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1453-‐1559
Les Renaissances
1450-‐1560: Un récit
• C’est toute la période 1450-‐1560 qui est ce beau XVIème siècle, coince entre deux cycles de déchainement belliqueux et morGfères: guerre de Cent ans et guerre de Religion.
• Charles VII: (mort en 1461) Il reconquiert la Normandie avec l’aide des Bretons et de larges appuis dans la populaGon locale – l’armée de secours anglaise est écrasée a Bayeux en 1450. Les hosGlités avec les Anglai, bientôt englues dans une durable guerre civile, s’arrêtent, mais aucun traite de paix n’est signe. Son règne est marque par une importante réorganisaGon administraGve, condiGon indispensable a la reconquête. Elle dote le roi de France d’un militaire permanent et performant (compagnies d’ordonnancement) et des moyens de le financer de façon stable: la taille royale.
Le Lit de Jus*ce du procès de Jean
d’Alençon
Charles VII
1450-‐1560: Un récit
• Malgré tout, la fin du règne de Charles VII n’est pas exempte de tensions. Elle est marquée en parGculier par plusieurs procès. Celui de Jacques Cœur en 1451-‐1453, est le procès d’une ascension sociale trop spectaculaire, assise sur la gesGon des finances royales. Ensuite, le procès de Jean d’Alençon en 1458 qui est le porte-‐parole des princes du royaume qui ont du mal a adme^re l’autorité royale.
• Mais le conflit le plus grave est celui qui oppose le souverain a son propre fils, le dauphin Louis. Louis est en effet implique dans la grande révolte des Princes en 1440. Les relaGons sont tellement mauvaise que Louis se refugie a la cour de Philippe le Bon, le puissant duc de Bourgogne; il séjourne 5 ans aux Pays-‐Bas jusqu’à la mort de Charles VII – moment ou il se précipite alors dans le royaume, en prenant soin de se faire immédiatement sacrer a Reims.
Maison de Jacques Cœur a Bourges
Le dauphin a la maison de Bourgogne
• Charles VII dit en apprenant la fuite du dauphin et l’accueil qu’il avait trouve chez le duc de Bourgogne : « Il a reçu chez lui un renard qui mangera ses poules ».
• Le dauphin n’avait eu ni enfance ni jeunesse ; il était ne Louis XI, c’est-‐a-‐dire singulièrement inquiet, spirituel et malfaisant. Cet humble et doux dauphin, nourri chez Philippe-‐le-‐Bon des mie^es de sa table, était justement l’homme qui pouvait le mieux voir ce qu’il y avait de faible dans le brillant échafaudage de la maison de Bourgogne.
• Les embarras conGnuels de Jean-‐sans-‐Peur et de Philippe-‐le-‐Bon les firent longtemps serviteurs plutôt que maitres des Flamands. Le duc vint a Gand, au foyer du mécontentement, tenir une solennelle assemblée de la Toison d’or, faire en quelque sorte par-‐devant les Flamands une revue des princes et des seigneurs qui le soutenaient, leur montrer quel redoutable souverain était leur comte de Flandre. Il y avait une chose toute spéciale dans les soulèvements de ces villes du Nord, chose originale et terrible, et qui y était indigène, c’était l’ouvrier mysGque, le lollard illumine, le Gsserand visionnaire, échappe des caves, effare du jour, pale et have, comme ivre de jeune. Dans ces moments, il suffisait qu’une bannière de méGer parut sur la place pour que toutes d’un mouvement invincible vinssent se poser a cote. 20.000 hommes périrent parmi lesquels on trouva 200 prêtres ou moines a la bataille de Gavre.
1450-‐1560: Un récit
• Louis XI (1461-‐1483): Il va devoir affronter une opposiGon durable au mode de gouvernement monarchique: une large coaliGon regroupe bientôt une parGe des princes (Alençon, Bourbon) soutenus par le duc de Bretagne et par le comte de Charolais (futur Charles le Téméraire), fils de duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Charles de Charolais est d’ailleurs lui-‐même en opposiGon avec son père, auquel il reproche la cession des villes de la Somme a Louis XI. C’est la guerre du « Bien public ».
• Pour rester du maitre du jeu, Louis XI bénéficie de la fidélité de Paris et de la plupart des villes, ainsi que du refus d’une large part de la peGte et moyenne noblesse de s’associer a la révolte.
Louis XI établit les statuts de l’ordre de Saint-‐Michel par Jean
Fouquet (1470)
Un roi seul et pauvre
• Ce roi mendiant si longtemps nourri par le duc de Bourgogne, ramené sur ses chevaux, mangeant encore dans sa vaisselle au sacre, fit pourtant voir des la fronGère qu’il y avait un roi de France, que ce roi ne connaitrait personne, ni Bourgogne, ni Bretagne ; ni ami, ni ennemi. Des son arrivée dans le royaume, sur la route, et sans perdre de temps, il change les grands officiers. Des le commencement, et de plus en plus, il senGt bien qu’il était seul, que, dans le désordre ou l’on venait tenir le royaume, le roi serait l’ennemi commun, partant qu’il ne devait se fier a personne. Tous les grands étaient au fond contre lui, et les peGts meme allaient tourner contre, des qu’il demanderait de l’argent.
• Ordre aux vicomtes et receveurs de percevoir les fruits des fiefs, terres et seigneuries, qui seront mis entre les mains du roi, faute d’hommage et droits non payes. Le roi envoya dans les provinces des commissaires pour faire recherche de la noblesse, c’est-‐a-‐dire apparemment pour soume^re les faux nobles aux taxes, pour s’enquérir des fiefs qui devaient les droits.
• Il allait grand train dans sa guerre contre l’Eglise. D’abord, pour empêcher l’argent de fuir à Rome, il bannit les collecteurs du pape. Louis XI se trouvait engage dans une étrange voie, celle d’un séquestre universel… Il prenait souvent des gages, souvent des otages. Il aimait les gages vivants. Jamais ni roi, ni père, n’eut tant d’enfants autour de lui. Il en avait une peGte bande, enfants de princes et de seigneurs. Mais si les nobles, les seigneurs des campagnes, n’aidaient plus le roi, qui donc aidait ? Les villes.
1450-‐1560: Un récit
• L’avènement de Charles le Téméraire comme duc de Bourgogne (1467) est un nouveau facteur de tension. Mais, celui-‐ci, confronte a la révolte des villes d’Alsace, qui refusent de reconnaître l’autorité bourguignonne, et qui reçoivent l’aide des Suisses. Charles est défait a deux reprises par la redoutable infanterie des Cantons (batailles de Grandson et Morat). Il trouve la mort sous les murs de Nancy. Il assiégeait la ville dans le but de prendre le contrôle du duché de Lorraine: p r i nc ipa l t e r r i to i re en t re l e s pa rGes bourguignonnes et néerlandaises de sa principauté.
• Avec le Traite d’Arras (1482), la Picardie et le duché de Bourgogne reviennent a la couronne de France, mais les Habsbourg sont sur la fronGère du royaume… et la plus exposée de toutes en plus.
La centralisa6on et la lu7e contre Charles le Téméraire
• La poliGque de Louis XI renforce le pouvoir monarchique et la centralisaGon, mais surtout elle tend à niveler les condiGons, à supprimer les privilèges. Il créé la Poste en 1464 (des relais de quatre lieues en quatre lieues) de façon a accélérer la circulaGon de l ’ informaGon. Le rythme de son acGon est révoluGonnaire. C’est d’ailleurs ce qui la fait échouer. Il a hâté, il va trop vite, il pèche par impaGence.
• Au début de son règne Louis XI proje^e une profonde transformaGon sociale, qui fait écho tant a « la révoluGon » d’EGenne Marcel qu’a celle des cabochiens et a celle de 1789. Mais l’impulsion révoluGonnaire est rapidement brisée par la réacGon féodale (la contre révoluGon féodale de 1465 du Bien Public).
• L’affrontement réel à lieu non entre Louis XI et Charles le Téméraire mais entre Charles et les villes wallonnes Liège et Dinant, allies de Louis XI. Le combat de Louis XI et de Charles le Téméraire n’a lieu qu’indirectement dans la mesure ou Louis XI ause les révoltes liégeoises pour détourner son adversaire. Liège, monde de la houille et des forges, ville du mouvement perpétuel, dans laquelle la hiérarchie sociale n’existe pas tant elle est perpétuellement bouleversée. Dinant et ses dinandiers, ba^ant le métal au marteau pour fabriquer des chaudrons vendus ensuite en France ou ils deviennent les dieux Lares des foyers paysans.
Coche de Poste
Routes des Postes
Batailles de Grandson et de Morat
• Pour ne rien perdre du spectacle, Louis XI vint s’établir à Lyon. Lequel du sanglier du Nord ou de l’ours des Alpes, je^erait l’autre a bas, personne ne le devinait. Et personne non plus ne se souciait d’être du combat. Le duc semblait bien fort. Il venait de prendre la Lorraine. Et les Suisses aussi étaient formidables alors.
• A la bataille de Granson, peu de gens avaient comba^u dans ce^e plaine étroite. Le duc de Bourgogne avait perdu peu, perdu infiniment. Le presGge avait disparu ; ce n’était plus Charles le Terrible. Tout vaillant qu’il était, il avait montre le dos… Sa grande épée d’honneur était maintenant pendue à Fribourg ou à Berne.
• Le roi, qui jusqu'à la était assez négligé a Lyon, qui envoyait partout et partout était mal reçu, vit peu a peu le monde revenir. Le plus décidé était le duc de Milan. Le roi René, qui n’a^endait qu’un envoyé du duc pour le me^re en possession de la Provence, vint s’excuser a Lyon.
• A la bataille de Morat, au maGn, par une grande pluie, le duc met son monde sous les armes ; puis à la longue, les arcs se mouillant et la poudre, ils finissent par rentrer. Les Suisses prirent ce moment.
• Rejeté des Flamands aux Français, des Français aux Flamands, que lui restait-‐il?...Quel état maintenant son peuple, son pays de confiance ?... La (Franche) Comte meme envoya sous main au roi de France, pour traiter de la paix… Le jeune empire de la maison de Bourgogne se trouvait déjà vieux, sous son pompeux habit. Charles le Téméraire avait trop voulu de choses infinies… L’infini ! Qui ne l’aime ?... Jeune, il aima la mer, plus tard les Alpes… Ces volontés immenses nous semblent folles, et les projets, sans nul doute, dépassaient les moyens. On lui parlait comme à un vivant, mais il était mort.
Mort de Louis XI
• Louis XI, sans être pire que la plupart des rois de ce^e triste époque, avait porte une plus grave a^einte a la moralité du temps. Pourquoi ? Il réussît. On oublia ses longues humiliaGons, on se souvint des succès qui finirent ; on confondit l’astuce et la sagesse. Il en resta pour longtemps l’admiraGon de la ruse, et la religion du succès. Le royaume, jusque la tout ouvert, acquit ses indispensables barrières, se ceinture de Picardie, Bourgogne, Provence et Roussillon, Maine et Anjou. Il se ferma pour la première fois et la paix perpétuelle fut fondée pour les provinces du centre.
• Mourant et très affaibli, Louis XI avait eu l’idée de s’oindre de nouveau de la sainte ampoule et de renouveler son sacre, pensant apparemment qu’un roi sacre deux fois durerait davantage.
Louis XI par Jean Fouquet
1450-‐1560: Un récit
• Charles VIII (1483-‐1498): Anne de Bretagne épouse Charles VIII – les hommes du roi prennent le contrôle du duché, sans qu’il y ait annexion officielle.
• Le jeune roi commence a nourrir « un grand dessein » au centre duquel se situent ses projets italiens. Charles VIII décide de reprendre a son compte les revendicaGons dynasGques sur le royaume de Naples des princes de la Maison d’Anjou dont son père Louis XI a été l’hériGer.
• La descente jusqu’à Naples de Charles VIII a la tête de son armée (1494-‐1495) est une promenade militaire. Mais l’arrogance des Français débouche sur la consGtuGon d’une large coaliGon comprenant le duc de Milan qui change de camp, le pape et Venise, mais aussi l’empereur Maximilien et le roi d’Aragon.
Portait de Charles VIII
Entrée de Charles VIII et de ses
armées a Rome par Francesco Granacci
Entrée des troupes de Charles VIII a Rome
• Le 31 décembre 1494, a 3 heures de l’après-‐midi, l’armée de Charles VIII, entra dans Rome, et le défile se prolongea dans la nuit, aux flambeaux. Sa force principale, unique alors, était l’arGllerie, arme naGonale, organisée sous Charles VIII et devenue mobile, qui devait à ce^e mobilité une acGon décisive et terrible.
• Tout le monde comprenait que c’était la une grande révoluGon et plus que le passage d’une armée ; qu’il en adviendrait non seulement les tragédies ordinaires de la guerre, mais un changement général, décisif, dans les mœurs et les idées mêmes. Les Alpes s’étaient abaissées pour toujours.
• Tous savaient et prévoyaient des longtemps l’évènement ; tous en furent terrifies. Une chose était visible ; c’est que la France était très forte, et que seule elle l’était. L’Espagne, quoique réunie sous Ferdinand et Isabelle, qui venaient de prendre Grenade, n’était pas préparée encore. Ce^e France, qu’on croyait épuisée, qui avait diminue l’impôt, réduit la gendarmerie, elle apparut tout a coup regorgeant de moyens et d’armes en tous genres, arquebusiers, arGllerie, que n’avait nulle autre puissance. L’unité qui naissait dans la décomposiGon de la tyrannie féodale au XIIIème siècle, avait été, il est vrai, brisée de nouveau par la maladresse des rois qui refirent une seconde féodalité. Louis XI avait expie ce^e faute, et par un miracle de paGence et de ruse, écraser celle-‐ci a la sueur de son front.
Entrée de Charles VIII a Rome
La descente en Italie
• La découverte de l’Italie avait tourne la tète aux nôtres ; ils pas assez forts pour résister au charme. Le mot propre est découverte. Les compagnons de Charles VII ne furent pas moins étonnés que ceux de Christophe Colomb. Les Français ne soupçonnaient pas ce^e terre ni ce peuple, ce pays de beauté ou l’art, ajoutant tant de siècles à une si heureuse nature, semblait avoir réalisé le paradis de la terre. Aucune armée n’avait, comme celle de Charles VIII, suivi la voie sacrée, l’iniGaGon progressive qui, de Gènes ou de Milan, par Lucques, Florence et Sienne, conduit le voyageur à Rome. Les yeux noirs d’Italie, généralement plus forts que doux, tragiques et sans enfance (même dans le plus jeune âge) exercèrent sur les hommes du Nord une fascinaGon invincible.
L’Italie pendant la descente de Charles VIII
Anne de Beaujeu (Anne de France), sœur de Charles VIII et fille de Louis XI
• Aux Etats de 1484, les nobles demandaient les deux choses que le peuple redoutait : qu’on leur rendit les places fronGères qui, dans leurs mains, avaient tant de fois ouvert la France aux ravages de l’ennemi, et que l’on respectait leur droit de chasse, c’est-‐a-‐dire le ravage permanent des terres, l’impossibilité de l’agriculture. Tout avorta. Ce^e réacGon hypocrite de l’aristocraGe trouva sa barrière, son obstacle, un second Louis XI, dans sa très ferme et poliGque fille, Anne de France, Anne de Beaujeu.
