SEC
UR
ITE S
OC
IALE
Re
vu
e
be
lg
e
de
SEC
UR
ITE S
OC
IALE
SECURITE SOCIALER e v u e b e l g e d e
SECURITE SOCIALES e r v i c e p u b l i c f Ă© d Ă© r a l S Ă© c u r i t e s o c i a l eFinance Tower - Boulevard du Jardin
Botanique 50, bte 135 - B-1000 Bruxel lesISSN : 0035-0834
La Revue belge de sĂ©curitĂ© sociale est un instrumentdu systĂšme social belge dont lâobjectif est lâinfor-mation au sujet de la protection sociale en Belgiquedans un contexte europĂ©en. Elle offre un forum mul-tidisciplinaire pour lâĂ©change dâinformations etdâidĂ©es en la matiĂšre en vue dâun dĂ©veloppementpermanent des connaissances et de lâĂ©laborationdâune politique sociale satisfaisante et lĂ©gitime.Dans cette optique, la Revue sâadresse aux nom-breux acteurs et personnes intĂ©ressĂ©es dans lesdivers domaines de la protection sociale.La Revue paraĂźt chaque trimestre en deux versions : lâunefrançaise et l âautre nĂ©erlandaise. La Revue peut ĂȘtre con-sultĂ©e sur internet:http://www.socialsecurity.fgov.be/fr/nieuws-publicaties/publicaties/btsz/belgisch-tijdschrift-voor-sociale-zekerheid.htm
Het Belgisch Tijdschrift voor Sociale Zekerheid iseen instrument van het Belgisch sociaal systeemom te informeren over de sociale bescherming inBelgië binnen een Europese context. Het biedteen multidisciplinair forum voor het uitwisselenvan informatie en ideeën terzake, met het oog opeen permanente uitbouw van kennis en van eentoereikend en legitiem sociaal beleid.Het Tijdschrift richt zich daarbij tot de vele acto-ren en geïnteresseerden in de diverse domeinenvan de sociale bescherming.Het Tijdschrift verschijnt ieder trimester in twee versies: de enein het Nederlands, de andere in het Frans. Het Tijdschrift kanook worden geraadpleegd op het internet: http://www.socialsecurity.fgov.be/nl/nieuws-publicaties/publicaties/btsz/belgisch-tijdschrift-voor-sociale-zekerheid.htm
44e trimestre
201153e année
44 e t r i m e s t r e
201153e année
Cover Soc. Zekerh. frans-verkle 30-10-2012 08:24 Page 1
ISSN 0035-0834
Les travaux signĂ©s ou reproduits sous le couvert dâune indication de source danscette publication nâengagent que la responsabilitĂ© de leur auteur et ne reflĂštent pasnĂ©cessairement la position ou lâopinion du Service public fĂ©dĂ©ral SĂ©curitĂ© sociale.
auteur-fr.qxp 26-11-2012 14:30 Page 1
SOMMAIRE
ANALYSES EX ANTE ET EX POST DES POLITIQUES
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE 547KOEN DECANCQ, ANDRE DECOSTER, KEVIN SPIRITUS ET GERLINDE VERBIST
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE 579
ANDRE DECOSTER, KRIS DE SWERDT ET PIETER VANLEENHOVE
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENUDâINTEGRATION SOCIALE 609
NICOLAS BOUCKAERT ET ERIK SCHOKKAERT
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ALâERE DES MENAGES A DEUX SALAIRES 635
JORIS GHYSELS, GERLINDE VERBIST ET JOSEFINE VANHILLE
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALEEN BELGIQUE. COURTE DESCRIPTION DU MODELE AVEC DONNEES DISCONTINUES,1ER JANVIER 2009, REVENUS 2008 665
GUY VAN CAMP
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE :CONSEQUENCES SUR LâETUDE DES REVENUS ET DE LA PAUVRETECHEZ LES PERSONNES AGEES 719
HANS PEETERS ET RIKA VERPOORTEN
DEVELOPPEMENTS DE LâEUROPE SOCIALE
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE : EMPLOI ET INCLUSION SOCIALE AUPRISME DE LâEUROPEANISATION 745
BART VANHERCKE, YANNICK VANDERBORGHT ET GERT VERSCHRAEGEN
DIGEST EUROPEEN â DIGEST INTERNATIONAL 775OBSERVATOIRE SOCIAL EUROPEEN
PRESENTATION DE LIVRES
PRESENTATION DE LA TROISIEME EDITION ENRICHIE DE LâOUVRAGE âLE PAYSAGEINFORMATIQUE DE LA SECURITE SOCIALE COMME METAPHORE?â 787
ISABELLE BOYDENS
OPINION
LA SECURITE SOCIALE ET SES FINANCES 793
JEF MAES
SOMMAIRE-OK-4-2011.qxp 26-11-2012 7:53 Page 1
ANALYSES EX ANTE ET EX POSTDES POLITIQUES
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LAFLANDRE 547
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE 579
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTE-GRATION SOCIALE 609
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDEDES ENFANTS A LâERE DES MENAGES A DEUX SALAIRES 635
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUESOCIALE EN BELGIQUE. COURTE DESCRIPTION DU MODELE AVECDONNEES DISCONTINUES, 1ER JANVIER 2009, REVENUS 2008 665
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DERECHERCHE : CONSEQUENCES SUR LâETUDE DES REVENUS ET DE LAPAUVRETE CHEZ LES PERSONNES AGEES 719
Pages grises FR-4-2011.qxp 26-11-2012 8:45 Page 1
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DEMICROSIMULATION POUR LA FLANDRE (*)
PAR KOEN DECANCQ (1), ANDRE DECOSTER (2),KEVIN SPIRITUS (2) et GERLINDE VERBIST (3)
1. INTRODUCTION
Dans son avis au gouvernement français, la Commission sur la mesure de la perfor-mance Ă©conomique et le progrĂšs social (ci-aprĂšs CMPEPS), prĂ©sidĂ©e par les PrixNobel Joseph Stiglitz et Amartya Sen, avait Ă©mis une sĂ©rie de recommandations pra-tiques pour amĂ©liorer la mesure du progrĂšs social. Lâune de ces recommandationsprĂ©conisait de âdonner une plus grande proĂ©minence Ă la rĂ©partition des revenus,Ă la consommation et aux fortunesâ (Stiglitz-Sen-Fitoussi, p. 13 2009).
Cette recommandation illustre un intĂ©rĂȘt renouvelĂ© pour âlâinĂ©galitĂ©â et les questionsde rĂ©partition dans les Ă©crits acadĂ©miques tout comme dans les Ă©crits orientĂ©s sur la
* MEFISTO est dĂ©veloppĂ© en tant que volet du projet SBO âFLEMOSI : un outil pour lâĂ©valuation exante des politiques socioĂ©conomiques en Flandreâ, financĂ© par IWT Flandre. Le projet visant Ă Ă©labo-rer des âFLEmish MOdels of SImulationâ (ModĂšles flamands de simulation) est une tĂąche commune duCentre dâEtudes Ă©conomiques (CES) de la Katholieke Universiteit Leuven â le Centre de politiquesociale Herman Deleeck (CSB) de lâUniversitĂ© dâAnvers â lâInterface DĂ©mographie de la Vrije Univer-siteit Brussel â le Centre de Recherche en Economie Publique et de la Population (CREPP) de lâUni-versitĂ© de LiĂšge et de lâInstitut de Recherche sociale et Ă©conomique (UnitĂ© de Microsimulation) delâUniversitĂ© dâEssex.Nous remercions un lecteur anonyme, ainsi que Rembert De Blander et les membres du comitĂ© direc-teur du projet FLEMOSI pour leurs commentaires enrichissants. Nous remercions Ă©galement PatrickLusyne pour son aide indispensable dans la collecte des donnĂ©es, Graham Stark de Virtual Worlds etSteven Vermeulen de Making Choices pour avoir adaptĂ© MEFISTO Ă la Toile. Enfin, nous remercionsHolly Sutherland et toute lâĂ©quipe EUROMOD pour leurs encouragements, leurs suggestions utiles etleurs efforts permanents visant Ă Ă©tendre EUROMOD, le gĂ©ant de la microsimulation europĂ©enne surles Ă©paules duquel repose MEFISTO. Il va de soi que toutes les erreurs qui subsistent sont de notreresponsabilitĂ©.(1) Center for Economic Studies, KU Leuven, Naamsestraat 69, 3000 Leuven, Belgique.(2) Centrum voor Sociaal Beleid Herman Deleeck, Universiteit Antwerpen, Sint Jacobstraat 2, 2000Anvers, Belgique.(3) CORE, U.C.Louvain, Voie du Roman Pays 34, 1348 Louvain-la-Neuve, Belgique. 547
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:03 Page 547
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
politique. Au moins trois larges plages de littĂ©rature peuvent ĂȘtre aisĂ©ment dis-cernĂ©es. En premier lieu, la plage descriptive dans laquelle de nombreux articlesdocumentent lâinĂ©galitĂ© croissante de diffĂ©rents concepts de revenus (rĂ©munĂ©ra-tions et salaires, revenu imposable, revenu disponible, etc.) dans plusieurs partiesde la distribution (p. ex. avec une focalisation toute particuliĂšre sur les revenus lesplus Ă©levĂ©s) et pour divers pays. (4) En deuxiĂšme lieu, les chercheurs sociaux etĂ©conomiques ont intensifiĂ© leurs investigations dans les forces motrices de lâinĂ©ga-litĂ© croissante observĂ©e, parmi lesquelles ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s les aspects suivants : lacourse entre la technologie et lâĂ©ducation, le processus de mondialisation, la sous-traitance Ă des Ă©conomies Ă©mergentes avec un coĂ»t de travail moins Ă©levĂ© et dessystĂšmes de sĂ©curitĂ© sociale moins dĂ©veloppĂ©s, le rĂŽle du changement dĂ©mogra-phique et, dernier point mais non le moindre, les changements dans les politiquesde fiscalitĂ© et dâ avantages sociaux tels quâune diminution du taux dâimposition mar-ginal pour les revenus supĂ©rieurs ou lâintroduction de conditions accrues en matiĂšredâavantages sociaux. (5) Un troisiĂšme courant de littĂ©rature se focalise sur les consĂ©-quences de lâinĂ©galitĂ©. Celui-ci suggĂšre quâun niveau Ă©levĂ© dâinĂ©galitĂ© est sourcedâinstabilitĂ© financiĂšre, rĂ©duit la croissance et exerce un impact nĂ©gatif sur la santĂ©de la population et sur la cohĂ©sion sociale. (6)
Maintenant que de nouvelles perceptions ont Ă©tĂ© acquises sur la taille des inĂ©galitĂ©sdâensemble, leurs forces motrices et leurs consĂ©quences, les dĂ©cideurs politiquespeuvent se demander ce qui peut ĂȘtre rĂ©ellement fait pour rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s.Deux types de modĂšles dâĂ©valuation politique peuvent sâavĂ©rer utiles pour cetteenquĂȘte. PremiĂšrement, des outils dâĂ©valuation politique ex ante estiment lâimpor-tance des effets attendus dâune rĂ©forme politique avant que celle-ci ne soit effective-ment mise en oeuvre. En revanche, des mĂ©thodes dâĂ©valuation ex post Ă©tudient lâim-pact dâune rĂ©forme aprĂšs sa mise en Ćuvre, en opĂ©rant prudemment une distinctionentre lâimpact de la politique et les autres facteurs de confusion. Bien que lâĂ©valua-tion ex post soit gĂ©nĂ©ratrice de perspectives, il est essentiel pour un dĂ©cideur poli-tique de connaĂźtre Ă lâavance les effets escomptĂ©s de la rĂ©forme prĂ©vue. Malheureu-sement, les modĂšles pour la prĂ©paration et le dĂ©veloppement politiques ex antesont largement indisponibles en Flandre et ceux qui existent sont limitĂ©s quant Ă leur portĂ©e et ne sont pas accessibles librement Ă la sociĂ©tĂ© civile dans sonensemble. Lâabsence de tels outils est dĂ©plorable vu les avancĂ©es pratiques rĂ©alisĂ©es dans un grand nombre dâautres pays et les progrĂšs scientifiques rĂ©alisĂ©s au cours deces derniĂšres dĂ©cennies, auxquels le monde acadĂ©mique belge a participĂ© de maniĂš-re non nĂ©gligeable.
(4) Pour des aperçus voir, par exemple, Atkinson (2008), Atkinson et al. (2011) et OCDE (2008 et 2011).(5) Pour de rĂ©cents rĂ©sumĂ©s et contributions, voir Atkinson (2007), Autor et al. (2008), Bargain etCallan (2008), Bourguignon et al. (2008), Heathcote et al. (2010), Hyslop et MarĂ© (2005) et OCDE(2011).(6) Pour lâinfluence sur la croissance, voir lâaperçu dans Aghion et al. (1999) ; pour lâinĂ©galitĂ© commelâune des causes prĂ©sumĂ©es de la crise financiĂšre, voir Fitoussi et Saraceno (2010), pour un compterendu de lâimpact dĂ©vastateur de lâinĂ©galitĂ© sur la sociĂ©tĂ© dans son ensemble, voir Wilkinson et Pic-kett (2009).
548
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:03 Page 548
Le projet FLEMOSI (Flemish Models of Simulation) reprĂ©sente un effort coordonnĂ©pour fournir une telle boĂźte Ă outils dâinstruments dâĂ©valuation de la politiquesocioĂ©conomique largement accessible. Il existe trois types de modĂšles ex antepour Ă©valuer lâimpact dâun changement politique durant sa phase prĂ©paratoire : lesmodĂšles macroĂ©conomiques agrĂ©gĂ©s; les modĂšles dâune famille dĂ©terminĂ©e et lesmodĂšles de microsimulation (en abrĂ©gĂ© Ă partir dâici MSM). Les modĂšles agrĂ©gĂ©s oumacroĂ©conomiques Ă©valuent les impacts agrĂ©gĂ©s ou moyens des mesures politiquessur par exemple le PIB, la consommation et la prospĂ©ritĂ©. (7) Les modĂšles dâunefamille dĂ©terminĂ©e, pour leur part, se focalisent sur un seul type de famille prĂ©dĂ©finiet observent lâimpact de la mesure politique dâune maniĂšre trĂšs dĂ©taillĂ©e pour ceseul type (Van Mechelen et Verbist, 2005 ; OCDE, 2010). Bien que les macro-modĂšles et les modĂšles de familles-type sâavĂšrent extrĂȘmement utiles pour la prĂ©pa-ration politique, ils restent cependant muets quant Ă la distribution des effets sur lasociĂ©tĂ©, et, dĂšs lors, ne sont pas en ligne avec la recommandation mentionnĂ©e ci-dessus du CMPEPS. Les modĂšles de microsimulation, par contre, prĂ©sentent leseffets des mesures politiques au niveau de tous les agents Ă©conomiques individuels,tout en permettant dâanalyser les impacts distributionnels et budgĂ©taires desrĂ©formes politiques. Câest pour cette raison que lâĂ©quipe du projet FLEMOSI a optĂ©pour le dĂ©veloppement dâun nouveau modĂšle de microsimulation, appelĂ© MEFISTO(Modelling and Evaluating Flandersâ Fiscal and Social Tomorrow ; ModĂšle et Evalua-tion de la Flandre fiscale et sociale de demain).
Les modĂšles de microsimulation ont une longue histoire. LâidĂ©e a Ă©tĂ© originellementformulĂ©e par Orcutt (1957) qui notait : les âmodĂšles actuels de notre systĂšmesocioĂ©conomique prĂ©disent seulement des agrĂ©gats et ne parviennent pas Ă prĂ©-voir les distributions des individus, des mĂ©nages, ou des entreprises dans des clas-sifications simples ou multivariĂ©esâ (Orcutt, p. 116, 1957). Il attribuait prĂ©cisĂ©mentlâabsence de pouvoir de prĂ©diction des modĂšles existants Ă ce caractĂšre agrĂ©gĂ©.SimultanĂ©ment, Orcutt avait dĂ©crit avec admiration et Ă©tonnement lâarrivĂ©e deâgĂ©ants puissantsâ pour parler dâune âgrande machine Ă©lectronique, telle que lâIBM704 ou lâUNIVAC IIâ (Orcutt, p. 119, 1957), et dĂ©montrait ses qualitĂ©s de visionnai-re en remarquant : la âSolution des modĂšles du type prĂ©sentĂ© ici impliquera descalculs extensifs, et que ce nâest que lâavĂšnement de possibilitĂ©s de calcul trĂšs puis-santes qui fait de ce modĂšle une opportunitĂ© enthousiasmanteâ (Orcutt, p. 117,1957). En effet, il a fallu attendre lâarrivĂ©e de lâordinateur personnel et de ses possi-bilitĂ©s de calcul accrues sur le bureau des chercheurs dans le courant des annĂ©es â80pour assister Ă la vĂ©ritable percĂ©e des idĂ©es dâOrcutt. (8) RĂ©cemment, le modĂšle
(7) Pour lâessentiel, nous qualifions ces modĂšles de âmacroâ parce quâils modĂ©lisent le comportementdâun agent reprĂ©sentatif au lieu de prendre en considĂ©ration lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© dâensemble de la popula-tion.(8) Un compte rendu dĂ©taillĂ© de la totalitĂ© du processus historique et de la genĂšse dâun grandnombre de types de MSM dĂ©passerait certainement le cadre de cet article, mais nous renvoyons lelecteur Ă Atkinson et Sutherland (1988) pour un aperçu des premiers pas du dĂ©veloppement desMSM en Europe, et Ă Atkinson (2009), Bourguignon et Spadaro (2006) pour les aperçus historiques.
549
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:03 Page 549
EUROMOD a été largement reconnu comme étant le modÚle de MSM de référenceau niveau européen en matiÚre de microsimaluation des politiques socioécono-miques. (9)
Etant donnĂ© quâEUROMOD est conçu pour faciliter les comparaisons des politiquessuivies dans divers pays, nous avons choisi de dĂ©velopper lâarchitecture de MEFIS-TO en ligne avec le cadre dâEUROMOD, ce qui augmentera les possibilitĂ©s de com-paraison entre les politiques de taxes et dâavantages sociaux flamandes et belgesavec celles dâautres pays. La combinaison, dâune part, des nombreuses annĂ©es dâex-pertise dans la construction et lâutilisation de MSM au Centrum voor Sociaal BeleidHerman Deleeck Ă Anvers et au Centrum voor Economische StudiĂ«n Ă Louvain,avec, dâautre part, la communautĂ© acadĂ©mique internationale derriĂšre EUROMODfournit Ă©galement une opportunitĂ© de repousser les frontiĂšres de la mĂ©thodologiedes MSM. Lâexpertise du Centre de recherches en Ă©conomie publique et en Ă©cono-mie de la population Ă LiĂšge permettra lâexpansion du modĂšle aux simulations depensions, et lâexpĂ©rience de lâInterface DĂ©mographie Ă Bruxelles servira de base auxprojections dĂ©mographiques Ă long terme qui seront utilisĂ©es dans le projet FLEMO-SI.
MEFISTO nâest quâun des modĂšles Ă©laborĂ©s dans le cadre du projet FLEMOSI, maissimultanĂ©ment, câest lâun des outils centraux. Il sâagit dâun modĂšle de microsimula-tion mettant en Ćuvre des compĂ©tences du niveau fĂ©dĂ©ral belge et des compĂ©tencesspĂ©cifiques pour la rĂ©gion flamande. Le modĂšle utilise les derniĂšres microdonnĂ©esdes rĂ©pondants flamands de lâEuropean Union Statistics on Income and LivingConditions (SILC-UE) â lâenquĂȘte dâensemble europĂ©enne de rĂ©fĂ©rence pour lâanaly-se des inĂ©galitĂ©s et de la pauvretĂ©. Par ailleurs, il recourt Ă un ensemble de rĂšgles depolitique rĂ©flĂ©chissant lâenvironnement fiscal le plus rĂ©cent de lâimposition directeen Belgique et en Flandre et utilise le moteur du modĂšle de microsimulation EURO-MOD pour ses calculs. Cette combinaison permet dâĂ©valuer de maniĂšre dĂ©taillĂ©e leseffets des rĂ©formes des politiques de bĂ©nĂ©fice fiscal flamandes.
La version actuelle du modĂšle se focalise sur le premier degrĂ© ou sur le niveau ditdâeffets arithmĂ©tiques des rĂ©formes politiques, faisant abstraction de toute rĂ©actioncomportementale des individus (comme le nombre dâheures ouvrĂ©es). (10) Toute-fois, mĂȘme un simple MSM arithmĂ©tique est un outil puissant pour une Ă©valuation
(9) EUROMOD est un modĂšle de microsimulation sur les taxes et bĂ©nĂ©fices pour lâUnion europĂ©enne(EU) qui permet aux chercheurs et aux analystes politiques de calculer les effets des taxes et desbĂ©nĂ©fices sur les revenus des mĂ©nages et les stimulants au travail pour la population de chaque payset pour lâUE dans son ensemble. EUROMOD est maintenu, dĂ©veloppĂ© et gĂ©rĂ© par lâInstitute for Socialand Economic Research (ISER) de lâUniversitĂ© dâEssex en collaboration avec des Ă©quipes nationalesdes Etats membres de lâUE. Pour de plus amples informations, voir Sutherland (2007) et Lietz et Man-tovani (2006) ou le site Internet du modĂšle http://www.iser.essex.ac.uk/euromod.(10) Dans ce numĂ©ro de la RBSS, deux autres articles illustrent comment les rĂ©actions comportemen-tales, telles que lâoffre de main-dâouvre ou la rĂ©ponse aux offres dâemploi des minima sociaux peu-vent ĂȘtre modĂ©lisĂ©es dans le cadre des modĂšles de microsimulation (voir Bouckaert et Schokkaert,2011, et Decoster et al., 2011a).550
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:03 Page 550
politique ex ante. Il permet de calculer les taxes et les avantages sociaux de tous lesindividus dans la distribution, indique les gagnants et les perdants dâune rĂ©forme etlivre une premiĂšre apprĂ©ciation de son coĂ»t budgĂ©taire. A nos yeux, la disponibilitĂ©publique de ces outils est de la plus haute importance pour enrichir le dĂ©bat publicdans lâĂ©poque actuelle de crise et dâaustĂ©ritĂ©.
Pour rĂ©aliser un haut niveau dâaccessibilitĂ©, MEFISTO deviendra disponible en troisversions, dites versions BASIC, LIGHT et PLUS. Chacune de ces versions est custo-misĂ©e en vue dâaudience cible spĂ©cifique et adopte une position diffĂ©rente sur lâĂ©-change entre flexibilitĂ© et convivialitĂ© pour lâusager. En effet, ces diffĂ©rents utilisa-teurs ne sont pas intĂ©ressĂ©s par les mĂȘmes questions et rĂ©sultats et sont prĂȘts Ă payer un prix particulier en Ă©change de convivialitĂ© pour leur niveau souhaitĂ© deflexibilitĂ© et de portĂ©e. En premier lieu, les dĂ©cideurs politiques sont avides dâuneĂ©valuation dĂ©taillĂ©e des consĂ©quences distributionnelles et budgĂ©taires des mesurespolitiques comprises dans la version BASIC customisĂ©e pour la Toile. En deuxiĂšmelieu, la participation dĂ©mocratique de la sociĂ©tĂ© civile et du grand public au dĂ©batsur les mesures proposĂ©es sera stimulĂ©e et enrichie en rĂ©alisant une version affinĂ©edu modĂšle accessible en ligne au public, qui sera la version LIGHT. Enfin, la commu-nautĂ© acadĂ©mique est intĂ©ressĂ©e par des modĂšles les plus rĂ©cents qui permettentlâintĂ©gration des environnements souvent complexes de la politique des taxes/avan-tages sociaux dans des modĂšles thĂ©oriques et empiriques, proposĂ©s dans la versionPLUS, une version autonome disposant de toutes les fonctionnalitĂ©s de MEFISTO.
Le prĂ©sent article vise Ă vulgariser MEFISTO sous tous ses aspects et se structurecomme suit. Dans la section suivante, nous caractĂ©risons MEFISTO comme Ă©tant unmodĂšle de microsimulation arithmĂ©tique statique pour la Flandre en termes decaractĂ©ristiques constitutives. La section trois prĂŽne le besoin dâun nouveau modĂšlede microsimulation au niveau flamand en comparant le modĂšle avec certainsmodĂšles alternatifs pour lâĂ©valuation politique ex ante en Flandre tout en mettant enlumiĂšre ses avantages comparatifs. La quatriĂšme section passe briĂšvement en revuelâarchitecture de MEFISTO. Dans la partie cinq, nous illustrons comment le modĂšlepeut ĂȘtre utilisĂ© et comment devraient ĂȘtre interprĂ©tĂ©s les rĂ©sultats en analysantquatre rĂ©formes politiques illustratives. La sixiĂšme section fournit une prĂ©visualisa-tion du dĂ©veloppement du modĂšle dans un futur proche. La section sept contientnotre conclusion.
2. MEFISTO : UN MODELE DE MICROSIMULATION ARITHMETIQUE STATIQUE POURLA FLANDRE
La seule maniĂšre dâadopter scrupuleusement la recommandation mentionnĂ©e ci-des-sus de la CMPEPS portant sur lâimportance des questions distributionnelles consisteĂ calculer lâeffet dâune politique pour un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la population.Câest prĂ©cisĂ©ment ce que fait MEFISTO. Etant un modĂšle de microsimulation, il estcapable de calculer lâeffet des rĂ©formes politiques pour un vaste nombre de poli-
551
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:03 Page 551
tiques flamandes. Il y parvient, en se basant sur un Ă©chantillon de microdonnĂ©es quiest reprĂ©sentatif de lâensemble de la population flamande, en prenant en ligne decompte sa riche diversitĂ© socioĂ©conomique. Toutefois, un grand nombre de choixsont ouverts lorsque lâon Ă©labore un tel modĂšle : incluons-nous des rĂ©actions com-portementales dâagents Ă©conomiques individuels ? ModĂ©lisons-nous ce comporte-ment et lâimpact des politiques Ă travers le temps ? Quels sont les domaines poli-tiques intĂ©grĂ©s dans le modĂšle ? Dans les cinq sous-sections suivantes, nous dĂ©cri-vons MEFISTO comme un modĂšle de microsimulation arithmĂ©tique statique ex antepour la Flandre Ă lâaide de ses cinq caractĂ©ristiques constitutives.
2.1. MEFISTO EST UN MODELE DE MICROSIMULATION Les modĂšles de microsimulation calculent ou Ă©valuent les effets dâune rĂ©forme poli-tique envisagĂ©e sur une population reprĂ©sentative dâagents Ă©conomiques individuels(c.-Ă -d. les mĂ©nages). Les deux Ă©lĂ©ments de base dâun MSM sont, en premier lieu, unensemble de microdonnĂ©es sâappuyant sur une enquĂȘte dâensemble reprĂ©sentativeou, fĂ»t-ce moins usuel, obtenu Ă partir de sources de donnĂ©es administratives et, ensecond lieu, un ensemble de routines dâordinateur qui modĂ©lisent la lĂ©gislation rela-tive au sujet traitĂ© par le MSM, p. ex. la lĂ©gislation sur les taxes/avantages fiscaux.Nous nous pencherons plus en dĂ©tail sur lâarchitecture du modĂšle dans la sectionquatre.
A lâopposĂ©, les solutions alternatives les plus importantes, Ă savoir les modĂšlesmacroĂ©conomiques agrĂ©gĂ©s et les modĂšles dâune famille-type, restent muettes quantĂ ces effets distributionnels politiquement importants, des choix de diffĂ©rentes poli-tiques. ConsidĂ©rons, par exemple, la fameuse famille type prĂ©dĂ©finie de deuxadultes, actifs tous les deux sur le marchĂ© de lâemploi, avec deux enfants Ă charge(et avec une trame de dĂ©penses comme p. ex. lâachat dâune nouvelle voiture chaqueannĂ©e). Selon la derniĂšre enquĂȘte dâensemble SILC-UE, ce type de familles ne reprĂ©-sente que 8,8 % de la population flamande. Il nâest pas rare cependant que des unesde journaux sur les rĂ©formes politiques sâappuient sur des calculs grossiers pour cetype de famille ou pour des familles dâun type trĂšs similaire. (11) La mĂȘme chosevaut pour un grand nombre dâautres types dâindividus ou de mĂ©nages qui sont uti-lisĂ©s dans les dĂ©bats publics, par exemple dans le contexte de la pauvretĂ© et despiĂšges Ă lâemploi. Pour les dĂ©cideurs politiques, la question pertinente devrait ĂȘtre
(11) Pour fournir un exemple rĂ©cent, nous nous rĂ©fĂ©rons Ă un article Ă la une du journal belge DeStandaard, Ă©valuant comme suit les mesures fiscales prises par le nouveau gouvernement : (la traduc-tion du nĂ©erlandais en français est lâouvre du traducteur de cet article) âNos calculs sont basĂ©s surune famille typique : adultes dans la quarantaine, avec deux enfants adolescents. La mĂšre disposedâune voiture de sociĂ©tĂ©, Ă©valuĂ©e Ă 25,000 EUR lors de son achat Ă neuf. Les deux parents et les deuxenfants disposent dâun compte dâĂ©pargne, quelques bons de caisse et font usage de titres-servicesâ(De Standaard, 2011 ; citation originale : âEen modaal gezin. Veertigers met twee tienerkinderen, datis het uitgangspunt van onze berekeningen. Moeder heeft een bedrijfswagen met een nieuwwaardevan 25.000 EUR. De ouders en de kinderen hebben elk een spaarboekje, een paar kasbons op eeneffectenrekening en ze gebruiken dienstenchequesâ.
552
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:03 Page 552
moins de savoir si nous pouvons mettre en oeuvre un mĂ©nage avec des caractĂ©ris-tiques telles quâil est confrontĂ© Ă un piĂšge Ă lâemploi, mais plutĂŽt de savoir quelleest la reprĂ©sentativitĂ© rĂ©elle de ce mĂ©nage.
Nous faisons valoir que les trois types indiquĂ©s plus haut de modĂšles ex ante offrentdes informations complĂ©mentaires et devraient ĂȘtre employĂ©s conjointement dâunemaniĂšre systĂ©matique qui autorise des effets de feedback du niveau macro au niveaumicro et vice versa. Dans la section finale du prĂ©sent article, nous prĂ©visualisons dequelle façon le MSM actuel sera intĂ©grĂ© et connectĂ© aux modĂšles macroĂ©cono-miques existants ainsi quâaux modĂšles dâune famille prĂ©dĂ©terminĂ©e.
2.2. MEFISTO EST UN MODELE EX ANTEToute politique socioĂ©conomique crĂ©dible devrait se fonder sur les meilleuresconnaissances disponibles ex ante et sâouvrir Ă une analyse dĂ©taillĂ©e ex post. Par âexpostâ, nous faisons rĂ©fĂ©rence Ă lâapplication de lâun des instruments de la boĂźte Ă outils Ă©conomĂ©triques dâĂ©valuation de programmes, qui se rĂ©pand Ă grande vitesse.Dans cette branche de lâĂ©conomĂ©trie, le chercheur Ă©value lâimpact dâune rĂ©formede politique ou dâun programme par une comparaison dĂ©taillĂ©e de deux groupes :en premier lieu, un groupe dâindividus qui ont Ă©tĂ© exposĂ©s Ă la rĂ©forme (ledit grou-pe de traitement) et, en second lieu, un groupe qui nâa pas Ă©tĂ© traitĂ© (le groupe decontrĂŽle) et qui devrait offrir les meilleurs points de comparaison. La comparaisondes deux groupes indique lâeffet de la rĂ©forme de politique, dâune maniĂšre trĂšs simi-laire Ă la façon dont les nouveaux mĂ©dicaments sont testĂ©s dans les disciplines mĂ©di-cales. Tout lâart rĂ©side Ă garantir le caractĂšre alĂ©atoire du traitement pour exclure leseffets de sĂ©lection et autres facteurs de confusion. Pour les aperçus de ces derniersdĂ©veloppements, nous faisons rĂ©fĂ©rence Ă Imbens et Wooldrigde (2009) ainsi quâĂ Angrist et Pischke (2009). Lâabsence virtuelle en Flandre dâĂ©valuations ex post scien-tifiquement correctes de mesures politiques est dĂ©plorable, sans toutefois ĂȘtre horsdu cadre des pratiques existantes dans dâautres rĂ©gions et dâautres pays. (12)
Lâabsence dâutilisation de modĂšles quantitatifs comme outil pour la prĂ©paration et ledĂ©veloppement politiques ex ante est nettement plus difficile Ă justifier Ă©tant donnĂ©les progrĂšs scientifiques rĂ©alisĂ©s au cours de ces derniĂšres dĂ©cennies, la pratiquedĂ©veloppĂ©e dans un grand nombre dâautres pays et lâexpertise du monde acadĂ©-mique belge participant Ă ce dĂ©veloppement. MEFISTO est un tel modĂšle ex ante,ce qui signifie que plutĂŽt quâĂ©valuer une rĂ©forme politique ex post, il simule leseffets de rĂ©formes politiques potentielles sur la population flamande avant leur miseen Ćuvre effective. Pour cette raison, les rĂ©sultats dâune telle simulation ne devraient
(12) Des exceptions notables incluent Cockx et al. (2005) qui Ă©valuent la politique dâactivation deschĂŽmeurs de longue durĂ©e, et Ooghe (2011) qui utilise une approche de rĂ©gression de discontinuitĂ©pour Ă©valuer lâeffet du financement supplĂ©mentaire sur les Ă©coles primaires ayant pour but lâĂ©galitĂ©des chances.
553
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:03 Page 553
pas ĂȘtre mal interprĂ©tĂ©s. Les Ă©valuations politiques ex ante (par exemple, lâanalysede la âJobkortingâ dans ce numĂ©ro) nâĂ©valuent pas lâimpact de cette mesure poli-tique Ă lâaide dâune Ă©valuation Ă©conomĂ©trique ex post. Elles tracent seulement lacourbe des effets budgĂ©taires, distributionnels et (parfois) comportementaux durĂ©sultat attendu de la rĂ©forme de politique. Naturellement, une fois que les donnĂ©essont disponibles sur lâefficacitĂ© de la rĂ©forme, rien ne nous empĂȘche dâutiliser laboĂźte Ă outils de lâĂ©valuation programmatique pour vĂ©rifier nos rĂ©sultats escomptĂ©spar rapport Ă ceux du comportement observĂ©, bien au contraire. Toutefois, ildevrait ĂȘtre clair que ceci nâest pas ce qui est produit par les simulations ex ante deMEFISTO.
2.3. MEFISTO EST UN MODELE ARITHMETIQUEDans les versions BASIC et LIGHT accessible au public de MEFISTO, les agents sontcensĂ©s adopter la mĂȘme ligne de conduite avant et aprĂšs la rĂ©forme. Un individu quitravaille, disons, Ă temps partiel avant la rĂ©forme ne changera pas son offre de main-dâĆuvre lorsquâil est confrontĂ© Ă un taux fiscal marginal nettement plus bas. Manifes-tement, une telle hypothĂšse est restrictive et nâest pas trĂšs rĂ©aliste (particuliĂšrementpour les grandes rĂ©formes politiques). Les modĂšles qui font abstraction de cesrĂ©ponses comportementales sont qualifiĂ©s de modĂšles arithmĂ©tiques. Comme la plu-part des autres MSM, les versions BASIC et LIGHT de MEFISTO sont purementarithmĂ©tiques. (13)
Cependant, mĂȘme un MSM arithmĂ©tique est un excellent outil pour la politique exante. Un MSM arithmĂ©tique sur les taxes/avantages sociaux permet de calculer destaxes et des avantages sociaux, et par consĂ©quent le revenu disponible aprĂšs taxes,pour tous les agents individuels au sein de la population. Câest pour cette raison queles changements de politique (p. ex. lâintroduction de la âJobkortingâ ou tout autreparmi les exemples discutĂ©s dans la section cinq) sont traduits en changements durevenu disponible de lâindividu ou du mĂ©nage et dĂšs lors de prospĂ©ritĂ© des agentsĂ©conomiques individuels. Ceci permet lâĂ©valuation de lâimpact du changement depolitique sur lâinĂ©galitĂ©, sur le risque de tomber dans la pauvretĂ© et, si agrĂ©gĂ© demaniĂšre adĂ©quate, sur la population totale, ce qui produit Ă©galement un premierniveau du coĂ»t budgĂ©taire net de la rĂ©forme. Bien que lâexclusion des rĂ©ponsescomportementales impose une limitation sĂ©vĂšre, elle accroĂźt la simplicitĂ© dâutilisa-tion et dâinterprĂ©tation du modĂšle. En plus, elle supprime la nĂ©cessitĂ© dâĂ©mettre deshypothĂšses Ă propos des rĂ©ponses comportementales.
(13) Comme nous lâavons dĂ©jĂ mentionnĂ© dans la note de bas de page n° 11, nous Ă©valuons Ă©gale-ment les modĂšles comportementaux, mais pour des raisons mĂ©thodologiques et pĂ©dagogiques, nousavons prĂ©fĂ©rĂ© ne pas les intĂ©grer automatiquement dans les versions BASIC et LIGHT de MEFISTOcompatibles avec Internet. Toutefois, les utilisateurs acadĂ©miques de la version PLUS, peuvent direc-tement intĂ©grer MEFISTO Ă un modĂšle dâoffre de main-dâoeuvre qui modĂšle explicitement la dĂ©cisiondâoffre de main-dâoeuvre des agents individuels (voir p. ex. Decoster et al., 2011 a dans ce numĂ©ro).
554
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:03 Page 554
Par ailleurs, un MSM arithmĂ©tique est une condition sine qua non pour lâĂ©valuationdes modĂšles comportementaux. En augmentant graduellement lâoffre de main-dâĆuvre (plus prĂ©cisĂ©ment, les heures ouvrĂ©es) des individus de lâĂ©chantillon et enretraçant le changement correspondant dans le revenu disponible, le MSM permetdâĂ©valuer les taux fiscaux marginaux effectifs et les taux fiscaux de participationpour la totalitĂ© de la population.
2.4. MEFISTO EST UN MODELE STATIQUENon seulement le comportement est supposĂ© constant dans le modĂšle de microsi-mulation arithmĂ©tique MEFISTO, mais encore les situations dĂ©mographiques desindividus sont Ă©galement censĂ©es ĂȘtre fixes. Un tel MSM est appelĂ© un modĂšle sta-tique.
Les MSM dynamiques par contre (comme le modĂšle MIDAS du Bureau fĂ©dĂ©ral duplan ; voir la section suivante) dĂ©terminent de maniĂšre endogĂšne les caractĂ©ris-tiques dĂ©mographiques telles que lâĂąge, le statut marital, la composition du mĂ©nage,etc., dans le courant de la simulation. Les individus dĂ©cident de se marier, de sesĂ©parer, dâavoir un enfant supplĂ©mentaire, de partir Ă la retraite, ou subissent desĂ©vĂ©nements liĂ©s au temps qui passe (comme vieillir ou mourir). (14) Inutile de direquâun modĂšle dynamique procure manifestement des perceptions additionnellestrĂšs utiles pour le (trĂšs) long terme. En fait, le modĂšle produit des cycles de vieentiĂšre pour les individus, de telle maniĂšre que lâanalyse distributionnelle du cyclede vie â y compris toutes les difficultĂ©s y associĂ©es au niveau conceptuel â devientpossible. Pour un aperçu des modĂšles de microsimulation dynamiques, nous ren-voyons Ă p. ex. OâDonoghue (2001).
Etant donnĂ© que la mĂ©thodologie, le cadre conceptuel et les exigences en matiĂšrede donnĂ©es sont plus complexes et diffĂšrent radicalement de ceux dâun modĂšle sta-tique, nous avons dĂ©libĂ©rĂ©ment choisi de rester dans le cadre statique. Dans la sec-tion 6, nous esquissons briĂšvement comment nous tenterons dâintĂ©grer malgrĂ© toutdes projections dĂ©mographiques Ă long terme dans notre cadre statique Ă lâaide de latechnique de la repondĂ©ration statique.
2.5. MEFISTO EST UN MODELE FLAMANDMEFISTO utilise pour ses calculs le moteur du modĂšle de microsimulation EURO-MOD. Toutefois, contrairement au projet EUROMOD, qui tente dâinclure les poli-tiques pour tous les membres de lâUnion europĂ©enne, MEFISTO se focalise spĂ©cifi-quement sur la modĂ©lisation dĂ©taillĂ©e de lâensemble dâinstruments politiques pour legouvernement flamand. Les compĂ©tences fĂ©dĂ©rales belges sont Ă©galement modĂ©-
(14) En effet, la suggestion originale dâOrcutt dans son article de 1957 prĂŽnait dâĂ©laborer un telmodĂšle dynamique.
555
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:04 Page 555
lisĂ©es dans la mesure oĂč elles affectent la subpopulation flamande. Ceci aidera Ă cla-rifier les effets dâinteraction entre les mesures politiques fĂ©dĂ©rales et les mesures fla-mandes (15). Les microdonnĂ©es utilisĂ©es pour MEFISTO consistent en un sous-ensemble de rĂ©pondants flamands Ă lâenquĂȘte gĂ©nĂ©rale SILC (voir la section quatrepour des dĂ©tails supplĂ©mentaires sur lâensemble des donnĂ©es).
3. POURQUOI UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE ?
Il existe un certain nombre de modĂšles relatifs aux taxes/avantages sociaux pour laBelgique et pour la Flandre (16). Cette observation soulĂšve une question pertinentesur la valeur ajoutĂ©e dâun autre modĂšle de microsimulation flamand. Dans cette sec-tion, nous ferons valoir que MEFISTO produit effectivement une valeur ajoutĂ©e encomparaison avec les modĂšles existants, particuliĂšrement en termes de disponibi-litĂ©, de convivialitĂ© pour lâusager et de portĂ©e des compĂ©tences (flamandes) cou-vertes. Pour se faire, nous nous basons sur six critĂšres objectifs en vue de classifieret dâĂ©valuer lâattractivitĂ© dâun modĂšle de microsimulation dans un contexte poli-tique flamand. Ces six critĂšres sont : 1) la disponibilitĂ© publique du modĂšle, 2) laconvivialitĂ© pour lâusager grĂące Ă une interface utilisateur graphique, 3) la vasteĂ©tendue de compĂ©tences, 4) lâinclusion des rĂ©actions comportementales, 5) la pers-pective Ă long terme et 6) lâinclusion de macroliens. Le choix de ces critĂšres reposemanifestement sur nos jugements de valeur. Des critĂšres alternatifs peuvent certai-nement se dĂ©fendre, mais nous croyons que lâensemble actuel de critĂšres disposedâune certaine attractivitĂ© prima facie.
Le tableau 1 rĂ©sume le degrĂ© avec lequel chacun des critĂšres est prĂ©sent dans lesdiffĂ©rents modĂšles que nous comparons. En plus, nous ajoutons la principale sourcedâentrĂ©e de donnĂ©es dans la colonne la plus Ă droite.
Commençons avec STASIM, qui a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par le Centrum voor Sociaal BeleidHerman Deleeck de lâUniversitĂ© dâAnvers. Il ne sâagit pas dâun modĂšle de microsimula-tion stricto sensu, mais plutĂŽt dâun modĂšle basĂ© sur des familles-type. Il recourt Ă destypes de famille prĂ©dĂ©finis pour calculer lâimpact des mesures fiscales et des avantagessociaux sur le revenu disponible (Van Mechelen et Verbist, 2005). En partant desfamilles-type plutĂŽt que des donnĂ©es reprĂ©sentatives, les contraintes des donnĂ©es sontlargement supprimĂ©es. Câest le chercheur lui-mĂȘme qui dĂ©cide si un membre de lafamille-type sĂ©lectionnĂ©e travaille ou non, sâil est chĂŽmeur de longue durĂ©e ou non,sâil est atteint dâune maladie grave ou non, etc. Le fait que ce type de modĂšle nedĂ©pend pas dâun ensemble de microdonnĂ©es sous-jacentes le rend relativement aisĂ© Ă maintenir. Toutefois, cette facilitĂ© de dĂ©veloppement et de maintenance
(15) Un grand nombre de ces modĂšles ont Ă©tĂ© initialement dĂ©veloppĂ©s grĂące Ă lâaide financiĂšre de lapolitique scientifique fĂ©dĂ©rale (p. ex. ASTER, MIMOSIS, SIRe).Un exemple manquant sera la probable introduction de centimes additionnels en matĂšre dâimpĂŽts despersonnes physiques suite Ă la rĂ©forme proposĂ©e par la loi de financement.(16) Toutes les manipulations de cette section ont Ă©tĂ© effectuĂ©es avec le programme CreatePop-CharAndWeights.sas (voir SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011c)).556
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:04 Page 556
a un prix : comme tous les autres modĂšles de famille-type, STASIM ne permet pas deprocĂ©der Ă des analyses distributionnelles. GrĂące Ă lâinterface utilisateur, le modĂšleest convivial pour lâusager, mais nâest pas accessible au public. Le modĂšle nâinclut pasles rĂ©actions comportementales en termes dâoffre de main-dâĆuvre, de prise de bĂ©nĂ©fi-ce ou de consommation ; nous constatons lâabsence de liens macro et de liens Ă longterme, ce qui signifie que les macro-indicateurs tels que lâinflation, la croissance Ă©co-nomique, la demande de main-dâĆuvre ou la composition de la population sont sup-posĂ©s rester constants. Cela autorise des calculs dĂ©taillĂ©s pour les taux de remplace-ment ainsi que pour lâĂ©volution des diverses catĂ©gories dâallocations de sĂ©curitĂ© socia-le, pour les cotisations sociales et les taxes personnelles sur le revenu Ă partir de 1989.(17) STASIM inclut Ă©galement quelques mesures sociales qui relĂšvent des compĂ©-tences flamandes, comme celles visant Ă rĂ©duire le coĂ»t de garde des enfants.
TTAABBLLEEAAUU 11 :: APERCU DES MODELES POLITIQUES EX ANTE ACTIFS BELGES
Les deux modÚles qui se suivent au tableau 1 se basent sur des données de registre,à savoir SIRe [développé et maintenu par le SPF Finance, voir p. ex. Standaert etValenduc (1996), et MIMOSIS (développé pour et maintenu par le SPF SécuritéSociale, voir p. ex. Decoster et al. 2008b, 2009)]. Pour SIRe, la portée poli-
(17) La raison pour laquelle les modĂšles de familles-type peuvent plus facilement remonter dans letemps rĂ©side dans le fait quâil nâest exigĂ© aucun ensemble de donnĂ©es.
557
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:04 Page 557
tique se restreint Ă lâimpĂŽt sur les revenus des personnes physiques, alors queMIMOSIS permet des simulations de toutes les taxes personnelles sur les revenus etde toutes les branches de la sĂ©curitĂ© sociale. Le modĂšle SIRe exploite un Ă©chantillonde la base de donnĂ©es appelĂ©e IPCAL qui contient les dĂ©clarations fiscales descitoyens belges. MIMOSIS a Ă©tĂ© utilisĂ© pour estimer les rĂ©actions comportementalessous la forme dâeffets sur lâoffre de main-dâĆuvre (voir Decoster et al. 2007) et sebase sur un registre Ă©tendu de donnĂ©es en provenance du Datawarehouse (DWH)MarchĂ© du travail et Protection sociale de 2009. (18) Les deux modĂšles sont exclusi-vement fĂ©dĂ©raux et ne disposent ni de macroliens ni de liens Ă long terme.
ASTER est lâunique modĂšle qui couvre les taxes indirectes. DĂ©veloppĂ© au Centre dâĂ©-tudes Ă©conomiques de la KU Leuven, ce modĂšle exploite la version belge de la Hou-sehold Budget Survey (HBS : EnquĂȘte sur le budget des mĂ©nages) (voir p. ex. Decos-ter, 1995). Il inclut les rĂ©actions comportementales dans le domaine des dĂ©penses Ă la suite de changements de prix. Il dispose dâune interface conviviale pour lâutilisa-teur ce qui facilite assez bien les simulations relatives aux changements des tauxdâimposition, mais malheureusement, le modĂšle nâa pas Ă©tĂ© customisĂ© pour Inter-net.
MIDAS, qui est basé au Bureau fédéral du plan, est le seul modÚle de microsimula-tion entiÚrement dynamique du tableau. Il repose sur la vague 2002 du Panel Surveyof Belgian Households (PSBH). Il inclut les réactions comportementales des indivi-dus, et est utilisé pour les projections à long terme (voir p. ex. De Vil et al., 2010a).Par ailleurs, le modÚle est construit en vue de produire des résultats qui sont cohé-rents avec les scenarii démographiques, macroéconomiques et socioéconomiquesfournis par le macromodÚle MALTESE (pour de plus amples détails, voir De Vil etal., 2010b).
MISIM et EUROMOD exploitent tous les deux les donnĂ©es SILC. MISIM est un modĂš-le statique relatif aux taxes/avantages sociaux et a Ă©tĂ© initialement dĂ©veloppĂ© dansle courant des annĂ©es â90 pour les donnĂ©es du Panel SocioĂ©conomique (Centrumvoor Sociaal Beleid Herman Deleeck, voir Verbist, 2003). Il couvre les taxes sur lesrevenus personnels et une part importante des allocations de sĂ©curitĂ© sociale. Il aĂ©galement Ă©tĂ© utilisĂ© pour analyser les compĂ©tences flamandes, telles que lâensei-gnement (voir Cantillon et al., 2006). EUROMOD est un modĂšle statique europĂ©enrelatif aux taxes/avantages sociaux, couvrant les mĂȘmes domaines politiques fĂ©dĂ©-raux que le modĂšle prĂ©cĂ©dent (voir p. ex. Sutherland, 2007). Il est explicitementconçu pour la recherche comparative internationale pour tous les membres de lâUEet vise Ă©galement Ă ĂȘtre convivial pour lâusager grĂące Ă son interface utilisateur.Actuellement, il nâexiste malheureusement pas de version compatible avec la Toileet donc pas dâaccessibilitĂ© au public.
(18) La derniĂšre version de MIMOSIS tourne sur la base dâun Ă©chantillon de registre de donnĂ©esconstituĂ© le 1er janvier 2009 dont la plupart des donnĂ©es dâentrĂ©e font rĂ©fĂ©rence Ă 2008.
558
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:04 Page 558
Comme mentionnĂ© ci-dessus, trois versions de MEFISTO sont actuellement dispo-nibles. Celles-ci forment les trois derniĂšres rangĂ©es du tableau 1. Chacune des ver-sions offre un degrĂ© diffĂ©rent de convivialitĂ© et de flexibilitĂ© (et de portĂ©e) et esttaillĂ©e sur mesure pour les besoins de ses utilisateurs, respectivement la sociĂ©tĂ© civi-le, les dĂ©cideurs politiques et les utilisateurs acadĂ©miques. Tant la version BASICque LIGHT sont adaptĂ©es pour la Toile. Actuellement, la combinaison de la convivia-litĂ© pour lâutilisateur et de la portĂ©e offerte par la version BASIC est plutĂŽt unique aumonde. (19) Dans leur version actuelle, les versions de MEFISTO BASIC et LIGHTnâincluent pas de comportement en matiĂšre dâoffre de main-dâĆuvre, ni de projec-tions Ă long terme ou de macroliens. Les dĂ©veloppements ultĂ©rieurs de MEFISTO,qui sont dĂ©crits dans la section 6, complĂ©teront les rangĂ©es avec des â+â. La versionPLUS de MEFISTO est trĂšs flexible et permet aux utilisateurs acadĂ©miques de calcu-ler et de simuler une grande variĂ©tĂ© de rĂ©formes politiques, y compris lâoffre demain-dâĆuvre et les comportements de non-revendication. Dans un avenir proche,des projections Ă long terme (par le biais dâune repondĂ©ration statique) et desmacroliens seront aisĂ©ment disponibles dans la version PLUS de MEFISTO (voir lasection 6 pour de plus amples dĂ©tails).
4. ARCHITECTURE DE MEFISTO
Dans cette section, nous passons en revue certains aspects de lâarchitecture deMEFISTO. Une certaine perception de sa structure aidera Ă une meilleure comprĂ©-hension des possibilitĂ©s et des limitations du modĂšle. Le lecteur impatient, avidedâapprendre comment mettre en oeuvre des rĂ©formes politiques et comment inter-prĂ©ter les rĂ©sultats, peut toutefois ignorer cette section et passer directement Ă lasuivante oĂč figurent des exemples et des illustrations.
Dâun point de vue architectural, un modĂšle de microsimulation tel que MEFISTOexige deux types dâentrĂ©es : un ensemble de donnĂ©es comme input et un ensemblede prescrits politiques. Les usagers peuvent changer les paramĂštres politiques par lebiais dâune interface dâentrĂ©e (input). Les rĂ©sultats de la simulation sont prĂ©sentĂ©s Ă lâutilisateur dans une interface de sortie (output), sur la base dâun ensemble dedonnĂ©es de sortie gĂ©nĂ©rĂ© pendant la simulation. La figure 1 fournit une reprĂ©senta-tion schĂ©matique.
(19) Certains autres modÚles de microsimulation sur les taxes/avantages sociaux à large échelleadaptés à Internet incluent une série de modÚles africains développés par WIDER http://african-models.wider.unu.edu/ et un modÚle français récent http://www.revolution-fiscale.fr/ qui accom-pagne Landais et al. (2011). La portée de ces modÚles est toutefois plus limitée.
559
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:04 Page 559
FFIIGGUURREE 11:: REPRESENTATION SCHEMATIQUE DE LâARCHITECTURE DE MEFISTO
Un premier bloc de construction consiste en donnĂ©es dâentrĂ©es (input) et contientles revenus bruts en mĂȘme temps que diverses variables socioĂ©conomiques pour unĂ©chantillon reprĂ©sentatif de toute la population. Lâensemble de donnĂ©es dâentrĂ©epour MEFISTO est SILC-UE. Pour ĂȘtre prĂ©cis, nous utilisons un sous-Ă©chantillon de laversion belge de SILC-UE qui ne comporte que les citoyens flamands. (20) Depuisson lancement en 2004, SILC-UE est devenu lâensemble de microdonnĂ©es standardpour lâanalyse de la rĂ©partition et de la pauvretĂ© dans lâUE (voir Decancq et al.2012).
Travailler avec un ensemble de donnĂ©es obtenu grĂące Ă une enquĂȘte dâensembleplutĂŽt quâavec des donnĂ©es provenant dâun registre prĂ©sente Ă la fois des avantageset des inconvĂ©nients. Les donnĂ©es dâune enquĂȘte gĂ©nĂ©rale contiennent des informa-tions additionnelles sur les variables socioĂ©conomiques qui sont souvent non dispo-nibles dans les donnĂ©es issues dâun registre (provenant de sources administrativesou fiscales). Toutefois, les Ă©tudes dâensemble ont tendance Ă souffrir dâune sous-reprĂ©sentation au sommet et/ou Ă la base de la distribution des revenus. LesdonnĂ©es fiscales, dâautre part, ne contiennent pas les subpopulations qui sont fisca-lement exonĂ©rĂ©es. Du fait de la taille limitĂ©e de lâĂ©chantillon des Ă©tudes dâensemblecomme SILC-UE, certaines rĂ©formes spĂ©cifiques affectant uniquement une subpopu-lation particuliĂšre peuvent ĂȘtre biaisĂ©es ou non reprĂ©sentatives (il nây a quâunefaible prĂ©sence de familles avec enfants dans les garderies dâenfants dans SILC-UE,par exemple).
(20) La version belge de SILC-UE est plus dĂ©taillĂ©e que la version europĂ©enne qui a Ă©tĂ© agrĂ©gĂ©e et har-monisĂ©e par EUROSTAT pour faciliter les comparaisons entre Etats de lâUnion. En fĂ©vrier 2012, lemodĂšle BASIC de MEFISTO utilise des donnĂ©es de 3.428 mĂ©nages (8.271 individus) qui ont Ă©tĂ© col-lectĂ©es en 2008 (revenus de 2007) et revalorisĂ©es en niveaux de 2010. Ces donnĂ©es dâentrĂ©e ne peu-vent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©es par les usagers dans les versions BASIC et LIGHT, pour garantir la conformitĂ©aux conventions avec les utilisateurs.
560
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:05 Page 560
Le deuxiĂšme bloc de construction dâun modĂšle de microsimulation consiste en unesĂ©rie de rĂšgles de politique paramĂ©trisĂ©es qui couvrent le systĂšme actuel destaxes/avantages sociaux. Ces prescrits traduisent la lĂ©gislation fiscale dans unesĂ©quence de routines dâordinateur. (21) La lĂ©gislation fiscale se modifie au fil dutemps ; dĂšs lors, chaque annĂ©e, il y a lieu de construire un nouvel ensemble deprescrits politiques pour conserver le modĂšle Ă son niveau maximal de performan-ce. Ce processus de mise Ă jour est plutĂŽt compliquĂ© et exige une grande masse detravail. Câest pour cette raison que MEFISTO utilise la mĂȘme grammaire mathĂ©ma-tique quâEUROMOD. Pour la subpopulation flamande, MEFISTO Ă©tend considĂ©rable-ment la portĂ©e politique dâEUROMOD en incluant les compĂ©tences flamandes spĂ©ci-fiques. Pour lâensemble commun de prescrits politiques, toutefois, lâĂ©troiteconnexion entre MEFISTO et le modĂšle EUROMOD mĂšne Ă dâimportantesretombĂ©es en termes de mise Ă jour et de validation des rĂ©sultats.MEFISTO applique les rĂšgles de politique rĂ©elles Ă chaque unitĂ© fiscale de lâen-semble de donnĂ©es dâentrĂ©e et simule les taxes payĂ©es et les avantages reçus. Cestaxes et avantages sociaux simulĂ©s sont sauvegardĂ©s pour chaque unitĂ© fiscale danslâensemble des donnĂ©es de sortie, le troisiĂšme bloc de construction de MEFISTO.Etant donnĂ© que les revenus bruts sont observĂ©s dans lâensemble des donnĂ©es dâen-trĂ©e et vu que les taxes et bĂ©nĂ©fices ont Ă©tĂ© simulĂ©s pour chaque unitĂ© fiscale, le cal-cul du revenu disponible peut sâopĂ©rer directement pour chaque mĂ©nage, en sous-trayant les taxes simulĂ©es des revenus bruts et en additionnant les bĂ©nĂ©fices simulĂ©s.Ces revenus disponibles sont corrigĂ©s pour ce qui concerne les diffĂ©rences dans lataille des mĂ©nages en utilisant les Ă©chelles dâĂ©quivalence standard de lâOCDE. (22)La distribution obtenue de revenu disponible simulĂ© est ce quâil convient dâappelerla distribution de rĂ©fĂ©rence. Câest cette base et non la situation rĂ©elle que lâon utilisecomme point de repĂšre pour les comparaisons ultĂ©rieures avec les distributions dela rĂ©forme simulĂ©es.
Bien que ce soit cette base qui est utilisĂ©e comme point de repĂšre, il est importantde savoir comment la base reproduit les statistiques extĂ©rieures sur la rĂ©partitiondes salaires bruts et du revenu disponible et sur les diffĂ©rentes composantes desrecettes du gouvernement. (23) Lorsque lâon compare la distribution de rĂ©fĂ©rencede revenu disponible simulĂ©e avec la distribution observĂ©e dans SILC-UE, nous
(21) Depuis février 2012, le modÚle BASIC de MEFISTO met en oeuvre la législation sur les taxes etavantages sociaux de 2010. Les utilisateurs de la version PLUS ont un accÚs entier au (code source)des prescrits politiques, les usagers des versions BASIC et LIGHT peuvent uniquement changer unsous-ensemble des paramÚtres essentiels.(22) Notez que nous assumons le groupement du revenu total au sein du ménage de telle maniÚreque soit supprimée toute inégalité au sein du ménage.(23) Pour cette raison, un rapport de validation annuel est publié. Comme nous ne pouvons entrerdans tous les détails de ces rapports nationaux dans le cadre de cet article, nous renvoyons à Vanhilleet Spiritus (2011) pour un rapport complet des politiques EUROMOD de 2009, qui servent de baseaux politiques MEFISTO, et à Decoster et Spiritus (2011b) pour une validation des résultats de MEFIS-TO.
561
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:05 Page 561
observons une sous-estimation de lâinĂ©galitĂ© des revenus. Nous mesurons lâinĂ©galitĂ©des revenus au moyen du coefficient Gini bien connu qui adopte une valeur de 0 encas dâĂ©galitĂ© totale et une valeur de 100 en cas dâinĂ©galitĂ© maximale. Le coefficientGini du plancher simulĂ© est de 20,93 en comparaison avec les 25,36 pour la distribu-tion observĂ©e au cours de lâannĂ©e politique 2010. Une telle sous-estimation estplutĂŽt classique dans les modĂšles relatifs aux taxes et avantages sociaux. (24)
Les utilisateurs dâun modĂšle de microsimulation sâintĂ©ressent gĂ©nĂ©ralement Ă lâim-pact distributionnel dâun changement dâun ou de plusieurs paramĂštres politiques delâensemble des prescrits politiques rĂ©els. Par le biais de lâinterface dâentrĂ©e, il estpossible de mettre en oeuvre la rĂ©forme politique dĂ©sirĂ©e. La figure 2 livre unexemple de lâinterface dâentrĂ©e de la version LIGHT de MEFISTO. (25) Le modĂšlesimule alors les taxes et les avantages sociaux en tenant compte des rĂšgles de poli-tique rĂ©formĂ©es. La comparaison entre la distribution de rĂ©fĂ©rence du revenu dispo-nible et la distribution suite Ă la rĂ©forme indique lâimpact distributionnel de la rĂ©for-me. Par le biais de lâinterface de sortie, lâutilisateur peut se focaliser sur les statis-tiques privilĂ©giĂ©es pour rĂ©sumer ce changement dans la rĂ©partition (comme unemesure du changement de lâinĂ©galitĂ©, de la pauvretĂ© ou de lâimpact budgĂ©taire). Lelecteur trouvera des exemples des interfaces de sortie Ă la section suivante.
FFIIGGUURREE 22 :: ECRAN DâENTREE DE MEFISTO LIGHT
Source : www.flemosi.be.
(24) Il existe une sĂ©rie dâexplications possibles Ă cette sous-estimation de lâinĂ©galitĂ©. En premier lieu,du fait de la limitation des donnĂ©es dans SILC-UE, divers postes dĂ©ductibles ne peuvent malheureuse-ment pas ĂȘtre simulĂ©s. En deuxiĂšme lieu, lâĂ©ventuelle Ă©vasion fiscale et la non-revendication de laprotection minimale des revenus (voir Bouckaert et Schokkaert, 2011 dans ce numĂ©ro de la RBSS),sont susceptibles dâaffecter les rĂ©sultats. En troisiĂšme lieu, lâinformation est parfois manquante pourpermettre de dĂ©finir les unitĂ©s fiscales de la mĂȘme maniĂšre que le font les autoritĂ©s fiscales. En qua-triĂšme lieu, il peut Ă©galement y avoir des erreurs de rapportage dans les donnĂ©es, p. ex. du fait delâarrondissement des montants des revenus par les rĂ©pondants alors que le MSM donne un montantexact.(25) Lâinterface dâentrĂ©e du modĂšle BASIC est montrĂ©e dans la section suivante Ă lâaide de certainessimulations illustratives (p. ex. figure 3).
562
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:06 Page 562
5. UTILISER ET INTERPRETER MEFISTO : QUATRE ILLUSTRATIONS
MEFISTO fournit quatre perspectives dans son output standard. Chacune de cesperspectives se focalise sur un aspect de lâimpact distributionnel de la rĂ©forme poli-tique souhaitĂ©e. Ces perspectives sont : 1) gagnants et perdants, 2) impact sur lâinĂ©-galitĂ©, 3) impact budgĂ©taire et 4) impact sur la pauvretĂ©. Dans cette section, nousillustrons ces quatre perspectives au moyen de quatre rĂ©formes politiques diffĂ©-rentes, plus prĂ©cisĂ©ment une rĂ©forme fiscale forfaitaire, un crĂ©dit fiscal de base (ladi-te âjobkortingâ), une allocation supplĂ©mentaire pour lâĂ©ducation des enfants, et unerĂ©forme de protection du revenu minimal. Cette analyse ne vise pas Ă livrer une dis-cussion approfondie des sujets en question, mais plutĂŽt Ă illustrer les possibilitĂ©s dumodĂšle. (26) Nous soulignons que les rĂ©sultats prĂ©sentĂ©s ici sont des effets de pre-mier ordre, ce qui signifie quâils nâintĂšgrent aucune rĂ©action comportementale enforme de changement dans lâoffre de travail et de la fertilitĂ©. Etant donnĂ© le lectoratde cette revue, nous nous focaliserons principalement sur la mise en oeuvre desrĂ©formes dans la version BASIC de MEFISTO, mais les rĂ©formes illustrĂ©es peuventaussi ĂȘtre directement mises en Ćuvre par le biais de la version LIGHT de MEFISTO(Comme nous le voyons Ă la figure 2, lâĂ©cran dâentrĂ©e de la version LIGHT contienttous les paramĂštres nĂ©cessaires pour appliquer ces quatre rĂ©formes sĂ©lectionnĂ©es).
5.1. UNE REFORME FISCALE FORFAITAIRELa premiĂšre simulation remplace tous les taux dâimposition sur les revenus des per-sonnes physiques en vigueur par un taux fiscal forfaitaire de 15 % et une base derevenu exonĂ©rĂ© de 12.500 EUR (qui reprĂ©sente quasiment le double du montantactuel). (27) Les paramĂštres pertinents de lâinterface dâentrĂ©e (input) sont visualisĂ©sdans la figure 3. Cette interface dâentrĂ©e comporte 43 paramĂštres politiques autotal, au sein dâune structure claire et intuitive ; chacun de ces paramĂštres peutrevĂȘtir nâimporte quelle valeur. Si nĂ©cessaire, des Ă©crans dâaide sont fournis et pro-curent des guides pour lâutilisateur et quelques dĂ©finitions indispensables (issusprincipalement du âMĂ©mento fiscalâ, la publication du MinistĂšre des Finances quirĂ©sume lâĂ©tat actuel de la lĂ©gislation fiscale).
(26) Néanmoins, la meilleure maniÚre de se familiariser avec MEFISTO est de procéder à des expéri-mentations sur le tas avec sa version Internet qui est librement accessible sur www.flemosi.be.(27) Ces chiffres ont été proposés par Pompen et Niemegeers dans De Standaard du 28 août 2008.
563
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:06 Page 563
FFIIGGUURREE 33 :: ECRANS DâENTREE (INPUT) POUR UNE REFORME FISCALE FORFAITAIRE
Source : www.flemosi.be.
En appuyant sur le bouton ârunâ, le moteur dâEUROMOD calcule lâimpact de la rĂ©for-me pour chacun des mĂ©nages de lâĂ©chantillon des donnĂ©es. Les Ă©crans de sortie(output) apparaissent ensuite automatiquement.
Dans lâinterface de sortie du modĂšle, lâon peut trouver les rĂ©sultats rĂ©sumĂ©s de larĂ©forme pour les quatre perspectives mentionnĂ©es ci-dessus. Ici, nous nous focali-sons sur le dĂ©bat sur les gagnants et les perdants, qui aboutit Ă la figure 4 commerĂ©sumĂ© de sortie. Les individus sont classĂ©s dans des dĂ©ciles en fonction de leurrevenu disponible Ă©quivalisĂ© dâavant la rĂ©forme. Lâimpact moyen de la rĂ©forme pourun dĂ©cile donnĂ© est prĂ©sentĂ© en EUR par mois. Plus se porte sur la droite la distribu-tion des gains ou plus les gains augmentent par rapport au revenu disponibledâavant la rĂ©forme, plus la rĂ©forme favorise les riches (et vice versa).
FFIIGGUURREE 44 :: ECRAN DE SORTIE (OUTPUT) : GAINS MOYENS PAR DECILE DE REVENUS DâUNE REFOR-ME FISCALE FORFAITAIRE
Source : www.flemosi.be.
564
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:08 Page 564
Le gain moyen par mois serait en rĂšgle gĂ©nĂ©rale de plus ou moins 600 EUR. Lesgains absolus augmentent clairement avec le revenu : les gains les plus Ă©levĂ©s setrouvent dans les dĂ©ciles supĂ©rieurs, avec un gain moyen dâapproximativement2.000 EUR par mois, alors que, dans ce scĂ©nario, le dĂ©cile le plus bas ne gagneraitpratiquement rien. Il sâagit clairement dâune rĂ©forme en faveur des riches. Toutefoisil nây a pas de perdants, contre environ 80 % de gagnants. Une dĂ©composition plusdĂ©taillĂ©e des gagnants et des perdants en sous-groupes peut ĂȘtre obtenue en sĂ©lec-tionnant le bouton âmoreâ. Il est possible de se concentrer sur les dĂ©ciles de reve-nus, mais Ă©galement sur lâĂąge du chef de mĂ©nage, sur son occupation ou sur sesmodalitĂ©s de jouissance du logement. Une telle analyse (non illustrĂ©e ici pour desmotifs de briĂšvetĂ©) montre par exemple quâune forte majoritĂ© (76 %) des inactifs negagneraient rien de cette rĂ©forme, alors que les gains les plus Ă©levĂ©s sont enregistrĂ©sdans le groupe de lĂ©gislateurs, hauts fonctionnaires et chefs dâentreprise.
Notre but ici est dâillustrer certaines des possibilitĂ©s et des limitations de MEFISTO,plutĂŽt que de rĂ©aliser une analyse complĂšte des rĂ©formes politiques. Les rĂ©ponsescomportementales par exemple, importantes pour calculer la totalitĂ© de lâimpact dela rĂ©forme, sont ignorĂ©es, comme lâest la perte de revenus pour le gouvernement. Ilfaudrait chercher un tarif neutre pour les revenus ou tenir compte de lâimpact sur leniveau et la rĂ©partition des biens publics pour Ă©valuer complĂštement lâimpact distri-butionnel de cette rĂ©forme. Pour une analyse plus approfondie dâune taxe forfaitairesur les revenus, voir Decoster et al. (2008a).
5.2. UN CREDIT FISCAL SUPPLEMENTAIRE POUR LES TRAVAILLEURS (JOBKORTING)Avec notre deuxiĂšme rĂ©forme, nous simulons lâintroduction dâun crĂ©dit fiscal sup-plĂ©mentaire pour les travailleurs rĂ©sidents en Flandre : le montant de base de la âjob-kortingâ est substantiellement augmentĂ© en passant de 125 Ă 1.000 EUR. Quel seraitlâeffet dâun tel crĂ©dit fiscal supplĂ©mentaire sur lâinĂ©galitĂ© des revenus ?
AprĂšs avoir ajustĂ© les paramĂštres dans les paramĂštres appropriĂ©s dans lâĂ©cran dâen-trĂ©e et avoir fait tourner le modĂšle, nous observons dans lâĂ©cran de sortie lorsquelâon se focalise sur lâimpact de lâinĂ©galitĂ©, une augmentation du coefficient Gini de0,26 point, ce qui indique une trĂšs faible augmentation de lâinĂ©galitĂ©. Ce rĂ©sultatpeut paraĂźtre surprenant, Ă©tant donnĂ© que le crĂ©dit fiscal de base supplĂ©mentaire estune somme forfaitaire, qui nous inciterait Ă penser quâil entraĂźnerait une plus fortediminution en matiĂšre dâinĂ©galitĂ© Ă©tant donnĂ© quâune somme forfaitaire est relative-ment plus importante pour les bas revenus. Toutefois, le crĂ©dit fiscal pour tra-vailleurs est uniquement attribuĂ© Ă ceux qui travaillent, qui sont relativement plusprĂ©sents dans la partie supĂ©rieure de la distribution des revenus.
Une analyse ex ante plus approfondie des effets dâun changement du crĂ©dit fiscalaccordĂ© aux travailleurs (y compris les rĂ©ponses comportementales, comme leschangements intervenant dans lâoffre de main-dâĆuvre) peut ĂȘtre trouvĂ©e dansDecoster et al. (2011a) dans ce numĂ©ro.
565
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:08 Page 565
5.3. UNE REFORME DES ALLOCATIONS FAMILIALESDans notre troisiĂšme exemple, nous rĂ©formons le systĂšme dâallocations familiales,en Ă©tablissant tous les montants de base Ă 300 EUR par enfant. Ceci signifie que laprogressivitĂ© de rang du systĂšme est abolie : dans le systĂšme actuel, le montant pourle deuxiĂšme enfant dĂ©passe celui pour le premier enfant, et les montants pour letroisiĂšme enfant et les suivants sont plus Ă©levĂ©s que pour les deux premiers enfants.Nous montrons lâĂ©cran de sortie pour les impacts budgĂ©taires dâune telle rĂ©formedans la figure 5. Comme nous pouvons le voir, cette mesure coĂ»terait quelque 2,67milliards dâEUR par an, ce qui entraĂźne une augmentation de 72 %.
FFIIGGUURREE 55 :: ECRAN DE SORTIE (OUTPUT) : REFORMER LES ALLOCATIONS FAMILIALES (EN MILLIONSDâEUR PAR AN)
Source : www.flemosi.be.
Comme dans lâĂ©cran de sortie de âgagnants et perdantsâ, ici aussi, des informationssupplĂ©mentaires peuvent ĂȘtre obtenues par le biais dâune dĂ©composition en subpo-pulations. Le coĂ»t total de la rĂ©forme peut ĂȘtre scindĂ© en fonction du dĂ©cile, delâĂąge, de lâoccupation du chef de mĂ©nage et de ses modalitĂ©s de jouissance du loge-ment. Parmi les rĂ©sultats, nous observons que le plus grand impact budgĂ©taire seretrouve chez les chefs de mĂ©nage ĂągĂ©s de 22 Ă 60 ans, comme lâon pouvait sâyattendre.
5.4. UNE REFORME DE LA PROTECTION DU REVENU MINIMUMPour finir, nous illustrons une rĂ©forme dans le domaine de lâaide sociale. Nous aug-mentons le montant de la protection du revenu minimum pour le fixer Ă 1.725 EURpar mois. La figure 6 montre une sĂ©lection dâindicateurs de la pauvretĂ©. Le seuil depauvretĂ© pour une personne isolĂ©e est fixĂ© Ă 60 % du revenu disponible Ă©quivalentmĂ©dian relevĂ© dans les donnĂ©es dont nous disposons, et qui sâĂ©tablit Ă environ 1.009EUR par mois. Le taux de pauvretĂ© mesure le pourcentage dâindividus flamands quise situent en dessous de ce seuil (voir Decancq et al. 2012). Notre rĂ©forme rĂ©duiraitle nombre de personnes en dessous du seuil de pauvretĂ© dâenviron 280.000 unitĂ©s.Ce serait une rĂ©duction Ă©tonnante de la pauvretĂ©, qui hisserait au-dessus du seuil de
566
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:09 Page 566
pauvretĂ© un groupe de personnes qui Ă©quivaudrait Ă plus ou moins la population deGand, la deuxiĂšme ville de Flandre. Cela correspondrait Ă une diminution de quasi-ment la moitiĂ© des pauvres (c.-Ă -d. de 9,59 % Ă 4,97 %). Cette intervention revien-drait cependant Ă un coĂ»t de plusieurs milliards dâEUR.
La totalitĂ© de lâĂ©cart de pauvretĂ© mesure le montant total dâargent nĂ©cessaire pourhisser tous les individus pauvres au-dessus du seuil de pauvretĂ©. Ainsi, pour cet indi-cateur, nous trouvons une rĂ©duction considĂ©rable. LâĂ©cart de pauvretĂ© par individupauvre divise ce nombre par le nombre total dâindividus pauvres. Il augmente Ă©tantdonnĂ© que lâĂ©cart de pauvretĂ© dĂ©croĂźt proportionnellement moins que le nombredâindividus pauvres compte tenu du seuil de pauvretĂ© initial.
FFIIGGUURREE 66 :: ECRAN DE SORTIE (OUTPUT) : CHANGEMENT DANS LES INDICATEURS DE PAUVRETEAPRES UNE REFORME DE LâAIDE SOCIALE
Source : www.flemosi.be.
Une ventilation plus dĂ©taillĂ©e en dĂ©ciles et autres caractĂ©ristiques socioĂ©conomiquespeut ĂȘtre obtenue en cliquant sur âmoreâ. Ainsi, nous obtenons, par exemple, quetout particuliĂšrement les locataires sortiraient de la pauvretĂ© si lâon appliquait cetterĂ©forme. Ceci sâexplique par le fait que ce sont souvent les revenus les plus bas quivivent dans des logements louĂ©s (tant sur le marchĂ© privĂ© que dans les logementssociaux).
Une fois encore, il convient de noter que les effets de cette mesure sur lâoffre demain-dâĆuvre sont ignorĂ©s, tout comme le sont les effets de la non-revendicationdans le domaine du soutien aux revenus. Pour de plus amples informations Ă proposde ce dernier point, voir Bouckaert et Schokkaert (2011).
6. DEVELOPPEMENTS FUTURS DE MEFISTO
Dans cette derniĂšre section, nous prĂ©sentons une prĂ©visualisation des directionsquâempruntera MEFISTO ultĂ©rieurement au sein du projet FLEMOSI au cours desprochaines annĂ©es.
567
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:09 Page 567
6.1. ELARGIR LA PORTEEMĂȘme si la version actuelle de MEFISTO est dĂ©jĂ bien pourvue, des efforts supplĂ©-mentaires seront faits pour inclure des paramĂštres politiques en relation avec lespolitiques en matiĂšre de fiscalitĂ© indirecte, des pensions, de lâĂ©ducation, de lâenvi-ronnement et des taxes et subsides sur les Ă©nergies renouvelables ainsi que du loge-ment dans les trois versions de MEFISTO. Ceci permettra une Ă©tude dĂ©taillĂ©e desinteractions entre les divers domaines politiques et ouvrira la voie Ă une nouvellesĂ©rie de questions de recherche de politique hautement pertinentes.
Pour y arriver, il faudra procĂ©der Ă dâambitieux dĂ©veloppements dans les deux blocsde construction de lâinput de la section quatre. En tout premier lieu, lâensemble deprescrits politiques doit ĂȘtre Ă©tendu, parfois par des prescrits politiques Ă©pineux etcomplexes. Heureusement, une certaine expĂ©rience a Ă©tĂ© acquise dans le passĂ© pardiffĂ©rentes Ă©quipes de projet [notamment par le Centrum voor Economische Stu-diĂ«n (KU Leuven) sur la taxation indirecte ; par le Centre de recherches en Econo-mie publique et Economie de la population (ULg) sur les pensions et par le Centrumvoor Sociaal Beleid Herman Deleeck sur lâenseignement, et sur les politiques de lâen-vironnement et du logement]. En second lieu, lâensemble de donnĂ©es central actuelde MEFISTO, câest-Ă -dire SILC-UE, continuera Ă ĂȘtre enrichi de variables provenantdâautres sources telles que les EnquĂȘtes sur le budget des mĂ©nages belges et lesdonnĂ©es du registre fiscal (IPCAL). Ceci sera effectuĂ© par des techniques dâapparie-ment statistique basĂ©es sur les structures des dĂ©penses ou des mĂ©triques de distanceĂ plusieurs variables.
Enfin, cette portĂ©e Ă©largie donne naissance Ă dâintĂ©ressantes et nouvelles questionsconceptuelles sur lâĂ©valuation du bien-ĂȘtre de lâindividu. Les futures Ă©valuations rela-tives au bien-ĂȘtre cherchent Ă inclure dâimportants Ă©lĂ©ments de revenus autres queliquides, tels que les loyers attribuĂ©s, les services fournis par le secteur publiccomme lâenseignement et les services de santĂ© et les Ă©ventuelles valeurs de bien-ĂȘtre(bruit, pollution atmosphĂ©rique, loisirs) et les Ă©lĂ©ments de qualitĂ© des transports(accessibilitĂ© aux transports publics, embouteillages) (Verbist et al., 2012). Cesextensions conceptuelles mettent en Ćuvre une autre recommandation du CMPEPSsur la multidimensionnalitĂ© du bien-ĂȘtre (Stiglitz-Sen-Fitoussi, p. 14, 2009).
6.2. INCLURE LE COMPORTEMENTUne extension ultĂ©rieure de MEFISTO se construira sur les derniers progrĂšs scienti-fiques de modĂ©lisation des rĂ©actions comportementales en addition de la versionarithmĂ©tique actuelle de MEFISTO. En particulier, nous dĂ©velopperons des modĂšlescomportementaux avancĂ©s pour lâoffre de main-dâĆuvre y compris les contraintesdu cĂŽtĂ© de la demande du marchĂ© du travail, pour les dĂ©cisions en matiĂšre de pen-sion, de revendication des allocations et de comportements en matiĂšre dâĂ©pargne.Certaines de ces rĂ©actions comportementales sont dâune grande importance mĂȘmedans un environnement politique inchangĂ©. La revendication des allocations socialesp. ex. ne saurait ĂȘtre nĂ©gligĂ©e lorsque lâon tente de dĂ©crire la rĂ©partition rĂ©elle des
568
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:09 Page 568
revenus ou lâincidence de la pauvretĂ©. LâintĂ©gration de ces modĂšles comportemen-taux au sein des MSM renforce le modĂšle dans son Ă©valuation des changements depolitique. Lâanalyse distributionnelle des gagnants et des perdants peut en ĂȘtreaffectĂ©e. Et la comparaison de lâeffet dâimpact budgĂ©taire brut (sans effets comporte-mentaux) avec les effets budgĂ©taires nets aprĂšs incorporation du feedback compor-temental permet dâestimer lesdits effets de rĂ©cupĂ©ration des coĂ»ts des changementsde politique.
6.3. INCLUSION DâUN MACROLIEN ET DâUN LIEN DEMOGRAPHIQUEEnfin, soulignons que MEFISTO est en partie un modĂšle dâĂ©quilibre qui supposequâun grand nombre de variables politiques pertinentes et intĂ©ressantes soientexogĂšnes (p. ex. salaires bruts, technologie, structure dĂ©mographique). Ceci suggĂš-re la possibilitĂ© de pousser plus loin lâanalyse des effets des changements de poli-tique. En effet, prenons le cas dâune politique qui fait diminuer les impĂŽts sur le tra-vail, avec lâeffet prĂ©sumĂ© dâaugmenter lâoffre de main-dâĆuvre. Cette offre accrue demain-dâĆuvre induira probablement un changement dans le salaire dâĂ©quilibre dumarchĂ© du travail, dĂ©pendant p. ex. de la demande de main-dâĆuvre des sociĂ©tĂ©s. Cechangement des salaires se traduira ensuite en une modification du revenu dispo-nible, de la demande des consommateurs, des prix des marchandises et des ser-vices, et Ă son tour des facteurs de production, etc. Poursuivre au fur et Ă mesure lamodĂ©lisation de toutes ces interactions est la caractĂ©ristique distinctive de lamacromodĂ©lisation, et plus spĂ©cialement de la modĂ©lisation de lâĂ©quilibre gĂ©nĂ©ralcalculable. Malheureusement, la plupart de ces modĂšles EGC sont construits surlâhypothĂšse dâun (ou dâun nombre trĂšs limitĂ© dâ) agent(s) reprĂ©sentatif(s), et, parconsĂ©quent, abandonnent lâavantage de la mĂ©thodologie des MSM en termes de sen-sibilitĂ© de la distribution.
NĂ©anmoins, lâactuelle recherche acadĂ©mique a progressĂ© dans le domaine de laconstruction des liens et des feedback entre, dâune part, les MSM et les macro-modĂšles dâautre part (voir Aaberge et al. 2007, Bourguignon et al. 2008, Peichl etSchaefer, 2009, ou au niveau thĂ©orique Magnani et Mercenier, 2009). Cette stratĂ©giedâĂ©tablissement des liens permet de conserver le meilleur des deux mĂ©thodologiesen une Ă©valuation ex ante europĂ©en intĂ©grĂ©e des changements de politique. Toutcomme avec les MSM, nous ne partirons pas de rien, mais adapterons et accommo-derons un modĂšle europĂ©en EGC existant et largement employĂ© en vue de son utili-sation dans le contexte rĂ©gional de la Flandre et en vue dâun Ă©tablissement de liensexplicites avec les MSM. La plate-forme de modĂ©lisation que nous avons prisecomme point de dĂ©part est le modĂšle GEM-E3 (voir E3M Lab, 2008 pour de plusamples informations). Celui-ci est un modĂšle EGC Ă long terme (2015-2050) avec 18secteurs. Il contient un module belge, qui est liĂ© Ă tous les autres pays europĂ©ens etau reste du monde. PrĂ©sentement, le modĂšle est principalement utilisĂ© pourconseiller la Commission europĂ©enne sur les effets nationaux de scĂ©narios en matiĂš-re de politiques dans le domaine du climat, de lâenvironnement, de lâĂ©nergie et destaxes indirectes, mais il est parfaitement opĂ©rationnel pour Ă©tudier les politiques
569
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:09 Page 569
économiques générales. Un récent prototype a été conçu, lequel contient un modu-le régionalisé belge qui est subdivisé en trois régions qui ont chacune leurs proprespolitiques économiques et leurs propres contraintes budgétaires pour le gouverne-ment.
A la section 2, nous avons dĂ©crit MEFISTO en tant que modĂšle statique. Ceci nousĂ©vite Ă©videmment de produire de vĂ©ritables analyses dynamiques des rĂ©formes poli-tiques. Toutefois, en tant quâĂ©tape intermĂ©diaire, MEFISTO sâenrichira de projec-tions dĂ©mographiques Ă long terme, par le biais de la mĂ©thode de la repondĂ©rationstatique (voir p. ex. Immervoll et al. 2005). Ceci revient Ă utiliser des probabilitĂ©s detransition observĂ©es et prĂ©dites entre diffĂ©rentes situations dĂ©mographiques, pourconstruire des facteurs de repondĂ©ration pouvant ensuite ĂȘtre appliquĂ©s aux pondĂ©-rations de la population de base initiale de SILC-UE pour produire un instantanĂ© desfamilles futures. (28) Dans cette approche, la structure dĂ©mographique des gĂ©nĂ©ra-tions futures est imitĂ©e en donnant un plus grand poids dans les donnĂ©es aux sub-groupes qui, en principe, deviendront plus importants Ă lâavenir. Si, par exemple, Ă la suite du vieillissement dĂ©mographique, la taille du groupe des personnes ĂągĂ©esaugmente, ces derniĂšres dĂ©jĂ prĂ©sentes dans lâĂ©chantillon de donnĂ©es disponibleobtiennent un poids plus Ă©levĂ© qui reflĂšte leur part de population escomptĂ©e dansle futur. Des exĂ©cutions rĂ©pĂ©tĂ©es du MEFISTO statique quant Ă ces populations suc-cessives peuvent alors fournir une impression de ce Ă quoi ressemblent les effets dela politique dans un environnement dĂ©mographique en mutation. Une telle repondĂ©-ration statique ne fait pas de MEFISTO un modĂšle rĂ©ellement dynamique, mais nouscroyons que cela donne des perceptions intĂ©ressantes dans un contexte de mutationdĂ©mographique rapide.
6.4. INTEGRATION A UN MODELE DE FAMILLE-TYPEEnfin, nous Ă©tablissons Ă©galement le modĂšle MOTYFF, qui signifie âModelling Of aTypical Flemish Familyâ (modĂ©lisation dâune famille flamande prĂ©dĂ©terminĂ©e).MOTYFF est un modĂšle de famille-type comme nous lâavons Ă©tudiĂ© dans la sectiontrois. MOTYFF utilise le mĂȘme ensemble de prescrits politiques que MEFISTO, cequi permet une utilisation complĂ©mentaire des deux modĂšles (comme le suggĂšrelâexamen par des pairs de lâEx Ante Social Impact Assessment (Evaluation ex ante delâimpact social), hĂ©bergĂ© par le Service fĂ©dĂ©ral public belge de sĂ©curitĂ© sociale les17-18 novembre 2011). PlutĂŽt que travailler avec les donnĂ©es sous-jacentes de SILC-UE, lâusager fournit les caractĂ©ristiques de la famille (en termes dâĂąge, de composi-tion de la famille, de statut dâemploi, de niveau salarial, etc.). Avec MOTYFF, onpeut investiguer comment le revenu du mĂ©nage sĂ©lectionnĂ© est affectĂ© aprĂšs unchangement de politique socioĂ©conomique (par exemple, la suppression de la âjob-kortingâ).
(28) Pour les premiers résultats de cette méthode de repondération statique au sein du projet FLE-MOSIt, voir Schockaert et Surkyn (2012).
570
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:09 Page 570
A cĂŽtĂ© de lâavantage apparent dâun modĂšle de famille-type comme MOTYFF entermes de faibles exigences pour les donnĂ©es, il sâagit Ă©galement dâun complĂ©mentutile Ă un authentique MSM. PrĂ©cisĂ©ment, le principal avantage dâun MSM, Ă savoirlâĂ©valuation des politiques et de leurs interactions complexes pour une populationreprĂ©sentative et hĂ©tĂ©rogĂšne soulĂšve souvent de nouvelles questions sur lâinterprĂ©-tation des rĂ©sultats. Pour cette raison, le calcul des effets pour certains types defamilles ou individus prĂ©dĂ©finis, identifiĂ©s par le modĂšle MSM, ouvre de nouvellesperspectives. Le modĂšle peut, par exemple, mettre en lumiĂšre les mĂ©canismes sous-jacents de la pauvretĂ© ou des piĂšges Ă lâemploi.
7. CONCLUSION
Dans cet article, nous avons introduit MEFISTO au titre de nouveau modĂšle demicrosimulation pour la Flandre. Une comparaison du modĂšle avec les modĂšlesexistants dâĂ©valuation politique ex ante a mis en lumiĂšre que MEFISTO dispose dâim-portants avantages comparatifs, particuliĂšrement grĂące Ă son accessibilitĂ©, sa convi-vialitĂ© et sa portĂ©e. De futurs dĂ©veloppements du modĂšle au dĂ©part de ces caractĂ©-ristiques se dĂ©rouleront dans les annĂ©es Ă venir. Nous espĂ©rons et sommes convain-cus que MEFISTO contribuera Ă enrichir le dĂ©bat public visant Ă choisir les rĂ©formesles plus appropriĂ©es dans le domaine des politiques fiscales et sociales en Flandredans les actuels temps de dĂ©fi. Maintenant, plus que jamais, il est important dâĂ©va-luer les politiques conformĂ©ment aux standards les plus aigus disponibles, tant Ă lafois ex ante que ex post.
DĂ©velopper des modĂšles de politiques tels que MEFISTO est manifestement dâunegrande complexitĂ© et exige des connaissances trĂšs spĂ©cifiques. Les universitĂ©sbelges disposent de certains de ces savoir-faire, tout comme les administrationspubliques en disposent dâautres. Pour cette raison, lâun des dĂ©fis quant au dĂ©velop-pement futur dâoutils dâĂ©valuation des politiques applicables en Flandre consiste Ă combler le fossĂ© entre ces deux centres de compĂ©tence complĂ©mentaires. Ceci estnĂ©cessaire, tout Ă la fois en termes de dissĂ©mination des rĂ©sultats, de mise en Ă©viden-ce de questions politiques urgentes, de fourniture dâaccĂšs Ă des ensembles trĂšsutiles de donnĂ©es dâenquĂȘtes dâensemble et de donnĂ©es administratives, toutcomme en termes des perspectives de financement Ă long terme. Sâil est possible derĂ©pondre Ă ces dĂ©fis, nul doute ne subsiste quant au dĂ©veloppement ultĂ©rieur dâou-tils dâĂ©valuation plus puissants et accessibles comme MEFISTO et Ă leur applicationdans un futur proche ainsi quâaux bĂ©nĂ©fices quâen tireront les dĂ©cideurs politiquesde Flandre.
(Traduction)
__________
571
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:09 Page 571
572
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
BIBLIOGRAPHIE
Aaberge, R., Colombio, U., Holnoy, E., Schon, B. et Wennemo, T., âPopulation agen-cy and fiscal substanbility integrating delaided haboursupply models with EGEmodels A., Haiding et A., Grepta (eds.), Modeling a future population ageing socialSecurity and Taxation, Elsevier, Amsterdam, vol. 19, pp. 289-290, 2007.
Aghion, P., Caroli, E. et Garcia-Penalosa, C., Inequality and Economic Growth: ThePerspective of the New Growth Theories (Inégalité et croissance économique : laperspective des nouvelles théories de croissance), Journal of Economic Literature,37 (4), pp. 1615-1660, 1999.
Angrist, J. D. et Pischke, J., Mostly harmless econometrics. An empiricistâs compa-nion (Le caractĂšre inoffensif frĂ©quent de lâĂ©conomĂ©trie. Un compagnon empiriste),Princeton University Press, Princeton et Oxford, 2009.
Atkinson, A. B., The distribution of earnings in OECD countries (La rĂ©partition desgains dans les pays de lâOCDE), International Labour Review, 146 (1-2), pp. 41-60,2007.
Atkinson, A. B., The Changing Distribution of Earnings in OECD Countries (LarĂ©partition changeante des gains dans les pays de lâOCDE), Oxford University press,Oxford, 2008.
Atkinson, A B., An enlarged role for Tax-Benefit models (Un rĂŽle Ă©largi pour lesmodĂšles relatifs aux bĂ©nĂ©fices fiscaux), in Lelkes, O. and Sutherland, H. (Ă©ds.), Taxand benefit policies in the enlarged Europe: assessing the impact with microsimula-tion models (Politiques des bĂ©nĂ©fices fiscaux dans lâEurope Ă©largie : Ă©valuation delâimpact Ă lâaide de modĂšles de microsimulation), Ashgate, Aldershot, pp. 33-46, 2009.
Atkinson, A. B., Piketty, T. et Saez, E., Top Incomes in the Long Run of History (Lesplus hauts revenus dans le long cours de lâhistoire), Journal of EconomicLiterature, 49 (1), pp. 3-71, 2011.
Atkinson, A B. et Sutherland, H., Tax-Benefit Models (ModÚles relatifs aux bénéficesfiscaux), article spécial, n° 10, STICERD, Londres, 1988.
Autor, D H., Katz, L.F. et Kearney, M.S., Trends in US wage inequality: Revising therevisionists (Tendances dans lâinĂ©galitĂ© salariale des E-U : rĂ©vision des rĂ©vision-nistes), Review of Economics and Statistics, 90 (2), pp. 300-323, 2008.
Bargain, O. et Callan, T., Analysing the effects of Tax-Benefit Reforms on IncomeDistributions: a Decomposition Approach (Analyse des effets des réformes sur lesbénéfices fiscaux sur la répartition des revenus : une approche par la décomposi-tion), Journal of Economic Inequality, 8 (1), pp. 1-21, 2010.
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:10 Page 572
573
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
Bouckaert, N. et Schokkaert, E., Une premiĂšre Ă©valuation du non-recours au revenudâintĂ©gration sociale, Revue belge de la sĂ©curitĂ© sociale, ce numĂ©ro, et article dediscussion FLEMOSI DP6, 2011.
Bourguignon, F. et Spadaro, A., Microsimulation as a tool for evaluating redistribu-tion policies (La microsimulation comme outil dâĂ©valuation des politiques de redis-tribution), Journal of Economic Inequality, 4 (1), pp. 77-106. 2006.
Bourguignon, F, Ferreira, F. et Leite, P.G., Beyond Oaxaca-Blinder ; Accounting forDifferences in Household Income Distributions (Au-delĂ dâOaxaca-Blinder : Prendreen compte les diffĂ©rences dans le domaine des rĂ©partitions du revenu des mĂ©nages),Journal of Economic Inequality, 6 (2), pp. 117-148, 2008.
Cantillon, B., Verbist, G. et Segal, I., Dekken de voorzieningen voor hoger onderwijsde studiekosten? Een doorlichting van de studiefinanciering in Vlaanderen (Les dis-positifs destinĂ©s Ă lâenseignement supĂ©rieur couvrent-ils le coĂ»t des Ă©tudes ? Uneradiographie du financement des Ă©tudes en Flandre), Tijdschrift voor Onderwijs-recht en Onderwijsbeleid, 2005-2006 (4-5), pp. 368-388, 2006.
Cockx, B., Sneessens, H. et Van der Linden, B., Micro- en macro-economische eva-luaties van de (para)fiscale bijdrageverminderingen in België [Evaluations micro-et macroéconomiques des diminutions (para)fiscales des cotisations en Belgique],Academia Press, 2005.
De Standaard, Di Rupo kost modaal gezin jaarlijks minstens 735 EUR (Di Rupo coûteau moins 735 EUR par an à un ménage moyen), jeudi 7 juillet, 2011.
