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Bulletin de l'automne 2011

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Il y a cinquante déjà...

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Page 1: Bulletin de l'automne 2011

De l’autre côté de la Méditerranée, une guerrefranco-française a commencé. Un peupledésespéré lutte pour sa survie. Des forces

sont dépêchées par le régime pour casser sarésistance.

L’implacable répression fait suite à l’échecdu mouvement de révolte militaire du 22 avrilprécédent.

Les prisons de France et lescamps d’internement se videntdes militants et combattants duFLN pour se remplir de soldatsfrançais, couverts de décora-tions qu’ils épinglent sur la portede leur cellule.

Des familles se trouvent bruta-lement privées de toutes ressour-ces. Le père, « soldat perdu »,selon l’expression gaullienne,emprisonné, en fuite ou dans laclandestinité, ne peut plus assu-rer la subsistance des siens.

C’est alors qu’une petiteéquipe d’hommes et de femmes,avec à leur tête, une militantede la tradition française etchrétienne, dépose, ce même15 août 1961, fête de l’Assomption de la ViergeMarie, les statuts du Secours de France. Elle estcorse d’origine. Elle s’appelle Clara Lanzi.

Objectif : secourir toutes les victimes de leur foien l’Algérie française et, au premier chef, tous cesrebelles « pour l’honneur ».

Puis viendront les autres, tous les autres, résis-

tants de l’Algérie française, civils et militaires, etparmi eux, surtout, les harkis, du moins ceux quel’on pourra sauver du couteau des égorgeurs.

A tous, à des milliers d’hommes et de femmes endétresse matérielle ou morale, le Secours deFrance, soutenu par des milliers d’hommes et defemmes, tendra la main.

Clara Lanzi ne sera pas seule dans ce combat ;elle mobilisera du monde et dubeau monde : une élite de journa-listes engagés, de personnalitésdu monde des lettres et de la poli-tique, des ténors du barreau, deschefs militaires, des représentantsde la hiérarchie catholique, ou dela communauté musulmane. Tousviendront apporter leur caution etleur concours à l’entreprise.

Et cette fidélité sera pérenne.

Elle ne se diluera pas avec letemps… Certaines blessures nese cicatrisent pas.

15 août 2011. De nouveaul’exode des vacances…

Il y a toujours des oubliés del’Histoire et leurs familles à aider. Ily a toujours de l’injustice à com-

battre au nom de nos valeurs séculaires, des véri-tés sur les faits d’hier et d’aujourd’hui à défendre.

Et nous sommes convaincus que, de là-haut,Clara Lanzi, se réjouit de ce jubilé.

Alors, avec elle, avec vous, Secours de Francecontinue.

Il y a cinquante ans…15 août 1961. La France entière s’est répandue sur les plages, pour la seule grande affairedu moment : l’émigration estivale, les vacances.La France entière ? Pas tout à fait.

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2011

Clara Lanzi.

Page 2: Bulletin de l'automne 2011

Deux films ont, cette année, conquis lepublic, un public qui les attendait :« Des hommes et des dieux » et « Lediscours dʼun roi ». Et lʼorateur de conclure en citant sonhôte : Il subsiste de puissantes mino-rités, ce quʼon appelle en ethnologiedes « isolats »… qui résistent (aumétissage comportemental) et qui,pour celui dont lʼIle de Beauté estlʼîle maternelle, perd sa connotationscientifique un peu froide, pour secharger dʼune force poétique qui per-met de rêver à toutes les reconquêtesdont les racines pousseraient au cœurdu terreau identitaire de cette isolacorsa qui se chante, elle-même,comme « surella dʼirlanda », la petitesœur de lʼIrlande.

Avec cette seconde hypothèse, cʼestque les derniers isolats résistentjusquʼà sʼengager dans une sorte dereconquête, sans doute différente delʼespagnole, mais sʼinspirant desmêmes motifs avec quelques chancesquʼau Danemark, aux Pays-Bas, enBelgique, en Suisse, en Autriche, enItalie du Nord, et, pourquoi pas, ail-leurs quʼen Europe, dʼautres isolatsrejoignent le mouvement.Et parmi ces poches de résistanceprécisait Jean Raspail dans un édito-rial de notre bulletin, Secours deFrance est un isolat.Merci de ce compliment ; le plusbeau que nous puissions recevoir,ajoutera, in fine, Jacques Trémolet deVillers.