• Le spectacle est curieux de voir ce^e fille de 20 ans, entourée, il est vrai, du chancelier et autres conseillers de Louis XI, reprendre la vie de son père, déjouer comme lui une ligue du Bien public, qu’on nomma très bien la guerre folle..
• Anne de Beaujeu était très contraire à l’expédiGon d’Italie et croyait toujours retenir son frère. Il lui échappa un maGn. Il était facile a prévoir que la France serait forcée d’envahir tôt ou tard l’Italie. Appelée 1o fois, 20 fois peut être, elle avait fait la sourde oreille, laissant démêler ce^e affaire entre l’Aragonais et le Provençal qui, depuis 200 ans, se disputaient le royaume de Naples.
Anne de Beaujeu
Rôle de la France dans la Renaissance
• La France trouva sa propre originalité dans le contact avec l’Italie, elle devint elle-‐même, pour le salut de l’Europe et de l’esprit humain… Le vivant organe de la Renaissance. L’invasion des deux fanaGsmes, musulman, espagnol, aurait été un fait horrible sans le contrepoids de la France.
• Le XVIème siècle c’est la découverte du monde et la découverte de l’homme. Le XVIème siècle, dans sa grande et légiGme extension, va de Colomb a Copernic, de Copernic a Galilée, de la découverte de la Terre a la découverte du ciel. L’homme s’y est retrouve lui-‐même.
Le pari de Brunelleschi
• L’Italie entrait dans une profonde prose, la matérialité violente des tyrans, des bandes mercenaires, la plaGtude bourgeoise des hommes de finance et d’argent. Une religion commençait dans la banque de Florence, ayant dans l’or dans sa présence réelle.
• Brunelleschi vend un peGt champ qu’il avait, et s’en va à Rome avec son ami, le sculpteur Donatello. Il fit la plus profonde étude du genre des matériaux, de la qualité des ciments, du poids des différentes pierres, de l’art qui les liait entre elles. Il apprit des Romains tous leurs secrets, et de plus, celui de les surpasser.
• Dans ce^e affaire difficile de l’Eglise Santa Maria di Fiori, le génie n’était pas tout. Il fallait encore infiniment d’adresse et ‘industrie pour s’emparer de ces bourgeois de Florence, banquiers, marchands, qui ne savaient rien, croyaient tout comprendre, ne manquaient pas d’écouter les ignorants, les envieux. Brunelleschi eut besoin d’une plus fine diplomaGe qu’il n’eut fallu pour régler toutes les affaires de l’Europe.
• Il s’agissait de faire pour la première fois une construcGon durable qui se souGnt elle-‐même et sans secours étrangers. (Métaphore de l’œuf debout avec le dôme de Santa Maria) voilà donc la forte pierre de la Renaissance fondée, la permanente objecGon a l’art boiteux du Moyen Age, premier essai mais triomphant, d’une construcGon sérieuse, qui s’appuie sur elle-‐même, sur le calcul de l’autorité et de la raison. L’art et les raisons réconciliés, voilà la Renaissance, le mariage du beau et du vrai.
Coupole de la Cathédrale Santa Maria di Fiori a Florence
Leonard de Vinci: la science et la mélancolie
• Leonard de Vinci “miroir profond et sombre”, Goya “cauchemar plein de choses inconnues”, Delacroix “lac de sang hante des mauvais anges”... Pour Baudelaire, un grand arGste est nécessairement mélancolique. Les Fleurs du Mal est un “memento mori”; son vocabulaire, ses catégories de pensées, sont imprégnées par la théologie chréGenne.
• Michelet: “Le Moyen Age s’était tenu dans une Gmidité tremblante en présence de la nature. Il n’avait su que maudire, exorciser la grande fée, Ce Vinci, fils de l’amour et lui-‐même le plus beau des hommes, sent qu’il est aussi la nature ; il n’en a pas peur.”
Autoportrait
1450-‐1560: Un récit
• Louis XII (1498-‐1515): Le roi, assure du Milanais, peut désormais envisager de reconquérir le royaume de Naples. Il choisit de le faire en associaGon avec Ferdinand, roi d’Aragon, qui prétend lui aussi a des droits sur ce royaume. Le traite de Grenade (décembre 1500) prévoit conquête et presGge. Cependant, en 1504, la perte du royaume de Naples est consommée: elle sera définiGve.
• Les hosGlités contre Jules II commencent en octobre 1510 et elles sont d’abord favorables aux troupes françaises qui pénètrent dans les Etats ponGficaux. Si les troupes françaises remportent une victoire a Ravenne en 1512, leur succès est lourdement hypothéqué par la mort de leur chef, Gaston de Foix, dont les capacités militaires font ensuite cruellement défaut. Menacées par les Suisses qui ont rejoint la coaliGon contre Louis XII, les troupes françaises évacuent le Milanais des le printemps 1512.
Louis XII et Anne, la duchesse de Bretagne.
Jules II par le Ti*en.
Louis XII et son armée vivent sur le pays
• Louis XII, tant qu’il le put, fit payer la guerre d’Italie par l’Italie elle-‐même, décidé à l’épuiser pour ménager la France. Ce fut ce qu’on a vu de 1806 a 1812, l’époque du trésor de l’armée. Système qui rend la guerre plus légère pour la naGon guerroyant, sauf a entasser contre elle des masses de haine, et qui prépare de cruelles représailles pour les jours de revers. Mais le trésor de la France, qu’elle ignora profondément et dont elle ne songea nullement a profiter, c’était son étonnante sociabilité, une assimilaGon rapide a toute humanité. Il suffisait à la France qu’elle voulut, pour être adorée.
Louis XII en Italie
1450-‐1560: Un récit
• François Ier (1515-‐1547): François est hériGer présompGf tout au long du règne de Louis XII et traite comme tel.
• Avec l’aide des VéniGens, il remporte a la tête de ses troupes la victoire de Marignan (septembre 1515) contre les Suisses, allies du pape Léon X et du duc de Milan. Ce succès entraine la reconquête du Milanais. Une paix perpétuelle est signée entre la France et les Suisses en novembre 1516. Elle mérite pour une fois son nom puisqu’elle fonde une alliance durable entre les deux pays et permet a la France de lever régulièrement des mercenaires dans les Cantons.
• Léon X, un Médicis, signa avec la France un concordat a Bologne. Il officialise le droit de regard du roi sur les nominaGons aux principaux bénéfices ecclésiasGques, moyennant la reconnaissance des droits du pape sur l’Eglise de France.
• Ce texte, adopte en 1438, garanGssait, au détriment du souverain ponGfe, les droits de l’Eglise gallicane (élecGons bénéficiales, supériorité du concile sur le pape).
François Ier par Jean Clouet
Le pape Léon X
François Ier et Marignan
• L’armure de Marignan et de Pavie, toute faussée qu’elle est de coups de feu et de coups de pique, témoigne de l’effet que dut produire ce magnifique homme d’armes. Les femmes, la guerre – la guerre pour plaire aux femmes. Il procéda d’elles enGèrement. Les femmes le firent tout ce qu’il fut, et le défirent aussi. Amour... on ne peut nommer autrement la passion éperdue de Marguerite pour son frère. Elle avait deux ans de plus, et dix ans en réalité ; la jeune sœur, pour celui qu’elle vit naitre, qu’elle enveloppa tout d’abord de son insGnct précoce, fut la mère, la maitresse, la peGte femme, dans les jeux enfanGns ; a grand-‐peine fut-‐elle averGe qu’après tout elle était sa sœur.
• Le lendemain de la mort du tyran (je veux dire Anne de Bretagne), Louis XII, enfin libre, donna sa fille, Claude, a un Français, ferme la porte a l’étranger. Charles-‐Quint n’aura pas la France.
• Et François Ier fut salue de l’Italie, comme de la France. L’Italie haletait ; elle n’en pouvait plus ; l’horreur indéfinie du pillage éternel des bandes suisses et des armées espagnoles. François Ier adoubé chevalier par Bayard avant Marignan
Marignan – la victoire française par excellence
• Les réveils et les renouvèlements subits, imprévus de la France, sont des miracles inconnus à toutes les naGons du monde. C’est ce peuple qui a fait la croisade, et lui qui a dresse le bucher où pérît la croisade, avec l’ordre des Templiers. C’est lui qui donna le type des insGtuGons féodales, lui qui fonda en face leur destructeur, la bourgeoisie. Au point ou nous arrivons, la France encore va détruire une de ses vieilles œuvres. Chevalerie, gendarmerie, vieille organisaGon militaire, tout cela s’en va ensemble ; le peuple, dans l’infanterie, a fait son appariGon sur le champ de Ravenne. Et c’est lui qui opère, en 1515, le grand passage des Alpes.
• La France, des Charles VII par ses Gascons et ses Bretons, des Louis XII par ses Picards et autres Français du Nord, sous François Ier par l’insGtuGon des Légions provinciales, commença une tradiGon durable qui se perpétue jusqu'à nous. On entrevit les Français comme premiers marcheur du monde, c’est-‐a-‐dire éminemment soldat. Jamais les autres naGons, Allemands, Suisses, Italiens, Espagnols n’ont devine par ou les Français allaient passer toujours, ils ont été surpris.
Armure de François Ier
Marignan – la victoire française par excellence
• C’était par les sources même du Po que les Français entraient en Italie. Le roi s’était place a Marignan, a 10 milles de Milan, ayant derrière lui les armées espagnoles et ponGficales, qu’il séparait ainsi des Suisses. Qui commandait l’armée française ? Tout le monde et personne. Le roi, tout novice, de 21 ans, était censé commander, et sous lui, Charles de Bourbon, de 25 ans, qu’il venait de faire connétable.
• Fidèle aux vieilles tradiGons, le roi employa les dernières minutes, si précieuses, à se faire armer chevalier. Il s’adressa a l’homme le plus aime de l’armée, fit avancer Bayard et reçut l’ordre de sa main. Les Suisses furent plus écrasés que vaincus. Ce qui avait achevé de les décourager, c’est que, vers 10 heures du maGn, ils entendirent crier : « Marco ! Marco ! » Et virent les drapeaux de Venise. C’était Alviano qui avait marche toute la nuit avec sa cavalerie. Les Suisses, si bien ba^us des lances et des boulets du roi, le furent encore plus de son argent. Il les gorgea, les renvoya. Corrompus contre eux-‐mêmes, ils acceptèrent, tète basse, plus d’argent que ne valait toute la Suisse, vendant les baillages italiens et renonçant a l’Italie.
• A François Ier de balancer le monstre hétérogène du triple empire de Charles-‐Quint qui, se formant de mort en mort et par successions, sans bruit, tout doucement, menaçait bientôt d’englouGr l’Europe. Si l’on eut cru réellement qu’il voulut être le protecteur des faibles et le centre de résistance contre le pape et la maison d’Autriche, il était le maitre du monde.
Chevalier Bayard
1450-‐1560: Un récit
• Charles de Gand recueille une formidable succession: CasGlle, Aragon et leurs nombreuses dépendances en Italie et désormais en Amérique, puis quand disparaît Maximilien de Habsbourg, Pays-‐Bas, Franche-‐Comté, Autriche… Le décès de Maximilien ouvre aussi la succession impériale. François Ier se pose en compéGteur de Charles, mais c’est ce dernier qui est élu, sous le nom de Charles Quint. Tout de suite, les deux hommes se disputent l’alliance du roi d’Angleterre, Henri VIII.
• François Ier est le premier souverain français a soutenir des expédiGons de découverte (et de conquête) vers le Nouveau Monde: celle de Verrazano entre 1523 et 1528, le long des cotes des actuels Etats-‐Unis, puis celle de CarGer et Roberval au Canada entre 1534 et 1542.
Charles Quint jeune
Henry VIII
Le rendez-‐vous manque de la France
• La France de Louis XII rançonne l’Italie, rétablît les gouvernements les plus tyranniques, « porte de le dernier coup » au pays et le livre aux puissances extérieures qui le convoitent. La Renaissance voit l’affirmaGon de l’Etat, le renforcement des monarchies et leur évoluGon vers l’absoluGsme.
• Mais la Renaissance voit aussi l’influence des femmes augmenter. Dans le cadre de la monarchie, l’influence des femmes joue pour transformer celle-‐ci en une affaire de famille. La monarchie se privaGse, se rétrécît aux intérêts domesGques des familles régnantes. La poliGque des rois, de moins en moins naGonale et de plus en plus matrimoniale, abouGt au bout de trois siècles à l’alliance objecGve de tous les gouvernements absoluGstes européens.
• François Ier incarne l’héroïsme de la Renaissance. Charles Quint dont le portrait consGtue un diptyque avec celui du roi français, représente à l’inverse l’esprit anGnaGonal et purement familial de la famille de Habsbourg qui considère les peuples comme un patrimoine.
• A mesure que s’affaiblit dans les esprits le dogme de l’incarnaGon, grandit et se forGfie l’idolâtrie monarchique. MysGque profondément matérialisant, et qui repose en dernière instance sur l’adoraGon de la force.
• François Ier, profitant de son charisme, aurait pu prendre la tète des révoluGons qui grondaient alors partout en Europe, en Allemagne en parGculier. Mais il devait décidément être le gros garçon qui gâta tout. Entre la révoluGon et le pape, il avait choisi quoi ? Une boulangère de Lodi !
Anne Boleyn
Marguerite de Navarre
Catherine d’Aragon
1450-‐1560: Un récit
• En 1524, l’armée française est écrasée a Pavie et le roi est lui-‐même capture par les troupes de Charles Quint.
• Les négociaGons pour la libéraGon de François Ier sont extrêmement laborieuses en raison, en parGculier, de la volonté absolue de Charles Quint de récupérer la Bourgogne. Le roi finit par accepter (traite de Madrid, 14 janvier 1526): il s’engage a resGtuer la province après sa libéraGon, et remet a l’empereur ses deux fils aines en otages, comme garanGe de l’applicaGon du traite.
• En 1529, on signe « la paix des Dames »: Marguerite d’Autriche et la mère de François Ier. Selon les termes du traite, François Ier abandonne, comme en 1526, toutes ses prétenGons italiennes, mais il conserve la Bourgogne. Il doit en revanche verser a Charles Quint une rançon considérable de deux millions d'écus d’or.
Bataille de Pavie.
Louise de Savoie
Marguerite d’Autriche
1450-‐1560: Un récit
• Henri II (1547-‐1559): Le nouveau roi écarte sans ménagement l’équipe de la fin du règne de son père; il rappelle le connétable de Montmorency et installe sa propre favorite, Diane de PoiGers, dont la reine Catherine de Médicis doit s’accommoder.
• La tension avec le souverain ponGfe est liée aux condiGons de la reforme de l’Eglise et a la tenue du concile de Trente. Elle est bientôt telle qu’il est même brièvement quesGon, en 1551, d’une soustracGon de l’obédience française par rapport au pape, sur le modèle anglais… Mais une réconciliaGon se produit un an plus tard en 1552.
