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  • 8/6/2019 ChroniqueBiblique2

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    Auteur GUIDAL (Philippe)Titre Chronique biblique 2e srie : Lire la BibleLieu Parisditeur RegnatDate 2009-2010Dewey 220.6 GUI

    Classe Exgse bibliqueNotes Chronique publie dans le bulletin Regnatde 2009 2010.Les rfrences et la pagination sont insres dans le texte.

    LLiirree llaa BBiibbllee

    Regnatn32, 2 juin 2009, pp. 6-11

    l y aurait encore bien des sujets aborder pour donner une rponse peu prs complte notre

    interrogation initiale : Quest-ce que la Bible ? Si Dieu veut, nous y reviendrons ultrieure-

    ment. Pour lheure, aprs une petite dizaine de chroniques autour de cette question, il nous parat

    opportun de marquer une pause et de passer la pratique : la lecture de la Bible. Pour cela nous

    aurons besoin de quelques outils.

    Tout dabord, et assez naturellement, une Bible. Chacun sait quil en existe plusieurs ditions :

    laquelle choisir ? Idalement, il conviendrait de pouvoir lire la Bible dans le texte, cest--dire en

    hbreu pour lAncien Testament, et en grec pour le Nouveau Testament. une poque et dans une

    socit telles que les ntres, o lapprentissage des langues trangres fait partie du cursus scolaire

    normal et se pratique ds lcole primaire, il ne parat pas incongru de demander un catholique de

    base de produire leffort ncessaire cet apprentissage.

    Nous ne devons reculer devant aucun effort en vue de la connaissance et reconnaissance de la

    Parole de Dieu. Sil vaut la peine dapprendre litalien pour pouvoir lire Dantedans le texte, com-

    bien plus forte raison devons-nous considrer comme allant de soi dapprendre lire lcriture dans

    ses langues dorigine. Toute tude historique srieuse fait naturellement partie de notre expdition

    dans la Parole de Dieu. [] Qui aime veut connatre. Il ne pourra jamais en savoir assez sur celui

    quil aime. Cest ainsi que le soin mis connatre est une exigence intrieure lamour.

    RATZINGER (Joseph),Un chant nouveau pour le Seigneur. La foi dans le Christ et la liturgie au-

    jourdhui, traduit de lallemand par Joseph Feisthauer, Paris, Descle, 1995, pp. 225-226.

    I

    http://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090602.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090602.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090602.pdfhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Dante_Alighierihttp://fr.wikipedia.org/wiki/Dante_Alighierihttp://fr.wikipedia.org/wiki/Dante_Alighierihttp://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt_XVIhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt_XVIhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt_XVIhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt_XVIhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/http://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt_XVIhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Dante_Alighierihttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090602.pdf
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    Pour toute uvre littraire, une traduction fait ncessairement perdre une partie plus ou moins

    importante du sens du texte original, comme lexprime laphorisme italien traduttore traditore1.

    Que peut bien donner, par exemple, une traduction anglaise ou allemande deCorneilleouRacine?

    Quand on a rendu Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos ttes 2 ? par Wholl meet those

    snakes that hiss above your heads3 ?, ou :

    Mais ce secret courroux,

    Cette oisive vertu, vous en contentez-vous ?

    La foi qui nagit point, est-ce une foi sincre4 ?

    par :

    But are you satisfied

    With this unpractised virtuesecret wrath ?Ah! Can that faith which acts not be sincere5 ?

    est-on bien avanc ? O sont alexandrins, allitrations, rimes, qui donnent forme la pense de

    lauteur et permettent den exprimer toute la richesse ? Encore ne sagit-il ici que dexemples litt-

    raires, sans gure de rapport avec le salut des mes. Quon lise Shakespearedans le texte ou tra-

    vers les traductions classiques de Franois Guizotou Franois-Victor Hugo importe peu au final.

    Mais peut-il en tre de mme lorsquil sagit de la Parole de Dieu ?

    En effet6, la doctrine de la foi est lie linterprtation correcte du donn scripturaire. Toutes les

    hrsies ont une cause ce niveau, quil sagisse dune mprise sur le sens dun mot ou dune ex-

    pression, du refus de prendre en compte lensemble des critures canoniques, etc. Aussi faut-il veil-

    ler avec le plus grand soin bien comprendre ce quon lit.

    Soit une phrase, telle que Attilaest le flau de Dieu . La comprhension de cette phrase im-

    plique de connatre non seulement le sens obvie des principaux termes utiliss (Attila, tre, flau,

    Dieu), mais aussi de [7]saisir le sens de ces mmes termes runis dans lnonc. Ainsi, faut-il com-

    prendre flau de Dieu comme un gnitif objectif ou subjectif ? Autrement dit, la mtaphore si-

    1 Littralement : traducteur tratre ; plus librement : toute traduction est une trahison .2RACINE (Jean),Andromaque, V, 5, v. 1638.3 RACINE (Jean), Three Plays. Andromache, Phaedra, Athaliah, traduction par Tim Chilcott, Ware (Hertfordshire),Wordsworth Editions Ltd, collection Wordsworth Classics of World Literature , 2000, p. 135.4RACINE (Jean),Athalie, I, 1, vv. 69-71.5RACINE (Jean),Athaliah : A Tragedy, intended for reading only, traduction par J. Donkersley, Huddersfield, White-head, 1873, p. 10.6Nous reprenons ici une bonne partie de la matire dun article (De la bonne comprhension des textes de lcriture

    sainte ) qui nous avait t demand par la revueUna Voce,publi dans son n 259, mars 2008, pp. 16-17. Voir aussinotre change concomitant avec lAbb Claude Barthe dansLHomme nouveau,n 1417, 15 mars 2008, p. 18 ( QuandDieu a parl grec ).

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/William_Shakespearehttp://fr.wikipedia.org/wiki/William_Shakespearehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Guizothttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Guizothttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Victor_Hugohttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Victor_Hugohttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://www.tclt.org.uk/about.htmlhttp://www.tclt.org.uk/about.htmlhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://www.unavoce.fr/http://www.unavoce.fr/http://www.unavoce.fr/http://www.hommenouveau.fr/http://www.hommenouveau.fr/http://www.hommenouveau.fr/http://www.hommenouveau.fr/http://www.unavoce.fr/http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://www.tclt.org.uk/about.htmlhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Victor_Hugohttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Guizothttp://fr.wikipedia.org/wiki/William_Shakespearehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneille
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    gnifie-t-elle quAttilaest une calamit envoye parDieu (pour chtier Son peuple infidle) ou quil

    est une calamitpourDieu ? Faut-il mme comprendre flau au sens figur de calamit , ou

    en rester au sens propre de linstrument utilis pour sparer le grain de la paille ? Ou bien encore,

    sagit-il dune mtaphore de la justice divine, le flau tant aussi le support des plateaux de la b a-

    lance, symbole culturel de la justice ? Pour le savoir, il convient danalyser la phrase, en prenant en

    compte son contexte, lintention de son auteur, etc., afin den dterminer le ou les sens possibles. Et

    ce travail prliminaire ne peut tre ralis que sur le texte original, une traduction risquant fort de

    masquer certaines subtilitspropres la langue dorigine. En anglais, par exemple, aflailnest pas

    ascourge, qui nest pas aplague, qui nest pas non plus acurse, ni abeam ; pourtant tous sont des

    flaux

    Mais laissons lAttila, qui nest plus gure dactualit, et prenons quelques exemples bibliques.

