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Eléments de recherche : CEMEA ou Centre d'Entraînement aux Méthodes d'Éducations Actives : association, passages significatifs
HANDICAP ET LOISIRS DE NATURE
ÉVOLUTION ET PERSPECTIVES DE
LOFFRE DE LOISIRS À DESTINATION
DE PERSONNES HANDICAPÉES
L'offre dè tourisme et dè loisirs à destination des personnes handi-
capées se structure progressivement, soutenue par une dynamique
nationale et internationale. Dans ce contexte, on assiste au déve-
loppement de diverses activités de nature à destination des per-
sonnes handicapées : randonnée, ski, escalade, rafting... Le concept
d'accessibilité est aujourd'hui en pleine mutation. Cette mutation
s'exprime à travers deux concepts parallèles, celui de "territoire
adapté", d'une part, et de "design universel", d'autre part.
FREDERIC REICHHARTMaître de conférences en sociologie, INS HEA (Institut national supérieur dè formation et de recherche pour l'éducation des
jeunes handicapés et les enseignements adaptés)
[frederic reichhart@inshea fr]
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Activités touristiques et handicapapparaissent comme deuxchamps antinomiques présentantau premier abord peu de conver-gences. La personne atteinte d'un
handicap reste non seulement marquée dansson corps et dans sa chair par la difference dela déficience et de l'altération organique maîsaussi dans son rapport à soi, aux autres et aumonde par une difficulté fonctionnelle qui l'em-pêche d'agir et d'aller et l'exclut de diversesactivités et rôles sociaux : dans les représenta-tions communes, être handicapé n'est pas com-patible avec la pratique des activités touris-tiques, ni même avec l'intérêt ou l'attrait pourelles. Marqué par le sceau de l'incapacité et dumanque, le sens commun conforte l'idée qu'unepersonne handicapée ne peut pas ou ne sou-haite pas profiter des joies du dépaysement etdes découvertes qu'offre le tourisme. Le désird'évasion, d'aventure, de dépaysement et devoyage, la pratique d'activités culturelles, phy-siques et sportives ne sont pas envisagés pourune personne handicapée. Pourtant, au-delà decette représentation réductrice, voire stigmati-sante, de nombreuses actions soutenues pardivers acteurs institutionnels et associatifs témoi-gnent d'une réalité qui concrétise "l'accès auxvacances des personnes handicapées". Au semde cette offre, les activités de pleine nature sontégalement présentes. Notre article a pour but deprésenter les contenus, propositions et dispo-sitions mis en œuvre ann que les personnes han-dicapées puissent decouvrir les espaces natu-rels et y pratiquer des activités connexes.
À partir d'une analyse socio-historique"1,nous allons commencer notre présentationdans les annees 1930, en convoquant les mul-tiples acteurs à l'origine de ce champ commu-nément nomme "tourisme adapté". Nous ver-rons par la suite qu'à partir des années 1980,ce champ va progressivement se constituercomme un marché dont le développement estfreiné par son maccessibihté et qui peine à sestructurer. Lorsque, dans les années 1990, ilcommence à s'organiser, deux idéologies etpolitiques de développement, soutenues pardes acteurs distincts, se dévoilent. Tandis qu'untourisme sectoriel fondé sur des activités tou-ristiques catégorielles se développe sous l'im-pulsion du Conseil national des loisirs et dutourisme adaptés (CNLTA), un tourisme inté-gré se structure via une politique nationale delabellisation confiée a l'association Tourisme ethandicaps (ATH). Dans cette dynamique, unekyrielle d'activités de pleine nature à destina-tion des personnes handicapées apparaissent :randonnée, ski, escalade, rafting... et biend'autres encore'21. Elles révèlent, d'une part, lesstratégies compensatoires développées autourde la combinaison de facihtateurs humains,technologiques et architecturaux en fonction dutype et du degré de handicap et, d'autre part,l'évolution de l'accessibilité modelée vers ledesign universel ou design for all (DFA), dansune perspective territoriale qui soudent le déve-loppement local.
