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ISSN 0015-9506 FRANCE FRANCE Catholique FRANCE Catholique 80 ème année - n°2948 - 15 octobre 2004 www.france-catholique.fr 3, 50

Catholique FRANCE Catholique FRANCE · 30 Serge Poliakoff Ariane Grenon 31 THÉÂTRE Jeanne de Thérèse... Pierre François 32 FEUILLETON La caverne de l’Agneau (9bis) Samaël

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80ème année - n°2948 - 15 octobre 2004 www.france-catholique.fr 3,50 €

BREVES

2 FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004

FRANCE

EUROPE : Le Premier ministre a undébat à l’Assemblée nationale avant le17 décembre (date de la décision d’ou-verture des négociations) ; mais cedébat ne serait pas suivi de vote….JUSTICE : Après une décision duConseil d’Etat infirmant un arrêt desuspension d’expulsion du tribunal ad-ministratif de Lyon, le ministre de l’In-térieur a pris, le 5 octobre, une mesured’expulsion envers l’imam Bouziane ;celui-ci s’était illustré en déclarant que"battre sa femme est autorisé par leCoran" !Le procureur de Nancy a demandé le 5octobre la relaxe d’un couple poursuivipour avoir laissé un ami ivre prendre levolant, provoquant un accident mortelen février 2000 ; ils risquent jusqu’à 5ans de prison et 75 000 euros d’amen-de ; le jugement a été mis en délibéréau 19 octobre.Un infirmier de Lyon a été mis en exa-men pour avoir administré une surdosede morphine à un enfant et provoquéson décès.Les sept personnes acquittées dansl’affaire de pédophilie d’Outreau ré-clament 6,5 millions d’euros d’indem-nité à la justice.Charles Pasqua a été mis en examen le8 octobre par la Cour de justice de laRépublique sur trois dossiers financiersdans lesquels il est mis en cause entant que ministre de 1993 à 1995.Renault a décidé le 6 octobre d’enga-ger une action en justice après que lafiabilité de la "Vel Satis" ait été mise encause par un automobiliste se plai-gnant d’avoir dû rouler à 180 km/ h. surl’A71 par suite d’une défaillance de sonrégulateur de vitesse ; l’expertise duvéhicule n’aurait révélé aucun dysfonc-tionnement ; cependant, des incidentsdu même type auraient été signalés surd’autres modèles.EMPLOI : La ville de Paris a réitéré sonforum pour l’emploi les 14 et 15 octo-bre au Champ-de-Mars ; pendant cesdeux jours, 280 entreprises ont propo-sé 20 000 offres d’emploi ; le chômagetouche à Paris 124 000 personnes(11,4% de la population active).EDUCATION : 2 000 enseignants dusecteur privé ont manifesté à Paris le 9octobre devant le ministère de l’Edu-cation nationale pour obtenir la paritédes retraites ; les pensions des ensei-gnants du privé sont inférieures de

20% à celles des maîtres du public. Lerapport Thélot sur l’avenir de l’école aété remis au Premier ministre le 12octobre.ECONOMIE : L’Etat va mettre en venteune partie du capital de la sociétéd’autoroutes "Paris-Rhin-Rhône" ; leprix de l’action devrait être comprisentre 20 et 25 euros.BANQUE : La cour de justice des com-munautés européennes s’est prononcéele 5 octobre contre la législation fran-çaise interdisant la rémunération descomptes de dépôts à vue ; dans la plu-part des pays européens, ces comptessont rémunérés à des taux faibles,entre 0,10 et 0,30%..ENVIRONNEMENT : Un barrage formépar des militants de Greenpeace sur lavoie d’accès à l’usine de retraitementde La Hague a été levé le 5 octobre parles forces de l’ordre ; le tribunal deCherbourg leur a interdit de manifesterà proximité du convoi transportant duplutonium en provenance des Etats-Unis. Ce convoi est arrivé sans incidentà Cadarache le 8 octobre.Terrorisme : Un colis piégé a explosé le8 octobre au matin devant l’ambassaded’Indonésie à Paris, faisant une dizainede blessés.POLYNESIE FRANCAISE : L’assembléedu territoire a adopté le 9 octobre deuxmotions de censure contre le gouver-nement de l’indépendantiste Oscar Te-maru ; celui-ci s’estime victime d’unemanœuvre du sénateur UMP GastonFlosse.DISPARITION : Le philosophe JacquesDerrida est décédé le 9 octobre ; il étaitâgé de 74 ans.DISTINCTION : L’animateur de télévi-sion Bernard Pivot a été élu le 5 octo-bre à l’Académie Goncourt ; il succèdeà l’écrivain André Stil.

MONDEIRAK : Après l’échec du député Julia etla rupture des liaisons avec les ravis-seurs de Ch. Chesnot et G. Malbrunotenlevés le 20 août dernier, la diploma-tie française s’est engagée le 5 octo-bre à établir de nouveaux contacts. Ona appris le 8 octobre l’assassinat de l’o-tage britannique Kenneth Bigley aprèstrois semaines de détention.EGYPTE : Une série d’attentats sur undes sites touristiques fréquentés par lesIsraéliens dans le Sinaï a fait au moins30 morts et 120 blessés le 8 octobre ;

ils sont attribués au réseau terroristeAl-Qaida.TURQUIE : Comme prévu, la Com-mission de Bruxelles a prononcé le 6octobre un "oui" aux négociationsd’adhésion de la Turquie à l’Unioneuropéenne, mais en l’assortissant deconditions qui tiennent compte desfortes réticences de l’opinion en diverspays dont la France. La responsabilitéde la date d’ouverture des négociationsincombera au Sommet européen fixéau 17 décembre. L’adhésion de la Bulgarie et de la Rou-manie est prévue pour le 1er janvier2007.Par ailleurs, la Banque centrale euro-péenne a laissé son taux directeur in-changé le 7 octobre, malgré la pour-suite de la hausse du pétrole (53 dol-lars le baril).GRANDE-BRETAGNE : La Haute cour deLondres a donné le 7 octobre le droitaux médecins d’un hôpital de Ports-mouth de ne pas réanimer une grandeprématurée de 11 mois si son état sedétériore gravement.ETATS-UNIS : Après le second débattélévisé du 9 octobre, un premier son-dage a donné 44% d’opinions favora-bles à John Kerry contre 41% à GeorgeBush et 13% sans opinion ; le dernierdébat de la campagne présidentielleest fixé au 13 octobre.NOBEL : Le prix Nobel de médecine aété attribué le 4 octobre à deuxAméricains, R. Axel et Linda Buck , pourleurs travaux sur l’odorat. Celui de phy-sique a été décerné à trois autres amé-ricains, D. Gross, D. Politzer et F. Wilc-zeck, pour la découverte de la forceliant les particules dans le noyau ato-mique. Quant au Nobel de chimie, il acouronné le 6 octobre deux israéliens,Ciechanover et Hershko, et un améri-cain, I. Rose, pour leurs recherches surle système immunitaire. L’AutrichienneElfriede Jelinek a reçu le Nobel de litté-rature le 7 octobre. Le prix Nobel de lapaix est revenu le 8 octobre à l’écolo-giste kenyane Wangari Maathai.ASIE : Jacques Chirac est arrivé le 6octobre au Vietnam avant de se rendreen Chine où il a présidé à la signaturede plusieurs contrats commerciauximportants.CAMBODGE : L’Assemblée nationalecambodgienne a ratifié le 4 octobrel’accord entre le Cambodge et lesNations unies autorisant l’organisationdu procès des Khmers rouges.

J.L

EDITORIAL

FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004 3

OUS DEVONS SUSPENDRE LA PARUTION DE NOTRE JOUR-NAL DÈS CETTE SEMAINE. Nous venons en effet de chuter surl’obstacle juridique d’une décision de la Commission paritairede la Presse. Cet organisme situé auprès du Premier ministre apour mission de veiller à ce que le tarif postal préférentiel dont

bénéficient les journaux d’intérêt général ne soit pas détourné. Désormaisle cas des journaux est régulièrement exa-miné sur un dossier à fournir.

Or, vient de nous signifier la Commis-sion : “après examen des pièces versées audossier en ce qui concerne France Catho-lique, la Commission a constaté [...] quecette publication enserrait une autre titrée,TL-notre hebdo, lequel constituait en réalitéune publication distincte. Or, en vertu destextes applicables à la presse, un mêmenuméro d’inscription en commission ne sau-rait valoir pour deux publications diffé-rentes. La Commission a donc décidé, endépit de votre courrier du 8 septembre, dene pas maintenir la validité du certificat d’inscription précédemmentdélivré à cette publication. Cet avis négatif étant une déclaration faisantgrief, il peut être déféré au Conseil d’Etat par la voie du recours pourexcès de pouvoir, dans un délai de deux mois à compter de la réceptionde cette notification. Cependant, je vous informe que vous est égalementofferte la possibilité de présenter un recours gracieux auprès de Monsieurle Président de la Commission et que vous conservez par ailleurs la facul-té de demander un nouvel examen sur la base d’un dossier d’un numéroà venir, conformes aux dispositions définies par les articles D. 18 du codedes postes et des communications électroniques et 72 de l’annexe III ducode général des impôts.”

Voilà, vous en savez autant que nous. Nous avons cru pouvoir fairebénéficier les familles abonnées à France Catholique du concept conçupar l’équipe de TL-notre hebdo par des pages jeunes. Nous avions prisconseil aux meilleures sources, mais sans doute pas assez de précautionsécrites. Bien entendu nous allons utiliser les voies de recours. Sans le tarifpostal spécial aucun journal d’opinion ne peut paraître. Nous espéronsque nous pourrons bientôt revenir, sous une forme probablement un peudifférente. Cela dépend donc de l’appréciation de la Commission et deson président. Cela dépendra aussi de vous : de votre PATIENCE devantles péripéties que nous devons traverser, du SOUTIEN MATÉRIEL (Voir bul-

letin-réponse en page 38 de ce numéro.) que vous nous accorderez, car tout celan’ira bien sûr pas sans creuser profondément notre déficit.

Vous l’avez compris : PAS DE JOURNAL LA SEMAINE PROCHAINE,ET PROBABLEMENT PAS LES SUIVANTES NON PLUS... Mais nous tra-vaillons d’arrache-pied à une solution viable pour sortir France Catho-lique de cette chausse-trape, nous relever le plus rapidement possible etrepartir de l’avant. Vous serez, bien entendu, les premiers informés. Pourvotre amitié, merci. ■

N

SOMMAIRE

ACTUALITÉ4 JUSTICE Les deux faces de Perben 2

Alice Tulle5 AFGHANISTAN Et l’Irak ?

Yves La Marck

6 SECURITE SOCIALE Une loi et après ?Roland Hureaux

7 GOUVERNEMENT Priorité au socialJean-Marie Gouesnac’h

DOSSIER Stan

8 Les vertus du caractère propreMichel Emmanuel

12 Le rôle des aumôniersChristian Malcor / M.E.

15 Les années de métamorphosePhilippe Aumônier

ESPRIT18 MEMOIRE DES JOURS La terre et les âmes

Robert Masson19 LECTURES 29e dimanche du temps ordinaire

Père Michel Gitton20 BANDE DESSINEE Avec Jean-Paul II, t 2, 38/38

Dominique Bar, Louis-Bernard Koch, Guy Lehideux21 ECCLESIA Année eucharistique

Gérard Leclerc24 Epopée missionnaire

Jean Etèvenaux / Michel Emmanuel27 THEOLOGIE Un livre du cardinal Lustiger

Donatien Du Tuyt

MAGAZINE28 EXPOSITIONS Véronèse profane

Alain Solari30 Serge Poliakoff

Ariane Grenon31 THÉÂTRE Jeanne de Thérèse...

Pierre François32 FEUILLETON La caverne de l’Agneau (9bis)

Samaël34 TELEVISION Votre début de soirée

Marie-Christine d’André36 CINEMA "Le grand rôle"

M.-Ch. d’A.37 LIVRES Philosophie

Damien Le Guay38 BLOC-NOTES Vie associative et d’Eglise

Brigitte Pondaven

Retrouvez la rédaction de France Catholique,les semaines prochaines, sur son site internet :

www.france-catholique.fr

photo de couverture © Luc Pâris - Archives StanislasDessin © Nicolas de Palmaert / agence Artea

par Frédéric AIMARD

Sauterl’obstacle

doptée par le Par-lement le 9 mars2004, la réformeprésentée par legarde des Sceaux

est entrée en vigueur le 1er

octobre. Elle accroît les moyenspour lutter contre les formes,particulièrement violentes, dela criminalité : meurtres, crimeset tortures commis en bandesorganisées, trafic de stupé-fiants et traite d’êtres humains,fabrication de fausse monnaie,actes terroristes…

Désormais la police peut,après en avoir reçu l’autorisa-tion du juge, recourir à desopérations d’infiltration dansles milieux criminels en faisantpasser un policier pour com-plice d’une bande délinquante.

Les délais de garde à vuepeuvent être prolongés et desperquisitions peuvent êtreeffectuées de nuit (sauf dansles locaux d’habitation, s’il n’ya pas urgence). Par ailleurs, lespossibilités d’écoutes télépho-niques et de pose de microsdans les locaux et les véhicu-les sont accrues.

Il y a trente ans, ces dispo-sitions auraient suscité de viru-lentes polémiques – la droitese posant en championne del’ordre et la gauche défendantles libertés comme elle l’avaitfait en matière de fouille des

automobiles. Aujourd’hui, pointde campagne d’opinion. Il estvrai que la grande délinquances’est considérablement déve-loppée, et que les capitaux dontdisposent les différentes mafiasleur donnent des moyens tech-niques considérables. On con-sent donc, sans trop protester,à ce que la police accroisse lé-galement son efficacité.

C’est le second aspect de laloi "Perben II" qui rencontre uneopposition dans le milieu judi-ciaire lui-même. Des magis-trats et des avocats contestentla nouvelle procédure pénalequi instaure le "plaider coupa-ble" rendu familier par les filmsaméricains.

A la différence des Etats-Unis, cette procédure ne se dé-roule pas en audience publique.La loi Perben II prévoit que leprocureur peut proposer une"composition pénale " à unepersonne qui reconnaît avoircommis un ou plusieurs délitspassibles d’amende ou d’unepeine de prison inférieure àcinq ans.

Concrètement, celui quiplaide coupable dans le bureaudu procureur se voit proposerune peine : par exemple effectuerun travail d’intérêt public, remettresa voiture ou son passeport poursix mois à l’administration… oualler en prison pour une durée

déterminée. Si le prévenu, assistépar son avocat, n’accepte pas lapeine proposée par le procureur,celui-ci engage les poursuitesqui aboutissent à un procès telque nous le connaissons.

Les partisans de ce "bascu-lement procédural" font valoirque cette rapide négociationentre le procureur et le coupableaccélérera le traitement despetites affaires et permettra dedésengorger les tribunaux. Sur lefond, cette procédure s’inspirede la pensée contractualiste, ouplus simplement du marchéconclu entre deux personnes, lesyeux dans les yeux.

Les magistrats et avocatsqui contestent le "plaider cou-

pable" affirment que cette effi-cacité dans le traitement desaffaires fait disparaître la pré-somption d’innocence, renforceconsidérablement le rôle duprocureur par rapport au jugedu siège (qui se contenterad’entériner l’accord) et face auprévenu qui peut, sous le chocde l’arrestation et de la gardeà vue, chercher un soulage-ment immédiat sans voir lesavantages d’un procès enbonne et due forme. Mais d’au-tres personnes, coupables dedélits financiers, pourraienttrouver dans l’ombre du bureaudu procureur un arrangementqui leur épargnera la fâcheusepublicité d’un procès public.

La pratique judiciaire per-mettra de départager rapide-ment les partisans et lesadversaires de la réforme. ■

Il y a vingt ans, ces dispositions auraientsuscité de virulentes polémiques(

ACTUALITE

4 FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004

A

JUSTICELes 2 faces dePerben 2 La loi sur l’adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité,

dite loi "Perben 2", se présente sous un double aspect : elle accroît

les pouvoirs de la police et elle crée la procédure du "plaider

coupable" qui suscite de vives critiques.par Alice TULLE

‘Afghanistan a tenu lagageure d’organiserdes élections au suf-frage universel avec18 candidats, dont une

femme, dans un pays encorelargement en proie à la guerre.900 morts sont dénombrésdepuis le début de l’année. Leschefs de guerre dominent horsde la capitale. Plusieurs d’entreeux avaient d’ailleurs pousséel’ironie jusqu’à faire acte decandidature, comme le fameuxgénéral Dostom.

Ils ont vite appris que ladémocratie, si elle organise unecertaine responsabilité dupouvoir, confère aussi uneimmunité. Les élections fran-çaises en sont un bon exem-ple. Elle fournit également unebase de discussion ou de négo-ciation sur la formation dugouvernement et la répartitiondes portefeuilles.

Il est particulièrement diffi-cile de se rendre compte de lavalidité du scrutin dans lesprovinces. Il était en effet im-possible d’assurer la sécuritédes moyens d’observation quiont renoncé à se rendre surplace. Les moyens militairesaméricains ou de l’Otan sontoccupés à autre chose qu’à pro-téger les scrutins : dissuaderles taliban, traquer Ben Laden,réduire l’insécurité quotidienne,peut-être contrôler les trafics.Il était hors de question d’ins-

taurer de surcroît l’Etat de droitdans les zones contrôlées parles chefs de guerre.

On peut donc penser ce quel’on veut de ces élections et deleur résultat. L’important estqu’elles aient eu lieu. AhmedKarzaï bénéficie d’une nouvellelégitimité. Le président Bushest conforté. Il n’a pas manquéde s’en prévaloir lors des débatstélévisés l’opposant à John Ker-ry. Mais surtout le peupleafghan a été consacré commeun peuple souverain. Ceci vautquelles que soient les défi-ciences et les manipulations.

La question essentielle est

de savoir si le précédent afghanpeut être utilisé en ce qui con-cerne l’Irak. La sécurité pourra-t-elle être assurée dans desconditions comparables lorsdes opérations électorales dudébut de l’an prochain ?

Le Premier ministre IyadAllaoui souhaite à l’évidencedevenir le Ahmed Karzaï ira-kien. Il cherche à convaincreles Américains de réitérer enIrak leur opération afghane. Ilserait éventuellement prêt àune élection excluant au besoinune partie du territoire, letriangle sunnite, théâtre prin-cipal des actions de résistance.

Les Kurdes n’ont rien à perdrepuisqu’ils ont déjà verrouillé lesélections pour ce qui les con-cerne. Une élection dominéepar les Chiites les dérange d’au-tant moins qu’ils seront d’au-tant plus autonomes.

Autant l’intégrité et la sou-veraineté de l’Afghanistann’ont jamais été remises encause, autant celles de l’Irakfont problème. Une élection ausuffrage universel est un véri-table pari sur l’avenir pour lesNations Unies et la commu-nauté internationale. Elle n’aque trop tardé. Il ne faudraitpas qu’elle arrive trop tard. ■

Il était en effet impossible d’assurer lasécurité des moyens d’observation(

ACTUALITE

FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004 5

L

L’élection présidentielle

du 9 octobre en

Afghanistan est une

forme de répétition des

élections prévues en Irak

au début de 2005.

par Yves LA MARACK

Et l’Irak ?ELECTIONS AFGHANES

a loi Douste-Blazy,dont l’objectif affichéest de parvenir à termeà l’équilibre des comp-tes de l’assurance-ma-

ladie, volet essentiel de laSécurité sociale (déficit 2004estimé à 12 milliards d’euros).

Quelle est la portée de cetteloi que certains présententcomme une "médecine doucepour une maladie grave" ? Telétait l’objet du colloque quis’est tenu au Sénat le 27 sep-tembre dernier, sous l’égide dela Fondation de service poli-tique et où intervenaient, aucours de deux tables rondesrespectivement présidées parBruno Durieux, ancien ministrede la Santé et Guy Berger, pré-sident de chambre à la Courdes Comptes, les principauxexperts de cette difficile ques-tion : les professeurs JacquesBichot, Béatrice Majnoni d’In-tignano, Claude Le Pen, lesprofesseurs de médecine La-reng et Vallancien, Alain Cou-lomb, etc.

