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De l’art à la mort

Itinéraire psychanalytique

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Table des matières

 Avant-propos....................................................................................2

Première partie....................................................................................5

I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964.............6

II. !"périence de l#inconscient (196$............................................2$

III. %reud et la mort (196&............................................................44

'eu"ième partie.................................................................................55

I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966...................................56

II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$..........................6+

III. ,e mme et l#identiue (1969..................................................69

I/. A0ect et processus da0ectation (19$....................................&1

 /. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+........&&

 /I. raectoire de la ise"ualité (19$5..........................................9+

roisième partie...............................................................................1

I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$211

II. ..e.m. (19$4..........................................................................122

III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6.......................1++

I/. ,e travail du trépas (19$6......................................................14&

<é)érences de pulication............................................................162

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 Avant-propos

 Les textes de ce recueil, sauf un, qui est inédit, sont reproduits

pour l'essentiel tels qu'ils ont été publiés en revues : ils sont datés,et c'eût été, je crois, peine perdue que de vouloir les remanier ou les

compléter pour leur conférer après coup une sorte d'unité. Certains

ont été conçus comme interventions des colloques et des

con!rès " d'autres sont nés directement d'expériences cliniques qui

me forçaient approfondir ou renouveler mes propres concepts "

d'autres en#n relèvent d'une ré$exion relativement plus abstraite

sur les !rands sujets  = l'art et la mort par exemple  = que leps%c&anal%ste le plus attac&é la clinique se trouve tt ou tard

amené considérer. (ais> par)del leur diversité, tous ont ceci de

commun qu'ils sont issus d'une m*me rec&erc&e empirique et

marquent ainsi des étapes sur mon c&emin.

 +aturellement ce c&emin n'était pas tracé par avance, je dirais

presque que c'est en composant ce recueil que le dessin m'en est

clairement apparu. Le fait est qu'en le parcourant pour ainsi dire rebours, j'ai dû, plus d'une fois me demander si je n'allais pas

paratre m'*tre éloi!né beaucoup de mon point de départ et, m*me,

si les derniers textes ne risquaient pas de contredire !ravement les

premiers. La contradiction a beau *tre plus apparente que réelle,

elle n'en exi!e pas moins quelques éclaircissements, d'abord pour 

qu'on ne se méprenne pas sur sa réalité, ensuite parce que, née en

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 Avant-propos

quelque sorte sur le terrain, elle a maintenant pour moi quelque

c&ose de fécond.

 -ans rans)erts et 3évrose de rans)ert> Actin* ?ut> et ,e me

et lidentiue> on reconnatra, je pense, aisément la tonalité de

l'univers ps%c&ique que nous nommons /dipien @> pour rappeler 

tout la fois sa !enèse, sa structure ori!inale et les liens étroits qu'il

entretient avec toute &istoire. 0 cet univers entièrement ordonné

autour de la castration, je me suis surtout attac&é comme au lieu o1

se constitue un  passé construit, reconstruit, voire inventé. 0 partir 

de la castration, les exi!ences de l'instinct et les relations du sujet

avec ses objets sont dé#nitivement compliquées, elles subissent le

contrecoup de l'or!anisation romanesque qui, désormais, in$ue

décisivement sur l'économie ps%c&ique de l'individu. L rien ne se

répète, tout se refait, ou plus exactement tout se répète autrement,

c'est précisément ce qui se passe dans la névrose de transfert et qui

 fait défaut dans ce que j'ai appelé les  transferts @> pour dési!ner 

un mode de relations dans lequel le passé n'est pas retravaillé. Cette

opposition met en évidence deux t%pes de fonctionnement mental, ou

peut)*tre m*me deux t%pes de structures, l'un dans lequel le

développement, marqué par une mutation radicale contemporaine de

l'2dipe, abolit le passé en tant que répertoire de faits et suite

c&ronolo!ique " l'autre qui ne connat pas de rupture et o1 par 

conséquent le passé, limité ses dates et son contenu réels, est

exempt de tout remaniement. Ces deux  modèles @ peuvent *tre

retrouvés aussi bien &ors de l'anal%se = dans la création littéraire,

par exemple = que dans le c&amp anal%tique proprement dit, o1 leur 

confrontation permet entre autres c&oses de préciser la structure de

la résistance, la nature du passa!e l'acte, le rle et la valeur 

 fonctionnelle des p&énomènes de répétition. 3ci l'2dipe et son

corollaire, la castration, apparaissent comme les a!ents &istoriques

d'une or!anisation ps%c&ique qui dépend pour une bonne part de la

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 Avant-propos

 force ou de la faiblesse avec laquelle ils sont mis en ima!es, mis en

scène, littéralement représentés.

4n ne laissera sans doute pas de s'étonner que ces a!ents,

auxquels j'attac&ais d'abord une importance capitale, ne jouent plus

aucun rle dans mes textes plus récents. 5n e6et, dès mon travail

sur le masoc&isme et sur l'idéal du (oi>  je me suis trouvé entrané

dans de toutes autres ré!ions, o1 le modèle  /dipien @ ne

permettait plus lui seul d'appré&ender et de conceptualiser les

 faits, mais o1 en revanc&e l'examen de la problématique narcissique

ouvrait le c&amp de la ré$exion. 7u'il s'a!isse de la bisexualité, du

contre)transfert ou de certaines expériences liées aux fantasmes de

mort, je me suis vu ainsi conduit mettre

 0vant)propos

constamment en question la notion d8identité, notion qui, lorsque

la castration était encore le premier facteur d'or!anisation,

présentait justement la plus !rande solidité. -ans cette nouvelle

perspective, ce ne sont plus les personni#cations  (B /dipiennes @>

mais, au sens très lar!e du mot, les faits de dépersonnalisation quiréclament toute l'attention.

IC

 9our éviter un malentendu : la dépersonnalisation telle que je

l'entends ici recouvre des manifestations très diverses qui, bien

qu'a%ant en commun un certain $ou des limites du (oi, ne

s'accompa!nent pas nécessairement d'an!oisse et de

déstructuration. ont ran!er dans cette caté!orie le saisissement @ que j'ai décrit comme le moment de la création

littéraire " certaines expériences de deuil " la naissance de l'a6ect "

certains états de l'anal%sé juste avant une prise de conscience " et,

c&e; l'anal%ste, des moments très particuliers de l'attention $ottante.

 9lus ou moins fu!itifs, plus ou moins profonds, ces ébranlements de

l'identité du sujet, qui passent !énéralement pour des accidents

appartenant soit la ps%c&opat&olo!ie de la vie quotidienne, soit la

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 Avant-propos

pat&olo!ie tout court, ne sont pour moi ni accidentels, ni né!atifs. <'% 

vois au contraire une donnée fondamentale de la vie ps%c&ique

individuelle, quelque c&ose en somme d'absolument contradictoire

avec l'idée que nous nous faisons de notre identité, mais de

contradictoire en un sens positif. Car ces moments o1 le (oi et le

non  =  (oi éc&an!ent si facilement leur place entranent un

élar!issement considérable de l'expérience, !r=ce auquel l'individu

peut parac&ever son inté!ration pulsionnelle et rejoindre ainsi son

 fond le plus aut&entique. Loin de n'*tre que des s%mptmes, ils sont

la meilleure c&ance o6erte l'*tre d'éc&apper aux identi#cations

étran!ères sa vérité, autrement dit de se construire lui)m*me, par 

lui)m*me, sans risque de falsi#cation. i j'en crois une expérience

clinique probante, c'est paradoxalement lorsque l'individu n'a pas

peur de se défaire qu'il a le plus de c&ances d'atteindre réellement

ce qu'il est.

 Le pa%sa!e mental que je viens de décrire forme un contraste

 frappant avec celui du sujet  /dipien @ bien retranc&é dans les

limites de son identité qui, lui, ne se conçoit pas &ors de cette stricte

dé#nition. Comment concilier ces deux sujets apparemment si peu

 faits pour coexister > ?aut)il les tenir pour des modèles de

 fonctionnement ps%c&ique diamétralement opposés et s'excluant par 

conséquent l'un l'autre dans le m*me individu > 9our ma part ce

n'est pas ainsi que je poserais la question, bien que dans un autre

contexte elle puisse naturellement *tre soulevée " car si, comme on

le notera peut)*tre dans les essais réunis ici, je me suis plus souvent

attac&é suivre des trajectoires qu' travailler sur des entités

t&éoriques #xées, c'est précisément qu' mes %eux l'appareil

ps%c&ique, étant par nature inac&evé, ne cesse jusqu' la mort de se

construire et de se remanier. @u sous l'an!le de ce travail incessant,

les deux t%pes évoqués plus &aut sont donc non seulement

parfaitement conciliables, mais bel et bien complémentaires " non

seulement représentatifs d'=!es ps%c&iques di6érents, mais actifs

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 Avant-propos

ensemble dans le m*me c&amp temporel. 3l n'% a pas d'individu si

solidement délimité, si  /dipien @> qui ne soit exposé passer dans

cet autre monde o1 le   je @ et le  cD il @ tendent sans cesse se

confondre " mais mon avis il n'% en a pas non plus qui ce passa!e

dans la sp&ère intermédiaire de l'identité incertaine, qui n'est pas

exactement une ré!ression, du moins au sens classique du mot, ne

doive apporter un accroissement dans le sens de sa propre vérité. 5n

quelque occasion qu'ils se produisent A bien des c&oses me donnent

penser qu'ils ont profondément faire avec une expérience de la

nature du deuil  =>  je tiens ces vacillements de l'*tre pour des

moments féconds, voire pour les instants les plus aut&entiques de

l'inspiration. -e m*me que le  saisissement @ de l'écrivain, qui est

en fait dessaisissement de sa personne, est ce qui c&an!e l'/uvre

projetée en t=c&e impérieuse, et lui communique les forces dont elle

a besoin pour prendre forme et s'individualiser " de m*me en !énéral

c'est dans les états &ors limites, o1 le verbe  /dipien @ cesse de se

conju!uer, que l'*tre peut trouver de quoi se c&an!er lui)m*me en

Euvre F ac&ever.

?n trouvera précisées F la Gn du volume les ré)érences dori*ine

de c8aue te"te. ?n ; trouvera aussi indiués> pour les interventions

de con*rès re*roupées dans la deu"ième partie de cet ouvra*e> les

travau" ui ont suscité nos réHe"ions.

$

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Première partie

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire

(1964)

:e nest pas sans une certaine appré8ension ue e me propose

de"poser uelues réHe"ions sur le processus de la création

littéraire. ais pour me soula*er dune partie de mes scrupules> e

dirai tout de suite ue e parta*e lavis de %rancis Pasc8e sur ce

suet> tel uil la e"primé récemment> lors dun colloue introduit

par érard endel  B  !n dautres termes> e crois moi aussi ue

linvesti*ation ps;c8anal;tiue ne peut pas touc8er lessence mme

de la sulimation artistiue J ue les prolèmes du don> du talent> du*énie> etc.> éc8appent F notre discipline> comme selon moi F toute

autre> )Kt-ce celle de lest8étiue classiue. Le me ornerai donc F

soulever uelues uestions ui me paraissent di*nes de"amen et

peut-tre mme susceptiles dtre éclairées en partie.

ais> dira-t-on> pouruoi revenir F un suet aussi épineu" si nous

ne pouvons contriuer F lélucider pleinement M out simplement

parce uil e"cite F uste titre la curiosité> et> surtout> parce ue nous

ne pouvons méconnaNtre le rOle important uil oue )réuemment

dans les cures. Il me semle> en e0et> ue depuis lépoue o %reud

e"primait F PGster son scepticisme sur les c8ances de lissue

sulimatoire précisément> les c8oses ont eaucoup c8an*é1. Il ; a

partout> dans presue tous les milieu"> des *ens ui écrivent> ui

entrent dune manière ou dune autre dans le circuit de la production

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

dite artistiue et ui> par surcroNt> ont des mo;ens de pulier ce

uils )ont. 'o les cas )réuents o nous sommes con)rontés dans

nos cures avec le désir plus ou moins velléitaire décrire> léc8ec plus

ou moins *rave dune vocation> des in8iitions passa*ères> ou encore

lapparition tout F )ait inattendue> au cours de lanal;se> dune

activité littéraire aut8entiue. Le note dailleurs ue> tandis uune

partie du pulic *arde ce préu*é ue lanal;se stérilise linspiration

de lartiste> les intéressés eu"-mmes semlent parta*er souvent

lopinion de %reud> ui disait F ce suet dans une lettre Q i

limpulsion F créer est plus )orte ue les résistances intérieures>

lanal;se ne peut uau*menter> amais diminuer les )acultés

créatricesR. @

 Lai parlé de velléités> déc8ec> din8iitions> donc> des accidents

ue nous sommes amenés F rencontrer. :est évidemment un aspect

ui na pas éc8appé au" travau" ps;c8anal;tiues. ais> dans

lensemle> limportante littérature consacrée F ce suet ma paru

présenter le processus créateur lui-mme sous un our uelue peu

id;lliue. ?r> il n; a pas lF did;lle> mais une entreprise aléatoire>

touours menacée> F tel point ue pour certains elle peut tirer de ses

risues mmes une part de sa di*nité. :est le cas dune tendance

littéraire actuelle = e pense> par e"emple> au" travau" de aurice

Slanc8ot> de Sataille> etc. = ui va usuF voir dans la di0iculté> le

loca*e> lin8iition> lTme mme du travail aut8entiue. ?n ma

rapporté F ce propos une parole de eor*es Sataille> ui aurait dit F

<oe-rillet un our ue celui-ci se plai*nait dtre entravé dans

son activité du moment Q !nGn> limpasse U @ Pour un peu> on dirait

ue la marue du véritale écrivain est limpossiilité décrire.

ans aller aussi loin> e crois pour ma part ue le processus

créateur tient de son ori*ine mme un caractère dramatiue uil ne

perd amais> mme uand lEuvre nen porte plus la trace.

'ramatiue> ce ui ien entendu ne veut pas dire né*ati)> car lF le

drame est action et oue un rOle non né*li*eale dans léconomie du

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

suet. :est ce rOle> autrement dit la valeur )onctionnelle du

processus> ue e tenterai dapprécier> autant uen loccurrence on

puisse parler de mesures.

1. . %reud> riefe 1&$+-19+9> lettre F V @ 3. 3...> 2$ 6-19+4> .

%isc8er /eria*> 196 J trad. )r. allimard> 1966.

 Lai dit ue le processus créateur est un drame. ais avant

denvisa*er ce drame sous son aspect strictement littéraire> tel uil

se mani)este en particulier dans les productions et l8istoire

littéraires modernes> e voudrais proposer uelues considérations

tout F )ait *énérales sur la notion de représentation> notion eaucoup

plus lar*e ue celle de drame> mais ui éclaire utilement notre

propos. ,a représentation> en e0et> me paraNt tre un élément

)ondamental de la création artistiue> ou plus e"actement de la

créativité en *énéral. A cet é*ard> adopterais volontiers la )ormule

de lant8ropolo*ue Lensen "> ui écrit Q ,8omme est par nature un

tre ui représente. @ %ormule> dailleurs> très proc8e de lidée

e"primée par %reud dans  Les deux principes du fonctionnement

mental, et merveilleusement illustrée dans loservation de son petit-

Gls> ui se dédomma*e du départ de sa mère en  jouant  avec une

oine> et met en scène cette mme disparition et ce mme retour

avec des oets F sa portée @.

:e nest pas ici le lieu de multiplier les ré)érences au" Euvres

ui> telles celles de Lensen ou de WuiXin*a2> nous montrent comment

lactivité de représentation = cest-F-dire la mise en scène> la

dramatisation = est F lori*ine dun lar*e éventail de p8énomènes

8umains> ui vont du rve et du )antasme F lart> en passant par les

m;t8es et les représentations cultuelles> les eu" = sacrés et

pro)anes => usuau" eu" de mots et au" mots desprit. :e ue e

 veu" surtout rappeler> cest ue ces p8énomènes considérés F uste

titre comme des )aits créateurs> dun cOté ne visent pas F la seule

représentation du monde e"térieur oecti)> mais dun autre cOté ne

se détournent pas non plus du réel. :e ui est représenté ici nest F

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

proprement parler ni le plaisant> ni le réel> mais une situation, disons

la situation au monde d'un *tre de désir, ui> en elle-mme> constitue

une nouvelle réalité. :omme %reud le dit> touours dans  Les deux

principes du fonctionnement mental> cest F cette nouvelle réalité

ue sattac8e le0ort de toute création> uelle aoutisse au simple

 eu ou F lEuvre dart la plus élevée.

:eci ne veut pas dire uil )aille con)ondre dans une mme

description toutes les )ormes dactivité créatrice. ,e eu sacré

nest pas le eu tout court> et le mot desprit nest pas un poème. Au

contraire> certaines de ces )ormes de"pression nous intéressent

particulièrement parce uelles portent plus nettement la trace de

létat ps;c8iue remaruale ui paraNt avoir présidé F leur

naissance et ue lon dési*ne communément par le terme

dinspiration. A ce terme consacré> e pré)érerai celui de

saisissement  ue propose %roenius et ui> me semle-t-il> a le

mérite de rendre au p8énomène son caractère daccident rusue et

essentiel. Pour %roenius> cet état de saisissement aoutit F un acte

ui nest pas seulement descripti)> mais or*anisateur> *énérateur

dun nouvel # ordre ui constitue une acuisition. Il sa*it lF> en

dautres termes> dune e"périence m;t8iue du réel> ui doule pour

ainsi dire la communication immédiate et silencieuse avec la réalité

oective des c8oses.

,e saisissement de %roenius> tel ue e le comprends>

correspond pour nous F ces états ue déGnissent Q

1 une modiGcation de la naturelle altérité du monde e"térieur J2 laltération de lintimité silencieuse du moi ps;c8osomatiue J

+ le sentiment dun Hottement des limites séparant ces deu"

ordres> avec une connotation détran*eté. A cette trans)ormation

dans le rapport des investissements oectau" et narcissiues répond

le sentiment éprouvé par le suet dun c8an*ement de sa position F

lé*ard du monde> voire de sa propre identité. ,état de saisissement

ui ; est lié suscite la conscience dentrer en rapport avec uelue

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

c8ose dessentiel et pourtant dine0ale. 'ans mon intervention sur

le rapport de aurice Souvet F <ome Y admettais ue> dans certains

cas> cet état> vécu dans lan*oisse> peut se ran*er parmi les

p8énomènes de dépersonnalisation J uailleurs> accompa*né

deup8orie> il est ressenti comme une e"périence e"altante de

dilatation toute-puissante F uoi lon peut rattac8er le moment initial

de linspiration artistiue ou

m;stiue> ou encore les e"périences élationnelles décrites par

runer*er. Zuoi uil en soit> dans les deu" cas> linstant de

saisissement me paraNt relever dune e"périence trauma-tiue.

 Le me"pliue. Le considère> en e0et> ue tant ue le narcissisme

primaire est seul F ré*ner> il n; a rien F mettre en scène puisue

tout se passe alors on deçF du conHit. :e nest uau moment o des

pulsions se dé*a*ent et se c8erc8ent des oets> tandis ue le monde

e"térieur commence F tre reconnu comme tel> ue des tensions

naissent> en*endrant une situation traumatiue ue le suet va

devoir a0ronter. :ette nécessité vitale le conduit F élaorer

le"périence par le mo;en ui lui est le plus immédiatement

accessile Q une représentation de sa situation ui est une tentative

de s;nt8èse> une rec8erc8e de lunité. Pour ; parvenir> le suet

recourt spontanément F son souvenir nostal*iue de lunion

narcissiue perdue et il réussit dautant mieu" uil retrouve lF le

sentiment primitivement vécu. 'ans lEuvre ui> éventuellement>

résulte dune pareille représentation intérieure> ce nest pas

nécessairement le traumatisme ui apparaNt> mais souvent> au

contraire> lunion> la réconciliation> la communion avec le monde

e"primée directement dans une )orme.

Zue se passe-t-il maintenant du point de vue économiue M Avant

le saisissement> le statut économiue de lindividu est celui dune

éner*ie comme en suspens> circulant lirement dans un espace

littéralement indéGni. :est une situation )oncièrement instale> en

raison de la rencontre naturelle et inévitale entre maturation

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

iolo*iue et 8istoire> ui donne lieu F une série de sur*issements du

réel> cest-F-dire F un mouvement o le réel suscite de nouvelles

e"i*ences pulsionnelles> tandis ue les pulsions> F leur tour> )ont

découvrir un nouvel aspect de la réalité. ,es pulsions nouvellement

dé*a*ées ne pouvant tre aussitOt inté*rées> lunité narcissiue est

plus ou moins *ravement compromise. 'ès lors> lespace auparavant

indéGni se prend @> des di*ues se dressent et se risent presue en

mme temps> sans pouvoir empc8er linondation éner*étiue ui

constitue le temps initial du saisissement. rTce F la mise en scène

dramatiue de la situation> ui vise F rétalir un nouveau silence

)onctionnel> le"périence acuiert une valeur positive. ais tout est

constamment F recommencer Q c8aue étape du développement

suscite une nouvelle e"périence de rupture> en rè*le *énérale moins

dramatiue ue la première> lauelle nest rien dautre pour certains

auteurs> comme <an[ et roddec[> ue le traumatisme de la

naissance> et reste de toute )açon indéléile> inscrite comme en

Gli*rane dans la ps;c8é de lindividu ui c8erc8e tout F la )ois F

loulier et F la ressaisir.

,a représentation créatrice se"erce donc de )açon continue> le

plus souvent silencieuse et automatiue> dans un rapport particulier

avec les mouvements pulsionnels. !lle c8erc8e sans cesse F saisir un

présent> dont lémer*ence se produit F tous les instants> et par lF

mme constitue une microe"périence traumatiue. :ette description

de lactuel> ui se )ait par une récupération active du passé> et

accomplit le passa*e du discontinu au continu> crée littéralement la

réalité dont> autrement> lopacité serait totale puisuelle se réduirait

F un ensemle inco8érent de )ormes astraites. ,e nouveau

roman @ ui> au moins dans lune de ses directions> a0irme

le"istence dun re*ard entièrement pénétrant sur une réalité

immédiate> découpe en )ait dans une e"périence vécue normalement

comme *loale ce secteur astrait ue seul peut )aire vivre le retour

du passé.

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

Sien entendu> le"périence traumatiue varie dans son contenu F

mesure du développement ps;c8o-se"uel de lindividu. %reud nous en

donne un e"emple précoce> dans le eu de la oine> eu ui> selon

moi> nest pas seulement le résultat de la *rande maturité culturelle

de len)ant> mais en lui-mme un )acteur important de maturation>

puisue *rTce F lui len)ant élaore le"périence traumatiue et lui

donne une issue positive. A un moment donné> cette e"périence

)ondamentale trouve sa pleine e"pression dans lan*oisse de

castration> ui devient alors le"périence cruciale et ui> selon le

mouvement de proection en arrière @ dont parle Souvet> prend la

 valeur dun modèle rétroacti) de tous les états traumatiues

antérieurement vécus. Parado"alement> la castration peut tre

re*ardée en un sens comme une c8ance de lima*ination 8umaine>

car le p8allus> en tant uoet tout F la )ois s;moliue et

strictement délimité> non seulement inspire la mise en scène de la

rupture> mais apporte F la représentation un élément structurant ui

lui ouvre de nouvelles possiilités. ,8orreur de la dévoration et du

morcellement trouve son e"pression la plus évoluée dans le )ol[lore

universel> o lo*re est aussi le père castrateur. out en *ardant

uelue c8ose de son ori*ine arc8a\ue> elle est tempérée>

8umanisée par lintervention décisive du Petit Poucet ui> sans cesse

menacé et touours en lutte pour dé)endre son inté*rité> devient dans

le conte tout F la )ois le 8éros et la*ent or*anisateur du scénario.

,irruption du réel> lapparition rutale de loet> e lai dit>

rompent la pai" économiue et menacent le statut narcissiue

primaire> aussi ien ue le silence )onctionnel ps;c8osomatiue. Il

sensuit une situation nouvelle o se révèle laspect le plus

destructeur des pulsions> avec lan*oisse ui ; est liée. :est alors

ue la nécessité de lélaorer prend un caractère vraiment pressant.

 A0ronter le dan*er interne dtre radicalement sumer*é par la

somme des e"citations en*a*ées J vivre la montée des pulsions

destructrices J puis renoncer au esoin de détruire loet> ce

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

pro*ramme ne peut tre réalisé économiuement ue par une mise

en scène de la situation ui> en proetant des ima*es et des )ormes

reliées entre elles dans un ordre si*niGcati)> asore> lie et intè*re

les tensions> de telle sorte ue le )antasme nest pas seulement une

e"périence passivement suie> mais prend usuF un certain point

le0icacité dun acte. ise en scène et mise en ordre ui pourraient

se rattac8er F lessai de maNtrise de lan*oisse liée au" pulsions les

plus primitives> en uoi %ain et 'avid voient lune des deu" )onctions

du processus primaire

 Ainsi> le monde e"térieur ui> par sa seule a0irmation e"i*eante>

collaore en uelue sorte avec le monde pulsionnel pour arrac8er

lindividu F son or*anisation narcissiue> et concourt au dé*a*ement

des pulsions destructrices> se voit F son tour menacé par ltre ui>

 voulant éc8apper F lautodestruction> commence par tourner vers

le"térieur ses )orces da*ression. <ien détonnant si la description

de cet état de c8oses> uelle se trouve dans des Euvres littéraires

évoluées ou dans nos travau" ps;c8anal;tiues> prend demlée un

tour e"trmement dramatiue. ,e contenu du drame> en e0et> cest

le c8aos> mais dès linstant o il se traduit par des représentations>

des )antasmes> )ussent-ils les plus terriGants et les plus primiti)s> il

prend une orientation> une valeur ui constituent déF un déut

daména*ement> de sorte ue> mal*ré la discordance de ses t8èmes>

il devient aussitOt création. 3ous savons uF un stade ultérieur de

son développement> lindividu est aidé dans la tentative

dor*anisation de sa vie pulsionnelle par lédiGcation du urmoi ui>

pour autant uelle participe dune introection de la*ression> relève

elle aussi du processus créateur de lima*ination. :ependant> uelle

ue soit la valeur de cette personniGcation surmo\ue> il est dans sa

nature de ne ouer son rOle uen c8amp clos> et> trop )acilement> de

)açon paral;sante ou castratrice J alors ue la voie des réalisations

sulimatoires est constamment ouverte sur le monde> de telle sorte

ue lindividu> ui en réalité ne travaille ue pour lui> o0re au monde

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

e"térieur un produit propre non seulement F lui )aire plaisir> mais

encore F le proté*er. !n sa dernière mani)estation> le mouvement le

plus é*o\ste aoutit F un don> F lamour par conséuent> ui se

trouve ainsi retrouvé dans une mise en scène de la 8aine. 'e cette

8aine touours indécise dans son orientation> prte F se diri*er vers

le"térieur ou F se retourner contre le suet lui-mme et par lF

souvent proc8e du crime> lEuvre vraie *arde touours la marue>

mme dans ses aspects les plus volontairement réconciliés. A cet

é*ard> l8istoire littéraire pourrait vraiment reprendre F son compte

le mot de %reud dans une lettre F PGster+ Q ?n ne peut rien )aire de

 vrai sans tre un rin criminel. @ ,F> en e0et> mal*ré les réserves

ue e )aisais moi-mme tout F l8eure> la ps;c8anal;se peut peut-

tre apporter une contriution F lest8étiue. ,e eau> nest-ce pas>

en Gn de compte> le vrai> un vrai a;ant sui une métamorp8ose

radicale dans lauelle se tra8issent encore le c8aos et tous les

conHits sauva*es sur uoi lordre a été *a*né M i cela était ainsi> on

comprendrait ue l8orreur des luttes arc8a\ues puisse en*endrer

la eauté )ascinante de la te de éduse D.

?n ne peut rien )aire de vrai sans tre un rin criminel -autrement

dit> sans se sentir coupale. 3ous touc8ons ici F lécartèlement si

)réuent c8eX les artistes entre la loi du urmoi et le"i*ence de

 vérité est8étiue sans uoi lEuvre nest uune )ade production du

con)ormisme. ,8istoire littéraire aonde en e"emples de ce conHit

ui> dans les cas *raves> nécessairement pour nous les plus

si*niGcati)s> peut compromettre plus ou moins duralement la

réussite de lEuvre> ou mme la vie de lécrivain. Le ne citerai ue

celui de o*ol ui> sous la pression uotidienne dun directeur de

conscience )anatiue> c8erc8a en vain F rac8eter par une Euvre

édiGante le diaolisme de la première partie des 0mes mortes. 'ans

ce cas vraiment e"trme> le urmoi reli*ieu" na pas réussi F )orcer

la véritale nature de lEuvre Q o*ol> par)aitement conscient de la

nullité littéraire de son travail> mais incapale de triomp8er de ses

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

scrupules> na pu ue eter son manuscrit au )eu et somrer dans le

désespoir.

?n sait ien ue très souvent dans l8istoire> la lutte de lartiste

pour son Euvre ne )ut rien de moins uune lutte pour la vie. :ela se

conçoit Q née de )acteurs comple"es o la nostal*ie du paradis

narcissiue perdu voisine avec les e"i*ences discordantes des

pulsions> lEuvre> produit dune élaoration s;nt8étiue> oet Gni>

complet> doué de0icacité> donc puissant> est représentée dans

linconscient par le p8allus> ui est selon runer*er lemlème et

lima*e de linté*rité narcissiue. ,a preuve nous est donnée uil en

est ien ainsi dans tous les cas dinac8èvement> de morcellement ou

dinterruption ui révèlent un éc8ec ou une insu0isance du rOle

)onctionnel de lEuvre. Il ; a peut-tre un lien entre ces )ormes plus

ou moins Ttardes déc8ec littéraire> ui peuvent> dailleurs> donner

lieu F de *randes Euvres> et les évolutions morides or*aniues ue

lon trouve si souvent dans les io*rap8ies.

 Le me trouve ici ramené au prolème de la )onction de lactivité

créatrice> prolème F uoi Leanine :8asse*uet sest attac8ée

récemment> en distin*uant deu" sortes dactes créateurs> selon uils

 visent la réparation de loet ou celle du suet1. Pour ma part>

 inclinerais F penser ue lacte créateur> ui participe F lédiGcation

du suet> se trouve en Gn de compte proté*er é*alement loet. Peut-

il réparer réellement une atteinte massive et précoce des assises

narcissiues M ,a uestion est di0icile et nous conduit demlée sur

le terrain de la pat8olo*ie> dans le domaine de certaines ps;c8oses

et des maladies ps;c8osomatiues. Zue se passe-t-il F cet é*ard dans

le domaine des maladies ps;c8osomatiues *raves> maladies ui> e

le note en passant> paraissent F première vue relever uniuement de

linterniste et dont le t;pe est pour nous la recto-colite

8émorra*iue M ,es travau" ue nous poursuivons> Pierre art;>

ic8el %ain> :8ristian 'avid et moi-mme> nous ont montré ue

lactivité de représentation dans ces a0ections o0re des traits

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

spéciGues> ue e vais tenter dillustrer par un parallèle avec un cas

névrotiue.

 Au moment o e la prends en traitement> ,ouise est une eune

Glle de di"-8uit ans> atteinte dune recto-colite 8émorra*iue très

*rave> avec des lésions a0ectant tout le cadre coliue> déordant

mme sur le *rle> et associées F des altérations 8umorales

massives> représentant dans limmédiat une menace vitale et a;ant

 ustiGé une lon*ue 8ospitalisation. Zuelues années auparavant>

,ouise avait montré uelue *oKt pour le dessin> sans en tirer

toute)ois eaucoup de énéGce. 'es déceptions anales dordre

a0ecti)> mais vécues inconsciemment comme autant de lessures

narcissiues> la )ont rusuement renoncer F ce déut dactivité

artistiue. Au lieu de dessiner> elle sen*a*e alors dans une activité

purement motrice> a;ant F certains é*ards la valeur dune ré*ression

topiue Q léuitation. !lle )ait du c8eval> mais sans participation

notale de lima*ination. Par lF> elle se ravale elle-mme F un niveau

moteur> o elle se orne F lier des *estes> avec plus ou moins de

on8eur> ce ui est> mal*ré le caractère mécaniue de son action> la

meilleure mise en )orme dont elle est alors capale. ,a recto-colite

8émorra*iue apparaNt cliniuement pendant cette période> après

une rupture sentimentale plus *rave. :8eX cette eune Glle mena-

1. :8asse*uet-mir*el L.> <éHe"ions sur le concept de V

réparation ] et 8iérarc8ie des actes créateurs @>  Eev. franç.

 9s%c&anal., CCIC> 1965> n^ 1.

cée de colectomie totale avec anus iliaue déGniti)> la

ps;c8ot8érapie a pris daord lallure dune cure anaclitiue sur

lauelle e ne mappesantirai pas> tenant surtout F souli*ner la

deu"ième p8ase> ue e dirais péda*o*iue. !n e0et> pendant deu"

ans> la ps;c8ot8érapie a eu pour ut essentiel de développer peu F

peu s;stématiuement les activités de représentation dont le dessin

avait été comme un timide essai. :ette deu"ième période a été

ouverte par un rve> le premier ue ,ouise ait été F mme de me

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

donner> rve ien caractéristiue de ces malades ps;c8osomatiues>

o ,ouise se vo;ait seule devant une )euille lanc8e. Alors ue

léc8an*e veral reste des plus limités> elle commence F dessiner des

c8evau"> asseX mal dailleurs> car elle est incapale de reproduire les

saots et les ames. Ils la représentent doulement J ils sont elle-

mme> pourvus par e"emple dune crinière semlale F sa propre

c8evelure> et en mme temps ils illustrent le cours et les accidents

de sa récupération> en particulier les suppurations di0uses ui

a0ectent ses memres in)érieurs. :8aue dessin représente une

complication et un enric8issement par rapport au précédent. /alorisé

par mon attention> il est pour ,ouise un )acteur de récupération

narcissiue> )acteur essentiel si lon admet avec aus[1 la

dépendance étroite du narcissisme or*aniue F lé*ard du

narcissisme ps;c8iue. Actuellement> après trois ans et demi de

traitement> on peut dire ue les activités de représentation se sont

développées de )açon continue usue dans le domaine

)antasmatiue. ,ouise prépare les Seau"-Arts et le pro)essorat de

dessin> elle )ait mme de la sculpture. Parmi ses compositions>

certaines comportent encore des c8evau" ui sont maintenant

entiers> et par)ois mme dotés de cavaliers. ,essentiel> dans ce cas>

a été tout au lon* le"trme lenteur de lévolution vers une activité

de représentation économiuement valale> activité dont la plénitude

doit ouer selon moi un rOle important dans la prévention des

rec8utes. :e rOle a été net dans le cas de ,ouise o> pourtant> la

récupération anatomiue est loin dtre ac8evée. ,ouise entre

maintenant> et maintenant seulement> dans une p8ase o la

ps;c8ot8érapie peut enGn prendre un st;le ps;c8anal;tiue. Il

1. /. aus[> 'e la *enèse de 1 V appareil F inHuencer _ au cours

de la sc8iXop8rénie @>  La 9s%c&anal%se,  t. I/. <epris in 2uvres,

Pa;ot> 19$4.

nest mme pas impossile uelle puisse dans lavenir assumer

une ps;c8anal;se classiue.

2

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

,e cas de ,ouise> dont lactivité )antasmatiue sest développée

lentement> dune )açon laorieuse> touours précaire et en e"i*eant

des mesures tec8niues particulières> )orme le plus violent contraste

avec celui dune p8oiue ui> en une seule séance> moilise ses

)antasmes pour ainsi dire instantanément dans une mise en scène de

sa situation.

 Leanne> ui a pulié deu" romans au cours de son anal;se> alors

uauparavant elle navait pas mme eu lidée décrire> re)oulait

depuis uelue temps une a*ressivité apparemment déclenc8ée par

ma )ermeté sur une uestion de discipline dans lanal;se. !lle

sétend sur le divan et déclare> après un silence Q Alors uen

 venant étais sans 8ostilité> ni envie> ni pas envie> au moment o

 vous maveX ouvert la porte> ai pensé Q V !t dire ue e vais encore

me )aire c8ier avec ce *ars-lF. _ @ Au out dun nouveau silence elle

aoute Q Lai limpression ue vous veneX de man*er uelue

c8ose... oui> e voudrais avoir une intimité littéralement vé*étative

avec vous> tre en vous> man*er avec vous. ais ce nest pas

su0isant> man*er avec votre ouc8e> oui> cest ça. @ Autre silence> et

elle poursuit spontanément Q `a me )ait penser au livre ue e suis

en train décrire. ,a )emme> cest moi> serait contre un arre. Le

pénètre littéralement larre et e suis et le tronc et les ranc8es.

3on> ce nest pas pour )aire du mal> mais pour me laisser diri*er par

le vent> recevoir le soleil> tre assimilée... :ela mévoue cette

situation vé*étative> la plus *rande con)usion Q tre dans le ventre de

la mère. @ /ers la Gn de la séance elle revient sur ce uelle a appelé

con)usion vé*étative> et dit Q :est uelue c8ose de plus pro)ond

uun parta*e> aller au" cainets ensemle. 3on> cela ne peut se

)aire uavec un 8omme J F lintérieur dune )emme cest sale> pas

net J la )emme saccroupit pour uriner> elle est dé*ueulasse... au) 

peut-tre man*er par sa ouc8e... @

 Le ne vais pas anal;ser ici tout le contenu de cette séuence dont

le st;le se retrouve souvent. Le me ornerai F souli*ner la )aculté

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

remaruale de Leanne de traiter un conHit par la représentation

immédiate de ses données. ,a con)rontation soudaine avec loet> en

rompant une sorte de rverie narcissiue> dont on peut voir ien

entendu aussi laspect dé)ensi)> )ait sur*ir toute la*ressivité de

 Leanne> ui immédiatement> la met en )orme sur le mode anal. 7n

mouvement ré*ressi) au niveau oral suit aussitOt tandis ue samorce

une tentative de réconciliation (se con)ondre avec larre> recevoir le

soleil> etc.. ,oet commence dtre proté*é et le suet se restaure

*rTce F cette représentation d;namiue ui> de )ait> a été dans le

roman loet dune nouvelle élaoration o le mouvement )usionnel

= la )usion avec larre = remet l8éro\ne dans le c8emin de la vie.

'ans le dernier moment de la séuence toute)ois> le )antasme de

)usion nest pas une solution durale> il e"i*e de nouvelles mises en

)orme dont c8acune représente un essai de maNtrise et de

pro*ression.

Par les travau" cliniues et t8éoriues ue nous poursuivons> mes

collè*ues ps;c8osomaticiens et moi-mme> nous avons pu nous

convaincre de limportance e"trme de ce processus puisue>

lorsuil est incomplet ou )onctionnellement ine0icace> il sensuit une

surc8ar*e dun s;stème )onctionnel uelconue par des éner*ies o>

comme %ain la dit> on ne peut plus *uère distin*uer les valeurs

liidinales des valeurs a*ressives.

R

 Lai parlé usuici de représentations> de dramatisation> dactivité

)antasmatiue> en dautres termes de la créativité en *énéral> mais e

nai pas aordé la création littéraire elle-mme> ui ne"iste ue par

le passa*e F un acte particulier Q lacte décrire. Zuest-ce ui rend

cet acte nécessaire> pouruoi et comment devient-il pour certains un

esoin> voire une e"i*ence vitale> alors ue tant dautres se

contentent de leurs rveries> sans c8erc8er F en o0rir au" autres le

produit M :est F ces uestions ue e vais tTc8er de répondre = et e

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

le )erai non sans recourir par)ois F des vues 8;pot8étiues> en

reprenant le point de vue )onctionnel ui est le mien ici.

elle ue e lai posée> ma première uestion su**ère delle-mme

une réponse Q cest ue> si certains doivent recourir F une opération

supplémentaire pour ré*ler lune des situations traumatiues ue ai

évouées> il )aut croire uils ; sont conduits par un dé)aut de leur

s;stème délaoration> cest-F-dire> parado"alement> par un éc8ec

relati) de leur vie ima*inaire. out se passe comme si lartiste en

puissance> ui> ustement> est capale dune activité )antasmatiue

particulièrement ien développée et> en principe> touours

disponile> nétait pourtant pas F mme de sen servir e0icacement

pour assurer linté*ration de ses tensions et de ses conHits. ?u

plutOt> son e0ort éc8oue en partie parce ue> dans la situation

critiue o il se trouve> il réa*it par une proli)ération dima*es ui

lenva8issent et peuvent mme le sumer*er. Au lieu de rétalir>

comme il c8erc8ait F le )aire> son inté*rité narcissiue> ce

)oisonnement de )antasmes le plon*e dans une nouvelle situation

traumatiue> situation dimpuissance uil vit ien entendu comme

une castration. 'o la nécessité dune nouvelle opération> ui va

moiliser tout autrement les )orces de lima*inaire.

,artiste> donc> se voit menacé par le s;stème ui> précisément>

devait le proté*er. :eci na rien de surprenant si lon admet avec

%reud uil est proalement doté dune constitution instinctuelle

anormalement )orte et ue> par conséuent> ses s;stèmes

dadaptation risuent constamment dtre mis en éc8ec> de telle

sorte uil est e"posé plus ue uiconue au" situations

conHictuelles. 3ous comprenons dès lors ue le )oisonnement de

lima*erie intérieure ne puisse tre dominé par le seul eu dune

élaoration autarciue> ce ui reviendrait F une )orme daliénation.

,artiste> au contraire> est conduit F se tourner vers les autres>

devant lesuels il décrit sa situation intérieure et trouve lF une

conGrmation de son e"istence. ,e parado"e de la création> et

2+

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

sin*ulièrement de la création littéraire ui> )ondée sur le"ploitation

du lan*a*e commun> comporte nécessairement un dialo*ue> cest

ue le né*ati)> ici> doit devenir le mo;en mme dune a0irmation

positive. :8Ttré> solitaire> a*ressi) = lécrivain est en mme temps

tout-puissant sil parvient F imposer et mme F )aire aimer sa

description.

3ous touc8ons lF une di0iculté essentielle ue toute vocation

littéraire doit résoudre en uelue manière Q lécrivain> en e0et> écrit

pour se"primer> mais il ne le peut de )açon e0icace ue si son

e"pression est recevale comme preuve de son e"istence> autrement

dit capale de plaire. :est lF dès le déut une situation *ravement

conHictuelle> car se"primer> cest modiGer de vive )orce les rapports

e"istant usue-lF entre le monde et le suet> cest attauer> et

 usuF un certain point annuler les autres> mais comment dans ces

conditions otenir deu" reconnaissance et amour M 3ous savons ue

len)ant déF rencontre précocement cet ostacle Q pour plaire F ses

parents> pour les séduire et ne pas perdre leur amour> il est

naturellement conduit F )alsiGer son e"pression de lui-mme dès

uelle est o0erte en don. Le pourrais citer le cas dun en)ant ue e

connais très ien> une petite Glle de 8uit ans> e"trmement douée et

dune intelli*ence très au-dessus de son T*e> ui produit depuis

lon*temps toutes sortes de petits poèmes et de contes. :ette petite

Glle> dont lor*anisation p8oiue est mani)este> doit a0ronter

constamment une production )antasmatiue terriGante. /ers lT*e de

uatre ou cin ans> elle a inventé un personna*e ima*inaire> . %al-

ert> dont elle racontait les aventures F sa sEur aNnée et F ses

parents. :es aventures portaient ien la trace des e"périences

)antasmatiues de len)ant> mais tiraient toutes sur le comiue ou le

urlesue. 'éF len)ant voulait )aire rire et plaire. Plus tard>

lorsuelle commença décrire> touours F lintention de son

entoura*e immédiat> le contenu de ses récits c8an*ea notalement>

comme si le seul )ait de couc8er des c8oses sur le papier entraNnait

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

un c8oi" tendancieu" parmi les t8èmes de le"périence vécue. tait

le plus souvent éliminé ce ui aurait pu c8ouer ou déplaire> au

proGt de t8èmes poétiues ou 8umoristiues susceptiles de lui

 valoir ladmiration et lestime des siens. Par cette capacité de c8oi">

len)ant était déF entièrement en*a*ée dans la Aroie de lest8étiue>

et il nest pas impossile ue ce soit lF lindice dune véritale

 vocation. ais a;ant misé plutOt sur la séduction ue sur la Gdélité F

elle-mme> ce nétait pas dans ses petits poèmes uelle se"primait

touours le plus Gdèlement. 7n de mes malades> ui est écrivain et

sou0re dune *rave in8iition> a par)aitement compris F uel point sa

G"ation F cette situation in)antile avait sur son activité littéraire un

e0et stérilisant. Il ma dit Q Zuest-ce ui mempc8e de me"primer

et F la limite da*ir M Loserve ue> dès lori*ine> on ma appris F

a*ir non pour me"primer> mais pour plaire> plaire F ceu" ui

mentouraient et me commandaient. i e prends cette action

particulière uest lécriture> encoura*ée dès lori*ine par ma mère>

 ai écrit non pour mon plaisir> mais pour lui )aire plaisir. ,e souci de

lécriture> considérée comme e"pression de moi-mme> est apparu

plus tard> lorsue se sont épuisées les occasions de plaire F autrui en

écrivant. :est F ce moment-lF ue les di0icultés ont commencé. @ i

le patient navait pas pris conscience du dilemme> il aurait

proalement continué décrire des c8oses a*réales et

insi*niGantes> comme tant dautres ui alimentent uotidiennement

la production mo;enne. Pour linstant> il est évidemment paral;sé>

mais en mme temps il entrevoit une possiilité de liérer ses dons.

Il me semle ue mon patient a )ort ien vu un conHit

)ondamental ue lon pourrait déGnir en *ros comme celui du

narcissisme et des e"i*ences pulsionnelles. ais naturellement les

c8oses sont eaucoup plus compliuées> du )ait ue plaire @ et

)aire plaisir @ appartiennent F deu" mondes di0érents> lun

ressortissant F une rec8erc8e de satis)action narcissiue> lautre F

un élan oectai> tandis ue b se"primer @ met en eu tout F la )ois

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

les pulsions a*ressives et le statut narcissiue du suet. ?n conçoit

ue cette situation puisse devenir douloureuse et paraNtre mme

insolule dès uon en )ait un dilemme Q car se"primer sans plaire

e"pose lécrivain F tre reeté dans sa solitude et son impuissance>

cest-F-dire renvo;é F sa castration> mais dun autre cOté plaire sans

se"primer> cest-F-dire renoncer F sa vérité au nom dune

satis)action narcissiue immédiate> cest sinHi*er F coup sKr une

lessure narcissiue autrement plus pro)onde puisuelle touc8e au"

racines mmes de ltre.

out écrivain se voit ainsi placé devant un c8oi" impossile J reste

maintenant F savoir comment> dans le meilleur des cas> il peut sortir

de lalternative.

Il va de soi ue la solution ne peut tre )ournie ue par une

opération ps;c8iue propre F concilier les uts contradictoires ue

lacte décrire> de par sa nature mme> poursuit touours

simultanément. :ar on écrit touours F lintention de ueluun> pour

ou contre un uelconue autrui ui peut rester tout F )ait silencieu">

mais dont lopinion implicite importe au plus 8aut point. out le

prolème consiste donc> puisuun pareil personna*e nest pas

concevale dans la réalité> F créer une G*ure intérieure avec ui et

sur ui le eu de toutes les tendances contradictoires soit possile.

:et autrui anon;me F ui en uelue sorte on dédie lEuvre dans le

moment mme o elle est conçue> ne se con)ond nullement avec le

pulic réel ue lEuvre )aite doit en principe a0ronter tOt ou tard.

ais ce nest pas non plus le père réel> ien uil procède

nécessairement dune ima*e parentale introectée> puisue les

parents sont normalement le premier pulic> pour ainsi dire les

premiers dédicataires de len)ant. Le note en passant ue c8eX

certains poètes> plus peut-tre ue c8eX les romanciers> cette G*ure

intérieure semle maruée par des traits )ortement maternels. Il

serait intéressant de"aminer les conséuences de cette particularité

sur le développement mme de leur Euvre. Linclinerais F croire> en

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

me )ondant sur certains cas cliniues> notamment sur celui ue ai

cité tout F l8eure> ue la )usion du pulic intérieur avec une ima*e

maternelle est pour lactivité créatrice *rosse de complications. A 

mon avis> il sa*it dans ces cas dune sorte de G"ation> dun arrt du

lar*e mouvement identiGcatoire F partir duuel on peut essa;er de

se représenter lélaoration du personna*e intérieur et de ses

diverses incarnations. Le nai pas lintention dentrer très avant dans

le prolème des identiGcations> ui a été traité de )açon appro)ondie

par Pierre ,uuet1. Le suis sKr ue son travail )ournirait une

e"cellente ase de départ pour une étude plus détaillée du prolème

particulier ue e soulève ici. Il me paraNt proale uon a a0aire en

loccurrence avec un eu constant didentiGcations très primitives>

concevales sous la )orme dimpré*nations )usionnelles 8eureuses

propres F con)érer au personna*e un caractère de réceptivité totale>

accueillant sans condition> tant pour les pulsions les plus violentes>

ue pour les mani)estations les plus e"trmes dauto a0irmation.

:ependant> e ne crois pas ue cette )orme didentiGcation su0ise

F lédiGcation complète du personna*e. ,e mouvement me paraNt

destiné F se développer> tout se passant comme si une véritale

e"périence de maturation était condensée et reprise F cette

occasion> pour aoutir Gnalement F une identiGcation de nature

8omose"uelle. ,e caractère di0érencié des ualités et )onctions du

personna*e nous permet de supposer uil résulte aussi dune

incorporation anale> telle uelle est

1. Pierre ,uuet> ,es identiGcations précoces dans la

structuration et la restructuration du oi @>  Eev franç 9s%cFanal.,

1962> numéro spécial décrite par Pierre art; et ic8el %ainG.  ,e

rOle de lanalité se reconnaNt encore dans les opérations de captation

et de modela*e uil doit nécessairement suir pour acuérir une

)orme et des limites précises. Il est vraisemlale uF ce moment

initial de la création> les premières impré*nations )usionnelles

8eureuses sont cela mme ui permet F ces opérations de

2$

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

saccomplir sans ue soit altérée la ualité )oncièrement accueillante

du personna*e> pourtant )açonné et recréé F volonté. Ainsi> tout ce

ue lon ne peut )aire suir au pulic réel> on est lire de le lui

inHi*er sans ue la maNtrise anale ui se"erce sur lui risue de le

détruire. ,orsue lopération réussit par)aitement> lécrivain se

trouve F mme dentretenir avec ce père intérieur des relations

e"trmement comple"es> mais souples et mouvantes> ui vont inHuer

sur le processus mme de la création.

,auteur a donc constitué en lui un on oet sur uoi il peut

diri*er ses pulsions en toute sécurité puisuil ne risue en cela ni de

détruire le personna*e ni de sattirer des représailles. Il est le père

de cet autrui ui naNt sans doute de ualités proetées daord sur le

père réel et ui> étant nécessaire F la *enèse de lEuvre> oue

s;moliuement le rOle du *éniteur. ,Euvre est len)ant uon lui

doit> uon lui dédie et ui en mme temps sert F lui démontrer ce

dont on est capale> cependant uon lui demande la conGrmation

inconditionnelle ui *arantit davance la lé*itimité du travail.

Personna*e par déGnition plastiue> le destinataire de lEuvre est

susceptile de )ormes diverses et lécrivain dispose de lui sur un

c8amp très vaste daction. Immanualement> il en vient F se

con)ondre par lun de ses aspects avec la G*ure dun ou de plusieurs

modèles spirituels> ui représentent et stimulent les e"i*ences

est8étiues du suet culturellement évolué. A cet é*ard> il assume

ien le rOle de médiateur ue érard endel lui a pertinemment

reconnu> avec ce ue cela impliue de sentiments de vénération et

de rivalité. ais par un dernier parado"e> le eu continuel des

proections et des identiGcations en )ait aussi H aller e!o de lauteur>

ui c8erc8e par ce détour F restaurer son inté*rité narcissiue.

:ette ultime métamor-

1. . %ain et P. art;> Aspects )onctionnels et rOle structurant

de linvestissement 8omose"uel au cours des traitements

ps;c8anal;tiues dadultes @> Eev. franç. 9s%c&anal., CCIII> n^ 5.

2&

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

p8ose du personna*e> daord oet des visées pulsionnelles

détournées de leur oet réel> puis ima*e> ou> si lon veut> doule de

son créateur> pourrait nous )aire concevoir le c8an*ement de la

liido oectale en liido narcissiue et partant> la constitution

dune réserve déner*ie neutre ue %reud considérait comme décisi)s

de tout processus de sulimation. :ette réserve déner*ie neutre>

localisée selon %reud dans le oi ou le `a> me paraNt contriuer

essentiellement au sentiment de plénitude> de )orce immédiatement

disponile ui caractérise la complétude narcissiue. !n lisant les

réHe"ions de :laudel sur la poésie> et sin*ulièrement cette p8rase Q

... Avant le mot> une certaine intensité> ualité et proportion de

tension spirituelle5... @> e me suis demandé si le poète navait pas eu

une e"périence directe des e0ets de cette neutralisation.

,e pulic intérieur> ui est le médiateur> le dédicataire et en un

sens le *éniteur de lEuvre> est doué dune réalité ps;c8iue ui

apparaNt surtout pour nous dans les troules uil provoue> dès uil

ne remplit pas e"actement tous ses rOles. !n e0et> son e"istence

mme peut tre )acilement la source dune culpailité inconsciente>

car elle suppose un désinvestissement du monde e"térieur> uelle

annule au moins momentanément J ien plus> le nouveau père ue

lon se donne ainsi impliue une élimination du père réel ui>

inconsciemment> ne peut tre ressentie ue comme un meurtre.

,écrivain doit donc pour commencer saccommoder dune usurpation

mé*a-lomaniaue de pouvoir> dont le premier e0et est un acte

destructeur.

!n )ait> le personna*e créé dans de telles conditions ne laisse pas

dtre prolématiue. Zuoi uon )asse> on lattaue> on c8erc8e F le

supplanter ou F le surpasser tout en lui demandant son aide> et non

seulement on le réduit F limpuissance en lui G"ant un mode dtre>

mais encore on vit sur lui en parasite> autrement dit on le c8Ttre de

toutes les )açons> mais par lF> on risue ustement de le dévaloriser

et de se priver du énéGce uon attendait de lui. ?n peut ima*iner

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

ue lorsue le personna*e intérieur ressemle par trop Gdèlement

au père réel> ou sil doit trop de traits précis F un pulic déterminé> il

est )acilement conHictualisé> et uau lieu de stimuler lactivité

créatrice> il la paral;se de )açon plus ou moins *rave et durale.

ais )uir le père c8arnel pour se tourner vers un modèle spirituel>

ui procède nécessairement dune ima*e paternelle mme uand il

en est le né*ati)> nest pas non plus une solution de tout repos> car la

dévotion F un modèle touc8e déF de ien près F la dévoration>

limitation dont il est loet est sans cesse menacée de tomer dans

le pla*iat. Parasite> menteur> traNtre F ses a0ections> épi*one>

lécrivain alors ne lest plus seulement de )açon s;moliue> puisuil

se nourrit réellement des autres> a0irme F tort son ori*inalité et>

uil le veuille ou non> c8erc8e F triomp8er de ceu"-lF mme uil

 vénère. ,a )açon dont il se )or*e son st;le pourrait ien ntre uun

mo;en ori*inal de sortir de ce malaise.

,es divers accidents et in8iitions dus au" aléas de ces relations>

mais aussi les issues littéraires F uoi ils )orcent de recourir> nous

su**èrent ue si le personna*e intérieur ne se con)ond tout F )ait ni

avec le urmoi> ni avec lIdéal du oi> il participe néanmoins des

deu"> et ue la réussite de lentreprise littéraire dépend en *rande

partie de la répartition de ses traits.

?n pourrait peut-tre étudier de ce point de vue une *rande

partie des troules de la création littéraire> mais ce serait un très

 vaste suet> ue e me ornerai ici F eeurer. Ainsi> de nomreuses

in8iitions devraient pouvoir se rapporter F un caractère surmoNue

trop accentué de notre pulic Gcti)> ui> dès lors> e"erce

prématurément sa censure> de sorte uau lieu de liérer la

spontanéité> il devient aussitOt source dan*oisse. !n revanc8e> un

personna*e intérieur entièrement narcissiue> invitant F la

complaisance F soi et F lasence de critiue> donnerait lieu F une

littérature sans rè*le ni )rein> ien proc8e de la pat8olo*ie> o

lEuvre serait plutOt une transposition directe des )antasmes ue

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

l8istoire des tensions suscitées par leur )oisonnement. ,8istoire

littéraire nous o0re des e"emples )rappants dun troisième troule

possile> né celui-lF dun conHit entre la part surmoNue du

personna*e et lIdéal du oi uil supporte nécessairement. !n

principe> ce conHit peut se résoudre par un on compromis Q cest

lassuettissement F une e"i*ence de per)ection asolue propre F

amener le urmoi F composition> voire F le tromper su0isamment

pour uil relTc8e son emprise. ais> comme reen1 la )ort ien

remarué> cette voie est encore dan*ereuse> car lEuvre porte

touours la trace des vérités interdites et> par surcroNt> reste liée F

une a0irmation narcissiue J aussi pour se puriGer> risue-t-elle de

tendre F une per)ection de plus en plus inaccessile> lécart

saccroissant entre ce uelle est et ce uelle devrait tre pour se

)aire pardonner> de sorte ue> sans se réconcilier avec son urmoi>

lauteur déçoit son Idéal du oi et se voit par lF mme menacé dans

son inté*rité narcissiue. ,e urmoi a puni le suet par

lintermédiaire de lIdéal du oi. ,Euvre F )aire est devenue en elle-

mme un asolu et le travail> pour lécrivain> le c8Ttiment dune

 ustice immanente. ous les osédés de la per)ection )ormelle>

comme %lauert> pour ne citer uun illustre e"emple> entrent

évidemment dans cette caté*orie.