L'histoire du tourisme adapté ou du tou-risme à destination des personnes handicapéesconvoque l'histoire de l'éducation populaire, du
(1) En reference a Raymond
Aron et a Gerard Noinel
cette approche s appuie sur
/ etude du passe dans le
present et I analyse des
relatons a distance qui lient
entre eux un nombre sans
cesse croissant dindividus"
Comme l'indique Gerard
Noinel il s'agit de "mettre en
lumiere I historicité du
monde dans lequel nous
vivons pour mieux
comprendre comment le
passe pese sur le present
(Introduction a la socio-
histoire La Decouverte,
2006)
(2) Frederic REICHHART
Tourisme et handicap Le
tourisme adapte ou fes loisirs
touristiques des personnes
déficientes i Harmattan
2011
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(3) Sous I impulsion du père
Sevin ' la troupe Sainte
Therese de I Enfant Jésus
[9e Lille] fonde en mars
1927 la Branche des scouts
ti extension parmi les
malades allonges de
Berck Voir Jacques SÉVIN
Aux sources du scoutisme
et de la Sainte Croix de
Jerusalem Fondation Les
Orphelins apprentis
d'Auteuil, 1986
(4) Jean PEYRAOE Scoute et
guides de France Fayard
1961 p 183
(5) Nathan BREEN Moteur '
70 ans de combat (1933-
2003), editions de I APF
2003
(6) Aujourd hui ce service
nomme APF Évasion,
propose des activites
touristiques aux personnes
présentant un handicap
physique
(7) Dominique CAMBEHLEIN
Philippe CAMBERLEIN
Jacques CHINON et Paul
DURNING Enfants handicapés
en centre de vacances
vers I integration Éditions
du Scarabée, 1982, p 18
(8) Dominique CAMBERIEIN et
alu op cit (note 7) p 21
(9) Rapport d activite
(2004-2005) CCAS, 2005,
p 55
(10) Vacances Ensemble
Actes du colloque pour
I integration des enfants et
des adolescents handicapes
dans les centres de
vacances et de loisir non
spécialises, Paris mars
2000 p 43
(W) Ibidem, p 39
scoutisme, de l'hygiémsme maîs aussi du travailsocial ; ce sont les tuberculeux des sanatoriumsqui, profitant de séjours au grand air, ouvrentla voie au tourisme adapté, soutenus par lemouvement scout ; effectivement, dès 1927(3>,des unités scoutes intègrent des enfants tuber-culeux, dits les allongés, a Berck ; des unitésdes Éclaireurs de France feront de même vers1932. Sous la bannière du "scoutisme d'ex-tension141", des activités de plein air sont adap-tées et proposées a un public malade et souf-frant de déficience. En même temps, desassociations de personnes handicapées, commel'Association des paralysés et rhumatisants(APR), organisent des séjours de vacances. Enmai 1936, le magazine Faire face, journal del'APR, relate le déroulement cette même annéed'une colonie de vacances à Berck accueillantdes jeunes filles paralysées rhumatisantes. En1938, un autre séjour est organisé à la mon-tagne, dans le Doubs151 Progressivement, cetype de séjour va se développer pour aboutir àla création de services de vacances, charges deconcevoir et d'organiser des vacances pour lespersonnes handicapées ; dès 1945, l'Associationdes paralysés de France (APF) structure un ser-vice spécialisé dans les vacances, réserve à sesadhérents161. Puis, dans les années 1960,l'Association pour adultes et jeunes handicapés(Apajh) fera de même, avec la création d'unservice vacances à destination d'un public pré-sentant un handicap mental Enfin, vers lemilieu des années 1960, les Éclaireurs et éclai-reuses de France (EEDF) vont a leur tourmettre en place un service de vacances adap-tées. Parallèlement, d'autres associations seconsacrant notamment aux loisirs et a l'édu-cation populaire, telles que les Centres d'en-traînement aux méthodes d'éducation active(CEMEA) et l'Union française des colonies devacances (UFCV), vont organiser des séjours augrand air et former le personnel encadrant'71.À partir des années 1960-1970, les personneshandicapées prises en charge au sein d'insti-tutions spécialisées bénéficieront des premierstransferts d'établissement. Il s'agit d'une délo-calisation de l'ensemble des individus d'une
structure médico-sociale, personnel et usagers,c'est-à-dire personnes handicapées, vers unautre établissement Réglementés, ces séjoursconservent une dimension fortement éduca-tive ou thérapeutique, en lien avec l'accompa-gnement psycho- ou médico-social, maîs restentassociés a des vacances proposées aux usagers
En complément de ces différentes modalitésde séjours spécialisés conçus et organisés uni-quement pour des personnes handicapées,d'autres initiatives offrent une autre maniered'accéder au tourisme en incluant les personneshandicapées dans l'offre touristique généra-liste. Ainsi, dans les années 1960, des intégra-tions individuelles d'enfants déficients dansdes structures de vacances et de loisirs non spé-cialisées sont répertoriées181 : quèlques enfantsprésentant une déficience motrice sont accueillisdans une colonie de vacances avec quarante-cinq autres enfants. De son côté, a partir de lafin des années 1970, la Caisse centrale des acti-vités sociales (CCAS) des gaziers et électriciensde France met en place les "centres de vacancespluriels", il s'agit d'un dispositif de placementet de suivi de vacanciers en situation de han-dicap dans des structures non spécialisées dela CCAS : en 1996, "ce sont environ [. ] plusde 210 enfants et plus de 120 adultes a avoir,seul ou leur famille, choisi ce mode devacances". Ils seront encore plus nombreuxen 2004, ou "plus de 800 enfants et adultesséjournent dans des centres de vacances^"Dans cette perspective, la Ligue d'enseigne-ment populaire développe un secteur vacancesconnu et reconnu dans le domaine du tourismesocial et associatif en France, sous le label"Vacances pour tous", impliquant des"vacances comme tous et avec tout lemonde'101". De son côté, Handicap interna-tional met sur pied, dans les années 1990, unprogramme qui vise à mettre en relation lesfamilles désirant intégrer les enfants dans descentres de vacances avec des organismes pou-vant et souhaitant les accueillir'111. Enfin, dès1993, une association d'éducation populaire,La Jeunesse au plein air (JPA), mobilise unnombre important de partenaires dans Pela-
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boration d'une charte112' quiillustre la volonté communed'acteurs d'organiser l'accueild'enfants handicapés en centresde vacances ordinaires. Enmême temps, durant les années1990, d'autres actions de tou-risme inclusif émergent, au delà des séjours"organisés clés en main", pour soutenir et faci-liter des séjours individuels ou familiaux engîtes et hôtels : ainsi la coopération entre l'APF,association soutenant les personnes déficientesmotrices, et le comité départemental du tou-risme (CDT) de la Creuse aboutit à l'éditionconjointe d'une brochure répertoriant l'en-semble des prestations touristiques accessiblesdans ce département (hébergement, équipe-ments, activités). De même, une opération delabellisation organisée en 1999 par l'APF et larégion du Nord attribue 330 labels afin derendre visibles les sites accessibles.