Le héros de la fête, notre amidepuis toujours, Jean Raspail, yétait accueilli par le Président

Schmitz et par notre fidèle et talen-tueux administrateur et avocat,Maître Jacques Trémolet de Villersqui devait remettre à lʼauteur duCamp des Saints, nouvellementréédité, le Prix Clara Lanzi, aprèsune adresse particulièrement appré-ciée de lʼauditoire.Célébrant « le romancier, le poète, lebarde des hautes terres de lʼEcosse,des océans extrêmes, des aventuresdu Nouveau Monde et du Royaumede Patagonie », Jacques Trémolet deVillers évoquait lʼœuvre « tonique »du lauréat du Prix Clara Lanzi,comme on dit dans les heures degrand froid de ces boissons queBrasillach appelait « lʼalcool degrain des hommes forts ».Et cette forte et vivante tonicité, ajou-tait-il, vient de ce que votre œuvre est,avant tout, une œuvre de vérité.Vos récits dʼaventure nʼont pas ledécor fabriqué - carton-pâte duromantisme – parce que vous savez

ce quʼest lʼaventure pour lʼavoirvécue et connue comme une amie.Le royaume de Patagonie nʼest ni unclub, ni un parti, ni une loge et, encoremoins « un groupe » - « cette horreur »,comme disait Péguy - , non, cʼestessentiellement ce que doit être unroyaume, une amitié, parce que voussavez ce que cʼest que lʼamitié.Par-dessus tout, le succès toujourscroissant de la nouvelle édition du« Camp des Saints » nous le dit : vousavez, au plus haut point, le vrai donde lʼécrivain qui est de voir ce que lesautres ne voient pas et de savoir leurfaire voir ce que vous, vous voyez.A lʼappui de son propos, JacquesTrémolet de Villers évoquait les deuxmouvements simultanés et apparem-ment contradictoires que le mondevivait aujourdʼhui :Sous lʼeffet de lʼextension à toutes lesnations de cet anti-modèle politiqueque nous appelons démocratie, uneimmense confusion où se mélangentpeuples, races, cultures et religions,détruit les frontières, efface les hié-rarchies, écrase les différences.

Le terme abstrait et insignifiant demondialisation couvre cet abâtardis-sement généralisé qui conduit àlʼabrutissement total des masses,devenues, ainsi, aisément manipula-bles par quelques-uns.En même temps, une véritable courseaux racines, au vrai, au biologique-ment pur sʼempare de ces mêmesnations, de leurs provinces, des com-munes et des hameaux. La terredevient lʼobjet dʼun véritable culte.De tous côtés, on veut remonter auxsources… Les divinités reviennenthanter nos forêts. Les petits dieux dela maison ont fini de se taire et, aucontraire du refrain de Brassens,nous constatons chaque jour que legrand Pan nʼest pas mort. Un mur-mure divin emplit lʼunivers.Immense est le besoin de religion et,donc, immense est le besoin deroyauté…

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Le Prix Clara Lanzi remis à Jean Raspail par Jacques Trémolet de VillersComme chaque année et avec d’autant plus d’éclat en l’an 2011, qu’il s’agissaitdu cinquantenaire de l’association, l’Assemblée Générale du Secours de France s’est prolongéepar un « coquetèle », comme l’écrivait Marcel Aymé où se retrouvaient ce que Pariset bien des provinces comptent de personnalités, au sens « caractériel » du terme,du monde des armes, de la « bonne presse » et de l’écriture, sans oublier les chantresde l’esprit et les bons pasteurs de l’Evangile.

BULLETIN D’AUTOMNE 2011

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU SECOURS DE FRANCE

Essaimer sur les générations suivantes…

Ouvrant l’Assemblée Générale du Secours deFrance, ce 22 juin 2011, le Président Jean-Marie Schmitz avait, dans son rapport moral, à

l’occasion du cinquantenaire de l’association, rap-pelé ses grandes missions et leur développement surtrois axes : • la vérité sur l’histoire et sur la mémoire de nos combats,

avec, à l’actif du Secours de France trois longs-métra-ges télévisés et, en cours d’achèvement, un quatrièmeréalisé avec l’ECPAD, consacré aux harkis et intitulé« Harkis : histoire d’un abandon » et dont on salueral’objectivité et la justesse de ton. Dans le mêmeesprit, l’activité « édition » du Secours de France,visant la production et la promotion d’ouvrages et deDVD destinés à sauvegarder la mémoire françaisesur un passé récent que d’aucuns voudraient étouf-fer ou travestir, se poursuit au rythme d’un documentpar an.

• Le soutien aux oubliés de notre temps, et en parti-culier aux vieux soldats, français ou ayant combattupour la France, au premier rang desquels, la commu-nauté harkie, se traduit par une aide matérielle etmorale, parfois juridique, à ceux dont nous pouvonsestimer qu’ils ont des droits sur nous et que la puis-sance publique semble délaisser.

• La défense et la pérennité de nos valeurs françai-ses et chrétiennes qui trouvent à s’investir, - d’une part dans des bourses d’excellence accor-

dées à des jeunes issus de la 3ème génération harkie

ou petits-enfants d’anciens soldats, pour les aiderà promouvoir leurs talents,

- d’autre part, à des communautés chrétiennes, enFrance et à l’étranger, soit parce qu’elles sontmenacées dans leur existence, soit parce qu’ellesassurent la continuité du message de la « Fille aînéede l’Eglise », auprès de populations qui l’ont, par-fois, perdu de vue.

