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7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 1/229
De l’art à la mort
Itinéraire psychanalytique
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7/23/2019 art_mort
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Table des matières
Avant-propos....................................................................................2
Première partie....................................................................................5
I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964.............6
II. !"périence de l#inconscient (196$............................................2$
III. %reud et la mort (196&............................................................44
'eu"ième partie.................................................................................55
I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966...................................56
II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$..........................6+
III. ,e mme et l#identiue (1969..................................................69
I/. A0ect et processus da0ectation (19$....................................&1
/. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+........&&
/I. raectoire de la ise"ualité (19$5..........................................9+
roisième partie...............................................................................1
I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$211
II. ..e.m. (19$4..........................................................................122
III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6.......................1++
I/. ,e travail du trépas (19$6......................................................14&
<é)érences de pulication............................................................162
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Avant-propos
Les textes de ce recueil, sauf un, qui est inédit, sont reproduits
pour l'essentiel tels qu'ils ont été publiés en revues : ils sont datés,et c'eût été, je crois, peine perdue que de vouloir les remanier ou les
compléter pour leur conférer après coup une sorte d'unité. Certains
ont été conçus comme interventions des colloques et des
con!rès " d'autres sont nés directement d'expériences cliniques qui
me forçaient approfondir ou renouveler mes propres concepts "
d'autres en#n relèvent d'une ré$exion relativement plus abstraite
sur les !rands sujets = l'art et la mort par exemple = que leps%c&anal%ste le plus attac&é la clinique se trouve tt ou tard
amené considérer. (ais> par)del leur diversité, tous ont ceci de
commun qu'ils sont issus d'une m*me rec&erc&e empirique et
marquent ainsi des étapes sur mon c&emin.
+aturellement ce c&emin n'était pas tracé par avance, je dirais
presque que c'est en composant ce recueil que le dessin m'en est
clairement apparu. Le fait est qu'en le parcourant pour ainsi dire rebours, j'ai dû, plus d'une fois me demander si je n'allais pas
paratre m'*tre éloi!né beaucoup de mon point de départ et, m*me,
si les derniers textes ne risquaient pas de contredire !ravement les
premiers. La contradiction a beau *tre plus apparente que réelle,
elle n'en exi!e pas moins quelques éclaircissements, d'abord pour
qu'on ne se méprenne pas sur sa réalité, ensuite parce que, née en
+
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Avant-propos
quelque sorte sur le terrain, elle a maintenant pour moi quelque
c&ose de fécond.
-ans rans)erts et 3évrose de rans)ert> Actin* ?ut> et ,e me
et lidentiue> on reconnatra, je pense, aisément la tonalité de
l'univers ps%c&ique que nous nommons /dipien @> pour rappeler
tout la fois sa !enèse, sa structure ori!inale et les liens étroits qu'il
entretient avec toute &istoire. 0 cet univers entièrement ordonné
autour de la castration, je me suis surtout attac&é comme au lieu o1
se constitue un passé construit, reconstruit, voire inventé. 0 partir
de la castration, les exi!ences de l'instinct et les relations du sujet
avec ses objets sont dé#nitivement compliquées, elles subissent le
contrecoup de l'or!anisation romanesque qui, désormais, in$ue
décisivement sur l'économie ps%c&ique de l'individu. L rien ne se
répète, tout se refait, ou plus exactement tout se répète autrement,
c'est précisément ce qui se passe dans la névrose de transfert et qui
fait défaut dans ce que j'ai appelé les transferts @> pour dési!ner
un mode de relations dans lequel le passé n'est pas retravaillé. Cette
opposition met en évidence deux t%pes de fonctionnement mental, ou
peut)*tre m*me deux t%pes de structures, l'un dans lequel le
développement, marqué par une mutation radicale contemporaine de
l'2dipe, abolit le passé en tant que répertoire de faits et suite
c&ronolo!ique " l'autre qui ne connat pas de rupture et o1 par
conséquent le passé, limité ses dates et son contenu réels, est
exempt de tout remaniement. Ces deux modèles @ peuvent *tre
retrouvés aussi bien &ors de l'anal%se = dans la création littéraire,
par exemple = que dans le c& anal%tique proprement dit, o1 leur
confrontation permet entre autres c&oses de préciser la structure de
la résistance, la nature du passa!e l'acte, le rle et la valeur
fonctionnelle des p&énomènes de répétition. 3ci l'2dipe et son
corollaire, la castration, apparaissent comme les a!ents &istoriques
d'une or!anisation ps%c&ique qui dépend pour une bonne part de la
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Avant-propos
force ou de la faiblesse avec laquelle ils sont mis en ima!es, mis en
scène, littéralement représentés.
4n ne laissera sans doute pas de s'étonner que ces a!ents,
auxquels j'attac&ais d'abord une importance capitale, ne jouent plus
aucun rle dans mes textes plus récents. 5n e6et, dès mon travail
sur le masoc&isme et sur l'idéal du (oi> je me suis trouvé entrané
dans de toutes autres ré!ions, o1 le modèle /dipien @ ne
permettait plus lui seul d'appré&ender et de conceptualiser les
faits, mais o1 en revanc&e l'examen de la problématique narcissique
ouvrait le c& de la ré$exion. 7u'il s'a!isse de la bisexualité, du
contre)transfert ou de certaines expériences liées aux fantasmes de
mort, je me suis vu ainsi conduit mettre
0vant)propos
constamment en question la notion d8identité, notion qui, lorsque
la castration était encore le premier facteur d'or!anisation,
présentait justement la plus !rande solidité. -ans cette nouvelle
perspective, ce ne sont plus les personni#cations (B /dipiennes @>
mais, au sens très lar!e du mot, les faits de dépersonnalisation quiréclament toute l'attention.
IC
9our éviter un malentendu : la dépersonnalisation telle que je
l'entends ici recouvre des manifestations très diverses qui, bien
qu'a%ant en commun un certain $ou des limites du (oi, ne
s'accompa!nent pas nécessairement d'an!oisse et de
déstructuration. ont ran!er dans cette caté!orie le saisissement @ que j'ai décrit comme le moment de la création
littéraire " certaines expériences de deuil " la naissance de l'a6ect "
certains états de l'anal%sé juste avant une prise de conscience " et,
c&e; l'anal%ste, des moments très particuliers de l'attention $ottante.
9lus ou moins fu!itifs, plus ou moins profonds, ces ébranlements de
l'identité du sujet, qui passent !énéralement pour des accidents
appartenant soit la ps%c&opat&olo!ie de la vie quotidienne, soit la
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Avant-propos
pat&olo!ie tout court, ne sont pour moi ni accidentels, ni né!atifs. <'%
vois au contraire une donnée fondamentale de la vie ps%c&ique
individuelle, quelque c&ose en somme d'absolument contradictoire
avec l'idée que nous nous faisons de notre identité, mais de
contradictoire en un sens positif. Car ces moments o1 le (oi et le
non = (oi éc&an!ent si facilement leur place entranent un
élar!issement considérable de l'expérience, !r=ce auquel l'individu
peut parac&ever son inté!ration pulsionnelle et rejoindre ainsi son
fond le plus aut&entique. Loin de n'*tre que des s%mptmes, ils sont
la meilleure c&ance o6erte l'*tre d'éc&apper aux identi#cations
étran!ères sa vérité, autrement dit de se construire lui)m*me, par
lui)m*me, sans risque de falsi#cation. i j'en crois une expérience
clinique probante, c'est paradoxalement lorsque l'individu n'a pas
peur de se défaire qu'il a le plus de c&ances d'atteindre réellement
ce qu'il est.
Le pa%sa!e mental que je viens de décrire forme un contraste
frappant avec celui du sujet /dipien @ bien retranc&é dans les
limites de son identité qui, lui, ne se conçoit pas &ors de cette stricte
dé#nition. Comment concilier ces deux sujets apparemment si peu
faits pour coexister > ?aut)il les tenir pour des modèles de
fonctionnement ps%c&ique diamétralement opposés et s'excluant par
conséquent l'un l'autre dans le m*me individu > 9our ma part ce
n'est pas ainsi que je poserais la question, bien que dans un autre
contexte elle puisse naturellement *tre soulevée " car si, comme on
le notera peut)*tre dans les essais réunis ici, je me suis plus souvent
attac&é suivre des trajectoires qu' travailler sur des entités
t&éoriques #xées, c'est précisément qu' mes %eux l'appareil
ps%c&ique, étant par nature inac&evé, ne cesse jusqu' la mort de se
construire et de se remanier. @u sous l'an!le de ce travail incessant,
les deux t%pes évoqués plus &aut sont donc non seulement
parfaitement conciliables, mais bel et bien complémentaires " non
seulement représentatifs d'=!es ps%c&iques di6érents, mais actifs
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Avant-propos
ensemble dans le m*me c& temporel. 3l n'% a pas d'individu si
solidement délimité, si /dipien @> qui ne soit exposé passer dans
cet autre monde o1 le je @ et le cD il @ tendent sans cesse se
confondre " mais mon avis il n'% en a pas non plus qui ce passa!e
dans la sp&ère intermédiaire de l'identité incertaine, qui n'est pas
exactement une ré!ression, du moins au sens classique du mot, ne
doive apporter un accroissement dans le sens de sa propre vérité. 5n
quelque occasion qu'ils se produisent A bien des c&oses me donnent
penser qu'ils ont profondément faire avec une expérience de la
nature du deuil => je tiens ces vacillements de l'*tre pour des
moments féconds, voire pour les instants les plus aut&entiques de
l'inspiration. -e m*me que le saisissement @ de l'écrivain, qui est
en fait dessaisissement de sa personne, est ce qui c&an!e l'/uvre
projetée en t=c&e impérieuse, et lui communique les forces dont elle
a besoin pour prendre forme et s'individualiser " de m*me en !énéral
c'est dans les états &ors limites, o1 le verbe /dipien @ cesse de se
conju!uer, que l'*tre peut trouver de quoi se c&an!er lui)m*me en
Euvre F ac&ever.
?n trouvera précisées F la Gn du volume les ré)érences dori*ine
de c8aue te"te. ?n ; trouvera aussi indiués> pour les interventions
de con*rès re*roupées dans la deu"ième partie de cet ouvra*e> les
travau" ui ont suscité nos réHe"ions.
$
7/23/2019 art_mort
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Première partie
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 9/229
I. Aperçus sur le processus de la création littéraire
(1964)
:e nest pas sans une certaine appré8ension ue e me propose
de"poser uelues réHe"ions sur le processus de la création
littéraire. ais pour me soula*er dune partie de mes scrupules> e
dirai tout de suite ue e parta*e lavis de %rancis Pasc8e sur ce
suet> tel uil la e"primé récemment> lors dun colloue introduit
par érard endel B !n dautres termes> e crois moi aussi ue
linvesti*ation ps;c8anal;tiue ne peut pas touc8er lessence mme
de la sulimation artistiue J ue les prolèmes du don> du talent> du*énie> etc.> éc8appent F notre discipline> comme selon moi F toute
autre> )Kt-ce celle de lest8étiue classiue. Le me ornerai donc F
soulever uelues uestions ui me paraissent di*nes de"amen et
peut-tre mme susceptiles dtre éclairées en partie.
ais> dira-t-on> pouruoi revenir F un suet aussi épineu" si nous
ne pouvons contriuer F lélucider pleinement M out simplement
parce uil e"cite F uste titre la curiosité> et> surtout> parce ue nous
ne pouvons méconnaNtre le rOle important uil oue )réuemment
dans les cures. Il me semle> en e0et> ue depuis lépoue o %reud
e"primait F PGster son scepticisme sur les c8ances de lissue
sulimatoire précisément> les c8oses ont eaucoup c8an*é1. Il ; a
partout> dans presue tous les milieu"> des *ens ui écrivent> ui
entrent dune manière ou dune autre dans le circuit de la production
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
dite artistiue et ui> par surcroNt> ont des mo;ens de pulier ce
uils )ont. 'o les cas )réuents o nous sommes con)rontés dans
nos cures avec le désir plus ou moins velléitaire décrire> léc8ec plus
ou moins *rave dune vocation> des in8iitions passa*ères> ou encore
lapparition tout F )ait inattendue> au cours de lanal;se> dune
activité littéraire aut8entiue. Le note dailleurs ue> tandis uune
partie du pulic *arde ce préu*é ue lanal;se stérilise linspiration
de lartiste> les intéressés eu"-mmes semlent parta*er souvent
lopinion de %reud> ui disait F ce suet dans une lettre Q i
limpulsion F créer est plus )orte ue les résistances intérieures>
lanal;se ne peut uau*menter> amais diminuer les )acultés
créatricesR. @
Lai parlé de velléités> déc8ec> din8iitions> donc> des accidents
ue nous sommes amenés F rencontrer. :est évidemment un aspect
ui na pas éc8appé au" travau" ps;c8anal;tiues. ais> dans
lensemle> limportante littérature consacrée F ce suet ma paru
présenter le processus créateur lui-mme sous un our uelue peu
id;lliue. ?r> il n; a pas lF did;lle> mais une entreprise aléatoire>
touours menacée> F tel point ue pour certains elle peut tirer de ses
risues mmes une part de sa di*nité. :est le cas dune tendance
littéraire actuelle = e pense> par e"emple> au" travau" de aurice
Slanc8ot> de Sataille> etc. = ui va usuF voir dans la di0iculté> le
loca*e> lin8iition> lTme mme du travail aut8entiue. ?n ma
rapporté F ce propos une parole de eor*es Sataille> ui aurait dit F
<oe-rillet un our ue celui-ci se plai*nait dtre entravé dans
son activité du moment Q !nGn> limpasse U @ Pour un peu> on dirait
ue la marue du véritale écrivain est limpossiilité décrire.
ans aller aussi loin> e crois pour ma part ue le processus
créateur tient de son ori*ine mme un caractère dramatiue uil ne
perd amais> mme uand lEuvre nen porte plus la trace.
'ramatiue> ce ui ien entendu ne veut pas dire né*ati)> car lF le
drame est action et oue un rOle non né*li*eale dans léconomie du
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
suet. :est ce rOle> autrement dit la valeur )onctionnelle du
processus> ue e tenterai dapprécier> autant uen loccurrence on
puisse parler de mesures.
1. . %reud> riefe 1&$+-19+9> lettre F V @ 3. 3...> 2$ 6-19+4> .
%isc8er /eria*> 196 J trad. )r. allimard> 1966.
Lai dit ue le processus créateur est un drame. ais avant
denvisa*er ce drame sous son aspect strictement littéraire> tel uil
se mani)este en particulier dans les productions et l8istoire
littéraires modernes> e voudrais proposer uelues considérations
tout F )ait *énérales sur la notion de représentation> notion eaucoup
plus lar*e ue celle de drame> mais ui éclaire utilement notre
propos. ,a représentation> en e0et> me paraNt tre un élément
)ondamental de la création artistiue> ou plus e"actement de la
créativité en *énéral. A cet é*ard> adopterais volontiers la )ormule
de lant8ropolo*ue Lensen "> ui écrit Q ,8omme est par nature un
tre ui représente. @ %ormule> dailleurs> très proc8e de lidée
e"primée par %reud dans Les deux principes du fonctionnement
mental, et merveilleusement illustrée dans loservation de son petit-
Gls> ui se dédomma*e du départ de sa mère en jouant avec une
oine> et met en scène cette mme disparition et ce mme retour
avec des oets F sa portée @.
:e nest pas ici le lieu de multiplier les ré)érences au" Euvres
ui> telles celles de Lensen ou de WuiXin*a2> nous montrent comment
lactivité de représentation = cest-F-dire la mise en scène> la
dramatisation = est F lori*ine dun lar*e éventail de p8énomènes
8umains> ui vont du rve et du )antasme F lart> en passant par les
m;t8es et les représentations cultuelles> les eu" = sacrés et
pro)anes => usuau" eu" de mots et au" mots desprit. :e ue e
veu" surtout rappeler> cest ue ces p8énomènes considérés F uste
titre comme des )aits créateurs> dun cOté ne visent pas F la seule
représentation du monde e"térieur oecti)> mais dun autre cOté ne
se détournent pas non plus du réel. :e ui est représenté ici nest F
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
proprement parler ni le plaisant> ni le réel> mais une situation, disons
la situation au monde d'un *tre de désir, ui> en elle-mme> constitue
une nouvelle réalité. :omme %reud le dit> touours dans Les deux
principes du fonctionnement mental> cest F cette nouvelle réalité
ue sattac8e le0ort de toute création> uelle aoutisse au simple
eu ou F lEuvre dart la plus élevée.
:eci ne veut pas dire uil )aille con)ondre dans une mme
description toutes les )ormes dactivité créatrice. ,e eu sacré
nest pas le eu tout court> et le mot desprit nest pas un poème. Au
contraire> certaines de ces )ormes de"pression nous intéressent
particulièrement parce uelles portent plus nettement la trace de
létat ps;c8iue remaruale ui paraNt avoir présidé F leur
naissance et ue lon dési*ne communément par le terme
dinspiration. A ce terme consacré> e pré)érerai celui de
saisissement ue propose %roenius et ui> me semle-t-il> a le
mérite de rendre au p8énomène son caractère daccident rusue et
essentiel. Pour %roenius> cet état de saisissement aoutit F un acte
ui nest pas seulement descripti)> mais or*anisateur> *énérateur
dun nouvel # ordre ui constitue une acuisition. Il sa*it lF> en
dautres termes> dune e"périence m;t8iue du réel> ui doule pour
ainsi dire la communication immédiate et silencieuse avec la réalité
oective des c8oses.
,e saisissement de %roenius> tel ue e le comprends>
correspond pour nous F ces états ue déGnissent Q
1 une modiGcation de la naturelle altérité du monde e"térieur J2 laltération de lintimité silencieuse du moi ps;c8osomatiue J
+ le sentiment dun Hottement des limites séparant ces deu"
ordres> avec une connotation détran*eté. A cette trans)ormation
dans le rapport des investissements oectau" et narcissiues répond
le sentiment éprouvé par le suet dun c8an*ement de sa position F
lé*ard du monde> voire de sa propre identité. ,état de saisissement
ui ; est lié suscite la conscience dentrer en rapport avec uelue
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
c8ose dessentiel et pourtant dine0ale. 'ans mon intervention sur
le rapport de aurice Souvet F <ome Y admettais ue> dans certains
cas> cet état> vécu dans lan*oisse> peut se ran*er parmi les
p8énomènes de dépersonnalisation J uailleurs> accompa*né
deup8orie> il est ressenti comme une e"périence e"altante de
dilatation toute-puissante F uoi lon peut rattac8er le moment initial
de linspiration artistiue ou
m;stiue> ou encore les e"périences élationnelles décrites par
runer*er. Zuoi uil en soit> dans les deu" cas> linstant de
saisissement me paraNt relever dune e"périence trauma-tiue.
Le me"pliue. Le considère> en e0et> ue tant ue le narcissisme
primaire est seul F ré*ner> il n; a rien F mettre en scène puisue
tout se passe alors on deçF du conHit. :e nest uau moment o des
pulsions se dé*a*ent et se c8erc8ent des oets> tandis ue le monde
e"térieur commence F tre reconnu comme tel> ue des tensions
naissent> en*endrant une situation traumatiue ue le suet va
devoir a0ronter. :ette nécessité vitale le conduit F élaorer
le"périence par le mo;en ui lui est le plus immédiatement
accessile Q une représentation de sa situation ui est une tentative
de s;nt8èse> une rec8erc8e de lunité. Pour ; parvenir> le suet
recourt spontanément F son souvenir nostal*iue de lunion
narcissiue perdue et il réussit dautant mieu" uil retrouve lF le
sentiment primitivement vécu. 'ans lEuvre ui> éventuellement>
résulte dune pareille représentation intérieure> ce nest pas
nécessairement le traumatisme ui apparaNt> mais souvent> au
contraire> lunion> la réconciliation> la communion avec le monde
e"primée directement dans une )orme.
Zue se passe-t-il maintenant du point de vue économiue M Avant
le saisissement> le statut économiue de lindividu est celui dune
éner*ie comme en suspens> circulant lirement dans un espace
littéralement indéGni. :est une situation )oncièrement instale> en
raison de la rencontre naturelle et inévitale entre maturation
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
iolo*iue et 8istoire> ui donne lieu F une série de sur*issements du
réel> cest-F-dire F un mouvement o le réel suscite de nouvelles
e"i*ences pulsionnelles> tandis ue les pulsions> F leur tour> )ont
découvrir un nouvel aspect de la réalité. ,es pulsions nouvellement
dé*a*ées ne pouvant tre aussitOt inté*rées> lunité narcissiue est
plus ou moins *ravement compromise. 'ès lors> lespace auparavant
indéGni se prend @> des di*ues se dressent et se risent presue en
mme temps> sans pouvoir empc8er linondation éner*étiue ui
constitue le temps initial du saisissement. rTce F la mise en scène
dramatiue de la situation> ui vise F rétalir un nouveau silence
)onctionnel> le"périence acuiert une valeur positive. ais tout est
constamment F recommencer Q c8aue étape du développement
suscite une nouvelle e"périence de rupture> en rè*le *énérale moins
dramatiue ue la première> lauelle nest rien dautre pour certains
auteurs> comme <an[ et roddec[> ue le traumatisme de la
naissance> et reste de toute )açon indéléile> inscrite comme en
Gli*rane dans la ps;c8é de lindividu ui c8erc8e tout F la )ois F
loulier et F la ressaisir.
,a représentation créatrice se"erce donc de )açon continue> le
plus souvent silencieuse et automatiue> dans un rapport particulier
avec les mouvements pulsionnels. !lle c8erc8e sans cesse F saisir un
présent> dont lémer*ence se produit F tous les instants> et par lF
mme constitue une microe"périence traumatiue. :ette description
de lactuel> ui se )ait par une récupération active du passé> et
accomplit le passa*e du discontinu au continu> crée littéralement la
réalité dont> autrement> lopacité serait totale puisuelle se réduirait
F un ensemle inco8érent de )ormes astraites. ,e nouveau
roman @ ui> au moins dans lune de ses directions> a0irme
le"istence dun re*ard entièrement pénétrant sur une réalité
immédiate> découpe en )ait dans une e"périence vécue normalement
comme *loale ce secteur astrait ue seul peut )aire vivre le retour
du passé.
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
Sien entendu> le"périence traumatiue varie dans son contenu F
mesure du développement ps;c8o-se"uel de lindividu. %reud nous en
donne un e"emple précoce> dans le eu de la oine> eu ui> selon
moi> nest pas seulement le résultat de la *rande maturité culturelle
de len)ant> mais en lui-mme un )acteur important de maturation>
puisue *rTce F lui len)ant élaore le"périence traumatiue et lui
donne une issue positive. A un moment donné> cette e"périence
)ondamentale trouve sa pleine e"pression dans lan*oisse de
castration> ui devient alors le"périence cruciale et ui> selon le
mouvement de proection en arrière @ dont parle Souvet> prend la
valeur dun modèle rétroacti) de tous les états traumatiues
antérieurement vécus. Parado"alement> la castration peut tre
re*ardée en un sens comme une c8ance de lima*ination 8umaine>
car le p8allus> en tant uoet tout F la )ois s;moliue et
strictement délimité> non seulement inspire la mise en scène de la
rupture> mais apporte F la représentation un élément structurant ui
lui ouvre de nouvelles possiilités. ,8orreur de la dévoration et du
morcellement trouve son e"pression la plus évoluée dans le )ol[lore
universel> o lo*re est aussi le père castrateur. out en *ardant
uelue c8ose de son ori*ine arc8a\ue> elle est tempérée>
8umanisée par lintervention décisive du Petit Poucet ui> sans cesse
menacé et touours en lutte pour dé)endre son inté*rité> devient dans
le conte tout F la )ois le 8éros et la*ent or*anisateur du scénario.
,irruption du réel> lapparition rutale de loet> e lai dit>
rompent la pai" économiue et menacent le statut narcissiue
primaire> aussi ien ue le silence )onctionnel ps;c8osomatiue. Il
sensuit une situation nouvelle o se révèle laspect le plus
destructeur des pulsions> avec lan*oisse ui ; est liée. :est alors
ue la nécessité de lélaorer prend un caractère vraiment pressant.
A0ronter le dan*er interne dtre radicalement sumer*é par la
somme des e"citations en*a*ées J vivre la montée des pulsions
destructrices J puis renoncer au esoin de détruire loet> ce
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7/23/2019 art_mort
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
pro*ramme ne peut tre réalisé économiuement ue par une mise
en scène de la situation ui> en proetant des ima*es et des )ormes
reliées entre elles dans un ordre si*niGcati)> asore> lie et intè*re
les tensions> de telle sorte ue le )antasme nest pas seulement une
e"périence passivement suie> mais prend usuF un certain point
le0icacité dun acte. ise en scène et mise en ordre ui pourraient
se rattac8er F lessai de maNtrise de lan*oisse liée au" pulsions les
plus primitives> en uoi %ain et 'avid voient lune des deu" )onctions
du processus primaire
Ainsi> le monde e"térieur ui> par sa seule a0irmation e"i*eante>
collaore en uelue sorte avec le monde pulsionnel pour arrac8er
lindividu F son or*anisation narcissiue> et concourt au dé*a*ement
des pulsions destructrices> se voit F son tour menacé par ltre ui>
voulant éc8apper F lautodestruction> commence par tourner vers
le"térieur ses )orces da*ression. <ien détonnant si la description
de cet état de c8oses> uelle se trouve dans des Euvres littéraires
évoluées ou dans nos travau" ps;c8anal;tiues> prend demlée un
tour e"trmement dramatiue. ,e contenu du drame> en e0et> cest
le c8aos> mais dès linstant o il se traduit par des représentations>
des )antasmes> )ussent-ils les plus terriGants et les plus primiti)s> il
prend une orientation> une valeur ui constituent déF un déut
daména*ement> de sorte ue> mal*ré la discordance de ses t8èmes>
il devient aussitOt création. 3ous savons uF un stade ultérieur de
son développement> lindividu est aidé dans la tentative
dor*anisation de sa vie pulsionnelle par lédiGcation du urmoi ui>
pour autant uelle participe dune introection de la*ression> relève
elle aussi du processus créateur de lima*ination. :ependant> uelle
ue soit la valeur de cette personniGcation surmo\ue> il est dans sa
nature de ne ouer son rOle uen c8amp clos> et> trop )acilement> de
)açon paral;sante ou castratrice J alors ue la voie des réalisations
sulimatoires est constamment ouverte sur le monde> de telle sorte
ue lindividu> ui en réalité ne travaille ue pour lui> o0re au monde
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
e"térieur un produit propre non seulement F lui )aire plaisir> mais
encore F le proté*er. !n sa dernière mani)estation> le mouvement le
plus é*o\ste aoutit F un don> F lamour par conséuent> ui se
trouve ainsi retrouvé dans une mise en scène de la 8aine. 'e cette
8aine touours indécise dans son orientation> prte F se diri*er vers
le"térieur ou F se retourner contre le suet lui-mme et par lF
souvent proc8e du crime> lEuvre vraie *arde touours la marue>
mme dans ses aspects les plus volontairement réconciliés. A cet
é*ard> l8istoire littéraire pourrait vraiment reprendre F son compte
le mot de %reud dans une lettre F PGster+ Q ?n ne peut rien )aire de
vrai sans tre un rin criminel. @ ,F> en e0et> mal*ré les réserves
ue e )aisais moi-mme tout F l8eure> la ps;c8anal;se peut peut-
tre apporter une contriution F lest8étiue. ,e eau> nest-ce pas>
en Gn de compte> le vrai> un vrai a;ant sui une métamorp8ose
radicale dans lauelle se tra8issent encore le c8aos et tous les
conHits sauva*es sur uoi lordre a été *a*né M i cela était ainsi> on
comprendrait ue l8orreur des luttes arc8a\ues puisse en*endrer
la eauté )ascinante de la te de éduse D.
?n ne peut rien )aire de vrai sans tre un rin criminel -autrement
dit> sans se sentir coupale. 3ous touc8ons ici F lécartèlement si
)réuent c8eX les artistes entre la loi du urmoi et le"i*ence de
vérité est8étiue sans uoi lEuvre nest uune )ade production du
con)ormisme. ,8istoire littéraire aonde en e"emples de ce conHit
ui> dans les cas *raves> nécessairement pour nous les plus
si*niGcati)s> peut compromettre plus ou moins duralement la
réussite de lEuvre> ou mme la vie de lécrivain. Le ne citerai ue
celui de o*ol ui> sous la pression uotidienne dun directeur de
conscience )anatiue> c8erc8a en vain F rac8eter par une Euvre
édiGante le diaolisme de la première partie des 0mes mortes. 'ans
ce cas vraiment e"trme> le urmoi reli*ieu" na pas réussi F )orcer
la véritale nature de lEuvre Q o*ol> par)aitement conscient de la
nullité littéraire de son travail> mais incapale de triomp8er de ses
1$
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
scrupules> na pu ue eter son manuscrit au )eu et somrer dans le
désespoir.
?n sait ien ue très souvent dans l8istoire> la lutte de lartiste
pour son Euvre ne )ut rien de moins uune lutte pour la vie. :ela se
conçoit Q née de )acteurs comple"es o la nostal*ie du paradis
narcissiue perdu voisine avec les e"i*ences discordantes des
pulsions> lEuvre> produit dune élaoration s;nt8étiue> oet Gni>
complet> doué de0icacité> donc puissant> est représentée dans
linconscient par le p8allus> ui est selon runer*er lemlème et
lima*e de linté*rité narcissiue. ,a preuve nous est donnée uil en
est ien ainsi dans tous les cas dinac8èvement> de morcellement ou
dinterruption ui révèlent un éc8ec ou une insu0isance du rOle
)onctionnel de lEuvre. Il ; a peut-tre un lien entre ces )ormes plus
ou moins Ttardes déc8ec littéraire> ui peuvent> dailleurs> donner
lieu F de *randes Euvres> et les évolutions morides or*aniues ue
lon trouve si souvent dans les io*rap8ies.
Le me trouve ici ramené au prolème de la )onction de lactivité
créatrice> prolème F uoi Leanine :8asse*uet sest attac8ée
récemment> en distin*uant deu" sortes dactes créateurs> selon uils
visent la réparation de loet ou celle du suet1. Pour ma part>
inclinerais F penser ue lacte créateur> ui participe F lédiGcation
du suet> se trouve en Gn de compte proté*er é*alement loet. Peut-
il réparer réellement une atteinte massive et précoce des assises
narcissiues M ,a uestion est di0icile et nous conduit demlée sur
le terrain de la pat8olo*ie> dans le domaine de certaines ps;c8oses
et des maladies ps;c8osomatiues. Zue se passe-t-il F cet é*ard dans
le domaine des maladies ps;c8osomatiues *raves> maladies ui> e
le note en passant> paraissent F première vue relever uniuement de
linterniste et dont le t;pe est pour nous la recto-colite
8émorra*iue M ,es travau" ue nous poursuivons> Pierre art;>
ic8el %ain> :8ristian 'avid et moi-mme> nous ont montré ue
lactivité de représentation dans ces a0ections o0re des traits
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
spéciGues> ue e vais tenter dillustrer par un parallèle avec un cas
névrotiue.
Au moment o e la prends en traitement> ,ouise est une eune
Glle de di"-8uit ans> atteinte dune recto-colite 8émorra*iue très
*rave> avec des lésions a0ectant tout le cadre coliue> déordant
mme sur le *rle> et associées F des altérations 8umorales
massives> représentant dans limmédiat une menace vitale et a;ant
ustiGé une lon*ue 8ospitalisation. Zuelues années auparavant>
,ouise avait montré uelue *oKt pour le dessin> sans en tirer
toute)ois eaucoup de énéGce. 'es déceptions anales dordre
a0ecti)> mais vécues inconsciemment comme autant de lessures
narcissiues> la )ont rusuement renoncer F ce déut dactivité
artistiue. Au lieu de dessiner> elle sen*a*e alors dans une activité
purement motrice> a;ant F certains é*ards la valeur dune ré*ression
topiue Q léuitation. !lle )ait du c8eval> mais sans participation
notale de lima*ination. Par lF> elle se ravale elle-mme F un niveau
moteur> o elle se orne F lier des *estes> avec plus ou moins de
on8eur> ce ui est> mal*ré le caractère mécaniue de son action> la
meilleure mise en )orme dont elle est alors capale. ,a recto-colite
8émorra*iue apparaNt cliniuement pendant cette période> après
une rupture sentimentale plus *rave. :8eX cette eune Glle mena-
1. :8asse*uet-mir*el L.> <éHe"ions sur le concept de V
réparation ] et 8iérarc8ie des actes créateurs @> Eev. franç.
9s%c&anal., CCIC> 1965> n^ 1.
cée de colectomie totale avec anus iliaue déGniti)> la
ps;c8ot8érapie a pris daord lallure dune cure anaclitiue sur
lauelle e ne mappesantirai pas> tenant surtout F souli*ner la
deu"ième p8ase> ue e dirais péda*o*iue. !n e0et> pendant deu"
ans> la ps;c8ot8érapie a eu pour ut essentiel de développer peu F
peu s;stématiuement les activités de représentation dont le dessin
avait été comme un timide essai. :ette deu"ième période a été
ouverte par un rve> le premier ue ,ouise ait été F mme de me
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
donner> rve ien caractéristiue de ces malades ps;c8osomatiues>
o ,ouise se vo;ait seule devant une )euille lanc8e. Alors ue
léc8an*e veral reste des plus limités> elle commence F dessiner des
c8evau"> asseX mal dailleurs> car elle est incapale de reproduire les
saots et les ames. Ils la représentent doulement J ils sont elle-
mme> pourvus par e"emple dune crinière semlale F sa propre
c8evelure> et en mme temps ils illustrent le cours et les accidents
de sa récupération> en particulier les suppurations di0uses ui
a0ectent ses memres in)érieurs. :8aue dessin représente une
complication et un enric8issement par rapport au précédent. /alorisé
par mon attention> il est pour ,ouise un )acteur de récupération
narcissiue> )acteur essentiel si lon admet avec aus[1 la
dépendance étroite du narcissisme or*aniue F lé*ard du
narcissisme ps;c8iue. Actuellement> après trois ans et demi de
traitement> on peut dire ue les activités de représentation se sont
développées de )açon continue usue dans le domaine
)antasmatiue. ,ouise prépare les Seau"-Arts et le pro)essorat de
dessin> elle )ait mme de la sculpture. Parmi ses compositions>
certaines comportent encore des c8evau" ui sont maintenant
entiers> et par)ois mme dotés de cavaliers. ,essentiel> dans ce cas>
a été tout au lon* le"trme lenteur de lévolution vers une activité
de représentation économiuement valale> activité dont la plénitude
doit ouer selon moi un rOle important dans la prévention des
rec8utes. :e rOle a été net dans le cas de ,ouise o> pourtant> la
récupération anatomiue est loin dtre ac8evée. ,ouise entre
maintenant> et maintenant seulement> dans une p8ase o la
ps;c8ot8érapie peut enGn prendre un st;le ps;c8anal;tiue. Il
1. /. aus[> 'e la *enèse de 1 V appareil F inHuencer _ au cours
de la sc8iXop8rénie @> La 9s%c&anal%se, t. I/. <epris in 2uvres,
Pa;ot> 19$4.
nest mme pas impossile uelle puisse dans lavenir assumer
une ps;c8anal;se classiue.
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
,e cas de ,ouise> dont lactivité )antasmatiue sest développée
lentement> dune )açon laorieuse> touours précaire et en e"i*eant
des mesures tec8niues particulières> )orme le plus violent contraste
avec celui dune p8oiue ui> en une seule séance> moilise ses
)antasmes pour ainsi dire instantanément dans une mise en scène de
sa situation.
Leanne> ui a pulié deu" romans au cours de son anal;se> alors
uauparavant elle navait pas mme eu lidée décrire> re)oulait
depuis uelue temps une a*ressivité apparemment déclenc8ée par
ma )ermeté sur une uestion de discipline dans lanal;se. !lle
sétend sur le divan et déclare> après un silence Q Alors uen
venant étais sans 8ostilité> ni envie> ni pas envie> au moment o
vous maveX ouvert la porte> ai pensé Q V !t dire ue e vais encore
me )aire c8ier avec ce *ars-lF. _ @ Au out dun nouveau silence elle
aoute Q Lai limpression ue vous veneX de man*er uelue
c8ose... oui> e voudrais avoir une intimité littéralement vé*étative
avec vous> tre en vous> man*er avec vous. ais ce nest pas
su0isant> man*er avec votre ouc8e> oui> cest ça. @ Autre silence> et
elle poursuit spontanément Q `a me )ait penser au livre ue e suis
en train décrire. ,a )emme> cest moi> serait contre un arre. Le
pénètre littéralement larre et e suis et le tronc et les ranc8es.
3on> ce nest pas pour )aire du mal> mais pour me laisser diri*er par
le vent> recevoir le soleil> tre assimilée... :ela mévoue cette
situation vé*étative> la plus *rande con)usion Q tre dans le ventre de
la mère. @ /ers la Gn de la séance elle revient sur ce uelle a appelé
con)usion vé*étative> et dit Q :est uelue c8ose de plus pro)ond
uun parta*e> aller au" cainets ensemle. 3on> cela ne peut se
)aire uavec un 8omme J F lintérieur dune )emme cest sale> pas
net J la )emme saccroupit pour uriner> elle est dé*ueulasse... au)
peut-tre man*er par sa ouc8e... @
Le ne vais pas anal;ser ici tout le contenu de cette séuence dont
le st;le se retrouve souvent. Le me ornerai F souli*ner la )aculté
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
remaruale de Leanne de traiter un conHit par la représentation
immédiate de ses données. ,a con)rontation soudaine avec loet> en
rompant une sorte de rverie narcissiue> dont on peut voir ien
entendu aussi laspect dé)ensi)> )ait sur*ir toute la*ressivité de
Leanne> ui immédiatement> la met en )orme sur le mode anal. 7n
mouvement ré*ressi) au niveau oral suit aussitOt tandis ue samorce
une tentative de réconciliation (se con)ondre avec larre> recevoir le
soleil> etc.. ,oet commence dtre proté*é et le suet se restaure
*rTce F cette représentation d;namiue ui> de )ait> a été dans le
roman loet dune nouvelle élaoration o le mouvement )usionnel
= la )usion avec larre = remet l8éro\ne dans le c8emin de la vie.
'ans le dernier moment de la séuence toute)ois> le )antasme de
)usion nest pas une solution durale> il e"i*e de nouvelles mises en
)orme dont c8acune représente un essai de maNtrise et de
pro*ression.
Par les travau" cliniues et t8éoriues ue nous poursuivons> mes
collè*ues ps;c8osomaticiens et moi-mme> nous avons pu nous
convaincre de limportance e"trme de ce processus puisue>
lorsuil est incomplet ou )onctionnellement ine0icace> il sensuit une
surc8ar*e dun s;stème )onctionnel uelconue par des éner*ies o>
comme %ain la dit> on ne peut plus *uère distin*uer les valeurs
liidinales des valeurs a*ressives.
R
Lai parlé usuici de représentations> de dramatisation> dactivité
)antasmatiue> en dautres termes de la créativité en *énéral> mais e
nai pas aordé la création littéraire elle-mme> ui ne"iste ue par
le passa*e F un acte particulier Q lacte décrire. Zuest-ce ui rend
cet acte nécessaire> pouruoi et comment devient-il pour certains un
esoin> voire une e"i*ence vitale> alors ue tant dautres se
contentent de leurs rveries> sans c8erc8er F en o0rir au" autres le
produit M :est F ces uestions ue e vais tTc8er de répondre = et e
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
le )erai non sans recourir par)ois F des vues 8;pot8étiues> en
reprenant le point de vue )onctionnel ui est le mien ici.
elle ue e lai posée> ma première uestion su**ère delle-mme
une réponse Q cest ue> si certains doivent recourir F une opération
supplémentaire pour ré*ler lune des situations traumatiues ue ai
évouées> il )aut croire uils ; sont conduits par un dé)aut de leur
s;stème délaoration> cest-F-dire> parado"alement> par un éc8ec
relati) de leur vie ima*inaire. out se passe comme si lartiste en
puissance> ui> ustement> est capale dune activité )antasmatiue
particulièrement ien développée et> en principe> touours
disponile> nétait pourtant pas F mme de sen servir e0icacement
pour assurer linté*ration de ses tensions et de ses conHits. ?u
plutOt> son e0ort éc8oue en partie parce ue> dans la situation
critiue o il se trouve> il réa*it par une proli)ération dima*es ui
lenva8issent et peuvent mme le sumer*er. Au lieu de rétalir>
comme il c8erc8ait F le )aire> son inté*rité narcissiue> ce
)oisonnement de )antasmes le plon*e dans une nouvelle situation
traumatiue> situation dimpuissance uil vit ien entendu comme
une castration. 'o la nécessité dune nouvelle opération> ui va
moiliser tout autrement les )orces de lima*inaire.
,artiste> donc> se voit menacé par le s;stème ui> précisément>
devait le proté*er. :eci na rien de surprenant si lon admet avec
%reud uil est proalement doté dune constitution instinctuelle
anormalement )orte et ue> par conséuent> ses s;stèmes
dadaptation risuent constamment dtre mis en éc8ec> de telle
sorte uil est e"posé plus ue uiconue au" situations
conHictuelles. 3ous comprenons dès lors ue le )oisonnement de
lima*erie intérieure ne puisse tre dominé par le seul eu dune
élaoration autarciue> ce ui reviendrait F une )orme daliénation.
,artiste> au contraire> est conduit F se tourner vers les autres>
devant lesuels il décrit sa situation intérieure et trouve lF une
conGrmation de son e"istence. ,e parado"e de la création> et
2+
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
sin*ulièrement de la création littéraire ui> )ondée sur le"ploitation
du lan*a*e commun> comporte nécessairement un dialo*ue> cest
ue le né*ati)> ici> doit devenir le mo;en mme dune a0irmation
positive. :8Ttré> solitaire> a*ressi) = lécrivain est en mme temps
tout-puissant sil parvient F imposer et mme F )aire aimer sa
description.
3ous touc8ons lF une di0iculté essentielle ue toute vocation
littéraire doit résoudre en uelue manière Q lécrivain> en e0et> écrit
pour se"primer> mais il ne le peut de )açon e0icace ue si son
e"pression est recevale comme preuve de son e"istence> autrement
dit capale de plaire. :est lF dès le déut une situation *ravement
conHictuelle> car se"primer> cest modiGer de vive )orce les rapports
e"istant usue-lF entre le monde et le suet> cest attauer> et
usuF un certain point annuler les autres> mais comment dans ces
conditions otenir deu" reconnaissance et amour M 3ous savons ue
len)ant déF rencontre précocement cet ostacle Q pour plaire F ses
parents> pour les séduire et ne pas perdre leur amour> il est
naturellement conduit F )alsiGer son e"pression de lui-mme dès
uelle est o0erte en don. Le pourrais citer le cas dun en)ant ue e
connais très ien> une petite Glle de 8uit ans> e"trmement douée et
dune intelli*ence très au-dessus de son T*e> ui produit depuis
lon*temps toutes sortes de petits poèmes et de contes. :ette petite
Glle> dont lor*anisation p8oiue est mani)este> doit a0ronter
constamment une production )antasmatiue terriGante. /ers lT*e de
uatre ou cin ans> elle a inventé un personna*e ima*inaire> . %al-
ert> dont elle racontait les aventures F sa sEur aNnée et F ses
parents. :es aventures portaient ien la trace des e"périences
)antasmatiues de len)ant> mais tiraient toutes sur le comiue ou le
urlesue. 'éF len)ant voulait )aire rire et plaire. Plus tard>
lorsuelle commença décrire> touours F lintention de son
entoura*e immédiat> le contenu de ses récits c8an*ea notalement>
comme si le seul )ait de couc8er des c8oses sur le papier entraNnait
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
un c8oi" tendancieu" parmi les t8èmes de le"périence vécue. tait
le plus souvent éliminé ce ui aurait pu c8ouer ou déplaire> au
proGt de t8èmes poétiues ou 8umoristiues susceptiles de lui
valoir ladmiration et lestime des siens. Par cette capacité de c8oi">
len)ant était déF entièrement en*a*ée dans la Aroie de lest8étiue>
et il nest pas impossile ue ce soit lF lindice dune véritale
vocation. ais a;ant misé plutOt sur la séduction ue sur la Gdélité F
elle-mme> ce nétait pas dans ses petits poèmes uelle se"primait
touours le plus Gdèlement. 7n de mes malades> ui est écrivain et
sou0re dune *rave in8iition> a par)aitement compris F uel point sa
G"ation F cette situation in)antile avait sur son activité littéraire un
e0et stérilisant. Il ma dit Q Zuest-ce ui mempc8e de me"primer
et F la limite da*ir M Loserve ue> dès lori*ine> on ma appris F
a*ir non pour me"primer> mais pour plaire> plaire F ceu" ui
mentouraient et me commandaient. i e prends cette action
particulière uest lécriture> encoura*ée dès lori*ine par ma mère>
ai écrit non pour mon plaisir> mais pour lui )aire plaisir. ,e souci de
lécriture> considérée comme e"pression de moi-mme> est apparu
plus tard> lorsue se sont épuisées les occasions de plaire F autrui en
écrivant. :est F ce moment-lF ue les di0icultés ont commencé. @ i
le patient navait pas pris conscience du dilemme> il aurait
proalement continué décrire des c8oses a*réales et
insi*niGantes> comme tant dautres ui alimentent uotidiennement
la production mo;enne. Pour linstant> il est évidemment paral;sé>
mais en mme temps il entrevoit une possiilité de liérer ses dons.
Il me semle ue mon patient a )ort ien vu un conHit
)ondamental ue lon pourrait déGnir en *ros comme celui du
narcissisme et des e"i*ences pulsionnelles. ais naturellement les
c8oses sont eaucoup plus compliuées> du )ait ue plaire @ et
)aire plaisir @ appartiennent F deu" mondes di0érents> lun
ressortissant F une rec8erc8e de satis)action narcissiue> lautre F
un élan oectai> tandis ue b se"primer @ met en eu tout F la )ois
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
les pulsions a*ressives et le statut narcissiue du suet. ?n conçoit
ue cette situation puisse devenir douloureuse et paraNtre mme
insolule dès uon en )ait un dilemme Q car se"primer sans plaire
e"pose lécrivain F tre reeté dans sa solitude et son impuissance>
cest-F-dire renvo;é F sa castration> mais dun autre cOté plaire sans
se"primer> cest-F-dire renoncer F sa vérité au nom dune
satis)action narcissiue immédiate> cest sinHi*er F coup sKr une
lessure narcissiue autrement plus pro)onde puisuelle touc8e au"
racines mmes de ltre.
out écrivain se voit ainsi placé devant un c8oi" impossile J reste
maintenant F savoir comment> dans le meilleur des cas> il peut sortir
de lalternative.
Il va de soi ue la solution ne peut tre )ournie ue par une
opération ps;c8iue propre F concilier les uts contradictoires ue
lacte décrire> de par sa nature mme> poursuit touours
simultanément. :ar on écrit touours F lintention de ueluun> pour
ou contre un uelconue autrui ui peut rester tout F )ait silencieu">
mais dont lopinion implicite importe au plus 8aut point. out le
prolème consiste donc> puisuun pareil personna*e nest pas
concevale dans la réalité> F créer une G*ure intérieure avec ui et
sur ui le eu de toutes les tendances contradictoires soit possile.
:et autrui anon;me F ui en uelue sorte on dédie lEuvre dans le
moment mme o elle est conçue> ne se con)ond nullement avec le
pulic réel ue lEuvre )aite doit en principe a0ronter tOt ou tard.
ais ce nest pas non plus le père réel> ien uil procède
nécessairement dune ima*e parentale introectée> puisue les
parents sont normalement le premier pulic> pour ainsi dire les
premiers dédicataires de len)ant. Le note en passant ue c8eX
certains poètes> plus peut-tre ue c8eX les romanciers> cette G*ure
intérieure semle maruée par des traits )ortement maternels. Il
serait intéressant de"aminer les conséuences de cette particularité
sur le développement mme de leur Euvre. Linclinerais F croire> en
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
me )ondant sur certains cas cliniues> notamment sur celui ue ai
cité tout F l8eure> ue la )usion du pulic intérieur avec une ima*e
maternelle est pour lactivité créatrice *rosse de complications. A
mon avis> il sa*it dans ces cas dune sorte de G"ation> dun arrt du
lar*e mouvement identiGcatoire F partir duuel on peut essa;er de
se représenter lélaoration du personna*e intérieur et de ses
diverses incarnations. Le nai pas lintention dentrer très avant dans
le prolème des identiGcations> ui a été traité de )açon appro)ondie
par Pierre ,uuet1. Le suis sKr ue son travail )ournirait une
e"cellente ase de départ pour une étude plus détaillée du prolème
particulier ue e soulève ici. Il me paraNt proale uon a a0aire en
loccurrence avec un eu constant didentiGcations très primitives>
concevales sous la )orme dimpré*nations )usionnelles 8eureuses
propres F con)érer au personna*e un caractère de réceptivité totale>
accueillant sans condition> tant pour les pulsions les plus violentes>
ue pour les mani)estations les plus e"trmes dauto a0irmation.
:ependant> e ne crois pas ue cette )orme didentiGcation su0ise
F lédiGcation complète du personna*e. ,e mouvement me paraNt
destiné F se développer> tout se passant comme si une véritale
e"périence de maturation était condensée et reprise F cette
occasion> pour aoutir Gnalement F une identiGcation de nature
8omose"uelle. ,e caractère di0érencié des ualités et )onctions du
personna*e nous permet de supposer uil résulte aussi dune
incorporation anale> telle uelle est
1. Pierre ,uuet> ,es identiGcations précoces dans la
structuration et la restructuration du oi @> Eev franç 9s%cFanal.,
1962> numéro spécial décrite par Pierre art; et ic8el %ainG. ,e
rOle de lanalité se reconnaNt encore dans les opérations de captation
et de modela*e uil doit nécessairement suir pour acuérir une
)orme et des limites précises. Il est vraisemlale uF ce moment
initial de la création> les premières impré*nations )usionnelles
8eureuses sont cela mme ui permet F ces opérations de
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I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
saccomplir sans ue soit altérée la ualité )oncièrement accueillante
du personna*e> pourtant )açonné et recréé F volonté. Ainsi> tout ce
ue lon ne peut )aire suir au pulic réel> on est lire de le lui
inHi*er sans ue la maNtrise anale ui se"erce sur lui risue de le
détruire. ,orsue lopération réussit par)aitement> lécrivain se
trouve F mme dentretenir avec ce père intérieur des relations
e"trmement comple"es> mais souples et mouvantes> ui vont inHuer
sur le processus mme de la création.
,auteur a donc constitué en lui un on oet sur uoi il peut
diri*er ses pulsions en toute sécurité puisuil ne risue en cela ni de
détruire le personna*e ni de sattirer des représailles. Il est le père
de cet autrui ui naNt sans doute de ualités proetées daord sur le
père réel et ui> étant nécessaire F la *enèse de lEuvre> oue
s;moliuement le rOle du *éniteur. ,Euvre est len)ant uon lui
doit> uon lui dédie et ui en mme temps sert F lui démontrer ce
dont on est capale> cependant uon lui demande la conGrmation
inconditionnelle ui *arantit davance la lé*itimité du travail.
Personna*e par déGnition plastiue> le destinataire de lEuvre est
susceptile de )ormes diverses et lécrivain dispose de lui sur un
c8amp très vaste daction. Immanualement> il en vient F se
con)ondre par lun de ses aspects avec la G*ure dun ou de plusieurs
modèles spirituels> ui représentent et stimulent les e"i*ences
est8étiues du suet culturellement évolué. A cet é*ard> il assume
ien le rOle de médiateur ue érard endel lui a pertinemment
reconnu> avec ce ue cela impliue de sentiments de vénération et
de rivalité. ais par un dernier parado"e> le eu continuel des
proections et des identiGcations en )ait aussi H aller e!o de lauteur>
ui c8erc8e par ce détour F restaurer son inté*rité narcissiue.
:ette ultime métamor-
1. . %ain et P. art;> Aspects )onctionnels et rOle structurant
de linvestissement 8omose"uel au cours des traitements
ps;c8anal;tiues dadultes @> Eev. franç. 9s%c&anal., CCIII> n^ 5.
2&
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 29/229
I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
p8ose du personna*e> daord oet des visées pulsionnelles
détournées de leur oet réel> puis ima*e> ou> si lon veut> doule de
son créateur> pourrait nous )aire concevoir le c8an*ement de la
liido oectale en liido narcissiue et partant> la constitution
dune réserve déner*ie neutre ue %reud considérait comme décisi)s
de tout processus de sulimation. :ette réserve déner*ie neutre>
localisée selon %reud dans le oi ou le `a> me paraNt contriuer
essentiellement au sentiment de plénitude> de )orce immédiatement
disponile ui caractérise la complétude narcissiue. !n lisant les
réHe"ions de :laudel sur la poésie> et sin*ulièrement cette p8rase Q
... Avant le mot> une certaine intensité> ualité et proportion de
tension spirituelle5... @> e me suis demandé si le poète navait pas eu
une e"périence directe des e0ets de cette neutralisation.
,e pulic intérieur> ui est le médiateur> le dédicataire et en un
sens le *éniteur de lEuvre> est doué dune réalité ps;c8iue ui
apparaNt surtout pour nous dans les troules uil provoue> dès uil
ne remplit pas e"actement tous ses rOles. !n e0et> son e"istence
mme peut tre )acilement la source dune culpailité inconsciente>
car elle suppose un désinvestissement du monde e"térieur> uelle
annule au moins momentanément J ien plus> le nouveau père ue
lon se donne ainsi impliue une élimination du père réel ui>
inconsciemment> ne peut tre ressentie ue comme un meurtre.
,écrivain doit donc pour commencer saccommoder dune usurpation
mé*a-lomaniaue de pouvoir> dont le premier e0et est un acte
destructeur.
!n )ait> le personna*e créé dans de telles conditions ne laisse pas
dtre prolématiue. Zuoi uon )asse> on lattaue> on c8erc8e F le
supplanter ou F le surpasser tout en lui demandant son aide> et non
seulement on le réduit F limpuissance en lui G"ant un mode dtre>
mais encore on vit sur lui en parasite> autrement dit on le c8Ttre de
toutes les )açons> mais par lF> on risue ustement de le dévaloriser
et de se priver du énéGce uon attendait de lui. ?n peut ima*iner
29
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 30/229
I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
ue lorsue le personna*e intérieur ressemle par trop Gdèlement
au père réel> ou sil doit trop de traits précis F un pulic déterminé> il
est )acilement conHictualisé> et uau lieu de stimuler lactivité
créatrice> il la paral;se de )açon plus ou moins *rave et durale.
ais )uir le père c8arnel pour se tourner vers un modèle spirituel>
ui procède nécessairement dune ima*e paternelle mme uand il
en est le né*ati)> nest pas non plus une solution de tout repos> car la
dévotion F un modèle touc8e déF de ien près F la dévoration>
limitation dont il est loet est sans cesse menacée de tomer dans
le pla*iat. Parasite> menteur> traNtre F ses a0ections> épi*one>
lécrivain alors ne lest plus seulement de )açon s;moliue> puisuil
se nourrit réellement des autres> a0irme F tort son ori*inalité et>
uil le veuille ou non> c8erc8e F triomp8er de ceu"-lF mme uil
vénère. ,a )açon dont il se )or*e son st;le pourrait ien ntre uun
mo;en ori*inal de sortir de ce malaise.
,es divers accidents et in8iitions dus au" aléas de ces relations>
mais aussi les issues littéraires F uoi ils )orcent de recourir> nous
su**èrent ue si le personna*e intérieur ne se con)ond tout F )ait ni
avec le urmoi> ni avec lIdéal du oi> il participe néanmoins des
deu"> et ue la réussite de lentreprise littéraire dépend en *rande
partie de la répartition de ses traits.
?n pourrait peut-tre étudier de ce point de vue une *rande
partie des troules de la création littéraire> mais ce serait un très
vaste suet> ue e me ornerai ici F eeurer. Ainsi> de nomreuses
in8iitions devraient pouvoir se rapporter F un caractère surmoNue
trop accentué de notre pulic Gcti)> ui> dès lors> e"erce
prématurément sa censure> de sorte uau lieu de liérer la
spontanéité> il devient aussitOt source dan*oisse. !n revanc8e> un
personna*e intérieur entièrement narcissiue> invitant F la
complaisance F soi et F lasence de critiue> donnerait lieu F une
littérature sans rè*le ni )rein> ien proc8e de la pat8olo*ie> o
lEuvre serait plutOt une transposition directe des )antasmes ue
+
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 31/229
I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
l8istoire des tensions suscitées par leur )oisonnement. ,8istoire
littéraire nous o0re des e"emples )rappants dun troisième troule
possile> né celui-lF dun conHit entre la part surmoNue du
personna*e et lIdéal du oi uil supporte nécessairement. !n
principe> ce conHit peut se résoudre par un on compromis Q cest
lassuettissement F une e"i*ence de per)ection asolue propre F
amener le urmoi F composition> voire F le tromper su0isamment
pour uil relTc8e son emprise. ais> comme reen1 la )ort ien
remarué> cette voie est encore dan*ereuse> car lEuvre porte
touours la trace des vérités interdites et> par surcroNt> reste liée F
une a0irmation narcissiue J aussi pour se puriGer> risue-t-elle de
tendre F une per)ection de plus en plus inaccessile> lécart
saccroissant entre ce uelle est et ce uelle devrait tre pour se
)aire pardonner> de sorte ue> sans se réconcilier avec son urmoi>
lauteur déçoit son Idéal du oi et se voit par lF mme menacé dans
son inté*rité narcissiue. ,e urmoi a puni le suet par
lintermédiaire de lIdéal du oi. ,Euvre F )aire est devenue en elle-
mme un asolu et le travail> pour lécrivain> le c8Ttiment dune
ustice immanente. ous les osédés de la per)ection )ormelle>
comme %lauert> pour ne citer uun illustre e"emple> entrent
évidemment dans cette caté*orie.