À partir des années 1990, l'offre touristiquedont peuvent bénéficier les personnes handi-capées s'est largement diversifiée, maîs elle sedessine lentement autour d'une cartographieimprécise et aux contours flous Les premiersrapports et etudes tentent de décrire et de visua-liser tant le developpement que le poids de cesmultiples activités En 1993, l'étude de Richardset Oxley souligne la difficulté de trouver unedestination accessible en raison du manqued'informations"3 ; en effet, rare, guère visibleet non fiable, l'information disponible décritpeu, ou ne décrit pas, le degré et la nature del'accessibilité des sites ; du fait de ce manqued'information, les personnes handicapées neparviennent pas a reperer l'offre à laquelle ellespourraient avoir acces. La même annee, le rap-port dit Touche Ross présente les activites tou-ristiques destinées aux personnes déficientes, auniveau européen'14'. Il met notamment en avantle potentiel economique et commercial de cetteoffre, en estimant le marché potentiel de tou-ristes handicapés à approximativement 37 mil-lions d'individus (50 millions en ajoutant lesaccompagnateurs). D'après ce rapport, la dyna-mique touristique issue d'une clientèle handi-
Dans les années 199O, l'information touristique
décrit peu, ou ne décrit pas, le degré et la
nature de l'accessibilité des sites
capée serait économiquement intéressante etpourrait engendrer environ 310 milliards defrancs a un niveau européen, soit environ 47milliards d'euros. Cependant, cette étudeaborde la situation européenne et ne rend pascompte des spécificités de chaque pays ourégion. Il faudra attendre 1999 pour que lerapport Gagneux, du nom de son rapporteur,rédigé à la demande de Michelle Demessme,secrétaire d'État au Tourisme, précise lecontexte français115' II confirme le contenu durapport Touche Ross et l'existence d'un mar-ché touristique concernant les personnes défi-cientes, maîs décrit "un marché potentiel lar-gement inexploité, qui, au-delà même de touteconsidération sociale et morale, mériteraittant du point de vue stratégique que du pointcommercial d'être sérieusement abordéil6}".Pour cela, il préconise notamment l'améliora-tion de la signalétique ainsi que la formation etla sensibilisation du personnel. Ce rapport estcomplété en 2001 par le rapport "Tourismeet handicap, étude de marché de la popula-tion handicapée", qui consiste en une étudenationale statistique, confiée à l'Agence fran-çaise de l'ingénierie touristique (Afit), appré-hendant qualitativement et quantitativementle profil et le volume de la clientele en situa-tion de handicap117'. L'ensemble de ces rapportsconvergent vers le constat d'un marché gigan-tesque et fructueux, maîs qui demeure peuaccessible aux personnes déficientes. En fait,au-delà d'un marché à exploiter, il y a un sec-teur à organiser et a structurer en vue d'amé-liorer son accessibilité.
L'ensemble des activités touristiques pourles personnes déficientes s'organise autour dedeux structurations institutionnelles et idéo-logiques distinctes maîs complémentaires , encomplément d'un tourisme sectoriel, pensé et
(12) Signée en 1997
(13) P R OXLEY et
M J RICHARDS The Costs of
Disability a Discussion
Paper Cranfield Institute of
Technology 1993
(14) TOUCHE Ross Pmfitng
from opportun/tes a new
market for tourism Touche
Ross Greene Belfield
Schmidt division Deloitte
Touche Tohmatsu
International 1993
(15) Michel GAGNEUX,
Tourisme et handicap, I offre
touristique Secretariat d État
au Tourisme Conseil
national du tourisme 1999
(16) «em
(17) Alain DOUCET Tourisme
et handicaps Étude de
marche de la population
handicapée face a I offre
touristique française coll
Les cahiers de I AM Guide
de savoir-faire Afit 2001
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Le label national Tourisme et Handicap
indique de manière spécifique l'accessibilité
par rapport aux différents types de déficience
(mentale, motrice, visuelle, auditive)
(18) Frederic RBCHHART
ap at (note 2) 2011
(19) [wwwcnltaassofr]
(20)
[www cnlta asso fr/les missi
ons_du_CNLTAhtml]
(21 (Article 17 de la loi du 23
mai 2006 relative au
volontariat associatrt et a
I engagement educatif
organisé spécifiquement à destination des per-sonnes déficientes, un tourisme intégré visel'inclusion des personnes handicapées dansl'offre touristique généraliste"8'. Ces deuxmodalités, qui, dans un premier temps, se sontdéveloppées sous l'impulsion forte du mouve-ment associatif, vont toutes deux bénéficierd'une intervention active de l'État, notammentsous la forme d'une politique nationale delabellisation et de réglementations législatives.