7n cas *rave parait tre celui o le personna*e intérieur est trop

)aile> trop peu convaincant pour tre F la )ois linspirateur et le

destinataire de lEuvre et o> pour cette raison> lauteur c8erc8e

désespérément F le"térieur ce uil ne parvient pas F )ormer en lui-

mme Q une G*ure admirale ui lui retourne son admiration> un

*uide di*ne de conGance et touours capale daccueil> un

représentant F la )ois souple et sKr de la norme est8étiue. ,e

patient dont ai parlé tout F l8eure ma dit un our Q Le pourrais

écrire maintenant pour ueluun ui me le demanderait> mais ue

 admirerais vraiment> ui me serait supérieur et ui pourtant me

donnerait son estime. @ i e me Ge F mon e"périence personnelle> il

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

me semle uun personna*e intérieur nettement surmoNue> ou au

contraire trop )ailement constitué> est F lori*ine des principales

di0icultés ui amènent les artistes F consulter.

 Le suppose ue> tel ue e me suis e0orcé de le décrire> mon

personna*e intérieur a su**éré une analo*ie pro)onde avec la G*ure

de lanal;ste. :omme lanal;ste> il doit tre neutre et ienveillant> se

prter F toutes les métamorp8oses> tre asseX solide pour supporter

toutes les attaues. Zuand il assume par)aitement ses multiples

)onctions> lEuvre se )ait F travers une découverte de soi-mme>

uon a pu comparer usuF un certain point avec une auto-anal;se.

:ette analo*ie est du

1. André reen> 7ne variante de la position p8alliue

narcissiue @> Eev. franç, 9s%cFanal., CC/II> n^ 1.

reste notre c8ance dans le traitement des troules les plus

courants de lactivité créatrice Q dans la cure> en e0et> le personna*e

intérieur est rela;é par la personne de lanal;ste> ui oue

momentanément son rOle> usuF ce uil acuière la )orce et la

plasticité nécessaires F son e0icacité.Il serait sans doute aventureu" dévouer ici lauto-anal;se de

%reud> mais si lon pense au désarroi et au" doutes dans lesuels elle

a commencé J si lon admet aussi uF lépoue de  La cience des

r*ves> lEuvre de %reud nétait pas sans rapports avec une Euvre

littéraire> on peut ima*iner ue la personne de %liess a été un

prolon*ement> voire un sustitut réel du personna*e intérieur> peut-

tre trop )aile alors pour laudace du proet. il en était ainsi> on verrait une raison de plus F lami*u\té et F lamivalence des

relations entre les deu" 8ommes. !t lon comprendrait ue %reud ait

éprouvé tant de peine F perdre celui uil appelait son seul

pulic @.

,a composition de lEuvre proprement dite est le deu"ième

moment de la création> celui ui porte des )ruits visiles et dont la

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

ps;c8olo*ie est le mieu" connue. ?n la surtout comparé au rve et

au rve éveillé> en souli*nant le mouvement ré*ressi) ui le rend

possile. Pour moi> cependant> lEuvre ne résulte pas seulement de

la transposition dune scène in)antile c8erc8ant F se représenter>

mais de la répétition> F la )aveur dun événement actuel doué dune

certaine intensité> de lopération )onctionnelle ui> dans le passé> a

permis lélaoration dune situation traumatiue. 'e toute )açon>

lactivité créatrice cède F lattraction du passé> en suivant un c8emin

ré*rédient vers les données perceptives initiales ui> une )ois

retrouvées> donnent F lEuvre son est8ésie propre. Il sa*it lF dune

ré*ression temporelle> telle ue lont admise de nomreu" auteurs et

notamment %. Pasc8e> mais ui> F mon sens> autorise un point de vue

topiue puisuelle impliue un investissement des s;stèmes

sensoriels. <é*ression pour une part pat8olo*iue et cependant

normale *rTce F la perméailité spéciale entre les s;stèmes :s.> Pcs.>

les.> ui caractérise la vie ps;c8iue de lartiste> et mme du

créateur en *énéral> si lon admet ue les idées astraites peuvent

elles aussi suivre ce c8emin et recevoir de linconscient leur )orce

 vive. :ette ré*ression )éconde peut ne pas se produire dans les

Euvres artistiues de deu"ième ordre> et en revanc8e donner F un

ouvra*e purement discursi) uelue c8ose du pouvoir de la poésie.

!n Gn de compte> on pourrait découvrir dans lEuvre trois

éléments Q lun> ui serait né de la ré*ression a;ant trans)ormé les

pensées en ima*es J lautre> ui représenterait la nouvelle situation

dans lauelle cette ré*ression a placé le suet J le troisième> enGn>

ui traduirait un nouveau mouvement pro-*rédient vers le monde

e"térieur. 3ous retrouvons lF la réalisation dun désir in)antile> la

nécessité vitale dune représentation élaoratrice et le retour Gnal

au" oets réels ui> étroitement imriués> opèrent cette s;nt8èse

dont a parlé . %ain dans son intervention sur le travail de endel6

et ui témoi*ne de l8armonisation des rapports entre processus

primaire et secondaire.

++

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

<esterait F serrer de plus près lutilisation ori*inale des

mécanismes didentiGcation et de proection ui se )ait dans le travail

mme. Zuadvient-il des oets e"térieurs en tant ue matériel de la

représentation M :ertainement> ils ne disparaissent pas F proprement

parler> mais tout se passe comme sils reculaient> uittaient le devant

de la scène pour reoindre la toile de )ond. !n outre> nous lavons vu>

ils so0rent F une autre sorte dinvestissement> de valeur narcissiue

celui-lF> car leurs caractéristiues individuelles sestompent asseX

pour tre reconnues par lartiste comme lui appartenant> de telle

sorte uils se scindent en deu"> une part *ardant une certaine

 valeur oectale ré)érentielle> touours prte F revenir sur le devant

de la scène> tandis ue lautre devient le support de toutes les

proections. ?n pourrait évouer F ce suet les idées de PetO sur le

développement spécial dune )onction )ra*mentante du oi dans le

processus de la sulimation $.

,e monde en tant ue tel est donc partiellement désinvesti>

cependant ue le suet> de son cOté> devient partiellement étran*er F

lui-mme. 'o une modiGcation des limites du oi> un sentiment

détran*eté> ui peuvent tre vécus avec des de*rés dintensité

 variales> mais ui> ressentis comme un c8an*ement )u*iti) et

contrOlale> ou comme un état e"ceptionnel de clairvo;ance>

ressortissent F mon avis F la dépersonnalisation. ,artiste> en somme>

est plus ue uiconue e"posé F des situations e"trmes ui ne sont

pas sans dan*er. ais> dune part> le médiateur uil a créé en lui-

mme et ui> en un sens> continue de représenter la réalité>

lempc8e de sé*arer. !t> dautre part> lamplitude des mécanismes

arc8a\ues utilisés dans la manipulation du matériel se réduit

pro*ressivement sous linHuence du travail délaoration littéraire

proprement dit. ravail sur les propositions et sur les mots> ui

constitue une ré)érence constante> uoiue implicite> F un passé> F

une 8istoire propres F assurer la permanence du lien oectai. Ainsi>

entre une réalité e"térieure momentanément altérée et un suet dont

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

lidentité sest trouvée mise en uestion> sédiGe un nouvel oet>

lEuvre> ui tient de lun et de lautre> tout en représentant un

moment de leurs rapports réciproues. ,Euvre accomplie>

désormais relativement indépendante F lé*ard tant du monde ue

de son propre créateur> constitue une nouvelle réalité *rTce F uoi

lauteur se retrouve lui-mme inté*ralement> tandis ue le monde

reprend pour lui sa stailité.

?0erte cette )ois au vrai pulic> et non plus au pulic intérieur

dont lauteur maintenant doit se séparer> lEuvre est devenue un )ait

social> car elle sadresse maintenant au" )rères> ui vont en tirer un

énéGce sans avoir eu"-mmes F se dépenser. ais il semle ue> du

mme coup> elle perde sa valeur )onctionnelle> de sorte ue son

action prend Gn avec son dernier mot. Sien plus> lEuvre uon a

derrière soi risue de créer une nouvelle situation traumatiue> en

 vertu de ce principe posé par %reud u après la sulimation> les

composantes érotiues nont plus la )orce de lier toute la destruction

ui s; était aoutée> de sorte ue celle-ci se lière sous )orme de

penc8ants F la destruction et F la*ression @. :est pouruoi sans

doute aucun écrivain ne peut se contenter dune seule Euvre> si

*rande et si totale soit-elle> et ue> pour lui> tout est touours F

recommencer.

 0perçus sur le processus de la création littéraire 2$

,e c8emin paraNtra lon*> e le crains> du saisissement ori*inel ue

 ai tTc8é de décrire> F cet oet ac8evé uest lEuvre> avec sapropriété sin*ulière de représenter F la )ois la vie intérieure la plus

intime de lauteur et un aspect du réel ui> par la suite> peut tre

réellement incorporé au monde. ans doute il n; a pas en )ait une

pareille distance> puisue les )aits ps;c8iues ui collaorent F la

*enèse de lEuvre éc8appent F toute mesure de temps. ais

lartiGce de la description devrait avoir ceci dutile> uil )ait ien

 voir la )oule dostacles soulevés par le proet mme de lEuvre. A 

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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964

tout moment> en e0et> la menace de castration e"iste de )açon

inuiétante> puisue lartiste> en vertu dune 8;*iène ui lui est

propre> se"pose F la castration pour la représenter  et de la sorte en

annuler le dan*er. Zue cette voie pour recouvrer léuilire soit

sin*ulièrement aventureuse> l8istoire littéraire ne )ait *uère uen

)ournir la preuve> mal*ré les e"emples contraires ue lon se plaNt

souvent F citer. Pour ma part> e crois ue dans lensemle tout

écrivain ui a voulu se comporter sérieusement avec son rve @> a

pu dire comme %lauert Q ?n les aura connues> les a0res de la

littérature U @

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II. Expérience de l'inconscient (1967)

ans doute> le prolème de linconscient est-il en lui-mme un

t8ème ien propre F provouer les esprits. Ainsi> mon appré8ension>uand ai été invité F réunir uelues remarues concernant cette

mme uestion et les propos ui lui )urent consacrés> na pu se

dissiper entièrement. A mesure ue e considérais davanta*e ce ui

métait proposé> e vo;ais ue la moindre réHe"ion en*a*eait la

controverse> voire la polémiue. A croire ue linconscient se ven*e

touours de se voir assi*ner une résidence> ou limité par une

uelconue )rontière. :ela> il nous est par)ois donné de le constateruand> au eau milieu dun développement t8éoriue> sur*it soudain

un splendide lapsus> ui est un véritale rappel F lordre. ais il )aut

ien reconnaNtre ue cette c8ance ne se présente pas touours J alors

la réHe"ion t8éoriue se poursuit> convainc> or*anise lF o il est on

de rencontrer daord loscurité et linco8érence> et la satis)action

uon ; trouve pourrait ien tre moins pure uon ne croit.

oute)ois> personne ne li*nore> le déat o sopposentle"périence de linconscient et la nécessité de la t8éorisation>

c8acun des deu" termes prenant tour F tour lavanta*e> doit rester

constamment ouvert> ne amais se clore ni se résoudre> pour ue la

réHe"ion ps;c8anal;tiue conserve son d;namisme. 'e toute

manière> la tension in8érente F cette opposition est cela mme do

la rec8erc8e ps;c8anal;tiue est née et dont elle tire son

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II. !"périence de l#inconscient (196$

développement. ,8istoire nous le démontre ien> il est opportun F

cet é*ard de rappeler en

premier> en s; attardant uelue peu> litinéraire ue %reud lui-

mme a suivi.

?n sait ue> *a*né durement sur ses propres résistances>

linconscient resta touours pour %reud une e"périence personnelle

autant uun suet de spéculation. 7ne e"périence dont il ne livre

uune partie> mais uon voit réapparaNtre avec intensité dans

certains moments cruciau" de son Euvre> daord dans La cience

des r*ves, ien sKr> puis dans Iotem et tabou, o> F cinuante-sept

ans> il est ressaisi de0roi en donnant au désir inconscient du

meurtre du père une nouvelle réalité> enGn dans le  (oJse,  ui> F

certains é*ards> comporte une portion dauto-anal;se et o> une

nouvelle )ois> il se0orce de découvrir dans les pro)ondeurs de

lWistoire ce mme désir inconscient de meurtre réalisé. A uatre-

 vin*ts ans> linconscient est touours pour lui une réalité si pressante

uil éprouve encore le esoin danal;ser un souvenir den)ance et

den communiuer le contenu F un ami> <omain <olland. :est la

)ameuse lettre intitulée Kn trouble de mémoire sur l'0cropole,  o

%reud nous montre de )açon e"emplaire uil na amais cessé de

sétonner de linconscient et den tre inuiété.

ans doute> la ps;c8anal;se en tant ue science e"i*eait

lélaoration dune t8éorie> et %reud> cela va de soi> ; consacre une

part énorme de son travail. ais uelle ue soit limportance uil

attac8e F une construction co8érente et aussi complète ue possile>

on peut dire ue amais dans ses écrits la spéculation nest placée en

tant ue telle au-dessus des )aits. !t mme dans les travau"

métaps;c8olo*iues> on voit touours la pensée sancrer dans la

réalité empiriue do les notions sont pro*ressivement déduites.

:ette démarc8e intellectuelle> par)aitement con)orme F une pensée

scientiGue dont %reud na amais cessé de sinspirer> devait *arantir

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II. !"périence de l#inconscient (196$

la notion dinconscient contre les a0irmations venues den 8aut ui

tendent F en )aire un asolu.

:ertes> dira-t-on> les *rands scénarios dramatiues ima*inés par

%reud> en particulier Iotem et tabou  et  (oJse, semlent noéir

uimpar)aitement F ce principe ou mme pas du tout. Il demeure

néanmoins ue la mét8ode empiriue déductive reste la seule

emplo;ée dans les écrits métaps;c8olo*iues dont le lan*a*e mme

suit le proet. %reud> en e0et> na uune amition> )aire saisir la

réalité de linconscient> prouver le p8énomène> le montrer

successivement sous tous ses aspects> le )aire reconnaNtre @>

comme il dit dans le dernier para*rap8e de lessai

métaps;c8olo*iue ui lui est consacré. out cela sans se soucier

den élaorer daord le concept. Lamais %reud ne parle de

linconscient comme sil en connaissait par avance toutes les lois. Au

contraire = ceci me paraNt essentiel = son te"te est touours très

nuancé> il dit par e"emple Q ,oservation montre souvent ue... @>

,inconscient semle souvent tre... @> F uelues e"ceptions près

ui touc8ent spécialement le c8apitre réservé au" particularités de

linconscient> rédi*é sur un mode plus oecti)> et ui du reste se

termine lui aussi par une réserve Q ardons-nous aussi de

*énéraliser... @ ?n na pas a0aire avec des a"iomes> des )ormules

éri*ées en principes> mais avec une e"ploration t8éoriue

intimement liée au" tTtonnements de la pratiue et ui se traduit

*rammaticalement par des corrections continuelles> des énoncés

8;pot8étiues> des propositions duitatives. Sre)> par tout ce ui

rappelle ue linconscient est certes un suet de rec8erc8e

scientiGue> mais ue le s;stème dans leuel il )aut ien le )aire

entrer pour le rendre intellectuellement accessile> nest uun

s;stème> peut-tre provisoire> peut-tre déGniti)> ouvert en tout cas>

et touours susceptile de c8an*ement. :e nest donc pas par une

sutilité e"cessive uil )aut attirer lattention sur les

caractéristiues )rappantes et constantes du lan*a*e de %reud pour

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II. !"périence de l#inconscient (196$

parler de linconscient> mais ien plutOt parce ue la )açon de parler>

ici> comporte un ensei*nement. A ne re*arder ue cet aspect

apparemment secondaire de ses écrits> mais essentiel en réalité>

étant donné lori*inalité de son oet> on peut dire ue %reud

e"prime par son st;le mme sa méGance envers les a0irmations

caté*oriues prématurées ui risueraient de G*er linconscient. !n

dautres termes> ce ue %reud nous propose sur linconscient nest

 amais un concept> mais une notion> si on admet la distinction

rappelée par artre> ui déGnit la notion> opposée au concept  a-

temporel> comme le0ort s;nt8étiue pour produire une idée ui se

développe delle-mme par contradictions et dépassements

successi)s> ui donc> est 8omo*ène au développement des c8oses.

oute lEuvre de %reud atteste ue dans son esprit> la notion

dinconscient est

une idée 8istoriue et évolutive> touours ouverte au"

c8an*ements nécessités par le"périence. :e ui ne veut pas dire

ue c8eX lui comme c8eX tout penseur> la t8éorie ne tende pas F

travailler pour son propre compte> cest-F-dire F créer des concepts

ui sen*endrent les uns les autres> F lintérieur de caté*ories

détac8ées de tout empirisme. Au contraire> %reud est tenté par la

conceptualisation> de lF la tension dont e parlais tout F l8eure> ui

est plus ou moins sensile selon les époues> mais reste présente F

son esprit> comme ses précautions de lan*a*e le montrent

précisément.

Il va de soi uil nentre pas dans mon proet détudier lévolution

des idées de %reud sur linconscient. ais ce ue e crois utile de

rappeler> cest ue si linconscient au sens lar*e est resté la

préoccupation maeure de %reud> et si mme il a déordé sur les

autres sp8ères ps;c8iues> il nen a pas moins connu une apo*ée>

puis un déclin du point de vue de sa valeur s;stématiue. ,apo*ée se

situerait précisément dans lessai de 1915> le déclin> lors du moment

décisi) ui co\ncide avec lintroduction de la deu"ième topiue. ?n

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II. !"périence de l#inconscient (196$

sait> en e0et> ue lessai sur linconscient représente létat le plus

élaoré de la t8éorie métaps;c8olo*iue. Il donne lieu F un

raisonnement astrait> dans leuel les idées sen*endrent les unes

les autres en prenant une allure de concept. ais dun autre cOté>

ien ue la pensée t8éoriue soit poussée lF F son plus 8aut point

de"i*ence> la )orme duitative> les précautions *rammaticales> la

mise en *arde contre les *énéralisations 8Ttives> redonnent F lidée

dinconscient la Huidité dune notion en devenir. ,élan t8éoriue de

%reud est du reste dès le déut sin*ulièrement retenu> comme il

paraNt dans une remarue touc8ant lopposition )ondamentale des

mots Q conscient @ et . inconscient @. A vrai dire> %reud e"prime

de )açon inattendue le désir de se déarrasser de lantinomie. Il dit Q

out malentendu> serait enGn dissipé si> en décrivant les divers

actes ps;c8iues> nous ne tenions désormais plus compte de leur

état conscient ou inconscient> et si nous les classions et les reliions

uniuement daprès les pulsions et leurs uts> daprès leur structure>

leurs rapports avec les autres s;stèmes ps;c8iues supérieurs. ais

cest lF> pour diverses raisons> une c8ose irréalisale> et nous ne

saurions ainsi éviter une ami*u\té B  @ 7ne ami*u\té ui na cessé

de le préoccuper et uil a cru pouvoir atténuer enGn lorsue> 8uit

ans plus tard> il pose ue linconscience nest plus la ualité

e"clusive> spéciGue> dun domaine ps;c8iue localisé> mais ue

toutes les instances ps;c8iues peuvent tre ualiGées

dinconscientes pour une partie ou pour le tout de leur sp8ère

propre. Sre)> linconscient> a;ant alors cessé dtre un sustanti)> ne

*arde uune valeur adective> la notion dinconscient est démantelée

pour uon puisse lappliuer F toutes les instances ps;c8iues ui

doivent sen réclamer> et elle perd en importance s;stématiue ce

uelle *a*ne en e"tension. !t %reud> constatant la )ra*ilité de

lopposition ui le *nait déF en 1915> écrit Q ,inconscient devient

une ualité ui ne ustiGe pas les *énéralisations et les déductions

ri*oureuses en vue desuelles nous lutiliserions volontiers. @ ais

cest pour conclure de nouveau F limpossiilité de parler et de

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II. !"périence de l#inconscient (196$

penser autrement> car la propriété consciente et inconsciente

constitue la seule lueur susceptile de nous *uider F travers les

ténères des pro)ondeurs ps;c8iues1 @.

?n peut se demander si ce mouvement dialectiue de la pensée

)reudienne sur linconscient nest pas un des aspects les plus

di0iciles de son ensei*nement. Il semle en e0et ue les deu"

moments de la réHe"ion> moment t8éoriue pur et moment vécu> ui>

c8eX %reud> sont touours associés> se soient souvent trouvés

disoints c8eX ses successeurs. antOt lattac8ement étroit F

le"périence empiriue conduit F né*li*er la pensée t8éoriue> tantOt

la t8éorie devient une activité autonome> elle tourne alors dans son

propre cercle et risue de parler de uelue c8ose ui porte touours

le nom dinconscient> mais nen a plus la réalité. %reud semle

dailleurs se méGer de cette deu"ième éventualité plus ue de la

première> il dit lF-dessus> non sans une certaine auto-ironie Q !n

pensant astraitement> nous courons le risue de né*li*er le rapport

ui unit les mots au" représentations de c8oses> et il est indéniale

ue notre p&ilosop&ieren acuiert alors dans son e"pression et dans

son contenu une ressemlance indésirale avec le travail mental des

sc8iXop8rènes 2 @.

P8ilosop8er sur linconscient> cest donc> par la )orce des c8oses>

uitter plus ou moins le terrain de le"périence> ui est

1.  5ssais de ps%c&anal%se> Pa;ot J nouv. éd.> p. 1&5.

2.  (étaps%c&olo!ie> p. 161 J nouv. éd.> p. 122.

pour la pensée ps;c8anal;tiue sinon le seul> du moins touours lepremier. 'e cela> c8acun est certes convaincu> mais dun autre cOté>

la t8éorie> dans la mesure mme o elle tend spontanément F sen

a0ranc8ir> ne peut pas touours s; tenir asolument. Ainsi> on oulie

ue si %reud est amené F sécarter du terrain strictement délimité

par le"périence> en particulier uand il aandonne lapproc8e

purement descriptive des p8énomènes pour déGnir linconscient F

partir dune opposition non plus avec la conscience immédiate de soi>

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II. !"périence de l#inconscient (196$

mais avec un s;stème en *rande partie inconscient = le s;stème Pcs.

:s. => ce nest lF uun moment de sa réHe"ion> car lopposition

conscient inconscient est ien elle-mme issue de le"périence> celle

du rve en particulier. Il n; aurait donc pas lieu de sattac8er de

)açon trop e"clusive F cette opposition topiue> du reste cest ien ce

ue %reud dit dans la p8rase ue ai citée tout F l8eure.

:est pour )aire droit F ce mouvement dialectiue entre

e"périence et t8éorie ue e proposerais volontiers de douler

lopposition topiue par une autre> ui interviendrait dans le c8amp

mme de la situation ps;c8anal;tiue> de sorte ue linconscient ne

se reconnaNtrait plus seulement en tant ue ré*ion @> mais par

rapport F un p8énomène Q la prise de conscience. 7ne pareille

démarc8e est somme toute naturelle puisue la prise de conscience

est cela mme ui va F lencontre du travail du re)oulement et oue

comme ce dernier au niveau des ré*ions )rontières ue sont les

issues de linconscient> celles dont on parle le plus souvent en )ait.

?n peut supposer uelle nétait pas étran*ère F %reud> en se

)ondant sur une ré)érence F un te"te proalement détruit> o il dit Q

,orsue nous étudierons ailleurs> plus F )ond> les conditions dune

prise de conscience> nous pourrons résoudre une partie des

di0icultés ui sur*issent F ce point fil sa*it de létude des reetons

de linconscientg. Ici> nous aurons> semle-t-il> avanta*e F opposer au

point de vue ui )ut usuF présent le nOtre> celui de linconscient>

un autre point de vue Q celui de la conscienceR. @

,utilisation du p8énomène de la prise de conscience comme

terme dopposition a encore lavanta*e de préciser sur un mode plus

d;namiue et plus souple les relations entre les s;stèmes

ps;c8iues. :est ce ue %reud souli*ne en ces termes Q Il serait

é*alement erroné de croire ue le rapport entre les deu" s;stèmes

(les.:s. se orne F lacte du re)oulement> cependant ue le Pcs.

 verse dans le *ou0re de lIcs. tout ce ui le *ne. Au contraire> lIcs.

est vivant> susceptile de se développer> il entretient avec le Pcs. des

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II. !"périence de l#inconscient (196$

relations et coopère mme avec lui. Sre)> il est permis de dire ue

lIcs. se continue dans ce uon appelle ses reetons> ue les

événements de la vie a*issent sur lui et ue> tout en inHuençant le

Pcs.> il est F son tour inHuencé lui-mme par ce dernier R. @

!nGn> la prise de conscience> tout en se prtant F létude du statut

des représentations> permet de saisir au mieu" leurs articulations

avec les a0ects et les émois> de suivre les caractéristiues et le sort

du )acteur uantitati) de linstinct> en un mot> de redonner tout son

poids au point de vue économiue si )acilement né*li*é.

:es avanta*es> espère pouvoir les )aire ressortir de le"amen un

peu détaillé dun )ait doservation. Il sa*it dun 8omme dun certain

T*e> ui vit dans un milieu intellectuel très in)ormé des uestions

ps;c8anal;tiues> ui a lu %reud et sait depuis touours eaucoup de

c8oses sur son propre cas. 7n our> il sort dune séance>

complètement ouleversé par une interprétation portant sur un point

anal @> dont il a touours été par)aitement capale de parler et ui

pourtant le plon*e cette )ois dans un état de stupeur et de pro)ond

désarroi. Sien plus ue linterprétation elle-mme> ce ui le )rappe

e"cessivement cest la violence de ce ouleversement causé par

uelue c8ose ui ne peut pas tre une révélation puisuil en a

touours eu connaissance Q son désir se"uel pour sa mère> t8ème

avec leuel il était intellectuellement on ne peut plus )amiliarisé.

ais la séance avait c8an*é cette situation et pour tenter de )aire

sentir F son entoura*e léranlement uil continuait de vivre> il eut

recours F une comparaison pleine de sens et d8umour Q Le suis

assis dans un )auteuil> et ueluun vient me dire Q /ous saveX> vous

tes assis dans un )auteuil. Le réponds ue e le sais> il ; a mme

trente ans ue e ni*nore pas ue e suis assis dans un )auteuil. ais

lautre reprend Q ?ui> mais vous tes assis dans un )auteuil.

!t F ce moment-lF> e pousse un 8urlement dépouvante. @ Il va

sans dire ue lanal;ste> doté dune importance nouvelle> était

impliué dans le"périence comme en témoi*ne lallusion

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II. !"périence de l#inconscient (196$

8umoristiue au )auteuil> oet usurpé> sous-estimé et pourtant

indispensale F la reconnaissance de lémoi. ais indépendamment

de cette ré)érence transNérentielle> ce ui se"prime ici> cest> avec

un *rand on8eur de"pression> le parado"e mme de la prise de

conscience. ?n a dit = et ,aplanc8e en particulier la souli*né avec F

propos& = uune pareille e"périence se produit rarement sous la

)orme dun rusue dévoilement. 3éanmoins> mme si le travail

accompli dans lanal;se procède le plus souvent de lélaoration

interprétative ui donne lieu F un remaniement s;stématiue> le

p8énomène de la prise de conscience *arde toute sa portée et reste

un point de départ essentiel pour la réHe"ion. ais revenons F notre

cas. Avant la séance décisive> le patient se trouvait dans une

situation comparale F celle dun 8omme placé devant

linterprétation ine0icace dune représentation re)oulée> selon

le"emple ima*iné par %reud 9. ans doute il ne sa*it pas ici dune

interprétation F proprement parler> mais on peut admettre ue le

savoir ps;c8anal;tiue du suet et laisance avec lauelle il le

manipulait intellectuellement ouaient usuF un certain point le

mme rOle. il est vrai ue ce savoir peut se comparer lé*itimement

au souvenir de linterprétation ine0icace> il conduit F un reet de la

représentation re)oulée et oue comme une entrave permanente F

une reconnaissance véritale de lémoi inconscient> ce ui en )ait

léuivalent dun contre-investissement. !n suivant la pensée de

%reud touours dans le mme te"te> on peut ima*iner ue la

représentation du désir pour la mère e"istait sous deu" aspects

di0érents> dans deu" ré*ions di0érentes de lappareil ps;c8iue du

patient. ,un était constitué par un certain matériel culturel et

intellectuel> par tout ce ui avait été lu et entendu F propos du désir

Edipien J lautre = dont les s;mptOmes> lan*oisse> les in8iitions du

patient nous prouvent le"istence = par les traces mnésiues

inconscientes de ce uil avait vécu#dans le passé> et dont il avait été

un our conscient. ,e raccourci métap8oriue ima*iné par mon suet

illustre merveilleusement cette situation> ue seule la réHe"ion

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II. !"périence de l#inconscient (196$

métaps;c8olo*iue peut saisir Q il savait sans savoir, maintenant il

sait. :e dont il sa*it ici est ien une prise de conscience> puisue

celle-ci ne se produit ue lorsue la représentation = ou si lon veut

lidée consciente = a pu se mettre en rapport avec le souvenir @

inconscient. :omment ce souvenir @> comment les représentations

ui le composent peuvent-ils devenir conscients M :omment

se0ectue le passa*e dune représentation dun s;stème ps;c8iue

dans lautre M 'ans uelles conditions cette trans)ormation dun acte

ps;c8iue a-t-elle lieu M

 Le pose ces uestions F dessein de la )açon la plus sc8ématiue et>

pour commencer> ; répondrai en suivant pas F pas la démonstration

de %reud> ce ui me"pose évidemment F mappesantir sur des

données )amilières F tous. ais ustement> il me semle ue la

prolématiue de la prise de conscience ne peut tre saisie dans

toute sa pro)ondeur ue si ces données )ondamentales sont

ri*oureusement étalies dans le conte"te ue e veu" leur donner.

%reud> donc> tente de résoudre les prolèmes soulevés par sa

déGnition de linconscient en avançant deu" 8;pot8èses uil oppose

daord lune F lautre> pour en venir Gnalement F une autre manière

denvisa*er la uestion. elon la première 8;pot8èse> dite topique, le

passa*e de la représentation inconsciente dans le s;stème Pcs. :s.

répond F un second enre*istrement de cette mme représentation

ui> parallèlement> continue de susister dans linconscient. Il e"iste

donc dans ce cas deu" inscriptions dune mme représentation et

une distinction topo*rap8iue entre deu" s;stèmes ps;c8iues. A 

cette 8;pot8èse envisa*ée très tOt> puisuon la trouve dans une

lettre F %liess datée du 6 décemre 1&96GM, %reud en oppose une

seconde> dite  fonctionnelle,  selon lauelle la trans)ormation de la

représentation répond F un c8an*ement détat du mme matériel

a;ant lieu dans la mme ré*ion ps;c8iue. 'ans mon e"emple> le

désir inconscient pour la mère> cest-F-dire sa représentation

re)oulée> était touours resté acti)> comme en témoi*nait la

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II. !"périence de l#inconscient (196$

production continue de reetons et la création de )ormations

sustitutives dont il ne mest pas loisile de parler ici> mais dont e

puis a0irmer uelles prouvaient ue la représentation inconsciente

avait *ardé son pouvoir. :e ui lui avait été re)usé> cest donc

linvestissement préconscient. !t le destin de la représentation =

son passa*e apparent dun s;stème dans un autre = nest alors plus

lié F une succession ou F une addition de nouveau" enre*istrements>

mais dépend de la c8ar*e misée sur la représentation> du

déplacement de linvestissement. 'ans lacte de la prise de

conscience> tel ue e lai illustré> on peut dire ue la représentation

inconsciente du désir incestueu" avait passé *rTce F la destruction

des contre-investissements plusieurs li*nes de censure placées entre

les di0érents s;stèmes ps;c8iues> pour )aire irruption F la

conscience en ; *a*nant un véritale sur-investissement> leuel

trans)ormait le"périence en uelue c8ose de tout autre uune

perception purement auditive des paroles de lanal;ste. Ima*e en

miroir du re)oulement> léner*ie enlevée au contre-investissement

était venue c8ar*er la représentation J ce ui nous conduit au point

o %reud déclare ue l8;pot8èse du renouvellement des

enre*istrements doit tre aandonnée.

?n se souvient ue le mot de mon patient souli*nait le rOle du

trans)ert J la prise de conscience passait donc par une

reconnaissance de la place de lanal;ste> nouvel avatar du père dont

la représentation inconsciente coe"istait> ien entendu dès avant la

séance décisive> avec celle de la mère dans linconscient du suet.

out cela est ien anal et e ne le rappelle ue pour pouvoir

développer une 8;pot8èse ui> en con)érant une portée plus *rande

au" aspects éner*étiues des p8énomènes> devrait permettre> dans

le corps mme du travail t8éoriue> de maintenir le contact

nécessaire avec le"périence> de préserver F linconscient ses

ualités spéciGues> et au" ostacles ui lui arrent la route> toute la

ténacité ui leur est propre.

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II. !"périence de l#inconscient (196$

 Le postulerai ue dans linconscient de mon suet> la

représentation a0érente F la mère et celle ui concernait le père =

le prolème nest pas di0érent dans la )ormule développée de

lhdipe = étaient rapproc8ées lune de lautre au point de ne plus

constituer uune seule représentation F deu" )aces. Autrement dit>

con)ormément au" lois du processus primaire> asence de

contradiction et lire circulation de la liido> une

mme c8ar*e liait les deu" représentations primitives ui> ainsi

réunies> pouvaient constituer une représentation doule F )ort

investissement. !n admettant ce postulat> on serait en droit de

supposer le"istence dans linconscient de deu" sortes de

représentations Q les simples @ et les doules @. ,es

représentations simples @ seraient F mettre en rapport avec le seul

re)oulement ori*inaire. ,eur c8ar*e étant dune intensité variale>

par)ois très *rande> elles )oisonneraient en )ormant des G*ures

e"trmes et e0ra;antes. 7n de leurs destins serait de déc8ar*er leur

investissement selon des voies plus directes ue celles des

représentations doules J par e"emple> un reHu" du )acteur

uantitati) vers lor*anisme> ou ien une irruption soudaine> non

aména*ée> au niveau du s;stème Pcs. :s.> comme dans la ps;c8ose.

 A lopposé> les représentations doules> ui seraient en somme

des composantes des comple"es @> seraient triutaires du

re)oulement proprement dit et auraient un sort propre auuel e vais

maintenant mattac8er. 'ans son te"te consacré au re)oulement>

%reud précise ue les reetons du re)oulé peuvent avoir accès F la

conscience> F condition davoir sui une dé)ormation su0isante et

ue des modiGcations dordre économiue aient été opérées.

 Lusuo doit aller la dé)ormation M :omment> demande %reud> )aire

8alte devant une certaine intensité dinvestissement issue de

linconscient M 'ans le cas ue ai envisa*é> il me semle uon peut

se risuer F poser ue des représentations doules G*urent el et

ien dans le s;stème Pcs. :s.> condition que les deux termes qui

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II. !"périence de l#inconscient (196$

les composent soient radicalement séparés l'un de l'autre.  Ainsi> les

représentations des mouvements relati)s F la mère et au père

pourraient avoir plein droit de séour dans le préconscient> sous un

aspect très proc8e de leur )orme ori*inale = ce ui se passe si

)réuemment uand il ; a connaissance intellectuelle de lhdipe =>

précisément parce uelles ne seraient pas reliées entre elles et

resteraient par conséuent sans si*niGcation pour le suet. ,analo*ie

avec le statut préconscient des éléments isolés dun comple"e est

évidente> mais ce ue e veu" souli*ner> cest le )ondement

économiue de cette scission (F ne pas con)ondre avec celle uon

oserve dans le cas du )étic8e> o le représentant instinctuel est

scindé en deu" parties> lune étant re)oulée> lautre idéalisée. Ici> le

processus se passe dans le préconscient> et c8acun des termes de la

représentation primitive retient sur elle sa propre éner*ie

dinvestissement> con)ormément au" lois du processus secondaire.

:est donc la G"ation de la liido préconsciente> séparément sur

c8acun des deu" éléments de la représentation> ui assure la

séparation entre eu". Alors> la pai" @ de la conscience peut se

concevoir comme le0et dun ostacle F la lire circulation de la

liido entre deu" termes dune représentation préconsciente.

,éloi*nement du suet par rapport F son inconscient peut donc tre

réalisé par cette voie dun )ractionnement et dune G"ation de

léner*ie dinvestissement> )onctionnellement comparales F un

retrait dinvestissement ou plutOt F un contre-investissement (il va

sans dire uil ne sa*it pas lF dun cliva*e du oi> il n; a pas de

déc8irure dans le oi et le statut décrit peut touours tre remis en

uestion.

i lon considère maintenant les issues ui so0rent au )acteur

uantitati) de linstinct> F loccasion dune surc8ar*e uun contre-

investissement ne contrOle plus> on voit ue pour ue ce )acteur

puisse se"primer sous )orme dun a0ect> il lui )aut soit reoindre un

nouveau représentant> par e"emple une )ormation de compromis ui

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II. !"périence de l#inconscient (196$

e"primerait un pacte @ non seulement entre instinct et censure>

mais aussi entre les deu" termes primiti)s de la représentation J soit

retrouver une lire circulation F lintérieur du s;stème Pcs. 'ans le

premier cas> la déc8ar*e se )ait a minima puisue c8acun des termes

de la représentation conserve une part importante de son

investissement> ce dont témoi*ne le as niveau de lémoi. 'ans le

second cas> une lire circulation de léner*ie sétalit et donne lieu F

un rapproc8ement des deu" termes de la représentation. me si

le"périence est rève> lémoi ne peut tre ue violent puisue tout

se passe alors comme si les lois du processus primaire venaient ré*ir

le préconscient> comme si linconscient )aisait irruption dans le

s;stème supérieur> comme si les arrières séparant les s;stèmes

 venaient de disparaNtre. el serait lun des aspects sous lesuels on

peut considérer la prise de conscience. 'ans le cas ue ai rapporté>

les représentations concernant le père et la mère se trouvent de

nouveau reliées> de sorte ue dune part elles *a*nent une valeur

)ormelle en ouant lune par rapport F lautre> tandis ue dautre

part> le )acteur uantitati)> la liido> étant remis en lire circulation>

le préconscient acuiert pour un instant dune durée variale

certaines caractéristiues de linconscient J il ne peut donc

sensuivre pour commencer uun violent éranlement a0ecti).

Il me semle ue linconscient> lorsuon le considère

spécialement sous lan*le de la uantité et du mouvement de

le"citation> trouve une déGnition plus souple> plus Huide> plus

con)orme F son omniprésence et F son pouvoir ue celle ui se )onde

sur létude des p8énomènes ps;c8iues en mettant par trop

e"clusivement en avant les points de vue topiue et d;namiue. :ela

 va de soi> dira-t-on J certes> mais le point de vue *loal impliué par

la métaps;c8olo*ie est en Gn de compte très di0icile F maintenir>

parce ue les )acteurs économiues sont de tous les plus reelles F

lappré8ension comme F le"pression verale. :est pouruoi e crois

on de mettre laccent non plus tellement sur la position topiue de

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II. !"périence de l#inconscient (196$

la liido> mais sur son ré!ime> ce ui permet de redonner tout son

poids propre F léconomiue. !n rétalissant léconomiue dans tous

ses droits> on se dispense dintroduire> comme le voulait L.

,aplanc8e> une notion déner*ies dinvestissement comparales F la

pré*nance dune onne )orme @> selon le modèle *estaltiste @> et

distinctes de léner*ie liidinale.

:e ui précède pourrait laisser croire uen ce ui concerne le

passa*e des représentations dun s;stème dans lautre> on doit

c8oisir en )aveur de l8;pot8èse )onctionnelle. 'e )ait> cest un c8oi"

auuel %reud sest un instant arrté. ais dans le cours de son

développement sur linconscient> il apparaNt ue la uestion ne lui

semle pas ré*lée puisuil ; revient F la Gn du dernier c8apitre en

disant Q f,es représentations conscientes et inconscientesg ne sont

ni des enre*istrements di0érents dun mme contenu en des lieu"

di0érents> ni des états dinvestissement )onctionnel di0érents en un

mme lieu B  @ :est en anal;sant le s;mptOme sc8iXop8réniue> dans

leuel il reconnaNt une prédominance de ce ui a F voir avec les mots

sur ce ui a F voir avec les c8oses> uil trouve enGn la possiilité

dune déGnition Q ,a représentation consciente en*loe la

représentation de c8oses fcest-F-dire un investissement de traces

mnésiues dérivées de loetg> plus la représentation de mots

correspondante> tandis ue la représentation inconsciente nest ue

la représentation de c8oses1... @ 'ans le re)oulement> cest donc la

traduction en mots ui est re)usée F la représentation de c8oses>

tandis ue la liaison avec la représentation verale correspond F un

surinvestissement pour la représentation concrète.

i e me reporte maintenant F mon 8;pot8èse> selon lauelle les

deu" termes dune représentation sont séparés sur une ase

éner*étiue dans le préconscient> rien ninterdit de supposer ue

c8acun de ces termes> ui sont donc des représentations

préconscientes de c8oses> trouve une articulation avec la

représentation verale correspondante> en vertu de sa vocation F se

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II. !"périence de l#inconscient (196$

)ra;er pour sa c8ar*e une issue e"térieure. 'ans le cas des névroses

de trans)ert> toute)ois> cette articulation ne su0it pas F assurer la

levée du re)oulement. 3ous comprenons> dit %reud> ue la liaison

avec des représentations verales ne co\ncide pas )orcément encore

avec la prise de conscience2... @ on e"emple cliniue en est ien la

preuve> mais c8acun pourrait en citer daussi convaincants. ,e

matériel veral> ui par nature prée"iste au suet> est pour ainsi dire

étalé devant lui> comme proposé F tous les reetons des

représentations de c8oses avides de sen emparer pour otenir une

déc8ar*e par la voie du lan*a*e. A cet é*ard> il est intéressant de

rappeler le travail de %reud sur lap8asie (1&91> dans leuel> ien

ue lidée de linconscient lui soit encore tout F )ait étran*ère> il

distin*ue la représentation de mots> )ermée> de la représentation de

c8oses> ouverte et )aite dun comple"e dassociations dune *rande

 variété J la première nétant reliée F la seconde ue par son ima*e

sonore. 'ans le cas des représentations doules @ de c8oses> dont>

dans le préconscient> les deu" termes sont séparés> larticulation

avec les représentations verales correspondantes na uune )aile

portée uant F une modiGcation réelle du statut des représentations

lorsuelle se )ait isolément pour c8acun des deu" termes. 'ans cette

éventualité> en e0et> limplication économiue est mai*re. ,es mots

sont vides> comme il ressort des )ormules mmes emplo;ées par les

patients Q Le vois cela>

1.  3bid., loc. cit.

2.  (étaps%c&olo!ie, p 15&> nouv éd > p. 12.

cest sans doute vrai> et après M... @ Plus ue de vraies liaisons> il

sa*it ici de rapproc8ements )ormels> directs> ui nont *uère de

réalité vécue> et ouent en )ait le rOle de contre-investissements. Pour

uune liaison si*niGcative sétalisse et ue la traduction en mots

donne lieu F un aut8entiue remaniement au niveau du préconscient>

il )aut ue lopération satis)asse F deu" conditions. :ar il ne su0Nt

pas ue c8aue terme de la représentation de c8oses préconsciente

52

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II. !"périence de l#inconscient (196$

sarticule avec la représentation de mots correspondante> il )aut

encore ue> la lire circulation de la liido étant momentanément

e0ective> les deu" termes se trouvent conu*ués. ,opération

complète consiste donc en un re*roupement comprenant

nécessairement uatre éléments Q deu" représentations de c8oses et

deu" représentations verales dont la liaison seule constitue une

unité s;nta"iue. !lle permet la levée de lamnésie> *rTce F uoi un

récit au sens )ort du terme peut sor*aniser> tandis ue le lan*a*e

prend une si*niGcation ui en*a*e la mémoire> en mme temps

uune valeur de déc8ar*e. ,es mots maintenant sont réellement

investis> ils veulent dire uelue c8ose et peuvent dès lors>

littéralement saisir le suet. ?n a souvent parlé de la couleur et de

la saveur des mots> dit :laudel dans un passa*e ue ai déF eu

loccasion de citer11> mais on na amais rien dit de létat de tension

de lesprit ui les pro)ère> dont ils sont lindice et linde"> de leur

c8ar*ement. @ ?n remaruera l8eureuse )ormulation éner*étiue

appliuée au domaine veral par le poète> ui trouve dans le vieu"

mot )rançais de c8ar*ement @ léuivalent de notre idée mme

dinvestissement.

Il nous est par)ois donné de percevoir le temps initial du

re*roupement dont e viens de parler> en donnerai un e"emple ui

le rend sensile. 7ne eune )emme vient de me rapporter un rve>

apparemment anal> susceptile dune interprétation simple uelle

découvre elle-mme très vite. Pourtant> cest comme si rien ne sétait

passé> le silence ui suit a la ualité dune attente> il est en uelue

sorte orienté. Puis elle poursuit en disant uelle ressent uelue

c8ose> ue ce nest pas nimporte uoi et ue cest pourtant

indicile J

il n; a pas de mots ui puissent décrire cela> et elle aoute Q

:est comme un souvenir @> en voulant parler de réminiscences> de

traces mnésiues. ,e mouvement sest arrté lF> il a tourné court.

ais> plus tard> dans la séance> dans un conte"te di0érent> elle ute

5+

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II. !"périence de l#inconscient (196$

sur un mot> ui semle doté pour elle dun accent particulier> puis

elle se tait. :e mme mot réapparaNt au déut de la séance suivante

et tout le mouvement recommence> mais cette )ois elle prend un

certain recul pour décrire le p8énomène. Zuand elle éprouve

uelue c8ose> dit-elle> elle éprouve daord> et ce nest ue plus

tard uil lui arrive par)ois de trouver avec uoi cela sarticule J les

mots pour le"primer se présentent alors J mais en ce moment> il n;

a rien de précis> cest de nouveau comme un souvenir. a patiente

comprend )ort ien ue tant uelle reste sur le terrain de la

réminiscence> ui correspond déF F la levée de certains contre-

investissements> son e"périence ne peut donner lieu F aucun énoncé>

elle est indicile> caractérisée avant tout par sa valeur a0ective>

cest-F-dire par la prédominance de léconomiue. !lle illustre F sa

manière la p8rase de %reud ue <ouart rappelait récemment Q ,a

conscience naNtrait lF o sarrte la trace mnésiue. @ ais ceci> ui

découle immédiatement de la distinction )ondamentale entre

représentations de c8oses et représentations de mots> nous oli*e F

conclure ue la trace mnésiue nest pas de lordre du lan*a*e> de

sorte ue celui-ci ne peut amais tre associé uau :s. et au Pcs.> F

moins ue la notion de lan*a*e ne soit e"ploitée de )açon si e"tensive

uelle se vide de toute si*niGcation.

oute e"tension de la notion de lan*a*e F des modes de"pression

 variés = *estes> mimiues> actes manués> rves> etc. = reste

purement analo*iue> ce ue ni le ps;c8anal;ste ni le lin*uiste nont

intért F oulier12. Autrement> tout est lan*a*e et plus rien ne lest>

les énoncés les plus aritraires deviennent possiles.

:ela dit> il est ien vrai ue linconscient entretient des rapports

étroits avec le lan*a*e> non pas en ce sens uil lui ressemlerait ou

serait constitué comme lui> mais parce ue linconscient se sert du

lan*a*e et le )ait de deu" )açons Q dune part> il sempare des mots

comme de tout ce ui o0re F son éner*ie une voie de déc8ar*e ou

une issue J dautre part> il e"erce sur ses propres reetons une

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II. !"périence de l#inconscient (196$

attraction ui> parallèlement au retrait dinvestissement

préconscient> peut entraNner des éléments de lan*a*e avec lui Q cest

ce ui se passe dans le re)oulement. 'ans le premier cas> donc>

linconscient sort pour ainsi dire de lui-mme> mais alors il cesse

d8*tre linconscient J dans le deu"ième> le lan*a*e passe dans

linconscient> mais alors il cesse dtre lan*a*e puisuil oéit au"

lois du monde dans leuel il est pris. :est pouruoi si linconscient a

e0ectivement a0aire avec le lan*a*e> la ps;c8anal;se> elle> na pas

directement ni nécessairement a0aire avec la lin*uistiue> on

pourrait mme dire uelle en prend la relève> car son oet F elle

commence e"actement lF o celui de la lin*uistiue sévanouit. !n

)ait> mal*ré leurs inter)érences apparentes> les deu" sciences nont

ni le mme oet> ni par conséuent la mme mét8ode pour

lappré8ender. ans doute> il est maintenant ien étali = en

particulier *rTce F lensei*nement de %. de aussure = ue le

lan*a*e nest F aucun de*ré un p8énomène conscient Q il est appris>

transmis collectivement de telle sorte ue lindividu parlant i*nore

asolument et les ori*ines du matériel dont il se sert> et les lois ui

ré*issent son )onctionnement. !n ce sens> linconscient du lan*a*e

peut paraNtre ntre pas sans analo*ie avec linconscient )reudien>

mais une première di0érence saute au" ;eu" Q cest ue si le suet

parlant de la lin*uistiue est i*norant de ce ui lui permet de parler>

en revanc8e il nen dit pas moins ce uil veut dire et livre sans

résistance au lin*uiste tout le matériel dont il a esoin. !n réalité> ce

uon appelle inconscient en matière de lin*uis-

possiles ue pour la réduire F la réalité première du p8énomène

parlé Q la se"ualité. Attitude> notons-le> ue les lin*uistiues sont

par)aitement en droit de récuser> sils admettent> comme on le )ait

communément auourd8ui> ue la lin*uistiue na aucun mo;en de

poser et de résoudre le prolème des ori*ines du lan*a*e.

tiue ne dési*ne rien dautre uun p8énomène collecti) ui

éc8appe F lindividu> une i*norance au sens anal du mot> uelue

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II. !"périence de l#inconscient (196$

c8ose donc uil )aut rattac8er non pas F %reud mais F la pensée

pré)reudienne> lauelle ne distin*ue amais dans les p8énomènes

ue du connu et de linconnu> sans soupçonner entre eu" un

troisième terme irrationnel et tendancieu". 3e serait-ce uF cause

de cela> la lin*uistiue na rien dessentiel F apprendre F la

ps;c8anal;se> alors ue comme toute autre discipline des sciences

8umaines> elle ne peut ue tirer proGt de lensei*nement )reudien.

Il n; aurait pas lieu de sarrter si lon*uement au" relations de la

ps;c8anal;se et de la lin*uistiue si elles ne touc8aient de très près

au prolème de la t8éorisation. !n e0et> en rapproc8ant les deu"

disciplines comme si la c8ose était mét8o-dolo*iuement lé*itime> on

introduit dans la terminolo*ie ps;c8anal;tiue des notions et des

concepts empruntés F un savoir étran*er> ui semlent enric8ir le

c8amp ps;c8anal;tiue ou mme> comme on dit> louvrir. ?r> cette

discipline i*nore linconscient au sens )reudien du mot> comme du

reste toutes les autres disciplines des sciences 8umaines (sau) peut-

tre une certaine tendance de la neurop8;siolo*ie actuelle> dans ses

travau" sur le sommeil et le rve. Il sensuit uen lui empruntant

son vocaulaire> on )ait passer linconscient dans un monde ui lui

est 8étéro*ène et o il perd uon le veuille ou non ses

caractéristiues essentielles Q transcrit en termes de lin*uistiue ou

de toute autre science> il dési*ne eaucoup plus linconscience au

sens conventionnel du mot ue notre inconscient d;namiue et

scandaleu". :est ustement ce ui donne limpression dun

enric8issement> car plus on perd le contact avec la réalité vivante et

inuiétante de linconscient> plus la spéculation est lire> moins elle

connaNt dostacles> plus la t8éorie est ouverte @. ais du mme

coup> léuilire si di0icilement maintenu de toute )açon entre

e"périence et e0ort t8éoriue se trouve dan*ereusement compromis.

,idée ue laccent porté par trop ostensilement sur la t8éorie

peut ouer pour lanal;ste le rOle dune résistance devrait en tout

état de cause tre )amilière F c8acun de nous. ,anal;ste est mme F

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II. !"périence de l#inconscient (196$

cet é*ard dans une position plus dé)avorisée ue lanal;sé> uelle

ue soit sa vi*ilance auto-ana-

l;tiue. :ela donne la mesure de ses di0icultés puisue lanal;sé>

ien ue placé dans les meilleures conditions> reconstitue sans cesse

ses résistances F mesure uelles sont levées> ce pouruoi tous les

mo;ens lui sont ons> ; compris parado"alement la prise de

conscience elle-mme. A vrai dire> le parado"e nest uapparent>

cest ce ue e me propose de montrer en prenant maintenant le

p8énomène sous un an*le di0érent.

'ans la prise de conscience> telle uon peut loserver

cliniuement> il est possile de distin*uer plusieurs p8ases> étant

entendu ue le processus peut sarrter F lune uelconue dentre

elles. ,a première p8ase> en uelue sorte prémonitoire> passe

souvent inaperçue> elle se place par)ois uste avant la séance. Le la

décrirais comme un état dalerte indicile> plus ou moins net> dans

leuel léner*ie dinvestissement Pcs. du suet paraNt tre soit tenue

comme en suspens> soit scindée en de multiples unités. 'ans le

premier cas> celui de la patiente ui parlait de souvenirs sans mots>

on a a0aire avec un sentiment étran*e de vide et dattente. 'ans le

second cas> le suet semle avoir dispersé son éner*ie

dinvestissement> c8acune des petites unités venant c8ar*er une

 variété de représentations conscientes> des ima*es> divers oets

matériels o0erts F la vue> ou mme une activité motrice.

Il est clair ue léner*ie est alors en*a*ée F des Gns dé)ensives>

essentiellement au niveau de la sensorio-motricité. ais cette

arrière )ra*ile> )oncièrement instale lorsue le processus suit son

cours> ne résiste pas F linterprétation. ,e contact sétalit entre les

s;stèmes ps;c8iues> la représentation inconsciente reçoit

linvestissement Pcs. :s. A partir de cet instant> les autres p8ases se

succèdent rapidement uand tout se passe normalement Q 1 II ; a

daord ce mouvement de0roi plus ou moins net> plus ou moins

)u*ace dont ai parlé> ui soppose F la pai" antérieure si ien

5$

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II. !"périence de l#inconscient (196$

préservée par le re)oulement ou les divers contre-investissements.

,a prépondérance du processus secondaire a été en uelue sorte

mise en dé)aut et la liido paraNt devoir circuler lirement. Pour

commencer> donc> linterprétation na pas soula*é> mais alarmé. 2

 /ient ensuite un sentiment de satis)action ui contraste avec ce ui

précédait immédiatement> et dans leuel on peut supposer uun

élément narcissiue est en*a*é> puisue ici le"tension de lempire

de la conscience produit un sentiment délation. :est lF ue e

 verrais sopérer le re*roupement des représentations de c8oses et de

mots.

+ A cet état succède une troisième p8ase> ue caractérisent les

sentiments de pai" et déuilire. :ette p8ase revt une importance

toute spéciale F mes ;eu"> car si les sentiments et les a0ects ui

laccompa*nent maruent ien un pro*rès dans lor*anisation

ps;c8iue> un ren)orcement du moi si on veut> dautre part ces

mmes sentiments de pai" et déuilire sont analo*ues F ceu" ue

permet le eu de )orts contre-investissements> voire dun re)oulement

réussi. Ainsi> la prise de conscience aoutit F retrouver létat

économiue ui la précède> mais la prévalence du processus

secondaire ui sa0irme de nouveau nest pas sans présenter un

aspect né*ati). !n e0et> ce ui a été appris> et réellement> *rTce F la

prise de conscience> vient constituer une nouvelle unité ui prend

place dans la conscience> retient sur elle une éner*ie

dinvestissement importante> et oue alors comme un contre-inves-

tissement. ,a prise de conscience tend donc F arrer la voie F

dautres reetons de linconscient> ui voudraient )orcer le passa*e

de la censure. ?n peut mme ima*iner ue léner*ie

dinvestissement propre F ces reetons peut tre récupérée et utilisée

pour surc8ar*er> surinvestir> ce ue linterprétation avait permis

dacuérir> pour le trans)ormer en un savoir ui risue de devenir de

plus en plus t8éoriue et astrait. Il est au reste )réuemment donné

F lanal;ste de voir> c8eX son patient> le"périence dune prise de

5&

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II. !"périence de l#inconscient (196$

conscience sa0adir peu F peu. ,émerveillement ou léranlement

premier se perdent> le suet les évoue avec une certaine con)usion>

il en rirait presue. Pourtant par la suite il s; ré)ère> en se

construisant une vision des c8oses uil utilise comme dé)ense pour

riser ses associations lorsue intervient une modiGcation du ré*ime

liidinal> uand la prévalence du processus secondaire est par trop

menacée. Ainsi> la prise de conscience est évolutive> elle Gnirait en

suivant son destin interne par devenir elle-mme t8éorie> autrement

dit elle peut aoutir aussi F cette sorte dad8ésion intellectuelle ui

revient F nier linconscient en le posant comme allant de soi. :ar

cest encore une manière de ne pas accepter le"istence de

linconscient ue de le traiter comme un oet connu ou similaire F

dautres oets de la pensée.

