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BILAN RGIONALCTE-NORDANTICOSTI
begvi01Tampon
Bilan rgionalCte-NordAnticosti
Zone dintervention prioritaire 19
Marc Gagnon
dit par Jean BurtonCentre Saint-LaurentEnvironnement Canada - rgion du Qubec Septembre 1997
AVIS AU LECTEUR
Les rapports sur les Zones dintervention prioritaire (ZIP) sont produits dans le cadredu Plan daction Saint-Laurent Vision 2000 par le Centre Saint-Laurent, dEnvironnementCanada, conjointement avec Pches et Ocans, Sant Canada, le ministre de la Sant et desServices sociaux du Qubec et ses partenaires, ainsi que le ministre de lEnvironnement et de laFaune du Qubec.
On devra citer la publication comme suit :Gagnon, M. (1997). Bilan rgional - Cte-NordAnticosti, Zone dintervention prioritaire 19. EnvironnementCanada - rgion du Qubec, Conservation de lenvironnement, Centre Saint-Laurent. 84 pages.
Publi avec lautorisation du ministre de lEnvironnement Ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada 1997
N de catalogue : En40-216/31FISBN : 0-662-82192-0
iii
quipe de ralisation
Conception et rdaction Marc Gagnon, consultant
dition et coordination Jean Burton
quipe de rdaction ZIP Pierre Bergeron, Biorex inc.Jean-Franois BibeaultPatrice DionneMarc Gagnon, Biorex inc.Nathalie GrattonJudith LeblancPierre MousseauRobert Siron
Analyse cartographique et illustrations Sonia BeaulieuMarcel Houle
Rvision linguistique et mise en page Monique Simond
Traduction Patricia Potvin
Centre de sant publique de Qubec Jose ChartrandJean-Franois DuchesneDenis Gauvin
iv
Collaborateurs
Ministre de lEnvironnement et de la Faune du Qubec
Direction des cosystmes aquatiques Sylvie CtIsabelle GuaySerge HbertDenis LalibertYves LefebvreCamille ParFrancine RichardYvon RichardLucie Wilson
Direction de la conservation et du patrimoine cologique Rosaire Jean
Direction rgionale de la Cte-Nord Johanne LabontAndr Lamoureux
Ministre des Affaires municipalesDirection de lassainissement urbain Michel Laurin
Ministre des Pches et des Ocans
Direction de lhabitat du poisson Marie-France DalcourtDanielle DorionJean MorrissetSerge Villeneuve
Institut Maurice-Lamontagne Dominique GasconDenis GilbertMichel GilbertMichel LebeufDaniel LeSauteurJean PiuzeLouise SavardJean-Claude TherriaultGordon Walsh
v
Patrimoine Canadien
Parcs Canada, rgion du Qubec Suzan DionneLuc Foisy
Environnement Canada
Direction de la protection de lenvironnement lie FdidaAlain LatreilleMarc Provencher
Service canadien de la faune Annette BeaucheminLo-Guy de RepentignyMichel RobertFranois Shaffer
Sant Canada
Volet SLV 2000 Richard Carrier
Ministre de la Sant et des Services sociaux du Qubec Claire Lalibert(personne-ressource)
Direction de la sant publique Cte-Nord Jean-Franois Cartier
quipe bilan de la biodiversit (SLV 2000) Luce Chamard
vi
Remerciements
Nous dsirons souligner ltroite collaboration qui sest tablie entres les partenaires
du Plan daction Saint-Laurent Vision 2000 au niveau du comit dharmonisation Implication
communautaire, avec la participation de Guy Boucher, Jean Burton, Sophie de Villers, Annie-
France Gravel, Nicole Lavigne, Claire Lalibert, Francine Richard, Daniel Robitaille, Albin
Tremblay et Yvan Vigneault.
Nous tenons galement remercier toutes les personnes des directions sectorielles et
rgionales des diffrents ministres impliqus qui ont particip la rvision du document.
vii
Prface
Dans la foule du Plan d'action Saint-Laurent, les gouvernements du Canada et duQubec convenaient, en avril 1994, d'un plan d'intervention allant jusqu'en 1998.
Saint-Laurent Vision 2000 a pour mission de conserver et protger le fleuve Saint-Laurent et la rivire Saguenay afin d'en redonner l'usage la population dans une perspective dedveloppement durable.
Inscrit dans le volet Implication communautaire, le programme Zones d'interventionprioritaire, mieux connu sous l'acronyme ZIP, est un lment important de Saint-Laurent Vision2000.
Il invite les communauts riveraines participer pleinement l'atteinte des objectifsvisant restaurer le fleuve Saint-Laurent et la rivire Saguenay.
Il permet notamment aux divers partenaires du milieu, aux organismes non gouverne-mentaux et aux comits de citoyens de travailler ensemble identifier des priorits communes deconservation et de rhabilitation du Saint-Laurent.
Nous avons le plaisir de vous prsenter ce bilan. Ce document identifie les usages etles ressources ainsi que les principaux problmes environnementaux propres ce territoire. Il at prpar partir de l'ensemble des donnes disponibles dans les diffrents ministres fdrauxet provinciaux impliqus dans Saint-Laurent Vision 2000.
Nous esprons qu'il favorisera une discussion plus claire et base sur des infor-mations aussi objectives que possible afin de permettre aux diffrents partenaires impliqus dedvelopper et mettre en oeuvre un plan d'action et de rhabilitation de la zone tudie.
Franois GuimontDirecteur gnral rgionalRgion du QubecEnvironnement CanadaCoprsident de Saint-Laurent Vision 2000
George ArsenaultSous-ministre adjoint la Ressource fauniqueet aux parcsMinistre de lEnvironnement et de la Faune du QubecCoprsident de Saint-Laurent Vision 2000
viii
ix
Perspective de gestion
Le programme des Zones dintervention prioritaire (ZIP) relve le dfi de la
concertation entre les gouvernements fdral et provincial et de limplication communautaire des
partenaires riverains, en vue de mettre en oeuvre des mesures de rhabilitation du Saint-Laurent.
Ce programme comporte trois grandes tapes, soit llaboration dun bilan environnemental sur
ltat du Saint-Laurent lchelle locale, la consultation de partenaires riverains, avec
lidentification de priorits dintervention, et llaboration dun plan daction et de rhabilitation
cologique (PARE).
Un bilan rgional est tabli partir dune synthse des quatre rapports techniques
portant sur les aspects biologiques, physico-chimiques, socio-conomiques et sur la sant
humaine du secteur tudi. Ces rapports sont prpars par les partenaires fdraux et provinciaux
du Plan daction Saint-Laurent Vision 2000, dans le cadre du volet Implication communautaire.
La cueillette et lanalyse des donnes existantes lchelle locale constituent une
premire pour lensemble du Saint-Laurent. Les rapports techniques vont plus loin encore, en
proposant un bilan des connaissances sur ltat actuel dun secteur partir de critres de qualit
connus.
Le dfi consiste donc poser un jugement scientifique fond sur linformation
disponible. Les embches sont nombreuses: les donnes ont t recueillies dautres fins, la
couverture spatiale ou temporelle nest pas idale, les mthodes danalyses chimiques ne sont pas
uniformes, etc.
Lquipe de travail ZIP demeure convaincue quil est possible de poser, sans plus
attendre, un regard clair et prudent sur chaque secteur. Cette premire valuation constitue un
point de dpart et un document de base rdig lintention des partenaires riverains de chaque
secteur dtude.
x
Management Perspective
The Priority Intervention Zones (ZIP) program is a federal-provincial initiative
involving stakeholders and shoreline communities in implementing measures to restore the
St. Lawrence River. The program has three phases: producing a regional assessment report on the
state of a specific area of the St. Lawrence, consulting shoreline partners in setting priorities for
action, and developing an ecological rehabilitation action plan (ERAP).
The regional assessment is a synthesis of four technical reports on the biological,
physico-chemical, socio-economic and public health aspects of the study area, prepared by the
federal and provincial partners of the St. Lawrence Vision 2000 action plan as part of its
Community Involvement component.
The process of gathering and analysing data area by area has never before been
undertaken for the entire St. Lawrence. The technical reports go a step further, assessing our
knowledge of the current state of a given area based on known quality criteria.
The challenge, then, is to offer a scientific opinion based on the available information.
The pitfalls are numerous: the data were collected for other purposes, the geographic and
temporal coverage is less than ideal, and the chemical analysis methods are not standardized, to
name but a few.
The ZIP team remains nonetheless convinced that an enlightened and thoughtful
overview of each study area can be presented without further delay. This initial assessment is
therefore intended to be a discussion paper that will serve as a starting point for the shoreline
partners in each study area.
xi
Rsum
Le secteur Cte-NordAnticosti comprend lensemble des ctes du golfe du Saint-
Laurent entre Pointe-des-Monts et Blanc-Sablon ainsi que les ctes de lle dAnticosti. Le
secteur nest pas sous linfluence directe des eaux du fleuve Saint-Laurent et malgr la prsence
de nombreuses rivires importantes, il prsente des conditions ocanographiques franchement
marines avec des eaux trs sales, froides et peu turbides.
Les rives de la Moyenne-Cte-Nord sont caractrises par la prsence de grands
deltas sableux lembouchure des rivires alors que celles de la Basse-Cte-Nord sont rocheuses
et extrmement chancres. Des marais intertidaux de petite superficie sont retrouvs dans les
endroits abrits des effets perturbateurs des vagues et des glaces. La faune benthique des ctes
rocheuses du secteur est caractrise par la faible abondance du Homard dAmrique, ce qui
aurait favoris le pullulement de lOursin vert et du Buccin.
On retrouve dans le secteur les principales aires dhivernage de sauvagine du systme
du Saint-Laurent. Il sagit surtout de canards de mer qui nichent dans le nord du Qubec et au
Labrador et qui sattroupent en hiver dans les zones libres de glace o ils salimentent
dinvertbrs benthiques. Le secteur est aussi le principal secteur du Saint-Laurent utilis par les
oiseaux de mer coloniaux et par les rorquals qui exploitent les bancs deuphausides (krill), de
lanons et de capelans en t.
Les paysages ctiers et les ressources halieutiques du secteur supportent des activits
conomiques qui ont connu une expansion importante depuis le dbut des annes 1980,
notamment la pche commerciale et sportive, le tourisme en rive et lobservation des oiseaux de
mer et des mammifres marins.