7n cas *rave parait tre celui o le personna*e intérieur est trop
)aile> trop peu convaincant pour tre F la )ois linspirateur et le
destinataire de lEuvre et o> pour cette raison> lauteur c8erc8e
désespérément F le"térieur ce uil ne parvient pas F )ormer en lui-
mme Q une G*ure admirale ui lui retourne son admiration> un
*uide di*ne de conGance et touours capale daccueil> un
représentant F la )ois souple et sKr de la norme est8étiue. ,e
patient dont ai parlé tout F l8eure ma dit un our Q Le pourrais
écrire maintenant pour ueluun ui me le demanderait> mais ue
admirerais vraiment> ui me serait supérieur et ui pourtant me
donnerait son estime. @ i e me Ge F mon e"périence personnelle> il
+1
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 32/229
I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
me semle uun personna*e intérieur nettement surmoNue> ou au
contraire trop )ailement constitué> est F lori*ine des principales
di0icultés ui amènent les artistes F consulter.
Le suppose ue> tel ue e me suis e0orcé de le décrire> mon
personna*e intérieur a su**éré une analo*ie pro)onde avec la G*ure
de lanal;ste. :omme lanal;ste> il doit tre neutre et ienveillant> se
prter F toutes les métamorp8oses> tre asseX solide pour supporter
toutes les attaues. Zuand il assume par)aitement ses multiples
)onctions> lEuvre se )ait F travers une découverte de soi-mme>
uon a pu comparer usuF un certain point avec une auto-anal;se.
:ette analo*ie est du
1. André reen> 7ne variante de la position p8alliue
narcissiue @> Eev. franç, 9s%cFanal., CC/II> n^ 1.
reste notre c8ance dans le traitement des troules les plus
courants de lactivité créatrice Q dans la cure> en e0et> le personna*e
intérieur est rela;é par la personne de lanal;ste> ui oue
momentanément son rOle> usuF ce uil acuière la )orce et la
plasticité nécessaires F son e0icacité.Il serait sans doute aventureu" dévouer ici lauto-anal;se de
%reud> mais si lon pense au désarroi et au" doutes dans lesuels elle
a commencé J si lon admet aussi uF lépoue de La cience des
r*ves> lEuvre de %reud nétait pas sans rapports avec une Euvre
littéraire> on peut ima*iner ue la personne de %liess a été un
prolon*ement> voire un sustitut réel du personna*e intérieur> peut-
tre trop )aile alors pour laudace du proet. il en était ainsi> on verrait une raison de plus F lami*u\té et F lamivalence des
relations entre les deu" 8ommes. !t lon comprendrait ue %reud ait
éprouvé tant de peine F perdre celui uil appelait son seul
pulic @.
★
,a composition de lEuvre proprement dite est le deu"ième
moment de la création> celui ui porte des )ruits visiles et dont la
+2
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 33/229
I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
ps;c8olo*ie est le mieu" connue. ?n la surtout comparé au rve et
au rve éveillé> en souli*nant le mouvement ré*ressi) ui le rend
possile. Pour moi> cependant> lEuvre ne résulte pas seulement de
la transposition dune scène in)antile c8erc8ant F se représenter>
mais de la répétition> F la )aveur dun événement actuel doué dune
certaine intensité> de lopération )onctionnelle ui> dans le passé> a
permis lélaoration dune situation traumatiue. 'e toute )açon>
lactivité créatrice cède F lattraction du passé> en suivant un c8emin
ré*rédient vers les données perceptives initiales ui> une )ois
retrouvées> donnent F lEuvre son est8ésie propre. Il sa*it lF dune
ré*ression temporelle> telle ue lont admise de nomreu" auteurs et
notamment %. Pasc8e> mais ui> F mon sens> autorise un point de vue
topiue puisuelle impliue un investissement des s;stèmes
sensoriels. <é*ression pour une part pat8olo*iue et cependant
normale *rTce F la perméailité spéciale entre les s;stèmes :s.> Pcs.>
les.> ui caractérise la vie ps;c8iue de lartiste> et mme du
créateur en *énéral> si lon admet ue les idées astraites peuvent
elles aussi suivre ce c8emin et recevoir de linconscient leur )orce
vive. :ette ré*ression )éconde peut ne pas se produire dans les
Euvres artistiues de deu"ième ordre> et en revanc8e donner F un
ouvra*e purement discursi) uelue c8ose du pouvoir de la poésie.
!n Gn de compte> on pourrait découvrir dans lEuvre trois
éléments Q lun> ui serait né de la ré*ression a;ant trans)ormé les
pensées en ima*es J lautre> ui représenterait la nouvelle situation
dans lauelle cette ré*ression a placé le suet J le troisième> enGn>
ui traduirait un nouveau mouvement pro-*rédient vers le monde
e"térieur. 3ous retrouvons lF la réalisation dun désir in)antile> la
nécessité vitale dune représentation élaoratrice et le retour Gnal
au" oets réels ui> étroitement imriués> opèrent cette s;nt8èse
dont a parlé . %ain dans son intervention sur le travail de endel6
et ui témoi*ne de l8armonisation des rapports entre processus
primaire et secondaire.
++
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 34/229
I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
<esterait F serrer de plus près lutilisation ori*inale des
mécanismes didentiGcation et de proection ui se )ait dans le travail
mme. Zuadvient-il des oets e"térieurs en tant ue matériel de la
représentation M :ertainement> ils ne disparaissent pas F proprement
parler> mais tout se passe comme sils reculaient> uittaient le devant
de la scène pour reoindre la toile de )ond. !n outre> nous lavons vu>
ils so0rent F une autre sorte dinvestissement> de valeur narcissiue
celui-lF> car leurs caractéristiues individuelles sestompent asseX
pour tre reconnues par lartiste comme lui appartenant> de telle
sorte uils se scindent en deu"> une part *ardant une certaine
valeur oectale ré)érentielle> touours prte F revenir sur le devant
de la scène> tandis ue lautre devient le support de toutes les
proections. ?n pourrait évouer F ce suet les idées de PetO sur le
développement spécial dune )onction )ra*mentante du oi dans le
processus de la sulimation $.
,e monde en tant ue tel est donc partiellement désinvesti>
cependant ue le suet> de son cOté> devient partiellement étran*er F
lui-mme. 'o une modiGcation des limites du oi> un sentiment
détran*eté> ui peuvent tre vécus avec des de*rés dintensité
variales> mais ui> ressentis comme un c8an*ement )u*iti) et
contrOlale> ou comme un état e"ceptionnel de clairvo;ance>
ressortissent F mon avis F la dépersonnalisation. ,artiste> en somme>
est plus ue uiconue e"posé F des situations e"trmes ui ne sont
pas sans dan*er. ais> dune part> le médiateur uil a créé en lui-
mme et ui> en un sens> continue de représenter la réalité>
lempc8e de sé*arer. !t> dautre part> lamplitude des mécanismes
arc8a\ues utilisés dans la manipulation du matériel se réduit
pro*ressivement sous linHuence du travail délaoration littéraire
proprement dit. ravail sur les propositions et sur les mots> ui
constitue une ré)érence constante> uoiue implicite> F un passé> F
une 8istoire propres F assurer la permanence du lien oectai. Ainsi>
entre une réalité e"térieure momentanément altérée et un suet dont
+4
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 35/229
I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
lidentité sest trouvée mise en uestion> sédiGe un nouvel oet>
lEuvre> ui tient de lun et de lautre> tout en représentant un
moment de leurs rapports réciproues. ,Euvre accomplie>
désormais relativement indépendante F lé*ard tant du monde ue
de son propre créateur> constitue une nouvelle réalité *rTce F uoi
lauteur se retrouve lui-mme inté*ralement> tandis ue le monde
reprend pour lui sa stailité.
?0erte cette )ois au vrai pulic> et non plus au pulic intérieur
dont lauteur maintenant doit se séparer> lEuvre est devenue un )ait
social> car elle sadresse maintenant au" )rères> ui vont en tirer un
énéGce sans avoir eu"-mmes F se dépenser. ais il semle ue> du
mme coup> elle perde sa valeur )onctionnelle> de sorte ue son
action prend Gn avec son dernier mot. Sien plus> lEuvre uon a
derrière soi risue de créer une nouvelle situation traumatiue> en
vertu de ce principe posé par %reud u après la sulimation> les
composantes érotiues nont plus la )orce de lier toute la destruction
ui s; était aoutée> de sorte ue celle-ci se lière sous )orme de
penc8ants F la destruction et F la*ression @. :est pouruoi sans
doute aucun écrivain ne peut se contenter dune seule Euvre> si
*rande et si totale soit-elle> et ue> pour lui> tout est touours F
recommencer.
0perçus sur le processus de la création littéraire 2$
★
,e c8emin paraNtra lon*> e le crains> du saisissement ori*inel ue
ai tTc8é de décrire> F cet oet ac8evé uest lEuvre> avec sapropriété sin*ulière de représenter F la )ois la vie intérieure la plus
intime de lauteur et un aspect du réel ui> par la suite> peut tre
réellement incorporé au monde. ans doute il n; a pas en )ait une
pareille distance> puisue les )aits ps;c8iues ui collaorent F la
*enèse de lEuvre éc8appent F toute mesure de temps. ais
lartiGce de la description devrait avoir ceci dutile> uil )ait ien
voir la )oule dostacles soulevés par le proet mme de lEuvre. A
+5
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 36/229
I. Aperçus sur le processus de la création littéraire (1964
tout moment> en e0et> la menace de castration e"iste de )açon
inuiétante> puisue lartiste> en vertu dune 8;*iène ui lui est
propre> se"pose F la castration pour la représenter et de la sorte en
annuler le dan*er. Zue cette voie pour recouvrer léuilire soit
sin*ulièrement aventureuse> l8istoire littéraire ne )ait *uère uen
)ournir la preuve> mal*ré les e"emples contraires ue lon se plaNt
souvent F citer. Pour ma part> e crois ue dans lensemle tout
écrivain ui a voulu se comporter sérieusement avec son rve @> a
pu dire comme %lauert Q ?n les aura connues> les a0res de la
littérature U @
+6
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 37/229
II. Expérience de l'inconscient (1967)
ans doute> le prolème de linconscient est-il en lui-mme un
t8ème ien propre F provouer les esprits. Ainsi> mon appré8ension>uand ai été invité F réunir uelues remarues concernant cette
mme uestion et les propos ui lui )urent consacrés> na pu se
dissiper entièrement. A mesure ue e considérais davanta*e ce ui
métait proposé> e vo;ais ue la moindre réHe"ion en*a*eait la
controverse> voire la polémiue. A croire ue linconscient se ven*e
touours de se voir assi*ner une résidence> ou limité par une
uelconue )rontière. :ela> il nous est par)ois donné de le constateruand> au eau milieu dun développement t8éoriue> sur*it soudain
un splendide lapsus> ui est un véritale rappel F lordre. ais il )aut
ien reconnaNtre ue cette c8ance ne se présente pas touours J alors
la réHe"ion t8éoriue se poursuit> convainc> or*anise lF o il est on
de rencontrer daord loscurité et linco8érence> et la satis)action
uon ; trouve pourrait ien tre moins pure uon ne croit.
oute)ois> personne ne li*nore> le déat o sopposentle"périence de linconscient et la nécessité de la t8éorisation>
c8acun des deu" termes prenant tour F tour lavanta*e> doit rester
constamment ouvert> ne amais se clore ni se résoudre> pour ue la
réHe"ion ps;c8anal;tiue conserve son d;namisme. 'e toute
manière> la tension in8érente F cette opposition est cela mme do
la rec8erc8e ps;c8anal;tiue est née et dont elle tire son
+$
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 38/229
II. !"périence de l#inconscient (196$
développement. ,8istoire nous le démontre ien> il est opportun F
cet é*ard de rappeler en
premier> en s; attardant uelue peu> litinéraire ue %reud lui-
mme a suivi.
?n sait ue> *a*né durement sur ses propres résistances>
linconscient resta touours pour %reud une e"périence personnelle
autant uun suet de spéculation. 7ne e"périence dont il ne livre
uune partie> mais uon voit réapparaNtre avec intensité dans
certains moments cruciau" de son Euvre> daord dans La cience
des r*ves, ien sKr> puis dans Iotem et tabou, o> F cinuante-sept
ans> il est ressaisi de0roi en donnant au désir inconscient du
meurtre du père une nouvelle réalité> enGn dans le (oJse, ui> F
certains é*ards> comporte une portion dauto-anal;se et o> une
nouvelle )ois> il se0orce de découvrir dans les pro)ondeurs de
lWistoire ce mme désir inconscient de meurtre réalisé. A uatre-
vin*ts ans> linconscient est touours pour lui une réalité si pressante
uil éprouve encore le esoin danal;ser un souvenir den)ance et
den communiuer le contenu F un ami> <omain <olland. :est la
)ameuse lettre intitulée Kn trouble de mémoire sur l'0cropole, o
%reud nous montre de )açon e"emplaire uil na amais cessé de
sétonner de linconscient et den tre inuiété.
ans doute> la ps;c8anal;se en tant ue science e"i*eait
lélaoration dune t8éorie> et %reud> cela va de soi> ; consacre une
part énorme de son travail. ais uelle ue soit limportance uil
attac8e F une construction co8érente et aussi complète ue possile>
on peut dire ue amais dans ses écrits la spéculation nest placée en
tant ue telle au-dessus des )aits. !t mme dans les travau"
métaps;c8olo*iues> on voit touours la pensée sancrer dans la
réalité empiriue do les notions sont pro*ressivement déduites.
:ette démarc8e intellectuelle> par)aitement con)orme F une pensée
scientiGue dont %reud na amais cessé de sinspirer> devait *arantir
+&
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 39/229
II. !"périence de l#inconscient (196$
la notion dinconscient contre les a0irmations venues den 8aut ui
tendent F en )aire un asolu.
:ertes> dira-t-on> les *rands scénarios dramatiues ima*inés par
%reud> en particulier Iotem et tabou et (oJse, semlent noéir
uimpar)aitement F ce principe ou mme pas du tout. Il demeure
néanmoins ue la mét8ode empiriue déductive reste la seule
emplo;ée dans les écrits métaps;c8olo*iues dont le lan*a*e mme
suit le proet. %reud> en e0et> na uune amition> )aire saisir la
réalité de linconscient> prouver le p8énomène> le montrer
successivement sous tous ses aspects> le )aire reconnaNtre @>
comme il dit dans le dernier para*rap8e de lessai
métaps;c8olo*iue ui lui est consacré. out cela sans se soucier
den élaorer daord le concept. Lamais %reud ne parle de
linconscient comme sil en connaissait par avance toutes les lois. Au
contraire = ceci me paraNt essentiel = son te"te est touours très
nuancé> il dit par e"emple Q ,oservation montre souvent ue... @>
,inconscient semle souvent tre... @> F uelues e"ceptions près
ui touc8ent spécialement le c8apitre réservé au" particularités de
linconscient> rédi*é sur un mode plus oecti)> et ui du reste se
termine lui aussi par une réserve Q ardons-nous aussi de
*énéraliser... @ ?n na pas a0aire avec des a"iomes> des )ormules
éri*ées en principes> mais avec une e"ploration t8éoriue
intimement liée au" tTtonnements de la pratiue et ui se traduit
*rammaticalement par des corrections continuelles> des énoncés
8;pot8étiues> des propositions duitatives. Sre)> par tout ce ui
rappelle ue linconscient est certes un suet de rec8erc8e
scientiGue> mais ue le s;stème dans leuel il )aut ien le )aire
entrer pour le rendre intellectuellement accessile> nest uun
s;stème> peut-tre provisoire> peut-tre déGniti)> ouvert en tout cas>
et touours susceptile de c8an*ement. :e nest donc pas par une
sutilité e"cessive uil )aut attirer lattention sur les
caractéristiues )rappantes et constantes du lan*a*e de %reud pour
+9
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 40/229
II. !"périence de l#inconscient (196$
parler de linconscient> mais ien plutOt parce ue la )açon de parler>
ici> comporte un ensei*nement. A ne re*arder ue cet aspect
apparemment secondaire de ses écrits> mais essentiel en réalité>
étant donné lori*inalité de son oet> on peut dire ue %reud
e"prime par son st;le mme sa méGance envers les a0irmations
caté*oriues prématurées ui risueraient de G*er linconscient. !n
dautres termes> ce ue %reud nous propose sur linconscient nest
amais un concept> mais une notion> si on admet la distinction
rappelée par artre> ui déGnit la notion> opposée au concept a-
temporel> comme le0ort s;nt8étiue pour produire une idée ui se
développe delle-mme par contradictions et dépassements
successi)s> ui donc> est 8omo*ène au développement des c8oses.
oute lEuvre de %reud atteste ue dans son esprit> la notion
dinconscient est
une idée 8istoriue et évolutive> touours ouverte au"
c8an*ements nécessités par le"périence. :e ui ne veut pas dire
ue c8eX lui comme c8eX tout penseur> la t8éorie ne tende pas F
travailler pour son propre compte> cest-F-dire F créer des concepts
ui sen*endrent les uns les autres> F lintérieur de caté*ories
détac8ées de tout empirisme. Au contraire> %reud est tenté par la
conceptualisation> de lF la tension dont e parlais tout F l8eure> ui
est plus ou moins sensile selon les époues> mais reste présente F
son esprit> comme ses précautions de lan*a*e le montrent
précisément.
Il va de soi uil nentre pas dans mon proet détudier lévolution
des idées de %reud sur linconscient. ais ce ue e crois utile de
rappeler> cest ue si linconscient au sens lar*e est resté la
préoccupation maeure de %reud> et si mme il a déordé sur les
autres sp8ères ps;c8iues> il nen a pas moins connu une apo*ée>
puis un déclin du point de vue de sa valeur s;stématiue. ,apo*ée se
situerait précisément dans lessai de 1915> le déclin> lors du moment
décisi) ui co\ncide avec lintroduction de la deu"ième topiue. ?n
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II. !"périence de l#inconscient (196$
sait> en e0et> ue lessai sur linconscient représente létat le plus
élaoré de la t8éorie métaps;c8olo*iue. Il donne lieu F un
raisonnement astrait> dans leuel les idées sen*endrent les unes
les autres en prenant une allure de concept. ais dun autre cOté>
ien ue la pensée t8éoriue soit poussée lF F son plus 8aut point
de"i*ence> la )orme duitative> les précautions *rammaticales> la
mise en *arde contre les *énéralisations 8Ttives> redonnent F lidée
dinconscient la Huidité dune notion en devenir. ,élan t8éoriue de
%reud est du reste dès le déut sin*ulièrement retenu> comme il
paraNt dans une remarue touc8ant lopposition )ondamentale des
mots Q conscient @ et . inconscient @. A vrai dire> %reud e"prime
de )açon inattendue le désir de se déarrasser de lantinomie. Il dit Q
out malentendu> serait enGn dissipé si> en décrivant les divers
actes ps;c8iues> nous ne tenions désormais plus compte de leur
état conscient ou inconscient> et si nous les classions et les reliions
uniuement daprès les pulsions et leurs uts> daprès leur structure>
leurs rapports avec les autres s;stèmes ps;c8iues supérieurs. ais
cest lF> pour diverses raisons> une c8ose irréalisale> et nous ne
saurions ainsi éviter une ami*u\té B @ 7ne ami*u\té ui na cessé
de le préoccuper et uil a cru pouvoir atténuer enGn lorsue> 8uit
ans plus tard> il pose ue linconscience nest plus la ualité
e"clusive> spéciGue> dun domaine ps;c8iue localisé> mais ue
toutes les instances ps;c8iues peuvent tre ualiGées
dinconscientes pour une partie ou pour le tout de leur sp8ère
propre. Sre)> linconscient> a;ant alors cessé dtre un sustanti)> ne
*arde uune valeur adective> la notion dinconscient est démantelée
pour uon puisse lappliuer F toutes les instances ps;c8iues ui
doivent sen réclamer> et elle perd en importance s;stématiue ce
uelle *a*ne en e"tension. !t %reud> constatant la )ra*ilité de
lopposition ui le *nait déF en 1915> écrit Q ,inconscient devient
une ualité ui ne ustiGe pas les *énéralisations et les déductions
ri*oureuses en vue desuelles nous lutiliserions volontiers. @ ais
cest pour conclure de nouveau F limpossiilité de parler et de
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II. !"périence de l#inconscient (196$
penser autrement> car la propriété consciente et inconsciente
constitue la seule lueur susceptile de nous *uider F travers les
ténères des pro)ondeurs ps;c8iues1 @.
?n peut se demander si ce mouvement dialectiue de la pensée
)reudienne sur linconscient nest pas un des aspects les plus
di0iciles de son ensei*nement. Il semle en e0et ue les deu"
moments de la réHe"ion> moment t8éoriue pur et moment vécu> ui>
c8eX %reud> sont touours associés> se soient souvent trouvés
disoints c8eX ses successeurs. antOt lattac8ement étroit F
le"périence empiriue conduit F né*li*er la pensée t8éoriue> tantOt
la t8éorie devient une activité autonome> elle tourne alors dans son
propre cercle et risue de parler de uelue c8ose ui porte touours
le nom dinconscient> mais nen a plus la réalité. %reud semle
dailleurs se méGer de cette deu"ième éventualité plus ue de la
première> il dit lF-dessus> non sans une certaine auto-ironie Q !n
pensant astraitement> nous courons le risue de né*li*er le rapport
ui unit les mots au" représentations de c8oses> et il est indéniale
ue notre p&ilosop&ieren acuiert alors dans son e"pression et dans
son contenu une ressemlance indésirale avec le travail mental des
sc8iXop8rènes 2 @.
P8ilosop8er sur linconscient> cest donc> par la )orce des c8oses>
uitter plus ou moins le terrain de le"périence> ui est
1. 5ssais de ps%c&anal%se> Pa;ot J nouv. éd.> p. 1&5.
2. (étaps%c&olo!ie> p. 161 J nouv. éd.> p. 122.
pour la pensée ps;c8anal;tiue sinon le seul> du moins touours lepremier. 'e cela> c8acun est certes convaincu> mais dun autre cOté>
la t8éorie> dans la mesure mme o elle tend spontanément F sen
a0ranc8ir> ne peut pas touours s; tenir asolument. Ainsi> on oulie
ue si %reud est amené F sécarter du terrain strictement délimité
par le"périence> en particulier uand il aandonne lapproc8e
purement descriptive des p8énomènes pour déGnir linconscient F
partir dune opposition non plus avec la conscience immédiate de soi>
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II. !"périence de l#inconscient (196$
mais avec un s;stème en *rande partie inconscient = le s;stème Pcs.
:s. => ce nest lF uun moment de sa réHe"ion> car lopposition
conscient inconscient est ien elle-mme issue de le"périence> celle
du rve en particulier. Il n; aurait donc pas lieu de sattac8er de
)açon trop e"clusive F cette opposition topiue> du reste cest ien ce
ue %reud dit dans la p8rase ue ai citée tout F l8eure.
:est pour )aire droit F ce mouvement dialectiue entre
e"périence et t8éorie ue e proposerais volontiers de douler
lopposition topiue par une autre> ui interviendrait dans le c8amp
mme de la situation ps;c8anal;tiue> de sorte ue linconscient ne
se reconnaNtrait plus seulement en tant ue ré*ion @> mais par
rapport F un p8énomène Q la prise de conscience. 7ne pareille
démarc8e est somme toute naturelle puisue la prise de conscience
est cela mme ui va F lencontre du travail du re)oulement et oue
comme ce dernier au niveau des ré*ions )rontières ue sont les
issues de linconscient> celles dont on parle le plus souvent en )ait.
?n peut supposer uelle nétait pas étran*ère F %reud> en se
)ondant sur une ré)érence F un te"te proalement détruit> o il dit Q
,orsue nous étudierons ailleurs> plus F )ond> les conditions dune
prise de conscience> nous pourrons résoudre une partie des
di0icultés ui sur*issent F ce point fil sa*it de létude des reetons
de linconscientg. Ici> nous aurons> semle-t-il> avanta*e F opposer au
point de vue ui )ut usuF présent le nOtre> celui de linconscient>
un autre point de vue Q celui de la conscienceR. @
,utilisation du p8énomène de la prise de conscience comme
terme dopposition a encore lavanta*e de préciser sur un mode plus
d;namiue et plus souple les relations entre les s;stèmes
ps;c8iues. :est ce ue %reud souli*ne en ces termes Q Il serait
é*alement erroné de croire ue le rapport entre les deu" s;stèmes
(les.:s. se orne F lacte du re)oulement> cependant ue le Pcs.
verse dans le *ou0re de lIcs. tout ce ui le *ne. Au contraire> lIcs.
est vivant> susceptile de se développer> il entretient avec le Pcs. des
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II. !"périence de l#inconscient (196$
relations et coopère mme avec lui. Sre)> il est permis de dire ue
lIcs. se continue dans ce uon appelle ses reetons> ue les
événements de la vie a*issent sur lui et ue> tout en inHuençant le
Pcs.> il est F son tour inHuencé lui-mme par ce dernier R. @
!nGn> la prise de conscience> tout en se prtant F létude du statut
des représentations> permet de saisir au mieu" leurs articulations
avec les a0ects et les émois> de suivre les caractéristiues et le sort
du )acteur uantitati) de linstinct> en un mot> de redonner tout son
poids au point de vue économiue si )acilement né*li*é.
:es avanta*es> espère pouvoir les )aire ressortir de le"amen un
peu détaillé dun )ait doservation. Il sa*it dun 8omme dun certain
T*e> ui vit dans un milieu intellectuel très in)ormé des uestions
ps;c8anal;tiues> ui a lu %reud et sait depuis touours eaucoup de
c8oses sur son propre cas. 7n our> il sort dune séance>
complètement ouleversé par une interprétation portant sur un point
anal @> dont il a touours été par)aitement capale de parler et ui
pourtant le plon*e cette )ois dans un état de stupeur et de pro)ond
désarroi. Sien plus ue linterprétation elle-mme> ce ui le )rappe
e"cessivement cest la violence de ce ouleversement causé par
uelue c8ose ui ne peut pas tre une révélation puisuil en a
touours eu connaissance Q son désir se"uel pour sa mère> t8ème
avec leuel il était intellectuellement on ne peut plus )amiliarisé.
ais la séance avait c8an*é cette situation et pour tenter de )aire
sentir F son entoura*e léranlement uil continuait de vivre> il eut
recours F une comparaison pleine de sens et d8umour Q Le suis
assis dans un )auteuil> et ueluun vient me dire Q /ous saveX> vous
tes assis dans un )auteuil. Le réponds ue e le sais> il ; a mme
trente ans ue e ni*nore pas ue e suis assis dans un )auteuil. ais
lautre reprend Q ?ui> mais vous tes assis dans un )auteuil.
!t F ce moment-lF> e pousse un 8urlement dépouvante. @ Il va
sans dire ue lanal;ste> doté dune importance nouvelle> était
impliué dans le"périence comme en témoi*ne lallusion
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II. !"périence de l#inconscient (196$
8umoristiue au )auteuil> oet usurpé> sous-estimé et pourtant
indispensale F la reconnaissance de lémoi. ais indépendamment
de cette ré)érence transNérentielle> ce ui se"prime ici> cest> avec
un *rand on8eur de"pression> le parado"e mme de la prise de
conscience. ?n a dit = et ,aplanc8e en particulier la souli*né avec F
propos& = uune pareille e"périence se produit rarement sous la
)orme dun rusue dévoilement. 3éanmoins> mme si le travail
accompli dans lanal;se procède le plus souvent de lélaoration
interprétative ui donne lieu F un remaniement s;stématiue> le
p8énomène de la prise de conscience *arde toute sa portée et reste
un point de départ essentiel pour la réHe"ion. ais revenons F notre
cas. Avant la séance décisive> le patient se trouvait dans une
situation comparale F celle dun 8omme placé devant
linterprétation ine0icace dune représentation re)oulée> selon
le"emple ima*iné par %reud 9. ans doute il ne sa*it pas ici dune
interprétation F proprement parler> mais on peut admettre ue le
savoir ps;c8anal;tiue du suet et laisance avec lauelle il le
manipulait intellectuellement ouaient usuF un certain point le
mme rOle. il est vrai ue ce savoir peut se comparer lé*itimement
au souvenir de linterprétation ine0icace> il conduit F un reet de la
représentation re)oulée et oue comme une entrave permanente F
une reconnaissance véritale de lémoi inconscient> ce ui en )ait
léuivalent dun contre-investissement. !n suivant la pensée de
%reud touours dans le mme te"te> on peut ima*iner ue la
représentation du désir pour la mère e"istait sous deu" aspects
di0érents> dans deu" ré*ions di0érentes de lappareil ps;c8iue du
patient. ,un était constitué par un certain matériel culturel et
intellectuel> par tout ce ui avait été lu et entendu F propos du désir
Edipien J lautre = dont les s;mptOmes> lan*oisse> les in8iitions du
patient nous prouvent le"istence = par les traces mnésiues
inconscientes de ce uil avait vécu#dans le passé> et dont il avait été
un our conscient. ,e raccourci métap8oriue ima*iné par mon suet
illustre merveilleusement cette situation> ue seule la réHe"ion
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II. !"périence de l#inconscient (196$
métaps;c8olo*iue peut saisir Q il savait sans savoir, maintenant il
sait. :e dont il sa*it ici est ien une prise de conscience> puisue
celle-ci ne se produit ue lorsue la représentation = ou si lon veut
lidée consciente = a pu se mettre en rapport avec le souvenir @
inconscient. :omment ce souvenir @> comment les représentations
ui le composent peuvent-ils devenir conscients M :omment
se0ectue le passa*e dune représentation dun s;stème ps;c8iue
dans lautre M 'ans uelles conditions cette trans)ormation dun acte
ps;c8iue a-t-elle lieu M
Le pose ces uestions F dessein de la )açon la plus sc8ématiue et>
pour commencer> ; répondrai en suivant pas F pas la démonstration
de %reud> ce ui me"pose évidemment F mappesantir sur des
données )amilières F tous. ais ustement> il me semle ue la
prolématiue de la prise de conscience ne peut tre saisie dans
toute sa pro)ondeur ue si ces données )ondamentales sont
ri*oureusement étalies dans le conte"te ue e veu" leur donner.
%reud> donc> tente de résoudre les prolèmes soulevés par sa
déGnition de linconscient en avançant deu" 8;pot8èses uil oppose
daord lune F lautre> pour en venir Gnalement F une autre manière
denvisa*er la uestion. elon la première 8;pot8èse> dite topique, le
passa*e de la représentation inconsciente dans le s;stème Pcs. :s.
répond F un second enre*istrement de cette mme représentation
ui> parallèlement> continue de susister dans linconscient. Il e"iste
donc dans ce cas deu" inscriptions dune mme représentation et
une distinction topo*rap8iue entre deu" s;stèmes ps;c8iues. A
cette 8;pot8èse envisa*ée très tOt> puisuon la trouve dans une
lettre F %liess datée du 6 décemre 1&96GM, %reud en oppose une
seconde> dite fonctionnelle, selon lauelle la trans)ormation de la
représentation répond F un c8an*ement détat du mme matériel
a;ant lieu dans la mme ré*ion ps;c8iue. 'ans mon e"emple> le
désir inconscient pour la mère> cest-F-dire sa représentation
re)oulée> était touours resté acti)> comme en témoi*nait la
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II. !"périence de l#inconscient (196$
production continue de reetons et la création de )ormations
sustitutives dont il ne mest pas loisile de parler ici> mais dont e
puis a0irmer uelles prouvaient ue la représentation inconsciente
avait *ardé son pouvoir. :e ui lui avait été re)usé> cest donc
linvestissement préconscient. !t le destin de la représentation =
son passa*e apparent dun s;stème dans un autre = nest alors plus
lié F une succession ou F une addition de nouveau" enre*istrements>
mais dépend de la c8ar*e misée sur la représentation> du
déplacement de linvestissement. 'ans lacte de la prise de
conscience> tel ue e lai illustré> on peut dire ue la représentation
inconsciente du désir incestueu" avait passé *rTce F la destruction
des contre-investissements plusieurs li*nes de censure placées entre
les di0érents s;stèmes ps;c8iues> pour )aire irruption F la
conscience en ; *a*nant un véritale sur-investissement> leuel
trans)ormait le"périence en uelue c8ose de tout autre uune
perception purement auditive des paroles de lanal;ste. Ima*e en
miroir du re)oulement> léner*ie enlevée au contre-investissement
était venue c8ar*er la représentation J ce ui nous conduit au point
o %reud déclare ue l8;pot8èse du renouvellement des
enre*istrements doit tre aandonnée.
?n se souvient ue le mot de mon patient souli*nait le rOle du
trans)ert J la prise de conscience passait donc par une
reconnaissance de la place de lanal;ste> nouvel avatar du père dont
la représentation inconsciente coe"istait> ien entendu dès avant la
séance décisive> avec celle de la mère dans linconscient du suet.
out cela est ien anal et e ne le rappelle ue pour pouvoir
développer une 8;pot8èse ui> en con)érant une portée plus *rande
au" aspects éner*étiues des p8énomènes> devrait permettre> dans
le corps mme du travail t8éoriue> de maintenir le contact
nécessaire avec le"périence> de préserver F linconscient ses
ualités spéciGues> et au" ostacles ui lui arrent la route> toute la
ténacité ui leur est propre.
4$
7/23/2019 art_mort
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II. !"périence de l#inconscient (196$
Le postulerai ue dans linconscient de mon suet> la
représentation a0érente F la mère et celle ui concernait le père =
le prolème nest pas di0érent dans la )ormule développée de
lhdipe = étaient rapproc8ées lune de lautre au point de ne plus
constituer uune seule représentation F deu" )aces. Autrement dit>
con)ormément au" lois du processus primaire> asence de
contradiction et lire circulation de la liido> une
mme c8ar*e liait les deu" représentations primitives ui> ainsi
réunies> pouvaient constituer une représentation doule F )ort
investissement. !n admettant ce postulat> on serait en droit de
supposer le"istence dans linconscient de deu" sortes de
représentations Q les simples @ et les doules @. ,es
représentations simples @ seraient F mettre en rapport avec le seul
re)oulement ori*inaire. ,eur c8ar*e étant dune intensité variale>
par)ois très *rande> elles )oisonneraient en )ormant des G*ures
e"trmes et e0ra;antes. 7n de leurs destins serait de déc8ar*er leur
investissement selon des voies plus directes ue celles des
représentations doules J par e"emple> un reHu" du )acteur
uantitati) vers lor*anisme> ou ien une irruption soudaine> non
aména*ée> au niveau du s;stème Pcs. :s.> comme dans la ps;c8ose.
A lopposé> les représentations doules> ui seraient en somme
des composantes des comple"es @> seraient triutaires du
re)oulement proprement dit et auraient un sort propre auuel e vais
maintenant mattac8er. 'ans son te"te consacré au re)oulement>
%reud précise ue les reetons du re)oulé peuvent avoir accès F la
conscience> F condition davoir sui une dé)ormation su0isante et
ue des modiGcations dordre économiue aient été opérées.
Lusuo doit aller la dé)ormation M :omment> demande %reud> )aire
8alte devant une certaine intensité dinvestissement issue de
linconscient M 'ans le cas ue ai envisa*é> il me semle uon peut
se risuer F poser ue des représentations doules G*urent el et
ien dans le s;stème Pcs. :s.> condition que les deux termes qui
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II. !"périence de l#inconscient (196$
les composent soient radicalement séparés l'un de l'autre. Ainsi> les
représentations des mouvements relati)s F la mère et au père
pourraient avoir plein droit de séour dans le préconscient> sous un
aspect très proc8e de leur )orme ori*inale = ce ui se passe si
)réuemment uand il ; a connaissance intellectuelle de lhdipe =>
précisément parce uelles ne seraient pas reliées entre elles et
resteraient par conséuent sans si*niGcation pour le suet. ,analo*ie
avec le statut préconscient des éléments isolés dun comple"e est
évidente> mais ce ue e veu" souli*ner> cest le )ondement
économiue de cette scission (F ne pas con)ondre avec celle uon
oserve dans le cas du )étic8e> o le représentant instinctuel est
scindé en deu" parties> lune étant re)oulée> lautre idéalisée. Ici> le
processus se passe dans le préconscient> et c8acun des termes de la
représentation primitive retient sur elle sa propre éner*ie
dinvestissement> con)ormément au" lois du processus secondaire.
:est donc la G"ation de la liido préconsciente> séparément sur
c8acun des deu" éléments de la représentation> ui assure la
séparation entre eu". Alors> la pai" @ de la conscience peut se
concevoir comme le0et dun ostacle F la lire circulation de la
liido entre deu" termes dune représentation préconsciente.
,éloi*nement du suet par rapport F son inconscient peut donc tre
réalisé par cette voie dun )ractionnement et dune G"ation de
léner*ie dinvestissement> )onctionnellement comparales F un
retrait dinvestissement ou plutOt F un contre-investissement (il va
sans dire uil ne sa*it pas lF dun cliva*e du oi> il n; a pas de
déc8irure dans le oi et le statut décrit peut touours tre remis en
uestion.
i lon considère maintenant les issues ui so0rent au )acteur
uantitati) de linstinct> F loccasion dune surc8ar*e uun contre-
investissement ne contrOle plus> on voit ue pour ue ce )acteur
puisse se"primer sous )orme dun a0ect> il lui )aut soit reoindre un
nouveau représentant> par e"emple une )ormation de compromis ui
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e"primerait un pacte @ non seulement entre instinct et censure>
mais aussi entre les deu" termes primiti)s de la représentation J soit
retrouver une lire circulation F lintérieur du s;stème Pcs. 'ans le
premier cas> la déc8ar*e se )ait a minima puisue c8acun des termes
de la représentation conserve une part importante de son
investissement> ce dont témoi*ne le as niveau de lémoi. 'ans le
second cas> une lire circulation de léner*ie sétalit et donne lieu F
un rapproc8ement des deu" termes de la représentation. me si
le"périence est rève> lémoi ne peut tre ue violent puisue tout
se passe alors comme si les lois du processus primaire venaient ré*ir
le préconscient> comme si linconscient )aisait irruption dans le
s;stème supérieur> comme si les arrières séparant les s;stèmes
venaient de disparaNtre. el serait lun des aspects sous lesuels on
peut considérer la prise de conscience. 'ans le cas ue ai rapporté>
les représentations concernant le père et la mère se trouvent de
nouveau reliées> de sorte ue dune part elles *a*nent une valeur
)ormelle en ouant lune par rapport F lautre> tandis ue dautre
part> le )acteur uantitati)> la liido> étant remis en lire circulation>
le préconscient acuiert pour un instant dune durée variale
certaines caractéristiues de linconscient J il ne peut donc
sensuivre pour commencer uun violent éranlement a0ecti).
Il me semle ue linconscient> lorsuon le considère
spécialement sous lan*le de la uantité et du mouvement de
le"citation> trouve une déGnition plus souple> plus Huide> plus
con)orme F son omniprésence et F son pouvoir ue celle ui se )onde
sur létude des p8énomènes ps;c8iues en mettant par trop
e"clusivement en avant les points de vue topiue et d;namiue. :ela
va de soi> dira-t-on J certes> mais le point de vue *loal impliué par
la métaps;c8olo*ie est en Gn de compte très di0icile F maintenir>
parce ue les )acteurs économiues sont de tous les plus reelles F
lappré8ension comme F le"pression verale. :est pouruoi e crois
on de mettre laccent non plus tellement sur la position topiue de
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la liido> mais sur son ré!ime> ce ui permet de redonner tout son
poids propre F léconomiue. !n rétalissant léconomiue dans tous
ses droits> on se dispense dintroduire> comme le voulait L.
,aplanc8e> une notion déner*ies dinvestissement comparales F la
pré*nance dune onne )orme @> selon le modèle *estaltiste @> et
distinctes de léner*ie liidinale.
:e ui précède pourrait laisser croire uen ce ui concerne le
passa*e des représentations dun s;stème dans lautre> on doit
c8oisir en )aveur de l8;pot8èse )onctionnelle. 'e )ait> cest un c8oi"
auuel %reud sest un instant arrté. ais dans le cours de son
développement sur linconscient> il apparaNt ue la uestion ne lui
semle pas ré*lée puisuil ; revient F la Gn du dernier c8apitre en
disant Q f,es représentations conscientes et inconscientesg ne sont
ni des enre*istrements di0érents dun mme contenu en des lieu"
di0érents> ni des états dinvestissement )onctionnel di0érents en un
mme lieu B @ :est en anal;sant le s;mptOme sc8iXop8réniue> dans
leuel il reconnaNt une prédominance de ce ui a F voir avec les mots
sur ce ui a F voir avec les c8oses> uil trouve enGn la possiilité
dune déGnition Q ,a représentation consciente en*loe la
représentation de c8oses fcest-F-dire un investissement de traces
mnésiues dérivées de loetg> plus la représentation de mots
correspondante> tandis ue la représentation inconsciente nest ue
la représentation de c8oses1... @ 'ans le re)oulement> cest donc la
traduction en mots ui est re)usée F la représentation de c8oses>
tandis ue la liaison avec la représentation verale correspond F un
surinvestissement pour la représentation concrète.
i e me reporte maintenant F mon 8;pot8èse> selon lauelle les
deu" termes dune représentation sont séparés sur une ase
éner*étiue dans le préconscient> rien ninterdit de supposer ue
c8acun de ces termes> ui sont donc des représentations
préconscientes de c8oses> trouve une articulation avec la
représentation verale correspondante> en vertu de sa vocation F se
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II. !"périence de l#inconscient (196$
)ra;er pour sa c8ar*e une issue e"térieure. 'ans le cas des névroses
de trans)ert> toute)ois> cette articulation ne su0it pas F assurer la
levée du re)oulement. 3ous comprenons> dit %reud> ue la liaison
avec des représentations verales ne co\ncide pas )orcément encore
avec la prise de conscience2... @ on e"emple cliniue en est ien la
preuve> mais c8acun pourrait en citer daussi convaincants. ,e
matériel veral> ui par nature prée"iste au suet> est pour ainsi dire
étalé devant lui> comme proposé F tous les reetons des
représentations de c8oses avides de sen emparer pour otenir une
déc8ar*e par la voie du lan*a*e. A cet é*ard> il est intéressant de
rappeler le travail de %reud sur lap8asie (1&91> dans leuel> ien
ue lidée de linconscient lui soit encore tout F )ait étran*ère> il
distin*ue la représentation de mots> )ermée> de la représentation de
c8oses> ouverte et )aite dun comple"e dassociations dune *rande
variété J la première nétant reliée F la seconde ue par son ima*e
sonore. 'ans le cas des représentations doules @ de c8oses> dont>
dans le préconscient> les deu" termes sont séparés> larticulation
avec les représentations verales correspondantes na uune )aile
portée uant F une modiGcation réelle du statut des représentations
lorsuelle se )ait isolément pour c8acun des deu" termes. 'ans cette
éventualité> en e0et> limplication économiue est mai*re. ,es mots
sont vides> comme il ressort des )ormules mmes emplo;ées par les
patients Q Le vois cela>
1. 3bid., loc. cit.
2. (étaps%c&olo!ie, p 15&> nouv éd > p. 12.
cest sans doute vrai> et après M... @ Plus ue de vraies liaisons> il
sa*it ici de rapproc8ements )ormels> directs> ui nont *uère de
réalité vécue> et ouent en )ait le rOle de contre-investissements. Pour
uune liaison si*niGcative sétalisse et ue la traduction en mots
donne lieu F un aut8entiue remaniement au niveau du préconscient>
il )aut ue lopération satis)asse F deu" conditions. :ar il ne su0Nt
pas ue c8aue terme de la représentation de c8oses préconsciente
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II. !"périence de l#inconscient (196$
sarticule avec la représentation de mots correspondante> il )aut
encore ue> la lire circulation de la liido étant momentanément
e0ective> les deu" termes se trouvent conu*ués. ,opération
complète consiste donc en un re*roupement comprenant
nécessairement uatre éléments Q deu" représentations de c8oses et
deu" représentations verales dont la liaison seule constitue une
unité s;nta"iue. !lle permet la levée de lamnésie> *rTce F uoi un
récit au sens )ort du terme peut sor*aniser> tandis ue le lan*a*e
prend une si*niGcation ui en*a*e la mémoire> en mme temps
uune valeur de déc8ar*e. ,es mots maintenant sont réellement
investis> ils veulent dire uelue c8ose et peuvent dès lors>
littéralement saisir le suet. ?n a souvent parlé de la couleur et de
la saveur des mots> dit :laudel dans un passa*e ue ai déF eu
loccasion de citer11> mais on na amais rien dit de létat de tension
de lesprit ui les pro)ère> dont ils sont lindice et linde"> de leur
c8ar*ement. @ ?n remaruera l8eureuse )ormulation éner*étiue
appliuée au domaine veral par le poète> ui trouve dans le vieu"
mot )rançais de c8ar*ement @ léuivalent de notre idée mme
dinvestissement.
Il nous est par)ois donné de percevoir le temps initial du
re*roupement dont e viens de parler> en donnerai un e"emple ui
le rend sensile. 7ne eune )emme vient de me rapporter un rve>
apparemment anal> susceptile dune interprétation simple uelle
découvre elle-mme très vite. Pourtant> cest comme si rien ne sétait
passé> le silence ui suit a la ualité dune attente> il est en uelue
sorte orienté. Puis elle poursuit en disant uelle ressent uelue
c8ose> ue ce nest pas nimporte uoi et ue cest pourtant
indicile J
il n; a pas de mots ui puissent décrire cela> et elle aoute Q
:est comme un souvenir @> en voulant parler de réminiscences> de
traces mnésiues. ,e mouvement sest arrté lF> il a tourné court.
ais> plus tard> dans la séance> dans un conte"te di0érent> elle ute
5+
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II. !"périence de l#inconscient (196$
sur un mot> ui semle doté pour elle dun accent particulier> puis
elle se tait. :e mme mot réapparaNt au déut de la séance suivante
et tout le mouvement recommence> mais cette )ois elle prend un
certain recul pour décrire le p8énomène. Zuand elle éprouve
uelue c8ose> dit-elle> elle éprouve daord> et ce nest ue plus
tard uil lui arrive par)ois de trouver avec uoi cela sarticule J les
mots pour le"primer se présentent alors J mais en ce moment> il n;
a rien de précis> cest de nouveau comme un souvenir. a patiente
comprend )ort ien ue tant uelle reste sur le terrain de la
réminiscence> ui correspond déF F la levée de certains contre-
investissements> son e"périence ne peut donner lieu F aucun énoncé>
elle est indicile> caractérisée avant tout par sa valeur a0ective>
cest-F-dire par la prédominance de léconomiue. !lle illustre F sa
manière la p8rase de %reud ue <ouart rappelait récemment Q ,a
conscience naNtrait lF o sarrte la trace mnésiue. @ ais ceci> ui
découle immédiatement de la distinction )ondamentale entre
représentations de c8oses et représentations de mots> nous oli*e F
conclure ue la trace mnésiue nest pas de lordre du lan*a*e> de
sorte ue celui-ci ne peut amais tre associé uau :s. et au Pcs.> F
moins ue la notion de lan*a*e ne soit e"ploitée de )açon si e"tensive
uelle se vide de toute si*niGcation.
oute e"tension de la notion de lan*a*e F des modes de"pression
variés = *estes> mimiues> actes manués> rves> etc. = reste
purement analo*iue> ce ue ni le ps;c8anal;ste ni le lin*uiste nont
intért F oulier12. Autrement> tout est lan*a*e et plus rien ne lest>
les énoncés les plus aritraires deviennent possiles.
:ela dit> il est ien vrai ue linconscient entretient des rapports
étroits avec le lan*a*e> non pas en ce sens uil lui ressemlerait ou
serait constitué comme lui> mais parce ue linconscient se sert du
lan*a*e et le )ait de deu" )açons Q dune part> il sempare des mots
comme de tout ce ui o0re F son éner*ie une voie de déc8ar*e ou
une issue J dautre part> il e"erce sur ses propres reetons une
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II. !"périence de l#inconscient (196$
attraction ui> parallèlement au retrait dinvestissement
préconscient> peut entraNner des éléments de lan*a*e avec lui Q cest
ce ui se passe dans le re)oulement. 'ans le premier cas> donc>
linconscient sort pour ainsi dire de lui-mme> mais alors il cesse
d8*tre linconscient J dans le deu"ième> le lan*a*e passe dans
linconscient> mais alors il cesse dtre lan*a*e puisuil oéit au"
lois du monde dans leuel il est pris. :est pouruoi si linconscient a
e0ectivement a0aire avec le lan*a*e> la ps;c8anal;se> elle> na pas
directement ni nécessairement a0aire avec la lin*uistiue> on
pourrait mme dire uelle en prend la relève> car son oet F elle
commence e"actement lF o celui de la lin*uistiue sévanouit. !n
)ait> mal*ré leurs inter)érences apparentes> les deu" sciences nont
ni le mme oet> ni par conséuent la mme mét8ode pour
lappré8ender. ans doute> il est maintenant ien étali = en
particulier *rTce F lensei*nement de %. de aussure = ue le
lan*a*e nest F aucun de*ré un p8énomène conscient Q il est appris>
transmis collectivement de telle sorte ue lindividu parlant i*nore
asolument et les ori*ines du matériel dont il se sert> et les lois ui
ré*issent son )onctionnement. !n ce sens> linconscient du lan*a*e
peut paraNtre ntre pas sans analo*ie avec linconscient )reudien>
mais une première di0érence saute au" ;eu" Q cest ue si le suet
parlant de la lin*uistiue est i*norant de ce ui lui permet de parler>
en revanc8e il nen dit pas moins ce uil veut dire et livre sans
résistance au lin*uiste tout le matériel dont il a esoin. !n réalité> ce
uon appelle inconscient en matière de lin*uis-
possiles ue pour la réduire F la réalité première du p8énomène
parlé Q la se"ualité. Attitude> notons-le> ue les lin*uistiues sont
par)aitement en droit de récuser> sils admettent> comme on le )ait
communément auourd8ui> ue la lin*uistiue na aucun mo;en de
poser et de résoudre le prolème des ori*ines du lan*a*e.
tiue ne dési*ne rien dautre uun p8énomène collecti) ui
éc8appe F lindividu> une i*norance au sens anal du mot> uelue
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II. !"périence de l#inconscient (196$
c8ose donc uil )aut rattac8er non pas F %reud mais F la pensée
pré)reudienne> lauelle ne distin*ue amais dans les p8énomènes
ue du connu et de linconnu> sans soupçonner entre eu" un
troisième terme irrationnel et tendancieu". 3e serait-ce uF cause
de cela> la lin*uistiue na rien dessentiel F apprendre F la
ps;c8anal;se> alors ue comme toute autre discipline des sciences
8umaines> elle ne peut ue tirer proGt de lensei*nement )reudien.
Il n; aurait pas lieu de sarrter si lon*uement au" relations de la
ps;c8anal;se et de la lin*uistiue si elles ne touc8aient de très près
au prolème de la t8éorisation. !n e0et> en rapproc8ant les deu"
disciplines comme si la c8ose était mét8o-dolo*iuement lé*itime> on
introduit dans la terminolo*ie ps;c8anal;tiue des notions et des
concepts empruntés F un savoir étran*er> ui semlent enric8ir le
c8amp ps;c8anal;tiue ou mme> comme on dit> louvrir. ?r> cette
discipline i*nore linconscient au sens )reudien du mot> comme du
reste toutes les autres disciplines des sciences 8umaines (sau) peut-
tre une certaine tendance de la neurop8;siolo*ie actuelle> dans ses
travau" sur le sommeil et le rve. Il sensuit uen lui empruntant
son vocaulaire> on )ait passer linconscient dans un monde ui lui
est 8étéro*ène et o il perd uon le veuille ou non ses
caractéristiues essentielles Q transcrit en termes de lin*uistiue ou
de toute autre science> il dési*ne eaucoup plus linconscience au
sens conventionnel du mot ue notre inconscient d;namiue et
scandaleu". :est ustement ce ui donne limpression dun
enric8issement> car plus on perd le contact avec la réalité vivante et
inuiétante de linconscient> plus la spéculation est lire> moins elle
connaNt dostacles> plus la t8éorie est ouverte @. ais du mme
coup> léuilire si di0icilement maintenu de toute )açon entre
e"périence et e0ort t8éoriue se trouve dan*ereusement compromis.
,idée ue laccent porté par trop ostensilement sur la t8éorie
peut ouer pour lanal;ste le rOle dune résistance devrait en tout
état de cause tre )amilière F c8acun de nous. ,anal;ste est mme F
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II. !"périence de l#inconscient (196$
cet é*ard dans une position plus dé)avorisée ue lanal;sé> uelle
ue soit sa vi*ilance auto-ana-
l;tiue. :ela donne la mesure de ses di0icultés puisue lanal;sé>
ien ue placé dans les meilleures conditions> reconstitue sans cesse
ses résistances F mesure uelles sont levées> ce pouruoi tous les
mo;ens lui sont ons> ; compris parado"alement la prise de
conscience elle-mme. A vrai dire> le parado"e nest uapparent>
cest ce ue e me propose de montrer en prenant maintenant le
p8énomène sous un an*le di0érent.
'ans la prise de conscience> telle uon peut loserver
cliniuement> il est possile de distin*uer plusieurs p8ases> étant
entendu ue le processus peut sarrter F lune uelconue dentre
elles. ,a première p8ase> en uelue sorte prémonitoire> passe
souvent inaperçue> elle se place par)ois uste avant la séance. Le la
décrirais comme un état dalerte indicile> plus ou moins net> dans
leuel léner*ie dinvestissement Pcs. du suet paraNt tre soit tenue
comme en suspens> soit scindée en de multiples unités. 'ans le
premier cas> celui de la patiente ui parlait de souvenirs sans mots>
on a a0aire avec un sentiment étran*e de vide et dattente. 'ans le
second cas> le suet semle avoir dispersé son éner*ie
dinvestissement> c8acune des petites unités venant c8ar*er une
variété de représentations conscientes> des ima*es> divers oets
matériels o0erts F la vue> ou mme une activité motrice.
Il est clair ue léner*ie est alors en*a*ée F des Gns dé)ensives>
essentiellement au niveau de la sensorio-motricité. ais cette
arrière )ra*ile> )oncièrement instale lorsue le processus suit son
cours> ne résiste pas F linterprétation. ,e contact sétalit entre les
s;stèmes ps;c8iues> la représentation inconsciente reçoit
linvestissement Pcs. :s. A partir de cet instant> les autres p8ases se
succèdent rapidement uand tout se passe normalement Q 1 II ; a
daord ce mouvement de0roi plus ou moins net> plus ou moins
)u*ace dont ai parlé> ui soppose F la pai" antérieure si ien
5$
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II. !"périence de l#inconscient (196$
préservée par le re)oulement ou les divers contre-investissements.
,a prépondérance du processus secondaire a été en uelue sorte
mise en dé)aut et la liido paraNt devoir circuler lirement. Pour
commencer> donc> linterprétation na pas soula*é> mais alarmé. 2
/ient ensuite un sentiment de satis)action ui contraste avec ce ui
précédait immédiatement> et dans leuel on peut supposer uun
élément narcissiue est en*a*é> puisue ici le"tension de lempire
de la conscience produit un sentiment délation. :est lF ue e
verrais sopérer le re*roupement des représentations de c8oses et de
mots.
+ A cet état succède une troisième p8ase> ue caractérisent les
sentiments de pai" et déuilire. :ette p8ase revt une importance
toute spéciale F mes ;eu"> car si les sentiments et les a0ects ui
laccompa*nent maruent ien un pro*rès dans lor*anisation
ps;c8iue> un ren)orcement du moi si on veut> dautre part ces
mmes sentiments de pai" et déuilire sont analo*ues F ceu" ue
permet le eu de )orts contre-investissements> voire dun re)oulement
réussi. Ainsi> la prise de conscience aoutit F retrouver létat
économiue ui la précède> mais la prévalence du processus
secondaire ui sa0irme de nouveau nest pas sans présenter un
aspect né*ati). !n e0et> ce ui a été appris> et réellement> *rTce F la
prise de conscience> vient constituer une nouvelle unité ui prend
place dans la conscience> retient sur elle une éner*ie
dinvestissement importante> et oue alors comme un contre-inves-
tissement. ,a prise de conscience tend donc F arrer la voie F
dautres reetons de linconscient> ui voudraient )orcer le passa*e
de la censure. ?n peut mme ima*iner ue léner*ie
dinvestissement propre F ces reetons peut tre récupérée et utilisée
pour surc8ar*er> surinvestir> ce ue linterprétation avait permis
dacuérir> pour le trans)ormer en un savoir ui risue de devenir de
plus en plus t8éoriue et astrait. Il est au reste )réuemment donné
F lanal;ste de voir> c8eX son patient> le"périence dune prise de
5&
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II. !"périence de l#inconscient (196$
conscience sa0adir peu F peu. ,émerveillement ou léranlement
premier se perdent> le suet les évoue avec une certaine con)usion>
il en rirait presue. Pourtant par la suite il s; ré)ère> en se
construisant une vision des c8oses uil utilise comme dé)ense pour
riser ses associations lorsue intervient une modiGcation du ré*ime
liidinal> uand la prévalence du processus secondaire est par trop
menacée. Ainsi> la prise de conscience est évolutive> elle Gnirait en
suivant son destin interne par devenir elle-mme t8éorie> autrement
dit elle peut aoutir aussi F cette sorte dad8ésion intellectuelle ui
revient F nier linconscient en le posant comme allant de soi. :ar
cest encore une manière de ne pas accepter le"istence de
linconscient ue de le traiter comme un oet connu ou similaire F
dautres oets de la pensée.