L’assurance-maladie serait-elle condamnée à la réformeperpétuelle ? C’est bien là leparadoxe d’une institutiontournée vers un secteur où lademande croît plus vite que lerevenu des Français, à la foisparce que la santé est un soucimajeur des sociétés avancées

et parce qu’une populationvieillissante a besoin de plusde soins.

La propension à des dépen-ses croissantes ne saurait êtreen l’espèce régulée par le mar-ché, comme il en va dans d’au-tres secteurs, car, solidariténationale oblige, la consom-mation des biens de santé faitl’objet d’un financement col-lectif (qui atteint aujourd’hui9 % du PIB, à un moment où lepoids des prélèvements obli-gatoires apparaît excessif àbeaucoup).

Il ne saurait l’être non pluspar des méthodes autoritairescar le système de santé françaisrepose encore en partie sur unsecteur libéral (médecine, phar-macie, cliniques privées). C’estlà sa particularité : son carac-tère composite, non systéma-tique : ni institution d’Étatcomme le National Health Ser-vice britannique, ni largementfondé sur l’assurance privéecomme aux États-Unis et, pourcela, difficile à contrôler.

Nul ne souhaitant remet-tre en cause le principe de soli-darité, auquel les Français sonttrès attachés - et que l’institu-tion d’un " ticket modérateur "de 1 euro par consultation nemenace pas vraiment -, le seulmoyen de contrôler la propen-sion inflationniste du système

n’est-elle pas le renforcementdes contrôles et par là l’ins-tauration d’un système plusbureaucratique ? C’est déjà lecas dans les hôpitaux, dont lagestion apparaît à beaucoupd’une inefficacité "soviétique".Les contrôles de la sécurité so-ciale sur les praticiens libérauxn’ont eux-mêmes, cessé de serenforcer.

C’est cependant l’écueild’une gestion plus autoritairedu système de santé que cher-che à éviter la loi Douste-Blazy,fondée sur le concept de "nou-velle gouvernance", mixte d’unmeilleur contrôle des dépenses,d’une rationalisation de l’offrede soins et d’une responsabili-sation des acteurs du système.La pièce maîtresse de cettenouvelle gouvernance est ledossier médical personnel, dont

l’expérience de télémédecineconduite par le professeur La-reng laisse espérer des re-tombées fécondes. Mais laréforme comporte aussi l’insti-tution d’un médecin référentou la création d’une haute au-torité de la Santé ayant no-tamment pour but de déterminerhors des passions et des pres-sions la frontière entre les soinsqui doivent être remboursés etceux qui ne le seront pas.

Dans l’ensemble, les parti-cipants au colloque ont ex-primé leur confiance dans lenouveau dispositif, sachant queses résultats n’en seront pasimmédiats et qu’ils dépendrontde la manière dont il sera appli-qué. Toutefois, Jean de Kers-vadoué, ancien directeur deshôpitaux, a exprimé son scep-ticisme, notamment sur ledossier médical partagé, entre-prise, selon lui coûteuse etaléatoire. Affaire à suivre,donc… ■

Un secteur où la demande croît plusvite que le revenu des Français(

ACTUALITE

6 FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004

L

SECURITE SOCIALE

par Roland HUREAUX

Le 30 juillet dernier le Parlement a adopté

une loi sur l’assurance-maladie. Un

colloque organisé par la Fondation de

service politique a permis d’en faire une

première évaluation.

Une loi et après ?

résenté au Sénat dèsle 27 octobre parJean-Louis Borloo,ministre du Travail,le projet de loi de

"programmation pour la cohé-sion sociale" sera doté de treizemilliards d’euros... Voilà quiindique clairement que le gou-vernement entend faire de l’ac-tion sociale sa priorité pour laseconde moitié du quinquen-nat.

Le plan Borloo se fixe eneffet comme objectif la créa-tion de huit cent mille emploispour les jeunes - en favorisantl'alternance et l’apprentissage,en lançant des contrats aidésdans le secteur marchand, enrecrutant dans la Fonction pu-blique. Le plan prévoit égale-ment la construction de cinqcent mille logements, l’ac-compagnement des jeunes endifficulté, la lutte contre la dis-crimination par le renforce-ment des outils juridiques dela lutte contre le racisme et lapromotion de la diversité dansl'entreprise grâce à une "Chartede la diversité".

A cela, il convient d’ajouterles consultations en cours entreGérard Larcher, ministre délé-gué aux relations du Travail, etles partenaires sociaux sur lesassouplissements à apporteraux 35 heures, et celles à venir(à partir du 11 octobre) avecJean-Pierre Raffarin sur le

"contrat France 2005"qui intègre l’emploi, la luttecontre la vie chère et l’écoleque le Premier ministreenvisage de compléterpar un volet temps detravail et service mi-nimum.

Ce faisant, lePremier mi-nistre et, plusencore, Jean-Louis Borloo,qui est pré-senté comme la caution socialede ce gouvernement, répon-dent à l’injonction que JacquesChirac avait lancée après lesrevers électoraux du printempsdernier : associer les Françaisaux réformes.

Deux sujets risquent cepen-dant d’avoir déjà du mal à pas-ser auprès des syndicats : laréforme des 35 heures et le ser-vice minimum.

Dans le premier cas, les as-souplissements envisagés parle gouvernement commencentà faire grincer quelques dents.A titre indicatif et confrater-nel, citons les réactions dusyndicat chrétien CFTC : “- Augmenter le contingent desheures supplémentaires ? Celareviendrait à appauvrir la créa-tion d’emplois et à donner une

prime aux entreprises qui nefont pas l'effort de gérer leursurcroît d'activité- Elargir les dispositions sur lescomptes épargne-temps ? Celane manquera pas d'avoir deseffets négatifs sur l'emploi ;- Réduire la majoration desheures supplémentaires à 10%au lieu de 25 % ? Ce serait ac-cepter une rémunération vrai-ment trop faible pour dessalariés qui, s'ils veulent tra-vailler plus, veulent aussi ga-gner plus".

Sur le second point, malgréla prudence et le tact de Gillesde Robien, ministre des Trans-ports, les syndicats presqueunanimes voient dans la miseen place d’un service minimum,une atteinte au droit de grève.

Pourront-ils pour autant

déclencher un mouvement degrande ampleur contre la miseen place d’une forme ou d’uneautre de service minimum ?C’est douteux car les dirigeantsdes principales confédérationsont été échaudés par l’échecdes manifestations du prin-temps 2003 sur la réforme desretraites.

Pour le gouvernement,même sans opposition déter-minée, la principale difficultérestera de mobiliser les Fran-çais : il y a eu, depuis vingtans, tellement de plans pourles banlieues, pour la ville, pourles jeunes et contre les discri-minations... que le parti muetdes sceptiques risque de fairepencher la balance vers unrecul prudent à la premièredifficulté. ■

Deux sujets risquent cependantde mal passer auprès des syndicats(

ACTUALITE

FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004 7

P

Le gouvernement entend faire du social une priorité et

souhaite être présent sur tous les fronts. Il a décidé de

s’en donner les moyens, mais engage par ailleurs deux

réformes qui inquiètent certains syndicats.

Priorité au social

par Jean-Marie GOUESNAC’H

GOUVERNEMENT

’est au début de la rue du Mont-parnasse, dans le VI° arrondisse-ment, que l’on trouve une des en-trées du Collège Stanislas. Dans legrouillement des élèves qui sepressent pour entrer dans leurécole, on se sent un peu perdu, et

le regard s’élève pour être attiré par un calicotmis en place depuis peu, aux armes du Collège,qui rappelle l’anniversaire que l’on célèbre aulong de cette année dans la maison. Entrons,emportés par le flot des têtes blondes.

Au milieu de la cour, le visiteur est frappé parla diversité des bâtiments : chaque période del’histoire du collège a laissé là son empreintearchitecturale, depuis l’antique brasserie du révo-lutionnaire Santerre, depuis l’hôtel particulier quiabrite aujourd’hui la direction et la présidence deStanislas, en passant par le bâtiment des prépas,bâti dans les années trente, jusqu’aux construc-tions imposantes des années soixante, avec enparticulier l’immense bâtiment Ninféi, vasteconstruction fonctionnelle en forme de croix,haute de sept étages, et le bâtiment rond dit"Méjecaze", du nom d’un prestigieux ancien di-recteur de la maison. A l’heure de la sonnerie,c’est l’impression d’une immense ruche qui s’offreau visiteur.

La cour s’est vidée. Profitant de ce momentd’accalmie, le visiteur se souvient qu’ici sont pas-sées bien des grandes figures de l’Eglise et de laFrance, des saints même. N’est-ce pas là queFrédéric Ozanam a posé son empreinte spiri-tuelle ? Mais là aussi a prêché Lacordaire, là sesont formés bien des futurs prêtres et religieux,des militaires à la carrière glorieuse, de GeorgesGuynemer au général de Gaulle – mais aussi legénéral Giraud !-, des académiciens, des hommespolitiques, des artistes, des journalistes, de grandscapitaines d’industrie… Bref, on est dans une des

Le Collège Stanislas fêteses deux cents ans. C’esten effet le 15 août 1804 quel’établissement scolaire quiporte aujourd’hui ce nom aouvert ses portes, et àtravers ces portes ontpassé depuis desgénérations d’enfants,d’adolescents,d’enseignants, de prêtresqui ont marqué nonseulement l’Eglise deFrance au long de ces deuxsiècles, mais la France elle-même, et ce dans tous lesdomaines possibles. Lacélébration du bicentenairede l’établissement, dont lesfestivités s’étalent tout aulong de l’année, pose laquestion des enjeux actuelsde l’éducation chrétienne.Nous proposons au lecteurde découvrir quelques traitsde la culture éducative dece grand établissement.

DOSSIER

8 FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004

BICENTENAIRE

par Michel EMMANUEL

CStan

Un grandétablissementd’enseignementlibre

pépinières de ce que la France peut donner deplus grand.

Mais au-delà de l’évocation historique, il fautse demander dans quelle mesure Stanislas s’ins-crit aujourd’hui dans la lignée de sa prestigieusehistoire. L’établissement, par l’éducation chrétien-ne qu’il prodigue, forme-t-il toujours, selon la de-vise de la maison, des "Français sans peur" et des"Chrétiens sans reproche" ?

Pour Monsieur Daniel Chapellier, directeur deStanislas, le doute n’est pas permis. L’établisse-ment en effet, depuis sa fondation par l’abbéLiautard en 1804, a toujours répondu et répondencore aujourd’hui à une certaine qualité de l’en-seignement et de l’éducation chrétienne.

Mais qu’est-ce que Stanislas aujourd’hui ? Ony forme 2850 élèves depuis la maternelle jus-qu’aux classes préparatoires aux grandes écoles,répartis entre 450 élèves dans le primaire, plus de1000 collégiens, 800 lycéens et 550 élèves desclasses préparatoires. Parmi eux, on compte 420internes dont 300 "prépas". Ils sont encadrés par235 enseignants, et le bon fonctionnement maté-riel de la maison est assuré par 130 salariésœuvrant dans les domaines de l’entretien, de l’ad-ministration, de l’éducation, sans oublier la direc-tion, et sans compter les 50 personnes salariéespar des entreprises extérieures travaillant dans lamaison.

Stanislas est donc une sorte d’immense ruche

Unecertainequalité del’enseigne-ment et del’éducationchrétienne

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Les vertus ducaractère proprede l’enseignement catholique

qui mène une vie commune au service de la réus-site humaine et scolaire de ses élèves. A preuve,les résultats affichés lors de la dernière annéescolaire. Si l’on se penche sur les résultats aubaccalauréat, les échecs sont bien rares, et lasûreté de l’orientation est évidente. Près de lamoitié des Terminales scientifiques intègrent lesclasses préparatoires de Stanislas même.

Il faut dire que les élèves sont dirigés par desenseignants fort dynamiques, comme en témoi-gnent en particulier pour certains leurs publica-tions dans tous les domaines. Ce sont certains deces mêmes enseignants qui ont récemment intro-duit un enseignement scientifique par ordinateur.Tradition et modernité se conjuguent ici aisé-ment.

Autre signe de cette réussite, les succès obte-nus lors de différents concours organisés à l’é-chelle nationale pour les élèves du secondaire : sil’on se penche sur les résultats du ConcoursGénéral, Stanislas a obte-nu en 2004 trois premiersprix (en mathématiques,en latin et en anglais) etdeux premiers accessits(en physique et en his-toire). Il faut aussi évo-quer le premier prix obte-nu par un élève au con-cours du Plumier d’Or,concours littéraire ouvertaux élèves de quatrième.

Plus largement, la ri-chesse culturelle de lamaison est visible à tra-vers la place qu’y occupe

la musique. En effet, outre les nombreux élèvesqui jouent d’un instrument, on trouve à Stanislastrois chorales et un orchestre, dont le talent seramanifesté à l’occasion du Te Deum composé pourle Bicentenaire.

Signe de l’investissement des enseignants etde la motivation des élèves, la vitalité des activi-tés théâtrales au Collège. Des élèves n’y ont-ilspas encore joué récemment le Bourgeois Gen-tilhomme ?

Quelle est la politique éducative mise enplace ? Les résultats dans ce domaine sont-ils àla hauteur des succès aux examens et auxconcours ? Selon Daniel Chapellier, Stanislasdispose incontestablement des moyens de mettreen œuvre une véritable politique éducative. Endehors des enseignants, éducateurs par défini-tion, et particulièrement motivés par la tâcheéducative, l’établissement dispose d’une impor-tante équipe d’éducateurs, au moins trois par

niveau. Ce sont desprofessionnels quiont fait le choix dedispenser une éduca-tion chrétienne, rap-pelle le directeur.Chaque éducateurdoit avoir le souci del’attention à la per-sonne même de l’é-lève. C’est le sensd’ailleurs de la pré-sence du directeur àla lecture de notesde chaque classe,avec le professeur

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Tradition etmodernité seconjuguentici aisément

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Guynemer et Brocard,héros de la guerre de 14

Le père Lalanne, marianiste6ème directeur du collège©

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principal. "A Stanislas, on veut former les élèves àl’excellence, pas tant à l’élitisme qu’à l’excellenced’eux-mêmes, c’est-à-dire donner le meilleurd’eux mêmes pour les autres et pour eux-mêmes"explique Daniel Chapellier.

Tous ces moyens mis en œuvre sont au ser-vice d’une éducation ouvertement chrétienne. Apreuve, l’assistance aux cours d’éducation reli-gieuse est contractuelle dans la maison. Il s’agitde donner dans ce domaine les moyens d’un dis-cernement, quelles que soient les convictions del’élève et de sa famille. D’ailleurs, on vient à Stanen connaissance de cause, et cela est plutôt bienreçu.

Des démarches de foi sont proposées aux élè-ves qui le désirent, qu’il s’agisse de la messe oud’activités caritatives – la conférence SaintVincent de Paul en particulier. La disponibilité desprêtres du collège est ici déterminante. Lescontacts individuels sont multiples, permanentset profonds. Signe tangible de quelques fruits deces semailles et de ces moissons, les six baptêmescélébrés en mai 2004 au Collège.

Il faut ici évoquer le chemin d’Alfred, internedu lycée qui a demandé et a reçu le baptêmecette année, explique Daniel Chapellier : les deuxtiers de ses camarades d’internat sont restés pourl’entourer alors qu’ils auraient pu partir à l’occa-sion du week-end ! C’est que cet internat dulycée est une institution bien spécifique auCollège : il y règne une atmosphère particulière,presque familiale, où les cadres éducatifs et lescapitaines d’internat jouent un grand rôle. Onpeut presque parler de vie communautaire pources jeunes gens qui aiment à chanter les com-plies dans la chapelle de Notre-Dame sous Terre

après les parties endiablées ( !) de foot du soir –il y a d’ailleurs un vrai championnat – et l’étude.Ces mêmes internes se préparent à l’occasion del’Avent, comme chaque année, à la Nuit desPauvres : par groupes de 4 ou 5, ils vont nouerdes contacts avec des SDF du quartier, leurapportant de menus réconforts mais surtout del’attention, du temps et de l’amour vrais : Fré-déric Ozanam et Pierre-Giorgio Frassati doiventsuivre cela de bien près !

Mais voilà que déjà sonne la récréation. Lacour se remplit rapidement. Ce sont des jeux deballon passionnés qui débutent un peu partout. ■

On peutpresqueparler de viecommunautaire

L’album du bicentenaire

Cet ouvrage très illustré raconte l’histoire d’un collègevivant au rythme de l’histoire de France : l’école ré-inventée en 1804, un établissement transformé enhôpital en 1870, l’engagement des élèves dans laRésistance en 1944, le combat de l’école libre dans lesannées 80… Ce livre est un véritable condensé de deuxcents ans d’histoire de l’enseignement en France.

Pour commander «L’Épopée de Stan» : 30 € + 5 € de portAssociation Liautard 22, rue Notre-Dame des Champs 75006 Paris

Edmond RostandBienheureuxFrédéric Ozanam Le père Lacordaire

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■ Père Malcor, vous venez d’être nommé à Stanislas. Cetétablissement a-t-il une identité singulière du point devue de la foi ?

Je suis heureux de me mettre au service des jeu-nes, de leurs familles, des personnels, professeurs etéducateurs, bref de l’ensemble de la maison. Aprèsquelque temps passé ici, je me rends compte qu’ef-fectivement des conditions particulières de vie, deculture et de foi se trouvent à Stanislas. Les jeunes,variés dans leur culture et leur provenance, ont encommun disponibilité et attente spirituelle, souventplus exigeante que d’autres jeunes par ailleurs éga-lement ouverts. Cela demande aux aumôniersquelque chose de plus profond et de plus fort. Lefait même de vivre au milieu de l’école est un atoutcomme le fait de ne pas séparer catéchèse et vie detous les jours. L’unité entre vie, foi et culture permetd’éviter le “parallélisme”.

Il y a, dès lors, un cap supérieur à passer auniveau de la culture, de la catéchèse, des proposi-tions spirituelles. L’internat et les conditions de vie("internat-externé ", équipements sportifs, cadreséducatifs, etc.) offrent des possibilités propres à cetétablissement. Cette année quatre anciens élèvesont été ordonnés prêtres ; ce qui est significatif dela conscience d’Eglise, où il n’est pas possible devivre une vie chrétienne sans le ministère ordonnéet où le souci des vocations et de la sainteté est latâche de tous les baptisés quels que soient lesappels que Dieu leur fait.

■ Qu’est-ce que l’éducation chrétienne selon vous ?Une des priorités de l’éducation chrétienne, est la

contemplation du Christ, de son visage.. Je pense à lalettre de Jean-Paul II : Au début du troisième millénai-re qui appelle à la vie intérieure. S’il n’y a pas une inti-mité personnelle avec le Christ - ce qui suppose unevie de prière persévérante, rien ne tiendra.. Une for-mation à la beauté et à la lumière de l’Evangile, uneperception renouvelée de la puissance et de la lumiè-re qu’il apporte au monde sont nécessaires.. Vousconnaissez les Actes des Apôtres : les chrétiens

étaient assidus à laprière, à l’enseignementdes Apôtres, à la frac-tion du pain et à la cha-rité. Ces quatre dimen-sions de l’Eglise à l’é-coute du Christ n’ontrien à voir avec unepetite morale gentilletteà laquelle on réduitrégulièrement la foichrétienne. Et qui finitpar tomber par terre enraison des coups deboutoir de ceux qui ne

respectent plus ni la dignité, ni la vie de l’être humain.Le Christ nous a apporté la vraie liberté, rappelaitJean-Paul II à Lourdes le 15 août. Il nous suffit del’accueillir et de se souvenir que l’Evangile, ainsi que ledit Paul (Rm 3), est une force de salut, aussi bien pourceux qui croient que pour ceux qui ne croient pas. Sinous pouvons aider des jeunes et des adultes à lecomprendre et si nous-mêmes nous renouvelons, il ensortira des fruits de grâce pour tous . Education à l’in-tériorité, à l’amitié personnelle du Christ, Maître etAmi. Jésus a enseigné, Jésus a montré, Jésus a agi ;mais sutout sa manière d’être est " l’enseignement "qu’il nous faut mettre en pratique et transmettre.Enfin, je comprends, en arrivant, qu’il faut être dispo-

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Il n’y apas de viechrétiennesans prêtres,c’est un tout !

