisagĂ©e sur une population reprĂ©sentative d’agents Ă©conomiques individuels(c.-Ă -d. les mĂ©nages). Les deux Ă©lĂ©ments de base d’un MSM sont, en premier lieu, unensemble de microdonnĂ©es s’appuyant sur une enquĂȘte d’ensemble reprĂ©sentativeou, fĂ»t-ce moins usuel, obtenu Ă  partir de sources de donnĂ©es administratives et, ensecond lieu, un ensemble de routines d’ordinateur qui modĂ©lisent la lĂ©gislation rela-tive au sujet traitĂ© par le MSM, p. ex. la lĂ©gislation sur les taxes/avantages fiscaux.Nous nous pencherons plus en dĂ©tail sur l’architecture du modĂšle dans la sectionquatre.

A l’opposĂ©, les solutions alternatives les plus importantes, Ă  savoir les modĂšlesmacroĂ©conomiques agrĂ©gĂ©s et les modĂšles d’une famille-type, restent muettes quantĂ  ces effets distributionnels politiquement importants, des choix de diffĂ©rentes poli-tiques. ConsidĂ©rons, par exemple, la fameuse famille type prĂ©dĂ©finie de deuxadultes, actifs tous les deux sur le marchĂ© de l’emploi, avec deux enfants Ă  charge(et avec une trame de dĂ©penses comme p. ex. l’achat d’une nouvelle voiture chaqueannĂ©e). Selon la derniĂšre enquĂȘte d’ensemble SILC-UE, ce type de familles ne reprĂ©-sente que 8,8 % de la population flamande. Il n’est pas rare cependant que des unesde journaux sur les rĂ©formes politiques s’appuient sur des calculs grossiers pour cetype de famille ou pour des familles d’un type trĂšs similaire. (11) La mĂȘme chosevaut pour un grand nombre d’autres types d’individus ou de mĂ©nages qui sont uti-lisĂ©s dans les dĂ©bats publics, par exemple dans le contexte de la pauvretĂ© et despiĂšges Ă  l’emploi. Pour les dĂ©cideurs politiques, la question pertinente devrait ĂȘtre

(11) Pour fournir un exemple rĂ©cent, nous nous rĂ©fĂ©rons Ă  un article Ă  la une du journal belge DeStandaard, Ă©valuant comme suit les mesures fiscales prises par le nouveau gouvernement : (la traduc-tion du nĂ©erlandais en français est l’ouvre du traducteur de cet article) “Nos calculs sont basĂ©s surune famille typique : adultes dans la quarantaine, avec deux enfants adolescents. La mĂšre disposed’une voiture de sociĂ©tĂ©, Ă©valuĂ©e Ă  25,000 EUR lors de son achat Ă  neuf. Les deux parents et les deuxenfants disposent d’un compte d’épargne, quelques bons de caisse et font usage de titres-services”(De Standaard, 2011 ; citation originale : “Een modaal gezin. Veertigers met twee tienerkinderen, datis het uitgangspunt van onze berekeningen. Moeder heeft een bedrijfswagen met een nieuwwaardevan 25.000 EUR. De ouders en de kinderen hebben elk een spaarboekje, een paar kasbons op eeneffectenrekening en ze gebruiken dienstencheques”.

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moins de savoir si nous pouvons mettre en oeuvre un mĂ©nage avec des caractĂ©ris-tiques telles qu’il est confrontĂ© Ă  un piĂšge Ă  l’emploi, mais plutĂŽt de savoir quelleest la reprĂ©sentativitĂ© rĂ©elle de ce mĂ©nage.

Nous faisons valoir que les trois types indiquĂ©s plus haut de modĂšles ex ante offrentdes informations complĂ©mentaires et devraient ĂȘtre employĂ©s conjointement d’unemaniĂšre systĂ©matique qui autorise des effets de feedback du niveau macro au niveaumicro et vice versa. Dans la section finale du prĂ©sent article, nous prĂ©visualisons dequelle façon le MSM actuel sera intĂ©grĂ© et connectĂ© aux modĂšles macroĂ©cono-miques existants ainsi qu’aux modĂšles d’une famille prĂ©dĂ©terminĂ©e.

2.2. MEFISTO EST UN MODELE EX ANTEToute politique socioĂ©conomique crĂ©dible devrait se fonder sur les meilleuresconnaissances disponibles ex ante et s’ouvrir Ă  une analyse dĂ©taillĂ©e ex post. Par ‘expost’, nous faisons rĂ©fĂ©rence Ă  l’application de l’un des instruments de la boĂźte Ă outils Ă©conomĂ©triques d’évaluation de programmes, qui se rĂ©pand Ă  grande vitesse.Dans cette branche de l’économĂ©trie, le chercheur Ă©value l’impact d’une rĂ©formede politique ou d’un programme par une comparaison dĂ©taillĂ©e de deux groupes :en premier lieu, un groupe d’individus qui ont Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  la rĂ©forme (ledit grou-pe de traitement) et, en second lieu, un groupe qui n’a pas Ă©tĂ© traitĂ© (le groupe decontrĂŽle) et qui devrait offrir les meilleurs points de comparaison. La comparaisondes deux groupes indique l’effet de la rĂ©forme de politique, d’une maniĂšre trĂšs simi-laire Ă  la façon dont les nouveaux mĂ©dicaments sont testĂ©s dans les disciplines mĂ©di-cales. Tout l’art rĂ©side Ă  garantir le caractĂšre alĂ©atoire du traitement pour exclure leseffets de sĂ©lection et autres facteurs de confusion. Pour les aperçus de ces derniersdĂ©veloppements, nous faisons rĂ©fĂ©rence Ă  Imbens et Wooldrigde (2009) ainsi qu’àAngrist et Pischke (2009). L’absence virtuelle en Flandre d’évaluations ex post scien-tifiquement correctes de mesures politiques est dĂ©plorable, sans toutefois ĂȘtre horsdu cadre des pratiques existantes dans d’autres rĂ©gions et d’autres pays. (12)

L’absence d’utilisation de modĂšles quantitatifs comme outil pour la prĂ©paration et ledĂ©veloppement politiques ex ante est nettement plus difficile Ă  justifier Ă©tant donnĂ©les progrĂšs scientifiques rĂ©alisĂ©s au cours de ces derniĂšres dĂ©cennies, la pratiquedĂ©veloppĂ©e dans un grand nombre d’autres pays et l’expertise du monde acadĂ©-mique belge participant Ă  ce dĂ©veloppement. MEFISTO est un tel modĂšle ex ante,ce qui signifie que plutĂŽt qu’évaluer une rĂ©forme politique ex post, il simule leseffets de rĂ©formes politiques potentielles sur la population flamande avant leur miseen Ɠuvre effective. Pour cette raison, les rĂ©sultats d’une telle simulation ne devraient

(12) Des exceptions notables incluent Cockx et al. (2005) qui Ă©valuent la politique d’activation deschĂŽmeurs de longue durĂ©e, et Ooghe (2011) qui utilise une approche de rĂ©gression de discontinuitĂ©pour Ă©valuer l’effet du financement supplĂ©mentaire sur les Ă©coles primaires ayant pour but l’égalitĂ©des chances.

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pas ĂȘtre mal interprĂ©tĂ©s. Les Ă©valuations politiques ex ante (par exemple, l’analysede la “Jobkorting” dans ce numĂ©ro) n’évaluent pas l’impact de cette mesure poli-tique Ă  l’aide d’une Ă©valuation Ă©conomĂ©trique ex post. Elles tracent seulement lacourbe des effets budgĂ©taires, distributionnels et (parfois) comportementaux durĂ©sultat attendu de la rĂ©forme de politique. Naturellement, une fois que les donnĂ©essont disponibles sur l’efficacitĂ© de la rĂ©forme, rien ne nous empĂȘche d’utiliser laboĂźte Ă  outils de l’évaluation programmatique pour vĂ©rifier nos rĂ©sultats escomptĂ©spar rapport Ă  ceux du comportement observĂ©, bien au contraire. Toutefois, ildevrait ĂȘtre clair que ceci n’est pas ce qui est produit par les simulations ex ante deMEFISTO.

2.3. MEFISTO EST UN MODELE ARITHMETIQUEDans les versions BASIC et LIGHT accessible au public de MEFISTO, les agents sontcensĂ©s adopter la mĂȘme ligne de conduite avant et aprĂšs la rĂ©forme. Un individu quitravaille, disons, Ă  temps partiel avant la rĂ©forme ne changera pas son offre de main-d’Ɠuvre lorsqu’il est confrontĂ© Ă  un taux fiscal marginal nettement plus bas. Manifes-tement, une telle hypothĂšse est restrictive et n’est pas trĂšs rĂ©aliste (particuliĂšrementpour les grandes rĂ©formes politiques). Les modĂšles qui font abstraction de cesrĂ©ponses comportementales sont qualifiĂ©s de modĂšles arithmĂ©tiques. Comme la plu-part des autres MSM, les versions BASIC et LIGHT de MEFISTO sont purementarithmĂ©tiques. (13)

Cependant, mĂȘme un MSM arithmĂ©tique est un excellent outil pour la politique exante. Un MSM arithmĂ©tique sur les taxes/avantages sociaux permet de calculer destaxes et des avantages sociaux, et par consĂ©quent le revenu disponible aprĂšs taxes,pour tous les agents individuels au sein de la population. C’est pour cette raison queles changements de politique (p. ex. l’introduction de la “Jobkorting” ou tout autreparmi les exemples discutĂ©s dans la section cinq) sont traduits en changements durevenu disponible de l’individu ou du mĂ©nage et dĂšs lors de prospĂ©ritĂ© des agentsĂ©conomiques individuels. Ceci permet l’évaluation de l’impact du changement depolitique sur l’inĂ©galitĂ©, sur le risque de tomber dans la pauvretĂ© et, si agrĂ©gĂ© demaniĂšre adĂ©quate, sur la population totale, ce qui produit Ă©galement un premierniveau du coĂ»t budgĂ©taire net de la rĂ©forme. Bien que l’exclusion des rĂ©ponsescomportementales impose une limitation sĂ©vĂšre, elle accroĂźt la simplicitĂ© d’utilisa-tion et d’interprĂ©tation du modĂšle. En plus, elle supprime la nĂ©cessitĂ© d’émettre deshypothĂšses Ă  propos des rĂ©ponses comportementales.

(13) Comme nous l’avons dĂ©jĂ  mentionnĂ© dans la note de bas de page n° 11, nous Ă©valuons Ă©gale-ment les modĂšles comportementaux, mais pour des raisons mĂ©thodologiques et pĂ©dagogiques, nousavons prĂ©fĂ©rĂ© ne pas les intĂ©grer automatiquement dans les versions BASIC et LIGHT de MEFISTOcompatibles avec Internet. Toutefois, les utilisateurs acadĂ©miques de la version PLUS, peuvent direc-tement intĂ©grer MEFISTO Ă  un modĂšle d’offre de main-d’oeuvre qui modĂšle explicitement la dĂ©cisiond’offre de main-d’oeuvre des agents individuels (voir p. ex. Decoster et al., 2011 a dans ce numĂ©ro).

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Par ailleurs, un MSM arithmĂ©tique est une condition sine qua non pour l’évaluationdes modĂšles comportementaux. En augmentant graduellement l’offre de main-d’Ɠuvre (plus prĂ©cisĂ©ment, les heures ouvrĂ©es) des individus de l’échantillon et enretraçant le changement correspondant dans le revenu disponible, le MSM permetd’évaluer les taux fiscaux marginaux effectifs et les taux fiscaux de participationpour la totalitĂ© de la population.

2.4. MEFISTO EST UN MODELE STATIQUENon seulement le comportement est supposĂ© constant dans le modĂšle de microsi-mulation arithmĂ©tique MEFISTO, mais encore les situations dĂ©mographiques desindividus sont Ă©galement censĂ©es ĂȘtre fixes. Un tel MSM est appelĂ© un modĂšle sta-tique.

Les MSM dynamiques par contre (comme le modĂšle MIDAS du Bureau fĂ©dĂ©ral duplan ; voir la section suivante) dĂ©terminent de maniĂšre endogĂšne les caractĂ©ris-tiques dĂ©mographiques telles que l’ñge, le statut marital, la composition du mĂ©nage,etc., dans le courant de la simulation. Les individus dĂ©cident de se marier, de sesĂ©parer, d’avoir un enfant supplĂ©mentaire, de partir Ă  la retraite, ou subissent desĂ©vĂ©nements liĂ©s au temps qui passe (comme vieillir ou mourir). (14) Inutile de direqu’un modĂšle dynamique procure manifestement des perceptions additionnellestrĂšs utiles pour le (trĂšs) long terme. En fait, le modĂšle produit des cycles de vieentiĂšre pour les individus, de telle maniĂšre que l’analyse distributionnelle du cyclede vie – y compris toutes les difficultĂ©s y associĂ©es au niveau conceptuel – devientpossible. Pour un aperçu des modĂšles de microsimulation dynamiques, nous ren-voyons Ă  p. ex. O’Donoghue (2001).

Etant donnĂ© que la mĂ©thodologie, le cadre conceptuel et les exigences en matiĂšrede donnĂ©es sont plus complexes et diffĂšrent radicalement de ceux d’un modĂšle sta-tique, nous avons dĂ©libĂ©rĂ©ment choisi de rester dans le cadre statique. Dans la sec-tion 6, nous esquissons briĂšvement comment nous tenterons d’intĂ©grer malgrĂ© toutdes projections dĂ©mographiques Ă  long terme dans notre cadre statique Ă  l’aide de latechnique de la repondĂ©ration statique.

2.5. MEFISTO EST UN MODELE FLAMANDMEFISTO utilise pour ses calculs le moteur du modĂšle de microsimulation EURO-MOD. Toutefois, contrairement au projet EUROMOD, qui tente d’inclure les poli-tiques pour tous les membres de l’Union europĂ©enne, MEFISTO se focalise spĂ©cifi-quement sur la modĂ©lisation dĂ©taillĂ©e de l’ensemble d’instruments politiques pour legouvernement flamand. Les compĂ©tences fĂ©dĂ©rales belges sont Ă©galement modĂ©-

(14) En effet, la suggestion originale d’Orcutt dans son article de 1957 prĂŽnait d’élaborer un telmodĂšle dynamique.

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lisĂ©es dans la mesure oĂč elles affectent la subpopulation flamande. Ceci aidera Ă  cla-rifier les effets d’interaction entre les mesures politiques fĂ©dĂ©rales et les mesures fla-mandes (15). Les microdonnĂ©es utilisĂ©es pour MEFISTO consistent en un sous-ensemble de rĂ©pondants flamands Ă  l’enquĂȘte gĂ©nĂ©rale SILC (voir la section quatrepour des dĂ©tails supplĂ©mentaires sur l’ensemble des donnĂ©es).

3. POURQUOI UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE ?

Il existe un certain nombre de modĂšles relatifs aux taxes/avantages sociaux pour laBelgique et pour la Flandre (16). Cette observation soulĂšve une question pertinentesur la valeur ajoutĂ©e d’un autre modĂšle de microsimulation flamand. Dans cette sec-tion, nous ferons valoir que MEFISTO produit effectivement une valeur ajoutĂ©e encomparaison avec les modĂšles existants, particuliĂšrement en termes de disponibi-litĂ©, de convivialitĂ© pour l’usager et de portĂ©e des compĂ©tences (flamandes) cou-vertes. Pour se faire, nous nous basons sur six critĂšres objectifs en vue de classifieret d’évaluer l’attractivitĂ© d’un modĂšle de microsimulation dans un contexte poli-tique flamand. Ces six critĂšres sont : 1) la disponibilitĂ© publique du modĂšle, 2) laconvivialitĂ© pour l’usager grĂące Ă  une interface utilisateur graphique, 3) la vasteĂ©tendue de compĂ©tences, 4) l’inclusion des rĂ©actions comportementales, 5) la pers-pective Ă  long terme et 6) l’inclusion de macroliens. Le choix de ces critĂšres reposemanifestement sur nos jugements de valeur. Des critĂšres alternatifs peuvent certai-nement se dĂ©fendre, mais nous croyons que l’ensemble actuel de critĂšres disposed’une certaine attractivitĂ© prima facie.

Le tableau 1 rĂ©sume le degrĂ© avec lequel chacun des critĂšres est prĂ©sent dans lesdiffĂ©rents modĂšles que nous comparons. En plus, nous ajoutons la principale sourced’entrĂ©e de donnĂ©es dans la colonne la plus Ă  droite.

Commençons avec STASIM, qui a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par le Centrum voor Sociaal BeleidHerman Deleeck de l’UniversitĂ© d’Anvers. Il ne s’agit pas d’un modĂšle de microsimula-tion stricto sensu, mais plutĂŽt d’un modĂšle basĂ© sur des familles-type. Il recourt Ă  destypes de famille prĂ©dĂ©finis pour calculer l’impact des mesures fiscales et des avantagessociaux sur le revenu disponible (Van Mechelen et Verbist, 2005). En partant desfamilles-type plutĂŽt que des donnĂ©es reprĂ©sentatives, les contraintes des donnĂ©es sontlargement supprimĂ©es. C’est le chercheur lui-mĂȘme qui dĂ©cide si un membre de lafamille-type sĂ©lectionnĂ©e travaille ou non, s’il est chĂŽmeur de longue durĂ©e ou non,s’il est atteint d’une maladie grave ou non, etc. Le fait que ce type de modĂšle nedĂ©pend pas d’un ensemble de microdonnĂ©es sous-jacentes le rend relativement aisĂ© Ă maintenir. Toutefois, cette facilitĂ© de dĂ©veloppement et de maintenance

(15) Un grand nombre de ces modĂšles ont Ă©tĂ© initialement dĂ©veloppĂ©s grĂące Ă  l’aide financiĂšre de lapolitique scientifique fĂ©dĂ©rale (p. ex. ASTER, MIMOSIS, SIRe).Un exemple manquant sera la probable introduction de centimes additionnels en matĂšre d’impĂŽts despersonnes physiques suite Ă  la rĂ©forme proposĂ©e par la loi de financement.(16) Toutes les manipulations de cette section ont Ă©tĂ© effectuĂ©es avec le programme CreatePop-CharAndWeights.sas (voir SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011c)).556

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a un prix : comme tous les autres modĂšles de famille-type, STASIM ne permet pas deprocĂ©der Ă  des analyses distributionnelles. GrĂące Ă  l’interface utilisateur, le modĂšleest convivial pour l’usager, mais n’est pas accessible au public. Le modĂšle n’inclut pasles rĂ©actions comportementales en termes d’offre de main-d’Ɠuvre, de prise de bĂ©nĂ©fi-ce ou de consommation ; nous constatons l’absence de liens macro et de liens Ă  longterme, ce qui signifie que les macro-indicateurs tels que l’inflation, la croissance Ă©co-nomique, la demande de main-d’Ɠuvre ou la composition de la population sont sup-posĂ©s rester constants. Cela autorise des calculs dĂ©taillĂ©s pour les taux de remplace-ment ainsi que pour l’évolution des diverses catĂ©gories d’allocations de sĂ©curitĂ© socia-le, pour les cotisations sociales et les taxes personnelles sur le revenu Ă  partir de 1989.(17) STASIM inclut Ă©galement quelques mesures sociales qui relĂšvent des compĂ©-tences flamandes, comme celles visant Ă  rĂ©duire le coĂ»t de garde des enfants.

TTAABBLLEEAAUU 11 :: APERCU DES MODELES POLITIQUES EX ANTE ACTIFS BELGES

Les deux modÚles qui se suivent au tableau 1 se basent sur des données de registre,à savoir SIRe [développé et maintenu par le SPF Finance, voir p. ex. Standaert etValenduc (1996), et MIMOSIS (développé pour et maintenu par le SPF SécuritéSociale, voir p. ex. Decoster et al. 2008b, 2009)]. Pour SIRe, la portée poli-

(17) La raison pour laquelle les modĂšles de familles-type peuvent plus facilement remonter dans letemps rĂ©side dans le fait qu’il n’est exigĂ© aucun ensemble de donnĂ©es.

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tique se restreint Ă  l’impĂŽt sur les revenus des personnes physiques, alors queMIMOSIS permet des simulations de toutes les taxes personnelles sur les revenus etde toutes les branches de la sĂ©curitĂ© sociale. Le modĂšle SIRe exploite un Ă©chantillonde la base de donnĂ©es appelĂ©e IPCAL qui contient les dĂ©clarations fiscales descitoyens belges. MIMOSIS a Ă©tĂ© utilisĂ© pour estimer les rĂ©actions comportementalessous la forme d’effets sur l’offre de main-d’Ɠuvre (voir Decoster et al. 2007) et sebase sur un registre Ă©tendu de donnĂ©es en provenance du Datawarehouse (DWH)MarchĂ© du travail et Protection sociale de 2009. (18) Les deux modĂšles sont exclusi-vement fĂ©dĂ©raux et ne disposent ni de macroliens ni de liens Ă  long terme.

ASTER est l’unique modĂšle qui couvre les taxes indirectes. DĂ©veloppĂ© au Centre d’é-tudes Ă©conomiques de la KU Leuven, ce modĂšle exploite la version belge de la Hou-sehold Budget Survey (HBS : EnquĂȘte sur le budget des mĂ©nages) (voir p. ex. Decos-ter, 1995). Il inclut les rĂ©actions comportementales dans le domaine des dĂ©penses Ă la suite de changements de prix. Il dispose d’une interface conviviale pour l’utilisa-teur ce qui facilite assez bien les simulations relatives aux changements des tauxd’imposition, mais malheureusement, le modĂšle n’a pas Ă©tĂ© customisĂ© pour Inter-net.

MIDAS, qui est basé au Bureau fédéral du plan, est le seul modÚle de microsimula-tion entiÚrement dynamique du tableau. Il repose sur la vague 2002 du Panel Surveyof Belgian Households (PSBH). Il inclut les réactions comportementales des indivi-dus, et est utilisé pour les projections à long terme (voir p. ex. De Vil et al., 2010a).Par ailleurs, le modÚle est construit en vue de produire des résultats qui sont cohé-rents avec les scenarii démographiques, macroéconomiques et socioéconomiquesfournis par le macromodÚle MALTESE (pour de plus amples détails, voir De Vil etal., 2010b).

MISIM et EUROMOD exploitent tous les deux les donnĂ©es SILC. MISIM est un modĂš-le statique relatif aux taxes/avantages sociaux et a Ă©tĂ© initialement dĂ©veloppĂ© dansle courant des annĂ©es ‘90 pour les donnĂ©es du Panel SocioĂ©conomique (Centrumvoor Sociaal Beleid Herman Deleeck, voir Verbist, 2003). Il couvre les taxes sur lesrevenus personnels et une part importante des allocations de sĂ©curitĂ© sociale. Il aĂ©galement Ă©tĂ© utilisĂ© pour analyser les compĂ©tences flamandes, telles que l’ensei-gnement (voir Cantillon et al., 2006). EUROMOD est un modĂšle statique europĂ©enrelatif aux taxes/avantages sociaux, couvrant les mĂȘmes domaines politiques fĂ©dĂ©-raux que le modĂšle prĂ©cĂ©dent (voir p. ex. Sutherland, 2007). Il est explicitementconçu pour la recherche comparative internationale pour tous les membres de l’UEet vise Ă©galement Ă  ĂȘtre convivial pour l’usager grĂące Ă  son interface utilisateur.Actuellement, il n’existe malheureusement pas de version compatible avec la Toileet donc pas d’accessibilitĂ© au public.

(18) La derniĂšre version de MIMOSIS tourne sur la base d’un Ă©chantillon de registre de donnĂ©esconstituĂ© le 1er janvier 2009 dont la plupart des donnĂ©es d’entrĂ©e font rĂ©fĂ©rence Ă  2008.

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Comme mentionnĂ© ci-dessus, trois versions de MEFISTO sont actuellement dispo-nibles. Celles-ci forment les trois derniĂšres rangĂ©es du tableau 1. Chacune des ver-sions offre un degrĂ© diffĂ©rent de convivialitĂ© et de flexibilitĂ© (et de portĂ©e) et esttaillĂ©e sur mesure pour les besoins de ses utilisateurs, respectivement la sociĂ©tĂ© civi-le, les dĂ©cideurs politiques et les utilisateurs acadĂ©miques. Tant la version BASICque LIGHT sont adaptĂ©es pour la Toile. Actuellement, la combinaison de la convivia-litĂ© pour l’utilisateur et de la portĂ©e offerte par la version BASIC est plutĂŽt unique aumonde. (19) Dans leur version actuelle, les versions de MEFISTO BASIC et LIGHTn’incluent pas de comportement en matiĂšre d’offre de main-d’Ɠuvre, ni de projec-tions Ă  long terme ou de macroliens. Les dĂ©veloppements ultĂ©rieurs de MEFISTO,qui sont dĂ©crits dans la section 6, complĂ©teront les rangĂ©es avec des ‘+’. La versionPLUS de MEFISTO est trĂšs flexible et permet aux utilisateurs acadĂ©miques de calcu-ler et de simuler une grande variĂ©tĂ© de rĂ©formes politiques, y compris l’offre demain-d’Ɠuvre et les comportements de non-revendication. Dans un avenir proche,des projections Ă  long terme (par le biais d’une repondĂ©ration statique) et desmacroliens seront aisĂ©ment disponibles dans la version PLUS de MEFISTO (voir lasection 6 pour de plus amples dĂ©tails).

4. ARCHITECTURE DE MEFISTO

Dans cette section, nous passons en revue certains aspects de l’architecture deMEFISTO. Une certaine perception de sa structure aidera Ă  une meilleure comprĂ©-hension des possibilitĂ©s et des limitations du modĂšle. Le lecteur impatient, avided’apprendre comment mettre en oeuvre des rĂ©formes politiques et comment inter-prĂ©ter les rĂ©sultats, peut toutefois ignorer cette section et passer directement Ă  lasuivante oĂč figurent des exemples et des illustrations.

D’un point de vue architectural, un modĂšle de microsimulation tel que MEFISTOexige deux types d’entrĂ©es : un ensemble de donnĂ©es comme input et un ensemblede prescrits politiques. Les usagers peuvent changer les paramĂštres politiques par lebiais d’une interface d’entrĂ©e (input). Les rĂ©sultats de la simulation sont prĂ©sentĂ©s Ă l’utilisateur dans une interface de sortie (output), sur la base d’un ensemble dedonnĂ©es de sortie gĂ©nĂ©rĂ© pendant la simulation. La figure 1 fournit une reprĂ©senta-tion schĂ©matique.

(19) Certains autres modÚles de microsimulation sur les taxes/avantages sociaux à large échelleadaptés à Internet incluent une série de modÚles africains développés par WIDER http://african-models.wider.unu.edu/ et un modÚle français récent http://www.revolution-fiscale.fr/ qui accom-pagne Landais et al. (2011). La portée de ces modÚles est toutefois plus limitée.

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FFIIGGUURREE 11:: REPRESENTATION SCHEMATIQUE DE L’ARCHITECTURE DE MEFISTO

Un premier bloc de construction consiste en donnĂ©es d’entrĂ©es (input) et contientles revenus bruts en mĂȘme temps que diverses variables socioĂ©conomiques pour unĂ©chantillon reprĂ©sentatif de toute la population. L’ensemble de donnĂ©es d’entrĂ©epour MEFISTO est SILC-UE. Pour ĂȘtre prĂ©cis, nous utilisons un sous-Ă©chantillon de laversion belge de SILC-UE qui ne comporte que les citoyens flamands. (20) Depuisson lancement en 2004, SILC-UE est devenu l’ensemble de microdonnĂ©es standardpour l’analyse de la rĂ©partition et de la pauvretĂ© dans l’UE (voir Decancq et al.2012).

Travailler avec un ensemble de donnĂ©es obtenu grĂące Ă  une enquĂȘte d’ensembleplutĂŽt qu’avec des donnĂ©es provenant d’un registre prĂ©sente Ă  la fois des avantageset des inconvĂ©nients. Les donnĂ©es d’une enquĂȘte gĂ©nĂ©rale contiennent des informa-tions additionnelles sur les variables socioĂ©conomiques qui sont souvent non dispo-nibles dans les donnĂ©es issues d’un registre (provenant de sources administrativesou fiscales). Toutefois, les Ă©tudes d’ensemble ont tendance Ă  souffrir d’une sous-reprĂ©sentation au sommet et/ou Ă  la base de la distribution des revenus. LesdonnĂ©es fiscales, d’autre part, ne contiennent pas les subpopulations qui sont fisca-lement exonĂ©rĂ©es. Du fait de la taille limitĂ©e de l’échantillon des Ă©tudes d’ensemblecomme SILC-UE, certaines rĂ©formes spĂ©cifiques affectant uniquement une subpopu-lation particuliĂšre peuvent ĂȘtre biaisĂ©es ou non reprĂ©sentatives (il n’y a qu’unefaible prĂ©sence de familles avec enfants dans les garderies d’enfants dans SILC-UE,par exemple).

(20) La version belge de SILC-UE est plus dĂ©taillĂ©e que la version europĂ©enne qui a Ă©tĂ© agrĂ©gĂ©e et har-monisĂ©e par EUROSTAT pour faciliter les comparaisons entre Etats de l’Union. En fĂ©vrier 2012, lemodĂšle BASIC de MEFISTO utilise des donnĂ©es de 3.428 mĂ©nages (8.271 individus) qui ont Ă©tĂ© col-lectĂ©es en 2008 (revenus de 2007) et revalorisĂ©es en niveaux de 2010. Ces donnĂ©es d’entrĂ©e ne peu-vent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©es par les usagers dans les versions BASIC et LIGHT, pour garantir la conformitĂ©aux conventions avec les utilisateurs.

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Le deuxiĂšme bloc de construction d’un modĂšle de microsimulation consiste en unesĂ©rie de rĂšgles de politique paramĂ©trisĂ©es qui couvrent le systĂšme actuel destaxes/avantages sociaux. Ces prescrits traduisent la lĂ©gislation fiscale dans unesĂ©quence de routines d’ordinateur. (21) La lĂ©gislation fiscale se modifie au fil dutemps ; dĂšs lors, chaque annĂ©e, il y a lieu de construire un nouvel ensemble deprescrits politiques pour conserver le modĂšle Ă  son niveau maximal de performan-ce. Ce processus de mise Ă  jour est plutĂŽt compliquĂ© et exige une grande masse detravail. C’est pour cette raison que MEFISTO utilise la mĂȘme grammaire mathĂ©ma-tique qu’EUROMOD. Pour la subpopulation flamande, MEFISTO Ă©tend considĂ©rable-ment la portĂ©e politique d’EUROMOD en incluant les compĂ©tences flamandes spĂ©ci-fiques. Pour l’ensemble commun de prescrits politiques, toutefois, l’étroiteconnexion entre MEFISTO et le modĂšle EUROMOD mĂšne Ă  d’importantesretombĂ©es en termes de mise Ă  jour et de validation des rĂ©sultats.MEFISTO applique les rĂšgles de politique rĂ©elles Ă  chaque unitĂ© fiscale de l’en-semble de donnĂ©es d’entrĂ©e et simule les taxes payĂ©es et les avantages reçus. Cestaxes et avantages sociaux simulĂ©s sont sauvegardĂ©s pour chaque unitĂ© fiscale dansl’ensemble des donnĂ©es de sortie, le troisiĂšme bloc de construction de MEFISTO.Etant donnĂ© que les revenus bruts sont observĂ©s dans l’ensemble des donnĂ©es d’en-trĂ©e et vu que les taxes et bĂ©nĂ©fices ont Ă©tĂ© simulĂ©s pour chaque unitĂ© fiscale, le cal-cul du revenu disponible peut s’opĂ©rer directement pour chaque mĂ©nage, en sous-trayant les taxes simulĂ©es des revenus bruts et en additionnant les bĂ©nĂ©fices simulĂ©s.Ces revenus disponibles sont corrigĂ©s pour ce qui concerne les diffĂ©rences dans lataille des mĂ©nages en utilisant les Ă©chelles d’équivalence standard de l’OCDE. (22)La distribution obtenue de revenu disponible simulĂ© est ce qu’il convient d’appelerla distribution de rĂ©fĂ©rence. C’est cette base et non la situation rĂ©elle que l’on utilisecomme point de repĂšre pour les comparaisons ultĂ©rieures avec les distributions dela rĂ©forme simulĂ©es.

Bien que ce soit cette base qui est utilisĂ©e comme point de repĂšre, il est importantde savoir comment la base reproduit les statistiques extĂ©rieures sur la rĂ©partitiondes salaires bruts et du revenu disponible et sur les diffĂ©rentes composantes desrecettes du gouvernement. (23) Lorsque l’on compare la distribution de rĂ©fĂ©rencede revenu disponible simulĂ©e avec la distribution observĂ©e dans SILC-UE, nous

(21) Depuis février 2012, le modÚle BASIC de MEFISTO met en oeuvre la législation sur les taxes etavantages sociaux de 2010. Les utilisateurs de la version PLUS ont un accÚs entier au (code source)des prescrits politiques, les usagers des versions BASIC et LIGHT peuvent uniquement changer unsous-ensemble des paramÚtres essentiels.(22) Notez que nous assumons le groupement du revenu total au sein du ménage de telle maniÚreque soit supprimée toute inégalité au sein du ménage.(23) Pour cette raison, un rapport de validation annuel est publié. Comme nous ne pouvons entrerdans tous les détails de ces rapports nationaux dans le cadre de cet article, nous renvoyons à Vanhilleet Spiritus (2011) pour un rapport complet des politiques EUROMOD de 2009, qui servent de baseaux politiques MEFISTO, et à Decoster et Spiritus (2011b) pour une validation des résultats de MEFIS-TO.

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observons une sous-estimation de l’inĂ©galitĂ© des revenus. Nous mesurons l’inĂ©galitĂ©des revenus au moyen du coefficient Gini bien connu qui adopte une valeur de 0 encas d’égalitĂ© totale et une valeur de 100 en cas d’inĂ©galitĂ© maximale. Le coefficientGini du plancher simulĂ© est de 20,93 en comparaison avec les 25,36 pour la distribu-tion observĂ©e au cours de l’annĂ©e politique 2010. Une telle sous-estimation estplutĂŽt classique dans les modĂšles relatifs aux taxes et avantages sociaux. (24)

Les utilisateurs d’un modĂšle de microsimulation s’intĂ©ressent gĂ©nĂ©ralement Ă  l’im-pact distributionnel d’un changement d’un ou de plusieurs paramĂštres politiques del’ensemble des prescrits politiques rĂ©els. Par le biais de l’interface d’entrĂ©e, il estpossible de mettre en oeuvre la rĂ©forme politique dĂ©sirĂ©e. La figure 2 livre unexemple de l’interface d’entrĂ©e de la version LIGHT de MEFISTO. (25) Le modĂšlesimule alors les taxes et les avantages sociaux en tenant compte des rĂšgles de poli-tique rĂ©formĂ©es. La comparaison entre la distribution de rĂ©fĂ©rence du revenu dispo-nible et la distribution suite Ă  la rĂ©forme indique l’impact distributionnel de la rĂ©for-me. Par le biais de l’interface de sortie, l’utilisateur peut se focaliser sur les statis-tiques privilĂ©giĂ©es pour rĂ©sumer ce changement dans la rĂ©partition (comme unemesure du changement de l’inĂ©galitĂ©, de la pauvretĂ© ou de l’impact budgĂ©taire). Lelecteur trouvera des exemples des interfaces de sortie Ă  la section suivante.

FFIIGGUURREE 22 :: ECRAN D’ENTREE DE MEFISTO LIGHT

Source : www.flemosi.be.

(24) Il existe une sĂ©rie d’explications possibles Ă  cette sous-estimation de l’inĂ©galitĂ©. En premier lieu,du fait de la limitation des donnĂ©es dans SILC-UE, divers postes dĂ©ductibles ne peuvent malheureuse-ment pas ĂȘtre simulĂ©s. En deuxiĂšme lieu, l’éventuelle Ă©vasion fiscale et la non-revendication de laprotection minimale des revenus (voir Bouckaert et Schokkaert, 2011 dans ce numĂ©ro de la RBSS),sont susceptibles d’affecter les rĂ©sultats. En troisiĂšme lieu, l’information est parfois manquante pourpermettre de dĂ©finir les unitĂ©s fiscales de la mĂȘme maniĂšre que le font les autoritĂ©s fiscales. En qua-triĂšme lieu, il peut Ă©galement y avoir des erreurs de rapportage dans les donnĂ©es, p. ex. du fait del’arrondissement des montants des revenus par les rĂ©pondants alors que le MSM donne un montantexact.(25) L’interface d’entrĂ©e du modĂšle BASIC est montrĂ©e dans la section suivante Ă  l’aide de certainessimulations illustratives (p. ex. figure 3).

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5. UTILISER ET INTERPRETER MEFISTO : QUATRE ILLUSTRATIONS

MEFISTO fournit quatre perspectives dans son output standard. Chacune de cesperspectives se focalise sur un aspect de l’impact distributionnel de la rĂ©forme poli-tique souhaitĂ©e. Ces perspectives sont : 1) gagnants et perdants, 2) impact sur l’inĂ©-galitĂ©, 3) impact budgĂ©taire et 4) impact sur la pauvretĂ©. Dans cette section, nousillustrons ces quatre perspectives au moyen de quatre rĂ©formes politiques diffĂ©-rentes, plus prĂ©cisĂ©ment une rĂ©forme fiscale forfaitaire, un crĂ©dit fiscal de base (ladi-te ‘jobkorting’), une allocation supplĂ©mentaire pour l’éducation des enfants, et unerĂ©forme de protection du revenu minimal. Cette analyse ne vise pas Ă  livrer une dis-cussion approfondie des sujets en question, mais plutĂŽt Ă  illustrer les possibilitĂ©s dumodĂšle. (26) Nous soulignons que les rĂ©sultats prĂ©sentĂ©s ici sont des effets de pre-mier ordre, ce qui signifie qu’ils n’intĂšgrent aucune rĂ©action comportementale enforme de changement dans l’offre de travail et de la fertilitĂ©. Etant donnĂ© le lectoratde cette revue, nous nous focaliserons principalement sur la mise en oeuvre desrĂ©formes dans la version BASIC de MEFISTO, mais les rĂ©formes illustrĂ©es peuventaussi ĂȘtre directement mises en Ɠuvre par le biais de la version LIGHT de MEFISTO(Comme nous le voyons Ă  la figure 2, l’écran d’entrĂ©e de la version LIGHT contienttous les paramĂštres nĂ©cessaires pour appliquer ces quatre rĂ©formes sĂ©lectionnĂ©es).

5.1. UNE REFORME FISCALE FORFAITAIRELa premiĂšre simulation remplace tous les taux d’imposition sur les revenus des per-sonnes physiques en vigueur par un taux fiscal forfaitaire de 15 % et une base derevenu exonĂ©rĂ© de 12.500 EUR (qui reprĂ©sente quasiment le double du montantactuel). (27) Les paramĂštres pertinents de l’interface d’entrĂ©e (input) sont visualisĂ©sdans la figure 3. Cette interface d’entrĂ©e comporte 43 paramĂštres politiques autotal, au sein d’une structure claire et intuitive ; chacun de ces paramĂštres peutrevĂȘtir n’importe quelle valeur. Si nĂ©cessaire, des Ă©crans d’aide sont fournis et pro-curent des guides pour l’utilisateur et quelques dĂ©finitions indispensables (issusprincipalement du ‘MĂ©mento fiscal’, la publication du MinistĂšre des Finances quirĂ©sume l’état actuel de la lĂ©gislation fiscale).

(26) Néanmoins, la meilleure maniÚre de se familiariser avec MEFISTO est de procéder à des expéri-mentations sur le tas avec sa version Internet qui est librement accessible sur www.flemosi.be.(27) Ces chiffres ont été proposés par Pompen et Niemegeers dans De Standaard du 28 août 2008.

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FFIIGGUURREE 33 :: ECRANS D’ENTREE (INPUT) POUR UNE REFORME FISCALE FORFAITAIRE

Source : www.flemosi.be.

En appuyant sur le bouton ‘run’, le moteur d’EUROMOD calcule l’impact de la rĂ©for-me pour chacun des mĂ©nages de l’échantillon des donnĂ©es. Les Ă©crans de sortie(output) apparaissent ensuite automatiquement.

Dans l’interface de sortie du modĂšle, l’on peut trouver les rĂ©sultats rĂ©sumĂ©s de larĂ©forme pour les quatre perspectives mentionnĂ©es ci-dessus. Ici, nous nous focali-sons sur le dĂ©bat sur les gagnants et les perdants, qui aboutit Ă  la figure 4 commerĂ©sumĂ© de sortie. Les individus sont classĂ©s dans des dĂ©ciles en fonction de leurrevenu disponible Ă©quivalisĂ© d’avant la rĂ©forme. L’impact moyen de la rĂ©forme pourun dĂ©cile donnĂ© est prĂ©sentĂ© en EUR par mois. Plus se porte sur la droite la distribu-tion des gains ou plus les gains augmentent par rapport au revenu disponibled’avant la rĂ©forme, plus la rĂ©forme favorise les riches (et vice versa).

FFIIGGUURREE 44 :: ECRAN DE SORTIE (OUTPUT) : GAINS MOYENS PAR DECILE DE REVENUS D’UNE REFOR-ME FISCALE FORFAITAIRE

Source : www.flemosi.be.

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Le gain moyen par mois serait en rĂšgle gĂ©nĂ©rale de plus ou moins 600 EUR. Lesgains absolus augmentent clairement avec le revenu : les gains les plus Ă©levĂ©s setrouvent dans les dĂ©ciles supĂ©rieurs, avec un gain moyen d’approximativement2.000 EUR par mois, alors que, dans ce scĂ©nario, le dĂ©cile le plus bas ne gagneraitpratiquement rien. Il s’agit clairement d’une rĂ©forme en faveur des riches. Toutefoisil n’y a pas de perdants, contre environ 80 % de gagnants. Une dĂ©composition plusdĂ©taillĂ©e des gagnants et des perdants en sous-groupes peut ĂȘtre obtenue en sĂ©lec-tionnant le bouton ‘more’. Il est possible de se concentrer sur les dĂ©ciles de reve-nus, mais Ă©galement sur l’ñge du chef de mĂ©nage, sur son occupation ou sur sesmodalitĂ©s de jouissance du logement. Une telle analyse (non illustrĂ©e ici pour desmotifs de briĂšvetĂ©) montre par exemple qu’une forte majoritĂ© (76 %) des inactifs negagneraient rien de cette rĂ©forme, alors que les gains les plus Ă©levĂ©s sont enregistrĂ©sdans le groupe de lĂ©gislateurs, hauts fonctionnaires et chefs d’entreprise.

Notre but ici est d’illustrer certaines des possibilitĂ©s et des limitations de MEFISTO,plutĂŽt que de rĂ©aliser une analyse complĂšte des rĂ©formes politiques. Les rĂ©ponsescomportementales par exemple, importantes pour calculer la totalitĂ© de l’impact dela rĂ©forme, sont ignorĂ©es, comme l’est la perte de revenus pour le gouvernement. Ilfaudrait chercher un tarif neutre pour les revenus ou tenir compte de l’impact sur leniveau et la rĂ©partition des biens publics pour Ă©valuer complĂštement l’impact distri-butionnel de cette rĂ©forme. Pour une analyse plus approfondie d’une taxe forfaitairesur les revenus, voir Decoster et al. (2008a).

5.2. UN CREDIT FISCAL SUPPLEMENTAIRE POUR LES TRAVAILLEURS (JOBKORTING)Avec notre deuxiĂšme rĂ©forme, nous simulons l’introduction d’un crĂ©dit fiscal sup-plĂ©mentaire pour les travailleurs rĂ©sidents en Flandre : le montant de base de la ‘job-korting’ est substantiellement augmentĂ© en passant de 125 Ă  1.000 EUR. Quel seraitl’effet d’un tel crĂ©dit fiscal supplĂ©mentaire sur l’inĂ©galitĂ© des revenus ?

AprĂšs avoir ajustĂ© les paramĂštres dans les paramĂštres appropriĂ©s dans l’écran d’en-trĂ©e et avoir fait tourner le modĂšle, nous observons dans l’écran de sortie lorsquel’on se focalise sur l’impact de l’inĂ©galitĂ©, une augmentation du coefficient Gini de0,26 point, ce qui indique une trĂšs faible augmentation de l’inĂ©galitĂ©. Ce rĂ©sultatpeut paraĂźtre surprenant, Ă©tant donnĂ© que le crĂ©dit fiscal de base supplĂ©mentaire estune somme forfaitaire, qui nous inciterait Ă  penser qu’il entraĂźnerait une plus fortediminution en matiĂšre d’inĂ©galitĂ© Ă©tant donnĂ© qu’une somme forfaitaire est relative-ment plus importante pour les bas revenus. Toutefois, le crĂ©dit fiscal pour tra-vailleurs est uniquement attribuĂ© Ă  ceux qui travaillent, qui sont relativement plusprĂ©sents dans la partie supĂ©rieure de la distribution des revenus.

Une analyse ex ante plus approfondie des effets d’un changement du crĂ©dit fiscalaccordĂ© aux travailleurs (y compris les rĂ©ponses comportementales, comme leschangements intervenant dans l’offre de main-d’Ɠuvre) peut ĂȘtre trouvĂ©e dansDecoster et al. (2011a) dans ce numĂ©ro.

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5.3. UNE REFORME DES ALLOCATIONS FAMILIALESDans notre troisiĂšme exemple, nous rĂ©formons le systĂšme d’allocations familiales,en Ă©tablissant tous les montants de base Ă  300 EUR par enfant. Ceci signifie que laprogressivitĂ© de rang du systĂšme est abolie : dans le systĂšme actuel, le montant pourle deuxiĂšme enfant dĂ©passe celui pour le premier enfant, et les montants pour letroisiĂšme enfant et les suivants sont plus Ă©levĂ©s que pour les deux premiers enfants.Nous montrons l’écran de sortie pour les impacts budgĂ©taires d’une telle rĂ©formedans la figure 5. Comme nous pouvons le voir, cette mesure coĂ»terait quelque 2,67milliards d’EUR par an, ce qui entraĂźne une augmentation de 72 %.

FFIIGGUURREE 55 :: ECRAN DE SORTIE (OUTPUT) : REFORMER LES ALLOCATIONS FAMILIALES (EN MILLIONSD’EUR PAR AN)

Source : www.flemosi.be.

Comme dans l’écran de sortie de ‘gagnants et perdants’, ici aussi, des informationssupplĂ©mentaires peuvent ĂȘtre obtenues par le biais d’une dĂ©composition en subpo-pulations. Le coĂ»t total de la rĂ©forme peut ĂȘtre scindĂ© en fonction du dĂ©cile, del’ñge, de l’occupation du chef de mĂ©nage et de ses modalitĂ©s de jouissance du loge-ment. Parmi les rĂ©sultats, nous observons que le plus grand impact budgĂ©taire seretrouve chez les chefs de mĂ©nage ĂągĂ©s de 22 Ă  60 ans, comme l’on pouvait s’yattendre.

5.4. UNE REFORME DE LA PROTECTION DU REVENU MINIMUMPour finir, nous illustrons une rĂ©forme dans le domaine de l’aide sociale. Nous aug-mentons le montant de la protection du revenu minimum pour le fixer Ă  1.725 EURpar mois. La figure 6 montre une sĂ©lection d’indicateurs de la pauvretĂ©. Le seuil depauvretĂ© pour une personne isolĂ©e est fixĂ© Ă  60 % du revenu disponible Ă©quivalentmĂ©dian relevĂ© dans les donnĂ©es dont nous disposons, et qui s’établit Ă  environ 1.009EUR par mois. Le taux de pauvretĂ© mesure le pourcentage d’individus flamands quise situent en dessous de ce seuil (voir Decancq et al. 2012). Notre rĂ©forme rĂ©duiraitle nombre de personnes en dessous du seuil de pauvretĂ© d’environ 280.000 unitĂ©s.Ce serait une rĂ©duction Ă©tonnante de la pauvretĂ©, qui hisserait au-dessus du seuil de

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pauvretĂ© un groupe de personnes qui Ă©quivaudrait Ă  plus ou moins la population deGand, la deuxiĂšme ville de Flandre. Cela correspondrait Ă  une diminution de quasi-ment la moitiĂ© des pauvres (c.-Ă -d. de 9,59 % Ă  4,97 %). Cette intervention revien-drait cependant Ă  un coĂ»t de plusieurs milliards d’EUR.

La totalitĂ© de l’écart de pauvretĂ© mesure le montant total d’argent nĂ©cessaire pourhisser tous les individus pauvres au-dessus du seuil de pauvretĂ©. Ainsi, pour cet indi-cateur, nous trouvons une rĂ©duction considĂ©rable. L’écart de pauvretĂ© par individupauvre divise ce nombre par le nombre total d’individus pauvres. Il augmente Ă©tantdonnĂ© que l’écart de pauvretĂ© dĂ©croĂźt proportionnellement moins que le nombred’individus pauvres compte tenu du seuil de pauvretĂ© initial.

FFIIGGUURREE 66 :: ECRAN DE SORTIE (OUTPUT) : CHANGEMENT DANS LES INDICATEURS DE PAUVRETEAPRES UNE REFORME DE L’AIDE SOCIALE

Source : www.flemosi.be.

Une ventilation plus dĂ©taillĂ©e en dĂ©ciles et autres caractĂ©ristiques socioĂ©conomiquespeut ĂȘtre obtenue en cliquant sur ‘more’. Ainsi, nous obtenons, par exemple, quetout particuliĂšrement les locataires sortiraient de la pauvretĂ© si l’on appliquait cetterĂ©forme. Ceci s’explique par le fait que ce sont souvent les revenus les plus bas quivivent dans des logements louĂ©s (tant sur le marchĂ© privĂ© que dans les logementssociaux).

Une fois encore, il convient de noter que les effets de cette mesure sur l’offre demain-d’Ɠuvre sont ignorĂ©s, tout comme le sont les effets de la non-revendicationdans le domaine du soutien aux revenus. Pour de plus amples informations Ă  proposde ce dernier point, voir Bouckaert et Schokkaert (2011).

6. DEVELOPPEMENTS FUTURS DE MEFISTO

Dans cette derniĂšre section, nous prĂ©sentons une prĂ©visualisation des directionsqu’empruntera MEFISTO ultĂ©rieurement au sein du projet FLEMOSI au cours desprochaines annĂ©es.

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6.1. ELARGIR LA PORTEEMĂȘme si la version actuelle de MEFISTO est dĂ©jĂ  bien pourvue, des efforts supplĂ©-mentaires seront faits pour inclure des paramĂštres politiques en relation avec lespolitiques en matiĂšre de fiscalitĂ© indirecte, des pensions, de l’éducation, de l’envi-ronnement et des taxes et subsides sur les Ă©nergies renouvelables ainsi que du loge-ment dans les trois versions de MEFISTO. Ceci permettra une Ă©tude dĂ©taillĂ©e desinteractions entre les divers domaines politiques et ouvrira la voie Ă  une nouvellesĂ©rie de questions de recherche de politique hautement pertinentes.

Pour y arriver, il faudra procĂ©der Ă  d’ambitieux dĂ©veloppements dans les deux blocsde construction de l’input de la section quatre. En tout premier lieu, l’ensemble deprescrits politiques doit ĂȘtre Ă©tendu, parfois par des prescrits politiques Ă©pineux etcomplexes. Heureusement, une certaine expĂ©rience a Ă©tĂ© acquise dans le passĂ© pardiffĂ©rentes Ă©quipes de projet [notamment par le Centrum voor Economische Stu-diĂ«n (KU Leuven) sur la taxation indirecte ; par le Centre de recherches en Econo-mie publique et Economie de la population (ULg) sur les pensions et par le Centrumvoor Sociaal Beleid Herman Deleeck sur l’enseignement, et sur les politiques de l’en-vironnement et du logement]. En second lieu, l’ensemble de donnĂ©es central actuelde MEFISTO, c’est-Ă -dire SILC-UE, continuera Ă  ĂȘtre enrichi de variables provenantd’autres sources telles que les EnquĂȘtes sur le budget des mĂ©nages belges et lesdonnĂ©es du registre fiscal (IPCAL). Ceci sera effectuĂ© par des techniques d’apparie-ment statistique basĂ©es sur les structures des dĂ©penses ou des mĂ©triques de distanceĂ  plusieurs variables.

Enfin, cette portĂ©e Ă©largie donne naissance Ă  d’intĂ©ressantes et nouvelles questionsconceptuelles sur l’évaluation du bien-ĂȘtre de l’individu. Les futures Ă©valuations rela-tives au bien-ĂȘtre cherchent Ă  inclure d’importants Ă©lĂ©ments de revenus autres queliquides, tels que les loyers attribuĂ©s, les services fournis par le secteur publiccomme l’enseignement et les services de santĂ© et les Ă©ventuelles valeurs de bien-ĂȘtre(bruit, pollution atmosphĂ©rique, loisirs) et les Ă©lĂ©ments de qualitĂ© des transports(accessibilitĂ© aux transports publics, embouteillages) (Verbist et al., 2012). Cesextensions conceptuelles mettent en Ɠuvre une autre recommandation du CMPEPSsur la multidimensionnalitĂ© du bien-ĂȘtre (Stiglitz-Sen-Fitoussi, p. 14, 2009).

6.2. INCLURE LE COMPORTEMENTUne extension ultĂ©rieure de MEFISTO se construira sur les derniers progrĂšs scienti-fiques de modĂ©lisation des rĂ©actions comportementales en addition de la versionarithmĂ©tique actuelle de MEFISTO. En particulier, nous dĂ©velopperons des modĂšlescomportementaux avancĂ©s pour l’offre de main-d’Ɠuvre y compris les contraintesdu cĂŽtĂ© de la demande du marchĂ© du travail, pour les dĂ©cisions en matiĂšre de pen-sion, de revendication des allocations et de comportements en matiĂšre d’épargne.Certaines de ces rĂ©actions comportementales sont d’une grande importance mĂȘmedans un environnement politique inchangĂ©. La revendication des allocations socialesp. ex. ne saurait ĂȘtre nĂ©gligĂ©e lorsque l’on tente de dĂ©crire la rĂ©partition rĂ©elle des

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revenus ou l’incidence de la pauvretĂ©. L’intĂ©gration de ces modĂšles comportemen-taux au sein des MSM renforce le modĂšle dans son Ă©valuation des changements depolitique. L’analyse distributionnelle des gagnants et des perdants peut en ĂȘtreaffectĂ©e. Et la comparaison de l’effet d’impact budgĂ©taire brut (sans effets comporte-mentaux) avec les effets budgĂ©taires nets aprĂšs incorporation du feedback compor-temental permet d’estimer lesdits effets de rĂ©cupĂ©ration des coĂ»ts des changementsde politique.

6.3. INCLUSION D’UN MACROLIEN ET D’UN LIEN DEMOGRAPHIQUEEnfin, soulignons que MEFISTO est en partie un modĂšle d’équilibre qui supposequ’un grand nombre de variables politiques pertinentes et intĂ©ressantes soientexogĂšnes (p. ex. salaires bruts, technologie, structure dĂ©mographique). Ceci suggĂš-re la possibilitĂ© de pousser plus loin l’analyse des effets des changements de poli-tique. En effet, prenons le cas d’une politique qui fait diminuer les impĂŽts sur le tra-vail, avec l’effet prĂ©sumĂ© d’augmenter l’offre de main-d’Ɠuvre. Cette offre accrue demain-d’Ɠuvre induira probablement un changement dans le salaire d’équilibre dumarchĂ© du travail, dĂ©pendant p. ex. de la demande de main-d’Ɠuvre des sociĂ©tĂ©s. Cechangement des salaires se traduira ensuite en une modification du revenu dispo-nible, de la demande des consommateurs, des prix des marchandises et des ser-vices, et Ă  son tour des facteurs de production, etc. Poursuivre au fur et Ă  mesure lamodĂ©lisation de toutes ces interactions est la caractĂ©ristique distinctive de lamacromodĂ©lisation, et plus spĂ©cialement de la modĂ©lisation de l’équilibre gĂ©nĂ©ralcalculable. Malheureusement, la plupart de ces modĂšles EGC sont construits surl’hypothĂšse d’un (ou d’un nombre trĂšs limitĂ© d’) agent(s) reprĂ©sentatif(s), et, parconsĂ©quent, abandonnent l’avantage de la mĂ©thodologie des MSM en termes de sen-sibilitĂ© de la distribution.

NĂ©anmoins, l’actuelle recherche acadĂ©mique a progressĂ© dans le domaine de laconstruction des liens et des feedback entre, d’une part, les MSM et les macro-modĂšles d’autre part (voir Aaberge et al. 2007, Bourguignon et al. 2008, Peichl etSchaefer, 2009, ou au niveau thĂ©orique Magnani et Mercenier, 2009). Cette stratĂ©gied’établissement des liens permet de conserver le meilleur des deux mĂ©thodologiesen une Ă©valuation ex ante europĂ©en intĂ©grĂ©e des changements de politique. Toutcomme avec les MSM, nous ne partirons pas de rien, mais adapterons et accommo-derons un modĂšle europĂ©en EGC existant et largement employĂ© en vue de son utili-sation dans le contexte rĂ©gional de la Flandre et en vue d’un Ă©tablissement de liensexplicites avec les MSM. La plate-forme de modĂ©lisation que nous avons prisecomme point de dĂ©part est le modĂšle GEM-E3 (voir E3M Lab, 2008 pour de plusamples informations). Celui-ci est un modĂšle EGC Ă  long terme (2015-2050) avec 18secteurs. Il contient un module belge, qui est liĂ© Ă  tous les autres pays europĂ©ens etau reste du monde. PrĂ©sentement, le modĂšle est principalement utilisĂ© pourconseiller la Commission europĂ©enne sur les effets nationaux de scĂ©narios en matiĂš-re de politiques dans le domaine du climat, de l’environnement, de l’énergie et destaxes indirectes, mais il est parfaitement opĂ©rationnel pour Ă©tudier les politiques

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économiques générales. Un récent prototype a été conçu, lequel contient un modu-le régionalisé belge qui est subdivisé en trois régions qui ont chacune leurs proprespolitiques économiques et leurs propres contraintes budgétaires pour le gouverne-ment.

A la section 2, nous avons dĂ©crit MEFISTO en tant que modĂšle statique. Ceci nousĂ©vite Ă©videmment de produire de vĂ©ritables analyses dynamiques des rĂ©formes poli-tiques. Toutefois, en tant qu’étape intermĂ©diaire, MEFISTO s’enrichira de projec-tions dĂ©mographiques Ă  long terme, par le biais de la mĂ©thode de la repondĂ©rationstatique (voir p. ex. Immervoll et al. 2005). Ceci revient Ă  utiliser des probabilitĂ©s detransition observĂ©es et prĂ©dites entre diffĂ©rentes situations dĂ©mographiques, pourconstruire des facteurs de repondĂ©ration pouvant ensuite ĂȘtre appliquĂ©s aux pondĂ©-rations de la population de base initiale de SILC-UE pour produire un instantanĂ© desfamilles futures. (28) Dans cette approche, la structure dĂ©mographique des gĂ©nĂ©ra-tions futures est imitĂ©e en donnant un plus grand poids dans les donnĂ©es aux sub-groupes qui, en principe, deviendront plus importants Ă  l’avenir. Si, par exemple, Ă la suite du vieillissement dĂ©mographique, la taille du groupe des personnes ĂągĂ©esaugmente, ces derniĂšres dĂ©jĂ  prĂ©sentes dans l’échantillon de donnĂ©es disponibleobtiennent un poids plus Ă©levĂ© qui reflĂšte leur part de population escomptĂ©e dansle futur. Des exĂ©cutions rĂ©pĂ©tĂ©es du MEFISTO statique quant Ă  ces populations suc-cessives peuvent alors fournir une impression de ce Ă  quoi ressemblent les effets dela politique dans un environnement dĂ©mographique en mutation. Une telle repondĂ©-ration statique ne fait pas de MEFISTO un modĂšle rĂ©ellement dynamique, mais nouscroyons que cela donne des perceptions intĂ©ressantes dans un contexte de mutationdĂ©mographique rapide.

6.4. INTEGRATION A UN MODELE DE FAMILLE-TYPEEnfin, nous Ă©tablissons Ă©galement le modĂšle MOTYFF, qui signifie “Modelling Of aTypical Flemish Family” (modĂ©lisation d’une famille flamande prĂ©dĂ©terminĂ©e).MOTYFF est un modĂšle de famille-type comme nous l’avons Ă©tudiĂ© dans la sectiontrois. MOTYFF utilise le mĂȘme ensemble de prescrits politiques que MEFISTO, cequi permet une utilisation complĂ©mentaire des deux modĂšles (comme le suggĂšrel’examen par des pairs de l’Ex Ante Social Impact Assessment (Evaluation ex ante del’impact social), hĂ©bergĂ© par le Service fĂ©dĂ©ral public belge de sĂ©curitĂ© sociale les17-18 novembre 2011). PlutĂŽt que travailler avec les donnĂ©es sous-jacentes de SILC-UE, l’usager fournit les caractĂ©ristiques de la famille (en termes d’ñge, de composi-tion de la famille, de statut d’emploi, de niveau salarial, etc.). Avec MOTYFF, onpeut investiguer comment le revenu du mĂ©nage sĂ©lectionnĂ© est affectĂ© aprĂšs unchangement de politique socioĂ©conomique (par exemple, la suppression de la “job-korting”).

(28) Pour les premiers résultats de cette méthode de repondération statique au sein du projet FLE-MOSIt, voir Schockaert et Surkyn (2012).

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A cĂŽtĂ© de l’avantage apparent d’un modĂšle de famille-type comme MOTYFF entermes de faibles exigences pour les donnĂ©es, il s’agit Ă©galement d’un complĂ©mentutile Ă  un authentique MSM. PrĂ©cisĂ©ment, le principal avantage d’un MSM, Ă  savoirl’évaluation des politiques et de leurs interactions complexes pour une populationreprĂ©sentative et hĂ©tĂ©rogĂšne soulĂšve souvent de nouvelles questions sur l’interprĂ©-tation des rĂ©sultats. Pour cette raison, le calcul des effets pour certains types defamilles ou individus prĂ©dĂ©finis, identifiĂ©s par le modĂšle MSM, ouvre de nouvellesperspectives. Le modĂšle peut, par exemple, mettre en lumiĂšre les mĂ©canismes sous-jacents de la pauvretĂ© ou des piĂšges Ă  l’emploi.

7. CONCLUSION

Dans cet article, nous avons introduit MEFISTO au titre de nouveau modĂšle demicrosimulation pour la Flandre. Une comparaison du modĂšle avec les modĂšlesexistants d’évaluation politique ex ante a mis en lumiĂšre que MEFISTO dispose d’im-portants avantages comparatifs, particuliĂšrement grĂące Ă  son accessibilitĂ©, sa convi-vialitĂ© et sa portĂ©e. De futurs dĂ©veloppements du modĂšle au dĂ©part de ces caractĂ©-ristiques se dĂ©rouleront dans les annĂ©es Ă  venir. Nous espĂ©rons et sommes convain-cus que MEFISTO contribuera Ă  enrichir le dĂ©bat public visant Ă  choisir les rĂ©formesles plus appropriĂ©es dans le domaine des politiques fiscales et sociales en Flandredans les actuels temps de dĂ©fi. Maintenant, plus que jamais, il est important d’éva-luer les politiques conformĂ©ment aux standards les plus aigus disponibles, tant Ă  lafois ex ante que ex post.

DĂ©velopper des modĂšles de politiques tels que MEFISTO est manifestement d’unegrande complexitĂ© et exige des connaissances trĂšs spĂ©cifiques. Les universitĂ©sbelges disposent de certains de ces savoir-faire, tout comme les administrationspubliques en disposent d’autres. Pour cette raison, l’un des dĂ©fis quant au dĂ©velop-pement futur d’outils d’évaluation des politiques applicables en Flandre consiste Ă combler le fossĂ© entre ces deux centres de compĂ©tence complĂ©mentaires. Ceci estnĂ©cessaire, tout Ă  la fois en termes de dissĂ©mination des rĂ©sultats, de mise en Ă©viden-ce de questions politiques urgentes, de fourniture d’accĂšs Ă  des ensembles trĂšsutiles de donnĂ©es d’enquĂȘtes d’ensemble et de donnĂ©es administratives, toutcomme en termes des perspectives de financement Ă  long terme. S’il est possible derĂ©pondre Ă  ces dĂ©fis, nul doute ne subsiste quant au dĂ©veloppement ultĂ©rieur d’ou-tils d’évaluation plus puissants et accessibles comme MEFISTO et Ă  leur applicationdans un futur proche ainsi qu’aux bĂ©nĂ©fices qu’en tireront les dĂ©cideurs politiquesde Flandre.

(Traduction)

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TABLE DES MATIERES

MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE

1. INTRODUCTION 547

2. MEFISTO : UN MODELE DE MICROSIMULATION ARITHMETIQUE 551STATIQUE POUR LA FLANDRE

2.1. MEFISTO EST UN MODELE DE MICROSIMULATION . . . . . . . . . . . . . 5522.2. MEFISTO EST UN MODELE EX ANTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5532.3. MEFISTO EST UN MODELE ARITHMETIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . 5542.4. MEFISTOIS EST UN MODELE STATIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5552.5. MEFISTO EST UN MODELE FLAMAND . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 555

3. POURQUOI UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LAFLANDRE ? 556

4. ARCHITECTURE DE MEFISTO 559

5. UTILISER ET INTERPRETER MEFISTO: QUATRE ILLUSTRATIONS 563

5.1. UNE REFORME FISCALE FORFAITAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5635.2. UN CREDIT FISCAL SUPPLEMENTAIRE POUR LES TRAVAILLEURS (JOBKORTING) . . . 5655.3. UNE REFORME DES ALLOCATIONS FAMILIALES . . . . . . . . . . . . . . . 5665.4. UNE REFORME DE LA PROTECTION DU REVENU MINIMUM . . . . . . . . . . 566

6. DEVELOPPEMENTS FUTURS DE MEFISTO 567

6.1. ELARGIR LA PORTEE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5686.2. INCLURE LE COMPORTEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5686.3. INCLUSION D’UN MACROLIEN ET D’UN LIEN DEMOGRAPHIQUE . . . . . . . . 5696.4. INTEGRATION A UN MODELE DE FAMILLE TYPE . . . . . . . . . . . . . . . 570

7. CONCLUSION 571

BIBLIOGRAPHIE 572

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UNE EVALUATION EX ANTE DE LA‘JOBKORTING’ FLAMANDE *

PAR ANDRE DECOSTER, KRIS DE SWERDT et PIETER VANLEENHOVE

Centrum voor Economische Studiën (CES), KULeuven

1. INTRODUCTION

AprĂšs que la “Jobkorting”** avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© diminuĂ©e pour l’annĂ©e des revenus 2010,le Gouvernement flamand dĂ©cidait en dĂ©cembre 2010 de mettre un terme final Ă cette rĂ©duction d’impĂŽts pour l’annĂ©e des revenus 2011. Sans doute les argumentsbudgĂ©taires ont-ils jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans cette dĂ©cision. Mais tant les parti-sans que les opposants ont fait largement rĂ©fĂ©rence Ă  l’effet activant supposĂ© decette rĂ©duction fiscale. Dans cet article, nous analysons cet argument en procĂ©dantĂ  une analyse ex ante microĂ©conomĂ©trique Ă  l’aide du modĂšle de microsimulationMEFISTO, dĂ©veloppĂ© au sein du projet FLEMOSI. Le modĂšle de microsimulation sedistingue sur deux plans d’autres modĂšles envisageables permettant d’analyser unetelle mesure politique.

En premier lieu, nous effectuons une analyse ex ante. Cela peut paraĂźtre bizarrepour une mesure introduite voici Ă  peine trois ans, qui entre-temps a mĂȘme Ă©tĂ© sup-primĂ©e. Mais le caractĂšre ‘ex ante’ rĂ©sulte du fait qu’à ce moment, nous ne dispo-sons pas encore de donnĂ©es qui nous permettraient de vĂ©rifier d’une façon Ă©co-nomĂ©trique justifiĂ©e si le dispositif adoptĂ© a effectivement exercĂ© un effet, parexemple sur l’emploi. Si nous avions rĂ©ellement pu disposer de ces donnĂ©es, nousaurions pu procĂ©der Ă  une analyse ‘ex post’. Les techniques Ă©conomĂ©triques Ă  cettefin ont d’ailleurs Ă©tĂ© nettement amĂ©liorĂ©es au cours de ces quinze derniĂšres annĂ©eset permettent dĂ©sormais d’isoler clairement l’impact d’une mesure parmi d’autresfacteurs contextuels qui ont variĂ© entre-temps. Il va de soi qu’un changement dutaux d’emploi flamand depuis 2007 – l’annĂ©e de l’introduction de la “jobkorting” –

* Les auteurs tiennent Ă  remercier Koen Decancq pour ses remarques pertinentes dans le cadre d’unepremiĂšre version de ce texte. Naturellement, ils restent les seuls responsables des Ă©ventuelles imprĂ©-cisions.** “Jobkorting” : la “Vlaamse jobkorting” Ă©tait une rĂ©duction forfaitaire de l’impĂŽt des personnes phy-siques pour les contribuables qui rĂ©sident dans la RĂ©gion flamande. Pour Ă©viter toute lourdeur dutexte, ce terme restera en nĂ©erlandais.

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 3e TRIMESTRE 2011

n’est pas exclusivement et/ou Ă©videmment Ă  imputer Ă  la “Jobkorting”. Afin d’isolercet impact, il faut procĂ©der Ă  une analyse Ă©conomĂ©trique affinĂ©e dans laquelle, dansla majoritĂ© des cas, un groupe de ‘traitement’ est comparĂ© Ă  un groupe de ‘contrĂŽle’qui, Ă  un maximum d’égards, est identique au groupe de ‘traitement’. Ceci est sĂ»re-ment une piste pour de futures Ă©tudes sur les effets de la ‘Vlaamse Jobkorting’, maisqui n’a pas Ă©tĂ© suivie dans cet article.

Dans cet article, nous procĂ©dons Ă  une Ă©valuation des effets de la ‘Jobkorting’ ensimulant le changement de comportement des travailleurs salariĂ©s (potentiels) suiteĂ  la mesure politique au moyen d’un modĂšle de comportement en matiĂšre d’offresde travail. Par ‘offre de travail’, nous entendons ici la volontĂ© de personnes disponi-bles et prĂȘtes Ă  proposer leurs services sur le marchĂ© du travail en contrepartie desconditions de salaire et de travail usuelles en fournissant un certain nombre d’heu-res dĂ©terminĂ©. Le modĂšle d’offre de travail que nous utilisons Ă  cette fin est unmodĂšle parfaitement actualisĂ© qui ne modĂ©lise pas le choix du salariĂ© au moyend’une fonction continue d’offre de travail, mais limite ce choix Ă  un nombre res-treint de points discrets (p. ex. ne pas travailler, travailler Ă  mi-temps ou Ă  tempspartiel). Ce modĂšle nous permettra de prĂ©dire de quelle maniĂšre, les individus adap-teront leur offre de travail en cas d’introduction de la ‘Jobkorting’ ou de change-ment de la hauteur ou d’une modulation du montant de celle-ci. Ceci constitue lepoint central du prĂ©sent article.

Le deuxiĂšme aspect particulier de notre analyse rĂ©side dans le caractĂšre de lamicrosimulation. Par celui-ci, elle se distingue d’autres analyses ex ante, telles quecelles effectuĂ©es par le Bureau du Plan lors d’une rĂ©duction des cotisations de sĂ©cu-ritĂ© sociale (voir p. ex. Bassiliere et al. 2005). Dans ce cas, les effets des mesuressont simulĂ©s au moyen d’un modĂšle macroĂ©conomique dans lequel, le plus souvent,n’est prĂ©sent qu’un seul agent Ă©conomique reprĂ©sentatif pour restituer l’offre de tra-vail. Cette grande simplification quant au caractĂšre hĂ©tĂ©rogĂšne des individus qui seproposent de travailler n’est pas nĂ©cessairement un inconvĂ©nient. En effet, elle est(plus que) compensĂ©e par le caractĂšre plus gĂ©nĂ©ral de telles simulations macroĂ©co-nomiques. Par cela, nous signifions que tous les secteurs de l’économie et leursinteractions sont repris dans le rĂ©sultat. Un chĂŽmeur qui recommence Ă  travailler,profite d’un revenu plus Ă©levĂ© et, de ce fait, consomme plus, ce qui accroĂźt lademande de biens de consommation. Il paye aussi plus d’impĂŽts et de cotisationssociales, ce qui accroĂźt le budget gouvernemental et, ceteris paribus, les taux d’im-position peuvent ĂȘtre diminuĂ©s ou les dĂ©penses pour des biens publics ĂȘtre aug-mentĂ©es. Par ailleurs, le salaire d’équilibre sur le marchĂ© de l’emploi lui-mĂȘme seracodĂ©terminĂ© par l’offre et la demande de travail. VoilĂ  autant de consĂ©quences quenous n’avons pas reprises dans notre modĂšle. Le modĂšle de microsimulation utilisĂ©est en effet un modĂšle d’équilibre partiel, qui se limite Ă  mettre en cartes l’offre detravail des individus. Cette restriction Ă  une analyse partielle nous permet d’élaborernotre modĂšle de maniĂšre extrĂȘmement affinĂ©e et de livrer une image aussi richeque possible de l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de la population active potentielle (qui est absentedans un macromodĂšle). Nous y parvenons en calculant les effets des mesures pour

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un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la population, dans notre cas, l’enquĂȘte d’ensembleUE-SILC. Par la mĂȘme occasion, ceci nous permet de traduire des effets de rĂ©parti-tion des mesures dans notre analyse et de fournir une rĂ©ponse Ă  la question – incon-testablement pertinente pour les dĂ©cideurs politiques – de savoir ‘qui gagne ? Quiperd ?’.

Au sein de la classe des modĂšles de microsimulation, une distinction est opĂ©rĂ©eentre ‘modĂšles arithmĂ©tiques’ et ‘modĂšles comportementaux’, oĂč les premiersreprĂ©sentent un ingrĂ©dient et un marche-pied pour et vers le deuxiĂšme groupe. UnmodĂšle arithmĂ©tique se limite Ă  calculer l’effet d’une mesure, comme par exemplela ‘Jobkorting’ ou une diminution gĂ©nĂ©rale des impĂŽts, sur le revenu disponible d’unmĂ©nage en cas de comportement inchangĂ©. Nous appelons ceci l’impact d’une me-sure. Souvent, en soi, cet exercice se rĂ©vĂšle dĂ©jĂ  suffisamment difficile, parce que lesystĂšme qui opĂšre la transition du revenu brut sur le marchĂ© du travail (ou, le casĂ©chĂ©ant, de revenus de remplacement) au revenu disponible net est trĂšs complexeet interdĂ©pendant. Lorsque l’on commence Ă  travailler, l’on perd par exemple lesallocations familiales majorĂ©es ou, le cas Ă©chĂ©ant, l’allocation d’intĂ©gration. D’oĂčune condition sine qua non pour obtenir une analyse fiable rĂ©side dans un modĂšlearithmĂ©tique trĂšs bien Ă©laborĂ©, qui modĂ©lise de maniĂšre trĂšs dĂ©taillĂ©e la lĂ©gislationrelative aux impĂŽts et aux allocations. C’est ici qu’un modĂšle de microsimulation,comme MEFISTO, apporte la preuve de ses atouts.

Mais cette analyse d’impact ne suffit guĂšre. Une analyse Ă©conomique se distingueparce qu’elle tient compte du comportement des agents Ă©conomiques qui sonttouchĂ©s par la mesure. Lorsqu’une mesure vise explicitement Ă  modifier ce compor-tement – Ă  l’instar de la ‘Jobkorting’ qui cherche Ă  ‘activer’ ou Ă  ‘stimuler’ les per-sonnes –, une analyse Ă©conomique basĂ©e sur un modĂšle comportemental est incon-testablement indiquĂ©e. Etant donnĂ© que le modĂšle comportemental utilisĂ© est unmodĂšle comportemental individuel, cette analyse n’est d’ailleurs pas en contradic-tion avec l’analyse rĂ©partitrice dĂ©jĂ  mentionnĂ©e, fondĂ©e sur les effets d’impact. Bienau contraire ! Puisque nous pouvons mettre en oeuvre le modĂšle comportementalsur la mĂȘme enquĂȘte d’ensemble reprĂ©sentative Ă  laquelle nous appliquons le modĂš-le arithmĂ©tique, notre modĂšle comportemental ne peut qu’enrichir et affiner l’analy-se de la rĂ©partition. Par ailleurs, elle permet Ă©galement d’évaluer les effets retoursbudgĂ©taires si frĂ©quemment supposĂ©s d’une mesure sur le budget.

La suite de l’article se structure comme suit. En premier lieu, nous dĂ©crivons sous lepoint 2 la ‘Jobkorting’ telle qu’elle a Ă©tĂ© introduite en 2007, adaptĂ©e en 2008, 2009et 2010, pour ensuite ĂȘtre supprimĂ©e pour l’annĂ©e d’imposition 2011. Au point 3,nous calculons les effets de cette rĂ©duction d’impĂŽts en prĂ©sumant qu’elle ne gĂ©nĂš-re aucun effet sur l’offre de travail. Dans la section 4, nous expliquons commentnous pouvons Ă©tendre le modĂšle par des rĂ©actions comportementales sur le marchĂ©du travail. Enfin, au chapitre 5, nous utilisons le modĂšle d’offre de travail pour Ă©valu-er l’effet potentiel de la ‘Jobkorting’ quant Ă  l’activation. Nous exprimons Ă©galementcette influence sous la forme d’un Ă©ventuel effet retour budgĂ©taire.

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2. LA ‘JOBKORTING’

A partir de 2007, le Gouvernement flamand accordait une rĂ©duction forfaitaire surl’impĂŽt des personnes physiques pour tous les travailleurs qui rĂ©sidaient dans laRĂ©gion flamande et qui avaient un revenu professionnel de minimum 5.500 EUR paran. Cette rĂ©duction forfaitaire connue sous le nom de ‘Jobkorting’ a pu ĂȘtre mise enƓuvre grĂące Ă  l’autonomie fiscale accordĂ©e aux rĂ©gions dans le cadre des accords duLambermont de 2001. Le but de l’introduction de cette ‘Jobkorting’ Ă©tait double.PremiĂšrement, le Gouvernement flamand souhaitait diminuer la pression fiscalepour le Flamand au travail et instaurer des stimulants pour inciter les inactifs Ă  serĂ©insĂ©rer dans le marchĂ© du travail (1). En effet, seules entraient en ligne de comptepour cette rĂ©duction d’impĂŽt les personnes qui gagnaient plus de 5.500 EUR par anĂ  la suite d’une activitĂ© Ă©conomique. La ‘jobkorting’ renforçait donc la diffĂ©renceentre travailleurs et inactifs et devait ainsi pouvoir contribuer Ă  rĂ©duire le piĂšge Ă l’emploi.

Comme le dĂ©montre le tableau 1, cette rĂ©duction des impĂŽts sur les revenus de l’an-nĂ©e 2007 Ă©tait assez limitĂ©e, Ă  savoir 125 EUR par an (2). En dessous du seuil mini-mal, aucune zone d’entrĂ©e n’était prĂ©vue, mais il existait nĂ©anmoins une zone desortie – Ă  vrai dire assez resserrĂ©e – entre 21.000 et 22.250 EUR. Le progressivitĂ© dela suppression Ă©tait de 10%. La ‘jobkorting’ Ă©tait rĂ©glĂ©e mensuellement via le prĂ©-compte professionnel. La figure 1 reprĂ©sente graphiquement la ‘jobkorting’. La lignenoire en gras reprĂ©sente la ‘Jobkorting’ de 2007. La ligne grise illustre la ‘jobkorting’sur les revenus de l’annĂ©e 2008 et son relĂšvement Ă  200 EUR, au sein d’une structu-re inchangĂ©e pour le reste (absence de zone d’entrĂ©e, et zone de sortie resserrĂ©e).

Ce n’est qu’en 2009 que la ‘Jobkorting’ a Ă©tĂ© fortement Ă©largie (la ligne en pointillĂ©ssupĂ©rieure , figure 1). Chaque travailleur de la RĂ©gion flamande qui bĂ©nĂ©ficiait d’unrevenu professionnel d’au moins 5.500 EUR entrait dĂ©sormais en considĂ©ration pourune rĂ©duction d’impĂŽts d’au moins 250 EUR. Pour les travailleurs ayant un revenuprofessionnel annuel oscillant entre 5.500 et 22.000 EUR, la rĂ©duction a Ă©tĂ© relevĂ©ejusqu’à atteindre 300 EUR. Pour rendre encore plus tangible cette rĂ©duction del’impĂŽt des personnes physiques, le montant total Ă©tait rĂ©glĂ© d’un seul tenant via leprĂ©compte professionnel du mois de fĂ©vrier au lieu de l’attribution mensuelleopĂ©rĂ©e prĂ©cĂ©demment. Il va de soi que ceci a fortement fait grimper la facture. LecoĂ»t budgĂ©taire pour 2009 a Ă©tĂ© estimĂ© Ă  710 millions d’EUR (3).

(1) En comparaison, le Working Families Tax Credit au Royaume-Uni s’élevait en 2000 Ă  rien moinsque 4934 ÂŁ par an (Strickland, 1998).(2) Informations obtenues par le cabinet du Ministre flamand des Finances et du Budget. (3) UE-SILC signifie ‘European Union Survey on Income and Living Conditions’, c’est une Ă©tude d’en-semble standardisĂ©e pour les 27 Etats de l’UE (un certain nombre de pays utilisent Ă©galement desdonnĂ©es administratives au lieu de donnĂ©es d’études d’ensemble). Voir Atkinson et Marlier (2010)pour une premiĂšre Ă©valuation et un commentaire des applications des donnĂ©es de l’UE-SILC.

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En 2010 cependant, la rĂ©duction fut drastiquement diminuĂ©e (la ligne en pointillĂ©sinterrompue infĂ©rieure, figure 1). Le montant Ă  nouveau ramenĂ© Ă  125 EUR fut dis-tribuĂ© de maniĂšre beaucoup plus sĂ©lective (uniquement le montant plein en deçà de17.250 EUR) et le calcul se fit de nouveau sur une base mensuelle. De ce fait, le coĂ»tbudgĂ©taire pour 2010 fut divisĂ© par un facteur 10, Ă  savoir un prix coĂ»tant estimĂ© de75 millions d’EUR. En dĂ©cembre 2010 enfin, l’on dĂ©cida de supprimer totalement la‘Jobkorting’ Ă  partir de l’annĂ©e d’imposition 2011.

TABLEAU 1 : LA ‘JOBKORTING’ DE 2007 A 2010

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UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

U JO O GRevenu annuel d’une activitĂ© professionnelle

CrĂ©dit d’impĂŽt

‘Jobkorting’ revenus annĂ©e 2007 – exercice d’imposition 2008 Moins de 5.500 0 5.500 – 21.000 125 21.000 – 22.250 125 –[(revenu – 21.000) * 0.10] 22.250 ou plus 0 Paiement : mensuel (crĂ©dit d’impĂŽt annuel total /12)

‘Jobkorting’ revenus annĂ©e 2008 – exercice d’imposition 2009 Moins de 5.500 0 5.500 – 21.000 200 21.000 – 23.000 200 – [(revenu – 21.000) * 0.10] 23.000 ou plus 0 Payement : mensuel (crĂ©dit d’impĂŽt annuel total/12)

‘Jobkorting’ revenus annĂ©e 2009 – exercice d’imposition 2010 Moins de 5.500 0 5.500 – 22.000 300 22.000 ou plus 250 Paiement : payement unique en fĂ©vrier

‘Jobkorting’ revenus annĂ©e 2010 – exercice d’imposition 2011 Moins de 5.500 0

5.500 – 17.250 125

17.250 – 18.500 125 –[(revenu – 17.250) * 0.10]

18.500 ou plus 0

Payement : mensuel (crĂ©dit d’impĂŽt annuel total/12)

Source : Portail des impĂŽts Flandre.