:est précisément ce F uoi se"pose lanal;ste uand il se trouve
seul en )ace de son travail t8éoriue. :ar alors sa curiosité et son
e0ort scientiGues peuvent aisément recouvrir un esoin de
tranuillité ui le porte F son insu F assi*ner F linconscient des
postes sKrs> ien repérales> par conséuent ino0ensi)s. !n somme>
la t8éorie vient F son secours en ouant contre la t8éorie. :est une
)atalité ue tout le monde e"ploite> moi ; compris> ien entendu>
dans ce ue e viens de développer ici. ais ustement> cette
situation met mieu" ue toute autre en évidence ce ui distin*ue la
pensée ps;c8anal;tiue de nimporte uel autre s;stème intellectuel.
Pour elle> en e0et> il n; a pas didée uste en soi> et dans le prolème
ui nous occupe par e"emple> il n; a pas lieu de c8oisir entre le
penc8ant F t8éoriser et le penc8ant contraire F rester dans la pure
cliniue. :ar lun et lautre peuvent tre intéressés et tendancieu">
de sorte uil )aut les considérer comme nimporte uel matériel F
anal;ser. !nvisa*ée sous cet an*le> le"pression la plus ac8evée de la
doctrine )reudienne> la métaps;c8olo*ie elle-mme> peut tre>
comme tein a invité F le reconnaNtre dans son intervention au
:olloue de Son-neval1+> mise au service des résistances contre la
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II. !"périence de l#inconscient (196$
ps;c8anal;se. 'e lF la nécessité de lanal;se permanente> seule
attitude intellectuelle et a0ective ui puisse mettre en éc8ec
lincrédulité )oncière de l8omme F lé*ard de son propre
inconscient.
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III. reud et la !ort (196")
,e 2+ septemre 19+9> %reud meurt> après une lon*ue e"istence>
et tout ce uil montre alors de lui annonce une *rande tranuillitédesprit. !rnest Lones> ouleversé pour touours> semle-t-il> décrit
Gdèlement les derniers ours du *rand 8omme> ui attend sa Gn sans
crainte et sans illusion. ?n ne le voit demander aucun secours> sinon>
en toute e"trémité> uelue sédati) ui puisse en*ourdir les )orces
vives encore en train de lutter. :e sou8ait ultime> il décide de le )aire
connaNtre F sa Glle Anna> après une lé*ère 8ésitation ui témoi*ne de
sa lucidité. %reud termine donc son e"istence sur un nouveau don Q lemodèle de ce ue peut tre la mort dun 8omme éclairé et moderne
ui> F ce moment> ne dispose de rien dautre ue de ce uil a lui-
mme *a*né. !t cette ima*e est dautant plus e"emplaire uelle
contraste )ortement avec celle ue %reud a livrée pendant une
*rande partie de sa vie> presue usuau seuil de la vieillesse.
Aussi loin uon puisse remonter> on découvre en e0et ue %reud
est littéralement 8anté par la mort J tout vient nourrir son osession. Leune Gancé> dans une lettre F art8a> il décrit lon*uement le
suicide dun collè*ue> 3at8an eiss> pour en dire Q ... a mort ne
peut tre accidentelle> son tre ; a plutOt trouvé la pleine
réalisation14. @ 7n lien entre la mort et la eunesse simpose F lui>
ui va susister avec tant de )orce ue> en décemre 19+& encore> il
écrit F une correspondante inconnue Q ... ? aveX-vous acuis tout
ce ui est e"primé dans votre livre M A en u*er par la priorité ue
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III. %reud et la mort (196&
vous accordeX au prolème de la mort> on devrait deviner ue vous
tes très euneGN. @ %reud nen doute pas> il est destiné F mourir
prématurément. 7n e"emple entre ien dautres Q en 1&94> F
loccasion de troules )onctionnels divers> il est soudain enva8i de
craintes 8;pocondriaues et se croit atteint dune maladie très
*rave. Il doute de ses proc8es> ui doivent assurément lui cac8er la
vérité. 'ominé par des idées superstitieuses> il prévoit ue sa mort
surviendra entre sa uarantième et sa cinuantième année. Lones
rapporte le contenu dune lettre dans lauelle il anticipe
lévénement Q Pourvu ue cela ne se produise pas trop près de
uarante ans> autrement il n; verrait aucun inconvénient. oute)ois>
il vaudrait mieu" ne pas mourir trop tOt ni tout F )ait16... @
%reud décèle ue ces pensées F certains é*ards osédantes )ont
partie dun aut8entiue état névrotiue. :est dans ces conditions
uil entreprend la *i*antesue aventure ue )ut son auto-anal;se>
lauelle> il est )rappant de le constater> prend un caractère
s;stématiue F la suite dune mort> celle de son propre père Q ...
oute une partie de ma propre anal;se était une réaction F la mort
de mon père> cest-F-dire F lévénement le plus important> F la perte
la plus cruelle ui puisse survenir au cours dune e"istence &... @
:ertes> en dépit de cet e0ort> la peur et le désir de mourir vont
continuer pendant lon*temps de se mler dans lesprit de %reud. 'e
nouveau" pressentiments remplacent les anciens> et lorsue le terme
de cinuante et un ans indiué par la loi des périodes de %liess 1$ se
trouve dépassé> un autre terme simpose F lui> celui du mois de
)évrier 191&> dont il )ait part F %erencXi dès 191. 3éanmoins>
uelue c8ose a c8an*é radicalement> maintenant il sait F uoi sen
tenir. SientOt la *uerre lamène F ressaisir et F e"primer le )ond de
sa pensée sur le prolème de la mort. ,ors dune con)érence au
cercle Snai Srit8 de /ienne 1&> en avril 1915> il dénonce sur un ton
par)ois un peu sarcastiue la carence de toutes nos attitudes envers
la mort> surtout uand elle se mani)este avec )orce en )rappant soit
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III. %reud et la mort (196&
le plus *rand nomre> soit un tre aimé. Il marue la nécessité de
trouver une nouvelle attitude et invite son pulic> pour ce )aire> F
prendre en considération celle ue nous adoptons dans notre
inconscient. Pour linconscient> ui i*nore le né*ati) J pour
linconscient> en ui les contraires co\ncident et ui est ré*i par le
seul principe de plaisir> la mort nest pas lissue nécessaire de la vie>
ni le rè*lement dune uelconue dette souscrite envers la nature.
,inconscient ne peut concevoir lidée de notre propre disparition et
la cro;ance F la mort ne trouve donc aucun point dappui dans nos
instincts1 @. !t si lanni8ilation nest pas inconnue de linconscient>
elle ne concerne ue lennemi ou létran*er ui> mme disparu> peut
touours revenir pour se ven*er. Zuant au" tres c8ers> sil leur est
interdit de disparaNtre puisuils sont une part de nous-mme> ils
nen méritent pas moins dtre anéantis F leur moindre manuement.
elle serait la vérité cac8ée uil nous )audrait apprendre F
reconnaNtre. ais ue redoute-t-il alors celui ui> inHi*eant la mort
dun cEur lé*er> ne croit pas pour lui-mme F sa réalité tout en a;ant
la crainte osédante de mourir M Il ne le sait pas> car si naturelle
uelle paraisse> cette peur de mourir nest uun masue. Au re*ard
de linconscient> tout comme pour le primiti)> la mort redoutée en
e0et nest amais naturelle> elle est touours le )ait dun autre> vivant
ou invisile> venu vous retirer uelue c8ose> vous priver de la vie.
,a mort ne énéGcie pas dun statut de"ception J ima*e de
lamputation ou de la perte> elle doit tre ran*ée sur le mme plan
ue les autres G*ures de lanéantissement> pour si*niGer la
castration. ,a peur des départs en vo;a*e et la peur de mourir> ue
lada*e rapproc8e> voilent et réHètent un mme dan*er. %reud était
ien placé pour le savoir. !n 1925> il écrit encore Q ... 'ans
linconscient il n; a rien ui puisse donner un contenu F notre
concept de destruction... e men tiens )ermement F lidée ue
lan*oisse de mort doit tre conçue comme un analo!on de lan*oisse
de castration 2. @ 3on uil n; ait pas danéantissement> mais il
6+
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III. %reud et la mort (196&
ne"iste ue sous la )orme dun désir déliminer celui ui randit la
menace
1. 3bid., p. 26+.
2. 3n&ibition, %mptme et 0n!oisaet P.7.%.> nouv. éd.> p. 5+.de castration Q le père. ,es désirs de meurtre succoment
apparemment au re)oulement> la culpailité se perpétue et nourrit la
peur de mourir. ,e cercle se re)erme Q ... il ne se cac8e aucun
secret plus pro)ond> aucune si*niGcation derrière lan*oisse de
castration elle-mme19 @. Au niveau de linterprétation ui est celui
de la ps;c8anal;se> la mort> en tant ue telle> na donc pas de place>
elle est ravalée au ran* de masue et les uestions sérieusesconcernent seulement ce uelle dissimule. Avec la mort de la mort>
une conute décisive> réellement révolutionnaire> a été accomplie
dans la rec8erc8e de la vérité. 'ans cette nouvelle perspective> les
p8ilosop8ies ui assurent un statut de"ception F la conscience>
paraissent dan*ereusement e"posées F reprendre F leur insu les
attitudes conventionnelles @. A cet é*ard> %reud est ien le *rand
destructeur ue <icEur voit en lui> celui dont lEuvre> F ce momentprécis de sa traectoire> vient porter le coup le plus rude au"
illusions> satellites de la mort> et constituer en mme temps un
préalale F toutes les interro*ations.
Lones le )ait ressortir Q avec ses écrits métaps;c8olo*iues de
1915> %reud pouvait penser ue le terme de son immense entreprise
était atteint Q ... on Euvre se )Kt-elle arrtée lF> nous aurions eu
un état par)aitement ac8evé de la ps;c8anal;se dans ce uonpourrait nommer sa )orme classiue2 @. 7ne place précise est
assi*née au" tendances destructrices ue %reud a touours
reconnues> en les liant daord au" instincts du oi ui travaillent
avec elles F la survie de lindividu> puis F la liido> avec. lauelle
elles collaorent dans les conduites perverses. A ce moment> certes>
%reud répu*ne F concevoir un instinct indépendant de destruction>
comme il le rappellera lui-mme plus tard> et méconnaNt certains
64
7/23/2019 art_mort
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III. %reud et la mort (196&
travau" orientés autrement 21. Alors les tendances destructrices ne
semlent dési*nées pour aucun autre destin et> F considérer les
écrits de %reud puliés entre 1916 et 1919> on peut dire ue rien ne
laisse prévoir une modiGcation uelconue de la t8éorie
ps;c8anal;tiue.
,a G*ure de la mort a;ant été déc8i0rée après les e0orts ue lon
sait pour surmonter ses résistances> %reud eKt pu sattendre F
trouver la vie plus supportale. ?r sa vie pendant les années de
*uerre> sa vie> cest-F-dire des privations de tous ordres> des
déceptions causées par lévolution des événements> la peur de voir
disparaNtre des tres c8ers = ses Gls sont moilisés => paraNt avoir
été F peine tolérale. a correspondance en témoi*ne. A !itin*on> il
a0irme tre parvenu au seuil de lT*e sénile O A la Gancée de
%erencXi> il déclare tre par)ois j dé*oKté de la vie et se sentir
soula*é F la pensée ue cette dure e"istence aura une Gn22 @. A
%erencXi> il conGe en novemre 191$ Q ... ai très durement
travaillé et me sens épuisé> F out de )orces J e commence de
prendre le monde en dé*oKt. ,idée superstitieuse ue ma vie
sac8èvera en )évrier 191& me semle par)ois a*réale. Le suis
uelue)ois oli*é de lutter eaucoup pour retrouver la maNtrise de
moi-mme&... @. ,a pensée uon doive annoncer un our sa mort F sa
mère le terriGe. A dautres moments> lespoir paraNt soudain lui
revenir> puis il retome de nouveau dans cette 8umeur alternante o
la mort est attendue dans la rési*nation ou presue ardemment
sou8aitée. %reud cependant continue de )aire )ront F toutes ses
tTc8es uotidiennes> son ironie ne le uitte pas> comme dans cette
lettre> pleine dintért lorsuon sait comment son Euvre va se
développer> o il raille amicalement %erencXi Q !n lisant votre
lettre> ai souri de votre optimisme. /ous semleX croire au retour
éternel des m*mes c&oses et vouloir i*norer la marc8e évidente du
destin. Zuoi de surprenant F voir un 8omme de mon T*e oserver le
déclin pro*ressi) et inévitale de sa personne M /ous ne tardereX pas>
65
7/23/2019 art_mort
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III. %reud et la mort (196&
espère> F constater ue e ne suis pas pour autant de méc8ante
8umeur2+. @ al*ré sa déné*ation> on sent ue les di0icultés
intérieures de %reud F cette époue rendent un son ien proc8e de
celles dont il avait été si souvent accalé dans sa eunesse et pendant
un lon* temps de son auto-anal;se. Avec la *uerre> sous le coup des
épreuves uelle entraNne> cest le lointain ui resur*it> tout paraNt
recommencer. ,a marc8e du destin dont parle %reud le renvoie en
)ait F de lancien> et cest ien F tort uil repousse lima*e du retour
des mmes c8oses> car celle-ci> prise dans sa littéralité> e"prime ce
ui se déroule dans son esprit.
%reud allait-il voir un éc8ec de sa vie intime contrealancer la
réalisation dun sou8ait pressant et reconnu très tOt Q limmortalité M
?n peut admettre uil était au moins menacé. %reud le reconnaNt-il
alors M /oit-il ue le prétendu déclin de son e"istence nest encore
uune ima*e et ue cest de continuer de vivre uil sa*it en
réalité M :ela se peut> car il paraNt reprendre pour lui-mme la rè*le
uil avait proposée F son pulic du cercle Sna\ Srit8 Q il )aut vivre>
%reud recommence donc dinterro*er la G*ure de la mort. :e dernier
e0ort nest pas sans évouer une sorte dauto-anal;se> en particulier
dans la )orme et le st;le de 0u)del du principe de plaisir, lessai o
la mort prend une nouvelle portée. ,F> en e0et> %reud se"prime sur
un ton ui contraste avec celui de ses autres écrits. :omme Lones le
note> lauteur semle navoir dautre pulic ue lui-mme> ses idées
émanent dun courant pro)ond> très intime> son ar*umentation enGn>
par endroits lacunaire> voire contradictoire> a0ecte par)ois> en se
développant> lallure propre F une série dassociations lires.
el est donc l8oriXon a0ecti) devant leuel il commence dédiGer
la dernière partie de son oeuvre en la )ondant essentiellement sur la
mort> prise en elle-mme cette )ois et non plus comme masue.
Lusue-lF> tant ue la rumeur de la vie procédait de lentre-
c8ouement incessant de deu" e"i*ences contradictoires = daord
c8oisir le monde ou sen proté*er> puis c8oisir le monde ou se
66
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III. %reud et la mort (196&
pré)érer soi-mme => la mort> alors emlème de la castration>
renvo;ait F la vie> F len)ance et surtout F ce moment o tous les
personna*es du drame Edipien étant réunis> les éner*ies en*a*ées
sont précisément les plus )ortes> tandis ue la mutilation maeure
trouve sa pleine réalité dans le )ait mme uelle est impraticale.
aintenant> la mort> cest ce vers uoi renvoie la vie> linerte ou
linor*aniue ui la précède et ui en devient le ut. ,e p8énomène
de la vie est désormais décrit comme le0et dune interaction
constante entre la )orce do provient touours )racas et tumulte = la
liido> ui cause le troule et )ournit en mme temps son éner*ie F
ros> le nouveau principe de co8ésion => et une puissance nouvelle
ui> en tant uinstinct de mort> veut tout dé)aire et ramener ce ui
vit F létat inanimé. %reud écrit Q ,a vie des or*anismes o0re une
sorte de r;t8me alternant Q un *roupe dinstincts avance avec
précipitation aGn datteindre aussi rapidement ue possile le ut
Gnal de la vie J lautre> après avoir atteint une certaine étape de ce
c8emin> revient en arrière pour recommencer la mme course> en
suivant le mme traet> ce ui a pour e0et de prolon*er la durée du
vo;a*e". @ 'ans un cas comme dans lautre> cest dun répétition
uil sa*it> de deu" onds en arrière ue seule leur amplitude paraNt
distin*uer. 'ans les deu" cas> les instincts c8erc8ent F rétalir un
avant> soit pour retrouver dans le plaisir et en vue dun nouvel ora*e
un éuilire stale des éner*ies F lEuvre> soit pour otenir
silencieusement une annulation immédiate et décisive de toutes les
tensions.
Instinct de vie et instinct de mort paraissent donc re*arder en
arrière et la tendance F la répétition pure et simple> indépendante de
tout autre moti)> serait leur caractère le plus primiti)> le plus
élémentaire. ,e mot a été prononcé> par essence ils sont
conservateurs. Alors ue les ima*es de la*ression et de la
destruction semlent naturellement destinées F servir de point de
départ pour ui sapprte F donner F la mort le premier rOle> cest
6$
7/23/2019 art_mort
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III. %reud et la mort (196&
désormais la notion de répétition ui> en prenant une valeur
transcendante> oriente décisivement la pensée de %reud. ,instinct
da*ression> en tant ue dérivation de linstinct de mort vers le
monde e"térieur> ne se précise ue plus tard> surtout dans Le (oi et
le Pa et dans (alaise dans la civilisation. :ette puissance
destructrice> ui dans une )orme ori*inaire de masoc8isme vise sans
détour le suet lui-mme> trouverait dans le sadisme> si tant est uil
soit amais pur> son e"pression la plus lisile J mais lF encore> elle est
touours prte F reoindre son point de départ> par un nouveau traet
récurrent> pour nourrir la culpailité et le esoin de punition.
%reud sen*a*e donc immédiatement sur le c8emin uil
poursuivra dans le reste de ses travau"> non sans uelue ami*u\té
toute)ois. ?n sen aperçoit en se reportant F un te"te dont la
pulication (automne 1919 précède celle de 0u)del du principe de
plaisir, mais ui pratiuement est écrit en mme temps Q
@3nquiétante Qtran!eté. :e te"te peut tre re*ardé comme une
véritale articulation puisue le sentiment ui ; est anal;sé = das
Kn&eimlic&e = ressortit aussi ien F la mort uF la castration. ,e
doule> lima*e inuiétante par e"cellence> est vu sous lan*le dun
redoulement ue %reud anal;se de deu" )açons Q comme une
illustration de la castration comparale F la multiplication des
serpents sur la tte de éduse R> et comme indice de lautomatisme
démoniaue de répétition> asseX )ort pour sa0irmer par-delF le
principe de plaisir @.
,es dernières positions de la t8éorie e"priment ien le dualisme
)ondamental de %reud> ue lintroduction du narcissisme avait
usuF un certain point mis en uestion> mais ui maintenant est
déGnitivement étali. ?n ne peut néanmoins i*norer ue dans la
nouvelle dic8otomie> o la mort paraNt transcender la vie> le rOle du
se"e se restreint dans le mme temps ue la liido se dilue dans
ros> une entité plus lar*e et plus va*ue F lauelle est dévolue la
)onction *énérale dunir et de cominer. :es vues 8autement
6&
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III. %reud et la mort (196&
spéculatives reçurent un accueil des plus réservés de la part des
Gdèles mmes de %reud> F le"ception de %erencXi> !itin*on et
Ale"ander. Auourd8ui encore> nomre de ps;c8anal;stes re)usent
daccepter cette t8éorie> en ar*uant ue rien ne la conGrme ni dans
la c8imie> ni dans la p8;siue> ni mme dans la iolo*ie sur lauelle
%reud a pourtant voulu )ortement sappu;er. 'e )ait> les
contradictions internes n; manuent pas> et %reud lui-mme
nessaie pas de les cac8er Q si tout instinct est par essence
conservateur> comment concilier ce caractère ui lui est propre avec
le mouvement créateur dros ui> F partir de petites unités> tend F
réaliser des ensemles nouveau" de plus en plus étendus M 'autre
part> si kros en tant uinstinct doit oéir F la loi du retour en
arrière> il )aut postuler ue la sustance vivante> a;ant daord
constitué une unité> sest plus tard morcelée et tend F se réunir de
nouveau& @> mais> note %reud> cest lF une )ale ima*inée par
certains poètes> ue rien dans l8istoire
1. -as (edusen&aupt, R. S., t. C/II> 1922.
2. 0bré!é de ps%c&anal%se> P.7.%.> p. &.
de la matière vivante ne vient conGrmer @. 'u reste> il reconnaNt
volontiers ue la troisième étape de la t8éorie des instincts... ne
peut pas prétendre F la mme certitude ue les deu" premières... @
et aoute Q :ertes> la t8éorie du caractère ré*ressi) des instincts
repose elle aussi sur des matériau" )ournis par loservation24 fla
tendance F la répétitiong. ais il est possile ue aie e"a*éré la
valeur et limportance de ces )aits2. @ !nGn> dans le dernier c8apitre
de lessai Le (oi et le Pa 25> %reud> en lespace dune pa*e>
distin*ue lan*oisse de mort de lan*oisse névrotiue> puis la
considère comme un produit délaoration de lan*oisse de
castration et concède ue la mort est une notion astraite dont la
correspondance inconsciente est encore F trouver. :es restrictions>
dont on pourrait )ournir encore ien dautres e"emples = le rOle
limité de la dualité instinct de vie-instinct de mort dans 3n&ibition>
69
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III. %reud et la mort (196&
s%mptme et an!oisse (1925> le maintien e"plicite de lancienne
dualité instinctuelle dans le domaine cliniue = nempc8ent
nullement %reud de tenir )ermement F ses nouvelles conceptions Q
!lles se sont imposées F moi avec une telle )orce ue e ne puis
plus penser autrement. Le veu" dire ue du point de vue t8éoriue>
elles sont incomparalement plus )ructueuses ue nimporte uelles
autres J elles apportent> sans né*li*er ni )orcer les )aits> cette
simpliGcation vers lauelle nous tendons dans notre travail
scientiGue 26. @ ,orsuun édiGce aussi ma*istral> et aussi ac8evé
ue lest la ps;c8anal;se après les écrits métaps;c8olo*iues> se
trouve remis en uestion sur des ases somme toute asseX )ra*iles
par son créateur lui-mme> ui dautre part tient visilement F en
conserver lessentiel> il est permis de sinterro*er sur les raisons
dune pareille entreprise. ?n n; manua pas F lépoue mme> et
certains auteurs crurent trouver une réponse dans la suite de deuils
ui avaient )rappé %reud> en particulier dans la mort de sa Glle
op8ie en anvier 192. :8ose remaruale> %reud avait ien prévu
cet ar*ument> puisuil demande F !itin*on de témoi*ner ue 0u)
del du principe de plaisir était F moitié ac8evé uand sa Glle op8ie
était encore en pleine santé. Zuelues années plus tard> il récuse ce
mme ar*ument> avancé cette )ois par son io*rap8e %ritX ittels>
en concluant ue le proale nest pas touours vrai @. 'e mme> il
se dé)end davoir sui linHuence des deu" p8ilosop8es dont on le
rapproc8ait non sans uelue raison. 'ans (a vie et la
ps%c&anal%se> il écrit Q ... !t lF o e méloi*nais de loservation>
ai soi*neusement évité de mapproc8er de la p8ilosop8ie
proprement dite. 7ne incapacité constitutionnelle ma eaucoup
)acilité une telle astention... ,es concordances étendues de la
ps;c8anal;se avec la p8ilosop8ie de c8open8auer... ne se laissent
pas ramener F ma connaissance de sa doctrine. Lai lu c8open8auer
très tard dans ma vie. 3ietXsc8e> lautre p8ilosop8e dont les
intuitions et les points de vue concordent souvent de la plus
étonnante )açon avec les résultats pénilement acuis de la
$
7/23/2019 art_mort
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III. %reud et la mort (196&
ps;c8anal;se> e lai ustement lon*temps évité F cause de cela J e
tenais donc moins F la priorité uF rester lire de toute
prévention2$... @ !nGn en 19+$> dans une lettre F Arnold ei*2&> il
parle de son élève ,ou Andréas-alomé comme de son seul lien réel
avec 3ietXsc8e. :e ui motive la dernière orientation de sa pensée
doit donc tre c8erc8é ailleurs.
%reud> ui usualors avait demandé F la connaissance de
linconscient de laider F se préparer F mourir> cest-F-dire F
supporter la vie> ses épreuves et ses deuils> anticipe maintenant sa
propre mort en tant ue ut. ais comme dans toute anticipation> le
proet ici recouvre et masue un retour en arrière> mouvement vécu
ui pourrait ien tre F lori*ine de la notion de compulsion de
répétition> ar*ument premier et ase t8éoriue de la pensée de
%reud en son dernier aoutissement. 'e uel retour sa*issait-il donc
en )ait M Lones pense ue dans 0u)del du principe de plaisir, %reud
renoue avec une passion très ancienne pour la p8ilosop8ie> dont du
reste les traces ne manuent pas> témoin cette lettre de 1&&2> o
%reud écrit F sa Gancée Q ,a p8ilosop8ie> ue e me suis touours
représentée comme le ut et le re)u*e de ma vieillesse> mattire
c8aue our davanta*e> autant ue toutes les autres a0aires
8umaines réunies> et ue toute cause F lauelle e me
dévouerai TU... @. :ertes> mais si les accents p8ilosop8iues ui
caractérisent 0u)del... renvoient ien F une inclination de eunesse
pour une discipline intellectuelle> la lierté dinvention et
lorientation mme ue prennent alors les idées rappellent plutOt le
rOle dun &omme> ui )ut pour %reud personnellement un p8ilosop8e
et un savant dont linHuence a puissamment contriué F le liérer. Il
sa*it de %liess ui> une première )ois> avait aidé %reud F surmonter
les limitations mutilantes uil imposait F son ima*ination> selon
lidéal scientiGue uil avait en *rande partie 8érité de son maNtre
Src[e. A cet é*ard> %liess avait ien constitué une G*ure
e"emplaire> car F lampleur de sa culture> F sa passion pour la
$1
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III. %reud et la mort (196&
iolo*ie> il associait une vive ima*ination> par)ois aventureuse> ui
len*a*eait ien au-delF du domaine strictement médical. ais lélan
spéculati) ui distin*ue 0u)del... dans lEuvre de %reud nest pas le
seul élément ui permette dévouer limpressionnante G*ure de
%liess. ,es t8èmes mmes du livre ne sont pas sans analo*ie avec
certaines idées centrales dans la pensée du médecin erlinois. :est
daord une métabio)lo!ie, utilisée comme soutien de l8;pot8èse
scientiGue J puis une perspective cosmolo*iue> dans lauelle
lévolution des or*anismes est liée F celle de la terre et de ses
rapports avec le soleil 2> tout F )ait F la )açon de %liess> ui écrivait Q
,étonnante précision avec lauelle se maintient lintervalle de 2+
ou selon les cas de 2& ours laisse supposer uil e"iste un rapport
étroit entre les conditions astronomiues et la création des
or*anismes @ J enGn> la notion décisive de compulsion de répétition
ui> liée F la notion déc8éance et douée dune valeur transcendante>
semle )aire éc8o F la périodicité ri*oureuse découverte par %liess
dans toutes les activités vitales> et ui détermine le calendrier de
le"istence> aussi ien la date de la naissance ue celle de la mort+.
,a périodicité intervient du reste encore dans une 8;pot8èse sur le
principe de plaisir ue Lones relève dans Le problème économique
du masoc&isme : Il semle ue le plaisir et le déplaisir ne soient
pas liés F lélément uantitati) de le"citation> mais F un autre de ses
caractères> uon ne peut appeler ue ualitati). 3ous serions
eaucoup plus avancés en ps;c8olo*ie si nous pouvions indiuer
uel est ce caractère ualitati). Peut-tre est-ce le r;t8me> le
déroulement c8ronolo*iue des modiGcations> au*mentations et
diminutions de la uantité de"citation> nous ne le savons pasR. @
,idée très lar*e de répétition devient donc pour %reud le pivot mme
de sa pensée.
:es traces sensiles du passa*e de %liess dans la vie intellectuelle
de %reud pourraient surprendre si on ne connaissait dautre part
lintensité des liens a0ecti)s ui pendant des années unirent les deu"
$2
7/23/2019 art_mort
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III. %reud et la mort (196&
8ommes. !ntre 1&94 et 19 surtout> %reud> pourtant parvenu F la
maturité> avait )ait montre dune *rande dépendance F lé*ard de
%liess. ,es lettres uil lui adresse alors sont littéralement tissées de
témoi*na*es dadmiration et destime indé)ectile J il ima*ine F
lavance ses rencontres avec son ami> les décrit comme la réalisation
dun eau rve> et leurs célères con*rès @> occasions déc8an*es
didées passionnés> ne sont pas sans évouer les promenades
socratiues. !n 1&99 encore> %reud écrit Q . Zue dirais-tu de di"
ours F <ome pour PTues (nous deu" naturellement M... Parler des
lois éternelles de la vie dans la /ille temelle ne serait pas une
mauvaise idée2... @ Alors> pour %reud> personne ne compte
davanta*e ue %liess> ui recueille ses conGdences les plus intimes>
ses préoccupations morides> ses rves et leur si*niGcation> tel celui
ui suit la mort de son père> enGn le récit mme de son auto-anal;se.
!n 1&9&> il lui écrit Q ans pulic> e ne puis rien écrire> mais e suis
par)aitement satis)ait de nécrire ue pour toi&... @ %reud paraNt donc
*arder devant lui comme une sorte de repère lima*e puissante de
son ami> uil surestime sans doute en partie J lorsuil lui
liés au p8énomène de la menstruation et représentent
respectivement les oompo)santés )éminine et masculine.
1. Lones> op. cit., t. t, p. +49-+5.
2. +aissance de la ps%c&anal%se, P.7.%.> p. 261.
+. Lones> op. cit., t. 1> p. ++2.
e"pose ses idées et lui soumet ses travau"> cest touours en
attendant an"ieusement dtre approuvé Q es louan*es> lui dit-il en1&94> sont pour moi du nectar et de lamroisie @ Sre)> %liess> F
ui %reud con)ère alors la position dun censeur> incarne une G*ure
paternelle ui prend le relais de celle de Sreuer et )onctionne F la
)açon dun urmoi. ,e caractère 8omose"uel de cette relation ne lui
a pas éc8appé puisuil écrit en 19 Q <ien ne saurait pour moi
remplacer les contacts avec un ami J cest un esoin ui répond F
uelue c8ose en moi> peut-tre F uelue tendance )éminine2... @
$+
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 74/229
III. %reud et la mort (196&
ais comme il en va 8aituellement dans de tels cas> lima*e
id;lliue ue donnent ces relations F première vue> uand l8ostilité
de %reud vise encore Sreuer> recouvre en )ait une pro)onde
amivalence. ,ié F la mort du père et au ouleversement violent
uelle provoue dans la vie intérieure de %reud> insti*ateur de la
sin*ulière comptailité )unère *rTce F uoi %reud détermine la date
de sa propre mort> et conGdent des moments de dépression les plus
péniles> %liess est de tous cOtés associé F la mort J par surcroNt> en
tant ue sustitut de la G*ure paternelle> il a pu tre loet de désirs
de meurtre inconscients. Zuoi uil en soit> les deu" 8ommes
Gnissent par se rouiller et la Gn navrante de leur amitié laisse
penser ue> contrairement F lopinion de Lones> %reud> sil a ien
rompu e"térieurement avec %liess> na pas réussi en revanc8e F
résoudre et F liuider réellement les liens ui lunissaient F lui. :ette
relation> o mort et répétition sentrelacent indéGniment> semle
mme avoir *ardé sur lui un pouvoir étran*e> un&eimlic&, comme en
témoi*ne lanecdote suivante. Au cours dune vive discussion avec
Lun*> F unic8 en 1912> un an avant leur rupture> %reud sévanouit
rusuement. ,orsuil reprend connaissance> ses paroles
surprennent ceu" ui lentourent Q :omme il doit tre a*réale de
mourir. @ Zuelues ours plus tard> il dévoile F Lones le sens de son
évanouissement> ui répétait très e"actement un incident survenu
plusieurs années auparavant Q Il mest impossile doulier uil ; a
uatre ou si" ans> ai éprouvé des s;mptOmes très semlales>
encore ue moins intenses> dans la mme salle du Par[ WOtel. :e )ut
lors dune maladie de %liess ue
1. 3bid., p. +2&.
2. 3bid., p. ++2.
e me rendis pour la première )ois F unic8> et cette ville parait
tre liée F mes relations avec l8omme en uestion. Il ; a au )ond de
toute cette a0aire un prolème 8omose"uel non résolu1... @ (7n mois
après> du reste> %reud conGa F Lones ue sa dernière uerelle avec
$4
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 75/229
III. %reud et la mort (196&
%liess avait eu lieu dans cette mme salle d8Otel. 3on résolu> le
prolème devait en e0et le rester J sans doute %reud désormais
re*arda les idées de %liess avec un esprit critiue sans
complaisance> mais lorsuil ; )ait allusion dans 0u)del..., il en parle
encore mal*ré toutes ses réserves comme dune *randiose @
conception.
Au ord de la vieillesse> ui ien souvent redonne la parole au
passé> %reud retrouve le souvenir de %liess et tente une )ois de plus
de résoudre sa relation impossile avec lui. 'ans la première partie
de son Euvre> sur lauelle rè*ne lima*e de la castration> %reud
sétait e0orcé de surmonter lami*u\té de ses rapports avec son
propre père J pour la dernière partie> dominée par la G*ure de la
mort> il reprend une tTc8e identiue et peut-tre interminale> ui
porte cette )ois sur ses relations avec la trace dun oet
trans)érentiel. ,auditeur réel dautre)ois na pas vraiment disparu J
en entraNnant avec lui les vEu" de mort dont il était loet> il sest
trans)ormé en un nouvel auditeur> Gcti) et purement intérieur> avec
leuel %reud renoue les mmes liens pour essa;er de sen a0ranc8ir.
A partir de 192> lEuvre de %reud> F la )ois novatrice et triutaire
de léternel retour du mme> dun lointain souvenir de L'5squisse,
sen*a*e donc sur une élaoration nouvelle du lien 8omose"uel avec
%liess> ui le trans)orme pro)ondément et peut-tre le sulime> pour
reprendre un terme sans doute emprunté F ce dernier. Ainsi sa0irme
le0icacité et la continuité du mouvement ui le porte F anticiper
lavenir en ressaisissant le passé et ui lui )aisait écrire dès 1&99 Q
... 8a[espeare a dit Q u es déiteur dune mort F la nature.
Lespère ue linstant venu> il se trouvera ueluun pour me traiter
avec plus dé*ards fue le malade uon trompe sur son étatg et pour
me dire F uel moment e devrai me tenir prt. on père le savait
clairement et> sans en parler> a conservé usuF la Gn sa elle
sérénité 2. @
1. Lones> ibid., p. +4&-+49.
$5
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 76/229
III. %reud et la mort (196&
2. +aissance de la ps%c&anal%se> p. 245.
%reud na nullement esoin dtre averti> il est prt ien avant
l8eure. ,e souvenir de cette mort e"emplaire> auuel renvoient les
liens> si lon*temps amivalents avec lima*e de %liess> on peut croire
uil nest pas étran*er au véritale pari o %reud sen*a*e avec 0u)
del... et dont il réussit F tenir doulement la *a*eure> pour les
autres> et c8ose plus rare> pour lui-mme. 'ésormais> il semle ien
ue la mort imminente ne puisse plus lui causer de lessure
narcissiue J il peut mme la recevoir telle uil lavait conçue>
comme cette Gn normale ue lui *arantissait depuis touours son
instinct de conservation.
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7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 77/229
Deuxième partie
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 78/229
I. #rans$erts et névrose de trans$ert (1966)
'ans leur note préliminaire> les éditeurs an*lais de la tandard
relèvent> F uste titre> lattention ue %reud portait sur les aspectsnon t8érapeutiues de lanal;se> tout particulièrement vers la Gn de
sa vie. oute)ois> il me semle ue les préoccupations t8érapeutiues
G*urent en onne place dans 0nal%se terminée et anal%se
interminable puisue> par e"emple> la uestion du terme de lanal;se
est centrée sur un prolème de tec8niue = celui de laccélération
des cures = et uelle conduit F considérer tant la possiilité dune
liuidation totale du conHit opposant le oi F linstinct ue la valeurprop8;lactiue de lanal;se.
?n a souvent noté le scepticisme ui transparaNt dans ce te"te o
%reud = comme Lames trac8e; le dit = tra8it un souci uil
e"primait voici soi"ante-si" ans> presue our pour our> dans une
lettre F il8elm %liess1. 3est-il pas remaruale ue %reud illustre>
si lon peut dire> son pessimisme = dont les accents p8ilosop8iues
néc8appent pas = en )aisant ré)érence F lanal;se de son élève%erencXi et F ses suites> cependant ue> dautre part> il cite
précisément un te"te de %erencXi o il est dit ue lanal;se nest pas
un processus sans Gn> mais uelle doit pouvoir tre amenée F un
terme naturel M
$&
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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966
Zuoi uil en soit> il est certain ue c8aue anal;ste a eu plus
dune )ois loccasion de mener une anal;se> mme 8érissée de
di0icultés> F un terme uil éprouvait comme lo*iue> vrai>
1. ,ettre F . %liess> 16 avril 19> in +aissance de la
9s%c&anal%se, P.7.%.> et pour tout dire déGniti) J lensemle du
processus donnant le sentiment uune sorte de traectoire avait été
suivie> peut-tre toute prte> potentielle> au déut de la cure. :est
dans ces cas ue lanal;se paraNt mme *a*ner une valeur
est8étiue.
Alors il est permis de penser ue les e"pressions Q anal;se
terminée> interminale> incomplète> inac8evée ou inGnie> sont )ort
ami*uqs. Le vais essa;er de me"pliuer.
%reud> lorsuil rappelle la uestion de létiolo*ie traumatiue des
troules> nous dit uune anal;se ne peut tre considérée comme
déGnitivement ac8evée ue lorsuelle a permis de remplacer>
*rTce au ren)orcement du oi> le dénouement impar)ait de la
période in)antile par une liuidation correcte @. :omme il )aut )aire
un c8oi"> e relève seulement encore cette p8rase ue lon peut lireun peu plus loin Q :est lorsue les événements pat8o*ènes
appartiennent au passé ue le travail anal;tiue )ournit ses meilleurs
résultats parce ue dans ces cas le oi les considère avec un certain
recul. @ P8rase ui introduit opportunément la uestion du temps
par un autre iais> celui du passé et de la capacité de temporiser et
ui permet daouter ue> parmi ces événements appartenant au
passé> il en est certains ui ont la c8ance> F la )aveur du trans)ert>
dtre anciens et actuels. <ien lF ue de très attendu.
'e mme uil n; a pas lieu de sétonner ue les cas o les
événements pat8o*ènes appartiennent F la )ois au passé et au our
mme soient précisément ceu" ui o0rent les meilleures c8ances F la
t8érapeutiue anal;tiue. Le sustituerais donc volontiers F
lalternative anal;se terminée anal;se interminale la uestion de
la liuidation ou de la non-liuidation de la névrose de trans)ert>
$9
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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966
uestion ui procède naturellement du te"te de %reud. !t e ne pense
pas uil sa*isse dune simple uestion de mot. ,a lo*iue nous
autorise en e0et F opérer une nouvelle sustitution Q la névrose de
trans)ert sest-elle ou ne sest-elle pas constituée J préliminaire au"
autres uestions puisue pour pouvoir envisa*er la liuidation de la
névrose de trans)ert il )aut au moins ue celle-ci se soit constituée.
Alors> de manière sans doute uelue peu arupte> e )ormulerai
ainsi ma proposition Q les anal%ses interminables sont celles au cours
desquelles une névrose de transfert vraie ne s'est pas constituée>
ta,ndis que celles o1 la névrose de transfert s'est élaborée et
développée évoluent naturellement vers un terme. (Le laisse ici de
cOté les éc8ecs liés F un contre-trans)ert vicieu" ui nentrent pas
dans mon propos.
?n en vient donc F sinterro*er sur la nature de la névrose de
trans)ert véritale et sur ses capacités évolutives. :8acun
conviendra ue si lon ne peut i*norer ue le ps;c8otiue développe
F lendroit de son t8érapeute des sentiments souvent e"trmement
vi)s> ceu"-ci> en revanc8e> ne peuvent tre considérés sous lan*le
dune ps;c8onévrose de trans)ert. %reud parait le maruer
indirectement lorsuil parle ici de lalliance ue lanal;ste doit
pouvoir conclure avec un oi normal. ?r> lincapacité de constituer
une ps;c8onévrose de trans)ert nest pas réservée au" seuls
ps;c8otiues> loin de lF. %reud nous dit la di0iculté ue lon éprouve
F prévoir lac8èvement des cures dans les anal;ses de caractère> et il
convient> F mon avis> dintroduire dans cette caté*orie les suets
considérés comme des cas limites @> aussi ien ue nomre de
ceu" ui sont atteints de maladies ps;c8osomatiues aut8entiues.
Pour appu;er ce point de vue e veu" en appeler F un autre passa*e
'0nal%se terminée et anal%se interminable o il est dit u il
convient de ne pas re*arder comme des trans)erts toutes les onnes
relations ui sétalissent entre anal;ste et anal;sé pendant et après
lanal;se. :ertaines de ces relations amicales reposent sur des ases
&
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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966
réelles et se montrent viales @. Il serait uste de penser non
seulement au" onnes mais aussi au" mauvaises relations> et
daouter encore ue si on ne doit pas touours les considérer en tant
ue trans)erts = appartenant F une névrose de trans)ert => elles ne
sont pas non plus F rattac8er automatiuement F une ase réelle.
!n proposant ici mes remarues de )açon uelue peu
désordonnée> e dirai ue ces relations> ces sentiments> ne peuvent
tre ni considérés comme trans)érentiels au sens plein du terme> ni
rattac8és F une ase réelle> parce uils sont liés F une or*anisation
ps;c8o-a0ective sin*ulière o lon sent> tout proc8e> le versant
iolo*iue de linstinct. ,a)\ect est> lF> violent> et léconomiue
domine. ,es représentations sont souvent rudimentaires> crues ou
simples> par)ois 8eureuses> mais G"es et ne )ormant ue peu de
reetons. ,e travail de condensation et de déplacement est
sommaire J le re)oulement primaire prévaut. ,es représentations
peuvent cependant> collées F leur a0ect> )aire irruption F la
conscience de manière rutale J on dirait alors dun déalla*e> ue le
lan*a*e [leinien évoue souvent avec on8eur> et dont les accents
peuvent tre par)ois poétiues. 'ans dautres cas> ces
représentations semlent tre comme reetées 8ors du circuit de la
vie mentale proprement dite dominée elle par un )onctionnement de
t;pe opératoire+1> a. 'e toute )açon> les mouvements a0ecti)s>
lorsuils se"priment> visent directement leur oet sans réHe"ion ni
médiatisation sur ou par un tiers. Il en découle ue lactivité de
représentation = pour éviter les termes de s;molisation e"i*eant
un trop lon* e"amen = ui est le plus souvent pauvre ou par)ois> et
apparemment F lopposé> élouissante> ne se prte *uère F entrer
dans une s;nta"e (8ormis les cas o> la pensée opératoire dominant>
une s;nta"e conventionnelle> administrative @> ordonne simplement
des éléments empruntés au le"iue de la uotidienneté> ou mme de
la culture> dont la valeur> relativement au" pro)onds mouvements
instinctuels> ne peut tre au mieu" uallusive. 'ans les cas les plus
&1
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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966
démonstrati)s> on a a0aire avec un con!lomérat a6ect)
représentation ui )orme une véritale enclave lét8ale 8ors détat
dentrer dans un roman " ce roman ue constitue précisément la
névrose de trans)ert.
:ertes> dira-t-on> lanal;ste peut tre visé> ce ui autoriserait F
parler de trans)ert. ais> F mon sens> il ne saurait sa*ir de trans)ert
véritale. Le parlerais plutOt> et sans vouloir ouer sur les mots> de
reports dont le statut topiue peut tre di0icile F préciser> car
par)aitement F mme dtre celui du conscient. 'ans ce dernier cas
le suet reconnaNt la0ect et lima*e et> vivant directement lémoi> le
déclare lo*iue = on aouterait e"tra-trans)érentiel U :est le plein
domaine du cri> de lappel> de le"i*ence directe> en mesure
den*endrer seulement dautres cris> appels et e"i*ences> dans un
eu de renvois> t8éoriuement interminale> ue ne arrent ni ce ui
*ratiGe ni ce ui )rustre ou persécute> ien sKr> et ui se déroule
sous le si*ne de la répétition> car seuls un récit ou une 8istoire sont
susceptiles davancer vers une Gn> tel ce roman damour uest la
névrose de trans)ert o les a0ects et les émois trans)érés impliuent
constamment le"istence dun tiers> serait-il mme oscur J F ce
niveau> la convoitise> le"i*ence> le esoin ont )ait place F une autre
)orme de prétention Q le désir @. 3est-on pas alors autorisé F
reprendre dans cette perspective> en lui con)érant certes un sens
supplémentaire> cette proposition de %reud selon lauelle lanal;sé
lui-mme = e préciserais tel anal;sé = narrive pas F caser tous ces
conHits dans le trans)ert @ M
diGcation> développement> liuidation> ces termes en*a*ent>
pour la névrose de trans)ert comme pour nimporte uel processus>
la notion de durée. Par lF> entends la constitution solide de la
caté*orie du passé, F lauelle est F mon avis indissolulement liée la
possiilité dun terme pour lanal;se. A ce point il me )aut me
reporter F lintervention ue ai eu loccasion de )aire lors du CC/Ie
:on*rès des Ps;c8anal;stes de lan*ues romanesR. Lavançai alors
&2
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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966
ue> la démarc8e anal;tiue revenant essentiellement F écouter
ueluun ui parle> on ne c8erc8e pas F repérer lémer*ence de
telle ou telle demande instinctuelle> mais F suivre le récit ui en est
)ait> cest-F-dire un roman. ?r> le"pression des mouvements du suet
F lé*ard de loet ne devient roman> ou 8istoire ui se clOt> ue
lorsuelle est pleinement structurée dans la prolématiue de la
castration. !n raison de sa constante et nécessaire réHe"ion ou
médiatisation> la )ormulation de la demande sest déGnitivement
compliuée. Il sa*it dune modiGcation> e dirais plutOt dune sorte
de mutation> ne concernant pas seulement ce ui va advenir F dater
de ce moment> mais aussi tout ce ui a précédé et ui> pro)ondément
remanié> réévalué en terme de castration> récrit> constitue le premier
vrai passé de lindividu. ieu" encore> le suet en se )ondant sur la
description uil donne de sa situation dans le monde en tant utre
de désir = description lisile dans le st;le de toutes ses activités =
crée F mesure le passé
1. CC/Ie :on*rès des Ps;c8anal;stes de lan*ues romanes. Eev.
franc. 9t%c&a)nal., CCC> 1966> n^ 5-6.
ui constitue le vrai précédent pour demain. Le crois ue sans
cette capacité de reconstituer et de créer le passé F la place dun
amal*ame de ce ui a été vécu ou )ait autre)ois> mme ressaisi dans
sa stricte succession> on ne saurait envisa*er le développement
dune névrose de trans)ert> et F plus )orte raison sa liuidation. Pour
emplo;er une ima*e> sans le Il ; avait une )ois le Gls dun roi... @>
on ne peut concevoir un oucla*e Gnal.
Après avoir envisa*é la uestion du statut des émois et des
représentations il me )audrait envisa*er celle de la résistance.
%reud> lorsuil envisa*e le rOle pat8o*ène des mécanismes de
dé)ense> parle dune résistance sopposant F la découverte des
résistances et de son rapport avec une modiGcation du oi du suet.
:est ce dernier point ue e retiendrai> celui de la modiGcation du
oi. Ici encore e laisse de cOté le domaine des ps;c8oses. elon
&+
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I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966
le"istence ou non dune relation si*niGcative avec les mécanismes
de dé)ense on est autorisé> me semle-t-il> F distin*uer deu" classes
de modiGcation du oi.
,a première> pour nous F ien des é*ards la plus )amilière> peut
tre oservée c8eX ces suets dont e viens de parler> ui sont dotés
de la capacité de reconstituer et de créer le passé en tant ue récit.
Assurément> et %reud le remarue> il ; a des cas parmi ceu"-lF o les
mécanismes de dé)ense> orientés contre les dan*ers passés et
reproduits dans le trans)ert> peuvent ouer sous )orme de résistance
F la *uérison J les e0orts t8érapeutiues utent alors contre la
modiGcation du oi ainsi induite. oute)ois> cette classe de
modiGcation du oi> liée au rOle des mécanismes de dé)ense contre
une e"i*ence instinctuelle dan*ereuse> est en )ait moile> cest-F-dire
prte dans la situation anal;tiue F accepter une nouvelle
modiGcation. ,a modiGcation du oi a ien partie liée avec la
résistance> mais non de manière isolée ou G*ée J car la relation
da0inité ui e"iste entre association lire> résistance> constitution
du trans)ert> )orme dans ces cas un tout or*aniue> d;namiue> et
destiné F suivre une traectoire ui ne peut tre détac8ée de la
névrose de trans)ert> de son développement> de sa liuidation. ,F>
lostacle le plus sérieu" tient F la nature du contre-trans)ert.
A lopposé se situe la seconde classe de modiGcations du oi>
électivement = mais non e"clusivement = rencontrée c8eX certains
caractériels et malades ps;c8osomatiues. :es modiGcations sont
étran*ères F lintervention des mécanismes de dé)ense contre
linstinct e"primée F travers les aléas de la )ormulation du désir @>
telle ue e lai décrite. 'ans les cas o linstinct ou la pulsion =
comme on veut = se perçoit comme un con*lomérat a)\ect-
représentation> visant directement loet> e"cluant de la )ormulation
la G*ure paternelle et sa loi> les modiGcations du oi sont de tout
autre nature. Il ne sa*it plus de parties ou de )orces en contact> en
interaction ou en opposition et pouvant mme pendant lon*temps
&4
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 85/229
I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966
donner limpression dun moteur immoile> mais cest avec des Nlots
séparés par des )ailles pro)ondes ue lon a a0aire. 'ans ces
personnalités en arc&ipel> la circulation des représentations nest
pas seulement *née> plus ou moins entravée> elle est impossile.
:irculation impliue le"istence dun ordre> de tours et de détours>
par)ois aussi comple"es uun la;-r;nt8e> mais dont le tracé e"iste.
Ici seuls sont possiles les onds> les c8utes> la sidération. !t si
daventure> comme il arrive en cliniue> lentretien préliminaire
laisse dans certains de ces cas limpression uune névrose de
trans)ert = dans le sens o e lai entendue = pourra se développer>
le"périence de la situation anal;tiue montre plus ou moins
rapidement ue lon sétait )ondé sur cette )ran*e ps;c8onévrotiue>
par)ois très mince> ui recouvre les or*anisations caractérielles ou
ps;c8osomatiues les plus aut8entiues> mais reste étran*ère au
véritale ré*ime de la personnalité.
,instinct> écrit %reud F propos des )acteurs dont dépend lissue
t8érapeutiue> devient accessile F toutes les inHuences provenant
dautres tendances du oi> et nemprunte plus sa voie F lui pour
arriver F satis)action @. ?r dans la seconde classe de modiGcations
du oi cest précisément le contraire ui tend F advenir. oit ue
linstinct c8erc8e F nemprunter ue sa propre voie> soit uil reste
en uelue sorte encapsulé> une )aille sest creusée dans le oi ui
voit les parties ainsi constituées risuer dtre reetées lune en
direction du `a> lautre en direction du urmoi. ,or*anisation de la
personnalité ps;c8iue nest plus ternaire mais inaire. Peut-tre ;
aurait-il lieu de considérer dans cette perspective la uestion de la
résistance du `a. ais> sans vouloir en )aire une uestion de mot>
est-il lé*itime de parler encore de résistance lorsuil ne sa*it plus
de la culpailité et du esoin de punition situés dans le c8amp des
relations du oi avec le urmoi M ?n dirait plutOt dun ostacle et la
ré)érence au" )orces disso-ciatives est particulièrement 8eureuse.
&5
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 86/229
I. rans)erts et névrose de trans)ert (1966
!n conclusion> e poserais volontiers la uestion du statut de la
t8érapeutiue lorsuil n; a pas eu de vraie névrose de trans)ert et
ue> par conséuent> la liuidation ne peut tre en toute lo*iue
envisa*ée. :es cas sont> on le sait> de plus en plus nomreu". Ils
imposent souvent lintroduction de paramètres tec8niues> par)ois de
véritales modiGcations de la tec8niue = ui peut-tre )ont pendant
au" modiGcations du oi. ais sa*it-il encore de ps;c8anal;se M 3e
parlerait-on pas plutOt dune manipulation t8érapeutiue
ps;c8anal;tiue dont on peut e0ectivement craindre uelle demeure
sans conclusion M
Ailleurs> lorsue la névrose de trans)ert a pu sétalir pleinement>
sa liuidation devrait conduire au terme déGniti) de la cure. :elle-ci
a;ant alors eu une portée mutative> uelue c8ose a réellement
c8an*é> tout comme uelue c8ose sétait radicalement modiGé avec
la castration @ dans le domaine de le"pression des émois et des
représentations> dans le lan*a*e. Alors le suet peut entrer> pour
parap8raser une )ormule célère> dans lanal;se permanente uil
poursuit seul.
&6
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II. Actin% out direct et actin% out indirect (1967)
,es auteurs ui se sont attac8és au prolème de lactin* out ont
consacré très souvent une partie importante de leur développementau" uestions de déGnition. Ainsi> tout récemment> lors du dernier
:on*rès international de :open8a*ue> Anna %reud a-t-elle pris la
peine de préciser l8istoire de la notion dactin* out et de larticuler
avec les *lissements successi)s de la t8éorie ps;c8anal;tiue. !lle
souli*nait> en outre> limportance de la déGnition première> selon
lauelle lactin* out était lié au domaine précis des névroses c8eX
ladulte J parallèlement elle mettait en *arde contre uneméconnaissance de la portée de le"tension pro*ressive de la notion>
tant au point de vue cliniue ue t8éoriue.
:est donc avec raison ue <ouart propose de distin*uer
nettement l actin* out de trans)ert @> lié F la situation anal;tiue>
des actes impulsi)s divers> uelle ue soit leur éventuelle valeur de
répétition> et ui se produisent c8eX certains suets en de8ors de tout
traitement ps;c8anal;tiue. :es actes répétiti)s> ui seraientprincipalement le )ait de patients ps;c8otiues ou préps;c8otiues>
ont été loet détudes précises. :omme <ouart le si*nale> on a
relevé leur rOle prédisposant F des actin* out ui se produiraient au
cours dune anal;se ultérieure. 'ans lensemle> F propos de ces cas>
laccent a été mis sur le point de vue *énétiue J on souli*ne
limportance de la ré*ression liidinale et le poids de loralité dont
on a détaillé les e"pressions cliniues> etc. oute)ois> il me semle
&$
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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$
uen e"posant les traits caractéristiues de ces actes on a manué
de réunir certains dentre eu" F part. :e sont les activités
r;t8miues au"uelles seule la )ati*ue met un terme> les activités
mimiues ou *estuelles ui> de prime aord> )ont penser F une
identiGcation et ui> en vérité> ne sont uimitatives> réduplicatives,
pour reprendre un terme ue nous avons introduit avec P. art; et
:8. 'avid. ous ces actes e"priment une carence des activités de
représentation> un dé)aut de )ormation s;moliue (P. Sios> cité par
<ouart> une sorte dindi0érence au" ualités de loet J elles se
situent en de8ors des vicissitudes de la liido> et> liées F dautres
mani)estations sur lesuelles e reviendrai> déGnissent un t;pe
particulier dactin*# out ui se produit au cours de certaines
anal;ses. 'e ce point> on peut les considérer comme des actin* out
de trans)ert @. oute)ois> sils ne sont pas> F mon avis> superposales
au" actes impulsi)s purs> ils doivent é*alement tre distin*ués> sur la
ase de critères cliniues et métaps;c8olo*iues> des )ormes plus
classiues @ dont <ouart a 8eureusement mis en valeur les aspects
si*niGcati)s.
Pour préciser immédiatement mon propos> e dirai ue ces deu"
variétés dactin* out de trans)ert sont le )ait de suets ien di0érents
ue lon peut distin*uer nettement en )onction de leur comportement
en anal;se. :ertains> en e0et> en*a*ent et développent une
aut8entiue névrose de trans)ert> cependant ue dautres ne
présentent amais ue des réactions trans)érentielles> des sortes de
reports @. Lai eu loccasion de décrire ces deu" t;pes de suets lors
du :olloue consacré au te"te Q 0nal%se terminée, anal%se
interminableVT. Pour linstant> e rappellerai seulement la ase de
cette distinction Q la )aculté délaorer solidement la caté*orie du
passé. Par lF entends un des résultats du c8an*ement )ondamental
contemporain de lhdipe (au sens classiue ui a valeur de
mutation et selon leuel les événements des p8ases antérieures du
développement sont ressaisis> pro)ondément remaniés et réévalués
&&
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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$
en termes de castration. Ainsi sélaore un récit personnel> ori*inal>
ui lie> trans)orme et associe des éléments variés> et ui est ien
di0érent de la simple somme de ce ui a été vécu. ,es événements
réels cèdent alors déGnitivement leur place F des ensemles ima*és
dont lor*anisation interne na rien F voir avec lordre de la
succession> le premier vrai passé de lindividu se constitue ainsi. Par
la suite cette activité doit se poursuivre indéGniment> c8aue
situation nouvelle étant reprise en une description ui se ré)ère au
premier passé @ pour le compléter et le proposer au" ours F venir.