RENCONTRE AVEC LE PÈRE CHRISTIAN MALCOR,

Sur le plan spirituel il y a unétat d’esprit particulier desélèves de Stanislas et lesaumôniers sont conscientsqu’ils doivent relever le défid’une haute exigence.

Le rôle des aumôniers

Parole et dParole et d

Le pèreChristian Malcor,aumônier généralde Stan

nible et faire attention aux créneaux horaires des élè-ves pour leur donner du temps avec respect et amitiédans les contacts individuels.

■ Quelle est la dimension communautaire de la vie de foi àStan ?

La maison est grande et nous sommes nombreux :il y a donc besoin de communication et d’un grandsens de la communion. On ressent un certain esprit defamille à plusieurs moments et événements de l’an-née (temps liturgiques, 8 décembre : fête patronale ;fête de fin d ‘année scolaire, etc.) comme on l’a vuavec la foule présente lors de la récente messe du Bi-centenaire . Il faut toujours développer cette dyna-mique de communion et de mission qui caractérisetoute communauté chrétienne.

■ Quelle est la grâce de l’adolescence ?

Pour moi, elle consiste en une dynamique où seconstruisent le sens de l’amitié, de sa propre per-sonnalité - corps, cœur et âme - avec les talentsreçus pour le service des autres et plus profondé-ment l’idéal de vie, la relation profonde à Dieu et

aux autres. Bref l’enthousiasme, même si parfois lavie est blessée, au sens premier de "joie en Dieu». Ilne faut pas perdre l’enthousiasme de sa jeunesse,d’autant plus que l’idéal est profond et vrai. Mêmesi, parfois avec les années, on peut être déçu et sedemander ou demander à ceux que l’on rencontre :"où sont passés l’enthousiasme et l’idéal de ta jeu-nesse? Le pape Jean-Paul II qui a passé des annéesavec les étudiants dans les montagnes ou sur leslacs de Pologne, parlait beaucoup avec eux du sensde leur vie, du mariage, de l’amour, etc. Ces der-niers l’appelaient familièrement "oncle Karol" pres-sentant à travers le pasteur, le Maître et l’Amiqu’est le Christ .. Pour un prêtre, c’est une remiseen cause : est-on à la hauteur de l’attente intérieu-re de ceux que l’on rencontre et que l’on a missionde conduire au Christ ? C’est aussi et avant tout unegrâce.

■ Comment vivre la Nouvelle Evangélisation à Stan ?

Dans l’Esprit Saint ! Renouveler l’accueil du Christet de l’Evangile avec le souci d’une proximité avectous, avec respect et ouverture, dans le souci de l’in-

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Depuis deuxgénérations,c’est-à-dire50 ans,on n’a pastransmisl’Evangile

AUMÔNIER GÉNÉRAL DE STANISLAS

Le père Guillaume Seguin,aumônier à Stan. Ancien élève,il connaît particulièrementbien l’esprit de la maison.

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timité spirituelle et formatrice avec Jésus, Maître etAmi (cf Jn 15).

Le cardinal Lustiger dit que depuis deux généra-tions, 50 ans, l’Evangile n’a pas été transmis auxgénérations successives. Et de fait nombre de baptisésvous disent ne pas croire tout en finissant par avouerqu’ils n’ont jamais reçu d’éducation chrétienne. LaNouvelle Evangélisation est la réponse, spontanée etlumineuse, qui unifie la vie par l’extraordinaire forcede l’Evangile.

■ Que faut-il proposer aux jeunes au niveau intellectueldans l’éducation de la foi ?

Qu’ils aient des choses très claires et fortes ! Qu’ilsn’aient pas un esprit " zappeur " en catéchèse commedans l’ambiance médiatique où tout devient tout etréciproquement, en un mélange mielleux et fade.Qu’ils aient conscience que la foi est un axe spiritueltrès fort dont ils n’ont pas à rougir et où les non-chrétiens peuvent se sentir à l’aise et profondémentrespectés : un don de Dieu pour tous.

Qu’ils soient aussi armés ; ce qui est difficile, pourles temps qui viennent. Les prépas vont avoir descours à la hauteur de ce qu’ils préparent par ailleurspour les grandes écoles. Qu’ils puissent réaliser unevéritable intelligence de la foi comparativement à laréflexion humaine ambiante. L’encyclique de Jean-Paul II, La Splendeur de la Vérité, par exemple, mesemble fort utile pour des étudiants et adultes actuel-

lement. Elle permet de réaliser que la morale chré-tienne est destinée à tous, et pas seulement aux sim-ples "cathos" et qu’il y a également une vérité univer-selle morale fondamentale pour tous du bien et dumal quelles que soient les convictions spirituelles oureligieuses de chacun que la foi éclaire et affermit.Car tout être humain est image et ressemblance deDieu et la grâce de la foi l’affermit et la fonde. Sur cesdeux pieds de la foi et de la raison, ils pourront allerloin .

Telle est un peu l’histoire de Stan... Il y a quandmême là un sens, non pas des élites, mais de ce queles chrétiens peuvent apporter, avec leurs convictions,de profond à la société.

■ Peut-on proposer la sainteté aux élèves ?

Oui, et à tous ! Il suffit de s’en persuader soi-même. Jean Paul II dit dans sa lettre sur le troisièmemillénaire : vous devez réfléchir quand quelqu’un vientvous demander le baptême ; en fait, cela revient àdemander la sainteté. Sachez ce que vous allez faire.

■ Quel message aimeriez-vous faire passer auprès des élè-ves, des parents et des éducateurs ?

Je voudrais leur dire d’abord que nous sommesune parcelle d’Eglise qui doit absolument être encommunion et en mission. Deuxième chose, que l’onait un attachement intérieur au Christ. Troisièmechose, que l’on se laisse prendre et bouleverser par

Jésus et son Evangile. Quatrième chose :que l’on se demande ce qu’il est possiblede faire vraiment pour donner le meil-leur de soi-même, sachant que l’on abesoin de tous, personnel, éducateurs,professeurs, catéchistes, prêtres,familles Enfin que tous se sentent à l’ai-se et n’aient pas peur.

■ Quel modèle pourrait-on proposer pouréclairer l’ambition d’une éducation chré-tienne à Stanislas ?

Le Bienheureux Frédéric Ozanam,ancien professeur à Stanislas. Si onpouvait comme autrefois ses élèves deRhétorique, désirer redoubler son année,pour réentendre ce que l’on a entendu,et vécu : quelle joie… Et Ozanam, nefait pas partie de la catégorie des "intel-lectuel abstraits" : il est à l’origine dela conférence Saint Vincent de Paul. Sontombeau est à deux pas : à l’Institutcatholique de Paris. C’est dire s’il est lemodèle proche par excellence pour noustous ici ! ■

Noussommesune parcelled’Eglise quidoitabsolumentêtre encommunionet enmission

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■ Monsieur Aumônier, que représentent les classes pré-paratoires à Stanislas aujourd’hui ?

Il y a 531 élèves en classes préparatoires, dansdes filières scientifiques, des filières économiqueset commerciales (ECS) et en hypokhâgne. Cestrois filières recrutent au bac S. Il y a des pre-mières années et des deuxièmes années, voire destroisièmes années, parce que certains s’accordentla joie d’une troisième année à Stanislas, et il y ena même qui sont pris dans des écoles brillantes etqui préfèrent revenir faire une troisième année,telle cette jeune fille qui est revenue alors qu’elleavait réussi Sup Aéro. Alors, la vocation de toutesles classes préparatoires, c’est de préparer auxconcours, c’est le dénominateur commun de tou-tes les classes préparatoires.

Stanislas les prépare aux concours, cela im-porte, mais beaucoup moins que de les préparer àentrer dans la vie. C’est ce que j’ai dit à la réunionde rentrée des parents le 31 août : certains pa-rents des enfants qui sont là y trouvent l’occasionde dire dans les salons parisiens : "mon fils est àStan, il prépare Polytechnique". Je leur ai dit :Polytechnique, ce n’est pas le plus important ; çales a désarçonné un petit peu, parce que je leurdis également que je connaissais deux Polytechni-ciens «clochards», et moi je ne forme pas ici dePolytechniciens clochards, donc je m’intéressedavantage à la structure humaine et spirituelle devos enfants qu’à la structure intellectuelle dontles professeurs vont s’occuper tous les jours etavec beaucoup d’attention.

Le projet de Stanislas, c’est de former des jeu-nes qui entrent dans la vie avec une ossaturemorale, intellectuelle, spirituelle qui soit solide,autrement dit de futurs vrais responsables, avecun visage qui n’est pas celui de Janus : d’un côtéon fait quelque chose, de l’autre on fait autrechose. Ça m’horripile d’entendre des responsablesdire : "moi j’ai mon éthique personnelle, et j’aimon éthique professionnelle".

■ Comment s’y prend-t-on ?

On essaie de suivre chacun de ces jeunes, avectoute l’équipe que j’ai avec moi, de les suivreindividuellement. C’est-à-dire qu’au bout d’unmois, un mois et demi de présence ici, je peuxcroiser un élève dans les couloirs et l’appeler parson prénom et savoir la classe dans laquelle il est.Autrement dit je cherche à connaître individuelle-ment chacun de mes élèves.

C’est pourquoi je les reçois en début d’annéeindividuellement un quart d’heure — vingt minu-tes chacun, on parle, de tout, y compris de ce àquoi ils ne s’attendaient pas. Et il y a effective-ment un climat qui est un climat presque familialoù ils comprennent que je ne suis pas là pourfaire de l’administration mais que je suis là pourles accompagner dans leur projet qui est un pro-jet ambitieux, très difficile, qui demande unengagement personnel important, mais quidemande aussi un accompagnement de tous lesjours, de tous les instants.

Les 4/5èmes de mes élèves garçons sont inter-nes, donc j’ai une équipe d’internat qui les suit,l’abbé Bégin est toujours disponible pour les rece-voir et on a quand même la chance d’avoir troisprêtres qui sont très tournés vers les prépas, enparticulier l’abbé Malcor et l’abbé Seguin.

Si bien qu’entre le jeune qui arrive le jour J etle jeune qui part en école il s’est passé un cheminde transformation, une métamorphose, très sou-vent radicale. Certains ont découvert que dans lavie il y avait autre chose que le bicorne ou HEC.C’est là qu’on a fait notre travail.

Préparerauxconcours,celaimporte,mais beaucoupmoins quede préparerà entrerdans la vie

Ancien "cornichon" à Stanislas,

le général Philippe Aumonier,

directeur des classes

préparatoires, assume

la formation humaine,

par l’attention à la personne

de chaque étudiant.

Les années demétamorphose

LES CLASSES PREPARATOIRES

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■ Quel est le critère pour évaluer cette métamorphose ?C’est le regard qu’on a, c’est la connaissance

que l’on a des élèves et la discussion que l’onpeut avoir avec eux, et puis le retour, parce qu’ilsreviennent très volontiers ici. Je viens de classerun dossier de lettres de remerciements d’élèvesqui disent merci, et ils ne disent pas merci parceque je suis à HEC ou à Centrale, mais merci pourtout ce que j’ai reçu.

■ Qu’en disent-ils plus précisément ?

Ils voient que la vie comporte un certain nom-bre de choses importantes, qu’elle demande àavoir un moteur, et on ne peut pas être dans lavie sans avoir de moteur, on essaye de leur fairedécouvrir leur propre moteur. Alors en premièreannée, ils ont une heure de réflexion théologique,spirituelle, personnelle, sur des sujets tels que : "Science et foi ". Cela est assuré par des interve-nants extérieurs ou intérieurs. C’est une heureobligatoire, quels que soient les choix personnels,la réflexion. Il faut, si c’est important, pouvoiréchanger sur les sujets importants. La foi chré-tienne n’est pas nécessairement une maladiehonteuse, ça peut également être une fierté, uneaide dans la vie, et si c’est quelque chose de vrai-ment important, ça se doit d’être partagé. Là-des-sus, j’ai de fortes convictions, vous savez, donc

j’essaye de les faire passer. Donc ça, c’est impor-tant et c’est le projet, et c’est pour ça que cer-tains découvrent ici que dans la vie il y a autrechose que l’argent et la réussite professionnelle.

■ Quels sont les sujets évoqués dans cette heure obliga-toire ?

Des sujets aussi divers que science et foi, foiet raison, l’histoire de l’Eglise, il y en a un peupour toutes les sensibilités. J’avais intitulé uncours l’année dernière : les raisons de ne pas croire— il y a des tas de raisons de ne pas croire — avecun intervenant qui démontait les arguments, doncça, c’est passionnant, et les gens accrochent trèsbien là-dessus.

■ Voie-t-on des retournements, des conversions ?

Oui, des retournements, des conversions, etdes conflits familiaux, parce que le milieu familialn’est pas du tout tourné vers la foi chrétienne, etle jeune, lui, a découvert la foi. Donc j’ai été par-rain de Confirmation comme ça !

■ Mais la réussite des études et la maturité personnellene s’opposent-elles pas, souvent ?

C’est forcément les deux, c’est ce que j’ai ditaux parents : vos enfants, je les renvoie à St

Ils ne disentpas merciparce que jesuis à HECou àCentralemais mercipour tout ceque j’ai reçu

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Matthieu chapitre XXV, St Luc chapitre XIX, à laparabole des talents. Je leur dis : vos enfants ontun certain nombre de talents, et ils vont devoir enrendre exactement l’équivalent au moins de cequ’ils ont reçu, à ceci près qu’ils ne savent pascombien ils en ont reçu, ils sont obligés de s’in-vestir pour savoir, et ils vont s’apercevoir que plusils vont s’investir, plus ils vont découvrir qu’ils ontdes talents, et qu’ils ne sont jamais au bout deleurs talents, et que de toute façon il va falloir lesrendre. Donc celui qui est bon pour aller à l’écolePolytechnique, il serait indécent qu’il n’y aille pas,mais celui qui n’ira jamais à Polytechnique parcequ’il n’a pas reçu les talents pour y aller, il pourratoujours s’escrimer, il n’ira jamais à Polytechniqueet on s’en f…

■ Que deviennent ceux qui échouent ?

Si je puis me permettre, je dirais que je n’aipas à proprement parler d’échec. Certains ratentleur première année, c’est-à-dire qu’ils ne sontpas dans les conditions raisonnables pour resteren deuxième année à Stan, parce que là ilséchoueraient effectivement, mais en fin dedeuxième ou de troisième année, dans la voiescientifique, tous les élèves intègrent.

■ Et que deviennent les premières années ?

Les scientifiques vont dans d’autres prépas oùça va moins vite, où le niveau est moins élevé.Dans la voie économique et commerciale, il y en aqui vont en fac et d’autres qui vont dans d’autresprépas, et pareil pour l’hypokhâgne. Humaine-ment, ils ont reçu immanquablement quelquechose, mais nous, on n’est pas là pour récolter, onest là pour semer.

■ Des vocations éclosent-elles en prépa ?

Ça arrive. Vous savez, si le Cardinal met troisprêtres à Stanislas, c’est certes par charité chré-tienne, mais je pense qu’il attend un petit retour !Certains sont sur le chemin du séminaire mais onleur a demandé de finir leur école d’abord.

■ Quelle est la grâce des étudiants en prépa ?

Ils sont très très ouverts et très avides d’é-changer sur les choses importantes. Je travaille laporte ouverte, il y en a qui viennent ici s’asseoiret qui me disent : monsieur j’ai envie de parler. Ilssavent qu’ils sont fragiles, qu’ils n’ont pas finid’être construits, et que pour finir de se construi-re ils ont besoin d’avoir des réponses à leursquestions, et ils se posent plein de questions.

■ Qu’est-ce qui caractérise la vie à l’internat des prépas ?

Il y a certainement un embryon de vie com-munautaire : il faut savoir que la première semai-ne ici en prépa, en première année, c’est la semai-ne d’intégration, qui se termine par un week-endd’intégration. C’est destiné justement à leur don-ner le sens du collectif, le sens de l’appartenanceà Stanislas, et au cours de ce week-end il y a uneremise du calot de Stanislas, car les élèves deStanislas portent encore le calot. Et on le leurremet, ils mettent un genou à terre, et les anciensleur remettent le calot solennellement de nuitaux flambeaux : "tu reçois le calot de Stan, soisfier de le porter et sois digne de le porter". Ca,c’est déjà la première entrée dans une collectivité,dans une famille, Stanislas.

Et puis ils ont fait plein de jeux destinés à lesbrasser, et ça se termine par la messe en plein airsur une base de loisir. Il y a le désir dès le débutde leur montrer qu’ils appartiennent à une com-munauté. Après c’est vrai qu’ils sont très sollici-tés sur le plan individuel, mais la prépa, c’estbeaucoup de travail en petit groupe, il faut savoirtravailler en petit groupe, et ça très naturelle-ment.

D’abord ils sont binômés, un ancien et unjeune, et puis ensuite ils travaillent à deux outrois, pendant les vacances quelquefois, ils sontsoit dans des abbayes, soit dans des propriétésfamiliales soit à Notre-Dame de Montligeon, pourtravailler en groupe.

Il y a des moments où ils travaillent toutseuls, et d’autres où ils sont en groupe. La solitu-de est théoriquement possible, mais elle est tra-quée, parce que c’est la mission de mes sur-veillants d’internats, ils ne sont pas là pour sur-veiller, mais pour veiller sur celui qui est tout seuldans son coin, celui qui travaille trop, celui qui netravaille pas assez, celui qui ne parle à personne,celui qui est marginalisé, celui qui, autrement dit,a besoin de quelqu’un.

■ Y a-t-il une vie religieuse propre aux prépas internes ?

Ici, on dit les complies tous les jours à 22h45,et cela à l’initiative des élèves. Sur le plan spiri-tuel, la messe du vendredi à midi et demi est tra-ditionnellement la messe des prépas sans quecela soit officiel d’ailleurs.

En outre, une Conférence Saint Vincent dePaul est organisée ici : une quarantaine de jeunesdonnent une heure de leur temps régulièrement àune personne âgée. Il y a des Routiers, sans parlerdes possibles engagements individuels des élèvesà l’extérieur. ■

Nous onn’est paslà pourrécolter, onest là poursemer

En mémoire des jours

a Bible qui est le livredes longues mémoires

nous en apprend autant queles journaux sur certainsévénements de l’heure. Cespourvoyeurs de déluge parexemple dans toutes lesCaraïbes, et spécialement àHaïti qui n’en finit pas d’é-merger des eaux qui ontenglouti une partie de sonterritoire. Un instant on putmême craindre qu’une îletout entière, avec ses 26.000habitants, n’ait disparu dansla montée des eaux. Ce nefut pas le cas, mais il y a eupire : une ville du nom deGonaïve noyée sous desmètres d’eau auxquels nepurent échapper que ceuxqui avaient des toits assezhauts et solides pour tenirdans la tourmente.

L’ampleur passe ce qu’onpeut réaliser à distance. Onn’est pas sûr d’établir unjour le compte exact desmorts et des disparus.

Au fléau lui-même s’a-joutèrent aussitôt sesconséquences. La difficultéd’aborder ce qui avait étéune ville de 160.000 habi-tants, devenue, en quelquesdéferlantes, impraticable àtout secours. Quels récits

peuvent rendre compte del’horreur installée en desjours interminables où l’eauet la boue mêlées tardaientà s’écouler ?

Il y a comme un achar-nement du sort dans cescalamités qui sont d’autantplus ravageuses qu’elles s’enprennent aux zones les pluspauvres de la planète, lamer des Caraïbes commed’autres fois les deltas duGange.