Limpact de leffondrement des populations de poissons de fond du golfe (Morue
franche, Plie canadienne, Merluche blanche, Sbaste) au dbut des annes 1990 na pas t
ressenti aussi svrement sur la Moyenne-Cte-Nord que dans les autres secteurs du golfe, parce
que lindustrie de la pche dans cette rgion est principalement base sur lexploitation
dinvertbrs (Crabe des neiges, Crevette nordique, Ptoncle dIslande) dont ltat actuel des
xii
populations est jug satisfaisant. Par contre, les pches sur la Basse-Cte-Nord sont prsentement
en crise en raison du moratoire impos depuis 1994 sur la pche la morue et du dclin dautres
ressources secondaires (Ptoncle gant, Crabe des neiges).
lexception de quelques sites situs proximit de sources ponctuelles de pollution,
leau et les sdiments du secteur sont peu contamins par les substances toxiques. Les seuls
points chauds connus sont le port de pche de Sept-les qui tait fortement contamin par le
mercure au milieu des annes 1980 et le port de la pointe aux Basques (Sept-les), fortement
contamin par le fer provenant du transbordement du minerai de fer.
Malgr le nombre restreint de sources locales de contamination et lloignement des
grands centres urbains et industriels, les oiseaux piscivores et les phoques du secteur sont exposs
et vulnrables aux effets nfastes des substances toxiques bioamplifies dans la chane
alimentaire marine (mercure et substances organochlores). Par exemple, les oeufs doiseaux de
mer de la Basse-Cte-Nord contiennent des concentrations leves de BPC. Dans lensemble, la
contamination de la chane alimentaire marine du secteur par ce type de substances semble ne pas
avoir vari depuis la fin des annes 1960 lexception du DDT qui a connu une baisse gnrale
dans le golfe.
Avant 1994, aucune municipalit du secteur ne traitait ses eaux uses municipales et,
en 1996, seulement 2 p. 100 de la population totale des municipalits riveraines taient desservis
par une station dpuration. Ce pourcentage passera 75 p. 100 avec lentre en fonction dici la
fin de 1998 de six nouvelles stations, dont celles de Port-Cartier et Sept-les.
La consommation de fruits de mer, de poissons et de chair de sauvagine prlevs dans
le secteur ne prsente pas un risque important pour la sant humaine en ce qui concerne les
substances chimiques. Par contre, la contamination bactrienne des mollusques littoraux dans
plusieurs zones ainsi que la prsence de concentrations leves de toxines marines dans les
mollusques de la partie ouest du secteur imposent des restrictions importantes lexploitation de
ces ressources. On recommande aussi de sabstenir ou de rduire la consommation de foie et de
chair de phoque et doeufs doiseaux marins en raison des concentrations leves de mtaux
lourds ou de substances organochlores quon y retrouve.
xiii
Abstract
The Cote-NordAnticosti study area includes all of the Gulf coast of the St. Lawrence
between Pointe-des-Monts and Blanc-Sablon as well as the coasts of Anticosti Island. The area is
not influenced directly by the waters of the St. Lawrence, and despite the presence of several large
rivers, oceanographic conditions here are wholly marine, the water being very salty, cold and only
slightly turbid.
The shores of the Middle North Shore (Moyenne-Cte-Nord) are characterized by the
presence of vast sandy deltas at the mouths of rivers, whereas those along the Lower North Shore
(Basse-Cte-Nord) are rocky and very indented. Small intertidal marshes are found in areas
sheltered from the disruptive effects of waves and ice. The benthic fauna of the rocky coasts are
characterized by the low abundance of American lobster, which has led to the pullulation of
Green sea urchin and whelks.
The largest waterfowl overwintering grounds in the St. Lawrence system are found
here, with sea ducks being the main visitor. They nest in northern Quebec and Labrador, and
congregate in winter in ice-free areas where they feed on benthic invertebrates. Colonial sea birds
and rorquals frequent this area of the St. Lawrence more than any other, feeding on banks of krill,
lance and capelin in summer.
Supported by the coastal landscapes and fishery resources of the study area, the
economy has grown since the early 1980s with the expansion of commercial and sport fishing,
coastal tourism and sea bird and marine mammal watching.
The impact of the crash of groundfish populations in the Gulf (Atlantic cod, Canadian
plaice, White hake, redfish) in the early 1990s has not been felt as severely in the Middle North
Shore as in other sectors of the Gulf because the areas fishing industry is primarily based upon
the harvest of invertebrates (i.e. Snow crab, Pink shrimp, Iceland scallops), whose status is judged
satisfactory at present. On the other hand, the fishery of the Lower North Shore is now in crisis
xiv
due to the cod-fishing moratorium imposed in 1994 and the decline of other secondary resources
such as Giant scallop and Snow crab.
Except for a few sites situated near point sources of pollution, the water and sediment
in the study area are relatively uncontaminated by toxic substances. The only known hot spots are
at the fishing harbour of Sept-les, which was highly contaminated by mercury in the mid-1980s,
and the Pointe aux Basques harbour, also at Sept-les, highly contaminated by iron from iron ore
transshiping operations.
Despite the limited number of local sources of contamination and the distance to
urban or industrial centres, fish-eating birds and seals in the area are exposed and vulnerable to
the harmful effects of toxic substances biomagnified in the marine food chain (mercury and
organochlorine substances). For example, the eggs of sea birds in the Lower North Shore contain
elevated concentrations of PCBs. Overall, the contamination of the marine food chain by such
substances does not appear to have changed since the late 1960s, except for DDT, whose levels
have generally dropped in the Gulf.
Prior to 1994, none of the area municipalities treated their wastewater. In 1996, only
2% of the entire riverside population of the study area was served by a wastewater treatment
plant. This number will rise to 75% by the end of 1998 when six new treatment plants will come
on stream, including those for Port-Cartier and Sept-les.
The consumption of seafood, fish and waterfowl taken from the study area poses no
major risk to human health from chemical substances. However, the bacterial contamination of
coastal shellfish in many areas, and the presence of elevated levels of marine toxins in shellfish
from the western end of the study area have severely restricted their harvest. It is recommended
that consumers reduce their intake of seal liver and meat or refrain from eating them altogether,
along with the eggs of sea birds, due to the high concentrations of heavy metals and
organochlorine substances they contain.
xv
Table des matires
quipe de ralisation iii
Collaborateurs iv
Remerciements vi
Prface vii
Perspective de gestion ix
Management perspective x
Rsum xi
Abstract xiv
Liste des figures xix
Liste des tableaux xx
CHAPITRE 1 LE GOLFE DU SAINT-LAURENT, DHIER AUJOURDHUI 1
CHAPITRE 2 LE PROGRAMME DES ZONES DINTERVENTION PRIORITAIRE 3
CHAPITRE 3 CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 6
3.1 Milieu physique 63.2 Habitats et communauts biologiques 123.2.1 Habitats benthiques 123.2.2 Habitats plagiques 16
3.3 Ressources halieutiques 173.4 Oiseaux 213.5 Mammifres marins 253.6 Espces en situation prcaire 263.7 Occupation du territoire 283.7.1 Affectation du territoire 283.7.2 Territoires protgs en vertu de lois et rglements fdraux,
provinciaux et municipaux 283.8 Usages valoriss 323.8.1 Production hydrolectrique et approvisionnement en eau 323.8.2 Navigation commerciale et activits portuaires 32
xvi
3.8.3 Exploitation des ressources biologiques des fins commercialeset de subsistance 33
3.8.4 Activits rcro-touristiques 35
CHAPITRE 4 LES ACTIVITS HUMAINES ET LEURS PRINCIPAUX EFFETSSUR LE MILIEU 40
4.1 Modifications physiques 404.2 Pollution 414.2.1 Principales sources de contamination 444.2.1.1 Sources locales 444.2.1.2 Source loignes 504.2.2 Effets des contaminants sur les ressources et les usages 514.2.2.1 Contamination de leau 514.2.2.2 Contamination des sdiments 524.2.2.3 Contamination de la chane alimentaire 544.3 Espces introduites ou en expansion 574.4 Surexploitation des ressources halieutiques 584.5 Exploitation des colonies doiseaux de mer 58
CHAPITRE 5 LES RISQUES POUR LA SANT HUMAINE 59
5.1 Consommation de poissons, crustacs et mollusques 595.2 Consommation dufs doiseaux de mer 625.3 Consommation dalgues marines 625.4 Consommation de gibier 635.5 Pratique dactivits rcratives et commerciales 645.6 Accidents environnementaux 655.7 Crise des pches commerciales 66
CHAPITRE 6 VERS UNE MISE EN VALEUR DURABLE DU SECTEURCTE-NORDANTICOSTI 676.1 Rduction de la pollution 676.2 Protection des espces et des milieux sensibles 706.3 Rhabilitation des habitats et des ressources perturbs 716.4 Gestion efficace des pches maritimes 726.5 Harmonisation du dveloppement rcro-touristique et de la
protection de lenvironnement 72
xvii
Rfrences 74
Annexes 1 Espces prioritaires du plan daction Saint-Laurent Vision 2000(SLV 2000) prsentes dans le secteur Cte-Nord 79
2 Critres de qualit du milieu 81
3 Glossaire 82
xviii
Liste des figures
1 Secteurs dtude du programme des zones dintervention prioritaire (ZIP) 4
2. Limites du secteur Cte-NordAnticosti 7
3 Physiographie du secteur Cte-NordAnticosti 8
4 Stratification verticale des eaux du golfe du Saint-Laurent et des masses deau 10
5 Courants de surface dans le golfe du Saint-Laurent au mois daot 11
6 tagement du milieu benthique dans le golfe du Saint-Laurent en fonctiondes mares et des masses deau 13
7 tagements typiques de la flore et de la faune sur les falaises sous-marines 15
8 Localisation des principales zones de rassemblement hivernales deidersdans le golfe du Saint-Laurent 24
9 Les grandes affectations du territoire selon les MRC riveraine de la Moyenne-Cte-NordAnticosti 29
10 Sites protgs dans le secteurCte-NordAnticosti 31
11 Dbarquements des principales ressources halieutiques dans les ports du secteurCte-NordAnticosti en 1995 et localisation des principaux havres de pche et des usines de transformation de produits marins dans le secteur dtude 34
12 Loffre pour les activits nautiques et rcratives le long de la Moyenne-Cte-Nord 37
13A Modifications physiques des habitats aquatiques et riverains rpertoris dansla partie ouest du secteur dtude de 1945 1988 42
13B Modifications physiques des habitats aquatiques et riverains rpertoris dansla partie est du secteur dtude de 1945 1988 43
14 Localisation des principales sources actuelles et potentielles de contaminationdu milieu marin dans le secteur dtude 44
15 Bioamplification des BCP dans la chane alimentaire de lestuaire et du golfedu Saint-Laurent 55
xix
Liste des tableaux
1 Les principaux enjeux de la mise en valeur durable du secteur Cte-Nord 68
CHAPITRE 1 Le Golfe du Saint-Laurent, dhier aujourdhui
Ds le 15e sicle, la pche a attir les pcheurs basques, bretons, normands et
portugais dans le golfe du Saint-Laurent dans le but d'y exploiter les immenses bancs de morues
et les attroupements de baleines. Cette activit se sdentarise au dbut du 18e sicle avec la
cration de postes de pche commerciale dans les havres naturels. Au cours de la deuxime
moiti du 18e sicle, la dportation des Acadiens puis l'arrive de Loyalistes amricains marquent
le dbut d'une vritable colonisation de l'immense territoire maritime du Qubec. Jusque-l, la
faible densit de la population et la taille mme du golfe avaient fait en sorte que les usages du
milieu aquatique n'avaient pratiquement pas affect ses ressources. Les choses allaient bientt
changer.