:ette )aculté )aisant dé)aut> il n; a pas dédiGcation de la névrose de
trans)ert> lauelle nest pas F considérer comme une morne
répétition> mais comme une véritale or*anisation dotée dune sorte
de s;nta"e et appelée F suivre une traectoire dallure romanesue.
Le mattac8erai ici essentiellement au" actin* out des suets ui
ne développent pas une véritale névrose de trans)ert. Pour les
distin*uer> e les nommerai actin! out directs. Ils sont le )ait de
personnalités ien particulières. ,e urmoi et lIdéal du oi> en
e0et> n; apparaissent pas en tant u8éritiers du comple"e dhdipe.
<udimentaire> sc8ématiue> essentiellement destructeur> le urmoi
na ni les caractères ni la )onction du urmoi> mme ré*ressi)> avec
leuel nous avons a0aire dans les névroses mentales. Ici e nai pas
en vue les or*anisations pré*énitales dans lesuelles est intervenue>
de manière décisive> la ré*ression de la liido vers des points de
G"ation. Il sa*it> au contraire> den*a*ements initiau"> tout se
passant comme si linstinct avait suivi une voie tout F )ait di0érente
de celle uil emprunte dans les ps;c8onévroses et ui serait> comme
nous en avons )ait l8;pot8èse avec :8. 'avid> tératolo*iue. ,es
patients ui )ont partie de cette classe paraissent souvent 8ors détat
den*a*er un trans)ert> ils demeurent F distance = en de8ors de
toute osession = comme sils nétaient pas concernés sur le plan
liidinal. :ertains dentre eu"> toute)ois> sont F mme de"primer
sporadiuement des sentiments très vi)s F lé*ard de leur anal;ste J
&9
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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$
émois ui cependant nentrent pas dans une véritale or*anisation>
car loet est visé directement> sans médiatisation. 'e toute
manière> les représentations instinctuelles> lorsuelles se"priment>
restent sommaires J collées F leur a0ect elles )ont par)ois
rusuement irruption F la conscience> sans aucun aména*ement.
!n )ait> la vie mentale est surtout ré*ie par un )onctionnement de
t;pe opératoire. ,es modiGcations du oi sont G*ées> il e"iste
comme des solutions de continuité dans la personnalité. ,anal;ste
semle ien tre de plus en plus souvent con)ronté avec cette
caté*orie noso*rap8iue ui *roupe des névroses de comportement>
certaines névroses de caractère> diverses a0ections
ps;c8osomatiues.
,es actin* out ui sont le )ait de ces structures> actin* out
directs @ donc> se sin*ularisent tant par leur allure> leurs
circonstances de déclenc8ement ue par leur valeur. Au premier
c8e)> on est )rappé par leur manue de spéciGcité réelle. Ainsi> F des
circonstances semlales répondront des actin* di0érents et
réciprouement. ,e rOle des situations e"térieures réelles est
accentué> mais surtout relativement F la uantité de"citation
uelles suscitent et eaucoup moins uant F leurs ualités. Par)ois il
sa*it de la seule modiGcation> uelle uen soit lori*ine> dun
éuilire maintenu *rTce @ F une évolution moride or*aniue.
ouours on est )rappé par la pauvreté s;moliue de ces situations>
alors ue lur*ence économiue simpose. :es actin* out directs>
actes simples ou comple"es> ont une allure mécaniue> itérative>
par)ois r;t8miue> mais le plus souvent désordonnée> voire
paro";stiue. Zuand il sa*it dactes simples> e pense uon est en
droit d; rattac8er certaines )u*ues par e"emple J en séance> ce sont
ces *estes automatiues ui peuvent prendre uelue importance>
sans pour autant scander le sens des paroles de lanal;sé J par)ois
cest dune immoilité G*ée et raide dont il sa*it> une au*mentation
considérale du tonus musculaire. Zuand il sa*it dactivités> et non
9
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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$
pas seulement de *estes ou dactes> cest le st;le opératoire du
)onctionnement de lappareil ps;c8iue = sur leuel e ne reviendrai
pas ici = ui prend la valeur dactin*. ,a rationalisation intervient le
plus souvent F peine ou pas du tout J dans certains cas elle a0ecte la
)orme dun plannin!, on parlerait alors dun actin* au lon* cours @.
?n voit ue cette )orme dactin* représente essentiellement une
déc8ar*e alors ue le rOle de contre-investissement> au sens 8aituel
du terme> est réduit. ,e lan*a*e lui-mme voit sa valeur de déc8ar*e
motrice intervenir de )açon décisive (remarue )aite F propos de
certains actin* impulsi)s dadolescents par P. reenacre> citée par
<ouart. ,e p8énomène est particulièrement clair c8eX les anal;sés
ui élèvent la voi" pour accentuer tel mot ou telle s;llae> ponctuant
pour ainsi dire leur discours tout entier> de )açon anarc8iue et sans
ue ce uils paraissent souli*ner soit doté dune importance
particulière> F uelue niveau ue ce soit. Le citerai encore
lutilisation dun mot pour un autre indépendamment de tout rapport
s;moliue ou de réalité> le vere na;ant été saisi uen )onction de
sa pro"imité du moment et en vue dune simple déc8ar*e.
,e lien avec la situation anal;tiue est ien compré8ensile
puisue ces suets sont particulièrement sensiles F tout ce ui
a0ecte leur c8amp percepti)> toute)ois de )açon non spéciGue. ,es
caractéristiues réelles de lanal;ste> tant dans son 8aitus ue dans
son comportement> interviennent tout particulièrement dans la
mesure o elles sont F mme de modiGer le statut économiue du
suet. 'e mme les aspects strictement )ormels des paroles de
lanal;ste> intensité de la voi"> durée des interventions> répartition
des silences> constituent autant de circonstances propres F susciter
ces actin*.
'ans ses rapports avec l8istoire du suet> lactin* out direct ne
reprend pas un élément du passé écrit, comme cest le cas des actin*
liés F la névrose de trans)ert. Il renoue de )açon non spéciGue avec
un nomre limité de s;stèmes déF dominés par le )acteur uantitati)
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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$
et utilisés autre)ois dans des circonstances réelles. :et actin* nest
pas> F proprement parler> léuivalent dun souvenir> mais plutOt la
trace dune action ui a dK tre é*alement dotée de la mme allure
mécaniue. ,actin* out direct serait en uelue sorte la répétition
de la répétition.
Par)ois> un certain contin*ent des éner*ies en*a*ées dans les
actin* out directs paraNt avoir une ualité liidinale> encore ue très
ré*ressive. !st-il distinct ori*inellement> ou ien a-t-il éc8appé au
destin de linstinct propre F ces cas M Il est ien di0icile de répondre.
!n tout cas> il en découle soit une modiGcation plus ou moins nette
du taleau t;pe ue e viens de décrire> dans le sens dune allure
plus dramatiue> soit lémer*ence dun actin* out> très voisin
cliniuement de lacte impulsi) et ui se détac8e nettement du
ré*ime 8aituel de lactivité et des autres actin! directs dans
lesuels il est comme enc8Tssé. :e dernier t;pe d 'actin! out direct
constitue touours une ré)érence F une situation ancienne réelle et
réactualisée> mais il a la valeur dun cri> dune e"i*ence ui se
répètent purement et simplement et ui nentrent pas dans une
construction impliuant la présence dun tiers. :omme e lai dit> les
caractéristiues oectives de lanal;ste ouent ici un rOle important>
et cela dautant plus ue le suet ne dispose *uère de recul en raison
de la pauvreté des contre-investissements. 'ans certains cas
néanmoins ces caractéristiues paraissent si peu spéciGues uon
ne peut *uère leur con)érer uune valeur dar*ument J et si lactin*
a une allure un peu étran*e ou décalée> on le rapproc8erait
volontiers de lactin* in décrit par <osen> ien uil soit eaucoup
moins dramatiue ue ce dernier> comme si les )orces en*a*ées
étaient uantitativement moindres. !n e0et> mme uand il ne"iste
pas de véritale névrose de trans)ert> lanal;ste est uand mme
loet de réactions trans)érentielles. Il est comme en*loé dans le
monde intérieur de lanal;sé> ien ue par)aitement reconnu du
de8ors. 'ès lors> aucun de ses aspects ne saurait c8an*er> sinon sur
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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$
une initiative du patient> car tout c8an*ement> si minime et si anodin
soit-il> est vécu par lui comme une altération de son tre. ,actin*
paraNt ien alors tre une réaction F des modiGcations du milieu
intérieur> dont lor*anisation oniro\de se révèle tre
particulièrement> dépendante de tout c8an*ement e"térieur.
?n a souvent marué le rOle dé)ensi) éventuel de lactin* out.
Ainsi <ouart nous rappelle-t-il opportunément la valeur dun
investissement spéciGue de la motricité pour )aire )ront F une
menace de dépersonnalisation comme si certaines altérations avaient
porté essentiellement sur linvestissement des )rontières du oi. 'e
toute manière> dans le cas de Hactin! out direct il est évident ue la
dé)ense par passa*e F lacte concerne davanta*e les risues de
modiGcation du statut éner*étiue du oi ue la remémoration. :e
ui )rappe en vérité avant tout> cest> uelles uen soient les
conséuences> le"i*ence impérieuse de déc8ar*e dont lallure de
rupture est associée au retour F une apparente nullité ou stailité
éner*étiue. 'e tels actin* se produisent ien au-delF du principe
de plaisir @> ils représentent peut-tre au mieu" la compulsion de
répétition.
Il conviendrait ici de con)ronter minutieusement Hactin! out
direct avec Hactin! out indirect ui est le )ait des suets a;ant vécu
une névrose de trans)ert. Le me limiterai F uelues remarues.
c8ématiuement donc> ces actin* out indirects répondent eu" F
des or*anisations dont le urmoi et lIdéal du oi sont
classiuement structurés au stade p8alliue et liés F la destruction
du comple"e dhdipe. ,es mouvements instinc-tuels de lanal;sé
entrent dans une sorte de récit o la présence implicite dun tiers
assure ré*ulièrement leur médiatisation ou leur réHe"ion. ,es actin*
out ont ici une allure dactivité or*anisée souvent très accusée. ,eur
élaoration constitue un vrai récit condensé> 8autement s;moliue>
ui en*a*e la participation ima*inaire de trois personnes au moins.
,e rOle de la rationalisation est important et la participation dun
9+
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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$
contre-investissement venu du oi )ortement maruée. ,a dé)ense
contre la remémoration ne se présente pas simplement sous lan*le
du déplacement dans lactuel et de la répétition a*ie dune situation
ancienne J il sa*it plutOt du retour dun récit oulié> méconnu et
représenté de nouveau sous une )orme masuée et presue
t8éTtrale. ,e rapport avec la situation ancienne est indirect> et sil
est clair ue lactin* est le )ait dune répétition> celle-ci ne parait pas
se produire au-delF du principe de plaisir. ,aréaction et le0ort de
maNtrise ui sopèrent autrement ue par la parole restent uand
mme situés dans le c8amp de la liido> entre le oi et ses oets. ,a
liaison entre les multiples éléments ui entrent dans la constitution
de lactin* out indirect souli*ne le rOle dros J la répétition vise
encore la réalisation dun désir liidinal.
Pour conclure> e dirai donc uil mest apparu uon pouvait
distin*uer deu" t;pes dactin* out de trans)ert et proposer de les
articuler avec la dernière t8éorie )reudienne des instincts. Sien
dautres aspects demanderaient F tre précisés J e me ornerai F
une remarue concernant les rapports de lactin* out avec la
ré*ression. A cet é*ard la situation est asseX ami*uq> on le sait.
:ontre ré*ressi) puisue 8omo*ène au courant pro*rédient de
le"citation> lactin* renvoie par ailleurs le suet F des étapes
antérieures de son 8istoire et donne lar*ement la parole au
processus primaire. oute)ois> ce ui me paraNt le plus important>
cest uil impliue une ré*ression de léner*ie du point de vue de
son statut Q en partie ou entièrement lire selon ue lactin* est lié
ou non F une névrose de trans)ert. ais lF encore> une distinction
simpose J dans le cas de lactin* out indirect on reste> pour
lessentiel> dans le c8amp de la liido J dans le cas de lactin* out
direct on a limpression uil sa*it dune sorte de dé*radation
ualitative de léner*ie ui> en ute des voies de déc8ar*e les plus
directes> ne paraNt oéir uau seul principe de nirvana.
94
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II. Actin* out direct et actin* out indirect (196$
:ette dernière notion> me semle-t-il> pourrait tre utilement mise
en rapport avec celle de désor!anisation pro!ressive> déGnie avec
on8eur tout récemment par P. art;> et dont lélaoration> sur le
plan t8éoriue> découle de létude du )onctionnement de lappareil
ps;c8iue c8eX certains suets dont le destin est marué souvent par
lévolution> ru;ante ou cac8ée> dune a0ection or*aniue.
95
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III. &e !!e et l'identiue (1969)
Le ne crois pas inutile de souli*ner un contraste ue c8acun
reconnaNt volontiers Q les anal;stes sentendent *énéralement sur lanotion clinique de répétition> tandis ue linterprétation du
p8énomène soulève touours la controverse> voire des a0rontements
passionnés. ,es ami*u\tés> les contradictions mmes ue lon
découvre dans 0u)del du principe de plaisir, ue %reud> au reste> ne
dissimule nullement> ne sont sans doute pas étran*ères F cette
situation. ?n sait ue seuls %erencXi> !itin*on et Ale"ander
accueillirent sans réserve les vues 8autement spéculativesdéveloppées dans ce travail. %reud> de son cOté> n8ésitait pas F
écrire ... ue la troisième étape de la t8éorie des instincts ne peut
prétendre F la mme certitude ue les deu" premières1 @. 'ans
3n&ibition, s%mptme et an!oisse, il maintient e"plicitement la
valeur> dans le c8amp cliniue> de lancienne dualité instinctuelle.
!nGn> autour des années 2> uand se Gt our une énorme déception
uant F la portée t8érapeutiue de lanal;se = )ait ue nous sous-estimons peut-tre => il )ut interpellé directement par il8elm
<eic8 J F celui-ci ui lui demandait> très ému> si son intention était
ien dintroduire linstinct de mort en tant ue t8éorie cliniue> il
répondit ue cétait seulement une 8;pot8èse @> et il lui conseilla
donc de ne pas se tracasser F ce suet> et de continuer son travail
cliniue2.
96
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III. ,e mme et l#identiue (1969
'ans ces uelues remarues préliminaires> e me trouve sans
doute aller déF F contre-courant des positions actuelles
1. . %reud> 5ssais de 9s%c&anal%se, Pa;ot> p. $5.
2. . <eic8> 3m ?onction de l8or!asme, ,Arc8e> 1952> p. 16-1$.
les plus 8aituelles sur la compulsion de répétition. !ntreprise
délicate car> si ose dire> linstinct de mort se porte ien. oute)ois>
e le souli*ne nettement> mon propos nest en aucune )açon de
reconnaNtre> ou de récuser la notion dinstinct de mort> ce ui est
souvent acte de )oi> mais de men déarrasser avant de commencer
le"amen du )ait cliniue. !n e0et> la liaison convenue> et peut-tredevenue conventionnelle entre compulsion de répétition et instinct
de mort> surtout uand elle est opérée prématurément> est
responsale F mon avis de ien des di0icultés avec lesuelles on se
trouve si souvent con)ronté. Pour corri*er ce uon pourrait entendre
ici> et pour mieu" préciser la perspective ue adopte> e dirai ue e
ne reette pas le"istence de mani)estations> de comportements
situés en mar*e du principe de plaisir. Sien au contraire> e penseuil est des p8énomènes o il ne saurait tre uestion> mme dans
le cadre dun compromis> de laccomplissement dun désir re)oulé. A
mon sens il ; a lieu en vérité de distin*uer dune part des répétitions
très classiuement ré*ies par le principe de plaisir> telles celles de
s;mptOmes névrotiues o le re)oulé resur*it> et dautre part des
répétitions dun ordre certes di0érent> mais uil n; a pas lieu de
rapporter dentrée de eu F une caractéristiue )ondamentale de
linstinct> ou F lactivité dun instinct de mort> et cela uand mme
elles auraient une incidence lét8ale.
,a t8èse ue e veu" e"poser se )onde sur une constatation
cliniue ue e décrirais volontiers comme une opposition entre le
m*me et @identique. ?pposition artiGcielle seulement en apparence>
car le dictionnaire déF ména*e une distinction entre lun des sens de
mme @> lui con)érant la valeur dune identité appro"imative de
9$
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 98/229
III. ,e mme et l#identiue (1969
lordre de la similitude ou de la ressemlance> tandis ue
identiue @ a trait F des oets par)aitement semlales et
constituerait mme> dit le <oert> une sorte de superlati) du
semlale. ?n ne saurait ainsi con)ondre cette situation> o lon
reprend constamment le mme te"te> le mme récit> pour le récrire>
avec celle o lon se limiterait> tels Souvard et Pécuc8et> F le
recopier indéGniment. 'ans le premier cas> la répétition impliue
touours un c8an*ement> si inGme soit-il. ,e retour éternel du
mme @> ue %reud évoue> nest nullement la répétition indéGnie de
lidentiue. 'ans la situation anal;tiue> le c8an*ement ue recèle la
nouvelle version de ce ui a été antérieurement énoncé> )Kt-il limité F
le"trme> traduit touours le"istence dun travail important>
linterpellation du désir inlassale. ais e reviendrai plus loin sur la
pro)onde modiGcation économiue ui sopère avec lacte de
répétition. Len rappelle ici seulement un aspect Q la moilisation du
contre-investissement> lalliance objective conclue entre le re)us
préconscient et lattraction e"ercée sur la représentation en cause
par les protot;pes inconscients. A cet é*ard> avancerai ue cette
attraction ne doit pas tre conçue tout uniment comme e"pression de
la compulsion de répétitionR. ,a représentation ne re*a*ne pas
linconscient pour s; a**lutiner avec lesdits protot;pes J elle reoint
daord un lieu o léner*ie circule plus lirement> pour retrouver un
nouvel élan. ?n est alors en droit de parler dune récupération
éner*étiue. Par ailleurs ce mouvement rétro*rade est le temps
nécessaire F une redistriution des représentations ui utilise
condensation et déplacement et impliue la présence de plusieurs
termes. 'evant cette dé)ormation des G*ures destinées F )aire retour
pour e"primer le eu du désir> on est en droit de parler dune
véritale dramatisation> entièrement ré*ie par le principe de plaisir.
'ans notre praxis, au moins> il serait ien 8asardeu" de concevoir
prématurément les c8oses dune autre manière. !t cela> mme dans
les cas o tout loservale ressortit apparemment F ces résistances
ui )ont parler de réaction t8érapeutiue né*ative et ue lon met au
9&
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III. ,e mme et l#identiue (1969
compte non plus du urmoi> mais de la compulsion de répétition.
aurice Souvet> tout comme lover> nous lont ien rappelé.
,es illustrations cliniues sont re*rettées uand elles )ont dé)aut>
critiuées et interprétées di0éremment lorsuelles G*urent. Le me
risuerai F en avancer une. ,e cas est celui dune eune )emme> en
anal;se depuis lon*temps> ui développe une résistance opiniTtre>
vraiment de ce t;pe uon rapporte volontiers F la compulsion de
répétition> et dont e me propose de décrire lun des aspects.
:onstamment> ou plutOt répétitivement> la patiente se met F compter
intérieurement Q 1> 2> +> etc. Par)ois elle men avise> pas touours> loin
de lF sans doute> et ce comportement de se reproduire indéGniment.
Pour tre Gdèle F ce ui sest passé> maruer le rOle du contre-
trans)ert dans ces situations> et la c8ance> le 8asard ui préside F sa
)orme et F son intensité> e conGerai uune séuence dun poème
dArmen ,uin sest mise F me tourner dans la tte> tout aussi
répétitivement. Il ; est uestion dun tre )auleu" ui compte. Il
compte> il compte> il recommence @ = écrit le poète ui poursuit
tous les c8a*rins sappellent asence> les c8a*rins porteurs de
lances @. ,a répétition ne me semlait nullement pénile J un our>
après ue cette scène se )ut ien souvent représentée> la patiente me
dit Q Lai compté usuF 8uit> dordinaire> e compte usuF di". @
el était ici le c8an*ement dont ai parlé. Le lui répondis aussitOt Q
Il en manue deu"> ui sont-ils M @ = ,e père et le Gls @> répliue-
t-elle. :ette )ois> il en manuait un> le aint-!sprit> au sens
populaire> ce ue e lui Gs immédiatement savoir. ?r> cette eune
)emme> pour la seconde )ois au cours de son anal;se> attendait un
en)ant. rossesse F lauelle il nétait amais )ait clairement allusion.
'ès lors> comme on le conçoit> le mouvement de la séance se
précipite avec la sin*ulière accélération propre F ces situations. ,e
)antasme sous-acent se précise Q elle est enceinte par lopération du
aint-!sprit> cest-F-dire> prosa\uement> sans contact p8;siue.
:est donc ien de lanal;ste uelle tiendrait son en)ant et ientOt
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III. ,e mme et l#identiue (1969
émer*e la G*ure du père asent> mort prématurément pendant
len)ance de la patiente ( les c8a*rins porteurs de lances @. Le nai
pas la possiilité de suivre ici les ric8es développements ultérieurs
de cette séuence> mais e puis dire ue ce )ut un tournant décisi) de
lanal;se. 3eKt-il pas été re*rettale ue le 8asard )Kt venu
seconder le sentiment ien compré8ensile ue cest avec une
mani)estation de compulsion de répétition uon avait a0aire M Ainsi>
e ne crois pas ue lon puisse touours suivre %reud uand il déclare
ue la tendance des névrotiues F la répétition dans le trans)ert est
indépendante du principe de plaisir++. Le crois ue nous assistons lF
non pas F une réédition pure et indéGnie> mais en vérité F une
nouvelle élaoration du mme> susceptile en outre da*ré*er F elle
un pan de la réalité. 'e cela e pense uon peut trouver dans 0u)
del du principe de plaisir, précisément> une autre illustration.
%reud> pour introduire cette tendance qui s'a6irme sans tenir
compte du principe de plaisir, en se mettant au)dessus de lui, cite la
<érusalem délivrée ". ais lorsue le 8éros ancrède coupe en deu"
un arre o sétait ré)u*iée lTme de sa ien-aimée :lorinde> il ne
répète pas F proprement parler le précédent. Il )ait F la )ois la mme
c8ose et uelue c8ose de tout autre ue le meurtre uil avait
perpétré en la tuant> sans la reconnaNtre> sous larmure dun
c8evalier ennemi. :8an*ement des masues> mutation des
sustances> ce ue le poète a voulu plus ou moins déliérément
représenter> cest une série de trans)ormations allant dune G*ure>
celle du )ait rut> F une autre G*ure> celle de sa représentation
s;moliue.
!n manière de conclusion F ce premier c8apitre> e rappelle donc
ue> dans lordre cliniue> le domaine de ce ui serait situé en mar*e
du principe de plaisir doit tre> au départ> réduit autant ue )aire se
peut> ou mieu" encore décalé. :ela peut tre conçu de di0érentes
manières. Le pense en particulier F une parole de aurice Souvet Q
1
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III. ,e mme et l#identiue (1969
Zue )erions-nous> disait-il F peu près> si nous> anal;stes> ne
cro;ions pas F la notion de pro*rès> donc de c8an*ement M @
Il demeure toute)ois> e lai dit tout F l8eure> uil e"iste ien un
domaine F part> un ordre de la répétition situé au-delF ou plutOt en
deçF du principe de plaisir. Le me propose de laorder
indépendamment de toute ré)érence initiale F linstinct de mort et du
seul point de vue de lopposition du m*me et de l'identique. Pour ce
)aire il me )aut rappeler rièvement les positions ue ai eu
loccasion de"poser lors du colloue sur 0nal%se terminée, anal%se
interminable, et lors des :on*rès des Ps;c8anal;stes de lan*ues
romanes de 1965 et de 196$ sur Hactin! outT.
Lai distin*ué alors deu" principales orientations de la
personnalité en me )ondant sur le"istence ou non dune solide
élaoration de la caté!orie du passé. Par le terme de passé e
nentends pas la somme des événements vécus> mais leur ré)écriture
intérieure = comme dans le roman )amilial = F partir dun premier
récit. Lutilise le terme de récit en raison de P8omolo*ie de )orme> de
structure> entre cette 8istoire inté-
1. . %reud> ibid., p. 2$.
2. Eev. franç. 9s%c&anal., CCCII> 196&> n^ 2 et n^ 5-6. :). upra,
p. $5.
rieure et une élaoration romanesue. ,e premier récit> premier
vrai passé de lindividu> est élaoré au moment de lhdipe. :est-F-
dire uand toutes les étapes antérieures sont ressaisies> reprises
dans le cadre dun désir dès lors constamment médiatisé et de laprolématiue de la castration. out se passant donc comme si les
événements réels> une )ois traversés> cédaient en importance au
récit intérieur ui en est )ait et re)ait. A partir de lF> et tout au lon*
de la plus *rande partie de son e"istence> le suet continue
délaorer au our le our son passé> cest-F-dire le précédent de
vérité pour les temps F venir. !t il le )ait en se )ondant sur la
description uil donne> F travers le st;le de ses activités> de sa
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III. ,e mme et l#identiue (1969
situation dans le monde en tant utre de désir. el serait le destin
natureg des or*anisations dites normales ou névrotiues Q celles ui
dans la situation anal;tiue nouent et développent une véritale
névrose de trans)ert dont lévolution suit une traectoire pour aoutir
F un terme. Ailleurs> lorsue cette caté*orie du passé na pas pu
sélaorer correctement> et uune sorte de c8ronolo*ie a pris le pas
sur un 8ier romanesue> on voit> dans les cas e"trmes> ces
personnalités en arc&ipel ue ai précédemment décrites R. :est lF
ue lon assiste soit F ces irruptions rutales de con*lomérats a0ect-
représentation> soit F la prédominance dun ré*ime de pensée
opératoire> soit encore F une imrication des deu". :es situations
sont de toute manière 8ors détat dentrer dans ce récit> ce roman
ue constitue la névrose de trans)ert. Il nest plus uestion de
trans)ert> mais de reports> lanal;se peut devenir interminale>
émaillée dactin* directs> mécaniues> rédupli-cati)s> car touours
identiues et donnant le sentiment dune répétition de la répétition.
Le pense tre maintenant en mesure de mieu" déGnir la t8èse ue
e dé)ends ici. Le la résumerai sc8ématiuement ainsi Q
11 convient de distin*uer nettement deu" t;pes de p8énomènes
parmi ceu" ue lon rapporte classiuement F la compulsion de
répétition. ,es uns ressortissent F une reproduction du m*me et sont
le )ait des structures c8eX lesuelles la caté*orie du passé sest
élaorée su0isamment. ,es autres> ui ressortissent F une
reproduction de l'identique, sont le )ait de structures c8eX lesuelles
cette élaoration est dé)aillante.
Lai tantOt asseX nettement distin*ué le mme et lidentiue pour
passer rapidement sur les caractéristiues )ormelles de ces deu"
t;pes de répétition. Le nen dirai donc uun mot avant daorder leur
e"amen métaps;c8olo*iue. Il est certain ue le retour répétiti) de
ce ui a été antérieurement énoncé nous en*a*e naturellement F
né*li*er> voire F i*norer les c8an*ements uil recèle. ais> pour
Gnir> on ne peut con)ondre cette répétition du mme ui> dans sa
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III. ,e mme et l#identiue (1969
variante cac8ée> en*a*e en )ait une remémoration> lauelle
se"prime dans des circonstances variées> dans un st;le par)ois
nuancé> avec la répétition de lidentiue. 'ans cette dernière la
valeur de remémoration est nulle J on peut ; reconnaNtre une étran*e
identité du ton de la voi"> des inHe"ions J on ; découvre des
stéréot;pes verau"> des tics de lan*a*e> voire lutilisation dun st;le
direct strictement reproducti) et donnant le sentiment dune
disposition permanente c8eX le suet F permuter topiuement sa
place avec celle de loet. Au-delF des premières apparences> cette
)orme de répétition di0ère )oncièrement de celle F lauelle /erlaine
)ait allusion dans un poème. :ar lF il est uestion dun rve>
précisément dun rve répétiti)> o )ait constamment retour une
)emme inconnue uil aime et dont il est aimé> mais ui nest c8aue
)ois ni tout F )ait la mme> ni tout F )ait une autre.
oit maintenant> au risue de nen présenter uun sc8éma>
le"amen métaps;c8olo*iue. Le commencerai par la répétition du
m*me. ,es )orces ui ; sont F lEuvre apparaissent uelue peu
nuancées dans leur intensité et surtout variales dans leur direction.
:elles ui émanent de linconscient rencontrent> si ose dire> comme
dans un dialo*ue> celles ui appartiennent au contre-investissement.
:et intereu ui a0ecte lallure dune 8istoire développée est en
outre entièrement situé dans la sp8ère ps;c8iue. Au sein de ce
d;namisme comple"e> le c8an*ement oservale relève> plutOt ue
dune simple addition> de lélaoration dun nouveau récit F partir de
deu" récits> tous trois pourtant presue semlales. ,e"i*ence
économiue> assurément ien présente> ne paraNt pas
spectaculairement impérieuse et> surtout> la présence de contre-
investissements con)ère F la répétition un r;t8me plus comple"e>
plus évoluti)> comme au service daord dune temporisation.
,aména*ement de la tendance F la déc8ar*e oue un rOle clé dans la
construction des répétitions uon pourrait voir daord sous lan*le
dune redistriution très discrète et très pro*ressive des
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III. ,e mme et l#identiue (1969
investissements. Zuant F la succession des répétitions du mme>
avec les déc8ar*es ui leur sont in8érentes> elle dessine une
traectoire. Par lF e veu" si*niGer ue nous navons pas a0aire avec
une série simple de mouvements daller et retour par)aits. Il se
produit en e0et un décala*e très pro*ressi) F c8aue répétition>
celles-ci constituent les alons de la traectoire dont e parle. 'une
répétition F lautre la conG*uration économiue est insensilement
modiGée> mais modiGée tout de mme. ,in*rate conceptualisation
métaps;c8olo*iue nest uune autre lecture de ce ui est
cliniuement oservale. Ainsi> si e me reporte au )ra*ment cliniue
dont ai )ait état tout F l8eure> on constate ue les redistriutions
d;namiues et économiues peuvent tre décelées dans le discours
et le comportement de la patiente. !lle comptait> en )aisait état
immédiatement ou F retardement. 7ne )ormule telle ue e nai
rien F dire @ pouvait précéder de uelues secondes ou uelues
minutes J un *este de la main pouvait accompa*ner ou remplacer
laction de compter> et cétait pour si*niGer un e8 ien voilF @ ou
e nen veu" pas @. ,e ton de la voi"> de prime aord par)aitement
é*al et semlale dune répétition F lautre> était en )ait marué de
nuances très variées allant du déG F la rési*nation J variées> mais si
discrètes ue cest seulement après coup uelles devenaient
sensiles> par e"emple lorsuune variation plus importante venait F
se produire> presue une di0érence. Il en était ainsi uand la
patiente déclara Q Lai compté usuF 8uit> dordinaire e compte
usuF di". @ ituation ui> nous lavons vu> e"primait une véritale
élaoration romanesue> le récit dun désir dont les G*ures
successives ui sappelaient et se recouvraient restaient cac8ées>
re) un véritale travail dont son auteur> toute volition étant e"clue
c8eX lui> était cependant le c8amp. :est pouruoi e n8ésiterai pas
ici> pour évouer le moteur de ce travail> F reprendre le"pression
compulsion de s%mbolisation ue propose roddec[ en déGnissant
une )orce ui appartient ien en propre au suet> mais dont celui-ci
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ne dispose pas> )orce ui est linconscient> e dirais dans linconscient
R.
oit maintenant la répétition de @identique. ,e contraste est
)rappant. !t pour commencer on note un e0ritement des distinctions
topiues. !n e0et> la répétition> ici> sinsère dans le cadre dun
trans)ert @ ien di0érent de celui de la névrose de trans)ert ui est
le domaine de la répétition du mme. ,a répétition de lidentiue
peut aussi ien appartenir F un `a dénudé ui ne peut se con)ondre
avec linconscient ps;c8iue> uF une sorte de réalité sensile au
sein de lauelle> toute)ois> la )rontière séparant lintérieur de
le"térieur reste incertaine. Il peut en découler> par e"emple> des
répétitions ue oserais dire imitatives> o telle caractéristiue des
activités perçues c8eX loet est en*loée pour tre ensuite
Gdèlement reproduite. :est F le0acement de la topiue> ue ai en
vue ici> ue me semle sappliuer au mieu" cette notation de %reud>
dans 0nal%se terminée> anal%se interminable o il parle de
résistances ui ne peuvent plus tre localisées> mais semlent
dépendre de relations )ondamentales dans lappareil ps;c8iue. ,es
)orces F lEuvre dans cette répétition de lidentiue se sin*ularisent
par leur orientation> persévérante> dans une mme direction. ?n ne
retrouve pas ce eu ue ai décrit F propos de la répétition du mme
avec la reprise momentanée dune lire circulation des éner*ies dans
les s;stèmes supérieurs> suivie ientOt dune liaison avec des
représentations inconscientes sur un mode ui constitue un récit.
'ans la répétition de lidentiue> le plus près de la sensorio-motricité
paraNt touours visé. ,e précédent se"prime tel uel> sans )ard> sans
détour. !t sil )allait tout de mme )aire ré)érence F un p8énomène
de la nature du contre-investissement> il )audrait situer celui-ci pour
ainsi dire en de8ors du suet> ou dans son or*anisme p8;siue> leuel
a touours pour une part une situation ami*uq pour le moins
de"tra-territorialité. !lle sappliue ien ici aussi> le"pression de
ic8el %ain o il est dit ue la pauvreté délaoration est
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compa*non de misère de lautomatisme de répétition @. Activités de
représentation> de s;molisation appauvries> condensation> dépla-
cernent et dramatisation rudimentaires> on conçoit ue les éner*ies>
en outre très impar)aitement liées> donnent le sentiment uelles
pourraient dé)erler. ,a valeur de tendance F la déc8ar*e de la
répétition est accentuée. ,a répétition en cause est pour ainsi dire
celle dune e"périence de déc8ar*e> o léconomiue domine
asolument J cest une sorte de remise F Xéro> souvent traduite par
un épuisement. ,e principe ui ré*it cette )orme de répétition> cest
une évidence> est le principe dinertie ou si lon veut de nirvana. A ce
propos e dois dire ue e ne suis pas linterprétation ui )ait du
principe de nirvana léuivalent ps;c8anal;tiue du principe de
constance. i lon veut étalir des éuivalences ou des Gliations>
adopterais dune part celle réunissant principe de constance et
principe de plaisir> et dautre part celle réunissant principe dinertie
et principe de nirvana. 'ans cette perspective> la distinction est F
nouveau claire entre cette répétition de lidentiue et la répétition du
mme> o le eu dans léuilire des investissements> les déc8ar*es
limitées et di0érentielles traduisent le0et du principe de constance>
cest-F-dire de plaisir. Ici il convient> e crois> dintroduire uelues
remarues concernant lusa*e du terme de viscosité de la libido.
Passons sur la di0iculté F admettre une ualité sustantielle. Il
demeure en tout cas ue si> dune part> on peut considérer ue la
répétition de lidentiue témoi*ne de ce ui serait léuivalent de
G"ations> maintenues en raison dune viscosité particulière de la
liido> on voit ien dautre part ue dans lacte de répétition cette
liido> en dé)erlant> )ait montre dune sin*ulière Huidité. Par ailleurs
il me paraNt délicat> du point de vue de la lo*iue> de rattac8er dune
part la compulsion de répétition F une ualité déGnie (la viscosité
dune éner*ie (la liido> et dautre part de lier cette mme
compulsion de répétition F linstinct de mort> sans doute alors F une
autre éner*ie. ,aporie nest sans doute pas aussi arupte ue ai
lair de le dire. Len conviens. ais cela mincite F maventurer
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uelue peu F mon tour et F avancer ue> dans la répétition de
lidentiue> on constaterait plutOt> parallèlement au c8an*ement du
ré*ime éner*étiue décrit> une sorte de mutation de la valeur
ualitative de léner*ie (nous serions en uelue sorte dans une
situation comparale F celle posée par la con)rontation des
déGnitions topiue et )onctionnelle de linconscient. utation de la
valeur ualitative de léner*ie Q e )ais lF allusion F une altération
plus ou moins importante> par)ois e"trme> des caractéristiues
liidinales de léner*ie et non pas F la mise en Euvre dune autre
éner*ie. :est ainsi ue la tendance F la déc8ar*e par les voies les
plus directes sétalit. Au reste> la uestion se pose mme de savoir
ce uil peut susister déner*ies disponiles pour maintenir ou
en*a*er un investissement de telles représentations propres F
sa*ré*er dans lélaoration dun désir. ,a critiue de la notion de
viscosité de la liido e"i*erait certes un e"amen autrement
appro)ondi. oute)ois cette notion me semle plutOt concerner les
G"ations dont on peut rendre compte F partir du seul principe de
plaisir. 'ans la compulsion de répétition> celle ui se situerait au-
delF du principe de plaisir> léner*ie> au" mai*res caractéristiues
liidinales> paraNt en e0et relativement inapte F reoindre un
comple"e de représentation> F s; tenir le temps su0isant pour ue le
processus prospecti) de dramatisation puisse se0ectuer. ,éner*ie>
lF> ne )ait ue saccumuler et se déc8ar*er. ?n parlerait plutOt
de"cessive Huidité. ,e modèle de ,orenX> cité par Wollande et oulé
"> )ournit une asseX onne illustration de ce ré*ime o le lan*a*e de
léconomiue paraNt seul valale lorsue le retour de la c8ar*e au
point Xéro est devenu le mécanisme dominant. Ici on a ien F )aire
avec une e"i*ence impérieuse du t;pe du esoin> la répétition dune
e"périence de déc8ar*e J un esoin touours identiue dans son
indi0érenciation au esoin antérieur et court-circuitant la mémoire.
Il nest pas possile de traiter de la compulsion de répétition sans
aorder le prolème de la mémoire ui est touours lourdement
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en*a*é. Le me limiterai cependant F uelues remarues> dautant
uil )audrait déF procéder F un e"amen appro)ondi du te"te de
%reud Q Eemémorer, répéter, élaborer, ui na pas sa place ici. Le
dirai donc seulement ue sil est lé*itime dopposer répétition F
remémoration> il est au moins aussi important de sinterro*er sur la
valeur de remémoration ue prend ou ne prend pas la répétition>
sa*irait-il dun comportement ou dun actin*. !n dautres termes> on
est en droit de parler de remémoration uand le répété reprend une
1. :laude Wollande> ic8el oulé> Pour introduire un colloue
sur la compul-slon de répétition @> Eev. fran!. 9s%c&anal., CCCI/> n^
+.
séuence du passé élaoré sous )orme de récit. :est le cas par
e"emple> e cite %reud> de ces événements de la première en)ance
survenus sans tre compris> et ui )urent compris et interprétés par
la suiteVD. Laouterai Q et ui )urent loet de dramatisations
successives dont les souvenirs écrans constituent autant de alons.
Ailleurs> uand cette ré)érence or*aniue au passé t&é=tral )ait
dé)aut> on ne peut e0ectivement pas parler de remémoration. :est
le cas de la répétition de lidentiue pour lauelle %reud> F mon avis>
nous a donné une sorte de modèle. :est dans un te"te de 1921>
E*ve et télépat&ie, o il écrit Q 7n rve sans condensation>
distorsion> dramatisation> et surtout sans réalisation dun désir> ne
mérite sKrement pas ce nom... Il est d 'autres productions mentales
au cours du sommeil au"uelles on doit re)user le droit dtre
appelées rves. 'es e"périences diurnes actuelles sont par)ois
simplement répétées en rve... le rve purement télépat8iue répond
F une perception de uelue c8ose de"térieur> vis-F-vis de uoi le
ps;c8isme demeure passi) et récepti) +5. @
!t comme e viens de citer une )ois encore %reud> e vais
reconnaNtre et assumer une nouvelle répétition en me ré)érant de
nouveau F lui pour eter un re*ard *loal sur ce ue ai décrit
usuici. ?n aura peut-tre remarué ue lopposition ue ai
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e"posée entre le mme et lidentiue reoint F ien des é*ards une
opposition ue %reud a déGnie et sur lauelle il nest> lui> amais
revenu> F savoir Q ps;c8onévroses et névroses actuelles. ?r> les
névroses actuelles sont> de leur cOté> étroitement liées F la névrose
traumatiue> lauelle constitue précisément lun des points
dancra*e cliniue de la dernière )ormulation de %reud sur la
compulsion de répétition. me carence des activités de
représentation dans les deu" cas> mme prévalence du )acteur
uantitati)> représenté soit par de puissants stimuli e"térieurs> soit
par une e"citation somatiue. Ainsi traumatisme et )acteurs actuels
séuivau-draient> avec de surcroNt dans un cas comme dans lautre
un mme dan*er de rupture du Eei;sc&ut; (pare-e"citations. ,a
compulsion de répétition> au sens plein du terme> serait donc
lapana*e dun t;pe de personnalité e"posé F développer des
névroses actuelles M %ormulation sans doute trop tranc8ée> F lauelle
on pourrait en outre opposer un ar*ument cliniue. A savoir uil est
daut8entiues structures névrotiues c8eX lesuelles on constate
par)ois de véritales répétitions de lidentiue> ou plutOt une
tendance Euvrant dans ce sens. ais F cela il est aisé de donner une
réponse> et cest %reud une )ois de plus ui en )ournit la matière
uand> par e"emple> dans @3ntroduction la ps%c&anal%se, il pose
le"istence dun no;au de névrose actuelle au centre de la
ps;c8onévrose O :est toute)ois . <eic8> F ui e me ré)ère
maintenant> ui devait développer le plus lar*ement cette t8èse 2.
Pour lui la stase liidinale> constante encore ue variale> constitue
un véritale )acteur actuel. !lle interviendrait doulement. 'aord
en induisant les G"ations parentales F partir desuelles sélaore la
prolématiue incestueuse ui donnera F la ps;c8onévrose son
contenu. !nsuite en alimentant directement> par une autre voie> le
no;au de névrose actuelle ui )ournit F la ps;c8onévrose lessentiel
de son éner*ie (sc8éma 1> de <eic8. Il me paraNt ue le lien> si ose
dire> ui réunit la névrose F son no;au actuel est susceptile dans
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III. ,e mme et l#identiue (1969
certaines circonstances de se dé)aire plus ou moins. !t ce no;au de
se"primer alors directement (sc8éma 2. 3a-t-on
pas relevé le plus souvent le"istence de s;mptOmes dits actuels F
cOté des s;mptOmes névrotiues classiues dans presue toutes les
névroses M :ette dissociation> p8énomène essentiellement
éner*étiue> du no;au actuel et de la névrose serait une éventualitéévolutive touours possile> pouvant survenir
1. . %reud> 3ntroduction la ps%c&anal%se> Pa;ot> p. 41&.
2. . <eic8> La ?onction de @or!asme, ,Arc8e> 1952.
F tout moment> par e"emple sous limpact de )acteurs trau-
matiues. ais ailleurs> il est des personnalités ui se sont
constituées sur la ase de cette dissociation ui constitue en uelue
sorte leur caractéristiue )ondamentale.
!n tout cas> on peut F partir de ce sc8éma rendre compte de
certains )aits cliniues. Le pense en particulier F ces anal;ses ui se
déroulent sur un mode parado"al. !lles semlent pro*resser
normalement en ce ui concerne lélaoration des comple"es de
représentations> cependant ue> par ailleurs> elles paraissent
mai*res> comme vidées de sustance. ,e travail anal;tiue touc8e la
superstructure peu investie et lon serait tenté de dire de tels
patients uils ne disposent pas dune liido très ric8e> alors ue
parallèlement> pro)ondément> une éner*ie considérale saccumule
et se déc8ar*e> souvent oscurément dans des répétitions de
lidentiue comportementales ou mme or*aniues et tout F )ait
cac8ées.
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III. ,e mme et l#identiue (1969
,a uestion se pose donc pour terminer de lori*ine de ces
orientations de personnalités ui sont dominées par la répétition de
lidentiue. Le maccorderai le droit de )ormuler très
sc8ématiuement mon 8;pot8èse> ue e me réserve de développer
en une autre occurrence. Le dirai ue dans les cas o lon peut
lé*itimement évouer lincidence décisive de la compulsion de
répétition> il n; a pas lieu den appeler de prime aord F une ualité
spéciale de la liido> la viscosité> pas plus uF lintervention dun
instinct de mort. !n )ait> nous avons a0aire avec un certain t;pe
dor*anisation> plus précisément F uelue c8ose ui sinsère dans le
cours du développement de lindividu. ?n peut concevoir ue cela se
constitue en deu" temps au moins. ,e second> nous lavons vu> cest
la0rontement de lhdipe et sa destruction> la constitution donc du
premier vrai passé de lindividu. ,e premier temps dont tous les
autres dépendent ien entendu devrait tre situé au moment de
léc8ec de la satis)action 8allucinatoire et avec linstauration de la
prévalence pro*ressive du principe de réalité. ?n sait uavec
lapparition de ce dernier principe une activité particulière sest
détac8ée> indépendante de lépreuve de la réalité et soumise au seul
principe de plaisir Q la )antasmatisation. Le postulerai donc
lintervention décisive en ce temps dun )acteur traumatiue>
proalement réel encore ue de nature variale. :e traumatisme>
par lintermédiaire dun mécanisme précis = peut-tre le reet
W@erXer)fun!xY = dissocie le rapport nécessaire entre représentation
du réel et )antasmatisation> tout en détruisant ou in8iant
sévèrement cette dernière. 'ès lors les ases d;namiues de la
constitution du passé tel ue e lai déGni sont altérées. Aucun vrai
roman )amilial par e"emple ne sera F mme de sélaorer> la voie
névrotiue> celle de la répétition du mme> est arrée> cependant
ue domine> touours davanta*e> la réduplication de lidentiue.
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I. A*ect et processus d+a*ectation (197,)
'ans son travail considérale> dont létendue et la pro)ondeur
inspirent le respect> André reen nous convie en vérité F une sortede parcours F travers tout lédiGce ps;c8anal;tiue> et e pense uil
est peu de points relati)s au t8ème de son rapport ui lui aient
éc8appés+6. Peut-tre est-il mme allé ien au-delF> si tant est uil
e"iste uelue )acette de lédiGce ui ne sarticule dune manière ou
dune autre avec la uestion de la)Nect. :ela étant> il va de soi uau
moment de parler dun tel travail> on ne laisse pas dtre conscient
du caractère aritraire de lentreprise> étant donné uen sattac8antF tel ou tel point> on en né*li*e nécessairement ien dautres> peut-
tre des plus importants. Pour ma part> ai été ainsi amené F retenir
en particulier lune des notions proposées par reen> celle de procès
ou de processus ui> tout en étant asseX *énérale> me parait avoir le
doule mérite dtre )éconde sur le plan t8éoriue et de
correspondre incontestalement F une réalité cliniue.
Indépendamment des réHe"ions directes ui lui sont consacrées>cette notion imprè*ne littéralement le travail de reen> mais elle
sa0irme peu F peu F mesure du développement en dessinant une
traectoire visile. Le nen mentionnerai ue uelues moments Q la
déGnition caté*orielle de Pa0ect (p. 15> la doule déGnition ui
traite de la0ectation éner*étiue des représentations (p. 1$$> enGn
celle de travail (p. 211. Le noterai aussi un terme clé introduit au
passa*e> celui de ps;c8isation @ (p. 1&2> ui est remarualement
112
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I/. A0ect et processus da0ectation (19$
illustré> dans un mouvement inversé> par une suite de propositions
allant> par e"emple> de Q Lai réHéc8i F ce ue ma conversation avec
mon ami Pierre ma ouvert des 8oriXons sur les raisons de mon
attac8ement pour A... @ F Q on corps est comme un poids mort...
tout est étran*e... ai un voile devant les ;eu"... @ (p. 1&9.
Le me propose donc de relever certains aspects de ce procès pour
en suivre les conséuences et> F partir de lF> de )ormuler une sorte
d8;pot8èse *énérale sur la0ect. 7ne 8;pot8èse> cela va de soi> ue
e ne puis développer réellement dans les limites dune intervention
et dont par conséuent e ne déGnirai ue les li*nes essentielles J
mais F lauelle e crois on de marrter dans la mesure o elle )ait
place F des uestions en apparence purement terminolo*iues> tout
en rendant compte positivement du alancement de la pensée de
%reud devant lidée da0ect inconscient.
Le noterai daord ue tout au lon* du rapport dAndré reen>
lidée simpose ue la0ect est lié F la notion de rec8erc8e> de
poursuite J cest pouruoi sans doute lauteur consacre uelues
pa*es F létude des nuances sémantiues. 'e )ait> la0ect est uelue
c8ose ui advient> ui trouve sa place sur une traectoire et prend sa
pleine valeur au terme de ce ue e nommerai un processus
d'a6ectation, pour dési*ner laspect d;namiue> lorientation vers un
ut ui donnent au p8énomène son caractère spéciGue. /u sous cet
an*le lusa*e du terme da)\ect en !énéral peut tre mis en uestion>
daord parce uil se présente pour le tout dont il nest uune
partie J ensuite parce uen vertu de sa valeur sustantive maruée>
il tend F arrter> F G*er uelue c8ose dessentiellement mouvant>
tout en con)ondant dans la mme idée des modes de )onctionnement
ps;c8iue tout F )ait di0érents. Lespère montrer uil ne sa*it pas lF
dune simple uerelle de mots> mais de uestions ien )ondées
puisuelles portent sur la position topiue de la0ect> lopposition
a0ect du oi-a0ect du `a> la notion da)\ect inconscient> etc. 'un
cOté reen nous dit ue lessence de la0ect est en de8ors du
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I/. A0ect et processus da0ectation (19$
lan*a*e> mais uil peut se laisser dire par lui @> de lautre il nous
rappelle aussi ue le oi a pour )onction dtre le lieu o la0ect se
mani)este> cependant ue le `a est le lieu o sont andées les )orces
ui vont lui donner naissance @. ,a0ect ne trouve donc ien sa pleine
déGnition uF la Gn du parcours suivi par les )orces dont il peut
procéder. :e parcours ou processus d'a6ectation, comme e propose
de lappeler> doit concerner tous les s;stèmes ps;c8iues> alors ue
la0ect lui-mme reste étroitement lié F la conscience> ou plus
e"actement au s;stème perception-conscience> pour tenir compte
des articulations verales> des éléments moteurs et des sensations. c
,a0ect> selon reen> est re*ard sur le corps ému> il est pris entre le
corps et la conscience. @ !n ce sens> et au re*ard de la t8éorie> car
pour la praxis la notion est par)aitement lé*itime> il n; aurait pas F
strictement parler da0ects inconscients. ,es )ameu" *ermes en
puissance @> les 06eFt)bildun!en dont parle %reud dans les Qcrits
métaps%c&olo!iques, seraient F considérer comme des stades
ori*inaires du processus da0ectation> des moments premiers au
sens naturel et mécaniue. :est peut-tre F cela ue reen )ait
allusion = espère ne pas altérer sa pensée = lorsuil mentionne
une certaine caté*orie da0ects sur*is de lintérieur du corps> par
une élévation suite dinvestissement née sans le secours de la
représentation (p. 1$$. Pour ma part> e pense ue ce temps
élémentaire dune élévation du niveau dinvestissement> au plus
pro)ond de lappareil ps;c8iue> e"iste ré*ulièrement uels ue
soient les )acteurs déclenc8ants> ; compris la con)rontation avec une
représentation :s. ais de toute manière> la0ect dans son sens
plein> cest-F-dire délimité> ine"tricalement lié F le"istence dun
oi pour léprouver (p. 166> ne trouve sa place uasseX tard sur la
traectoire du processus d'a6ectation, lauelle> plus ou moins
complète> plus ou moins comple"e> suppose la dissociation des
con*lomérats primiti)s et> F son terme> de nouvelles articulations et
dissociations. Il sa*it donc dun mouvement pro*ressi) de
di0érenciation ui peut sarrter en cours de route par suite des
114
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I/. A0ect et processus da0ectation (19$
aléas des articulations entre sensations> représentations de c8oses et
représentations de mots. Pleinement développé> presue au sens
dune maturation> la0ect ne peut tre conçu ue dans son rapport
avec la mémoire> il pourrait mme ntre dans son sens étroit ue le
souvenir dune e"périence> ou mieu" encore> le souvenir dune
élaoration tendancieuse e0ectuée dans le passé. A cet é*ard>
attac8e eaucoup dimportance F cette remarue de reen> selon
lauelle aucune notion plus ue la0ect nest plus directement liée
F la dimension 8istoriue @ (aouterai toute)ois F condition ue
celle-ci ne soit pas conçue comme pur enre*istrement de )aits.
Ailleurs> lorsue la traectoire ne saccomplit pas complètement> les
ualités propres de la0ect ne sa0irment plus avec autant de
netteté> car alors il se produit des décala*es entre sensations et
représentations> ui peuvent par)ois tre de lordre )onctionnel. ,e
patient> par e"emple> pleure sans savoir pouruoi> ou plutOt presue
sans le savoir. 'ans ce cas> reen la ien noté> la0ect est devenu
avant tout une dé)ense contre la représentation. Il arrive aussi =
cela mest surtout apparu dans le deuil = uil soit une dé)ense
contre le développement dun autre a0ect. ais uoi uil en soit> la
relation avec le s;stème perception-conscience est prépondérante> et
accentuerais mme volontiers limportance de la notion de
sensation> comme reen le )ait en particulier dans le"amen critiue
du manuscrit (p. 2+. 'ès lors e suis uelue peu arrté par les
notions da0ect du `a et da0ect du oi> ainsi ue par celle da0ect
inconscient> car mme si lon sépare comme il convient les
mani)estations o léconomiue prévaut de celles> plus comple"es> o
le travail de représentation est plus lar*ement en*a*é ( e0et de
s;molisation @> au sens de reen> il demeure ue la distinction
entre ces deu" t;pes da0ects doit dépendre essentiellement du
de*ré de stailité de linvestissement du oi et de la relativité de
son pouvoir din8iition. 'ans les deu" cas> toute)ois> on se trouve F
une mme e"trémité du processus da0ectation> un seuil a été
)ranc8i.
115
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I/. A0ect et processus da0ectation (19$
'eu" notions au"uelles reen sest attac8é peuvent éclairer ce
passa*e de laccession F la0ect enre*istrale par la conscience>
donc F la0ect proprement dit> ce sont la déc&ar!e et le ré!ime
économique. A mon avis> ces deu" notions doivent tre prises en
considération> étant propres F Oter au" distinctions topiues et
structurales ce uelles pourraient avoir de )acilement G*é (cest un
point ue ai déF eu loccasion de traiter1.
,es a0ects> écrit %reud> correspondent F des processus de
déc8ar*e. !t ailleurs Q ,es investissements pulsionnels c&erc&ant
+$ la déc8ar*e> cest> F notre avis> tout ce uil ; a dans le `a. @
:ette )ormulation est en accord avec un énoncé plus ancien> o il est
dit ue le no;au de linconscient est constitué par des
représentations ui veulent1 déc8ar*er leur investissement. Le pense
uil convient de souli*ner les veres c&erc&er et vouloir, parce
uils sous-entendent uF partir dun certain enracinement
somatiue> une certaine uantité orientée sest 8eurtée F un ostacle
et ue la déc8ar*e de cette uantité ne peut se0ectuer ue dans un
autre lieu ue celui o elle est née. ,ostacle> il serait trop lon* den
traiter réellement ici> mais il est proale uil est F mettre au
compte dun contre-investissement primaire> et le lien avec ros>
cause dun détour> serait alors F discuter. Zuant F la déc8ar*e> est-il
nécessaire de rappeler uelle est distincte de la lire circulation de
léner*ie> celle-ci ne"primant précisément ue la rec8erc8e de la
déc8ar*e M 'éplacement et condensation ne représentent ue la
ute de léner*ie> son mouvement vers une issue. antOt il peut
sa*ir dune déc8ar*e )ractionnée> cest-F-dire impliuant
parallèlement toute une série de liaisons> un re*roupement des
sensations> des représentations et des divers e0ets moteurs o
sépuise le uantum éner*étiue restant J tantOt cest une déc8ar*e
massive = le0raction dans le oi dont parle reen = ui court-
circuite tout le travail articulant les diverses représentations pour
déouc8er sur des modiGcations )onctionnelles accompa*nées dune
116
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 117/229
I/. A0ect et processus da0ectation (19$
tendance F une liération par lacte ou par laction. Action ui> du
reste> peut encore retracer une certaine 8istoire plus ou moins
ouliée. !nGn> lorsue léc8elon de lacte est lui-mme court-circuité>
le destin du processus da0ectation ne permet pas de parler da0ect>
car il peut tre asolument silencieu". ,es )orces en*a*ées na;ant
acuis aucune ualité> elles contriuent F une sorte de"citation pure
ui tend F se déc8ar*er dans lor*aniue> lieu ui est celui o le
processus sen*a*e et ui prend pour lappareil ps;c8iue la mme
valeur ue le monde e"térieur. :ette sorte daller et retour presue
sur place> ui éecte le corps mme et représente le traet le plus
court> impose )ortement lidée du principe dinertie ou de nirvana.