De Vil, G., Dekkers, G. et Desmet, R., The long-term adequacy of the Belgianpublic pension system: An analysis based on the MIDAS model (LâadĂ©quation Ă long terme du systĂšme belge des pensions publiques : une analyse basĂ©e sur lemodĂšle MIDAS), Bureau fĂ©dĂ©ral du Plan, Document de travail 10-10, 2010a
De Vil, G., Dekkers, G., Desmet, R. et Festjens, M.J., Adéquation des pensions etcoût budgétaire du vieillissement : impacts de réformes et de scénarios alternatif-sublic, Bureau fédéral du Plan, Document de travail 22-10, 2010b
Decancq, K., GoedemĂ©, T., Van den Bosch, K. et Vanhille, J., The evolution ofpoverty in the European Union: concepts, measurement and data (LâĂ©volution dela pauvretĂ© dans lâUnion europĂ©enne : concepts, mesure et donnĂ©es), 2012, Mimeo.
Decoster, A., A microsimulation model for Belgian indirect taxes â With acarbon/energy tax illustration (Un modĂšle de microsimulation pour la fiscalitĂ© indi-recte belge â avec une illustration sur la taxe carbone/Ă©nergie), Tijdschrift voor Eco-nomie en Management, 40 (2), pp. 133-156, 1995.
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:10 Page 573
Decoster, A., Orsini, K. et Van Camp, G., Labour Market Responses of survival pensio-ners: estimating a labour supply model and predicting the effect of the reform(RĂ©ponses du marchĂ© du travail aux pensions de survie : estimation dâun modĂšledâoffre de main-dâĆuvre et prĂ©diction des effets de la rĂ©forme), Document de discussion07.03, Centre dâĂ©tudes Ă©conomiques, Katholieke Universiteit Leuven, Leuven, 2007.
Decoster, A., De Swerdt, K. et Orsini, K., A Belgian flat income tax: effects onlabour supply and income distribution (Une taxe forfaitaire sur les revenus : effetssur lâoffre de main-dâoeuvre et sur la redistribution des revenus), Document de dis-cussion sĂ©rie 08.20, Centrum voor economische studiĂ«n, Katholieke UniversiteitLeuven, Louvain, 2008a.
Decoster, A., De Swerdt, K., Orsini, K., LefĂšbvre, M., MarĂ©chal, C., Paszukiewicz,A., Perelman, S., Rombaut, K., Verbist, G. et Van Camp, G., Valorisation of theMicrosimulation Model for Social Security MIMOSIS Part 1 (Valorisation du modĂš-le de microsimulation pour la sĂ©curitĂ© sociale MIMOSIS Partie I), Rapport final duprojet AG/01/116, 2008b (http://www.socialsecurity.fgov.be/nl/nieuws-publica-ties/publicaties/mimosis/ overzicht.htm â date de consultation 26 mars 2012).
Decoster, A., De Swerdt, K., Orsini, K., LefÚbvre, M., Maréchal, C., Paszukiewicz,A., Perelman, S., Rombaut, K., Verbist, G. et Van Camp, G., Valorisation of theMicrosimulation Model for Social Security MIMOSIS Part 2 (Valorisation du modÚ-le de microsimulation pour la sécurité sociale MIMOSIS Partie II), Rapport final duprojet AG/01/116, 2009.
Decoster, A., De Swerdt K. et Vanleenhove, P., Une Ă©valuation ex ante de la âjobkor-tingâ flamande, Revue belge de sĂ©curitĂ© sociale, ce numĂ©ro, et document de discus-sion FLEMOSI DP5, 2011a.
Decoster, A. et Spiritus, K., Validation Mefisto (Validation de MĂ©fisto), Note tech-nique FLEMOSI TN05, 2011b.
E3M Lab, General Equilibrium Model for Economy â Energy â EnvironmentModel Manual (ModĂšle dâĂ©quilibre gĂ©nĂ©ral pour lâĂ©conomie â lâĂ©nergie â lâenviron-nement â Manuel du modĂšle), 2008.
Fitoussi, J. P. et Saraceno, F., Europe: How Deep Is a Crisis? Policy Responses andStructural Factors Behind Diverging Performances (Europe : Quelle est la profondeurde la crise ? RĂ©ponses politiques et facteurs structurels derriĂšre les performancesdivergentes), Journal of Globalization and Development, 1 (1), Article 17, 2010.
Heathcote, J., Perri, F. et Violante, G., Unequal We Stand: An Empirical Analysis ofEconomic Inequality in the United States, 1967-2006 (Nous restons inĂ©gaux : uneanalyse empirique dâinĂ©galitĂ© Ă©conomique aux Etats-Unis, 1967-2006), Review ofEconomic Dynamics, 13 (1), pp. 15-51, 2010.
574
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:10 Page 574
Hyslop, D R. et MarĂ©, D.C., Understanding New Zealandâs Changing Income Distri-bution, 1983-1998: A Semi-Parametric Analysis (Comprendre le changement derĂ©partition des revenus de Nouvelle-ZĂ©lande 1983-1998 : une analyse semi-paramĂ©-trique), Economica, 72 (287), pp. 469-495, 2005.
Imbens, G. et Wooldridge, J.M., Recent Developments in the Econometrics of Pro-gram Evaluation (DĂ©veloppements rĂ©cents dans lâĂ©conomĂ©trie de lâĂ©valuation desprogrammes), Journal of Economic Literature, 47 (1), pp. 5-86, 2009.
Immervoll, H., Lindström, K., Mustonen, E. et RiihelÀ M., Accounting for populationchanges in tax-benefit microsimulation models. A note on static data ageing tech-niques (Prendre en compte les changements démographiques dans les modÚles demicrosimulation sur les bénéfices fiscaux. Une note sur les techniques de vieillisse-ment de données statiques), EUROMOD Working Paper, EM7/05, University ofCambridge, 2005.
Landais, C., Pitteky, T. et Saez, E., Pour une révolution fiscale - Un impÎt sur lerevvenu pour le XXI Úme siÚcle, Seuil, 2011.
Lietz, C. et Mantovani, D., A Short Introduction to EUROMOD: an Integrated Euro-pean Tax-Benefit Model (Une brĂšve introduction Ă EUROMOD : un modĂšleeuropĂ©en intĂ©grĂ© sur les bĂ©nĂ©fices fiscaux), in Bargain O. (Ă©d), Microsimulation InAction: Policy Analysis in Europe using EUROMOD (Microsimulation en action :analyse politique de lâEurope Ă lâaide dâEUROMOD), Research In Labor Economics,25, pp. 1-26, 2006.
Magnani, R. et Mercenier, J., On linking microsimulation and computable generalequilibrium models using exact aggregation of heterogeneous discrete-choicemaking agents (Sur les liens entre modĂšle de microsimulation et modĂšle dâĂ©quilibregĂ©nĂ©ral calculable Ă lâaide dâune agrĂ©gation exacte dâagents opĂ©rant des choix dis-crets hĂ©tĂ©rogĂšnes), Economic Modelling, 26 (3), pp. 560-570, 2009.
OâDonoghue, C., Dynamic Microsimulation: A Survey (Microsimulation dynamique :un aperçu), Brazilian Electronic Journal of Economics, 2001.OCDE, Growing Une-qual? Income distribution and poverty in OECD countries (Grandir dans lâinĂ©galitĂ© ?RĂ©partition des revenus et pauvretĂ© dans les pays de lâOCDE), OCDE, Paris, 2008.
OCDE, Taxing Wages (Taxer les salaires), OCDE, Paris, 2010.
OCDE, Divided we Stand. Why Inequality Keeps Rising (Nous restons divisĂ©s,Pourquoi lâinĂ©galitĂ© continue Ă augmenter), OCDE, Paris, 2010.
Ooghe, E., The Impact of âEqual Educational Opportunityâ Fund s: A Regression Dis-continuity Design (Lâimpact des fonds de âEqual Educational Opportunityâ : un conceptde discontinuitĂ© de la rĂ©gression), Document de discussion IZA, n° 5667, 2011.
575
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:10 Page 575
Orcutt, G., A new type of socio-economic system (Un nouveau type de systÚmesocioéconomique), Review of Economic and Statistics, 39 (2), pp. 116-123, 1957.
Peichl, A. et Schaefer, T., FiFoSiM â An Integrated Tax Benefit Microsimulation andCGE Model for Germany (Une microsimulation intĂ©grĂ©e sur les bĂ©nĂ©fices fiscaux etun modĂšle EGC pour lâAllemagne), International Journal of Microsimulation, 2(1), pp. 1-15, 2009.
Schockaert, I. et Surkyn, J., Snapshots of our future families. A population projec-tion by household position for Flanders (Instantanés sur nos futures familles. Uneprojection démographique par position des ménages pour la Flandre), Document dediscussion FLEMOSI DP12, 2012.
Standaert, I. et Valenduc, C., Le modĂšle de microsimulation de lâimpĂŽt des personnesphysiques en Belgique, Research Paper 1, MinistĂšre des Finances, Bruxelles, 1996.
Sliglidz, J. E., Sou, A. et Fidousse, J. L.; Refont by the commission on the mesuare-ment of economic performance and social progress 2009.
Sutherland, H., EUROMOD : the tax-benefit microsimulation model for the Euro-pean Union (EUROMOD : le modĂšle de microsimulation sur les bĂ©nĂ©fices fiscauxpour lâUnion europĂ©enne), in Gupta, A. et Harding, A. (Ă©ds.) Modelling our Future :population ageing health and aged care (ModĂ©liser notre avenir : santĂ© de la popula-tion vieillissante et soins aux personnes ĂągĂ©es), International Symposia in Econo-mic theory and Econometrics, 16, pp. 483-488, 2007.
Van Mechelen, N. et Verbist, G., Simulatiemodellen: instrumenten voor sociaalecono-misch onderzoek en beleid (ModÚles de simulation : instruments pour la recherche etla politique socioéconomique), Tijdschrift voor Sociologie, 26 (1-2), pp. 137-153,2005.Vanhille, J. et Spiritus, K., EUROMOD Country report Belgium (BE) 2006-2009(EUROMOD, Rapport national de la Belgique (BE) 2006-2009), 2011.
Verbist, G., MISIM. Een microsimulatiemodel voor personenbelasting en sociale zeker-heid (MISIM. Un modĂšle de microsimulation pour lâimpĂŽt des personnes physiques etla sĂ©curitĂ© sociale), Economisch en sociaal tijdschrift, 57 (3), pp. 221-248, 2003.
Verbist G., Förster, M. et Vaalavuo M., The Impact of Publicly Provided Services onthe Distribution of Resources: Review of New Results and Methods (Lâimpact desservices fournis par le secteur public sur la rĂ©partition des ressources : Aperçu desnouveaux rĂ©sultats et des nouvelles mĂ©thodes), OCDE Social, Employment andMigration Working Papers, n° 130, OCDE, Paris, 2012.
Wilkinson, R. et Pickett, K., The Spirit Level. Why Equality is better for Everyone(Le niveau de lâesprit. Pourquoi lâĂ©galitĂ© est meilleure pour chacun), Penguin, 2009.
576
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:10 Page 576
577
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
TABLE DES MATIERES
MEFISTO : UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LA FLANDRE
1. INTRODUCTION 547
2. MEFISTO : UN MODELE DE MICROSIMULATION ARITHMETIQUE 551STATIQUE POUR LA FLANDRE
2.1. MEFISTO EST UN MODELE DE MICROSIMULATION . . . . . . . . . . . . . 5522.2. MEFISTO EST UN MODELE EX ANTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5532.3. MEFISTO EST UN MODELE ARITHMETIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . 5542.4. MEFISTOIS EST UN MODELE STATIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5552.5. MEFISTO EST UN MODELE FLAMAND . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 555
3. POURQUOI UN NOUVEAU MODELE DE MICROSIMULATION POUR LAFLANDRE ? 556
4. ARCHITECTURE DE MEFISTO 559
5. UTILISER ET INTERPRETER MEFISTO: QUATRE ILLUSTRATIONS 563
5.1. UNE REFORME FISCALE FORFAITAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5635.2. UN CREDIT FISCAL SUPPLEMENTAIRE POUR LES TRAVAILLEURS (JOBKORTING) . . . 5655.3. UNE REFORME DES ALLOCATIONS FAMILIALES . . . . . . . . . . . . . . . 5665.4. UNE REFORME DE LA PROTECTION DU REVENU MINIMUM . . . . . . . . . . 566
6. DEVELOPPEMENTS FUTURS DE MEFISTO 567
6.1. ELARGIR LA PORTEE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5686.2. INCLURE LE COMPORTEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5686.3. INCLUSION DâUN MACROLIEN ET DâUN LIEN DEMOGRAPHIQUE . . . . . . . . 5696.4. INTEGRATION A UN MODELE DE FAMILLE TYPE . . . . . . . . . . . . . . . 570
7. CONCLUSION 571
BIBLIOGRAPHIE 572
DECANCQ-FR.qxp 26-11-2012 8:10 Page 577
UNE EVALUATION EX ANTE DE LAâJOBKORTINGâ FLAMANDE *
PAR ANDRE DECOSTER, KRIS DE SWERDT et PIETER VANLEENHOVE
Centrum voor Economische Studiën (CES), KULeuven
1. INTRODUCTION
AprĂšs que la âJobkortingâ** avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© diminuĂ©e pour lâannĂ©e des revenus 2010,le Gouvernement flamand dĂ©cidait en dĂ©cembre 2010 de mettre un terme final Ă cette rĂ©duction dâimpĂŽts pour lâannĂ©e des revenus 2011. Sans doute les argumentsbudgĂ©taires ont-ils jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans cette dĂ©cision. Mais tant les parti-sans que les opposants ont fait largement rĂ©fĂ©rence Ă lâeffet activant supposĂ© decette rĂ©duction fiscale. Dans cet article, nous analysons cet argument en procĂ©dantĂ une analyse ex ante microĂ©conomĂ©trique Ă lâaide du modĂšle de microsimulationMEFISTO, dĂ©veloppĂ© au sein du projet FLEMOSI. Le modĂšle de microsimulation sedistingue sur deux plans dâautres modĂšles envisageables permettant dâanalyser unetelle mesure politique.
En premier lieu, nous effectuons une analyse ex ante. Cela peut paraĂźtre bizarrepour une mesure introduite voici Ă peine trois ans, qui entre-temps a mĂȘme Ă©tĂ© sup-primĂ©e. Mais le caractĂšre âex anteâ rĂ©sulte du fait quâĂ ce moment, nous ne dispo-sons pas encore de donnĂ©es qui nous permettraient de vĂ©rifier dâune façon Ă©co-nomĂ©trique justifiĂ©e si le dispositif adoptĂ© a effectivement exercĂ© un effet, parexemple sur lâemploi. Si nous avions rĂ©ellement pu disposer de ces donnĂ©es, nousaurions pu procĂ©der Ă une analyse âex postâ. Les techniques Ă©conomĂ©triques Ă cettefin ont dâailleurs Ă©tĂ© nettement amĂ©liorĂ©es au cours de ces quinze derniĂšres annĂ©eset permettent dĂ©sormais dâisoler clairement lâimpact dâune mesure parmi dâautresfacteurs contextuels qui ont variĂ© entre-temps. Il va de soi quâun changement dutaux dâemploi flamand depuis 2007 â lâannĂ©e de lâintroduction de la âjobkortingâ â
* Les auteurs tiennent Ă remercier Koen Decancq pour ses remarques pertinentes dans le cadre dâunepremiĂšre version de ce texte. Naturellement, ils restent les seuls responsables des Ă©ventuelles imprĂ©-cisions.** âJobkortingâ : la âVlaamse jobkortingâ Ă©tait une rĂ©duction forfaitaire de lâimpĂŽt des personnes phy-siques pour les contribuables qui rĂ©sident dans la RĂ©gion flamande. Pour Ă©viter toute lourdeur dutexte, ce terme restera en nĂ©erlandais.
579
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:01 Page 579
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 3e TRIMESTRE 2011
nâest pas exclusivement et/ou Ă©videmment Ă imputer Ă la âJobkortingâ. Afin dâisolercet impact, il faut procĂ©der Ă une analyse Ă©conomĂ©trique affinĂ©e dans laquelle, dansla majoritĂ© des cas, un groupe de âtraitementâ est comparĂ© Ă un groupe de âcontrĂŽleâqui, Ă un maximum dâĂ©gards, est identique au groupe de âtraitementâ. Ceci est sĂ»re-ment une piste pour de futures Ă©tudes sur les effets de la âVlaamse Jobkortingâ, maisqui nâa pas Ă©tĂ© suivie dans cet article.
Dans cet article, nous procĂ©dons Ă une Ă©valuation des effets de la âJobkortingâ ensimulant le changement de comportement des travailleurs salariĂ©s (potentiels) suiteĂ la mesure politique au moyen dâun modĂšle de comportement en matiĂšre dâoffresde travail. Par âoffre de travailâ, nous entendons ici la volontĂ© de personnes disponi-bles et prĂȘtes Ă proposer leurs services sur le marchĂ© du travail en contrepartie desconditions de salaire et de travail usuelles en fournissant un certain nombre dâheu-res dĂ©terminĂ©. Le modĂšle dâoffre de travail que nous utilisons Ă cette fin est unmodĂšle parfaitement actualisĂ© qui ne modĂ©lise pas le choix du salariĂ© au moyendâune fonction continue dâoffre de travail, mais limite ce choix Ă un nombre res-treint de points discrets (p. ex. ne pas travailler, travailler Ă mi-temps ou Ă tempspartiel). Ce modĂšle nous permettra de prĂ©dire de quelle maniĂšre, les individus adap-teront leur offre de travail en cas dâintroduction de la âJobkortingâ ou de change-ment de la hauteur ou dâune modulation du montant de celle-ci. Ceci constitue lepoint central du prĂ©sent article.
Le deuxiĂšme aspect particulier de notre analyse rĂ©side dans le caractĂšre de lamicrosimulation. Par celui-ci, elle se distingue dâautres analyses ex ante, telles quecelles effectuĂ©es par le Bureau du Plan lors dâune rĂ©duction des cotisations de sĂ©cu-ritĂ© sociale (voir p. ex. Bassiliere et al. 2005). Dans ce cas, les effets des mesuressont simulĂ©s au moyen dâun modĂšle macroĂ©conomique dans lequel, le plus souvent,nâest prĂ©sent quâun seul agent Ă©conomique reprĂ©sentatif pour restituer lâoffre de tra-vail. Cette grande simplification quant au caractĂšre hĂ©tĂ©rogĂšne des individus qui seproposent de travailler nâest pas nĂ©cessairement un inconvĂ©nient. En effet, elle est(plus que) compensĂ©e par le caractĂšre plus gĂ©nĂ©ral de telles simulations macroĂ©co-nomiques. Par cela, nous signifions que tous les secteurs de lâĂ©conomie et leursinteractions sont repris dans le rĂ©sultat. Un chĂŽmeur qui recommence Ă travailler,profite dâun revenu plus Ă©levĂ© et, de ce fait, consomme plus, ce qui accroĂźt lademande de biens de consommation. Il paye aussi plus dâimpĂŽts et de cotisationssociales, ce qui accroĂźt le budget gouvernemental et, ceteris paribus, les taux dâim-position peuvent ĂȘtre diminuĂ©s ou les dĂ©penses pour des biens publics ĂȘtre aug-mentĂ©es. Par ailleurs, le salaire dâĂ©quilibre sur le marchĂ© de lâemploi lui-mĂȘme seracodĂ©terminĂ© par lâoffre et la demande de travail. VoilĂ autant de consĂ©quences quenous nâavons pas reprises dans notre modĂšle. Le modĂšle de microsimulation utilisĂ©est en effet un modĂšle dâĂ©quilibre partiel, qui se limite Ă mettre en cartes lâoffre detravail des individus. Cette restriction Ă une analyse partielle nous permet dâĂ©laborernotre modĂšle de maniĂšre extrĂȘmement affinĂ©e et de livrer une image aussi richeque possible de lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de la population active potentielle (qui est absentedans un macromodĂšle). Nous y parvenons en calculant les effets des mesures pour
580
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:01 Page 580
un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la population, dans notre cas, lâenquĂȘte dâensembleUE-SILC. Par la mĂȘme occasion, ceci nous permet de traduire des effets de rĂ©parti-tion des mesures dans notre analyse et de fournir une rĂ©ponse Ă la question â incon-testablement pertinente pour les dĂ©cideurs politiques â de savoir âqui gagne ? Quiperd ?â.
Au sein de la classe des modĂšles de microsimulation, une distinction est opĂ©rĂ©eentre âmodĂšles arithmĂ©tiquesâ et âmodĂšles comportementauxâ, oĂč les premiersreprĂ©sentent un ingrĂ©dient et un marche-pied pour et vers le deuxiĂšme groupe. UnmodĂšle arithmĂ©tique se limite Ă calculer lâeffet dâune mesure, comme par exemplela âJobkortingâ ou une diminution gĂ©nĂ©rale des impĂŽts, sur le revenu disponible dâunmĂ©nage en cas de comportement inchangĂ©. Nous appelons ceci lâimpact dâune me-sure. Souvent, en soi, cet exercice se rĂ©vĂšle dĂ©jĂ suffisamment difficile, parce que lesystĂšme qui opĂšre la transition du revenu brut sur le marchĂ© du travail (ou, le casĂ©chĂ©ant, de revenus de remplacement) au revenu disponible net est trĂšs complexeet interdĂ©pendant. Lorsque lâon commence Ă travailler, lâon perd par exemple lesallocations familiales majorĂ©es ou, le cas Ă©chĂ©ant, lâallocation dâintĂ©gration. DâoĂčune condition sine qua non pour obtenir une analyse fiable rĂ©side dans un modĂšlearithmĂ©tique trĂšs bien Ă©laborĂ©, qui modĂ©lise de maniĂšre trĂšs dĂ©taillĂ©e la lĂ©gislationrelative aux impĂŽts et aux allocations. Câest ici quâun modĂšle de microsimulation,comme MEFISTO, apporte la preuve de ses atouts.
Mais cette analyse dâimpact ne suffit guĂšre. Une analyse Ă©conomique se distingueparce quâelle tient compte du comportement des agents Ă©conomiques qui sonttouchĂ©s par la mesure. Lorsquâune mesure vise explicitement Ă modifier ce compor-tement â Ă lâinstar de la âJobkortingâ qui cherche Ă âactiverâ ou Ă âstimulerâ les per-sonnes â, une analyse Ă©conomique basĂ©e sur un modĂšle comportemental est incon-testablement indiquĂ©e. Etant donnĂ© que le modĂšle comportemental utilisĂ© est unmodĂšle comportemental individuel, cette analyse nâest dâailleurs pas en contradic-tion avec lâanalyse rĂ©partitrice dĂ©jĂ mentionnĂ©e, fondĂ©e sur les effets dâimpact. Bienau contraire ! Puisque nous pouvons mettre en oeuvre le modĂšle comportementalsur la mĂȘme enquĂȘte dâensemble reprĂ©sentative Ă laquelle nous appliquons le modĂš-le arithmĂ©tique, notre modĂšle comportemental ne peut quâenrichir et affiner lâanaly-se de la rĂ©partition. Par ailleurs, elle permet Ă©galement dâĂ©valuer les effets retoursbudgĂ©taires si frĂ©quemment supposĂ©s dâune mesure sur le budget.
La suite de lâarticle se structure comme suit. En premier lieu, nous dĂ©crivons sous lepoint 2 la âJobkortingâ telle quâelle a Ă©tĂ© introduite en 2007, adaptĂ©e en 2008, 2009et 2010, pour ensuite ĂȘtre supprimĂ©e pour lâannĂ©e dâimposition 2011. Au point 3,nous calculons les effets de cette rĂ©duction dâimpĂŽts en prĂ©sumant quâelle ne gĂ©nĂš-re aucun effet sur lâoffre de travail. Dans la section 4, nous expliquons commentnous pouvons Ă©tendre le modĂšle par des rĂ©actions comportementales sur le marchĂ©du travail. Enfin, au chapitre 5, nous utilisons le modĂšle dâoffre de travail pour Ă©valu-er lâeffet potentiel de la âJobkortingâ quant Ă lâactivation. Nous exprimons Ă©galementcette influence sous la forme dâun Ă©ventuel effet retour budgĂ©taire.
581
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:01 Page 581
2. LA âJOBKORTINGâ
A partir de 2007, le Gouvernement flamand accordait une rĂ©duction forfaitaire surlâimpĂŽt des personnes physiques pour tous les travailleurs qui rĂ©sidaient dans laRĂ©gion flamande et qui avaient un revenu professionnel de minimum 5.500 EUR paran. Cette rĂ©duction forfaitaire connue sous le nom de âJobkortingâ a pu ĂȘtre mise enĆuvre grĂące Ă lâautonomie fiscale accordĂ©e aux rĂ©gions dans le cadre des accords duLambermont de 2001. Le but de lâintroduction de cette âJobkortingâ Ă©tait double.PremiĂšrement, le Gouvernement flamand souhaitait diminuer la pression fiscalepour le Flamand au travail et instaurer des stimulants pour inciter les inactifs Ă serĂ©insĂ©rer dans le marchĂ© du travail (1). En effet, seules entraient en ligne de comptepour cette rĂ©duction dâimpĂŽt les personnes qui gagnaient plus de 5.500 EUR par anĂ la suite dâune activitĂ© Ă©conomique. La âjobkortingâ renforçait donc la diffĂ©renceentre travailleurs et inactifs et devait ainsi pouvoir contribuer Ă rĂ©duire le piĂšge Ă lâemploi.
Comme le dĂ©montre le tableau 1, cette rĂ©duction des impĂŽts sur les revenus de lâan-nĂ©e 2007 Ă©tait assez limitĂ©e, Ă savoir 125 EUR par an (2). En dessous du seuil mini-mal, aucune zone dâentrĂ©e nâĂ©tait prĂ©vue, mais il existait nĂ©anmoins une zone desortie â Ă vrai dire assez resserrĂ©e â entre 21.000 et 22.250 EUR. Le progressivitĂ© dela suppression Ă©tait de 10%. La âjobkortingâ Ă©tait rĂ©glĂ©e mensuellement via le prĂ©-compte professionnel. La figure 1 reprĂ©sente graphiquement la âjobkortingâ. La lignenoire en gras reprĂ©sente la âJobkortingâ de 2007. La ligne grise illustre la âjobkortingâsur les revenus de lâannĂ©e 2008 et son relĂšvement Ă 200 EUR, au sein dâune structu-re inchangĂ©e pour le reste (absence de zone dâentrĂ©e, et zone de sortie resserrĂ©e).
Ce nâest quâen 2009 que la âJobkortingâ a Ă©tĂ© fortement Ă©largie (la ligne en pointillĂ©ssupĂ©rieure , figure 1). Chaque travailleur de la RĂ©gion flamande qui bĂ©nĂ©ficiait dâunrevenu professionnel dâau moins 5.500 EUR entrait dĂ©sormais en considĂ©ration pourune rĂ©duction dâimpĂŽts dâau moins 250 EUR. Pour les travailleurs ayant un revenuprofessionnel annuel oscillant entre 5.500 et 22.000 EUR, la rĂ©duction a Ă©tĂ© relevĂ©ejusquâĂ atteindre 300 EUR. Pour rendre encore plus tangible cette rĂ©duction delâimpĂŽt des personnes physiques, le montant total Ă©tait rĂ©glĂ© dâun seul tenant via leprĂ©compte professionnel du mois de fĂ©vrier au lieu de lâattribution mensuelleopĂ©rĂ©e prĂ©cĂ©demment. Il va de soi que ceci a fortement fait grimper la facture. LecoĂ»t budgĂ©taire pour 2009 a Ă©tĂ© estimĂ© Ă 710 millions dâEUR (3).
(1) En comparaison, le Working Families Tax Credit au Royaume-Uni sâĂ©levait en 2000 Ă rien moinsque 4934 ÂŁ par an (Strickland, 1998).(2) Informations obtenues par le cabinet du Ministre flamand des Finances et du Budget. (3) UE-SILC signifie âEuropean Union Survey on Income and Living Conditionsâ, câest une Ă©tude dâen-semble standardisĂ©e pour les 27 Etats de lâUE (un certain nombre de pays utilisent Ă©galement desdonnĂ©es administratives au lieu de donnĂ©es dâĂ©tudes dâensemble). Voir Atkinson et Marlier (2010)pour une premiĂšre Ă©valuation et un commentaire des applications des donnĂ©es de lâUE-SILC.
582
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:01 Page 582
En 2010 cependant, la rĂ©duction fut drastiquement diminuĂ©e (la ligne en pointillĂ©sinterrompue infĂ©rieure, figure 1). Le montant Ă nouveau ramenĂ© Ă 125 EUR fut dis-tribuĂ© de maniĂšre beaucoup plus sĂ©lective (uniquement le montant plein en deçà de17.250 EUR) et le calcul se fit de nouveau sur une base mensuelle. De ce fait, le coĂ»tbudgĂ©taire pour 2010 fut divisĂ© par un facteur 10, Ă savoir un prix coĂ»tant estimĂ© de75 millions dâEUR. En dĂ©cembre 2010 enfin, lâon dĂ©cida de supprimer totalement laâJobkortingâ Ă partir de lâannĂ©e dâimposition 2011.
TABLEAU 1 : LA âJOBKORTINGâ DE 2007 A 2010
583
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
U JO O GRevenu annuel dâune activitĂ© professionnelle
CrĂ©dit dâimpĂŽt
âJobkortingâ revenus annĂ©e 2007 â exercice dâimposition 2008 Moins de 5.500 0 5.500 â 21.000 125 21.000 â 22.250 125 â[(revenu â 21.000) * 0.10] 22.250 ou plus 0 Paiement : mensuel (crĂ©dit dâimpĂŽt annuel total /12)
âJobkortingâ revenus annĂ©e 2008 â exercice dâimposition 2009 Moins de 5.500 0 5.500 â 21.000 200 21.000 â 23.000 200 â [(revenu â 21.000) * 0.10] 23.000 ou plus 0 Payement : mensuel (crĂ©dit dâimpĂŽt annuel total/12)
âJobkortingâ revenus annĂ©e 2009 â exercice dâimposition 2010 Moins de 5.500 0 5.500 â 22.000 300 22.000 ou plus 250 Paiement : payement unique en fĂ©vrier
âJobkortingâ revenus annĂ©e 2010 â exercice dâimposition 2011 Moins de 5.500 0
5.500 â 17.250 125
17.250 â 18.500 125 â[(revenu â 17.250) * 0.10]
18.500 ou plus 0
Payement : mensuel (crĂ©dit dâimpĂŽt annuel total/12)
Source : Portail des impĂŽts Flandre.
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:01 Page 583
FIGURE 1 : LA âJOBKORTINGâ DE 2007 A 2010
3. IMPACT DE LA âJOBKORTINGâ
Comme nous lâavons dĂ©jĂ mentionnĂ© dans lâintroduction, un modĂšle de microsimu-lation arithmĂ©tique (Ă partir dâici abrĂ©gĂ© en MMS) se compose de deux parties essen-tielles : un ensemble de microdonnĂ©es qui reprĂ©sente la population Ă modĂ©liser etun programme de calcul qui reflĂšte le plus prĂ©cisĂ©ment possible la lĂ©gislation de lasituation Ă modĂ©liser. Sur ce modĂšle calculĂ©, il est Ă©galement envisageable de grefferun modĂšle comportemental. Câest ce que nous faisons dans les paragraphes sui-vants. Dans un premier temps, nous analysons les effets de la âjobkortingâ Ă lâaide duMMS MEFISTO dĂ©veloppĂ© au sein de FLEMOSI.
MEFISTO utilise lâĂ©tude dâensemble UE-SILC comme ensemble de microdonnĂ©es (4).LâannĂ©e de lâenquĂȘte utilisĂ©e ici est 2006. Elle se rapporte donc aux revenus de lâan-nĂ©e 2005. En tant que calculateur du bĂ©nĂ©fice fiscal, MEFISTO part du programme
(4) EUROMOD subit actuellement une mise Ă jour pour comprendre les 27 pays de lâUnioneuropĂ©enne et permettre le passage Ă un usage systĂ©matique de lâUE-SILC. Pour la Belgique, le passa-ge Ă lâUE-SILC a dĂ©jĂ Ă©tĂ© effectuĂ©. Pour de plus amples informations, voir :http://www.iser.essex.ac.uk/research/euromod.
584
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
0
50
100
150
200
250
300
350
0 2500 5000 7500 10000 12500 15000 17500 20000 22500 25000 27500 30000 32500 35000
Revenu dâactivitĂ©
âJobk
ortin
gâ e
n âŹ
par
an
JK2007
JK2008
JK2009
JK2010
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:01 Page 584
EUROMOD Ă©galement standardisĂ© pour lâUE (5). Dans un MMS, la prĂ©cision du cal-cul naturellement dĂ©pend Ă©troitement de la fiabilitĂ© des donnĂ©es sur les revenussous-jacentes et des variables sociodĂ©mographiques de lâĂ©chantillon.
Lâeffet dâimpact de la âJobkortingâ est facile Ă calculer. Pour chaque individu delâĂ©chantillon, nous disposons de suffisamment dâinformations sur la situation auniveau de lâemploi et sur la hauteur du revenu professionnel, ce qui nous autorise Ă calculer le revenu disponible du mĂ©nage avec et sans âJobkortingâ. Nous prĂ©sentonsles rĂ©sultats dans les tableaux 2, 3 et 4.
TABLEAU 2 : CHANGEMENT DU REVENU DISPONIBLE NET MENSUEL DU MENAGE A LA SUITE DELA âJOBKORTINGâ 2009
Le tableau 2 illustre dans quelle mesure le revenu disponible (non Ă©quivalisĂ©) dumĂ©nage change du fait de lâintroduction de la âJobkortingâ en 2009. Pour la popula-tion flamande totale (y compris donc les non-actifs), la variation moyenne sâĂ©lĂšve Ă 29,1 EUR par mois et par mĂ©nage. Au tableau 2, nous donnons Ă©galement une rĂ©par-tition sur les quintiles de la population flamande, rĂ©partie de pauvre Ă riche selon lerevenu disponible Ă©quivalisĂ© du mĂ©nage. Rien donc de surprenant Ă constater que,considĂ©rĂ©e sur lâensemble de la population, la âJobkortingâ aboutit Ă une hausse
(5) La simulation du revenu du mĂ©nage nâest pas toujours Ă©vidente, surtout en cas de non-travail. Parexemple, un manque dâinformations sur les pĂ©riodes Ă©coulĂ©es empĂȘche la simulation prĂ©cise de lâal-location de chĂŽmage Ă laquelle lâindividu a droit. Par ailleurs, la question aussi de savoir si quelquâunqui ne travaille plus a droit Ă lâallocation dâintĂ©gration, voire Ă une allocation de chĂŽmage reste par-fois insoluble sur la base des donnĂ©es non administratives telles que lâUE-SILC. Dans MEFISTO, noussupposons quâen cas dâinactivitĂ©, le revenu se compose de lâallocation dâintĂ©gration (avec, naturelle-ment, examen des conditions pour entrer en considĂ©ration). Pour une analyse dĂ©taillĂ©e des limita-tions budgĂ©taires sur la base de donnĂ©es administratives en provenance du Datawarehouse MarchĂ©du travail et Protection sociale, voir Decoster, De Swerdt et Van Camp (2010a).
585
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
Revenu disponible équivalisé du ménage Changement du revenu mensuel
disponible non équivalisé du ménage à la suite de la JK 2009
Quintile niveau avant la JK en EUR en % 1 921 7,1 0,77 2 1.280 21,5 1,68 3 1.560 34,4 2,20 4 1.839 39,1 2,12 5 2.562 43,8 1,71
Population totale 1.632 29,1 1,70 Source : calculs propres avec MEFISTO sur UE-SILC 2006. LâĂ©chelle dâĂ©quivalence utilisĂ©e pour laconstruction de la rĂ©partition en quintiles est lâĂ©chelle OCDE adaptĂ©e (poids 1 pour le chef de mĂ©nage, poids 0,5 pour tout autre membre du mĂ©nage de plus de 14 ans et poids de 0,3 pour chaque enfant ĂągĂ© de moins de 14 ans).
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:01 Page 585
nominale du revenu disponible qui, par ailleurs, augmente au fur et Ă mesure que cerevenu est plus Ă©levĂ©. En termes relatifs cependant (la colonne de droite), le mon-tant fixe a pour effet que le pourcentage de gain diminue Ă partir du troisiĂšme quin-tile. Le coĂ»t budgĂ©taire total de la âJobkortingâ en 2009 est Ă©valuĂ© par notre modĂšlecalculĂ© Ă 671 millions dâEUR et est donc assez proche des estimations effectuĂ©es parle Gouvernement flamand.
Au tableau 3, nous affinons lâimage en exprimant le gain en revenu disponible pourdiffĂ©rents groupes. Par ailleurs, nous restituons dĂ©sormais le changement de revenumensuel disponible du mĂ©nage par personne. A travers les quintiles, lâimage resterĂ©gressive en ce sens que le gain nominal â mĂȘme sâil est trĂšs faible â continue Ă augmenter Ă travers les cinq quintiles. En termes de pourcentage, le bĂ©nĂ©fice nediminue que lĂ©gĂšrement pour le cinquiĂšme quintile. La subdivision en fonction dela position socioĂ©conomique et de la catĂ©gorie dâĂąge est exempte de surprises. EtantdonnĂ© que la âjobkortingâ est uniquement accordĂ©e aux travailleurs, le gain enrevenu disponible est le plus faible pour les mĂ©nages de retraitĂ©s et/ou de chĂŽ-meurs. La catĂ©gorie dâĂąge entre 25 et 35 ans bĂ©nĂ©ficie le plus de la âJobkortingâ.
TABLEAU 3 : CHANGEMENT DU REVENU DISPONIBLE NET MENSUEL DU MENAGE PAR PERSON-NE A LA SUITE DE LA âJOBKORTINGâ 2009
586
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Revenu disponible moyen du ménage
Niveau équivalisé Changement par personne à la suite de la JK 2009
Avant la JK en EUR en % Population totale 1632 9,7 0,59
DâaprĂšs le quintile de revenu Ă©quivalent disponible du mĂ©nage 1 921 2,3 0,25 2 1.280 6,6 0,52 3 1.560 11,1 0,71 4 1.839 13,0 0,71 5 2.562 15,5 0,60
DâaprĂšs la position socioĂ©conomique (du chef de mĂ©nage) IndĂ©pendant 1.586 11,2 0,71
Salarié 1.803 13,9 0,77 Retraité 1.454 3,0 0,21
ChĂŽmeur 1.164 5,3 0,46 DâaprĂšs la catĂ©gorie dâĂąge (dĂ©terminĂ©e pour le chef de mĂ©nage)
18-25 1.351 19,8 1,47 25-35 1.741 18,2 1,05 35-45 1.686 12,8 0,76 45-55 1.681 13,2 0,79 55-65 1.336 1,3 0,10 65-80 1.256 0,9 0,07
Source : calculs propres avec MEFISTO sur UE-SILC 2006. LâĂ©chelle dâĂ©quivalence utilisĂ©e est lâĂ©chelle OCDE adaptĂ©e (voir note sous le tableau 2).
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:01 Page 586
Enfin, nous illustrons les possibilitĂ©s du modĂšle de microsimulation en fournissantune rĂ©ponse directe Ă une question souvent posĂ©e par les dĂ©cideurs politiques et lesfaiseurs dâopinion quand une mesure politique est mise en oeuvre : âQui gagne ?Qui perd ?â. Lorsque lâon ne dispose pas dâun MMS qui calcule les effets sur unĂ©chantillon reprĂ©sentatif de la population, la rĂ©ponse fournie Ă cette question faitassez frĂ©quemment suite Ă un calcul de lâimpact produit pour un mĂ©nage-type. Maisles caractĂ©ristiques du mĂ©nage-type peuvent ĂȘtre choisies de maniĂšre si atypiqueque lâon obtient des conclusions qui ne sont pas reprĂ©sentatives pour la totalitĂ© dela population. Câest pourquoi nous plaidons pour que soit esquissĂ©e une image desgagnants et des perdants dâune mesure adoptĂ©e, comme nous le proposons autableau 4.
TABLEAU 4 : CARACTERISTIQUES DES GAGNANTS ET DES PERDANTS DE LA âJOBKORTINGâ 2009
Au tableau 4, nous avons une fois de plus ventilĂ© la population en cinq quintiles,mais cette fois non plus sur la base du revenu disponible, mais bien sur la base dugain quâencaisse le mĂ©nage grĂące Ă cette mesure. Ici, nous dĂ©finissons le gaincomme le changement intervenu dans le revenu disponible Ă©quivalent du mĂ©nage.Le premier quintile du tableau 4 comporte donc les 20% de plus petits gagnantsgrĂące Ă ce dispositif (en effet, il nây a pas de vrais perdants). Le cinquiĂšme quintilecomprend les 20% de plus grands gagnants. Les rangĂ©es du tableau 4 dĂ©criventensuite les caractĂ©ristiques de cette rĂ©partition de gagnants et de perdants (relatifs).
587
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
Quintile par ordre de gain en EUR 1 2 3 4 5
Caractéristique Populationtotale
20%plus petits
gagnants
20%plus
grands gagnants
Revenu mensuel disponible du ménage (non équivalisé)
3.123 1.795 3.404 3.643 3.686 3.717
Revenu mensuel disponible équivalisé du ménage
1.632 1.198 1.422 1.713 1.850 2.066
Quintile avant JK 3,0 1,9 2,4 3,2 3,7 4,1 Salaire horaire 17,3 15,7 17,6 18,3 18,6 17,3 Age 40,1 60,0 31,0 35,4 29,2 33,5 Taille du mĂ©nage 3,1 2,2 4,3 3,6 3,5 2,7 Nombre moyen dâenfants
0,87 0,38 1,56 1,19 1,26 0,40
% de retraitĂ©s 20,2 60,7 5,9 9,7 1,6 1,7 % de chĂŽmeurs 3,9 6,1 4,8 4,3 1,5 2,4 Source : calculs propres avec MEFISTO sur UE-SILC 2006. La rĂ©partition des mĂ©nages par ordre degrandeur des gains a Ă©tĂ© Ă©tablie sur la base du changement (en EUR) du revenu disponible Ă©quivalent dumĂ©nage. LâĂ©chelle dâĂ©quivalence utilisĂ©e est lâĂ©chelle OCDE adaptĂ©e (voir note sous le tableau 2).
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:01 Page 587
Les rĂ©sultats des tableaux 2 et 3 sont condensĂ©s et confirmĂ©s ici. Le premier quintilede la ventilation du gain Ă la suite de la mesure se compose des mĂ©nages les pluspauvres â les retraitĂ©s et les chĂŽmeurs y sont surreprĂ©sentĂ©s. Les perdants relatifs(ou ceux qui gagnent le moins), sont ceux qui touchent le salaire horaire le pluspetit.
Les effets de redistribution inverse de la âJobkortingâ â tout au moins au niveau de lapopulation totale â ne sont guĂšre surprenants. La mesure nâest pas non plus conçuecomme une mesure redistributive, mais bien comme un dispositif qui doit rendre letravail plus attractif. Dans la section suivante, nous examinons si la mesure est capa-ble de rĂ©pondre Ă cet objectif.
4. LE MODELE DâOFFRE DE TRAVAIL
Le modĂšle Ă©conomique standard pour modĂ©liser le comportement des individus surle marchĂ© de lâemploi repose sur deux Ă©lĂ©ments de base : les prĂ©fĂ©rences (subjecti-ves) de lâindividu et les contraintes budgĂ©taires (objectives). Les prĂ©fĂ©rences dansun modĂšle de comportement qui dĂ©crit lâoffre de travail sont dĂ©crites en termes dechoix privilĂ©giĂ© par lâindividu entre revenu (rĂ©alisĂ© sur le marchĂ© du travail), dâunepart, et temps libre, dâautre part. Ces prĂ©fĂ©rences diffĂšrent dâindividu Ă individu. Lescontraintes budgĂ©taires dĂ©terminent les conditions contextuelles sous lesquelles lesindividus peuvent opĂ©rer leur choix. Celui qui ne gagne que trĂšs peu sur le marchĂ©de lâemploi voit son revenu professionnel augmenter plus lentement en cas dâheuresde travail supplĂ©mentaire que celui qui perçoit un salaire nettement plus Ă©levĂ©. Parailleurs, le systĂšme fiscal et le systĂšme de transfert apparaissent Ă©galement dans lesmarges budgĂ©taires. En cas de taux dâimposition marginaux Ă©levĂ©s, les heures sup-plĂ©mentaires rapportent moins que lorsque les taux dâimposition marginaux sontplus bas.
Pour Ă©valuer le changement de comportement des gens lors de lâintroduction (oude la suppression) de la âJobkortingâ, nous avons besoin dâinformations relatives Ă ces deux Ă©lĂ©ments : prĂ©fĂ©rences et contraintes budgĂ©taires. Nous les discutons suc-cessivement dans les deux sous-sections qui suivent et prĂ©sentons ensuite le modĂšlecomportemental qui en rĂ©sulte.
4.1. IMPACT DE LA âJOBKORTINGâ SUR LES MARGES BUDGETAIRESPour ce qui est des marges budgĂ©taires, un MMS tel que MEFISTO sâavĂšre ĂȘtre unexcellent outil. En effet, nous ne pouvons utiliser seul le modĂšle calculĂ© pour calcu-ler la maniĂšre dont la âJobkortingâ influence le revenu du mĂ©nage dans la situationactuelle. Nous pouvons Ă©galement procĂ©der Ă une analyse contrefactuelle comme :quel serait le revenu du mĂ©nage si lâindividu qui aujourdâhui travaille Ă temps plein,venait Ă ne plus travailler ou Ă ne plus travailler quâĂ temps partiel ? Ou : quel seraitle revenu du mĂ©nage si quelquâun aujourdâhui au chĂŽmage acceptait un emploi Ă mi-
588
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:01 Page 588
temps ou Ă temps plein ? Lorsque nous calculons le revenu du mĂ©nage avec unemultitude de combinaisons dâheures de travail (et donc y compris lâinactivitĂ©), nousproduisons ainsi les contraintes budgĂ©taires de lâindividu (ou du mĂ©nage) enquestion.
Il va de soi que cette limitation budgĂ©taire est spĂ©cifique Ă lâindividu. LâĂ©volution durevenu disponible sâeffectue diffĂ©remment selon que lâon a des enfants, que lâonbĂ©nĂ©ficie dâun bas salaire ou dâune rĂ©munĂ©ration Ă©levĂ©e, que lâon est isolĂ© ou quelâon vit avec un(e) partenaire, que lâon a droit ou non Ă une allocation de chĂŽmage,etc. (6), câest pourquoi MEFISTO calcule cette contrainte budgĂ©taire pour chaqueindividu qui est potentiellement actif sur le marchĂ© du travail. La figure 2 livre unexemple dâune telle contrainte budgĂ©taire et lâeffet sur celle-ci de la âJobkortingâ,pour une femme isolĂ©e sans enfants qui travaille Ă temps plein Ă un salaire horairede 20,20 EUR.
FIGURE 2 : EFFET DâUNE âJOBKORTINGâ SUR LES CONTRAINTES BUDGETAIRES
(6) Etant donnĂ© que la baisse du revenu a lieu ici en prĂ©sence dâun nombre dâheures spĂ©cifique (lui-mĂȘme dĂ©terminĂ© par le salaire horaire de cet individu), nous prĂ©fĂ©rons ne pas parler ici de piĂšge Ă lâemploi. Ce dernier terme fait plutĂŽt rĂ©fĂ©rence Ă une situation oĂč le revenu en cas dâactivitĂ© Ă©cono-mique dans un emploi normal (p. ex. Ă mi-temps ou Ă temps plein) nâest pas suffisamment plus Ă©levĂ©,ou est mĂȘme plus bas, que le revenu en cas de non-activitĂ© tel que le chĂŽmage. Dans la figure 2, cenâest pas vraiment le cas lors dâun travail de 19 et de 38 heures.
589
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
5000
10000
15000
20000
25000
30000
1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 37 39 41
Reve
nu d
ispo
nibl
e du
mén
age
par
an
Pas de JK
JK généreuse et sélective
Heures de travail par semaine
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:01 Page 589
Observez, figure 2, que la limitation budgĂ©taire sans âJobkortingâ (la ligne en gras)prĂ©sente des creux. En cas de peu dâheures de travail, le revenu disponible nâaug-mente pas lorsque lâon travaille plus. Cette partie horizontale de la limitation budgĂ©-taire indique un taux marginal dâimposition de 100%. Celui-ci peut par exemple ĂȘtredĂ» Ă la diminution de lâallocation dâintĂ©gration au fur et Ă mesure que le revenu pro-fessionnel augmente. A un moment donnĂ©, nous observons mĂȘme une baisse durevenu disponible (7). Ce sont tout particuliĂšrement ces creux et discontinuitĂ©sdans les contraintes budgĂ©taires qui justifient lâutilisation du modĂšle de comporte-ment spĂ©cifique que nous prĂ©sentons dans le paragraphe suivant, Ă savoir un modĂš-le de choix dit discret.
La ligne en pointillĂ©s de la figure 2 reprĂ©sente la contrainte budgĂ©taire lors de lâin-troduction dâune âJobkortingâ. Câest volontairement que nous nâavons pas utilisĂ© icila âJobkortingâ de 2009 parce que le montant Ă©tait trop faible pour marquer une dif-fĂ©rence nette sur la figure. Nous avons illustrĂ© une âJobkortingâ nettement plus gĂ©nĂ©-reuse dont il est question sous le point 5.2., mais qui en contient bel et bien les ca-ractĂ©ristiques essentielles : une diminution forfaitaire de lâimpĂŽt des personnes phy-siques, mais nĂ©anmoins sĂ©lective (en dessous dâun seuil de revenus dĂ©terminĂ©).Cette âJobkortingâ fait glisser parallĂšlement la ligne budgĂ©taire vers le haut : lerevenu disponible augmente. La zone dâentrĂ©e est causĂ©e par le fait que le revenu delâactivitĂ© doit ĂȘtre assez Ă©levĂ© pour payer suffisamment dâimpĂŽts pour pouvoir plei-nement bĂ©nĂ©ficier de la diminution.
La âJobkortingâ que nous prĂ©sentons en figure 2 est nettement plus avantageuse quecelle qui sâappliquait rĂ©ellement en 2009. Câest ce que nous dĂ©montrons en figure 3,oĂč la ligne grise restitue les contraintes budgĂ©taires pour le mĂȘme cas que celuiillustrĂ© en figure 2 (Ă savoir, une femme isolĂ©e sans enfants qui travaille Ă tempsplein pour un salaire horaire de 20 EUR). Cette âJobkortingâ de 2009, qui elle-mĂȘmeĂ©tait dĂ©jĂ plus intĂ©ressante que celles de 2008 et de 2007, fait glisser la margebudgĂ©taire dâune maniĂšre Ă peine sensible. La non-sĂ©lectivitĂ© de celle-ci rĂ©sulte delâabsence du creux, qui se retrouve toutefois dans la ligne en pointillĂ©s en gras. Laligne grise en points et tirets reprĂ©sente une âJobkortingâ gĂ©nĂ©reuse que nous simu-lerons au paragraphe 5.2., et qui nâest pas, non plus, sĂ©lective.
(7) Pour parler technique : lâensemble des budgets doit ĂȘtre convexe. Comme nous lâavons vu dansles figures ci-dessus, les marges budgĂ©taires rĂ©alistes ne remplissent gĂ©nĂ©ralement pas ces conditions.
590
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:01 Page 590
FIGURE 3 : IMPACT DES TROIS âJOBKORTINGENâ SIMULEES SUR LES CONTRAINTES BUDGETAIRES
Dans lâannexe, nous reprĂ©sentons Ă©galement les âJobkortingenâ 2009 et 2010comme elles ont Ă©tĂ© simulĂ©es Ă lâaide dâun MMS qui opĂšre sur la base de donnĂ©esadministratives (le modĂšle MIMOSIS). Ici aussi apparaĂźt nettement combien estmodeste lâeffet de la âJobkortingâ sur le revenu disponible.
4.2. PREFERENCES INDIVIDUELLESEn Ă©conomie, les prĂ©fĂ©rences subjectives des individus sont restituĂ©es par un ordredes prĂ©fĂ©rences, appelĂ© gĂ©nĂ©ralement âfonction dâutilitĂ©â. Ces prĂ©fĂ©rences sontexprimĂ©es Ă lâaide de âlâĂ©change calibrĂ©â que lâon opĂšre entre revenu et temps libre :combien de revenu professionnel suis-je prĂȘt Ă abandonner pour avoir plus detemps libre ? Ce qui est naturellement la mĂȘme chose que rĂ©pondre Ă la question :combien de net dois-je conserver pour vouloir travailler un peu plus ? Nous partonsdu principe que ces prĂ©fĂ©rences diffĂšrent par individu. Par exemple, il nâest guĂšresurprenant de constater que les parents de jeunes enfants nâont pas le mĂȘme Ă©chan-ge calibrĂ© entre temps libre et revenu que les isolĂ©s sans enfants.
Dans le prĂ©sent article, nous ne pouvons pas nous attarder plus longuement sur lamĂ©thode qui nous a permis de dĂ©duire les prĂ©fĂ©rences personnelles. Lâessentiel câestque dans lâensemble sous-jacent de donnĂ©es UE-SILC nous observons les choix faitspar les individus, compte tenu des contraintes budgĂ©taires auxquelles ils Ă©taientconfrontĂ©s (et que nous avons Ă©tĂ© en mesure de reconstituer grĂące au modĂšle de
591
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
5000
10000
15000
20000
25000
30000
1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 37 39 41
Heures de travail par semaine
Reve
nu d
ispo
nibl
e du
mén
age
par
an
JK 2009
JK généreuse
JK généreuse et sélective
Pas de JK
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 591
microsimulation). En dâautres termes, nous observons quel point les personnes choi-sissent par rapport aux limites de leur budget. En supposant que ce point corres-pond au choix quâelles-mĂȘmes ont favorisĂ© parmi les possibilitĂ©s disponibles (ou enjargon dâĂ©conomistes : qui leur fournissait le plus dâutilitĂ©), nous pouvons recons-truire ces prĂ©fĂ©rences dans les choix opĂ©rĂ©s et les marges budgĂ©taires prĂ©sumĂ©es.DĂšs que nous connaissons ces prĂ©fĂ©rences, nous sommes en mesure de prĂ©direcomment les personnes vont adapter leur offre de travail lorsque les marges budgĂ©-taires subissent un changement. Câest ce que nous qualifions de fonction dâoffre detravail.
Au cours de ces quinze derniĂšres annĂ©es, cette reconstruction des prĂ©fĂ©rences indi-viduelles Ă partir de choix opĂ©rĂ©s a Ă©tĂ© fortement renouvelĂ©e en se dĂ©marquant delâhypothĂšse de la continuitĂ© de la fonction dâoffre de travail. Cette derniĂšre hypothĂš-se imposait en effet un certain nombre de restrictions Ă lâapplication mathĂ©matiquede la maximisation de lâutilitĂ© sur le plan des contraintes budgĂ©taires possibles (8).Des contraintes plus rĂ©alistes ne satisfaisaient gĂ©nĂ©ralement pas Ă ces conditions ;dĂšs lors, le rĂ©sultat des contraintes budgĂ©taires simulĂ©es devait ĂȘtre fortement misen question du point de vue de sa rĂ©alitĂ©. Un changement est intervenu dans cerĂ©sultat lorsque lâon a limitĂ© la dĂ©cision dâoffre de travail Ă un nombre restreint depoints discrets : p. ex. lâindividu opĂšre uniquement le choix entre âne pas travaillerâ,âtravailler Ă mi-tempsâ ou âtravailler Ă temps pleinâ. Dans ce cas, lâon parle dâunâmodĂšle de choix discretâ pour lâoffre de travail. Lâutilisation de ces modĂšles dechoix discrets pour lâoffre de travail est surtout devenue populaire grĂące Ă lâouvragede Van Soest (1995) qui, pour cela, se basait sur les modĂšles de choix discrets deMcFadden (1974).
Le modĂšle dâoffre de travail utilisĂ© dans le cadre de cette Ă©tude est Ă©galement unmodĂšle similaire de choix discret. Nous supposons que lâindividu a le choix entreseulement 5 niveaux dâhoraires discrets : ne pas travailler, travailler moins quâundemi-horaire, travailler Ă mi-temps, travailler Ă temps plein et fournir des heures sup-plĂ©mentaires (9). Le modĂšle de microsimulation simule le revenu net disponible (lepoint sur la contrainte budgĂ©taire) pour chaque individu ainsi que pour chacun deces 5 horaires discrets et calcule lâutilitĂ© dans chaque option choisie. De cettemaniĂšre, nous pouvons reconstruire les prĂ©fĂ©rences en partant de lâoption choisiede fait. Pour la façon dont cela sâeffectue prĂ©cisĂ©ment pour ce modĂšle dâoffre de tra-vail spĂ©cifique, nous renvoyons Ă Vanleenhove (2011) (10).
(8) Afin de classifier lors de lâĂ©valuation du modĂšle les choix observĂ©s, nous avons fait usage desintervalles suivants : 0-5 heures (ne pas travailler), 5-20 (travailler un peu moins quâun mi-temps), 20-30 (travailler Ă mi-temps), 30-45 (travailler Ă temps plein) et plus de 45 heures (heures supplĂ©mentai-res).(9) Pour les Ă©valuations antĂ©rieures de tel modĂšle de choix discret pour lâoffre de travail Ă partir dedonnĂ©es belges, voir Decoster, De Swerdt et Van Camp (2010b) et Decoster, De Swerdt et Orsini(2010).(10) Les mĂ©nages dont des enfants qui travaillent habitent encore chez eux et les mĂ©nages dont lâundes partenaires satisfait aux conditions tandis que lâautre non, sont aussi bannis de lâĂ©chantillon. Pourde plus amples informations, voir Vanleenhove (2010).
592
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 592
Le modĂšle dâoffre de travail a Ă©tĂ© estimĂ© sur un sous-Ă©chantillon de lâensemble desdonnĂ©es de lâUE-SILC. Vouloir Ă©valuer les prĂ©fĂ©rences pour le temps libre et lerevenu nâa que peu de sens pour les personnes qui ne sont pas disponibles sur lemarchĂ© de lâemploi (p. ex. les enfants, les Ă©tudiants, les retraitĂ©s). Le sous-Ă©chantil-lon se compose donc dâindividus qui sont potentiellement disponibles pour lemarchĂ© du travail. Les principales critĂšres pour en faire partie sont : ĂȘtre en Ăąge detravailler (16-65 ans), ne pas ĂȘtre malade, ne pas ĂȘtre Ă©tudiant, indĂ©pendant, handi-capĂ© ou retraitĂ© (11). AprĂšs la sĂ©lection, nous avons retenu 1.454 couples et 719femmes isolĂ©es, pour qui nous avons calculĂ© les prĂ©fĂ©rences de maniĂšre distincte(12). Le modĂšle est un modĂšle de probabilitĂ©s qui attribue Ă chaque choix une pro-babilitĂ© pour chaque individu.
TABLEAU 5 : REPARTITION OBSERVEE ET EVALUEE DE LA DUREE HEBDOMADAIRE DE TRAVAIL (EN% DE LâECHANTILLON)
Le tableau 5 donne un aperçu de lâoffre de travail observĂ©e et Ă©valuĂ©e de maniĂšreĂ©conomĂ©trique pour les cinq options diffĂ©rentes. Nous rĂ©sumons en calculant pourchaque choix la probabilitĂ© moyenne sur la totalitĂ© du sous-Ă©chantillon. Cela corres-pond au pourcentage attendu dâindividus qui effectuent ce choix. Etant donnĂ© quele modĂšle ne tient â provisoirement â pas compte du fait que certains mĂ©nages ontdavantage accĂšs Ă certaines opportunitĂ©s de travail que dâautres, le rĂ©sultat nâest pas
(11) Pour les hommes isolĂ©s, les prĂ©fĂ©rences nâont pas pu ĂȘtre Ă©valuĂ©es.(12) Cependant, le modĂšle tient effectivement compte des frais fixes liĂ©s au travail, par exemple lesfrais de dĂ©placement et les frais de garde des enfants. Ainsi sâamĂ©liore lâajustement du rĂ©sultat aveclâoffre de travail observĂ©e. Pour de plus amples informations sur la mise en oeuvre de ces coĂ»ts, voirVanleenhove (2011).
593
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
( )Homme en
couple Femme en
couple Femme isolée
Observée Inactivité (0-5) 9,6 27,9 34,1
Temps partiel limité (5-20)
1,9 13,1 10,6
Mi-temps (20-30) 2,7 15,0 10,3 Temps plein (30-45) 71,9 41,1 41,0 Hres supplém. (>45) 14,0 2,9 4,0
Evaluée Inactivité (0-5) 8,4 27,6 34,2
Temps partiel limité (5-20)
0,3 5,5 5,0
Mi-temps (20-30) 10,5 28,1 22,5 Temps plein (30-45) 61,9 31,4 29,2 Hres supplém. (>45) 18,9 7,4 9,0
Source : calculs propres.
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 593
parfaitement ajustĂ© Ă lâoffre de travail observĂ©e (13). Par exemple, il nâest pasimpensable que les personnes de formation supĂ©rieure aient une plus large palettede choix dâemplois que les personnes peu qualifiĂ©es. Dit de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale,la demande du marchĂ© du travail nâest absolument pas prise en considĂ©ration.
4.3. ELASTICITES DE LâOFFRE DE TRAVAIL Une fois les prĂ©fĂ©rences reconstituĂ©es, nous pouvons â pour des prĂ©fĂ©rences don-nĂ©es â vĂ©rifier comment lâindividu modifierait son comportement en cas de varia-tion de la contrainte budgĂ©taire. Cela sâeffectue en calculant le changement pourchaque individu dans la probabilitĂ© que soit opĂ©rĂ© un choix dĂ©terminĂ© entre lescinq possibilitĂ©s. Dans la partie suivante, nous y procĂ©dons pour la modificationconcrĂšte Ă la suite de la âJobkortingâ. Mais avant cela, nous rĂ©sumons le modĂšle Ă©va-luĂ© en observant un changement stylisĂ©, plus prĂ©cisĂ©ment une augmentation dusalaire brut de 10%. En calculant pour chaque individu la variation de lâoffre de tra-vail Ă la suite de cette modification et en lâagrĂ©geant, nous obtenons la variation tota-le de lâoffre de travail. Lorsque nous exprimons sous forme de pourcentage le chan-gement de cette offre de travail totale par rapport au pourcentage de changementdu salaire, nous avons procĂ©dĂ© Ă la dĂ©duction de lâĂ©lasticitĂ© de lâoffre de travail.
Ce faisant, la littĂ©rature opĂšre une distinction entre deux effets. Dâune part, en casdâaugmentation salariale, certains abandonnent Ă©ventuellement lâinactivitĂ© pourreprendre le travail et devenir actifs sur le marchĂ© de lâemploi. Câest ce que lâonqualifie dâeffet de âmarge extensiveâ voire aussi dââĂ©lasticitĂ© de la participationâ.Mais, par ailleurs, les personnes qui sont dĂ©jĂ au travail sont Ă©galement susceptiblesdâadapter leur offre de travail. En effet, un salaire plus Ă©levĂ© ne signifie pas seule-ment que le temps libre devienne plus cher (et que, par consĂ©quent, lâon en veuilleprobablement moins, car le prix du non-travail est plus Ă©levĂ©), mais encore que lâongagne plus pour une offre de travail donnĂ©e. Lorsque le temps libre est un bien ânor-malâ (au sens Ă©conomique du terme : une Ă©lasticitĂ© du revenu supĂ©rieure Ă un), lâonvoudra plus de temps libre au fur et Ă mesure que lâon sâenrichit. Cet impact sur lerevenu dâune augmentation salariale est donc susceptible dâentraĂźner une diminu-tion de lâoffre de travail des personnes qui sont dĂ©jĂ au travail. Câest ce que lâonappelle lâeffet de la âmarge intensiveâ.
Au tableau 6, nous rĂ©sumons lâĂ©lasticitĂ© de la participation et lâĂ©lasticitĂ© horairepour les hommes et les femmes en couple et pour les femmes isolĂ©es. Pour lâĂ©lasti-citĂ© horaire, nous additionnons lâeffet Ă la marge extensive et Ă la marge intensive.
(13) Le modĂšle dâoffre de travail de MIMOSIS recourt Ă une discrĂ©tisation diffĂ©rente pour le nombredâheures ouvrĂ©es. Dans le modĂšle MEFISTO, lâon suppose quâil y a 5 points horaires discrets (0, 15,25, 40 et 50 heures, alors que, dans le modĂšle de MIMOSIS, un individu peut choisir entre 12 pointshoraires discrets de 0 Ă 55 heures avec un intervalle de 5 heures. Pour de plus amples explications,voir Decoster, De Swerdt et Van Camp (2010b).
594
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 594
Nous calculons donc la variation totale du nombre (attendu) dâheures travaillĂ©estant de ceux qui accĂšdent au marchĂ© de lâemploi (ou qui le quittent) que de ceuxqui continuent Ă travailler, tout en modifiant leur nombre dâheures. Nous donnonstant les Ă©lasticitĂ©s Ă©valuĂ©es dans UE-SILC â dĂšs lors, les limitations budgĂ©taires sontgĂ©nĂ©rĂ©es Ă lâaide du MMS MEFISTO â que des Ă©valuations similaires Ă lâaide du MMSMIMOSIS (voir annexe).
TABLEAU 6 : ELASTICITES DE LâOFFRE DE TRAVAIL SUR LA BASE DE MEFISTO ET DE MIMOSIS
Les Ă©lasticitĂ©s de lâoffre de travail Ă©valuĂ©es sur les donnĂ©es UE-SILC sont plutĂŽt bas-ses et se situent ainsi dans la ligne de celles que nous trouvons dans la littĂ©rature.Elles sont les plus Ă©levĂ©es pour les femmes en couple et les plus faibles pour leshommes en couple. Aussi, si nous pouvons nous attendre Ă un impact sur la partici-pation, celui-ci se marquera particuliĂšrement chez les salariĂ©es.
LâinfĂ©rence statistique et les intervalles de fiabilitĂ© pour ces Ă©valuations des Ă©lasti-citĂ©s doivent encore dĂ©montrer dans quelle mesure, les effets ont une significationstatistique. Les Ă©lasticitĂ©s Ă©valuĂ©es sur la base des donnĂ©es administratives et avec lemodĂšle mimosis sont en tout cas plus Ă©levĂ©es que les Ă©lasticitĂ©s sur la base des don-nĂ©es UE-SILC et MEFISTO (14). Toutefois, la littĂ©rature ne donne que peu de pointsde comparaison pour ce qui concerne lâutilisation de donnĂ©es administratives pourlâĂ©valuation dâun modĂšle dâoffre de travail. Des Ă©tudes ultĂ©rieures devront dĂ©mon-trer dans quelle mesure cette utilisation de donnĂ©es administratives livre une imageplus fiable des rĂ©actions dans lâoffre de travail que celle obtenue avec les donnĂ©esdâune Ă©tude dâensemble.
(14) Avant, nous calibrons le modĂšle pour produire une ligne de base qui correspond parfaitement Ă lâoffre de travail observĂ©e. Pour de plus amples informations sur cette technique de calibrage et surses consĂ©quences, voir Vanleenhove (2011).
595
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
MEFISTO MIMOSIS Participation Heures Participation Heures
Hommes en couple 0,048 0,063 0,275 0,384
Femmes en couple 0,129 0,221 0,357 0,538
Femmes isolées 0,109 0,161 0,237 0,336 Source : calculs propres et Decoster et al. (2010b).
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 595
5. REACTIONS COMPORTEMENTALES LIEES A LA âJOBKORTINGâ
5.1. LA âJOBKORTINGâ 2009Nous appliquons notre modĂšle dâoffre de travail Ă la situation sans âJobkortingâ et Ă la situation avec âJobkortingâ. Plus concrĂštement, MEFISTO gĂ©nĂšre la contraintebudgĂ©taire pour ces deux possibilitĂ©s. Les prĂ©fĂ©rences Ă©valuĂ©es permettent alors decalculer les probabilitĂ©s que les personnes optent pour chacune des cinq possibi-litĂ©s de choix de lâoffre de travail, une fois sans et une autre fois avec âJobkortingâ.Les rĂ©sultats sont indiquĂ©s dans le tableau 7 au moyen dâune matrice de transitionentre les diffĂ©rentes options (15).
La âJobkortingâ parvient effectivement Ă activer des inactifs, mais Ă vrai dire Ă un fai-ble niveau. Parmi toutes les femmes inactives en couple, 99,21 % continuent Ă lâĂȘtreaprĂšs lâintroduction de la âJobkortingâ. Ceci signifie que 0,79% entrent sur le marchĂ©du travail, dont 0,23% commencent Ă travailler Ă mi-temps, 0,41% Ă temps plein et0,15% effectuent des heures supplĂ©mentaires. La âJobkortingâ crĂ©e donc effective-ment des stimulants pour inciter les gens Ă accĂ©der au marchĂ© de lâemploi.
Mais comme lâon pouvait sây attendre au dĂ©part des Ă©lasticitĂ©s commentĂ©es ci-des-sus, la âJobkortingâ crĂ©e Ă©galement des effets nĂ©gatifs Ă la marge intensive. Lâintro-duction de la âJobkortingâ incite certains hommes en couple et certaines femmesisolĂ©es qui travaillent Ă temps plein voire plus Ă restreindre leur offre de travail.Ainsi, 0,27% de toutes les femmes isolĂ©es qui dĂ©passaient un temps plein avant lâin-troduction de la âJobkortingâ rĂ©duiront leur offre de travail pour ne plus travaillerquâĂ mi-temps.
(15) La sĂ©lection du sous-Ă©chantillon, base de notre estimation et de notre simulation du modĂšledâoffre de travail a naturellement pour effet que ce coĂ»t de la âJobkortingâ est nettement plus faibleavant de tenir compte des Ă©ventuelles rĂ©actions comportementales que le coĂ»t mentionnĂ© lors delâanalyse dâimpact dans le chapitre 3.
596
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 596
TABLEAU 7 : VARIATION DANS LES PROBABILITES POUR LES CINQ SITUATIONS DâOFFRE DE TRA-VAIL A LA SUITE DE LA âJOBKORTINGâ 2009
Pour convertir les changements de pourcentages du tableau 7 en effets sur lâemploi,nous indiquons au tableau 8 lâoffre de travail attendue annuellement avec et sansâJobkortingâ. Nous lâexprimons en âFull Time Equivalentsâ (FTE : Ă©quivalents tempsplein) en divisant le nombre dâheures annuel ouvrĂ©es par 2000.
Le rĂ©sultat dans la colonne de droite est dĂ©grisant. Pour ce qui est de lâoffre de tra-vail observĂ©e isolĂ©ment, laâJobkortingâ nâa incitĂ© quâĂ peine 1673 personnes FTE Ă travailler plus. Ce rĂ©sultat net est la consĂ©quence dâune plus grande volontĂ© de tra-vailler chez les femmes en couple ainsi que chez les femmes isolĂ©es, et une diminu-tion chez les hommes en couple. La partie infĂ©rieure du tableau 8 montre en effetque cette diminution est surtout observĂ©e dans la marge intensive chez les hommesqui travaillent Ă temps plein et Ă plus dâun temps plein et Ă un niveau moindre chezles femmes isolĂ©es. 597
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
Sans âJobkortingâ
Avec
Homme en couple Inactivité Temps
partiel limité
Mi-temps Temps plein
Hres supplém.
Total
Inactivité 100 0 0 0 0 100
Temps partiellimité
0,22 99,19 0 0,25 0,34 100
Mi-temps 0 0 100 0 0 100
Temps plein 0 0 0,06 99,87 0,06 100
Hres supplém. 0 0 0,04 0,32 99,64 100
Femme en couple Inactivité Temps
partiel limité
Mi-temps Temps plein
Hres supplém.
Total
Inactivité 99,21 0 0,23 0,41 0,15 100
Temps partiellimité
0,05 99,42 0,19 0,29 0,05 100
Mi-temps 0 0 99,74 0,20 0,06 100
Temps plein 0 0 0 99,97 0,03 100
Hres supplém. 0 0 0 0 100 100
Femme isoléeInactivité Temps
partiel limité
Mi-temps Temps plein
Hres supplém.
Total
Inactivité 99,4 0,03 0,24 0,31 0,03 100
Temps partiellimité
0 99,87 0,07 0,06 0 100
Mi-temps 0 0,02 99,98 0 0 100
Temps plein 0 0,01 0,01 99,98 0 100
Hres supplém. 0 0 0,27 0 99,73 100
Les pourcentages ont été calculés comme proportions de chaque groupe horaire discret. Source : calculs propres.
âJobkortingâ
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 597
A y voir dâun peu plus prĂšs, ce rĂ©sultat nâest pas tellement surprenant. La âJobkor-tingâ est trop peu importante pour exercer vraiment une action dâactivation, maisengendre nĂ©anmoins un impact sur les revenus qui entraĂźne une diminution de lavolontĂ© de travailler dans le cas dâun travail Ă plein temps et Ă plus dâun plein temps.La consĂ©quence en est quâil est Ă peine question dâeffets retours budgĂ©taires. LecoĂ»t sans les rĂ©actions comportementales est Ă©gal Ă 352 millions dâEUR et il ne bais-se que jusquâĂ 342 millions dâEUR lorsque nous tenons compte des modificationsdans lâoffre de travail (16). Lâeffet retour budgĂ©taire ne sâĂ©lĂšve de ce fait quâĂ 2,81%du coĂ»t sans les rĂ©actions comportementales et aboutit finalement Ă un prix coĂ»tantpar nouvel FTE crĂ©Ă© de 204.561 EUR.
TABLEAU 8 : TOTAL DES EFFETS DâOFFRE DE TRAVAIL ESPERES ANNUELLEMENT DE LA âJOBKOR-TINGâ 2009
5.2. VARIATIONS SUR LA JOBKORTING DE 2009Comme suggĂ©rĂ© ci-dessus, lâune des raisons de lâimpact peu significatif dĂ©crit plushaut peut ĂȘtre liĂ©e Ă lâampleur limitĂ©e de la âJobkortingâ. Câest pourquoi dans cettesection, nous commentons une variation de la âJobkortingâ nettement plus gĂ©nĂ©reu-se. Au lieu des 300 ou 250 EUR par an, nous accordons actuellement une diminu-tion fiscale de 1.747 EUR Ă tout travailleur qui gagne au moins 5.500 EUR de reve-nus professionnels par an. Cette diminution dâimpĂŽts est Ă©gale Ă 10% du revenuannuel moyen des travailleurs dans le sous-Ă©chantillon utilisĂ©. Il va de soi que cemontant substantiellement plus Ă©levĂ© crĂ©e des stimulants nettement plus puissantspour encourager les inactifs Ă entrer sur le marchĂ© de lâemploi ou, pour ceux dĂ©jĂ au travail qui gagnent moins de 5.500 EUR par an, dâaugmenter leur offre de travail.
(16) Pour de plus amples informations sur MIMOSIS : voir Decoster et al. (2007) ethttp://www.socialsecurity.fgov.be/nl/nieuws-publicaties/publicaties/mimosis/mimosis.ht598
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Couples Homme Femme
Femme isolée Total
Total FTE sans JKïżœ 624.298 420.451 144.951 1.189.700
Changement EN FTE -137 +1403 +407 +1673 Changement en FTE selon le niveau horaire
Inactivité 0 +1.078 +417 +1.495 Temps partiel limité +36 +181 +12 +229
Mi-temps 0 +121 -2 +119 Temps plein -63 +23 -5 -45
Heures supplémentaires -110 0 -15 -125
ïżœ Lâon obtient le FTE en divisant lâoffre de travail annuelle par 2000.
Source : calculs propres.
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 598
En guise de seconde variante, nous avons Ă©galement simulĂ© cette âJobkortingâcomme une mesure sĂ©lective, en accordant ce dispositif gĂ©nĂ©reux de 1.747 EUR paran uniquement aux travailleurs disposant dâun revenu infĂ©rieur Ă 22.000 EUR par an.Nous prĂ©sentons les rĂ©sultats de ces simulations de la mĂȘme maniĂšre que ci-dessus :tout dâabord en restituant les matrices transitionnelles et ensuite Ă lâaide dâeffetsdâemploi sous forme de FTE.
Le tableau 9 traduit les transitions entre les cinq possibilitĂ©s diffĂ©rentes de choixpour la âJobkortingâ gĂ©nĂ©reuse. Il est Ă©vident quâun fort relĂšvement de la âJobkor-tingâ renforcerait assez sensiblement lâeffet dâactivation. Lorsquâune fois de plus,nous observons les femmes en couple, nous voyons quâun nombre nettement plusgrand de femmes intĂšgrent le marchĂ© de lâemploi que lors de lâintroduction de laâJobkortingâ de 2009. Lorsque lâon accorde une âJobkortingâ gĂ©nĂ©reuse non sĂ©lecti-ve, 94,81% de toutes les femmes inactives en couple ne changent pas de statut, etpar consĂ©quent 5,19% participent au marchĂ© du travail. Ces rĂ©sultats sont nettementdiffĂ©rents de ceux obtenus par rapport Ă la situation de la âJobkortingâ de 2009, oĂčseulement 0,79% des femmes inactives Ă©taient activĂ©es. Ce mĂȘme rĂ©sultat sâappliqueaux hommes en couple et aux femmes isolĂ©es.
Le tableau 11 restitue lâimpact sur lâemploi de ces changements. Au-dessus, nousrĂ©pĂ©tons Ă titre de comparaison les effets sur lâemploi de la âJobkortingâ 2009. CetteâJobkortingâ gĂ©nĂ©reuse, non sĂ©lective, mĂšne Ă une augmentation nette de lâoffre detravail de 14.321 FTE. Mais dans ce cas Ă©galement, lâon remarque encore et toujoursun effet secondaire nĂ©gatif sur la volontĂ© de travailler des hommes en couple qui tra-vaillent Ă temps plein ou effectuent des heures supplĂ©mentaires. Ces derniers dimi-nuent leur offre de travail Ă la marge intensive. Le changement total chez les hom-mes en couple est nĂ©anmoins concret Ă la suite des effets extensifs positifs plus prĂ©-sents. Le revers de cette crĂ©ation dâemplois par la âJobkortingâ avantageuse rĂ©sidenaturellement dans son coĂ»t nettement plus Ă©levĂ©. Le coĂ»t net de cette mesure estdĂ©sormais de 1.959 millions dâEUR soit 136.911 EUR par emploi crĂ©Ă©. Ceci reprĂ©sen-te dâailleurs 235 millions dâEUR de moins que lorsque nous calculons le coĂ»t sans leseffets comportementaux (2.194 millions dâEUR). Il y a donc rĂ©ellement un effetretour budgĂ©taire plus important de cette mesure (onĂ©reuse), mais il est cependantnettement plus rĂ©duit quâon ne le croit gĂ©nĂ©ralement (10,7% du prix coĂ»tant initial).
Les tableaux 10 et 11 fournissent Ă©galement les rĂ©sultats pour la seconde variante : laâJobkortingâ gĂ©nĂ©reuse mais sĂ©lective. La sĂ©lectivitĂ© rĂ©duit la crĂ©ation dâemplois Ă 5.093 FTE et introduit de nouveau en outre un effet plus net Ă la marge intensive pourles trois groupes. Au moins une partie des travailleurs Ă temps plein qui entrent enligne de compte pour la âJobkortingâ gĂ©nĂ©reuse en travaillant moins (et donc en gag-nant moins) semble vouloir travailler moins. SimultanĂ©ment, le potentiel activant dece dispositif reste modeste et le prix coĂ»tant Ă©levĂ© (1.073 millions dâEUR ou 210.769EUR par emploi). Bref : rendre la âJobkortingâ gĂ©nĂ©reuse, mais sĂ©lective, ne semblepas ĂȘtre une solution contre lâinefficacitĂ© constatĂ©e ci-dessus de la âJobkortingâ.
599
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 599
TABLEAU 9 : CHANGEMENT DANS LES PROBABILITES POUR LES CINQ SITUATIONS DâOFFRE DETRAVAIL A LA SUITE DâUNE âJOBKORTINGâ GENEREUSE, NON SELECTIVE
600
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
,Sans
âJobkortingâAvec âJobkortingâ
Homme en couple Inactivité Temps
partiel limité
Mi-temps Temps plein
Heures supplém.
Total
Inactivité 95,92 0,03 0,76 2,80 0,48 100
Temps partiellimité
0,15 96,62 0,54 1,74 0,96 100
Mi-temps 0 0 99,07 0,70 0,23 100
Temps plein 0,04 0,01 0,26 99,27 0,42 100
Heures supplém. 0,06 0 0,13 1,64 98,17 100
Femme en couple Inactivité Temps
partiel limité
Mi-temps Temps plein
Heures supplém.
Total
Inactivité 94,81 0,05 1,28 3,03 0,83 100
Temps partiellimité
0,26 94,33 1,49 3,30 0,62 100
Mi-temps 0,02 0 98,03 1,42 0,53 100
Temps plein 0 0 0 99,81 0,19 100
Heures supplém. 0 0 0 0 100 100
Femme isoléeInactivité Temps
partiel limité
Mi-temps Temps plein
Heures supplém.
Total
Inactivité 96,14 0,21 1,22 1,93 0,51 100
Temps partiellimité
0 97,52 0,85 1,12 0,52 100
Mi-temps 0 0 99,66 0,26 0,08 100
Temps plein 0 0 0 99,98 0,02 100
Heures supplém. 0 0 0 0 100 100
Les pourcentages sont calculés en tant que proportions de chaque groupe horaire discret.Source : calculs propres.
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 600
601
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
Sans âJobkortingâ
Avec âJobkortingâ
Homme en couple Inactivité Temps
partiel limité
Mi-temps Temps plein
Heures supplém.
Total
Inactivité 97,63 0 0,63 1,38 0,35 100
Temps partiellimité
0,67 98,42 0,07 0,77 0,08 100
Mi-temps 0 0 99,51 0,30 0,19 100
Temps plein 0,05 0,01 0,64 98,96 0,34 100
Heures supplém. 0,04 0,01 0,57 1,84 97,54 100
Femme en couple Inactivité Temps
partiel limité
Mi-temps Temps plein
Heures supplém.
Total
Inactivité 95,75 0,08 1,57 2,19 0,41 100
Temps partiellimité
0,21 96,62 1,35 1,63 0,19 100
Mi-temps 0,07 0,03 98,94 0,84 0,12 100
Temps plein 0,07 0,13 1,04 98,66 0,10 100
Heures supplém. 0,15 0,12 1,10 0,74 97,88 100
Femme isoléeInactivité Temps
partiel limité
Mi-temps Temps plein
Heures supplém.
Total
Inactivité 97,51 0,21 1,23 0,94 0,11 100
Temps partiellimité
0 98,09 0,81 0,85 0,25 100
Mi-temps 0 0,05 99,74 0,18 0,03 100
Temps plein 0 0,12 1,26 98,61 0 100
Heures supplém. 0 0,09 2,39 0,09 97,44 100
Les pourcentages sont calculés sous la forme de proportions de chaque groupe horaire discret.Source : calculs propres.
TABLEAU 10 : CHANGEMENT DANS LES PROBABILITES POUR LES CINQ SITUATIONS DâOFFRE DETRAVAIL A LA SUITE DâUNE âJOBORTINGâ GENEREUSE SELECTIVE
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 601
TABLEAU 11 : TOTAL DU NOMBRE ANNUEL DâOFFRES ATTENDUES DE TRAVAIL POUR LES DIFFE-RENTS TYPES DE âJOBKORTINGâ
6. CONCLUSION
La suppression de la âJobkortingâ encore existante par le Gouvernement flamand endĂ©cembre 2010 a donnĂ© matiĂšre aux critiques, qui insistaient surtout sur le fait quecette augmentation fiscale allait Ă nouveau rendre le travail moins attractif.
Dans cet article, nous avons dĂ©montrĂ© que cet argument, mĂȘme sâil est juste dupoint de vue qualitatif, ne peut pas vraiment ĂȘtre Ă©tayĂ© de façon empirique dans lecontexte dĂ©crit. La âJobkortingâ existante Ă©tait trop peu Ă©levĂ©e pour pouvoir ĂȘtredĂ©crite comme une mesure efficace dâactivation. Cela signifie que nous ne devonspas nous attendre Ă une augmentation substantielle de lâoffre de travail Ă la suite decette mesure. Notre analyse a dĂ©montrĂ© que lâaccroissement espĂ©rĂ© de lâoffre de tra-vail ne comportait quâĂ peine 1.673 FTE. Lâintroduction de cette âJobkortingâ amĂȘme menĂ© dans un certain nombre de cas Ă un effet inverse : lâaugmentation derevenus a encouragĂ© les gens Ă travailler moins. CâĂ©tait tout particuliĂšrement le caschez les hommes en couple et chez les femmes isolĂ©es qui travaillent Ă temps pleinou effectuent des heures supplĂ©mentaires avant lâintroduction de la âJobkortingâ. LaconsĂ©quence en est quâavec la âJobkortingâ existante, il nâest quasiment pasquestion dâeffets retours budgĂ©taires.
602
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
CouplesFemme isolée Total
Homme Femme
âJobkortingâ 2009
FTE sans JK 624.298 420.451 144.951 1.189.700
Changement des FTE -137 +1.403 +407 +1.673
CoĂ»t total 342 millions dâEUR
Coût par nouveau FTE 204.561 EUR
âJobkortingâ gĂ©nĂ©reuse pour chacun
Changement des FTE +879 +10.283 +3.159 +14.321
Changement des FTE selon le niveau horaire
Inactivité +1.414 +7.151 +2.814 +11.379
Temps partiel limité +202 +2.044 +299 +2.545
Mi-temps +40 +955 +41 +10.36
Temps plein -188 +133 +5 -50
Heures supplém. -589 0 0 -589
CoĂ»t total 1.959 millions dâEUR
Coût par nouveau FTE 136.911 EUR
âJobkortingâ gĂ©nĂ©reuse mais sĂ©lective
Changement des FTE -1.062 +5.045 +1.111 +5.093
Changement des FTE selon le niveau horaire
Inactivité +805 +5.438 +1.596 +7.839
Temps partiel limité +31 +1.021 +208 +1.260
Mi-temps +23 +388 +21 +432
Temps plein -1.012 -1.486 -575 -3.073
Heures supplém. -909 -316 -139 -1.364
CoĂ»t total 1.073 millions dâEUR
Coût par nouveau FTE 210.769 EUR
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 602
603
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
Nous avons Ă©galement utilisĂ© notre modĂšle comportemental pour vĂ©rifier siune âJobkortingâ nettement plus Ă©levĂ©e Ă©tait susceptible dâactiver un plusgrand nombre de personnes. La rĂ©ponse en est positive, mais dans cette hypo-thĂšse, le coĂ»t budgĂ©taire est trĂšs important. Il doit sĂ»rement ĂȘtre possible depenser Ă des mesures plus efficaces pour inciter les personnes Ă entrer sur lemarchĂ© de lâemploi.
Cette Ă©valuation ex ante de la âJobkortingâ flamande sâest effectuĂ©e Ă lâaide dumodĂšle de microsimulation MEFISTO et constitue de ce fait un bon exempledes possibilitĂ©s offertes par ce modĂšle. Ce modĂšle est encore en voie de dĂ©ve-loppement et cette analyse doit dĂšs lors ĂȘtre interprĂ©tĂ©e avec prudence. LemodĂšle comportemental greffĂ© sur les donnĂ©es de lâUE-SILC est incontestable-ment susceptible dâĂȘtre amĂ©liorĂ© et perfectionnĂ©. Lâune des premiĂšres exten-sions qui sont en attente dâaccomplissement est lâintĂ©gration de diffĂ©rentesopportunitĂ©s sur le marchĂ© de lâemploi et dâune meilleure modĂ©lisation descoĂ»ts fixes tels que la garde des enfants. Par ailleurs, notre modĂšle comporte-mental reste un modĂšle partiel qui se limite Ă la modĂ©lisation de lâoffre de tra-vail du marchĂ© de lâemploi. Câest pourquoi dans le projet FLEMOSI, nous nousefforçons de lier Ă©galement le modĂšle de microsimulation Ă un modĂšle dâĂ©qui-libre gĂ©nĂ©ral qui prend Ă©galement en compte les effets des changements desvariables importantes. Bien que nous nous doutions dĂ©jĂ que, pour les mĂȘmesraisons que celles que nous avons mentionnĂ©es dans cette analyse partielle,pour ce qui concerne cet exemple de la âJobkortingâ, le cadre dâĂ©quilibregĂ©nĂ©ral nâentraĂźnera pas des conclusions drastiquement diffĂ©rentes.
(Traduction)
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 603
604
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
7. BIBLIOGRAPHIE
Atkinson, A. B. et Marlier, E., Income and living conditions in Europe (Conditionsde revenus et de vie en Europe), Eurostat Statistical Books, 2010.
Bassiliere, D., Bossier, F., Bracke, I., Lebrun, I., Masure, L. et Stockman, P., Sociale-zekerheidsbijdrageverminderingen en alternatieve financiering van de socialezekerheid: simulaties van beleidsvarianten (Diminutions des cotisations de sécu-rité sociale et financement alternatif de la sécurité sociale : simulations de variantespolitiques), Bureau fédéral du Plan, Planning paper 97, 2005.
Belastingportaal Vlaanderen, (Portail fiscal pour la Flandre) http://belastingen.vlaan-deren.be/nlapps/docs/default.asp?fid=137, (consulté le 11/01/2011).
Decoster, A., De Swerdt, K., MarĂ©chal, C., Orsini, K., Perelman, S., Rombaut, K.,Van Camp G. et Verbist, G., MIMOSIS: A Belgian Microsimulation Model for SocialSecurity and Personal Income Taxes (MIMOSIS : Un modĂšle belge de microsimula-tion pour la sĂ©curitĂ© sociale et lâimpĂŽt sur les revenus des personnes physiques),2007.
Decoster, A., De Swerdt, K. et Van Camp G., Effective average and marginal taxrates in the Belgian tax benefit system (Taux fiscaux moyens et marginaux effectifsdans le systĂšme belge des taxes sur le revenu), Rapport final (Partie 1) du projetâBelasting op arbeid en mogelijke arbeidsaanbodreactiesâ (ImpĂŽts sur le travail etrĂ©actions aux offres dâemploi), Ă©tude financĂ©e par le SPF SĂ©curitĂ© Sociale Louvain,KULouvain CES, 2010a.
Decoster, A., De Swerdt, K. et Van Camp G., Modelling labour supply and policyreform in the Belgian tax benefit model MIMOSIS (ModĂ©lisation de lâoffre de travailet de la rĂ©forme politique du systĂšme de lâimpĂŽt des personnes physiques), Rapportfinal (Partie 2) du projet âBelasting op arbeid en mogelijke arbeidsaanbodreactiesâ(ImpĂŽts sur le travail et rĂ©actions aux offres dâemploi), Ă©tude financĂ©e par le SPFSĂ©curitĂ© Sociale, KULouvain CES, 2010b.
Decoster, A., De Swerdt, K. et Orsini, K., A Belgian flat income tax : effects on labour sup-ply and income distribution (Une taxe forfaitaire, effets sur lâoffre de travail et sur la distri-bution des revenus), Review of Business and Economics, vol. 55, n° 1, pp 23-54, 2010.
Mc Fadden, D., Conditionnal logist of qualificative choice behavior, Frontiers in Eco-nometrics, ch. 4, 1974en, D., Conditionnal logist of qualificative choice behavior,Frontiers in Econometrics, ch. 4, 1974.
Strickland, P., Working Families Tax Credit and Family Credit (CrĂ©dit dâimpĂŽtspour les familles des travailleurs et crĂ©dit familial), Research paper 98/46, SocialPolicy Section, House of Commons Library, 1998.
Vanleenhove, P., In-work tax credits in Belgium : an analysis of the Jobkortingusing a discrete labour supply model (CrĂ©dits dâimpĂŽts pour les travailleurs en Bel-
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 604
605
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
gique : une analyse de la âJobkortingâ utilisant un modĂšle discret dâoffre de tra-vail), CES Discussion Paper 11.22, K.U. Louvain, 2011.
Van Soet, A., Structural models of family labor supply: A Discrete choiceapproach, The journal of Human Ressources 30 (1), 63-88, 1995.
____________
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 605
606
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
9000
11000
13000
15000
17000
19000
21000
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40
Nombre dâheures ouvrĂ©es par semaine
reve
nu a
nnue
l dis
poni
ble
âjobkortingâ 2010
âjobkortingâ 2009
pas de âjobkortingâ
ANNEXE
La figure 4 prĂ©sente lâeffet sur les âJobkortingenâ 2009 et 2010 sur les margesbudgĂ©taires simulĂ©es au moyen du modĂšle de microsimulation MIMOSIS. Il sâa-git dâun modĂšle de microsimulation pour la sĂ©curitĂ© sociale et lâimpĂŽt despersonnes physiques en Belgique, dĂ©veloppĂ© sur ordre du SPF SĂ©curitĂ© SocialeLe modĂšle est basĂ© sur des donnĂ©es administratives et comprend plus de300.000 individus dans environ 100.000 mĂ©nages. Le caractĂšre administratifdes donnĂ©es permet de mettre en oeuvre la rĂ©glementation de maniĂšre nette-ment plus dĂ©taillĂ©e. Les donnĂ©es sous-jacentes se rapportent Ă 2001 et la lĂ©gis-lation a Ă©tĂ© programmĂ©e dans MIMOSIS pour les annĂ©es 2001 Ă 2010. Pour lesannĂ©es aprĂšs 2001, les donnĂ©es de lâensemble ont Ă©tĂ© adaptĂ©es sur la base delâĂ©volution de lâindice des prix Ă la consommation.
FIGURE 4 : IMPACT DES âJOBKORTINGENâ 2009 ET 2010 SUR LES CONTRAINTES BUDGE-TAIRES DANS LE MMS MIMOSIS
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 606
TABLE DES MATIERES
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
1. INTRODUCTION 579
2. LA âJOBKORTINGâ 582
3. IMPACT DE LA âJOBKORTING » 584
4. LE MODELE DâOFFRE DE TRAVAIL 588
4.1. IMPACT DE LA âJOBKORTINGâ SUR LES MARGES BUDGETAIRES . . . . . . . 5884.2. PREFERENCES INDIVIDUELLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5914.3. ELASTICITE DE LâOFFRE DE TRAVAIL . . . . . . . . . . . . . . . . . 594
5. REACTIONS COMPORTEMENTALES LIEES A LA âJOBKORTINGâ 596
5.1. LA âJOBKORTINGâ 2009. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5965.2. VARIATIONS SUR LA âJOBKORTINGâ DE 2009 . . . . . . . . . . . . . 598
6. CONCLUSION 602
7. BIBLIOGRAPHIE 604
ANNEXE 606
607
UNE EVALUATION EX ANTE DE LA âJOBKORTINGâ FLAMANDE
DECOSTER-FR.qxp 22-11-2012 15:02 Page 607
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
PAR NICOLAS BOUCKAERT (1) et ERIK SCHOKKAERT (2)
1. INTRODUCTION
Virtuellement tous les pays dĂ©veloppĂ©s et plusieurs pays en voie de dĂ©veloppementont mis en ouvre une vaste gamme de programmes sociaux. Les spĂ©cificitĂ©s et lâĂ©vo-lution de ces politiques sociales divergent dâun pays Ă lâautre, mais tous les systĂšmespartagent grosso modo les mĂȘmes mĂ©canismes de transfert de base, fĂ»t-ce avec desdiffĂ©rences dâorientation (Esping-Andersen, 1990). Un premier type de transfertssociaux et de dĂ©penses sociales nâont aucune relation avec des cotisations antĂ©-rieures ou des revenus actuels et trouvent leur origine dans le principe des droitsuniversels de citoyennetĂ©. Les dĂ©penses gouvernementales en matiĂšre dâĂ©ducationet de soins de santĂ© peuvent ĂȘtre classĂ©es sous cette rubrique. Un deuxiĂšme mĂ©ca-nisme de transfert lie les allocations Ă des revenus du passĂ© ou Ă des cotisations ; lâal-location de chĂŽmage et les pensions en sont autant dâexemples. LâidĂ©e de base estdâassurer les individus contre des risques et de leur permettre de maintenir (en par-tie) le niveau de vie auquel ils sont habituĂ©s. Ces deux types de programmes detransferts sont universels. Ils sont extrĂȘmement importants dans la lutte contre lapauvretĂ©, parce quâils maintiennent un grand nombre de personnes au-dessus duseuil de pauvretĂ©, mĂȘme sâils ne sâadressent pas spĂ©cifiquement aux pauvres. Toute-fois, un certain nombre dâindividus nâayant quâune faible capacitĂ© de gain et issusdâun milieu social dĂ©savantagĂ© ne sont pas suffisamment protĂ©gĂ©s par ces pro-grammes universels. Câest pourquoi les Etats-providence mettent Ă©galement enouvre une troisiĂšme sorte de mĂ©canisme de transfert, qualifiĂ©e de filet de sĂ©curitĂ©.Des schĂ©mas de revenus garantis basĂ©s sur un examen des moyens de subsistanceen sont des exemples typiques (3).