• Face a Charles Quint, Henri II renouvèle son alliance avec les princes protestants allemands. A l’été 1553, la Corse est conquise par les Français avec l’aide, une fois encore, de la flo^e turque.
• C’est alors que Charles Quint commence la série de ses abdicaGons successives.
Henri II Diane de Poi*ers
Catherine de Médicis
1450-‐1560: Un récit
• En 1558, François de Guise enlève aux Anglais la ville de Calais réputée imprenable, qu’ils tenaient depuis plus de deux siècles. Et face aux Anglais, l’alliance écossaise est renforcée par le mariage de la jeune reine d’Ecosse, Marie Stuart, avec le dauphin François II.
• Au moment ou il relance avec énergie une poliGque anGhéréGque, Henri II est mortellement blesse a un tournoi.
François de Lorraine, duc de Guise.
Un royaume prospère?
• A la Renaissance, la populaGon proliférait « comme souris en grange ».
• Le « nadir » (point le plus bas) démographique se situe, selon les régions, entre le début et le milieu du XVème siècle.
• Les facteurs démographiques sont a la hausse: Le paramètre essenGel est ici l'âge de la femme au mariage, ce sacrement correspondant dans les sociétés anciennes a un véritable permis de procréer. On se marie plus tôt dans le deuxième moiGe du XVème siècle qu’aux temps précédant la Peste Noire.
• Combien d’habitants a la Renaissance sur le territoire de la France actuelle? Au plus bas de la dépression démographique, il abriterait quelques dix millions d’habitants. A la fin du XVème siècle, un bond sensible a été accompli, et ils sont pour le moins 15 millions. Au milieu du XVIème siècle, une nouvelle avancée s’est produite, qui fait proposer une fourche^e de 18 a 21 millions. Il s’agit, et de loin, de la monarchie la plus peuplée du conGnent.
Un royaume prospère?
• Avec une natalité importante, la France a^eint les 20 millions d’années vers 1500. Elle bénéficie également d’importants flux démographiques (jeu combine de l’immigraGon des paysans vers les villes et de l’émigraGon étrangère).
• Dès la fin du XVe siècle, les paysans se transforment en ouvriers, filant et Gssant pendant les mois creux du calendrier agricole, le lin, le chanvre et la laine, pour les marchands-‐fabricants de la ville.
• Le mode principal de producGon dans le domaine industriel et commercial demeure toujours essenGellement arGsanal. C’est aussi l’avènement des marchands-‐banquiers. Dans ce^e période d’inflaGon du pouvoir et de sa représentaGon, les princes ne peuvent plus se contenter de revenus ordinaires (ceux de leurs domaines) ou de leurs revenus extraordinaires fournis par les impôts : nécessite est d’emprunter. L’une des royales manières de contracter un emprunt est de donner a ferme quelques péages, douanes et autres taxes indirectes ; le financier avance immédiatement le montant escompte, puis se charge de la levée fiscale sur le terrain.
Marinus Van Remeyrsmaele -‐ XVIème siècle
Produire
• La reconquête des terroirs: La Renaissance rurale passe par la remise en valeur des espaces agricoles, élément essenGel de la reconquête du royaume.
• En ces temps d’hommes plutôt rares, il faut alors négocier avec les paysans les condiGons dans lesquelles la remise en valeur peut s’effectuer. Les droits seigneuriaux sur les tenures sont souvent limites et les propriétaires consentent des baux a long terme: la condiGon paysanne devient globalement plus favorable.
• Largement humanisée, la foret est parcourue par les bucherons, les saboGers, les gardiens de troupeaux… Le couvert foresGer est souvent esGme a un Gers du territoire – ce qui paraît un peu excessif.
• Les inflexions des acGvités: Le sarrasin, nouveau venu en Bretagne, est en passe d’y devenir une véritable culture de civilisaGon. Ce « blé noir » consGtue bientôt une des bases de l’alimentaGon des ruraux.
• En Normandie, l’avoine progresse alors que l’élevage se développe.
• « Le XVIème siècle plante a tour de bras ». (Emmanuel Le Roy Ladurie).
Le château d’Ussé.
Le Nain.
Produire
• Formes de la producGon: Certaines exploitaGons viGcoles, voire céréalières, sont totalement ou presque totalement spéculaGves, en ce sens que presque toute leur producGon est vendue.
• La producGon arGsanale: De plus en plus de bras se consacrent a la producGon arGsanale et tous les auteurs s’accordent pour considérer la Renaissance comme une période parGculièrement faste pour elle.
• Ce sont généralement les maGères premières, les plus couteuses (laines de qualité, fils de soie, colorants) qui circulent sur les plus grandes distances.
• La producGon métallurgique pour sa part connaît une véritable explosion, en parGculier la sidérurgie: les hauts -‐ fourneaux perme^ent de p rodu i re d’importantes quanGtés de fonte, affinées ensuite au marteau hydraulique.
• L’ancien et le nouveau: On assiste a la Renaissance a la première amorce d’une société de consommaGon en Europe. Mais on est bien loin encore d’une révoluGon industrielle. Le blocage technique décisif Gent a l’absence de nouvelle source d’énergie. Rien ne vient s’ajouter aux moulins qui jouent depuis longtemps un rôle central dans nombre d’acGvités industrielles.
Le Louvre a la fin du XVIème siècle
Produire
• En maGère d’innovaGon, en parGculier, dans le domaine texGle, le trait fondamental de la période est sans doute l’essor de la proto-‐industrialisaGon marquée par la prise en main des circuits de producGon par des marchands. Certains d’entre eux fournissent les maGères premières, parfois même l’équipement, et les producteurs sont en fait des salaries travaillant pour leur donneurs d’ouvrages.
• Travail et capital: C’est toujours l’entreprise familiale, arGsanale ou agricole, qui consGtue le modèle dominant. Dans le contexte globalement favorable de la Renaissance, toute injecGon de capital a donc de bonnes chances de produire rapidement des profits.
Tapisserie Feuille de Choux Pays Flandres XVIème siècle
Maison de Marchands de toile dans le Finistère
Le monde de l’échange
• L’approche par les marches: Les exportaGons de toile bretonne vers l’Angleterre ont lieu de port a port, le plus souvent sur la base de produits spécifiques, sans que puisse se manifester une concurrence d’ensemble qui structurerait un marche de la toile unifie. Les espaces de l’échange sont donc segmentes, a la fois hétérogènes, polarises et hiérarchisés, sans régulaGon globale.
• Les contradicGons abondent: la réussite des foires de Lyon entraine ainsi une forte exportaGon de métaux précieux, contreparGe de l’achat de produits de luxe étrangers, alors même qu’empêcher or et argent de qui^er le royaume est un objecGf pour le roi et son conseil. Tout porte donc a croire qu’il n’y a pas de véritable poliGque économique ou commerciale cohérente a l’œuvre .
Lyon produit un 1/3 de l’imprimerie française a la fin du XVIème siècle
Le monde de l’échange
• Les instruments monétaires et financiers: L’économie souffre durablement d’une pénurie de monnaie métallique, alors que la volonté de transacGons s’accroit sensiblement.
• L’abandon en 1467 du système dit du pied de la monnaie, qui étalonnait strictement les monnaies d’argent les unes par rapport aux autres pour ce qui touche leur contenu en métal précieux, insGtuGonnalise l’existence d’une double circulaGon d’espèces d’argent, les unes a forte valeur métallique, uGlisées dans les échanges a longue distance, et les autres dont la valeur est en parGe fiduciaire et qui servent aux transacGons locales de faible ampleur… La le^re de change devient une véritable monnaie internaGonale (L’opéraGon a une uGlité monétaire: on transfère des fonds sans circulaGon monétaire avec change d’une monnaie a l’autre.
• Il y a également les « prêts a la grosse aventure » qui financent de nombreuses expédiGons mariGmes.
Une rue commerçante dans une ville
au début du XVIème siècle
Le monde de l’échange
• Les principes de l’échange: Personne ne doit prêter dans le but d’obtenir une rémunéraGon sans quoi il y a usure. Quand le prêt est resGtue, il est accompagne d’un surplus, il ne peut s’agir que de quelque chose qui relève de la liberté du débiteur, qui l’accorde par amiGé, comme une grâce.
• A la Renaissance, ce sont les hommes de l’échange, marchands au premier chef, et non les producteurs, qui occupent une posiGon centrale pour contrôler et orienter marches et producGons, grâce a leur maitrise des stocks et des flux de capitaux. En effet, le capital fixe est souvent modique, le capital circulant occupe une place bien plus importante.
Naar Quiten Massys peint le banquier et sa
femme. Le Lévi*que déclare « vous ne commebrez pas de fraude sur les mesures, les
poids et les contenances ».
Le monde de l’échange
• Les moteurs de l’échange: Si le royaume de France est riche et peuple, il s’inscrit toujours dans une économie de pénurie. Même s’ils suscitent plus d’intérêt, les objets restent rares. Les arGsans en parGculier bornent généralement leur acGvité a ce qu’ils pensent pouvoir vendre.
• Les marchands: L’importance des colonies marchandes étrangères est a^estée dans les principales villes du royaume. Sans parler de Lyon ou règnent les Italiens, a Rouen ou a Nantes les marchands ibériques assurent une part notable du commerce texGle internaGonal.
• L’approvisionnement en épices et en soieries demeure aux mains des Italiens et, a la fin du XVème siècle, c’est par l’axe Milan-‐Lyon que ces produits arrivent aux foires de la capitale des Gaules.
Marchands espagnoles a Rouen.
Le « beau XVIème siècle »: structures et conjonctures
• S’impose un climat d’incerGtude et d’insécurité, renforce par les faibles capacités d’anGcipaGon de la plupart des acteurs, en raison même de la faiblesse des ressources dont ils disposent. D’ou l’importance centrale, dans les relaGons sociales, des garanGes interpersonnelles, seules a même d’apporter une certaine sécurité.
• Il n’existe pas de marche unique, mais une mulGtude de circuits juxtaposes et emboites, et aussi différenciés socialement. Seuls quelques operateurs sont en mesure d’intervenir en même temps sur plusieurs d’entre eux et en plusieurs lieux. Parmi eux, des marchands figurent au premier rang.
• InflaGon et revenus: N’y a t’il pas un simple phénomène de dévaluaGon monétaire, lie a l’augmentaGon stock métallique disponible? A la Renaissance, en effet, l’argent affluant des mines d’Europe centrale et l’or rapporte d’Afrique et bientôt d’Amérique perme^ent de frapper beaucoup plus de monnaies métalliques?
• C’est la hausse des prix des céréales qui s’avère la plus forte, loin devant les autres denrées alimentaires et les produits de l’arGsanat. C’est pour les salaries, en ville et sans doute plus encore a la campagne, que l’évoluGon est la moins favorable. Le beau XVIème siècle est ainsi progressivement marque par une cruelle paupérisaGon populaire.
Paris au XVIème siècle.
Le « beau XVIème siècle »: structures et conjonctures
• Du renouveau a la crise?: L’augmentaGon de la populaGon, avec toutes les consommaGons qui en découlent, provoque également des tensions écologiques: sols surexploites par les cultures, espaces boises fragilises par une pression intense et de vives concurrences. En outre, a parGr des années 1540, les difficultés semblent aggravées par des condiGons climaGques plus défavorables qui marquent l’entrée dans
(Emmanuel Leroy Ladurie).
La Dame a la Licorne Tapisserie de Flandres.
Une société en mouvement?
• Valeurs: Le don consGtue une première valeur centrale: tout sur terre est don de Dieu, et l’échange des dons entre les hommes et avec Dieu consGtue par conséquent un lien privilégié. C’est une véritable économie d’obligaGons amicales et charitables qui est ainsi insGtuée, et qui manifeste de mulGples façons la fraternité qui unit entre eux fils et filles de Dieu.
• La famille offre des garanGes essenGelles face aux incerGtudes du monde social. Cet appui profite aux personnes, mais concerne aussi les patrimoines. Le poids du modèle familial fait que la société dans son ensemble peut être considérée comme une associaGon de familles.
• Parfois les redevances seigneuriales ne sont plus considérées que comme une sorte de taxe ou de loyer, qui s’inscrit désormais dans une simple relaGon contractuelle.
• L’établissement du système fiscal fait de la communauté un acteur de base de la levée du principal impôt, la taille. Mais la dimension militaire joue son rôle, car l’auto-‐défense communautaire s’est largement diffusée au temps de la guerre de Cent ans.
• C’est aux communautés qu’il incombe en effet de fournir francs-‐archers ou arbalétriers qui doivent épauler (et a terme remplacer?) les mercenaires de l’infanterie royale.
Ecole Allemande. XVIème siècle.
Ecole Italienne. XVIème siècle.
Une société en mouvement?
• La levée de la taille, outre les problèmes concrets qu’elle suscite, est une occasion de formaliser localement une échelle des fortunes et des revenus, avec tous les enjeux de dissimulaGon, mais aussi les lu^es de classement que cela entraine, car se construit alors un rapport entre idenGté sociale et versement d’une redevance.
• Le monde urbain: Suite aux conflits salariaux dans les premières imprimeries a Paris et a Lyon, la monarchie réagit en interdisant, par l’ordonnance de Villers-‐Co^erêts (1539), toutes les confréries de méGers. Mais la décision n’est pas véritablement appliquée: des avril 1541, celle des drapiers de Paris est de nouveau autorisée.
• La condiGon nobiliaire: Progressivement, ce qui était une qualité individuelle (X est reconnu comme une homme noble) tend a qualifier tout un groupe (X apparGent a la noblesse). A la Renaissance, la noblesse est un groupe (et un statut) a la fois ouvert, accessible et tres a^racGf.
Une société en mouvement?
• Les reformes du Bien Servi entrainent une une réducGon des effecGfs et une professionnalisaGon de l’armée royale qui définît, au sein de la noblesse, une groupe militaire plus restreint.
• SégrégaGons, exclusions, régulaGons: Le bordel public est une insGtuGon nouvelle et florissante a la fin du Moyen Age. Ce^e insGtuGon est remise en cause au XVIème siècle avec la diffusion de la syphilis des années 1520 et avec le nouveau regard porte sur le plaisir charnel avec la Reforme protestante.
• On voit apparaître également les Coquillards – une bande organisée qui mulGplie les forfaits a Dijon. Ils sont au cœur meme de la société.
Scène de Bordel par Jan Steen.
Une société aux opportunités sélecJves
• L’essor urbain: Les villes de la fin du Moyen Age demeurent le plus souvent corsetées dans leurs enceintes, alors même que leur populaGon augmente et se densifie.
• L’ascenseur social: La Renaissance connaît de réelles dynamiques sociales: il y a des places a prendre, d’une part a cause de nouvelles opportunités liées aux transformaGons de la société, d’autre part grâce aux niches qui se libèrent (exGncGon biologique des familles, échec et déclins divers). La promoGon part du monde des paysans et des arGsans.
• La foncGon d’avocat s’avère, jusqu’en 1560, une source d’enrichissement rapide et sure. L’office peut, de son cote, être une voie d’accès a la noblesse; sous une forme directe, cela reste très rare car peu de charges sont annoblissantes.
• Dans le processus d’ascension, l’accès a la terre demeure fondamental, car le patrimoine foncier est le mieux a même d’assurer un idéal renGer largement répandu. Dans le Bordelais, le achats de seigneuries par des bourgeois prennent leur essor vers 1520.