?n reconnaNtra ici certains aspects de ce uon est convenu
dappeler lordre ps;c8osomatiue> toute)ois aouterai ue mme
dans ce cas e"trme> il est par)ois possile de repérer uelue c8ose
déuivalent F une ualité Q cest la ra!e, avec ses relations étroites
avec la contrainte> la )rustration et la*ression.
Ainsi> contrairement F André reen = mais cela reste un point de
discussion => e ne conçois *uère> compte tenu de mes prémisses>
ue la déc8ar*e puisse saccomplir au lieu mme o la tension est
née> cest-F-dire dans le `a> F moins détendre F le"trme ses
limites> comme le voulait roddec[> ou ien encore de prolématiser
les distinctions topiues et structurales> comme ai dit tout F l8eure
ue e le cro;ais utile.
:est ici uintervient la notion de ré!ime économique ui me
parait capitale et F lauelle du reste ai consacré eaucoup
dattention dans un travail antérieur. reen ne la pas non plus
né*li*ée> et nos points de vue se reoi*nent de nouveau lorsuil
souli*ne ue le point de vue économiue ne se limite pas F laspect
uantitati)> mais uil )aut tenir compte de la trans)ormation du
statut de léner*ie> de son passa*e de la lire circulation F la liaison.
'ans cette perspective> la)\ect au sens étroit ue e lui ai donné dans
le processus da0ectation naNt au décours dun moment précis> celui
11$
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 118/229
I/. A0ect et processus da0ectation (19$
dune e"périence économiue déGnie par une reprise de la lire
circulation de léner*ie lF o elle est normalement liée = étant e"clu
le domaine des petites uantités en*a*ées en particulier dans
lépreuve de réalité> le u*ement> etc. out se passe comme si les lois
du processus primaire étaient venues tout F coup> uoiue
rièvement> ré*ir le s;stème supérieur. ,accession limitée et
momentanée dune lire circulation de léner*ie F ce niveau tout F la
)ois émeut et permet des liaisons ualitatives nouvelles. !n son tout
premier déut> la situation est sans doute comparale F celle o la
uantité dé)erle dans le oi> comme reen le décrit> mais o *rTce
au pouvoir din8iition du oi elle évolue dans un re*istre di0érent.
?n peut dire ue la mémoire est réellement en*a*ée dans
le"périence> en*a*ée et nourrie du )ait de la constitution de
nouvelles traces mnésiues (on ne se souvient ue de ce ui vous a
touc8é.
:est ici ue e retrouve un des aspects de la notion de
ps;c8isation @ introduite par reen. i la0ect naNt avant ue de
nouvelles liaisons sétalissent> au moment o la séparation
économiue @ entre les divers éléments dun comple"e de
représentations est précisément suspendue> on conçoit uil nest
plus seulement lié F un uantum> mais aussi F des modiGcations de
ré!ime éner*étiue. :onsidérées sous cet an*le> on voit une )ois de
plus comien les )rontières entre les s;stèmes ps;c8iues sont
Huides. 'ans une sorte de pulsation ui est la vie mme> les
distinctions topiues sont mises en uestion> remaniées. Il sa*it lF> F
mon avis> dun temps primordial du processus da0ectation ui
précède et annonce lémer*ence imminente de la0ect proprement
dit> celui-ci étant spéciGé F partir dun état proc8e de la
dépersonnalisation> o ce ui a trait au corps> F lémoi> F la
sensation> F léranlement> au c8an*ement se trouve enc8evtré. Il
va de soi ue cet état na pas les mmes connotations ue les accès
dramatiues de la névrose de dépersonnalisation> pour ma part e
11&
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 119/229
I/. A0ect et processus da0ectation (19$
penc8erais F le considérer comme la p8ase centrale du processus
da0ectation> leuel ici aoutit enGn F la0ect susceptile de toutes
ses nuances. Ainsi les émois vécus dans la dépersonnalisation ne
peuvent tre mis sur le mme plan ue les a0ects> puisuils nen
sont ue les temps premiers et nécessaires. :e sont des moments
)u*aces> F la limite de lindicile le plus souvent> mais ui ne sont
amais asents> si recouverts uils soient sur le moment par la0ect
lui-mme ui reette ainsi ce ui a permis sa naissance. :e temps de
la dépersonnalisation pourrait correspondre F ce ue reen nomme
l'événement dans son modèle t8éoriue. Pour lui> en e0et> il sa*it
dune rupture dans une trame> dun moment o se condensent des
e"périences diverses dans lesuelles le saisissement @ est ré*ulier
et source dinuiétante étran*eté. Le reconnais toute)ois uF mon
sens> sil e"iste un certain rapport entre ce temps de
dépersonnalisation et lévénement dont parle reen> leurs )onctions
ne sont pas superposales. Pour proposer une ima*e> e dirai uF la
position de structure transitionnelle de la névrose de
dépersonnalisation dans la noso*rap8ie des ps;c8onévroses
correspond la situation transitionnelle du p8énomène de
dépersonnalisation dans la traectoire du processus da0ectation. !t
cest lF ue se situent les modiGcations souvent rusues du ré*ime
éner*étiue. ?r> on le sait> la dépersonnalisation est relative F une
perturation de léconomie narcissiue. reen écrit F ce propos> en
rappelant la situation du suet contemplant sa propre ima*e dans le
miroir Q ,a0ect est un oet de )ascination 8;pnotiue pour le oi.
,a0ect est ce ui> dans lanal;se> maintient le oi dans une position
de dépendance par rapport au narcissisme. @ !n tout cas> la situation
décrite ici est ien de celles ui se colorent dinuiétante étran*eté Q
en se découvrant> le suet se sépare de lui-mme pour se retrouver>
et cette e"périence> ui F un moment donné peut tre sin*ulièrement
dépersonnalisante> en*a*e pleinement le corps et la sensoria-lité.
Ainsi> la saisie de lidentité passerait par le"périence dun
éranlement initial> cest-F-dire un saisissement.
119
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 120/229
I/. A0ect et processus da0ectation (19$
%aute de pouvoir ici développer entièrement mes vues> e les
résumerai en disant ue le processus da0ectation est un mouvement
ui participe F la découverte ue le suet )ait de son identité> et uil
décrit une traectoire dans lauelle un p8énomène apparenté F la
dépersonnalisation occupe une place centrale> celle dun a*ent de
transition> avant ue ne se )orment les a0ects proprement dits. :es
derniers> lorsuils ne se limitent pas F leur rOle de témoin et F leur
)onction de déc8ar*e> cest-F-dire lorsuil e"iste un oi
su0isamment investi pour disposer de son pouvoir din8iition>
permettent l resaisissement du passé> participent F la constitution
de nouvelles traces mnésiues et F lélaoration de lactuel ui
constituera le passé vivant de demain.
:est par la sou0rance ue satteint la vérité du suet @> écrit
André reen> e dirais ue cest par la0ect et le processus dont elle
est laoutissement.
!nGn> si l8allucination né*ative est la représentation de lasence
de représentation> plutOt ue de considérer avec reen le
p8énomène comme le0et le plus saisissant de la0ect> e le
rattac8erais F un temps particulier> transitoire du processus
da0ectation. ,8allucination né*ative serait alors relative F un éc8ec
du processus da0ectation> lorsuil tourne court au lieu de
saccomplir usuau out> puisuen déGnitive la vocation de la0ect
est de parvenir enGn F se dire.
12
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 121/229
. otes sur l'évolution et la nature de l'ldéal du oi
(197/)
,Idéal du oi est lun de ces t8èmes> littéralement provocants
ui> comme celui de linconscient> tendent par nature F des
polémiues inGnies. !n e0et> uand on sen*a*e dans un e0ort de
conceptualisation> on se trouve situé dans un re*istre o sa0irme
naturellement une tendance s;nt8étisante et constructive> lauelle> F
son tour> ne peut manuer da0ecter loet mme ui est en
uestion. ?r> cette tendance se développe au" antipodes du *énie
propre au travail anal;tiue. Lentends celui ui se0ectue dans lasituation anal;tiue. ,e mouvement> lF> est essentiellement
réducteur> il ramène tout F lélémentaire> sinon au *rossier et nous
avons a0aire avec une mise en pièces radicale ui> et cest 8eureu">
élimine toute perspective normative et> pouruoi pas> moralisatrice.
'eu" remarues pour situer mon propos Q
1 ,évolution de lIdéal du oi me semle tre 8aituellement
considérée comme se0ectuant de manière continue. ustitut du
narcissisme perdu> lIdéal du oi serait secondairement proeté sur
le père *énital> auuel le suet doit enGn sidentiGer. !t lIdéal du oi
déGniti) @ contiendrait ré*ulièrement> en les dépassant> tous les
Idéau" du oi pré*énitau".
121
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 122/229
/. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+
Pour ma part> e ne crois pas F une évolution ré*ulière et continue
de lIdéal du oi. 'ans sa )orme ac8evée> il est le )ait dune rupture
évolutive et dune destruction de ses aspects antérieurs.
2 'u point de vue de sa )onction> lIdéal du oi est
*énéralement envisa*é dans une perspective optimiste. Il serait
maturati) en permettant au oi dinté*rer toutes les p8ases de son
évolution et de réaliser proets et aspirations *rTce au"
identiGcations uil promeut.
Le prétendrais plutOt ue> inéluctalement conHictualisé> lIdéal
du oi est nécessairement rétro*rade.
I. = !n diverses circonstances> depuis 1965> ai été amené Fpréciser ma position uant au destin de la pré*énitalité> tout au
moins dans le domaine des névroses de trans)ert. Lavançais alors
ue tout le vécu pré*énital est> en tant ue tel> entièrement détruit
lors de lhdipe classiue> pour tre récrit en termes de castration.
,antérieur> le précédent nest pas simplement ressaisi et coi0é par
les or*anisations en activité dans le présent = ce ui reviendrait F
introduire un point de vue de t;pe ac[sonien ui concerne sansdoute lordre neurop8;siolo*iue (encore ue mis en uestion lF
aussi> mais ui me semle particulièrement discutale lorsue la
prééminence du discours> du récit> sest a0irmée. Il sa*it lF dune
rupture et dune véritale mutation ui va déGnir> de manière
nécessairement tendancieuse> le premier vrai passé de lindividu.
'ès lors> nous naurons plus amais a0aire avec autre c8ose ue des
8istoires racontées> racontées plusieurs )ois et plusieurs )ois
dé)ormées. ,e caractère daut8enticité des premiers temps
dépendait de leur aspect élémentaire lorsue> sans masue ou
presue> la satis)action aussi ien ue loet susceptile de la
procurer étaient na\vement et directement visés. oute tric8erie
dans ces conditions était e"clue> mais le risue était immense = on
le retrouve dans certaines structures => cétait la déc8ar*e totale de
le"citation et donc le"tinction. ,a survie nest possile ue *rTce F
122
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 123/229
/. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+
un c8an*ement de re*istre> une )alsiGcation ui compliue tout en
médiatisant esoins et e"i*ences. Sre)> lévolution de lindividu ne va
pas vers une aut8enticité de plus en plus *rande> mais au contraire
vers la tric8erie et le menson*e> dont il convient parado"alement de
)aire lélo*e.
,a personnalité> disons plutOt lappareil ps;c8iue> sédiGe donc
sur des décomres. !t il en va nécessairement de mme pour lIdéal
du oi Q lIdéal du oi primiti)> dont e veu" ien croire uil est
situé dans la traectoire du narcissisme> doit = tout comme le vécu
pré*énital = tre démoli lorsue lhdipe classiue sa0irme. Il nest
désormais plus uestion uil puisse tre retrouvé dans sa vérité ou
son éventuelle nature première. ,ui aussi devient menson*er J le
premier temps> narcissiue> correspondait F un moment de vérité car
il n; avait pas alors dalternative Q limplication narcissiue (celle-lF
tout au moins renvo;ait F un ce ui est @> indiscutale et lét8al. ,e
second temps modiGe radicalement ce statut de lIdéal du oi> car le
)acteur narcissiue a été 8appé par la prolématiue Edipienne.
'evenu mouvant> lIdéal du oi doit sécrire désormais au )ur et F
mesure du développement> en liaison avec les aléas nouveau" des
mouvements pulsionnels. Il est F son tour devenu tendancieu">
linstrument tendancieu" au service de plusieurs maNtres = en tout
cas pas une instance. ,a discontinuité est donc un aspect
caractéristiue de lévolution de lIdéal du oi> dont les aspects
successi)s> après la première )alsiGcation> la première complication>
ne peuvent avoir rOle de soutien ue dans la mesure o ils sont de
plus en plus 8eureusement menson*ers> ce ui leur con)ère> sur le
plan économiue> une certaine valeur )onctionnelle.
II. = Len viens maintenant au second point ui a trait F la nature
et lévolution> donc aussi au rOle> de lIdéal du oi F partir du
deu"ième temps dont il vient dtre uestion. :ontrairement au
urmoi> ui e"i*e un ne pas faire> lIdéal du oi en*a*erait> on le
sait> F un faire. 'o lidée despoir et de proet ui lui est attac8ée.
12+
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 124/229
/. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+
'ès lors> lopposition du urmoi F lIdéal du oi paraNt évidente. ?n
ne peut parler de urmoi ue lorsue est en*a*ée la triade Q sou8ait
incestueu"> culpailité et interdit paternel assorti dune menace.
,Idéal du oi> ui porte F laction> éc8apperait-il F lasorption dans
cette prolématiue M ,es c8oses ne sont pas simples> et ce nest
assurément pas par 8asard ue %reud> après avoir paru distin*uer
en 1914 lIdéal du oi dune instance innommée> )utur urmoi> en
vient ensuite F les con)ondre. Lincline F penser ue la distinction
nest pas maintenue> sans doute en raison dune particularité de
lévolution de lIdéal du oi. Idéal du oi ui se trouve tre
inté*ralement ressaisi> comme la souli*né Lanine :8asse*uet> dans
la prolématiue Edipienne. Le dirais plutOt uil ; est dé)ait plus
uil ne s; dissout Q instance et instrument ne sauraient tre
misciles. !st-ce F dire ue la relation ori*inelle de lIdéal du oi
avec le narcissisme est maintenue telle uelle était M 3on plus. ,a
relation se0ectue maintenant avec le narcissisme de la mère.
Alors> uen est-il du rOle ou de la )onction de lIdéal du oi> de
son aspect prospecti) M ,Idéal du oi> randi devant le oi du suet>
avec la mère présente et alliée dune série de proections de cet Idéal
du oi sur des modèles de plus en plus évolués J tout cela pour
assurer le meilleur développement> laccession F une maturité> re)
une promotion> cest-F-dire destruction de lhdipe> c8oi" de
nouveau" oecti)s plus réalistes> etc.
!8 ien e n; crois *uère @. :e serait ien eau U :e serait
lidéal U A tel point uon peut se demander si la notion dun Idéal du
oi maturant @ nest pas une illusion> la création de lanal;ste
a0ecté par la marc8e ré*rédiente du travail anal;tiue. 'ans la cure>
en e0et> après le0iloc8ement des éventuelles amarres narcissiues
de lIdéal du oi> on voit sa0irmer la nouvelle nature de celui-ci ui
est dessence maternelle = la mère des temps Edipiens.
3uner* et !. Lacoson lont avancé = mais dans un autre
conte"te. 'es racines narcissiues on pourrait dire ue susiste le
124
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 125/229
/. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+
désir dtre aimé = puisue le )ait dtre aimé au*mente lestime de
soi. ais au moment o le vere paternel interdit et menace> le faire
renvoie inéluctalement F la mère Edipienne. Pour tre aimé delle
une voie privilé*iée Q accomplir pour elle un pro!ramme qu'elle n'a
pas pu réaliser. 7n pro*ramme pour laccomplissement duuel elle a
touours esoin dun représentant Q F savoir pour la réalisation de
ses ambitions p&alliques. ?n nen sort pas> et pour reprendre une
e"pression ien connue il sa*it uasiment dun roc> autre manière
de poser la prolématiue Q présence asence de pénis. ,a mère>
c8aNnon intermédiaire entre le narcissisme premier et la relation
oectale> ne lTc8e pas sa proie. 'ressée devant le suet> elle lui
impose ses amitions p8alliues. !t la réalisation de celles-ci devient
pour le suet le mo;en de"primer> de vivre son sou8ait incestueu".
Au service de deu" maNtres> l'3déal du (oi apparat donc comme la
résultante des aspirations p&alliques de la mère> inexpu!nables, et
du fantasme incestueux de l'enfant.
Ici> nous navons pas a0aire avec une version simple de
léventuelle tentative de séduction du *arçon par la mère> le *arçon
amené alors F croire uil pourrait tre un partenaire se"uel
satis)aisant avec> on le dit> pour conséuence linévitale
constatation dune incapacité morp8o-p8;sio-lo*iue. 3on> e ne le
pense pas> car on oulierait alors uil sa*it touours> pour len)ant
aussi> de réalité ps;c8iue o le )antasme est roi et tout-puissant. :e
ui écarte len)ant de la mère en tant ue partenaire se"uel> cest
(prolématiue classiue du urmoi mise F part le )ait uun autre
rOle lui a été conGé. !t nous serions con)rontés avec un simple
prolème de déplacement> donc de masue. 'ans lanal;se ce ue
lon découvre> cest une stratiGcation de versions plus ou moins
dé)ormées de cette rencontre ui a nom Idéal du oi et dont la
*randeur et la valeur )onctionnelle tiennent précisément au de*ré de
complication et de )alsiGcation dont les états premiers sont loet. i
lon est destiné F élaorer constamment de nouveau" Idéau" du oi>
125
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 126/229
/. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+
cest parce ue c8acun deu" se trouve tre constamment en passe
dtre démasué en tant uavatar du sou8ait incestueu". ,a
multiplicité renverrait donc F luniue. <ien détonnant F ce ue le
dialo*ue entre le oi et lIdéal du oi reste si secret.
,Idéal du oi re*arde donc en arrière> et lon est en droit de se
demander si lart nest pas nécessairement réactionnaire @. ,e
urmoi> au reste> ne s; trompe pas. ,a preuve en est spécialement
)ournie par les activités dites créatrices> touours intensément
conHictualisées> lorsue lon voit le urmoi punir le suet en lui
imposant des normes et une per)ection impossiles F atteindre> car
le proet incestueu" de lIdéal du oi a été démasué. 'ramatisé> le
urmoi dirait Q u veu" me tromper en c8erc8ant F reoindre la
mère par la voie détournée ue ton Idéal du oi te propose> ton
c8Ttiment sera ue cette voie = dont tu ne sais peut-tre mme pas
ce uelle dissimule = sera tellement diHlcultueuse ue tu seras
renvo;é F ton insu0isance. @
!t la situation apparaNt comme spécialement ine"tricale si lon
pense ue le père> loet didentiGcation> a déF été c8ar*é dune
mme mission U :elle> précisément> daccomplir les amitions
p8alliues de son épouse. ,identiGcation avec le père> ui introduit
dans le suet les ennemis du plaisir> lui propose parallèlement un
oecti) entièrement contradictoire avec les limitations uil veut par
ailleurs lui imposer.
Apparemment li*otée> cest en )ait la mère ui conduit le al.
Ainsi séclaire> en partie> le prolème posé par les cas o lIdéal du
oi paraNt tre dessence paternelle. Lincline F penser uil n; a lF
rien dautre ue le0et dune soumission 8omose"uelle>
particulièrement retorse> puisue F travers elle cest touours le
mme oecti) ui est visé Q réaliser le pro*ramme p8alliue de la
mère.
:onsidérer lIdéal du oi comme un instrument rétro*rade et
)alsiGcateur> élaoré F partir du pro*ramme p8alliue de la mère J
126
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 127/229
/. 3otes sur l#évolution et la nature de l#ldéal du oi (19$+
léuation Q Idéal du oi pro*ramme p8alliue de la mère avatar
du sou8ait incestueu"> serait-ce lF une vue partielle et pouruoi pas
partiale M Il serait tentant de le dire> en aoutant ue lIdéal du oi
ue ai été amené F décrire est un )au" Idéal du oi> ui serait F
opposer F un Idéal du oi vrai. Peut-tre> mais F mon sens la
distinction> ici> du vrai et du )au"> est pour le moins illusoire> car seul
le )au" e"iste> et il est F lui seul d;namiue> sinon ce serait
le"tinction. Par parent8èse e dirais uil en va de mme dans un
autre ordre didées lorsuon oppose un vrai et un )au" self. i tant
est ue la notion de self soit recevale> on ne saurait amais
rencontrer ue de )au" self, une stratiGcation de )au" self : car le
masue avec la vie du vere a dK se sustituer F ltre.
!nGn> et cest par cela ue e terminerai> on pourrait encore
moecter ue lIdéal du oi dont il a été ici uestion ne concerne
ue des structures perverses. A cet é*ard e crains de devoir
répondre F la manière du )ameu" emprunteur de c8audron.
Le crois> pour commencer> ue le modèle ue ai proposé
impliue> pour le suet> un aord de lhdipe avec un contin*ent
pulsionnel su0isant et un oecti) ui ne me paraNt pas découler
essentiellement de ses pulsions partielles> ien au contraire. i> dans
la prolématiue> les pulsions partielles devaient avoir leur part> ce
seraient celles de la mère.
!t puis> si> comme e le crois> la caractéristiue mme de la
se"ualité 8umaine est dtre perverse> il est 8eureu" ue> pour le
pervers ue c8acun se trouve tre> il ; ait une alternative F limpasse
)éconde do procède et o reconduit lIdéal du oi.
12$
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 128/229
I. #ra0ectoire de la isexualité (1972)
,e rapport de :8ristian 'avid vient 8eureusement comler une
lacune de la littérature ps;c8anal;tiue> sensile spécialement en%rance. A ma connaissance> la uestion de la ise"ualité na amais
été aordée de )açon aussi lar*e> aussi s;stématiue> et avec autant
de pro)ondeur> e ne suis sKrement pas le seul F en avoir eu le
sentiment. Il )aut rappeler aussi = ce nest pas inutile puisue le
souci de produire un e0et sur le lecteur> si possile en le déroutant>
parait tre le principal dans ien des écrits ui nous sont proposés
=> il )aut rappeler> donc> uelle satis)action on tire dun te"tecapale de transmettre réellement un savoir> une e"périence et une
réHe"ion. A cet é*ard> e souscris entièrement au" remarues
critiues de :8. 'avid> dans le dernier c8apitre de son travail> sur
linHuence dun certain irrationalisme F la mode> ui déclare la
rec8erc8e de la vérité caduue et tend mme F dévaluer le
déc8i0rement des si*niGcations.
ZF
Le suis pleinement daccord avec un premier point> posé en clair
dans le titre mme du rapport Q de mme uen parlant de se"ualité
nous entendons touours ps;c8ose"ualité> de mme cest touours
avec la bisexualité ps%c&ique ue nous avons a0aire. :ela dit> il est
certain ue cette manière de voir> F nos ;eu" toute naturelle> nous
porte )acilement F minimiser le rOle de lordre io-anatomo-
12&
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 129/229
/I. raectoire de la ise"ualité (19$5
p8;siolo*iue o tout pourtant trouve son ori*ine. Il est vrai uen
éc8an*e
nous ; *a*nons en co8érence> puisue par lF nous pouvons
prendre uelue distance relativement F une articulation
impossile @ entre deu" ordres de )aits F certains é*ards
8étéro*ènes.
:8. 'avid a )ort ien vu F uoi e"pose une pareille attitude> aussi
met-il plus dune )ois en *arde contre tout ce ui pourrait conduire F
rompre le lien de la ps;c8ose"ualité et de la ise"ualité ps;c8iue
avec la réalité se"uelle corporelle @. 'un autre cOté> il me semle
ue cette )açon de poser le prolème dénote un c8oi"> F tout le
moins le c8oi" dun accent. Ainsi dans cette p8rase o> après avoir
souli*né la nécessité du lien en uestion> lauteur a0irme ue
ps;c8ose"ualité et ise"ualité ps;c8iue déordent lar*ement la
réalité se"uelle corporelle et par)ois mme sen rendent
indépendantes. !n cela il se ré)ère F ,. reisler Y ui lui aussi en
vient F )aire prévaloir environnement socio-)amilial et vie
)antasmatiue sur tout autre )acteur> aucun élément iolo*iue>
selon lui> nétant jusqu'ici F mme de rendre compte de la
ise"ualité. ?r> ustement> cest ce jusqu'ici ui me paraNt important.
%reud pour sa part sest *ardé de tranc8er dans le déat Q il
maintient tranuillement les deu" )açons de voir
= celle ui )ait F la ré)érence iolo*iue une place dominante et
celle ui la réduit ou mme le"clut = dans une sorte de
u"taposition ui me paraNt tre une précieuse indication.
,orsue :8. 'avid nous dit> F propos de la G*uration dans le rve>
ue lanatomie a valeur de si*niGant essentiellement relié F
le"i*ence de G*urailité> o les représentations ima*ées de divers
caractères se"uels... en*a*ent léro*énité *loale du corps bien en
deç du *énital> et entrent en résonance avec lérotiue personnelle
bien au)del du se"e> il est certes tentant de le suivre dans cette
voie. ais uel ue soit le poids de lar*ument> e crains uon ne
129
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 130/229
/I. raectoire de la ise"ualité (19$5
soit amené par lF F comprendre le se"uel comme uelue c8ose de
di0us> dassimilale en uelue sorte F la vie en *énéral> ce ui
entraNnerait une certaine neutralisation de la ps;c8ose"ualité> celle-
ci étant alors e"posée F perdre son lien )ondamental avec la
jouissance. ,e passa*e de P. c8ilder cité dans le rapport montre
ien le dan*er. raitant des possiilités de trans)ert
1. ,. reisler> ,es interse"uels avec ami*u\té *énitale @> in La
9s%c&iatrie de l8enfant, CIII> n^ 1> 19$> p. 5-12$.
de ce ui se passe dans une partie du corps F une autre> c8ilder
déGnit les notions de saillie et de cavité comme les déterminants
)ondamentau" de notre attitude F lé*ard du corps et de lima*e du
corps. ?r cest inverser la conception ps;c8anal;tiue classiue> ui>
elle> voit lori*ine de ces notions de saillie et de cavité> notions
astraites et opératoires> dans la représentation )ortement investie
des or*anes *énitau". Il n; a pas un en deçF de lima*e du se"e
érotiuement investie J les idées ne viennent uaprès> de surcroNt> et
lor*ane *énital est la ré)érence pour tous les or*anes> voire pour le
corps tout entier.
ais revenons au rOle de lenvironnement )amilial et F celui du
)antasme ui> dit-on> sont capales de sumer*er les )orces
iolo*iues et le déterminant anatomique dans la di0érenciation
ps;c8ose"uelle. Il est certain ue lattitude inconsciente de la mère
intervient plus ou moins lar*ement dans cette di0érenciation. 'ans
un autre passa*e cité par :8r. 'avid> reisler concède ue ces
attitudes inconscientes sont déterminées au moins en partie par la
vue des or*anes *énitau" du nouveau-né> ce ui revient F conGrmer
limportance du )acteur anatomiue. ais ce ui pour ma part me
semle essentiel> cest ue dans limmense maorité des cas> lanato-
mie du nouveau-né et les )orces iolo*iues ui la conditionnent ont
un poids asolument décisi). ,e re*ard intensément se"ualisé @ ue
la mère porte sur le se"e anatomiue de son nouveau-né = un se"e
immédiatement reconnu par linconscient comme porteur dune
1+
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 131/229
/I. raectoire de la ise"ualité (19$5
capacité de ouissance = inHuence son attitude ien davanta*e ue
les ami*u\tés de sa )antasmatiue personnelle. 'ans le cas
contraire> cest évident> les transse"uels seraient inGniment plus
nomreu" uils ne le sont.
Le me méGe donc de tout ce ui> distendant par trop les
interrelations entre les ordres iolo*iue et ps;c8iue> risue de
)aire de la ise"ualité ps%c&ique uelue c8ose de désincarné.
3oulions pas en e0et ue lorsuelles sont accessiles> les G*ures
liées F la ise"ualité ne sont pas seulement ni avant tout des
attitudes ou des mouvements de la pensée J ce sont des ima!es> des
représentations dor*anes et de )onctions = des )antasmes ui ont
du corps. %aute de pouvoir ici mappesantir sur cet aspect du
prolème> e me orne F rapporter rièvement uelues cas
cliniues propres F léclairer> en précisant toute)ois ceci Q les G*ures
ou les )antasmes dans lesuels la ise"ualité se"prime clairement
sont touours marués par des traits détran*eté ui> dune part>
contriuent F leur donner ce ue appelle du corps, et dautre part
les apparentent F des s;mptOmes> au" moments dune évolution.
:est donc de ces G*ures sin*ulières ue e pars pour aorder la
ise"ualité normale @> de la mme )açon ue %reud sest attac8é au
s;mptOme 8;stériue> par e"emple> pour comprendre le
)onctionnement normal @ de lappareil ps;c8iue en *énéral.
7n 8omme eune était venu consulter pour des di0icultés
dérection. on t8érapeute> une )emme> rapporte uau moment o le
patient lui parle de ses essais in)ructueu"> elle a soudain le )antasme
suivant Q elle est dotée dun pénis implanté au eau milieu de son
propre adomen> entre puis et nomril. :e pénis ui lui sort
littéralement du ventre> cest en vain uelle se0orce> mentalement>
de le )aire descendre F une position plus naturelle. Srusuement elle
comprend uen ima*inant une localisation aerrante de lor*ane>
elle e"prime son désir de le posséder sans toute)ois renoncer F ce
uelle possède déF Q Lai tout> se dit-elle> cela a F voir avec la
1+1
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 132/229
/I. raectoire de la ise"ualité (19$5
*rossesse. @ !lle se rappelle alors ue la Gancée de son patient était
censée ne pas pouvoir avoir den)ant.
Autre cas. 7ne patiente me )ait part de son troule Q uoiue
médecin> elle ne sait plus si le pénis passe au-dessus ou au-dessous
de la s;mp8;se puienne. A;ant rapporté le )ait F des 8ommes> ai
constaté ue certains éprouvaient un sentiment de doute et
détran*eté> ui saccompa*nait dune impulsion = évidemment
comattue = F vériGer ce uil en était réellement U Len ai conclu
ue dans tout ce ui a trait au" p8énomènes de dépersonnalisation
et> en *énéral> au" prolèmes de lidentité> la prolématiue
ise"uelle doit tre prise en considération.
/oici maintenant un matériel oniriue remaruale> ui évoue la
coutume dont :8. 'avid a parlé> F savoir la suincision du pénis
pratiuée par certaines trius australiennes et nommée
traditionnellement va*in @. 7n 8omme eune )ait le rve suivant Q il
consulte un médecin pour un s;mptOme mal déterminé ui a0ecte
son appareil *énito-urinaire. andis ue le médecin le"amine> il
découvre sur le cOté de son pénis ou F pro"imité de lor*ane une
poc8e ui> dans le rve mme> le )ait penser F un va*in. 'un *este
preste> le médecin porte la main sur cette poc8e pour en )aire sortir
un second pénis, en sécriant Q ,a voilF> la raison de vos
sou0rances U @ Le nentrerai pas dans le réseau des associations ui
se sont développées F partir de lF> e veu" seulement montrer
comment les G*ures de la ise"ualité viennent pour ainsi dire se
mettre au service dune prolématiue névrotiue classiue> et
comment le *lissement de sens a0ecte par)ois le mot ise"uel @ lui-
mme> ui si*niGe alors deux pénis. ?n aura dailleurs remarué ue
dans tout ce matériel cliniue> il ne sa*it amais ue dun ajout, ce
ui articule nettement la prolématiue ise"uelle avec celle de la
castration.
Laimerais enGn mentionner un )ait ue la ps;c8osomatiue nous a
permis doserver. ?n connaNt ien maintenant certains traits de
1+2
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/I. raectoire de la ise"ualité (19$5
comportement = compétitivité> esoin dindépendance> intolérance F
la passivité = ui> c8eX les suets atteints de maladie ulcéreuse
duodénale> pourraient presue tre assimilés F une structure tant ils
sont précis et or*anisés. ?r c8eX la )emme> ui est de plus en plus
atteinte de cette a0ection> on a pu oserver parallèlement au
comportement viril @ rappelé plus 8aut> et dans des proportions
statistiuement si*niGcatives> les caractères morp8olo*iues dan-
dro*;nie Q disparition du cubitus val!us, présence dun appendice
";p8o\de> pilosité puienne remontant sur la li*ne lanc8e. :est lF
lun de ces )aits de"périence ui demandent certes F tre
interprétés> mais ui> me semle-t-il> ne devraient pas tre né*li*és.
7n mot encore sur le rapport entre ps;c8ose"ualité et ouissance.
?n parle souvent F propos de ise"ualité du )antasme de maternité
c8eX l8omme. Lai été )rappé plus dune )ois de la )acilité avec
lauelle ce )antasme émer*eait> tout se passant comme si> pour
)ormuler ce sou8ait ou accepter de le rapporter F tel ou tel appétit
de réalisation> l8omme navait pas une ien *rande résistance F
vaincre. !n )ait ai pu constater en diverses circonstances ue ce
)antasme de maternité> ui pour certains )erait pendant F lenvie du
pénis c8eX la )emme> recouvrait un )antasme ien di0érent Q celui de
posséder é*alement lappareil )éminin (clitoris> vulve> va*in> en tant
que dispensateur de jouissances supposées plus !randes. ,a preuve
en est ue> dans les )antasmes de l8omme> la trace dun appareil
se"uel oulié @ est uelue)ois localisée dans la ré*ion comprise
entre la ase du pénis et lanus> ré*ion ui prend alors la valeur
dune Xone éro*ène ori*inale. ,enracinement de la ise"ualité
ps;c8iue dans le corps me paraNt donc assuré par le plaisir et la
ouissance> lesuels sont encore une pièce essentielle de
larticulation entre identité et ise"ualité. i*niGcati) F cet é*ard est
le cas particulier du masoc8iste pervers> )orcé par son économie
mme F une rec8erc8e e"trme de la ouissance> et c8eX ui
lan*oisse de castration peut littéralement se volatiliser Q il est prt
1++
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/I. raectoire de la ise"ualité (19$5
en e0et F renoncer @ F son pénis en éc8an*e dune puissance
or*astiue nécessaire F une meilleure délimitation de son oi1. Louir
comme une )emme = cest peut-tre parce uil assume ce désir>
après avoir su0isamment élaoré son an*oisse de castration> il est
vrai> ue lanal;ste de se"e masculin peut tirer pleinement parti de
son contre-trans)ert et mme se vivre dans la relation anal;tiue
avec une patiente non seulement comme )emme> mais é*alement
comme )emme 8omose"uelle.
Pour une t8éorie de la ise"ualité> le masoc8isme pervers ue e
viens dévouer me paraNt spécialement di*ne dintért. ,étude ue
e lui ai consacrée est sur ce point asseX démonstrative puisue nous
; vo;ons le masoc8iste e"poser sa ise"ualité dans sa c8air mme 2.
Parmi les tatoua*es dont cet 8omme était couvert> e ne rapporte ue
ceu" ui nous concernent ici Q Le suis une salope @> Le suis une
putain @> erveX-vous de moi comme dune )emelle> vous ouireX
ien. @ 'après lui> dailleurs> son anus aurait été élar*i de telle sorte
uil ait lair dun va*in @> ce ui se passe naturellement de
commentaires. oute)ois ai dautres raisons t8éoriues dinsister
sur ce cas spécialement démonstrati).
:est lui ui ma su**éré na*uère de sustituer au terme de
masoc8isme celui de mouvement masoc&ique, entendais par lF un
processus comprenant comme autant détapes évolutives le
masoc8isme éro*ène> le masoc8isme dit )éminin et le masoc8isme
moral (cette idée de mouvement inspirait é*alement la notion de
processus d'a6ectation ue ai proposée
1. :).> infra, 7n cas de masoc8isme pervers. !suisse dune
t8éorie @.
2. 3bid.
en 19$> dans une intervention sur le rapport dA. reen> pour
déGnir un traet allant du plus pro)ond de lappareil ps;c8iue et
mme du corps> o le p8énomène prend sa source> vers ce point
évoluti) e"trme o le lan*a*e spéciGe lémoi. 7ne démarc8e
1+4
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 135/229
/I. raectoire de la ise"ualité (19$5
analo*ue me conduit ici F parler de trajectoire de la bisexualité,
notion capale> me semle-t-il> de réduire uelue peu lopposition
entre ise"ualité iolo*iue et ise"ualité ps;c8iue. elon moi> en
e0et> la ise"ualité ps;c8iue se !a!ne, elle est le terme dune
évolution au cours irré*ulier> di0icile> touours en dan*er de
sarrter. ,e masoc8iste pervers> le transse"uel> l8omose"uel
mapparaissent comme des moments de cette traectoire ui> partant
dun statut iolo*iue )ondamental> aoutit F ce ue appellerai une
ise"ualité ps;c8iue complète> cest-F-dire F un point o les
composantes masculine et )éminine sont si ien inté*rées uelles ne
peuvent plus> idéalement> tre ni reconnues ni dissociées. i ces cas
tellement ami*us (transse"uels> travestis> etc. ont lavanta*e de
déGnir certaines étapes du développement de la ise"ualité> cest
donc précisément F leur propos ue parler de ise"ualité ps;c8iue
me paraNt le moins ustiGé. Il ; aurait plutOt lieu de considérer le
prolème sous lan*le dun rapport éventuel unissant> ou opposant>
une ise"ualité ps;c8iue pleinement élaorée et la ise"ualité
inconsciente évouée par :8. 'avid> dans lauelle intervient
décisivement le mécanisme du re)oulement. Le note encore ue cette
traectoire avec ses di0érents moments peut apparaNtre c8eX un
mme individu> tout se passant comme si linté*ration des
composantes masculine et )éminine se0ectuait au r;t8me alternati)
de mouvements pro*rédients et de mouvements ré*rédients> si e
puis me permettre cette analo*ie. !n témoi*nent les )antasmes et
activités oniriues ue e mentionnais plus 8aut> ainsi ue certains
moments de lactivité se"uelle. ,élaoration de la ise"ualité>
iolo*iue dans son essence> nest amais acuise déGnitivement J
elle est alonnée par la résur*ence de G*ures intermédiaires> preuves
dun ac8oppement du mouvement dinté*ration> dans lesuelles
lopposition entre tendances masculines et tendances )éminines
revt des )ormes plus ou moins spectaculaires. A partir de lF> on
serait tenté de déGnir la ise"ualité essentielle comme une exi!ence
de travail imposée l8appareil
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/I. raectoire de la ise"ualité (19$5
ps%c&ique, ce ui )ait penser F la déGnition de la pulsion.
,a remarue dune patiente ui> en reconnaissant soudain
le"pression mani)este de ses tendances masculines et )éminines
sécrie Q Le ne suis ni un 8omme> ni une )emme> e ne suis rien du
tout U @> me conduit F aorder rièvement la uestion de lidentité.
ans appro)ondir tous les aspects du lien ui unit identité se"uelle et
identité tout court> e retiendrai surtout ue les sin*ularités
anatomiues> p8;siolo*iues> ps;c8iues ou de comportement
passent asseX )acilement pour des e"pressions de la ise"ualité. ?r
uand ces sin*ularités apparaissent dans un climat détran*eté = ce
ui est )réuent => elles traduisent souvent une précarité de
linvestissement du oi> donc une perturation du sentiment de
lidentité. :est pouruoi on incline F considérer la ise"ualité
ps;c8iue comme un )acteur de moridité et de )ra*ilité> ce ue :8.
'avid na pas tort de critiuer. A ri*oureusement parler> la
ise"ualité essentielle nest pas un )acteur de moridité> mais un )ait
asai ue lappareil ps;c8iue doit traiter> cest-F-dire élaorer> et
non pas dissoudre comme certains le voudraient.
Le viens maintenant F considérer> touours sous lan*le dune
trajectoire de la ise"ualité> les relations de la ise"ualité et du se"e
)éminin> au"uelles :8. 'avid sest lon*uement attac8é. Pour lui> il
est clair ue si %reud na pas )ourni une t8éorie ac8evée de la
ise"ualité> cest en raison de ses positions insu0isantes sur la
)éminité et de la prévalence uil attriue au p8allus dans les deu"
se"es. Le me demande au contraire si la dominante )éminine ne )ait
pas ostacle F une pleine ise"ualité ps;c8iue> aoutissement de la
traectoire o tendances masculines et tendances )éminines sont
indissociales et> dans le meilleur des cas> impossiles F identiGer.
,e plein développement de la ps;c8ose"ualité permettant
linté*ration de la )emellité @ et par conséuent une ise"ualité
ps;c8iue complète> il me semle en e0et ue cest le p8allus ui>
avec la castration> est seul en mesure de lassurer.
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7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 137/229
/I. raectoire de la ise"ualité (19$5
il est vrai ue lemr;on mTle résulte de lévolution dune
éauc8e )ondamentalement )emelle (ou neutre encore> et uainsi
une doule e"i*ence lui soit imposée presue dès le déut J sil est
vrai ue le *arçon doit conuérir son identité de *arçon> alors ue
pour la Glle le sentiment de sa )éminité va de soi> il )aut admettre
ue le *arçon doit )aire )ace F une plus *rande e"i*ence de travail.
Sien ue soumise F la nécessité dun triple c8an*ement doet> la
Glle> nous dit-on> na pas de)Nort spécial F )ournir pour accéder F la
mme identité ue sa mère J dès lors le manue F tre *arçon @>
lisile usue dans le destin de lemr;on dont elle est issue> ne
représente pas un )acteur dévolution> mais ien plutOt une cause de
G"ation. 'e lF ue c8eX elle> les caractères de la ise"ualité soient
plus mani)estes et plus )réuents uon ne le dit Q ils témoi*nent dun
arr*t de la traectoire évolutive de la ise"ualité> tout comme la
)éminité elle-mme ui> lorsuelle est revendiuée ostensilement>
nest ien souvent ue le masue dune e"i*ence p8alliue.
Le voudrais enGn marrter un instant F lidée de médiation
bisexuelle, introduite dans le dernier c8apitre du rapport> F uoi :8.
'avid accorde visilement une importance e"trme. :est en e0et
une notion essentielle> dont pour ma part e retiendrai surtout un
aspect Q lassimilation de la ise"ualité F un processus créateur.
:est un )ait doservation courante ue certains 8ommes dont le
talent artistiue est reconnu présentent des traits )éminins marués>
tandis ue les )emmes a;ant F uelue titre une aut8entiue activité
créatrice montrent par)ois des caractères virils. %aut-il en déduire
ue la présence ou la prédominance c8eX un individu des caractères
propres au se"e opposé a la valeur dun processus créateur M Lavoue
mon emarras. 'après :8. 'avid> on se plaNt dordinaire davanta*e
F souli*ner les e0ets in8iiteurs et la moridité éventuelle de la
ise"ualité ue sa capacité de médiation> son pouvoir de créer. ans
doute> mais na-t-on pas é*alement lié étroitement moridité et *énie
artistiue M ,es e"emples ne manuent pas> reste F savoir si on peut
1+$
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 138/229
/I. raectoire de la ise"ualité (19$5
sappu;er sur eu" pour avancer ue> du point de vue de la créativité>
ise"ualité et moridité ont des )onctions identiues et doivent par
conséuent tre rapproc8ées. A mon avis> mieu" vaut envisa*er le
prolème autrement.
il ; a dans la ise"ualité un élément créateur> ou plutOt des
conditions propres F )avoriser la création> cest *rTce F une tension
conHictualisée entre tendances masculines et tendances )éminines>
lesuelles imposent F lappareil ps;c8iue un travail ori*inal>
proprement créateur ou non> précisément parce uelles ne sont pas
inté*rées F un niveau su0isant. 'ans cette perspective> on pourrait
dire ue le"i*ence est dautant plus *rande ue lélément opposé au
se"e iolo*iue est plus important. ,a créativité> F uoi soit dit en
passant e nattac8e pas une valeur particulière> serait alors F
considérer comme la conséuence presue )atale dun con$it, et les
oets créés nen seraient ue les e0ets latérau". <endue possile
par les ac8oppements de la traectoire de la ise"ualité = la G"ation
du mouvement évoluti) en certains points étant mise en évidence par
des attitudes> )antasmes> )ormes dactivité se"uelle> etc.>
caractéristiues du se"e opposé => la créativité na pas de raison
dtre> tout au moins sous la )orme ue nous connaissons> lorsue
lopposition discordante des tendances masculines et )éminines sest
résolue par leur inté*ration. :e ui> 8eureusement peut-tre> ne doit
pas se produire trop souvent.
1+&
7/23/2019 art_mort
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Troisième partie
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 140/229
I. 3n cas de !asocis!e pervers Esuisse d'une
téorie (1975)
,a rec8erc8e de léc8ec> de la peine> lassouvissement dun esoin
pro)ond de c8Ttiment> cest ien avec cette trame commune F la
plupart de ses patients ue lanal;ste a essentiellement F )aire. ur
ce masoc8isme dit moral> et dans leuel la se"ualité semle de prime
aord ien peu en*a*ée> eaucoup a été écrit. Il en va de mme de
cette autre )orme de masoc8isme o le devant de la scène est occupé
par une vie )antasmatiue importante> liée directement F la
satis)action se"uelle> et o le suet sima*ine tre 8umilié> maltraité>réduit F merci.
!n revanc8e> le masoc8iste pervers> celui c8eX ui les sévices sont
el et ien a!is, ui vit dans son corps ce ui nest ue )antasme
pour certains> et ui en tire ouissance> le ps;c8anal;ste na *uère
loccasion de le rencontrer. :est pouruoi la plupart des travau"
concernent en )ait surtout le masoc8isme moral et le masoc8isme dit
)éminin> mme lorsuon reconnaNt avec %reud ue leur ase
commune est ien le masoc8isme éro*ène.
,intért t8éoriue du masoc8isme pervers est si évident uon
pourrait sattendre> lorsuil vous est donné den oserver un cas>
uon s; attac8Tt sans retard. Pourtant loservation dont il va tre
uestion ici a été relevée voici plus de di" ans> et e ne pense pas
uon puisse mettre ce lon* délai entre parent8èses> car il dit
14
7/23/2019 art_mort
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
précisément sur le cas uelue c8ose dessentiel et de si*niGcati). Au
demeurant> le matériel ne provient pas dune cure> mais de deu" très
lon*s entretiens uF lépoue e nai pas sou8aité poursuivre> ce ui
eKt été
possile> de mme ue ai di0éré lon*temps le moment de m;
intéresser. !n e0et> les pratiues perverses dont il sa*it ici sont si
e"trmes> si spectaculaires> ue lon reste daord interdit. A tel
point ue presue tout ce ui a été rapporté F cet é*ard parait terne
lorsuon le compare au" sévices endurés par mon suet. :e taleau
inspirera sans doute F eaucoup un mélan*e de )ascination et
dincrédulité 8orriGée> avec le sentiment ai*u ue tout ce uon en
dira ne sera amais uune rationalisation dé)ensive plus ou moins
réussie.
onsieur .> mon suet> était peut-tre ien lui-mme de cet
avis J en tout cas> mal*ré la *rande aménité et la simplicité avec
lauelle il se présentait> il laissait deviner une attitude naruoise et
provocante F lé*ard de linterlocuteur (le trait démonstrati) de 8.
<ei[. :es particularités relationnelles e"pliuent au moins autant
ue la monstruosité des pratiues perverses mon peu
dempressement F étudier le cas.
onsieur . était T*é de soi"ante-cin ans lorsue ai été amené
F mentretenir avec lui. Il avait été découvert par une collè*ue
radiolo*ue uil avait consultée F la suite dune 8émopt;sie restée
sans lendemain. :ette collè*ue avait pratiué le"amen p8;siue>
relevé minutieusement toutes les traces des pratiues perverses et
procédé F un premier entretien> au cours duuel elle avait invité
notre suet F venir me voir. onsieur . accepta la proposition sans
di0iculté> en e"pliuant ue cela pourrait *tre utile un our F
dautres personnes a;ant la mme perversion ue lui. Il reconnut en
outre uil espérait peut-tre trouver lF uelue occasion dtre
8umilié> et en mme temps de comprendre mieu" son étran*e statut.
a curiosité était en e0et demeurée insatis)aite car> a;ant tout lu sur
141
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
le masoc8isme> il avait été ré*ulièrement déçu. !n )ait> ien dautres
)acteurs> on le verra plus loin> ouaient é*alement dans sa décision.
!n apparence> . avait les de8ors et les 8aitudes dun monsieur
ien tranuille. Il tenait du reste asolument F ce ue son entoura*e
)amilier> i*norant tout de sa perversion> ne risuTt en aucun cas den
tre in)ormé. aintenant retraité> il avait été un ouvrier 8autement
ualiGé en radio-électricité. ?n lavait tenu en une telle estime> en
raison mme de sa compétence> uil avait pu imposer F ses
emplo;eurs toute une série de conditions de travail> en particulier
relativement au" 8oraires et F la durée des vacances. Il répu*nait
tout spécialement F lidée de"ercer une autorité> doccuper un poste
diri*eant. 'onner des ordres ou en recevoir lui semlait tre de
nature F aliéner sa lierté U ,ierté F lauelle il était très attac8é> et
ui se"primait dans les lon*ues marc8es solitaires ui occupaient
ses vacances. Il vivait dans un petit pavillon de anlieue> avec sa Glle
adoptive et le mari de celle-ci. Sre)> une e"istence sin*ulièrement
dépourvue de masoc8isme moral. ais uel contraste lorsue son
corps était e"posé U ,es notions de uantité et dintensité étant de
nature> lorsuelles attei*nent un certain niveau> F modiGer la
ualité et le sens dun p8énomène> on peut a priori penser ue les
pratiues masoc8iues ne )ont pas e"ception. Le"poserai donc ces
pratiues en détail> on pourra du reste ; trouver matière F modiGer
certaines conceptions sur la perversion en cause.
oit> pour commencer> la liste des tatoua*es relevés avec
précision et ui couvrent pratiuement le corps entier> le visa*e
e"cepté. 7n tatoua*e postérieur> Au rendeX-vous des elles
ueues @ J latéralement> avec une Hèc8e Q !ntrée des elles
pines @ J devant> en plus des pénis tatoués sur les cuisses> une liste
impressionnante Q Le suis une salope @> Le suis un enculé @> /ive
le masoc8isme @> Le ne suis ni 8omme ni )emme> mais une salope>
mais une putain> mais une c8air F plaisir @> Le suis une c8iote
vivante @> Le me )ais pisser et c8ier dans la ouc8e et avale tout
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 143/229
I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
avec plaisir @> Laime recevoir des coups sur tout le corps> )rappeX
)ort @> Le suis une salope> enculeX-moi @> Le suis une putain>
serveX-vous de moi comme dune )emelle> vous ouireX ien @> Le
suis le roi des cons> ma ouc8e et mes )esses so0rent au" elles
pines @. Zuant au" cicatrices et au" traces de sévices> elles ne sont
pas moins saisissantes. ,e sein droit a littéralement disparu> il a été
rKlé au )er rou*e> traversé par des pointes> et arrac8é. ,omilic est
trans)ormé en une sorte de cratère> du plom )ondu ; a été introduit
et maintenu> en raison des proections dues F la sueur> par une ti*e
métalliue portée au rou*e. 'es lanières avaient été découpées dans
le dos pour ; passer des croc8ets aGn ue onsieur . puisse tre
suspendu pendant uun 8omme le pénétrait. ,e petit orteil du pied
droit manue> il aurait été amputé par le suet lui-mme avec une
scie F métau"> sur ordre du partenaire. ,a sur)ace de section de los
étant irré*ulière> elle aurait été é*alisée avec une rTpe. 'es ai*uilles
ont été introduites un peu partout> dans le t8ora" mme. ,e rectum a
été élar*i> aGn uil ait lair dun va*in @. 'es p8oto*rap8ies ont
été prises au cours de cette intervention. :e ui est F noter> cest
uaucun de ces sévices na été suivi de la moindre suppuration>
mme lorsuil sa*issait dintroduction de corps étran*ers> ai*uilles>
clous> morceau" de verre> etc. 'e mme> pendant des années
lin*estion uotidienne durine et de"créments a été par)aitement
supportée. . avait montré F linterniste> F la demande de cette
dernière> divers instruments de torture Q planc8ettes munies de
centaines de pointes> roulette portant des ai*uilles de p8ono*rap8e
et montée sur un manc8e> ui servait F le attre. !nGn> c8ose
remaruale> lappareil *énital navait pas éc8appé au" pratiues.
'e nomreuses ai*uilles de p8ono*rap8e étaient Gc8ées F
lintérieur mme des testicules> comme en témoi*naient les
radio*rap8ies. ,e pénis était entièrement leu> peut-tre F la suite
dune inection dencre de :8ine dans un vaisseau. ,e"trémité du
*land avait été )endue avec une lame de rasoir> aGn den a*randir
14+
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 144/229
I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
loriGce. 7n anneau en acier> de plusieurs centimètres de diamètre>
avait été placé F demeure F le"trémité de la ver*e> après uon eut
)ait du prépuce une sorte de coussin rempli de para0ine. 7ne ai*uille
aimantée était Gc8ée dans le corps du pénis> cétait si ose dire un
trait d8umour noir> car le pénis> démontrant ainsi sa puissance> avait
le pouvoir de dévier lai*uille de la oussole. 7n second anneau>
amovile celui-lF> enserrait lori*ine des ourses et la ase du pénis.
out ce ui vient dtre rapporté était donc par)aitement
vériGale. ,es traces des sévices décrits attestaient sans ami*u\té
la véracité des dires du suet. !t pourtant = est-ce F mettre au
compte dune attitude dé)ensive de ma part M = ai par)ois douté>
sans pouvoir )onder ce doute sur uoi ue ce soit> de le"actitude de
certains )aits incontrOlales. ais pouruoi aurait-il menti sur tel
point> lorsue tant dautres étaient avérés M Le li*norais> cependant
e conservais de va*ues doutes notamment sur ce uil rapportait de
sa )emme et sur un passa!e l'acte a*ressi).
. épouse F lT*e de vin*t-cin ans une cousine> plus précisément
la Glle du Gls du )rère de sa mère. !lle est T*ée alors de uinXe ans
environ> une dispense aurait été nécessaire. :ette cousine nest
nullement destinée F ouer le rOle ien connu de la )emme autoritaire
et cruelle> elle est en e0et masoc8iste comme .> et cest
précisément en découvrant leur perversion commune uils se
rapproc8eront lun de lautre. :ertes> ils auront loccasion de
sinHi*er mutuellement uelues sévices> par a0ection lun pour
lautre @ en uelue sorte. ais lF nest pas lessentiel> car tortures>
sévices et 8umiliations sont imposés le plus souvent par un ou deu"
tiers> touours des 8ommes> ui ouent le rOle de sadiues. ,a place
de la victime est tenue aussi ien par . ue par sa )emme. :elle-ci
endure des tortures telles> est dominée par le"i*ence perverse F un
tel de*ré> ue son éner*ie tout entière s; perd. !lle meurt F lT*e de
vin*t-trois ans> de tuerculose pulmonaire. A titre de"emple de ses
pratiues> e dirai seulement uelle se )aisait posséder par le
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7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 145/229
I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
sadiue lorsuelle était suspendue par les seins> traversés par des
croc8ets de ouc8er. !lle avait été F plusieurs reprises cruciGée au
sol> car en position verticale il ; aurait eu risue dasp8;"ie @. .
e"a*érait-il sur ce point M Il me laissait é*alement perple"e uant F
sa capacité de couvrir F la marc8e> pendant ses vacances> des
distances sélevant F des centaines de [ilomètres. 7ne autre
circonstance évouée par lui pouvait déconcerter Q il aurait été une
)ois victime dune a*ression nocturne> F lauelle il aurait réa*i en
saisissant son a*resseur F la *or*e de telle sorte uil laurait laissé
pour mort. . pensait mme lavoir tué> car on aurait découvert le
lendemain le cadavre dun 8omme porteur dune )racture du lar;n".
i ai douté de la vérité de ces deu" derniers points> cest surtout
parce uils me sont apparus comme essentiellement liés F un
moment précis de lentretien. 'e toute évidence> ils avaient dans la
relation ue . avait liée avec moi une )onction ien déterminée>
dans la mesure o ils tra8issaient sa conviction pro)onde de disposer
dune puissance sans é*ale.
'e sa vie conu*ale> rève puisuelle na duré ue 8uit ans> il
convient de souli*ner uelues aspects. :est tout daord une
relation a0ective ric8e. . semle avoir été pro)ondément attac8é F
sa )emme> uil décrit comme douce et aimante Q Wuit années de
maria*e> dira-t-il> 8uit années de on8eur sans nua*es. @ !nsuite>
cest le"istence> pendant les trois premières années de maria*e>
dune activité se"uelle normale @> source de plaisir> mais poursuivie
parallèlement au" pratiues masoc8istes> lesuelles par conséuent
auraient pu ne pas tre F tout moment une nécessité. ,e
renoncement déGniti) au co\t a été considéré par . comme )aisant
partie inté*rante des e"i*ences masoc8iues. urvenu uelues
années après la naissance de leur Glle> ce renoncement déGniti) a été
ordonné par un sadiue> la )emme de . a;ant donné son accord> et
sanctionné par la pose de lanneau dont il a été uestion. Pour .> sa
)emme semlait ouer un doule rOle Q dune part> lorsuelle
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7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 146/229
I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
suissait les sévices inHi*és par le ou les sadiues = ils étaient
par)ois deu" => elle o0rait F son mari> ui se masturait dans le
mme temps> la possiilité de sidentiGer avec ce uelle endurait J
dautre part> elle lui donnait une occasion supplémentaire de vivre
une 8umiliation. Ainsi lorsue> étou0ant entre sommier et matelas> il
assistait au" rapports se"uels ue sa )emme avait au-dessus de lui
avec le partenaire> leuel venait de le *iHer> de lui )aire aiser ses
mains et ses pieds> et de lui ordonner dasorer ses e"créments.