Jaen-Marie Schmitz devait conclure en rappelant lanécessité pour cette association quinquagénaire et quiavance en âge au même rythme que ses adhérents,d’essaimer au-delà de la « vieille garde » et d’intéres-ser à sa cause les générations suivantes.C’est dans cette perspective que le Secours de Franceprépare et organise des opérations de prospectionvisant à sensibiliser sur ses missions des hommes etdes femmes qui, pour être plus jeunes, n’en estimentpas moins partager le même héritage que la générationprécédente.

Et c’est dans le même esprit que notre association alancé, depuis un an, une lettre électronique, plus axéesur l’actualité mais véhiculant les mêmes idées quecelles que nous défendons dans ce bulletin. Avec sonsite « Internet» et sa lettre électronique, le Secours deFrance démontre que l’on peut être « à la page », entermes de progrès technique, sans « tourner la page »sur nos valeurs historiques…Jean-Marie Schmitz s'entretenant avec Jean Raspail.

Extrait du rapport financier de l’exercice 2010-2011

(du 1er mars 2010 au 28 février 2011)

BILANACTIF En EurosImmobilisations 1 509Valeurs d’exploitation 1 079Placements et liquidités 451 794

Total actif 454 382

PASSIFRéserves 286 673Provisions pour risques et charges 122 449Dettes d’exploitation 50 177Résultat - 4 917

Total passif 454 382

COMPTE DE RESULTATProduits dons et cotisations 172 942Produits financiers 3 547Produits exceptionnels 45 000Total produits 221 489- Frais de collecte de fonds 16 450= Produits nets 205 039- Frais de fonctionnement 32 025- coût des actions (1) 177 931- Provisions 0= Résultat de l’exercice - 4 917

Jean Raspail dédicaçant le “Camps desSaints“.

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Deux films ont, cette année, conquis lepublic, un public qui les attendait :« Des hommes et des dieux » et « Lediscours dʼun roi ». Et lʼorateur de conclure en citant sonhôte : Il subsiste de puissantes mino-rités, ce quʼon appelle en ethnologiedes « isolats »… qui résistent (aumétissage comportemental) et qui,pour celui dont lʼIle de Beauté estlʼîle maternelle, perd sa connotationscientifique un peu froide, pour secharger dʼune force poétique qui per-met de rêver à toutes les reconquêtesdont les racines pousseraient au cœurdu terreau identitaire de cette isolacorsa qui se chante, elle-même,comme « surella dʼirlanda », la petitesœur de lʼIrlande.

Avec cette seconde hypothèse, cʼestque les derniers isolats résistentjusquʼà sʼengager dans une sorte dereconquête, sans doute différente delʼespagnole, mais sʼinspirant desmêmes motifs avec quelques chancesquʼau Danemark, aux Pays-Bas, enBelgique, en Suisse, en Autriche, enItalie du Nord, et, pourquoi pas, ail-leurs quʼen Europe, dʼautres isolatsrejoignent le mouvement.Et parmi ces poches de résistanceprécisait Jean Raspail dans un édito-rial de notre bulletin, Secours deFrance est un isolat.Merci de ce compliment ; le plusbeau que nous puissions recevoir,ajoutera, in fine, Jacques Trémolet deVillers.

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r Jacques Trémolet de Villers

N D’AUTOMNE 2011

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU SECOURS DE FRANCE

Essaimer sur les générations suivantes…

Ouvrant l’Assemblée Générale du Secours deFrance, ce 22 juin 2011, le Président Jean-Marie Schmitz avait, dans son rapport moral, à

l’occasion du cinquantenaire de l’association, rap-pelé ses grandes missions et leur développement surtrois axes : • la vérité sur l’histoire et sur la mémoire de nos combats,

avec, à l’actif du Secours de France trois longs-métra-ges télévisés et, en cours d’achèvement, un quatrièmeréalisé avec l’ECPAD, consacré aux harkis et intitulé« Harkis : histoire d’un abandon » et dont on salueral’objectivité et la justesse de ton. Dans le mêmeesprit, l’activité « édition » du Secours de France,visant la production et la promotion d’ouvrages et deDVD destinés à sauvegarder la mémoire françaisesur un passé récent que d’aucuns voudraient étouf-fer ou travestir, se poursuit au rythme d’un documentpar an.

• Le soutien aux oubliés de notre temps, et en parti-culier aux vieux soldats, français ou ayant combattupour la France, au premier rang desquels, la commu-nauté harkie, se traduit par une aide matérielle etmorale, parfois juridique, à ceux dont nous pouvonsestimer qu’ils ont des droits sur nous et que la puis-sance publique semble délaisser.

• La défense et la pérennité de nos valeurs françai-ses et chrétiennes qui trouvent à s’investir, - d’une part dans des bourses d’excellence accor-

dées à des jeunes issus de la 3ème génération harkie

ou petits-enfants d’anciens soldats, pour les aiderà promouvoir leurs talents,

- d’autre part, à des communautés chrétiennes, enFrance et à l’étranger, soit parce qu’elles sontmenacées dans leur existence, soit parce qu’ellesassurent la continuité du message de la « Fille aînéede l’Eglise », auprès de populations qui l’ont, par-fois, perdu de vue.