Plan de Paris au XVIème siècle.
Une société aux opportunités sélecJves
• Le marche foncier devient un champ de rivalités sociales: les transferts de biens ne s’y limitent pas au dépouillement, encore limite d’ailleurs, de peGts paysans et de nobles en difficulté par des élites urbaines triomphantes. Ventes, achats et saisies ont le plus souvent lieu entre paysans: c’est par ce bais qu’émerge un peu partout une groupe de laboureurs appelé a dominer la communauté villageoise.
La « grant monarchie de France »
• Le Gtre de l’ouvrage de Claude de Seyssel, rédige en 1515 et publie en 1519, donne bien le ton de la période: la Renaissance de la sorGe victorieuse de la guerre de Cent ans, a l’éclatement des guerres de religion, est marquée par un grand rayonnement et un rôle croissant de la monarchie.
• Les rois: Le roi, personne publique, a encore du mal a abandonner totalement sa dimension privée. Ainsi, Louis XII ou François Ier, souverains qui succèdent a un de leurs cousins, Gennent-‐ils a conserver un patrimoine a part de celui de la couronne.
• HériGer légiGme, oint et sacre, le roi est le père de ses sujets, mais aussi l’époux de la chose publique qui lui apport, lors du sacre conçu comme un mariage, le domaine comme dot de la couronne.
La « grant monarchie de France »
• Le roi et les siens: Le cercle de la faveur comprend d’abord les favorites. Pour la première fois dans les années 1444-‐1450, Agnès Sorel, maitresse de Charles VIII, occupe une positon quasi officielle a la cour. Son influence poliGque reste cependant très discutée. François Ier aura le duchesse d’Etampes, puis Diane de PoiGer qui lui survivra et accompagnera ensuite Henri II.
• L’hôtel (bientôt appelé maison) du roi, cœur de la cour, est un lieu parGculièrement opportun pour se faire remarquer du Prince et en obtenir les faveurs.
• A parGr du règne de François Ier, qui a^ache une importance parGculière au rayonnement de la cour, celle-‐ci est élevée au rang de mythe. Et un essor spectaculaire la fait passer de d’un millier de personnes sous Charles VIII a plusieurs milliers: des maxima de 8000 a 12000 personnes sont avances.
Très rapidement, en 1444, Agnès Sorel va passer du rang de demoiselle d'honneur d'Isabelle de Lorraine à celui de première dame officieuse du royaume de France. Son art de vivre et ses extravagances rejebent la Reine dans l'ombre. Les voiles et autres guimpes sont abandonnés, et elle
invente le décolleté épaules nues qualifié de «ribaudise et dissolu*on » par les chroniqueurs de l'époque. De ver*gineuses pyramides surmontent sa coiffure. Des traînes de huit mètres de long allongent ses robes bordées de fourrures précieuses : martre ou zibeline. En cebe année 1444, le roi lui offre 20.600 écus de bijoux dont le premier diamant taillé connu à ce jour. Pour se procurer ces atours précieux, elle devient la meilleure
cliente de Jacques Cœur, marchand interna*onal et grand argen*er du roi, qui a amassé des trésors venus d'Orient dans son palais de Bourges.
Anne de Beaujeu, la sœur de Charles VIII
• Anne de Beaujeu était très contraire à l’expédiGon d’Italie et croyait toujours retenir son frère. Il lui échappa un maGn. Il était facile a prévoir que la France serait forcée d’envahir tôt ou tard l’Italie. Appelée 1o fois, 20 fois peut être, elle avait fait la sourde oreille, laissant démêler ce^e affaire entre l’Aragonais et le Provençal qui, depuis 200 ans, se disputaient le royaume de Naples.
• Deux puissances paraissaient à l’horizon, l’Espagne et l’Empire turc. Chaque année, par un progrès fatal, la flo^e turque gravitait vers l’ouest et venait heurter l’Italie. Au Midi, cet empire se révélait comme force mariGme : ravages des barbaresques et enlèvement périodique des populaGons. C’était jouer un jeu terrible que de les appeler, comme faisait Venise contre Naples, et celle-‐ci contre Venise.
Anne de France est née en 1461. Il s'agit de la fille aînée de Louis XI et de Charlobe de Savoie. Son père la surnommait « la moins folle femme de France ». Elle est mariée
en 1474 avec Pierre de Beaujeu, frère du Duc de Bourbon, de vingt-‐deux ans son aîné et devient ainsi Anne de Beaujeu. En 1483, à la mort du roi son père, elle se voit
confier la garde et le gouvernement de son frère, Charles VIII, qui n’a alors que treize ans, comme son père l'avait souhaité. Elle montre un caractère très affirmé et un goût du pouvoir qui vont faire d’elle une véritable souveraine pendant sa régence.
La « grant monarchie de France »
• Le décision poliGque au sommet: Le Prince, s’il ne veut pas agir en tyran, se doit de prendre conseil. Ceux qu’il sollicite ont alors l’obligaGon de lui donner leur avis pour l’aider a gouverner. Le « devoir de conseil » engage donc les deux parGes.
• L’exaltaGon du Prince: La devise d’Henri II « Donec totum impleat urbem » vise clairement a concurrencer le « Plus oultre » de Charles Quint.
• La personne du roi occupe une place centrale. Le corps physique du souverain est de plus en plus souvent mis en avant.
La « grant monarchie de France »
• C’est avec Louis XII qu’apparaît sur certaines monnaies un profil individualise.
• Guillaume Budé offre a François Ier, en 1519, « Une insGtuGon du Prince » qui dresse de lui un portrait élogieux. Mais les louanges ne relèvent pas de la simple fla^erie intéressée: elles se veulent performaGves.
L’appareil monarchique
• Les enjeux financiers: La guerre de Cent ans a permis d’asseoir une fiscalité régulière, directe et indirecte. Celle-‐ci se mainGent après le retour a la paix. Tout au long de la période, les quesGons militaires représentent le premier poste de la dépense monarchique. Mais la cour consGtue alors le second poste. Sous François Ier, elle absorbe près de 30% des fonds disponibles, en temps de paix.
• Les fermiers des impôts a la Renaissance sont généralement d’assez peGts personnages, bien éloignés des futurs fermiers généraux.
• Le clergé est astreint au paiement de décimes dont la levée se fait de plus en plus souvent régulière.
• L’Etat de jusGce: Le roi est le maitre des remissions. En théorie, sa capacité a gracier est immense. Dans les faits, elle paraît se restreindre.
• Le vol est de plus en plus regarde comme un crime qui peut faire l’objet d’une le^re de rémission.
• La croissance du personnel: Des échelons nouveaux apparaissent (présidiaux 1552), des acGvités sont érigées en offices vénaux (vendeurs de poissons de mer a Paris, personnels des eaux et des forets). Désormais, le monde de l’office, épaulé par les subalternes qui gravitent autour de lui, a une visibilité accrue.
Ecus d’Or de Louis XII.
L’appareil monarchique
• Une emprise accrue de la monarchie a la Renaissance?: La poliGque royale dans sa globalité, avec fronGères, monnaie, système douanier, fiscalité et législaGon, définit un espace économique et influe de ce fait sur l’acGvité humaine. En effet, une acGon mercanGliste (sans le nom) est menée par les rois de France, des ce^e époque.
• Des limites vite a^eintes: L’officialisaGon de la tenue de registres paroissiaux ne vise évidemment pas a mieux connaître l’évoluGon d’ensemble de la populaGon. Les élites dirigeantes savent que la France est un royaume riche et peuple, mais la mesure en est bien difficile a prendre.
• Agir localement: Montaigne peut écrire encore avec un peu d’exagéraGon qu’aux « provinces éloignées de la cour, le poids de la souveraineté ne touche un genGlhomme français a peine deux fois en sa vie. »
Extrait de registres paroissiaux, le clergé y consigne deux sacrements (baptêmes et
mariages)
Le nouveau messie est le roi
• A mesure que s’affaiblit dans les esprits le dogme l’incarnaGon, grandit et se forGfie l’idolâtrie monarchique. C’est l’adoraGon de la force, l’obscurcissement du Droit. Le fil des affaires poliGques, moins mulGple, moins complexe, mis dans une seule main, devient pourtant difficile a suivre ; ce^e main unique est fermée. Toute affaire est maintenant personnelle, de famille, de favoriGsme, de galanterie.
• Où fut l’âme de l’Italie au XVIème siècle ? Dans la placide facilite du charmant Raphael ? Dans la sublime ataraxie du grand Leonard de Vinci, le centralisateur des arts, le prophète des sciences ?
• Dans Saint Pierre, Michel-‐Ange n’avait guère songe au triomphe du catholicisme, il n’a rêve que le triomphe de l’art nouveau, l’achèvement de la grande victoire de son maitre Brunelleschi, devant l’œuvre duquel il a fait placer son tombeau afin, disait-‐il, de le contempler pendant toute l’éternité. Il a procédé de deux hommes, Savonarole et Brunelleschi. Il n’est ni païen, ni chréGen. Quiconque fut entre chez lui la nuit (il dormait peu), l’eut trouve travaillant la lampe au front, comme un cyclope, et aurait cru voir un frère des Titans. Le violent Jules II avait ose accepter pour son mausolée le plan de Michel-‐Ange, plan immense qui aurait été un temple dans un temple. Une tombe qui aurait porte 40 colosses, de vertus, de royaumes conquis, de religion, Moise et l’Evangile. Le Ciel s’y réjouissait et la Terre y pleurait. Mais le pape avait décidément tourne le dos à Michel-‐Ange. Il ne le voyait plus. Il le laissait payer les marbriers de son argent. Moise de Michel-‐Ange.
La chapelle Six6ne – un défi pour Michel-‐Ange
• Ce serpent, Bramante, avait imagine un coup pour désespérer Michel-‐Ange. Il lui fit ordonner par ce pape insensé, a lui sculpteur, de peindre la chapelle SixGne. Michel-‐Ange n’avait jamais touche pinceau ni couleur, ne savait ce qu'était qu’une fresque. La chapelle SixGne était ce^e voute obscure et solitaire, dans laquelle il passe au moins cinq ans (1507-‐15012). C’est dans ce^e solitude absolue des années 1507, 1508, 1509, 1510, c’est pendant la guerre de la Ligue de Cambrai, ou le pape donna le dernier coup a l’Italie en tuant Venise que le grand Italien fit les prophètes et les sibylles, réalisa ce^e œuvre de douleur, de liberté sublime, d’obscurs pressenGments, de pénétrantes lueurs. Et arrive au Gers de ce travail immense, il crut que tout était perdu. La chaux séchait lentement et, par places, elle se couvrait de moisissures. Au jour dangereux ou la porte s’ouvrit enfin et ou le pape entra en grand cortège, Michel-‐Ange put apercevoir que son œuvre restait le^re close, qu’en voyant ils ne voyaient rien. Etourdis de l’immense énigme, malveillants, mais n’osant médire de ces géants dont les yeux foudroyaient, tous gardèrent le silence.
Le jugement dernier Chapelle Six*ne.
Les sujets et leur prince: une monarchie de la Renaissance?
• La victoire de la guerre de Cent ans et la défaite des grands princes font désormais adme^re que tous ceux qui vivent dans les limites du royaume sont des sujets du roi. Ce^e convicGon, affirmée des Philippe le Bel, est devenue une réalité, voire une évidence, sous Louis XI et Charles VIII.
• Une monarchie des Etats? Pour le paiement de la rançon de François Ier, des assemblées de la noblesse sont réunies dans tout le royaume. Pourtant, la Renaissance marque un coup d’arrêt dans un processus – jusqu’alors tout a fait envisageable – de construcGon d’une monarchie consultaGve ou représentaGve. Par rapport aux potenGalités de l’époque précédente, mais aussi a la situaGon de nombre d’autres pays d’Europe, il y a une originalité aux effets durables.
• Dialoguer avec le prince? Dans un tel contexte, la noGon même de dialogue entre le roi et ses sujets pose quesGon. Celui-‐ci sera pour le moins restreint et biaise. En fait, le registre essenGel et légiGme – laisse a l’iniGaGve des sujets en la maGère, relevé de deux catégories spécifiques: la demande de faveurs et la doléance.
• Cependant, personne ne peut valablement parler au nom du peuple, puisque seul le roi est représentant de toute la communauté.
Les sujets et leur prince: une monarchie de la Renaissance?
• Allégorie de l’unité de l’Etat, assurée par le souverain: François Ier, entoure de ses sujets, Gent en main, une grenade, symbole d’unité.
Fresque du Rosso, château de Fontainebleau, galerie François Ier.
Une poliJque de puissance
• Pendant la Renaissance, les menaces militaires les plus dangereuses viennent avant tout de l’extérieur. En quelques occasions (guerre du Bien Public sous Louis XI, guerre folle sous Charles VIII, trahison du connétable de Bourbon sous François Ier), la guerre civile existe ou affleure, mais jamais sans l’implicaGon décisive d’ennemis venus d’ailleurs.
• La naissance de la naGon « France », don de la volonté de Dieu, est un royaume très chréGen, exempt de toute hérésie, et qui abrite un peuple élu. La patrioGsme français, en symbiose avec la monarchie, s’exprime a travers des symboles catholiques déjà mulGséculaires (la croix blanche, les fleurs de lys). D’ou le problème pose ensuite par l’émergence du protestanGsme et la difficulté a penser le fait de pouvoir être français sans être catholique.
• Le senGment naGonal est également ethnique, car la naGon se veut une race. Au début de la période, la filiaGon des Français avec les Troyens est une convicGon bien enracinée.
Construc*on d’une cite par les Troyens.
L’Etat le plus puissant d’Europe?
• En 1500, la France est bien l’Etat le plus puissant d’Europe: les villes ou p r i n c i p a u t é s d ’ o u t r emon t s semblent accepter sa dominaGon du Milanais; l’empereur Maximilien vient de signer une trêve ; l’Europe orientale sollicite l’alliance de Louis XII contre les Turcs. Il s’agit encore d’une Europe aux naGonalités b a l b u G a n t e s , a u x i n t é r ê t s personnels ou familiaux évidents. S’affirme dans cet espace mouvant une constante hosGlité : celle de la F rance e t de l ’ Emp i re des Habsbourg.
Une poliJque de puissance
• La figure de la France, « mère des arts, des armes et des lois » (Joachim Du Bellay) prend au XVIème siècle une dimension culturelle nouvelle qui enrichit son exaltaGon.
• Saint Michel, l’archange retenu comme patron de la France en 1469, est justement choisi pour maintenir le royaume en union et contrer saint Georges, qui connaît une promoGon parallèle en Angleterre.
• Les forces royales: L’ordonnance de Nancy (1445) crée 15 compagnies (dites d’ordonnance) de 600 hommes chacune bien équipées et régulièrement soldées par les trésoriers de l’Ordinaire des guerres (grâce a la taille des gens de guerre levée chaque année) – c’est la cavalerie lourde, dite la gendarmerie.