Les premires atteintes importantes semblent avoir t engendres par le
dveloppement de l'exploitation forestire au cours du 19e sicle et l'apparition, dans plusieurs
embouchures de rivires, de parcs de flottage du bois alimentant des scieries. Le rythme des
altrations devait sacclrer au milieu du 20e sicle avec limplantation dusines de ptes et
papiers, de ports desservant les nouvelles exploitations minires et larrosage intensif des forts
avec du DDT. Cest cette poque que lindustrie des pches a connu une mutation profonde
avec lintroduction des chaluts qui ont permis de dcupler la capacit de capture des flottes de
pche. On croyait alors que le golfe du Saint-Laurent tait labri de la pollution et que ses
ressources taient inpuisables.
Le rveil de lopinion publique est survenu assez brutalement au cours des annes
1970 lorsquon a constat que les Fous de Bassan de lle Bonaventure taient fortement
contamins par des substances toxiques qui mettaient leur survie en pril et que les stocks de
poissons staient effondrs en raison dune surpche.
De faon quasi unanime, on admet aujourdhui que le golfe du Saint-Laurent
constitue un cosystme fragile et que ses ressources sont limites. Malgr son loignement des
grands centres industriels et limmensit de son territoire, lintgrit de cet cosystme est
2 LE GOLFE DU SAINT-LAURENT, DHIER AUJOURDHUI
menace par lexploitation effrne de ses ressources, la prsence de substances toxiques et la
destruction dhabitats fauniques.
La majorit des pays industrialiss ont convenu de rorienter leurs activits
conomiques vers le dveloppement durable. Le profit ne peut plus tre la seule loi qui gouverne
lensemble des activits humaines. Compte tenu de la fragilit de notre environnement et des
limites de notre plante, une activit conomique durable doit assurer un usage polyvalent des
ressources; elle doit aussi tenir compte de la qualit de vie du genre humain et favoriser le
maintien de la diversit biologique.
CHAPITRE 2 Le programme des Zones dinterventionprioritaire
partir des annes 1960, lveil de lopinion publique sur ltat de dgradation des
Grands Lacs, du Saint-Laurent et de la rivire Saguenay ainsi que sur lurgence de la situation ont
amen les gouvernements entreprendre des actions concrtes et concertes. Ceci a ouvert la voie
lAccord canado-amricain pour la dpollution des Grands Lacs, sign en 1972. Un
amendement y a t apport en 1987 pour inscrire un programme de restauration des usages des
chelles locales (Plans dactions correctrices - RAP). Par ailleurs, une entente visant le contrle
des rejets toxiques dans le bassin des Grands Lacs de mme que la Charte des Grands Lacs ont
t signes en 1988 par les huit tats amricains concerns, lOntario et le Qubec. Proccup par
la pitre qualit des eaux du fleuve Saint-Laurent et de ses tributaires, le gouvernement du
Qubec lanait en 1978 le Programme dassainissement des eaux.
En 1989, le gouvernement fdral et celui du Qubec convenaient dorchestrer leurs
interventions dans le cadre du Plan daction Saint-Laurent (PASL), renouvel en 1994 sous le
nom de Plan daction Saint-Laurent Vision 2000 (SLV 2000). Parmi les objectifs de ce plan, on
retrouve celui de dresser un bilan environnemental au moyen duquel on cherche dsormais
favoriser, lchelle locale, la concertation des intervenants pour la restauration du Saint-Laurent,
sa protection et lharmonisation de ses usages (figure 1). Pour prparer des consultations
publiques, les partenaires de SLV 2000 ralisent une synthse et une analyse des connaissances
sur ltat actuel du milieu dans chaque secteur dtude.
Le prsent document dintgration rsume les points saillants des rapports techniques1
et dresse le bilan des connaissances sur ltat des ressources, des usages actuels ou potentiels du
secteur Cte-NordAnticosti (ZIP 19).
1 Les rapports techniques traitent de la physico-chimie de leau et des sdiments (Gagnon et al., 1997), des
communauts biologiques (Mousseau et al., 1997), des aspects socio-conomiques pertinents (Bibeault et al.,1997) et de la sant humaine (Duchesne et al., 1997).
Source : Programme Zones dintervention prioritaire SLV 2000.
Figure 1 Secteurs dtude du Programme des zones dintervention prioritaire (ZIP)
LE PROGRAMME DES ZONES DINTERVENTION PRIORITAIRE 5
Cet effort de synthse et danalyse des connaissances existantes a pour but de fournir
aux divers intervenants riverains les donnes scientifiques sous une forme accessible et objective
afin quils puissent dfinir leurs priorits dintervention. Des plans daction pourront alors tre
labors et mis en uvre lchelle locale et rgionale, chaque partenaire riverain intervenant
lintrieur de ses champs de responsabilit, mais de manire concerte.
CHAPITRE 3 Caractrisation du secteur Cte-NordAnticosti
Le secteur Cte-NordAnticosti comprend les ctes de la partie nord du golfe du
Saint-Laurent entre Pointe-des-Monts et Blanc-Sablon, les ctes de lle dAnticosti ainsi que les
eaux profondes et les fonds marins au large de ces ctes (figure 2). Ce territoire, qui correspond
la zone dintervention prioritaire 19, a t subdivis en trois secteurs : la Moyenne-Cte-Nord
(MCN) entre Pointe-des-Monts et Natashquan, la Basse-Cte-Nord (BCN) entre Natashquan et
Blanc-Sablon, et l'le d'Anticosti.
3.1 Milieu physiqueLa topographie sous-marine du secteur est domine par la prsence de trois fosses de
plus de 200 m de profondeur qui communiquent entre elles et avec locan Atlantique (figure 3).
Le chenal Laurentien prend naissance dans lestuaire du Saint-Laurent, traverse le golfe en
longeant la rive sud de lle dAnticosti, continue vers le dtroit de Cabot et se termine sur le
rebord du plateau continental au sud-est de Terre-Neuve. Les chenaux dAnticosti et dEsquiman
sont des embranchements du chenal Laurentien qui dbutent dans le dtroit de Jacques-Cartier et
dans le nord-est du golfe, respectivement.
Entre les chenaux et les rives, on retrouve des plates-formes sous-marines de largeur
et de relief varis dont certaines sont constitues de sries parallles de plateaux, de hauts-fonds
ou d'les spars par des dpressions longitudinales et transversales.
Les rives du secteur stirent sur une distance de prs de 5000 km (dont environ
3000 km de rives insulaires) et prsentent une grande varit de formes. La MCN est caractrise
par labondance de ctes sableuses associes aux deltas des grandes rivires alors que la BCN est
caractrise par une cte rocheuse et extrmement chancre.
Figure 2 Limites du secteur Cte-Nord-Anticosti
Figure 3 Physiographie du secteur Cte-NordAnticosti
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 9
Le dbit* annuel combin des rivires qui se jettent dans le secteur est denviron
2600 m3 par seconde (soit environ 16 p. 100 du dbit d'eau douce du fleuve Saint-Laurent la
hauteur de Pointe-des-Monts). La crue dans ces rivires a lieu en juin et ltiage*, en mars. Les
principaux affluents sont, par ordre dcroissant dimportance de leur dbit, les rivires du Petit
Mcatina, Moisie, Natashquan et Romaine.
Les mares dans cette partie du golfe sont du type semi-diurne (deux lvations du
niveau par jour) et leur amplitude varie selon un cycle bihebdomadaire (vives-eauxmortes-eaux).
Le marnage* moyen engendr par ces mares diminue dest en ouest sur la MCN, passant de
2,5 m Pointe-des-Monts environ 1,0 m au cap Whittle et la pointe est de lle dAnticosti.
Sur la BCN, le marnage moyen varie entre 1,1 et 1,6 m et est maximal La Tabatire.
En t, les eaux du golfe sont stratifies en trois masses deau dorigine et de
caractristiques distinctes (figure 4) : 1) une couche deau superficielle de 30 50 m dpaisseur
relativement chaude (12 - 15 C) et peu sale (29 31 ) provenant du mlange des eaux douces
avec les eaux marines; 2) une couche deau intermdiaire glaciale (-1 2 C) et plus sale (31,5
33 ) retrouve de 30 - 50 m environ 125 m de profondeur qui provient du refroidissement des
eaux superficielles en hiver et du transport dans le golfe travers le dtroit de Belle-Isle des eaux
ctires du Labrador et 3), confine aux chenaux Laurentien, dAnticosti et dEsquiman, une
couche deau profonde plus chaude (2 - 5 C) et plus sale (33 34 ) que la couche
intermdiaire et qui provient de locan atlantique par le dtroit de Cabot. En hiver, les couches
superficielles et intermdiaires se mlangent et ne forment plus quune masse deau* glaciale (< -
1 C) de la surface jusqu environ 125 m de profondeur.
La circulation de leau dans le secteur est domine par un courant dirig vers louest
qui longe la BCN puis la MCN et par la prsence dune gyre tournant dans le sens antihoraire
entre Pointe-des-Monts et la pointe ouest de lle dAnticosti (figure 5). Le secteur nest pas sous
linfluence des eaux de lestuaire du Saint-Laurent. Ces dernires forment le courant de Gasp,
scoulent le long de la pninsule de Gasp et se dversent dans la partie sud du golfe.
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI10
Source : Adapt de Koutitonsky et Bugden, 1991.
Figure 4 Stratification verticale des eaux du golfe Saint-Laurent
Les courants engendrs par la mare sont peu intenses (moins de 30 cm par seconde)
sauf dans la partie ouest du passage de Jacques-Cartier qui constitue un goulot dtranglement o
se mlangent intensivement les eaux superficielles et intermdiaires lors des mares de vives-
eaux. Il sagit dune rgion o on retrouve gnralement des zones libres de glaces en hiver. En
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 11
moyenne, les glaces apparaissent la fin de dcembre dans le nord-ouest et lextrme nord-est.
L'englacement progresse vers le centre du secteur pour le recouvrir compltement la fin de
janvier. Les glaces commencent disparatre le long de la MCN ds la fin mars alors que la BCN
demeure encombre par les glaces jusquen mai.