    Dans un passage deLa Monte du Carmel,saint Jean de la Croixsinquitait du peu de prudence

    [de] quelques matres de la vie spirituelle :

    Ils justifient la sentence du Seigneur qui dit : Ccus autem si cco ducatum

    prstet, ambo in foveam cadunt: Si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tombent

    tous les deux dans la fosse. Il ne dit pas quils tomberont mais quils tombent ; car il

    nest pas ncessaire quil y ait chute derreur pour quils tombent; le seul fait davoir la

    prtention de se conduire lun lautre est dj une erreur, et ainsi on peut dire quau

    moins en cela seul ils tombent7.

    Saint Jean de la Croixlisait la version latine de la Vulgate; sil avait t en mesure de lire Mt

    1514 dans le texte, cest--dire en grec, il aurait lu :

    [ ]. Cest--dire : tous deux tomberontdans une fosse. Car

    [] (ou [], selon certains manuscrits) est bien le

    futur du verbe [] (ou []). Etsaint Jean de la Croixnaurait donc pu

    sappuyer sur cette citation pour tayer son jugement (qui reste tout fait pertinent, mme sans ap-pui scripturaire).

    Deuxime exemple : la traduction (?) et Dieu vit que cela tait bon8 des Bibles modernes

    passe ct de la richesse smantique du texte hbreu [

    ] et du grec de la Septante, []. En

    effet, tant lhbreu [] que le grec [] de la Septante signifient aussi bien bon

    7S.JEAN DE LA CROIX,La Monte du Carmel, II, 16 (uvres spirituelles, traduction du R. P. Grgoire de Saint-Joseph,Paris, Seuil, 1947, pp. 192-193).8Cf. Gn 1 4.10.12.18.21.25.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croixhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attilahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Attila
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    - 4 -

    que beau , le grec mettant dailleurs davantage laccent sur ce dernier sens. Importante leon de

    mtaphysique, qui apprend ou rappelle que le beau est une espce du bien :

    Le beau est identique au bien ; leur seule diffrence procde dune vue de la raison.

    Le bien tant ce que tous les tres dsirent, il lui appartient, par sa raison de bien,

    dapaiser le dsir, tandis quil appartient la raison de beau dapaiser le dsir quon a de

    le voir ou de le connatre. Cest pourquoi les sens les plus intresss par la beaut sont

    ceux qui procurent le plus de connaissances, comme la vue et loue mises au service de

    la raison ; nous parlons, en effet, de beaux spectacles et de belles musiques. Les objets

    des autres sens nvoquent pas lide de beaut : on ne parle pas de belles saveurs ou de

    belles odeurs. Cela montre bien que le beau ajoute au bien un certain rapport la puis-

    sance connaissante ; le bien est alors ce qui plat lapptit purement et simplement ; le

    beau, ce quil est agrable dapprhender9.

    Troisime exemple, bien connu : linterprtation du mot [] dans deux pas-

    sages du Nouveau Testament :

    Voici que la vierge [] concevra et enfantera un fils10

    [Lange Gabriel fut envoy] une vierge [] fiance un homme du nom

    de Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge [] tait Marie11.

    [8] En grec, peut tout aussi bien dsigner une vierge , au sens strict, quune jeune

    fille non marie, dans un sens plus gnral. La plupart du temps, le contexte permet dorienter la

    traduction dans lun ou lautre sens, mais ici lquivoque est dautant plus prendre au srieux que

    Mt1 23 est une citation deIs7 14 ; or le texte hbreu utilise le mot [], qui dsigne

    simplement une jeune femme, mme rcemment marie ; cest le mot [] qui dsigne

    une vierge au sens strict, comme en 1 R 1 2. Replac dans son contexte, et en prenant donc en

    compte le fait que ses lecteurs nattendaient absolument pas une naissance miraculeuse, le versetdIsae pourrait trs bien sappliquer une femme du roi Achaz. Pour ne rien arranger, la vnrable

    version grecque des Septante utilise pour traduire indiffremment les deux mots hbreux.

    On pourrait objecter que les murs antiques taient fort diffrentes des ntres, et quune jeune

    fille non marie tait alors forcment vierge12. Certes, nous touchons aujourdhui les bas-fonds de la

    dliquescence morale (y compris, hlas, dans les milieux catholiques, o la virginit nest pas la

    9S.THOMAS DAQUIN,Somme thologique, Ia-II, q. 27, art. 1, ad 3.10Mt1 23 (traduction :La Bible de Jrusalem).11Lc1 27.12 Objection qui nous fut adresse par un lecteur dUna Voce (n 261, juillet 2008, p. 17) et par lAbb Barthe (loc. cit.).

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d'Aquinhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d'Aquinhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d'Aquinhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d'Aquinhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d'Aquinhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d'Aquinhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d'Aquinhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d'Aquinhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d'Aquin
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    - 5 -

    vertu la mieux porte chez les clibataires), mais il ne faut pas non plus entretenir trop dillusions

    sur le pass : les multiples objurgations de saint Paul lencontre des dbauchs et fornicateurs13 ou

    les spons turpes de Juvnal14 sont aussi le reflet dune ralit quil convient de ne pas mcon-

    natre. Et il reste que, de fait, lhbreu distingue bien vierge et jeune fille (vierge ou pas).

    Or cette distinction a t maintenue dans les autres grandes traductions grecques de la Bible h-

    braque, celles dAquila, Thodotion et Symmaque15, qui tous trois rendirent par

    [], jeune fille Cest trs vraisemblablement sur la version dAquilaque sappuyait le

    juif Tryphon dans sa controverse avecsaint Justin( 165), qui interpelle ainsi son adversaire :

    Vous et vos docteurs, vous avez prtendu quil nest pas dit dans la prophtie

    dIsae: Voici, la vierge concevra, mais Voici : la jeune fille concevra et enfantera

    un fils, et vous interprtez la prophtie comme sil sagissait dzchias qui fut votre

    roi16.

    Origne(c. 185-253), dans sa monumentale rfutation de l (Discours vritable)

    de Celse, un obscur philosophe paen du IIe sicle, avait d lui aussi batailler sur ce point

    dexgse17.