• Reste l’infanterie: les francs-‐archers, crées en 1448, a raison d’un par paroisse sont des comba^ants exemptes de taille et mobilisables en cas de conflit. Cependant, l’infanterie reste le domaine de mercenaires levés lors de chaque conflit. Beaucoup sont étrangers: ils viennent des cantons suisses ou sont des lansquenets. Beaucoup sont originaires du Sud-‐Ouest: ils sont Gascons, Armagnacs, Béarnais et Basques.
• A cote des effets de choc, fonde sur la charge de cavalerie, se pose la quesGon de l’efficacité du feu. La mort de Bayard, aba^u en 1524 par un arquebusier, paraît ici emblémaGque.
Joachim du Bellay
Ordre de Saint Michel
Une poliJque de puissance
• Guerre, armée et société: L’effort militaire représente un cout croissant. Outre les soldes, le poids des frais d’équipement se fait senGr: les nouvelles forGficaGons qu’impose l’évoluGon des techniques de siège sont très chères, et le prix d’un navire de guerre est fort élevé.
• Du cote de la diplomaGe: En juin 1507, a Savone (Ligurie) Louis XII reçoit le roi Ferdinand d’Aragon, alors que la posiGon française en Italie est parGculièrement forte, et cela donne aux contemporains le senGment que les deux rois préparent une alliance contre l’empereur ou le pape. C’est François Ier qui rencontre le plus les autres souverains: Henri VIII au camp du drap d’or en 1520 et a Boulogne le pape Léon X en 1516.
• Le recours aux ambassadeurs permanents est en plein essor a la Renaissance.
Les ambassadeurs de France en Angleterre, Jean de Dinteville, ambassadeur résident et Georges de
Selve, envoyé en mission – Hans Holbein
La monarchie et les principautés territoriales
• Les principautés territoriales consGtuent une figure centrale de l’espace poliGque a la Renaissance. L’Europe compte en effet de nombreuses construcGons poliGques en plein essor, généralement dynasGques, de taille moyenne ou peGte. Si beaucoup d’entre elles sont théoriquement soumises a une autorité supérieure (l’empereur, de la mer du Nord a la Lombardie, le roi de France en Bretagne ou en Bourgogne, le pape dans le royaume de Naples), elles ont souvent concentre entre leurs mains presque tous les a^ributs de la souveraineté.
Affrontement en tournoi des ducs de Bretagne et de
Bourbon vers 1460
La défec6on du connectable de Bourbon
• On a vu dans quel état de dénuement la guerre avait surpris le prodigue et imprévoyant François Ier, sans argent et sans armée, pour tout trésor ayant la promesse d’un emprunt, une parole des banquiers florenGns, qui promirent au roi et prêtèrent a l’empereur.
• Tous ces cadets ne rêvaient d’autre chose : on le voit par leurs devises, Berri (frère de Charles V) – le temps viendra. Bourgogne – J’ai hâté. Bourbon – Esperance. Bourbon-‐Albret – Ce qui doit être ne peut manquer. Charles-‐Quint se souvint toujours qu’il avait eu la France en dot. Et Charles de Bourbon, devenu souverain de 7 provinces, fut, par ce^e fortune monstrueuse, par une éducaGon de frénéGque orgueil, mené au rêve atroce de me^re la France en morceaux. Il faut voir l’énormité de ce royaume que ce Bourbon avait en France. Il réunissait deux duchés, quatre comtes, deux vicomtes, un nombre infini de châtellenies et seigneuries. Et bientôt, Bourbon fait connétable de France, on eut un roi des Lombards. Le roi, en 1521, soit défiance, soit jalousie, lui ôta l’un des plus hauts privilèges du connectable, le droit de mener l’avant garde, le droit de conduire ou et comme il voulait. Bourbon franchit le pas et envoya à Madrid et demanda la sœur de l’empereur, l’invasion de la France par les Anglais et les impériaux. Les fautes, les crimes de ce roi, on ne pouvait rien y faire que par ce^e médecine atroce qui équivalait au suicide, l’appel au sauveur étranger. C’est-‐a-‐dire que, pour soigner et guérir la France, on n’avait remède que de l’anéanGr. Les juges et les hommes d’épée, brouilles depuis 200 ans, venaient d’être réconcilies par le roi même, par la cour et la haine qu’elle inspirait : la cour, insGtuGon nouvelle, jusqu'à la inconnue, la cour qui ne voyait qu’elle et méprisait le reste, la noblesse autant que le peuple ; une cour de dames surtout, toute place, toute pension donnée dans un cercle de favorites, toute la monarchie devenue le royaume de la grâce.
La défec6on du connectable de Bourbon
• Bourbon pour n’avoir pas de maitre, s’en fut volonGers donne deux, Henri VIII et Charles-‐Quint. Il semble qu’il ait cru faire deux dupes qui feraient la dépense, pour qu’il eut le profit. Le roi détrône ou tue, le Parlement eut déclare sans doute que la France voulait un roi français. La France serait-‐elle démembrée ? Oui, eut dit Charles-‐Quint. Non, eut dit Henri VIII, qui voulait le tout. Les deux rois entreront par le midi et l’ouest, Bourbon par l’est avec des Allemands.
• Le roi entra alors à Moulins, mit ses soldats aux portes et alla loger chez le duc de Bourbon. Le faux malade, interroge, n’osa nier ce^e fois. Il avoua que l’empereur lui avait fait des ouvertures, et dit qu’il n’avait rien voulu écrire, mais a^endre le roi pour révéler tout. Le roi fit semblant de le croire, le rassura, lui dit qu’il n’avait rien a craindre du procès. C’était le 7 septembre ; les Espagnols entraient en Gascogne, les Allemands en Champagne. Il ne désespère pas d’amuser encore le roi, lui envoya un homme grave, l’évêque d’Autun, avec une le^re ou il prome^ait sur l’honneur de le servir, si on lui rendait seulement les biens propres de Bourbon. Il reste en Comte près de trois mois. Qu’a^endait-‐il ? Que la France vint a lui. Elle ne bougeait pas. De septembre en décembre, il était reste immobile a croire que la noblesse de France allait le rejoindre. Soit loyauté, soit intérêt, elle s’a^acha au sol et ne remua point. Le roi, il est vrai, lui avait donne une preuve ina^endue de confiance ; il rendit aux seigneurs le pouvoir de juger a mort les vagabonds, aventuriers, pillards, que les prévôts royaux leur livreraient. L’homme du roi n’était que gendarme, le seigneur était juge. Si la chose eut duré, c’eut été l’abandon de tout l’ordre nouveau, une abdicaGon de la royauté.
• Les allies avaient cru so^ement n’a^aquer qu’un roi. Ils trouvèrent une naGon. Du moins, la France féodale, la France communale, s’unirent et s’accordèrent pour repousser l’ennemi. Des armées régulières, pourvues de tout, furent arrêtées ou retardées par ces résistances unanimes.
Le connétable de Bourbon a la bataille de Pavie.
La monarchie et les principautés territoriales
Anne de Bretagne, épouse successive de Charles VIII et
de Louis XII
Charles VIII
Louis XII
La monarchie et les principautés territoriales
• Principautés et monarchie: Bourgogne et Bretagne ont apporte a Charles VII une précieuse contribuGon lors de la dernière phase de la guerre de Cent ans. Ce concours ne leur assure pas pour autant une reconnaissance durable des souverains.
• Un mouvement d’absorpGon: Louis XI parvient a disposer en permanence de quelques 45.000 comba^ants, au prix d’une lourde pression fiscale, fortement revue a la baisse après sa mort. Pour tenter de suivre le rythme, le Téméraire doit tripler l’impôt en dix ans, ce qui entraine de fortes tensions.
• Les tentaGves italiennes: Charles VIII revendique le royaume de Naples en qu’hériGer des Anjou. Louis XII, peGt-‐fils de ValenGne VisconG, veut arracher Milan aux usurpateurs Sforza, qui dirigent le duché depuis 1450. Et quand François Ier envahit la Savoie en 1556, il s’abrite derrière les droits supposes de sa défunte mère Louise de Savoie.
• Avec Charles VIII, Naples est conçue comme une étape vers Jérusalem, capitale d’un royaume également revendique par les Anjou. Pour la première fois depuis très longtemps, le roi lui-‐même qui^e durablement son royaume a la tête d’une imposante armée.
• La durable stérilisaGon des rois par leurs alliances bretonnes a empêche la réalisaGon d’autres unions capables de nourrir ou de réacGver ailleurs des fidélités dynasGques.
Sacre de Louis XII
Adversaires et allies en Europe
• La rivalité ancienne avec l’Angleterre passe au second plan alors qu’émerge un nouvel adversaire, a l’échelle européenne, et bientôt planétaire: la monarchie composite des Habsbourg.
• L’ennemi héréditaire: La course mariGme sévit dans la Manche et la Normandie vit sous la menace de descentes anglaises aussi bien dans les années 1450 que dans les années 1480.
• Apres la raGficaGon du traite d’Amiens en 1527 avec Henri VIII – la diplomaGe française est incapable d’empêcher la rupture anglaise avec Rome: les deux royaumes sont désormais séparés par de nouveaux clivages poliGco-‐religieux. Mais dans le même temps, l’émergence d’une église anglicane autocéphale représente une tentaGon pour le roi de France: un projet parallèle d’église gallicane s’exprime fortement sous Henri II.
• La rivalité franco-‐anglaise prend une tournure personnelle: les princes de la Renaissance que sont Henri VIII et François Ier rivalisent de construcGons spectaculaires (le château de Nonsuch répond ainsi a Chambord et a Fontainebleau).
• Les années 1558-‐1564 marquent la véritable fin d’un très long cycle, qui transcende même la guerre de Cent Ans: les anglais ont définiGvement perdu tout point d’appui conGnental. Même au plus fort des guerres de la Ligue, ils ne parviendront pas a en retrouver un, par les armes ou la négociaGon.
La rencontre du camp du drap d’or
• Le grand prédicateur fut la misère, la terreur, la nécessite, le désespoir des secours d’ici-‐bas, l’abandon surprenant ou ce dieu des batailles, ce roi de Marignan, laissa nos provinces du Nord. L’aveu que les Français faisaient de leur pénurie décida Wolsey. Il crut les écraser. Une grande fête chevaleresque, une revue solennelle des deux naGons, ou le roi Henri VIII apparaitrait plus brillant qu’Henri V au Louvre. L’entrevue, négociée depuis 18 mois, eut lieu le 7 juin 1520.
• Deux poliGques parlaient à l’Angleterre ; la peGte lui conseillait l’alliance des Pays-‐ Bas, ou elle faisait les peGts gains d’un commerce journalier, le négoce des cuirs et des laines. Et la grande poliGque lui conseillait l’union avec la France contre un empereur roi d’Espagne, dangereux à l’indépendance de tous. La France, hélas, suivit Duprat, et conGnua de demander, d’extorquer quelque argent au pape. L’Angleterre écarta Wolsey, et entra vigoureusement dans la grande voie financière et religieuse de la ReformaGon.
• Le roi François Ier, sans le vouloir, éclipsait, écrasait Henri VIII. Dans cent détails impercepGbles, il l’emportait auprès des femmes. François ne fut point poliGque ; il oublia le but de l’entrevue. Il songea au qu’en dira-‐t’on ?, aux femmes, et d’un malheureux croc-‐en-‐jambe il mit son homme par terre. PeGt, fatal évènement, qui eut d’incalculables conséquences. Henri VIII alla tout droit a Gravelines, ou l’a^endait Charles-‐Quint. Henri VIII lui sut gré d’être plus peGt de taille, d’apparence médiocre, tout simplement vêtu en noir.
Adversaires et allies en Europe
• La fin de l’Auld Alliance: Tout au long de la période, les relaGons franco-‐anglaises font régulièrement intervenir un troisième acteur: le royaume d’Ecosse. Sous Charles VII, une compagnie de gens d’armes Ecossais et une garde Ecossaise sont même officiellement créées.
• En avril 1558, Marie Stuart épouse le dauphine François II, après accord du Conseil et du Parlement d’Ecosse et François est lui-‐même reconnu reconnu comme roi d’Ecosse.
• Désormais, l’emprise française paraît envahissante pour beaucoup d’Ecossais: la régente Marie de Guise gouverne en parGe avec du personnel français et certains commencent a craindre une évoluGon a la bretonne, qui déboucherait sur une absorpGon. Le traite d’Edimbourg impose l’évacuaGon des troupes étrangères d’Ecosse, est symbole de la fin de « l’Auld Alliance » (juillet 1560).
Livre d’heures de Catherine de Médicis
Adversaires et allies en Europe
• Valois et Habsbourg: Une autre alliance tradiGonnelle, celle de la CasGlle, a pris fin également au cours de la Renaissance.
• Le gouvernement des Habsbourg est largement familial: Charles Quint associe au gouvernement d’une parGe de ses possessions sa tante, sa sœur, son frère, sa femme et son fils.
• François Ier se refuse a adme^re le traite de Tordesillas qui reparGt depuis 1494 les terres découvertes et a découvrir entre Portugais et Espagnols. Il se serait exclame: »Le soleil luit pour moi comme pour les autres; je voudrais bien voir la clause du testament d’Adam qui m’exclut du partage du monde.
• Au début de 1547, alors que la paix règne entre Valois et Habsbourg, le roi de France lance une poliGque systémaGque d’emprunts auprès des grands marchands banquiers européens. Elle ne peut avoir d’autre but que de drainer des fonds qui pourraient intéresser Charles Quint, alors en train de monter une campagne contre les Protestants allemands, et d’assécher ainsi a ses dépens le marche financier.
Traite de Tordesillas
La défaite de Pavie et ses conséquences
• Le roi, avec ses grands seigneurs, souGnt quelque temps la bataille avec une vaillance qu’admirent les ennemis. Il y eut la un grand massacre des premiers hommes de France : La Tremouille, La Palice, Suffolk, prétendant d’Angleterre, furent tues, et Bonnivet se fit tuer, courant a l’ennemi la visière haute et le visage découvert.
• Mais le soir ou le lendemain, il arracha de son doigt une bague, seule chose qui lui restât, et la donnant secrètement a un genGlhomme qu’on lui permit d’envoyer a sa mère, il lui dit : ‘Porte ceci au Sultan.’ Il s’agissait du premier fondement solide de l’alliance des religions et de la réconciliaGon des peuples. Cet homme, étourdi en bataille, fut en capGvité plus fin qu’on n’aurait cru. Ce héros de théâtre, dégonfle, aplaG, parut ce qu’il était, un genGlhomme poitevin de peu d’étoffe, dévot par désespoir. Les demandes de Charles-‐Quint étaient exorbitantes, rédigées d’une manière insultante, odieuse.
• Tel était l’aspect de ce^e année 1525. Une révoluGon immense semblait éclater en Europe. Une ? Non ; mais 20, de causes différentes, de caractères plus différents encore. En Allemagne, c’est la sauvage révolte des paysans de Souabe et du Rhin. Ils prennent la reforme au sérieux, et veulent reformer le servage, établir sur la terre le royaume de Dieu. Les ouvriers en laine d’Angleterre se révoltent en même temps, mais sans lever encore le drapeau de la Reforme. La plus étrange révoluGon est celle qui couve en Italie, non des villes, non des campagnes, mais une révoluGon de princes, celle des souverains ruines, désespérés, contre le brigandage des impériaux. Charles-‐Quint, a lui seul, se trouvait avoir sous les pieds trois ou quatre révoluGons : celle d’Espagne a peine éteinte, celle de l’Allemagne en plein incendie, celle d’Italie, mue^e et sombre, très imminente. Mais la plus grave pour lui, la plus immédiate, celle qu’il le paralysa, et qui réellement aida d’abord a nous sauver, c’était celle des Pays-‐Bas.