,a mort de sa )emme> F lauelle les sévices suis nont sKrement
pas été étran*ers> a pro)ondément a0ecté . Il somre dans un état
dépressi)> et contracte F son tour une tuerculose pulmonaire dont il
*uérit complètement après deu" ans de sanatorium.
,es pratiues masoc8iues> ui avaient tout F )ait cessé pendant
cette période> reprennent alors> surtout avec des 8ommes de
rencontre> car les relations avec les anciens partenaires avaient
rapidement pris Gn. 7n remaria*e avec une prostituée> ui avait été
c8oisie dans lespoir de trouver une partenaire avertie> se termine
ientOt par un divorce. ,es activités illé*ales de cette seconde
)emme> activités dentremetteuse en particulier> le"posaient F des
poursuites udiciaires> ce dont il ne voulait F aucun pri". Il laisse
entendre> dautre part> uil avait été c8oué par le manue de
moralité de sa nouvelle compa*ne. 'e ce maria*e il ne conserve ue
la petite onne ui les servait> et dont il )ait sa Glle adoptive. . a
alors uarante-si" ou uarante-sept ans. :est le moment o ses
pratiues perverses sarrtent tout F )ait. a vie désormais se
déroule entièrement dans le milieu )amilial uil sest créé> auuel il
est )ort attac8é> et ui ne sait rien de son sin*ulier passé. Avec sa
vraie Glle> il na pratiuement plus de relations autres
uépistolaires. Il me dira delle uil ne croit pas uelle soit
masoc8iste> sau) uelle a eu di" en)ants @.
Avant daorder le"amen des uestions ui découlent dun tel
cas> il me paraNt nécessaire denvisa*er en particulier trois
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7/23/2019 art_mort
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
éléments Q 1 le masoc8isme de . du point de vue de son évolution J
2 sa relation avec la douleur p8;siue J + ses rapports avec autrui.
%ils uniue de *ens asseX T*és> . décrit ses parents comme
pleins de prévenance F son é*ard Q une mère très tendre> un père un
peu plus ri*ide. . aurait été très attac8é F eu"> et se serait surtout
pro*ressivement rapproc8é de son père> leuel était très attenti) F sa
scolarité> sans sévérité e"cessive. out cela peut paraNtre ien anal.
oute)ois> . se souvient davoir vu> vers lT*e de uatre ans> une
petite Glle> une voisine> dont il a mme *ardé le nom en mémoire> et
ui man*eait ses e"créments. A ce propos> il dit Q Létais dé*oKté>
mais après ; ai repensé. @ 'e mme> F un autre moment de
lentretien> F propos dune lecture sur les )a[irs> il me dit Q :ela
ma semlé daord terrile> puis ; ai repensé. @ ,a précocité de
lapparition du masoc8isme éro*ène> souvent évouée par les
auteurs> e"iste ien c8eX .> puisue les pratiues ont commencé
uand il avait di" ans. :est au collè*e uil a pris conscience de sa
rec8erc8e des punitions corporelles> de son attirance pour lurine.
Après un temps )ort re)> o une certaine répu*nance semle lavoir
arrté> les pratiues masoc8iues sen*a*ent et sampliGent.
odomisé par un surveillant> il devient loet de sévices multiples de
la part de ses camarades> sévices dont le caractère se"uel était
évident. oute)ois> ses camarades reculaient souvent> nosaient pas
passer entièrement F lacte> par e"emple> pour lui traverser le ras
avec des ai*uilles> ils se contentaient de lui en donner lordre. 'ans
les eu" se"uels> il adoptait e"clusivement une position )éminine Q
Létais carrément la Glle puliue> et ça me satis)aisait. @ :est avec
le maria*e ue son masoc8isme prend un plein développement. . et
sa )emme> tout en a;ant> comme e lai dit> une activité se"uelle
normale> sen*a*ent parallèlement dans un masoc8isme parta*é Q
`a ma plu de sou0rir par elle> et elle par moi. @ !nsuite> la pensée
dun tiers sest imposée. 7n> puis deu" amants ré*uliers vont
parta*er pendant trois ans leur e"istence. i lon considère
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7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 148/229
I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
lévolution du cas> le poids du )acteur constitutionnel paraNt
incontestale puisue . a épousé sa cousine> lauelle avait
commencé des pratiues masoc8iues dès lT*e de onXe ans> F une
époue o elle ne le connaissait pas encore (elle sintroduisait déF
des ai*uilles sous les on*les. Par surcroNt> .> T*é de vin*t et un
ans> découvre F la mort de son père> en parcourant sa
correspondance> ue ce dernier était sans doute é*alement
masoc8iste. ?utre cet élément constitutionnel important> il )aut
é*alement noter le"tinction du masoc8isme de . entre sa
uarante-cinuième et sa cinuantième année. Au déut de cette
période> il a encore uelues rares aventures 8omose"uelles> puis
toute pratiue perverse disparaNt. oute)ois> c8ose remaruale>
dasseX )réuentes pollutions nocturnes se produisent encore> F la
suite de rves érotiues dont le contenu est devenu par)aitement
8étérose"uel> et de plus en plus rarement masoc8iue. . me dit ue
dans ses rves il se trouve avec une )emme voluptueuse avec
lauelle les rapports se"uels se rapproc8ent de lamour normal @. Il
aoute Q ,intért sest éteint> avais évolué> si en u*e par les
rves> cest redevenu normal. @ (!n e0et ses anciens rves avaient
un caractère strictement masoc8iue. ,e masoc8isme de . a donc
décrit une véritale traectoire depuis le moment ui en a précédé
lapparition cliniue = cette constitution F lauelle . attac8e lui-
mme une *rande importance = usuF celui o la perversion
séteint. Pendant un lon* temps> et cela dès la prépuerté> la
perversion semle avoir été presue luniue occupant de la scène.
ais si lon considère uensuite . avait été capale davoir
parallèlement une activité se"uelle normale> ue ses rves
retrouvent tardivement> on peut dire ue la perversion> toute liée
uelle était au destin du suet> a été comme aoutée F sa se"ualité
normale @ pour répondre> du moins on peut le supposer> F une
e"i*ence économiue. :est en considérant de telles évolutions ue
e serais amené F pré)érer au terme de masoc8isme celui de
mouvement maso)c&ique, ui impliue lidée dun développement
14&
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
dans le sens du masoc8isme moral (dont le masoc8isme pervers de
. serait un ratéY. :e rata!e du développement e"pliue F mon sens
le caractère massi) et radical de la perversion dont ai tracé le
taleau. :est parce ue . est resté arrté F une p8ase primitive du
mouvement ue> c8eX lui> les lois communément énoncées sur le
masoc8isme pervers ne se vériGent pas. Par e"emple> les or*anes
*énitau" de . ne sont nullement préservés. 'e mme dans son cas
il nest pas vrai ue les tortures masoc8iues réelles soient moins
*raves ue les cruautés ima*inées. !nGn on ne trouve pas non plus
dans sa vie la )emme cruelle et autoritaire dont le masoc8iste )ait
classiuement sa partenaire> mais au contraire> un autre lui-mme>
masoc8iste comme lui> et vivant ses pratiues sur le mme mode
radical uimpose ici larrt précoce du mouvement.
Zuant au prolème de la douleur p8;siue envisa*ée sous lan*le
de sa m;stérieuse capacité de mener F le"tase érotiue et F
lor*asme> . nous ensei*ne ue cest ien la sou0rance> et non pas>
comme lont soutenu certains auteurs> en particulier 8. <ei[>
lan*oisse et la terreur> ui sassocie daord au plaisir> puis F la
ouissance or*astiue. ,e lien élémentaire entre lintensité de la
douleur et lintensité de la ouissance est sous-acent F tous les
propos de . et par)ois mentionné e"plicitement Q j 'ans
lensemle> dit-il> cest la douleur ui déclenc8ait léaculation. @ 'e
lF lattitude caractéristiue du masoc8iste> ui e"i*e sans cesse de
son partenaire un surcroNt de tortures. . parle volontiers de
surenc8ère. A ce moment il ne craint plus rien et cest le sadiue ui
recule devant le caractère e"trme de la demande Q Au dernier
moment> le sadiue se dé*onHe touours. @ Il semle au demeurant
ue la douleur assume une doule )onction Q dune part elle
catal;serait le"citation se"uelle> dautre part elle lampliGerait et la
porterait F son acmé tout en perdant elle-mme sa spéciGcité. !n ce
sens aucune limite ne lui est imposée. oute la sur)ace de mon
corps était e"citale par lintermédiaire de la douleur. @ :e ui
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
indiue une mutation radicale de la sensiilité. :ependant la douleur
en elle-mme ne constitue pas le plaisir terminal. !lle nen est ue le
mo;en. . sait )ort ien )aire la distinction Q A lendroit mme> au
déut> ai mal> puis vient lérection. ?n continue> on va plus loin> le
plaisir se dérouille... ,éaculation survenait au moment o la
douleur était la plus )orte... Après léaculation e sou0rais tout
tement. @ :est ien cet aspect de la douleur comme mo;en ue
%reud a en vue dans Le 9roblème économique du masoc&isme
lorsuil pose ue la douleur et le déplaisir ne sont pas des uts>
pas plus ue des avertissements> mais des mo;ens datteindre un ut
ui est touours le plaisir +& @. 'ans une pareille transmutation ; a-t-
il encore douleur F proprement parler M ?n pourrait en discuter> car
la douleur> en loccurrence> nest ue lun des nomreu" processus
internes ui> daprès %reud> contriuent F le"citation se"uelle dès
ue leur intensité a dépassé un certain seuil uantitati) @. !lle nest
privilé*iée ue dans la mesure o elle est eaucoup plus )acilement
ue dautres processus F la disposition de lindividu. ,a preuve ue
la douleur appartient ien au domaine des mo;ens @ et de la
uantité> cest ue . e"i*e sans cesse des stimuli plus )orts ui> vu
leur 8aut niveau> sont sans comparaison avec les eu" préliminaires.
ais . ne demande pas seulement des tortures de plus en plus
douloureuses. Il veut les prolon*er> les suspendre> les )aire
recommencer> les varier> en uoi il se montre sans le savoir un on
adepte de %reud ui dit par e"emple dans (alaise dans la
civilisation : oute persistance dune situation ua )ait désirer le
principe de plaisir nen*endre uun ien-tre asseX tiède J nous
sommes ainsi )aits ue seul le contraste est capale de nous
dispenser une ouissance intense> alors ue létat lui-mme ne nous
en procure ue très peu. @ . était passé maNtre dans lart de
provouer le contraste> cest-F-dire des au*mentations et des
diminutions de la uantité de stimuli dans un intervalle de temps
donné. Avec ces notions de uantité et de temps> on possède les
données caractéristiues ui éclairent en partie la sin*ulière
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
complicité de la douleur p8;siue et de la ouissance. 'e la
rec8erc8e inGnie de la douleur> telle ue . nous en o0re le"emple>
on peut déduire lo*iuement un esoin é*alement inGni de
ouissance. :est pour otenir une ouissance aussi ai*uq ue
possile ue . or*anise les sévices cruels ui doivent lui tre
inHi*és.
Il éprouve sans aucun doute la oie de satis)aire un instinct resté
sauva*e> non domestiué par le oi @ ui> selon %reud> est
incomparalement plus intense ue celle dassouvir un instinct
dompté @ W(alaise dans la civilisationY. ais on aurait tort de croire
ue cette oie> il est lire de la vouloir ou de la re)user.
Parado"alement elle lui est imposée. Il est pour ainsi dire condamné
F ouir> et cest ce ui rend sa G*ure si malaisément déc8i0rale.
ou0rir les pires tourments pour ouir en vertu dune contrainte
asolue> telle est la )atalité ue . a dK suir la plus *rande partie
de sa vie.
out comme les rapports de . avec la douleur p8;siue> ses
relations avec autrui tranc8ent par certains cOtés sur le taleau
*énéralement admis. :omme on sait> la plupart des auteurs mettent
en relie) la rec8erc8e de l8umiliation. urtout> me semle-t-il>
lorsuils ont tendance F relé*uer F larrière-plan la douleur
p8;siue prise en elle-mme Q les sévices ne seraient ue rarement
impressionnants> ils respecteraient les or*anes *énitau"> la
sou0rance ne saurait dépasser un certain seuil> etc. ?n a vu uil
nen était rien et ue la douleur p8;siue était précisément loet
dune surenc8ère. :ependant il va de soi ue si douleur p8;siue et
8umiliation appartiennent F deu" re*istres di0érents> le )ait ue la
torture est oli*atoirement inHi*ée par un tiers ou e"écutée sur son
ordre crée entre les deu" p8énomènes un lien des plus étroits.
:omment . vivait-il cette corrélation M 'après lui> ce uil désirait
cétait avant tout un aaissement de la personnalité @. Pour
réaliser ce véritale suicide moral @> tout lui était on> dès lors ue
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7/23/2019 art_mort
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
. et sa )emme étaient vraiment deu" esclaves des deu" amants @.
out> cest-F-dire> outre les tortures> la *iHe anale ou lordre de se
livrer F la coprop8a*ie> ui semlait tre F mme de prolon*er le
plaisir ps;c8iue @ après léaculation. ,8omose"ualité ui ici saute
au" ;eu" est de laveu de . destinée pour une lar*e part F servir le
esoin d8umiliation. Pour lui> la pratiue 8omose"uelle a le sens
dune inure> témoin ces p8rases uil se )aisait commander
dinscrire dans sa c8air mme aGn de rendre sa déc8éance
mani)este Q Le donnais limpression dtre inverti> mais e ne létais
pas par plaisir> mais par 8umiliation. Le nen éprouvais pas de
satis)action p8;siue> ça se passait sur le plan moral. @ . se
dépei*nait lui-mme comme animé dun puissant esoin dtre
8umilié> esoin dont l8omose"ualité naurait été uun instrument>
et de voir sa volonté complètement anni8ilée. ans cesse revenaient
dans ses propos des e"pressions comme Q astraction de la volonté>
anni8ilation totale de la volonté> la volonté ne"istait plus> aolition
de la volonté> etc. :e ui ne pouvait manuer de masuer uelue
c8ose mal*ré le st;le *énéral du discours ui> dans lensemle>
restait mesuré> sans trace de t8éTtralité importante. Il ; avait tout de
mme un rien de"cessi) dans cette a0irmation de renoncement F la
volonté> au proGt de celui ui commandait @. 'u coup> . nétait
plus seulement loet passi) des sévices e"ercés par un autre> il
nétait plus seulement celui ui se laissait )aire> il passait F laction>
certes discrètement et sans en avoir lair> *rTce précisément au
renoncement ostentatoire ui> tout radical uil )Kt> lui rendait en )ait
linitiative. :ertains verraient lF un acte de soumission F lé*ard dun
personna*e c8ar*é par le suet de son propre sadisme. ?u encore>
le"pression du désir )antasmatiue dtre manipulé se"uellement et
attu par le père. 'e )ait> . a0ic8ait sa déc8éance en en multipliant
les preuves aGn uon ne soit pas tenté de la mettre en doute ou d;
voir autre c8ose. ?n a relevé depuis lon*temps ue la servilité>
l8umilité du masoc8iste tra8issent des a)\ects e"actement opposés.
8eodor <ei[ notamment ; )ait allusion> encore ue dans un conte"te
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
di0érent> pour souli*ner ue les scènes masoc8istes sont des
inversions didées sadiues> la réanimation> la reproduction de ce
ue les en)ants ont ima*iné tre lactivité se"uelle des adultes. .
conGrmait cette )açon de voir> car derrière sa )açade daménité et
son désir avoué de se trouver dans une situation 8umiliante en )ace
de moi> e devinais le mépris pro)ond ue e lui inspirais F un e ne
sais uoi de naruois dans son attitude> peut-tre ce ui a incité
8eodor <ei[ F parler de mouerie. ,e masoc8iste> dit 8eodor
<ei[> est *uidé par lor*ueil et le déG de Promét8ée> mme uand il
veut se présenter comme an;mède+9. @ :était aussi lavis de
il8elm <eic8. ,orsue . savilissait dans une sorte de )écalisation
de lui-mme> e"primée e"plicitement> tout en sidentiGant avec une
G*ure )éminine déc8ue> cétait ien un écran de )umée uil créait.
'e mme en ce ui concernait lanni8ilation de sa volonté> ui elle
aussi nétait uun simple masue. Aolir en soi toute volonté> cest
renoncer F la possession du p8allus anal et narcissiue. 'onc
renoncer F toute espèce de pouvoir. !t cest cela ue . aurait
voulu M Il nen était rien> son renoncement F lemlème p8alliue
nétait en )ait ue la couverture dune a0irmation de toute-puissance.
?u plus e"actement il ne renonçait F rien J daord la relation
érotiue était voulue par lui> ensuite> dès uelle avait cessé> il
reprenait toute sa lierté F lé*ard de ceu" ui censément le tenaient
en esclava*e> et ne se laissait plus rien imposer. A cette a0irmation
de toute-puissance si ien camouHée correspondait un immense
or*ueil> ui transparaissait lorsue . évouait les terriles tortures
uil avait endurées. Il était presue luniue Q il navait entendu
parler ue dune personne plus )orte ue lui> et ui vivait dans une
ca*e 8érissée de pointes. :est seulement> disait-il> la crainte de
complications médico-lé*ales> et aussi la comple"ité des prolèmes
d8émostase> ui lauraient )ait reculer devant des mutilations
encore plus importantes> lamputation de la ver*e par e"emple.
:était encore lor*ueil et le mépris de son partenaire ui lui
)aisaient dire> comme en passant> ue le sadiue se dé*onHe
15+
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 154/229
I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
touours au dernier moment @. Il va sans dire ue si la0irmation
or*ueilleuse était tellement démesurée> par-delF lécran de
l8umiliation> cest uelle était réactionnelle et dissimulait uelue
c8ose> une lessure essentielle peut-tre consécutive F léc8ec de la
satis)action 8allucinatoire> lauelle> comme on sait> tend F réduire la
place et la valeur de loet primitivement 8a\. ,or*ueil trouvant son
)ondement tout F la )ois dans un accomplissement anal et dans
la0irmation p8alliue> les sou6rances endurées représentaient en
fait un p&allus puissant, *rTce F uoi le suet pouvait c8erc8er F
panser la lessure narcissiue primordiale ui avait atteint son tre.
3ous avons vu ue la relation de . avec autrui est )aite
pro)ondément dor*ueil> de mépris> de déG> dun sentiment de
supériorité. ais autrui> pour lui> ui est-ce M :e nest pas un
personna*e univoue J certes on lidentiGe )acilement avec le
sadiue> et cette omre tend F recouvrir tous les oets> ; compris
linterlocuteur occasionnel> comme avais pu men rendre compte au
cours de mes entretiens. :et interlocuteur-lF se trouve tre
doulement dévalorisé> daord en tant ue sadiue potentiel>
ensuite en tant ue partenaire incapale de ouer le eu. ,a relation
tendre ue . avait entretenue avec sa )emme semle ne pas entrer
dans le s;stème. ais ce nest vrai uen partie> car dès ue les
c8oses passent sur le plan érotiue> les deu" prota*onistes sont
susceptiles déc8an*er leur rOle> de sorte ue c8acun peut devenir
spectateur et> *rTce F une doule identiGcation> participer F la )ois
de la victime et du ourreau. Implicitement> cest ien ce F uoi <ei[
)aisait allusion en décrivant le"istence dun temps intermédiaire
dans le développement du masoc8isme. Pour lui> le suet> 8ors détat
de )aire porter ses attaues sadiues contre loet> prend la place de
celui-ci> en attend la colère et diri*e contre lui-mme la violence uil
voulait lui inHi*er. ,e tiers ne deviendrait ue secondairement
nécessaire pour ouer le rOle da*resseur et prendre la place du
suet Q ,e sadiue devra traiter le oi de la )açon dont le oi avait
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
voulu traiter une autre personne> et entre-temps sest traité lui-
mme. @ 'ans cette perspective> il ; aurait donc eu trans)ormation
du sadisme ori*inel en autosadisme> puis remplacement de cet
autosadisme par le masoc8isme> *rTce F lintroduction dun tiers. 'e
mon point de vue> e dirais ue> directement ou par procuration>
autrui est avant tout le partenaire sadiue> cest-F-dire un
personna*e voué au mépris> ui perd sa pleine valeur doet pour se
réduire F une )onction instrumentale> positivement )écalisée.
,étudiant sadiue ui parta*ea la vie de . et de sa )emme était
censément tout-puissant> dictait des ordres impérati)s> alors ue plus
)ondamentalement il était considéré comme ne valant rien. .
a0irmait uil ne"istait pas lui-mme comme suet> uil ne )aisait
ue donner corps au" )antasmes du sadiue. Pour un peu> il naurait
pas eu de"istence propre. !n cela il trompait son interlocuteur> car il
e"primait el et ien un désir> celui ue lautre )asse en sorte ue lui>
.> nait pas de"istence. . était prt F se soumettre F toutes les
investi*ations> la notion de réticence lui était par)aitement étran*ère
et mme littéralement inconcevale> car se montrer réticent> ceKt
été )aire acte de volonté> donc sannuler. 'e la sorte> le partenaire ou
linterlocuteur se trouvait parado"alement dépossédé du pouvoir de
parler et de désirer. Ainsi le masoc8iste> sous le couvert dune
a0irmation t8éTtrale de sa nullité> asservit en )ait le sadiue en lui
)aisant endosser de )orce le rOle ue lui> le masoc8iste> paraNt tenir.
,a toute-puissance ue . con)érait F son partenaire était
véritalement une mouerie. !t e ne crois pas ue le masoc8iste
pervers soit tout F )ait inconscient de son attitude pro)onde. !n tout
cas il ne peut pas sempc8er de la laisser deviner. ,assuettissement
auuel le masoc8iste condamne le sadiue est en partie si ien voilé
uon pourrait penser uil est le Gn mot de toute l8istoire J en )ait il
doit en recouvrir un autre auuel le masoc8iste> lui> est condamné.
Au point de la discussion o nous sommes parvenus> il convient de
considérer de près trois uestions ui sont soulevées dans la plupart
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
des travau" sur le masoc8isme pervers> e veu" dire celles de
lan*oisse> de la castration et de la )an-tasmatisation. 'ans le taleau
mani)este uo0re communément le masoc8iste pervers lan*oisse
na pas de place. ,es auteurs en a0irment néanmoins la présence> en
postulant uelle au*mente dans la mme proportion ue le"citation
se"uelle> de sorte ue lapproc8e de lor*asme est vécue comme un
dan*er. :e serait lF le ressort essentiel du )acteur dattente> auuel
<ei[ par e"emple attac8e eaucoup dimportance. 'ans cette
perspective> le mécanisme masoc8iue aurait pour )onction déviter
le développement de lan*oisse> de lier celle-ci sur place. ,e
masoc8iste serait censé sou0rir dune intolérance particulière F
lé*ard de lan*oisse> dont il ne supporterait pas laccroissement.
runer*er de son cOté note ue le masoc8iste )uit le plaisir pour se
mettre F lari de lan*oisse. ,a ouissance> dit-il> devient possile
*rTce F la douleur ui m;stiGerait le urmoi. :ela est vrai> mais
uniuement dans le cas du masoc8isme moral et usuF un certain
point dans celui du masoc&isme féminin. :8eX notre suet>
laccroissement de le"citation se"uelle commandait ien une
e"i*ence supplémentaire de sou0rance p8;siue> lauelle F son tour
au*mentait le"citation. ?n ne peut pas dire ue . se"posait F la
sou0rance pour éviter lan*oisse. :elle-ci était demlée rejetée>
court-circuitée J et> en ses lieu et place> ré*nait la douleur> non pas
comme plaisir> mais comme a*ent direct du plaisir. A mon sens il ; a
lF une distinction non uniuement )ormelle> ui impliue
nécessairement une di0érence radicale de niveau> sensile en
particulier dans une carence de la capacité de s;molisation> ui
ne"iste pas c8eX le masoc8iste moral. /oir dans le masoc8isme
moral> comme le )ait runer*er1> une dé)ense opposée F loecti)
pulsionnel> cest-F-dire F la castration du père sur le mode sadiue
anal F la )aveur dune identiGcation avec la mauvaise mère> cest tout
F )ait pertinent pour un suet ric8e en capacités de représentation>
de trans)ormation> de s;molisation> capale donc dun travail
ps;c8iue très élaoré. ais il est di0icile de conserver le mme
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
sc8éma dans le cas du pervers> car lF> le oi étant déF par)aitement
averti ue la sou0rance conduit directement au plaisir> il est peu
proale ue la sou0rance p8;siue réussisse F m;stiGer le urmoi.
Au demeurant> on ne peut parler du urmoi sur le mme mode dans
les deu" )ormes de masoc8isme> le pervers étant F mme
daména*er un secteur de sa vie o lIdéal du oi conserve son
pouvoir. ,e"istence de ce secteur ne semle pourtant pas> comme on
pourrait s; attendre> permettre le développement dun masoc8isme
moral. .> on la vu> ne montrait aucun trait de masoc8isme dans la
conduite de sa vie> il réussissait par)aitement F atteindre ses
oecti)s> imposait par e"emple ses e"i*ences F ses emplo;eurs en se
prévalant de ualités pro)essionnelles reconnues. :8eX lui tout se
passe donc comme si les traits latents du masoc8isme moral avaient
été 8appés pour servir le seul plaisir se"uel> ce ui ne laisse *uère de
place F la notion de esoin inconscient de punition. !n revanc8e .
présentait une carence du urmoi dans le secteur réservé du
masoc8isme pervers. ais alors si> dans ce cas> le masoc8isme ne
représente pas la satis)action dun esoin inconscient de punition J
sil ne peut pas tre non plus considéré comme la couverture
dé)ensive dun désir inconscient de castration sadiue anale du père
= ien uun tel désir nen soit pas tout F )ait asent> du moins dans
les relations du suet avec autrui - > on est en droit de se demander Q
ue redoute le masoc8iste pervers M Zue désire-t-il M !8 ien> il ne
craint rien, pas m*me la castration " il désire tout, % compris la
castration, ce ui est F sa portée *rTce F la possession dune arme
asolue> littéralement p8;-
1. Sela runer*er. !suisse dune t8éorie ps;c8od;namiue du
masoc8isme @> Eev. franç. 9s%c&anal., 1954> C/III> 2.
Siolo*iue Q la puissance or!astique. ?n trouve sous la plume de
nomreu" auteurs> F commencer par il8elm <eic8> ue la
sou0rance du masoc8iste est un moindre mal> accepté pour éviter le
c8Ttiment plus *rave de la castration. ?r> dans le cas de .> tout se
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 158/229
I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
passait comme si lidée de c8Ttiment navait pas cours. Sien plus> le
suet va aussi loin ue possile dans la mutilation castratrice> et non
seulement les sévices attei*nent réellement les or*anes *énitau">
mais ils sont utilisés pour contriuer puissamment au plaisir
or*astiue. Ici le lien )ondamental entre mutilation *énitale et
castration est radicalement modiGé> voire détruit. 'u mme coup la
castration> en tant ue )antasme or*anisateur primordial du désir
8umain et de la structure de la personnalité> na tout simplement
plus de réalité. ,e suet reste en mar*e de toute vraie valeur
s;moliue o se"prime le primat du p8allus> et sa puissance
or*astiue lui assure une position mé*alomaniaue inviolale.
Position en uelue sorte opérationnelle> dans lauelle autrui est nié
comme suet susceptile de désir et ravalé F une )onction purement
instrumentale. :et autre> son identité mme est prolématiue. .
ne savait plus les noms des partenaires sadiues ui pendant
plusieurs années avaient parta*é sa vie. :ertes> il )aisait une
certaine distinction entre son père et sa mère> mais celle-ci se
)ondait sur des éléments caractérolo-*iues J il ne reconnaissait les
lois de la Gliation ue sur le plan iolo*iue = père masoc8iste>
cousine masoc8iste elle aussi
= pour les nier dans lordre relationnel. 'e plus les personnes se
con)ondent Q il est comme sa )emme> sa )emme est comme lui> elle
est sa parente> il est comme ses parents. :e ne sont pas lF des
identiGcations au sens acti) et di0érencié ue prend le processus
dans les structures névrotiues> mais des p8énomènes purement
réduplicati)s. 'ans ces conditions> on conçoit ue sa personnalité se
soit essentiellement structurée en de8ors de la prolématiue
Edipienne R.
!n traitant de lan*oisse et de la castration> ai nécessairement
soulevé la uestion de lactivité )antasmatiue> ou plutOt de ses
carences> ui> c8eX le pervers> me paraissent caractéristiues. ur ce
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 159/229
I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
point e me trouve en contradiction avec la plupart des auteurs.
3otamment avec 8eodor <ei[>
1. Point de vue proc8e de celui e"posé par Lo;ce c'ou*all dans
,e pec tateur anon;me @in l'3nconscient, n^ 6> avril uin 196&.
ui a0irme la précession de la rverie masoc8iue sur la
perversion a*ie @. 'ans son esprit> le )antasme préparatoire est
non seulement indispensale> mais pat8o*nomoniue. Au
commencement... il n; a pas daction> mais de lima*ination. @ :ette
proposition me paraNt inacceptale> F moins ue lon ne veuille
identiGer )antasme et pro*rammation. :ar cest ien de
pro*rammation uil sa*issait c8eX .> dune pro*rammation sèc8e
et somme toute asseX pauvre. ,ima*inaire en lui était tellement
dé)aillant uil lui )allait c8erc8er des idées @ de tous cOtés> dans
les livres sur le masoc8isme> sur lInuisition> dans le"emple dun
autre> etc. <ien de plus )rappant ue le caractère stéréot;pé et
répétiti) de ses activités perverses J F linverse de ce ue pense <ei[>
la réalisation en surpassait de loin la conception. Impossile ici de
considérer le )antasme comme le moteur premier de lacte pervers. Il
est dautant moins en*a*é ue le comportement et laction le sont
davanta*e> ou> en dautres termes> action et activité de
représentation se trouvent dans un rapport inverse. :e ui ien
entendu ne veut pas dire ue lactivité )antasmatiue soit tout F )ait
ine"istante> mais uelle est rudimentaire et nintervient ue
secondairement> F un certain moment de la traectoire de ce ue ai
appelé le mouvement masoc&ique, comme instrument du processus
de mentalisation par uoi les p8énomènes économiues élémentaires
sont pro*ressivement inté*rés. Il en va ici comme pour le malade
ps;c8osomatiue avec leuel le masoc8iste pervers présente du
reste des ressemlances )rappantes Q lun et lautre ont une
s;mptomatolo*ie dominée par léconomiue> et ils se structurent
lar*ement en mar*e de lhdipe. 'e lF e crois les diver*ences ue
ai notées entre ma )açon de voir et celle de nomreu" auteurs Q les
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
)antasmes uils ont mis au our sont ien réels> mais pour moi ils ne
sont pas *énérateurs de la perversion> ils en sont plutOt le récit, un
récit élémentaire traduisant un e0ort de mentalisation ui tourne
court. ,intuition ui )ait dire au p8ilosop8e illes 'eleuXe F propos
de ac8er asoc8 Q 'u corps F lEuvre dart> de lEuvre dart au"
idées> il ; a toute une ascension ui doit se )aire F coups de
)ouet4 @> loservation cliniue ne peut ue la conGrmer> sau) ue
pour nous la traectoire du mouvement masoc8iue ne conduit pas
e"actement au" idées> mais ien au masoc8isme moral> après la mise
en Euvre ma*istrale du processus de re)oulement.
A ce point du développement> nous avons vu sor*aniser toute une
série déléments les uns par rapport au" autres Q 1^ la rec8erc8e
mani)este de l8umiliation> ui est en )ait la couverture dune
attitude pro)onde )aite dor*ueil et dp mépris F lé*ard de lautre>
larticulation étant la0irmation ostensile dun renoncement total F
toute volonté J 2^ la situation mar*inale> par rapport F la
prolématiue de la castration> et donc F lhdipe J +^ la carence
)antasmatiue> dans ses rapports avec lacuisition du sens de la
castration s;moliue J 4^ le défaut de masoc8isme moral> considéré
comme le terme du mouvement masoc8iue parvenu F une pleine
mentalisation J 5^ la rec8erc8e de la sou0rance p8;siue comme voie
dotention du plaisir (tout se passant comme si la ouissance était
une e"i*ence posée au masoc8iste.
ais si indiscutale ue soit le taleau ainsi reconstitué> le plus
étran*e demeure ine"pliué Q cest la vertu de la sou0rance
p8;siue> la mutation dont elle est loet> et ui la rend propre F
)ra;er la voie au plaisir> puis F s; lier si totalement> ue lacmé de
lun correspond F lacmé de lautre. :omment la sou0rance p8;siue
mène-t-elle F la ouissance M ,F-dessus on ne peut *uère avancer ue
des 8;pot8èses. %reud pour sa part retient avant tout des causes
dordre iolo*iue et constitutionnel en souli*nant u il ne se
passe peut-tre rien dimportant dans lor*anisme ui ne )ournisse sa
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
composante F le"citation de linstinct se"uel @. :e ui met ien
laccent sur laspect économiue du prolème. Après avoir pensé ue
le masoc8isme procédait dune dérivation secondaire de la pulsion
sadiue> il a conçu é*alement la possiilité dune orientation
primitive dun instinct de destruction vers le oi Q ,e masoc8isme
peut notamment tre primaire... lorientation de la tendance sadiue
vers le oi ne serait uun retour F une p8ase antérieure> une
ré*ression. @ ,e sadisme> instinct de mort ue la liido narcissiue
a détac8é du oi et ui ne trouve F se"ercer ue sur loet @>
dérive par conséuent du masoc8isme> leuel devient une
mani)estation de linstinct de destruction. ais ici une uestion se
pose Q en vertu de uoi un suet est-il conduit F *arder en soi une
pareille masse de destructivité M erait-ce pour ména*er loet M
3ous avons vu ue .> ien uil aimTt pro)ondément sa )emme> nen
contriuait pas moins directement F sa destruction. 'un autre cOté>
sa )emme nétant pas tout F )ait distincte de lui-mme> en raison du
caractère incertain des identités en eu> il était encore masoc8iste F
travers les sévices uelle endurait. Zuant au sadiue> détenteur
apparent des instruments de la destruction> il était réduit au rOle de
pur a*ent et par lF mme ne sortait pas de lorite é*otiue de . ,e
masoc8iste> dit P8. reenacre> attire et découvre le sadiue comme
pour se compléter lui-mme1. !n e0et> . ne )ait uun avec son
tourmenteur> leuel F mon sens pourrait ien ntre ue la part
ori*inelle du oi dans le non-oi> part sur lauelle se proette une
tendance destructrice puissante. 3ous aurions lF une e"plication
plausile de la rétention des )orces destructrices F lintérieur du
suet> ue nous pourrions compléter par l8;pot8èse )reudienne selon
lauelle une partie de linstinct destructeur non déversée au-
de8ors reste enclose dans lor*anisme> *arrottée uelle est par la
coe"citation liidinale @. ais nous resterions très insu0isamment
éclairés sur les rapports de la douleur p8;siue avec la ouissance> et
nous ne saurions pas *rand-c8ose de leur valeur )onctionnelle. Pour
tTc8er de voir un peu plus clair dans ces prolèmes ui touc8ent
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
lessence mme du masoc8isme éro*ène> il me semle uil )aut
revenir F le"amen de linstinct de mort ou> plus e"actement> des
pulsions destructrices au"uelles on accorde ici un rOle décisi). Il va
sans dire ue e le )erai nécessairement de )açon un peu sommaire>
en anticipant dailleurs sur un travail ue e me propose de
consacrer F cet aspect de la t8éorie.
Pour commencer e crois nécessaire de disoindre deu" notions
ui sont ordinairement associées Q linstinct de mort et les pulsions
de destruction. !n e0et> un processus destructeur est uelue c8ose
ui est cause de division> de scission> de morcellement> et donc
usuF un certain point de désor*anisation. ais le"périence
cliniue montre uau niveau )antasmatiue> la vie peut par)aitement
continuer dans c8acune des parties ui résultent du morcellement.
:est alors une autre )orme de"istence ui se poursuit. Au reste> les
tenants de linstinct de mort saccordent *énéralement F reconnaNtre
ue celui-ci nest amais saisissale comme tel> on ne le voit amais
uenc8evtré avec la liido ou sous )orme de processus
destructeurs diri*és contre les oets ou contre le oi> ce ui
impliue un certain de*ré délaoration ps;c8iue dans le sens de
linté*ration. 'un autre cOté il ; a ien des p8énomènes pour
lesuels lidée dune tendance lét8ale paraNt simposer. :e sont
précisément ceu" = répétition> névroses traumatiues> réaction
t8érapeutiue né*ative> etc. = ue %reud a invoués F lappui de sa
t8éorie. ?r lF> ce ui )rappe cliniuement> cest avant tout un dé)aut
dinté*ration des tensions et des conHits au niveau ps;c8iue. ,e
)acteur actuel domine et lon oserve une tendance F la déc8ar*e
totale de le"citation. ?n retrouve ce mme dé)aut dinté*ration dans
certaines a0ections somatiues *raves> avec la mme tendance F la
déc8ar*e pulsionnelle totale ui vide le oi de tout son
investissement narcissiue. ?n conçoit ue des processus porteurs
dune telle )atalité puissent passer pour le0et dun instinct spècial "
pour ma part e pré)ère parler dun destin spécial de l'instinct> dont
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
le terme ultime serait non pas une destruction active = division>
morcellement => mais une véritale extinction. ?ri*inairement peut-
tre> et sKrement uand il est uantitativement e"cessi)> linstinct
se"uel tend F se résoudre en e"citation pure> cest-F-dire F atteindre
une satis)action asolue au mo;en dune déc8ar*e totale et
immédiate ui ne tient aucun compte de la nécessité de maintenir
linté*rité structurale de lor*anisme. :ette tendance vient-elle F
prévaloir> lor*anisme est menacé de"tinction> mais rien nautorise F
dire uil est détruit comme sil était loet dun instinct destructeur
primaire identiGale. i elle ne rencontrait aucun ostacle> la
tendance F la déc8ar*e totale> avec le risue de"tinction uelle
comporte en soi> serait pour ltre un destin )atal rapidement
accompli. ais linvestissement liidinal du nouveau-né par la mère
vient pallier en partie la carence des s;stèmes protecteurs> en ce
sens uil oue le rOle dun contre-investissement> et ue par lF
mme> il permet des satis)actions instinctuelles limitées. 'un autre
cOté> comme il soppose au mouvement de déc8ar*e totale> il a
nécessairement un caractère )rustrant. :ette doule )onction de
loet> ui le )onde dailleurs en tant ue tel> va conduire F proeter
sur lui lori*ine de le"citation en e"cès> ui dès lors devient
proprement persécutante. A la )aveur des processus de proection et
dintroection> le"cès de"citation se c8an*e en tendance
destructrice. !n dautres teimes> la uantité se transmue ici en
ualité> et léconomiue pur passe dans la sp8ère des si*niGcations.
'ésormais lactivité élao-ratrice> dont dépend linté*ration
pulsionnelle> est en*a*ée avec la participation de loet ui> en
proposant au nouveau-né> puis F len)ant> tout un monde de
représentations> laide F accéder F la )aculté de simuler> dima*iner>
de s;moliser. Ainsi> en dernière anal;se> la tendance destructrice
ui morcelle lentité première> o oet et suet sont encore F peine
distincts> nest pas un instinct primaire isolale> mais el et ien une
émanation de la liido ui sert la délimitation de ltre et par lF
contriue F lindividuation.
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7/23/2019 art_mort
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
Parmi les divers )acteurs ui peuvent entraver cette évolution> il
en est un auuel accorde un poids considérale> en accord total
avec la pensée la plus constante de %reud> cest le )acteur
constitutionnel> ui seul e"pliue une puissance e"ceptionnelle de
linstinct. 3ous lavons vu> plus linstinct se"uel est puissant> plus il
tend ine"oralement F la déc8ar*e totale> cest-F-dire F un
mécanisme ui court-circuite lappareil ps;c8iue. 'autre part> cet
e"cès de uantité> pour peu uil se trouve associé F une carence
oectale> menace les capacités dinté*ration mentale> et cela
dautant plus lorsue lappareil ps;c8iue na pas atteint un
développement su0isant. ,a liaison des e"citations somatiues avec
les représentations demeure précaire> les représentations elles-
mmes sont pauvres et incapales de sor*aniser sous )orme de
scénario )antasmatiue. ,es tendances destructrices restent
rudimentaires> dans la mesure mme o elles se sont mal dé*a*ées>
ce ui le. empc8e de ouer pleinement leur rOle dans le processus
dindividuation. :ette coe"istence dune tendance F la déc8ar*e
totale> ui devient positivement irrésistile> et dune destructivité
rute de médiocre valeur )onctionnelle> scelle le destin du suet.
el est le statut du masoc8iste pervers> c8eX ui le"cès
constitutionnel de uantité se"prime daord de la )açon la plus
directe par un appétit de ouissance inGni et contrai*nant. out
paraNt on> pourvu ue cela permette une au*mentation de la
puissance or*astiue> cest-F-dire une plus *rande possiilité de
déc8ar*e. ?n a vu ue c8eX . le rOle de le"cès de uantité est
mani)este dans la c8ronolo*ie mme des pratiues perverses>
puisue celles-ci commencent F la puerté pour séteindre
pro*ressivement au" approc8es de la cinuantaine> cependant ue
rves et rveries redeviennent e"empts de représentations
masoc8iues. 'un autre cOté> le processus dindividuation> déF
altéré par la carence )onctionnelle des tendances destructrices
restées élémentaires et presue rutes> tend F son tour> et en raison
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7/23/2019 art_mort
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
mme du retard uil a pris> F maintenir F lintérieur du oi cette
destructivité ui> pourtant> est 8ors détat de ouer pleinement son
rOle. !n somme> cest précisément lorsue la séparation du je davec
lautre ne peut pas saccomplir complètement ue la 1 étention
prolon*ée de la destructivité devient une e"i*ence )onctionnelle. !n
témoi*nent la prévalence des mécanismes dintroection et de
proection> et corrélativement cette disposition particulière F
lidentiGcation primaire ue P8. reenacre avait reconnue dans le
)étic8isme> et ui me semle concerner é*alement le masoc8isme
pervers. !n raison de son caractère élémentaire et violent> toute
poussée instinctuelle c8eX le masoc8iste menace lidentité du
masoc8iste et moilise ses tendances destructrices sur un mode
ré*ressi)> dune part en vue dun nouvel e0ort de délimitation des
)rontières du oi> et dautre part pour servir le"périence or*astiue
économiuement nécessaire. ?n voit donc uun mme )acteur>
le"cès de uantité> est la*ent tout F la )ois de le"i*ence de
ouissance et de la rétention des tendances destructrices. oute)ois>
le0ort pour retrouver des )rontières )ranc8es et su0isamment
stales éc8oue> partiellement au moins> F cause du caractère
arc8a\ue de la destructivité (au sens )onctionnel o e lentends plus
8aut. ,a séparation du oi davec le non-oi sen*a*e sur un mode
rutal et précaire> ui )erait parler de déc8irure plutOt ue
dindividuation> tandis ue la uantité doit tre évacuée par les voies
les plu+ immédiatement accessiles. ,inac8èvement du processus
dindividuation au niveau )antasmatiue le rend dautant plus
triutaire de"périences élémentaires vécues au niveau corporel. ,a
cliniue ps;c8osomatiue nous ensei*ne uF toute carence des
)acultés )antasmatiues> correspondent dans lordre sensorio-moteur
ou mme dans lordre viscéro-8umoral des d;s)onctionnements ui>
uel ue soit leur de*ré de lét8alité> représentent touours un e0ort
de réor*anisation. 'e mme> dans le cas du masoc8iste> la menace
ui pèse sur lidentité e"i*e lintervention massive de la sensorio-
motricité> précisément de la douleur. ,a douleur en e0et> avec son
165
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
e"uisité convaincante> est ien linstrument privilé*ié des
tendances destructrices ui sont F lEuvre pour tracer les )rontières
du oi. ais si ces tendances> 8éritières de le"cès de uantité
= donc en dernier ressort de la liido elle-mme => ont une
)onction déterminante> elles ne sont pas non plus seules en eu. ,es
nouvelles )rontières du oi se trouvent consolidées au cours dun
processus uon ne peut *uère évouer ue par une métap8ore Q
cest ue les ords de la coupure pratiuée dans cette entité o le
suet et le monde étaient daord con)ondus> deviennent loet dun
investissement liidinal proprement dit. Il sa*it lF dun mouvement
eaucoup plus lent> dans leuel la0irmation du suet est associée F
la reconnaissance de loet. :ependant ce processus ne se déroule
pas de manière continue. ,a douleur p8;siue provouée par les
sévices doit tre> comme nimporte uel stimulus interne ou e"terne>
reconnue> contre-investie> reconnue de nouveau> etc. Il en découle
des variations de la uantité et de la tension en )onction du temps>
cest-F-dire des modulations r;t8miues propres F )aire reconnaNtre
le"périence comme se"uelle et F donner naissance F des a)Nects de
plaisir. 7n plaisir, ui nest donc pas seulement danticipation> et ui
doit tre é*alement distin*ué de la jouissance or*astiue> lauelle
répond F la déc8ar*e proprement dite de la tension> F lévacuation
rutale de la uantité. ,a douleur participe ien au déclenc8ement
et surtout F la montée violente de le"citation se"uelle> mais elle est
avant tout> dune part> linstrument du processus dindividuation> et
dautre part> ce ui accroNt le"i*ence de déc8ar*e de la tension
se"uelle> celle-ci étant portée F un point dautant plus 8aut ue les
e0orts redoulés de délimitation du oi attei*nent impar)aitement
leur ut. ,e suet ne se soumet pas au" sévices douloureu" pour ouir
= ce uil croit> en accord par)ois avec loservateur => mais pour
séprouver et se reconnaNtre> sans savoir ue la ouissance ui va en
résulter lui est imposée. Sien ue la ouissance soit loet dune
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7/23/2019 art_mort
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
rec8erc8e> elle nest amais en réalité ue le résultat dune évolution>
un développement secondaire.
?n voit donc ue la notion )reudienne de co)excitation ne déGnit
ue partiellement le )ondement bio)p&%siolo!ique du masoc8isme
éro*ène. ,a douleur nintervient pas seulement en tant ue
p8énomène a;ant dépassé une certaine intensité> mais en tant
uensemle de variations r;t8miues lié autant au" aléas de
lindividuation uau eu de sa reconnaissance et de son contre-
investissement. tant au service de lindividuation> la douleur met
donc en péril cela mme F uoi elle contriue> en menant le suet du
plaisir F la ouissance> lauelle remet tout en uestion. ,e
masoc8isme éro*ène peut tre considéré comme un mécanisme
p8;siolo*iue ultra-précoce> lié or*aniuement F une )onction
positive. Zuant au masoc8isme pervers> du t;pe présenté par notre
suet> ; verrais la reprise de ce mécanisme arc8a\ue F loccasion
dune atteinte de linté*rité de ltre ps;c8osomatiue> dune menace
de dépersonnalisation par uoi le suet est e"posé F retomer F
lindi0érenciation première de ses limites. ,e masoc8isme éro*ène a
donc une )onction de reconstruction Q la récupération de linté*rité
narcissiue => )onction certes aléatoire> mais dans ce cas
proalement la seule possile. :e ui conduit F dire ue la
dimension perverse> tout comme la ps;c8otiue> doit tre remise F sa
place dans notre perspective> comme une des voies naturelles de
lévolution.
,e mouvement masoc8iue conserve nécessairement des traits
ui se sont )ormés au cours de ses premières p8ases dramatiues>
pendant ce déc8irement F la )ois rutal et impar)ait dont lentité
primitive a été loet. 'e lF le développement dun ensemle
comple"e da)\ects> parmi lesuels e retiendrai particulièrement un
a)Nect 8aineu"> tourné contre cette part de loet ui était du oi et
ui se déGnit peu F peu comme oet proprement dit. :e statut
ami*u de loet (oi-oet est sans doute lun des premiers
16$
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I. 7n cas de masoc8isme pervers !suisse d#une t8éorie (19$2
moments du mouvement orienté vers la mentalisation = mouvement
ui> nous lavons vu> tourne court> tandis ue seuls sont F mme de
sa0irmer des a)Nects arc8a\ues et massi)s. Pour le suet> cest le
triomp8e de lor*ueil> un triomp8e il est vrai momentané> car le
mépris par uoi loet est positivement )écalisé ne tarde pas F se
retourner contre le suet lui-mme. ,oet a;ant pris la place du
suet> il participait de sa nature J maintenant cest le suet ui prend
sa place> ce ui le ravale au mme niveau et le conduit F se traiter
comme une immondice. /u du de8ors> cest ce ui apparaNt comme
une rec8erc8e de l8umiliation> mais en réalité l8umiliation est
secondaire> elle ne représente pour le pervers ue le point ultime o
il peut atteindre en se0orçant délaorer son sin*ulier statut.
16&
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II. .0.e.!. (1974)
7n our> sans uon sac8e pouruoi ni comment> on se prend F
penser Q i étais mort... @> ce ui sous-entend naturellement - etue e continue de li*norer. ,a p8rase ainsi sur*ie rompt pour un
instant la trame tranuille de la uotidienneté> mais presue aussitOt
elle se trouve en*loutie> et lorsuelle disparaNt on se dit tout au
plus Q uelle idée U
Il sa*it lF dun de ces p8énomènes ps;c8iues ui> uoiue
sin*uliers> passent presue inaperçus parce uils sont )u*aces> peu
intenses> isolés et vite no;és dans la masse des perceptions du réel. Aussi lesprit> sensile F la plus discrète intervention du u*ement>
les reette-t-il sans le moindre e"amen ni déat. <aison de plus pour
s; arrter et pour se demander F uoi peut ien correspondre une
pareille iXarrerie.
3otons déF uune )ois le p8énomène apparu> il a tendance F se
répéter. Par la suite> la pensée simpose avec une )orce accrue et
reste un peu plus lon*temps présente F la conscience. ,es
répétitions ont lieu F des intervalles variales> ui peuvent par)ois
tre )ort lon*s. ?n se met F rec8erc8er les circonstances ui ont
précédé ou accompa*né le premier sur*issement de lidée = en vain
pour commencer. ?n évoue un peu au 8asard un accident auuel on
aurait 8eureusement éc8appé J un malaise dont on aurait perdu le
souvenir> mais rien de précis ni de ien convaincant> F peine est-on
169
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II. ..e.m. (19$4
en mesure de retrouver le moment précis o la pensée étran*e a )ait
sa première apparition. :était il ; a un an> ou plus> ou peut-tre
seulement uelues mois. Zuant F la)\ect concomitant> il se
caractérise avant tout par sa discrétion> cest un étonnement
lé*èrement amusé> plus marué uau déut> mais touours lire
dan*oisse consciente. 'isons toute)ois ue si le p8énomène
se"prime par une p8rase duitative> et non pas sous )orme dima*e>
son allure de raisonnement peut masuer une an*oisse pro)onde
dont le développement aurait été in8ié. ,es premières tentatives
dinterprétation portent donc la trace du eu dé)ensi) Q se demander
si lon est mort> alors uon conserve intactes les perceptions dune
réalité e"térieure évidente> ainsi ue la conscience immédiate et
paisile de son propre corps> cest e"primer presue un désir
dimmortalité. ,a mort serait annulée si> étant mort> on pouvait
encore sinterro*er sur la réalité de sa propre vie. out cela est ien
anal> et lon son*e par e"emple au retour de la cro;ance primitive si
répandue selon lauelle la mort ne serait pas une nécessité. 'es
idées semlales apparaissent souvent dans le matériel de nos
patients> et la littérature en )ournirait des e"emples saisissants. !n
voici un> ue e cite parce uil a eu pour moi valeur dassociation.
'après le témoi*na*e de or[i> olsto\> déF )ort T*é> sécriait
par)ois en présence du eune 8omme ui lui servait alors de
secrétaire Q !t si elle )aisait une e"ception pour moi M @> elle @
étant> ien entendu> la nature ou la mort> ui pourrait> pour lui>
suspendre e"ceptionnellement sa loi1. ,an*oisse de mort e"primée
ici par olsto\ sous le voile dun espoir dimmortalité se lit encore
dans une particularité remaruale de son Lournal. Après la dernière
notation de la ournée> il avait coutume dinscrire la date du
lendemain> en aoutant toute)ois un si e vis encore @ dicté sans
doute par une crainte superstitieuse. Par la suite> désireu" de *a*ner
du temps ou de ne pas trop déGer le sort> il réduisit les uatre mots F
leurs initiales> ce ui en )rançais eKt donné s..v.e. :ette )ormule et
1$
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II. ..e.m. (19$4
lanecdote ui le"pliue constituent pour moi une représentation
privilé*iée> elles ouent un peu le rOle dun reste diurne et se prtent
dautant mieu" F tre utilisées ue si étais mort @ est construit de
la m*me )açon et peut donner lieu au mme t;pe daréviation. i
étais mort @ c8an*é en s..e.m. atteste assurément linHuence de
olsto\> ui peut en loccurrence avoir a*i de deu" )açons Q daord>
peut-tre> comme élément inducteur> puis> parallèlement> comme
matériel e"ploité par la dé)ense. out en se donnant pour un
)antasme dimmortalité> donc pour lélaoration dune an*oisse de
mort traitée sur le mode mé*alomaniaue> la pensée s..e.m. pourrait
ntre ue le dé*uisement dune vérité connue> ici dailleurs asseX
mal cac8ée. !n e0et> si lon pose avec %reud ue la mort nest pas
représentée dans linconscient> uelle n; G*ure amais uun
analo!on de la castration et ue derrière lan*oisse de castration il
n; a amais rien de dissimulé> il )aut prendre s..e.m. pour une
mani)estation détournée du comple"e de castration> ce ui met Gn F
lenute> puisue lF nous nous trouvons sur un terrain )amilier> o
la t8éorie est en mesure de tranc8er. oute)ois on ne peut
sempc8er de douter ue linté*ration du sens dun conHit
ps;c8iue puisse se )aire F si peu de )rais> et lon se dit ue si la
c8ose semle possile> cest ue le re)oulement a *a*né ien vite la
partie. !n )ait> nous sommes plutOt en )ace dun de ces cas dans
lesuels la prise de conscience> devenant un oet intellectuel
)ortement investi> se trans)orme aussitOt en résistance> tandis ue la
castration impose tout F la )ois son caractère nucléaire et la arrière
uelle dresse devant sa propre compré8ension1. An*oisse de
castration> castration inconcevale = on serait tenté den rester lF>
nétait ue les c8oses suivent leur cours> comme si rien navait eu
lieu. :ar s..e.m. revient> en provouant cette )ois non plus la
curiosité un peu amusée du déut> mais une certaine perple"ité> et
ce ui avait été daord saisi sous un an*le nettement intellectuel
devient maintenant eaucoup plus ami*u. erait-il possile dtre F
la )ois mort et vivant J de ntre plus en vie et de conserver une
1$1
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II. ..e.m. (19$4
conscience claire de soi> comme le c8asseur racc8us de a)[a M ,e
eu commence F ces uestions> et sil prend su0isamment dampleur>
il permet de dire dune part ue le oi41 reste F lari de tout déni
de la réalité> et dautre part uil reconnaNt au )antasme une part de
lé*itimité> ce ui constitue lamorce dun cliva*e et laisse entrevoir
de nouveau" développements (e me orne F relever le rapport avec
le )étic8isme> le oi étant ici son propre )étic8e. ,e comportement
ludiue ui caractérise cette deu"ième attitude du oi et ui en
pareil cas ne disparaNt amais complètement> )ait néanmoins une
place de plus en plus *rande F la crédulité> dautant ue la répétition
du p8énomène Gnit par en*endrer un véritale sentiment
détran*eté. ,a0ect se modiGe donc peu F peu dans le sens dune
perple"ité an"ieuse> surtout au moment décisi) ue appellerai la
rec8erc8e des indices> rec8erc8e en uelue sorte né*ative ui> non
sans plaisir au demeurant> invite le oi F modiGer son
comportement. 7n our> en e0et> le retour insistant de la pensée
étran*e et du doute ui s; attac8e> retour comme touours inopiné>
provoue une mise en alerte> une moilisation des appareils
sensoriels destinée F convaincre le oi ue e @ a ien cessé de
vivre J du moins est-ce ainsi uon serait tenté de décrire les c8oses
après reconstruction J en )ait> sur le moment> cette mise en ranle
des s;stèmes percepti)s ne procède pas dune réHe"ion. 'e mme>
sur le moment> on ne relève pas danalo*ie entre les indices
c8erc8és et telle circonstance ui> par)ois> a présidé F lirruption de
la pensée iXarre dans la conscience> on ne peut amais le )aire
uaprès coup. :es indices ont a0aire avec la dépersonnalisation>
cela va de soi J il sa*it de sutiles altérations a0ectant
principalement la distriution de lespace et de lunivers sonore J
dune modiGcation des perceptions dans le sens dune transmission
de messa*e> dun messa*e oscur dont on ose F peine )aire état tant
son contenu est anal> voire ridicule. :omment> par e"emple> rendre
lémoi F la )ois tout naturel et insolite uon éprouve F la tomée du
our> en entendant le cri uniue dun oiseau noir perc8é sur un toit M
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II. ..e.m. (19$4
7n re) instant pourtant> le cri et lima*e semlent venir dun autre
monde pour dire au témoin uelue c8ose ui le concerne> lui en
personne ustement. ais tout rentre très vite dans lordre> tout
retrouve un air évident et> par lF> se vide de si*niGcation. :8ose
remaruale> ces moments-lF nouvrent amais la voie F la motricité>
mme lorsuils attei*nent un point culminant J néanmoins ce sont
ien des p8énomènes de dépersonnalisation ui> si )u*aces et si
dépourvus dan*oisse consciente soient-ils> sont )acilement admis
comme autant de si*nes invitant le oi F continuer son eu et F
attac8er un peu plus de crédit F létran*e su**estion. Puis un pas
décisi) est )ranc8i lorsue alerte sensorielle> moilisation de
lattention> sentiment dun c8an*ement et raisonnement se trouvent
conu*ués. Le nen donnerai uun e"emple. 7n our> dans les
circonstances les plus ordinaires> lintéressé se prend F oserver>
presue F *uetter> une personne )amilière assise F tale en )ace de
lui. :onsidérant son vis-F-vis de )açon discrète> mais pénétrante> il le
surveille comme pour surprendre uelue c8ose dont il lui )audrait
sassurer. !t cest le déut dun raisonnement ui se développe
spontanément F la )açon dun )antasme Q le vis-F-vis est connu pour
tre droitier J sil vient F se servir de sa main *auc8e> cela si*niGera
ue la pensée s..e.m. est di*ne de cro;ance. Au cas o lautre
prendrait son couvert ou son cra;on de la main *auc8e> il étalirait
en e0et avec le suet ui lui )ait )ace une relation de s;métrie
comparale F celle uon a en découvrant son propre reHet dans un
miroir. 'ans cette éventualité> autrui se trouve assimilé F un doule>
ce ui entre autres résultats lui )ait perdre sa sin*ularité. ais
contrairement F ltudiant de Pra*ue ou F Peter c8lemi8l> ui ne se
posent pas de uestions sur leur identité> le 8éros> pour pouvoir ici
sinterro*er plus avant sur sa propre e"istence> doit daord détecter
et rassemler les indices ui )eront de lautre son doule. Il ne sa*it
donc pas dune rencontre du suet avec son doule selon le modèle
du )ol[lore classiue> puisue le suet> épiant c8eX autrui la preuve
dun comportement en miroir> est amené F se demander sil nest pas
1$+
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II. ..e.m. (19$4
lui-mme la trace> le doule de sa propre personne disparue. Ainsi ce
sont les autres ui> en se présentant éventuellement avec une
nuance détran*eté> induisent le suet F penser uil a réellement
cessé de vivre. 'après <an[> le 8éros dordinaire parait assassiner
son doule ou> ce ui revient au mme> assister F sa déc8éance> pour
se délivrer des persécutions émanant de son propre oi J alors uF
travers la destruction dun autre oi> il accomplit un véritale
suicide dont il sépar*ne la sou0rance l. ?r dans notre cas> les
c8oses se passent un peu autrement> car lF cest le oi ui est censé
tre mort> et depuis un certain temps déF> tandis ue le sentiment
de"ister> de uelue doute uil puisse saccompa*ner> est attriué
au prétendu doule> reHet du suet anéanti. ,altérité morp8olo*iue
de loet a;ant moins de poids ue la relation de s;métrie ui sest
étalie avec lui> on se trouve désormais dans un monde-)antOme> o
la )ameuse inuiétante étran*eté @ a tant de ressemlances avec la
dépersonnalisation. Zuant au" sentiments péniles ui vont le plus
souvent avec ces sortes de"périences> sil est vrai uici ils )ont
*énéralement dé)aut ou uils sont en partie in8iés> cest peut-tre
ue le suet vivant na pas lieu de les éprouver dès linstant ue ses
doutes peuvent tre dKment énoncés. :ela dit> la sérénité de la0ect
nest-elle pas lF précisément pour dissimuler son contraire M 'ans ce
cas il ne sa*irait pas dune pure inversion de lémoi primiti)> mais
dune trans)ormation de la0ect F la )aveur dun déplacement de
linvestissement. :ette moilisation de la curiosité intellectuelle peut
tre comparée F la tentative din8iition pulsionnelle produite F
c8aue nouvelle complication de la mac&ine in$uencer, lauelle>
selon aus[> attire lattention du rveur> réveille son intért
intellectuel et a0ailit dautant son intért liidinal1 @. i la pensée
s..e.m. est survenue inopinément et apparemment sans cause> il )aut
supposer uil est dans sa nature dtre F la )ois évidente et cac8ée.