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FIGURE 1 : LA ‘JOBKORTING’ DE 2007 A 2010

3. IMPACT DE LA ‘JOBKORTING’

Comme nous l’avons dĂ©jĂ  mentionnĂ© dans l’introduction, un modĂšle de microsimu-lation arithmĂ©tique (Ă  partir d’ici abrĂ©gĂ© en MMS) se compose de deux parties essen-tielles : un ensemble de microdonnĂ©es qui reprĂ©sente la population Ă  modĂ©liser etun programme de calcul qui reflĂšte le plus prĂ©cisĂ©ment possible la lĂ©gislation de lasituation Ă  modĂ©liser. Sur ce modĂšle calculĂ©, il est Ă©galement envisageable de grefferun modĂšle comportemental. C’est ce que nous faisons dans les paragraphes sui-vants. Dans un premier temps, nous analysons les effets de la ‘jobkorting’ Ă  l’aide duMMS MEFISTO dĂ©veloppĂ© au sein de FLEMOSI.

MEFISTO utilise l’étude d’ensemble UE-SILC comme ensemble de microdonnĂ©es (4).L’annĂ©e de l’enquĂȘte utilisĂ©e ici est 2006. Elle se rapporte donc aux revenus de l’an-nĂ©e 2005. En tant que calculateur du bĂ©nĂ©fice fiscal, MEFISTO part du programme

(4) EUROMOD subit actuellement une mise Ă  jour pour comprendre les 27 pays de l’UnioneuropĂ©enne et permettre le passage Ă  un usage systĂ©matique de l’UE-SILC. Pour la Belgique, le passa-ge Ă  l’UE-SILC a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© effectuĂ©. Pour de plus amples informations, voir :http://www.iser.essex.ac.uk/research/euromod.

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Revenu d’activitĂ©

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EUROMOD Ă©galement standardisĂ© pour l’UE (5). Dans un MMS, la prĂ©cision du cal-cul naturellement dĂ©pend Ă©troitement de la fiabilitĂ© des donnĂ©es sur les revenussous-jacentes et des variables sociodĂ©mographiques de l’échantillon.

L’effet d’impact de la ‘Jobkorting’ est facile Ă  calculer. Pour chaque individu del’échantillon, nous disposons de suffisamment d’informations sur la situation auniveau de l’emploi et sur la hauteur du revenu professionnel, ce qui nous autorise Ă calculer le revenu disponible du mĂ©nage avec et sans ‘Jobkorting’. Nous prĂ©sentonsles rĂ©sultats dans les tableaux 2, 3 et 4.

TABLEAU 2 : CHANGEMENT DU REVENU DISPONIBLE NET MENSUEL DU MENAGE A LA SUITE DELA ‘JOBKORTING’ 2009

Le tableau 2 illustre dans quelle mesure le revenu disponible (non Ă©quivalisĂ©) dumĂ©nage change du fait de l’introduction de la ‘Jobkorting’ en 2009. Pour la popula-tion flamande totale (y compris donc les non-actifs), la variation moyenne s’élĂšve Ă 29,1 EUR par mois et par mĂ©nage. Au tableau 2, nous donnons Ă©galement une rĂ©par-tition sur les quintiles de la population flamande, rĂ©partie de pauvre Ă  riche selon lerevenu disponible Ă©quivalisĂ© du mĂ©nage. Rien donc de surprenant Ă  constater que,considĂ©rĂ©e sur l’ensemble de la population, la ‘Jobkorting’ aboutit Ă  une hausse

(5) La simulation du revenu du mĂ©nage n’est pas toujours Ă©vidente, surtout en cas de non-travail. Parexemple, un manque d’informations sur les pĂ©riodes Ă©coulĂ©es empĂȘche la simulation prĂ©cise de l’al-location de chĂŽmage Ă  laquelle l’individu a droit. Par ailleurs, la question aussi de savoir si quelqu’unqui ne travaille plus a droit Ă  l’allocation d’intĂ©gration, voire Ă  une allocation de chĂŽmage reste par-fois insoluble sur la base des donnĂ©es non administratives telles que l’UE-SILC. Dans MEFISTO, noussupposons qu’en cas d’inactivitĂ©, le revenu se compose de l’allocation d’intĂ©gration (avec, naturelle-ment, examen des conditions pour entrer en considĂ©ration). Pour une analyse dĂ©taillĂ©e des limita-tions budgĂ©taires sur la base de donnĂ©es administratives en provenance du Datawarehouse MarchĂ©du travail et Protection sociale, voir Decoster, De Swerdt et Van Camp (2010a).

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UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

Revenu disponible équivalisé du ménage Changement du revenu mensuel

disponible non équivalisé du ménage à la suite de la JK 2009

Quintile niveau avant la JK en EUR en % 1 921 7,1 0,77 2 1.280 21,5 1,68 3 1.560 34,4 2,20 4 1.839 39,1 2,12 5 2.562 43,8 1,71

Population totale 1.632 29,1 1,70 Source : calculs propres avec MEFISTO sur UE-SILC 2006. L’échelle d’équivalence utilisĂ©e pour laconstruction de la rĂ©partition en quintiles est l’échelle OCDE adaptĂ©e (poids 1 pour le chef de mĂ©nage, poids 0,5 pour tout autre membre du mĂ©nage de plus de 14 ans et poids de 0,3 pour chaque enfant ĂągĂ© de moins de 14 ans).

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nominale du revenu disponible qui, par ailleurs, augmente au fur et Ă  mesure que cerevenu est plus Ă©levĂ©. En termes relatifs cependant (la colonne de droite), le mon-tant fixe a pour effet que le pourcentage de gain diminue Ă  partir du troisiĂšme quin-tile. Le coĂ»t budgĂ©taire total de la ‘Jobkorting’ en 2009 est Ă©valuĂ© par notre modĂšlecalculĂ© Ă  671 millions d’EUR et est donc assez proche des estimations effectuĂ©es parle Gouvernement flamand.

Au tableau 3, nous affinons l’image en exprimant le gain en revenu disponible pourdiffĂ©rents groupes. Par ailleurs, nous restituons dĂ©sormais le changement de revenumensuel disponible du mĂ©nage par personne. A travers les quintiles, l’image resterĂ©gressive en ce sens que le gain nominal – mĂȘme s’il est trĂšs faible – continue Ă augmenter Ă  travers les cinq quintiles. En termes de pourcentage, le bĂ©nĂ©fice nediminue que lĂ©gĂšrement pour le cinquiĂšme quintile. La subdivision en fonction dela position socioĂ©conomique et de la catĂ©gorie d’ñge est exempte de surprises. EtantdonnĂ© que la ‘jobkorting’ est uniquement accordĂ©e aux travailleurs, le gain enrevenu disponible est le plus faible pour les mĂ©nages de retraitĂ©s et/ou de chĂŽ-meurs. La catĂ©gorie d’ñge entre 25 et 35 ans bĂ©nĂ©ficie le plus de la ‘Jobkorting’.

TABLEAU 3 : CHANGEMENT DU REVENU DISPONIBLE NET MENSUEL DU MENAGE PAR PERSON-NE A LA SUITE DE LA ‘JOBKORTING’ 2009

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

Revenu disponible moyen du ménage

Niveau équivalisé Changement par personne à la suite de la JK 2009

Avant la JK en EUR en % Population totale 1632 9,7 0,59

D’aprĂšs le quintile de revenu Ă©quivalent disponible du mĂ©nage 1 921 2,3 0,25 2 1.280 6,6 0,52 3 1.560 11,1 0,71 4 1.839 13,0 0,71 5 2.562 15,5 0,60

D’aprĂšs la position socioĂ©conomique (du chef de mĂ©nage) IndĂ©pendant 1.586 11,2 0,71

Salarié 1.803 13,9 0,77 Retraité 1.454 3,0 0,21

ChĂŽmeur 1.164 5,3 0,46 D’aprĂšs la catĂ©gorie d’ñge (dĂ©terminĂ©e pour le chef de mĂ©nage)

18-25 1.351 19,8 1,47 25-35 1.741 18,2 1,05 35-45 1.686 12,8 0,76 45-55 1.681 13,2 0,79 55-65 1.336 1,3 0,10 65-80 1.256 0,9 0,07

Source : calculs propres avec MEFISTO sur UE-SILC 2006. L’échelle d’équivalence utilisĂ©e est l’échelle OCDE adaptĂ©e (voir note sous le tableau 2).

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Enfin, nous illustrons les possibilitĂ©s du modĂšle de microsimulation en fournissantune rĂ©ponse directe Ă  une question souvent posĂ©e par les dĂ©cideurs politiques et lesfaiseurs d’opinion quand une mesure politique est mise en oeuvre : “Qui gagne ?Qui perd ?”. Lorsque l’on ne dispose pas d’un MMS qui calcule les effets sur unĂ©chantillon reprĂ©sentatif de la population, la rĂ©ponse fournie Ă  cette question faitassez frĂ©quemment suite Ă  un calcul de l’impact produit pour un mĂ©nage-type. Maisles caractĂ©ristiques du mĂ©nage-type peuvent ĂȘtre choisies de maniĂšre si atypiqueque l’on obtient des conclusions qui ne sont pas reprĂ©sentatives pour la totalitĂ© dela population. C’est pourquoi nous plaidons pour que soit esquissĂ©e une image desgagnants et des perdants d’une mesure adoptĂ©e, comme nous le proposons autableau 4.

TABLEAU 4 : CARACTERISTIQUES DES GAGNANTS ET DES PERDANTS DE LA ‘JOBKORTING’ 2009

Au tableau 4, nous avons une fois de plus ventilĂ© la population en cinq quintiles,mais cette fois non plus sur la base du revenu disponible, mais bien sur la base dugain qu’encaisse le mĂ©nage grĂące Ă  cette mesure. Ici, nous dĂ©finissons le gaincomme le changement intervenu dans le revenu disponible Ă©quivalent du mĂ©nage.Le premier quintile du tableau 4 comporte donc les 20% de plus petits gagnantsgrĂące Ă  ce dispositif (en effet, il n’y a pas de vrais perdants). Le cinquiĂšme quintilecomprend les 20% de plus grands gagnants. Les rangĂ©es du tableau 4 dĂ©criventensuite les caractĂ©ristiques de cette rĂ©partition de gagnants et de perdants (relatifs).

587

UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

Quintile par ordre de gain en EUR 1 2 3 4 5

Caractéristique Populationtotale

20%plus petits

gagnants

20%plus

grands gagnants

Revenu mensuel disponible du ménage (non équivalisé)

3.123 1.795 3.404 3.643 3.686 3.717

Revenu mensuel disponible équivalisé du ménage

1.632 1.198 1.422 1.713 1.850 2.066

Quintile avant JK 3,0 1,9 2,4 3,2 3,7 4,1 Salaire horaire 17,3 15,7 17,6 18,3 18,6 17,3 Age 40,1 60,0 31,0 35,4 29,2 33,5 Taille du mĂ©nage 3,1 2,2 4,3 3,6 3,5 2,7 Nombre moyen d’enfants

0,87 0,38 1,56 1,19 1,26 0,40

% de retraitĂ©s 20,2 60,7 5,9 9,7 1,6 1,7 % de chĂŽmeurs 3,9 6,1 4,8 4,3 1,5 2,4 Source : calculs propres avec MEFISTO sur UE-SILC 2006. La rĂ©partition des mĂ©nages par ordre degrandeur des gains a Ă©tĂ© Ă©tablie sur la base du changement (en EUR) du revenu disponible Ă©quivalent dumĂ©nage. L’échelle d’équivalence utilisĂ©e est l’échelle OCDE adaptĂ©e (voir note sous le tableau 2).

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Les rĂ©sultats des tableaux 2 et 3 sont condensĂ©s et confirmĂ©s ici. Le premier quintilede la ventilation du gain Ă  la suite de la mesure se compose des mĂ©nages les pluspauvres – les retraitĂ©s et les chĂŽmeurs y sont surreprĂ©sentĂ©s. Les perdants relatifs(ou ceux qui gagnent le moins), sont ceux qui touchent le salaire horaire le pluspetit.

Les effets de redistribution inverse de la ‘Jobkorting’ – tout au moins au niveau de lapopulation totale – ne sont guĂšre surprenants. La mesure n’est pas non plus conçuecomme une mesure redistributive, mais bien comme un dispositif qui doit rendre letravail plus attractif. Dans la section suivante, nous examinons si la mesure est capa-ble de rĂ©pondre Ă  cet objectif.

4. LE MODELE D’OFFRE DE TRAVAIL

Le modĂšle Ă©conomique standard pour modĂ©liser le comportement des individus surle marchĂ© de l’emploi repose sur deux Ă©lĂ©ments de base : les prĂ©fĂ©rences (subjecti-ves) de l’individu et les contraintes budgĂ©taires (objectives). Les prĂ©fĂ©rences dansun modĂšle de comportement qui dĂ©crit l’offre de travail sont dĂ©crites en termes dechoix privilĂ©giĂ© par l’individu entre revenu (rĂ©alisĂ© sur le marchĂ© du travail), d’unepart, et temps libre, d’autre part. Ces prĂ©fĂ©rences diffĂšrent d’individu Ă  individu. Lescontraintes budgĂ©taires dĂ©terminent les conditions contextuelles sous lesquelles lesindividus peuvent opĂ©rer leur choix. Celui qui ne gagne que trĂšs peu sur le marchĂ©de l’emploi voit son revenu professionnel augmenter plus lentement en cas d’heuresde travail supplĂ©mentaire que celui qui perçoit un salaire nettement plus Ă©levĂ©. Parailleurs, le systĂšme fiscal et le systĂšme de transfert apparaissent Ă©galement dans lesmarges budgĂ©taires. En cas de taux d’imposition marginaux Ă©levĂ©s, les heures sup-plĂ©mentaires rapportent moins que lorsque les taux d’imposition marginaux sontplus bas.

Pour Ă©valuer le changement de comportement des gens lors de l’introduction (oude la suppression) de la ‘Jobkorting’, nous avons besoin d’informations relatives Ă ces deux Ă©lĂ©ments : prĂ©fĂ©rences et contraintes budgĂ©taires. Nous les discutons suc-cessivement dans les deux sous-sections qui suivent et prĂ©sentons ensuite le modĂšlecomportemental qui en rĂ©sulte.

4.1. IMPACT DE LA ‘JOBKORTING’ SUR LES MARGES BUDGETAIRESPour ce qui est des marges budgĂ©taires, un MMS tel que MEFISTO s’avĂšre ĂȘtre unexcellent outil. En effet, nous ne pouvons utiliser seul le modĂšle calculĂ© pour calcu-ler la maniĂšre dont la ‘Jobkorting’ influence le revenu du mĂ©nage dans la situationactuelle. Nous pouvons Ă©galement procĂ©der Ă  une analyse contrefactuelle comme :quel serait le revenu du mĂ©nage si l’individu qui aujourd’hui travaille Ă  temps plein,venait Ă  ne plus travailler ou Ă  ne plus travailler qu’à temps partiel ? Ou : quel seraitle revenu du mĂ©nage si quelqu’un aujourd’hui au chĂŽmage acceptait un emploi Ă  mi-

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temps ou Ă  temps plein ? Lorsque nous calculons le revenu du mĂ©nage avec unemultitude de combinaisons d’heures de travail (et donc y compris l’inactivitĂ©), nousproduisons ainsi les contraintes budgĂ©taires de l’individu (ou du mĂ©nage) enquestion.

Il va de soi que cette limitation budgĂ©taire est spĂ©cifique Ă  l’individu. L’évolution durevenu disponible s’effectue diffĂ©remment selon que l’on a des enfants, que l’onbĂ©nĂ©ficie d’un bas salaire ou d’une rĂ©munĂ©ration Ă©levĂ©e, que l’on est isolĂ© ou quel’on vit avec un(e) partenaire, que l’on a droit ou non Ă  une allocation de chĂŽmage,etc. (6), c’est pourquoi MEFISTO calcule cette contrainte budgĂ©taire pour chaqueindividu qui est potentiellement actif sur le marchĂ© du travail. La figure 2 livre unexemple d’une telle contrainte budgĂ©taire et l’effet sur celle-ci de la ‘Jobkorting’,pour une femme isolĂ©e sans enfants qui travaille Ă  temps plein Ă  un salaire horairede 20,20 EUR.

FIGURE 2 : EFFET D’UNE ‘JOBKORTING’ SUR LES CONTRAINTES BUDGETAIRES

(6) Etant donnĂ© que la baisse du revenu a lieu ici en prĂ©sence d’un nombre d’heures spĂ©cifique (lui-mĂȘme dĂ©terminĂ© par le salaire horaire de cet individu), nous prĂ©fĂ©rons ne pas parler ici de piĂšge Ă l’emploi. Ce dernier terme fait plutĂŽt rĂ©fĂ©rence Ă  une situation oĂč le revenu en cas d’activitĂ© Ă©cono-mique dans un emploi normal (p. ex. Ă  mi-temps ou Ă  temps plein) n’est pas suffisamment plus Ă©levĂ©,ou est mĂȘme plus bas, que le revenu en cas de non-activitĂ© tel que le chĂŽmage. Dans la figure 2, cen’est pas vraiment le cas lors d’un travail de 19 et de 38 heures.

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UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

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15000

20000

25000

30000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 37 39 41

Reve

nu d

ispo

nibl

e du

mén

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par

an

Pas de JK

JK généreuse et sélective

Heures de travail par semaine

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Observez, figure 2, que la limitation budgĂ©taire sans ‘Jobkorting’ (la ligne en gras)prĂ©sente des creux. En cas de peu d’heures de travail, le revenu disponible n’aug-mente pas lorsque l’on travaille plus. Cette partie horizontale de la limitation budgĂ©-taire indique un taux marginal d’imposition de 100%. Celui-ci peut par exemple ĂȘtredĂ» Ă  la diminution de l’allocation d’intĂ©gration au fur et Ă  mesure que le revenu pro-fessionnel augmente. A un moment donnĂ©, nous observons mĂȘme une baisse durevenu disponible (7). Ce sont tout particuliĂšrement ces creux et discontinuitĂ©sdans les contraintes budgĂ©taires qui justifient l’utilisation du modĂšle de comporte-ment spĂ©cifique que nous prĂ©sentons dans le paragraphe suivant, Ă  savoir un modĂš-le de choix dit discret.

La ligne en pointillĂ©s de la figure 2 reprĂ©sente la contrainte budgĂ©taire lors de l’in-troduction d’une ‘Jobkorting’. C’est volontairement que nous n’avons pas utilisĂ© icila ‘Jobkorting’ de 2009 parce que le montant Ă©tait trop faible pour marquer une dif-fĂ©rence nette sur la figure. Nous avons illustrĂ© une ‘Jobkorting’ nettement plus gĂ©nĂ©-reuse dont il est question sous le point 5.2., mais qui en contient bel et bien les ca-ractĂ©ristiques essentielles : une diminution forfaitaire de l’impĂŽt des personnes phy-siques, mais nĂ©anmoins sĂ©lective (en dessous d’un seuil de revenus dĂ©terminĂ©).Cette ‘Jobkorting’ fait glisser parallĂšlement la ligne budgĂ©taire vers le haut : lerevenu disponible augmente. La zone d’entrĂ©e est causĂ©e par le fait que le revenu del’activitĂ© doit ĂȘtre assez Ă©levĂ© pour payer suffisamment d’impĂŽts pour pouvoir plei-nement bĂ©nĂ©ficier de la diminution.

La ‘Jobkorting’ que nous prĂ©sentons en figure 2 est nettement plus avantageuse quecelle qui s’appliquait rĂ©ellement en 2009. C’est ce que nous dĂ©montrons en figure 3,oĂč la ligne grise restitue les contraintes budgĂ©taires pour le mĂȘme cas que celuiillustrĂ© en figure 2 (Ă  savoir, une femme isolĂ©e sans enfants qui travaille Ă  tempsplein pour un salaire horaire de 20 EUR). Cette ‘Jobkorting’ de 2009, qui elle-mĂȘmeĂ©tait dĂ©jĂ  plus intĂ©ressante que celles de 2008 et de 2007, fait glisser la margebudgĂ©taire d’une maniĂšre Ă  peine sensible. La non-sĂ©lectivitĂ© de celle-ci rĂ©sulte del’absence du creux, qui se retrouve toutefois dans la ligne en pointillĂ©s en gras. Laligne grise en points et tirets reprĂ©sente une ‘Jobkorting’ gĂ©nĂ©reuse que nous simu-lerons au paragraphe 5.2., et qui n’est pas, non plus, sĂ©lective.

(7) Pour parler technique : l’ensemble des budgets doit ĂȘtre convexe. Comme nous l’avons vu dansles figures ci-dessus, les marges budgĂ©taires rĂ©alistes ne remplissent gĂ©nĂ©ralement pas ces conditions.

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FIGURE 3 : IMPACT DES TROIS ‘JOBKORTINGEN’ SIMULEES SUR LES CONTRAINTES BUDGETAIRES

Dans l’annexe, nous reprĂ©sentons Ă©galement les ‘Jobkortingen’ 2009 et 2010comme elles ont Ă©tĂ© simulĂ©es Ă  l’aide d’un MMS qui opĂšre sur la base de donnĂ©esadministratives (le modĂšle MIMOSIS). Ici aussi apparaĂźt nettement combien estmodeste l’effet de la ‘Jobkorting’ sur le revenu disponible.

4.2. PREFERENCES INDIVIDUELLESEn Ă©conomie, les prĂ©fĂ©rences subjectives des individus sont restituĂ©es par un ordredes prĂ©fĂ©rences, appelĂ© gĂ©nĂ©ralement ‘fonction d’utilité’. Ces prĂ©fĂ©rences sontexprimĂ©es Ă  l’aide de ‘l’échange calibré’ que l’on opĂšre entre revenu et temps libre :combien de revenu professionnel suis-je prĂȘt Ă  abandonner pour avoir plus detemps libre ? Ce qui est naturellement la mĂȘme chose que rĂ©pondre Ă  la question :combien de net dois-je conserver pour vouloir travailler un peu plus ? Nous partonsdu principe que ces prĂ©fĂ©rences diffĂšrent par individu. Par exemple, il n’est guĂšresurprenant de constater que les parents de jeunes enfants n’ont pas le mĂȘme Ă©chan-ge calibrĂ© entre temps libre et revenu que les isolĂ©s sans enfants.

Dans le prĂ©sent article, nous ne pouvons pas nous attarder plus longuement sur lamĂ©thode qui nous a permis de dĂ©duire les prĂ©fĂ©rences personnelles. L’essentiel c’estque dans l’ensemble sous-jacent de donnĂ©es UE-SILC nous observons les choix faitspar les individus, compte tenu des contraintes budgĂ©taires auxquelles ils Ă©taientconfrontĂ©s (et que nous avons Ă©tĂ© en mesure de reconstituer grĂące au modĂšle de

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UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

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JK généreuse

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microsimulation). En d’autres termes, nous observons quel point les personnes choi-sissent par rapport aux limites de leur budget. En supposant que ce point corres-pond au choix qu’elles-mĂȘmes ont favorisĂ© parmi les possibilitĂ©s disponibles (ou enjargon d’économistes : qui leur fournissait le plus d’utilitĂ©), nous pouvons recons-truire ces prĂ©fĂ©rences dans les choix opĂ©rĂ©s et les marges budgĂ©taires prĂ©sumĂ©es.DĂšs que nous connaissons ces prĂ©fĂ©rences, nous sommes en mesure de prĂ©direcomment les personnes vont adapter leur offre de travail lorsque les marges budgĂ©-taires subissent un changement. C’est ce que nous qualifions de fonction d’offre detravail.

Au cours de ces quinze derniĂšres annĂ©es, cette reconstruction des prĂ©fĂ©rences indi-viduelles Ă  partir de choix opĂ©rĂ©s a Ă©tĂ© fortement renouvelĂ©e en se dĂ©marquant del’hypothĂšse de la continuitĂ© de la fonction d’offre de travail. Cette derniĂšre hypothĂš-se imposait en effet un certain nombre de restrictions Ă  l’application mathĂ©matiquede la maximisation de l’utilitĂ© sur le plan des contraintes budgĂ©taires possibles (8).Des contraintes plus rĂ©alistes ne satisfaisaient gĂ©nĂ©ralement pas Ă  ces conditions ;dĂšs lors, le rĂ©sultat des contraintes budgĂ©taires simulĂ©es devait ĂȘtre fortement misen question du point de vue de sa rĂ©alitĂ©. Un changement est intervenu dans cerĂ©sultat lorsque l’on a limitĂ© la dĂ©cision d’offre de travail Ă  un nombre restreint depoints discrets : p. ex. l’individu opĂšre uniquement le choix entre ‘ne pas travailler’,‘travailler Ă  mi-temps’ ou ‘travailler Ă  temps plein’. Dans ce cas, l’on parle d’un‘modĂšle de choix discret’ pour l’offre de travail. L’utilisation de ces modĂšles dechoix discrets pour l’offre de travail est surtout devenue populaire grĂące Ă  l’ouvragede Van Soest (1995) qui, pour cela, se basait sur les modĂšles de choix discrets deMcFadden (1974).

Le modĂšle d’offre de travail utilisĂ© dans le cadre de cette Ă©tude est Ă©galement unmodĂšle similaire de choix discret. Nous supposons que l’individu a le choix entreseulement 5 niveaux d’horaires discrets : ne pas travailler, travailler moins qu’undemi-horaire, travailler Ă  mi-temps, travailler Ă  temps plein et fournir des heures sup-plĂ©mentaires (9). Le modĂšle de microsimulation simule le revenu net disponible (lepoint sur la contrainte budgĂ©taire) pour chaque individu ainsi que pour chacun deces 5 horaires discrets et calcule l’utilitĂ© dans chaque option choisie. De cettemaniĂšre, nous pouvons reconstruire les prĂ©fĂ©rences en partant de l’option choisiede fait. Pour la façon dont cela s’effectue prĂ©cisĂ©ment pour ce modĂšle d’offre de tra-vail spĂ©cifique, nous renvoyons Ă  Vanleenhove (2011) (10).

(8) Afin de classifier lors de l’évaluation du modĂšle les choix observĂ©s, nous avons fait usage desintervalles suivants : 0-5 heures (ne pas travailler), 5-20 (travailler un peu moins qu’un mi-temps), 20-30 (travailler Ă  mi-temps), 30-45 (travailler Ă  temps plein) et plus de 45 heures (heures supplĂ©mentai-res).(9) Pour les Ă©valuations antĂ©rieures de tel modĂšle de choix discret pour l’offre de travail Ă  partir dedonnĂ©es belges, voir Decoster, De Swerdt et Van Camp (2010b) et Decoster, De Swerdt et Orsini(2010).(10) Les mĂ©nages dont des enfants qui travaillent habitent encore chez eux et les mĂ©nages dont l’undes partenaires satisfait aux conditions tandis que l’autre non, sont aussi bannis de l’échantillon. Pourde plus amples informations, voir Vanleenhove (2010).

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Le modĂšle d’offre de travail a Ă©tĂ© estimĂ© sur un sous-Ă©chantillon de l’ensemble desdonnĂ©es de l’UE-SILC. Vouloir Ă©valuer les prĂ©fĂ©rences pour le temps libre et lerevenu n’a que peu de sens pour les personnes qui ne sont pas disponibles sur lemarchĂ© de l’emploi (p. ex. les enfants, les Ă©tudiants, les retraitĂ©s). Le sous-Ă©chantil-lon se compose donc d’individus qui sont potentiellement disponibles pour lemarchĂ© du travail. Les principales critĂšres pour en faire partie sont : ĂȘtre en Ăąge detravailler (16-65 ans), ne pas ĂȘtre malade, ne pas ĂȘtre Ă©tudiant, indĂ©pendant, handi-capĂ© ou retraitĂ© (11). AprĂšs la sĂ©lection, nous avons retenu 1.454 couples et 719femmes isolĂ©es, pour qui nous avons calculĂ© les prĂ©fĂ©rences de maniĂšre distincte(12). Le modĂšle est un modĂšle de probabilitĂ©s qui attribue Ă  chaque choix une pro-babilitĂ© pour chaque individu.

TABLEAU 5 : REPARTITION OBSERVEE ET EVALUEE DE LA DUREE HEBDOMADAIRE DE TRAVAIL (EN% DE L’ECHANTILLON)

Le tableau 5 donne un aperçu de l’offre de travail observĂ©e et Ă©valuĂ©e de maniĂšreĂ©conomĂ©trique pour les cinq options diffĂ©rentes. Nous rĂ©sumons en calculant pourchaque choix la probabilitĂ© moyenne sur la totalitĂ© du sous-Ă©chantillon. Cela corres-pond au pourcentage attendu d’individus qui effectuent ce choix. Etant donnĂ© quele modĂšle ne tient – provisoirement – pas compte du fait que certains mĂ©nages ontdavantage accĂšs Ă  certaines opportunitĂ©s de travail que d’autres, le rĂ©sultat n’est pas

(11) Pour les hommes isolĂ©s, les prĂ©fĂ©rences n’ont pas pu ĂȘtre Ă©valuĂ©es.(12) Cependant, le modĂšle tient effectivement compte des frais fixes liĂ©s au travail, par exemple lesfrais de dĂ©placement et les frais de garde des enfants. Ainsi s’amĂ©liore l’ajustement du rĂ©sultat avecl’offre de travail observĂ©e. Pour de plus amples informations sur la mise en oeuvre de ces coĂ»ts, voirVanleenhove (2011).

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UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

( )Homme en

couple Femme en

couple Femme isolée

Observée Inactivité (0-5) 9,6 27,9 34,1

Temps partiel limité (5-20)

1,9 13,1 10,6

Mi-temps (20-30) 2,7 15,0 10,3 Temps plein (30-45) 71,9 41,1 41,0 Hres supplém. (>45) 14,0 2,9 4,0

Evaluée Inactivité (0-5) 8,4 27,6 34,2

Temps partiel limité (5-20)

0,3 5,5 5,0

Mi-temps (20-30) 10,5 28,1 22,5 Temps plein (30-45) 61,9 31,4 29,2 Hres supplém. (>45) 18,9 7,4 9,0

Source : calculs propres.

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parfaitement ajustĂ© Ă  l’offre de travail observĂ©e (13). Par exemple, il n’est pasimpensable que les personnes de formation supĂ©rieure aient une plus large palettede choix d’emplois que les personnes peu qualifiĂ©es. Dit de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale,la demande du marchĂ© du travail n’est absolument pas prise en considĂ©ration.

4.3. ELASTICITES DE L’OFFRE DE TRAVAIL Une fois les prĂ©fĂ©rences reconstituĂ©es, nous pouvons – pour des prĂ©fĂ©rences don-nĂ©es – vĂ©rifier comment l’individu modifierait son comportement en cas de varia-tion de la contrainte budgĂ©taire. Cela s’effectue en calculant le changement pourchaque individu dans la probabilitĂ© que soit opĂ©rĂ© un choix dĂ©terminĂ© entre lescinq possibilitĂ©s. Dans la partie suivante, nous y procĂ©dons pour la modificationconcrĂšte Ă  la suite de la ‘Jobkorting’. Mais avant cela, nous rĂ©sumons le modĂšle Ă©va-luĂ© en observant un changement stylisĂ©, plus prĂ©cisĂ©ment une augmentation dusalaire brut de 10%. En calculant pour chaque individu la variation de l’offre de tra-vail Ă  la suite de cette modification et en l’agrĂ©geant, nous obtenons la variation tota-le de l’offre de travail. Lorsque nous exprimons sous forme de pourcentage le chan-gement de cette offre de travail totale par rapport au pourcentage de changementdu salaire, nous avons procĂ©dĂ© Ă  la dĂ©duction de l’élasticitĂ© de l’offre de travail.

Ce faisant, la littĂ©rature opĂšre une distinction entre deux effets. D’une part, en casd’augmentation salariale, certains abandonnent Ă©ventuellement l’inactivitĂ© pourreprendre le travail et devenir actifs sur le marchĂ© de l’emploi. C’est ce que l’onqualifie d’effet de “marge extensive” voire aussi dâ€™â€œĂ©lasticitĂ© de la participation”.Mais, par ailleurs, les personnes qui sont dĂ©jĂ  au travail sont Ă©galement susceptiblesd’adapter leur offre de travail. En effet, un salaire plus Ă©levĂ© ne signifie pas seule-ment que le temps libre devienne plus cher (et que, par consĂ©quent, l’on en veuilleprobablement moins, car le prix du non-travail est plus Ă©levĂ©), mais encore que l’ongagne plus pour une offre de travail donnĂ©e. Lorsque le temps libre est un bien ‘nor-mal’ (au sens Ă©conomique du terme : une Ă©lasticitĂ© du revenu supĂ©rieure Ă  un), l’onvoudra plus de temps libre au fur et Ă  mesure que l’on s’enrichit. Cet impact sur lerevenu d’une augmentation salariale est donc susceptible d’entraĂźner une diminu-tion de l’offre de travail des personnes qui sont dĂ©jĂ  au travail. C’est ce que l’onappelle l’effet de la ‘marge intensive’.

Au tableau 6, nous rĂ©sumons l’élasticitĂ© de la participation et l’élasticitĂ© horairepour les hommes et les femmes en couple et pour les femmes isolĂ©es. Pour l’élasti-citĂ© horaire, nous additionnons l’effet Ă  la marge extensive et Ă  la marge intensive.

(13) Le modĂšle d’offre de travail de MIMOSIS recourt Ă  une discrĂ©tisation diffĂ©rente pour le nombred’heures ouvrĂ©es. Dans le modĂšle MEFISTO, l’on suppose qu’il y a 5 points horaires discrets (0, 15,25, 40 et 50 heures, alors que, dans le modĂšle de MIMOSIS, un individu peut choisir entre 12 pointshoraires discrets de 0 Ă  55 heures avec un intervalle de 5 heures. Pour de plus amples explications,voir Decoster, De Swerdt et Van Camp (2010b).

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Nous calculons donc la variation totale du nombre (attendu) d’heures travaillĂ©estant de ceux qui accĂšdent au marchĂ© de l’emploi (ou qui le quittent) que de ceuxqui continuent Ă  travailler, tout en modifiant leur nombre d’heures. Nous donnonstant les Ă©lasticitĂ©s Ă©valuĂ©es dans UE-SILC – dĂšs lors, les limitations budgĂ©taires sontgĂ©nĂ©rĂ©es Ă  l’aide du MMS MEFISTO – que des Ă©valuations similaires Ă  l’aide du MMSMIMOSIS (voir annexe).

TABLEAU 6 : ELASTICITES DE L’OFFRE DE TRAVAIL SUR LA BASE DE MEFISTO ET DE MIMOSIS

Les Ă©lasticitĂ©s de l’offre de travail Ă©valuĂ©es sur les donnĂ©es UE-SILC sont plutĂŽt bas-ses et se situent ainsi dans la ligne de celles que nous trouvons dans la littĂ©rature.Elles sont les plus Ă©levĂ©es pour les femmes en couple et les plus faibles pour leshommes en couple. Aussi, si nous pouvons nous attendre Ă  un impact sur la partici-pation, celui-ci se marquera particuliĂšrement chez les salariĂ©es.

L’infĂ©rence statistique et les intervalles de fiabilitĂ© pour ces Ă©valuations des Ă©lasti-citĂ©s doivent encore dĂ©montrer dans quelle mesure, les effets ont une significationstatistique. Les Ă©lasticitĂ©s Ă©valuĂ©es sur la base des donnĂ©es administratives et avec lemodĂšle mimosis sont en tout cas plus Ă©levĂ©es que les Ă©lasticitĂ©s sur la base des don-nĂ©es UE-SILC et MEFISTO (14). Toutefois, la littĂ©rature ne donne que peu de pointsde comparaison pour ce qui concerne l’utilisation de donnĂ©es administratives pourl’évaluation d’un modĂšle d’offre de travail. Des Ă©tudes ultĂ©rieures devront dĂ©mon-trer dans quelle mesure cette utilisation de donnĂ©es administratives livre une imageplus fiable des rĂ©actions dans l’offre de travail que celle obtenue avec les donnĂ©esd’une Ă©tude d’ensemble.

(14) Avant, nous calibrons le modĂšle pour produire une ligne de base qui correspond parfaitement Ă l’offre de travail observĂ©e. Pour de plus amples informations sur cette technique de calibrage et surses consĂ©quences, voir Vanleenhove (2011).

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UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

MEFISTO MIMOSIS Participation Heures Participation Heures

Hommes en couple 0,048 0,063 0,275 0,384

Femmes en couple 0,129 0,221 0,357 0,538

Femmes isolées 0,109 0,161 0,237 0,336 Source : calculs propres et Decoster et al. (2010b).

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5. REACTIONS COMPORTEMENTALES LIEES A LA ‘JOBKORTING’

5.1. LA ‘JOBKORTING’ 2009Nous appliquons notre modĂšle d’offre de travail Ă  la situation sans ‘Jobkorting’ et Ă la situation avec ‘Jobkorting’. Plus concrĂštement, MEFISTO gĂ©nĂšre la contraintebudgĂ©taire pour ces deux possibilitĂ©s. Les prĂ©fĂ©rences Ă©valuĂ©es permettent alors decalculer les probabilitĂ©s que les personnes optent pour chacune des cinq possibi-litĂ©s de choix de l’offre de travail, une fois sans et une autre fois avec ‘Jobkorting’.Les rĂ©sultats sont indiquĂ©s dans le tableau 7 au moyen d’une matrice de transitionentre les diffĂ©rentes options (15).

La ‘Jobkorting’ parvient effectivement Ă  activer des inactifs, mais Ă  vrai dire Ă  un fai-ble niveau. Parmi toutes les femmes inactives en couple, 99,21 % continuent Ă  l’ĂȘtreaprĂšs l’introduction de la ‘Jobkorting’. Ceci signifie que 0,79% entrent sur le marchĂ©du travail, dont 0,23% commencent Ă  travailler Ă  mi-temps, 0,41% Ă  temps plein et0,15% effectuent des heures supplĂ©mentaires. La ‘Jobkorting’ crĂ©e donc effective-ment des stimulants pour inciter les gens Ă  accĂ©der au marchĂ© de l’emploi.

Mais comme l’on pouvait s’y attendre au dĂ©part des Ă©lasticitĂ©s commentĂ©es ci-des-sus, la ‘Jobkorting’ crĂ©e Ă©galement des effets nĂ©gatifs Ă  la marge intensive. L’intro-duction de la ‘Jobkorting’ incite certains hommes en couple et certaines femmesisolĂ©es qui travaillent Ă  temps plein voire plus Ă  restreindre leur offre de travail.Ainsi, 0,27% de toutes les femmes isolĂ©es qui dĂ©passaient un temps plein avant l’in-troduction de la ‘Jobkorting’ rĂ©duiront leur offre de travail pour ne plus travaillerqu’à mi-temps.

(15) La sĂ©lection du sous-Ă©chantillon, base de notre estimation et de notre simulation du modĂšled’offre de travail a naturellement pour effet que ce coĂ»t de la “Jobkorting” est nettement plus faibleavant de tenir compte des Ă©ventuelles rĂ©actions comportementales que le coĂ»t mentionnĂ© lors del’analyse d’impact dans le chapitre 3.

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TABLEAU 7 : VARIATION DANS LES PROBABILITES POUR LES CINQ SITUATIONS D’OFFRE DE TRA-VAIL A LA SUITE DE LA ‘JOBKORTING’ 2009

Pour convertir les changements de pourcentages du tableau 7 en effets sur l’emploi,nous indiquons au tableau 8 l’offre de travail attendue annuellement avec et sans“Jobkorting”. Nous l’exprimons en “Full Time Equivalents” (FTE : Ă©quivalents tempsplein) en divisant le nombre d’heures annuel ouvrĂ©es par 2000.

Le rĂ©sultat dans la colonne de droite est dĂ©grisant. Pour ce qui est de l’offre de tra-vail observĂ©e isolĂ©ment, la“Jobkorting” n’a incitĂ© qu’à peine 1673 personnes FTE Ă travailler plus. Ce rĂ©sultat net est la consĂ©quence d’une plus grande volontĂ© de tra-vailler chez les femmes en couple ainsi que chez les femmes isolĂ©es, et une diminu-tion chez les hommes en couple. La partie infĂ©rieure du tableau 8 montre en effetque cette diminution est surtout observĂ©e dans la marge intensive chez les hommesqui travaillent Ă  temps plein et Ă  plus d’un temps plein et Ă  un niveau moindre chezles femmes isolĂ©es. 597

UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

Sans ‘Jobkorting’

Avec

Homme en couple Inactivité Temps

partiel limité

Mi-temps Temps plein

Hres supplém.

Total

Inactivité 100 0 0 0 0 100

Temps partiellimité

0,22 99,19 0 0,25 0,34 100

Mi-temps 0 0 100 0 0 100

Temps plein 0 0 0,06 99,87 0,06 100

Hres supplém. 0 0 0,04 0,32 99,64 100

Femme en couple Inactivité Temps

partiel limité

Mi-temps Temps plein

Hres supplém.

Total

Inactivité 99,21 0 0,23 0,41 0,15 100

Temps partiellimité

0,05 99,42 0,19 0,29 0,05 100

Mi-temps 0 0 99,74 0,20 0,06 100

Temps plein 0 0 0 99,97 0,03 100

Hres supplém. 0 0 0 0 100 100

Femme isoléeInactivité Temps

partiel limité

Mi-temps Temps plein

Hres supplém.

Total

Inactivité 99,4 0,03 0,24 0,31 0,03 100

Temps partiellimité

0 99,87 0,07 0,06 0 100

Mi-temps 0 0,02 99,98 0 0 100

Temps plein 0 0,01 0,01 99,98 0 100

Hres supplém. 0 0 0,27 0 99,73 100

Les pourcentages ont été calculés comme proportions de chaque groupe horaire discret. Source : calculs propres.

‘Jobkorting’

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A y voir d’un peu plus prĂšs, ce rĂ©sultat n’est pas tellement surprenant. La “Jobkor-ting” est trop peu importante pour exercer vraiment une action d’activation, maisengendre nĂ©anmoins un impact sur les revenus qui entraĂźne une diminution de lavolontĂ© de travailler dans le cas d’un travail Ă  plein temps et Ă  plus d’un plein temps.La consĂ©quence en est qu’il est Ă  peine question d’effets retours budgĂ©taires. LecoĂ»t sans les rĂ©actions comportementales est Ă©gal Ă  352 millions d’EUR et il ne bais-se que jusqu’à 342 millions d’EUR lorsque nous tenons compte des modificationsdans l’offre de travail (16). L’effet retour budgĂ©taire ne s’élĂšve de ce fait qu’à 2,81%du coĂ»t sans les rĂ©actions comportementales et aboutit finalement Ă  un prix coĂ»tantpar nouvel FTE crĂ©Ă© de 204.561 EUR.

TABLEAU 8 : TOTAL DES EFFETS D’OFFRE DE TRAVAIL ESPERES ANNUELLEMENT DE LA “JOBKOR-TING” 2009

5.2. VARIATIONS SUR LA JOBKORTING DE 2009Comme suggĂ©rĂ© ci-dessus, l’une des raisons de l’impact peu significatif dĂ©crit plushaut peut ĂȘtre liĂ©e Ă  l’ampleur limitĂ©e de la “Jobkorting”. C’est pourquoi dans cettesection, nous commentons une variation de la “Jobkorting” nettement plus gĂ©nĂ©reu-se. Au lieu des 300 ou 250 EUR par an, nous accordons actuellement une diminu-tion fiscale de 1.747 EUR Ă  tout travailleur qui gagne au moins 5.500 EUR de reve-nus professionnels par an. Cette diminution d’impĂŽts est Ă©gale Ă  10% du revenuannuel moyen des travailleurs dans le sous-Ă©chantillon utilisĂ©. Il va de soi que cemontant substantiellement plus Ă©levĂ© crĂ©e des stimulants nettement plus puissantspour encourager les inactifs Ă  entrer sur le marchĂ© de l’emploi ou, pour ceux dĂ©jĂ au travail qui gagnent moins de 5.500 EUR par an, d’augmenter leur offre de travail.

(16) Pour de plus amples informations sur MIMOSIS : voir Decoster et al. (2007) ethttp://www.socialsecurity.fgov.be/nl/nieuws-publicaties/publicaties/mimosis/mimosis.ht598

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

Couples Homme Femme

Femme isolée Total

Total FTE sans JKïżœ 624.298 420.451 144.951 1.189.700

Changement EN FTE -137 +1403 +407 +1673 Changement en FTE selon le niveau horaire

Inactivité 0 +1.078 +417 +1.495 Temps partiel limité +36 +181 +12 +229

Mi-temps 0 +121 -2 +119 Temps plein -63 +23 -5 -45

Heures supplémentaires -110 0 -15 -125

ïżœ L’on obtient le FTE en divisant l’offre de travail annuelle par 2000.

Source : calculs propres.

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En guise de seconde variante, nous avons Ă©galement simulĂ© cette “Jobkorting”comme une mesure sĂ©lective, en accordant ce dispositif gĂ©nĂ©reux de 1.747 EUR paran uniquement aux travailleurs disposant d’un revenu infĂ©rieur Ă  22.000 EUR par an.Nous prĂ©sentons les rĂ©sultats de ces simulations de la mĂȘme maniĂšre que ci-dessus :tout d’abord en restituant les matrices transitionnelles et ensuite Ă  l’aide d’effetsd’emploi sous forme de FTE.

Le tableau 9 traduit les transitions entre les cinq possibilitĂ©s diffĂ©rentes de choixpour la “Jobkorting” gĂ©nĂ©reuse. Il est Ă©vident qu’un fort relĂšvement de la “Jobkor-ting” renforcerait assez sensiblement l’effet d’activation. Lorsqu’une fois de plus,nous observons les femmes en couple, nous voyons qu’un nombre nettement plusgrand de femmes intĂšgrent le marchĂ© de l’emploi que lors de l’introduction de la“Jobkorting” de 2009. Lorsque l’on accorde une “Jobkorting” gĂ©nĂ©reuse non sĂ©lecti-ve, 94,81% de toutes les femmes inactives en couple ne changent pas de statut, etpar consĂ©quent 5,19% participent au marchĂ© du travail. Ces rĂ©sultats sont nettementdiffĂ©rents de ceux obtenus par rapport Ă  la situation de la “Jobkorting” de 2009, oĂčseulement 0,79% des femmes inactives Ă©taient activĂ©es. Ce mĂȘme rĂ©sultat s’appliqueaux hommes en couple et aux femmes isolĂ©es.

Le tableau 11 restitue l’impact sur l’emploi de ces changements. Au-dessus, nousrĂ©pĂ©tons Ă  titre de comparaison les effets sur l’emploi de la “Jobkorting” 2009. Cette“Jobkorting” gĂ©nĂ©reuse, non sĂ©lective, mĂšne Ă  une augmentation nette de l’offre detravail de 14.321 FTE. Mais dans ce cas Ă©galement, l’on remarque encore et toujoursun effet secondaire nĂ©gatif sur la volontĂ© de travailler des hommes en couple qui tra-vaillent Ă  temps plein ou effectuent des heures supplĂ©mentaires. Ces derniers dimi-nuent leur offre de travail Ă  la marge intensive. Le changement total chez les hom-mes en couple est nĂ©anmoins concret Ă  la suite des effets extensifs positifs plus prĂ©-sents. Le revers de cette crĂ©ation d’emplois par la “Jobkorting” avantageuse rĂ©sidenaturellement dans son coĂ»t nettement plus Ă©levĂ©. Le coĂ»t net de cette mesure estdĂ©sormais de 1.959 millions d’EUR soit 136.911 EUR par emploi crĂ©Ă©. Ceci reprĂ©sen-te d’ailleurs 235 millions d’EUR de moins que lorsque nous calculons le coĂ»t sans leseffets comportementaux (2.194 millions d’EUR). Il y a donc rĂ©ellement un effetretour budgĂ©taire plus important de cette mesure (onĂ©reuse), mais il est cependantnettement plus rĂ©duit qu’on ne le croit gĂ©nĂ©ralement (10,7% du prix coĂ»tant initial).

Les tableaux 10 et 11 fournissent Ă©galement les rĂ©sultats pour la seconde variante : la“Jobkorting” gĂ©nĂ©reuse mais sĂ©lective. La sĂ©lectivitĂ© rĂ©duit la crĂ©ation d’emplois Ă 5.093 FTE et introduit de nouveau en outre un effet plus net Ă  la marge intensive pourles trois groupes. Au moins une partie des travailleurs Ă  temps plein qui entrent enligne de compte pour la “Jobkorting” gĂ©nĂ©reuse en travaillant moins (et donc en gag-nant moins) semble vouloir travailler moins. SimultanĂ©ment, le potentiel activant dece dispositif reste modeste et le prix coĂ»tant Ă©levĂ© (1.073 millions d’EUR ou 210.769EUR par emploi). Bref : rendre la “Jobkorting” gĂ©nĂ©reuse, mais sĂ©lective, ne semblepas ĂȘtre une solution contre l’inefficacitĂ© constatĂ©e ci-dessus de la “Jobkorting”.

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UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

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TABLEAU 9 : CHANGEMENT DANS LES PROBABILITES POUR LES CINQ SITUATIONS D’OFFRE DETRAVAIL A LA SUITE D’UNE “JOBKORTING” GENEREUSE, NON SELECTIVE

600

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

,Sans

“Jobkorting”Avec “Jobkorting”

Homme en couple Inactivité Temps

partiel limité

Mi-temps Temps plein

Heures supplém.

Total

Inactivité 95,92 0,03 0,76 2,80 0,48 100

Temps partiellimité

0,15 96,62 0,54 1,74 0,96 100

Mi-temps 0 0 99,07 0,70 0,23 100

Temps plein 0,04 0,01 0,26 99,27 0,42 100

Heures supplém. 0,06 0 0,13 1,64 98,17 100

Femme en couple Inactivité Temps

partiel limité

Mi-temps Temps plein

Heures supplém.

Total

Inactivité 94,81 0,05 1,28 3,03 0,83 100

Temps partiellimité

0,26 94,33 1,49 3,30 0,62 100

Mi-temps 0,02 0 98,03 1,42 0,53 100

Temps plein 0 0 0 99,81 0,19 100

Heures supplém. 0 0 0 0 100 100

Femme isoléeInactivité Temps

partiel limité

Mi-temps Temps plein

Heures supplém.

Total

Inactivité 96,14 0,21 1,22 1,93 0,51 100

Temps partiellimité

0 97,52 0,85 1,12 0,52 100

Mi-temps 0 0 99,66 0,26 0,08 100

Temps plein 0 0 0 99,98 0,02 100

Heures supplém. 0 0 0 0 100 100

Les pourcentages sont calculés en tant que proportions de chaque groupe horaire discret.Source : calculs propres.

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UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

Sans “Jobkorting”

Avec “Jobkorting”

Homme en couple Inactivité Temps

partiel limité

Mi-temps Temps plein

Heures supplém.

Total

Inactivité 97,63 0 0,63 1,38 0,35 100

Temps partiellimité

0,67 98,42 0,07 0,77 0,08 100

Mi-temps 0 0 99,51 0,30 0,19 100

Temps plein 0,05 0,01 0,64 98,96 0,34 100

Heures supplém. 0,04 0,01 0,57 1,84 97,54 100

Femme en couple Inactivité Temps

partiel limité

Mi-temps Temps plein

Heures supplém.

Total

Inactivité 95,75 0,08 1,57 2,19 0,41 100

Temps partiellimité

0,21 96,62 1,35 1,63 0,19 100

Mi-temps 0,07 0,03 98,94 0,84 0,12 100

Temps plein 0,07 0,13 1,04 98,66 0,10 100

Heures supplém. 0,15 0,12 1,10 0,74 97,88 100

Femme isoléeInactivité Temps

partiel limité

Mi-temps Temps plein

Heures supplém.

Total

Inactivité 97,51 0,21 1,23 0,94 0,11 100

Temps partiellimité

0 98,09 0,81 0,85 0,25 100

Mi-temps 0 0,05 99,74 0,18 0,03 100

Temps plein 0 0,12 1,26 98,61 0 100

Heures supplém. 0 0,09 2,39 0,09 97,44 100

Les pourcentages sont calculés sous la forme de proportions de chaque groupe horaire discret.Source : calculs propres.

TABLEAU 10 : CHANGEMENT DANS LES PROBABILITES POUR LES CINQ SITUATIONS D’OFFRE DETRAVAIL A LA SUITE D’UNE “JOBORTING” GENEREUSE SELECTIVE

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TABLEAU 11 : TOTAL DU NOMBRE ANNUEL D’OFFRES ATTENDUES DE TRAVAIL POUR LES DIFFE-RENTS TYPES DE “JOBKORTING”

6. CONCLUSION

La suppression de la “Jobkorting” encore existante par le Gouvernement flamand endĂ©cembre 2010 a donnĂ© matiĂšre aux critiques, qui insistaient surtout sur le fait quecette augmentation fiscale allait Ă  nouveau rendre le travail moins attractif.

Dans cet article, nous avons dĂ©montrĂ© que cet argument, mĂȘme s’il est juste dupoint de vue qualitatif, ne peut pas vraiment ĂȘtre Ă©tayĂ© de façon empirique dans lecontexte dĂ©crit. La “Jobkorting” existante Ă©tait trop peu Ă©levĂ©e pour pouvoir ĂȘtredĂ©crite comme une mesure efficace d’activation. Cela signifie que nous ne devonspas nous attendre Ă  une augmentation substantielle de l’offre de travail Ă  la suite decette mesure. Notre analyse a dĂ©montrĂ© que l’accroissement espĂ©rĂ© de l’offre de tra-vail ne comportait qu’à peine 1.673 FTE. L’introduction de cette “Jobkorting” amĂȘme menĂ© dans un certain nombre de cas Ă  un effet inverse : l’augmentation derevenus a encouragĂ© les gens Ă  travailler moins. C’était tout particuliĂšrement le caschez les hommes en couple et chez les femmes isolĂ©es qui travaillent Ă  temps pleinou effectuent des heures supplĂ©mentaires avant l’introduction de la “Jobkorting”. LaconsĂ©quence en est qu’avec la “Jobkorting” existante, il n’est quasiment pasquestion d’effets retours budgĂ©taires.

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

CouplesFemme isolée Total

Homme Femme

“Jobkorting” 2009

FTE sans JK 624.298 420.451 144.951 1.189.700

Changement des FTE -137 +1.403 +407 +1.673

CoĂ»t total 342 millions d’EUR

Coût par nouveau FTE 204.561 EUR

“Jobkorting” gĂ©nĂ©reuse pour chacun

Changement des FTE +879 +10.283 +3.159 +14.321

Changement des FTE selon le niveau horaire

Inactivité +1.414 +7.151 +2.814 +11.379

Temps partiel limité +202 +2.044 +299 +2.545

Mi-temps +40 +955 +41 +10.36

Temps plein -188 +133 +5 -50

Heures supplém. -589 0 0 -589

CoĂ»t total 1.959 millions d’EUR

Coût par nouveau FTE 136.911 EUR

“Jobkorting” gĂ©nĂ©reuse mais sĂ©lective

Changement des FTE -1.062 +5.045 +1.111 +5.093

Changement des FTE selon le niveau horaire

Inactivité +805 +5.438 +1.596 +7.839

Temps partiel limité +31 +1.021 +208 +1.260

Mi-temps +23 +388 +21 +432

Temps plein -1.012 -1.486 -575 -3.073

Heures supplém. -909 -316 -139 -1.364

CoĂ»t total 1.073 millions d’EUR

Coût par nouveau FTE 210.769 EUR

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UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

Nous avons Ă©galement utilisĂ© notre modĂšle comportemental pour vĂ©rifier siune “Jobkorting” nettement plus Ă©levĂ©e Ă©tait susceptible d’activer un plusgrand nombre de personnes. La rĂ©ponse en est positive, mais dans cette hypo-thĂšse, le coĂ»t budgĂ©taire est trĂšs important. Il doit sĂ»rement ĂȘtre possible depenser Ă  des mesures plus efficaces pour inciter les personnes Ă  entrer sur lemarchĂ© de l’emploi.

Cette Ă©valuation ex ante de la “Jobkorting” flamande s’est effectuĂ©e Ă  l’aide dumodĂšle de microsimulation MEFISTO et constitue de ce fait un bon exempledes possibilitĂ©s offertes par ce modĂšle. Ce modĂšle est encore en voie de dĂ©ve-loppement et cette analyse doit dĂšs lors ĂȘtre interprĂ©tĂ©e avec prudence. LemodĂšle comportemental greffĂ© sur les donnĂ©es de l’UE-SILC est incontestable-ment susceptible d’ĂȘtre amĂ©liorĂ© et perfectionnĂ©. L’une des premiĂšres exten-sions qui sont en attente d’accomplissement est l’intĂ©gration de diffĂ©rentesopportunitĂ©s sur le marchĂ© de l’emploi et d’une meilleure modĂ©lisation descoĂ»ts fixes tels que la garde des enfants. Par ailleurs, notre modĂšle comporte-mental reste un modĂšle partiel qui se limite Ă  la modĂ©lisation de l’offre de tra-vail du marchĂ© de l’emploi. C’est pourquoi dans le projet FLEMOSI, nous nousefforçons de lier Ă©galement le modĂšle de microsimulation Ă  un modĂšle d’équi-libre gĂ©nĂ©ral qui prend Ă©galement en compte les effets des changements desvariables importantes. Bien que nous nous doutions dĂ©jĂ  que, pour les mĂȘmesraisons que celles que nous avons mentionnĂ©es dans cette analyse partielle,pour ce qui concerne cet exemple de la “Jobkorting”, le cadre d’équilibregĂ©nĂ©ral n’entraĂźnera pas des conclusions drastiquement diffĂ©rentes.

(Traduction)

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UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

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9000

11000

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17000

19000

21000

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40

Nombre d’heures ouvrĂ©es par semaine

reve

nu a

nnue

l dis

poni

ble

“jobkorting” 2010

“jobkorting” 2009

pas de “jobkorting”

ANNEXE

La figure 4 prĂ©sente l’effet sur les “Jobkortingen” 2009 et 2010 sur les margesbudgĂ©taires simulĂ©es au moyen du modĂšle de microsimulation MIMOSIS. Il s’a-git d’un modĂšle de microsimulation pour la sĂ©curitĂ© sociale et l’impĂŽt despersonnes physiques en Belgique, dĂ©veloppĂ© sur ordre du SPF SĂ©curitĂ© SocialeLe modĂšle est basĂ© sur des donnĂ©es administratives et comprend plus de300.000 individus dans environ 100.000 mĂ©nages. Le caractĂšre administratifdes donnĂ©es permet de mettre en oeuvre la rĂ©glementation de maniĂšre nette-ment plus dĂ©taillĂ©e. Les donnĂ©es sous-jacentes se rapportent Ă  2001 et la lĂ©gis-lation a Ă©tĂ© programmĂ©e dans MIMOSIS pour les annĂ©es 2001 Ă  2010. Pour lesannĂ©es aprĂšs 2001, les donnĂ©es de l’ensemble ont Ă©tĂ© adaptĂ©es sur la base del’évolution de l’indice des prix Ă  la consommation.

FIGURE 4 : IMPACT DES “JOBKORTINGEN” 2009 ET 2010 SUR LES CONTRAINTES BUDGE-TAIRES DANS LE MMS MIMOSIS

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TABLE DES MATIERES

UNE EVALUATION EX ANTE DE LA “JOBKORTING” FLAMANDE

1. INTRODUCTION 579

2. LA “JOBKORTING” 582

3. IMPACT DE LA “JOBKORTING » 584

4. LE MODELE D’OFFRE DE TRAVAIL 588

4.1. IMPACT DE LA “JOBKORTING” SUR LES MARGES BUDGETAIRES . . . . . . . 5884.2. PREFERENCES INDIVIDUELLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5914.3. ELASTICITE DE L’OFFRE DE TRAVAIL . . . . . . . . . . . . . . . . . 594

5. REACTIONS COMPORTEMENTALES LIEES A LA “JOBKORTING” 596

5.1. LA “JOBKORTING” 2009. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5965.2. VARIATIONS SUR LA “JOBKORTING” DE 2009 . . . . . . . . . . . . . 598

6. CONCLUSION 602

7. BIBLIOGRAPHIE 604

ANNEXE 606

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UNE EVALUATION EX ANTE DE LA ‘JOBKORTING’ FLAMANDE

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UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU D’INTEGRATION SOCIALE

PAR NICOLAS BOUCKAERT (1) et ERIK SCHOKKAERT (2)

1. INTRODUCTION

Virtuellement tous les pays dĂ©veloppĂ©s et plusieurs pays en voie de dĂ©veloppementont mis en ouvre une vaste gamme de programmes sociaux. Les spĂ©cificitĂ©s et l’évo-lution de ces politiques sociales divergent d’un pays Ă  l’autre, mais tous les systĂšmespartagent grosso modo les mĂȘmes mĂ©canismes de transfert de base, fĂ»t-ce avec desdiffĂ©rences d’orientation (Esping-Andersen, 1990). Un premier type de transfertssociaux et de dĂ©penses sociales n’ont aucune relation avec des cotisations antĂ©-rieures ou des revenus actuels et trouvent leur origine dans le principe des droitsuniversels de citoyennetĂ©. Les dĂ©penses gouvernementales en matiĂšre d’éducationet de soins de santĂ© peuvent ĂȘtre classĂ©es sous cette rubrique. Un deuxiĂšme mĂ©ca-nisme de transfert lie les allocations Ă  des revenus du passĂ© ou Ă  des cotisations ; l’al-location de chĂŽmage et les pensions en sont autant d’exemples. L’idĂ©e de base estd’assurer les individus contre des risques et de leur permettre de maintenir (en par-tie) le niveau de vie auquel ils sont habituĂ©s. Ces deux types de programmes detransferts sont universels. Ils sont extrĂȘmement importants dans la lutte contre lapauvretĂ©, parce qu’ils maintiennent un grand nombre de personnes au-dessus duseuil de pauvretĂ©, mĂȘme s’ils ne s’adressent pas spĂ©cifiquement aux pauvres. Toute-fois, un certain nombre d’individus n’ayant qu’une faible capacitĂ© de gain et issusd’un milieu social dĂ©savantagĂ© ne sont pas suffisamment protĂ©gĂ©s par ces pro-grammes universels. C’est pourquoi les Etats-providence mettent Ă©galement enouvre une troisiĂšme sorte de mĂ©canisme de transfert, qualifiĂ©e de filet de sĂ©curitĂ©.Des schĂ©mas de revenus garantis basĂ©s sur un examen des moyens de subsistanceen sont des exemples typiques (3).

(1) Candidat FWO (Fonds d’études scientifiques) au Centre d’études Ă©conomiques, UniversitĂ© catho-lique de Leuven.(2) Professeur ordinaire au Centre d’études Ă©conomiques, UniversitĂ© catholique de Leuven.(3) ‘Examen des moyens de subsistance’ signifie que l’une des conditions d’éligibilitĂ© est que lesmoyens de subsistance de l’individu ou du mĂ©nage, tels que calculĂ©s par une formule administrative,soient infĂ©rieurs Ă  un seuil ajustĂ© aux besoins.

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

Les programmes sociaux reprĂ©sentent une partie importante de tout modĂšle demicrosimulation qui vise Ă  analyser et Ă  Ă©valuer les politiques de lutte contre la pau-vretĂ© liĂ©e aux revenus, de distribution et de redistribution des revenus. Dans cetarticle, nous nous focalisons sur cette troisiĂšme catĂ©gorie de programmes sociaux etplus spĂ©cifiquement sur le revenu d’intĂ©gration sociale, le programme belge derevenus garantis pour les personnes ĂągĂ©es de 18 Ă  65 ans.

La politique de soulagement de la pauvretĂ© est une compĂ©tence partagĂ©e entre lesentitĂ©s fĂ©dĂ©rales, rĂ©gionales et locales. Le gouvernement flamand est par exempleresponsable des subsides au logement, au logement social, aux bourses d’études,etc., tandis que le gouvernement fĂ©dĂ©ral est chargĂ© de l’aide au revenu et Ă  l’endet-tement. L’allocation belge de garantie de revenu relĂšve de cette derniĂšre catĂ©gorie.NĂ©anmoins, tout modĂšle rĂ©gional de microsimulation qui vise Ă  comprendre et Ă localiser la pauvretĂ© rĂ©gionale devra nĂ©cessairement modĂ©liser Ă©galement les poli-tiques fĂ©dĂ©rales importantes de lutte contre la pauvretĂ©. Bien que le niveau rĂ©gionalpuisse ne pas ĂȘtre en mesure de contrĂŽler ces rĂšgles fĂ©dĂ©rales, il peut toujours crĂ©erou ajuster ses propres projets de soulagement de la pauvretĂ© en adoptant les pro-grammes de soutien aux revenus existants. Ainsi, pour ĂȘtre fiable, chaque futurmodĂšle flamand de microsimulation devrait assimiler le revenu d’intĂ©gration socialeau titre de paramĂštre politique.

MEFISTO est un modĂšle de microsimulation nouvellement dĂ©veloppĂ© pour laFlandre. La version actuelle de MEFISTO est capable d’évaluer le revenu d’intĂ©gra-tion sociale, son effet sur la pauvretĂ© financiĂšre et sur la redistribution au sein de lasociĂ©tĂ©. Par ailleurs, MEFISTO permet de simuler des modifications aux rĂšgles d’éli-gibilitĂ©, Ă  la somme de l’allocation ou Ă  une combinaison des deux, ce qui autorisel’analyse d’une grande variĂ©tĂ© de changements politiques potentiels (4). L’implĂ©-mentation actuelle du revenu d’intĂ©gration dans MEFISTO souffre toutefois de deuxdĂ©ficiences. En tout premier lieu, dans la rĂ©alitĂ©, une certaine latitude (5) estaccordĂ©e aux dĂ©partements locaux de services sociaux (‘CPAS’) dans la procĂ©dured’octroi. Le pouvoir discrĂ©tionnaire entraĂźne des rĂšgles qui diffĂšrent entre individusou dĂ©partements locaux de services sociaux. Les dĂ©cisions discrĂ©tionnaires ne peu-vent ĂȘtre reproduites correctement par un modĂšle de microsimulation, bien quecertains de leurs effets puissent ĂȘtre capturĂ©s par une analyse de sensibilitĂ©. Dans leprĂ©sent article, nous dĂ©veloppons deux interprĂ©tations plausibles de la loi rĂ©glemen-tant le revenu d’intĂ©gration en combinaison avec un lien quant Ă  la sensibilitĂ©.En deuxiĂšme lieu, la plupart des modĂšles de microsimulation fonctionnent de lamaniĂšre suivante : toutes les personnes qui sont Ă©ligibles pour l’allocation sociale la

(4) Comme mentionnĂ© ci-dessus, ces changements politiques ne sont pas dĂ©cidĂ©s au niveau rĂ©gional,Ă©tant donnĂ© que l’aide au revenu est une compĂ©tence fĂ©dĂ©rale.(5) Les CPAS sont capables de prendre (partiellement) en compte ou d’ignorer les revenus desparents ou des enfants lorsqu’ils dĂ©terminent si les revenus d’une personne sont suffisamment baspour octroyer le revenu d’intĂ©gration (SPP IntĂ©gration Sociale, 2002). Par ailleurs, Hermans (2005)observe des pratiques diffĂ©rentes entre CPAS quant au critĂšre de “disposition Ă  travailler” pour lerevenu d’intĂ©gration.

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perçoivent et vice versa, celles qui ne sont pas Ă©ligibles, n’en bĂ©nĂ©ficient pas. Desrecherches dans d’autres pays de l’OCDE suggĂšrent cependant que cette hypothĂšsen’est pas tenable et que les taux de non-recours Ă  l’assistance sociale sont significatifs.

L’objectif principal de cet article est de fournir une estimation des taux de non-recours au revenu d’intĂ©gration sur la base des enquĂȘtes d’ensemble disponiblespour l’annĂ©e 2005 (6). Notre analyse couvrira tout le territoire belge et non unique-ment la RĂ©gion flamande, ceci pour quatre raisons : le soutien au niveau des revenusest une compĂ©tence fĂ©dĂ©rale, nous ne disposons que d’un petit Ă©chantillon dedonnĂ©es qui complique toute sous-division rĂ©gionale, il est impossible d’opĂ©rer unedistinction entre Flamands et Wallons Ă  Bruxelles et, plus important encore, lesrĂ©sultats pour l’ensemble de la Belgique sont intĂ©ressants en soi. Nous rĂ©sumeronsau chapitre 2 certaines des preuves et montrerons que le non-recours est un phĂ©-nomĂšne social pertinent sur le plan empirique dans un grand nombre de pays. Sec-tion 3, nous expliquerons les principales caractĂ©ristiques du revenu d’intĂ©gration etdonnerons une idĂ©e de notre mĂ©thode d’évaluation. Ensuite, nous commenteronsnos donnĂ©es (section 4) et nos rĂ©sultats (section 5). Au chapitre 6, nous analyseronsbriĂšvement les principaux dĂ©terminants du non-recours, que nous utiliserons lorsde futures recherches en vue de dĂ©velopper un modĂšle de comportement poussantĂ  cette non-participation. La section 7 prĂ©sentera la conclusion.

2. LE DEFI DU NON-RECOURS POUR LES MODELES DE MICROSIMULATION

2.1. DEFINITION DES TAUX DE NON-RECOURSLa plupart des programmes de prestations en espĂšces conditionnĂ©s Ă  un examendes revenus, Ă  l’instar du revenu d’intĂ©gration, exigent des individus qu’ils se prĂ©-sentent sur une base volontaire et rĂ©pondent Ă  plusieurs critĂšres pour percevoir l’al-location (voir le chapitre 3 pour les conditions d’éligibilitĂ© du revenu d’intĂ©grationsociale). Les conditions d’éligibilitĂ© imposĂ©es peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme unebarriĂšre ou un filtre entre la population (nĂ©cessiteuse) et l’allocation sociale conçuepour garantir le niveau de vie. Ce filtre est Ă  l’origine de trois ‘erreurs’ intercon-nectĂ©es (Kleven et Kopczuk, 2008) :ïżœ non-recours partiel (erreur de type Ia) : des individus incontestablement Ă©ligi-

bles ne sollicitent pas une allocation sociale ;ïżœ erreur de rejets (erreur de type Ib) : des individus incontestablement Ă©ligibles

demandent l’assistance sociale, mais Ă  la suite d’erreurs dans la procĂ©dure de screening, l’allocation leur est refusĂ©e ;

ïżœ erreurs d’attribution (erreurs de type II) : des individus inĂ©ligibles demandent l’aide sociale mais Ă  la suite d’erreurs dans la procĂ©dure de screening, leur demande est acceptĂ©e.

(6) A notre connaissance, il n’existe pas d’analyse de ce type, basĂ©e sur des donnĂ©es empiriquesdĂ©taillĂ©es pour les programmes belges de garantie des revenus.

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La combinaison des deux premiĂšres erreurs (type Ia et type Ib) est dĂ©finie comme letaux de non-recours d’un programme social. En d’autres termes, cela reprĂ©sente leratio entre le nombre d’individus Ă©ligibles qui ne reçoivent pas l’allocation sociale etle nombre total d’ayants droit.

Il est important de se rendre compte que les trois erreurs sont interrelatĂ©es.ConsidĂ©rez par exemple une augmentation du niveau des prestations du programmesocial. D’une part, la hausse des allocations induira des individus Ă©ligibles Ă  revendi-quer leur droit ce qui rĂ©duit le nombre d’erreurs de type Ia. D’autre part, un plusgrand nombre d’individus non Ă©ligibles seront Ă©galement tentĂ©s de faire la demande,multipliant ainsi le risque d’erreurs de type II. Des procĂ©dures de screening plusdĂ©taillĂ©es en sont un autre exemple. Des critĂšres additionnels permettront de mieuxdistinguer les individus Ă©ligibles de ceux qui ne le sont pas, rĂ©duisant tout Ă  la foisles erreurs tant de type Ib que de type II. Toutefois, des conditions plus dĂ©taillĂ©esimpliquent Ă©galement un plus grand effort et un temps plus long pour complĂ©ter lademande, ce qui dĂ©couragera au moins quelques individus rĂ©ellement Ă©ligibles Ă entrer dans le processus d’admission et augmentera de ce fait les erreurs de type Ia.

Ces interconnections impliquent un Ă©change entre les diffĂ©rents types d’erreur.TolĂ©rer l’aggravation d’un problĂšme est susceptible de rendre supportable un autreet vice versa. Les paramĂštres des programmes sociaux (il suffit de penser Ă  la hau-teur de l’allocation, Ă  la complexitĂ© des procĂ©dures, aux sanctions, etc.) peuventĂȘtre ajustĂ©s afin de pondĂ©rer les diffĂ©rents types d’erreurs et trouver un Ă©quilibre‘souhaitable’ entre elles (Kleven et Kopczuk, 2008). La dĂ©finition de l’équilibre ‘sou-haitable’ signifiera des choix Ă©thiques quant Ă  l’importance donnĂ©e aux diffĂ©rentstypes d’erreur.

2.2. LE NON-RECOURS : UN PHENOMENE SOCIAL MAJEURLa recherche cible particuliĂšrement le problĂšme du non-recours (erreurs de type I).Un passage en revue des preuves empiriques dans les pays de l’OCDE suggĂšre queles programmes d’aide sociale ciblĂ©e ne rĂ©ussissent pas Ă  atteindre la totalitĂ© de lapopulation visĂ©e (Currie, 2004 ; Hernanz et al., 2004 ; Matsaganis et al., 2008). Ungrand nombre d’individus Ă©ligibles et pauvres ne profitent pas des allocationssociales et ne sont pas retenus par les mailles du filet de sĂ©curitĂ©. Le tableau 1 col-lecte quelques preuves. La plupart des systĂšmes d’aide sociale sont confrontĂ©s Ă  destaux de non-recours largement supĂ©rieurs Ă  40 %. MĂȘme les Ă©tudes qui utilisent desdonnĂ©es administratives, telles que Bargain et al. (2007), sont confrontĂ©es Ă  ces tauxĂ©levĂ©s. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les pays anglo-saxons font un peu mieux. Ces pays recou-rent plus Ă  des programmes sociaux avec examen des ressources et accordent uneplus grande attention aux effets secondaires de ces programmes. Au R-U, parexemple, les administrations compĂ©tentes Ă©valuent et font elles-mĂȘmes des rapportssur les taux de non-recours, ce qui n’est pas le cas dans la plupart des autres pays.

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TABLEAU 1 : RECHERCHE DU NON-RECOURS A L’AIDE SOCIALE

Les taux de non-recours dans les pays voisins peuvent Ă©ventuellement servir depoint de comparaison pour la Belgique. Sous ce rapport, nous observons que cestaux se situent entre 30 % et 50 % pour le R-U et la France et grimpent jusqu’à 60 %ou plus pour les Pays-Bas et l’Allemagne.

2.3. LE DEFI DE L’EVALUATION POLITIQUEPour diverses raisons, les responsables politiques et par extension les concepteursde modĂšles de microsimulation, se prĂ©occupent du comportement de non-recoursautant que du gaspillage des ressources publiques vers des personnes non Ă©ligibles(Fuchs, 2007 ; Kayser et Frick, 2001). Primo, les taux de non-recours peuventconstituer des indicateurs de l’étendue de l’économie grise : soit parce que les indi-vidus actifs dans l’économie au noir ne souhaitent pas se mettre en avant et rĂ©cla-mer leurs droits soit parce que les individus qui sont insuffisamment au fait du pro-gramme social peuvent ĂȘtre poussĂ©s vers des activitĂ©s de travail illĂ©gal. Plus impor-tant encore, un taux Ă©levĂ© de non-recours aux allocations sociales est susceptible desaper l’efficacitĂ© redistributive du programme social et jette des doutes sur sa fonc-

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tion en tant que filet de sĂ©curitĂ©. Les distributions de revenus et les mesures de pau-vretĂ© Ă©valuĂ©es par des modĂšles de microsimulation qui ne sont pas corrigĂ©s quantau taux rĂ©el de non-recours sont trop optimistes et ne s’alignent pas sur la rĂ©alitĂ©.De plus, si le non-recours n’est pas entiĂšrement volontaire, la non-participation decertains individus mĂšne Ă  des iniquitĂ©s fondamentales parmi les ayants droit ensituation Ă©conomique similaire. Les iniquitĂ©s sont encore plus manifestes si nousconsidĂ©rons la non-participation par des individus Ă©ligibles et la participation debĂ©nĂ©ficiaires illĂ©gitimes. Finalement, un non-recours partiel mĂšne Ă  des inexacti-tudes lorsque l’on anticipe les rĂ©sultats sociaux et que l’on estime le coĂ»t dĂ©finitifd’une rĂ©forme politique. Etant donnĂ© l’ampleur du comportement d’abandon (voirtableau 1), il est essentiel d’intĂ©grer le comportement de non-recours dans lesmodĂšles (de microsimulation) Ă©conomiques pour obtenir une vue de la vĂ©ritable dis-tribution des revenus et de l’incidence de la pauvretĂ© dans la sociĂ©tĂ©.

3. L’ALLOCATION BELGE DE GARANTIE DE REVENU : LE REVENU D’INTEGRATIONSOCIALE

3.1. PROTECTION MINIMALE DES REVENUS EN BELGIQUEConformĂ©ment Ă  l’art. 23 de la Constitution belge, tout Belge a le droit de vivreconformĂ©ment Ă  la dignitĂ© humaine, y compris, entre autres, le droit Ă  la sĂ©curitĂ©sociale, A cette fin, la Belgique a dĂ©veloppĂ© un systĂšme social comportant plusieursallocations basĂ©es sur un examen des moyens de subsistance. Deux schĂ©mas degarantie des revenus remontent au dĂ©but des annĂ©es ‘70 et ont Ă©tĂ© rĂ©visĂ©s au dĂ©butdu nouveau millĂ©naire : l’un pour les adultes ĂągĂ©s de 18 Ă  65 ans (le revenu d’intĂ©-gration sociale), et un autre pour les personnes ĂągĂ©es de 65 ans ou plus [la ‘garantiede revenus aux personnes ĂągĂ©es’ (GRAPA)]. Par ailleurs, ces programmes partagentquelques similaritĂ©s dans leur conception (Groenez et Nicaise, 2002). Ces deuxfilets de sĂ©curitĂ© ont Ă©tĂ© complĂ©tĂ©s par des programmes d’aide aux revenus ciblantspĂ©cifiquement les personnes handicapĂ©es. A la fin des annĂ©es quatre-vingt, les pro-grammes d’aide aux revenus pour les personnes handicapĂ©es furent rĂ©visĂ©s en leurforme actuelle : deux droits pour adultes handicapĂ©s ĂągĂ©s de 21 Ă  65 ans [l’alloca-tion de remplacement de revenu (ARR) et l’allocation d’intĂ©gration (AI)] ainsiqu’une allocation pour personnes handicapĂ©es ĂągĂ©es de 65 ans ou plus [(l’allocationd’aide aux personnes ĂągĂ©es) (APA)].

Dans cet article, nous restreignons notre analyse au revenu d’intĂ©gration sociale (7).Cette allocation sociale poursuit deux objectifs principaux. Elle vise Ă  garantir une

(7) Le revenu d’intĂ©gration sociale peut ĂȘtre distinguĂ© de la GRAPA et de l’APA par le critĂšre de l’ñge.Elle ne peut pas ĂȘtre totalement sĂ©parĂ©e des programmes ARR et AI. Les personnes handicapĂ©es peu-vent en principe demander les trois allocations, Ă©tant donnĂ© que les catĂ©gories de besoins et l’exa-men des moyens de subsistance ne se chevauchent pas parfaitement et que l’éligibilitĂ© pour tous cesavantages n’est pas exclue. Toutefois, le cumul des deux allocations pour handicapĂ©s excĂšde gĂ©nĂ©ra-lement le niveau de bĂ©nĂ©fice du revenu d’intĂ©gration, rendant de ce fait les personnes handicapĂ©esinĂ©ligibles pour ce dernier. C’est pourquoi nous exclurons du groupe des ayants droit tous les indivi-dus qui renoncent au revenu d’intĂ©gration et qui peuvent raisonnablement ĂȘtre identifiĂ©s commehandicapĂ©s. Il peut s’ensuivre une sous-estimation du taux rĂ©el du comportement de non-recoursdans le programme du revenu d’intĂ©gration.

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vie digne Ă  chacun grĂące Ă  un niveau de revenu minimum garanti. L’aide financiĂšreliĂ©e au revenu d’intĂ©gration a Ă©galement pour but d’intĂ©grer les bĂ©nĂ©ficiaires dans lasociĂ©tĂ© p. ex. par une participation au marchĂ© de travail.

3.2. PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DU REVENU D’INTEGRATIONLe revenu d’intĂ©gration est un systĂšme de prestation en espĂšces, accordĂ© aprĂšs unexamen des moyens de subsistance qui a pour but de servir d’ultime recours.Chaque individu qui en fait la demande devra d’abord faire valoir ses droits Ă d’autres allocations, comme les allocations de chĂŽmage, les allocations pour per-sonnes handicapĂ©es, etc. Ensuite, il peut de sa propre initiative revendiquer sondroit au revenu d’intĂ©gration au CPAS, qui lui accordera une certaine somme parmois (8) s’il satisfait aux critĂšres d’éligibilitĂ© (Van der Straete, 2009). Le gouverne-ment fĂ©dĂ©ral a fixĂ© cinq rĂšgles d’éligibilitĂ© :ïżœ Exigence de nationalitĂ© : le revenu d’intĂ©gration sociale est ouvert Ă  tous les

Belges, citoyens de l’UE, Ă©trangers enregistrĂ©s et rĂ©fugiĂ©s reconnus (SPP IntĂ©gra-tion sociale, 2002).

ïżœ CritĂšre d’ñge : ĂȘtre ĂągĂ© de 18 ans ou plus pour ĂȘtre Ă©ligible pour le revenu d’intĂ©-gration. A partir de 65 ans, on est Ă©ligible pour la GRAPA et de facto, on ne l’est plus pour le revenu d’intĂ©gration sociale. (9)

ïżœ Lieu de rĂ©sidence : pour ĂȘtre Ă©ligible une personne doit avoir son domicile lĂ©gal sur le territoire belge.

ïżœ VolontĂ© de travailler : l’individu doit ĂȘtre disposĂ© Ă  travailler, Ă  moins que sa situation ne le lui permette pas, p. ex. Ă  la suite d’un mauvais Ă©tat de santĂ©.

ïżœ Moyens de subsistance insuffisants : le critĂšre le plus important est l’absence d’un revenu suffisant. Le revenu individuel est mesurĂ© par une formule adminis-trative (10) et comparĂ© Ă  un seuil ajustĂ© aux besoins (ce qui est qualifiĂ© d’exa-men des ressources). Si les moyens de la personne tombent en dessous de ce seuil, on lui accorde la diffĂ©rence entre le seuil et ses moyens, augmentĂ©e d’une faible somme forfaitaire. Le revenu d’intĂ©gration opĂšre une distinction entre trois catĂ©gories de besoins (voir tableau 2) : cohabitants ; isolĂ©s ; individus vivant avec au moins une personne dĂ©pendante.

Le tableau 2 prĂ©sente un aperçu des seuils ajustĂ©s aux besoins depuis 2002. EtantdonnĂ© que les donnĂ©es utilisĂ©es pour notre analyse du non-recours datent de 2005,le niveau de l’allocation en 2005 est pris comme rĂ©fĂ©rence et est indiquĂ© en gras.Entre 2002 et 2010, il y a eu un accroissement nominal moyen annuel du revenud’intĂ©gration de 3 %. Cette croissance nominale correspondait au taux d’inflationentre 2002 et 2005 et donnait lieu Ă  un accroissement rĂ©el moyen annuel de 1,4 %entre 2005 et 2010.

(8) La somme en espĂšces est payĂ©e par le CPAS mais est remboursĂ©e par le gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă  raison de 50%, voire de65% en fonction du nombre de bĂ©nĂ©ficiaires du revenu d’intĂ©gration que compte la commune.(9) Il y a eu une augmentation graduelle de la limite d’ñge pour la GRAPA. Elle avait Ă©tĂ© fixĂ©e Ă  63 ans en 2003, Ă  64 ans en2006 et Ă  65 ans Ă  partir de 2009.(10) Toutefois, les CPAS ont obtenu un pouvoir discrĂ©tionnaire dans l’application de l’examen des ressources.