L'ensemble des initiatives strictement réser-vées à des personnes handicapees sous la formede séjours dits adaptés, qui constituent le "cœurhistorique" du tourisme adapté, compose letourisme sectoriel. La multiplication de cesséjours s'accompagne dès les années 1980 denombreuses critiques et points noirs : organi-sés avec des moyens inadaptés et insuffisants -personnel ni formé ni compétent, faiblesmoyens financiers -, certains séjours rencon-trent des problèmes de fonctionnement quinuisent à la qualité des prestations. Ces griefsobligent à penser, à organiser et à structurerle tourisme adapte, et aboutissent à la crea-tion du Conseil national des loisirs et du tou-risme adaptés (CNLTA) en 1990. Composéd'associations mandataires des organismes devacances et des structures représentant les usagers, le CNLTA compte en 2012 environ 48organismes de vacances adaptées et 17 orga-nismes de représentants des usagers'1".L'ensemble des adhérents ont propose en 2012plus de I 600 séjours adaptés, soit 390 000journées de vacances, permettant à environ25 000 personnes handicapées mentales oupsychiques de bénéficier de séjours de
vacances. La mission duCNLTA consiste à "favoriserl'accès des personnes handica-pées à des loisirs et des vacancesde qualité" ainsi qu'à "offriraux usagers les meilleuresgaranties d'information, deconseil, de service ou d'accom-pagnement". En l'absence deréglementation et pour contrerl'image négative des sejours
adaptés, notamment ternis par des problèmesd'encadrement, le CNLTA met en place une"démarche qualité" concrétisée à travers unecharte de qualité et une politique de forma-tion pour l'encadrement des séjours. Ces deuxoutils visent à structurer les prestations et àgarantir leur qualité aux bénéficiaires. Lacharte présente, entre autres, les conditions dedéroulement du séjour et celles de son encadrement, qui bénéficie d'une formation struc-turée autour d'un référentiel.
Progressivement, ces actions à l'initiative duCNLTA pour structurer le tourisme sectorielseront complétées par l'État qui va interveniren légiférant ces séjours. Tout d'abord, en 2005,la loi n° 2005-102 du ll février ("pour l'éga-lité des droits et des chances, la participation etla citoyenneté des personnes handicapées")impose la possession d'un agrément "vacancesadaptées organisées", délivre par les autoritéspréfectorales. Puis, en 2006, l'État réglementel'encadrement des séjours pour personnes défi-cientes211 en précisant, inscrits dans le cadre del'engagement educatif, le statut et les condi-tions d'exercice des encadrants (rémunérationminimale, temps et durée de travail, etc.).
Quant aux activités touristiques intégrées,elles seront soutenues par une politique natio-nale lancée en 1998. En tenant compte desrecommandations du rapport Gagneux, leministere du Tourisme met en place une poli-tique active qu'il confie à l'association Tourismeet handicaps (ATH) en 2001. Cette dernière,qui regroupe de manière paritaire des struc-tures représentant les personnes déficientes etle secteur touristique, a pour but de sensibili-
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set les professionnels du tourisme et le grandpublic à l'accès aux vacances et aux loisirs deces clientèles, à travers deux axes : l'informa-tion et la formation des professionnels ainsique la promotion et la gestion du label natio-nal Tourisme et Handicap1221. La mise en placede ce label vise à développer une offre touris-tique adaptée et intégrée à l'offre généraliste, encontribuant à la centralisation et à la diffusiond'informations fiables, précises, objectives surl'accessibilité des sites et équipements touris-tiques, en fonction de chaque déficience. Eneffet, délivré par l'ATH, le label indique demanière spécifique l'accessibilité par rapportaux différents types de déficience (mentale,motrice, visuelle, auditive). Le premier labelfut attribue à la Cité des sciences et de l'in-dustrie le 4 mai 200l'23'. D'un point de vuequantitatif, le nombre de sites labellisés pro-gresse lentement : en 2003, peu de labels ont étéattribués, on en compte seulement 293. En2005, ce chiffre passe à I 500 établissementslabellises124', puis a 3 617 structures en sep-tembre 2009(25|et à 3 911 sites en mars 2010(2<il.Au 31 juillet 2011, toujours selon les sourcesd'ATH, ce sont 4 190 sites qui ont obtenu aumoins un des labels'271. Toutefois, le nombre delabels se repartit de manière inégale selon lesdéficiences, les types de structures et la locali-sation géographique. Certaines régions, commela Corse, ne comptent aucun site labellise ATH.Le Sud-Ouest, le Nord et le Nord-Est figurentparmi les territoires à forte densité, c'est-à-diresupérieure à 50 sites labellisés par départe-rnent'28'. Concernant le type de déficience, au30 juin 2012, la répartition des labellisationsmontre que les équipements les plus labelhseesont trait au handicap mental (89 %) et au han-dicap moteur (72 %). Les déficiences senso-rielles restent celles qui présentent le taux delabelhsation le moins élevé : 65 % des struc-tures labellisées sont accessibles aux personnesà déficience auditive et 38 % à des personnesdéficientes visuelles. Concernant les types destructures, les chiffres d'ATH montrent que cesont majoritairement des hébergements quisont labellisés (54%).
En revanche, il faut préciser que le label ATHcoexiste avec d'autres labels indiquant égale-ment l'accessibilité d'un produit, d'une pres-tation ou d'un equipement : nous pouvons citerle label Espace loisirs handisport (ELH), déve-loppe par la Fedération française handisport(FFH), qui identifie des structures proposantdes activites de plein air accessibles aux per-sonnes déficientes motrices1291, le labelHandivoile, le label Activités équestres adap-tées. Enfin, il faut aussi citer le label Handiplage,attribué par l'association du même nom auxplages accessibles : les villes de Samt-Jean-de-Luz et d'Hendaye figurent dans les premièresplages ayant obtenu ce label, parmi les 51plages de plan d'eau, de base de loisirs et debord de mer actuellement labellisées1301.