C’est jusqu’aux cieuxqu’elle monte la supplicationdes hommes comme autre-fois l’imploration d’Abrahammarchandant avec Dieu lesalut de quelques justes àSodome et Gomorhe. Il y enavait sans doute bien da-vantage à Gonaïve quand lestorrents emportèrent toutsur leur passage.

Parmi eux un prêtre quin’avait pas ménagé sa vie etl’avait risquée à bien desreprises, quand il se vouaitaux soins des lépreux auLaos où la miséricorde étaitun délit. Une fois au moins,dans ce pays hostile, il avaitfailli être fusillé. Faute depouvoir servir les plus pau-vres à Vientiane, il s’étaittourné vers Haïti. Il montraitforce et persévérance pourfaire reconnaître l’existencemême de quelques cen-taines de lépreux. Il y étaitparvenu, et sa missionaccomplie, il pouvait espérervoir enfin reconnue la digni-té de ces êtres en souf-france dont les autres sedétournent ordinairement.Ce prêtre était un disciplede Follereau, au regard aviséquand il s’agissait de recon-naître son Seigneur en per-sonne dans les plus petitsd’entre les siens.

A l’échelle des nations,Haïti est au bout de la tabledes pauvres. Du fait desévénements, mais pas seule-ment. Il y a pire que lestempêtes tropicales en effet.Ce sont les hommes qui s’enmontrent capables. Ce peuple n’a pas eu à ce jourles dirigeants qu’il mérite-rait. Comme s’ils procé-daient d’une fatalité sociale,les régimes se suivent et seressemblent, qu’ils aientnom Duvalier ou Aristide. Leplus terrible à propos de cedernier, ce sont les espoirsdéçus. Le fait est cruel avecce prêtre d’origine qui avaitcatalysé avec ses prêchesl’attente d’un peuple qui nese voulait pas condamné àla désespérance et la honted’une sorte de clochardisa-tion.

Toute l ’histoire de cepeuple montre ses aptitudesqui ne sont pas négligea-bles. Dans cette partie dumonde, il fut le premier àaccéder à la disposition delui-même qu’on appelle l’in-dépendance. “Il y a peu depays sur terre, observe Bru-no Frappat dans La Croix,qui concentrent à ce pointce que peut être le malheurdu monde, et en mêmetemps toujours d’Haïti, s’é-lèvent une volonté, desdéfis, des engagements, desreconstructeurs. La situationy est désespérante mais lesHaïtiens ont acquis dans lesépreuves à ne jamais dé-sespérer de leur avenir.”

De quel droit le ferions-nous ? nous qui ne sommespas au cœur de tous cescyclones qui dévastent lesterres et les âmes, en Haïticomme en tant d’autresendroits du monde. ■

Refuser la misère

Sous le titre “Résis-tances”, un journal paraît, le17 octobre pour la journéedu refus de la misère. ATD-Quart monde en est l’édi-teur, avec Amnesty-Inter-national dont le propos estde défendre les droits del’homme. C’est bien de celaqu’il s’agit, comme l’avaitcompris le père Joseph enson temps et à sa suite Ge-neviève Antonioz-De Gaulle,ancienne déportée de Ra-vensbrück qui avait su éta-blir le rapport entre lesiniquités d’hier et cellesd’aujourd’hui.

La misère n’est pas lafatalité à quoi on la réduit.Et l’aumône - si nécessairepuisse-t-elle être - n’est pasle seul remède. Que ce soit àl’échelle des nations ou àcelle de notre voisinage.L’accoutumance à la misèreest une connivence. Et l’âmehabituée est perdue, commedisait Péguy...

Geneviève de Gaulle nes’y trompait pas quand ellereconnaissait dès sa pre-mière visite dans un campd’urgence de la banlieue pa-risienne, un déni d’humanitécomme elle en avait connudans les camps de la mort.

La lutte contre la misèren’est pas le combat dequelques-uns. Il est le nôtreà tous. Il vaut pour les plusproches comme pour lesplus lointains. Les pauvres,nous en aurons toujoursparmi nous, le Christ nousen a avertis. Mais la misère,celle qui nous prive de laconsidération d’autrui et dela nôtre parfois ? ■

La terre et les âmes

L

Par RobertMasson

ESPRIT

18 FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004

ESPRIT

● Les lectures de ce dimanche nous invitent à la prière instanteet aussi à l'insistance "à temps et à contretemps" dans l'annoncede Parole. En d'autres circonstances, on nous recommande ladiscrétion, et Jésus nous dit de ne pas rabâcher, comme lespaïens. Preuve que la réalité est complexe et qu'il faut se garderde réduire à quelques formules la richesse de ce que nous donnele Seigneur !

● Mais, puisque insistance il y a, on commence par la grosseartillerie : la prière de Moïse pendant la bataille contre lesAmalécites au Sinaï. Moïse, qui ne combat pas lui-même, se tientsur la montagne et prie les bras étendus. Quelle merveilleuseimage de notre prière qui dure et qui pèse ! C'est ainsi ques'exprime le poids de sérieux de notre demande, et la confianceque nous mettons en Dieu. L'exaucement est à ce prix. Non pasqu'on achète les faveurs de Dieu par nos prières, mais notredemande et notre patience entrent comme de mystérieuxingrédients dans son plan, ouvrant la voie à la venue de sa grâcenotre monde. C’est l’oubli de notre Créateur, l’absence de regardsjetés vers lui qui maintiennent ce monde dans son opacité etempêche Dieu d’y agir.

● Jésus s'arrête davantage sur notre expérience intérieure danscette prière qui dure et qui paraît infructueuse. Grâce à unesavoureuse parabole, pleine de paradoxes et d'humour, il compareDieu à un juge injuste. C'est bien ainsi que nous l'imaginons

spontanément, quand l'urgence se prolonge etque nous ne voyons rien venir à l'horizon. Jésus,comme souvent, prend au mot nos conceptions trop courtes et enles reprenant les fait éclater. Même ce juge inique est capabled'entendre la requête si elle lui parvient avec une rareobstination ! La justice de Dieu échappe à nos prises, elle n'est pasla faveur facile d'un Dieu débonnaire, elle n'a rien de la froideéquité qui est censée régir les rapports sociaux. En un certain sens,oui, "elle se moque des hommes" et de leur prétention à la justice,et elle "ne respecte pas Dieu", c'est-à-dire l'idée que nous nous enfaisons, elle vient nous déranger, pour mieux nous combler. Et c'estpourquoi le Seigneur semble si souvent tarder, se réservant lesoccasions inespérées de sa venue parmi nous. Reste la nécessité detenir, sûrs que rien n'est perdu de notre prière, que tout a été vu,gardé, et que nous en verrons le fruit à l'heure imprévue et connuede Dieu seul. Mais, devant l'épreuve que représente cette attente,Jésus nous convie à tenir bon, pour ne pas lui offrir le spectacledésolant d'une foi qui se serait tarie sur la terre.● C'est dans ce cadre que saint Paul peut recommander àTimothée de tenir bon dans sa charge de "veilleur", charge deproclamer sans répit la Parole, de la faire parvenir partout. Parceque notre monde doit vivre ce temps comme celui d'une attente,il importe que le missionnaire chrétien, et, derrière lui, toutbaptisé, n'hésite pas à réveiller les endormis et à fortifier lesfaibles. ■

Lectures de la messe du 17 octobre 200429e dimanche du temps ordinaire par Michel GITTON

L’Espagne des saints - L’Espagne du fandangoL’Espagne des grandes cités historiques

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n° 1017, 50 €

La NouvelleEvangélisation

Avec Jean-Paul IIL'infatigable pèlerin

Avec Jean-Paul IIL'infatigable pèlerin

© Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris

38/38par Dominique Bar, Louis-Bernard Koch, Guy Lehideux

FRANCE CATHOLIQUE

ANNEE EUCHARISTIQUE

La lettre apostolique de Jean-Paul II,pour l’année de l’eucharistie intitulé :"Reste avec nous, Seigneur", en latin,"Mane nobiscum Domine", a étéprésentée le vendredi 8 octobre par lecardinal Francis Arinze, préfet de lacongrégation pour le Culte divin et ladiscipline des sacrements, par le secré-taire de ce dicastère, Mgr DomenicoSorrentino, par le maître des célébra-tions liturgiques pontificale, Mgr PieroMarini, et par Mgr Mauro Parmeggiani,secrétaire général du vicariat de Rome.

Jean-Paul II a annoncé l'année del'Eucharistie pour toute l'Eglise lors dela messe de la fête du Saint-Sacrement,à Saint Jean du Latran, le 10 juin der-nier : l’année va d’octobre 2004 àoctobre 2005.

L’année commencera en effet à lafin du 46e Congrès eucharistique inter-national qui a lieu à Guadalajara,Mexique, du 10 octobre au 17 octobre.Elle s’achèvera par la XIe Assemblée gé-nérale du Synode des Evêques qui setiendra au Vatican du 2 au 29 octobre2005, sur le thème de l’Eucharistieégalement. L’an dernier, Jean-Paul II apublié son encyclique sur le mystère del’Eucharistie, "Ecclesia de Eucharistia".Le cardinal Arinze souligne que la lettreapostolique invite l’Eglise à reprendrel’encyclique de Jean-Paul II sur l’Eu-charistie.

Il inscrit aussi la Journée mondialede la jeunesse de Cologne, du 16 au 21août 2005, dans le cadre de cette annéede l’Eucharistie.

La lettre apostolique est datée du 7octobre, fête de Notre-Dame du Ro-saire. Elle a en effet comme fil conduc-teur la rencontre du Christ ressuscité etdes deux disciples sur la route d'Em-maüs, selon le récit de l’Evangile selonsaint Luc (ch. 24). Elle compte unetrentaine de pages et se compose d'uneintroduction, de quatre chapitres etd'une conclusion.

La lettre apostolique insiste sur "l'en-gagement chrétien dans l'histoire,notamment dans la construction de lapaix et le service aux plus faibles".

Mgr Sorrentino, a ensuite appro-fondi la lecture historique du texte deJean-Paul II. Il note la tentation del'homme moderne de "réduire le Maîtreà ses propres dimensions". Avec labonne intention du "dialogue", onprend parfois le risque, disait-il, "deréduire le Christ en diluant ainsi la foidans le Mystère du Verbe incarné".

Dans ce contexte, il insistait sur ladimension "contemplative" du chris-tianisme, étant donné l'actuelle "ré-gression du spirituel". Dans ce do-cument, le Pape, expliquait-il, "a sou-ligné l'urgence de redonner aux chré-tiens la conscience des trésors de lacontemplation" chrétienne.

Le cardinal Arinze précisait que lepremier chapitre du document explique

"comment l’Année de l’Eucharisties’inscrit dans la ligne du concile Vati-can II et du Grand jubilé de l’An 2000";le deuxième chapitre met en évidencel’Eucharistie comme "mystère delumière", le troisième, "comme sourceet manifestation de communion", etenfin, le quatrième chapitre comme"principe de la mission".

"L'Année de l'Eucharistie, a soulignéle cardinal Arinze, verra l'Eglise par-ticulièrement engagée à vivre lemystère de l'Eucharistie. Jésus marchetoujours à nos côtés et nous initie auxMystères de Dieu, en nous ouvrant ausens profond de l'Ecriture. Au sommetde cette rencontre, Jésus rompt "le painde la vie" pour nous".

Le Pape précise que l'Année de l'Eu-charistie concentrera l'attention sur leChrist et la "contemplation", commecaractéristique du chemin pastoral del'Eglise, spécialement depuis le ConcileVatican II. Dans l’expression le Christ"s'est fait chair", ce n'est pas seulementla révélation du mystère de Dieu maisaussi du mystère de l'homme, soulignaitencore le cardinal nigérian. En effet, lePape écrit : "Le Christ n'est pas seule-ment au centre de l'histoire de l'Eglisemais aussi au centre de l'histoire del'humanité".

Enfin, pour le vicariat de Rome, MgrMauro Parmeggiani, Secrétaire général,a évoqué un programme d’initiatives dudiocèse pour l'Année de l'Eucharistie.Tout d’abord, une mission de jeunes acommencé au centre ville le 1er octobreet s’achèvera le 10. Elle a pour thème :"Jésus est au centre".

Pendant toute l’année, la catéchèsesera centrée sur l'Eucharistie : la Messe,l’adoration eucharistique et lesconfessions seront possibles en l'égliseSte Agnès in Agone, dans le centrehistorique, place Navone.

Une chapelle sera également ré-servée à l'adoration eucharistique dansles quatre basiliques patriarcales.

ZF04100801

"MÉMOIRE ET IDENTITÉ"

le directeur de la salle de presse duSaint-Siège, M. Joaquin Navarro-Valls aprésenté, lors de la foire du livre àFrancfort, le nouveau livre de Jean-PaulII qui doit paraître début 2005. Ce livreconstitue une enquête serrée sur les

ECCLESIA - N° 58 - 15 OCTOBRE 2004 21

Notre avenir ?Ce rendez-vous écrit régulier avec une sélection des dépêches de l’a-

gence Zenit à Rome cesse avec l’arrêt sine die de la parution de notre heb-domadaire “France Catholique”. Il reprendra quand “France Catholique”retrouvera un numéro d’inscription à la Commission paritaire de la presse.En attendant, nous nous proposons de continuer à réaliser cette sélection età la tenir à la disposition des abonnés à “France Catholique” qui en ferontla demande sur notre site internet.

www.france-catholique.fr / ecclesiaUn code spécial d’accès est à demander à l’adresse :

[email protected]

Au cas où “France Catholique” devrait disparaître définitivement - ceque nous ne croyons pas, nous envisagerions de faire paraître un nouveaujournal éventuellement sous ce nom d’Ecclesia que nos plus anciens amisconnaissent bien ou sous un autre. Pour ces deux projets spécifiques, leschèques de soutien sont à adresser dès maintenant à l’ordre deAssociation Ecclesia, 60, rue de Fontenay 92350 Le Plessis-Robinson.

22 ECCLESIA - N° 58 - 15 OCTOBRE 2004

drames du XXe siècle, résultat deconversations de Jean-Paul II avec lesintellectuels polonais Krzysztof Mi-chalski et Jozef Tischner, depuis 1993.

Jean-Paul II réfléchit aux racines destotalitarismes qui ont déchiré le sièclepassé, comme une "grande éruption dumal". Le nazisme, auquel, "Dieu aconcédé douze ans d’existence etdouze ans après, le système s’estécroulé". On voit, poursuit le Pape, cequi était "la limite imposée par laProvidence divine, à une pareille folie".Il ajoute, "en vérité ce n’était pas unefolie, c’était une bestialité".

Quant au communisme, "il a sur-vécu plus longtemps et il a encore de-vant lui une perspective de dévelop-pement", constate le Pape en réfléchis-sant à l’après-guerre et en affirmant :tout cela doit avoir un sens. Un sens quise retrouve peut-être dans le rôle jouépar le communisme dans la défaite dunazisme. "Ce qui faisait penser, soulignele Pape que ce mal était d’une certainefaçon nécessaire au monde et àl’homme".

En l'espèce, selon M. JoaquinNavarro-Valls, le Pape part de cetteidée classique, par exemple dans lapensée de saint Thomas d’Aquin, où lemal est vu surtout comme absence debien. Mais ce qui arrive parfois, c’estque l’absence du bien n’est pas totale etqu’il reste une parcelle, quelque chosede bien. C’est justement à partir de ceconcept que le pape arrive à parler desthèmes comme le nazisme, le commu-nisme, etc.".

Une vision de l’histoire où Dieu saittoujours tirer le bien du mal accomplipar l’humanité ? "Effectivement, répondM. Navarro Valls. C’est peut-être unepensée formulée pour la première foispar saint Paul. La grande vertu de celivre est que le pape établit un lien trèsétroit entre cette pensée et les réalités,et si l’on ne les comprend pas depuiscette perspective, elles restent in-compréhensibles".

M. Navarro-Valls se dit frappé par"l’optimisme" de cette pensée du Pape :"Un optimisme chrétien même face auxgrands maux et aux tragédies dans les-quelles l’Europe a été en partie victimeet en partie actrice pendant le sièclepassé".

ZF04100701

44e SEMAINE SOCIALEITALIENNE

"Les catholiques sont invités nonseulement à s’engager pour rendre lasociété civile vivante et dynamique",mais aussi pour "reconsidérer l’impor-tance de l’engagement dans les rôles

politiques publics et institutionnelsdans ces milieux où se prennent des dé-cisions collectives significatives et enpolitique, entendue dans son sens leplus élevé". Telle est l’exhortation a-dressé par Jean-Paul II dans son mes-sage au cardinal Camillo Ruini, pré-sident de la conférence épiscopale ita-lienne, à l’occasion de la 44e semainesociale qui s’est tenue à Bologne du 7au 10 octobre. A cette occasion, le car-dinal Renato Martino, président duConseil pontifical Iustitia et Pax, a an-noncé que son dicastère publiera pro-chainement un compendium de la Doc-trine sociale de l'Eglise.

ZF04100803

PRIX NOBEL DE LA PAIX

"Vraiment, Wangari Maathai a rem-porté le Prix Nobel pour la paix? Elle lemérite : je suis fière car il a été assigné àune personne courageuse, une véritableguide pour de nombreuses femmes auKenya" : c'est ce que vient de déclarer àMisna Isabella Karanja, présidente du"Conseil national des femmes du Kenya"("National Council of Women ofKenya", NCWK), l’organisation localequi avec Maathai en personne a fondéen 1977 la "Ceinture verte" ("GreenBelt"), le mouvement écologique dont laKenyane récompensée est l'animatriceinfatigable.

C'est en effet l’agence missionnaireitalienne Misna qui a communiqué la"bonne nouvelle" à la responsable duréseau "Ncwk", contactée par téléphoneà Mombasa, sur la côte kenyane.

"Depuis des années Maathai est en-gagée dans la lutte contre la défo-restation et pour la sauvegarde de l'en-vironnement" explique Mme Karanja."Et elle a occupé pendant 6 ans lacharge qui est aujourd'hui la mienne,réalisant un travail important en faveurdes femmes du Kenya qui la consi-dèrent comme un vrai modèle".

Mme Maathai est la première femmeafricaine qui ait jamais reçu le Nobelpour la paix : "Il s'agit d'une re-connaissance pour son long engage-ment en faveur non seulement de l'en-vironnement mais aussi de la démo-cratie et des droits de l'Homme car, en1997, elle a été l'une des deux femmescandidates à la présidence du Kenya",ajoute l’interlocutrice de Misna.

Le chef d'Etat alors en charge, Da-niel Arap Moi, l'a emporté mais lors-qu'en 2002 l'opposition a gagné lesélections, Wangari Maathai – doyenneà l'université de Nairobi – a été appeléedans le gouvernement comme sous-secrétaire à l'Environnement et auxressources naturelles.

"Le Nobel pour la paix attribué à

notre ex-présidente est un cadeau pourtoute l'association car nous fêtons nos40 ans d'activité, avec 145 organisa-tions non gouvernementales affiliées et2.000 communautés de base dans toutle pays", conclut Mme Karanja.

ZF04100806

THEOLOGIE

Jean-Paul II a reçu en audience lejeudi 7 octobre au Vatican, les mem-bres de la Commission théologiqueinternationale, dans le cadre de leursession plénière annuelle. La com-mission a été créée en 1969, pour aiderle Saint-Siège sur des questions doctri-nales ayant une importance particulière.

Le sort des enfants morts sans bap-tême est un de ceux évoqués cette an-née. Il ne constitue pas, expliquait lePape, un "problème théologique isolé",mais il est lié à "d’autres thèmes fonda-mentaux", comme "la volonté de salutuniversel de Dieu, la médiation uniqueet universelle de Jésus Christ, le rôle del’Eglise, sacrement universel du salut, lathéologie des sacrements, le sens de ladoctrine sur le péché originel… "

Il vous reviendra, disait le Pape auxthéologiens, de scruter le lien entre tousces mystères" et d’offrir "une aide pourune pratique pastorale plus cohérente etéclairée".