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3.3. METHODE D’EVALUATIONUn modĂšle de microsimulation peut facilement ĂȘtre utilisĂ© pour Ă©valuer le compor-tement de non-recours dans un ensemble de donnĂ©es si toutes les informationsindispensables pour une apprĂ©ciation de la vie rĂ©elle sont prĂ©sentes dans cetensemble. AprĂšs que les conditions d’éligibilitĂ© ont Ă©tĂ© traduites en expressions for-melles, le modĂšle de microsimulation Ă©value l’éligibilitĂ© en appliquant les rĂšgles for-melles aux donnĂ©es injectĂ©es. En combinant le statut d’éligibilitĂ© avec les informa-tions sur la perception rĂ©elle du revenu d’intĂ©gration, il est alors possible d’évaluerles taux de non-recours et les erreurs de type II (voir figure 1).

TABLEAU 2 : APERCU DES SEUILS AJUSTES SELON LES BESOINS DEPUIS 2002

La fiabilitĂ© du rĂ©sultat dĂ©pend donc de façon critique de la possibilitĂ© de rĂ©dactiondes rĂšgles formelles d’éligibilitĂ©, qui peuvent ĂȘtre minĂ©es par toute forme de pou-voir discrĂ©tionnaire, ainsi que de la disponibilitĂ© et la qualitĂ© des donnĂ©es, qui fontl’objet du chapitre suivant.

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nominaux au 01/08/2005

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4. L’ENSEMBLE DES DONNEES

4.1. L’ECHANTILLON DE DONNEES UE-SILCLes donnĂ©es Ă  notre disposition proviennent de l’European Union Statistics on Inco-me and Living Conditions (UE-SILC). Ces donnĂ©es d’ensemble (11) visent Ă  collec-ter rĂ©guliĂšrement des microdonnĂ©es comparables sur la pauvretĂ© liĂ©e aux revenus etl’exclusion sociale. Nous recourons Ă  la version cross-sectionnelle de 2006 compor-tant des informations sur les individus et les mĂ©nages de 2005. L’échantillon se com-pose de 14.329 individus (dont 11.314 sont interviewĂ©s) dans 5.860 mĂ©nages diffĂ©-rents. L’échantillon est construit de maniĂšre Ă  ĂȘtre reprĂ©sentatif de la populationvivant sur le territoire belge.

4.2. DEFICIENCES DES DONNEESOn rencontre trois problĂšmes principaux avec les donnĂ©es, ce qui indique que nosrĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prudence.Le premier problĂšme est liĂ© au petit nombre de bĂ©nĂ©ficiaires du revenu d’intĂ©gra-tion dans l’échantillon de l’étude d’ensemble. L’échantillon consiste en 11.314 indi-vidus interviewĂ©s parmi lesquels seulement 95 personnes dĂ©clarent avoir touchĂ© lerevenu d’intĂ©gration sociale pendant au moins 1 mois en 2005 (12). L’utilisationd’un nombre aussi limitĂ© d’observations est susceptible de mener potentiellement Ă des rĂ©sultats non fiables, davantage encore si nous entrons plus dans le dĂ©tail et quenous nous penchons sur le problĂšme des sexes, les structures rĂ©gionales, les diffĂ©-rences de nationalitĂ©, etc.

(11) Certains chercheurs font valoir que l’utilisation de donnĂ©es d’études d’ensemble mĂšne Ă  unesurestimation des taux de non-recours. Une solution alternative consiste Ă  recourir aux sources dedonnĂ©es administratives. Celles-ci sont toutefois difficiles Ă  obtenir, soit parce qu’elles n’existent pas,soit pour des questions de respect de la vie privĂ©e. De plus, elles ne disposent souvent que d’infor-mations dĂ©taillĂ©es sur les demandeurs, puisqu’il s’agit des individus examinĂ©s en dĂ©tail par l’adminis-tration, et manquent d’informations sur les non-demandeurs. Il peut en rĂ©sulter une sous-estimationdu comportement rĂ©el de non-revendication. La diffĂ©rence entre les deux approches peut s’observerpar exemple en comparant les deux estimations de Blank (1997) au tableau 1.(12) Ces 95 observations dans l’échantillon reprĂ©sentent 65.804 individus de la population belge. AudĂ©part des sources administratives, nous savons qu’en 2005, il y avait en moyenne 75.000 bĂ©nĂ©fi-ciaires par mois (Oases, 2010).

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FIGURE 1 : METHODE D’EVALUATION DU COMPORTEMENT DE NON-RECOURS

En deuxiĂšme lieu, la reprĂ©sentativitĂ© de nos informations sur le revenu d’intĂ©grationest imparfaite. Nous avons comparĂ© les caractĂ©ristiques de notre Ă©chantillon de 95personnes avec les caractĂ©ristiques de la population de bĂ©nĂ©ficiaires du revenud’intĂ©gration provenant de donnĂ©es administratives (Oases, 2010). Des tests statis-tiques (repris dans l’annexe 1) font apparaĂźtre des diffĂ©rences significatives quant Ă la rĂ©partition gĂ©ographique des bĂ©nĂ©ficiaires (figure 2a). En comparaison avec lesenregistrements administratifs, les allocataires bruxellois sont surreprĂ©sentĂ©s dansl’UE-SILC tandis que les bĂ©nĂ©ficiaires flamands et wallons sont relativement sous-reprĂ©sentĂ©s. La figure 3a indique que le profil des Ăąges des ayants droit du revenud’intĂ©gration ne diverge que peu si nous considĂ©rons la population dans sa totalitĂ©(non significative sur le plan statistique). Les bĂ©nĂ©ficiaires jeunes sont proportion-nellement sous-reprĂ©sentĂ©s tandis que les allocataires ĂągĂ©s (50 ans ou plus) sont sur-reprĂ©sentĂ©s. Ces lĂ©gers Ă©carts sont en premier lieu le rĂ©sultat d’un profil divergentdes Ăąges en Flandre, oĂč les bĂ©nĂ©ficiaires plus ĂągĂ©s (50+) sont relativement surreprĂ©-sentĂ©s en comparaison avec leurs contreparties plus jeunes (figure 3b). Quant ausexe, la figure 4a indique que notre Ă©chantillon contient trop peu d’allocataires mas-culins. La diffĂ©rence est sensible, mais Ă  un niveau de signification trĂšs bas. Commel’indique clairement la figure 4b, la variation dans le profil des sexes est principale-ment due Ă  la sous-partie wallonne de notre Ă©chantillon. Enfin, le profil de la natio-nalitĂ© de notre Ă©chantillon correspond au profil de la population, tout Ă  la fois dansson entiĂšretĂ© (figure 2b) et lors de sa rĂ©partition en fonction des rĂ©gions.

Le problĂšme final des donnĂ©es porte sur leur disponibilitĂ© et leur fiabilitĂ©. Commel’illustrent la figure 1 et le tableau 3, il est nĂ©cessaire de disposer de beaucoup d’in-formations sur les personnes et les mĂ©nages pour dĂ©terminer l’éligibilitĂ©. Toutes lesdonnĂ©es requises ne sont pas prĂ©sentes, comme par exemple la valeur estimable(‘revenu cadastral’) d’une maison ou certaines des informations spĂ©cifiques sur lesrevenus qui sont utilisĂ©es dans le test des moyens. Par ailleurs, mĂȘme si les donnĂ©essont prĂ©sentes, elles ne sont pas toujours fiables. Dans l’ensemble des donnĂ©es, il y

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a par exemple des individus qui revendiquent une incapacitĂ© de travail Ă  la suited’un accident de travail sans recevoir la moindre compensation ou d’autres qui indi-quent avoir travaillĂ© pendant plusieurs annĂ©es qui sont sans emploi sans toucherd’allocations de chĂŽmage. Il n’est guĂšre Ă©tonnant que ces personnes soient plus queproportionnellement issues du groupe Ă  faibles revenus, c’est-Ă -dire le groupeauquel nous nous intĂ©ressons dans notre Ă©tude.

TABLEAU 3 : DONNEES REQUISES CONTRE DISPONIBILITE DES DONNEES

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FIGURE 2 : COMPARAISON ECHANTILLON – POPULATION : REPARTITION REGIONALE (A) ETPROFIL DE NATIONALITE (B)

FIGURE 3 : COMPARAISON ECHANTILLON – POPULATION : PROFIL DES AGES (A) ET PROFIL DESAGES PAR REGION (B)

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FIGURE 4 : COMPARAISON ECHANTILLON – POPULATION : SEXE (A) ET SEXE PAR REGION (B)

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TABLEAU 4 : ELIGIBILITE ET COMPORTEMENT DE NON-RECOURS AU REVENU D’INTEGRATIONSOCIALE (EN NOMBRE D’INDIVIDUS)

TABLEAU 5 : COMPORTEMENT DE NON-RECOURS PAR NIVEAU DE DROIT

TABLEAU 6 : ELIGIBILITE ET COMPORTEMENT DE NON-RECOURS DU REVENU D’INTEGRATION(EN EUR PAR MOIS)

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5. RESULTATS

Les rĂ©sultats sont rĂ©sumĂ©s aux tableaux 4 Ă  6. Le tableau 4 exprime le non-recoursen termes d’individus, tandis que le tableau 6 estime le dĂ©sistement en termesmonĂ©taires. Le tableau 5 prĂ©cise le taux de non-recours Ă©valuĂ© dans le tableau 4 enopĂ©rant une distinction en fonction du niveau de l’avantage. Tous ces tableauxcontiennent trois colonnes : une rĂ©fĂ©rence et une marge autour de la rĂ©fĂ©rence. LarĂ©fĂ©rence est la meilleure estimation possible compte tenu des donnĂ©es de l’étuded’ensemble disponibles. Les marges supĂ©rieures et infĂ©rieures (13) visent Ă  flanquerles erreurs d’évaluation pour les matelasser contre des donnĂ©es incorrectes ou man-quantes et contre une partie du pouvoir discrĂ©tionnaire des dĂ©partements locaux deservices sociaux dans la procĂ©dure d’attribution.

L’évaluation du comportement de non-recours requiert inĂ©vitablement une interprĂ©-tation de cette latitude dans l’application de l’examen des moyens d’existence desCPAS. Aux tableaux 4 Ă  6, nous supposons que le revenu disponible du demandeurest calculĂ© Ă  l’aide uniquement des donnĂ©es sur son revenu et son patrimoine et surle revenu et le patrimoine du partenaire. La seule exception Ă  cette rĂšgle sont lesĂ©tudiants qui vivent avec leurs parents. Dans ce cas, le revenu des parents est Ă©gale-ment pris en considĂ©ration. Tableau 7, nous prĂ©senterons les rĂ©sultats d’une analysede sensibilitĂ© dans laquelle nous Ă©largissons la dĂ©finition du revenu du mĂ©nage.

Le tableau 4 nous permet de conclure que le taux de non-recours en Belgique estsubstantiel et varie entre 57 % et 73 % avec une rĂ©fĂ©rence fixĂ©e Ă  62 %. Ce taux denon-recours ne semble pas s’écarter de la ligne des observations empiriques pourd’autres pays (voir p. ex. les taux de dĂ©sistement aux Pays-Bas et en Allemagne dansle tableau 1), bien qu’il se situe au sommet de ces estimations. Le groupe de bĂ©nĂ©fi-ciaires du revenu d’intĂ©gration sociale non Ă©ligibles (erreur de type II) est nettementplus stable et fluctue aux alentours de 11 %. La littĂ©rature ne fournit pas de bonspoints de repĂšre pour interprĂ©ter le niveau de ce pourcentage. Comme nous l’avonssoulignĂ© ci-avant, la qualitĂ© des donnĂ©es limite la prĂ©cision de nos rĂ©sultats. C’estpour cette raison qu’ils doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prudence et ĂȘtre considĂ©rĂ©scomme un indicateur de problĂšmes liĂ©s au non-recours en Belgique plutĂŽt qu’unemesure exacte de son ampleur.

Comme l’illustre le tableau 5, une forte divergence se constate dans le comporte-ment de non-recours entre les individus ayant droit au (au moins 80 % du) montanttotal et les bĂ©nĂ©ficiaires qui disposent de quelques ressources propres et qui ontdonc uniquement un droit partiel. Les bĂ©nĂ©ficiaires de l’intĂ©gralitĂ© du droit ont unfaible taux de dĂ©sistement d’environ 40 %, qui s’avĂšre ĂȘtre plutĂŽt stable dans lesdiffĂ©rents scĂ©narios. Pour les individus disposant d’un droit partiel par contre, l’onconstate un taux de non-recours nettement plus Ă©levĂ©, en plus ce taux varie

(13) Plus prĂ©cisĂ©ment, nous comparons le seuil ajustĂ© aux besoins Ă  110% des moyens de l’individu

dans la premiùre colonne et à 90 % des moyens de l’individu dans la troisiùme colonne.

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considĂ©rablement en fonction des diffĂ©rents scĂ©narios. Ceci n’est guĂšre une surpriseĂ©tant donnĂ© que les limites de sensibilitĂ© affectent principalement les individus Ă  lalimite de l’éligibilitĂ©, Ă  savoir, ceux n’ayant qu’un droit partiel.

Le tableau 6 se rĂ©fĂšre aux mĂȘmes chiffres, mais en termes monĂ©taires, en ce sensque chaque individu est reprĂ©sentĂ© par l’avantage qu’il en tire ou devrait en tirer. AudĂ©part de cette perspective, le non-recours s’avĂšre plus faible. Cela signifie que lesindividus qui abandonnent leur avantage ont en moyenne droit Ă  des montants plusfaibles que ceux qui ne renoncent pas Ă  l’allocation, ce que confirme notre conclu-sion du tableau 5. En outre, la variabilitĂ© autour de la rĂ©fĂ©rence est remarquable-ment plus basse. La revendication se situe entre 42 % et 50 %. Cette fourchette plusĂ©troite est le rĂ©sultat de deux effets opposĂ©s. La marge infĂ©rieure correspond Ă  unecondition de revenus plus rigoureuse. Cela signifie que moins d’individus serontconsidĂ©rĂ©s ĂȘtre Ă©ligibles (voir tableau 4), ce qui diminue les montants Ă  payer. Tou-tefois, les individus qui sont Ă©liminĂ©s sont ceux ayant les droits les moins Ă©levĂ©s. ParconsĂ©quent, la revendication moyenne du revenu d’insertion augmente et la rĂ©duc-tion dans les dĂ©penses gouvernementales est moins prononcĂ©e que la baisse dunombre d’individus Ă©ligibles. Le contraire est vrai pour la marge supĂ©rieure.

Tableau 7, nous refaisons les Ă©valuations du tableau 4, mais en mettant en ouvre unehypothĂšse diffĂ©rente quant au revenu faisant l’objet de l’examen des ressources.Dans ce scĂ©nario alternatif, nous complĂ©tons le revenu et le patrimoine du deman-deur non seulement avec ceux de son partenaire, mais Ă©galement avec le revenu etle patrimoine des parents et des enfants qui vivent sous le mĂȘme toit. La consĂ©quen-ce en est que le revenu soumis au contrĂŽle des moyens est plus Ă©levĂ© que dans lescĂ©nario prĂ©cĂ©dent, impliquant un nombre d’individus Ă©ligibles moins nombreux.Une diminution des individus Ă©ligibles soumet Ă  une pression vers le haut les erreursde type II, c’est-Ă -dire qu’il y a un plus grand nombre de personnes inĂ©ligibles parmile groupe de bĂ©nĂ©ficiaires du revenu d’intĂ©gration, et a – ex ante – un effet peu clairsur le taux de non-recours. Le tableau 7 confirme la trĂšs forte hausse d’erreurs detype II et dĂ©montre, par ailleurs, une augmentation mineure du taux de rĂ©fĂ©rencedu non-recours.

TABLEAU 7 : ELIGIBILITE ET COMPORTEMENT DE NON-RECOURS AU REVENU D’INTEGRATION(EN NOMBRE D’INDIVIDUS) : SCENARIO ALTERNATIF

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6. VERS UN MODELE COMPORTEMENTAL

Les estimations des taux de non-recours reprĂ©sentent une entrĂ©e apprĂ©ciable pourles modĂšles de microsimulation, Ă©tant donnĂ© qu’elles permettent d’amĂ©liorer l’hy-pothĂšse intenable de l’acceptation Ă  100 % du revenu d’intĂ©gration. Pour la Bel-gique, ceci pourrait ĂȘtre fait en permettant uniquement Ă  38 % des individus Ă©li-gibles dans l’échantillon de percevoir le revenu d’intĂ©gration. Comme premiĂšredĂ©marche, le modĂšle pourrait sĂ©lectionner ces 38 % au hasard. Le problĂšme est-ilainsi rĂ©solu ? Pas rĂ©ellement ! Une solution nettement meilleure consisterait Ă  com-prendre ce qui pousse au comportement de non-recours et Ă  identifier les individusqui trĂšs vraisemblablement (ne) rĂ©clameront (pas) leurs droits. Ceci exige, toutd’abord, une meilleure comprĂ©hension des principaux dĂ©terminants du comporte-ment de non-recours et, ensuite, un modĂšle plus sophistiquĂ© qui incorporerait cesfacteurs dans les Ă©valuations. Dans ce chapitre, nous attaquons briĂšvement la pre-miĂšre question ; la seconde sera rĂ©servĂ©e Ă  une recherche ultĂ©rieure.

Le phĂ©nomĂšne du non-recours massif des allocations sociales soulĂšve un problĂšmedifficile, certainement pour les Ă©conomistes qui ont tendance Ă  croire que les ĂȘtreshumains agissent dans leur seul intĂ©rĂȘt personnel et que des revenus plus impor-tants sont prĂ©fĂ©rĂ©s Ă  moins de revenus. Pourquoi les gens renonceraient-ils dĂ©libĂ©rĂ©-ment Ă  un gain financier ? La premiĂšre tentative d’influence pour s’attaquer Ă  cetapparent dĂ©sintĂ©rĂȘt fut celle de Moffitt (1983) avec son modĂšle de stigmatisationsociale. L’idĂ©e qui sous-tend l’approche de Moffitt est que les individus sontconfrontĂ©s Ă  un compromis entre les avantages qu’ils peuvent obtenir et le coĂ»t dela demande de ces avantages. Si ces coĂ»ts sont trop Ă©levĂ©s, l’individu renoncera Ă son allocation. Dans cette approche, le concept du coĂ»t de la demande ne doit pasĂȘtre interprĂ©tĂ© en termes monĂ©taires Ă©troits : les coĂ»ts de la demande incluent,d’une part, le coĂ»t de l’information et de la transaction et, d’autre part, les coĂ»tssociaux ou psychologiques (stigmatisation). De plus, les coĂ»ts de la demande sontinfluencĂ©s par les interactions sociales et par la conception du programme social.

Les coĂ»ts de transaction dressent toutes les sortes de barriĂšres physiques, adminis-tratives et langagiĂšres. L’on peut penser aux frais du trajet, Ă  l’incertitude liĂ©e Ă  laprocĂ©dure de screening, au temps et aux efforts nĂ©cessaires pour comprendre etremplir les formulaires, Ă  la collecte de toutes les informations nĂ©cessaires, auxvisites des travailleurs sociaux, etc. Une information imparfaite entraĂźne Ă©galementdes coĂ»ts. Ceux-ci dĂ©pendent du degrĂ© d’imperfection de l’information, qui peutaller du fait de ne pas trouver le bon renseignement, en passant par la mauvaiseinformation, jusqu’à ignorer l’existence du programme social. L’hypothĂšse oĂč lescoĂ»ts plus Ă©levĂ©s, p. ex. des mauvaises informations ou plus de formulaires adminis-tratifs, entraĂźnent des taux de non-recours plus importants est confirmĂ©e par lesĂ©tudes empiriques. Dynarski et Scott-Clayton (2006) montrent par exemple que lescoĂ»ts de transaction pour obtenir une aide d’étudiant fĂ©dĂ©rale aux E-U affectent demaniĂšre disproportionnĂ©e les jeunes Ă  faibles revenus, non blancs et ne parlant pasanglais, dont le retard en matiĂšre de formation est mis en avant comme une justifica-

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tion Ă  l’aide financiĂšre. La raison en est que ce groupe vulnĂ©rable est mal informĂ©sur le programme.

Une seconde source de coĂ»ts de la demande est de nature sociale et psychologique.MĂȘme si les gens ont une connaissance correcte du programme et sont en mesurede complĂ©ter les formulaires sans trop de difficultĂ©s, ils peuvent refuser consciem-ment de procĂ©der Ă  la demande Ă  cause d’une rĂ©pugnance Ă  l’aide sociale du fait dela stigmatisation sociale, de sentiments de honte ou de dĂ©pendance. La stigmatisa-tion est un processus social oĂč l’individu a l’impression d’ĂȘtre traitĂ© comme quel-qu’un d’infĂ©rieur par d’autres membres de la sociĂ©tĂ©. Stuber et Kronebusch (2004)analysent des interviews de plus de 1400 individus dans 10 Etats amĂ©ricains. On leurdemande d’ĂȘtre (complĂštement) d’accord ou en dĂ©saccord avec des dĂ©clarationscomme ‘un grand nombre de gens dans ce pays ne respectent pas quelqu’un quidĂ©pend des allocations sociales’, ‘beaucoup de personnes dĂ©pendant des allocationssociales ne veulent pas que d’autres le sachent’ ou ‘je crains que le fait de dĂ©pendredes allocations sociales me rende fainĂ©ant’. En se basant sur les rĂ©ponses, les auteursĂ©valuent un index qui vise Ă  reprĂ©senter la stigmatisation ressentie. Stuber et Krone-busch (2004) concluent qu’une stigmatisation plus Ă©levĂ©e dissuade de maniĂšre signi-ficative les individus Ă  participer aux programmes sociaux US Medicaid (14) et Tem-porary Assistance for Needy Families (TANF : Assistance temporaire aux famillesnĂ©cessiteuses).

Des recherches rĂ©centes en matiĂšre d’économie comportementale (« behaviouraleconomics ») ont attirĂ© l’attention sur le fait que le comportement individuel estinfluencĂ© par des interactions avec d’autres individus, tels qu’amis, membres de lafamille ou collĂšgues et par la conception du programme gouvernemental.

Les interactions sociales font naĂźtre un effet social multiplicateur : si le comporte-ment d’un individu change, cela affectera le comportement d’autres dans sonrĂ©seau. Dans le contexte d’un recours au revenu d’intĂ©gration, les interactionssociales affectent directement les coĂ»ts de la demande mentionnĂ©s ci-dessus (Ber-trand et al., 2000 ; Rege et al., 2009). Les amis, la famille et les organisations socialespeuvent faire passer des informations sur le revenu d’intĂ©gration et aider Ă  remplirles exigences administratives, ce qui influe sur les coĂ»ts de transaction et d’informa-tion. De plus, la composition du rĂ©seau social peut soit accroĂźtre soit diminuer lescoĂ»ts de la stigmatisation, tout comme elle peut influencer (les croyances Ă  propos)des normes et l’approbation sociale. Si le rĂ©seau de la personne est composĂ© degens participant au programme du revenu d’intĂ©gration ou d’autres, il est possibleque l’adhĂ©sion Ă  la participation soit considĂ©rĂ©e comme normale et que les coĂ»ts dela stigmatisation soient probablement peu Ă©levĂ©s ; par contre, si ce rĂ©seau est com-posĂ© de personnes qui travaillent ou sont relativement bien nanties, les sentimentsde stigmatisation seront probablement plus prononcĂ©s.

(14) Medicaid est un programme social basĂ© sur un contrĂŽle des moyens d’existence aux E-U qui apour but d’aider financiĂšrement les personnes dĂ©munies Ă  supporter leurs dĂ©penses mĂ©dicales.

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La conception du programme social exerce un impact direct sur la participation.L’on peut penser Ă  des Ă©lĂ©ments comme la complexitĂ© de l’inscription, les listesd’attente, la possibilitĂ© d’obtenir une assistance personnelle afin de complĂ©ter lesformulaires, de possibles sanctions ou exigences de documents. La littĂ©rature Ă©co-nomique rĂ©cente s’intĂ©resse de prĂšs au rĂŽle de la rĂšgle de dĂ©fection (Bertrand et al.,2000 ; Currie, 2004 ; Dynarski et Scott-Clayton, 2006 ; Thaler et Sunstein, 2008).D’une part, le lĂ©gislateur peut dĂ©cider que les individus doivent se prĂ©senter de leur-propre initiative et demander leurs allocations s’ils veulent en faire usage (dĂ©fection= pas de participation). Ceci est la rĂšgle de la dĂ©fection dans le systĂšme actuel durevenu d’intĂ©gration. D’autre part, il pourrait dĂ©cider l’inscription automatique aurevenu d’intĂ©gration sociale de tout individu dont il sait que les revenus sont faibles.Dans ce cas, l’individu devrait se faire connaĂźtre s’il ne souhaite plus recevoir l’allo-cation (dĂ©fection = participation). Toutes les Ă©tudes empiriques observent que laparticipation par dĂ©faut entraĂźne un taux de recours Ă  l’allocation nettement plusĂ©levĂ© que la dĂ©fection par non-participation.

Une meilleure comprĂ©hension de la maniĂšre dont les caractĂ©ristiques individuelleset plus spĂ©cifiquement les dĂ©cisions en matiĂšre de participation au revenu d’intĂ©gra-tion ou Ă  d’autres programmes sociaux se rapportent aux coĂ»ts de la demande, auxinteractions sociales et Ă  la conception du programme social, devrait ĂȘtre le point dedĂ©part d’un modĂšle Ă©conomique comportemental futur. Certains premiers rĂ©sultatsexploratoires avec l’échantillon de l’UE-SILC de 2006 sont exposĂ©s dans Bouckaert(2010), mais cet ensemble de donnĂ©es ne contient pas suffisamment d’observationset d’informations pour donner des rĂ©sultats trĂšs fiables sur tous ces aspects intĂ©res-sants. Si nous souhaitons en apprendre plus sur le comportement de non-recoursdans le programme du revenu d’intĂ©gration sociale, il y a lieu d’opĂ©rer des choixquant Ă  savoir quels aspects du comportement de non-recours nous pouvons et vou-lons examiner. De plus, il sera nĂ©cessaire d’utiliser de multiples vagues pour obtenirplus d’observations et de rĂ©sultats fiables.

7. CONCLUSION

L’efficacitĂ© et l’impact redistributif de programmes sociaux reposant sur descontrĂŽles des moyens d’existence, tels que le revenu d’intĂ©gration, risquent d’ĂȘtreminĂ©s par diffĂ©rents types d’erreurs d’enregistrement, plus prĂ©cisĂ©ment le non-recours par des personnes Ă©ligibles (erreur de type I) et le recours Ă  ces allocationspar des personnes non Ă©ligibles (erreur de type II). Ceci reprĂ©sente un dĂ©fi tantpour les responsables politiques que pour les concepteurs de modĂšles de microsi-mulation. Les premiers sont confrontĂ©s Ă  des programmes sociaux qui ne remplis-sent pas leur fonction de filets de sĂ©curitĂ©. Les seconds avec leurs modĂšles de micro-simulation qui visent Ă  analyser et Ă  Ă©valuer la pauvretĂ© suite Ă  la faiblesse des reve-nus, les politiques de distribution par les revenus et les politiques redistributives,devraient se soucier du phĂ©nomĂšne suivant ; avec comme hypothĂšse standard lerecours au revenu par toutes les personnes Ă©ligibles, les mesures de lutte contre la

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pauvretĂ© pourraient s’avĂ©rer trop optimistes et les coĂ»ts financiers des rĂ©formespolitiques mal estimĂ©s. C’est pourquoi nous prĂ©conisons que cette hypothĂšse soitrendue moins stricte afin de dĂ©velopper un modĂšle flamand de microsimulationplus appropriĂ©.

Avec cette contribution, nous avons rĂ©alisĂ© une premiĂšre Ă©valuation des erreurs derecours au revenu d’intĂ©gration sociale, c’est-Ă -dire le programme belge de revenugaranti pour les individus ĂągĂ©s de 18 Ă  65 ans, sur la base des donnĂ©es sur les reve-nus de l’UE-SILC de l’annĂ©e 2005. Notre principale conclusion est que des erreursde recours au revenu d’intĂ©gration sont prĂ©sentes et que celles-ci peuvent ĂȘtreimportantes. Le taux de non-recours Ă  l’allocation estimĂ© (en nombre d’individus)s’élĂšve entre 57 % et 73 % avec une rĂ©fĂ©rence de 62 %. Un scĂ©nario alternatif pro-duit des chiffres similaires. Ce taux important ne semble pas contredire les observa-tions rĂ©alisĂ©es dans d’autres pays de l’OCDE, bien qu’il se situe au sommet des Ă©va-luations effectuĂ©es. Il est plutĂŽt proche des estimations faites pour les programmesd’aide sociale nĂ©erlandais et allemands. En outre, l’erreur de type II fluctue approxi-mativement de 11 % pour les individus qui bĂ©nĂ©ficient rĂ©ellement du revenu d’intĂ©-gration. L’erreur de type II double dans le scĂ©nario alternatif. Le taux de dĂ©sistementde l’allocation basĂ© sur les montants monĂ©taires est plus petit et se situe entre 42 %et 50 % avec une rĂ©fĂ©rence de 45 %.

Toutefois, ces chiffres devraient ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prudence. Les CPAS disposentd’un certain pouvoir discrĂ©tionnaire dans la procĂ©dure d’attribution, qui ne peutĂȘtre intĂ©grĂ© correctement dans un modĂšle de microsimulation. Par ailleurs, notreanalyse souffre d’au moins trois problĂšmes liĂ©s aux donnĂ©es. En premier lieu, l’ana-lyse est rĂ©alisĂ©e avec un nombre trĂšs rĂ©duit d’observations. Dans l’échantillon del’UE-SILC, il n’y a qu’environ 100 individus qui indiquent avoir reçu le revenu d’intĂ©-gration pendant au moins un mois en 2005. En deuxiĂšme lieu, les caractĂ©ristiquesde la population et de l’échantillon des bĂ©nĂ©ficiaires du revenu d’intĂ©gration ne cor-respondent pas parfaitement. Finalement, certaines donnĂ©es sont absentes ou nonfiables. Les erreurs de recours Ă  l’allocation estimĂ©es doivent de ce fait ĂȘtreconsidĂ©rĂ©es comme indicatives d’un problĂšme de non-recours en Belgique plutĂŽtqu’une mesure exacte de son ampleur.

Dans les recherches futures, nous visons Ă  dĂ©velopper un modĂšle comportemental,livrant une meilleure vue du moteur du comportement de non-recours. Ceci permet-tra d’identifier – jusqu’à un certain niveau de fiabilitĂ© – les individus qui sont lesplus susceptibles de (ne pas) rĂ©clamer leurs droits et ainsi d’évaluer la rĂ©alitĂ© et leschangements potentiels de politique avec une plus grande prĂ©cision.

(Traduction)

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ANNEXE : COMPARAISON DE L’ECHANTILLON ET DE LA POPULATION AVEC UNTEST STATISTIQUE

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TABLE DES MATIERES

UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU D’INTEGRA-TION SOCIALE

1. INTRODUCTION 609

2. LE DEFI DU NON-RECOURS POUR LES MODELES DE MICROSIMULATION 611

2.1. DEFINITION DES TAUX DE NON-RECOURS . . . . . . . . . . . . . . . . 6112.2. LE NON-RECOURS: UN PHENOMENE SOCIAL MAJEUR . . . . . . . . . . . . 6122.3. LE DEFI DE L’EVALUATION POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . 613

3. L’ALLOCATION BELGE DE GARANTIE DE REVENU : LE REVENU D’INTE-GRATION SOCIALE 614

3.1. PROTECTION MINIMALE DES REVENUS EN BELGIQUE . . . . . . . . . . . . . 6143.2. PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DU REVENU D’INTEGRATION . . . . . . . . . 6153.3. METHODE D’EVALUATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 616

4. L’ENSEMBLE DES DONNEES 617

4.1. L’ECHANTILLON DE DONNEES UE-SILC . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6174.2. DEFICIENCES DES DONNEES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 617

5. RESULTATS 623

6. VERS UN MODELE COMPORTEMENTAL 625

7. CONCLUSION 627

BIBLIOGRAPHIE 629

ANNEXE : COMPARAISON DE L’ECHANTILLON ET DE LA POPULATIONAVEC UN TEST STATISTIQUE 633

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TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEURDU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS AL’ERE DES MENAGES A DEUX SALAIRES

PAR JORIS GHYSELS*, GERLINDE VERBIST** et JOSEFINE VANHILLE***

* chercheur senior, Top Institute for Evidence Based Education Research (TIER), Universiteit Maastrichtet Centrum voor Sociaal Beleid Herman Deleeck, Universiteit Antwerpen** chercheur, Centrum voor Sociaal Beleid Herman Deleeck, Universiteit Anwerpen*** chercheur senior, Centrum voor Sociaal Beleid Herman Deleeck, Universiteit Antwerpen

1. INTRODUCTION

Dans cet article, nous dĂ©veloppons l’idĂ©e d’une compensation de la garde desenfants qui augmente la libertĂ© des parents dans le domaine de la rĂ©conciliation dutravail et de la vie familiale. Au cours de ces derniĂšres dĂ©cennies, les systĂšmes deprotection sociale dans les Etats-providence occidentaux ont conçu de nouvellesvoies pour faciliter la rĂ©conciliation du travail et de la vie familiale, en offrant auxparents des services de garde et des schĂ©mas d’interruption de carriĂšre. Le raisonne-ment qui couvre ces nouvelles mesures politiques est double. En premier lieu, elless’accordent avec les nouvelles Ă©volutions sociales actuelles, comme l’augmentationdu nombre de mĂ©nages Ă  deux salaires avec de nouvelles demandes de soutien. EndeuxiĂšme lieu, elles trouvent leur origine dans les convictions largement rĂ©panduesconcernant la valeur sociale de l’emploi. L’activation dans le sens d’une maximisa-tion du taux d’emploi est devenue la pierre d’angle de la politique sociale contem-poraine. On suppose que ces mesures soutiennent le bien-ĂȘtre individuel tout enfavorisant des macro-objectifs tels que l’équilibre budgĂ©taire dans nos sociĂ©tĂ©s sou-mises au vieillissement (Lewis et Giullari, 2005). Cependant, les effets stimulants etdissuasifs ne sautent pas directement aux yeux. Ils dĂ©coulent de la participationeffective aux services de garde des enfants et aux schĂ©mas d’interruption de carriĂš-re, qui – Ă  leur tour – dĂ©pendent largement du degrĂ© de financement public, maisĂ©galement du contexte social (p. ex. valeurs dominantes de la parentĂ© et pratiquessur les lieux du travail).

Les mesures de conciliation s’ajoutent aux politiques familiales existantes. Les allo-cations familiales et les rĂ©ductions fiscales en liaison avec les enfants ont Ă©tĂ© ins-taurĂ©es voici des dĂ©cennies en faveur des familles pour les dĂ©dommager de leursfrais liĂ©s Ă  l’éducation des enfants. En thĂ©orie, ces allocations (souvent) universellesont Ă©tĂ© fondĂ©es sur l’idĂ©e de contingences extĂ©rieures positives. Les enfants reprĂ©-sentent un bĂ©nĂ©fice pour la sociĂ©tĂ©, qui transcende la valeur individuelle desparents. Par consĂ©quent, les sociĂ©tĂ©s devraient encourager les adultes Ă  investir dansles enfants afin de survivre. Il est intĂ©ressant de noter que cette idĂ©e gĂ©nĂ©rale a Ă©tĂ©

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 3e TRIMESTRE 2011

traduite en systĂšmes particuliers. Certains sont clairement pronatalistes avec desallocations qui augmentent avec le nombre d’enfants (p. ex. la France, la Belgique),tandis que d’autres sont plus Ă©troitement liĂ©s aux coĂ»ts monĂ©taires rĂ©els et, de lĂ ,incorporent les retours sur Ă©chelle et sur supplĂ©ments d’ñge (p. ex. le Royaume-Uni).

Toutefois, nous ne connaissons aucun pays oĂč les responsabilitĂ©s en rapport avecl’éducation des enfants sont tout Ă  fait pensĂ©es de maniĂšre Ă  permettre une neutra-litĂ© des choix. D’une part, les premiĂšres mesures liĂ©es Ă  l’ñge des enfants (alloca-tions familiales, mesures fiscales) ne reflĂštent que le cĂŽtĂ© monĂ©taire de leur Ă©duca-tion. Les mesures compensatoires plus rĂ©centes (services de garde des enfants etsystĂšmes de congĂ©s), d’autre part, dĂ©pendent Ă©troitement d’un attachement antĂ©-rieur au marchĂ© du travail et compensent la perte de revenus des parents durantleur absence. Des solutions alternatives Ă  ce dernier point sont Ă  trouver dans lescompensations accordĂ©es aux parents qui deviennent parent au foyer (p. ex. NorvĂš-ge (1), Finlande et France). Celles-ci sont en relation avec la fourniture de soins etde garde par les parents et, de ce fait, sont une fois de plus liĂ©es Ă  un choix parentaldĂ©terminĂ©.

Dans cet article, nous argumentons en faveur d’un mĂ©canisme universel de compen-sation pour les efforts liĂ©s Ă  l’éducation des enfants qui font rĂ©fĂ©rence aux besoinsde soins de ces derniers, plutĂŽt qu’à divers choix d’attribution de temps qu’opĂšrentou qu’avaient l’habitude d’opĂ©rer les parents.

En vue d’opĂ©rationnaliser la notion du besoin de soins, nous prenons appui sur lesidĂ©es de justice sociale de Sen (1985, 1999) et de Nussbaum (2005). Plus spĂ©cifique-ment, nous faisons valoir l’argument que la rĂ©fĂ©rence la plus neutre (socialementacceptĂ©e) du besoin est le temps rĂ©servĂ© aux enfants, qui se reflĂšte dans le temps desoins que leur consacre un parent moyen. PlutĂŽt que fournir des compensations par-tielles pour des choix spĂ©cifiques d’attribution de temps, notre proposition recourtĂ  un seul mĂ©canisme conducteur. Par consĂ©quent, elle ne dirige nullement le choixparental entre garde Ă  domicile et services de garde. En tant que telle, elle rĂ©duit laconduite du choix individuel par des mesures politiques.

Toutefois, Ă©tant donnĂ© que le temps de soins observĂ© (en dehors de l’école) dĂ©clinefortement avec l’ñge de l’enfant, l’abattement suit cette courbe. En suivant les pra-tiques contemporaines de soins, la mesure proposĂ©e Ă©vite de freiner la participationau marchĂ© de l’emploi. En consĂ©quence, elle se conforme aussi aux exigences d’ac-tivation de la politique sociale contemporaine.

(1) Dans le cas de la NorvÚge, le critÚre de décision est le suivant : les parents recourent-ils aux soinssubventionnés ou non ? Par conséquent, la fourniture informelle de soins, voire formelle de soinsnon subventionnés est éligible.

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A nos yeux, l’introduction d’un mĂ©canisme de compensation initialement non direc-tif et graduellement supprimĂ©, amĂ©liorerait considĂ©rablement l’éventail politiqueactuel. Cela permet de mettre Ă  jour le systĂšme pour le rendre conforme Ă  la pra-tique dominante actuelle. Ceci peut sembler un argument purement pragmatique,mais il peut Ă©galement ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme un principe de politique directeur,comme nous le verrons ci-dessous lorsque nous examinerons la base thĂ©orique denotre proposition. Dans la section suivante, nous dĂ©taillons la valeur de la libertĂ© dechoix comme principe politique. Nous nous rĂ©fĂ©rons aux idĂ©es de justice sociale deSen (1985, 1999) et de Nussbaum (2005), telles qu’elles furent appliquĂ©es dans lecadre du temps de garde des enfants par Bojer (2005, 2006) et de l’équilibre entreles sexes par Lewis et Guillari (2005). Dans la suite du texte, nous testons les possi-bilitĂ©s d’application de notre idĂ©e, en poursuivant le dĂ©veloppement de notre systĂš-me d’abattements pour soins et garde des enfants pour les mĂ©nages belges et ensimulant les rĂ©sultats distributifs. Nous concluons le tout par une discussion.

2. UNE COMPENSATION POUR LE TEMPS CONSACRE A LA GARDE DES ENFANTS :REFERENCES THEORIQUES

Dans cette discussion thĂ©orique de notre allocation en relation avec le temps consa-crĂ© aux enfants, nous voulons rĂ©flĂ©chir Ă  deux principes centraux sur lesquels sebase notre proposition : une ‘vĂ©ritable’ libertĂ© de choix et une rĂ©fĂ©rence sociale Ă l’utilisation du temps.La libertĂ© authentique ou vĂ©ritable du choix est une notion qui continue Ă  inspirer ladiscussion intellectuelle. Un large consensus se dessine autour du caractĂšre crucialde la libertĂ© individuelle pour le dĂ©veloppement et le bien-ĂȘtre de l’Homme. Ceciest particuliĂšrement vrai dans les Etats-providence occidentaux, oĂč l’autonomie indi-viduelle est devenue un Ă©lĂ©ment central de la sociĂ©tĂ©. D’un point de vue historique,l’idĂ©e trouve son fondement dans une longue tradition philosophique (pour unaperçu gĂ©nĂ©ral, voir p. ex. Robeyns, 2005 ; Sen, 1999). L’approche des capacitĂ©spar Sen peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme l’expression majoritaire rĂ©cente de cette tradi-tion. Sen la relie Ă  la justice distributive et vise une “expansion des capacitĂ©s despersonnes Ă  vivre une vie qu’elles valorisent – et ont raison de valoriser. Ces capa-citĂ©s peuvent ĂȘtre renforcĂ©es par une politique publique mais, d’autre part, la direc-tion de la politique publique peut ĂȘtre influencĂ©e par l’utilisation effective des capa-citĂ©s participatives par le public. (
) De ce point de vue, la rĂ©ussite d’une sociĂ©tĂ©doit ĂȘtre Ă©valuĂ©e en tout premier lieu par les libertĂ©s importantes dont jouissent sesmembres.” (Sen, 1999 ; p.18).

Au centre de cette thĂšse, nous trouvons la notion de ‘libertĂ© d’action’ de la person-ne. Cette notion “fait rĂ©fĂ©rence Ă  ce qu’une personne est libre de faire et de rĂ©aliserdans la poursuite de n’importe quels objectifs ou valeurs qu’elle juge importants.L’aspect de libertĂ© d’action d’un individu ne peut ĂȘtre compris sans tenir compte deses buts, ses objectifs, ses allĂ©geances, ses obligations, et – au sens large – de saconception du bien. (
) La capacitĂ© de faire plus de bien ne doit pas ĂȘtre Ă  l’avanta-ge de la personne” (Sen 1985 ; 204, 206).

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La recherche sociologique et Ă©conomique, toutefois, signale des limites importantesau choix Ă©tabli par l’individu. Les Hommes sont essentiellement relationnels et lechoix qu’ils Ă©tablissent est dĂ©terminĂ© par des normes et des valeurs des commu-nautĂ©s auxquelles ils appartiennent et/ou dans lesquelles ils ont Ă©tĂ© socialisĂ©s. Deplus, le choix opĂ©rĂ© par les individus est liĂ© Ă  des limitations matĂ©rielles (entreautres fixĂ©es par les choix d’autrui), qui restreignent la rĂ©alisation d’aspirations illi-mitĂ©es que peut avoir l’Homme. La majoritĂ© du dĂ©bat en cours se focalise pour cemotif sur le degrĂ© de libertĂ© qu’ont les citoyens occidentaux. Les optimistes minimi-sent l’impact de la pression sociale, alors que les pessimistes ont tendance Ă  traiterles individus comme des Ă©lĂ©ments faibles dans une macrostructure qui dĂ©terminetout.

La reconnaissance de l’idĂ©al de libertĂ© de choix et de ses nombreuses restrictions, afait naĂźtre un courant scientifique qui examine en dĂ©tail les mesures politiquesactuelles quant Ă  leur degrĂ© de coercition implicite et suggĂšre des amĂ©liorations envue d’éliminer les entraves Ă  la neutralitĂ© du choix. Notre proposition s’inscrit danscet effort et s’attaque Ă  un dĂ©faut assez gĂ©nĂ©ral de la politique d’impĂŽt sur les reve-nus qui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mis en lumiĂšre en 2001 par Apps et Rees. Les auteurs ont faitvaloir que la pensĂ©e contemporaine sur le coĂ»t des enfants et plus particuliĂšrementsur sa compensation dans les rĂ©gimes fiscaux ou de sĂ©curitĂ© sociale a Ă©tĂ© largementadaptĂ©e pour rĂ©pondre aux dĂ©penses liĂ©es aux enfants quant Ă  leur consommationsur le marchĂ©. Toutefois, la valeur du temps consacrĂ© reprĂ©sente un effort parentalĂ©gal et souvent mĂȘme plus important (2). Par ailleurs, le temps consacrĂ© Ă  l’éduca-tion des enfants n’est pas rĂ©parti de maniĂšre Ă©gale dans la population (p. ex. leshommes par rapport aux femmes, ou les mĂ©nages Ă  un salaire par rapport auxcouples Ă  deux salaires) (3). Le fait d’omettre des mesures de temps de soins ou degarde d’enfants dans le systĂšme de l’impĂŽt sur les revenus mĂšne Ă  un traitement inĂ©-gal des parents.

De plus, Lewis et Guillari (2005) notent que ce dĂ©faut du systĂšme fiscal et allocatai-re heurte particuliĂšrement les femmes et, de ce fait, contribue au manque d’équi-libre entre sexes dans la politique moderne dĂ©cidĂ©e. Les auteurs soutiennent que lessoins sont essentiels Ă  l’identitĂ© de l’Homme, plus particuliĂšrement mais non exclu-sivement, Ă  celle de la Femme. Pour cette raison, les individus peuvent Ă  juste titreespĂ©rer voir leurs capacitĂ©s s’étendre de maniĂšre Ă  leur permettre de choisir de s’oc-cuper de l’éducation des enfants ou non. Aussi, Lewis et Guillari se conforment Ă cela, en appellent aux hommes politiques en vue de sauvegarder la libertĂ© de choixdans ce domaine, bien qu’ils reconnaissent immĂ©diatement que la libertĂ© de choisirde s’occuper de l’éducation des enfants doit ĂȘtre balancĂ©e par d’autres objectifssociaux comme, par exemple, des pensions de vieillesse payables. MĂȘme ainsi, lesauteurs mettent l’accent sur le fait que cette ‘vĂ©ritable’ libertĂ© de choix ne sera pas

(2) Voir, pour des exemples européens : Gustafsson et Kjulin (1994) et Sousa Poza et al. (2001).(3) Voir Minnen et Glorieux (2004) pour la Flandre, ou Bittman et Wajcman (2000) pour des observa-tions multinationales.

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rĂ©alisĂ©e sans une rĂ©Ă©valuation des efforts individuels dans le domaine de l’éducationdes enfants. Ils dĂ©taillent combien fortement la dĂ©cision de la politique contempo-raine dans les matiĂšres de l’égalitĂ© des familles et des sexes est orientĂ©e sur un accĂšsuniversel Ă  un emploi rĂ©munĂ©rĂ© (et, en consĂ©quence, les revenus individuels), cefaisant dĂ©valuant effectivement d’autres secteurs de l’activitĂ© humaine, comme letravail de garde d’enfants.

Prenant Ă  cƓur les arguments dĂ©veloppĂ©s ci-dessus, nous concevons une nouvelleallocation, ayant pour objet de combler la lacune dans le systĂšme des taxes sur lerevenu et de compenser les efforts du temps passĂ© Ă  l’éducation. Pour encourager lalibertĂ© de choix, nous Ă©vitons explicitement la dĂ©pendance de l’allocation auxchoix rĂ©els ou au comportement (dans ce cas le mix prĂ©cis de temps consacrĂ©,dĂ©volu Ă  l’éducation de chaque enfant par les parents et par d’autres). En lieu etplace, nous suivons Bojer (2006), qui avance un comportement socialement accep-table plutĂŽt qu’un comportement individuel spĂ©cifique comme la rĂ©fĂ©rence Ă  l’allo-cation. Naturellement, le mix privilĂ©giĂ© d’éducation des enfants ne dĂ©pend pas uni-quement d’une compensation financiĂšre, mais Ă©galement d’autres facteurs, commela disponibilitĂ© et l’accessibilitĂ© des places de garde des enfants, les rĂšglements detemps de travail, etc. Ces facteurs toutefois dĂ©passent l’étendue du prĂ©sent article.

Bojer (2006) applique l’approche des capacitĂ©s de Sen pour faire valoir que pourrĂ©aliser l’inclusion sociale, les parents doivent fournir des efforts spĂ©cifiques pourassumer la garde des enfants. La sociĂ©tĂ© dĂ©pend des parents pour l’éducation de sesfuturs citoyens et dĂ©veloppe un ensemble d’attentes socialement sanctionnĂ©es(‘normes et valeurs’) pour garantir la propre inclusion de ses nouveaux membres.C’est pourquoi en ayant des enfants, les parents sont contraints socialement dansleur affectation de temps et ne peuvent plus rĂ©aliser leur revenu complet au sens deBecker (1991). En d’autres termes, les parents sont confrontĂ©s Ă  une contrainte addi-tionnelle imposĂ©e par des attentes sociales en ce qui concerne l’éducation d’en-fants. Les parents sont libres de choisir le mix prĂ©cis et personnel de temps consa-crĂ© Ă  leurs enfants par eux-mĂȘmes et par des services professionnels, mais les deuxoptions tronquent le revenu privĂ© potentiel, soit par une contrainte de temps, soitpar des dĂ©penses allouĂ©es Ă  ce type de services. Veuillez toutefois noter que Bojer(2006) ne suggĂšre pas de traiter les efforts de temps consacrĂ© rĂ©ellement par lesparents comme une valeur limitative. D’aprĂšs Sen, elle propose de dĂ©terminer unequantitĂ© socialement acceptĂ©e d’effort de garde dans le cadre d’une procĂ©duredĂ©mocratique. Ceci signifie que les parents se voient attribuer une sorte de droit Ă un temps de garde des enfants en fonction des normes sociales en vigueur. Dans lapratique, la plupart des parents fourniront plus ou moins de soins Ă  leurs enfants parrapport Ă  cette norme, mais ceci est leur dĂ©cision personnelle et ils ne recevrontaucune compensation pour un effort Ă©ventuellement plus grand (4).

(4) Il n’existe pas de sanction monĂ©taire pour une sous-fourniture, mais les sociologues avancent l’ar-gument que la sociĂ©tĂ© dispose d’un ensemble complet de mĂ©canismes de sanction pour signaler toutĂ©cart par rapport Ă  la norme.

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Ci-aprĂšs, nous Ă©laborons un systĂšme qui intĂšgre les heures de garde et de soins auxenfants socialement acceptĂ©es, dans le revenu du mĂ©nage. Le montant de l’alloca-tion est en relation avec le nombre et l’ñge des enfants. Elle est indĂ©pendante dutype de soins et de garde de services fournis par le marchĂ© ou par soi-mĂȘme, parceque c’est la totalitĂ© de l’effort de temps qui compte. Le mix optimal des deux estlaissĂ© au(x) parent(s), qui dĂ©cidera/ront probablement sur la base de sa/leur prĂ©fĂ©-rence et des coĂ»ts d’opportunitĂ© des solutions alternatives. La dĂ©duction fiscale enelle-mĂȘme ne prend pas en compte les frais d’opportunitĂ© des solutions alternatives.Dans ce contexte, l’un des exemples le plus souvent examinĂ© est le coĂ»t d’opportu-nitĂ© du travail par rapport au non-travail pour le deuxiĂšme salaire d’une famille avecenfants – Ă©tant donnĂ© le fardeau des coĂ»ts formels des soins et de la garde pour lesdeuxiĂšmes salaires et les Ă©ventuelles compensations financiĂšres pour les Ă©pousesrestant au foyer. Etant donnĂ© que les salaires horaires (entre autres) fluctuent enfonction du type de travail, les coĂ»ts d’opportunitĂ© d’un retrait (partiel) du marchĂ©de l’emploi varient Ă©galement d’une personne Ă  l’autre. Toutefois, offrir une com-pensation pour cette caractĂ©ristique de la distribution salariale va au-delĂ  de l’alloca-tion conçue, qui a pour premier but une apprĂ©ciation universelle des efforts detemps consacrĂ©s Ă  l’éducation des enfants. SimultanĂ©ment, comme nous l’observe-rons dans les simulations, le montant rĂ©el proposĂ© reste infĂ©rieur au salaire mini-mum (dans l’hypothĂšse oĂč celui-ci serait l’éventuel salaire de rĂ©servation le plusbas), de telle façon qu’un retrait important du marchĂ© du travail pour des raisonsfinanciĂšres est relativement improbable. Il va de soi qu’avant de rĂ©ellement mettreen Ɠuvre cette allocation en un systĂšme national fiscal et allocataire, de possiblesinteractions avec d’autres avantages doivent ĂȘtre examinĂ©es, et les piĂšges de revenudans des situations familiales spĂ©cifiques doivent ĂȘtre identifiĂ©s. Nous reviendronssur les effets attendus sur le marchĂ© du travail de notre mesure proposĂ©e dans laconclusion.

Recourir Ă  une norme sociale prĂ©sente certains avantages. Tout d’abord, la variationen Ăąge et en nombre des enfants fournit une base relativement simple pour l’admi-nistration. Ensuite, cela offre une logique de lĂ©gitimation franche en traitant tous lesenfants sur le mĂȘme pied, c’est-Ă -dire sans variation pouvant ĂȘtre influencĂ©e par leschoix effectuĂ©s par les parents (5). En lieu et place, elle s’accommode du comporte-ment de la majoritĂ© des parents, qui en font un systĂšme avec des variations limitĂ©es,mais explicitement dĂ©finies.

En guise de corollaire Ă  ce dernier point, l’abattement pour soins et garde desenfants proposĂ© Ă©vite l’introduction de stimulants unilatĂ©raux. D’une part, il offreune compensation pour le temps de soins et de garde qu’exigent les enfants.D’autre part, il suit au plus prĂšs la pratique sociale actuelle qui se rapporte auxefforts accordĂ©s aux enfants en tenant compte de leur Ăąge. Comme cela a Ă©tĂ©dĂ©montrĂ© Ă  plusieurs reprises pour divers pays occidentaux, nous faisons la dĂ©mon-

(5) Strictement parlant, le nombre d’enfants peut ĂȘtre influencĂ©, mais l’effet de cette dĂ©cision paren-tale est loin d’ĂȘtre immĂ©diat.

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stration ci-aprĂšs pour la Belgique que les parents ont tendance Ă  consacrer moins detemps aux activitĂ©s de soins et de garde lorsque leurs enfants grandissent. Ce dĂ©clinavec le temps introduit une structure dĂ©croissante dans notre allocation pour soinset garde, qui implique pour les parents un stimulant Ă  l’emploi en augmentation gra-duelle et, en consĂ©quence, relie le systĂšme Ă  d’autres buts sociaux tels que le tauxd’emploi maximal. En tant que tel, il stimule les parents Ă  ne pas couper complĂšte-ment les liens avec le marchĂ© du travail, alors que simultanĂ©ment, il valorise letemps de cette mission, une activitĂ© humaine fortement sexuĂ©e et actuellementsous-Ă©valuĂ©e.

3. UNE COMPENSATION POUR LE TEMPS CONSACRE A LA GARDE DES ENFANTS: UNEXERCICE DE MICROSIMULATION POUR LA BELGIQUE

A prĂ©sent, nous dĂ©veloppons et approfondissons le concept avec un exemple pra-tique pour la Belgique. Nous commençons par une brĂšve discussion sur le contexteactuel des soins et de garde dans notre pays, ce qui met en lumiĂšre la structure destimulation prĂ©sente pour les parents. Ensuite, nous montrons comment ce tempsconsacrĂ© aux enfants se rĂ©partit sur la population de parents et comment nous l’uti-lisons comme base pour l’allocation proposĂ©e pour temps de soins et de garde. L’al-location projetĂ©e est alors simulĂ©e en remplaçant les mesures actuelles de temps desoins et de garde qui ont Ă©tĂ© identifiĂ©e en tant qu’obstacles Ă  la libertĂ© de choix afinde rĂ©aliser la neutralitĂ© de revenus du gouvernement. Enfin, les rĂ©sultats potentielsen liaison avec l’introduction de notre proposition sont illustrĂ©s et soumis Ă  discus-sion. Le modĂšle de microsimulation utilisĂ© est MISIM (voir Verbist, 2003), qui simulel’impĂŽt personnel sur les revenus, les cotisations de sĂ©curitĂ© sociale et les avantagessociaux sur un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la population belge, plus prĂ©cisĂ©mentUE-SILC 2004. Comme documentĂ© dans Verbist (2002 et 2003), le systĂšme d’impĂŽtpersonnel est bien couvert par MISIM, et les taxes simulĂ©es sont en ligne avec lesinformations administratives sur les impĂŽts.

3.1. LE CONTEXTE ACTUEL DE SOINS ET DE GARDE : MESURES POLITIQUES ET COM-PORTEMENTLa situation belge offre un exemple parfait des systĂšmes hybrides que nous avonsdĂ©noncĂ©s dans l’introduction au prĂ©sent article. En 1988, le gouvernement belge aintroduit la taxation individuelle dans le systĂšme d’impĂŽts sur les revenus en vue del’adapter aux nouvelles rĂ©alitĂ©s sociales des mĂ©nages Ă  deux salaires. Avec les rĂšglesde taxation individuelle, il a Ă©galement introduit un systĂšme de ‘quotient marital’afin d’éviter que les familles d’un gagne-pain (masculin) puissent souffrir du nou-veau mĂ©canisme de taxation. Le ‘quotient marital’ signifie que pour les couples Ă  unseul revenu, une part du revenu professionnel du conjoint rĂ©munĂ©rĂ© peut ĂȘtretransfĂ©rĂ©e au conjoint n’ayant pas de salaire, aprĂšs quoi les deux conjoints sonttaxĂ©s individuellement. Le transfert est limitĂ© Ă  30 % du cumul du revenu profession-nel global des deux conjoints et Ă  un montant maximal de 8.030 EUR (annĂ©e d’im-

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position 2004). ConsĂ©quemment Ă  la progressivitĂ© des taux de taxation belges, cemontant est taxĂ© au taux de taxation marginal le plus faible au lieu de l’ĂȘtre au tauxplus Ă©levĂ© de la fourchette dans laquelle aboutirait le revenu personnel du gagne-pain si son salaire Ă©tait traitĂ© comme une entitĂ©. Le systĂšme s’applique aussi auxcouples Ă  deux revenus si un conjoint gagne moins de 8.030 EUR et que ses gainsn’excĂšdent pas 30 % du revenu professionnel global du mĂ©nage.

Actuellement, dans la sociĂ©tĂ© belge, la lĂ©gitimitĂ© du systĂšme du ‘quotient marital’ estde plus en plus souvent mise en cause. A l’origine, ce systĂšme avait Ă©tĂ© envisagĂ©comme un moyen d’encourager la neutralitĂ© de choix (entre couples Ă  un ou Ă  deuxsalaires). Toutefois, avec l’accroissement du taux d’emploi des mĂšres belges, ce rĂ©gi-me s’est largement transformĂ© en une subvention Ă  des cohortes plus ĂągĂ©es pourleurs efforts passĂ©s Ă  s’occuper des enfants plutĂŽt qu’en une compensation pour lesefforts de soins et de garde des enfants de la gĂ©nĂ©ration actuelle des parents (Ver-bist, 2002). Par ailleurs, la compensation pour le fait de rester au foyer dĂ©pend tota-lement du revenu du conjoint qui travaille. Sous ce rapport, elle ne fournit aucuneprotection contre les consĂ©quences nĂ©gatives d’un possible divorce. AprĂšs unesĂ©paration, l’avantage s’évapore, parce qu’il ne s’applique qu’aux couples.

De plus, un grand nombre de nouvelles mesures politiques visant Ă  combiner le tra-vail et les soins et la garde ont Ă©mergĂ© depuis 1988. Par ailleurs, et c’est trĂšs impor-tant, des subsides directs aux services de garderie ont pris de plus en plus d’exten-sion et un abattement fiscal pour ce genre de dĂ©penses a Ă©tĂ© instaurĂ© tout commeune dĂ©duction forfaitaire pour ceux qui ne recourent pas aux services formels degarde des enfants. En outre, une lĂ©gislation relative aux congĂ©s parentaux a Ă©tĂ©adoptĂ©e, laquelle incorpore une allocation forfaitaire au parent qui prend un congĂ©pour une pĂ©riode de trois mois. Ensuite, un systĂšme d’interruptions de carriĂšre per-met aux parents de prolonger leur congĂ© pendant – cela dĂ©pend des accords secto-riels – un Ă  cinq ans (6). Tant le congĂ© parental que les interruptions de carriĂšrepeuvent ĂȘtre pris Ă  temps plein ou Ă  temps partiel.

Finalement, tous les mĂ©nages belges avec enfants bĂ©nĂ©ficient de trois contributionspubliques majeures : les allocations familiales, un systĂšme scolaire (virtuellement)gratuit pour les enfants ĂągĂ©s d’au moins 2 ans et demi et une dĂ©duction fiscale pourles enfants dĂ©pendants (7). Les allocations familiales augmentent avec l’ñge desenfants et dĂ©pendent de leur nombre afin de favoriser les familles nombreuses. LesystĂšme de l’éducation belge s’ouvre aux petits enfants, avec – pour parler sur le

(6) Veuillez noter que le systĂšme de l’interruption de carriĂšre n’est pas spĂ©cifiquement liĂ© aux res-ponsabilitĂ©s de soins et de garde. Un grand nombre de mĂšres y recourent pour prolonger leur congĂ©tout en conservant un lien avec leur travail antĂ©rieur, mais les hommes y recourent majoritairementpour abrĂ©ger leur carriĂšre avant la retraite (p. ex. en prenant un congĂ© Ă  temps partiel au cours desannĂ©es qui prĂ©cĂšdent la retraite Ă  temps plein) (Vandeweyer, 2010).(7) L’abattement fiscal pour enfants dĂ©pendants s’ajoute au crĂ©dit d’impĂŽt individuel du partenairequi prĂ©sente les gains professionnels les plus Ă©levĂ©s, ce qui entraĂźne un traitement Ă©gal des parents Ă un ou Ă  deux salaires.

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plan international – de forts taux d’inscription pour les enfants les plus jeunes (voirp. ex. OCDE, 2010). A l’ñge de trois ans, quasiment tous les enfants vont Ă  l’écolematernelle. MĂȘme si leur prĂ©sence Ă  temps plein ne se gĂ©nĂ©ralise qu’à l’ñge de cinqans, ce qui prĂ©cĂšde signifie que la prĂ©occupation des parents pour une garde Ă temps plein est limitĂ©e Ă  une tranche d’ñge relativement Ă©troite : entre l’ñge de 2mois (la fin du congĂ© de maternitĂ© obligatoire) (8) et l’ñge de 30 mois (l’ñge d’entrĂ©ele plus prĂ©coce Ă  l’école maternelle) (9).

Somme toute, l’Etat belge offre aux parents un Ă©ventail de mesures pour les aider Ă faire face tout Ă  la fois aux exigences financiĂšres et aux exigences de temps liĂ©es Ă l’éducation des enfants. A l’évidence, certaines de ces mesures sont des offresd’ordre gĂ©nĂ©ral (p. ex. allocations familiales), tandis que d’autres relĂšvent d’unchoix parental (p. ex. le congĂ© parental). Toutefois, le ‘quotient marital’ est la seulemesure Ă  fournir une compensation Ă  longueur de vie Ă  un conjoint ne jouissantd’aucune rĂ©munĂ©ration (Verbist, 2002). En tant que tel, cela semble constituer unvestige du passĂ© lorsque les familles avec un gagne-pain masculin Ă©taient la norme.DĂšs lors, il n’est guĂšre surprenant qu’une grande part de son utilisation soit dĂ©sor-mais concentrĂ©e dans les gĂ©nĂ©rations plus anciennes. Parmi les jeunes gĂ©nĂ©rations,le ‘quotient marital’ aboutit Ă  un signal de politique d’emploi adverse qui est endĂ©saccord non seulement avec le fait quasi gĂ©nĂ©ral que les mĂ©nages ont deuxsalaires, mais encore avec la doctrine d’activation de la politique actuelle.

EvaluĂ©es en termes d’encouragement d’une vĂ©ritable libertĂ© de choix, plusieurscaractĂ©ristiques des politiques actuelles de soins et de garde continuent Ă  empĂȘcherune capacitĂ© Ă©gale de soins et de garde pour tous les parents. Les mĂ©canismes decompensation du temps consacrĂ© Ă©troitement liĂ©s Ă  l’emploi (systĂšmes de congĂ©parental et d’interruption de carriĂšre) fournissent des taux de remplacement dessalaires relativement Ă©levĂ©s, mais, comme il s’agit d’allocations forfaitaires, la com-pensation des rĂ©munĂ©rations dĂ©cline au fur et Ă  mesure que les salaires augmentent.Dans un grand nombre de mĂ©nages, ceci fournit aux hommes un argument pour nepas s’engager intensivement dans des congĂ©s temporaires, parce qu’ils sont souventles principaux pourvoyeurs de revenus de leur mĂ©nage et, par consĂ©quent, la pertede revenus en cas de congĂ© est plus Ă©levĂ©e pour les hommes que pour les femmes(10). Par ailleurs, l’on pense que les pratiques sur les lieux de travail dĂ©couragentplus fortement les hommes Ă  prendre un congĂ© que les femmes. Au contraire, le

(8) Le congĂ© de maternitĂ© comprend 9 semaines de congĂ© postnatal et 6 semaines de congĂ© prĂ©natal(avec 2 semaines supplĂ©mentaires en cas de naissances multiples). Toutefois, 5 semaines du congĂ©prĂ©natal peuvent ĂȘtre transfĂ©rĂ©es Ă  la pĂ©riode postnatale, Ă©tendant ainsi le congĂ© postnatal Ă  14semaines. La plupart des mĂšres ont l’intention d’utiliser ce transfert, mais il va de soi que la rĂ©alisa-tion de cette intention dĂ©pend de l’évolution de la grossesse.(9) L’entrĂ©e Ă  l’école est limitĂ©e Ă  sept moments spĂ©cifiques de l’annĂ©e (aprĂšs les pĂ©riodes devacances, avec un intervalle d’un Ă  deux mois entre deux possibilitĂ©s d’entrĂ©e), ce qui a pour rĂ©sultatque l’ñge effectif le plus prĂ©coce pour entrer en maternelle peut ĂȘtre un peu supĂ©rieur Ă  30 mois.(10) Nous tenons Ă  souligner qu’à ces Ă©gards, la politique visant Ă  rĂ©duire l’écart salarial entre sexesaffectera probablement aussi l’équilibre entre les sexes pour ce qui est du temps consacrĂ© aux soinset Ă  la garde.

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systĂšme du ‘quotient marital’ offre un mĂ©canisme de compensation de temps consa-crĂ© qui ne requiert pas de lien avec le marchĂ© de l’emploi. De plus, il est seulementenvisageable pour ceux qui cohabitent avec un/une partenaire ; de ce fait, ce dispo-sitif est discriminatoire vis-Ă -vis des monoparents. Finalement, il n’est pas rĂ©ellementliĂ© aux efforts de soins et de garde actuels, mais compense plutĂŽt ce rĂŽle. Pour lesgĂ©nĂ©rations plus anciennes, ceci reprĂ©sente le contrat social avec lequel ils ont gran-di (le modĂšle du gagne-pain masculin), mais pour les actuelles gĂ©nĂ©rations actives,cela reprĂ©sente un abattement fiscal qui n’est plus en ligne avec leur maniĂšre defaire face aux responsabilitĂ©s de soins et de garde. Le tout dans le tout, mĂȘme sansprendre en considĂ©ration les valeurs sociales et les normes, il n’y a que peu dedoute que les capacitĂ©s de soins et de garde telles qu’elles existent en Belgique diffĂš-rent entre hommes et femmes et entre monoparents et couples.

3.2. TEMPS DE SOINS ET DE GARDE : L’INDIVIDU CONTRE LE SOCIALPour dĂ©terminer une compensation pour les soins et la garde des enfants neutre dupoint de vue du choix, nous Ă©laborons une mesure du temps exigĂ© pour ces fonc-tions, socialement requises en relation avec le temps de travail que les parents sacri-fient pour Ă©duquer leurs enfants. En consĂ©quence, notre mesure nĂ©cessite l’observa-tion de deux Ă©lĂ©ments : le temps de travail potentiel que les parents ont Ă  leur dis-position et le temps nĂ©cessaire Ă  l’éducation des enfants, soit par eux-mĂȘmes, soitpar le biais des services de professionnels.

Pour fixer le nombre d’heures qui reflĂšte le temps de travail potentiel des parents,plusieurs hypothĂšses sont possibles. En suivant l’idĂ©e de revenu complet de Becker(1991), l’on pourrait choisir comme rĂ©fĂ©rence tout temps de non-sommeil dans unesemaine et utiliser, par exemple, 112 heures comme temps de rĂ©fĂ©rence, supposant8 heures de sommeil par jour et 7 jours par semaine comme jours de travail poten-tiels.

Toutefois pour des raisons de politique, il n’est nullement indiquĂ© d’utiliser desquantitĂ©s de temps qui divergent beaucoup des temps de travail gĂ©nĂ©ralementadmis dans notre sociĂ©tĂ©. Pour ce faire, nous recourons Ă  la distribution des heuresrĂ©ellement travaillĂ©es comme rĂ©fĂ©rence pour notre estimation. Nous pouvons trou-ver ces horaires de travail dans la base de donnĂ©es de la Flemish Family and CareSurvey (FFCS), qui contient les rĂ©sultats d’un horaire de travail hebdomadaire pourun Ă©chantillon reprĂ©sentatif de parents en Flandre.

Comme estimation rĂ©elle du temps de travail potentiel des parents, nous optonspour le temps passĂ© en emploi rĂ©munĂ©rĂ© par les pĂšres dans un mĂ©nage Ă  deux reve-nus. Nous excluons les femmes et les mĂ©nages Ă  un seul salaire parce qu’ils sont desreprĂ©sentants problĂ©matiques d’un comportement sans contraintes sur le marchĂ©du travail. Une grande partie des mĂšres restreignent l’emploi rĂ©munĂ©rĂ© pour causede responsabilitĂ©s de soins et de garde, ce qui rend la rĂ©partition de leur temps detravail rĂ©el incompatible avec notre propos. De façon similaire, les hommes dans

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des familles Ă  gagne-pain unique reflĂ©teront probablement dans leurs choix la situa-tion particuliĂšre de leur mĂ©nage (un conjoint inactif ou un monoparent), ce qui Ă son tour peut rendre la distribution de leurs heures de travail moins compatible entant qu’estimation de temps de travail potentiel.

Le tableau A.1. en annexe dĂ©crit l’horaire que les pĂšres dĂ©clarent avoir consacrĂ© Ă un emploi rĂ©munĂ©rĂ© pendant une semaine d’observation alĂ©atoirement sĂ©lec-tionnĂ©e, en dehors des pĂ©riodes traditionnelles de vacances. Au premier abord, iln’est pas simple de faire dĂ©river une norme sociale relative au ‘temps de travailpotentiel’ Ă  partir de ce tableau. D’une part, nous tenons aussi largement que pos-sible Ă  prendre en ligne de compte le temps de travail ‘potentiel’, y compris lesprĂ©fĂ©rences des parents. De l’autre, nous considĂ©rons explicitement ce que lasociĂ©tĂ© tient Ă  dĂ©dommager, en limitant le temps de soins et de garde compensĂ© envue de s’inscrire dans une norme socialement acceptĂ©e. Nous utilisons comme esti-mation de base de la norme sociale, la valeur de 90 % (60,0 heures), soit une estima-tion du temps de travail potentiel, comme se rapprochant de l’idĂ©e de revenu com-plet, fĂ»t-il rĂ©duit Ă  des limites socialement sanctionnĂ©es, c’est-Ă -dire 10 % deshommes qui travaillent consacrent rĂ©ellement ce volume de temps (voire plus) Ă leur travail (11).

Dans la pratique, les parents dĂ©termineront quelle part de leur horaire de travailpotentiel, ils peuvent rĂ©ellement consacrer Ă  leur temps de soins et de garde desenfants, en prenant en considĂ©ration leurs prĂ©fĂ©rences et les contraintes matĂ©rielleset immatĂ©rielles. Les exigences en rapport avec l’éducation de leurs enfants tiennentindubitablement un rĂŽle important dans ces contraintes. Toutefois, la sociĂ©tĂ© assu-me une part de ces exigences de maniĂšre universelle par le biais du systĂšme scolai-re. C’est pourquoi les parents n’ont nul besoin d’organiser ces activitĂ©s pendant lapĂ©riode totale de leur temps de travail potentiel, mais uniquement pendant la partiedu temps de travail qui n’est pas couverte par le systĂšme scolaire.

Le tableau A.2. en annexe expose des informations descriptives sur le temps que lesparents ont dĂ©clarĂ© comme temps scolaire pendant une semaine choisie au hasarddurant l’annĂ©e scolaire 2004-2005. Ce tableau reflĂšte minutieusement les taux Ă©levĂ©sd’inscription des bambins dans les Ă©coles maternelles de Belgique, qui font partie dusystĂšme scolaire Ă©ducatif et qui sont totalement subventionnĂ©es par l’Etat. A l’ñge detrois ans, les inscriptions reprĂ©sentent quasiment 100 %, mais une frĂ©quentation Ă 

(11) En guise de solution alternative et pour les tests de sensibilitĂ©, nous avons Ă©galement utilisĂ© lamĂ©diane (42.5 heures), ce qui correspond au travail rĂ©munĂ©rĂ© Ă  temps plein parmi les parents fla-mands. Etant donnĂ© notre choix pour un budget dĂ©terminĂ©, les rĂ©sultats n’ont en gĂ©nĂ©ral pas Ă©tĂ© trĂšsdiffĂ©rents. Nous avons sĂ©lectionnĂ© la mĂ©diane plutĂŽt que la moyenne parce que cette derniĂšre estsusceptible d’ĂȘtre dĂ©formĂ©e vers le haut par un nombre limitĂ© d’élĂ©ments pĂ©riphĂ©riques (parexemple, la valeur maximale indiquĂ©e au tableau, soit 167 heures par semaine, c’est-Ă -dire nuit etjour pendant 7 jours, exceptĂ© pendant 1 heure). Les rĂ©sultats peuvent ĂȘtre obtenus auprĂšs desauteurs.

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temps plein n’est qu’un phĂ©nomĂšne plus tardif. Cette prĂ©sence Ă  temps plein ne segĂ©nĂ©ralisera qu’à partir de plus ou moins 5 ans, c’est-Ă -dire un an avant le dĂ©but Ă  l’é-cole primaire (le dĂ©but de l’enseignement obligatoire).

Manifestement, les rĂ©sultats de l’étude d’ensemble dans le tableau reflĂštent tous lestypes de frĂ©quentation scolaire au cours de la semaine d’observation, y compris l’ab-sence pour cause de maladie. En consĂ©quence, les valeurs zĂ©ro se prĂ©sentent Ă chaque Ăąge, ce qui explique pourquoi les valeurs moyennes se situent systĂ©matique-ment en dessous des valeurs mĂ©dianes. De plus, l’enregistrement du temps n’a pasopĂ©rĂ© de distinction entre temps scolaire en relation avec la prĂ©sence en classe et lagarde fournie par les Ă©coles avant et aprĂšs les heures de classe. Alors que le premierest universel et gratuit pour les parents, la seconde solution est uniquement utilisĂ©epar une partie de parents (et d’enfants) et est facturĂ©e aux parents comme un typeformel de service de garde.

Pour Ă©viter des erreurs de mesure, nous proposons d’utiliser les nombres arrondisfigurant dans la derniĂšre colonne du tableau A.2. comme estimation de la garde uni-verselle offerte par l’institution scolaire belge. Ce chiffre rĂ©concilie les caractĂ©ris-tiques du systĂšme scolaire belge prĂ©sentĂ© ci-dessus avec les rĂ©sultats observĂ©s dansl’étude d’ensemble.

En fin de compte, nous soustrayons le temps que cet enfant passe Ă  l’école despĂ©riodes de travail potentielles des parents (12) (13) et additionnons le temps rĂ©sul-tant pour tous les enfants du mĂ©nage ĂągĂ©s de moins de 13 ans. Ainsi, nous obtenonsle nombre d’heures de soins et de garde d’enfants indiquĂ©s au tableau suivant.

TABLEAU 1 : NOMBRE SOCIALEMENT ACCEPTE D’HEURES CONSACREES AUX SOINS OU A LAGARDE DES ENFANTS (HSGE) PAR MENAGE AU COURS D’UN MOIS QUELCONQUE, EN FONCTIONDE L’AGE DE L’ENFANT LE PLUS JEUNE ET DU NOMBRE D’ENFANTS DANS LE MENAGE, BELGIQUE

(12) Ainsi, faisant abstraction du fait qu’en rĂ©alitĂ© pour certains parents, les heures de travail peuventdĂ©vier assez sensiblement des heures d’école standard.(13) Une pĂ©riode annuelle de vacances de 4 semaines est prise en ligne de compte ; dĂšs lors, la mesu-re annuelle de temps de travail potentiel s’élĂšve Ă  48 semaines de 60 heures.

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Nombre d’enfants de moins de 13 ans Age de l’enfant le plus jeune

1 2 3 4+ Total

moins de 3 ans Part avec enfants de moins de 13 ans 14 % 14 % 5 % 2 % 36 %

Estimation des heures de soins et de garde socialement acceptées

255 449 592 866 413

3 ans et plus Part avec enfants de moins de 13 ans 37 % 22 % 4 % 1 % 64 %

Estimation des heures de soins et de garde socialement acceptées

162 326 464 683 248

Total Part avec enfants de moins de 13 ans 51 % 36 % 10 % 3 % 100 %

Estimation des heures de soins et de garde socialement acceptées

188 374 535 797 306

Source : UE-SILC, 2004.

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En rĂ©sumĂ©, nous avons dĂ©terminĂ© le temps de soins et garde des enfants sociale-ment acceptĂ© comme le nombre total d’heures de ce genre d’activitĂ©s que lesparents doivent fournir dans le courant d’une pĂ©riode rĂ©aliste de choix entre le tra-vail et les soins et la garde fournis par eux-mĂȘmes. Pour les enfants n’ayant pas enco-re l’ñge requis pour aller Ă  l’école, cette quantitĂ© est Ă©gale Ă  une semaine normale detravail Ă  temps plein. Toutefois, nous obtenons un nombre nettement moins Ă©levĂ©d’heures pour les enfants scolarisĂ©s, puisque nous soustrayons les heures normalesde classe de la semaine de travail, parce que dans cet intervalle de temps, les soinset la garde des enfants sont transfĂ©rĂ©s Ă  une autoritĂ© organisĂ©e et payĂ©e par l’état, Ă savoir les Ă©coles. Par ailleurs, nous avons totalisĂ© les volumes de temps obtenus surtous les enfants du mĂ©nage, comme si les parents voulaient confier Ă  l’extĂ©rieur latotalitĂ© du temps socialement acceptĂ© de soins et de garde des enfants et qu’il n’yavait pas d’économies d’échelle dans l’utilisation du temps par les parents. CettehypothĂšse ne tient que si les parents ont choisi la solution extrĂȘme de travailler tousles deux Ă  temps plein. Toutefois, nos rĂ©sultats du tableau 1 montrent qu’en rĂ©alitĂ©,nous n’obtenons aucun accroissement strictement linĂ©aire par rapport au nombred’enfants. Ceci peut aisĂ©ment s’expliquer par le fait que les familles nombreusesprĂ©sentent souvent un mix d’enfants en bas Ăąge et d’enfants frĂ©quentant la maternel-le et l’école, pour lesquels l’effet modĂ©rateur de l’ñge entre en jeu (voir Ă©galement letableau A.2.).

3.3. AFFECTATION DE L’ALLOCATION : SOLUTIONS ALTERNATIVES ET BUDGETSPour la simulation des consĂ©quences financiĂšres de l’introduction de notre alloca-tion pour temps de soins et de garde sur le revenu du mĂ©nage, nous supposons laneutralitĂ© budgĂ©taire. Pour financer l’allocation pour temps de soins et de garde,nous abolissons l’abattement fiscal pour ces frais (14), l’exonĂ©ration fiscale supplĂ©-mentaire pour les familles qui ne recourent pas aux services de garde, les subven-tions directes aux fournisseurs de ce type de services, le ‘quotient marital’ et letransfert de crĂ©dit fiscal personnel.

La suppression la plus Ă©vidente concerne le ‘quotient marital’ (15). Comme nousl’avons signalĂ©, ce dispositif est le plus frĂ©quemment utilisĂ© par des couples deretraitĂ©s plus ĂągĂ©s, dont le conjoint inactif ne s’est pas souvent ouvert le moindre

(14) Etant donnĂ© que les frais de garde des enfants ne figurent pas dans l’UE-SILC, ceux-ci ont Ă©tĂ©simulĂ©s Ă  l’aide de MISIM, d’une part, sur la base des rĂšgles fournies par Kind & Gezin (Flandre) et parl’Office de la Naissance et de l’Enfance (CommunautĂ© française) et, d’autre part, sur la base du tempsqu’un enfant passe en garderie pendant une semaine normale, tel qu’il est mentionnĂ© dans les donnĂ©es.Les valeurs simulĂ©es pendant une semaine classique sont alors extrapolĂ©es en tenant compte d’un totalannuel de 48 semaines, prenant en considĂ©ration une pĂ©riode de vacances de 4 semaines.(15) En plus et tout au cours de ces lignes, le transfert du crĂ©dit d’impĂŽts personnel entre partenairesest Ă©galement abandonnĂ©. Cette rĂšgle permet, lorsqu’un partenaire ne peut bĂ©nĂ©ficier du montanttotal de son crĂ©dit personnel en raison d’un revenu trop faible, de transfĂ©rer la somme restante Ă l’autre partenaire, oĂč elle est ajoutĂ©e au crĂ©dit d’impĂŽts personnel en suspens. Cette rĂšgle, indissolu-blement interconnectĂ©e avec le systĂšme du quotient marital, a un effet nettement plus modĂ©rĂ© dansun dispositif oĂč le systĂšme du quotient marital est en place. Dans un rĂ©gime sans quotient marital,toutefois, le transfert du crĂ©dit d’impĂŽts personnel entre partenaires occuperait en partie la place dusystĂšme de quotient marital et dĂ©clencherait, par essence, les mĂȘmes effets.

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droit Ă  la pension. Pour ce motif, une abolition complĂšte et non discriminatoire duquotient marital toucherait principalement les aĂźnĂ©s, particuliĂšrement les retraitĂ©strĂšs ĂągĂ©s (16), qui ne peuvent plus ajuster leur comportement Ă  de nouvelles rĂšglespolitiques. En fait, ils ont vĂ©cu conformĂ©ment Ă  un contrat social particulier et ilsemble juste d’honorer les choix faits en concordance avec ce contrat. C’est pour-quoi nous simulons uniquement une suppression du ‘quotient marital’ pour les indi-vidus ĂągĂ©s de moins de 50 ans. L’abolition du quotient marital peut ĂȘtre considĂ©rĂ©ecomme la derniĂšre Ă©tape dans l’individualisation du systĂšme de taxe personnelle surles revenus qui a Ă©tĂ© graduellement introduit lors des deux derniĂšres rĂ©formes fis-cales importantes (1988 et 2001).