L'accessibilité est un principe qui fait sou-vent référence a un espace urbain ou "habité",domestique par l'homme, et renvoie plus rare-ment à un espace naturel. Pourtant, le milieunaturel peut également être aménage et orga-nisé afin que des personnes handicapees puis-sent y accéder et pratiquer des activités de pleinenature. En 2012, selon le référencement dessites par ATH, environ 2,5 % des labels sontattribués à des activités de plein air'31'.Cependant, du fait que le label n'est pas obli-gatoire, ce chiffre n'est guère représentatif. Pourcompléter l'état des lieux de ces activités, desbrochures, catalogues, guides et sites internetoffrent une présentation et une description pré-cises des activités proposées ainsi que des amé-nagements nécessaires à leur bon déroule-ment1321. Ainsi, en combinant ces sources, ladiversité de l'offre peut prendre forme ; c'estainsi que l'on peut repérer des activités aqua-tiques et subaquatiques accessibles. Par exemple,pour les personnes déficientes motrices, la bai-gnade se pratique à l'aide d'un fauteuil tractéet équipé de flotteurs, avec de larges roues quifacilitent le déplacement sur le sable. Pour lespersonnes déficientes visuelles, le systèmeAudioplage permet une baignade autonome :le baigneur equipe d'un micro-émetteur sousforme d'un bracelet-montre peut être informépar message sonore de sa position par rapport
(22) [http//www tourisme
handicaps org]
(23) Faciliter les loisirs'
Vivre ensemble tf 65
août 2003
(24) ATH Bulletin cle liaison,
n°15 avril 2006
(25) ATH Dossier de presse,
2009
(26) ATH Dossier cle presse,
2010
(27) ATH Labellisation des
sites touristiques brochure
publiée par Tourisme et
handicaps le ministere de la
Culture et de la
Communication et I ANCV,
septembre 2011
(28) ATH op ot (note 27)
2011 p 4
(29) Handisport magazine
n°125 2006 p 20
(30) '"
[http //www handiplage fr]
(31) ATH Contacts utiles
Label Tourisme et Handicap,
brochure publiée par
Tourisme et handicaps le
ministere de la Culture et de
la Communication et l'ANCV,
mars 2012
(32) Voir notamment
- Claire TERRIER,
L'Accessibilité des sites
naturels au public handicape
La reserve naturelle
volontaire des etangs du
Ftomelaere, Outils d accueil
et d interprétation - Cahier
n° 62' LAtelier technique
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2000;-COLLECTIF Guide pour
l'accessibilité dans les
espaces naturels, Outils
d'accueil et d'interprétation -
Cahier n° 85", Aten 2012
(Ce guide méthodologique
presente des expériences
nationales en matiere
d'aménagements exterieurs
et de demarches
pédagogiques )
(33) La Federation des sports
sous marins et la Federation
française handisport ont
signe une convention qui
met notamment en place un
programme de formation
pour les moniteurs de
plongee
(34) [http //www nee asso fr]
(35) [www loisirs-assis
évasion com]
(36) [http //www umen fr]
(37) Handisport magazine
n° 128,2007 p 27
Une formation federale
intitulée Assistant federal
Joelette FTT vise a
apprendre a installer et a
piloter une Joelette
Parallèlement a cette
formation, il existe un
certificat de qualification
handisport pour la
randonnée
à des balises disposées sur la plage et en mer. Cedispositif breveté équipe de nombreux lieuxde baignade au bord de la Méditerranée (Nice,Palavas-les-Flots, Antibes, Balaruc-les-Bains... )maîs aussi sur la côte atlantique (Cabourg, La
Rochelle, Rivedoux-Plage) ainsi que des plansd'eau et bases de loisirs comme à Cergy-
pontoise et sur le lac de Saint-Estèphe. D'autresactivités peuvent se dérouler en eaux vives,
comme le raftmg, le kayak ou le canoë. Par
exemple, dans les Hautes-Pyrénées, Ecoloradoorganise des parcours en raftmg notammentpour les personnes handicapées mentales ; enSavoie, Nunayak Raftmg propose la descente
du Giffre pour des personnes polyhandicapées.Ces activités sont réalisables à l'aide, d'unepart, de personnel formé et, d'autre part, dematériel aménagé. Dans ce cas, ce matériel
bénéficie d'équipements complémentaires telsque des lignes de vie, des cale-pieds, des poi-gnees ergonomiques en fonction des "besoins"des clients. En complément de la baignade, ilest aussi possible de pratiquer la plongee sous-
marine, en piscine et en milieu naturel - merou lac. Accessible notamment aux personnesà mobilité réduite, plus rarement à des per-sonnes autistes ou avec des troubles psychia-
triques, la plongée demande une qualité d'en-
cadrement qui passe par la formation et lacompétence du moniteur1331. Enfin, l'espaceaquatique permet également aux personnes en
fauteuil et aux personnes déficientes visuelles depratiquer le ski nautique, et cela grâce à dumatériel adapté, à savoir un siège fixé sur lesskis et du personnel formé. Le journal Sud-
Ouest du ll septembre 2010 relate l'organi-sation d'un stage handiski nautique sur la basede Trémolat "par le comite départemental han-
disport de la Dordogne afin de faire découvrir
cette pratique a des personnes handicapées
motrices ou visuelles ". Précisons que des com-pétitions de handiski se déroulent en plusieurs
championnats officiels.