• Un des confidents de Charles-‐Quint lui écrivit après Pavie : « Dieu a donne a chaque homme son aout et sa récolte ; a lui de moissonner. » Charles-‐Quint manqua ce moment et a^endit.
L’inquisi6on de Torquemada
• L’InquisiGon dressa aux portes de Séville son échafaud de pierres, dont chaque coin portait un prophète, statues de plâtre creux ou l’on brulait des hommes ; on entendait les hurlements, on sentait la graisse brûlée, on voyait la fumée, la sue de chair humaine. Sur ce seul échafaud d’une seule ville en une seule année, 1481, il est constate qu’on brula 2.000 créatures humaines. De 1480 a 1498, sous l’inquisiteur général Torquemada, l’Espagne enGère fuma comme un bucher.
• Tout le monde y gagnait, l’accusateur, le tribunal, le fisc. L’appéGt leur venant, ils imaginèrent en 1492, la mesure inouïe de la spoliaGon d’un peuple. 800.000 juifs apprirent, le 31 mars, qu’ils sorGraient d’Espagne le 31 juillet ; ils avaient 4 mois pour vendre leurs biens : opéraGon immense impossible et sur ce^e impossibilité que l’on comptait. Une aridité effroyable s’empara du pays, dans tous les sens. En chassant les Maures et les juifs, l’Espagne avait tue l’agriculture, le commerce, la plupart des arts.
Torquemada
Moctezuma ou l’a7ente pessimiste d’une catastrophe
• Eldorado: rêve dévorant, impitoyable. Mythe du renouvellement dans la destrucGon. Cortés (Caceres), Pisar (Trujillo).
La controverse de Valladolid (1550)
• En 1492, au moment ou l’Amérique est découverte, Grenade est finalement reprise.
• De Séville, la fameuse « Casa de Contratacion » régissait au nom du roi l’exploitaGon des terres nouvelles. Depuis 1501, à l’iniGaGve d’Isabelle, se praGque « l’encomienda », distribuGon du sol que l’Espagne favorisait déjà en Andalousie, sur des terres reprises aux Maures.
• Même si, au début de part et d’autre, subsiste une curiosité légendaire, qui conduit certains cavaliers espagnols a ne jamais me^re pied a terre, pour donner a penser que l’homme et le cheval ne forment qu’une seule créature fabuleuse ; et les indigènes, de l’autre cote, a plonger dans l’eau les cadavres espagnols et a les observer longuement pour voir si leur chair va pourrir ou bien se conserver éternellement comme la maGère même des dieux, ces rumeurs étranges vont assez vite se dissoudre. Il s’agit bien de groupes humains que l’Histoire a brutalement confrontes.
La controverse de Valladolid (1550)
• Pizarre, qui n’a rien d’un rêveur, conquiert l’empire inca par le mensonge et la violence. L’Espagne saccage ses forets pour construire à la hâte des flo^es de galions. Quand certains bâGments s’égarent, ils se voient déjà a^aques par les premiers pirates d’Angleterre, finances en secret par des banquiers de Londres.
• Controverse entre Bartolomé de Las Casas, le dominicain et le docteur Sepulveda, l’érudit.
• L’encomienda est une invenGon satanique… Las Casas affirme que les Indiens sont libres par nature et les Espagnols n’ont aucun droit sur eux. Sa haine pour Cortes est immédiate et durable. Il s’embarque pour le Pérou ou Pizarre commence ses ravages.
• « Vous avez une mission précise : décider, avec votre aide, si ces indigènes sont des êtres humains achevés et véritables, des créatures de Dieu et nos frères dans la descendance d’Adam. Ou si au contraire, comme on l’a soutenu, ils sont des êtres d’une catégorie disGncte, ou même les sujets de l’empire du Diable.
S’il est clair que les indiens sont nos frères en Jésus Christ, doués d’une âme raisonnable comme nous et capables de civilisaGon, en revanche il est bien vrai que les habitants des contrées africaines sont beaucoup plus proches de l’animal. Ces habitants sont noirs, très frustres, ils ignorent toute forme d’art et d’écriture, ils n’ont construit que quelques hu^es…
Bartolomé de Las Casas
Adversaires et allies en Europe
• Même les pires défaites ne peuvent être exploitées militairement d’une façon efficace par les Impériaux. En 1525 comme en 1557, l’argent et les approvisionnements manquent cruellement pour conGnuer a payer et nourrir les troupes et mener ainsi une campagne décisive.
• En plus, en 1525, la très grave crise poliGque, sociale et religieuse qui secoue l’Allemagne complique largement la situaGon de Charles Quint.
• D’une façon générale la volonté de rabaisser les Habsbourg s’appuie du cote français sur des considéraGons qui mêlent le sens de l’honneur et de la réputaGon, les revendicaGons italiennes (jugées en droit incontestables) et le souci de contrecarrer un encerclement objecGf. C’est donc en tant que « défenseur de la liberté germanique » que le roi de France souGent les princes allemands contre « la tyrannie de Charles ». Ce^e ligne de conduite permet de faire adme^re (y compris a soi-‐même…) d’aider les héréGques luthériens.
• La lu^e contre la menace universelle représentée par Charles Quint peut même aller jusqu’au rapprochement avec les O^omans.
François Ier et Soliman le magnifique
Soliman sauve l’Europe des Habsbourg
• Quand Soliman vint devant Vienne, il y trouva tous les obstacles, la famine : le froid et la pluie, intolérables pour ces AsiaGques ; l’aigreur des janissaires, qui déjà s’étaient révoltes a Budé, qu’Ibrahim voulait sauver du pillage. Charles-‐Quint voulait discipliner l’Europe. Discipliner l’Italie, la rendre obéissante, souple instrument, l’organiser en une ligue, dont chaque membre fournit de l’argent et des hommes. Discipliner le roi de France, le faire soldat de l’empereur contre le Turc et les luthériens, l’employer à détruire ceux qui peuvent le sauver encore. Discipliner l’Eglise, par, un concile que Charles-‐Quint Gendra au nom du pape, se faisant juge entre le pape et Luther, se consGtuant pape autant qu’empereur, unissant les deux glaives.
• Par trois fois, Soliman sauve l’Allemagne protestante. Au bruit de son approche, Charles-‐Quint, repentant de son intolérance, déclarait suspende toute procédure de la chambre impériale contre les Luthériens, promis que personne ne serait plus inquiété pour sa religion, et que le grand débat serait soumis a un libre concile de toute l’Eglise.
Napoléon sur François Ier
• Si François Ier eut embrasse le luthéranisme, si favorable a la suprémaGe royale, il eut épargné a la France les terribles convulsions religieuses amenées plus tard par les calvinistes. Il s’allia avec les Turcs et les amena au milieu de tous. Tout bonnement c’est qu’il n’y voyait pas si loin. François Ier, après tout, ce n’était qu’un héros de tournois, un beau de salon, un de ces grands hommes pygmées.
Le rêve du roi chevalier
• François Ier veut être un roi chevalier. Bayard arme François Ier chevalier à la bataille de Marignan : la cérémonie paraît archaïque au moment où le capitaine se spécialise dans l’arGllerie, formule de la guerre moderne, en même temps que son roi équipe ses troupes de canons et d’arquebuses. En fait, la cérémonie a un sens cache : en inclinant son épaule vers Bayard, il rend hommage à ce^e noblesse, férue d’elle-‐même et de son importance historique, a^achée à garder les coutumes ancestrales.
• La rivalité de François Ier et de Charles-‐Quint : l’équilibre européen entre 1519 et 1558 s’organise au travers de la lu^e armée et diplomaGque que mène la France contre le roi d’Espagne et l’empereur Maximilien. Les visées de François Ier sont diablement ambiGeuses puisqu’il ne souhaite rien de moins que de se faire élire a l’Empire. Le rival du roi de France, Charles-‐Quint, le prince aux héritages mulGples, de 4 ans plus jeune que le Valois, se trouve tout a fait concerne puisqu’il s’agit d’une possession quasi familiale. Ces deux souverains, qui ne pouvaient demeurer en paix, étaient incapables de mener jusqu’au bout une lu^e décisive.
La bataille de Pavie: un véritable désastre
• À Pavie, toute la fleur et chevalerie française de France fut prise ou morte. Au mois de mai 1525, François Ier est transporté vers Madrid. Enfermée dans une grande tour, François ne perd pas l’espoir chevaleresque qu’un jour il rencontrera Charles-‐ Quint d’homme à homme ; il persiste à refuser en échange de sa libéraGon une des provinces françaises. Finalement, il cède la Bourgogne au Traite de Madrid.
• Libère, il ne songe qu’à violer ce traite inique ! Après une nouvelle guerre, on en vient au traite de Cambrai : l’Italie ne condense plus les rêves et les espoirs des gouvernants et des genGlshommes, la fronGère indécise et complexe du Nord apparaît désormais comme un objecGf à défendre ou à consolider.
Eléonore est mariée par son frère au roi François. Leur mariage est l'abou*ssement de la Paix des dames conclue pour l'établissement d'une paix durable entre Charles Quint et la France et pour obtenir la libéra*on des deux pe*ts princes français retenus en Espagne comme otage depuis plusieurs années. Le tableau reflète une interpréta*on plutôt sa*rique du nouveau couple royal.
Savonarole et Florence
• Dans une grande ville de commerce, de banque, de vieille civilisaGon, dans ce^e ville de Florence qui savait tout, doutait de tout, il avait suscite au profit de la France le fait le plus ina^endu, un mouvement populaire d’enthousiasme religieux. Pourquoi Charles VIII avait laisse ce^e Florence mysGque qui se donnait a lui, qui le sancGfiait malgré lui, qui s’obsGnait a lui reconnaître un divin caractère ? La fidélité de Florence fut une chose inouïe. Nous lui enlevons Pise ; elle persiste, reçoit le roi avec des hymnes.
• Il y avait trois parGs dans Florence : celui de la reforme et de la liberté, parG austère, populaire et mysGque, qui, pour toute poliGque, suivait son amour de la France et les prophéGes de Savonarole ; celui des liberGns, des scepGques, des aristocrates, gens de plaisir, qui s’appellent eux-‐mêmes les « compagnacci », les mauvais compagnons ; le troisième , celui des Médicis, restait dans l’ombre et a^endait le moment de profiter de la division des deux autres ; parG ténébreux, équivoque, prêt a passer du blanc au noir ; on l’appela celui des « gris » (bigi).
Savonarole
Botcelli a partage les idées et les convic*ons de Savonarole
Savonarole et Florence
• La reforme contemplaGve de Savonarole n’arrivait a nul résultât. Il censurait l’usure, mais épargnait les usuriers. Il revenait toujours à demander la convenGon volontaire des riches, qui se moquaient de lui, et la paGence indéfinie du peuple, le renvoyant pour l’adoucissement de ses misères a la Jérusalem céleste. Et cependant, les riches, se serrant, ne commerçant plus, organisaient tout doucement l’asphyxie, d‘ou ce peuple affame et désespère pouvait un maGn se tourner contre son faible défenseur et son malencontreux prophète. Au mois de mai 1497, le pape le déclare héréGque, condamnant comme tels ceux qui s’approcheraient de lui. Mais le pape plus habile encore, toucha une ensuite une corde sensible. Il fit savoir aux FlorenGns que, s’ils méprisaient l’excommunicaGon, il autoriserait la confiscaGon de leurs marchandises dans tous les pays étrangers.
• Sans les riches contre lesquels il parle, qui fera travailler les pauvres ?... Ce raisonnement tant de fois répète, entraina tout le peuple maigre. On prit des barres de fer, des haches et des marteaux, des torches enflammées. On courut à Saint Marc ou les parGsans de Savonarole entendaient les vêpres. La foule le traina en prison avec des cris de fureur et de joie ; la république était sauvée... Cependant, Alexandre VI faisait instruire à Rome le procès de Savonarole.
• Le génie des prophètes qui était en lui, s’est envole de son bucher, fixe aux voutes de la chapelle SixGne, triomphe de l’Ancien Testament. Il a lance les études hébraïques, les Pic et les Reuchlin, précurseur de Luther.
Alexandre VI
Adversaires et allies en Europe
• La mort de Marie Tudor et le retrait anglais, l’inefficacité stratégique des dernières victoires espagnoles (Saint QuenGn, Gravelines), l’épuisement financier des belligérants, la menace croissante, parGculièrement en France, que représente pour les monarques la progression de l’hérésie, tout se conjugue pour l’ouverture de négociaGons qui débouchent sur le traite du Cateau-‐Cambresis (avril 1559).
Etreinte de Philippe II et Henri II a Cateau-‐Cambresis
Au temps des reformes
• Une religion flamboyante? Dans les paroisses, les lendemains de la guerre des Cent Ans sont marques par une intense poliGque de reconstrucGon des édifices religieux.
• La fin du Moyen Age est marquée tout d’abord par un renforcement du lien avec l’au-‐delà. Le moment de l’agonie et de la mort fait donc l’objet d’un invesGssement accru, voire alimente une véritable obsession.
• Le grand combat entre le bien et le mal connaît son apogée a l’heure de la mort puisque jusqu’au dernier moment la damnaGon peut on non être évitée, les clercs contribuent ici acGvement a la diffusion d’une pastorale de la peur, qui touche de larges couches de la populaGon, car le salut de chacun est en jeu. En outre, le séjour en Purgatoire, lieu de purificaGon presque inévitable, est peint sous des couleurs parGculièrement horribles, nourrissant ainsi une nouvelle peur.
• L’Eglise offre de très nombreux remèdes et recours pour vaincre ou maitriser ce^e peur, c’est-‐a-‐dire pour obtenir son salut, ou au moins avoir prise sur lui.
Au temps des reformes
• La religion des œuvres: L’intercession majeure relève des assurances spirituelles. Aussi le financement des messes occupe-‐t-‐il une place considérable. La religion des œuvres mulGplie également les processions.
• La course aux indulgences s’impose donc comme une praGque très large. A Macon, dans la première moiGe du XVIème siècle, un don pour l’entreGen du pont sur la Saône assure, selon le montant de la somme, soit une remise d’interdits alimentaires, soit une rémission de quarante jours sur la durée des pénitences infligées.
• Magie et chrisGanisaGon: L’arsenal idéologique pour lu^er contre la sorcellerie et désormais bien en place a parGr de la publicaGon, en 1486, du « Malleus Malifercarum » (le Marteau des Sorcières), traite de deux dominicains allemands, qui est édité quinze fois jusqu’en 1520. La promoGon récente et décisive de l’aveu, qu’on retrouve dans la confession, joue ici un grand rôle au détriment du débat contradictoire: les jusGficaGons des procédures se révèle en effet lorsque sorciers et sorcières sont accules, parfois sous la torture, a avouer dans les termes voulus par les juges.