Le catéchisme de l’Eglise catholiqueprévoit que les enfants morts sansbaptême soient confiés "à la misé-ricorde de Dieu" qui "veut sauver tousles êtres humains", en obéissant à Jésusqui a dit "laissez venir à moi les petitsenfants, ne les empêchez pas", et con-sent donc d’espérer "qu’il y a le salutpour ces enfants".

Pour ce qui est du thème de la loimorale naturelle, à l’ordre du jour destravaux de la commission, le pape arappelé ce qu’il a écrit dans ses ency-cliques "Veritatis Splendor" et "Fides etRatio".

"Cela a toujours été une convictionde l’Eglise que Dieu a donné à l’hommela capacité d’arriver avec la lumière desa raison à la connaissance des véritésfondamentales sur la vie et son destin,et concrètement sur les normes de sonagir droit".

Le Pape explique qu’il est "d’unegrande importance pour le dialogueavec tous les hommes de bonne volontéet pour la coexistence aux plus hautsniveaux sur une base éthique com-mune".

"La révélation chrétienne ne rendpas cette recherche inutile, soulignait lepape, mais pousse au contraire àéclairer ce chemin par la lumière duChrist".

ZF04100703

AUTRICHE

Le 7 octobre, Jean-Paul II a nomméMgr Klaus Küng, évêque de SanktPölten, en Autriche. Jusqu'ici, il étaitévêque de Feldkirch, et visiteur apos-tolique à Sankt Pölten. Il succède à MgrKurt Krenn, dont la renonciation à lacharge pastorale du diocèse a étéacceptée en conformité au canon 401,2du CIC, à la suite du scandale à fondsexuel qui a secoué le séminairediocésain. Agé de 68 ans, il étaitévêque de ce diocèse depuis 13 ans.

Selon le canon 401 § 2 du code dedroit canon, l’évêque diocésain qui, enraison d’une maladie ou d’une autreraison grave se trouverait moins apte àaccomplir sa charge, est vivement invitéà présenter sa démission.

Le scandale a en effet impliqué lerecteur et le vice-recteur de l’institut etquelques séminaristes. Dans certainsordinateurs du séminaire, a été trouvédu matériel pornographique en grandequantité. L’institut a été fermé le 12août dernier, après une enquête menéepar Mgr Küng, visiteur apostoliquenommé par le Pape.

Mgr Küng est né à Bregenz, dans lediocèse de Feldkirch, en 1940. Il a étéordonné prêtre à Madrid en 1970, pourla prélature personnelle de la Sainte-Croix et de l’Opus Dei. Il était évêquede Feldkirch en 1989. Le Pape l’avaitnommé visiteur apostolique à Sankt Pöl-ten le 20 juillet dernier. Il est membrede la congrégation pour le clergé etconsulteur du conseil pontifical de laFamille. Il est chargé de la familleégalement au sein de la conférence desévêques d’Autriche.

Le Pape a également accepté la dé-mission de l’évêque auxiliaire de SanktPölten, Mgr Heinrich Fasching, atteintpar la limite d’âge.

ZF04100704

CANADA

Durant les audiences qui ont com-mencé le 6 octobre à la Cour suprêmedu Canada, visant à une réforme dumariage, la Conférence des évêquescatholiques du Canada (CECC) entendfaire valoir que la définition du mariageest constitutionnelle alors que la redé-finition que propose le gouvernementfédéral pour y inclure les unions de per-sonnes de même sexe ne l’est pas.

Cet argument sera évoqué par laCECC qui s’est vu accorder le statutd’intervenant par le plus haut tribunaldu pays appelé à se prononcer sur l’a-vant-projet de loi du gouvernementfédéral concernant la redéfinition dumariage.

Selon la Conférence épiscopale, laproposition gouvernementale entraî-nerait deux préjudices. Primo, unepareille légalisation lèserait l’intérêtpublic qui consiste à protéger et à pro-mouvoir, à l’avantage de l’État, l’ins-titution du mariage. En effet, le mariageprotège et promeut la famille tradition-nelle au profit des générations d’enfantsprésentes et à venir, et par conséquent,pour le bénéfice de l’ensemble de lasociété.

Secundo, ce projet de loi imposeraitune orthodoxie politique contraire à laliberté de conscience et de religion. La

reconnaissance du mariage entre con-joints de même sexe consisterait es-sentiellement à obliger le respect etl’approbation morale pour la relationsexuelle sous-jacente. Afin de satisfaireà cette exigence, nombre de Cana-diennes et de Canadiens seraient con-traints de faire fi de leurs convictionsreligieuses.

La CECC a confié à Me William J.Sammon, un avocat d’Ottawa qui l’adéjà représentée dans plusieurs causesdevant la Cour suprême du Canada, lemandat d’intervenir dans ce dossier.

ZF04100608

ECCLESIA - N° 58 - 15 OCTOBRE 2004 23

L’année del’Eucharistie

xtraordinaire présence du Pape, intellectuelle et spirituelle, alorsque sa faiblesse physique nous émeut ! Régulièrement, Jean-PaulII nous réveille et nous éclaire par un de ces textes dont il a lesecret. Textes forts, profonds, à la fois parfaitement décalés etsuperbement actuels. Que l’on se souvienne de ceux qui nousintroduisirent au jubilé de l’an 2000 et à l’ouverture du troisième

millénaire. Il récidive aujourd’hui avec une lettre apostolique pourl’Année de l’Eucharistie, où il condense en peu de pages sa convictiontoujours renouvelée que le sacrifice de la messe est le sommet de la viechrétienne parce que, dans le sacrement, “Le Christ se fait mystère delumière, grâce auquel le croyant est introduit dans la profondeur de la viedivine”. Dans la suite de sa récente encyclique Ecclesia de eucharistia, ils’agit de promouvoir dans l’ensemble du corps ecclésial un mouvementd’approfondissement qui permettra au peuple chrétien tout entier demieux resaisir le miracle inépuisable de la Présence qui sauve.

Comme il l’indique au passage, Jean-Paul II n’attend pas des choses ex-traordinaires ou spectaculaires. Simplement, il espère une sorte d’auto-vérification par les communautés de la façon dont elles honorent l’Eu-charistie, spécialement au jour consacré du dimanche. L’effort pastoral quiconsiste à donner un sens convivial au rassemblement de la communauté,s’affaiblirait au point de perdre tout son enracinement dans l’action duChrist qui s’offre au Père et ne cesse de faire rejaillir son sacrifice sur ceuxqui l’accueillent et s’en nourrissent. Ce n’est que dans la participationintériorisée à l’Eucharistie que l’Eglise prend conscience de son identité enacte, avec toutes ses dimensions, notamment celle de l’engagementmissionnaire. “En Jésus, en son sacrifice, dans son OUI inconditionnel à lavolonté du Père, il y a le OUI, le MERCI et l’AMEN de l’humanité entière.”

Ce point est essentiel. La centralité du Mystère eucharistique détermineun véritable projet divin sur l’humanité qui impose une réflexion sérieusesur le rôle des chrétiens et leur engagement impératif à répandre la BonneNouvelle. “Nous n’avons pas peur de parler de Dieu et porter haut lessignes de la foi. La culture de l’Eucharistie, promeut une culture dudialogue, qui trouve en Elle force et aliment. On se trompe à croire que laréférence publique à la foi puisse entamer la juste autonomie de l’Etat etdes institutions civiles ou encourager directement des comportementsd’intolérance. Si historiquement il n’a pas manquéd’erreur en la matière,même chez les croyants, comme je l’ai reconnu à l’occasion du Jubilé,cela ne sera pas attribué aux racines chrétiennes mais à l’incohérence deschrétiens à l’égard de leurs racines”. Qui, parmi les chrétiens, pourraitdouter de la pertinence d’un tel discernement ? Il faut lire et faire lire cebeau texte dont le titre reprend l’évangile d’Emmaüs “Mane nobiscumDomine” (Reste avec nous Seigneur !).

G.L.

Epar Gérard LECLERC

ESPRIT

■ Jean Etévenaux, quels sont aujourd'hui lesenjeux d'un ouvrage sur les missions chré-tiennes ?

Voilà une cinquantaine d’annéesqu’aucun ouvrage n’était disponible sur lesujet en langue française. La probléma-tique missionnaire - même réduite à l’ex-pansion européenne du XIXe siècle - a

tendance à disparaître des préoccupa-tions des historiens, sauf au sein de laminorité des “missiologues". Pourtant,parler des missions chrétiennes apparaîtcomme une nécessité parce que cetteréalité découle de la demande du Christ :"Allez donc, de toutes les nations faitesdes disciples". Le christianisme est fonda-mentalement missionnaire, ce qui n’estpas le cas de toutes les religions.

■ Pourquoi avoir étendu votre sujet aux missionschrétiennes non catholiques ?

Non seulement parce que l’œcumé-nisme actuel favorise cetype d’approche maisaussi parce que les mo-dèles missionnaires étu-diés durant tout le XXe

siècle par les protestantset par les catholiques serecoupent. Bien sûr je neme permettrai pas deporter une appréciationsur la valeur des missionsnon catholiques, d’au-tant que le dévouementdes prêtres ou despasteurs ainsi que celuides laïcs demeurent au-delà de tout éloge. Lesquelques réserves que je pourrai apporterne peuvent concerner que des fondamen-talistes sectaires qui, en Amérique latine,en Afrique et en Asie, veulent forcer lesconvertis à rompre avec leur milieu cultu-rel et n’hésitent pas à utiliser des appâtsmatériels pour les attirer à eux. Ce sont

d’ailleurs eux qui perpétuent des opposi-tions et des divisions nuisant à l’annoncedu message chrétien : que chacun demeureconvaincu de ce qu’il propose ne doit pasempêcher un minimum de collaborationet, sans doute encore plus, de témoignagecommun de l’amour du Christ.

Oserai-je dire qu’un des enjeux de cetouvrage consiste à rappeler qu’existetoujours ce qu’on appelle maintenant lamission ad gentes, c’est-à-dire la pro-clamation de la personne et du message deJésus à ceux qui, plus ou moins loin, ne leconnaissent pas ? Il est bon que les chré-tiens et les autres sachent que, sous des

formes traditionnellesou renouvelées, cettepréoccupation nonseulement perdure maismobilise un grandnombre de personnes.

■ Qu'entendez-vous parmissiologie, partie peumise en avant de l'ec-clésiologie ?

La missiologie re-groupe des chercheurs,généralement chré-tiens, qui réfléchissentsur le fait missionnaire

dans son déroulement historique et àtravers son témoignage contemporain.

La première chaire de missiologie aété créée en 1910 à l’Université deMünster sous l’influence du catholiqueJosef Schmidlin et du protestant GustavWarneck. De nos jours, on ne sera pasétonné que le travail missiologique s’ef-fectue dans une perspective œcuménique.Le monde francophone connaît deux orga-nismes d’études, le Crédic - Centre de

Entre 1840 et 1920, plus

de 2000 Lyonnais sont

partis en mission sur les

six continents, faisant de

Lyon un centre de la

mission catholique. C'est

naturellement un auteur

Lyonnais, Jean Etèvenaux,

également directeur de la

revue Missi, qui nous

offre une passionnante

histoire de la mission

chrétienne, de la

diffusion du

christianisme du 1er au

21e siècle, de l'Alaska à

l'Angola et de la Chine au

Canada. Nous l’avons

interrogé en cette

semaine missionnaire

mondiale (17 au 24

octobre).

SEMAINE MISSIONNAIRE MONDIALE

La première chaire de missiologiea été créée à Münster en 1910(

24 FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004

Epopéemissionnaire

propos recueillis parMichel EMMANUEL

ESPRIT

recherches et d’échanges sur la diffusionet l’inculturation du christianisme -, fon-dé en 1979 dans une perspective d’aborduniversitaire, et l’Afom - Association fran-cophone œcuménique de missiologie -,créée en 1994 avec une approche essen-tiellement théologique.

■ Vous parlez d'inculturation. Quelles sont sesperspectives aujourd'hui ?

L’inculturation est la volonté d’expri-mer la foi religieuse dans et par la culturedu peuple auquel on s’adresse ; au niveaudu vocabulaire, les Canadiens parlentplutôt d’enculturation et les protestantsont longtemps préféré le vocable decontextualisation.

Il s’agit d’une attitude de respect dela personne à laquelle il faut montrer queJésus-Christ est également venu pour elle,pour son peuple et à travers sa culture. Ellea été pratiquée dès saint Paul mais il n’ajamais été évident de savoir jusqu’où onpouvait aller dans l’adaptation aux réali-tés locales, aux coutumes, au vocabulaireet jusqu’aux modes de pensée de ceuxpour lesquels le Christ demeure un étran-ger, un inconnu.

Aujourd’hui, l’inculturation, à condi-tion qu’elle ne dévie pas vers un pan-théisme faisant de toute religion unmoyen égal d’accès à Dieu, apparaîtcomme la voie qui permet de faire duchristianisme une religion vraiment uni-verselle.

■ A vous lire, Lyon aurait été, au moins au XIXe

siècle, la capitale mondiale des missions.Pourquoi un tel dynamisme ?

Très liée à Rome depuis l’époquenapoléonienne, la catholicité lyonnaiseest devenue la pépinière d’où sont partisdes milliers d’hommes et de femmes en-gagés dans des congrégations religieu-ses. Favorisées par l’oncle de l’Empereur,le cardinal Fesch, la plupart des fonda-tions pour la mission intérieure se sonttournées vers la mission extérieure,prolongement naturel de la reconquêtespirituelle des âmes après la Révolution.Ce dynamisme missionnaire se poursuitdans la seconde moitié du XIXe siècle,avec la fondation de congrégationsessentiellement orientées vers l’Afrique.Il s’inscrit tout à la fois dans l’habitude

lyonnaise des échanges avec des paysplus ou moins lointains et dans une piétépratique enracinée dans la prière,comme l’a si bien exprimée PaulineJaricot, la fondatrice de la Propagationde la foi.

■ Le cardinal Barbarin, qui a rédigé une bien bellepréface à votre ouvrage, s'inscrit-il dans cetteperspective ?

C’est le moins qu’on puisse dire ! L’anprochain, il va faire venir une vingtaine decardinaux et la centaine de directeursnationaux des Œuvres pontificales mis-sionnaires à travers le monde pour lesaccueillir dans la maison de Pauline Ja-ricot rénovée et redevenue un centre deprière - grâce à une communauté ita-lienne qu’il a fait venir - et d’action mis-sionnaires. L’année d’après, il célébrera lecinquantenaire du jumelage opéré par lecardinal Gerlier avec celui de Koupéla auBurkina Faso - qui fut, dès 1956, la pre-mière coopération missionnaire de cegenre en France. J’ajoute que la revueMissi, que j’ai l’honneur de diriger, consa-crera un numéro à chacun de ces deuxévénements.

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26 FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004

■ Quelle est l'actualité missionnaire d'aujour-d'hui — dans le monde et en France ?

L’actualité missionnaire, ce sont tousces successeurs des apôtres qui rappellent,“à temps et à contretemps", que Dieuaime tous les hommes et que, là où quel-qu’un est malheureux, le Royaume n’estpas encore arrivé. Certains d’entre euxsont même les martyrs décrits par AndreaRiccardi (Ils sont morts pour leur foi. Lapersécution des chrétiens au XXe siècle,Plon/Mame, 456 pages) et par DidierRance (Un siècle de témoins. Les martyrs duXXe siècle, 440 pages). Les missionnairesd’aujourd’hui sont tous ceux qui ali-mentent les échanges entre les continents,qu’il s’agisse des étudiants africains enthéologie qui accomplissent un ministèrepastoral dans nos paroisses, des religieu-ses françaises qui continuent à partir versl’Afrique, l’Amérique latine et l’Océanie oudes religieux indiens ou srilankais qui vontprêcher la Bonne Nouvelle dans d’autrespays d’Asie.

Mais ce sont aussi les rédemptoristesqui prêchent toujours des missions dansnos villes et dans nos campagnes et, plusgénéralement, toutes ces femmes et tousces hommes qui portent la "nouvelleévangélisation" chère à Jean Paul II — en

fait souvent à nouveau une premièreévangélisation dans nos contrées déchris-tianisées.

■ Est-il des régions ou toute mission est impos-sible aujourd'hui ?

Hélas oui. Il existe des pays commel’Arabie saoudite où il est strictementinterdit de parler de Jésus même aux chré-tiens expatriés qui y travaillent. Il y aensuite ceux où, comme au Soudan, lefondamentalisme islamique maintient lespopulations chrétiennes dans un état desujétion proche de l’esclavage en cher-chant à tout prix à les convertir. Il y aenfin les derniers bastions communistesde l’Asie, qui développent toujours unepersécution tracassière ; mais, même là,il y a d’authentiques missions.

■ A quels épisodes de l'histoire des missionsêtes-vous particulièrement sensible et pour-quoi ?

Je pense d’abord à l’Église de l’Est —aujourd’hui essentiellement représentéepar les assyro-chaldéens d’Irak. Re-montant aux temps apostoliques, elle s’estdéveloppée en dehors des empires romainsd’Occident et d’Orient et s’est donc trou-

vée coupée du reste de la chrétienté àl’époque des grandes définitions théolo-giques, particulièrement en ce quiconcerne la nature du Christ, d’où la quali-fication de nestorienne qui lui a été abusi-vement décernée. Or, c’est elle qui aévangélisé les pays allant de la Perse et del’Afghanistan jusqu’à la région du Golfe.Elle s’est montrée aussi très active en Indeavec les "chrétiens de saint Thomas" et enChine, où elle a pénétré dès le VIIe siècle ;elle y a connu une expansion marquéepar un grand souci d’inculturation.

Une autre a beaucoup pratiqué l’in-culturation et l’action missionnaire,l’Église celte. Elle a même étendu son sensde la mission au continent. La peregrinatio[pèlerinage] constituait une ascèse typi-quement celtique : il fallait s’exiler volon-tairement pour porter la parole de Dieu.Ainsi, saint Colomban et saint Gall, autournant des VIe et VIIe siècles, ont quittél’Irlande pour les pays francs et germa-niques, où ils sont morts ; voilà comment,aujourd’hui encore, le canton suisse deSaint-Gall porte le nom de l’abbaye fondéepar le célèbre missionnaire et pourquoila bibliothèque abbatiale conserve plusde manuscrits irlandais qu’il n’y en a danstoute l’Irlande ! De leur côté, saint Piranest parti évangéliser la Cornouailles et laBretagne, saint Brendan les terres del’ouest — peut-être jusqu’à Terre-Neuve—, saint Paul Aurélien la Bretagne et saintColomban la Bourgogne, l’Austrasie et laLombardie.

Par ailleurs, si l’orthodoxie a été par-fois instrumentalisée pour russifiercertains peuples du Caucase, elle a suégalement se montrer ouverte aux autrescivilisations. Cela a donné un spectacleaussi inattendu que celui de Mgr Kasatkineconduisant en 1905 les prières des ortho-doxes japonais pour la défaite des arméesde son pays d’origine ! ■

Il y a des pays où il est strictementinterdit de parler de Jésus(

Jean Étèvenaux - Histoire des missionschrétiennes - préface du cardinalPhilippe Barbarin - Éd. Saint-Augustin- Saint-Maurice , 296 pages.Revue trimestrielle "Missi", abonnementun an : 23 €, 31, rue du Plat, 69002 Lyon

ESPRIT

FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004 27

e thème de "la porte de la foi",issu d’Actes 14,27, est un motifrécurent chez Mgr Lustiger ; il l’adéveloppé dans la perspective duJubilé de l’an 2000. Sa sensibilité

aux tournants de l’histoire rejoint ici cellede Jean-Paul II. Plutôt qu’une méditationintemporelle, il s’agit toujours chez luid’envisager l’éternel défi de la foi dans lecontexte historique de la post-modernité,dans ce monde traversé par des menacesinouïes et des promesses inédites.