Figure 5 Courants de surface dans le golfe du Saint-Laurent au mois daot
Les rivires du secteur ne transportent pas des volumes importants de matires en
suspension (MES). Les eaux superficielles du secteur sont donc beaucoup moins turbides* que
celles de lestuaire du Saint-Laurent et du courant de Gasp. Les sdiments* sur le fond des
plates-formes littorales proviennent surtout du remaniement local de dpts glaciaires alors que
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI12
ceux retrouvs sur le fond de chenaux profonds proviennent de la sdimentation des particules
fines provenant des cours deau, de lrosion des rives et du fond ainsi que de la production
biologique plagique.
3.2 Habitats* et communauts* biologiquesDans le secteur ltude, on retrouve une mosaque dhabitats aquatiques qui
correspondent aux nombreuses combinaisons possibles des variables biophysiques qui
dterminent la distribution et labondance des organismes aquatiques. Afin de faciliter la synthse
des nombreuses connaissances disponibles sur le sujet, nous avons distingu deux grands types de
milieux : 1) le milieu benthique et 2) le milieu plagique.
3.2.1 Habitats benthiquesLe milieu benthique est gnralement subdivis entre cinq tages en fonction du
balancement des mares et de la rpartition verticale des masses deau dans le golfe
(figure 6) : 1) ltage supralittoral situ au-dessus de la ligne des mares hautes, 2) ltage
mdiolittoral soumis linondation et lexondation priodiques des mares, 3) ltage
infralittoral constitu des fonds baigns en permanence par la couche deau superficielle (0 -
30 m de profondeur), 4) ltage circalittoral associ la couche deau intermdiaire glaciale et 5)
ltage bathyal constitu par les fonds du chenal Laurentien situs plus de 125 m de profondeur.
Habitats supralittoraux. Les habitats supralittoraux dintrt sont les falaises ainsi
que les petites les et les lots o on retrouve des plantes rares et qui sont utiliss par les oiseaux
aquatiques et les phoques comme sites de reproduction et de repos. Comparativement au sud du
golfe, le secteur dtude est caractris par la prsence dun trs grand nombre de petites les,
dlots et de rcifs.
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 13
Source : Brunel, 1991.
Figure 6 tagement du milieu benthique dans le golfe du Saint-Laurent en fonction desmares et des masses deau
Habitats mdiolittoraux. Sur les substrats vaseux retrouvs dans lembouchure de
certaines rivires et le fond des baies trs abrites, on retrouve des marais intertidaux. Ces marais
noccupent que 1300 ha dans le secteur dtude, ce qui reprsente trois fois moins de surface de
marais par kilomtre de rive que dans le sud du golfe (partie qubcoise) et encore beaucoup
moins que dans lestuaire du Saint-Laurent. Cest ce qui explique quun nombre restreint doies et
de canards barboteurs frquentent le secteur dtude lors de leurs migrations printanire et
automnale ou en priode de nidification. Les principaux marais sont situs dans la baie des Sept-
les et le long de la cte entre Mingan et le cap Whittle; le seul marais important de lle
dAnticosti est situ dans le Grand Lac Sal, sur la rive sud. Lherbaaie sale, qui nest
immerge que par les mares dquinoxe, domine largement ces marais. Cest uniquement dans la
baie des Sept-les quon retrouve de petites superficies de marais Spartine alterniflore
immerges chaque mare.
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI14
Les grandes plages retrouves dans le delta des rivires de la MCN et dans les anses
environnantes sont constitues de sable dnud de vgtation. Lorsque ce sable est grossier, il est
aussi trs pauvre en faune endobenthique. Par contre, ce type dhabitat est recherch par les
oiseaux de rivage (bcasseaux, pluviers, etc.) et les larids (golands, mouettes et sternes) qui sy
nourrissent des organismes et dtritus repousss sur la plage par les vagues, ainsi que par le
Capelan qui vient frayer. Lorsque les plages sont plus abrites des vagues, le sable mlang des
sdiments plus fins abrite des bancs de Mye commune et de vers marins activement recherchs
par la Plie rouge.
Sur les ctes rocheuses omniprsentes dans le secteur d'tude, la densit et la
biomasse* de la flore et de la faune augmentent du haut vers le bas de l'estran*. Sur les ctes
rgulirement rodes par les glaces, l'estran est colonis par des algues filamenteuses et des
littorines alors que les grandes algues benthiques, les balanes et les moules ne peuvent se
dvelopper que dans les cuvettes, les anfractuosits et les parois rocheuses abrites. Par contre,
dans les zones abrites de l'effet perturbateur des glaces, les algues brunes (communment
appeles varech) forment dans la partie infrieure de l'estran un tapis continu o viennent
s'abriter en grands nombres les littorines, les moules et les gammares. Dans les cuvettes, on
retrouve une flore et une faune normalement rencontres sous le niveau des basses mers. la
faveur de la mare haute, de nombreuses espces dinvertbrs, de poissons et de canards de mer
(notamment l'Eider commun) viennent s'alimenter dans ces habitats.
Habitats infralittoraux. Le milieu infralittoral n'est jamais dcouvert par les mares
et, consquemment, il est abrit des effets perturbateurs des vagues et des glaces. Les fonds
sableux de cet tage sont dnuds de vgtation et abritent une faune peu diversifie domine par
l'Oursin plat. On y retrouve aussi plusieurs espces de gros bivalves comme le Couteau droit, la
Coque d'Islande et la Mactre de Stimpson. Par contre, les fonds rocheux infralittoraux abritent
une flore et une faune abondantes et diversifies (figure 7). Dans l'archipel de Mingan, les
communauts vgtales et animales forment gnralement quatre bandes distinctes en fonction de
la profondeur : 1) une premire bande qui dbute au niveau des basses mers de vives-eaux
domine par des algues opportunistes qui colonisent les surfaces dnudes par les glaces; 2) une
Profondeur(mtres)
Fucacs
toiles de mer
Algues rouges
Laminaires
Autres algues brunes
Ophiure pineuse
Concombres de mer
ponges
Patelle
Buccin commun
Moule bleue
Chiton
Tuniciers
Anmone chevelue
Anmone rouge du nord
Crabe araigne
Crabe communOursin vert
LGENDE
Mare bassede vives eaux
Source : Himmelman, 1991.
Figure 7 tagement typique de la flore et de la faune sur les falaises sous-marines de la Cte-Nord et du golfe du Saint-Laurent
tag
em
dio
litto
ral
tag
ein
fral
ittor
al
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI16
deuxime bande, qui dbute 1 - 2 m sous le niveau des basses mers, domine par les grandes
algues laminaires et la Moule bleue et dont la largeur varie selon la pente et le degr d'exposition
de la cte aux vagues; 3) une troisime bande domine par l'Oursin vert, un brouteur trs efficace
qui limine la plupart des algues benthiques et des larves d'invertbrs de cette bande et 4) une
dernire bande o on ne retrouve que des algues capables de rsister au broutage de l'Oursin vert
(dont l'Agare cible et des algues calcaires encrotantes) et une grande varit d'organismes
filtreurs (Concombres de mer, anmones, tuniciers). Les principaux prdateurs de ce type
d'habitat sont l'toile de mer polaire et le Buccin. L'absence de homards dans la rgion des les
Mingan serait en partie responsable du trs grand nombre d'oursins et de buccins retrouvs dans
ce type d'habitat.
Habitats circalittoraux. Dans le milieu circalittoral, plus de 30 m de profondeur, la
pntration de la lumire est insuffisante pour permettre la photosynthse. Les communauts de
ce milieu sont constitues d'animaux qui se nourrissent de particules organiques qui se dposent
sur le fond et de prdateurs. Peu d'tudes ont t ralises sur la faune de ce milieu dans le secteur
d'tude. Mentionnons cependant que les fonds de sable vaseux de cet tage constituent l'habitat
prfr du Crabe des neiges alors que les fonds rocheux (retrouvs surtout dans les zones de
mlange intensif) sont coloniss par le Ptoncle d'Islande et constituent l'habitat prfr de la
Morue franche.
Habitat de l'tage bathyal. Les fonds vaseux des chenaux Laurentien, d'Anticosti et
d'Esquiman abritent une faune distincte de celle des autres tages. Les espces caractristiques les
plus connues de cet tage sont la Crevette nordique, le Crabe pineux et le Fltan noir.
3.2.2 Habitats plagiquesLe milieu plagique constitue lhabitat du plancton* vgtal (phytoplancton) et
animal (zooplancton), des poissons plagiques, des oiseaux de mer et des ctacs. La chane
alimentaire de ce milieu est en grande partie base sur la production dalgues microscopiques
(production primaire*) dans la couche deau superficielle.
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 17
Dans le secteur d'tude, on assiste une floraison du phytoplancton en avril aprs
quoi la production et la biomasse du phytoplancton diminuent rapidement et se maintiennent
des valeurs beaucoup plus faibles pendant tout l't, sauf dans les zones de remonte d'eaux
profondes o la production primaire est maintenue un niveau lev par le transport priodique
d'lments nutritifs des couches d'eau profonde vers la surface.
Le zooplancton regroupe plusieurs types d'animaux qui drivent passivement avec les
courants. Il comprend des organismes qui accomplissent tout leur cycle vital dans le milieu
plagique (coppodes, euphausides) ainsi que des oeufs et des larves d'organismes benthiques et
de poissons. Le zooplancton du secteur d'tude est largement domin en nombre d'individus par
des coppodes de grande taille du genre Calanus et en biomasse par les euphausides
(communment appel krill). Ces derniers se concentrent surtout le long de la pente des
chenaux profonds et font des migrations verticales entre les eaux profondes, le jour, et la surface,
la nuit. Plusieurs des espces de poissons exploites commercialement utilisent le milieu
plagique du secteur pour se reproduire (morue) ainsi que pour l'alimentation des larves et des
juvniles (lanon, morue, sbaste, hareng, capelan) et des adultes (lanon, maquereau, perlan)
qui attirent leur tour des oiseaux de mer (macareux, guillemots, Petit Pingouin) et des ctacs
(rorquals et dauphins).
3.3 Ressources halieutiquesSeulement quelques-unes de la centaine d'espces d'algues marines, du millier
d'espces d'invertbrs et des 80 espces de poissons du golfe sont exploites par l'homme. Les
principales espces vises par la pche commerciale, par ordre dcroissant de la valeur des
dbarquements dans les ports du secteur de 1990 1995, sont le Crabe des neiges, les Ptoncles
(gant et dIslande), la Crevette nordique, le Homard dAmrique, la Morue franche, le Saumon
de lAtlantique, le Buccin, le Hareng atlantique, le Fltan noir et le Capelan. Les principales
espces de pche sportive, rcrative et de subsistance du secteur sont le Saumon de lAtlantique,
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI18
lperlan arc-en-ciel, le Capelan, la Morue franche et la Mye commune. Nous dcrivons
succinctement ci-dessous la distribution et ltat actuel de ces ressources dans le secteur dtude.