Une deuxiĂšme partie de la simulation vise les compensations pour le recours rĂ©elaux services de garde d’enfants. Si la libertĂ© de choix doit ĂȘtre encouragĂ©e, toutesles familles avec enfants devraient ĂȘtre traitĂ©es de maniĂšre Ă©gale, indĂ©pendammentde leur comportement sur le marchĂ© de l’emploi ou de leur recours Ă  des servicesde garderie. C’est pourquoi notre simulation supprime Ă©galement les dĂ©ductions fis-cales pour frais de garde et la subvention publique directe des institutions de garde.Le systĂšme belge de taxe sur les revenus intĂšgre une rĂ©duction d’impĂŽts en liaisonavec les dĂ©penses en argent comptant pour les services de garderie. Cela signifieque le revenu taxable de l’unitĂ© fiscale est rĂ©duit des frais rĂ©glĂ©s au comptant du ser-vice de garderie, avec un maximum de 11,20 EUR par jour par enfant ĂągĂ© de moinsde 3 ans (17). Les familles qui ne dĂ©duisent pas les frais de garderie deviennent Ă©li-gibles pour une augmentation de la somme forfaitaire d’exonĂ©ration fiscale avec 480EUR pour chaque enfant ĂągĂ© de moins de 3 ans. IndĂ©pendamment des mesures poli-tiques basĂ©es sur la fiscalitĂ©, nous incorporons Ă©galement des subventions directesaux institutions de garderie dans notre proposition de rĂ©forme. Ces derniĂšres sontmanifestement sĂ©lectives, puisqu’elles bĂ©nĂ©ficient uniquement aux mĂ©nages quirecourent effectivement aux services subventionnĂ©s de garderie (18). Les analysesantĂ©rieures effectuĂ©es par Ghysels et Van Lancker (2009) pour la rĂ©gion flamandemettent en lumiĂšre que l’utilisation des services de garderie est Ă©troitement liĂ©e austatut d’emploi de la mĂšre. A cause de la corrĂ©lation entre emploi et revenu, l’utilisa-tion des services de garderie et, par consĂ©quent, le bĂ©nĂ©fice des subsides gouverne-

(16) Ceci a Ă©tĂ© confirmĂ© lorsque ce scĂ©nario a Ă©tĂ© simulĂ©. Alors que le budget rendu disponible parune abolition complĂšte plus que doublĂ©e en comparaison avec une suppression partielle uniquementpour les personnes ĂągĂ©es de moins de 50 ans, les taux de pauvretĂ© pour tous les groupes d’ñge ĂągĂ©sde plus de 50 ans ont augmentĂ© de façon substantielle.(17) En 2006, cette mesure a Ă©tĂ© Ă©tendue Ă  tous les enfants ĂągĂ©s de moins de 13 ans. Toutefois, dufait que les simulations concernent l’annĂ©e d’imposition 2004, nous avons choisi de simuler la mesu-re dans la configuration de cette Ă©poque.(18) Les rapports annuels des administrations communautaires respectivement flamande et franco-phone, responsables des services de garde d’enfants indiquent qu’à la fin de 2004, elles ont subven-tionnĂ© ensemble 65.557 places et supervisĂ© 31.760 places non subsidiĂ©es. Cela signifie qu’au total,67% des places de garderie bĂ©nĂ©ficient de subventions publiques (les garderies non subventionnĂ©essont susceptibles de bĂ©nĂ©ficier de petits subsides pour des items spĂ©cifiques tels que la formation,mais leurs frais opĂ©rationnels sont couverts exclusivement par les sommes payĂ©es par les parents).

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mentaux en faveur de ces services, ne sont pas rĂ©partis uniformĂ©ment sur la popula-tion. Tout spĂ©cialement, les 20 % familles aux revenus bas avec enfants en dessousde trois ans bĂ©nĂ©ficient nettement moins de la subvention publique des services degarderie que d’autres groupes de la sociĂ©tĂ©.

La suppression du quotient marital et le transfert du crĂ©dit d’impĂŽts personnel entrepartenaires mariĂ©s (Ăąges de moins de 50 ans) rassembleraient un budget de 887,1millions EUR, alors que le revenu tirĂ© de l’annulation de la dĂ©duction pour frais degarderie et l’exonĂ©ration supplĂ©mentaire pour jeunes enfants sont nettement plusmodestes avec approximativement 42,3 millions EUR. Cependant, la suppressiondes subsides directs aux services de garderie engendrerait un budget de 208,8 mil-lions EUR. Ainsi, le montant total pouvant ĂȘtre affectĂ© Ă  l’allocation pour temps desoins et de garde atteindrait 1,138 milliard EUR.

Ce budget est distribuĂ© entre les mĂ©nages avec enfants conformĂ©ment Ă  leur volumesocialement acceptĂ© de temps de soins et de garde dans le mĂ©nage, calculĂ© commela diffĂ©rence entre heures de travail par semaine et temps que l’enfant passe Ă  l’éco-le (voir tableau 1). CalculĂ© par heure, ceci mĂšne Ă  un taux aussi faible que 0,30 EURpar heure par enfant. Le tableau 2, toutefois, illustre que les totaux annuels ne sontpas nĂ©gligeables si on les compare avec les deux allocations universelles actuelles encash pour enfants. Une famille avec deux enfants en bas Ăąge (1 et 3 ans), parexemple, obtiendrait une allocation supplĂ©mentaire pour le temps consacrĂ© auxsoins et Ă  la garde Ă©gale Ă  63 % des actuelles allocations familiales. Pour les famillesavec enfants plus ĂągĂ©s, la structure d’ñge fait pencher l’équilibre entre les mesuresalternatives. Pour deux enfants ĂągĂ©s de 6 et 8 ans, par exemple, le montant annuelpour temps consacrĂ© aux soins et Ă  la garde (19) s’élĂšverait Ă  41 % des allocationsfamiliales en vigueur. Ce rĂ©sultat est consĂ©cutif Ă  la structure d’ñge opposĂ©e desmesures. Alors que notre allocation pour temps de soins et de garde diminue avecl’ñge de l’enfant, les allocations familiales belges augmentent avec l’ñge et, en consĂ©-quence, l’écart entre les deux s’agrandit avec l’ñge de l’enfant. Toutefois, les deuxexemples ci-dessus reflĂštent des comparaisons entre montants bruts ne prenant pasen considĂ©ration la suppression du quotient marital. Les rĂ©sultats distributifs desmontants nets sont le sujet de la section suivante.

(19) Dans ce scénario, nous utilisons comme exemple un ménage avec le plus jeune enfant ùgé deplus de 3 ans ; pour cela, nous utilisons les 326 heures de temps de soins et de garde par mois dutableau 1.

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TABLEAU 2 : UNE COMPARAISON DE L’ALLOCATION POUR TEMPS DE SOINS ET DE GARDE PRO-POSEE AVEC LES COMPENSATIONS EXISTANTES LIEES AUX DEPENSES POUR ENFANT (TYPES DEFAMILLE SELECTIONNES)

3.4. AFFECTATION DE L’ALLOCATION : RESULTATS DISTRIBUTIFSLe tableau 3 prĂ©sente l’effet (simulĂ©) de la mise en Ɠuvre de notre proposition depolitique sur les individus selon le type de famille. Nous opĂ©rons une diffĂ©renciationentre plusieurs compositions de famille, parce que les divers aspects de notre pro-position risquent probablement de les toucher diffĂ©remment. Alors que dans l’en-semble, les taux de pauvretĂ© (20) restent stables, la grande majoritĂ© des membres demĂ©nages avec enfants sont gagnants ; cependant, environ 1/4 des membres demĂ©nages sans enfants voient leur revenu final diminuer aprĂšs l’introduction de l’allo-cation pour temps de soins et de garde.

TABLEAU 3 : IMPACT SUR LE REVENU POUR DIFFERENTS GROUPES DE POPULATION

(20) Etant donnĂ© que le revenu disponible du mĂ©nage est utilisĂ© comme base, les taux de pauvretĂ©diffĂšrent de ceux basĂ©s sur le revenu disponible du mĂ©nage mentionnĂ© dans l’ensemble des donnĂ©es.En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les taux de pauvretĂ© calculĂ©s selon le revenu simulĂ© sont plus bas.

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Totaux annuels (montants nets) Famille avec enfants ùgés de 1 et 3 ans

Famille avec enfants ùgés de 6 et 8 ans

Abattement de temps de soins et de garde proposé

1605,00 EUR 1236,00 EUR

Allocations familiales actuelles 2533,08 EUR 2996,64 EUR

Actuelle déduction fiscale pour enfant

803,50 EUR 803,50 EUR

Source : UE-SILC, 2004.

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Lorsque nous examinons de plus prĂšs les diffĂ©rents types de familles avec enfants,les familles monoparentales y gagneraient de maniĂšre quasi universelle, suivies deprĂšs par les couples Ă  deux salaires (21). Parmi les familles Ă  un seul salaire, l’effetest mitigĂ©. Environ, 42 % des membres d’un mĂ©nage Ă  un seul salaire retireraient unbĂ©nĂ©fice de l’introduction de l’allocation pour temps de soins et de garde, tandisqu’environ 52 % y perdraient. Ceci n’est pas une surprise, parce que le gros du bud-get que nous utilisons dans cette simulation provient de la suppression du ‘quotientmarital’, qui avantage les couples Ă  un seul salaire par rapport aux couples Ă  deuxsalaires. Le quotient marital n’offre Ă©galement aucune aide aux cĂ©libataires, puisqu’iln’y a pas de partenaire sur qui transfĂ©rer un revenu. Apparemment, pour la moitiĂ©des couples Ă  un seul salaire avec enfants, le gain de revenus actuel provenant du‘quotient marital’ est plus Ă©levĂ© que la dĂ©duction pour temps de soins et de gardequ’ils recevraient dans le scĂ©nario de la rĂ©forme. Il est intĂ©ressant de noter que pourla majoritĂ© des mĂ©nages Ă  deux salaires (qui sont Ă©galement les principaux utilisa-teurs des services de garde), l’allocation pour temps de soins et de garde serait plusĂ©levĂ©e que l’avantage de revenu net qu’ils dĂ©rivent actuellement des subsidespublics directs et indirects aux infrastructures de garde.

La rĂ©forme implique une redistribution horizontale considĂ©rable (allant des couplesĂ  un seul salaire aux familles avec enfants en gĂ©nĂ©ral), tandis que certaines incerti-tudes subsistent quant Ă  la redistribution verticale. Le taux de pauvretĂ© pour lescouples Ă  un seul salaire n’augmente pas significativement. A l’inverse, l’impactpositif pour les familles monoparentales est visible, avec une baisse du taux de pau-vretĂ© de 22 Ă  15 %.

Le graphique ainsi que le tableau ci-aprĂšs prĂ©sentent plus de dĂ©tails sur les effets deredistribution verticale. Le graphique 1 indique la distribution du quintile de revenudes gagnants et des perdants. Une forte proportion de la population n’est pasaffectĂ©e par la proposition de rĂ©forme (cubes centrals), parce que ces individusvivent dans des familles sans enfants et ne bĂ©nĂ©ficient pas du ‘quotient marital’. LarĂ©partition des gagnants (cubes infĂ©rieurs) est quelque peu plus Ă©levĂ©e vers la droiteque la distribution des individus qui perdent du revenu (cubes supĂ©rieurs), ce quisuggĂšre que dans l’ensemble, les familles Ă  revenu plutĂŽt Ă©levĂ© sont les probablesgagnants de la rĂ©forme par rapport aux familles Ă  faible revenu.

(21) Les montants moyens des diffĂ©rentes composantes pour divers types de famille peuvent ĂȘtretrouvĂ©s dans Ghysels et al. (2011).

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GRAPHIQUE 1 : REPARTITION DES GAGNANTS ET DES PERDANTS PAR QUINTILE DE REVENUS(INDIVIDUS BELGES, 2004)

Le tableau 4 offre une image plus dĂ©taillĂ©e. Les premiĂšres colonnes reflĂštent le chan-gement moyen quant au revenu disponible annuel des individus. En moyenne, lesindividus des quintiles du bas perdent un faible montant tandis que les plus richesen gagnent quelque peu. Toutefois, pour les deux groupes, les montants sont trĂšsmodestes, reprĂ©sentant moins d’un demi pour cent du revenu annuel d’avant larĂ©forme.

TABLEAU 4 : DECOMPOSITION DES FLUX DE REVENU QUI SOUS-TENDENT L’ALLOCATION POURTEMPS CONSACRE AUX SOINS ET A LA GARDE, PAR QUINTILE DE REVENU (INDIVIDUS BELGES, 2004)

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La suite du tableau 4 dĂ©compose le petit changement d’ensemble dans ses flux sous-jacents de revenus. L’allocation pour temps de soins et de garde entraĂźne une aug-mentation du revenu, qui est financĂ©e par deux rĂ©ductions de revenu : une augmen-tation de l’impĂŽt sur le revenu (Ă  la suite d’une rĂ©duction des abattements fiscaux etde la suppression du quotient marital) et un accroissement des coĂ»ts parentauxpour les services de garde. Clairement, aucun de ces trois Ă©lĂ©ments n’est uniformĂ©-ment rĂ©parti sur la population. Dans les quintiles de revenus les plus hauts et lesplus bas, il y a moins de familles avec enfants et, par consĂ©quent, ce groupe de reve-nus reçoit un montant annuel plus petit que les groupes du milieu. Une explicationdĂ©mographique similaire s’applique aux canaux de financement, parce que les deuxmesures (subsides directs aux services de garde et rĂ©duction fiscale pour le recoursaux services de garderie) sont Ă©troitement liĂ©es Ă  la prĂ©sence d’enfants dans unmĂ©nage. Toutefois, du fait des rĂšgles d’allocation plus complexes de ces dispositifs,la structure dĂ©voilĂ©e dans les deux derniĂšres colonnes du tableau 4 n’est pas unesimple rĂ©flexion de la structure de l’allocation pour temps de soins et de garde figu-rant dans la troisiĂšme colonne.

Le gros de l’augmentation des taxes sur le revenu provient en droite ligne de la sup-pression du ‘quotient marital’. Ceci fournit une part nettement plus grande du bud-get utilisĂ© pour l’allocation pour temps de soins et de garde, que l’abolition de larĂ©duction fiscale pour le recours Ă  ces services. Comme les familles bĂ©nĂ©ficiant duquotient marital sont des mĂ©nages Ă  un seul salaire, elles sont plus concentrĂ©es dansla moitiĂ© infĂ©rieure de la distribution des revenus que dans les quintiles les plusĂ©levĂ©s. Ceci explique la part de mĂ©nages relativement Ă©levĂ©e qui perdent du revenudans le deuxiĂšme et le troisiĂšme quintiles. Il est toutefois intĂ©ressant de constaterque le quintile le plus bas est le moins affectĂ©. Ceci s’explique, en gĂ©nĂ©ral, par la fai-blesse de leur niveau de revenu, qui se traduit par un mince impĂŽt sur le revenu, quiĂ  son tour a pour rĂ©sultat que, mĂȘme avec le ‘quotient marital’, ces mĂ©nages negagnaient pas tellement des rĂ©ductions fiscales et, en consĂ©quence, ne perdent pasbeaucoup de leur suppression. De plus, les cĂ©libataires, qui ne peuvent bĂ©nĂ©ficierdu ‘quotient marital’, sont relativement plus frĂ©quents dans le quintile le plus bas.

De maniĂšre similaire, d’autres explications valent pour la rĂ©partition de l’augmenta-tion du coĂ»t de la garderie d’enfants pour les parents (derniĂšre colonne du tableau4). Vu que les subsides aux garderies sont supprimĂ©s, le prix de la garde d’enfantsformelle augmente pour atteindre son coĂ»t complet. Pour Ă©valuer l’impact du pre-mier tour de ce changement, nous traitons le coĂ»t accru de la garde d’enfantscomme une diminution du revenu disponible des mĂ©nages, tout en formulant l’hy-pothĂšse qu’il n’y a pas d’effets comportementaux et/ou de marchĂ©. En plus de l’ex-plication dĂ©mographique mentionnĂ©e ci-dessus, deux forces compensatoires sont Ă l’Ɠuvre ici. D’une part, l’utilisation des services subventionnĂ©s de garde est plus frĂ©-quente dans les quintiles supĂ©rieurs – oĂč la concentration de familles Ă  deux salairesest plus Ă©levĂ©e. Par consĂ©quent, la suppression des subsides gouvernementauxdirects pour les services de garde d’enfants touche moins les quintiles supĂ©rieursque les quintiles Ă  la base. D’autre part, la structure tarifaire actuelle du secteur sub-

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ventionnĂ© de garde d’enfants est progressive, impliquant que les familles Ă  plusfaible revenu profitent d’une subvention directe plus grande que celles Ă  haut reve-nu. Lorsque l’allocation de temps de garde est introduite, les familles Ă  faible revenuqui recourent aux infrastructures formelles de garde d’enfants sont confrontĂ©es Ă une augmentation plus raide de ces frais que les familles Ă  haut revenu qui ontrecours aux structures de garde formelles. La combinaison des deux mĂ©canismesaboutit Ă  des contributions privĂ©es nettes relativement Ă©levĂ©es pour le quintile debase et Ă  une contribution relativement basse pour le deuxiĂšme quintile ce quimodĂšre quelque peu la forte contribution de ce groupe par le biais de l’impĂŽt sur lerevenu.

Le tout dans le tout, les tableaux qui prĂ©cĂšdent illustrent que l’introduction de l’allo-cation pour temps de soins et de garde et la compensation budgĂ©taire de son intro-duction n’exerceront probablement pas de fortes consĂ©quences nĂ©gatives sur larĂ©partition des revenus, mĂȘme si elles remplacent certaines mesures politiques quisont en liaison avec les revenus par un dispositif universel. De toute Ă©vidence, celane signifie pas qu’il n’y ait pas de gagnants ni de perdants avec cet exercice. Ci-avant, nous avons dĂ©jĂ  pointĂ© du doigt que les familles monoparentales feront pro-bablement partie des plus gros gagnants. Un groupe important de perdants sont lesparents qui recourent actuellement aux services de garderie formelle Ă  de faiblestaux (Ă  savoir, les familles Ă  faible revenu dans le secteur subventionnĂ©). Ils perdentleur tarif prĂ©fĂ©rentiel et sont confrontĂ©s Ă  une augmentation raide des coĂ»ts de gar-derie formelle, ce qui ne s’accompagne possiblement que d’une compensation par-tielle avec l’allocation pour temps de soins et de garde proposĂ©e. Pour les famillesbĂ©nĂ©ficiant d’un revenu plus Ă©levĂ© qui paient – y compris dans le secteur subven-tionnĂ© – des sommes qui approchent le coĂ»t rĂ©el de la place, la perte due Ă  l’annula-tion de la dĂ©duction fiscale pour coĂ»ts de soins et de garde d’enfants peut s’avĂ©rerplus sĂ©vĂšre. Cela dĂ©pend Ă©videmment de la taille du budget de savoir si l’allocationpour temps de soins et de garde compensera ou non la perte liĂ©e aux subsidesdirects.

Plus gĂ©nĂ©ralement, la portĂ©e apparemment limitĂ©e de la redistribution verticale neprĂ©vient pas une redistribution horizontale considĂ©rable. Pour illustrer ce dernierpoint, le tableau 5 indique la moyenne des pertes et des gains respectivement pourles perdants et les gagnants, ce qui clarifie ainsi les changements de revenus prĂ©-sentĂ©s au graphique 1. Les changements sont trĂšs importants tout particuliĂšrementparmi les groupes Ă  bas revenus, tant en termes absolus qu’en termes relatifs. Nousen concluons que la redistribution horizontale est considĂ©rable, Ă©tant donnĂ© que lenombre d’individus qui gagnent et qui perdent du revenu est plus ou moins Ă©quili-brĂ© Ă  travers les quintiles, et qu’ainsi, dans l’ensemble, la pauvretĂ© reste stable. CettestabilitĂ© apparente, n’a toutefois pas pour rĂ©sultat que pour chaque mĂ©nage avecenfant qui est sorti de la pauvretĂ©, une famille Ă  un seul salaire (le plus vraisembla-blement sans enfants) tombe en dessous.

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TABLEAU 5 : CHANGEMENT MOYEN DE REVENU A LA SUITE DE L’INTRODUCTION DE L’ALLOCA-TION POUR TEMPS DE GARDE POUR LES GROUPES SELECTIONNES (PAR QUINTILE DE REVENU)(MONTANTS MOYENS ET POURCENTAGE DU CHANGEMENT)

3.5. SIMULATIONS STATIQUES : ABSENCE D’EFFETS SUR LE MARCHE DE L’EMPLOI ?Une des difficultĂ©s majeures dans les comparaisons Ă©tablies ci-dessus rĂ©side dansleur nature statique. Elles ne rĂ©flĂ©chissent pas les changements de comportementqu’est susceptible de causer l’altĂ©ration des capacitĂ©s de garde prĂ©sente. Une esti-mation de celles-ci dĂ©passe le cadre du prĂ©sent article, mais nous tenons Ă  indiquercertaines des directions probables.

L’allocation pour temps de soins et de garde est par sa conception un Ă©lĂ©ment derevenu obtenu sans travailler. Les estimations empiriques de fourniture de main-d’Ɠuvre adjoignent quasi invariablement des Ă©lasticitĂ©s de revenu nĂ©gatives, (22) quisuggĂšrent que tant les pĂšres que les mĂšres qui retireront un bĂ©nĂ©fice de l’allocationrĂ©duiront leur temps passĂ© sur le marchĂ© de l’emploi aprĂšs l’introduction de l’alloca-tion pour temps de soins et de garde. L’ampleur avec laquelle cette rĂ©duction del’emploi affectera les mĂšres et les pĂšres ainsi que leur revenu est une question empi-rique. Une estimation rĂ©cente de l’effet sur le revenu pour les couples flamands tra-vaillant Ă  deux (Van Klaveren et Ghysels, 2009) par exemple, montre l’effet nĂ©gatifattendu, mais trĂšs faible tant pour les hommes que pour les femmes. Ceci suggĂšreque pour les parents au travail, l’effet sur le marchĂ© de l’emploi de l’allocation, toutbien considĂ©rĂ© modĂ©rĂ©, s’avĂ©rera probablement faible.

Manifestement, les estimations mentionnĂ©es sont basĂ©es sur des comportements quitirent leur origine des capacitĂ©s de soins et de garde actuelles. L’on peut s’attendre Ă ce que la revalorisation du temps de soins et de garde impliquĂ©e par l’allocationpour temps de soins et de garde altĂšre la valorisation sociale de ces fonctions par lesparents et, par consĂ©quent, modifie leurs prĂ©fĂ©rences en matiĂšre de gestion dutemps (Kooreman et Wunderink, 1997). Si la valorisation individuelle du temps desoins et de garde augmente sans qu’il en rĂ©sulte un changement des salaires sur lemarchĂ©, les modĂšles d’allocation du temps prĂ©disent une diminution plus grande du

(22) Pour un aperçu d’ensemble, voir (Blundell et MaCurdy, 1999).

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)Individus gagnant en revenu Individus perdant en revenu

EUR % EUR % 1 510,86 6 -558,97 -7 2 480,71 4 -504,44 -4 3 426,41 3 -422,77 -3 4 454,54 2 -319,67 -2 5 389,81 2 -292,31 -1 Voir le graphique 1 pour la taille relative des différents groupes Le revenu est défini comme un revenu disponible équivalent individuelSource : UE-SILC, 2004.

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travail sur le marchĂ© de l’emploi qu’implique seulement l’augmentation du revenuobtenu sans travailler. Une fois encore, le poids de cet effet additionnel est unequestion empirique.

A cet Ă©gard, les Ă©valuations du programme norvĂ©gien ‘Cash for Childcare’ (argentcomptant pour les soins et la garde d’enfants = CFC) sont trĂšs pertinentes. Toutcomme dans notre proposition de politique, le CFC garantit un avantage auxparents en se basant sur leurs responsabilitĂ©s de soins et de garde. Il est, toutefois,plus restrictif quant au temps parce que le CFC est uniquement accordĂ© lorsquel’enfant a entre un et deux ans. De plus, il n’est pas totalement inconditionnel,parce qu’il est seulement attribuĂ© aux parents qui n’ont pas recours aux servicessubventionnĂ©s de garde d’enfants. NĂ©anmoins, le CFC est parallĂšle Ă  notre proposi-tion dans sa valorisation de temps consacrĂ© aux soins et Ă  la garde des enfants parles parents (23), bien qu’avec un montant nettement plus Ă©levĂ© que dans notresimulation (approximativement 4400 EUR par an en comparaison avec les 920 EURdans notre proposition) (Rönsen, p. 509, 2009).

Diverses Ă©tudes d’évaluation ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es, dont certaines immĂ©diatementaprĂšs l’introduction du CFC en 1998 et d’autres aprĂšs quelques annĂ©es. Toutes met-tent en avant que les parents se sont effectivement retirĂ©s du marchĂ© de l’emploi(Kornstad et Thoresen, 2007 ; Rönsen, 2009). Par ailleurs, l’effet semble augmenteravec le temps, ce qui peut s’expliquer par diverses sortes d’effets d’apprentissage.Par exemple, il faut laisser aux parents le temps d’intĂ©grer la revalorisation du tempsde soins et de garde de leurs enfants dans leurs choix d’organiser leur horaire. Quoi-qu’il en soit, jusqu’à quatre ans aprĂšs l’introduction du CFC, c’est Ă  peine si unevariation est intervenue dans le comportement des pĂšres, ce qui signifie principale-ment que ce sont les mĂšres qui se retirent du marchĂ© du travail. Par consĂ©quent, leglissement graduel des sexes qu’espĂšrent Lewis et Guillari (2005) aprĂšs l’introduc-tion de mesures qui accroissent la valeur du travail de soins et de garde, ne s’est pas(encore ?) matĂ©rialisĂ© en NorvĂšge. Pour notre proposition de politique, ces rĂ©sultatsd’évaluation impliquent que nous ne devons pas nous attendre Ă  un grand chambar-dement Ă  court terme et, en outre, qu’un glissement dans l’allocation sexuĂ©e dutemps ne s’ensuivra pas automatiquement de l’allocation pour temps de soins et degarde.

L’emploi dans les infrastructures de garde d’enfants peut Ă©galement ĂȘtre affectĂ© parnotre proposition. La suppression des subsides est susceptible d’altĂ©rer la demandede ces services par les parents, Ă©tant donnĂ© que le prix des garderies est modifiĂ© parnotre proposition. D’une part, les infrastructures qui sont actuellement subven-tionnĂ©es, augmenteront leurs prix jusqu’à atteindre des niveaux conformes au mar-chĂ©, ce qui peut en diminuer la demande (et, dĂšs lors, l’emploi dans ce secteur).

(23) Du moins potentiellement, parce que les parents peuvent aussi recourir au CFC pour payer lesgardes non subventionnées.

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Mais d’autre part, l’allocation proposĂ©e fournit un changement net en ce qui concer-ne le revenu disponible pour certains groupes, qui sont susceptibles d’accroĂźtre oude diminuer leur demande pour de tels services. DĂšs lors, la direction et l’ampleurde l’effet ne peuvent ĂȘtre dĂ©terminĂ©es a priori, et reprĂ©sentent une question empi-rique qui transcende le cadre de cet article.

4. DISCUSSION ET CONCLUSION

Dans cet article, nous avons dĂ©veloppĂ© l’idĂ©e d’une allocation pour temps consacrĂ©aux soins et Ă  la garde des enfants, imaginĂ©e sous la forme d’une compensation uni-verselle pour les efforts requis pour leur Ă©ducation. La proposition vise trois amĂ©lio-rations par rapport Ă  la situation qui prĂ©vaut actuellement dans les Etats-providenceoccidentaux. PremiĂšrement, cela devrait amĂ©liorer l’équilibre entre les sexes. En fai-sant rĂ©fĂ©rence au temps plutĂŽt qu’à des biens, la mesure proposĂ©e complĂšte lesrĂ©ductions (fiscales) pour enfants qui fonctionnent comme des compensations pourles coĂ»ts de consommation en rapport avec ceux-ci. Ce faisant, la mesure proposĂ©ereconnaĂźt qu’une Ă©ducation rĂ©ussie ne nĂ©cessite pas simplement des biens matĂ©riels(argent), mais Ă©galement du temps. Par le biais de la valorisation explicitementmonĂ©taire des efforts de temps, l’allocation pour temps consacrĂ© aux soins et Ă  lagarde augmente la reconnaissance sociale d’un rĂŽle qu’un grand nombre de parents,plus particuliĂšrement les mĂšres, considĂšrent comme une part cruciale de leur iden-titĂ©. C’est pourquoi la mise en Ɠuvre effective d’une allocation pour temps consacrĂ©aux soins et Ă  la garde peut voir pour effet de favoriser l’équilibre entre les intĂ©rĂȘtsde l’homme et de la femme dans notre sociĂ©tĂ©.

DeuxiĂšmement, la rĂ©duction encourage une libertĂ© de choix effective. Nous l’ad-mettons, la notion de la libertĂ© effective de choix est un principe particuliĂšrementcomplexe dans la conception d’une politique et tout particuliĂšrement dans la poli-tique de soins et de garde des enfants. La libertĂ© effective de choisir le mode degarde prĂ©fĂ©rĂ© pour son enfant ne dĂ©pend pas uniquement des compensations finan-ciĂšres pour les investissements en temps des parents. La disponibilitĂ© de places debonne qualitĂ© Ă  des prix abordables dans les garderies, les horaires de travail person-nels des parents (qui sont susceptibles d’inclure des temps de travail irrĂ©guliers), lesprĂ©fĂ©rences du partenaire en matiĂšre de soins et de garde (dans le cas de mĂ©nages Ă deux parents) et les pratiques sur les lieux de travail pour ce qui est de la possibilitĂ©de rĂ©duire temporairement les heures de travail ne sont que quelques exemplesd’élĂ©ments importants qui dĂ©passent la portĂ©e d’une compensation financiĂšre basĂ©esur les impĂŽts pour temps de soins et de garde. Nous nous sommes focalisĂ©s sur unecompensation financiĂšre du temps de soins et de garde et faisons valoir que l’alloca-tion proposĂ©e augmente la libertĂ© effective de choix. Les programmes de compensa-tion existants qui se rĂ©fĂšrent au temps de soins et de garde (p. ex. le congĂ© parental)dĂ©coulent d’un statut particulier des parents sur le marchĂ© du travail (emploirĂ©munĂ©rateur) et, en consĂ©quence, sont discriminatoires envers une partie de ceux-ci. Le caractĂšre universel de la proposition augmente les possibilitĂ©s d’action indivi-

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duelle des parents. C’est pourquoi l’allocation peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme uneamĂ©lioration majeure d’un ensemble de capacitĂ©s (sur le plan des soins et de lagarde des enfants) des parents.

TroisiĂšmement, le lien explicite avec la norme sociale quant aux soins et Ă  la gardedes enfants fournit un principe guide en matiĂšre de comportement parental, sansimposer de fortes restrictions sur le plan du choix. De cette façon, la propositionĂ©vite de devenir une promotion aveugle de l’action individuelle susceptible de favo-riser les droits des individus qui font dĂ©jĂ  partie des plus forts de la sociĂ©tĂ©. Des ves-tiges implicites de patriarcat dans les normes parentales peuvent, par exemple,encourager un retrait des femmes du marchĂ© de l’emploi Ă  la suite de l’introductiond’une allocation inconditionnelle comme celle qui est proposĂ©e. Toutefois, notreproposition se rĂ©fĂšre explicitement au plein emploi et au fait que les parents onttendance Ă  diminuer le temps consacrĂ© aux soins et Ă  la garde de leurs enfants aufur et Ă  mesure que ceux-ci grandissent. Par consĂ©quent, l’allocation diminue drasti-quement avec le temps et, de ce fait, n’impose pas de mesure nĂ©gative quant Ă  l’em-ploi tout au long de la vie, comme les compensations accordĂ©es au gagne-pain quipersistent dans certains Etats-providence.

En rĂ©sumĂ©, nous faisons valoir sur des bases thĂ©oriques que l’allocation pour tempsconsacrĂ© aux soins et Ă  la garde de l’enfant amĂ©liorera l’équilibre entre les sexes etaugmentera la libertĂ© effective de choix personnel des parents, sans miner structu-rellement l’orientation sur l’emploi de chaque citoyen.

L’exercice de simulation que nous avons effectuĂ© dans la seconde partie de cetarticle met en lumiĂšre certaines des consĂ©quences pratiques de la proposition. Nousavons simulĂ© une introduction de cette idĂ©e en Belgique et remplacĂ© la compensa-tion actuelle au gagne-pain masculin et les subsides aux services de garderie parnotre allocation pour temps consacrĂ© aux soins et Ă  la garde des enfants. Pour Ă©viterla rupture du contrat social pour les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, nous avons limitĂ© lasuppression de la compensation du gagne-pain masculin Ă  des individus ĂągĂ©s demoins de 50 ans. MĂȘme ainsi, le gros du budget provient de la suppression de cettemesure pour les personnes plus jeunes et un quart seulement du budget dĂ©rive desactuels subsides directs aux fournisseurs de services de garde d’enfants et des avan-tages dans la fiscalitĂ© des revenus aux parents qui recourent aux services de garde.En consĂ©quence, nous avons clairement changĂ© le set de capacitĂ©s (de soins et degarde des enfants) des parents belges, augmentant le caractĂšre d’incitant Ă  l’emploipour les couples Ă  un seul salaire et en uniformisant le traitement des soins et de lagarde parentale, informelle, formelle non subventionnĂ©e et formelle subventionnĂ©edes enfants.

Les conséquences comportementales de ce changement de la structure de choix nesont pas immédiatement évidentes et transcendent la portée de cet article. Toute-fois, la simulation statique démontre que les familles monoparentales sont gagnantesavec cette mesure. Actuellement, des membres de ce type de famille sont

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confrontĂ©s Ă  un risque de pauvretĂ© considĂ©rablement plus Ă©levĂ© que les membresde mĂ©nages Ă  deux parents et l’allocation pour temps consacrĂ© aux soins et Ă  lagarde des enfants rĂ©duira significativement ce danger, tout en n’altĂ©rant pas lerisque de pauvretĂ© des autres familles. MĂȘme sans augmentation du risque de pau-vretĂ©, environ la moitiĂ© des couples Ă  un seul salaire fait face Ă  une diminutionconsidĂ©rable du revenu disponible aprĂšs l’introduction de notre schĂ©ma de poli-tique. Ceci accentue le fort incitant Ă  l’emploi qui fait partie de notre proposition.Manifestement, ceci en appelle Ă  des mesures supplĂ©mentaires qui facilitent l’/la(rĂ©)intĂ©gration dans le marchĂ© du travail des personnes actuellement inactives.

Tout bien considĂ©rĂ©, notre Ă©laboration thĂ©orique et la simulation empirique suggĂš-rent qu’il peut s’avĂ©rer possible de faire disparaĂźtre l’orientation Ă  l’emploi dominan-te des politiques de conciliation actuelles et, concurremment, de maintenir suffisam-ment d’incitants Ă  l’emploi pour garantir des objectifs Ă  long terme des Etats-provi-dence occidentaux contemporains. De toute Ă©vidence, des analyses empiriques etdes dĂ©bats supplĂ©mentaires seront requis avant que l’idĂ©e ne soit mĂ»re pour unemise en Ɠuvre aujourd’hui.

(Traduction)____________

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ANNEXE

TABLEAU A.1. : LA DISTRIBUTION DE L’EMPLOI REMUNERE PARMI LES PERES DANS LES FAMILLESGAGNANT DEUX SALAIRES

TABLEAU A.2. : TEMPS PASSE A L’ECOLE EN FONCTION DE L’AGE DE L’ENFANT

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TABLE DES MATIERES

TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS A L’ERE DES MENAGES A DEUX SALAIRES

1. INTRODUCTION 635

2. UNE COMPENSATION POUR LE TEMPS CONSACRE A LA GARDE DES ENFANTS : REFERENCES THEORIQUES 637

3. UNE COMPENSATION POUR LE TEMPS CONSACRE A LA GARDE DES ENFANTS : UN EXERCICE DE MICROSIMULATION POUR LA BELGIQUE 641

3.1. LE CONTEXTE ACTUEL DE SOINS ET DE GARDE : MESURES POLITIQUES ET COMPORTEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 641

3.2. TEMPS DE SOINS ET DE GARDE : L’INDIVIDU CONTRE LE SOCIAL . . . . . . . . 6443.3. AFFECTATION DE L’ALLOCATION : SOLUTIONS ALTERNATIVES ET BUDGETS . . . . 6473.4. AFFECTATION DE L’ALLOCATION : RESULTATS DISTRIBUTIFS . . . . . . . . . . 6503.5. SIMULATIONS STATISTIQUES: ABSENCE D’EFFETS SUR LE MARCHE DE L’EMPLOI ? . . 655

4. DISCUSSION ET CONCLUSION 657

BIBLIOGRAPHIE 660

ANNEXEE 663

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MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALEEN BELGIQUE. COURTE DESCRIPTION DUMODELE AVEC DONNEES DISCONTINUES,1ER JANVIER 2009, REVENUS 2008 (1)

PAR GUY VAN CAMP

Service public fédéral Sécurité social, Bruxelles

1. INTRODUCTION

Lorsque les dĂ©cideurs envisagent certaines rĂ©formes de la rĂ©glementation socioĂ©co-nomique, il est souvent nĂ©cessaire d’évaluer a priori le prix de revient Ă©ventuel etl’impact de la rĂ©partition (qui perd et qui gagne) de ces mesures. Le prĂ©sent textedĂ©crit le modĂšle de microsimulation MIMOSIS (MIcrosimulation MOdel for BelgianSocial Insurance Systems) (2), qui permet d’effectuer de telles Ă©valuations d’inciden-ce pour une sĂ©rie de domaines stratĂ©giques.

Les domaines stratĂ©giques prioritairement ciblĂ©s par MIMOSIS sont les cotisations desĂ©curitĂ© sociale, les pensions, les allocations de chĂŽmage, les garanties de revenus,les indemnitĂ©s de maladie et d’invaliditĂ© et les prestations familiales. L’effet surl’impĂŽt des personnes physiques dĂ» est calculĂ©, pour chaque rĂ©forme, Ă  l’aide d’unmodule de paiement intĂ©grĂ©.

Le modĂšle MIMOSIS fait appel Ă  un Ă©chantillon de donnĂ©es sociales personnelles etcodĂ©es, issues de la base de donnĂ©es ‘MarchĂ© du travail et protection sociale’ (DWH‘MT&PS’) de la Banque-carrefour de la sĂ©curitĂ© sociale (BCSS). C’est grĂące Ă  l’utilisa-tion de ces microdonnĂ©es qu’il est possible d’analyser l’impact sur le budget et larĂ©partition des revenus.

(1) La mise Ă  jour de MIMOSIS dĂ©crite dans ce texte, a pu avoir lieu grĂące au soutien de la politiquescientifique fĂ©dĂ©rale et de la Banque-carrefour de la sĂ©curitĂ© sociale. Chris Brijs, Hans Knapen, AnkeMutsaerts et Patrick Lusyne ont Ă©tĂ© d’un secours trĂšs apprĂ©ciable lors du traitement des donnĂ©es.L’auteur tient Ă  remercier Greet De Vil, Mireille Goemans et Hendrik Nevejan pour leurs commen-taires sur une version antĂ©rieure du texte. Les erreurs qui subsistent sont bien sĂ»r de la seule respon-sabilitĂ© de l’auteur.(2) MIMOSIS est un des nombreux modĂšles existants pour la Belgique. Pour un aperçu d’autres mo-dĂšles, voir Decoster (2010) et Decoster e.a. (2008).

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 3e TRIMESTRE 2011

La version originale de MIMOSIS a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e Ă  l’aide de donnĂ©es administra-tives de 2001 (Ă©chantillon : 1er janvier 2002) (3). Ce texte dĂ©crit la mise Ă  jour dumodĂšle sur base des donnĂ©es de l’annĂ©e 2008 (Ă©chantillon 1er janvier 2009).

La section 2 de cette note dĂ©crit l’échantillon sur lequel le modĂšle est basĂ©. Danscette section, il est notamment question de la maniĂšre dont les pondĂ©rations ont Ă©tĂ©Ă©laborĂ©es pour extrapoler les donnĂ©es de l’échantillon au niveau de l’ensemble de lapopulation. Dans la section 3, nous dĂ©crivons le fonctionnement du modĂšle propre-ment dit. Il y est principalement question de la maniĂšre dont les donnĂ©es d’inputsont manipulĂ©es pour procĂ©der Ă  certaines Ă©valuations d’incidence. La section 4enfin, dĂ©crit une sĂ©rie d’indicateurs produits par le modĂšle.

Les descriptions de ce texte reposent toujours sur l’échantillon des diffĂ©rentesobservations disponibles. Le modĂšle peut aussi ĂȘtre utilisĂ© pour traiter les donnĂ©esd’un individu ou d’une famille fictif/fictive. Cette derniĂšre possibilitĂ© ne sera pasabordĂ©e davantage dans le prĂ©sent texte.

2. DESCRIPTION DE L’ECHANTILLON MIMOSIS

Le cadre d’échantillonnage (4) est constituĂ© de tous les individus qui, d’aprĂšs le fichierde donnĂ©es du Registre national dont dispose la BCSS, sont en vie au 1er janvier 2009 etrĂ©sident sur le territoire d’une commune belge (5). Ce groupe comprend donc surtoutdes personnes qui sĂ©journent physiquement en Belgique. Les Belges qui sĂ©journent Ă  l’é-tranger peuvent faire partie de ce groupe, mais uniquement s’ils ont conservĂ© une adres-se de rĂ©sidence en Belgique. Il s’agit donc de personnes ayant quittĂ© temporairement lepays pour cause de vacances, par exemple, ou parce qu’elles exercent une mission tem-poraire Ă  l’étranger. Les Belges qui rĂ©sident Ă  l’étranger de maniĂšre permanente ne fontdonc pas partie de notre cadre d’échantillonnage.

Chaque individu du cadre d’échantillonnage esquissĂ© peut ĂȘtre identifiĂ© Ă  partir d’unnumĂ©ro d’identification unique. Un Ă©chantillon est prĂ©levĂ© Ă  partir de tous les numĂ©rosd’identification possibles. Ce prĂ©lĂšvement se dĂ©roule en trois grandes Ă©tapes.ïżœ Etape 1 : on a examinĂ© combien d’individus sĂ©lectionnĂ©s de maniĂšre alĂ©atoire

pour l’échantillon MIMOSIS prĂ©cĂ©dent Ă©taient encore en vie au 1er janvier 2009(6). Ce nombre Ă©tait de 90.641 au total.

(3) Cette version a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e dans le cadre d’une sĂ©rie de projets AGORA financĂ©s par la Poli-tique scientifique fĂ©dĂ©rale. Pour une description de la premiĂšre version du modĂšle, voir Decoster e.a.(2008).(4) Voir Molenberghs et Gaens (1994), p. 11 pour une description de la notion de ‘cadre d’échantil-lonnage’.(5) Voir DOCDWH (2011), document “fiches_beschrijving_rr_ksz.doc” pour plus d’explications surle contenu des donnĂ©es du Registre national figurant dans le DWH ‘MT&PS’.(6) Pour l’échantillon MIMOSIS prĂ©cĂ©dent, 100.000 individus ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s le 1er janvier2002, Ă  partir d’un cadre d’échantillonnage comparable. Voir Vleminckx (2008) pour une descrip-tion du contenu de cet Ă©chantillon.

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ïżœ Etape 2 : 9.359 individus supplĂ©mentaires ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s Ă  partir du cadred’échantillonnage esquissĂ©, dont ont Ă©tĂ© supprimĂ©s les 90.641 individus encoreen vie de l’échantillon prĂ©cĂ©dent. Ces 9.359 individus sont ajoutĂ©s par Ă©chan-tillonnage systĂ©matique et en tenant compte des incidences inĂ©gales entre lesdiffĂ©rentes classes d’ñge (7).

ïżœ Etape 3 : pour les 100.000 individus obtenus aprĂšs l’étape 2, on recherche lesnumĂ©ros d’identification de tous les membres du mĂ©nage si l’individu sĂ©lectionnĂ©sĂ©journe dans un mĂ©nage privĂ©.

Les mĂ©nages peuvent, dans ce contexte, ĂȘtre dĂ©crits comme l’ensemble des indivi-dus qui partagent la mĂȘme adresse de rĂ©sidence (8). On peut Ă©galement faire la dis-tinction entre mĂ©nages privĂ©s et mĂ©nages collectifs.

Les mĂ©nages privĂ©s tels que dĂ©finis dans le Registre national sont proches de ce quipeut ĂȘtre dĂ©crit comme ‘mĂ©nages sociologiques’. Ces derniers sont gĂ©nĂ©ralementdĂ©crits comme des individus qui partagent un mĂȘme lieu de rĂ©sidence et dĂ©cidentconjointement de la majeure partie de leurs dĂ©penses (9). Dans le reste de la prĂ©sen-te note, nous considĂ©rerons donc les termes ‘mĂ©nages privĂ©s’ et ‘mĂ©nages sociolo-giques’ comme des synonymes.

Les ménages collectifs désignent les communautés de vie comme les maisons derepos, les hÎpitaux, les prisons, les couvents, 
 (10)

La diffĂ©rence entre mĂ©nages privĂ©s et collectifs n’est donc pas non plus prise encompte lors de la sĂ©lection de l’échantillon dans les Ă©tapes 1 et 2. Par contre, c’estbien le cas Ă  l’étape 3, lors de la demande de numĂ©ros d’identification.

Pour tous les individus repris dans l’échantillon final, on recherche ensuite une sĂ©riede variables extraites du DWH ‘MT&PS’. Une liste exhaustive des variablesdemandĂ©es est disponible au SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011a) (11).

(7) Les principes d’échantillonnage systĂ©matique appliquĂ©s sont exposĂ©s dans Vleminckx (2011),section 9. L’ensemble du mĂ©canisme d’échantillonnage est mis en Ɠuvre dans le programme Sample-MIMOSIS_2009.sas (voir SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011b)).(8) Voir Registre national (2011).(9) Voir Atkinson et alii (1995), p. 16 pour plus d’infos sur les descriptions possibles du concept de‘mĂ©nage’.(10) Voir APS (2011).(11) Il ne s’agit pas nĂ©cessairement ici de variables directement prĂ©sentes, mais de variables mani-pulĂ©es. Le package complet des programmes convertissant les donnĂ©es de base du DWH ‘MT&PS’dans les donnĂ©es demandĂ©es est disponible dans SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011c).

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2.1. CREATION D’UN NUMERO DE MENAGE ET ESTIMATION DE LA TAILLE DU MENAGEL’échantillon, Ă©laborĂ© selon les principes susmentionnĂ©s, comprend 299.257 indivi-dus. En principe, nous savons si ces individus a) sĂ©journent dans un mĂ©nage collec-tif et b) si ce n’est pas le cas, qui Ă©tait la personne de rĂ©fĂ©rence (Ă  savoir le chef demĂ©nage) du mĂ©nage privĂ© les 1er janvier 2009 et 2002 (12).

Au total, 1.172 individus de cet Ă©chantillon font partie d’un mĂ©nage collectif. Cesindividus reçoivent un numĂ©ro de mĂ©nage unique et sont considĂ©rĂ©s comme«isolĂ©s» dans les analyses antĂ©rieures.

Au 1er janvier 2009, la variable ‘personne de rĂ©fĂ©rence’ n’était pas complĂ©tĂ©e pour136 individus ne faisant pas partie d’un mĂ©nage collectif. Si la variable ‘personne derĂ©fĂ©rence’ a bien Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e au 1er janvier 2002, celle-ci a Ă©tĂ© reprise. Dans lecas contraire, l’individu est considĂ©rĂ© comme isolĂ©. Tous les individus de mĂ©nageprivĂ© qui ont le mĂȘme numĂ©ro d’identification sont considĂ©rĂ©s, dans les analysesultĂ©rieures, comme faisant partie du mĂȘme mĂ©nage.

AprĂšs contrĂŽle, il s’est Ă©galement avĂ©rĂ© que 2 mĂ©nages comprenant respectivement27 et 28 personnes Ă©taient repris dans l’échantillon. MĂȘme si, en principe, ce n’estpas impossible, le risque d’erreurs dans la composition du mĂ©nage augmente bel etbien en fonction de l’augmentation du nombre de membres. Ces deux mĂ©nages ontdonc Ă©tĂ© retirĂ©s de l’échantillon qui sera analysĂ© ultĂ©rieurement.

AprÚs cette intervention, il reste 299.202 individus. Les 298.030 individus de cegroupe qui font partie de ménages privés sont répartis entre 97.760 familles (13).

2.2. CREATION D’UNE SERIE DE CARACTERISTIQUES A PARTIR DES DONNEES DUREGISTRE NATIONALLes variables du fichier du registre national occupent une place particuliĂšre dans lelot des variables demandĂ©es pour tous les individus (14) car elles permettent de dĂ©li-miter les unitĂ©s mĂ©nagĂšres et comportent des informations sur les relations entre lesmembres du mĂ©nage.

Une des variables du Registre national est la variable NAREGNIS_RELATION, qui tra-duit le lien entre chaque membre du mĂ©nage et le chef du mĂ©nage sous la formed’un code. Les valeurs possibles de la variable NAREGNIS_RELATION sont reprisesdans le tableau 1.

(12) La personne de rĂ©fĂ©rence est, en principe, celle qui dĂ©fend les intĂ©rĂȘts du mĂ©nage ou qui assureune bonne partie de son entretien. Dans la pratique, il peut toutefois s’agir Ă©galement de la personnequi s’occupe des affaires administratives du mĂ©nage (voir APS (2011)).(13) Ces manipulations sont rĂ©alisĂ©es avec le programme CreatePopCharAndWeights.sas (voir SPFSĂ©curitĂ© sociale (2011c)).(14) Pour la liste complĂšte des variables, voir Vleminckx (2011).

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

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TABLEAU 1 : VALEURS POSSIBLES DE LA VARIABLE NAREGNIS_RELATION

En principe, la variable NAREGNIS_RELATION doit toujours avoir une valeur de 1pour la personne de rĂ©fĂ©rence du mĂ©nage. Dans 136 cas, ce n’était toutefois pas lecas. La valeur pour la variable NAREGNIS_RELATION faisait manifestement dĂ©faut eta donc Ă©tĂ© fixĂ©e manuellement Ă  1.

En principe, seul un individu par mĂ©nage peut prĂ©senter une valeur de 1 pour lavariable NAREGNIS_RELATION. Dans 9 mĂ©nages, toutefois, cette variable revenaitdeux fois avec une valeur 1. Dans 7 de ces 9 mĂ©nages, une des deux personnes Ă laquelle Ă©tait attribuĂ©e la valeur 1 pour la variable NAREGNIS_RELATION Ă©tait dĂ©jĂ chef de mĂ©nage en 2002. La valeur de la variable NAREGNIS_RELATION n’a pas Ă©tĂ©adaptĂ©e. Pour les autres personnes concernĂ©es, par contre, la variableNAREGNIS_RELATION, a Ă©tĂ© modifiĂ©e manuellement et portĂ©e Ă  12, Ă  savoir sansparentĂ© familiale (15).

Pour les deux cas restants, la valeur 1 pour NAREGNIS_RELATION a Ă©tĂ© maintenuedans la ligne pour laquelle le numĂ©ro d’identification de l’individu Ă©tait Ă©gal Ă  celuide la personne de rĂ©fĂ©rence. Dans l’autre cas, la valeur 1 a Ă©tĂ© changĂ©e manuelle-ment en une valeur 12.

En principe, la valeur 2, Ă  savoir partenaire du chef de mĂ©nage, ne devrait pouvoirse prĂ©senter qu’une seule fois par mĂ©nage, mais manifestement, ce n’était pas le cas.7 mĂ©nages avaient manifestement 2 partenaires. Dans un des cas, la valeur 2 reve-nait mĂȘme trois fois. Ces cas ont Ă©tĂ© corrigĂ©s manuellement aprĂšs avoir inspectĂ© les

(15) Les 7 lignes d’observation pour lesquelles aucune adaptation n’a Ă©tĂ© effectuĂ©e Ă©taient aussi deslignes pour lesquelles le numĂ©ro d’identification de l’individu Ă©tait identique Ă  celui de la personnede rĂ©fĂ©rence.

669

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

_Valeur possible Description 1 chef de mĂ©nage2 conjoint 3 fils, fille 4 beau-fils, belle-fille 5 petit-fils, petite-fille 6 pĂšre, mĂšre 7 beau-pĂšre, belle-mĂšre 8 grand-pĂšre, grand-mĂšre 9 frĂšre, sƓur 10 beau-frĂšre, belle-sƓur 11 parent, parente 12 sans lien familial 13 beau-fils, belle-fille 14 arriĂšre-petit-fils, arriĂšre-petite-fille 15 oncle, tante 16 neveu, niĂšce (parentĂ© du troisiĂšme degrĂ©) 17 neveu, niĂšce (parentĂ© du quatriĂšme degrĂ©) 20 communautĂ©s, foyers

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mĂ©nages concernĂ©s. Dans 4 cas, on dĂ©nombrait systĂ©matiquement 2 partenairesavec des donnĂ©es parfaitement identiques. Il s’agit donc, sans doute, de lignes qui,par erreur, ont Ă©tĂ© deux fois sĂ©lectionnĂ©es lors de la constitution de l’échantillon etqui malgrĂ© cela, se sont vues attribuer des numĂ©ros d’identification diffĂ©rents. Unede ces deux lignes a donc Ă©tĂ© supprimĂ©e de l’échantillon qui sera analysĂ© ultĂ©rieure-ment.

Une variable que nous avions pu observer directement dans l’échantillon MIMOSISprĂ©cĂ©dent, mais que nous n’avons pas pu observer cette fois-ci, est la variable NARE-GNIS_CIVIL. Le tableau 2 reprend les valeurs possibles pour cette variable.

TABLEAU 2 : VALEURS POSSIBLES POUR LA VARIABLE NAREGNIS_CIVIL

Nous tentons de reconstituer les valeurs de NAREGNIS_CIVIL_2009 au 1er janvier2009, sur la base d’autres donnĂ©es disponibles. Si un mĂȘme mĂ©nage comporte deuxindividus avec une valeur de, respectivement, 1 et 2 pour la variableNAREGNIS_RELATION, nous attribuons la valeur 2 Ă  la variableNAREGNIS_CIVIL_2009. Si aprĂšs cette opĂ©ration, la variable NAREGNIS_CIVIL_2009n’a pas encore Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e, nous reprenons la valeur de NAREGNIS_CIVIL_2002du 1er janvier 2002 si cette valeur Ă©tait alors supĂ©rieure Ă  2. Si aprĂšs cette deuxiĂšmeĂ©tape, la valeur de NAREGNIS_CIVIL_2009 n’a pas encore Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e, nousconsidĂ©rons quelqu’un comme veuf ou veuve si un individu a plus de 18 ans etperçoit une pension de survie. Une personne est Ă©galement considĂ©rĂ©e commedivorcĂ©e si selon la variable NAREGNIS_CIVIL_2002, elle Ă©tait mariĂ©e au 1er janvier2002, si elle n’avait pas perçu de pension de survie en 2008 et si aucun partenairen’a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© au 1er janvier 2009. Si au 1er janvier 2002, un mĂ©nage comptaitdeux individus avec une valeur NAREGNIS_CIVIL_2002 de 2, Ă  savoir mariĂ©, et siaprĂšs les opĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, aucune valeur n’a Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e pour la variableNAREGNIS_CIVIL_2009, pour aucun des deux individus, la valeur est fixĂ©e Ă  2, ycompris le 1er janvier 2009. Tous les autres individus pour lesquels aucune valeurn’a Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e pour NAREGNIS_CIVIL_2009 lors des opĂ©rations prĂ©cĂ©dentessont considĂ©rĂ©s comme non-mariĂ©s (16).

(16) Toutes les manipulations de cette section ont été effectuées avec le programme CreatePopCha-rAndWeights.sas (voir SPF Sécurité sociale (2011c)).

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

_Valeur possible Description

1 non marié 2 marié 3 veuf, veuve 4 divorcé 5 séparé de corps

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Outre le numĂ©ro d’identification unique de l’individu, le mĂ©nage dont fait partie unindividu, le lien d’un individu avec le chef de mĂ©nage (dĂ©signĂ© dansNAREGNIS_RELATION) et l’état civil (voir NAREGNIS_CIVIL), nous observons, pourchaque individu de l’échantillon, le mois et l’annĂ©e de naissance, le sexe, un codede la commune oĂč habite l’individu, la position LIPRO de l’individu, si l’individu aĂ©tĂ© ou non sĂ©lectionnĂ© de maniĂšre alĂ©atoire lors de la premiĂšre ou deuxiĂšme Ă©tapede l’échantillonnage et un code dĂ©signant le type de mĂ©nage (17).

2.3. LES POIDS D’ECHANTILLONNAGEJusqu’à prĂ©sent nous avons seulement dĂ©crit des rĂ©sultats au niveau de l’échantillon.Si nous voulons utiliser les rĂ©sultats de l’échantillonnage pour nous prononcer aunom de l’ensemble de la population, il semble judicieux d’élaborer des facteurs depondĂ©ration compensant ce mode de sĂ©lection non alĂ©atoire des unitĂ©s d’observa-tion. Ces facteurs de pondĂ©ration ont Ă©tĂ© construits pour les individus et les familles(18).

Le tableau 3 indique la rĂ©partition du nombre pondĂ©rĂ© d’unitĂ©s d’observation enfonction du sexe et de la rĂ©gion. Si nous comptabilisons les lignes pour les hommeset pour les femmes, nous constatons qu’il s’agit d’une bonne approximation desnombres totaux par rĂ©gion. Cela ne peut toutefois occulter le fait que, dans le cas dela RĂ©gion de Bruxelles-Capitale, le nombre d’hommes est sous-estimĂ© et le nombrede femmes surestimĂ©. Les deux diffĂ©rences se compensent plus ou moins (19).

TABLEAU 3 : NOMBRE PONDERE D’UNITES D’OBSERVATION AU NIVEAU INDIVIDUEL, PAR SEXEET PAR REGION (20)

(17) Plus d’informations sur le contenu de ces donnĂ©es sont disponibles dans DOCDWH (2011), voirdocument ‘fiches_beschrijving_rr_ksz.doc’.(18) Dans Van Camp (2011) nous donnons une description plus dĂ©taillĂ©e de la procĂ©dure suivie pourla construction des facteurs de pondĂ©ration.(19) Dans l’annexe 2 de Van Camp (2011) on dĂ©cortique ce rapport par groupes d’ñge de 5 ans. IlapparaĂźt de cette dĂ©composition que la diffĂ©rence pour la RĂ©gion bruxelloise rĂ©sulte surtout de dif-fĂ©rences hommes – femmes dans le groupe d’ñge des 20 – 40 ans. Le point de rĂ©fĂ©rence pour fixerl’ñge dans toutes les applications est, pour cette note, le 1er janvier 2009.(20) Les donnĂ©es de la colonne ‘rĂ©partition effective’ sont basĂ©es sur des donnĂ©es de la DGSIE, voirDGSIE (2011a) : population en fonction du sexe, des groupes d’ñge et des classes d’ñge.

671

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

,Nombre effectifsur la base des statistiques de

population 2009

Nombre pondĂ©rĂ© sur la base de l’échantillon

Différence entre le nombre

pondéré et lenombre effectif, en pourcentage

Hommes RĂ©gion de Bruxelles-Capitale 516.250 503.135 -2,6 RĂ©gion flamande 3.064.169 3.051.317 -0,4 RĂ©gion wallonne 1.688.232 1.690.329 0,1

Femmes RĂ©gion de Bruxelles-Capitale 552.282 565.460 2,3 RĂ©gion flamande 3.144.708 3.157.629 0,4 RĂ©gion wallonne 1.787.439 1.785.410 -0,1

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2.4. DESCRIPTION DE CERTAINES VARIABLES DANS D’AUTRES SOURCES QUE LEREGISTRE NATIONALOutre les donnĂ©es du Registre national prĂ©citĂ©es, la DWH MT&PS a demandĂ© pourtous les individus sĂ©lectionnĂ©s en vue de l’échantillon, une sĂ©rie de donnĂ©es four-nies par diverses institutions publiques de sĂ©curitĂ© sociale (IPSS). Vous trouverezdans le tableau 4 une liste des abrĂ©viations que nous utiliserons pour dĂ©crire lesdiffĂ©rentes sources consultĂ©es, ainsi qu’une brĂšve description de ces sources. Saufmention contraire, les donnĂ©es des fichiers consultĂ©s sont celles de l’annĂ©e d’obser-vation 2008.

TABLEAU 4 : ABREVIATION ET DESCRIPTION DES DIFFERENTES SOURCES A PARTIR DESQUELLESDES DONNEES SONT DEMANDEES POUR LES INDIVIDUS SELECTIONNES (21)

(21) Vous trouverez plus d’informations sur la plupart de ces fichiers dans DOCDWH (2011).

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

Nom fichier Description

CIMIRE

Un fichier avec des donnĂ©es individuelles sur la carriĂšre de travailleurs salariĂ©s. Le fichier comprend aussi bien des donnĂ©es de pĂ©riodes au cours desquelles le travailleur Ă©tait professionnellement actif que des donnĂ©es de pĂ©riodes au cours desquelles il n’était pas professionnellement actif. Les annĂ©es d’observation possibles reprises dans le fichier vont de 1954 Ă  2001 inclus.

NIC Un fichier avec des donnĂ©es individuelles sur la pĂ©riode d’incapacitĂ© de travail primaire et la protection de la maternitĂ©s des assurĂ©s dans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s et indĂ©pendants.

PODMI Un fichier avec des donnĂ©es individuelles sur les interventions des CPAS en matiĂšre d’aidesociale

PensCad Un fichier avec des données individuelles sur les pensions versées des premier et deuxiÚme piliers.

RKW_RG Un fichier avec une indication selon laquelle l’individu est un enfant ouvrant le droit aux allocations familiales dans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s, des allocations familiales garanties et des fonctionnaires.

RKW_RH Un fichier avec une indication selon laquelle l’individu a droit aux allocations familiales dans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s, des allocations familiales garanties et des fonctionnaires.

RKW_BT Un fichier avec une indication selon laquelle l’individu est un allocataire en matiĂšre d’allocations familiales dans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s, des allocations familiales garanties et des fonctionnaires.

RSVZ_KB_RG Un fichier avec une indication selon laquelle l’individu ouvre le droit aux allocations familiales dans le rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants.

RSVZ_KB_RH Un fichier avec une indication selon laquelle l’individu a droit aux allocations familiales dans le rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants.

RSVZ_KB_BT Un fichier avec une indication selon laquelle l’individu est un allocataire en matiĂšre d’allocations familiales dans le rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants.

RVA Un fichier avec des donnĂ©es d’individus qui ont droit Ă  une allocation Ă  charge de l’ONEM. Il s’agit notamment ici de chĂŽmeurs complets indemnisĂ©s, mais aussi de personnes en interruption de carriĂšre ou de prĂ©pensionnĂ©s.

FAO Un fichier avec des donnĂ©es sur des individus dont l’assurance accidents du travail est suivie par le Fonds des accidents du travail.

FBZ Un fichier avec des donnĂ©es sur des individus dont l’assurance accidents du travail est suivie par le Fonds des maladies professionnelles.

RIZIV Un fichier avec des donnĂ©es sur des individus dont l’invaliditĂ© a Ă©tĂ© reconnue par le Conseil mĂ©dical de l’invaliditĂ© (CMI).

FOD_SZ Un fichier avec des donnĂ©es sur des individus dont le handicap a Ă©tĂ© reconnu afin d’obtenir une allocation aux personnes handicapĂ©es.

LABM97 Un fichier avec un nombre limité de données relatives au marché du travail, pour des individus et sur la période allant de 1997 à 2008 inclus.

RSVZ Un fichier avec des donnĂ©es d’individus qui Ă©taient affiliĂ©s Ă  une caisse d’assurances sociales pour travailleurs indĂ©pendants.

Ă© Ă©

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Un certain nombre de données sur la taille des différents fichiers cités ont étéreprises dans le tableau 5.

La colonne ‘Total’ du tableau 5 indique la part des individus dans chaque fichier,comme pourcentage de la population totale (22). On peut notamment dĂ©duire decette colonne que nous observons les donnĂ©es de plus de la moitiĂ© de la populationqui figurent dans le fichier de carriĂšre des travailleurs salariĂ©s (voir la ligne CIMIRe)ou le fichier reprenant les donnĂ©es du marchĂ© du travail pour la pĂ©riode allant de1997 Ă  2008 inclus (voir la ligne LABM97).

La colonne ‘Total unique’ du tableau 5 indique, pour chaque fichier, la part des indi-vidus apparaissant uniquement dans le fichier concernĂ©, sous la forme d’un pour-centage de tous les individus du fichier. Il apparaĂźt notamment de cette colonne queplus de 70 % des enfants bĂ©nĂ©ficiaires d’allocations familiales et connus Ă  l’ONAFTS(voir la ligne RKW_RG) et plus de 60 % des enfants bĂ©nĂ©ficiaires d’allocations fami-liales et connus Ă  l’INASTI (voir la ligne RSVZ_KB_RG) apparaissent uniquementdans le fichier des enfants bĂ©nĂ©ficiaires.

Les colonnes suivantes du tableau 5 indiquent la part d’individus apparaissant enmĂȘme temps dans le fichier mentionnĂ© dans la ligne et dans la colonne du tableau,exprimĂ©e sous la forme d’un pourcentage du nombre d’individus dans le fichiermentionnĂ© dans la ligne. Le tableau 5 montre ainsi que de trĂšs nombreux enfants nefigurant pas seulement dans le fichier des enfants ouvrant le droit aux allocationsfamiliales sont aussi observĂ©s dans le fichier avec donnĂ©es ONSS (voir, respective-ment, l’intersection de la ligne RKW_RG et la colonne RSZ_20022008, d’une part, etl’intersection de la ligne RSVZ_KB_RG et de la colonne RSZ_20022008).

On peut dĂ©duire du tableau 5 que la plupart des individus de l’échantillon Ă©taientjadis connus en qualitĂ© de salariĂ©s sur la pĂ©riode allant de 1997 Ă  2008 inclus (voircolonne LABM97). Les exceptions concernent surtout les enfants ouvrant le droit(voir lignes RKW_RG et RSVZ_KB_RG et colonne LABM97), les pensionnĂ©s (voir laligne PensCad et la colonne LABM97) et les personnes handicapĂ©es (voir la ligneFOD SZ et la colonne LABM97).

Il est enfin frappant de constater que 64 % des individus repris dans le fichier RVAsont aussi observĂ©s simultanĂ©ment dans le fichier avec donnĂ©es trimestrielles del’ONSS (voir la ligne RVA et la colonne RSZ_Quart du tableau 5).

(22) Les résultats ont été pondérés avec les facteurs de pondération individuels. Tous les résultatsprésentés qui suivent ont été pondérés avec les facteurs de pondération élaborés.

673

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

RSZPPO_QUART Un fichier avec des donnĂ©es d’individus employĂ©s dans une administration locale ouprovinciale. Les donnĂ©es concernent uniquement le quatriĂšme trimestre 2008.

RSZPPO_20022008 Un fichier avec des donnĂ©es d’individus employĂ©s dans une administration locale ouprovinciale sur la pĂ©riode allant de 2002 Ă  2008 inclus.

RSZ_QUART Un fichier avec des donnĂ©es d’individus employĂ©s en qualitĂ© de salariĂ©s, Ă  l’exception de ceux employĂ©s dans une administration locale ou provinciale. Les donnĂ©es concernent uniquement le quatriĂšme trimestre 2008.

RSZ_20022008Un fichier avec des donnĂ©es d’individus employĂ©s en tant que salariĂ©s sur la pĂ©riode allant de 2002 Ă  2008 inclus, Ă  l’exception de ceux employĂ©s dans une administration locale ou provinciale pendant la pĂ©riode concernĂ©e.

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674

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

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BLEA

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Nom

fic

hier

Total

Total unique

CIMIRE

NIC

PODMI

PensCad

RKW_RG

RKW_RH

RKW_BT

RSVZ_KB_RG

RSVZ_KB_RH

RSVZ_KB_BT

RVA

FAO

FBZ

RIZIV

FOD SZ

LABM97

RSVZ

RSZPPO_QUART

RSZPPO_20022008

RSZ_QUART

RSZ_20022008

CIM

IRE

53,4

4,

5 10

0,0

7,5

1,0

26,8

0,

7 15

,4

16,4

0,

1 1,

1 1,

1 21

,3

2,2

1,1

4,3

7,0

70,4

11

,0

5,1

8,2

47,1

60

,1

NIC

6.

3 0.

0 64

.0

100.

02.

1 0.

9 0.

9 30

.3

32.8

0.

1 0,

5 0,

6 46

,6

9,0

1,1

7,2

2,6

95,5

8,

0 6,

8 13

,1

74,1

89

,5

POD

MI

1.2

7.7

46.3

11

.0

100.

03.

7 16

.1

14.0

28

.2

0.8

0,3

1,1

26,9

1,

8 0,

0 1,

8 5,

2 67

,6

3,0

7,1

19,1

20

,9

56,1

Pens

Cad

19.2

16

.4

74.6

0.

3 0.

2 10

0.0

0.2

1.4

1.8

0.0

0,1

0,1

2,7

0,1

2,3

0,7

14,8

31

,8

4,1

0,4

2,5

7,9

21,0

RKW

_RG

22

.8

73.5

1.

7 0.

3 0.

8 0.

2 10

0.0

0.1

1.2

0.7

0,0

0,0

1,2

0,4

0,0

0,1

3,1

22,8

0,

3 0,

3 3,

3 9,

1 22

,0

RKW

_RH

11

.3

0.0

73.1

16

.9

1.5

2.4

0.1

100.

037

.8

0.0

0,3

0,4

31,6

4,

3 0,

5 4,

0 2,

4 95

,8

8,0

7,6

11,0

78

,9

89,2

RKW

_BT

12.6

3.

3 69

.5

16.3

2.

7 2.

7 2.

1 33

.7

100.

00.

0 0,

2 0,

5 30

,2

2,2

0,5

3,6

2,5

86,4

7,

6 8,

6 13

,5

64,0

77

,4

RSVZ

_KB_

RG

2.0

62.2

2.

2 0.

2 0.

5 0.

0 8.

2 0.

1 0.

1 10

0.0

0,4

0,9

1,0

0,3

0,0

0,1

2,3

28,6

1,

0 0,

2 2,

6 10

,8

28,0

RSVZ

_KB_

RH1.

0 0.

0 60

.7

3.1

0.3

1.8

0.1

3.6

3.2

0.9

100,

0 77

,3

1,6

0,0

0,0

1,8

0,8

36,3

97

,6

0,5

1,6

4,8

22,7

RSVZ

_KB_

BT1.

0 1.

4 61

.4

3.9

1.3

2.9

0.1

4.6

6.0

1.8

77,1

10

0,0

3,2

0,2

0,1

1,9

1,2

39,5

87

,7

0,6

2,2

7,9

26,2

RVA

15.7

0.

4 72

.2

18.6

2.

1 3.

3 1.

7 22

.6

24.2

0.

1 0,

1 0,

2 10

0,0

4,5

0,8

1,3

2,3

92,2

3,

9 4,

6 10

,8

64,2

84

,3

FAO

1.

8 0.

0 65

.2

30.9

1.

2 1.

2 5.

2 26

.7

15.4

0.

3 0,

0 0,

1 38

,5

100,

00,

6 1,

8 1,

5 99

,8

4,3

1,4

6,4

95,3

99

,7

FBZ

0.7

0.0

83.8

10

.1

0.1

63.6

0.

6 8.

7 9.

0 0.

0 0,

1 0,

1 18

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1,5

100,

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4 19

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5 3,

0 5,

4 80

,8

82,4

RIZI

V 2.

7 0.

9 85

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16.7

0.

8 5.

2 1.

0 16

.6

17.0

0.

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6 0,

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5 1,

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6 10

0,0

32,6

67

,5

8,4

2,2

4,9

34,8

54

,0

FOD

_SZ

5.7

4.0

65.7

2.

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.3

12.4

4.

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3 15

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100,

025

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2,3

0,9

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12,9

19

,1

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97

55.8

0.

1 67

.3

10.8

1.

5 10

.9

9.3

19.3

19

.5

1.0

0,6

0,7

26,0

3,

3 1,

0 3,

3 2,

6 10

0,0

9,0

6,6

12,3

65

,3

88,0

RSVZ

8.

9 9.

8 65

.7

5.6

0.4

8.7

0.8

10.1

10

.8

0.2

10.6

9,

6 6,

9 0,

9 0,

2 2,

5 1,

5 56

,2

100,

02,

4 4,

7 24

,5

45,2

RSZP

PO_Q

UAR

T 3.

7 0.

0 73

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11.7

2.

3 1.

9 2.

2 23

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29.7

0.

1 0.

1 0,

2 19

,9

0,7

0,6

1,6

1,3

100,

05,

8 10

0,0

100,

0 13

,5

45,0

RSZP

PO_2

0022

008

6.8

0.0

64.1

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.0

3.4

7.1

11.0

18

.1

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0.

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1,7

0,5

1,9

1,6

100,

06,

1 53

,5

100,

0 31

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59,7

RSZ_

QU

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36.5

0.

0 69

.0

12.8

0.

7 4.

1 5.

7 24

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22.2

0.

6 0.

1 0,

2 27

,7

4,8

1,5

2,6

2,0

100,

06,

0 1,

4 5,

9 10

0,0

100,

0

RSZ_

2002

2008

49

.1

0.0

65.3

11

.5

1.4

8.2

10.2

20

.4

19.9

1.

2 0.

4 0,

5 27

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3,7

1,1

3,0

2,2

100,

08,

2 3,

4 8,

3 74

,2

100,

0

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Dans cette section, nous ne pouvons bien sĂ»r pas examiner en dĂ©tail toutes lesmanipulations de donnĂ©es effectuĂ©es pour la construction du fichier qui est insĂ©rĂ©dans le modĂšle (23). Selon une rĂšgle gĂ©nĂ©rale appliquĂ©e lors du traitement desfichiers partiels, une seule ligne d’observation a Ă©tĂ© retenue par individu et parfichier partiel (24). Dans certains fichiers, il arrivait en effet qu’on observe un seulindividu avec plusieurs lignes d’observations. C’est par exemple le cas lorsque desindividus ont bĂ©nĂ©ficiĂ©, dans une lĂ©gislation donnĂ©e, de droits diffĂ©rents pendant unan ou bĂ©nĂ©ficiaient de plusieurs statuts en tant que salariĂ©s ou qu’indĂ©pendants.

Cette limitation Ă  une seule ligne avait gĂ©nĂ©ralement lieu en prenant les caractĂ©ris-tiques du droit ou de l’activitĂ© sur le marchĂ© du travail la mieux rĂ©munĂ©rĂ©e et encomptabilisant les montants versĂ©s, toutes lignes d’observation confondues. DesdonnĂ©es de lignes d’observation bien prĂ©cises ont parfois Ă©tĂ© converties en variableslorsqu’il Ă©tait souhaitable de retenir plusieurs droits par individu. C’était notammentle cas pour les pensions payĂ©es, afin de pouvoir maintenir la distinction entre pen-sions de vieillesse et pensions de survie. Cela a aussi Ă©tĂ© le cas pour les allocationsde maladie et d’invaliditĂ©, afin de pouvoir, plus tard, faire la diffĂ©rence entre lesindemnitĂ©s d’invaliditĂ© et les allocations de maternitĂ©.

Les observations sur l’historique de l’emploi des individus de l’échantillon jouent unrĂŽle important dans les analyses ultĂ©rieures rĂ©alisĂ©es avec le modĂšle. C’est la raisonpour laquelle nous dĂ©taillons ci-dessous l’information provenant de ces sources.

2.4.1. Fichiers avec donnĂ©es relatives Ă  l’historique des salariĂ©s et appointĂ©s sur lemarchĂ© du travail (LABM97, RSZPPO_20022008, RSZ_20022008 et CIMIRe)Pour tous les individus de l’échantillon qui Ă©taient actifs en qualitĂ© de salariĂ©s etd’appointĂ©s sur la pĂ©riode allant de 1997 Ă  2008 inclus, nous pouvons, Ă  partir dufichier LABM97, identifier s’ils Ă©taient surtout actifs sur le marchĂ© du travail privĂ© oupublic. Pour les individus qui Ă©taient surtout actifs sur le marchĂ© du travail privĂ©,nous pouvons dĂ©terminer si ces personnes possĂ©daient surtout un statut d’ouvrierou d’employĂ©. En ce qui concerne les cas sur le marchĂ© du travail public, nous pou-vons faire la distinction entre les contractuels et les fonctionnaires.

Les fichiers RSZ_20022008 et RSZPPO_20022008 contiennent bien moins devariables que les fichiers RSZ_Quart et RSZPPO_Quart, mais permettent tout demĂȘme de quantifier une sĂ©rie d’aspects relatifs Ă  l’activitĂ© des salariĂ©s et appointĂ©ssur le marchĂ© du travail, pour les annĂ©es 2002 Ă  2008 inclus. Les variables identi-fiĂ©es pour chacune des annĂ©es allant de 2002 Ă  2008 inclus sont Ă©numĂ©rĂ©es dans letableau 6.

(23) Pour plus de dĂ©tails, voir Van Camp (2011), la section 2.4 et SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011b) et SPFSĂ©curitĂ© sociale (2011c).(24) La documentation relative aux unitĂ©s d’observation utilisĂ©es dans les diffĂ©rents fichiers de basefigure dans DOCDWH (2011).

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MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

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TABLEAU 6 : ABREVIATION ET DESCRIPTIF DES VARIABLES QUI QUANTIFIENT L’ACTIVITE DESSALARIES ET APPOINTES SUR LE MARCHE DU TRAVAIL DE 2002 A 2008 INCLUS (25)

Les 4 premiĂšres variables du tableau 6 peuvent encore ĂȘtre complĂ©tĂ©es pour lesannĂ©es au cours desquelles des individus Ă©taient actifs sur le marchĂ© du travail privĂ©sur la pĂ©riode allant de 1954 Ă  2001 inclus.

Il est notamment possible, sur la base de ces donnĂ©es, d’estimer le nombre d’annĂ©esde carriĂšre ouvrant un droit Ă  pension minimal par annĂ©e de carriĂšre. La figure 1illustre, sur la base des observations prĂ©sentes dans le fichier CIMIRe, la fonction dedensitĂ© du nombre d’annĂ©es avec un droit minimal par individu.

FIGURE 1 : FONCTION DE DENSITE DU NOMBRE D’ANNEES DE CARRIERE ENTRANT EN CONSI-DERATION POUR UN DROIT A PENSION MINIMAL PAR ANNEE DE CARRIERE, POUR LES TRA-VAILLEURS SALARIES DU SECTEUR PRIVE

(25) En développant ces concepts, nous continuons de développer le travail décrit dans Mutsaerts(2011).

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

Nom variable Description ASSIMDAYS Nombre de jours assimilĂ©s pendant l’annĂ©e REMDAYS Nombre de jours rĂ©munĂ©rĂ©s pendant l’annĂ©eREMHOURS Nombre d’heures rĂ©munĂ©rĂ©es pendant l’annĂ©e REMUN Revenu total du travail sur une base annuelle (en classes de 10 EUR)DAYS_FULL Nombre de jours de travail Ă  temps plein pendant l’annĂ©e DAYS_PART Nombre de jours de travail Ă  temps partiel pendant l’annĂ©eLABMSTAT_PRIV Principal statut sur le marchĂ© du travail privĂ© pendant l’annĂ©e (ouvrier, employĂ©)

LABMSTAT_PUB Principal statut sur le marchĂ© du travail public pendant l’annĂ©e (contractuel, fonctionnaire)

SALJRS Revenu journalier

0

0,01

0,02

0,03

0 2 4 5 7 9 11 13 15 16 18 20 22 24 25 27 29 31 33 35 36 38 40 42 44 45 47 49 51 53 55 56 58 60

Nombre d'années de carriÚre avec un droit à une pension minimale pour une année decarriÚre

Fonc

tion

de d

ensi

té

Travailleurs salariés de secteur privé

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Il est Ă©galement possible, sur la base des donnĂ©es CIMIRe, de dĂ©finir quel Ă©tait l’ñgedu premier contact des individus qui sont ou ont Ă©tĂ© actifs sur le marchĂ© du travailavec le marchĂ© du travail et l’ñge d’enregistrement de la premiĂšre assimilation. Lafigure 2 illustre la densitĂ© de ces donnĂ©es relatives Ă  l’ñge.

FIGURE 2 : FONCTION DE DENSITE DE L’AGE DE LA PREMIERE EXPERIENCE SUR LE MARCHE DUTRAVAIL ET DE LA PREMIERE ASSIMILATION POUR LES TRAVAILLEURS DU SECTEUR PRIVE

Comme il apparaĂźt de la figure 2, l’ñge de la premiĂšre prestation sur le marchĂ© dutravail est, pour la grande majoritĂ© des observĂ©s, compris entre 15 et 28 ans, avecun pic vers 20-21 ans. La premiĂšre assimilation de jours connaĂźt une Ă©volution simi-laire Ă  celle des jours prestĂ©s, avec un pic moins important. Par ailleurs, cette assimi-lation se produit souvent aprĂšs la premiĂšre prestation.

2.4.2. Constitution de la derniĂšre rĂ©muneration journaliĂšre perçueUne donnĂ©e qui peut ĂȘtre observĂ©e directement dans un des fichiers ‘marchĂ© du tra-vail’, pour certains individus, et que nous reconstituons dans certains autres cas, estla derniĂšre rĂ©munĂ©ration journaliĂšre perçue. Ce concept est enregistrĂ© sous la dĂ©no-mination SALJRS_LAST_CORR. Cette donnĂ©e occupe une place importante dans desanalyses ultĂ©rieures, parce qu’elle servira d’input pour recalculer certaines alloca-tions et parce qu’elle donne une indication de la capacitĂ© de gain d’un individu.

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MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

0

0,01

0,02

0,03

0,04

0,05

0,06

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0,11

10 12 15 17 19 21 24 26 28 30 33 35 37 40 42 44 46 49 51 53 55 58 60 62 65 67 69 71 74 76 78 80 83 85

Age du premier enregistrement

Fonc

tion

de d

ensi

té

Travailleurs du secteur privé : jours prestésTravailleurs du secteur privé : jours assimilés

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Lorsqu’une institution (ONSS ou ONSSAPL) fournit une donnĂ©e de rĂ©munĂ©rationjournaliĂšre, cela signifie que certaines rĂ©munĂ©rations pour travail prestĂ©, versĂ©espendant une pĂ©riode dĂ©terminĂ©e, sont divisĂ©es par le temps de travail prestĂ© pen-dant cette mĂȘme pĂ©riode (26). Nous qualifierons cette variable ci-aprĂšs de ‘conceptde rĂ©munĂ©ration journaliĂšre (27).

Nous pouvons Ă©galement, sur la base de la derniĂšre annĂ©e pour laquelle desdonnĂ©es sur la rĂ©munĂ©ration et le temps de travail sont disponibles, calculer nous-mĂȘmes un concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre. Cela se fait de deux maniĂšres:ïżœ en divisant la masse salariale observĂ©e par le nombre de jours rĂ©munĂ©rĂ©s

(concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre 2) ;ïżœ en multipliant la masse salariale observĂ©e par 7,6 et en divisant ensuite le rĂ©sultat

par le nombre d’heures de travail (concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre 3).

Ces concepts ne sont calculĂ©s que dans des conditions prĂ©cises, pour chaque indivi-du. Un individu doit avoir travaillĂ© au moins 24 jours ou 182 heures sur une baseannuelle (autrement dit 4 semaines selon un rĂ©gime de 6 heures / semaine ou l’équi-valent en journĂ©es de 7,6 heures). Les prestations de temps observĂ©es ne peuventpas non plus excĂ©der 52*6 jours ou 52*6*7,6 heures. Les donnĂ©es salariales et sur letemps de travail qui figurent dans les lignes d’observation ne rĂ©pondant pas Ă  cesrĂšgles ne sont pas utilisĂ©es pour reconstituer la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre et la valeurde la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e est alors fixĂ©e Ă  0.