    Saint Jrmelui-mme, tout en remarquant que dsigne presque toujours une vierge, re-

    levait lexistence dune ambigut dans ce passage dIsae :

    Virgo Hebraice BETHULA () appellatur, qu in prsenti loco non scribitur ;

    sed pro hoc verbo positum est ALMA (

    ), quod prter LXX omnes

    13Cf. 1 Co 5 1.9-11, 6 9.13.15-16.18, 7 2, 10 8 ; 2 Co 12 21 ; Ga5 19 ; Ep5 3.5 ; Col3 5 ; 1 Th 4 3 ; 1 Tm 1 10.14Satura I, 78. Spons turpes : fiances dj corrompues (traduction de Pierre de Labriolle et Franois Villeneuve,Les Belles Lettres, collection des Universits de France, 1921, p. 9).15 Sur ces trois versions, cf. AMANN (mile), Versions de la Bible , Dictionnaire de Thologie Catholique, t. XV,Paris, Letouzey et An, 1948, col. 2711-2712. On y remarquera, entre autres, que saint Jrmetenait en estime les tra-vaux de ces trois traducteurs.16S.JUSTIN,Dialogus cum Tryphone Judo, 43 (Patrologi Grc, VI, 569A ; traduction de Georges Archambaultin :JUSTIN MARTYR,uvres compltes, Paris, Migne, collection Bibliothque , 1994, p. 165) ; cf. ibid., 67 (PG, VI,

    629A ; traduction : op. cit., p. 205).17Cf.ORIGNE,Contre Celse, I, 34-35 (traduction par Marcel Borret, Paris, Cerf, collection Sources chrtiennes ,n 132, 2005, pp. 168-173).

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Juv%C3%A9nalhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Juv%C3%A9nalhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Aquila_(Bible)http://fr.wikipedia.org/wiki/Aquila_(Bible)http://fr.wikipedia.org/wiki/Aquila_(Bible)http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odotionhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odotionhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Symmaque_l'%C3%89bionitehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Symmaque_l'%C3%89bionitehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Aquila_(Bible)http://fr.wikipedia.org/wiki/Aquila_(Bible)http://fr.wikipedia.org/wiki/Aquila_(Bible)http://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Orig%C3%A8nehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Orig%C3%A8nehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Celse_(philosophe)http://fr.wikipedia.org/wiki/Celse_(philosophe)http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Orig%C3%A8nehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Orig%C3%A8nehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Orig%C3%A8nehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Orig%C3%A8nehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Orig%C3%A8nehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Celse_(philosophe)http://fr.wikipedia.org/wiki/Orig%C3%A8nehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplousehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Aquila_(Bible)http://fr.wikipedia.org/wiki/Symmaque_l'%C3%89bionitehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odotionhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Aquila_(Bible)http://fr.wikipedia.org/wiki/Juv%C3%A9nal
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    adolescentulam transtulerunt. Porro ALMA apud eos verbum ambiguum est : dicitur

    enim et adolescentula, et abscondita, id est

    Vierge, en hbreu, se dit BETHULA, mot que ne porte pas ici le texte, o nous lisons

    ALMA, que tous, les Septante excepts, ont rendu par jeune adolescente . Or, chez les

    Hbreux, le mot alma a un double sens : Jeune adolescente , et cache , cest--

    dire 18

    Sans poursuivre davantage sur ce point, la lecture de Lc134 (o Marie affirme quelle ne con-

    nat pas dhomme, cest--dire quelle na jamais eu de rela[9]tions conjugales) suffit orienter la

    traduction dans le sens de vierge ; et le catholique peut verrouiller dfinitivement

    linterprtation avec le dogme de la virginit perptuelle de Marie 19. Mais il nest pas inutile de sa-

    voir que la traduction est loin dtre vidente

    20

    .Quatrime exemple : chacun sait que les diffrentes langues ne disposent pas des mmes ri-

    chesses pour exprimer la diversit quasi infinie des sentiments humains. Ainsi, le franais ne pos-

    sde quun verbe aimer quil sagisse daimer le chocolat, son conjoint ou Dieu , alors que

    langlais en a deux (to like, to love), et le grec quatre ( [], [],

    [], [])

    Mettons les choses au plus simple : (et le substantif []) se rapporte initia-

    lement lamour raisonn, et en contexte chrtien lamour divin ; (et le substantif

    [], ou []) se rapporte lamour passionn ; (et le substantif [])

    se rapporte lamour naturel (celui des parents pour leurs enfants, du citoyen pour la cit) ;

    (et le substantif []) se rapporte lamour dinclination (lamiti)21.

    Muni de ces quelques renseignements, essayons de (re)lire le fameux dialogue entre le Seigneur

    et saint Pierre qui est rapport la fin de lvangile selon saint Jean :

    15 Quand ils eurent djeun, Jsus dit Simon-Pierre : Simon, fils de Jean,

    Maimes-tu plus que ceux-ci ? Il Lui rpondit: Oui, Seigneur, Tu sais que je Taime.

    Jsus lui dit : Pais Mes agneaux.

    18S.JRME,Commentaria in Isaiam prophetam, liber III (Patrologi Latin, XXIV, 110B ; traduction de GeorgesBareille in : uvres compltes de saint Jrme, t. V, Paris, Louis Vivs, 1878, p. 101).19Cf. Catchisme de lglise catholique, nn. 499-501 et les rfrences infrapaginales.20 Le lecteur curieux consultera avec profit la trs bonne notice consacre et dans : SPICQ (Ce-slas),Lexique thologique du Nouveau Testament(Paris/Fribourg, Cerf/ditions universitaires, 1991, pp. 1175-1184.21 Pour des explications plus dtailles, cf. FLORENSKY (Paul), La colonne et le fondement de la vrit. Essai dunethodice orthodoxe en douze lettres, traduit du russe parConstantin Andronikof, Lausanne, Lge dHomme, collec-tion Slavica , 1975, pp. 255-294 ( XII. Onzime lettre : lamiti ).

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4mehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Florenskyhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Florenskyhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Florenskyhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Florenskyhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Florenskyhttp://en.wikipedia.org/wiki/Constantin_Andronikofhttp://en.wikipedia.org/wiki/Constantin_Andronikofhttp://en.wikipedia.org/wiki/Constantin_Andronikofhttp://en.wikipedia.org/wiki/Constantin_Andronikofhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Florenskyhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_J%C3%A9r%C3%B4me
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    Lire la Bible

    - 7 -

    16 Il lui dit nouveau, une deuxime fois : Simon, fils de Jean, Maimes-tu ?

    Oui, Seigneur, lui dit-Il, Tu sais que je Taime. Jsus lui dit: Pais Mes brebis.

    17 Il lui dit pour la troisime fois : Simon, fils de Jean, Maimes-tu ? Pierre fut

    pein de ce quIl lui et dit pour la troisime fois: Maimes-tu ?, et il Lui dit : Sei-

    gneur, Tu sais tout, Tu sais bien que je Taime. Jsus lui dit : Pais Mes brebis22.