Lai parlé plus 8aut des accidents e"térieurs ou intérieurs au"uels
on son*e comme F diverses circonstances a;ant pu entraNner
réellement la mort. 7ne pareille interprétation suppose évidemment
1$4
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II. ..e.m. (19$4
la volonté de réduire le"périence F uelue c8ose de ponctuel et de
strictement isolé J en réalité toute)ois> s..e.m. doit plutOt tre tenu
pour le moment dun processus> par analo*ie avec la mac&ine
in$uencer prise en tant ue terme Gnal de lévolution du
s;mptOme2 @. ur ce point> lépisode ma> du reste> paru séclairer
un peu lorsue e me suis souvenu dun rve répétiti) )ait par une
eune suicidaire.
/oici ce rve classiue> ui revenait périodiuement sous une
)orme identiue. 'ans la rue> un soir> la eune Glle entendait marc8er
derrière elle> elle pressait lallure F mesure ue les pas semlaient se
rapproc8er> puis> au plus )ort de lan*oisse> elle se réveillait. !n
évouant son rve> elle disait uelle était désolée de se réveiller
c8aue )ois avant davoir pu reconnaNtre son poursuivant J mais elle
espérait ien uun our> elle pousserait le rve asseX loin pour
parvenir F identiGer linconnu. ?r> cest ce ui advint J le rve
recommença> accompa*né de l8aituelle va*ue dan*oisse> mais
cette )ois la eune Glle put se retourner avant de se réveiller> et ce
uelle vit alors dans une terreur innommale> ce )ut tout
simplement elle-mme> elle-mme devenue vieille> très vieille> avec
sa c8evelure lanc8e dé)aite ui lui ala;ait le visa*e. 'ès lors le
rve cessa> et on le conçoit Q il ne se répétait uautant uil restait
inscrit dans une prolématiue se"uelle précise> celle de lan*oisse
de castration. :ar> au déut> la eune Glle ne doutait pas de lidentité
de son poursuivant> ce ne pouvait tre uun 8omme> par ui elle
redoutait dtre attauée se"uellement J mais dès linstant ue la
rencontre avec le doule en*a*eait une prolématiue narcissiue
o mort et castration étaient étroitement imriuées> la situation
devait radicalement c8an*er.
?n connaNt lada*e selon leuel uiconue voit son doule en
)ace doit mourir @. Ici toute)ois cest le rve ui meurt @ lorsue la
eune Glle découvre lidentité de son doule> un doule si vieu" et si
décrépit uil est lui-mme au" portes de la mort. Il apparaNt
1$5
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 176/229
II. ..e.m. (19$4
maintenant uen son dernier état> ce rve répétiti) était lié F la
démence or*aniue dont sou0rait la mère du suet. ,esprit de la
mal8eureuse étant )atalement voué F somrer> la eune Glle ne
pouvait ue constater lanéantissement pro*ressi) de sa mère> dont
les si*nes nétaient ue trop patents. Ainsi un lien se créait entre
doule> mère et mort> de mme ue dans la pensée s..e.m.> mort>
personne s;métriue et doule se trouvent rassemlés. ,es deu" cas
ont en commun le"istence dun processus> lintervention de G*ures
semlales et le prolème de lidentité> ce ui permet de réduire en
partie le caractère éni*matiue des circonstances déclenc8antes de
lépisode. !n un premier temps> la pensée avait semlé sur*ir sans
rime ni raison> puis elle avait été mise en rapport avec un
uelconue péril dori*ine interne ou e"terne J mais une )ois
remémoré> le rve de la eune Glle> ouant presue le rOle dune
interprétation> venait révéler ce ui devait précisément rester dans
lomre> F savoir ue tout cela avait trait F un oet )ortement
investi> la mère> et F lanéantissement dont il était e0ectivement
menacé. ?n conçoit mieu" maintenant ue les diverses tentatives
pour élucider s..e.m. naient peut-tre eu pour ut uen masuer le
sens et la portée. A;ant reconnu dans s..e.m. daord le rOle dune
an*oisse de castration dissimulée sous un )antasme dimmortalité>
puis celui dun mécanisme de cliva*e> on oscurcissait la parenté du
p8énomène avec le deuil> ou plus e"actement avec son anticipation>
et par lF mme on pouvait continuer di*norer la corrélation entre
lattriution au suet dune e"istence douteuse et la menace
danéantissement pesant réellement sur loet. Zue le destin )atal de
loet se répercutTt c8eX le suet par lentremise dun tiers )aisant
)onction dima*e spéculaire> par une G*ure transitionnelle
appartenant autant au monde de loet uF celui du suet et dotée
dun pouvoir de décision> cest précisément ce ue les diverses
tentatives dinterprétation devaient empc8er dapercevoir. Alors
uen dernière anal;se> s..e.m. e"prime el et ien sous une )orme
1$6
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 177/229
II. ..e.m. (19$4
anticipée le mouvement dincorporation de loet ui est le propre
du travail du deuil.
:e mouvement a ceci de particulier en loccurrence daord uil
anticipe lévénement J ensuite uil se )ait dans un sens inattendu
puisue lF loet> condamnant le suet F son propre destin )atal>
sempare totalement de lui comme pour lanni8iler. ,espace dun
instant> le suet est si intimement identiGé avec lautre ue le
sentiment de son propre oi en est altéré et uon peut mme se
demander sil ne laisse pas entièrement la place au oi étran*er.
7ne )ois de plus nous nous retrouvons sur un terrain )amilier J
toute)ois il nest nullement certain ue cette variante ori*inale du
travail du deuil su0ise enGn F tout élucider.
:omment> en e0et> sen tenir au modèle de lidentiGcation avec
loet perdu pour rendre compte inté*ralement des aspects
multiples et comple"es du petit épisode M :omment éclairer le sens
de cette situation parado"ale o le suet séprouve comme son propre
)antOme> tout en c8erc8ant une preuve de son irréalité dans sa
rencontre avec un autre réduit lui-mme F létat de double > :ar> en
Gn de compte> tout tourne autour de la G*ure du doule> cest
évident> mais de uelle )açon> et par uoi> comment le doule est-il
suscité M :est ce ui e"i*e encore uelues éclaircissements.
Sien ue le suet ne croie amais F une ori*ine e"térieure de la
pensée s..e.m.> le sentiment détran*eté uil éprouve F se la
)ormuler lui donne limpression uelle ne provient pas non plus
dune activité propre F son oi> uelle nest pas sécrétée par lui.
!lle sest imposée comme du de8ors> comme si, selon le modèle
arc8a\ue de la )ormation de la pensée décrit par aus[> elle venait
de le"térieur avant dtre attriuée au oi comme une
)onction42 @. ? les c8oses se compliuent cependant> cest ue le
comme si ne oue pas seulement vis-F-vis du de8ors> mais sappliue
au dedans> ce ui lapparente F un s;mptOme somatiue émanant de
lor*anisme et soustrait par lF mme F toute espèce de contrOle. ,es
1$$
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II. ..e.m. (19$4
)rontières entre intérieur et e"térieur en deviennent doulement
incertaines> car le corps> la pensée et le doule du suet tendent sans
cesse F passer les uns dans les autres> voire F se con)ondre tout F
)ait. ais alors lidentité de ce tout uasiment indi0érencié se laisse
enGn appré8ender Q il su0it de se rappeler dans uelles
circonstances lidée s..e.m. est née. !lle a sur*i rusuement devant
le suet comme uelue c8ose dindépendant et de m;stérieu">
comme une sorte de corps étonnant dont la production tiendrait
positivement de le"ploit. !n se )ondant sur les modalités
particulières de cette apparition = soudaineté> autonomie> m;stère
=> on peut dire sans trop savancer ue s..e.m. ne G*ure pas
seulement le suet identiGé avec son doule> mais lor*ane *énital en
érection. il )aut en croire les spécialistes du )ol[lore> du reste> le
doule et le p8allus appartiennent ien au mme monde de
représentations> o l'=me peut tre é*alement localisée Q :8eX les
recs> les *;ptiens et dautres peuples civilisés> dit <an[> lidée
primitive de lTme co\ncidait avec celle dun doule de mme essence
ue le corps @> et il cite F lappui la déGnition de WeinXelmann> selon
lauelle lTme disparue au moment de la mort est lima*e e"acte
du corps 8umain vivant sur terre2 @. Pour ma part> inclinerais F
croire ue lTme> ima*e e"acte du corps vivant> doule de mme
essence ue le corps et principe éminemment séparable, nest peut-
tre rien dautre uun sustitut du se"e éri*é. i le p8allus est
immortel comme lTme ui le G*ure et comme lespèce uil est
appelé F perpétuer> la castration est ien en e0et la menace suprme
puisue> entre autres pertes irréparales> elle a encore cette
conséuence dOter F l8omme sa part dimmortalité.
?n voit mieu" maintenant pour uelles raisons pro)ondes le Gls
dont la mère est *ravement menacée est amené F se susciter un
doule et F sa0irmer immortel> non point certes directement> mais>
parado"alement> par le détour de son statut de mort vivant. Pour le
Gls> en e0et> la mère> ui l8aite depuis touours> retient aussi en
1$&
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II. ..e.m. (19$4
elle depuis touours lima*e de son pénis> cest-F-dire lor*ane ui le
représente tout entier et sur uoi elle ne renonce amais F e"ercer
son pouvoir. rTce F ce doule ui est Tme> corps et p8allus tout
ensemle> le Gls peut tenter de"traire de Hima!o maternelle le se"e
éternellement éri*é ui est menacé lui aussi J autrement dit> il peut
tenter in extremis de se mettre lui-mme au monde.
Ima*e proetée ou G*ure p8alliue arrac8ée F la représentation
du corps maternel> le doule ne se mani)este ue dans la mesure o
lidentiGcation primaire est une disposition touours active> ou
touours susceptile de le redevenir. :est ce ui peut se produire
uand une e"citation est uantitativement ou ualitativement de
nature F constituer une e"i*ence de trans)ert impossile F assumer.
A mon avis> la disparition imminente de la mère entre précisément
dans cette caté*orie> ai pu )aire F ce suet diverses oservations
ue le te"te de Lanice 3orton1 ma paru du reste conGrmer.
:ontrairement F lopinion reçue> il semle ue le malade condamné
témoi*ne dun prodi*ieu" appétit relationnel> et uil accomplisse
dans ce sens un travail ps;c8iue considérale ue> par analo*ie
avec le travail du deuil> appellerai le travail du trépas 2. Le me
trouve lF F lopposé d!issler ui> lui> voit c8eX celui ui va mourir un
certain travail de deuil destiné F lui )aire accepter la mort comme
une conséuence naturelle de la constellation économiue du
moment+. :ependant> !issler lui-mme le remarue incidemment> il
est peu proale uun tel désinvestissement puisse se produire
uand
1. L. 3orton> reatment o) a d;in* patient @> I&e
9s%e&oanal%tie tud% of t&e C&ili, /> p. 1&.
2. :). infra, ,e travail du trépas @.
+. . <. !issler> I&e 9s%c&iatrist and t&e d%in! 9atient, Intern.
7niv. Press> 3e or[> 195+.
les perceptions> mme les plus ténues> conGrment constamment
le"istence dans la réalité des oets damour. ,e processus décrit
1$9
7/23/2019 art_mort
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II. ..e.m. (19$4
par !issler ne constitue sans doute uune des manières dont
dispose un suet encore asseX eune pour a0ronter la mort> la moins
8eureuse pour le suet> uoiue la plus con)ortale pour lentoura*e
ui sen )ait souvent le complice. 'ans le travail du trépas, au
contraire> les oets damour sont surinvestis> et lélan pulsionnel ui
en résulte est si )ort uen milieu 8ospitalier> le personnel lui-mme
en est souvent )rappé. :ette passion e"acerée peut se"primer aussi
ien comme une recrudescence dappétit instinc-tuel ue comme un
renouveau dimpulsion créatrice. :elui ui va mourir a;ant esoin
des autres pour pouvoir ressaisir et assimiler toute une masse
pulsionnelle encore impar)aitement inté*rée> se séparer deu"
si*niGe avant tout pour lui manuer une introection> manuer une
e"périence dautant plus décisive ue ses implications sont surtout
narcissiues 4+. <ien détonnant si F ce moment les oets se
déroent> puisue> indispensales et pourtant contin*ents> ils
crai*nent inconsciemment dtre dévorés par le mourant et>
louant par lF le travail du trépas, se"posent eu"-mmes F
manuer leur deuil.
,e processus illustré par s..e.m. anticipe le deuil et> di0érent de
la )uite dont il vient dtre uestion> )ournit une réponse au travail
du trépas. ans doute il ne peut sa*ir ue dun compromis> puisue
dans sa réponse le suet e"prime en mme temps sa tentation de
sanéantir avec loet = en uoi il c8erc8e lui aussi F réaliser une
introection => et son e0ort pour se sauver en sarrac8ant en tant
ue doule F la sp8ère maternelle. out cela nest possile> cela va
de soi> uautant ue le e @ et le non-e @ ne sont pas
entièrement di0érenciés. ais il n; a pas si lon*temps ue les deu"
étaient con)ondus> et de cette con)usion il reste touours uelue
c8ose J ien plus> il se pourrait ue> mme en de8ors du c8amp de la
ps;c8ose et de la perversion> lidentiGcation primaire )Kt touours
prte F )onctionner.
1&
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II. ..e.m. (19$4
ais uen est-il dans notre petit épisode du destin de la liido M
Par suite de la pérennité de cette situation ori*inelle> la
représentation de loet retient un uantum variale de la liido
narcissiue du suet> ou plus e"actement> cette liido narcissiue
incluse dans la représentation de loet ; investit la représentation
ue le suet a de lui-mme> cest-F-dire une ima*e p8alliue. 'e lF un
parado"e ui me paraNt di*ne dattention Q la liido narcissiue na
pas pour caractéristiue dtre entièrement localisée dans le suet>
de sorte uF cOté de lopposition classiue entre liido oectale et
liido narcissiue> il )audrait pouvoir distin*uer une autre sorte de
tension> ouant cette )ois entre une liido narcissiue intra-e*o @ et
une liido narcissiue e"tra-e*o @. 3aturellement les modulations
de cette tension dépendent pour une part des mouvements
pulsionnels> puisue toute au*mentation de la liido oectale>
éuivalant F une e"i*ence de trans)ert> )ait varier dans des limites
par)ois très lar*es la position de la liido narcissiue. ?n a vu ue>
lorsue loet sest constitué peu F peu en tant ue tel> sa
représentation a retenu une part du suet aussi ien uune partie de
son investissement liidinal primiti). Il sensuit ue la liido destinée
F investir les oets est empruntée non pas directement F la liido
narcissiue> mais F la liido narcissiue investie dans la
représentation du suet F lintérieur de lima*e de loet. Il n; a
donc pas lieu de dire ue plus loet asore de liido> plus la liido
narcissiue sappauvrit> mais ue plus loet attire de liido F lui> et
plus il déséuilire le statut relation liido intra-e*o @ liido
e"tra-e*o @> plus il e"i*e lau*mentation de linvestissement
proprement narcissiue de lima*e du suet dans loet> ce ui> dans
les cas e"trmes> peut provouer une véritale translation du oi
dans loet.
,a mère> sans doute> ne cesse amais dtre pour une part un
oet narcissiue> et corrélativement> le oi ne se sépare amais
totalement du non-oi. A partir de lF> on peut se demander si> en
1&1
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 182/229
II. ..e.m. (19$4
*énéral> les oets )ortement investis peuvent accéder F la réelle
altérité dun suet indépendant. ,oet réel> en e0et> ne peut *uère
tre e"térieur uen tant ue mo;en de satis)aire la pulsion J loet
damour> lui> ne saurait tre uune ima*e F lintérieur de lauelle le
suet est déposé sous la )orme dun corps p8alliue. 'e son cOté le
oi> en partie perdu dans lima*e des oets uil investit> ne peut
pas non plus accéder F une pleine identité. !ntre les deu" ordres>
celui du oi et celui du non-oi> il n; a pas F proprement parler de
)rontière> mais une sorte despace transitionnel. i e @ nest pas
dans le oi> il nest pas non plus entièrement dans lautre> mais
réparti tout au lon* des )ran*es dun spectre> disons dun spectre
d'identité, déGni par lensemle des diverses positions dont la liido
narcissiue est susceptile J ou plus précisément par les lieu" et les
uantités o sinvestit la liido narcissiue> depuis un pOle interne
usuF un pOle e"terne ui co\ncide avec lima*e de lautre. 'e
mme ue e @ ne saurait passer totalement dans lautre sans
sanni-8iler> de mme il ne peut pas non plus se retirer complètement
de loet sans ue celui-ci se réduise F un ensemle de li*nes
astraites et indéc8i0rales. :e nest pas la uantité de liido
oectale investie dans le monde e"térieur ui con)ère au" c8oses
leur allure )amilière> mais la part de liido narcissiue retenue en
elles pour ; investir le e @ en e"tra-territorialité> comme un avant-
poste du suet. ,es variations de cet investissement de la liido
narcissiue sont sans doute le plus souvent latentes. ais en
parvenant F la conscience> F loccasion par e"emple dun
déplacement trop massi)> elles déclenc8ent lun de ces états
dinuiétante étran*eté ui nous renvoient F notre vérité. Ainsi
lirruption de la pensée si étais mort @ )ait prendre conscience
ue si e @ nest pas e"actement un autre> comme le voulait le
poète> il a néanmoins la remaruale propriété derrer sans se
perdre F mi-c8emin du de8ors et du dedans.
1&2
7/23/2019 art_mort
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III. ontre-trans$ert et s8st!e paradoxal (1976)
:ro;eX-moi... e reste conséuent avec mes instincts. @
Lac[ ,ondon>
Le Loup des mers.
,orsuil est uestion du contre-trans)ert> on commence souvent
par situer le propos relativement au" diverses acceptions du concept.
antOt on retient la déGnition étroite> ui ne concerne ue les
réactions inconscientes au trans)ert de lanal;sé> avec leur accent le
plus souvent péorati) J tantOt on adopte une déGnition e"tensive
en*loant tout ce ui> de la personne de lanal;ste> intervient dans la
cure et peut mme ; ouer le rOle dinstrument. ic8el 3e;raut> on
le sait> a repoussé encore les limites de cette déGnition en posant
ue le contre-trans)ert> en tant uil comprend la pensée
ps;c8anal;tiue et une demande implicite de lanal;ste> précède
mme le trans)ert1. Il n; a peut-tre pas lieu de c8oisir> cest a0aire
de circonstance> encore uil soit prudent sur le terrain de suivre la
première déGnition> la seconde se prtant mieu" F un travail
spéculati). Pour ce ue e veu" e"poser ici> lacception lar*e est celle
ui convient le mieu"> on le verra> e pense> dans la suite de mon
développement.
'epuis lon*temps déF e suis )rappé par un p8énomène sin*ulier
dont c8aue praticien a sans doute )ait le"périence et ui se produit
dans lesprit mme de lanal;ste au cours de son travail. andis uil
1&+
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 184/229
III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
écoute son patient avec lattention ue lon sait> lanal;ste perçoit en
lui une activité ps;c8iue di0érente de toutes celles> a0ects compris>
ui lui sont 8aituelles dans cette situation. Srusuement sur*issent
des représentations étran*es> des p8rases inattendues et
*rammaticalement construites> des )ormules astraites> une ima*erie
colorée> des rveries plus ou moins élaorées> la liste nest pas
limitative> mais ce ui compte surtout> cest lasence de rapport
compré8ensile avec ce ui se déroule présentement dans la séance.
?n serait alors tenté de dire ue lanal;ste sest évadé de la
situation> ce ui éuivaut F une mani)estation contre-trans)érentielle
au sens le plus étroit du terme. :est encore ce ue lon pense
lorsue la )antaisie concerne e"plicitement le patient et uelle a de
surcroNt une allure plus ou moins ré*ressive. :e serait lF le trans)ert
de lanal;ste sur un patient devenu pour lui le représentant dune
G*ure du passé. ?n peut aussi noter F cette occasion comien la
situation est propre F moiliser le pervers pol;morp8e @ ui
sommeille en tout anal;ste> avec les conséuences ue cela impliue
pour le )onctionnement mental de ce dernier. on propos>
cependant> nest pas den rester F ces considérations certes tout F
)ait essentielles> mais )ort ien étudiées par de nomreu" auteurs. Le
pense en e0et uF sen tenir au" limites du contre-trans)ert
classiue> on nest pas en mesure de saisir tous les aspects de
lactivité ps;c8iue dont lanal;ste est alors le lieu> précisément
parce ue certains dentre eu" paraissent ien éc8apper et au"
prolématiues personnelles> et au" positions doctrinales.
,es représentations en uestion surviennent donc F lim-proviste>
F nimporte uel moment de la séance> par)ois dès le déut. :8ose
remaruale> elles ne suscitent ni an*oisse ni déplaisir> uel ue soit
leur contenu. ,anal;ste en est surtout étonné> dautant plus uil doit
naturellement sinterro*er sur linter)érence de uelue conHit
inconscient dont les a0ects auraient été in8iés dans leur
développement. :e uil éprouve alors est un sutil c8an*ement
1&4
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 185/229
III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
détat> uelue c8ose comme un Hottement très lé*er ui>
parado"alement> ne saccompa*ne pas dun Héc8issement de
lattention. ,a parenté de cette e"périence avec certains états lé*ers
de dépersonnalisation est évidente. ais ici le c8an*ement paraNt
découler directement du discours ou de lattitude de lanal;sé> un
anal;sé tout F la )ois ému et impérieu" ui aurait induit> c8eX
lanal;ste> une modiGcation des investissements narcissiues. Après
coup> lorsue lanal;ste a le loisir de revenir sur ce uil a vécu dans
un pareil moment> il constate ue deu" c8oses s; trouvaient liées Q
une mise en alerte orientée vers loet> et une altération du
sentiment de sa propre identité. out se passe comme sil avait
évacué ce uil ; a de plus personnel en lui> tandis ue sinstaurait
une perméailité spéciale de son appareil ps;c8iue> une autre
ouverture vers de nouvelles activités )antasmatiues. ais sil en est
ainsi> do viennent ces pensées> ces ima*es> ces paroles ui
entraNnent pour lanal;ste une sorte daliénation momentanée M ?n
est en droit de supposer uelles correspondent F des processus
ps;c8iues qui se déroulent c&e; l'anal%sé et ui nont pas encore
été détectés. :est ce ui e"pliuerait le trait le plus remaruale du
p8énomène en *énéral> F savoir le )ait uil est en avance et sur la
compré8ension du matériel proprement dite> telle uelle découle de
déductions lo*iues> et sur les )antasmes ue le patient est F mme
de )ormuler.
?n se souvient ue Paula Weimann a présenté en 1949> au C/Ie
:on*rès international de Ps;c8anal;se> un travail dans leuel elle
e"prime clairement la valeur du contre-trans)ert en tant
uinstrument de compré8ension du patientR. Pour Paula Weimann>
lanal;ste possède de linconscient de son patient une perception
inconsciente plus ai*uq et plus précoce ue celle ue peut permettre
toute conceptualisation consciente de la situation. Au demeurant
lauteur sintéresse essentiellement F l'état a6ectif de lanal;ste> au"
sentiments ue le patient suscite en lui> do sa recommandation
1&5
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 186/229
III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
dassocier F lattention Hottante une sorte de lire sensiilité
émotionnelle> ce ui va dans le sens de son désir de lutter contre
lima*e idéalisée dun anal;ste impavide> détac8é> et pouruoi pas>
insensile.
Assurément ce travail a )ait date> du reste divers auteurs ont suivi
la mme voie. ais le p8énomène dont e parle est ien autre c8ose
ue cette sorte de résonance a0ective @ ui> laissant dans le va*ue
le cOté spéciGue de ce ui se passe
1. P. Weimann> a ?n :ounter-rans)erence @> I&e 3nternat. <ournal
of 9s%cFo)anal%sis, 195.
alors dans lappareil ps;c8iue> ne permet pas deconceptualisation uelue peu ri*oureuse. 7n autre auteur a )ait un
pas de plus dans cette direction> cest Annie <eic8> ui oserve ue
)réuemment Hinsi!&t au matériel survient soudainement> comme sil
émanait de uelue ré*ion du propre appareil ps;c8iue de
lanal;ste B :elui-ci découvre tout aussi soudainement ce ue son
interprétation doit tre et comment il convient de la )ormuler. :e
t;pe de compré8ension> aoute lauteur> est pour ainsi dire éprouvépassivement Q il advient. Le rappellerai é*alement deu" notations de
. 3e;raut ui me semlent sarticuler au mieu" avec mon propos Q
'une certaine )açon> lanal;ste est pa;é pour suspendre le cours
de ses pensées et se soumettre F des associations ui némanent pas
de lui. @ !t plus loin> dans le para*rap8e consacré au" 9s%c&oses de
transferts, il aoute ue le trans)ert massi) @ de ces patients
témoi*ne dune mainmise ps;c8iue> dune incarcération du
t8érapeute dans lespace suecti) de la pensée ps;c8otiue. :et
espace... ne possédant plus la notion des limites de sa propre
intériorité... des contenus internes appartenant F dautres
suectivités notamment ceu" du t8érapeute> paraissent inclus dans
un mme espace 2 @. :ertes> reste F savoir si ces )rontières
incertaines sont la caractéristiue e"clusive du ps;c8otiue> et si
celui-ci a nécessairement et ré*ulièrement perdu le sens s;moliue
1&6
7/23/2019 art_mort
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
des mécanismes internes ui animent sa suectivité. Le suis loin
den tre certain> il ; a lF un point de doctrine> mais pour ma part e
considère ue certains patients ps;c8osomatiues présentent cette
carence de manière inGniment plus e"emplaire. !nGn nomreu" sont
les suets> ni ps;c8otiues> ni ps;c8osomatiues> c8eX ui on peut
oserver F certains moments cet e0acement des limites du monde
interne.
:omme on le voit> eaucoup danal;stes sont attirés vers les
ré*ions o le p8énomène ue étudie est é*alement situé.
:ependant pour lever toute ami*u\té sur la spéciGcité des )aits> e
voudrais e"poser deu" )ra*ments cliniues. :ertes> e ne me )ais
*uère dillusions sur la portée de telles illustrations> ui suscitent
ré*ulièrement une diXaine dinterprétations ien meilleures ue
celles uon a soi-mme conçues Q e leur accorde surtout le pouvoir
de transmettre une e"périence dont sur le moment mme la portée a
été vivement ressentie.
'un matériel trop important pour pouvoir tre rapporté dans son
inté*ralité> e détac8erai les seuls éléments ui sont directement
relati)s F mon propos> en espérant uon ne sera pas trop arrté par
ce uils ont par)ois dincon*ru. 'u reste cet incon*ru nest pas sans
si*niGcation> étant évidemment soumis au" mmes mécanismes
arc8a\ues ue le calemour et le mot desprit.
7ne eune )emme> dont lanal;se est en cours depuis deu" ans
environ> e"prime un our la crainte de ntre pas en mesure de me
ré*ler mes 8onoraires F la date prévue. !lle redoute cet éventuel
retard> et se souvient dun incident analo*ue survenu il ; a déF
asseX lon*temps. 'e lon*s silences rompent son discours> et elle ne
complète sa pensée ue peu F peu. !lle sinuiète de voir F uel
point elle mle peur de laandon et intolérance F toute situation de
dépendance. e devoir de lar*ent constitue pour elle précisément
une situation de dépendance> lauelle lui évoue en retour lima*e
dune relation )usionnelle a0olante. A ce moment lidée du plaisir
1&$
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
uelle prend F cette situation me revient F lesprit> ce ui senc8aNne
directement avec mes réHe"ions sur la prolématiue ui nous est
)amilière et dont lélaoration est déF ien avancée. <ien de
troulant dans tout cela> pour un peu on parlerait de routine
ps;c8anal;tiue @. !t puis soudain> cest la rupture> la surprise. Lai
limpression de décroc8er> uelue c8ose a c8an*é> e ne suis plus le
mme> e le constate tandis uune ima*e dune e"trme précision
simpose F moi> occupant tout mon esprit. Lai devant les ;eu" une
*ravure> ou plus précisément lan*le in)érieur *auc8e dune *ravure
ui aurait été détac8é. ur ce coin> e vois une ame de )emme>
tendue F 45^ vers le as> F *auc8e> et émer*eant dun )ourré. ,a
ame est nue> visile seulement F partir du mollet> mais ce ui me
saisit surtout> cest le )ait ue la c8eville et le pied sont en
8;pere"tension. :ette ima*e ne me rappelle rien> et mme> par la
suite> ai c8erc8é en vain F lui trouver une ori*ine )amilière. !n
revanc8e> F peine lima*e a-t-elle sur*i uune pensée me vient F
lesprit Q Les !arçons sont mieux lotis, et cette )ois interviens
immédiatement en disant Q @ous pense; que les !arçons sont mieux
lotis. ,a si*niGcation p8alliue de cette ame sortant dun entrelacs
d8eres> darustes et darrisseau" est évidente> mais ici lima*e et
la p8rase concomitantes simposent daord en de8ors de tout
décoda*e. Presue aussitOt la patiente associe avec Tpreté sur
laspect conHictuel de ses relations avec sa mère. :e conHit avait
touours été rapporté usue-lF F la doule crainte ue ai déF
évouée Q crainte de réection asolue et daandon> 8orreur dune
)usion totalement assuettissante. :ette )ois il est uestion de
lattitude interdic-trice de la mère> de son éducation désastreuse.
out était permis au" )rères> ui ouissaient dune réelle lierté> alors
uelle-mme était étroitement surveillée. 7n our une réprimande
sévère lui avait été inHi*ée parce uelle était revenue de lécole en
compa*nie dun camarade ui lui tenait le ras. 'ès ce moment un
matériel asseX important se )ait our touc8ant la prolématiue
p8alliue et non plus> comme auparavant> le conHit plus arc8a\ue
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
ui avait presue constamment occupé le devant de la scène> au
point de conditionner lar*ement le comportement de lanal;sée.
Len viens maintenant F une oservation tirée dun autre cas> ui
ne manue pas non plus de sin*ularité.
'ès le déut de la séance> la patiente me rappelle le Au revoir
onsieur @ in8aituel sur leuel elle mavait uitté lors de notre
dernière entrevue. :ela la )ait penser F un incident de sa première
en)ance. !lle est certaine de lépoue o la c8ose sest passée> elle
devait avoir deu" ans et demi. 'es repères précis> dont elle ne parle
pas> lui permettaient de situer lévénement Q Pas avant> pas
après @> déclare-t-elle. ,anecdote est la suivante Q étant dans la rue>
elle est partie droit devant elle pour se retrouver Gnalement au poste
de police. ,F on la met deout sur une tale> autour delle des a*ents
linterro*ent. A ce moment précis se produit le mme p8énomène de
décroc8a*e ue ai précédemment décrit> et une pensée étran*e me
vient F lesprit Q <e te croquerais volontiers, beau marin. Inutile de
dire ue> pour averti ue e sois> e ne laisse pas dtre passalement
interloué. aoute F ma perple"ité le )ait ue le"pression me
renvoie cette )ois aussitOt F une ré)érence littéraire. Il sa*it de Sill;
Sudd> le 8éros du roman de W. elville> ue e nai pas relu depuis
uelue uinXe ans. Il me semle é*alement uil e"iste un rapport
entre le onsieur @ par uoi elle mavait salué> et le"pression
Seau arin @. ur le moment aucune e"plication spontanée ne
vient éclairer cette iXarre association> ce ui ne mempc8e pas de
sentir uil )aut en tenir compte. oit dit en passant cest seulement
auourd8ui> en écrivant ce travail> uil me revient ue dans la
marine an*lo-sa"onne en particulier> il était dusa*e dappeler tout
o0icier onsieur @. Pendant ce temps la patiente poursuit le récit
de son souvenir den)ance. tant touours au poste de police> elle voit
entrer un 8omme> son oncle Pierre. !lle dit avoir éprouvé alors une
8onte intense> et insiste sur la ualité particulière de ce uelle a
vécu. 'e lF elle passe F un rve uelle mavait déF raconté
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
auparavant et ue> pour uelue raison oscure> avais sou8aité
réentendre. Le ne relève de ce rve ue lélément principal Q une
sorte de dalle recouverte dune éto0e noire ui lui évoue tout F la
)ois une pierre tomale et une tale. on père lui a un our o0ert une
tale a;ant un dessus de marre. !lle veut se déarrasser de ce
meule dès ue possile> pour le remplacer par un autre uelle
c8oisira elle-mme Q une tale F man*er @> dit-elle. Puis elle
sattac8e au t8ème de la nourriture> elle parle dun plat de cuisine
locale ui lui inspire le plus *rand dé*oKt et pourtant> note-t-elle
avec insistance> étais de onne composition @. A linstant mme
ma pensée sin*ulière me revient> et interviens Q !n disant de
onne composition> vous vouleX dire aussi onne F man*er M @ !lle
est interdite> peut-tre un peu inuiète> puis reste rveuse et
répond Q ?ui> cest vrai U Le repense maintenant F cet oncle Pierre
ui me )aisait si peur. Il me disait Q e suis un lion> e vais te man*er.
Létais )ascinée> e"citée> terrorisée. @ Zuant F moi> cest seulement le
lendemain ue ai cru comprendre le sens de mon association avec
le personna*e de elville. ,e support de lanalo*ie était )ourni par le
cou de la patiente ui> ce our-lF> était lar*ement dénudé Q en e0et
Sill; Sudd> surnommé le Seau arin> Gnit pendu F la *rande ver*ue
du navire> et> dit elville> reçoit en plein la lumière rose de
laue @> ce ui su**érait un lien étroit entre la dalle )unère et le
8éros e"écuté.
Il va de soi ue dans cette circonstance> comme dans toutes
celles du mme *enre> e nai pas né*li*é de minterro*er tant sur
les pensées ui me venaient F lesprit ue sur mes interventions. !t
e crois pouvoir dire ue les représentations en cause ne dépendaient
pas spéciGuement de ma vie intérieure avec lentrelacement des
désirs et des an*oisses ui en déterminent le cours. 'e mme> elles
ne constituaient nullement une réaction individuelle au trans)ert du
patient. 3on ue e sois F lari de tels accidents> loin de moi cette
idée> dans les premiers temps ue le p8énomène sest présenté F
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
moi> avais mme tendance F le leur attriuer. ais en rester F
toutes ces inter)érences contre-trans)érentielles et F ces )ameuses
tac8es aveu*les @ dont parle %reud> en loccurrence pourtant ceKt
été une )acilité. Pouruoi M Parce ue ceKt été né*li*er ce ue le
p8énomène a précisément dori*inal> e veu" dire dune part son
étonnant pol;morp8isme> et dautre part le rOle d;namiue ue lui
con)ère sa valeur danticipation. Pol;morp8e> il lest en e0et F ce
point uil )audrait tre ien outrecuidant pour se croire 8aité par
une pareille multiplicité dima*es et de )ormes verales> provenant
de surcroNt de tous les niveau" *énétiues possiles. A ce propos e
note en passant ue les représentations pré*énitales ; sont
spécialement en*a*ées> ce ui me conGrme dans lidée ue>
actuellement> les meilleures indications de lanal;se ne sont peut-
tre pas touours les névroses> mais le *roupe asseX mal délimité des
états border)line. tant donné ce protéisme vraiment )rappant>
mme loutrecuidance dont e parlais tout F l8eure ne permettrait
pas de trouver dans ce ui se passe lintervention indiscutale dune
)antasmatiue personnelle. ais le plus important nest peut-tre
pas lF> il réside F mes ;eu" dans le caractère presue prop8étiue de
ces productions impérieuses> ui sest maintes )ois avéré.
!n *énéral> le patient retrouve au cours de la mme séance> mais
après coup> un rve ou un événement plus ou moins ancien auuel il
na amais repensé ou ui a été re)oulé> et ui sarticule par)aitement
avec la pensée ui a sur*i en moi. :elle-ci a cette particularité
d'annoncer et d'énoncer tout F la )ois des )ra*ments importants du
monde inconscient de lanal;sé> de sorte uelle conduit directement
F une intervention douée dune réelle valeur d;namiue. Le dois dire
ue e naurais pas son*é F isoler le p8énomène de )açon aussi nette
si e navais été ré*ulièrement )rappé des prédictions au"uelles il
mamenait sKrement> et du rOle décisi) uil ouait par lF mme dans
linterprétation.
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
out cela> du reste> ne sest entièrement élucidé ue lorsue ai
compris ue dans les p8rases ui me venaient F lesprit> il )allait
c8an*er le locuteur Q avais pensé un je, en tenant donc la place du
suet> alors uil )allait entendre un vous ou un il, ce F uoi opposai
lon*temps une vive résistance au sens ps;c8anal;tiue du terme.
Zui parlait en )ait> lorsue les pensées et les ima*es circulaient dans
mon esprit> et ue e les utilisais ensuite dans mon travail M Zui donc>
sinon le patient> puisuil n; avait lF ni participation de ma vie
intérieure> ni réaction individuelle au trans)ert M ais alors il )aut
ien en conclure uF un niveau déGni de son )onctionnement>
l8appareil ps%c&ique de l'anal%ste est littéralement devenu celui de
l'anal%sé. :e dernier a enva8i @ lappareil ps;c8iue de lanal;ste>
il sen est momentanément emparé pour ; déclenc8er des processus
mentau" ori*inau". Plus précisément cest par lentremise de sa
représentation dans lespace ps;c8iue de lanal;ste ue lanal;sé
prend possession @ momentanément> ou plus )ortement> de lesprit
de lanal;ste. :ertes lanal;sé en cela encore c8erc8e comme
touours F tre compris> mais il a surtout esoin ue ce uil perçoit
au )ond de lui-mme avant tout comme une e"i*ence économiue
= ou une potentialité )antasmatiue inaccessile = sélaore et
trouve une pleine G*uration *rTce au travail dun appareil ps;c8iue
uil sest anne"é. ,anal;ste de son cOté semle stre retiré en tant
uindividualité 8aitée de passions et a;ant une 8istoire pour ne
laisser sur place ue des capacités )onctionnelles actives dans lordre
du )antasme plutOt ue de lactivité lo*iue de la pensée> et uil
alimente avec sa propre éner*ie.
:ette activité ps;c8iue ori*inale de lanal;ste> ui doule celles
ui nous sont )amilières> il )allait ien lui donner un nom. Pour
lopposer tant au )onctionnement de létat de veille uF celui du
rve> et en pensant peut-tre au" travau" ien connus sur le
sommeil> ai c8oisi de lappeler pensée paradoxale. :ette )orme
dactivité nest certes pas réservée F lanal;ste> mais e crois ue
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
celui-ci de par son e"ercice mme ; est spécialement disposé. Zuelle
est uantitativement limportance des pensées paradoxales M ont-
elles constamment F lEuvre M ,es pensées parado"ales noccupent
uune place limitée. !lles néclatent F la conscience de lanal;ste
ue de )açon )u*ace et sont certes ien loin de se mani)ester F
c8aue séance pour c8aue patient. ais ien uelles se présentent
isolément> et comme 8ors de tout conte"te> il me paraNt di0icile de
leur prter une réelle discontinuité. 'e )ait ai pu constater ue
certaines de ces pensées paradoxales étaient mal*ré tout 8omo*ènes
et par)ois reliées entre elles> aussi en suis-e venu F penser uelles
nétaient sans doute ue la part visile dun p8énomène inGniment
plus ample> se déroulant le plus souvent en sourdine> en retrait des
autres activités mentales> et doté> lui> dune sorte de continuité.
:est ce ue ai appelé le s%stème paradoxal> un s;stème certes peu
accessile> mais uil nous est par)ois donné de pressentir. ?n
devine> comme F travers un voile> un déGlé dima*es pulsatiles> des
G*ures en constante trans)ormation ui passent> sévanouissent et
reviennent1. !n tenant compte ue les lameau" de p8rases
incon*rues ou incompré8ensiles sinGltrent par)ois dans cette
t8éorie de représentations> on inclinerait volontiers F assi*ner au
s%stème paradoxal une position intermédiaire sur les conGns de
linconscient et du préconscient.
A spéciGer ainsi le s%stème paradoxal, e vais susciter F nen pas
douter perple"ité et remarues. ,es p8énomènes décrits ne seraient-
ils pas comparales F ces arte)acts ui altèrent le déroulement et
loservation dune e"périence> et> comme tels> ne devraient-ils pas
tre éliminés du c8amp de la réHe"ion> considérés en somme comme
du rien M Peut-tre serait-ce indiué> mais dans notre domaine le
raisonnale> nous le savons> nest pas touours le plus sensé.
?n aura sans doute déF pensé au rOle ue peuvent ouer dans le
s;stème parado"al la proection et lintroection> ou plus précisément
encore les mécanismes didentiGcation proective et> du cOté de
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
lanal;ste surtout> didentiGcation introective. ,intervention de ces
mécanismes dans le contre-trans)ert a été lar*ement e"posée. Ainsi
. 3e;raut n8ésite pas F reconnaNtre ue le contre-trans)ert = tout
1. ur le plan descripti)> ces productions peuvent tre
rapproc8ées des ima*es 8;pna*o*iues.
comme le trans)ert = relève F certains é*ards de la pensée
animiste> pour une part identiGée avec une proection de
linconscient. 'e lF F dire ue e pose une conception en uelue
sorte parano\de de lactivité de lanal;ste> il n; a uun pas. Pour ma
part e ne le )ranc8is pas> a;ant pu me convaincre par le"périence
ue lappropriation et lenva8issement de lappareil ps;c8iue de
lanal;ste ne répondent nullement F des visées destructrices. Il ne
sa*it pour lanal;sé ni de léser lanal;ste> ni de le contrOler
étroitement> ni de déposer en lui des )ra*ments de soi clivés et
mauvais. :e ui est plutOt en cause> F mon avis> cest le destin de la
liido narcissiue des deu" prota*onistes. i lanal;ste ressentait
cette situation comme persécutante> ce serait la preuve dune
réaction contre-trans)érentielle au sens anal et né*ati) du terme.
:ela dit> il )aut reconnaNtre ue ces pensées paradoxales ont pour
nous uelue c8ose de *nant.
:omment> F cOté des processus conscients et inconscients ui se
déroulent en lui> lanal;ste reconnaNtrait-il le"istence dun autre
re*istre dactivité ps;c8iue> dont il nest pas F proprement parler le
suet M Il éprouve> identiGe> associe> comprend> transmet> cest la
trame de sa tec8niue J il accepte comme allant de soi la )ameuse
communication dinconscient F inconscient> mais il répu*ne
naturellement F )aire une place F uelue c8ose dindéGni> de non
maNtrisé> ui est en lui comme le radicalement étran*er. Ainsi les
réticences uinspire le s%stème paradoxal se"pliueraient avant
tout par la menace uil )ait peser sur la stailité de notre sentiment
didentité. 3otre narcissisme sen trouvant éranlé> nous pouvons
nous croire attaué et nous nous dé)endons avec la plus e"trme
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
ri*ueur> pré)érant encore accuser le0et de nimporte uelle
prolématiue personnelle> )Kt-elle mme responsale dune )aute
tec8niue. A ce propos> il nest pas interdit de penser ue le
classicisme tec8niue le plus ri*oureu" a secondairement pour
)onction de proté*er lanal;ste contre cette instailité. 'un autre
cOté> la tendance F sassoupir par uoi lanal;ste opère uelue)ois
un retrait narcissiue serait une autre manière de se proté*er = si
e"trme celle-lF il est vrai uelle risue de dépasser son ut> car en
in8iant les capacités )onctionnelles de lanal;ste> lassoupissement
paral;se le lire eu du s%stème paradoxal, auuel ustement il )aut
se laisser aller. %ort 8eureusement dailleurs> il nest pas si )acile
déc8apper au eu Q la prodi*ieuse puissance dont dispose la
représentation de loet> dautant plus solidement installée en son
8Ote uelle retient une part de la liido narcissiue de celui-ci>
empc8e ue lanal;sé puisse amais tre réellement tenu F distance.
!n e"aminant les résistances ue lon oppose normalement au
s%stème paradoxal, ai acuis la conviction uelles ne sont si vives
ue parce ue le s;stème lui-mme dépend dune part de"périences
très arc8a\ues contemporaines de lédiGcation du suet> et dautre
part> dun mécanisme élémentaire> pro)ondément enraciné dans
notre tre> inséparale de notre c8air. /u sous lan*le de ce
mécanisme premier> le s%stème paradoxal nous conduit donc
directement sur le terrain de la iolo*ie = un terrain o certes nous
8ésitons touours F nous 8asarder> uoiue %reud nous en ait
clairement montré le c8emin.
?n sait ue léuipe diri*ée F lInstitut Pasteur par %. Laco et <.
%auve a récemment mis en lumière un )ait important> ui ne laisse
pas de donner F penser ,es auteurs étalissent en e0et un
rapproc8ement entre deu" cas particuliers dans lesuels les
dé)enses immunitaires> si vi*ilantes autrement F lé*ard de toute
intrusion étran*ère> cessent pareillement de )onctionner. Il sa*it
dune part de la tolérance de lor*anisme F lé*ard des cellules
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
mali*nes> et dautre part de cette mme tolérance de lor*anisme
maternel F lé*ard du )Etus dont le développement devient ainsi
possile. !n dautres termes> les cellules cancéreuses> tout comme
les cellules du placenta emr;onnaire> mettent en éc8ec le s;stème
de dé)ense de lor*anisme o elles vont se développer. Il )aut donc
uil e"iste dès le déut de la vie une )onction particulière propre F
in8ier le déclenc8ement de la dé)ense immunitaire> car si celle-ci
intervenait normalement> elle empc8erait la croissance de ce corps
étran*er uest le )Etus> ce ui est peut-tre le cas dans certains
avortements spontanés 44.
ais il )aut aussi ue cette )onction puisse F son tour tre
ultérieurement in8iée aGn ue le suet soit en état de reconnatre le
corps étran!er comme tel et de se proté!er. !n partant de ce modèle
iolo*iue> il me semle possile de supposer ue la représentation
de lanal;sé se comporte dans lespace ps;c8iue de lanal;ste F la
)açon dun trop8olaste> cest-F-dire uelle ne laisse pas lanal;ste la
reconnaNtre constamment dans sa pleine altérité. il en était ien
ainsi> on comprendrait mieu" ces situations dans lesuelles on ne
sait plus ui est o> et ui est ui. ,e développement du s%stème
paradoxal devrait donc dépendre> en partie au moins> de lin8iition
momentanée ou partielle des )onctions ui permettent de
reconnaNtre autrui et de se proté*er. 7ne in8iition dont e dirais
uelle soppose 8eureusement au déclenc8ement dune )orme parmi
les plus to"iues> et peut-tre )ondamentale> de contre-trans)ert Q le
esoin déliminer et de reeter lanal;sé.
:es considérations paraNtront peut-tre uelue peu risuées>
mais enGn nous autres anal;stes ne manuons pas daudace lorsue
nous articulons les mécanismes les plus arc8a\ues du petit 8omme
avec les modèles p8;siolo*iues de lincorporation du on et de la
réection du mauvais J ou encore lorsue nous montrons comment
ces mécanismes sont F lEuvre dans des )antasmes susceptiles
dénonciation. Lévouerai encore la pratiue ps;c8osomatiue ui>
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en nous plaçant au contact des ori*ines troules des activités
)antasmatiues> nous démontre constamment comien sont )ra*iles
et mouvantes les limites entre suet et oet> entre mental et
p8;siue. 'ans ce no mans land> les pouvoirs sont parta*és> et
)réuentes sont les altérations or*aniues ui apparaissent et
évoluent comme en réponse au" modiGcations les plus variées>
souvent inGmes> survenant c8eX lautre et ressenties par le patient
en tant ue c8an*ements dont il est lui-mme a0ecté. :ela constitue
F mon sens le modèle de lactin* in. !t puis> rien nempc8e de
penser uil e"iste une pro)onde 8omo*énéité de structure entre les
mécanismes les plus élémentaires et ceu" ui G*urent parmi les plus
évolués.
ais il est dautres ar*uments en )aveur du s%stème paradoxal
au"uels lanal;ste devrait tre plus sensile. Lai déF )ait état de la
conne"ité entre s%stème paradoxal et dépersonnalisation> ou plus
e"actement de la dépendance du s%stème paradoxal F lé*ard dun
destin particulier de la liido narcissiue> ui impliue une
incertitude relative du sentiment didentité. Par sentiment didentité>
entends> en suivant P8. reenacre> lunicité vécue dun or*anisme
inté*ré ui reconnaNt autrui sans ami*u\té45. 'ans un travail
précédent sur Le de&ors et le dedans, ai déF développé ces vues en
partant de le"amen du )antasme Q i étais mort @46. Le soutenais
alors ue les oets )ortement investis ne peuvent amais ni *a*ner
une réelle altérité ni otenir le statut de suets totalement
indépendants. Parallèlement le oi> en partie perdu dans les
représentations de ses oets damour> naccède amais> lui non plus>
F une identité entièrement déGnie et indiscutale. Lavançais encore
uil n; a pas de )rontière véritale entre le oi et le non-oi> mais
une Xone transi-tionnelle incertaine> un spectre d'identité déGni par
les diverses positions ue peut occuper la liido narcissiue depuis
un pOle interne usuF un pOle e"terne ui co\ncide avec lima*e de
lautre. :es remarues pourraient tout aussi ien tre tirées de
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le"amen de la situation anal;tiue> ui s; prte mme
particulièrement. !n e0et> lanal;ste dépose touours une part plus
ou moins *rande de sa liido narcissiue dans la représentation uil
a de son anal;sé> et ce processus> sil sampliGe> constitue une
circonstance )avorisante> et pour lattention Hottante> et pour
lapparition du s%stème paradoxal. :orrélativement F cette
déperdition de sa liido narcissiue> lanal;ste voit saltérer lima*e
oscure et indéGnissale uil a de sa propre identité.
8éoriuement> ce mouvement pourrait aoutir F une véritale
translation de lun dans lautre> ce ui ne risue *uère de se produire
pratiuement> puisue la liido narcissiue ne cesse amais de
circuler et dosciller entre ses pOles e"trmes. A supposer uon
veuille retenir certains traits caractérisant la personnalité de
lanal;ste> il )audrait )aire une place> F cOté dune disposition
spéciale F lidentiGcation primaire> comparale F celle du
ps;c8otiue et du pervers> F la cononction dun )antasme de
maternité et dune aptitude F la dépersonnalisation.
A propos de lincertitude a0ectant le sentiment de lidentité> e
rappelle ue pour moi il dépend é*alement de"périences précoces
dont linHuence directe a persévéré. ,une de ces e"périences me
paraNt révéler un )ait saisissant ui constitue sans doute lun des
points dancra*e du s%stème paradoxal et> pour certains individus au
moins> un moment décisi) du développement.
7ne patiente me rapporte ue lorsuelle était T*ée de deu" ans
et demi environ> elle sest trouvée un our avec sa mère devant une
armoire F *lace ui les reHétait toutes les deu" deout> cOte F cOte.
Pour la première )ois> len)ant voit donc simultanément les deu"
ima*es. !lle éprouve alors deu" états ui> uoiue séparés par un
certain délai> sont étroitement reliés. ,e"périence est ami*uq> en
tout cas loin dtre o;euse ou triomp8ante J dans un premier temps
pourtant elle comporte un élément positi)> car elle permet un ond
mental prodi*ieu". ,en)ant déduit de cette vision ue sa mère ne
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connaNt pas ses pensées> ce ui lui permet mme de pro)érer
mentalement des inures. 7ltérieurement> se reportant au
cOtoiement des deu" ima*es> elle se trouve en proie F une pro)onde
détresse. ,ittéralement a0olée> elle se précipite sur sa mère>
linterpelle avec violence> en criant Q
aman> pouruoi e suis moi> dis-moi pouruoi e suis moi U @
?n conçoit lemarras de la mère J a*acée par linsistance de
len)ant> évasive> puis rutale semle-t-il> elle la renvoie sans lui
répondre. ,a patiente se souvient uelle sest alors etée par terre>
pleine de ra*e J sa sEur> nettement plus T*ée uelle> aurait assisté
plusieurs )ois F cette dernière scène et la lui aurait racontée.
?n aura sans doute déF pensé au stade du miroir de ,acan>
puisuil sa*it lF aussi dune relation entre identité et ima*e
spéculaire. !n )ait le"périence relatée par ma patiente est uelue
c8ose de tout F )ait di0érent Q elle est eaucoup plus tardive = deu"
ans et demi environ = et douée dune tout autre tonalité a0ective.