Sprenger et la sorcellerie
• Le bon moine allemand Sprenger, qui a écrit le marteau des sorciers, manuel fameux de l’InquisiGon, se demande pourquoi il y a si peu de sorciers et tant de sorcières, pourquoi le diable s’entend si bien avec les femmes. A ce^e quesGon, il trouve 20 réponses savamment so^es.
• Tout le Rhin et la Souabe, l’Orient même vers Salzbourg, semblaient mines en dessous. De moment en moment éclataient des révoltes paysannes. L’InquisiGon étrangère, plus redoutée que l’allemande, arrivait ici a merveille pour terroriser le pays, briser les esprits rebelles, brulant comme sorciers aujourd’hui ceux qui, peut être demain, auraient été insurges. Excellent arme populaire pour dompter le peuple, admirable dérivaGf. On allait détourner l’orage ce^e fois sur les sorciers, comme en 1349 et dans tant d’autres occasions sur les Juifs. On peut bruler comme sorciers tous ceux qui penseraient mal. C’est ce qu’on avait fait Arras, et c’est ce qu’on voulait établir a peu près partout.
• Avec, le Directoriaux d’Eymerich, il suffirait de trois témoins. Comment n’aurait-‐on pas trois témoins, surtout pour témoigner le faux ? Pour une ville médisante, dans tout village envieux, plein de haine des voisins, les témoins abondent. Le Malleus, comme tous les livres de ce genre, conGent un singulier aveu : c’est que le Diable gagne du terrain, c’est-‐a-‐dire que Dieu en perd ; que le genre humain, sauve par Jésus, devient la conquête du Diable.
• Les anciens Manichéens, les modernes Albigeois, furent accuses d’avoir cru a la puissance du Mal qui lu^ait a cote du Bien, et fait du Diable l’égal de Dieu. Mais ici il est plus qu’égal. Si Dieu, dans l’hosGe, ne fait rien, le Diable paraît supérieur. La scolasGque avait fini par la machine à penser. La religion semblait finir par les machines à prier.
Les chemins de la Reforme
• Le désir de reforme est largement répandu au XVème siècle, dans toute la ChréGenté. Il met aussi bien en jeu la posiGon et le rôle du pape que le foncGonnement concret de la vie des paroisses et des communautés monasGques.
• Le pape, le roi et le clergé gallican: La catholicité a été fortement malmenée en ses sommet, avec le grand schisme, a parGr de 1378.
• Charles VII édicte en 1438 la PragmaGque SancGon de Bourges qui organise le foncGonnement de l’église gallicane dans ses rapports avec la papauté. Elle limite les intervenGons de celles-‐ci dans le royaume, y restreint sa fiscalité et mainGent l’élecGon comme mode de désignaGon aux bénéfices majeurs.
• Face a Jules II, Louis XII se compose une image de roi gallican, bravant l’excommunicaGon ponGficale pour protéger l’Eglise de France face aux excès d’un pape qui se fait représenter en Moise et en César.
• Des 1516, cependant, la signature du concordat de Bologne entre François Ier et Léon X marque un tournant décisif: désormais les nominaGons aux bénéfices majeurs sont officiellement du ressort de la monarchie. L’aval du pape est obtenu moyennant le retrait définiGf de la PragmaGque, la reconnaissance du droit d’insGtuer les évêques, taxes pour l’occasion.
• Ce concordat est vécu comme un véritable traumaGsme par beaucoup de gallicans, université et parlement de Paris en tète. Cet accord au sommet, vécu comme une trahison, nourrira durablement un courant gallican hosGle aux prétenGons du pouvoir royal et qui conçoit comme un Age d’or de l’Eglise gallicane (largement mythique évidemment).
Les chemins de la Reforme
• La reforme en actes: Le senGment d’une décadence de l’Eglise est assez répandu au XVème siècle. Il est partage par les humanistes: il faut a leurs yeux se donner les moyens de retrouver ce^e pureté originelle qui est pour eux a la fois celle de l’homme anGque et l’homme des premiers temps chréGens.
• Une reforme centrée sur le clergé: Au milieu du XVème siècle, les ordres mendiants sont justement engages depuis déjà des décennies dans une tentaGve de reforme. Le courant observant, qui veut retrouver l’esprit originel de la pauvreté et de l’humilité est très présent chez les Franciscains. Un Gers des communautés dominicaines a suivi une même démarche. La préoccupaGon majeure est de consGtuer des communautés de purs, d’élus, a l’écart de la masse des corrompus (y compris au sein du monde régulier). Une grande rigueur sert ainsi a rendre toute sa valeur au modèle monasGque.
• L’évangélisme français a l’épreuve: Alors que les idées luthériennes se répandent, une autre reforme se fait jour en France. Nourri par l’humanisme chréGen prône par Erasme ou Lefèvre d’Etaples, porte par un renouveau théologique fonde sur le retour a l’Ecriture et aux Peres de l’Eglise, accordant un place centrale a la figure de Jésus, ce courant dénonce avec force la présence de supersGGons dans le chrisGanisme flamboyant.
Erasme
Les chemins de la Reforme
• Des chréGens sans boussole?: Au sein même de l’Eglise catholique, plusieurs approches sont en balance, et le restent encore au milieu du XVIème siècle: reforme de type tradiGonnel, insistant sur l’ordre cultuel, inspiraGon humaniste au service d’une reforme épiscopalienne réGcente devant les réguliers ou l’immixGon de Rome, modele italien enfin. Mais entre temps, une rupture profonde et durable s’est produite, avec l’appariGon d’un nouveau courant de la Reforme: le calvinisme.
« La jus6ce vivra par la foi »
• Le texte fondateur de la reforme protestante c’est ce^e citaGon de l’Epitre aux Romains : « Le juste vivra par la foi ». Pour Luther, la jusGce de Dieu n’est pas autre chose que la jusGce avec laquelle Dieu nous jusGfie par la grâce offerte en Jésus-‐Christ. Il annonce à la chréGenté qu’il a rétabli l’Evangile : il parle, il écrit, il publie... Désormais, chaque être humain peut connaître en lisant les Evangiles le service du Christ ; désormais, la foi seule permet la vie éternelle promise à tous par le sacrifice du Christ rachetant le péché des hommes sur la croix. Les indulgences deviennent du coup sans efficacité comme le sont les prières pour les vivants et les morts des moines et religieuses, professionnels de l’intercession.
• Des pans enGers de l’Empire et de l’Europe du Nord qui^ent l’obédience ponGficale pour adopter le luthéranisme.
Luther et la musique
• Luther ouvrit la voie, et des lors toute la terre chanta, tous, protestants et catholiques. Ce fut un chant vrai, libre, pur, un chant du fond du cœur, le chant de ceux qui pleurent et sont consoles. Ce ne fut pas un verset de saint Paul, un vieux texte si souvent reproduit sans acGon, qui renouvela le monde. Ce fut la tendresse, la force du grand cœur de Luther, son chant, son héroïque joie. Luther a eu le succès inouï de changer ce qui ne change pas, la famille. C’est la révoluGon la plus profonde, la plus victorieuse qui fut jamais.
• La longue mort de l’Italie et de l’Espagne, la fébrile agitaGon de la France, l’anéanGssement de l’Irlande comme force et de la Pologne comme naGon, ont la leur cause principale. La famille, dans ces pays, est rarement sérieuse. Une famille a 3 ou le dangereux Gers n’est pas l’intrus, mais l’autorité même, c’est la discorde arrangée par la loi, c’est le divorce organise, le foyer équivoque et suspendu en l’air. Pour directeur à la famille, c’est la Bible que Luther donne. Il vous met dans les mains un livre au lieu d’un homme.
• ConverG un jour par la peur d’avoir vu tuer un ami par la foudre, il se fait moine, et le voilà entre deux écueils auxquels personne n’échappait. D’une part, la goinfrerie, le ventre ; et d’autre part, la femme, la fatalité corruptrice de savoir et toucher sans cesse ce qu’on doit éviter. Deux fois par an, il lisait la Bible tout enGère et s’y enfonçait toujours plus : « je Gre bien moins des livres que je n’y mets moi-‐même. » La difficulté réelle du moment, qui faisait avorter la Renaissance, stérilisait la Liberté, c’est que Rome les exploitait. Rome s’était mise a la mode ; elle professait la doctrine des philosophies et des juristes, doctrine anGchréGenne, qui sauve l’homme non par le Christ, mais par les œuvres mêmes de l’homme. C‘était la vaccine de la liberté. Un libre arbitre théorique, dirige par les prêtres, rançonne par les indulgences, c’était aux mains du pape un négoce de plus, une nouvelle marchandise de la grande bouGque.
• L’Allemagne, la reine au bois dormant, se met sur son séant, en se fro^ant les yeux. Les dates ici sont dramaGques. La grande œuvre du Concordat, la soumission de la France, brisée par le roi et par le pape, fut couronnée en février 1517. Et c’est en ce moment qu’éclatèrent en Allemagne les thèses du frère MarGn Luther. Le 31 octobre 1517, Luther écrit une noble et forte le^re a l’archevêque de Mayence, ou il le sommait du compte qu’il aurait à rendre à Dieu. Rome ne perdit pas un moment. Elle lança les dominicains, il fit écrire l’un d’eux, qui était le Maitre du Sacre Palais, pour rappeler la doctrine de saint Thomas, et somma Luther de comparaitre dans 60 jours.
• Apres avoir rédigé sa capGvité de Babylone, ou il montrait Jésus Christ prisonnier du pape, il brula hardiment aux portes de la ville de Wi^enberg la bulle de condamnaGon.
La reforme française
• Calvin et sa doctrine: La rupture radicale avec la théologie catholique de l’EucharisGe consGtue un élément très important: Calvin réfute la noGon de présence réelle dans l’hosGe et le vin. Il considère que si le Christ est présent lors de la Cène, c’est dans une communion spirituelle au sein de la communauté. Calvin affirme en outre que les fidèles sont prédesGnes au salut par Dieu. Ce^e convicGon doit être avant tout source d'Esperance pour les « vrais chréGens ».
• La réacGon catholique: A Rouen, la société fesGve des Conards, qui dénonce dans les années 1530 et 1540 les abus de l’Eglise et des clercs, sera ensuite a l’avant garde du combat anGprotestant.
• La poliGque royale: Si François Ier ne répond pas du tout a l’appel que lui lance Calvin dans la le^re préface qui figure au début de l’InsGtuGon de la religion chréGenne. La poliGque répressive connaît cependant des inflexions.
• Découvrir et connaître: Dans des sociétés massivement analphabètes, le support écrit sert de point de départ a la prédicaGon orale. Mais seule une minorité est passée a la Reforme. Il est vrai que le mouvement ascendant et, jusqu’au début des années 1560, un opGmisme dominant se plait a saluer l’adhésion rapide et fervente des gens modestes a la vraie foi: le peuple est prophète de vérité. Le ton changera, plus tard mais assez vite, quand il s’avèrera que l’arbitrage populaire se fait massivement en faveur du papisme.
La reforme française
• Une visibilité croissante: Les Reformes sont surreprésentes la ou le taux d’alphabéGsaGon est le plus élevé. Le calvinisme touche fortement les arGsans, y compris en milieu rural.
• La nouvelle église est désormais assez bien structurée, dispose d’un corps de doctrine solide, et paraît fort peu encline au compromis.
• Du cote catholique, l’ouverture est-‐elle encore possible? Le rêve irénique d’un retour a l’unité reste présent. Beaucoup ont du mal a adme^re le durcissement, a la fois défensif et offensif, prône par une parGe de l’Eglise.
Saint Ignace de Loyola et Calvin
• De l’université d’Alcalá, le chevalier de la Vierge, Ignace de Loyola, un capitaine émérite, blesse, âge de 37 ans, venait d’arriver aux écoles de Paris et y resta 7 années. De l’université de Bourges, vouée aux idées nouvelles et protégée par Marguerite, un écolier de 18 ans venait souvent a Paris, le sombre et violent, le savant, l’éloquent Calvin.
• De même que son compatriote Raymonde de Lulle imagina la fameuse machine a penser, Ignace avait imagine une machine d’éducaGon, une discipline automaGque, quasi militaire, un cours d’exercices qui, des actes corporels menant aux spirituels, dresserait l’homme le moins prépare a devenir soldat de Jésus.
• Le mieux était certainement, sans frapper la vieille Sorbonne, de lui élever en face une vraie école de science, école laïque, gratuite, qui enseigna pour tous, librement en pleine lumière, a portes ouvertes, et fit déserter peu a peu le nid des chauve-‐ souris. L’idée apparGent à trois personnes, Budé, du Bellay et la reine de Navarre.
Ignace de Loyola invite les fidèles a rêver et a imaginer « en recherchant en soi les aventures probables qui ont pu se passer sur le terrain des E vang i l e s » . Ce^e p i é tée r encon t re ra admirablement, selon Michelet, les a^entes d’une bourgeoisie en train de devenir une classe oisive, la classe donc par excellence du roman. Le roman entre dans l’histoire lorsque les hommes se laissent gouverner par des images et perdent le gout de l’acGon.
La Compagnie de Jésus
• La Compagnie de Jésus en France est née des fameux vœux de Montmartre prononce le 15 août 1534 par Ignace de Loyola et ses amis. Les deux camps catholique et protestant se ferment l’un à l’autre. Les jésuites forment la phalange la plus efficace de ce^e église romaine en combat. Le fondateur, pour bien connaître les élites de son époque, sait que, pour les fixer dans un catholicisme orthodoxe, il faut adopter leur langage, celui de l’humanisme. Pourtant, Ignace et ses compagnons demeurent inébranlables sur le respect des tradiGons de l’Eglise. Les jésuites se donnent comme tache l’apostolat de la parole ; par le prêche, par l’enseignement, par l’évangélisaGon missionnaire, ils se lancent à la conquête et la reconquête des âmes dans les mondes nouveaux, dans la vieille Europe.
Le Pape Paul III qui accepta la créa*on de la Compagnie de Jésus.
François Ier ne rejoint pas la reforme et épouse la nièce du Pape
• Henri VIII avait pris son parG, abolit les tributs que son Eglise payait à Rome, et déclare à son clergé qu’il devait choisir entre ses deux serments au pape et au roi. Avec Catherine de Médicis, le pape donne libéralement en dot Parme et Plaisance, terre papale que nous n’eûmes point. L’affaire est caractérisée par l’aveu du roi, François Ier : « Nous avons pris une fille toute nue. » Le roi fit brusquement la chose a Marseille ; le mariage bâcle, consomme, il revint avec ce^e nièce du pape, plus une patente pour bruler les Luthériens. Les Anglais lui firent honte d’avoir humilie sa couronne, de s’être fait le lieutenant de la police papale et le sbire de l’évêque de Rome.
• En juin 1534, le roi, alors à Blois, se levant le maGn et sortant de sa chambre, voit sur la porte même un placard contre la messe, comme ceux que les protestants avaient déjà affiches. Il fut hors de lui, pâlît de tant d’audace, d’un si direct affront a la majesté royale.