Maîs les activités aériennes telles que le sauten parachute tandem ou le parapente ne sont
pas en reste ; pour le parapente, les mêmesleviers que les activités aquatiques sont à mobi-
liser ; à l'aide de personnel formé et de maté-
riel adapté, notamment des "chariots de vol"facilitant l'envol et l'atterrissage, la pratiqueen biplace avec un moniteur et la pratique ensolo sont possibles ; la Féderation française de
vol libre a développé le programme Hand'Icareafin de "rendre le vol libre accessible aux per-
sonnes à mobilité réduite".
La randonnée reste aussi fortement pratiquée,soutenue par de nombreuses associations
comme, entre autres, Handi cap évasion1341,Loisirs assis évasion'351 et Umen136'. Pour les per-
sonnes déficientes motrices, elle est possible àl'aide d'une large gamme de fauteuils tout ter-rain (FTT), adaptés tant aux types de pratiques(compétition, descente, loisir... ) qu'aux degrés
de handicap ; ainsi, il existe des modèles à troiset quatre roues, parfois utilisables par péda-lage manuel, ainsi qu'un fauteuil monoroue,
appelé Joelette, tracté par deux, voire trois per-sonnes non handicapées, adapté aux personnes
tétraplégiques137'. Un fauteuil tandem de des-cente tout terrain existe aussi ; piloté par unconducteur "valide" debout à l'arrière du fau-teuil, le passager handicapé étant assis à l'avant.
Récemment, un fauteuil avec deux leviers d'en-traînement (qui facilitent la propulsion), une
suspension renforcée et des freins à disque et
hydrauliques a vu le jour. Pour les personnesdéficientes visuelles, de nombreux sentiers sontaménagés qui facilitent la randonnée ; parexemple, le sentier du Lauzamer dans le parcdu Mercantour est accessible aux personnesmal et non voyantes, guidées par GPS à l'aided'un procéde qui s'adapte à la position de lapersonne pourvue d'un casque et de son micro-PC embarqué. Ce sentier est aussi équipé detablettes multisensonelles en relief et en braille,décrivant aux randonneurs non voyants et mal-
voyants la topographie et la biodiversité du
parc.
Des activités plus acrobatiques sont aussi
proposées, telles que l'escalade. Destinée à un
public dont les capacités physiques permettentla station debout, l'escalade nécessite trois
appuis pour que le pratiquant puisse grimper.Personnes amputées hémiplégiques et per-
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sonnes déficientes sensorielles peuvent s'adon-ner à la grimpe en milieu naturel
Enfin, la pratique du ski adapté connaît unessor remarquable depuis quèlques années. Lematériel s'est fortement développe et diversifié,les moniteurs peuvent compléter leur forma-tion initiale par un certificat de qualificationhandisport (CQH), et les stations ont mis enplace des politiques d'accueil et d'accessibilitétrès actives. À La Plagne, depuis 1997, l'asso-ciation Antenne handicap contribue, entreautres, à la démocratisation de la pratique duski "pour toutes personnes touchées par unhandicap quel qu'il soit : physique, mental,ou sensoriel^ ". Il convient aussi de mention-ner le guide proposé par Handi Alpes, quirépertorie un ensemble d'informations, commel'accès à la station, l'accueil, l'hébergement, larestauration et les équipements sportifs, néces-saires à l'organisation et au bon déroulementd'un séjour à la montagne, pour une personneatteinte d'un handicap moteur, mental, visuelou auditif'391.
En somme, à défaut d'enumérer une listecomplète, une diversité d'activités de pleinenature est proposée, à la mer comme a la mon-tagne, et en toutes saisons, intéressant tous lestypes de handicap. Ces activites sont acces-sibles par la combinaison de trois types de facilitateurs, l'innovation technologique, l'inter-vention humaine et l'aménagementarchitectural, qui permet alors de réduire voirede supprimer les contraintes de chaque typede déficience pour la pratique d'activités deplein air'401. Maîs le développement ou la démo-cratisation de l'accès à certaines activités depleine nature pour les personnes handicapéesne résulte pas uniquement de cette combinai-son ; une forte mobilisation des fédérationssportives'411, la mise en place de formations de
professionnels encadrant les activités'42', la réa-lisation et la diffusion de documents supportsde type guide méthodologique'4", un contextefavorable à l'accessibilité et a l'inclusion, unepolitique touristique nationale axée sur la label-lisation sont autant de facteurs qui jouent unrôle non négligeable dans ce developpement.