    Dans laBible de Jrusalem, une petite note de bas de page apporte la prcision suivante :

    Aimer est exprim dans le texte par deux verbes diffrents, qui correspondent

    respectivement aimer, et avoir de lamiti ou chrir. Il nest pas certain cependant

    que cette alternance soit autre chose ici quun effet de style, de mme que lalternance

    agneaux brebis23.

    Effet de style , vraiment ? Voyons cela de plus prs. Que lit-on en grec ? Aux versets 15-16,le Maimes-tu ? Je Taime est donn ainsi24 :

    Le Seigneur demande Pierre sil Laime dun amour de charit (), sil Laime comme

    Lui-mme laime25 ; mais Pierre naime le Seigneur que dun amour damiti (), un amour

    tout humain. Ce nest dj pas si mal, mais bien en de de ce qui est requis. En forant le trait,

    quand Jsus demande : Suis-je ton Dieu ? , Pierre rpond, et par deux fois : Tes mon pote

    De guerre lasse, la troisime fois, le Seigneur Se met au niveau de Pierre (verset 17) :

    Plusieurs leons pourraient tre tires de ltude minutieuse de ce dialogue26, qui remettraient

    notamment en question son interprtation la plus courante chez nombre de fidles, ne voyant sou-

    vent l quune sorte de session de rattrapage du triple reniement ptrinien27 ; en ralit, le re-

    niement se poursuit, dune faon plus subtile, et mme totalement transparente pour le lecteur pri-

    sonnier de la traduction franaise Mais cette nouvelle dfaillance de Pierre nempchenulle[10]ment le Seigneur de lui confier le soin de Son troupeau. Belle illustration de ce que la tho-

    22Jn21 15-17.23La Bible de Jrusalem, Paris, Cerf, 1973 (dition 1994), p. 1563, note b.24 En grec, le point-virgule (;) correspond notre point dinterrogation (?).25Cf. Jn 15 12 : Voici quel est Mon commandement : vous aimer les uns les autres comme Je vous ai aims. 26 On notera au passage que la traduction latine rend trs bien ce dialogue, en utilisant les deux verbes amo (= ) etdiligo (= ). Mais qui lit encore la Bible en latin ?!27Cf. Mt26 69-75 ;Mc14 66-72 ;Lc22 54-62 ;Jn18 15-18, 25-27.

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    - 8 -

    logie appelle la grce prvenante28, qui nattend pas quelque mrite humain pour se dployer

    (auquel cas, il ny aurait plus grce mais rglement dune dette 29).

    Quon retienne simplement, sur un plan trs gnral, quun mot peut tre dit dans un sens, et

    compris dans un autre. Par exemple, lorsquun homme dit une femme, ou une femme un

    homme : Je taime, mieux vaut sassurer que chacun est sur le mme registre dintention, surtout

    lorsquon est francophone

    Bref ! Tout cela pour essayer de montrer nos lecteurs lintrt de pouvoir aborder la lecture des

    Saintes critures au plus prs du texte. Trs concrtement, pour toute personne doue de moyens

    intellectuels standards, lapprentissage des langues bibliques (hbreu et grec) nest pas chose insur-

    montable. Les facults de thologie

    francophones utilisent depuis detrs nombreuses annes deux ma-

    nuels qui permettent, sur une anne

    scolaire ( raison dune ou deux

    leons par semaine), un auto-

    apprentissage trs fructueux :

    WEINGREEN (Jacob), Hbreu

    biblique. Mthode lmentaire,

    traduit par Paul Hbert, Paris,

    Beauchesne, collection Les

    classiques bibliques , 1984

    (2e dition : 2004).

    28Cf. Catchisme de lglise catholique, nn. 153, 2670 ;S. AUGUSTIN,De patientia, XX (Patrologi Latin, XL, 620-621).29Cf. Rm 4 4.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Weingreenhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Weingreenhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Weingreenhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Weingreenhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Weingreenhttp://www.editions-beauchesne.com/product_info.php?products_id=471http://www.editions-beauchesne.com/product_info.php?products_id=471http://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hipponehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hipponehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hipponehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hipponehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hipponehttp://www.editions-beauchesne.com/product_info.php?products_id=471http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Weingreen
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    Lire la Bible

    - 9 -

    WENHAM (John William), Initiation au

    grec du Nouveau Testament, traduit de langlais,

    Paris, Beauchesne, collection Les classiques bi-

    bliques , 1994 (3e dition : 2005).

    Comme leurs titres lindiquent, il sagit

    douvrages dinitiation, mais suffisants pour lire la

    plupart des textes bibliques sans trop de difficults,

    en ayant porte de main un bon dictionnaire et

    une grammaire. En furetant sur Internet ou dansdes librairies spcialises, on trouvera des m-

    thodes dapprentissage plus modernes (avec sup-

    port DVD), mais nous nen parlerons pas ici, nen

    ayant aucune pratique.

    En tout tat de cause, la Bible nayant pas t rdige en franais, mais en hbreu (pour la m a-

    jeure partie de lAncien Testament) et en grec (pour le Nouveau Testament et quelques textes de

    lAncien), sans compter quelques passages en aramen, il est important de pouvoir tudier les textes

    originaux, sur lesquels toute [11] interprtation srieuse doit sappuyer, comme la rappelPie XII:

    lexgte catholique, qui se dispose au travail de comprendre et dexpliquer les

    Saintes critures, dj les Pres de lglise, et surtoutsaint Augustin, recommandaient

    avec force ltude des langues anciennes et le recours aux textes originaux. Cependant,

    cette poque, les conditions des lettres taient telles que rares taient ceux qui con-

    naissaient mme imparfaitement la langue hbraque. Au moyen ge, tandis que la tho-

    logie scolastique tait son apoge, la connaissance de la langue grecque elle-mme

    tait depuis longtemps si affaiblie en Occident que mme les plus grands Docteurs de ce

    temps, pour commenter les Livres Divins, ne se servaient que de la version latine de la

    Vulgate. De nos jours, au contraire, non seulement la langue grecque, rappele en

    quelque sorte une vie nouvelle ds le temps de la Renaissance, est familire presque

    tous ceux qui cultivent lantiquit et les lettres, mais aussi la connaissance de la langue

    hbraque et des autres langues orientales est largement rpandue parmi les hommes

    cultivs. Il y a maintenant tant de facilits pour apprendre ces langues que linterprte

    http://en.wikipedia.org/wiki/John_Wenhamhttp://en.wikipedia.org/wiki/John_Wenhamhttp://en.wikipedia.org/wiki/John_Wenhamhttp://en.wikipedia.org/wiki/John_Wenhamhttp://www.editions-beauchesne.com/product_info.php?products_id=44http://www.editions-beauchesne.com/product_info.php?products_id=44http://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XIIhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XIIhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XIIhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hipponehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hipponehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hipponehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hipponehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XIIhttp://www.editions-beauchesne.com/product_info.php?products_id=44http://en.wikipedia.org/wiki/John_Wenham
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    Lire la Bible

    - 10 -

    de la Bible qui, en les ngligeant, sinterdirait laccs aux textes originaux ne pourrait

    chapper au reproche de lgret et de nonchalance30.