Crabe des neiges. Le Crabe des neiges est un invertbr benthique qui frquente les
fonds vaseux situs entre 50 et 200 m de profondeur. Il est abondant le long de toutes les ctes du
secteur dtude. Les principales concentrations sont situes le long de la MCN. Dans cette zone,
labondance du crabe varie suivant un cycle denviron 8 ans. Trois annes conscutives de faible
abondance de jeunes individus (1977-1979, 1985-1987, 1993-1994) sont habituellement suivies
de cinq annes dabondance moyenne forte (1980-1985, 1988-1992). Labondance des jeunes a
des effets marqus sur les captures une dizaine dannes plus tard. On prvoit donc pour les
prochaines annes larrive des fortes classes dge de 1988-1992. Sur la BCN, une seule forte
classe dge*, celle de 1991, a t produite depuis 1985 et les perspectives moyen terme sont
donc plutt sombres pour les stocks de cette zone.
Ptoncles. Sur la Cte-Nord, le Ptoncle gant est restreint aux eaux peu profondes
des baies abrites de la BCN alors que le Ptoncle dIslande est abondant plusieurs endroits le
long de la Cte-Nord et de lle dAnticosti entre 35 et 80 m de profondeur. Les principaux bancs
de cette dernire espce sont situs dans la rgion de Havre-Saint-Pierre. On a observ rcemment
une baisse des prises par unit deffort. Sur la BCN, les stocks de Ptoncle gant sont en situation
prcaire en raison dune mortalit massive en 1993 et de la faiblesse des classes dge produites
au cours des dernires annes. Cette situation serait relie aux conditions climatiques
anormalement froides qui prvalent dans le secteur depuis plusieurs annes combines un taux
lev dexploitation. On estime que les bancs de Ptoncle dIslande de la BCN ne pourront
supporter la pression de pche exerce antrieurement sur la population de Ptoncle gant.
Crevette nordique. La Crevette nordique est un invertbr qui nage prs du fond des
chenaux profonds le jour et qui migre vers la surface la nuit. Les principales concentrations de
crevettes sont situes sur les fonds vaseux, des profondeurs de 150 300 m, dans la partie
amont des chenaux Laurentien, dAnticosti et dEsquiman. La population du secteur est
prsentement en bon tat. Son abondance a augment la fin des annes 1980 et au dbut des
annes 1990 en raison de larrive dans la pche des fortes classes dge de 1984 1987, puis a
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 19
diminu en 1992 et 1993. Les fortes classes dge de 1990 et 1991 ont permis une augmentation
de labondance en 1994 et 1995.
Homard dAmrique. La Cte-Nord reprsente la limite nordique de la distribution
du homard. Lespce est prsente le long de toutes les ctes sur les fonds rocheux de moins de
35 m de profondeur mais en nombre beaucoup moins grand que dans le sud du golfe. Les
principales concentrations sont situes le long de la rive sud de lle dAnticosti.
Buccin. Le Buccin est un mollusque gastropode abondant le long de lensemble des
ctes du secteur sur tous les types de fonds partir du niveau des basses mers jusqu une
profondeur de 25 m. Il semble quune forte proportion des individus capturs nait pas encore
atteint la maturit sexuelle, ce qui met en pril la capacit reproductrice des populations fortement
exploites.
Morue franche. La population de Morue franche qui frquente le secteur dtude
(population du nord du golfe) hiverne au large de la cte sud-ouest de Terre-Neuve puis se
rpartit le long de la cte ouest de Terre-Neuve et de la Cte-Nord du Qubec en t pour se
reproduire et salimenter. Cette population est en trs mauvais tat, sa biomasse ayant atteint en
1993-1994 son plus bas niveau depuis que le stock est valu. De plus, le taux de croissance des
individus est en baisse constante depuis la fin des annes 1970 et la condition des individus sest
dtriore un tel point au cours de lhiver 1993-1994 que des mortalits naturelles massives ont
pu se produire. Ce mauvais tat est probablement attribuable au fait que le climat dans le golfe a
t plus froid que la normale depuis la fin des annes 1980. Un moratoire sur la pche visant cette
espce a t instaur en 1994 en raison du mauvais tat de la ressource. Le stock montre
prsentement des signes de rtablissement mais son tat actuel ne permet pas une rouverture
totale de la pche sans que le stock ne soit mis en pril.
Saumon de lAtlantique. On compte 22 rivires saumons sur la MCN, 24 sur lle
dAnticosti et 22 sur la BCN. Les principales sont, par ordre dcroissant des captures sportives et
de subsistance de 1984 1995, les rivires Moisie, Natashquan, Saint-Jean, de la Trinit, Saint-
Paul et tamamiou. Dans lensemble des rivires pour lesquelles on dispose de donnes
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI20
chronologiques sur la montaison (le dAnticosti surtout), le nombre de reproducteurs qui ont
remont les rivires pour frayer a diminu partir du milieu des annes 1980 jusquen 1992-1993
puis a augment pour atteindre un niveau intermdiaire en 1996. Le succs de la pche sportive
relativement au nombre de saumons capturs par jour de pche a montr, dans lensemble, des
variations similaires. La faiblesse des montaisons a t attribue de mauvaises conditions
ocanographiques dans lAtlantique Nord-Ouest qui auraient diminu la survie en mer des
saumoneaux.
Hareng atlantique. Les populations de Hareng atlantique qui frquentent le secteur
dtude hivernent au large des ctes dans la partie est du golfe, et se rapprochent des ctes du
secteur pour frayer au printemps ou la fin de l't ainsi que pour salimenter. On mentionne la
prsence de frayres* dans la rgion de Pointe-des-Monts, Sept-les, Havre-Saint-Pierre,
Harrington-Harbour et La Tabatire. Les populations semblent prsentement en bon tat, les
jeunes individus continuant dominer dans les dbarquements et les relevs scientifiques des
dernires annes.
Fltan noir. Le Fltan noir est un poisson plat qui hiverne dans les eaux profondes de
la rgion du dtroit de Cabot o il se reproduit et qui migre en t vers le nord-ouest du golfe et
lestuaire maritime du Saint-Laurent sur les fonds de plus de 200 m de profondeur. Labondance
de la population du golfe est faible depuis le dbut des annes 1990 mais elle a augment au cours
des dernires annes avec larrive des fortes classes dge de 1988-1990 dans la pche.
Capelan. Le Capelan est un poisson plagique qui hiverne au large de la Cte-Nord
et qui vient frayer sur les plages de sable et de gravier du secteur de la mi-mai la mi-juin entre
Pointe-des-Monts et Sept-les, du dbut de juin la mi-juillet entre Sept-les et Natashquan et de
la mi-juin la fin juillet sur la BCN. On dit alors quil roule. Labondance de cette espce dans
le nord du golfe est leve. Les variations de son abondance ne sont cependant pas connues.
perlan arc-en-ciel. Lperlan est un poisson anadrome* qui hiverne dans
lembouchure des rivires, fraye au printemps dans les rivires et passe le reste de lanne en eau
sale. Cette espce fraye dans la plupart des rivires de la MCN. On mentionne lexistence dune
petite pche commerciale de cette espce dans la baie de Sept-les et une pche blanche sous la
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 21
glace lembouchure des rivires des Rapides (baie des Sept-les), Asley, Piashti et Natashquan.
On ne dispose pas de donnes sur ltat des populations du secteur dtude.
Mye commune. La Mye commune est un mollusque bivalve abondant sur les fonds
de vase sableuse de la partie infrieure de ltage mdiolittoral jusqu une profondeur de 10 m.
Les principaux bancs du secteur sont situs dans les rgions de Sept-les et de Havre-Saint-Pierre.
Ltat des bancs locaux nest pas connu.
3.4 OiseauxOn a rapport la prsence de 341 espces doiseaux le long de la Cte-Nord (entre
Tadoussac et Blanc-Sablon) et de 236 espces sur lle dAnticosti. Ces oiseaux viennent dans ces
territoires pour nicher (174 espces sur la Cte-Nord et 117 espces lle dAnticosti) et lever
leurs jeunes, pour salimenter lors de la migration printanire ou automnale, pour hiverner ou
encore ne font que des incursions occasionnelles ou rares dans le secteur.
Nidification. On a observ dans le secteur 85 des 115 espces doiseaux nicheurs
directement associs aux milieux riverains et aquatiques du Saint-Laurent, dont 20 espces qui
nichent en colonies (8 espces de larids, 4 espces dalcids, 2 espces de cormorans, 2 espces
dardids, 1 espce danatids et 3 espces diverses). On compte dans le secteur plus de
550 colonies doiseaux regroupant au total prs de 140 000 couples nicheurs. Sur la MCN, les
principales colonies sont situes dans larchipel des Sept-les et sur les les Mingan et les
principales espces sont des larids (Goland argent, Goland bec cercl, Mouette tridactyle,
Sterne pierregarin, le Cormoran aigrettes et lEider duvet. Sur lle dAnticosti, la principale
colonie regroupant la majorit des oiseaux coloniaux de lle est la colonie de Mouettes
tridactyles de la falaise aux Golands. La BCN est caractrise par la grande abondance de
colonies dalcids (guillemots, Macareux moine, Petit Pingouin) dont les principales colonies
sont situes dans quatre refuges doiseaux migrateurs. Le secteur dtude a la particularit
dabriter la seule colonie de Sterne caspienne connue au Qubec (le la Brume). On y retrouve
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI22
aussi une des deux colonies de Mouette rieuse et une des trois colonies de Fou de Bassan connues
au Qubec.
On dispose de donnes chronologiques sur la taille des colonies dans les huit refuges
doiseaux migrateurs du secteur qui regroupent la majorit des colonies dalcids mais seulement
une partie des colonies des autres espces. On assiste depuis 20 ans une augmentation
spectaculaire des effectifs des alcids dont le nombre total dindividus dans les refuges est pass
de 29 500 en 1977 86 300 en 1993. Les effectifs de Guillemot marmette ont atteint en 1993 un
niveau record depuis la cration des refuges en 1925. Cette hausse est attribuable un effort accru
de surveillance, la sensibilisation des populations locales qui rcoltent les ufs et chassent les
oiseaux, et possiblement laugmentation des stocks de petits poissons (capelans, lanons) dont
se nourrit ce type doiseaux la suite de la rduction de labondance des poissons de fond qui
comptitionnent avec les alcids pour ces poissons-fourrage.