(1) Candidat FWO (Fonds dâĂ©tudes scientifiques) au Centre dâĂ©tudes Ă©conomiques, UniversitĂ© catho-lique de Leuven.(2) Professeur ordinaire au Centre dâĂ©tudes Ă©conomiques, UniversitĂ© catholique de Leuven.(3) âExamen des moyens de subsistanceâ signifie que lâune des conditions dâĂ©ligibilitĂ© est que lesmoyens de subsistance de lâindividu ou du mĂ©nage, tels que calculĂ©s par une formule administrative,soient infĂ©rieurs Ă un seuil ajustĂ© aux besoins.
609
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:10 Page 609
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Les programmes sociaux reprĂ©sentent une partie importante de tout modĂšle demicrosimulation qui vise Ă analyser et Ă Ă©valuer les politiques de lutte contre la pau-vretĂ© liĂ©e aux revenus, de distribution et de redistribution des revenus. Dans cetarticle, nous nous focalisons sur cette troisiĂšme catĂ©gorie de programmes sociaux etplus spĂ©cifiquement sur le revenu dâintĂ©gration sociale, le programme belge derevenus garantis pour les personnes ĂągĂ©es de 18 Ă 65 ans.
La politique de soulagement de la pauvretĂ© est une compĂ©tence partagĂ©e entre lesentitĂ©s fĂ©dĂ©rales, rĂ©gionales et locales. Le gouvernement flamand est par exempleresponsable des subsides au logement, au logement social, aux bourses dâĂ©tudes,etc., tandis que le gouvernement fĂ©dĂ©ral est chargĂ© de lâaide au revenu et Ă lâendet-tement. Lâallocation belge de garantie de revenu relĂšve de cette derniĂšre catĂ©gorie.NĂ©anmoins, tout modĂšle rĂ©gional de microsimulation qui vise Ă comprendre et Ă localiser la pauvretĂ© rĂ©gionale devra nĂ©cessairement modĂ©liser Ă©galement les poli-tiques fĂ©dĂ©rales importantes de lutte contre la pauvretĂ©. Bien que le niveau rĂ©gionalpuisse ne pas ĂȘtre en mesure de contrĂŽler ces rĂšgles fĂ©dĂ©rales, il peut toujours crĂ©erou ajuster ses propres projets de soulagement de la pauvretĂ© en adoptant les pro-grammes de soutien aux revenus existants. Ainsi, pour ĂȘtre fiable, chaque futurmodĂšle flamand de microsimulation devrait assimiler le revenu dâintĂ©gration socialeau titre de paramĂštre politique.
MEFISTO est un modĂšle de microsimulation nouvellement dĂ©veloppĂ© pour laFlandre. La version actuelle de MEFISTO est capable dâĂ©valuer le revenu dâintĂ©gra-tion sociale, son effet sur la pauvretĂ© financiĂšre et sur la redistribution au sein de lasociĂ©tĂ©. Par ailleurs, MEFISTO permet de simuler des modifications aux rĂšgles dâĂ©li-gibilitĂ©, Ă la somme de lâallocation ou Ă une combinaison des deux, ce qui autoriselâanalyse dâune grande variĂ©tĂ© de changements politiques potentiels (4). LâimplĂ©-mentation actuelle du revenu dâintĂ©gration dans MEFISTO souffre toutefois de deuxdĂ©ficiences. En tout premier lieu, dans la rĂ©alitĂ©, une certaine latitude (5) estaccordĂ©e aux dĂ©partements locaux de services sociaux (âCPASâ) dans la procĂ©duredâoctroi. Le pouvoir discrĂ©tionnaire entraĂźne des rĂšgles qui diffĂšrent entre individusou dĂ©partements locaux de services sociaux. Les dĂ©cisions discrĂ©tionnaires ne peu-vent ĂȘtre reproduites correctement par un modĂšle de microsimulation, bien quecertains de leurs effets puissent ĂȘtre capturĂ©s par une analyse de sensibilitĂ©. Dans leprĂ©sent article, nous dĂ©veloppons deux interprĂ©tations plausibles de la loi rĂ©glemen-tant le revenu dâintĂ©gration en combinaison avec un lien quant Ă la sensibilitĂ©.En deuxiĂšme lieu, la plupart des modĂšles de microsimulation fonctionnent de lamaniĂšre suivante : toutes les personnes qui sont Ă©ligibles pour lâallocation sociale la
(4) Comme mentionnĂ© ci-dessus, ces changements politiques ne sont pas dĂ©cidĂ©s au niveau rĂ©gional,Ă©tant donnĂ© que lâaide au revenu est une compĂ©tence fĂ©dĂ©rale.(5) Les CPAS sont capables de prendre (partiellement) en compte ou dâignorer les revenus desparents ou des enfants lorsquâils dĂ©terminent si les revenus dâune personne sont suffisamment baspour octroyer le revenu dâintĂ©gration (SPP IntĂ©gration Sociale, 2002). Par ailleurs, Hermans (2005)observe des pratiques diffĂ©rentes entre CPAS quant au critĂšre de âdisposition Ă travaillerâ pour lerevenu dâintĂ©gration.
610
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:10 Page 610
perçoivent et vice versa, celles qui ne sont pas Ă©ligibles, nâen bĂ©nĂ©ficient pas. Desrecherches dans dâautres pays de lâOCDE suggĂšrent cependant que cette hypothĂšsenâest pas tenable et que les taux de non-recours Ă lâassistance sociale sont significatifs.
Lâobjectif principal de cet article est de fournir une estimation des taux de non-recours au revenu dâintĂ©gration sur la base des enquĂȘtes dâensemble disponiblespour lâannĂ©e 2005 (6). Notre analyse couvrira tout le territoire belge et non unique-ment la RĂ©gion flamande, ceci pour quatre raisons : le soutien au niveau des revenusest une compĂ©tence fĂ©dĂ©rale, nous ne disposons que dâun petit Ă©chantillon dedonnĂ©es qui complique toute sous-division rĂ©gionale, il est impossible dâopĂ©rer unedistinction entre Flamands et Wallons Ă Bruxelles et, plus important encore, lesrĂ©sultats pour lâensemble de la Belgique sont intĂ©ressants en soi. Nous rĂ©sumeronsau chapitre 2 certaines des preuves et montrerons que le non-recours est un phĂ©-nomĂšne social pertinent sur le plan empirique dans un grand nombre de pays. Sec-tion 3, nous expliquerons les principales caractĂ©ristiques du revenu dâintĂ©gration etdonnerons une idĂ©e de notre mĂ©thode dâĂ©valuation. Ensuite, nous commenteronsnos donnĂ©es (section 4) et nos rĂ©sultats (section 5). Au chapitre 6, nous analyseronsbriĂšvement les principaux dĂ©terminants du non-recours, que nous utiliserons lorsde futures recherches en vue de dĂ©velopper un modĂšle de comportement poussantĂ cette non-participation. La section 7 prĂ©sentera la conclusion.
2. LE DEFI DU NON-RECOURS POUR LES MODELES DE MICROSIMULATION
2.1. DEFINITION DES TAUX DE NON-RECOURSLa plupart des programmes de prestations en espĂšces conditionnĂ©s Ă un examendes revenus, Ă lâinstar du revenu dâintĂ©gration, exigent des individus quâils se prĂ©-sentent sur une base volontaire et rĂ©pondent Ă plusieurs critĂšres pour percevoir lâal-location (voir le chapitre 3 pour les conditions dâĂ©ligibilitĂ© du revenu dâintĂ©grationsociale). Les conditions dâĂ©ligibilitĂ© imposĂ©es peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme unebarriĂšre ou un filtre entre la population (nĂ©cessiteuse) et lâallocation sociale conçuepour garantir le niveau de vie. Ce filtre est Ă lâorigine de trois âerreursâ intercon-nectĂ©es (Kleven et Kopczuk, 2008) :ïżœ non-recours partiel (erreur de type Ia) : des individus incontestablement Ă©ligi-
bles ne sollicitent pas une allocation sociale ;ïżœ erreur de rejets (erreur de type Ib) : des individus incontestablement Ă©ligibles
demandent lâassistance sociale, mais Ă la suite dâerreurs dans la procĂ©dure de screening, lâallocation leur est refusĂ©e ;
ïżœ erreurs dâattribution (erreurs de type II) : des individus inĂ©ligibles demandent lâaide sociale mais Ă la suite dâerreurs dans la procĂ©dure de screening, leur demande est acceptĂ©e.
(6) A notre connaissance, il nâexiste pas dâanalyse de ce type, basĂ©e sur des donnĂ©es empiriquesdĂ©taillĂ©es pour les programmes belges de garantie des revenus.
611
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:10 Page 611
La combinaison des deux premiĂšres erreurs (type Ia et type Ib) est dĂ©finie comme letaux de non-recours dâun programme social. En dâautres termes, cela reprĂ©sente leratio entre le nombre dâindividus Ă©ligibles qui ne reçoivent pas lâallocation sociale etle nombre total dâayants droit.
Il est important de se rendre compte que les trois erreurs sont interrelatĂ©es.ConsidĂ©rez par exemple une augmentation du niveau des prestations du programmesocial. Dâune part, la hausse des allocations induira des individus Ă©ligibles Ă revendi-quer leur droit ce qui rĂ©duit le nombre dâerreurs de type Ia. Dâautre part, un plusgrand nombre dâindividus non Ă©ligibles seront Ă©galement tentĂ©s de faire la demande,multipliant ainsi le risque dâerreurs de type II. Des procĂ©dures de screening plusdĂ©taillĂ©es en sont un autre exemple. Des critĂšres additionnels permettront de mieuxdistinguer les individus Ă©ligibles de ceux qui ne le sont pas, rĂ©duisant tout Ă la foisles erreurs tant de type Ib que de type II. Toutefois, des conditions plus dĂ©taillĂ©esimpliquent Ă©galement un plus grand effort et un temps plus long pour complĂ©ter lademande, ce qui dĂ©couragera au moins quelques individus rĂ©ellement Ă©ligibles Ă entrer dans le processus dâadmission et augmentera de ce fait les erreurs de type Ia.
Ces interconnections impliquent un Ă©change entre les diffĂ©rents types dâerreur.TolĂ©rer lâaggravation dâun problĂšme est susceptible de rendre supportable un autreet vice versa. Les paramĂštres des programmes sociaux (il suffit de penser Ă la hau-teur de lâallocation, Ă la complexitĂ© des procĂ©dures, aux sanctions, etc.) peuventĂȘtre ajustĂ©s afin de pondĂ©rer les diffĂ©rents types dâerreurs et trouver un Ă©quilibreâsouhaitableâ entre elles (Kleven et Kopczuk, 2008). La dĂ©finition de lâĂ©quilibre âsou-haitableâ signifiera des choix Ă©thiques quant Ă lâimportance donnĂ©e aux diffĂ©rentstypes dâerreur.
2.2. LE NON-RECOURS : UN PHENOMENE SOCIAL MAJEURLa recherche cible particuliĂšrement le problĂšme du non-recours (erreurs de type I).Un passage en revue des preuves empiriques dans les pays de lâOCDE suggĂšre queles programmes dâaide sociale ciblĂ©e ne rĂ©ussissent pas Ă atteindre la totalitĂ© de lapopulation visĂ©e (Currie, 2004 ; Hernanz et al., 2004 ; Matsaganis et al., 2008). Ungrand nombre dâindividus Ă©ligibles et pauvres ne profitent pas des allocationssociales et ne sont pas retenus par les mailles du filet de sĂ©curitĂ©. Le tableau 1 col-lecte quelques preuves. La plupart des systĂšmes dâaide sociale sont confrontĂ©s Ă destaux de non-recours largement supĂ©rieurs Ă 40 %. MĂȘme les Ă©tudes qui utilisent desdonnĂ©es administratives, telles que Bargain et al. (2007), sont confrontĂ©es Ă ces tauxĂ©levĂ©s. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les pays anglo-saxons font un peu mieux. Ces pays recou-rent plus Ă des programmes sociaux avec examen des ressources et accordent uneplus grande attention aux effets secondaires de ces programmes. Au R-U, parexemple, les administrations compĂ©tentes Ă©valuent et font elles-mĂȘmes des rapportssur les taux de non-recours, ce qui nâest pas le cas dans la plupart des autres pays.
612
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:10 Page 612
TABLEAU 1 : RECHERCHE DU NON-RECOURS A LâAIDE SOCIALE
Les taux de non-recours dans les pays voisins peuvent Ă©ventuellement servir depoint de comparaison pour la Belgique. Sous ce rapport, nous observons que cestaux se situent entre 30 % et 50 % pour le R-U et la France et grimpent jusquâĂ 60 %ou plus pour les Pays-Bas et lâAllemagne.
2.3. LE DEFI DE LâEVALUATION POLITIQUEPour diverses raisons, les responsables politiques et par extension les concepteursde modĂšles de microsimulation, se prĂ©occupent du comportement de non-recoursautant que du gaspillage des ressources publiques vers des personnes non Ă©ligibles(Fuchs, 2007 ; Kayser et Frick, 2001). Primo, les taux de non-recours peuventconstituer des indicateurs de lâĂ©tendue de lâĂ©conomie grise : soit parce que les indi-vidus actifs dans lâĂ©conomie au noir ne souhaitent pas se mettre en avant et rĂ©cla-mer leurs droits soit parce que les individus qui sont insuffisamment au fait du pro-gramme social peuvent ĂȘtre poussĂ©s vers des activitĂ©s de travail illĂ©gal. Plus impor-tant encore, un taux Ă©levĂ© de non-recours aux allocations sociales est susceptible desaper lâefficacitĂ© redistributive du programme social et jette des doutes sur sa fonc-
613
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:10 Page 613
tion en tant que filet de sĂ©curitĂ©. Les distributions de revenus et les mesures de pau-vretĂ© Ă©valuĂ©es par des modĂšles de microsimulation qui ne sont pas corrigĂ©s quantau taux rĂ©el de non-recours sont trop optimistes et ne sâalignent pas sur la rĂ©alitĂ©.De plus, si le non-recours nâest pas entiĂšrement volontaire, la non-participation decertains individus mĂšne Ă des iniquitĂ©s fondamentales parmi les ayants droit ensituation Ă©conomique similaire. Les iniquitĂ©s sont encore plus manifestes si nousconsidĂ©rons la non-participation par des individus Ă©ligibles et la participation debĂ©nĂ©ficiaires illĂ©gitimes. Finalement, un non-recours partiel mĂšne Ă des inexacti-tudes lorsque lâon anticipe les rĂ©sultats sociaux et que lâon estime le coĂ»t dĂ©finitifdâune rĂ©forme politique. Etant donnĂ© lâampleur du comportement dâabandon (voirtableau 1), il est essentiel dâintĂ©grer le comportement de non-recours dans lesmodĂšles (de microsimulation) Ă©conomiques pour obtenir une vue de la vĂ©ritable dis-tribution des revenus et de lâincidence de la pauvretĂ© dans la sociĂ©tĂ©.
3. LâALLOCATION BELGE DE GARANTIE DE REVENU : LE REVENU DâINTEGRATIONSOCIALE
3.1. PROTECTION MINIMALE DES REVENUS EN BELGIQUEConformĂ©ment Ă lâart. 23 de la Constitution belge, tout Belge a le droit de vivreconformĂ©ment Ă la dignitĂ© humaine, y compris, entre autres, le droit Ă la sĂ©curitĂ©sociale, A cette fin, la Belgique a dĂ©veloppĂ© un systĂšme social comportant plusieursallocations basĂ©es sur un examen des moyens de subsistance. Deux schĂ©mas degarantie des revenus remontent au dĂ©but des annĂ©es â70 et ont Ă©tĂ© rĂ©visĂ©s au dĂ©butdu nouveau millĂ©naire : lâun pour les adultes ĂągĂ©s de 18 Ă 65 ans (le revenu dâintĂ©-gration sociale), et un autre pour les personnes ĂągĂ©es de 65 ans ou plus [la âgarantiede revenus aux personnes ĂągĂ©esâ (GRAPA)]. Par ailleurs, ces programmes partagentquelques similaritĂ©s dans leur conception (Groenez et Nicaise, 2002). Ces deuxfilets de sĂ©curitĂ© ont Ă©tĂ© complĂ©tĂ©s par des programmes dâaide aux revenus ciblantspĂ©cifiquement les personnes handicapĂ©es. A la fin des annĂ©es quatre-vingt, les pro-grammes dâaide aux revenus pour les personnes handicapĂ©es furent rĂ©visĂ©s en leurforme actuelle : deux droits pour adultes handicapĂ©s ĂągĂ©s de 21 Ă 65 ans [lâalloca-tion de remplacement de revenu (ARR) et lâallocation dâintĂ©gration (AI)] ainsiquâune allocation pour personnes handicapĂ©es ĂągĂ©es de 65 ans ou plus [(lâallocationdâaide aux personnes ĂągĂ©es) (APA)].
Dans cet article, nous restreignons notre analyse au revenu dâintĂ©gration sociale (7).Cette allocation sociale poursuit deux objectifs principaux. Elle vise Ă garantir une
(7) Le revenu dâintĂ©gration sociale peut ĂȘtre distinguĂ© de la GRAPA et de lâAPA par le critĂšre de lâĂąge.Elle ne peut pas ĂȘtre totalement sĂ©parĂ©e des programmes ARR et AI. Les personnes handicapĂ©es peu-vent en principe demander les trois allocations, Ă©tant donnĂ© que les catĂ©gories de besoins et lâexa-men des moyens de subsistance ne se chevauchent pas parfaitement et que lâĂ©ligibilitĂ© pour tous cesavantages nâest pas exclue. Toutefois, le cumul des deux allocations pour handicapĂ©s excĂšde gĂ©nĂ©ra-lement le niveau de bĂ©nĂ©fice du revenu dâintĂ©gration, rendant de ce fait les personnes handicapĂ©esinĂ©ligibles pour ce dernier. Câest pourquoi nous exclurons du groupe des ayants droit tous les indivi-dus qui renoncent au revenu dâintĂ©gration et qui peuvent raisonnablement ĂȘtre identifiĂ©s commehandicapĂ©s. Il peut sâensuivre une sous-estimation du taux rĂ©el du comportement de non-recoursdans le programme du revenu dâintĂ©gration.
614
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:10 Page 614
vie digne Ă chacun grĂące Ă un niveau de revenu minimum garanti. Lâaide financiĂšreliĂ©e au revenu dâintĂ©gration a Ă©galement pour but dâintĂ©grer les bĂ©nĂ©ficiaires dans lasociĂ©tĂ© p. ex. par une participation au marchĂ© de travail.
3.2. PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DU REVENU DâINTEGRATIONLe revenu dâintĂ©gration est un systĂšme de prestation en espĂšces, accordĂ© aprĂšs unexamen des moyens de subsistance qui a pour but de servir dâultime recours.Chaque individu qui en fait la demande devra dâabord faire valoir ses droits Ă dâautres allocations, comme les allocations de chĂŽmage, les allocations pour per-sonnes handicapĂ©es, etc. Ensuite, il peut de sa propre initiative revendiquer sondroit au revenu dâintĂ©gration au CPAS, qui lui accordera une certaine somme parmois (8) sâil satisfait aux critĂšres dâĂ©ligibilitĂ© (Van der Straete, 2009). Le gouverne-ment fĂ©dĂ©ral a fixĂ© cinq rĂšgles dâĂ©ligibilitĂ© :ïżœ Exigence de nationalitĂ© : le revenu dâintĂ©gration sociale est ouvert Ă tous les
Belges, citoyens de lâUE, Ă©trangers enregistrĂ©s et rĂ©fugiĂ©s reconnus (SPP IntĂ©gra-tion sociale, 2002).
ïżœ CritĂšre dâĂąge : ĂȘtre ĂągĂ© de 18 ans ou plus pour ĂȘtre Ă©ligible pour le revenu dâintĂ©-gration. A partir de 65 ans, on est Ă©ligible pour la GRAPA et de facto, on ne lâest plus pour le revenu dâintĂ©gration sociale. (9)
ïżœ Lieu de rĂ©sidence : pour ĂȘtre Ă©ligible une personne doit avoir son domicile lĂ©gal sur le territoire belge.
ïżœ VolontĂ© de travailler : lâindividu doit ĂȘtre disposĂ© Ă travailler, Ă moins que sa situation ne le lui permette pas, p. ex. Ă la suite dâun mauvais Ă©tat de santĂ©.
ïżœ Moyens de subsistance insuffisants : le critĂšre le plus important est lâabsence dâun revenu suffisant. Le revenu individuel est mesurĂ© par une formule adminis-trative (10) et comparĂ© Ă un seuil ajustĂ© aux besoins (ce qui est qualifiĂ© dâexa-men des ressources). Si les moyens de la personne tombent en dessous de ce seuil, on lui accorde la diffĂ©rence entre le seuil et ses moyens, augmentĂ©e dâune faible somme forfaitaire. Le revenu dâintĂ©gration opĂšre une distinction entre trois catĂ©gories de besoins (voir tableau 2) : cohabitants ; isolĂ©s ; individus vivant avec au moins une personne dĂ©pendante.
Le tableau 2 prĂ©sente un aperçu des seuils ajustĂ©s aux besoins depuis 2002. EtantdonnĂ© que les donnĂ©es utilisĂ©es pour notre analyse du non-recours datent de 2005,le niveau de lâallocation en 2005 est pris comme rĂ©fĂ©rence et est indiquĂ© en gras.Entre 2002 et 2010, il y a eu un accroissement nominal moyen annuel du revenudâintĂ©gration de 3 %. Cette croissance nominale correspondait au taux dâinflationentre 2002 et 2005 et donnait lieu Ă un accroissement rĂ©el moyen annuel de 1,4 %entre 2005 et 2010.
(8) La somme en espĂšces est payĂ©e par le CPAS mais est remboursĂ©e par le gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă raison de 50%, voire de65% en fonction du nombre de bĂ©nĂ©ficiaires du revenu dâintĂ©gration que compte la commune.(9) Il y a eu une augmentation graduelle de la limite dâĂąge pour la GRAPA. Elle avait Ă©tĂ© fixĂ©e Ă 63 ans en 2003, Ă 64 ans en2006 et Ă 65 ans Ă partir de 2009.(10) Toutefois, les CPAS ont obtenu un pouvoir discrĂ©tionnaire dans lâapplication de lâexamen des ressources.
615
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:10 Page 615
3.3. METHODE DâEVALUATIONUn modĂšle de microsimulation peut facilement ĂȘtre utilisĂ© pour Ă©valuer le compor-tement de non-recours dans un ensemble de donnĂ©es si toutes les informationsindispensables pour une apprĂ©ciation de la vie rĂ©elle sont prĂ©sentes dans cetensemble. AprĂšs que les conditions dâĂ©ligibilitĂ© ont Ă©tĂ© traduites en expressions for-melles, le modĂšle de microsimulation Ă©value lâĂ©ligibilitĂ© en appliquant les rĂšgles for-melles aux donnĂ©es injectĂ©es. En combinant le statut dâĂ©ligibilitĂ© avec les informa-tions sur la perception rĂ©elle du revenu dâintĂ©gration, il est alors possible dâĂ©valuerles taux de non-recours et les erreurs de type II (voir figure 1).
TABLEAU 2 : APERCU DES SEUILS AJUSTES SELON LES BESOINS DEPUIS 2002
La fiabilitĂ© du rĂ©sultat dĂ©pend donc de façon critique de la possibilitĂ© de rĂ©dactiondes rĂšgles formelles dâĂ©ligibilitĂ©, qui peuvent ĂȘtre minĂ©es par toute forme de pou-voir discrĂ©tionnaire, ainsi que de la disponibilitĂ© et la qualitĂ© des donnĂ©es, qui fontlâobjet du chapitre suivant.
616
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
nominaux au 01/08/2005
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:10 Page 616
4. LâENSEMBLE DES DONNEES
4.1. LâECHANTILLON DE DONNEES UE-SILCLes donnĂ©es Ă notre disposition proviennent de lâEuropean Union Statistics on Inco-me and Living Conditions (UE-SILC). Ces donnĂ©es dâensemble (11) visent Ă collec-ter rĂ©guliĂšrement des microdonnĂ©es comparables sur la pauvretĂ© liĂ©e aux revenus etlâexclusion sociale. Nous recourons Ă la version cross-sectionnelle de 2006 compor-tant des informations sur les individus et les mĂ©nages de 2005. LâĂ©chantillon se com-pose de 14.329 individus (dont 11.314 sont interviewĂ©s) dans 5.860 mĂ©nages diffĂ©-rents. LâĂ©chantillon est construit de maniĂšre Ă ĂȘtre reprĂ©sentatif de la populationvivant sur le territoire belge.
4.2. DEFICIENCES DES DONNEESOn rencontre trois problĂšmes principaux avec les donnĂ©es, ce qui indique que nosrĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prudence.Le premier problĂšme est liĂ© au petit nombre de bĂ©nĂ©ficiaires du revenu dâintĂ©gra-tion dans lâĂ©chantillon de lâĂ©tude dâensemble. LâĂ©chantillon consiste en 11.314 indi-vidus interviewĂ©s parmi lesquels seulement 95 personnes dĂ©clarent avoir touchĂ© lerevenu dâintĂ©gration sociale pendant au moins 1 mois en 2005 (12). Lâutilisationdâun nombre aussi limitĂ© dâobservations est susceptible de mener potentiellement Ă des rĂ©sultats non fiables, davantage encore si nous entrons plus dans le dĂ©tail et quenous nous penchons sur le problĂšme des sexes, les structures rĂ©gionales, les diffĂ©-rences de nationalitĂ©, etc.
(11) Certains chercheurs font valoir que lâutilisation de donnĂ©es dâĂ©tudes dâensemble mĂšne Ă unesurestimation des taux de non-recours. Une solution alternative consiste Ă recourir aux sources dedonnĂ©es administratives. Celles-ci sont toutefois difficiles Ă obtenir, soit parce quâelles nâexistent pas,soit pour des questions de respect de la vie privĂ©e. De plus, elles ne disposent souvent que dâinfor-mations dĂ©taillĂ©es sur les demandeurs, puisquâil sâagit des individus examinĂ©s en dĂ©tail par lâadminis-tration, et manquent dâinformations sur les non-demandeurs. Il peut en rĂ©sulter une sous-estimationdu comportement rĂ©el de non-revendication. La diffĂ©rence entre les deux approches peut sâobserverpar exemple en comparant les deux estimations de Blank (1997) au tableau 1.(12) Ces 95 observations dans lâĂ©chantillon reprĂ©sentent 65.804 individus de la population belge. AudĂ©part des sources administratives, nous savons quâen 2005, il y avait en moyenne 75.000 bĂ©nĂ©fi-ciaires par mois (Oases, 2010).
617
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:10 Page 617
FIGURE 1 : METHODE DâEVALUATION DU COMPORTEMENT DE NON-RECOURS
En deuxiĂšme lieu, la reprĂ©sentativitĂ© de nos informations sur le revenu dâintĂ©grationest imparfaite. Nous avons comparĂ© les caractĂ©ristiques de notre Ă©chantillon de 95personnes avec les caractĂ©ristiques de la population de bĂ©nĂ©ficiaires du revenudâintĂ©gration provenant de donnĂ©es administratives (Oases, 2010). Des tests statis-tiques (repris dans lâannexe 1) font apparaĂźtre des diffĂ©rences significatives quant Ă la rĂ©partition gĂ©ographique des bĂ©nĂ©ficiaires (figure 2a). En comparaison avec lesenregistrements administratifs, les allocataires bruxellois sont surreprĂ©sentĂ©s danslâUE-SILC tandis que les bĂ©nĂ©ficiaires flamands et wallons sont relativement sous-reprĂ©sentĂ©s. La figure 3a indique que le profil des Ăąges des ayants droit du revenudâintĂ©gration ne diverge que peu si nous considĂ©rons la population dans sa totalitĂ©(non significative sur le plan statistique). Les bĂ©nĂ©ficiaires jeunes sont proportion-nellement sous-reprĂ©sentĂ©s tandis que les allocataires ĂągĂ©s (50 ans ou plus) sont sur-reprĂ©sentĂ©s. Ces lĂ©gers Ă©carts sont en premier lieu le rĂ©sultat dâun profil divergentdes Ăąges en Flandre, oĂč les bĂ©nĂ©ficiaires plus ĂągĂ©s (50+) sont relativement surreprĂ©-sentĂ©s en comparaison avec leurs contreparties plus jeunes (figure 3b). Quant ausexe, la figure 4a indique que notre Ă©chantillon contient trop peu dâallocataires mas-culins. La diffĂ©rence est sensible, mais Ă un niveau de signification trĂšs bas. Commelâindique clairement la figure 4b, la variation dans le profil des sexes est principale-ment due Ă la sous-partie wallonne de notre Ă©chantillon. Enfin, le profil de la natio-nalitĂ© de notre Ă©chantillon correspond au profil de la population, tout Ă la fois dansson entiĂšretĂ© (figure 2b) et lors de sa rĂ©partition en fonction des rĂ©gions.
Le problĂšme final des donnĂ©es porte sur leur disponibilitĂ© et leur fiabilitĂ©. Commelâillustrent la figure 1 et le tableau 3, il est nĂ©cessaire de disposer de beaucoup dâin-formations sur les personnes et les mĂ©nages pour dĂ©terminer lâĂ©ligibilitĂ©. Toutes lesdonnĂ©es requises ne sont pas prĂ©sentes, comme par exemple la valeur estimable(ârevenu cadastralâ) dâune maison ou certaines des informations spĂ©cifiques sur lesrevenus qui sont utilisĂ©es dans le test des moyens. Par ailleurs, mĂȘme si les donnĂ©essont prĂ©sentes, elles ne sont pas toujours fiables. Dans lâensemble des donnĂ©es, il y
618
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:11 Page 618
a par exemple des individus qui revendiquent une incapacitĂ© de travail Ă la suitedâun accident de travail sans recevoir la moindre compensation ou dâautres qui indi-quent avoir travaillĂ© pendant plusieurs annĂ©es qui sont sans emploi sans toucherdâallocations de chĂŽmage. Il nâest guĂšre Ă©tonnant que ces personnes soient plus queproportionnellement issues du groupe Ă faibles revenus, câest-Ă -dire le groupeauquel nous nous intĂ©ressons dans notre Ă©tude.
TABLEAU 3 : DONNEES REQUISES CONTRE DISPONIBILITE DES DONNEES
619
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:12 Page 619
FIGURE 2 : COMPARAISON ECHANTILLON â POPULATION : REPARTITION REGIONALE (A) ETPROFIL DE NATIONALITE (B)
FIGURE 3 : COMPARAISON ECHANTILLON â POPULATION : PROFIL DES AGES (A) ET PROFIL DESAGES PAR REGION (B)
620
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:14 Page 620
FIGURE 4 : COMPARAISON ECHANTILLON â POPULATION : SEXE (A) ET SEXE PAR REGION (B)
621
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:17 Page 621
TABLEAU 4 : ELIGIBILITE ET COMPORTEMENT DE NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATIONSOCIALE (EN NOMBRE DâINDIVIDUS)
TABLEAU 5 : COMPORTEMENT DE NON-RECOURS PAR NIVEAU DE DROIT
TABLEAU 6 : ELIGIBILITE ET COMPORTEMENT DE NON-RECOURS DU REVENU DâINTEGRATION(EN EUR PAR MOIS)
622
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:18 Page 622
5. RESULTATS
Les rĂ©sultats sont rĂ©sumĂ©s aux tableaux 4 Ă 6. Le tableau 4 exprime le non-recoursen termes dâindividus, tandis que le tableau 6 estime le dĂ©sistement en termesmonĂ©taires. Le tableau 5 prĂ©cise le taux de non-recours Ă©valuĂ© dans le tableau 4 enopĂ©rant une distinction en fonction du niveau de lâavantage. Tous ces tableauxcontiennent trois colonnes : une rĂ©fĂ©rence et une marge autour de la rĂ©fĂ©rence. LarĂ©fĂ©rence est la meilleure estimation possible compte tenu des donnĂ©es de lâĂ©tudedâensemble disponibles. Les marges supĂ©rieures et infĂ©rieures (13) visent Ă flanquerles erreurs dâĂ©valuation pour les matelasser contre des donnĂ©es incorrectes ou man-quantes et contre une partie du pouvoir discrĂ©tionnaire des dĂ©partements locaux deservices sociaux dans la procĂ©dure dâattribution.
LâĂ©valuation du comportement de non-recours requiert inĂ©vitablement une interprĂ©-tation de cette latitude dans lâapplication de lâexamen des moyens dâexistence desCPAS. Aux tableaux 4 Ă 6, nous supposons que le revenu disponible du demandeurest calculĂ© Ă lâaide uniquement des donnĂ©es sur son revenu et son patrimoine et surle revenu et le patrimoine du partenaire. La seule exception Ă cette rĂšgle sont lesĂ©tudiants qui vivent avec leurs parents. Dans ce cas, le revenu des parents est Ă©gale-ment pris en considĂ©ration. Tableau 7, nous prĂ©senterons les rĂ©sultats dâune analysede sensibilitĂ© dans laquelle nous Ă©largissons la dĂ©finition du revenu du mĂ©nage.
Le tableau 4 nous permet de conclure que le taux de non-recours en Belgique estsubstantiel et varie entre 57 % et 73 % avec une rĂ©fĂ©rence fixĂ©e Ă 62 %. Ce taux denon-recours ne semble pas sâĂ©carter de la ligne des observations empiriques pourdâautres pays (voir p. ex. les taux de dĂ©sistement aux Pays-Bas et en Allemagne dansle tableau 1), bien quâil se situe au sommet de ces estimations. Le groupe de bĂ©nĂ©fi-ciaires du revenu dâintĂ©gration sociale non Ă©ligibles (erreur de type II) est nettementplus stable et fluctue aux alentours de 11 %. La littĂ©rature ne fournit pas de bonspoints de repĂšre pour interprĂ©ter le niveau de ce pourcentage. Comme nous lâavonssoulignĂ© ci-avant, la qualitĂ© des donnĂ©es limite la prĂ©cision de nos rĂ©sultats. Câestpour cette raison quâils doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prudence et ĂȘtre considĂ©rĂ©scomme un indicateur de problĂšmes liĂ©s au non-recours en Belgique plutĂŽt quâunemesure exacte de son ampleur.
Comme lâillustre le tableau 5, une forte divergence se constate dans le comporte-ment de non-recours entre les individus ayant droit au (au moins 80 % du) montanttotal et les bĂ©nĂ©ficiaires qui disposent de quelques ressources propres et qui ontdonc uniquement un droit partiel. Les bĂ©nĂ©ficiaires de lâintĂ©gralitĂ© du droit ont unfaible taux de dĂ©sistement dâenviron 40 %, qui sâavĂšre ĂȘtre plutĂŽt stable dans lesdiffĂ©rents scĂ©narios. Pour les individus disposant dâun droit partiel par contre, lâonconstate un taux de non-recours nettement plus Ă©levĂ©, en plus ce taux varie
(13) Plus prĂ©cisĂ©ment, nous comparons le seuil ajustĂ© aux besoins Ă 110% des moyens de lâindividu
dans la premiĂšre colonne et Ă 90 % des moyens de lâindividu dans la troisiĂšme colonne.
623
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:18 Page 623
considĂ©rablement en fonction des diffĂ©rents scĂ©narios. Ceci nâest guĂšre une surpriseĂ©tant donnĂ© que les limites de sensibilitĂ© affectent principalement les individus Ă lalimite de lâĂ©ligibilitĂ©, Ă savoir, ceux nâayant quâun droit partiel.
Le tableau 6 se rĂ©fĂšre aux mĂȘmes chiffres, mais en termes monĂ©taires, en ce sensque chaque individu est reprĂ©sentĂ© par lâavantage quâil en tire ou devrait en tirer. AudĂ©part de cette perspective, le non-recours sâavĂšre plus faible. Cela signifie que lesindividus qui abandonnent leur avantage ont en moyenne droit Ă des montants plusfaibles que ceux qui ne renoncent pas Ă lâallocation, ce que confirme notre conclu-sion du tableau 5. En outre, la variabilitĂ© autour de la rĂ©fĂ©rence est remarquable-ment plus basse. La revendication se situe entre 42 % et 50 %. Cette fourchette plusĂ©troite est le rĂ©sultat de deux effets opposĂ©s. La marge infĂ©rieure correspond Ă unecondition de revenus plus rigoureuse. Cela signifie que moins dâindividus serontconsidĂ©rĂ©s ĂȘtre Ă©ligibles (voir tableau 4), ce qui diminue les montants Ă payer. Tou-tefois, les individus qui sont Ă©liminĂ©s sont ceux ayant les droits les moins Ă©levĂ©s. ParconsĂ©quent, la revendication moyenne du revenu dâinsertion augmente et la rĂ©duc-tion dans les dĂ©penses gouvernementales est moins prononcĂ©e que la baisse dunombre dâindividus Ă©ligibles. Le contraire est vrai pour la marge supĂ©rieure.
Tableau 7, nous refaisons les Ă©valuations du tableau 4, mais en mettant en ouvre unehypothĂšse diffĂ©rente quant au revenu faisant lâobjet de lâexamen des ressources.Dans ce scĂ©nario alternatif, nous complĂ©tons le revenu et le patrimoine du deman-deur non seulement avec ceux de son partenaire, mais Ă©galement avec le revenu etle patrimoine des parents et des enfants qui vivent sous le mĂȘme toit. La consĂ©quen-ce en est que le revenu soumis au contrĂŽle des moyens est plus Ă©levĂ© que dans lescĂ©nario prĂ©cĂ©dent, impliquant un nombre dâindividus Ă©ligibles moins nombreux.Une diminution des individus Ă©ligibles soumet Ă une pression vers le haut les erreursde type II, câest-Ă -dire quâil y a un plus grand nombre de personnes inĂ©ligibles parmile groupe de bĂ©nĂ©ficiaires du revenu dâintĂ©gration, et a â ex ante â un effet peu clairsur le taux de non-recours. Le tableau 7 confirme la trĂšs forte hausse dâerreurs detype II et dĂ©montre, par ailleurs, une augmentation mineure du taux de rĂ©fĂ©rencedu non-recours.
TABLEAU 7 : ELIGIBILITE ET COMPORTEMENT DE NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION(EN NOMBRE DâINDIVIDUS) : SCENARIO ALTERNATIF
624
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:19 Page 624
6. VERS UN MODELE COMPORTEMENTAL
Les estimations des taux de non-recours reprĂ©sentent une entrĂ©e apprĂ©ciable pourles modĂšles de microsimulation, Ă©tant donnĂ© quâelles permettent dâamĂ©liorer lâhy-pothĂšse intenable de lâacceptation Ă 100 % du revenu dâintĂ©gration. Pour la Bel-gique, ceci pourrait ĂȘtre fait en permettant uniquement Ă 38 % des individus Ă©li-gibles dans lâĂ©chantillon de percevoir le revenu dâintĂ©gration. Comme premiĂšredĂ©marche, le modĂšle pourrait sĂ©lectionner ces 38 % au hasard. Le problĂšme est-ilainsi rĂ©solu ? Pas rĂ©ellement ! Une solution nettement meilleure consisterait Ă com-prendre ce qui pousse au comportement de non-recours et Ă identifier les individusqui trĂšs vraisemblablement (ne) rĂ©clameront (pas) leurs droits. Ceci exige, toutdâabord, une meilleure comprĂ©hension des principaux dĂ©terminants du comporte-ment de non-recours et, ensuite, un modĂšle plus sophistiquĂ© qui incorporerait cesfacteurs dans les Ă©valuations. Dans ce chapitre, nous attaquons briĂšvement la pre-miĂšre question ; la seconde sera rĂ©servĂ©e Ă une recherche ultĂ©rieure.
Le phĂ©nomĂšne du non-recours massif des allocations sociales soulĂšve un problĂšmedifficile, certainement pour les Ă©conomistes qui ont tendance Ă croire que les ĂȘtreshumains agissent dans leur seul intĂ©rĂȘt personnel et que des revenus plus impor-tants sont prĂ©fĂ©rĂ©s Ă moins de revenus. Pourquoi les gens renonceraient-ils dĂ©libĂ©rĂ©-ment Ă un gain financier ? La premiĂšre tentative dâinfluence pour sâattaquer Ă cetapparent dĂ©sintĂ©rĂȘt fut celle de Moffitt (1983) avec son modĂšle de stigmatisationsociale. LâidĂ©e qui sous-tend lâapproche de Moffitt est que les individus sontconfrontĂ©s Ă un compromis entre les avantages quâils peuvent obtenir et le coĂ»t dela demande de ces avantages. Si ces coĂ»ts sont trop Ă©levĂ©s, lâindividu renoncera Ă son allocation. Dans cette approche, le concept du coĂ»t de la demande ne doit pasĂȘtre interprĂ©tĂ© en termes monĂ©taires Ă©troits : les coĂ»ts de la demande incluent,dâune part, le coĂ»t de lâinformation et de la transaction et, dâautre part, les coĂ»tssociaux ou psychologiques (stigmatisation). De plus, les coĂ»ts de la demande sontinfluencĂ©s par les interactions sociales et par la conception du programme social.
Les coĂ»ts de transaction dressent toutes les sortes de barriĂšres physiques, adminis-tratives et langagiĂšres. Lâon peut penser aux frais du trajet, Ă lâincertitude liĂ©e Ă laprocĂ©dure de screening, au temps et aux efforts nĂ©cessaires pour comprendre etremplir les formulaires, Ă la collecte de toutes les informations nĂ©cessaires, auxvisites des travailleurs sociaux, etc. Une information imparfaite entraĂźne Ă©galementdes coĂ»ts. Ceux-ci dĂ©pendent du degrĂ© dâimperfection de lâinformation, qui peutaller du fait de ne pas trouver le bon renseignement, en passant par la mauvaiseinformation, jusquâĂ ignorer lâexistence du programme social. LâhypothĂšse oĂč lescoĂ»ts plus Ă©levĂ©s, p. ex. des mauvaises informations ou plus de formulaires adminis-tratifs, entraĂźnent des taux de non-recours plus importants est confirmĂ©e par lesĂ©tudes empiriques. Dynarski et Scott-Clayton (2006) montrent par exemple que lescoĂ»ts de transaction pour obtenir une aide dâĂ©tudiant fĂ©dĂ©rale aux E-U affectent demaniĂšre disproportionnĂ©e les jeunes Ă faibles revenus, non blancs et ne parlant pasanglais, dont le retard en matiĂšre de formation est mis en avant comme une justifica-
625
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:19 Page 625
tion Ă lâaide financiĂšre. La raison en est que ce groupe vulnĂ©rable est mal informĂ©sur le programme.
Une seconde source de coĂ»ts de la demande est de nature sociale et psychologique.MĂȘme si les gens ont une connaissance correcte du programme et sont en mesurede complĂ©ter les formulaires sans trop de difficultĂ©s, ils peuvent refuser consciem-ment de procĂ©der Ă la demande Ă cause dâune rĂ©pugnance Ă lâaide sociale du fait dela stigmatisation sociale, de sentiments de honte ou de dĂ©pendance. La stigmatisa-tion est un processus social oĂč lâindividu a lâimpression dâĂȘtre traitĂ© comme quel-quâun dâinfĂ©rieur par dâautres membres de la sociĂ©tĂ©. Stuber et Kronebusch (2004)analysent des interviews de plus de 1400 individus dans 10 Etats amĂ©ricains. On leurdemande dâĂȘtre (complĂštement) dâaccord ou en dĂ©saccord avec des dĂ©clarationscomme âun grand nombre de gens dans ce pays ne respectent pas quelquâun quidĂ©pend des allocations socialesâ, âbeaucoup de personnes dĂ©pendant des allocationssociales ne veulent pas que dâautres le sachentâ ou âje crains que le fait de dĂ©pendredes allocations sociales me rende fainĂ©antâ. En se basant sur les rĂ©ponses, les auteursĂ©valuent un index qui vise Ă reprĂ©senter la stigmatisation ressentie. Stuber et Krone-busch (2004) concluent quâune stigmatisation plus Ă©levĂ©e dissuade de maniĂšre signi-ficative les individus Ă participer aux programmes sociaux US Medicaid (14) et Tem-porary Assistance for Needy Families (TANF : Assistance temporaire aux famillesnĂ©cessiteuses).
Des recherches rĂ©centes en matiĂšre dâĂ©conomie comportementale (« behaviouraleconomics ») ont attirĂ© lâattention sur le fait que le comportement individuel estinfluencĂ© par des interactions avec dâautres individus, tels quâamis, membres de lafamille ou collĂšgues et par la conception du programme gouvernemental.
Les interactions sociales font naĂźtre un effet social multiplicateur : si le comporte-ment dâun individu change, cela affectera le comportement dâautres dans sonrĂ©seau. Dans le contexte dâun recours au revenu dâintĂ©gration, les interactionssociales affectent directement les coĂ»ts de la demande mentionnĂ©s ci-dessus (Ber-trand et al., 2000 ; Rege et al., 2009). Les amis, la famille et les organisations socialespeuvent faire passer des informations sur le revenu dâintĂ©gration et aider Ă remplirles exigences administratives, ce qui influe sur les coĂ»ts de transaction et dâinforma-tion. De plus, la composition du rĂ©seau social peut soit accroĂźtre soit diminuer lescoĂ»ts de la stigmatisation, tout comme elle peut influencer (les croyances Ă propos)des normes et lâapprobation sociale. Si le rĂ©seau de la personne est composĂ© degens participant au programme du revenu dâintĂ©gration ou dâautres, il est possibleque lâadhĂ©sion Ă la participation soit considĂ©rĂ©e comme normale et que les coĂ»ts dela stigmatisation soient probablement peu Ă©levĂ©s ; par contre, si ce rĂ©seau est com-posĂ© de personnes qui travaillent ou sont relativement bien nanties, les sentimentsde stigmatisation seront probablement plus prononcĂ©s.
(14) Medicaid est un programme social basĂ© sur un contrĂŽle des moyens dâexistence aux E-U qui apour but dâaider financiĂšrement les personnes dĂ©munies Ă supporter leurs dĂ©penses mĂ©dicales.
626
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:19 Page 626
La conception du programme social exerce un impact direct sur la participation.Lâon peut penser Ă des Ă©lĂ©ments comme la complexitĂ© de lâinscription, les listesdâattente, la possibilitĂ© dâobtenir une assistance personnelle afin de complĂ©ter lesformulaires, de possibles sanctions ou exigences de documents. La littĂ©rature Ă©co-nomique rĂ©cente sâintĂ©resse de prĂšs au rĂŽle de la rĂšgle de dĂ©fection (Bertrand et al.,2000 ; Currie, 2004 ; Dynarski et Scott-Clayton, 2006 ; Thaler et Sunstein, 2008).Dâune part, le lĂ©gislateur peut dĂ©cider que les individus doivent se prĂ©senter de leur-propre initiative et demander leurs allocations sâils veulent en faire usage (dĂ©fection= pas de participation). Ceci est la rĂšgle de la dĂ©fection dans le systĂšme actuel durevenu dâintĂ©gration. Dâautre part, il pourrait dĂ©cider lâinscription automatique aurevenu dâintĂ©gration sociale de tout individu dont il sait que les revenus sont faibles.Dans ce cas, lâindividu devrait se faire connaĂźtre sâil ne souhaite plus recevoir lâallo-cation (dĂ©fection = participation). Toutes les Ă©tudes empiriques observent que laparticipation par dĂ©faut entraĂźne un taux de recours Ă lâallocation nettement plusĂ©levĂ© que la dĂ©fection par non-participation.
Une meilleure comprĂ©hension de la maniĂšre dont les caractĂ©ristiques individuelleset plus spĂ©cifiquement les dĂ©cisions en matiĂšre de participation au revenu dâintĂ©gra-tion ou Ă dâautres programmes sociaux se rapportent aux coĂ»ts de la demande, auxinteractions sociales et Ă la conception du programme social, devrait ĂȘtre le point dedĂ©part dâun modĂšle Ă©conomique comportemental futur. Certains premiers rĂ©sultatsexploratoires avec lâĂ©chantillon de lâUE-SILC de 2006 sont exposĂ©s dans Bouckaert(2010), mais cet ensemble de donnĂ©es ne contient pas suffisamment dâobservationset dâinformations pour donner des rĂ©sultats trĂšs fiables sur tous ces aspects intĂ©res-sants. Si nous souhaitons en apprendre plus sur le comportement de non-recoursdans le programme du revenu dâintĂ©gration sociale, il y a lieu dâopĂ©rer des choixquant Ă savoir quels aspects du comportement de non-recours nous pouvons et vou-lons examiner. De plus, il sera nĂ©cessaire dâutiliser de multiples vagues pour obtenirplus dâobservations et de rĂ©sultats fiables.
7. CONCLUSION
LâefficacitĂ© et lâimpact redistributif de programmes sociaux reposant sur descontrĂŽles des moyens dâexistence, tels que le revenu dâintĂ©gration, risquent dâĂȘtreminĂ©s par diffĂ©rents types dâerreurs dâenregistrement, plus prĂ©cisĂ©ment le non-recours par des personnes Ă©ligibles (erreur de type I) et le recours Ă ces allocationspar des personnes non Ă©ligibles (erreur de type II). Ceci reprĂ©sente un dĂ©fi tantpour les responsables politiques que pour les concepteurs de modĂšles de microsi-mulation. Les premiers sont confrontĂ©s Ă des programmes sociaux qui ne remplis-sent pas leur fonction de filets de sĂ©curitĂ©. Les seconds avec leurs modĂšles de micro-simulation qui visent Ă analyser et Ă Ă©valuer la pauvretĂ© suite Ă la faiblesse des reve-nus, les politiques de distribution par les revenus et les politiques redistributives,devraient se soucier du phĂ©nomĂšne suivant ; avec comme hypothĂšse standard lerecours au revenu par toutes les personnes Ă©ligibles, les mesures de lutte contre la
627
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:19 Page 627
pauvretĂ© pourraient sâavĂ©rer trop optimistes et les coĂ»ts financiers des rĂ©formespolitiques mal estimĂ©s. Câest pourquoi nous prĂ©conisons que cette hypothĂšse soitrendue moins stricte afin de dĂ©velopper un modĂšle flamand de microsimulationplus appropriĂ©.
Avec cette contribution, nous avons rĂ©alisĂ© une premiĂšre Ă©valuation des erreurs derecours au revenu dâintĂ©gration sociale, câest-Ă -dire le programme belge de revenugaranti pour les individus ĂągĂ©s de 18 Ă 65 ans, sur la base des donnĂ©es sur les reve-nus de lâUE-SILC de lâannĂ©e 2005. Notre principale conclusion est que des erreursde recours au revenu dâintĂ©gration sont prĂ©sentes et que celles-ci peuvent ĂȘtreimportantes. Le taux de non-recours Ă lâallocation estimĂ© (en nombre dâindividus)sâĂ©lĂšve entre 57 % et 73 % avec une rĂ©fĂ©rence de 62 %. Un scĂ©nario alternatif pro-duit des chiffres similaires. Ce taux important ne semble pas contredire les observa-tions rĂ©alisĂ©es dans dâautres pays de lâOCDE, bien quâil se situe au sommet des Ă©va-luations effectuĂ©es. Il est plutĂŽt proche des estimations faites pour les programmesdâaide sociale nĂ©erlandais et allemands. En outre, lâerreur de type II fluctue approxi-mativement de 11 % pour les individus qui bĂ©nĂ©ficient rĂ©ellement du revenu dâintĂ©-gration. Lâerreur de type II double dans le scĂ©nario alternatif. Le taux de dĂ©sistementde lâallocation basĂ© sur les montants monĂ©taires est plus petit et se situe entre 42 %et 50 % avec une rĂ©fĂ©rence de 45 %.
Toutefois, ces chiffres devraient ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prudence. Les CPAS disposentdâun certain pouvoir discrĂ©tionnaire dans la procĂ©dure dâattribution, qui ne peutĂȘtre intĂ©grĂ© correctement dans un modĂšle de microsimulation. Par ailleurs, notreanalyse souffre dâau moins trois problĂšmes liĂ©s aux donnĂ©es. En premier lieu, lâana-lyse est rĂ©alisĂ©e avec un nombre trĂšs rĂ©duit dâobservations. Dans lâĂ©chantillon delâUE-SILC, il nây a quâenviron 100 individus qui indiquent avoir reçu le revenu dâintĂ©-gration pendant au moins un mois en 2005. En deuxiĂšme lieu, les caractĂ©ristiquesde la population et de lâĂ©chantillon des bĂ©nĂ©ficiaires du revenu dâintĂ©gration ne cor-respondent pas parfaitement. Finalement, certaines donnĂ©es sont absentes ou nonfiables. Les erreurs de recours Ă lâallocation estimĂ©es doivent de ce fait ĂȘtreconsidĂ©rĂ©es comme indicatives dâun problĂšme de non-recours en Belgique plutĂŽtquâune mesure exacte de son ampleur.
Dans les recherches futures, nous visons Ă dĂ©velopper un modĂšle comportemental,livrant une meilleure vue du moteur du comportement de non-recours. Ceci permet-tra dâidentifier â jusquâĂ un certain niveau de fiabilitĂ© â les individus qui sont lesplus susceptibles de (ne pas) rĂ©clamer leurs droits et ainsi dâĂ©valuer la rĂ©alitĂ© et leschangements potentiels de politique avec une plus grande prĂ©cision.
(Traduction)
____________
628
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:19 Page 628
BIBLIOGRAPHIE
Bargain, O., Immervoll, H. et ViitamÀki, H., How tight are safety nets in Nordiccountries? Evidence from Finnish register data (Les mailles du filet de sauvetagesont-elles trÚs resserrées dans les pays nordiques ? Preuves émanant du registre fin-landais des données), IZA Discussion Paper 3004, Institute for the Study of Labor,Bonn, 2007.
Bertrand, M., Luttmer, E. et Mullainathan, S., Network effects and welfare cultures(Effets de réseau et cultures sociales), Quarterly Journal of Economics, 115(3),pp. 1019-1055, 2000.
Blank, R., What causes public assistance caseloads to grow? (Quelle est la cause delâaugmentation des dossiers de lâassistance publique ?), Document de travailn° 6343, NBER, 1997.
Bouckaert, N., The non-take up of social assistance in Belgium (Le non-recours Ă lâaide sociale en Belgique), Research Paper Master of Advanced Studies in Econo-mics, K.U.Louvain, DĂ©partement de lâEconomie, 2010.
Bramley, G. et Lancaster, S.G.D., Benefit take-up and the geography of poverty(Recours aux allocations et géographie de la pauvreté), Regional Studies, 34(6),pp. 507-519, 2000.
Currie, J., The take up of social benefits (Le recours aux allocations sociales), Docu-ment de travail n°10488, NBER, 2004.
Davies, P., SSI eligibility and participation among the oldest old: evidence from theAHEAD (Eligibilité et participation au Supplemental Security Income parmi les per-sonnes du 4Úme ùge : observations dans le cadre de AHEAD), Social Security Bulle-tin, 64(3), pp. 38-64, 2001.
Department of Work and Pensions (DWP), Income related benefits estimates oftake-up â 2000-2001 (Estimation des recours aux allocations liĂ©es au revenu â2000-2001), Londres, 2003.
Duclos, J.-Y., Modelling the take-up of state support (ModĂ©lisation du recours Ă lâaide de lâEtat), Journal of Public Economics, 58, pp. 391-415, 1995.
Dynarski, S. et Scott-Clayton, J., The cost of complexity in federal student aid: les-sons from optimal tax theory and behavioral economics (Le coĂ»t de la complexitĂ©dans lâaide fĂ©dĂ©rale aux Ă©tudiants : leçons tirĂ©es de la thĂ©orie fiscale optimale et delâĂ©conomie du comportement), Document de travail n° 12227, NBER, 2006.
Esping-Andersen, G., The three worlds of welfare capitalism (Les trois mondes ducapitalisme social), Princeton University Press, Princeton, 1990.
629
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:19 Page 629
Frick, J. et Groh-Samberg, O., To claim or not to claim: estimating non take-up ofsocial assistance in Germany and the role of measurement error (Demander oune pas demander : estimation du non-recours Ă lâaide sociale en Allemagne et le rĂŽlede lâerreur de mesure), SOEP Papers on Multidisciplinary Panel Data Research 53,DIW, Berlin, 2007.
Fuchs, M., Social assistance â no, thanks? Empirical analysis of non take up inAustria 2003 (Aide sociale ? Non, merci ! Analyse empirique du non-recours auxallocations en Autriche en 2003), Document de travail EUROMOD EM4/07, ISER,Essex, 2007.
Groenez, S. et Nicaise, I., Traps and springboards in European minimum income-systems : the Belgian case (PiÚges et tremplins dans les systÚmes européens desrevenus minimums), Louvain, HogerInstituutvoor de Arbeid, 2002.
Hermans, K., De actieve welvaartsstaat in werking. Een sociologische studie naarde implementatie van het activeringsbeleid op de werkvloer van de VlaamseOCMWâs (Fonctionnement de lâEtat-providence actif. Une Ă©tude sociologique sur lamise en Ćuvre de la politique dâactivation sur le plan des CPAS flamands), thĂšsePhD, KULouvain, 2005.
Hernanz, V., Malherbet, F. et Pellizzari, M., Take-up of welfare benefits in OECDcountries: A review of the evidence (Recours aux allocations sociales dans les paysde lâOCDE : un aperçu des observations rĂ©alisĂ©es), Document de travail 17, OCDESocial, Emploi et Migration, 2004.
Kayser, H. et Frick, J., Take it or leave it: (non-) take-up behavior of social assistancein Germany (Touche ou pas touche : comportement de (non-)recours Ă lâaide socia-le en Allemagne), Journal of Applied Social Science Studies, 121(210), pp. 27-58,2001.
Kleven, H. et Kopczuk, W., Transfer program complexity and the take up of socialbenefits (Complexité des programmes de transfert et le recours aux allocationssociales), Document de travail n° 14301, NBER, 2008.
Matsaganis, M., Paulus, A. et Sutherland, H., The take-up of social benefits (Lerecours aux allocations sociales), Research Note 2/2008, Observatoire européen dela situation sociale et de la démographie, 2008.
McGarry, K., Factors determining participation of the elderly in SupplementarySecurity Income (Facteurs déterminant la participation des personnes ùgées au Sup-plemental Security Income), Journal of Human Resources, 31(2), pp. 331-358,1996.
Moffitt, R., An economic model of welfare stigma (Un modĂšle Ă©conomique de stig-matisation sociale), American Economic Review, 73(5), pp. 1023-1035, 1983.
630
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:19 Page 630
Neumann, U. et Hertz, M., Verdeckte Armut in Deutschland (PauvretĂ© cachĂ©e enAllemagne), Rapport de recherchecommandĂ© par la Friedrich-Ebert-Stiftung, ISLInstitut fĂŒr Sozialberichterstattung & Lebenslagenforschung, 1998.
Oases, Basisgegeven armoede en sociale uitsluiting: Bodemuitkeringen (Donnéesde base sur la pauvreté et exclusion sociale : les allocations de base), 2010. Consultéle [10/08/2010] http://www.ua.ac.be/download.aspx?c=*OASES&n=21964&ct=016212&e=116186.
SPF Intégration sociale, Gids voor het OCMW (Guide du CPAS), Rapport technique,2002.
SPF IntĂ©gration sociale, Bedragen van het âleefloonâ sinds 2001 (Montants de lâallo-cation dâinsertion sociale depuis 2001) , 2010. ConsultĂ© le [03/12/2010]http://www.mi-is.be/be_nl/01/integratie/Leefloon/content/bedragen%20lee-floon%20sinds%202001.xls.
Rege, M., Telle, K. et Votruba, M., Social interaction effects in disability pensionparticipation: evidence from plant downsizing (Effets dâinteraction sociale dans ledomaine de la participation Ă la pension de handicapĂ©), Documents de travail UiS enEconomie et Finance 2009/30, UniversitĂ© de Stavanger, 2009.
Riphahn, R., Rational poverty or poor rationality? The take-up of social assistancebenefits (PauvretĂ© rationnelle ou rationalitĂ© pauvre ? Le recours aux avantages delâaide sociale), Review of Income and Wealth, 47(3), pp. 379-398, 2001.
Rodrigues, C., Distribuição do rendimento, desigualdade pobreza: Portugal nosanos 90,EdiçÔes Almedina, Coimbra, 2008.
Stuber, J. et Kronebusch, K., Stigma and other determinants of participation inTANF and Medicaid (Stigmatisation et autres déterminants dans la participation à TANF et Medicaid). Journal of Policy Analysis and Management, 23(3), pp. 509-530, 2004.
Terracol, A., Analysing the take-up of means tested benefits in France (Analyse durecours aux allocations basées sur un examen des moyens de subsistance en Fran-ce), Mimeo, Université Paris I-Panthéon-Sorbonne, 2002.
Thaler, R. et Sunstein, C., Nudge, Yale University Press, New Haven et Londres,2008.
Van der Straete, I., Maatschappelijke Integratie (Intégration sociale), in Put, J., Prak-tijkboek Sociale Zekerheid 2009 (Livre de la pratique de la sécurité sociale 2009),Kluwer, pp. 931-959, 2009.Van Oorschot, W., Take it or leave it: a study of nontake-up of social security benefits (Touche ou pas touche : une étude sur le non-
631
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:19 Page 631
recours aux avantages de la sécurité sociale), Tilburg University Press, Tilburg,1995.
Warlick, J., Participation of the aged in SSI (Participation des personnes ùgées auSupplemental Security Income), Journal of Human Resources, 17(2), pp. 236-260,1982.
Wilde, J., et Kubis, A., Nichtinanspruchnahme von Sozialhilfe â eine empirischeAnalyse des Unerwarteten (Non-recours Ă lâaide sociale â une analyse empirique delâinattendu), Journal of Economics and Statistics, 225, pp. 347-373, 2005.
____________
632
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:19 Page 632
ANNEXE : COMPARAISON DE LâECHANTILLON ET DE LA POPULATION AVEC UNTEST STATISTIQUE
633
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRATION SOCIALE
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:19 Page 633
634
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
TABLE DES MATIERES
UNE PREMIERE EVALUATION DU NON-RECOURS AU REVENU DâINTEGRA-TION SOCIALE
1. INTRODUCTION 609
2. LE DEFI DU NON-RECOURS POUR LES MODELES DE MICROSIMULATION 611
2.1. DEFINITION DES TAUX DE NON-RECOURS . . . . . . . . . . . . . . . . 6112.2. LE NON-RECOURS: UN PHENOMENE SOCIAL MAJEUR . . . . . . . . . . . . 6122.3. LE DEFI DE LâEVALUATION POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . 613
3. LâALLOCATION BELGE DE GARANTIE DE REVENU : LE REVENU DâINTE-GRATION SOCIALE 614
3.1. PROTECTION MINIMALE DES REVENUS EN BELGIQUE . . . . . . . . . . . . . 6143.2. PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DU REVENU DâINTEGRATION . . . . . . . . . 6153.3. METHODE DâEVALUATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 616
4. LâENSEMBLE DES DONNEES 617
4.1. LâECHANTILLON DE DONNEES UE-SILC . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6174.2. DEFICIENCES DES DONNEES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 617
5. RESULTATS 623
6. VERS UN MODELE COMPORTEMENTAL 625
7. CONCLUSION 627
BIBLIOGRAPHIE 629
ANNEXE : COMPARAISON DE LâECHANTILLON ET DE LA POPULATIONAVEC UN TEST STATISTIQUE 633
BOUCKAERT-FR.qxp 22-11-2012 15:19 Page 634
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEURDU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ALâERE DES MENAGES A DEUX SALAIRES
PAR JORIS GHYSELS*, GERLINDE VERBIST** et JOSEFINE VANHILLE***
* chercheur senior, Top Institute for Evidence Based Education Research (TIER), Universiteit Maastrichtet Centrum voor Sociaal Beleid Herman Deleeck, Universiteit Antwerpen** chercheur, Centrum voor Sociaal Beleid Herman Deleeck, Universiteit Anwerpen*** chercheur senior, Centrum voor Sociaal Beleid Herman Deleeck, Universiteit Antwerpen
1. INTRODUCTION
Dans cet article, nous dĂ©veloppons lâidĂ©e dâune compensation de la garde desenfants qui augmente la libertĂ© des parents dans le domaine de la rĂ©conciliation dutravail et de la vie familiale. Au cours de ces derniĂšres dĂ©cennies, les systĂšmes deprotection sociale dans les Etats-providence occidentaux ont conçu de nouvellesvoies pour faciliter la rĂ©conciliation du travail et de la vie familiale, en offrant auxparents des services de garde et des schĂ©mas dâinterruption de carriĂšre. Le raisonne-ment qui couvre ces nouvelles mesures politiques est double. En premier lieu, ellessâaccordent avec les nouvelles Ă©volutions sociales actuelles, comme lâaugmentationdu nombre de mĂ©nages Ă deux salaires avec de nouvelles demandes de soutien. EndeuxiĂšme lieu, elles trouvent leur origine dans les convictions largement rĂ©panduesconcernant la valeur sociale de lâemploi. Lâactivation dans le sens dâune maximisa-tion du taux dâemploi est devenue la pierre dâangle de la politique sociale contem-poraine. On suppose que ces mesures soutiennent le bien-ĂȘtre individuel tout enfavorisant des macro-objectifs tels que lâĂ©quilibre budgĂ©taire dans nos sociĂ©tĂ©s sou-mises au vieillissement (Lewis et Giullari, 2005). Cependant, les effets stimulants etdissuasifs ne sautent pas directement aux yeux. Ils dĂ©coulent de la participationeffective aux services de garde des enfants et aux schĂ©mas dâinterruption de carriĂš-re, qui â Ă leur tour â dĂ©pendent largement du degrĂ© de financement public, maisĂ©galement du contexte social (p. ex. valeurs dominantes de la parentĂ© et pratiquessur les lieux du travail).
Les mesures de conciliation sâajoutent aux politiques familiales existantes. Les allo-cations familiales et les rĂ©ductions fiscales en liaison avec les enfants ont Ă©tĂ© ins-taurĂ©es voici des dĂ©cennies en faveur des familles pour les dĂ©dommager de leursfrais liĂ©s Ă lâĂ©ducation des enfants. En thĂ©orie, ces allocations (souvent) universellesont Ă©tĂ© fondĂ©es sur lâidĂ©e de contingences extĂ©rieures positives. Les enfants reprĂ©-sentent un bĂ©nĂ©fice pour la sociĂ©tĂ©, qui transcende la valeur individuelle desparents. Par consĂ©quent, les sociĂ©tĂ©s devraient encourager les adultes Ă investir dansles enfants afin de survivre. Il est intĂ©ressant de noter que cette idĂ©e gĂ©nĂ©rale a Ă©tĂ©
635
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 635
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 3e TRIMESTRE 2011
traduite en systĂšmes particuliers. Certains sont clairement pronatalistes avec desallocations qui augmentent avec le nombre dâenfants (p. ex. la France, la Belgique),tandis que dâautres sont plus Ă©troitement liĂ©s aux coĂ»ts monĂ©taires rĂ©els et, de lĂ ,incorporent les retours sur Ă©chelle et sur supplĂ©ments dâĂąge (p. ex. le Royaume-Uni).
Toutefois, nous ne connaissons aucun pays oĂč les responsabilitĂ©s en rapport aveclâĂ©ducation des enfants sont tout Ă fait pensĂ©es de maniĂšre Ă permettre une neutra-litĂ© des choix. Dâune part, les premiĂšres mesures liĂ©es Ă lâĂąge des enfants (alloca-tions familiales, mesures fiscales) ne reflĂštent que le cĂŽtĂ© monĂ©taire de leur Ă©duca-tion. Les mesures compensatoires plus rĂ©centes (services de garde des enfants etsystĂšmes de congĂ©s), dâautre part, dĂ©pendent Ă©troitement dâun attachement antĂ©-rieur au marchĂ© du travail et compensent la perte de revenus des parents durantleur absence. Des solutions alternatives Ă ce dernier point sont Ă trouver dans lescompensations accordĂ©es aux parents qui deviennent parent au foyer (p. ex. NorvĂš-ge (1), Finlande et France). Celles-ci sont en relation avec la fourniture de soins etde garde par les parents et, de ce fait, sont une fois de plus liĂ©es Ă un choix parentaldĂ©terminĂ©.
Dans cet article, nous argumentons en faveur dâun mĂ©canisme universel de compen-sation pour les efforts liĂ©s Ă lâĂ©ducation des enfants qui font rĂ©fĂ©rence aux besoinsde soins de ces derniers, plutĂŽt quâĂ divers choix dâattribution de temps quâopĂšrentou quâavaient lâhabitude dâopĂ©rer les parents.
En vue dâopĂ©rationnaliser la notion du besoin de soins, nous prenons appui sur lesidĂ©es de justice sociale de Sen (1985, 1999) et de Nussbaum (2005). Plus spĂ©cifique-ment, nous faisons valoir lâargument que la rĂ©fĂ©rence la plus neutre (socialementacceptĂ©e) du besoin est le temps rĂ©servĂ© aux enfants, qui se reflĂšte dans le temps desoins que leur consacre un parent moyen. PlutĂŽt que fournir des compensations par-tielles pour des choix spĂ©cifiques dâattribution de temps, notre proposition recourtĂ un seul mĂ©canisme conducteur. Par consĂ©quent, elle ne dirige nullement le choixparental entre garde Ă domicile et services de garde. En tant que telle, elle rĂ©duit laconduite du choix individuel par des mesures politiques.
Toutefois, Ă©tant donnĂ© que le temps de soins observĂ© (en dehors de lâĂ©cole) dĂ©clinefortement avec lâĂąge de lâenfant, lâabattement suit cette courbe. En suivant les pra-tiques contemporaines de soins, la mesure proposĂ©e Ă©vite de freiner la participationau marchĂ© de lâemploi. En consĂ©quence, elle se conforme aussi aux exigences dâac-tivation de la politique sociale contemporaine.
(1) Dans le cas de la NorvÚge, le critÚre de décision est le suivant : les parents recourent-ils aux soinssubventionnés ou non ? Par conséquent, la fourniture informelle de soins, voire formelle de soinsnon subventionnés est éligible.
636
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 636
A nos yeux, lâintroduction dâun mĂ©canisme de compensation initialement non direc-tif et graduellement supprimĂ©, amĂ©liorerait considĂ©rablement lâĂ©ventail politiqueactuel. Cela permet de mettre Ă jour le systĂšme pour le rendre conforme Ă la pra-tique dominante actuelle. Ceci peut sembler un argument purement pragmatique,mais il peut Ă©galement ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme un principe de politique directeur,comme nous le verrons ci-dessous lorsque nous examinerons la base thĂ©orique denotre proposition. Dans la section suivante, nous dĂ©taillons la valeur de la libertĂ© dechoix comme principe politique. Nous nous rĂ©fĂ©rons aux idĂ©es de justice sociale deSen (1985, 1999) et de Nussbaum (2005), telles quâelles furent appliquĂ©es dans lecadre du temps de garde des enfants par Bojer (2005, 2006) et de lâĂ©quilibre entreles sexes par Lewis et Guillari (2005). Dans la suite du texte, nous testons les possi-bilitĂ©s dâapplication de notre idĂ©e, en poursuivant le dĂ©veloppement de notre systĂš-me dâabattements pour soins et garde des enfants pour les mĂ©nages belges et ensimulant les rĂ©sultats distributifs. Nous concluons le tout par une discussion.
2. UNE COMPENSATION POUR LE TEMPS CONSACRE A LA GARDE DES ENFANTS :REFERENCES THEORIQUES
Dans cette discussion thĂ©orique de notre allocation en relation avec le temps consa-crĂ© aux enfants, nous voulons rĂ©flĂ©chir Ă deux principes centraux sur lesquels sebase notre proposition : une âvĂ©ritableâ libertĂ© de choix et une rĂ©fĂ©rence sociale Ă lâutilisation du temps.La libertĂ© authentique ou vĂ©ritable du choix est une notion qui continue Ă inspirer ladiscussion intellectuelle. Un large consensus se dessine autour du caractĂšre crucialde la libertĂ© individuelle pour le dĂ©veloppement et le bien-ĂȘtre de lâHomme. Ceciest particuliĂšrement vrai dans les Etats-providence occidentaux, oĂč lâautonomie indi-viduelle est devenue un Ă©lĂ©ment central de la sociĂ©tĂ©. Dâun point de vue historique,lâidĂ©e trouve son fondement dans une longue tradition philosophique (pour unaperçu gĂ©nĂ©ral, voir p. ex. Robeyns, 2005 ; Sen, 1999). Lâapproche des capacitĂ©spar Sen peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme lâexpression majoritaire rĂ©cente de cette tradi-tion. Sen la relie Ă la justice distributive et vise une âexpansion des capacitĂ©s despersonnes Ă vivre une vie quâelles valorisent â et ont raison de valoriser. Ces capa-citĂ©s peuvent ĂȘtre renforcĂ©es par une politique publique mais, dâautre part, la direc-tion de la politique publique peut ĂȘtre influencĂ©e par lâutilisation effective des capa-citĂ©s participatives par le public. (âŠ) De ce point de vue, la rĂ©ussite dâune sociĂ©tĂ©doit ĂȘtre Ă©valuĂ©e en tout premier lieu par les libertĂ©s importantes dont jouissent sesmembres.â (Sen, 1999 ; p.18).
Au centre de cette thĂšse, nous trouvons la notion de âlibertĂ© dâactionâ de la person-ne. Cette notion âfait rĂ©fĂ©rence Ă ce quâune personne est libre de faire et de rĂ©aliserdans la poursuite de nâimporte quels objectifs ou valeurs quâelle juge importants.Lâaspect de libertĂ© dâaction dâun individu ne peut ĂȘtre compris sans tenir compte deses buts, ses objectifs, ses allĂ©geances, ses obligations, et â au sens large â de saconception du bien. (âŠ) La capacitĂ© de faire plus de bien ne doit pas ĂȘtre Ă lâavanta-ge de la personneâ (Sen 1985 ; 204, 206).
637
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 637
La recherche sociologique et Ă©conomique, toutefois, signale des limites importantesau choix Ă©tabli par lâindividu. Les Hommes sont essentiellement relationnels et lechoix quâils Ă©tablissent est dĂ©terminĂ© par des normes et des valeurs des commu-nautĂ©s auxquelles ils appartiennent et/ou dans lesquelles ils ont Ă©tĂ© socialisĂ©s. Deplus, le choix opĂ©rĂ© par les individus est liĂ© Ă des limitations matĂ©rielles (entreautres fixĂ©es par les choix dâautrui), qui restreignent la rĂ©alisation dâaspirations illi-mitĂ©es que peut avoir lâHomme. La majoritĂ© du dĂ©bat en cours se focalise pour cemotif sur le degrĂ© de libertĂ© quâont les citoyens occidentaux. Les optimistes minimi-sent lâimpact de la pression sociale, alors que les pessimistes ont tendance Ă traiterles individus comme des Ă©lĂ©ments faibles dans une macrostructure qui dĂ©terminetout.
La reconnaissance de lâidĂ©al de libertĂ© de choix et de ses nombreuses restrictions, afait naĂźtre un courant scientifique qui examine en dĂ©tail les mesures politiquesactuelles quant Ă leur degrĂ© de coercition implicite et suggĂšre des amĂ©liorations envue dâĂ©liminer les entraves Ă la neutralitĂ© du choix. Notre proposition sâinscrit danscet effort et sâattaque Ă un dĂ©faut assez gĂ©nĂ©ral de la politique dâimpĂŽt sur les reve-nus qui a dĂ©jĂ Ă©tĂ© mis en lumiĂšre en 2001 par Apps et Rees. Les auteurs ont faitvaloir que la pensĂ©e contemporaine sur le coĂ»t des enfants et plus particuliĂšrementsur sa compensation dans les rĂ©gimes fiscaux ou de sĂ©curitĂ© sociale a Ă©tĂ© largementadaptĂ©e pour rĂ©pondre aux dĂ©penses liĂ©es aux enfants quant Ă leur consommationsur le marchĂ©. Toutefois, la valeur du temps consacrĂ© reprĂ©sente un effort parentalĂ©gal et souvent mĂȘme plus important (2). Par ailleurs, le temps consacrĂ© Ă lâĂ©duca-tion des enfants nâest pas rĂ©parti de maniĂšre Ă©gale dans la population (p. ex. leshommes par rapport aux femmes, ou les mĂ©nages Ă un salaire par rapport auxcouples Ă deux salaires) (3). Le fait dâomettre des mesures de temps de soins ou degarde dâenfants dans le systĂšme de lâimpĂŽt sur les revenus mĂšne Ă un traitement inĂ©-gal des parents.
De plus, Lewis et Guillari (2005) notent que ce dĂ©faut du systĂšme fiscal et allocatai-re heurte particuliĂšrement les femmes et, de ce fait, contribue au manque dâĂ©qui-libre entre sexes dans la politique moderne dĂ©cidĂ©e. Les auteurs soutiennent que lessoins sont essentiels Ă lâidentitĂ© de lâHomme, plus particuliĂšrement mais non exclu-sivement, Ă celle de la Femme. Pour cette raison, les individus peuvent Ă juste titreespĂ©rer voir leurs capacitĂ©s sâĂ©tendre de maniĂšre Ă leur permettre de choisir de sâoc-cuper de lâĂ©ducation des enfants ou non. Aussi, Lewis et Guillari se conforment Ă cela, en appellent aux hommes politiques en vue de sauvegarder la libertĂ© de choixdans ce domaine, bien quâils reconnaissent immĂ©diatement que la libertĂ© de choisirde sâoccuper de lâĂ©ducation des enfants doit ĂȘtre balancĂ©e par dâautres objectifssociaux comme, par exemple, des pensions de vieillesse payables. MĂȘme ainsi, lesauteurs mettent lâaccent sur le fait que cette âvĂ©ritableâ libertĂ© de choix ne sera pas
(2) Voir, pour des exemples européens : Gustafsson et Kjulin (1994) et Sousa Poza et al. (2001).(3) Voir Minnen et Glorieux (2004) pour la Flandre, ou Bittman et Wajcman (2000) pour des observa-tions multinationales.
638
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 638
rĂ©alisĂ©e sans une rĂ©Ă©valuation des efforts individuels dans le domaine de lâĂ©ducationdes enfants. Ils dĂ©taillent combien fortement la dĂ©cision de la politique contempo-raine dans les matiĂšres de lâĂ©galitĂ© des familles et des sexes est orientĂ©e sur un accĂšsuniversel Ă un emploi rĂ©munĂ©rĂ© (et, en consĂ©quence, les revenus individuels), cefaisant dĂ©valuant effectivement dâautres secteurs de lâactivitĂ© humaine, comme letravail de garde dâenfants.
Prenant Ă cĆur les arguments dĂ©veloppĂ©s ci-dessus, nous concevons une nouvelleallocation, ayant pour objet de combler la lacune dans le systĂšme des taxes sur lerevenu et de compenser les efforts du temps passĂ© Ă lâĂ©ducation. Pour encourager lalibertĂ© de choix, nous Ă©vitons explicitement la dĂ©pendance de lâallocation auxchoix rĂ©els ou au comportement (dans ce cas le mix prĂ©cis de temps consacrĂ©,dĂ©volu Ă lâĂ©ducation de chaque enfant par les parents et par dâautres). En lieu etplace, nous suivons Bojer (2006), qui avance un comportement socialement accep-table plutĂŽt quâun comportement individuel spĂ©cifique comme la rĂ©fĂ©rence Ă lâallo-cation. Naturellement, le mix privilĂ©giĂ© dâĂ©ducation des enfants ne dĂ©pend pas uni-quement dâune compensation financiĂšre, mais Ă©galement dâautres facteurs, commela disponibilitĂ© et lâaccessibilitĂ© des places de garde des enfants, les rĂšglements detemps de travail, etc. Ces facteurs toutefois dĂ©passent lâĂ©tendue du prĂ©sent article.
Bojer (2006) applique lâapproche des capacitĂ©s de Sen pour faire valoir que pourrĂ©aliser lâinclusion sociale, les parents doivent fournir des efforts spĂ©cifiques pourassumer la garde des enfants. La sociĂ©tĂ© dĂ©pend des parents pour lâĂ©ducation de sesfuturs citoyens et dĂ©veloppe un ensemble dâattentes socialement sanctionnĂ©es(ânormes et valeursâ) pour garantir la propre inclusion de ses nouveaux membres.Câest pourquoi en ayant des enfants, les parents sont contraints socialement dansleur affectation de temps et ne peuvent plus rĂ©aliser leur revenu complet au sens deBecker (1991). En dâautres termes, les parents sont confrontĂ©s Ă une contrainte addi-tionnelle imposĂ©e par des attentes sociales en ce qui concerne lâĂ©ducation dâen-fants. Les parents sont libres de choisir le mix prĂ©cis et personnel de temps consa-crĂ© Ă leurs enfants par eux-mĂȘmes et par des services professionnels, mais les deuxoptions tronquent le revenu privĂ© potentiel, soit par une contrainte de temps, soitpar des dĂ©penses allouĂ©es Ă ce type de services. Veuillez toutefois noter que Bojer(2006) ne suggĂšre pas de traiter les efforts de temps consacrĂ© rĂ©ellement par lesparents comme une valeur limitative. DâaprĂšs Sen, elle propose de dĂ©terminer unequantitĂ© socialement acceptĂ©e dâeffort de garde dans le cadre dâune procĂ©duredĂ©mocratique. Ceci signifie que les parents se voient attribuer une sorte de droit Ă un temps de garde des enfants en fonction des normes sociales en vigueur. Dans lapratique, la plupart des parents fourniront plus ou moins de soins Ă leurs enfants parrapport Ă cette norme, mais ceci est leur dĂ©cision personnelle et ils ne recevrontaucune compensation pour un effort Ă©ventuellement plus grand (4).
(4) Il nâexiste pas de sanction monĂ©taire pour une sous-fourniture, mais les sociologues avancent lâar-gument que la sociĂ©tĂ© dispose dâun ensemble complet de mĂ©canismes de sanction pour signaler toutĂ©cart par rapport Ă la norme.
639
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 639
Ci-aprĂšs, nous Ă©laborons un systĂšme qui intĂšgre les heures de garde et de soins auxenfants socialement acceptĂ©es, dans le revenu du mĂ©nage. Le montant de lâalloca-tion est en relation avec le nombre et lâĂąge des enfants. Elle est indĂ©pendante dutype de soins et de garde de services fournis par le marchĂ© ou par soi-mĂȘme, parceque câest la totalitĂ© de lâeffort de temps qui compte. Le mix optimal des deux estlaissĂ© au(x) parent(s), qui dĂ©cidera/ront probablement sur la base de sa/leur prĂ©fĂ©-rence et des coĂ»ts dâopportunitĂ© des solutions alternatives. La dĂ©duction fiscale enelle-mĂȘme ne prend pas en compte les frais dâopportunitĂ© des solutions alternatives.Dans ce contexte, lâun des exemples le plus souvent examinĂ© est le coĂ»t dâopportu-nitĂ© du travail par rapport au non-travail pour le deuxiĂšme salaire dâune famille avecenfants â Ă©tant donnĂ© le fardeau des coĂ»ts formels des soins et de la garde pour lesdeuxiĂšmes salaires et les Ă©ventuelles compensations financiĂšres pour les Ă©pousesrestant au foyer. Etant donnĂ© que les salaires horaires (entre autres) fluctuent enfonction du type de travail, les coĂ»ts dâopportunitĂ© dâun retrait (partiel) du marchĂ©de lâemploi varient Ă©galement dâune personne Ă lâautre. Toutefois, offrir une com-pensation pour cette caractĂ©ristique de la distribution salariale va au-delĂ de lâalloca-tion conçue, qui a pour premier but une apprĂ©ciation universelle des efforts detemps consacrĂ©s Ă lâĂ©ducation des enfants. SimultanĂ©ment, comme nous lâobserve-rons dans les simulations, le montant rĂ©el proposĂ© reste infĂ©rieur au salaire mini-mum (dans lâhypothĂšse oĂč celui-ci serait lâĂ©ventuel salaire de rĂ©servation le plusbas), de telle façon quâun retrait important du marchĂ© du travail pour des raisonsfinanciĂšres est relativement improbable. Il va de soi quâavant de rĂ©ellement mettreen Ćuvre cette allocation en un systĂšme national fiscal et allocataire, de possiblesinteractions avec dâautres avantages doivent ĂȘtre examinĂ©es, et les piĂšges de revenudans des situations familiales spĂ©cifiques doivent ĂȘtre identifiĂ©s. Nous reviendronssur les effets attendus sur le marchĂ© du travail de notre mesure proposĂ©e dans laconclusion.
Recourir Ă une norme sociale prĂ©sente certains avantages. Tout dâabord, la variationen Ăąge et en nombre des enfants fournit une base relativement simple pour lâadmi-nistration. Ensuite, cela offre une logique de lĂ©gitimation franche en traitant tous lesenfants sur le mĂȘme pied, câest-Ă -dire sans variation pouvant ĂȘtre influencĂ©e par leschoix effectuĂ©s par les parents (5). En lieu et place, elle sâaccommode du comporte-ment de la majoritĂ© des parents, qui en font un systĂšme avec des variations limitĂ©es,mais explicitement dĂ©finies.
En guise de corollaire Ă ce dernier point, lâabattement pour soins et garde desenfants proposĂ© Ă©vite lâintroduction de stimulants unilatĂ©raux. Dâune part, il offreune compensation pour le temps de soins et de garde quâexigent les enfants.Dâautre part, il suit au plus prĂšs la pratique sociale actuelle qui se rapporte auxefforts accordĂ©s aux enfants en tenant compte de leur Ăąge. Comme cela a Ă©tĂ©dĂ©montrĂ© Ă plusieurs reprises pour divers pays occidentaux, nous faisons la dĂ©mon-
(5) Strictement parlant, le nombre dâenfants peut ĂȘtre influencĂ©, mais lâeffet de cette dĂ©cision paren-tale est loin dâĂȘtre immĂ©diat.
640
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 640
stration ci-aprĂšs pour la Belgique que les parents ont tendance Ă consacrer moins detemps aux activitĂ©s de soins et de garde lorsque leurs enfants grandissent. Ce dĂ©clinavec le temps introduit une structure dĂ©croissante dans notre allocation pour soinset garde, qui implique pour les parents un stimulant Ă lâemploi en augmentation gra-duelle et, en consĂ©quence, relie le systĂšme Ă dâautres buts sociaux tels que le tauxdâemploi maximal. En tant que tel, il stimule les parents Ă ne pas couper complĂšte-ment les liens avec le marchĂ© du travail, alors que simultanĂ©ment, il valorise letemps de cette mission, une activitĂ© humaine fortement sexuĂ©e et actuellementsous-Ă©valuĂ©e.
3. UNE COMPENSATION POUR LE TEMPS CONSACRE A LA GARDE DES ENFANTS: UNEXERCICE DE MICROSIMULATION POUR LA BELGIQUE
A prĂ©sent, nous dĂ©veloppons et approfondissons le concept avec un exemple pra-tique pour la Belgique. Nous commençons par une brĂšve discussion sur le contexteactuel des soins et de garde dans notre pays, ce qui met en lumiĂšre la structure destimulation prĂ©sente pour les parents. Ensuite, nous montrons comment ce tempsconsacrĂ© aux enfants se rĂ©partit sur la population de parents et comment nous lâuti-lisons comme base pour lâallocation proposĂ©e pour temps de soins et de garde. Lâal-location projetĂ©e est alors simulĂ©e en remplaçant les mesures actuelles de temps desoins et de garde qui ont Ă©tĂ© identifiĂ©e en tant quâobstacles Ă la libertĂ© de choix afinde rĂ©aliser la neutralitĂ© de revenus du gouvernement. Enfin, les rĂ©sultats potentielsen liaison avec lâintroduction de notre proposition sont illustrĂ©s et soumis Ă discus-sion. Le modĂšle de microsimulation utilisĂ© est MISIM (voir Verbist, 2003), qui simulelâimpĂŽt personnel sur les revenus, les cotisations de sĂ©curitĂ© sociale et les avantagessociaux sur un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la population belge, plus prĂ©cisĂ©mentUE-SILC 2004. Comme documentĂ© dans Verbist (2002 et 2003), le systĂšme dâimpĂŽtpersonnel est bien couvert par MISIM, et les taxes simulĂ©es sont en ligne avec lesinformations administratives sur les impĂŽts.
3.1. LE CONTEXTE ACTUEL DE SOINS ET DE GARDE : MESURES POLITIQUES ET COM-PORTEMENTLa situation belge offre un exemple parfait des systĂšmes hybrides que nous avonsdĂ©noncĂ©s dans lâintroduction au prĂ©sent article. En 1988, le gouvernement belge aintroduit la taxation individuelle dans le systĂšme dâimpĂŽts sur les revenus en vue delâadapter aux nouvelles rĂ©alitĂ©s sociales des mĂ©nages Ă deux salaires. Avec les rĂšglesde taxation individuelle, il a Ă©galement introduit un systĂšme de âquotient maritalâafin dâĂ©viter que les familles dâun gagne-pain (masculin) puissent souffrir du nou-veau mĂ©canisme de taxation. Le âquotient maritalâ signifie que pour les couples Ă unseul revenu, une part du revenu professionnel du conjoint rĂ©munĂ©rĂ© peut ĂȘtretransfĂ©rĂ©e au conjoint nâayant pas de salaire, aprĂšs quoi les deux conjoints sonttaxĂ©s individuellement. Le transfert est limitĂ© Ă 30 % du cumul du revenu profession-nel global des deux conjoints et Ă un montant maximal de 8.030 EUR (annĂ©e dâim-
641
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 641
position 2004). ConsĂ©quemment Ă la progressivitĂ© des taux de taxation belges, cemontant est taxĂ© au taux de taxation marginal le plus faible au lieu de lâĂȘtre au tauxplus Ă©levĂ© de la fourchette dans laquelle aboutirait le revenu personnel du gagne-pain si son salaire Ă©tait traitĂ© comme une entitĂ©. Le systĂšme sâapplique aussi auxcouples Ă deux revenus si un conjoint gagne moins de 8.030 EUR et que ses gainsnâexcĂšdent pas 30 % du revenu professionnel global du mĂ©nage.
Actuellement, dans la sociĂ©tĂ© belge, la lĂ©gitimitĂ© du systĂšme du âquotient maritalâ estde plus en plus souvent mise en cause. A lâorigine, ce systĂšme avait Ă©tĂ© envisagĂ©comme un moyen dâencourager la neutralitĂ© de choix (entre couples Ă un ou Ă deuxsalaires). Toutefois, avec lâaccroissement du taux dâemploi des mĂšres belges, ce rĂ©gi-me sâest largement transformĂ© en une subvention Ă des cohortes plus ĂągĂ©es pourleurs efforts passĂ©s Ă sâoccuper des enfants plutĂŽt quâen une compensation pour lesefforts de soins et de garde des enfants de la gĂ©nĂ©ration actuelle des parents (Ver-bist, 2002). Par ailleurs, la compensation pour le fait de rester au foyer dĂ©pend tota-lement du revenu du conjoint qui travaille. Sous ce rapport, elle ne fournit aucuneprotection contre les consĂ©quences nĂ©gatives dâun possible divorce. AprĂšs unesĂ©paration, lâavantage sâĂ©vapore, parce quâil ne sâapplique quâaux couples.
De plus, un grand nombre de nouvelles mesures politiques visant Ă combiner le tra-vail et les soins et la garde ont Ă©mergĂ© depuis 1988. Par ailleurs, et câest trĂšs impor-tant, des subsides directs aux services de garderie ont pris de plus en plus dâexten-sion et un abattement fiscal pour ce genre de dĂ©penses a Ă©tĂ© instaurĂ© tout commeune dĂ©duction forfaitaire pour ceux qui ne recourent pas aux services formels degarde des enfants. En outre, une lĂ©gislation relative aux congĂ©s parentaux a Ă©tĂ©adoptĂ©e, laquelle incorpore une allocation forfaitaire au parent qui prend un congĂ©pour une pĂ©riode de trois mois. Ensuite, un systĂšme dâinterruptions de carriĂšre per-met aux parents de prolonger leur congĂ© pendant â cela dĂ©pend des accords secto-riels â un Ă cinq ans (6). Tant le congĂ© parental que les interruptions de carriĂšrepeuvent ĂȘtre pris Ă temps plein ou Ă temps partiel.
Finalement, tous les mĂ©nages belges avec enfants bĂ©nĂ©ficient de trois contributionspubliques majeures : les allocations familiales, un systĂšme scolaire (virtuellement)gratuit pour les enfants ĂągĂ©s dâau moins 2 ans et demi et une dĂ©duction fiscale pourles enfants dĂ©pendants (7). Les allocations familiales augmentent avec lâĂąge desenfants et dĂ©pendent de leur nombre afin de favoriser les familles nombreuses. LesystĂšme de lâĂ©ducation belge sâouvre aux petits enfants, avec â pour parler sur le
(6) Veuillez noter que le systĂšme de lâinterruption de carriĂšre nâest pas spĂ©cifiquement liĂ© aux res-ponsabilitĂ©s de soins et de garde. Un grand nombre de mĂšres y recourent pour prolonger leur congĂ©tout en conservant un lien avec leur travail antĂ©rieur, mais les hommes y recourent majoritairementpour abrĂ©ger leur carriĂšre avant la retraite (p. ex. en prenant un congĂ© Ă temps partiel au cours desannĂ©es qui prĂ©cĂšdent la retraite Ă temps plein) (Vandeweyer, 2010).(7) Lâabattement fiscal pour enfants dĂ©pendants sâajoute au crĂ©dit dâimpĂŽt individuel du partenairequi prĂ©sente les gains professionnels les plus Ă©levĂ©s, ce qui entraĂźne un traitement Ă©gal des parents Ă un ou Ă deux salaires.
642
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 642
plan international â de forts taux dâinscription pour les enfants les plus jeunes (voirp. ex. OCDE, 2010). A lâĂąge de trois ans, quasiment tous les enfants vont Ă lâĂ©colematernelle. MĂȘme si leur prĂ©sence Ă temps plein ne se gĂ©nĂ©ralise quâĂ lâĂąge de cinqans, ce qui prĂ©cĂšde signifie que la prĂ©occupation des parents pour une garde Ă temps plein est limitĂ©e Ă une tranche dâĂąge relativement Ă©troite : entre lâĂąge de 2mois (la fin du congĂ© de maternitĂ© obligatoire) (8) et lâĂąge de 30 mois (lâĂąge dâentrĂ©ele plus prĂ©coce Ă lâĂ©cole maternelle) (9).
Somme toute, lâEtat belge offre aux parents un Ă©ventail de mesures pour les aider Ă faire face tout Ă la fois aux exigences financiĂšres et aux exigences de temps liĂ©es Ă lâĂ©ducation des enfants. A lâĂ©vidence, certaines de ces mesures sont des offresdâordre gĂ©nĂ©ral (p. ex. allocations familiales), tandis que dâautres relĂšvent dâunchoix parental (p. ex. le congĂ© parental). Toutefois, le âquotient maritalâ est la seulemesure Ă fournir une compensation Ă longueur de vie Ă un conjoint ne jouissantdâaucune rĂ©munĂ©ration (Verbist, 2002). En tant que tel, cela semble constituer unvestige du passĂ© lorsque les familles avec un gagne-pain masculin Ă©taient la norme.DĂšs lors, il nâest guĂšre surprenant quâune grande part de son utilisation soit dĂ©sor-mais concentrĂ©e dans les gĂ©nĂ©rations plus anciennes. Parmi les jeunes gĂ©nĂ©rations,le âquotient maritalâ aboutit Ă un signal de politique dâemploi adverse qui est endĂ©saccord non seulement avec le fait quasi gĂ©nĂ©ral que les mĂ©nages ont deuxsalaires, mais encore avec la doctrine dâactivation de la politique actuelle.