Des cinq parties du livre, on retiendrad’abord la première au titre provoquant"l’homme est un animal religieux". Com-mentant librement la déclaration duConcile Vatican II sur les religions nonchrétiennes, il s’agit pour le Cardinal d’af-firmer la proximité entre le christianismeet le fond religieux de l’homme qui mène,dans la ligne des rencontres d‘Assise, à unesympathie sincère pour les grandes reli-gions ; mais c’est pour mieux encoremarquer la spécificité de la foi chrétienne,la Révélation dont elle est porteuse étant

le sens caché du mystère que les religionspressentent, mais finalement ne peuventatteindre.

La deuxième partie, non moins provo-cante, est une méditation sur la menace del’idolâtrie dans notre monde ("le Veau d’orest toujours debout"). Faute d’un contactavec Dieu, les hommes ontbesoin de produits de substi-tution et ils investissent leurdésir dans des représenta-tions parées du prestige des"idoles" : celles du pouvoirou de la jouissance. Or lesidoles tuent en l’homme sacapacité de se dépasser lui-même dans un don désinté-ressé. Suivent des réflexionstrès belles sur le combat spi-rituel, vu comme arrachement aux idoles.

La troisième nous fait contempler, enantithèse, la beauté du culte "en Esprit etVérité", c’est-à-dire tout simplement lavie chrétienne en Eglise, centrée sur lepardon et l’eucharistie.

On est bien à pied d’œuvre pour défi-nir maintenant l’évangélisation, entenduecomme la mission essentielle de l’Eglise,qui est de partager le trésor dont elle estporteuse au profit de tous les hommes.C’est là que l’on reste un peu sur sa faim.Le cardinal Lustiger semble soucieux avanttout d’écarter une vision conquérante etmanipulatrice de l’apostolat qui en déna-turerait la gratuité. Mais les précautionssont telles chez lui, comme chez beau-coup de catholiques aujourd’hui, qu’on envient à se demander s’il ne s’agit pas d’at-tendre simplement l’heure de Dieu qui ferase lever quand il veut des fils d’Abraham

à partir des pierres du chemin. Sans douteil est question de "dialoguer", de "témoi-gner" (mais en quel sens ?), de "montrer",et, après tout, une mission est organiséeà Paris dont on doit bien attendre des fruits,mais il semble qu’aucune démarchehumaine ne soit ici reconnue comme de

nature à permettre la conver-sion des non-croyants. Dire quec’est Dieu seul qui convertit estune chose, méconnaître le rôledes médiations humaines dansl’œuvre d’évangélisation enserait une autre. Or, sans douteà cause de son parcourspersonnel, Jean-Marie Lustigera tendance à minimiser cettecondition nécessaire (mais,encore une fois, pas suffisante)

qu’est l’initiative du missionnaire : "Com-ment croire en lui sans avoir entendu saparole ? Comment entendre sa parole sipersonne ne l’a proclamée ?" (Romains 10,14).

La dernière partie est dans la mêmeligne. "Témoigner à l’heure de la commu-nication" révèle un homme profondémentau fait des techniques de communicationqu’il manie en virtuose et dont il sait éviterles pièges, et en même temps elle montretoute sa méfiance vis-à-vis d’un certaindiscours censé délivrer directement lecontenu du message du Christ. On forceraà peine la note en disant que, pour leCardinal, la forme suprême de communi-cation, pour un disciple du Christ, est lemartyre. Ce qui est certainement juste,mais le martyr, avant de l’être, a sans doutebeaucoup parlé et cherché à convaincre.

Un livre stimulant qui fait réfléchir etrelance le débat ouvert aujourd’hui sur lanature de l’évangélisation. ■

Un livre du cardinal

Lustiger - issu des

entretiens à la radio où il

développe sa pensée,

semaine après semaine,

en tenant en haleine son

public - arrive au début de

la mission parisienne de

la Toussaint 2004, pour

relancer le débat sur

l’apostolat.

JEAN-MARIE LUSTIGER

Ecarter une vision conquéranteet manipulatrice de l’apostolat(

Apôtresou témoins ?

par Donatien DU TUYT

L

Jean-Marie Lustiger, "Comment Dieu ouvrela porte de la foi", éditions Desclée deBrouwer, 180 pages.

n doit le palais du Luxembourg, où siègele Sénat, à Marie de Médicis. C’est sansdoute pour cette raison que le muséequi s’inscrit dans son enceinte a sou-vent consacré de prestigieuses exposi-

tions à des peintres de la Renaissance italienne.On se souvient de "Raphaël, grâce et beauté"ainsi que de "Botticelli, de Laurent le Magnifiqueà Savonarole". C’est aujourd’hui à "Véronèse pro-fane" que les cimaises du Musée du Luxembourgrendent hommage. Paolo Caliari appartient à lagénération qui suit celle de Titien, de Raphaël, deMichel-Ange. Cette génération assure la transi-tion entre la Renaissance "classique" et leManiérisme. Paolo Caliari naît à Vérone en 1528.Son père, Gabriel, est tailleur de pierres. Le petit

Paolo évolue à sa suite sur leschantiers, au milieu des écha-faudages et des palans. Il engardera une passion pour l’ar-chitecture. A Vérone, il fait sesclasses auprès du peintre An-tonio Badile, puis de l’archi-tecte Michele Sanmicheli.Peinture et architecture seronttoujours étroitement mêléeschez Véronèse. Il réalisera no-tamment les fresques de l’é-tage noble de la Villa Barbaro,à Maser près de Trévise, dont

l’architecte n’est autre que le grand Andrea Pal-ladio. Vérone est une ville de l’intérieur de laVénétie. L’influence de la grande cité s’y fait évi-demment sentir. Mais celle de Parme, de Man-toue ou même de Rome, avec son goût pour lareprésentation mythologique et allégorique, par-vient aussi à Vérone. On retrouvera tout celadans la peinture de Véronèse. Il gagne Venise en1553. C’est là que Paolo Caliari devient "il Ve-ronese", le Véronais.

Le Musée du Luxembourg a délibérémentchoisi de laisser de côté le peintre d’innombrableset célèbres œuvres religieuses (pensons aux"Noces de Cana", du Louvre…) pour exalter laface profane de son œuvre. La démarche a salogique. Il est vrai que chez Véronèse, commechez d’autres peintres de la Renaissance, la pein-ture religieuse n’est souvent qu’un prétexte, etl’artiste se permet une interprétation très libre.Lorsqu’il aura des ennuis avec l’Inquisition (moinspuissante à Venise qu’à Rome), pour une "Cène"qu’il transformera opportunément en "Repas chezLévi", il n’hésitera pas à s’expliquer ainsi : "nousautres peintres, comme les poètes et les fous,nous avons le droit de prendre des libertés". Vadonc pour "Véronèse profane" et, comme ledéclare Giandomenico Romanelli, commissaire del’exposition : "on ne peut pas faire voyager lesextraordinaires fresques de Saint Sébastien etautres immenses tableaux qui sont dans les égli-ses. On a donc choisi un Véronèse plus intime,moins connu, c’est-à-dire le peintre des mytholo-gies, des allégories, et le Véronèse portraitiste…".Ce qui n’exclut pas quelques sujets bibliquesabordés très librement. Le tout en 31 tableaux et11 dessins qui proviennent des plus grands

EXPOSITIONS

28 FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004

VéronèseprofaneMUSÉE DU LUXEMBOURG

par Alain SOLARI

Paolo VéronèsePortrait de femmeHuile sur toile©

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Paolo VéronèsePortrait de Iseppo

da Porto avec son fils Adriano

Huile sur toile

Après Raphaël et Botticelli,

le Musée du Luxembourg

accueille une exposition

consacrée à "Véronèse

profane". Un angle

judicieux pour aborder

l’œuvre du peintre.

OLe beauportrait"d'Iseppoda Porta"avec sonfils Adrianodépasse lasolennitéliée augenre

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EXPOSITIONS

FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004 29

Paolo VéronèseLa PaixHuile sur toile

musées d’Italie et du monde. Quant à la scéno-graphie, il paraît qu’elle s’inspire des plans dessi-nés par Palladio dans son traité d’architecture etqu’elle joue sur des effets de fausse perspective.Quoi qu’il en soit, les œuvres sont bien présen-tées, le plus souvent convenablement éclairées.On regrettera toutefois le fond entre rouille et liede vin des murs des deux premières salles. Il"éteint" les toiles, plus qu’il ne les met en valeur.

Parmi les portraits, certains voient dans "LaBelle Nani" celui de l’épouse de Véronèse, ElenaBadile. Toujours est-il que la beauté délicate duvisage, l’air pensif, le jeu de la lumière sur la robede velours, illustrent la "dolcezza", cette touchede légèreté qui caractérise le peintre. Le beauportrait "d’Iseppo da Porta" avec son fils Adrianodépasse la solennité liée au genre. Le visage, lapose de l’enfant qui s’accroche au bras de sonpère ajoutent une tendresse et une fraîcheur tou-chantes. Plus conventionnel, le portrait de "Da-niele Barbaro" trouve ici naturellement sa place.Représenté avec le traité d’architecture (toujoursl’architecture…) de Vitruve, le patriarche d’Aqui-lée est celui qui, avec son frère, confia à Véronèsela décoration de la Villa de Maser. Dans un autregenre, "La tentation de Saint Antoine" illustre ceque Véronèse fait d’un sujet au départ religieux.On y sent l’influence toscano-romaine : le dos etles bras musclés du démon ne dépareraient pasdans un sujet mythologique. Par ailleurs, le trai-tement du contre-jour et du clair-obscur est sai-sissant, tout comme le raccourci de la perspecti-ve dans laquelle est traitée la position du saint.Quant à la femme tentatrice, elle est fort ave-nante, un sein s’échappant de son corsage. Maisla morale est sauve, puisqu’il ne s’agit que de

tentation. La mythologie permettait mieux en-core d’exprimer, avec un esprit vif non dénuéd’humour, une sensualité subtile mais évidentecomme on le voit dans "Mars et Vénus avecAmour", lequel surgit, tenant le cheval du dieu dela guerre, comme pour le rappeler à d’autres de-voirs… Parmi les grandes allégories, celle de Ve-nise, de format octogonal, se trouvait à l’origineau plafond d’une salle du Palais des Doges. Lessoies et les brocarts, les couleurs somptueuses,appartiennent bien à la peinture de la Sérénis-sime. Mais Véronèse y ajoute une compositionaudacieuse, un traitement de la perspectiveaccentué par une remarquable contre-plongée. Ilest impossible d’évoquer l’ensemble des œuvresprésentées, mais il faut noter que l’on est moinshabitué à voir le peintre exceller dans des petitsformats. Et pourtant, son utilisation étonnante del’espace, du chatoiement des couleurs y éclatenttout autant. "Atalante et Méléagre", "Venus etJupiter", "Diane et Actéon" surprendront le visi-teur. D’autres tableaux importants, comme"l’Allégorie du Vice et de la Vertu" ou "l’Enlève-ment d’Europe" dévoilent les multiples facettesde la singularité du talent de Véronèse. Enfin,dans la dernière salle, les dessins révèlent la vir-tuosité du peintre. Ils présentent d’autant plusd’intérêt qu’ils constituent des études préparatoi-res à des œuvres célèbres. ■

"Véronèse profane", jusqu’au 30 janvier 2005, auMusée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard,75006 Paris. Lundi, vendredi, samedi, dimanche(nocturnes) : 11h-22h30. Mardi, mercredi, jeudi :11h-19h. Le musée est ouvert tous les jours fériés(1er et 11 novembre : aux horaires habituels, 25décembre et 1er janvier : 11h à 19h.

"La tentation de SaintAntoine"illustre ce queVéronèsefait d'unsujet audépart religieux

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Paolo Véronèse - Etudes de figures etd'architectures Inv GS 1121Plume et encre marron avec aquarellebistre; contrecollé, angles supérieursrognés, un angle coupé en bas à gauche

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a "Saison des gouaches", exposition pro-posée par la Fondation Dina Vierny, il-lustre de façon remarquable, la démarcheet l'itinéraire d'un des pionniers de l'abs-trait. Poliakoff a trouvé le secret de ses

toiles lumineuses, à Londres, en observant detrès près la peinture des sarcophages égyptiens ;elle était faite de couches de couleur… Cettedécouverte a enchanté sa peinture… Peu de for-mes, comme découpées dans le papier, peu decouleurs, se jouant de leur ensemble et l'ab-straction pure comme règle.

Serge Poliakoff fut ce jeune émigré russe, foude peinture et excellent musicien, qui jouait dela guitare dans les boîtes de nuit afin de gagnersa vie. Il a trente ans quand il démarre véritable-ment la peinture, à Paris. Il connaissait Kan-dinsky, il rencontre Delau-nay, artistes et écrivains seréunissaient fréquemmentà l'époque. En 1937, sapremière exposition pari-sienne dévoile ses dansesrusses, où les silhouettesen croix se répètent, tel unmouvement décomposé.Les compositions avec desdisques suivent de près :l'abstraction est en mar-che, elle ne sera jamaispour lui "lyrique" mais"géométrique", sans avoireu besoin comme tantd'autres de passer parl'expresionnisme. Désor-mais libéré de la figure, ilcondense et réduit ses for-mes, recommençant sanscesse, avec une exubé-

rance presque bario-lée dont il sent bienle premier, qu'il luifaudra la canaliser.

Son secret dansle métier de peintreest toujours lemême : ne jamaismélanger les cou-leurs sur la palette,mais procéder parsuperpositions. Sesformes cabossées

s'interpénètrent, envahissant la toile ou le pa-pier, mais sans pesanteur ! Les contours ne sontpas nets, elles ne sont pas séparées dans lesjetés et les raclements de la couleur. Avec sou-plesse, la gouache illustre en parallèle la genèsede sa quête picturale. Toute sa peinture est uneinvitation au silence. Vers la fin des années 50,le travail de Poliakoff a atteint sa maturité. Il estadmiré par les peintres américains. Il expose àLondres avec Mondrian et Pollock et certains onpu dire que a dignité de la peinture avait étérestaurée par les Russes, de Staël, Rothko etPoliakoff. La couleur est infinie, pour lui. Il ex-plique qu'un même songe sera différent selon lediluant et privilégie la "qualité de la couleur etsa sensibilité".

La forme est quasiment toujours unique dansson œuvre, s'avançant jusqu'aux bord de la com-position, des formes à la géométrie aléatoire, desformes étranges qui sont inscrites étroitementdans la surface. C'est un art extrême qu'a lepeintre d'équilibrer ses compositions en partantdes couleurs, d'articuler ses formes en les blo-quant les unes avec les autres. Cette mystiquedes formes qui habite Poliakoff vient de sonattention extrême à la présence des choses etnous invite à la célébrer dans la méditation .

N'a-t-il pas réussi, en juxtaposant des pa-piers huilés peints à la tempera de dimensionsmodestes, à créer de grands ensembles muraux.Retrouvant ainsi le principe de l'iconostase lon-guement observée dans son pays natal… ■

EXPOSITIONS

30 FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004

La saisondes gouaches

SERGE POLIAKOFF

par Ariane GRENON

Pourquoi séparer l'air

de la couleur comme l'ont

fait les Impressionnistes ?

se demandait le jeune

Poliakoff… qui cherchait lui,

à trouver la couleur de l'air.

L

"La saison des gouaches", exposition SergePoliakoff, jusqu'au 7 novembre 2004, FondationDina Vierny-Musée Maillol, 61 rue de Grenelle,75007 Paris. Tél. 01.42.22.59.58.

C'est un artextrêmed'équilibrerses compo-sitions enpartant descouleurs

"Composition abstraite",1955.

Gouache sur papier, 62 x 48 cm

"Composition abstraite",1959.

Gouache sur papier,60 x 45,5 cm.

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PAR

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THÉÂTRE

FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004 31

eanne de Thérèse" (1) est l’adaptation dedeux pièces de sainte Thérèse sur la vie deJeanne d’Arc. Deux autres avaient déjà vule jour, une par des amateurs et une par latroupe "Théâtre en Partance-Les embruns"

à l’occasion du cinquantenaire de la consécrationde la basilique de Lisieux. Pendant que ces profes-sionnels élaboraient leur version, Philippe Lorondiscutait avec eux et Mgr Gaucher, spécialiste dela sainte, pour élaborer le spectacle qui sera don-née dans le cadre de "Toussaint 2004".

Philippe Loron ? Médecin de métier, il est co-médien depuis trois ans et passionné de chantdepuis bien plus longtemps. Ainsi que de ces deuxsaintes. Il s’est tourné vers les éléments les plusconfirmés de sa troupe d’amateurs (2). Qui ont àleur tour trouvé une semi professionnelle pour lerôle titre et des professionnels pour la mise enscène, le son et les lumières.

Mais la sainteté de Thérèse lui conférait-elleun talent d’auteur dramatique ? "Si elle n’a pascomplètement le sens théâtral, il se dégage néan-moins de son écriture un souffle, une inspiration,une grande profondeur. Au point qu’à ceux quil’interrogeaient sur sa conception de la mort versla fin de sa vie, elle répondait de lire sa deuxièmepièce", explique Philippe Loron.

L’originalité littéraire de "la mission deJeanne d’Arc" et de "Jeanne d’Arc, accomplis-sement de sa mission" est que ces textes sontentrecoupés de parties chantées. Non pas à lafaçon d’une comédie musicale où la mélodiel’emporte largement sur les récitatifs, ni à celledu théâtre grec dans lequel les chanteurs nesont pas comédiens. Ici les chants n’occupentqu’une partie mineure du temps, mais sont don-nés par les acteurs eux mêmes. Une musique aété recréée pour respecter cette caractéristique.

Philippe Loron est-il fidèle à l’auteur dans son

adaptation, qui ramène à une heure quarante cinqla compilation des deux pièces ? Il en a en touscas le profond désir. Car il avait déjà découvert lesdeux saintes par le cœur avant de savoir que l’uneavait écrit sur l’autre. C’est un ami prêtre qui le luia appris. Alors sa première démarche a été de

contacter Mgr Gaucher afin devoir comment on pouvait serrerau plus près les intentions del’auteur sans infliger un pensumde trois heures au spectateur.

Le pari est-il réussi ? Ce seraau public de le dire, mais il nefaudra pas qu’il perde de vue quele matériau le plus abondant dansla préparation de ce spectacle

aura été le feu sacré et une préparation aussiminutieuse que les moyens le permettaient.

Un peu plus loin, toujours à Paris durant laToussaint 2004, sera donné "Si je n’ai pas l’a-mour", sur la vie du bienheureux Pier Giorgio Fras-sati. S’agissant d’un laïc, il est plus facile au spec-tateur de chercher à mettre ses pas dans ceux decet homme qui naquit en 1901 et "est mort àvingt-quatre ans de la poliomyélite, alors qu’ilétait élève ingénieur, skieur et alpiniste, ami despauvres de Turin, et ami de la paix en Europe", se-lon le cardinal Poupard. Pour Jean-Paul II, il esttout simplement "l’homme des huit béatitudes".Celui que son père prenait pour un raté et que samère délaissait s’est forgé le caractère par sescourses en montagne. Avant de prendre uneoption définitive en faveur des pauvres et d’un ca-tholicisme sans concession face aux chemises bru-nes. Ce spectacle, qui est encouragé par les cardi-naux Etchegaray et Poupard, la sœur du bienheu-reux et le ministère de la Jeunesse et des sports, adéjà été donné à Saint-Léon. On ne prend pas derisque en allant voir cette pièce qui a déjà faitsalle comble trois fois. ■

Théâtreet mission

"JEANNE DE THÉRÈSE"...

par Pierre FRANÇOIS

Pour Jean-Paul II,Pier GiorgioFrassati est"l’hommedes huitbéatitudes"

Que peuvent faire des amateurs

avec un budget inversement

proportionnel à leur foi et feu

sacré ? Réponses partielles

durant la Toussaint 2004 à

St Léon et St Honoré d’Eylau.