Jaen-Marie Schmitz devait conclure en rappelant lanécessité pour cette association quinquagénaire et quiavance en âge au même rythme que ses adhérents,d’essaimer au-delà de la « vieille garde » et d’intéres-ser à sa cause les générations suivantes.C’est dans cette perspective que le Secours de Franceprépare et organise des opérations de prospectionvisant à sensibiliser sur ses missions des hommes etdes femmes qui, pour être plus jeunes, n’en estimentpas moins partager le même héritage que la générationprécédente.

Et c’est dans le même esprit que notre association alancé, depuis un an, une lettre électronique, plus axéesur l’actualité mais véhiculant les mêmes idées quecelles que nous défendons dans ce bulletin. Avec sonsite « Internet» et sa lettre électronique, le Secours deFrance démontre que l’on peut être « à la page », entermes de progrès technique, sans « tourner la page »sur nos valeurs historiques…

Extrait du rapport financier de l’exercice 2010-2011

(du 1er mars 2010 au 28 février 2011)

BILANACTIF En EurosImmobilisations 1 509Valeurs d’exploitation 1 079Placements et liquidités 451 794

Total actif 454 382

PASSIFRéserves 286 673Provisions pour risques et charges 122 449Dettes d’exploitation 50 177Résultat - 4 917

Total passif 454 382

COMPTE DE RESULTATProduits dons et cotisations 172 942Produits financiers 3 547Produits exceptionnels 45 000Total produits 221 489- Frais de collecte de fonds 16 450= Produits nets 205 039- Frais de fonctionnement 32 025- coût des actions (1) 177 931- Provisions 0= Résultat de l’exercice - 4 917

Page 4: Bulletin de l'automne 2011

Mais qui sait que ce que lʼona appelé la « guerredʼAlgérie » a également

entraîné des disparitions de mili-taires français ? Malgré les réticen-ces des services compétents à com-muniquer des informations sur cescas, les études réalisées par des cher-cheurs privés sʼaccordent globale-ment sur les estimations suivantes :

• 307 pour la période du 1er novembre1954 au 18 mars 1962

• 162 pour la période du 19 mars 1962au 2 juillet 1962

• 148 pour la période du 3 juillet 1962au 2 juillet 1964 (date du retraittotal des troupes françaises du terri-toire algérien),

soit au total 617

617 militaires français dont on ne saitpas ce quʼils sont devenus !Certes, il faut sans doute déduire dece chiffre quelques cas de désertion,ainsi que quelques victimes de délin-quance ordinaire, peut-être aussiquelques accidents mystérieux sanstémoins.Mais, même en comptant largementces quelques cas (qui demeurent mal-gré tout non élucidés et qui manquenttoujours à lʼappel …), il reste plu-sieurs centaines de militaires françaisde lʼarmée régulière disparus.

Car les supplétifs, qui ont été massa-crés dans des conditions épouvanta-bles après le cessez-le-feu (environ60 000 hommes selon les estimationsles plus basses), ne sont pas compta-bilisés dans cette tragique arithméti-que.

Non, il sʼagit bien de 617 militairesde lʼarmée française, soldats régu-liers de tous grades, de toutes origi-nes, dʼactive ou du contingent.Et depuis bientôt 50 ans, 617 famillesfrançaises portent un deuil jamaisaccompli, mais régulièrement ravivé,chaque 19 mars, par la mascarade descommémorations organisées un peupartout dans notre pays par des ami-cales dʼanciens dʼAlgérie qui ontoublié ceux quʼils ont laissés derrièreeux.

Les morts de l’inutile…307 soldats disparus avant le 19mars, qui sont donc morts pour rien.On dira que cʼest le lot classique detoute guerre, surtout quand on laperd.310 soldats disparus après le 19mars, qui sont morts (peut-être, caron nʼen a pas la certitude) par démis-sion, par abandon, par lâcheté. Cesont les morts de lʼinutile. Ce sontsurtout des morts par assassinat,puisque la France avait signé un« cessez-le-feu ». Leurs corps ne sontjamais revenus. Il ne nous reste queleur ombre.

Voilà pourquoi, aujourdʼhui, près decinquante ans après la fin de cettetragédie algérienne, lʼarmée fran-çaise, le gouvernement français nepeuvent pas cautionner la célébra-tion, en France, de la date du 19 mars1962.Voilà pourquoi une récente lettreouverte au Président de laRépublique dʼune association dʼan-ciens dʼA.F.N. ne peut pas, ne doitpas être entendue lorsquʼelle réclamelʼofficialisation de cette date, en enrapprochant la signification de celledu 11 novembre… !Voilà pourquoi il faut que les ombresde ces soldats ne disparaissent pas…ce qui implique que les associationsdʼanciens combattants et dʼautresinterpellent le gouvernement, pourque soient enfin recensés officielle-ment les différents cas de disparition,en déterminant les circonstances decelles-ci.