EvaluĂ©es en termes dâencouragement dâune vĂ©ritable libertĂ© de choix, plusieurscaractĂ©ristiques des politiques actuelles de soins et de garde continuent Ă empĂȘcherune capacitĂ© Ă©gale de soins et de garde pour tous les parents. Les mĂ©canismes decompensation du temps consacrĂ© Ă©troitement liĂ©s Ă lâemploi (systĂšmes de congĂ©parental et dâinterruption de carriĂšre) fournissent des taux de remplacement dessalaires relativement Ă©levĂ©s, mais, comme il sâagit dâallocations forfaitaires, la com-pensation des rĂ©munĂ©rations dĂ©cline au fur et Ă mesure que les salaires augmentent.Dans un grand nombre de mĂ©nages, ceci fournit aux hommes un argument pour nepas sâengager intensivement dans des congĂ©s temporaires, parce quâils sont souventles principaux pourvoyeurs de revenus de leur mĂ©nage et, par consĂ©quent, la pertede revenus en cas de congĂ© est plus Ă©levĂ©e pour les hommes que pour les femmes(10). Par ailleurs, lâon pense que les pratiques sur les lieux de travail dĂ©couragentplus fortement les hommes Ă prendre un congĂ© que les femmes. Au contraire, le
(8) Le congĂ© de maternitĂ© comprend 9 semaines de congĂ© postnatal et 6 semaines de congĂ© prĂ©natal(avec 2 semaines supplĂ©mentaires en cas de naissances multiples). Toutefois, 5 semaines du congĂ©prĂ©natal peuvent ĂȘtre transfĂ©rĂ©es Ă la pĂ©riode postnatale, Ă©tendant ainsi le congĂ© postnatal Ă 14semaines. La plupart des mĂšres ont lâintention dâutiliser ce transfert, mais il va de soi que la rĂ©alisa-tion de cette intention dĂ©pend de lâĂ©volution de la grossesse.(9) LâentrĂ©e Ă lâĂ©cole est limitĂ©e Ă sept moments spĂ©cifiques de lâannĂ©e (aprĂšs les pĂ©riodes devacances, avec un intervalle dâun Ă deux mois entre deux possibilitĂ©s dâentrĂ©e), ce qui a pour rĂ©sultatque lâĂąge effectif le plus prĂ©coce pour entrer en maternelle peut ĂȘtre un peu supĂ©rieur Ă 30 mois.(10) Nous tenons Ă souligner quâĂ ces Ă©gards, la politique visant Ă rĂ©duire lâĂ©cart salarial entre sexesaffectera probablement aussi lâĂ©quilibre entre les sexes pour ce qui est du temps consacrĂ© aux soinset Ă la garde.
643
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 643
systĂšme du âquotient maritalâ offre un mĂ©canisme de compensation de temps consa-crĂ© qui ne requiert pas de lien avec le marchĂ© de lâemploi. De plus, il est seulementenvisageable pour ceux qui cohabitent avec un/une partenaire ; de ce fait, ce dispo-sitif est discriminatoire vis-Ă -vis des monoparents. Finalement, il nâest pas rĂ©ellementliĂ© aux efforts de soins et de garde actuels, mais compense plutĂŽt ce rĂŽle. Pour lesgĂ©nĂ©rations plus anciennes, ceci reprĂ©sente le contrat social avec lequel ils ont gran-di (le modĂšle du gagne-pain masculin), mais pour les actuelles gĂ©nĂ©rations actives,cela reprĂ©sente un abattement fiscal qui nâest plus en ligne avec leur maniĂšre defaire face aux responsabilitĂ©s de soins et de garde. Le tout dans le tout, mĂȘme sansprendre en considĂ©ration les valeurs sociales et les normes, il nây a que peu dedoute que les capacitĂ©s de soins et de garde telles quâelles existent en Belgique diffĂš-rent entre hommes et femmes et entre monoparents et couples.
3.2. TEMPS DE SOINS ET DE GARDE : LâINDIVIDU CONTRE LE SOCIALPour dĂ©terminer une compensation pour les soins et la garde des enfants neutre dupoint de vue du choix, nous Ă©laborons une mesure du temps exigĂ© pour ces fonc-tions, socialement requises en relation avec le temps de travail que les parents sacri-fient pour Ă©duquer leurs enfants. En consĂ©quence, notre mesure nĂ©cessite lâobserva-tion de deux Ă©lĂ©ments : le temps de travail potentiel que les parents ont Ă leur dis-position et le temps nĂ©cessaire Ă lâĂ©ducation des enfants, soit par eux-mĂȘmes, soitpar le biais des services de professionnels.
Pour fixer le nombre dâheures qui reflĂšte le temps de travail potentiel des parents,plusieurs hypothĂšses sont possibles. En suivant lâidĂ©e de revenu complet de Becker(1991), lâon pourrait choisir comme rĂ©fĂ©rence tout temps de non-sommeil dans unesemaine et utiliser, par exemple, 112 heures comme temps de rĂ©fĂ©rence, supposant8 heures de sommeil par jour et 7 jours par semaine comme jours de travail poten-tiels.
Toutefois pour des raisons de politique, il nâest nullement indiquĂ© dâutiliser desquantitĂ©s de temps qui divergent beaucoup des temps de travail gĂ©nĂ©ralementadmis dans notre sociĂ©tĂ©. Pour ce faire, nous recourons Ă la distribution des heuresrĂ©ellement travaillĂ©es comme rĂ©fĂ©rence pour notre estimation. Nous pouvons trou-ver ces horaires de travail dans la base de donnĂ©es de la Flemish Family and CareSurvey (FFCS), qui contient les rĂ©sultats dâun horaire de travail hebdomadaire pourun Ă©chantillon reprĂ©sentatif de parents en Flandre.
Comme estimation rĂ©elle du temps de travail potentiel des parents, nous optonspour le temps passĂ© en emploi rĂ©munĂ©rĂ© par les pĂšres dans un mĂ©nage Ă deux reve-nus. Nous excluons les femmes et les mĂ©nages Ă un seul salaire parce quâils sont desreprĂ©sentants problĂ©matiques dâun comportement sans contraintes sur le marchĂ©du travail. Une grande partie des mĂšres restreignent lâemploi rĂ©munĂ©rĂ© pour causede responsabilitĂ©s de soins et de garde, ce qui rend la rĂ©partition de leur temps detravail rĂ©el incompatible avec notre propos. De façon similaire, les hommes dans
644
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 644
des familles Ă gagne-pain unique reflĂ©teront probablement dans leurs choix la situa-tion particuliĂšre de leur mĂ©nage (un conjoint inactif ou un monoparent), ce qui Ă son tour peut rendre la distribution de leurs heures de travail moins compatible entant quâestimation de temps de travail potentiel.
Le tableau A.1. en annexe dĂ©crit lâhoraire que les pĂšres dĂ©clarent avoir consacrĂ© Ă un emploi rĂ©munĂ©rĂ© pendant une semaine dâobservation alĂ©atoirement sĂ©lec-tionnĂ©e, en dehors des pĂ©riodes traditionnelles de vacances. Au premier abord, ilnâest pas simple de faire dĂ©river une norme sociale relative au âtemps de travailpotentielâ Ă partir de ce tableau. Dâune part, nous tenons aussi largement que pos-sible Ă prendre en ligne de compte le temps de travail âpotentielâ, y compris lesprĂ©fĂ©rences des parents. De lâautre, nous considĂ©rons explicitement ce que lasociĂ©tĂ© tient Ă dĂ©dommager, en limitant le temps de soins et de garde compensĂ© envue de sâinscrire dans une norme socialement acceptĂ©e. Nous utilisons comme esti-mation de base de la norme sociale, la valeur de 90 % (60,0 heures), soit une estima-tion du temps de travail potentiel, comme se rapprochant de lâidĂ©e de revenu com-plet, fĂ»t-il rĂ©duit Ă des limites socialement sanctionnĂ©es, câest-Ă -dire 10 % deshommes qui travaillent consacrent rĂ©ellement ce volume de temps (voire plus) Ă leur travail (11).
Dans la pratique, les parents dĂ©termineront quelle part de leur horaire de travailpotentiel, ils peuvent rĂ©ellement consacrer Ă leur temps de soins et de garde desenfants, en prenant en considĂ©ration leurs prĂ©fĂ©rences et les contraintes matĂ©rielleset immatĂ©rielles. Les exigences en rapport avec lâĂ©ducation de leurs enfants tiennentindubitablement un rĂŽle important dans ces contraintes. Toutefois, la sociĂ©tĂ© assu-me une part de ces exigences de maniĂšre universelle par le biais du systĂšme scolai-re. Câest pourquoi les parents nâont nul besoin dâorganiser ces activitĂ©s pendant lapĂ©riode totale de leur temps de travail potentiel, mais uniquement pendant la partiedu temps de travail qui nâest pas couverte par le systĂšme scolaire.
Le tableau A.2. en annexe expose des informations descriptives sur le temps que lesparents ont dĂ©clarĂ© comme temps scolaire pendant une semaine choisie au hasarddurant lâannĂ©e scolaire 2004-2005. Ce tableau reflĂšte minutieusement les taux Ă©levĂ©sdâinscription des bambins dans les Ă©coles maternelles de Belgique, qui font partie dusystĂšme scolaire Ă©ducatif et qui sont totalement subventionnĂ©es par lâEtat. A lâĂąge detrois ans, les inscriptions reprĂ©sentent quasiment 100 %, mais une frĂ©quentation Ă
(11) En guise de solution alternative et pour les tests de sensibilitĂ©, nous avons Ă©galement utilisĂ© lamĂ©diane (42.5 heures), ce qui correspond au travail rĂ©munĂ©rĂ© Ă temps plein parmi les parents fla-mands. Etant donnĂ© notre choix pour un budget dĂ©terminĂ©, les rĂ©sultats nâont en gĂ©nĂ©ral pas Ă©tĂ© trĂšsdiffĂ©rents. Nous avons sĂ©lectionnĂ© la mĂ©diane plutĂŽt que la moyenne parce que cette derniĂšre estsusceptible dâĂȘtre dĂ©formĂ©e vers le haut par un nombre limitĂ© dâĂ©lĂ©ments pĂ©riphĂ©riques (parexemple, la valeur maximale indiquĂ©e au tableau, soit 167 heures par semaine, câest-Ă -dire nuit etjour pendant 7 jours, exceptĂ© pendant 1 heure). Les rĂ©sultats peuvent ĂȘtre obtenus auprĂšs desauteurs.
645
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 645
temps plein nâest quâun phĂ©nomĂšne plus tardif. Cette prĂ©sence Ă temps plein ne segĂ©nĂ©ralisera quâĂ partir de plus ou moins 5 ans, câest-Ă -dire un an avant le dĂ©but Ă lâĂ©-cole primaire (le dĂ©but de lâenseignement obligatoire).
Manifestement, les rĂ©sultats de lâĂ©tude dâensemble dans le tableau reflĂštent tous lestypes de frĂ©quentation scolaire au cours de la semaine dâobservation, y compris lâab-sence pour cause de maladie. En consĂ©quence, les valeurs zĂ©ro se prĂ©sentent Ă chaque Ăąge, ce qui explique pourquoi les valeurs moyennes se situent systĂ©matique-ment en dessous des valeurs mĂ©dianes. De plus, lâenregistrement du temps nâa pasopĂ©rĂ© de distinction entre temps scolaire en relation avec la prĂ©sence en classe et lagarde fournie par les Ă©coles avant et aprĂšs les heures de classe. Alors que le premierest universel et gratuit pour les parents, la seconde solution est uniquement utilisĂ©epar une partie de parents (et dâenfants) et est facturĂ©e aux parents comme un typeformel de service de garde.
Pour Ă©viter des erreurs de mesure, nous proposons dâutiliser les nombres arrondisfigurant dans la derniĂšre colonne du tableau A.2. comme estimation de la garde uni-verselle offerte par lâinstitution scolaire belge. Ce chiffre rĂ©concilie les caractĂ©ris-tiques du systĂšme scolaire belge prĂ©sentĂ© ci-dessus avec les rĂ©sultats observĂ©s danslâĂ©tude dâensemble.
En fin de compte, nous soustrayons le temps que cet enfant passe Ă lâĂ©cole despĂ©riodes de travail potentielles des parents (12) (13) et additionnons le temps rĂ©sul-tant pour tous les enfants du mĂ©nage ĂągĂ©s de moins de 13 ans. Ainsi, nous obtenonsle nombre dâheures de soins et de garde dâenfants indiquĂ©s au tableau suivant.
TABLEAU 1 : NOMBRE SOCIALEMENT ACCEPTE DâHEURES CONSACREES AUX SOINS OU A LAGARDE DES ENFANTS (HSGE) PAR MENAGE AU COURS DâUN MOIS QUELCONQUE, EN FONCTIONDE LâAGE DE LâENFANT LE PLUS JEUNE ET DU NOMBRE DâENFANTS DANS LE MENAGE, BELGIQUE
(12) Ainsi, faisant abstraction du fait quâen rĂ©alitĂ© pour certains parents, les heures de travail peuventdĂ©vier assez sensiblement des heures dâĂ©cole standard.(13) Une pĂ©riode annuelle de vacances de 4 semaines est prise en ligne de compte ; dĂšs lors, la mesu-re annuelle de temps de travail potentiel sâĂ©lĂšve Ă 48 semaines de 60 heures.
646
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Nombre dâenfants de moins de 13 ans Age de lâenfant le plus jeune
1 2 3 4+ Total
moins de 3 ans Part avec enfants de moins de 13 ans 14 % 14 % 5 % 2 % 36 %
Estimation des heures de soins et de garde socialement acceptées
255 449 592 866 413
3 ans et plus Part avec enfants de moins de 13 ans 37 % 22 % 4 % 1 % 64 %
Estimation des heures de soins et de garde socialement acceptées
162 326 464 683 248
Total Part avec enfants de moins de 13 ans 51 % 36 % 10 % 3 % 100 %
Estimation des heures de soins et de garde socialement acceptées
188 374 535 797 306
Source : UE-SILC, 2004.
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 646
En rĂ©sumĂ©, nous avons dĂ©terminĂ© le temps de soins et garde des enfants sociale-ment acceptĂ© comme le nombre total dâheures de ce genre dâactivitĂ©s que lesparents doivent fournir dans le courant dâune pĂ©riode rĂ©aliste de choix entre le tra-vail et les soins et la garde fournis par eux-mĂȘmes. Pour les enfants nâayant pas enco-re lâĂąge requis pour aller Ă lâĂ©cole, cette quantitĂ© est Ă©gale Ă une semaine normale detravail Ă temps plein. Toutefois, nous obtenons un nombre nettement moins Ă©levĂ©dâheures pour les enfants scolarisĂ©s, puisque nous soustrayons les heures normalesde classe de la semaine de travail, parce que dans cet intervalle de temps, les soinset la garde des enfants sont transfĂ©rĂ©s Ă une autoritĂ© organisĂ©e et payĂ©e par lâĂ©tat, Ă savoir les Ă©coles. Par ailleurs, nous avons totalisĂ© les volumes de temps obtenus surtous les enfants du mĂ©nage, comme si les parents voulaient confier Ă lâextĂ©rieur latotalitĂ© du temps socialement acceptĂ© de soins et de garde des enfants et quâil nâyavait pas dâĂ©conomies dâĂ©chelle dans lâutilisation du temps par les parents. CettehypothĂšse ne tient que si les parents ont choisi la solution extrĂȘme de travailler tousles deux Ă temps plein. Toutefois, nos rĂ©sultats du tableau 1 montrent quâen rĂ©alitĂ©,nous nâobtenons aucun accroissement strictement linĂ©aire par rapport au nombredâenfants. Ceci peut aisĂ©ment sâexpliquer par le fait que les familles nombreusesprĂ©sentent souvent un mix dâenfants en bas Ăąge et dâenfants frĂ©quentant la maternel-le et lâĂ©cole, pour lesquels lâeffet modĂ©rateur de lâĂąge entre en jeu (voir Ă©galement letableau A.2.).
3.3. AFFECTATION DE LâALLOCATION : SOLUTIONS ALTERNATIVES ET BUDGETSPour la simulation des consĂ©quences financiĂšres de lâintroduction de notre alloca-tion pour temps de soins et de garde sur le revenu du mĂ©nage, nous supposons laneutralitĂ© budgĂ©taire. Pour financer lâallocation pour temps de soins et de garde,nous abolissons lâabattement fiscal pour ces frais (14), lâexonĂ©ration fiscale supplĂ©-mentaire pour les familles qui ne recourent pas aux services de garde, les subven-tions directes aux fournisseurs de ce type de services, le âquotient maritalâ et letransfert de crĂ©dit fiscal personnel.
La suppression la plus Ă©vidente concerne le âquotient maritalâ (15). Comme nouslâavons signalĂ©, ce dispositif est le plus frĂ©quemment utilisĂ© par des couples deretraitĂ©s plus ĂągĂ©s, dont le conjoint inactif ne sâest pas souvent ouvert le moindre
(14) Etant donnĂ© que les frais de garde des enfants ne figurent pas dans lâUE-SILC, ceux-ci ont Ă©tĂ©simulĂ©s Ă lâaide de MISIM, dâune part, sur la base des rĂšgles fournies par Kind & Gezin (Flandre) et parlâOffice de la Naissance et de lâEnfance (CommunautĂ© française) et, dâautre part, sur la base du tempsquâun enfant passe en garderie pendant une semaine normale, tel quâil est mentionnĂ© dans les donnĂ©es.Les valeurs simulĂ©es pendant une semaine classique sont alors extrapolĂ©es en tenant compte dâun totalannuel de 48 semaines, prenant en considĂ©ration une pĂ©riode de vacances de 4 semaines.(15) En plus et tout au cours de ces lignes, le transfert du crĂ©dit dâimpĂŽts personnel entre partenairesest Ă©galement abandonnĂ©. Cette rĂšgle permet, lorsquâun partenaire ne peut bĂ©nĂ©ficier du montanttotal de son crĂ©dit personnel en raison dâun revenu trop faible, de transfĂ©rer la somme restante Ă lâautre partenaire, oĂč elle est ajoutĂ©e au crĂ©dit dâimpĂŽts personnel en suspens. Cette rĂšgle, indissolu-blement interconnectĂ©e avec le systĂšme du quotient marital, a un effet nettement plus modĂ©rĂ© dansun dispositif oĂč le systĂšme du quotient marital est en place. Dans un rĂ©gime sans quotient marital,toutefois, le transfert du crĂ©dit dâimpĂŽts personnel entre partenaires occuperait en partie la place dusystĂšme de quotient marital et dĂ©clencherait, par essence, les mĂȘmes effets.
647
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 647
droit Ă la pension. Pour ce motif, une abolition complĂšte et non discriminatoire duquotient marital toucherait principalement les aĂźnĂ©s, particuliĂšrement les retraitĂ©strĂšs ĂągĂ©s (16), qui ne peuvent plus ajuster leur comportement Ă de nouvelles rĂšglespolitiques. En fait, ils ont vĂ©cu conformĂ©ment Ă un contrat social particulier et ilsemble juste dâhonorer les choix faits en concordance avec ce contrat. Câest pour-quoi nous simulons uniquement une suppression du âquotient maritalâ pour les indi-vidus ĂągĂ©s de moins de 50 ans. Lâabolition du quotient marital peut ĂȘtre considĂ©rĂ©ecomme la derniĂšre Ă©tape dans lâindividualisation du systĂšme de taxe personnelle surles revenus qui a Ă©tĂ© graduellement introduit lors des deux derniĂšres rĂ©formes fis-cales importantes (1988 et 2001).
Une deuxiĂšme partie de la simulation vise les compensations pour le recours rĂ©elaux services de garde dâenfants. Si la libertĂ© de choix doit ĂȘtre encouragĂ©e, toutesles familles avec enfants devraient ĂȘtre traitĂ©es de maniĂšre Ă©gale, indĂ©pendammentde leur comportement sur le marchĂ© de lâemploi ou de leur recours Ă des servicesde garderie. Câest pourquoi notre simulation supprime Ă©galement les dĂ©ductions fis-cales pour frais de garde et la subvention publique directe des institutions de garde.Le systĂšme belge de taxe sur les revenus intĂšgre une rĂ©duction dâimpĂŽts en liaisonavec les dĂ©penses en argent comptant pour les services de garderie. Cela signifieque le revenu taxable de lâunitĂ© fiscale est rĂ©duit des frais rĂ©glĂ©s au comptant du ser-vice de garderie, avec un maximum de 11,20 EUR par jour par enfant ĂągĂ© de moinsde 3 ans (17). Les familles qui ne dĂ©duisent pas les frais de garderie deviennent Ă©li-gibles pour une augmentation de la somme forfaitaire dâexonĂ©ration fiscale avec 480EUR pour chaque enfant ĂągĂ© de moins de 3 ans. IndĂ©pendamment des mesures poli-tiques basĂ©es sur la fiscalitĂ©, nous incorporons Ă©galement des subventions directesaux institutions de garderie dans notre proposition de rĂ©forme. Ces derniĂšres sontmanifestement sĂ©lectives, puisquâelles bĂ©nĂ©ficient uniquement aux mĂ©nages quirecourent effectivement aux services subventionnĂ©s de garderie (18). Les analysesantĂ©rieures effectuĂ©es par Ghysels et Van Lancker (2009) pour la rĂ©gion flamandemettent en lumiĂšre que lâutilisation des services de garderie est Ă©troitement liĂ©e austatut dâemploi de la mĂšre. A cause de la corrĂ©lation entre emploi et revenu, lâutilisa-tion des services de garderie et, par consĂ©quent, le bĂ©nĂ©fice des subsides gouverne-
(16) Ceci a Ă©tĂ© confirmĂ© lorsque ce scĂ©nario a Ă©tĂ© simulĂ©. Alors que le budget rendu disponible parune abolition complĂšte plus que doublĂ©e en comparaison avec une suppression partielle uniquementpour les personnes ĂągĂ©es de moins de 50 ans, les taux de pauvretĂ© pour tous les groupes dâĂąge ĂągĂ©sde plus de 50 ans ont augmentĂ© de façon substantielle.(17) En 2006, cette mesure a Ă©tĂ© Ă©tendue Ă tous les enfants ĂągĂ©s de moins de 13 ans. Toutefois, dufait que les simulations concernent lâannĂ©e dâimposition 2004, nous avons choisi de simuler la mesu-re dans la configuration de cette Ă©poque.(18) Les rapports annuels des administrations communautaires respectivement flamande et franco-phone, responsables des services de garde dâenfants indiquent quâĂ la fin de 2004, elles ont subven-tionnĂ© ensemble 65.557 places et supervisĂ© 31.760 places non subsidiĂ©es. Cela signifie quâau total,67% des places de garderie bĂ©nĂ©ficient de subventions publiques (les garderies non subventionnĂ©essont susceptibles de bĂ©nĂ©ficier de petits subsides pour des items spĂ©cifiques tels que la formation,mais leurs frais opĂ©rationnels sont couverts exclusivement par les sommes payĂ©es par les parents).
648
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 648
mentaux en faveur de ces services, ne sont pas rĂ©partis uniformĂ©ment sur la popula-tion. Tout spĂ©cialement, les 20 % familles aux revenus bas avec enfants en dessousde trois ans bĂ©nĂ©ficient nettement moins de la subvention publique des services degarderie que dâautres groupes de la sociĂ©tĂ©.
La suppression du quotient marital et le transfert du crĂ©dit dâimpĂŽts personnel entrepartenaires mariĂ©s (Ăąges de moins de 50 ans) rassembleraient un budget de 887,1millions EUR, alors que le revenu tirĂ© de lâannulation de la dĂ©duction pour frais degarderie et lâexonĂ©ration supplĂ©mentaire pour jeunes enfants sont nettement plusmodestes avec approximativement 42,3 millions EUR. Cependant, la suppressiondes subsides directs aux services de garderie engendrerait un budget de 208,8 mil-lions EUR. Ainsi, le montant total pouvant ĂȘtre affectĂ© Ă lâallocation pour temps desoins et de garde atteindrait 1,138 milliard EUR.
Ce budget est distribuĂ© entre les mĂ©nages avec enfants conformĂ©ment Ă leur volumesocialement acceptĂ© de temps de soins et de garde dans le mĂ©nage, calculĂ© commela diffĂ©rence entre heures de travail par semaine et temps que lâenfant passe Ă lâĂ©co-le (voir tableau 1). CalculĂ© par heure, ceci mĂšne Ă un taux aussi faible que 0,30 EURpar heure par enfant. Le tableau 2, toutefois, illustre que les totaux annuels ne sontpas nĂ©gligeables si on les compare avec les deux allocations universelles actuelles encash pour enfants. Une famille avec deux enfants en bas Ăąge (1 et 3 ans), parexemple, obtiendrait une allocation supplĂ©mentaire pour le temps consacrĂ© auxsoins et Ă la garde Ă©gale Ă 63 % des actuelles allocations familiales. Pour les famillesavec enfants plus ĂągĂ©s, la structure dâĂąge fait pencher lâĂ©quilibre entre les mesuresalternatives. Pour deux enfants ĂągĂ©s de 6 et 8 ans, par exemple, le montant annuelpour temps consacrĂ© aux soins et Ă la garde (19) sâĂ©lĂšverait Ă 41 % des allocationsfamiliales en vigueur. Ce rĂ©sultat est consĂ©cutif Ă la structure dâĂąge opposĂ©e desmesures. Alors que notre allocation pour temps de soins et de garde diminue aveclâĂąge de lâenfant, les allocations familiales belges augmentent avec lâĂąge et, en consĂ©-quence, lâĂ©cart entre les deux sâagrandit avec lâĂąge de lâenfant. Toutefois, les deuxexemples ci-dessus reflĂštent des comparaisons entre montants bruts ne prenant pasen considĂ©ration la suppression du quotient marital. Les rĂ©sultats distributifs desmontants nets sont le sujet de la section suivante.
(19) Dans ce scénario, nous utilisons comme exemple un ménage avec le plus jeune enfant ùgé deplus de 3 ans ; pour cela, nous utilisons les 326 heures de temps de soins et de garde par mois dutableau 1.
649
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:27 Page 649
TABLEAU 2 : UNE COMPARAISON DE LâALLOCATION POUR TEMPS DE SOINS ET DE GARDE PRO-POSEE AVEC LES COMPENSATIONS EXISTANTES LIEES AUX DEPENSES POUR ENFANT (TYPES DEFAMILLE SELECTIONNES)
3.4. AFFECTATION DE LâALLOCATION : RESULTATS DISTRIBUTIFSLe tableau 3 prĂ©sente lâeffet (simulĂ©) de la mise en Ćuvre de notre proposition depolitique sur les individus selon le type de famille. Nous opĂ©rons une diffĂ©renciationentre plusieurs compositions de famille, parce que les divers aspects de notre pro-position risquent probablement de les toucher diffĂ©remment. Alors que dans lâen-semble, les taux de pauvretĂ© (20) restent stables, la grande majoritĂ© des membres demĂ©nages avec enfants sont gagnants ; cependant, environ 1/4 des membres demĂ©nages sans enfants voient leur revenu final diminuer aprĂšs lâintroduction de lâallo-cation pour temps de soins et de garde.
TABLEAU 3 : IMPACT SUR LE REVENU POUR DIFFERENTS GROUPES DE POPULATION
(20) Etant donnĂ© que le revenu disponible du mĂ©nage est utilisĂ© comme base, les taux de pauvretĂ©diffĂšrent de ceux basĂ©s sur le revenu disponible du mĂ©nage mentionnĂ© dans lâensemble des donnĂ©es.En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les taux de pauvretĂ© calculĂ©s selon le revenu simulĂ© sont plus bas.
650
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Totaux annuels (montants nets) Famille avec enfants ùgés de 1 et 3 ans
Famille avec enfants ùgés de 6 et 8 ans
Abattement de temps de soins et de garde proposé
1605,00 EUR 1236,00 EUR
Allocations familiales actuelles 2533,08 EUR 2996,64 EUR
Actuelle déduction fiscale pour enfant
803,50 EUR 803,50 EUR
Source : UE-SILC, 2004.
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:28 Page 650
Lorsque nous examinons de plus prĂšs les diffĂ©rents types de familles avec enfants,les familles monoparentales y gagneraient de maniĂšre quasi universelle, suivies deprĂšs par les couples Ă deux salaires (21). Parmi les familles Ă un seul salaire, lâeffetest mitigĂ©. Environ, 42 % des membres dâun mĂ©nage Ă un seul salaire retireraient unbĂ©nĂ©fice de lâintroduction de lâallocation pour temps de soins et de garde, tandisquâenviron 52 % y perdraient. Ceci nâest pas une surprise, parce que le gros du bud-get que nous utilisons dans cette simulation provient de la suppression du âquotientmaritalâ, qui avantage les couples Ă un seul salaire par rapport aux couples Ă deuxsalaires. Le quotient marital nâoffre Ă©galement aucune aide aux cĂ©libataires, puisquâilnây a pas de partenaire sur qui transfĂ©rer un revenu. Apparemment, pour la moitiĂ©des couples Ă un seul salaire avec enfants, le gain de revenus actuel provenant duâquotient maritalâ est plus Ă©levĂ© que la dĂ©duction pour temps de soins et de gardequâils recevraient dans le scĂ©nario de la rĂ©forme. Il est intĂ©ressant de noter que pourla majoritĂ© des mĂ©nages Ă deux salaires (qui sont Ă©galement les principaux utilisa-teurs des services de garde), lâallocation pour temps de soins et de garde serait plusĂ©levĂ©e que lâavantage de revenu net quâils dĂ©rivent actuellement des subsidespublics directs et indirects aux infrastructures de garde.
La rĂ©forme implique une redistribution horizontale considĂ©rable (allant des couplesĂ un seul salaire aux familles avec enfants en gĂ©nĂ©ral), tandis que certaines incerti-tudes subsistent quant Ă la redistribution verticale. Le taux de pauvretĂ© pour lescouples Ă un seul salaire nâaugmente pas significativement. A lâinverse, lâimpactpositif pour les familles monoparentales est visible, avec une baisse du taux de pau-vretĂ© de 22 Ă 15 %.
Le graphique ainsi que le tableau ci-aprĂšs prĂ©sentent plus de dĂ©tails sur les effets deredistribution verticale. Le graphique 1 indique la distribution du quintile de revenudes gagnants et des perdants. Une forte proportion de la population nâest pasaffectĂ©e par la proposition de rĂ©forme (cubes centrals), parce que ces individusvivent dans des familles sans enfants et ne bĂ©nĂ©ficient pas du âquotient maritalâ. LarĂ©partition des gagnants (cubes infĂ©rieurs) est quelque peu plus Ă©levĂ©e vers la droiteque la distribution des individus qui perdent du revenu (cubes supĂ©rieurs), ce quisuggĂšre que dans lâensemble, les familles Ă revenu plutĂŽt Ă©levĂ© sont les probablesgagnants de la rĂ©forme par rapport aux familles Ă faible revenu.
(21) Les montants moyens des diffĂ©rentes composantes pour divers types de famille peuvent ĂȘtretrouvĂ©s dans Ghysels et al. (2011).
651
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:28 Page 651
GRAPHIQUE 1 : REPARTITION DES GAGNANTS ET DES PERDANTS PAR QUINTILE DE REVENUS(INDIVIDUS BELGES, 2004)
Le tableau 4 offre une image plus dĂ©taillĂ©e. Les premiĂšres colonnes reflĂštent le chan-gement moyen quant au revenu disponible annuel des individus. En moyenne, lesindividus des quintiles du bas perdent un faible montant tandis que les plus richesen gagnent quelque peu. Toutefois, pour les deux groupes, les montants sont trĂšsmodestes, reprĂ©sentant moins dâun demi pour cent du revenu annuel dâavant larĂ©forme.
TABLEAU 4 : DECOMPOSITION DES FLUX DE REVENU QUI SOUS-TENDENT LâALLOCATION POURTEMPS CONSACRE AUX SOINS ET A LA GARDE, PAR QUINTILE DE REVENU (INDIVIDUS BELGES, 2004)
652
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:30 Page 652
La suite du tableau 4 dĂ©compose le petit changement dâensemble dans ses flux sous-jacents de revenus. Lâallocation pour temps de soins et de garde entraĂźne une aug-mentation du revenu, qui est financĂ©e par deux rĂ©ductions de revenu : une augmen-tation de lâimpĂŽt sur le revenu (Ă la suite dâune rĂ©duction des abattements fiscaux etde la suppression du quotient marital) et un accroissement des coĂ»ts parentauxpour les services de garde. Clairement, aucun de ces trois Ă©lĂ©ments nâest uniformĂ©-ment rĂ©parti sur la population. Dans les quintiles de revenus les plus hauts et lesplus bas, il y a moins de familles avec enfants et, par consĂ©quent, ce groupe de reve-nus reçoit un montant annuel plus petit que les groupes du milieu. Une explicationdĂ©mographique similaire sâapplique aux canaux de financement, parce que les deuxmesures (subsides directs aux services de garde et rĂ©duction fiscale pour le recoursaux services de garderie) sont Ă©troitement liĂ©es Ă la prĂ©sence dâenfants dans unmĂ©nage. Toutefois, du fait des rĂšgles dâallocation plus complexes de ces dispositifs,la structure dĂ©voilĂ©e dans les deux derniĂšres colonnes du tableau 4 nâest pas unesimple rĂ©flexion de la structure de lâallocation pour temps de soins et de garde figu-rant dans la troisiĂšme colonne.
Le gros de lâaugmentation des taxes sur le revenu provient en droite ligne de la sup-pression du âquotient maritalâ. Ceci fournit une part nettement plus grande du bud-get utilisĂ© pour lâallocation pour temps de soins et de garde, que lâabolition de larĂ©duction fiscale pour le recours Ă ces services. Comme les familles bĂ©nĂ©ficiant duquotient marital sont des mĂ©nages Ă un seul salaire, elles sont plus concentrĂ©es dansla moitiĂ© infĂ©rieure de la distribution des revenus que dans les quintiles les plusĂ©levĂ©s. Ceci explique la part de mĂ©nages relativement Ă©levĂ©e qui perdent du revenudans le deuxiĂšme et le troisiĂšme quintiles. Il est toutefois intĂ©ressant de constaterque le quintile le plus bas est le moins affectĂ©. Ceci sâexplique, en gĂ©nĂ©ral, par la fai-blesse de leur niveau de revenu, qui se traduit par un mince impĂŽt sur le revenu, quiĂ son tour a pour rĂ©sultat que, mĂȘme avec le âquotient maritalâ, ces mĂ©nages negagnaient pas tellement des rĂ©ductions fiscales et, en consĂ©quence, ne perdent pasbeaucoup de leur suppression. De plus, les cĂ©libataires, qui ne peuvent bĂ©nĂ©ficierdu âquotient maritalâ, sont relativement plus frĂ©quents dans le quintile le plus bas.
De maniĂšre similaire, dâautres explications valent pour la rĂ©partition de lâaugmenta-tion du coĂ»t de la garderie dâenfants pour les parents (derniĂšre colonne du tableau4). Vu que les subsides aux garderies sont supprimĂ©s, le prix de la garde dâenfantsformelle augmente pour atteindre son coĂ»t complet. Pour Ă©valuer lâimpact du pre-mier tour de ce changement, nous traitons le coĂ»t accru de la garde dâenfantscomme une diminution du revenu disponible des mĂ©nages, tout en formulant lâhy-pothĂšse quâil nây a pas dâeffets comportementaux et/ou de marchĂ©. En plus de lâex-plication dĂ©mographique mentionnĂ©e ci-dessus, deux forces compensatoires sont Ă lâĆuvre ici. Dâune part, lâutilisation des services subventionnĂ©s de garde est plus frĂ©-quente dans les quintiles supĂ©rieurs â oĂč la concentration de familles Ă deux salairesest plus Ă©levĂ©e. Par consĂ©quent, la suppression des subsides gouvernementauxdirects pour les services de garde dâenfants touche moins les quintiles supĂ©rieursque les quintiles Ă la base. Dâautre part, la structure tarifaire actuelle du secteur sub-
653
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:30 Page 653
ventionnĂ© de garde dâenfants est progressive, impliquant que les familles Ă plusfaible revenu profitent dâune subvention directe plus grande que celles Ă haut reve-nu. Lorsque lâallocation de temps de garde est introduite, les familles Ă faible revenuqui recourent aux infrastructures formelles de garde dâenfants sont confrontĂ©es Ă une augmentation plus raide de ces frais que les familles Ă haut revenu qui ontrecours aux structures de garde formelles. La combinaison des deux mĂ©canismesaboutit Ă des contributions privĂ©es nettes relativement Ă©levĂ©es pour le quintile debase et Ă une contribution relativement basse pour le deuxiĂšme quintile ce quimodĂšre quelque peu la forte contribution de ce groupe par le biais de lâimpĂŽt sur lerevenu.
Le tout dans le tout, les tableaux qui prĂ©cĂšdent illustrent que lâintroduction de lâallo-cation pour temps de soins et de garde et la compensation budgĂ©taire de son intro-duction nâexerceront probablement pas de fortes consĂ©quences nĂ©gatives sur larĂ©partition des revenus, mĂȘme si elles remplacent certaines mesures politiques quisont en liaison avec les revenus par un dispositif universel. De toute Ă©vidence, celane signifie pas quâil nây ait pas de gagnants ni de perdants avec cet exercice. Ci-avant, nous avons dĂ©jĂ pointĂ© du doigt que les familles monoparentales feront pro-bablement partie des plus gros gagnants. Un groupe important de perdants sont lesparents qui recourent actuellement aux services de garderie formelle Ă de faiblestaux (Ă savoir, les familles Ă faible revenu dans le secteur subventionnĂ©). Ils perdentleur tarif prĂ©fĂ©rentiel et sont confrontĂ©s Ă une augmentation raide des coĂ»ts de gar-derie formelle, ce qui ne sâaccompagne possiblement que dâune compensation par-tielle avec lâallocation pour temps de soins et de garde proposĂ©e. Pour les famillesbĂ©nĂ©ficiant dâun revenu plus Ă©levĂ© qui paient â y compris dans le secteur subven-tionnĂ© â des sommes qui approchent le coĂ»t rĂ©el de la place, la perte due Ă lâannula-tion de la dĂ©duction fiscale pour coĂ»ts de soins et de garde dâenfants peut sâavĂ©rerplus sĂ©vĂšre. Cela dĂ©pend Ă©videmment de la taille du budget de savoir si lâallocationpour temps de soins et de garde compensera ou non la perte liĂ©e aux subsidesdirects.
Plus gĂ©nĂ©ralement, la portĂ©e apparemment limitĂ©e de la redistribution verticale neprĂ©vient pas une redistribution horizontale considĂ©rable. Pour illustrer ce dernierpoint, le tableau 5 indique la moyenne des pertes et des gains respectivement pourles perdants et les gagnants, ce qui clarifie ainsi les changements de revenus prĂ©-sentĂ©s au graphique 1. Les changements sont trĂšs importants tout particuliĂšrementparmi les groupes Ă bas revenus, tant en termes absolus quâen termes relatifs. Nousen concluons que la redistribution horizontale est considĂ©rable, Ă©tant donnĂ© que lenombre dâindividus qui gagnent et qui perdent du revenu est plus ou moins Ă©quili-brĂ© Ă travers les quintiles, et quâainsi, dans lâensemble, la pauvretĂ© reste stable. CettestabilitĂ© apparente, nâa toutefois pas pour rĂ©sultat que pour chaque mĂ©nage avecenfant qui est sorti de la pauvretĂ©, une famille Ă un seul salaire (le plus vraisembla-blement sans enfants) tombe en dessous.
654
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:30 Page 654
TABLEAU 5 : CHANGEMENT MOYEN DE REVENU A LA SUITE DE LâINTRODUCTION DE LâALLOCA-TION POUR TEMPS DE GARDE POUR LES GROUPES SELECTIONNES (PAR QUINTILE DE REVENU)(MONTANTS MOYENS ET POURCENTAGE DU CHANGEMENT)
3.5. SIMULATIONS STATIQUES : ABSENCE DâEFFETS SUR LE MARCHE DE LâEMPLOI ?Une des difficultĂ©s majeures dans les comparaisons Ă©tablies ci-dessus rĂ©side dansleur nature statique. Elles ne rĂ©flĂ©chissent pas les changements de comportementquâest susceptible de causer lâaltĂ©ration des capacitĂ©s de garde prĂ©sente. Une esti-mation de celles-ci dĂ©passe le cadre du prĂ©sent article, mais nous tenons Ă indiquercertaines des directions probables.
Lâallocation pour temps de soins et de garde est par sa conception un Ă©lĂ©ment derevenu obtenu sans travailler. Les estimations empiriques de fourniture de main-dâĆuvre adjoignent quasi invariablement des Ă©lasticitĂ©s de revenu nĂ©gatives, (22) quisuggĂšrent que tant les pĂšres que les mĂšres qui retireront un bĂ©nĂ©fice de lâallocationrĂ©duiront leur temps passĂ© sur le marchĂ© de lâemploi aprĂšs lâintroduction de lâalloca-tion pour temps de soins et de garde. Lâampleur avec laquelle cette rĂ©duction delâemploi affectera les mĂšres et les pĂšres ainsi que leur revenu est une question empi-rique. Une estimation rĂ©cente de lâeffet sur le revenu pour les couples flamands tra-vaillant Ă deux (Van Klaveren et Ghysels, 2009) par exemple, montre lâeffet nĂ©gatifattendu, mais trĂšs faible tant pour les hommes que pour les femmes. Ceci suggĂšreque pour les parents au travail, lâeffet sur le marchĂ© de lâemploi de lâallocation, toutbien considĂ©rĂ© modĂ©rĂ©, sâavĂ©rera probablement faible.
Manifestement, les estimations mentionnĂ©es sont basĂ©es sur des comportements quitirent leur origine des capacitĂ©s de soins et de garde actuelles. Lâon peut sâattendre Ă ce que la revalorisation du temps de soins et de garde impliquĂ©e par lâallocationpour temps de soins et de garde altĂšre la valorisation sociale de ces fonctions par lesparents et, par consĂ©quent, modifie leurs prĂ©fĂ©rences en matiĂšre de gestion dutemps (Kooreman et Wunderink, 1997). Si la valorisation individuelle du temps desoins et de garde augmente sans quâil en rĂ©sulte un changement des salaires sur lemarchĂ©, les modĂšles dâallocation du temps prĂ©disent une diminution plus grande du
(22) Pour un aperçu dâensemble, voir (Blundell et MaCurdy, 1999).
655
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
)Individus gagnant en revenu Individus perdant en revenu
EUR % EUR % 1 510,86 6 -558,97 -7 2 480,71 4 -504,44 -4 3 426,41 3 -422,77 -3 4 454,54 2 -319,67 -2 5 389,81 2 -292,31 -1 Voir le graphique 1 pour la taille relative des différents groupes Le revenu est défini comme un revenu disponible équivalent individuelSource : UE-SILC, 2004.
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:30 Page 655
travail sur le marchĂ© de lâemploi quâimplique seulement lâaugmentation du revenuobtenu sans travailler. Une fois encore, le poids de cet effet additionnel est unequestion empirique.
A cet Ă©gard, les Ă©valuations du programme norvĂ©gien âCash for Childcareâ (argentcomptant pour les soins et la garde dâenfants = CFC) sont trĂšs pertinentes. Toutcomme dans notre proposition de politique, le CFC garantit un avantage auxparents en se basant sur leurs responsabilitĂ©s de soins et de garde. Il est, toutefois,plus restrictif quant au temps parce que le CFC est uniquement accordĂ© lorsquelâenfant a entre un et deux ans. De plus, il nâest pas totalement inconditionnel,parce quâil est seulement attribuĂ© aux parents qui nâont pas recours aux servicessubventionnĂ©s de garde dâenfants. NĂ©anmoins, le CFC est parallĂšle Ă notre proposi-tion dans sa valorisation de temps consacrĂ© aux soins et Ă la garde des enfants parles parents (23), bien quâavec un montant nettement plus Ă©levĂ© que dans notresimulation (approximativement 4400 EUR par an en comparaison avec les 920 EURdans notre proposition) (Rönsen, p. 509, 2009).
Diverses Ă©tudes dâĂ©valuation ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es, dont certaines immĂ©diatementaprĂšs lâintroduction du CFC en 1998 et dâautres aprĂšs quelques annĂ©es. Toutes met-tent en avant que les parents se sont effectivement retirĂ©s du marchĂ© de lâemploi(Kornstad et Thoresen, 2007 ; Rönsen, 2009). Par ailleurs, lâeffet semble augmenteravec le temps, ce qui peut sâexpliquer par diverses sortes dâeffets dâapprentissage.Par exemple, il faut laisser aux parents le temps dâintĂ©grer la revalorisation du tempsde soins et de garde de leurs enfants dans leurs choix dâorganiser leur horaire. Quoi-quâil en soit, jusquâĂ quatre ans aprĂšs lâintroduction du CFC, câest Ă peine si unevariation est intervenue dans le comportement des pĂšres, ce qui signifie principale-ment que ce sont les mĂšres qui se retirent du marchĂ© du travail. Par consĂ©quent, leglissement graduel des sexes quâespĂšrent Lewis et Guillari (2005) aprĂšs lâintroduc-tion de mesures qui accroissent la valeur du travail de soins et de garde, ne sâest pas(encore ?) matĂ©rialisĂ© en NorvĂšge. Pour notre proposition de politique, ces rĂ©sultatsdâĂ©valuation impliquent que nous ne devons pas nous attendre Ă un grand chambar-dement Ă court terme et, en outre, quâun glissement dans lâallocation sexuĂ©e dutemps ne sâensuivra pas automatiquement de lâallocation pour temps de soins et degarde.
Lâemploi dans les infrastructures de garde dâenfants peut Ă©galement ĂȘtre affectĂ© parnotre proposition. La suppression des subsides est susceptible dâaltĂ©rer la demandede ces services par les parents, Ă©tant donnĂ© que le prix des garderies est modifiĂ© parnotre proposition. Dâune part, les infrastructures qui sont actuellement subven-tionnĂ©es, augmenteront leurs prix jusquâĂ atteindre des niveaux conformes au mar-chĂ©, ce qui peut en diminuer la demande (et, dĂšs lors, lâemploi dans ce secteur).
(23) Du moins potentiellement, parce que les parents peuvent aussi recourir au CFC pour payer lesgardes non subventionnées.
656
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:30 Page 656
Mais dâautre part, lâallocation proposĂ©e fournit un changement net en ce qui concer-ne le revenu disponible pour certains groupes, qui sont susceptibles dâaccroĂźtre oude diminuer leur demande pour de tels services. DĂšs lors, la direction et lâampleurde lâeffet ne peuvent ĂȘtre dĂ©terminĂ©es a priori, et reprĂ©sentent une question empi-rique qui transcende le cadre de cet article.
4. DISCUSSION ET CONCLUSION
Dans cet article, nous avons dĂ©veloppĂ© lâidĂ©e dâune allocation pour temps consacrĂ©aux soins et Ă la garde des enfants, imaginĂ©e sous la forme dâune compensation uni-verselle pour les efforts requis pour leur Ă©ducation. La proposition vise trois amĂ©lio-rations par rapport Ă la situation qui prĂ©vaut actuellement dans les Etats-providenceoccidentaux. PremiĂšrement, cela devrait amĂ©liorer lâĂ©quilibre entre les sexes. En fai-sant rĂ©fĂ©rence au temps plutĂŽt quâĂ des biens, la mesure proposĂ©e complĂšte lesrĂ©ductions (fiscales) pour enfants qui fonctionnent comme des compensations pourles coĂ»ts de consommation en rapport avec ceux-ci. Ce faisant, la mesure proposĂ©ereconnaĂźt quâune Ă©ducation rĂ©ussie ne nĂ©cessite pas simplement des biens matĂ©riels(argent), mais Ă©galement du temps. Par le biais de la valorisation explicitementmonĂ©taire des efforts de temps, lâallocation pour temps consacrĂ© aux soins et Ă lagarde augmente la reconnaissance sociale dâun rĂŽle quâun grand nombre de parents,plus particuliĂšrement les mĂšres, considĂšrent comme une part cruciale de leur iden-titĂ©. Câest pourquoi la mise en Ćuvre effective dâune allocation pour temps consacrĂ©aux soins et Ă la garde peut voir pour effet de favoriser lâĂ©quilibre entre les intĂ©rĂȘtsde lâhomme et de la femme dans notre sociĂ©tĂ©.
DeuxiĂšmement, la rĂ©duction encourage une libertĂ© de choix effective. Nous lâad-mettons, la notion de la libertĂ© effective de choix est un principe particuliĂšrementcomplexe dans la conception dâune politique et tout particuliĂšrement dans la poli-tique de soins et de garde des enfants. La libertĂ© effective de choisir le mode degarde prĂ©fĂ©rĂ© pour son enfant ne dĂ©pend pas uniquement des compensations finan-ciĂšres pour les investissements en temps des parents. La disponibilitĂ© de places debonne qualitĂ© Ă des prix abordables dans les garderies, les horaires de travail person-nels des parents (qui sont susceptibles dâinclure des temps de travail irrĂ©guliers), lesprĂ©fĂ©rences du partenaire en matiĂšre de soins et de garde (dans le cas de mĂ©nages Ă deux parents) et les pratiques sur les lieux de travail pour ce qui est de la possibilitĂ©de rĂ©duire temporairement les heures de travail ne sont que quelques exemplesdâĂ©lĂ©ments importants qui dĂ©passent la portĂ©e dâune compensation financiĂšre basĂ©esur les impĂŽts pour temps de soins et de garde. Nous nous sommes focalisĂ©s sur unecompensation financiĂšre du temps de soins et de garde et faisons valoir que lâalloca-tion proposĂ©e augmente la libertĂ© effective de choix. Les programmes de compensa-tion existants qui se rĂ©fĂšrent au temps de soins et de garde (p. ex. le congĂ© parental)dĂ©coulent dâun statut particulier des parents sur le marchĂ© du travail (emploirĂ©munĂ©rateur) et, en consĂ©quence, sont discriminatoires envers une partie de ceux-ci. Le caractĂšre universel de la proposition augmente les possibilitĂ©s dâaction indivi-
657
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:30 Page 657
duelle des parents. Câest pourquoi lâallocation peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme uneamĂ©lioration majeure dâun ensemble de capacitĂ©s (sur le plan des soins et de lagarde des enfants) des parents.
TroisiĂšmement, le lien explicite avec la norme sociale quant aux soins et Ă la gardedes enfants fournit un principe guide en matiĂšre de comportement parental, sansimposer de fortes restrictions sur le plan du choix. De cette façon, la propositionĂ©vite de devenir une promotion aveugle de lâaction individuelle susceptible de favo-riser les droits des individus qui font dĂ©jĂ partie des plus forts de la sociĂ©tĂ©. Des ves-tiges implicites de patriarcat dans les normes parentales peuvent, par exemple,encourager un retrait des femmes du marchĂ© de lâemploi Ă la suite de lâintroductiondâune allocation inconditionnelle comme celle qui est proposĂ©e. Toutefois, notreproposition se rĂ©fĂšre explicitement au plein emploi et au fait que les parents onttendance Ă diminuer le temps consacrĂ© aux soins et Ă la garde de leurs enfants aufur et Ă mesure que ceux-ci grandissent. Par consĂ©quent, lâallocation diminue drasti-quement avec le temps et, de ce fait, nâimpose pas de mesure nĂ©gative quant Ă lâem-ploi tout au long de la vie, comme les compensations accordĂ©es au gagne-pain quipersistent dans certains Etats-providence.
En rĂ©sumĂ©, nous faisons valoir sur des bases thĂ©oriques que lâallocation pour tempsconsacrĂ© aux soins et Ă la garde de lâenfant amĂ©liorera lâĂ©quilibre entre les sexes etaugmentera la libertĂ© effective de choix personnel des parents, sans miner structu-rellement lâorientation sur lâemploi de chaque citoyen.
Lâexercice de simulation que nous avons effectuĂ© dans la seconde partie de cetarticle met en lumiĂšre certaines des consĂ©quences pratiques de la proposition. Nousavons simulĂ© une introduction de cette idĂ©e en Belgique et remplacĂ© la compensa-tion actuelle au gagne-pain masculin et les subsides aux services de garderie parnotre allocation pour temps consacrĂ© aux soins et Ă la garde des enfants. Pour Ă©viterla rupture du contrat social pour les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, nous avons limitĂ© lasuppression de la compensation du gagne-pain masculin Ă des individus ĂągĂ©s demoins de 50 ans. MĂȘme ainsi, le gros du budget provient de la suppression de cettemesure pour les personnes plus jeunes et un quart seulement du budget dĂ©rive desactuels subsides directs aux fournisseurs de services de garde dâenfants et des avan-tages dans la fiscalitĂ© des revenus aux parents qui recourent aux services de garde.En consĂ©quence, nous avons clairement changĂ© le set de capacitĂ©s (de soins et degarde des enfants) des parents belges, augmentant le caractĂšre dâincitant Ă lâemploipour les couples Ă un seul salaire et en uniformisant le traitement des soins et de lagarde parentale, informelle, formelle non subventionnĂ©e et formelle subventionnĂ©edes enfants.
Les conséquences comportementales de ce changement de la structure de choix nesont pas immédiatement évidentes et transcendent la portée de cet article. Toute-fois, la simulation statique démontre que les familles monoparentales sont gagnantesavec cette mesure. Actuellement, des membres de ce type de famille sont
658
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:30 Page 658
confrontĂ©s Ă un risque de pauvretĂ© considĂ©rablement plus Ă©levĂ© que les membresde mĂ©nages Ă deux parents et lâallocation pour temps consacrĂ© aux soins et Ă lagarde des enfants rĂ©duira significativement ce danger, tout en nâaltĂ©rant pas lerisque de pauvretĂ© des autres familles. MĂȘme sans augmentation du risque de pau-vretĂ©, environ la moitiĂ© des couples Ă un seul salaire fait face Ă une diminutionconsidĂ©rable du revenu disponible aprĂšs lâintroduction de notre schĂ©ma de poli-tique. Ceci accentue le fort incitant Ă lâemploi qui fait partie de notre proposition.Manifestement, ceci en appelle Ă des mesures supplĂ©mentaires qui facilitent lâ/la(rĂ©)intĂ©gration dans le marchĂ© du travail des personnes actuellement inactives.
Tout bien considĂ©rĂ©, notre Ă©laboration thĂ©orique et la simulation empirique suggĂš-rent quâil peut sâavĂ©rer possible de faire disparaĂźtre lâorientation Ă lâemploi dominan-te des politiques de conciliation actuelles et, concurremment, de maintenir suffisam-ment dâincitants Ă lâemploi pour garantir des objectifs Ă long terme des Etats-provi-dence occidentaux contemporains. De toute Ă©vidence, des analyses empiriques etdes dĂ©bats supplĂ©mentaires seront requis avant que lâidĂ©e ne soit mĂ»re pour unemise en Ćuvre aujourdâhui.
(Traduction)____________
659
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:30 Page 659
BIBLIOGRAPHIE
Apps, Patricia et Rees, Ray, Household production, full consumption and the costsof children (Production du ménage, consommation totale et coût des enfants),Labour Economics, 8(6), pp. 621-648, 2001.
Becker, Gary S., A treatise on the family (Un traité sur la famille), édition com-plétée, Harvard University Press, Cambridge MA/Londres, 1991.
Bittman, M., et Wajcman, J., The rush hour: the character of leisure time and genderequity (Lâheure du rush : le caractĂšre du temps de loisirs, Forces sociales), SocialForces, 79(1), pp. 165-189, 2000.
Blundell, Richard et MaCurdy, Thomas E., Labor supply: a review of alternativeapproaches (Fourniture de main-dâoeuvre : un aperçu des approches alternatives),in Orley Ashenfelter et David Card (Ă©ds), Handbook of Labor Economics (Volume3A), Elsevier (Hollande du Nord), Amsterdam, pp. 1560-1695, 1999.
Bojer, Hilde, The Social Contract, Child Care and Womenâs Economic Capability (Lecontrat social, soins et garde des enfants et capacitĂ© Ă©conomique des femmes), inFlavio Comin et Martha Nussbaum (Ă©ds.), Capabilities, Gender, Equality (CapacitĂ©s,Sexe, EgalitĂ©), University Press, Cambridge, 2005.
Bojer, Hilde, Incomecapability and childcare (mimeo) (CapacitĂ© de gain, soins etgarde des enfants), UniversitĂ© dâOslo, Oslo, 2006.
Farfan-Portet, Maria Isabel, Hindriks, Jean et Lorant, Vincent, Progressivity of Child-care Tax Policies in Belgium (Progressivité des politiques fiscales en matiÚre degarde et de soins des enfants en Belgique), Louvain Economic Review, 74(2), pp.143-165, 2008.
Ghysels, Joris, Vanhille, Josefine et Verbist, Gerlinde, A care time benefit as a timelyalternative for the non-working spouse compensation in the Belgian tax system (Unabattement pour temps de soins et de garde en guise dâalternative contemporainepour lâĂ©pouse au foyer dans le systĂšme fiscal belge), International MicrosimulationJournal, vol. 4(2), pp. 57-72, 2011.
Ghysels, Joris, et Van Lancker, Wim, Het MatteĂŒseffect onder de loep: over hetongelijke gebruik van kinderopvang in Vlaanderen (Lâeffet Matthieu sous la loupe : Ă propos du recours inĂ©gal Ă la garde dâenfants en Flandre), CSB-Berichten, HermanDeleeck Centre for Social Policy, Anvers, 2009.
660
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:30 Page 660
Gustafsson, Björn et Kjulin, Urban, Time use in child care and housework and thetotal cost of children (Gestion du temps dans la garde dâenfants et dans le travailmĂ©nager et coĂ»t total des enfants), Journal of Population Economics, 7 (3), pp.287-306, 1994.
Kooreman, Peter et Wunderink, Sophia, The Economics of Household Behaviour(LâĂ©conomie du comportement du mĂ©nage), MacMillan, 1997.
Kornstad, Tom et Thoresen, Thor D., A discrete choice model for labor supply andchildcare (ModĂšle de choix discret quant Ă la fourniture de main-dâĆuvre, de soinset de garde des enfants), Journal of Population Economics, 20(4), pp. 781-803,2007.
Lewis, Jane et Giullari, Susanna, The adultworker model family, gender equality andcare: the search for new policy principles and the possibilities and problems of acapabilities approach (La famille du modĂšle adulte du travailleur, Ă©galitĂ© des sexeset soins et garde : la quĂȘte de nouveaux principes politiques et les possibilitĂ©s ou lesproblĂšmes dâune approche par les capacitĂ©s), Economy and Society, 34(1), pp. 76-104, 2005.
Minnen, Joeri et Glorieux, Ignace, Kinderen maken het verschil: over de invloed vankinderen op het tijdsbestedingspatroon van ouders (Les enfants font la diffĂ©rence : Ă propos de lâinfluence des enfants sur le modĂšle de gestion du temps par lesparents), Tijdschrift van de gezinsbond-studiedienst, 33(1), pp. 2-10, 2004.
Nussbaum, Martha, Capabilities as Fundamental Entitlements: Sen and Social Justice(Les capacités en tant que droits fondamentaux : Sen et la justice sociale), FeministEconomics, 9(2-3), pp. 33-59, 2003.
OCDE, Regards sur lâĂ©ducation, OCDE, Paris, 2010.
Robeyns, Ingrid, The Capability Approach: a theoretical survey (Lâapproche par lescapacitĂ©s : une Ă©tude dâensemble thĂ©orique), Journal of Human Development, 6,pp. 93-114, 2005.
Rönsen, Marit, Long-term effects of cash for childcare on mothersâ labour supply(Effets Ă long terme du cash pour la garde dâenfants sur la participation des femmesau marchĂ© de lâemploi), Labour, 23(3), pp. 507-533, 2009.
Sen, Amartya, Development as freedom (Le développement comme une liberté),Knopf, New York, 1999.
661
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:30 Page 661
Sen, Amartya, Well-being, Agency and Freedom: the Dewey Lectures (Bien-ĂȘtre,action et libertĂ© : les confĂ©rences de Dewey), Journal of Philosophy, 82(4), pp.169-221, 1985.
Sousa-Poza, A., Schmid, H. et al., The allocation and value of time assigned to house-work and child-care: An analysis for Switzerland (Lâallocation et la valeur du tempsconsacrĂ© au travail mĂ©nager, aux soins et Ă la garde des enfants : une analyse pour laSuisse), Journal of Population Economics, 14(3), pp. 599-618, 2001.
Vandeweyer, Jessie, Werkt Loopbaanonderbreking? ArbeidsoriĂ«ntaties, Tijdsbeste-ding en Drukte bij Loopbaanonderbrekers in Vlaanderen (Lâinterruption de car-riĂšre marche-t-elle ? Orientations sur le travail, maniĂšre de gĂ©rer le temps et pressionsur les personnes en interruption de carriĂšre en Flandre), VUBpress, Bruxelles,2010.
Van Klaveren, Chris et Ghysels, Joris, Collective labor supply and childcare expen-ditures in the Dutchspeaking region of Belgium (Apport collectif de travail etdĂ©penses pour garde dâenfants dans la rĂ©gion nĂ©erlandophone de la Belgique)(mimeo), UniversitĂ© de Maestricht/ UniversitĂ© dâAnvers, Maestricht/Anvers, 2009.
Verbist, Gerlinde, An Inquiry into the Redistributive Effect of Personal IncomeTaxes in Belgium (Une enquĂȘte sur lâeffet redistributif de lâimpĂŽt des personnesphysiques en Belgique) (ThĂšse de doctorat), UFSIA, UniversitĂ© dâAnvers, Anvers,2002.
Verbist, Gerlinde, MISIM, een microsimulatiemodel voor personenbelasting ensociale zekerheid (MISIM, un modĂšle de microsimulation pour lâimpĂŽt des per-sonnes physiques et la sĂ©curitĂ© sociale), Maandschrift Economie, annĂ©e 67,dĂ©cembre, p. 451-473, 2003.
____________
662
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:30 Page 662
ANNEXE
TABLEAU A.1. : LA DISTRIBUTION DE LâEMPLOI REMUNERE PARMI LES PERES DANS LES FAMILLESGAGNANT DEUX SALAIRES
TABLEAU A.2. : TEMPS PASSE A LâECOLE EN FONCTION DE LâAGE DE LâENFANT
663
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS ...
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:32 Page 663
TABLE DES MATIERES
TAXER LES SOINS : AUGMENTER LA VALEUR DU TEMPS DE LA GARDE DES ENFANTS A LâERE DES MENAGES A DEUX SALAIRES
1. INTRODUCTION 635
2. UNE COMPENSATION POUR LE TEMPS CONSACRE A LA GARDE DES ENFANTS : REFERENCES THEORIQUES 637
3. UNE COMPENSATION POUR LE TEMPS CONSACRE A LA GARDE DES ENFANTS : UN EXERCICE DE MICROSIMULATION POUR LA BELGIQUE 641
3.1. LE CONTEXTE ACTUEL DE SOINS ET DE GARDE : MESURES POLITIQUES ET COMPORTEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 641
3.2. TEMPS DE SOINS ET DE GARDE : LâINDIVIDU CONTRE LE SOCIAL . . . . . . . . 6443.3. AFFECTATION DE LâALLOCATION : SOLUTIONS ALTERNATIVES ET BUDGETS . . . . 6473.4. AFFECTATION DE LâALLOCATION : RESULTATS DISTRIBUTIFS . . . . . . . . . . 6503.5. SIMULATIONS STATISTIQUES: ABSENCE DâEFFETS SUR LE MARCHE DE LâEMPLOI ? . . 655
4. DISCUSSION ET CONCLUSION 657
BIBLIOGRAPHIE 660
ANNEXEE 663
664
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
GHYSELS-FR.qxp 26-11-2012 8:32 Page 664
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALEEN BELGIQUE. COURTE DESCRIPTION DUMODELE AVEC DONNEES DISCONTINUES,1ER JANVIER 2009, REVENUS 2008 (1)
PAR GUY VAN CAMP
Service public fédéral Sécurité social, Bruxelles
1. INTRODUCTION
Lorsque les dĂ©cideurs envisagent certaines rĂ©formes de la rĂ©glementation socioĂ©co-nomique, il est souvent nĂ©cessaire dâĂ©valuer a priori le prix de revient Ă©ventuel etlâimpact de la rĂ©partition (qui perd et qui gagne) de ces mesures. Le prĂ©sent textedĂ©crit le modĂšle de microsimulation MIMOSIS (MIcrosimulation MOdel for BelgianSocial Insurance Systems) (2), qui permet dâeffectuer de telles Ă©valuations dâinciden-ce pour une sĂ©rie de domaines stratĂ©giques.
Les domaines stratĂ©giques prioritairement ciblĂ©s par MIMOSIS sont les cotisations desĂ©curitĂ© sociale, les pensions, les allocations de chĂŽmage, les garanties de revenus,les indemnitĂ©s de maladie et dâinvaliditĂ© et les prestations familiales. Lâeffet surlâimpĂŽt des personnes physiques dĂ» est calculĂ©, pour chaque rĂ©forme, Ă lâaide dâunmodule de paiement intĂ©grĂ©.
Le modĂšle MIMOSIS fait appel Ă un Ă©chantillon de donnĂ©es sociales personnelles etcodĂ©es, issues de la base de donnĂ©es âMarchĂ© du travail et protection socialeâ (DWHâMT&PSâ) de la Banque-carrefour de la sĂ©curitĂ© sociale (BCSS). Câest grĂące Ă lâutilisa-tion de ces microdonnĂ©es quâil est possible dâanalyser lâimpact sur le budget et larĂ©partition des revenus.
(1) La mise Ă jour de MIMOSIS dĂ©crite dans ce texte, a pu avoir lieu grĂące au soutien de la politiquescientifique fĂ©dĂ©rale et de la Banque-carrefour de la sĂ©curitĂ© sociale. Chris Brijs, Hans Knapen, AnkeMutsaerts et Patrick Lusyne ont Ă©tĂ© dâun secours trĂšs apprĂ©ciable lors du traitement des donnĂ©es.Lâauteur tient Ă remercier Greet De Vil, Mireille Goemans et Hendrik Nevejan pour leurs commen-taires sur une version antĂ©rieure du texte. Les erreurs qui subsistent sont bien sĂ»r de la seule respon-sabilitĂ© de lâauteur.(2) MIMOSIS est un des nombreux modĂšles existants pour la Belgique. Pour un aperçu dâautres mo-dĂšles, voir Decoster (2010) et Decoster e.a. (2008).
665
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 665
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 3e TRIMESTRE 2011
La version originale de MIMOSIS a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e Ă lâaide de donnĂ©es administra-tives de 2001 (Ă©chantillon : 1er janvier 2002) (3). Ce texte dĂ©crit la mise Ă jour dumodĂšle sur base des donnĂ©es de lâannĂ©e 2008 (Ă©chantillon 1er janvier 2009).
La section 2 de cette note dĂ©crit lâĂ©chantillon sur lequel le modĂšle est basĂ©. Danscette section, il est notamment question de la maniĂšre dont les pondĂ©rations ont Ă©tĂ©Ă©laborĂ©es pour extrapoler les donnĂ©es de lâĂ©chantillon au niveau de lâensemble de lapopulation. Dans la section 3, nous dĂ©crivons le fonctionnement du modĂšle propre-ment dit. Il y est principalement question de la maniĂšre dont les donnĂ©es dâinputsont manipulĂ©es pour procĂ©der Ă certaines Ă©valuations dâincidence. La section 4enfin, dĂ©crit une sĂ©rie dâindicateurs produits par le modĂšle.
Les descriptions de ce texte reposent toujours sur lâĂ©chantillon des diffĂ©rentesobservations disponibles. Le modĂšle peut aussi ĂȘtre utilisĂ© pour traiter les donnĂ©esdâun individu ou dâune famille fictif/fictive. Cette derniĂšre possibilitĂ© ne sera pasabordĂ©e davantage dans le prĂ©sent texte.
2. DESCRIPTION DE LâECHANTILLON MIMOSIS
Le cadre dâĂ©chantillonnage (4) est constituĂ© de tous les individus qui, dâaprĂšs le fichierde donnĂ©es du Registre national dont dispose la BCSS, sont en vie au 1er janvier 2009 etrĂ©sident sur le territoire dâune commune belge (5). Ce groupe comprend donc surtoutdes personnes qui sĂ©journent physiquement en Belgique. Les Belges qui sĂ©journent Ă lâĂ©-tranger peuvent faire partie de ce groupe, mais uniquement sâils ont conservĂ© une adres-se de rĂ©sidence en Belgique. Il sâagit donc de personnes ayant quittĂ© temporairement lepays pour cause de vacances, par exemple, ou parce quâelles exercent une mission tem-poraire Ă lâĂ©tranger. Les Belges qui rĂ©sident Ă lâĂ©tranger de maniĂšre permanente ne fontdonc pas partie de notre cadre dâĂ©chantillonnage.
Chaque individu du cadre dâĂ©chantillonnage esquissĂ© peut ĂȘtre identifiĂ© Ă partir dâunnumĂ©ro dâidentification unique. Un Ă©chantillon est prĂ©levĂ© Ă partir de tous les numĂ©rosdâidentification possibles. Ce prĂ©lĂšvement se dĂ©roule en trois grandes Ă©tapes.ïżœ Etape 1 : on a examinĂ© combien dâindividus sĂ©lectionnĂ©s de maniĂšre alĂ©atoire
pour lâĂ©chantillon MIMOSIS prĂ©cĂ©dent Ă©taient encore en vie au 1er janvier 2009(6). Ce nombre Ă©tait de 90.641 au total.
(3) Cette version a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e dans le cadre dâune sĂ©rie de projets AGORA financĂ©s par la Poli-tique scientifique fĂ©dĂ©rale. Pour une description de la premiĂšre version du modĂšle, voir Decoster e.a.(2008).(4) Voir Molenberghs et Gaens (1994), p. 11 pour une description de la notion de âcadre dâĂ©chantil-lonnageâ.(5) Voir DOCDWH (2011), document âfiches_beschrijving_rr_ksz.docâ pour plus dâexplications surle contenu des donnĂ©es du Registre national figurant dans le DWH âMT&PSâ.(6) Pour lâĂ©chantillon MIMOSIS prĂ©cĂ©dent, 100.000 individus ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s le 1er janvier2002, Ă partir dâun cadre dâĂ©chantillonnage comparable. Voir Vleminckx (2008) pour une descrip-tion du contenu de cet Ă©chantillon.
666
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 666
ïżœ Etape 2 : 9.359 individus supplĂ©mentaires ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s Ă partir du cadredâĂ©chantillonnage esquissĂ©, dont ont Ă©tĂ© supprimĂ©s les 90.641 individus encoreen vie de lâĂ©chantillon prĂ©cĂ©dent. Ces 9.359 individus sont ajoutĂ©s par Ă©chan-tillonnage systĂ©matique et en tenant compte des incidences inĂ©gales entre lesdiffĂ©rentes classes dâĂąge (7).
ïżœ Etape 3 : pour les 100.000 individus obtenus aprĂšs lâĂ©tape 2, on recherche lesnumĂ©ros dâidentification de tous les membres du mĂ©nage si lâindividu sĂ©lectionnĂ©sĂ©journe dans un mĂ©nage privĂ©.
Les mĂ©nages peuvent, dans ce contexte, ĂȘtre dĂ©crits comme lâensemble des indivi-dus qui partagent la mĂȘme adresse de rĂ©sidence (8). On peut Ă©galement faire la dis-tinction entre mĂ©nages privĂ©s et mĂ©nages collectifs.
Les mĂ©nages privĂ©s tels que dĂ©finis dans le Registre national sont proches de ce quipeut ĂȘtre dĂ©crit comme âmĂ©nages sociologiquesâ. Ces derniers sont gĂ©nĂ©ralementdĂ©crits comme des individus qui partagent un mĂȘme lieu de rĂ©sidence et dĂ©cidentconjointement de la majeure partie de leurs dĂ©penses (9). Dans le reste de la prĂ©sen-te note, nous considĂ©rerons donc les termes âmĂ©nages privĂ©sâ et âmĂ©nages sociolo-giquesâ comme des synonymes.
Les ménages collectifs désignent les communautés de vie comme les maisons derepos, les hÎpitaux, les prisons, les couvents, ⊠(10)
La diffĂ©rence entre mĂ©nages privĂ©s et collectifs nâest donc pas non plus prise encompte lors de la sĂ©lection de lâĂ©chantillon dans les Ă©tapes 1 et 2. Par contre, câestbien le cas Ă lâĂ©tape 3, lors de la demande de numĂ©ros dâidentification.
Pour tous les individus repris dans lâĂ©chantillon final, on recherche ensuite une sĂ©riede variables extraites du DWH âMT&PSâ. Une liste exhaustive des variablesdemandĂ©es est disponible au SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011a) (11).
(7) Les principes dâĂ©chantillonnage systĂ©matique appliquĂ©s sont exposĂ©s dans Vleminckx (2011),section 9. Lâensemble du mĂ©canisme dâĂ©chantillonnage est mis en Ćuvre dans le programme Sample-MIMOSIS_2009.sas (voir SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011b)).(8) Voir Registre national (2011).(9) Voir Atkinson et alii (1995), p. 16 pour plus dâinfos sur les descriptions possibles du concept deâmĂ©nageâ.(10) Voir APS (2011).(11) Il ne sâagit pas nĂ©cessairement ici de variables directement prĂ©sentes, mais de variables mani-pulĂ©es. Le package complet des programmes convertissant les donnĂ©es de base du DWH âMT&PSâdans les donnĂ©es demandĂ©es est disponible dans SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011c).
667
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 667
2.1. CREATION DâUN NUMERO DE MENAGE ET ESTIMATION DE LA TAILLE DU MENAGELâĂ©chantillon, Ă©laborĂ© selon les principes susmentionnĂ©s, comprend 299.257 indivi-dus. En principe, nous savons si ces individus a) sĂ©journent dans un mĂ©nage collec-tif et b) si ce nâest pas le cas, qui Ă©tait la personne de rĂ©fĂ©rence (Ă savoir le chef demĂ©nage) du mĂ©nage privĂ© les 1er janvier 2009 et 2002 (12).
Au total, 1.172 individus de cet Ă©chantillon font partie dâun mĂ©nage collectif. Cesindividus reçoivent un numĂ©ro de mĂ©nage unique et sont considĂ©rĂ©s comme«isolĂ©s» dans les analyses antĂ©rieures.
Au 1er janvier 2009, la variable âpersonne de rĂ©fĂ©renceâ nâĂ©tait pas complĂ©tĂ©e pour136 individus ne faisant pas partie dâun mĂ©nage collectif. Si la variable âpersonne derĂ©fĂ©renceâ a bien Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e au 1er janvier 2002, celle-ci a Ă©tĂ© reprise. Dans lecas contraire, lâindividu est considĂ©rĂ© comme isolĂ©. Tous les individus de mĂ©nageprivĂ© qui ont le mĂȘme numĂ©ro dâidentification sont considĂ©rĂ©s, dans les analysesultĂ©rieures, comme faisant partie du mĂȘme mĂ©nage.
AprĂšs contrĂŽle, il sâest Ă©galement avĂ©rĂ© que 2 mĂ©nages comprenant respectivement27 et 28 personnes Ă©taient repris dans lâĂ©chantillon. MĂȘme si, en principe, ce nâestpas impossible, le risque dâerreurs dans la composition du mĂ©nage augmente bel etbien en fonction de lâaugmentation du nombre de membres. Ces deux mĂ©nages ontdonc Ă©tĂ© retirĂ©s de lâĂ©chantillon qui sera analysĂ© ultĂ©rieurement.
AprÚs cette intervention, il reste 299.202 individus. Les 298.030 individus de cegroupe qui font partie de ménages privés sont répartis entre 97.760 familles (13).
2.2. CREATION DâUNE SERIE DE CARACTERISTIQUES A PARTIR DES DONNEES DUREGISTRE NATIONALLes variables du fichier du registre national occupent une place particuliĂšre dans lelot des variables demandĂ©es pour tous les individus (14) car elles permettent de dĂ©li-miter les unitĂ©s mĂ©nagĂšres et comportent des informations sur les relations entre lesmembres du mĂ©nage.
Une des variables du Registre national est la variable NAREGNIS_RELATION, qui tra-duit le lien entre chaque membre du mĂ©nage et le chef du mĂ©nage sous la formedâun code. Les valeurs possibles de la variable NAREGNIS_RELATION sont reprisesdans le tableau 1.
(12) La personne de rĂ©fĂ©rence est, en principe, celle qui dĂ©fend les intĂ©rĂȘts du mĂ©nage ou qui assureune bonne partie de son entretien. Dans la pratique, il peut toutefois sâagir Ă©galement de la personnequi sâoccupe des affaires administratives du mĂ©nage (voir APS (2011)).(13) Ces manipulations sont rĂ©alisĂ©es avec le programme CreatePopCharAndWeights.sas (voir SPFSĂ©curitĂ© sociale (2011c)).(14) Pour la liste complĂšte des variables, voir Vleminckx (2011).
668
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 668
TABLEAU 1 : VALEURS POSSIBLES DE LA VARIABLE NAREGNIS_RELATION
En principe, la variable NAREGNIS_RELATION doit toujours avoir une valeur de 1pour la personne de rĂ©fĂ©rence du mĂ©nage. Dans 136 cas, ce nâĂ©tait toutefois pas lecas. La valeur pour la variable NAREGNIS_RELATION faisait manifestement dĂ©faut eta donc Ă©tĂ© fixĂ©e manuellement Ă 1.
En principe, seul un individu par mĂ©nage peut prĂ©senter une valeur de 1 pour lavariable NAREGNIS_RELATION. Dans 9 mĂ©nages, toutefois, cette variable revenaitdeux fois avec une valeur 1. Dans 7 de ces 9 mĂ©nages, une des deux personnes Ă laquelle Ă©tait attribuĂ©e la valeur 1 pour la variable NAREGNIS_RELATION Ă©tait dĂ©jĂ chef de mĂ©nage en 2002. La valeur de la variable NAREGNIS_RELATION nâa pas Ă©tĂ©adaptĂ©e. Pour les autres personnes concernĂ©es, par contre, la variableNAREGNIS_RELATION, a Ă©tĂ© modifiĂ©e manuellement et portĂ©e Ă 12, Ă savoir sansparentĂ© familiale (15).
Pour les deux cas restants, la valeur 1 pour NAREGNIS_RELATION a Ă©tĂ© maintenuedans la ligne pour laquelle le numĂ©ro dâidentification de lâindividu Ă©tait Ă©gal Ă celuide la personne de rĂ©fĂ©rence. Dans lâautre cas, la valeur 1 a Ă©tĂ© changĂ©e manuelle-ment en une valeur 12.
En principe, la valeur 2, Ă savoir partenaire du chef de mĂ©nage, ne devrait pouvoirse prĂ©senter quâune seule fois par mĂ©nage, mais manifestement, ce nâĂ©tait pas le cas.7 mĂ©nages avaient manifestement 2 partenaires. Dans un des cas, la valeur 2 reve-nait mĂȘme trois fois. Ces cas ont Ă©tĂ© corrigĂ©s manuellement aprĂšs avoir inspectĂ© les
(15) Les 7 lignes dâobservation pour lesquelles aucune adaptation nâa Ă©tĂ© effectuĂ©e Ă©taient aussi deslignes pour lesquelles le numĂ©ro dâidentification de lâindividu Ă©tait identique Ă celui de la personnede rĂ©fĂ©rence.
669
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
_Valeur possible Description 1 chef de mĂ©nage2 conjoint 3 fils, fille 4 beau-fils, belle-fille 5 petit-fils, petite-fille 6 pĂšre, mĂšre 7 beau-pĂšre, belle-mĂšre 8 grand-pĂšre, grand-mĂšre 9 frĂšre, sĆur 10 beau-frĂšre, belle-sĆur 11 parent, parente 12 sans lien familial 13 beau-fils, belle-fille 14 arriĂšre-petit-fils, arriĂšre-petite-fille 15 oncle, tante 16 neveu, niĂšce (parentĂ© du troisiĂšme degrĂ©) 17 neveu, niĂšce (parentĂ© du quatriĂšme degrĂ©) 20 communautĂ©s, foyers
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 669
mĂ©nages concernĂ©s. Dans 4 cas, on dĂ©nombrait systĂ©matiquement 2 partenairesavec des donnĂ©es parfaitement identiques. Il sâagit donc, sans doute, de lignes qui,par erreur, ont Ă©tĂ© deux fois sĂ©lectionnĂ©es lors de la constitution de lâĂ©chantillon etqui malgrĂ© cela, se sont vues attribuer des numĂ©ros dâidentification diffĂ©rents. Unede ces deux lignes a donc Ă©tĂ© supprimĂ©e de lâĂ©chantillon qui sera analysĂ© ultĂ©rieure-ment.
Une variable que nous avions pu observer directement dans lâĂ©chantillon MIMOSISprĂ©cĂ©dent, mais que nous nâavons pas pu observer cette fois-ci, est la variable NARE-GNIS_CIVIL. Le tableau 2 reprend les valeurs possibles pour cette variable.
TABLEAU 2 : VALEURS POSSIBLES POUR LA VARIABLE NAREGNIS_CIVIL
Nous tentons de reconstituer les valeurs de NAREGNIS_CIVIL_2009 au 1er janvier2009, sur la base dâautres donnĂ©es disponibles. Si un mĂȘme mĂ©nage comporte deuxindividus avec une valeur de, respectivement, 1 et 2 pour la variableNAREGNIS_RELATION, nous attribuons la valeur 2 Ă la variableNAREGNIS_CIVIL_2009. Si aprĂšs cette opĂ©ration, la variable NAREGNIS_CIVIL_2009nâa pas encore Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e, nous reprenons la valeur de NAREGNIS_CIVIL_2002du 1er janvier 2002 si cette valeur Ă©tait alors supĂ©rieure Ă 2. Si aprĂšs cette deuxiĂšmeĂ©tape, la valeur de NAREGNIS_CIVIL_2009 nâa pas encore Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e, nousconsidĂ©rons quelquâun comme veuf ou veuve si un individu a plus de 18 ans etperçoit une pension de survie. Une personne est Ă©galement considĂ©rĂ©e commedivorcĂ©e si selon la variable NAREGNIS_CIVIL_2002, elle Ă©tait mariĂ©e au 1er janvier2002, si elle nâavait pas perçu de pension de survie en 2008 et si aucun partenairenâa Ă©tĂ© dĂ©signĂ© au 1er janvier 2009. Si au 1er janvier 2002, un mĂ©nage comptaitdeux individus avec une valeur NAREGNIS_CIVIL_2002 de 2, Ă savoir mariĂ©, et siaprĂšs les opĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, aucune valeur nâa Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e pour la variableNAREGNIS_CIVIL_2009, pour aucun des deux individus, la valeur est fixĂ©e Ă 2, ycompris le 1er janvier 2009. Tous les autres individus pour lesquels aucune valeurnâa Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e pour NAREGNIS_CIVIL_2009 lors des opĂ©rations prĂ©cĂ©dentessont considĂ©rĂ©s comme non-mariĂ©s (16).
(16) Toutes les manipulations de cette section ont été effectuées avec le programme CreatePopCha-rAndWeights.sas (voir SPF Sécurité sociale (2011c)).
670
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
_Valeur possible Description
1 non marié 2 marié 3 veuf, veuve 4 divorcé 5 séparé de corps
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 670
Outre le numĂ©ro dâidentification unique de lâindividu, le mĂ©nage dont fait partie unindividu, le lien dâun individu avec le chef de mĂ©nage (dĂ©signĂ© dansNAREGNIS_RELATION) et lâĂ©tat civil (voir NAREGNIS_CIVIL), nous observons, pourchaque individu de lâĂ©chantillon, le mois et lâannĂ©e de naissance, le sexe, un codede la commune oĂč habite lâindividu, la position LIPRO de lâindividu, si lâindividu aĂ©tĂ© ou non sĂ©lectionnĂ© de maniĂšre alĂ©atoire lors de la premiĂšre ou deuxiĂšme Ă©tapede lâĂ©chantillonnage et un code dĂ©signant le type de mĂ©nage (17).
2.3. LES POIDS DâECHANTILLONNAGEJusquâĂ prĂ©sent nous avons seulement dĂ©crit des rĂ©sultats au niveau de lâĂ©chantillon.Si nous voulons utiliser les rĂ©sultats de lâĂ©chantillonnage pour nous prononcer aunom de lâensemble de la population, il semble judicieux dâĂ©laborer des facteurs depondĂ©ration compensant ce mode de sĂ©lection non alĂ©atoire des unitĂ©s dâobserva-tion. Ces facteurs de pondĂ©ration ont Ă©tĂ© construits pour les individus et les familles(18).
Le tableau 3 indique la rĂ©partition du nombre pondĂ©rĂ© dâunitĂ©s dâobservation enfonction du sexe et de la rĂ©gion. Si nous comptabilisons les lignes pour les hommeset pour les femmes, nous constatons quâil sâagit dâune bonne approximation desnombres totaux par rĂ©gion. Cela ne peut toutefois occulter le fait que, dans le cas dela RĂ©gion de Bruxelles-Capitale, le nombre dâhommes est sous-estimĂ© et le nombrede femmes surestimĂ©. Les deux diffĂ©rences se compensent plus ou moins (19).
TABLEAU 3 : NOMBRE PONDERE DâUNITES DâOBSERVATION AU NIVEAU INDIVIDUEL, PAR SEXEET PAR REGION (20)
(17) Plus dâinformations sur le contenu de ces donnĂ©es sont disponibles dans DOCDWH (2011), voirdocument âfiches_beschrijving_rr_ksz.docâ.(18) Dans Van Camp (2011) nous donnons une description plus dĂ©taillĂ©e de la procĂ©dure suivie pourla construction des facteurs de pondĂ©ration.(19) Dans lâannexe 2 de Van Camp (2011) on dĂ©cortique ce rapport par groupes dâĂąge de 5 ans. IlapparaĂźt de cette dĂ©composition que la diffĂ©rence pour la RĂ©gion bruxelloise rĂ©sulte surtout de dif-fĂ©rences hommes â femmes dans le groupe dâĂąge des 20 â 40 ans. Le point de rĂ©fĂ©rence pour fixerlâĂąge dans toutes les applications est, pour cette note, le 1er janvier 2009.(20) Les donnĂ©es de la colonne ârĂ©partition effectiveâ sont basĂ©es sur des donnĂ©es de la DGSIE, voirDGSIE (2011a) : population en fonction du sexe, des groupes dâĂąge et des classes dâĂąge.
671
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
,Nombre effectifsur la base des statistiques de
population 2009
Nombre pondĂ©rĂ© sur la base de lâĂ©chantillon
Différence entre le nombre
pondéré et lenombre effectif, en pourcentage
Hommes RĂ©gion de Bruxelles-Capitale 516.250 503.135 -2,6 RĂ©gion flamande 3.064.169 3.051.317 -0,4 RĂ©gion wallonne 1.688.232 1.690.329 0,1
Femmes RĂ©gion de Bruxelles-Capitale 552.282 565.460 2,3 RĂ©gion flamande 3.144.708 3.157.629 0,4 RĂ©gion wallonne 1.787.439 1.785.410 -0,1
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 671
2.4. DESCRIPTION DE CERTAINES VARIABLES DANS DâAUTRES SOURCES QUE LEREGISTRE NATIONALOutre les donnĂ©es du Registre national prĂ©citĂ©es, la DWH MT&PS a demandĂ© pourtous les individus sĂ©lectionnĂ©s en vue de lâĂ©chantillon, une sĂ©rie de donnĂ©es four-nies par diverses institutions publiques de sĂ©curitĂ© sociale (IPSS). Vous trouverezdans le tableau 4 une liste des abrĂ©viations que nous utiliserons pour dĂ©crire lesdiffĂ©rentes sources consultĂ©es, ainsi quâune brĂšve description de ces sources. Saufmention contraire, les donnĂ©es des fichiers consultĂ©s sont celles de lâannĂ©e dâobser-vation 2008.
TABLEAU 4 : ABREVIATION ET DESCRIPTION DES DIFFERENTES SOURCES A PARTIR DESQUELLESDES DONNEES SONT DEMANDEES POUR LES INDIVIDUS SELECTIONNES (21)
(21) Vous trouverez plus dâinformations sur la plupart de ces fichiers dans DOCDWH (2011).
672
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Nom fichier Description
CIMIRE
Un fichier avec des donnĂ©es individuelles sur la carriĂšre de travailleurs salariĂ©s. Le fichier comprend aussi bien des donnĂ©es de pĂ©riodes au cours desquelles le travailleur Ă©tait professionnellement actif que des donnĂ©es de pĂ©riodes au cours desquelles il nâĂ©tait pas professionnellement actif. Les annĂ©es dâobservation possibles reprises dans le fichier vont de 1954 Ă 2001 inclus.
NIC Un fichier avec des donnĂ©es individuelles sur la pĂ©riode dâincapacitĂ© de travail primaire et la protection de la maternitĂ©s des assurĂ©s dans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s et indĂ©pendants.
PODMI Un fichier avec des donnĂ©es individuelles sur les interventions des CPAS en matiĂšre dâaidesociale
PensCad Un fichier avec des données individuelles sur les pensions versées des premier et deuxiÚme piliers.
RKW_RG Un fichier avec une indication selon laquelle lâindividu est un enfant ouvrant le droit aux allocations familiales dans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s, des allocations familiales garanties et des fonctionnaires.
RKW_RH Un fichier avec une indication selon laquelle lâindividu a droit aux allocations familiales dans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s, des allocations familiales garanties et des fonctionnaires.
RKW_BT Un fichier avec une indication selon laquelle lâindividu est un allocataire en matiĂšre dâallocations familiales dans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s, des allocations familiales garanties et des fonctionnaires.
RSVZ_KB_RG Un fichier avec une indication selon laquelle lâindividu ouvre le droit aux allocations familiales dans le rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants.
RSVZ_KB_RH Un fichier avec une indication selon laquelle lâindividu a droit aux allocations familiales dans le rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants.
RSVZ_KB_BT Un fichier avec une indication selon laquelle lâindividu est un allocataire en matiĂšre dâallocations familiales dans le rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants.
RVA Un fichier avec des donnĂ©es dâindividus qui ont droit Ă une allocation Ă charge de lâONEM. Il sâagit notamment ici de chĂŽmeurs complets indemnisĂ©s, mais aussi de personnes en interruption de carriĂšre ou de prĂ©pensionnĂ©s.
FAO Un fichier avec des donnĂ©es sur des individus dont lâassurance accidents du travail est suivie par le Fonds des accidents du travail.
FBZ Un fichier avec des donnĂ©es sur des individus dont lâassurance accidents du travail est suivie par le Fonds des maladies professionnelles.
RIZIV Un fichier avec des donnĂ©es sur des individus dont lâinvaliditĂ© a Ă©tĂ© reconnue par le Conseil mĂ©dical de lâinvaliditĂ© (CMI).
FOD_SZ Un fichier avec des donnĂ©es sur des individus dont le handicap a Ă©tĂ© reconnu afin dâobtenir une allocation aux personnes handicapĂ©es.
LABM97 Un fichier avec un nombre limité de données relatives au marché du travail, pour des individus et sur la période allant de 1997 à 2008 inclus.
RSVZ Un fichier avec des donnĂ©es dâindividus qui Ă©taient affiliĂ©s Ă une caisse dâassurances sociales pour travailleurs indĂ©pendants.
Ă© Ă©
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 672
Un certain nombre de données sur la taille des différents fichiers cités ont étéreprises dans le tableau 5.
La colonne âTotalâ du tableau 5 indique la part des individus dans chaque fichier,comme pourcentage de la population totale (22). On peut notamment dĂ©duire decette colonne que nous observons les donnĂ©es de plus de la moitiĂ© de la populationqui figurent dans le fichier de carriĂšre des travailleurs salariĂ©s (voir la ligne CIMIRe)ou le fichier reprenant les donnĂ©es du marchĂ© du travail pour la pĂ©riode allant de1997 Ă 2008 inclus (voir la ligne LABM97).
La colonne âTotal uniqueâ du tableau 5 indique, pour chaque fichier, la part des indi-vidus apparaissant uniquement dans le fichier concernĂ©, sous la forme dâun pour-centage de tous les individus du fichier. Il apparaĂźt notamment de cette colonne queplus de 70 % des enfants bĂ©nĂ©ficiaires dâallocations familiales et connus Ă lâONAFTS(voir la ligne RKW_RG) et plus de 60 % des enfants bĂ©nĂ©ficiaires dâallocations fami-liales et connus Ă lâINASTI (voir la ligne RSVZ_KB_RG) apparaissent uniquementdans le fichier des enfants bĂ©nĂ©ficiaires.
Les colonnes suivantes du tableau 5 indiquent la part dâindividus apparaissant enmĂȘme temps dans le fichier mentionnĂ© dans la ligne et dans la colonne du tableau,exprimĂ©e sous la forme dâun pourcentage du nombre dâindividus dans le fichiermentionnĂ© dans la ligne. Le tableau 5 montre ainsi que de trĂšs nombreux enfants nefigurant pas seulement dans le fichier des enfants ouvrant le droit aux allocationsfamiliales sont aussi observĂ©s dans le fichier avec donnĂ©es ONSS (voir, respective-ment, lâintersection de la ligne RKW_RG et la colonne RSZ_20022008, dâune part, etlâintersection de la ligne RSVZ_KB_RG et de la colonne RSZ_20022008).
On peut dĂ©duire du tableau 5 que la plupart des individus de lâĂ©chantillon Ă©taientjadis connus en qualitĂ© de salariĂ©s sur la pĂ©riode allant de 1997 Ă 2008 inclus (voircolonne LABM97). Les exceptions concernent surtout les enfants ouvrant le droit(voir lignes RKW_RG et RSVZ_KB_RG et colonne LABM97), les pensionnĂ©s (voir laligne PensCad et la colonne LABM97) et les personnes handicapĂ©es (voir la ligneFOD SZ et la colonne LABM97).
Il est enfin frappant de constater que 64 % des individus repris dans le fichier RVAsont aussi observĂ©s simultanĂ©ment dans le fichier avec donnĂ©es trimestrielles delâONSS (voir la ligne RVA et la colonne RSZ_Quart du tableau 5).
(22) Les résultats ont été pondérés avec les facteurs de pondération individuels. Tous les résultatsprésentés qui suivent ont été pondérés avec les facteurs de pondération élaborés.
673
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
RSZPPO_QUART Un fichier avec des donnĂ©es dâindividus employĂ©s dans une administration locale ouprovinciale. Les donnĂ©es concernent uniquement le quatriĂšme trimestre 2008.
RSZPPO_20022008 Un fichier avec des donnĂ©es dâindividus employĂ©s dans une administration locale ouprovinciale sur la pĂ©riode allant de 2002 Ă 2008 inclus.
RSZ_QUART Un fichier avec des donnĂ©es dâindividus employĂ©s en qualitĂ© de salariĂ©s, Ă lâexception de ceux employĂ©s dans une administration locale ou provinciale. Les donnĂ©es concernent uniquement le quatriĂšme trimestre 2008.
RSZ_20022008Un fichier avec des donnĂ©es dâindividus employĂ©s en tant que salariĂ©s sur la pĂ©riode allant de 2002 Ă 2008 inclus, Ă lâexception de ceux employĂ©s dans une administration locale ou provinciale pendant la pĂ©riode concernĂ©e.
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 673
674
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
TA
BLEA
U 5
: P
ART
DâIN
DIV
IDU
S D
AN
S L
A L
IGN
E E
TLE
FIC
HIE
R C
OLO
NN
E C
OM
ME P
OU
RCEN
TAG
E D
U N
OM
BRE
DâIN
DIV
IDU
S D
AN
S L
E F
ICH
IER L
IGN
E
Nom
fic
hier
Total
Total unique
CIMIRE
NIC
PODMI
PensCad
RKW_RG
RKW_RH
RKW_BT
RSVZ_KB_RG
RSVZ_KB_RH
RSVZ_KB_BT
RVA
FAO
FBZ
RIZIV
FOD SZ
LABM97
RSVZ
RSZPPO_QUART
RSZPPO_20022008
RSZ_QUART
RSZ_20022008
CIM
IRE
53,4
4,
5 10
0,0
7,5
1,0
26,8
0,
7 15
,4
16,4
0,
1 1,
1 1,
1 21
,3
2,2
1,1
4,3
7,0
70,4
11
,0
5,1
8,2
47,1
60
,1
NIC
6.
3 0.
0 64
.0
100.
02.
1 0.
9 0.
9 30
.3
32.8
0.
1 0,
5 0,
6 46
,6
9,0
1,1
7,2
2,6
95,5
8,
0 6,
8 13
,1
74,1
89
,5
POD
MI
1.2
7.7
46.3
11
.0
100.
03.
7 16
.1
14.0
28
.2
0.8
0,3
1,1
26,9
1,
8 0,
0 1,
8 5,
2 67
,6
3,0
7,1
19,1
20
,9
56,1
Pens
Cad
19.2
16
.4
74.6
0.
3 0.
2 10
0.0
0.2
1.4
1.8
0.0
0,1
0,1
2,7
0,1
2,3
0,7
14,8
31
,8
4,1
0,4
2,5
7,9
21,0
RKW
_RG
22
.8
73.5
1.
7 0.
3 0.
8 0.
2 10
0.0
0.1
1.2
0.7
0,0
0,0
1,2
0,4
0,0
0,1
3,1
22,8
0,
3 0,
3 3,
3 9,
1 22
,0
RKW
_RH
11
.3
0.0
73.1
16
.9
1.5
2.4
0.1
100.
037
.8
0.0
0,3
0,4
31,6
4,
3 0,
5 4,
0 2,
4 95
,8
8,0
7,6
11,0
78
,9
89,2
RKW
_BT
12.6
3.
3 69
.5
16.3
2.
7 2.
7 2.
1 33
.7
100.
00.
0 0,
2 0,
5 30
,2
2,2
0,5
3,6
2,5
86,4
7,
6 8,
6 13
,5
64,0
77
,4
RSVZ
_KB_
RG
2.0
62.2
2.
2 0.
2 0.
5 0.
0 8.