Nous disposons ainsi, pour quelque 71 % (7.635.230 unitĂ©s sur un total de10.753.080) du nombre pondĂ©rĂ© d’unitĂ©s de l’échantillon, des donnĂ©es salarialesainsi que le temps de travail pendant au moins une annĂ©e de prestations entre 2008et 1954.

Nous constatons que pour quelque 60 % (4.646.508 unitĂ©s sur 7.635.230) des unitĂ©sde ce groupe, la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre est, en 2008, directement fournie parl’ONSS ou l’ONSSAPL. Dans 9 % des cas, il n’y a pas eu de rĂ©munĂ©ration journaliĂšrepour 2008, mais bien un concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre fourni directementsoit par l’ONSS, soit par l’ONSSAPL, pour une des annĂ©es prĂ©cĂ©dant 2008.

Dans tous les cas pour lesquels le concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre 1 Ă©tait dispo-nible, SALJRS_LAST_CORR a Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e sur la base de ce concept. Dans lesautres cas, on a commencĂ© par donner la prioritĂ© au concept de rĂ©munĂ©ration jour-naliĂšre 2 et s’il n’était pas disponible, la derniĂšre rĂ©munĂ©ration journaliĂšre perçue a

(26) Pour plus d’informations sur ces concepts, consultez DOCDWH (2011), documents ‘fiches, bes-chrijving RSZ, Nederlands, versie 3-1-2011.doc’ et ‘fiches, beschrijving RSZPPO, Nederlands, versie20-5-2011.doc’.(27) Ce concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre observĂ© directement n’a pas Ă©tĂ© divisĂ© en classes, con-trairement aux autres montants nominaux issus de la demande de donnĂ©es.

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Ă©tĂ© dĂ©finie avec le concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre 3. Si SALJRS_LAST_CORR aĂ©tĂ© dĂ©finie Ă  partir de donnĂ©es d’une annĂ©e d’observation antĂ©rieure Ă  2008, lavaleur a Ă©tĂ© rĂ©Ă©valuĂ©e Ă  partir des coefficients de revalorisation. (28).

A l’issue de ces interventions, on regarde si la valeur de SALJRS_LAST_CORR n’estpas un ‘outlier’ par rapport aux donnĂ©es de rĂ©partition de 2008. Nous considĂ©ronsune valeur comme ‘outlier’ si la valeur reconstituĂ©e excĂšde la moyenne augmentĂ©ede deux fois la diffĂ©rence standard des observations du concept de rĂ©munĂ©rationjournaliĂšre 1 pour l’annĂ©e 2008. ConcrĂštement, le seuil supĂ©rieur utilisĂ© est Ă©gal Ă 309,93 EUR (29). Si, pour les ‘outliers’, le concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre 2 ou3 n’était pas un ‘outlier’, la valeur de SALJRS_LAST_CORR a Ă©tĂ© remplacĂ©e par unede ces valeurs.

Dans quelque 3 % des cas pour lesquels nous observons les donnĂ©es du marchĂ© dutravail, le concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre obtenu aprĂšs les Ă©tapes prĂ©cĂ©dentesest manifestement Ă©gal Ă  0. Dans certains cas, nous devons aussi remonter loin dansle temps pour pouvoir Ă©laborer une valeur pour SALJRS_LAST_CORR. L’absence oule caractĂšre dĂ©suet de la donnĂ©e reconstituĂ©e est toutefois importante surtout pourle groupe qui, potentiellement, est encore actif sur le marchĂ© du travail, parce quela rĂ©munĂ©ration journaliĂšre reconstituĂ©e sera surtout utilisĂ©e pour des simulationsconcernant ce groupe. Le tableau 7 reprend donc des donnĂ©es relatives Ă  la rĂ©munĂ©-ration journaliĂšre reconstituĂ©e pour les groupes d’individus de 18 ans ou plus et demoins de 65 ans.

Le tableau 7 fournit davantage d’informations sur la source (et plus exactement Ă partir de quelle source la donnĂ©e a Ă©tĂ© reconstituĂ©e), l’annĂ©e de prestation (et plusexactement l’annĂ©e des donnĂ©es sur lesquelles repose la reconstitution) et le niveaude la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre reconstituĂ©e.

En fonction de la source, nous distinguons 5 valeurs possibles :ïżœ soit une donnĂ©e n’est pas une ‘outlier’ conforme aux rĂšgles prĂ©dĂ©finies et basĂ©es

sur des donnĂ©es de l’ONSS, de l’ONSSAPL ou du CIMIRe. La valeur attribuĂ©e Ă  lasource correspond, dans ce cas, Ă  l’abrĂ©viation du fichier ;

ïżœ soit il n’était pas possible de constituer une rĂ©munĂ©ration journaliĂšre. La valeurattribuĂ©e Ă  la source est, dans ce cas, ‘inconnue’ ;

ïżœ soit la valeur d’observation est supĂ©rieure Ă  309,93 EUR. La valeur attribuĂ©e Ă  lasource est, dans ce cas, ‘Aftop’.

(28) Les valeurs des coefficients de revalorisation sont reprises dans l’annexe 4 de Van Camp (2011).(29) La moyenne du concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre 1 observĂ©e pour 2008 est 122,05 EUR et ladiffĂ©rence standard de 93,94 EUR. Les valeurs supĂ©rieures Ă  309,93 EUR sont donc classĂ©es comme‘outliers’.

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MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

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Dans l’analyse du niveau de la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e, nous nous focali-sons sur 4 zones :ïżœ soit la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e est Ă©gale Ă  0.ïżœ Soit la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e est infĂ©rieure Ă  la rĂ©munĂ©ration journa-

liĂšre minimale. La valeur-seuil utilisĂ©e ici est 57,97 EUR (30).ïżœ Soit la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e est supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  la rĂ©munĂ©ra-

tion journaliĂšre minimale, mais infĂ©rieure Ă  la valeur-seuil pour les ‘outliers’ (Ă savoir 309,93 EUR).

Soit la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e est supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  la valeur-seuilpour les ‘outliers’.

Pour les analyses ultĂ©rieures, il importe surtout d’examiner dans quelle mesure lesvaleurs contenues dans ces analyses sont infĂ©rieures Ă  la rĂ©munĂ©ration minimale ousupĂ©rieures Ă  la valeur maximale. Si c’est le cas, ces valeurs seront soit portĂ©es Ă  larĂ©munĂ©ration journaliĂšre minimale, soit tronquĂ©es jusqu’au seuil maximal. PourvĂ©rifier si ces interventions diffĂšrent au sein des diffĂ©rentes sous-populations dispo-sant d’un revenu de remplacement ou d’une allocation d’aide sociale, nous venti-lons l’analyse des variables ‘source’, ‘annĂ©e de prestations’ et ‘niveau de la rĂ©munĂ©-ration journaliĂšre estimĂ©e’ entre les sous-groupes d’individus connus dans les diffĂ©-rents sous-fichiers.

(30) Pour Ă©valuer cette rĂ©munĂ©ration journaliĂšre minimale, nous partons du revenu mensuel minimalmoyen garanti (RMMMG) d’une personne de 22 ans prĂ©sentant 1 annĂ©e d’anciennetĂ©. En 2008, leRMMMG s’élevait Ă  1.360,71 EUR (voir Put (2008), p. 1043). Ce montant est multipliĂ© par 12/13, ensupposant que ce montant mensuel contient l’équivalent mensuel d’une prime de fin d’annĂ©e d’1mois. Ce montant est ensuite divisĂ© par (52*5)/12 ou 21,66667, soit le nombre supposĂ© de joursprestĂ©s par mois dans un rĂ©gime Ă  temps plein.

680

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

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MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

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En ce qui concerne la source, nous pouvons dĂ©duire du tableau 7 que l’écrĂȘtementde valeurs situĂ©es au-dessus du seuil maximal est, sur l’ensemble des fichiers, trĂšsrare. Pour tous les fichiers sauf pour les individus connus Ă  l’INAMI ou au Servicepublic fĂ©dĂ©ral SĂ©curitĂ© sociale (SPF SS), plus de 60 % des rĂ©munĂ©rations journaliĂšresestimĂ©es sont Ă©galement rĂ©cupĂ©rĂ©es de fichiers de l’ONSS ou de l’ONSSAPL. Pourles individus connus Ă  l’INAMI ou au SPF SS, la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre est donc,dans une assez large mesure, constituĂ©e sur la base des donnĂ©es CIMIRe.

Les rĂ©sultats du tableau 7 montrent Ă©galement que le nombre de cas pour lesquels larĂ©munĂ©ration journaliĂšre est reconstituĂ©e Ă  l’aide d’enregistrements d’annĂ©es deprestation antĂ©rieures Ă  1990 est relativement limitĂ©. Font une fois de plus figured’exception les fichiers avec individus connus Ă  l’INAMI et au SPF SS et le fichiercomprenant les donnĂ©es de paiement des pensions. Dans ces cas, la part des annĂ©esde prestation antĂ©rieures Ă  1990 est supĂ©rieure Ă  15 %. Pour les individus connusdans les autres fichiers et mĂȘme ceux connus Ă  l’INAMI et au Cadastre des pensions,la part des 9 derniĂšres annĂ©es de prestation, Ă  savoir 2000 Ă  2008 inclus, est systĂ©-matiquement supĂ©rieure Ă  50 %. La part des contacts rĂ©cents sur le marchĂ© du tra-vail est limitĂ©e par rapport aux autres populations, surtout dans le cas de la popula-tion connue au SPF SS.

La part des rémunérations journaliÚres estimées inférieures au seuil minimal est rela-tivement élevée, surtout pour la population connue au Service public de program-mation Intégration sociale (SPP IS) et au SPF SS. Cela découle manifestement de lapart relativement élevée de zéros (à savoir valeurs non reconstituables), mais ausside la part importante des valeurs estimées inférieures au seuil.

Comme on pouvait en partie s’y attendre, on peut, tant sur la base de la source quede l’annĂ©e de prestation ou du niveau de la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e,conclure que les fichiers du CIN, de l’ONEM, du FAT et du FMP contiennent dessous-populations relativement proches du marchĂ© du travail par comparaison avecles populations du SPP IS et du SPF SS.

Enfin, la figure 3 reprend la fonction de densitĂ© de la rĂ©munĂ©ration journaliĂšreestimĂ©e pour le groupe des 18 Ă  65 ans qui, respectivement, a) Ă©taient actifs commesalariĂ©s pendant le dernier trimestre de 2008 et b) n’étaient pas actifs comme sala-riĂ©s pendant le dernier trimestre de 2008 ou inscrits comme travailleurs indĂ©pen-dants en 2008.

682

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

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FIGURE 3 : FONCTION DE DENSITE DE LA REMUNERATION JOURNALIERE ESTIMEE POUR LESSALARIES ACTIFS ET LES NON-ACTIFS

Il apparaßt de la figure 3 que les personnes à faible capacité de gain sont relativementbien représentées dans le groupe des non-actifs par rapport au groupe des actifs.Cette figure montre aussi que si les non-actifs devaient faire leur apparition sur le mar-ché du travail, la majeure partie de ce groupe devrait sans doute le faire pour un salai-re compris entre le salaire minimal et le double de ce salaire (soit 115 EUR).

3. FONCTIONNEMENT DE MIMOSIS

Le fichier d’input du modĂšle peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une matrice avec 299,198lignes et Ă©normĂ©ment de colonnes. Les colonnes sont complĂ©tĂ©es sur la base desdonnĂ©es issues des diffĂ©rents fichiers livrĂ©s en externe et qui ont fait l’objet de lasection prĂ©cĂ©dente. Les donnĂ©es de ce fichier d’input constituent les variablesexogĂšnes du modĂšle. Ces variables exogĂšnes sont lues par le modĂšle, en mĂȘmetemps qu’une sĂ©rie de paramĂštres. Les paramĂštres sont des Ă©lĂ©ments des diffĂ©rentsdomaines de lĂ©gislation gĂ©rĂ©s par le modĂšle et qui peuvent ĂȘtre adaptĂ©s de maniĂšreflexible par l’utilisateur du modĂšle. Dans le cas de la rĂ©glementation sur le chĂŽmage,ce sont notamment les pourcentages et les seuils supĂ©rieurs et infĂ©rieurs relatifs Ă  laderniĂšre rĂ©munĂ©ration perçue qui, en fonction du type de famille, sont utilisĂ©s pourcalculer l’allocation de chĂŽmage. La combinaison d’une sĂ©rie de donnĂ©es exogĂšnes,comme une typologie du chĂŽmeur et sa derniĂšre rĂ©munĂ©ration perçue, et desparamĂštres permet donc de calculer l’allocation de chĂŽmage dans le cadre du modĂš-le. Dans la mesure oĂč les paramĂštres peuvent ĂȘtre facilement modifiĂ©s, plusieursscĂ©narios de calcul peuvent ĂȘtre simulĂ©s assez rapidement.

683

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

57,97

0

0,002

0,004

0,006

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Rémunération journaliÚre estimée en euros

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Personnes ùgées de 18 à 65 ans, sur le marché du travail privé ou public

Personnes ùgées de 18 à 65 ans, non active en qualité de salarié ou d'indépendant

Rémunération journaliÚre minimale d'un jeune de 22 ans avec 1 année d'ancienneté, sur la base du RMMG

s

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Le code source pour le traitement des donnĂ©es exogĂšnes et des paramĂštres est Ă©criten FORTRAN, contrairement au code source utilisĂ© pour convertir les donnĂ©es de laDWH MT&PS en un fichier d’input destinĂ© au modĂšle. L’élaboration de ce fichierd’input a Ă©tĂ© entiĂšrement programmĂ©e en SAS.

Pour que la programmation du modĂšle reste claire, le code source a Ă©tĂ© programmĂ©en plusieurs modules. Dans cette section, nous ne pouvons bien sĂ»r pas examineren dĂ©tails chaque module (31). Nous tentons toutefois de donner un aperçu som-maire de ce que fait chaque module et des outputs qu’il gĂ©nĂšre. Le tableau 8reprend une liste des noms des 9 modules qui, ensemble, constituent le modĂšleMIMOSIS, ainsi qu’une brĂšve description de ce que font ces modules.

TABLEAU 8 : NOMS DES MODULES MIMOSIS ET DESCRIPTION SOMMAIRE

Dans un run intĂ©gral de MIMOSIS, la plupart des modules fonctionnent deux fois :une fois dans un prĂ©-run et une deuxiĂšme fois dans un run normal. Au cours du prĂ©-run, des fichiers sont crĂ©Ă©s qui, dans le run normal, sont utilisĂ©s comme input pard’autres modules. Le module CONTRIB (cotisations et retenues) a par exemplebesoin d’indemnitĂ©s d’invaliditĂ© et de pensions pour pouvoir appliquer les pourcen-tages de retenues d’application. Les modules SICK (notamment indemnitĂ©s de mala-die et d’invaliditĂ©) et PENSWELF (adaptations au bien-ĂȘtre, pensions) gĂ©nĂšrent doncdes variables d’output bien dĂ©finies dans le prĂ©-run, variables qui, dans le run nor-mal, sont ensuite utilisĂ©es comme input par le module CONTRIB.

Au total, 17 opĂ©rations sont exĂ©cutĂ©es de maniĂšre sĂ©quentielle avec les 9 modulesĂ©numĂ©rĂ©s. La sĂ©quence de fonctionnement des modules MIMOSIS pour l’exĂ©cutiond’un run complet a Ă©tĂ© reprise dans le tableau 9.

(31) Pour plus de détails, voir SPF Sécurité sociale (2011d)).

684

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

Nom module Description sommaire

FAMREL Délimitation des familles (à savoir unités plus petites que le ménage sociologique) et définition de relations entre membres du ménage

PENSWELF Adaptation au bien-ĂȘtre des pensions, mais pas de recalcul des pensions selon les rĂšgles de calcul des pensions

FAMAL Calcul des prestations familiales

CONTRIB Calcul des cotisations sur les revenus du travail et des retenues sur les revenus de remplacement

PIT Calcul de l’impĂŽt sur les personnes physiques payĂ© par mĂ©nage fiscal

SICK Calcul des indemnitĂ©s de maladie, d’invaliditĂ©, d’accidents du travail et de maladie professionnelle

UNEM Calcul des allocations de chĂŽmage, du crĂ©dit-temps ou de l’interruption de carriĂšre et des prĂ©pensions

SOCBEN Calcul des prestations d’aide sociale (revenu d’intĂ©gration, GRAPA et allocations aux personnes handicapĂ©es)

EVAL Evaluation de l’output simulĂ© (calcul d’agrĂ©gats budgĂ©taires et donnĂ©es de rĂ©partition)

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TABLEAU 9 : SEQUENCE DE FONCTIONNEMENT DE DIVERS MODULES MIMOSIS

Le principe qui prĂ©side Ă  l’arrangement des diffĂ©rents modules est que les runs antĂ©-rieurs d’un module servent d’input pour les modules suivants. L’input nĂ©cessairepour un module bien prĂ©cis est, dans la mesure du possible, gĂ©nĂ©rĂ© dans le run nor-mal, mais si ce n’est pas possible, l’input est gĂ©nĂ©rĂ© dans le prĂ©-run. L’input nĂ©ces-saire pour les fichiers de prĂ©-run est lu Ă  partir de fichiers externes. En principe, iln’y a pas de raison de limiter le fonctionnement du modĂšle Ă  un prĂ©-run et un runnormal. On pourrait par exemple organiser un prĂ©-prĂ©-run Ă©galement pour le prĂ©-run. Cela Ă©tant dit, cette limitation Ă  deux grandes Ă©tapes se justifie surtout par lanĂ©cessitĂ© de limiter la durĂ©e de fonctionnement du modĂšle (32).

Dans le reste de la section, nous examinerons, pour les diffĂ©rents modules Ă  l’excep-tion du module EVAL, le fonctionnement du module et de l’output gĂ©nĂ©rĂ©.

3.1. FAMRELLe module FAMREL traite principalement des donnĂ©es du Registre national, afin dedĂ©terminer par la suite les relations entre membres du mĂ©nage (33). Contrairementaux autres modules du modĂšle, ce module ne traite pas vraiment les rĂšgles inclusesdans la rĂ©glementation soicoĂ©conomique. En rĂ©alitĂ©, ce module est surtout fonction-nel pour d’autres modules.

Ainsi, il est notamment indiquĂ©, sur la base de ce module, comment la parentĂ© entremembres du mĂ©nage peut ĂȘtre dĂ©terminĂ©e jusqu’au troisiĂšme degrĂ© inclus. Pour lechef de mĂ©nage, c’est plus ou moins Ă©vident compte tenu de la variable NARE-GNIS_RELATION. Pour d’autres membres du mĂ©nage, il faut, avant de dĂ©terminer cedegrĂ© de parentĂ©, convertir cette variable relationnelle observĂ©e Ă  partir d’une sortede matrice de conversion.

Des mĂ©nages sont Ă©galement dĂ©limitĂ©s dans le module FAMREL. Il s’agit d’unitĂ©splus petites que le mĂ©nage sociologique. Ces liens familiaux plus petits sont, pourcertaines applications comme la construction d’unitĂ©s fiscales, un point de dĂ©part

(32) La durĂ©e de fonctionnement actuelle d’un run complet du modĂšle sur un PC prĂ©sentant lescaractĂ©ristiques CPU 2,40 GHz et 2,0 GB RAM est d’environ 20 minutes.(33) Ce module est dĂ©crit dans Decoster e.a. (2007b). La version la plus rĂ©cente du code source estprĂ©sentĂ©e dans SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011d). 685

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

Pré-run Run normal 1 FAMREL 2 PENSWELF 9 PENSWELF 3 FAMAL 10 FAMAL 4 CONTRIB 11 SICK 5 PIT 12 UNEM 6 SICK 13 CONTRIB 7 UNEM 14 PIT 8 SOCBEN 16 SOBEN

17 EVAL

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plus pertinent que le concept plus large de ‘mĂ©nage sociologique’. Le nombre demĂ©nages dĂ©terminĂ© sur la base de ce module est plutĂŽt limitĂ© en comparaison avecle nombre de mĂ©nages sociologiques. Au total, nous observons 4.577.973 mĂ©nagessociologiques et 4.606.377 mĂ©nages, aprĂšs pondĂ©ration avec les poids d’échantillon-nage relatifs aux mĂ©nages.

Nous ne disposons pas de sources externes pour comparer l’output au niveau desnoyaux familiaux. Pour donner une idĂ©e de l’output produit par le module FAMREL,vous trouverez tout de mĂȘme, dans le tableau 10, quelques rĂ©sultats gĂ©nĂ©rĂ©s par cemodule. Les rĂ©sultats rapportĂ©s dans ce tableau ne portent que sur a) le type de familledont fait partie un individu, b) la position des membres de la famille dans les noyauxfamiliaux et c) une caractĂ©risation des couples mariĂ©s ou formant un couple de fait.

TABLEAU 10 : POSITION DES INDIVIDUS DANS LES NOYAUX FAMILIAUX (OUTPUT DU MODULEFAMREL)

686

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

( )Description Nombre % L’individu fait partie de

la famille du chef de mĂ©nage 10.676.659 99,3 la famille des enfants du chef de mĂ©nage 62.306 0,6 la famille des parents du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 10.888 0,1 la famille des grands-parents du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 31 0,0 la famille du frĂšre ou de la sƓur du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 1.378 0,0 la famille des petits-enfants du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 1.752 0,0 la famille de l’oncle ou de la tante du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 66 0,0

Total individus 10.753.080 100,0

Position au sein de la famille Chef de mĂ©nage 4.804.976 44,7 Partenaire du chef de mĂ©nage 2.584.767 24,0 Enfant du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 3.206.207 29,8 Ascendant au premier degrĂ© du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 41.432 0,4 Ascendant au deuxiĂšme degrĂ© du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 865 0,0 Parents du chef de mĂ©nage ou de son partenaire, jusqu’au troisiĂšme degrĂ©inclus 49.371 0,5

Autres membres du ménage 65.462 0,6 Valeur inconnue 0 0,0

Total individus 10.753.080 100,0

Type de forme de relation pour couples mariĂ©s ou ‘de fait’ L’individu fait partie

couple mariĂ© : les partenaires sont de sexe diffĂ©rent 4.211.386 81,5 couple mariĂ© : les partenaires sont tous deux de sexe masculin 4.513 0,1 couple mariĂ© : les partenaires sont tous deux de sexe fĂ©minin 4.823 0,1 couple ‘de fait’ : les partenaires sont de sexe diffĂ©rent 897.299 17,4 couple ‘de fait’ : les partenaires sont tous deux de sexe masculin 28.729 0,6 couple ‘de fait’ : les partenaires sont tous deux de sexe fĂ©minin 22.785 0,4

Total individus 5.169.534 100,0

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3.2. UNEMLe module UNEM prĂ©sente une modĂ©lisation des allocations de chĂŽmage et dequelques autres indemnitĂ©s Ă  la charge de l’ONEM (34). Cette modĂ©lisation a lieu encombinant une sĂ©rie de variables de statut de l’ONEM et la derniĂšre rĂ©munĂ©rationperçue avec des Ă©lĂ©ments de la lĂ©gislation comme les pourcentages de calcul desallocations de chĂŽmage et les seuils supĂ©rieurs et infĂ©rieurs correspondants, diffĂ©-renciĂ©s par type de mĂ©nage.

La classification de la charge familiale est Ă©galement flexibilisĂ©e dans ce module. Siles revenus d’un des chefs de mĂ©nage cohabitants avec le chĂŽmeur devraient chan-ger, cela pourrait donc avoir un impact sur le statut de rĂ©munĂ©ration du chĂŽmeur.

Dans une sĂ©rie de cas exceptionnels, comme une sĂ©rie de mesures d’activation, lesrĂšgles ne sont pas implĂ©mentĂ©es dans ce module, mais on utilise les montants rĂ©elle-ment versĂ©s.

Nous pouvons comparer les rĂ©sultats de simulation avec des donnĂ©es de sourcesexternes, mais dans la mesure oĂč nous observons aussi nous-mĂȘmes les montantsversĂ©s individuellement, nous pouvons aussi comparer les rĂ©sultats de simulationavec de tels montants. Dans le tableau 11, cette comparaison a lieu en agrĂ©geant lesmontants simulĂ©s individuellement entre des catĂ©gories bien dĂ©finies.

TABLEAU 11 : DEPENSES CHOMAGE, PENSION ANTICIPEE ET INTERRUPTION DE CARRIERE EN2008 EN 1.000 EUR, SUR LA BASE DE LA SOURCE EXTERNE, SIMULATIONS UNEM ET ENREGISTRE-MENTS DANS L’ECHANTILLON (35)

(34) Les principes de base de ce module sont expliqués dans Rombaut e.a. (2007a). La version la plusrécente du code source est présentée dans SPF Sécurité sociale (2011d).(35) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a), p. 188 (colonne2008).

687

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

Source externe Montants simulés

Montants observĂ©s dans l’échantillon

ChĂŽmage

ChĂŽmage complet 5.425.924 4.805.130 5.022.082

ChĂŽmage temporaire 430.638 460.744 473.886

Activation du chĂŽmage 310.153 578.766 635.327

Prépension

Prépension conventionnelle 1.435.299 1.536.843 1.515.158

Interruption de carriÚre et crédit-temps 703.674 708.396 726.475

Total 8.305.688 8.089.880 8.372.928

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Les rĂ©sultats du tableau 11 montrent qu’il existe des diffĂ©rences importantes entreles donnĂ©es de la source externe et les montants simulĂ©s. Il semble toutefois quecela soit davantage une consĂ©quence des problĂšmes de classification (Ă  savoir laclassification de l’allocation simulĂ©e dans le groupe de comparaison adĂ©quat) que dumode de modĂ©lisation du calcul des allocations. Le lien entre les montants simulĂ©set les montants rĂ©ellement observĂ©s est en tous cas meilleur que le lien avec lesdonnĂ©es issues de la source externe.

On constate nĂ©anmoins une diffĂ©rence totale d’environ 300 millions d’EUR, y com-pris avec la source externe. Cela est surtout dĂ» Ă  une sous-estimation du montantdes allocations simulĂ©es pour chĂŽmage complet. Dans ce cadre, il convient toutefoisde souligner que pour ce module-ci et les autres, les simulations sont systĂ©matique-ment effectuĂ©es avec des paramĂštres du 1er janvier d’une annĂ©e donnĂ©e soit, dansce cas, 2008. La colonne avec les montants observĂ©s contient par consĂ©quent desversements effectuĂ©s tout au long de l’annĂ©e 2008. Il est possible que certains deces paiements enregistrĂ©s en 2008 soient basĂ©s sur des tarifs de base qui, par rap-port aux paramĂštres de simulation du 1er janvier, ont Ă©tĂ© adaptĂ©s Ă  la suite d’uneadaptation de l’indice ou d’une adaptation hors de l’indice.

Nous estimons de maniĂšre gĂ©nĂ©rale que le lien entre les montants simulĂ©s et lesmontants enregistrĂ©s pour les agrĂ©gats rapportĂ©s dans le tableau 11 est assez fiable-pour continuer d’utiliser le module. Les agrĂ©gats rapportĂ©s dans le tableau 11 peu-vent bien sĂ»r toujours cacher des diffĂ©rences individuelles. La figure 4 illustre doncla fonction de densitĂ© des montants annuels simulĂ©s et des montants effectivementversĂ©s pour les chĂŽmeurs complets indemnisĂ©s.

FIGURE 4 : FONCTIONS DE DENSITE DES ALLOCATIONS DE CHOMAGE SIMULEES ET OBSERVEESDESTINEES AUX CHOMEURS COMPLETS INDEMNISES, SUR UNE BASE ANNUELLE

688

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

0

0,00001

0,00002

0,00003

0,00004

0,00005

0,00006

0,00007

0,00008

0,00009

075

815

1522

7330

3037

8845

4553

0360

6168

1875

7683

3390

9198

4810

60611

36412

12112

87913

63614

394

Montant sur une base annuelle, en euros

Fonc

tion

de d

ensi

té

Allocation de chÎmage simulée Montant payé observé

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La figure 4 montre que le module UNEM génÚre, par rapport aux montants effective-ment enregistrés, davantage de cas avec allocations de chÎmage peu élevées etmoins de cas avec allocations élevées.

Comme les allocations dont la densitĂ© est reprĂ©sentĂ©e Ă  la figure 4 sont des alloca-tions sur une base annuelle, les diffĂ©rences observĂ©es peuvent rĂ©sulter d’une diffĂ©-rence au niveau du nombre de jours pendant lesquels une allocation journaliĂšre estversĂ©e ou d’une diffĂ©rence au niveau de l’allocation journaliĂšre elle-mĂȘme. En ce quiconcerne l’allocation journaliĂšre, les diffĂ©rences peuvent ĂȘtre dues Ă  des diffĂ©rencesau niveau du manque Ă  gagner ou de diffĂ©rences dans la situation familiale du chĂŽ-meur. La cause exacte de ces diffĂ©rences n’est pour l’heure pas analysĂ©e de maniĂšreplus approfondie dans le prĂ©sent document.

3.3. SICKLe module SICK simule les indemnitĂ©s de maladie-invaliditĂ©, d’accidents de travail etdes maladies professionnelles (36). Les rĂšgles de calcul relatives Ă  certaines indem-nitĂ©s ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© programmĂ©es dans ce module, mais l’identification du nombre dejours pendant lesquels les diffĂ©rentes indemnitĂ©s sont versĂ©es n’est pas assezpoussĂ©e pour Ă©valuer de maniĂšre fiable les indemnitĂ©s sur une base annuelle. Pourl’heure, on se focalise donc sur la reconstitution d’une sĂ©rie de statuts et le traite-ment connexe des montants versĂ©s observĂ©s.

Le tableau 12 rapporte le nombre total d’ayants droit Ă  une sĂ©rie d’indemnitĂ©s surune base annuelle et, le cas Ă©chĂ©ant, les donnĂ©es reprises dans des sourcesexternes, pour un groupe comparable.

(36) Les principes de base de ce module sont explicités dans Rombaut e.a. (2007b). La version la plusrécente du code source est présentée dans SPF Sécurité sociale (2011d).

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MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

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TABLEAU 12 : AYANTS DROIT INDEMNITE MALADIE, INVALIDITE, ACCIDENT DE TRAVAIL ET MALA-DIE PROFESSIONNELLE SELON LE TYPE D’INDEMNITE ET EN FONCTION A LA FOIS DE LA SOURCEEXTERNE ET DU MODULE SICK (37)

Le tableau 12 montre que le nombre de statuts pour lesquels nous disposons d’élĂ©-ments de comparaison relatifs au nombre total d’ayants droit est trĂšs limitĂ©. Ce n’estque pour les travailleurs salariĂ©s et indĂ©pendants en situation d’invaliditĂ© que nousdisposons de chiffres externes qui, en principe, devraient correspondre au groupereconstituĂ© dans le module SICK.

L’étendue des sous-groupes d’individus disposant d’une indemnitĂ© d’invaliditĂ© est,dans le module SICK, systĂ©matiquement surestimĂ©e par rapport Ă  la source externeutilisĂ©e. Cela pourrait s’expliquer par le fait que dans le module SICK, le nombretotal de cas cumulĂ© est dĂ©terminĂ© sur une base annuelle, alors que la source externene communique que les cas Ă  un moment prĂ©cis (Ă  savoir au 31 dĂ©cembre 2008).

Les dépenses correspondantes, reconstituées sur une base annuelle, sont illustréesdans le tableau 13, pour les différents statuts.

(37) Les données de la source externe sont issues du SPF Sécurité sociale (2011a), pp. 139 et 250(colonne 2008).

690

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

Source externe

Nombre simulé

Différence entre le

montant simulé et la source externe, en

pourcentageRÚglement général : incapacité de travail primaire, ouvriers NA 291.748 RÚglement général : incapacité de travail primaire, employés NA 113.138 RÚglement général : invalidité, ouvriers 172.565 181.701 5,3 RÚglement général : invalidité, employés 59.588 60.158 1,0 RÚglement général : congé de maternité, période primaire NA 164.493 RÚglement général : congé de maternité, invalidité NA 1.266 RÚglement travailleurs indépendants : incapacité de travail primaire NA 16.489

RÚglement travailleurs indépendants : invalidité 18.552 20.304 9,4 RÚglement travailleurs indépendants : congé de maternité, période primaire NA 5.279

RÚglement travailleurs indépendants : congé de maternité, invalidité NA 0

IndemnitĂ©s incapacitĂ© de travail temporaire Ă  la suite d’unaccident de travail NA 98.439

IndemnitĂ©s incapacitĂ© de travail permanente Ă  la suite d’un accident de travail NA 8.278

Indemnités maladie professionnelle temporaire NA 57 Indemnités maladie professionnelle permanente NA 55.909

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TABLEAU 13 : DEPENSES MALADIE, INVALIDITE, ACCIDENT DE TRAVAIL ET MALADIE PROFESSION-NELLE SELON LE TYPE D’ALLOCATION ET EN FONCTION A LA FOIS DE LA SOURCE EXTERNE ET DUMODULE SICK, EN 1.000 D’EUR (38)

La comparaison des dĂ©penses sur une base annuelle devrait, mais dans une moindremesure que la comparaison des statuts, souffrir d’un problĂšme de comparabilitĂ© cardes agrĂ©gats sont produits sur une base annuelle, tant dans la source externe quedans le module SICK.

Il apparaĂźt du tableau 13 qu’il n’existe aucun schĂ©ma uniforme de la sur-ou sous-esti-mation des budgets partiels. Il est toutefois frappant de constater que pour ce quiest du rĂšglement gĂ©nĂ©ral, il existe sans doute un problĂšme de rĂ©partition lors de l’at-tribution du statut d’ouvrier et d’employĂ©, dans le cadre du rĂ©gime d’incapacitĂ© detravail primaire et du rĂ©gime d’invaliditĂ©. Si on additionne les montants d’incapacitĂ©de travail primaire et d’invaliditĂ© pour les ouvriers et les employĂ©s, on se rapprochetout de mĂȘme assez bien du budget total.

Les autres budgets partiels reconstituĂ©s et pour lesquels nous disposons d’élĂ©mentsde comparaison sont eux aussi proches des donnĂ©es externes, Ă  l’exception des allo-cations de maternitĂ© pendant la pĂ©riode d’invaliditĂ© chez les travailleurs indĂ©pen-dants. L’échantillon ne prĂ©sente aucun cas rĂ©pondant Ă  ce critĂšre. Compte tenu del’étendue du budget effectif, cela n’est pas non plus trĂšs Ă©tonnant.

(38) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a) pp. 138, 140 et252 (colonne 2008).

691

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

Source externe Output SICK

Différence entre le montant

SICK et la source

externe, en pourcentage

RÚglement général : incapacité de travail primaire, ouvriers 761.431 801.474 5,3 RÚglement général : incapacité de travail primaire, employés 346.219 310.970 -10,2

RÚglement général : invalidité, ouvriers 1.914.635 1,990.606 4,0 RÚglement général : invalidité, employés 707.159 649.563 -8,1 RÚglement général : congé de maternité, période primaire 492.409 476.740 -3,2 RÚglement général : congé de maternité, invalidité 3.760 4.265 13,4 RÚglement travailleurs indépendants : incapacité de travail primaire 56.716 54.435 -4,0

RÚglement travailleurs indépendants : invalidité 206.508 207.093 0,3 RÚglement travailleurs indépendants : congé de maternité, période primaire 14.979 15.838 5,7

Régime travailleurs indépendants : congé de maternité, invalidité 36 0 100,0

IndemnitĂ©s incapacitĂ© de travail temporaire Ă  la suite d’un accident de travail NA 137.713

IndemnitĂ©s incapacitĂ© de travail permanente Ă  la suite d’un accident de travail NA 78.991

Indemnités maladie professionnelle temporaire NA 1.284 Indemnités maladie professionnelle permanente NA 157.550

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3.4. PENSWELFLe module PENSWELF permet d’adapter les pensions versĂ©es (39). Cette adaptationpeut avoir lieu en ajoutant ou dĂ©duisant des montants absolus ou en adaptant lemontant de base en termes de pourcentage. Ces ajustements peuvent par ailleursĂȘtre diffĂ©renciĂ©s en fonction du type de pension et de l’ ‘ñge’ de la pension. Par rap-port aux autres modules traitant les domaines de rĂ©glementation, le module PENS-WELF est atypique car il considĂšre les montants de base observĂ©s comme donnĂ©s,alors que pour d’autres domaines, les montants de base sont en principe recalculĂ©sen appliquant les rĂšgles de calcul aux variables pertinentes. Pour ce module, compa-rer le matĂ©riel de base avec les donnĂ©es de sources externes n’a donc pas beaucoupde sens.

Nous pouvons cependant donner une idĂ©e de la rĂ©partition de base Ă  laquelle lesadaptations absolues ou exprimĂ©es en pourcentage pourraient ĂȘtre appliquĂ©s. A ceteffet, nous dessinons, dans la figure 5, figure 6 et figure 7, les fonctions de densitĂ©des pensions de retraite des travailleurs salariĂ©s, travailleurs indĂ©pendants et fonc-tionnaires, diffĂ©renciĂ©es en fonction du nombre de mois pour lesquels les montantsont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© payĂ©s.

FIGURE 5 : FONCTIONS DE DENSITE DES PENSIONS DE RETRAITE MENSUELLES VERSEES DANS LEREGIME DES TRAVAILLEURS SALARIES, SUR LA BASE DU NOMBRE DE MOIS ECOULES DEPUIS LE PRE-MIER VERSEMENT D’UNE PENSION

(39) Les principes de base de ce module sont explicités dans Maréchal e.a. (2007). La version la plusrécente du code source est présentée dans SPF Sécurité sociale (2011d).

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

S U S O

0

0,0001

0,0002

0,0003

0,0004

0,0005

0,0006

0,0007

0,0008

0,0009

022

745

568

290

911

3613

6415

9118

1820

4522

7325

0027

2729

5531

8234

0936

3638

6440

9143

18

Montant mensuel en euros

Fonc

tion

de d

ensi

té

Moins de 60 mois 60 mois ou plus, mais moins de 120

120 mois ou plus, mais moins de 240 240 mois ou plus

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FIGURE 6 : FONCTION DE DENSITE DES PENSIONS DE RETRAITE MENSUELLES VERSEES DANS LEREGIME DES TRAVAILLEURS INDEPENDANTS, EN FONCTION DU NOMBRE DE MOIS ECOULESDEPUIS LE PREMIER VERSEMENT D’UNE PENSION

FIGURE 7 : FONCTION DE DENSITE DE LA PENSION DE RETRAITE MENSUELLE VERSEE DANS LEREGIME DES FONCTIONNAIRES, EN FONCTION DU NOMBRE DE MOIS ECOULES DEPUIS LE PRE-MIER VERSEMENT D’UNE PENSION

693

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

0

0,0002

0,0004

0,0006

0,0008

0,001

0,0012

0,0014

0,0016

0 76 152

227

303

379

455

530

606

682

758

833

909

985

1061

1136

1212

1288

1364

1439

Montant mensuel en euros

Fonc

tion

de d

ensi

té

Moins de 60 mois 60 mois ou plus, mais moins de 120

120 mois ou plus, mais moins de 240 240 mois ou plus

0

0,00005

0,0001

0,00015

0,0002

0,00025

0,0003

0,00035

0,0004

0,00045

035

470

710

6114

1417

6821

2124

7528

2831

8235

3538

8942

4245

9649

4953

0356

5760

1063

6467

17

Montant mensuel en euros

Fonc

tion

de d

ensi

té

Moins de 60 mois 60 mois ou plus, mais moins de 120

120 mois ou plus, mais moins de 240 240 mois ou plus

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Les rĂ©sultats de la figure 5, figure 6 et figure 7 suggĂšrent d’ores et dĂ©jĂ  que rien quedans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s, la rĂ©partition des montants mensuels payĂ©svarie sensiblement en fonction du nombre de mois Ă©coulĂ©s depuis le premier verse-ment de la pension. Dans le cas de travailleurs salariĂ©s, la concentration de montantsfaibles augmente Ă  mesure que la date du premier versement s’éloigne dans letemps.

3.5. FAMALLe module FAMAL dĂ©finit quels enfants entrent en considĂ©ration pour les allocationsfamiliales, qui sont, pour ces enfants, l’allocataire et l’attributaire, quel est le rang dechaque enfant et quels statuts ouvrent Ă©ventuellement un droit Ă  un complĂ©mentsocial ou monoparental (40). Pour calculer les allocations, on distingue, dans lemodule FAMAL, 4 rĂ©gimes, Ă  savoir travailleurs salariĂ©s, travailleurs indĂ©pendants,fonctionnaires et allocations familiales garanties.

Pour le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s et travailleurs indĂ©pendants, nous disposons,dans des sources externes, de donnĂ©es sur la rĂ©partition des enfants bĂ©nĂ©ficiaires enfonction des taux et de l’ñge. Nous fournissons ces donnĂ©es externes ainsi quecelles produites sur la base du module FAMAL dans les tableau 14 et tableau 15.

TABLEAU 14 : NOMBRE D’ENFANTS BENEFICIAIRES EN FONCTION DE L’ECHELLE ET DE LA CLAS-SE D’AGE DANS LE REGIME DES TRAVAILLEURS SALARIES ET A PARTIR A LA FOIS D’UNE SOURCEEXTERNE ET DU MODULE FAMAL (41)

(40) Les principes de base de ce module sont explicités dans Bay e.a. (2007b). La version la plusrécente du code source est présentée dans SPF Sécurité sociale (2011d).(41) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a), p. 159 (tableau30 juin 2008).

694

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

0-6 ans 6-12 ans 12-18 ans 18-25 ans + 25 ans TotalSource externe

Taux ordinaires 478.228 442.491 435.407 234.807 16.636 1.607.569 Taux invalides 13.215 19.193 26.204 13.876 0 72.488 Taux orphelins 1.550 5.719 13.011 11.730 0 32.010 Taux pensionnés et chÎmeurs 57.072 58.938 59.545 29.954 0 205.509

Total 550.065 526.341 534.167 290.367 16.636 1,917.576

Résultats de la simulation Taux ordinaires 448.806 461.547 450.699 238.255 13.734 1.613.042 Taux invalides 14.752 22.220 29.716 15.367 752 82.807 Taux orphelins 1.171 3.962 8.667 7.601 168 21.569 Taux pensionnés et chÎmeurs 56.906 64.901 61.781 33.448 312 217.348

Total 521.636 552.630 550.863 294.671 14.966 1.934.765

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TABLEAU 15 : NOMBRE D’ENFANTS BENEFICIAIRES EN FONCTION DES TAUX ET DE LA CLASSED’AGE, DANS LE REGIME DES TRAVAILLEURS INDEPENDANTS ET A PARTIR A LA FOIS D’UNE SOURCEEXTERNE ET DU MODULE FAMAL (42)

FAMAL surestime lĂ©gĂšrement le nombre d’enfants bĂ©nĂ©ficiaires, tant dans le rĂ©gimedes travailleurs salariĂ©s que dans celui des travailleurs indĂ©pendants (voir la colonneet la ligne ‘Total’ des tableau 14 et tableau 15). Cette surestimation du nombre decas ne revient pas systĂ©matiquement dans les diffĂ©rents groupes d’ñges ou les diffĂ©-rents taux.

FAMAL surestime bien, dans les deux cas, le nombre de cas dans les taux ordinaires,mais ici aussi, les diffĂ©rences entre la source externe et l’output du module sem-blent relativement limitĂ©es compte tenu du nombre total de cas qui devraient ĂȘtreproduits (voir les lignes ‘Taux ordinaires’ des tableau 14 et tableau 15).

Dans le régime des travailleurs salariés, FAMAL surestime sensiblement le nombrede cas dans le taux invalides et celui des pensionnés et chÎmeurs et cela a bienentendu des répercussions sur le calcul ultérieur des compléments sociaux.

Il est enfin frappant de constater que le nombre d’enfants bĂ©nĂ©ficiaires Ă  tauxorphelins est sensiblement sous-estimĂ© dans les deux rĂ©gimes. Cette sous-estimationrevient systĂ©matiquement dans toutes les catĂ©gories d’ñge (voir les lignes ‘Tauxorphelins’ de tableau 14 et tableau 15). Cela peut rĂ©sulter directement de problĂšmesde construction de la variable NAREGNIS_CIVIL dans la mesure oĂč le statut d’orphe-lin est, dans le module FAMAL, dĂ©rivĂ© du veuvage du parent survivant (43).

(42) Les donnĂ©es de la source externe proviennent du SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011a), p. 265 (tableau30 juin 2008). Bien que l’Institut national d’assurances sociales pour travailleurs indĂ©pendants ne rap-porte plus les donnĂ©es relatives Ă  l’échelle des pensions, ces donnĂ©es continuent d’ĂȘtre reprisessĂ©parĂ©ment car le tarif reste diffĂ©rent dans la lĂ©gislation (voir Put (2008), p. 798).(43) Voir tableau 5 dans Van Camp (2011).

695

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

0-6 ans 6-12 ans 12-18 ans 18-25 ans + 25 ans TotalSource externe

Taux ordinaires 37.446 50.678 60.864 43.096 578 192.662 Taux invalides 182 359 675 640 66 1.922 Taux orphelins 213 895 2.222 2.675 3.435 9.440 Taux pensionnés et chÎmeurs 0 0 0 0 0 0

Total 37.841 51.932 63.761 46.411 4.079 204.024

Résultats de la simulation Taux ordinaires 32.433 52.651 66.982 45.760 1.798 199.623 Taux invalides 308 522 1.202 939 0 2.971 Taux orphelins 131 332 899 1.465 36 2.862 Taux pensionnés et chÎmeurs 474 579 944 776 9 2.783

Total 33.347 54.083 70.027 48.939 1.842 208.239

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En ce qui concerne les fonctionnaires, nous ne disposons pas de donnĂ©es externesselon les taux et par groupe d’ñge. Dans le tableau 16 nous ne faisons Ă©tat que dunombre total d’enfants bĂ©nĂ©ficiaires dans le rĂ©gime des fonctionnaires et de la subdi-vision sur la base des taux dans lesquels les enfants sont classĂ©s.

TABLEAU 16 : NOMBRE D’ENFANTS BENEFICIAIRES EN FONCTION DES TAUX DANS LE REGIMEDES FONCTIONNAIRES ET A PARTIR DE LA SOURCE EXTERNE ET DU MODULE FAMAL (44)

Le nombre total d’enfants bĂ©nĂ©ficiaires dans le rĂ©gime des fonctionnaires est sous-estimĂ©. Cela semble rĂ©sulter directement d’un manque de cas dans les taux ordi-naires, car le total des cas dans les autres taux est, sur la base des donnĂ©es FAMAL,proche des chiffres externes (il faut pour cela comptabiliser, dans les 2 colonnes dutableau 16, les lignes autres que les taux ordinaires). En ce qui concerne les diffĂ©-rents taux, on observe toutefois une surestimation flagrante du nombre de cas dansles taux invalides et une sous-estimation des bĂ©nĂ©ficiaires dans les taux ‘pensionnĂ©set chĂŽmeurs’.

Le nombre total d’enfants bĂ©nĂ©ficiaires dans le rĂ©gime des allocations familialesgaranties est de 14.675 unitĂ©s. Sur la base du module FAMAL, ce sont 18.802 unitĂ©squi sont classĂ©es dans ce rĂ©gime pour l’annĂ©e 2008.

Nous surestimons sans doute aussi le nombre total de cas avec droit Ă  un complĂ©-ment monoparental. Ce droit est accordĂ© Ă  134.311 enfants, sur la base du moduleFAMAL. Nous ne disposons de donnĂ©es externes concernant ce droit que pour lescas figurant dans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s. En 2008, 94.908 enfants avaientdroit Ă  un complĂ©ment monoparental (45). Le nombre d’enfants ouvrant ce droitdans le rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants est, semble-t-il, infĂ©rieur Ă  40.000.

Enfin, nous comparons aussi, dans le tableau 17, les dĂ©penses totales obtenues pourchaque rĂ©gime sur la base du module FAMAL avec les dĂ©penses rapportĂ©es dans unesource externe. Contrairement Ă  la pratique en cours dans le reste du texte, lesdonnĂ©es de la colonne ‘Source externe’ sont des donnĂ©es de l’annĂ©e budgĂ©taire2007 car la plupart des paramĂštres du systĂšme d’allocations familiales sont restĂ©sinchangĂ©s tout au long de l’annĂ©e 2007 et parce que les montants ont connu

(44) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a), p. 382 (tableauavec situation au 31 décembre 2009).(45) Voir ONAFTS (2011), p. 26.

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

Source externe Résultats de la simulationTaux ordinaires 427.124 414.379 Taux invalides 7.870 18.533 Taux orphelins 7.418 6.654 Taux pensionnés et chÎmeurs 28.923 13.933 Total 471.335 453.500

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quelques adaptations en 2008. Puisque nos simulations sont effectuées avec desparamÚtres du 1er janvier 2008, nous supposons que le coût simulé est le plusproche des dépenses de 2007.

TABLEAU 17 : DEPENSES ALLOCATIONS FAMILIALES SUR LA BASE DU REGIME ET A PARTIR DE LASOURCE EXTERNE ET DU MODULE FAMAL, EN 1.000 EUR (46)

MalgrĂ© la surestimation limitĂ©e du nombre d’enfants bĂ©nĂ©ficiaires dans les rĂ©gimesdes travailleurs salariĂ©s et des travailleurs indĂ©pendants et une surestimation dunombre de bĂ©nĂ©ficiaires des principaux complĂ©ments sociaux dans le rĂ©gime destravailleurs salariĂ©s, le budget total est tout de mĂȘme lĂ©gĂšrement sous-estimĂ©, dansles deux cas. Les causes possibles de ces observations doivent encore ĂȘtre Ă©tudiĂ©esde maniĂšre plus approfondie.

La sous-estimation du budget versĂ© aux fonctionnaires et la surestimation du budgetdes allocations familiales garanties sont conformes aux attentes compte tenu, res-pectivement, de la sous-estimation et de la surestimation du nombre total d’enfantsbĂ©nĂ©ficiaires dans ces rĂ©gimes.

3.6. CONTRIBAvec le module CONTRIB, les cotisations et rĂ©ductions de cotisations sur les reve-nus du travail sont modĂ©lisĂ©es, au mĂȘme titre que les retenues sur une sĂ©rie de reve-nus de remplacements (47).

En ce qui concerne les revenus du marché du travail, le régime de cotisations estétroitement lié au statut sur le marché du travail. Le tableau 18 reprend les nombresde travailleurs en fonction des statuts créés sur la base du module CONTRIB.

(46) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a), p. 161 (colonne2007), p. 267 (colonne 2007) et p. 381 (colonne 2006).(47) Les principes de base de ce module sont explicités dans Bay e.a. (2007a). La version la plusrécentet du code source est présentée dans SPF Sécurité sociale (2011d).

697

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

Source externe Montants simulés

Différence entre le montant simulé et la source externe, en

pourcentageTravailleurs salariés 3.693.798 3.674.163 -0,5 Travailleurs indépendants 355.031 342.131 -3,6 Fonctionnaires 875.000 832.284 -4,9 Allocations familiales garanties 32.842 47.565 44,8

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TABLEAU 18 : NOMBRE DE TRAVAILLEURS EN FONCTION DU STATUT ET SUR LA BASE DE LASOURCE EXTERNE ET DU MODULE CONTRIB (48)

Le tableau 18 montre que les sources de comparaison des agrĂ©gats reconstituĂ©s dansle module CONTRIB sont trĂšs peu nombreuses. L’ONSS publie par exemple desdonnĂ©es relatives au statut Ă  la fin du trimestre, mais pas le cumul annuel de tous lesindividus qui, tout au long d’une annĂ©e, ont pu ĂȘtre classĂ©s dans un statut donnĂ©.

Si on compare les rĂ©sultats CONTRIB des trois premiĂšres lignes avec les donnĂ©esrelatives au statut Ă  la fin du trimestre, on constate d’emblĂ©e que les agrĂ©gatsCONTRIB sont nettement plus Ă©levĂ©s. L’exercice inverse, Ă  savoir la constitutiond’agrĂ©gats Ă  partir des individus dont un job Ă©tait connu Ă  la fin du trimestre, pour-rait aussi ĂȘtre rĂ©alisĂ© avec les donnĂ©es disponibles, mais cela n’a pas encore Ă©tĂ©effectuĂ©.

Le seul groupe pour lequel il existe une donnĂ©e comparable est celui des travailleursindĂ©pendants. L’estimation CONTRIB se rapproche manifestement bien de la tailletotale de ce groupe.

Les masses des différents groupes de travailleurs assujettis à des cotisations sont rap-portées dans le tableau 19.

TABLEAU 19 : MASSES ASSUJETTIES A DES COTISATIONS SUR LA BASE DE LA SOURCE EXTERNE ETDU MODULE CONTRIB, EN 1.000 EUR (49)

(48) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a), p. 242 (tableauavec situation au 31 décembre 2008).(49) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a), pp. 125 et 244(colonne 2008).

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

Source externe Données CONTRIB

Ouvriers NA NA 1.462.803 154.747 Employés NA NA 1.936.307 381.638 Fonctionnaires NA NA 651.831 Travailleurs indépendants 923.946 921.752

,

Source externe OutputCONTRIB

Différence entre le montant CONTRIB

et la source externe, en

pourcentageSalariés secteur privé 76.771.400 77.301.197 0,7 Salariés secteur public 33.256.900 34.014.882 2,3 Travailleurs indépendants 14.947.831 14.661.613 -1,9

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Manifestement, les données disponibles se rapprochent bien des masses des diffé-rents sous-groupes assujettis à des cotisations.

L’objectif est surtout de disposer, en cas d’utilisation ultĂ©rieure des composantes derevenus, de revenus bruts diminuĂ©s des cotisations ou prĂ©lĂšvements personnelspour ensuite, pouvoir y appliquer les rĂšgles pertinentes pour la fixation de l’impĂŽtsur les personnes physiques. La base utilisĂ©e pour fixer les cotisations et l’impĂŽt despersonnes physiques des travailleurs indĂ©pendants est la mĂȘme (50) et par consĂ©-quent, nous nous focalisons pleinement sur l’évaluation des cotisations personnellesperçues sur les revenus des salariĂ©s et la rĂ©duction de ces cotisations.

Le tableau 20 indique les cotisations et rĂ©ductions de cotisations estimĂ©es, ainsi queles donnĂ©es qui devraient leur ĂȘtre comparables sur la base d’une source externe.

TABLEAU 20 : COTISATIONS PERSONNELLES ET REDUCTIONS DE COTISATIONS SUR LA BASE DELA SOURCE EXTERNE ET DU MODULE CONTRIB, EN 1.000 EUR (51)

Les cotisations avant rĂ©duction des cotisations personnelles sont sous-estimĂ©es (52).Les dĂ©penses consenties sur le bonus Ă  l’emploi, qui inclut la rĂ©duction potentielledes cotisations, sont donc surestimĂ©es. Cette surestimation du bonus Ă  l’emploin’est probablement pas imputable Ă  une identification erronĂ©e des cas qui y ontdroit. Les nombres d’équivalents temps plein reconstituĂ©s et effectifs disposant dudroit Ă  un bonus Ă  l’emploi sont d’ores et dĂ©jĂ  proches l’un de l’autre.

Le rapport sur les agrĂ©gats dont question au tableau 20 ne fournit bien entenduaucune information sur la rĂ©partition. Pour voir si les rĂ©partitions effective etsimulĂ©e des cotisations personnelles aprĂšs rĂ©duction diffĂšrent l’une de l’autre, nousavons reprĂ©sentĂ© dans la figure 8 les fonctions de densitĂ© de ces deux conceptspour les travailleurs pour lesquels nous observons une rĂ©duction des cotisationsdans le fichier de l’ONSS.

(50) Pour ce point, voir Knapen (2011).(51) Les donnĂ©es de la source externe proviennent de sources diverses. Pour la ligne ‘Cotisations per-sonnelles avant rĂ©duction, voir SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011a), pp. 128 et 130. Pour les lignes ‘Montantbonus Ă  l’emploi’ et ‘Nombre d’équivalents temps plein bonus Ă  l’emploi’, voir ONSS (2011), tableaux7a et 7b, rĂ©duction des cotisations des travailleurs salariĂ©s avec consolidation du pouvoir d’achat.(52) En ce qui concerne cet agrĂ©gat de la source externe, il convient toutefois de souligner qu’il fautencore examiner plus en dĂ©tails s’il s’agit lĂ  de la donnĂ©e de comparaison la plus appropriĂ©e. 699

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

,

Source externe OutputCONTRIB

Différentiel entre le montant

CONTRIB et la source externe, en pourcentage

Cotisations personnelles avant rĂ©duction 12.586.858 12.080.776 -4,0 Montant bonus Ă  l’emploi 698.863 754.754 8,0 Nombre d’équivalents temps plein bonus Ă  l’emploi 1.047.113 1.062.580 1,5

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FIGURE 8 : FONCTIONS DE DENSITE DES COTISATIONS PERSONNELLES SIMULEES ET OBSERVEESAPRES REDUCTION DES COTISATIONS (SOUS-GROUPE TRAVAILLEURS SALARIES ONSS AVECREDUCTION DE COTISATIONS)

La figure 8 montre que les rĂ©partitions des cotisations effectives et simulĂ©es dimi-nuĂ©es des rĂ©ductions de cotisations connaissent une Ă©volution trĂšs similaire.Comme on pouvait s’y attendre au vu des agrĂ©gats, les montants simulĂ©s bas sontplus nombreux et les montants simulĂ©s Ă©levĂ©s moins nombreux que les montantseffectifs.

3.7. PITLe module PIT commence par reconstituer les unitĂ©s fiscales, autrement dit cellescensĂ©es introduire une dĂ©claration d’impĂŽts (53). Les revenus imposables observĂ©s(Ă  savoir les montants bruts diminuĂ©s des cotisations ou retenues personnellesversĂ©es) sont ensuite imputĂ©s Ă  ces unitĂ©s reconstituĂ©es. On calcule ensuite l’impĂŽtsur les personnes physiques dĂ» par chaque entitĂ© fiscale, en tenant compte desrĂ©ductions potentielles pour la composition du mĂ©nage, des compensations pour lespersonnes handicapĂ©es Ă  charge et des rĂ©ductions pour les revenus de remplace-ment.

(53) Les principes de base de ce module sont explicités dans Decoster e.a. (2007a). La version la plusrécente du code source est présentée dans SPF Sécurité sociale (2011d).

700

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

0

0,0001

0,0002

0,0003

0,0004

0,0005

0,0006

0,0007

0,0008

0,0009

0,001

012

625

337

950

563

175

888

410

1011

3612

6313

8915

1516

4117

6818

9420

2021

4622

7323

99

Montant sur une base trimestrielle, en euros

Fonc

tion

de d

ensi

té

Cotisations personnelles observées aprÚs réduction

Cotisations personnelles simulées aprÚs réduction

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Il est Ă©vident que nous ne pouvons, sur la base des donnĂ©es disponibles, reconsti-tuer la totalitĂ© du processus d’imposition. Certaines composantes du revenu aug-mentant le revenu imposable global ou sĂ©parĂ© font ainsi dĂ©faut, comme le revenumobilier, le revenu immobilier et les revenus divers. Nous ne disposons pas nonplus de l’ensemble des dĂ©penses qui peuvent ĂȘtre dĂ©duites du revenu imposable etdes dĂ©penses qui engendrent Ă©ventuellement un crĂ©dit d’impĂŽts. En ce qui concer-ne les charges Ă©ventuelles liĂ©es Ă  la profession exercĂ©e, le module PIT applique unschĂ©ma forfaitaire si nĂ©cessaire.

Le nombre pondĂ©rĂ© d’unitĂ©s fiscales obtenu une fois ces rĂšgles appliquĂ©es s’élĂšve Ă 5.973.954 unitĂ©s. Il s’agit lĂ  d’une sous-estimation du nombre effectif de 6.143.173unitĂ©s rapportĂ© par la DGSIE pour l’exercice d’imposition 2009 (revenus 2008) (54).Cette sous-estimation pourrait s’expliquer par le fait que nous ne retirons pas lespersonnes Ă  charge d’une unitĂ© fiscale lorsque le revenu de ces personnes n’est pasassez Ă©levĂ© pour devenir elles-mĂȘmes contribuables. ConcrĂštement, les enfants dis-posant par exemple d’un revenu personnel tirĂ© du travail ne sont donc pas reprisdans les rĂšgles de calcul avec un formulaire sĂ©parĂ© lorsque les revenus du travailn’excĂšdent pas le seuil exigĂ© pour rester enfant Ă  charge.

Les rĂ©sultats que nous obtenons sur la base du module PIT ne peuvent ĂȘtre Ă©valuĂ©sindividuellement car notre Ă©chantillon ne comprend pas de donnĂ©es relatives auximpĂŽts sur les personnes physiques. Le tableau 21 reprend donc une sĂ©rie d’agrĂ©-gats rapportĂ©s par la DGSIE pour l’exercice d’imposition 2009 (revenus 2008), sui-vie des rĂ©sultats pour des concepts Ă©quivalents basĂ©s sur le module PIT.

(54) Voir DGSIE (2011b).

701

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

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TABLEAU 21 : REVENU NET IMPOSABLE GLOBAL ET IMPOT DE L’EXERCICE D’IMPOSITION 2009 –BELGIQUE SUR LA BASE DE LA SOURCE EXTERNE ET DU MODULE PIT (REPARTITION EN DECILES ENFONCTION DU REVENU NET IMPOSABLE GLOBAL) (55)

(55) Les donnĂ©es de la source externe proviennent de la DGSIE (2011b), tableau B.1 : rĂ©partition endĂ©ciles du revenu net imposable global, des impĂŽts totaux et du taux d’imposition moyen.

702

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

)

DĂ©cile PercentileMontant total

revenu net imposable

En % du total

Montant total impĂŽt

En % du total

Taux d’imposition

moyen (en %)Source externe

1 881.090.524 0,5 13.646 0,0 0,0 2 5.185.634.199 3,2 72.588.052 0,2 1,4 3 7.491.804.651 4,7 161.670.093 0,4 2,2 4 9.190.184.310 5,6 708.429.848 1,8 7,7 5 11.257.736.991 6,9 1.459.065.907 3,7 13,0 6 13.558.257.618 8,3 2.535.803.998 6,5 18,7 7 16.276.426.069 9,9 3.520.213.331 9,0 21,6 8 20.367.817.827 12,4 5.018.103.088 12,8 24,6 9 27.493.259.624 16,8 7.718.778.101 19,7 28,1 91 3.361.125.300 2,1 1.020.380.638 2,6 30,4 92 3.520.440.662 2,1 1.090.161.732 2,8 31,0 93 3.700.288.961 2,3 1.171.860.432 3,0 31,7 94 3.904.114.254 2,4 1.265.583.744 3,2 32,4 95 4.145.462.385 2,5 1.372.671.598 3,5 33,1 96 4.447.023.528 2,7 1.510.664.604 3,9 34,0 97 4.842.265.753 3,0 1.691.625.974 4,3 34,9 98 5.417.005.578 3,3 1.951.061.372 5,0 36,0 99 6.468.450.597 3,9 2.418.940.860 6,2 37,4 100 12.650.775.385 7,7 4.423.280.218 11,3 35,0

10 52.456.952.401 32,0 17.916.231.173 45,8 34,2 Total 164.159.164.214 100,0 39.110.897.237 100,0 23,8

RĂ©sultats de la simulation 1 1.481.157.445 0,9 -78.381.271 -0,2 -5,3 2 6.015.172.194 3,7 56.799.800 0,1 0,9 3 7.710.496.535 4,7 203.224.593 0,5 2,6 4 9.393.800.038 5,7 818.103.518 2,0 8,7 5 11.728.615.659 7,2 1.864.432.608 4,5 15,9 6 14.028.393.487 8,6 2.916.179.877 7,0 20,8 7 16.683.328.420 10,2 4.118.625.210 9,9 24,7 8 20.525.635.276 12,6 5.592.131.103 13,5 27,2 9 27.445.514.717 16,8 8.155.868.551 19,6 29,7 91 3.316.767.679 2,0 1.053.229.535 2,5 31,8 92 3.453.291.998 2,1 1.115.829.454 2,7 32,3 93 3.607.851.764 2,2 1.180.053.906 2,8 32,7 94 3.789.911.459 2,3 1.261.876.021 3,0 33,3 95 4.006.238.724 2,5 1.356.699.851 3,3 33,9 96 4.287.523.526 2,6 1.493.248.292 3,6 34,8 97 4.625.160.343 2,8 1.660.009.522 4,0 35,9 98 5.139.204.547 3,1 1.908.638.226 4,6 37,1 99 5.964.490.806 3,6 2.335.323.147 5,6 39,2 100 10.294.527.980 6,3 4.505.272.672 10,9 43,8

10 48.484.968.826 29,7 17.870.180.626 43,0 36,9 Total 163.497.082.597 100,0 41.517.164.617 100,0 25,4

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Le tableau 21 nous apprend que nous sous-estimons le revenu imposable global etl’impĂŽt des personnes physiques dĂ» sur la base du module PIT (comparez les lignes‘Total’ des sous-tableaux ‘Source externe’ et ‘RĂ©sultats de simulation’).

La sous-estimation du revenu net imposable global n’apparaĂźt pas systĂ©matiquementdans tous les dĂ©ciles. Nous constatons une surestimation pour les huit premiersdĂ©ciles et une sous-estimation pour les 9e et 10e dĂ©ciles (voir colonne ‘Montanttotal revenu net imposable’ dans le tableau 21). On peut donc supposer que lesrevenus imposables manquants sont supĂ©rieurs aux dĂ©penses dĂ©ductibles man-quantes, en particulier pour les dĂ©ciles les plus Ă©levĂ©s. La surestimation de l’impĂŽtdes personnes physiques dĂ» revient donc systĂ©matiquement pour tous les dĂ©ciles, Ă l’exception des deux premiers et deux derniers (voir colonne ‘Montant total impĂŽt’dans le tableau 21).

A priori, l’influence des deux diffĂ©rences sur le taux d’imposition moyen n’est pasclaire. Il apparaĂźt de la figure 9 que ce taux d’imposition moyen est systĂ©matique-ment surestimĂ©, sauf pour les deux premiers dĂ©ciles. A partir du quatriĂšme dĂ©cile,cette diffĂ©rence est comprise entre 1,0 et 3,1 points de pourcentage. La diffĂ©renceentre les deux concepts est, y compris pour les percentiles les plus Ă©levĂ©s, infĂ©rieu-re Ă  3,1 points de pourcentage, sauf dans le cas du percentile le plus Ă©levĂ© (compa-rez Ă  cet effet les lignes ‘Percentile’ de la colonne ‘Taux d’imposition moyen dessous-tableaux ‘Source externe’ et ‘RĂ©sultats de simulation’ dans le tableau 21).

FIGURE 9 : TAUX D’IMPOSITION MOYEN EN POURCENTAGE ET PAR DECILE, SUR LA BASE DE LASOURCE EXTERNE ET DU MODULE PIT (56)

(56) Les donnĂ©es de la source externe proviennent de la DGSIE (2011b), tableau B.1 : rĂ©partition endĂ©ciles du revenu net imposable global, de l’impĂŽt global et du taux d’imposition moyen.

703

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

-10,0

0,0

10,0

20,0

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50,0

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Valeur de décile

Pour

cent

age

Taux d'imposition moyen sur la base de la source externe

Taux d'imposition moyen sur la base du module PIT

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La surestimation du taux d’imposition moyen, illustrĂ©e dans la figure 9, est sansdoute due, notamment, Ă  l’absence d’une sĂ©rie de dĂ©penses dĂ©ductibles. CesdĂ©penses sont gĂ©nĂ©ralement rĂ©parties de maniĂšre moins Ă©quitable que le revenuimposable (57). On peut aussi supposer que leur part augmente au fur et Ă  mesureque le revenu augmente.

3.8. SOCBENDans le module SOCBEN, on commence par identifier le droit Ă  une sĂ©rie de presta-tions d’aide sociale. (58).Une distinction est Ă©tablie entre a) le droit au revenud’intĂ©gration, b) le droit Ă  une garantie de revenus pour personnes ĂągĂ©es (GRAPA)ou au revenu garanti aux personnes ĂągĂ©es (RGPA) et c) les allocations aux per-sonnes handicapĂ©es. Ces droits sont identifiĂ©s principalement Ă  partir des variablesde statut encodĂ©es qui sont fournies par les institutions payant les droits respectifs.

La condition de ressources est ensuite rĂ©pliquĂ©e pour chaque versement effectuĂ©, Ă l’aide des composantes de revenu fournies par les autres modules. Nous ne dispo-sons toutefois pas de toutes les composantes de revenu qui pourraient ĂȘtre prises enconsidĂ©ration dans le cadre des conditions de ressources exĂ©cutĂ©es pour les diffĂ©-rents droits. Nous n’observons donc rien en ce qui concerne le patrimoine mobilieret immobilier de l’ayant droit potentiel. Les composantes de revenu au sujet des-quelles nous ne savons rien sont, dans cette application, dĂ©finies comme Ă©tantĂ©gales Ă  zĂ©ro.

Le tableau 22 montre une sĂ©rie d’agrĂ©gats des ayants droit qui sont identifiĂ©s par lemodule SOCBEN aprĂšs application des conditions de ressources pertinentes et desdonnĂ©es comparables issues de sources externes.

(57) Voir graphique 37, p. 108 dans Decoster e.a. (2011).(58) Aucune note avec les principes de base n’a Ă©tĂ© Ă©dictĂ©e pour ce module. La version la plusrĂ©cente du code source est prĂ©sentĂ©e dans SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011d).

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

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TABLEAU 22 : BENEFICIAIRES SELON LE TYPE DE PRESTATION D’AIDE SOCIALE ET SUR LA BASE ALA FOIS DE LA SOURCE EXTERNE ET DU MODULE SOCBEN (59)

On peut dĂ©duire du tableau 22 que le nombre de bĂ©nĂ©ficiaires des diffĂ©rentes pres-tations d’aide est systĂ©matiquement sous-estimĂ© avec une valeur variant entre 9 % et20 % du nombre total de bĂ©nĂ©ficiaires.

En ce qui concerne le revenu d’intĂ©gration et la garantie de revenus aux personnesĂągĂ©es, cette sous-estimation s’explique surtout par la sous-estimation du nombre debĂ©nĂ©ficiaires cohabitants et isolĂ©s. Dans le cas des allocations aux personnes handi-capĂ©es, cela rĂ©sulte principalement d’une sous-estimation des bĂ©nĂ©ficiaires d’uneallocation de remplacement de revenus ou d’intĂ©gration.

Ces sous-estimations observĂ©es s’expliquent probablement par la maniĂšre dont lesconditions de ressources sont rĂ©pliquĂ©es dans le module SOCBEN. GrĂące aux infor-mations fournies par les institutions payantes, nous savons en effet de maniĂšre assezprĂ©cise qui a reçu effectivement l’ouverture d’un droit. La comparaison entre, d’unepart, le nombre observĂ© de bĂ©nĂ©ficiaires d’un droit au revenu d’intĂ©gration ou Ă  uneaide financiĂšre et le nombre de personnes disposant d’une allocation pour per-sonnes handicapĂ©es et, d’autre part, des donnĂ©es externes (60) montre aussi queces groupes sont relativement bien estimĂ©s Ă  partir des statuts observĂ©s dans l’é-chantillon.

(59) Les donnĂ©es de la source externe proviennent du SPF SĂ©curitĂ© sociale (2012) p. 338 (Revenud’intĂ©gration, moyenne 2008 et 2009 dans tableaux 1.1 et 1.3), SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011a) pp. 326(AI/ARR et APA) et du SPF SĂ©curitĂ© sociale (2010) p. 357 (GRAPA/RGPA).(60) Voir tableau 10 et tableau 11 dans Van Camp (2011).

705

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

Source externe

Nombre simulé

Différence entrenombre simulé et lasource externe, enpourcentage

Revenu d’intĂ©gration Cohabitants avec une ou plusieurs personne(s) 28,629 21,949 -23.3 IsolĂ©s 47,593 36,691 -22.9 Cohabitants avec personnes Ă  charge 28,556 25,407 -11.0

Total 104,777 84,047 -19.8

GRAPA/RGPADroit à la GRAPA et isolé 54,894 51,713 -5.8 Droit à la GRAPA et cohabitant 24,255 17,922 -26.1 RGPA 14,468 15,729 8.7

Total 93,617 85,364 -8.8

Allocations aux personnes handicapĂ©esAllocation de remplacement de revenus et allocationd’intĂ©gration (ARR/AI) 139,233 111,242 -20.1

Allocation d’aide aux personnes ĂągĂ©es (APA) 126,816 124,472 -1.8

Total 266,049 235,714 -11.4

le

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Lâ€™â€˜Ă©chec’ de la condition de ressources mise en Ɠuvre ici pourrait s’expliquer par lefait que la condition de ressources rĂ©ellement mise en Ɠuvre est difficilement rĂ©pli-cable avec nos donnĂ©es. Pour ce faire, nous utilisons en effet des revenus sur unebase annuelle et appliquons sur ces donnĂ©es une condition de ressources. Dansnotre cas, tous les revenus perçus aprĂšs l’extinction Ă©ventuelle d’un droit sont doncbien pris en considĂ©ration dans le cadre de l’exĂ©cution de la condition de res-sources. Tout individu qui, pendant les deux premiers mois de l’annĂ©e, a perçu unrevenu d’intĂ©gration complet et perd ensuite ce droit pendant les dix mois suivants,parce qu’il perçoit un revenu du travail, sera tout d’abord identifiĂ©, sur la base denos donnĂ©es, comme un bĂ©nĂ©ficiaire potentiel, mais ne percevra pas d’allocationssur la base de la condition de revenus appliquĂ©e.

Cet argument ne pourrait toutefois jouer que pour les groupes dont le revenu varietout au long de l’annĂ©e, en particulier parce que les personnes concernĂ©es changentd’activitĂ© professionnelle. Cela pourrait donc expliquer la sous-estimation des ayantsdroit au revenu d’intĂ©gration et, dans une moindre mesure, les cas AI/ARR. L’argu-ment semble par contre moins plausible pour les prestations d’aide aux personnesĂągĂ©es. Il faudra donc examiner de plus prĂšs quels arguments permettraient encored’expliquer la sous-estimation rĂ©currente du nombre de bĂ©nĂ©ficiaires.

Dans le tableau 23 nous reprenons enfin les dĂ©penses totales obtenues par type d’al-locations sur la base du module SOCBEN, ainsi que celles rapportĂ©es dans une sour-ce externe.

TABLEAU 23 : DEPENSES D’AIDE SOCIALE SELON LE REGIME ET SUR LA BASE DE LA SOURCEEXTERNE ET DU MODULE SOCBEN, EN 1.000 EUR (61)

MalgrĂ© la sous-estimation du nombre de titulaires d’un revenu d’intĂ©gration et de laGRAPA/ le montant des dĂ©penses observĂ© en externe est surestimĂ©. Une surestima-tion du budget pourrait ĂȘtre le rĂ©sultat de l’absence de certains Ă©lĂ©ments du revenuen appliquant le test des ressources. En ce qui concerne le revenu d’intĂ©gration, onpeut toutefois faire remarquer que le montant de la source externe n’est pas lemeilleur point de rĂ©fĂ©rence pour le montant simulĂ©. Le montant simulĂ© comprend, Ă 

(61) Les donnĂ©es de la source externe proviennent du SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011a) pp. 319 (Revenud’intĂ©gration), 324 (GRAPA/RGPA) et 327 (AI/ARR et APA).

706

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

Source externe Montants simulés

Différence entre le montant simulé et la source externe, en

pourcentageRevenu d’intĂ©gration 369,948 516,541 39.6

GRAPA/RGPA 392,278 435,237 11.0

AI/ARR 1,013,536 802,247 -20.8

APA 416,412 352,200 -15.4

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la fois les dĂ©penses du gouvernement fĂ©dĂ©ral et la partie assumĂ©e par le gouverne-ment local, tandis que le point de rĂ©fĂ©rence dans la source externe, couvre seule-ment les dĂ©penses du gouvernement fĂ©dĂ©ral. En plus, le montant externe concernĂ©comprend sans doute aussi des montants allouĂ©s aux CPAS par le SPP IntĂ©grationsociale mais qui ne sont pas simulĂ©s ici. Comment obtenir un montant de rĂ©fĂ©renceplus appropriĂ© pour le montant simulĂ© n’est actuellement pas clair.

Si on en juge le nombre estimĂ© de bĂ©nĂ©ficiaires, la sous-estimation du budgetAI/ARR est conforme aux attentes. La sous-estimation du budget APA est inattenduecompte tenu de la diffĂ©rence limitĂ©e entre le nombre de bĂ©nĂ©ficiaires rapportĂ©s enexterne et le nombre de bĂ©nĂ©ficiaires reconstituĂ©. La recherche d’explications pources diffĂ©rentes observations doit donc faire l’objet d’une Ă©tude complĂ©mentaire.

4. DESCRIPTION DU MODULE EVAL

Le module d’évaluation (EVAL) du modĂšle rassemble une sĂ©rie de critĂšres avant etaprĂšs une reconstitution simulĂ©e. Deux grands clusters d’informations peuvent ĂȘtredistinguĂ©s dans le rapport produit par EVAL.

D’une part, une sĂ©rie d’agrĂ©gats budgĂ©taires sont rĂ©unis. Ces concepts proviennentdirectement des diffĂ©rents modules partiels. La performance du modĂšle pourl’annĂ©e de base 2008 a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© discutĂ©e dans la section prĂ©cĂ©dente, pour quelques-uns des agrĂ©gats rapportĂ©s.

D’autre part, le module d’évaluation calcule Ă©galement une sĂ©rie de critĂšres derĂ©partition complĂ©mentaires. L’inĂ©galitĂ© de rĂ©partition des revenus est, parexemple, rĂ©sumĂ©e en calculant un critĂšre d’inĂ©galitĂ© comme le coefficient Gini,avant et aprĂšs la reconstitution. Des pourcentages de risque de pauvretĂ© et autrestableaux avec vainqueurs et perdants, subdivisĂ©s en une sĂ©rie de dimensions, sontĂ©galement calculĂ©s.

Le revenu disponible Ă©quivalent occupe une place importante dans ces analyses derĂ©partition (62). Ce concept constitue notamment la base pour la fixation d’un seuilde pauvretĂ© couramment utilisĂ©, fixĂ© Ă  60 % de la mĂ©diane de la rĂ©partition nationa-le du revenu disponible Ă©quivalent.

La mĂ©diane du revenu disponible Ă©quivalent, obtenue sur la base de l’échantillonMIMOSIS 2009 (revenus 2008), est de 1.486 EUR par mois, soit une norme de pau-vretĂ© estimĂ©e Ă  892 EUR. La norme ‘officielle’ pour la Belgique est de 966 EUR(donnĂ©e basĂ©e sur EU_SILC 2009 (revenus 2008)) (63).

(62) Le concept ‘revenu disponible’ est explicitĂ© de maniĂšre plus dĂ©taillĂ©e dans European Commis-sion (2003).(63) Voir Eurostat (2011).

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MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

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Le fait que la mĂ©diane du revenu disponible Ă©quivalent soit sous-estimĂ©e par rapport Ă EU_SILC n’est pas Ă©tonnant. Certaines composantes comme les revenus de biensimmobiliers et les transferts entre mĂ©nages, qui sont utilisĂ©es pour calculer le conceptEU_SILC, n’ont pas Ă©tĂ© reprises dans l’échantillon MIMOSIS. Les impĂŽts des personnesphysiques sont Ă©galement surestimĂ©s car certaines donnĂ©es pertinentes pour fixerl’impĂŽt des personnes physiques font dĂ©faut. Pour expliquer le rĂŽle jouĂ© par ces diffĂ©-rentes composantes dans la diffĂ©rence entre les deux concepts, une Ă©tude plus appro-fondie est nĂ©cessaire. Dans le prĂ©sent document, nous n’approfondissons pas cettequestion, mais nous montrons dans la figure 10, pour chaque percentile du revenudisponible Ă©quivalent, la valeur moyenne du revenu disponible Ă©quivalent observĂ©dans EU_SILC 2009 et sur la base de l’échantillon MIMOSIS 2009 (64).

FIGURE 10 : REVENU DISPONIBLE EQUIVALENT, EN EUR PAR MOIS (VALEUR MOYENNE PAR PER-CENTILE) (65)

Il apparaĂźt de la figure 10 que le revenu disponible Ă©quivalent sur la base de MIMO-SIS est systĂ©matiquement sous-Ă©valuĂ© par rapport Ă  EU_SILC pour tous les percen-tiles, Ă  l’exception du premier. Le revenu disponible Ă©quivalent dans le premier per-centile est, sur la base des donnĂ©es EU_SILC, nĂ©gatif, alors que, sur la base desdonnĂ©es MIMOSIS, il est estimĂ© Ă  un montant trĂšs lĂ©gĂšrement positif.

(64) La valeur de percentile reprise dans cette figure et les figures suivantes est systĂ©matiquementĂ©laborĂ©e Ă  partir de la rĂ©partition des donnĂ©es dans la source mĂȘme. Les donnĂ©es par source sontdonc systĂ©matiquement produites de maniĂšre parfaitement indĂ©pendantes les unes des autres.(65) Les valeurs de percentiles sur la base d’EU_SILC ne sont pas accessibles au public, mais sontcommuniquĂ©es par la DGSIE, sur demande.

708

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-1000

0

1000

2000

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4000

5000

6000

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9000

1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56 61 66 71 76 81 86 91 96

Val r de percentile

Valu

er m

oyen

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ar p

erce

ntile

Revenu disponible Ă©quivalent (EU_SILC 2009)Revenu disponible Ă©quivalent (Ă©chantillon MIMOSIS 2009)

eu

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Les rĂ©partitions des deux concepts sont manifestement proches l’une de l’autre. LesdonnĂ©es de la figure 10 ne permettent toutefois pas de dĂ©terminer dans quellemesure les valeurs de percentiles moyennes diffĂšrent les unes des autres. La figure11 reprend donc la diffĂ©rence en pourcentage entre les deux concepts, pourchaque percentile Ă  l’exception du premier.

FIGURE 11 : DIFFERENCE ENTRE LE REVENU DISPONIBLE EQUIVALENT SUR LA BASE DE L’ECHAN-TILLON MIMOSIS 2009 ET D’EU_SILC 2009, EN POURCENTAGE

Il apparaĂźt de la figure 11 que pour la plupart des percentiles, le revenu disponibleĂ©quivalent sur la base de MIMOSIS est sous-estimĂ© de 10 % ou moins. Ce n’est quepour les deux percentiles les plus bas et les deux percentiles les plus Ă©levĂ©s que ladiffĂ©rence excĂšde 20 %. C’est entre le 10e et le 20e percentile que les concepts sontles plus proches, et ce dans les deux sources. A partir du 20e percentile, la diffĂ©ren-ce augmente de maniĂšre plus ou moins progressive entre les diffĂ©rents percentiles.

A cause de ces diffĂ©rentes variables pour chaque percentile et dans la mesure oĂčcette diffĂ©rence s’explique par plusieurs facteurs, nous procĂ©dons, pour chaquepercentile, Ă  une correction de la rĂ©partition du revenu disponible Ă©quivalent,simulĂ©e Ă  l’aide de MIMOSIS. Le facteur de correction qui sera appliquĂ© est Ă©gal Ă  ladiffĂ©rence en pourcentage entre la valeur EU_SILC basĂ©e sur les donnĂ©es EU_SILCde 2009 et la valeur obtenue pour MIMOSIS sur la base de l’échantillon 2009 pourl’exercice d’imposition et de cotisations 2008.

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MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...

-80,0

-70,0

-60,0

-50,0

-40,0

-30,0

-20,0

-10,0

0,02 7 12 17 22 27 32 37 42 47 52 57 62 67 72 77 82 87 92 97

Valeur de percentile

Pour

cent

age

Différence entre le revenu disponible équivalent échantillon MIMOSIS 2009 et EU_SILC 2009

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La mĂ©diane de la rĂ©partition simulĂ©e du montant disponible Ă©quivalent, obtenueaprĂšs avoir appliquĂ© la procĂ©dure de correction pour l’annĂ©e de simulation 2008,s’élĂšve Ă  1.609 EUR par mois, soit le montant Ă©galement obtenu Ă  partir d’EU_SILC2009 (revenus 2008) (66).