On a par contre observ dans les refuges une baisse des effectifs de Golands argents
et de Mouettes tridactyles qui semble tre gnralise au Qubec et qui pourrait tre associe la
diminution de la pche au poisson de fond dont les rejets en mer fournissent une nourriture
abondante ces oiseaux opportunistes. Une baisse a t observe chez la Sterne pierregarin et la
Sterne arctique mais elle demeure inexplique. Il se pourrait quil ne sagisse que dune baisse
apparente due une migration hors des refuges.
En plus des espces coloniales, 1 espce doie, 7 espces de canards barboteurs, 5
espces de canards plongeurs, 2 espces de canards de mer et 7 espces doiseaux de rivage
(bcasseux, pluviers, chevaliers) nichent en couples individuels dans les habitats riverains du
secteur dtude. Parmi ces espces nicheuses, lEider duvet (qui niche aussi en colonies) et le
Canard noir sont les plus abondants. On retrouve dans les vastes tourbires de lle dAnticosti
les concentrations les plus leves de Bernaches du Canada nicheuses du Qubec mridional.
Cette le est aussi lun des quatre territoires les plus importants de lAmrique du Nord et le plus
important du Qubec pour la nidification du Pygargue tte blanche, avec 20 nids inventoris.
Migration printanire. La MCN constitue la principale zone de concentration du
golfe du Saint-Laurent pour la sauvagine* en migration entre ses aires dhivernage du sud et ses
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 23
aires de nidification dans le Grand Nord. Au cours de la priode 1974 1978, prs de 150 000
oies et canards ont en moyenne frquent la cte de la MCN au printemps, principalement en mai.
En raison de la faible tendue des marais intertidaux, les oies et canards barboteurs sont peu
abondants. Prs de 95 p. 100 des individus inventoris sont des canards de mer (principalement
lEider duvet, la Macreuse noire et la Macreuse front blanc). Les eiders en migration se
concentrent surtout autour des les de Mingan et de la partie est de lle dAnticosti. Ce canard de
mer frquente alors les fonds vaseux et rocheux peu profonds o il se nourrit surtout dufs de
Hareng et de vers marins. De leur ct, les macreuses se concentrent principalement entre Pointe-
des-Monts et la pointe aux Anglais ainsi quentre la pointe Sproule et la pointe la Chasse,
louest de la baie des Sept-les. La partie amont de la MCN regroupe aussi les principales haltes
migratoires de lHarelde kakawi et des garrots du golfe du Saint-Laurent.
Migration automnale. En automne, on a inventori quatre fois et demie moins doies
et de canards en migration quau printemps le long de la Cte-Nord. Les eiders reprsentent
82 p. 100 des individus recenss le long de la MCN. Cette zone constitue la principale halte
migratoire automnale du golfe du Saint-Laurent pour les eiders, lHarelde kakawi et les garrots.
Les eiders sont alors concentrs autour des les de Mingan, en aval des lets Caribou et en aval de
lembouchure de la rivire Moisie.
Les oiseaux de rivage (bcasseaux, pluviers, chevaliers) frquentent aussi en nombres
importants (autour de 6000 individus) les ctes du secteur dtude lors de leur migration
automnale. Les principales espces observes sont le Bcasseau maubche, le Phalarope bec
troit, le Bcasseau semi-palm et le Bcasseau minuscule. Les principales concentrations sont
observes sur les rives des les de Mingan.
Hivernage. Le secteur dtude abrite les principales aires dhivernage du systme du
Saint-Laurent pour lEider duvet et les garrots (figure 8). Prs de 100 000 eiders se concentrent
autour de larchipel de Mingan o on retrouve des zones libres de glaces et une faune
dinvertbrs benthiques (moules, oursins) abondante. Environ 50 000 eiders se concentrent dans
les zones libres de glaces au large de lle dAnticosti, notamment le long de la rive sud et de
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI24
lextrmit est de lle. Les individus qui hivernent dans le secteur appartiennent en majorit la
sous-espce qui niche dans le nord du Labrador et les environs du dtroit dHudson et non pas
la sous-espce qui niche dans le secteur. LHarelde kakawi hiverne aussi en grand nombre dans le
secteur mais ses effectifs y sont moins importants que dans le sud du golfe.
Source : Bourget et al., 1996.
Figure 8 Principaux sites hivernaux de rassemblement deiders dans le golfe du Saint-Laurent
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 25
3.5 Mammifres marinsQuinze espces de mammifres marins ont t observes dans le secteur dtude dont
6 espces de baleines dents, 4 espces de baleines fanons et 6 espces de phoques.
Baleines dents. Le secteur dtude est la principale rgion du golfe o il est
possible dobserver le Dauphin flancs blancs, le Dauphin nez blanc et lpaulard. La
deuxime espce est cependant beaucoup moins abondante que la premire et lpaulard na t
observ quoccasionnellement (Natashquan, les Sainte-Marie, dtroit de Belle-Isle). Le Bluga
dont la population se concentre en t dans lestuaire du Saint-Laurent, frquente rgulirement la
cte entre Pointe-des-Monts et Sept-les en hiver. Le Marsouin commun est abondant dans toutes
les rgions du golfe. Dans le secteur dtude, il serait plus abondant le long de la rive sud de lle
dAnticosti et le long de la BCN. Enfin, le Globicphale noir de lAtlantique nutilise
quoccasionnellement le golfe lors de sa migration estivale entre les rgions sud et nord de
lAtlantique.
lexception du Bluga, un rsident permanent du Saint-Laurent, les baleines dents
ne frquentent le golfe que pendant la saison estivale pour salimenter de petits poissons
(capelans, lanons, harengs).
Baleines fanons. Le secteur dtude est la principale rgion du golfe o il est
possible dobserver des baleines fanon. Les espces observes sont, par ordre dcroissant
dabondance dans le golfe : le Petit Rorqual, le Rorqual commun, le Rorqual bosse et le Rorqual
bleu. Ces espces ne frquentent le golfe du Saint-Laurent que pendant la saison estivale pour
salimenter deuphausides ou de petits poissons comme le capelan, le lanon et le hareng. Les
principales zones frquentes par ces grandes baleines sont le talus du chenal Laurentien entre
Pointe-des-Monts et Sept-les, le banc Rouge et larchipel de Mingan, les hauts-fonds de
Natashquan, la rgion des les Sainte-Marie et la BCN, entre la rivire Saint-Augustin et le dtroit
de Belle-Isle.
Phoques. Le Phoque gris se reproduit en hiver dans le sud du golfe puis se disperse le
long des ctes du golfe pour salimenter. Les principales choueries* dans le golfe sont
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI26
prsentement situes autour de lle dAnticosti o cette espce sensible au drangement trouve
une plus grande quitude. Les effectifs de la population de lest du Canada sont la hausse depuis
le dbut des annes 1960. En 1995, la population du golfe tait estime 61 000 individus. Le
Phoque commun se reproduit en petites colonies un peu partout dans le golfe. Les populations du
golfe auraient connu depuis les annes 1970 une forte baisse. Ainsi, les choueries qui avaient t
inventories dans la partie amont de la MCN en 1973 nont pas t observes en 1996. Une partie
de la population du Phoque du Groenland de lest du Canada se reproduit dans le golfe en hiver et
se disperse le long des ctes pour salimenter avant de retourner vers le Grand Nord la fin du
printemps. Une des deux aires de mise bas du golfe est situe sur les glaces au large de la BCN.
En 1994, 57 000 petits y sont ns, ce qui correspond 22 p. 100 de la production totale du golfe
et 8 p. 100 de la production de lensemble de la population de lest du Canada. Cette population
affiche une croissance continue depuis 1973; elle a pass de moins de 2 millions dindividus en
1973 4,8 millions en 1994. Le Phoque capuchon, le Phoque annel, le Phoque barbu et le
Morse sont occasionnellement aperus le long de la BCN.
3.6 Espces en situation prcaireOn compte dans le secteur dtude 29 espces vgtales rares, 4 espces de poissons,
10 espces doiseaux, 4 espces de mammifres marins et 1 espce de mammifre terrestre qui
apparaissent sur la liste des espces dont la protection est juge prioritaire dans le cadre du Plan
daction Saint-Laurent Vision 2000 (annexe 1).
Parmi les espces vgtales prioritaires, 8 sont endmiques* du golfe du Saint-
Laurent et 4 sont endmiques du nord-est de lAmrique du Nord. Deux des espces endmiques
les plus rares, le Cypripde uf-de-passereau (varit de la Minganie) et le Chardon multifeuille
(varit de la Minganie) ont t retrouves dans larchipel de Mingan et font prsentement lobjet
d'tudes dmographiques. LAstragale de Robins (varit de Fernald) ne se rencontre au Qubec
que dans la rgion de Blanc-Sablon.
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 27
Les espces de poissons prioritaires sont lperlan arc-en-ciel, le Poulamon
atlantique, lAnguille dAmrique et le Hareng atlantique. Le statut accord aux trois premires
espces provient du mauvais tat des populations de lestuaire du Saint-Laurent et nest peut-tre
pas applicable aux populations du territoire ltude dont ltat nest pas connu. Quant au Hareng
atlantique, ltat des populations du secteur d'tude sest graduellement amlior depuis la fin des
annes 1970 et peut tre considr bon prsentement.
Des 10 espces doiseaux prioritaires, 7 nichent ou ont dj nich dans le secteur
dtude. Il sagit du Canard pilet, de la Sarcelle ailes bleues, de lArlequin plongeur, du Garrot
dIslande, du Pluvier siffleur, de la Sterne caspienne et du Pygargue tte blanche. Les deux
premires espces de canards ont connu une baisse marque dabondance au Qubec depuis une
trentaine dannes. Les causes de ce dclin sont inconnues dans le cas du Canard pilet; le dclin
de la Sarcelle ailes bleues serait attribuable la perte dhabitats de nidification et la chasse
excessive en hiver au Mexique. LArlequin plongeur niche sur la BCN. Les effectifs de cette
espce ont connu un dclin marqu au cours du 20e sicle et sa chasse est interdite depuis 1990.
Lespce est sensible aux substances toxiques et aux dversements de ptrole. Le Pluvier siffleur
a dj nich sur la BCN (1986). La seule colonie de Sterne caspienne du Qubec est situe depuis
plus dun sicle sur la BCN, dans le voisinage de lle la Brume. En 1894, cette colonie
comptait 200 couples. Cette population a dclin au cours du 20 e sicle en raison de la rcolte
des ufs par les communauts* riveraines et elle comptait moins de 20 individus en 1988. Elle a
lgrement augment pour atteindre 32 individus en 1995. Le Pygargue tte blanche a subi une
baisse importante deffectifs dans lest de lAmrique du Nord partir des annes 1950 en raison
dune contamination par le DDT et dautre substances organochlores (voir la section 4.2.2.2).