2 0.
1 0.
1 10
0.0
0,4
0,9
1,0
0,3
0,0
0,1
2,3
28,6
1,
0 0,
2 2,
6 10
,8
28,0
RSVZ
_KB_
RH1.
0 0.
0 60
.7
3.1
0.3
1.8
0.1
3.6
3.2
0.9
100,
0 77
,3
1,6
0,0
0,0
1,8
0,8
36,3
97
,6
0,5
1,6
4,8
22,7
RSVZ
_KB_
BT1.
0 1.
4 61
.4
3.9
1.3
2.9
0.1
4.6
6.0
1.8
77,1
10
0,0
3,2
0,2
0,1
1,9
1,2
39,5
87
,7
0,6
2,2
7,9
26,2
RVA
15.7
0.
4 72
.2
18.6
2.
1 3.
3 1.
7 22
.6
24.2
0.
1 0,
1 0,
2 10
0,0
4,5
0,8
1,3
2,3
92,2
3,
9 4,
6 10
,8
64,2
84
,3
FAO
1.
8 0.
0 65
.2
30.9
1.
2 1.
2 5.
2 26
.7
15.4
0.
3 0,
0 0,
1 38
,5
100,
00,
6 1,
8 1,
5 99
,8
4,3
1,4
6,4
95,3
99
,7
FBZ
0.7
0.0
83.8
10
.1
0.1
63.6
0.
6 8.
7 9.
0 0.
0 0,
1 0,
1 18
,6
1,5
100,
06,
4 19
,3
85,0
2,
5 3,
0 5,
4 80
,8
82,4
RIZI
V 2.
7 0.
9 85
.2
16.7
0.
8 5.
2 1.
0 16
.6
17.0
0.
1 0,
6 0,
7 7,
5 1,
2 1,
6 10
0,0
32,6
67
,5
8,4
2,2
4,9
34,8
54
,0
FOD
_SZ
5.7
4.0
65.7
2.
9 1.
1 50
.3
12.4
4.
7 5.
5 0.
8 0,
1 0,
2 6,
3 0,
5 2,
3 15
,6
100,
025
,4
2,3
0,9
1,9
12,9
19
,1
LABM
97
55.8
0.
1 67
.3
10.8
1.
5 10
.9
9.3
19.3
19
.5
1.0
0,6
0,7
26,0
3,
3 1,
0 3,
3 2,
6 10
0,0
9,0
6,6
12,3
65
,3
88,0
RSVZ
8.
9 9.
8 65
.7
5.6
0.4
8.7
0.8
10.1
10
.8
0.2
10.6
9,
6 6,
9 0,
9 0,
2 2,
5 1,
5 56
,2
100,
02,
4 4,
7 24
,5
45,2
RSZP
PO_Q
UAR
T 3.
7 0.
0 73
.9
11.7
2.
3 1.
9 2.
2 23
.3
29.7
0.
1 0.
1 0,
2 19
,9
0,7
0,6
1,6
1,3
100,
05,
8 10
0,0
100,
0 13
,5
45,0
RSZP
PO_2
0022
008
6.8
0.0
64.1
12
.0
3.4
7.1
11.0
18
.1
24.9
0.
8 0.
2 0,
3 24
,8
1,7
0,5
1,9
1,6
100,
06,
1 53
,5
100,
0 31
,4
59,7
RSZ_
QU
ART
36.5
0.
0 69
.0
12.8
0.
7 4.
1 5.
7 24
.3
22.2
0.
6 0.
1 0,
2 27
,7
4,8
1,5
2,6
2,0
100,
06,
0 1,
4 5,
9 10
0,0
100,
0
RSZ_
2002
2008
49
.1
0.0
65.3
11
.5
1.4
8.2
10.2
20
.4
19.9
1.
2 0.
4 0,
5 27
,0
3,7
1,1
3,0
2,2
100,
08,
2 3,
4 8,
3 74
,2
100,
0
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 674
Dans cette section, nous ne pouvons bien sĂ»r pas examiner en dĂ©tail toutes lesmanipulations de donnĂ©es effectuĂ©es pour la construction du fichier qui est insĂ©rĂ©dans le modĂšle (23). Selon une rĂšgle gĂ©nĂ©rale appliquĂ©e lors du traitement desfichiers partiels, une seule ligne dâobservation a Ă©tĂ© retenue par individu et parfichier partiel (24). Dans certains fichiers, il arrivait en effet quâon observe un seulindividu avec plusieurs lignes dâobservations. Câest par exemple le cas lorsque desindividus ont bĂ©nĂ©ficiĂ©, dans une lĂ©gislation donnĂ©e, de droits diffĂ©rents pendant unan ou bĂ©nĂ©ficiaient de plusieurs statuts en tant que salariĂ©s ou quâindĂ©pendants.
Cette limitation Ă une seule ligne avait gĂ©nĂ©ralement lieu en prenant les caractĂ©ris-tiques du droit ou de lâactivitĂ© sur le marchĂ© du travail la mieux rĂ©munĂ©rĂ©e et encomptabilisant les montants versĂ©s, toutes lignes dâobservation confondues. DesdonnĂ©es de lignes dâobservation bien prĂ©cises ont parfois Ă©tĂ© converties en variableslorsquâil Ă©tait souhaitable de retenir plusieurs droits par individu. CâĂ©tait notammentle cas pour les pensions payĂ©es, afin de pouvoir maintenir la distinction entre pen-sions de vieillesse et pensions de survie. Cela a aussi Ă©tĂ© le cas pour les allocationsde maladie et dâinvaliditĂ©, afin de pouvoir, plus tard, faire la diffĂ©rence entre lesindemnitĂ©s dâinvaliditĂ© et les allocations de maternitĂ©.
Les observations sur lâhistorique de lâemploi des individus de lâĂ©chantillon jouent unrĂŽle important dans les analyses ultĂ©rieures rĂ©alisĂ©es avec le modĂšle. Câest la raisonpour laquelle nous dĂ©taillons ci-dessous lâinformation provenant de ces sources.
2.4.1. Fichiers avec donnĂ©es relatives Ă lâhistorique des salariĂ©s et appointĂ©s sur lemarchĂ© du travail (LABM97, RSZPPO_20022008, RSZ_20022008 et CIMIRe)Pour tous les individus de lâĂ©chantillon qui Ă©taient actifs en qualitĂ© de salariĂ©s etdâappointĂ©s sur la pĂ©riode allant de 1997 Ă 2008 inclus, nous pouvons, Ă partir dufichier LABM97, identifier sâils Ă©taient surtout actifs sur le marchĂ© du travail privĂ© oupublic. Pour les individus qui Ă©taient surtout actifs sur le marchĂ© du travail privĂ©,nous pouvons dĂ©terminer si ces personnes possĂ©daient surtout un statut dâouvrierou dâemployĂ©. En ce qui concerne les cas sur le marchĂ© du travail public, nous pou-vons faire la distinction entre les contractuels et les fonctionnaires.
Les fichiers RSZ_20022008 et RSZPPO_20022008 contiennent bien moins devariables que les fichiers RSZ_Quart et RSZPPO_Quart, mais permettent tout demĂȘme de quantifier une sĂ©rie dâaspects relatifs Ă lâactivitĂ© des salariĂ©s et appointĂ©ssur le marchĂ© du travail, pour les annĂ©es 2002 Ă 2008 inclus. Les variables identi-fiĂ©es pour chacune des annĂ©es allant de 2002 Ă 2008 inclus sont Ă©numĂ©rĂ©es dans letableau 6.
(23) Pour plus de dĂ©tails, voir Van Camp (2011), la section 2.4 et SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011b) et SPFSĂ©curitĂ© sociale (2011c).(24) La documentation relative aux unitĂ©s dâobservation utilisĂ©es dans les diffĂ©rents fichiers de basefigure dans DOCDWH (2011).
675
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 675
TABLEAU 6 : ABREVIATION ET DESCRIPTIF DES VARIABLES QUI QUANTIFIENT LâACTIVITE DESSALARIES ET APPOINTES SUR LE MARCHE DU TRAVAIL DE 2002 A 2008 INCLUS (25)
Les 4 premiĂšres variables du tableau 6 peuvent encore ĂȘtre complĂ©tĂ©es pour lesannĂ©es au cours desquelles des individus Ă©taient actifs sur le marchĂ© du travail privĂ©sur la pĂ©riode allant de 1954 Ă 2001 inclus.
Il est notamment possible, sur la base de ces donnĂ©es, dâestimer le nombre dâannĂ©esde carriĂšre ouvrant un droit Ă pension minimal par annĂ©e de carriĂšre. La figure 1illustre, sur la base des observations prĂ©sentes dans le fichier CIMIRe, la fonction dedensitĂ© du nombre dâannĂ©es avec un droit minimal par individu.
FIGURE 1 : FONCTION DE DENSITE DU NOMBRE DâANNEES DE CARRIERE ENTRANT EN CONSI-DERATION POUR UN DROIT A PENSION MINIMAL PAR ANNEE DE CARRIERE, POUR LES TRA-VAILLEURS SALARIES DU SECTEUR PRIVE
(25) En développant ces concepts, nous continuons de développer le travail décrit dans Mutsaerts(2011).
676
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Nom variable Description ASSIMDAYS Nombre de jours assimilĂ©s pendant lâannĂ©e REMDAYS Nombre de jours rĂ©munĂ©rĂ©s pendant lâannĂ©eREMHOURS Nombre dâheures rĂ©munĂ©rĂ©es pendant lâannĂ©e REMUN Revenu total du travail sur une base annuelle (en classes de 10 EUR)DAYS_FULL Nombre de jours de travail Ă temps plein pendant lâannĂ©e DAYS_PART Nombre de jours de travail Ă temps partiel pendant lâannĂ©eLABMSTAT_PRIV Principal statut sur le marchĂ© du travail privĂ© pendant lâannĂ©e (ouvrier, employĂ©)
LABMSTAT_PUB Principal statut sur le marchĂ© du travail public pendant lâannĂ©e (contractuel, fonctionnaire)
SALJRS Revenu journalier
0
0,01
0,02
0,03
0 2 4 5 7 9 11 13 15 16 18 20 22 24 25 27 29 31 33 35 36 38 40 42 44 45 47 49 51 53 55 56 58 60
Nombre d'années de carriÚre avec un droit à une pension minimale pour une année decarriÚre
Fonc
tion
de d
ensi
té
Travailleurs salariés de secteur privé
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 676
Il est Ă©galement possible, sur la base des donnĂ©es CIMIRe, de dĂ©finir quel Ă©tait lâĂągedu premier contact des individus qui sont ou ont Ă©tĂ© actifs sur le marchĂ© du travailavec le marchĂ© du travail et lâĂąge dâenregistrement de la premiĂšre assimilation. Lafigure 2 illustre la densitĂ© de ces donnĂ©es relatives Ă lâĂąge.
FIGURE 2 : FONCTION DE DENSITE DE LâAGE DE LA PREMIERE EXPERIENCE SUR LE MARCHE DUTRAVAIL ET DE LA PREMIERE ASSIMILATION POUR LES TRAVAILLEURS DU SECTEUR PRIVE
Comme il apparaĂźt de la figure 2, lâĂąge de la premiĂšre prestation sur le marchĂ© dutravail est, pour la grande majoritĂ© des observĂ©s, compris entre 15 et 28 ans, avecun pic vers 20-21 ans. La premiĂšre assimilation de jours connaĂźt une Ă©volution simi-laire Ă celle des jours prestĂ©s, avec un pic moins important. Par ailleurs, cette assimi-lation se produit souvent aprĂšs la premiĂšre prestation.
2.4.2. Constitution de la derniĂšre rĂ©muneration journaliĂšre perçueUne donnĂ©e qui peut ĂȘtre observĂ©e directement dans un des fichiers âmarchĂ© du tra-vailâ, pour certains individus, et que nous reconstituons dans certains autres cas, estla derniĂšre rĂ©munĂ©ration journaliĂšre perçue. Ce concept est enregistrĂ© sous la dĂ©no-mination SALJRS_LAST_CORR. Cette donnĂ©e occupe une place importante dans desanalyses ultĂ©rieures, parce quâelle servira dâinput pour recalculer certaines alloca-tions et parce quâelle donne une indication de la capacitĂ© de gain dâun individu.
677
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
0
0,01
0,02
0,03
0,04
0,05
0,06
0,07
0,08
0,09
0,1
0,11
10 12 15 17 19 21 24 26 28 30 33 35 37 40 42 44 46 49 51 53 55 58 60 62 65 67 69 71 74 76 78 80 83 85
Age du premier enregistrement
Fonc
tion
de d
ensi
té
Travailleurs du secteur privé : jours prestésTravailleurs du secteur privé : jours assimilés
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 677
Lorsquâune institution (ONSS ou ONSSAPL) fournit une donnĂ©e de rĂ©munĂ©rationjournaliĂšre, cela signifie que certaines rĂ©munĂ©rations pour travail prestĂ©, versĂ©espendant une pĂ©riode dĂ©terminĂ©e, sont divisĂ©es par le temps de travail prestĂ© pen-dant cette mĂȘme pĂ©riode (26). Nous qualifierons cette variable ci-aprĂšs de âconceptde rĂ©munĂ©ration journaliĂšre (27).
Nous pouvons Ă©galement, sur la base de la derniĂšre annĂ©e pour laquelle desdonnĂ©es sur la rĂ©munĂ©ration et le temps de travail sont disponibles, calculer nous-mĂȘmes un concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre. Cela se fait de deux maniĂšres:ïżœ en divisant la masse salariale observĂ©e par le nombre de jours rĂ©munĂ©rĂ©s
(concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre 2) ;ïżœ en multipliant la masse salariale observĂ©e par 7,6 et en divisant ensuite le rĂ©sultat
par le nombre dâheures de travail (concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre 3).
Ces concepts ne sont calculĂ©s que dans des conditions prĂ©cises, pour chaque indivi-du. Un individu doit avoir travaillĂ© au moins 24 jours ou 182 heures sur une baseannuelle (autrement dit 4 semaines selon un rĂ©gime de 6 heures / semaine ou lâĂ©qui-valent en journĂ©es de 7,6 heures). Les prestations de temps observĂ©es ne peuventpas non plus excĂ©der 52*6 jours ou 52*6*7,6 heures. Les donnĂ©es salariales et sur letemps de travail qui figurent dans les lignes dâobservation ne rĂ©pondant pas Ă cesrĂšgles ne sont pas utilisĂ©es pour reconstituer la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre et la valeurde la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e est alors fixĂ©e Ă 0.
Nous disposons ainsi, pour quelque 71 % (7.635.230 unitĂ©s sur un total de10.753.080) du nombre pondĂ©rĂ© dâunitĂ©s de lâĂ©chantillon, des donnĂ©es salarialesainsi que le temps de travail pendant au moins une annĂ©e de prestations entre 2008et 1954.
Nous constatons que pour quelque 60 % (4.646.508 unitĂ©s sur 7.635.230) des unitĂ©sde ce groupe, la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre est, en 2008, directement fournie parlâONSS ou lâONSSAPL. Dans 9 % des cas, il nây a pas eu de rĂ©munĂ©ration journaliĂšrepour 2008, mais bien un concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre fourni directementsoit par lâONSS, soit par lâONSSAPL, pour une des annĂ©es prĂ©cĂ©dant 2008.
Dans tous les cas pour lesquels le concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre 1 Ă©tait dispo-nible, SALJRS_LAST_CORR a Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e sur la base de ce concept. Dans lesautres cas, on a commencĂ© par donner la prioritĂ© au concept de rĂ©munĂ©ration jour-naliĂšre 2 et sâil nâĂ©tait pas disponible, la derniĂšre rĂ©munĂ©ration journaliĂšre perçue a
(26) Pour plus dâinformations sur ces concepts, consultez DOCDWH (2011), documents âfiches, bes-chrijving RSZ, Nederlands, versie 3-1-2011.docâ et âfiches, beschrijving RSZPPO, Nederlands, versie20-5-2011.docâ.(27) Ce concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre observĂ© directement nâa pas Ă©tĂ© divisĂ© en classes, con-trairement aux autres montants nominaux issus de la demande de donnĂ©es.
678
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 678
Ă©tĂ© dĂ©finie avec le concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre 3. Si SALJRS_LAST_CORR aĂ©tĂ© dĂ©finie Ă partir de donnĂ©es dâune annĂ©e dâobservation antĂ©rieure Ă 2008, lavaleur a Ă©tĂ© rĂ©Ă©valuĂ©e Ă partir des coefficients de revalorisation. (28).
A lâissue de ces interventions, on regarde si la valeur de SALJRS_LAST_CORR nâestpas un âoutlierâ par rapport aux donnĂ©es de rĂ©partition de 2008. Nous considĂ©ronsune valeur comme âoutlierâ si la valeur reconstituĂ©e excĂšde la moyenne augmentĂ©ede deux fois la diffĂ©rence standard des observations du concept de rĂ©munĂ©rationjournaliĂšre 1 pour lâannĂ©e 2008. ConcrĂštement, le seuil supĂ©rieur utilisĂ© est Ă©gal Ă 309,93 EUR (29). Si, pour les âoutliersâ, le concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre 2 ou3 nâĂ©tait pas un âoutlierâ, la valeur de SALJRS_LAST_CORR a Ă©tĂ© remplacĂ©e par unede ces valeurs.
Dans quelque 3 % des cas pour lesquels nous observons les donnĂ©es du marchĂ© dutravail, le concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre obtenu aprĂšs les Ă©tapes prĂ©cĂ©dentesest manifestement Ă©gal Ă 0. Dans certains cas, nous devons aussi remonter loin dansle temps pour pouvoir Ă©laborer une valeur pour SALJRS_LAST_CORR. Lâabsence oule caractĂšre dĂ©suet de la donnĂ©e reconstituĂ©e est toutefois importante surtout pourle groupe qui, potentiellement, est encore actif sur le marchĂ© du travail, parce quela rĂ©munĂ©ration journaliĂšre reconstituĂ©e sera surtout utilisĂ©e pour des simulationsconcernant ce groupe. Le tableau 7 reprend donc des donnĂ©es relatives Ă la rĂ©munĂ©-ration journaliĂšre reconstituĂ©e pour les groupes dâindividus de 18 ans ou plus et demoins de 65 ans.
Le tableau 7 fournit davantage dâinformations sur la source (et plus exactement Ă partir de quelle source la donnĂ©e a Ă©tĂ© reconstituĂ©e), lâannĂ©e de prestation (et plusexactement lâannĂ©e des donnĂ©es sur lesquelles repose la reconstitution) et le niveaude la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre reconstituĂ©e.
En fonction de la source, nous distinguons 5 valeurs possibles :ïżœ soit une donnĂ©e nâest pas une âoutlierâ conforme aux rĂšgles prĂ©dĂ©finies et basĂ©es
sur des donnĂ©es de lâONSS, de lâONSSAPL ou du CIMIRe. La valeur attribuĂ©e Ă lasource correspond, dans ce cas, Ă lâabrĂ©viation du fichier ;
ïżœ soit il nâĂ©tait pas possible de constituer une rĂ©munĂ©ration journaliĂšre. La valeurattribuĂ©e Ă la source est, dans ce cas, âinconnueâ ;
ïżœ soit la valeur dâobservation est supĂ©rieure Ă 309,93 EUR. La valeur attribuĂ©e Ă lasource est, dans ce cas, âAftopâ.
(28) Les valeurs des coefficients de revalorisation sont reprises dans lâannexe 4 de Van Camp (2011).(29) La moyenne du concept de rĂ©munĂ©ration journaliĂšre 1 observĂ©e pour 2008 est 122,05 EUR et ladiffĂ©rence standard de 93,94 EUR. Les valeurs supĂ©rieures Ă 309,93 EUR sont donc classĂ©es commeâoutliersâ.
679
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 679
Dans lâanalyse du niveau de la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e, nous nous focali-sons sur 4 zones :ïżœ soit la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e est Ă©gale Ă 0.ïżœ Soit la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e est infĂ©rieure Ă la rĂ©munĂ©ration journa-
liĂšre minimale. La valeur-seuil utilisĂ©e ici est 57,97 EUR (30).ïżœ Soit la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e est supĂ©rieure ou Ă©gale Ă la rĂ©munĂ©ra-
tion journaliĂšre minimale, mais infĂ©rieure Ă la valeur-seuil pour les âoutliersâ (Ă savoir 309,93 EUR).
Soit la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e est supĂ©rieure ou Ă©gale Ă la valeur-seuilpour les âoutliersâ.
Pour les analyses ultĂ©rieures, il importe surtout dâexaminer dans quelle mesure lesvaleurs contenues dans ces analyses sont infĂ©rieures Ă la rĂ©munĂ©ration minimale ousupĂ©rieures Ă la valeur maximale. Si câest le cas, ces valeurs seront soit portĂ©es Ă larĂ©munĂ©ration journaliĂšre minimale, soit tronquĂ©es jusquâau seuil maximal. PourvĂ©rifier si ces interventions diffĂšrent au sein des diffĂ©rentes sous-populations dispo-sant dâun revenu de remplacement ou dâune allocation dâaide sociale, nous venti-lons lâanalyse des variables âsourceâ, âannĂ©e de prestationsâ et âniveau de la rĂ©munĂ©-ration journaliĂšre estimĂ©eâ entre les sous-groupes dâindividus connus dans les diffĂ©-rents sous-fichiers.
(30) Pour Ă©valuer cette rĂ©munĂ©ration journaliĂšre minimale, nous partons du revenu mensuel minimalmoyen garanti (RMMMG) dâune personne de 22 ans prĂ©sentant 1 annĂ©e dâanciennetĂ©. En 2008, leRMMMG sâĂ©levait Ă 1.360,71 EUR (voir Put (2008), p. 1043). Ce montant est multipliĂ© par 12/13, ensupposant que ce montant mensuel contient lâĂ©quivalent mensuel dâune prime de fin dâannĂ©e dâ1mois. Ce montant est ensuite divisĂ© par (52*5)/12 ou 21,66667, soit le nombre supposĂ© de joursprestĂ©s par mois dans un rĂ©gime Ă temps plein.
680
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 680
681
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
POD
_MI
NIC
Pe
nsCa
dR
VA
FA
O
FBZ
RIZ
IV
FOD
SZ
Fréq
. %
Fr
Ă©q.
%
Fréq
. %
Fr
Ă©q.
%
Fréq
. %
Fr
Ă©q.
%
Fréq
. %
Fr
Ă©q.
%
Sour
ce R
JEA
ftop
31
0,
0 1.
699
0,3
4.22
5 1,
3 4,
711
0,3
431
0,2
107
0,4
526
0,2
319
0.1
CIM
IRe
20.1
84
20,7
21
.127
3,
4 11
0.94
4 33
,3
204,
207
12,7
14
3 0,
1 7.
512
26,3
12
3.24
1 47
,2
132.
488
55.8
In
conn
u 16
.115
16
,6
6.06
3 1,
0 19
.963
6,
0 28
,166
1,
8 74
0,
0 14
2 0,
5 11
.183
4,
3 26
.590
11
,2
ON
SSA
PL
8.32
5 8,
6 43
.657
7,
0 28
.554
8,
6 84
,436
5,
3 51
5 0,
3 2.
191
7,7
9.15
7 3,
5 7.
190
3,0
ON
SS
52.7
37
54,2
54
8.58
7 88
,3
169.
403
50,9
1,
285,
532
80,0
18
4.03
4 99
,4
18.5
79
65,1
11
7.09
7 44
,8
70.6
61
29,8
To
tal
97.3
92
100,
062
1.13
3 10
0,0
333.
089
100,
01,
607,
053
100,
0 18
5.19
7 10
0,0
28.5
31
100,
026
1.20
3 10
0,0
237.
248
100,
0
Ann
Ă©e d
e pr
esta
tion
RJE
La v
aleu
r es
t 0
16
.147
16
,6
7.76
2 1,
3 24
.188
7,
3 32
.877
2,
1 50
5 0,
3 24
9 0,
9 11
.708
4,
5 26
.909
11
,3
Ava
nt 1
960
0 0,
0 0
0,0
233
0,1
0 0,
0 0
0,0
0 0,
0 0
0,0
126
0,1
De
1960
Ă 1
969
incl
us
1.31
1 1,
4 0
0,0
13.4
52
4,0
339
0,0
0 0,
0 53
0,
2 51
7 0,
2 3.
379
1,4
De
1970
Ă 1
979
incl
us
3.64
3 3,
7 55
2 0,
1 27
.658
8,
3 6.
531
0,4
53
0,0
249
0,9
12.1
74
4,7
18.0
59
7,6
De
1980
Ă 1
989
incl
us
5.1
15
5,3
3.57
0 0,
6 24
.704
7,
4 34
.287
2,
1 0
0,0
1.64
7 5,
8 27
.610
10
,6
26.2
73
11,1
D
e 19
90 Ă
199
9 in
clus
6.
878
7,1
9.81
8 1,
6 35
.697
10
,7
108.
747
6,8
89
0,1
4.34
7 15
,2
64.2
83
24,6
52
.840
22
,3
De
2000
Ă 2
007
incl
us
25.6
86
26,4
69
.352
11
,2
136.
016
40,8
35
4.90
1 22
,1
1.61
0 0,
9 7.
142
25,0
10
7.17
7 41
,0
67.7
41
28,6
20
08
38.6
13
39,7
53
0.07
8 85
,3
71.1
41
21,4
1.
069.
371
66,5
18
2.93
9 98
,8
14.8
42
52,0
37
.735
14
,5
41.9
22
17,7
To
tal
97.3
92
100,
062
1.13
3 10
0,0
333.
089
100,
01.
607.
053
100,
0 18
5.19
7 10
0,0
28.5
31
100,
026
1.20
3 10
0,0
237.
248
100,
0
Val
eur
esti
mée
la p
lus
Ă©lev
Ă©e
rém
unér
atio
n jo
urna
liĂšre
RJE
est
Ă©ga
l Ă 0
20
.317
20
,9
10.2
06
1,6
26.6
99
8,0
48.5
97
3,0
74
0,0
794
2,8
21.5
91
8,3
68.4
04
28,8
R
JE <
min
imum
18
.195
18
,7
12.9
77
2,1
55.0
11
16,5
68
.022
4,
2 1.
621
0,9
1.12
3 3,
9 38
.772
14
,8
49.2
80
20,8
M
inim
um <
RJE
< m
axim
um
auto
risé
58
.849
60
,4
596.
252
96,0
24
7.15
4 74
,2
1.48
5.72
392
,5
183.
070
98,9
26
.506
92
,9
200.
315
76,7
11
9.24
6 50
,3
RJE
>=
max
imum
aut
oris
Ă© 31
0,
0 1.
699
0,3
4.22
5 1,
3 4.
711
0,3
431
0,2
107
0,4
526
0,2
319
0,1
Tota
l 97
.392
10
0,0
621.
133
100,
033
3.08
9 10
0,0
1.60
7.05
310
0,0
185.
197
100,
028
.531
10
0,0
261.
204
100,
023
7.24
8 10
0,0
TAB
LEA
U 7
: O
RIG
INE,
AN
NEE
DE
PRES
TATI
ON
ET
NIV
EAU
DE
LA R
EMU
NER
ATI
ON
JO
URN
ALI
ERE
ESTI
MEE
(RE
) PO
UR
LES
IND
IVID
US
AG
ES D
E 18
AN
S O
U P
LUS,
MA
IS D
E M
OIN
S D
E 65
AN
S Q
UI S
ON
T C
ON
NU
S D
AN
S D
ES F
ICH
IERS
ET
DIS
POSE
NT
DE
REVE
NU
S D
E RE
MPL
AC
EMEN
T O
U D
âALL
OC
ATI
ON
S D
âAID
E SO
CIA
LE
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 681
En ce qui concerne la source, nous pouvons dĂ©duire du tableau 7 que lâĂ©crĂȘtementde valeurs situĂ©es au-dessus du seuil maximal est, sur lâensemble des fichiers, trĂšsrare. Pour tous les fichiers sauf pour les individus connus Ă lâINAMI ou au Servicepublic fĂ©dĂ©ral SĂ©curitĂ© sociale (SPF SS), plus de 60 % des rĂ©munĂ©rations journaliĂšresestimĂ©es sont Ă©galement rĂ©cupĂ©rĂ©es de fichiers de lâONSS ou de lâONSSAPL. Pourles individus connus Ă lâINAMI ou au SPF SS, la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre est donc,dans une assez large mesure, constituĂ©e sur la base des donnĂ©es CIMIRe.
Les rĂ©sultats du tableau 7 montrent Ă©galement que le nombre de cas pour lesquels larĂ©munĂ©ration journaliĂšre est reconstituĂ©e Ă lâaide dâenregistrements dâannĂ©es deprestation antĂ©rieures Ă 1990 est relativement limitĂ©. Font une fois de plus figuredâexception les fichiers avec individus connus Ă lâINAMI et au SPF SS et le fichiercomprenant les donnĂ©es de paiement des pensions. Dans ces cas, la part des annĂ©esde prestation antĂ©rieures Ă 1990 est supĂ©rieure Ă 15 %. Pour les individus connusdans les autres fichiers et mĂȘme ceux connus Ă lâINAMI et au Cadastre des pensions,la part des 9 derniĂšres annĂ©es de prestation, Ă savoir 2000 Ă 2008 inclus, est systĂ©-matiquement supĂ©rieure Ă 50 %. La part des contacts rĂ©cents sur le marchĂ© du tra-vail est limitĂ©e par rapport aux autres populations, surtout dans le cas de la popula-tion connue au SPF SS.
La part des rémunérations journaliÚres estimées inférieures au seuil minimal est rela-tivement élevée, surtout pour la population connue au Service public de program-mation Intégration sociale (SPP IS) et au SPF SS. Cela découle manifestement de lapart relativement élevée de zéros (à savoir valeurs non reconstituables), mais ausside la part importante des valeurs estimées inférieures au seuil.
Comme on pouvait en partie sây attendre, on peut, tant sur la base de la source quede lâannĂ©e de prestation ou du niveau de la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre estimĂ©e,conclure que les fichiers du CIN, de lâONEM, du FAT et du FMP contiennent dessous-populations relativement proches du marchĂ© du travail par comparaison avecles populations du SPP IS et du SPF SS.
Enfin, la figure 3 reprend la fonction de densitĂ© de la rĂ©munĂ©ration journaliĂšreestimĂ©e pour le groupe des 18 Ă 65 ans qui, respectivement, a) Ă©taient actifs commesalariĂ©s pendant le dernier trimestre de 2008 et b) nâĂ©taient pas actifs comme sala-riĂ©s pendant le dernier trimestre de 2008 ou inscrits comme travailleurs indĂ©pen-dants en 2008.
682
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 682
FIGURE 3 : FONCTION DE DENSITE DE LA REMUNERATION JOURNALIERE ESTIMEE POUR LESSALARIES ACTIFS ET LES NON-ACTIFS
Il apparaßt de la figure 3 que les personnes à faible capacité de gain sont relativementbien représentées dans le groupe des non-actifs par rapport au groupe des actifs.Cette figure montre aussi que si les non-actifs devaient faire leur apparition sur le mar-ché du travail, la majeure partie de ce groupe devrait sans doute le faire pour un salai-re compris entre le salaire minimal et le double de ce salaire (soit 115 EUR).
3. FONCTIONNEMENT DE MIMOSIS
Le fichier dâinput du modĂšle peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une matrice avec 299,198lignes et Ă©normĂ©ment de colonnes. Les colonnes sont complĂ©tĂ©es sur la base desdonnĂ©es issues des diffĂ©rents fichiers livrĂ©s en externe et qui ont fait lâobjet de lasection prĂ©cĂ©dente. Les donnĂ©es de ce fichier dâinput constituent les variablesexogĂšnes du modĂšle. Ces variables exogĂšnes sont lues par le modĂšle, en mĂȘmetemps quâune sĂ©rie de paramĂštres. Les paramĂštres sont des Ă©lĂ©ments des diffĂ©rentsdomaines de lĂ©gislation gĂ©rĂ©s par le modĂšle et qui peuvent ĂȘtre adaptĂ©s de maniĂšreflexible par lâutilisateur du modĂšle. Dans le cas de la rĂ©glementation sur le chĂŽmage,ce sont notamment les pourcentages et les seuils supĂ©rieurs et infĂ©rieurs relatifs Ă laderniĂšre rĂ©munĂ©ration perçue qui, en fonction du type de famille, sont utilisĂ©s pourcalculer lâallocation de chĂŽmage. La combinaison dâune sĂ©rie de donnĂ©es exogĂšnes,comme une typologie du chĂŽmeur et sa derniĂšre rĂ©munĂ©ration perçue, et desparamĂštres permet donc de calculer lâallocation de chĂŽmage dans le cadre du modĂš-le. Dans la mesure oĂč les paramĂštres peuvent ĂȘtre facilement modifiĂ©s, plusieursscĂ©narios de calcul peuvent ĂȘtre simulĂ©s assez rapidement.
683
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
57,97
0
0,002
0,004
0,006
0,008
0,01
0 15 30 45 60 75 90 105120
135150
165180
195210
225240
255270
285300
Rémunération journaliÚre estimée en euros
Fonc
tion
de d
ensi
té
Personnes ùgées de 18 à 65 ans, sur le marché du travail privé ou public
Personnes ùgées de 18 à 65 ans, non active en qualité de salarié ou d'indépendant
Rémunération journaliÚre minimale d'un jeune de 22 ans avec 1 année d'ancienneté, sur la base du RMMG
s
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 683
Le code source pour le traitement des donnĂ©es exogĂšnes et des paramĂštres est Ă©criten FORTRAN, contrairement au code source utilisĂ© pour convertir les donnĂ©es de laDWH MT&PS en un fichier dâinput destinĂ© au modĂšle. LâĂ©laboration de ce fichierdâinput a Ă©tĂ© entiĂšrement programmĂ©e en SAS.
Pour que la programmation du modĂšle reste claire, le code source a Ă©tĂ© programmĂ©en plusieurs modules. Dans cette section, nous ne pouvons bien sĂ»r pas examineren dĂ©tails chaque module (31). Nous tentons toutefois de donner un aperçu som-maire de ce que fait chaque module et des outputs quâil gĂ©nĂšre. Le tableau 8reprend une liste des noms des 9 modules qui, ensemble, constituent le modĂšleMIMOSIS, ainsi quâune brĂšve description de ce que font ces modules.
TABLEAU 8 : NOMS DES MODULES MIMOSIS ET DESCRIPTION SOMMAIRE
Dans un run intĂ©gral de MIMOSIS, la plupart des modules fonctionnent deux fois :une fois dans un prĂ©-run et une deuxiĂšme fois dans un run normal. Au cours du prĂ©-run, des fichiers sont crĂ©Ă©s qui, dans le run normal, sont utilisĂ©s comme input pardâautres modules. Le module CONTRIB (cotisations et retenues) a par exemplebesoin dâindemnitĂ©s dâinvaliditĂ© et de pensions pour pouvoir appliquer les pourcen-tages de retenues dâapplication. Les modules SICK (notamment indemnitĂ©s de mala-die et dâinvaliditĂ©) et PENSWELF (adaptations au bien-ĂȘtre, pensions) gĂ©nĂšrent doncdes variables dâoutput bien dĂ©finies dans le prĂ©-run, variables qui, dans le run nor-mal, sont ensuite utilisĂ©es comme input par le module CONTRIB.
Au total, 17 opĂ©rations sont exĂ©cutĂ©es de maniĂšre sĂ©quentielle avec les 9 modulesĂ©numĂ©rĂ©s. La sĂ©quence de fonctionnement des modules MIMOSIS pour lâexĂ©cutiondâun run complet a Ă©tĂ© reprise dans le tableau 9.
(31) Pour plus de détails, voir SPF Sécurité sociale (2011d)).
684
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Nom module Description sommaire
FAMREL Délimitation des familles (à savoir unités plus petites que le ménage sociologique) et définition de relations entre membres du ménage
PENSWELF Adaptation au bien-ĂȘtre des pensions, mais pas de recalcul des pensions selon les rĂšgles de calcul des pensions
FAMAL Calcul des prestations familiales
CONTRIB Calcul des cotisations sur les revenus du travail et des retenues sur les revenus de remplacement
PIT Calcul de lâimpĂŽt sur les personnes physiques payĂ© par mĂ©nage fiscal
SICK Calcul des indemnitĂ©s de maladie, dâinvaliditĂ©, dâaccidents du travail et de maladie professionnelle
UNEM Calcul des allocations de chĂŽmage, du crĂ©dit-temps ou de lâinterruption de carriĂšre et des prĂ©pensions
SOCBEN Calcul des prestations dâaide sociale (revenu dâintĂ©gration, GRAPA et allocations aux personnes handicapĂ©es)
EVAL Evaluation de lâoutput simulĂ© (calcul dâagrĂ©gats budgĂ©taires et donnĂ©es de rĂ©partition)
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 684
TABLEAU 9 : SEQUENCE DE FONCTIONNEMENT DE DIVERS MODULES MIMOSIS
Le principe qui prĂ©side Ă lâarrangement des diffĂ©rents modules est que les runs antĂ©-rieurs dâun module servent dâinput pour les modules suivants. Lâinput nĂ©cessairepour un module bien prĂ©cis est, dans la mesure du possible, gĂ©nĂ©rĂ© dans le run nor-mal, mais si ce nâest pas possible, lâinput est gĂ©nĂ©rĂ© dans le prĂ©-run. Lâinput nĂ©ces-saire pour les fichiers de prĂ©-run est lu Ă partir de fichiers externes. En principe, ilnây a pas de raison de limiter le fonctionnement du modĂšle Ă un prĂ©-run et un runnormal. On pourrait par exemple organiser un prĂ©-prĂ©-run Ă©galement pour le prĂ©-run. Cela Ă©tant dit, cette limitation Ă deux grandes Ă©tapes se justifie surtout par lanĂ©cessitĂ© de limiter la durĂ©e de fonctionnement du modĂšle (32).
Dans le reste de la section, nous examinerons, pour les diffĂ©rents modules Ă lâexcep-tion du module EVAL, le fonctionnement du module et de lâoutput gĂ©nĂ©rĂ©.
3.1. FAMRELLe module FAMREL traite principalement des donnĂ©es du Registre national, afin dedĂ©terminer par la suite les relations entre membres du mĂ©nage (33). Contrairementaux autres modules du modĂšle, ce module ne traite pas vraiment les rĂšgles inclusesdans la rĂ©glementation soicoĂ©conomique. En rĂ©alitĂ©, ce module est surtout fonction-nel pour dâautres modules.
Ainsi, il est notamment indiquĂ©, sur la base de ce module, comment la parentĂ© entremembres du mĂ©nage peut ĂȘtre dĂ©terminĂ©e jusquâau troisiĂšme degrĂ© inclus. Pour lechef de mĂ©nage, câest plus ou moins Ă©vident compte tenu de la variable NARE-GNIS_RELATION. Pour dâautres membres du mĂ©nage, il faut, avant de dĂ©terminer cedegrĂ© de parentĂ©, convertir cette variable relationnelle observĂ©e Ă partir dâune sortede matrice de conversion.
Des mĂ©nages sont Ă©galement dĂ©limitĂ©s dans le module FAMREL. Il sâagit dâunitĂ©splus petites que le mĂ©nage sociologique. Ces liens familiaux plus petits sont, pourcertaines applications comme la construction dâunitĂ©s fiscales, un point de dĂ©part
(32) La durĂ©e de fonctionnement actuelle dâun run complet du modĂšle sur un PC prĂ©sentant lescaractĂ©ristiques CPU 2,40 GHz et 2,0 GB RAM est dâenviron 20 minutes.(33) Ce module est dĂ©crit dans Decoster e.a. (2007b). La version la plus rĂ©cente du code source estprĂ©sentĂ©e dans SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011d). 685
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
Pré-run Run normal 1 FAMREL 2 PENSWELF 9 PENSWELF 3 FAMAL 10 FAMAL 4 CONTRIB 11 SICK 5 PIT 12 UNEM 6 SICK 13 CONTRIB 7 UNEM 14 PIT 8 SOCBEN 16 SOBEN
17 EVAL
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 685
plus pertinent que le concept plus large de âmĂ©nage sociologiqueâ. Le nombre demĂ©nages dĂ©terminĂ© sur la base de ce module est plutĂŽt limitĂ© en comparaison avecle nombre de mĂ©nages sociologiques. Au total, nous observons 4.577.973 mĂ©nagessociologiques et 4.606.377 mĂ©nages, aprĂšs pondĂ©ration avec les poids dâĂ©chantillon-nage relatifs aux mĂ©nages.
Nous ne disposons pas de sources externes pour comparer lâoutput au niveau desnoyaux familiaux. Pour donner une idĂ©e de lâoutput produit par le module FAMREL,vous trouverez tout de mĂȘme, dans le tableau 10, quelques rĂ©sultats gĂ©nĂ©rĂ©s par cemodule. Les rĂ©sultats rapportĂ©s dans ce tableau ne portent que sur a) le type de familledont fait partie un individu, b) la position des membres de la famille dans les noyauxfamiliaux et c) une caractĂ©risation des couples mariĂ©s ou formant un couple de fait.
TABLEAU 10 : POSITION DES INDIVIDUS DANS LES NOYAUX FAMILIAUX (OUTPUT DU MODULEFAMREL)
686
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
( )Description Nombre % Lâindividu fait partie de
la famille du chef de mĂ©nage 10.676.659 99,3 la famille des enfants du chef de mĂ©nage 62.306 0,6 la famille des parents du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 10.888 0,1 la famille des grands-parents du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 31 0,0 la famille du frĂšre ou de la sĆur du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 1.378 0,0 la famille des petits-enfants du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 1.752 0,0 la famille de lâoncle ou de la tante du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 66 0,0
Total individus 10.753.080 100,0
Position au sein de la famille Chef de mĂ©nage 4.804.976 44,7 Partenaire du chef de mĂ©nage 2.584.767 24,0 Enfant du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 3.206.207 29,8 Ascendant au premier degrĂ© du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 41.432 0,4 Ascendant au deuxiĂšme degrĂ© du chef de mĂ©nage ou de son partenaire 865 0,0 Parents du chef de mĂ©nage ou de son partenaire, jusquâau troisiĂšme degrĂ©inclus 49.371 0,5
Autres membres du ménage 65.462 0,6 Valeur inconnue 0 0,0
Total individus 10.753.080 100,0
Type de forme de relation pour couples mariĂ©s ou âde faitâ Lâindividu fait partie
couple mariĂ© : les partenaires sont de sexe diffĂ©rent 4.211.386 81,5 couple mariĂ© : les partenaires sont tous deux de sexe masculin 4.513 0,1 couple mariĂ© : les partenaires sont tous deux de sexe fĂ©minin 4.823 0,1 couple âde faitâ : les partenaires sont de sexe diffĂ©rent 897.299 17,4 couple âde faitâ : les partenaires sont tous deux de sexe masculin 28.729 0,6 couple âde faitâ : les partenaires sont tous deux de sexe fĂ©minin 22.785 0,4
Total individus 5.169.534 100,0
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 686
3.2. UNEMLe module UNEM prĂ©sente une modĂ©lisation des allocations de chĂŽmage et dequelques autres indemnitĂ©s Ă la charge de lâONEM (34). Cette modĂ©lisation a lieu encombinant une sĂ©rie de variables de statut de lâONEM et la derniĂšre rĂ©munĂ©rationperçue avec des Ă©lĂ©ments de la lĂ©gislation comme les pourcentages de calcul desallocations de chĂŽmage et les seuils supĂ©rieurs et infĂ©rieurs correspondants, diffĂ©-renciĂ©s par type de mĂ©nage.
La classification de la charge familiale est Ă©galement flexibilisĂ©e dans ce module. Siles revenus dâun des chefs de mĂ©nage cohabitants avec le chĂŽmeur devraient chan-ger, cela pourrait donc avoir un impact sur le statut de rĂ©munĂ©ration du chĂŽmeur.
Dans une sĂ©rie de cas exceptionnels, comme une sĂ©rie de mesures dâactivation, lesrĂšgles ne sont pas implĂ©mentĂ©es dans ce module, mais on utilise les montants rĂ©elle-ment versĂ©s.
Nous pouvons comparer les rĂ©sultats de simulation avec des donnĂ©es de sourcesexternes, mais dans la mesure oĂč nous observons aussi nous-mĂȘmes les montantsversĂ©s individuellement, nous pouvons aussi comparer les rĂ©sultats de simulationavec de tels montants. Dans le tableau 11, cette comparaison a lieu en agrĂ©geant lesmontants simulĂ©s individuellement entre des catĂ©gories bien dĂ©finies.
TABLEAU 11 : DEPENSES CHOMAGE, PENSION ANTICIPEE ET INTERRUPTION DE CARRIERE EN2008 EN 1.000 EUR, SUR LA BASE DE LA SOURCE EXTERNE, SIMULATIONS UNEM ET ENREGISTRE-MENTS DANS LâECHANTILLON (35)
(34) Les principes de base de ce module sont expliqués dans Rombaut e.a. (2007a). La version la plusrécente du code source est présentée dans SPF Sécurité sociale (2011d).(35) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a), p. 188 (colonne2008).
687
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
Source externe Montants simulés
Montants observĂ©s dans lâĂ©chantillon
ChĂŽmage
ChĂŽmage complet 5.425.924 4.805.130 5.022.082
ChĂŽmage temporaire 430.638 460.744 473.886
Activation du chĂŽmage 310.153 578.766 635.327
Prépension
Prépension conventionnelle 1.435.299 1.536.843 1.515.158
Interruption de carriÚre et crédit-temps 703.674 708.396 726.475
Total 8.305.688 8.089.880 8.372.928
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 687
Les rĂ©sultats du tableau 11 montrent quâil existe des diffĂ©rences importantes entreles donnĂ©es de la source externe et les montants simulĂ©s. Il semble toutefois quecela soit davantage une consĂ©quence des problĂšmes de classification (Ă savoir laclassification de lâallocation simulĂ©e dans le groupe de comparaison adĂ©quat) que dumode de modĂ©lisation du calcul des allocations. Le lien entre les montants simulĂ©set les montants rĂ©ellement observĂ©s est en tous cas meilleur que le lien avec lesdonnĂ©es issues de la source externe.
On constate nĂ©anmoins une diffĂ©rence totale dâenviron 300 millions dâEUR, y com-pris avec la source externe. Cela est surtout dĂ» Ă une sous-estimation du montantdes allocations simulĂ©es pour chĂŽmage complet. Dans ce cadre, il convient toutefoisde souligner que pour ce module-ci et les autres, les simulations sont systĂ©matique-ment effectuĂ©es avec des paramĂštres du 1er janvier dâune annĂ©e donnĂ©e soit, dansce cas, 2008. La colonne avec les montants observĂ©s contient par consĂ©quent desversements effectuĂ©s tout au long de lâannĂ©e 2008. Il est possible que certains deces paiements enregistrĂ©s en 2008 soient basĂ©s sur des tarifs de base qui, par rap-port aux paramĂštres de simulation du 1er janvier, ont Ă©tĂ© adaptĂ©s Ă la suite dâuneadaptation de lâindice ou dâune adaptation hors de lâindice.
Nous estimons de maniĂšre gĂ©nĂ©rale que le lien entre les montants simulĂ©s et lesmontants enregistrĂ©s pour les agrĂ©gats rapportĂ©s dans le tableau 11 est assez fiable-pour continuer dâutiliser le module. Les agrĂ©gats rapportĂ©s dans le tableau 11 peu-vent bien sĂ»r toujours cacher des diffĂ©rences individuelles. La figure 4 illustre doncla fonction de densitĂ© des montants annuels simulĂ©s et des montants effectivementversĂ©s pour les chĂŽmeurs complets indemnisĂ©s.
FIGURE 4 : FONCTIONS DE DENSITE DES ALLOCATIONS DE CHOMAGE SIMULEES ET OBSERVEESDESTINEES AUX CHOMEURS COMPLETS INDEMNISES, SUR UNE BASE ANNUELLE
688
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
0
0,00001
0,00002
0,00003
0,00004
0,00005
0,00006
0,00007
0,00008
0,00009
075
815
1522
7330
3037
8845
4553
0360
6168
1875
7683
3390
9198
4810
60611
36412
12112
87913
63614
394
Montant sur une base annuelle, en euros
Fonc
tion
de d
ensi
té
Allocation de chÎmage simulée Montant payé observé
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 688
La figure 4 montre que le module UNEM génÚre, par rapport aux montants effective-ment enregistrés, davantage de cas avec allocations de chÎmage peu élevées etmoins de cas avec allocations élevées.
Comme les allocations dont la densitĂ© est reprĂ©sentĂ©e Ă la figure 4 sont des alloca-tions sur une base annuelle, les diffĂ©rences observĂ©es peuvent rĂ©sulter dâune diffĂ©-rence au niveau du nombre de jours pendant lesquels une allocation journaliĂšre estversĂ©e ou dâune diffĂ©rence au niveau de lâallocation journaliĂšre elle-mĂȘme. En ce quiconcerne lâallocation journaliĂšre, les diffĂ©rences peuvent ĂȘtre dues Ă des diffĂ©rencesau niveau du manque Ă gagner ou de diffĂ©rences dans la situation familiale du chĂŽ-meur. La cause exacte de ces diffĂ©rences nâest pour lâheure pas analysĂ©e de maniĂšreplus approfondie dans le prĂ©sent document.
3.3. SICKLe module SICK simule les indemnitĂ©s de maladie-invaliditĂ©, dâaccidents de travail etdes maladies professionnelles (36). Les rĂšgles de calcul relatives Ă certaines indem-nitĂ©s ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© programmĂ©es dans ce module, mais lâidentification du nombre dejours pendant lesquels les diffĂ©rentes indemnitĂ©s sont versĂ©es nâest pas assezpoussĂ©e pour Ă©valuer de maniĂšre fiable les indemnitĂ©s sur une base annuelle. Pourlâheure, on se focalise donc sur la reconstitution dâune sĂ©rie de statuts et le traite-ment connexe des montants versĂ©s observĂ©s.
Le tableau 12 rapporte le nombre total dâayants droit Ă une sĂ©rie dâindemnitĂ©s surune base annuelle et, le cas Ă©chĂ©ant, les donnĂ©es reprises dans des sourcesexternes, pour un groupe comparable.
(36) Les principes de base de ce module sont explicités dans Rombaut e.a. (2007b). La version la plusrécente du code source est présentée dans SPF Sécurité sociale (2011d).
689
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 689
TABLEAU 12 : AYANTS DROIT INDEMNITE MALADIE, INVALIDITE, ACCIDENT DE TRAVAIL ET MALA-DIE PROFESSIONNELLE SELON LE TYPE DâINDEMNITE ET EN FONCTION A LA FOIS DE LA SOURCEEXTERNE ET DU MODULE SICK (37)
Le tableau 12 montre que le nombre de statuts pour lesquels nous disposons dâĂ©lĂ©-ments de comparaison relatifs au nombre total dâayants droit est trĂšs limitĂ©. Ce nâestque pour les travailleurs salariĂ©s et indĂ©pendants en situation dâinvaliditĂ© que nousdisposons de chiffres externes qui, en principe, devraient correspondre au groupereconstituĂ© dans le module SICK.
LâĂ©tendue des sous-groupes dâindividus disposant dâune indemnitĂ© dâinvaliditĂ© est,dans le module SICK, systĂ©matiquement surestimĂ©e par rapport Ă la source externeutilisĂ©e. Cela pourrait sâexpliquer par le fait que dans le module SICK, le nombretotal de cas cumulĂ© est dĂ©terminĂ© sur une base annuelle, alors que la source externene communique que les cas Ă un moment prĂ©cis (Ă savoir au 31 dĂ©cembre 2008).
Les dépenses correspondantes, reconstituées sur une base annuelle, sont illustréesdans le tableau 13, pour les différents statuts.
(37) Les données de la source externe sont issues du SPF Sécurité sociale (2011a), pp. 139 et 250(colonne 2008).
690
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Source externe
Nombre simulé
Différence entre le
montant simulé et la source externe, en
pourcentageRÚglement général : incapacité de travail primaire, ouvriers NA 291.748 RÚglement général : incapacité de travail primaire, employés NA 113.138 RÚglement général : invalidité, ouvriers 172.565 181.701 5,3 RÚglement général : invalidité, employés 59.588 60.158 1,0 RÚglement général : congé de maternité, période primaire NA 164.493 RÚglement général : congé de maternité, invalidité NA 1.266 RÚglement travailleurs indépendants : incapacité de travail primaire NA 16.489
RÚglement travailleurs indépendants : invalidité 18.552 20.304 9,4 RÚglement travailleurs indépendants : congé de maternité, période primaire NA 5.279
RÚglement travailleurs indépendants : congé de maternité, invalidité NA 0
IndemnitĂ©s incapacitĂ© de travail temporaire Ă la suite dâunaccident de travail NA 98.439
IndemnitĂ©s incapacitĂ© de travail permanente Ă la suite dâun accident de travail NA 8.278
Indemnités maladie professionnelle temporaire NA 57 Indemnités maladie professionnelle permanente NA 55.909
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 690
TABLEAU 13 : DEPENSES MALADIE, INVALIDITE, ACCIDENT DE TRAVAIL ET MALADIE PROFESSION-NELLE SELON LE TYPE DâALLOCATION ET EN FONCTION A LA FOIS DE LA SOURCE EXTERNE ET DUMODULE SICK, EN 1.000 DâEUR (38)
La comparaison des dĂ©penses sur une base annuelle devrait, mais dans une moindremesure que la comparaison des statuts, souffrir dâun problĂšme de comparabilitĂ© cardes agrĂ©gats sont produits sur une base annuelle, tant dans la source externe quedans le module SICK.
Il apparaĂźt du tableau 13 quâil nâexiste aucun schĂ©ma uniforme de la sur-ou sous-esti-mation des budgets partiels. Il est toutefois frappant de constater que pour ce quiest du rĂšglement gĂ©nĂ©ral, il existe sans doute un problĂšme de rĂ©partition lors de lâat-tribution du statut dâouvrier et dâemployĂ©, dans le cadre du rĂ©gime dâincapacitĂ© detravail primaire et du rĂ©gime dâinvaliditĂ©. Si on additionne les montants dâincapacitĂ©de travail primaire et dâinvaliditĂ© pour les ouvriers et les employĂ©s, on se rapprochetout de mĂȘme assez bien du budget total.
Les autres budgets partiels reconstituĂ©s et pour lesquels nous disposons dâĂ©lĂ©mentsde comparaison sont eux aussi proches des donnĂ©es externes, Ă lâexception des allo-cations de maternitĂ© pendant la pĂ©riode dâinvaliditĂ© chez les travailleurs indĂ©pen-dants. LâĂ©chantillon ne prĂ©sente aucun cas rĂ©pondant Ă ce critĂšre. Compte tenu delâĂ©tendue du budget effectif, cela nâest pas non plus trĂšs Ă©tonnant.
(38) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a) pp. 138, 140 et252 (colonne 2008).
691
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
Source externe Output SICK
Différence entre le montant
SICK et la source
externe, en pourcentage
RÚglement général : incapacité de travail primaire, ouvriers 761.431 801.474 5,3 RÚglement général : incapacité de travail primaire, employés 346.219 310.970 -10,2
RÚglement général : invalidité, ouvriers 1.914.635 1,990.606 4,0 RÚglement général : invalidité, employés 707.159 649.563 -8,1 RÚglement général : congé de maternité, période primaire 492.409 476.740 -3,2 RÚglement général : congé de maternité, invalidité 3.760 4.265 13,4 RÚglement travailleurs indépendants : incapacité de travail primaire 56.716 54.435 -4,0
RÚglement travailleurs indépendants : invalidité 206.508 207.093 0,3 RÚglement travailleurs indépendants : congé de maternité, période primaire 14.979 15.838 5,7
Régime travailleurs indépendants : congé de maternité, invalidité 36 0 100,0
IndemnitĂ©s incapacitĂ© de travail temporaire Ă la suite dâun accident de travail NA 137.713
IndemnitĂ©s incapacitĂ© de travail permanente Ă la suite dâun accident de travail NA 78.991
Indemnités maladie professionnelle temporaire NA 1.284 Indemnités maladie professionnelle permanente NA 157.550
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 691
3.4. PENSWELFLe module PENSWELF permet dâadapter les pensions versĂ©es (39). Cette adaptationpeut avoir lieu en ajoutant ou dĂ©duisant des montants absolus ou en adaptant lemontant de base en termes de pourcentage. Ces ajustements peuvent par ailleursĂȘtre diffĂ©renciĂ©s en fonction du type de pension et de lâ âĂągeâ de la pension. Par rap-port aux autres modules traitant les domaines de rĂ©glementation, le module PENS-WELF est atypique car il considĂšre les montants de base observĂ©s comme donnĂ©s,alors que pour dâautres domaines, les montants de base sont en principe recalculĂ©sen appliquant les rĂšgles de calcul aux variables pertinentes. Pour ce module, compa-rer le matĂ©riel de base avec les donnĂ©es de sources externes nâa donc pas beaucoupde sens.
Nous pouvons cependant donner une idĂ©e de la rĂ©partition de base Ă laquelle lesadaptations absolues ou exprimĂ©es en pourcentage pourraient ĂȘtre appliquĂ©s. A ceteffet, nous dessinons, dans la figure 5, figure 6 et figure 7, les fonctions de densitĂ©des pensions de retraite des travailleurs salariĂ©s, travailleurs indĂ©pendants et fonc-tionnaires, diffĂ©renciĂ©es en fonction du nombre de mois pour lesquels les montantsont dĂ©jĂ Ă©tĂ© payĂ©s.
FIGURE 5 : FONCTIONS DE DENSITE DES PENSIONS DE RETRAITE MENSUELLES VERSEES DANS LEREGIME DES TRAVAILLEURS SALARIES, SUR LA BASE DU NOMBRE DE MOIS ECOULES DEPUIS LE PRE-MIER VERSEMENT DâUNE PENSION
(39) Les principes de base de ce module sont explicités dans Maréchal e.a. (2007). La version la plusrécente du code source est présentée dans SPF Sécurité sociale (2011d).
692
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
S U S O
0
0,0001
0,0002
0,0003
0,0004
0,0005
0,0006
0,0007
0,0008
0,0009
022
745
568
290
911
3613
6415
9118
1820
4522
7325
0027
2729
5531
8234
0936
3638
6440
9143
18
Montant mensuel en euros
Fonc
tion
de d
ensi
té
Moins de 60 mois 60 mois ou plus, mais moins de 120
120 mois ou plus, mais moins de 240 240 mois ou plus
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 692
FIGURE 6 : FONCTION DE DENSITE DES PENSIONS DE RETRAITE MENSUELLES VERSEES DANS LEREGIME DES TRAVAILLEURS INDEPENDANTS, EN FONCTION DU NOMBRE DE MOIS ECOULESDEPUIS LE PREMIER VERSEMENT DâUNE PENSION
FIGURE 7 : FONCTION DE DENSITE DE LA PENSION DE RETRAITE MENSUELLE VERSEE DANS LEREGIME DES FONCTIONNAIRES, EN FONCTION DU NOMBRE DE MOIS ECOULES DEPUIS LE PRE-MIER VERSEMENT DâUNE PENSION
693
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
0
0,0002
0,0004
0,0006
0,0008
0,001
0,0012
0,0014
0,0016
0 76 152
227
303
379
455
530
606
682
758
833
909
985
1061
1136
1212
1288
1364
1439
Montant mensuel en euros
Fonc
tion
de d
ensi
té
Moins de 60 mois 60 mois ou plus, mais moins de 120
120 mois ou plus, mais moins de 240 240 mois ou plus
0
0,00005
0,0001
0,00015
0,0002
0,00025
0,0003
0,00035
0,0004
0,00045
035
470
710
6114
1417
6821
2124
7528
2831
8235
3538
8942
4245
9649
4953
0356
5760
1063
6467
17
Montant mensuel en euros
Fonc
tion
de d
ensi
té
Moins de 60 mois 60 mois ou plus, mais moins de 120
120 mois ou plus, mais moins de 240 240 mois ou plus
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 693
Les rĂ©sultats de la figure 5, figure 6 et figure 7 suggĂšrent dâores et dĂ©jĂ que rien quedans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s, la rĂ©partition des montants mensuels payĂ©svarie sensiblement en fonction du nombre de mois Ă©coulĂ©s depuis le premier verse-ment de la pension. Dans le cas de travailleurs salariĂ©s, la concentration de montantsfaibles augmente Ă mesure que la date du premier versement sâĂ©loigne dans letemps.
3.5. FAMALLe module FAMAL dĂ©finit quels enfants entrent en considĂ©ration pour les allocationsfamiliales, qui sont, pour ces enfants, lâallocataire et lâattributaire, quel est le rang dechaque enfant et quels statuts ouvrent Ă©ventuellement un droit Ă un complĂ©mentsocial ou monoparental (40). Pour calculer les allocations, on distingue, dans lemodule FAMAL, 4 rĂ©gimes, Ă savoir travailleurs salariĂ©s, travailleurs indĂ©pendants,fonctionnaires et allocations familiales garanties.
Pour le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s et travailleurs indĂ©pendants, nous disposons,dans des sources externes, de donnĂ©es sur la rĂ©partition des enfants bĂ©nĂ©ficiaires enfonction des taux et de lâĂąge. Nous fournissons ces donnĂ©es externes ainsi quecelles produites sur la base du module FAMAL dans les tableau 14 et tableau 15.
TABLEAU 14 : NOMBRE DâENFANTS BENEFICIAIRES EN FONCTION DE LâECHELLE ET DE LA CLAS-SE DâAGE DANS LE REGIME DES TRAVAILLEURS SALARIES ET A PARTIR A LA FOIS DâUNE SOURCEEXTERNE ET DU MODULE FAMAL (41)
(40) Les principes de base de ce module sont explicités dans Bay e.a. (2007b). La version la plusrécente du code source est présentée dans SPF Sécurité sociale (2011d).(41) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a), p. 159 (tableau30 juin 2008).
694
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
0-6 ans 6-12 ans 12-18 ans 18-25 ans + 25 ans TotalSource externe
Taux ordinaires 478.228 442.491 435.407 234.807 16.636 1.607.569 Taux invalides 13.215 19.193 26.204 13.876 0 72.488 Taux orphelins 1.550 5.719 13.011 11.730 0 32.010 Taux pensionnés et chÎmeurs 57.072 58.938 59.545 29.954 0 205.509
Total 550.065 526.341 534.167 290.367 16.636 1,917.576
Résultats de la simulation Taux ordinaires 448.806 461.547 450.699 238.255 13.734 1.613.042 Taux invalides 14.752 22.220 29.716 15.367 752 82.807 Taux orphelins 1.171 3.962 8.667 7.601 168 21.569 Taux pensionnés et chÎmeurs 56.906 64.901 61.781 33.448 312 217.348
Total 521.636 552.630 550.863 294.671 14.966 1.934.765
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 694
TABLEAU 15 : NOMBRE DâENFANTS BENEFICIAIRES EN FONCTION DES TAUX ET DE LA CLASSEDâAGE, DANS LE REGIME DES TRAVAILLEURS INDEPENDANTS ET A PARTIR A LA FOIS DâUNE SOURCEEXTERNE ET DU MODULE FAMAL (42)
FAMAL surestime lĂ©gĂšrement le nombre dâenfants bĂ©nĂ©ficiaires, tant dans le rĂ©gimedes travailleurs salariĂ©s que dans celui des travailleurs indĂ©pendants (voir la colonneet la ligne âTotalâ des tableau 14 et tableau 15). Cette surestimation du nombre decas ne revient pas systĂ©matiquement dans les diffĂ©rents groupes dâĂąges ou les diffĂ©-rents taux.
FAMAL surestime bien, dans les deux cas, le nombre de cas dans les taux ordinaires,mais ici aussi, les diffĂ©rences entre la source externe et lâoutput du module sem-blent relativement limitĂ©es compte tenu du nombre total de cas qui devraient ĂȘtreproduits (voir les lignes âTaux ordinairesâ des tableau 14 et tableau 15).
Dans le régime des travailleurs salariés, FAMAL surestime sensiblement le nombrede cas dans le taux invalides et celui des pensionnés et chÎmeurs et cela a bienentendu des répercussions sur le calcul ultérieur des compléments sociaux.
Il est enfin frappant de constater que le nombre dâenfants bĂ©nĂ©ficiaires Ă tauxorphelins est sensiblement sous-estimĂ© dans les deux rĂ©gimes. Cette sous-estimationrevient systĂ©matiquement dans toutes les catĂ©gories dâĂąge (voir les lignes âTauxorphelinsâ de tableau 14 et tableau 15). Cela peut rĂ©sulter directement de problĂšmesde construction de la variable NAREGNIS_CIVIL dans la mesure oĂč le statut dâorphe-lin est, dans le module FAMAL, dĂ©rivĂ© du veuvage du parent survivant (43).
(42) Les donnĂ©es de la source externe proviennent du SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011a), p. 265 (tableau30 juin 2008). Bien que lâInstitut national dâassurances sociales pour travailleurs indĂ©pendants ne rap-porte plus les donnĂ©es relatives Ă lâĂ©chelle des pensions, ces donnĂ©es continuent dâĂȘtre reprisessĂ©parĂ©ment car le tarif reste diffĂ©rent dans la lĂ©gislation (voir Put (2008), p. 798).(43) Voir tableau 5 dans Van Camp (2011).
695
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
0-6 ans 6-12 ans 12-18 ans 18-25 ans + 25 ans TotalSource externe
Taux ordinaires 37.446 50.678 60.864 43.096 578 192.662 Taux invalides 182 359 675 640 66 1.922 Taux orphelins 213 895 2.222 2.675 3.435 9.440 Taux pensionnés et chÎmeurs 0 0 0 0 0 0
Total 37.841 51.932 63.761 46.411 4.079 204.024
Résultats de la simulation Taux ordinaires 32.433 52.651 66.982 45.760 1.798 199.623 Taux invalides 308 522 1.202 939 0 2.971 Taux orphelins 131 332 899 1.465 36 2.862 Taux pensionnés et chÎmeurs 474 579 944 776 9 2.783
Total 33.347 54.083 70.027 48.939 1.842 208.239
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 695
En ce qui concerne les fonctionnaires, nous ne disposons pas de donnĂ©es externesselon les taux et par groupe dâĂąge. Dans le tableau 16 nous ne faisons Ă©tat que dunombre total dâenfants bĂ©nĂ©ficiaires dans le rĂ©gime des fonctionnaires et de la subdi-vision sur la base des taux dans lesquels les enfants sont classĂ©s.
TABLEAU 16 : NOMBRE DâENFANTS BENEFICIAIRES EN FONCTION DES TAUX DANS LE REGIMEDES FONCTIONNAIRES ET A PARTIR DE LA SOURCE EXTERNE ET DU MODULE FAMAL (44)
Le nombre total dâenfants bĂ©nĂ©ficiaires dans le rĂ©gime des fonctionnaires est sous-estimĂ©. Cela semble rĂ©sulter directement dâun manque de cas dans les taux ordi-naires, car le total des cas dans les autres taux est, sur la base des donnĂ©es FAMAL,proche des chiffres externes (il faut pour cela comptabiliser, dans les 2 colonnes dutableau 16, les lignes autres que les taux ordinaires). En ce qui concerne les diffĂ©-rents taux, on observe toutefois une surestimation flagrante du nombre de cas dansles taux invalides et une sous-estimation des bĂ©nĂ©ficiaires dans les taux âpensionnĂ©set chĂŽmeursâ.
Le nombre total dâenfants bĂ©nĂ©ficiaires dans le rĂ©gime des allocations familialesgaranties est de 14.675 unitĂ©s. Sur la base du module FAMAL, ce sont 18.802 unitĂ©squi sont classĂ©es dans ce rĂ©gime pour lâannĂ©e 2008.
Nous surestimons sans doute aussi le nombre total de cas avec droit Ă un complĂ©-ment monoparental. Ce droit est accordĂ© Ă 134.311 enfants, sur la base du moduleFAMAL. Nous ne disposons de donnĂ©es externes concernant ce droit que pour lescas figurant dans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s. En 2008, 94.908 enfants avaientdroit Ă un complĂ©ment monoparental (45). Le nombre dâenfants ouvrant ce droitdans le rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants est, semble-t-il, infĂ©rieur Ă 40.000.
Enfin, nous comparons aussi, dans le tableau 17, les dĂ©penses totales obtenues pourchaque rĂ©gime sur la base du module FAMAL avec les dĂ©penses rapportĂ©es dans unesource externe. Contrairement Ă la pratique en cours dans le reste du texte, lesdonnĂ©es de la colonne âSource externeâ sont des donnĂ©es de lâannĂ©e budgĂ©taire2007 car la plupart des paramĂštres du systĂšme dâallocations familiales sont restĂ©sinchangĂ©s tout au long de lâannĂ©e 2007 et parce que les montants ont connu
(44) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a), p. 382 (tableauavec situation au 31 décembre 2009).(45) Voir ONAFTS (2011), p. 26.
696
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Source externe Résultats de la simulationTaux ordinaires 427.124 414.379 Taux invalides 7.870 18.533 Taux orphelins 7.418 6.654 Taux pensionnés et chÎmeurs 28.923 13.933 Total 471.335 453.500
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 696
quelques adaptations en 2008. Puisque nos simulations sont effectuées avec desparamÚtres du 1er janvier 2008, nous supposons que le coût simulé est le plusproche des dépenses de 2007.
TABLEAU 17 : DEPENSES ALLOCATIONS FAMILIALES SUR LA BASE DU REGIME ET A PARTIR DE LASOURCE EXTERNE ET DU MODULE FAMAL, EN 1.000 EUR (46)
MalgrĂ© la surestimation limitĂ©e du nombre dâenfants bĂ©nĂ©ficiaires dans les rĂ©gimesdes travailleurs salariĂ©s et des travailleurs indĂ©pendants et une surestimation dunombre de bĂ©nĂ©ficiaires des principaux complĂ©ments sociaux dans le rĂ©gime destravailleurs salariĂ©s, le budget total est tout de mĂȘme lĂ©gĂšrement sous-estimĂ©, dansles deux cas. Les causes possibles de ces observations doivent encore ĂȘtre Ă©tudiĂ©esde maniĂšre plus approfondie.
La sous-estimation du budget versĂ© aux fonctionnaires et la surestimation du budgetdes allocations familiales garanties sont conformes aux attentes compte tenu, res-pectivement, de la sous-estimation et de la surestimation du nombre total dâenfantsbĂ©nĂ©ficiaires dans ces rĂ©gimes.
3.6. CONTRIBAvec le module CONTRIB, les cotisations et rĂ©ductions de cotisations sur les reve-nus du travail sont modĂ©lisĂ©es, au mĂȘme titre que les retenues sur une sĂ©rie de reve-nus de remplacements (47).
En ce qui concerne les revenus du marché du travail, le régime de cotisations estétroitement lié au statut sur le marché du travail. Le tableau 18 reprend les nombresde travailleurs en fonction des statuts créés sur la base du module CONTRIB.
(46) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a), p. 161 (colonne2007), p. 267 (colonne 2007) et p. 381 (colonne 2006).(47) Les principes de base de ce module sont explicités dans Bay e.a. (2007a). La version la plusrécentet du code source est présentée dans SPF Sécurité sociale (2011d).
697
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
Source externe Montants simulés
Différence entre le montant simulé et la source externe, en
pourcentageTravailleurs salariés 3.693.798 3.674.163 -0,5 Travailleurs indépendants 355.031 342.131 -3,6 Fonctionnaires 875.000 832.284 -4,9 Allocations familiales garanties 32.842 47.565 44,8
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 697
TABLEAU 18 : NOMBRE DE TRAVAILLEURS EN FONCTION DU STATUT ET SUR LA BASE DE LASOURCE EXTERNE ET DU MODULE CONTRIB (48)
Le tableau 18 montre que les sources de comparaison des agrĂ©gats reconstituĂ©s dansle module CONTRIB sont trĂšs peu nombreuses. LâONSS publie par exemple desdonnĂ©es relatives au statut Ă la fin du trimestre, mais pas le cumul annuel de tous lesindividus qui, tout au long dâune annĂ©e, ont pu ĂȘtre classĂ©s dans un statut donnĂ©.
Si on compare les rĂ©sultats CONTRIB des trois premiĂšres lignes avec les donnĂ©esrelatives au statut Ă la fin du trimestre, on constate dâemblĂ©e que les agrĂ©gatsCONTRIB sont nettement plus Ă©levĂ©s. Lâexercice inverse, Ă savoir la constitutiondâagrĂ©gats Ă partir des individus dont un job Ă©tait connu Ă la fin du trimestre, pour-rait aussi ĂȘtre rĂ©alisĂ© avec les donnĂ©es disponibles, mais cela nâa pas encore Ă©tĂ©effectuĂ©.
Le seul groupe pour lequel il existe une donnĂ©e comparable est celui des travailleursindĂ©pendants. Lâestimation CONTRIB se rapproche manifestement bien de la tailletotale de ce groupe.
Les masses des différents groupes de travailleurs assujettis à des cotisations sont rap-portées dans le tableau 19.
TABLEAU 19 : MASSES ASSUJETTIES A DES COTISATIONS SUR LA BASE DE LA SOURCE EXTERNE ETDU MODULE CONTRIB, EN 1.000 EUR (49)
(48) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a), p. 242 (tableauavec situation au 31 décembre 2008).(49) Les données de la source externe proviennent du SPF Sécurité sociale (2011a), pp. 125 et 244(colonne 2008).
698
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Source externe Données CONTRIB
Ouvriers NA NA 1.462.803 154.747 Employés NA NA 1.936.307 381.638 Fonctionnaires NA NA 651.831 Travailleurs indépendants 923.946 921.752
,
Source externe OutputCONTRIB
Différence entre le montant CONTRIB
et la source externe, en
pourcentageSalariés secteur privé 76.771.400 77.301.197 0,7 Salariés secteur public 33.256.900 34.014.882 2,3 Travailleurs indépendants 14.947.831 14.661.613 -1,9
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 698
Manifestement, les données disponibles se rapprochent bien des masses des diffé-rents sous-groupes assujettis à des cotisations.
Lâobjectif est surtout de disposer, en cas dâutilisation ultĂ©rieure des composantes derevenus, de revenus bruts diminuĂ©s des cotisations ou prĂ©lĂšvements personnelspour ensuite, pouvoir y appliquer les rĂšgles pertinentes pour la fixation de lâimpĂŽtsur les personnes physiques. La base utilisĂ©e pour fixer les cotisations et lâimpĂŽt despersonnes physiques des travailleurs indĂ©pendants est la mĂȘme (50) et par consĂ©-quent, nous nous focalisons pleinement sur lâĂ©valuation des cotisations personnellesperçues sur les revenus des salariĂ©s et la rĂ©duction de ces cotisations.
Le tableau 20 indique les cotisations et rĂ©ductions de cotisations estimĂ©es, ainsi queles donnĂ©es qui devraient leur ĂȘtre comparables sur la base dâune source externe.
TABLEAU 20 : COTISATIONS PERSONNELLES ET REDUCTIONS DE COTISATIONS SUR LA BASE DELA SOURCE EXTERNE ET DU MODULE CONTRIB, EN 1.000 EUR (51)
Les cotisations avant rĂ©duction des cotisations personnelles sont sous-estimĂ©es (52).Les dĂ©penses consenties sur le bonus Ă lâemploi, qui inclut la rĂ©duction potentielledes cotisations, sont donc surestimĂ©es. Cette surestimation du bonus Ă lâemploinâest probablement pas imputable Ă une identification erronĂ©e des cas qui y ontdroit. Les nombres dâĂ©quivalents temps plein reconstituĂ©s et effectifs disposant dudroit Ă un bonus Ă lâemploi sont dâores et dĂ©jĂ proches lâun de lâautre.
Le rapport sur les agrĂ©gats dont question au tableau 20 ne fournit bien entenduaucune information sur la rĂ©partition. Pour voir si les rĂ©partitions effective etsimulĂ©e des cotisations personnelles aprĂšs rĂ©duction diffĂšrent lâune de lâautre, nousavons reprĂ©sentĂ© dans la figure 8 les fonctions de densitĂ© de ces deux conceptspour les travailleurs pour lesquels nous observons une rĂ©duction des cotisationsdans le fichier de lâONSS.
(50) Pour ce point, voir Knapen (2011).(51) Les donnĂ©es de la source externe proviennent de sources diverses. Pour la ligne âCotisations per-sonnelles avant rĂ©duction, voir SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011a), pp. 128 et 130. Pour les lignes âMontantbonus Ă lâemploiâ et âNombre dâĂ©quivalents temps plein bonus Ă lâemploiâ, voir ONSS (2011), tableaux7a et 7b, rĂ©duction des cotisations des travailleurs salariĂ©s avec consolidation du pouvoir dâachat.(52) En ce qui concerne cet agrĂ©gat de la source externe, il convient toutefois de souligner quâil fautencore examiner plus en dĂ©tails sâil sâagit lĂ de la donnĂ©e de comparaison la plus appropriĂ©e. 699
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
,
Source externe OutputCONTRIB
Différentiel entre le montant
CONTRIB et la source externe, en pourcentage
Cotisations personnelles avant rĂ©duction 12.586.858 12.080.776 -4,0 Montant bonus Ă lâemploi 698.863 754.754 8,0 Nombre dâĂ©quivalents temps plein bonus Ă lâemploi 1.047.113 1.062.580 1,5
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 699
FIGURE 8 : FONCTIONS DE DENSITE DES COTISATIONS PERSONNELLES SIMULEES ET OBSERVEESAPRES REDUCTION DES COTISATIONS (SOUS-GROUPE TRAVAILLEURS SALARIES ONSS AVECREDUCTION DE COTISATIONS)
La figure 8 montre que les rĂ©partitions des cotisations effectives et simulĂ©es dimi-nuĂ©es des rĂ©ductions de cotisations connaissent une Ă©volution trĂšs similaire.Comme on pouvait sây attendre au vu des agrĂ©gats, les montants simulĂ©s bas sontplus nombreux et les montants simulĂ©s Ă©levĂ©s moins nombreux que les montantseffectifs.
3.7. PITLe module PIT commence par reconstituer les unitĂ©s fiscales, autrement dit cellescensĂ©es introduire une dĂ©claration dâimpĂŽts (53). Les revenus imposables observĂ©s(Ă savoir les montants bruts diminuĂ©s des cotisations ou retenues personnellesversĂ©es) sont ensuite imputĂ©s Ă ces unitĂ©s reconstituĂ©es. On calcule ensuite lâimpĂŽtsur les personnes physiques dĂ» par chaque entitĂ© fiscale, en tenant compte desrĂ©ductions potentielles pour la composition du mĂ©nage, des compensations pour lespersonnes handicapĂ©es Ă charge et des rĂ©ductions pour les revenus de remplace-ment.
(53) Les principes de base de ce module sont explicités dans Decoster e.a. (2007a). La version la plusrécente du code source est présentée dans SPF Sécurité sociale (2011d).
700
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
0
0,0001
0,0002
0,0003
0,0004
0,0005
0,0006
0,0007
0,0008
0,0009
0,001
012
625
337
950
563
175
888
410
1011
3612
6313
8915
1516
4117
6818
9420
2021
4622
7323
99
Montant sur une base trimestrielle, en euros
Fonc
tion
de d
ensi
té
Cotisations personnelles observées aprÚs réduction
Cotisations personnelles simulées aprÚs réduction
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 700
Il est Ă©vident que nous ne pouvons, sur la base des donnĂ©es disponibles, reconsti-tuer la totalitĂ© du processus dâimposition. Certaines composantes du revenu aug-mentant le revenu imposable global ou sĂ©parĂ© font ainsi dĂ©faut, comme le revenumobilier, le revenu immobilier et les revenus divers. Nous ne disposons pas nonplus de lâensemble des dĂ©penses qui peuvent ĂȘtre dĂ©duites du revenu imposable etdes dĂ©penses qui engendrent Ă©ventuellement un crĂ©dit dâimpĂŽts. En ce qui concer-ne les charges Ă©ventuelles liĂ©es Ă la profession exercĂ©e, le module PIT applique unschĂ©ma forfaitaire si nĂ©cessaire.
Le nombre pondĂ©rĂ© dâunitĂ©s fiscales obtenu une fois ces rĂšgles appliquĂ©es sâĂ©lĂšve Ă 5.973.954 unitĂ©s. Il sâagit lĂ dâune sous-estimation du nombre effectif de 6.143.173unitĂ©s rapportĂ© par la DGSIE pour lâexercice dâimposition 2009 (revenus 2008) (54).Cette sous-estimation pourrait sâexpliquer par le fait que nous ne retirons pas lespersonnes Ă charge dâune unitĂ© fiscale lorsque le revenu de ces personnes nâest pasassez Ă©levĂ© pour devenir elles-mĂȘmes contribuables. ConcrĂštement, les enfants dis-posant par exemple dâun revenu personnel tirĂ© du travail ne sont donc pas reprisdans les rĂšgles de calcul avec un formulaire sĂ©parĂ© lorsque les revenus du travailnâexcĂšdent pas le seuil exigĂ© pour rester enfant Ă charge.
Les rĂ©sultats que nous obtenons sur la base du module PIT ne peuvent ĂȘtre Ă©valuĂ©sindividuellement car notre Ă©chantillon ne comprend pas de donnĂ©es relatives auximpĂŽts sur les personnes physiques. Le tableau 21 reprend donc une sĂ©rie dâagrĂ©-gats rapportĂ©s par la DGSIE pour lâexercice dâimposition 2009 (revenus 2008), sui-vie des rĂ©sultats pour des concepts Ă©quivalents basĂ©s sur le module PIT.
(54) Voir DGSIE (2011b).
701
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 701
TABLEAU 21 : REVENU NET IMPOSABLE GLOBAL ET IMPOT DE LâEXERCICE DâIMPOSITION 2009 âBELGIQUE SUR LA BASE DE LA SOURCE EXTERNE ET DU MODULE PIT (REPARTITION EN DECILES ENFONCTION DU REVENU NET IMPOSABLE GLOBAL) (55)
(55) Les donnĂ©es de la source externe proviennent de la DGSIE (2011b), tableau B.1 : rĂ©partition endĂ©ciles du revenu net imposable global, des impĂŽts totaux et du taux dâimposition moyen.
702
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
)
DĂ©cile PercentileMontant total
revenu net imposable
En % du total
Montant total impĂŽt
En % du total
Taux dâimposition
moyen (en %)Source externe
1 881.090.524 0,5 13.646 0,0 0,0 2 5.185.634.199 3,2 72.588.052 0,2 1,4 3 7.491.804.651 4,7 161.670.093 0,4 2,2 4 9.190.184.310 5,6 708.429.848 1,8 7,7 5 11.257.736.991 6,9 1.459.065.907 3,7 13,0 6 13.558.257.618 8,3 2.535.803.998 6,5 18,7 7 16.276.426.069 9,9 3.520.213.331 9,0 21,6 8 20.367.817.827 12,4 5.018.103.088 12,8 24,6 9 27.493.259.624 16,8 7.718.778.101 19,7 28,1 91 3.361.125.300 2,1 1.020.380.638 2,6 30,4 92 3.520.440.662 2,1 1.090.161.732 2,8 31,0 93 3.700.288.961 2,3 1.171.860.432 3,0 31,7 94 3.904.114.254 2,4 1.265.583.744 3,2 32,4 95 4.145.462.385 2,5 1.372.671.598 3,5 33,1 96 4.447.023.528 2,7 1.510.664.604 3,9 34,0 97 4.842.265.753 3,0 1.691.625.974 4,3 34,9 98 5.417.005.578 3,3 1.951.061.372 5,0 36,0 99 6.468.450.597 3,9 2.418.940.860 6,2 37,4 100 12.650.775.385 7,7 4.423.280.218 11,3 35,0
10 52.456.952.401 32,0 17.916.231.173 45,8 34,2 Total 164.159.164.214 100,0 39.110.897.237 100,0 23,8
RĂ©sultats de la simulation 1 1.481.157.445 0,9 -78.381.271 -0,2 -5,3 2 6.015.172.194 3,7 56.799.800 0,1 0,9 3 7.710.496.535 4,7 203.224.593 0,5 2,6 4 9.393.800.038 5,7 818.103.518 2,0 8,7 5 11.728.615.659 7,2 1.864.432.608 4,5 15,9 6 14.028.393.487 8,6 2.916.179.877 7,0 20,8 7 16.683.328.420 10,2 4.118.625.210 9,9 24,7 8 20.525.635.276 12,6 5.592.131.103 13,5 27,2 9 27.445.514.717 16,8 8.155.868.551 19,6 29,7 91 3.316.767.679 2,0 1.053.229.535 2,5 31,8 92 3.453.291.998 2,1 1.115.829.454 2,7 32,3 93 3.607.851.764 2,2 1.180.053.906 2,8 32,7 94 3.789.911.459 2,3 1.261.876.021 3,0 33,3 95 4.006.238.724 2,5 1.356.699.851 3,3 33,9 96 4.287.523.526 2,6 1.493.248.292 3,6 34,8 97 4.625.160.343 2,8 1.660.009.522 4,0 35,9 98 5.139.204.547 3,1 1.908.638.226 4,6 37,1 99 5.964.490.806 3,6 2.335.323.147 5,6 39,2 100 10.294.527.980 6,3 4.505.272.672 10,9 43,8
10 48.484.968.826 29,7 17.870.180.626 43,0 36,9 Total 163.497.082.597 100,0 41.517.164.617 100,0 25,4
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 702
Le tableau 21 nous apprend que nous sous-estimons le revenu imposable global etlâimpĂŽt des personnes physiques dĂ» sur la base du module PIT (comparez les lignesâTotalâ des sous-tableaux âSource externeâ et âRĂ©sultats de simulationâ).
La sous-estimation du revenu net imposable global nâapparaĂźt pas systĂ©matiquementdans tous les dĂ©ciles. Nous constatons une surestimation pour les huit premiersdĂ©ciles et une sous-estimation pour les 9e et 10e dĂ©ciles (voir colonne âMontanttotal revenu net imposableâ dans le tableau 21). On peut donc supposer que lesrevenus imposables manquants sont supĂ©rieurs aux dĂ©penses dĂ©ductibles man-quantes, en particulier pour les dĂ©ciles les plus Ă©levĂ©s. La surestimation de lâimpĂŽtdes personnes physiques dĂ» revient donc systĂ©matiquement pour tous les dĂ©ciles, Ă lâexception des deux premiers et deux derniers (voir colonne âMontant total impĂŽtâdans le tableau 21).
A priori, lâinfluence des deux diffĂ©rences sur le taux dâimposition moyen nâest pasclaire. Il apparaĂźt de la figure 9 que ce taux dâimposition moyen est systĂ©matique-ment surestimĂ©, sauf pour les deux premiers dĂ©ciles. A partir du quatriĂšme dĂ©cile,cette diffĂ©rence est comprise entre 1,0 et 3,1 points de pourcentage. La diffĂ©renceentre les deux concepts est, y compris pour les percentiles les plus Ă©levĂ©s, infĂ©rieu-re Ă 3,1 points de pourcentage, sauf dans le cas du percentile le plus Ă©levĂ© (compa-rez Ă cet effet les lignes âPercentileâ de la colonne âTaux dâimposition moyen dessous-tableaux âSource externeâ et âRĂ©sultats de simulationâ dans le tableau 21).
FIGURE 9 : TAUX DâIMPOSITION MOYEN EN POURCENTAGE ET PAR DECILE, SUR LA BASE DE LASOURCE EXTERNE ET DU MODULE PIT (56)
(56) Les donnĂ©es de la source externe proviennent de la DGSIE (2011b), tableau B.1 : rĂ©partition endĂ©ciles du revenu net imposable global, de lâimpĂŽt global et du taux dâimposition moyen.
703
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
-10,0
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Valeur de décile
Pour
cent
age
Taux d'imposition moyen sur la base de la source externe
Taux d'imposition moyen sur la base du module PIT
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 703
La surestimation du taux dâimposition moyen, illustrĂ©e dans la figure 9, est sansdoute due, notamment, Ă lâabsence dâune sĂ©rie de dĂ©penses dĂ©ductibles. CesdĂ©penses sont gĂ©nĂ©ralement rĂ©parties de maniĂšre moins Ă©quitable que le revenuimposable (57). On peut aussi supposer que leur part augmente au fur et Ă mesureque le revenu augmente.
3.8. SOCBENDans le module SOCBEN, on commence par identifier le droit Ă une sĂ©rie de presta-tions dâaide sociale. (58).Une distinction est Ă©tablie entre a) le droit au revenudâintĂ©gration, b) le droit Ă une garantie de revenus pour personnes ĂągĂ©es (GRAPA)ou au revenu garanti aux personnes ĂągĂ©es (RGPA) et c) les allocations aux per-sonnes handicapĂ©es. Ces droits sont identifiĂ©s principalement Ă partir des variablesde statut encodĂ©es qui sont fournies par les institutions payant les droits respectifs.
La condition de ressources est ensuite rĂ©pliquĂ©e pour chaque versement effectuĂ©, Ă lâaide des composantes de revenu fournies par les autres modules. Nous ne dispo-sons toutefois pas de toutes les composantes de revenu qui pourraient ĂȘtre prises enconsidĂ©ration dans le cadre des conditions de ressources exĂ©cutĂ©es pour les diffĂ©-rents droits. Nous nâobservons donc rien en ce qui concerne le patrimoine mobilieret immobilier de lâayant droit potentiel. Les composantes de revenu au sujet des-quelles nous ne savons rien sont, dans cette application, dĂ©finies comme Ă©tantĂ©gales Ă zĂ©ro.
Le tableau 22 montre une sĂ©rie dâagrĂ©gats des ayants droit qui sont identifiĂ©s par lemodule SOCBEN aprĂšs application des conditions de ressources pertinentes et desdonnĂ©es comparables issues de sources externes.
(57) Voir graphique 37, p. 108 dans Decoster e.a. (2011).(58) Aucune note avec les principes de base nâa Ă©tĂ© Ă©dictĂ©e pour ce module. La version la plusrĂ©cente du code source est prĂ©sentĂ©e dans SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011d).
704
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 704
TABLEAU 22 : BENEFICIAIRES SELON LE TYPE DE PRESTATION DâAIDE SOCIALE ET SUR LA BASE ALA FOIS DE LA SOURCE EXTERNE ET DU MODULE SOCBEN (59)
On peut dĂ©duire du tableau 22 que le nombre de bĂ©nĂ©ficiaires des diffĂ©rentes pres-tations dâaide est systĂ©matiquement sous-estimĂ© avec une valeur variant entre 9 % et20 % du nombre total de bĂ©nĂ©ficiaires.
En ce qui concerne le revenu dâintĂ©gration et la garantie de revenus aux personnesĂągĂ©es, cette sous-estimation sâexplique surtout par la sous-estimation du nombre debĂ©nĂ©ficiaires cohabitants et isolĂ©s. Dans le cas des allocations aux personnes handi-capĂ©es, cela rĂ©sulte principalement dâune sous-estimation des bĂ©nĂ©ficiaires dâuneallocation de remplacement de revenus ou dâintĂ©gration.
Ces sous-estimations observĂ©es sâexpliquent probablement par la maniĂšre dont lesconditions de ressources sont rĂ©pliquĂ©es dans le module SOCBEN. GrĂące aux infor-mations fournies par les institutions payantes, nous savons en effet de maniĂšre assezprĂ©cise qui a reçu effectivement lâouverture dâun droit. La comparaison entre, dâunepart, le nombre observĂ© de bĂ©nĂ©ficiaires dâun droit au revenu dâintĂ©gration ou Ă uneaide financiĂšre et le nombre de personnes disposant dâune allocation pour per-sonnes handicapĂ©es et, dâautre part, des donnĂ©es externes (60) montre aussi queces groupes sont relativement bien estimĂ©s Ă partir des statuts observĂ©s dans lâĂ©-chantillon.
(59) Les donnĂ©es de la source externe proviennent du SPF SĂ©curitĂ© sociale (2012) p. 338 (RevenudâintĂ©gration, moyenne 2008 et 2009 dans tableaux 1.1 et 1.3), SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011a) pp. 326(AI/ARR et APA) et du SPF SĂ©curitĂ© sociale (2010) p. 357 (GRAPA/RGPA).(60) Voir tableau 10 et tableau 11 dans Van Camp (2011).
705
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
Source externe
Nombre simulé
Différence entrenombre simulé et lasource externe, enpourcentage
Revenu dâintĂ©gration Cohabitants avec une ou plusieurs personne(s) 28,629 21,949 -23.3 IsolĂ©s 47,593 36,691 -22.9 Cohabitants avec personnes Ă charge 28,556 25,407 -11.0
Total 104,777 84,047 -19.8
GRAPA/RGPADroit à la GRAPA et isolé 54,894 51,713 -5.8 Droit à la GRAPA et cohabitant 24,255 17,922 -26.1 RGPA 14,468 15,729 8.7
Total 93,617 85,364 -8.8
Allocations aux personnes handicapĂ©esAllocation de remplacement de revenus et allocationdâintĂ©gration (ARR/AI) 139,233 111,242 -20.1
Allocation dâaide aux personnes ĂągĂ©es (APA) 126,816 124,472 -1.8
Total 266,049 235,714 -11.4
le
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 705
LââĂ©checâ de la condition de ressources mise en Ćuvre ici pourrait sâexpliquer par lefait que la condition de ressources rĂ©ellement mise en Ćuvre est difficilement rĂ©pli-cable avec nos donnĂ©es. Pour ce faire, nous utilisons en effet des revenus sur unebase annuelle et appliquons sur ces donnĂ©es une condition de ressources. Dansnotre cas, tous les revenus perçus aprĂšs lâextinction Ă©ventuelle dâun droit sont doncbien pris en considĂ©ration dans le cadre de lâexĂ©cution de la condition de res-sources. Tout individu qui, pendant les deux premiers mois de lâannĂ©e, a perçu unrevenu dâintĂ©gration complet et perd ensuite ce droit pendant les dix mois suivants,parce quâil perçoit un revenu du travail, sera tout dâabord identifiĂ©, sur la base denos donnĂ©es, comme un bĂ©nĂ©ficiaire potentiel, mais ne percevra pas dâallocationssur la base de la condition de revenus appliquĂ©e.
Cet argument ne pourrait toutefois jouer que pour les groupes dont le revenu varietout au long de lâannĂ©e, en particulier parce que les personnes concernĂ©es changentdâactivitĂ© professionnelle. Cela pourrait donc expliquer la sous-estimation des ayantsdroit au revenu dâintĂ©gration et, dans une moindre mesure, les cas AI/ARR. Lâargu-ment semble par contre moins plausible pour les prestations dâaide aux personnesĂągĂ©es. Il faudra donc examiner de plus prĂšs quels arguments permettraient encoredâexpliquer la sous-estimation rĂ©currente du nombre de bĂ©nĂ©ficiaires.
Dans le tableau 23 nous reprenons enfin les dĂ©penses totales obtenues par type dâal-locations sur la base du module SOCBEN, ainsi que celles rapportĂ©es dans une sour-ce externe.
TABLEAU 23 : DEPENSES DâAIDE SOCIALE SELON LE REGIME ET SUR LA BASE DE LA SOURCEEXTERNE ET DU MODULE SOCBEN, EN 1.000 EUR (61)
MalgrĂ© la sous-estimation du nombre de titulaires dâun revenu dâintĂ©gration et de laGRAPA/ le montant des dĂ©penses observĂ© en externe est surestimĂ©. Une surestima-tion du budget pourrait ĂȘtre le rĂ©sultat de lâabsence de certains Ă©lĂ©ments du revenuen appliquant le test des ressources. En ce qui concerne le revenu dâintĂ©gration, onpeut toutefois faire remarquer que le montant de la source externe nâest pas lemeilleur point de rĂ©fĂ©rence pour le montant simulĂ©. Le montant simulĂ© comprend, Ă
(61) Les donnĂ©es de la source externe proviennent du SPF SĂ©curitĂ© sociale (2011a) pp. 319 (RevenudâintĂ©gration), 324 (GRAPA/RGPA) et 327 (AI/ARR et APA).
706
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Source externe Montants simulés
Différence entre le montant simulé et la source externe, en
pourcentageRevenu dâintĂ©gration 369,948 516,541 39.6
GRAPA/RGPA 392,278 435,237 11.0
AI/ARR 1,013,536 802,247 -20.8
APA 416,412 352,200 -15.4
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 706
la fois les dĂ©penses du gouvernement fĂ©dĂ©ral et la partie assumĂ©e par le gouverne-ment local, tandis que le point de rĂ©fĂ©rence dans la source externe, couvre seule-ment les dĂ©penses du gouvernement fĂ©dĂ©ral. En plus, le montant externe concernĂ©comprend sans doute aussi des montants allouĂ©s aux CPAS par le SPP IntĂ©grationsociale mais qui ne sont pas simulĂ©s ici. Comment obtenir un montant de rĂ©fĂ©renceplus appropriĂ© pour le montant simulĂ© nâest actuellement pas clair.