    Nul doute que les lecteurs de Regnatne voudront pas encourir ce reproche de lgret et de

    nonchalance . Mais en attendant que chacun ait fait son possible pour entreprendre les apprentis-

    sages ncessaires, comment procder au mieux en nutilisant que des traductions franaises ?

    Comme nous le disions au dbut de cette chronique, il nous faut dabord au moins une Bible.

    Plus prcisment ce quon pourrait appeler une Bible dtude, cest--dire une Bible dun format

    assez grand pour que la lecture nen soit pas trop fatigante pour les yeux et pourvue dun apparat

    critique facilitant la comprhension du texte (introductions aux diffrents livres bibliques, notes de

    bas de pages, rfrences croises, cartes gographiques, tables chronologiques, etc.). On distinguera

    donc bien cette Bible dtude dune Bible de pit, qui peut tre dun format de poche et dpourvuede tout apparat, et quon rservera la mditation personnelle.

    Cette Bible dtude doit tre conforme aux critres catholiques de canonicit, cest--dire quelle

    doit contenir lensemble des livres bibliques authentifis par le Magistre de lglise31, et ses com-

    mentaires ne devraient pas contredire les donnes les plus assures de la rflexion thologique.

    lheure actuelle, cest la Bible de Jrusalem,traduite sous la direction de la prestigieusecole bi-

    blique de Jrusalem, qui correspond le mieux ces critres. Non quelle soit parfaite, mais elle

    constitue un assez bon compromis pour servir ddition de rfrence. Pour essayer de relever lesventuelles difficults de traduction, il faut, en sus des indications donnes dans les notes de bas de

    page, utiliser au moins une autre traduction ; l, le choix possible est plus large : traductions du cha-

    noineAugustin Crampon(qui date de 1904) ou du chanoinemile Osty,Traduction cumnique

    de la Bible,voire la version protestante classique du pasteurLouis Segond(bonne traduction dans

    lensemble, assez littrale) Il existe aussi plusieurs logiciels dtudes bibliques, intgrant de nom-

    breuses traductions diffrentes, qui sont dun grand intrt, mais nous leur consacrerons si Dieu

    veutune chronique particulire dans un futur numro.Pour complter les bribes dinformation dispenses dans une Bible dtude, il est ncessaire de

    possder galement un bon dictionnaire spcialis. Aucun ne remplacera le classique et monumen-

    talDictionnaire de la Bible dit sous la direction labb Fulcran Vigouroux(dix volumes32, plus

    quatorze tomes dun supplment qui en est encore la lettre T ), mais on peut conseiller sans

    30PIE XII, Lettre encyclique Divino afflante Spiritu, 30 septembre 1943, n. 19 (La Documentation catholique, n 999,14 septembre 1947, col. 1162).31Cf. Catchisme de lglise catholique, n. 120.32Dictionnaire de la Bible, contenant tous les noms de personnes, de lieux, de plantes, danimaux mentionns dans lesSaintes critures, les questions thologiques, archologiques, scientifiques, critiques, relatives lAncien et au Nou-veau Testament, Paris,Letouzey et An, 1895-1912.

    http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/84/TM.htmhttp://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/84/TM.htmhttp://ebaf.op.org/http://ebaf.op.org/http://ebaf.op.org/http://ebaf.op.org/http://fr.wikipedia.org/wiki/Chanoine_Cramponhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Chanoine_Cramponhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Chanoine_Cramponhttp://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Ostyhttp://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Ostyhttp://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Ostyhttp://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/120/TM.htmhttp://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/120/TM.htmhttp://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/120/TM.htmhttp://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/120/TM.htmhttp://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/120/TM.htmhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Segondhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Segondhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Segondhttp://www.topa.be/toulouse/ict/bibliotheque/exposition/bible_et_bibliophilie_bibliotheque_ICT_toulouse_119.mvhttp://www.topa.be/toulouse/ict/bibliotheque/exposition/bible_et_bibliophilie_bibliotheque_ICT_toulouse_119.mvhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XIIhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XIIhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XIIhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XIIhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XIIhttp://www.letouzey.com/catalog/fr/http://www.letouzey.com/catalog/fr/http://www.letouzey.com/catalog/fr/http://www.letouzey.com/catalog/fr/http://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XIIhttp://www.topa.be/toulouse/ict/bibliotheque/exposition/bible_et_bibliophilie_bibliotheque_ICT_toulouse_119.mvhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Segondhttp://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/120/TM.htmhttp://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/120/TM.htmhttp://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Ostyhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Chanoine_Cramponhttp://ebaf.op.org/http://ebaf.op.org/http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/84/TM.htm
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    Lire la Bible

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    hsitation celui dAndr-Marie Gerard(Dictionnaire de la Bible,Paris, Robert Laffont, collection

    Bouquins , 1989, sans cesse rimprim) qui, pour une trentaine deuros, rendra dapprciables

    services.

    Regnatn33, 23 juin 2009, pp. 6-8

    Nous allons tenter dexposer ici une saine mthode de lecture de la Bible, qui devrait permettre

    dviter les deux grands cueils auxquels se heurte habituellement la lecture gnralement superfi-

    cielle du fidle de base : ltranget de textes produits dans un univers culturel radicalement diff-

    rent du ntre suscite dabord lincomprhension, puis le dcouragement de beaucoup de lecteurs, ou

    bien, pour les plus courageux, la tentation de procder une lecture immdiate, littrale , de la

    Bible, en projetant sur des textes anciens les rfrences culturelles du monde moderne.Afin quune lecture personnelle ou communautaire de la Bible soit fructueuse, il faut en aborder

    les textes avec rigueur et mthode, les analysant dabord dun point de vue formel, matriel et litt -

    raire, avant den considrer le contenu thologique. Les premiers travaux dexgse scientifique

    entrepris par Origne (c. 185-253), le dveloppement de la critique textuelle aux XVe et XVIe

    sicles, la fondation de ladiplomatiquepar Dom Jean Mabillon(1632-1707), lexgse historico-

    critique du XIXe sicle sont les principaux moments de llaboration progressive dune mthode

    critique en dix tapes, applicable tout type de texte, profane ou sacr :

    1. Dlimitation du texte

    2. Critique textuelle

    3. Analyse smantique

    4. Analyse structurale

    5. Analyse stylistique

    6. Analyse du genre littraire

    7. Analyse contextuelle8. tude thologique

    9. Critique des sources

    10.Critique rdactionnelle

    Simplifie, cest cette mme mthode quiest enseigne au collge pour lanalyse des textes litt-

    raires. Une fois obtenue lpreuve de franais du baccalaurat, on se dpche gnralement de

    loublier; cest un tort, car elle peut rendre de grands services tout au long de la vie, notamment