:est précisément ce F uoi se"pose lanal;ste uand il se trouve

seul en )ace de son travail t8éoriue. :ar alors sa curiosité et son

e0ort scientiGues peuvent aisément recouvrir un esoin de

tranuillité ui le porte F son insu F assi*ner F linconscient des

postes sKrs> ien repérales> par conséuent ino0ensi)s. !n somme>

la t8éorie vient F son secours en ouant contre la t8éorie. :est une

)atalité ue tout le monde e"ploite> moi ; compris> ien entendu>

dans ce ue e viens de développer ici. ais ustement> cette

situation met mieu" ue toute autre en évidence ce ui distin*ue la

pensée ps;c8anal;tiue de nimporte uel autre s;stème intellectuel.

Pour elle> en e0et> il n; a pas didée uste en soi> et dans le prolème

ui nous occupe par e"emple> il n; a pas lieu de c8oisir entre le

penc8ant F t8éoriser et le penc8ant contraire F rester dans la pure

cliniue. :ar lun et lautre peuvent tre intéressés et tendancieu">

de sorte uil )aut les considérer comme nimporte uel matériel F

anal;ser. !nvisa*ée sous cet an*le> le"pression la plus ac8evée de la

doctrine )reudienne> la métaps;c8olo*ie elle-mme> peut tre>

comme tein a invité F le reconnaNtre dans son intervention au

:olloue de Son-neval1+> mise au service des résistances contre la

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II. !"périence de l#inconscient (196$

ps;c8anal;se. 'e lF la nécessité de lanal;se permanente> seule

attitude intellectuelle et a0ective ui puisse mettre en éc8ec

lincrédulité )oncière de l8omme F lé*ard de son propre

inconscient.

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III. reud et la !ort (196")

,e 2+ septemre 19+9> %reud meurt> après une lon*ue e"istence>

et tout ce uil montre alors de lui annonce une *rande tranuillitédesprit. !rnest Lones> ouleversé pour touours> semle-t-il> décrit

Gdèlement les derniers ours du *rand 8omme> ui attend sa Gn sans

crainte et sans illusion. ?n ne le voit demander aucun secours> sinon>

en toute e"trémité> uelue sédati) ui puisse en*ourdir les )orces

 vives encore en train de lutter. :e sou8ait ultime> il décide de le )aire

connaNtre F sa Glle Anna> après une lé*ère 8ésitation ui témoi*ne de

sa lucidité. %reud termine donc son e"istence sur un nouveau don Q lemodèle de ce ue peut tre la mort dun 8omme éclairé et moderne

ui> F ce moment> ne dispose de rien dautre ue de ce uil a lui-

mme *a*né. !t cette ima*e est dautant plus e"emplaire uelle

contraste )ortement avec celle ue %reud a livrée pendant une

*rande partie de sa vie> presue usuau seuil de la vieillesse.

 Aussi loin uon puisse remonter> on découvre en e0et ue %reud

est littéralement 8anté par la mort J tout vient nourrir son osession. Leune Gancé> dans une lettre F art8a> il décrit lon*uement le

suicide dun collè*ue> 3at8an eiss> pour en dire Q ... a mort ne

peut tre accidentelle> son tre ; a plutOt trouvé la pleine

réalisation14. @ 7n lien entre la mort et la eunesse simpose F lui>

ui va susister avec tant de )orce ue> en décemre 19+& encore> il

écrit F une correspondante inconnue Q ... ? aveX-vous acuis tout

ce ui est e"primé dans votre livre M A en u*er par la priorité ue

61

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III. %reud et la mort (196&

 vous accordeX au prolème de la mort> on devrait deviner ue vous

tes très euneGN. @ %reud nen doute pas> il est destiné F mourir

prématurément. 7n e"emple entre ien dautres Q en 1&94> F

loccasion de troules )onctionnels divers> il est soudain enva8i de

craintes 8;pocondriaues et se croit atteint dune maladie très

*rave. Il doute de ses proc8es> ui doivent assurément lui cac8er la

 vérité. 'ominé par des idées superstitieuses> il prévoit ue sa mort

surviendra entre sa uarantième et sa cinuantième année. Lones

rapporte le contenu dune lettre dans lauelle il anticipe

lévénement Q Pourvu ue cela ne se produise pas trop près de

uarante ans> autrement il n; verrait aucun inconvénient. oute)ois>

il vaudrait mieu" ne pas mourir trop tOt ni tout F )ait16... @

%reud décèle ue ces pensées F certains é*ards osédantes )ont

partie dun aut8entiue état névrotiue. :est dans ces conditions

uil entreprend la *i*antesue aventure ue )ut son auto-anal;se>

lauelle> il est )rappant de le constater> prend un caractère

s;stématiue F la suite dune mort> celle de son propre père Q ...

oute une partie de ma propre anal;se était une réaction F la mort

de mon père> cest-F-dire F lévénement le plus important> F la perte

la plus cruelle ui puisse survenir au cours dune e"istence &... @

:ertes> en dépit de cet e0ort> la peur et le désir de mourir vont

continuer pendant lon*temps de se mler dans lesprit de %reud. 'e

nouveau" pressentiments remplacent les anciens> et lorsue le terme

de cinuante et un ans indiué par la loi des périodes de %liess 1$ se

trouve dépassé> un autre terme simpose F lui> celui du mois de

)évrier 191&> dont il )ait part F %erencXi dès 191. 3éanmoins>

uelue c8ose a c8an*é radicalement> maintenant il sait F uoi sen

tenir. SientOt la *uerre lamène F ressaisir et F e"primer le )ond de

sa pensée sur le prolème de la mort. ,ors dune con)érence au

cercle Snai Srit8 de /ienne 1&> en avril 1915> il dénonce sur un ton

par)ois un peu sarcastiue la carence de toutes nos attitudes envers

la mort> surtout uand elle se mani)este avec )orce en )rappant soit

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III. %reud et la mort (196&

le plus *rand nomre> soit un tre aimé. Il marue la nécessité de

trouver une nouvelle attitude et invite son pulic> pour ce )aire> F

prendre en considération celle ue nous adoptons dans notre

inconscient. Pour linconscient> ui i*nore le né*ati) J pour

linconscient> en ui les contraires co\ncident et ui est ré*i par le

seul principe de plaisir> la mort nest pas lissue nécessaire de la vie>

ni le rè*lement dune uelconue dette souscrite envers la nature.

,inconscient ne peut concevoir lidée de notre propre disparition et

la cro;ance F la mort ne trouve donc aucun point dappui dans nos

instincts1 @. !t si lanni8ilation nest pas inconnue de linconscient>

elle ne concerne ue lennemi ou létran*er ui> mme disparu> peut

touours revenir pour se ven*er. Zuant au" tres c8ers> sil leur est

interdit de disparaNtre puisuils sont une part de nous-mme> ils

nen méritent pas moins dtre anéantis F leur moindre manuement.

elle serait la vérité cac8ée uil nous )audrait apprendre F

reconnaNtre. ais ue redoute-t-il alors celui ui> inHi*eant la mort

dun cEur lé*er> ne croit pas pour lui-mme F sa réalité tout en a;ant

la crainte osédante de mourir M Il ne le sait pas> car si naturelle

uelle paraisse> cette peur de mourir nest uun masue. Au re*ard

de linconscient> tout comme pour le primiti)> la mort redoutée en

e0et nest amais naturelle> elle est touours le )ait dun autre> vivant

ou invisile> venu vous retirer uelue c8ose> vous priver de la vie.

,a mort ne énéGcie pas dun statut de"ception J ima*e de

lamputation ou de la perte> elle doit tre ran*ée sur le mme plan

ue les autres G*ures de lanéantissement> pour si*niGer la

castration. ,a peur des départs en vo;a*e et la peur de mourir> ue

lada*e rapproc8e> voilent et réHètent un mme dan*er. %reud était

ien placé pour le savoir. !n 1925> il écrit encore Q ... 'ans

linconscient il n; a rien ui puisse donner un contenu F notre

concept de destruction... e men tiens )ermement F lidée ue

lan*oisse de mort doit tre conçue comme un analo!on de lan*oisse

de castration 2. @ 3on uil n; ait pas danéantissement> mais il

6+

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III. %reud et la mort (196&

ne"iste ue sous la )orme dun désir déliminer celui ui randit la

menace

1.  3bid., p. 26+.

2.  3n&ibition, %mptme et 0n!oisaet P.7.%.> nouv. éd.> p. 5+.de castration Q le père. ,es désirs de meurtre succoment

apparemment au re)oulement> la culpailité se perpétue et nourrit la

peur de mourir. ,e cercle se re)erme Q ... il ne se cac8e aucun

secret plus pro)ond> aucune si*niGcation derrière lan*oisse de

castration elle-mme19 @. Au niveau de linterprétation ui est celui

de la ps;c8anal;se> la mort> en tant ue telle> na donc pas de place>

elle est ravalée au ran* de masue et les uestions sérieusesconcernent seulement ce uelle dissimule. Avec la mort de la mort>

une conute décisive> réellement révolutionnaire> a été accomplie

dans la rec8erc8e de la vérité. 'ans cette nouvelle perspective> les

p8ilosop8ies ui assurent un statut de"ception F la conscience>

paraissent dan*ereusement e"posées F reprendre F leur insu les

attitudes conventionnelles @. A cet é*ard> %reud est ien le *rand

destructeur ue <icEur voit en lui> celui dont lEuvre> F ce momentprécis de sa traectoire> vient porter le coup le plus rude au"

illusions> satellites de la mort> et constituer en mme temps un

préalale F toutes les interro*ations.

 Lones le )ait ressortir Q avec ses écrits métaps;c8olo*iues de

1915> %reud pouvait penser ue le terme de son immense entreprise

était atteint Q ... on Euvre se )Kt-elle arrtée lF> nous aurions eu

un état par)aitement ac8evé de la ps;c8anal;se dans ce uonpourrait nommer sa )orme classiue2 @. 7ne place précise est

assi*née au" tendances destructrices ue %reud a touours

reconnues> en les liant daord au" instincts du oi ui travaillent

avec elles F la survie de lindividu> puis F la liido> avec. lauelle

elles collaorent dans les conduites perverses. A ce moment> certes>

%reud répu*ne F concevoir un instinct indépendant de destruction>

comme il le rappellera lui-mme plus tard> et méconnaNt certains

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III. %reud et la mort (196&

travau" orientés autrement 21. Alors les tendances destructrices ne

semlent dési*nées pour aucun autre destin et> F considérer les

écrits de %reud puliés entre 1916 et 1919> on peut dire ue rien ne

laisse prévoir une modiGcation uelconue de la t8éorie

ps;c8anal;tiue.

,a G*ure de la mort a;ant été déc8i0rée après les e0orts ue lon

sait pour surmonter ses résistances> %reud eKt pu sattendre F

trouver la vie plus supportale. ?r sa vie pendant les années de

*uerre> sa vie> cest-F-dire des privations de tous ordres> des

déceptions causées par lévolution des événements> la peur de voir

disparaNtre des tres c8ers = ses Gls sont moilisés => paraNt avoir

été F peine tolérale. a correspondance en témoi*ne. A !itin*on> il

a0irme tre parvenu au seuil de lT*e sénile O  A la Gancée de

%erencXi> il déclare tre par)ois j dé*oKté de la vie et se sentir

soula*é F la pensée ue cette dure e"istence aura une Gn22 @. A 

%erencXi> il conGe en novemre 191$ Q ... ai très durement

travaillé et me sens épuisé> F out de )orces J e commence de

prendre le monde en dé*oKt. ,idée superstitieuse ue ma vie

sac8èvera en )évrier 191& me semle par)ois a*réale. Le suis

uelue)ois oli*é de lutter eaucoup pour retrouver la maNtrise de

moi-mme&... @. ,a pensée uon doive annoncer un our sa mort F sa

mère le terriGe. A dautres moments> lespoir paraNt soudain lui

revenir> puis il retome de nouveau dans cette 8umeur alternante o

la mort est attendue dans la rési*nation ou presue ardemment

sou8aitée. %reud cependant continue de )aire )ront F toutes ses

tTc8es uotidiennes> son ironie ne le uitte pas> comme dans cette

lettre> pleine dintért lorsuon sait comment son Euvre va se

développer> o il raille amicalement %erencXi Q !n lisant votre

lettre> ai souri de votre optimisme. /ous semleX croire au retour 

éternel des m*mes c&oses et vouloir i*norer la marc8e évidente du

destin. Zuoi de surprenant F voir un 8omme de mon T*e oserver le

déclin pro*ressi) et inévitale de sa personne M /ous ne tardereX pas>

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III. %reud et la mort (196&

 espère> F constater ue e ne suis pas pour autant de méc8ante

8umeur2+. @ al*ré sa déné*ation> on sent ue les di0icultés

intérieures de %reud F cette époue rendent un son ien proc8e de

celles dont il avait été si souvent accalé dans sa eunesse et pendant

un lon* temps de son auto-anal;se. Avec la *uerre> sous le coup des

épreuves uelle entraNne> cest le lointain ui resur*it> tout paraNt

recommencer. ,a marc8e du destin dont parle %reud le renvoie en

)ait F de lancien> et cest ien F tort uil repousse lima*e du retour

des mmes c8oses> car celle-ci> prise dans sa littéralité> e"prime ce

ui se déroule dans son esprit.

%reud allait-il voir un éc8ec de sa vie intime contrealancer la

réalisation dun sou8ait pressant et reconnu très tOt Q limmortalité M

?n peut admettre uil était au moins menacé. %reud le reconnaNt-il

alors M /oit-il ue le prétendu déclin de son e"istence nest encore

uune ima*e et ue cest de continuer de vivre uil sa*it en

réalité M :ela se peut> car il paraNt reprendre pour lui-mme la rè*le

uil avait proposée F son pulic du cercle Sna\ Srit8 Q il )aut vivre>

%reud recommence donc dinterro*er la G*ure de la mort. :e dernier

e0ort nest pas sans évouer une sorte dauto-anal;se> en particulier

dans la )orme et le st;le de 0u)del du principe de plaisir, lessai o

la mort prend une nouvelle portée. ,F> en e0et> %reud se"prime sur

un ton ui contraste avec celui de ses autres écrits. :omme Lones le

note> lauteur semle navoir dautre pulic ue lui-mme> ses idées

émanent dun courant pro)ond> très intime> son ar*umentation enGn>

par endroits lacunaire> voire contradictoire> a0ecte par)ois> en se

développant> lallure propre F une série dassociations lires.

el est donc l8oriXon a0ecti) devant leuel il commence dédiGer

la dernière partie de son oeuvre en la )ondant essentiellement sur la

mort> prise en elle-mme cette )ois et non plus comme masue.

 Lusue-lF> tant ue la rumeur de la vie procédait de lentre-

c8ouement incessant de deu" e"i*ences contradictoires = daord

c8oisir le monde ou sen proté*er> puis c8oisir le monde ou se

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III. %reud et la mort (196&

pré)érer soi-mme => la mort> alors emlème de la castration>

renvo;ait F la vie> F len)ance et surtout F ce moment o tous les

personna*es du drame Edipien étant réunis> les éner*ies en*a*ées

sont précisément les plus )ortes> tandis ue la mutilation maeure

trouve sa pleine réalité dans le )ait mme uelle est impraticale.

aintenant> la mort> cest ce vers uoi renvoie la vie> linerte ou

linor*aniue ui la précède et ui en devient le ut. ,e p8énomène

de la vie est désormais décrit comme le0et dune interaction

constante entre la )orce do provient touours )racas et tumulte = la

liido> ui cause le troule et )ournit en mme temps son éner*ie F

ros> le nouveau principe de co8ésion => et une puissance nouvelle

ui> en tant uinstinct de mort> veut tout dé)aire et ramener ce ui

 vit F létat inanimé. %reud écrit Q ,a vie des or*anismes o0re une

sorte de r;t8me alternant Q un *roupe dinstincts avance avec

précipitation aGn datteindre aussi rapidement ue possile le ut

Gnal de la vie J lautre> après avoir atteint une certaine étape de ce

c8emin> revient en arrière pour recommencer la mme course> en

suivant le mme traet> ce ui a pour e0et de prolon*er la durée du

 vo;a*e". @ 'ans un cas comme dans lautre> cest dun répétition

uil sa*it> de deu" onds en arrière ue seule leur amplitude paraNt

distin*uer. 'ans les deu" cas> les instincts c8erc8ent F rétalir un

avant> soit pour retrouver dans le plaisir et en vue dun nouvel ora*e

un éuilire stale des éner*ies F lEuvre> soit pour otenir

silencieusement une annulation immédiate et décisive de toutes les

tensions.

Instinct de vie et instinct de mort paraissent donc re*arder en

arrière et la tendance F la répétition pure et simple> indépendante de

tout autre moti)> serait leur caractère le plus primiti)> le plus

élémentaire. ,e mot a été prononcé> par essence ils sont

conservateurs. Alors ue les ima*es de la*ression et de la

destruction semlent naturellement destinées F servir de point de

départ pour ui sapprte F donner F la mort le premier rOle> cest

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III. %reud et la mort (196&

désormais la notion de répétition ui> en prenant une valeur

transcendante> oriente décisivement la pensée de %reud. ,instinct

da*ression> en tant ue dérivation de linstinct de mort vers le

monde e"térieur> ne se précise ue plus tard> surtout dans Le (oi et

le Pa  et dans  (alaise dans la civilisation.  :ette puissance

destructrice> ui dans une )orme ori*inaire de masoc8isme vise sans

détour le suet lui-mme> trouverait dans le sadisme> si tant est uil

soit amais pur> son e"pression la plus lisile J mais lF encore> elle est

touours prte F reoindre son point de départ> par un nouveau traet

récurrent> pour nourrir la culpailité et le esoin de punition.

%reud sen*a*e donc immédiatement sur le c8emin uil

poursuivra dans le reste de ses travau"> non sans uelue ami*u\té

toute)ois. ?n sen aperçoit en se reportant F un te"te dont la

pulication (automne 1919 précède celle de  0u)del du principe de

plaisir,  mais ui pratiuement est écrit en mme temps Q

@3nquiétante Qtran!eté.  :e te"te peut tre re*ardé comme une

 véritale articulation puisue le sentiment ui ; est anal;sé = das

Kn&eimlic&e = ressortit aussi ien F la mort uF la castration. ,e

doule> lima*e inuiétante par e"cellence> est vu sous lan*le dun

redoulement ue %reud anal;se de deu" )açons Q comme une

illustration de la castration comparale F la multiplication des

serpents sur la tte de éduse R> et comme indice de lautomatisme

démoniaue de répétition> asseX )ort pour sa0irmer par-delF le

principe de plaisir @.

,es dernières positions de la t8éorie e"priment ien le dualisme

)ondamental de %reud> ue lintroduction du narcissisme avait

 usuF un certain point mis en uestion> mais ui maintenant est

déGnitivement étali. ?n ne peut néanmoins i*norer ue dans la

nouvelle dic8otomie> o la mort paraNt transcender la vie> le rOle du

se"e se restreint dans le mme temps ue la liido se dilue dans

ros> une entité plus lar*e et plus va*ue F lauelle est dévolue la

)onction *énérale dunir et de cominer. :es vues 8autement

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III. %reud et la mort (196&

spéculatives reçurent un accueil des plus réservés de la part des

Gdèles mmes de %reud> F le"ception de %erencXi> !itin*on et

 Ale"ander. Auourd8ui encore> nomre de ps;c8anal;stes re)usent

daccepter cette t8éorie> en ar*uant ue rien ne la conGrme ni dans

la c8imie> ni dans la p8;siue> ni mme dans la iolo*ie sur lauelle

%reud a pourtant voulu )ortement sappu;er. 'e )ait> les

contradictions internes n; manuent pas> et %reud lui-mme

nessaie pas de les cac8er Q si tout instinct est par essence

conservateur> comment concilier ce caractère ui lui est propre avec

le mouvement créateur dros ui> F partir de petites unités> tend F

réaliser des ensemles nouveau" de plus en plus étendus M 'autre

part> si kros en tant uinstinct doit oéir F la loi du retour en

arrière> il )aut postuler ue la sustance vivante> a;ant daord

constitué une unité> sest plus tard morcelée et tend F se réunir de

nouveau& @> mais> note %reud> cest lF une )ale ima*inée par

certains poètes> ue rien dans l8istoire

1.  -as (edusen&aupt, R. S., t. C/II> 1922.

2.  0bré!é de ps%c&anal%se> P.7.%.> p. &.

de la matière vivante ne vient conGrmer @. 'u reste> il reconnaNt

 volontiers ue la troisième étape de la t8éorie des instincts... ne

peut pas prétendre F la mme certitude ue les deu" premières... @

et aoute Q :ertes> la t8éorie du caractère ré*ressi) des instincts

repose elle aussi sur des matériau" )ournis par loservation24  fla

tendance F la répétitiong. ais il est possile ue aie e"a*éré la

 valeur et limportance de ces )aits2. @ !nGn> dans le dernier c8apitre

de lessai  Le (oi et le Pa  25> %reud> en lespace dune pa*e>

distin*ue lan*oisse de mort de lan*oisse névrotiue> puis la

considère comme un produit délaoration de lan*oisse de

castration et concède ue la mort est une notion astraite dont la

correspondance inconsciente est encore F trouver. :es restrictions>

dont on pourrait )ournir encore ien dautres e"emples = le rOle

limité de la dualité instinct de vie-instinct de mort dans  3n&ibition>

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III. %reud et la mort (196&

s%mptme et an!oisse  (1925> le maintien e"plicite de lancienne

dualité instinctuelle dans le domaine cliniue = nempc8ent

nullement %reud de tenir )ermement F ses nouvelles conceptions Q

!lles se sont imposées F moi avec une telle )orce ue e ne puis

plus penser autrement. Le veu" dire ue du point de vue t8éoriue>

elles sont incomparalement plus )ructueuses ue nimporte uelles

autres J elles apportent> sans né*li*er ni )orcer les )aits> cette

simpliGcation vers lauelle nous tendons dans notre travail

scientiGue 26. @ ,orsuun édiGce aussi ma*istral> et aussi ac8evé

ue lest la ps;c8anal;se après les écrits métaps;c8olo*iues> se

trouve remis en uestion sur des ases somme toute asseX )ra*iles

par son créateur lui-mme> ui dautre part tient visilement F en

conserver lessentiel> il est permis de sinterro*er sur les raisons

dune pareille entreprise. ?n n; manua pas F lépoue mme> et

certains auteurs crurent trouver une réponse dans la suite de deuils

ui avaient )rappé %reud> en particulier dans la mort de sa Glle

op8ie en anvier 192. :8ose remaruale> %reud avait ien prévu

cet ar*ument> puisuil demande F !itin*on de témoi*ner ue  0u)

del du principe de plaisir  était F moitié ac8evé uand sa Glle op8ie

était encore en pleine santé. Zuelues années plus tard> il récuse ce

mme ar*ument> avancé cette )ois par son io*rap8e %ritX ittels>

en concluant ue le proale nest pas touours vrai @. 'e mme> il

se dé)end davoir sui linHuence des deu" p8ilosop8es dont on le

rapproc8ait non sans uelue raison. 'ans  (a vie et la

ps%c&anal%se> il écrit Q ... !t lF o e méloi*nais de loservation>

 ai soi*neusement évité de mapproc8er de la p8ilosop8ie

proprement dite. 7ne incapacité constitutionnelle ma eaucoup

)acilité une telle astention... ,es concordances étendues de la

ps;c8anal;se avec la p8ilosop8ie de c8open8auer... ne se laissent

pas ramener F ma connaissance de sa doctrine. Lai lu c8open8auer

très tard dans ma vie. 3ietXsc8e> lautre p8ilosop8e dont les

intuitions et les points de vue concordent souvent de la plus

étonnante )açon avec les résultats pénilement acuis de la

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III. %reud et la mort (196&

ps;c8anal;se> e lai ustement lon*temps évité F cause de cela J e

tenais donc moins F la priorité uF rester lire de toute

prévention2$... @ !nGn en 19+$> dans une lettre F Arnold ei*2&> il

parle de son élève ,ou Andréas-alomé comme de son seul lien réel

avec 3ietXsc8e. :e ui motive la dernière orientation de sa pensée

doit donc tre c8erc8é ailleurs.

%reud> ui usualors avait demandé F la connaissance de

linconscient de laider F se préparer F mourir> cest-F-dire F

supporter la vie> ses épreuves et ses deuils> anticipe maintenant sa

propre mort en tant ue ut. ais comme dans toute anticipation> le

proet ici recouvre et masue un retour en arrière> mouvement vécu

ui pourrait ien tre F lori*ine de la notion de compulsion de

répétition> ar*ument premier et ase t8éoriue de la pensée de

%reud en son dernier aoutissement. 'e uel retour sa*issait-il donc

en )ait M Lones pense ue dans 0u)del du principe de plaisir, %reud

renoue avec une passion très ancienne pour la p8ilosop8ie> dont du

reste les traces ne manuent pas> témoin cette lettre de 1&&2> o

%reud écrit F sa Gancée Q ,a p8ilosop8ie> ue e me suis touours

représentée comme le ut et le re)u*e de ma vieillesse> mattire

c8aue our davanta*e> autant ue toutes les autres a0aires

8umaines réunies> et ue toute cause F lauelle e me

dévouerai TU... @. :ertes> mais si les accents p8ilosop8iues ui

caractérisent 0u)del... renvoient ien F une inclination de eunesse

pour une discipline  intellectuelle> la lierté dinvention et

lorientation mme ue prennent alors les idées rappellent plutOt le

rOle dun &omme> ui )ut pour %reud personnellement un p8ilosop8e

et un savant dont linHuence a puissamment contriué F le liérer. Il

sa*it de %liess ui> une première )ois> avait aidé %reud F surmonter

les limitations mutilantes uil imposait F son ima*ination> selon

lidéal scientiGue uil avait en *rande partie 8érité de son maNtre

Src[e. A cet é*ard> %liess avait ien constitué une G*ure

e"emplaire> car F lampleur de sa culture> F sa passion pour la

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III. %reud et la mort (196&

iolo*ie> il associait une vive ima*ination> par)ois aventureuse> ui

len*a*eait ien au-delF du domaine strictement médical. ais lélan

spéculati) ui distin*ue 0u)del... dans lEuvre de %reud nest pas le

seul élément ui permette dévouer limpressionnante G*ure de

%liess. ,es t8èmes mmes du livre ne sont pas sans analo*ie avec

certaines idées centrales dans la pensée du médecin erlinois. :est

daord une métabio)lo!ie,  utilisée comme soutien de l8;pot8èse

scientiGue J puis une perspective cosmolo*iue> dans lauelle

lévolution des or*anismes est liée F celle de la terre et de ses

rapports avec le soleil 2> tout F )ait F la )açon de %liess> ui écrivait Q

,étonnante précision avec lauelle se maintient lintervalle de 2+

ou selon les cas de 2& ours laisse supposer uil e"iste un rapport

étroit entre les conditions astronomiues et la création des

or*anismes @ J enGn> la notion décisive de compulsion de répétition

ui> liée F la notion déc8éance et douée dune valeur transcendante>

semle )aire éc8o F la périodicité ri*oureuse découverte par %liess

dans toutes les activités vitales> et ui détermine le calendrier de

le"istence> aussi ien la date de la naissance ue celle de la mort+.

,a périodicité intervient du reste encore dans une 8;pot8èse sur le

principe de plaisir ue Lones relève dans  Le problème économique

du masoc&isme :  Il semle ue le plaisir et le déplaisir ne soient

pas liés F lélément uantitati) de le"citation> mais F un autre de ses

caractères> uon ne peut appeler ue ualitati). 3ous serions

eaucoup plus avancés en ps;c8olo*ie si nous pouvions indiuer

uel est ce caractère ualitati). Peut-tre est-ce le r;t8me> le

déroulement c8ronolo*iue des modiGcations> au*mentations et

diminutions de la uantité de"citation> nous ne le savons pasR. @

,idée très lar*e de répétition devient donc pour %reud le pivot mme

de sa pensée.

:es traces sensiles du passa*e de %liess dans la vie intellectuelle

de %reud pourraient surprendre si on ne connaissait dautre part

lintensité des liens a0ecti)s ui pendant des années unirent les deu"

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III. %reud et la mort (196&

8ommes. !ntre 1&94 et 19 surtout> %reud> pourtant parvenu F la

maturité> avait )ait montre dune *rande dépendance F lé*ard de

%liess. ,es lettres uil lui adresse alors sont littéralement tissées de

témoi*na*es dadmiration et destime indé)ectile J il ima*ine F

lavance ses rencontres avec son ami> les décrit comme la réalisation

dun eau rve> et leurs célères con*rès @> occasions déc8an*es

didées passionnés> ne sont pas sans évouer les promenades

socratiues. !n 1&99 encore> %reud écrit Q . Zue dirais-tu de di"

 ours F <ome pour PTues (nous deu" naturellement M... Parler des

lois éternelles de la vie dans la /ille temelle ne serait pas une

mauvaise idée2... @ Alors> pour %reud> personne ne compte

davanta*e ue %liess> ui recueille ses conGdences les plus intimes>

ses préoccupations morides> ses rves et leur si*niGcation> tel celui

ui suit la mort de son père> enGn le récit mme de son auto-anal;se.

!n 1&9&> il lui écrit Q ans pulic> e ne puis rien écrire> mais e suis

par)aitement satis)ait de nécrire ue pour toi&... @ %reud paraNt donc

*arder devant lui comme une sorte de repère lima*e puissante de

son ami> uil surestime sans doute en partie J lorsuil lui

liés au p8énomène de la menstruation et représentent

respectivement les oompo)santés )éminine et masculine.

1. Lones> op. cit., t. t, p. +49-+5.

2.  +aissance de la ps%c&anal%se, P.7.%.> p. 261.

+. Lones> op. cit., t. 1> p. ++2.

e"pose ses idées et lui soumet ses travau"> cest touours en

attendant an"ieusement dtre approuvé Q es louan*es> lui dit-il en1&94> sont pour moi du nectar et de lamroisie @ Sre)> %liess> F

ui %reud con)ère alors la position dun censeur> incarne une G*ure

paternelle ui prend le relais de celle de Sreuer et )onctionne F la

)açon dun urmoi. ,e caractère 8omose"uel de cette relation ne lui

a pas éc8appé puisuil écrit en 19 Q <ien ne saurait pour moi

remplacer les contacts avec un ami J cest un esoin ui répond F

uelue c8ose en moi> peut-tre F uelue tendance )éminine2... @

$+

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III. %reud et la mort (196&

ais comme il en va 8aituellement dans de tels cas> lima*e

id;lliue ue donnent ces relations F première vue> uand l8ostilité

de %reud vise encore Sreuer> recouvre en )ait une pro)onde

amivalence. ,ié F la mort du père et au ouleversement violent

uelle provoue dans la vie intérieure de %reud> insti*ateur de la

sin*ulière comptailité )unère *rTce F uoi %reud détermine la date

de sa propre mort> et conGdent des moments de dépression les plus

péniles> %liess est de tous cOtés associé F la mort J par surcroNt> en

tant ue sustitut de la G*ure paternelle> il a pu tre loet de désirs

de meurtre inconscients. Zuoi uil en soit> les deu" 8ommes

Gnissent par se rouiller et la Gn navrante de leur amitié laisse

penser ue> contrairement F lopinion de Lones> %reud> sil a ien

rompu e"térieurement avec %liess> na pas réussi en revanc8e F

résoudre et F liuider réellement les liens ui lunissaient F lui. :ette

relation> o mort et répétition sentrelacent indéGniment> semle

mme avoir *ardé sur lui un pouvoir étran*e> un&eimlic&, comme en

témoi*ne lanecdote suivante. Au cours dune vive discussion avec

 Lun*> F unic8 en 1912> un an avant leur rupture> %reud sévanouit

rusuement. ,orsuil reprend connaissance> ses paroles

surprennent ceu" ui lentourent Q :omme il doit tre a*réale de

mourir. @ Zuelues ours plus tard> il dévoile F Lones le sens de son

évanouissement> ui répétait très e"actement un incident survenu

plusieurs années auparavant Q Il mest impossile doulier uil ; a

uatre ou si" ans> ai éprouvé des s;mptOmes très semlales>

encore ue moins intenses> dans la mme salle du Par[ WOtel. :e )ut

lors dune maladie de %liess ue

1.  3bid., p. +2&.

2.  3bid., p. ++2.

 e me rendis pour la première )ois F unic8> et cette ville parait

tre liée F mes relations avec l8omme en uestion. Il ; a au )ond de

toute cette a0aire un prolème 8omose"uel non résolu1... @ (7n mois

après> du reste> %reud conGa F Lones ue sa dernière uerelle avec

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III. %reud et la mort (196&

%liess avait eu lieu dans cette mme salle d8Otel. 3on résolu> le

prolème devait en e0et le rester J sans doute %reud désormais

re*arda les idées de %liess avec un esprit critiue sans

complaisance> mais lorsuil ; )ait allusion dans 0u)del..., il en parle

encore mal*ré toutes ses réserves comme dune *randiose @

conception.

 Au ord de la vieillesse> ui ien souvent redonne la parole au

passé> %reud retrouve le souvenir de %liess et tente une )ois de plus

de résoudre sa relation impossile avec lui. 'ans la première partie

de son Euvre> sur lauelle rè*ne lima*e de la castration> %reud

sétait e0orcé de surmonter lami*u\té de ses rapports avec son

propre père J pour la dernière partie> dominée par la G*ure de la

mort> il reprend une tTc8e identiue et peut-tre interminale> ui

porte cette )ois sur ses relations avec la trace dun oet

trans)érentiel. ,auditeur réel dautre)ois na pas vraiment disparu J

en entraNnant avec lui les vEu" de mort dont il était loet> il sest

trans)ormé en un nouvel auditeur> Gcti) et purement intérieur> avec

leuel %reud renoue les mmes liens pour essa;er de sen a0ranc8ir.

 A partir de 192> lEuvre de %reud> F la )ois novatrice et triutaire

de léternel retour du mme> dun lointain souvenir de  L'5squisse,

sen*a*e donc sur une élaoration nouvelle du lien 8omose"uel avec

%liess> ui le trans)orme pro)ondément et peut-tre le sulime> pour

reprendre un terme sans doute emprunté F ce dernier. Ainsi sa0irme

le0icacité et la continuité du mouvement ui le porte F anticiper

lavenir en ressaisissant le passé et ui lui )aisait écrire dès 1&99 Q

... 8a[espeare a dit Q u es déiteur dune mort F la nature.

 Lespère ue linstant venu> il se trouvera ueluun pour me traiter

avec plus dé*ards fue le malade uon trompe sur son étatg et pour

me dire F uel moment e devrai me tenir prt. on père le savait

clairement et> sans en parler> a conservé usuF la Gn sa elle

sérénité 2. @

1. Lones> ibid., p. +4&-+49.

$5

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III. %reud et la mort (196&

2.  +aissance de la ps%c&anal%se> p. 245.

%reud na nullement esoin dtre averti> il est prt ien avant

l8eure. ,e souvenir de cette mort e"emplaire> auuel renvoient les

liens> si lon*temps amivalents avec lima*e de %liess> on peut croire

uil nest pas étran*er au véritale pari o %reud sen*a*e avec  0u)

del... et dont il réussit F tenir doulement la *a*eure> pour les

autres> et c8ose plus rare> pour lui-mme. 'ésormais> il semle ien

ue la mort imminente ne puisse plus lui causer de lessure

narcissiue J il peut mme la recevoir telle uil lavait conçue>

comme cette Gn normale ue lui *arantissait depuis touours son

instinct de conservation.

$6

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Deuxième partie

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I. #rans$erts et névrose de trans$ert (1966)

'ans leur note préliminaire> les éditeurs an*lais de la tandard

relèvent> F uste titre> lattention ue %reud portait sur les aspectsnon t8érapeutiues de lanal;se> tout particulièrement vers la Gn de

sa vie. oute)ois> il me semle ue les préoccupations t8érapeutiues

G*urent en onne place dans  0nal%se terminée et anal%se

interminable puisue> par e"emple> la uestion du terme de lanal;se

est centrée sur un prolème de tec8niue = celui de laccélération

des cures = et uelle conduit F considérer tant la possiilité dune

liuidation totale du conHit opposant le oi F linstinct ue la valeurprop8;lactiue de lanal;se.

?n a souvent noté le scepticisme ui transparaNt dans ce te"te o

%reud = comme Lames trac8e; le dit = tra8it un souci uil

e"primait voici soi"ante-si" ans> presue our pour our> dans une

lettre F il8elm %liess1. 3est-il pas remaruale ue %reud illustre>

si lon peut dire> son pessimisme = dont les accents p8ilosop8iues

néc8appent pas = en )aisant ré)érence F lanal;se de son élève%erencXi et F ses suites> cependant ue> dautre part> il cite

précisément un te"te de %erencXi o il est dit ue lanal;se nest pas

un processus sans Gn> mais uelle doit pouvoir tre amenée F un

terme naturel M

$&

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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966

Zuoi uil en soit> il est certain ue c8aue anal;ste a eu plus

dune )ois loccasion de mener une anal;se> mme 8érissée de

di0icultés> F un terme uil éprouvait comme lo*iue> vrai>

1. ,ettre F . %liess> 16 avril 19> in  +aissance de la

 9s%c&anal%se,  P.7.%.> et pour tout dire déGniti) J lensemle du

processus donnant le sentiment uune sorte de traectoire avait été

suivie> peut-tre toute prte> potentielle> au déut de la cure. :est

dans ces cas ue lanal;se paraNt mme *a*ner une valeur

est8étiue.

 Alors il est permis de penser ue les e"pressions Q anal;se

terminée> interminale> incomplète> inac8evée ou inGnie> sont )ort

ami*uqs. Le vais essa;er de me"pliuer.

%reud> lorsuil rappelle la uestion de létiolo*ie traumatiue des

troules> nous dit uune anal;se ne peut tre considérée comme

déGnitivement ac8evée ue lorsuelle a permis de remplacer>

*rTce au ren)orcement du oi> le dénouement impar)ait de la

période in)antile par une liuidation correcte @. :omme il )aut )aire

un c8oi"> e relève seulement encore cette p8rase ue lon peut lireun peu plus loin Q :est lorsue les événements pat8o*ènes

appartiennent au passé ue le travail anal;tiue )ournit ses meilleurs

résultats parce ue dans ces cas le oi les considère avec un certain

recul. @ P8rase ui introduit opportunément la uestion du temps

par un autre iais> celui du passé et de la capacité de temporiser et

ui permet daouter ue> parmi ces événements appartenant au

passé> il en est certains ui ont la c8ance> F la )aveur du trans)ert>

dtre anciens et actuels. <ien lF ue de très attendu.

'e mme uil n; a pas lieu de sétonner ue les cas o les

événements pat8o*ènes appartiennent F la )ois au passé et au our

mme soient précisément ceu" ui o0rent les meilleures c8ances F la

t8érapeutiue anal;tiue. Le sustituerais donc volontiers F

lalternative anal;se terminée anal;se interminale la uestion de

la liuidation ou de la non-liuidation de la névrose de trans)ert>

$9

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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966

uestion ui procède naturellement du te"te de %reud. !t e ne pense

pas uil sa*isse dune simple uestion de mot. ,a lo*iue nous

autorise en e0et F opérer une nouvelle sustitution Q la névrose de

trans)ert sest-elle ou ne sest-elle pas constituée J préliminaire au"

autres uestions puisue pour pouvoir envisa*er la liuidation de la

névrose de trans)ert il )aut au moins ue celle-ci se soit constituée.

 Alors> de manière sans doute uelue peu arupte> e )ormulerai

ainsi ma proposition Q les anal%ses interminables sont celles au cours

desquelles une névrose de transfert vraie ne s'est pas constituée>

ta,ndis que celles o1 la névrose de transfert s'est élaborée et

développée évoluent naturellement vers un terme.  (Le laisse ici de

cOté les éc8ecs liés F un contre-trans)ert vicieu" ui nentrent pas

dans mon propos.

?n en vient donc F sinterro*er sur la nature de la névrose de

trans)ert véritale et sur ses capacités évolutives. :8acun

conviendra ue si lon ne peut i*norer ue le ps;c8otiue développe

F lendroit de son t8érapeute des sentiments souvent e"trmement

 vi)s> ceu"-ci> en revanc8e> ne peuvent tre considérés sous lan*le

dune ps;c8onévrose de trans)ert. %reud parait le maruer

indirectement lorsuil parle ici de lalliance ue lanal;ste doit

pouvoir conclure avec un oi normal. ?r> lincapacité de constituer

une ps;c8onévrose de trans)ert nest pas réservée au" seuls

ps;c8otiues> loin de lF. %reud nous dit la di0iculté ue lon éprouve

F prévoir lac8èvement des cures dans les anal;ses de caractère> et il

convient> F mon avis> dintroduire dans cette caté*orie les suets

considérés comme des cas limites @> aussi ien ue nomre de

ceu" ui sont atteints de maladies ps;c8osomatiues aut8entiues.

Pour appu;er ce point de vue e veu" en appeler F un autre passa*e

'0nal%se terminée et anal%se interminable  o il est dit u il

convient de ne pas re*arder comme des trans)erts toutes les onnes

relations ui sétalissent entre anal;ste et anal;sé pendant et après

lanal;se. :ertaines de ces relations amicales reposent sur des ases

&

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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966

réelles et se montrent viales @. Il serait uste de penser non

seulement au" onnes mais aussi au" mauvaises relations> et

daouter encore ue si on ne doit pas touours les considérer en tant

ue trans)erts = appartenant F une névrose de trans)ert => elles ne

sont pas non plus F rattac8er automatiuement F une ase réelle.

!n proposant ici mes remarues de )açon uelue peu

désordonnée> e dirai ue ces relations> ces sentiments> ne peuvent

tre ni considérés comme trans)érentiels au sens plein du terme> ni

rattac8és F une ase réelle> parce uils sont liés F une or*anisation

ps;c8o-a0ective sin*ulière o lon sent> tout proc8e> le versant

iolo*iue de linstinct. ,a)\ect est> lF> violent> et léconomiue

domine. ,es représentations sont souvent rudimentaires> crues ou

simples> par)ois 8eureuses> mais G"es et ne )ormant ue peu de

reetons. ,e travail de condensation et de déplacement est

sommaire J le re)oulement primaire prévaut. ,es représentations

peuvent cependant> collées F leur a0ect> )aire irruption F la

conscience de manière rutale J on dirait alors dun déalla*e> ue le

lan*a*e [leinien évoue souvent avec on8eur> et dont les accents

peuvent tre par)ois poétiues. 'ans dautres cas> ces

représentations semlent tre comme reetées 8ors du circuit de la

 vie mentale proprement dite dominée elle par un )onctionnement de

t;pe opératoire+1> a. 'e toute )açon> les mouvements a0ecti)s>

lorsuils se"priment> visent directement leur oet sans réHe"ion ni

médiatisation sur ou par un tiers. Il en découle ue lactivité de

représentation = pour éviter les termes de s;molisation e"i*eant

un trop lon* e"amen = ui est le plus souvent pauvre ou par)ois> et

apparemment F lopposé> élouissante> ne se prte *uère F entrer

dans une s;nta"e (8ormis les cas o> la pensée opératoire dominant>

une s;nta"e conventionnelle> administrative @> ordonne simplement

des éléments empruntés au le"iue de la uotidienneté> ou mme de

la culture> dont la valeur> relativement au" pro)onds mouvements

instinctuels> ne peut tre au mieu" uallusive. 'ans les cas les plus

&1

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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966

démonstrati)s> on a a0aire avec un con!lomérat a6ect)

représentation ui )orme une véritale enclave lét8ale 8ors détat

dentrer dans un roman "  ce roman ue constitue précisément la

névrose de trans)ert.

:ertes> dira-t-on> lanal;ste peut tre visé> ce ui autoriserait F

parler de trans)ert. ais> F mon sens> il ne saurait sa*ir de trans)ert

 véritale. Le parlerais plutOt> et sans vouloir ouer sur les mots> de

reports  dont le statut topiue peut tre di0icile F préciser> car

par)aitement F mme dtre celui du conscient. 'ans ce dernier cas

le suet reconnaNt la0ect et lima*e et> vivant directement lémoi> le

déclare lo*iue = on aouterait e"tra-trans)érentiel U :est le plein

domaine du cri> de lappel> de le"i*ence directe> en mesure

den*endrer seulement dautres cris> appels et e"i*ences> dans un

 eu de renvois> t8éoriuement interminale> ue ne arrent ni ce ui

*ratiGe ni ce ui )rustre ou persécute> ien sKr> et ui se déroule

sous le si*ne de la répétition> car seuls un récit ou une 8istoire sont

susceptiles davancer vers une Gn> tel ce roman damour uest la

névrose de trans)ert o les a0ects et les émois trans)érés impliuent

constamment le"istence dun tiers> serait-il mme oscur J F ce

niveau> la convoitise> le"i*ence> le esoin ont )ait place F une autre

)orme de prétention Q le désir @. 3est-on pas alors autorisé F

reprendre dans cette perspective> en lui con)érant certes un sens

supplémentaire> cette proposition de %reud selon lauelle lanal;sé

lui-mme = e préciserais tel anal;sé = narrive pas F caser tous ces

conHits dans le trans)ert @ M

diGcation> développement> liuidation> ces termes en*a*ent>

pour la névrose de trans)ert comme pour nimporte uel processus>

la notion de durée. Par lF> entends la constitution solide de la

caté*orie du passé, F lauelle est F mon avis indissolulement liée la

possiilité dun terme pour lanal;se. A ce point il me )aut me

reporter F lintervention ue ai eu loccasion de )aire lors du CC/Ie

:on*rès des Ps;c8anal;stes de lan*ues romanesR. Lavançai alors

&2

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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966

ue> la démarc8e anal;tiue revenant essentiellement F écouter

ueluun ui parle> on ne c8erc8e pas F repérer lémer*ence de

telle ou telle demande instinctuelle> mais F suivre le récit ui en est

)ait> cest-F-dire un roman. ?r> le"pression des mouvements du suet

F lé*ard de loet ne devient roman> ou 8istoire ui se clOt> ue

lorsuelle est pleinement structurée dans la prolématiue de la

castration. !n raison de sa constante et nécessaire réHe"ion ou

médiatisation> la )ormulation de la demande sest déGnitivement

compliuée. Il sa*it dune modiGcation> e dirais plutOt dune sorte

de mutation> ne concernant pas seulement ce ui va advenir F dater

de ce moment> mais aussi tout ce ui a précédé et ui> pro)ondément

remanié> réévalué en terme de castration> récrit> constitue le premier

 vrai passé de lindividu. ieu" encore> le suet en se )ondant sur la

description uil donne de sa situation dans le monde en tant utre

de désir = description lisile dans le st;le de toutes ses activités =

crée F mesure le passé

1. CC/Ie :on*rès des Ps;c8anal;stes de lan*ues romanes.  Eev.

 franc. 9t%c&a)nal., CCC> 1966> n^ 5-6.

ui constitue le vrai précédent pour demain. Le crois ue sans

cette capacité de reconstituer et de créer le passé F la place dun

amal*ame de ce ui a été vécu ou )ait autre)ois> mme ressaisi dans

sa stricte succession> on ne saurait envisa*er le développement

dune névrose de trans)ert> et F plus )orte raison sa liuidation. Pour

emplo;er une ima*e> sans le Il ; avait une )ois le Gls dun roi... @>

on ne peut concevoir un oucla*e Gnal.

 Après avoir envisa*é la uestion du statut des émois et des

représentations il me )audrait envisa*er celle de la résistance.

%reud> lorsuil envisa*e le rOle pat8o*ène des mécanismes de

dé)ense> parle dune résistance sopposant F la découverte des

résistances et de son rapport avec une modiGcation du oi du suet.

:est ce dernier point ue e retiendrai> celui de la modiGcation du

oi. Ici encore e laisse de cOté le domaine des ps;c8oses. elon

&+

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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966

le"istence ou non dune relation si*niGcative avec les mécanismes

de dé)ense on est autorisé> me semle-t-il> F distin*uer deu" classes

de modiGcation du oi.

,a première> pour nous F ien des é*ards la plus )amilière> peut

tre oservée c8eX ces suets dont e viens de parler> ui sont dotés

de la capacité de reconstituer et de créer le passé en tant ue récit.

 Assurément> et %reud le remarue> il ; a des cas parmi ceu"-lF o les

mécanismes de dé)ense> orientés contre les dan*ers passés et

reproduits dans le trans)ert> peuvent ouer sous )orme de résistance

F la *uérison J les e0orts t8érapeutiues utent alors contre la

modiGcation du oi ainsi induite. oute)ois> cette classe de

modiGcation du oi> liée au rOle des mécanismes de dé)ense contre

une e"i*ence instinctuelle dan*ereuse> est en )ait moile> cest-F-dire

prte dans la situation anal;tiue F accepter une nouvelle

modiGcation. ,a modiGcation du oi a ien partie liée avec la

résistance> mais non de manière isolée ou G*ée J car la relation

da0inité ui e"iste entre association lire> résistance> constitution

du trans)ert> )orme dans ces cas un tout or*aniue> d;namiue> et

destiné F suivre une traectoire ui ne peut tre détac8ée de la

névrose de trans)ert> de son développement> de sa liuidation. ,F>

lostacle le plus sérieu" tient F la nature du contre-trans)ert.

 A lopposé se situe la seconde classe de modiGcations du oi>

électivement = mais non e"clusivement = rencontrée c8eX certains

caractériels et malades ps;c8osomatiues. :es modiGcations sont

étran*ères F lintervention des mécanismes de dé)ense contre

linstinct e"primée F travers les aléas de la )ormulation du désir @>

telle ue e lai décrite. 'ans les cas o linstinct ou la pulsion =

comme on veut = se perçoit comme un con*lomérat a)\ect-

représentation> visant directement loet> e"cluant de la )ormulation

la G*ure paternelle et sa loi> les modiGcations du oi sont de tout

autre nature. Il ne sa*it plus de parties ou de )orces en contact> en

interaction ou en opposition et pouvant mme pendant lon*temps

&4

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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966

donner limpression dun moteur immoile> mais cest avec des Nlots

séparés par des )ailles pro)ondes ue lon a a0aire. 'ans ces

personnalités en arc&ipel> la circulation des représentations nest

pas seulement *née> plus ou moins entravée> elle est impossile.

:irculation impliue le"istence dun ordre> de tours et de détours>

par)ois aussi comple"es uun la;-r;nt8e> mais dont le tracé e"iste.

Ici seuls sont possiles les onds> les c8utes> la sidération. !t si

daventure> comme il arrive en cliniue> lentretien préliminaire

laisse dans certains de ces cas limpression uune névrose de

trans)ert = dans le sens o e lai entendue = pourra se développer>

le"périence de la situation anal;tiue montre plus ou moins

rapidement ue lon sétait )ondé sur cette )ran*e ps;c8onévrotiue>

par)ois très mince> ui recouvre les or*anisations caractérielles ou

ps;c8osomatiues les plus aut8entiues> mais reste étran*ère au

 véritale ré*ime de la personnalité.

,instinct> écrit %reud F propos des )acteurs dont dépend lissue

t8érapeutiue> devient accessile F toutes les inHuences provenant

dautres tendances du oi> et nemprunte plus sa voie F lui pour

arriver F satis)action @. ?r dans la seconde classe de modiGcations

du oi cest précisément le contraire ui tend F advenir. oit ue

linstinct c8erc8e F nemprunter ue sa propre voie> soit uil reste

en uelue sorte encapsulé> une )aille sest creusée dans le oi ui

 voit les parties ainsi constituées risuer dtre reetées lune en

direction du `a> lautre en direction du urmoi. ,or*anisation de la

personnalité ps;c8iue nest plus ternaire mais inaire. Peut-tre ;

aurait-il lieu de considérer dans cette perspective la uestion de la

résistance du `a. ais> sans vouloir en )aire une uestion de mot>

est-il lé*itime de parler encore de résistance lorsuil ne sa*it plus

de la culpailité et du esoin de punition situés dans le c8amp des

relations du oi avec le urmoi M ?n dirait plutOt dun ostacle et la

ré)érence au" )orces disso-ciatives est particulièrement 8eureuse.

&5

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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966

!n conclusion> e poserais volontiers la uestion du statut de la

t8érapeutiue lorsuil n; a pas eu de vraie névrose de trans)ert et

ue> par conséuent> la liuidation ne peut tre en toute lo*iue

envisa*ée. :es cas sont> on le sait> de plus en plus nomreu". Ils

imposent souvent lintroduction de paramètres tec8niues> par)ois de

 véritales modiGcations de la tec8niue = ui peut-tre )ont pendant

au" modiGcations du oi. ais sa*it-il encore de ps;c8anal;se M 3e

parlerait-on pas plutOt dune manipulation t8érapeutiue

ps;c8anal;tiue dont on peut e0ectivement craindre uelle demeure

sans conclusion M

 Ailleurs> lorsue la névrose de trans)ert a pu sétalir pleinement>

sa liuidation devrait conduire au terme déGniti) de la cure. :elle-ci

a;ant alors eu une portée mutative> uelue c8ose a réellement

c8an*é> tout comme uelue c8ose sétait radicalement modiGé avec

la castration @ dans le domaine de le"pression des émois et des

représentations> dans le lan*a*e. Alors le suet peut entrer> pour

parap8raser une )ormule célère> dans lanal;se permanente uil

poursuit seul.

&6

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II. Actin% out direct et actin% out indirect (1967)

,es auteurs ui se sont attac8és au prolème de lactin* out ont

consacré très souvent une partie importante de leur développementau" uestions de déGnition. Ainsi> tout récemment> lors du dernier

:on*rès international de :open8a*ue> Anna %reud a-t-elle pris la

peine de préciser l8istoire de la notion dactin* out et de larticuler

avec les *lissements successi)s de la t8éorie ps;c8anal;tiue. !lle

souli*nait> en outre> limportance de la déGnition première> selon

lauelle lactin* out était lié au domaine précis des névroses c8eX

ladulte J parallèlement elle mettait en *arde contre uneméconnaissance de la portée de le"tension pro*ressive de la notion>

tant au point de vue cliniue ue t8éoriue.

:est donc avec raison ue <ouart propose de distin*uer

nettement l actin* out de trans)ert @> lié F la situation anal;tiue>

des actes impulsi)s divers> uelle ue soit leur éventuelle valeur de

répétition> et ui se produisent c8eX certains suets en de8ors de tout

traitement ps;c8anal;tiue. :es actes répétiti)s> ui seraientprincipalement le )ait de patients ps;c8otiues ou préps;c8otiues>

ont été loet détudes précises. :omme <ouart le si*nale> on a

relevé leur rOle prédisposant F des actin* out ui se produiraient au

cours dune anal;se ultérieure. 'ans lensemle> F propos de ces cas>

laccent a été mis sur le point de vue *énétiue J on souli*ne

limportance de la ré*ression liidinale et le poids de loralité dont

on a détaillé les e"pressions cliniues> etc. oute)ois> il me semle

&$

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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$

uen e"posant les traits caractéristiues de ces actes on a manué

de réunir certains dentre eu" F part. :e sont les activités

r;t8miues au"uelles seule la )ati*ue met un terme> les activités

mimiues ou *estuelles ui> de prime aord> )ont penser F une

identiGcation et ui> en vérité> ne sont uimitatives> réduplicatives,

pour reprendre un terme ue nous avons introduit avec P. art; et

:8. 'avid. ous ces actes e"priment une carence des activités de

représentation> un dé)aut de )ormation s;moliue (P. Sios> cité par

<ouart> une sorte dindi0érence au" ualités de loet J elles se

situent en de8ors des vicissitudes de la liido> et> liées F dautres

mani)estations sur lesuelles e reviendrai> déGnissent un t;pe

particulier dactin*# out ui se produit au cours de certaines

anal;ses. 'e ce point> on peut les considérer comme des actin* out

de trans)ert @. oute)ois> sils ne sont pas> F mon avis> superposales

au" actes impulsi)s purs> ils doivent é*alement tre distin*ués> sur la

ase de critères cliniues et métaps;c8olo*iues> des )ormes plus

classiues @ dont <ouart a 8eureusement mis en valeur les aspects

si*niGcati)s.

Pour préciser immédiatement mon propos> e dirai ue ces deu"

 variétés dactin* out de trans)ert sont le )ait de suets ien di0érents

ue lon peut distin*uer nettement en )onction de leur comportement

en anal;se. :ertains> en e0et> en*a*ent et développent une

aut8entiue névrose de trans)ert> cependant ue dautres ne

présentent amais ue des réactions trans)érentielles> des sortes de

reports @. Lai eu loccasion de décrire ces deu" t;pes de suets lors

du :olloue consacré au te"te Q  0nal%se terminée, anal%se

interminableVT. Pour linstant> e rappellerai seulement la ase de

cette distinction Q la )aculté délaorer solidement la caté*orie du

passé. Par lF entends un des résultats du c8an*ement )ondamental

contemporain de lhdipe (au sens classiue ui a valeur de

mutation et selon leuel les événements des p8ases antérieures du

développement sont ressaisis> pro)ondément remaniés et réévalués

&&

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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$

en termes de castration. Ainsi sélaore un récit personnel> ori*inal>

ui lie> trans)orme et associe des éléments variés> et ui est ien

di0érent de la simple somme de ce ui a été vécu. ,es événements

réels cèdent alors déGnitivement leur place F des ensemles ima*és

dont lor*anisation interne na rien F voir avec lordre de la

succession> le premier vrai passé de lindividu se constitue ainsi. Par

la suite cette activité doit se poursuivre indéGniment> c8aue

situation nouvelle étant reprise en une description ui se ré)ère au

premier passé @ pour le compléter et le proposer au" ours F venir.