Ces activités dè nature sont rendues
accessibles par la combinaison de
trois types de facilitateurs : l'innovation
technologique, l'intervention humaine
et l'aménagement architectural
Toutefois, des limites et freinsaccompagnent la mise en accessi-bilité des activités de plein air pourles personnes handicapées ; toutd'abord, il faut noter que celle-cireste lente ; les premiers texteslégislatifs imposant l'accessibilitédatent de juin 1975. Reaffirméea de multiples reprises, et notam-ment par la loi du 11 février 2005,l'accessibilité n'est pas encore uneréalité, maîs devrait le deveniren 2015 : le récent rapportCampion1441, datant d'octobre2012, confirme que ce délai nesera pas respecté ; à nouveau, l'ac-cessibihte peine a se concrétiser.Concernant le tourisme, celaaboutit a une offre restreinte etlimitée du fait de Pinaccessibilitedu parc touristique, et qui biaiseles choix du consommateur ouclient. De plus, la carte de l'offretouristique adaptée apparaîtinégale et poreuse : elle comportedes espaces vides où "peu", voirepas, de ressources sont accessiblesEnsuite, la visibilité de Paccessi-bilité mérite d'être améliorée : lamise en accessibilité est une pre-mière phase qui doit précéder samise en valeur et sa promotion ;il faut en effet repérer les activitéset équipements accessibles, maîsaussi soutenir et coordonner lessupports de communication pour
(38) [Mlp //antenne handicap pagesperso-
orange fr]
(39) Le guide est disponible sur un portail
electronique [http //www handi-
alpes corn/brochure php#/1]
(40) Frederic REICHHART et Jean-Yves CAUSER
Quelles possibilités d autonomie, dans l'accès
aux loisirs pour une personne déficiente '
dans Gilles PERRÉOL (dir) Autonomie et
dependance EME Editions 2011
(41) La signature de conventions entre la FFR et
plusieurs fédérations sportives (Federation
française d etudes et de sports sous marins
Federation française de canoë-kayak
Federation française des societes d aviron
Federation française de char a voile Federation
française de randonnée) a pour objectif de
faciliter I acces de ces disciplines aux
personnes handicapees
(42) La FFR a mis en place un programme de
formation pour professionnels et bénévoles Des
formations d assistant federal adossées a
plusieurs pratiques comme la randonnée le
kayak de mer le ski sont dispensées pour
permettre aux bénévoles d être plus
performants dans l'accompagnement des
sportifs D autres formations sont destinées
aux professionnels sous la forme d un certificat
de qualification handisport elles précisent et
confortent le savoir-faire technique de
professionnels diplômes généralement titulaires
de brevets d État Des certificats sont proposes
dans plus de vingt pratiques sportives
(43) - CONSERVATOIRE DU LITTORAL, Accueil des
personnes handicapees sur les sites du
Conservatoire du littoral Guide
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Progressivement, le concept
d'accessibilité s'élargit
et concerne tout le monde
méthodologique", Bayard nature et territoires
2011
- CONSEIL GÉNÉRAL DES ALPES DE HAUTE-PROVENCE
Guide Handironnement Permettre I accessibilite
et la decouverte des sites naturels aux publics
en situation de handicap Conseil general des
Alpes-dé Haute-Provence 2010
- Patrimoine et handicap Des cles pour adapter
les visites des sites naturels et culturels Les
carnets de la Mitra n° 7 ' Mission d ingenierie
touristique Rhône-Alpes 2009
- COLLECTIF Guide pour I accessibilite dans les
espaces naturels op cit (note 32) 2012 (Le
guide presente des expériences réalisées en
France au sem de différents espaces naturels )
(44) Claire Lise CAMPION et Isabelle DEBRÉ Loi
Handicap des avancées réelles, une
application encore insuffisante rapport
d information n° 635 sur I application de la loi
n° 2005 102 du 11 fevrier 2005 pour I egalite
des droits et des chances, la participation et la
citoyennete des personnes handicapees", juillet
2012
(45) Frederic REICHHWT et Aggee LOMD
Accessibilite et communication ou comment
rendre visible ce qui est accessible ? L exemple
des informations touristiques destinées aux
personnes en situation de handicap en France '
MB - Media et Information n° 36 2013
(46) Alain DOUCET op cit (note 17) 2001
(47) Muriel LARROUY, L invention de
I accessibilite Des politiques de transports des
personnes handicapees aux politiques
d'accessibilité dè 1975 a 2005 Presses
universitaires de Grenoble 2011
informer les clients de cette acces-sibilité. La labellisation des sitesreste une démarche essentielle quidoit être complétée par la diffu-sion de cette offre a l'aide de bro-chures, annuaires, répertoires, por-tails électroniques'45'. De plus,l'accessibilité pose une questionéconomique : l'étude de marchésur l'offre et la demande enmatière de tourisme et handicapréalisée par l'Agence française del'ingénierie touristique (Afi t)confirme que le coût du séjourpour une personne handicapéereprésente une difficulté et unfrein'46'. Elle rappelle que les obs-tacles avancés par les personnesdéficientes qui ne partent pas envacances demeurent l'accessibilité,l'appréhension du séjour maîsaussi le facteur économique, c'est-à-dire le coût du séjour. En fait, lecoût ou le surcoût lié à l'accessi-bilité se répartit entre les collect!vîtes, les opérateurs touristiqueset l'État via les politiques d'aidefinancière - maîs aussi les clients :ainsi, par exemple, pour un skieurdéficient moteur, l'achat de maté-riel de ski adapté reste une dépenseimportante ; de plus, pour unskieur déficient visuel, il fautprendre en charge les frais d'hé-bergement, de restauration, detransport, de location de matériel,d'accès aux infrastructures de songuide... Maîs pour les prestataires,les engagements financiers sontaussi élevés et peuvent constituer
un frein, à moins d'être considérés comme uninvestissement pour se positionner sur un mar-ché à conquérir. Dans cette perspective, l'in-vestissement financier inhérent à l'accessibilitépourrait aussi être perçu non pas comme unaménagement contribuant à favoriser l'accèsà un espace ou à une pratique pour une popu-lation cible, en l'occurrence à besoins spéci-fiques, maîs comme l'amélioration de la quaktéd'usage et d'utilisation d'une ressource par etpour l'ensemble des bénéficiaires.