On observe cependant de plus en plus dindividus sur lensemble du territoire qubcois depuis
linterdiction du DDT en 1972.
Les quatre espces de mammifres marins prioritaires du secteur dtude sont le
Bluga, le Marsouin commun, le Rorqual commun et le Phoque commun. Le Marsouin commun
est abondant dans le golfe mais un grand nombre prissent chaque anne lorsquils semmlent
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI28
dans les filets de pche. La population de Rorqual commun est en voie de rtablissement alors
que les populations de Phoque commun sont la baisse dans lensemble du golfe depuis les
annes 1970 en raison du drangement caus par lhomme et de sa sensibilit aux substances
toxiques.
3.7 Occupation du territoire3.7.1 Affectation du territoire
Les 19 municipalits et les 4 rserves indiennes du secteur dtude occupent une
superficie de 25 200 km2 o vivaient prs de 48 500 habitants en 1991 (figure 9). Plus de
74 p. 100 de la population du secteur est concentre Sept-les (24 848 habitants) et Port-Cartier
(7383 habitants). La ville de Sept-les est un centre industrialo-portuaire et de services alors que
Port-Cartier est un centre industrialo-portuaire.
La principale affectation des terres dans les municipalits riveraines de la MCN est
forestire. Dans la partie ouest de la MCN, une mince bande littorale est voue des affectations
rurales alors que dans la partie est, une grande partie des rives du golfe et des rivires ainsi que
lensemble de lle dAnticosti ont une affectation de conservation.
3.7.2 Territoires protgs en vertu de lois et rglements fdraux,provinciaux et municipauxRserve de parc national de lArchipel de Mingan. Cre en 1984, ce parc national
de 150 km2 vise la protection de 800 les et lots rpartis sur 175 km le long de la MCN, entre
Longue-Pointe et Aguanish.
Parc de conservation provincial. Sur lle dAnticosti, un projet de parc de
conservation comprenant la rivire Vaural est en cours de ralisation.
50 km0
Limites municipales
Limites de MRC
Baie-Trinit
Rivire-Pentecte
Port-Cartier
Sept-les
Moisie
Rivire-au-Tonnerre
Rivire-Saint-Jean
Longue-Pointe
Havre-Saint-Pierre
le d'Anticosti
Baie-Johan-Beetz
Aguanish
Natashquan
BASSE-CTE-NORD
MRC DEMANICOUAGAN
MRC DE SEPT-RIVIRESMRC DE LA MINGANIE
MOYE
NNE-
CTE-NORD
Estuairemaritime
Golfe duSaint-Laurent
Archipel de Mingan
Port-MenierURBAINERURALEINDUSTRIELLERCRATIONCONSERVATIONFORESTIRE
RSERVE INDIENNE
AFFECTATIONS
Figure 9 Les grandes affectations du territoire selon les MRC riveraines de la Moyenne-Cte-NordAnticosti
Sources : MRC de Manicouagan, 1987; MRC de Sept-Rivires, 1986; MRC de la Minganie, 1987.
Remarque.- Aucune affectation nest dfinie en Basse-Cte-Nord, ce territoire ne faisant partie daucune MRC.
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI30
Rserves cologiques. On compte trois rserves cologiques sous la juridiction du
gouvernement provincial dans le secteur dtude. La rserve cologique de la Matamec, prs de
Sept-les, a t cre en 1995 et vise protger le bassin versant de la rivire Matamec.
Prsentement, seule la partie sud de ce bassin (186 km2) a le statut de rserve cologique. La
rserve cologique de la Pointe-Heath, sur lle dAnticosti, a t cre en 1978 afin de protger
des tourbires reprsentatives de la rgion de lAnticosti-Minganie. Cette rserve abrite aussi une
des plus grandes colonies de Mouettes tridactyles en Amrique du Nord (falaise aux Golands).
La rserve cologique du Grand-Lac-Sal, cre en 1996, protge la plus grande lagune et le plus
grand marais sal de lle dAnticosti.
Refuges doiseaux migrateurs. Huit refuges doiseaux migrateurs sous la juridiction
du Service canadien de la faune, rpartis dans les archipels de la MCN et de la BCN, englobent
une superficie totale de 310 km2 et protgent les principales colonies doiseaux du secteur dtude
(figure 10).
Habitats fauniques. On compte 57 habitats fauniques de petite superficie crs par le
ministre de lEnvironnement et de la Faune pour protger 11 sites ctiers de concentrations
doiseaux aquatiques et 46 colonies doiseaux (figure 10).
Rivires saumons. Les 68 rivires saumons du secteur bnficient dune certaine
forme de protection que nont pas les autres cours deau en vertu de la rglementation provinciale
qui limite les projets de dveloppement sur les rives et dans le lit du cours deau.
Parcs municipaux. Le seul parc rgional du secteur est celui de larchipel des Sept-
les. Ce parc, sous la juridiction de la municipalit de Sept-les, englobe lensemble de larchipel.
Sept-les, on retrouve aussi deux parcs municipaux amnags sur la rive de la baie des Sept-
les.
Sources : Boucher, 1992; Saint-Onge, 1996; UQCN, 1993; MLCP, 1993.
Figure 10 Sites protgs dans le secteur Cte-NordAnticosti
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI32
3.8 Usages valoriss3.8.1 Production hydrolectrique et approvisionnement en eau
On compte trois centrales hydrolectriques prives en service et deux centrales
dHydro-Qubec en construction dans le secteur. Deux des centrales prives sont situes sur la
rivire Sainte-Marguerite et lautre sur la rivire Magpie. Hydro-Qubec amnage prsentement
une troisime centrale sur la rivire Sainte-Marguerite et une autre sur la BCN (lac Robertson).
Cette dernire remplacera sous peu la production de trois centrales thermiques alimentes au
diesel.
Aucune municipalit ni industrie importante sapprovisionne en eau dans le golfe en
raison de la salinit de leau. Les trois municipalits du secteur ont prlev en 1994 prs de 20
millions de m3 deau dans un lac (Sept-les), une rivire (Port-Cartier) et la nappe phratique
(Havre-Saint-Pierre. En 1991, la compagnie minire Qubec Cartier (Port-Cartier) a prlev
8 300 000 m3 deau dans une rivire et Mines Wabush (Sept-les) en a prlev 2 300 000 m3 dans
un lac.
3.8.2 Navigation commerciale et activits portuairesPort-Cartier et Sept-les sont deux des plus importants ports du Qubec par rapport au
tonnage manutentionn (environ 20 millions de tonnes par anne chacun) et le port de Havre-
Saint-Pierre vient au septime rang avec 2,5 millions de tonnes en 1992. Prs de 90 p. 100 de
lensemble des marchandises manutentionnes dans ces trois ports sont du minerai de fer (Port-
Cartier et Sept-les) et du minerai dilmnite (Havre-Saint-Pierre). Sept-les, plus de 50 p. 100
des mouvements des navires dans le port taient internationaux. Havre-Saint-Pierre, le minerai
dilmnite est expdi Tracy sur le fleuve Saint-Laurent. Mentionnons quen 1995,
385 000 tonnes de mazout et dessence ont t transbordes dans le port de Sept-les.
lest de Havre-Saint-Pierre, une dizaine de petits ports commerciaux permettent
dapprovisionner en marchandises gnrales et en mazout et essence les localits isoles de la
MCN et de la BCN. Les plus importants sont ceux de Blanc-Sablon et de La Tabatire o
respectivement 16 000 tonnes et 9700 tonnes de marchandises ont t transbordes en 1993. Le
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 33
transport maritime est le seul moyen dapprovisionnement en marchandises gnrales des
localits situes lest de Havre-Saint-Pierre (avant 1996) et de Natashquan ( partir de 1996).
3.8.3 Exploitation des ressources biologiques des fins commerciales et desubsistancePche commerciale. La pche commerciale dans le secteur dtude a fourni en 1995
de lemploi 1484 pcheurs temps plein et temps partiel qui ont utilis 646 bateaux de pche
immatriculs ainsi qu des centaines demploys dusines qui ont travaill dans huit
tablissements de transformation de produits marins (figure 11). Les principaux ports de
dbarquement de produits marins du secteur sont Sept-les (septime au Qubec en 1994) et
Havre-Saint-Pierre (huitime au Qubec).
Le profil de la pche commerciale sur la BCN diffre considrablement de celui de la
MCN alors quil nexiste quune petite pche au homard base lle dAnticosti. Sur la MCN, le
moteur du secteur des pches a toujours t lexploitation des mollusques et des crustacs,
notamment le Crabe des neiges, la Crevette nordique et les ptoncles (figure 11). Leffondrement
des stocks de poisson de fond du golfe na donc pas eu un impact aussi important dans cette
rgion que sur la BCN, en Gaspsie et aux les-de-la-Madeleine. En effet, si les dbarquements de
poisson de fond ont diminu de 97 p. 100 de 1985 1995 sur la MCN, les dbarquements totaux
nont diminu que de 8,5 p. 100 et la valeur de ces dbarquements a plus que tripl pendant la
mme priode.
La situation est trs diffrente sur la BCN o la morue a toujours reprsent la
principale ressource halieutique jusqu la fin des annes 1980. De 1985 1995, les
dbarquements de morue sur la BCN ont diminu de 98 p. 100 et les dbarquements totaux ont
diminu de 71 p. 100. Le prix lev du Crabe des neiges au cours des dernires annes a
cependant permis une augmentation de la valeur totale des dbarquements pendant la mme
priode. La BCN est la seule rgion du Qubec o la pche commerciale du Saumon de
lAtlantique est encore permise. Les dbarquements de cette espce ont atteint 42 tonnes soit
environ 14 000 saumons.
PNINSULE DE LA GASPSIE
le d'Anticosti
Port-Cartier
Sept-lesRivire-
au-Tonnerre
Longue-Pointe
Mingan
Natashquan
Kgaska
La Tabatire
HarringtonHarbour
Blanc-Sablon
Havre-Saint-Pierre
Port-Menier
TERRE-NEUVE
mites dLi u secteur d'tude
Limi
tes du
secte
ur d'
tude
0 50 km
Figure 11 Dbarquements des principales ressources halieutiques dans les ports de la Cte-NordAnticosti en 1995 et localisation des principaux havres de pche et des usines de transformation de produits marins dans le secteur d'tude
1. En 1994, les seuls dbarquements de produits marins sur l'le d'Anticosti ont t 40 tonnes de homards.
Sources : MPO, 1994, 1996; MAPAQ, 1995.