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9-Marie_Gerardhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9-Marie_Gerardhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9-Marie_Gerardhttp://www.bouquins.tm.fr/livre.asp?code=2-221-05760-0http://www.bouquins.tm.fr/livre.asp?code=2-221-05760-0http://www.bouquins.tm.fr/livre.asp?code=2-221-05760-0http://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090623.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090623.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090623.pdfhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Orig%C3%A8nehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Orig%C3%A8nehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Critique_textuellehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Critique_textuellehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Diplomatiquehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Diplomatiquehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Diplomatiquehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Mabillonhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Mabillonhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Mabillonhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Diplomatiquehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Critique_textuellehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Orig%C3%A8nehttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090623.pdfhttp://www.bouquins.tm.fr/livre.asp?code=2-221-05760-0http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9-Marie_Gerard
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    Lire la Bible

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    pour lanalyse de la propagande politique, publicitaire ou religieuse destine aux adultes 33. Rvi-

    sons donc un peu !

    Prcisons aussi que mme en lillustrant, autant que possible, dexemples, la prsentation de ces

    dix tapes restera ncessairement assez thorique et aride34. Un peu de patience : nous publierons

    ultrieurement quelques cas pratiques.

    1. Dlimitation du texte

    La premire tape consiste tout simplement dfinir les limites du texte tudier, afin de vrifier

    quil sagit bien dun ensemble littraire cohrent, pouvant tre analys pour lui-mme. cette fin,

    il faut commencer par faire abstraction des diffrentes dlimitations plus ou moins artificielles in-

    troduites progressivement dans les ditions imprimes de la Bible : dcoupage en chapitres et ver-

    sets, titres et sous-titres. Ces repres sont certes bien utiles pour se reprer, mais ils nappartiennent

    pas aux textes originaux.

    La capitulation (cest--dire la division du texte de la Bible en chapitres) utilise aujourdhui cor-

    respond peu prs celle qui fut mise en uvre au dbut du XIII e sicle par tienne Langton

    (c. 1155-1228), professeur lUniversit de Paris, puis archevque de Cantorbry et cardinal. Con-

    trairement diffrents systmes antrieurs, cette capitulation eut la bonne fortune dun accueil una-

    nime tant des docteurs que des libraires. Ces derniers lintroduisirent dans ldition parisienne de la

    Vulgatepublie vers 1226, et les Juifs eux-mmes ladoptrent ds les premires ditions imprimes

    du texte hbreu au XVIe sicle35.

    Une division en versets36 avait dj t effectue dans letexte massortique37 pour les besoins de

    la lecture [7] liturgique, en utilisant des symboles graphiques (accent appel [], suivi

    du signe appel []). Au dbut du XVIe sicle, le dominicain italienSanctes

    33 Entre autres exemples, on peut (re)lire avec profit les pages consacres lutilisation de la mthode critique en his-toire dans :PROST (Antoine),Douze leons sur lhistoire, Paris, Seuil, collection Points Histoire (n H225), 1996(dition 2006), pp. 55-67.34 On pourra complter la lecture de cette chronique avec celle deCONZELMANN (Hans), LINDEMANN (Andreas), Guide

    pour ltude du Nouveau Testament, traduction parPierre-Yves Brandt, Genve, Labor et Fides, collection Le mondede la Bible (n 39), 1999.35 Pour un historique dtaill, cf. MANGENOT (Eugne), Chapitres de la Bible ,Dictionnaire de la Bible, t. II-1, Paris,Letouzey et An, 1912, col. 559-565.36 Cf. LESTRE (Henri), Versets dans la Bible , Dictionnaire de la Bible, t. V-2, Paris, Letouzey et An, 1912,

    col. 2403-240437Cf. BIGOT (Lon-Thodore), Massore (Texte hbreu de la) , Dictionnaire de thologie catholique, t. X, Paris, Le-touzey et An, 1928, col. 265-278.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Langtonhttp://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Langtonhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Vulgatehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Vulgatehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Texte_massor%C3%A9tiquehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Texte_massor%C3%A9tiquehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Texte_massor%C3%A9tiquehttp://www.summagallicana.it/lessico/p/Pagnini%20Sante%20-%20Pagninus%20Sanctes%20o%20Xantes.htmhttp://www.summagallicana.it/lessico/p/Pagnini%20Sante%20-%20Pagninus%20Sanctes%20o%20Xantes.htmhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Prosthttp://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Prosthttp://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Prosthttp://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Prosthttp://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Prosthttp://en.wikipedia.org/wiki/Hans_Conzelmannhttp://en.wikipedia.org/wiki/Hans_Conzelmannhttp://en.wikipedia.org/wiki/Hans_Conzelmannhttp://en.wikipedia.org/wiki/Hans_Conzelmannhttp://en.wikipedia.org/wiki/Hans_Conzelmannhttp://www.unige.ch/theologie/faculte/collaborateurs/psychologie-religion/brandt.htmlhttp://www.unige.ch/theologie/faculte/collaborateurs/psychologie-religion/brandt.htmlhttp://www.unige.ch/theologie/faculte/collaborateurs/psychologie-religion/brandt.htmlhttp://www.unige.ch/theologie/faculte/collaborateurs/psychologie-religion/brandt.htmlhttp://en.wikipedia.org/wiki/Hans_Conzelmannhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Prosthttp://www.summagallicana.it/lessico/p/Pagnini%20Sante%20-%20Pagninus%20Sanctes%20o%20Xantes.htmhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Texte_massor%C3%A9tiquehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Vulgatehttp://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Langton
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    Lire la Bible

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    Pagninus38 (c. 1470-1541) procda une premire numrotation marginale de ces versets. Le sys-

    tme fut amlior par limprimeurRobert Estienne(1503-1559), et introduit dans le texte mme par

    le thologien protestantThodore de Bze39 (1519-1605) en 1565.