Général (2S)Henry-Jean FOURNIER

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Les ombres des soldats disparus

Toute guerre comporte son lot de malheurs. Parmi ceux-ci, l’un des plus douloureux estle cas des soldats « portés disparus ».Cette évocation éveille en chacun de nous les images de la Grande Guerre, durant laquelledes milliers de corps furent à jamais enfouis dans un sol ravagé.Plus près de nous, les tragiques circonstances de la Seconde guerre mondiale ontégalement apporté leur lot de disparus au combat, dans les camps et dans les maquis.On connaît un peu moins le cas des fantômes de la guerre d’Indochine, à jamais engloutisdans la jungle et les rizières. Ils furent pourtant nombreux eux aussi.

BULLETIN D

Manifestation à Valence en mars 2009.

Page 5: Bulletin de l'automne 2011

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Le roman dʼune vie ou une vie deroman. Guillemette de Sairignénous emmène, semaine après

semaine, sur les traces du destinexceptionnel de Leila, Comtesse duLuart, née Gali Hagondokoff, « filledu Caucase et française par le cœur »,la « Grande Dame de la LégionEtrangère », selon les termes duGénéral de Galbert à ses obsèques àSaint Louis des Invalides, le 29 jan-vier 1985.87 années dʼune « vie de chef ». Elleaccompagne tous les événements quiont bouleversé le siècle. Elle est, à 17ans, dès 1915, infirmière sur le frontturco-russe, au pied de lʼElbrouz.Elle y aimera un capitaine blessé,Nicolas Bajenoff quʼelle épousera.La prise du pouvoir par les Rougescontraint le couple et le petit Nicolasà sʼenfuir, dans une marche épique etépuisante à travers la steppe, depuisla Mer Noire jusquʼà Shanghaï enpassant par la Mandchourie. L̓ unionconjugale nʼy survivra pas.Puis cʼest la France. Paris sous lʼailede Chanel, où elle sʼintègre dans labonne société, sans perdre de vue lesmilieux de lʼémigration russe. Elleouvre une boutique à Deauville pourle compte de Paul Poiret. Nouveaumariage, celui-ci avec le ComteLadislas du Luart.Juillet 1936. Cʼest lʼinsurrectioncontre le « Frente Popular » enEspagne. Hantée par sa haine du bol-chevisme, elle sʼengage, avec sabelle-mère,… chez Franco. Elle four-nit des ambulances dʼun nouveautype et sillonne les contrées ravagéeset mesure la folie meurtrière quicaractérise cette nouvelle guerrecivile.Septembre 39, Leila sʼen va de nou-veau en guerre. Avec son comité desoutien à New-York, elle a construitle « Formation Chirurgicale MobileFranco-américaine », ambulances

dernier cri, pourvues de tous lesmatériels techniques les plus sophis-tiqués.Citée à lʼordre de lʼArmée par leGénéral Weygand, elle ne se résoutpas à la défaite. Elle met le cap surlʼAfrique, avec sa Formation. On yconstruit le transsaharien. La maindʼœuvre, issue des camps dʼinterne-ment, est plutôt maltraitée. Elle soi-gne les blessés et les malades, lecorps et lʼesprit. Puis cʼest le débar-quement américain en Afrique duNord. Leila du Luart repart en cam-pagne avec une formation étoffée :Tunisie, Algérie, Maroc. Elle y faitconnaissance avec le 1er RégimentEtranger de Cavalerie. Là com-mence, entre la marraine et ses fil-leuls, une grande histoire dʼamour etde respect mutuel.Campagne dʼItalie, avec le futurMaréchal Juin. Monte Cassino, leG a r i g l i a n o ,Rome. La FCMn° 1 est la grandefamille où affluentpar milliers lesblessés, de toutesles nationalités :« une vie intime-ment tissée àla mort ». Puiscʼest la PremièreArmée Française,de Lattre, la cam-pagne dʼAlsace,le Rhin. Elle tra-verse le Bade-Wurtemberg etatteint le Danube.Veillant à tout,entraînant seséquipes, chassantles mauvais es-prits, gérant les frottements de per-sonnalités, Leila, couverte de décora-tions, devient une légende, aduléepar le plus grand nombre et contestée

par quelques-uns… Le « charmeslave et la force du Caucase » neplaisent pas à tout le monde …Elle réorganise sa Formation qui partpour lʼIndochine. Sans elle. Son filsest malade et va mourir.On la retrouvera en Algérie où ellemontera, non sans difficultés, « leBastion XV », un centre militaire dedétente, en plein Alger, où viendrontse reposer cent huit mille permis-sionnaires, en convalescence ousans moyens pour rentrer au pays.Ils y seront traités comme des prin-ces, moralement et physiquement.Ils seront aussi les hérauts de salégende…Avril 1961, après la révolte desCenturions, la « Déesse tutélaire dela Légion » rentre, le cœur meurtri,en France.Elle consacrera le reste de sa viedʼaventure à ceux qui continuent

de la vivre et,en particulier àses enfants duR.E.C.