• Autour de ce pauvre roi, qui n’était déjà plus guère qu’une langue, une conversaGon, il y avait deux parGs, celui des élus et des damnes. Les damnes, c’était ceux qui poussaient a l’alliance des Turcs et des héréGques, spécialement les deux du Bellay, Guillaume, la plupart de nos ambassadeurs, c’est-‐a-‐dire des gens qui savaient et voyaient. Mais le parG des élus, des bien-‐pensants, des orthodoxes, c’était celui qui se formait autour du dauphin. Montmorency qui voyait le père décliner si vite, regardait au soleil levant.
• Diane de PoiGers avait les vices des hommes; avare, hautaine, ambiGeuse. Elle mena fort bien son veuvage, se réservant habilement. Dure, avide et poliGque, elle était inGment liée avec un homme tout semblable, Montmorency.
• On assiste a une conversion de François Ier : l’ami des infidèles, des héréGques, le renégat et l’apostat, l’homme incertain du moins, mobile, qui disait le maGn oui, et non le soir, est fixe désormais, et tel sera jusqu'à la mort. Ce galant, ce rieur, est désormais un bon sujet. C’est le retour de l’Enfant Prodigue. La reine et tous en pleurent de joie. Maintenant, la France, en Europe, n’a plus d’amis que Charles-‐ Quint, son capital ennemi. Elle s’est isolée.
La Renaissance culturelle
• Le projet humaniste: Le mot humanisme est très postérieur a la Renaissance. En revanche, celui d’humaniste est employé en France des le XVIème siècle. Il dérive de l’Italien « umanista »qui désigne un enseignant de « le^res classiques » et qualifie d’humanités les « studia humanitaGs ».
• Il s’agit d’abord d’une élite culturelle qui s’autoproclame comme telle. Pour ce faire, les humanistes s’appuient sur des mécènes et des protecteurs a même de leur fournir foncGons ou ressources. Guillaume Budé, directement protège par François Ier, devient ainsi un maitre de requêtes et maitre de la Librairie (la bibliothèque royale).
• Ils s’efforcent de diffuser l’idée selon laquelle, grâce a une nouvelle « translaGo studii », le dépôt du savoir aurait été transfère de Rome a Paris, comme il avait été d’Athènes a Rome.
La Renaissance culturelle
• Un projet dominant: Les humanistes me^ent la force de leur convicGons au service d’un projet de maitrise de tous les savoirs: ils sont convaincus que les connaissances sont liées entre elles. Une bonne formaGon – et un considérable travail – devient perme^re de les assimiler toutes.
• Erasme: « On ne nait pas homme, on le devient. » • Humanisme et système éducaGf: L’augmentaGon du
nombre des universités a la fin du Moyen Age, Paris, qui reste au XVème siècle une référence a l’échelle européenne, manifeste son a^racGon par la hausse du pourcentage de ses étudiants originaires du sud du royaume.
• Le collège, ce^e grande nouveauté éducaGve des temps modernes, est désormais un lieu de passage pour beaucoup des adolescents des couches moyennes et supérieures urbaines: c’est d’une certaine façon en son sein, et grâce aux humanistes, qu’émerge le groupe d'âge adolescent.
• C’est aux Jésuites que revient souvent la tache de combiner excellence pédagogique et encadrement catholique: les collèges de Tournon (1561), et de Lyon (1565) leur sont ainsi confies. En 1561, ils fondent également le collège de Clermont a Paris.
La Renaissance culturelle
• Une modernité problémaGque: L’appui sur l’ancien pour rompre avec le récent… et produire du neuf.
• L’imprime sert dans un premier temps a fournir en masse et a moindre prix un bagage culturel essenGellement tradiGonnel: plus que d’une transformaGon des contenus (réserves a une peGte minorité de le^res), l’imprimerie modifie l’accès aux textes. Un imprimeur doit d’abord offrir une marchandise qui plaise a un public élargi.
• La conciliaGon religieuse: Les humanistes tentent de concilier le message chréGen et les doctrines des Anciens produites dans un univers païen.
• Pour Lefèvre d’Etaples, la réflexion d’Aristote conduit vers le Dieu chréGen. La sœur de François Ier, l’humaniste Marguerite de Navarre, cherche dans la théorie de l’amour du Banquet une préfiguraGon du pur amour chréGen.
• L’humanisme tenu en échec? Les tentaGves de synthèse des savoirs n’abouGssent pas… Alors que l’aspiraGon a une unité fondamentale est forte, le rêve humaniste de maitrise globale des connaissances échoue: l’homme universel ne parvient pas a advenir.
Marguerite de Navarre
Lefèvre d’Etaples
Humanisme et Renaissance
• Les humanistes de la Renaissance possèdent une passion commune qui, d’une époque a l’autre, d’un pays a l’autre, les unit et les fait se ressembler ; l’homme consGtue leur gibier privilégie. L’homme au centre du monde, raccourci glorieux de ce monde... Tel est le lieu géométrique où convergent tous les humanistes. Les trois mots-‐clefs des humanistes de la Renaissance sont universalisme, opGmisme et éliGsme. Universalisme, car les humanistes considèrent que tout homme est dépositaire de l’humanité tout enGère. OpGmisme, car tous pensent que l’individu est toujours capable de se dépasser. ÉliGsme, car les humanistes considèrent que, hors du savoir, il n’y a point de salut. Confiance en l’avenir grâce aux progrès collecGfs, somme des progrès individuels, intérêt passionné pour la vie terrestre qui implique une manière laïque d’envisager le monde... « Le monde se ressaisit comme s’il se réveillait d’un long sommeil » écrit Erasme.
Langue, LiSérature, idenJté
• La Renaissance est célébrée comme une période de promoGon sociale mais aussi li^éraire du français, que certains auteurs lu^ent pour voir reconnaître comme une véritable langue de culture. Mais son dynamisme, bien réel, est encore socialement très sélecGf et les succès d'EdiGon du temps sont loin de toujours correspondre aux hiérarchies li^éraires telles qu’elles se sont imposées ultérieurement.
• La variété des langues: La diversité est un trait fondamental. Deux grandes aires se dégagent: au nord, le parler de la langue d’oïl; au sud, ceux de la langue d’oc.
• Revenant du Brésil en 1557 et jeté sur les cotes bretonnes, Jean de Lery découvre des « Bretons bretonnants dont nous entendions moins la langage que celui des sauvages américains d’avec lesquels nous venions. »
• La progression du français et ses limites: L’ordonnance de Villers-‐Co^erêts (aout 1539) requiert l’emploi, dans l’ensemble des actes publics, du langage maternel français.
• Le français du roi , s’il est très proche des parlers d’Ile-‐de-‐France et du val de Loire, n’apparGent cependant, a proprement parler, a aucun espace parGculier. Ce français, non content d’être la langue du roi et des actes officiels, devient aussi celle de la cour et bientôt une langue de culture presGgieuse. Dans tout le territoire de la langue d’oc, le français, largement langue étrangère jusqu’en 1450, gagne dans le siècle qui suit des posiGons importantes dans les élites urbaines.
Langue, LiSérature, idenJté
• La promoGon d’une producGon li^éraire française: La Défense et illustraGon de la langue française de Joachim Du Bellay s’élevé a la fois contre les traitres néo-‐laGns et contre les parGsans d’une tradiGon li^éraire autochtone qui ne pas a la hauteur des enjeux.
• La producGon li^éraire: Les cours consGtuent en effet des foyers de premier ordre de producGon li^éraire, que les protecteurs des auteurs soient les Princes eux-‐mêmes ou des membres de leur entourage. Certaines femmes jouent un rôle de mécène des le^res, même si en ce domaine l’importance d’Anne de Bretagne a sans doute été longtemps majorée: seul Jean Marot a véritablement des relaGons étroites avec elle.
• Le théâtre profane connaît lui aussi un grand essor en milieu urbain a parGr du milieu du XVème siècle: plus de 250 pièces de genres divers sont conservées pour la période 1450-‐1530. A l’excepGon des farces, il ne semble pas s’adresser en priorité a un large public, mais bien plutôt aux élites cléricales et laïques.
• Le gros romans de chevalerie consGtuent de vrais succès de librairie en milieu urbain, portes par une demande sociale nourrie de progrès de l’alphabéGsaGon.
Ordonnance de Villers-‐Coberêts
La farce de Pathelin: la bourgeoisie et l’ennui
• L’œuvre saillante du XVème siècle, la forte et vive formule qui le révèle tout enGer, le perce de part en part c’est la farce de Pathelin. L’avocat dupe le marchand. Mais lui-‐même, le fin et l’habile, il est dupe par le simple des simples, le bon, l’ignorant Agnelet, pauvre berger. C’est un temps soucieux, a l’image de la classe qui monte et influe, de la bourgeoisie. Plus libre, le paysan est plus inquiet qu’autrefois. Plus riche, le bourgeois a plus de soucis en tète. L’avocat, ou le marchand, le drapier ou Pathelin, ont toujours peur qu’Agnelet ne leur mange leurs moutons, ou ne paye point la rente.
Ruptures et conJnuités arJsJques
• La producGon d’un arGste reconnu comme Jean Fouquet (vers 1420-‐1481) qui intègre des apports flamands et italiens, manifeste déjà la circulaGon des influences et une réelle apGtude a la synthèse.
Ruptures et conJnuités arJsJques
• L’assimilaGon de l’Italie: L’assimilaGon des formes « italiennes » est le fait d’un art « français » en pleine mutaGon et sur de ses ressources. L’emploi d’un décor plaque fait souvent dire que la grammaire des formes reste française, alors que seul le vocabulaire est modifie.
• Des châteaux sous influence? Chambord, ne de la volonté de François Ier, est une construcGon enGèrement nouvelle, a la différence des chanGers réalisés auparavant a Amboise et Blois – a parGr d’idées en parGe inspirées par Leonard de Vinci: l’escalier du donjon n’est achevé qu’en 1546, quelques mois avant la mort de François Ier – véritable morceau de bravoure avec son escalier a double révoluGon a plan centre.
• Il se situe très ne^ement dans la postérité des construcGons flamboyantes. Ces derniers traits expliquent qu’au XVIIIème siècle, au temps du néoclassicisme, Chambord puisse être qualifie de plus beau château gothique de France.
Le château de Chambord
• Il fallut à François Ier un château ; non un vieux château fort, serré et étranglé, comme un soldat dans sa cuirasse. Tout au contraire, moins un château qu’un grand couvent, qui, de ses tours, de son appareil féodal, couvrira, enveloppera de nombreuses chambres, de charmants cabinets, des cellules mystérieuses. C’est l’idée de Chambord. Des escaliers a double vis, qui perme^ent de monter ou descendre de deux cotes sans se rencontrer ni se voir. Au dehors, l’unité, l’harmonie solennelle des tours, avec leurs clochetons et cheminées en minarets orientaux, sous un majestueux donjon central. Au dedans, la diversité, toutes les circulaGons faciles, et les réunions, et les apartés, toutes les libertés du plaisir. Les saintes de l’endroit, les maitresses du règne, la brune du Midi et la blanche du Nord, mesdames de Châteaubriant et d’Etampes, y figurent solennellement en cariaGdes.
Ruptures et conJnuités arJsJques
• A Fontainebleau, Rosso et PrimaGce élaborent un décor avec plafond a caissons, lambris, grands panneaux peints entoures de stuc – ce qui est inédit en Europe alors. Le roi de France, alors même qu’il a perdu ses possessions italiennes, réussit a Fontainebleau a faire aussi bien, sinon mieux que son modèle.
Ruptures et conJnuités arJsJques
• La naissance du classicisme français: Le remaniement du Louvre est laisse a Pierre Lescot, humaniste et non homme de
bâGment. Il y réalise « un éclatant manifeste voulant magnifier le génie français ». La symétrie d’ensemble et de de détail est parfaite: même les sculptures des parGes hautes du corps central se répondent.
• Pour mesurer toute la distance qui sépare ce^e façade de ce qui se fait au même moment en Italie, rien de plus instrucGf que de le comparer au palais Farnèse, alors en construcGon a Rome, sous la direcGon de Michel Ange. On y donne une priorité absolue a l’horizontalité (avec une corniche sommitale très marquée), quand le Louvre fait une large place aux axes verGcaux. La variété des formes au Louvre s’oppose a la répéGGon du même module au palais Farnèse. Enfin, a Rome, le décor est quai absent alors qu’il occupe une grande place a Paris, spécialement au niveau de l’auque.
Ruptures et conJnuités arJsJques
• Réseaux et canaux: L’art de Fontainebleau. Peintres, sculpteurs et stucateurs de Fontainebleau produisent des formes nouvelles. Ce maniérisme français se manifeste ainsi par un allongement des corps, spécialement féminins, bien observable sur les statues en stuc des panneaux subsistant de la chambre de la duchesse d’Etampes (vers 1541-‐1545, par PrimaGce): les cariaGdes y ont de longues jambes effilées, des cous fins, des têtes peGtes.
• Art renaissant et art gothique: OpposiGon ou conciliaGon? L’art gothique, dans l’architecture, la statuaire ou les arts décoraGfs, connaît a la Renaissance une extraordinaire vitalité, sous sa forme flamboyante – ce terme s’explique par la forme prise alors par le remplage des vitraux, qui évoque des flammes. Il s’agit, a parGr d’éléments connus, de provoquer un effet de surprise.
Façade de la cathédrale de Rouen, la tour du Beurre. Couronnée (ne portant pas de flèche), elle est par*culièrement caractéris*que du style gothique flamboyant. Elle *re son surnom de son financement par la vente de beurre et de laitage au carême.
Ruptures et conJnuités arJsJques
• Le connétable Anne de Montmorency réalise a Ecouen, au nord de Paris, une magnifique demeure ouvertement desGnée a recevoir le roi. Ce château moderne a une influence considérable et les émules du connétable sont légions, a en juger par le nombre de grandes demeures élevées par des courGsans ambiGeux dans les années 1540-‐1550. Dans tous ces châteaux, on espère aurer le roi et « dame faveur ». C’est dire le lien entre construcGon nouvelle et réussite personnelle: elle en est a la fois le signe et l’instrument.
• Conclusion: La Renaissance est la période d’une mulGplicaGon sans révoluGon. De la démographie a l’imprimerie, le constat s’impose a beaucoup d’historiens – il s’agit avant tout de mulGplier l’existant.
Le sens de la Renaissance
• « Suis la Nature », ce mot des Stoïciens fut l’adieu de l’AnGquité. « Reviens a la Nature », c’est le salut que nous adresse la Renaissance, son premier mot. Trois fils de serfs, ouvriers héroïques, taillent les trois pierres ou se fonde la nouvelle Eglise : Colomb, Copernic et Luther. L’Italien trouve le monde, et le Polonais en trouve le mouvement, l’harmonie, l’infini du ciel. L’Allemand reconsGtue la famille et y met le sacerdoce. C’est fonder le monde de l’homme.
• La Renaissance se cherche a tâtons et ne se sait pas, ne se Gent pas encore. Elle marche a la nature, s’y assimile lentement. L’homme est enfin le frère du monde. C’est le vrai sens de la Renaissance : tendresse, bonté pour la nature. Le parG des libres penseurs, c’est le parG humain et sympathique. Vinci achetait des oiseaux pour les me^re hors de cage et jouir du spectacle des ravissements de la liberté.