    Mais il est bon de savoir que les anciens manuscrits portaient un texte crit de faon continue,

    sans espace entre les mots ni mme de ponctuation. Prenons par exemple une page du papyrus 66,

    un des plus anciens manuscrits du Nouveau Testament. Dat des environs de lan 200, il contient la

    majeure partie de lvangile selon Jean ; la page reprsente ci-dessous est le fragment Jn11 31-

    37 :

    Retranscrit en caractres dimprimerie modernes, cela donne le texte suivant :

    38Cf. GORCE (Mathieu), Sanctes-Pagninus , Dictionnaire de thologie catholique, t. XIV, Paris, Letouzey et An,

    1939, col. 1088-1089.39Cf. DUBLANCHY (Edmond), Bze (Thodore de) , Dictionnaire de thologie catholique, t. II, Paris, Letouzey etAn, 1904, col. 807-812.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Estiennehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Estiennehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Estiennehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odore_de_B%C3%A8zehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odore_de_B%C3%A8zehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odore_de_B%C3%A8zehttp://www.earlham.edu/~seidti/iam/tc_pap66.htmlhttp://www.earlham.edu/~seidti/iam/tc_pap66.htmlhttp://www.earlham.edu/~seidti/iam/tc_pap66.htmlhttp://www.earlham.edu/~seidti/iam/tc_pap66.htmlhttp://www.earlham.edu/~seidti/iam/tc_pap66.htmlhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odore_de_B%C3%A8zehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Estienne
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    ce qui nest pas trs clair. En introduisant les numros de versets, des espaces entre les mots,

    laccentuation classique et une ponctuation, en liminant les abrviations usuelles et en utilisant des

    minuscules, on tablit un texte beaucoup plus lisible, au moins pour les hellnistes :

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    Certains manuscrits, comme lecodex Vaticanus40 (B03) du IVe sicle, ou lecodex Alexandrinus

    (A02) du Ve sicle, avaient dj un systme marginal de capitulation ( []), mais

    la diffrence entre ces systmes en montre laspect arbitraire.

    Enfin, les titres et sous-titres de nos ditions modernes ont t introduits par les diteurs, et va-rient [8]souvent dune dition lautre. Sils donnent des repres utiles, il ne faut pas leur accorder

    plus dimportance quils nen mritent et, en tout tat de cause, il convient dtre capable den don-

    ner la justification.

    La dlimitation du texte tudier permet de constituer ce quon appelle dans le langage tech-

    nique de lexgse une pricope (du grec [], action de couper autour , do

    lemploi en rhtorique pour dsigner un petit membre de phrase, une sentence). Les lectures b i-

    bliques de la liturgie de la Parole, par exemple, sont autant de pricopes. Leur dlimitationseffectue par des critres externes et internes, qui distinguent le texte de son contexte.

    Les critres externes sont les changements de contenu (lieu, personnages, temps, thmatique,

    etc.) et/ou de formes littraires (passage dune numration un rcit, dune narration un dia-

    logue, dun oracle une hymne, de la prose la posie, etc.), des indices de vocabulaire (adverbes

    de lieu ou de temps, prpositions ; formules du type Aprs ces vnements , En lan du

    roi , Il arriva que , etc.).

    Les critres internes sont la cohrence et lunit de contenu (dveloppement logique ; unit

    daction, de lieu, de personnages, de temps, de thme, etc.) et/ou de forme (inclusion, cest --dire la

    rptition dun mme lment au dbut et la fin dune portion de texte ; prsence dune introduc-

    tion et dune conclusion, etc.), lunit de style, ou lharmonie de diffrents styles dans un mme

    genre littraire (hymne, rcit, vision, etc.).

    2. Critique textuelle

    Cette tape consiste tablir le texte le plus authentiquepossible partir de lensemble des ma-

    nuscrits qui nous sont parvenus, sachant que les textes originaux, tant de lAncien que du Nouveau

    Testament, ont disparu, et que les manuscrits conservs jusqu nous ne sont que des copies de c o-

    pies de copies

    Par exemple, entre le papyrus 66mentionn plus haut, dat des environs de lan 200, et le texte

    original de lvangile selon Jean, dat de la fin du I ersicle, il sest coul un peu plus dun sicle,

    durant lequel des copistes ont travaill, consciencieusement certes, mais avec les limites de leur

    40 Nos lecteurs fortuns pourront peut-tre faire lacquisition de lun des 450 exemplaires de la splendidereproductionenfac-similedite en 1979 par lIstituto Poligrafico e Zecca dello Statoitalien. Compter au moins 5000

    http://www.bible-researcher.com/vaticanus3.htmlhttp://www.bible-researcher.com/vaticanus3.htmlhttp://www.bible-researcher.com/vaticanus3.htmlhttp://www.bible-researcher.com/codex-a.htmlhttp://www.bible-researcher.com/codex-a.htmlhttp://www.linguistsoftware.com/codexvat.htmhttp://www.linguistsoftware.com/codexvat.htmhttp://www.linguistsoftware.com/codexvat.htmhttp://www.linguistsoftware.com/codexvat.htmhttp://www.linguistsoftware.com/codexvat.htmhttp://www.ipzs.it/http://www.ipzs.it/http://www.ipzs.it/http://www.ipzs.it/http://www.linguistsoftware.com/codexvat.htmhttp://www.linguistsoftware.com/codexvat.htmhttp://www.bible-researcher.com/codex-a.htmlhttp://www.bible-researcher.com/vaticanus3.html
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    - 16 -

    humanit, pour que toutes les communauts chrtiennes puissent disposer dau moins un exemplaire

    de cet vangile. Invitablement, ce processus de transmission manuscrite a engendr lintrieur

    des textes un certain nombre de modifications et de divergences. Certaines sont involontaires, telles

    les simples erreurs matrielles (additions, altrations, confusions ou omissions de lettres, de syl-

    labes, de mots, voire de phrases entires) ; dautres sont volontaires : censures thologiques lies

    aux diffrents courants hrtiques en vogue, corrections grammaticales ou stylistiques, harmonisa-

    tion des passages parallles des vangiles synoptiques ou du texte de lAncien et du Nouveau Tes-

    tament, etc.

    Les ditions critiques de la Bible41 comportent ainsi, outre le texte tabli par les diteurs, un ap-

    parat mentionnant les principales variantes des diffrentes traditions manuscrites et permettant au

    lecteur de vrifier le bienfond des choix ditoriaux (avec la possibilit de les contester). Il sagit l

    bien sr dun travail rserv des spcialistes, mais il importe den connatre les grandes lignes. On

    trouvera dutiles prcisions dans louvrage deVAGANAY (Lon),Initiation la critique textuelle du

    Nouveau Testament, Paris, Cerf, Collection tudes annexes de la Bible de Jrusalem , 1986

    (2e dition revue et actualise par Christian-Bernard Amphoux). Il existe galement dimportantes

    ressources sur Internet, essentiellement en langue anglaise, par exempleBible Researchde Michael

    Marlowe,The Encyclopedia of New Testament Textual Criticismde Rich Elliott, ouThe New Tes-

    tament Gatewayde Mark Goodacre.

    Une bonne dition de la Bible traduite en franais se doit de mentionner galement les variantes

    les plus significatives. Autant que faire se peut, le lecteur devrait alors chercher comprendre leur

    existence et, si ncessaire, les intgrer dans son interprtation du texte.