Le concept d'accessibilité est en pleine muta-tion ; il connaît de fortes modifications auniveau du public auquel il se destine et auniveau de l'environnement aménage. En effet,traditionnellement et historiquement, ('acces-sibilité fait référence à une population spéci-fique, à savoir les déficients moteurs - précisé-ment les personnes à mobilité réduite (PMU)- et implique des modifications architecturales(rampes, ascenseurs...) d'abord liées au trans-port, a la voirie et au cadre bâti'47'.Progressivement, le concept d'accessibilité s'élar-git et concerne les personnes handicapées englo-bant les quatre déficiences (motrice, intellec-tuelle, visuelle et auditive) avant de concernertout le monde, avec le concept de "design uni-versel", ou design for all (DEA), qui vise à conce-voir des produits et des services accessibles auplus grand nombre d'usagers, quelles que soientleurs capacités, leur âge ou leur culture.
Parallèlement à ce processus d'élargissementdu public, l'accessibilité ne s'oriente plus versun objet autonome et ciblé, à savoir une acti-vité, une prestation, un équipement ou uneinfrastructure, maîs plutôt vers l'ensemble descomposantes environnementales présentes etinterconnectées au sem d'un espace déterminé.Le concept de territoire adapté, avec l'élabo-ration du label "Destination pour tous", vadans ce sens. Il débute par une phase expéri-mentale lancée en 2010 auprès de six territoirespilotes volontaires, dont le parc régional duMorvan. Comme le précisent les dépliants pro-motionnels du label, ce dernier qualifie "lesterritoires qui proposent un cadre de vie, desactivites et des services de la vie courante adap-
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tés a tous comprenant notamment la chaînede déplacement". Il s'agit de "garantir des pres-tations essentielles, en matière de prestationstouristiques (hébergement, restauration, équi-pements et activités culturels et sportifs, acti-vités de pleine nature...), services de la vie quo-tidienne (commerces, services ouverts au public,services de soins, d'aide et d'accompagnement),voirie et transports (cheminements, transportsen commun, places de stationnement réserve,bancs et espaces de repos". Ainsi, ['accessibi-lité est pensée et organisée dans une continuité,selon le principe de la chaîne de déplacement etd'accessibilité généralisée ; il s'agit de prendreen compte la diversité des situations et diffi-cultés qui peuvent apparaître pour "tout lemonde", y compris les personnes handicapées,en matière d'accès aux différents domaines dela vie (déplacements, logement, scolarisation,emploi et formation, culture, loisirs, sport, tou-risme, santé...). L'accessibilité s'inscrit dansune perspective écologique et transversale quiarticule la variabilité et l'hétérogénéité des com-posantes environnementales avec la diversitédu potentiel et des aptitudes des individus.Progressivement, elle devrait et pourrait tendreà dépasser l'enjeu de l'accès à des espaces et àdes pratiques pour des publics en difficulté etexclus en intégrant la diversité des situationsindividuelles, et permettre à tous d'utiliser demanière plus qualitative et confortable l'en-semble des ressources à disposition.
• ••Pour conclure, il convient de souligner la
structuration progressive de l'offre touristiqueà destination des personnes handicapées.Soutenue par une dynamique nationale et inter-nationale qui préconise la mise en place de poli-tiques inclusives et qui privilégie l'accessibilité,cette offre comporte une multitude de presta-tions mises en œuvre par l'engagement et lavolonté d'acteurs de terrain et d'opérateurstouristiques. Au sein de cette offre, les activi-tés de pleine nature ne sont pas négligées et serépartissent au sem d'espaces naturels variés ;elles garantissent et concrétisent l'accès à denombreuses disciplines sportives et de loisirs,
De plus en plus, l'accessibilité
est pensée et organisée dans une
continuité, selon le principe dè la chaîne
de déplacement et d'accessibilité
généralisée
"classiques" pour certaines, comme la ran-donnée, la baignade..., et plus engagées et tech-niques - et de ce fait surprenantes - pourd'autres, avec la plongée ou encore le para-chutisme... En tous les cas, la mise en place deces activités montre que l'espace naturel peutaussi être pensé et aménage pour accueillir despublics à besoins spécifiques. Ainsi, l'espacenaturel devient un espace inclusif qui ne resteplus l'exclusivité de celui qui est "bien por-tant", du valide en pleine possession de sesaptitudes physiques et motrices. Toutefois, danscet aménagement, il convient de prendre encompte la caractéristique de l'environnementnaturel, qui diffère d'un espace public domes-tique, plus urbain, construit dans une dimensionarchitecturale et urbaniste autour du cadre bâtiet de la voirie. L'espace naturel comporte sescaractéristiques propres, avec ses sites proté-gés, sa faune et sa flore, sa topographie spa-tiale qui sont à respecter. Ainsi, comme le pré-cise le guide de l'accessibilité des espacesnaturels : "Tout l'art consistera donc à rendre,par des aménagements respectueux de l'envi-ronnement tant par leur conception que parles matériaux utilises, des cheminements, desaires de repos, des points de vue et des lieuxd'activités accessibles aux personnes handica-pées OM âgées1™1." Il s'agit là encore, dans uneperspective écologique, de trouver l'équilibre,l'ajustement entre les caractéristiques spéci-fiques de l'individu et les caractéristiques del'environnement. C'est à ce niveau que les poli-tiques d'inclusion et d'accueil en "milieu ordi-naire" visant l'accessibilité rejoignent l'amé-nagement respectueux de la nature et les (48) COLLECTIF ap at (notepolitiques de développement durable. • 32), 2012