:ette )aculté )aisant dé)aut> il n; a pas dédiGcation de la névrose de

trans)ert> lauelle nest pas F considérer comme une morne

répétition> mais comme une véritale or*anisation dotée dune sorte

de s;nta"e et appelée F suivre une traectoire dallure romanesue.

 Le mattac8erai ici essentiellement au" actin* out des suets ui

ne développent pas une véritale névrose de trans)ert. Pour les

distin*uer> e les nommerai actin! out directs.  Ils sont le )ait de

personnalités ien particulières. ,e urmoi et lIdéal du oi> en

e0et> n; apparaissent pas en tant u8éritiers du comple"e dhdipe.

<udimentaire> sc8ématiue> essentiellement destructeur> le urmoi

na ni les caractères ni la )onction du urmoi> mme ré*ressi)> avec

leuel nous avons a0aire dans les névroses mentales. Ici e nai pas

en vue les or*anisations pré*énitales dans lesuelles est intervenue>

de manière décisive> la ré*ression de la liido vers des points de

G"ation. Il sa*it> au contraire> den*a*ements initiau"> tout se

passant comme si linstinct avait suivi une voie tout F )ait di0érente

de celle uil emprunte dans les ps;c8onévroses et ui serait> comme

nous en avons )ait l8;pot8èse avec :8. 'avid> tératolo*iue. ,es

patients ui )ont partie de cette classe paraissent souvent 8ors détat

den*a*er un trans)ert> ils demeurent F distance = en de8ors de

toute osession = comme sils nétaient pas concernés sur le plan

liidinal. :ertains dentre eu"> toute)ois> sont F mme de"primer

sporadiuement des sentiments très vi)s F lé*ard de leur anal;ste J

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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$

émois ui cependant nentrent pas dans une véritale or*anisation>

car loet est visé directement> sans médiatisation. 'e toute

manière> les représentations instinctuelles> lorsuelles se"priment>

restent sommaires J collées F leur a0ect elles )ont par)ois

rusuement irruption F la conscience> sans aucun aména*ement.

!n )ait> la vie mentale est surtout ré*ie par un )onctionnement de

t;pe opératoire.  ,es modiGcations du oi sont G*ées> il e"iste

comme des solutions de continuité dans la personnalité. ,anal;ste

semle ien tre de plus en plus souvent con)ronté avec cette

caté*orie noso*rap8iue ui *roupe des névroses de comportement>

certaines névroses de caractère> diverses a0ections

ps;c8osomatiues.

,es actin* out ui sont le )ait de ces structures> actin* out

directs @ donc> se sin*ularisent tant par leur allure> leurs

circonstances de déclenc8ement ue par leur valeur. Au premier

c8e)> on est )rappé par leur manue de spéciGcité réelle. Ainsi> F des

circonstances semlales répondront des actin* di0érents et

réciprouement. ,e rOle des situations e"térieures réelles est

accentué> mais surtout relativement F la uantité de"citation

uelles suscitent et eaucoup moins uant F leurs ualités. Par)ois il

sa*it de la seule modiGcation> uelle uen soit lori*ine> dun

éuilire maintenu *rTce @ F une évolution moride or*aniue.

ouours on est )rappé par la pauvreté s;moliue de ces situations>

alors ue lur*ence économiue simpose. :es actin* out directs>

actes simples ou comple"es> ont une allure mécaniue> itérative>

par)ois r;t8miue> mais le plus souvent désordonnée> voire

paro";stiue. Zuand il sa*it dactes simples> e pense uon est en

droit d; rattac8er certaines )u*ues par e"emple J en séance> ce sont

ces *estes automatiues ui peuvent prendre uelue importance>

sans pour autant scander le sens des paroles de lanal;sé J par)ois

cest dune immoilité G*ée et raide dont il sa*it> une au*mentation

considérale du tonus musculaire. Zuand il sa*it dactivités> et non

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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$

pas seulement de *estes ou dactes> cest le st;le opératoire du

)onctionnement de lappareil ps;c8iue = sur leuel e ne reviendrai

pas ici = ui prend la valeur dactin*. ,a rationalisation intervient le

plus souvent F peine ou pas du tout J dans certains cas elle a0ecte la

)orme dun plannin!, on parlerait alors dun actin* au lon* cours @.

?n voit ue cette )orme dactin* représente essentiellement une

déc8ar*e alors ue le rOle de contre-investissement> au sens 8aituel

du terme> est réduit. ,e lan*a*e lui-mme voit sa valeur de déc8ar*e

motrice intervenir de )açon décisive (remarue )aite F propos de

certains actin* impulsi)s dadolescents par P. reenacre> citée par

<ouart. ,e p8énomène est particulièrement clair c8eX les anal;sés

ui élèvent la voi" pour accentuer tel mot ou telle s;llae> ponctuant

pour ainsi dire leur discours tout entier> de )açon anarc8iue et sans

ue ce uils paraissent souli*ner soit doté dune importance

particulière> F uelue niveau ue ce soit. Le citerai encore

lutilisation dun mot pour un autre indépendamment de tout rapport

s;moliue ou de réalité> le vere na;ant été saisi uen )onction de

sa pro"imité du moment et en vue dune simple déc8ar*e.

,e lien avec la situation anal;tiue est ien compré8ensile

puisue ces suets sont particulièrement sensiles F tout ce ui

a0ecte leur c8amp percepti)> toute)ois de )açon non spéciGue. ,es

caractéristiues réelles de lanal;ste> tant dans son 8aitus ue dans

son comportement> interviennent tout particulièrement dans la

mesure o elles sont F mme de modiGer le statut économiue du

suet. 'e mme les aspects strictement )ormels des paroles de

lanal;ste> intensité de la voi"> durée des interventions> répartition

des silences> constituent autant de circonstances propres F susciter

ces actin*.

'ans ses rapports avec l8istoire du suet> lactin* out direct ne

reprend pas un élément du passé écrit, comme cest le cas des actin*

liés F la névrose de trans)ert. Il renoue de )açon non spéciGue avec

un nomre limité de s;stèmes déF dominés par le )acteur uantitati) 

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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$

et utilisés autre)ois dans des circonstances réelles. :et actin* nest

pas> F proprement parler> léuivalent dun souvenir> mais plutOt la

trace dune action ui a dK tre é*alement dotée de la mme allure

mécaniue. ,actin* out direct serait en uelue sorte la répétition

de la répétition.

Par)ois> un certain contin*ent des éner*ies en*a*ées dans les

actin* out directs paraNt avoir une ualité liidinale> encore ue très

ré*ressive. !st-il distinct ori*inellement> ou ien a-t-il éc8appé au

destin de linstinct propre F ces cas M Il est ien di0icile de répondre.

!n tout cas> il en découle soit une modiGcation plus ou moins nette

du taleau t;pe ue e viens de décrire> dans le sens dune allure

plus dramatiue> soit lémer*ence dun actin* out> très voisin

cliniuement de lacte impulsi) et ui se détac8e nettement du

ré*ime 8aituel de lactivité et des autres actin! directs  dans

lesuels il est comme enc8Tssé. :e dernier t;pe d 'actin! out direct

constitue touours une ré)érence F une situation ancienne réelle et

réactualisée> mais il a la valeur dun cri> dune e"i*ence ui se

répètent purement et simplement et ui nentrent pas dans une

construction impliuant la présence dun tiers. :omme e lai dit> les

caractéristiues oectives de lanal;ste ouent ici un rOle important>

et cela dautant plus ue le suet ne dispose *uère de recul en raison

de la pauvreté des contre-investissements. 'ans certains cas

néanmoins ces caractéristiues paraissent si peu spéciGues uon

ne peut *uère leur con)érer uune valeur dar*ument J et si lactin*

a une allure un peu étran*e ou décalée> on le rapproc8erait

 volontiers de lactin* in décrit par <osen> ien uil soit eaucoup

moins dramatiue ue ce dernier> comme si les )orces en*a*ées

étaient uantitativement moindres. !n e0et> mme uand il ne"iste

pas de véritale névrose de trans)ert> lanal;ste est uand mme

loet de réactions trans)érentielles. Il est comme en*loé dans le

monde intérieur de lanal;sé> ien ue par)aitement reconnu du

de8ors. 'ès lors> aucun de ses aspects ne saurait c8an*er> sinon sur

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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$

une initiative du patient> car tout c8an*ement> si minime et si anodin

soit-il> est vécu par lui comme une altération de son tre. ,actin*

paraNt ien alors tre une réaction F des modiGcations du milieu

intérieur> dont lor*anisation oniro\de se révèle tre

particulièrement> dépendante de tout c8an*ement e"térieur.

?n a souvent marué le rOle dé)ensi) éventuel de lactin* out.

 Ainsi <ouart nous rappelle-t-il opportunément la valeur dun

investissement spéciGue de la motricité pour )aire )ront F une

menace de dépersonnalisation comme si certaines altérations avaient

porté essentiellement sur linvestissement des )rontières du oi. 'e

toute manière> dans le cas de Hactin! out direct il est évident ue la

dé)ense par passa*e F lacte concerne davanta*e les risues de

modiGcation du statut éner*étiue du oi ue la remémoration. :e

ui )rappe en vérité avant tout> cest> uelles uen soient les

conséuences> le"i*ence impérieuse de déc8ar*e dont lallure de

rupture est associée au retour F une apparente nullité ou stailité

éner*étiue. 'e tels actin* se produisent ien au-delF du principe

de plaisir @> ils représentent peut-tre au mieu" la compulsion de

répétition.

Il conviendrait ici de con)ronter minutieusement Hactin! out

direct avec Hactin! out indirect ui est le )ait des suets a;ant vécu

une névrose de trans)ert. Le me limiterai F uelues remarues.

c8ématiuement donc> ces actin* out indirects répondent eu" F

des or*anisations dont le urmoi et lIdéal du oi sont

classiuement structurés au stade p8alliue et liés F la destruction

du comple"e dhdipe. ,es mouvements instinc-tuels de lanal;sé

entrent dans une sorte de récit o la présence implicite dun tiers

assure ré*ulièrement leur médiatisation ou leur réHe"ion. ,es actin*

out ont ici une allure dactivité or*anisée souvent très accusée. ,eur

élaoration constitue un vrai récit condensé> 8autement s;moliue>

ui en*a*e la participation ima*inaire de trois personnes au moins.

,e rOle de la rationalisation est important et la participation dun

9+

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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$

contre-investissement venu du oi )ortement maruée. ,a dé)ense

contre la remémoration ne se présente pas simplement sous lan*le

du déplacement dans lactuel et de la répétition a*ie dune situation

ancienne J il sa*it plutOt du retour dun récit oulié> méconnu et

représenté de nouveau sous une )orme masuée et presue

t8éTtrale. ,e rapport avec la situation ancienne est indirect> et sil

est clair ue lactin* est le )ait dune répétition> celle-ci ne parait pas

se produire au-delF du principe de plaisir. ,aréaction et le0ort de

maNtrise ui sopèrent autrement ue par la parole restent uand

mme situés dans le c8amp de la liido> entre le oi et ses oets. ,a

liaison entre les multiples éléments ui entrent dans la constitution

de lactin* out indirect souli*ne le rOle dros J la répétition vise

encore la réalisation dun désir liidinal.

Pour conclure> e dirai donc uil mest apparu uon pouvait

distin*uer deu" t;pes dactin* out de trans)ert et proposer de les

articuler avec la dernière t8éorie )reudienne des instincts. Sien

dautres aspects demanderaient F tre précisés J e me ornerai F

une remarue concernant les rapports de lactin* out avec la

ré*ression. A cet é*ard la situation est asseX ami*uq> on le sait.

:ontre ré*ressi) puisue 8omo*ène au courant pro*rédient de

le"citation> lactin* renvoie par ailleurs le suet F des étapes

antérieures de son 8istoire et donne lar*ement la parole au

processus primaire. oute)ois> ce ui me paraNt le plus important>

cest uil impliue une ré*ression de léner*ie du point de vue de

son statut Q en partie ou entièrement lire selon ue lactin* est lié

ou non F une névrose de trans)ert. ais lF encore> une distinction

simpose J dans le cas de lactin* out indirect on reste> pour

lessentiel> dans le c8amp de la liido J dans le cas de lactin* out

direct on a limpression uil sa*it dune sorte de dé*radation

ualitative de léner*ie ui> en ute des voies de déc8ar*e les plus

directes> ne paraNt oéir uau seul principe de nirvana.

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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$

:ette dernière notion> me semle-t-il> pourrait tre utilement mise

en rapport avec celle de désor!anisation pro!ressive> déGnie avec

on8eur tout récemment par P. art;> et dont lélaoration> sur le

plan t8éoriue> découle de létude du )onctionnement de lappareil

ps;c8iue c8eX certains suets dont le destin est marué souvent par

lévolution> ru;ante ou cac8ée> dune a0ection or*aniue.

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III. &e !!e et l'identiue (1969)

 Le ne crois pas inutile de souli*ner un contraste ue c8acun

reconnaNt volontiers Q les anal;stes sentendent *énéralement sur lanotion clinique  de répétition> tandis ue linterprétation du

p8énomène soulève touours la controverse> voire des a0rontements

passionnés. ,es ami*u\tés> les contradictions mmes ue lon

découvre dans 0u)del du principe de plaisir, ue %reud> au reste> ne

dissimule nullement> ne sont sans doute pas étran*ères F cette

situation. ?n sait ue seuls %erencXi> !itin*on et Ale"ander

accueillirent sans réserve les vues 8autement spéculativesdéveloppées dans ce travail. %reud> de son cOté> n8ésitait pas F

écrire ... ue la troisième étape de la t8éorie des instincts ne peut

prétendre F la mme certitude ue les deu" premières1 @. 'ans

 3n&ibition, s%mptme et an!oisse,  il maintient e"plicitement la

 valeur> dans le c8amp cliniue> de lancienne dualité instinctuelle.

!nGn> autour des années 2> uand se Gt our une énorme déception

uant F la portée t8érapeutiue de lanal;se = )ait ue nous sous-estimons peut-tre => il )ut interpellé directement par il8elm

<eic8 J F celui-ci ui lui demandait> très ému> si son intention était

ien dintroduire linstinct de mort en tant ue t8éorie cliniue> il

répondit ue cétait seulement une 8;pot8èse @> et il lui conseilla

donc de ne pas se tracasser F ce suet> et de continuer son travail

cliniue2.

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III. ,e mme et l#identiue (1969

'ans ces uelues remarues préliminaires> e me trouve sans

doute aller déF F contre-courant des positions actuelles

1. . %reud> 5ssais de 9s%c&anal%se, Pa;ot> p. $5.

2. . <eic8>  3m ?onction de l8or!asme,  ,Arc8e> 1952> p. 16-1$.

les plus 8aituelles sur la compulsion de répétition. !ntreprise

délicate car> si ose dire> linstinct de mort se porte ien. oute)ois>

 e le souli*ne nettement> mon propos nest en aucune )açon de

reconnaNtre> ou de récuser la notion dinstinct de mort> ce ui est

souvent acte de )oi> mais de men déarrasser avant de commencer

le"amen du )ait cliniue. !n e0et> la liaison convenue> et peut-tredevenue conventionnelle entre compulsion de répétition et instinct

de mort> surtout uand elle est opérée prématurément> est

responsale F mon avis de ien des di0icultés avec lesuelles on se

trouve si souvent con)ronté. Pour corri*er ce uon pourrait entendre

ici> et pour mieu" préciser la perspective ue adopte> e dirai ue e

ne reette pas le"istence de mani)estations> de comportements

situés en mar*e du principe de plaisir. Sien au contraire> e penseuil est des p8énomènes o il ne saurait tre uestion> mme dans

le cadre dun compromis> de laccomplissement dun désir re)oulé. A 

mon sens il ; a lieu en vérité de distin*uer dune part des répétitions

très classiuement ré*ies par le principe de plaisir> telles celles de

s;mptOmes névrotiues o le re)oulé resur*it> et dautre part des

répétitions dun ordre certes di0érent> mais uil n; a pas lieu de

rapporter dentrée de eu F une caractéristiue )ondamentale de

linstinct> ou F lactivité dun instinct de mort> et cela uand mme

elles auraient une incidence lét8ale.

,a t8èse ue e veu" e"poser se )onde sur une constatation

cliniue ue e décrirais volontiers comme une opposition entre le

m*me et @identique. ?pposition artiGcielle seulement en apparence>

car le dictionnaire déF ména*e une distinction entre lun des sens de

mme @> lui con)érant la valeur dune identité appro"imative de

9$

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III. ,e mme et l#identiue (1969

lordre de la similitude ou de la ressemlance> tandis ue

identiue @ a trait F des oets par)aitement semlales et

constituerait mme> dit le <oert> une sorte de superlati) du

semlale. ?n ne saurait ainsi con)ondre cette situation> o lon

reprend constamment le mme te"te> le mme récit> pour le récrire>

avec celle o lon se limiterait> tels Souvard et Pécuc8et> F le

recopier indéGniment. 'ans le premier cas> la répétition impliue

touours un c8an*ement> si inGme soit-il. ,e retour éternel du

mme @> ue %reud évoue> nest nullement la répétition indéGnie de

lidentiue. 'ans la situation anal;tiue> le c8an*ement ue recèle la

nouvelle version de ce ui a été antérieurement énoncé> )Kt-il limité F

le"trme> traduit touours le"istence dun travail important>

linterpellation du désir inlassale. ais e reviendrai plus loin sur la

pro)onde modiGcation économiue ui sopère avec lacte de

répétition. Len rappelle ici seulement un aspect Q la moilisation du

contre-investissement> lalliance objective  conclue entre le re)us

préconscient et lattraction e"ercée sur la représentation en cause

par les protot;pes inconscients. A cet é*ard> avancerai ue cette

attraction ne doit pas tre conçue tout uniment comme e"pression de

la compulsion de répétitionR. ,a représentation ne re*a*ne pas

linconscient pour s; a**lutiner avec lesdits protot;pes J elle reoint

daord un lieu o léner*ie circule plus lirement> pour retrouver un

nouvel élan. ?n est alors en droit de parler dune récupération

éner*étiue. Par ailleurs ce mouvement rétro*rade est le temps

nécessaire F une redistriution des représentations ui utilise

condensation et déplacement et impliue la présence de plusieurs

termes. 'evant cette dé)ormation des G*ures destinées F )aire retour

pour e"primer le eu du désir> on est en droit de parler dune

 véritale dramatisation> entièrement ré*ie par le principe de plaisir.

'ans notre praxis, au moins> il serait ien 8asardeu" de concevoir

prématurément les c8oses dune autre manière. !t cela> mme dans

les cas o tout loservale ressortit apparemment F ces résistances

ui )ont parler de réaction t8érapeutiue né*ative et ue lon met au

9&

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III. ,e mme et l#identiue (1969

compte non plus du urmoi> mais de la compulsion de répétition.

aurice Souvet> tout comme lover> nous lont ien rappelé.

,es illustrations cliniues sont re*rettées uand elles )ont dé)aut>

critiuées et interprétées di0éremment lorsuelles G*urent. Le me

risuerai F en avancer une. ,e cas est celui dune eune )emme> en

anal;se depuis lon*temps> ui développe une résistance opiniTtre>

 vraiment de ce t;pe uon rapporte volontiers F la compulsion de

répétition> et dont e me propose de décrire lun des aspects.

:onstamment> ou plutOt répétitivement> la patiente se met F compter

intérieurement Q 1> 2> +> etc. Par)ois elle men avise> pas touours> loin

de lF sans doute> et ce comportement de se reproduire indéGniment.

Pour tre Gdèle F ce ui sest passé> maruer le rOle du contre-

trans)ert dans ces situations> et la c8ance> le 8asard ui préside F sa

)orme et F son intensité> e conGerai uune séuence dun poème

dArmen ,uin sest mise F me tourner dans la tte> tout aussi

répétitivement. Il ; est uestion dun tre )auleu" ui compte. Il

compte> il compte> il recommence @ = écrit le poète ui poursuit

tous les c8a*rins sappellent asence> les c8a*rins porteurs de

lances @. ,a répétition ne me semlait nullement pénile J un our>

après ue cette scène se )ut ien souvent représentée> la patiente me

dit Q Lai compté usuF 8uit> dordinaire> e compte usuF di". @

el était ici le c8an*ement dont ai parlé. Le lui répondis aussitOt Q

Il en manue deu"> ui sont-ils M @ = ,e père et le Gls @> répliue-

t-elle. :ette )ois> il en manuait un> le aint-!sprit> au sens

populaire> ce ue e lui Gs immédiatement savoir. ?r> cette eune

)emme> pour la seconde )ois au cours de son anal;se> attendait un

en)ant. rossesse F lauelle il nétait amais )ait clairement allusion.

'ès lors> comme on le conçoit> le mouvement de la séance se

précipite avec la sin*ulière accélération propre F ces situations. ,e

)antasme sous-acent se précise Q elle est enceinte par lopération du

aint-!sprit> cest-F-dire> prosa\uement> sans contact p8;siue.

:est donc ien de lanal;ste uelle tiendrait son en)ant et ientOt

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III. ,e mme et l#identiue (1969

émer*e la G*ure du père asent> mort prématurément pendant

len)ance de la patiente ( les c8a*rins porteurs de lances @. Le nai

pas la possiilité de suivre ici les ric8es développements ultérieurs

de cette séuence> mais e puis dire ue ce )ut un tournant décisi) de

lanal;se. 3eKt-il pas été re*rettale ue le 8asard )Kt venu

seconder le sentiment ien compré8ensile ue cest avec une

mani)estation de compulsion de répétition uon avait a0aire M Ainsi>

 e ne crois pas ue lon puisse touours suivre %reud uand il déclare

ue la tendance des névrotiues F la répétition dans le trans)ert est

indépendante du principe de plaisir++. Le crois ue nous assistons lF

non pas F une réédition pure et indéGnie> mais en vérité F une

nouvelle élaoration du mme> susceptile en outre da*ré*er F elle

un pan de la réalité. 'e cela e pense uon peut trouver dans  0u)

del du principe de plaisir, précisément> une autre illustration.

%reud> pour introduire cette tendance qui s'a6irme sans tenir 

compte du principe de plaisir, en se mettant au)dessus de lui,  cite la

 <érusalem délivrée ". ais lorsue le 8éros ancrède coupe en deu"

un arre o sétait ré)u*iée lTme de sa ien-aimée :lorinde> il ne

répète pas F proprement parler le précédent. Il )ait F la )ois la mme

c8ose et uelue c8ose de tout autre ue le meurtre uil avait

perpétré en la tuant> sans la reconnaNtre> sous larmure dun

c8evalier ennemi. :8an*ement des masues> mutation des

sustances> ce ue le poète a voulu plus ou moins déliérément

représenter> cest une série de trans)ormations allant dune G*ure>

celle du )ait rut> F une autre G*ure> celle de sa représentation

s;moliue.

!n manière de conclusion F ce premier c8apitre> e rappelle donc

ue> dans lordre cliniue> le domaine de ce ui serait situé en mar*e

du principe de plaisir doit tre> au départ> réduit autant ue )aire se

peut> ou mieu" encore décalé. :ela peut tre conçu de di0érentes

manières. Le pense en particulier F une parole de aurice Souvet Q

1

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III. ,e mme et l#identiue (1969

Zue )erions-nous> disait-il F peu près> si nous> anal;stes> ne

cro;ions pas F la notion de pro*rès> donc de c8an*ement M @

Il demeure toute)ois> e lai dit tout F l8eure> uil e"iste ien un

domaine F part> un ordre de la répétition situé au-delF ou plutOt en

deçF du principe de plaisir. Le me propose de laorder

indépendamment de toute ré)érence initiale F linstinct de mort et du

seul point de vue de lopposition du m*me et de l'identique. Pour ce

)aire il me )aut rappeler rièvement les positions ue ai eu

loccasion de"poser lors du colloue sur 0nal%se terminée, anal%se

interminable,  et lors des :on*rès des Ps;c8anal;stes de lan*ues

romanes de 1965 et de 196$ sur Hactin! outT.

 Lai distin*ué alors deu" principales orientations de la

personnalité en me )ondant sur le"istence ou non dune solide

élaoration de la caté!orie du passé.  Par le terme de passé e

nentends pas la somme des événements vécus> mais leur ré)écriture

intérieure = comme dans le roman )amilial = F partir dun premier

récit. Lutilise le terme de récit en raison de P8omolo*ie de )orme> de

structure> entre cette 8istoire inté-

1. . %reud> ibid., p. 2$.

2.  Eev. franç. 9s%c&anal., CCCII> 196&> n^ 2 et n^ 5-6. :). upra,

p. $5.

rieure et une élaoration romanesue. ,e premier récit> premier

 vrai passé de lindividu> est élaoré au moment de lhdipe. :est-F-

dire uand toutes les étapes antérieures sont ressaisies> reprises

dans le cadre dun désir dès lors constamment médiatisé et de laprolématiue de la castration. out se passant donc comme si les

événements réels> une )ois traversés> cédaient en importance au

récit intérieur ui en est )ait et re)ait. A partir de lF> et tout au lon*

de la plus *rande partie de son e"istence> le suet continue

délaorer au our le our son passé> cest-F-dire le précédent de

 vérité pour les temps F venir. !t il le )ait en se )ondant sur la

description uil donne> F travers le st;le de ses activités> de sa

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III. ,e mme et l#identiue (1969

situation dans le monde en tant utre de désir. el serait le destin

natureg des or*anisations dites normales ou névrotiues Q celles ui

dans la situation anal;tiue nouent et développent une véritale

névrose de trans)ert dont lévolution suit une traectoire pour aoutir

F un terme. Ailleurs> lorsue cette caté*orie du passé na pas pu

sélaorer correctement> et uune sorte de c8ronolo*ie a pris le pas

sur un 8ier romanesue> on voit> dans les cas e"trmes> ces

personnalités en arc&ipel ue ai précédemment décrites R. :est lF

ue lon assiste soit F ces irruptions rutales de con*lomérats a0ect-

représentation> soit F la prédominance dun ré*ime de pensée

opératoire> soit encore F une imrication des deu". :es situations

sont de toute manière 8ors détat dentrer dans ce récit> ce roman

ue constitue la névrose de trans)ert. Il nest plus uestion de

trans)ert> mais de reports> lanal;se peut devenir interminale>

émaillée dactin* directs> mécaniues> rédupli-cati)s> car touours

identiues et donnant le sentiment dune répétition de la répétition.

 Le pense tre maintenant en mesure de mieu" déGnir la t8èse ue

 e dé)ends ici. Le la résumerai sc8ématiuement ainsi Q

11 convient de distin*uer nettement deu" t;pes de p8énomènes

parmi ceu" ue lon rapporte classiuement F la compulsion de

répétition. ,es uns ressortissent F une reproduction du m*me et sont

le )ait des structures c8eX lesuelles la caté*orie du passé sest

élaorée su0isamment. ,es autres> ui ressortissent F une

reproduction de l'identique, sont le )ait de structures c8eX lesuelles

cette élaoration est dé)aillante.

 Lai tantOt asseX nettement distin*ué le mme et lidentiue pour

passer rapidement sur les caractéristiues )ormelles de ces deu"

t;pes de répétition. Le nen dirai donc uun mot avant daorder leur

e"amen métaps;c8olo*iue. Il est certain ue le retour répétiti) de

ce ui a été antérieurement énoncé nous en*a*e naturellement F

né*li*er> voire F i*norer les c8an*ements uil recèle. ais> pour

Gnir> on ne peut con)ondre cette répétition du mme ui> dans sa

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III. ,e mme et l#identiue (1969

 variante cac8ée> en*a*e en )ait une remémoration> lauelle

se"prime dans des circonstances variées> dans un st;le par)ois

nuancé> avec la répétition de lidentiue. 'ans cette dernière la

 valeur de remémoration est nulle J on peut ; reconnaNtre une étran*e

identité du ton de la voi"> des inHe"ions J on ; découvre des

stéréot;pes verau"> des tics de lan*a*e> voire lutilisation dun st;le

direct strictement reproducti) et donnant le sentiment dune

disposition permanente c8eX le suet F permuter topiuement sa

place avec celle de loet. Au-delF des premières apparences> cette

)orme de répétition di0ère )oncièrement de celle F lauelle /erlaine

)ait allusion dans un poème. :ar lF il est uestion dun rve>

précisément dun rve répétiti)> o )ait constamment retour une

)emme inconnue uil aime et dont il est aimé> mais ui nest c8aue

)ois ni tout F )ait la mme> ni tout F )ait une autre.

oit maintenant> au risue de nen présenter uun sc8éma>

le"amen métaps;c8olo*iue. Le commencerai par la répétition du

m*me. ,es )orces ui ; sont F lEuvre apparaissent uelue peu

nuancées dans leur intensité et surtout variales dans leur direction.

:elles ui émanent de linconscient rencontrent> si ose dire> comme

dans un dialo*ue> celles ui appartiennent au contre-investissement.

:et intereu ui a0ecte lallure dune 8istoire développée est en

outre entièrement situé dans la sp8ère ps;c8iue. Au sein de ce

d;namisme comple"e> le c8an*ement oservale relève> plutOt ue

dune simple addition> de lélaoration dun nouveau récit F partir de

deu" récits> tous trois pourtant presue semlales. ,e"i*ence

économiue> assurément ien présente> ne paraNt pas

spectaculairement impérieuse et> surtout> la présence de contre-

investissements con)ère F la répétition un r;t8me plus comple"e>

plus évoluti)> comme au service daord dune temporisation.

,aména*ement de la tendance F la déc8ar*e oue un rOle clé dans la

construction des répétitions uon pourrait voir daord sous lan*le

dune redistriution très discrète et très pro*ressive des

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III. ,e mme et l#identiue (1969

investissements. Zuant F la succession  des répétitions du mme>

avec les déc8ar*es ui leur sont in8érentes> elle dessine une

traectoire. Par lF e veu" si*niGer ue nous navons pas a0aire avec

une série simple de mouvements daller et retour par)aits. Il se

produit en e0et un décala*e très pro*ressi) F c8aue répétition>

celles-ci constituent les alons de la traectoire dont e parle. 'une

répétition F lautre la conG*uration économiue est insensilement

modiGée> mais modiGée tout de mme. ,in*rate conceptualisation

métaps;c8olo*iue nest uune autre lecture de ce ui est

cliniuement oservale. Ainsi> si e me reporte au )ra*ment cliniue

dont ai )ait état tout F l8eure> on constate ue les redistriutions

d;namiues et économiues peuvent tre décelées dans le discours

et le comportement de la patiente. !lle comptait> en )aisait état

immédiatement ou F retardement. 7ne )ormule telle ue e nai

rien F dire @ pouvait précéder de uelues secondes ou uelues

minutes J un *este de la main pouvait accompa*ner ou remplacer

laction de compter> et cétait pour si*niGer un e8 ien voilF @ ou

e nen veu" pas @. ,e ton de la voi"> de prime aord par)aitement

é*al et semlale dune répétition F lautre> était en )ait marué de

nuances très variées allant du déG F la rési*nation J variées> mais si

discrètes ue cest seulement après coup uelles devenaient

sensiles> par e"emple lorsuune variation plus importante venait F

se produire> presue une di0érence. Il en était ainsi uand la

patiente déclara Q  Lai compté usuF 8uit> dordinaire e compte

 usuF di". @ ituation ui> nous lavons vu> e"primait une véritale

élaoration romanesue> le récit dun désir dont les G*ures

successives ui sappelaient et se recouvraient restaient cac8ées>

re) un véritale travail dont son auteur> toute volition étant e"clue

c8eX lui> était cependant le c8amp. :est pouruoi e n8ésiterai pas

ici> pour évouer le moteur de ce travail> F reprendre le"pression

compulsion de s%mbolisation ue propose roddec[ en déGnissant

une )orce ui appartient ien en propre au suet> mais dont celui-ci

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III. ,e mme et l#identiue (1969

ne dispose pas> )orce ui est linconscient> e dirais dans linconscient

R.

oit maintenant la répétition de @identique.  ,e contraste est

)rappant. !t pour commencer on note un e0ritement des distinctions

topiues. !n e0et> la répétition> ici> sinsère dans le cadre dun

trans)ert @ ien di0érent de celui de la névrose de trans)ert ui est

le domaine de la répétition du mme. ,a répétition de lidentiue

peut aussi ien appartenir F un `a dénudé ui ne peut se con)ondre

avec linconscient ps;c8iue> uF une sorte de réalité sensile au

sein de lauelle> toute)ois> la )rontière séparant lintérieur de

le"térieur reste incertaine. Il peut en découler> par e"emple> des

répétitions ue oserais dire imitatives> o telle caractéristiue des

activités perçues c8eX loet est en*loée pour tre ensuite

Gdèlement reproduite. :est F le0acement de la topiue> ue ai en

 vue ici> ue me semle sappliuer au mieu" cette notation de %reud>

dans  0nal%se terminée> anal%se interminable  o il parle de

résistances ui ne peuvent plus tre localisées> mais semlent

dépendre de relations )ondamentales dans lappareil ps;c8iue. ,es

)orces F lEuvre dans cette répétition de lidentiue se sin*ularisent

par leur orientation> persévérante> dans une mme direction. ?n ne

retrouve pas ce eu ue ai décrit F propos de la répétition du mme

avec la reprise momentanée dune lire circulation des éner*ies dans

les s;stèmes supérieurs> suivie ientOt dune liaison avec des

représentations inconscientes sur un mode ui constitue un récit.

'ans la répétition de lidentiue> le plus près de la sensorio-motricité

paraNt touours visé. ,e précédent se"prime tel uel> sans )ard> sans

détour. !t sil )allait tout de mme )aire ré)érence F un p8énomène

de la nature du contre-investissement> il )audrait situer celui-ci pour

ainsi dire en de8ors du suet> ou dans son or*anisme p8;siue> leuel

a touours pour une part une situation ami*uq pour le moins

de"tra-territorialité. !lle sappliue ien ici aussi> le"pression de

ic8el %ain o il est dit ue la pauvreté délaoration est

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III. ,e mme et l#identiue (1969

compa*non de misère de lautomatisme de répétition @. Activités de

représentation> de s;molisation appauvries> condensation> dépla-

cernent et dramatisation rudimentaires> on conçoit ue les éner*ies>

en outre très impar)aitement liées> donnent le sentiment uelles

pourraient dé)erler. ,a valeur de tendance F la déc8ar*e de la

répétition est accentuée. ,a répétition en cause est pour ainsi dire

celle dune e"périence de déc8ar*e> o léconomiue domine

asolument J cest une sorte de remise F Xéro> souvent traduite par

un épuisement. ,e principe ui ré*it cette )orme de répétition> cest

une évidence> est le principe dinertie ou si lon veut de nirvana. A ce

propos e dois dire ue e ne suis pas linterprétation ui )ait du

principe de nirvana léuivalent ps;c8anal;tiue du principe de

constance. i lon veut étalir des éuivalences ou des Gliations>

 adopterais dune part celle réunissant principe de constance et

principe de plaisir> et dautre part celle réunissant principe dinertie

et principe de nirvana. 'ans cette perspective> la distinction est F

nouveau claire entre cette répétition de lidentiue et la répétition du

mme> o le eu dans léuilire des investissements> les déc8ar*es

limitées et di0érentielles traduisent le0et du principe de constance>

cest-F-dire de plaisir. Ici il convient> e crois> dintroduire uelues

remarues concernant lusa*e du terme de viscosité de la libido.

Passons sur la di0iculté F admettre une ualité sustantielle. Il

demeure en tout cas ue si> dune part> on peut considérer ue la

répétition de lidentiue témoi*ne de ce ui serait léuivalent de

G"ations> maintenues en raison dune viscosité particulière de la

liido> on voit ien dautre part ue dans lacte de répétition cette

liido> en dé)erlant> )ait montre dune sin*ulière Huidité. Par ailleurs

il me paraNt délicat> du point de vue de la lo*iue> de rattac8er dune

part la compulsion de répétition F une ualité déGnie (la viscosité

dune éner*ie (la liido> et dautre part de lier cette mme

compulsion de répétition F linstinct de mort> sans doute alors F une

autre éner*ie. ,aporie nest sans doute pas aussi arupte ue ai

lair de le dire. Len conviens. ais cela mincite F maventurer

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III. ,e mme et l#identiue (1969

uelue peu F mon tour et F avancer ue> dans la répétition de

lidentiue> on constaterait plutOt> parallèlement au c8an*ement du

ré*ime éner*étiue décrit> une sorte de mutation de la valeur

ualitative de léner*ie (nous serions en uelue sorte dans une

situation comparale F celle posée par la con)rontation des

déGnitions topiue et )onctionnelle de linconscient. utation de la

 valeur ualitative de léner*ie Q e )ais lF allusion F une altération

plus ou moins importante> par)ois e"trme> des caractéristiues

liidinales de léner*ie et non pas F la mise en Euvre dune autre

éner*ie. :est ainsi ue la tendance F la déc8ar*e par les voies les

plus directes sétalit. Au reste> la uestion se pose mme de savoir

ce uil peut susister déner*ies disponiles pour maintenir ou

en*a*er un investissement de telles représentations propres F

sa*ré*er dans lélaoration dun désir. ,a critiue de la notion de

 viscosité de la liido e"i*erait certes un e"amen autrement

appro)ondi. oute)ois cette notion me semle plutOt concerner les

G"ations dont on peut rendre compte F partir du seul principe de

plaisir. 'ans la compulsion de répétition> celle ui se situerait au-

delF du principe de plaisir> léner*ie> au" mai*res caractéristiues

liidinales> paraNt en e0et relativement inapte F reoindre un

comple"e de représentation> F s; tenir  le temps su0isant pour ue le

processus prospecti) de dramatisation puisse se0ectuer. ,éner*ie>

lF> ne )ait ue saccumuler et se déc8ar*er. ?n parlerait plutOt

de"cessive Huidité. ,e modèle de ,orenX> cité par Wollande et oulé

"> )ournit une asseX onne illustration de ce ré*ime o le lan*a*e de

léconomiue paraNt seul valale lorsue le retour de la c8ar*e au

point Xéro est devenu le mécanisme dominant. Ici on a ien F )aire

avec une e"i*ence impérieuse du t;pe du esoin> la répétition dune

e"périence de déc8ar*e J un esoin touours identiue dans son

indi0érenciation au esoin antérieur et court-circuitant la mémoire.

Il nest pas possile de traiter de la compulsion de répétition sans

aorder le prolème de la mémoire ui est touours lourdement

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III. ,e mme et l#identiue (1969

en*a*é. Le me limiterai cependant F uelues remarues> dautant

uil )audrait déF procéder F un e"amen appro)ondi du te"te de

%reud Q  Eemémorer, répéter, élaborer, ui na pas sa place ici. Le

dirai donc seulement ue sil est lé*itime dopposer répétition F

remémoration> il est au moins aussi important de sinterro*er sur la

 valeur de remémoration ue prend ou ne prend pas la répétition>

sa*irait-il dun comportement ou dun actin*. !n dautres termes> on

est en droit de parler de remémoration uand le répété reprend une

1. :laude Wollande> ic8el oulé> Pour introduire un colloue

sur la compul-slon de répétition @> Eev. fran!. 9s%c&anal., CCCI/> n^

+.

séuence du passé élaoré sous )orme de récit. :est le cas par

e"emple> e cite %reud> de ces événements de la première en)ance

survenus sans tre compris> et ui )urent compris et interprétés par

la suiteVD.  Laouterai Q et ui )urent loet de dramatisations

successives dont les souvenirs écrans constituent autant de alons.

 Ailleurs> uand cette ré)érence or*aniue au passé t&é=tral  )ait

dé)aut> on ne peut e0ectivement pas parler de remémoration. :est

le cas de la répétition de lidentiue pour lauelle %reud> F mon avis>

nous a donné une sorte de modèle. :est dans un te"te de 1921>

 E*ve et télépat&ie,  o il écrit Q 7n rve sans condensation>

distorsion> dramatisation> et surtout sans réalisation dun désir> ne

mérite sKrement pas ce nom... Il est d 'autres productions mentales

au cours du sommeil au"uelles on doit re)user le droit dtre

appelées rves. 'es e"périences diurnes actuelles sont par)ois

simplement répétées en rve... le rve purement télépat8iue répond

F une perception de uelue c8ose de"térieur> vis-F-vis de uoi le

ps;c8isme demeure passi) et récepti) +5. @

!t comme e viens de citer une )ois encore %reud> e vais

reconnaNtre et assumer une nouvelle répétition en me ré)érant de

nouveau F lui pour eter un re*ard *loal sur ce ue ai décrit

 usuici. ?n aura peut-tre remarué ue lopposition ue ai

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III. ,e mme et l#identiue (1969

e"posée entre le mme et lidentiue reoint F ien des é*ards une

opposition ue %reud a déGnie et sur lauelle il nest> lui> amais

revenu> F savoir Q ps;c8onévroses et névroses actuelles. ?r> les

névroses actuelles sont> de leur cOté> étroitement liées F la névrose

traumatiue> lauelle constitue précisément lun des points

dancra*e cliniue de la dernière )ormulation de %reud sur la

compulsion de répétition. me carence des activités de

représentation dans les deu" cas> mme prévalence du )acteur

uantitati)> représenté soit par de puissants stimuli e"térieurs> soit

par une e"citation somatiue. Ainsi traumatisme et )acteurs actuels

séuivau-draient> avec de surcroNt dans un cas comme dans lautre

un mme dan*er de rupture du  Eei;sc&ut;  (pare-e"citations. ,a

compulsion de répétition> au sens plein du terme> serait donc

lapana*e dun t;pe de personnalité e"posé F développer des

névroses actuelles M %ormulation sans doute trop tranc8ée> F lauelle

on pourrait en outre opposer un ar*ument cliniue. A savoir uil est

daut8entiues structures névrotiues c8eX lesuelles on constate

par)ois de véritales répétitions de lidentiue> ou plutOt une

tendance Euvrant dans ce sens. ais F cela il est aisé de donner une

réponse> et cest %reud une )ois de plus ui en )ournit la matière

uand> par e"emple> dans @3ntroduction la ps%c&anal%se,  il pose

le"istence dun no;au de névrose actuelle au centre de la

ps;c8onévrose O  :est toute)ois . <eic8> F ui e me ré)ère

maintenant> ui devait développer le plus lar*ement cette t8èse 2.

Pour lui la stase liidinale> constante encore ue variale> constitue

un véritale )acteur actuel. !lle interviendrait doulement. 'aord

en induisant les G"ations parentales F partir desuelles sélaore la

prolématiue incestueuse ui donnera F la ps;c8onévrose son

contenu. !nsuite en alimentant directement> par une autre voie> le

no;au de névrose actuelle ui )ournit F la ps;c8onévrose lessentiel

de son éner*ie (sc8éma 1> de <eic8. Il me paraNt ue le lien> si ose

dire> ui réunit la névrose F son no;au actuel est susceptile dans

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certaines circonstances de se dé)aire plus ou moins. !t ce no;au de

se"primer alors directement (sc8éma 2. 3a-t-on

 

pas relevé le plus souvent le"istence de s;mptOmes dits actuels F

cOté des s;mptOmes névrotiues classiues dans presue toutes les

névroses M :ette dissociation> p8énomène essentiellement

éner*étiue> du no;au actuel et de la névrose serait une éventualitéévolutive touours possile> pouvant survenir

1. . %reud> 3ntroduction la ps%c&anal%se> Pa;ot> p. 41&.

2. . <eic8> La ?onction de @or!asme, ,Arc8e> 1952.

F tout moment> par e"emple sous limpact de )acteurs trau-

matiues. ais ailleurs> il est des personnalités ui se sont

constituées sur la ase de cette dissociation ui constitue en uelue

sorte leur caractéristiue )ondamentale.

!n tout cas> on peut F partir de ce sc8éma rendre compte de

certains )aits cliniues. Le pense en particulier F ces anal;ses ui se

déroulent sur un mode parado"al. !lles semlent pro*resser

normalement en ce ui concerne lélaoration des comple"es de

représentations> cependant ue> par ailleurs> elles paraissent

mai*res> comme vidées de sustance. ,e travail anal;tiue touc8e la

superstructure peu investie et lon serait tenté de dire de tels

patients uils ne disposent pas dune liido très ric8e> alors ue

parallèlement> pro)ondément> une éner*ie considérale saccumule

et se déc8ar*e> souvent oscurément dans des répétitions de

lidentiue comportementales ou mme or*aniues et tout F )ait

cac8ées.

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III. ,e mme et l#identiue (1969

,a uestion se pose donc pour terminer de lori*ine de ces

orientations de personnalités ui sont dominées par la répétition de

lidentiue. Le maccorderai le droit de )ormuler très

sc8ématiuement mon 8;pot8èse> ue e me réserve de développer

en une autre occurrence. Le dirai ue dans les cas o lon peut

lé*itimement évouer lincidence décisive de la compulsion de

répétition> il n; a pas lieu den appeler de prime aord F une ualité

spéciale de la liido> la viscosité> pas plus uF lintervention dun

instinct de mort. !n )ait> nous avons a0aire avec un certain t;pe

dor*anisation> plus précisément F uelue c8ose ui sinsère dans le

cours du développement de lindividu. ?n peut concevoir ue cela se

constitue en deu" temps au moins. ,e second> nous lavons vu> cest

la0rontement de lhdipe et sa destruction> la constitution donc du

premier vrai passé de lindividu. ,e premier temps dont tous les

autres dépendent ien entendu devrait tre situé au moment de

léc8ec de la satis)action 8allucinatoire et avec linstauration de la

prévalence pro*ressive du principe de réalité. ?n sait uavec

lapparition de ce dernier principe une activité particulière sest

détac8ée> indépendante de lépreuve de la réalité et soumise au seul

principe de plaisir Q la )antasmatisation. Le postulerai donc

lintervention décisive en ce temps dun )acteur traumatiue>

proalement réel encore ue de nature variale. :e traumatisme>

par lintermédiaire dun mécanisme précis = peut-tre le reet

W@erXer)fun!xY = dissocie le rapport nécessaire entre représentation

du réel et )antasmatisation> tout en détruisant ou in8iant

sévèrement cette dernière. 'ès lors les ases d;namiues de la

constitution du passé tel ue e lai déGni sont altérées. Aucun vrai

roman )amilial par e"emple ne sera F mme de sélaorer> la voie

névrotiue> celle de la répétition du mme> est arrée> cependant

ue domine> touours davanta*e> la réduplication de lidentiue.

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I. A*ect et processus d+a*ectation (197,)

'ans son travail considérale> dont létendue et la pro)ondeur

inspirent le respect> André reen nous convie en vérité F une sortede parcours F travers tout lédiGce ps;c8anal;tiue> et e pense uil

est peu de points relati)s au t8ème de son rapport ui lui aient

éc8appés+6. Peut-tre est-il mme allé ien au-delF> si tant est uil

e"iste uelue )acette de lédiGce ui ne sarticule dune manière ou

dune autre avec la uestion de la)Nect. :ela étant> il va de soi uau

moment de parler dun tel travail> on ne laisse pas dtre conscient

du caractère aritraire de lentreprise> étant donné uen sattac8antF tel ou tel point> on en né*li*e nécessairement ien dautres> peut-

tre des plus importants. Pour ma part> ai été ainsi amené F retenir

en particulier lune des notions proposées par reen> celle de procès

ou de processus ui> tout en étant asseX *énérale> me parait avoir le

doule mérite dtre )éconde sur le plan t8éoriue et de

correspondre incontestalement F une réalité cliniue.

Indépendamment des réHe"ions directes ui lui sont consacrées>cette notion imprè*ne littéralement le travail de reen> mais elle

sa0irme peu F peu F mesure du développement en dessinant une

traectoire visile. Le nen mentionnerai ue uelues moments Q la

déGnition caté*orielle de Pa0ect (p. 15> la doule déGnition ui

traite de la0ectation éner*étiue des représentations (p. 1$$> enGn

celle de travail (p. 211. Le noterai aussi un terme clé introduit au

passa*e> celui de ps;c8isation @ (p. 1&2> ui est remarualement

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I/. A0ect et processus da0ectation (19$

illustré> dans un mouvement inversé> par une suite de propositions

allant> par e"emple> de Q Lai réHéc8i F ce ue ma conversation avec

mon ami Pierre ma ouvert des 8oriXons sur les raisons de mon

attac8ement pour A... @ F Q on corps est comme un poids mort...

tout est étran*e... ai un voile devant les ;eu"... @ (p. 1&9.

 Le me propose donc de relever certains aspects de ce procès pour

en suivre les conséuences et> F partir de lF> de )ormuler une sorte

d8;pot8èse *énérale sur la0ect. 7ne 8;pot8èse> cela va de soi> ue

 e ne puis développer réellement dans les limites dune intervention

et dont par conséuent e ne déGnirai ue les li*nes essentielles J

mais F lauelle e crois on de marrter dans la mesure o elle )ait

place F des uestions en apparence purement terminolo*iues> tout

en rendant compte positivement du alancement de la pensée de

%reud devant lidée da0ect inconscient.

 Le noterai daord ue tout au lon* du rapport dAndré reen>

lidée simpose ue la0ect est lié F la notion de rec8erc8e> de

poursuite J cest pouruoi sans doute lauteur consacre uelues

pa*es F létude des nuances sémantiues. 'e )ait> la0ect est uelue

c8ose ui advient> ui trouve sa place sur une traectoire et prend sa

pleine valeur au terme de ce ue e nommerai un processus

d'a6ectation, pour dési*ner laspect d;namiue> lorientation vers un

ut ui donnent au p8énomène son caractère spéciGue. /u sous cet

an*le lusa*e du terme da)\ect en !énéral peut tre mis en uestion>

daord parce uil se présente pour le tout dont il nest uune

partie J ensuite parce uen vertu de sa valeur sustantive maruée>

il tend F arrter> F G*er uelue c8ose dessentiellement mouvant>

tout en con)ondant dans la mme idée des modes de )onctionnement

ps;c8iue tout F )ait di0érents. Lespère montrer uil ne sa*it pas lF

dune simple uerelle de mots> mais de uestions ien )ondées

puisuelles portent sur la position topiue de la0ect> lopposition

a0ect du oi-a0ect du `a> la notion da)\ect inconscient> etc. 'un

cOté reen nous dit ue lessence de la0ect est en de8ors du

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I/. A0ect et processus da0ectation (19$

lan*a*e> mais uil peut se laisser dire par lui @> de lautre il nous

rappelle aussi ue le oi a pour )onction dtre le lieu o la0ect se

mani)este> cependant ue le `a est le lieu o sont andées les )orces

ui vont lui donner naissance @. ,a0ect ne trouve donc ien sa pleine

déGnition uF la Gn du parcours suivi par les )orces dont il peut

procéder. :e parcours ou processus d'a6ectation, comme e propose

de lappeler> doit concerner tous les s;stèmes ps;c8iues> alors ue

la0ect lui-mme reste étroitement lié F la conscience> ou plus

e"actement au s;stème perception-conscience> pour tenir compte

des articulations verales> des éléments moteurs et des sensations. c

,a0ect> selon reen> est re*ard sur le corps ému> il est pris entre le

corps et la conscience. @ !n ce sens> et au re*ard de la t8éorie> car

pour la praxis la notion est par)aitement lé*itime> il n; aurait pas F

strictement parler da0ects inconscients. ,es )ameu" *ermes en

puissance @> les  06eFt)bildun!en  dont parle %reud dans les  Qcrits

métaps%c&olo!iques, seraient F considérer comme des stades

ori*inaires du processus da0ectation> des moments premiers au

sens naturel et mécaniue. :est peut-tre F cela ue reen )ait

allusion = espère ne pas altérer sa pensée = lorsuil mentionne

une certaine caté*orie da0ects sur*is de lintérieur du corps> par

une élévation suite dinvestissement née sans le secours de la

représentation (p. 1$$. Pour ma part> e pense ue ce temps

élémentaire dune élévation du niveau dinvestissement> au plus

pro)ond de lappareil ps;c8iue> e"iste ré*ulièrement uels ue

soient les )acteurs déclenc8ants> ; compris la con)rontation avec une

représentation :s. ais de toute manière> la0ect dans son sens

plein> cest-F-dire délimité> ine"tricalement lié F le"istence dun

oi pour léprouver (p. 166> ne trouve sa place uasseX tard sur la

traectoire du processus d'a6ectation,  lauelle> plus ou moins

complète> plus ou moins comple"e> suppose la dissociation des

con*lomérats primiti)s et> F son terme> de nouvelles articulations et

dissociations. Il sa*it donc dun mouvement pro*ressi) de

di0érenciation ui peut sarrter en cours de route par suite des

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I/. A0ect et processus da0ectation (19$

aléas des articulations entre sensations> représentations de c8oses et

représentations de mots. Pleinement développé> presue au sens

dune maturation> la0ect ne peut tre conçu ue dans son rapport

avec la mémoire> il pourrait mme ntre dans son sens étroit ue le

souvenir dune e"périence> ou mieu" encore> le souvenir dune

élaoration tendancieuse e0ectuée dans le passé. A cet é*ard>

 attac8e eaucoup dimportance F cette remarue de reen> selon

lauelle aucune notion plus ue la0ect nest plus directement liée

F la dimension 8istoriue @ (aouterai toute)ois F condition ue

celle-ci ne soit pas conçue comme pur enre*istrement de )aits.

 Ailleurs> lorsue la traectoire ne saccomplit pas complètement> les

ualités propres de la0ect ne sa0irment plus avec autant de

netteté> car alors il se produit des décala*es entre sensations et

représentations> ui peuvent par)ois tre de lordre )onctionnel. ,e

patient> par e"emple> pleure sans savoir pouruoi> ou plutOt presue

sans le savoir. 'ans ce cas> reen la ien noté> la0ect est devenu

avant tout une dé)ense contre la représentation. Il arrive aussi =

cela mest surtout apparu dans le deuil = uil soit une dé)ense

contre le développement dun autre a0ect. ais uoi uil en soit> la

relation avec le s;stème perception-conscience est prépondérante> et

 accentuerais mme volontiers limportance de la notion de

sensation> comme reen le )ait en particulier dans le"amen critiue

du manuscrit (p. 2+. 'ès lors e suis uelue peu arrté par les

notions da0ect du `a et da0ect du oi> ainsi ue par celle da0ect

inconscient> car mme si lon sépare comme il convient les

mani)estations o léconomiue prévaut de celles> plus comple"es> o

le travail de représentation est plus lar*ement en*a*é ( e0et de

s;molisation @> au sens de reen> il demeure ue la distinction

entre ces deu" t;pes da0ects doit dépendre essentiellement du

de*ré de stailité de linvestissement du oi et de la relativité de

son pouvoir din8iition. 'ans les deu" cas> toute)ois> on se trouve F

une mme e"trémité du processus da0ectation> un seuil a été

)ranc8i.

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I/. A0ect et processus da0ectation (19$

'eu" notions au"uelles reen sest attac8é peuvent éclairer ce

passa*e de laccession F la0ect enre*istrale par la conscience>

donc F la0ect proprement dit> ce sont la déc&ar!e  et le ré!ime

économique. A mon avis> ces deu" notions doivent tre prises en

considération> étant propres F Oter au" distinctions topiues et

structurales ce uelles pourraient avoir de )acilement G*é (cest un

point ue ai déF eu loccasion de traiter1.

,es a0ects> écrit %reud> correspondent F des processus de

déc8ar*e. !t ailleurs Q ,es investissements pulsionnels c&erc&ant

+$ la déc8ar*e> cest> F notre avis> tout ce uil ; a dans le `a. @

:ette )ormulation est en accord avec un énoncé plus ancien> o il est

dit ue le no;au de linconscient est constitué par des

représentations ui veulent1 déc8ar*er leur investissement. Le pense

uil convient de souli*ner les veres c&erc&er et vouloir,  parce

uils sous-entendent uF partir dun certain enracinement

somatiue> une certaine uantité orientée sest 8eurtée F un ostacle

et ue la déc8ar*e de cette uantité ne peut se0ectuer ue dans un

autre lieu ue celui o elle est née. ,ostacle> il serait trop lon* den

traiter réellement ici> mais il est proale uil est F mettre au

compte dun contre-investissement primaire> et le lien avec ros>

cause dun détour> serait alors F discuter. Zuant F la déc8ar*e> est-il

nécessaire de rappeler uelle est distincte de la lire circulation de

léner*ie> celle-ci ne"primant précisément ue la rec8erc8e de la

déc8ar*e M 'éplacement et condensation ne représentent ue la

ute de léner*ie> son mouvement vers une issue. antOt il peut

sa*ir dune déc8ar*e )ractionnée> cest-F-dire impliuant

parallèlement toute une série de liaisons> un re*roupement des

sensations> des représentations et des divers e0ets moteurs o

sépuise le uantum éner*étiue restant J tantOt cest une déc8ar*e

massive = le0raction dans le oi dont parle reen = ui court-

circuite tout le travail articulant les diverses représentations pour

déouc8er sur des modiGcations )onctionnelles accompa*nées dune

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I/. A0ect et processus da0ectation (19$

tendance F une liération par lacte ou par laction. Action ui> du

reste> peut encore retracer une certaine 8istoire plus ou moins

ouliée. !nGn> lorsue léc8elon de lacte est lui-mme court-circuité>

le destin du processus da0ectation ne permet pas de parler da0ect>

car il peut tre asolument silencieu". ,es )orces en*a*ées na;ant

acuis aucune ualité> elles contriuent F une sorte de"citation pure

ui tend F se déc8ar*er dans lor*aniue> lieu ui est celui o le

processus sen*a*e et ui prend pour lappareil ps;c8iue la mme

 valeur ue le monde e"térieur. :ette sorte daller et retour presue

sur place> ui éecte le corps mme et représente le traet le plus

court> impose )ortement lidée du principe dinertie ou de nirvana.