DBARQUEMENTS - 1995( tonnes mtriques)
Dbarquements totaux 6139Crabe des neigesPtoncleBuccinCrevetteHarengHomard
31151623
548270172107
MOYENNE-CTE-NORD 1(Sept-les Natashquan) et Anticosti
DBARQUEMENTS - 1995( tonnes mtriques)
BASSE-CTE-NORD(Kgaska Blanc-Sablon)
Dbarquements totaux 2543Crabe des neigesHarengBuccinPtoncleMorueCapelan
1849147113111104
90
PRINCIPAUX PORTS DEDBARQUEMENT
PRINCIPALES USINESDE TRANSFORMATION
Baie Trinit
MOYENNE-CTE-NORD BASSE-CTE-NORD
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 35
Rcolte de mollusques sur le littoral. Les populations riveraines rcoltent des Myes
communes pour leur consommation personnelle. Cette activit est surtout pratique dans des
zones coquillires o la qualit bactriologique de leau et la toxicit des myes font lobjet de
suivis. En 1996, 11 des 36 zones coquillires du secteur taient fermes en t ou en permanence
en raison de la mauvaise qualit bactriologique de leau, 11 autres taient fermes parce quelles
ne sont plus lobjet de suivi et 14 zones taient ouvertes en permanence. Marginale du point de
vue conomique, cette activit a cependant des implications importantes sur la plan de la sant
humaine (voir la section 5.1).
Aquiculture. Laquiculture nest pas une activit importante dans le secteur. En
1996, on ne comptait que deux producteurs : un levage de Moules bleues dans la rgion de
Blanc-Sablon et un levage de ptoncles dans la rgion de Saint-Augustin.
Pche de subsistance par les autochtones. Les bandes amrindiennes exploitent le
saumon des rivires Moisie, Mingan, Natashquan et Saint-Augustin pour leur alimentation. En
1995, les captures totales slevaient 1338 saumons.
Chasse aux mammifres marins. Seule la chasse au Phoque gris et au Phoque du
Groenland est autorise dans le golfe du Saint-Laurent. En 1995, 952 permis de chasse ont t
mis dans le secteur; en 1994, 1725 Phoques du Groenland et 429 Phoques gris ont t capturs.
La chasse aux ctacs au Canada est interdite depuis 1979.
3.8.4 Activits rcro-touristiquesCe nest que rcemment que la Cte-Nord a t reconnue comme une rgion
touristique importante. Cette industrie est prsentement axe sur les attraits des milieux ctiers,
insulaires et marins. La cration de la rserve de parc national de lArchipel de Mingan en 1984,
l'amnagement d'un lien inter-rives Gaspsie-le dAnticosti-Minganie en 1994 ainsi que le
prolongement de la route 138 de Havre-Saint-Pierre Natashquan en 1996 sont des vnements
qui ont grandement contribu au dveloppement de lindustrie touristique dans le secteur.
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI36
Accs au littoral. La cte entre Pointe-des-Monts et Havre-Saint-Pierre et depuis
1996, entre Havre-Saint-Pierre et Natashquan, est caractrise par une grande accessibilit. La
route principale du secteur (route 138) longe le littoral sur de grandes distances et permet un
accs direct de nombreux parcs publics, haltes routires, quais publics, belvdres et plages
(figure 12). Le littoral de la BCN est beaucoup moins accessible vu labsence de routes. Dans
cette rgion, un bateau-passeur prend la relve de la route 138 et fait la navette entre les villages
ctiers; en hiver, l'accs ces villages est possible par un parcours pour motoneige bien amnag.
De 1994 1996, lle dAnticosti a t relie la Gaspsie et la Cte-Nord par un traversier
saisonnier. Plus de 10 000 passagers ont utilis ce lien inter-rives en 1995.
Hbergement et villgiature. La capacit daccueil totale des municipalits
riveraines du secteur tait de 958 chambres (1994) et 184 emplacements de camping (1995). On
dnombre aussi 1394 rsidences secondaires (chalets) dans le secteur. Plus de la moiti des
chambres disponibles sont offertes Sept-les et prs de 75 p. 100 des emplacements de camping,
se trouvent dans la rgion de Havre-Saint-PierreMingan. Les chalets sont en grande majorit
situs dans la rgion de GallixSept-lesMoisie.
Plages et baignade. Les deux plages du secteur inscrites au programme
Environnement-Plage du MEF ne sont pas situes en bordure du golfe. On retrouve toutefois
dimmenses plages de sable fin le long du littoral de la MCN. On ne dispose pas de donnes sur
la frquentation de ces plages o la baignade est limite par la basse temprature de leau.
Interprtation de milieux naturels littoraux, insulaires et marins. Les principaux
ples pour ce type dactivit sont la rserve du parc national de lArchipel-de-Mingan et le parc
rgional de lArchipel-des-Sept-les. Dans le premier cas, laccs larchipel et au milieu marin
environnant est assur par des navettes et des bateaux de croisire bass Longue-Pointe, Mingan
et Havre-Saint-Pierre (capacit totale de 513 passagers en 1995). Les activits dinterprtation
sont principalement axes sur les mammifres marins, les colonies doiseaux marins ainsi que sur
la flore particulire et la gomorphologie spectaculaire des les de Mingan. Le nombre de
visiteurs dans larchipel est en croissance. En 1995, plus de 22 000 visiteurs ont particip aux
excursions en mer et sur les les.
Sources : ATR de Manicouagan et Duplessis, 1995; Qubec Yachting, 1995.
Figure 12 Loffre pour les activits nautiques et rcratives le long de la Moyenne-Cte-Nord
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI38
Sept-les, deux entreprises offrent des services de croisires en mer et de navette
pour les Sept-les (capacit totale de 75 passagers en 1995). Dautres sites dinterprtation sont
situs Sept-les et Port-Menier.
Interprtation du patrimoine historique maritime. On dnombre plusieurs vestiges
archologiques le long de la Cte-Nord et sur lle dAnticosti. Parmi les biens culturels et
arrondissements qui sont sous lapplication de la Loi sur les biens culturels du Qubec,
mentionnons les deux sites prhistoriques de la rgion de Blanc-Sablon qui tmoignent de
lorigine de loccupation de la Cte-Nord par les amrindiens, le vieux phare de Baie-Trinit et le
poste de pche de Rooms Point. Dans la rserve du parc national de lArchipel-de-Mingan, on
retrouve des vestiges de fours basques (le Nue) et de postes de pche datant du rgime franais
(le du Havre-de-Mingan) et du rgime anglais (Mingan).
Pche sportive. La pche sportive du saumon dans les 21 rivires de la MCN
ouvertes cette activit a reprsent, entre 1988 et 1995, un effort de pche moyen de 12 163
jours-pche par anne qui ont permis la capture de 2540 saumons en moyenne par anne. Les
rivires Moisie et Trinit sont les deux principales. La frquentation des rivires de la MCN au
cours des dernires annes a t plutt stable. Sur lle dAnticosti, leffort de pche annuel
moyen dans les rivires, de 1989 1995, a t de 1414 jours-pche et une moyenne de
365 saumons ont t capturs par anne dans les 18 rivires exploites. La frquentation des
rivires de lle au cours des dernires annes (1994-1995) est la baisse. Les rivires Jupiter, la
Loutre et de la Chaloupe sont les plus frquentes. Sur la BCN, 17 rivires saumons taient
exploites entre 1989 et 1995. Pour cette priode, on a enregistr une moyenne annuelle de
2768 jours-pche et une capture annuelle moyenne de 1404 saumons. La frquentation des
rivires de la BCN est plutt stable depuis 1989. Les rivires Saint-Paul, Etamamiou et Olomane
taient les plus frquentes en 1995.
La pche sportive en mer de la Morue franche est possible partir de plusieurs villes
et villages du secteur (Rivire-Pentecte, Port-Cartier, Moisie, Magpie, Rivire-Saint-Jean,
Mingan, Baie-Johan-Beetz). La pche blanche sous la glace de lperlan-arc-en-ciel est
pratique lembouchure des rivires aux Rapides (baie des Sept-les), Asley, Piashti et
CARACTRISATION DU SECTEUR CTE-NORDANTICOSTI 39
Natashquan. On ne dispose cependant pas de donnes sur la frquentation pour ces deux types de
pche ni pour la pche partir des quais du secteur.
Chasse la sauvagine*. On ne dispose pas de donnes rcentes sur cette activit. De
1977 1981, 5900 canards et oies ont t abattus en moyenne sur la MCN. La chasse dans ce
secteur se pratique traditionnellement pendant lhiver. Dans la rserve du parc national de
lArchipel-de-Mingan, on a prlev une moyenne annuelle de 2640 canards au cours des hivers
1984-1985 1989-1990, principalement des eiders et des kakawis. Limpact de cette activit sur
lensemble des ressources du parc est jug ngligeable. Sur la BCN, on ne rapporte quune
moyenne de 139 canards et oies tus par anne pour la mme priode. Ce nombre serait
cependant sous-estim (voir la section 4.5).
Nautisme. On compte deux clubs nautiques dans le secteur (Sept-les et Havre-Saint-
Pierre). Le secteur est jalonn de quais et de havres de pche.
Plonge sous-marine. Un centre de service de plonge sous-marine est tabli Sept-
les et un autre Havre-Saint-Pierre; les deux se trouvent proximit des principaux sites de
plonge.
CHAPITRE 4 Les activits humaines et leurs principauxeffets sur le milieu
4.1 Modifications physiquesLes modifications physiques sont des changements des caractristiques physiques de
leau (i.e. temprature, salinit, sdiments* en suspension, circulation), des fonds marins
(bathymtrie, granulomtrie des sdiments) et des rives (gomorphologie) occasionns par les
activits humaines.
Modifications de grande chelle. Lamnagement de barrages hydrolectriques dans
le bassin versant du Saint-Laurent a considrablement rduit lapport deau douce dans le golfe en
priode de crue (juin) et la augment en hiver. Faute de donnes ocanographiques datant de la
premire moiti du 20e sicle, on ne connat pas les impacts du harnachement du Saint-Laurent
sur le milieu marin du golfe du Saint-Laurent.
Depuis la fin des annes 1980, le golfe du Saint-Laurent ainsi quune grande partie de
la cte atlantique canadienne connaissent un refroidissement marqu du climat qui se reflte par
une augmentation importante de ltendue et de la dure du couvert de glace en hiver et un
refroidissement de la couche deau intermdiaire glaciale qui recouvre les plates-formes littorales.
Bien que les relations entre ce refroidissement et la flore et la faune ne soient pas bien tablies,
les spcialistes pensent que ces conditions anormales ont pu affecter certaines populations
dinvertbrs et de poissons (notamment la Morue franche) en modifiant leur distribution et leur
patron de migration, en rduisant la croissance des individus et en augmentant la mortal