,en)ant> lF> nest déF plus plon*é dans cet état dimpuissance et
dincoordination motrice ui caractérise le tout-petit. Il a un certain
sens de son unité corporelle et dispose dune relative maNtrise. ais
ce nouveau pas> ui pourtant le conduit F une délimitation plus sKre
de son oi> il ne le )ranc8it pas sans désarroi> car il pressent ue le
pri" F pa;er est une )racture @ de sa liido. Sien ue le Le @
commence de sa0irmer> tout ltre résiste F la nécessité de se
rétracter sur lui-mme> dassi*ner une place déGnie F sa liido
narcissiue et den tracer les )rontières. Il proteste violemment
contre cette restriction ui comporte un doule deuil> celui dun
ancien soi-mme immense et celui dun oet narcissiue Q la mère
des premiers temps. !t comme il vit le déc8irement et la détresse de
devoir tre pour la première )ois et pour de on> len)ant lutte et
retient par lF mme au )ond de lui le souvenir de ce moment
daustement. rop rude pour tre acceptée> le"périence le conduit F
re)user ou tout au moins F retarder une victoire uil ressent comme
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
appauvrissante> voire comme une dé)aite. ais mal*ré tout il sest
rapproc8é de la réalité> et puisue la réalité a0irme ue loet est
un autre> cet autre il le man*era @> ne serait-ce ue pour ne pas
perdre la part de lui-mme ui ; est en)ermée. Il serait concevale
ue les rudiments de toute représentation doet )ussent créés et
appelés F se développer de cette )açon dans lespace du suet. !t ue
le"périence laissTt un résidu )onctionnel> consistant> pour la liido
narcissiue> en une capacité de se déplacer constamment entre la
représentation du suet lui-mme et celle de ses oets damour J et
pour le oi en une incapacité de sassurer amais dune inéranlale
identité.
<este F envisa*er le prolème sous lan*le des )onctions du
s%stème paradoxal. ,es pensées ui en relèvent> on la vu>
permettent un accès nouveau au matériel latent> et des
interprétations ui> pour tre un peu particulières> ne sont pas pour
autant totalement étran*ères F une manière classiue de voir. A ceci
près> toute)ois> ue le s%stème paradoxal concerne plus spécialement
les potentialités )antasmatiues du patient ui> soit en raison de
lintervention ponctuelle dun )acteur économiue> soit en raison du
rOle oué par le re)oulement primaire> sont 8ors détat de se
développer pleinement> du moins sur le moment. :e statut nest pas
e"clusivement réservé F un certain t;pe de patients> en )ait il peut
arriver F nimporte ui den tre a0ecté de )açon plus ou moins
sévère et plus ou moins durale. ,es interprétations corrélatives au"
pensées paradoxales con)èrent une )orme verale au"
représentations e"clues ui> autrement> nauraient pu recevoir aucun
investissement préconscient> mme au pri" de *rosses altérations. ,a
vertu de ces interprétations tient en partie F ce ue> )ormulées par
un autre ui est en mme temps un soi-mme> elles éranlent un
statut économiue G*é> daord parce uelles toment uste> uant
au moment et au contenu> ensuite parce uelles sont souvent le
produit du déplacement et de la condensation. 7ne part des éner*ies
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
normalement liées dans les s;stèmes supérieurs acuiert une
capacité momentanée de lire circulation et devient disponile pour
investir ces productions de linconscient )rappées de"clusion. :ette
moilisation> ui se )ait sans doute au point darticulation des
représentations de c8oses avec les représentations de mots> ne laisse
pas de liérer une certaine uantité dan*oisse.
?utre lincidence très particulière du s%stème paradoxal sur
linterprétation> il )aut encore mentionner lun de ses e0ets les plus
remaruales sur la situation du patient. Lai touours noté avec
eaucoup dintért ce ue les patients nous disent par)ois Q /ous
ntes pas lF @> ou ien Q Le ne vous sens plus> o tes-vous M @ Il
leur arrive mme de penser ue lanal;ste est tout onnement mort>
derrière eu"> dans son )auteuil. ,es remarues de ce *enre ne
traduisent pas nécessairement la*ressivité de lanal;sé J elles ne
sont pas non plus touours F mettre au compte dune distraction>
dune évasion de lanal;ste. ,a preuve> cest uelles surviennent
spécialement uand lanal;ste est enva8i par les pensées
paradoxales> lesuelles précisément concernent au plus 8aut point le
patient lui-mme. Ainsi> ien ue uste F ce moment lanal;ste soit
tout occupé de lui> le patient vit aut&entiquement un instant de
deuil, ce ui met en évidence une autre )onction du s%stème
paradoxal. ,es doutes concernant le"istence de lanal;ste moilisent
c8eX lanal;sé un appétit relationnel violent J a;ant conservé uelue
c8ose de leur statut premier de"tra-territorialité> les pulsions sont
rutalement moilisées> sans doute pour otenir satis)action> mais
surtout pour tre ressaisies et or*aniuement assimilées> en dautres
termes Q introectées au sens )erencXien du mot. !n cela e me
rattac8e> comme e lai déF )ait dans lanal;se du )antasme i
étais mort @> au point de vue ue 3icolas
Ara8am4$ et aria oro[ 4& ont remarualement déGni.
Au moment o le )onctionnement parado"al se déclenc8e>
lanal;sé peut avoir le sentiment uil perd une part de ses instincts
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III. :ontre-trans)ert et s;stème parado"al (19$6
parce ue lautre lemporte avec lui en sanéantissant. ais une )ois
ue lanal;ste a recouvré la plus *rande part de sa liido narcissiue
évadée J uil a repris valeur oectale et énoncé le désir> ce ui avait
été une menace se révèle avoir été une c8ance pour lanal;sé de
récupérer uelue c8ose des pulsions mises en eu dans la situation
de deuil> de la*ré*er or*aniuement F son tre pour lenric8ir dans
le sens de sa plus *rande aut8enticité. :est ce ui minciterait
volontiers F penser ue ltre se construit *rTce F une succession
ininterrompue de"périences )antasmatiues de deuil.
?n pose *énéralement ue le oi sédiGe F partir de ses
identiGcations successives. Peut-tre> pour ce ui est des )onctions
étroitement instrumentales. ais e me demande par)ois si ce nest
aussi de cette manière uil se )alsiGe J car le Le @ le plus vrai ne
peut tre ailleurs ue dans lélaoration de linstinct> cest-F-dire
dans ce uil ; a de plus essentiel et> comme linconscient lui-mme>
de plus inacceptale pour lesprit.
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I. &e travail du trépas (1976)
Le terrible avec les morts, c'est leurs !estes de vie
dans notre mémoire. Car alors ils vivent atrocement, etnous n8% comprenons plus rien. @
Alert :o8en>
Le Livre de ma mère.
A propos de ce ui se passe pour lindividu dans les derniers
moments de la vie> on dit volontiers uon ne peut le saisir uen
termes de processus p8;siolo*iues ou iolo*iues> comme si les
c8an*ements ui interviennent alors dans lappareil ps;c8iue
éc8appaient nécessairement F tout e0ort de compré8ension.
,anal;ste> tout comme le p8ilosop8e> devrait donc simplement
aisser les ras. :est une )açon de voir t;piue de notre sensiilité
moderne. 'ans les temps anciens> note urt !issler> on cro;ait
par)ois lire dans la*onie la lutte dun dieu ou dun an*e avec des
démons49. !n somme> on n8ésitait pas F raconter des 8istoires> F
construire des )antasma*ories décrivant allusivement ce ui a lieu
dans lesprit in extremis, au cours de ce passa*e ui> auourd8ui> va
précisément retenir mon attention.
A vrai dire le suet moccupait déF depuis un cerlain temps5>
lorsue> en 19$4> trois pri" 3oel> L. onod> ,. Pau-lin* et .
8ompson> pulièrent dans la revue I&e 3umanist un mani)este en
)aveur de leut8anasie R. Lai conservé ce te"te> ui F lépoue Gt
2+
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I/. ,e travail du trépas (19$6
uelue ruit> et cest en le relisant maintenant ue e me
ressouviens du mot dun de mes plus anciens anal;sés. Par)aitement
étran*er F tout savoir anal;tiue> cet 8omme me disait de temps F
autre Q Le pense ue... ais ma pensée me dit ue... @> le deu"ième
memre de la p8rase contredisant ien entendu presue touours le
premier. ,a t8èse e"posée dans le mani)este ma aussitOt plon*é
dans une situation compaiale. 'une part> en e0et> e cro;ais en
parta*er spontanément et sans réserves les idées> et dautre part> au
moment de traiter plus F )ond ce t8ème du trépas> voilF ue ma
pensée @> comme aurait dit mon patient> me souait tout autre
c8ose. Le vais donc devoir maccommoder de réHe"ions ui> en
partie> seront contradictoires.
Aucune morale> a0irment les si*nataires du mani)este> ne saurait
interdire F uiconue de mettre Gn F sa vie lorsuil est atteint dune
8orrile maladie contre lauelle les remèdes connus sont sans
e0ets Q il serait arare et cruel @ de maintenir une personne en
vie contre sa volonté lorsue cette vie précisément a perdu toute
di*nité> eauté et si*niGcation @> la sou0rance inutile ne devrait
pas avoir de place dans les sociétés civilisées @. 'ans cette
perspective> lorsuil nest plus possile de vivre pleinement @>
leut8anasie devrait tre pour c8acun une espérance et mme un
droit. :ette ar*umentation parait irré)utale> en tout cas on ne lui
oppose *uère en *énéral ue des principes morau" ou reli*ieu" ien
conventionnels Q le mérite du coura*e> la0rontement du tra*iue de
le"istence> les vertus de la sou0rance> etc. 'ans le mani)este>
toute)ois> deu" points mont spécialement donné F penser Q
limpossiilité de vivre pleinement> notion tout F la )ois caté*oriue
et imprécise> ui laisse deviner une prolématiue narcissiue> la
crainte de ne pas tre F la 8auteur des e"i*ences de lIdéal du oi J
puis le point de vue ét8iue> selon leuel la mort devrait tre
considérée comme une partie inté*rante de la vie @. ais comment
concilier cette conception ui> de laveu des auteurs> relève de la
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I/. ,e travail du trépas (19$6
morale> voire de la p8ilosop8ie> avec lacte purement matériel ui est
censé rendre F la vie et F la mort prises ensemle toute leur di*nité M
i la mort nest plus seulement un ultime accident iolo*iue> le
dernier e0et dune détérioration somatiue> alors nous sommes
tenus de la considérer é*alement comme un événement ps;c8iue et
de nous comporter en conséuence.
,a réHe"ion ps;c8anal;tiue> on le sait> est venue au prolème de
la mort essentiellement par le iais des p8énomènes de la répétition
et de la*ressivité> cest-F-dire par lintermédiaire des c8oses
oservales dans la vie. ?n pourrait tout aussi ien> en suivant le
c8emin inverse> partir de la mort pour se tourner vers la vie> ou plus
e"actement> vers un aspect très particulier de la vie parvenue F son
terme. 3on ue e veuille )aire une proection de la mort dans la vie
usue dans son ori*ine mme> comme le proposent certaines
ontolo*ies (Weide**er. Le me contenterai denvisa*er ici la période
terminale de le"istence du suet irrémédialement condamné>
autrement dit le trépas en un sens élar*i. ais> dira-t-on> les )ormes
inGniment variées du processus déGent toute anal;se J en outre> si
les anal;stes se sont lon*uement attac8és au deuil> ui> lui> est très
accessile> ils nont *uère eu loccasion de disposer de la mort en
tant ue matériel cliniue @ pour )onder leur réHe"ion> F moins
davoir )réuenté un 8Opital *énéral> o le"périence de la mort o0re
F loservation les aspects les plus divers. 'e plus> ceu" ui> sentant
lF un véritale domaine de rec8erc8e> ont orienté dans ce sens une
part de leur travail> semlent souvent stre arrtés en c8emin> pour
des raisons ui en elles-mmes déF mériteraient e"amen.
,anal;se est pourtant le meilleur mo;en de ne pas manuer cette
activité ps;c8iue essentielle> ce dernier travail ue tout tre doit
accomplir au cours de ce passa*e uest littéralement le trépas. i le
mani)este des 3oel ma laissé tellement perple"e> cest ue> tout en
e"primant la volonté dinté*rer la mort dans la vie> il ne tenait pas
compte de toutes les conséuences uimpliue lo*iuement la
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I/. ,e travail du trépas (19$6
)ormule. ,a nécessité daré*er les sou0rances de lindividu pour
préserver la di*nité de sa Gn> ui ne la reconnaNtrait M eulement> on
ne peut pas i*norer uelle entraNne indirectement F neutraliser le
travail ps;c8iue ue le moriond peut accomplir naturellement.
'un autre cOté> il est non moins certain ue la sou0rance p8;siue
peut porter *ravement atteinte F lactivité mentale> mais ui en
décidera M !n droit celui ui lendure J or F la dernière e"trémité il
est 8aité par des pensées contradictoires. Ainsi lorsuil réclame
ue lon 8Tte sa Gn> il trouve dans le mme temps le mo;en
de"primer en sourdine une tout autre demande> uil )aut savoir
déc8i0rer. Pro)ondément> le mourant attend uon ne se soustraie
pas F cette relation> F cet en*a*ement réciproue uil propose
presue secrètement> par)ois F son insu> et dont va dépendre le
déroulement du travail du trépas. !n )ait> il sen*a*e> en vertu de ce
ue ima*ine comme une sorte de savoir de lespèce> dans une
ultime e"périence relationnelle. Alors ue les liens ui lattac8ent
au" autres sont sur le point de se dé)aire asolument> il est
parado"alement soulevé par un mouvement puissant> F certains
é*ards passionnel. Par lF> il surinvestit ses oets damour> car ceu"-
ci sont indispensales F son dernier e0ort pour assimiler tout ce ui
na pu ltre usue-lF dans sa vie pulsionnelle> comme sil tentait de
se mettre complètement au monde avant de disparaNtre.
?n sétonnera peut-tre de navoir encore trouvé ici aucune
ré)érence F linstinct de mort. :est un parti ue e prends> ai déF
eu loccasion de men e"pliuer51. Le pense> en e0et> ue sil sa*it
de"aminer des )aits cliniues uels uils soient> mieu" vaut mettre
provisoirement cette prolématiue F lécart. Autrement> entraNné
dans une discussion interminale ui> certes> a son utilité> mais F un
tout autre niveau> on risue de perdre le contact avec la réalité. !n
outre> la cliniue ma touours amené F mettre moins laccent sur un
instinct de mort ue sur les modalités de )onctionnement de
linstinct> ou si lon pré)ère> sur son destin 52. PlutOt ue de me
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I/. ,e travail du trépas (19$6
prononcer sur la nature instinctuelle de certains mouvements
dapparence lét8ale> e pré)ère maintenir des oppositions
)onctionnelles> par e"emple lanta*onisme principe de constance
principe dinertie> ui> dans le cas ui moccupe> me paraissent
)ournir un appareil t8éoriue su0isant.
★
,es anal;stes a;ant pu suivre en ps;c8ot8érapie ou mme
oserver su0isamment lon*temps des patients condamnés F rève
éc8éance sont assurément peu nomreu". ,eur e"périence est
dautant plus précieuse> surtout lorsuils lont saisie dans des
e"posés de cas détaillés> comme lont )ait urt !issler5+> Lanice
3orton54 et !lisaet8 ler-<oss55 par e"emple J cette dernière
était du reste pro)esseur de ps;c8iatrie F l7niversité de :8ica*o> o
elle avait )ondé un séminaire de rec8erc8es consacré F cette
caté*orie de patients. ?r c8acun des auteurs> uoiue partant
doservations ri*oureuses> )aites avec un sens cliniue pénétrant>
aoutit F des conclusions par)ois très contradictoires. ?n a le
sentiment ue> lF> des pensées opposées c8eminent parallèlement>
les unes dépendant essentiellement de données contre-
trans)érentielles et de ré)érences t8éoriues = au deuil en
particulier J les autres découlant dune attitude a0ective pro)onde>
dune intuition oscure> mais )éconde. !t tandis ue lintuition
permet de saisir au plus près ce ui se passe réellement> elle est
relé*uée au second plan dès uil sa*it de )ormuler une t8éorie.
U
urt !issler> par e"emple> souli*ne avec pertinence ue le
t8érapeute de ces patients doit reconnaNtre et comler leurs sou8aits
avant mme uils naient été e"primés56. :itant Lones> il insiste sur
la portée de cette disponiilité asolue> ui> pour le t8érapeute>
prend la valeur dun don de sa propre vie au patient. 'ès lors> celui-
ci peut trans)ormer l8orreur davoir été c8oisi @ par la mort> alors
ue la vie continue dans le monde> en une mort parta*ée avec un
2$
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I/. ,e travail du trépas (19$6
autre uon entraNne avec soi = ce ui correspond peut-tre F une
nouvelle naissanceS. !issler ni*nore donc nullement le trans)ert
intense de ces patients ui> loin de se détac8er de leurs oets
damour> c8erc8ent F les remplacer dès uils leur )ont dé)aut.
ais cela ne lempc8e pas décrire un peu plus loin ue> F
lapproc8e de la mort> la*onie serait allé*ée si le patient était
capale dune sorte de travail de deuil sur ses oets damour> ui> en
lui permettant de désinvestir le monde par avance> le conduirait F
accepter la mort comme une (# conséuence naturelle de la
constellation économiue du moment1 @. !issler voit )ort ien ue
lorsue les oets restent clairement perçus dans la réalité> un tel
désinvestissement nest *uère concevale> mais lopposition ui
susiste entre ses notations cliniues et son commentaire t8éoriue
nen est pas réduite pour autant.
,e remaruale travail de Lanice 3orton su**ère des critiues
analo*ues. ,e cas traité est du reste tout F )ait e"emplaire. :est
celui dune eune )emme mariée et mère de deu" en)ants> ue Lanice
3orton prit en ps;c8ot8érapie pendant la période terminale dun
cancer *énéralisé. ,a patiente> très peu névrosée nous dit-on> était
par)aitement au courant de son état. !lle savait uil ne lui restait
ue )ort peu de temps F vivre> uelues mois au plus. :omme il
arrive )réuemment> la perspective de sa mort proc8aine avait
sérieusement perturé ses relations avec son entoura*e. Ainsi son
mari> ses parents> une sEur> ui tous pourtant laimaient
tendrement> avaient tellement désinvesti leurs relations avec elle
uils ne pouvaient plus lui tre daucune aide. Pour eu"> F maints
é*ards elle était déF morte ou mme retardait par trop le moment
de mourir @. al*ré la dé)ection de ses proc8es> mal*ré la
pro*ression du mal avec son cortè*e dinGrmités
= par e"emple une cécité temporaire => le esoin dun éc8an*e
avec autrui> loin de diminuer> ne cessa dau*menter @. Lanice 3orton
semle avoir été immédiatement sensile F cet appel J elle ; répondit
2&
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I/. ,e travail du trépas (19$6
spontanément> et constata ientOt le développement dun trans)ert
très intense> uelle put suivre usue dans ses aspects les plus
ré*ressi)s. %ort ustement> ceu"-ci )urent compris comme le mo;en
de maintenir F tous les niveau" un investissement constant et
puissant du t8érapeute. :e mouvement allait mme si loin ue la
patiente> tout en parlant de son ima*ination sotte et illo*iue @>
avait par)ois le sentiment ue Lanice 3orton était près delle vin*t-
uatre 8eures sur vin*t-uatre et uelle ne cessait pas de lui parler.
Au cours de son trans)ert ré*ressi)> la patiente a;ant répété uelue
c8ose ui avait trait F ses relations avec sa mère> Lanice 3orton ne
manua pas den tenir compte> elle comprit uil lui )allait assumer
certaines )onctions du oi de sa malade> F la manière dune mère
ui oue le rOle de oi e"terne de son tout-petit. Lanice 3orton
a0irme encore ue lessentiel de la ps;c8ot8érapie> son oecti)
maeur> est de )aciliter au ma"imum le développement de cette
relation trans)érentielle ré*ressive> pour proté!er le patient contre
tout sentiment de perte objectale. 'e )ait> lorsue lentoura*e
)amilial et médical )ait dé)aut> e"posant le patient F ce uil redoute
le plus Q mourir seul> cest ien le ps;c8ot8érapeute ui est le mieu"
armé pour retenir sur lui tous les investissements. 'ans le cas
présenté> la patiente> nous dit-on> semle avoir résolu le prolème de
la séparation inévitale davec sa t8érapeute en lentraNnant
)antasmatiuement avec elle dans la mort> ien ue> aoutait-elle
par)ois> cela ne puisse se produire e"actement au mme moment @.
:ette incorporation de loet> de mme nature ue celle ui
permettait F la patiente d8alluciner la présence constante de Lanice
3orton> est usuF un certain point comparale F ce uon oserve
dans le travail du deuil> mais usuF un certain point seulement> car
le travail de deuil ne saccomplit complètement ue sil aoutit F une
récupération des investissements placés dans les oets perdus. i la
eune )emme avait ien opéré vis-F-vis de ses proc8es un certain
retrait> la liido ainsi liérée> e"altée mme> avait été aussitOt
en*a*ée dans sa relation avec la t8érapeute> personne dont> pour
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elle> il nétait ustement pas uestion de )aire le deuil. !t> comme elle
était pratiuement assurée ue son dernier oet ne se déroerait
pas> elle navait pas de raison de retirer la liido placée dans sa
représentation. out cela est clair dans loservation> mais alors
pouruoi Lanice 3orton souscrit-elle au" vues d!issler sur le ien)ait
ue serait pour le mourant le deuil anticipé de ses oets M Pouruoi
le trait maruant des derniers mois de la vie de sa patiente lui paraNt-
il tre le travail de deuil uelle e0ectuait sur ses oets damour
)amiliau"> alors ue le véritale oet> sur uoi tout sétait
concentré> cétait elle> précisément M :omment pouvait-elle aider
la eune )emme F mourir en lui évitant tout vécu de perte oectale>
et croire en mme temps uil est plus )acile de mourir uand on
sest séparé de ses oets> autrement dit uand on est déF mort
a0ectivement M outes ces contradictions relèvent> ien entendu> de
lauto-anal;se du t8érapeute et e ne les souli*ne avec insistance ue
parce uelles me paraissent inévitales> tant ue> u*eant
limportance des personnes réelles et de leur présence e0ective
asolument décisive> on en vient F sous-estimer le rOle des
représentations doets et des )antasmes dans lesuels elles sont
prises. 'e mme> la pré*nance de ce ui se passe au niveau des
processus conscients empc8e dappré8ender clairement le
)antastiue ouleversement topiue ui se produit dans ces moments
ultimes. !nGn> en sintéressant presue e"clusivement au destin des
a0ects = pris du reste dans le sens le plus restricti) => on né*li*e
celui de linstinct> alors ue les nouveau" processus structurau" @
dont parle !issler lui-mme pourraient ustement en dépendre. ais
cest aussi ue le t8ème de la mort e"erce sur nous une telle
)ascination uon en oulie de sinterro*er sur le sort de la liido>
dont les mouvements> F lapproc8e de la Gn> sont pourtant tout aussi
di*nes dattention ue ceu" ui ont présidé au" déuts de la vie.
Pour ma part> ai touours été )rappé par le )ait ue ce ui nous
éc8appe si souvent est par)aitement perçu et compris par le
21
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I/. ,e travail du trépas (19$6
personnel inGrmier ou un entoura*e médical attenti) R. A la veille de
leur mort ou dans les 8eures ui la précèdent> le comportement de
certains patients laisse déduire un surprenant élan pulsionnel> une
avidité ré*ressive> positivement un&eimlic&, ui )erait presue parler
dun emrasement du désir. 7ne malade ui avait complètement
perdu lappétit se ette voracement sur la nourriture Q alors uon
sattendait F une e"tinction accélérée de tous les processus> voilF
ue> sous une )orme certes insolite ui crée uelue malaise> la vie
semle soudain se"alter. !t comme les personnes encore présentes
sont étreintes par lan*oisse> elles utilisent pleinement le déni.
Aveu*les F la valeur de pronostic )uneste de ce ui se passe> elles
commencent F croire F une miraculeuse rémission. ,e cas nest pas
très )réuent> dira-t-on peut-tre> cest vrai> mais lar*ument
statistiue est sans portée lorsuil sa*it de cerner la )orme
e"emplaire dun )ait. !n outre> la passion @ dont e parle nest pas
touours spectaculaire> et pour ui veut tout i*norer> il est )acile de
ne pas la voir. ?n ne devrait pourtant pas passer F cOté de laspect
relationnel du p8énomène> dans leuel les oets damour investis
sont comme entourés par des ras innomrales et secrètement
invités F une sorte de )te maniaue. Le me souviens dun cas ien
proc8e de celui ue décrit Lanice 3orton> celui dune eune )emme>
parvenue elle aussi au dernier stade dune *énéralisation
cancéreuse. LusuF la Gn son comportement stupéGa son entoura*e>
moi ; compris J sur le moment e le reconnais> e ne lai asolument
pas saisi. 'ans la0reuse condition ue lon ima*ine> avec des
métastases osseuses di0uses et a0ectant mme le rac8is> elle noua
une relation amoureuse complète avec un de ses c8irur*iens> celui-lF
mme ui lavait in)ormée clairement de son état> et par conséuent>
du pronostic. Sien ue laut8enticité de cette liaison ne )Nt de doute
pour personne> certains )urent tout de mme uelue peu c8oués
par lattitude du c8irur*ien> une personnalité de *rande intelli*ence
et de 8aute valeur morale> ui> après uil eut été 8appé par le
mouvement trans)érentiel> avait oscurément senti lF uelue c8ose
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de )ondamental. ais lélan de la eune )emme ne se limita pas F ce
mouvement amoureu"> elle réussit encore F mener F ien un travail
personnel dans un domaine touc8ant lart> et pour en assurer le
succès> elle participa peu de ours avant sa mort F une mani)estation
o on la mena en amulance. :e our-lF> c8acun la vit souriante>
parée> rillante> tandis ue médecins et inGrmiers tremlaient F
lidée de laccident prévisile ui eKt pu riser dans linstant cette
intensité de vie.
Avant de rencontrer Lanice 3orton> sa )uture patiente avait )ait
une e"périence très analo*ue F celle de cette eune )emme. 7n
pasteur venait lui rendre de )réuentes visites> au cours desuelles
ils j p8ilosop8aient @ ensemle sur limmortalité. Sien ue des plus
sceptiues F lé*ard de toute doctrine reli*ieuse> la patiente prenait
plaisir F ces rencontres. Peu F peu ces conversations avec le pasteur
prirent un tour plus personnel> et le our vint o elle lui déclara
uelle était sur le point de tomer amoureuse de lui. ?n conçoit la
réaction du pasteur> en loccurrence moins pro)ond ue le c8irur*ien.
Il répondit F la eune )emme uelle nétait pas réaliste> uelle était
malade> etc. Il écourta donc les visites> puis prit la )uite. ,a
perspective de la mort navait aucunement diminué le esoin ue la
malade avait des autres> mais au contraire lavait e"aceré. es
)acultés créatrices se ranimèrent é*alement> et dans les mois ui
suivirent lapparition des métastases> elle recommença décrire des
poèmes. 7n autre petit )ait e"prime ien> au centre de ces étran*es
trans)erts> les espoirs tenaces de la liido. 7n our> la eune )emme
demanda F Lanice 3orton de ien vouloir porter après sa mort une
roe rou*e uelle avait acuise uste avant le déut de sa maladie
dans lintention de se rendre plus séduisante.
★
:es oservations ui> au demeurant> ne sont nullement
e"ceptionnelles> montrent ien les deu" traits essentiels
caractérisant lapproc8e de la mort> e veu" dire Q l'expansion
212
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 213/229
I/. ,e travail du trépas (19$6
libidinale et l'exaltation de l'appétence relationnelle. :es deu"
mouvements> ui se commandent lun lautre> président F lactivité
ps;c8iue particulière ue ai nommée travail du trépas> en pensant
au deuil ien entendu> mais aussi au rve ui> F sa manière> répond F
une e"i*ence du mme ordre. 7n rapproc8ement ui nest nullement
aritraire> en ai trouvé la conGrmation dans un )ait e"emplaire
prouvant ue ces deu" aspects du mme travail sont uasiment
indissociales. Assistant sans aucun recours F la mort dun 8omme
victime dune 8émorra*ie catacl;smiue> un collè*ue me rapporte
uil a vu le mal8eureu" sortir soudain de létat dinconscience dans
leuel il somrait pour sécrier uste avant de séteindre Q Le viens
de )aire un drOle de rve. @ 'ans cet épisode dramatiue> l8omme>
de toute évidence> tente un dernier e0ort avant de mourir> comme
sil voulait ou devait encore )aire uelue c8ose de ce ui lui arrive.
:est une idée très répandue ue ltre 8umain voit déGler toute
son e"istence en ima*es au moment mme o elle va Gnir. ais
comment> et pouruoi M Zuel sens )aut-il attriuer F cette sorte de
sacriGce de la vie antérieure ui serait alors
accompli M Pour saisir dun peu plus près cette contraction
e"trme du dernier instant> il )aut sans aucun doute revenir F
loservation> sinterro*er sur la Gnalité de cette activité ps;c8iue
dont on perçoit plus ou moins clairement les e0ets> et tenir compte
dun aspect essentiel du prolème> ui est la temporalité. 'ans le
rapproc8ement ue lon peut )aire entre travail du deuil et travail du
trépas> il ne )aut pas né*li*er une di0érence de poids> F savoir ue>
contrairement F lendeuillé> le mourant ne dispose ue de très peu
de temps pour accomplir sa tTc8e et ue celle-ci de surcroNt est ien
la dernière. Il est vrai ue la )açon dont ce peu de temps @ est vécu
na peut-tre rien F voir avec ce ue nous appelons tel dans la vie.
Pour ma part> e suis porté F croire uil se produit F la toute Gn une
e"traordinaire condensation des données temporelles> comme si la
conscience était alors pro*ressivement a0ectée par la loi
21+
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I/. ,e travail du trépas (19$6
dintemporalité ui rè*ne dans linconscient. !n outre il est proale
ue le travail du trépas> au sens o e lentends> commence ien
avant la*onie. Pour la patiente de Lanice 3orton comme pour la
eune )emme dont ai rapporté le cas> il avait certainement déuté
plusieurs mois avant la mort> en partie peut-tre parce uelles
avaient été complètement in)ormées de leur état> ce ui> dans ma
perspective> crée dailleurs la situation la plus )avorale. !lisaet8
ler-<oss ui a pu étudier plus de deu" cents cas> parta*e au
moins en partie ce point de vue> lorsuelle propose de remplacer la
uestion Q 'ois-e in)ormer mon patient M @ par Q :omment vais-e
parta*er ce savoir avec lui M @ Zuoi uil en soit> aoute-t-elle> uils
aient été in)ormés ou non> la plupart dentre eu"> sinon tous>
savaient @. ,e travail du trépas commencerait-il donc F partir du
moment o le patient sait @ M Linclinerais F penser uil commence
très tOt> car les processus morides ui se déroulent dans le corps>
lappareil ps;c8iue ne manue amais de les repérer F uelue
niveau J après uoi> il les met en )orme> les raconte s;moliuement>
les dramatise comme dans un rve voué F louli> ce ui impliue
déF un certain en*a*ement de la liido. Pour !lisaet8 ler-<oss>
ui a surtout en vue ce ui a0ecte le oi conscient> le patient
in)ormé de son état traverse plusieurs p8ases> ui vont du re)us et de
la déné*ation F laandon de lespoir impossile> en passant par la
colère> les marc8anda*es> la dépression et la rési*nation. i le
travail du trépas commence asseX précocement> comme e le crois> il
est possile uil ne se0ectue vraiment uF partir du moment o>
a;ant dépassé la p8ase de dépression> le patient en vient F une sorte
dacceptation du destin> ce ui> comme ai pu loserver une )ois>
peut se )aire dans un temps très court.
:8eX certains> les représentations des oets damour sont si
puissamment investies ue le travail du trépas se déclenc8e de lui-
mme> mais le plus souvent> les cas ue ai cités en sont de ons
e"emples> la présence dune personne réelle est indispensale. Zue
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7/23/2019 art_mort
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I/. ,e travail du trépas (19$6
celle-ci soit un proc8e> un médecin ou un anal;ste> il )aut uelle soit
réellement disponile> sKre au" ;eu" du patient et capale de
comler ses esoins élémentaires> ce ui si*niGe pro)ondément
uelle accepte uune part delle-mme soit incluse dans lorite
)unère du mourant. Le pré)ère cette dernière )ormule F celle
dempat8ie ou didentiGcation> touours sélective> parce uelle tient
mieu" compte de ce )ait essentiel ue> dans la désastreuse
dé)aillance des oets damour ou de leurs sustituts> ce ui est en
eu en réalité> cest la crainte ancestrale dtre entraNné> dévoré par
le moriond. ,e )ol[lore illustre aondamment ces craintes> mais
mme dans le"périence courante> il nest pas rare dentendre un
survivant a0irmer ue le dé)unt c8erc8e touours F le 8apper par-
delF la mort. Le reviendrai sur les conséuences de la carence des
oets> pour linstant oserverai seulement ue lorsue loet nest
plus F mme de tenir son rOle> sa représentation saltère dans lesprit
du patient> leuel remplace alors la relation avec elle par une
identiGcation> ou pour reprendre le terme de %uc8s dans son étude
sur lintroection> par lédiGcation dun monument funéraire A
mesure ue les capacités de trans)ert du mourant au*mentent> en
vertu de ce mouvement parado"al ue ai tenté de décrire> il
concentre peu F peu ses intérts pro)onds sur une seule personne>
ui du reste ne )ait pas nécessairement partie des tres les plus
c8ers. ,important> en e0et> cest ue loet élu soit capale
1. . W. %uc8s> ?n Introection @> 3nKrn. <ourn. 9s%c&oanal., 1&>
19+$> p. 269.
do se"poser sans an*oisse e"cessive au lar*e mouvement captati)
ui tend F lenvelopper entièrement> autrement dit uil n; ait pas
entre ce uil est et sa représentation dans lesprit du patient une
trop *rande 8étéro*énéité. ,e mourant )orme ainsi avec son oet ce
ue appellerai sa dernière d%ade> par une allusion F la mère dont
loet pourrait ien tre une dernière incarnation. ,e cri de l8omme
appelant sa mère uste avant de"pirer> uil soit appel au secours ou
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I/. ,e travail du trépas (19$6
annonce de proc8aines retrouvailles> nest ue le"emple le plus
)rappant de cette s;non;mie de la mère et de la mort ui devient
patente lorsue certaines limites de la lutte pour la vie sont
dépassées. 'e toute )açon> le mourant et son objet clé constituent
une sorte dor*anisme> presue un corps indépendant> ui> pour
pouvoir se construire> e"i*e un contact p8;siue entre ses éléments.
Le crains uon ne mesure amais asseX limportance de ce contact
élémentaire> )Kt-il limité F deu" mains ui se tiennent lorsue
léc8an*e veral est devenu impossile. Il ; a lF uelue c8ose de
comparale F lor*anisme )ormé par la mère et son nouveau-né J ou
encore au sc8éma corporel en voie dédiGcation> uand lima*e
*loale et inté*rée dépend de prises de contact successives entre les
divers se*ments du corps. Au sein de cette or*anisation> tout
mouvement a0ectant lun des prota*onistes se répercute et
sampliGe c8eX lautre J le moindre retrait contre-trans)é-rentiel se
traduit aussitOt par une modiGcation plus ou moins sutile du
comportement ui disloue la d%ade. :ette relation est si )ra*ile ue
non seulement tout retrait a0ecti) lui est )atal> mais ue> pour la
maintenir> loet clé devrait ne pas tre constamment assuetti F une
nécessité impérieuse de maintenir la stailité de son identité. !n
dautres termes> il devrait pourvoir et assurer une présence
ualitativement sans dé)aillance> et assumer un certain Hou de son
tre> vivre presue en état dasence. :8ose di0icile> certes> mais
non pas impossile puisue> en )ait> nous naccédons amais F une
identité induitale> par)aitement stale> déGnie sans ami*u\té.
Zuoiue> pour la plupart> ce statut de relative a)personnalisation ne
soit peut-tre accessile uF certains moments e"trmes> il résulte
naturellement de lindi0érenciation ori*inaire du e @ et du non-
e @ ui> selon moi> nest amais complètement réduite et est touours
prte F réappa-raitre> mme en de8ors du c8amp de la pat8olo*ie. i
dans lunité or*aniue ue )orment le mourant et son oet clé> le
e @ est touours en partie déposé dans lautre> tout en se déplaçant
dans cet espace transitionnel ue ai décrit ailleurs comme spectre
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I/. ,e travail du trépas (19$6
didentité"> cest ue la liido narcissiue reste prise dans les
représentations doet> lesuelles peuvent tre autres sans perdre
leur caractère )amilier. !n cela> la Gn de la vie ressemle
pro)ondément F son commencement> ce ue loservation conGrme
et ue nous saurions proalement dinstinct> nétaient nos idées
préconçues. ?n peut mme accorder F cette analo*ie> ue la sa*esse
populaire et les poètes ont souvent pressentie> une valeur en uelue
sorte d;namiue> en ce sens ue la mort F venir participerait tout au
lon* de la vie F la construction de ltre et F lindividualisation dont il
est susceptile. 7ne 8;pot8èse ui me met en contradiction avec ce
ue e disais plus 8aut de la proection rétro*rade de la mort dans la
vie> mais ui nest pas pour autant F e"clure entièrement.
?n conçoit ue les processus ue ai en vue ici ouleversent la
topiue. A un certain moment le oi de celui ui va mourir sait et en
mme temps ne sait pas J le `a> lui> continue de désirer et de se
mani)ester> avec la*rément inattendu du oi> ue le"aceration de
linstinct a pourtant alerté. ,a pro"imité de léc8éance )atale
provoue donc une sorte de cliva*e du oi> a;ant pour conséuence
le c8eminement de deu" li*nes de pensées contradictoires> dont
c8acune se"prime indépendamment de lautre. elon lune> la mort>
en vertu dun véritale déni> ne"iste tout simplement pas J selon
lautre> tout aussi clairement a0irmée> il n; a plus uF se rési*ner
ou mme sou8aiter en Gnir au plus vite. !n somme> on se trouve lF
en )ace dune situation tout F )ait comparale F celle de la ps;c8ose>
F ceci près uelle ne découle pas dun troule mental. 'ans ces
certains cas toute)ois> la position se rapproc8erait plutOt du sc8éma
névrotiue> la rési*nation masuant F peine une appétence
relationnelle par)aitement consciente> tandis ue le )ondement
pulsionnel est soit tout F )ait i*noré> soit perçu indirectement>
lorsue le déplacement sur loet trans)érentiel )ait de ce dernier le
représentant du mourant dans le monde> lF o se vivent les
e"périences de satis)action. :est dans ce sens uon pourrait
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7/23/2019 art_mort
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I/. ,e travail du trépas (19$6
interpréter le don de la roe rou*e ue Lanice 3orton reçut de sa
patiente.
7n tel élan nempc8e pourtant pas le oi> sans doute en partie
*ouverné par son idéal> de revendiuer par)ois or*ueilleusement son
droit F la mort> mais mme alors> il est sans pouvoir réel sur le
processus trans)érentiel. !ncore )aut-il sentendre sur le sens donné
F la notion de trans)ert J pour ma part ai adopté ici> comme e lai
déF )ait ailleursR> la déGnition proposée par %erencXi et reprise par
aria oro[ 5$ et 3icolas Ara8am5&. 'ans loservation de Lanice
3orton> on a vu comment les intérts de la patiente se concentraient
certes sur un seul oet> et comment une relation ancienne se
répétait F cette occasion> mais surtout> comment lanal;ste se
trouvait peu F peu en*loée> di*érée. rTce F la distension
pro*ressive de son tre ps;c8iue> le mourant asore loet dans
son espace érotiue> et si totalement par)ois uil ne ressent mme
plus lasence de la personne réelle. :e troule des perceptions
internes et e"ternes ui relève dune pro)onde ré*ression des
relations oectales> peut certes céder au cours dintervalles lires
dans lesuels les )onctions du oi sont tout F )ait e"emptes de
ré*ression. ais il peut aussi durer lon*temps> ce moment pendant
leuel les limites entre le dedans et le de8ors tendent F se0acer J et
lorsue la représentation de loet est presue entièrement c8ar*ée
de la liido narcissiue ue le mourant ne cesse den*a*er> on peut
dire ue les )rontières de ltre nont plus aucune stailité. :est
précisément ce mouvement dallure p8a*oc;tante @ ue
lentoura*e du mourant a de plus en plus de mal F tolérer. ,es
autres> en e0et> sont 8ors détat de comprendre le sens ue peut
avoir cette e"pansion indéGnie de ltre ps;c8iue> c8eX ueluun
ui> ils le sentent ien> tend F les inclure en lui et F les dissoudre.
:omment se rendraient-ils compte uils sont> en tant u
incorporats @> au service dune dernière passion *rTce F lauelle le
mourant devrait pouvoir ressaisir et assimiler toute une masse de
21&
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 219/229
I/. ,e travail du trépas (19$6
désirs instinctuels diri*és vers eu" ue> usue-lF> il na pu
uincomplètement inté*rer M ,a patiente de Lanice 3orton nest
assurément pas la seule F craindre de ne plus tre attirante> F
pleurer toutes les e"périences uelle navait pu vivre et ne vivrait
amais avec ceu" uelle avait aimés. c8appant au" limitations
ordinaires uimposent les lois de la temporalité> celles ui
*ouvernent les s;stèmes supérieurs> la prodi*ieuse e"pansion du oi
ui accompa*ne la*onie est donc Gnalement au service dune
introection pulsionnelle ui> en retour> au*mente ltre en dilatant
indéGniment son narcissisme.
:ette prolématiue nest pas sans rapport avec celle de lamour-
passion. :est F uste titre ue :8r. 'avid a0irme> contrairement au"
vues développées par %reud dans 3ntroduction au narcissisme> ue
létat amoureu" ne peut tre u*é comme un appauvrissement>
puisuil est en mme temps une réassurance narcissiue très
e0icace59 @. ,e t8ème romantiue des liens étroits entre lamour et
la mort trouve ici sa conGrmation. :ela dit> le e @ du mourant> si
tant est uon puisse encore parler de e @> na plus de place dans
le spectre d'identité,, ou plus e"actement il ; est partout en mme
temps> ce ui éuivaut F ne plus tre.
'e toutes les oservations )aites au c8evet des mourants> on peut
conclure ue le malade condamné ne se sépare de ceu" ui lui sont
c8ers ue lorsuil est convaincu uils ne peuvent plus assumer leur
)onction. ,idée selon lauelle la mort serait plus douce pour ui
réussit F se séparer de ses oets par avance revient pour moi F
prOner une sorte d'eut&anasie ps%c&ique, cest-F-dire uelue c8ose
ui )ait éc8ec au travail du trépas. <este le prolème de la douleur J
cest é*alement un )ait de"périence ue mme les douleurs les plus
intenses ne sont pas touours sans remède J très peu de morp8ine
su0isait F la patiente de Lanice 3orton> pourtant enva8ie de
métastases a0ectant les poumons et le suelette> ce ui illustre la
possiilité ue la prise en c8ar*e du mourant par un oet clé>
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I/. ,e travail du trépas (19$6
assumant pleinement son rOle> dispose dun réel pouvoir sur les
p8énomènes al*iues. %reud lui-mme
était convaincu ue les douleurs corporelles> mme les plus
intenses> ne se produisent pas (ou restent inconscientes lorsue
lesprit est saisi par un autre intért1 @. Pour ma part> aouterai ue
lorsuelles se produisent tout de mme et uelles sont reelles F
toute t8érapeutiue> les douleurs annulent les capacités
dinvestissement et ouent alors dans le mme sens ue laandon.
?n dira peut-tre ue e nai décrit ici uune mort
e"emplaire @. Il se peut> mais le"emple tire sa valeur de )aits
de"périence précis> relevés du reste par dautres auteurs et il me
paraNt di*ne dtre considéré. !"emplaire aussi> dira-t-on> lima*e de
celui ui retire volontairement les investissements uil avait placés
dans ses oets damour> ui décide en )aveur dune maNtrise des
événements et c8oisit lirement la mort uand son u*ement le
convainc ue la poursuite de la lutte est devenue vaine. :elui-lF nen
impose-t-il pas par sa di*nité et peut-tre sa sa*esse M oralement>
certes> mais ps;c8anal;tiuement parlant> il pourrait ien sa*ir lF
dune erreur du oi> en uelue sorte dune méprise narcissiue @.
!n dése"ualisant ses relations oectales> l8omme nie sa déilité et
sa dépendance> et son acceptation raisonnée du destin peut
contriuer F au*menter son estime de lui-mme. i imposante uelle
paraisse cependant> la décision den Gnir nen scelle pas moins la
)aillite de lima*inaire> elle a0irme la prééminence des )onctions du
u*ement et> par lF> l8;pertrop8ie du oi-réalité. Pouruoi le oi-
plaisir> avec les activités )antasmatiues ui le spéciGent> devrait-il
séteindre le premier ou tre condamné F ne pas ouer son rOle
usuau out M Zui saura uand> comment> F uel point les
inGrmités *randissantes altèrent les activités inconscientes ui ont
lieu au plus pro)ond du mourant M Personne> pas mme lui. %aute de
)ranc8ir F reours ce temps nodal du développement o len)ant
renonce F la satis)action 8allucinatoire pour tout F la )ois représenter
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I/. ,e travail du trépas (19$6
le réel et ouvrir une voie au" activités )antasmatiues> celui ui
prend linitiative de précipiter sa Gn en*a*e avant l8eure une
dé*radation ualitative de son éner*ie ps;c8iue> de sa liido>
soumis dès lors F la seule loi du principe dinertie. 'ans ce cas> pour
parap8raser une )ormule célère> lomre du oi est tomée sur le
`a. Ainsi se trouve accompli dans la 8Tte ce ue %reud appelle la
dé)aite de la pulsion ui oli*e tout vivant F tenir on F la vie1 @>
aouterai> uant F moi> F vivre usuF le"trme limite. ,e plus
souvent> toute)ois> ce sont les autres> e lai dit> ui entravent le
travail du trépas. Aveu*les F ce ui se passe> ils re)usent le rOle
doets clés du mourant> ou ien ils lacceptent F moitié en
attendant ue celui-ci prenne linitiative de rompre lor*anisation
uil tente de construire avec eu". ,F on attend du mourant uil
retire en lui toute sa liido pour la laisser se dé*rader> sans se
demander si la déperdition dont il sou0re concerne son oi ou ses
oets J autrement dit> on le conduit F uelue c8ose ui nest pas le
travail du deuil> mais celui de la mélancolie. !t lorsue cela tarde
trop F saccomplir> ceu" ui avaient été daord des oets damour
et ui avaient aimé ne voient plus dans le mourant uune c8ose un
peu sale> une sorte de reste uil )aut cac8er> presue une souillure
dont il )aut se déarrasser. Par lF loet ui re)use son rOle se"pose
F rater lui-mme son deuil et F éc8ouer plus tard au moment de sa
propre mort. Zuant au condamné aandonné F sa condition
mal8eureuse> il manue sa dernière tTc8e. Il na plus dautre issue
ue de sen)oncer inéluctalement dans une position mélancoliue> F
moins uil ne reste G"é F cette autre p8ase> normalement )u*itive>
o ne parle plus ue la 8aine F lé*ard du vivant. Lai *ardé le
souvenir dun 8omme eune ue ai très ien connu et ui> sac8ant
ses ours comptés> se Gt o0rir une caraine pour tirer les oiseau" ui
venaient se perc8er dans un arre> uste devant sa )entre *rande
ouverte.
221
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 222/229
:é$érences de pulication
Aperçus sur le processus de la création littéraire @> paru in Eevue
française de 9s%c&anal%se, CCIC> n^ 1> 1965.
!"périence de linconscient @> paru dans L83nconscient, n^ 4> 196$>
numéro consacré F une discussion> après coup> du :olloue de
Sonne-val or*anisé en 196 par Wenr; !;.
%reud et la mort @> paru dans le numéro de L80rc consacré F
%reud> n^ +4> 196&.
rans)erts et névrose de trans)ert @> paru in Eevue française de
9s%c&anal%se, CCCII> n^ 2> 196&.
Actin* out direct et actin* out indirect @> intervention )aite au
CC/IIIe :on*rès des ps;c8anal;stes de lan*ues romanes en 196$> F
propos du rapport de Lulien <ouart A*ir et processus anal;tiue @.
Paru in Eevue française de 9s%c&anal%se, CCCII> n^ 5-6> 196&.
,e mme et lidentiue @> paru in Eevue française de
9s%c&anal%se, CCCI/> n^ +> 19$.
A0ect et processus da0ectation @> intervention )aite au CCCe
:on*rès des ps;c8anal;stes de lan*ues romanes> en 19$> F propos
du rapport dAndré reen ,a0ect @. Paru in Eevue française de
9s%c&anal%se, CCCI/> n^ 5-6> 19$.
3otes sur lévolution et la nature de lIdéal du oi @> intervention
)aite au CCCIIIe :on*rès des ps;c8anal;stes de lan*ues romanes en
19$+> F propos du rapport de Lanine :8asse*uet-mir*el !ssai sur
222
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 223/229
<é)érences de pulication
lIdéal du oi @. Paru in Eevue française de 9s%c&anal%se, CCC/II> n^
5-6> 19$+.
raectoire de la ise"ualité @> intervention )aite au CCC/e
:on*rès des ps;c8anal;stes de lan*ues romanes en 19$5> F propos
du rapport de :8ristian 'avid ,a ise"ualité ps;c8iue Q éléments
dune réévaluation @. Paru in Eevue française de 9s%c&anal%se,
CCCIC> n^ 5-6> 19$5.
7n cas de masoc8isme pervers @ est daord paru dans un
ouvra*e collecti) intitulé La sexualité perverse> Pa;ot> 19$2. Il est
reproduit ici avec laimale autorisation de léditeur.
..e.m. @> paru en 19$4 dans le numéro 9 de la +ouvelle Eevuede 9s%c&anal%se intitulé ,e 'e8ors et le dedans @.
:ontre-trans)ert et s;stème parado"al @> con)érence prononcée
devant la ociété ps;c8anal;tiue de Paris le 1& mai 19$6 et puliée
in Eevue française de 9s%c&anal%se, C,> n^ 2.
,e travail du trépas @> inédit.
1
. %reud-?. PGster> riefe, lettre du 9-2-199> . %isc8er /erla*>
196+ J trad. )r. allimard> 1966.
2
L> WuiXin*a> [omo Ludens> allimard> 1951.
+
CCIIIe :on*rès des ps;c8anal;stes de lan*ues romanes. . %ain>
:8. 'avid> Aspects )onctionnels de la vie oniriue @> Eev. franç. 9s%c&antK., CC/II> 196+> numéro spécial.
4
&. %reud> manuscrit daté du 14-5-1922> Resammelte StrFe, vol.
1$> &. %isc8er /erla*.
5
22+
7/23/2019 art_mort
http://slidepdf.com/reader/full/artmort 224/229
<é)érences de pulication
Paul :laudel> Eé$exions sur la poésie, allimard coll Idées @>
196+.
6
3bid.$
A. PetO> 8e )ra*mentiXin* )unction o) t8e !*o in t8e aaal;tic
session @> 3nt. <. of 9s%cFanal196+> vol. 44> Part. +.
&
i ,inconscient Q une étude ps;c8anal;tiue @> in L83nconscient, p.
12.
9
(itaps%cFolo!ie, p. 19-11-> nouv. éd.> p. &.
1
. %reud> La +aissance de la ps%c&anal%se> P.7.%.> p. 15+.
11
9ositions et propositions. Lai cité le passa*e dans mon
intervention au colloue Q Investissement et contreinvestissement @> Eev. franc. 9s%c&anal> 196$> n @ 2.
12
,analo*ie est posée par %reud notamment dans le deu"ième
c8apitre de -os 3nteresse an der 9s%c&oanal%se, p. 4+> t. /III> R.S.
Zuelle dépasse les limites permises par lusa*e> %reud sen rend
ien compte> mais sil la maintient mal*ré tout> cest ue pour lui le
lan*a*e au sens très lar*e comme au sens restreint nest rien dautre
ue du se"uel trans)ormé. A la 'n du para*rap8e> dailleurs> %reud>
sappuie sur la t8éorie de Wans perer (puliée dans un article
d8ima!o de 1912> t8éorie maintenant complètement aandonnée
selon lauelle les premiers mots articulés auraient été les appels
se"uels du mTle F la )emelle 8umaine. Ainsi> %reud nétend la notion
de lan*a*e F tous les modes de"pression 8umains
224
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<é)érences de pulication
1+
L'3nconscient. /I @ :olloue de Sonneval> 'esclée de Srouer>
1966.
14:orrespondance> allimard> p. 69.
15
3bid., lettre F <ac8el Serdac8> p. 49&. !n )ait <ac8el Serdac8
avait soi"ante ans.
16
!. Lones> La @ie et l'2uvre de ?reud, P.7.%.> 1.1> p. +41-+42.
1$
:). n @ 4> p. 59.
1&
mort @ (1915> Pa;ot> p. 2+5.
19
5ssais de ps%c&anal%se appliquée, allimard> ,inuiétante
étran*eté @ (1919> p. 1&2.
2
Lones> ibid., Sasic Soo[s> t. +> p. 264.
21
5ssais de ps%c&anal%se, Au-delF du principe de plaisir @>
Pa;ot> p. 69.
22 3bid., p. 2$.
2+
3bid., loc. cit.
24
Il sa*it de la tendance F répéter les e"périences douloureuses>
sans tenir compte du principe de plaisir> comme dans les rves de
225
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<é)érences de pulication
*uerre ou daccident ui se répètent> certains comportements
automutilateurs> tendance de certains patients F recommencer
constamment les e"périences douloureuses de len)ance.
25
P. 2+2-2++.
26
(alaise dans la civilisation (19+> 'enoql et teele> p. 55.
2$
P. 9+.
2&
Lones> op. cit.t t. III> p. 21+.
29
:ité par Lones> op. cit., p. 41.
+
,a périodicité de %liess est )ondée sur la ise"ualité in8érente F
tous les tres 8umains J elle est ordonnée par le eu de deu"
nomres> 2& et 2+> ui sont
+1
P. art; et . de 7Xan> ,a pensée opératoire @> CCIII#
:on*rès des Ps;c8anal;stes de lan*ues romanes> Eev. franç.
9s%c&anal., t. CC/II> 196+> numéro spécial.
+2
Ees\. franç. 9s%c&ana.G., CCCII> 196&> n^ 2.
++
. %reud> 5ssais de ps%c&anal%se> Pa;ot> p. 2$.
+4
. %reud> -e la tec&nique ps%c&anal%tique> P.7.%.> p. 1$-1&.
+5
. %reud> -reams and telepat&% > .5.> C/III> p. 2&.
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<é)érences de pulication
+6
?n pourrait rapproc8er ce ue ai en vue ici de la notion
lacanienne de forclusion.
+$:est nous ui souli*nons.
+&
. %reud> +évrose, ps%c&ose et perversion, P.7.%.> 19$+.
+9
8eodor <ei[> Le (asoc&isme> Pa;ot> 195+> 2 éd.> 19$1.
4
illes 'eleuXe> 9résentation de ac&er (asoc&, ditions de
inuit> 196$.
P8;llis reenacre> Perversion. eneral considérations re*ardin*
t8eir *enetic and d;namic @> 9s%c&oanal. lud% of t&e C&ild> vol. 2+>
196&.
:ité par 8omas ann> in Roet&e et IolstoJ, Pa;ot> 196$.
:).> supra, !"périence de linconscient @.
41
Lemploie ici le terme de oi @ en laissant susister
lami*u\té sémantiue> pour dési*ner tout F la )ois linstance et le R
e @ du lan*a*e courant.
?. <an[> -on <uan. Kne étude sur le double> 'enol et teele>
19+2> p. 15+.
/. aus[> enèse de la mac8ine F inHuencer @> in La
9s%c&anal%se, 195&> n^ 4> P.7.%.> p. 2+.
42
/. aus[> op. cit., p. 159.
. %erencXi> 2uvres complètes, Pa;ot J rans)ert et
introection @> p. 9+ J t ,e :oncept dintroection @> p. 196.
4+
22$
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 228/229
<é)érences de pulication
3. Ara8am et . oro[> Introecter> incorporer @> +ouvelle
Eevue de 9s%c&anal%se, 19$2> nu 6.
. 3e;raut> Le Iransfert, P.7.%.> 19$4.
A. <eic8> ?n :ounter-rans)erence @> I&e 3nternat. <ournal of 9s%c&oana)l%sis, 1951> +2> 25> +1.
44
3bid. ,a moitié du patrimoine *énétiue de lemr;on = et des
trop8olastes = provient du spermatoXo\de. ,a moitié des anti*ènes
de sur)ace> ue portent les cellules emr;onnaires> est donc
incompatile avec ceu" de la mère.
45
P8. reenacre> 5motional RroXi&t 3e or[> 95&.
46
:).> supra, ..e.m. @.
4$
3icolas Ara8am et aria oro[> Introecter> incorporer @>
+ouvelle Eevue de 9s%cFanal%se, automne 19$2> /I.4&
aria oro[> aladie du deuil et )antasme du cadavre
e"uis @> Eevue française de 9s%c&anal%se, 196&> 4.
49
urt !issler> I&e 9s%c&iatrist and t&e -%in! 9atient> 1955> Int.
7niversit; Press> 3e or[.
5
:).> supra> ..e.m. B> p. 151.
51
:).> supra, ..e.m. @.
52
:).> supra, 7n cas de masoc8isme pervers @.
22&
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http://slidepdf.com/reader/full/artmort 229/229
<é)érences de pulication
5+
urt !issler> op. cit.
54
Lanice 3orton> w reatment o) a ';in* Patient @> in I&e 9s%c&oanal%tic tud% oft&e C&ild, /> C/III.
55
!lisaet8 ler-<oss> B ?n deal8 and d;in* @> avistoc[
Pulications> 1969.