Dans les tableau 24 et tableau 25, nous rapportons, pour le scĂ©nario de base MIMOSISde 2008, simulĂ© avec l’échantillon 2009 (revenus 2008), les pourcentages de risque depauvretĂ© avant et aprĂšs la procĂ©dure de correction dĂ©crite ci-dessus du revenu dispo-nible Ă©quivalent divisĂ© par, respectivement, la catĂ©gorie d’ñge et la rĂ©gion.

TABLEAU 24 : POURCENTAGE DE RISQUE DE PAUVRETE PAR CATEGORIE D’AGE, AVANT ET APRESCORRECTION DU REVENU DISPONIBLE EQUIVALENT

TABLEAU 25 : POURCENTAGE DE RISQUE DE PAUVRETE PAR REGION, AVANT ET APRES CORREC-TION DU REVENU DISPONIBLE EQUIVALENT

(66) Voir DGSIE (2011c).710

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

Q

Part du groupe dans la population

Pourcentage de risque de pauvreté avant correction du revenu disponible équivalent

Pourcentage de risque de pauvreté aprÚs correction du revenu disponible équivalent

0 - 4 ans 5,3 16,2 17,5 5 - 9 ans 5,4 14,5 15,9

10 -14 ans 5,7 14,6 16,1 15 - 19 ans 6,1 15,9 17,5 20 - 24 ans 5,9 12,5 13,6 25 - 29 ans 6,3 10,5 11,2 30 - 34 ans 6,1 10,4 11,4 35 - 39 ans 6,8 10,8 11,7 40 - 44 ans 7,4 11,0 12,1 45 - 49 ans 7,6 10,2 11,2 50 - 55 ans 7,0 10,5 11,3 56 - 59 ans 6,5 12,1 12,8 60 - 64 ans 6,0 14,2 15,3 65 - 69 ans 4,4 15,7 17,5 70 - 74 ans 4,5 18,1 20,6 75 - 79 ans 4,0 18,3 20,9 80 - 84 ans 2,9 17,6 20,0 85 - 89 ans 1,6 14,4 17,0 90 - 94 ans 0,4 11,5 14,0 >= 95 ans 0,1 12,5 14,5 Belgique 100,0 13,2 14,5

Q

Part du groupe dans la

population

Pourcentage de risque de pauvreté avant

correction du revenu disponible Ă©quivalent

Pourcentage de risque de pauvreté aprÚs

correction du revenu disponible Ă©quivalent

RĂ©gion de Bruxelles-Capitale 9,9 24,6 26,6 RĂ©gion flamande 57,7 9,7 10,8 RĂ©gion wallonne 32,3 16,0 17,3 Belgique 100,0 13,2 14,5

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Le pourcentage de la population sous le seuil de pauvretĂ© est, aprĂšs correction, de14,5 %. Compte tenu de la rĂ©partition initiale et de la procĂ©dure de correction appli-quĂ©e, il n’est pas tout Ă  fait Ă©tonnant que ce pourcentage soit proche de celuid’EU_SILC. Le pourcentage estimĂ© sur la base d’EU_SILC est en effet de 14,6 %. (67).

Comparer les diffĂ©rents rĂ©sultats du sous-groupe avec ceux d’EU_SILC permettraitd’en savoir plus sur la mesure dans laquelle les rĂ©sultats EU_SILC peuvent ĂȘtreestimĂ©s Ă  partir des donnĂ©es simulĂ©es ici.

Les rĂ©sultats sur base d’EU_SILC ne sont pas disponibles pour la rĂ©partition en fonc-tion de l’ñge, prĂ©sentĂ©e dans le tableau 24. Une autre rĂ©partition en fonction del’ñge est toutefois disponible sur la base d’EU_SILC et sera donc aussi produitecomme output du module EVAL.

En ce qui concerne la rĂ©partition rĂ©gionale, des donnĂ©es directement comparablessont toutefois disponibles pour la Flandre et la Wallonie (68). Le pourcentage derisque de pauvretĂ© pour la Flandre est, sur la base de l’échantillon MIMOSIS, lĂ©gĂšre-ment surĂ©valuĂ© par rapport Ă  EU_SILC (10,8 % sur la base de MIMOSIS et 10,1 % Ă partir d’EU_SILC). Le pourcentage de risque de pauvretĂ© pour la Wallonie est sous-estimĂ© (17,3 % sur la base de MIMOSIS et 18,4 % Ă  partir d’EU_SILC). En ce quiconcerne le pourcentage de 26,6 % estimĂ© pour Bruxelles, nous n’avons, commenous l’avons dĂ©jĂ  dit, aucune rĂ©fĂ©rence.

5. CONCLUSION

Le texte consistait en une prĂ©sentation d’un modĂšle de simulation basĂ© sur unĂ©chantillon de donnĂ©es administratives. Compte tenu de cette base, le modĂšle sesitue donc entre au moins deux alternatives, Ă  savoir un modĂšle dont l’input estprincipalement constituĂ© de donnĂ©es d’enquĂȘte et l’utilisation de l’ensemble de lapopulation administrative.

Par rapport Ă  l’utilisation de l’ensemble de la population, comme cela pourrait ĂȘtrele cas avec la base de donnĂ©es ‘MarchĂ© du travail et protection sociale’, notreapproche par Ă©chantillon prĂ©sente les inconvĂ©nients suivants :ïżœ les observations utilisĂ©es sont moins nombreuses que celles disponibles en rĂ©a-

litĂ©;ïżœ certaines variables disponibles ne peuvent ĂȘtre utilisĂ©es car elles ne peuvent pas

toutes ĂȘtre reprises dans une demande de donnĂ©es etïżœ la plupart des situations socio-Ă©conomiques ne sont mesurĂ©es qu’à un moment

déterminé.

(67) Voir Eurostat (2011).(68) Voir DGSIE (2011c).

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Par rapport Ă  l’utilisation d’enquĂȘtes, l’approche choisie a pour dĂ©savantage quecertaines variables reprises dans des enquĂȘtes et pertinentes pour l’évaluation de lasituation socio-Ă©conomique d’individus ou de mĂ©nages ne sont pas disponibles dansdes fichiers administratifs.

L’approche choisie prĂ©sente les avantages suivants par rapport Ă  :ïżœ la taille de l’échantillon peut ĂȘtre nettement supĂ©rieure Ă  celle des enquĂȘtes et ïżœ les concepts utilisĂ©s sont bien plus proches de la situation administrative qui est Ă 

l’origine des droits reconstituĂ©s dans le modĂšle.

Par rapport Ă  l’utilisation de l’ensemble de la population, l’approche suivie a Ă©gale-ment pour avantage que les temps de calcul sont sensiblement limitĂ©s sans que,dans le cas d’un Ă©chantillon reprĂ©sentatif du phĂ©nomĂšne modĂ©lisĂ©, la fiabilitĂ© desconnaissances acquises ne s’en ressente.

Dans tout le texte, une attention particuliĂšre a Ă©tĂ© portĂ©e Ă  la reprĂ©sentativitĂ© de l’é-chantillon pour les sous-domaines Ă©tudiĂ©s et modĂ©lisĂ©s, Ă  savoir a) les allocations dechĂŽmage, b) les indemnitĂ©s de maladie et invaliditĂ©, accidents du travail et maladiesprofessionnelles, c) les pensions, d) les prestations familiales, e) les prestations d’ai-de sociale, f) les cotisations et retenues et g) les impĂŽts des personnes physiques. Lefait de modĂ©liser chacun de ces sous-domaines en faisant la distinction entreparamĂštres manipulables, variables exogĂšnes et variables endogĂšnes permet d’effec-tuer d’ores et dĂ©jĂ  une sĂ©rie de simulations pour ces domaines, Ă  partir de la versiondu modĂšle actuelle.

Lors des discussions, l’attention a Ă©galement Ă©tĂ© attirĂ©e sur le fait que dans certainsdomaines, un effort supplĂ©mentaire est nĂ©cessaire pour mieux exploiter les possibi-litĂ©s de simulation des donnĂ©es disponibles. Cette remarque vaut en particulier pourles modules traitant des indemnitĂ©s de maladie, des cotisations et des retenues.

(Traduction)____________

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TABLE DES MATIERES

MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE. COURTE DESCRIPTION DU MODELE AVEC DONNEES DISCONTINUES, 1ER JANVIER 2009, REVENUS 2008

1. INTRODUCTION 665

2. DESCRIPTION DE L’ECHANTILLON MIMOSIS 666

2.1. CREATION D’UN NUMERO DE MENAGE ET ESTIMATION DE LA TAILLE DU MENAGE. . 6682.2. CREATION D’UNE SERIE DE CARACTERISTIQUES A PARTIR DES DONNEES DU REGISTRE

NATIONAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6682.3. LES POIDS D’ECHANTILLONNAGE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6712.4. DESCRIPTION DE CERTAINES VARIABLES DANS D’AUTRES SOURCES QUE LE REGISTRE

NATIONAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 672

3. FONCTIONNEMENT DE MIMOSIS 683

3.1. FAMREL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6853.2. UNEM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6873.3. SICK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6893.4. PENSWELF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6923.5. FAMAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6943.6. CONTRIB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6973.7. PIT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7003.8. SOCBEN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 704

4. DESCRIPTION DU MODULE EVAL 707

5. CONCLUSION 711

6. BIBLIOGRAPHIE 713

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L’EXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE L’ECHANTILLON DE RECHERCHE :CONSEQUENCES SUR L’ETUDE DESREVENUS ET DE LA PAUVRETE CHEZ LESPERSONNES AGEES (1)

PAR HANS PEETERS et RIKA VERPOORTEN

Centrum voor Sociologisch Onderzoek, Katholieke Universiteit Leuven

INTRODUCTION

Un certain nombre de phĂ©nomĂšnes, comme l’allongement de l’espĂ©rance de vie etdes glissements sur le marchĂ© du mariage et du travail font de la situation financiĂšredes personnes ĂągĂ©es un enjeu du discours politique et scientifique. Ceci se reflĂštedans des nombreuses Ă©tudes en la matiĂšre. Pour ne citer qu’une poignĂ©e de recher-ches flamandes et belges rĂ©centes, citons Dekkers et Debels (2006) qui ont comparĂ©les risques de pauvretĂ© des hommes et des femmes de moins et de plus de 65 ans.Cantillon et Lefebure (2007) ont observĂ© le lien entre les conditions de vie et lesrevenus des femmes aĂźnĂ©es. Dewilde (2009) a vĂ©rifiĂ© l’impact du parcours familial etdu parcours professionnel sur le risque de pauvretĂ© en fin de vie. Enfin, les diffĂ©-rents rapports du ComitĂ© d’étude sur le vieillissement (e.a. 2010), ont signalĂ© la pau-vretĂ© des personnes ĂągĂ©es et les ratios de remplacement chez les nouveaux re-traitĂ©s.

A l’instar de nombreuses Ă©tudes internationales sur la situation financiĂšre des seni-ors, les Ă©tudes citĂ©es s’appuient sur des donnĂ©es issues d’études d’ensemble. Etcomme les donnĂ©es internationales plus gĂ©nĂ©rales, ce type de donnĂ©es belgesdĂ©montrent un problĂšme de reprĂ©sentativitĂ©. En effet, les aĂźnĂ©s qui demeurent demaniĂšre permanente dans un mĂ©nage collectif (c’est-Ă -dire, des maisons de repos oudes maisons de repos et de soins (MRS)) ne font pas partie de l’échantillon des Ă©tu-des gĂ©nĂ©rales plus globales.

(1) Les auteurs remercient Annelies Debels, Hendrik Larmuseau, Jos Berghman et Anke Mutsaertspour leurs observations utiles lors des versions antĂ©rieures de cet article, Hugo Vandenplas pourl’exĂ©cution des analyses statistiques et Chris Brijs (Banque Carrefour de la SĂ©curitĂ© Sociale) pour lesoutien apportĂ© au traitement des donnĂ©es.

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 3e TRIMESTRE 2011

L’exclusion des personnes ĂągĂ©es qui vivent habituellement dans un mĂ©nage collectifest susceptible de fausser grandement les rĂ©sultats. En effet, il est vraisemblable que leprofil de ce groupe spĂ©cifique de seniors s’écarte du groupe de personnes ĂągĂ©es engĂ©nĂ©ral. Sur la base des donnĂ©es de la population du Datawarehouse MarchĂ© du travailet Protection sociale (DWH MT&PS), qui comporte des informations sur ces deuxcatĂ©gories de personnes ĂągĂ©es, le prĂ©sent article esquisse une image de cette dĂ©forma-tion. Ce faisant, on ne s’attarde pas seulement sur les caractĂ©ristiques contextuellesgĂ©nĂ©rales mais encore, on s’intĂ©resse particuliĂšrement aux consĂ©quences sur les Ă©tu-des portant sur les revenus et la pauvretĂ© des personnes agĂ©es.

Cet article est structurĂ© comme suit. En premier lieu, il aborde la problĂ©matique despersonnes ĂągĂ©es dans les mĂ©nages collectifs et leur exclusion des Ă©tudes d’ensem-ble. Il examine plusieurs Ă©tudes d’ensemble belges et vĂ©rifie comment y est traitĂ© cegroupe de personnes ĂągĂ©es. Une deuxiĂšme section indique le motif de la frĂ©quenteĂ©viction des Ă©tudes d’ensemble des aĂźnĂ©s vivant dans les mĂ©nages collectifs. UnetroisiĂšme partie donne un aperçu des sources de donnĂ©es utilisĂ©es dans la prĂ©senterecherche et commente l’échantillon de population examinĂ©. Une quatriĂšme sec-tion esquisse le profil des pensionnaires des mĂ©nages collectifs et indique le degrĂ©de fiabilitĂ© de l’image gĂ©nĂ©rale des personnes ĂągĂ©es livrĂ©e dans les Ă©tudes d’ensem-ble. La cinquiĂšme section s’inquiĂšte plus en dĂ©tail des consĂ©quences liĂ©es Ă  la non-prise en compte des personnes ĂągĂ©es dans les mĂ©nages collectifs par les Ă©tudes de lapauvretĂ©. Pour finir sont formulĂ©es quelques observations gĂ©nĂ©rales et recomman-dations en vue d’études ultĂ©rieures.

1. L’ETUDE DES REVENUS ET DE LA PAUVRETE DES PERSONNES AGEES

L’étude des revenus et de la pauvretĂ© peut recourir tant Ă  des donnĂ©es administrati-ves qu’à des donnĂ©es provenant d’études d’ensemble. Ces deux sources de donnĂ©esprĂ©sentent des avantages et des inconvĂ©nients spĂ©cifiques. Les donnĂ©es administrati-ves ont pour principal avantage un haut degrĂ© de prĂ©cision et d’exhaustivitĂ© desrevenus enregistrĂ©s. Plus particuliĂšrement, pour les Ă©tudes sur les pensions, les don-nĂ©es administratives prennent Ă©galement en compte des revenus qui ne sont nienregistrĂ©s ni mentionnĂ©s dans les Ă©tudes d’ensemble, par exemple les congĂ©spayĂ©s et les prestations spĂ©cifiques (p. ex. l’allocation de chauffage) mais surtout lescapitaux de pension du deuxiĂšme pilier dĂ©jĂ  versĂ©s. Par ailleurs, les donnĂ©es admini-stratives contiennent des informations sur toute la population plutĂŽt que sur unĂ©chantillon limitĂ© comme c’est le cas dans les Ă©tudes d’ensemble. Cela signifie quel’on dispose d’informations tant sur les personnes ĂągĂ©es dans les mĂ©nages privĂ©sque sur celles dans les mĂ©nages collectifs, ce qui est particuliĂšrement importantdans le cadre de notre Ă©tude. Le principal inconvĂ©nient de ces donnĂ©es rĂ©side dansle fait qu’actuellement, la connaissance se limite Ă  ceux qui perçoivent un revenuprofessionnel ou un revenu Ă©manant de la sĂ©curitĂ© sociale. Aucune informationn’est tenue Ă  jour sur d’éventuelles autres sources de revenus (p. ex. Ă©pargne ourevenus locatifs), qui peuvent toutefois constituer un supplĂ©ment important aurevenu total disponible de la personne ĂągĂ©e en question.

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Pour leur part, les Ă©tudes d’ensemble ont pour principal avantage que les questionsposĂ©es ne doivent pas se limiter Ă  des questions objectives, mais que la pauvretĂ© etle revenu peuvent Ă©galement ĂȘtre abordĂ©s d’une maniĂšre subjective. Ainsi, en par-tant de donnĂ©es d’ensemble, il est possible de dĂ©terminer un indice matĂ©riel de pri-vation ou une mesure subjective de pauvretĂ©, ce qui est impossible sur la base desdonnĂ©es administratives. Par ailleurs, les Ă©tudes d’ensemble permettent (en princi-pe) de poser des questions sur le revenu au sens large, ce qui permet Ă©galement defaire entrer en ligne de compte les sources alternatives de revenu telles que les patri-moines et le fait d’ĂȘtre propriĂ©taire d’un logement. Toutefois, indĂ©pendamment desproblĂšmes identifiĂ©s en matiĂšre de questions sur les revenus (voir p. ex. l’ExpertGroup on Household Income Statistics, 2001), les Ă©tudes d’ensemble prĂ©sententsouvent un problĂšme de reprĂ©sentativitĂ© en ce sens que les seniors qui rĂ©sidentdans un mĂ©nage collectif ne font gĂ©nĂ©ralement pas partie de la population exa-minĂ©e. Ceci ressort de l’aperçu ci-dessous d’un certain nombre d’études d’ensembleimportantes qui comportent des informations sur les personnes ĂągĂ©es belges (cf.tableau 1). Tant les Ă©tudes d’ensemble axĂ©es sur la population dans son entiĂšretĂ©que celles orientĂ©es spĂ©cifiquement sur les personnes ĂągĂ©es sont reprises dans cetableau. Il indique par ailleurs si, dans l’étude d’ensemble en question, les personnesĂągĂ©es dans des mĂ©nages collectifs font partie de l’échantillon utilisĂ©, et si, en cas d’é-tude de panel longitudinale, elles sont suivies tout au long des diffĂ©rentes vaguesd’enquĂȘte lorsqu’elles dĂ©mĂ©nagent dans un mĂ©nage collectif (2).

TABLEAU 1 : APERCU DES ETUDES D’ENSEMBLE BELGES RECENTES

Pour ce qui est des Ă©tudes d’ensemble qui s’adressent Ă  la totalitĂ© de la population, ils’avĂšre que les personnes ĂągĂ©es qui rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif ne sont prisesqu’exceptionnellement en compte dans l’échantillon d’étude. Tant le Panel Studyon Belgian Households (PSBH), qui a collectĂ© des informations sur les conditions devie des Belges entre 1992 et 2002, que son successeur, les statistiques de l’UnionEuropĂ©enne sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC), s’adressent exclusive-ment aux mĂ©nages privĂ©s et leurs membres (Atkinson et Marlier, 2010, p. 40 ;Jacobs, Loots, Marynissen et Scheipers, 1991, p. 4). L’échantillon examinĂ© ignore

(2) Ce suivi n’est pas d’application pour les enquĂȘtes non longitudinales telles que l’EnquĂȘte de SantĂ©Belge (Ă©tude transversale rĂ©pĂ©tĂ©e) et le Leefsituatieonderzoek Vlaamse Ouderen [Etude sur les condi-tions de vie des personnes ĂągĂ©es flamandes : Ă©tude transversale).

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L’EXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE L’ECHANTILLON DE RECHERCHE ...

MĂ©nage collectif SuiviEtudes d’ensemble axĂ©es sur la population totale Panel Study on Belgian Households (PSBH/ECHP) - - Statistiques de l'Union EuropĂ©enne sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC) - -

EnquĂȘte de SantĂ© Belge ïżœ NA Etudes d’ensemble axĂ©es sur les personnes ĂągĂ©es EnquĂȘte sur la SantĂ©, le Vieillissement et la Retraite en Europe (SHARE) - ïżœEtude sur les conditions de vie des personnes ĂągĂ©es flamandes (LOVO) ïżœ NA

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purement les pensionnaires des mĂ©nages collectifs. Si, au cours des vagues successi-ves d’enquĂȘte, un rĂ©pondant dĂ©terminĂ© dĂ©mĂ©nage dans un mĂ©nage collectif, certai-nes informations sont toutefois tenues Ă  jour (plus prĂ©cisĂ©ment les informations decontact, le moment et le motif du dĂ©mĂ©nagement), mais il ne sera plus interviewĂ©dans les vagues d’enquĂȘte ultĂ©rieures (Atkinson et Marlier, 2010, p. 46 ; Commis-sion europĂ©enne, 1994 ; Jacobs, Berghs et Marijnissen, 1995, p. 8). Par contre, dansl’EnquĂȘte de SantĂ© Belge – une Ă©tude sur l’état de santĂ© de la population belge – lespersonnes ĂągĂ©es vivant dans des mĂ©nages collectifs font bel et bien partie del’échantillon examinĂ© (Quataert, Van Oyen, Tafforeau, Schiettecatte, Lebrun, Bella-mammer et Molenberghs, 1997, p. 20). Mieux encore, pour esquisser une meilleureimage de la population ĂągĂ©e et plus spĂ©cifiquement des seniors dans des mĂ©nagescollectifs, un Ă©chantillon supplĂ©mentaire a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 2004 et en 2008 respecti-vement des plus de 65 et 75 ans (Demarest, Drieskens, Gisle, Van der Heyden et Taf-foreau, 2010, pp. 8-9 ; Tafforeau, 2005, p. 15). Cependant, malgrĂ© cet effort, le nom-bre de personnes ĂągĂ©es dans des mĂ©nages collectifs est toujours sous-estimĂ© dansl’EnquĂȘte de SantĂ© Belge (3).

Dans les Ă©tudes d’ensemble spĂ©cifiquement axĂ©es sur les personnes ĂągĂ©es, les aĂźnĂ©squi font partie d’un mĂ©nage collectif sont Ă©galement exclus de l’échantillon de l’en-quĂȘte. Ceci vaut par exemple pour le volet belge de l’EnquĂȘte sur la SantĂ©, le Vieil-lissement et la Retraite en Europe (EnquĂȘte SHARE), qui collecte des informationssur une multitude d’aspects de la vie de la population ĂągĂ©e belge (SHARE Project,2010, pp. A26-A34). Si un rĂ©pondant dĂ©mĂ©nage dans une institution de soins lorsdes vagues successives d’enquĂȘte, il est effectivement recherchĂ© et interrogĂ© (DeLuca et Rossetti, 2008). Outre SHARE, la “LeefsituatieOnderzoek Vlaamse Ouderen”[Etude sur les conditions de vie des personnes ĂągĂ©es flamandes] (LOVO) cible spĂ©ci-fiquement les seniors. Cette Ă©tude est divisĂ©e en deux volets, l’un orientĂ© sur lesplus de 55 ans qui habitent chez eux et l’autre sur les rĂ©sidants des maisons de reposde 75 ans ou plus (Vanden Boer, Pauwels, Callens et Carette, 2006). La focalisationdu contenu de cette Ă©tude a cependant pour effet qu’une attention peu explicite estaccordĂ©e Ă  la situation financiĂšre et au risque de pauvretĂ© de l’échantillon d’aĂźnĂ©sexaminĂ©. Par ailleurs, l’étendue de l’échantillon est trĂšs faible (N=500).

2. POURQUOI LES PERSONNES AGEES DANS DES MENAGES COLLECTIFS NE FONTPAS PARTIE DES ECHANTILLONS EXAMINES

Il ressort de l’aperçu ci-dessus qu’en Belgique, les personnes ĂągĂ©es dans des mĂ©na-ges collectifs ne font qu’exceptionnellement partie des Ă©chantillons d’enquĂȘte desĂ©tudes d’ensemble. Plusieurs raisons peuvent ĂȘtre invoquĂ©es : d’une part, elles serapportent au tirage de l’échantillon et, d’autre part, aux difficultĂ©s d’interrogationde cette catĂ©gorie d’ñge.

(3) Sur la base de l’EnquĂȘte SantĂ© Belge de 2004, 26% des personnes ĂągĂ©es de plus de 85 ans rĂ©sidentdans une institution, tandis que les chiffres de l’Institut national d’assurance-maladie et invaliditĂ©mentionnent qu’environ 36% de ce groupe d’ñge demeurent dans une institution (Van der Heyden,Demarest, Gisle, Tafforeau, Hesse et Miermans, 2006, p. 7).722

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Pour ce qui est du tirage de l’échantillon, nous observons que dans la plupart desenquĂȘtes d’ensemble classiques, le mĂ©nage constitue l’unitĂ© d’échantillon utilisĂ©e etnon pas l’individu. C’est notamment le cas pour l’enquĂȘte SHARE, le PSBH et pourl’EnquĂȘte de SantĂ© Belge. Par consĂ©quent, les mĂ©nages collectifs, dont font Ă©gale-ment partie les maisons de repos, n’ont que la mĂȘme chance d’ĂȘtre sĂ©lectionnĂ©scomme mĂ©nages privĂ©s. Les membres de mĂ©nages collectifs ont alors une chanceplus infime d’ĂȘtre sĂ©lectionnĂ©s que les membres d’un mĂ©nage privĂ©. Par ailleurs, lecadre de l’échantillon est susceptible d’avoir un effet restrictif. C’est notamment ceque l’on observe dans l’enquĂȘte SHARE, oĂč la sĂ©lection de mĂ©nages est basĂ©e surune liste tĂ©lĂ©phonique dans laquelle ont Ă©tĂ© rayĂ©s les numĂ©ros de tĂ©lĂ©phone quin’appartiennent pas Ă  des mĂ©nages privĂ©s (SHARE Project, 2010, pp. A26-A34).Enfin, il n’est guĂšre aisĂ© de tirer un Ă©chantillon correct et reprĂ©sentatif de personnesĂągĂ©es dans des mĂ©nages collectifs parce que l’on ne dispose pas de suffisammentd’informations sur l’étendue exacte de ce groupe. Pour ce qui concerne les pension-naires de maisons de repos, nous ne disposons en effet que d’informations sur lacapacitĂ© d’accueil et sur le nombre de jours facturĂ©s (4) ; nous ignorons les informa-tions sur l’étendue vĂ©ritable de ce groupe (e.a. Callens et Pauwels, 2006).

Quant aux possibilitĂ©s pour la recherche de toucher les personnes ĂągĂ©es dans desmĂ©nages collectifs et plus spĂ©cifiquement des pensionnaires de maisons de repos,trois raisons sont mises en avant dans la littĂ©rature pour expliquer le rejet de cegroupe de l’échantillon examinĂ©. En premier lieu, il est loin d’ĂȘtre Ă©vident de savoirdans quelle mesure, les rĂ©sidants permanents des institutions de repos sont en Ă©tatphysique et mental de participer Ă  l’enquĂȘte. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, ces derniers ont undegrĂ© plus Ă©levĂ© de besoins de soins que ceux qui demeurent dans des mĂ©nagesprivĂ©s, d’oĂč peuvent naĂźtre des questions quant Ă  leur capacitĂ© de rĂ©pondre. Ainsi,dans le cadre de l’enquĂȘte LOVO, 900 pensionnaires de maisons de repos ont Ă©tĂ©contactĂ©s pour quelque 500 interviews rĂ©alisĂ©es. Environ la moitiĂ© de la non-rĂ©pon-se a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă  une incapacitĂ© mentale (50%) ; un petit 10% Ă  l’incapacitĂ© physi-que (Callens et Pauwels, 2006) (5). Pour contourner de telles limitations, l’on choi-sit souvent de travailler avec des proxy-rĂ©pondants [p. ex. partenaire, (bel-)enfant,aide-soignant]. Dans l’EnquĂȘte de SantĂ© Belge de 2004, par exemple, un peu plus dela moitiĂ© des personnes ĂągĂ©es qui rĂ©sident dans une institution de soins rĂ©sidentiellea Ă©tĂ© questionnĂ©e via un proxy-rĂ©pondant (Van der Heyden, e.a., 2006, p. 7). Cecifournit Ă  nouveau une indication de l’accessibilitĂ© aux questions limitĂ©e des seniorsvivant dans un mĂ©nage collectif. DeuxiĂšmement, des questions peuvent ĂȘtre posĂ©esquant Ă  la perception correcte de ces personnes de leur propre situation financiĂšre.Dans beaucoup de cas, la majoritĂ© n’est pas elle-mĂȘme responsable de la gestion deses finances (e.a. Vanden Boer et Pauwels, 2006b). Aussi, il est invraisemblable queces personnes puissent avoir une idĂ©e correcte et exhaustive de leur revenu. Enfin,

(4) Ces donnĂ©es sont collectĂ©es et mises Ă  disposition par l’INAMI.(5) Ce faisant, il est important de savoir que les personnes ĂągĂ©es hautement dĂ©pendantes des soinsĂ©taient de toute maniĂšre prĂ©alablement exclues de la population examinĂ©e (Callens et Pauwels,2006).

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il s’avĂšre que le sĂ©jour dans une institution s’accompagne d’un obstacle supplĂ©men-taire au niveau de la direction et du personnel. Toutes les institutions ne sont pasĂ©galement accueillantes envers les chercheurs, qui prennent sous la loupe leurs pen-sionnaires et ‘perturbent’ la routine et l’ordre quotidiens (e.a. Carrette, 2006, p. 46 ;Callens et Pauwels, 2006, pp. 21-22).

Il ressort de tout ceci qu’il n’est pas Ă©vident d’intĂ©grer les personnes qui rĂ©sidentdans un mĂ©nage collectif dans une Ă©tude d’ensemble. Toutefois, grĂące aux donnĂ©esadministratives, il est possible de surmonter les problĂšmes les plus courants enmatiĂšre d’accessibilitĂ© et de rĂ©ponse aux questions, d’oĂč les pensionnaires desmĂ©nages collectifs peuvent Ă©galement devenir sujets d’enquĂȘte. Pour la suite de cetarticle, nous mettrons en cartes Ă  l’aide de ces donnĂ©es administratives la dĂ©forma-tion engendrĂ©e par l’éviction des personnes ĂągĂ©es des mĂ©nages collectifs des Ă©tudesbelges (sur les revenus et la pauvretĂ©). Dans la section suivante, nous indiquonsbriĂšvement quelles sources de donnĂ©es seront utilisĂ©es Ă  cet effet et comment estdĂ©limitĂ© l’échantillon Ă  examiner.

3. SOURCES DE DONNEES ET ECHANTILLON EXAMINE

3.1. CADASTRE DES PENSIONS ET REGISTRE NATIONALPour les besoins de cette enquĂȘte, nous avons puisĂ© dans deux sources de donnĂ©esadministratives qui font partie du Datawarehouse MarchĂ© du travail et Protectionsociale (DWH MT&PS) : le Cadastre des pensions et le Registre national (6). Lesinformations contenues dans ces banques de donnĂ©es sont couplĂ©es sur la base d’unnumĂ©ro d’identification individuel unique (le numĂ©ro “NISS” ou numĂ©ro d’identifi-cation Ă  la sĂ©curitĂ© sociale). Les donnĂ©es utilisĂ©es se rapportent Ă  la totalitĂ© de lapopulation.

Le Cadastre des pensions est une banque de donnĂ©es administratives Ă©tablie en vuede la perception des cotisations sociales et fiscales sur les pensions par l’InstitutNational d’Assurance Maladie et InvaliditĂ© (INAMI) et l’Office National des Pensions(ONP). La banque de donnĂ©es comprend des donnĂ©es de pension individuelles serapportant aux pensions lĂ©gales, payĂ©es Ă  charge du systĂšme belge des pensions etversĂ©es par des institutions Ă©trangĂšres Ă  des retraitĂ©s belges. Par ailleurs, elle collec-te Ă©galement des donnĂ©es en rapport des pensions du deuxiĂšme pilier versĂ©es auxtravailleurs salariĂ©s et indĂ©pendants. Pour ces derniers, l’on dispose de donnĂ©es Ă partir de 1998 quant aux rentes versĂ©es, et Ă  partir de 1980, quant aux capitaux ver-sĂ©s (7).

(6) Pour plus d’informations sur le DWH MT&PS, voir Berghman, Curvers, Palmans, Vandermeer-schen et Verpoorten, 2009, pp. 6-7.(7) Pour plus d’informations sur les donnĂ©es collectĂ©es dans le Cadastre des pensions, voir e.a.Berghman, Curvers, Palmans et Peeters, 2007, pp. 2-4 ; Palmans, Peeters et Berghman, 2006.

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Le Cadastre des pensions prĂ©sente divers avantages par rapport aux autres banquesde donnĂ©es qui collectent des informations sur les revenus des retraitĂ©s, comme p.ex. l’EU-SILC. Le principal atout dans le cadre de cette Ă©tude rĂ©side dans le fait quele Cadastre des pensions comporte des donnĂ©es sur la totalitĂ© de la population deretraitĂ©s de Belgique, y compris des personnes ĂągĂ©es qui vivent dans des mĂ©nagescollectifs. Comme dĂ©jĂ  mentionnĂ©, cela n’est pas souvent le cas des banques de don-nĂ©es utilisĂ©es pour les enquĂȘtes d’ensemble. Un deuxiĂšme avantage important duCadastre des pensions est liĂ© Ă  l’étendue et Ă  la fiabilitĂ© des informations. Par exem-ple, il ne collecte pas seulement des informations sur les pensions du premier pilier,mais aussi sur les pensions du deuxiĂšme pilier (8) et sur des avantages moins con-nus, comme les allocations de chauffage et les congĂ©s payĂ©s.

Pour notre Ă©tude, nous avons puisĂ© des donnĂ©es dans le Cadastre des pensions tantsur les pensions du premier pilier (y compris les revenus liĂ©s Ă  la Garantie deRevenu aux Personnes AgĂ©es, GRAPA) que sur celles du deuxiĂšme pilier. GrĂące Ă ces informations, nous avons calculĂ© l’intĂ©gralitĂ© du revenu de pension en prove-nance des premier et deuxiĂšme piliers sur une base mensuelle (montants bruts) (9).Les montants reprĂ©sentĂ©s ici ont toujours trait Ă  des droits de pension individuels. Iln’est donc pas tenu compte des droits de pension de l’éventuel partenaire.

Outre le Cadastre des pensions, nous avons aussi recouru au Registre national, avecses indispensables donnĂ©es personnelles (e.a. annĂ©e de naissance, sexe, adresse dudomicile). Le Registre national dispose d’informations sur toutes les personnes ins-crites dans le Registre de la population d’une commune belge (10).

Les donnĂ©es du Registre national permettent de dĂ©terminer les conditions de vie dela personne en question. Ainsi, nous pouvons effectuer une distinction entre seniorsqui rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif et seniors qui vivent dans un mĂ©nage privĂ©. Leterme “mĂ©nages collectifs” englobe toutes les personnes ĂągĂ©es qui demeurent demaniĂšre permanente dans une institution de soins, mais aussi celles qui font partied’une communautĂ© religieuse ou qui sont emprisonnĂ©es. Sur la base de ces don-nĂ©es, aucune distinction ne peut ĂȘtre opĂ©rĂ©e entre les diffĂ©rents types de mĂ©nagescollectifs (Lodewijckx, 2001). Nous supposons cependant, Ă©tant donnĂ© le lien entre

(8) Les Ă©tudes d’ensemble s’intĂ©ressent sans doute Ă  la perception d’une pension du deuxiĂšme pilier,mais ne sont pas exemptes de certaines limitations qui entachent sĂ©rieusement la qualitĂ© de ces don-nĂ©es. Par exemple, les capitaux perçus dans le passĂ© sont laissĂ©s hors de considĂ©ration d’oĂč la pen-sion du deuxiĂšme pilier de retraitĂ©s anciens reste entiĂšrement invisible.(9) Pour le calcul de l’entiĂšretĂ© du revenu de pension, les capitaux versĂ©s dans le deuxiĂšme piliersont convertis en rentes fictives. Ceci s’effectue sur la base des coefficients de conversion de l’A.R.du 25 avril 1997 portant exĂ©cution de l’article 68, §2, troisiĂšme alinĂ©a de la loi du 30 mars 1994 por-tant des dispositions sociales (M.B. 29 mai 1997). Pour en savoir plus sur cette conversion de capi-taux en rentes fictives, voir Berghman, e.a., 2007, pp. 60-63.(10) Pour plus d’informations sur le Registre national, voir la Banque Carrefour de la sĂ©curitĂ© sociale,2009.

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l’ñge et la dĂ©pendance aux soins, que la majoritĂ© des seniors des mĂ©nages collectifsvivent dans une institution de soins rĂ©sidentielle. Outre cela, pour procĂ©der Ă  unecomparaison des deux groupes de retraitĂ©s, nous utilisons des informations sur lesexe, l’ñge (sur la base de l’annĂ©e de naissance) et la rĂ©gion (sur la base du domicile).

3.2. POPULATION EXAMINEEL’échantillon de la population Ă©tudiĂ© distingue entre les retraitĂ©s qui ont perçu en2007 une pension du premier pilier ou une allocation d’aide sociale pour personnesĂągĂ©es (la Garantie de revenu aux personnes ĂągĂ©es, GRAPA).

La population de l’étude, distingue entre les retraitĂ©s qui, en 2007, rĂ©sidaient dansun mĂ©nage collectif et les retraitĂ©s qui au cours de cette mĂȘme annĂ©e ne vivaientpas dans un tel mĂ©nage. Pour cela, nous recourons Ă  la variable ‘LIPRO’, qui figuredans le DWH MT&PS qui est basĂ©e sur la variable ‘relation de parentĂ© avec la pers-onne de rĂ©fĂ©rence’ reprise dans le Registre national. Cette variable comportecomme valeur possible ‘CommunautĂ©s, foyers’. Pour cette Ă©tude, nous partons del’hypothĂšse que pour la population examinĂ©e, cette variable indique si le retraitĂ© enquestion rĂ©side dans une maison de repos ou dans une MRS. Cette approche a dĂ©jĂ Ă©tĂ© utilisĂ©e antĂ©rieurement par d’autres chercheurs (voir e.a. Vanden Boer et Pau-wels, 2006a). D’autres contenus possibles pour cette valeur sont : communautĂ©sreligieuses, orphelinats, maisons d’étudiants, hĂŽpitaux, prisons, etc. Les personnesqui vivent dans des appartements avec rĂ©sidences-services ne se voient Ă©videmmentpas attribuer le dĂ©nominateur. CommunautĂ©s, foyers’ Ă©tant donnĂ© que dans la plu-part des cas, ces appartements disposent d’un numĂ©ro de maison propre.

MĂȘme si les donnĂ©es administratives disponibles dessinent une premiĂšre image desretraitĂ©s qui vivent dans des institutions de soins rĂ©sidentielles, nous devons resterconscients que ces informations ne correspondent pas toujours avec la situation defait. Le nombre de retraitĂ©s dans une maison de repos ou une MRS est probablementsous-estimĂ©, parce que le dĂ©mĂ©nagement dĂ©finitif dans une institution rĂ©sidentielle desoins n’est pas nĂ©cessairement accompagnĂ© d’un changement de domicile. Pensonspar exemple Ă  la situation oĂč un partenaire continue Ă  vivre au domicile, tandis quel’autre est dĂ©finitivement admis dans une MRS. Il y a de fortes chances

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que d’un point de vue administratif, ce dernier ne semble pas dĂ©mĂ©nager, parce quel’adresse de son domicile reste inchangĂ©e auprĂšs du partenaire qui continue Ă  y habi-ter. Ces cas ne peuvent ĂȘtre dĂ©pistĂ©s en se basant sur les donnĂ©es administratives (11).

4. UNE ESQUISSE DES RETRAITES VIVANT DANS DES MENAGES COLLECTIFS

Dans ce chapitre, nous esquissons une image des retraitĂ©s qui rĂ©sident dans desmĂ©nages collectifs selon les donnĂ©es administratives du Cadastre des pensions et duRegistre national. En premier lieu, nous comparons les retraitĂ©s qui vivent dans unmĂ©nage collectif avec ceux qui demeurent dans un mĂ©nage privĂ©. En deuxiĂšme lieu,les retraitĂ©s des mĂ©nages privĂ©s – ce qui revient correspond Ă  la population exa-minĂ©e dans les Ă©tudes d’ensemble les plus usuelles (cf. ci-dessus) – sont comparĂ©savec la population totale de retraitĂ©s (y compris les retraitĂ©s dans des mĂ©nages col-lectifs). Ainsi, nous nous efforçons de vĂ©rifier la nature de la dĂ©formation provenantde la non-prise en compte des retraitĂ©s des mĂ©nages collectifs dans les Ă©tudes d’en-semble habituelles.

Le tableau 2 compare les retraitĂ©s qui rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif avec les re-traitĂ©s qui demeurent dans un mĂ©nage privĂ© sur la base de plusieurs caractĂ©ristiquessociodĂ©mographiques (sexe, Ăąge, rĂ©gion). Le tableau fait clairement apparaĂźtrequ’un groupe important sĂ©journe dans un mĂ©nage collectif (82.855 retraitĂ©s).MalgrĂ© cela, avec seulement 4,5%, ce groupe est minoritaire par rapport au groupetotal de retraitĂ©s (82.855 retraitĂ©s dans des mĂ©nages collectifs + 1.772.060 de re-traitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s).

C’est un fait avĂ©rĂ©, il y a beaucoup de grandes diffĂ©rences entre les retraitĂ©s dansdes mĂ©nages collectifs et ceux dans des mĂ©nages privĂ©s. Le tableau 2 indique que lapart de femmes retraitĂ©es dans des mĂ©nages collectifs est considĂ©rablement plusimportante que dans des mĂ©nages privĂ©s : respectivement 78% par rapport Ă  52%des retraitĂ©s sont des femmes (12). Par ailleurs, nous voyons que chez les retraitĂ©sdes mĂ©nages collectifs, les plus anciens sont nettement plus reprĂ©sentĂ©s que dansles mĂ©nages privĂ©s. Chez les rĂ©sidants retraitĂ©s d’un mĂ©nage collectif, environ lamoitiĂ© a plus de 85 ans (52%), tandis que chez les retraitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s,un seul sur dix dĂ©passe cet Ăąge (9%) (13). Pour ce qui concerne la rĂ©partition des

(11) Selon une estimation de Vanden Boer et Pauwels (2006a, pp. 1-2), le nombre de personnesĂągĂ©es qui rĂ©sident en institution de soins est en effet sous-estimĂ© Ă  cause des donnĂ©es administrati-ves. Sur la base du Registre national, le 1er janvier 2004 dans la RĂ©gion flamande, 47.847 personnesde plus de 55 ans vivaient dans un mĂ©nage collectif. Une estimation du nombre rĂ©el de pensionnairesdes maisons de repos et des MRS en Flandre tenant compte des donnĂ©es de l’Administration “Gezinen Maatschappelijk Welzijn” (dĂ©sormais : Agence flamande Soins et SantĂ©), indiquait cependantqu’environ 61.000 seniors rĂ©sidaient dans une maison de repos ou une MRS au 31 dĂ©cembre 2003(Callens et Pauwels, 2006, p. 15). Cette comparaison indique que le nombre de personnes ĂągĂ©esdans des institutions de soins rĂ©sidentielles est sous-Ă©valuĂ© de grosso modo 10.000 unitĂ©s dans lesbanques de donnĂ©es administratives. Observez toutefois que les donnĂ©es de l’Administration “Gezinen Maatschappelijk Welzijn” incluent Ă©galement des personnes ĂągĂ©es qui ont sĂ©journĂ© temporaire-ment dans une maison de repos ou une MRS. (12) Autrement dit, environ 6,5% de la population totale des femmes retraitĂ©es rĂ©sident dans unmĂ©nage collectif. Ceci ne vaut que pour 2,1% de la population totale des hommes retraitĂ©s.(13) En d’autres termes, 20,7% des retraitĂ©s de plus de 85 ans vivent dans un mĂ©nage collectif.

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deux groupes de retraitĂ©s en fonction de la rĂ©gion, l’on relĂšve peu de divergences.Environ, 60% rĂ©sident en RĂ©gion flamande, plus de 30% en RĂ©gion wallonne et unpetit 10% dans la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale.

TABLEAU 2 : REPARTITION DES RETRAITES DANS UN MENAGE COLLECTIF ET DANS DES MENAGESPRIVES, D’APRES LE SEXE, L’AGE ET LA REGION (2007, NOMBRES ET POURCENTAGES ABSOLUS)

Le graphique 1 complĂšte cette information avec une ventilation du revenu de pen-sion individuel des retraitĂ©s selon qu’ils rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif ou dansun mĂ©nage privĂ©. Dans ce graphique, l’on voit se dĂ©marquer clairement le modĂšlesuivant. Tant dans les catĂ©gories de revenus de pension les plus bas que les plushauts, l’on observe que les pensionnĂ©s qui rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif sontmoins reprĂ©sentĂ©s que les retraitĂ©s qui vivent dans un mĂ©nage privĂ©. Chez ces der-niers, 17% disposent d’un revenu de pension individuel infĂ©rieur Ă  700 EUR parmois, alors que ceci ne vaut que pour 9% des retraitĂ©s dans des mĂ©nages collectifs.Dans les catĂ©gories de revenus de pension les plus Ă©levĂ©s, nous observons une dis-torsion similaire. Environ, 40% des retraitĂ©s d’un mĂ©nage privĂ© disposent d’une pen-sion individuelle supĂ©rieure Ă  1.300 EUR par mois, par rapport Ă  seulement 26% desretraitĂ©s dans des mĂ©nages collectifs. Autrement dit, les pensionnaires retraitĂ©s dansun mĂ©nage collectif ont un revenu de pension plus modĂ©rĂ© et sont plus fortementreprĂ©sentĂ©s dans les catĂ©gories de revenus moyens. Environ 65% des retraitĂ©s dansun mĂ©nage collectif ont une pension individuelle oscillant entre 600 et 1.300 EURpar mois, en comparaison avec 47% chez les retraitĂ©s dans un mĂ©nage privĂ©. (14)

(14) Cet article n’a pas pour intention d’expliquer ces diffĂ©rences. Les hypothĂšses de travail sui-vantes peuvent nĂ©anmoins ĂȘtre formulĂ©es. La surreprĂ©sentation des retraitĂ©s dans des mĂ©nagesprivĂ©s dans les catĂ©gories de revenus de moins de 600 EUR est peut-ĂȘtre liĂ©e au fait qu’il s’agit ici sou-vent d’individus mariĂ©s. Dans ce cas, il est frĂ©quent que la femme touche une pension individuelletrĂšs faible et que cette pension au niveau du mĂ©nage est complĂ©tĂ©e par la pension plus Ă©levĂ©e (autaux isolĂ© ou au taux mĂ©nage) de l’homme (les femmes dites ‘semi-cachĂ©es’, voir Berghman, Debels,Vandenplas, Verleden, Mutsaerts, Peeters et Verpoorten, 2010, pp. 110-114 ; pour la possibilitĂ© decumul d’une pension d’isolĂ© et d’une pension de mĂ©nage, voir ONP Ordre de service N° 90/18 relatifaux pensions qui prennent cours au plus tĂŽt au 1er janvier 1991, Chapitre 1, C, 3). AprĂšs le dĂ©cĂšs dumari, la femme pourra bĂ©nĂ©ficier d’une pension individuelle plus Ă©levĂ©e Ă©tant donnĂ© qu’elle peutcombiner sa pension de retraite avec une pension de survie. D’oĂč la reprĂ©sentation plus Ă©levĂ©e desretraitĂ©s dans un mĂ©nage collectif dans les catĂ©gories de revenus entre 700 et 1.200 EUR. La surreprĂ©-sentation des retraitĂ©s dans un mĂ©nage privĂ© dans la catĂ©gorie de plus de 1.300 EUR est susceptiblede dĂ©pendre de l’ñge. En effet, les classes d’ñge les plus jeunes se voient en moyenne attribuer despensions plus Ă©levĂ©es (en partie Ă  la suite d’une part plus importante du deuxiĂšme pilier). Pour cela,voir Berghman, e.a., 2010.728

REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

Ménage collectif Ménage privé Sexe N % N % Homme 18.007 22 % 836.991 48 % Femme 64.848 78 % 925.522 52 % Age < 70 5.240 6 % 683.499 39 % 70-84 34.918 42 % 924.957 52 %

85 42.697 52 % 163.604 9 % RĂ©gion RĂ©gion flamande 50.548 61 % 1.021.873 61 % RĂ©gion de Bruxelles-Capitale 5.999 7 % 133.481 8 % RĂ©gion wallonne 26.308 32 % 529.469 30 % TOTAL 82.855 1.772.060

Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national

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GRAPHIQUE 1 : REPARTITION DES RETRAITES DANS DES MENAGES COLLECTIFS ET DANS DESMENAGES PRIVES D’APRES LE REVENU DE PENSION INDIVIDUEL TOTAL SUR UNE BASE MENSUELLE(2007, MONTANTS BRUTS)

Il est Ă©vident que le profil des retraitĂ©s des mĂ©nages collectifs se dĂ©marque de celuides retraitĂ©s, membres d’un mĂ©nage privĂ©. La question se pose toutefois de savoirdans quelle mesure, la non-prise en compte de ce premier groupe dans la plupartdes Ă©tudes d’ensemble fausse finalement le rĂ©sultat, Ă©tant donnĂ© que seulement4,5% de la population totale rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif. Nous tentons derĂ©pondre Ă  cette question avec le tableau 3. Ce tableau compare les retraitĂ©s quihabitent dans un mĂ©nage privĂ© (c.-Ă -d. le point focal des enquĂȘtes d’ensemble exis-tantes) avec l’entiĂšretĂ© de la population de retraitĂ©s d’aprĂšs un certain nombre decaractĂ©ristiques contextuelles (sexe, Ăąge et rĂ©gion).

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Revenu de pension (en EUR)Ménage privé Ménage collectif

Source : traitement propre sur la base du Cadastre des pensions et du Registre national. Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national

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TABLEAU 3 : REPARTITION DES RETRAITES DANS UN MENAGE PRIVE ET DE LA POPULATIONTOTALE DES RETRAITES D’APRES LE SEXE, L’AGE ET LA REGION (2007, NOMBRES ABSOLUS)

Le tableau 3 indique que se contenter d’étudier la population des mĂ©nages privĂ©s,comme dans la plupart des enquĂȘtes d’ensemble, aboutit Ă  une image faussĂ©e decette population Ă  examiner. En premier lieu, il en rĂ©sulte une surreprĂ©sentation deshommes : 47,5% des retraitĂ©s dans les mĂ©nages privĂ©s sont des hommes, contre46,3% dans la population totale (une dĂ©formation de 2,5%). En deuxiĂšme lieu, celaentraĂźne une sous-reprĂ©sentativitĂ© des retraitĂ©s les plus anciens. Lorsque l’échantil-lon examinĂ© se restreint aux mĂ©nages privĂ©s, les retraitĂ©s les plus ĂągĂ©s sont sous-estimĂ©s de rien moins que 17% (9,2% par rapport Ă  11,1%). Pour ce qui est de la ven-tilation d’aprĂšs la rĂ©gion, l’on n’observe cependant aucune diffĂ©rence entre les re-traitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s et la population dans son ensemble.

Ensuite, dans le graphique 2, nous comparons le revenu individuel de pension desretraitĂ©s d’un groupe mĂ©nage privĂ© avec le groupe total de retraitĂ©s. La rĂ©partitiondu revenu individuel de pension des retraitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s est trĂšs pro-che de celle que l’on observe dans la population totale des retraitĂ©s. Les divergencess’élĂšvent Ă  maximum 4,4% (voir graphique 3).

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

MĂ©nage privĂ©(Ă©chantillon des Ă©tudes d’ensemble)

Population totale

Sexe N % N % Ecart Homme 836.991 47,5 % 854.998 46,3 % 2,5 % Femme 925.522 52,5 % 990.370 53,7 % -2,2 % Age < 70 683.499 38,6 % 688.739 37,1 % 3,9 % 70-84 924.957 52,2 % 959.875 51,7 % 0,9 %

85 163.604 9,2 % 206.301 11,1 % -17,0 % RĂ©gion RĂ©gion flamande 1.021.873 60,7 % 1.072.421 60,7 % -0,3 % RĂ©gion de Bruxelles-Capitale 133.481 7,9 % 139.480 7,9 % 0,2 % RĂ©gion wallonne 529.469 31,4 % 555.777 31,4 % -0,3 % TOTAL 1.772.060 1.854.915

Source : traitement propre sur la base du Cadastre des pensions et du Registre national. Source : traitement propre sur la base du Cadastre des pensions et du Registre national. Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national

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GRAPHIQUE 2 : REPARTITION DES RETRAITES DANS DES MENAGES PRIVES ET DE LA POPULATIONTOTALE DES RETRAITES D’APRES LE REVENU DE PENSION INDIVIDUEL TOTAL SUR UNE BASE MENSU-ELLE (2007, MONTANTS BRUTS)

GRAPHIQUE 3 : POURCENTAGE DE DIFFERENCE DANS LA REPARTITION DES RETRAITES DANSDES MENAGES PRIVES ET DANS LA POPULATION TOTALE DES RETRAITES D’APRES LE REVENU DEPENSION INDIVIDUEL TOTAL SUR UNE BASE MENSUELLE (2007, MONTANTS BRUTS)

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Revenu de pension (en EUR)Ménage privé Population totale

Revenu de pension (en EUR)

Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national

Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national

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De ce qui prĂ©cĂšde, il ressort que l’éviction des personnes ĂągĂ©es qui rĂ©sident dansdes mĂ©nages collectifs est susceptible de fausser les rĂ©sultats de la recherche desenquĂȘtes d’ensemble qui limitent leur Ă©chantillon aux retraitĂ©s, membres de mĂ©na-ges privĂ©s. Ce faisant, l’on ne dit cependant pas grand-chose de l’influence de l’ex-clusion des mĂ©nages collectifs des Ă©tudes sur la pauvretĂ©. C’est pourquoi dans lasection suivante, on examine si une mĂȘme dĂ©formation se maintient lorsque l’on sefocalise sur la pauvretĂ© chez les aĂźnĂ©s.

5. EVICTION DES RETRAITES VIVANT DANS DES MENAGES COLLECTIFS : CONSE-QUENCES SUR LA RECHERCHE DE LA PAUVRETE

Afin d’examiner les implications de la dĂ©limitation de l’échantillon Ă  examiner envue d’une Ă©tude sur la pauvretĂ© (plus prĂ©cisĂ©ment l’insertion ou non dans cetĂ©chantillon des retraitĂ©s qui vivent en mĂ©nage collectif), on prĂ©sente ci-dessous desstatistiques qui se rapportent aux retraitĂ©s qui perçoivent la GRAPA, combinĂ©e ounon avec un autre revenu de pension (15). Ce faisant, le bĂ©nĂ©ficiaire de la GRAPAest considĂ©rĂ© comme quelqu’un prĂ©sentant un risque accru de pauvretĂ©. En effet,cette allocation est un rĂ©gime d’aide sociale soumis Ă  une enquĂȘte sur les moyensd’existence auquel, en 2007, l’on pouvait uniquement faire appel lorsque le totaldes revenus sur une base mensuelle Ă©tait infĂ©rieur Ă  795,46 EUR (pour un isolĂ©) ou Ă 530,30 EUR (pour un cohabitant) (16). Ces montants se situent en dessous du seuilde pauvretĂ© tel qu’il est calculĂ© sur la base des donnĂ©es EU-SILC (c.-Ă -d. 60% durevenu mĂ©dian). En 2007, ce seuil s’élevait en effet Ă  878 EUR pour les isolĂ©s et Ă 1.317 pour les couples (voire 659 EUR par tĂȘte). En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, on peut doncpartir du principe que les bĂ©nĂ©ficiaires de la GRAPA sont pauvres selon le seuil depauvretĂ© relatif (17).

(15) Le 1er juin 2001, le Revenu garanti aux personnes ĂągĂ©es (RGPA) a Ă©tĂ© remplacĂ© par le rĂ©gime dela GRAPA. Les seniors qui percevaient dĂ©jĂ  un RGPA plus avantageux que la GRAPA, ont pu conser-ver leur RGPA. Le pourcentage restituĂ© ici de bĂ©nĂ©ficiaires de la GRAPA comporte dĂšs lors aussi uncertain nombre de retraitĂ©s qui touchent le RGPA. Pour des motifs de lisibilitĂ©, nous ne parlons icique de GRAPA.(16) La rĂ©alitĂ© est naturellement plus complexe qu’il n’est possible de l’exposer en quelques motsseulement. Pour les conditions lĂ©gales de cumul, voir la loi du 22 mars 2001 portant instaurationd’une Garantie de revenu aux personnes ĂągĂ©es (M.B. 29 mars 2001). Pour un rĂ©sumĂ©, voir Berghman,e.a., 2007, pp. 44-45.(17) Depuis 2004, l’attribution de la GRAPA est automatique ; auparavant, la GRAPA faisait l’objetd’une demande. Pour les retraitĂ©s qui en 2008 atteignaient 70 ans (hommes) voire 68 ans (femmes)ou Ă©taient plus ĂągĂ©s et qui ne s’étaient ouvert aucun droit Ă  la pension depuis 2004 (p. ex. Ă  la suitedu dĂ©cĂšs du partenaire), il n’est pas possible d’exclure la non-revendication de cette allocation. Ceciest particuliĂšrement pertinent pour cet article s’il s’avĂ©rait que le taux de revendication de cette allo-cation Ă©tait diffĂ©rent pour les personnes ĂągĂ©es placĂ©es dans une institution par rapport Ă  celles qui nele sont pas. Il n’existe malheureusement aucune Ă©tude consacrĂ©e Ă  la non-revendication de cette allo-cation dans la situation belge.

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

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Dans le tableau 4, nous comparons la part des retraitĂ©s bĂ©nĂ©ficiant d’une GRAPA desmĂ©nages collectifs et des mĂ©nages privĂ©s d’aprĂšs plusieurs caractĂ©ristiques contex-tuelles (sexe, Ăąge et rĂ©gion). Le tableau dĂ©montre l’existence de divergences remar-quables entre retraitĂ©s dans des mĂ©nages collectifs et retraitĂ©s dans des mĂ©nagesprivĂ©s. Les retraitĂ©s rĂ©sidant dans un mĂ©nage collectif font un usage remarquable-ment plus intensif de la GRAPA : plus de trois fois plus de ces derniers perçoiventune GRAPA que ce n’est le cas pour les retraitĂ©s en mĂ©nage privĂ© (15,5% par rap-port Ă  4,4%). Par ailleurs, cette diffĂ©rence est extrĂȘmement nette pour les hommes :15% des hommes dans un mĂ©nage collectif bĂ©nĂ©ficient d’une GRAPA contre 3,1%des hommes dans un mĂ©nage privĂ©. Cela se vĂ©rifie Ă©galement pour les retraitĂ©s ĂągĂ©sde moins de 70 ans : 19% des retraitĂ©s dans des mĂ©nages collectifs ĂągĂ©s de moins de70 ans touchent la GRAPA par rapport Ă  2,6% de ceux qui sont membres d’un mĂ©na-ge privĂ©. Pour finir, notons encore de profonds Ă©carts dans la RĂ©gion flamande :17,6% des retraitĂ©s flamands d’un mĂ©nage collectif bĂ©nĂ©ficie de la GRAPA contre4,4% de ceux d’un mĂ©nage privĂ©.

TABLEAU 4 : PART DES RETRAITES BENEFICIANT DE LA GRAPA DANS LA POPULATION DES RETRAI-TES DANS UN MENAGE COLLECTIF ET DE LA POPULATION DE RETRAITES DANS UN MENAGE PRIVE(2007)

Si, en deuxiĂšme lieu, nous comparons les mĂ©nages privĂ©s (c.-Ă -d. l’échantillon depopulation des enquĂȘtes d’ensemble) avec la population totale des retraitĂ©s, nousobservons que le fait de limiter la population Ă  examiner aux retraitĂ©s vivant dansdes mĂ©nages privĂ©s a pour effet de fausser grandement les rĂ©sultats (voir tableau 5).Ceci vaut pour toutes les variables contextuelles examinĂ©es.

Le pourcentage de pauvres (dĂ©finis ici comme bĂ©nĂ©ficiaires de la GRAPA ; cf. ci-des-sus) est sous-estimĂ© de 10% lorsque l’on prend uniquement en considĂ©ration les re-traitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s (respectivement 4,4% de bĂ©nĂ©ficiaires de la GRAPAchez les retraitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s contre 4,9% bĂ©nĂ©ficiaires de cette aidedans la population entiĂšre). Nous trouvons de plus grands Ă©carts chez les retraitĂ©es.Le pourcentage de femmes avec une GRAPA est sous-estimĂ© de 11% lorsque l’on se

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L’EXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE L’ECHANTILLON DE RECHERCHE ...

MĂ©nage collectif (N=82.855)

Ménage privé (N=1.762.513)

Sexe N % N % Homme 2.704 15,0 % 25.611 3,1 % Femme 10.161 15,7 % 52.263 5,6 % Age < 70 995 19,0 % 17.420 2,6 % 70-84 6.649 19,0 % 50.607 5,5 %

85 5.221 12,2 % 9.847 6,0 % RĂ©gion RĂ©gion flamande 8.872 17,6 % 45.164 4,4 % RĂ©gion de Bruxelles-Capitale 735 12,3 % 10.776 8,1 % RĂ©gion wallonne 3.258 12,4 % 21.837 4,1 % TOTAL 12.865 15,5 % 77.874 4,4 %

Source : traitement propre sur la base du Cadastre des pensions et du Registre national. Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national

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penche uniquement sur celles vivant dans des mĂ©nages privĂ©s (respectivement 5,6%femmes bĂ©nĂ©ficiaires de la GRAPA dans les mĂ©nages privĂ©s contre 6,3% dans la po-pulation totale de retraitĂ©s). Dans la RĂ©gion flamande, la part des bĂ©nĂ©ficiaires de laGRAPA est sous-estimĂ©e de 12% lorsque l’on ne considĂšre que les retraitĂ©s dans desmĂ©nages privĂ©s (respectivement 4,4% bĂ©nĂ©ficiaires de la GRAPA dans des mĂ©nagesprivĂ©s contre 5% dans toute la population). Pour finir, c’est lorsque l’on tient comp-te de l’ñge des ayants droit que nous observons les rĂ©sultats les plus faussĂ©s. Dansl’échantillon Ă  examiner de la plupart des enquĂȘtes d’ensemble (mĂ©nage privĂ©),environ 6% des retraitĂ©s de plus de 85 ans perçoivent la GRAPA. Dans la populationtotale des retraitĂ©s, la part des ayants droit Ă  la GRAPA chez les plus de 85 ans estcependant de 8,4%. Aussi, ne considĂ©rer uniquement que les retraitĂ©s dans lesmĂ©nages privĂ©s aboutit Ă  une sous-estimation de 29% pour les retraitĂ©s bĂ©nĂ©ficiairesde la GRAPA de 85 ans ou plus.

TABLEAU 5 : PART DES RETRAITES BENEFICIANT DE LA GRAPA DANS LA POPULATION DES RETRAI-TES DANS UN MENAGE PRIVE ET DANS LA POPULATION TOTALE DE RETRAITES (2007)

CONCLUSION

L’allongement de l’espĂ©rance de vie en plus de l’augmentation du nombre de per-sonnes ĂągĂ©es dans notre sociĂ©tĂ© a pour effet de faire des conditions de vie des per-sonnes ĂągĂ©es un sujet brĂ»lant d’actualitĂ©. Il s’en est rĂ©cemment ensuivi la parutionde bien des Ă©tudes sur la situation financiĂšre des personnes ĂągĂ©es sur la base desdonnĂ©es disponibles des Ă©tudes d’ensemble. La toute grande majoritĂ© de ce typed’enquĂȘtes ne prend cependant uniquement en considĂ©ration qu’un pourcentagerestreint de la population des aĂźnĂ©s, Ă  savoir ceux qui font partie d’un mĂ©nage privĂ©.Pour diverses raisons, tant en relation avec le tirage de l’échantillon que de l’accessi-bilitĂ© de ce groupe aux questions et aux chercheurs, il n’est en effet pas Ă©videntd’intĂ©grer les personnes ĂągĂ©es qui rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif (dans ce casprĂ©cis, une institution de soins) dans l’échantillon d’une enquĂȘte d’ensemble.

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Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national

Population totale

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La non-admission des retraitĂ©s vivant dans des mĂ©nages collectifs est susceptible defausser largement les rĂ©sultats de l’enquĂȘte, du moins dans la mesure oĂč ce groupediffĂšre substantiellement des retraitĂ©s des mĂ©nages privĂ©s et est suffisamment grand.Pour ce motif, avec cet article, nous voulions vĂ©rifier l’ordre de grandeur de ladĂ©formation lorsque l’on limite l’échantillon de la population aux personnes ĂągĂ©esdes mĂ©nages privĂ©s. Cette distorsion a Ă©tĂ© examinĂ©e tant du point de vue des ca-ractĂ©ristiques contextuelles que de la mesure du revenu de pension et, plus particu-liĂšrement, de la pauvretĂ©. Pour cela, nous avons fait usage des donnĂ©es administrati-ves du Datawarehouse MarchĂ© du travail et Protection sociale (plus prĂ©cisĂ©ment duCadastre des pensions et du Registre national).

Tenant compte des caractĂ©ristiques contextuelles gĂ©nĂ©rales, nous avons observĂ©que l’exclusion des retraitĂ©s dans des mĂ©nages collectifs ne faussait pas les rĂ©sultatsd’une rĂ©gion Ă  l’autre. Toutefois, cette limitation de l’échantillon examinĂ© auxmĂ©nages privĂ©s entraĂźne une petite surreprĂ©sentation des hommes (47,5% par rap-port Ă  46,3% ; soit une diffĂ©rence de 2,5%) et une sous-reprĂ©sentation substantielledes retraitĂ©s les plus anciens (9,2% par rapport Ă  11,1% ; une diffĂ©rence de 17,0%).La limitation de l’échantillon examinĂ© aux retraitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s entraĂź-ne des diffĂ©rences dans la rĂ©partition des revenus de pension de maximum 4,6% encomparaison avec la population totale de retraitĂ©s.

Avec les chiffres sur la pauvretĂ©, les rĂ©sultats sont nettement plus faussĂ©s. Au total,le pourcentage de pauvres serait sous-apprĂ©ciĂ© de 10% (18). Cet Ă©cart augmentelorsque l’on examine des groupes spĂ©cifiques. Chez les femmes, une limitation del’échantillon de l’étude aux retraitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s donne lieu Ă  une sous-estimation du pourcentage de pauvres de 11%, et en Flandre de 12%. Le plus grandĂ©cart dans les rĂ©sultats peut ĂȘtre observĂ© chez les retraitĂ©s les plus anciens (85+) :chez eux, la limitation de la population Ă©tudiĂ©e a pour rĂ©sultat une sous-estimationdu pourcentage de pauvres de 29%.

MalgrĂ© la divergence entre l’indicateur de pauvretĂ© utilisĂ© dans cet article (c.-Ă -d. laperception d’une GRAPA), et des indicateurs de pauvretĂ© relative plus courammentutilisĂ©s (p. ex. le seuil de pauvretĂ© Ă  60% sur la base de l’EU-SILC), cette Ă©tude faitsuspecter que les Ă©tudes existantes sur la pauvretĂ© chez les seniors sont faussĂ©es du

fait de la limitation de l’échantillon aux personnes ĂągĂ©es dans les mĂ©nages privĂ©s.Les chercheurs observant la pauvretĂ© sous l’angle des donnĂ©es des enquĂȘtes d’en-semble doivent ĂȘtre conscients des consĂ©quences de l’exclusion des personnes

(18) Veuillez observer que sur la base de ces donnĂ©es, l’on pourrait Ă©galement argumenter que lapauvretĂ© est surestimĂ©e au lieu d’ĂȘtre sous-estimĂ©e. Bien que le fait d’avoir droit Ă  la GRAPA fournisseune indication de manque de moyens de subsistance, il est moins Ă©vident de savoir quelle en est laconsĂ©quence sur le niveau de vie des personnes ĂągĂ©es dans les maisons de repos. En effet, ces aĂźnĂ©ssont logĂ©s, nourris et reçoivent des soins et gĂ©nĂ©ralement l’administration vient en aide lorsqu’ilssont dans l’incapacitĂ© de payer. Si nous supposons que les seniors en maison de repos jouissent pardĂ©finition d’un niveau de vie minimal, la pauvretĂ© serait alors surestimĂ©e.

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ĂągĂ©es dans des mĂ©nages collectifs pour leurs rĂ©sultats de recherche. Un groupeimportant de seniors prĂ©sentant un risque accru de pauvretĂ© reste systĂ©mati-quement hors champ, ce qui exerce naturellement des rĂ©percussions sur les recom-mandations politiques effectuĂ©es sur la base de ce type d’étude. Ce problĂšme dedĂ©formation des rĂ©sultats devient encore plus crucial lorsque l’étude se limite Ă  dessub-groupes spĂ©cifiques, par exemple les aĂźnĂ©s les plus vieux ou les femmes.

Par ailleurs, nous nous attendons Ă  ce que, dans un avenir proche, cette problĂ©mati-que de l’éviction des personnes ĂągĂ©es vivant dans des mĂ©nages collectifs deviennede plus en plus cruciale. Les prĂ©visions rĂ©centes du Bureau fĂ©dĂ©ral du Plan (Mest-dagh et Lambrecht, 2003, pp. 7-29) indiquent, en effet, qu’en Belgique, le nombrede personnes dĂ©pendant de soins augmentera et qu’à la suite de cela, ce sera Ă©gale-ment le cas du nombre de personnes ĂągĂ©es admises dans un mĂ©nage collectif. L’ons’attend Ă  ce que le nombre de personnes ĂągĂ©es nĂ©cessitant des soins de longuedurĂ©e dans une institution rĂ©sidentielle de soins augmente de 166% entre 2001 et2050 (de 119.254 en 2001 Ă  317.979 en 2050) (19).

DĂšs lors, il va de soi que les Ă©tudes futures devront s’efforcer d’esquisser une imageaussi complĂšte que possible de la population des aĂźnĂ©s et devront donc aussi pren-dre en considĂ©ration les personnes ĂągĂ©es dans les institutions rĂ©sidentielles commeune partie de la population examinĂ©e. Les Ă©tudes portant sur des catĂ©gories de lapopulation des retraitĂ©s, par exemple sur les membres de mĂ©nages privĂ©s, devraientplutĂŽt ĂȘtre l’exception que la rĂšgle. A cet Ă©gard, on peut faire usage des sources dedonnĂ©es administratives, qui collectent des informations sur l’entiĂšretĂ© de la popula-tion et qui jusqu’à un certain point permettent d’opĂ©rer une distinction entre per-sonnes ĂągĂ©es dans des mĂ©nages privĂ©s et dans des mĂ©nages collectifs.

Les donnĂ©es administratives ne peuvent toutefois jamais se substituer totalementaux enquĂȘtes d’ensemble. C’est pourquoi il faut examiner de façon dĂ©taillĂ©e com-ment peuvent ĂȘtre intĂ©grĂ©es aux enquĂȘtes d’ensemble les personnes ĂągĂ©es dans desinstitutions rĂ©sidentielles de soins. L’attention devra alors se porter en premier lieusur le dĂ©veloppement d’un cadre d’échantillonnage appropriĂ©, dans lequel les per-sonnes ĂągĂ©es des mĂ©nages collectifs ont une chance tout aussi grande d’ĂȘtre sĂ©lec-tionnĂ©es que leurs homologues dans des mĂ©nages privĂ©s. L’utilisation du Registrenational comme base pour le tirage de l’échantillon pourrait s’imposer commerĂ©ponse. Ceci est entre autres dĂ©jĂ  appliquĂ© dans l’EnquĂȘte de SantĂ© Belge, oĂč lespersonnes ĂągĂ©es vivant dans des mĂ©nages collectifs sont considĂ©rĂ©es comme desmĂ©nages d’une seule personne et ont, de ce fait, une chance Ă©gale de sĂ©lection queles seniors dans des mĂ©nages privĂ©s (Tafforeau, 2005). Par ailleurs, il faudra aussi

(19) Cette projection de Mestdagh et Lambrecht (2003, pp. 28-29) se fonde sur des donnĂ©es de l’INA-MI et sur les perspectives de population de la Direction GĂ©nĂ©rale Statistiques et Information (Statbel)et du Bureau fĂ©dĂ©ral du Plan (BFP). La projection part des derniĂšres perspectives de population encombinaison avec des donnĂ©es actualisĂ©es sur les soins de longue durĂ©e et de l’hypothĂšse que l’im-portance des soins rĂ©sidentiels ne changera pas entre 2001 et 2050.

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dĂ©velopper des techniques spĂ©cifiques pour approcher et interviewer les personnesĂągĂ©es dans les mĂ©nages collectifs (e.a. la prise de contact, l’établissement dequestionnaires tenant compte des possibilitĂ©s d’interrogation et des connaissancesdu rĂ©pondant en question, complĂ©ter les informations manquantes via des proxy-rĂ©pondants, etc.). Ce n’est que de cette maniĂšre que les enquĂȘtes d’ensemble conti-nueront, y compris Ă  l’avenir, Ă  constituer un complĂ©ment indispensable et appro-priĂ© aux informations collectĂ©es via la voie administrative sur les personnes ĂągĂ©es.

(Traduction)____________

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TABLE DES MATIERES

L’EXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE L’ECHANTILLON DE RECHERCHE : CONSEQUENCES SUR L’ETUDE DES REVENUS ET DE LA PAUVRETE CHEZ LES PERSONNES AGEES

INTRODUCTION 719

1. L’ETUDE DES REVENUS ET DE LA PAUVRETE DES PERSONNES AGEES 720

2. POURQUOI LES PERSONNES AGEES DES MENAGES COLLECTIFS NE FONT PAS PARTIE DES ECHANTILLONS EXAMINES 722

3. SOURCES DE DONNEES ET ECHANTILLON EXAMINE 724

3.1. CADASTRE DES PENSIONS ET REGISTRE NATIONAL . . . . . . . . . . . . . . 7243.2. POPULATION EXAMINEE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 726

4. UNE ESQUISSE DES RETRAITES VIVANT DANS DES MENAGES COLLECTIFS 727

5. EVICTION DES RETRAITES VIVANT DANS DES MENAGES COLLECTIFS : CONSEQUENCES SUR LA RECHERCHE DE LA PAUVRETE 732

CONCLUSION 734

BIBLIOGRAPHIE 738

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DEVELOPPEMENTS DE L’EUROPE SOCIALE

L’EUROPE SOCIALE EN BELGIQUE : EMPLOI ET INCLUSION SOCIALE AUPRISME DE L’EUROPEANISATION 745

DIGEST EUROPEEN – DIGEST INTERNATIONAL 775

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L’EUROPE SOCIALE EN BELGIQUE : EMPLOIET INCLUSION SOCIALE AU PRISME DEL’EUROPEANISATION

PAR BART VANHERCKE, YANNICK VANDERBORGHT et GERT VERSCHRAEGEN (1)

INTRODUCTION

S’intĂ©resser de prĂšs Ă  la « dimension sociale de l’intĂ©gration europĂ©enne » a-t-ilencore un sens ? Alors que l’Union europĂ©enne (UE) s’est dotĂ©e – aprĂšs bien deshĂ©sitations – d’une nouvelle stratĂ©gie pour la dĂ©cennie 2010-2020, certains pour-raient douter de la pertinence d’une telle dĂ©marche. A bien des Ă©gards en effet, lasimple idĂ©e qu’« Europe 2020 » puisse ĂȘtre un instrument de dĂ©veloppement d’uneEurope sociale dĂ©jĂ  peu avancĂ©e semble relever de l’oxymore (2). Une premiĂšre lec-ture des ambitions et des dispositifs de gouvernance induits par cette stratĂ©giesuggĂšre Ă  l’évidence que des enjeux comme ceux de l’emploi, de la protectionsociale et de l’inclusion sociale sont loin d’ĂȘtre centraux, tant ils apparaissent subor-donnĂ©s aux ambitions Ă©conomiques et budgĂ©taires.

Ce constat initial, quelque peu fataliste, doit nĂ©anmoins ĂȘtre nuancĂ©. Certes, il nousoblige Ă  traiter du sujet de l’europĂ©anisation des politiques sociales avec la plusgrande prudence. Fort dĂ©pendante de la conjoncture, loin de figurer aux rangs des

(1) Bart Vanhercke est co-directeur de l’Observatoire social europĂ©en (OSE) et chercheur associĂ© auCentrum voor Sociologisch Onderzoek (K.U.Leuven) ; Yannick Vanderborght est professeur auxFacultĂ©s universitaires Saint-Louis (FUSL) et professeur invitĂ© Ă  l’UniversitĂ© de Louvain (UCL) ; etGert Verschraegen est professeur Ă  l’Universiteit Antwerpen (UA). Les auteurs adressent leurs plusvifs remerciements aux coordinateurs du projet ETOS.be (Jos Berghman, Olivier Paye, PhilippePochet, Pierre-Paul Van Gehuchten et Pascale Vielle) ainsi qu’aux chercheurs des Ă©quipes belge(Mieke Beckers, Philippe Reyniers, Rika Verpoorten, GaĂ«lle Hubert et Selma Bellal), française (Marie-Pierre Hamel) et nĂ©erlandaise (Nuria Ramos MartĂ­n et Minna van Gerven). Ils remercient Ă©galementl’administratrice au SPP Politique scientifique, Margarida Freire, ainsi que les membres du ComitĂ©d’accompagnement de la recherche ETOS.be, en particulier François Vandamme, Gabrielle Clotuche,Janine Goetschy, Koen Vleminckx et JosĂ©e Goris. Et enfin Marjolaine Blondeau et Edgar Szoc pourleurs suggestions dĂ©taillĂ©es qui ont fortement amĂ©liorĂ© la lisibilitĂ© de cet article.(2) Vanhercke, B., Is “The Social Dimension of Europe 2020” an Oxymoron?, in Degryse, C. et Natali,D. (Ă©ds.), Social developments in the European Union 2010, Bruxelles, ETUI-OSE, pp. 141-174,2011.

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 3e TRIMESTRE 2011

grandes prioritĂ©s de l’Union, l’Europe sociale demeure le parent pauvre d’uneconstruction europĂ©enne d’abord tournĂ©e vers l’intĂ©gration par le marchĂ©. Mais lanouvelle stratĂ©gie « Europe 2020 » – sur laquelle nous reviendrons briĂšvement enconclusion – et un contexte de crise peu favorable aux ambitions sociales nedevraient pas masquer les indĂ©niables progrĂšs dĂ©jĂ  accomplis en la matiĂšre. A tra-vers le cas belge nous tenterons de dĂ©montrer que l’Europe sociale n’est pas unevue de l’esprit.

Il nous semble mĂȘme lĂ©gitime d’affirmer qu’au cours des derniĂšres dĂ©cennies, etparticuliĂšrement depuis la seconde Commission Delors, l’accroissement de la rĂ©gu-lation sociale europĂ©enne a menĂ© au dĂ©veloppement d’une vĂ©ritable politique socia-le de l’Union europĂ©enne (UE) qui a progressivement affectĂ© les Etats sociaux. Lespolitiques sociales nationales sont de plus en plus bousculĂ©es par un processus poli-tique europĂ©en qui implique de nombreux acteurs diffĂ©rents dans un jeu d’interac-tions trĂšs complexe. En somme, le point de vue selon lequel les politiques socialesnationales peuvent ĂȘtre correctement analysĂ©es sans prendre en compte le contexteeuropĂ©en n’est tout simplement plus dĂ©fendable.

En outre, il n’est plus possible non plus de considĂ©rer que les Etats membres setrouvent Ă  la « sortie » de la machine, seulement chargĂ©s de transposer, d’obĂ©ir, oude bĂ©nĂ©ficier de dĂ©cisions et initiatives venues du niveau europĂ©en (dimension« top down »). L’analyse des processus de consultation, des nĂ©gociations, des dyna-miques d’acteurs fait apparaĂźtre, au contraire, le poids des Etats membres dĂšs lesphases d’élaboration des projets europĂ©ens. De constantes interdĂ©pendances etinterfĂ©rences - un phĂ©nomĂšne bien documentĂ© dans la littĂ©rature sur la « multi-levelgovernance » - indiquent combien la construction des politiques europĂ©ennes laisseune place active aux acteurs et institutions nationales. DĂšs lors, il nous paraĂźt impor-tant de mettre l’accent sur les procĂ©dures de co-construction de ces politiques etsur une vĂ©ritable dimension « bottom-up ». La circularitĂ© des mĂ©canismes « topdown » et « bottom up » se trouve en quelque sorte au cƓur de notre travail (3).

La présente contribution vise à synthétiser les principaux acquis de la recherchemultidisciplinaire « Outils européens et politique sociale belge » (« ETOS.be »)menée dans le cadre du programme « Société et avenir » de la Politique scientifiquefédérale (4), et présentés dans un livre paru en juin 2011 (5). Cette recherche, qui

(3) A propos de cette circularitĂ©, cf. les dĂ©veloppements au point 3.4. ci-aprĂšs.(4) Cf. http://www.belspo.be/belspo/ta/index_fr.stm.(5) Vanhercke, B., Verschraegen, G., Van Gehuchten, P.-P. et Vanderborght, Y. (Ă©ds.), L’Europe enBelgique, la Belgique dans l’Europe. Configuration et appropriation des politiques sociales, Gand,Academia Press, 231 pp, 2011. Cet article est Ă  la fois basĂ© sur cet ouvrage et sur le rapport derecherche dĂ©posĂ© Ă  la Politique scientifique fĂ©dĂ©rale. Il est Ă  noter que la recherche dont s’inspirecette contribution a impliquĂ© une dĂ©marche interdisciplinaire associant la conduite d’interviews deplus d’une centaine de personnes Ă  partir de questionnaires semi-structurĂ©s et l’analyse de sourcesprimaires et secondaires.

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portait sur l’europĂ©anisation des politiques sociales au cours de la pĂ©riode 1989-2009, prĂ©sentait une originalitĂ© majeure. En effet, l’équipe a cherchĂ© Ă  adjoindre Ă  laquestion classique du rapport entre systĂšme politique national et systĂšme politique

europĂ©en la prise en compte d’une variable peu examinĂ©e dans la littĂ©rature existan-te : la question de l’impact que pourrait produire l’utilisation d’instruments diffĂ©-rents de production d’une action publique. De surcroĂźt, comme on le verra par lasuite, la question des rapports entre ces instruments, voire de leur intĂ©gration Ă  tra-vers une forme d’« hybridation », a Ă©galement Ă©tĂ© examinĂ©e.

Plus concrĂštement, nous nous focaliserons ici sur le droit europĂ©en classique (direc-tives et rĂšglements), les mĂ©thodes ouvertes de coordination (MOC) et les instru-ments financiers (notamment le Fonds social europĂ©en, FSE). L’analyse sera menĂ©eau travers de deux grandes thĂ©matiques relevant de l’action actuelle de l’UE enmatiĂšre sociale : l’emploi et les conditions de travail d’une part, et l’inclusion socialed’autre part.

Faute de place, une troisiĂšme thĂ©matique traitĂ©e dans le cadre d’ « ETOS.be » nesera pas directement abordĂ©e ici, Ă  savoir l’égalitĂ© entre les femmes et les hommes.Souvent considĂ©rĂ©e comme distincte des politiques sociales stricto sensu, notam-ment en raison de son caractĂšre fondamentalement transversal, cette question a Ă©tĂ©traitĂ©e par notre Ă©quipe au travers d’une politique spĂ©cifique, celle de la concilia-tion entre vie professionnelle et vie privĂ©e. Nous renvoyons les lecteurs intĂ©ressĂ©spar cette thĂ©matique au chapitre qui y est consacrĂ© dans le livre (ETOS.be) prĂ©citĂ©(6), tout en soulignant que quelques Ă©lĂ©ments liĂ©s Ă  l’égalitĂ© de genre seront reprisdans les conclusions du prĂ©sent article.