En bref, 500pages dʼengage-ments, de cou-rage, dʼexigence,pour soi commepour les autres, letout joliment etrigoureusementdécrits. A fairel i r e à t o u sles féminis tesde France et deN a v a r r e q u iméditeront cetteci t a t i o n d eNietzsche : « Jeveux une femme

qui me donne des rêves … »P.B.

Robert Laffont - 22 €

NOTE DE LECTURE

La Circassienne de Guillemette de Sairigné

N D’AUTOMNE 2011

Page 6: Bulletin de l'automne 2011

«Lʼaventure extraordinaireque tu as vécue, avec lʼhu-milité de penser que tu ne

faisais que ton devoir, la plupart deceux qui tʼentourent aujourdʼhui laconnaissent puisquʼils lʼont partagéeà des titres divers, quʼils aient été tescamarades de combat ou tes camara-des de captivité, quʼils aient, commeta famille, partagé les moments heu-reux, glorieux et douloureux de tacarrière et de ta vie…

1943. Tu as 20 ans, tu entres dans laRésistance et, en 1944, tu participes,dans les rangs du 43ème R I, aux com-bats de la libération de Lille et deRoubaix, puis, devenu sous-officier,tu participes à la campagnedʼAllemagne en 1945.A la fin de la guerre, tu vas àCoëtquidan et, un an plus tard, jeunesous-lieutenant, tu rejoins la Légion,à Bel-Abbès puis le 1er BEP etlʼIndochine en 1948.

Entre novembre 1948 et février1950, chef de section, tu es blessé aucombat trois fois en un peu plus dʼunan… Les connaisseurs apprécieront :vraisemblablement tu ne marchaispas souvent derrière…

Et puis 1950, cʼest la RC4. Cet épi-sode terrible de la guerre dʼIndochineque rappellent les noms tristementcélèbres : Dong Khé, That Khé,Caobang, Langson… 5 000 Françaiscontre 25 000 Viets.2 000 tués et 3000 prisonniers cheznous.A un lieutenant du 1er Tabor qui

demandait son chemin au colonelJeanpierre, celui-ci répondit cettephrase terrible : « Suivez les morts du1er BEP ».

Le 5 octobre 1950 tu es fait prison-nier. Suit alors la descente auxenfers, avec ces 4 années dʼépou-vante au camp N°1 où on meurt plusque dans les camps nazis.

En mai 1951, première évasion avecCornuault et Lefébure, première cap-ture avec simulacre dʼexécution à laclé, puis « séjour aux buffles », c'est-à-dire 118 jours dans la boue, dans lamerde, quatre mois dans des condi-tions dʼhygiène épouvantable, puis letyphus et le docteur Pedoussaut quite sauve mais aussi le typhus de lʼin-tellect avec les séances dʼéducationpolitique qui lavent et laminent lecerveau.Deuxième évasion, en juin 1953, enradeau cette fois, sur le Song Gam ;une sorte de rallye de lʼimpossible

entre les trois équipiers Stien,Jeantelot et Boileau. Une aventure de 150 km, deuxièmeéchec, nouvelle capture, nouveauxsévices en prison, avec les droitscommuns, au camp des damnés àThuyen Quang, retour au camp N°1.Poursuite de la tragédie…Cette tragédie qui sʼachèvera avecun autre drame : la chute de DienBien Phu, lʼarrivée dʼune nouvellecohorte de prisonniers au camp N°1.Cʼest là quʼavec toi, jʼai partagé leriz et puisé à tes côtés lʼénergie etlʼespérance qui parfois voulaientnous abandonner.

Tu es libéré en septembre 54, pres-que 4 ans, jour pour jour après avoirété capturé.Cette captivité extraordinaire, tulʼas racontée dans un livre, « LesSoldats oubliés », aussi passionnantquʼémouvant, récompensé par le prixRaymond Poincaré.

En Algérie, en 1955, tu retrouves lesparachutistes, non plus les vieuxbriscards de la Légion mais dʼautresjeunes Français, du contingent cettefois. Tu sers au 18ème RCP (où tu gagnesdeux nouvelles citations) et àlʼETAP.

Puis, en 1960, pressentant quʼunefois encore le sacrifice serait vain, tudécides de quitter lʼArmée.Sur des djebels voisins, tes camara-des au béret vert sont encore là. Un an plus tard, le 1er REP meurtpour la troisème fois…. »

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IN MEMORIAM

Louis StienNous publions, ci-dessous, de larges extraits de l’éloge funèbre prononcépar son frère d’armes, le capitaine Bonelli, aux obsèques du Commandant Louis Stien,le 31 mai 2011, à Notre-Dame des Armées à Versailles.Le Secours de France avait fait rééditer, il y a deux ans, le livre superbe « Les Soldatsoubliés » (préface d’Hélie de Saint Marc) qu’il avait écrit sur les combats de la RC4 en 1950et les quatre années de captivité qui en étaient résultées.