Si on en juge le nombre estimĂ© de bĂ©nĂ©ficiaires, la sous-estimation du budgetAI/ARR est conforme aux attentes. La sous-estimation du budget APA est inattenduecompte tenu de la diffĂ©rence limitĂ©e entre le nombre de bĂ©nĂ©ficiaires rapportĂ©s enexterne et le nombre de bĂ©nĂ©ficiaires reconstituĂ©. La recherche dâexplications pources diffĂ©rentes observations doit donc faire lâobjet dâune Ă©tude complĂ©mentaire.
4. DESCRIPTION DU MODULE EVAL
Le module dâĂ©valuation (EVAL) du modĂšle rassemble une sĂ©rie de critĂšres avant etaprĂšs une reconstitution simulĂ©e. Deux grands clusters dâinformations peuvent ĂȘtredistinguĂ©s dans le rapport produit par EVAL.
Dâune part, une sĂ©rie dâagrĂ©gats budgĂ©taires sont rĂ©unis. Ces concepts proviennentdirectement des diffĂ©rents modules partiels. La performance du modĂšle pourlâannĂ©e de base 2008 a dĂ©jĂ Ă©tĂ© discutĂ©e dans la section prĂ©cĂ©dente, pour quelques-uns des agrĂ©gats rapportĂ©s.
Dâautre part, le module dâĂ©valuation calcule Ă©galement une sĂ©rie de critĂšres derĂ©partition complĂ©mentaires. LâinĂ©galitĂ© de rĂ©partition des revenus est, parexemple, rĂ©sumĂ©e en calculant un critĂšre dâinĂ©galitĂ© comme le coefficient Gini,avant et aprĂšs la reconstitution. Des pourcentages de risque de pauvretĂ© et autrestableaux avec vainqueurs et perdants, subdivisĂ©s en une sĂ©rie de dimensions, sontĂ©galement calculĂ©s.
Le revenu disponible Ă©quivalent occupe une place importante dans ces analyses derĂ©partition (62). Ce concept constitue notamment la base pour la fixation dâun seuilde pauvretĂ© couramment utilisĂ©, fixĂ© Ă 60 % de la mĂ©diane de la rĂ©partition nationa-le du revenu disponible Ă©quivalent.
La mĂ©diane du revenu disponible Ă©quivalent, obtenue sur la base de lâĂ©chantillonMIMOSIS 2009 (revenus 2008), est de 1.486 EUR par mois, soit une norme de pau-vretĂ© estimĂ©e Ă 892 EUR. La norme âofficielleâ pour la Belgique est de 966 EUR(donnĂ©e basĂ©e sur EU_SILC 2009 (revenus 2008)) (63).
(62) Le concept ârevenu disponibleâ est explicitĂ© de maniĂšre plus dĂ©taillĂ©e dans European Commis-sion (2003).(63) Voir Eurostat (2011).
707
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 707
Le fait que la mĂ©diane du revenu disponible Ă©quivalent soit sous-estimĂ©e par rapport Ă EU_SILC nâest pas Ă©tonnant. Certaines composantes comme les revenus de biensimmobiliers et les transferts entre mĂ©nages, qui sont utilisĂ©es pour calculer le conceptEU_SILC, nâont pas Ă©tĂ© reprises dans lâĂ©chantillon MIMOSIS. Les impĂŽts des personnesphysiques sont Ă©galement surestimĂ©s car certaines donnĂ©es pertinentes pour fixerlâimpĂŽt des personnes physiques font dĂ©faut. Pour expliquer le rĂŽle jouĂ© par ces diffĂ©-rentes composantes dans la diffĂ©rence entre les deux concepts, une Ă©tude plus appro-fondie est nĂ©cessaire. Dans le prĂ©sent document, nous nâapprofondissons pas cettequestion, mais nous montrons dans la figure 10, pour chaque percentile du revenudisponible Ă©quivalent, la valeur moyenne du revenu disponible Ă©quivalent observĂ©dans EU_SILC 2009 et sur la base de lâĂ©chantillon MIMOSIS 2009 (64).
FIGURE 10 : REVENU DISPONIBLE EQUIVALENT, EN EUR PAR MOIS (VALEUR MOYENNE PAR PER-CENTILE) (65)
Il apparaĂźt de la figure 10 que le revenu disponible Ă©quivalent sur la base de MIMO-SIS est systĂ©matiquement sous-Ă©valuĂ© par rapport Ă EU_SILC pour tous les percen-tiles, Ă lâexception du premier. Le revenu disponible Ă©quivalent dans le premier per-centile est, sur la base des donnĂ©es EU_SILC, nĂ©gatif, alors que, sur la base desdonnĂ©es MIMOSIS, il est estimĂ© Ă un montant trĂšs lĂ©gĂšrement positif.
(64) La valeur de percentile reprise dans cette figure et les figures suivantes est systĂ©matiquementĂ©laborĂ©e Ă partir de la rĂ©partition des donnĂ©es dans la source mĂȘme. Les donnĂ©es par source sontdonc systĂ©matiquement produites de maniĂšre parfaitement indĂ©pendantes les unes des autres.(65) Les valeurs de percentiles sur la base dâEU_SILC ne sont pas accessibles au public, mais sontcommuniquĂ©es par la DGSIE, sur demande.
708
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
-1000
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
7000
8000
9000
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56 61 66 71 76 81 86 91 96
Val r de percentile
Valu
er m
oyen
ne p
ar p
erce
ntile
Revenu disponible Ă©quivalent (EU_SILC 2009)Revenu disponible Ă©quivalent (Ă©chantillon MIMOSIS 2009)
eu
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 708
Les rĂ©partitions des deux concepts sont manifestement proches lâune de lâautre. LesdonnĂ©es de la figure 10 ne permettent toutefois pas de dĂ©terminer dans quellemesure les valeurs de percentiles moyennes diffĂšrent les unes des autres. La figure11 reprend donc la diffĂ©rence en pourcentage entre les deux concepts, pourchaque percentile Ă lâexception du premier.
FIGURE 11 : DIFFERENCE ENTRE LE REVENU DISPONIBLE EQUIVALENT SUR LA BASE DE LâECHAN-TILLON MIMOSIS 2009 ET DâEU_SILC 2009, EN POURCENTAGE
Il apparaĂźt de la figure 11 que pour la plupart des percentiles, le revenu disponibleĂ©quivalent sur la base de MIMOSIS est sous-estimĂ© de 10 % ou moins. Ce nâest quepour les deux percentiles les plus bas et les deux percentiles les plus Ă©levĂ©s que ladiffĂ©rence excĂšde 20 %. Câest entre le 10e et le 20e percentile que les concepts sontles plus proches, et ce dans les deux sources. A partir du 20e percentile, la diffĂ©ren-ce augmente de maniĂšre plus ou moins progressive entre les diffĂ©rents percentiles.
A cause de ces diffĂ©rentes variables pour chaque percentile et dans la mesure oĂčcette diffĂ©rence sâexplique par plusieurs facteurs, nous procĂ©dons, pour chaquepercentile, Ă une correction de la rĂ©partition du revenu disponible Ă©quivalent,simulĂ©e Ă lâaide de MIMOSIS. Le facteur de correction qui sera appliquĂ© est Ă©gal Ă ladiffĂ©rence en pourcentage entre la valeur EU_SILC basĂ©e sur les donnĂ©es EU_SILCde 2009 et la valeur obtenue pour MIMOSIS sur la base de lâĂ©chantillon 2009 pourlâexercice dâimposition et de cotisations 2008.
709
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
-80,0
-70,0
-60,0
-50,0
-40,0
-30,0
-20,0
-10,0
0,02 7 12 17 22 27 32 37 42 47 52 57 62 67 72 77 82 87 92 97
Valeur de percentile
Pour
cent
age
Différence entre le revenu disponible équivalent échantillon MIMOSIS 2009 et EU_SILC 2009
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 709
La mĂ©diane de la rĂ©partition simulĂ©e du montant disponible Ă©quivalent, obtenueaprĂšs avoir appliquĂ© la procĂ©dure de correction pour lâannĂ©e de simulation 2008,sâĂ©lĂšve Ă 1.609 EUR par mois, soit le montant Ă©galement obtenu Ă partir dâEU_SILC2009 (revenus 2008) (66).
Dans les tableau 24 et tableau 25, nous rapportons, pour le scĂ©nario de base MIMOSISde 2008, simulĂ© avec lâĂ©chantillon 2009 (revenus 2008), les pourcentages de risque depauvretĂ© avant et aprĂšs la procĂ©dure de correction dĂ©crite ci-dessus du revenu dispo-nible Ă©quivalent divisĂ© par, respectivement, la catĂ©gorie dâĂąge et la rĂ©gion.
TABLEAU 24 : POURCENTAGE DE RISQUE DE PAUVRETE PAR CATEGORIE DâAGE, AVANT ET APRESCORRECTION DU REVENU DISPONIBLE EQUIVALENT
TABLEAU 25 : POURCENTAGE DE RISQUE DE PAUVRETE PAR REGION, AVANT ET APRES CORREC-TION DU REVENU DISPONIBLE EQUIVALENT
(66) Voir DGSIE (2011c).710
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Q
Part du groupe dans la population
Pourcentage de risque de pauvreté avant correction du revenu disponible équivalent
Pourcentage de risque de pauvreté aprÚs correction du revenu disponible équivalent
0 - 4 ans 5,3 16,2 17,5 5 - 9 ans 5,4 14,5 15,9
10 -14 ans 5,7 14,6 16,1 15 - 19 ans 6,1 15,9 17,5 20 - 24 ans 5,9 12,5 13,6 25 - 29 ans 6,3 10,5 11,2 30 - 34 ans 6,1 10,4 11,4 35 - 39 ans 6,8 10,8 11,7 40 - 44 ans 7,4 11,0 12,1 45 - 49 ans 7,6 10,2 11,2 50 - 55 ans 7,0 10,5 11,3 56 - 59 ans 6,5 12,1 12,8 60 - 64 ans 6,0 14,2 15,3 65 - 69 ans 4,4 15,7 17,5 70 - 74 ans 4,5 18,1 20,6 75 - 79 ans 4,0 18,3 20,9 80 - 84 ans 2,9 17,6 20,0 85 - 89 ans 1,6 14,4 17,0 90 - 94 ans 0,4 11,5 14,0 >= 95 ans 0,1 12,5 14,5 Belgique 100,0 13,2 14,5
Q
Part du groupe dans la
population
Pourcentage de risque de pauvreté avant
correction du revenu disponible Ă©quivalent
Pourcentage de risque de pauvreté aprÚs
correction du revenu disponible Ă©quivalent
RĂ©gion de Bruxelles-Capitale 9,9 24,6 26,6 RĂ©gion flamande 57,7 9,7 10,8 RĂ©gion wallonne 32,3 16,0 17,3 Belgique 100,0 13,2 14,5
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 710
Le pourcentage de la population sous le seuil de pauvretĂ© est, aprĂšs correction, de14,5 %. Compte tenu de la rĂ©partition initiale et de la procĂ©dure de correction appli-quĂ©e, il nâest pas tout Ă fait Ă©tonnant que ce pourcentage soit proche de celuidâEU_SILC. Le pourcentage estimĂ© sur la base dâEU_SILC est en effet de 14,6 %. (67).
Comparer les diffĂ©rents rĂ©sultats du sous-groupe avec ceux dâEU_SILC permettraitdâen savoir plus sur la mesure dans laquelle les rĂ©sultats EU_SILC peuvent ĂȘtreestimĂ©s Ă partir des donnĂ©es simulĂ©es ici.
Les rĂ©sultats sur base dâEU_SILC ne sont pas disponibles pour la rĂ©partition en fonc-tion de lâĂąge, prĂ©sentĂ©e dans le tableau 24. Une autre rĂ©partition en fonction delâĂąge est toutefois disponible sur la base dâEU_SILC et sera donc aussi produitecomme output du module EVAL.
En ce qui concerne la rĂ©partition rĂ©gionale, des donnĂ©es directement comparablessont toutefois disponibles pour la Flandre et la Wallonie (68). Le pourcentage derisque de pauvretĂ© pour la Flandre est, sur la base de lâĂ©chantillon MIMOSIS, lĂ©gĂšre-ment surĂ©valuĂ© par rapport Ă EU_SILC (10,8 % sur la base de MIMOSIS et 10,1 % Ă partir dâEU_SILC). Le pourcentage de risque de pauvretĂ© pour la Wallonie est sous-estimĂ© (17,3 % sur la base de MIMOSIS et 18,4 % Ă partir dâEU_SILC). En ce quiconcerne le pourcentage de 26,6 % estimĂ© pour Bruxelles, nous nâavons, commenous lâavons dĂ©jĂ dit, aucune rĂ©fĂ©rence.
5. CONCLUSION
Le texte consistait en une prĂ©sentation dâun modĂšle de simulation basĂ© sur unĂ©chantillon de donnĂ©es administratives. Compte tenu de cette base, le modĂšle sesitue donc entre au moins deux alternatives, Ă savoir un modĂšle dont lâinput estprincipalement constituĂ© de donnĂ©es dâenquĂȘte et lâutilisation de lâensemble de lapopulation administrative.
Par rapport Ă lâutilisation de lâensemble de la population, comme cela pourrait ĂȘtrele cas avec la base de donnĂ©es âMarchĂ© du travail et protection socialeâ, notreapproche par Ă©chantillon prĂ©sente les inconvĂ©nients suivants :ïżœ les observations utilisĂ©es sont moins nombreuses que celles disponibles en rĂ©a-
litĂ©;ïżœ certaines variables disponibles ne peuvent ĂȘtre utilisĂ©es car elles ne peuvent pas
toutes ĂȘtre reprises dans une demande de donnĂ©es etïżœ la plupart des situations socio-Ă©conomiques ne sont mesurĂ©es quâĂ un moment
déterminé.
(67) Voir Eurostat (2011).(68) Voir DGSIE (2011c).
711
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 711
Par rapport Ă lâutilisation dâenquĂȘtes, lâapproche choisie a pour dĂ©savantage quecertaines variables reprises dans des enquĂȘtes et pertinentes pour lâĂ©valuation de lasituation socio-Ă©conomique dâindividus ou de mĂ©nages ne sont pas disponibles dansdes fichiers administratifs.
Lâapproche choisie prĂ©sente les avantages suivants par rapport Ă :ïżœ la taille de lâĂ©chantillon peut ĂȘtre nettement supĂ©rieure Ă celle des enquĂȘtes et ïżœ les concepts utilisĂ©s sont bien plus proches de la situation administrative qui est Ă
lâorigine des droits reconstituĂ©s dans le modĂšle.
Par rapport Ă lâutilisation de lâensemble de la population, lâapproche suivie a Ă©gale-ment pour avantage que les temps de calcul sont sensiblement limitĂ©s sans que,dans le cas dâun Ă©chantillon reprĂ©sentatif du phĂ©nomĂšne modĂ©lisĂ©, la fiabilitĂ© desconnaissances acquises ne sâen ressente.
Dans tout le texte, une attention particuliĂšre a Ă©tĂ© portĂ©e Ă la reprĂ©sentativitĂ© de lâĂ©-chantillon pour les sous-domaines Ă©tudiĂ©s et modĂ©lisĂ©s, Ă savoir a) les allocations dechĂŽmage, b) les indemnitĂ©s de maladie et invaliditĂ©, accidents du travail et maladiesprofessionnelles, c) les pensions, d) les prestations familiales, e) les prestations dâai-de sociale, f) les cotisations et retenues et g) les impĂŽts des personnes physiques. Lefait de modĂ©liser chacun de ces sous-domaines en faisant la distinction entreparamĂštres manipulables, variables exogĂšnes et variables endogĂšnes permet dâeffec-tuer dâores et dĂ©jĂ une sĂ©rie de simulations pour ces domaines, Ă partir de la versiondu modĂšle actuelle.
Lors des discussions, lâattention a Ă©galement Ă©tĂ© attirĂ©e sur le fait que dans certainsdomaines, un effort supplĂ©mentaire est nĂ©cessaire pour mieux exploiter les possibi-litĂ©s de simulation des donnĂ©es disponibles. Cette remarque vaut en particulier pourles modules traitant des indemnitĂ©s de maladie, des cotisations et des retenues.
(Traduction)____________
712
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 712
6. BIBLIOGRAPHIE
APS, Huishoudens en familiekernen (ID: 1329), publication web, Studiedienst vande Vlaamse Regering, Bruxelles, 2011 (http://aps.vlaanderen.be/sgml/langereek-sen/1329.htm).
Atkinson, A., Rainwater, L. et Smeeding, T., Income distribution in OECD Coun-tries: Evidence from the Luxembourg Income Study, OCDE, Paris, 1995.
Bay, C., Maréchal, C., Perelman, S. et Van Camp, G., MIMOSIS: MIcrosimulationMOdel for Belgian Social Insurance Systems, Modelling rules forthe module onsocial security contributions, publication web, Service public fédéral Sécuritésociale, Direction générale Appui stratégique, Domaine Evolution Protectionsociale, Bruxelles, 2007a(http://socialsecurity.fgov.be/NL/nieuws_publicaties/publicaties/mimosis/wpcon-trib.pdf).
Bay, C., Perelman, S. et Van Camp, G., MIMOSIS: MIcrosimulation MOdel for Bel-gian Social Insurance Systems, Modelling rules for the module on familyallowances, publication web, Service public fédéral Sécurité sociale, Directiongénérale Appui stratégique, Domaine Evolution Protection sociale, 2007b, Bruxelles(http://socialsecurity.fgov.be/NL/nieuws_publicaties/publicaties/mimosis/wpfamal.pdf).
BCSS, Aperçu des principaux chiffres applications de base 2008 â version amĂ©li-orĂ©e.xls: population pensionnĂ©s, annexe au mail ayant pour objet âBeheersgroepdatawarehouse arbeidsmarkt en sociale bescherming â nieuw overzicht van debelangrijkste cijfers, een aangepast verslag vergaderingâ et time vrijdag 26 augustus2011, 2011.
Berghman, J., Curvers, G., Palmans, S. et Peeters, H., Cartographie des retraitésbelges, Partie 1 : La protection offerte par la pension légale, Working paper Sécu-rité sociale n° 6, Service public fédéral Sécurité sociale, Direction générale Appuistratégique, Domaine Evolution Protection sociale, Bruxelles, 2007(http://www.socialsecurity.fgov.be/docs/fr/publicaties/workingpapers/WP_2007-6.pdf).
Cowell, F. et Jenkins, S., Estimating Welfare Indices: Household Weights and Sam-ple Design, Discussion Paper N° DARP 48, London School of Economics, Londres,2000(http://eprints.lse.ac.uk/2160/Estimating_Welfare_Indices_Household_Weights_and_Sample_Design.pdf).
Decoster, A. et Valenduc, C. (Ă©ds.), LâimpĂŽt et la politique fiscale en Belgique, p.296, Editions de lâUniversitĂ© de Bruxelles, Bruxelles, 2011.
713
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 713
Decoster, A., Berekend Vlaanderen: workshop FLEMOSI â SBOproject 90044
Decoster, A., De Swerdt, K., Orsini, K., LefÚbvre, M., Maréchal, C., Paszukiewicz,A., Perelman, S., Rombaut, K., Verbist, G. et Van Camp, G., Valorisation of themicrosimulation model for social security MIMOSIS, Final Report ProjectAG/01/116, Politique scientifique fédérale, Bruxelles, 2008 (http://www.belspo.be/belspo/home/pub/pub_ostc/agora/raghh116_en.pdf).
Decoster, A., De Swerdt, K., Orsini, K. et Van Camp, G., MIMOSIS: MIcrosimula-tion MOdel for Belgian Social Insurance Systems, Modelling rules for the moduleon personal income taxes, publications web, Service public fédéral Sécurité socia-le, Direction générale Appui stratégique, Domaine Evolution Protection sociale,Bruxelles, 2007a(http://socialsecurity.fgov.be/NL/nieuws_publicaties/publicaties/mimosis/wppit.pdf).
Decoster, A., De Swerdt, K., Orsini, K. et Van Camp, G., MIMOSIS: MIcrosimula-tion MOdel for Belgian Social Insurance Systems, Modelling rules for householdcomposition and family relationships, publication web, Service public fédéralSécurité sociale, Direction générale Appui stratégique, Domaine Evolution Protec-tion sociale, Bruxelles, 2007b(http://socialsecurity.fgov.be/NL/nieuws_publicaties/publicaties/mimosis/wpfam-rel.pdf).
DGSIE, Mouvement de la population, publication web, Service public fédéral Eco-nomie, Direction générale Statistiques et informations économiques, Bruxelles,2011a (http://statbel.fgov.be/fr/statistiques/chiffres/population/mouvement/).
DGSIE, Revenus fiscaux, publication web, Service public fédéral Economie, Direc-tion générale Statistiques et informations économiques, Bruxelles, 2011b(http://statbel.fgov.be/fr/statistiques/chiffres/travailvie/fisc/).
DGSIE, Revenus et conditions de vie, publication web, Service public fédéral Eco-nomie, Direction générale Statistique et Information économique, Bruxelles, 2011c(http://statbel.fgov.be/fr/statistiques/chiffres/travailvie/revenus/).
DOCDWH, Documentation relative au datawarehouse, publication web, Banque-Carrefour de la Sécurité sociale, Bruxelles, 2011(http://www.ksz.fgov.be/fr/bcss/page/content/websites/belgium/statistics/statis-tics_01/statistics_01_05.html).
European Commission, Commission regulation (EC) No 1980/2003 of 21 October2003 implementing Regulation (EC) No 1177/2003 of the European Parliament andof the Council concerning Community statistics on income and living conditions(EU_SILC) as regards definitions and updated definitions, Official Journal of the
714
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 714
European Union, 2003 (http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2003:298:0001:0022:EN:PDF).
Eurostat, Income, Social Inclusion and Living Conditions, publication web, Euro-stat, Luxembourg, 2011(http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page/portal/income_social_inclusion_liv-ing_conditions/data/database).
Knapen, H., Constructie inkomensnotie Datawarehouse AM&SB, rapport intéri-maire du projet DOCDWH, K.U. Leuven, Centrum voor Sociologisch Onderzoek,Louvain, 2011.
Maréchal, C., Paszukiewicz, A., Perelman, S. et Van Camp, G., MIMOSIS: MIcrosimu-lation MOdel for Belgian Social Insurance Systems, Modelling rules for module onwelfare adaptations of pensions, 2007(http://socialsecurity.fgov.be/NL/nieuws_publicaties/publicaties/mimosis/wppenswelf.pdf).
Molenberghs, G. et Gaens, E., GezondheidsenquĂȘte door middel van interview:Statistische beschouwing, Werkdocument Limburgs Universitair Centrum, Universi-taire Campus, Diepenbeek, 1994.
Mutsaerts, A., Constructie Wstatus en Reconstructie CIMIRe op basis van het DWHAM&SB, rapport intérimaire du projet SIPEBE, K.U. Leuven, Centrum voor Sociolo-gisch Onderzoek, Louvain, 2011.
ONAFTS, Rapport dâactivitĂ©s 2009, Office national dâallocations familiales pour tra-vailleurs salariĂ©s, Bruxelles, 2011(http://www.rkw.be/fr/Documentation/Publication/publicationsAnnual.php?tar-get=1).
ONP, La revalorisation des rémunérations dans le calcul de la pension, publica-tion web, Office national des pensions, Bruxelles, 2011,(http://www.onprvp.fgov.be/fr/profes/calculation/career/wages/revaluation/pages/default.aspx).
ONSS, Réductions des cotisations de sécurité sociale : nombre de travailleursconcernés et impact budgétaire, publication web, Office national de sécurité socia-le, Bruxelles, 2011(http://www.rsz.fgov.be/fr/content/statistics/publications/reductions.html).
Put, J., Praktijkboek sociale zekerheid voor de onderneming en de sociale advi-seur 2008, Wolters/Kluwer, Malines, 2008.
715
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 715
Registre national, Présentation du Registre national, publication web, Service publicfédéral Intérieur, Bruxelles, 2011(http://www.ibz.rrn.fgov.be/index.php?id=2490&L=0).
Rombaut, K., Van Camp, G. et Verbist, G., MIMOSIS: MIcrosimulation MOdel forBelgian Social Insurance Systems, Modelling rules for the Unemployment BenefitsModule, 2007a(http://socialsecurity.fgov.be/NL/nieuws_publicaties/publicaties/mimosis/wpunem.pdf).
Rombaut, K., Van Camp, G. et Verbist, G., MIMOSIS: MIcrosimulation MOdel forBelgian Social Insurance Systems, Modelling rules for the Sickness and Disabilitybenefits Module, 2007b (http://socialsecurity.fgov.be/NL/nieuws_publicaties/publi-caties/mimosis/wpsick.pdf).
SAS, SAS/STAT 9.2 Userâs Guide, publication web, 2011,(http://support.sas.com/documentation/cdl/en/statugkde/61796/PDF/default/statugkde.pdf).
SPF Finances, MĂ©mento fiscal 2011, Service public fĂ©dĂ©ral Finances, ServicedâEtudes et de Documentation, Bruxelles, 2011(http://docufin.fgov.be/intersalgfr/thema/publicaties/memento/pdf/MF2011_V10_complet.pdf).
SPF Sécurité sociale, Vade-mecum des données financiÚres et statistiques de la pro-tection sociale en Belgique - période 2006-2012, Service public fédéral Sécuritésociale, Direction générale Politique sociale, Domaine Données stratégiques,Bruxelles, 2012 (http://www.socialsecurity.fgov.be/docs/fr/publicaties/vademe-cum/2012/vademecum_2012_fr.pdf).
SPF Sécurité sociale, Vade-mecum des données financiÚres et statistiques de la pro-tection sociale en Belgique - période 2005-2011, Service public fédéral Sécuritésociale, Direction générale Politique sociale, Domaine Données stratégiques,Bruxelles, 2011a (http://socialsecurity.fgov.be/docs/fr/publicaties/vademe-cum/2011/vademecum_2011_fr.pdf).
SPF SĂ©curitĂ© sociale, Programmes de conversion de donnĂ©es du datawarehouseâMarchĂ© du travail et protection socialeâ vers des fichiers demandĂ©s dans âdeman-de de donnĂ©esâ, mimeo, Service public fĂ©dĂ©ral SĂ©curitĂ© sociale, Direction gĂ©nĂ©raleAppui stratĂ©gique, Domaine Evolution Protection sociale, Bruxelles, 2011b(http://www.socialsecurity.fgov.be/fr/nieuws-publicaties/publicaties/mimosis/domeinen.htm, version 2009, partie 2).
716
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 716
SPF SĂ©curitĂ© sociale, Programmes de conversion de donnĂ©es de la demande dedonnĂ©es vers le fichier dâinput de MiMOSIS, mimeo, Service public fĂ©dĂ©ral SĂ©curitĂ©sociale, Direction gĂ©nĂ©rale Appui stratĂ©gique, Domaine Evolution Protection socia-le, Bruxelles, 2011c (http://www.socialsecurity.fgov.be/fr/nieuws-publicaties/publi-caties/mimosis/domeinen.htm, version 2009, partie 3).
SPF Sécurité sociale, Code source MIMOSIS : échantillon janvier 2009, données2008, mimeo, Service public fédéral Sécurité sociale, Direction générale Appuistratégique, Domaine Evolution Protection sociale, Bruxelles, 2011d(http://www.socialsecurity.fgov.be/fr/nieuws-publicaties/publicaties/mimosis/domeinen.htm, programmes FORTRAN).
SPF Sécurité sociale, Vade-mecum des données financiÚres et statistiques de la pro-tection sociale en Belgique - période 2004-2010, Service public fédéral Sécuritésociale, Direction générale Politique sociale, Domaine Données stratégiques, 2010a,Bruxelles (http://socialsecurity.fgov.be/docs/fr/publicaties/vademecum/2010/vade-mecum_2010_fr.pdf).
SPF SĂ©curitĂ© sociale, Aperçu de lâannĂ©e 2009 en chiffres, Service public fĂ©dĂ©ralSĂ©curitĂ© sociale, Direction gĂ©nĂ©rale Personnes handicapĂ©es, Bruxelles, 2010b(http://handicap.fgov.be/docs/vouwfolder_2009_overzicht_cijfers_fr.pdf).
SPP Intégration sociale, Publications, études et statistiques : statistiques, publicationweb, Service public de programmation Intégration sociale, Bruxelles, 2011(http://www.mi-is.be/be-fr/publications-etudes-et-statistiques/statistiques).
Van Camp, G., MIMOSIS: a microsimulation model for social policy in Belgium.Description of the model with units sampled on January 1st 2009, income 2008,mimeo, Service public federal Sécurité sociale, Direction générale Appuistratégique, Domaine Evolution Protection sociale, Bruxelles, 2011(http://www.socialsecurity.fgov.be/docs/en/publicaties/mimosis/steekproef_01_01_09_v1_en.pdf).
Vleminckx, K., Aanvrag van gecodeerde sociale gegevens van persoonlijke aardvoor het updaten van het microsimulatiemodel MIMOSIS en het bestuderen vande mogelijkheid tot armoedemeting met administratieve gegevens uit het DWHAM&SB, mimeo, Service public fĂ©dĂ©ral SĂ©curitĂ© sociale, Direction gĂ©nĂ©rale AppuistratĂ©gique, Domaine Evolution Protection socialeâ, 2011, Bruxelles(http://www.socialsecurity.fgov.be/docs/nl/publicaties/mimosis/update_mimosis_v6_full_sample.pdf).
Vleminckx, K., Aanvraag van gecodeerde individuele sociale zekerheidsgegevensvoor wetenschappelijk onderzoek in de projecten âMicrosimulatiemodel SocialeZekerheidâ (fase II â uitbouw, validering en exploitatie), mimeo, Service publicfĂ©dĂ©ral SĂ©curitĂ© sociale, Direction gĂ©nĂ©rale Appui stratĂ©gique, Domaine EvolutionProtection sociale, Bruxelles, 2008. 717
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:23 Page 717
TABLE DES MATIERES
MIMOSIS : UN MODELE DE MICRO-SIMULATION POUR LA POLITIQUE SOCIALE EN BELGIQUE. COURTE DESCRIPTION DU MODELE AVEC DONNEES DISCONTINUES, 1ER JANVIER 2009, REVENUS 2008
1. INTRODUCTION 665
2. DESCRIPTION DE LâECHANTILLON MIMOSIS 666
2.1. CREATION DâUN NUMERO DE MENAGE ET ESTIMATION DE LA TAILLE DU MENAGE. . 6682.2. CREATION DâUNE SERIE DE CARACTERISTIQUES A PARTIR DES DONNEES DU REGISTRE
NATIONAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6682.3. LES POIDS DâECHANTILLONNAGE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6712.4. DESCRIPTION DE CERTAINES VARIABLES DANS DâAUTRES SOURCES QUE LE REGISTRE
NATIONAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 672
3. FONCTIONNEMENT DE MIMOSIS 683
3.1. FAMREL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6853.2. UNEM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6873.3. SICK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6893.4. PENSWELF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6923.5. FAMAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6943.6. CONTRIB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6973.7. PIT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7003.8. SOCBEN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 704
4. DESCRIPTION DU MODULE EVAL 707
5. CONCLUSION 711
6. BIBLIOGRAPHIE 713
718
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VAN-CAMP-FR.qxp 22-11-2012 16:24 Page 718
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE :CONSEQUENCES SUR LâETUDE DESREVENUS ET DE LA PAUVRETE CHEZ LESPERSONNES AGEES (1)
PAR HANS PEETERS et RIKA VERPOORTEN
Centrum voor Sociologisch Onderzoek, Katholieke Universiteit Leuven
INTRODUCTION
Un certain nombre de phĂ©nomĂšnes, comme lâallongement de lâespĂ©rance de vie etdes glissements sur le marchĂ© du mariage et du travail font de la situation financiĂšredes personnes ĂągĂ©es un enjeu du discours politique et scientifique. Ceci se reflĂštedans des nombreuses Ă©tudes en la matiĂšre. Pour ne citer quâune poignĂ©e de recher-ches flamandes et belges rĂ©centes, citons Dekkers et Debels (2006) qui ont comparĂ©les risques de pauvretĂ© des hommes et des femmes de moins et de plus de 65 ans.Cantillon et Lefebure (2007) ont observĂ© le lien entre les conditions de vie et lesrevenus des femmes aĂźnĂ©es. Dewilde (2009) a vĂ©rifiĂ© lâimpact du parcours familial etdu parcours professionnel sur le risque de pauvretĂ© en fin de vie. Enfin, les diffĂ©-rents rapports du ComitĂ© dâĂ©tude sur le vieillissement (e.a. 2010), ont signalĂ© la pau-vretĂ© des personnes ĂągĂ©es et les ratios de remplacement chez les nouveaux re-traitĂ©s.
A lâinstar de nombreuses Ă©tudes internationales sur la situation financiĂšre des seni-ors, les Ă©tudes citĂ©es sâappuient sur des donnĂ©es issues dâĂ©tudes dâensemble. Etcomme les donnĂ©es internationales plus gĂ©nĂ©rales, ce type de donnĂ©es belgesdĂ©montrent un problĂšme de reprĂ©sentativitĂ©. En effet, les aĂźnĂ©s qui demeurent demaniĂšre permanente dans un mĂ©nage collectif (câest-Ă -dire, des maisons de repos oudes maisons de repos et de soins (MRS)) ne font pas partie de lâĂ©chantillon des Ă©tu-des gĂ©nĂ©rales plus globales.
(1) Les auteurs remercient Annelies Debels, Hendrik Larmuseau, Jos Berghman et Anke Mutsaertspour leurs observations utiles lors des versions antĂ©rieures de cet article, Hugo Vandenplas pourlâexĂ©cution des analyses statistiques et Chris Brijs (Banque Carrefour de la SĂ©curitĂ© Sociale) pour lesoutien apportĂ© au traitement des donnĂ©es.
719
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:32 Page 719
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 3e TRIMESTRE 2011
Lâexclusion des personnes ĂągĂ©es qui vivent habituellement dans un mĂ©nage collectifest susceptible de fausser grandement les rĂ©sultats. En effet, il est vraisemblable que leprofil de ce groupe spĂ©cifique de seniors sâĂ©carte du groupe de personnes ĂągĂ©es engĂ©nĂ©ral. Sur la base des donnĂ©es de la population du Datawarehouse MarchĂ© du travailet Protection sociale (DWH MT&PS), qui comporte des informations sur ces deuxcatĂ©gories de personnes ĂągĂ©es, le prĂ©sent article esquisse une image de cette dĂ©forma-tion. Ce faisant, on ne sâattarde pas seulement sur les caractĂ©ristiques contextuellesgĂ©nĂ©rales mais encore, on sâintĂ©resse particuliĂšrement aux consĂ©quences sur les Ă©tu-des portant sur les revenus et la pauvretĂ© des personnes agĂ©es.
Cet article est structurĂ© comme suit. En premier lieu, il aborde la problĂ©matique despersonnes ĂągĂ©es dans les mĂ©nages collectifs et leur exclusion des Ă©tudes dâensem-ble. Il examine plusieurs Ă©tudes dâensemble belges et vĂ©rifie comment y est traitĂ© cegroupe de personnes ĂągĂ©es. Une deuxiĂšme section indique le motif de la frĂ©quenteĂ©viction des Ă©tudes dâensemble des aĂźnĂ©s vivant dans les mĂ©nages collectifs. UnetroisiĂšme partie donne un aperçu des sources de donnĂ©es utilisĂ©es dans la prĂ©senterecherche et commente lâĂ©chantillon de population examinĂ©. Une quatriĂšme sec-tion esquisse le profil des pensionnaires des mĂ©nages collectifs et indique le degrĂ©de fiabilitĂ© de lâimage gĂ©nĂ©rale des personnes ĂągĂ©es livrĂ©e dans les Ă©tudes dâensem-ble. La cinquiĂšme section sâinquiĂšte plus en dĂ©tail des consĂ©quences liĂ©es Ă la non-prise en compte des personnes ĂągĂ©es dans les mĂ©nages collectifs par les Ă©tudes de lapauvretĂ©. Pour finir sont formulĂ©es quelques observations gĂ©nĂ©rales et recomman-dations en vue dâĂ©tudes ultĂ©rieures.
1. LâETUDE DES REVENUS ET DE LA PAUVRETE DES PERSONNES AGEES
LâĂ©tude des revenus et de la pauvretĂ© peut recourir tant Ă des donnĂ©es administrati-ves quâĂ des donnĂ©es provenant dâĂ©tudes dâensemble. Ces deux sources de donnĂ©esprĂ©sentent des avantages et des inconvĂ©nients spĂ©cifiques. Les donnĂ©es administrati-ves ont pour principal avantage un haut degrĂ© de prĂ©cision et dâexhaustivitĂ© desrevenus enregistrĂ©s. Plus particuliĂšrement, pour les Ă©tudes sur les pensions, les don-nĂ©es administratives prennent Ă©galement en compte des revenus qui ne sont nienregistrĂ©s ni mentionnĂ©s dans les Ă©tudes dâensemble, par exemple les congĂ©spayĂ©s et les prestations spĂ©cifiques (p. ex. lâallocation de chauffage) mais surtout lescapitaux de pension du deuxiĂšme pilier dĂ©jĂ versĂ©s. Par ailleurs, les donnĂ©es admini-stratives contiennent des informations sur toute la population plutĂŽt que sur unĂ©chantillon limitĂ© comme câest le cas dans les Ă©tudes dâensemble. Cela signifie quelâon dispose dâinformations tant sur les personnes ĂągĂ©es dans les mĂ©nages privĂ©sque sur celles dans les mĂ©nages collectifs, ce qui est particuliĂšrement importantdans le cadre de notre Ă©tude. Le principal inconvĂ©nient de ces donnĂ©es rĂ©side dansle fait quâactuellement, la connaissance se limite Ă ceux qui perçoivent un revenuprofessionnel ou un revenu Ă©manant de la sĂ©curitĂ© sociale. Aucune informationnâest tenue Ă jour sur dâĂ©ventuelles autres sources de revenus (p. ex. Ă©pargne ourevenus locatifs), qui peuvent toutefois constituer un supplĂ©ment important aurevenu total disponible de la personne ĂągĂ©e en question.
720
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:32 Page 720
Pour leur part, les Ă©tudes dâensemble ont pour principal avantage que les questionsposĂ©es ne doivent pas se limiter Ă des questions objectives, mais que la pauvretĂ© etle revenu peuvent Ă©galement ĂȘtre abordĂ©s dâune maniĂšre subjective. Ainsi, en par-tant de donnĂ©es dâensemble, il est possible de dĂ©terminer un indice matĂ©riel de pri-vation ou une mesure subjective de pauvretĂ©, ce qui est impossible sur la base desdonnĂ©es administratives. Par ailleurs, les Ă©tudes dâensemble permettent (en princi-pe) de poser des questions sur le revenu au sens large, ce qui permet Ă©galement defaire entrer en ligne de compte les sources alternatives de revenu telles que les patri-moines et le fait dâĂȘtre propriĂ©taire dâun logement. Toutefois, indĂ©pendamment desproblĂšmes identifiĂ©s en matiĂšre de questions sur les revenus (voir p. ex. lâExpertGroup on Household Income Statistics, 2001), les Ă©tudes dâensemble prĂ©sententsouvent un problĂšme de reprĂ©sentativitĂ© en ce sens que les seniors qui rĂ©sidentdans un mĂ©nage collectif ne font gĂ©nĂ©ralement pas partie de la population exa-minĂ©e. Ceci ressort de lâaperçu ci-dessous dâun certain nombre dâĂ©tudes dâensembleimportantes qui comportent des informations sur les personnes ĂągĂ©es belges (cf.tableau 1). Tant les Ă©tudes dâensemble axĂ©es sur la population dans son entiĂšretĂ©que celles orientĂ©es spĂ©cifiquement sur les personnes ĂągĂ©es sont reprises dans cetableau. Il indique par ailleurs si, dans lâĂ©tude dâensemble en question, les personnesĂągĂ©es dans des mĂ©nages collectifs font partie de lâĂ©chantillon utilisĂ©, et si, en cas dâĂ©-tude de panel longitudinale, elles sont suivies tout au long des diffĂ©rentes vaguesdâenquĂȘte lorsquâelles dĂ©mĂ©nagent dans un mĂ©nage collectif (2).
TABLEAU 1 : APERCU DES ETUDES DâENSEMBLE BELGES RECENTES
Pour ce qui est des Ă©tudes dâensemble qui sâadressent Ă la totalitĂ© de la population, ilsâavĂšre que les personnes ĂągĂ©es qui rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif ne sont prisesquâexceptionnellement en compte dans lâĂ©chantillon dâĂ©tude. Tant le Panel Studyon Belgian Households (PSBH), qui a collectĂ© des informations sur les conditions devie des Belges entre 1992 et 2002, que son successeur, les statistiques de lâUnionEuropĂ©enne sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC), sâadressent exclusive-ment aux mĂ©nages privĂ©s et leurs membres (Atkinson et Marlier, 2010, p. 40 ;Jacobs, Loots, Marynissen et Scheipers, 1991, p. 4). LâĂ©chantillon examinĂ© ignore
(2) Ce suivi nâest pas dâapplication pour les enquĂȘtes non longitudinales telles que lâEnquĂȘte de SantĂ©Belge (Ă©tude transversale rĂ©pĂ©tĂ©e) et le Leefsituatieonderzoek Vlaamse Ouderen [Etude sur les condi-tions de vie des personnes ĂągĂ©es flamandes : Ă©tude transversale).
721
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE ...
MĂ©nage collectif SuiviEtudes dâensemble axĂ©es sur la population totale Panel Study on Belgian Households (PSBH/ECHP) - - Statistiques de l'Union EuropĂ©enne sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC) - -
EnquĂȘte de SantĂ© Belge ïżœ NA Etudes dâensemble axĂ©es sur les personnes ĂągĂ©es EnquĂȘte sur la SantĂ©, le Vieillissement et la Retraite en Europe (SHARE) - ïżœEtude sur les conditions de vie des personnes ĂągĂ©es flamandes (LOVO) ïżœ NA
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:32 Page 721
purement les pensionnaires des mĂ©nages collectifs. Si, au cours des vagues successi-ves dâenquĂȘte, un rĂ©pondant dĂ©terminĂ© dĂ©mĂ©nage dans un mĂ©nage collectif, certai-nes informations sont toutefois tenues Ă jour (plus prĂ©cisĂ©ment les informations decontact, le moment et le motif du dĂ©mĂ©nagement), mais il ne sera plus interviewĂ©dans les vagues dâenquĂȘte ultĂ©rieures (Atkinson et Marlier, 2010, p. 46 ; Commis-sion europĂ©enne, 1994 ; Jacobs, Berghs et Marijnissen, 1995, p. 8). Par contre, danslâEnquĂȘte de SantĂ© Belge â une Ă©tude sur lâĂ©tat de santĂ© de la population belge â lespersonnes ĂągĂ©es vivant dans des mĂ©nages collectifs font bel et bien partie delâĂ©chantillon examinĂ© (Quataert, Van Oyen, Tafforeau, Schiettecatte, Lebrun, Bella-mammer et Molenberghs, 1997, p. 20). Mieux encore, pour esquisser une meilleureimage de la population ĂągĂ©e et plus spĂ©cifiquement des seniors dans des mĂ©nagescollectifs, un Ă©chantillon supplĂ©mentaire a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 2004 et en 2008 respecti-vement des plus de 65 et 75 ans (Demarest, Drieskens, Gisle, Van der Heyden et Taf-foreau, 2010, pp. 8-9 ; Tafforeau, 2005, p. 15). Cependant, malgrĂ© cet effort, le nom-bre de personnes ĂągĂ©es dans des mĂ©nages collectifs est toujours sous-estimĂ© danslâEnquĂȘte de SantĂ© Belge (3).
Dans les Ă©tudes dâensemble spĂ©cifiquement axĂ©es sur les personnes ĂągĂ©es, les aĂźnĂ©squi font partie dâun mĂ©nage collectif sont Ă©galement exclus de lâĂ©chantillon de lâen-quĂȘte. Ceci vaut par exemple pour le volet belge de lâEnquĂȘte sur la SantĂ©, le Vieil-lissement et la Retraite en Europe (EnquĂȘte SHARE), qui collecte des informationssur une multitude dâaspects de la vie de la population ĂągĂ©e belge (SHARE Project,2010, pp. A26-A34). Si un rĂ©pondant dĂ©mĂ©nage dans une institution de soins lorsdes vagues successives dâenquĂȘte, il est effectivement recherchĂ© et interrogĂ© (DeLuca et Rossetti, 2008). Outre SHARE, la âLeefsituatieOnderzoek Vlaamse Ouderenâ[Etude sur les conditions de vie des personnes ĂągĂ©es flamandes] (LOVO) cible spĂ©ci-fiquement les seniors. Cette Ă©tude est divisĂ©e en deux volets, lâun orientĂ© sur lesplus de 55 ans qui habitent chez eux et lâautre sur les rĂ©sidants des maisons de reposde 75 ans ou plus (Vanden Boer, Pauwels, Callens et Carette, 2006). La focalisationdu contenu de cette Ă©tude a cependant pour effet quâune attention peu explicite estaccordĂ©e Ă la situation financiĂšre et au risque de pauvretĂ© de lâĂ©chantillon dâaĂźnĂ©sexaminĂ©. Par ailleurs, lâĂ©tendue de lâĂ©chantillon est trĂšs faible (N=500).
2. POURQUOI LES PERSONNES AGEES DANS DES MENAGES COLLECTIFS NE FONTPAS PARTIE DES ECHANTILLONS EXAMINES
Il ressort de lâaperçu ci-dessus quâen Belgique, les personnes ĂągĂ©es dans des mĂ©na-ges collectifs ne font quâexceptionnellement partie des Ă©chantillons dâenquĂȘte desĂ©tudes dâensemble. Plusieurs raisons peuvent ĂȘtre invoquĂ©es : dâune part, elles serapportent au tirage de lâĂ©chantillon et, dâautre part, aux difficultĂ©s dâinterrogationde cette catĂ©gorie dâĂąge.
(3) Sur la base de lâEnquĂȘte SantĂ© Belge de 2004, 26% des personnes ĂągĂ©es de plus de 85 ans rĂ©sidentdans une institution, tandis que les chiffres de lâInstitut national dâassurance-maladie et invaliditĂ©mentionnent quâenviron 36% de ce groupe dâĂąge demeurent dans une institution (Van der Heyden,Demarest, Gisle, Tafforeau, Hesse et Miermans, 2006, p. 7).722
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:32 Page 722
Pour ce qui est du tirage de lâĂ©chantillon, nous observons que dans la plupart desenquĂȘtes dâensemble classiques, le mĂ©nage constitue lâunitĂ© dâĂ©chantillon utilisĂ©e etnon pas lâindividu. Câest notamment le cas pour lâenquĂȘte SHARE, le PSBH et pourlâEnquĂȘte de SantĂ© Belge. Par consĂ©quent, les mĂ©nages collectifs, dont font Ă©gale-ment partie les maisons de repos, nâont que la mĂȘme chance dâĂȘtre sĂ©lectionnĂ©scomme mĂ©nages privĂ©s. Les membres de mĂ©nages collectifs ont alors une chanceplus infime dâĂȘtre sĂ©lectionnĂ©s que les membres dâun mĂ©nage privĂ©. Par ailleurs, lecadre de lâĂ©chantillon est susceptible dâavoir un effet restrictif. Câest notamment ceque lâon observe dans lâenquĂȘte SHARE, oĂč la sĂ©lection de mĂ©nages est basĂ©e surune liste tĂ©lĂ©phonique dans laquelle ont Ă©tĂ© rayĂ©s les numĂ©ros de tĂ©lĂ©phone quinâappartiennent pas Ă des mĂ©nages privĂ©s (SHARE Project, 2010, pp. A26-A34).Enfin, il nâest guĂšre aisĂ© de tirer un Ă©chantillon correct et reprĂ©sentatif de personnesĂągĂ©es dans des mĂ©nages collectifs parce que lâon ne dispose pas de suffisammentdâinformations sur lâĂ©tendue exacte de ce groupe. Pour ce qui concerne les pension-naires de maisons de repos, nous ne disposons en effet que dâinformations sur lacapacitĂ© dâaccueil et sur le nombre de jours facturĂ©s (4) ; nous ignorons les informa-tions sur lâĂ©tendue vĂ©ritable de ce groupe (e.a. Callens et Pauwels, 2006).
Quant aux possibilitĂ©s pour la recherche de toucher les personnes ĂągĂ©es dans desmĂ©nages collectifs et plus spĂ©cifiquement des pensionnaires de maisons de repos,trois raisons sont mises en avant dans la littĂ©rature pour expliquer le rejet de cegroupe de lâĂ©chantillon examinĂ©. En premier lieu, il est loin dâĂȘtre Ă©vident de savoirdans quelle mesure, les rĂ©sidants permanents des institutions de repos sont en Ă©tatphysique et mental de participer Ă lâenquĂȘte. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, ces derniers ont undegrĂ© plus Ă©levĂ© de besoins de soins que ceux qui demeurent dans des mĂ©nagesprivĂ©s, dâoĂč peuvent naĂźtre des questions quant Ă leur capacitĂ© de rĂ©pondre. Ainsi,dans le cadre de lâenquĂȘte LOVO, 900 pensionnaires de maisons de repos ont Ă©tĂ©contactĂ©s pour quelque 500 interviews rĂ©alisĂ©es. Environ la moitiĂ© de la non-rĂ©pon-se a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă une incapacitĂ© mentale (50%) ; un petit 10% Ă lâincapacitĂ© physi-que (Callens et Pauwels, 2006) (5). Pour contourner de telles limitations, lâon choi-sit souvent de travailler avec des proxy-rĂ©pondants [p. ex. partenaire, (bel-)enfant,aide-soignant]. Dans lâEnquĂȘte de SantĂ© Belge de 2004, par exemple, un peu plus dela moitiĂ© des personnes ĂągĂ©es qui rĂ©sident dans une institution de soins rĂ©sidentiellea Ă©tĂ© questionnĂ©e via un proxy-rĂ©pondant (Van der Heyden, e.a., 2006, p. 7). Cecifournit Ă nouveau une indication de lâaccessibilitĂ© aux questions limitĂ©e des seniorsvivant dans un mĂ©nage collectif. DeuxiĂšmement, des questions peuvent ĂȘtre posĂ©esquant Ă la perception correcte de ces personnes de leur propre situation financiĂšre.Dans beaucoup de cas, la majoritĂ© nâest pas elle-mĂȘme responsable de la gestion deses finances (e.a. Vanden Boer et Pauwels, 2006b). Aussi, il est invraisemblable queces personnes puissent avoir une idĂ©e correcte et exhaustive de leur revenu. Enfin,
(4) Ces donnĂ©es sont collectĂ©es et mises Ă disposition par lâINAMI.(5) Ce faisant, il est important de savoir que les personnes ĂągĂ©es hautement dĂ©pendantes des soinsĂ©taient de toute maniĂšre prĂ©alablement exclues de la population examinĂ©e (Callens et Pauwels,2006).
723
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE ...
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:32 Page 723
il sâavĂšre que le sĂ©jour dans une institution sâaccompagne dâun obstacle supplĂ©men-taire au niveau de la direction et du personnel. Toutes les institutions ne sont pasĂ©galement accueillantes envers les chercheurs, qui prennent sous la loupe leurs pen-sionnaires et âperturbentâ la routine et lâordre quotidiens (e.a. Carrette, 2006, p. 46 ;Callens et Pauwels, 2006, pp. 21-22).
Il ressort de tout ceci quâil nâest pas Ă©vident dâintĂ©grer les personnes qui rĂ©sidentdans un mĂ©nage collectif dans une Ă©tude dâensemble. Toutefois, grĂące aux donnĂ©esadministratives, il est possible de surmonter les problĂšmes les plus courants enmatiĂšre dâaccessibilitĂ© et de rĂ©ponse aux questions, dâoĂč les pensionnaires desmĂ©nages collectifs peuvent Ă©galement devenir sujets dâenquĂȘte. Pour la suite de cetarticle, nous mettrons en cartes Ă lâaide de ces donnĂ©es administratives la dĂ©forma-tion engendrĂ©e par lâĂ©viction des personnes ĂągĂ©es des mĂ©nages collectifs des Ă©tudesbelges (sur les revenus et la pauvretĂ©). Dans la section suivante, nous indiquonsbriĂšvement quelles sources de donnĂ©es seront utilisĂ©es Ă cet effet et comment estdĂ©limitĂ© lâĂ©chantillon Ă examiner.
3. SOURCES DE DONNEES ET ECHANTILLON EXAMINE
3.1. CADASTRE DES PENSIONS ET REGISTRE NATIONALPour les besoins de cette enquĂȘte, nous avons puisĂ© dans deux sources de donnĂ©esadministratives qui font partie du Datawarehouse MarchĂ© du travail et Protectionsociale (DWH MT&PS) : le Cadastre des pensions et le Registre national (6). Lesinformations contenues dans ces banques de donnĂ©es sont couplĂ©es sur la base dâunnumĂ©ro dâidentification individuel unique (le numĂ©ro âNISSâ ou numĂ©ro dâidentifi-cation Ă la sĂ©curitĂ© sociale). Les donnĂ©es utilisĂ©es se rapportent Ă la totalitĂ© de lapopulation.
Le Cadastre des pensions est une banque de donnĂ©es administratives Ă©tablie en vuede la perception des cotisations sociales et fiscales sur les pensions par lâInstitutNational dâAssurance Maladie et InvaliditĂ© (INAMI) et lâOffice National des Pensions(ONP). La banque de donnĂ©es comprend des donnĂ©es de pension individuelles serapportant aux pensions lĂ©gales, payĂ©es Ă charge du systĂšme belge des pensions etversĂ©es par des institutions Ă©trangĂšres Ă des retraitĂ©s belges. Par ailleurs, elle collec-te Ă©galement des donnĂ©es en rapport des pensions du deuxiĂšme pilier versĂ©es auxtravailleurs salariĂ©s et indĂ©pendants. Pour ces derniers, lâon dispose de donnĂ©es Ă partir de 1998 quant aux rentes versĂ©es, et Ă partir de 1980, quant aux capitaux ver-sĂ©s (7).
(6) Pour plus dâinformations sur le DWH MT&PS, voir Berghman, Curvers, Palmans, Vandermeer-schen et Verpoorten, 2009, pp. 6-7.(7) Pour plus dâinformations sur les donnĂ©es collectĂ©es dans le Cadastre des pensions, voir e.a.Berghman, Curvers, Palmans et Peeters, 2007, pp. 2-4 ; Palmans, Peeters et Berghman, 2006.
724
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:32 Page 724
Le Cadastre des pensions prĂ©sente divers avantages par rapport aux autres banquesde donnĂ©es qui collectent des informations sur les revenus des retraitĂ©s, comme p.ex. lâEU-SILC. Le principal atout dans le cadre de cette Ă©tude rĂ©side dans le fait quele Cadastre des pensions comporte des donnĂ©es sur la totalitĂ© de la population deretraitĂ©s de Belgique, y compris des personnes ĂągĂ©es qui vivent dans des mĂ©nagescollectifs. Comme dĂ©jĂ mentionnĂ©, cela nâest pas souvent le cas des banques de don-nĂ©es utilisĂ©es pour les enquĂȘtes dâensemble. Un deuxiĂšme avantage important duCadastre des pensions est liĂ© Ă lâĂ©tendue et Ă la fiabilitĂ© des informations. Par exem-ple, il ne collecte pas seulement des informations sur les pensions du premier pilier,mais aussi sur les pensions du deuxiĂšme pilier (8) et sur des avantages moins con-nus, comme les allocations de chauffage et les congĂ©s payĂ©s.
Pour notre Ă©tude, nous avons puisĂ© des donnĂ©es dans le Cadastre des pensions tantsur les pensions du premier pilier (y compris les revenus liĂ©s Ă la Garantie deRevenu aux Personnes AgĂ©es, GRAPA) que sur celles du deuxiĂšme pilier. GrĂące Ă ces informations, nous avons calculĂ© lâintĂ©gralitĂ© du revenu de pension en prove-nance des premier et deuxiĂšme piliers sur une base mensuelle (montants bruts) (9).Les montants reprĂ©sentĂ©s ici ont toujours trait Ă des droits de pension individuels. Ilnâest donc pas tenu compte des droits de pension de lâĂ©ventuel partenaire.
Outre le Cadastre des pensions, nous avons aussi recouru au Registre national, avecses indispensables donnĂ©es personnelles (e.a. annĂ©e de naissance, sexe, adresse dudomicile). Le Registre national dispose dâinformations sur toutes les personnes ins-crites dans le Registre de la population dâune commune belge (10).
Les donnĂ©es du Registre national permettent de dĂ©terminer les conditions de vie dela personne en question. Ainsi, nous pouvons effectuer une distinction entre seniorsqui rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif et seniors qui vivent dans un mĂ©nage privĂ©. Leterme âmĂ©nages collectifsâ englobe toutes les personnes ĂągĂ©es qui demeurent demaniĂšre permanente dans une institution de soins, mais aussi celles qui font partiedâune communautĂ© religieuse ou qui sont emprisonnĂ©es. Sur la base de ces don-nĂ©es, aucune distinction ne peut ĂȘtre opĂ©rĂ©e entre les diffĂ©rents types de mĂ©nagescollectifs (Lodewijckx, 2001). Nous supposons cependant, Ă©tant donnĂ© le lien entre
(8) Les Ă©tudes dâensemble sâintĂ©ressent sans doute Ă la perception dâune pension du deuxiĂšme pilier,mais ne sont pas exemptes de certaines limitations qui entachent sĂ©rieusement la qualitĂ© de ces don-nĂ©es. Par exemple, les capitaux perçus dans le passĂ© sont laissĂ©s hors de considĂ©ration dâoĂč la pen-sion du deuxiĂšme pilier de retraitĂ©s anciens reste entiĂšrement invisible.(9) Pour le calcul de lâentiĂšretĂ© du revenu de pension, les capitaux versĂ©s dans le deuxiĂšme piliersont convertis en rentes fictives. Ceci sâeffectue sur la base des coefficients de conversion de lâA.R.du 25 avril 1997 portant exĂ©cution de lâarticle 68, §2, troisiĂšme alinĂ©a de la loi du 30 mars 1994 por-tant des dispositions sociales (M.B. 29 mai 1997). Pour en savoir plus sur cette conversion de capi-taux en rentes fictives, voir Berghman, e.a., 2007, pp. 60-63.(10) Pour plus dâinformations sur le Registre national, voir la Banque Carrefour de la sĂ©curitĂ© sociale,2009.
725
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE ...
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:32 Page 725
lâĂąge et la dĂ©pendance aux soins, que la majoritĂ© des seniors des mĂ©nages collectifsvivent dans une institution de soins rĂ©sidentielle. Outre cela, pour procĂ©der Ă unecomparaison des deux groupes de retraitĂ©s, nous utilisons des informations sur lesexe, lâĂąge (sur la base de lâannĂ©e de naissance) et la rĂ©gion (sur la base du domicile).
3.2. POPULATION EXAMINEELâĂ©chantillon de la population Ă©tudiĂ© distingue entre les retraitĂ©s qui ont perçu en2007 une pension du premier pilier ou une allocation dâaide sociale pour personnesĂągĂ©es (la Garantie de revenu aux personnes ĂągĂ©es, GRAPA).
La population de lâĂ©tude, distingue entre les retraitĂ©s qui, en 2007, rĂ©sidaient dansun mĂ©nage collectif et les retraitĂ©s qui au cours de cette mĂȘme annĂ©e ne vivaientpas dans un tel mĂ©nage. Pour cela, nous recourons Ă la variable âLIPROâ, qui figuredans le DWH MT&PS qui est basĂ©e sur la variable ârelation de parentĂ© avec la pers-onne de rĂ©fĂ©renceâ reprise dans le Registre national. Cette variable comportecomme valeur possible âCommunautĂ©s, foyersâ. Pour cette Ă©tude, nous partons delâhypothĂšse que pour la population examinĂ©e, cette variable indique si le retraitĂ© enquestion rĂ©side dans une maison de repos ou dans une MRS. Cette approche a dĂ©jĂ Ă©tĂ© utilisĂ©e antĂ©rieurement par dâautres chercheurs (voir e.a. Vanden Boer et Pau-wels, 2006a). Dâautres contenus possibles pour cette valeur sont : communautĂ©sreligieuses, orphelinats, maisons dâĂ©tudiants, hĂŽpitaux, prisons, etc. Les personnesqui vivent dans des appartements avec rĂ©sidences-services ne se voient Ă©videmmentpas attribuer le dĂ©nominateur. CommunautĂ©s, foyersâ Ă©tant donnĂ© que dans la plu-part des cas, ces appartements disposent dâun numĂ©ro de maison propre.
MĂȘme si les donnĂ©es administratives disponibles dessinent une premiĂšre image desretraitĂ©s qui vivent dans des institutions de soins rĂ©sidentielles, nous devons resterconscients que ces informations ne correspondent pas toujours avec la situation defait. Le nombre de retraitĂ©s dans une maison de repos ou une MRS est probablementsous-estimĂ©, parce que le dĂ©mĂ©nagement dĂ©finitif dans une institution rĂ©sidentielle desoins nâest pas nĂ©cessairement accompagnĂ© dâun changement de domicile. Pensonspar exemple Ă la situation oĂč un partenaire continue Ă vivre au domicile, tandis quelâautre est dĂ©finitivement admis dans une MRS. Il y a de fortes chances
726
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:32 Page 726
que dâun point de vue administratif, ce dernier ne semble pas dĂ©mĂ©nager, parce quelâadresse de son domicile reste inchangĂ©e auprĂšs du partenaire qui continue Ă y habi-ter. Ces cas ne peuvent ĂȘtre dĂ©pistĂ©s en se basant sur les donnĂ©es administratives (11).
4. UNE ESQUISSE DES RETRAITES VIVANT DANS DES MENAGES COLLECTIFS
Dans ce chapitre, nous esquissons une image des retraitĂ©s qui rĂ©sident dans desmĂ©nages collectifs selon les donnĂ©es administratives du Cadastre des pensions et duRegistre national. En premier lieu, nous comparons les retraitĂ©s qui vivent dans unmĂ©nage collectif avec ceux qui demeurent dans un mĂ©nage privĂ©. En deuxiĂšme lieu,les retraitĂ©s des mĂ©nages privĂ©s â ce qui revient correspond Ă la population exa-minĂ©e dans les Ă©tudes dâensemble les plus usuelles (cf. ci-dessus) â sont comparĂ©savec la population totale de retraitĂ©s (y compris les retraitĂ©s dans des mĂ©nages col-lectifs). Ainsi, nous nous efforçons de vĂ©rifier la nature de la dĂ©formation provenantde la non-prise en compte des retraitĂ©s des mĂ©nages collectifs dans les Ă©tudes dâen-semble habituelles.
Le tableau 2 compare les retraitĂ©s qui rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif avec les re-traitĂ©s qui demeurent dans un mĂ©nage privĂ© sur la base de plusieurs caractĂ©ristiquessociodĂ©mographiques (sexe, Ăąge, rĂ©gion). Le tableau fait clairement apparaĂźtrequâun groupe important sĂ©journe dans un mĂ©nage collectif (82.855 retraitĂ©s).MalgrĂ© cela, avec seulement 4,5%, ce groupe est minoritaire par rapport au groupetotal de retraitĂ©s (82.855 retraitĂ©s dans des mĂ©nages collectifs + 1.772.060 de re-traitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s).
Câest un fait avĂ©rĂ©, il y a beaucoup de grandes diffĂ©rences entre les retraitĂ©s dansdes mĂ©nages collectifs et ceux dans des mĂ©nages privĂ©s. Le tableau 2 indique que lapart de femmes retraitĂ©es dans des mĂ©nages collectifs est considĂ©rablement plusimportante que dans des mĂ©nages privĂ©s : respectivement 78% par rapport Ă 52%des retraitĂ©s sont des femmes (12). Par ailleurs, nous voyons que chez les retraitĂ©sdes mĂ©nages collectifs, les plus anciens sont nettement plus reprĂ©sentĂ©s que dansles mĂ©nages privĂ©s. Chez les rĂ©sidants retraitĂ©s dâun mĂ©nage collectif, environ lamoitiĂ© a plus de 85 ans (52%), tandis que chez les retraitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s,un seul sur dix dĂ©passe cet Ăąge (9%) (13). Pour ce qui concerne la rĂ©partition des
(11) Selon une estimation de Vanden Boer et Pauwels (2006a, pp. 1-2), le nombre de personnesĂągĂ©es qui rĂ©sident en institution de soins est en effet sous-estimĂ© Ă cause des donnĂ©es administrati-ves. Sur la base du Registre national, le 1er janvier 2004 dans la RĂ©gion flamande, 47.847 personnesde plus de 55 ans vivaient dans un mĂ©nage collectif. Une estimation du nombre rĂ©el de pensionnairesdes maisons de repos et des MRS en Flandre tenant compte des donnĂ©es de lâAdministration âGezinen Maatschappelijk Welzijnâ (dĂ©sormais : Agence flamande Soins et SantĂ©), indiquait cependantquâenviron 61.000 seniors rĂ©sidaient dans une maison de repos ou une MRS au 31 dĂ©cembre 2003(Callens et Pauwels, 2006, p. 15). Cette comparaison indique que le nombre de personnes ĂągĂ©esdans des institutions de soins rĂ©sidentielles est sous-Ă©valuĂ© de grosso modo 10.000 unitĂ©s dans lesbanques de donnĂ©es administratives. Observez toutefois que les donnĂ©es de lâAdministration âGezinen Maatschappelijk Welzijnâ incluent Ă©galement des personnes ĂągĂ©es qui ont sĂ©journĂ© temporaire-ment dans une maison de repos ou une MRS. (12) Autrement dit, environ 6,5% de la population totale des femmes retraitĂ©es rĂ©sident dans unmĂ©nage collectif. Ceci ne vaut que pour 2,1% de la population totale des hommes retraitĂ©s.(13) En dâautres termes, 20,7% des retraitĂ©s de plus de 85 ans vivent dans un mĂ©nage collectif.
727
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE ...
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:32 Page 727
deux groupes de retraitĂ©s en fonction de la rĂ©gion, lâon relĂšve peu de divergences.Environ, 60% rĂ©sident en RĂ©gion flamande, plus de 30% en RĂ©gion wallonne et unpetit 10% dans la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale.
TABLEAU 2 : REPARTITION DES RETRAITES DANS UN MENAGE COLLECTIF ET DANS DES MENAGESPRIVES, DâAPRES LE SEXE, LâAGE ET LA REGION (2007, NOMBRES ET POURCENTAGES ABSOLUS)
Le graphique 1 complĂšte cette information avec une ventilation du revenu de pen-sion individuel des retraitĂ©s selon quâils rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif ou dansun mĂ©nage privĂ©. Dans ce graphique, lâon voit se dĂ©marquer clairement le modĂšlesuivant. Tant dans les catĂ©gories de revenus de pension les plus bas que les plushauts, lâon observe que les pensionnĂ©s qui rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif sontmoins reprĂ©sentĂ©s que les retraitĂ©s qui vivent dans un mĂ©nage privĂ©. Chez ces der-niers, 17% disposent dâun revenu de pension individuel infĂ©rieur Ă 700 EUR parmois, alors que ceci ne vaut que pour 9% des retraitĂ©s dans des mĂ©nages collectifs.Dans les catĂ©gories de revenus de pension les plus Ă©levĂ©s, nous observons une dis-torsion similaire. Environ, 40% des retraitĂ©s dâun mĂ©nage privĂ© disposent dâune pen-sion individuelle supĂ©rieure Ă 1.300 EUR par mois, par rapport Ă seulement 26% desretraitĂ©s dans des mĂ©nages collectifs. Autrement dit, les pensionnaires retraitĂ©s dansun mĂ©nage collectif ont un revenu de pension plus modĂ©rĂ© et sont plus fortementreprĂ©sentĂ©s dans les catĂ©gories de revenus moyens. Environ 65% des retraitĂ©s dansun mĂ©nage collectif ont une pension individuelle oscillant entre 600 et 1.300 EURpar mois, en comparaison avec 47% chez les retraitĂ©s dans un mĂ©nage privĂ©. (14)
(14) Cet article nâa pas pour intention dâexpliquer ces diffĂ©rences. Les hypothĂšses de travail sui-vantes peuvent nĂ©anmoins ĂȘtre formulĂ©es. La surreprĂ©sentation des retraitĂ©s dans des mĂ©nagesprivĂ©s dans les catĂ©gories de revenus de moins de 600 EUR est peut-ĂȘtre liĂ©e au fait quâil sâagit ici sou-vent dâindividus mariĂ©s. Dans ce cas, il est frĂ©quent que la femme touche une pension individuelletrĂšs faible et que cette pension au niveau du mĂ©nage est complĂ©tĂ©e par la pension plus Ă©levĂ©e (autaux isolĂ© ou au taux mĂ©nage) de lâhomme (les femmes dites âsemi-cachĂ©esâ, voir Berghman, Debels,Vandenplas, Verleden, Mutsaerts, Peeters et Verpoorten, 2010, pp. 110-114 ; pour la possibilitĂ© decumul dâune pension dâisolĂ© et dâune pension de mĂ©nage, voir ONP Ordre de service N° 90/18 relatifaux pensions qui prennent cours au plus tĂŽt au 1er janvier 1991, Chapitre 1, C, 3). AprĂšs le dĂ©cĂšs dumari, la femme pourra bĂ©nĂ©ficier dâune pension individuelle plus Ă©levĂ©e Ă©tant donnĂ© quâelle peutcombiner sa pension de retraite avec une pension de survie. DâoĂč la reprĂ©sentation plus Ă©levĂ©e desretraitĂ©s dans un mĂ©nage collectif dans les catĂ©gories de revenus entre 700 et 1.200 EUR. La surreprĂ©-sentation des retraitĂ©s dans un mĂ©nage privĂ© dans la catĂ©gorie de plus de 1.300 EUR est susceptiblede dĂ©pendre de lâĂąge. En effet, les classes dâĂąge les plus jeunes se voient en moyenne attribuer despensions plus Ă©levĂ©es (en partie Ă la suite dâune part plus importante du deuxiĂšme pilier). Pour cela,voir Berghman, e.a., 2010.728
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Ménage collectif Ménage privé Sexe N % N % Homme 18.007 22 % 836.991 48 % Femme 64.848 78 % 925.522 52 % Age < 70 5.240 6 % 683.499 39 % 70-84 34.918 42 % 924.957 52 %
85 42.697 52 % 163.604 9 % RĂ©gion RĂ©gion flamande 50.548 61 % 1.021.873 61 % RĂ©gion de Bruxelles-Capitale 5.999 7 % 133.481 8 % RĂ©gion wallonne 26.308 32 % 529.469 30 % TOTAL 82.855 1.772.060
Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:32 Page 728
GRAPHIQUE 1 : REPARTITION DES RETRAITES DANS DES MENAGES COLLECTIFS ET DANS DESMENAGES PRIVES DâAPRES LE REVENU DE PENSION INDIVIDUEL TOTAL SUR UNE BASE MENSUELLE(2007, MONTANTS BRUTS)
Il est Ă©vident que le profil des retraitĂ©s des mĂ©nages collectifs se dĂ©marque de celuides retraitĂ©s, membres dâun mĂ©nage privĂ©. La question se pose toutefois de savoirdans quelle mesure, la non-prise en compte de ce premier groupe dans la plupartdes Ă©tudes dâensemble fausse finalement le rĂ©sultat, Ă©tant donnĂ© que seulement4,5% de la population totale rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif. Nous tentons derĂ©pondre Ă cette question avec le tableau 3. Ce tableau compare les retraitĂ©s quihabitent dans un mĂ©nage privĂ© (c.-Ă -d. le point focal des enquĂȘtes dâensemble exis-tantes) avec lâentiĂšretĂ© de la population de retraitĂ©s dâaprĂšs un certain nombre decaractĂ©ristiques contextuelles (sexe, Ăąge et rĂ©gion).
729
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE ...
0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
14%
16%
18%
-100
101-
200
201-
300
301-
400
401-
500
501-
600
601-
700
701-
800
801-
900
901-
1.00
0
1.00
1-1.
100
1.10
1-1.
200
1.20
1-1.
300
1.30
1-1.
400
1.40
1-1.
500
1.50
1-1.
600
1.60
1-1.
700
1.70
1-1.
800
1.80
1-1.
900
1.90
1-2.
000
2.00
1-2.
100
2.10
1-2.
200
2.20
1-2.
300
2.30
1-2.
400
2.40
1-2.
500
2.50
1-2.
600
2.60
1-2.
700
2.70
1-2.
800
2.80
1-2.
900
2.90
1-3.
000
3.00
0+
Pensioeninkomen (in Euro)
Privaat huishouden Collectief huishouden
Revenu de pension (en EUR)Ménage privé Ménage collectif
Source : traitement propre sur la base du Cadastre des pensions et du Registre national. Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:32 Page 729
TABLEAU 3 : REPARTITION DES RETRAITES DANS UN MENAGE PRIVE ET DE LA POPULATIONTOTALE DES RETRAITES DâAPRES LE SEXE, LâAGE ET LA REGION (2007, NOMBRES ABSOLUS)
Le tableau 3 indique que se contenter dâĂ©tudier la population des mĂ©nages privĂ©s,comme dans la plupart des enquĂȘtes dâensemble, aboutit Ă une image faussĂ©e decette population Ă examiner. En premier lieu, il en rĂ©sulte une surreprĂ©sentation deshommes : 47,5% des retraitĂ©s dans les mĂ©nages privĂ©s sont des hommes, contre46,3% dans la population totale (une dĂ©formation de 2,5%). En deuxiĂšme lieu, celaentraĂźne une sous-reprĂ©sentativitĂ© des retraitĂ©s les plus anciens. Lorsque lâĂ©chantil-lon examinĂ© se restreint aux mĂ©nages privĂ©s, les retraitĂ©s les plus ĂągĂ©s sont sous-estimĂ©s de rien moins que 17% (9,2% par rapport Ă 11,1%). Pour ce qui est de la ven-tilation dâaprĂšs la rĂ©gion, lâon nâobserve cependant aucune diffĂ©rence entre les re-traitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s et la population dans son ensemble.
Ensuite, dans le graphique 2, nous comparons le revenu individuel de pension desretraitĂ©s dâun groupe mĂ©nage privĂ© avec le groupe total de retraitĂ©s. La rĂ©partitiondu revenu individuel de pension des retraitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s est trĂšs pro-che de celle que lâon observe dans la population totale des retraitĂ©s. Les divergencessâĂ©lĂšvent Ă maximum 4,4% (voir graphique 3).
730
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
MĂ©nage privĂ©(Ă©chantillon des Ă©tudes dâensemble)
Population totale
Sexe N % N % Ecart Homme 836.991 47,5 % 854.998 46,3 % 2,5 % Femme 925.522 52,5 % 990.370 53,7 % -2,2 % Age < 70 683.499 38,6 % 688.739 37,1 % 3,9 % 70-84 924.957 52,2 % 959.875 51,7 % 0,9 %
85 163.604 9,2 % 206.301 11,1 % -17,0 % RĂ©gion RĂ©gion flamande 1.021.873 60,7 % 1.072.421 60,7 % -0,3 % RĂ©gion de Bruxelles-Capitale 133.481 7,9 % 139.480 7,9 % 0,2 % RĂ©gion wallonne 529.469 31,4 % 555.777 31,4 % -0,3 % TOTAL 1.772.060 1.854.915
Source : traitement propre sur la base du Cadastre des pensions et du Registre national. Source : traitement propre sur la base du Cadastre des pensions et du Registre national. Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:32 Page 730
GRAPHIQUE 2 : REPARTITION DES RETRAITES DANS DES MENAGES PRIVES ET DE LA POPULATIONTOTALE DES RETRAITES DâAPRES LE REVENU DE PENSION INDIVIDUEL TOTAL SUR UNE BASE MENSU-ELLE (2007, MONTANTS BRUTS)
GRAPHIQUE 3 : POURCENTAGE DE DIFFERENCE DANS LA REPARTITION DES RETRAITES DANSDES MENAGES PRIVES ET DANS LA POPULATION TOTALE DES RETRAITES DâAPRES LE REVENU DEPENSION INDIVIDUEL TOTAL SUR UNE BASE MENSUELLE (2007, MONTANTS BRUTS)
731
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE ...
0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
-100
101-
200
201-
300
301-
400
401-
500
501-
600
601-
700
701-
800
801-
900
901-
1.00
0
1.00
1-1.
100
1.10
1-1.
200
1.20
1-1.
300
1.30
1-1.
400
1.40
1-1.
500
1.50
1-1.
600
1.60
1-1.
700
1.70
1-1.
800
1.80
1-1.
900
1.90
1-2.
000
2.00
1-2.
100
2.10
1-2.
200
2.20
1-2.
300
2.30
1-2.
400
2.40
1-2.
500
2.50
1-2.
600
2.60
1-2.
700
2.70
1-2.
800
2.80
1-2.
900
2.90
1-3.
000
3.00
0+
Pensioeninkomen (in Euro)
Privaat huishouden Totale populatie
Revenu de pension (en EUR)Ménage privé Population totale
Revenu de pension (en EUR)
Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national
Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:33 Page 731
De ce qui prĂ©cĂšde, il ressort que lâĂ©viction des personnes ĂągĂ©es qui rĂ©sident dansdes mĂ©nages collectifs est susceptible de fausser les rĂ©sultats de la recherche desenquĂȘtes dâensemble qui limitent leur Ă©chantillon aux retraitĂ©s, membres de mĂ©na-ges privĂ©s. Ce faisant, lâon ne dit cependant pas grand-chose de lâinfluence de lâex-clusion des mĂ©nages collectifs des Ă©tudes sur la pauvretĂ©. Câest pourquoi dans lasection suivante, on examine si une mĂȘme dĂ©formation se maintient lorsque lâon sefocalise sur la pauvretĂ© chez les aĂźnĂ©s.
5. EVICTION DES RETRAITES VIVANT DANS DES MENAGES COLLECTIFS : CONSE-QUENCES SUR LA RECHERCHE DE LA PAUVRETE
Afin dâexaminer les implications de la dĂ©limitation de lâĂ©chantillon Ă examiner envue dâune Ă©tude sur la pauvretĂ© (plus prĂ©cisĂ©ment lâinsertion ou non dans cetĂ©chantillon des retraitĂ©s qui vivent en mĂ©nage collectif), on prĂ©sente ci-dessous desstatistiques qui se rapportent aux retraitĂ©s qui perçoivent la GRAPA, combinĂ©e ounon avec un autre revenu de pension (15). Ce faisant, le bĂ©nĂ©ficiaire de la GRAPAest considĂ©rĂ© comme quelquâun prĂ©sentant un risque accru de pauvretĂ©. En effet,cette allocation est un rĂ©gime dâaide sociale soumis Ă une enquĂȘte sur les moyensdâexistence auquel, en 2007, lâon pouvait uniquement faire appel lorsque le totaldes revenus sur une base mensuelle Ă©tait infĂ©rieur Ă 795,46 EUR (pour un isolĂ©) ou Ă 530,30 EUR (pour un cohabitant) (16). Ces montants se situent en dessous du seuilde pauvretĂ© tel quâil est calculĂ© sur la base des donnĂ©es EU-SILC (c.-Ă -d. 60% durevenu mĂ©dian). En 2007, ce seuil sâĂ©levait en effet Ă 878 EUR pour les isolĂ©s et Ă 1.317 pour les couples (voire 659 EUR par tĂȘte). En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, on peut doncpartir du principe que les bĂ©nĂ©ficiaires de la GRAPA sont pauvres selon le seuil depauvretĂ© relatif (17).
(15) Le 1er juin 2001, le Revenu garanti aux personnes ĂągĂ©es (RGPA) a Ă©tĂ© remplacĂ© par le rĂ©gime dela GRAPA. Les seniors qui percevaient dĂ©jĂ un RGPA plus avantageux que la GRAPA, ont pu conser-ver leur RGPA. Le pourcentage restituĂ© ici de bĂ©nĂ©ficiaires de la GRAPA comporte dĂšs lors aussi uncertain nombre de retraitĂ©s qui touchent le RGPA. Pour des motifs de lisibilitĂ©, nous ne parlons icique de GRAPA.(16) La rĂ©alitĂ© est naturellement plus complexe quâil nâest possible de lâexposer en quelques motsseulement. Pour les conditions lĂ©gales de cumul, voir la loi du 22 mars 2001 portant instaurationdâune Garantie de revenu aux personnes ĂągĂ©es (M.B. 29 mars 2001). Pour un rĂ©sumĂ©, voir Berghman,e.a., 2007, pp. 44-45.(17) Depuis 2004, lâattribution de la GRAPA est automatique ; auparavant, la GRAPA faisait lâobjetdâune demande. Pour les retraitĂ©s qui en 2008 atteignaient 70 ans (hommes) voire 68 ans (femmes)ou Ă©taient plus ĂągĂ©s et qui ne sâĂ©taient ouvert aucun droit Ă la pension depuis 2004 (p. ex. Ă la suitedu dĂ©cĂšs du partenaire), il nâest pas possible dâexclure la non-revendication de cette allocation. Ceciest particuliĂšrement pertinent pour cet article sâil sâavĂ©rait que le taux de revendication de cette allo-cation Ă©tait diffĂ©rent pour les personnes ĂągĂ©es placĂ©es dans une institution par rapport Ă celles qui nele sont pas. Il nâexiste malheureusement aucune Ă©tude consacrĂ©e Ă la non-revendication de cette allo-cation dans la situation belge.
732
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:33 Page 732
Dans le tableau 4, nous comparons la part des retraitĂ©s bĂ©nĂ©ficiant dâune GRAPA desmĂ©nages collectifs et des mĂ©nages privĂ©s dâaprĂšs plusieurs caractĂ©ristiques contex-tuelles (sexe, Ăąge et rĂ©gion). Le tableau dĂ©montre lâexistence de divergences remar-quables entre retraitĂ©s dans des mĂ©nages collectifs et retraitĂ©s dans des mĂ©nagesprivĂ©s. Les retraitĂ©s rĂ©sidant dans un mĂ©nage collectif font un usage remarquable-ment plus intensif de la GRAPA : plus de trois fois plus de ces derniers perçoiventune GRAPA que ce nâest le cas pour les retraitĂ©s en mĂ©nage privĂ© (15,5% par rap-port Ă 4,4%). Par ailleurs, cette diffĂ©rence est extrĂȘmement nette pour les hommes :15% des hommes dans un mĂ©nage collectif bĂ©nĂ©ficient dâune GRAPA contre 3,1%des hommes dans un mĂ©nage privĂ©. Cela se vĂ©rifie Ă©galement pour les retraitĂ©s ĂągĂ©sde moins de 70 ans : 19% des retraitĂ©s dans des mĂ©nages collectifs ĂągĂ©s de moins de70 ans touchent la GRAPA par rapport Ă 2,6% de ceux qui sont membres dâun mĂ©na-ge privĂ©. Pour finir, notons encore de profonds Ă©carts dans la RĂ©gion flamande :17,6% des retraitĂ©s flamands dâun mĂ©nage collectif bĂ©nĂ©ficie de la GRAPA contre4,4% de ceux dâun mĂ©nage privĂ©.
TABLEAU 4 : PART DES RETRAITES BENEFICIANT DE LA GRAPA DANS LA POPULATION DES RETRAI-TES DANS UN MENAGE COLLECTIF ET DE LA POPULATION DE RETRAITES DANS UN MENAGE PRIVE(2007)
Si, en deuxiĂšme lieu, nous comparons les mĂ©nages privĂ©s (c.-Ă -d. lâĂ©chantillon depopulation des enquĂȘtes dâensemble) avec la population totale des retraitĂ©s, nousobservons que le fait de limiter la population Ă examiner aux retraitĂ©s vivant dansdes mĂ©nages privĂ©s a pour effet de fausser grandement les rĂ©sultats (voir tableau 5).Ceci vaut pour toutes les variables contextuelles examinĂ©es.
Le pourcentage de pauvres (dĂ©finis ici comme bĂ©nĂ©ficiaires de la GRAPA ; cf. ci-des-sus) est sous-estimĂ© de 10% lorsque lâon prend uniquement en considĂ©ration les re-traitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s (respectivement 4,4% de bĂ©nĂ©ficiaires de la GRAPAchez les retraitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s contre 4,9% bĂ©nĂ©ficiaires de cette aidedans la population entiĂšre). Nous trouvons de plus grands Ă©carts chez les retraitĂ©es.Le pourcentage de femmes avec une GRAPA est sous-estimĂ© de 11% lorsque lâon se
733
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE ...
MĂ©nage collectif (N=82.855)
Ménage privé (N=1.762.513)
Sexe N % N % Homme 2.704 15,0 % 25.611 3,1 % Femme 10.161 15,7 % 52.263 5,6 % Age < 70 995 19,0 % 17.420 2,6 % 70-84 6.649 19,0 % 50.607 5,5 %
85 5.221 12,2 % 9.847 6,0 % RĂ©gion RĂ©gion flamande 8.872 17,6 % 45.164 4,4 % RĂ©gion de Bruxelles-Capitale 735 12,3 % 10.776 8,1 % RĂ©gion wallonne 3.258 12,4 % 21.837 4,1 % TOTAL 12.865 15,5 % 77.874 4,4 %
Source : traitement propre sur la base du Cadastre des pensions et du Registre national. Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:33 Page 733
penche uniquement sur celles vivant dans des mĂ©nages privĂ©s (respectivement 5,6%femmes bĂ©nĂ©ficiaires de la GRAPA dans les mĂ©nages privĂ©s contre 6,3% dans la po-pulation totale de retraitĂ©s). Dans la RĂ©gion flamande, la part des bĂ©nĂ©ficiaires de laGRAPA est sous-estimĂ©e de 12% lorsque lâon ne considĂšre que les retraitĂ©s dans desmĂ©nages privĂ©s (respectivement 4,4% bĂ©nĂ©ficiaires de la GRAPA dans des mĂ©nagesprivĂ©s contre 5% dans toute la population). Pour finir, câest lorsque lâon tient comp-te de lâĂąge des ayants droit que nous observons les rĂ©sultats les plus faussĂ©s. DanslâĂ©chantillon Ă examiner de la plupart des enquĂȘtes dâensemble (mĂ©nage privĂ©),environ 6% des retraitĂ©s de plus de 85 ans perçoivent la GRAPA. Dans la populationtotale des retraitĂ©s, la part des ayants droit Ă la GRAPA chez les plus de 85 ans estcependant de 8,4%. Aussi, ne considĂ©rer uniquement que les retraitĂ©s dans lesmĂ©nages privĂ©s aboutit Ă une sous-estimation de 29% pour les retraitĂ©s bĂ©nĂ©ficiairesde la GRAPA de 85 ans ou plus.
TABLEAU 5 : PART DES RETRAITES BENEFICIANT DE LA GRAPA DANS LA POPULATION DES RETRAI-TES DANS UN MENAGE PRIVE ET DANS LA POPULATION TOTALE DE RETRAITES (2007)
CONCLUSION
Lâallongement de lâespĂ©rance de vie en plus de lâaugmentation du nombre de per-sonnes ĂągĂ©es dans notre sociĂ©tĂ© a pour effet de faire des conditions de vie des per-sonnes ĂągĂ©es un sujet brĂ»lant dâactualitĂ©. Il sâen est rĂ©cemment ensuivi la parutionde bien des Ă©tudes sur la situation financiĂšre des personnes ĂągĂ©es sur la base desdonnĂ©es disponibles des Ă©tudes dâensemble. La toute grande majoritĂ© de ce typedâenquĂȘtes ne prend cependant uniquement en considĂ©ration quâun pourcentagerestreint de la population des aĂźnĂ©s, Ă savoir ceux qui font partie dâun mĂ©nage privĂ©.Pour diverses raisons, tant en relation avec le tirage de lâĂ©chantillon que de lâaccessi-bilitĂ© de ce groupe aux questions et aux chercheurs, il nâest en effet pas Ă©videntdâintĂ©grer les personnes ĂągĂ©es qui rĂ©sident dans un mĂ©nage collectif (dans ce casprĂ©cis, une institution de soins) dans lâĂ©chantillon dâune enquĂȘte dâensemble.
734
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Source : Propres calculs sur la base des données du Cadastre des pensions et du registre national
Population totale
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:33 Page 734
La non-admission des retraitĂ©s vivant dans des mĂ©nages collectifs est susceptible defausser largement les rĂ©sultats de lâenquĂȘte, du moins dans la mesure oĂč ce groupediffĂšre substantiellement des retraitĂ©s des mĂ©nages privĂ©s et est suffisamment grand.Pour ce motif, avec cet article, nous voulions vĂ©rifier lâordre de grandeur de ladĂ©formation lorsque lâon limite lâĂ©chantillon de la population aux personnes ĂągĂ©esdes mĂ©nages privĂ©s. Cette distorsion a Ă©tĂ© examinĂ©e tant du point de vue des ca-ractĂ©ristiques contextuelles que de la mesure du revenu de pension et, plus particu-liĂšrement, de la pauvretĂ©. Pour cela, nous avons fait usage des donnĂ©es administrati-ves du Datawarehouse MarchĂ© du travail et Protection sociale (plus prĂ©cisĂ©ment duCadastre des pensions et du Registre national).
Tenant compte des caractĂ©ristiques contextuelles gĂ©nĂ©rales, nous avons observĂ©que lâexclusion des retraitĂ©s dans des mĂ©nages collectifs ne faussait pas les rĂ©sultatsdâune rĂ©gion Ă lâautre. Toutefois, cette limitation de lâĂ©chantillon examinĂ© auxmĂ©nages privĂ©s entraĂźne une petite surreprĂ©sentation des hommes (47,5% par rap-port Ă 46,3% ; soit une diffĂ©rence de 2,5%) et une sous-reprĂ©sentation substantielledes retraitĂ©s les plus anciens (9,2% par rapport Ă 11,1% ; une diffĂ©rence de 17,0%).La limitation de lâĂ©chantillon examinĂ© aux retraitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s entraĂź-ne des diffĂ©rences dans la rĂ©partition des revenus de pension de maximum 4,6% encomparaison avec la population totale de retraitĂ©s.
Avec les chiffres sur la pauvretĂ©, les rĂ©sultats sont nettement plus faussĂ©s. Au total,le pourcentage de pauvres serait sous-apprĂ©ciĂ© de 10% (18). Cet Ă©cart augmentelorsque lâon examine des groupes spĂ©cifiques. Chez les femmes, une limitation delâĂ©chantillon de lâĂ©tude aux retraitĂ©s dans des mĂ©nages privĂ©s donne lieu Ă une sous-estimation du pourcentage de pauvres de 11%, et en Flandre de 12%. Le plus grandĂ©cart dans les rĂ©sultats peut ĂȘtre observĂ© chez les retraitĂ©s les plus anciens (85+) :chez eux, la limitation de la population Ă©tudiĂ©e a pour rĂ©sultat une sous-estimationdu pourcentage de pauvres de 29%.
MalgrĂ© la divergence entre lâindicateur de pauvretĂ© utilisĂ© dans cet article (c.-Ă -d. laperception dâune GRAPA), et des indicateurs de pauvretĂ© relative plus courammentutilisĂ©s (p. ex. le seuil de pauvretĂ© Ă 60% sur la base de lâEU-SILC), cette Ă©tude faitsuspecter que les Ă©tudes existantes sur la pauvretĂ© chez les seniors sont faussĂ©es du
fait de la limitation de lâĂ©chantillon aux personnes ĂągĂ©es dans les mĂ©nages privĂ©s.Les chercheurs observant la pauvretĂ© sous lâangle des donnĂ©es des enquĂȘtes dâen-semble doivent ĂȘtre conscients des consĂ©quences de lâexclusion des personnes
(18) Veuillez observer que sur la base de ces donnĂ©es, lâon pourrait Ă©galement argumenter que lapauvretĂ© est surestimĂ©e au lieu dâĂȘtre sous-estimĂ©e. Bien que le fait dâavoir droit Ă la GRAPA fournisseune indication de manque de moyens de subsistance, il est moins Ă©vident de savoir quelle en est laconsĂ©quence sur le niveau de vie des personnes ĂągĂ©es dans les maisons de repos. En effet, ces aĂźnĂ©ssont logĂ©s, nourris et reçoivent des soins et gĂ©nĂ©ralement lâadministration vient en aide lorsquâilssont dans lâincapacitĂ© de payer. Si nous supposons que les seniors en maison de repos jouissent pardĂ©finition dâun niveau de vie minimal, la pauvretĂ© serait alors surestimĂ©e.
735
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE ...
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:33 Page 735
ĂągĂ©es dans des mĂ©nages collectifs pour leurs rĂ©sultats de recherche. Un groupeimportant de seniors prĂ©sentant un risque accru de pauvretĂ© reste systĂ©mati-quement hors champ, ce qui exerce naturellement des rĂ©percussions sur les recom-mandations politiques effectuĂ©es sur la base de ce type dâĂ©tude. Ce problĂšme dedĂ©formation des rĂ©sultats devient encore plus crucial lorsque lâĂ©tude se limite Ă dessub-groupes spĂ©cifiques, par exemple les aĂźnĂ©s les plus vieux ou les femmes.
Par ailleurs, nous nous attendons Ă ce que, dans un avenir proche, cette problĂ©mati-que de lâĂ©viction des personnes ĂągĂ©es vivant dans des mĂ©nages collectifs deviennede plus en plus cruciale. Les prĂ©visions rĂ©centes du Bureau fĂ©dĂ©ral du Plan (Mest-dagh et Lambrecht, 2003, pp. 7-29) indiquent, en effet, quâen Belgique, le nombrede personnes dĂ©pendant de soins augmentera et quâĂ la suite de cela, ce sera Ă©gale-ment le cas du nombre de personnes ĂągĂ©es admises dans un mĂ©nage collectif. Lâonsâattend Ă ce que le nombre de personnes ĂągĂ©es nĂ©cessitant des soins de longuedurĂ©e dans une institution rĂ©sidentielle de soins augmente de 166% entre 2001 et2050 (de 119.254 en 2001 Ă 317.979 en 2050) (19).
DĂšs lors, il va de soi que les Ă©tudes futures devront sâefforcer dâesquisser une imageaussi complĂšte que possible de la population des aĂźnĂ©s et devront donc aussi pren-dre en considĂ©ration les personnes ĂągĂ©es dans les institutions rĂ©sidentielles commeune partie de la population examinĂ©e. Les Ă©tudes portant sur des catĂ©gories de lapopulation des retraitĂ©s, par exemple sur les membres de mĂ©nages privĂ©s, devraientplutĂŽt ĂȘtre lâexception que la rĂšgle. A cet Ă©gard, on peut faire usage des sources dedonnĂ©es administratives, qui collectent des informations sur lâentiĂšretĂ© de la popula-tion et qui jusquâĂ un certain point permettent dâopĂ©rer une distinction entre per-sonnes ĂągĂ©es dans des mĂ©nages privĂ©s et dans des mĂ©nages collectifs.
Les donnĂ©es administratives ne peuvent toutefois jamais se substituer totalementaux enquĂȘtes dâensemble. Câest pourquoi il faut examiner de façon dĂ©taillĂ©e com-ment peuvent ĂȘtre intĂ©grĂ©es aux enquĂȘtes dâensemble les personnes ĂągĂ©es dans desinstitutions rĂ©sidentielles de soins. Lâattention devra alors se porter en premier lieusur le dĂ©veloppement dâun cadre dâĂ©chantillonnage appropriĂ©, dans lequel les per-sonnes ĂągĂ©es des mĂ©nages collectifs ont une chance tout aussi grande dâĂȘtre sĂ©lec-tionnĂ©es que leurs homologues dans des mĂ©nages privĂ©s. Lâutilisation du Registrenational comme base pour le tirage de lâĂ©chantillon pourrait sâimposer commerĂ©ponse. Ceci est entre autres dĂ©jĂ appliquĂ© dans lâEnquĂȘte de SantĂ© Belge, oĂč lespersonnes ĂągĂ©es vivant dans des mĂ©nages collectifs sont considĂ©rĂ©es comme desmĂ©nages dâune seule personne et ont, de ce fait, une chance Ă©gale de sĂ©lection queles seniors dans des mĂ©nages privĂ©s (Tafforeau, 2005). Par ailleurs, il faudra aussi
(19) Cette projection de Mestdagh et Lambrecht (2003, pp. 28-29) se fonde sur des donnĂ©es de lâINA-MI et sur les perspectives de population de la Direction GĂ©nĂ©rale Statistiques et Information (Statbel)et du Bureau fĂ©dĂ©ral du Plan (BFP). La projection part des derniĂšres perspectives de population encombinaison avec des donnĂ©es actualisĂ©es sur les soins de longue durĂ©e et de lâhypothĂšse que lâim-portance des soins rĂ©sidentiels ne changera pas entre 2001 et 2050.