Ce dernier est structurĂ© comme suit : dans un premier temps, nous prĂ©senteronsbriĂšvement les trois instruments Ă©tudiĂ©s. Ensuite, nous analyserons successivementl’europĂ©anisation des politiques belges en matiĂšre d’emploi et d’inclusion sociale.Enfin, nos conclusions prĂ©senteront dix « clĂ©s de lecture » pour rĂ©flĂ©chir l’europĂ©a-nisation des politiques sociales en Belgique, et ce dans le contexte de la nouvellestratĂ©gie « Europe 2020 ».

1. LES INSTRUMENTS EUROPEENS EN MATIERE DE POLITIQUE SOCIALE : BREFAPERÇU (7)

1.1. DROIT CLASSIQUE : LES DIRECTIVES SOCIALESLe droit communautaire joue un rĂŽle crucial en matiĂšre d’intĂ©gration politique. Cedroit a crĂ©Ă© une constitution Ă©conomique europĂ©enne Ă©tablissant des normes et des

(6) Stoffel, S., Vielle, P. et Paye, O., EuropĂ©anisation des politiques en matiĂšre de l’égalitĂ© de genre :conclusions, in Vanhercke B. et al (Ă©ds.), L’Europe en Belgique
, op. cit., pp. 199-204, 2011.(7) Pour un aperçu moins bref, cf. Verschraegen, G., Vanhercke, B. Beckers, M., Hubert, G., Rey-niers, Ph. et Verpoorten, R., Etude des instruments politiques europĂ©ens, in Vanhercke B. et al (Ă©ds.),L’Europe en Belgique
, op. cit, pp. 19-29, 2011.

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droits fondamentaux que doivent respecter les Etats membres. Bien que l’expansiondes droits sociaux europĂ©ens se soit ralentie au cours de ces dix derniĂšres annĂ©es, ledĂ©veloppement d’une politique sociale europĂ©enne se fait d’abord par l’adoption derĂšgles et par la primautĂ© du droit communautaire.

La premiĂšre « vĂ©ritable » base juridique en matiĂšre sociale n’est apparue qu’à partirde l’Acte unique europĂ©en (1987). Elle concerne uniquement les questions de santĂ©-sĂ©curitĂ©, qui sont soumises au vote Ă  la majoritĂ© qualifiĂ©e. Plus tard, un protocolesocial sera adoptĂ© (traitĂ© de Maastricht), qui deviendra l’article 137. Le traitĂ© d’Am-sterdam Ă©tendra la procĂ©dure de codĂ©cision aux matiĂšres de la santĂ©-sĂ©curitĂ©, desconditions de travail, de l’information-consultation, de l’intĂ©gration sur le marchĂ© del’emploi et de l’égalitĂ© de genre. L’unanimitĂ© demeure requise pour les questions deprotection sociale et de sĂ©curitĂ© sociale, de rĂ©siliation du contrat de travail, dereprĂ©sentation et de dĂ©fense collective des travailleurs, et des conditions d’emploides ressortissants des pays tiers. S’il s’agit de compĂ©tences partagĂ©es, le centre degravitĂ© de la politique sociale demeure au niveau national. Certaines mesures sontd’ailleurs explicitement exclues du champ de compĂ©tence de l’UE (rĂ©munĂ©ration,droit d’association, droit de grĂšve, lock-out). Par ailleurs, cette base juridique s’at-tache Ă  la dĂ©finition de standards minimaux. MalgrĂ© le caractĂšre ambitieux de l’ar-ticle 137, seule une poignĂ©e de directives sociales a Ă©tĂ© adoptĂ©e et leur contenudemeure relativement flexible.

En 2001, la commissaire en charge des Affaires sociales, Anna Diamantopoulou,dĂ©clarait que l’instrument lĂ©gislatif Ă©tait « pĂ©rimĂ© » pour les matiĂšres sociales, illus-trant ainsi un changement de perception Ă  l’égard du modĂšle d’harmonisation pardirectives. Selon cette vision, celui-ci serait entraĂźnĂ© dans une forme de cerclevicieux. Tout d’abord, la lĂ©gislation sociale se heurte toujours Ă  des difficultĂ©s poli-tiques lors de son adoption. Par la suite, les blocages politiques entraĂźnent une dimi-nution du nombre de directives et une dilution de leurs contenus. En troisiĂšme lieu,les formulations relativement ouvertes voire ambiguĂ«s de ces instruments font sou-vent l’objet d’interprĂ©tations plus strictes de la Cour de justice de l’Union europĂ©en-ne (CJUE) (8) lorsqu’elle est appelĂ©e Ă  se prononcer (9). Une attitude plus circons-pecte s’est d’ailleurs dĂ©veloppĂ©e Ă  l’égard de ce rĂŽle de « lĂ©gislateur judiciaire » quiincombe Ă  la CJUE.

Au dĂ©ficit de rĂ©gulation de la mĂ©thode communautaire classique s’ajoutent desprĂ©occupations quant Ă  l’effectivitĂ© des politiques portĂ©es par le droit. Cela a sou-vent amenĂ© la Commission elle-mĂȘme Ă  promouvoir l’adoption d’approches nonlĂ©gislatives. Tout cela a conduit Ă  un dĂ©bat sur les avantages et inconvĂ©nients du

(8) Anciennement la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE).(9) Pour un apercu récent, voir Ghailani, D., European social policy: some thoughts on the case law,in Degryse, C. et Natali, D. (éds.), Social developments in the European Union 2010, Bruxelles,ETUI-OSE, pp. 175-204, 2011.

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droit dans l’intĂ©gration europĂ©enne. Les dĂ©bats sur la « nouvelle gouvernance » ontmenĂ© Ă  des solutions fondĂ©es sur la « softlaw » et l’autorĂ©gulation, moins prescrip-tives et moins uniformes.

1.2. NOUVELLE GOUVERNANCE : LA METHODE OUVERTE DE COORDINATIONLors du Conseil europĂ©en de Lisbonne (mars 2000), les chefs d’Etat et de Gouverne-ment ont assignĂ© Ă  l’Union l’objectif de devenir, d’ici 2010, « l’économie de laconnaissance la plus compĂ©titive et la plus dynamique du monde, capable d’unecroissance Ă©conomique durable accompagnĂ©e d’une amĂ©lioration quantitative etqualitative de l’emploi et d’une plus grande cohĂ©sion sociale » (10).

Afin d’atteindre cet objectif, la StratĂ©gie de Lisbonne prĂ©voit de recourir Ă  un Ă©ven-tail d’instruments d’action, parmi lesquels la MOC, dĂ©jĂ  mise en Ɠuvre de factodepuis 1997 en matiĂšre d’emploi (cf. la StratĂ©gie europĂ©enne pour l’emploi, SEE).Celle-ci inclut : la fixation de lignes directrices, l’établissement d’indicateurs quanti-tatifs et qualitatifs, la comparaison des meilleures pratiques (benchmarks), la fixa-tion d’objectifs nationaux et rĂ©gionaux et une Ă©valuation pĂ©riodique par les pairs. Ils’agit donc d’une forme de gouvernance « soft », sans lĂ©gislation « contraignante ».On peut lĂ©gitimement supposer que ce mode de gouvernance tendra Ă  se dĂ©velop-per Ă  l’avenir, comme alternative Ă  une lĂ©gislation de plus en plus improbable dansune UE Ă  vingt-sept.

Le Conseil europĂ©en de Lisbonne ouvre la voie Ă  l’application de la coordinationouverte Ă  toute une sĂ©rie de domaines : enseignement, sociĂ©tĂ© de l’information,innovation, etc. En 2001, la MOC Ă©tait dĂ©jĂ  utilisĂ©e dans onze domaines politiques,parmi lesquels l’inclusion sociale (2000), les pensions (2001), les soins de santĂ©(2004). Ses instruments sont aussi utilisĂ©s en matiĂšre d’asile et d’immigration, deprotection de l’environnement, de handicap, de santĂ© et sĂ©curitĂ©, et de droits fonda-mentaux. Et cela en dĂ©pit d’un scepticisme croissant dans le monde acadĂ©mique –particuliĂšrement prononcĂ© du cĂŽtĂ© des juristes et des Ă©conomistes (11) – Ă  l’égardde ce mode de gouvernance.

En tant que nouvelle gouvernance moins rigide et prescriptive, la MOC se caractĂ©ri-se par son caractĂšre dĂ©libĂ©ratif (consensus) et multi-niveaux (peu ou pas hiĂ©rar-chique, et connectant diffĂ©rents niveaux de pouvoir), par sa responsabilisation poli-tique en termes de transparence et d’examen par les pairs, et par sa combinaison

(10) Conseil europĂ©en, Conclusions de la prĂ©sidence - Conseil europĂ©en de Lisbonne du 23 et 24mars 2000, 2000, http://www.europarl.europa.eu/summits/lis1_fr.htm.(11) Pour une vue d’ensemble des critiques adressĂ©es Ă  la « soft law » dans le contexte de la StratĂ©-gie de Lisbonne, voir Natali, D., The Lisbon Strategy, Europe 2020 and the Crisis in Between, in Mar-lier, E. et Natali, D. (Ă©ds.), Europe 2020: Towards a More Social EU?, Bruxelles, PIE-Peter Lang,pp. 93-113, 2010.

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d’objectifs-cadres adaptables aux diffĂ©rents niveaux (12). Une telle dĂ©finition peutparaĂźtre assez vague, d’autant que la plupart des MOC n’ont pas de bases juridiquesdans les traitĂ©s (Ă  l’exception des Grandes orientations de politiques Ă©conomiques(13) (GOPE) et de la SEE). Il n’existe pas de dĂ©finition juridiquement contraignantede la MOC, ce qui signifie que les MOC peuvent considĂ©rablement varier entre elles,selon le champ politique auquel elles s’appliquent. En somme, « la » MOC n’est pasune « recette » figĂ©e. Elle est plutĂŽt un « livre de cuisine » qui contient diversesrecettes, certaines plus lĂ©gĂšres et d’autres plus indigestes (14). Mais son essence estd’ĂȘtre un processus itĂ©ratif qui expose, identifie et compare les diffĂ©rences d’ap-proches entre Etats membres dans un domaine donnĂ©.

1.3. LES INSTRUMENTS FINANCIERS : LES FONDS STRUCTURELSLes fonds structurels europĂ©ens ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s en tant qu’instruments financiers pourmettre en Ɠuvre la politique de cohĂ©sion de l’UE. Ils visent Ă  rĂ©duire les inĂ©galitĂ©sĂ©conomiques et sociales entre Etats membres. La politique de cohĂ©sion comptepour plus d’un tiers du budget europĂ©en. ConcrĂštement, il existe deux fonds struc-turels : le Fonds europĂ©en de dĂ©veloppement rĂ©gional (FEDER) et le Fonds socialeuropĂ©en (FSE). S’y ajoutent le Fonds de cohĂ©sion (FC), le Fonds europĂ©en agricolede garantie (FEAGA), le Fonds europĂ©en agricole pour le dĂ©veloppement rural (FEA-DER) et le Fonds europĂ©en pour la pĂȘche (FEP). Ces diffĂ©rents fonds se voientallouer des objectifs spĂ©cifiques pour des pĂ©riodes de sept ans. Les deux derniĂšrespĂ©riodes en date sont 2000-2006, et 2007-2013.

Bien que tous ces fonds soient opĂ©rationnels en Belgique, le FSE est le plus impor-tant. Il constitue depuis quelques annĂ©es l’instrument financier d’accompagnementde la SEE et est supposĂ© contribuer Ă  l’employabilitĂ© et l’adaptabilitĂ© des travailleurset des entreprises, au dĂ©veloppement du capital humain, Ă  l’intĂ©gration sur le mar-chĂ© du travail et Ă  la lutte contre les discriminations et l’exclusion sociale.

Pour la période de programmation 2007-2013, la politique de cohésion a été étroite-ment liée à la Stratégie de Lisbonne et plus récemment à la Stratégie Europe 2020.Les fonds participent aux priorités définies dans ces stratégies et sont conditionnés

(12) Pour des travaux de synthĂšse rĂ©cents Ă  propos de l’adĂ©quation et de l’impact de la MOC sociale,cf. Heidenreich, M., et Zeitlin. J. (Ă©ds.), Changing European Employment and Welfare Regimes: TheInfluence of the Open Method of Coordination on National Reforms, Londres, Routledge, 2009;Kröger, S., (Ă©d.), What we have learnt: Advances, pitfalls and remaining questions in OMC research,European Integration online Papers (EIoP), Special Issue 1, Vol. 13, 2009 ; Vanhercke, B., Delive-ring the Goods for Europe 2020? The Social OMC’s Adequacy and Impact Re-Assessed, in Marlier, E.et Natali, D., Europe 2020: Towards a more Social EU?, Peter Lang, Bruxelles, pp. 115-142, 2010.(13) Ces grandes orientations ont pour objectif de coordonner les politiques Ă©conomiques des Etatsmembres.(14) Vandenbroucke, F. (2002) The EU and social protection: what should the European Conventionpropose?, MPIfG Working paper 02/06, Max Planck Institute for the Study of Societies.

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par l’état d’avancement des rĂ©formes envisagĂ©es. L’examen plus particulier du FSEmontre que depuis 1999, l’action de celui-ci s’établit comme soutien aux objectifsde la SEE. En outre, les Programmes opĂ©rationnels (PO) des Etats membres sont exa-minĂ©s par la Commission Ă  la lumiĂšre des plans nationaux de mise en Ɠuvre de laSEE. Le FSE agit donc comme l’instrument financier de la SEE en vue de combattrele chĂŽmage, renforcer l’employabilitĂ© et investir dans l’éducation et la formationprofessionnelle. La StratĂ©gie de Lisbonne, les Orientations stratĂ©giques communau-taires, les GOPE et la SEE sont donc Ă©troitement liĂ©es Ă  la politique de cohĂ©sion,deuxiĂšme politique europĂ©enne la plus importante en terme de budget.

Les rĂ©sultats de la politique rĂ©gionale europĂ©enne se reflĂštent dans des projetsconcrets, sur l’ensemble du territoire europĂ©en. Ils sont clairement visibles etincluent : crĂ©ation de centres d’affaires, implication de personnels dans des orga-nismes de formation, crĂ©ation d’infrastructures, etc. Pour chaque projet financĂ© parl’UE, l’Etat membre doit contribuer Ă  hauteur d’au moins 50 % des coĂ»ts totaux(principe « d’additionnalitĂ© »). Ce qui signifie que le financement europĂ©en s’ajou-te, en principe, aux engagements nationaux, sans s’y substituer.

En Belgique, ce sont essentiellement les RĂ©gions et les CommunautĂ©s qui bĂ©nĂ©fi-cient des fonds europĂ©ens. Depuis Maastricht (1992), elles peuvent participer auxnĂ©gociations du Conseil de l’UE. Au niveau belge, les modalitĂ©s de cette participa-tion ont Ă©tĂ© dĂ©finies dans un accord de coopĂ©ration en 1994. Les sujets couverts parles fonds structurels englobent en effet de nombreuses questions qui relĂšvent desentitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es (amĂ©nagement du territoire, Ă©conomie, emploi, environnement,ressources humaines etc.). Celles-ci sont donc en premiĂšre ligne pour la nĂ©gociationdes programmes de dĂ©veloppement. Ainsi, en ce qui concerne le FSE, la Commis-sion a approuvĂ© six Programmes opĂ©rationnels (PO) 2007-2013 pour la Belgique.Bien que ces programmes partagent une base commune (par exemple, l’inclusionsociale, ou le dĂ©veloppement du capital humain), les diffĂ©rentes entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©espeuvent librement fixer leurs propres prioritĂ©s, en lien avec les rĂ©alitĂ©s socio-Ă©cono-miques rĂ©gionales. Ces prioritĂ©s se traduisent Ă©galement au niveau budgĂ©taire (dis-tribution des financements du FSE).

2. LES POLITIQUES DE L’EMPLOI

2.1. LA GENESE DE LA POLITIQUE EUROPEENNE DE L’EMPLOIBien que les rĂ©formes du marchĂ© du travail et l’élaboration des politiques d’emploirelĂšvent principalement du niveau national, ce dernier est de plus en plus liĂ© Ă  desprocessus supranationaux visant Ă  coordonner emploi et politique sociale. La StratĂ©-gie pour l’emploi de l’Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©cono-miques (OCDE) (1994) et la SEE (1997) sont les exemples les plus significatifs dansce domaine.

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La politique de l’emploi a longtemps Ă©tĂ© marginale dans la construction europĂ©en-ne, en raison de l’absence de bases juridiques dans les traitĂ©s. L’UE a avant tout cen-trĂ© son action sur la « libertĂ© des marchĂ©s », sans agir en matiĂšre de « libertĂ©ssociales ». Cela a eu pour consĂ©quence de perturber le droit du travail et la poli-tique de l’emploi dans les Etats membres. Certes, le FSE a Ă©tĂ© instituĂ© dĂšs ses dĂ©butsafin d’amĂ©liorer les possibilitĂ©s d’emploi pour les travailleurs dans le marchĂ© intĂ©-rieur, mais le dĂ©veloppement d’une vĂ©ritable politique de l’emploi europĂ©enne nedate que du dĂ©but des annĂ©es 1990.

Au cours des annĂ©es 1990, l’UE a manifestĂ©e un empressement Ă  s’occuper desrĂ©gimes d’emploi nationaux, et ce en raison des vastes rĂ©formes en cours dans lesEtats membres tant en ce qui concerne les marchĂ©s du travail que les rĂ©gimes deprotection sociale. Par ailleurs, toujours durant les annĂ©es 1990, l’achĂšvement dumarchĂ© intĂ©rieur, la monnaie unique et le pacte de stabilitĂ© et de croissance ontconsidĂ©rablement rĂ©duit la marge de manƓuvre des Etats membres dans cesmatiĂšres (fin des dĂ©valuations compĂ©titives). Les problĂšmes ont Ă©tĂ© particuliĂšre-ment aigus dans les Etats-providence continentaux bismarckiens comme la Belgique:de faibles taux d’emploi, en raison notamment de programmes de mise Ă  la prĂ©re-traite, ont affaibli la base fiscale de l’Etat-providence.

Avec le TraitĂ© d’Amsterdam (1997), il est apparu Ă©vident que l’UE devait apporterune rĂ©ponse commune Ă  ces problĂšmes sociaux. On reconnaĂźt alors que les pro-blĂšmes du marchĂ© du travail sont structurels et partagĂ©s par les Etats membres ; ilfaut donc dĂ©finir un agenda supranational. Le TraitĂ© d’Amsterdam contient pour lapremiĂšre fois un chapitre consacrĂ© Ă  l’emploi ; c’est ainsi qu’est lancĂ©e la SEE. Ils’agit ici de coordonner les politiques nationales de l’emploi et d’inciter les Etatsmembres Ă  entreprendre et Ă  mettre en Ɠuvre des rĂ©formes difficiles. Les principauxingrĂ©dients sont l’augmentation du taux d’emploi et l’adaptation au changement parl’investissement dans la formation et l’activation des chĂŽmeurs.

La SEE reflĂšte non seulement un renforcement de la gouvernance europĂ©enne enmatiĂšre de l’emploi, mais aussi une rĂ©orientation considĂ©rable de ses objectifs. Lenouveau systĂšme de politique europĂ©enne d’emploi qui apparaĂźt alors est fondĂ© surtrois instruments de gouvernance : le droit europĂ©en du travail (y compris la lĂ©gisla-tion via les accords-cadres du dialogue social europĂ©en), la SEE et le FSE.

2.2. L’UTILISATION DES DIFFERENTS INSTRUMENTS DE GOUVERNANCEOn peut donc affirmer que, du moins depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, l’UE a pro-gressivement dĂ©veloppĂ© un systĂšme de gouvernance de l’emploi qui va au-delĂ  deses compĂ©tences de base (normes de travail, discrimination, etc.), pour s’élargir Ă  larĂ©duction du chĂŽmage, Ă  l’augmentation du taux d’emploi et aux conditions de tra-vail. Depuis son lancement en 1997, la SEE a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour amorcer des rĂ©formes

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et amĂ©liorer les conditions de travail dans les Etats membres, via des lignes direc-trices non juridiquement contraignantes, des indicateurs quantitatifs, l’échange demeilleures pratiques, l’examen par les pairs et la surveillance multilatĂ©rale.

De nombreux chercheurs se sont montrĂ©s sceptiques quant Ă  l’impact de la « softlaw » sur les politiques nationales, en raison de son caractĂšre non obligatoire. A lalumiĂšre de nos travaux empiriques, on peut toutefois affirmer que les procĂ©dures etmĂ©canismes de la SEE ont un impact substantiel. L’effet principal de la SEE est sansdoute cognitif. Elle influe sur la maniĂšre de penser les rĂ©formes et introduit desconcepts europĂ©ens dans les dĂ©bats nationaux (activation, vieillissement actif, flexi-curitĂ©), affectant sensiblement les prioritĂ©s des politiques nationales de l’emploi. Deplus, la SEE renforce la prise de conscience de problĂšmes politiques urgents, telsque le vieillissement actif, et offre un systĂšme de rĂ©fĂ©rence pour l’orientation despolitiques. Ainsi en va-t-il de l’augmentation du taux d’emploi versus la rĂ©duction duchĂŽmage, l’approche prĂ©ventive et globale du chĂŽmage versus l’approche curativeet ciblĂ©e.

En outre, les lignes directrices et les objectifs de la SEE sont utilisĂ©s par diversacteurs pour lĂ©gitimer certaines de leurs revendications dans les nĂ©gociations. Par-fois aussi, le « benchmarking » fonctionne comme un « antidote Ă  l’autosatisfaction »et exerce une pression pour relever les dĂ©fis politiques urgents. Ainsi, en Belgique,les instruments de la SEE ont contribuĂ© Ă  convaincre les partenaires sociaux du pro-blĂšme des travailleurs ĂągĂ©s et ont servi Ă  lĂ©gitimer le « Pacte des gĂ©nĂ©rations ». Auniveau organisationnel, la SEE a contribuĂ© Ă  renforcer les capacitĂ©s statistiques et apromu un dĂ©but de culture de planification et d’évaluation. Selon certains, elle amĂȘme contribuĂ© Ă  une meilleure coordination de la politique de l’emploi entre lesdivers niveaux de pouvoir.

Le FSE a quant Ă  lui influencĂ© les politiques nationales et rĂ©gionales du marchĂ© dutravail en conditionnant le financement de projets aux orientations et objectifseuropĂ©ens. Le FSE a Ă©galement influencĂ© les mĂ©thodes de conception des politiqueset l’élaboration de projets. Pendant les annĂ©es 1990 surtout, il a financĂ© des projetsinnovants. Son approche globale vise Ă  promouvoir des politiques d’emploi prĂ©ven-tives et l’intĂ©gration de groupes vulnĂ©rables sur le marchĂ© du travail. Il a stimulĂ© lamise en Ɠuvre de mĂ©thodes d’encadrement et de conseil, des trajectoires profes-sionnelles, des coupons pour la formation et l’enseignement, etc. Enfin, il a favorisĂ©la collaboration entre acteurs publics et privĂ©s.

En matiĂšre lĂ©gislative, l’UE a dĂ©veloppĂ© au travers de ses directives un socle dedroits dans les domaines qui relĂšvent de ses compĂ©tences (santĂ©-sĂ©curitĂ©, temps detravail, discrimination Ă  l’emploi, etc.). Dans certains cas, ce sont les partenairessociaux europĂ©ens eux-mĂȘmes qui ont nĂ©gociĂ© et dĂ©fini ensemble des normes juridi-quement contraignantes, comme le travail Ă  temps partiel, par exemple. Notre ana-lyse des directives sur le temps de travail et le travail Ă  temps partiel a montrĂ© que lalĂ©gislation belge n’était pas trĂšs Ă©loignĂ©e des normes europĂ©ennes, mais que la

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transposition de ces directives en droit national avait tout de mĂȘme nĂ©cessitĂ© uneadaptation substantielle (15) ; par exemple, sur le principe de non-discriminationdans le travail Ă  temps partiel, ou l’accĂšs aux congĂ©s de formation payĂ©s. Nos ana-lyses confirment que la Belgique est plutĂŽt lente et hĂ©sitante dans la mise en Ɠuvrede la lĂ©gislation sociale communautaire, en raison notamment de l’autonomie despartenaires sociaux et de leur rĂŽle dans la transposition.

Il est frappant de constater que le droit europĂ©en du travail se rĂ©fĂšre de plus en plusau cadre large de la politique europĂ©enne de l’emploi tel que dĂ©terminĂ© par la SEEet la StratĂ©gie de Lisbonne, la plupart des normes rĂ©centes gravitant autour du prin-cipe de non-discrimination. De mĂȘme, les directives sociales – comme celle sur letemps partiel – incorporent des dispositions de « soft law ». Tout cela indique quela gouvernance europĂ©enne de l’emploi et du travail n’est dĂ©sormais plus unique-ment basĂ©e sur la mĂ©thode communautaire (lĂ©gislative) traditionnelle. Elle utilise deplus en plus une combinaison de « hard » et de « soft law ». Alors que la « hardlaw » prend la forme de lĂ©gislation « one-size-fits-all » (une mĂȘme taille pour tous),par exemple dans le cas de la santĂ©-sĂ©curitĂ© sur les lieux du travail, la combinaison« hard » et « soft law » permet une flexibilitĂ© dans la mise en Ɠuvre, via desaccords-cadres (voir par exemple la directive temps de travail).

2.3. HYBRIDATION DANS LA GOUVERNANCE DE L’EMPLOI ?Cette combinaison d’instruments de gouvernance a rĂ©cemment Ă©tĂ© dĂ©crite commeune « hybridation », oĂč chaque instrument joue un rĂŽle distinct et oĂč le chevauche-ment des outils contribue aux objectifs politiques communs. Par exemple, le FSE, laSEE et le droit du travail contribuent de maniĂšre diffĂ©rente, mais en se renforçant, Ă la lutte contre les discriminations sur le marchĂ© de l’emploi.

Notre analyse corrobore en grande partie cette affirmation. Les diffĂ©rents instru-ments de gouvernance sont de plus en plus intĂ©grĂ©s, tout en conservant leurs spĂ©ci-ficitĂ©s. Ils utilisent un vocabulaire commun, se rĂ©fĂšrent aux actions de chacun etfonctionnent conjointement pour rĂ©aliser des objectifs transversaux (approche prĂ©-ventive et globale du chĂŽmage, etc). L’exemple type de cette intĂ©gration croissanteest le couplage entre la SEE et le FSE. Le FSE doit dĂ©sormais soutenir les mesuresnationales liĂ©es Ă  la SEE ainsi que les objectifs europĂ©ens d’intĂ©gration sociale, denon-discrimination, d’égalitĂ© des chances, d’éducation et de formation.

Cette intĂ©gration entre objectifs politiques (SEE) et moyens financiers (FSE) donneau systĂšme europĂ©en de gouvernance de l’emploi une force et un potentiel qu’il

(15) Pour une analyse plus dĂ©taillĂ©e Ă  cet Ă©gard, cf. Reyniers, Ph., Emploi et conditions de travail :l’impact de la lĂ©gislation europĂ©enne, in Vanhercke, B. et al, L’Europe en Belgique
, op. cit., pp. 81-93, 2011.

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n’avait pas auparavant. Cela se vĂ©rifie dans le cas belge, en particulier en ce quiconcerne les questions d’égalitĂ© des chances et de non-discrimination. En 2000, l’UEa adoptĂ© deux directives « non-discrimination » ; et bon nombre d’actions prĂ©vuesdans la programmation du FSE belge 2000-2006 sont explicitement liĂ©es Ă  ce cadreeuropĂ©en de lutte contre les discriminations.

L’établissement de la cellule « ENIAC (16) » (Cellule d’évaluation de l’impact PAN-FSE) au sein de l’Administration fĂ©dĂ©rale de l’Emploi constituait Ă©galement un refletde cette intĂ©gration entre FSE et SEE, tout comme les anciens Plans d’action natio-naux (PAN) pour l’emploi. Ainsi, le PAN incluait des informations sur la maniĂšredont le FSE est utilisĂ© pour soutenir la SEE.

Enfin, il faut souligner que les critiques portĂ©es Ă  la SEE, selon lesquelles cet instru-ment serait faible et inefficace, ne tiennent pas suffisamment compte de ces liensentre SEE et FSE. Elles n’abordent gĂ©nĂ©ralement la SEE que de maniĂšre isolĂ©e, alorsque notre analyse dĂ©montre que son lien Ă©troit avec le FSE permet de traduire lesobjectifs de la SEE en actions concrĂštes. Le soutien financier du FSE augmente leschances de rĂ©sultats de la SEE et contribue Ă  son efficacitĂ©. En outre, le principe« d’additionnalitĂ© » contraint les Etats membres Ă  s’engager eux-mĂȘmes, Ă  agir dansles secteurs oĂč ils souhaitent attirer des financements du FSE. Autrement dit, lesbudgets nationaux (ou ceux des entitĂ©s infra-nationales) s’adaptent en partie auxcritĂšres du FSE.

Bien que les diffĂ©rents instruments de la politique europĂ©enne de l’emploi ne soientpas tous nouveaux (par exemple le FSE), il y a de bonnes raisons de voir dans cettenouvelle intĂ©gration d’instruments un nouveau mode de gouvernance. En compa-rant cette nouvelle gouvernance avec la mĂ©thode communautaire classique, nousconstatons qu’elle est caractĂ©risĂ©e par :

ïżœ de nouveaux « brassages » institutionnels entre administrations, organismes de« peer review », acteurs privĂ©s, agences publiques de l’emploi, partenaires sociaux, etc., en plus des acteurs traditionnels europĂ©ens et nationaux. Cette variĂ©tĂ© d’acteurs reflĂšte aussi la variĂ©tĂ© des niveaux de pouvoir (supranationaux, nationaux et infra-nationaux) qui coordonnent leur action. Formellement, les gouvernements nationaux ou rĂ©gionaux peuvent ĂȘtre au centre de cette gouver-nance multi-niveaux, mais en prĂ©sence d’une large variĂ©tĂ© d’organisations de la sociĂ©tĂ© civile nationale et internationale, jouant ainsi Ă©galement un rĂŽle et refu-sant aux gouvernements le monopole de l’initiative ;

(16) Formellement, ENIAC a cessĂ© d’exister en 2006. Toutefois, il est intĂ©ressant de noter que cettedissolution juridique n’a pas empĂȘchĂ© la crĂ©ation d’un espace informel, dans lequel persiste une pra-tique de coordination intergouvernementale rĂ©currente et fondĂ©e sur la confiance (source : inter-views dans le cadre d’ETOS.be ; LĂłpez-Santana, M., Having a Say and Acting: Assessing the effective-ness of the European Employment Strategy as an intra-governmental coordinative instrument, in Krö-ger, S. (Ă©d.), What we have learnt
, op.cit., Art. 15, 2009).

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ïżœ de nouvelles « rĂšgles du jeu politique » effectives dans cette gouvernance multi--niveaux et ses diffĂ©rents instruments (FSE, SEE, dialogue social europĂ©en). Ces rĂšgles sont trĂšs complexes et impliquent non seulement une influence europĂ©en-ne sur le niveau national, mais aussi la recherche par les acteurs nationaux de stratĂ©gies pour « europĂ©aniser » leurs prĂ©fĂ©rences propres, leur ordre du jour, leurs intĂ©rĂȘts, etc. ;

ïżœ des « brassages » de procĂ©dures : auto-coordination collective, dĂ©libĂ©ration cyclique, procĂ©dure de rĂ©solution de problĂšmes, programmations Ă  long terme, rĂ©gulations flexibles (accords-cadres) et classiques (« top-down ») ;

ïżœ d’autres rĂ©sultats politiques : objectifs, lignes directrices, « benchmarking », indicateurs statistiques en plus des normes classiques (rĂšglements, directives). Autant d’élĂ©ments qui mesurent les progrĂšs des Etats membres vers les objectifs convenus au niveau europĂ©en, et qui permettent d’évaluer les politiques d’emploi et du travail.

Les acteurs nationaux tentent « d’uploader » leurs propres prioritĂ©s dans les instru-ments europĂ©ens et de gĂ©rer ainsi plus aisĂ©ment les contraintes europĂ©ennes. Notreanalyse indique quelques conditions pour rĂ©ussir cet « uploading » : investissementpolitique dans des rĂ©seaux d’acteurs, recherche d’appuis pour promouvoir une ques-tion spĂ©cifique, coordination interne bien organisĂ©e pour dĂ©finir efficacement les posi-tions nationales dans les nĂ©gociations europĂ©ennes. Enfin, le « timing » joue Ă©galementun rĂŽle important : il faut savoir tirer profit des fenĂȘtres d’opportunitĂ©.

3. INCLUSION SOCIALE

Les possibilitĂ©s dont dispose l’Union europĂ©enne (UE) pour prendre des initiativesdans les domaines de la « protection sociale » et de « l’inclusion sociale » sont trĂšslimitĂ©es en raison d’obstacles tant institutionnels que politiques. A ce jour, les Etatsmembres et les institutions europĂ©ennes n’ont pas Ă©tĂ© enclins, voire n’étaient pas enmesure d’élaborer une lĂ©gislation sur ces sujets pour cause d’intĂ©rĂȘts nationaux, desensibilitĂ©s politiques et de trĂšs grandes divergences dans la pratique politique. Celareste vrai en dĂ©pit du constat selon lequel le processus d’intĂ©gration europĂ©enne anotoirement affaibli tant la souverainetĂ© (l’autoritĂ© lĂ©gale) que l’autonomie (la capa-citĂ© de rĂ©glementation de facto) des Etats membres sur le plan de la politique socia-le (17).

Mais cet espace de manƓuvre limitĂ© de l’UE implique-t-il que « l’Europe de la protec-tion sociale et de l’inclusion sociale » soit totalement inexistante ? Trois bonnes rai-sons nous semblent autoriser le rejet d’une conclusion si hĂątive. En premier lieu, le

(17) Leibfried, S. et Pierson, P., Social Policy. Left to Courts and Markets?, in Wallace, H. et Wallace,W. (Ă©ds.), Policy-Making in the European Union (La dĂ©cision politique dans l’Union europĂ©enne),4Ăšme Ă©dition, Oxford, Oxford University Press, p. 268, 2000.

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fait que les compĂ©tences lĂ©gislatives de l’UE n’aient pas encore Ă©tĂ© concrĂ©tisĂ©esdans le domaine de la protection sociale ne signifie guĂšre que l’UE ne puisse pasintervenir (section 3.1.). En deuxiĂšme lieu, l’UE organise depuis 2000 une coopĂ©ra-tion entre les Etats membres sur la modernisation des systĂšmes de protection socia-le. Celle-ci a lieu par le biais de la MĂ©thode ouverte de coordination (MOC) sur leplan de l’inclusion sociale, des systĂšmes de retraite et des soins de santĂ©, que nousĂ©voquerons dans la section 3.2. En troisiĂšme lieu, les Etats membres peuvent comp-ter sur les moyens financiers des fonds structurels. La section 3.3. commente lamaniĂšre avec laquelle l’un de ces fonds, le Fonds social europĂ©en (FSE), soutient unlarge Ă©ventail d’objectifs d’inclusion sociale.

3.1. MALGRE LE PEU DE FONDEMENTS JURIDIQUES, « L’EUROPE DE L’INCLUSIONSOCIALE » N’EST PAS UNE FICTIONLa politique belge en matiĂšre d’inclusion sociale est sensiblement influencĂ©e parl’intĂ©gration europĂ©enne, tant en termes procĂ©duraux que substantiels. A la lumiĂšredes compĂ©tences europĂ©ennes limitĂ©es dans ce domaine politique, ceci est plutĂŽtĂ©tonnant. Pourtant, nos investigations empiriques permettent, de façon convaincan-te, de mettre en lumiĂšre (18) :ïżœ les effets procĂ©duraux, y compris l’amĂ©lioration drastique des capacitĂ©s statis-

tiques et de supervision, la politique menée via des objectifs (quantifiés ou non), les effets-miroir (la découverte de son propre systÚme par le biais de son explica-tion à autrui), et la pression sur la planification à long terme (via le FSE) ;

ïżœ les influences substantielles, y compris les changements cognitifs en matiĂšre d’activation (principalement en rapport avec des personnes trĂšs Ă©loignĂ©es du marchĂ© de l’emploi) et de pauvretĂ© des enfants, mĂȘme dans un pays comme la Belgique qui s’est longtemps opposĂ© Ă  la discussion de ce thĂšme au niveaueuropĂ©en. On peut Ă©galement identifier des influences sur l’agenda politique (par exemple, placer la pauvretĂ© en haut de l’agenda) et des consĂ©quences juridiques (accĂ©lĂ©ration du processus dĂ©cisionnel, par exemple, en liant le dĂ©bat sur l’augmentation du niveau de retraite minimal Ă  la norme de pauvretĂ© europĂ©enne).

3.2. DEUX CONDITIONS CRUCIALES : ACTEURS NATIONAUX ET EFFET DE LEVIERUne condition favorable essentielle en matiĂšre d’effectivitĂ© des instrumentseuropĂ©ens dĂ©crits consiste Ă  voir les acteurs nationaux « s’en saisir » pour lesemployer comme levier. Dans le cas du FSE, ce phĂ©nomĂšne s’est principalement

(18) Pour une discussion plus exhaustive de la MOC Inclusion Sociale en Belgique, voir Vanhercke,B., Hoezo, ver van ons bed ? Over de wisselwerking tussen het Belgische en Europese armoedebe-leid, in Vranken, J., Campaert, G., Dierckx, D. et Van Haarlem, A. (Ă©ds.), Arm Europa. Over armoedeen armoedebestrijding op het Europese niveau, Louvain, Acco (SĂ©rie Sociale Inzichten, n° 13), pp.79-100, 2009. L’effet de la MOC en matiĂšre de pensions en Belgique a Ă©tĂ© dĂ©crit par Vanhercke, B.dans Against the odds. The OMC as a Selective Amplifier for Reforming Belgian Pension Policies, inKröger, S. (Ă©d.), What we have learnt, op. cit., Art. 16, 2009. 757

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produit entre la fin des annĂ©es 1980 et la fin des annĂ©es 1990. Les acteurs politiquesfĂ©dĂ©raux ont dĂ©couvert que les moyens du FSE pouvaient ĂȘtre fructueusement uti-lisĂ©s pour inciter les Centres publics d’action sociale (CPAS) de petite et moyennetaille en Belgique Ă  se charger de l’activation de leurs bĂ©nĂ©ficiaires (19). On a puĂ©galement dĂ©montrer combien les acteurs (sub-)nationaux, tout comme des acteursau sein de la Commission et du Parlement europĂ©en, interprĂ©taient de maniĂšre crĂ©a-tive le concept « d’inclusion sociale via le marchĂ© du travail », critĂšre importantdans les rĂšglements du FSE. De cette façon, le FSE pouvait servir Ă  financer des pro-jets qui Ă©taient en rĂ©alitĂ© axĂ©s sur la lutte contre la pauvretĂ©. En ce qui concerne laMOC, nous avons pu montrer comment les acteurs belges ont recouru Ă  cet instru-ment entre autres pour renforcer le rĂŽle des organisations non gouvernementales(ONG) dans la politique d’inclusion sociale.

3.3. EFFECTIVITE DISCRETE SOUS LE RADAR ET MANQUE D’EVALUATIONLes effets dĂ©crits de l’intĂ©gration europĂ©enne sur la politique d’inclusion socialenationale ont largement lieu « sous le radar » de maniĂšre inaperçue ou, pour le direcomme Giandomenico Majone, « by stealth » (20). Nous distinguons deux dimen-sions Ă  ce phĂ©nomĂšne. PremiĂšrement, la MOC est parfois dĂ©crite comme constituantle secret le mieux gardĂ© d’Europe, tandis que le FSE est d’une complexitĂ© extrĂȘme.Le processus dĂ©cisionnel concernant les deux instruments se dĂ©roule dans desComitĂ©s europĂ©ens visiblement inaccessibles – le Parlement europĂ©en n’y prend pra-tiquement jamais part et les acteurs politiques ou les membres des Parlements natio-naux n’y consacrent que peu d’attention. DeuxiĂšmement, ses effets ne sont que rare-ment Ă©valuĂ©s en dĂ©tail. C’est incontestablement vrai dans le cas du FSE. Manifeste-ment, dĂšs lors que les Etats membres ont pris leur part du butin pendant « la nuit deslongs couteaux » au Conseil europĂ©en, plus personne ne se prĂ©occupe du sort prĂ©cisde ces nombreux millions d’euros. Autrement dit, au niveau substantiel, trĂšs peu d’at-tention est accordĂ©e Ă  la destination des fonds. En Belgique comme dans d’autrespays, on ne dispose souvent que des seules donnĂ©es sur l’input financier du FSE etsur l’utilisation comptable correcte des sommes allouĂ©es. Nos interviews confirmentque mĂȘme la Commission europĂ©enne ne prĂȘte que peu d’attention Ă  la façon dontl’argent est rĂ©ellement dĂ©pensĂ©. Ceci nous permet de conclure que les critĂšres sub-stantiels attachĂ©s au FSE semblent prisonniers d’un « triangle des Bermudes ». A l’ima-ge des navires qui s’évanouissent sans laisser de traces, ces critĂšres disparaissent auprofit de la pure gestion financiĂšre et du bon timing de la dĂ©pense.

(19) Voir aussi Verschraegen, G., Vanhercke, B. et Verpoorten, R., The European Social Fund andDomestic Activation Policies: Europeanization Mechanisms, Journal of European Social Policy,21(1), pp. 55-72, 2011 ; Vanhercke, B. et Campaert, G., Lokaal Sociaal Beleid Onder de Radar. Active-rende Sociale Insluiting via het Europees Sociaal Fonds, in Vranken, J., Campaert, G., Dierckx, D. etVan Haarlem, A. (éds.), Arm Europa. Over armoede en armoedebestrijding op het Europeseniveau, Louvain, Acco (Série Sociale Inzichten, n° 13), pp. 65-77, 2009.(20) Majone, G., Dilemmas of European Integration: The Ambiguities and Pitfalls of Integrationby Stealth, Oxford, Oxford University Press, 2005.

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3.4. L’EUROPEANISATION COMME INFLUENCE RECIPROQUENotre analyse confirme l’hypothĂšse selon laquelle l’europĂ©anisation des politiquesdoit ĂȘtre envisagĂ©e comme une circulation Ă  double sens : examiner les « effets » del’intĂ©gration europĂ©enne sur la politique des Etats membres impose de vĂ©rifier dequelle maniĂšre ces mĂȘmes Etats membres ont contribuĂ© Ă  donner forme Ă  la scĂšneeuropĂ©enne. Parmi les exemples d’un tel « uploading » rĂ©ussi des prĂ©fĂ©rencesbelges au niveau europĂ©en, citons : la Charte des droits fondamentaux de l’UnioneuropĂ©enne, les nĂ©gociations intergouvernementales dans le cadre du traitĂ© deMaastricht, le Programme d’action sociale des annĂ©es 1990, les rĂšglements du FSE(par exemple la possibilitĂ© d’utiliser un financement privĂ© comme contributionnationale) et, enfin, le renforcement de l’architecture de base de la MOC inclusionsociale. Il est Ă©galement essentiel de garder Ă  l’esprit le fait que les acteurs nationauxtentent aussi d’adapter la scĂšne europĂ©enne Ă  leur mode (« shaping »), bien qu’ilsn’aient que rarement vĂ©ritablement prise sur l’ensemble du processus dĂ©cisionnel.De ce fait, « l’uploading » revient parfois tel un boomerang, avec des rĂ©sultats nondĂ©sirĂ©s, au niveau national. Il semble enfin que les acteurs nationaux aient une inter-prĂ©tation relativement hĂ©roĂŻque de leurs propres capacitĂ©s « d’uploading » , c’est-Ă -dire au sens oĂč ils semblent surestimer leur propre influence sur le processus dĂ©ci-sionnel europĂ©en. Selon un grand nombre de nos rĂ©pondants, la machinerie de «l’uploading » belge a Ă©galement Ă©tĂ© insuffisamment adaptĂ©e aux Ă©largissements del’UE en 2004 et 2007 ; en consĂ©quence, certaines opportunitĂ©s importantes d’in-fluencer la scĂšne europĂ©enne ont Ă©tĂ© perdues (directive services, directive fonds depension, etc.).

3.5. LE SAUVETAGE DE L’ETAT FEDERAL PAR L’EUROPE ?Bien que l’inclusion sociale soit dans une large mesure une compĂ©tence rĂ©gionale, iln’en reste pas moins que c’est l’autoritĂ© fĂ©dĂ©rale qui tient la plume lors de la rĂ©dac-tion des Rapports stratĂ©giques nationaux (RSN) dans le cadre de la MOC inclusionsociale (21), qui organise les prĂ©paratifs des rĂ©unions du ComitĂ© de la protectionsociale, coordonne le travail dans le domaine des indicateurs et des objectifs, et quistimule les apprentissages internes. Dans ce contexte, nous nous rĂ©fĂ©rons Ă  une «MOC belge » entre les rĂ©gions et les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales. Le nouveau rĂŽle de coordina-teur de l’administration fĂ©dĂ©rale IntĂ©gration sociale n’est pas passĂ© inaperçu, etentraĂźne parfois des tensions avec les RĂ©gions. Le FSE renforce lui aussi le rĂŽle de l’ad-ministration fĂ©dĂ©rale qui, au travers de cet instrument europĂ©en, peut faire passercertaines idĂ©es (par exemple sur le plan des pratiques innovantes, des partenariats etdes prĂ©-trajets vers l’emploi), notamment en rĂ©compensant les « bonnes » conduitespar des moyens FSE supplĂ©mentaires. Toutefois, un mouvement inverse

(21) Le ComitĂ© de protection sociale (CPS) est un organe consultatif du Conseil des ministres« Emploi, Politique sociale, SantĂ© et Consommateurs » (EPSCO). InstituĂ© en 2000, il est formellementbasĂ© sur l’article 160 du TFUE. Le CPS se compose de deux fonctionnaires de chaque Etat membre(Ă©manant principalement du ministĂšre des Affaires sociales) et de la Commission. Il joue un rĂŽlemoteur dans la MOC sociale.

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peut Ă©galement ĂȘtre observĂ© : au travers des projets du FSE, les expĂ©riences acquisesdans le cadre d’expĂ©rimentations locales refluent vers le niveau fĂ©dĂ©ral et versd’autres CPAS confrontĂ©s Ă  des dĂ©fis similaires, qui peuvent ainsi tirer les leçons deleurs expĂ©riences mutuelles (22). Ces exemples et d’autres semblent confirmer, avecdes nuances, la thĂšse du « Sauvetage de l’Etat fĂ©dĂ©ral par l’Europe » (23).

3.6. LES INSTRUMENTS D’INCLUSION SOCIALE EUROPEENS SONT DE PLUS EN PLUSSOUVENT « HYBRIDES »Tout comme en matiĂšre d’emploi, les instruments politiques europĂ©ens en matiĂšred’inclusion sociale sont de plus en plus « hybrides ». Nous avons ainsi dĂ©couvertdes indications convaincantes prouvant que les mĂ©canismes europĂ©ens « noncontraignants » (« soft law ») influencent le cadre lĂ©gislatif de l’UE. Par exemple,les recommandations du Conseil de 1992 et les activitĂ©s de l’Observatoire europĂ©endes politiques de lutte contre l’exclusion sociale ont contribuĂ© Ă  l’adoption duthĂšme « pauvretĂ© » dans les rĂšglements du FSE. Par ailleurs, la « soft law » est par-fois soutenue par des instruments juridiques contraignants, par exemple PROGRESSet UE SILC dans la MOC inclusion sociale. Depuis peu – et ceci est probablement laforme d’hybriditĂ© aux consĂ©quences les plus significatives –, la « soft law »europĂ©enne co-dĂ©termine les contenus prioritaires et donc les conditions d’attribu-tion du FSE. Par exemple, les diffĂ©rents volets de la StratĂ©gie europĂ©enne de l’em-ploi et de la MOC inclusion sociale (plans d’action nationaux, indicateurs, bonnespratiques, etc.) font dĂ©sormais partie intĂ©grante des rĂšglements du FSE (24).

Il va de soi qu’il faudra procĂ©der Ă  des Ă©tudes ultĂ©rieures sur l’europĂ©anisation de lapolitique d’inclusion sociale. Ainsi faudra-t-il clarifier davantage encore la questionde la prĂ©sence ou non des mĂ©canismes d’europĂ©anisation dĂ©crits dans cette section(effet de levier, appropriation crĂ©ative et apprentissage) dans d’autres Etatsmembres. Selon Hemerijck et Marx notamment, les mĂ©canismes qu’utilisent lesdĂ©cideurs politiques belges pour mettre en Ɠuvre des rĂ©formes en matiĂšre de poli-tique sociale sont plus informels et plus subtils qu’aux Pays-Bas (25). En raison d’un

(22) Voir aussi Sabel, C.F. et Zeitlin, J., Learning from Difference: The New Architecture of Experi-mentalist Governance in the EU, European Law Journal, 14(3), pp. 271-327, 2008 ; Beckers, M.,Verschraegen, G. et Berghman, J., L’Europe comme plate-forme d’apprentissage ? Le rĂŽle de l’UEdans la politique d’activation belge, Revue belge de sĂ©curitĂ© sociale, 49 (4), pp. 709-730, 2007.(23) Beyers, J. et Bursens, P., The European Rescue of the Federal State: How Europeanisation Shapesthe Belgian State, West European Politics, 29 (5), pp. 1057-1078, 2006.(24) L’hybriditĂ© des instruments europĂ©ens en matiĂšre de soins de santĂ© a Ă©tĂ© dĂ©taillĂ©e de façon plusapprofondie par Vanhercke, B. et Wegener, L. (2012), The OMC and Beyond: ‘Soft-to-Hard-to-Soft’Governance of Health Care in the EU, in Cantillon, B., Verschueren, H. et Ploscar, P., Social Inclu-sion and Social Protection in the EU: Interactions between Law and Politics, Intersentia, Antwerp,forthcoming.(25) Hemerijck, A. et Marx, I., Continental Welfare at a Crossroads. The choice between activationand minimum income protection in Belgium and the Netherlands, In Palier, B. (Ă©d.), A Long Good-bye to Bismarck? The Politics of Welfare Reform in Continental Europe, Amsterdam UniversityPress, pp. 129-155, 2010.

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cadre institutionnel spĂ©cifique, l’auto-transformation du systĂšme belge d’assurancessociales s’est effectuĂ©e de maniĂšre progressive et cumulative et, dans une largemesure, sous le radar (26). DĂšs lors, on pourrait formuler l’hypothĂšse selon laquelleles instruments « non contraignants » tels que la MOC et le FSE, qui opĂšrent euxaussi frĂ©quemment « sous le radar » (27), seraient bien en phase avec la cultureinformelle du processus dĂ©cisionnel en Belgique. Une culture qui, par ailleurs, sepositionne positivement par rapport Ă  l’UE. Plusieurs de nos rĂ©pondants soulignentaussi l’effet sur le long terme d’une prĂ©sidence du Conseil : le rĂŽle-clĂ© jouĂ© par lesacteurs belges (tout particuliĂšrement les ministres sociaux-dĂ©mocrates) dans la miseen place de l’architecture de base de la MOC en 2001, pourrait ĂȘtre une explicationdĂ©cisive de la motivation de ces acteurs Ă  mobiliser cet instrument au niveau natio-nal. Il faut aussi noter que durant la prĂ©sidence belge de 2010, le renforcement del’appareillage de la MOC constituait l’un des objectifs prioritaires de l’agenda poli-tique (28).

CONCLUSION : DIX CLES POUR REFLECHIR L’EUROPEANISATION DES POLITIQUESSOCIALES EN BELGIQUE (29)

La politique sociale europĂ©enne se construit Ă  travers la lĂ©gislation (nĂ©gociĂ©e ounon), les instruments financiers, et la « MĂ©thode ouverte de coordination » (MOC).Au cours de la pĂ©riode examinĂ©e ici, on constate une certaine hybridation de cesdiffĂ©rents instruments. L’apparition de la MOC a profondĂ©ment changĂ© le contextede la « mĂ©thode communautaire » traditionnelle (harmonisation lĂ©gislative).L’Union europĂ©enne (UE) s’est dirigĂ©e vers des modes de gouvernance plus com-plexes et diffĂ©renciĂ©s, qui ont influencĂ© le rĂŽle et le fonctionnement des instru-ments traditionnels. Notre recherche s’est penchĂ©e sur la question de savoir si cettediversification croissante des modes de rĂ©gulation a introduit ou non des change-ments dans les politiques et rĂ©gulations nationales : c’est donc la question de ladiffĂ©renciation des impacts selon les outils de la gouvernance europĂ©enne (droit,MOC, instruments financiers) qui a Ă©tĂ© posĂ©e.

(26) Ibid, p. 10.(27) Voir sur ce point Vanhercke, B., Verschraegen, G., Van Gehuchten, P.-P. en Vanderborght, Y.(Ă©ds.), L’Europe en Belgique
, op. cit., pp. 146-147, 2011.(28) En tĂ©moigne la ConfĂ©rence de haut niveau (High Level Conference) “Coordination in the SocialField in the Context of Europe 2020: Looking Back and Building the Future” qui a eu lieu Ă  La Hulpe,les 14 et 15 septembre 2010. La confĂ©rence a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e par un rapport scientifique (commandĂ©par le SPF SĂ©curitĂ© Sociale et par le cabinet de la ministre des Affaires sociales) : Marlier, E. et Natali,D. (Ă©ds.), Europe 2020: Towards a More Social EU ?, Bruxelles, PIE-Peter Lang, 2010.(29) Cette section conclusive est une actualisation de Vanhercke, B., Verschraegen, G., Reyniers, Ph.,Vanderborght, Y., Berghman, J. et Van Gehuchten, P.-P., RĂ©flĂ©chir l’europĂ©anisation des politiquessociales, in Vanhercke, B. e.a., L’Europe en Belgique
, op. cit., pp. 205-225, 2011. Dans ce chapitre,le lecteur trouvera dix-neuf recommandations aux dĂ©cideurs politiques (fĂ©dĂ©raux et rĂ©gionaux)belges. 761

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Par ailleurs, la perspective que nous avons adoptĂ©e visait Ă  analyser un processuscirculaire d’europĂ©anisation, incluant l’élaboration et la mise en Ɠuvre des poli-tiques europĂ©ennes. En d’autres termes, l’étude de l’intĂ©gration europĂ©enne renvoieĂ  l’étude d’un cycle politique et de ses diffĂ©rentes Ă©tapes. Les contextes nationauxet europĂ©ens sont intimement liĂ©s : les rĂ©ponses des Etats membres Ă  l’intĂ©grationeuropĂ©enne (« downloading ») alimentent les processus institutionnels et poli-tiques europĂ©ens (« uploading »), et vice-versa.

Il convient Ă  prĂ©sent de systĂ©matiser les enseignements de la recherche sous formede dix « clĂ©s » pour rĂ©flĂ©chir l’europĂ©anisation des politiques sociales en Belgique.Comme annoncĂ© en introduction, quelques Ă©lĂ©ments issus du domaine « Ă©galitĂ©entre les femmes et les hommes » – traitĂ© dans la recherche « ETOS.be » mais nonrepris dans la prĂ©sente contribution – seront utilisĂ©s Ă  titre d’illustration, spĂ©cifique-ment dans les « clĂ©s » 1, 2 et 8.

Clé 1Hybridation des instruments : complémentarité, subordination et coexisten-ce

Les outils de la politique sociale europĂ©enne sont de plus en plus hybrides : ils tĂ©moignent d’un mĂ©lange des genres entre nouveaux modes de gouver-nance et gouvernement par le droit. Trois formes d’hybridation ont Ă©tĂ© iden-tifiĂ©es, et dĂ©nommĂ©es complĂ©mentaritĂ© a priori, subordination de fait et coexistence.

MĂȘme si la diversitĂ© institutionnelle des instruments n’est pas nouvelle, nous avonsidentifiĂ© un degrĂ© accru d’hybridation des instruments de la politique sociale. EntĂ©moignent les exemples suivants :

ïżœ l’intĂ©gration de dispositifs non contraignants y compris dans des outils juridiques (accord-cadre sur le travail Ă  temps partiel) ;

ïżœ le poids croissant des prioritĂ©s issues des techniques de nouvelle gouvernance (MOC et SEE) pour la mise en Ɠuvre des politiques menĂ©es via les fonds structu-rels.

Nous avons Ă©tĂ© amenĂ©s Ă  distinguer trois formes d’interaction entre les diffĂ©rentsinstruments. Une premiĂšre forme se manifeste par une complĂ©mentaritĂ© pleinementassumĂ©e de chacun d’entre eux (droit, MOC, outils financiers). Ainsi, le droit aucongĂ© parental (issu d’un accord-cadre), la flexibilitĂ© accrue de la durĂ©e du travail(consacrĂ©e par la directive), l’objectif (poursuivi par la StratĂ©gie de Lisbonne) d’assu-rer les soins aux enfants et la mise en Ɠuvre d’expĂ©riences (financĂ©es par le Fondssocial europĂ©en - FSE) forment l’ensemble des ressources rendant possible une poli-

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tique conçue en vue de favoriser l’équilibre entre vie professionnelle et vie de famil-le. Ce premier type d’interaction est dĂ©nommĂ© « complĂ©mentaritĂ© a priori ».

Une deuxiĂšme forme consiste en une instrumentalisation d’un outil au service desobjectifs poursuivis par d’autres moyens. Ainsi, l’accord-cadre sur le travail Ă  tempspartiel fait explicitement rĂ©fĂ©rence aux objectifs de la politique de l’emploi (et, defacto, Ă  la StratĂ©gie europĂ©enne pour l’emploi - SEE - alors naissante). Les Etatsmembres se voient confĂ©rer par ailleurs une marge d’apprĂ©ciation non nĂ©gligeableen vue de la transposition de la directive. On peut ainsi distinguer ici un vĂ©ritableretournement puisque ce sont les prioritĂ©s issues de la SEE (outil « soft » de nouvel-le gouvernance) qui sont appelĂ©es Ă  dĂ©terminer le contenu d’un dispositif rĂ©gissantdes droits du travail (instrument « hard » de gouvernement par le droit). NousdĂ©nommons ce deuxiĂšme type d’interaction « subordination de fait » du droiteuropĂ©en aux objectifs de la nouvelle gouvernance.

Une troisiĂšme forme d’hybridisation concerne la reconnaissance de la lĂ©gitimitĂ©propre des diffĂ©rents instruments, qui coexistent comme instruments Ă  part entiĂšre.Nous dĂ©nommons cette figure « coexistence ». On en trouve l’illustration lorsqueles instruments « soft » de nouvelle gouvernance sont institutionnalisĂ©s dans lestraitĂ©s ou dans le droit dĂ©rivĂ© ce qui, Ă  tout le moins, rend obligatoire le fait d’y par-ticiper.

Il faut souligner que cette hybridation des instruments n’a pas Ă©tĂ© prise en comptedans le suivi des dossiers europĂ©ens au niveau belge. Nous avons mis en Ă©vidence,de la sorte, une « balkanisation » de l’expertise des fonctionnaires qui, identifiĂ©s parune discipline ou par les compĂ©tences d’un service administratif donnĂ©, voient leurhorizon circonscrit de maniĂšre trop Ă©troite. Dans un tel contexte, travailler demaniĂšre intĂ©grĂ©e, ou dans un cadre interdisciplinaire devient difficile ; le partage del’expĂ©rience et des connaissances est, lui aussi, problĂ©matique. Si l’on Ă©largit la pers-pective, on constate aussi que la Cour de justice de l’Union europĂ©enne (CJUE) ararement fait usage des objectifs et finalitĂ©s intĂ©grĂ©s dans les outils de la nouvellegouvernance Ă  l’appui de son interprĂ©tation tĂ©lĂ©ologique, du moins dans le champde la politique sociale. Lorsqu’elle se penche sur la « soft law », c’est pour rappelerla primautĂ© du droit. DĂšs lors qu’à prĂ©sent, en matiĂšre sociale, un certain nombred’objectifs-clĂ©s sont inclus dans des outils de nouvelle gouvernance, le risque existede voir l’interprĂ©tation autorisĂ©e du droit communautaire se cantonner Ă  des limitesĂ©troites – celles de la mĂ©thode communautaire.

Clé 2

Instrumentalisation des politiques sociales

En termes matĂ©riels, les politiques d’emploi et d’inclusion sociale portent la marque d’une instrumentalisation croissante, au service des objectifs de la StratĂ©gie Europe 2020. 763

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Notre recherche met en Ă©vidence l’instrumentalisation d’élĂ©ments-clĂ©s des poli-tiques sociales (en matiĂšre d’emploi et de conditions de travail, d’inclusion sociale,mais aussi de conciliation entre vie professionnelle et vie privĂ©e) : les objectifs pour-suivis ont Ă©tĂ© rĂ©orientĂ©s et recentrĂ©s afin de venir en appui aux objectifs de la StratĂ©-gie de Lisbonne, relancĂ©e en 2005, en mettant davantage l’accent sur la croissanceet l’emploi (30). DĂšs lors, cette seconde phase de Lisbonne s’est caractĂ©risĂ©e parune orientation nettement plus nĂ©olibĂ©rale que la premiĂšre (31), tendance qui estrenforcĂ©e par la stratĂ©gie Europe 2020 (voir clĂ© 10).

Ainsi, en matiĂšre d’emploi, l’élĂ©ment central de la « qualitĂ© de l’emploi », qui avaitĂ©tĂ© ajoutĂ© Ă  la SEE pendant la prĂ©sidence belge de 2001, a quasiment disparu dutableau au profit de l’objectif de flexicuritĂ©. En matiĂšre d’inclusion sociale, bienqu’il y ait toujours eu un lien entre inclusion et emploi, on observe Ă  prĂ©sent unetendance claire Ă  centrer l’effort sur l’intĂ©gration dans le marchĂ© du travail plutĂŽtque sur la promotion de l’inclusion sociale en tant que telle, ou sur la lutte contreles facteurs d’exclusion. Quant Ă  l’objectif d’égalitĂ© de genre, il avait tout d’abordĂ©tĂ© poursuivi au titre d’un principe fondamental attachĂ© Ă  la dignitĂ© des personnes.En tant qu’élĂ©ment de politique sociale, il a Ă©tĂ© rĂ©orientĂ© Ă  prĂ©sent vers des objectifsĂ©largis de performance Ă©conomique, d’accroissement du taux d’emploi, de soutena-bilitĂ© des rĂ©gimes de protection sociale, ainsi qu’en rĂ©ponse aux dĂ©fis dĂ©mogra-phiques.

Clé 3

Europe sociale : la Belgique ne donne plus le rythme

Certes, la Belgique a contribuĂ© Ă  donner le rythme de l’émergence et de l’institutionnalisation de l’Europe sociale. A l’heure actuelle le risque est plutĂŽt de surestimer la capacitĂ© « d’uploading ».

En dĂ©pit d’opportunitĂ©s manquĂ©es, on peut affirmer Ă  juste titre que la Belgique aimprimĂ© sa marque en matiĂšre sociale, et ce Ă  deux niveaux. Tout d’abord, elle a Ă©tĂ©un contributeur important aux fondations lĂ©gales et politiques de l’Europe sociale,en soutenant sans cesse le mode de dĂ©cision Ă  la majoritĂ© qualifiĂ©e en matiĂšre socia-le, ou en agissant en soutien du renforcement des dispositions sociales corrĂ©lativesou consĂ©cutives Ă  la nĂ©gociation des traitĂ©s (par exemple l’Accord sur la politiquesociale annexĂ© au titre de protocole au traitĂ© de Maastricht).

(30) Zeitlin, J., Towards a Stronger OMC in a More Social Europe 2020: A New Governance Architec-ture for EU Policy Coordination, in Marlier, E. et Natali, D. (Ă©ds.), Europe 2020: Towards a MoreSocial EU?, Bruxelles, PIE-Peter Lang, pp. 253-273, 2010.(31) Daly, M., Assessing the EU approach to poverty and social exclusion in the last decade, in Mar-lier, E. et Natali, D. (Ă©ds.), Europe 2020: Towards a More Social EU?, Bruxelles, PIE-Peter Lang,pp. 139-157, 2010.

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Ensuite, on peut argumenter de maniĂšre plausible que la Belgique a imprimĂ© samarque Ă  diffĂ©rents stades des processus concrets et des procĂ©dures, qu’il s’agissede la conception des politiques Ă  initier, au travers de contacts intensifs avec laCommission et d’une participation active aux groupes d’experts et aux comitĂ©sd’avis, ou qu’il s’agisse de la nĂ©gociation politique au travers des groupes de travaildu Conseil et des diffĂ©rents comitĂ©s qui prĂ©parent la dĂ©cision politique en son sein.Il en a Ă©tĂ© ainsi pour le dĂ©marrage de la MOC inclusion, l’institutionnalisation de laSEE ou encore l’adoption de la directive congĂ© parental. De tels diagnostics sontcohĂ©rents : la Belgique a jouĂ© un rĂŽle comparable dans d’autres domaines, parexemple en matiĂšre de politique monĂ©taire. Durant la seconde moitiĂ© de 2010, laBelgique a une nouvelle fois Ă©tĂ© fidĂšle Ă  sa rĂ©putation d’Etat membre expĂ©rimentĂ©,apte Ă  mener des prĂ©sidences du Conseil rĂ©ussies, et ce en dĂ©pit d’une situationpolitique interne passablement compliquĂ©e par les Ă©lections anticipĂ©es de juin2010.

A l’heure actuelle cependant, les acteurs belges devraient ĂȘtre prudents quant Ă  leurcapacitĂ© « d’uploading » dans le contexte des Ă©largissements intervenus :ïżœ les nouveaux rĂŽles dĂ©volus par le traitĂ© de Lisbonne au prĂ©sident permanent du

Conseil, ainsi qu’au Haut reprĂ©sentant de l’Union pour les Affaires Ă©trangĂšres, tendent Ă  rĂ©duire considĂ©rablement la marge de manƓuvre des prĂ©sidences tour-nantes ;

ïżœ la formule de la « prĂ©sidence en Ă©quipe » implique que toute prĂ©sidence tour-nante fait dĂ©sormais partie intĂ©grante d’un « cadre stratĂ©gique », dĂ©pendant d’un programme de 18 mois nĂ©gociĂ© par un trio d’Etats membres et approuvĂ© par le Conseil ;

ïżœ depuis l’élargissement de 2004, en particulier, la Belgique n’est plus au centre de l’Europe. Il n’y a pas eu d’investissement significatif en vue de nouer des partena-riats et des alliances avec les « nouveaux » Etats membres, sans doute en raison du maintien des pactes privilĂ©giĂ©s avec les partenaires favoris traditionnels (Fran-ce, Pays-Bas, Luxembourg) ;

ïżœ des acteurs clĂ©s mettent l’accent sur le retour de l’intergouvernementalisme, c’est-Ă -dire le dĂ©placement de pouvoirs de la Commission vers le Conseil au pro-fit, en consĂ©quence, des Etats membres les plus puissants ;

ïżœ la coalition Commission-Belgique semble dĂšs lors ĂȘtre moins efficiente ;ïżœ Ă  ces facteurs s’ajoute un intĂ©rĂȘt dĂ©croissant de la classe politique belge Ă  l’égard

du processus d’intĂ©gration europĂ©enne, y compris dans ses dimensions socia-les : dans une situation d’ignorance politique des affaires europĂ©ennes, l’hĂ©roĂŻs-me administratif ne peut vĂ©ritablement survivre.

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Clé 4

Les techniques non contraignantes de « l’uploading » : rĂ©seaux informels etla ReprĂ©sentation permanente

La Belgique a utilisĂ© des techniques non contraignantes de persuasion pour influencer de maniĂšre efficace – et parfois contre toute attente – le processus de dĂ©cision europĂ©en. Les rĂ©seaux informels et la ReprĂ©sentation permanente sont des points stratĂ©giques.

L’hypothĂšse d’une influence significative de la Belgique est-elle crĂ©dible comptetenu de son « pouvoir » de nĂ©gociation extrĂȘmement faible, et du fait qu’elle a unpoids (Ă©conomique) plume dans l’Union ? Notre recherche a mis en Ă©vidence com-bien la Belgique a Ă©tĂ© capable d’utiliser des techniques non contraignantes de per-suasion pour influencer (notamment au travers de jeux coopĂ©ratifs) le processus dedĂ©cision europĂ©en par le biais, au moins, des six leviers suivants :ïżœ le poids politique, malgrĂ© tout, dĂ©rivant de la qualitĂ© d’Etat fondateur, de la posi-

tion gĂ©opolitique et de la lĂ©gitimitĂ© de la Belgique en matiĂšre sociale ;ïżœ le « know-how » politique, dĂ©rivĂ© de la capacitĂ© Ă  construire des coalitions poli-

tiques, et l’adĂ©quation entre les pratiques politiques domestiques de recherche du consensus – certes aujourd’hui menacĂ©es – et le mode d’élaboration procĂ©du-rale des dĂ©cisions et des normes au niveau europĂ©en ;

ïżœ la pratique sociale, la Belgique Ă©tant capable de dĂ©ployer des arguments convain-cants fondĂ©s sur des pratiques observables y compris en matiĂšre de MOC lĂ  oĂč le poids de pratiques effectives et pouvant s’étalonner dans le temps devient impor-tant ;

ïżœ la capacitĂ© persuasive, Ă  travers son habiletĂ© Ă  infĂ©rer des concepts fĂ©dĂ©rateurs dĂšs lors que ceux-ci sĂ©dimentent des expĂ©riences pratiques : par exemple, les conceptions de « QualitĂ© de l’emploi » ou de « l’Europe parle d’une seule voix » en matiĂšre de systĂšmes de retraite, ou encore de « donner la parole aux pau-vres » ;

ïżœ la capacitĂ© Ă  formuler des demandes perçues comme hautement lĂ©gitimes (com-pelling demands) (comme l’exigence d’admettre des financements privĂ©s comme contrepartie du financement communautaire FSE) ;

ïżœ la cohĂ©rence et la tĂ©nacitĂ©, certaines positions belges ayant Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©es et affirmĂ©es de maniĂšre itĂ©rative : elles expriment alors une position fiable, suscep-tible d’ĂȘtre anticipĂ©e, particuliĂšrement en combinaison avec une pratique poli-tique de recherche du consensus. L’effet qui s’y attache est renforcĂ© dĂšs lors que le dĂ©veloppement des politiques sociales n’est pas principalement destinĂ© Ă  satis-faire des intĂ©rĂȘts nationaux particuliers mais peut ĂȘtre conçu comme le support d’un intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral europĂ©en.

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L’existence de rĂ©seaux de contacts informels, la proximitĂ© avec les institutionseuropĂ©ennes ainsi que les prĂ©sidences couronnĂ©es de succĂšs relatifs (1987, 1993,2001, 2010), ont de la sorte considĂ©rablement renforcĂ© la capacitĂ© d’ « uploading »de la Belgique, notamment en termes de « mise Ă  l’agenda ». La ReprĂ©sentation per-manente joue Ă  cet Ă©gard un rĂŽle clĂ©, notamment dans la mesure oĂč il arrive rĂ©guliĂš-rement que ses membres soient amenĂ©s Ă  opĂ©rer sans couverture politique explici-te. Une sĂ©rie de personnes rencontrĂ©es dans le cadre de nos travaux mettent toute-fois en Ă©vidence le fait que la durabilitĂ© des rĂ©seaux de contacts informels dĂ©pendpartiellement de circonstances conjoncturelles : l’importance de la prĂ©sence defonctionnaires belges (dĂ©tachĂ©s) au sein des institutions europĂ©ennes dans des posi-tions clĂ©s est un facteur non nĂ©gligeable.

Clé 5

Impacts procéduraux et substantiels

Les politiques sociales belges dans le domaine de l’emploi et de l’inclusion sociale ont Ă©tĂ© significativement influencĂ©es par l’intĂ©gration europĂ©enne, aussi bien en termes procĂ©duraux qu’en termes substantiels.

N’est-ce lĂ  qu’enfoncer une porte ouverte ? La chose est moins Ă©vidente qu’il n’yparaĂźt, compte tenu du caractĂšre limitĂ© des compĂ©tences europĂ©ennes en matiĂšresociale.

Les enseignements de la recherche mettent en Ă©vidence, tout d’abord, des effetsprocĂ©duraux importants dans chacun des domaines Ă©tudiĂ©s : l’attention accrueportĂ©e Ă  l’outil statistique et au suivi des politiques ; la mise en Ɠuvre de planningsĂ  long terme, allant au-delĂ  des Ă©chĂ©ances Ă©lectorales domestiques ; la mise en Ă©vi-dence d’une gouvernance par objectifs (quantifiĂ©s). De surcroĂźt, la dimension com-parative des processus de coordination a conduit Ă  une attention nouvelle portĂ©eaux processus d’évaluation, de comparaison, de mĂȘme qu’à l’apparition progressivede processus internes belges d’apprentissage commun.

ParallĂšlement, on peut aussi conclure Ă  des effets substantiels tels que : des change-ments cognitifs, par exemple en matiĂšre d’activation des jeunes ; des changementsd’agenda, avec l’apparition de la question de la pauvretĂ© des enfants ; des change-ments dans le droit, notamment en matiĂšre d’emploi ou d’égalitĂ© de genre.

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Clé 6

Transformations du processus décisionnel

La prise de dĂ©cision politique en matiĂšre d’emploi et d’inclusion sociale a Ă©tĂ© modifiĂ©e par l’environnement europĂ©en, via la modification des positions des acteurs et la crĂ©ation de nouveaux mĂ©canismes fĂ©dĂ©raux de coordination.

L’implication dans le processus d’intĂ©gration europĂ©enne a accru les coordinationsverticales dans les domaines politiques Ă©tudiĂ©s. Ceci a souvent impliquĂ© un rĂŽlenouveau ou renforcĂ© pour le niveau fĂ©dĂ©ral, que ce rĂŽle nouveau soit formel ouinformel. Ainsi les rĂŽles jouĂ©s par le Service public fĂ©dĂ©ral (SPF) Emploi, travail etconcertation sociale, en matiĂšre de SEE, et par le Service public fĂ©dĂ©ral de program-mation (SPP) IntĂ©gration sociale, lutte contre la pauvretĂ© et Ă©conomie sociale, dansle domaine de la MOC inclusion sociale, constituent l’illustration de cette reprĂ©sen-tation d’une Europe volant au secours de l’Etat fĂ©dĂ©ral (32). Nous avons Ă©galementmis en Ă©vidence un certain nombre de mĂ©canismes au sein desquels les coordina-tions horizontales entre administrations se sont trouvĂ©es renforcĂ©es (entre les SPFAffaires Ă©conomiques, d’une part, et Emploi, d’autre part). A cet Ă©gard, il est certainque la complexitĂ© et les flux d’informations affĂ©rents aux dossiers europĂ©ens renfor-cent le rĂŽle des administrations en tant qu’acteurs centraux (tenant compte desmodifications procĂ©durales mises en Ă©vidence ci-dessus), au dĂ©triment des parte-naires sociaux et du gouvernement.

Selon les domaines examinĂ©s, on peut Ă©galement observer que diffĂ©rents acteurs dela sociĂ©tĂ© civile (nationaux, rĂ©gionaux ou locaux) se sont vus renforcĂ©s dans leurrĂŽle, acquĂ©rant de la sorte une place et une nouvelle lĂ©gitimitĂ© dans l’arĂšne poli-tique. Deux dynamiques sont Ă  l’Ɠuvre : certains de ces acteurs ont Ă©tĂ© « armĂ©s »par le niveau europĂ©en, d’autres se servent du niveau europĂ©en comme d’un levier.Les techniques de nouvelle gouvernance et les outils financiers jouent Ă  cet Ă©gardun rĂŽle « d’empowerment » important.

Cependant, la capacitĂ© d’influence exacte de ces nouveaux acteurs reste Ă  Ă©tabliravec plus de prĂ©cision. Il ne semble pas Ă  ce jour que ceci ait conduit Ă  une redistri-bution du pouvoir ou des rĂšgles du jeu dans le cadre politique. Il est mĂȘme possibleque les acteurs institutionnels autorisent ces nouveaux acteurs Ă  Ă©merger et Ă  jouerun nouveau rĂŽle parce qu’ils ne sont pas perçus comme constituant un dĂ©fi pour lespolitiques existantes comme l’illustre le nouveau rĂŽle des organisations non gouver-nementales (ONG) en matiĂšre d’inclusion sociale dans la rĂ©daction des RapportsstratĂ©giques nationaux (RSN), et Programmes nationaux de rĂ©forme (PNR)).

(32) On constate le mĂȘme phĂ©nomĂšne en matiĂšre d’égalitĂ© de genre, avec le rĂŽle jouĂ© par l’InstitutfĂ©dĂ©ral pour l’égalitĂ© entre les femmes et les hommes (IEFH).

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Clé 7

Effets furtifs, mises en Ɠuvre dĂ©faillantes

Les effets produits par l’intĂ©gration europĂ©enne sur les politiques sociales belges sont souvent furtifs et tempĂ©rĂ©s par un faible niveau de mise en Ɠuvre.

Les effets produits par les politiques sociales europĂ©ennes sont significatifs ; maissimultanĂ©ment ils peuvent demeurer furtifs, voire masquĂ©s. Il en va ainsi partielle-ment parce qu’ils peuvent se produire via des rĂ©seaux informels ou via des outilspurement techniques, le plus souvent de nature administrative. De surcroĂźt, la classepolitique semble peu intĂ©ressĂ©e par les effets ou l’effectivitĂ© des politiques mises enƓuvre au titre des politiques sociales europĂ©ennes (faible culture de l’évaluation, parexemple Ă  l’égard des projets initiĂ©s sous l’auspice du FSE). De plus, les change-ments cognitifs aussi bien que les altĂ©rations en matiĂšre de conception politiquesont difficiles Ă  saisir et, par lĂ  mĂȘme, restent parfois occultĂ©s. La multiplicitĂ© desinstruments europĂ©ens rend encore plus difficile l’évaluation de l’ampleur des effetset l’identification prĂ©cise des causes et des consĂ©quences ; par exemple, commentĂ©tablir et dissocier les effets d’une part, du FSE et d’autre part, de la MOC protectionsociale et inclusion sociale et de la SEE, auxquelles les prioritĂ©s du FSE doiventdĂ©sormais se conformer, ou encore les effets de la lĂ©gislation anti-discrimination encomparaison avec les outils de « soft gouvernance » portant sur les mĂȘmes Ă©lĂ©-ments ?

L’intĂ©gration ou l’hybridation du droit europĂ©en et des outils de nouvelle gouver-nance ont ici des consĂ©quences importantes dans leur logique rĂ©gulatrice propre.Nos Ă©tudes de cas Ă©tablissent que les effets sur le droit national vont au-delĂ  des obli-gations formelles du droit europĂ©en ; la MOC a un impact cognitif sur la crĂ©ationdes politiques au niveau national et inspire des politiques domestiques (accroisse-ment par exemple de la « garantie de revenus aux personnes ĂągĂ©es », Grapa) ; lespolitiques menĂ©es au travers des Fonds europĂ©ens ne sont pas seulement de natureĂ  redistribuer des ressources vers des rĂ©gions plus pauvres mais contribuent Ă  modi-fier l’approche de la Belgique Ă  l’égard de l’activation. En d’autres termes, c’est prĂ©-cisĂ©ment l’hybridation de diffĂ©rents instruments (sous la forme des trois modes d’in-teraction qui ont Ă©tĂ© dĂ©crits ci-dessus) qui est de nature Ă  rendre compte des effetscachĂ©s ou inattendus produits par ceux-ci.

La Belgique enregistre une mauvaise performance dans au moins deux dimensionsdu processus politique europĂ©en : en termes de lĂ©gitimation d’une part, et de trans-position d’autre part. La rĂ©ception explicite des politiques sociales europĂ©ennesdans les procĂ©dures et cadres de rĂ©fĂ©rence domestiques se caractĂ©rise par exemplepar le manque de dĂ©bats sur les dossiers europĂ©ens au Parlement fĂ©dĂ©ral et le

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manque de publicitĂ© donnĂ©e au niveau fĂ©dĂ©ral ou rĂ©gional Ă  propos des dĂ©cisionseuropĂ©ennes. Ceci pourrait impliquer une forme de dĂ©politisation des dĂ©bats sur lesquestions sociales, Ă  moins qu’en la matiĂšre, de nouveaux mĂ©canismes d’évaluationne se substituent au dĂ©bat politique. Ensuite, en dĂ©pit des effets qui ont Ă©tĂ© dĂ©crits,la Belgique ne tĂ©moigne pas d’une grande efficacitĂ© en matiĂšre de transpositionalors mĂȘme que les coĂ»ts de mise en conformitĂ© sont le plus souvent faibles oumodĂ©rĂ©s.

Clé 8

Domaines de politique sociale et degrĂ© d’europĂ©anisation

Le degrĂ© d’europĂ©anisation diffĂšre selon les politiques sociales examinĂ©es. L’influence europĂ©enne a suscitĂ© plus de changements en matiĂšre de poli-tique d’emploi et d’inclusion sociale qu’en ce qui concerne l’égalitĂ© de genre.

L’europĂ©anisation des politiques sociales n’est pas uniforme. En matiĂšre de politiqued’emploi et de conditions de travail, on peut mettre en Ă©vidence des impacts sub-stantiels et procĂ©duraux, sans prĂ©judice de rĂ©ussites en matiĂšre « d’uploading ».S’il n’y a pas de « hard law » dans le processus europĂ©en d’inclusion sociale, lalĂ©gislation nationale a toutefois bien Ă©tĂ© inspirĂ©e – Ă  certains Ă©gards – par le niveaueuropĂ©en (exemple de la garantie de revenus aux personnes ĂągĂ©es, Grapa). A noterencore, en cette matiĂšre, des changements cognitifs (par exemple en matiĂšre d’acti-vation des exclus du marchĂ© du travail, ou Ă  propos de l’accent mis sur la pauvretĂ©des enfants), mais aussi procĂ©duraux (tels que l’implication des associations et depersonnes en situation de prĂ©caritĂ© dans la politique de lutte contre la pauvretĂ©).

Cette facette de nos investigations nous permet de revenir une derniĂšre fois sur laquestion de l’égalitĂ© de genre. En ce domaine, les politiques menĂ©es en Belgique ontsouvent anticipĂ© les initiatives europĂ©ennes, de sorte que l’impact du processuseuropĂ©en, au moins en ce qui concerne la conciliation vie professionnelle/vie defamille, a Ă©tĂ© relativement limitĂ©. Un autre facteur crucial est le degrĂ© auquel lesacteurs au niveau national ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© socialisĂ©s dans un contexte international oueuropĂ©en. Ainsi, des institutions comme les Nations Unies, l’Organisation internatio-nale du travail (OIT) ou l’Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©cono-miques (OCDE), ont Ă©tĂ© Ă  l’initiative de politiques actives en matiĂšre d’égalitĂ© degenre, de sorte que l’influence europĂ©enne est alors moins explicite. Ceci est moinsvrai en matiĂšre d’activation du marchĂ© du travail ou d’inclusion sociale : mĂȘme sices institutions internationales s’intĂ©ressent Ă  ces questions, elles ne sont guĂšreconsidĂ©rĂ©es par les acteurs domestiques comme ayant une forte lĂ©gitimitĂ© en lamatiĂšre.

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Clé 9

Révision des perspectives théoriques

Dans certaines limites, le cadre de référence théorique classique appelle des changements, entre autres en ce qui concerne le caractÚre pertinent et fruc-tueux du paradigme « fit/misfit ».