A la tête du 1er RPIMA, auRwanda, de 1993 à 1994, leGénéral TAUZIN pousse,

dans ce livre, un coup de gueule desoldat blessé dans son honneur, aprèsles accusations réitérées et colportéespar une presse moutonnière, sur la"complicité" des unités française et,notamment, de la sienne dans legénocide rwandais, dont il contestequʼil soit le fait des seuls Hutuscontre les Tutsis et non lʼinverse.A lʼappui de ce plaidoyer, sa propreexpérience, un quasi journal de bordoù il sʼefforce avec conviction et sur-tout, preuves à lʼappui, de démonterla stratégie politico-médiatico-mili-taire du chef des Tutsis, PaulKagamé, aujourdʼhui Président, etses conséquences sur le terrain desopérations militaires et sur celui delʼopinion mondiale.

Bien sûr, lʼauteur a tendance à valo-riser sa propre action, peut-être audétriment de celles des autres unitésfrançaises au Rwanda, notammentceux de lʼopération Turquoise, à par-tir de juin 1994. Le Général TAUZINnʼest pas historien de profession.Il reste que sa contribution au réta-blissement de la vérité sur cetteaffaire, sʼajoutant à celles de PierrePéan, du Général Lafourcade et du

Colonel Jacques Hogard, notam-ment, méritent dʼêtre prise en consi-dération.

Les massacres, de part et dʼautre ysont décrits, ainsi que les efforts deses paras, pour protéger les popula-tions. Mais lʼagresseur tutsi, celuivenu de lʼOuganda, dans lʼarméeorganisée, entraînée et bienéquipée de Paul Kagamé,ainsi que la responsabilité dece dernier dans lʼassassinat« aérien » du Président enexercice au Rwanda sont pré-cisément dénoncés.

Peu à peu, émergeant delʼintoxication médiatiqueorchestrée par quelques jour-nalistes militants, du type deceux qui félicitaient Pol Pot,au moment du génocide cam-bodgien, la vérité et la réalitédu processus marxiste, cyni-que et bien rodé de conquêtedu pouvoir, se fait jour.

Car derrière cette vision occi-dentale, toujours mani-chéenne et bipolaire, des res-ponsabilités en matière deconflit, il y a la réalité afri-caine, beaucoup plus com-

plexe et il y a, surtout, le jeu des puis-sances dans cette région stratégiquedes Grands Lacs….Parmi les envahisseurs tutsis venusdʼOuganda, rappelle le GénéralTAUZIN, il y avait des blancs quinʼétaient pas tous nécessairement desmercenaires…Editions Jacob-Duvernet - 19,90 €

NOTE DE LECTURE

Rwanda. Je demande justice pourla France et ses soldats Général Didier TAUZIN

BULLETIN D’AUTOMNE 2011

Le Commandant Louis Stien.

L e Père Nassrallah nous envoie,depuis sa paroisse de El Kâa auLiban, un bref compte rendu de

l’usage fait du don du Secours de France,intervenu en 2010 et destiné à rendre opé-rationnel le dispensaire de ce dernier vil-lage chrétien avant la frontière syrienne.

Cette aide lui a permis d’acquérir lemazout nécessaire au chauffage des sallesen hiver, du matériel et des médicaments,un onduleur pour la régularisation des ten-sions électriques et d’obtenir la collabora-tion d’un technicien pour la réparation etl’entretien de la salle de soins dentaires.

ACTUALITÉ DE NOS MISSIONS

Le Liban

Cèdre du Mont Liban.

Page 7: Bulletin de l'automne 2011

«Lʼaventure extraordinaireque tu as vécue, avec lʼhu-milité de penser que tu ne

faisais que ton devoir, la plupart deceux qui tʼentourent aujourdʼhui laconnaissent puisquʼils lʼont partagéeà des titres divers, quʼils aient été tescamarades de combat ou tes camara-des de captivité, quʼils aient, commeta famille, partagé les moments heu-reux, glorieux et douloureux de tacarrière et de ta vie…

1943. Tu as 20 ans, tu entres dans laRésistance et, en 1944, tu participes,dans les rangs du 43ème R I, aux com-bats de la libération de Lille et deRoubaix, puis, devenu sous-officier,tu participes à la campagnedʼAllemagne en 1945.A la fin de la guerre, tu vas àCoëtquidan et, un an plus tard, jeunesous-lieutenant, tu rejoins la Légion,à Bel-Abbès puis le 1er BEP etlʼIndochine en 1948.

Entre novembre 1948 et février1950, chef de section, tu es blessé aucombat trois fois en un peu plus dʼunan… Les connaisseurs apprécieront :vraisemblablement tu ne marchaispas souvent derrière…

Et puis 1950, cʼest la RC4. Cet épi-sode terrible de la guerre dʼIndochineque rappellent les noms tristementcélèbres : Dong Khé, That Khé,Caobang, Langson… 5 000 Françaiscontre 25 000 Viets.2 000 tués et 3000 prisonniers cheznous.A un lieutenant du 1er Tabor qui

demandait son chemin au colonelJeanpierre, celui-ci répondit cettephrase terrible : « Suivez les morts du1er BEP ».