?n reconnaNtra ici certains aspects de ce uon est convenu

dappeler lordre ps;c8osomatiue> toute)ois aouterai ue mme

dans ce cas e"trme> il est par)ois possile de repérer uelue c8ose

déuivalent F une ualité Q cest la ra!e, avec ses relations étroites

avec la contrainte> la )rustration et la*ression.

 Ainsi> contrairement F André reen = mais cela reste un point de

discussion => e ne conçois *uère> compte tenu de mes prémisses>

ue la déc8ar*e puisse saccomplir au lieu mme o la tension est

née> cest-F-dire dans le `a> F moins détendre F le"trme ses

limites> comme le voulait roddec[> ou ien encore de prolématiser

les distinctions topiues et structurales> comme ai dit tout F l8eure

ue e le cro;ais utile.

:est ici uintervient la notion de ré!ime économique  ui me

parait capitale et F lauelle du reste ai consacré eaucoup

dattention dans un travail antérieur. reen ne la pas non plus

né*li*ée> et nos points de vue se reoi*nent de nouveau lorsuil

souli*ne ue le point de vue économiue ne se limite pas F laspect

uantitati)> mais uil )aut tenir compte de la trans)ormation du

statut de léner*ie> de son passa*e de la lire circulation F la liaison.

'ans cette perspective> la)\ect au sens étroit ue e lui ai donné dans

le processus da0ectation naNt au décours dun moment précis> celui

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I/. A0ect et processus da0ectation (19$

dune e"périence économiue déGnie par une reprise de la lire

circulation de léner*ie lF o elle est normalement liée = étant e"clu

le domaine des petites uantités en*a*ées en particulier dans

lépreuve de réalité> le u*ement> etc. out se passe comme si les lois

du processus primaire étaient venues tout F coup> uoiue

rièvement> ré*ir le s;stème supérieur. ,accession limitée et

momentanée dune lire circulation de léner*ie F ce niveau tout F la

)ois émeut et permet des liaisons ualitatives nouvelles. !n son tout

premier déut> la situation est sans doute comparale F celle o la

uantité dé)erle dans le oi> comme reen le décrit> mais o *rTce

au pouvoir din8iition du oi elle évolue dans un re*istre di0érent.

?n peut dire ue la mémoire est réellement en*a*ée dans

le"périence> en*a*ée et nourrie du )ait de la constitution de

nouvelles traces mnésiues (on ne se souvient ue de ce ui vous a

touc8é.

:est ici ue e retrouve un des aspects de la notion de

ps;c8isation @ introduite par reen. i la0ect naNt avant ue de

nouvelles liaisons sétalissent> au moment o la séparation

économiue @ entre les divers éléments dun comple"e de

représentations est précisément suspendue> on conçoit uil nest

plus seulement lié F un uantum> mais aussi F des modiGcations de

ré!ime éner*étiue. :onsidérées sous cet an*le> on voit une )ois de

plus comien les )rontières entre les s;stèmes ps;c8iues sont

Huides. 'ans une sorte de pulsation ui est la vie mme> les

distinctions topiues sont mises en uestion> remaniées. Il sa*it lF> F

mon avis> dun temps primordial du processus da0ectation ui

précède et annonce lémer*ence imminente de la0ect proprement

dit> celui-ci étant spéciGé F partir dun état proc8e de la

dépersonnalisation> o ce ui a trait au corps> F lémoi> F la

sensation> F léranlement> au c8an*ement se trouve enc8evtré. Il

 va de soi ue cet état na pas les mmes connotations ue les accès

dramatiues de la névrose de dépersonnalisation> pour ma part e

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I/. A0ect et processus da0ectation (19$

penc8erais F le considérer comme la p8ase centrale du processus

da0ectation> leuel ici aoutit enGn F la0ect susceptile de toutes

ses nuances. Ainsi les émois vécus dans la dépersonnalisation ne

peuvent tre mis sur le mme plan ue les a0ects> puisuils nen

sont ue les temps premiers et nécessaires. :e sont des moments

)u*aces> F la limite de lindicile le plus souvent> mais ui ne sont

 amais asents> si recouverts uils soient sur le moment par la0ect

lui-mme ui reette ainsi ce ui a permis sa naissance. :e temps de

la dépersonnalisation pourrait correspondre F ce ue reen nomme

l'événement dans son modèle t8éoriue. Pour lui> en e0et> il sa*it

dune rupture dans une trame> dun moment o se condensent des

e"périences diverses dans lesuelles le saisissement @ est ré*ulier

et source dinuiétante étran*eté. Le reconnais toute)ois uF mon

sens> sil e"iste un certain rapport entre ce temps de

dépersonnalisation et lévénement dont parle reen> leurs )onctions

ne sont pas superposales. Pour proposer une ima*e> e dirai uF la

position de structure transitionnelle de la névrose de

dépersonnalisation dans la noso*rap8ie des ps;c8onévroses

correspond la situation transitionnelle du p8énomène de

dépersonnalisation dans la traectoire du processus da0ectation. !t

cest lF ue se situent les modiGcations souvent rusues du ré*ime

éner*étiue. ?r> on le sait> la dépersonnalisation est relative F une

perturation de léconomie narcissiue. reen écrit F ce propos> en

rappelant la situation du suet contemplant sa propre ima*e dans le

miroir Q ,a0ect est un oet de )ascination 8;pnotiue pour le oi.

,a0ect est ce ui> dans lanal;se> maintient le oi dans une position

de dépendance par rapport au narcissisme. @ !n tout cas> la situation

décrite ici est ien de celles ui se colorent dinuiétante étran*eté Q

en se découvrant> le suet se sépare de lui-mme pour se retrouver>

et cette e"périence> ui F un moment donné peut tre sin*ulièrement

dépersonnalisante> en*a*e pleinement le corps et la sensoria-lité.

 Ainsi> la saisie de lidentité passerait par le"périence dun

éranlement initial> cest-F-dire un saisissement.

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I/. A0ect et processus da0ectation (19$

%aute de pouvoir ici développer entièrement mes vues> e les

résumerai en disant ue le processus da0ectation est un mouvement

ui participe F la découverte ue le suet )ait de son identité> et uil

décrit une traectoire dans lauelle un p8énomène apparenté F la

dépersonnalisation occupe une place centrale> celle dun a*ent de

transition> avant ue ne se )orment les a0ects proprement dits. :es

derniers> lorsuils ne se limitent pas F leur rOle de témoin et F leur

)onction de déc8ar*e> cest-F-dire lorsuil e"iste un oi

su0isamment investi pour disposer de son pouvoir din8iition>

permettent l resaisissement du passé> participent F la constitution

de nouvelles traces mnésiues et F lélaoration de lactuel ui

constituera le passé vivant de demain.

:est par la sou0rance ue satteint la vérité du suet @> écrit

 André reen> e dirais ue cest par la0ect et le processus dont elle

est laoutissement.

!nGn> si l8allucination né*ative est la représentation de lasence

de représentation> plutOt ue de considérer avec reen le

p8énomène comme le0et le plus saisissant de la0ect> e le

rattac8erais F un temps particulier> transitoire du processus

da0ectation. ,8allucination né*ative serait alors relative F un éc8ec

du processus da0ectation> lorsuil tourne court au lieu de

saccomplir usuau out> puisuen déGnitive la vocation de la0ect

est de parvenir enGn F se dire.

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. otes sur l'évolution et la nature de l'ldéal du oi

(197/)

,Idéal du oi est lun de ces t8èmes> littéralement provocants

ui> comme celui de linconscient> tendent par nature F des

polémiues inGnies. !n e0et> uand on sen*a*e dans un e0ort de

conceptualisation> on se trouve situé dans un re*istre o sa0irme

naturellement une tendance s;nt8étisante et constructive> lauelle> F

son tour> ne peut manuer da0ecter loet mme ui est en

uestion. ?r> cette tendance se développe au" antipodes du *énie

propre au travail anal;tiue. Lentends celui ui se0ectue dans lasituation anal;tiue. ,e mouvement> lF> est essentiellement

réducteur> il ramène tout F lélémentaire> sinon au *rossier et nous

avons a0aire avec une mise en pièces radicale ui> et cest 8eureu">

élimine toute perspective normative et> pouruoi pas> moralisatrice.

'eu" remarues pour situer mon propos Q

1 ,évolution de lIdéal du oi me semle tre 8aituellement

considérée comme se0ectuant de manière continue. ustitut du

narcissisme perdu> lIdéal du oi serait secondairement proeté sur

le père *énital> auuel le suet doit enGn sidentiGer. !t lIdéal du oi

déGniti) @ contiendrait ré*ulièrement> en les dépassant> tous les

Idéau" du oi pré*énitau".

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 /. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+

Pour ma part> e ne crois pas F une évolution ré*ulière et continue

de lIdéal du oi. 'ans sa )orme ac8evée> il est le )ait dune rupture

évolutive et dune destruction de ses aspects antérieurs.

2 'u point de vue de sa )onction> lIdéal du oi est

*énéralement envisa*é dans une perspective optimiste.  Il serait

maturati) en permettant au oi dinté*rer toutes les p8ases de son

évolution et de réaliser proets et aspirations *rTce au"

identiGcations uil promeut.

 Le prétendrais plutOt ue> inéluctalement conHictualisé> lIdéal

du oi est nécessairement rétro*rade.

I. = !n diverses circonstances> depuis 1965> ai été amené Fpréciser ma position uant au destin de la pré*énitalité> tout au

moins dans le domaine des névroses de trans)ert. Lavançais alors

ue tout le vécu pré*énital est> en tant ue tel> entièrement détruit

lors de lhdipe classiue> pour tre récrit en termes de castration.

,antérieur> le précédent nest pas simplement ressaisi et coi0é par

les or*anisations en activité dans le présent = ce ui reviendrait F

introduire un point de vue de t;pe ac[sonien ui concerne sansdoute lordre neurop8;siolo*iue (encore ue mis en uestion lF

aussi> mais ui me semle particulièrement discutale lorsue la

prééminence du discours> du récit> sest a0irmée. Il sa*it lF dune

rupture et dune véritale mutation ui va déGnir> de manière

nécessairement tendancieuse> le premier vrai passé de lindividu.

'ès lors> nous naurons plus amais a0aire avec autre c8ose ue des

8istoires racontées> racontées plusieurs )ois et plusieurs )ois

dé)ormées. ,e caractère daut8enticité des premiers temps

dépendait de leur aspect élémentaire lorsue> sans masue ou

presue> la satis)action aussi ien ue loet susceptile de la

procurer étaient na\vement et directement visés. oute tric8erie

dans ces conditions était e"clue> mais le risue était immense = on

le retrouve dans certaines structures => cétait la déc8ar*e totale de

le"citation et donc le"tinction. ,a survie nest possile ue *rTce F

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 /. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+

un c8an*ement de re*istre> une )alsiGcation ui compliue tout en

médiatisant esoins et e"i*ences. Sre)> lévolution de lindividu ne va

pas vers une aut8enticité de plus en plus *rande> mais au contraire

 vers la tric8erie et le menson*e> dont il convient parado"alement de

)aire lélo*e.

,a personnalité> disons plutOt lappareil ps;c8iue> sédiGe donc

sur des décomres. !t il en va nécessairement de mme pour lIdéal

du oi Q lIdéal du oi primiti)> dont e veu" ien croire uil est

situé dans la traectoire du narcissisme> doit = tout comme le vécu

pré*énital = tre démoli lorsue lhdipe classiue sa0irme. Il nest

désormais plus uestion uil puisse tre retrouvé dans sa vérité ou

son éventuelle nature première. ,ui aussi devient menson*er J le

premier temps> narcissiue> correspondait F un moment de vérité car

il n; avait pas alors dalternative Q limplication narcissiue (celle-lF

tout au moins renvo;ait F un ce ui est @> indiscutale et lét8al. ,e

second temps modiGe radicalement ce statut de lIdéal du oi> car le

)acteur narcissiue a été 8appé par la prolématiue Edipienne.

'evenu mouvant> lIdéal du oi doit sécrire désormais au )ur et F

mesure du développement> en liaison avec les aléas nouveau" des

mouvements pulsionnels. Il est F son tour devenu tendancieu">

linstrument tendancieu" au service de plusieurs maNtres = en tout

cas pas une instance. ,a discontinuité est donc un aspect

caractéristiue de lévolution de lIdéal du oi> dont les aspects

successi)s> après la première )alsiGcation> la première complication>

ne peuvent avoir rOle de soutien ue dans la mesure o ils sont de

plus en plus 8eureusement menson*ers> ce ui leur con)ère> sur le

plan économiue> une certaine valeur )onctionnelle.

II. = Len viens maintenant au second point ui a trait F la nature

et lévolution> donc aussi au rOle> de lIdéal du oi F partir du

deu"ième temps dont il vient dtre uestion. :ontrairement au

urmoi> ui e"i*e un ne pas faire> lIdéal du oi en*a*erait> on le

sait> F un  faire. 'o lidée despoir et de proet ui lui est attac8ée.

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 /. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+

'ès lors> lopposition du urmoi F lIdéal du oi paraNt évidente. ?n

ne peut parler de urmoi ue lorsue est en*a*ée la triade Q sou8ait

incestueu"> culpailité et interdit paternel assorti dune menace.

,Idéal du oi> ui porte F laction> éc8apperait-il F lasorption dans

cette prolématiue M ,es c8oses ne sont pas simples> et ce nest

assurément pas par 8asard ue %reud> après avoir paru distin*uer

en 1914 lIdéal du oi dune instance innommée> )utur urmoi> en

 vient ensuite F les con)ondre. Lincline F penser ue la distinction

nest pas maintenue> sans doute en raison dune particularité de

lévolution de lIdéal du oi. Idéal du oi ui se trouve tre

inté*ralement ressaisi> comme la souli*né Lanine :8asse*uet> dans

la prolématiue Edipienne. Le dirais plutOt uil ; est dé)ait plus

uil ne s; dissout Q instance et instrument ne sauraient tre

misciles. !st-ce F dire ue la relation ori*inelle de lIdéal du oi

avec le narcissisme est maintenue telle uelle était M 3on plus. ,a

relation se0ectue maintenant avec le narcissisme de la mère.

 Alors> uen est-il du rOle ou de la )onction de lIdéal du oi> de

son aspect prospecti) M ,Idéal du oi> randi devant le oi du suet>

avec la mère présente et alliée dune série de proections de cet Idéal

du oi sur des modèles de plus en plus évolués J tout cela pour

assurer le meilleur développement> laccession F une maturité> re) 

une promotion> cest-F-dire destruction de lhdipe> c8oi" de

nouveau" oecti)s plus réalistes> etc.

!8 ien e n; crois *uère @. :e serait ien eau U :e serait

lidéal U A tel point uon peut se demander si la notion dun Idéal du

oi maturant @ nest pas une illusion> la création de lanal;ste

a0ecté par la marc8e ré*rédiente du travail anal;tiue. 'ans la cure>

en e0et> après le0iloc8ement des éventuelles amarres narcissiues

de lIdéal du oi> on voit sa0irmer la nouvelle nature de celui-ci ui

est dessence maternelle = la mère des temps Edipiens.

3uner* et !. Lacoson lont avancé = mais dans un autre

conte"te. 'es racines narcissiues on pourrait dire ue susiste le

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 /. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+

désir dtre aimé = puisue le )ait dtre aimé au*mente lestime de

soi. ais au moment o le vere paternel interdit et menace> le faire

renvoie inéluctalement F la mère Edipienne. Pour tre aimé delle

une voie privilé*iée Q accomplir pour elle un pro!ramme qu'elle n'a

pas pu réaliser. 7n pro*ramme pour laccomplissement duuel elle a

touours esoin dun représentant Q F savoir pour la réalisation de

ses ambitions p&alliques. ?n nen sort pas> et pour reprendre une

e"pression ien connue il sa*it uasiment dun roc> autre manière

de poser la prolématiue Q présence asence de pénis. ,a mère>

c8aNnon intermédiaire entre le narcissisme premier et la relation

oectale> ne lTc8e pas sa proie. 'ressée devant le suet> elle lui

impose ses amitions p8alliues. !t la réalisation de celles-ci devient

pour le suet le mo;en de"primer> de vivre son sou8ait incestueu".

 Au service de deu" maNtres> l'3déal du (oi apparat donc comme la

résultante des aspirations p&alliques de la mère> inexpu!nables, et

du fantasme incestueux de l'enfant.

Ici> nous navons pas a0aire avec une version simple de

léventuelle tentative de séduction du *arçon par la mère> le *arçon

amené alors F croire uil pourrait tre un partenaire se"uel

satis)aisant avec> on le dit> pour conséuence linévitale

constatation dune incapacité morp8o-p8;sio-lo*iue. 3on> e ne le

pense pas> car on oulierait alors uil sa*it touours> pour len)ant

aussi> de réalité ps;c8iue o le )antasme est roi et tout-puissant. :e

ui écarte len)ant de la mère en tant ue partenaire se"uel> cest

(prolématiue classiue du urmoi mise F part le )ait uun autre

rOle lui a été conGé. !t nous serions con)rontés avec un simple

prolème de déplacement> donc de masue. 'ans lanal;se ce ue

lon découvre> cest une stratiGcation de versions plus ou moins

dé)ormées de cette rencontre ui a nom Idéal du oi et dont la

*randeur et la valeur )onctionnelle tiennent précisément au de*ré de

complication et de )alsiGcation dont les états premiers sont loet. i

lon est destiné F élaorer constamment de nouveau" Idéau" du oi>

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 /. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+

cest parce ue c8acun deu" se trouve tre constamment en passe

dtre démasué en tant uavatar du sou8ait incestueu". ,a

multiplicité renverrait donc F luniue. <ien détonnant F ce ue le

dialo*ue entre le oi et lIdéal du oi reste si secret.

,Idéal du oi re*arde donc en arrière> et lon est en droit de se

demander si lart nest pas nécessairement réactionnaire @. ,e

urmoi> au reste> ne s; trompe pas. ,a preuve en est spécialement

)ournie par les activités dites créatrices> touours intensément

conHictualisées> lorsue lon voit le urmoi punir le suet en lui

imposant des normes et une per)ection impossiles F atteindre> car

le proet incestueu" de lIdéal du oi a été démasué. 'ramatisé> le

urmoi dirait Q u veu" me tromper en c8erc8ant F reoindre la

mère par la voie détournée ue ton Idéal du oi te propose> ton

c8Ttiment sera ue cette voie = dont tu ne sais peut-tre mme pas

ce uelle dissimule = sera tellement diHlcultueuse ue tu seras

renvo;é F ton insu0isance. @

!t la situation apparaNt comme spécialement ine"tricale si lon

pense ue le père> loet didentiGcation> a déF été c8ar*é dune

mme mission U :elle> précisément> daccomplir les amitions

p8alliues de son épouse. ,identiGcation avec le père> ui introduit

dans le suet les ennemis du plaisir> lui propose parallèlement un

oecti) entièrement contradictoire avec les limitations uil veut par

ailleurs lui imposer.

 Apparemment li*otée> cest en )ait la mère ui conduit le al.

 Ainsi séclaire> en partie> le prolème posé par les cas o lIdéal du

oi paraNt tre dessence paternelle. Lincline F penser uil n; a lF

rien dautre ue le0et dune soumission 8omose"uelle>

particulièrement retorse> puisue F travers elle cest touours le

mme oecti) ui est visé Q réaliser le pro*ramme p8alliue de la

mère.

:onsidérer lIdéal du oi comme un instrument rétro*rade et

)alsiGcateur> élaoré F partir du pro*ramme p8alliue de la mère J

126

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 /. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+

léuation Q Idéal du oi pro*ramme p8alliue de la mère avatar

du sou8ait incestueu"> serait-ce lF une vue partielle et pouruoi pas

partiale M Il serait tentant de le dire> en aoutant ue lIdéal du oi

ue ai été amené F décrire est un )au" Idéal du oi> ui serait F

opposer F un Idéal du oi vrai. Peut-tre> mais F mon sens la

distinction> ici> du vrai et du )au"> est pour le moins illusoire> car seul

le )au" e"iste> et il est F lui seul d;namiue> sinon ce serait

le"tinction. Par parent8èse e dirais uil en va de mme dans un

autre ordre didées lorsuon oppose un vrai et un )au" self. i tant

est ue la notion de self   soit recevale> on ne saurait amais

rencontrer ue de )au" self,  une stratiGcation de )au" self :  car le

masue avec la vie du vere a dK se sustituer F ltre.

!nGn> et cest par cela ue e terminerai> on pourrait encore

moecter ue lIdéal du oi dont il a été ici uestion ne concerne

ue des structures perverses. A cet é*ard e crains de devoir

répondre F la manière du )ameu" emprunteur de c8audron.

 Le crois> pour commencer> ue le modèle ue ai proposé

impliue> pour le suet> un aord de lhdipe avec un contin*ent

pulsionnel su0isant et un oecti) ui ne me paraNt pas découler

essentiellement de ses pulsions partielles> ien au contraire. i> dans

la prolématiue> les pulsions partielles devaient avoir leur part> ce

seraient celles de la mère.

!t puis> si> comme e le crois> la caractéristiue mme de la

se"ualité 8umaine est dtre perverse> il est 8eureu" ue> pour le

pervers ue c8acun se trouve tre> il ; ait une alternative F limpasse

)éconde do procède et o reconduit lIdéal du oi.

12$

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I. #ra0ectoire de la isexualité (1972)

,e rapport de :8ristian 'avid vient 8eureusement comler une

lacune de la littérature ps;c8anal;tiue> sensile spécialement en%rance. A ma connaissance> la uestion de la ise"ualité na amais

été aordée de )açon aussi lar*e> aussi s;stématiue> et avec autant

de pro)ondeur> e ne suis sKrement pas le seul F en avoir eu le

sentiment. Il )aut rappeler aussi = ce nest pas inutile puisue le

souci de produire un e0et sur le lecteur> si possile en le déroutant>

parait tre le principal dans ien des écrits ui nous sont proposés

=> il )aut rappeler> donc> uelle satis)action on tire dun te"tecapale de transmettre réellement un savoir> une e"périence et une

réHe"ion. A cet é*ard> e souscris entièrement au" remarues

critiues de :8. 'avid> dans le dernier c8apitre de son travail> sur

linHuence dun certain irrationalisme F la mode> ui déclare la

rec8erc8e de la vérité caduue et tend mme F dévaluer le

déc8i0rement des si*niGcations.

ZF

 Le suis pleinement daccord avec un premier point> posé en clair

dans le titre mme du rapport Q de mme uen parlant de se"ualité

nous entendons touours ps;c8ose"ualité> de mme cest touours

avec la bisexualité ps%c&ique ue nous avons a0aire. :ela dit> il est

certain ue cette manière de voir> F nos ;eu" toute naturelle> nous

porte )acilement F minimiser le rOle de lordre io-anatomo-

12&

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 /I. raectoire de la ise"ualité (19$5

p8;siolo*iue o tout pourtant trouve son ori*ine. Il est vrai uen

éc8an*e

nous ; *a*nons en co8érence> puisue par lF nous pouvons

prendre uelue distance relativement F une articulation

impossile @ entre deu" ordres de )aits F certains é*ards

8étéro*ènes.

:8. 'avid a )ort ien vu F uoi e"pose une pareille attitude> aussi

met-il plus dune )ois en *arde contre tout ce ui pourrait conduire F

rompre le lien de la ps;c8ose"ualité et de la ise"ualité ps;c8iue

avec la réalité se"uelle corporelle @. 'un autre cOté> il me semle

ue cette )açon de poser le prolème dénote un c8oi"> F tout le

moins le c8oi" dun accent. Ainsi dans cette p8rase o> après avoir

souli*né la nécessité du lien en uestion> lauteur a0irme ue

ps;c8ose"ualité et ise"ualité ps;c8iue déordent lar*ement la

réalité se"uelle corporelle et par)ois mme sen rendent

indépendantes. !n cela il se ré)ère F ,. reisler Y ui lui aussi en

 vient F )aire prévaloir environnement socio-)amilial et vie

)antasmatiue sur tout autre )acteur> aucun élément iolo*iue>

selon lui> nétant  jusqu'ici  F mme de rendre compte de la

ise"ualité. ?r> ustement> cest ce jusqu'ici ui me paraNt important.

%reud pour sa part sest *ardé de tranc8er dans le déat Q il

maintient tranuillement les deu" )açons de voir

= celle ui )ait F la ré)érence iolo*iue une place dominante et

celle ui la réduit ou mme le"clut = dans une sorte de

 u"taposition ui me paraNt tre une précieuse indication.

,orsue :8. 'avid nous dit> F propos de la G*uration dans le rve>

ue lanatomie a valeur de si*niGant essentiellement relié F

le"i*ence de G*urailité> o les représentations ima*ées de divers

caractères se"uels... en*a*ent léro*énité *loale du corps bien en

deç du *énital> et entrent en résonance avec lérotiue personnelle

bien au)del du se"e> il est certes tentant de le suivre dans cette

 voie. ais uel ue soit le poids de lar*ument> e crains uon ne

129

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 /I. raectoire de la ise"ualité (19$5

soit amené par lF F comprendre le se"uel comme uelue c8ose de

di0us> dassimilale en uelue sorte F la vie en *énéral> ce ui

entraNnerait une certaine neutralisation de la ps;c8ose"ualité> celle-

ci étant alors e"posée F perdre son lien )ondamental avec la

 jouissance. ,e passa*e de P. c8ilder cité dans le rapport montre

ien le dan*er. raitant des possiilités de trans)ert

1. ,. reisler> ,es interse"uels avec ami*u\té *énitale @> in  La

 9s%c&iatrie de l8enfant, CIII> n^ 1> 19$> p. 5-12$.

de ce ui se passe dans une partie du corps F une autre> c8ilder

déGnit les notions de saillie  et de cavité  comme les déterminants

)ondamentau" de notre attitude F lé*ard du corps et de lima*e du

corps. ?r cest inverser la conception ps;c8anal;tiue classiue> ui>

elle> voit lori*ine de ces notions de saillie et de cavité> notions

astraites et opératoires> dans la représentation )ortement investie

des or*anes *énitau". Il n; a pas un en deçF de lima*e du se"e

érotiuement investie J les idées ne viennent uaprès> de surcroNt> et

lor*ane *énital est la ré)érence pour tous les or*anes> voire pour le

corps tout entier.

ais revenons au rOle de lenvironnement )amilial et F celui du

)antasme ui> dit-on> sont capales de sumer*er les )orces

iolo*iues et le déterminant anatomique  dans la di0érenciation

ps;c8ose"uelle. Il est certain ue lattitude inconsciente de la mère

intervient plus ou moins lar*ement dans cette di0érenciation. 'ans

un autre passa*e cité par :8r. 'avid> reisler concède ue ces

attitudes inconscientes sont déterminées au moins en partie par la

 vue des or*anes *énitau" du nouveau-né> ce ui revient F conGrmer

limportance du )acteur anatomiue. ais ce ui pour ma part me

semle essentiel> cest ue dans limmense maorité des cas> lanato-

mie du nouveau-né et les )orces iolo*iues ui la conditionnent ont

un poids asolument décisi). ,e re*ard intensément se"ualisé @ ue

la mère porte sur le se"e anatomiue de son nouveau-né = un se"e

immédiatement reconnu par linconscient comme porteur dune

1+

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 /I. raectoire de la ise"ualité (19$5

capacité de ouissance = inHuence son attitude ien davanta*e ue

les ami*u\tés de sa )antasmatiue personnelle. 'ans le cas

contraire> cest évident> les transse"uels seraient inGniment plus

nomreu" uils ne le sont.

 Le me méGe donc de tout ce ui> distendant par trop les

interrelations entre les ordres iolo*iue et ps;c8iue> risue de

)aire de la ise"ualité ps%c&ique  uelue c8ose de désincarné.

3oulions pas en e0et ue lorsuelles sont accessiles> les G*ures

liées F la ise"ualité ne sont pas seulement ni avant tout des

attitudes ou des mouvements de la pensée J ce sont des ima!es> des

représentations dor*anes et de )onctions = des )antasmes ui ont

du corps.  %aute de pouvoir ici mappesantir sur cet aspect du

prolème> e me orne F rapporter rièvement uelues cas

cliniues propres F léclairer> en précisant toute)ois ceci Q les G*ures

ou les )antasmes dans lesuels la ise"ualité se"prime clairement

sont touours marués par des traits détran*eté ui> dune part>

contriuent F leur donner ce ue appelle du corps, et dautre part

les apparentent F des s;mptOmes> au" moments dune évolution.

:est donc de ces G*ures sin*ulières ue e pars pour aorder la

ise"ualité normale @> de la mme )açon ue %reud sest attac8é au

s;mptOme 8;stériue> par e"emple> pour comprendre le

)onctionnement normal @ de lappareil ps;c8iue en *énéral.

7n 8omme eune était venu consulter pour des di0icultés

dérection. on t8érapeute> une )emme> rapporte uau moment o le

patient lui parle de ses essais in)ructueu"> elle a soudain le )antasme

suivant Q elle est dotée dun pénis implanté au eau milieu de son

propre adomen> entre puis et nomril. :e pénis ui lui sort

littéralement du ventre> cest en vain uelle se0orce> mentalement>

de le )aire descendre F une position plus naturelle. Srusuement elle

comprend uen ima*inant une localisation aerrante de lor*ane>

elle e"prime son désir de le posséder sans toute)ois renoncer F ce

uelle possède déF Q Lai tout> se dit-elle> cela a F voir avec la

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 /I. raectoire de la ise"ualité (19$5

*rossesse. @ !lle se rappelle alors ue la Gancée de son patient était

censée ne pas pouvoir avoir den)ant.

 Autre cas. 7ne patiente me )ait part de son troule Q uoiue

médecin> elle ne sait plus si le pénis passe au-dessus ou au-dessous

de la s;mp8;se puienne. A;ant rapporté le )ait F des 8ommes> ai

constaté ue certains éprouvaient un sentiment de doute et

détran*eté> ui saccompa*nait dune impulsion = évidemment

comattue = F vériGer ce uil en était réellement U Len ai conclu

ue dans tout ce ui a trait au" p8énomènes de dépersonnalisation

et> en *énéral> au" prolèmes de lidentité> la prolématiue

ise"uelle doit tre prise en considération.

 /oici maintenant un matériel oniriue remaruale> ui évoue la

coutume dont :8. 'avid a parlé> F savoir la suincision du pénis

pratiuée par certaines trius australiennes et nommée

traditionnellement va*in @. 7n 8omme eune )ait le rve suivant Q il

consulte un médecin pour un s;mptOme mal déterminé ui a0ecte

son appareil *énito-urinaire. andis ue le médecin le"amine> il

découvre sur le cOté de son pénis ou F pro"imité de lor*ane une

poc8e ui> dans le rve mme> le )ait penser F un va*in. 'un *este

preste> le médecin porte la main sur cette poc8e pour en )aire sortir

un second pénis,  en sécriant Q ,a voilF> la raison de vos

sou0rances U @ Le nentrerai pas dans le réseau des associations ui

se sont développées F partir de lF> e veu" seulement montrer

comment les G*ures de la ise"ualité viennent pour ainsi dire se

mettre au service dune prolématiue névrotiue classiue> et

comment le *lissement de sens a0ecte par)ois le mot ise"uel @ lui-

mme> ui si*niGe alors deux pénis. ?n aura dailleurs remarué ue

dans tout ce matériel cliniue> il ne sa*it amais ue dun ajout, ce

ui articule nettement la prolématiue ise"uelle avec celle de la

castration.

 Laimerais enGn mentionner un )ait ue la ps;c8osomatiue nous a

permis doserver. ?n connaNt ien maintenant certains traits de

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 /I. raectoire de la ise"ualité (19$5

comportement = compétitivité> esoin dindépendance> intolérance F

la passivité = ui> c8eX les suets atteints de maladie ulcéreuse

duodénale> pourraient presue tre assimilés F une structure tant ils

sont précis et or*anisés. ?r c8eX la )emme> ui est de plus en plus

atteinte de cette a0ection> on a pu oserver parallèlement au

comportement viril @ rappelé plus 8aut> et dans des proportions

statistiuement si*niGcatives> les caractères morp8olo*iues dan-

dro*;nie Q disparition du cubitus val!us,  présence dun appendice

";p8o\de> pilosité puienne remontant sur la li*ne lanc8e. :est lF

lun de ces )aits de"périence ui demandent certes F tre

interprétés> mais ui> me semle-t-il> ne devraient pas tre né*li*és.

7n mot encore sur le rapport entre ps;c8ose"ualité et ouissance.

?n parle souvent F propos de ise"ualité du )antasme de maternité

c8eX l8omme. Lai été )rappé plus dune )ois de la )acilité avec

lauelle ce )antasme émer*eait> tout se passant comme si> pour

)ormuler ce sou8ait ou accepter de le rapporter F tel ou tel appétit

de réalisation> l8omme navait pas une ien *rande résistance F

 vaincre. !n )ait ai pu constater en diverses circonstances ue ce

)antasme de maternité> ui pour certains )erait pendant F lenvie du

pénis c8eX la )emme> recouvrait un )antasme ien di0érent Q celui de

posséder é*alement lappareil )éminin (clitoris> vulve> va*in> en tant

que dispensateur de jouissances supposées plus !randes. ,a preuve

en est ue> dans les )antasmes de l8omme> la trace dun appareil

se"uel oulié @ est uelue)ois localisée dans la ré*ion comprise

entre la ase du pénis et lanus> ré*ion ui prend alors la valeur

dune Xone éro*ène ori*inale. ,enracinement de la ise"ualité

ps;c8iue dans le corps me paraNt donc assuré par le plaisir et la

 ouissance> lesuels sont encore une pièce essentielle de

larticulation entre identité et ise"ualité. i*niGcati) F cet é*ard est

le cas particulier du masoc8iste pervers> )orcé par son économie

mme F une rec8erc8e e"trme de la ouissance> et c8eX ui

lan*oisse de castration peut littéralement se volatiliser Q il est prt

1++

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 /I. raectoire de la ise"ualité (19$5

en e0et F renoncer @ F son pénis en éc8an*e dune puissance

or*astiue nécessaire F une meilleure délimitation de son oi1. Louir

comme une )emme = cest peut-tre parce uil assume ce désir>

après avoir su0isamment élaoré son an*oisse de castration> il est

 vrai> ue lanal;ste de se"e masculin peut tirer pleinement parti de

son contre-trans)ert et mme se vivre dans la relation anal;tiue

avec une patiente non seulement comme )emme> mais é*alement

comme )emme 8omose"uelle.

Pour une t8éorie de la ise"ualité> le masoc8isme pervers ue e

 viens dévouer me paraNt spécialement di*ne dintért. ,étude ue

 e lui ai consacrée est sur ce point asseX démonstrative puisue nous

 ; vo;ons le masoc8iste e"poser sa ise"ualité dans sa c8air mme 2.

Parmi les tatoua*es dont cet 8omme était couvert> e ne rapporte ue

ceu" ui nous concernent ici Q Le suis une salope @> Le suis une

putain @> erveX-vous de moi comme dune )emelle> vous ouireX

ien. @ 'après lui> dailleurs> son anus aurait été élar*i de telle sorte

uil ait lair dun va*in @> ce ui se passe naturellement de

commentaires. oute)ois ai dautres raisons t8éoriues dinsister

sur ce cas spécialement démonstrati).

:est lui ui ma su**éré na*uère de sustituer au terme de

masoc8isme celui de mouvement masoc&ique, entendais par lF un

processus comprenant comme autant détapes évolutives le

masoc8isme éro*ène> le masoc8isme dit )éminin et le masoc8isme

moral (cette idée de mouvement inspirait é*alement la notion de

processus d'a6ectation ue ai proposée

1. :).> infra,  7n cas de masoc8isme pervers. !suisse dune

t8éorie @.

2.  3bid.

en 19$> dans une intervention sur le rapport dA. reen> pour

déGnir un traet allant du plus pro)ond de lappareil ps;c8iue et

mme du corps> o le p8énomène prend sa source> vers ce point

évoluti) e"trme o le lan*a*e spéciGe lémoi. 7ne démarc8e

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 /I. raectoire de la ise"ualité (19$5

analo*ue me conduit ici F parler de trajectoire de la bisexualité,

notion capale> me semle-t-il> de réduire uelue peu lopposition

entre ise"ualité iolo*iue et ise"ualité ps;c8iue. elon moi> en

e0et> la ise"ualité ps;c8iue se !a!ne,  elle est le terme dune

évolution au cours irré*ulier> di0icile> touours en dan*er de

sarrter. ,e masoc8iste pervers> le transse"uel> l8omose"uel

mapparaissent comme des moments de cette traectoire ui> partant

dun statut iolo*iue )ondamental> aoutit F ce ue appellerai une

ise"ualité ps;c8iue complète> cest-F-dire F un point o les

composantes masculine et )éminine sont si ien inté*rées uelles ne

peuvent plus> idéalement> tre ni reconnues ni dissociées. i ces cas

tellement ami*us (transse"uels> travestis> etc. ont lavanta*e de

déGnir certaines étapes du développement de la ise"ualité> cest

donc précisément F leur propos ue parler de ise"ualité ps;c8iue

me paraNt le moins ustiGé. Il ; aurait plutOt lieu de considérer le

prolème sous lan*le dun rapport éventuel unissant> ou opposant>

une ise"ualité ps;c8iue pleinement élaorée et la ise"ualité

inconsciente évouée par :8. 'avid> dans lauelle intervient

décisivement le mécanisme du re)oulement. Le note encore ue cette

traectoire avec ses di0érents moments peut apparaNtre c8eX un

mme individu> tout se passant comme si linté*ration des

composantes masculine et )éminine se0ectuait au r;t8me alternati) 

de mouvements pro*rédients et de mouvements ré*rédients> si e

puis me permettre cette analo*ie. !n témoi*nent les )antasmes et

activités oniriues ue e mentionnais plus 8aut> ainsi ue certains

moments de lactivité se"uelle. ,élaoration de la ise"ualité>

iolo*iue dans son essence> nest amais acuise déGnitivement J

elle est alonnée par la résur*ence de G*ures intermédiaires> preuves

dun ac8oppement du mouvement dinté*ration> dans lesuelles

lopposition entre tendances masculines et tendances )éminines

revt des )ormes plus ou moins spectaculaires. A partir de lF> on

serait tenté de déGnir la ise"ualité essentielle comme une exi!ence

de travail imposée l8appareil

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 /I. raectoire de la ise"ualité (19$5

ps%c&ique, ce ui )ait penser F la déGnition de la pulsion.

,a remarue dune patiente ui> en reconnaissant soudain

le"pression mani)este de ses tendances masculines et )éminines

sécrie Q Le ne suis ni un 8omme> ni une )emme> e ne suis rien du

tout U @> me conduit F aorder rièvement la uestion de lidentité.

ans appro)ondir tous les aspects du lien ui unit identité se"uelle et

identité tout court> e retiendrai surtout ue les sin*ularités

anatomiues> p8;siolo*iues> ps;c8iues ou de comportement

passent asseX )acilement pour des e"pressions de la ise"ualité. ?r

uand ces sin*ularités apparaissent dans un climat détran*eté = ce

ui est )réuent => elles traduisent souvent une précarité de

linvestissement du oi> donc une perturation du sentiment de

lidentité. :est pouruoi on incline F considérer la ise"ualité

ps;c8iue comme un )acteur de moridité et de )ra*ilité> ce ue :8.

'avid na pas tort de critiuer. A ri*oureusement parler> la

ise"ualité essentielle nest pas un )acteur de moridité> mais un )ait

asai ue lappareil ps;c8iue doit traiter> cest-F-dire élaorer> et

non pas dissoudre comme certains le voudraient.

 Le viens maintenant F considérer> touours sous lan*le dune

trajectoire de la ise"ualité> les relations de la ise"ualité et du se"e

)éminin> au"uelles :8. 'avid sest lon*uement attac8é. Pour lui> il

est clair ue si %reud na pas )ourni une t8éorie ac8evée de la

ise"ualité> cest en raison de ses positions insu0isantes sur la

)éminité et de la prévalence uil attriue au p8allus dans les deu"

se"es. Le me demande au contraire si la dominante )éminine ne )ait

pas ostacle F une pleine ise"ualité ps;c8iue> aoutissement de la

traectoire o tendances masculines et tendances )éminines sont

indissociales et> dans le meilleur des cas> impossiles F identiGer.

,e plein développement de la ps;c8ose"ualité permettant

linté*ration de la )emellité @ et par conséuent une ise"ualité

ps;c8iue complète> il me semle en e0et ue cest le p8allus ui>

avec la castration> est seul en mesure de lassurer.

1+6

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 /I. raectoire de la ise"ualité (19$5

il est vrai ue lemr;on mTle résulte de lévolution dune

éauc8e )ondamentalement )emelle (ou neutre encore> et uainsi

une doule e"i*ence lui soit imposée presue dès le déut J sil est

 vrai ue le *arçon doit conuérir son identité de *arçon> alors ue

pour la Glle le sentiment de sa )éminité va de soi> il )aut admettre

ue le *arçon doit )aire )ace F une plus *rande e"i*ence de travail.

Sien ue soumise F la nécessité dun triple c8an*ement doet> la

Glle> nous dit-on> na pas de)Nort spécial F )ournir pour accéder F la

mme identité ue sa mère J dès lors le manue F tre *arçon @>

lisile usue dans le destin de lemr;on dont elle est issue> ne

représente pas un )acteur dévolution> mais ien plutOt une cause de

G"ation. 'e lF ue c8eX elle> les caractères de la ise"ualité soient

plus mani)estes et plus )réuents uon ne le dit Q ils témoi*nent dun

arr*t  de la traectoire évolutive de la ise"ualité> tout comme la

)éminité elle-mme ui> lorsuelle est revendiuée ostensilement>

nest ien souvent ue le masue dune e"i*ence p8alliue.

 Le voudrais enGn marrter un instant F lidée de médiation

bisexuelle, introduite dans le dernier c8apitre du rapport> F uoi :8.

'avid accorde visilement une importance e"trme. :est en e0et

une notion essentielle> dont pour ma part e retiendrai surtout un

aspect Q lassimilation de la ise"ualité F un processus créateur.

:est un )ait doservation courante ue certains 8ommes dont le

talent artistiue est reconnu présentent des traits )éminins marués>

tandis ue les )emmes a;ant F uelue titre une aut8entiue activité

créatrice montrent par)ois des caractères virils. %aut-il en déduire

ue la présence ou la prédominance c8eX un individu des caractères

propres au se"e opposé a la valeur dun processus créateur M Lavoue

mon emarras. 'après :8. 'avid> on se plaNt dordinaire davanta*e

F souli*ner les e0ets in8iiteurs et la moridité éventuelle de la

ise"ualité ue sa capacité de médiation> son pouvoir de créer. ans

doute> mais na-t-on pas é*alement lié étroitement moridité et *énie

artistiue M ,es e"emples ne manuent pas> reste F savoir si on peut

1+$

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 /I. raectoire de la ise"ualité (19$5

sappu;er sur eu" pour avancer ue> du point de vue de la créativité>

ise"ualité et moridité ont des )onctions identiues et doivent par

conséuent tre rapproc8ées. A mon avis> mieu" vaut envisa*er le

prolème autrement.

il ; a dans la ise"ualité un élément créateur> ou plutOt des

conditions propres F )avoriser la création> cest *rTce F une tension

conHictualisée entre tendances masculines et tendances )éminines>

lesuelles imposent F lappareil ps;c8iue un travail ori*inal>

proprement créateur ou non> précisément parce uelles ne sont pas

inté*rées F un niveau su0isant. 'ans cette perspective> on pourrait

dire ue le"i*ence est dautant plus *rande ue lélément opposé au

se"e iolo*iue est plus important. ,a créativité> F uoi soit dit en

passant e nattac8e pas une valeur particulière> serait alors F

considérer comme la conséuence presue )atale dun con$it, et les

oets créés nen seraient ue les e0ets latérau". <endue possile

par les ac8oppements de la traectoire de la ise"ualité = la G"ation

du mouvement évoluti) en certains points étant mise en évidence par

des attitudes> )antasmes> )ormes dactivité se"uelle> etc.>

caractéristiues du se"e opposé => la créativité na pas de raison

dtre> tout au moins sous la )orme ue nous connaissons> lorsue

lopposition discordante des tendances masculines et )éminines sest

résolue par leur inté*ration. :e ui> 8eureusement peut-tre> ne doit

pas se produire trop souvent.

1+&

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Troisième partie

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I. 3n cas de !asocis!e pervers Esuisse d'une

téorie (1975)

,a rec8erc8e de léc8ec> de la peine> lassouvissement dun esoin

pro)ond de c8Ttiment> cest ien avec cette trame commune F la

plupart de ses patients ue lanal;ste a essentiellement F )aire. ur

ce masoc8isme dit moral> et dans leuel la se"ualité semle de prime

aord ien peu en*a*ée> eaucoup a été écrit. Il en va de mme de

cette autre )orme de masoc8isme o le devant de la scène est occupé

par une vie )antasmatiue importante> liée directement F la

satis)action se"uelle> et o le suet sima*ine tre 8umilié> maltraité>réduit F merci.

!n revanc8e> le masoc8iste pervers> celui c8eX ui les sévices sont

el et ien a!is, ui vit dans son corps ce ui nest ue )antasme

pour certains> et ui en tire ouissance> le ps;c8anal;ste na *uère

loccasion de le rencontrer. :est pouruoi la plupart des travau"

concernent en )ait surtout le masoc8isme moral et le masoc8isme dit

)éminin> mme lorsuon reconnaNt avec %reud ue leur ase

commune est ien le masoc8isme éro*ène.

,intért t8éoriue du masoc8isme pervers est si évident uon

pourrait sattendre> lorsuil vous est donné den oserver un cas>

uon s; attac8Tt sans retard. Pourtant loservation dont il va tre

uestion ici a été relevée voici plus de di" ans> et e ne pense pas

uon puisse mettre ce lon* délai entre parent8èses> car il dit

14

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

précisément sur le cas uelue c8ose dessentiel et de si*niGcati). Au

demeurant> le matériel ne provient pas dune cure> mais de deu" très

lon*s entretiens uF lépoue e nai pas sou8aité poursuivre> ce ui

eKt été

possile> de mme ue ai di0éré lon*temps le moment de m;

intéresser. !n e0et> les pratiues perverses dont il sa*it ici sont si

e"trmes> si spectaculaires> ue lon reste daord interdit. A tel

point ue presue tout ce ui a été rapporté F cet é*ard parait terne

lorsuon le compare au" sévices endurés par mon suet. :e taleau

inspirera sans doute F eaucoup un mélan*e de )ascination et

dincrédulité 8orriGée> avec le sentiment ai*u ue tout ce uon en

dira ne sera amais uune rationalisation dé)ensive plus ou moins

réussie.

onsieur .> mon suet> était peut-tre ien lui-mme de cet

avis J en tout cas> mal*ré la *rande aménité et la simplicité avec

lauelle il se présentait> il laissait deviner une attitude naruoise et

provocante F lé*ard de linterlocuteur (le trait démonstrati) de 8.

<ei[. :es particularités relationnelles e"pliuent au moins autant

ue la monstruosité des pratiues perverses mon peu

dempressement F étudier le cas.

onsieur . était T*é de soi"ante-cin ans lorsue ai été amené

F mentretenir avec lui. Il avait été découvert  par une collè*ue

radiolo*ue uil avait consultée F la suite dune 8émopt;sie restée

sans lendemain. :ette collè*ue avait pratiué le"amen p8;siue>

relevé minutieusement toutes les traces des pratiues perverses et

procédé F un premier entretien> au cours duuel elle avait invité

notre suet F venir me voir. onsieur . accepta la proposition sans

di0iculté> en e"pliuant ue cela pourrait *tre  utile un our F

dautres personnes a;ant la mme perversion ue lui. Il reconnut en

outre uil espérait peut-tre trouver lF uelue occasion dtre

8umilié> et en mme temps de comprendre mieu" son étran*e statut.

a curiosité était en e0et demeurée insatis)aite car> a;ant tout lu sur

141

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

le masoc8isme> il avait été ré*ulièrement déçu. !n )ait> ien dautres

)acteurs> on le verra plus loin> ouaient é*alement dans sa décision.

!n apparence> . avait les de8ors et les 8aitudes dun monsieur

ien tranuille. Il tenait du reste asolument F ce ue son entoura*e

)amilier> i*norant tout de sa perversion> ne risuTt en aucun cas den

tre in)ormé. aintenant retraité> il avait été un ouvrier 8autement

ualiGé en radio-électricité. ?n lavait tenu en une telle estime> en

raison mme de sa compétence> uil avait pu imposer F ses

emplo;eurs toute une série de conditions de travail> en particulier

relativement au" 8oraires et F la durée des vacances. Il répu*nait

tout spécialement F lidée de"ercer une autorité> doccuper un poste

diri*eant. 'onner des ordres ou en recevoir lui semlait tre de

nature F aliéner sa lierté U ,ierté F lauelle il était très attac8é> et

ui se"primait dans les lon*ues marc8es solitaires ui occupaient

ses vacances. Il vivait dans un petit pavillon de anlieue> avec sa Glle

adoptive et le mari de celle-ci. Sre)> une e"istence sin*ulièrement

dépourvue de masoc8isme moral. ais uel contraste lorsue son

corps était e"posé U ,es notions de uantité et dintensité étant de

nature> lorsuelles attei*nent un certain niveau> F modiGer la

ualité et le sens dun p8énomène> on peut a priori penser ue les

pratiues masoc8iues ne )ont pas e"ception. Le"poserai donc ces

pratiues en détail> on pourra du reste ; trouver matière F modiGer

certaines conceptions sur la perversion en cause.

oit> pour commencer> la liste des tatoua*es relevés avec

précision et ui couvrent pratiuement le corps entier> le visa*e

e"cepté. 7n tatoua*e postérieur> Au rendeX-vous des elles

ueues @ J latéralement> avec une Hèc8e Q !ntrée des elles

pines @ J devant> en plus des pénis tatoués sur les cuisses> une liste

impressionnante Q Le suis une salope @> Le suis un enculé @> /ive

le masoc8isme @> Le ne suis ni 8omme ni )emme> mais une salope>

mais une putain> mais une c8air F plaisir @> Le suis une c8iote

 vivante @> Le me )ais pisser et c8ier dans la ouc8e et avale tout

142

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

avec plaisir @> Laime recevoir des coups sur tout le corps> )rappeX

)ort @> Le suis une salope> enculeX-moi @> Le suis une putain>

serveX-vous de moi comme dune )emelle> vous ouireX ien @> Le

suis le roi des cons> ma ouc8e et mes )esses so0rent au" elles

pines @. Zuant au" cicatrices et au" traces de sévices> elles ne sont

pas moins saisissantes. ,e sein droit a littéralement disparu> il a été

rKlé au )er rou*e> traversé par des pointes> et arrac8é. ,omilic est

trans)ormé en une sorte de cratère> du plom )ondu ; a été introduit

et maintenu> en raison des proections dues F la sueur> par une ti*e

métalliue portée au rou*e. 'es lanières avaient été découpées dans

le dos pour ; passer des croc8ets aGn ue onsieur . puisse tre

suspendu pendant uun 8omme le pénétrait. ,e petit orteil du pied

droit manue> il aurait été amputé par le suet lui-mme avec une

scie F métau"> sur ordre du partenaire. ,a sur)ace de section de los

étant irré*ulière> elle aurait été é*alisée avec une rTpe. 'es ai*uilles

ont été introduites un peu partout> dans le t8ora" mme. ,e rectum a

été élar*i> aGn uil ait lair dun va*in @. 'es p8oto*rap8ies ont

été prises au cours de cette intervention. :e ui est F noter> cest

uaucun de ces sévices na été suivi de la moindre suppuration>

mme lorsuil sa*issait dintroduction de corps étran*ers> ai*uilles>

clous> morceau" de verre> etc. 'e mme> pendant des années

lin*estion uotidienne durine et de"créments a été par)aitement

supportée. . avait montré F linterniste> F la demande de cette

dernière> divers instruments de torture Q planc8ettes munies de

centaines de pointes> roulette portant des ai*uilles de p8ono*rap8e

et montée sur un manc8e> ui servait F le attre. !nGn> c8ose

remaruale> lappareil *énital navait pas éc8appé au" pratiues.

'e nomreuses ai*uilles de p8ono*rap8e étaient Gc8ées F

lintérieur mme des testicules> comme en témoi*naient les

radio*rap8ies. ,e pénis était entièrement leu> peut-tre F la suite

dune inection dencre de :8ine dans un vaisseau. ,e"trémité du

*land avait été )endue avec une lame de rasoir> aGn den a*randir

14+

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

loriGce. 7n anneau en acier> de plusieurs centimètres de diamètre>

avait été placé F demeure F le"trémité de la ver*e> après uon eut

)ait du prépuce une sorte de coussin rempli de para0ine. 7ne ai*uille

aimantée était Gc8ée dans le corps du pénis> cétait si ose dire un

trait d8umour noir> car le pénis> démontrant ainsi sa puissance> avait

le pouvoir de dévier lai*uille de la oussole. 7n second anneau>

amovile celui-lF> enserrait lori*ine des ourses et la ase du pénis.

out ce ui vient dtre rapporté était donc par)aitement

 vériGale. ,es traces des sévices décrits attestaient sans ami*u\té

la véracité des dires du suet. !t pourtant = est-ce F mettre au

compte dune attitude dé)ensive de ma part M = ai par)ois douté>

sans pouvoir )onder ce doute sur uoi ue ce soit> de le"actitude de

certains )aits incontrOlales. ais pouruoi aurait-il menti sur tel

point> lorsue tant dautres étaient avérés M Le li*norais> cependant

 e conservais de va*ues doutes notamment sur ce uil rapportait de

sa )emme et sur un passa!e l'acte a*ressi).

. épouse F lT*e de vin*t-cin ans une cousine> plus précisément

la Glle du Gls du )rère de sa mère. !lle est T*ée alors de uinXe ans

environ> une dispense aurait été nécessaire. :ette cousine nest

nullement destinée F ouer le rOle ien connu de la )emme autoritaire

et cruelle> elle est en e0et masoc8iste comme .> et cest

précisément en découvrant leur perversion commune uils se

rapproc8eront lun de lautre. :ertes> ils auront loccasion de

sinHi*er mutuellement uelues sévices> par a0ection lun pour

lautre @ en uelue sorte. ais lF nest pas lessentiel> car tortures>

sévices et 8umiliations sont imposés le plus souvent par un ou deu"

tiers> touours des 8ommes> ui ouent le rOle de sadiues. ,a place

de la victime est tenue aussi ien par . ue par sa )emme. :elle-ci

endure des tortures telles> est dominée par le"i*ence perverse F un

tel de*ré> ue son éner*ie tout entière s; perd. !lle meurt F lT*e de

 vin*t-trois ans> de tuerculose pulmonaire. A titre de"emple de ses

pratiues> e dirai seulement uelle se )aisait posséder par le

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

sadiue lorsuelle était suspendue par les seins> traversés par des

croc8ets de ouc8er. !lle avait été F plusieurs reprises cruciGée au

sol> car en position verticale il ; aurait eu risue dasp8;"ie @. .

e"a*érait-il sur ce point M Il me laissait é*alement perple"e uant F

sa capacité de couvrir F la marc8e> pendant ses vacances> des

distances sélevant F des centaines de [ilomètres. 7ne autre

circonstance évouée par lui pouvait déconcerter Q il aurait été une

)ois victime dune a*ression nocturne> F lauelle il aurait réa*i en

saisissant son a*resseur F la *or*e de telle sorte uil laurait laissé

pour mort. . pensait mme lavoir tué> car on aurait découvert le

lendemain le cadavre dun 8omme porteur dune )racture du lar;n".

i ai douté de la vérité de ces deu" derniers points> cest surtout

parce uils me sont apparus comme essentiellement liés F un

moment précis de lentretien. 'e toute évidence> ils avaient dans la

relation ue . avait liée avec moi une )onction ien déterminée>

dans la mesure o ils tra8issaient sa conviction pro)onde de disposer

dune puissance sans é*ale.