736
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:33 Page 736
dĂ©velopper des techniques spĂ©cifiques pour approcher et interviewer les personnesĂągĂ©es dans les mĂ©nages collectifs (e.a. la prise de contact, lâĂ©tablissement dequestionnaires tenant compte des possibilitĂ©s dâinterrogation et des connaissancesdu rĂ©pondant en question, complĂ©ter les informations manquantes via des proxy-rĂ©pondants, etc.). Ce nâest que de cette maniĂšre que les enquĂȘtes dâensemble conti-nueront, y compris Ă lâavenir, Ă constituer un complĂ©ment indispensable et appro-priĂ© aux informations collectĂ©es via la voie administrative sur les personnes ĂągĂ©es.
(Traduction)____________
737
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE ...
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:33 Page 737
BIBLIOGRAPHIE
Atkinson, A. B. et Marlier, E., Income and living conditions in Europe (Revenu etconditions de vie en Europe), Luxembourg, Office des Publications de lâUnionEuropĂ©enne, 2010.
Banque Carrefour de la sécurité sociale, Beschrijving Rijks- en KSZ-register, 2009(Description du Registre national et du Registre de la Banque Carrefour de la sécu-rité sociale). (http://www.ksz-bcss.fgov.be/binaries/documentation/nl/statis-tiques/word_doc/fiches_beschrijving_rr_ksz.doc).
Berghman, J., Curvers, G., Palmans, S. et Peeters, H., De Belgische gepensioneerdenin kaart gebracht. Deel 1: De wettelijke pensioenbescherming (Cartographie desretraités belges. Partie 1: La Protection offerte par la pension légale) ), WorkingPaper Securité Sociale n°. 6, Bruxelles, SPF Sécurité Sociale, 2007.
Berghman, J., Curvers, G., Palmans, S., Vandermeerschen, H. et Verpoorten, R., Toe-reikende pensioenen voor gepensioneerde huishoudens. Hoogte en samenstellingvan het pensioenpakket op huishoudniveau (Pensions suffisantes pour lesménages retraités: montant et composition de pensions globales au niveau du ména-ge), Working Paper Securité Sociale n°. 10, Bruxelles, SPF Sécurité Sociale, 2009.
Berghman, J., Debels, A., Vandenplas, H., Verleden, F., Mutsaerts, A., Peeters, H. etVerpoorten, R., De Belgische pensioenatlas 2010 (LâAtlas des pensions 2010),Bruxelles, SPF SĂ©curitĂ© Sociale, 2010.
Callens, M. et Pauwels, K., LOVO-2: De steekproeven (Les Ă©chantillons), in L. Van-den Boer, K. Pauwels, M. Callens et V. Carrette (Eds.), Het leefsituatieonderzoekVlaamse ouderen. LOVO-2: Rusthuis- en RVT-bewoners. Opzet en gegevensverza-meling (EnquĂȘte sur les conditions de vie des personnes ĂągĂ©es flamandes. LOVO-2 :pensionnaires des maisons de repos et des MRS. Organisation et collecte desdonnĂ©es), pp. 15-24, Bruxelles, Centrum voor Bevolkings- en Gezinsstudie, 2006.
Cantillon, B. et Lefebure, S., Levensomstandigheden van oudere vrouwen met lageinkomens in België (Conditions de vie des femmes ùgées à faible revenu en Bel-gique), in A. Van den Troost et K. Vleminckx (Eds.), Een pensioen op maat vanvrouwen (Une pension à la mesure des femmes), pp. 211-230, Anvers, Garant,2007.
Carrette, V., Ouderen interviewen ouderen (Des aßnés interviewent des aßnés), in L.Vanden Boer, K. Pauwels, M. Callens et V. Carrette (Eds.), Het leefsituatieonder-zoek Vlaamse ouderen. LOVO-2: Rusthuis- en RVT-bewoners. Opzet en gegevens-
738
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:33 Page 738
verzameling (EnquĂȘte sur les conditions de vie des personnes ĂągĂ©es flamandes.LOVO-2 : pensionnaires des maisons de repos et des MRS. Organisation et collectedes donnĂ©es), pp. 35-53, Bruxelles, Centrum voor Bevolkings- en Gezinsstudie,2006.
ComitĂ© dâĂ©tude sur le vieillissement, Rapport annuel 2010, Bruxelles, Bureau fĂ©dĂ©-ral du Plan, 2010.
Commission europĂ©enne, DOC.PAN 27/94 European Community HouseholdPanel: Tracing for the second wave of the ECHP (DOC.PAN 27/94 Panel desmĂ©nages de la CommunautĂ© europĂ©enne : Voies pour la seconde vague de lâECHP),1994.
De Luca, G. et Rossetti, C., Sampling design and weighting strategies in the secondwave of SHARE (Conception de lâĂ©chantillon et stratĂ©gies de pondĂ©ration dans laseconde vague de lâenquĂȘte SHARE), In A. Börsch-Supan , A. Brugiavini, H. JĂŒrges,A. Kapteyn, J. Mackenbach, J. Siegrist et G. Weber (Eds.), First results from the Sur-vey of Health, Ageing and Retirement in Europe (2004-2007). Starting the longi-tudinal dimension (Premiers rĂ©sultats de lâEnquĂȘte sur la SantĂ©, le Vieillissement etla Retraite en Europe (2004-2007). DĂ©but de la dimension longitudinale), pp. 333-338, Mannheim, Institut de recherche de Mannheim pour lâĂ©conomie du vieillisse-ment, 2008.
Dekkers, G. et Debels, A., Een vergelijkende analyse van TIP-curves in België enNederland (Une analyse comparative des courbes TIP en Belgique et aux Pays-Bas),in Tijdschrift voor Sociologie, n° 3, pp. 197-234, 2006.
Demarest, S., Drieskens, S., Gisle, L., Van der Heyden, J. et Tafforeau, J., Gezond-heidsenquĂȘte BelgiĂ« 2008. Rapport VI: De gezondheid van de ouderen (EnquĂȘtede SantĂ© Belge 2008. Rapport VI : La santĂ© des personnes ĂągĂ©es), Bruxelles, Institutscientifique de santĂ© publique, 2010.
Dewilde, C., Armoede op oudere leeftijd: De impact van gezins- en loopbaantrajec-ten (PauvretĂ© au dĂ©clin de la vie : Lâimpact des parcours familiaux et des parcoursprofessionnels), in J. Vranken, G. Campaert, D. Dierckx et A. Van Haarlem (Eds.),Armoede en sociale uitsluiting 2009 (PauvretĂ© et exclusion sociale 2009), pp. 279-299, Louvain, Acco, 2009.
Expert Group or Household Income Statistics, Final report and recomandations,Ottawa, 2001.
739
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE ...
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:33 Page 739
Jacobs, T., Berghs, K. et Marijnissen, R., Methodebericht golf 2 (1993) (Rapport surla méthode), Steunpunt Gezinsdemografisch Panel, 1995.
Jacobs, T., Loots, I., Marynissen, R. et Scheipers, T., Panel studie van BelgischeHuishoudens: Onderzoeksplan (Panel Study on Belgian Households : Plan dâĂ©tude),Steunpunt Gezinsdemografisch Panel, 1991.
Lodewijckx, E., Huishoudens in België. Een ontsluiting van rijksregistergegevens(Les ménages en Belgique. Désenclavement des données du Registre national)[Document de travail CBGS], Bruxelles, Centrum voor Bevolkings- en Gezinsstudie,2001.
Mestdagh, J. et Lambrecht, M., The AGIR project: Ageing, Health and Retirement inEurope. Use of health care and nursing care by the elderly: Data for Belgium (Leprojet AGIR : Vieillissement, Santé et Retraite en Europe. Recours aux soins de santéet aux soins infirmiers par les personnes ùgées : données pour la Belgique) [Docu-ment de travail 11-03], Bruxelles Bureau fédéral du Plan, 2003.
Palmans, S., Peeters, H. et Berghman, J., Het pensioenkadaster geeft geheimenbloot. Informatie over de tweedepijlerpensioenen bij werknemers (Le cadastre despensions livre des secrets. Informations sur les pensions du deuxiÚme pilier chez lestravailleurs salariés), Life & Benefits Cahier, Malines, Kluwer, 2006.
Quataert, P., Van Oyen, H., Tafforeau, J., Schiettecatte, E., Lebrun, L., Bellamammer,L. et Molenberghs, G., The Health Interview Survey 1997: Protocol for the selec-tion of the households and the respondents (EnquĂȘte de SantĂ© par Interview 1997 :Protocole pour la sĂ©lection des mĂ©nages et des rĂ©pondants, Bruxelles, Institut Scien-tifique de la SantĂ© Publique, 1997.
SHARE Project, Guide to release 2.3.1 wave 1 & 2 (Guide Ă la version 2.3.1 vagues 1et 2), Mannheim, Institut de recherche de Mannheim pour lâĂ©conomie du vieillisse-ment, 2010.
Tafforeau, J., Health Interview Survey 2004 Belgium: Research Protocol (EnquĂȘtede santĂ© par Interview Belgique 2004: Protocole de recherche), Bruxelles, Institutscientifique de la SantĂ© Publique, 2005.
Van der Heyden, J., Demarest, S., Gisle, L., Tafforeau, J., Hesse, E. et Miermans, P.,GezondheidsenquĂȘte door middel van interview, BelgiĂ«, 2004. Ouderen (EnquĂȘtede SantĂ© par Interview Belgique 2004. Personnes ĂągĂ©es), Bruxelles, Institut Scienti-fique de la SantĂ© Publique, 2006.
740
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:33 Page 740
Vanden Boer, L. et Pauwels, K., LOVO-2: Situering en opzet (LOVO-2 : Situation etobjectif), in L. Vanden Boer, K. Pauwels, M. Callens et V. Carrette (Eds.), Het leefsi-tuatieonderzoek Vlaamse ouderen. LOVO-2: Rusthuis- en RVT-bewoners. Opzet engegevensverzameling (EnquĂȘte sur les conditions de vie des personnes ĂągĂ©es fla-mandes. LOVO-2 : pensionnaires des maisons de repos et des MRS. Organisation etcollecte des donnĂ©es), pp. 1-14, Bruxelles, Centrum voor Bevolkings- en Gezinsstu-die, 2006a.
Vanden Boer, L. et Pauwels, K., Wie betaalt het rusthuis? Bewoners en (zak)geld[Qui paye la maison de repos ? Habitants des maisons de repos et des MRS et argent(de poche)], Centrum voor Bevolkings- en Gezinsstudie, 2006b.
Vanden Boer, L., Pauwels, K., Callens, M. et Carrette, V., Het leefsituatieonderzoekVlaamse ouderen. LOVO-2: Rusthuis- en RVT-bewoners. Opzet en gegevensverza-meling (EnquĂȘte sur les conditions de vie des personnes ĂągĂ©es flamandes. LOVO-2 :pensionnaires des maisons de repos et des MRS. Organisation et collecte desdonnĂ©es), Bruxelles, Centrum voor Bevolkings- en Gezinsstudie, 2006.
____________
741
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE ...
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:33 Page 741
742
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
TABLE DES MATIERES
LâEXCLUSION DES MENAGES COLLECTIFS DE LâECHANTILLON DE RECHERCHE : CONSEQUENCES SUR LâETUDE DES REVENUS ET DE LA PAUVRETE CHEZ LES PERSONNES AGEES
INTRODUCTION 719
1. LâETUDE DES REVENUS ET DE LA PAUVRETE DES PERSONNES AGEES 720
2. POURQUOI LES PERSONNES AGEES DES MENAGES COLLECTIFS NE FONT PAS PARTIE DES ECHANTILLONS EXAMINES 722
3. SOURCES DE DONNEES ET ECHANTILLON EXAMINE 724
3.1. CADASTRE DES PENSIONS ET REGISTRE NATIONAL . . . . . . . . . . . . . . 7243.2. POPULATION EXAMINEE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 726
4. UNE ESQUISSE DES RETRAITES VIVANT DANS DES MENAGES COLLECTIFS 727
5. EVICTION DES RETRAITES VIVANT DANS DES MENAGES COLLECTIFS : CONSEQUENCES SUR LA RECHERCHE DE LA PAUVRETE 732
CONCLUSION 734
BIBLIOGRAPHIE 738
PEETERS-FR.qxp 22-11-2012 16:33 Page 742
DEVELOPPEMENTS DE LâEUROPE SOCIALE
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE : EMPLOI ET INCLUSION SOCIALE AUPRISME DE LâEUROPEANISATION 745
DIGEST EUROPEEN â DIGEST INTERNATIONAL 775
Pages grises FR-4-2011.qxp 26-11-2012 8:45 Page 2
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE : EMPLOIET INCLUSION SOCIALE AU PRISME DELâEUROPEANISATION
PAR BART VANHERCKE, YANNICK VANDERBORGHT et GERT VERSCHRAEGEN (1)
INTRODUCTION
SâintĂ©resser de prĂšs Ă la « dimension sociale de lâintĂ©gration europĂ©enne » a-t-ilencore un sens ? Alors que lâUnion europĂ©enne (UE) sâest dotĂ©e â aprĂšs bien deshĂ©sitations â dâune nouvelle stratĂ©gie pour la dĂ©cennie 2010-2020, certains pour-raient douter de la pertinence dâune telle dĂ©marche. A bien des Ă©gards en effet, lasimple idĂ©e quâ« Europe 2020 » puisse ĂȘtre un instrument de dĂ©veloppement dâuneEurope sociale dĂ©jĂ peu avancĂ©e semble relever de lâoxymore (2). Une premiĂšre lec-ture des ambitions et des dispositifs de gouvernance induits par cette stratĂ©giesuggĂšre Ă lâĂ©vidence que des enjeux comme ceux de lâemploi, de la protectionsociale et de lâinclusion sociale sont loin dâĂȘtre centraux, tant ils apparaissent subor-donnĂ©s aux ambitions Ă©conomiques et budgĂ©taires.
Ce constat initial, quelque peu fataliste, doit nĂ©anmoins ĂȘtre nuancĂ©. Certes, il nousoblige Ă traiter du sujet de lâeuropĂ©anisation des politiques sociales avec la plusgrande prudence. Fort dĂ©pendante de la conjoncture, loin de figurer aux rangs des
(1) Bart Vanhercke est co-directeur de lâObservatoire social europĂ©en (OSE) et chercheur associĂ© auCentrum voor Sociologisch Onderzoek (K.U.Leuven) ; Yannick Vanderborght est professeur auxFacultĂ©s universitaires Saint-Louis (FUSL) et professeur invitĂ© Ă lâUniversitĂ© de Louvain (UCL) ; etGert Verschraegen est professeur Ă lâUniversiteit Antwerpen (UA). Les auteurs adressent leurs plusvifs remerciements aux coordinateurs du projet ETOS.be (Jos Berghman, Olivier Paye, PhilippePochet, Pierre-Paul Van Gehuchten et Pascale Vielle) ainsi quâaux chercheurs des Ă©quipes belge(Mieke Beckers, Philippe Reyniers, Rika Verpoorten, GaĂ«lle Hubert et Selma Bellal), française (Marie-Pierre Hamel) et nĂ©erlandaise (Nuria Ramos MartĂn et Minna van Gerven). Ils remercient Ă©galementlâadministratrice au SPP Politique scientifique, Margarida Freire, ainsi que les membres du ComitĂ©dâaccompagnement de la recherche ETOS.be, en particulier François Vandamme, Gabrielle Clotuche,Janine Goetschy, Koen Vleminckx et JosĂ©e Goris. Et enfin Marjolaine Blondeau et Edgar Szoc pourleurs suggestions dĂ©taillĂ©es qui ont fortement amĂ©liorĂ© la lisibilitĂ© de cet article.(2) Vanhercke, B., Is âThe Social Dimension of Europe 2020â an Oxymoron?, in Degryse, C. et Natali,D. (Ă©ds.), Social developments in the European Union 2010, Bruxelles, ETUI-OSE, pp. 141-174,2011.
745
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 745
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 3e TRIMESTRE 2011
grandes prioritĂ©s de lâUnion, lâEurope sociale demeure le parent pauvre dâuneconstruction europĂ©enne dâabord tournĂ©e vers lâintĂ©gration par le marchĂ©. Mais lanouvelle stratĂ©gie « Europe 2020 » â sur laquelle nous reviendrons briĂšvement enconclusion â et un contexte de crise peu favorable aux ambitions sociales nedevraient pas masquer les indĂ©niables progrĂšs dĂ©jĂ accomplis en la matiĂšre. A tra-vers le cas belge nous tenterons de dĂ©montrer que lâEurope sociale nâest pas unevue de lâesprit.
Il nous semble mĂȘme lĂ©gitime dâaffirmer quâau cours des derniĂšres dĂ©cennies, etparticuliĂšrement depuis la seconde Commission Delors, lâaccroissement de la rĂ©gu-lation sociale europĂ©enne a menĂ© au dĂ©veloppement dâune vĂ©ritable politique socia-le de lâUnion europĂ©enne (UE) qui a progressivement affectĂ© les Etats sociaux. Lespolitiques sociales nationales sont de plus en plus bousculĂ©es par un processus poli-tique europĂ©en qui implique de nombreux acteurs diffĂ©rents dans un jeu dâinterac-tions trĂšs complexe. En somme, le point de vue selon lequel les politiques socialesnationales peuvent ĂȘtre correctement analysĂ©es sans prendre en compte le contexteeuropĂ©en nâest tout simplement plus dĂ©fendable.
En outre, il nâest plus possible non plus de considĂ©rer que les Etats membres setrouvent Ă la « sortie » de la machine, seulement chargĂ©s de transposer, dâobĂ©ir, oude bĂ©nĂ©ficier de dĂ©cisions et initiatives venues du niveau europĂ©en (dimension« top down »). Lâanalyse des processus de consultation, des nĂ©gociations, des dyna-miques dâacteurs fait apparaĂźtre, au contraire, le poids des Etats membres dĂšs lesphases dâĂ©laboration des projets europĂ©ens. De constantes interdĂ©pendances etinterfĂ©rences - un phĂ©nomĂšne bien documentĂ© dans la littĂ©rature sur la « multi-levelgovernance » - indiquent combien la construction des politiques europĂ©ennes laisseune place active aux acteurs et institutions nationales. DĂšs lors, il nous paraĂźt impor-tant de mettre lâaccent sur les procĂ©dures de co-construction de ces politiques etsur une vĂ©ritable dimension « bottom-up ». La circularitĂ© des mĂ©canismes « topdown » et « bottom up » se trouve en quelque sorte au cĆur de notre travail (3).
La présente contribution vise à synthétiser les principaux acquis de la recherchemultidisciplinaire « Outils européens et politique sociale belge » (« ETOS.be »)menée dans le cadre du programme « Société et avenir » de la Politique scientifiquefédérale (4), et présentés dans un livre paru en juin 2011 (5). Cette recherche, qui
(3) A propos de cette circularitĂ©, cf. les dĂ©veloppements au point 3.4. ci-aprĂšs.(4) Cf. http://www.belspo.be/belspo/ta/index_fr.stm.(5) Vanhercke, B., Verschraegen, G., Van Gehuchten, P.-P. et Vanderborght, Y. (Ă©ds.), LâEurope enBelgique, la Belgique dans lâEurope. Configuration et appropriation des politiques sociales, Gand,Academia Press, 231 pp, 2011. Cet article est Ă la fois basĂ© sur cet ouvrage et sur le rapport derecherche dĂ©posĂ© Ă la Politique scientifique fĂ©dĂ©rale. Il est Ă noter que la recherche dont sâinspirecette contribution a impliquĂ© une dĂ©marche interdisciplinaire associant la conduite dâinterviews deplus dâune centaine de personnes Ă partir de questionnaires semi-structurĂ©s et lâanalyse de sourcesprimaires et secondaires.
746
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 746
portait sur lâeuropĂ©anisation des politiques sociales au cours de la pĂ©riode 1989-2009, prĂ©sentait une originalitĂ© majeure. En effet, lâĂ©quipe a cherchĂ© Ă adjoindre Ă laquestion classique du rapport entre systĂšme politique national et systĂšme politique
europĂ©en la prise en compte dâune variable peu examinĂ©e dans la littĂ©rature existan-te : la question de lâimpact que pourrait produire lâutilisation dâinstruments diffĂ©-rents de production dâune action publique. De surcroĂźt, comme on le verra par lasuite, la question des rapports entre ces instruments, voire de leur intĂ©gration Ă tra-vers une forme dâ« hybridation », a Ă©galement Ă©tĂ© examinĂ©e.
Plus concrĂštement, nous nous focaliserons ici sur le droit europĂ©en classique (direc-tives et rĂšglements), les mĂ©thodes ouvertes de coordination (MOC) et les instru-ments financiers (notamment le Fonds social europĂ©en, FSE). Lâanalyse sera menĂ©eau travers de deux grandes thĂ©matiques relevant de lâaction actuelle de lâUE enmatiĂšre sociale : lâemploi et les conditions de travail dâune part, et lâinclusion socialedâautre part.
Faute de place, une troisiĂšme thĂ©matique traitĂ©e dans le cadre dâ « ETOS.be » nesera pas directement abordĂ©e ici, Ă savoir lâĂ©galitĂ© entre les femmes et les hommes.Souvent considĂ©rĂ©e comme distincte des politiques sociales stricto sensu, notam-ment en raison de son caractĂšre fondamentalement transversal, cette question a Ă©tĂ©traitĂ©e par notre Ă©quipe au travers dâune politique spĂ©cifique, celle de la concilia-tion entre vie professionnelle et vie privĂ©e. Nous renvoyons les lecteurs intĂ©ressĂ©spar cette thĂ©matique au chapitre qui y est consacrĂ© dans le livre (ETOS.be) prĂ©citĂ©(6), tout en soulignant que quelques Ă©lĂ©ments liĂ©s Ă lâĂ©galitĂ© de genre seront reprisdans les conclusions du prĂ©sent article.
Ce dernier est structurĂ© comme suit : dans un premier temps, nous prĂ©senteronsbriĂšvement les trois instruments Ă©tudiĂ©s. Ensuite, nous analyserons successivementlâeuropĂ©anisation des politiques belges en matiĂšre dâemploi et dâinclusion sociale.Enfin, nos conclusions prĂ©senteront dix « clĂ©s de lecture » pour rĂ©flĂ©chir lâeuropĂ©a-nisation des politiques sociales en Belgique, et ce dans le contexte de la nouvellestratĂ©gie « Europe 2020 ».
1. LES INSTRUMENTS EUROPEENS EN MATIERE DE POLITIQUE SOCIALE : BREFAPERĂU (7)
1.1. DROIT CLASSIQUE : LES DIRECTIVES SOCIALESLe droit communautaire joue un rĂŽle crucial en matiĂšre dâintĂ©gration politique. Cedroit a crĂ©Ă© une constitution Ă©conomique europĂ©enne Ă©tablissant des normes et des
(6) Stoffel, S., Vielle, P. et Paye, O., EuropĂ©anisation des politiques en matiĂšre de lâĂ©galitĂ© de genre :conclusions, in Vanhercke B. et al (Ă©ds.), LâEurope en BelgiqueâŠ, op. cit., pp. 199-204, 2011.(7) Pour un aperçu moins bref, cf. Verschraegen, G., Vanhercke, B. Beckers, M., Hubert, G., Rey-niers, Ph. et Verpoorten, R., Etude des instruments politiques europĂ©ens, in Vanhercke B. et al (Ă©ds.),LâEurope en BelgiqueâŠ, op. cit, pp. 19-29, 2011.
747
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 747
droits fondamentaux que doivent respecter les Etats membres. Bien que lâexpansiondes droits sociaux europĂ©ens se soit ralentie au cours de ces dix derniĂšres annĂ©es, ledĂ©veloppement dâune politique sociale europĂ©enne se fait dâabord par lâadoption derĂšgles et par la primautĂ© du droit communautaire.
La premiĂšre « vĂ©ritable » base juridique en matiĂšre sociale nâest apparue quâĂ partirde lâActe unique europĂ©en (1987). Elle concerne uniquement les questions de santĂ©-sĂ©curitĂ©, qui sont soumises au vote Ă la majoritĂ© qualifiĂ©e. Plus tard, un protocolesocial sera adoptĂ© (traitĂ© de Maastricht), qui deviendra lâarticle 137. Le traitĂ© dâAm-sterdam Ă©tendra la procĂ©dure de codĂ©cision aux matiĂšres de la santĂ©-sĂ©curitĂ©, desconditions de travail, de lâinformation-consultation, de lâintĂ©gration sur le marchĂ© delâemploi et de lâĂ©galitĂ© de genre. LâunanimitĂ© demeure requise pour les questions deprotection sociale et de sĂ©curitĂ© sociale, de rĂ©siliation du contrat de travail, dereprĂ©sentation et de dĂ©fense collective des travailleurs, et des conditions dâemploides ressortissants des pays tiers. Sâil sâagit de compĂ©tences partagĂ©es, le centre degravitĂ© de la politique sociale demeure au niveau national. Certaines mesures sontdâailleurs explicitement exclues du champ de compĂ©tence de lâUE (rĂ©munĂ©ration,droit dâassociation, droit de grĂšve, lock-out). Par ailleurs, cette base juridique sâat-tache Ă la dĂ©finition de standards minimaux. MalgrĂ© le caractĂšre ambitieux de lâar-ticle 137, seule une poignĂ©e de directives sociales a Ă©tĂ© adoptĂ©e et leur contenudemeure relativement flexible.
En 2001, la commissaire en charge des Affaires sociales, Anna Diamantopoulou,dĂ©clarait que lâinstrument lĂ©gislatif Ă©tait « pĂ©rimĂ© » pour les matiĂšres sociales, illus-trant ainsi un changement de perception Ă lâĂ©gard du modĂšle dâharmonisation pardirectives. Selon cette vision, celui-ci serait entraĂźnĂ© dans une forme de cerclevicieux. Tout dâabord, la lĂ©gislation sociale se heurte toujours Ă des difficultĂ©s poli-tiques lors de son adoption. Par la suite, les blocages politiques entraĂźnent une dimi-nution du nombre de directives et une dilution de leurs contenus. En troisiĂšme lieu,les formulations relativement ouvertes voire ambiguĂ«s de ces instruments font sou-vent lâobjet dâinterprĂ©tations plus strictes de la Cour de justice de lâUnion europĂ©en-ne (CJUE) (8) lorsquâelle est appelĂ©e Ă se prononcer (9). Une attitude plus circons-pecte sâest dâailleurs dĂ©veloppĂ©e Ă lâĂ©gard de ce rĂŽle de « lĂ©gislateur judiciaire » quiincombe Ă la CJUE.
Au dĂ©ficit de rĂ©gulation de la mĂ©thode communautaire classique sâajoutent desprĂ©occupations quant Ă lâeffectivitĂ© des politiques portĂ©es par le droit. Cela a sou-vent amenĂ© la Commission elle-mĂȘme Ă promouvoir lâadoption dâapproches nonlĂ©gislatives. Tout cela a conduit Ă un dĂ©bat sur les avantages et inconvĂ©nients du
(8) Anciennement la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE).(9) Pour un apercu récent, voir Ghailani, D., European social policy: some thoughts on the case law,in Degryse, C. et Natali, D. (éds.), Social developments in the European Union 2010, Bruxelles,ETUI-OSE, pp. 175-204, 2011.
748
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 748
droit dans lâintĂ©gration europĂ©enne. Les dĂ©bats sur la « nouvelle gouvernance » ontmenĂ© Ă des solutions fondĂ©es sur la « softlaw » et lâautorĂ©gulation, moins prescrip-tives et moins uniformes.
1.2. NOUVELLE GOUVERNANCE : LA METHODE OUVERTE DE COORDINATIONLors du Conseil europĂ©en de Lisbonne (mars 2000), les chefs dâEtat et de Gouverne-ment ont assignĂ© Ă lâUnion lâobjectif de devenir, dâici 2010, « lâĂ©conomie de laconnaissance la plus compĂ©titive et la plus dynamique du monde, capable dâunecroissance Ă©conomique durable accompagnĂ©e dâune amĂ©lioration quantitative etqualitative de lâemploi et dâune plus grande cohĂ©sion sociale » (10).
Afin dâatteindre cet objectif, la StratĂ©gie de Lisbonne prĂ©voit de recourir Ă un Ă©ven-tail dâinstruments dâaction, parmi lesquels la MOC, dĂ©jĂ mise en Ćuvre de factodepuis 1997 en matiĂšre dâemploi (cf. la StratĂ©gie europĂ©enne pour lâemploi, SEE).Celle-ci inclut : la fixation de lignes directrices, lâĂ©tablissement dâindicateurs quanti-tatifs et qualitatifs, la comparaison des meilleures pratiques (benchmarks), la fixa-tion dâobjectifs nationaux et rĂ©gionaux et une Ă©valuation pĂ©riodique par les pairs. Ilsâagit donc dâune forme de gouvernance « soft », sans lĂ©gislation « contraignante ».On peut lĂ©gitimement supposer que ce mode de gouvernance tendra Ă se dĂ©velop-per Ă lâavenir, comme alternative Ă une lĂ©gislation de plus en plus improbable dansune UE Ă vingt-sept.
Le Conseil europĂ©en de Lisbonne ouvre la voie Ă lâapplication de la coordinationouverte Ă toute une sĂ©rie de domaines : enseignement, sociĂ©tĂ© de lâinformation,innovation, etc. En 2001, la MOC Ă©tait dĂ©jĂ utilisĂ©e dans onze domaines politiques,parmi lesquels lâinclusion sociale (2000), les pensions (2001), les soins de santĂ©(2004). Ses instruments sont aussi utilisĂ©s en matiĂšre dâasile et dâimmigration, deprotection de lâenvironnement, de handicap, de santĂ© et sĂ©curitĂ©, et de droits fonda-mentaux. Et cela en dĂ©pit dâun scepticisme croissant dans le monde acadĂ©mique âparticuliĂšrement prononcĂ© du cĂŽtĂ© des juristes et des Ă©conomistes (11) â Ă lâĂ©gardde ce mode de gouvernance.
En tant que nouvelle gouvernance moins rigide et prescriptive, la MOC se caractĂ©ri-se par son caractĂšre dĂ©libĂ©ratif (consensus) et multi-niveaux (peu ou pas hiĂ©rar-chique, et connectant diffĂ©rents niveaux de pouvoir), par sa responsabilisation poli-tique en termes de transparence et dâexamen par les pairs, et par sa combinaison
(10) Conseil europĂ©en, Conclusions de la prĂ©sidence - Conseil europĂ©en de Lisbonne du 23 et 24mars 2000, 2000, http://www.europarl.europa.eu/summits/lis1_fr.htm.(11) Pour une vue dâensemble des critiques adressĂ©es Ă la « soft law » dans le contexte de la StratĂ©-gie de Lisbonne, voir Natali, D., The Lisbon Strategy, Europe 2020 and the Crisis in Between, in Mar-lier, E. et Natali, D. (Ă©ds.), Europe 2020: Towards a More Social EU?, Bruxelles, PIE-Peter Lang,pp. 93-113, 2010.
749
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 749
dâobjectifs-cadres adaptables aux diffĂ©rents niveaux (12). Une telle dĂ©finition peutparaĂźtre assez vague, dâautant que la plupart des MOC nâont pas de bases juridiquesdans les traitĂ©s (Ă lâexception des Grandes orientations de politiques Ă©conomiques(13) (GOPE) et de la SEE). Il nâexiste pas de dĂ©finition juridiquement contraignantede la MOC, ce qui signifie que les MOC peuvent considĂ©rablement varier entre elles,selon le champ politique auquel elles sâappliquent. En somme, « la » MOC nâest pasune « recette » figĂ©e. Elle est plutĂŽt un « livre de cuisine » qui contient diversesrecettes, certaines plus lĂ©gĂšres et dâautres plus indigestes (14). Mais son essence estdâĂȘtre un processus itĂ©ratif qui expose, identifie et compare les diffĂ©rences dâap-proches entre Etats membres dans un domaine donnĂ©.
1.3. LES INSTRUMENTS FINANCIERS : LES FONDS STRUCTURELSLes fonds structurels europĂ©ens ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s en tant quâinstruments financiers pourmettre en Ćuvre la politique de cohĂ©sion de lâUE. Ils visent Ă rĂ©duire les inĂ©galitĂ©sĂ©conomiques et sociales entre Etats membres. La politique de cohĂ©sion comptepour plus dâun tiers du budget europĂ©en. ConcrĂštement, il existe deux fonds struc-turels : le Fonds europĂ©en de dĂ©veloppement rĂ©gional (FEDER) et le Fonds socialeuropĂ©en (FSE). Sây ajoutent le Fonds de cohĂ©sion (FC), le Fonds europĂ©en agricolede garantie (FEAGA), le Fonds europĂ©en agricole pour le dĂ©veloppement rural (FEA-DER) et le Fonds europĂ©en pour la pĂȘche (FEP). Ces diffĂ©rents fonds se voientallouer des objectifs spĂ©cifiques pour des pĂ©riodes de sept ans. Les deux derniĂšrespĂ©riodes en date sont 2000-2006, et 2007-2013.
Bien que tous ces fonds soient opĂ©rationnels en Belgique, le FSE est le plus impor-tant. Il constitue depuis quelques annĂ©es lâinstrument financier dâaccompagnementde la SEE et est supposĂ© contribuer Ă lâemployabilitĂ© et lâadaptabilitĂ© des travailleurset des entreprises, au dĂ©veloppement du capital humain, Ă lâintĂ©gration sur le mar-chĂ© du travail et Ă la lutte contre les discriminations et lâexclusion sociale.
Pour la période de programmation 2007-2013, la politique de cohésion a été étroite-ment liée à la Stratégie de Lisbonne et plus récemment à la Stratégie Europe 2020.Les fonds participent aux priorités définies dans ces stratégies et sont conditionnés
(12) Pour des travaux de synthĂšse rĂ©cents Ă propos de lâadĂ©quation et de lâimpact de la MOC sociale,cf. Heidenreich, M., et Zeitlin. J. (Ă©ds.), Changing European Employment and Welfare Regimes: TheInfluence of the Open Method of Coordination on National Reforms, Londres, Routledge, 2009;Kröger, S., (Ă©d.), What we have learnt: Advances, pitfalls and remaining questions in OMC research,European Integration online Papers (EIoP), Special Issue 1, Vol. 13, 2009 ; Vanhercke, B., Delive-ring the Goods for Europe 2020? The Social OMCâs Adequacy and Impact Re-Assessed, in Marlier, E.et Natali, D., Europe 2020: Towards a more Social EU?, Peter Lang, Bruxelles, pp. 115-142, 2010.(13) Ces grandes orientations ont pour objectif de coordonner les politiques Ă©conomiques des Etatsmembres.(14) Vandenbroucke, F. (2002) The EU and social protection: what should the European Conventionpropose?, MPIfG Working paper 02/06, Max Planck Institute for the Study of Societies.
750
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 750
par lâĂ©tat dâavancement des rĂ©formes envisagĂ©es. Lâexamen plus particulier du FSEmontre que depuis 1999, lâaction de celui-ci sâĂ©tablit comme soutien aux objectifsde la SEE. En outre, les Programmes opĂ©rationnels (PO) des Etats membres sont exa-minĂ©s par la Commission Ă la lumiĂšre des plans nationaux de mise en Ćuvre de laSEE. Le FSE agit donc comme lâinstrument financier de la SEE en vue de combattrele chĂŽmage, renforcer lâemployabilitĂ© et investir dans lâĂ©ducation et la formationprofessionnelle. La StratĂ©gie de Lisbonne, les Orientations stratĂ©giques communau-taires, les GOPE et la SEE sont donc Ă©troitement liĂ©es Ă la politique de cohĂ©sion,deuxiĂšme politique europĂ©enne la plus importante en terme de budget.
Les rĂ©sultats de la politique rĂ©gionale europĂ©enne se reflĂštent dans des projetsconcrets, sur lâensemble du territoire europĂ©en. Ils sont clairement visibles etincluent : crĂ©ation de centres dâaffaires, implication de personnels dans des orga-nismes de formation, crĂ©ation dâinfrastructures, etc. Pour chaque projet financĂ© parlâUE, lâEtat membre doit contribuer Ă hauteur dâau moins 50 % des coĂ»ts totaux(principe « dâadditionnalitĂ© »). Ce qui signifie que le financement europĂ©en sâajou-te, en principe, aux engagements nationaux, sans sây substituer.
En Belgique, ce sont essentiellement les RĂ©gions et les CommunautĂ©s qui bĂ©nĂ©fi-cient des fonds europĂ©ens. Depuis Maastricht (1992), elles peuvent participer auxnĂ©gociations du Conseil de lâUE. Au niveau belge, les modalitĂ©s de cette participa-tion ont Ă©tĂ© dĂ©finies dans un accord de coopĂ©ration en 1994. Les sujets couverts parles fonds structurels englobent en effet de nombreuses questions qui relĂšvent desentitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es (amĂ©nagement du territoire, Ă©conomie, emploi, environnement,ressources humaines etc.). Celles-ci sont donc en premiĂšre ligne pour la nĂ©gociationdes programmes de dĂ©veloppement. Ainsi, en ce qui concerne le FSE, la Commis-sion a approuvĂ© six Programmes opĂ©rationnels (PO) 2007-2013 pour la Belgique.Bien que ces programmes partagent une base commune (par exemple, lâinclusionsociale, ou le dĂ©veloppement du capital humain), les diffĂ©rentes entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©espeuvent librement fixer leurs propres prioritĂ©s, en lien avec les rĂ©alitĂ©s socio-Ă©cono-miques rĂ©gionales. Ces prioritĂ©s se traduisent Ă©galement au niveau budgĂ©taire (dis-tribution des financements du FSE).
2. LES POLITIQUES DE LâEMPLOI
2.1. LA GENESE DE LA POLITIQUE EUROPEENNE DE LâEMPLOIBien que les rĂ©formes du marchĂ© du travail et lâĂ©laboration des politiques dâemploirelĂšvent principalement du niveau national, ce dernier est de plus en plus liĂ© Ă desprocessus supranationaux visant Ă coordonner emploi et politique sociale. La StratĂ©-gie pour lâemploi de lâOrganisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©cono-miques (OCDE) (1994) et la SEE (1997) sont les exemples les plus significatifs dansce domaine.
751
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 751
La politique de lâemploi a longtemps Ă©tĂ© marginale dans la construction europĂ©en-ne, en raison de lâabsence de bases juridiques dans les traitĂ©s. LâUE a avant tout cen-trĂ© son action sur la « libertĂ© des marchĂ©s », sans agir en matiĂšre de « libertĂ©ssociales ». Cela a eu pour consĂ©quence de perturber le droit du travail et la poli-tique de lâemploi dans les Etats membres. Certes, le FSE a Ă©tĂ© instituĂ© dĂšs ses dĂ©butsafin dâamĂ©liorer les possibilitĂ©s dâemploi pour les travailleurs dans le marchĂ© intĂ©-rieur, mais le dĂ©veloppement dâune vĂ©ritable politique de lâemploi europĂ©enne nedate que du dĂ©but des annĂ©es 1990.
Au cours des annĂ©es 1990, lâUE a manifestĂ©e un empressement Ă sâoccuper desrĂ©gimes dâemploi nationaux, et ce en raison des vastes rĂ©formes en cours dans lesEtats membres tant en ce qui concerne les marchĂ©s du travail que les rĂ©gimes deprotection sociale. Par ailleurs, toujours durant les annĂ©es 1990, lâachĂšvement dumarchĂ© intĂ©rieur, la monnaie unique et le pacte de stabilitĂ© et de croissance ontconsidĂ©rablement rĂ©duit la marge de manĆuvre des Etats membres dans cesmatiĂšres (fin des dĂ©valuations compĂ©titives). Les problĂšmes ont Ă©tĂ© particuliĂšre-ment aigus dans les Etats-providence continentaux bismarckiens comme la Belgique:de faibles taux dâemploi, en raison notamment de programmes de mise Ă la prĂ©re-traite, ont affaibli la base fiscale de lâEtat-providence.
Avec le TraitĂ© dâAmsterdam (1997), il est apparu Ă©vident que lâUE devait apporterune rĂ©ponse commune Ă ces problĂšmes sociaux. On reconnaĂźt alors que les pro-blĂšmes du marchĂ© du travail sont structurels et partagĂ©s par les Etats membres ; ilfaut donc dĂ©finir un agenda supranational. Le TraitĂ© dâAmsterdam contient pour lapremiĂšre fois un chapitre consacrĂ© Ă lâemploi ; câest ainsi quâest lancĂ©e la SEE. Ilsâagit ici de coordonner les politiques nationales de lâemploi et dâinciter les Etatsmembres Ă entreprendre et Ă mettre en Ćuvre des rĂ©formes difficiles. Les principauxingrĂ©dients sont lâaugmentation du taux dâemploi et lâadaptation au changement parlâinvestissement dans la formation et lâactivation des chĂŽmeurs.
La SEE reflĂšte non seulement un renforcement de la gouvernance europĂ©enne enmatiĂšre de lâemploi, mais aussi une rĂ©orientation considĂ©rable de ses objectifs. Lenouveau systĂšme de politique europĂ©enne dâemploi qui apparaĂźt alors est fondĂ© surtrois instruments de gouvernance : le droit europĂ©en du travail (y compris la lĂ©gisla-tion via les accords-cadres du dialogue social europĂ©en), la SEE et le FSE.
2.2. LâUTILISATION DES DIFFERENTS INSTRUMENTS DE GOUVERNANCEOn peut donc affirmer que, du moins depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, lâUE a pro-gressivement dĂ©veloppĂ© un systĂšme de gouvernance de lâemploi qui va au-delĂ deses compĂ©tences de base (normes de travail, discrimination, etc.), pour sâĂ©largir Ă larĂ©duction du chĂŽmage, Ă lâaugmentation du taux dâemploi et aux conditions de tra-vail. Depuis son lancement en 1997, la SEE a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour amorcer des rĂ©formes
752
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 752
et amĂ©liorer les conditions de travail dans les Etats membres, via des lignes direc-trices non juridiquement contraignantes, des indicateurs quantitatifs, lâĂ©change demeilleures pratiques, lâexamen par les pairs et la surveillance multilatĂ©rale.
De nombreux chercheurs se sont montrĂ©s sceptiques quant Ă lâimpact de la « softlaw » sur les politiques nationales, en raison de son caractĂšre non obligatoire. A lalumiĂšre de nos travaux empiriques, on peut toutefois affirmer que les procĂ©dures etmĂ©canismes de la SEE ont un impact substantiel. Lâeffet principal de la SEE est sansdoute cognitif. Elle influe sur la maniĂšre de penser les rĂ©formes et introduit desconcepts europĂ©ens dans les dĂ©bats nationaux (activation, vieillissement actif, flexi-curitĂ©), affectant sensiblement les prioritĂ©s des politiques nationales de lâemploi. Deplus, la SEE renforce la prise de conscience de problĂšmes politiques urgents, telsque le vieillissement actif, et offre un systĂšme de rĂ©fĂ©rence pour lâorientation despolitiques. Ainsi en va-t-il de lâaugmentation du taux dâemploi versus la rĂ©duction duchĂŽmage, lâapproche prĂ©ventive et globale du chĂŽmage versus lâapproche curativeet ciblĂ©e.
En outre, les lignes directrices et les objectifs de la SEE sont utilisĂ©s par diversacteurs pour lĂ©gitimer certaines de leurs revendications dans les nĂ©gociations. Par-fois aussi, le « benchmarking » fonctionne comme un « antidote Ă lâautosatisfaction »et exerce une pression pour relever les dĂ©fis politiques urgents. Ainsi, en Belgique,les instruments de la SEE ont contribuĂ© Ă convaincre les partenaires sociaux du pro-blĂšme des travailleurs ĂągĂ©s et ont servi Ă lĂ©gitimer le « Pacte des gĂ©nĂ©rations ». Auniveau organisationnel, la SEE a contribuĂ© Ă renforcer les capacitĂ©s statistiques et apromu un dĂ©but de culture de planification et dâĂ©valuation. Selon certains, elle amĂȘme contribuĂ© Ă une meilleure coordination de la politique de lâemploi entre lesdivers niveaux de pouvoir.
Le FSE a quant Ă lui influencĂ© les politiques nationales et rĂ©gionales du marchĂ© dutravail en conditionnant le financement de projets aux orientations et objectifseuropĂ©ens. Le FSE a Ă©galement influencĂ© les mĂ©thodes de conception des politiqueset lâĂ©laboration de projets. Pendant les annĂ©es 1990 surtout, il a financĂ© des projetsinnovants. Son approche globale vise Ă promouvoir des politiques dâemploi prĂ©ven-tives et lâintĂ©gration de groupes vulnĂ©rables sur le marchĂ© du travail. Il a stimulĂ© lamise en Ćuvre de mĂ©thodes dâencadrement et de conseil, des trajectoires profes-sionnelles, des coupons pour la formation et lâenseignement, etc. Enfin, il a favorisĂ©la collaboration entre acteurs publics et privĂ©s.
En matiĂšre lĂ©gislative, lâUE a dĂ©veloppĂ© au travers de ses directives un socle dedroits dans les domaines qui relĂšvent de ses compĂ©tences (santĂ©-sĂ©curitĂ©, temps detravail, discrimination Ă lâemploi, etc.). Dans certains cas, ce sont les partenairessociaux europĂ©ens eux-mĂȘmes qui ont nĂ©gociĂ© et dĂ©fini ensemble des normes juridi-quement contraignantes, comme le travail Ă temps partiel, par exemple. Notre ana-lyse des directives sur le temps de travail et le travail Ă temps partiel a montrĂ© que lalĂ©gislation belge nâĂ©tait pas trĂšs Ă©loignĂ©e des normes europĂ©ennes, mais que la
753
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 753
transposition de ces directives en droit national avait tout de mĂȘme nĂ©cessitĂ© uneadaptation substantielle (15) ; par exemple, sur le principe de non-discriminationdans le travail Ă temps partiel, ou lâaccĂšs aux congĂ©s de formation payĂ©s. Nos ana-lyses confirment que la Belgique est plutĂŽt lente et hĂ©sitante dans la mise en Ćuvrede la lĂ©gislation sociale communautaire, en raison notamment de lâautonomie despartenaires sociaux et de leur rĂŽle dans la transposition.
Il est frappant de constater que le droit europĂ©en du travail se rĂ©fĂšre de plus en plusau cadre large de la politique europĂ©enne de lâemploi tel que dĂ©terminĂ© par la SEEet la StratĂ©gie de Lisbonne, la plupart des normes rĂ©centes gravitant autour du prin-cipe de non-discrimination. De mĂȘme, les directives sociales â comme celle sur letemps partiel â incorporent des dispositions de « soft law ». Tout cela indique quela gouvernance europĂ©enne de lâemploi et du travail nâest dĂ©sormais plus unique-ment basĂ©e sur la mĂ©thode communautaire (lĂ©gislative) traditionnelle. Elle utilise deplus en plus une combinaison de « hard » et de « soft law ». Alors que la « hardlaw » prend la forme de lĂ©gislation « one-size-fits-all » (une mĂȘme taille pour tous),par exemple dans le cas de la santĂ©-sĂ©curitĂ© sur les lieux du travail, la combinaison« hard » et « soft law » permet une flexibilitĂ© dans la mise en Ćuvre, via desaccords-cadres (voir par exemple la directive temps de travail).
2.3. HYBRIDATION DANS LA GOUVERNANCE DE LâEMPLOI ?Cette combinaison dâinstruments de gouvernance a rĂ©cemment Ă©tĂ© dĂ©crite commeune « hybridation », oĂč chaque instrument joue un rĂŽle distinct et oĂč le chevauche-ment des outils contribue aux objectifs politiques communs. Par exemple, le FSE, laSEE et le droit du travail contribuent de maniĂšre diffĂ©rente, mais en se renforçant, Ă la lutte contre les discriminations sur le marchĂ© de lâemploi.
Notre analyse corrobore en grande partie cette affirmation. Les diffĂ©rents instru-ments de gouvernance sont de plus en plus intĂ©grĂ©s, tout en conservant leurs spĂ©ci-ficitĂ©s. Ils utilisent un vocabulaire commun, se rĂ©fĂšrent aux actions de chacun etfonctionnent conjointement pour rĂ©aliser des objectifs transversaux (approche prĂ©-ventive et globale du chĂŽmage, etc). Lâexemple type de cette intĂ©gration croissanteest le couplage entre la SEE et le FSE. Le FSE doit dĂ©sormais soutenir les mesuresnationales liĂ©es Ă la SEE ainsi que les objectifs europĂ©ens dâintĂ©gration sociale, denon-discrimination, dâĂ©galitĂ© des chances, dâĂ©ducation et de formation.
Cette intĂ©gration entre objectifs politiques (SEE) et moyens financiers (FSE) donneau systĂšme europĂ©en de gouvernance de lâemploi une force et un potentiel quâil
(15) Pour une analyse plus dĂ©taillĂ©e Ă cet Ă©gard, cf. Reyniers, Ph., Emploi et conditions de travail :lâimpact de la lĂ©gislation europĂ©enne, in Vanhercke, B. et al, LâEurope en BelgiqueâŠ, op. cit., pp. 81-93, 2011.
754
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 754
nâavait pas auparavant. Cela se vĂ©rifie dans le cas belge, en particulier en ce quiconcerne les questions dâĂ©galitĂ© des chances et de non-discrimination. En 2000, lâUEa adoptĂ© deux directives « non-discrimination » ; et bon nombre dâactions prĂ©vuesdans la programmation du FSE belge 2000-2006 sont explicitement liĂ©es Ă ce cadreeuropĂ©en de lutte contre les discriminations.
LâĂ©tablissement de la cellule « ENIAC (16) » (Cellule dâĂ©valuation de lâimpact PAN-FSE) au sein de lâAdministration fĂ©dĂ©rale de lâEmploi constituait Ă©galement un refletde cette intĂ©gration entre FSE et SEE, tout comme les anciens Plans dâaction natio-naux (PAN) pour lâemploi. Ainsi, le PAN incluait des informations sur la maniĂšredont le FSE est utilisĂ© pour soutenir la SEE.
Enfin, il faut souligner que les critiques portĂ©es Ă la SEE, selon lesquelles cet instru-ment serait faible et inefficace, ne tiennent pas suffisamment compte de ces liensentre SEE et FSE. Elles nâabordent gĂ©nĂ©ralement la SEE que de maniĂšre isolĂ©e, alorsque notre analyse dĂ©montre que son lien Ă©troit avec le FSE permet de traduire lesobjectifs de la SEE en actions concrĂštes. Le soutien financier du FSE augmente leschances de rĂ©sultats de la SEE et contribue Ă son efficacitĂ©. En outre, le principe« dâadditionnalitĂ© » contraint les Etats membres Ă sâengager eux-mĂȘmes, Ă agir dansles secteurs oĂč ils souhaitent attirer des financements du FSE. Autrement dit, lesbudgets nationaux (ou ceux des entitĂ©s infra-nationales) sâadaptent en partie auxcritĂšres du FSE.
Bien que les diffĂ©rents instruments de la politique europĂ©enne de lâemploi ne soientpas tous nouveaux (par exemple le FSE), il y a de bonnes raisons de voir dans cettenouvelle intĂ©gration dâinstruments un nouveau mode de gouvernance. En compa-rant cette nouvelle gouvernance avec la mĂ©thode communautaire classique, nousconstatons quâelle est caractĂ©risĂ©e par :
ïżœ de nouveaux « brassages » institutionnels entre administrations, organismes de« peer review », acteurs privĂ©s, agences publiques de lâemploi, partenaires sociaux, etc., en plus des acteurs traditionnels europĂ©ens et nationaux. Cette variĂ©tĂ© dâacteurs reflĂšte aussi la variĂ©tĂ© des niveaux de pouvoir (supranationaux, nationaux et infra-nationaux) qui coordonnent leur action. Formellement, les gouvernements nationaux ou rĂ©gionaux peuvent ĂȘtre au centre de cette gouver-nance multi-niveaux, mais en prĂ©sence dâune large variĂ©tĂ© dâorganisations de la sociĂ©tĂ© civile nationale et internationale, jouant ainsi Ă©galement un rĂŽle et refu-sant aux gouvernements le monopole de lâinitiative ;
(16) Formellement, ENIAC a cessĂ© dâexister en 2006. Toutefois, il est intĂ©ressant de noter que cettedissolution juridique nâa pas empĂȘchĂ© la crĂ©ation dâun espace informel, dans lequel persiste une pra-tique de coordination intergouvernementale rĂ©currente et fondĂ©e sur la confiance (source : inter-views dans le cadre dâETOS.be ; LĂłpez-Santana, M., Having a Say and Acting: Assessing the effective-ness of the European Employment Strategy as an intra-governmental coordinative instrument, in Krö-ger, S. (Ă©d.), What we have learntâŠ, op.cit., Art. 15, 2009).
755
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 755
ïżœ de nouvelles « rĂšgles du jeu politique » effectives dans cette gouvernance multi--niveaux et ses diffĂ©rents instruments (FSE, SEE, dialogue social europĂ©en). Ces rĂšgles sont trĂšs complexes et impliquent non seulement une influence europĂ©en-ne sur le niveau national, mais aussi la recherche par les acteurs nationaux de stratĂ©gies pour « europĂ©aniser » leurs prĂ©fĂ©rences propres, leur ordre du jour, leurs intĂ©rĂȘts, etc. ;
ïżœ des « brassages » de procĂ©dures : auto-coordination collective, dĂ©libĂ©ration cyclique, procĂ©dure de rĂ©solution de problĂšmes, programmations Ă long terme, rĂ©gulations flexibles (accords-cadres) et classiques (« top-down ») ;
ïżœ dâautres rĂ©sultats politiques : objectifs, lignes directrices, « benchmarking », indicateurs statistiques en plus des normes classiques (rĂšglements, directives). Autant dâĂ©lĂ©ments qui mesurent les progrĂšs des Etats membres vers les objectifs convenus au niveau europĂ©en, et qui permettent dâĂ©valuer les politiques dâemploi et du travail.
Les acteurs nationaux tentent « dâuploader » leurs propres prioritĂ©s dans les instru-ments europĂ©ens et de gĂ©rer ainsi plus aisĂ©ment les contraintes europĂ©ennes. Notreanalyse indique quelques conditions pour rĂ©ussir cet « uploading » : investissementpolitique dans des rĂ©seaux dâacteurs, recherche dâappuis pour promouvoir une ques-tion spĂ©cifique, coordination interne bien organisĂ©e pour dĂ©finir efficacement les posi-tions nationales dans les nĂ©gociations europĂ©ennes. Enfin, le « timing » joue Ă©galementun rĂŽle important : il faut savoir tirer profit des fenĂȘtres dâopportunitĂ©.
3. INCLUSION SOCIALE
Les possibilitĂ©s dont dispose lâUnion europĂ©enne (UE) pour prendre des initiativesdans les domaines de la « protection sociale » et de « lâinclusion sociale » sont trĂšslimitĂ©es en raison dâobstacles tant institutionnels que politiques. A ce jour, les Etatsmembres et les institutions europĂ©ennes nâont pas Ă©tĂ© enclins, voire nâĂ©taient pas enmesure dâĂ©laborer une lĂ©gislation sur ces sujets pour cause dâintĂ©rĂȘts nationaux, desensibilitĂ©s politiques et de trĂšs grandes divergences dans la pratique politique. Celareste vrai en dĂ©pit du constat selon lequel le processus dâintĂ©gration europĂ©enne anotoirement affaibli tant la souverainetĂ© (lâautoritĂ© lĂ©gale) que lâautonomie (la capa-citĂ© de rĂ©glementation de facto) des Etats membres sur le plan de la politique socia-le (17).
Mais cet espace de manĆuvre limitĂ© de lâUE implique-t-il que « lâEurope de la protec-tion sociale et de lâinclusion sociale » soit totalement inexistante ? Trois bonnes rai-sons nous semblent autoriser le rejet dâune conclusion si hĂątive. En premier lieu, le
(17) Leibfried, S. et Pierson, P., Social Policy. Left to Courts and Markets?, in Wallace, H. et Wallace,W. (Ă©ds.), Policy-Making in the European Union (La dĂ©cision politique dans lâUnion europĂ©enne),4Ăšme Ă©dition, Oxford, Oxford University Press, p. 268, 2000.
756
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 756
fait que les compĂ©tences lĂ©gislatives de lâUE nâaient pas encore Ă©tĂ© concrĂ©tisĂ©esdans le domaine de la protection sociale ne signifie guĂšre que lâUE ne puisse pasintervenir (section 3.1.). En deuxiĂšme lieu, lâUE organise depuis 2000 une coopĂ©ra-tion entre les Etats membres sur la modernisation des systĂšmes de protection socia-le. Celle-ci a lieu par le biais de la MĂ©thode ouverte de coordination (MOC) sur leplan de lâinclusion sociale, des systĂšmes de retraite et des soins de santĂ©, que nousĂ©voquerons dans la section 3.2. En troisiĂšme lieu, les Etats membres peuvent comp-ter sur les moyens financiers des fonds structurels. La section 3.3. commente lamaniĂšre avec laquelle lâun de ces fonds, le Fonds social europĂ©en (FSE), soutient unlarge Ă©ventail dâobjectifs dâinclusion sociale.
3.1. MALGRE LE PEU DE FONDEMENTS JURIDIQUES, « LâEUROPE DE LâINCLUSIONSOCIALE » NâEST PAS UNE FICTIONLa politique belge en matiĂšre dâinclusion sociale est sensiblement influencĂ©e parlâintĂ©gration europĂ©enne, tant en termes procĂ©duraux que substantiels. A la lumiĂšredes compĂ©tences europĂ©ennes limitĂ©es dans ce domaine politique, ceci est plutĂŽtĂ©tonnant. Pourtant, nos investigations empiriques permettent, de façon convaincan-te, de mettre en lumiĂšre (18) :ïżœ les effets procĂ©duraux, y compris lâamĂ©lioration drastique des capacitĂ©s statis-
tiques et de supervision, la politique menée via des objectifs (quantifiés ou non), les effets-miroir (la découverte de son propre systÚme par le biais de son explica-tion à autrui), et la pression sur la planification à long terme (via le FSE) ;
ïżœ les influences substantielles, y compris les changements cognitifs en matiĂšre dâactivation (principalement en rapport avec des personnes trĂšs Ă©loignĂ©es du marchĂ© de lâemploi) et de pauvretĂ© des enfants, mĂȘme dans un pays comme la Belgique qui sâest longtemps opposĂ© Ă la discussion de ce thĂšme au niveaueuropĂ©en. On peut Ă©galement identifier des influences sur lâagenda politique (par exemple, placer la pauvretĂ© en haut de lâagenda) et des consĂ©quences juridiques (accĂ©lĂ©ration du processus dĂ©cisionnel, par exemple, en liant le dĂ©bat sur lâaugmentation du niveau de retraite minimal Ă la norme de pauvretĂ© europĂ©enne).
3.2. DEUX CONDITIONS CRUCIALES : ACTEURS NATIONAUX ET EFFET DE LEVIERUne condition favorable essentielle en matiĂšre dâeffectivitĂ© des instrumentseuropĂ©ens dĂ©crits consiste Ă voir les acteurs nationaux « sâen saisir » pour lesemployer comme levier. Dans le cas du FSE, ce phĂ©nomĂšne sâest principalement
(18) Pour une discussion plus exhaustive de la MOC Inclusion Sociale en Belgique, voir Vanhercke,B., Hoezo, ver van ons bed ? Over de wisselwerking tussen het Belgische en Europese armoedebe-leid, in Vranken, J., Campaert, G., Dierckx, D. et Van Haarlem, A. (Ă©ds.), Arm Europa. Over armoedeen armoedebestrijding op het Europese niveau, Louvain, Acco (SĂ©rie Sociale Inzichten, n° 13), pp.79-100, 2009. Lâeffet de la MOC en matiĂšre de pensions en Belgique a Ă©tĂ© dĂ©crit par Vanhercke, B.dans Against the odds. The OMC as a Selective Amplifier for Reforming Belgian Pension Policies, inKröger, S. (Ă©d.), What we have learnt, op. cit., Art. 16, 2009. 757
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 757
produit entre la fin des annĂ©es 1980 et la fin des annĂ©es 1990. Les acteurs politiquesfĂ©dĂ©raux ont dĂ©couvert que les moyens du FSE pouvaient ĂȘtre fructueusement uti-lisĂ©s pour inciter les Centres publics dâaction sociale (CPAS) de petite et moyennetaille en Belgique Ă se charger de lâactivation de leurs bĂ©nĂ©ficiaires (19). On a puĂ©galement dĂ©montrer combien les acteurs (sub-)nationaux, tout comme des acteursau sein de la Commission et du Parlement europĂ©en, interprĂ©taient de maniĂšre crĂ©a-tive le concept « dâinclusion sociale via le marchĂ© du travail », critĂšre importantdans les rĂšglements du FSE. De cette façon, le FSE pouvait servir Ă financer des pro-jets qui Ă©taient en rĂ©alitĂ© axĂ©s sur la lutte contre la pauvretĂ©. En ce qui concerne laMOC, nous avons pu montrer comment les acteurs belges ont recouru Ă cet instru-ment entre autres pour renforcer le rĂŽle des organisations non gouvernementales(ONG) dans la politique dâinclusion sociale.
3.3. EFFECTIVITE DISCRETE SOUS LE RADAR ET MANQUE DâEVALUATIONLes effets dĂ©crits de lâintĂ©gration europĂ©enne sur la politique dâinclusion socialenationale ont largement lieu « sous le radar » de maniĂšre inaperçue ou, pour le direcomme Giandomenico Majone, « by stealth » (20). Nous distinguons deux dimen-sions Ă ce phĂ©nomĂšne. PremiĂšrement, la MOC est parfois dĂ©crite comme constituantle secret le mieux gardĂ© dâEurope, tandis que le FSE est dâune complexitĂ© extrĂȘme.Le processus dĂ©cisionnel concernant les deux instruments se dĂ©roule dans desComitĂ©s europĂ©ens visiblement inaccessibles â le Parlement europĂ©en nây prend pra-tiquement jamais part et les acteurs politiques ou les membres des Parlements natio-naux nây consacrent que peu dâattention. DeuxiĂšmement, ses effets ne sont que rare-ment Ă©valuĂ©s en dĂ©tail. Câest incontestablement vrai dans le cas du FSE. Manifeste-ment, dĂšs lors que les Etats membres ont pris leur part du butin pendant « la nuit deslongs couteaux » au Conseil europĂ©en, plus personne ne se prĂ©occupe du sort prĂ©cisde ces nombreux millions dâeuros. Autrement dit, au niveau substantiel, trĂšs peu dâat-tention est accordĂ©e Ă la destination des fonds. En Belgique comme dans dâautrespays, on ne dispose souvent que des seules donnĂ©es sur lâinput financier du FSE etsur lâutilisation comptable correcte des sommes allouĂ©es. Nos interviews confirmentque mĂȘme la Commission europĂ©enne ne prĂȘte que peu dâattention Ă la façon dontlâargent est rĂ©ellement dĂ©pensĂ©. Ceci nous permet de conclure que les critĂšres sub-stantiels attachĂ©s au FSE semblent prisonniers dâun « triangle des Bermudes ». A lâima-ge des navires qui sâĂ©vanouissent sans laisser de traces, ces critĂšres disparaissent auprofit de la pure gestion financiĂšre et du bon timing de la dĂ©pense.
(19) Voir aussi Verschraegen, G., Vanhercke, B. et Verpoorten, R., The European Social Fund andDomestic Activation Policies: Europeanization Mechanisms, Journal of European Social Policy,21(1), pp. 55-72, 2011 ; Vanhercke, B. et Campaert, G., Lokaal Sociaal Beleid Onder de Radar. Active-rende Sociale Insluiting via het Europees Sociaal Fonds, in Vranken, J., Campaert, G., Dierckx, D. etVan Haarlem, A. (éds.), Arm Europa. Over armoede en armoedebestrijding op het Europeseniveau, Louvain, Acco (Série Sociale Inzichten, n° 13), pp. 65-77, 2009.(20) Majone, G., Dilemmas of European Integration: The Ambiguities and Pitfalls of Integrationby Stealth, Oxford, Oxford University Press, 2005.
758
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 758
3.4. LâEUROPEANISATION COMME INFLUENCE RECIPROQUENotre analyse confirme lâhypothĂšse selon laquelle lâeuropĂ©anisation des politiquesdoit ĂȘtre envisagĂ©e comme une circulation Ă double sens : examiner les « effets » delâintĂ©gration europĂ©enne sur la politique des Etats membres impose de vĂ©rifier dequelle maniĂšre ces mĂȘmes Etats membres ont contribuĂ© Ă donner forme Ă la scĂšneeuropĂ©enne. Parmi les exemples dâun tel « uploading » rĂ©ussi des prĂ©fĂ©rencesbelges au niveau europĂ©en, citons : la Charte des droits fondamentaux de lâUnioneuropĂ©enne, les nĂ©gociations intergouvernementales dans le cadre du traitĂ© deMaastricht, le Programme dâaction sociale des annĂ©es 1990, les rĂšglements du FSE(par exemple la possibilitĂ© dâutiliser un financement privĂ© comme contributionnationale) et, enfin, le renforcement de lâarchitecture de base de la MOC inclusionsociale. Il est Ă©galement essentiel de garder Ă lâesprit le fait que les acteurs nationauxtentent aussi dâadapter la scĂšne europĂ©enne Ă leur mode (« shaping »), bien quâilsnâaient que rarement vĂ©ritablement prise sur lâensemble du processus dĂ©cisionnel.De ce fait, « lâuploading » revient parfois tel un boomerang, avec des rĂ©sultats nondĂ©sirĂ©s, au niveau national. Il semble enfin que les acteurs nationaux aient une inter-prĂ©tation relativement hĂ©roĂŻque de leurs propres capacitĂ©s « dâuploading » , câest-Ă -dire au sens oĂč ils semblent surestimer leur propre influence sur le processus dĂ©ci-sionnel europĂ©en. Selon un grand nombre de nos rĂ©pondants, la machinerie de «lâuploading » belge a Ă©galement Ă©tĂ© insuffisamment adaptĂ©e aux Ă©largissements delâUE en 2004 et 2007 ; en consĂ©quence, certaines opportunitĂ©s importantes dâin-fluencer la scĂšne europĂ©enne ont Ă©tĂ© perdues (directive services, directive fonds depension, etc.).
3.5. LE SAUVETAGE DE LâETAT FEDERAL PAR LâEUROPE ?Bien que lâinclusion sociale soit dans une large mesure une compĂ©tence rĂ©gionale, ilnâen reste pas moins que câest lâautoritĂ© fĂ©dĂ©rale qui tient la plume lors de la rĂ©dac-tion des Rapports stratĂ©giques nationaux (RSN) dans le cadre de la MOC inclusionsociale (21), qui organise les prĂ©paratifs des rĂ©unions du ComitĂ© de la protectionsociale, coordonne le travail dans le domaine des indicateurs et des objectifs, et quistimule les apprentissages internes. Dans ce contexte, nous nous rĂ©fĂ©rons Ă une «MOC belge » entre les rĂ©gions et les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales. Le nouveau rĂŽle de coordina-teur de lâadministration fĂ©dĂ©rale IntĂ©gration sociale nâest pas passĂ© inaperçu, etentraĂźne parfois des tensions avec les RĂ©gions. Le FSE renforce lui aussi le rĂŽle de lâad-ministration fĂ©dĂ©rale qui, au travers de cet instrument europĂ©en, peut faire passercertaines idĂ©es (par exemple sur le plan des pratiques innovantes, des partenariats etdes prĂ©-trajets vers lâemploi), notamment en rĂ©compensant les « bonnes » conduitespar des moyens FSE supplĂ©mentaires. Toutefois, un mouvement inverse
(21) Le ComitĂ© de protection sociale (CPS) est un organe consultatif du Conseil des ministres« Emploi, Politique sociale, SantĂ© et Consommateurs » (EPSCO). InstituĂ© en 2000, il est formellementbasĂ© sur lâarticle 160 du TFUE. Le CPS se compose de deux fonctionnaires de chaque Etat membre(Ă©manant principalement du ministĂšre des Affaires sociales) et de la Commission. Il joue un rĂŽlemoteur dans la MOC sociale.
759
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 759
peut Ă©galement ĂȘtre observĂ© : au travers des projets du FSE, les expĂ©riences acquisesdans le cadre dâexpĂ©rimentations locales refluent vers le niveau fĂ©dĂ©ral et versdâautres CPAS confrontĂ©s Ă des dĂ©fis similaires, qui peuvent ainsi tirer les leçons deleurs expĂ©riences mutuelles (22). Ces exemples et dâautres semblent confirmer, avecdes nuances, la thĂšse du « Sauvetage de lâEtat fĂ©dĂ©ral par lâEurope » (23).
3.6. LES INSTRUMENTS DâINCLUSION SOCIALE EUROPEENS SONT DE PLUS EN PLUSSOUVENT « HYBRIDES »Tout comme en matiĂšre dâemploi, les instruments politiques europĂ©ens en matiĂšredâinclusion sociale sont de plus en plus « hybrides ». Nous avons ainsi dĂ©couvertdes indications convaincantes prouvant que les mĂ©canismes europĂ©ens « noncontraignants » (« soft law ») influencent le cadre lĂ©gislatif de lâUE. Par exemple,les recommandations du Conseil de 1992 et les activitĂ©s de lâObservatoire europĂ©endes politiques de lutte contre lâexclusion sociale ont contribuĂ© Ă lâadoption duthĂšme « pauvretĂ© » dans les rĂšglements du FSE. Par ailleurs, la « soft law » est par-fois soutenue par des instruments juridiques contraignants, par exemple PROGRESSet UE SILC dans la MOC inclusion sociale. Depuis peu â et ceci est probablement laforme dâhybriditĂ© aux consĂ©quences les plus significatives â, la « soft law »europĂ©enne co-dĂ©termine les contenus prioritaires et donc les conditions dâattribu-tion du FSE. Par exemple, les diffĂ©rents volets de la StratĂ©gie europĂ©enne de lâem-ploi et de la MOC inclusion sociale (plans dâaction nationaux, indicateurs, bonnespratiques, etc.) font dĂ©sormais partie intĂ©grante des rĂšglements du FSE (24).
Il va de soi quâil faudra procĂ©der Ă des Ă©tudes ultĂ©rieures sur lâeuropĂ©anisation de lapolitique dâinclusion sociale. Ainsi faudra-t-il clarifier davantage encore la questionde la prĂ©sence ou non des mĂ©canismes dâeuropĂ©anisation dĂ©crits dans cette section(effet de levier, appropriation crĂ©ative et apprentissage) dans dâautres Etatsmembres. Selon Hemerijck et Marx notamment, les mĂ©canismes quâutilisent lesdĂ©cideurs politiques belges pour mettre en Ćuvre des rĂ©formes en matiĂšre de poli-tique sociale sont plus informels et plus subtils quâaux Pays-Bas (25). En raison dâun
(22) Voir aussi Sabel, C.F. et Zeitlin, J., Learning from Difference: The New Architecture of Experi-mentalist Governance in the EU, European Law Journal, 14(3), pp. 271-327, 2008 ; Beckers, M.,Verschraegen, G. et Berghman, J., LâEurope comme plate-forme dâapprentissage ? Le rĂŽle de lâUEdans la politique dâactivation belge, Revue belge de sĂ©curitĂ© sociale, 49 (4), pp. 709-730, 2007.(23) Beyers, J. et Bursens, P., The European Rescue of the Federal State: How Europeanisation Shapesthe Belgian State, West European Politics, 29 (5), pp. 1057-1078, 2006.(24) LâhybriditĂ© des instruments europĂ©ens en matiĂšre de soins de santĂ© a Ă©tĂ© dĂ©taillĂ©e de façon plusapprofondie par Vanhercke, B. et Wegener, L. (2012), The OMC and Beyond: âSoft-to-Hard-to-SoftâGovernance of Health Care in the EU, in Cantillon, B., Verschueren, H. et Ploscar, P., Social Inclu-sion and Social Protection in the EU: Interactions between Law and Politics, Intersentia, Antwerp,forthcoming.(25) Hemerijck, A. et Marx, I., Continental Welfare at a Crossroads. The choice between activationand minimum income protection in Belgium and the Netherlands, In Palier, B. (Ă©d.), A Long Good-bye to Bismarck? The Politics of Welfare Reform in Continental Europe, Amsterdam UniversityPress, pp. 129-155, 2010.
760
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 760
cadre institutionnel spĂ©cifique, lâauto-transformation du systĂšme belge dâassurancessociales sâest effectuĂ©e de maniĂšre progressive et cumulative et, dans une largemesure, sous le radar (26). DĂšs lors, on pourrait formuler lâhypothĂšse selon laquelleles instruments « non contraignants » tels que la MOC et le FSE, qui opĂšrent euxaussi frĂ©quemment « sous le radar » (27), seraient bien en phase avec la cultureinformelle du processus dĂ©cisionnel en Belgique. Une culture qui, par ailleurs, sepositionne positivement par rapport Ă lâUE. Plusieurs de nos rĂ©pondants soulignentaussi lâeffet sur le long terme dâune prĂ©sidence du Conseil : le rĂŽle-clĂ© jouĂ© par lesacteurs belges (tout particuliĂšrement les ministres sociaux-dĂ©mocrates) dans la miseen place de lâarchitecture de base de la MOC en 2001, pourrait ĂȘtre une explicationdĂ©cisive de la motivation de ces acteurs Ă mobiliser cet instrument au niveau natio-nal. Il faut aussi noter que durant la prĂ©sidence belge de 2010, le renforcement delâappareillage de la MOC constituait lâun des objectifs prioritaires de lâagenda poli-tique (28).
CONCLUSION : DIX CLES POUR REFLECHIR LâEUROPEANISATION DES POLITIQUESSOCIALES EN BELGIQUE (29)
La politique sociale europĂ©enne se construit Ă travers la lĂ©gislation (nĂ©gociĂ©e ounon), les instruments financiers, et la « MĂ©thode ouverte de coordination » (MOC).Au cours de la pĂ©riode examinĂ©e ici, on constate une certaine hybridation de cesdiffĂ©rents instruments. Lâapparition de la MOC a profondĂ©ment changĂ© le contextede la « mĂ©thode communautaire » traditionnelle (harmonisation lĂ©gislative).LâUnion europĂ©enne (UE) sâest dirigĂ©e vers des modes de gouvernance plus com-plexes et diffĂ©renciĂ©s, qui ont influencĂ© le rĂŽle et le fonctionnement des instru-ments traditionnels. Notre recherche sâest penchĂ©e sur la question de savoir si cettediversification croissante des modes de rĂ©gulation a introduit ou non des change-ments dans les politiques et rĂ©gulations nationales : câest donc la question de ladiffĂ©renciation des impacts selon les outils de la gouvernance europĂ©enne (droit,MOC, instruments financiers) qui a Ă©tĂ© posĂ©e.
(26) Ibid, p. 10.(27) Voir sur ce point Vanhercke, B., Verschraegen, G., Van Gehuchten, P.-P. en Vanderborght, Y.(Ă©ds.), LâEurope en BelgiqueâŠ, op. cit., pp. 146-147, 2011.(28) En tĂ©moigne la ConfĂ©rence de haut niveau (High Level Conference) âCoordination in the SocialField in the Context of Europe 2020: Looking Back and Building the Futureâ qui a eu lieu Ă La Hulpe,les 14 et 15 septembre 2010. La confĂ©rence a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e par un rapport scientifique (commandĂ©par le SPF SĂ©curitĂ© Sociale et par le cabinet de la ministre des Affaires sociales) : Marlier, E. et Natali,D. (Ă©ds.), Europe 2020: Towards a More Social EU ?, Bruxelles, PIE-Peter Lang, 2010.(29) Cette section conclusive est une actualisation de Vanhercke, B., Verschraegen, G., Reyniers, Ph.,Vanderborght, Y., Berghman, J. et Van Gehuchten, P.-P., RĂ©flĂ©chir lâeuropĂ©anisation des politiquessociales, in Vanhercke, B. e.a., LâEurope en BelgiqueâŠ, op. cit., pp. 205-225, 2011. Dans ce chapitre,le lecteur trouvera dix-neuf recommandations aux dĂ©cideurs politiques (fĂ©dĂ©raux et rĂ©gionaux)belges. 761
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 761
Par ailleurs, la perspective que nous avons adoptĂ©e visait Ă analyser un processuscirculaire dâeuropĂ©anisation, incluant lâĂ©laboration et la mise en Ćuvre des poli-tiques europĂ©ennes. En dâautres termes, lâĂ©tude de lâintĂ©gration europĂ©enne renvoieĂ lâĂ©tude dâun cycle politique et de ses diffĂ©rentes Ă©tapes. Les contextes nationauxet europĂ©ens sont intimement liĂ©s : les rĂ©ponses des Etats membres Ă lâintĂ©grationeuropĂ©enne (« downloading ») alimentent les processus institutionnels et poli-tiques europĂ©ens (« uploading »), et vice-versa.
Il convient Ă prĂ©sent de systĂ©matiser les enseignements de la recherche sous formede dix « clĂ©s » pour rĂ©flĂ©chir lâeuropĂ©anisation des politiques sociales en Belgique.Comme annoncĂ© en introduction, quelques Ă©lĂ©ments issus du domaine « Ă©galitĂ©entre les femmes et les hommes » â traitĂ© dans la recherche « ETOS.be » mais nonrepris dans la prĂ©sente contribution â seront utilisĂ©s Ă titre dâillustration, spĂ©cifique-ment dans les « clĂ©s » 1, 2 et 8.
Clé 1Hybridation des instruments : complémentarité, subordination et coexisten-ce
Les outils de la politique sociale europĂ©enne sont de plus en plus hybrides : ils tĂ©moignent dâun mĂ©lange des genres entre nouveaux modes de gouver-nance et gouvernement par le droit. Trois formes dâhybridation ont Ă©tĂ© iden-tifiĂ©es, et dĂ©nommĂ©es complĂ©mentaritĂ© a priori, subordination de fait et coexistence.
MĂȘme si la diversitĂ© institutionnelle des instruments nâest pas nouvelle, nous avonsidentifiĂ© un degrĂ© accru dâhybridation des instruments de la politique sociale. EntĂ©moignent les exemples suivants :
ïżœ lâintĂ©gration de dispositifs non contraignants y compris dans des outils juridiques (accord-cadre sur le travail Ă temps partiel) ;
ïżœ le poids croissant des prioritĂ©s issues des techniques de nouvelle gouvernance (MOC et SEE) pour la mise en Ćuvre des politiques menĂ©es via les fonds structu-rels.
Nous avons Ă©tĂ© amenĂ©s Ă distinguer trois formes dâinteraction entre les diffĂ©rentsinstruments. Une premiĂšre forme se manifeste par une complĂ©mentaritĂ© pleinementassumĂ©e de chacun dâentre eux (droit, MOC, outils financiers). Ainsi, le droit aucongĂ© parental (issu dâun accord-cadre), la flexibilitĂ© accrue de la durĂ©e du travail(consacrĂ©e par la directive), lâobjectif (poursuivi par la StratĂ©gie de Lisbonne) dâassu-rer les soins aux enfants et la mise en Ćuvre dâexpĂ©riences (financĂ©es par le Fondssocial europĂ©en - FSE) forment lâensemble des ressources rendant possible une poli-
762
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 762
tique conçue en vue de favoriser lâĂ©quilibre entre vie professionnelle et vie de famil-le. Ce premier type dâinteraction est dĂ©nommĂ© « complĂ©mentaritĂ© a priori ».
Une deuxiĂšme forme consiste en une instrumentalisation dâun outil au service desobjectifs poursuivis par dâautres moyens. Ainsi, lâaccord-cadre sur le travail Ă tempspartiel fait explicitement rĂ©fĂ©rence aux objectifs de la politique de lâemploi (et, defacto, Ă la StratĂ©gie europĂ©enne pour lâemploi - SEE - alors naissante). Les Etatsmembres se voient confĂ©rer par ailleurs une marge dâapprĂ©ciation non nĂ©gligeableen vue de la transposition de la directive. On peut ainsi distinguer ici un vĂ©ritableretournement puisque ce sont les prioritĂ©s issues de la SEE (outil « soft » de nouvel-le gouvernance) qui sont appelĂ©es Ă dĂ©terminer le contenu dâun dispositif rĂ©gissantdes droits du travail (instrument « hard » de gouvernement par le droit). NousdĂ©nommons ce deuxiĂšme type dâinteraction « subordination de fait » du droiteuropĂ©en aux objectifs de la nouvelle gouvernance.
Une troisiĂšme forme dâhybridisation concerne la reconnaissance de la lĂ©gitimitĂ©propre des diffĂ©rents instruments, qui coexistent comme instruments Ă part entiĂšre.Nous dĂ©nommons cette figure « coexistence ». On en trouve lâillustration lorsqueles instruments « soft » de nouvelle gouvernance sont institutionnalisĂ©s dans lestraitĂ©s ou dans le droit dĂ©rivĂ© ce qui, Ă tout le moins, rend obligatoire le fait dây par-ticiper.
Il faut souligner que cette hybridation des instruments nâa pas Ă©tĂ© prise en comptedans le suivi des dossiers europĂ©ens au niveau belge. Nous avons mis en Ă©vidence,de la sorte, une « balkanisation » de lâexpertise des fonctionnaires qui, identifiĂ©s parune discipline ou par les compĂ©tences dâun service administratif donnĂ©, voient leurhorizon circonscrit de maniĂšre trop Ă©troite. Dans un tel contexte, travailler demaniĂšre intĂ©grĂ©e, ou dans un cadre interdisciplinaire devient difficile ; le partage delâexpĂ©rience et des connaissances est, lui aussi, problĂ©matique. Si lâon Ă©largit la pers-pective, on constate aussi que la Cour de justice de lâUnion europĂ©enne (CJUE) ararement fait usage des objectifs et finalitĂ©s intĂ©grĂ©s dans les outils de la nouvellegouvernance Ă lâappui de son interprĂ©tation tĂ©lĂ©ologique, du moins dans le champde la politique sociale. Lorsquâelle se penche sur la « soft law », câest pour rappelerla primautĂ© du droit. DĂšs lors quâĂ prĂ©sent, en matiĂšre sociale, un certain nombredâobjectifs-clĂ©s sont inclus dans des outils de nouvelle gouvernance, le risque existede voir lâinterprĂ©tation autorisĂ©e du droit communautaire se cantonner Ă des limitesĂ©troites â celles de la mĂ©thode communautaire.
Clé 2
Instrumentalisation des politiques sociales
En termes matĂ©riels, les politiques dâemploi et dâinclusion sociale portent la marque dâune instrumentalisation croissante, au service des objectifs de la StratĂ©gie Europe 2020. 763
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 763
Notre recherche met en Ă©vidence lâinstrumentalisation dâĂ©lĂ©ments-clĂ©s des poli-tiques sociales (en matiĂšre dâemploi et de conditions de travail, dâinclusion sociale,mais aussi de conciliation entre vie professionnelle et vie privĂ©e) : les objectifs pour-suivis ont Ă©tĂ© rĂ©orientĂ©s et recentrĂ©s afin de venir en appui aux objectifs de la StratĂ©-gie de Lisbonne, relancĂ©e en 2005, en mettant davantage lâaccent sur la croissanceet lâemploi (30). DĂšs lors, cette seconde phase de Lisbonne sâest caractĂ©risĂ©e parune orientation nettement plus nĂ©olibĂ©rale que la premiĂšre (31), tendance qui estrenforcĂ©e par la stratĂ©gie Europe 2020 (voir clĂ© 10).
Ainsi, en matiĂšre dâemploi, lâĂ©lĂ©ment central de la « qualitĂ© de lâemploi », qui avaitĂ©tĂ© ajoutĂ© Ă la SEE pendant la prĂ©sidence belge de 2001, a quasiment disparu dutableau au profit de lâobjectif de flexicuritĂ©. En matiĂšre dâinclusion sociale, bienquâil y ait toujours eu un lien entre inclusion et emploi, on observe Ă prĂ©sent unetendance claire Ă centrer lâeffort sur lâintĂ©gration dans le marchĂ© du travail plutĂŽtque sur la promotion de lâinclusion sociale en tant que telle, ou sur la lutte contreles facteurs dâexclusion. Quant Ă lâobjectif dâĂ©galitĂ© de genre, il avait tout dâabordĂ©tĂ© poursuivi au titre dâun principe fondamental attachĂ© Ă la dignitĂ© des personnes.En tant quâĂ©lĂ©ment de politique sociale, il a Ă©tĂ© rĂ©orientĂ© Ă prĂ©sent vers des objectifsĂ©largis de performance Ă©conomique, dâaccroissement du taux dâemploi, de soutena-bilitĂ© des rĂ©gimes de protection sociale, ainsi quâen rĂ©ponse aux dĂ©fis dĂ©mogra-phiques.
Clé 3
Europe sociale : la Belgique ne donne plus le rythme
Certes, la Belgique a contribuĂ© Ă donner le rythme de lâĂ©mergence et de lâinstitutionnalisation de lâEurope sociale. A lâheure actuelle le risque est plutĂŽt de surestimer la capacitĂ© « dâuploading ».
En dĂ©pit dâopportunitĂ©s manquĂ©es, on peut affirmer Ă juste titre que la Belgique aimprimĂ© sa marque en matiĂšre sociale, et ce Ă deux niveaux. Tout dâabord, elle a Ă©tĂ©un contributeur important aux fondations lĂ©gales et politiques de lâEurope sociale,en soutenant sans cesse le mode de dĂ©cision Ă la majoritĂ© qualifiĂ©e en matiĂšre socia-le, ou en agissant en soutien du renforcement des dispositions sociales corrĂ©lativesou consĂ©cutives Ă la nĂ©gociation des traitĂ©s (par exemple lâAccord sur la politiquesociale annexĂ© au titre de protocole au traitĂ© de Maastricht).
(30) Zeitlin, J., Towards a Stronger OMC in a More Social Europe 2020: A New Governance Architec-ture for EU Policy Coordination, in Marlier, E. et Natali, D. (Ă©ds.), Europe 2020: Towards a MoreSocial EU?, Bruxelles, PIE-Peter Lang, pp. 253-273, 2010.(31) Daly, M., Assessing the EU approach to poverty and social exclusion in the last decade, in Mar-lier, E. et Natali, D. (Ă©ds.), Europe 2020: Towards a More Social EU?, Bruxelles, PIE-Peter Lang,pp. 139-157, 2010.
764
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 764
Ensuite, on peut argumenter de maniĂšre plausible que la Belgique a imprimĂ© samarque Ă diffĂ©rents stades des processus concrets et des procĂ©dures, quâil sâagissede la conception des politiques Ă initier, au travers de contacts intensifs avec laCommission et dâune participation active aux groupes dâexperts et aux comitĂ©sdâavis, ou quâil sâagisse de la nĂ©gociation politique au travers des groupes de travaildu Conseil et des diffĂ©rents comitĂ©s qui prĂ©parent la dĂ©cision politique en son sein.Il en a Ă©tĂ© ainsi pour le dĂ©marrage de la MOC inclusion, lâinstitutionnalisation de laSEE ou encore lâadoption de la directive congĂ© parental. De tels diagnostics sontcohĂ©rents : la Belgique a jouĂ© un rĂŽle comparable dans dâautres domaines, parexemple en matiĂšre de politique monĂ©taire. Durant la seconde moitiĂ© de 2010, laBelgique a une nouvelle fois Ă©tĂ© fidĂšle Ă sa rĂ©putation dâEtat membre expĂ©rimentĂ©,apte Ă mener des prĂ©sidences du Conseil rĂ©ussies, et ce en dĂ©pit dâune situationpolitique interne passablement compliquĂ©e par les Ă©lections anticipĂ©es de juin2010.
A lâheure actuelle cependant, les acteurs belges devraient ĂȘtre prudents quant Ă leurcapacitĂ© « dâuploading » dans le contexte des Ă©largissements intervenus :ïżœ les nouveaux rĂŽles dĂ©volus par le traitĂ© de Lisbonne au prĂ©sident permanent du
Conseil, ainsi quâau Haut reprĂ©sentant de lâUnion pour les Affaires Ă©trangĂšres, tendent Ă rĂ©duire considĂ©rablement la marge de manĆuvre des prĂ©sidences tour-nantes ;
ïżœ la formule de la « prĂ©sidence en Ă©quipe » implique que toute prĂ©sidence tour-nante fait dĂ©sormais partie intĂ©grante dâun « cadre stratĂ©gique », dĂ©pendant dâun programme de 18 mois nĂ©gociĂ© par un trio dâEtats membres et approuvĂ© par le Conseil ;
ïżœ depuis lâĂ©largissement de 2004, en particulier, la Belgique nâest plus au centre de lâEurope. Il nây a pas eu dâinvestissement significatif en vue de nouer des partena-riats et des alliances avec les « nouveaux » Etats membres, sans doute en raison du maintien des pactes privilĂ©giĂ©s avec les partenaires favoris traditionnels (Fran-ce, Pays-Bas, Luxembourg) ;
ïżœ des acteurs clĂ©s mettent lâaccent sur le retour de lâintergouvernementalisme, câest-Ă -dire le dĂ©placement de pouvoirs de la Commission vers le Conseil au pro-fit, en consĂ©quence, des Etats membres les plus puissants ;
ïżœ la coalition Commission-Belgique semble dĂšs lors ĂȘtre moins efficiente ;ïżœ Ă ces facteurs sâajoute un intĂ©rĂȘt dĂ©croissant de la classe politique belge Ă lâĂ©gard
du processus dâintĂ©gration europĂ©enne, y compris dans ses dimensions socia-les : dans une situation dâignorance politique des affaires europĂ©ennes, lâhĂ©roĂŻs-me administratif ne peut vĂ©ritablement survivre.
765
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 765
Clé 4
Les techniques non contraignantes de « lâuploading » : rĂ©seaux informels etla ReprĂ©sentation permanente
La Belgique a utilisĂ© des techniques non contraignantes de persuasion pour influencer de maniĂšre efficace â et parfois contre toute attente â le processus de dĂ©cision europĂ©en. Les rĂ©seaux informels et la ReprĂ©sentation permanente sont des points stratĂ©giques.
LâhypothĂšse dâune influence significative de la Belgique est-elle crĂ©dible comptetenu de son « pouvoir » de nĂ©gociation extrĂȘmement faible, et du fait quâelle a unpoids (Ă©conomique) plume dans lâUnion ? Notre recherche a mis en Ă©vidence com-bien la Belgique a Ă©tĂ© capable dâutiliser des techniques non contraignantes de per-suasion pour influencer (notamment au travers de jeux coopĂ©ratifs) le processus dedĂ©cision europĂ©en par le biais, au moins, des six leviers suivants :ïżœ le poids politique, malgrĂ© tout, dĂ©rivant de la qualitĂ© dâEtat fondateur, de la posi-
tion gĂ©opolitique et de la lĂ©gitimitĂ© de la Belgique en matiĂšre sociale ;ïżœ le « know-how » politique, dĂ©rivĂ© de la capacitĂ© Ă construire des coalitions poli-
tiques, et lâadĂ©quation entre les pratiques politiques domestiques de recherche du consensus â certes aujourdâhui menacĂ©es â et le mode dâĂ©laboration procĂ©du-rale des dĂ©cisions et des normes au niveau europĂ©en ;
ïżœ la pratique sociale, la Belgique Ă©tant capable de dĂ©ployer des arguments convain-cants fondĂ©s sur des pratiques observables y compris en matiĂšre de MOC lĂ oĂč le poids de pratiques effectives et pouvant sâĂ©talonner dans le temps devient impor-tant ;
ïżœ la capacitĂ© persuasive, Ă travers son habiletĂ© Ă infĂ©rer des concepts fĂ©dĂ©rateurs dĂšs lors que ceux-ci sĂ©dimentent des expĂ©riences pratiques : par exemple, les conceptions de « QualitĂ© de lâemploi » ou de « lâEurope parle dâune seule voix » en matiĂšre de systĂšmes de retraite, ou encore de « donner la parole aux pau-vres » ;
ïżœ la capacitĂ© Ă formuler des demandes perçues comme hautement lĂ©gitimes (com-pelling demands) (comme lâexigence dâadmettre des financements privĂ©s comme contrepartie du financement communautaire FSE) ;
ïżœ la cohĂ©rence et la tĂ©nacitĂ©, certaines positions belges ayant Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©es et affirmĂ©es de maniĂšre itĂ©rative : elles expriment alors une position fiable, suscep-tible dâĂȘtre anticipĂ©e, particuliĂšrement en combinaison avec une pratique poli-tique de recherche du consensus. Lâeffet qui sây attache est renforcĂ© dĂšs lors que le dĂ©veloppement des politiques sociales nâest pas principalement destinĂ© Ă satis-faire des intĂ©rĂȘts nationaux particuliers mais peut ĂȘtre conçu comme le support dâun intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral europĂ©en.
766
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 766
Lâexistence de rĂ©seaux de contacts informels, la proximitĂ© avec les institutionseuropĂ©ennes ainsi que les prĂ©sidences couronnĂ©es de succĂšs relatifs (1987, 1993,2001, 2010), ont de la sorte considĂ©rablement renforcĂ© la capacitĂ© dâ « uploading »de la Belgique, notamment en termes de « mise Ă lâagenda ». La ReprĂ©sentation per-manente joue Ă cet Ă©gard un rĂŽle clĂ©, notamment dans la mesure oĂč il arrive rĂ©guliĂš-rement que ses membres soient amenĂ©s Ă opĂ©rer sans couverture politique explici-te. Une sĂ©rie de personnes rencontrĂ©es dans le cadre de nos travaux mettent toute-fois en Ă©vidence le fait que la durabilitĂ© des rĂ©seaux de contacts informels dĂ©pendpartiellement de circonstances conjoncturelles : lâimportance de la prĂ©sence defonctionnaires belges (dĂ©tachĂ©s) au sein des institutions europĂ©ennes dans des posi-tions clĂ©s est un facteur non nĂ©gligeable.
Clé 5
Impacts procéduraux et substantiels
Les politiques sociales belges dans le domaine de lâemploi et de lâinclusion sociale ont Ă©tĂ© significativement influencĂ©es par lâintĂ©gration europĂ©enne, aussi bien en termes procĂ©duraux quâen termes substantiels.
Nâest-ce lĂ quâenfoncer une porte ouverte ? La chose est moins Ă©vidente quâil nâyparaĂźt, compte tenu du caractĂšre limitĂ© des compĂ©tences europĂ©ennes en matiĂšresociale.
Les enseignements de la recherche mettent en Ă©vidence, tout dâabord, des effetsprocĂ©duraux importants dans chacun des domaines Ă©tudiĂ©s : lâattention accrueportĂ©e Ă lâoutil statistique et au suivi des politiques ; la mise en Ćuvre de planningsĂ long terme, allant au-delĂ des Ă©chĂ©ances Ă©lectorales domestiques ; la mise en Ă©vi-dence dâune gouvernance par objectifs (quantifiĂ©s). De surcroĂźt, la dimension com-parative des processus de coordination a conduit Ă une attention nouvelle portĂ©eaux processus dâĂ©valuation, de comparaison, de mĂȘme quâĂ lâapparition progressivede processus internes belges dâapprentissage commun.
ParallĂšlement, on peut aussi conclure Ă des effets substantiels tels que : des change-ments cognitifs, par exemple en matiĂšre dâactivation des jeunes ; des changementsdâagenda, avec lâapparition de la question de la pauvretĂ© des enfants ; des change-ments dans le droit, notamment en matiĂšre dâemploi ou dâĂ©galitĂ© de genre.
767
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 767
Clé 6
Transformations du processus décisionnel
La prise de dĂ©cision politique en matiĂšre dâemploi et dâinclusion sociale a Ă©tĂ© modifiĂ©e par lâenvironnement europĂ©en, via la modification des positions des acteurs et la crĂ©ation de nouveaux mĂ©canismes fĂ©dĂ©raux de coordination.
Lâimplication dans le processus dâintĂ©gration europĂ©enne a accru les coordinationsverticales dans les domaines politiques Ă©tudiĂ©s. Ceci a souvent impliquĂ© un rĂŽlenouveau ou renforcĂ© pour le niveau fĂ©dĂ©ral, que ce rĂŽle nouveau soit formel ouinformel. Ainsi les rĂŽles jouĂ©s par le Service public fĂ©dĂ©ral (SPF) Emploi, travail etconcertation sociale, en matiĂšre de SEE, et par le Service public fĂ©dĂ©ral de program-mation (SPP) IntĂ©gration sociale, lutte contre la pauvretĂ© et Ă©conomie sociale, dansle domaine de la MOC inclusion sociale, constituent lâillustration de cette reprĂ©sen-tation dâune Europe volant au secours de lâEtat fĂ©dĂ©ral (32). Nous avons Ă©galementmis en Ă©vidence un certain nombre de mĂ©canismes au sein desquels les coordina-tions horizontales entre administrations se sont trouvĂ©es renforcĂ©es (entre les SPFAffaires Ă©conomiques, dâune part, et Emploi, dâautre part). A cet Ă©gard, il est certainque la complexitĂ© et les flux dâinformations affĂ©rents aux dossiers europĂ©ens renfor-cent le rĂŽle des administrations en tant quâacteurs centraux (tenant compte desmodifications procĂ©durales mises en Ă©vidence ci-dessus), au dĂ©triment des parte-naires sociaux et du gouvernement.