Le 5 octobre 1950 tu es fait prison-nier. Suit alors la descente auxenfers, avec ces 4 années dʼépou-vante au camp N°1 où on meurt plusque dans les camps nazis.

En mai 1951, première évasion avecCornuault et Lefébure, première cap-ture avec simulacre dʼexécution à laclé, puis « séjour aux buffles », c'est-à-dire 118 jours dans la boue, dans lamerde, quatre mois dans des condi-tions dʼhygiène épouvantable, puis letyphus et le docteur Pedoussaut quite sauve mais aussi le typhus de lʼin-tellect avec les séances dʼéducationpolitique qui lavent et laminent lecerveau.Deuxième évasion, en juin 1953, enradeau cette fois, sur le Song Gam ;une sorte de rallye de lʼimpossible

entre les trois équipiers Stien,Jeantelot et Boileau. Une aventure de 150 km, deuxièmeéchec, nouvelle capture, nouveauxsévices en prison, avec les droitscommuns, au camp des damnés àThuyen Quang, retour au camp N°1.Poursuite de la tragédie…Cette tragédie qui sʼachèvera avecun autre drame : la chute de DienBien Phu, lʼarrivée dʼune nouvellecohorte de prisonniers au camp N°1.Cʼest là quʼavec toi, jʼai partagé leriz et puisé à tes côtés lʼénergie etlʼespérance qui parfois voulaientnous abandonner.

Tu es libéré en septembre 54, pres-que 4 ans, jour pour jour après avoirété capturé.Cette captivité extraordinaire, tulʼas racontée dans un livre, « LesSoldats oubliés », aussi passionnantquʼémouvant, récompensé par le prixRaymond Poincaré.

En Algérie, en 1955, tu retrouves lesparachutistes, non plus les vieuxbriscards de la Légion mais dʼautresjeunes Français, du contingent cettefois. Tu sers au 18ème RCP (où tu gagnesdeux nouvelles citations) et àlʼETAP.

Puis, en 1960, pressentant quʼunefois encore le sacrifice serait vain, tudécides de quitter lʼArmée.Sur des djebels voisins, tes camara-des au béret vert sont encore là. Un an plus tard, le 1er REP meurtpour la troisème fois…. »

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IN MEMORIAM

Louis StienNous publions, ci-dessous, de larges extraits de l’éloge funèbre prononcépar son frère d’armes, le capitaine Bonelli, aux obsèques du Commandant Louis Stien,le 31 mai 2011, à Notre-Dame des Armées à Versailles.Le Secours de France avait fait rééditer, il y a deux ans, le livre superbe « Les Soldatsoubliés » (préface d’Hélie de Saint Marc) qu’il avait écrit sur les combats de la RC4 en 1950et les quatre années de captivité qui en étaient résultées.

N D’AUTOMNE 2011

Le Commandant Louis Stien.

Page 8: Bulletin de l'automne 2011

Au moment où nous effectuonsla mise en page de ce bulletin,nous apprenons que le Père

François CASTA a rendu son âme àDieu, le 23 août, aux Invalides,entouré de son frère, de Mgr Ravel,Evêque aux Armées et du Gouver-neur des Invalides. Aumônier légendaire des Parachu-tistes, Grand Croix de la Légiond'Honneur, titulaire de onze citationsacquises au cours des trois guerresauxquelles il avait participé, plu-sieurs fois blessé, c'était aussi unthéologien de très haut niveau et unhistorien reconnu de la Corse, l'îlequi l'avait vu naître.On lui doit aussi le choix de SaintMichel Archange en tant que patrondes parachutistes.Une amitié ancienne, née dans les dje-

bels d'Algérie, avait tissé entre le« Padre » et le Secours de France desliens très serrés. Ils nous avaient incitéà faire récemment rééditer dans uneversion actualisée, incluant une biogra-phie du Père Casta et sous un nouveautitre « Homme de Dieu, Homme deguerre », le livre qu'il avait fait paraîtreen 1961, « Le drame spirituel del'Armée ». Ce document, interdit dès sapublication, écrit à partir de son expé-rience des guerres d'Indochine etd'Algérie, analyse les problèmes posésaux soldats engagés dans les guerresrévolutionnaires et propose la voiechrétienne pour y répondre.Opposé à lʼabandon de l'Algérie,il avait quitté lʼaumônerie militaireen 1963. Nommé desservant « sanstitre » de cinq paroisses du Golfed'Ajaccio, il construisit deux églises,

dont celle de Sainte Monique, dunom de la mère de Saint Augustin, néà Tagaste, l'actuel Souk Ahras, un deshaut-lieux de la geste para pendant labataille des frontières, mais aussiprénom de la fille tragiquement dis-parue du Colonel Buchoud, son amide toujours.Nous reviendrons dans notre pro-chain bulletin sur cette personnalitéhors normes.

IN MEMORIAM

Père François Casta

Le Père François Casta.

8BULLETIN D’AUTOMNE 2011