'e sa vie conu*ale> rève puisuelle na duré ue 8uit ans> il

convient de souli*ner uelues aspects. :est tout daord une

relation a0ective ric8e. . semle avoir été pro)ondément attac8é F

sa )emme> uil décrit comme douce et aimante Q Wuit années de

maria*e> dira-t-il> 8uit années de on8eur sans nua*es. @ !nsuite>

cest le"istence> pendant les trois premières années de maria*e>

dune activité se"uelle normale @> source de plaisir> mais poursuivie

parallèlement au" pratiues masoc8istes> lesuelles par conséuent

auraient pu ne pas tre F tout moment une nécessité. ,e

renoncement déGniti) au co\t a été considéré par . comme )aisant

partie inté*rante des e"i*ences masoc8iues. urvenu uelues

années après la naissance de leur Glle> ce renoncement déGniti) a été

ordonné par un sadiue> la )emme de . a;ant donné son accord> et

sanctionné par la pose de lanneau dont il a été uestion. Pour .> sa

)emme semlait ouer un doule rOle Q dune part> lorsuelle

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

suissait les sévices inHi*és par le ou les sadiues = ils étaient

par)ois deu" => elle o0rait F son mari> ui se masturait dans le

mme temps> la possiilité de sidentiGer avec ce uelle endurait J

dautre part> elle lui donnait une occasion supplémentaire de vivre

une 8umiliation. Ainsi lorsue> étou0ant entre sommier et matelas> il

assistait au" rapports se"uels ue sa )emme avait au-dessus de lui

avec le partenaire> leuel venait de le *iHer> de lui )aire aiser ses

mains et ses pieds> et de lui ordonner dasorer ses e"créments.

,a mort de sa )emme> F lauelle les sévices suis nont sKrement

pas été étran*ers> a pro)ondément a0ecté . Il somre dans un état

dépressi)> et contracte F son tour une tuerculose pulmonaire dont il

*uérit complètement après deu" ans de sanatorium.

,es pratiues masoc8iues> ui avaient tout F )ait cessé pendant

cette période> reprennent alors> surtout avec des 8ommes de

rencontre> car les relations avec les anciens partenaires avaient

rapidement pris Gn. 7n remaria*e avec une prostituée> ui avait été

c8oisie dans lespoir de trouver une partenaire avertie> se termine

ientOt par un divorce. ,es activités illé*ales de cette seconde

)emme> activités dentremetteuse en particulier> le"posaient F des

poursuites udiciaires> ce dont il ne voulait F aucun pri". Il laisse

entendre> dautre part> uil avait été c8oué par le manue de

moralité de sa nouvelle compa*ne. 'e ce maria*e il ne conserve ue

la petite onne ui les servait> et dont il )ait sa Glle adoptive. . a

alors uarante-si" ou uarante-sept ans. :est le moment o ses

pratiues perverses sarrtent tout F )ait. a vie désormais se

déroule entièrement dans le milieu )amilial uil sest créé> auuel il

est )ort attac8é> et ui ne sait rien de son sin*ulier passé. Avec sa

 vraie Glle> il na pratiuement plus de relations autres

uépistolaires. Il me dira delle uil ne croit pas uelle soit

masoc8iste> sau) uelle a eu di" en)ants @.

 Avant daorder le"amen des uestions ui découlent dun tel

cas> il me paraNt nécessaire denvisa*er en particulier trois

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

éléments Q 1 le masoc8isme de . du point de vue de son évolution J

2 sa relation avec la douleur p8;siue J + ses rapports avec autrui.

%ils uniue de *ens asseX T*és> . décrit ses parents comme

pleins de prévenance F son é*ard Q une mère très tendre> un père un

peu plus ri*ide. . aurait été très attac8é F eu"> et se serait surtout

pro*ressivement rapproc8é de son père> leuel était très attenti) F sa

scolarité> sans sévérité e"cessive. out cela peut paraNtre ien anal.

oute)ois> . se souvient davoir vu> vers lT*e de uatre ans> une

petite Glle> une voisine> dont il a mme *ardé le nom en mémoire> et

ui man*eait ses e"créments. A ce propos> il dit Q Létais dé*oKté>

mais après ; ai repensé. @ 'e mme> F un autre moment de

lentretien> F propos dune lecture sur les )a[irs> il me dit Q :ela

ma semlé daord terrile> puis ; ai repensé. @ ,a précocité de

lapparition du masoc8isme éro*ène> souvent évouée par les

auteurs> e"iste ien c8eX .> puisue les pratiues ont commencé

uand il avait di" ans. :est au collè*e uil a pris conscience de sa

rec8erc8e des punitions corporelles> de son attirance pour lurine.

 Après un temps )ort re)> o une certaine répu*nance semle lavoir

arrté> les pratiues masoc8iues sen*a*ent et sampliGent.

odomisé par un surveillant> il devient loet de sévices multiples de

la part de ses camarades> sévices dont le caractère se"uel était

évident. oute)ois> ses camarades reculaient souvent> nosaient pas

passer entièrement F lacte> par e"emple> pour lui traverser le ras

avec des ai*uilles> ils se contentaient de lui en donner lordre. 'ans

les eu" se"uels> il adoptait e"clusivement une position )éminine Q

Létais carrément la Glle puliue> et ça me satis)aisait. @ :est avec

le maria*e ue son masoc8isme prend un plein développement. . et

sa )emme> tout en a;ant> comme e lai dit> une activité se"uelle

normale> sen*a*ent parallèlement dans un masoc8isme parta*é Q

`a ma plu de sou0rir par elle> et elle par moi. @ !nsuite> la pensée

dun tiers sest imposée. 7n> puis deu" amants ré*uliers vont

parta*er pendant trois ans leur e"istence. i lon considère

14$

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

lévolution du cas> le poids du )acteur constitutionnel paraNt

incontestale puisue . a épousé sa cousine> lauelle avait

commencé des pratiues masoc8iues dès lT*e de onXe ans> F une

époue o elle ne le connaissait pas encore (elle sintroduisait déF

des ai*uilles sous les on*les. Par surcroNt> .> T*é de vin*t et un

ans> découvre F la mort de son père> en parcourant sa

correspondance> ue ce dernier était sans doute é*alement

masoc8iste. ?utre cet élément constitutionnel important> il )aut

é*alement noter le"tinction du masoc8isme de . entre sa

uarante-cinuième et sa cinuantième année. Au déut de cette

période> il a encore uelues rares aventures 8omose"uelles> puis

toute pratiue perverse disparaNt. oute)ois> c8ose remaruale>

dasseX )réuentes pollutions nocturnes se produisent encore> F la

suite de rves érotiues dont le contenu est devenu par)aitement

8étérose"uel> et de plus en plus rarement masoc8iue. . me dit ue

dans ses rves il se trouve avec une )emme voluptueuse avec

lauelle les rapports se"uels se rapproc8ent de lamour normal @. Il

aoute Q ,intért sest éteint> avais évolué> si en u*e par les

rves> cest redevenu normal. @ (!n e0et ses anciens rves avaient

un caractère strictement masoc8iue. ,e masoc8isme de . a donc

décrit une véritale traectoire depuis le moment ui en a précédé

lapparition cliniue = cette constitution F lauelle . attac8e lui-

mme une *rande importance = usuF celui o la perversion

séteint. Pendant un lon* temps> et cela dès la prépuerté> la

perversion semle avoir été presue luniue occupant de la scène.

ais si lon considère uensuite . avait été capale davoir

parallèlement une activité se"uelle normale> ue ses rves

retrouvent tardivement> on peut dire ue la perversion> toute liée

uelle était au destin du suet> a été comme aoutée F sa se"ualité

normale @ pour répondre> du moins on peut le supposer> F une

e"i*ence économiue. :est en considérant de telles évolutions ue

 e serais amené F pré)érer au terme de masoc8isme celui de

mouvement maso)c&ique,  ui impliue lidée dun développement

14&

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

dans le sens du masoc8isme moral (dont le masoc8isme pervers de

. serait un ratéY. :e rata!e du développement e"pliue F mon sens

le caractère massi) et radical de la perversion dont ai tracé le

taleau. :est parce ue . est resté arrté F une p8ase primitive du

mouvement ue> c8eX lui> les lois communément énoncées sur le

masoc8isme pervers ne se vériGent pas. Par e"emple> les or*anes

*énitau" de . ne sont nullement préservés. 'e mme dans son cas

il nest pas vrai ue les tortures masoc8iues réelles soient moins

*raves ue les cruautés ima*inées. !nGn on ne trouve pas non plus

dans sa vie la )emme cruelle et autoritaire dont le masoc8iste )ait

classiuement sa partenaire> mais au contraire> un autre lui-mme>

masoc8iste comme lui> et vivant ses pratiues sur le mme mode

radical uimpose ici larrt précoce du mouvement.

Zuant au prolème de la douleur p8;siue envisa*ée sous lan*le

de sa m;stérieuse capacité de mener F le"tase érotiue et F

lor*asme> . nous ensei*ne ue cest ien la sou0rance> et non pas>

comme lont soutenu certains auteurs> en particulier 8. <ei[>

lan*oisse et la terreur> ui sassocie daord au plaisir> puis F la

 ouissance or*astiue. ,e lien élémentaire entre lintensité de la

douleur et lintensité de la ouissance est sous-acent F tous les

propos de . et par)ois mentionné e"plicitement Q j 'ans

lensemle> dit-il> cest la douleur ui déclenc8ait léaculation. @ 'e

lF lattitude caractéristiue du masoc8iste> ui e"i*e sans cesse de

son partenaire un surcroNt de tortures. . parle volontiers de

surenc8ère. A ce moment il ne craint plus rien et cest le sadiue ui

recule devant le caractère e"trme de la demande Q Au dernier

moment> le sadiue se dé*onHe touours. @ Il semle au demeurant

ue la douleur assume une doule )onction Q dune part elle

catal;serait le"citation se"uelle> dautre part elle lampliGerait et la

porterait F son acmé tout en perdant elle-mme sa spéciGcité. !n ce

sens aucune limite ne lui est imposée. oute la sur)ace de mon

corps était e"citale par lintermédiaire de la douleur. @ :e ui

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

indiue une mutation radicale de la sensiilité. :ependant la douleur

en elle-mme ne constitue pas le plaisir terminal. !lle nen est ue le

mo;en. . sait )ort ien )aire la distinction Q  A lendroit mme> au

déut> ai mal> puis vient lérection. ?n continue> on va plus loin> le

plaisir se dérouille... ,éaculation survenait au moment o la

douleur était la plus )orte... Après léaculation e sou0rais tout

tement. @ :est ien cet aspect de la douleur comme mo;en ue

%reud a en vue dans  Le 9roblème économique du masoc&isme

lorsuil pose ue la douleur et le déplaisir ne sont pas des uts>

pas plus ue des avertissements> mais des mo;ens datteindre un ut

ui est touours le plaisir +& @. 'ans une pareille transmutation ; a-t-

il encore douleur F proprement parler M ?n pourrait en discuter> car

la douleur> en loccurrence> nest ue lun des nomreu" processus

internes ui> daprès %reud> contriuent F le"citation se"uelle dès

ue leur intensité a dépassé un certain seuil uantitati) @. !lle nest

privilé*iée ue dans la mesure o elle est eaucoup plus )acilement

ue dautres processus F la disposition de lindividu. ,a preuve ue

la douleur appartient ien au domaine des mo;ens @ et de la

uantité> cest ue . e"i*e sans cesse des stimuli plus )orts ui> vu

leur 8aut niveau> sont sans comparaison avec les eu" préliminaires.

ais . ne demande pas seulement des tortures de plus en plus

douloureuses. Il veut les prolon*er> les suspendre> les )aire

recommencer> les varier> en uoi il se montre sans le savoir un on

adepte de %reud ui dit par e"emple dans  (alaise dans la

civilisation :  oute persistance dune situation ua )ait désirer le

principe de plaisir nen*endre uun ien-tre asseX tiède J nous

sommes ainsi )aits ue seul le contraste est capale de nous

dispenser une ouissance intense> alors ue létat lui-mme ne nous

en procure ue très peu. @ . était passé maNtre dans lart de

provouer le contraste> cest-F-dire des au*mentations et des

diminutions de la uantité de stimuli dans un intervalle de temps

donné. Avec ces notions de uantité et de temps> on possède les

données caractéristiues ui éclairent en partie la sin*ulière

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

complicité de la douleur p8;siue et de la ouissance. 'e la

rec8erc8e inGnie de la douleur> telle ue . nous en o0re le"emple>

on peut déduire lo*iuement un esoin é*alement inGni de

 ouissance. :est pour otenir une ouissance aussi ai*uq ue

possile ue . or*anise les sévices cruels ui doivent lui tre

inHi*és.

Il éprouve sans aucun doute la oie de satis)aire un instinct resté

sauva*e> non domestiué par le oi @ ui> selon %reud> est

incomparalement plus intense ue celle dassouvir un instinct

dompté @ W(alaise dans la civilisationY. ais on aurait tort de croire

ue cette oie> il est lire de la vouloir ou de la re)user.

Parado"alement elle lui est imposée. Il est pour ainsi dire condamné

F ouir> et cest ce ui rend sa G*ure si malaisément déc8i0rale.

ou0rir les pires tourments pour ouir en vertu dune contrainte

asolue> telle est la )atalité ue . a dK suir la plus *rande partie

de sa vie.

out comme les rapports de . avec la douleur p8;siue> ses

relations avec autrui tranc8ent par certains cOtés sur le taleau

*énéralement admis. :omme on sait> la plupart des auteurs mettent

en relie) la rec8erc8e de l8umiliation. urtout> me semle-t-il>

lorsuils ont tendance F relé*uer F larrière-plan la douleur

p8;siue prise en elle-mme Q les sévices ne seraient ue rarement

impressionnants> ils respecteraient les or*anes *énitau"> la

sou0rance ne saurait dépasser un certain seuil> etc. ?n a vu uil

nen était rien et ue la douleur p8;siue était précisément loet

dune surenc8ère. :ependant il va de soi ue si douleur p8;siue et

8umiliation appartiennent F deu" re*istres di0érents> le )ait ue la

torture est oli*atoirement inHi*ée par un tiers ou e"écutée sur son

ordre crée entre les deu" p8énomènes un lien des plus étroits.

:omment . vivait-il cette corrélation M 'après lui> ce uil désirait

cétait avant tout un aaissement de la personnalité @. Pour

réaliser ce véritale suicide moral @> tout lui était on> dès lors ue

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

. et sa )emme étaient vraiment deu" esclaves des deu" amants @.

out> cest-F-dire> outre les tortures> la *iHe anale ou lordre de se

livrer F la coprop8a*ie> ui semlait tre F mme de prolon*er le

plaisir ps;c8iue @ après léaculation. ,8omose"ualité ui ici saute

au" ;eu" est de laveu de . destinée pour une lar*e part F servir le

esoin d8umiliation. Pour lui> la pratiue 8omose"uelle a le sens

dune inure> témoin ces p8rases uil se )aisait commander

dinscrire dans sa c8air mme aGn de rendre sa déc8éance

mani)este Q Le donnais limpression dtre inverti> mais e ne létais

pas par plaisir> mais par 8umiliation. Le nen éprouvais pas de

satis)action p8;siue> ça se passait sur le plan moral. @ . se

dépei*nait lui-mme comme animé dun puissant esoin dtre

8umilié> esoin dont l8omose"ualité naurait été uun instrument>

et de voir sa volonté complètement anni8ilée. ans cesse revenaient

dans ses propos des e"pressions comme Q astraction de la volonté>

anni8ilation totale de la volonté> la volonté ne"istait plus> aolition

de la volonté> etc. :e ui ne pouvait manuer de masuer uelue

c8ose mal*ré le st;le *énéral du discours ui> dans lensemle>

restait mesuré> sans trace de t8éTtralité importante. Il ; avait tout de

mme un rien de"cessi) dans cette a0irmation de renoncement F la

 volonté> au proGt de celui ui commandait @. 'u coup> . nétait

plus seulement loet passi) des sévices e"ercés par un autre> il

nétait plus seulement celui ui se laissait )aire> il passait F laction>

certes discrètement et sans en avoir lair> *rTce précisément au

renoncement ostentatoire ui> tout radical uil )Kt> lui rendait en )ait

linitiative. :ertains verraient lF un acte de soumission F lé*ard dun

personna*e c8ar*é par le suet de son propre sadisme. ?u encore>

le"pression du désir )antasmatiue dtre manipulé se"uellement et

attu par le père. 'e )ait> . a0ic8ait sa déc8éance en en multipliant

les preuves aGn uon ne soit pas tenté de la mettre en doute ou d;

 voir autre c8ose. ?n a relevé depuis lon*temps ue la servilité>

l8umilité du masoc8iste tra8issent des a)\ects e"actement opposés.

8eodor <ei[ notamment ; )ait allusion> encore ue dans un conte"te

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

di0érent> pour souli*ner ue les scènes masoc8istes sont des

inversions didées sadiues> la réanimation> la reproduction de ce

ue les en)ants ont ima*iné tre lactivité se"uelle des adultes. .

conGrmait cette )açon de voir> car derrière sa )açade daménité et

son désir avoué de se trouver dans une situation 8umiliante en )ace

de moi> e devinais le mépris pro)ond ue e lui inspirais F un e ne

sais uoi de naruois dans son attitude> peut-tre ce ui a incité

8eodor <ei[ F parler de mouerie. ,e masoc8iste> dit 8eodor

<ei[> est *uidé par lor*ueil et le déG de Promét8ée> mme uand il

 veut se présenter comme an;mède+9. @ :était aussi lavis de

il8elm <eic8. ,orsue . savilissait dans une sorte de )écalisation

de lui-mme> e"primée e"plicitement> tout en sidentiGant avec une

G*ure )éminine déc8ue> cétait ien un écran de )umée uil créait.

'e mme en ce ui concernait lanni8ilation de sa volonté> ui elle

aussi nétait uun simple masue. Aolir en soi toute volonté> cest

renoncer F la possession du p8allus anal et narcissiue. 'onc

renoncer F toute espèce de pouvoir. !t cest cela ue . aurait

 voulu M Il nen était rien> son renoncement F lemlème p8alliue

nétait en )ait ue la couverture dune a0irmation de toute-puissance.

?u plus e"actement il ne renonçait F rien J daord la relation

érotiue était voulue par lui> ensuite> dès uelle avait cessé> il

reprenait toute sa lierté F lé*ard de ceu" ui censément le tenaient

en esclava*e> et ne se laissait plus rien imposer. A cette a0irmation

de toute-puissance si ien camouHée correspondait un immense

or*ueil> ui transparaissait lorsue . évouait les terriles tortures

uil avait endurées. Il était presue luniue Q il navait entendu

parler ue dune personne plus )orte ue lui> et ui vivait dans une

ca*e 8érissée de pointes. :est seulement> disait-il> la crainte de

complications médico-lé*ales> et aussi la comple"ité des prolèmes

d8émostase> ui lauraient )ait reculer devant des mutilations

encore plus importantes> lamputation de la ver*e par e"emple.

:était encore lor*ueil et le mépris de son partenaire ui lui

)aisaient dire> comme en passant> ue le sadiue se dé*onHe

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

touours au dernier moment @. Il va sans dire ue si la0irmation

or*ueilleuse était tellement démesurée> par-delF lécran de

l8umiliation> cest uelle était réactionnelle et dissimulait uelue

c8ose> une lessure essentielle peut-tre consécutive F léc8ec de la

satis)action 8allucinatoire> lauelle> comme on sait> tend F réduire la

place et la valeur de loet primitivement 8a\. ,or*ueil trouvant son

)ondement tout F la )ois dans un accomplissement anal et dans

la0irmation p8alliue> les sou6rances endurées représentaient en

 fait un p&allus puissant, *rTce F uoi le suet pouvait c8erc8er F

panser la lessure narcissiue primordiale ui avait atteint son tre.

3ous avons vu ue la relation de . avec autrui est )aite

pro)ondément dor*ueil> de mépris> de déG> dun sentiment de

supériorité. ais autrui> pour lui> ui est-ce M :e nest pas un

personna*e univoue J certes on lidentiGe )acilement avec le

sadiue> et cette omre tend F recouvrir tous les oets> ; compris

linterlocuteur occasionnel> comme avais pu men rendre compte au

cours de mes entretiens. :et interlocuteur-lF se trouve tre

doulement dévalorisé> daord en tant ue sadiue potentiel>

ensuite en tant ue partenaire incapale de ouer le eu. ,a relation

tendre ue . avait entretenue avec sa )emme semle ne pas entrer

dans le s;stème. ais ce nest vrai uen partie> car dès ue les

c8oses passent sur le plan érotiue> les deu" prota*onistes sont

susceptiles déc8an*er leur rOle> de sorte ue c8acun peut devenir

spectateur et> *rTce F une doule identiGcation> participer F la )ois

de la victime et du ourreau. Implicitement> cest ien ce F uoi <ei[ 

)aisait allusion en décrivant le"istence dun temps intermédiaire

dans le développement du masoc8isme. Pour lui> le suet> 8ors détat

de )aire porter ses attaues sadiues contre loet> prend la place de

celui-ci> en attend la colère et diri*e contre lui-mme la violence uil

 voulait lui inHi*er. ,e tiers ne deviendrait ue secondairement

nécessaire pour ouer le rOle da*resseur et prendre la place du

suet Q ,e sadiue devra traiter le oi de la )açon dont le oi avait

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

 voulu traiter une autre personne> et entre-temps sest traité lui-

mme. @ 'ans cette perspective> il ; aurait donc eu trans)ormation

du sadisme ori*inel en autosadisme> puis remplacement de cet

autosadisme par le masoc8isme> *rTce F lintroduction dun tiers. 'e

mon point de vue> e dirais ue> directement ou par procuration>

autrui est avant tout le partenaire sadiue> cest-F-dire un

personna*e voué au mépris> ui perd sa pleine valeur doet pour se

réduire F une )onction instrumentale> positivement )écalisée.

,étudiant sadiue ui parta*ea la vie de . et de sa )emme était

censément tout-puissant> dictait des ordres impérati)s> alors ue plus

)ondamentalement il était considéré comme ne valant rien. .

a0irmait uil ne"istait pas lui-mme comme suet> uil ne )aisait

ue donner corps au" )antasmes du sadiue. Pour un peu> il naurait

pas eu de"istence propre. !n cela il trompait son interlocuteur> car il

e"primait el et ien un désir> celui ue lautre )asse en sorte ue lui>

.> nait pas de"istence. . était prt F se soumettre F toutes les

investi*ations> la notion de réticence lui était par)aitement étran*ère

et mme littéralement inconcevale> car se montrer réticent> ceKt

été )aire acte de volonté> donc sannuler. 'e la sorte> le partenaire ou

linterlocuteur se trouvait parado"alement dépossédé du pouvoir de

parler et de désirer. Ainsi le masoc8iste> sous le couvert dune

a0irmation t8éTtrale de sa nullité> asservit en )ait le sadiue en lui

)aisant endosser de )orce le rOle ue lui> le masoc8iste> paraNt tenir.

,a toute-puissance ue . con)érait F son partenaire était

 véritalement une mouerie. !t e ne crois pas ue le masoc8iste

pervers soit tout F )ait inconscient de son attitude pro)onde. !n tout

cas il ne peut pas sempc8er de la laisser deviner. ,assuettissement

auuel le masoc8iste condamne le sadiue est en partie si ien voilé

uon pourrait penser uil est le Gn mot de toute l8istoire J en )ait il

doit en recouvrir un autre auuel le masoc8iste> lui> est condamné.

 Au point de la discussion o nous sommes parvenus> il convient de

considérer de près trois uestions ui sont soulevées dans la plupart

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

des travau" sur le masoc8isme pervers> e veu" dire celles de

lan*oisse> de la castration et de la )an-tasmatisation. 'ans le taleau

mani)este uo0re communément le masoc8iste pervers lan*oisse

na pas de place. ,es auteurs en a0irment néanmoins la présence> en

postulant uelle au*mente dans la mme proportion ue le"citation

se"uelle> de sorte ue lapproc8e de lor*asme est vécue comme un

dan*er. :e serait lF le ressort essentiel du )acteur dattente> auuel

<ei[ par e"emple attac8e eaucoup dimportance. 'ans cette

perspective> le mécanisme masoc8iue aurait pour )onction déviter

le développement de lan*oisse> de lier celle-ci sur place. ,e

masoc8iste serait censé sou0rir dune intolérance particulière F

lé*ard de lan*oisse> dont il ne supporterait pas laccroissement.

runer*er de son cOté note ue le masoc8iste )uit le plaisir pour se

mettre F lari de lan*oisse. ,a ouissance> dit-il> devient possile

*rTce F la douleur ui m;stiGerait le urmoi. :ela est vrai> mais

uniuement dans le cas du masoc8isme moral et usuF un certain

point dans celui du masoc&isme féminin.  :8eX notre suet>

laccroissement de le"citation se"uelle commandait ien une

e"i*ence supplémentaire de sou0rance p8;siue> lauelle F son tour

au*mentait le"citation. ?n ne peut pas dire ue . se"posait F la

sou0rance pour éviter lan*oisse. :elle-ci était demlée rejetée>

court-circuitée J et> en ses lieu et place> ré*nait la douleur> non pas

comme plaisir> mais comme a*ent direct du plaisir. A mon sens il ; a

lF une distinction non uniuement )ormelle> ui impliue

nécessairement une di0érence radicale de niveau> sensile en

particulier dans une carence de la capacité de s;molisation> ui

ne"iste pas c8eX le masoc8iste moral. /oir dans le masoc8isme

moral> comme le )ait runer*er1> une dé)ense opposée F loecti) 

pulsionnel> cest-F-dire F la castration du père sur le mode sadiue

anal F la )aveur dune identiGcation avec la mauvaise mère> cest tout

F )ait pertinent pour un suet ric8e en capacités de représentation>

de trans)ormation> de s;molisation> capale donc dun travail

ps;c8iue très élaoré. ais il est di0icile de conserver le mme

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

sc8éma dans le cas du pervers> car lF> le oi étant déF par)aitement

averti ue la sou0rance conduit directement au plaisir> il est peu

proale ue la sou0rance p8;siue réussisse F m;stiGer le urmoi.

 Au demeurant> on ne peut parler du urmoi sur le mme mode dans

les deu" )ormes de masoc8isme> le pervers étant F mme

daména*er un secteur de sa vie o lIdéal du oi conserve son

pouvoir. ,e"istence de ce secteur ne semle pourtant pas> comme on

pourrait s; attendre> permettre le développement dun masoc8isme

moral. .> on la vu> ne montrait aucun trait de masoc8isme dans la

conduite de sa vie> il réussissait par)aitement F atteindre ses

oecti)s> imposait par e"emple ses e"i*ences F ses emplo;eurs en se

prévalant de ualités pro)essionnelles reconnues. :8eX lui tout se

passe donc comme si les traits latents du masoc8isme moral avaient

été 8appés pour servir le seul plaisir se"uel> ce ui ne laisse *uère de

place F la notion de esoin inconscient de punition. !n revanc8e .

présentait une carence du urmoi dans le secteur réservé du

masoc8isme pervers. ais alors si> dans ce cas> le masoc8isme ne

représente pas la satis)action dun esoin inconscient de punition J

sil ne peut pas tre non plus considéré comme la couverture

dé)ensive dun désir inconscient de castration sadiue anale du père

= ien uun tel désir nen soit pas tout F )ait asent> du moins dans

les relations du suet avec autrui - > on est en droit de se demander Q

ue redoute le masoc8iste pervers M Zue désire-t-il M !8 ien> il ne

craint rien, pas m*me la castration " il désire tout, % compris la

castration, ce ui est F sa portée *rTce F la possession dune arme

asolue> littéralement p8;-

1. Sela runer*er. !suisse dune t8éorie ps;c8od;namiue du

masoc8isme @> Eev. franç. 9s%c&anal., 1954> C/III> 2.

Siolo*iue Q la puissance or!astique. ?n trouve sous la plume de

nomreu" auteurs> F commencer par il8elm <eic8> ue la

sou0rance du masoc8iste est un moindre mal> accepté pour éviter le

c8Ttiment plus *rave de la castration. ?r> dans le cas de .> tout se

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

passait comme si lidée de c8Ttiment navait pas cours. Sien plus> le

suet va aussi loin ue possile dans la mutilation castratrice> et non

seulement les sévices attei*nent réellement les or*anes *énitau">

mais ils sont utilisés pour contriuer puissamment au plaisir

or*astiue. Ici le lien )ondamental entre mutilation *énitale et

castration est radicalement modiGé> voire détruit. 'u mme coup la

castration> en tant ue )antasme or*anisateur primordial du désir

8umain et de la structure de la personnalité> na tout simplement

plus de réalité. ,e suet reste en mar*e de toute vraie valeur

s;moliue o se"prime le primat du p8allus> et sa puissance

or*astiue lui assure une position mé*alomaniaue inviolale.

Position en uelue sorte opérationnelle> dans lauelle autrui est nié

comme suet susceptile de désir et ravalé F une )onction purement

instrumentale. :et autre> son identité mme est prolématiue. .

ne savait plus les noms des partenaires sadiues ui pendant

plusieurs années avaient parta*é sa vie. :ertes> il )aisait une

certaine distinction entre son père et sa mère> mais celle-ci se

)ondait sur des éléments caractérolo-*iues J il ne reconnaissait les

lois de la Gliation ue sur le plan iolo*iue = père masoc8iste>

cousine masoc8iste elle aussi

= pour les nier dans lordre relationnel. 'e plus les personnes se

con)ondent Q il est comme sa )emme> sa )emme est comme lui> elle

est sa parente> il est comme ses parents. :e ne sont pas lF des

identiGcations au sens acti) et di0érencié ue prend le processus

dans les structures névrotiues> mais des p8énomènes purement

réduplicati)s. 'ans ces conditions> on conçoit ue sa personnalité se

soit essentiellement structurée en de8ors de la prolématiue

Edipienne R.

!n traitant de lan*oisse et de la castration> ai nécessairement

soulevé la uestion de lactivité )antasmatiue> ou plutOt de ses

carences> ui> c8eX le pervers> me paraissent caractéristiues. ur ce

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

point e me trouve en contradiction avec la plupart des auteurs.

3otamment avec 8eodor <ei[>

1. Point de vue proc8e de celui e"posé par Lo;ce c'ou*all dans

,e pec tateur anon;me @in l'3nconscient, n^ 6> avril uin 196&.

ui a0irme la précession de la rverie masoc8iue sur la

perversion a*ie @. 'ans son esprit> le )antasme préparatoire est

non seulement indispensale> mais pat8o*nomoniue. Au

commencement... il n; a pas daction> mais de lima*ination. @ :ette

proposition me paraNt inacceptale> F moins ue lon ne veuille

identiGer )antasme et pro*rammation. :ar cest ien de

pro*rammation uil sa*issait c8eX .> dune pro*rammation sèc8e

et somme toute asseX pauvre. ,ima*inaire en lui était tellement

dé)aillant uil lui )allait c8erc8er des idées @ de tous cOtés> dans

les livres sur le masoc8isme> sur lInuisition> dans le"emple dun

autre> etc. <ien de plus )rappant ue le caractère stéréot;pé et

répétiti) de ses activités perverses J F linverse de ce ue pense <ei[>

la réalisation en surpassait de loin la conception. Impossile ici de

considérer le )antasme comme le moteur premier de lacte pervers. Il

est dautant moins en*a*é ue le comportement et laction le sont

davanta*e> ou> en dautres termes> action et activité de

représentation se trouvent dans un rapport inverse. :e ui ien

entendu ne veut pas dire ue lactivité )antasmatiue soit tout F )ait

ine"istante> mais uelle est rudimentaire et nintervient ue

secondairement> F un certain moment de la traectoire de ce ue ai

appelé le mouvement masoc&ique, comme instrument du processus

de mentalisation par uoi les p8énomènes économiues élémentaires

sont pro*ressivement inté*rés. Il en va ici comme pour le malade

ps;c8osomatiue avec leuel le masoc8iste pervers présente du

reste des ressemlances )rappantes Q lun et lautre ont une

s;mptomatolo*ie dominée par léconomiue> et ils se structurent

lar*ement en mar*e de lhdipe. 'e lF e crois les diver*ences ue

 ai notées entre ma )açon de voir et celle de nomreu" auteurs Q les

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

)antasmes uils ont mis au our sont ien réels> mais pour moi ils ne

sont pas *énérateurs de la perversion> ils en sont plutOt le récit, un

récit élémentaire traduisant un e0ort de mentalisation ui tourne

court. ,intuition ui )ait dire au p8ilosop8e illes 'eleuXe F propos

de ac8er asoc8 Q 'u corps F lEuvre dart> de lEuvre dart au"

idées> il ; a toute une ascension ui doit se )aire F coups de

)ouet4 @> loservation cliniue ne peut ue la conGrmer> sau) ue

pour nous la traectoire du mouvement masoc8iue ne conduit pas

e"actement au" idées> mais ien au masoc8isme moral> après la mise

en Euvre ma*istrale du processus de re)oulement.

 A ce point du développement> nous avons vu sor*aniser toute une

série déléments les uns par rapport au" autres Q 1^ la rec8erc8e

mani)este de l8umiliation> ui est en )ait la couverture dune

attitude pro)onde )aite dor*ueil et dp mépris F lé*ard de lautre>

larticulation étant la0irmation ostensile dun renoncement total F

toute volonté J 2^ la situation mar*inale> par rapport F la

prolématiue de la castration> et donc F lhdipe J +^ la carence

)antasmatiue> dans ses rapports avec lacuisition du sens de la

castration s;moliue J 4^ le défaut de masoc8isme moral> considéré

comme le terme du mouvement masoc8iue parvenu F une pleine

mentalisation J 5^ la rec8erc8e de la sou0rance p8;siue comme voie

dotention du plaisir (tout se passant comme si la ouissance était

une e"i*ence posée au masoc8iste.

ais si indiscutale ue soit le taleau ainsi reconstitué> le plus

étran*e demeure ine"pliué Q cest la vertu de la sou0rance

p8;siue> la mutation dont elle est loet> et ui la rend propre F

)ra;er la voie au plaisir> puis F s; lier si totalement> ue lacmé de

lun correspond F lacmé de lautre. :omment la sou0rance p8;siue

mène-t-elle F la ouissance M ,F-dessus on ne peut *uère avancer ue

des 8;pot8èses. %reud pour sa part retient avant tout des causes

dordre iolo*iue et constitutionnel en souli*nant u il ne se

passe peut-tre rien dimportant dans lor*anisme ui ne )ournisse sa

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

composante F le"citation de linstinct se"uel @. :e ui met ien

laccent sur laspect économiue du prolème. Après avoir pensé ue

le masoc8isme procédait dune dérivation secondaire de la pulsion

sadiue> il a conçu é*alement la possiilité dune orientation

primitive dun instinct de destruction vers le oi Q ,e masoc8isme

peut notamment tre primaire... lorientation de la tendance sadiue

 vers le oi ne serait uun retour F une p8ase antérieure> une

ré*ression. @ ,e sadisme> instinct de mort ue la liido narcissiue

a détac8é du oi et ui ne trouve F se"ercer ue sur loet @>

dérive par conséuent du masoc8isme> leuel devient une

mani)estation de linstinct de destruction. ais ici une uestion se

pose Q en vertu de uoi un suet est-il conduit F *arder en soi une

pareille masse de destructivité M erait-ce pour ména*er loet M

3ous avons vu ue .> ien uil aimTt pro)ondément sa )emme> nen

contriuait pas moins directement F sa destruction. 'un autre cOté>

sa )emme nétant pas tout F )ait distincte de lui-mme> en raison du

caractère incertain des identités en eu> il était encore masoc8iste F

travers les sévices uelle endurait. Zuant au sadiue> détenteur

apparent des instruments de la destruction> il était réduit au rOle de

pur a*ent et par lF mme ne sortait pas de lorite é*otiue de . ,e

masoc8iste> dit P8. reenacre> attire et découvre le sadiue comme

pour se compléter lui-mme1. !n e0et> . ne )ait uun avec son

tourmenteur> leuel F mon sens pourrait ien ntre ue la part

ori*inelle du oi dans le non-oi> part sur lauelle se proette une

tendance destructrice puissante. 3ous aurions lF une e"plication

plausile de la rétention des )orces destructrices F lintérieur du

suet> ue nous pourrions compléter par l8;pot8èse )reudienne selon

lauelle une partie de linstinct destructeur non déversée au-

de8ors reste enclose dans lor*anisme> *arrottée uelle est par la

coe"citation liidinale @. ais nous resterions très insu0isamment

éclairés sur les rapports de la douleur p8;siue avec la ouissance> et

nous ne saurions pas *rand-c8ose de leur valeur )onctionnelle. Pour

tTc8er de voir un peu plus clair dans ces prolèmes ui touc8ent

161

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

lessence mme du masoc8isme éro*ène> il me semle uil )aut

revenir F le"amen de linstinct de mort ou> plus e"actement> des

pulsions destructrices au"uelles on accorde ici un rOle décisi). Il va

sans dire ue e le )erai nécessairement de )açon un peu sommaire>

en anticipant dailleurs sur un travail ue e me propose de

consacrer F cet aspect de la t8éorie.

Pour commencer e crois nécessaire de disoindre deu" notions

ui sont ordinairement associées Q linstinct de mort et les pulsions

de destruction. !n e0et> un processus destructeur est uelue c8ose

ui est cause de division> de scission> de morcellement> et donc

 usuF un certain point de désor*anisation. ais le"périence

cliniue montre uau niveau )antasmatiue> la vie peut par)aitement

continuer dans c8acune des parties ui résultent du morcellement.

:est alors une autre )orme de"istence ui se poursuit. Au reste> les

tenants de linstinct de mort saccordent *énéralement F reconnaNtre

ue celui-ci nest amais saisissale comme tel> on ne le voit amais

uenc8evtré avec la liido ou sous )orme de processus

destructeurs  diri*és contre les oets ou contre le oi> ce ui

impliue un certain de*ré délaoration ps;c8iue dans le sens de

linté*ration. 'un autre cOté il ; a ien des p8énomènes pour

lesuels lidée dune tendance lét8ale paraNt simposer. :e sont

précisément ceu" = répétition> névroses traumatiues> réaction

t8érapeutiue né*ative> etc. = ue %reud a invoués F lappui de sa

t8éorie. ?r lF> ce ui )rappe cliniuement> cest avant tout un dé)aut

dinté*ration des tensions et des conHits au niveau ps;c8iue. ,e

)acteur actuel domine et lon oserve une tendance F la déc8ar*e

totale de le"citation. ?n retrouve ce mme dé)aut dinté*ration dans

certaines a0ections somatiues *raves> avec la mme tendance F la

déc8ar*e pulsionnelle totale ui vide le oi de tout son

investissement narcissiue. ?n conçoit ue des processus porteurs

dune telle )atalité puissent passer pour le0et dun instinct spècial "

pour ma part e pré)ère parler dun destin spécial de l'instinct> dont

162

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

le terme ultime serait non pas une destruction active = division>

morcellement => mais une véritale extinction. ?ri*inairement peut-

tre> et sKrement uand il est uantitativement e"cessi)> linstinct

se"uel tend F se résoudre en e"citation pure> cest-F-dire F atteindre

une satis)action asolue au mo;en dune déc8ar*e totale et

immédiate ui ne tient aucun compte de la nécessité de maintenir

linté*rité structurale de lor*anisme. :ette tendance vient-elle F

prévaloir> lor*anisme est menacé de"tinction> mais rien nautorise F

dire uil est détruit comme sil était loet dun instinct destructeur

primaire identiGale. i elle ne rencontrait aucun ostacle> la

tendance F la déc8ar*e totale> avec le risue de"tinction uelle

comporte en soi> serait pour ltre un destin )atal rapidement

accompli. ais linvestissement liidinal du nouveau-né par la mère

 vient pallier en partie la carence des s;stèmes protecteurs> en ce

sens uil oue le rOle dun contre-investissement> et ue par lF

mme> il permet des satis)actions instinctuelles limitées. 'un autre

cOté> comme il soppose au mouvement de déc8ar*e totale> il a

nécessairement un caractère )rustrant. :ette doule )onction de

loet> ui le )onde dailleurs en tant ue tel> va conduire F proeter

sur lui lori*ine de le"citation en e"cès> ui dès lors devient

proprement persécutante. A la )aveur des processus de proection et

dintroection> le"cès de"citation se c8an*e en tendance

destructrice. !n dautres teimes> la uantité se transmue ici en

ualité> et léconomiue pur passe dans la sp8ère des si*niGcations.

'ésormais lactivité élao-ratrice> dont dépend linté*ration

pulsionnelle> est en*a*ée avec la participation de loet ui> en

proposant au nouveau-né> puis F len)ant> tout un monde de

représentations> laide F accéder F la )aculté de simuler> dima*iner>

de s;moliser. Ainsi> en dernière anal;se> la tendance destructrice

ui morcelle lentité première> o oet et suet sont encore F peine

distincts> nest pas un instinct primaire isolale> mais el et ien une

émanation de la liido ui sert la délimitation de ltre et par lF

contriue F lindividuation.

16+

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

Parmi les divers )acteurs ui peuvent entraver cette évolution> il

en est un auuel accorde un poids considérale> en accord total

avec la pensée la plus constante de %reud> cest le )acteur

constitutionnel> ui seul e"pliue une puissance e"ceptionnelle de

linstinct. 3ous lavons vu> plus linstinct se"uel est puissant> plus il

tend ine"oralement F la déc8ar*e totale> cest-F-dire F un

mécanisme ui court-circuite lappareil ps;c8iue. 'autre part> cet

e"cès de uantité> pour peu uil se trouve associé F une carence

oectale> menace les capacités dinté*ration mentale> et cela

dautant plus lorsue lappareil ps;c8iue na pas atteint un

développement su0isant. ,a liaison des e"citations somatiues avec

les représentations demeure précaire> les représentations elles-

mmes sont pauvres et incapales de sor*aniser sous )orme de

scénario )antasmatiue. ,es tendances destructrices restent

rudimentaires> dans la mesure mme o elles se sont mal dé*a*ées>

ce ui le. empc8e de ouer pleinement leur rOle dans le processus

dindividuation. :ette coe"istence dune tendance F la déc8ar*e

totale> ui devient positivement irrésistile> et dune destructivité

rute de médiocre valeur )onctionnelle> scelle le destin du suet.

el est le statut du masoc8iste pervers> c8eX ui le"cès

constitutionnel de uantité se"prime daord de la )açon la plus

directe par un appétit de ouissance inGni et contrai*nant. out

paraNt on> pourvu ue cela permette une au*mentation de la

puissance or*astiue> cest-F-dire une plus *rande possiilité de

déc8ar*e. ?n a vu ue c8eX . le rOle de le"cès de uantité est

mani)este dans la c8ronolo*ie mme des pratiues perverses>

puisue celles-ci commencent F la puerté pour séteindre

pro*ressivement au" approc8es de la cinuantaine> cependant ue

rves et rveries redeviennent e"empts de représentations

masoc8iues. 'un autre cOté> le processus dindividuation> déF

altéré par la carence )onctionnelle des tendances destructrices

restées élémentaires et presue rutes> tend F son tour> et en raison

164

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

mme du retard uil a pris> F maintenir F lintérieur du oi cette

destructivité ui> pourtant> est 8ors détat de ouer pleinement son

rOle. !n somme> cest précisément lorsue la séparation du je davec

lautre ne peut pas saccomplir complètement ue la 1 étention

prolon*ée de la destructivité devient une e"i*ence )onctionnelle. !n

témoi*nent la prévalence des mécanismes dintroection et de

proection> et corrélativement cette disposition particulière F

lidentiGcation primaire ue P8. reenacre avait reconnue dans le

)étic8isme> et ui me semle concerner é*alement le masoc8isme

pervers. !n raison de son caractère élémentaire et violent> toute

poussée instinctuelle c8eX le masoc8iste menace lidentité du

masoc8iste et moilise ses tendances destructrices sur un mode

ré*ressi)> dune part en vue dun nouvel e0ort de délimitation des

)rontières du oi> et dautre part pour servir le"périence or*astiue

économiuement nécessaire. ?n voit donc uun mme )acteur>

le"cès de uantité> est la*ent tout F la )ois de le"i*ence de

 ouissance et de la rétention des tendances destructrices. oute)ois>

le0ort pour retrouver des )rontières )ranc8es et su0isamment

stales éc8oue> partiellement au moins> F cause du caractère

arc8a\ue de la destructivité (au sens )onctionnel o e lentends plus

8aut. ,a séparation du oi davec le non-oi sen*a*e sur un mode

rutal et précaire> ui )erait parler de déc8irure plutOt ue

dindividuation> tandis ue la uantité doit tre évacuée par les voies

les plu+ immédiatement accessiles. ,inac8èvement du processus

dindividuation au niveau )antasmatiue le rend dautant plus

triutaire de"périences élémentaires vécues au niveau corporel. ,a

cliniue ps;c8osomatiue nous ensei*ne uF toute carence des

)acultés )antasmatiues> correspondent dans lordre sensorio-moteur

ou mme dans lordre viscéro-8umoral des d;s)onctionnements ui>

uel ue soit leur de*ré de lét8alité> représentent touours un e0ort

de réor*anisation. 'e mme> dans le cas du masoc8iste> la menace

ui pèse sur lidentité e"i*e lintervention massive de la sensorio-

motricité> précisément de la douleur. ,a douleur en e0et> avec son

165

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

e"uisité convaincante> est ien linstrument privilé*ié des

tendances destructrices ui sont F lEuvre pour tracer les )rontières

du oi. ais si ces tendances> 8éritières de le"cès de uantité

= donc en dernier ressort de la liido elle-mme => ont une

)onction déterminante> elles ne sont pas non plus seules en eu. ,es

nouvelles )rontières du oi se trouvent consolidées au cours dun

processus uon ne peut *uère évouer ue par une métap8ore Q

cest ue les ords de la coupure pratiuée dans cette entité o le

suet et le monde étaient daord con)ondus> deviennent loet dun

investissement liidinal proprement dit. Il sa*it lF dun mouvement

eaucoup plus lent> dans leuel la0irmation du suet est associée F

la reconnaissance de loet. :ependant ce processus ne se déroule

pas de manière continue. ,a douleur p8;siue provouée par les

sévices doit tre> comme nimporte uel stimulus interne ou e"terne>

reconnue> contre-investie> reconnue de nouveau> etc. Il en découle

des variations de la uantité et de la tension en )onction du temps>

cest-F-dire des modulations r;t8miues propres F )aire reconnaNtre

le"périence comme se"uelle et F donner naissance F des a)Nects de

plaisir. 7n plaisir, ui nest donc pas seulement danticipation> et ui

doit tre é*alement distin*ué de la  jouissance  or*astiue> lauelle

répond F la déc8ar*e proprement dite de la tension> F lévacuation

rutale de la uantité. ,a douleur participe ien au déclenc8ement

et surtout F la montée violente de le"citation se"uelle> mais elle est

avant tout> dune part> linstrument du processus dindividuation> et

dautre part> ce ui accroNt le"i*ence de déc8ar*e de la tension

se"uelle> celle-ci étant portée F un point dautant plus 8aut ue les

e0orts redoulés de délimitation du oi attei*nent impar)aitement

leur ut. ,e suet ne se soumet pas au" sévices douloureu" pour ouir

= ce uil croit> en accord par)ois avec loservateur => mais pour

séprouver et se reconnaNtre> sans savoir ue la ouissance ui va en

résulter lui est imposée. Sien ue la ouissance soit loet dune

166

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

rec8erc8e> elle nest amais en réalité ue le résultat dune évolution>

un développement secondaire.

?n voit donc ue la notion )reudienne de co)excitation ne déGnit

ue partiellement le )ondement bio)p&%siolo!ique du masoc8isme

éro*ène. ,a douleur nintervient pas seulement en tant ue

p8énomène a;ant dépassé une certaine intensité> mais en tant

uensemle de variations r;t8miues lié autant au" aléas de

lindividuation uau eu de sa reconnaissance et de son contre-

investissement. tant au service de lindividuation> la douleur met

donc en péril cela mme F uoi elle contriue> en menant le suet du

plaisir F la ouissance> lauelle remet tout en uestion. ,e

masoc8isme éro*ène peut tre considéré comme un mécanisme

p8;siolo*iue ultra-précoce> lié or*aniuement F une )onction

positive. Zuant au masoc8isme pervers> du t;pe présenté par notre

suet> ; verrais la reprise de ce mécanisme arc8a\ue F loccasion

dune atteinte de linté*rité de ltre ps;c8osomatiue> dune menace

de dépersonnalisation par uoi le suet est e"posé F retomer F

lindi0érenciation première de ses limites. ,e masoc8isme éro*ène a

donc une )onction de reconstruction Q la récupération de linté*rité

narcissiue => )onction certes aléatoire> mais dans ce cas

proalement la seule possile. :e ui conduit F dire ue la

dimension perverse> tout comme la ps;c8otiue> doit tre remise F sa

place dans notre perspective> comme une des voies naturelles de

lévolution.

,e mouvement masoc8iue conserve nécessairement des traits

ui se sont )ormés au cours de ses premières p8ases dramatiues>

pendant ce déc8irement F la )ois rutal et impar)ait dont lentité

primitive a été loet. 'e lF le développement dun ensemle

comple"e da)\ects> parmi lesuels e retiendrai particulièrement un

a)Nect 8aineu"> tourné contre cette part de loet ui était du oi et

ui se déGnit peu F peu comme oet proprement dit. :e statut

ami*u de loet (oi-oet est sans doute lun des premiers

16$

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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2

moments du mouvement orienté vers la mentalisation = mouvement

ui> nous lavons vu> tourne court> tandis ue seuls sont F mme de

sa0irmer des a)Nects arc8a\ues et massi)s. Pour le suet> cest le

triomp8e de lor*ueil> un triomp8e il est vrai momentané> car le

mépris par uoi loet est positivement )écalisé ne tarde pas F se

retourner contre le suet lui-mme. ,oet a;ant pris la place du

suet> il participait de sa nature J maintenant cest le suet ui prend

sa place> ce ui le ravale au mme niveau et le conduit F se traiter

comme une immondice. /u du de8ors> cest ce ui apparaNt comme

une rec8erc8e de l8umiliation> mais en réalité l8umiliation est

secondaire> elle ne représente pour le pervers ue le point ultime o

il peut atteindre en se0orçant délaorer son sin*ulier statut.

16&

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II. .0.e.!. (1974)

7n our> sans uon sac8e pouruoi ni comment> on se prend F

penser Q i étais mort... @> ce ui sous-entend naturellement - etue e continue de li*norer. ,a p8rase ainsi sur*ie rompt pour un

instant la trame tranuille de la uotidienneté> mais presue aussitOt

elle se trouve en*loutie> et lorsuelle disparaNt on se dit tout au

plus Q uelle idée U

Il sa*it lF dun de ces p8énomènes ps;c8iues ui> uoiue

sin*uliers> passent presue inaperçus parce uils sont )u*aces> peu

intenses> isolés et vite no;és dans la masse des perceptions du réel. Aussi lesprit> sensile F la plus discrète intervention du u*ement>

les reette-t-il sans le moindre e"amen ni déat. <aison de plus pour

s; arrter et pour se demander F uoi peut ien correspondre une

pareille iXarrerie.

3otons déF uune )ois le p8énomène apparu> il a tendance F se

répéter. Par la suite> la pensée simpose avec une )orce accrue et

reste un peu plus lon*temps présente F la conscience. ,es

répétitions ont lieu F des intervalles variales> ui peuvent par)ois

tre )ort lon*s. ?n se met F rec8erc8er les circonstances ui ont

précédé ou accompa*né le premier sur*issement de lidée = en vain

pour commencer. ?n évoue un peu au 8asard un accident auuel on

aurait 8eureusement éc8appé J un malaise dont on aurait perdu le

souvenir> mais rien de précis ni de ien convaincant> F peine est-on

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II. ..e.m. (19$4

en mesure de retrouver le moment précis o la pensée étran*e a )ait

sa première apparition. :était il ; a un an> ou plus> ou peut-tre

seulement uelues mois. Zuant F la)\ect concomitant> il se

caractérise avant tout par sa discrétion> cest un étonnement

lé*èrement amusé> plus marué uau déut> mais touours lire

dan*oisse consciente. 'isons toute)ois ue si le p8énomène

se"prime par une p8rase duitative> et non pas sous )orme dima*e>

son allure de raisonnement peut masuer une an*oisse pro)onde

dont le développement aurait été in8ié. ,es premières tentatives

dinterprétation portent donc la trace du eu dé)ensi) Q se demander

si lon est mort> alors uon conserve intactes les perceptions dune

réalité e"térieure évidente> ainsi ue la conscience immédiate et

paisile de son propre corps> cest e"primer presue un désir

dimmortalité. ,a mort serait annulée si> étant mort> on pouvait

encore sinterro*er sur la réalité de sa propre vie. out cela est ien

anal> et lon son*e par e"emple au retour de la cro;ance primitive si

répandue selon lauelle la mort ne serait pas une nécessité. 'es

idées semlales apparaissent souvent dans le matériel de nos

patients> et la littérature en )ournirait des e"emples saisissants. !n

 voici un> ue e cite parce uil a eu pour moi valeur dassociation.

'après le témoi*na*e de or[i> olsto\> déF )ort T*é> sécriait

par)ois en présence du eune 8omme ui lui servait alors de

secrétaire Q !t si elle )aisait une e"ception pour moi M @> elle @

étant> ien entendu> la nature ou la mort> ui pourrait> pour lui>

suspendre e"ceptionnellement sa loi1. ,an*oisse de mort e"primée

ici par olsto\ sous le voile dun espoir dimmortalité se lit encore

dans une particularité remaruale de son Lournal. Après la dernière

notation de la ournée> il avait coutume dinscrire la date du

lendemain> en aoutant toute)ois un si e vis encore @ dicté sans

doute par une crainte superstitieuse. Par la suite> désireu" de *a*ner

du temps ou de ne pas trop déGer le sort> il réduisit les uatre mots F

leurs initiales> ce ui en )rançais eKt donné s..v.e. :ette )ormule et

1$

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II. ..e.m. (19$4

lanecdote ui le"pliue constituent pour moi une représentation

privilé*iée> elles ouent un peu le rOle dun reste diurne et se prtent

dautant mieu" F tre utilisées ue si étais mort @ est construit de

la m*me )açon et peut donner lieu au mme t;pe daréviation. i

 étais mort @ c8an*é en s..e.m. atteste assurément linHuence de

olsto\> ui peut en loccurrence avoir a*i de deu" )açons Q daord>

peut-tre> comme élément inducteur> puis> parallèlement> comme

matériel e"ploité par la dé)ense. out en se donnant pour un

)antasme dimmortalité> donc pour lélaoration dune an*oisse de

mort traitée sur le mode mé*alomaniaue> la pensée s..e.m. pourrait

ntre ue le dé*uisement dune vérité connue> ici dailleurs asseX

mal cac8ée. !n e0et> si lon pose avec %reud ue la mort nest pas

représentée dans linconscient> uelle n; G*ure amais uun

analo!on de la castration et ue derrière lan*oisse de castration il

n; a amais rien de dissimulé> il )aut prendre s..e.m. pour une

mani)estation détournée du comple"e de castration> ce ui met Gn F

lenute> puisue lF nous nous trouvons sur un terrain )amilier> o

la t8éorie est en mesure de tranc8er. oute)ois on ne peut

sempc8er de douter ue linté*ration du sens dun conHit

ps;c8iue puisse se )aire F si peu de )rais> et lon se dit ue si la

c8ose semle possile> cest ue le re)oulement a *a*né ien vite la

partie. !n )ait> nous sommes plutOt en )ace dun de ces cas dans

lesuels la prise de conscience> devenant un oet intellectuel

)ortement investi> se trans)orme aussitOt en résistance> tandis ue la

castration impose tout F la )ois son caractère nucléaire et la arrière

uelle dresse devant sa propre compré8ension1. An*oisse de

castration> castration inconcevale = on serait tenté den rester lF>

nétait ue les c8oses suivent leur cours> comme si rien navait eu

lieu. :ar s..e.m. revient> en provouant cette )ois non plus la

curiosité un peu amusée du déut> mais une certaine perple"ité> et

ce ui avait été daord saisi sous un an*le nettement intellectuel

devient maintenant eaucoup plus ami*u. erait-il possile dtre F

la )ois mort et vivant J de ntre plus en vie et de conserver une

1$1

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II. ..e.m. (19$4

conscience claire de soi> comme le c8asseur racc8us de a)[a M ,e

 eu commence F ces uestions> et sil prend su0isamment dampleur>

il permet de dire dune part ue le oi41 reste F lari de tout déni

de la réalité> et dautre part uil reconnaNt au )antasme une part de

lé*itimité> ce ui constitue lamorce dun cliva*e et laisse entrevoir

de nouveau" développements (e me orne F relever le rapport avec

le )étic8isme> le oi étant ici son propre )étic8e. ,e comportement

ludiue ui caractérise cette deu"ième attitude du oi et ui en

pareil cas ne disparaNt amais complètement> )ait néanmoins une

place de plus en plus *rande F la crédulité> dautant ue la répétition

du p8énomène Gnit par en*endrer un véritale sentiment

détran*eté. ,a0ect se modiGe donc peu F peu dans le sens dune

perple"ité an"ieuse> surtout au moment décisi) ue appellerai la

rec8erc8e des indices> rec8erc8e en uelue sorte né*ative ui> non

sans plaisir au demeurant> invite le oi F modiGer son

comportement. 7n our> en e0et> le retour insistant de la pensée

étran*e et du doute ui s; attac8e> retour comme touours inopiné>

provoue une mise en alerte> une moilisation des appareils

sensoriels destinée F convaincre le oi ue e @ a ien cessé de

 vivre J du moins est-ce ainsi uon serait tenté de décrire les c8oses

après reconstruction J en )ait> sur le moment> cette mise en ranle

des s;stèmes percepti)s ne procède pas dune réHe"ion. 'e mme>

sur le moment> on ne relève pas danalo*ie entre les indices

c8erc8és et telle circonstance ui> par)ois> a présidé F lirruption de

la pensée iXarre dans la conscience> on ne peut amais le )aire

uaprès coup. :es indices ont a0aire avec la dépersonnalisation>

cela va de soi J il sa*it de sutiles altérations a0ectant

principalement la distriution de lespace et de lunivers sonore J

dune modiGcation des perceptions dans le sens dune transmission

de messa*e> dun messa*e oscur dont on ose F peine )aire état tant

son contenu est anal> voire ridicule. :omment> par e"emple> rendre

lémoi F la )ois tout naturel et insolite uon éprouve F la tomée du

 our> en entendant le cri uniue dun oiseau noir perc8é sur un toit M

1$2

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II. ..e.m. (19$4

7n re) instant pourtant> le cri et lima*e semlent venir dun autre

monde pour dire au témoin uelue c8ose ui le concerne> lui en

personne ustement. ais tout rentre très vite dans lordre> tout

retrouve un air évident et> par lF> se vide de si*niGcation. :8ose

remaruale> ces moments-lF nouvrent amais la voie F la motricité>

mme lorsuils attei*nent un point culminant J néanmoins ce sont

ien des p8énomènes de dépersonnalisation ui> si )u*aces et si

dépourvus dan*oisse consciente soient-ils> sont )acilement admis

comme autant de si*nes invitant le oi F continuer son eu et F

attac8er un peu plus de crédit F létran*e su**estion. Puis un pas

décisi) est )ranc8i lorsue alerte sensorielle> moilisation de

lattention> sentiment dun c8an*ement et raisonnement se trouvent

conu*ués. Le nen donnerai uun e"emple. 7n our> dans les

circonstances les plus ordinaires> lintéressé se prend F oserver>

presue F *uetter> une personne )amilière assise F tale en )ace de

lui. :onsidérant son vis-F-vis de )açon discrète> mais pénétrante> il le

surveille comme pour surprendre uelue c8ose dont il lui )audrait

sassurer. !t cest le déut dun raisonnement ui se développe

spontanément F la )açon dun )antasme Q le vis-F-vis est connu pour

tre droitier J sil vient F se servir de sa main *auc8e> cela si*niGera

ue la pensée s..e.m. est di*ne de cro;ance. Au cas o lautre

prendrait son couvert ou son cra;on de la main *auc8e> il étalirait

en e0et avec le suet ui lui )ait )ace une relation de s;métrie

comparale F celle uon a en découvrant son propre reHet dans un

miroir. 'ans cette éventualité> autrui se trouve assimilé F un doule>

ce ui entre autres résultats lui )ait perdre sa sin*ularité. ais

contrairement F ltudiant de Pra*ue ou F Peter c8lemi8l> ui ne se

posent pas de uestions sur leur identité> le 8éros> pour pouvoir ici

sinterro*er plus avant sur sa propre e"istence> doit daord détecter

et rassemler les indices ui )eront de lautre son doule. Il ne sa*it

donc pas dune rencontre du suet avec son doule selon le modèle

du )ol[lore classiue> puisue le suet> épiant c8eX autrui la preuve

dun comportement en miroir> est amené F se demander sil nest pas

1$+

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lui-mme la trace> le doule de sa propre personne disparue. Ainsi ce

sont les autres ui> en se présentant éventuellement avec une

nuance détran*eté> induisent le suet F penser uil a réellement

cessé de vivre. 'après <an[> le 8éros dordinaire parait assassiner

son doule ou> ce ui revient au mme> assister F sa déc8éance> pour

se délivrer des persécutions émanant de son propre oi J alors uF

travers la destruction dun autre oi> il accomplit un véritale

suicide dont il sépar*ne la sou0rance l. ?r dans notre cas> les

c8oses se passent un peu autrement> car lF cest le oi ui est censé

tre mort> et depuis un certain temps déF> tandis ue le sentiment

de"ister> de uelue doute uil puisse saccompa*ner> est attriué

au prétendu doule> reHet du suet anéanti. ,altérité morp8olo*iue

de loet a;ant moins de poids ue la relation de s;métrie ui sest

étalie avec lui> on se trouve désormais dans un monde-)antOme> o

la )ameuse inuiétante étran*eté @ a tant de ressemlances avec la

dépersonnalisation. Zuant au" sentiments péniles ui vont le plus

souvent avec ces sortes de"périences> sil est vrai uici ils )ont

*énéralement dé)aut ou uils sont en partie in8iés> cest peut-tre

ue le suet vivant na pas lieu de les éprouver dès linstant ue ses

doutes peuvent tre dKment énoncés. :ela dit> la sérénité de la0ect

nest-elle pas lF précisément pour dissimuler son contraire M 'ans ce

cas il ne sa*irait pas dune pure inversion de lémoi primiti)> mais

dune trans)ormation de la0ect F la )aveur dun déplacement de

linvestissement. :ette moilisation de la curiosité intellectuelle peut

tre comparée F la tentative din8iition pulsionnelle produite F

c8aue nouvelle complication de la mac&ine in$uencer,  lauelle>

selon aus[> attire lattention du rveur> réveille son intért

intellectuel et a0ailit dautant son intért liidinal1 @. i la pensée

s..e.m. est survenue inopinément et apparemment sans cause> il )aut

supposer uil est dans sa nature dtre F la )ois évidente et cac8ée.