(1) "Jeanne de Thérèse", avec Catherine Antéblian,...A la crypte de l’église saint Honoré d’Eylau, 66 av.Raymond Poincaré, 75016 Paris. Les 24, 27, 28, 29octobre, 2 novembre (20h30), et le 31 octobre(15h). Places à 20, 15 et 10 €, tél. 06 80 08 86 65.(2) "La Compagnie de l’eau vive" qui existe depuis18 ans, à l’initiative du père de Monteynard.(3) "Si je n’ai pas l’amour", les 30 et 31 octobre à lasalle saint Léon, Place du cardinal Amette, 75015Paris, tél. 06 64 32 58 00.

"J"Si je n’ai pas l’amour", par la Compagnie des types louches

La Caverne de

l’Agneau

LE ROMAN DU CATECHISME

Chapitre IX bisLE DELUGE PLUS QUE JAMAIS

E lle revint vers lui à l’heure du soir, et voici quedans son bec elle tenait une petite branched’olivier toute fraîche. Noé comprit que les eauxavaient baissé sur la terre. Il attendit encoresept jours et lâcha la colombe, qui cette fois-

ci ne revint pas. Alors Noé comprit que la terre était sèche,et qu’il était possible de sortir de l’Arche. Le Seigneur Dieului donna l’ordre de sortir lui et sa famille, et de faire sortirtous les animaux, famille par famille”

- ça a dû en prendre du temps- et quel service d’ordre il a dû falloir- tu parles d’un cortège- ils devaient être contents les animaux de pouvoir sedégourdir les pattes- Noé il a dû se trouver en vacances après !- Tiens voilà Quentin et la Bible, lis-nous la fin

Genèse VIII 20 : Noé construisit un autel en l’honneur deYahvé : il prit de tous les animaux purs et de tous les oiseauxpurs et il en offrit un sacrifice par le feu sur cet autel. Yahvésentit la bonne odeur et il dit en son cœur : "Je ne maudiraiplus jamais la terre à cause de l’homme, car les pensées ducœur de l’homme sont mauvaises dès sa jeunesse, je ne recom-mencerai plus à frapper les êtres vivants comme je l’ai fait.Aussi longtemps que la terre durera, semailles et moissons,gelées et chaleur, été hiver, jour et nuit, ne cesseront plus."

Dieu Bénit Noé et ses fils, il leur dit : "soyez féconds etnombreux, remplissez la terre. Vous inspirerez crainte outerreur à tous les animaux de la terre et aux oiseaux du ciel.Tout ce qui foisonne sur la terre est à votre disposition, et demême les poissons de la mer : prenez-en. Tout ce qui bougeet vit sera votre nourriture, je vous le donne tout comme les

légumes. Cependant vous ne mangerez pas la chair avec sonâme, c’est à dire le sang. Je demanderai compte de votre sang- de votre âme – à tout animal ; Et pour les hommes entre eux,je demanderai compte à chacun de l’âme de son frère. Del’âme de tout homme, je demanderai compte. Si quelqu’unrépand le sang de l’homme, son sang aussi sera répandu parl’homme, car Dieu a créé l’homme à son image. Quant à vous,soyez féconds, nombreux, développez-vous sur la terre etdominez sur elle.

Dieu adressa la parole à Noé et à ses fils " Voici que j’éta-blis mon alliance avec vous et avec votre descendance aprèsvous, avec tous les êtres vivants qui sont avec vous, oiseaux,animaux des champs et bêtes de la terre qui vivent autour devous, tous ces animaux de la terre qui sont sortis de l’arche.Oui j’établis mon alliance avec vous : on ne verra plus tous lesêtres vivants supprimés de la terre par les eaux d’un déluge :il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre.

Et Dieu dit : " Voici le signe de l’alliance que j’établis entremoi et vous et tous les êtres vivants qui sont avec vous pourles générations à venir. Je place mon arc dans la nuée pourqu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre. Lorsqueje couvrirai la terre de nuages, l’arc apparaîtra dans le ciel.Alors je me souviendrai de l’alliance que j’ai établie entre moiet vous et tout être vivant, et on ne verra plus des eaux dedéluge détruire toute chair.

L’arc-en-ciel sera dans la nuée, je le verrai et je me souvien-drai de l’alliance perpétuelle entre Dieu et tout être qui vit surla terre.

Dieu dit à Noé : "Voici le signe de l’alliance que j’ai établieentre moi et tout ce qui vit sur la terre."

Les enfants sont restés silencieux, impressionnés. Un rayonde soleil perce timidement, et Eric, pointant le doigt, s’écrie

"Là, regardez, le signe de l’alliance de Dieu"- c’est vrai, voilà l’arc-en-ciel- Dieu est avec nous, exulte Isabelle- Soyons toujours avec lui, conclut Axelle

par SAMAEL

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FAMILLES

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Comme une volée de moineaux, les enfants sont sortis duhangar, enjambant les flaques d’eau, ou sautant à piedsjoints dedans "Eh ! Et si nous jouions à l’arche de Noé ?"

Le soir, à la veillée qui réunissait toutes les familles duvillage, ils ont tous raconté le récit à leur façon et Benoît aexpliqué que le Seigneur Dieu a de nouveau établi l’hommecomme chef et responsable de la création, non pas proprié-taire, mais gérant. Dieu fait alliance avec l’homme, annonced’alliances à venir, en attendant l’alliance nouvelle et éter-nelle, établie en Jésus.

La prière du soir est montée, calme et tranquille, devantla statue de la Vierge Marie et s’est conclue par le beauchant du Salve Regina :Salve Regina / Salut, o ReineMater misericordiae / Mère de miséricordeVita, dulcedo et spes nostra salve /

notre vie notre douceur notre espérance, salutAd te clamamus exsules filii Hevae /Enfants d’Eve exilés, nous crions vers toiAd te suspiramus gementes et flentes /Vers toi nous soupirons gémissant etIn hac lacrimarum valle /pleurant dans cette vallée de larmes.Eia ergo, advocata nostra, illos tuos /O toi, notre avocate, tourne vers nousMisericordes oculos ad nos converte /tes regards miséricordieuxEt Jesum, benedictum fructum ventris /Et après cet exil, montre-nous Jésus leTui nobis post hoc exsilium ostende /fruit béni de tes entraillesO clemens, o pia o dulcis Virgo Maria /O clémente, o miséricordieuse, o douce Vierge Marie.

(à suivre)

TELEVISION

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Georges W. Bush, sous l’emprise de DieuAdolescents Mardi 19, sur Arte à 20h45

Arte propose de voir comment G. W. Bush a découvertla foi et quelles en ont été les conséquences pour lui-même et, depuis qu’il est président, pour les Amé-ricains. Un autre thème est également abordé : lepoids de la religion dans la vie politique américaine.��� Il faut féliciter le réalisateur d’avoir présentéun documentaire non caricatural, sans parti pris, surun homme, qui, en France, est perpétuellement criti-qué. Il a cherché à nous faire comprendre la menta-lité du président, et il a réussi. Les Etats-Unis sont

incompréhensibles, si on ne voit pas qu’une partie importante de la société américaine est reli-gieuse et que les groupes de pression évangéliques sont particulièrement puissants. Et GeorgesBush est inaccessible, si on refuse de constater que la foi (protestante) est au centre de sa vie,que son intérêt pour la religion n’est pas feint (même si elle sert aussi ses intérêts politiques).Contrairement à ce qu’a dit Michaël Moore dans son dernier brûlot, Georges Bush a beaucoupagi au début de sa présidence, en aidant notamment les associations religieuses, car, «pourchanger les gens, il ne suffit pas de les adresser à un service social bureaucrate, il faut changerles cœurs.» Plusieurs phrases très belles émaillent le documentaire, telles que : «Les laïcs fontappel à Freud, nous à Jésus. Pourquoi Freud serait-il le seul à bénéficier de subventions ?» etencore, lorsqu’il a nommé deux juges à la Cour suprême : «Il faut des juges de bon sens quisachent que nos droits nous viennent de Dieu». Depuis les attentats de 2001, il s’est engagédans un messianisme conquérant plus contestable, mais son action ne se borne pas à cela.

Jules CésarGrands adolescents Dimanche 24, sur France 3 à 00h15Le film évoque la fin de Jules César, le complot fomentécontre lui à Rome et son assassinat par Cassius et par Bru-tus, son fils adoptif.��� Cette magistrale adaptation de la tragédie deShakespeare est signée d’un des grands noms du cinéma :Joseph Mankiewicz. Cette superproduction à résonanceantique est une splendide reconstitution, aussi bien de l’his-toire que de la pièce de théâtre. L’interprétation, surtoutcelle de Marlon Brando, dont le discours sur le forum reste mémorable, est prestigieuse. Lefilm est à l’image de la grandeur romaine et constitue un exposé exemplaire pour la compré-hension de cette période charnière de l’histoire de Rome, à la veille de l’Empire. � L’étude des personnages, de leur caractère et de leur motivation possède la belle puis-sance de l’analyse historique. La richesse des réflexions donne une épaisseur psychologique àces personnages célèbres. Le meurtre, la vengeance et le suicide font partie de l’histoire.

LUNDI 18 OCTOBRE20.50 "Tressaint, foyer de charité",présenté par Richard BoutryFoyers de charité, de lumière et

d’amour, les Foyers de Charité sont fondés par MartheRobin et le père Finet en 1936. Ici comme dans tout Foyer,des hommes et des femmes consacrent leur vie à une mis-sion : former des laïcs en vue de l'évangélisation, par lemoyen de retraites.MARDI 19 OCTOBRE20.50 "Action contre la faim", présenté par Valérie TibetDepuis 25 ans, cette association se bat contre la malnutri-tion dans le monde.MERCREDI 20 OCTOBRE20.50 "Des installations d’évêques", par Richard BoutryPortraits de ces Apôtres du Christ au quotidien.JEUDI 21 OCTOBRE20.50 Les malheurs de Sophie, de Jean-Claude BrialyD'après l'œuvre de la Comtesse de SégurA l’âge de quatre ans, Sophie de Réan est une enfantespiègle et volontaire. Sa gourmandise, sa désobéissance,

ses colères et son étourderie l’entraînent dans une suitede mésaventures comiques et pittoresques dont quelques-unes risquent cependant de tourner mal. Avec S.Deschamps, M. Soulez-Larivière, C. Mirande...VENDREDI 22 OCTOBRE20.50 Petits et grands bonheurs, de Maryse BergonzatQu’est-ce que le bonheur ? Faut-il l’associer à la raison, ledissocier du plaisir ? Comment l’apprivoiser et l’entretenir ?SAMEDI 23 OCTOBRE20.50 "Gaude Mater Polonia" : Musique sacrée polonaiseLe Chœur de la Philharmonie de Varsovie interprète lesplus belles pièces "a cappella" de la polyphonie polonaise :celles de Zielenski, Cherubinov, Szamotuly ou KrzysztofPenderecki. Direction : Krzysztof Penderecki.DIMANCHE 24 OCTOBRE20.50 Fraternité, de Sébastien BalangerDans le nord de la France, les Frères de la communauté duMont des cats font entendre leurs voix dans leurs chants,une prière vers Dieu et pour le monde. Mais ils vivent dansle silence de leur choix. Un silence qui, avouent-ils, permetde mieux se connaître et de vivre une véritable fraternité.

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Lundi 18 octobreLes Cordier, juge et flic «Fauxdépart» GA. Téléfilm avec PierreMondy, Bruno Madinier. ���Un excellent suspense, mais unebanalisation de l’homosexualité.TF1, à 20h55.A cran deux ans après (1/2)GA. Téléfilm avec Daniel Russo,Jérôme Anger, Julie Bataille(1h39). ��� Un policier ron-dement mené et très prenant.France 2, à 20h55.Questions pour un champion«Spéciale Paris 2012». Divertis-sement. France 3, à 20h55.Pain, tulipes et comédie A.Comédie dramatique en VO(2001) de Silvio Soldini, avecLicia Maglietta, Bruno Ganz,(1h55). �� Un film mineur,avec une fin contestable.Arte, à 20h45.Destination finale GA. Fan-tastique (2000) de J. Wong, avecDewon Sawa (1h34) (- 12 ans).�� Bien fait, mais obscur.M6, à 20h50.Père et fils GA. Comédie(2003) de Michel Boujenah,avec Philippe Noiret, CharlesBerling (1h34). ��� Aprèsun début assez mauvais, le filmdevient émouvant et sympa-thique. Quelques fausses notes.Canal +, à 21h00.

Grand format «Femmes d’Asiecentrale» J. ��� Un docu-mentaire aussi émouvant quebeau et intéressant.Arte, à 22h35.X-Files «Combattre le futur»GA. Science-fiction (1998) deRob Bowman, avec David Du-chovny, Gillian Anderson (1h57).�� Une bonne adaptation dela célèbre série.M6, à 22h35.

Mardi 19 octobreFootball «Ligue des Cham-pions : Fernebahçe/Lyon».TF1, à 20h35.A cran deux ans après (2/2)A. Téléfilm avec Daniel Russo,

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Jérôme Anger (1h39). ���Toujours aussi prenant, maisillustré d’une scène sensuelle.France 2, à 20h55.Planète rouge J. Science-fic-tion (2000) de Anthony Hoff-man, avec Val Kilmer, Carrie-Anne Moss (1h42). �� Sansgrande originalité.France 3, à 20h55.Soirée thématique «USA, aunom de la croix et de la bannière»George W. Bush, sous l’em-prise de Dieu J. (Voir notreanalyse)Les nouveaux militants de lafoi. Documentaire.L’Europe ira-t-elle en enfer ?Documentaire.Arte, à partir de 20h45.Affaires de famille «Mon en-fant est différent». Magazine.M6, à 20h50.National security J. Comédie(2003) de Dennis Dugan, avecMartin Lawrence, Steve Zahn(1h25). ��� Une comédieaussi banale que médiocre.Canal +, à 21h00.Expérimentations interdites(1/2) GA. Téléfilm avec Hans-Mi-chael Rehberg (1h28). ���Prenant, mais un peu confusArte, à 22h45.L’homme qui en savait troppeu GA. Comédie (1997) de JonAmiel, avec Bill Murray (1h30).�� Original et farfelu.France 2, à 00h55.

Mercredi 20 octobreCombien ça coûte ?TF1, à 20h55.

Le tuteur «Quand revient leprintemps» GA. Téléfilm avec Ro-land Magdane (1h33). ���Un excellent épisode, mais desinvraisemblances. Le problèmedu mariage des trisomiques està peine effleuré.France 2, à 21h00.Vie privée, vie publique «Queveulent les hommes, que veu-lent les femmes ?». Magazine. France 3, à 20h55.Les mercredis de l’histoireIndira Gandhi : L’assassinat de"Mother India"» J. ��� Assez R

epère

s

faire avoir». Magazine. TF1, à 20h55.On a tous dans le cœur. Diver-tissement.France 2, à 20h55.Clochemerle. Téléfilm avecBernard-Pierre Donnadieu, Jérô-me Anger, Eric Berger.France 3, à 20h55.L’aventure humaine «Les Mé-dicis, parrains de la Renaissance(1 et 2/4) : "La naissance d’unedynastie", "Laurent le Magnifi-que». Documentaires.Arte, à 20h45.La trilogie du samedi. Séries.M6, à 20h50.24 heures chrono. Série.Canal +, à 21h00.

Dimanche 24 octobreLa grande vadrouille J. Co-médie (1966) de G. Oury, avecLouis de Funès, Bourvil (1h59).��� On ne s’en lasse pas.TF1, à 20h55.Urgences. Série.France 2, à 20h55.On ne peut pas plaire à toutle monde. Magazine. France 3, à 20h55.Soirée thématique «Luther etles Médicis : Réforme contre Re-naissance»

Luther contre le pape. Docu-mentaire de J.-F. Delassus.Les Médicis (3 et 4/4) : «Les Mé-dicis et l’Eglise», «Le pouvoir auservice de l’art». Documentaires.Arte, à partir de 20h45.Zone interdite «Femmes flics etfières de l’être». M6, à 20h50.Football «Lens/Marseille».Canal +, à 21h00.Jules César GA. Tragédie en NBet VO (1953) de Joseph L. Man-kiewicz, avec Marlon Brando,James Mason, John Gielgud(1h56). (Voir notre analyse)France 3, à 00h15.

bien fait et intéressant, maiscertains sujets sont trop rapide-ment évoqués. Arte, à 20h45.Elodie Bradford. Téléfilm avecArmelle Deutsch, Anthony De-lon, Philippe Lefebvre (1h23).M6, à 20h50.Football «La grande soirée deChampions League : PSG/Porto».Canal +, à 20h45.Ça se discute «Sexualité : Com-ment assume-t-on son ambi-guïté ?». Magazine.France 2, à 22h40.Culture et dépendances «Fa-ce à la mort». Magazine de F.-O.Giesbert, avec Philippe Douste-Blazy, Jean Dutourd, PierreCombescot, Christian Combaz,Marie de Hennezel, Claude Allè-gre, P. Poivre d’Arvor, ChristianAuthier, Christine Kerdellant.France 3, à 23h30.

Jeudi 21 octobreCommissaire Valence «L’amourd’un flic». Téléfilm avec BernardTapie, Nicole Calfan.TF1, à 20h55.100 minutes pour compren-dre «Un rêve américain : Chan-ger le monde». Magazine.France 2, à 20h55.Soirée «Hommage à FrançoisTruffaut»

Le dernier métro A. Comédiedramatique (1980) de FrançoisTruffaut, avec Catherine Deneu-ve, Gérard Depardieu (2h06).���� Un drame nostal-gique qui reconstitue la vie d’unthéâtre pendant l’Occupation.Des scènes suggestives et descomportements condamnables.Tirez sur le pianiste A. Dra-me en NB (1960) de FrançoisTruffaut, avec Charles Aznavour(1h25). ���� Un excellentpolicier, à la fois émouvant etparodique, mais un climat lourdet des images peu discrètes.France 3, à partir de 20h55.La chambre verte A. Drame(1977) de et avec François Truf-faut, et avec Nathalie Baye(1h31). ��� Une œuvrebelle, mais morbide et d’un féti-

chisme matérialiste.Arte, à 20h45.Gloire et fortune, la grandeimposture «Attention, fragile !(2)». Divertissement.M6, à 20h50.

Soupçons (5 et 6/8) : «Un dos-sier bien mince», «La revanchede l’accusation» A. Documen-taire de Jean-Xavier de Les-trade. ���� Remarquable,mais assez dur et cru.Canal +, à 21h00.La vie en face «Tableaux dansun grenier» J. �� Un docu-mentaire très intéressant surRoger La Croix, un peintre mé-connu.Arte, à 22h15.Double je «Spéciale Rouma-nie». Magazine de Bernard Pi-vot, avec Alexandru Calinescu,Lidia Cioccoiu, Alex Leo Serban,Maria Luiza Zan, etc.France 2, à 22h45.

Vendredi 22 octobreStar Academy. TF1, à 20h55.PJ «Violences» GA. Téléfilm avecEmmanuelle Bach (0h55). ��Affreux, mais bien ficelé.France 2, à 20h55.Thalassa «Thalassa prend la mer». France 3, à 20h55.Au cœur de l’orage GA. Té-léfilm avec Julio Manrique, Mo-nica Lopez (1h28). �� Unehistoire prenante et une fineanalyse psychologique.Arte, à 20h45.Alias. Série. M6, à 20h50.House of sand A/Ø. Drame(2003) de Vadim Perelman, avecJennifer Connelly, Ben Kingsley(2h06). ��� Bien filmé, maispeu palpitant. Une scène érotique.Canal +, à 21h00.

Samedi 23 octobreLa grande soirée antiarna-que «40 questions pour ne pas se

T : Tout publicJ : AdolescentsGA: Grands AdolescentsA : Adultes

ø : Œuvre (ou scène) nocive� : Élément positif� : Élément négatif

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CINEMA

36 FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004

Qu’y a-t-il de plus émouvant qu’unehistoire d’amour qui fini tragique-ment ? Une histoire d’amour qui

permet aux uns et aux autres de s’oubliertotalement pour l’être aimé.