Nous retenons de cette recherche une sĂ©rieuse validation de l’hypothĂšse du proces-sus d’europĂ©anisation comme processus circulaire. En effet, nos donnĂ©es indiquentcombien il est superficiel de tenter de comprendre les effets de l’intĂ©grationeuropĂ©enne sans examiner de quelle maniĂšre les Etats membres ont contribuĂ© pareux-mĂȘmes Ă  en dĂ©terminer la configuration (l’europĂ©anisation comme « voie Ă deux sens »). Plus fondamentalement encore, l’europĂ©anisation ne se soutient pasd’elle-mĂȘme : elle implique la coordination d’une variĂ©tĂ© d’acteurs mobilisant deseffets « d’uploading et de downloading ». L’effet de levier est le mĂ©canisme le pluspuissant de nature Ă  rendre compte de l’efficacitĂ© des mĂ©canismes de la nouvellegouvernance. Ainsi, la littĂ©rature existante sur les fonds structurels met surtout enĂ©vidence le rĂŽle de la Commission et des gouvernements rĂ©gionaux alors que nousavons soulignĂ© combien les autoritĂ©s nationales et locales mobilisent les fonds pourrenforcer leur propre position.

En termes plus substantiels, notre analyse montre que l’influence des politiqueseuropĂ©ennes sur les Etats membres est largement indĂ©pendante du succĂšs rĂ©el ousupposĂ© des efforts initiaux des Etats membres dans la phase « d’uploading », toutcomme du caractĂšre juridiquement contraignant, ou non, de l’outil utilisĂ©. A titred’exemple, mentionnons le renforcement du rĂŽle des ONG en Belgique commeconsĂ©quences de la MOC inclusion sociale malgrĂ© le fait qu’il y avait, au dĂ©part, unlarge recouvrement entre les exigences europĂ©ennes et les pratiques belges en lamatiĂšre. En d’autres termes : de petites discordances peuvent produire de grandseffets, ce qui jette un doute supplĂ©mentaire sur le caractĂšre pertinent et fructueuxdu paradigme « fit/misfit » (33) pour expliquer les pressions adaptatives s’exerçantsur les Etats membres.

DĂšs lors, la distinction qui est souvent faite entre les modes « hard » et « soft » degouvernance appelle Ă  rĂ©vision, car il importe de prendre en compte les diversesformes d’hybriditĂ©. Par exemple, ceux qui soutiennent que les outils de la nouvellegouvernance n’ont pas d’effectivitĂ© Ă  dĂ©faut de contrainte juridique, nĂ©gligent le faitque certains mĂ©canismes de « soft law » sont considĂ©rablement renforcĂ©s par lesliens qui les unissent aux fonds structurels, qui eux sont instituĂ©s par la « hardlaw ».

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(33) Falhner, G; Treib, O; Hadbupp, M; herber S, (Docs) Complying with Europe. Harmonisationand Soft ... in the Member States. Cambridge/Uk, Cambridge University Press (Docs).

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Clé 10

Europe 2020 : un oxymore

Le StratĂ©gie Europe 2020 renforce l’intĂ©gration des instruments europĂ©ensmais des considĂ©rations strictement Ă©conomiques risquent de noyer les poli-tiques sociales.

La StratĂ©gie de Lisbonne, lancĂ©e en mars 2000, a pris officiellement fin en juin 2010avec l’adoption par le Conseil europĂ©en de la nouvelle StratĂ©gie Europe 2020. La «croissance inclusive » constitue l’une de ses composantes essentielles, qui comp-rend notamment l’objectif chiffrĂ©, dĂ©cidĂ© au terme d’une nĂ©gociation difficile, desortir au moins 20 millions de personnes du « risque de la pauvretĂ© et d’exclusion »une nouvelle « plate-forme europĂ©enne contre la pauvretĂ© » qui devra complĂ©ter laMOC protection sociale et inclusion sociale (34) ; et la ligne directrice intĂ©grĂ©e 10sur la promotion de l’inclusion sociale et la lutte contre la pauvretĂ©.

Certains ont toutefois dĂ©jĂ  soulignĂ© la connotation profondĂ©ment nĂ©olibĂ©rale de lastratĂ©gie (35). Le risque est en effet bien rĂ©el de voir les dimensions sociales graduel-lement Ă©clipsĂ©es par les considĂ©rations Ă©conomiques, au travers des objectifs decroissance de la nouvelle stratĂ©gie et par le biais de la synchronisation (Ă  travers un «semestre europĂ©en ») des diffĂ©rents instruments de la gouvernance socio-Ă©cono-mique de l’UE (36). Avec un Pacte de stabilitĂ© et de croissance renforcĂ© ainsi quel’instauration d’une procĂ©dure pour « dĂ©ficit macroĂ©conomique excessif »la pression sur les dĂ©penses sociales a considĂ©rablement augmentĂ©.

MĂȘme si cela ne sera certainement pas suffisant, il est cependant possible de faireprogresser l’Europe sociale dans ce nouveau contexte en assurant un soutien finan-cier via les fonds structurels, dans le cadre du rĂ©cent rĂ©examen du budget commu-nautaire. L’objectif ultime, qui devrait ĂȘtre placĂ© au cƓur des prochaines perspec-

(34) La « plate-forme europĂ©enne contre la pauvretĂ© » (EPAP) est l’une des sept initiatives pharesorchestrĂ©es par la Commission pour favoriser le dĂ©ploiement de la stratĂ©gie Europe 2020 (Communi-cation de la Commission ‘Plateforme europĂ©enne contre la pauvretĂ© et l’exclusion sociale : un cadreeuropĂ©en pour la cohĂ©sion sociale et territoriale’, COM (2010) 758 final du 16 dĂ©cembre 2010(http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2010:0758:FIN:FR:PDF).(35) Cf. par exemple Barbier, C., Au nom des marchĂ©s : quelle lĂ©gitimitĂ© pour la rĂ©vision dela « constitution composĂ©e » de l’Union ?, OSE Paper Series, Opinion Paper No. 6, DĂ©cembre 2011,33p. .(36) En effet, la prĂ©paration des PNR (permettant de suivre les progrĂšs accomplis vers la rĂ©alisationdes objectifs de la StratĂ©gie Europe 2020) et des programmes de stabilitĂ© et de convergence (PSC,dĂ©finis dans le cadre du Pacte de stabilitĂ©) est dorĂ©navant synchronisĂ©e. Les Etats membres dĂ©posentces rapports (PNR et PSC) Ă  la Commission chaque annĂ©e en avril.772

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tives financiĂšres (pour la pĂ©riode post-2013), devrait ĂȘtre d’assurer que les objectifssociaux de l’UE soient pleinement pris en compte dans les politiques et les pro-grammes « territoriaux ». Autrement dit, l’obtention de fonds structurels europĂ©ens(en particulier du FSE) serait conditionnĂ©e par la rĂ©alisation des objectifs de la MOCprotection sociale et inclusion sociale. Il s’agira donc de joindre le geste Ă  la paroleou, comme le dit l’adage anglais : « put your money where your mouth is ».

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TABLE DES MATIERES

L’EUROPE SOCIALE EN BELGIQUE : EMPLOI ET INCLUSION SOCIALE AU PRISME DE L’EUROPEANISATION

INTRODUCTION 745

1. LES INSTRUMENTS EUROPEENS DE REGULATION DES POLITIQUES SOCIALES : BREF APERÇU 747

1.1. DROIT CLASSIQUE : LES DIRECTIVES SOCIALES . . . . . . . . . . . . . . . 7471.2. NOUVELLE GOUVERNANCE : LA METHODE OUVERTE DE COORDINATION . . . . 7491.3. LES INSTRUMENTS FINANCIERS : LES FONDS STRUCTURELS . . . . . . . . . . 750

2. LES POLITIQUES DE L’EMPLOI 751

2.1. LA GENESE DE LA POLITIQUE EUROPEENNE DE L’EMPLOI . . . . . . . . . . . 7512.2. L’UTILISATION DES DIFFERENTS INSTRUMENTS DE GOUVERNANCE . . . . . . . . 7522.3. HYBRIDATION DANS LA GOUVERNANCE DE L’EMPLOI ? . . . . . . . . . . . 754

3. L’INCLUSION SOCIALE 756

3.1. MALGRE LE PEU DE FONDEMENTS JURIDIQUES “L’EUROPE DE L’INCLUSION SOCIALE” N’EST PAS UNE FICTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 757

3.2. DEUX CONDITIONS CRUCIALES : ACTEURS NATIONAUX ET EFFET DE LEVIER . . . . 7573.3. EFFECTIVITE DISCRETE SOUS LE RADAR ET MANQUE D’EVALUATION . . . . . . . 7583.4. L’EUROPEANISATION EN GUISE D’INFLUENCE RECIPROQUE . . . . . . . . . . 7593.5. LE SAUVETAGE DE L’ETAT FEDERAL PAR L’EUROPE ? . . . . . . . . . . . . . . 7593.6. LES INSTRUMENTS D’INCLUSION SOCIALE EUROPEENS SONT DE PLUS EN PLUS

SOUVENT “HYBRIDES” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 760

CONCLUSION : DIX CLES POUR REFLECHIR L’EUROPEANISATION DES POLITIQUES SOCIALES EN BELGIQUE 761

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DIGEST EUROPEEN –DIGEST INTERNATIONAL

PAR L’OBSERVATOIRE SOCIAL EUROPEEN *

INTRODUCTION

Ce premier cahier du « Digest europĂ©en – digest international » de la Revuebelge de sĂ©curitĂ© sociale constitue l’occasion de prĂ©senter un rĂ©sumĂ© concisdes Ă©vĂ©nements les plus importants pour la dimension sociale de l’UnioneuropĂ©enne (UE). Le dernier trimestre de l’annĂ©e 2011 a Ă©tĂ© marquĂ© par lavolontĂ© d’un renforcement supplĂ©mentaire de la coordination des politiquesĂ©conomiques et budgĂ©taires dans le cadre du second semestre europĂ©en. Lesecond moment clĂ© a Ă©tĂ© la renĂ©gociation du traitĂ© Ă©tablissant le mĂ©canismeeuropĂ©en de stabilitĂ© (MES) et l’acheminement vers la nĂ©gociation d’un traitĂ©international entre les Etats membres de la zone euro. En parallĂšle, les Etatsmembres de l’Union tentent de dĂ©ployer un discours au-delĂ  de l’austĂ©ritĂ© eninsistant sur l’importance des jeunes. Les rares initiatives dans le domaine socials’inscrivent dans le contexte de la relance de la croissance. C’est le cas du libreblanc en matiĂšre des pensions, de la dĂ©claration du Conseil des minis-tres del’Emploi et de Politique sociale (EPSCO) et de la conclusion du Sommet socialtripartite. Dans cette premiĂšre Ă©dition, nous traitons aussi le cas de la lĂ©gislationcommunautaire en matiĂšre du dĂ©tachement des travailleurs et de coordinationdes droits des travailleurs migrants. Le dernier moment concerne l’action desorganisations internationales : l’OIT (Organisation international du travail) estintervenue dans le dĂ©bat sur le modĂšle de croissance pour l’Europe, tandis quele FMI (Fonds monĂ©taire international) a lancĂ© l’alarme sur le vieillissement dela population.

1. LE DEBAT INSTITUTIONNEL

1.1. SEMESTRE EUROPEEN : PREMIER RAPPORT D’ALERTE SUR LES DEFICITS MACRO-ECONOMIQUESSuite Ă  l’application du pacte rĂ©visĂ© (Six Pack) en matiĂšre de gouvernance Ă©co-nomique, la Commission europĂ©enne a inaugurĂ© la procĂ©dure pour dĂ©ficitmacroĂ©conomique en publiant le 14 fĂ©vrier 2012 un premier rapport sur le

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* Chercheur principal : CĂ©cile Barbier.

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MĂ©canisme d’alerte europĂ©en. BasĂ© sur un tableau de bord composĂ© de dix indi-cateurs Ă©conomiques, financiers et structurels forgĂ©s pour la dĂ©tection prĂ©cocede dĂ©sĂ©quilibres macro-Ă©conomiques apparaissant dans les Etats membres, lerapport est la concrĂ©tisation du RĂšglement (UE) nÂș 1176/2011 sur la prĂ©ventionet la correction des dĂ©sĂ©quilibres macroĂ©conomiques. Celui-ci, a placĂ© douzeEtats sous surveillance : France, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Belgique, Finlan-de, SlovĂ©nie, Chypre, Bulgarie, Danemark, Hongrie et SuĂšde. La Belgique estĂ©pinglĂ©e pour trois indicateurs sur dix. La Commission relĂšve notamment quela dette privĂ©e Ă©levĂ©e (233 % du PIB) doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e en prenant en comp-te la dette publique Ă©levĂ©e (96 % du PIB). En ce qui concerne la compĂ©titivitĂ©extĂ©rieure, le rapport constate « une perte de parts de marchĂ© Ă  l’exportation,parallĂšlement Ă  une dĂ©gradation de la balance courante, bien que le niveaureste au-dessous du seuil indicatif et que la dĂ©gradation de la balance des bienssoit compensĂ©e en partie par les bons rĂ©sultats de la balance des services. Cestendances peuvent s’expliquer par la perte de compĂ©titivitĂ© des coĂ»ts, provo-quĂ©e notamment par la hausse des coĂ»ts unitaires du travail (plus Ă©levĂ©s quedans la zone euro), mais aussi de compĂ©titivitĂ© hors coĂ»ts ». Cela remet claire-ment Ă  l’ordre du jour belge la question de l’indexation des salaires.

Référence :COM (2012) 68, 14 février 2012.

1.2. CONTRIBUTION DU CONSEIL EPSCO A L’EXAMEN ANNUEL DE LACROISSANCELors du Conseil europĂ©en informel de janvier 2012, les membres du ConseileuropĂ©en, avec une rĂ©serve parlementaire de la SuĂšde, ont adoptĂ© une dĂ©clara-tion intitulĂ©e « sur la voie d’un assainissement axĂ© sur la croissance et d’unecroissance favorable Ă  l’emploi ». Ils s’y engagent Ă  « crĂ©er de nouveaux emplois», notamment dans « l’économie verte », d’achever le marchĂ© unique, de s’atta-quer au chĂŽmage des jeunes, de fournir une formation aux Ă©lĂšves en situationd’abandon scolaire, de favoriser les PME. Le financement de ces nouveaux emp-lois pourrait passer par l’utilisation de montants non encore utilisĂ©s au titre desfonds structurels.

Référence :Déclaration des membres du Conseil européen, 30 janvier 2012,http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/fr/ec/127600.pdf.

Le Conseil Emploi et Politique sociale (EPSCO) du 17 fĂ©vrier 2012 a adoptĂ© lerapport conjoint sur l’emploi, qui fait Ă©tat d’une augmentation du chĂŽmage delongue durĂ©e et des personnes peu qualifiĂ©es et appelle les Etats membres Ă 

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fournir des efforts supplĂ©mentaires pour rĂ©aliser les objectifs d’Europe 2020.Selon le rapport :ïżœ la capacitĂ© de crĂ©er des emplois doit ĂȘtre renforcĂ©e pour garantir la reprise ;

la situation difficile des jeunes risque de créer des dommages irréversibles sur lemarché du travail dans la plupart des Etats membres ;

ïżœ le taux de chĂŽmage Ă©levĂ© et les perspectives mĂ©diocres en matiĂšre d’emploi requiĂšrent des politiques d’intervention sur le marchĂ© du travail qui soient efficaces et soutenues par des rĂ©gimes de prestations sociales adĂ©quats, afin de maintenir la capacitĂ© d’insertion professionnelle et d’aider les personnes Ă  retrouver un emploi ;

ïżœ la situation sociale s’est dĂ©tĂ©riorĂ©e ces derniers mois, requĂ©rant dĂšs lors des mesures supplĂ©mentaires ;

ïżœ le ralentissement de la croissance freine la reprise, dĂ©jĂ  faible, de l’emploi et empĂȘche l’augmentation du taux d’emploi.

Le Conseil a adoptĂ© des conclusions qui engagent notamment les Etats mem-bres Ă  permettre au Conseil d’examiner Ă  intervalles rĂ©guliers les progrĂšs qu’ilsont accomplis en utilisant leurs programmes nationaux de rĂ©formes (PNR) et Ă s’attaquer au chĂŽmage des jeunes dont le niveau est considĂ©rĂ© comme « inac-ceptable ».

Le Conseil EPSCO a approuvĂ© l’avis du ComitĂ© de la protection sociale (CPS)sur l’examen annuel de la croissance. Celui-ci insiste sur les consĂ©quences Ă long terme des mesures d’assainissement budgĂ©taire actuelles sur la situationsociale au sein de l’UE. Il appelle notamment Ă  procĂ©der Ă  une analyse gĂ©nĂ©r-ale et rigoureuse de l’effet global des mesures prĂŽnĂ©es dans l’examen annuelde la croissance, Ă  savoir une rĂ©duction des coĂ»ts salariaux indirects et unerĂ©duction de la fiscalitĂ© sur le travail au profit d’une fiscalitĂ© susceptible destimuler la crĂ©ation d’emplois. Le Conseil a Ă©galement approuvĂ© les messagesprincipaux figurant dans le rapport 2011 du CPS sur les consĂ©quences socia-les de la crise Ă©conomique et de l’assainissement budgĂ©taire en cours : pourle Conseil les mesures d’assainissement doivent prĂ©server la capacitĂ© dessystĂšmes de protection sociale Ă  amortir les effets de la crise (Cf. aussi brĂšvesur le livre blanc sur les retraites).

S’agissant des lignes directrices pour l’emploi, en novembre 2011, la Commis-sion europĂ©enne avait proposĂ© de laisser les lignes directrices pour l’emploiinchangĂ©es pour l’annĂ©e 2012. Le 15 fĂ©vrier 2012, le Parlement europĂ©en quiest consultĂ© dans ce domaine a suivi l’avis de la Commission europĂ©enne. Si leComitĂ© pour l’emploi s’était prononcĂ© en accord avec l’avis de la CommissioneuropĂ©enne, le Conseil EPSCO du 17 fĂ©vrier avait dĂ©cidĂ© qu’ « une fois que tousles avis requis par l’article 148, paragraphe 2, du traitĂ© auront Ă©tĂ© reçus et lors-que les conclusions du Conseil europĂ©en de mars pourront Ă©galement ĂȘtre pri-ses en compte, l’orientation gĂ©nĂ©rale devra faire l’objet d’un rĂ©examen ». LeComitĂ© des RĂ©gions avait dĂ©cidĂ© de ne pas se prononcer tandis que l’avis duComitĂ© Ă©conomique et social Ă©tait en attente. 777

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RĂ©fĂ©rences :Rapport conjoint sur l’emploi, Doc. 6252/12, 20 fĂ©vrier 2012. Approbation del’avis du CPS sur l’examen annuel de la croissance 2012, doc. 5851/12, 1erfĂ©vrier 2012.

Les consĂ©quences sociales de la crise Ă©conomique et de l’assainissement budgĂ©-taire en cours : troisiĂšme rapport du ComitĂ© de la protection sociale (2011).Approbation des messages principaux, doc. 5858/12, 1er fĂ©vrier 2012.

1.3 LIVRE BLANC SUR LES RETRAITESLa Commission europĂ©enne a publiĂ© son livre blanc sur les retraites. Par rapportau contenu (dimension substantielle), il est clair que le livre se pose dans laligne du vieillissement actif comme solution du trilemme, viabilitĂ© financiĂšre,adĂ©quation et modernisation des pensions. Pour la Commission l’augmentationde l’ñge de la retraite est la solution pour avoir moins de tensions financiĂšres,des prestations plus hautes et un rapport population active/inactive plus Ă©quili-brĂ©. Par rapport au document de consultation publiĂ© prĂ©cĂ©demment (livrevert), la Commission reconnaĂźt que modifier l’ñge de la retraite doit s’accom-pagner d’une meilleure qualitĂ© de l’emploi et Ă  l’augmentation du taux d’emploipour toutes les classes d’ñge. Sur le fond, il reste l’idĂ©e que les fonds pensionssont la solution pour un systĂšme moderne de pensions, et ce mĂȘme si le livreblanc reconnaĂźt la nĂ©cessitĂ© d’une intervention sur les coĂ»ts des fonds privĂ©s etque la gestion de ces fonds a Ă©tĂ© inefficace dans le passĂ©.

Dans le livre blanc, aucune rĂ©fĂ©rence n’est faite Ă  la MOC pension. L’approcheretenue se rĂ©fĂšre Ă  l’examen annuel de la croissance, ce qui confirme le retouraux origines de la construction europĂ©enne comme processus Ă©conomiquedevant contribuer Ă  la croissance mais pas directement Ă  la protection sociale.

Référence :Livre blanc sur les retraites. COM (2012) 55 final, 16 février 2012.

1.4. SOMMET SOCIAL TRIPARTITE : NOUVEAU PROGRAMME DE TRAVAIL COMMUN DES PARTENAIRES SOCIAUX« Le modĂšle social europĂ©en n’est pas mort » : tels furent les propos du prĂ©si-dent du Conseil europĂ©en, Herman Van Rompuy, en conclusion du sommetsocial tripartite organisĂ© le 1er mars, en prĂ©alable de la rĂ©union des chefs d’Etatet de gouvernement.

MalgrĂ© leurs divergences, les partenaires sociaux ont prĂ©sentĂ© aux prĂ©sidentsde la Commission, du Conseil et aux ministres danois, chypriote et irlandais(l’actuel trio prĂ©sidentiel du Conseil) leur programme de travail conjoint pour lapĂ©riode 2012-2014. Ce programme insiste sur le chĂŽmage des jeunes. Les parte-

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naires sociaux ambitionnent d’étudier le lien entre l’éducation, les attentes desjeunes et des marchĂ©s du travail et de formuler des recommandations concrĂštesaux Etats membres et aux institutions de l’UE. Les autres thĂšmes de ce program-me conjoint sur trois ans sont l’évolution du marchĂ© du travail, les besoins entermes de compĂ©tences dans le cadre de l’économie verte et de la participationdes travailleurs ĂągĂ©s, l’égalitĂ© des chances, la mobilitĂ© et la migration Ă©conomi-que. Les partenaires sociaux s’engagent Ă  lancer une rĂ©flexion pour dĂ©finir unevision commune des consĂ©quences du dĂ©bat actuel relatif Ă  la gouvernance Ă©co-nomique europĂ©enne sur le dialogue social europĂ©en et national. Les sujets derĂ©flexion seront notamment les salaires, les pensions et les coĂ»ts du travail.RĂ©fĂ©rence :Les partenaires sociaux europĂ©ens prĂ©sentent leur programme de travail pourle dialogue social 2006-2008, http://www.etuc.org/a/2230.

2. LA REVISION DES TRAITES

2.1. LE TRAITE MES ET LE TRAITE SCGEtant donnĂ© le changement de cap qu’introduit la « nouvelle gouvernance »ainsi que ses implications dans le domaine social, un dĂ©tour par les nĂ©gociationsdes traitĂ©s en cours de ratification est un exercice obligĂ©. En juillet 2011, lesministres des Finances de la zone euro ont signĂ© le traitĂ© Ă©tablissant le mĂ©canis-me europĂ©en de stabilitĂ© (MES). A peine signĂ©, ce traitĂ© fut rĂ©visĂ© au cours de laderniĂšre partie de l’annĂ©e 2011 et signĂ© le 2 fĂ©vrier 2012 de maniĂšre Ă  considĂ©-rer la participation du secteur privĂ©. Le traitĂ© MES instaure une sorte de FondsmonĂ©taire europĂ©en dont l’activation intervient « sur la base d’une stricte condi-tionnalitĂ© » et « si cela est indispensable pour prĂ©server la stabilitĂ© financiĂšre dela zone euro dans son ensemble et de ses Etats membres ». Sa nouvelle moutureintĂšgre dans son prĂ©ambule l’autre accord international, le « traitĂ© sur la stabi-litĂ©, la coordination et la gouvernance » (TraitĂ© SCG), dont le Conseil europĂ©endu 9 dĂ©cembre 2011 avait tracĂ© les lignes.

L’élĂ©ment le plus commentĂ© dans les mĂ©dias est l’apparition d’un traitĂ© interna-tional entre les Etats membres de la zone euro auquel se joignent l’ensembledes Etats hors zone euro Ă  l’exception du Royaume-Uni suivi de la RĂ©publiquetchĂšque. Ce traitĂ© est critiquĂ©. Les innovations que comportent ces traitĂ©s sontde prĂ©voir des procĂ©dures de ratification permettant de contourner la rĂšgle del’unanimitĂ© des ratifications.

Le traitĂ© SCG institutionnalise dans un traitĂ© international les rĂšgles du Pacte destabilitĂ© rĂ©visĂ© ou en cours de rĂ©vision dont elles renforcent certaines disposi-tions et notamment la procĂ©dure du vote Ă  la majoritĂ© inversĂ©e dont le recoursest accru. InaugurĂ©e par le Six Pack, la majoritĂ© inversĂ©e introduit la rĂšgle de la« majoritĂ© qualifiĂ©e de blocage », une procĂ©dure inexistante dans les traitĂ©s actu-els, pour s’opposer aux recommandations de la Commission europĂ©ennedevant conduire Ă  l’imposition de sanctions financiĂšres.

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2.2. CONSEIL EUROPEEN DE MARS 2012En marge du Conseil europĂ©en de mars 2012, les chefs d’Etat ou de gouverne-ment des 25 avaient signĂ© le traitĂ© budgĂ©taire. S’agissant de la gouvernance Ă©co-nomique, le Conseil europĂ©en a fait siennes les cinq prioritĂ©s de la CommissioneuropĂ©enne : assurer un assainissement budgĂ©taire diffĂ©renciĂ©, « axĂ© » sur lacroissance (nuançant par-lĂ  l’analyse de la Commission selon laquelle l’assainis-sement est « propice Ă  la croissance ), rĂ©tablir des conditions normales d’octroide crĂ©dits Ă  l’économie, promouvoir la croissance et la compĂ©titivitĂ©, luttercontre le chĂŽmage et les consĂ©quences sociales de la crise, et moderniser l’ad-ministration publique.S’agissant du premier rapport d’alerte sur les dĂ©ficits macroĂ©conomiques, leConseil europĂ©en « invite le Conseil et la Commission Ă  mettre en Ɠuvre laprocĂ©dure de maniĂšre exhaustive, efficace et rapide et les Etats membres Ă  agiren consĂ©quence ». Pour mĂ©moire, la nouvelle procĂ©dure pour dĂ©ficit macroĂ©co-nomique excessif prĂ©voit in fine un systĂšme pouvant conduire Ă  des sanctionsfinanciĂšres quasi automatiques (majoritĂ© inversĂ©e). Il y aura donc une fortepression sur les Etats membres de rĂ©aliser des « rĂ©formes structurelles impopu-laires » de par la pression des menaces de sanctions des institutions europĂ©en-nes ou la pression des « marchĂ©s ». Parmi les instances europĂ©ennes, la Banquecentrale europĂ©enne (BCE) prend de plus en plus d’importance.

Référence :COR EU 2, CONCLU 1, 28 mars 2012.

3. LEGISLATION SOCIALE DE L’UE

3.1. DETACHEMENT DES TRAVAILLEURSLa directive 96/71/CE relative au dĂ©tachement de travailleurs effectuĂ© dans lecadre d’une prestation de services a Ă©tabli une protection minimale, en termesde conditions de travail et d’emploi, que le prestataire de services d’un Etatmembre Ă©tait tenu de respecter dans le pays d’accueil. La Commission avaitmenĂ© un premier bilan en 2003, qui avait donnĂ© lieu Ă  la publication d’ « orien-tations », lesquelles Ă©tablissaient dans quelle proportion certaines mesures decontrĂŽle nationales pouvaient ĂȘtre « justifiĂ©es et proportionnĂ©es ». DĂ©posĂ©s le21 mars 2012, les deux textes prĂ©sentĂ©s par la Commission europĂ©enne rĂ©pon-dent Ă©galement Ă  plusieurs arrĂȘts de la Cour de justice (Affaire Viking et Laval).La directive d’exĂ©cution prĂ©voit :ïżœ d’instaurer des normes plus ambitieuses d’information des travailleurs et desentreprises sur leurs droits et obligations ;ïżœ d’établir des rĂšgles claires de coopĂ©ration au niveau des autoritĂ©s nationalescompĂ©tentes en matiĂšre de dĂ©tachement ;ïżœ de donner les Ă©lĂ©ments permettant d’amĂ©liorer et de mieux contrĂŽler lesapplications de la notion de dĂ©tachement, afin d’éviter la multiplication desociĂ©tĂ©s « boĂźtes aux lettres » qui utilisent le dĂ©tachement pour contourner les

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rĂšgles en matiĂšre d’emploi ;ïżœ de dĂ©finir la portĂ©e de la surveillance assurĂ©e par les autoritĂ©s nationales con-cernĂ©es, ainsi que leurs compĂ©tences ;ïżœ d’amĂ©liorer la prise en compte des droits des travailleurs grĂące, par exemple,Ă  l’introduction d’une responsabilitĂ© solidaire dans le secteur de la constructionpour les salaires des travailleurs dĂ©tachĂ©s et au traitement des plaintes.

Références :COM (2012) 131 et COM (2012) 130, 21 mars 2012.

3.2. DIMENSION EXTERIEURE DE LA COORDINATION EN MATIERE DE SECURITESOCIALELa Commission europĂ©enne entend renforcer les droits des migrants en matiĂšrede sĂ©curitĂ© sociale. Une communication prĂ©sentĂ©e le 30 mars 2012 prĂ©cise lesrĂ©percussions des rĂšgles de l’UE sur la dimension extĂ©rieure de la coordinationet formule des orientations claires sur le rapport juridique entre le droit de l’UEet les accords bilatĂ©raux nationaux. Elle propose aussi divers moyens d’encoura-ger la coopĂ©ration entre les Etats membres en matiĂšre de coordination avec lespays tiers dans le domaine de la sĂ©curitĂ© sociale et insiste sur la nĂ©cessitĂ© de larenforcer pour ce qui est des accords bilatĂ©raux conclus avec ces pays. La com-munication appelle aussi Ă  l’élaboration d’une dĂ©marche commune Ă  l’échellede l’Union. Une proposition de dĂ©cision concrĂšte s’inscrit dans le cadre de l’ac-cord d’association « entre la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne etMontĂ©nĂ©gro, Saint-Marin, l’Albanie et la Turquie, en ce qui concerne les disposi-tions sur la coordination des systĂšmes de sĂ©curitĂ© sociale ».

Références :COM (2012) 153 et COM (2012) 152, 30 mars 2012.

4. LA VOIX DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

4.1. ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL : PRISE DE DISTANCE A L’EGARD DU MODELE ALLEMANDDans un rapport publiĂ© le 24 janvier, l’Organisation Internationale du TravailreconnaĂźt l’importance du rĂŽle des stabilisateurs automatiques dans les premiĂš-res rĂ©ponses apportĂ©es notamment par les Ă©conomies avancĂ©es. Alors que lemodĂšle allemand est citĂ© comme le modĂšle Ă  imiter dans la zone euro, l’OITestime que « La compĂ©titivitĂ© croissante des exportateurs allemands a de plusen plus Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme la cause structurelle des rĂ©centes difficultĂ©s queconnaĂźt la zone euro ». Selon l’OIT, « comme les coĂ»ts unitaires de main-d’Ɠuvreen Allemagne ont baissĂ© par rapport Ă  ceux des concurrents durant la dĂ©cennieĂ©coulĂ©e, il en est rĂ©sultĂ© des pressions sur la croissance dans ces Ă©conomies,avec des consĂ©quences nĂ©fastes pour la viabilitĂ© des finances publiques ».

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MĂȘme si ces rĂ©formes avaient dĂ©butĂ© dĂšs l’an 2000, la responsabilitĂ© du gouver-nement Schröder (coalition entre le parti social-dĂ©mocrate et les verts) estĂ©pinglĂ©e : « ConsidĂ©rant que le chĂŽmage Ă©tait Ă©levĂ© et tenace, le gouvernementSchröder a engagĂ© une sĂ©rie de rĂ©formes du marchĂ© du travail Ă  compter de2003, rĂ©duisant effectivement les salaires de dĂ©part au bas de l’échelle dumarchĂ© du travail ». La plupart des rĂ©formes menĂ©es dans le cadre de cette dĂ©va-luation interne, ont « principalement entraĂźnĂ© une dĂ©flation salariale dans lessecteurs des services, oĂč de nouveaux emplois, pour la plupart Ă  bas salaires,sont apparus ».

RĂ©fĂ©rence :Tendances mondiales de l’emploi 2012. PrĂ©venir une aggravation de la crise del’emploi. OIT, 24 janvier 2012, p. 52.

4.2. LE FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL (FMI) PLAIDE POUR LE RELEVEMENT DE L’AGE DE DEPART A LA RETRAITEDans une Ă©tude publiĂ©e en avril 2012, le FMI considĂšre que « le risque de longĂ©-vitĂ© menace de saper la viabilitĂ© des finances publiques dans les annĂ©es etdĂ©cennies Ă  venir, compliquant des efforts de rĂ©Ă©quilibrage de long terme enrĂ©action aux difficultĂ©s budgĂ©taires actuelles ». Le FMI plaide pour un relĂšve-ment de l’ñge de dĂ©part Ă  la retraite en raison du risque que la population viveplus que ce qui Ă©tait espĂ©rĂ©. Selon le FMI, il importe Ă©galement d’accorder uneplus grande souplesse aux caisses de retraite : s’il n’est pas possible d’accroĂźtreles cotisations ou de relever l’ñge de la retraite, il pourrait ĂȘtre nĂ©cessaire derĂ©duire les prestations, cette troisiĂšme solution Ă©tant considĂ©rĂ©e comme Ă©tant« la plus difficile politiquement ».

Pour maĂźtriser le risque de longĂ©vitĂ©, le FMI recommande d’agir sur plusieursfronts : « PremiĂšrement, les Etats doivent reconnaĂźtre qu’ils doivent faire face Ă un risque considĂ©rable liĂ© Ă  leurs rĂ©gimes de retraites Ă  prestations dĂ©finies et Ă leurs dispositifs d’assurance-vieillesse. DeuxiĂšmement il faut rĂ©partir le risquede façon appropriĂ©e entre individus, gestionnaires des rĂ©gimes de retraite etEtat. TroisiĂšmement, les marchĂ©s de capitaux peuvent servir Ă  transfĂ©rer le ris-que des caisses de retraite aux structures qui sont mieux Ă  mĂȘme de le gĂ©rer. »

RĂ©fĂ©rence :« Rapport sur la stabilitĂ© financiĂšre dans le monde », Chapitre 4. L’impact finan-cier du risque de longĂ©vitĂ©. FMI, avril 2012 et El Pais, 11 avril 2012. http://eco-nomia.elpais.com/economia/2012/04/11/actualidad/1334133453_457282.html.

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TABLE DES MATIERES

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INTRODUCTION 775

1. LE DEBAT INSTITUTIONNEL 775

1.1. SEMESTRE EUROPEEN : PREMIER RAPPORT D’ALERTE SUR LES DEFICITSMACRO-ECONOMIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 775

1.2. CONTRIBUTION DU CONSEIL EPSCO A L’EXAMEN ANNUEL DE LA CROISSANCE . . 776

1.3. LIVRE BLANC SUR LES RETRAITES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 778

1.4. SOMMET SOCIAL TRIPARTITE : NOUVEAU PROGRAMME DE TRAVAIL COMMUN DES PARTENAIRES SOCIAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 778

2. LA REVISION DES TRAITES 779

2.1. LE TRAITE MES ET LE TRAITE SCG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 779

2.2. CONSEIL EUROPEEN DE MARS 2012 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 780

3. LEGISLATION SOCIALE DE L’UE 780

3.1. DETACHEMENT DES TRAVAILLEURS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 780

3.2. DIMENSION EXTERIEURE DE LA COORDINATION EN MATIERE DE SECURITE SOCIALE 781

4. LA VOIX DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES 781

4.1. ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL : PRISE DE DISTANCE A L’EGARD DUMODELE ALLEMAND . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 781

4.2. LE FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL (FMI) PLAIDE POUR LE RELEVEMENT DEL’AGE DE DEPART A LA RETRAITE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 782

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PRESENTATION DES LIVRES

PRESENTATION DE LA TROISIEME EDITION ENRICHIE DE L’OUVRAGE “LE PAYSAGE INFORMATIQUE DE LA SECURITE SOCIALE COMME METAPHORE?” 787

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PRESENTATION DE LA TROISIEME EDITIONENRICHIE DE L’OUVRAGE ‘‘LE PAYSAGEINFORMATIQUE DE LA SECURITE SOCIALECOMME METAPHORE ?’’

PAR ISABELLE BOYDENS

ChargĂ©e de cours Ă  l’UniversitĂ© Libre de Bruxelles, Section Sciences et Technologies de l’Informationet de la Communication, et Consultant Ă  la Section « Recherches » de Smals

Pierre Vandervorst, Le paysage informatique de la sécurité sociale commemétaphore?, troisiÚme édition enrichie, Bruxelles, Bruylant, 166 p. , 2011.

Le 16 dĂ©cembre 1944, avec « l’offensive Von Rundstedt » commence la Bataille desArdennes, alors que « le plateau de Bastogne allait ĂȘtre le thĂ©Ăątre d’un choc desgĂ©ants » (1). Au mĂȘme moment, le Plan Achille Van Acker dĂ©fend l’« ArrĂȘtĂ©-Loi surla SĂ©curitĂ© Sociale », prĂ©parĂ© pendant la guerre dans la clandestinitĂ©. Etape fondatri-ce de la sĂ©curitĂ© sociale belge, ce plan, visionnaire, prĂ©voit d’emblĂ©e le recours Ă  lamĂ©canographie. La mĂȘme annĂ©e encore, aux Etats-Unis, la DĂ©claration de Philadel-phie redĂ©finit les buts et objectifs de l’Organisation Internationale du Travail, entermes de justice sociale.

Plus de soixante annĂ©es s’écoulent
 Le 23 juin 2006, Pierre Vandervorst, Frank Rob-ben et Karel Baeck, respectivement administrateurs gĂ©nĂ©raux de l’Office national desĂ©curitĂ© sociale (ONSS), de la Banque Carrefour de la SĂ©curitĂ© Sociale (BCSS) et del’Office national de l’emploi (ONEM) se voient dĂ©cerner par l’O.N.U., en son siĂšgecentral Ă  New York, un prix couronnant 15 annĂ©es d’efforts coordonnĂ©s dans ledomaine de l’ « e-government » en Belgique (2). En particulier, la Banque Carrefourde la SĂ©curitĂ© Sociale, rĂ©seau stellaire conçu et fondĂ© par Frank Robben en 1990, envue d’assurer l’échange sĂ©curisĂ©, via une collecte unique, de sources authentiquesmodĂ©lisĂ©es (3), reçoit la distinction du « Public Service Award » dans la catĂ©gorie

(1) Vandervorst, P., Lieux, temps, talents et liens de mĂ©moire
, in Vandervorst, P., Le paysage infor-matique de la sĂ©curitĂ© sociale comme mĂ©taphore ? (3Ăšme Ă©dition enrichie), Bruxelles, Bruylant, p.157 (note 3), 2011.(2) Vandervorst, P., Trou normand, in Les grandes Ă©tapes de l’informatisation de la sĂ©curitĂ© socia-le, in Vandervorst, P., Op. cit., pp. 111-113.(3) Robben, F. et Maes, P., La Banque Carrefour de la SĂ©curitĂ© Sociale en 2004, in Revue Belge deSĂ©curitĂ© Sociale, n°1, pp. 147-176, 2004. Sur le parcours et les rĂ©alisations de Frank Robben, admi-nistrateur gĂ©nĂ©ral de la BCSS, administrateur gĂ©nĂ©ral de la plate-forme eHealth et administrateur dĂ©lĂ©-guĂ© en charge de la direction de Smals, voir : www.law.kuleuven.be/icri/frobben.

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 3e TRIMESTRE 2011

« Application of Information & Communication Technology (ICT) inGovernment : E-governement Category».

En quoi ces Ă©vĂ©nements, que sĂ©parent plusieurs dĂ©cennies, convergent-ils ? Quelsfurent le chemin parcouru, ses alĂ©as, ses rĂ©ussites ? Quelles sont les perspectives del’ « e-government » (4) au sein de la sĂ©curitĂ© sociale belge, Ă  l’heure d’un « paysagebouleversĂ© oĂč le paradigme du travail en rĂ©seau l’emporte progressivement sur lemodĂšle pyramidal traditionnel en crise et nous conduit vers une « gestion enarchipel » (5) 
 ?

Face Ă  ces questions, on lira avec grand intĂ©rĂȘt la troisiĂšme Ă©dition enrichie de l’ou-vrage de Pierre Vandervorst, « Le paysage informatique de la sĂ©curitĂ© socialecomme mĂ©taphore ? ». Le texte principal de cette troisiĂšme Ă©dition est enrichi dequatre documents qui constituent la retranscription de discours rĂ©digĂ©s et pro-noncĂ©s par l’auteur, en tant qu’acteur de certains Ă©vĂ©nements qu’il dĂ©crit, lors demoments clĂ©s : le 60Ăšme anniversaire de l’ONSS (6), le septantiĂšme anniversaire deSmals (7) et, enfin, Ă  l’occasion de la sĂ©ance d’hommage qui s’est tenue en son hon-neur Ă  Bruges le 28 dĂ©cembre 2009, laquelle correspondait aussi au 65Ăšme anniver-saire du texte fondateur de la sĂ©curitĂ© sociale, l’arrĂȘtĂ©-loi 28 dĂ©cembre 1944 ou« Plan Van Acker » (8).

L’ouvrage est multidisciplinaire. Il croise, dans un effort de clarification rigoureux etaudacieux, Ă  la fois le droit social, dont l’auteur, Professeur honoraire de la FacultĂ©de Droit et de Criminologie de l’UniversitĂ© Libre de Bruxelles, est un grand spĂ©cialis-te (9) et l’informatique, que Pierre Vandervorst, Administrateur gĂ©nĂ©ral honoraire

(4) L’ « e-government » dĂ©signe le recours aux technologies de l’information en vue de rendre lesprocessus de l’administration publique plus performants et rentables. La dĂ©marche requiert une rĂ©or-ganisation permanente des institutions concernĂ©es et vise au dĂ©veloppement de nouveaux espacesdĂ©mocratiques entre services publics, citoyens, entreprises et acteurs privĂ©s. Assar, S., Boughzala, I.et Boydens, I., Back to Practice: a Decade of Research in Egovernment, in Assar, S., Boughzala, I. etBoydens, I., Ă©ds., Practical Studies in E-Government: Best Practices from Around the World, NewYork, Springer, pp. 1-12 (chapitre 1), 2011.(5) Vandervorst, P., Les grandes Ă©tapes de l’informatisation de la sĂ©curitĂ© sociale, in Vandervorst,P., Op. cit., pp. 82-83. (6) Vandervorst, P., Les grandes Ă©tapes de l’informatisation de la sĂ©curitĂ© sociale, in Vandervorst,P., Op. cit., pp. 81-114. Vandervorst, P., Faut-il prĂ©pensionner la sĂ©curitĂ© sociale ?, in Op. cit., pp.115-131.(7) Vandervorst, P., Du cochon de Chicago Ă  la coccinnelle du Parc Monceau (ou de la « SociĂ©tĂ©provisoire » Ă  l’ « Association incontournable »), in Vandervorst, P., Op. cit., pp. 135-152.(8) Vandervorst, P., Lieux, temps, talents et liens de mĂ©moire
, in Vandervorst, P., Op. cit., pp. 155-159.(9) Voir, par exemple Vandervorst, P., Cent ans de droit social belge, Bruxelles, Bruylant, 1992 ouencore Vandervorst, P., Le cƓur d’hybride, in Revue Belge de SĂ©curitĂ© Sociale, n°2, pp. 313-362,2007 (que l’auteur a publiĂ© en guise de Conclusions gĂ©nĂ©rales aux XIXĂšmes JournĂ©es juridiques JeanDabin « Quel modĂšle de sĂ©curitĂ© sociale pour la Belgique de demain ? »). On peut notamment dĂ©ga-ger de ces travaux, comme du volume commentĂ© dans le prĂ©sent compte-rendu, une vision critiqueet cohĂ©rente de la sĂ©curitĂ© sociale modernisĂ©e, adaptĂ©e ou Ă  adapter Ă  son temps, en ce comprisesles contingences belgo-belges.

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de l’ONSS et PrĂ©sident du Conseil d’Administration de Smals, n’a cessĂ© de cĂŽtoyeren tant qu’homme d’action.

A travers un travail de mise en contexte historique selon trois axes (juridique et ins-titutionnel, technologique et, enfin, statutaire et organique), l’auteur retrace, encinq Ă©tapes, l’évolution des rĂ©alisations dĂ©terminantes et conjointes de l’ONSS, de laBCSS et de Smals. Il offre une place de marque Ă  ce dernier acteur, souvent mainte-nu Ă  l’ombre des services dont il a contribuĂ© Ă  la mise en Ɠuvre opĂ©rationnelle.

Smals, dont les origines datent de 1939, avec la crĂ©ation de la sociĂ©tĂ© « Allocationsfamiliales – SociĂ©tĂ© de MĂ©canographie », conservait Ă  l’origine les donnĂ©es sur descartes perforĂ©es et des plaques adresses. CrĂ©Ă© en 1945, l’ONSS devient son client,de mĂȘme que plus tard, l’I.N.A.M.I., en 1949 (10). BaptisĂ©e « SociĂ©tĂ© de MĂ©canogra-phie pour l’Application des Lois Sociales – Maatschappij voor Mekanografie ter Toe-passing van de Sociale Wetten» (SmalS-MvM) en 1958, la sociĂ©tĂ© changera plusieursfois d’appellation et s’ouvre progressivement Ă  l’ensemble de la sĂ©curitĂ© sociale etau secteur des soins de santĂ©. Son histoire reflĂšte les grandes Ă©volutions de l’infor-matique et n’est pas en reste par rapport Ă  ce qu’on dĂ©nommera plus tard l’ « e-government ». En effet, si l’une des premiĂšres applications Ă  grande Ă©chelle en lamatiĂšre fut l’usage des ordinateurs durant l’élection prĂ©sidentielle de 1954 aux USA,Smals se lance dans l’acquisition de mainframes dĂšs les annĂ©es 1950. Connaissantune croissance continue en terme de personnel, la sociĂ©tĂ© vivra ensuite sur le plantechnique la dĂ©centralisation et le monde des PC dans les annĂ©es 1980 et se lanceradans les rĂ©seaux informatiques dans les annĂ©es 1990. A la mĂȘme Ă©poque, Smals sedote de personnel spĂ©cialisĂ© et d’un dĂ©partement de recherche opĂ©rationnel encoretrĂšs actif de nos jours. Lorsque l’on passe alors du « one way » au bidirectionnel,Smals produit pour l’ONSS en 1999, avec l’application Dimona (DĂ©claration immĂ©-diate Ă  l’embauche/Onmiddellijke aangifte van tewerkstelling), le premier site Webtransactionnel interactif au niveau de l’administration fĂ©dĂ©rale belge. Le portail de lasĂ©curitĂ© sociale ne cesse de s’enrichir. A l’heure du « cloud computing », du Web2.0, de la personnalisation et des applications mobiles, Smals se voit dĂ©cerner en2011 deux e-Government Awards par Agoria, notamment pour le projetStudent@work de l’ONSS (portail et application web pour les Ă©tudiants) (11).

Au-delĂ  de l’effort considĂ©rable de rigueur chronologique, l’ouvrage revĂȘt le statutd’un tĂ©moignage historique, en ce sens qu’il est Ă©crit par l’un des grands acteurs desĂ©vĂ©nements relatĂ©s : Pierre Vandervorst fut, par exemple, coprĂ©sident de la « Com-mission royale de la sĂ©curitĂ© sociale » dĂšs les annĂ©es 1980, laquelle prĂŽnait dĂ©jĂ l’informatisation des flux de donnĂ©es entre parastataux sociaux.

(10) Vandervorst, P., Du cochon de Chicago Ă  la coccinnelle du Parc Monceau (ou de la « SociĂ©tĂ©provisoire » Ă  l’ « Association incontournable »), in Vandervorst, P., Le paysage informatique 
,pp. 135-152.(11) https://www.mysocialsecurity.be/student/fr/index.html.

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PRESENTATION DE LA TROISIEME EDITION ENRICHIE DE L’OUVRAGE ‘‘LE PAYSAGE INFORMATIQUE ...

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TĂ©moin de nombreux faits Ă©voquĂ©s, l’auteur en est d’autant plus lucide : le regardcritique portĂ© sur les premiers pas de la DmfA (12) et sur les rĂ©alisations d’alors enest l’illustration. Les multiples invitations Ă  une remise en question permanente envue d’un service toujours plus performant vont Ă©galement dans ce sens. La fracturenumĂ©rique et sociale constitue ainsi l’une des prĂ©occupations importantes de l’au-teur. C’est dans cet esprit que Pierre Vandervorst Ă©voque l’ouvrage d’Alain Supiot,comme lui spĂ©cialiste en matiĂšre de droit du travail et adepte des approches trans-disciplinaires, rappelant les idĂ©aux de justice sociale de la DĂ©claration de Philadel-phie (13).

De fait, les dĂ©fis Ă  relever restent nombreux. En raison de ses objectifs stratĂ©giques,Smals doit Ă  la fois ĂȘtre Ă  l’avant-garde sur les plans technologiques et organisation-nels, tout en restant critique face aux innovations purement marketing. La sĂ©curitĂ©de l’information, la simplification des Ă©changes, le principe de l’identificationunique Ă  travers chaque source authentique, la qualitĂ© des donnĂ©es (14), la diminu-tion de la redondance en vue d’offrir Ă  tous les interlocuteurs concernĂ©s (citoyens,employeurs, entreprises, secteurs privĂ©s, autres administrations) un « ROI » en termefinancier mais aussi en terme de service et de justice sociale : tels sont les « fonda-mentaux » de la sociĂ©tĂ©. C’est dans cet esprit qu’elle collabore avec ses partenairesau plan rĂ©gional et au plan fĂ©dĂ©ral, comme avec Fedict (15).

Nul ne peut introduire l’ouvrage de Pierre Vandervorst, sans Ă©voquer le style inimi-table qui le caractĂ©rise. Au prix d’un travail d’investigation et d’une rigueur d’analy-se « en amont » qu’il convient de saluer, l’auteur relate les Ă©vĂ©nements avec uneclartĂ© remarquable. Tout en faisant Ɠuvre de structuration pĂ©dagogue, il illustre parailleurs son propos de poĂ©sie et d’érudition, comme en tĂ©moignent les nombreusesnotes de bas de page et les citations, qui sont autant d’invitations humanistes auquestionnement intĂ©rieur.

Le titre de l’ouvrage reflĂšte Ă  merveille cette dĂ©marche qui touche autant Ă  la formequ’au fond. L’informatisation de la sĂ©curitĂ© sociale se transforme avec l’objet qu’ellereconstruit sans cesse, tel un paysage changeant, au grĂ© de l’histoire qu’elle dessineet qui la dessine. En ce sens, de par son caractĂšre profondĂ©ment historique, adjectifdont l’étymologie grecque « » renvoie Ă  la notion de sagesse, le livre de PierreVandervorst est autant un ouvrage de rĂ©flexion qu’un instrument d’action.

(12) DĂ©claration multifonctionnelle des rĂ©munĂ©rations et prestations des travailleurs pour l’ensembledes employeurs occupant du personnel, le trafic s’effectuant uniquement par voie Ă©lectronique. Miseen production en avril 2003, l’application est gĂ©rĂ©e par Smals pour le compte de l’ONSS Vandervorst,P., Op. cit., pp. 71-77 (complĂ©ment). (13) Supiot, A., L’esprit de Philadelphie, la justice sociale face au marchĂ© total, Paris, seuil, 2010.L’ouvrage est Ă©voquĂ© dans Vandervorst, P., Lieux, temps, talents et liens de mĂ©moire
, in Vander-vorst, P., Op. cit., p. 156 (note 2) et p. 158 (note 7).(14) Boydens, I., Strategic Issues Relating to Data Quality for E-government: Learning from anApproach Adopted in Belgium, in Assar, S., Boughzala, I. et Boydens, I., Ă©ds., Practical Studies in E-Government: Best Practices from Around the World, New York, Springer, pp. 113-130 (chapitre 7) ,2011. Voir aussi l’ouvrage fondateur de l’auteur sur le sujet: Boydens, I., Informatique, normes ettemps, Bruxelles, Bruylant, 1999.(15) Service Public FĂ©dĂ©ral Technologie de l’Information et de la Communication crĂ©Ă© en mai 2001.http://www.fedict.belgium.be/fr/790

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OPINION

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LA SECURITE SOCIALE ET SES FINANCES

PAR JEF MAES

Directeur service d’études sociales ABVV

Selon les hommes politiques de droite et les commentateurs, la hausse des dépensesde la sécurité sociale et du financement alternatif prélevé sur les finances publiquescreuse les déficits budgétaires du gouvernement fédéral.

Il est tout simplement curieux de voir s’installer une telle contrevĂ©ritĂ© sans mĂȘmequ’elle ne fasse l’objet de contradiction.

Ci-dessous, au tableau 1, vous pourrez lire Ă  quoi correspondent les vĂ©ritablesdĂ©penses (en pourcentage de notre richesse nationale) dans le rĂ©gime des tra-vailleurs salariĂ©s de la sĂ©curitĂ© sociale.Jusqu’à peu avant, la survenance de la crise, les dĂ©penses dĂ©volues aux allocationssociales ont affichĂ© une courbe descendante.

TABLEAU 1 : DEPENSES SOUS FORME D’ALLOCATIONS SOCIALES EN % DU PIB

Si, en outre, nous dĂ©duisons les dĂ©penses – qui, au cours des dĂ©cennies Ă©coulĂ©esont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©es pour ĂȘtre imputĂ©es Ă  la sĂ©curitĂ© sociale des travailleurs salariĂ©s –des budgets engagĂ©s pour le crĂ©dit-temps, les titres-service, la rĂ©forme de la police,les dĂ©penses de santĂ© pour les non-salariĂ©s, etc. (voir ci-dessus), nous observons enrĂ©alitĂ© une baisse trĂšs sĂ©vĂšre des dĂ©penses de sĂ©curitĂ© sociale.

1. L’ETAT NE CONTRIBUE-T-IL VRAIMENT PAS PLUS ?

A premiĂšre vue, ils ont raison : la sĂ©curitĂ© sociale perçoit aujourd’hui quelque 13 mil-liards d’EUR en tant que financement alternatif (2).

(1) Comité de gestion de la sécurité sociale, Estimation pluriannuelle, 30 septembre 2011, tableauxde synthÚse.(2) Comité de gestion de la sécurité sociale, Quarante-deuxiÚme rapport au gouvernement, 30 sep-tembre 2011, p. 40.

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1980 1985 1990 1995 2000 2005 2008 2010 2012

Allocations sociales 12,7 13,3 11,5 11,6 10,6 11,6 10,6 10,7 10,7

Dépenses de santé 3,5 3,8 4,0 4,6 4,8 5,3 5,3 6,1 6,2

Total 16,2 17,1 15,5 16,2 15,4 16,9 15,5 16,8 16,91

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Toutefois, celui qui creuse plus profondĂ©ment constate que le gouvernement fĂ©dĂ©-ral contribue moins Ă  la sĂ©curitĂ© sociale qu’il ne l’a jamais fait.

Depuis la naissance de notre systĂšme lĂ©gal de sĂ©curitĂ© sociale aprĂšs la deuxiĂšme guerremondiale, le gouvernement a quasiment toujours contribuĂ© Ă  hauteur de25 %.Dans le passĂ©, cet apport d’argent public Ă©tait calculĂ© correctement. Un calcul de cequi revenait directement aux travailleurs salariĂ©s Ă©tait Ă©tabli prĂ©cisĂ©ment pourchaque branche. Ce mĂȘme calcul tenait compte de ce qui Ă©tait payĂ© Ă  partir desrecettes des cotisations sociales et de ce qui relevait de la “solidaritĂ©â€. Dans ce der-nier cas, il s’agissait de frais qui Ă©taient imposĂ©s au rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s enfaveur des catĂ©gories qui, n’ayant pas travaillĂ©, n’avaient pas payĂ© de cotisationssociales. Par exemple, cela concernait le coĂ»t des allocations familiales ou de laretraite garanties, voire des allocations d’attente de ceux qui quittaient l’école, ouencore de prestations de maladie pour les personnes non assurĂ©es. Les coĂ»ts de cetype de dĂ©penses Ă©taient avec prĂ©cision calculĂ©s et directement versĂ©s par le gou-vernement aux secteurs concernĂ©s.

Depuis la crise (pĂ©troliĂšre) de 1974, les choses ont commencĂ© Ă  mal tourner. LechĂŽmage, en constante augmentation a rĂ©duit les recettes et accru les dĂ©penses.MalgrĂ© des Ă©conomies drastiques dans les annĂ©es’ 80, le gouvernement devait sanscesse verser des sommes plus importantes.

C’est devenu problĂ©matique au moment oĂč il a fallu rĂ©pondre aux “normes de Maas-tricht”, pour pouvoir accĂ©der Ă  l’eurozone.

C’est pour cela qu’au dĂ©but des annĂ©es ’90, Dehaene a sorti un as de sa manche (3).ïżœ Les subventions de l’Etat en faveur de la sĂ©curitĂ© sociale sont bloquĂ©es au mon-

tant nominal de 192 milliards de BEF. Ce montant n’a mĂȘme pas Ă©tĂ© indexĂ©. Lors des annĂ©es oĂč le budget de la sĂ©curitĂ© sociale Ă©tait excĂ©dentaire, l’on ne versait que ce qui Ă©tait nĂ©cessaire pour maintenir le budget en Ă©quilibre. C’est ainsi que 25 milliards ont disparu dans les poches du gouvernement. Lors des annĂ©es oĂč le budget Ă©tait dĂ©ficitaire, il fallait dĂ©sormais Ă©conomiser ou crĂ©er de nouvelles recettes.Bien qu’ultĂ©rieurement, cette somme ait Ă©tĂ© effectivement indexĂ©e, cette subven-tion n’a jamais Ă©tĂ© vĂ©ritablement adaptĂ©e Ă  l’augmentation rĂ©elle de la prospĂ©ritĂ© moyenne ou du PIB. Au dĂ©but des annĂ©es ’80, l’intervention de l’Etat s’élevait Ă 8 % du PIB, par contre, en 1995, ce pourcentage avait Ă©tĂ© ramenĂ© Ă  3 %.Aujourd’hui, l’aide rĂ©elle de l’Etat au rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s est de 6 mil-liards d’EUR, ce qui reprĂ©sente moins de 10 % des dĂ©penses totales et moins de2 % du PIB.

(3) Les moyens de financement et la gestion globale de la sécurité sociale du systÚme général des tra-vailleurs salariés, Luc Buffel, Documentatieblad ministerie van Financiën (Feuille documentairedu MinistÚre des Finances), n° 6, décembre 1995.

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ïżœ Pour couvrir les dĂ©ficits ainsi crĂ©Ă©s dans la sĂ©curitĂ© sociale, l’on inventa lefinancement alternatif : des accises plus Ă©levĂ©es furent introduites, ainsi

qu’une cotisation gĂ©nĂ©ralisĂ©e de crise, une augmentation des impĂŽts sur les patrimoines mobiliers et immobiliers 
 Depuis 1995, tout ceci est converti en un pourcentage des recettes de TVA, ce qui n’est que technique. En effet, la TVA n’augmente pas automatiquement Ă  chaque majoration du finance-ment alternatif. Chaque fois, il n’est seulement versĂ© qu’une plus grande part des recettes de TVA existantes Ă  la sĂ©curitĂ© sociale (4).

Bien qu’une grande part de ces recettes alternatives ait Ă©tĂ© ponctionnĂ©e chez lapopulation laborieuse, cette opĂ©ration a fait malgrĂ© tout naĂźtre l’illusion que le gou-vernement contribuait toujours plus Ă  ce financement alternatif.

ParallĂšlement, le gouvernement s’est ingĂ©niĂ© Ă  adresser toujours un plus grandnombre de dĂ©bours, que jusqu’à prĂ©sent il honorait lui-mĂȘme, Ă  la sĂ©curitĂ© sociale.

En vĂ©ritĂ©, le montant astronomique de 13 milliards d’EUR en guise d’actuelfinancement alternatif, sur lequel tout le monde s’aveugle, suffit Ă  peine Ă couvrir les coĂ»ts qui ont Ă©tĂ© reportĂ©s sur le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s.

2. A QUOI SERT REELLEMENT CE FINANCEMENT ALTERNATIF ? (5)

2.1. COMPENSATION DES DIMINUTIONS DE COTISATIONSAuparavant, la politique de l’emploi Ă©tait financĂ©e par le gouvernement lui-mĂȘme.Ce faisant, les rĂ©gions obtenaient des “droits de tirage” en provenance directe dubudget fĂ©dĂ©ral qui leur permettaient de financer les projets du Cadre TemporaireSpĂ©cial (CTS), le TroisiĂšme circuit de travail (TCT), les Agents contractuels subven-tionnĂ©s (ACS), les chĂŽmeurs mis au travail, etc. Chaque ministre a ainsi lancĂ© sonprojet, au dĂ©part de sa propre cassette. De ce fait, on procĂ©dait Ă  la crĂ©ation directed’emplois dans les secteurs non marchand et public.

Une fois ces budgets Ă©puisĂ©s, le gouvernement a cependant commencĂ© Ă  faire glis-ser les factures de son budget vers ‘le grand pot de la sĂ©curitĂ© sociale’. Sous l’in-fluence de l’idĂ©ologie libĂ©rale, dĂ©sormais, le secteur privĂ© devait Ă©galement prendreen charge des emplois supplĂ©mentaires via des rĂ©ductions de cotisations incondi-tionnelles linĂ©aires pour les entreprises. Le financement Ă©tait alors considĂ©rĂ©

(4) Overzicht van de alternatieve financiering aan de sociale zekerheid (Aperçu du financementalternatif de la sĂ©curitĂ© sociale), Annemie Meurs, 15 septembre 2009.(5) Rapport du groupe de travail ‘Simplification du financement alternatif’, ComitĂ© de gestion de lasĂ©curitĂ© sociale, 9 juillet 2010.

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comme un souci dont le gouvernement devrait s’occuper plus tard, surtout lorsqu’ilest apparu que de ce fait la sĂ©curitĂ© sociale Ă©tait confrontĂ©e Ă  des dĂ©ficits impor-tants.

Avant 1994, il s’agissait de moins de 0,5 milliard d’EUR, ultĂ©rieurement, les mon-tants ont fortement augmentĂ© en suivant une courbe raide, surtout sous les gouver-nements violets. Entre 1999 et 2005, les employeurs auront bĂ©nĂ©ficiĂ© de 3,15 mil-liards d’EUR de diminutions de cotisations supplĂ©mentaires (de 1,93 milliard Ă 5,08), ce qui reprĂ©sente une augmentation de 156 % !

TABLEAU 2 : DIMINUTIONS DE COTISATIONS ET FINANCEMENT ALTERNATIF EN MILLIARDS D’EUR – PERIODE 1993-2010

Il s’agit aujourd’hui de 5,5 milliards d’ EUR de rĂ©ductions des charges patronales, etde 700 millions d’EUR de diminutions des cotisations personnelles pour bas salaires(le “bonus Ă  l’emploi”).

L’augmentation en net des bas salaires par le biais de la sĂ©curitĂ© sociale est, une foisencore, une histoire Ă©clairante. Etant donnĂ© surtout le niveau Ă©levĂ© des impĂŽts surles bas salaires, les partenaires sociaux avaient demandĂ© dans un accord interprofes-sionnel de diminuer les impĂŽts pour cette catĂ©gorie. MalgrĂ© les protestations despartenaires sociaux, le gouvernement a dĂ©cidĂ© de procĂ©der quand mĂȘme Ă  cetteopĂ©ration via une diminution des cotisations personnelles, autrement dit, d’utiliserĂ©galement la sĂ©curitĂ© sociale pour augmenter le pouvoir d’achat.

A ce moment-lĂ , les partenaires sociaux exigeaient encore de concert que ces rĂ©duc-tions de recettes soient compensĂ©es dans le cadre du financement alternatif. Dans letableau ci-dessus, nous pouvons observer que l’augmentation du financement alterna-tif a principalement servi Ă  compenser les rĂ©ductions de cotisations. Aujourd’hui, ceconsensus entre partenaires sociaux n’est cependant plus d’actualitĂ©.

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REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011

1993 1994 1995 1996 1997 1998

Dimin. de cotisations 0,54 0,96 1,15 1,41 1,38 1,67

Financement alternatif 0,16 1,83 2,03 2,48 2,82 2,82

1999 2000 2001 2002 2003 2004

Dimin. de cotisations 1,93 2,55 3,47 3,57 3,82 4,41

Financement alternatif 3,17 3,54 4,19 4,26 4,44 6,27

2005 2006 2007 2008 2009 2010

Dimin. de cotisations 5,08 5,61 6,12 6,3 6,3 6,2

Financement alternatif 6,84 7,71 8,61 9,5 9,3 10,6

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2.2. UN GROS PAQUET D’AUTRES “INITIATIVES EN MATIERE D’EMPLOI” FUT TRANS-FERE A LA SECURITE SOCIALE (6)En outre, la sĂ©curitĂ© sociale est souvent victime du fait que ses parastataux avec leurgestion paritaire travaillent mieux que les ministĂšres.

Par exemple, le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s paye toutes les mesures en faveur del’emploi par l’intermĂ©diaire de l’ONEm.

Les titres-services utilisables par tous les particuliers sont exclusivement payĂ©s par lerĂ©gime des travailleurs salariĂ©s. Entre-temps, ils coĂ»tent dĂ©jĂ  plus d’1 milliard d’EURet le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s ne perçoit pour cela qu’à peine 650 millionssous forme de financement alternatif.

En 1997, le gouvernement Dehaene avait fait glisser le coĂ»t de l’interruption de car-riĂšre et du crĂ©dit-temps du ministĂšre vers la sĂ©curitĂ© sociale, avec pour argument:“cela ne coĂ»te rien Ă  la sĂ©curitĂ© sociale, car ces personnes sont remplacĂ©es par unchĂŽmeur. Aussi, la sĂ©curitĂ© sociale a obtenu 182 millions d’ EUR.

En 2004, le gouvernement supprimait l’obligation de remplacement pour l’interrup-tion de carriĂšre et le crĂ©dit-temps. Entre-temps, le coĂ»t de ces systĂšmes avoisine lemilliard d’EUR.

Il en va de mĂȘme pour le coĂ»t des cellules Ă  l’emploi, des ALE, les contrats de pre-miĂšre embauche du secteur public, des contrats de sĂ©curitĂ© pour les communes, duCongĂ© Education Payé  tout ce qui Ă©tait auparavant payĂ© par le ministĂšre de l’Em-ploi, l’est aujourd’hui par la sĂ©curitĂ© sociale, via l’ONEm.

Pour “l’activation” (= maintien des allocations de chĂŽmage en pĂ©riode d’occupa-tion), nous payons 300 millions d’EUR, sans la moindre compensation.

Dans leur rapport numĂ©ro 66 sur le financement de la sĂ©curitĂ© sociale, les partenairessociaux Ă©taient parvenus Ă  la conclusion suivante (7) : “En outre, la croissancedes dĂ©penses est Ă©galement due Ă  l’extension des tĂąches de l’ONEm, qui ne prendpas uniquement en charge le paiement des allocations de chĂŽmage au sens strict,mais aussi toutes sortes d’autres allocations ; par ex. le crĂ©dit-temps et l’interruptionde carriĂšre (rĂ©cemment imputĂ©s par les autoritĂ©s Ă  la sĂ©curitĂ© sociale, y comprispour leurs fonctionnaires), les parents d’accueil et diverses mesures en faveur del’emploi.L’on peut dire de maniĂšre gĂ©nĂ©rale que le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s doitprendre en charge de plus en plus de “dĂ©penses de solidaritĂ©â€, qui ne sont

(6) Rapport du groupe de travail ‘Simplification du financement alternatif’, ComitĂ© de gestion de lasĂ©curitĂ© sociale, 9 juillet 2010.(7) Conseil National du Travail, Rapport n° 66, 12 juillet 2005.

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pas ou que partiellement couvertes par des cotisations. Le coĂ»t de la “solidaritĂ©â€s’élĂšve Ă  plus de 50 %. Les partenaires sociaux ont pourtant mis en garde contre lesurcoĂ»t de telles prises en charge dans de nombreux avis et rapports du CNT et ducomitĂ© de gestion de la sĂ©curitĂ© sociale.” (8)En rĂ©alitĂ©, le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s paye la totalitĂ© de la politique de l’em-ploi. Alors qu’il s’agit d’une responsabilitĂ© de toute la population et que par consĂ©-quent cela devrait ĂȘtre financĂ© par de l’argent public.

2.3. FINANCEMENT DES DEPENSES DE SANTEPour le financement de la croissance des dĂ©penses de santĂ©, nous recevons quasi-ment 6 milliards d’EUR de financement alternatif.

Depuis 2004, le gouvernement ne rembourse plus la facture des hĂŽpitaux. Il met ceposte Ă  charge de la sĂ©curitĂ© sociale et compense cette opĂ©ration par un finance-ment alternatif supplĂ©mentaire de 1,6 milliard d’EUR.

L’augmentation de la norme de croissance rĂ©elle des dĂ©penses de santĂ© de 2,5 jus-qu’à 4,5 % a Ă©galement Ă©tĂ© une dĂ©cision politique, et une petite partie seulement dece coĂ»t a Ă©galement Ă©tĂ© compensĂ©e (715 millions d’EUR).

A la suite d’un nouveau mĂ©canisme de financement introduit dans le cadre du pactedes gĂ©nĂ©rations, nous obtenons 3,5 milliards d’EUR.

Depuis le 1/1/2008, les soins de santĂ© sont universels : tous les Belges ont dĂ©sormaisdroit Ă  tous points de vue Ă  la mĂȘme assurance-santĂ© lĂ©gale.

Mais la facture continue encore et toujours Ă  ĂȘtre payĂ©e Ă  raison de 91 % unique-ment par les travailleurs salariĂ©s.Cela est dĂ» au fait que prĂ©cĂ©demment, le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s s’avĂ©raitplus avantageux que le rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants, qui ne prĂ©voyait aucunremboursement des petits risques (visite mĂ©dicale, dentiste, mĂ©dicaments). C’estpourquoi la majoritĂ© des Belges Ă©taient systĂ©matiquement couverts par le rĂ©gimedes travailleurs salariĂ©s : les non assurĂ©s (p. ex. les minimexĂ©s qui doivent vivre avecl’aide du CPAS), les enfants des mĂ©nages dont un partenaire est travailleur salariĂ© etl’autre indĂ©pendant, et mĂȘme les indĂ©pendants qui ne dĂ©claraient qu’un faible reve-nu. Ceci a Ă©tĂ© un long processus qui est Ă©galement liĂ© Ă  la prĂ©sence de plus en plusmassive des femmes sur le marchĂ© du travail.

Jadis, l’homme Ă©tait gĂ©nĂ©ralement le seul Ă  travailler et, s’il Ă©tait indĂ©pendant, toutela famille Ă©tait couverte par le rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants. Aujourd’hui, il-est trĂšs rare de trouver encore une famille dont les deux partenaires sont indĂ©pen-

(8) Conseil National du Travail, Rapport n° 66, 12 juillet 2005.

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dants Ă  temps plein. Aussi, il suffisait que l’un des deux partenaires ait un 1/3 d’ho-raire au titre de travailleur salariĂ© pour que tous les enfants (et Ă©ventuellement aussil’indĂ©pendant ayant un faible revenu) soient Ă  charge du rĂ©gime des travailleurs sala-riĂ©s. Ainsi le nombre de personnes inscrites dans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s aĂ©voluĂ© de 9 millions en 1998 Ă  plus de 9,5 millions. Chez les indĂ©pendants, durant lamĂȘme pĂ©riode, le nombre diminuait de 1,1 million Ă  994.000.

Autrement dit, chaque travailleur salariĂ© actif doit payer les dĂ©penses de santĂ© d’enmoyenne 1,8 autre Belge, alors que chaque travailleur indĂ©pendant actif paye lesdĂ©penses de santĂ© de 0,6 autre Belge. De cette façon, les 3,4 millions de salariĂ©sdevaient payer une solidaritĂ© trois fois plus chĂšre que les 640.000 indĂ©pendantsactifs au titre principal. (9)

Si la facture des dĂ©penses de santĂ© venait Ă  ĂȘtre rĂ©partie correctement, selon lenombre de personnes actives dans chaque rĂ©gime, le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©sdevrait payer 2 milliards d’EUR de moins. Or, Ă  cet Ă©gard, aucune compensationn’est versĂ©e !

Par ailleurs, les dĂ©penses de santĂ© augmentent aussi nettement plus que cellesd’autres secteurs. En 1980, les dĂ©penses de santĂ© s’élevaient Ă  22 % de la totalitĂ© desdĂ©penses de la sĂ©curitĂ© sociale, aujourd’hui, elles atteignent 37 %.

Le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s n’est pas loin de s’effondrer sous ce fardeau dedĂ©penses. Ceci fait penser Ă  ‘l‘oeuf de coucou’ : le secteur des soins de santĂ© aaspirĂ© toutes les marges de la sĂ©curitĂ© sociale.

DĂšs 2005 les partenaires sociaux concluent Ă  l’unanimitĂ© : “En 1980, cela reprĂ©sen-tait encore moins d’un quart des dĂ©penses, contre 35 % Ă  l’heure actuelle. Cela estdĂ», d’une part, au fait que la croissance des dĂ©penses de santĂ© a Ă©tĂ© supĂ©rieure Ă celle du PIB au cours des derniĂšres dĂ©cennies et, d’autre part, au fait que les auto-ritĂ©s ont imputĂ© un nombre accru de bĂ©nĂ©ficiaires au rĂ©gime des travailleurssalariĂ©s. Ce rĂ©gime dĂ©bourse 94 % des dĂ©penses de santĂ© belges et couvre la tota-litĂ© de la population (9,4 millions d’habitants).Les partenaires sociaux ont dĂ©jĂ  indiquĂ© Ă  plusieurs reprises qu’il n’était pas pos-sible de payer l’augmentation des dĂ©penses de santĂ© uniquement par le biais decotisations sociales sur les salaires dans le secteur privĂ©.” (10)

C’est pourquoi l’ABVV a fait ses calculs et proposĂ© une solution alternative pourle 1er mai 2005 :

ïżœ la hausse des dĂ©penses de santĂ© supĂ©rieure Ă  la hausse des recettes des coti-sations sociales serait dĂ©sormais assumĂ©e par l’Etat ;

(9) INAMI, nombre de membres de l’Assurance maladie-invaliditĂ© au 31 dĂ©cembre de chaque annĂ©e.(10) Conseil National du Travail, Rapport n° 66, 12 juillet 2005, conclusion.

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ïżœ et puisque le systĂšme de santĂ© en Belgique est universel, l’argent Ă  cet effet serait collectĂ© par une Cotisation Sociale GĂ©nĂ©ralisĂ©e sur tous les types de revenus.

La premiĂšre proposition dĂ©jĂ  introduite en catimini reprĂ©sente un financement alter-natif de 2 milliards en 2010 et de 3,5 milliards d’EUR en 2011.Le gouvernement a cependant omis de prĂ©voir les nouvelles recettes nĂ©cessairespour cette dĂ©pense supplĂ©mentaire. L’introduction d’une nouvelle Cotisation Socia-le GĂ©nĂ©ralisĂ©e a Ă©tĂ© jugĂ©e impopulaire par un grand nombre d’hommes politiques.MĂȘme s’il ressort de plusieurs Ă©tudes du Bureau du Plan que c’est la meilleuremĂ©thode pour refinancer la sĂ©curitĂ© sociale.

2.4. UN GRAND NOMBRE D’AUTRES “OEUFS DE COUCOU”L’actuelle ministre des Affaires sociales, Laurette Onkelinx, est la seule Ă  ne pass’ĂȘtre rendue coupable du report de factures sur d’autres instances.

Certains dossiers de ses prĂ©dĂ©cesseurs sont extrĂȘmement graves et ont Ă©tĂ© intro-duits malgrĂ© un avis nĂ©gatif unanime des partenaires sociaux.

Ainsi, Ă  un moment, il est apparu que la rĂ©forme des zones de police coĂ»tait nette-ment plus qu’initialement prĂ©vu. MalgrĂ© la protestation unanime des partenairessociaux, le gouvernement reporta sur le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s une partiede ce coĂ»t. Selon la Cour des Comptes, ceci revient Ă  33 millions Ă  charge de lasĂ©curitĂ© sociale, qui ne reçoit comme compensation que 10 millions dans le cadredu financement alternatif.

Lorsque plusieurs institutions qui, en conformitĂ© avec les lois institutionnelles denotre pays, Ă©taient financĂ©es par les rĂ©gions se sont retrouvĂ©es sans argent, le gou-vernement s’est empressĂ© d’introduire le “maribel scientifique”, qui n’est riend’autre que le faux nez d’une subvention. CoĂ»t : 34 millions d’EUR.Pour les allocations familiales se pose le mĂȘme problĂšme en matiĂšre de rĂ©partitionde la facture entre rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants et celui des salariĂ©s quedans le secteur des soins de santĂ© : en effet, les enfants sont automatiquement cou-verts par le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s dĂšs qu’un des partenaires travaille Ă  mi-temps comme salariĂ©. Selon l’office National des Allocations Familiales, nousdevrions payer 280 millions d’EUR de moins dans l’hypothĂšse d’une ventilationcorrecte de la facture pour les mĂ©nages mixtes.

Parfois il s’agit aussi de dĂ©penses plus bĂ©nignes, tantĂŽt justifiĂ©es, tantĂŽt absolument pas.

Voici encore quelques exemples : l’actualisation des stocks par les diamantaires (16millions d’EUR), aide Ă  la maternitĂ© pour les indĂ©pendants, compensation pour laprotection sociale des secteurs agricole et horticole (24 millions d’EUR), 


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Que penser, par exemple, du fait que la sĂ©curitĂ© sociale doit subventionner dessportifs professionnels bĂ©nĂ©ficiant d’une rĂ©munĂ©ration impĂ©riale ?Dirar, Boussoufa, Defour, Vossen 
 pour la sĂ©curitĂ© sociale, leurs employeurs nepayent que sur la base d’un salaire minimum, afin que les cotisations sociales nesoient pas trop Ă©levĂ©es, alors que la couverture sociale est complĂšte (soins de santĂ©,allocations familiales) ou toutefois supĂ©rieure en proportion (pension, indemnitĂ© demaladie) ; le tout naturellement complĂ©tĂ© d’une assurance privĂ©e.

Lorsque nous faisons le compte de toutes ces factures, nous arrivons Ă  un montant quiest supĂ©rieur au montant du financement alternatif que perçoit le rĂ©gime des tra-vailleurs salariĂ©s.DĂšs lors, nous pouvons conclure que le financement alternatif structurel n’est en rĂ©al-itĂ© pas une aide gouvernementale au rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s, mais, au contraire,une compensation (trop peu Ă©levĂ©e) pour les dĂ©penses qui ont Ă©tĂ©, de maniĂšre inap-propriĂ©e, volontairement imputĂ©es Ă  la sĂ©curitĂ© sociale.

Ceci a Ă©tĂ© souscrit par les conclusions unanimes des partenaires sociaux dans le rap-port du CNT numĂ©ro 66 sur le financement de la sĂ©curitĂ© sociale : “L’importance del’intervention de l’Etat est tombĂ©e de 35 % en 1980 Ă  11,1 % en 2005. Les recettesprovenant du financement alternatif, introduit au dĂ©but des annĂ©es ’90, sontpassĂ©es Ă  14 % des recettes totales. A partir de 2004, les recettes Ă©manant dufinancement alternatif (6,7 milliards d’euros en 2005) sont plus que suffisantespour compenser les rĂ©ductions de cotisations (5,1 milliards d’euros), mais tou-jours insuffisantes pour compenser la rĂ©duction de l’intervention de l’Etat et laforte augmentation des dĂ©penses de santĂ©.” (11)

3. LA CRISE BANCAIRE

La spĂ©culation et l’aviditĂ© monĂ©taire des banquiers ont cependant Ă©tĂ© Ă  l’origine, Ă  lafin de 2008, d’une crise sans pareil depuis les annĂ©es ’30.

De plus, le gouvernement a adoptĂ© – Ă  juste titre – un ensemble de mesures anticri-se : par exemple, la prime de crise et l’augmentation des allocations pour le chĂŽma-ge temporaire, qui coĂ»tent trĂšs cher et n’ont pas Ă©tĂ© compensĂ©es par le finance-ment alternatif.

Afin de compenser le dĂ©ficit budgĂ©taire qui en a rĂ©sultĂ©, le gouvernement a dĂ©cidĂ©de procĂ©der Ă  un financement alternatif supplĂ©mentaire pour 2010 et 2011
 Mais les consĂ©quences de la crise se font toujours sentir en 2012. C’est pour cetteraison que la projection budgĂ©taire pluriannuelle de l’ONSS prĂ©voit aussi encore undĂ©ficit de 4 milliards d’EUR en 2012. Le gouvernement doit encore fixer de quellemaniĂšre sera effacĂ© ce dĂ©ficit. C’est pourquoi les choix qu’il entĂ©rinera sont d’une sigrande importance !

(Traduction)

(11) Conseil National du Travail, Rapport n° 66, 12 juillet 2005.801

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Les textes reçus sont soumis, pour avis, à des spécialistes en la matiÚre.

Le texte intĂ©gral de la Revue peut ĂȘtre consultĂ© sur internet :http://www.socialsecurity.fgov.be/fr/nieuws-publicaties/publicaties/btsz/belgisch-tijdschrift-voor-sociale-zekerheid.htm

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CONSEIL DE REDACTION

PRESIDENTJos BERGHMAN, professeur Ă  la Katholieke Universiteit Leuven(KU Leuven).

VICE-PRESIDENT

Koen VLEMINCKX, directeur études et publications, SPF Sécuritésociale.

SECRETARIAT

Roland VAN LAERE, SPF Sécurité sociale.

CONSEILLERS SCIENTIFIQUESDenis BOUGET, professeur Ă  l’UniversitĂ© de Nantes ;Bea CANTILLON, professeur Ă  l’Universiteit Antwerpen (UA) ;Anton HEMERIJCK, professeur Ă  la Vrije Universiteit Amsterdam(VU) ;Alain JOUSTEN, professeur Ă  l’UniversitĂ© de LiĂšge (ULg) ;Pierre PESTIEAU, professor Ă  l’UniversitĂ© de LiĂšge (ULg) ;Yves STEVENS, professeur Ă  la Katholieke Universiteit Leuven(KU Leuven) ;Pierre VANDERVORST, professeur Ă  l’UniversitĂ© libre de Bruxelles(ULB) ;Herwig VERSCHUEREN, professeur Ă  l’Universiteit Antwerpen (UA),professeur invitĂ© Ă  la Vrije Universiteit Brussel (VUB) ;Pascale VIELLE, professeur Ă  l’UniversitĂ© Catholique de Louvain(UCL).

MEMBRES DES INSTITUTIONS EUROPEENNESIsabelle MAQUET, Commission europĂ©enne, DG Emploi, affairessociales et inclusion ;Muriel RABAU, ReprĂ©sentation permanente de la Belgique auprĂšsde l’Union europĂ©enne concernant la protection sociale.

MEMBRES DE L’ADMINISTRATIONFrank VAN MASSENHOVE, prĂ©sident du SPF SĂ©curitĂ© sociale ;Tom AUWERS, directeur gĂ©nĂ©ral, SPF SĂ©curitĂ© sociale ;Jo DE COCK, administrateur gĂ©nĂ©ral de l’Institut national d'assu-rance maladie-invaliditĂ© (INAMI) ;Anne OTTEVAERE, administrateur gĂ©nĂ©ral adjoint, Office nationald’allocations familiales pour travailleurs salariĂ©s (ONAFTS) ;Frank ROBBEN, administrateur gĂ©nĂ©ral de la Banque Carrefour dela SĂ©curitĂ© Sociale (BCSS).

COLLABORATEURS PERMANENTSFrançoise GOSSIAU, SPF Sécurité sociale ;Guy RINGOOT, SPF Sécurité sociale.

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