 Lai parlé plus 8aut des accidents e"térieurs ou intérieurs au"uels

on son*e comme F diverses circonstances a;ant pu entraNner

réellement la mort. 7ne pareille interprétation suppose évidemment

1$4

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II. ..e.m. (19$4

la volonté de réduire le"périence F uelue c8ose de ponctuel et de

strictement isolé J en réalité toute)ois> s..e.m. doit plutOt tre tenu

pour le moment dun processus> par analo*ie avec la mac&ine

in$uencer   prise en tant ue terme Gnal de lévolution du

s;mptOme2 @. ur ce point> lépisode ma> du reste> paru séclairer

un peu lorsue e me suis souvenu dun rve répétiti) )ait par une

 eune suicidaire.

 /oici ce rve classiue> ui revenait périodiuement sous une

)orme identiue. 'ans la rue> un soir> la eune Glle entendait marc8er

derrière elle> elle pressait lallure F mesure ue les pas semlaient se

rapproc8er> puis> au plus )ort de lan*oisse> elle se réveillait. !n

évouant son rve> elle disait uelle était désolée de se réveiller

c8aue )ois avant davoir pu reconnaNtre son poursuivant J mais elle

espérait ien uun our> elle pousserait le rve asseX loin pour

parvenir F identiGer linconnu. ?r> cest ce ui advint J le rve

recommença> accompa*né de l8aituelle va*ue dan*oisse> mais

cette )ois la eune Glle put se retourner avant de se réveiller> et ce

uelle vit alors dans une terreur innommale> ce )ut tout

simplement elle-mme> elle-mme devenue vieille> très vieille> avec

sa c8evelure lanc8e dé)aite ui lui ala;ait le visa*e. 'ès lors le

rve cessa> et on le conçoit Q il ne se répétait uautant uil restait

inscrit dans une prolématiue se"uelle précise> celle de lan*oisse

de castration. :ar> au déut> la eune Glle ne doutait pas de lidentité

de son poursuivant> ce ne pouvait tre uun 8omme> par ui elle

redoutait dtre attauée se"uellement J mais dès linstant ue la

rencontre avec le doule en*a*eait une prolématiue narcissiue

o mort et castration étaient étroitement imriuées> la situation

devait radicalement c8an*er.

?n connaNt lada*e selon leuel uiconue voit son doule en

)ace doit mourir @. Ici toute)ois cest le rve ui meurt @ lorsue la

 eune Glle découvre lidentité de son doule> un doule si vieu" et si

décrépit uil est lui-mme au" portes de la mort. Il apparaNt

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II. ..e.m. (19$4

maintenant uen son dernier état> ce rve répétiti) était lié F la

démence or*aniue dont sou0rait la mère du suet. ,esprit de la

mal8eureuse étant )atalement voué F somrer> la eune Glle ne

pouvait ue constater lanéantissement pro*ressi) de sa mère> dont

les si*nes nétaient ue trop patents. Ainsi un lien se créait entre

doule> mère et mort> de mme ue dans la pensée s..e.m.> mort>

personne s;métriue et doule se trouvent rassemlés. ,es deu" cas

ont en commun le"istence dun processus> lintervention de G*ures

semlales et le prolème de lidentité> ce ui permet de réduire en

partie le caractère éni*matiue des circonstances déclenc8antes de

lépisode. !n un premier temps> la pensée avait semlé sur*ir sans

rime ni raison> puis elle avait été mise en rapport avec un

uelconue péril dori*ine interne ou e"terne J mais une )ois

remémoré> le rve de la eune Glle> ouant presue le rOle dune

interprétation> venait révéler ce ui devait précisément rester dans

lomre> F savoir ue tout cela avait trait F un oet )ortement

investi> la mère> et F lanéantissement dont il était e0ectivement

menacé. ?n conçoit mieu" maintenant ue les diverses tentatives

pour élucider s..e.m. naient peut-tre eu pour ut uen masuer le

sens et la portée. A;ant reconnu dans s..e.m. daord le rOle dune

an*oisse de castration dissimulée sous un )antasme dimmortalité>

puis celui dun mécanisme de cliva*e> on oscurcissait la parenté du

p8énomène avec le deuil> ou plus e"actement avec son anticipation>

et par lF mme on pouvait continuer di*norer la corrélation entre

lattriution au suet dune e"istence douteuse et la menace

danéantissement pesant réellement sur loet. Zue le destin )atal de

loet se répercutTt c8eX le suet par lentremise dun tiers )aisant

)onction dima*e spéculaire> par une G*ure transitionnelle

appartenant autant au monde de loet uF celui du suet et dotée

dun pouvoir de décision> cest précisément ce ue les diverses

tentatives dinterprétation devaient empc8er dapercevoir. Alors

uen dernière anal;se> s..e.m. e"prime el et ien sous une )orme

1$6

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II. ..e.m. (19$4

anticipée le mouvement dincorporation de loet ui est le propre

du travail du deuil.

:e mouvement a ceci de particulier en loccurrence daord uil

anticipe lévénement J ensuite uil se )ait dans un sens inattendu

puisue lF loet> condamnant le suet F son propre destin )atal>

sempare totalement de lui comme pour lanni8iler. ,espace dun

instant> le suet est si intimement identiGé avec lautre ue le

sentiment de son propre oi en est altéré et uon peut mme se

demander sil ne laisse pas entièrement la place au oi étran*er.

7ne )ois de plus nous nous retrouvons sur un terrain )amilier J

toute)ois il nest nullement certain ue cette variante ori*inale du

travail du deuil su0ise enGn F tout élucider.

:omment> en e0et> sen tenir au modèle de lidentiGcation avec

loet perdu pour rendre compte inté*ralement des aspects

multiples et comple"es du petit épisode M :omment éclairer le sens

de cette situation parado"ale o le suet séprouve comme son propre

)antOme> tout en c8erc8ant une preuve de son irréalité dans sa

rencontre avec un autre réduit lui-mme F létat de double > :ar> en

Gn de compte> tout tourne autour de la G*ure du doule> cest

évident> mais de uelle )açon> et par uoi> comment le doule est-il

suscité M :est ce ui e"i*e encore uelues éclaircissements.

Sien ue le suet ne croie amais F une ori*ine e"térieure de la

pensée s..e.m.> le sentiment détran*eté uil éprouve F se la

)ormuler lui donne limpression uelle ne provient pas non plus

dune activité propre F son oi> uelle nest pas sécrétée par lui.

!lle sest imposée comme  du de8ors> comme si, selon le modèle

arc8a\ue de la )ormation de la pensée décrit par aus[> elle venait

de le"térieur avant dtre attriuée au oi comme une

)onction42 @. ? les c8oses se compliuent cependant> cest ue le

comme si ne oue pas seulement vis-F-vis du de8ors> mais sappliue

au dedans> ce ui lapparente F un s;mptOme somatiue émanant de

lor*anisme et soustrait par lF mme F toute espèce de contrOle. ,es

1$$

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)rontières entre intérieur et e"térieur en deviennent doulement

incertaines> car le corps> la pensée et le doule du suet tendent sans

cesse F passer les uns dans les autres> voire F se con)ondre tout F

)ait. ais alors lidentité de ce tout uasiment indi0érencié se laisse

enGn appré8ender Q il su0it de se rappeler dans uelles

circonstances lidée s..e.m. est née. !lle a sur*i rusuement devant

le suet comme uelue c8ose dindépendant et de m;stérieu">

comme une sorte de corps étonnant dont la production tiendrait

positivement de le"ploit. !n se )ondant sur les modalités

particulières de cette apparition = soudaineté> autonomie> m;stère

=> on peut dire sans trop savancer ue s..e.m. ne G*ure pas

seulement le suet identiGé avec son doule> mais lor*ane *énital en

érection. il )aut en croire les spécialistes du )ol[lore> du reste> le

doule et le p8allus appartiennent ien au mme monde de

représentations> o l'=me peut tre é*alement localisée Q :8eX les

recs> les *;ptiens et dautres peuples civilisés> dit <an[> lidée

primitive de lTme co\ncidait avec celle dun doule de mme essence

ue le corps @> et il cite F lappui la déGnition de WeinXelmann> selon

lauelle lTme disparue au moment de la mort est lima*e e"acte

du corps 8umain vivant sur terre2 @. Pour ma part> inclinerais F

croire ue lTme> ima*e e"acte du corps vivant> doule de mme

essence ue le corps et principe éminemment séparable, nest peut-

tre rien dautre uun sustitut du se"e éri*é. i le p8allus est

immortel comme lTme ui le G*ure et comme lespèce uil est

appelé F perpétuer> la castration est ien en e0et la menace suprme

puisue> entre autres pertes irréparales> elle a encore cette

conséuence dOter F l8omme sa part dimmortalité.

?n voit mieu" maintenant pour uelles raisons pro)ondes le Gls

dont la mère est *ravement menacée est amené F se susciter un

doule et F sa0irmer immortel> non point certes directement> mais>

parado"alement> par le détour de son statut de mort vivant. Pour le

Gls> en e0et> la mère> ui l8aite depuis touours> retient aussi en

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II. ..e.m. (19$4

elle depuis touours lima*e de son pénis> cest-F-dire lor*ane ui le

représente tout entier et sur uoi elle ne renonce amais F e"ercer

son pouvoir. rTce F ce doule ui est Tme> corps et p8allus tout

ensemle> le Gls peut tenter de"traire de Hima!o maternelle le se"e

éternellement éri*é ui est menacé lui aussi J autrement dit> il peut

tenter in extremis de se mettre lui-mme au monde.

Ima*e proetée ou G*ure p8alliue arrac8ée F la représentation

du corps maternel> le doule ne se mani)este ue dans la mesure o

lidentiGcation primaire est une disposition touours active> ou

touours susceptile de le redevenir. :est ce ui peut se produire

uand une e"citation est uantitativement ou ualitativement de

nature F constituer une e"i*ence de trans)ert impossile F assumer.

 A mon avis> la disparition imminente de la mère entre précisément

dans cette caté*orie> ai pu )aire F ce suet diverses oservations

ue le te"te de Lanice 3orton1 ma paru du reste conGrmer.

:ontrairement F lopinion reçue> il semle ue le malade condamné

témoi*ne dun prodi*ieu" appétit relationnel> et uil accomplisse

dans ce sens un travail ps;c8iue considérale ue> par analo*ie

avec le travail du deuil> appellerai le travail du trépas  2. Le me

trouve lF F lopposé d!issler ui> lui> voit c8eX celui ui va mourir un

certain travail de deuil destiné F lui )aire accepter la mort comme

une conséuence naturelle de la constellation économiue du

moment+. :ependant> !issler lui-mme le remarue incidemment> il

est peu proale uun tel désinvestissement puisse se produire

uand

1. L. 3orton> reatment o) a d;in* patient @> I&e

 9s%e&oanal%tie tud% of t&e C&ili, /> p. 1&.

2. :). infra,  ,e travail du trépas @.

+. . <. !issler> I&e 9s%c&iatrist and t&e d%in! 9atient,  Intern.

7niv. Press> 3e or[> 195+.

les perceptions> mme les plus ténues> conGrment constamment

le"istence dans la réalité des oets damour. ,e processus décrit

1$9

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II. ..e.m. (19$4

par !issler ne constitue sans doute uune des manières dont

dispose un suet encore asseX eune pour a0ronter la mort> la moins

8eureuse pour le suet> uoiue la plus con)ortale pour lentoura*e

ui sen )ait souvent le complice. 'ans le travail du trépas,  au

contraire> les oets damour sont surinvestis> et lélan pulsionnel ui

en résulte est si )ort uen milieu 8ospitalier> le personnel lui-mme

en est souvent )rappé. :ette passion e"acerée peut se"primer aussi

ien comme une recrudescence dappétit instinc-tuel ue comme un

renouveau dimpulsion créatrice. :elui ui va mourir a;ant esoin

des autres pour pouvoir ressaisir et assimiler toute une masse

pulsionnelle encore impar)aitement inté*rée> se séparer deu"

si*niGe avant tout pour lui manuer une introection> manuer une

e"périence dautant plus décisive ue ses implications sont surtout

narcissiues 4+. <ien détonnant si F ce moment les oets se

déroent> puisue> indispensales et pourtant contin*ents> ils

crai*nent inconsciemment dtre dévorés par le mourant et>

louant par lF le travail du trépas,  se"posent eu"-mmes F

manuer leur deuil.

,e processus illustré par s..e.m. anticipe le deuil et> di0érent de

la )uite dont il vient dtre uestion> )ournit une réponse au travail

du trépas. ans doute il ne peut sa*ir ue dun compromis> puisue

dans sa réponse le suet e"prime en mme temps sa tentation de

sanéantir avec loet = en uoi il c8erc8e lui aussi F réaliser une

introection => et son e0ort pour se sauver en sarrac8ant en tant

ue doule F la sp8ère maternelle. out cela nest possile> cela va

de soi> uautant ue le e @ et le non-e @ ne sont pas

entièrement di0érenciés. ais il n; a pas si lon*temps ue les deu"

étaient con)ondus> et de cette con)usion il reste touours uelue

c8ose J ien plus> il se pourrait ue> mme en de8ors du c8amp de la

ps;c8ose et de la perversion> lidentiGcation primaire )Kt touours

prte F )onctionner.

1&

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ais uen est-il dans notre petit épisode du destin de la liido M

Par suite de la pérennité de cette situation ori*inelle> la

représentation de loet retient un uantum variale de la liido

narcissiue du suet> ou plus e"actement> cette liido narcissiue

incluse dans la représentation de loet ; investit la représentation

ue le suet a de lui-mme> cest-F-dire une ima*e p8alliue. 'e lF un

parado"e ui me paraNt di*ne dattention Q la liido narcissiue na

pas pour caractéristiue dtre entièrement localisée dans le suet>

de sorte uF cOté de lopposition classiue entre liido oectale et

liido narcissiue> il )audrait pouvoir distin*uer une autre sorte de

tension> ouant cette )ois entre une liido narcissiue intra-e*o @ et

une liido narcissiue e"tra-e*o @. 3aturellement les modulations

de cette tension dépendent pour une part des mouvements

pulsionnels> puisue toute au*mentation de la liido oectale>

éuivalant F une e"i*ence de trans)ert> )ait varier dans des limites

par)ois très lar*es la position de la liido narcissiue. ?n a vu ue>

lorsue loet sest constitué peu F peu en tant ue tel> sa

représentation a retenu une part du suet aussi ien uune partie de

son investissement liidinal primiti). Il sensuit ue la liido destinée

F investir les oets est empruntée non pas directement F la liido

narcissiue> mais F la liido narcissiue investie dans la

représentation du suet F lintérieur de lima*e de loet. Il n; a

donc pas lieu de dire ue plus loet asore de liido> plus la liido

narcissiue sappauvrit> mais ue plus loet attire de liido F lui> et

plus il déséuilire le statut relation liido intra-e*o @ liido

e"tra-e*o @> plus il e"i*e lau*mentation de linvestissement

proprement narcissiue de lima*e du suet dans loet> ce ui> dans

les cas e"trmes> peut provouer une véritale translation du oi

dans loet.

,a mère> sans doute> ne cesse amais dtre pour une part un

oet narcissiue> et corrélativement> le oi ne se sépare amais

totalement du non-oi. A partir de lF> on peut se demander si> en

1&1

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II. ..e.m. (19$4

*énéral> les oets )ortement investis peuvent accéder F la réelle

altérité dun suet indépendant. ,oet réel> en e0et> ne peut *uère

tre e"térieur uen tant ue mo;en de satis)aire la pulsion J loet

damour> lui> ne saurait tre uune ima*e F lintérieur de lauelle le

suet est déposé sous la )orme dun corps p8alliue. 'e son cOté le

oi> en partie perdu dans lima*e des oets uil investit> ne peut

pas non plus accéder F une pleine identité. !ntre les deu" ordres>

celui du oi et celui du non-oi> il n; a pas F proprement parler de

)rontière> mais une sorte despace transitionnel. i e @ nest pas

dans le oi> il nest pas non plus entièrement dans lautre> mais

réparti tout au lon* des )ran*es dun spectre> disons dun spectre

d'identité, déGni par lensemle des diverses positions dont la liido

narcissiue est susceptile J ou plus précisément par les lieu" et les

uantités o sinvestit la liido narcissiue> depuis un pOle interne

 usuF un pOle e"terne ui co\ncide avec lima*e de lautre. 'e

mme ue e @ ne saurait passer totalement dans lautre sans

sanni-8iler> de mme il ne peut pas non plus se retirer complètement

de loet sans ue celui-ci se réduise F un ensemle de li*nes

astraites et indéc8i0rales. :e nest pas la uantité de liido

oectale investie dans le monde e"térieur ui con)ère au" c8oses

leur allure )amilière> mais la part de liido narcissiue retenue en

elles pour ; investir le e @ en e"tra-territorialité> comme un avant-

poste du suet. ,es variations de cet investissement de la liido

narcissiue sont sans doute le plus souvent latentes. ais en

parvenant F la conscience> F loccasion par e"emple dun

déplacement trop massi)> elles déclenc8ent lun de ces états

dinuiétante étran*eté ui nous renvoient F notre vérité. Ainsi

lirruption de la pensée si étais mort @ )ait prendre conscience

ue si e @ nest pas e"actement un autre> comme le voulait le

poète> il a néanmoins la remaruale propriété derrer sans se

perdre F mi-c8emin du de8ors et du dedans.

1&2

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III. ontre-trans$ert et s8st!e paradoxal (1976)

:ro;eX-moi... e reste conséuent avec mes instincts. @

 Lac[ ,ondon>

 Le Loup des mers.

,orsuil est uestion du contre-trans)ert> on commence souvent

par situer le propos relativement au" diverses acceptions du concept.

antOt on retient la déGnition étroite> ui ne concerne ue les

réactions inconscientes au trans)ert de lanal;sé> avec leur accent le

plus souvent péorati) J tantOt on adopte une déGnition e"tensive

en*loant tout ce ui> de la personne de lanal;ste> intervient dans la

cure et peut mme ; ouer le rOle dinstrument. ic8el 3e;raut> on

le sait> a repoussé encore les limites de cette déGnition en posant

ue le contre-trans)ert> en tant uil comprend la pensée

ps;c8anal;tiue et une demande implicite de lanal;ste> précède

mme le trans)ert1. Il n; a peut-tre pas lieu de c8oisir> cest a0aire

de circonstance> encore uil soit prudent sur le terrain de suivre la

première déGnition> la seconde se prtant mieu" F un travail

spéculati). Pour ce ue e veu" e"poser ici> lacception lar*e est celle

ui convient le mieu"> on le verra> e pense> dans la suite de mon

développement.

'epuis lon*temps déF e suis )rappé par un p8énomène sin*ulier

dont c8aue praticien a sans doute )ait le"périence et ui se produit

dans lesprit mme de lanal;ste au cours de son travail. andis uil

1&+

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

écoute son patient avec lattention ue lon sait> lanal;ste perçoit en

lui une activité ps;c8iue di0érente de toutes celles> a0ects compris>

ui lui sont 8aituelles dans cette situation. Srusuement sur*issent

des représentations étran*es> des p8rases inattendues et

*rammaticalement construites> des )ormules astraites> une ima*erie

colorée> des rveries plus ou moins élaorées> la liste nest pas

limitative> mais ce ui compte surtout> cest lasence de rapport

compré8ensile avec ce ui se déroule présentement dans la séance.

?n serait alors tenté de dire ue lanal;ste sest évadé de la

situation> ce ui éuivaut F une mani)estation contre-trans)érentielle

au sens le plus étroit du terme. :est encore ce ue lon pense

lorsue la )antaisie concerne e"plicitement le patient et uelle a de

surcroNt une allure plus ou moins ré*ressive. :e serait lF le trans)ert

de lanal;ste sur un patient devenu pour lui le représentant dune

G*ure du passé. ?n peut aussi noter F cette occasion comien la

situation est propre F moiliser le pervers pol;morp8e @ ui

sommeille en tout anal;ste> avec les conséuences ue cela impliue

pour le )onctionnement mental de ce dernier. on propos>

cependant> nest pas den rester F ces considérations certes tout F

)ait essentielles> mais )ort ien étudiées par de nomreu" auteurs. Le

pense en e0et uF sen tenir au" limites du contre-trans)ert

classiue> on nest pas en mesure de saisir tous les aspects de

lactivité ps;c8iue dont lanal;ste est alors le lieu> précisément

parce ue certains dentre eu" paraissent ien éc8apper et au"

prolématiues personnelles> et au" positions doctrinales.

,es représentations en uestion surviennent donc F lim-proviste>

F nimporte uel moment de la séance> par)ois dès le déut. :8ose

remaruale> elles ne suscitent ni an*oisse ni déplaisir> uel ue soit

leur contenu. ,anal;ste en est surtout étonné> dautant plus uil doit

naturellement sinterro*er sur linter)érence de uelue conHit

inconscient dont les a0ects auraient été in8iés dans leur

développement. :e uil éprouve alors est un sutil c8an*ement

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

détat> uelue c8ose comme un Hottement très lé*er ui>

parado"alement> ne saccompa*ne pas dun Héc8issement de

lattention. ,a parenté de cette e"périence avec certains états lé*ers

de dépersonnalisation est évidente. ais ici le c8an*ement paraNt

découler directement du discours ou de lattitude de lanal;sé> un

anal;sé tout F la )ois ému et impérieu" ui aurait induit> c8eX

lanal;ste> une modiGcation des investissements narcissiues. Après

coup> lorsue lanal;ste a le loisir de revenir sur ce uil a vécu dans

un pareil moment> il constate ue deu" c8oses s; trouvaient liées Q

une mise en alerte orientée vers loet> et une altération du

sentiment de sa propre identité. out se passe comme sil avait

évacué ce uil ; a de plus personnel en lui> tandis ue sinstaurait

une perméailité spéciale de son appareil ps;c8iue> une autre

ouverture vers de nouvelles activités )antasmatiues. ais sil en est

ainsi> do viennent ces pensées> ces ima*es> ces paroles ui

entraNnent pour lanal;ste une sorte daliénation momentanée M ?n

est en droit de supposer uelles correspondent F des processus

ps;c8iues qui se déroulent c&e; l'anal%sé et ui nont pas encore

été détectés. :est ce ui e"pliuerait le trait le plus remaruale du

p8énomène en *énéral> F savoir le )ait uil est en avance et sur la

compré8ension du matériel proprement dite> telle uelle découle de

déductions lo*iues> et sur les )antasmes ue le patient est F mme

de )ormuler.

?n se souvient ue Paula Weimann a présenté en 1949> au C/Ie

:on*rès international de Ps;c8anal;se> un travail dans leuel elle

e"prime clairement la valeur du contre-trans)ert en tant

uinstrument de compré8ension du patientR. Pour Paula Weimann>

lanal;ste possède de linconscient de son patient une perception

inconsciente plus ai*uq et plus précoce ue celle ue peut permettre

toute conceptualisation consciente de la situation. Au demeurant

lauteur sintéresse essentiellement F l'état a6ectif  de lanal;ste> au"

sentiments ue le patient suscite en lui> do sa recommandation

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

dassocier F lattention Hottante une sorte de lire sensiilité

émotionnelle> ce ui va dans le sens de son désir de lutter contre

lima*e idéalisée dun anal;ste impavide> détac8é> et pouruoi pas>

insensile.

 Assurément ce travail a )ait date> du reste divers auteurs ont suivi

la mme voie. ais le p8énomène dont e parle est ien autre c8ose

ue cette sorte de résonance a0ective @ ui> laissant dans le va*ue

le cOté spéciGue de ce ui se passe

1. P. Weimann> a ?n :ounter-rans)erence @> I&e 3nternat. <ournal

of 9s%cFo)anal%sis, 195.

alors dans lappareil ps;c8iue> ne permet pas deconceptualisation uelue peu ri*oureuse. 7n autre auteur a )ait un

pas de plus dans cette direction> cest Annie <eic8> ui oserve ue

)réuemment Hinsi!&t au matériel survient soudainement> comme sil

émanait de uelue ré*ion du propre appareil ps;c8iue de

lanal;ste  B  :elui-ci découvre tout aussi soudainement ce ue son

interprétation doit tre et comment il convient de la )ormuler. :e

t;pe de compré8ension> aoute lauteur> est pour ainsi dire éprouvépassivement Q il advient. Le rappellerai é*alement deu" notations de

. 3e;raut ui me semlent sarticuler au mieu" avec mon propos Q

'une certaine )açon> lanal;ste est pa;é pour suspendre le cours

de ses pensées et se soumettre F des associations ui némanent pas

de lui. @ !t plus loin> dans le para*rap8e consacré au" 9s%c&oses de

transferts,  il aoute ue le trans)ert massi) @ de ces patients

témoi*ne dune mainmise ps;c8iue> dune incarcération du

t8érapeute dans lespace suecti) de la pensée ps;c8otiue. :et

espace... ne possédant plus la notion des limites de sa propre

intériorité... des contenus internes appartenant F dautres

suectivités notamment ceu" du t8érapeute> paraissent inclus dans

un mme espace 2 @. :ertes> reste F savoir si ces )rontières

incertaines sont la caractéristiue e"clusive du ps;c8otiue> et si

celui-ci a nécessairement et ré*ulièrement perdu le sens s;moliue

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

des mécanismes internes ui animent sa suectivité. Le suis loin

den tre certain> il ; a lF un point de doctrine> mais pour ma part e

considère ue certains patients ps;c8osomatiues présentent cette

carence de manière inGniment plus e"emplaire. !nGn nomreu" sont

les suets> ni ps;c8otiues> ni ps;c8osomatiues> c8eX ui on peut

oserver F certains moments cet e0acement des limites du monde

interne.

:omme on le voit> eaucoup danal;stes sont attirés vers les

ré*ions o le p8énomène ue étudie est é*alement situé.

:ependant pour lever toute ami*u\té sur la spéciGcité des )aits> e

 voudrais e"poser deu" )ra*ments cliniues. :ertes> e ne me )ais

*uère dillusions sur la portée de telles illustrations> ui suscitent

ré*ulièrement une diXaine dinterprétations ien meilleures ue

celles uon a soi-mme conçues Q e leur accorde surtout le pouvoir

de transmettre une e"périence dont sur le moment mme la portée a

été vivement ressentie.

'un matériel trop important pour pouvoir tre rapporté dans son

inté*ralité> e détac8erai les seuls éléments ui sont directement

relati)s F mon propos> en espérant uon ne sera pas trop arrté par

ce uils ont par)ois dincon*ru. 'u reste cet incon*ru nest pas sans

si*niGcation> étant évidemment soumis au" mmes mécanismes

arc8a\ues ue le calemour et le mot desprit.

7ne eune )emme> dont lanal;se est en cours depuis deu" ans

environ> e"prime un our la crainte de ntre pas en mesure de me

ré*ler mes 8onoraires F la date prévue. !lle redoute cet éventuel

retard> et se souvient dun incident analo*ue survenu il ; a déF

asseX lon*temps. 'e lon*s silences rompent son discours> et elle ne

complète sa pensée ue peu F peu. !lle sinuiète de voir F uel

point elle mle peur de laandon et intolérance F toute situation de

dépendance. e devoir de lar*ent constitue pour elle précisément

une situation de dépendance> lauelle lui évoue en retour lima*e

dune relation )usionnelle a0olante. A ce moment lidée du plaisir

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

uelle prend F cette situation me revient F lesprit> ce ui senc8aNne

directement avec mes réHe"ions sur la prolématiue ui nous est

)amilière et dont lélaoration est déF ien avancée. <ien de

troulant dans tout cela> pour un peu on parlerait de routine

ps;c8anal;tiue @. !t puis soudain> cest la rupture> la surprise. Lai

limpression de décroc8er> uelue c8ose a c8an*é> e ne suis plus le

mme> e le constate tandis uune ima*e dune e"trme précision

simpose F moi> occupant tout mon esprit. Lai devant les ;eu" une

*ravure> ou plus précisément lan*le in)érieur *auc8e dune *ravure

ui aurait été détac8é. ur ce coin> e vois une ame de )emme>

tendue F 45^ vers le as> F *auc8e> et émer*eant dun )ourré. ,a

 ame est nue> visile seulement F partir du mollet> mais ce ui me

saisit surtout> cest le )ait ue la c8eville et le pied sont en

8;pere"tension. :ette ima*e ne me rappelle rien> et mme> par la

suite> ai c8erc8é en vain F lui trouver une ori*ine )amilière. !n

revanc8e> F peine lima*e a-t-elle sur*i uune pensée me vient F

lesprit Q  Les !arçons sont mieux lotis,  et cette )ois interviens

immédiatement en disant Q @ous pense; que les !arçons sont mieux

lotis. ,a si*niGcation p8alliue de cette ame sortant dun entrelacs

d8eres> darustes et darrisseau" est évidente> mais ici lima*e et

la p8rase concomitantes simposent daord en de8ors de tout

décoda*e. Presue aussitOt la patiente associe avec Tpreté sur

laspect conHictuel de ses relations avec sa mère. :e conHit avait

touours été rapporté usue-lF F la doule crainte ue ai déF

évouée Q crainte de réection asolue et daandon> 8orreur dune

)usion totalement assuettissante. :ette )ois il est uestion de

lattitude interdic-trice de la mère> de son éducation désastreuse.

out était permis au" )rères> ui ouissaient dune réelle lierté> alors

uelle-mme était étroitement surveillée. 7n our une réprimande

sévère lui avait été inHi*ée parce uelle était revenue de lécole en

compa*nie dun camarade ui lui tenait le ras. 'ès ce moment un

matériel asseX important se )ait our touc8ant la prolématiue

p8alliue et non plus> comme auparavant> le conHit plus arc8a\ue

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

ui avait presue constamment occupé le devant de la scène> au

point de conditionner lar*ement le comportement de lanal;sée.

 Len viens maintenant F une oservation tirée dun autre cas> ui

ne manue pas non plus de sin*ularité.

'ès le déut de la séance> la patiente me rappelle le Au revoir

onsieur @ in8aituel sur leuel elle mavait uitté lors de notre

dernière entrevue. :ela la )ait penser F un incident de sa première

en)ance. !lle est certaine de lépoue o la c8ose sest passée> elle

devait avoir deu" ans et demi. 'es repères précis> dont elle ne parle

pas> lui permettaient de situer lévénement Q Pas avant> pas

après @> déclare-t-elle. ,anecdote est la suivante Q étant dans la rue>

elle est partie droit devant elle pour se retrouver Gnalement au poste

de police. ,F on la met deout sur une tale> autour delle des a*ents

linterro*ent. A ce moment précis se produit le mme p8énomène de

décroc8a*e ue ai précédemment décrit> et une pensée étran*e me

 vient F lesprit Q  <e te croquerais volontiers, beau marin.  Inutile de

dire ue> pour averti ue e sois> e ne laisse pas dtre passalement

interloué. aoute F ma perple"ité le )ait ue le"pression me

renvoie cette )ois aussitOt F une ré)érence littéraire. Il sa*it de Sill;

Sudd> le 8éros du roman de W. elville> ue e nai pas relu depuis

uelue uinXe ans. Il me semle é*alement uil e"iste un rapport

entre le onsieur @ par uoi elle mavait salué> et le"pression

Seau arin @. ur le moment aucune e"plication spontanée ne

 vient éclairer cette iXarre association> ce ui ne mempc8e pas de

sentir uil )aut en tenir compte. oit dit en passant cest seulement

auourd8ui> en écrivant ce travail> uil me revient ue dans la

marine an*lo-sa"onne en particulier> il était dusa*e dappeler tout

o0icier onsieur @. Pendant ce temps la patiente poursuit le récit

de son souvenir den)ance. tant touours au poste de police> elle voit

entrer un 8omme> son oncle Pierre. !lle dit avoir éprouvé alors une

8onte intense> et insiste sur la ualité particulière de ce uelle a

 vécu. 'e lF elle passe F un rve uelle mavait déF raconté

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

auparavant et ue> pour uelue raison oscure> avais sou8aité

réentendre. Le ne relève de ce rve ue lélément principal Q une

sorte de dalle recouverte dune éto0e noire ui lui évoue tout F la

)ois une pierre tomale et une tale. on père lui a un our o0ert une

tale a;ant un dessus de marre. !lle veut se déarrasser de ce

meule dès ue possile> pour le remplacer par un autre uelle

c8oisira elle-mme Q une tale F man*er @> dit-elle. Puis elle

sattac8e au t8ème de la nourriture> elle parle dun plat de cuisine

locale ui lui inspire le plus *rand dé*oKt et pourtant> note-t-elle

avec insistance>  étais de onne composition @. A linstant mme

ma pensée sin*ulière me revient> et interviens Q !n disant de

onne composition> vous vouleX dire aussi onne F man*er M @ !lle

est interdite> peut-tre un peu inuiète> puis reste rveuse et

répond Q ?ui> cest vrai U Le repense maintenant F cet oncle Pierre

ui me )aisait si peur. Il me disait Q e suis un lion> e vais te man*er.

 Létais )ascinée> e"citée> terrorisée. @ Zuant F moi> cest seulement le

lendemain ue ai cru comprendre le sens de mon association avec

le personna*e de elville. ,e support de lanalo*ie était )ourni par le

cou de la patiente ui> ce our-lF> était lar*ement dénudé Q en e0et

Sill; Sudd> surnommé le Seau arin> Gnit pendu F la *rande ver*ue

du navire> et> dit elville> reçoit en plein la lumière rose de

laue @> ce ui su**érait un lien étroit entre la dalle )unère et le

8éros e"écuté.

Il va de soi ue dans cette circonstance> comme dans toutes

celles du mme *enre> e nai pas né*li*é de minterro*er tant sur

les pensées ui me venaient F lesprit ue sur mes interventions. !t

 e crois pouvoir dire ue les représentations en cause ne dépendaient

pas spéciGuement de ma vie intérieure avec lentrelacement des

désirs et des an*oisses ui en déterminent le cours. 'e mme> elles

ne constituaient nullement une réaction individuelle au trans)ert du

patient. 3on ue e sois F lari de tels accidents> loin de moi cette

idée> dans les premiers temps ue le p8énomène sest présenté F

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

moi> avais mme tendance F le leur attriuer. ais en rester F

toutes ces inter)érences contre-trans)érentielles et F ces )ameuses

tac8es aveu*les @ dont parle %reud> en loccurrence pourtant ceKt

été une )acilité. Pouruoi M Parce ue ceKt été né*li*er ce ue le

p8énomène a précisément dori*inal> e veu" dire dune part son

étonnant pol;morp8isme> et dautre part le rOle d;namiue ue lui

con)ère sa valeur danticipation. Pol;morp8e> il lest en e0et F ce

point uil )audrait tre ien outrecuidant pour se croire 8aité par

une pareille multiplicité dima*es et de )ormes verales> provenant

de surcroNt de tous les niveau" *énétiues possiles. A ce propos e

note en passant ue les représentations pré*énitales ; sont

spécialement en*a*ées> ce ui me conGrme dans lidée ue>

actuellement> les meilleures indications de lanal;se ne sont peut-

tre pas touours les névroses> mais le *roupe asseX mal délimité des

états border)line.  tant donné ce protéisme vraiment )rappant>

mme loutrecuidance dont e parlais tout F l8eure ne permettrait

pas de trouver dans ce ui se passe lintervention indiscutale dune

)antasmatiue personnelle. ais le plus important nest peut-tre

pas lF> il réside F mes ;eu" dans le caractère presue prop8étiue de

ces productions impérieuses> ui sest maintes )ois avéré.

!n *énéral> le patient retrouve au cours de la mme séance> mais

après coup> un rve ou un événement plus ou moins ancien auuel il

na amais repensé ou ui a été re)oulé> et ui sarticule par)aitement

avec la pensée ui a sur*i en moi. :elle-ci a cette particularité

d'annoncer   et d'énoncer tout F la )ois des )ra*ments importants du

monde inconscient de lanal;sé> de sorte uelle conduit directement

F une intervention douée dune réelle valeur d;namiue. Le dois dire

ue e naurais pas son*é F isoler le p8énomène de )açon aussi nette

si e navais été ré*ulièrement )rappé des prédictions au"uelles il

mamenait sKrement> et du rOle décisi) uil ouait par lF mme dans

linterprétation.

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

out cela> du reste> ne sest entièrement élucidé ue lorsue ai

compris ue dans les p8rases ui me venaient F lesprit> il )allait

c8an*er le locuteur Q avais pensé un je, en tenant donc la place du

suet> alors uil )allait entendre un vous ou un il, ce F uoi opposai

lon*temps une vive résistance au sens ps;c8anal;tiue du terme.

Zui parlait en )ait> lorsue les pensées et les ima*es circulaient dans

mon esprit> et ue e les utilisais ensuite dans mon travail M Zui donc>

sinon le patient> puisuil n; avait lF ni participation de ma vie

intérieure> ni réaction individuelle au trans)ert M ais alors il )aut

ien en conclure uF un niveau déGni de son )onctionnement>

l8appareil ps%c&ique de l'anal%ste est littéralement devenu celui de

l'anal%sé. :e dernier a enva8i @ lappareil ps;c8iue de lanal;ste>

il sen est momentanément emparé pour ; déclenc8er des processus

mentau" ori*inau". Plus précisément cest par lentremise de sa

représentation dans lespace ps;c8iue de lanal;ste ue lanal;sé

prend possession @ momentanément> ou plus )ortement> de lesprit

de lanal;ste. :ertes lanal;sé en cela encore c8erc8e comme

touours F tre compris> mais il a surtout esoin ue ce uil perçoit

au )ond de lui-mme avant tout comme une e"i*ence économiue

= ou une potentialité )antasmatiue inaccessile = sélaore et

trouve une pleine G*uration *rTce au travail dun appareil ps;c8iue

uil sest anne"é. ,anal;ste de son cOté semle stre retiré en tant

uindividualité 8aitée de passions et a;ant une 8istoire pour ne

laisser sur place ue des capacités )onctionnelles actives dans lordre

du )antasme plutOt ue de lactivité lo*iue de la pensée> et uil

alimente avec sa propre éner*ie.

:ette activité ps;c8iue ori*inale de lanal;ste> ui doule celles

ui nous sont )amilières> il )allait ien lui donner un nom. Pour

lopposer tant au )onctionnement de létat de veille uF celui du

rve> et en pensant peut-tre au" travau" ien connus sur le

sommeil> ai c8oisi de lappeler pensée paradoxale.  :ette )orme

dactivité nest certes pas réservée F lanal;ste> mais e crois ue

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

celui-ci de par son e"ercice mme ; est spécialement disposé. Zuelle

est uantitativement limportance des pensées paradoxales M ont-

elles constamment F lEuvre M ,es pensées parado"ales noccupent

uune place limitée. !lles néclatent F la conscience de lanal;ste

ue de )açon )u*ace et sont certes ien loin de se mani)ester F

c8aue séance pour c8aue patient. ais ien uelles se présentent

isolément> et comme 8ors de tout conte"te> il me paraNt di0icile de

leur prter une réelle discontinuité. 'e )ait ai pu constater ue

certaines de ces pensées paradoxales étaient mal*ré tout 8omo*ènes

et par)ois reliées entre elles> aussi en suis-e venu F penser uelles

nétaient sans doute ue la part visile dun p8énomène inGniment

plus ample> se déroulant le plus souvent en sourdine> en retrait des

autres activités mentales> et doté> lui> dune sorte de continuité.

:est ce ue ai appelé le s%stème paradoxal> un s;stème certes peu

accessile> mais uil nous est par)ois donné de pressentir. ?n

devine> comme F travers un voile> un déGlé dima*es pulsatiles> des

G*ures en constante trans)ormation ui passent> sévanouissent et

reviennent1. !n tenant compte ue les lameau" de p8rases

incon*rues ou incompré8ensiles sinGltrent par)ois dans cette

t8éorie de représentations> on inclinerait volontiers F assi*ner au

s%stème paradoxal  une position intermédiaire sur les conGns de

linconscient et du préconscient.

 A spéciGer ainsi le s%stème paradoxal, e vais susciter F nen pas

douter perple"ité et remarues. ,es p8énomènes décrits ne seraient-

ils pas comparales F ces arte)acts ui altèrent le déroulement et

loservation dune e"périence> et> comme tels> ne devraient-ils pas

tre éliminés du c8amp de la réHe"ion> considérés en somme comme

du rien M Peut-tre serait-ce indiué> mais dans notre domaine le

raisonnale> nous le savons> nest pas touours le plus sensé.

?n aura sans doute déF pensé au rOle ue peuvent ouer dans le

s;stème parado"al la proection et lintroection> ou plus précisément

encore les mécanismes didentiGcation proective et> du cOté de

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

lanal;ste surtout> didentiGcation introective. ,intervention de ces

mécanismes dans le contre-trans)ert a été lar*ement e"posée. Ainsi

. 3e;raut n8ésite pas F reconnaNtre ue le contre-trans)ert = tout

1. ur le plan descripti)> ces productions peuvent tre

rapproc8ées des ima*es 8;pna*o*iues.

comme le trans)ert = relève F certains é*ards de la pensée

animiste> pour une part identiGée avec une proection de

linconscient. 'e lF F dire ue e pose une conception en uelue

sorte parano\de de lactivité de lanal;ste> il n; a uun pas. Pour ma

part e ne le )ranc8is pas> a;ant pu me convaincre par le"périence

ue lappropriation et lenva8issement de lappareil ps;c8iue de

lanal;ste ne répondent nullement F des visées destructrices. Il ne

sa*it pour lanal;sé ni de léser lanal;ste> ni de le contrOler

étroitement> ni de déposer en lui des )ra*ments de soi clivés et

mauvais. :e ui est plutOt en cause> F mon avis> cest le destin de la

liido narcissiue des deu" prota*onistes. i lanal;ste ressentait

cette situation comme persécutante> ce serait la preuve dune

réaction contre-trans)érentielle au sens anal et né*ati) du terme.

:ela dit> il )aut reconnaNtre ue ces pensées paradoxales  ont pour

nous uelue c8ose de *nant.

:omment> F cOté des processus conscients et inconscients ui se

déroulent en lui> lanal;ste reconnaNtrait-il le"istence dun autre

re*istre dactivité ps;c8iue> dont il nest pas F proprement parler le

suet M Il éprouve> identiGe> associe> comprend> transmet> cest la

trame de sa tec8niue J il accepte comme allant de soi la )ameuse

communication dinconscient F inconscient> mais il répu*ne

naturellement F )aire une place F uelue c8ose dindéGni> de non

maNtrisé> ui est en lui comme le radicalement étran*er. Ainsi les

réticences uinspire le s%stème paradoxal  se"pliueraient avant

tout par la menace uil )ait peser sur la stailité de notre sentiment

didentité. 3otre narcissisme sen trouvant éranlé> nous pouvons

nous croire attaué et nous nous dé)endons avec la plus e"trme

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

ri*ueur> pré)érant encore accuser le0et de nimporte uelle

prolématiue personnelle> )Kt-elle mme responsale dune )aute

tec8niue. A ce propos> il nest pas interdit de penser ue le

classicisme tec8niue le plus ri*oureu" a secondairement pour

)onction de proté*er lanal;ste contre cette instailité. 'un autre

cOté> la tendance F sassoupir par uoi lanal;ste opère uelue)ois

un retrait narcissiue serait une autre manière de se proté*er = si

e"trme celle-lF il est vrai uelle risue de dépasser son ut> car en

in8iant les capacités )onctionnelles de lanal;ste> lassoupissement

paral;se le lire eu du s%stème paradoxal, auuel ustement il )aut

se laisser aller. %ort 8eureusement dailleurs> il nest pas si )acile

déc8apper au eu Q la prodi*ieuse puissance dont dispose la

représentation de loet> dautant plus solidement installée en son

8Ote uelle retient une part de la liido narcissiue de celui-ci>

empc8e ue lanal;sé puisse amais tre réellement tenu F distance.

!n e"aminant les résistances ue lon oppose normalement au

s%stème paradoxal, ai acuis la conviction uelles ne sont si vives

ue parce ue le s;stème lui-mme dépend dune part de"périences

très arc8a\ues contemporaines de lédiGcation du suet> et dautre

part> dun mécanisme élémentaire> pro)ondément enraciné dans

notre tre> inséparale de notre c8air. /u sous lan*le de ce

mécanisme premier> le s%stème paradoxal  nous conduit donc

directement sur le terrain de la iolo*ie = un terrain o certes nous

8ésitons touours F nous 8asarder> uoiue %reud nous en ait

clairement montré le c8emin.

?n sait ue léuipe diri*ée F lInstitut Pasteur par %. Laco et <.

%auve a récemment mis en lumière un )ait important> ui ne laisse

pas de donner F penser ,es auteurs étalissent en e0et un

rapproc8ement entre deu" cas particuliers dans lesuels les

dé)enses immunitaires> si vi*ilantes autrement F lé*ard de toute

intrusion étran*ère> cessent pareillement de )onctionner. Il sa*it

dune part de la tolérance de lor*anisme F lé*ard des cellules

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

mali*nes> et dautre part de cette mme tolérance de lor*anisme

maternel F lé*ard du )Etus dont le développement devient ainsi

possile. !n dautres termes> les cellules cancéreuses> tout comme

les cellules du placenta emr;onnaire> mettent en éc8ec le s;stème

de dé)ense de lor*anisme o elles vont se développer. Il )aut donc

uil e"iste dès le déut de la vie une )onction particulière propre F

in8ier le déclenc8ement de la dé)ense immunitaire> car si celle-ci

intervenait normalement> elle empc8erait la croissance de ce corps

étran*er uest le )Etus> ce ui est peut-tre le cas dans certains

avortements spontanés 44.

ais il )aut aussi ue cette )onction puisse F son tour tre

ultérieurement in8iée aGn ue le suet soit en état de reconnatre le

corps étran!er comme tel et de se proté!er. !n partant de ce modèle

iolo*iue> il me semle possile de supposer ue la représentation

de lanal;sé se comporte dans lespace ps;c8iue de lanal;ste F la

)açon dun trop8olaste> cest-F-dire uelle ne laisse pas lanal;ste la

reconnaNtre constamment dans sa pleine altérité. il en était ien

ainsi> on comprendrait mieu" ces situations dans lesuelles on ne

sait plus ui est o> et ui est ui. ,e développement du s%stème

paradoxal devrait donc dépendre> en partie au moins> de lin8iition

momentanée ou partielle des )onctions ui permettent de

reconnaNtre autrui et de se proté*er. 7ne in8iition dont e dirais

uelle soppose 8eureusement au déclenc8ement dune )orme parmi

les plus to"iues> et peut-tre )ondamentale> de contre-trans)ert Q le

esoin déliminer et de reeter lanal;sé.

:es considérations paraNtront peut-tre uelue peu risuées>

mais enGn nous autres anal;stes ne manuons pas daudace lorsue

nous articulons les mécanismes les plus arc8a\ues du petit 8omme

avec les modèles p8;siolo*iues de lincorporation du on et de la

réection du mauvais J ou encore lorsue nous montrons comment

ces mécanismes sont F lEuvre dans des )antasmes susceptiles

dénonciation. Lévouerai encore la pratiue ps;c8osomatiue ui>

196

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

en nous plaçant au contact des ori*ines troules des activités

)antasmatiues> nous démontre constamment comien sont )ra*iles

et mouvantes les limites entre suet et oet> entre mental et

p8;siue. 'ans ce no mans land> les pouvoirs sont parta*és> et

)réuentes sont les altérations or*aniues ui apparaissent et

évoluent comme en réponse au" modiGcations les plus variées>

souvent inGmes> survenant c8eX lautre et ressenties par le patient

en tant ue c8an*ements dont il est lui-mme a0ecté. :ela constitue

F mon sens le modèle de lactin* in. !t puis> rien nempc8e de

penser uil e"iste une pro)onde 8omo*énéité de structure entre les

mécanismes les plus élémentaires et ceu" ui G*urent parmi les plus

évolués.

ais il est dautres ar*uments en )aveur du s%stème paradoxal

au"uels lanal;ste devrait tre plus sensile. Lai déF )ait état de la

conne"ité entre s%stème paradoxal  et dépersonnalisation> ou plus

e"actement de la dépendance du s%stème paradoxal F lé*ard dun

destin particulier de la liido narcissiue> ui impliue une

incertitude relative du sentiment didentité. Par sentiment didentité>

 entends> en suivant P8. reenacre> lunicité vécue dun or*anisme

inté*ré ui reconnaNt autrui sans ami*u\té45. 'ans un travail

précédent sur Le de&ors et le dedans, ai déF développé ces vues en

partant de le"amen du )antasme Q i étais mort @46. Le soutenais

alors ue les oets )ortement investis ne peuvent amais ni *a*ner

une réelle altérité ni otenir le statut de suets totalement

indépendants. Parallèlement le oi> en partie perdu dans les

représentations de ses oets damour> naccède amais> lui non plus>

F une identité entièrement déGnie et indiscutale. Lavançais encore

uil n; a pas de )rontière véritale entre le oi et le non-oi> mais

une Xone transi-tionnelle incertaine> un spectre d'identité déGni par

les diverses positions ue peut occuper la liido narcissiue depuis

un pOle interne usuF un pOle e"terne ui co\ncide avec lima*e de

lautre. :es remarues pourraient tout aussi ien tre tirées de

19$

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

le"amen de la situation anal;tiue> ui s; prte mme

particulièrement. !n e0et> lanal;ste dépose touours une part plus

ou moins *rande de sa liido narcissiue dans la représentation uil

a de son anal;sé> et ce processus> sil sampliGe> constitue une

circonstance )avorisante> et pour lattention Hottante> et pour

lapparition du s%stème paradoxal. :orrélativement F cette

déperdition de sa liido narcissiue> lanal;ste voit saltérer lima*e

oscure et indéGnissale uil a de sa propre identité.

8éoriuement> ce mouvement pourrait aoutir F une véritale

translation de lun dans lautre> ce ui ne risue *uère de se produire

pratiuement> puisue la liido narcissiue ne cesse amais de

circuler et dosciller entre ses pOles e"trmes. A supposer uon

 veuille retenir certains traits caractérisant la personnalité de

lanal;ste> il )audrait )aire une place> F cOté dune disposition

spéciale F lidentiGcation primaire> comparale F celle du

ps;c8otiue et du pervers> F la cononction dun )antasme de

maternité et dune aptitude F la dépersonnalisation.

 A propos de lincertitude a0ectant le sentiment de lidentité> e

rappelle ue pour moi il dépend é*alement de"périences précoces

dont linHuence directe a persévéré. ,une de ces e"périences me

paraNt révéler un )ait saisissant ui constitue sans doute lun des

points dancra*e du s%stème paradoxal et> pour certains individus au

moins> un moment décisi) du développement.

7ne patiente me rapporte ue lorsuelle était T*ée de deu" ans

et demi environ> elle sest trouvée un our avec sa mère devant une

armoire F *lace ui les reHétait toutes les deu" deout> cOte F cOte.

Pour la première )ois> len)ant voit donc simultanément les deu"

ima*es. !lle éprouve alors deu" états ui> uoiue séparés par un

certain délai> sont étroitement reliés. ,e"périence est ami*uq> en

tout cas loin dtre o;euse ou triomp8ante J dans un premier temps

pourtant elle comporte un élément positi)> car elle permet un ond

mental prodi*ieu". ,en)ant déduit de cette vision ue sa mère ne

19&

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

connaNt pas ses pensées> ce ui lui permet mme de pro)érer

mentalement des inures. 7ltérieurement> se reportant au

cOtoiement des deu" ima*es> elle se trouve en proie F une pro)onde

détresse. ,ittéralement a0olée> elle se précipite sur sa mère>

linterpelle avec violence> en criant Q

aman> pouruoi e suis moi> dis-moi pouruoi e suis moi U @

?n conçoit lemarras de la mère J a*acée par linsistance de

len)ant> évasive> puis rutale semle-t-il> elle la renvoie sans lui

répondre. ,a patiente se souvient uelle sest alors etée par terre>

pleine de ra*e J sa sEur> nettement plus T*ée uelle> aurait assisté

plusieurs )ois F cette dernière scène et la lui aurait racontée.

?n aura sans doute déF pensé au stade du miroir de ,acan>

puisuil sa*it lF aussi dune relation entre identité et ima*e

spéculaire. !n )ait le"périence relatée par ma patiente est uelue

c8ose de tout F )ait di0érent Q elle est eaucoup plus tardive = deu"

ans et demi environ = et douée dune tout autre tonalité a0ective.