Selon les domaines examinĂ©s, on peut Ă©galement observer que diffĂ©rents acteurs dela sociĂ©tĂ© civile (nationaux, rĂ©gionaux ou locaux) se sont vus renforcĂ©s dans leurrĂŽle, acquĂ©rant de la sorte une place et une nouvelle lĂ©gitimitĂ© dans lâarĂšne poli-tique. Deux dynamiques sont Ă lâĆuvre : certains de ces acteurs ont Ă©tĂ© « armĂ©s »par le niveau europĂ©en, dâautres se servent du niveau europĂ©en comme dâun levier.Les techniques de nouvelle gouvernance et les outils financiers jouent Ă cet Ă©gardun rĂŽle « dâempowerment » important.
Cependant, la capacitĂ© dâinfluence exacte de ces nouveaux acteurs reste Ă Ă©tabliravec plus de prĂ©cision. Il ne semble pas Ă ce jour que ceci ait conduit Ă une redistri-bution du pouvoir ou des rĂšgles du jeu dans le cadre politique. Il est mĂȘme possibleque les acteurs institutionnels autorisent ces nouveaux acteurs Ă Ă©merger et Ă jouerun nouveau rĂŽle parce quâils ne sont pas perçus comme constituant un dĂ©fi pour lespolitiques existantes comme lâillustre le nouveau rĂŽle des organisations non gouver-nementales (ONG) en matiĂšre dâinclusion sociale dans la rĂ©daction des RapportsstratĂ©giques nationaux (RSN), et Programmes nationaux de rĂ©forme (PNR)).
(32) On constate le mĂȘme phĂ©nomĂšne en matiĂšre dâĂ©galitĂ© de genre, avec le rĂŽle jouĂ© par lâInstitutfĂ©dĂ©ral pour lâĂ©galitĂ© entre les femmes et les hommes (IEFH).
768
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 768
Clé 7
Effets furtifs, mises en Ćuvre dĂ©faillantes
Les effets produits par lâintĂ©gration europĂ©enne sur les politiques sociales belges sont souvent furtifs et tempĂ©rĂ©s par un faible niveau de mise en Ćuvre.
Les effets produits par les politiques sociales europĂ©ennes sont significatifs ; maissimultanĂ©ment ils peuvent demeurer furtifs, voire masquĂ©s. Il en va ainsi partielle-ment parce quâils peuvent se produire via des rĂ©seaux informels ou via des outilspurement techniques, le plus souvent de nature administrative. De surcroĂźt, la classepolitique semble peu intĂ©ressĂ©e par les effets ou lâeffectivitĂ© des politiques mises enĆuvre au titre des politiques sociales europĂ©ennes (faible culture de lâĂ©valuation, parexemple Ă lâĂ©gard des projets initiĂ©s sous lâauspice du FSE). De plus, les change-ments cognitifs aussi bien que les altĂ©rations en matiĂšre de conception politiquesont difficiles Ă saisir et, par lĂ mĂȘme, restent parfois occultĂ©s. La multiplicitĂ© desinstruments europĂ©ens rend encore plus difficile lâĂ©valuation de lâampleur des effetset lâidentification prĂ©cise des causes et des consĂ©quences ; par exemple, commentĂ©tablir et dissocier les effets dâune part, du FSE et dâautre part, de la MOC protectionsociale et inclusion sociale et de la SEE, auxquelles les prioritĂ©s du FSE doiventdĂ©sormais se conformer, ou encore les effets de la lĂ©gislation anti-discrimination encomparaison avec les outils de « soft gouvernance » portant sur les mĂȘmes Ă©lĂ©-ments ?
LâintĂ©gration ou lâhybridation du droit europĂ©en et des outils de nouvelle gouver-nance ont ici des consĂ©quences importantes dans leur logique rĂ©gulatrice propre.Nos Ă©tudes de cas Ă©tablissent que les effets sur le droit national vont au-delĂ des obli-gations formelles du droit europĂ©en ; la MOC a un impact cognitif sur la crĂ©ationdes politiques au niveau national et inspire des politiques domestiques (accroisse-ment par exemple de la « garantie de revenus aux personnes ĂągĂ©es », Grapa) ; lespolitiques menĂ©es au travers des Fonds europĂ©ens ne sont pas seulement de natureĂ redistribuer des ressources vers des rĂ©gions plus pauvres mais contribuent Ă modi-fier lâapproche de la Belgique Ă lâĂ©gard de lâactivation. En dâautres termes, câest prĂ©-cisĂ©ment lâhybridation de diffĂ©rents instruments (sous la forme des trois modes dâin-teraction qui ont Ă©tĂ© dĂ©crits ci-dessus) qui est de nature Ă rendre compte des effetscachĂ©s ou inattendus produits par ceux-ci.
La Belgique enregistre une mauvaise performance dans au moins deux dimensionsdu processus politique europĂ©en : en termes de lĂ©gitimation dâune part, et de trans-position dâautre part. La rĂ©ception explicite des politiques sociales europĂ©ennesdans les procĂ©dures et cadres de rĂ©fĂ©rence domestiques se caractĂ©rise par exemplepar le manque de dĂ©bats sur les dossiers europĂ©ens au Parlement fĂ©dĂ©ral et le
769
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 769
manque de publicitĂ© donnĂ©e au niveau fĂ©dĂ©ral ou rĂ©gional Ă propos des dĂ©cisionseuropĂ©ennes. Ceci pourrait impliquer une forme de dĂ©politisation des dĂ©bats sur lesquestions sociales, Ă moins quâen la matiĂšre, de nouveaux mĂ©canismes dâĂ©valuationne se substituent au dĂ©bat politique. Ensuite, en dĂ©pit des effets qui ont Ă©tĂ© dĂ©crits,la Belgique ne tĂ©moigne pas dâune grande efficacitĂ© en matiĂšre de transpositionalors mĂȘme que les coĂ»ts de mise en conformitĂ© sont le plus souvent faibles oumodĂ©rĂ©s.
Clé 8
Domaines de politique sociale et degrĂ© dâeuropĂ©anisation
Le degrĂ© dâeuropĂ©anisation diffĂšre selon les politiques sociales examinĂ©es. Lâinfluence europĂ©enne a suscitĂ© plus de changements en matiĂšre de poli-tique dâemploi et dâinclusion sociale quâen ce qui concerne lâĂ©galitĂ© de genre.
LâeuropĂ©anisation des politiques sociales nâest pas uniforme. En matiĂšre de politiquedâemploi et de conditions de travail, on peut mettre en Ă©vidence des impacts sub-stantiels et procĂ©duraux, sans prĂ©judice de rĂ©ussites en matiĂšre « dâuploading ».Sâil nây a pas de « hard law » dans le processus europĂ©en dâinclusion sociale, lalĂ©gislation nationale a toutefois bien Ă©tĂ© inspirĂ©e â Ă certains Ă©gards â par le niveaueuropĂ©en (exemple de la garantie de revenus aux personnes ĂągĂ©es, Grapa). A noterencore, en cette matiĂšre, des changements cognitifs (par exemple en matiĂšre dâacti-vation des exclus du marchĂ© du travail, ou Ă propos de lâaccent mis sur la pauvretĂ©des enfants), mais aussi procĂ©duraux (tels que lâimplication des associations et depersonnes en situation de prĂ©caritĂ© dans la politique de lutte contre la pauvretĂ©).
Cette facette de nos investigations nous permet de revenir une derniĂšre fois sur laquestion de lâĂ©galitĂ© de genre. En ce domaine, les politiques menĂ©es en Belgique ontsouvent anticipĂ© les initiatives europĂ©ennes, de sorte que lâimpact du processuseuropĂ©en, au moins en ce qui concerne la conciliation vie professionnelle/vie defamille, a Ă©tĂ© relativement limitĂ©. Un autre facteur crucial est le degrĂ© auquel lesacteurs au niveau national ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© socialisĂ©s dans un contexte international oueuropĂ©en. Ainsi, des institutions comme les Nations Unies, lâOrganisation internatio-nale du travail (OIT) ou lâOrganisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©cono-miques (OCDE), ont Ă©tĂ© Ă lâinitiative de politiques actives en matiĂšre dâĂ©galitĂ© degenre, de sorte que lâinfluence europĂ©enne est alors moins explicite. Ceci est moinsvrai en matiĂšre dâactivation du marchĂ© du travail ou dâinclusion sociale : mĂȘme sices institutions internationales sâintĂ©ressent Ă ces questions, elles ne sont guĂšreconsidĂ©rĂ©es par les acteurs domestiques comme ayant une forte lĂ©gitimitĂ© en lamatiĂšre.
770
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 770
Clé 9
Révision des perspectives théoriques
Dans certaines limites, le cadre de référence théorique classique appelle des changements, entre autres en ce qui concerne le caractÚre pertinent et fruc-tueux du paradigme « fit/misfit ».
Nous retenons de cette recherche une sĂ©rieuse validation de lâhypothĂšse du proces-sus dâeuropĂ©anisation comme processus circulaire. En effet, nos donnĂ©es indiquentcombien il est superficiel de tenter de comprendre les effets de lâintĂ©grationeuropĂ©enne sans examiner de quelle maniĂšre les Etats membres ont contribuĂ© pareux-mĂȘmes Ă en dĂ©terminer la configuration (lâeuropĂ©anisation comme « voie Ă deux sens »). Plus fondamentalement encore, lâeuropĂ©anisation ne se soutient pasdâelle-mĂȘme : elle implique la coordination dâune variĂ©tĂ© dâacteurs mobilisant deseffets « dâuploading et de downloading ». Lâeffet de levier est le mĂ©canisme le pluspuissant de nature Ă rendre compte de lâefficacitĂ© des mĂ©canismes de la nouvellegouvernance. Ainsi, la littĂ©rature existante sur les fonds structurels met surtout enĂ©vidence le rĂŽle de la Commission et des gouvernements rĂ©gionaux alors que nousavons soulignĂ© combien les autoritĂ©s nationales et locales mobilisent les fonds pourrenforcer leur propre position.
En termes plus substantiels, notre analyse montre que lâinfluence des politiqueseuropĂ©ennes sur les Etats membres est largement indĂ©pendante du succĂšs rĂ©el ousupposĂ© des efforts initiaux des Etats membres dans la phase « dâuploading », toutcomme du caractĂšre juridiquement contraignant, ou non, de lâoutil utilisĂ©. A titredâexemple, mentionnons le renforcement du rĂŽle des ONG en Belgique commeconsĂ©quences de la MOC inclusion sociale malgrĂ© le fait quâil y avait, au dĂ©part, unlarge recouvrement entre les exigences europĂ©ennes et les pratiques belges en lamatiĂšre. En dâautres termes : de petites discordances peuvent produire de grandseffets, ce qui jette un doute supplĂ©mentaire sur le caractĂšre pertinent et fructueuxdu paradigme « fit/misfit » (33) pour expliquer les pressions adaptatives sâexerçantsur les Etats membres.
DĂšs lors, la distinction qui est souvent faite entre les modes « hard » et « soft » degouvernance appelle Ă rĂ©vision, car il importe de prendre en compte les diversesformes dâhybriditĂ©. Par exemple, ceux qui soutiennent que les outils de la nouvellegouvernance nâont pas dâeffectivitĂ© Ă dĂ©faut de contrainte juridique, nĂ©gligent le faitque certains mĂ©canismes de « soft law » sont considĂ©rablement renforcĂ©s par lesliens qui les unissent aux fonds structurels, qui eux sont instituĂ©s par la « hardlaw ».
771
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
(33) Falhner, G; Treib, O; Hadbupp, M; herber S, (Docs) Complying with Europe. Harmonisationand Soft ... in the Member States. Cambridge/Uk, Cambridge University Press (Docs).
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 771
Clé 10
Europe 2020 : un oxymore
Le StratĂ©gie Europe 2020 renforce lâintĂ©gration des instruments europĂ©ensmais des considĂ©rations strictement Ă©conomiques risquent de noyer les poli-tiques sociales.
La StratĂ©gie de Lisbonne, lancĂ©e en mars 2000, a pris officiellement fin en juin 2010avec lâadoption par le Conseil europĂ©en de la nouvelle StratĂ©gie Europe 2020. La «croissance inclusive » constitue lâune de ses composantes essentielles, qui comp-rend notamment lâobjectif chiffrĂ©, dĂ©cidĂ© au terme dâune nĂ©gociation difficile, desortir au moins 20 millions de personnes du « risque de la pauvretĂ© et dâexclusion »une nouvelle « plate-forme europĂ©enne contre la pauvretĂ© » qui devra complĂ©ter laMOC protection sociale et inclusion sociale (34) ; et la ligne directrice intĂ©grĂ©e 10sur la promotion de lâinclusion sociale et la lutte contre la pauvretĂ©.
Certains ont toutefois dĂ©jĂ soulignĂ© la connotation profondĂ©ment nĂ©olibĂ©rale de lastratĂ©gie (35). Le risque est en effet bien rĂ©el de voir les dimensions sociales graduel-lement Ă©clipsĂ©es par les considĂ©rations Ă©conomiques, au travers des objectifs decroissance de la nouvelle stratĂ©gie et par le biais de la synchronisation (Ă travers un «semestre europĂ©en ») des diffĂ©rents instruments de la gouvernance socio-Ă©cono-mique de lâUE (36). Avec un Pacte de stabilitĂ© et de croissance renforcĂ© ainsi quelâinstauration dâune procĂ©dure pour « dĂ©ficit macroĂ©conomique excessif »la pression sur les dĂ©penses sociales a considĂ©rablement augmentĂ©.
MĂȘme si cela ne sera certainement pas suffisant, il est cependant possible de faireprogresser lâEurope sociale dans ce nouveau contexte en assurant un soutien finan-cier via les fonds structurels, dans le cadre du rĂ©cent rĂ©examen du budget commu-nautaire. Lâobjectif ultime, qui devrait ĂȘtre placĂ© au cĆur des prochaines perspec-
(34) La « plate-forme europĂ©enne contre la pauvretĂ© » (EPAP) est lâune des sept initiatives pharesorchestrĂ©es par la Commission pour favoriser le dĂ©ploiement de la stratĂ©gie Europe 2020 (Communi-cation de la Commission âPlateforme europĂ©enne contre la pauvretĂ© et lâexclusion sociale : un cadreeuropĂ©en pour la cohĂ©sion sociale et territorialeâ, COM (2010) 758 final du 16 dĂ©cembre 2010(http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2010:0758:FIN:FR:PDF).(35) Cf. par exemple Barbier, C., Au nom des marchĂ©s : quelle lĂ©gitimitĂ© pour la rĂ©vision dela « constitution composĂ©e » de lâUnion ?, OSE Paper Series, Opinion Paper No. 6, DĂ©cembre 2011,33p. .(36) En effet, la prĂ©paration des PNR (permettant de suivre les progrĂšs accomplis vers la rĂ©alisationdes objectifs de la StratĂ©gie Europe 2020) et des programmes de stabilitĂ© et de convergence (PSC,dĂ©finis dans le cadre du Pacte de stabilitĂ©) est dorĂ©navant synchronisĂ©e. Les Etats membres dĂ©posentces rapports (PNR et PSC) Ă la Commission chaque annĂ©e en avril.772
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 772
tives financiĂšres (pour la pĂ©riode post-2013), devrait ĂȘtre dâassurer que les objectifssociaux de lâUE soient pleinement pris en compte dans les politiques et les pro-grammes « territoriaux ». Autrement dit, lâobtention de fonds structurels europĂ©ens(en particulier du FSE) serait conditionnĂ©e par la rĂ©alisation des objectifs de la MOCprotection sociale et inclusion sociale. Il sâagira donc de joindre le geste Ă la paroleou, comme le dit lâadage anglais : « put your money where your mouth is ».
__________
773
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE ...
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 773
774
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
TABLE DES MATIERES
LâEUROPE SOCIALE EN BELGIQUE : EMPLOI ET INCLUSION SOCIALE AU PRISME DE LâEUROPEANISATION
INTRODUCTION 745
1. LES INSTRUMENTS EUROPEENS DE REGULATION DES POLITIQUES SOCIALES : BREF APERĂU 747
1.1. DROIT CLASSIQUE : LES DIRECTIVES SOCIALES . . . . . . . . . . . . . . . 7471.2. NOUVELLE GOUVERNANCE : LA METHODE OUVERTE DE COORDINATION . . . . 7491.3. LES INSTRUMENTS FINANCIERS : LES FONDS STRUCTURELS . . . . . . . . . . 750
2. LES POLITIQUES DE LâEMPLOI 751
2.1. LA GENESE DE LA POLITIQUE EUROPEENNE DE LâEMPLOI . . . . . . . . . . . 7512.2. LâUTILISATION DES DIFFERENTS INSTRUMENTS DE GOUVERNANCE . . . . . . . . 7522.3. HYBRIDATION DANS LA GOUVERNANCE DE LâEMPLOI ? . . . . . . . . . . . 754
3. LâINCLUSION SOCIALE 756
3.1. MALGRE LE PEU DE FONDEMENTS JURIDIQUES âLâEUROPE DE LâINCLUSION SOCIALEâ NâEST PAS UNE FICTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 757
3.2. DEUX CONDITIONS CRUCIALES : ACTEURS NATIONAUX ET EFFET DE LEVIER . . . . 7573.3. EFFECTIVITE DISCRETE SOUS LE RADAR ET MANQUE DâEVALUATION . . . . . . . 7583.4. LâEUROPEANISATION EN GUISE DâINFLUENCE RECIPROQUE . . . . . . . . . . 7593.5. LE SAUVETAGE DE LâETAT FEDERAL PAR LâEUROPE ? . . . . . . . . . . . . . . 7593.6. LES INSTRUMENTS DâINCLUSION SOCIALE EUROPEENS SONT DE PLUS EN PLUS
SOUVENT âHYBRIDESâ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 760
CONCLUSION : DIX CLES POUR REFLECHIR LâEUROPEANISATION DES POLITIQUES SOCIALES EN BELGIQUE 761
VANHERCKE-FR2.qxp 26-11-2012 8:36 Page 774
DIGEST EUROPEEN âDIGEST INTERNATIONAL
PAR LâOBSERVATOIRE SOCIAL EUROPEEN *
INTRODUCTION
Ce premier cahier du « Digest europĂ©en â digest international » de la Revuebelge de sĂ©curitĂ© sociale constitue lâoccasion de prĂ©senter un rĂ©sumĂ© concisdes Ă©vĂ©nements les plus importants pour la dimension sociale de lâUnioneuropĂ©enne (UE). Le dernier trimestre de lâannĂ©e 2011 a Ă©tĂ© marquĂ© par lavolontĂ© dâun renforcement supplĂ©mentaire de la coordination des politiquesĂ©conomiques et budgĂ©taires dans le cadre du second semestre europĂ©en. Lesecond moment clĂ© a Ă©tĂ© la renĂ©gociation du traitĂ© Ă©tablissant le mĂ©canismeeuropĂ©en de stabilitĂ© (MES) et lâacheminement vers la nĂ©gociation dâun traitĂ©international entre les Etats membres de la zone euro. En parallĂšle, les Etatsmembres de lâUnion tentent de dĂ©ployer un discours au-delĂ de lâaustĂ©ritĂ© eninsistant sur lâimportance des jeunes. Les rares initiatives dans le domaine socialsâinscrivent dans le contexte de la relance de la croissance. Câest le cas du libreblanc en matiĂšre des pensions, de la dĂ©claration du Conseil des minis-tres delâEmploi et de Politique sociale (EPSCO) et de la conclusion du Sommet socialtripartite. Dans cette premiĂšre Ă©dition, nous traitons aussi le cas de la lĂ©gislationcommunautaire en matiĂšre du dĂ©tachement des travailleurs et de coordinationdes droits des travailleurs migrants. Le dernier moment concerne lâaction desorganisations internationales : lâOIT (Organisation international du travail) estintervenue dans le dĂ©bat sur le modĂšle de croissance pour lâEurope, tandis quele FMI (Fonds monĂ©taire international) a lancĂ© lâalarme sur le vieillissement dela population.
1. LE DEBAT INSTITUTIONNEL
1.1. SEMESTRE EUROPEEN : PREMIER RAPPORT DâALERTE SUR LES DEFICITS MACRO-ECONOMIQUESSuite Ă lâapplication du pacte rĂ©visĂ© (Six Pack) en matiĂšre de gouvernance Ă©co-nomique, la Commission europĂ©enne a inaugurĂ© la procĂ©dure pour dĂ©ficitmacroĂ©conomique en publiant le 14 fĂ©vrier 2012 un premier rapport sur le
775
* Chercheur principal : CĂ©cile Barbier.
Europese-Digest-FR.qxp 26-11-2012 13:48 Page 775
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
MĂ©canisme dâalerte europĂ©en. BasĂ© sur un tableau de bord composĂ© de dix indi-cateurs Ă©conomiques, financiers et structurels forgĂ©s pour la dĂ©tection prĂ©cocede dĂ©sĂ©quilibres macro-Ă©conomiques apparaissant dans les Etats membres, lerapport est la concrĂ©tisation du RĂšglement (UE) nÂș 1176/2011 sur la prĂ©ventionet la correction des dĂ©sĂ©quilibres macroĂ©conomiques. Celui-ci, a placĂ© douzeEtats sous surveillance : France, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Belgique, Finlan-de, SlovĂ©nie, Chypre, Bulgarie, Danemark, Hongrie et SuĂšde. La Belgique estĂ©pinglĂ©e pour trois indicateurs sur dix. La Commission relĂšve notamment quela dette privĂ©e Ă©levĂ©e (233 % du PIB) doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e en prenant en comp-te la dette publique Ă©levĂ©e (96 % du PIB). En ce qui concerne la compĂ©titivitĂ©extĂ©rieure, le rapport constate « une perte de parts de marchĂ© Ă lâexportation,parallĂšlement Ă une dĂ©gradation de la balance courante, bien que le niveaureste au-dessous du seuil indicatif et que la dĂ©gradation de la balance des bienssoit compensĂ©e en partie par les bons rĂ©sultats de la balance des services. Cestendances peuvent sâexpliquer par la perte de compĂ©titivitĂ© des coĂ»ts, provo-quĂ©e notamment par la hausse des coĂ»ts unitaires du travail (plus Ă©levĂ©s quedans la zone euro), mais aussi de compĂ©titivitĂ© hors coĂ»ts ». Cela remet claire-ment Ă lâordre du jour belge la question de lâindexation des salaires.
Référence :COM (2012) 68, 14 février 2012.
1.2. CONTRIBUTION DU CONSEIL EPSCO A LâEXAMEN ANNUEL DE LACROISSANCELors du Conseil europĂ©en informel de janvier 2012, les membres du ConseileuropĂ©en, avec une rĂ©serve parlementaire de la SuĂšde, ont adoptĂ© une dĂ©clara-tion intitulĂ©e « sur la voie dâun assainissement axĂ© sur la croissance et dâunecroissance favorable Ă lâemploi ». Ils sây engagent à « crĂ©er de nouveaux emplois», notamment dans « lâĂ©conomie verte », dâachever le marchĂ© unique, de sâatta-quer au chĂŽmage des jeunes, de fournir une formation aux Ă©lĂšves en situationdâabandon scolaire, de favoriser les PME. Le financement de ces nouveaux emp-lois pourrait passer par lâutilisation de montants non encore utilisĂ©s au titre desfonds structurels.
Référence :Déclaration des membres du Conseil européen, 30 janvier 2012,http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/fr/ec/127600.pdf.
Le Conseil Emploi et Politique sociale (EPSCO) du 17 fĂ©vrier 2012 a adoptĂ© lerapport conjoint sur lâemploi, qui fait Ă©tat dâune augmentation du chĂŽmage delongue durĂ©e et des personnes peu qualifiĂ©es et appelle les Etats membres Ă
776
Europese-Digest-FR.qxp 26-11-2012 13:48 Page 776
fournir des efforts supplĂ©mentaires pour rĂ©aliser les objectifs dâEurope 2020.Selon le rapport :ïżœ la capacitĂ© de crĂ©er des emplois doit ĂȘtre renforcĂ©e pour garantir la reprise ;
la situation difficile des jeunes risque de créer des dommages irréversibles sur lemarché du travail dans la plupart des Etats membres ;
ïżœ le taux de chĂŽmage Ă©levĂ© et les perspectives mĂ©diocres en matiĂšre dâemploi requiĂšrent des politiques dâintervention sur le marchĂ© du travail qui soient efficaces et soutenues par des rĂ©gimes de prestations sociales adĂ©quats, afin de maintenir la capacitĂ© dâinsertion professionnelle et dâaider les personnes Ă retrouver un emploi ;
ïżœ la situation sociale sâest dĂ©tĂ©riorĂ©e ces derniers mois, requĂ©rant dĂšs lors des mesures supplĂ©mentaires ;
ïżœ le ralentissement de la croissance freine la reprise, dĂ©jĂ faible, de lâemploi et empĂȘche lâaugmentation du taux dâemploi.
Le Conseil a adoptĂ© des conclusions qui engagent notamment les Etats mem-bres Ă permettre au Conseil dâexaminer Ă intervalles rĂ©guliers les progrĂšs quâilsont accomplis en utilisant leurs programmes nationaux de rĂ©formes (PNR) et Ă sâattaquer au chĂŽmage des jeunes dont le niveau est considĂ©rĂ© comme « inac-ceptable ».
Le Conseil EPSCO a approuvĂ© lâavis du ComitĂ© de la protection sociale (CPS)sur lâexamen annuel de la croissance. Celui-ci insiste sur les consĂ©quences Ă long terme des mesures dâassainissement budgĂ©taire actuelles sur la situationsociale au sein de lâUE. Il appelle notamment Ă procĂ©der Ă une analyse gĂ©nĂ©r-ale et rigoureuse de lâeffet global des mesures prĂŽnĂ©es dans lâexamen annuelde la croissance, Ă savoir une rĂ©duction des coĂ»ts salariaux indirects et unerĂ©duction de la fiscalitĂ© sur le travail au profit dâune fiscalitĂ© susceptible destimuler la crĂ©ation dâemplois. Le Conseil a Ă©galement approuvĂ© les messagesprincipaux figurant dans le rapport 2011 du CPS sur les consĂ©quences socia-les de la crise Ă©conomique et de lâassainissement budgĂ©taire en cours : pourle Conseil les mesures dâassainissement doivent prĂ©server la capacitĂ© dessystĂšmes de protection sociale Ă amortir les effets de la crise (Cf. aussi brĂšvesur le livre blanc sur les retraites).
Sâagissant des lignes directrices pour lâemploi, en novembre 2011, la Commis-sion europĂ©enne avait proposĂ© de laisser les lignes directrices pour lâemploiinchangĂ©es pour lâannĂ©e 2012. Le 15 fĂ©vrier 2012, le Parlement europĂ©en quiest consultĂ© dans ce domaine a suivi lâavis de la Commission europĂ©enne. Si leComitĂ© pour lâemploi sâĂ©tait prononcĂ© en accord avec lâavis de la CommissioneuropĂ©enne, le Conseil EPSCO du 17 fĂ©vrier avait dĂ©cidĂ© quâ « une fois que tousles avis requis par lâarticle 148, paragraphe 2, du traitĂ© auront Ă©tĂ© reçus et lors-que les conclusions du Conseil europĂ©en de mars pourront Ă©galement ĂȘtre pri-ses en compte, lâorientation gĂ©nĂ©rale devra faire lâobjet dâun rĂ©examen ». LeComitĂ© des RĂ©gions avait dĂ©cidĂ© de ne pas se prononcer tandis que lâavis duComitĂ© Ă©conomique et social Ă©tait en attente. 777
DIGEST EUROPEEN â DIGEST INTERNATIONAL
Europese-Digest-FR.qxp 26-11-2012 13:48 Page 777
RĂ©fĂ©rences :Rapport conjoint sur lâemploi, Doc. 6252/12, 20 fĂ©vrier 2012. Approbation delâavis du CPS sur lâexamen annuel de la croissance 2012, doc. 5851/12, 1erfĂ©vrier 2012.
Les consĂ©quences sociales de la crise Ă©conomique et de lâassainissement budgĂ©-taire en cours : troisiĂšme rapport du ComitĂ© de la protection sociale (2011).Approbation des messages principaux, doc. 5858/12, 1er fĂ©vrier 2012.
1.3 LIVRE BLANC SUR LES RETRAITESLa Commission europĂ©enne a publiĂ© son livre blanc sur les retraites. Par rapportau contenu (dimension substantielle), il est clair que le livre se pose dans laligne du vieillissement actif comme solution du trilemme, viabilitĂ© financiĂšre,adĂ©quation et modernisation des pensions. Pour la Commission lâaugmentationde lâĂąge de la retraite est la solution pour avoir moins de tensions financiĂšres,des prestations plus hautes et un rapport population active/inactive plus Ă©quili-brĂ©. Par rapport au document de consultation publiĂ© prĂ©cĂ©demment (livrevert), la Commission reconnaĂźt que modifier lâĂąge de la retraite doit sâaccom-pagner dâune meilleure qualitĂ© de lâemploi et Ă lâaugmentation du taux dâemploipour toutes les classes dâĂąge. Sur le fond, il reste lâidĂ©e que les fonds pensionssont la solution pour un systĂšme moderne de pensions, et ce mĂȘme si le livreblanc reconnaĂźt la nĂ©cessitĂ© dâune intervention sur les coĂ»ts des fonds privĂ©s etque la gestion de ces fonds a Ă©tĂ© inefficace dans le passĂ©.
Dans le livre blanc, aucune rĂ©fĂ©rence nâest faite Ă la MOC pension. Lâapprocheretenue se rĂ©fĂšre Ă lâexamen annuel de la croissance, ce qui confirme le retouraux origines de la construction europĂ©enne comme processus Ă©conomiquedevant contribuer Ă la croissance mais pas directement Ă la protection sociale.
Référence :Livre blanc sur les retraites. COM (2012) 55 final, 16 février 2012.
1.4. SOMMET SOCIAL TRIPARTITE : NOUVEAU PROGRAMME DE TRAVAIL COMMUN DES PARTENAIRES SOCIAUX« Le modĂšle social europĂ©en nâest pas mort » : tels furent les propos du prĂ©si-dent du Conseil europĂ©en, Herman Van Rompuy, en conclusion du sommetsocial tripartite organisĂ© le 1er mars, en prĂ©alable de la rĂ©union des chefs dâEtatet de gouvernement.
MalgrĂ© leurs divergences, les partenaires sociaux ont prĂ©sentĂ© aux prĂ©sidentsde la Commission, du Conseil et aux ministres danois, chypriote et irlandais(lâactuel trio prĂ©sidentiel du Conseil) leur programme de travail conjoint pour lapĂ©riode 2012-2014. Ce programme insiste sur le chĂŽmage des jeunes. Les parte-
778
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Europese-Digest-FR.qxp 26-11-2012 13:48 Page 778
naires sociaux ambitionnent dâĂ©tudier le lien entre lâĂ©ducation, les attentes desjeunes et des marchĂ©s du travail et de formuler des recommandations concrĂštesaux Etats membres et aux institutions de lâUE. Les autres thĂšmes de ce program-me conjoint sur trois ans sont lâĂ©volution du marchĂ© du travail, les besoins entermes de compĂ©tences dans le cadre de lâĂ©conomie verte et de la participationdes travailleurs ĂągĂ©s, lâĂ©galitĂ© des chances, la mobilitĂ© et la migration Ă©conomi-que. Les partenaires sociaux sâengagent Ă lancer une rĂ©flexion pour dĂ©finir unevision commune des consĂ©quences du dĂ©bat actuel relatif Ă la gouvernance Ă©co-nomique europĂ©enne sur le dialogue social europĂ©en et national. Les sujets derĂ©flexion seront notamment les salaires, les pensions et les coĂ»ts du travail.RĂ©fĂ©rence :Les partenaires sociaux europĂ©ens prĂ©sentent leur programme de travail pourle dialogue social 2006-2008, http://www.etuc.org/a/2230.
2. LA REVISION DES TRAITES
2.1. LE TRAITE MES ET LE TRAITE SCGEtant donnĂ© le changement de cap quâintroduit la « nouvelle gouvernance »ainsi que ses implications dans le domaine social, un dĂ©tour par les nĂ©gociationsdes traitĂ©s en cours de ratification est un exercice obligĂ©. En juillet 2011, lesministres des Finances de la zone euro ont signĂ© le traitĂ© Ă©tablissant le mĂ©canis-me europĂ©en de stabilitĂ© (MES). A peine signĂ©, ce traitĂ© fut rĂ©visĂ© au cours de laderniĂšre partie de lâannĂ©e 2011 et signĂ© le 2 fĂ©vrier 2012 de maniĂšre Ă considĂ©-rer la participation du secteur privĂ©. Le traitĂ© MES instaure une sorte de FondsmonĂ©taire europĂ©en dont lâactivation intervient « sur la base dâune stricte condi-tionnalitĂ© » et « si cela est indispensable pour prĂ©server la stabilitĂ© financiĂšre dela zone euro dans son ensemble et de ses Etats membres ». Sa nouvelle moutureintĂšgre dans son prĂ©ambule lâautre accord international, le « traitĂ© sur la stabi-litĂ©, la coordination et la gouvernance » (TraitĂ© SCG), dont le Conseil europĂ©endu 9 dĂ©cembre 2011 avait tracĂ© les lignes.
LâĂ©lĂ©ment le plus commentĂ© dans les mĂ©dias est lâapparition dâun traitĂ© interna-tional entre les Etats membres de la zone euro auquel se joignent lâensembledes Etats hors zone euro Ă lâexception du Royaume-Uni suivi de la RĂ©publiquetchĂšque. Ce traitĂ© est critiquĂ©. Les innovations que comportent ces traitĂ©s sontde prĂ©voir des procĂ©dures de ratification permettant de contourner la rĂšgle delâunanimitĂ© des ratifications.
Le traitĂ© SCG institutionnalise dans un traitĂ© international les rĂšgles du Pacte destabilitĂ© rĂ©visĂ© ou en cours de rĂ©vision dont elles renforcent certaines disposi-tions et notamment la procĂ©dure du vote Ă la majoritĂ© inversĂ©e dont le recoursest accru. InaugurĂ©e par le Six Pack, la majoritĂ© inversĂ©e introduit la rĂšgle de la« majoritĂ© qualifiĂ©e de blocage », une procĂ©dure inexistante dans les traitĂ©s actu-els, pour sâopposer aux recommandations de la Commission europĂ©ennedevant conduire Ă lâimposition de sanctions financiĂšres.
779
DIGEST EUROPEEN â DIGEST INTERNATIONAL
Europese-Digest-FR.qxp 26-11-2012 13:48 Page 779
2.2. CONSEIL EUROPEEN DE MARS 2012En marge du Conseil europĂ©en de mars 2012, les chefs dâEtat ou de gouverne-ment des 25 avaient signĂ© le traitĂ© budgĂ©taire. Sâagissant de la gouvernance Ă©co-nomique, le Conseil europĂ©en a fait siennes les cinq prioritĂ©s de la CommissioneuropĂ©enne : assurer un assainissement budgĂ©taire diffĂ©renciĂ©, « axĂ© » sur lacroissance (nuançant par-lĂ lâanalyse de la Commission selon laquelle lâassainis-sement est « propice Ă la croissance ), rĂ©tablir des conditions normales dâoctroide crĂ©dits Ă lâĂ©conomie, promouvoir la croissance et la compĂ©titivitĂ©, luttercontre le chĂŽmage et les consĂ©quences sociales de la crise, et moderniser lâad-ministration publique.Sâagissant du premier rapport dâalerte sur les dĂ©ficits macroĂ©conomiques, leConseil europĂ©en « invite le Conseil et la Commission Ă mettre en Ćuvre laprocĂ©dure de maniĂšre exhaustive, efficace et rapide et les Etats membres Ă agiren consĂ©quence ». Pour mĂ©moire, la nouvelle procĂ©dure pour dĂ©ficit macroĂ©co-nomique excessif prĂ©voit in fine un systĂšme pouvant conduire Ă des sanctionsfinanciĂšres quasi automatiques (majoritĂ© inversĂ©e). Il y aura donc une fortepression sur les Etats membres de rĂ©aliser des « rĂ©formes structurelles impopu-laires » de par la pression des menaces de sanctions des institutions europĂ©en-nes ou la pression des « marchĂ©s ». Parmi les instances europĂ©ennes, la Banquecentrale europĂ©enne (BCE) prend de plus en plus dâimportance.
Référence :COR EU 2, CONCLU 1, 28 mars 2012.
3. LEGISLATION SOCIALE DE LâUE
3.1. DETACHEMENT DES TRAVAILLEURSLa directive 96/71/CE relative au dĂ©tachement de travailleurs effectuĂ© dans lecadre dâune prestation de services a Ă©tabli une protection minimale, en termesde conditions de travail et dâemploi, que le prestataire de services dâun Etatmembre Ă©tait tenu de respecter dans le pays dâaccueil. La Commission avaitmenĂ© un premier bilan en 2003, qui avait donnĂ© lieu Ă la publication dâ « orien-tations », lesquelles Ă©tablissaient dans quelle proportion certaines mesures decontrĂŽle nationales pouvaient ĂȘtre « justifiĂ©es et proportionnĂ©es ». DĂ©posĂ©s le21 mars 2012, les deux textes prĂ©sentĂ©s par la Commission europĂ©enne rĂ©pon-dent Ă©galement Ă plusieurs arrĂȘts de la Cour de justice (Affaire Viking et Laval).La directive dâexĂ©cution prĂ©voit :ïżœ dâinstaurer des normes plus ambitieuses dâinformation des travailleurs et desentreprises sur leurs droits et obligations ;ïżœ dâĂ©tablir des rĂšgles claires de coopĂ©ration au niveau des autoritĂ©s nationalescompĂ©tentes en matiĂšre de dĂ©tachement ;ïżœ de donner les Ă©lĂ©ments permettant dâamĂ©liorer et de mieux contrĂŽler lesapplications de la notion de dĂ©tachement, afin dâĂ©viter la multiplication desociĂ©tĂ©s « boĂźtes aux lettres » qui utilisent le dĂ©tachement pour contourner les
780
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Europese-Digest-FR.qxp 26-11-2012 13:48 Page 780
rĂšgles en matiĂšre dâemploi ;ïżœ de dĂ©finir la portĂ©e de la surveillance assurĂ©e par les autoritĂ©s nationales con-cernĂ©es, ainsi que leurs compĂ©tences ;ïżœ dâamĂ©liorer la prise en compte des droits des travailleurs grĂące, par exemple,Ă lâintroduction dâune responsabilitĂ© solidaire dans le secteur de la constructionpour les salaires des travailleurs dĂ©tachĂ©s et au traitement des plaintes.
Références :COM (2012) 131 et COM (2012) 130, 21 mars 2012.
3.2. DIMENSION EXTERIEURE DE LA COORDINATION EN MATIERE DE SECURITESOCIALELa Commission europĂ©enne entend renforcer les droits des migrants en matiĂšrede sĂ©curitĂ© sociale. Une communication prĂ©sentĂ©e le 30 mars 2012 prĂ©cise lesrĂ©percussions des rĂšgles de lâUE sur la dimension extĂ©rieure de la coordinationet formule des orientations claires sur le rapport juridique entre le droit de lâUEet les accords bilatĂ©raux nationaux. Elle propose aussi divers moyens dâencoura-ger la coopĂ©ration entre les Etats membres en matiĂšre de coordination avec lespays tiers dans le domaine de la sĂ©curitĂ© sociale et insiste sur la nĂ©cessitĂ© de larenforcer pour ce qui est des accords bilatĂ©raux conclus avec ces pays. La com-munication appelle aussi Ă lâĂ©laboration dâune dĂ©marche commune Ă lâĂ©chellede lâUnion. Une proposition de dĂ©cision concrĂšte sâinscrit dans le cadre de lâac-cord dâassociation « entre la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne etMontĂ©nĂ©gro, Saint-Marin, lâAlbanie et la Turquie, en ce qui concerne les disposi-tions sur la coordination des systĂšmes de sĂ©curitĂ© sociale ».
Références :COM (2012) 153 et COM (2012) 152, 30 mars 2012.
4. LA VOIX DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES
4.1. ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL : PRISE DE DISTANCE A LâEGARD DU MODELE ALLEMANDDans un rapport publiĂ© le 24 janvier, lâOrganisation Internationale du TravailreconnaĂźt lâimportance du rĂŽle des stabilisateurs automatiques dans les premiĂš-res rĂ©ponses apportĂ©es notamment par les Ă©conomies avancĂ©es. Alors que lemodĂšle allemand est citĂ© comme le modĂšle Ă imiter dans la zone euro, lâOITestime que « La compĂ©titivitĂ© croissante des exportateurs allemands a de plusen plus Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme la cause structurelle des rĂ©centes difficultĂ©s queconnaĂźt la zone euro ». Selon lâOIT, « comme les coĂ»ts unitaires de main-dâĆuvreen Allemagne ont baissĂ© par rapport Ă ceux des concurrents durant la dĂ©cennieĂ©coulĂ©e, il en est rĂ©sultĂ© des pressions sur la croissance dans ces Ă©conomies,avec des consĂ©quences nĂ©fastes pour la viabilitĂ© des finances publiques ».
781
DIGEST EUROPEEN â DIGEST INTERNATIONAL
Europese-Digest-FR.qxp 26-11-2012 13:48 Page 781
MĂȘme si ces rĂ©formes avaient dĂ©butĂ© dĂšs lâan 2000, la responsabilitĂ© du gouver-nement Schröder (coalition entre le parti social-dĂ©mocrate et les verts) estĂ©pinglĂ©e : « ConsidĂ©rant que le chĂŽmage Ă©tait Ă©levĂ© et tenace, le gouvernementSchröder a engagĂ© une sĂ©rie de rĂ©formes du marchĂ© du travail Ă compter de2003, rĂ©duisant effectivement les salaires de dĂ©part au bas de lâĂ©chelle dumarchĂ© du travail ». La plupart des rĂ©formes menĂ©es dans le cadre de cette dĂ©va-luation interne, ont « principalement entraĂźnĂ© une dĂ©flation salariale dans lessecteurs des services, oĂč de nouveaux emplois, pour la plupart Ă bas salaires,sont apparus ».
RĂ©fĂ©rence :Tendances mondiales de lâemploi 2012. PrĂ©venir une aggravation de la crise delâemploi. OIT, 24 janvier 2012, p. 52.
4.2. LE FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL (FMI) PLAIDE POUR LE RELEVEMENT DE LâAGE DE DEPART A LA RETRAITEDans une Ă©tude publiĂ©e en avril 2012, le FMI considĂšre que « le risque de longĂ©-vitĂ© menace de saper la viabilitĂ© des finances publiques dans les annĂ©es etdĂ©cennies Ă venir, compliquant des efforts de rĂ©Ă©quilibrage de long terme enrĂ©action aux difficultĂ©s budgĂ©taires actuelles ». Le FMI plaide pour un relĂšve-ment de lâĂąge de dĂ©part Ă la retraite en raison du risque que la population viveplus que ce qui Ă©tait espĂ©rĂ©. Selon le FMI, il importe Ă©galement dâaccorder uneplus grande souplesse aux caisses de retraite : sâil nâest pas possible dâaccroĂźtreles cotisations ou de relever lâĂąge de la retraite, il pourrait ĂȘtre nĂ©cessaire derĂ©duire les prestations, cette troisiĂšme solution Ă©tant considĂ©rĂ©e comme Ă©tant« la plus difficile politiquement ».
Pour maĂźtriser le risque de longĂ©vitĂ©, le FMI recommande dâagir sur plusieursfronts : « PremiĂšrement, les Etats doivent reconnaĂźtre quâils doivent faire face Ă un risque considĂ©rable liĂ© Ă leurs rĂ©gimes de retraites Ă prestations dĂ©finies et Ă leurs dispositifs dâassurance-vieillesse. DeuxiĂšmement il faut rĂ©partir le risquede façon appropriĂ©e entre individus, gestionnaires des rĂ©gimes de retraite etEtat. TroisiĂšmement, les marchĂ©s de capitaux peuvent servir Ă transfĂ©rer le ris-que des caisses de retraite aux structures qui sont mieux Ă mĂȘme de le gĂ©rer. »
RĂ©fĂ©rence :« Rapport sur la stabilitĂ© financiĂšre dans le monde », Chapitre 4. Lâimpact finan-cier du risque de longĂ©vitĂ©. FMI, avril 2012 et El Pais, 11 avril 2012. http://eco-nomia.elpais.com/economia/2012/04/11/actualidad/1334133453_457282.html.
782
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Europese-Digest-FR.qxp 26-11-2012 13:48 Page 782
TABLE DES MATIERES
DIGEST EUROPEEN â DIGEST INTERNATIONAL
INTRODUCTION 775
1. LE DEBAT INSTITUTIONNEL 775
1.1. SEMESTRE EUROPEEN : PREMIER RAPPORT DâALERTE SUR LES DEFICITSMACRO-ECONOMIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 775
1.2. CONTRIBUTION DU CONSEIL EPSCO A LâEXAMEN ANNUEL DE LA CROISSANCE . . 776
1.3. LIVRE BLANC SUR LES RETRAITES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 778
1.4. SOMMET SOCIAL TRIPARTITE : NOUVEAU PROGRAMME DE TRAVAIL COMMUN DES PARTENAIRES SOCIAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 778
2. LA REVISION DES TRAITES 779
2.1. LE TRAITE MES ET LE TRAITE SCG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 779
2.2. CONSEIL EUROPEEN DE MARS 2012 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 780
3. LEGISLATION SOCIALE DE LâUE 780
3.1. DETACHEMENT DES TRAVAILLEURS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 780
3.2. DIMENSION EXTERIEURE DE LA COORDINATION EN MATIERE DE SECURITE SOCIALE 781
4. LA VOIX DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES 781
4.1. ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL : PRISE DE DISTANCE A LâEGARD DUMODELE ALLEMAND . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 781
4.2. LE FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL (FMI) PLAIDE POUR LE RELEVEMENT DELâAGE DE DEPART A LA RETRAITE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 782
783
DIGEST EUROPEEN â DIGEST INTERNATIONAL
Europese-Digest-FR.qxp 26-11-2012 13:48 Page 783
PRESENTATION DES LIVRES
PRESENTATION DE LA TROISIEME EDITION ENRICHIE DE LâOUVRAGE âLE PAYSAGE INFORMATIQUE DE LA SECURITE SOCIALE COMME METAPHORE?â 787
Pages grises FR-4-2011.qxp 26-11-2012 8:45 Page 3
PRESENTATION DE LA TROISIEME EDITIONENRICHIE DE LâOUVRAGE ââLE PAYSAGEINFORMATIQUE DE LA SECURITE SOCIALECOMME METAPHORE ?ââ
PAR ISABELLE BOYDENS
ChargĂ©e de cours Ă lâUniversitĂ© Libre de Bruxelles, Section Sciences et Technologies de lâInformationet de la Communication, et Consultant Ă la Section « Recherches » de Smals
Pierre Vandervorst, Le paysage informatique de la sécurité sociale commemétaphore?, troisiÚme édition enrichie, Bruxelles, Bruylant, 166 p. , 2011.
Le 16 dĂ©cembre 1944, avec « lâoffensive Von Rundstedt » commence la Bataille desArdennes, alors que « le plateau de Bastogne allait ĂȘtre le thĂ©Ăątre dâun choc desgĂ©ants » (1). Au mĂȘme moment, le Plan Achille Van Acker dĂ©fend lâ« ArrĂȘtĂ©-Loi surla SĂ©curitĂ© Sociale », prĂ©parĂ© pendant la guerre dans la clandestinitĂ©. Etape fondatri-ce de la sĂ©curitĂ© sociale belge, ce plan, visionnaire, prĂ©voit dâemblĂ©e le recours Ă lamĂ©canographie. La mĂȘme annĂ©e encore, aux Etats-Unis, la DĂ©claration de Philadel-phie redĂ©finit les buts et objectifs de lâOrganisation Internationale du Travail, entermes de justice sociale.
Plus de soixante annĂ©es sâĂ©coulent⊠Le 23 juin 2006, Pierre Vandervorst, Frank Rob-ben et Karel Baeck, respectivement administrateurs gĂ©nĂ©raux de lâOffice national desĂ©curitĂ© sociale (ONSS), de la Banque Carrefour de la SĂ©curitĂ© Sociale (BCSS) et delâOffice national de lâemploi (ONEM) se voient dĂ©cerner par lâO.N.U., en son siĂšgecentral Ă New York, un prix couronnant 15 annĂ©es dâefforts coordonnĂ©s dans ledomaine de lâ « e-government » en Belgique (2). En particulier, la Banque Carrefourde la SĂ©curitĂ© Sociale, rĂ©seau stellaire conçu et fondĂ© par Frank Robben en 1990, envue dâassurer lâĂ©change sĂ©curisĂ©, via une collecte unique, de sources authentiquesmodĂ©lisĂ©es (3), reçoit la distinction du « Public Service Award » dans la catĂ©gorie
(1) Vandervorst, P., Lieux, temps, talents et liens de mĂ©moireâŠ, in Vandervorst, P., Le paysage infor-matique de la sĂ©curitĂ© sociale comme mĂ©taphore ? (3Ăšme Ă©dition enrichie), Bruxelles, Bruylant, p.157 (note 3), 2011.(2) Vandervorst, P., Trou normand, in Les grandes Ă©tapes de lâinformatisation de la sĂ©curitĂ© socia-le, in Vandervorst, P., Op. cit., pp. 111-113.(3) Robben, F. et Maes, P., La Banque Carrefour de la SĂ©curitĂ© Sociale en 2004, in Revue Belge deSĂ©curitĂ© Sociale, n°1, pp. 147-176, 2004. Sur le parcours et les rĂ©alisations de Frank Robben, admi-nistrateur gĂ©nĂ©ral de la BCSS, administrateur gĂ©nĂ©ral de la plate-forme eHealth et administrateur dĂ©lĂ©-guĂ© en charge de la direction de Smals, voir : www.law.kuleuven.be/icri/frobben.
787
BOYDENS-FR.qxp 26-11-2012 8:43 Page 787
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 3e TRIMESTRE 2011
« Application of Information & Communication Technology (ICT) inGovernment : E-governement Category».
En quoi ces Ă©vĂ©nements, que sĂ©parent plusieurs dĂ©cennies, convergent-ils ? Quelsfurent le chemin parcouru, ses alĂ©as, ses rĂ©ussites ? Quelles sont les perspectives delâ « e-government » (4) au sein de la sĂ©curitĂ© sociale belge, Ă lâheure dâun « paysagebouleversĂ© oĂč le paradigme du travail en rĂ©seau lâemporte progressivement sur lemodĂšle pyramidal traditionnel en crise et nous conduit vers une « gestion enarchipel » (5) ⊠?
Face Ă ces questions, on lira avec grand intĂ©rĂȘt la troisiĂšme Ă©dition enrichie de lâou-vrage de Pierre Vandervorst, « Le paysage informatique de la sĂ©curitĂ© socialecomme mĂ©taphore ? ». Le texte principal de cette troisiĂšme Ă©dition est enrichi dequatre documents qui constituent la retranscription de discours rĂ©digĂ©s et pro-noncĂ©s par lâauteur, en tant quâacteur de certains Ă©vĂ©nements quâil dĂ©crit, lors demoments clĂ©s : le 60Ăšme anniversaire de lâONSS (6), le septantiĂšme anniversaire deSmals (7) et, enfin, Ă lâoccasion de la sĂ©ance dâhommage qui sâest tenue en son hon-neur Ă Bruges le 28 dĂ©cembre 2009, laquelle correspondait aussi au 65Ăšme anniver-saire du texte fondateur de la sĂ©curitĂ© sociale, lâarrĂȘtĂ©-loi 28 dĂ©cembre 1944 ou« Plan Van Acker » (8).
Lâouvrage est multidisciplinaire. Il croise, dans un effort de clarification rigoureux etaudacieux, Ă la fois le droit social, dont lâauteur, Professeur honoraire de la FacultĂ©de Droit et de Criminologie de lâUniversitĂ© Libre de Bruxelles, est un grand spĂ©cialis-te (9) et lâinformatique, que Pierre Vandervorst, Administrateur gĂ©nĂ©ral honoraire
(4) Lâ « e-government » dĂ©signe le recours aux technologies de lâinformation en vue de rendre lesprocessus de lâadministration publique plus performants et rentables. La dĂ©marche requiert une rĂ©or-ganisation permanente des institutions concernĂ©es et vise au dĂ©veloppement de nouveaux espacesdĂ©mocratiques entre services publics, citoyens, entreprises et acteurs privĂ©s. Assar, S., Boughzala, I.et Boydens, I., Back to Practice: a Decade of Research in Egovernment, in Assar, S., Boughzala, I. etBoydens, I., Ă©ds., Practical Studies in E-Government: Best Practices from Around the World, NewYork, Springer, pp. 1-12 (chapitre 1), 2011.(5) Vandervorst, P., Les grandes Ă©tapes de lâinformatisation de la sĂ©curitĂ© sociale, in Vandervorst,P., Op. cit., pp. 82-83. (6) Vandervorst, P., Les grandes Ă©tapes de lâinformatisation de la sĂ©curitĂ© sociale, in Vandervorst,P., Op. cit., pp. 81-114. Vandervorst, P., Faut-il prĂ©pensionner la sĂ©curitĂ© sociale ?, in Op. cit., pp.115-131.(7) Vandervorst, P., Du cochon de Chicago Ă la coccinnelle du Parc Monceau (ou de la « SociĂ©tĂ©provisoire » Ă lâ « Association incontournable »), in Vandervorst, P., Op. cit., pp. 135-152.(8) Vandervorst, P., Lieux, temps, talents et liens de mĂ©moireâŠ, in Vandervorst, P., Op. cit., pp. 155-159.(9) Voir, par exemple Vandervorst, P., Cent ans de droit social belge, Bruxelles, Bruylant, 1992 ouencore Vandervorst, P., Le cĆur dâhybride, in Revue Belge de SĂ©curitĂ© Sociale, n°2, pp. 313-362,2007 (que lâauteur a publiĂ© en guise de Conclusions gĂ©nĂ©rales aux XIXĂšmes JournĂ©es juridiques JeanDabin « Quel modĂšle de sĂ©curitĂ© sociale pour la Belgique de demain ? »). On peut notamment dĂ©ga-ger de ces travaux, comme du volume commentĂ© dans le prĂ©sent compte-rendu, une vision critiqueet cohĂ©rente de la sĂ©curitĂ© sociale modernisĂ©e, adaptĂ©e ou Ă adapter Ă son temps, en ce comprisesles contingences belgo-belges.
788
BOYDENS-FR.qxp 26-11-2012 8:43 Page 788
de lâONSS et PrĂ©sident du Conseil dâAdministration de Smals, nâa cessĂ© de cĂŽtoyeren tant quâhomme dâaction.
A travers un travail de mise en contexte historique selon trois axes (juridique et ins-titutionnel, technologique et, enfin, statutaire et organique), lâauteur retrace, encinq Ă©tapes, lâĂ©volution des rĂ©alisations dĂ©terminantes et conjointes de lâONSS, de laBCSS et de Smals. Il offre une place de marque Ă ce dernier acteur, souvent mainte-nu Ă lâombre des services dont il a contribuĂ© Ă la mise en Ćuvre opĂ©rationnelle.
Smals, dont les origines datent de 1939, avec la crĂ©ation de la sociĂ©tĂ© « Allocationsfamiliales â SociĂ©tĂ© de MĂ©canographie », conservait Ă lâorigine les donnĂ©es sur descartes perforĂ©es et des plaques adresses. CrĂ©Ă© en 1945, lâONSS devient son client,de mĂȘme que plus tard, lâI.N.A.M.I., en 1949 (10). BaptisĂ©e « SociĂ©tĂ© de MĂ©canogra-phie pour lâApplication des Lois Sociales â Maatschappij voor Mekanografie ter Toe-passing van de Sociale Wetten» (SmalS-MvM) en 1958, la sociĂ©tĂ© changera plusieursfois dâappellation et sâouvre progressivement Ă lâensemble de la sĂ©curitĂ© sociale etau secteur des soins de santĂ©. Son histoire reflĂšte les grandes Ă©volutions de lâinfor-matique et nâest pas en reste par rapport Ă ce quâon dĂ©nommera plus tard lâ « e-government ». En effet, si lâune des premiĂšres applications Ă grande Ă©chelle en lamatiĂšre fut lâusage des ordinateurs durant lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 1954 aux USA,Smals se lance dans lâacquisition de mainframes dĂšs les annĂ©es 1950. Connaissantune croissance continue en terme de personnel, la sociĂ©tĂ© vivra ensuite sur le plantechnique la dĂ©centralisation et le monde des PC dans les annĂ©es 1980 et se lanceradans les rĂ©seaux informatiques dans les annĂ©es 1990. A la mĂȘme Ă©poque, Smals sedote de personnel spĂ©cialisĂ© et dâun dĂ©partement de recherche opĂ©rationnel encoretrĂšs actif de nos jours. Lorsque lâon passe alors du « one way » au bidirectionnel,Smals produit pour lâONSS en 1999, avec lâapplication Dimona (DĂ©claration immĂ©-diate Ă lâembauche/Onmiddellijke aangifte van tewerkstelling), le premier site Webtransactionnel interactif au niveau de lâadministration fĂ©dĂ©rale belge. Le portail de lasĂ©curitĂ© sociale ne cesse de sâenrichir. A lâheure du « cloud computing », du Web2.0, de la personnalisation et des applications mobiles, Smals se voit dĂ©cerner en2011 deux e-Government Awards par Agoria, notamment pour le projetStudent@work de lâONSS (portail et application web pour les Ă©tudiants) (11).
Au-delĂ de lâeffort considĂ©rable de rigueur chronologique, lâouvrage revĂȘt le statutdâun tĂ©moignage historique, en ce sens quâil est Ă©crit par lâun des grands acteurs desĂ©vĂ©nements relatĂ©s : Pierre Vandervorst fut, par exemple, coprĂ©sident de la « Com-mission royale de la sĂ©curitĂ© sociale » dĂšs les annĂ©es 1980, laquelle prĂŽnait dĂ©jĂ lâinformatisation des flux de donnĂ©es entre parastataux sociaux.
(10) Vandervorst, P., Du cochon de Chicago Ă la coccinnelle du Parc Monceau (ou de la « SociĂ©tĂ©provisoire » Ă lâ « Association incontournable »), in Vandervorst, P., Le paysage informatique âŠ,pp. 135-152.(11) https://www.mysocialsecurity.be/student/fr/index.html.
789
PRESENTATION DE LA TROISIEME EDITION ENRICHIE DE LâOUVRAGE ââLE PAYSAGE INFORMATIQUE ...
BOYDENS-FR.qxp 26-11-2012 8:43 Page 789
TĂ©moin de nombreux faits Ă©voquĂ©s, lâauteur en est dâautant plus lucide : le regardcritique portĂ© sur les premiers pas de la DmfA (12) et sur les rĂ©alisations dâalors enest lâillustration. Les multiples invitations Ă une remise en question permanente envue dâun service toujours plus performant vont Ă©galement dans ce sens. La fracturenumĂ©rique et sociale constitue ainsi lâune des prĂ©occupations importantes de lâau-teur. Câest dans cet esprit que Pierre Vandervorst Ă©voque lâouvrage dâAlain Supiot,comme lui spĂ©cialiste en matiĂšre de droit du travail et adepte des approches trans-disciplinaires, rappelant les idĂ©aux de justice sociale de la DĂ©claration de Philadel-phie (13).
De fait, les dĂ©fis Ă relever restent nombreux. En raison de ses objectifs stratĂ©giques,Smals doit Ă la fois ĂȘtre Ă lâavant-garde sur les plans technologiques et organisation-nels, tout en restant critique face aux innovations purement marketing. La sĂ©curitĂ©de lâinformation, la simplification des Ă©changes, le principe de lâidentificationunique Ă travers chaque source authentique, la qualitĂ© des donnĂ©es (14), la diminu-tion de la redondance en vue dâoffrir Ă tous les interlocuteurs concernĂ©s (citoyens,employeurs, entreprises, secteurs privĂ©s, autres administrations) un « ROI » en termefinancier mais aussi en terme de service et de justice sociale : tels sont les « fonda-mentaux » de la sociĂ©tĂ©. Câest dans cet esprit quâelle collabore avec ses partenairesau plan rĂ©gional et au plan fĂ©dĂ©ral, comme avec Fedict (15).
Nul ne peut introduire lâouvrage de Pierre Vandervorst, sans Ă©voquer le style inimi-table qui le caractĂ©rise. Au prix dâun travail dâinvestigation et dâune rigueur dâanaly-se « en amont » quâil convient de saluer, lâauteur relate les Ă©vĂ©nements avec uneclartĂ© remarquable. Tout en faisant Ćuvre de structuration pĂ©dagogue, il illustre parailleurs son propos de poĂ©sie et dâĂ©rudition, comme en tĂ©moignent les nombreusesnotes de bas de page et les citations, qui sont autant dâinvitations humanistes auquestionnement intĂ©rieur.
Le titre de lâouvrage reflĂšte Ă merveille cette dĂ©marche qui touche autant Ă la formequâau fond. Lâinformatisation de la sĂ©curitĂ© sociale se transforme avec lâobjet quâellereconstruit sans cesse, tel un paysage changeant, au grĂ© de lâhistoire quâelle dessineet qui la dessine. En ce sens, de par son caractĂšre profondĂ©ment historique, adjectifdont lâĂ©tymologie grecque « » renvoie Ă la notion de sagesse, le livre de PierreVandervorst est autant un ouvrage de rĂ©flexion quâun instrument dâaction.
(12) DĂ©claration multifonctionnelle des rĂ©munĂ©rations et prestations des travailleurs pour lâensembledes employeurs occupant du personnel, le trafic sâeffectuant uniquement par voie Ă©lectronique. Miseen production en avril 2003, lâapplication est gĂ©rĂ©e par Smals pour le compte de lâONSS Vandervorst,P., Op. cit., pp. 71-77 (complĂ©ment). (13) Supiot, A., Lâesprit de Philadelphie, la justice sociale face au marchĂ© total, Paris, seuil, 2010.Lâouvrage est Ă©voquĂ© dans Vandervorst, P., Lieux, temps, talents et liens de mĂ©moireâŠ, in Vander-vorst, P., Op. cit., p. 156 (note 2) et p. 158 (note 7).(14) Boydens, I., Strategic Issues Relating to Data Quality for E-government: Learning from anApproach Adopted in Belgium, in Assar, S., Boughzala, I. et Boydens, I., Ă©ds., Practical Studies in E-Government: Best Practices from Around the World, New York, Springer, pp. 113-130 (chapitre 7) ,2011. Voir aussi lâouvrage fondateur de lâauteur sur le sujet: Boydens, I., Informatique, normes ettemps, Bruxelles, Bruylant, 1999.(15) Service Public FĂ©dĂ©ral Technologie de lâInformation et de la Communication crĂ©Ă© en mai 2001.http://www.fedict.belgium.be/fr/790
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
BOYDENS-FR.qxp 26-11-2012 8:43 Page 790
OPINION
LA SECURITE SOCIALE ET SES FINANCES 793
Pages grises FR-4-2011.qxp 26-11-2012 8:45 Page 4
LA SECURITE SOCIALE ET SES FINANCES
PAR JEF MAES
Directeur service dâĂ©tudes sociales ABVV
Selon les hommes politiques de droite et les commentateurs, la hausse des dépensesde la sécurité sociale et du financement alternatif prélevé sur les finances publiquescreuse les déficits budgétaires du gouvernement fédéral.
Il est tout simplement curieux de voir sâinstaller une telle contrevĂ©ritĂ© sans mĂȘmequâelle ne fasse lâobjet de contradiction.
Ci-dessous, au tableau 1, vous pourrez lire Ă quoi correspondent les vĂ©ritablesdĂ©penses (en pourcentage de notre richesse nationale) dans le rĂ©gime des tra-vailleurs salariĂ©s de la sĂ©curitĂ© sociale.JusquâĂ peu avant, la survenance de la crise, les dĂ©penses dĂ©volues aux allocationssociales ont affichĂ© une courbe descendante.
TABLEAU 1 : DEPENSES SOUS FORME DâALLOCATIONS SOCIALES EN % DU PIB
Si, en outre, nous dĂ©duisons les dĂ©penses â qui, au cours des dĂ©cennies Ă©coulĂ©esont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©es pour ĂȘtre imputĂ©es Ă la sĂ©curitĂ© sociale des travailleurs salariĂ©s âdes budgets engagĂ©s pour le crĂ©dit-temps, les titres-service, la rĂ©forme de la police,les dĂ©penses de santĂ© pour les non-salariĂ©s, etc. (voir ci-dessus), nous observons enrĂ©alitĂ© une baisse trĂšs sĂ©vĂšre des dĂ©penses de sĂ©curitĂ© sociale.
1. LâETAT NE CONTRIBUE-T-IL VRAIMENT PAS PLUS ?
A premiĂšre vue, ils ont raison : la sĂ©curitĂ© sociale perçoit aujourdâhui quelque 13 mil-liards dâEUR en tant que financement alternatif (2).
(1) Comité de gestion de la sécurité sociale, Estimation pluriannuelle, 30 septembre 2011, tableauxde synthÚse.(2) Comité de gestion de la sécurité sociale, Quarante-deuxiÚme rapport au gouvernement, 30 sep-tembre 2011, p. 40.
793
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2008 2010 2012
Allocations sociales 12,7 13,3 11,5 11,6 10,6 11,6 10,6 10,7 10,7
Dépenses de santé 3,5 3,8 4,0 4,6 4,8 5,3 5,3 6,1 6,2
Total 16,2 17,1 15,5 16,2 15,4 16,9 15,5 16,8 16,91
Jef Maes - Social Financial-FR-DL.qxp 26-11-2012 8:48 Page 793
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Toutefois, celui qui creuse plus profondĂ©ment constate que le gouvernement fĂ©dĂ©-ral contribue moins Ă la sĂ©curitĂ© sociale quâil ne lâa jamais fait.
Depuis la naissance de notre systĂšme lĂ©gal de sĂ©curitĂ© sociale aprĂšs la deuxiĂšme guerremondiale, le gouvernement a quasiment toujours contribuĂ© Ă hauteur de25 %.Dans le passĂ©, cet apport dâargent public Ă©tait calculĂ© correctement. Un calcul de cequi revenait directement aux travailleurs salariĂ©s Ă©tait Ă©tabli prĂ©cisĂ©ment pourchaque branche. Ce mĂȘme calcul tenait compte de ce qui Ă©tait payĂ© Ă partir desrecettes des cotisations sociales et de ce qui relevait de la âsolidaritĂ©â. Dans ce der-nier cas, il sâagissait de frais qui Ă©taient imposĂ©s au rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s enfaveur des catĂ©gories qui, nâayant pas travaillĂ©, nâavaient pas payĂ© de cotisationssociales. Par exemple, cela concernait le coĂ»t des allocations familiales ou de laretraite garanties, voire des allocations dâattente de ceux qui quittaient lâĂ©cole, ouencore de prestations de maladie pour les personnes non assurĂ©es. Les coĂ»ts de cetype de dĂ©penses Ă©taient avec prĂ©cision calculĂ©s et directement versĂ©s par le gou-vernement aux secteurs concernĂ©s.
Depuis la crise (pĂ©troliĂšre) de 1974, les choses ont commencĂ© Ă mal tourner. LechĂŽmage, en constante augmentation a rĂ©duit les recettes et accru les dĂ©penses.MalgrĂ© des Ă©conomies drastiques dans les annĂ©esâ 80, le gouvernement devait sanscesse verser des sommes plus importantes.
Câest devenu problĂ©matique au moment oĂč il a fallu rĂ©pondre aux ânormes de Maas-trichtâ, pour pouvoir accĂ©der Ă lâeurozone.
Câest pour cela quâau dĂ©but des annĂ©es â90, Dehaene a sorti un as de sa manche (3).ïżœ Les subventions de lâEtat en faveur de la sĂ©curitĂ© sociale sont bloquĂ©es au mon-
tant nominal de 192 milliards de BEF. Ce montant nâa mĂȘme pas Ă©tĂ© indexĂ©. Lors des annĂ©es oĂč le budget de la sĂ©curitĂ© sociale Ă©tait excĂ©dentaire, lâon ne versait que ce qui Ă©tait nĂ©cessaire pour maintenir le budget en Ă©quilibre. Câest ainsi que 25 milliards ont disparu dans les poches du gouvernement. Lors des annĂ©es oĂč le budget Ă©tait dĂ©ficitaire, il fallait dĂ©sormais Ă©conomiser ou crĂ©er de nouvelles recettes.Bien quâultĂ©rieurement, cette somme ait Ă©tĂ© effectivement indexĂ©e, cette subven-tion nâa jamais Ă©tĂ© vĂ©ritablement adaptĂ©e Ă lâaugmentation rĂ©elle de la prospĂ©ritĂ© moyenne ou du PIB. Au dĂ©but des annĂ©es â80, lâintervention de lâEtat sâĂ©levait Ă 8 % du PIB, par contre, en 1995, ce pourcentage avait Ă©tĂ© ramenĂ© Ă 3 %.Aujourdâhui, lâaide rĂ©elle de lâEtat au rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s est de 6 mil-liards dâEUR, ce qui reprĂ©sente moins de 10 % des dĂ©penses totales et moins de2 % du PIB.
(3) Les moyens de financement et la gestion globale de la sécurité sociale du systÚme général des tra-vailleurs salariés, Luc Buffel, Documentatieblad ministerie van Financiën (Feuille documentairedu MinistÚre des Finances), n° 6, décembre 1995.
794
Jef Maes - Social Financial-FR-DL.qxp 26-11-2012 8:48 Page 794
ïżœ Pour couvrir les dĂ©ficits ainsi crĂ©Ă©s dans la sĂ©curitĂ© sociale, lâon inventa lefinancement alternatif : des accises plus Ă©levĂ©es furent introduites, ainsi
quâune cotisation gĂ©nĂ©ralisĂ©e de crise, une augmentation des impĂŽts sur les patrimoines mobiliers et immobiliers ⊠Depuis 1995, tout ceci est converti en un pourcentage des recettes de TVA, ce qui nâest que technique. En effet, la TVA nâaugmente pas automatiquement Ă chaque majoration du finance-ment alternatif. Chaque fois, il nâest seulement versĂ© quâune plus grande part des recettes de TVA existantes Ă la sĂ©curitĂ© sociale (4).
Bien quâune grande part de ces recettes alternatives ait Ă©tĂ© ponctionnĂ©e chez lapopulation laborieuse, cette opĂ©ration a fait malgrĂ© tout naĂźtre lâillusion que le gou-vernement contribuait toujours plus Ă ce financement alternatif.
ParallĂšlement, le gouvernement sâest ingĂ©niĂ© Ă adresser toujours un plus grandnombre de dĂ©bours, que jusquâĂ prĂ©sent il honorait lui-mĂȘme, Ă la sĂ©curitĂ© sociale.
En vĂ©ritĂ©, le montant astronomique de 13 milliards dâEUR en guise dâactuelfinancement alternatif, sur lequel tout le monde sâaveugle, suffit Ă peine Ă couvrir les coĂ»ts qui ont Ă©tĂ© reportĂ©s sur le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s.
2. A QUOI SERT REELLEMENT CE FINANCEMENT ALTERNATIF ? (5)
2.1. COMPENSATION DES DIMINUTIONS DE COTISATIONSAuparavant, la politique de lâemploi Ă©tait financĂ©e par le gouvernement lui-mĂȘme.Ce faisant, les rĂ©gions obtenaient des âdroits de tirageâ en provenance directe dubudget fĂ©dĂ©ral qui leur permettaient de financer les projets du Cadre TemporaireSpĂ©cial (CTS), le TroisiĂšme circuit de travail (TCT), les Agents contractuels subven-tionnĂ©s (ACS), les chĂŽmeurs mis au travail, etc. Chaque ministre a ainsi lancĂ© sonprojet, au dĂ©part de sa propre cassette. De ce fait, on procĂ©dait Ă la crĂ©ation directedâemplois dans les secteurs non marchand et public.
Une fois ces budgets Ă©puisĂ©s, le gouvernement a cependant commencĂ© Ă faire glis-ser les factures de son budget vers âle grand pot de la sĂ©curitĂ© socialeâ. Sous lâin-fluence de lâidĂ©ologie libĂ©rale, dĂ©sormais, le secteur privĂ© devait Ă©galement prendreen charge des emplois supplĂ©mentaires via des rĂ©ductions de cotisations incondi-tionnelles linĂ©aires pour les entreprises. Le financement Ă©tait alors considĂ©rĂ©
(4) Overzicht van de alternatieve financiering aan de sociale zekerheid (Aperçu du financementalternatif de la sĂ©curitĂ© sociale), Annemie Meurs, 15 septembre 2009.(5) Rapport du groupe de travail âSimplification du financement alternatifâ, ComitĂ© de gestion de lasĂ©curitĂ© sociale, 9 juillet 2010.
795
LA SECURITE SOCIALE ET SES FINANCES
Jef Maes - Social Financial-FR-DL.qxp 26-11-2012 8:48 Page 795
comme un souci dont le gouvernement devrait sâoccuper plus tard, surtout lorsquâilest apparu que de ce fait la sĂ©curitĂ© sociale Ă©tait confrontĂ©e Ă des dĂ©ficits impor-tants.
Avant 1994, il sâagissait de moins de 0,5 milliard dâEUR, ultĂ©rieurement, les mon-tants ont fortement augmentĂ© en suivant une courbe raide, surtout sous les gouver-nements violets. Entre 1999 et 2005, les employeurs auront bĂ©nĂ©ficiĂ© de 3,15 mil-liards dâEUR de diminutions de cotisations supplĂ©mentaires (de 1,93 milliard Ă 5,08), ce qui reprĂ©sente une augmentation de 156 % !
TABLEAU 2 : DIMINUTIONS DE COTISATIONS ET FINANCEMENT ALTERNATIF EN MILLIARDS DâEUR â PERIODE 1993-2010
Il sâagit aujourdâhui de 5,5 milliards dâ EUR de rĂ©ductions des charges patronales, etde 700 millions dâEUR de diminutions des cotisations personnelles pour bas salaires(le âbonus Ă lâemploiâ).
Lâaugmentation en net des bas salaires par le biais de la sĂ©curitĂ© sociale est, une foisencore, une histoire Ă©clairante. Etant donnĂ© surtout le niveau Ă©levĂ© des impĂŽts surles bas salaires, les partenaires sociaux avaient demandĂ© dans un accord interprofes-sionnel de diminuer les impĂŽts pour cette catĂ©gorie. MalgrĂ© les protestations despartenaires sociaux, le gouvernement a dĂ©cidĂ© de procĂ©der quand mĂȘme Ă cetteopĂ©ration via une diminution des cotisations personnelles, autrement dit, dâutiliserĂ©galement la sĂ©curitĂ© sociale pour augmenter le pouvoir dâachat.
A ce moment-lĂ , les partenaires sociaux exigeaient encore de concert que ces rĂ©duc-tions de recettes soient compensĂ©es dans le cadre du financement alternatif. Dans letableau ci-dessus, nous pouvons observer que lâaugmentation du financement alterna-tif a principalement servi Ă compenser les rĂ©ductions de cotisations. Aujourdâhui, ceconsensus entre partenaires sociaux nâest cependant plus dâactualitĂ©.
796
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
1993 1994 1995 1996 1997 1998
Dimin. de cotisations 0,54 0,96 1,15 1,41 1,38 1,67
Financement alternatif 0,16 1,83 2,03 2,48 2,82 2,82
1999 2000 2001 2002 2003 2004
Dimin. de cotisations 1,93 2,55 3,47 3,57 3,82 4,41
Financement alternatif 3,17 3,54 4,19 4,26 4,44 6,27
2005 2006 2007 2008 2009 2010
Dimin. de cotisations 5,08 5,61 6,12 6,3 6,3 6,2
Financement alternatif 6,84 7,71 8,61 9,5 9,3 10,6
Jef Maes - Social Financial-FR-DL.qxp 26-11-2012 8:48 Page 796
2.2. UN GROS PAQUET DâAUTRES âINITIATIVES EN MATIERE DâEMPLOIâ FUT TRANS-FERE A LA SECURITE SOCIALE (6)En outre, la sĂ©curitĂ© sociale est souvent victime du fait que ses parastataux avec leurgestion paritaire travaillent mieux que les ministĂšres.
Par exemple, le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s paye toutes les mesures en faveur delâemploi par lâintermĂ©diaire de lâONEm.
Les titres-services utilisables par tous les particuliers sont exclusivement payĂ©s par lerĂ©gime des travailleurs salariĂ©s. Entre-temps, ils coĂ»tent dĂ©jĂ plus dâ1 milliard dâEURet le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s ne perçoit pour cela quâĂ peine 650 millionssous forme de financement alternatif.
En 1997, le gouvernement Dehaene avait fait glisser le coĂ»t de lâinterruption de car-riĂšre et du crĂ©dit-temps du ministĂšre vers la sĂ©curitĂ© sociale, avec pour argument:âcela ne coĂ»te rien Ă la sĂ©curitĂ© sociale, car ces personnes sont remplacĂ©es par unchĂŽmeur. Aussi, la sĂ©curitĂ© sociale a obtenu 182 millions dâ EUR.
En 2004, le gouvernement supprimait lâobligation de remplacement pour lâinterrup-tion de carriĂšre et le crĂ©dit-temps. Entre-temps, le coĂ»t de ces systĂšmes avoisine lemilliard dâEUR.
Il en va de mĂȘme pour le coĂ»t des cellules Ă lâemploi, des ALE, les contrats de pre-miĂšre embauche du secteur public, des contrats de sĂ©curitĂ© pour les communes, duCongĂ© Education Payé⊠tout ce qui Ă©tait auparavant payĂ© par le ministĂšre de lâEm-ploi, lâest aujourdâhui par la sĂ©curitĂ© sociale, via lâONEm.
Pour âlâactivationâ (= maintien des allocations de chĂŽmage en pĂ©riode dâoccupa-tion), nous payons 300 millions dâEUR, sans la moindre compensation.
Dans leur rapport numĂ©ro 66 sur le financement de la sĂ©curitĂ© sociale, les partenairessociaux Ă©taient parvenus Ă la conclusion suivante (7) : âEn outre, la croissancedes dĂ©penses est Ă©galement due Ă lâextension des tĂąches de lâONEm, qui ne prendpas uniquement en charge le paiement des allocations de chĂŽmage au sens strict,mais aussi toutes sortes dâautres allocations ; par ex. le crĂ©dit-temps et lâinterruptionde carriĂšre (rĂ©cemment imputĂ©s par les autoritĂ©s Ă la sĂ©curitĂ© sociale, y comprispour leurs fonctionnaires), les parents dâaccueil et diverses mesures en faveur delâemploi.Lâon peut dire de maniĂšre gĂ©nĂ©rale que le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s doitprendre en charge de plus en plus de âdĂ©penses de solidaritĂ©â, qui ne sont
(6) Rapport du groupe de travail âSimplification du financement alternatifâ, ComitĂ© de gestion de lasĂ©curitĂ© sociale, 9 juillet 2010.(7) Conseil National du Travail, Rapport n° 66, 12 juillet 2005.
797
LA SECURITE SOCIALE ET SES FINANCES
Jef Maes - Social Financial-FR-DL.qxp 26-11-2012 8:48 Page 797
798
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
pas ou que partiellement couvertes par des cotisations. Le coĂ»t de la âsolidaritĂ©âsâĂ©lĂšve Ă plus de 50 %. Les partenaires sociaux ont pourtant mis en garde contre lesurcoĂ»t de telles prises en charge dans de nombreux avis et rapports du CNT et ducomitĂ© de gestion de la sĂ©curitĂ© sociale.â (8)En rĂ©alitĂ©, le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s paye la totalitĂ© de la politique de lâem-ploi. Alors quâil sâagit dâune responsabilitĂ© de toute la population et que par consĂ©-quent cela devrait ĂȘtre financĂ© par de lâargent public.
2.3. FINANCEMENT DES DEPENSES DE SANTEPour le financement de la croissance des dĂ©penses de santĂ©, nous recevons quasi-ment 6 milliards dâEUR de financement alternatif.
Depuis 2004, le gouvernement ne rembourse plus la facture des hĂŽpitaux. Il met ceposte Ă charge de la sĂ©curitĂ© sociale et compense cette opĂ©ration par un finance-ment alternatif supplĂ©mentaire de 1,6 milliard dâEUR.
Lâaugmentation de la norme de croissance rĂ©elle des dĂ©penses de santĂ© de 2,5 jus-quâĂ 4,5 % a Ă©galement Ă©tĂ© une dĂ©cision politique, et une petite partie seulement dece coĂ»t a Ă©galement Ă©tĂ© compensĂ©e (715 millions dâEUR).
A la suite dâun nouveau mĂ©canisme de financement introduit dans le cadre du pactedes gĂ©nĂ©rations, nous obtenons 3,5 milliards dâEUR.
Depuis le 1/1/2008, les soins de santĂ© sont universels : tous les Belges ont dĂ©sormaisdroit Ă tous points de vue Ă la mĂȘme assurance-santĂ© lĂ©gale.
Mais la facture continue encore et toujours Ă ĂȘtre payĂ©e Ă raison de 91 % unique-ment par les travailleurs salariĂ©s.Cela est dĂ» au fait que prĂ©cĂ©demment, le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s sâavĂ©raitplus avantageux que le rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants, qui ne prĂ©voyait aucunremboursement des petits risques (visite mĂ©dicale, dentiste, mĂ©dicaments). Câestpourquoi la majoritĂ© des Belges Ă©taient systĂ©matiquement couverts par le rĂ©gimedes travailleurs salariĂ©s : les non assurĂ©s (p. ex. les minimexĂ©s qui doivent vivre aveclâaide du CPAS), les enfants des mĂ©nages dont un partenaire est travailleur salariĂ© etlâautre indĂ©pendant, et mĂȘme les indĂ©pendants qui ne dĂ©claraient quâun faible reve-nu. Ceci a Ă©tĂ© un long processus qui est Ă©galement liĂ© Ă la prĂ©sence de plus en plusmassive des femmes sur le marchĂ© du travail.
Jadis, lâhomme Ă©tait gĂ©nĂ©ralement le seul Ă travailler et, sâil Ă©tait indĂ©pendant, toutela famille Ă©tait couverte par le rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants. Aujourdâhui, il-est trĂšs rare de trouver encore une famille dont les deux partenaires sont indĂ©pen-
(8) Conseil National du Travail, Rapport n° 66, 12 juillet 2005.
Jef Maes - Social Financial-FR-DL.qxp 26-11-2012 8:48 Page 798
dants Ă temps plein. Aussi, il suffisait que lâun des deux partenaires ait un 1/3 dâho-raire au titre de travailleur salariĂ© pour que tous les enfants (et Ă©ventuellement aussilâindĂ©pendant ayant un faible revenu) soient Ă charge du rĂ©gime des travailleurs sala-riĂ©s. Ainsi le nombre de personnes inscrites dans le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s aĂ©voluĂ© de 9 millions en 1998 Ă plus de 9,5 millions. Chez les indĂ©pendants, durant lamĂȘme pĂ©riode, le nombre diminuait de 1,1 million Ă 994.000.
Autrement dit, chaque travailleur salariĂ© actif doit payer les dĂ©penses de santĂ© dâenmoyenne 1,8 autre Belge, alors que chaque travailleur indĂ©pendant actif paye lesdĂ©penses de santĂ© de 0,6 autre Belge. De cette façon, les 3,4 millions de salariĂ©sdevaient payer une solidaritĂ© trois fois plus chĂšre que les 640.000 indĂ©pendantsactifs au titre principal. (9)
Si la facture des dĂ©penses de santĂ© venait Ă ĂȘtre rĂ©partie correctement, selon lenombre de personnes actives dans chaque rĂ©gime, le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©sdevrait payer 2 milliards dâEUR de moins. Or, Ă cet Ă©gard, aucune compensationnâest versĂ©e !
Par ailleurs, les dĂ©penses de santĂ© augmentent aussi nettement plus que cellesdâautres secteurs. En 1980, les dĂ©penses de santĂ© sâĂ©levaient Ă 22 % de la totalitĂ© desdĂ©penses de la sĂ©curitĂ© sociale, aujourdâhui, elles atteignent 37 %.
Le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s nâest pas loin de sâeffondrer sous ce fardeau dedĂ©penses. Ceci fait penser Ă âlâoeuf de coucouâ : le secteur des soins de santĂ© aaspirĂ© toutes les marges de la sĂ©curitĂ© sociale.
DĂšs 2005 les partenaires sociaux concluent Ă lâunanimitĂ© : âEn 1980, cela reprĂ©sen-tait encore moins dâun quart des dĂ©penses, contre 35 % Ă lâheure actuelle. Cela estdĂ», dâune part, au fait que la croissance des dĂ©penses de santĂ© a Ă©tĂ© supĂ©rieure Ă celle du PIB au cours des derniĂšres dĂ©cennies et, dâautre part, au fait que les auto-ritĂ©s ont imputĂ© un nombre accru de bĂ©nĂ©ficiaires au rĂ©gime des travailleurssalariĂ©s. Ce rĂ©gime dĂ©bourse 94 % des dĂ©penses de santĂ© belges et couvre la tota-litĂ© de la population (9,4 millions dâhabitants).Les partenaires sociaux ont dĂ©jĂ indiquĂ© Ă plusieurs reprises quâil nâĂ©tait pas pos-sible de payer lâaugmentation des dĂ©penses de santĂ© uniquement par le biais decotisations sociales sur les salaires dans le secteur privĂ©.â (10)
Câest pourquoi lâABVV a fait ses calculs et proposĂ© une solution alternative pourle 1er mai 2005 :
ïżœ la hausse des dĂ©penses de santĂ© supĂ©rieure Ă la hausse des recettes des coti-sations sociales serait dĂ©sormais assumĂ©e par lâEtat ;
(9) INAMI, nombre de membres de lâAssurance maladie-invaliditĂ© au 31 dĂ©cembre de chaque annĂ©e.(10) Conseil National du Travail, Rapport n° 66, 12 juillet 2005, conclusion.
799
LA SECURITE SOCIALE ET SES FINANCES
Jef Maes - Social Financial-FR-DL.qxp 26-11-2012 8:48 Page 799
ïżœ et puisque le systĂšme de santĂ© en Belgique est universel, lâargent Ă cet effet serait collectĂ© par une Cotisation Sociale GĂ©nĂ©ralisĂ©e sur tous les types de revenus.
La premiĂšre proposition dĂ©jĂ introduite en catimini reprĂ©sente un financement alter-natif de 2 milliards en 2010 et de 3,5 milliards dâEUR en 2011.Le gouvernement a cependant omis de prĂ©voir les nouvelles recettes nĂ©cessairespour cette dĂ©pense supplĂ©mentaire. Lâintroduction dâune nouvelle Cotisation Socia-le GĂ©nĂ©ralisĂ©e a Ă©tĂ© jugĂ©e impopulaire par un grand nombre dâhommes politiques.MĂȘme sâil ressort de plusieurs Ă©tudes du Bureau du Plan que câest la meilleuremĂ©thode pour refinancer la sĂ©curitĂ© sociale.
2.4. UN GRAND NOMBRE DâAUTRES âOEUFS DE COUCOUâLâactuelle ministre des Affaires sociales, Laurette Onkelinx, est la seule Ă ne passâĂȘtre rendue coupable du report de factures sur dâautres instances.
Certains dossiers de ses prĂ©dĂ©cesseurs sont extrĂȘmement graves et ont Ă©tĂ© intro-duits malgrĂ© un avis nĂ©gatif unanime des partenaires sociaux.
Ainsi, Ă un moment, il est apparu que la rĂ©forme des zones de police coĂ»tait nette-ment plus quâinitialement prĂ©vu. MalgrĂ© la protestation unanime des partenairessociaux, le gouvernement reporta sur le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s une partiede ce coĂ»t. Selon la Cour des Comptes, ceci revient Ă 33 millions Ă charge de lasĂ©curitĂ© sociale, qui ne reçoit comme compensation que 10 millions dans le cadredu financement alternatif.
Lorsque plusieurs institutions qui, en conformitĂ© avec les lois institutionnelles denotre pays, Ă©taient financĂ©es par les rĂ©gions se sont retrouvĂ©es sans argent, le gou-vernement sâest empressĂ© dâintroduire le âmaribel scientifiqueâ, qui nâest riendâautre que le faux nez dâune subvention. CoĂ»t : 34 millions dâEUR.Pour les allocations familiales se pose le mĂȘme problĂšme en matiĂšre de rĂ©partitionde la facture entre rĂ©gime des travailleurs indĂ©pendants et celui des salariĂ©s quedans le secteur des soins de santĂ© : en effet, les enfants sont automatiquement cou-verts par le rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s dĂšs quâun des partenaires travaille Ă mi-temps comme salariĂ©. Selon lâoffice National des Allocations Familiales, nousdevrions payer 280 millions dâEUR de moins dans lâhypothĂšse dâune ventilationcorrecte de la facture pour les mĂ©nages mixtes.
Parfois il sâagit aussi de dĂ©penses plus bĂ©nignes, tantĂŽt justifiĂ©es, tantĂŽt absolument pas.
Voici encore quelques exemples : lâactualisation des stocks par les diamantaires (16millions dâEUR), aide Ă la maternitĂ© pour les indĂ©pendants, compensation pour laprotection sociale des secteurs agricole et horticole (24 millions dâEUR), âŠ
800
REVUE BELGE DE SECURITE SOCIALE - 4e TRIMESTRE 2011
Jef Maes - Social Financial-FR-DL.qxp 26-11-2012 8:48 Page 800
Que penser, par exemple, du fait que la sĂ©curitĂ© sociale doit subventionner dessportifs professionnels bĂ©nĂ©ficiant dâune rĂ©munĂ©ration impĂ©riale ?Dirar, Boussoufa, Defour, Vossen ⊠pour la sĂ©curitĂ© sociale, leurs employeurs nepayent que sur la base dâun salaire minimum, afin que les cotisations sociales nesoient pas trop Ă©levĂ©es, alors que la couverture sociale est complĂšte (soins de santĂ©,allocations familiales) ou toutefois supĂ©rieure en proportion (pension, indemnitĂ© demaladie) ; le tout naturellement complĂ©tĂ© dâune assurance privĂ©e.
Lorsque nous faisons le compte de toutes ces factures, nous arrivons Ă un montant quiest supĂ©rieur au montant du financement alternatif que perçoit le rĂ©gime des tra-vailleurs salariĂ©s.DĂšs lors, nous pouvons conclure que le financement alternatif structurel nâest en rĂ©al-itĂ© pas une aide gouvernementale au rĂ©gime des travailleurs salariĂ©s, mais, au contraire,une compensation (trop peu Ă©levĂ©e) pour les dĂ©penses qui ont Ă©tĂ©, de maniĂšre inap-propriĂ©e, volontairement imputĂ©es Ă la sĂ©curitĂ© sociale.
Ceci a Ă©tĂ© souscrit par les conclusions unanimes des partenaires sociaux dans le rap-port du CNT numĂ©ro 66 sur le financement de la sĂ©curitĂ© sociale : âLâimportance delâintervention de lâEtat est tombĂ©e de 35 % en 1980 Ă 11,1 % en 2005. Les recettesprovenant du financement alternatif, introduit au dĂ©but des annĂ©es â90, sontpassĂ©es Ă 14 % des recettes totales. A partir de 2004, les recettes Ă©manant dufinancement alternatif (6,7 milliards dâeuros en 2005) sont plus que suffisantespour compenser les rĂ©ductions de cotisations (5,1 milliards dâeuros), mais tou-jours insuffisantes pour compenser la rĂ©duction de lâintervention de lâEtat et laforte augmentation des dĂ©penses de santĂ©.â (11)
3. LA CRISE BANCAIRE
La spĂ©culation et lâaviditĂ© monĂ©taire des banquiers ont cependant Ă©tĂ© Ă lâorigine, Ă lafin de 2008, dâune crise sans pareil depuis les annĂ©es â30.
De plus, le gouvernement a adoptĂ© â Ă juste titre â un ensemble de mesures anticri-se : par exemple, la prime de crise et lâaugmentation des allocations pour le chĂŽma-ge temporaire, qui coĂ»tent trĂšs cher et nâont pas Ă©tĂ© compensĂ©es par le finance-ment alternatif.
Afin de compenser le dĂ©ficit budgĂ©taire qui en a rĂ©sultĂ©, le gouvernement a dĂ©cidĂ©de procĂ©der Ă un financement alternatif supplĂ©mentaire pour 2010 et 2011⊠Mais les consĂ©quences de la crise se font toujours sentir en 2012. Câest pour cetteraison que la projection budgĂ©taire pluriannuelle de lâONSS prĂ©voit aussi encore undĂ©ficit de 4 milliards dâEUR en 2012. Le gouvernement doit encore fixer de quellemaniĂšre sera effacĂ© ce dĂ©ficit. Câest pourquoi les choix quâil entĂ©rinera sont dâune sigrande importance !
(Traduction)
(11) Conseil National du Travail, Rapport n° 66, 12 juillet 2005.801
LA SECURITE SOCIALE ET SES FINANCES
Jef Maes - Social Financial-FR-DL.qxp 26-11-2012 8:48 Page 801
PRIX
Le numéroEn Belgique ..........................25,00 EURA l'étranger ...........................34,00 EUR
L'abonnement annuel (4 numéros)En Belgique ........................100,00 EURA l'étranger ........................ 136,00 EUR ISSN : 0035-0834Numéro de compte : 679-2005863-97IBAN: BE54 6792 0058 6397BIC: PCHQBEBB
Les auteurs sont priés d'adresser leurs manuscrits à Monsieur Koen Vleminckx, Conseiller général Service public fédéral Sécurité socialeFinance TowerBoulevard du botanique, 50 bte 1351000 Bruxellese-mail : [email protected]
Les textes reçus sont soumis, pour avis, à des spécialistes en la matiÚre.
Le texte intĂ©gral de la Revue peut ĂȘtre consultĂ© sur internet :http://www.socialsecurity.fgov.be/fr/nieuws-publicaties/publicaties/btsz/belgisch-tijdschrift-voor-sociale-zekerheid.htm
Dernier-fr.qxp 21-11-2012 16:41 Page 1
CONSEIL DE REDACTION
PRESIDENTJos BERGHMAN, professeur Ă la Katholieke Universiteit Leuven(KU Leuven).
VICE-PRESIDENT
Koen VLEMINCKX, directeur études et publications, SPF Sécuritésociale.
SECRETARIAT
Roland VAN LAERE, SPF Sécurité sociale.
CONSEILLERS SCIENTIFIQUESDenis BOUGET, professeur Ă lâUniversitĂ© de Nantes ;Bea CANTILLON, professeur Ă lâUniversiteit Antwerpen (UA) ;Anton HEMERIJCK, professeur Ă la Vrije Universiteit Amsterdam(VU) ;Alain JOUSTEN, professeur Ă lâUniversitĂ© de LiĂšge (ULg) ;Pierre PESTIEAU, professor Ă lâUniversitĂ© de LiĂšge (ULg) ;Yves STEVENS, professeur Ă la Katholieke Universiteit Leuven(KU Leuven) ;Pierre VANDERVORST, professeur Ă lâUniversitĂ© libre de Bruxelles(ULB) ;Herwig VERSCHUEREN, professeur Ă lâUniversiteit Antwerpen (UA),professeur invitĂ© Ă la Vrije Universiteit Brussel (VUB) ;Pascale VIELLE, professeur Ă lâUniversitĂ© Catholique de Louvain(UCL).
MEMBRES DES INSTITUTIONS EUROPEENNESIsabelle MAQUET, Commission europĂ©enne, DG Emploi, affairessociales et inclusion ;Muriel RABAU, ReprĂ©sentation permanente de la Belgique auprĂšsde lâUnion europĂ©enne concernant la protection sociale.
MEMBRES DE LâADMINISTRATIONFrank VAN MASSENHOVE, prĂ©sident du SPF SĂ©curitĂ© sociale ;Tom AUWERS, directeur gĂ©nĂ©ral, SPF SĂ©curitĂ© sociale ;Jo DE COCK, administrateur gĂ©nĂ©ral de lâInstitut national d'assu-rance maladie-invaliditĂ© (INAMI) ;Anne OTTEVAERE, administrateur gĂ©nĂ©ral adjoint, Office nationaldâallocations familiales pour travailleurs salariĂ©s (ONAFTS) ;Frank ROBBEN, administrateur gĂ©nĂ©ral de la Banque Carrefour dela SĂ©curitĂ© Sociale (BCSS).
COLLABORATEURS PERMANENTSFrançoise GOSSIAU, SPF Sécurité sociale ;Guy RINGOOT, SPF Sécurité sociale.
Dernier-fr.qxp 21-11-2012 16:41 Page 2