Cela fait trop longtemps queMaurice Kurtz, un comédien de secondezone, galère pour décrocher des rôles(casting, doublage, tournage de sériesmédiocres, etc.). Aussi est-il fou de joielorsque son agent lui apprend qu’il estsélectionné pour participer au castingdu prochaine film du célèbre réalisateuraméricain Rudolph Grichenberg, qui setrouve à Paris pour monter «Le mar-chand de Venise», de Shakespeare... enyiddish. C’est Perla, la jeune femme deMaurice, qui est contente. Cela fait si

longtemps qu’elle attend cela. MaisStéphane apprend que Perla va mouriret qu’il n’a pas le rôle. Pour ne pas ladécevoir, il lui ment, en prétendant l’a-voir obtenu. Désormais, le voilà embar-qué dans le plus grand rôle de sa vie.

Quelle belle histoire d’amour ! Cettelibre adaptation d’un roman de DanielGoldenberg mêle habilement scènescomiques (avec le héros et ses quatreamis juifs comme lui) et les scènes tra-giques (avec sa femme). C’est souventtrès réussi, avec des séquences très for-tes ou très amusantes, et l’interprétationest sensationnelle. Stéphane Freiss trou-ve là un rôle à la mesure de son immen-se talent, tandis que la jeune Bérénice

Bejo étonne par la justesse et la retenuede son interprétation. Bien sûr, il y abien quelques maladresses (c’est lesecond film du réalisateur), mais l’en-semble est si émouvant et si beau quel’on n’en a cure. ■

Le grand rôle. Comédie dramatique française (2004) deSteve Suissa, avec Stéphane Freiss (Maurice Kurtz), BéréniceBejo (Perla Kurtz), Peter Coyote (Rudolph Grichenberg),François Berléand (Benny Schwarz), Lionel Abelanski (SimonLaufer), Olivier Sitruk (1h29). Sortie le 13 octobre 2004.

Arsène LupinArsène n’a jamais oublié son père, mort alors qu’iln’était qu’un enfant. Depuis, comme lui, il estdevenu un voleur qui détrousse les riches. Unjour, il rencontre la belle et mystérieuse comtessede Cagliostro, une aventurière qui va le former etlui apprendre les ficelles du métier.Jean-Paul Salomé («Belphégor») ne manque pasde métier et, grâce à un important budget, il aréussi un film très distrayant, avec ce qu’il fautd’action et de péripéties. En adaptant «La comtesse de Cagliostro», l’un des premiersromans de Maurice Leblanc, mettant en scèneArsène Lupin, il retrace très librement la jeunessedu héros. Le problème, c’est que son histoire partun peu dans toutes les directions et que RomainDuris, malgré son talent, ne possède ni lecharisme ni l’élégance désinvolte du personnage.

M.-C. A.

Aventures franco-britanni-co-hispano-italiennes(2004) de Jean-PaulSalomé, avec RomainDuris (Arsène Lupin),Kristin Scott Thomas(Joséphine), PascalGreggory (Beaumagnan),Eva Green (Clarisse)(2h10). Sortie le 13 octobre 2004.

Man on fireAncien agent liquidateur de la CIA, John Creasy abien du mal, même avec l’alcool, à assumer sonpassé. Au Mexique, où il vit, on lui propose dedevenir le garde du corps d’une fillette de neufans, car le pays connaît une vague d’enlèvements.Bien sûr, le sujet n’est pas nouveau, mais toutl’art de Tony Scott («Top gun», «Spy game»)réside dans sa maîtrise technique, avec une miseen scène vive et originale et une parfaitedirection d’acteurs. Denzel Washington estsensationnel dans ce personnage de hérosdésabusé. Mais, si la première partie est la plusréussie, la seconde n’évite ni les longueurs ni lesgrandes violences.

M.-L. R.

Policier américain (2004) deTony Scott, avec DenzelWashington (Creasy), DakotaFanning (Pita), Marc Anthony(Samuel), Radha Mitchell(Lisa), Christopher Walken,Giancarlo Giannini (2h26).Sortie le 13 octobre 2004.

L’histoire du chameau qui pleureDans le désert de Gobi, en Mongolie, c’est la période desnaissance pour les chamelles. L’une d’elles, qui a eu du mal àmettre bas, refuse de nourrir son petit. Les nomades semobilisent alors pour résoudre le problème. Selon la tradition,seul le son du violon peut émouvoir une chamelle. Deux enfantspartent en ville chercher le professeur de musique.

A mi-chemin entre documentaire et fiction, cette œuvre semble touchée par la grâce. Les deuxcinéaste, l’une Mongole, l’autre Italien, possèdent un solide sens de la narration et de la poésie.Les paysages apaisés de ce désert servent d’écrin à cette belle histoire qui prône le respect de lanature et le sens de la famille. Une très jolie réussite !

M.-L. R.

Comédie dramatique germano-mongole (2003) de Byambasuren Davaa et Luigi Falorni, avec Ingen Temee (maman chamelle), Botok (bébé chameau),Uuganbaatar Ikhbayar (Ugna), Odgerel Ayusch (Odgoo), Janvich Ayurzana (Janvich) (1h30). Sortie le 6 octobre 2004.

Par amour pour sa femme,

un comédien inconnu joue le

plus grand rôle de sa vie.

Une magnifique histoire d’amourLE GRAND RÔLE

Une histoired’amour et d’amitiéqui alternele rire et les larmes.(

par Marie-Christine D’ANDRÉ

FRANCECatholique N°2948 15 OCTOBRE 2004 37

LIVRES■ GÉOGRAPHIE DE L’ESPOIRPierre Birnbaum, Gallimard, 376 pages, 25 €.

En Historien et historien du judaïsme, PierreBirnbaum, nous propose, avec cette succession de por-traits de “figures juives” (comme Marx, Arendt, Aron,Walzer), une nouvelle lecture de l’opposition tradition-nelle entre le judaïsme de l’Est de l’Europe, fier de sesorigines, et le judaïsme de l’Ouest de l’Europe, soucieuxd’assimilation. Le premier judaïsme se retrouve auxEtat-Unis, terre d’accueil de trois millions de juifsd’Europe de l’Est, et, en particulier, dans les départe-ments de sociologie des universités. Or, souligneBirnbaum, ces juifs-universitaires ignorent les juifs entant qu’objet d’étude par souci de ne pas apparaîtreliés à leurs origines. Et ce qui est vrai outre-Atlantiquel’est encore plus sur le vieux continent terre d’assimila-tion avec, en France, les figures de Marc Bloch, puis deLevi-Strauss ou de Raymond Aron. La République s’ou-vre aux juifs sur des critères méritocratiques. Or, ilsemblerait que cet enfouissement national soit entrain de s’achever avec un souci moderne d’affirmationjuive – dont Birbaum lui-même est un exemple.

En tant que telle, l’histoire des juifs en Occidentintéresse de plus en plus, ce qui conduit à reconsidérerla rencontre entre les juifs et les Lumières – rencontreprésentée comme libératrice. E. Lévinas, constatant,après la Shoah, l’échec de l’assimilation, indique quecette dernière "semble devoir s’achever en dissolution".Le livre de Birbaum montre que le temps de cette dilu-tion identitaire est terminé. Mais surtout il invite à unerelecture, une "contre-histoire", des positions de cesgrandes figures juives intellectuelles qui, toutes, fina-lement, en Occident, seraient plutôt du côté d’un cer-tain conservatisme politique. Ainsi, Adorno, IsaiahBerlin, Arendt, Daniel Bell, Aron ont été en affinité depensée avec des penseurs réticents aux Lumières etréservée à l’égard de la Révolution comme Mon-tesquieu, Burke ou Tocqueville...

■ RICŒURCahiers de l’Herne, Ed. de L’herne, 361 pages, 49 €.

Régulièrement l’Herne consacre l’un de ses cahiersà un auteur majeur. Celui relatif à Paul Ricœur est,comme les précédents, passionnant avec de multiplesconfrontations intellectuelles, des articles de fond etde belles percées dans toute l’œuvre de l’auteur. L’ar-ticle de Richard Kearney met bien en évidence la viséespécifique de Ricœur. Compte tenu de l’ignorance parla métaphysique classique de l’énigme de l’autre, unintérêt philosophique s’est manifesté à l’égard de l’al-térité. Or, un équilibre est à trouver entre un alter egoqui pourrait devenir soit trop loin (trop alter) soit tropproche (trop ego).

Ricœur, nous dit Kerney, évite le double piège :celui d’une altérité absolue et non relative (positiondéfendue par Lévinas) et, d’autre part, celui d’unefusion des consciences, d’une sorte d’appropriation del’autre par soi (position défendue par Gadamer). Laproblématique est ainsi posée : celle qui oppose unealtérité absolue à une altérité relative. Dans la positionlévinassienne l’au-delà de l’autre restera toujours horsd’atteinte. Ricœur et d’autres (dont Richard Kearneylui-même) cherchent une troisième voie qui fait de l’a-mitié un accueil de différence, un dia-logos de soi-même comme un autre. L’autre serait alors ni trans-

cendant ni immanent, mais un étranger en moi-même.A cela s’ajoutent différents autres articles qui permet-tent de mieux entrer dans la pensée de ce grand philo-sophe chrétien.

■ ADORNOStefan Muller-Doohm, 496 pages, Gallimard, 32,50 €. /Théodor Adorno/Alban Berg, correspondance, 1925-1935, Gallimard, 353 pages, 35 €.

Théodor Adorno (1903-1969) fut tout à la fois phi-losophe et musicien. Il jouait, composait de la musiquede sorte qu’il écrivit sur des musiciens. Sa correspon-dance avec Alban Berg, seul musicien de l’école deVienne (avec Berg, Webern, Schönberg) à avoir rencon-tré de son vivant une certaine gloire. Le jeune Adorno,âgé de 22 ans, entre en correspondance (par lettres etaffinité musicale) avec un Berg âgé de 40 ans et s’im-posera assez vite comme un interlocuteur privilégié.Cette correspondance rend compte de cette amitiémusicale et des réflexions sur cette musique nouvelle.La Biographie d’Adorno, chef de file de l’école dite deFrancfort, qui vient de paraître suit, dans tous cesdéveloppements, la vie et la philosophie de celui quis’est interrogé sur la crise du sens que le monde tra-versait. Pour lui la Raison et son inflation, sembleconduire à une sorte de réduction de tout à l’unité, àune autodestruction de l’homme et à un asservisse-ment de l’homme par l’homme. Défenseur de la mo-dernité en art, il est critique à l’égard de cette montéede la marchandisation et du primat de la raison surtoutes les autres manières d’appréhender le monde.

■ LA PHILOSOPHIE MÉDIÉVALEAlain de Libera, PUF, 487 pages, 22 €.

Spécialiste du Moyen Age, professeur à Genève et àParis, Alain de Libera publie en poche un cours quibrosse les différents aspects de cette philosophie, éten-due sur dix siècles. Il ne se limite pas au seul Occident(Boèce, Anselme de Cantorbéry, Thomas d’Aquin,Ockam..) il consacre, ce qui est assez nouveau, presquela moitié de son ouvrage aux philosophes juifs(Maïmonide..) et de l’Islam. Manuel indispensable,pédagogique et fort didactique, pour bien comprendreces époques anciennes – et qui pourtant restent pré-sentes dans nos débats d’aujourd’hui.

■ SAINT ANSELME Michel Corbin, Cerf, 196 pages, 22 €.

Michel Corbin, jésuite, professeur honoraire del’Institut catholique de Paris, dirige la publication desœuvres complètes de saint Anselme et, dans ce livre,nous fait découvrir l’œuvre et la pensée de ce moine(1033-1109), abbé du Bec, archevêque de Cantorbéry.Anselme restera surtout comme le véritable fondateurde la scolastique – qui sera illustrée, plus tard, parAbélard et Thomas d’Aquin- et l’auteur d’une des plusfameuses preuves de l’existence de Dieu, dite "preuveontologique". Mais cette "preuve" par la raison nousindique Michel Corbin, qui aurait rendue vaine toutefoi, doit être bien mieux comprise – sous peine d’en-gendrer des contresens. Dieu ne se prouve pas ; la foine peut être dépassée par la raison. Dieu est dans l’ex-cès, dans cette charité qui surpasse toute connais-sance. Tel est le travail d’ajustement qu’entreprendMichel Corbin.

SELECTION

Philosophiepar Damien LE GUAY

ParisParis✔ A l'espace Georges Bernanos,Association "Les Amis de SaintLouis d'Antin", 4, rue du Havre,75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.34,une conférence-débat est propo-sée le 27 octobre (18h30) "Lavie éternelle", Quelle vie aprèsla mort ?, avec le père MichelGitton, recteur de la collégialeSaint-Quiriace (Provins), fonda-teur de la communauté AïnKarem.✔ Les Semeurs d'Espérance pro-posent une Nuit d'Adoration le29 octobre, avec les pères PierreCeyrac (jésuite) et Thierry deRoucy (fondateur de l’œuvrePoints Cœur) sur le thème"Miséricorde et compassion :portes du Bonheur !". Le rendez-vous est fixé à 20h à la paroisseSt Séverin, 75005 Paris (avecvotre sac de couchage et votretapis de sol). Entrée par le 3, ruedes Prêtres. Enseignements,messe animée, adoration guidée,relais devant Jésus, sacrement deréconciliation, petit déjeuner.Rens. : www.semeurs.org✔ Du 25 au 31 octobre, l’asso-ciation nationale pour le déve-loppement de l’action spirituelle(ANDAS [31, Rue Ambroise Cot-tet, 10000 Troyes, ✆ 03.25.45.18.67, fax 03.25.45.18.66]) pré-sente une exposition sur le Lin-ceul de Turin, dit Saint-Suaire, àNotre-Dame du Bon Conseil,140, rue de Clignancourt, 75018Paris. Dominique Daguet, auteurdu livre Le Linceul du Ressuscité(Ed. du Sarment), assurera cha-que jour des permanences : de9h30-12h, et 14h30-18h30 (saufle mardi 26, jusqu’à 16 h).✔ L'Union pour la Vie organiseson colloque annuel, avec lesoutien de la Fondation JérômeLejeune, le 20 novembre (9h30 à17h), dans la salle Rossini, 8, ruede l’Annonciation, 75016 Paris,sur le thème "Jérôme Lejeune etle message de la vie", avec labiographie de Jérôme Lejeunepar Anne Bernet, les témoignagesde Mgr Labaky, Clara Lejeune-Gaymard et Me Trémolet deVillers, des conférences... Rens. :UPV, 31, rue Rennequin, 75017Paris, ✆ /fax : 01.47.66.21.91,e.mail : [email protected](participation aux frais).✔ La société de Saint Jean vousinvite à sa prochaine exposition"Qui nous montrera le visage dubonheur", du 24 au 30 octobre, àl'Eglise St-Leu-St-Gilles, 92, rue StDenis, 75001 Paris.✔ "Les Blues Brothers" de Dieu enconcert, le 26 octobre (20h30), auBon Conseil, 6, rue Albert deLapparent, 75007 Paris. D’unerive jazzy à des sons plus rock, enallant jusqu’aux chaleurs latinos...Musiciens et public se tournentensemble vers Dieu pour le chan-

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immédiat. Beaucoup de questions se posent à nos amis. La première sans doute : Commentsoutenir l'équipe de France Catholique ? Au risque de ne pas être compris nous commence-rons pas dire : d'abord en ne nous téléphonant pas sauf cas urgent. Notre équipe doit eneffet garder toute son énergie, toute son imagination pour agir. Certains nous demandent sinous allons nous relever de cette "erreur". Soulignons que l'erreur juridique est à discuterdevant les instances prévues à cet effet. Nous ne reconnaissons pas ce que nous reproche ladécision de la Commission paritaire. Tout au plus y voyons-nous un malentendu sur les termes"supplément" et "pages spéciales". Cela sera l'objet de nos recours. Nous avons confiance surle fond, seulement peur sur la question des délais.

Notre stratégie qui visait à sauver le concept de TL-notre hebdo et d'y voir pour FranceCatholique - en rendant un service incomparable aux familles catholiques ayant de jeunesenfants - un moyen de renouveler son public, n'aura pas eu le temps de révéler son éven-tuelle pertinence. Quoi que nous pensions sur le fond, la plus élémentaire prudence juri-dique nous oblige désormais à faire autrement. En termes financiers, c'est quelque peu affo-lant. Au bas mot 175.000 euros à trouver rapidement pour ne pas sombrer. D'où le seulmoyen de nous aider véritablement : nous apporter un rapide concours financier, sousforme de réabonnements de soutien, de dons aux associations qui nous soutiennent, d'a-chats des quelques produits que nous avons en stock... Tous nos actionnaires, tous nosabonnés - qui sont le plus souvent les mêmes personnes - vont recevoir, par courrier séparé,une demande d'aide. Nous comptons aussi sur nos annonceurs pour nous maintenir leurscontrats voire renouveler les contrats qui étaient malheureusement restés en souffrance.Merci à ceux qui pourront nous répondre sans attendre.

Nous avons en effet la ferme résolution de rebondir. Pour "France Catholique", cela sup-pose probablement, à plus ou moins long terme, une évolution de la forme qui dépendrades concours qui, déjà, semblent se présenter à nous. Pour les pages "jeunes", nous avonsaussi de sérieux espoirs d'arriver à quelque chose avant Noël avec sans doute des palliatifsavant...

Merci à tous de bien vouloir patienter, de nous laisser le temps de nous retourner et si,par malchance, nous ne sauvions pas tous les meubles, de ne pas nous accabler. L'heure estaux projets pas aux introspections. L'heure est à la mobilisation et à l'espérance sinon àl'optimisme. Et si cette épreuve se transformait en coup de fouet salutaire ? D'un mal inat-tendu naîtrait un bien supérieur. N'est-ce pas la voie qu'emprunte le plus souvent laProvidence pour nous faire progresser ? De toute manière, il y a une seule Bonne Nouvelle,et celle-ci trouvera toujours le moyen de passer et de nous rendre heureux quelles quesoient les épreuves du moment.

France Catholique

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layrac-St-Cirq, ✆ 05.53.66.86.05, fax 05.53.66.10.02, desrécollections et retraites sont pré-vues : du 29 novembre au 5décembre "Le combat spirituel","Armez-vous de force dans leSeigneur" (Ep 6,10), par FernandSanchez, diacre ; du 26 au 31décembre (14h) "Pauvreté ducœur, source de richesses","Heureux les pauvres de cœur, leRoyaume des cieux est à eux" (Mt5,3), par le père Bostyn D.Pas-de-CalaisPas-de-Calais✔ La Maison diocésaine d'ac-cueil "Ave Maria", 5, La Place,62120 Wardrecques, ✆ 03.21.93.55.48, prévoit une session dela Toussaint, ouverte à tous, du 26(11h) au 29 octobre (14h) sur lethème "Péguy, maître spirituel ?",avec le père Pierre Névejans, pro-fesseur de littérature française etle père Léon Hamain, théologien.Saône-et-LoireSaône-et-Loire✔ Une retraite est prévue du 3(19h30) au 5 décembre (16h)"Ecouter la Parole à l'école deMarie", "Qu'il me soit fait selonta parole" (Lc 1, 38) par le pèreJean-Rodolphe Kars. Rens. Sanc-tuaires, BP 104, 71603 Paray-le-Monial Cedex, ✆ 03.85.81.62.22, fax 03.85.81.51.67. Site :[email protected]✔ Le Foyer de Charité, 73260Naves, ✆ 04.79.22.91.02, orga-nise une retraite du 18 au 24octobre "Avec Marie, chercher lavolonté de Dieu", avec le pèreCousseau.YYvelinesvelines✔ Au Foyer de Charité "La Part-Dieu", à Poissy, du 20 (19h) au26 février (9h), une retraite estproposée avec le père JeanMeeûs s.j. : "Crée en moi uncœur pur, ô mon Dieu" (Ps. 50,12). Inscriptions auprès de MmeHuyghues Despointes, 4, placede Barcelone, 75016 Paris.

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