,en)ant> lF> nest déF plus plon*é dans cet état dimpuissance et

dincoordination motrice ui caractérise le tout-petit. Il a un certain

sens de son unité corporelle et dispose dune relative maNtrise. ais

ce nouveau pas> ui pourtant le conduit F une délimitation plus sKre

de son oi> il ne le )ranc8it pas sans désarroi> car il pressent ue le

pri" F pa;er est une )racture @ de sa liido. Sien ue le Le @

commence de sa0irmer> tout ltre résiste F la nécessité de se

rétracter sur lui-mme> dassi*ner une place déGnie F sa liido

narcissiue et den tracer les )rontières. Il proteste violemment

contre cette restriction ui comporte un doule deuil> celui dun

ancien soi-mme immense et celui dun oet narcissiue Q la mère

des premiers temps. !t comme il vit le déc8irement et la détresse de

devoir tre pour la première )ois et pour de on> len)ant lutte et

retient par lF mme au )ond de lui le souvenir de ce moment

daustement. rop rude pour tre acceptée> le"périence le conduit F

re)user ou tout au moins F retarder une victoire uil ressent comme

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

appauvrissante> voire comme une dé)aite. ais mal*ré tout il sest

rapproc8é de la réalité> et puisue la réalité a0irme ue loet est

un autre> cet autre il le man*era @> ne serait-ce ue pour ne pas

perdre la part de lui-mme ui ; est en)ermée. Il serait concevale

ue les rudiments de toute représentation doet )ussent créés et

appelés F se développer de cette )açon dans lespace du suet. !t ue

le"périence laissTt un résidu )onctionnel> consistant> pour la liido

narcissiue> en une capacité de se déplacer constamment entre la

représentation du suet lui-mme et celle de ses oets damour J et

pour le oi en une incapacité de sassurer amais dune inéranlale

identité.

<este F envisa*er le prolème sous lan*le des )onctions du

s%stème paradoxal.  ,es pensées ui en relèvent> on la vu>

permettent un accès nouveau au matériel latent> et des

interprétations ui> pour tre un peu particulières> ne sont pas pour

autant totalement étran*ères F une manière classiue de voir. A ceci

près> toute)ois> ue le s%stème paradoxal concerne plus spécialement

les potentialités )antasmatiues du patient ui> soit en raison de

lintervention ponctuelle dun )acteur économiue> soit en raison du

rOle oué par le re)oulement primaire> sont 8ors détat de se

développer pleinement> du moins sur le moment. :e statut nest pas

e"clusivement réservé F un certain t;pe de patients> en )ait il peut

arriver F nimporte ui den tre a0ecté de )açon plus ou moins

sévère et plus ou moins durale. ,es interprétations corrélatives au"

pensées paradoxales  con)èrent une )orme verale au"

représentations e"clues ui> autrement> nauraient pu recevoir aucun

investissement préconscient> mme au pri" de *rosses altérations. ,a

 vertu de ces interprétations tient en partie F ce ue> )ormulées par

un autre ui est en mme temps un soi-mme> elles éranlent un

statut économiue G*é> daord parce uelles toment uste> uant

au moment et au contenu> ensuite parce uelles sont souvent le

produit du déplacement et de la condensation. 7ne part des éner*ies

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

normalement liées dans les s;stèmes supérieurs acuiert une

capacité momentanée de lire circulation et devient disponile pour

investir ces productions de linconscient )rappées de"clusion. :ette

moilisation> ui se )ait sans doute au point darticulation des

représentations de c8oses avec les représentations de mots> ne laisse

pas de liérer une certaine uantité dan*oisse.

?utre lincidence très particulière du s%stème paradoxal sur

linterprétation> il )aut encore mentionner lun de ses e0ets les plus

remaruales sur la situation du patient. Lai touours noté avec

eaucoup dintért ce ue les patients nous disent par)ois Q /ous

ntes pas lF @> ou ien Q Le ne vous sens plus> o tes-vous M @ Il

leur arrive mme de penser ue lanal;ste est tout onnement mort>

derrière eu"> dans son )auteuil. ,es remarues de ce *enre ne

traduisent pas nécessairement la*ressivité de lanal;sé J elles ne

sont pas non plus touours F mettre au compte dune distraction>

dune évasion de lanal;ste. ,a preuve> cest uelles surviennent

spécialement uand lanal;ste est enva8i par les pensées

paradoxales> lesuelles précisément concernent au plus 8aut point le

patient lui-mme. Ainsi> ien ue uste F ce moment lanal;ste soit

tout occupé de lui> le patient vit aut&entiquement un instant de

deuil,  ce ui met en évidence une autre )onction du s%stème

paradoxal. ,es doutes concernant le"istence de lanal;ste moilisent

c8eX lanal;sé un appétit relationnel violent J a;ant conservé uelue

c8ose de leur statut premier de"tra-territorialité> les pulsions sont

rutalement moilisées> sans doute pour otenir satis)action> mais

surtout pour tre ressaisies et or*aniuement assimilées> en dautres

termes Q introectées au sens )erencXien du mot. !n cela e me

rattac8e> comme e lai déF )ait dans lanal;se du )antasme i

 étais mort @> au point de vue ue 3icolas

 Ara8am4$ et aria oro[ 4& ont remarualement déGni.

 Au moment o le )onctionnement parado"al se déclenc8e>

lanal;sé peut avoir le sentiment uil perd une part de ses instincts

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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6

parce ue lautre lemporte avec lui en sanéantissant. ais une )ois

ue lanal;ste a recouvré la plus *rande part de sa liido narcissiue

évadée J uil a repris valeur oectale et énoncé le désir> ce ui avait

été une menace se révèle avoir été une c8ance pour lanal;sé de

récupérer uelue c8ose des pulsions mises en eu dans la situation

de deuil> de la*ré*er or*aniuement F son tre pour lenric8ir dans

le sens de sa plus *rande aut8enticité. :est ce ui minciterait

 volontiers F penser ue ltre se construit *rTce F une succession

ininterrompue de"périences )antasmatiues de deuil.

?n pose *énéralement ue le oi sédiGe F partir de ses

identiGcations successives. Peut-tre> pour ce ui est des )onctions

étroitement instrumentales. ais e me demande par)ois si ce nest

aussi de cette manière uil se )alsiGe J car le Le @ le plus vrai ne

peut tre ailleurs ue dans lélaoration de linstinct> cest-F-dire

dans ce uil ; a de plus essentiel et> comme linconscient lui-mme>

de plus inacceptale pour lesprit.

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I. &e travail du trépas (1976)

 Le terrible avec les morts, c'est leurs !estes de vie

dans notre mémoire. Car alors ils vivent atrocement, etnous n8% comprenons plus rien. @

 Alert :o8en>

 Le Livre de ma mère.

 A propos de ce ui se passe pour lindividu dans les derniers

moments de la vie> on dit volontiers uon ne peut le saisir uen

termes de processus p8;siolo*iues ou iolo*iues> comme si les

c8an*ements ui interviennent alors dans lappareil ps;c8iue

éc8appaient nécessairement F tout e0ort de compré8ension.

,anal;ste> tout comme le p8ilosop8e> devrait donc simplement

aisser les ras. :est une )açon de voir t;piue de notre sensiilité

moderne. 'ans les temps anciens> note urt !issler> on cro;ait

par)ois lire dans la*onie la lutte dun dieu ou dun an*e avec des

démons49. !n somme> on n8ésitait pas F raconter des 8istoires> F

construire des )antasma*ories décrivant allusivement ce ui a lieu

dans lesprit in extremis, au cours de ce passa*e ui> auourd8ui> va

précisément retenir mon attention.

 A vrai dire le suet moccupait déF depuis un cerlain temps5>

lorsue> en 19$4> trois pri" 3oel> L. onod> ,. Pau-lin* et .

8ompson> pulièrent dans la revue I&e 3umanist un mani)este en

)aveur de leut8anasie R. Lai conservé ce te"te> ui F lépoue Gt

2+

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I/. ,e travail du trépas (19$6

uelue ruit> et cest en le relisant maintenant ue e me

ressouviens du mot dun de mes plus anciens anal;sés. Par)aitement

étran*er F tout savoir anal;tiue> cet 8omme me disait de temps F

autre Q Le pense ue... ais ma pensée me dit ue... @> le deu"ième

memre de la p8rase contredisant ien entendu presue touours le

premier. ,a t8èse e"posée dans le mani)este ma aussitOt plon*é

dans une situation compaiale. 'une part> en e0et> e cro;ais en

parta*er spontanément et sans réserves les idées> et dautre part> au

moment de traiter plus F )ond ce t8ème du trépas> voilF ue ma

pensée @> comme aurait dit mon patient> me souait tout autre

c8ose. Le vais donc devoir maccommoder de réHe"ions ui> en

partie> seront contradictoires.

 Aucune morale> a0irment les si*nataires du mani)este> ne saurait

interdire F uiconue de mettre Gn F sa vie lorsuil est atteint dune

8orrile maladie contre lauelle les remèdes connus sont sans

e0ets Q il serait arare et cruel @ de maintenir une personne en

 vie contre sa volonté lorsue cette vie précisément a perdu toute

di*nité> eauté et si*niGcation @> la sou0rance inutile ne devrait

pas avoir de place dans les sociétés civilisées @. 'ans cette

perspective> lorsuil nest plus possile de vivre pleinement @>

leut8anasie devrait tre pour c8acun une espérance et mme un

droit. :ette ar*umentation parait irré)utale> en tout cas on ne lui

oppose *uère en *énéral ue des principes morau" ou reli*ieu" ien

conventionnels Q le mérite du coura*e> la0rontement du tra*iue de

le"istence> les vertus de la sou0rance> etc. 'ans le mani)este>

toute)ois> deu" points mont spécialement donné F penser Q

limpossiilité de vivre pleinement> notion tout F la )ois caté*oriue

et imprécise> ui laisse deviner une prolématiue narcissiue> la

crainte de ne pas tre F la 8auteur des e"i*ences de lIdéal du oi J

puis le point de vue ét8iue> selon leuel la mort devrait tre

considérée comme une partie inté*rante de la vie @. ais comment

concilier cette conception ui> de laveu des auteurs> relève de la

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I/. ,e travail du trépas (19$6

morale> voire de la p8ilosop8ie> avec lacte purement matériel ui est

censé rendre F la vie et F la mort prises ensemle toute leur di*nité M

i la mort nest plus seulement un ultime accident iolo*iue> le

dernier e0et dune détérioration somatiue> alors nous sommes

tenus de la considérer é*alement comme un événement ps;c8iue et

de nous comporter en conséuence.

,a réHe"ion ps;c8anal;tiue> on le sait> est venue au prolème de

la mort essentiellement par le iais des p8énomènes de la répétition

et de la*ressivité> cest-F-dire par lintermédiaire des c8oses

oservales dans la vie. ?n pourrait tout aussi ien> en suivant le

c8emin inverse> partir de la mort pour se tourner vers la vie> ou plus

e"actement> vers un aspect très particulier de la vie parvenue F son

terme. 3on ue e veuille )aire une proection de la mort dans la vie

 usue dans son ori*ine mme> comme le proposent certaines

ontolo*ies (Weide**er. Le me contenterai denvisa*er ici la période

terminale de le"istence du suet irrémédialement condamné>

autrement dit le trépas en un sens élar*i. ais> dira-t-on> les )ormes

inGniment variées du processus déGent toute anal;se J en outre> si

les anal;stes se sont lon*uement attac8és au deuil> ui> lui> est très

accessile> ils nont *uère eu loccasion de disposer de la mort en

tant ue matériel cliniue @ pour )onder leur réHe"ion> F moins

davoir )réuenté un 8Opital *énéral> o le"périence de la mort o0re

F loservation les aspects les plus divers. 'e plus> ceu" ui> sentant

lF un véritale domaine de rec8erc8e> ont orienté dans ce sens une

part de leur travail> semlent souvent stre arrtés en c8emin> pour

des raisons ui en elles-mmes déF mériteraient e"amen.

,anal;se est pourtant le meilleur mo;en de ne pas manuer cette

activité ps;c8iue essentielle> ce dernier travail ue tout tre doit

accomplir au cours de ce passa*e uest littéralement le trépas. i le

mani)este des 3oel ma laissé tellement perple"e> cest ue> tout en

e"primant la volonté dinté*rer la mort dans la vie> il ne tenait pas

compte de toutes les conséuences uimpliue lo*iuement la

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I/. ,e travail du trépas (19$6

)ormule. ,a nécessité daré*er les sou0rances de lindividu pour

préserver la di*nité de sa Gn> ui ne la reconnaNtrait M eulement> on

ne peut pas i*norer uelle entraNne indirectement F neutraliser le

travail ps;c8iue ue le moriond peut accomplir naturellement.

'un autre cOté> il est non moins certain ue la sou0rance p8;siue

peut porter *ravement atteinte F lactivité mentale> mais ui en

décidera M !n droit celui ui lendure J or F la dernière e"trémité il

est 8aité par des pensées contradictoires. Ainsi lorsuil réclame

ue lon 8Tte sa Gn> il trouve dans le mme temps le mo;en

de"primer en sourdine une tout autre demande> uil )aut savoir

déc8i0rer. Pro)ondément> le mourant attend uon ne se soustraie

pas F cette relation> F cet en*a*ement réciproue uil propose

presue secrètement> par)ois F son insu> et dont va dépendre le

déroulement du travail du trépas. !n )ait> il sen*a*e> en vertu de ce

ue ima*ine comme une sorte de savoir de lespèce> dans une

ultime e"périence relationnelle. Alors ue les liens ui lattac8ent

au" autres sont sur le point de se dé)aire asolument> il est

parado"alement soulevé par un mouvement puissant> F certains

é*ards passionnel. Par lF> il surinvestit ses oets damour> car ceu"-

ci sont indispensales F son dernier e0ort pour assimiler tout ce ui

na pu ltre usue-lF dans sa vie pulsionnelle> comme sil tentait de

se mettre complètement au monde avant de disparaNtre.

?n sétonnera peut-tre de navoir encore trouvé ici aucune

ré)érence F linstinct de mort. :est un parti ue e prends> ai déF

eu loccasion de men e"pliuer51. Le pense> en e0et> ue sil sa*it

de"aminer des )aits cliniues uels uils soient> mieu" vaut mettre

provisoirement cette prolématiue F lécart. Autrement> entraNné

dans une discussion interminale ui> certes> a son utilité> mais F un

tout autre niveau> on risue de perdre le contact avec la réalité. !n

outre> la cliniue ma touours amené F mettre moins laccent sur un

instinct de mort ue sur les modalités de )onctionnement de

linstinct> ou si lon pré)ère> sur son destin  52. PlutOt ue de me

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I/. ,e travail du trépas (19$6

prononcer sur la nature instinctuelle de certains mouvements

dapparence lét8ale> e pré)ère maintenir des oppositions

)onctionnelles> par e"emple lanta*onisme principe de constance

principe dinertie> ui> dans le cas ui moccupe> me paraissent

)ournir un appareil t8éoriue su0isant.

,es anal;stes a;ant pu suivre en ps;c8ot8érapie ou mme

oserver su0isamment lon*temps des patients condamnés F rève

éc8éance sont assurément peu nomreu". ,eur e"périence est

dautant plus précieuse> surtout lorsuils lont saisie dans des

e"posés de cas détaillés> comme lont )ait urt !issler5+> Lanice

3orton54 et !lisaet8 ler-<oss55 par e"emple J cette dernière

était du reste pro)esseur de ps;c8iatrie F l7niversité de :8ica*o> o

elle avait )ondé un séminaire de rec8erc8es consacré F cette

caté*orie de patients. ?r c8acun des auteurs> uoiue partant

doservations ri*oureuses> )aites avec un sens cliniue pénétrant>

aoutit F des conclusions par)ois très contradictoires. ?n a le

sentiment ue> lF> des pensées opposées c8eminent parallèlement>

les unes dépendant essentiellement de données contre-

trans)érentielles et de ré)érences t8éoriues = au deuil en

particulier J les autres découlant dune attitude a0ective pro)onde>

dune intuition oscure> mais )éconde. !t tandis ue lintuition

permet de saisir au plus près ce ui se passe réellement> elle est

relé*uée au second plan dès uil sa*it de )ormuler une t8éorie.

 U

urt !issler> par e"emple> souli*ne avec pertinence ue le

t8érapeute de ces patients doit reconnaNtre et comler leurs sou8aits

avant mme uils naient été e"primés56. :itant Lones> il insiste sur

la portée de cette disponiilité asolue> ui> pour le t8érapeute>

prend la valeur dun don de sa propre vie au patient. 'ès lors> celui-

ci peut trans)ormer l8orreur davoir été c8oisi @ par la mort> alors

ue la vie continue dans le monde> en une mort parta*ée avec un

2$

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I/. ,e travail du trépas (19$6

autre uon entraNne avec soi = ce ui correspond peut-tre F une

nouvelle naissanceS. !issler ni*nore donc nullement le trans)ert

intense de ces patients ui> loin de se détac8er de leurs oets

damour> c8erc8ent F les remplacer dès uils leur )ont dé)aut.

ais cela ne lempc8e pas décrire un peu plus loin ue> F

lapproc8e de la mort> la*onie serait allé*ée si le patient était

capale dune sorte de travail de deuil sur ses oets damour> ui> en

lui permettant de désinvestir le monde par avance> le conduirait F

accepter la mort comme une (# conséuence naturelle de la

constellation économiue du moment1 @. !issler voit )ort ien ue

lorsue les oets restent clairement perçus dans la réalité> un tel

désinvestissement nest *uère concevale> mais lopposition ui

susiste entre ses notations cliniues et son commentaire t8éoriue

nen est pas réduite pour autant.

,e remaruale travail de Lanice 3orton su**ère des critiues

analo*ues. ,e cas traité est du reste tout F )ait e"emplaire. :est

celui dune eune )emme mariée et mère de deu" en)ants> ue Lanice

3orton prit en ps;c8ot8érapie pendant la période terminale dun

cancer *énéralisé. ,a patiente> très peu névrosée nous dit-on> était

par)aitement au courant de son état. !lle savait uil ne lui restait

ue )ort peu de temps F vivre> uelues mois au plus. :omme il

arrive )réuemment> la perspective de sa mort proc8aine avait

sérieusement perturé ses relations avec son entoura*e. Ainsi son

mari> ses parents> une sEur> ui tous pourtant laimaient

tendrement> avaient tellement désinvesti leurs relations avec elle

uils ne pouvaient plus lui tre daucune aide. Pour eu"> F maints

é*ards elle était déF morte ou mme retardait par trop le moment

de mourir @. al*ré la dé)ection de ses proc8es> mal*ré la

pro*ression du mal avec son cortè*e dinGrmités

= par e"emple une cécité temporaire => le esoin dun éc8an*e

avec autrui> loin de diminuer> ne cessa dau*menter @. Lanice 3orton

semle avoir été immédiatement sensile F cet appel J elle ; répondit

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spontanément> et constata ientOt le développement dun trans)ert

très intense> uelle put suivre usue dans ses aspects les plus

ré*ressi)s. %ort ustement> ceu"-ci )urent compris comme le mo;en

de maintenir F tous les niveau" un investissement constant et

puissant du t8érapeute. :e mouvement allait mme si loin ue la

patiente> tout en parlant de son ima*ination sotte et illo*iue @>

avait par)ois le sentiment ue Lanice 3orton était près delle vin*t-

uatre 8eures sur vin*t-uatre et uelle ne cessait pas de lui parler.

 Au cours de son trans)ert ré*ressi)> la patiente a;ant répété uelue

c8ose ui avait trait F ses relations avec sa mère> Lanice 3orton ne

manua pas den tenir compte> elle comprit uil lui )allait assumer

certaines )onctions du oi de sa malade> F la manière dune mère

ui oue le rOle de oi e"terne de son tout-petit. Lanice 3orton

a0irme encore ue lessentiel de la ps;c8ot8érapie> son oecti) 

maeur> est de )aciliter au ma"imum le développement de cette

relation trans)érentielle ré*ressive> pour proté!er le patient contre

tout sentiment de perte objectale.  'e )ait> lorsue lentoura*e

)amilial et médical )ait dé)aut> e"posant le patient F ce uil redoute

le plus Q mourir seul> cest ien le ps;c8ot8érapeute ui est le mieu"

armé pour retenir sur lui tous les investissements. 'ans le cas

présenté> la patiente> nous dit-on> semle avoir résolu le prolème de

la séparation inévitale davec sa t8érapeute en lentraNnant

)antasmatiuement avec elle dans la mort> ien ue> aoutait-elle

par)ois> cela ne puisse se produire e"actement au mme moment @.

:ette incorporation de loet> de mme nature ue celle ui

permettait F la patiente d8alluciner la présence constante de Lanice

3orton> est usuF un certain point comparale F ce uon oserve

dans le travail du deuil> mais usuF un certain point seulement> car

le travail de deuil ne saccomplit complètement ue sil aoutit F une

récupération des investissements placés dans les oets perdus. i la

 eune )emme avait ien opéré vis-F-vis de ses proc8es un certain

retrait> la liido ainsi liérée> e"altée mme> avait été aussitOt

en*a*ée dans sa relation avec la t8érapeute> personne dont> pour

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elle> il nétait ustement pas uestion de )aire le deuil. !t> comme elle

était pratiuement assurée ue son dernier oet ne se déroerait

pas> elle navait pas de raison de retirer la liido placée dans sa

représentation. out cela est clair dans loservation> mais alors

pouruoi Lanice 3orton souscrit-elle au" vues d!issler sur le ien)ait

ue serait pour le mourant le deuil anticipé de ses oets M Pouruoi

le trait maruant des derniers mois de la vie de sa patiente lui paraNt-

il tre le travail de deuil uelle e0ectuait sur ses oets damour

)amiliau"> alors ue le véritale oet> sur uoi tout sétait

concentré> cétait elle> précisément M :omment pouvait-elle aider

la eune )emme F mourir en lui évitant tout vécu de perte oectale>

et croire en mme temps uil est plus )acile de mourir uand on

sest séparé de ses oets> autrement dit uand on est déF mort

a0ectivement M outes ces contradictions relèvent> ien entendu> de

lauto-anal;se du t8érapeute et e ne les souli*ne avec insistance ue

parce uelles me paraissent inévitales> tant ue> u*eant

limportance des personnes réelles et de leur présence e0ective

asolument décisive> on en vient F sous-estimer le rOle des

représentations doets et des )antasmes dans lesuels elles sont

prises. 'e mme> la pré*nance de ce ui se passe au niveau des

processus conscients empc8e dappré8ender clairement le

)antastiue ouleversement topiue ui se produit dans ces moments

ultimes. !nGn> en sintéressant presue e"clusivement au destin des

a0ects = pris du reste dans le sens le plus restricti) => on né*li*e

celui de linstinct> alors ue les nouveau" processus structurau" @

dont parle !issler lui-mme pourraient ustement en dépendre. ais

cest aussi ue le t8ème de la mort e"erce sur nous une telle

)ascination uon en oulie de sinterro*er sur le sort de la liido>

dont les mouvements> F lapproc8e de la Gn> sont pourtant tout aussi

di*nes dattention ue ceu" ui ont présidé au" déuts de la vie.

Pour ma part> ai touours été )rappé par le )ait ue ce ui nous

éc8appe si souvent est par)aitement perçu et compris par le

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personnel inGrmier ou un entoura*e médical attenti) R. A la veille de

leur mort ou dans les 8eures ui la précèdent> le comportement de

certains patients laisse déduire un surprenant élan pulsionnel> une

avidité ré*ressive> positivement un&eimlic&, ui )erait presue parler

dun emrasement du désir. 7ne malade ui avait complètement

perdu lappétit se ette voracement sur la nourriture Q alors uon

sattendait F une e"tinction accélérée de tous les processus> voilF

ue> sous une )orme certes insolite ui crée uelue malaise> la vie

semle soudain se"alter. !t comme les personnes encore présentes

sont étreintes par lan*oisse> elles utilisent pleinement le déni.

 Aveu*les F la valeur de pronostic )uneste de ce ui se passe> elles

commencent F croire F une miraculeuse rémission. ,e cas nest pas

très )réuent> dira-t-on peut-tre> cest vrai> mais lar*ument

statistiue est sans portée lorsuil sa*it de cerner la )orme

e"emplaire dun )ait. !n outre> la passion @ dont e parle nest pas

touours spectaculaire> et pour ui veut tout i*norer> il est )acile de

ne pas la voir. ?n ne devrait pourtant pas passer F cOté de laspect

relationnel du p8énomène> dans leuel les oets damour investis

sont comme entourés par des ras innomrales et secrètement

invités F une sorte de )te maniaue. Le me souviens dun cas ien

proc8e de celui ue décrit Lanice 3orton> celui dune eune )emme>

parvenue elle aussi au dernier stade dune *énéralisation

cancéreuse. LusuF la Gn son comportement stupéGa son entoura*e>

moi ; compris J sur le moment e le reconnais> e ne lai asolument

pas saisi. 'ans la0reuse condition ue lon ima*ine> avec des

métastases osseuses di0uses et a0ectant mme le rac8is> elle noua

une relation amoureuse complète avec un de ses c8irur*iens> celui-lF

mme ui lavait in)ormée clairement de son état> et par conséuent>

du pronostic. Sien ue laut8enticité de cette liaison ne )Nt de doute

pour personne> certains )urent tout de mme uelue peu c8oués

par lattitude du c8irur*ien> une personnalité de *rande intelli*ence

et de 8aute valeur morale> ui> après uil eut été 8appé par le

mouvement trans)érentiel> avait oscurément senti lF uelue c8ose

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de )ondamental. ais lélan de la eune )emme ne se limita pas F ce

mouvement amoureu"> elle réussit encore F mener F ien un travail

personnel dans un domaine touc8ant lart> et pour en assurer le

succès> elle participa peu de ours avant sa mort F une mani)estation

o on la mena en amulance. :e our-lF> c8acun la vit souriante>

parée> rillante> tandis ue médecins et inGrmiers tremlaient F

lidée de laccident prévisile ui eKt pu riser dans linstant cette

intensité de vie.

 Avant de rencontrer Lanice 3orton> sa )uture patiente avait )ait

une e"périence très analo*ue F celle de cette eune )emme. 7n

pasteur venait lui rendre de )réuentes visites> au cours desuelles

ils j p8ilosop8aient @ ensemle sur limmortalité. Sien ue des plus

sceptiues F lé*ard de toute doctrine reli*ieuse> la patiente prenait

plaisir F ces rencontres. Peu F peu ces conversations avec le pasteur

prirent un tour plus personnel> et le our vint o elle lui déclara

uelle était sur le point de tomer amoureuse de lui. ?n conçoit la

réaction du pasteur> en loccurrence moins pro)ond ue le c8irur*ien.

Il répondit F la eune )emme uelle nétait pas réaliste> uelle était

malade> etc. Il écourta donc les visites> puis prit la )uite. ,a

perspective de la mort navait aucunement diminué le esoin ue la

malade avait des autres> mais au contraire lavait e"aceré. es

)acultés créatrices se ranimèrent é*alement> et dans les mois ui

suivirent lapparition des métastases> elle recommença décrire des

poèmes. 7n autre petit )ait e"prime ien> au centre de ces étran*es

trans)erts> les espoirs tenaces de la liido. 7n our> la eune )emme

demanda F Lanice 3orton de ien vouloir porter après sa mort une

roe rou*e uelle avait acuise uste avant le déut de sa maladie

dans lintention de se rendre plus séduisante.

:es oservations ui> au demeurant> ne sont nullement

e"ceptionnelles> montrent ien les deu" traits essentiels

caractérisant lapproc8e de la mort> e veu" dire Q l'expansion

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libidinale et l'exaltation de l'appétence relationnelle.  :es deu"

mouvements> ui se commandent lun lautre> président F lactivité

ps;c8iue particulière ue ai nommée travail du trépas> en pensant

au deuil ien entendu> mais aussi au rve ui> F sa manière> répond F

une e"i*ence du mme ordre. 7n rapproc8ement ui nest nullement

aritraire> en ai trouvé la conGrmation dans un )ait e"emplaire

prouvant ue ces deu" aspects du mme travail sont uasiment

indissociales. Assistant sans aucun recours F la mort dun 8omme

 victime dune 8émorra*ie catacl;smiue> un collè*ue me rapporte

uil a vu le mal8eureu" sortir soudain de létat dinconscience dans

leuel il somrait pour sécrier uste avant de séteindre Q Le viens

de )aire un drOle de rve. @ 'ans cet épisode dramatiue> l8omme>

de toute évidence> tente un dernier e0ort avant de mourir> comme

sil voulait ou devait encore )aire uelue c8ose de ce ui lui arrive.

:est une idée très répandue ue ltre 8umain voit déGler toute

son e"istence en ima*es au moment mme o elle va Gnir. ais

comment> et pouruoi M Zuel sens )aut-il attriuer F cette sorte de

sacriGce de la vie antérieure ui serait alors

accompli M Pour saisir dun peu plus près cette contraction

e"trme du dernier instant> il )aut sans aucun doute revenir F

loservation> sinterro*er sur la Gnalité de cette activité ps;c8iue

dont on perçoit plus ou moins clairement les e0ets> et tenir compte

dun aspect essentiel du prolème> ui est la temporalité. 'ans le

rapproc8ement ue lon peut )aire entre travail du deuil et travail du

trépas> il ne )aut pas né*li*er une di0érence de poids> F savoir ue>

contrairement F lendeuillé> le mourant ne dispose ue de très peu

de temps pour accomplir sa tTc8e et ue celle-ci de surcroNt est ien

la dernière. Il est vrai ue la )açon dont ce peu de temps @ est vécu

na peut-tre rien F voir avec ce ue nous appelons tel dans la vie.

Pour ma part> e suis porté F croire uil se produit F la toute Gn une

e"traordinaire condensation des données temporelles> comme si la

conscience était alors pro*ressivement a0ectée par la loi

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dintemporalité ui rè*ne dans linconscient. !n outre il est proale

ue le travail du trépas> au sens o e lentends> commence ien

avant la*onie. Pour la patiente de Lanice 3orton comme pour la

 eune )emme dont ai rapporté le cas> il avait certainement déuté

plusieurs mois avant la mort> en partie peut-tre parce uelles

avaient été complètement in)ormées de leur état> ce ui> dans ma

perspective> crée dailleurs la situation la plus )avorale. !lisaet8

ler-<oss ui a pu étudier plus de deu" cents cas> parta*e au

moins en partie ce point de vue> lorsuelle propose de remplacer la

uestion Q 'ois-e in)ormer mon patient M @ par Q :omment vais-e

parta*er ce savoir avec lui M @ Zuoi uil en soit> aoute-t-elle> uils

aient été in)ormés ou non> la plupart dentre eu"> sinon tous>

savaient @. ,e travail du trépas commencerait-il donc F partir du

moment o le patient sait @ M Linclinerais F penser uil commence

très tOt> car les processus morides ui se déroulent dans le corps>

lappareil ps;c8iue ne manue amais de les repérer F uelue

niveau J après uoi> il les met en )orme> les raconte s;moliuement>

les dramatise comme dans un rve voué F louli> ce ui impliue

déF un certain en*a*ement de la liido. Pour !lisaet8 ler-<oss>

ui a surtout en vue ce ui a0ecte le oi conscient> le patient

in)ormé de son état traverse plusieurs p8ases> ui vont du re)us et de

la déné*ation F laandon de lespoir impossile> en passant par la

colère> les marc8anda*es> la dépression et la rési*nation. i le

travail du trépas commence asseX précocement> comme e le crois> il

est possile uil ne se0ectue vraiment uF partir du moment o>

a;ant dépassé la p8ase de dépression> le patient en vient F une sorte

dacceptation du destin> ce ui> comme ai pu loserver une )ois>

peut se )aire dans un temps très court.

:8eX certains> les représentations des oets damour sont si

puissamment investies ue le travail du trépas se déclenc8e de lui-

mme> mais le plus souvent> les cas ue ai cités en sont de ons

e"emples> la présence dune personne réelle est indispensale. Zue

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celle-ci soit un proc8e> un médecin ou un anal;ste> il )aut uelle soit

réellement disponile> sKre au" ;eu" du patient et capale de

comler ses esoins élémentaires> ce ui si*niGe pro)ondément

uelle accepte uune part delle-mme soit incluse dans lorite

)unère du mourant. Le pré)ère cette dernière )ormule F celle

dempat8ie ou didentiGcation> touours sélective> parce uelle tient

mieu" compte de ce )ait essentiel ue> dans la désastreuse

dé)aillance des oets damour ou de leurs sustituts> ce ui est en

 eu en réalité> cest la crainte ancestrale dtre entraNné> dévoré par

le moriond. ,e )ol[lore illustre aondamment ces craintes> mais

mme dans le"périence courante> il nest pas rare dentendre un

survivant a0irmer ue le dé)unt c8erc8e touours F le 8apper par-

delF la mort. Le reviendrai sur les conséuences de la carence des

oets> pour linstant oserverai seulement ue lorsue loet nest

plus F mme de tenir son rOle> sa représentation saltère dans lesprit

du patient> leuel remplace alors la relation avec elle par une

identiGcation> ou pour reprendre le terme de %uc8s dans son étude

sur lintroection> par lédiGcation dun monument funéraire  A 

mesure ue les capacités de trans)ert du mourant au*mentent> en

 vertu de ce mouvement parado"al ue ai tenté de décrire> il

concentre peu F peu ses intérts pro)onds sur une seule personne>

ui du reste ne )ait pas nécessairement partie des tres les plus

c8ers. ,important> en e0et> cest ue loet élu soit capale

1. . W. %uc8s> ?n Introection @> 3nKrn. <ourn. 9s%c&oanal., 1&>

19+$> p. 269.

do se"poser sans an*oisse e"cessive au lar*e mouvement captati) 

ui tend F lenvelopper entièrement> autrement dit uil n; ait pas

entre ce uil est et sa représentation dans lesprit du patient une

trop *rande 8étéro*énéité. ,e mourant )orme ainsi avec son oet ce

ue appellerai sa dernière d%ade> par une allusion F la mère dont

loet pourrait ien tre une dernière incarnation. ,e cri de l8omme

appelant sa mère uste avant de"pirer> uil soit appel au secours ou

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I/. ,e travail du trépas (19$6

annonce de proc8aines retrouvailles> nest ue le"emple le plus

)rappant de cette s;non;mie de la mère et de la mort ui devient

patente lorsue certaines limites de la lutte pour la vie sont

dépassées. 'e toute )açon> le mourant et son objet clé  constituent

une sorte dor*anisme> presue un corps indépendant> ui> pour

pouvoir se construire> e"i*e un contact p8;siue entre ses éléments.

 Le crains uon ne mesure amais asseX limportance de ce contact

élémentaire> )Kt-il limité F deu" mains ui se tiennent lorsue

léc8an*e veral est devenu impossile. Il ; a lF uelue c8ose de

comparale F lor*anisme )ormé par la mère et son nouveau-né J ou

encore au sc8éma corporel en voie dédiGcation> uand lima*e

*loale et inté*rée dépend de prises de contact successives entre les

divers se*ments du corps. Au sein de cette or*anisation> tout

mouvement a0ectant lun des prota*onistes se répercute et

sampliGe c8eX lautre J le moindre retrait contre-trans)é-rentiel se

traduit aussitOt par une modiGcation plus ou moins sutile du

comportement ui disloue la d%ade. :ette relation est si )ra*ile ue

non seulement tout retrait a0ecti) lui est )atal> mais ue> pour la

maintenir> loet clé devrait ne pas tre constamment assuetti F une

nécessité impérieuse de maintenir la stailité de son identité. !n

dautres termes> il devrait pourvoir et assurer une présence

ualitativement sans dé)aillance> et assumer un certain Hou de son

tre> vivre presue en état dasence. :8ose di0icile> certes> mais

non pas impossile puisue> en )ait> nous naccédons amais F une

identité induitale> par)aitement stale> déGnie sans ami*u\té.

Zuoiue> pour la plupart> ce statut de relative a)personnalisation ne

soit peut-tre accessile uF certains moments e"trmes> il résulte

naturellement de lindi0érenciation ori*inaire du e @ et du non-

 e @ ui> selon moi> nest amais complètement réduite et est touours

prte F réappa-raitre> mme en de8ors du c8amp de la pat8olo*ie. i

dans lunité or*aniue ue )orment le mourant et son oet clé> le

e @ est touours en partie déposé dans lautre> tout en se déplaçant

dans cet espace transitionnel ue ai décrit ailleurs comme spectre

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didentité"> cest ue la liido narcissiue reste prise dans les

représentations doet> lesuelles peuvent tre autres sans perdre

leur caractère )amilier. !n cela> la Gn de la vie ressemle

pro)ondément F son commencement> ce ue loservation conGrme

et ue nous saurions proalement dinstinct> nétaient nos idées

préconçues. ?n peut mme accorder F cette analo*ie> ue la sa*esse

populaire et les poètes ont souvent pressentie> une valeur en uelue

sorte d;namiue> en ce sens ue la mort F venir participerait tout au

lon* de la vie F la construction de ltre et F lindividualisation dont il

est susceptile. 7ne 8;pot8èse ui me met en contradiction avec ce

ue e disais plus 8aut de la proection rétro*rade de la mort dans la

 vie> mais ui nest pas pour autant F e"clure entièrement.

?n conçoit ue les processus ue ai en vue ici ouleversent la

topiue. A un certain moment le oi de celui ui va mourir sait et en

mme temps ne sait pas J le `a> lui> continue de désirer et de se

mani)ester> avec la*rément inattendu du oi> ue le"aceration de

linstinct a pourtant alerté. ,a pro"imité de léc8éance )atale

provoue donc une sorte de cliva*e du oi> a;ant pour conséuence

le c8eminement de deu" li*nes de pensées contradictoires> dont

c8acune se"prime indépendamment de lautre. elon lune> la mort>

en vertu dun véritale déni> ne"iste tout simplement pas J selon

lautre> tout aussi clairement a0irmée> il n; a plus uF se rési*ner

ou mme sou8aiter en Gnir au plus vite. !n somme> on se trouve lF

en )ace dune situation tout F )ait comparale F celle de la ps;c8ose>

F ceci près uelle ne découle pas dun troule mental. 'ans ces

certains cas toute)ois> la position se rapproc8erait plutOt du sc8éma

névrotiue> la rési*nation masuant F peine une appétence

relationnelle par)aitement consciente> tandis ue le )ondement

pulsionnel est soit tout F )ait i*noré> soit perçu indirectement>

lorsue le déplacement sur loet trans)érentiel )ait de ce dernier le

représentant du mourant dans le monde> lF o se vivent les

e"périences de satis)action. :est dans ce sens uon pourrait

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interpréter le don de la roe rou*e ue Lanice 3orton reçut de sa

patiente.

7n tel élan nempc8e pourtant pas le oi> sans doute en partie

*ouverné par son idéal> de revendiuer par)ois or*ueilleusement son

droit F la mort> mais mme alors> il est sans pouvoir réel sur le

processus trans)érentiel. !ncore )aut-il sentendre sur le sens donné

F la notion de trans)ert J pour ma part ai adopté ici> comme e lai

déF )ait ailleursR> la déGnition proposée par %erencXi et reprise par

aria oro[ 5$ et 3icolas Ara8am5&. 'ans loservation de Lanice

3orton> on a vu comment les intérts de la patiente se concentraient

certes sur un seul oet> et comment une relation ancienne se

répétait F cette occasion> mais surtout> comment lanal;ste se

trouvait peu F peu en*loée> di*érée. rTce F la distension

pro*ressive de son tre ps;c8iue> le mourant asore loet dans

son espace érotiue> et si totalement par)ois uil ne ressent mme

plus lasence de la personne réelle. :e troule des perceptions

internes et e"ternes ui relève dune pro)onde ré*ression des

relations oectales> peut certes céder au cours dintervalles lires

dans lesuels les )onctions du oi sont tout F )ait e"emptes de

ré*ression. ais il peut aussi durer lon*temps> ce moment pendant

leuel les limites entre le dedans et le de8ors tendent F se0acer J et

lorsue la représentation de loet est presue entièrement c8ar*ée

de la liido narcissiue ue le mourant ne cesse den*a*er> on peut

dire ue les )rontières de ltre nont plus aucune stailité. :est

précisément ce mouvement dallure p8a*oc;tante @ ue

lentoura*e du mourant a de plus en plus de mal F tolérer. ,es

autres> en e0et> sont 8ors détat de comprendre le sens ue peut

avoir cette e"pansion indéGnie de ltre ps;c8iue> c8eX ueluun

ui> ils le sentent ien> tend F les inclure en lui et F les dissoudre.

:omment se rendraient-ils compte uils sont> en tant u

incorporats @> au service dune dernière passion *rTce F lauelle le

mourant devrait pouvoir ressaisir et assimiler toute une masse de

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désirs instinctuels diri*és vers eu" ue> usue-lF> il na pu

uincomplètement inté*rer M ,a patiente de Lanice 3orton nest

assurément pas la seule F craindre de ne plus tre attirante> F

pleurer toutes les e"périences uelle navait pu vivre et ne vivrait

 amais avec ceu" uelle avait aimés. c8appant au" limitations

ordinaires uimposent les lois de la temporalité> celles ui

*ouvernent les s;stèmes supérieurs> la prodi*ieuse e"pansion du oi

ui accompa*ne la*onie est donc Gnalement au service dune

introection pulsionnelle ui> en retour> au*mente ltre en dilatant

indéGniment son narcissisme.

:ette prolématiue nest pas sans rapport avec celle de lamour-

passion. :est F uste titre ue :8r. 'avid a0irme> contrairement au"

 vues développées par %reud dans  3ntroduction au narcissisme> ue

létat amoureu" ne peut tre u*é comme un appauvrissement>

puisuil est en mme temps une réassurance narcissiue très

e0icace59 @. ,e t8ème romantiue des liens étroits entre lamour et

la mort trouve ici sa conGrmation. :ela dit> le e @ du mourant> si

tant est uon puisse encore parler de e @> na plus de place dans

le spectre d'identité,, ou plus e"actement il ; est partout en mme

temps> ce ui éuivaut F ne plus tre.

'e toutes les oservations )aites au c8evet des mourants> on peut

conclure ue le malade condamné ne se sépare de ceu" ui lui sont

c8ers ue lorsuil est convaincu uils ne peuvent plus assumer leur

)onction. ,idée selon lauelle la mort serait plus douce pour ui

réussit F se séparer de ses oets par avance revient pour moi F

prOner une sorte d'eut&anasie ps%c&ique, cest-F-dire uelue c8ose

ui )ait éc8ec au travail du trépas. <este le prolème de la douleur J

cest é*alement un )ait de"périence ue mme les douleurs les plus

intenses ne sont pas touours sans remède J très peu de morp8ine

su0isait F la patiente de Lanice 3orton> pourtant enva8ie de

métastases a0ectant les poumons et le suelette> ce ui illustre la

possiilité ue la prise en c8ar*e du mourant par un oet clé>

219

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I/. ,e travail du trépas (19$6

assumant pleinement son rOle> dispose dun réel pouvoir sur les

p8énomènes al*iues. %reud lui-mme

était convaincu ue les douleurs corporelles> mme les plus

intenses> ne se produisent pas (ou restent inconscientes lorsue

lesprit est saisi par un autre intért1 @. Pour ma part> aouterai ue

lorsuelles se produisent tout de mme et uelles sont reelles F

toute t8érapeutiue> les douleurs annulent les capacités

dinvestissement et ouent alors dans le mme sens ue laandon.

?n dira peut-tre ue e nai décrit ici uune mort

e"emplaire @. Il se peut> mais le"emple tire sa valeur de )aits

de"périence précis> relevés du reste par dautres auteurs et il me

paraNt di*ne dtre considéré. !"emplaire aussi> dira-t-on> lima*e de

celui ui retire volontairement les investissements uil avait placés

dans ses oets damour> ui décide en )aveur dune maNtrise des

événements et c8oisit lirement la mort uand son u*ement le

convainc ue la poursuite de la lutte est devenue vaine. :elui-lF nen

impose-t-il pas par sa di*nité et peut-tre sa sa*esse M oralement>

certes> mais ps;c8anal;tiuement parlant> il pourrait ien sa*ir lF

dune erreur du oi> en uelue sorte dune méprise narcissiue @.

!n dése"ualisant ses relations oectales> l8omme nie sa déilité et

sa dépendance> et son acceptation raisonnée du destin peut

contriuer F au*menter son estime de lui-mme. i imposante uelle

paraisse cependant> la décision den Gnir nen scelle pas moins la

)aillite de lima*inaire> elle a0irme la prééminence des )onctions du

 u*ement et> par lF> l8;pertrop8ie du oi-réalité. Pouruoi le oi-

plaisir> avec les activités )antasmatiues ui le spéciGent> devrait-il

séteindre le premier ou tre condamné F ne pas ouer son rOle

 usuau out M Zui saura uand> comment> F uel point les

inGrmités *randissantes altèrent les activités inconscientes ui ont

lieu au plus pro)ond du mourant M Personne> pas mme lui. %aute de

)ranc8ir F reours ce temps nodal du développement o len)ant

renonce F la satis)action 8allucinatoire pour tout F la )ois représenter

22

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I/. ,e travail du trépas (19$6

le réel et  ouvrir une voie au" activités )antasmatiues> celui ui

prend linitiative de précipiter sa Gn en*a*e avant l8eure une

dé*radation ualitative de son éner*ie ps;c8iue> de sa liido>

soumis dès lors F la seule loi du principe dinertie. 'ans ce cas> pour

parap8raser une )ormule célère> lomre du oi est tomée sur le

`a. Ainsi se trouve accompli dans la 8Tte ce ue %reud appelle la

dé)aite de la pulsion ui oli*e tout vivant F tenir on F la vie1 @>

 aouterai> uant F moi> F vivre usuF le"trme limite. ,e plus

souvent> toute)ois> ce sont les autres> e lai dit> ui entravent le

travail du trépas. Aveu*les F ce ui se passe> ils re)usent le rOle

doets clés du mourant> ou ien ils lacceptent F moitié en

attendant ue celui-ci prenne linitiative de rompre lor*anisation

uil tente de construire avec eu". ,F on attend du mourant uil

retire en lui toute sa liido pour la laisser se dé*rader> sans se

demander si la déperdition dont il sou0re concerne son oi ou ses

oets J autrement dit> on le conduit F uelue c8ose ui nest pas le

travail du deuil> mais celui de la mélancolie. !t lorsue cela tarde

trop F saccomplir> ceu" ui avaient été daord des oets damour

et ui avaient aimé ne voient plus dans le mourant uune c8ose un

peu sale> une sorte de reste uil )aut cac8er> presue une souillure

dont il )aut se déarrasser. Par lF loet ui re)use son rOle se"pose

F rater lui-mme son deuil et F éc8ouer plus tard au moment de sa

propre mort. Zuant au condamné aandonné F sa condition

mal8eureuse> il manue sa dernière tTc8e. Il na plus dautre issue

ue de sen)oncer inéluctalement dans une position mélancoliue> F

moins uil ne reste G"é F cette autre p8ase> normalement )u*itive>

o ne parle plus ue la 8aine F lé*ard du vivant. Lai *ardé le

souvenir dun 8omme eune ue ai très ien connu et ui> sac8ant

ses ours comptés> se Gt o0rir une caraine pour tirer les oiseau" ui

 venaient se perc8er dans un arre> uste devant sa )entre *rande

ouverte.

221

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:é$érences de pulication

 Aperçus sur le processus de la création littéraire @> paru in Eevue

 française de 9s%c&anal%se, CCIC> n^ 1> 1965.

!"périence de linconscient @> paru dans L83nconscient, n^ 4> 196$>

numéro consacré F une discussion> après coup> du :olloue de

Sonne-val or*anisé en 196 par Wenr; !;.

%reud et la mort @> paru dans le numéro de  L80rc  consacré F

%reud> n^ +4> 196&.

rans)erts et névrose de trans)ert @> paru in Eevue française de

 9s%c&anal%se, CCCII> n^ 2> 196&.

 Actin* out direct et actin* out indirect @> intervention )aite au

CC/IIIe :on*rès des ps;c8anal;stes de lan*ues romanes en 196$> F

propos du rapport de Lulien <ouart A*ir et processus anal;tiue @.

Paru in Eevue française de 9s%c&anal%se, CCCII> n^ 5-6> 196&.

,e mme et lidentiue @> paru in  Eevue française de

 9s%c&anal%se, CCCI/> n^ +> 19$.

 A0ect et processus da0ectation @> intervention )aite au CCCe

:on*rès des ps;c8anal;stes de lan*ues romanes> en 19$> F propos

du rapport dAndré reen ,a0ect @. Paru in  Eevue française de

 9s%c&anal%se, CCCI/> n^ 5-6> 19$.

3otes sur lévolution et la nature de lIdéal du oi @> intervention

)aite au CCCIIIe :on*rès des ps;c8anal;stes de lan*ues romanes en

19$+> F propos du rapport de Lanine :8asse*uet-mir*el !ssai sur

222

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<é)érences de pulication

lIdéal du oi @. Paru in Eevue française de 9s%c&anal%se, CCC/II> n^

5-6> 19$+.

raectoire de la ise"ualité @> intervention )aite au CCC/e

:on*rès des ps;c8anal;stes de lan*ues romanes en 19$5> F propos

du rapport de :8ristian 'avid ,a ise"ualité ps;c8iue Q éléments

dune réévaluation @. Paru in  Eevue française de 9s%c&anal%se,

CCCIC> n^ 5-6> 19$5.

7n cas de masoc8isme pervers @ est daord paru dans un

ouvra*e collecti) intitulé  La sexualité perverse> Pa;ot> 19$2. Il est

reproduit ici avec laimale autorisation de léditeur.

..e.m. @> paru en 19$4 dans le numéro 9 de la +ouvelle Eevuede 9s%c&anal%se intitulé ,e 'e8ors et le dedans @.

:ontre-trans)ert et s;stème parado"al @> con)érence prononcée

devant la ociété ps;c8anal;tiue de Paris le 1& mai 19$6 et puliée

in Eevue française de 9s%c&anal%se, C,> n^ 2.

,e travail du trépas @> inédit.

1

  . %reud-?. PGster> riefe, lettre du 9-2-199> . %isc8er /erla*>

196+ J trad. )r. allimard> 1966.

2

  L> WuiXin*a> [omo Ludens> allimard> 1951.

+

CCIIIe :on*rès des ps;c8anal;stes de lan*ues romanes. . %ain>

:8. 'avid> Aspects )onctionnels de la vie oniriue @>  Eev. franç. 9s%c&antK., CC/II> 196+> numéro spécial.

4

&. %reud> manuscrit daté du 14-5-1922> Resammelte StrFe,  vol.

1$> &. %isc8er /erla*.

5

22+

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<é)érences de pulication

Paul :laudel>  Eé$exions sur la poésie, allimard coll Idées @>

196+.

6

   3bid.$

  A. PetO> 8e )ra*mentiXin* )unction o) t8e !*o in t8e aaal;tic

session @> 3nt. <. of 9s%cFanal196+> vol. 44> Part. +.

&

  i ,inconscient Q une étude ps;c8anal;tiue @> in L83nconscient, p.

12.

9

   (itaps%cFolo!ie, p. 19-11-> nouv. éd.> p. &.

1

. %reud> La +aissance de la ps%c&anal%se> P.7.%.> p. 15+.

11

 9ositions et propositions.  Lai cité le passa*e dans mon

intervention au colloue Q Investissement et contreinvestissement @> Eev. franc. 9s%c&anal> 196$> n @ 2.

12

,analo*ie est posée par %reud notamment dans le deu"ième

c8apitre de -os 3nteresse an der 9s%c&oanal%se, p. 4+> t. /III> R.S.

Zuelle dépasse les limites permises par lusa*e> %reud sen rend

ien compte> mais sil la maintient mal*ré tout> cest ue pour lui le

lan*a*e au sens très lar*e comme au sens restreint nest rien dautre

ue du se"uel trans)ormé. A la 'n du para*rap8e> dailleurs> %reud>

sappuie sur la t8éorie de Wans perer (puliée dans un article

d8ima!o de 1912> t8éorie maintenant complètement aandonnée

selon lauelle les premiers mots articulés auraient été les appels

se"uels du mTle F la )emelle 8umaine. Ainsi> %reud nétend la notion

de lan*a*e F tous les modes de"pression 8umains

224

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<é)érences de pulication

1+

 L'3nconscient. /I @ :olloue de Sonneval> 'esclée de Srouer>

1966.

14:orrespondance> allimard> p. 69.

15

   3bid., lettre F <ac8el Serdac8> p. 49&. !n )ait <ac8el Serdac8

avait soi"ante ans.

16

  !. Lones> La @ie et l'2uvre de ?reud, P.7.%.> 1.1> p. +41-+42.

1$

  :). n @ 4> p. 59.

1&

mort @ (1915> Pa;ot> p. 2+5.

19

   5ssais de ps%c&anal%se appliquée,  allimard> ,inuiétante

étran*eté @ (1919> p. 1&2.

2

  Lones> ibid., Sasic Soo[s> t. +> p. 264.

21

   5ssais de ps%c&anal%se,  Au-delF du principe de plaisir @>

Pa;ot> p. 69.

22   3bid., p. 2$.

2+

   3bid., loc. cit.

24

  Il sa*it de la tendance F répéter les e"périences douloureuses>

sans tenir compte du principe de plaisir> comme dans les rves de

225

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<é)érences de pulication

*uerre ou daccident ui se répètent> certains comportements

automutilateurs> tendance de certains patients F recommencer

constamment les e"périences douloureuses de len)ance.

25

  P. 2+2-2++.

26

   (alaise dans la civilisation (19+> 'enoql et teele> p. 55.

2$

  P. 9+.

2&

  Lones> op. cit.t t. III> p. 21+.

29

  :ité par Lones> op. cit., p. 41.

+

  ,a périodicité de %liess est )ondée sur la ise"ualité in8érente F

tous les tres 8umains J elle est ordonnée par le eu de deu"

nomres> 2& et 2+> ui sont

+1

  P. art; et . de 7Xan> ,a pensée opératoire @> CCIII#

:on*rès des Ps;c8anal;stes de lan*ues romanes>  Eev. franç.

 9s%c&anal., t. CC/II> 196+> numéro spécial.

+2

 Ees\. franç. 9s%c&ana.G., CCCII> 196&> n^ 2.

++

. %reud> 5ssais de ps%c&anal%se> Pa;ot> p. 2$.

+4

  . %reud> -e la tec&nique ps%c&anal%tique> P.7.%.> p. 1$-1&.

+5

  . %reud> -reams and telepat&% > .5.> C/III> p. 2&.

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<é)érences de pulication

+6

?n pourrait rapproc8er ce ue ai en vue ici de la notion

lacanienne de forclusion.

+$:est nous ui souli*nons.

+&

. %reud> +évrose, ps%c&ose et perversion, P.7.%.> 19$+.

+9

8eodor <ei[> Le (asoc&isme> Pa;ot> 195+> 2 éd.> 19$1.

4

illes 'eleuXe>  9résentation de ac&er (asoc&,  ditions de

inuit> 196$.

P8;llis reenacre> Perversion. eneral considérations re*ardin*

t8eir *enetic and d;namic @> 9s%c&oanal. lud% of t&e C&ild> vol. 2+>

196&.

:ité par 8omas ann> in Roet&e et IolstoJ, Pa;ot> 196$.

  :).> supra,  !"périence de linconscient @.

41

  Lemploie ici le terme de oi @ en laissant susister

lami*u\té sémantiue> pour dési*ner tout F la )ois linstance et le R

 e @ du lan*a*e courant.

?. <an[>  -on <uan. Kne étude sur le double> 'enol et teele>

19+2> p. 15+.

  /. aus[> enèse de la mac8ine F inHuencer @> in  La

 9s%c&anal%se, 195&> n^ 4> P.7.%.> p. 2+.

42

  /. aus[> op. cit., p. 159.

  . %erencXi> 2uvres complètes,  Pa;ot J rans)ert et

introection @> p. 9+ J t ,e :oncept dintroection @> p. 196.

4+

22$

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<é)érences de pulication

  3. Ara8am et . oro[> Introecter> incorporer @>  +ouvelle

 Eevue de 9s%c&anal%se, 19$2> nu 6.

. 3e;raut> Le Iransfert, P.7.%.> 19$4.

  A. <eic8> ?n :ounter-rans)erence @> I&e 3nternat. <ournal of  9s%c&oana)l%sis, 1951> +2> 25> +1.

44

   3bid. ,a moitié du patrimoine *énétiue de lemr;on = et des

trop8olastes = provient du spermatoXo\de. ,a moitié des anti*ènes

de sur)ace> ue portent les cellules emr;onnaires> est donc

incompatile avec ceu" de la mère.

45

  P8. reenacre> 5motional RroXi&t 3e or[> 95&.

46

  :).> supra,  ..e.m. @.

4$

  3icolas Ara8am et aria oro[> Introecter> incorporer @>

 +ouvelle Eevue de 9s%cFanal%se, automne 19$2> /I.4&

  aria oro[> aladie du deuil et )antasme du cadavre

e"uis @> Eevue française de 9s%c&anal%se, 196&> 4.

49

  urt !issler> I&e 9s%c&iatrist and t&e -%in! 9atient> 1955> Int.

7niversit; Press> 3e or[.

5

  :).> supra> ..e.m. B> p. 151.

51

  :).> supra,  ..e.m. @.

52

  :).> supra,  7n cas de masoc8isme pervers @.

22&

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<é)érences de pulication

5+

  urt !issler> op. cit.

54

  Lanice 3orton> w reatment o) a ';in* Patient @> in I&e 9s%c&oanal%tic tud% oft&e C&ild, /> C/III.

55

  !lisaet8 ler-<oss> B ?n deal8 and d;in* @> avistoc[ 

Pulications> 1969.