    Regnatn34, 6 septembre 2009, p. 7

    3. Analyse smantique

    Avec cette troisime tape commence ltude littraire du texte biblique. Ladjectif sman-tique (du grec [], qui signifie, qui indique, qui fait connatre ) fait

    rfrence la signification des units linguistiques composant un texte. Quoiquon ne le fasse pas

    toujours, il faut bien distinguer le sens de la signification : un mot a un sens, donn par une dfini-

    tion de dictionnaire, et une significationquil reoit du contexte dans lequel il est utilis. Un mme

    41 Pour lAncien Testament : Biblia Hebraica Stuttgartensia, Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschaft, 1969 (dition1997) ; Septuaginta, deux volumes, Stuttgart,Wrttembergische Bibelanstalt, 1935 (7e dition : 1962). Pour le Nouveau

    Testament : Novum Testamentum Graece, Stuttgart,Deutsche Bibelgesellschaft, 1898 (27e dition : 2006). Outre cesditions papier , il est possible de consulter ldition en ligne duDigital Nestle-Alandsur le site de lUniversit deMnster.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Vaganayhttp://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Vaganayhttp://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Vaganayhttp://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Vaganayhttp://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Vaganayhttp://www.bible-researcher.com/links03.html#texts-criticismhttp://www.bible-researcher.com/links03.html#texts-criticismhttp://www.bible-researcher.com/links03.html#texts-criticismhttp://www.skypoint.com/members/waltzmn/http://www.skypoint.com/members/waltzmn/http://www.skypoint.com/members/waltzmn/http://www.ntgateway.com/textual-criticism/resource-pages/http://www.ntgateway.com/textual-criticism/resource-pages/http://www.ntgateway.com/textual-criticism/resource-pages/http://www.ntgateway.com/textual-criticism/resource-pages/http://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090906.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090906.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090906.pdfhttp://www.dbg.de/http://www.dbg.de/http://www.wuerttembergische-bibelgesellschaft.de/index.htmhttp://www.wuerttembergische-bibelgesellschaft.de/index.htmhttp://www.wuerttembergische-bibelgesellschaft.de/index.htmhttp://www.dbg.de/http://www.dbg.de/http://www.dbg.de/http://nestlealand.uni-muenster.de/http://nestlealand.uni-muenster.de/http://nestlealand.uni-muenster.de/http://www.uni-muenster.de/INTF/http://www.uni-muenster.de/INTF/http://www.uni-muenster.de/INTF/http://www.uni-muenster.de/INTF/http://www.uni-muenster.de/INTF/http://www.uni-muenster.de/INTF/http://nestlealand.uni-muenster.de/http://www.dbg.de/http://www.wuerttembergische-bibelgesellschaft.de/index.htmhttp://www.dbg.de/http://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090906.pdfhttp://www.ntgateway.com/textual-criticism/resource-pages/http://www.ntgateway.com/textual-criticism/resource-pages/http://www.skypoint.com/members/waltzmn/http://www.bible-researcher.com/links03.html#texts-criticismhttp://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Vaganay
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    - 17 -

    mot peut recevoir des significations trs diffrentes en fonction de son contexte. Par exemple, cest

    lanalyse smantique qui va permettre de savoir si tel mot est prendre au sens propre ou au sens

    figur ; ou encore, lorsquon parle de l poque moderne , cest par une analyse smantique quon

    saura si moderne est prendre au sens technique des historiens (la priode des XVII e et XVIIIe

    sicles), ou au sens commun de contemporain . Plus largement, tout texte possde une organi-

    sation smantique , constitue par lensemble des relations entre les mots qui le composent.

    Il nentre pas dans notre propos de rdiger un trait danalyse smantique ; nous nous contente-

    rons ici de donner quelques pistes de rflexion, qui devraient suffire fixer les esprits.

    On commencera par examiner les diffrents types de mots : adverbes, conjonctions, dterminants

    (adjectifs, articles), noms propres, particules, prpositions, pronoms, substantifs, verbes, etc.

    En saidant de dictionnaires, on dissipera toutes les obscurits terminologiques, quil sagisse denoms de personnes, de noms de lieux, de notions culturelles (institutions du Proche-Orient, mytho-

    logie, etc.), du contexte historique, etc., que lon ne connat pas fo rcment trs bien, de sorte que le

    sens obvie de tous les mots du texte apparaisse clairement.

    Il est galement intressant de noter les redondances ou la raret dun mot. Ceux qui peuvent lire

    les textes originaux, en hbreu ou en grec, saideront dun trs prcieux instrument de travail, une

    concordance, qui rpertorie toutes les occurrences du vocabulaire biblique dans leur contexte42. On

    peut y vrifier en un coup dil la frquence et la rpartition dun mot ou dune expression dans le

    corpus biblique, et reprer les hapax ( [], mot qui napparat qu une fois ). Les con-

    cordances des deux grandes traductions franaises43prsentent peu dintrt puisquelles ne permet-

    tent pas de connatre le vocabulaire original.

    Pour les verbes, on sera attentif la conjugaison (mode, personne, temps) et laspect (tat, ac-

    tion ; quelle action ? commence-t-elle, dure-t-elle ?).

    Enfin, on recherchera les champs lexicaux , cest--dire les ensembles de termes appartenant un domaine commun (culte, famille, fcondit, guerre, jugement, justice, monde animal ou vg-

    42 Les grandes concordances classiques sont, pour lhbreu : DAVIDSON (Benjamin),A Concordance of the Hebrew andChaldee Scriptures,London, Samuel Bagster, 1876 ; plus rcente :LISOWSKY (Gerhard), Konkordanz zum hebrischen

    Alten Testament, Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschaft, 1958 (3rd edition) ; pour le grec de lAncien Testament :HATCH(Edwin), REDPATH (Henry Adeney), A concordance to the Septuagint and the other Greek versions of the Old Testa-ment (including the apocryphal books), Graz, Akademische Druck-u. Verlagsanstalt, 1954 (deux volumes) ; pour legrec du Nouveau Testament : GEDEN (Alfred Shenington), MOULTON (William Fiddian), Concordance to the Greek

    New Testament, Edinburgh, Clark, 2002 (6th edition) ; ou, plus restreinte : S CHMOLLER (Alfred),Handkonkordanz zum

    griechischen Neuen Testament, Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschaft, 2002.43Concordance de la Bible de Jrusalem, Paris/Turnhout, Cerf/Brepols, 1982 ; Concordance de la Traduction cum-nique de la Bible, Paris/Villiers-le-Bel, Cerf/Socit Biblique Franaise, 1993.

    http://www.archive.org/details/concordanceofheb00davihttp://www.archive.org/details/concordanceofheb00davihttp://www.archive.org/details/concordanceofheb00davihttp://www.archive.org/details/concordanceofheb00davihttp://en.wikipedia.org/wiki/Edwin_Hatchhttp://en.wikipedia.org/wiki/Edwin_Hatchhttp://en.wikipedia.org/wiki/Edwin_Hatchhttp://en.wikipedia.org/wiki/Edwin_Hatchhttp://en.wikipedia.org/wiki/Edwin_Hatchhttp://en.wikipedia.org/wiki/Edwin_Hatchhttp://en.wikipedia.org/wiki/William_Fiddian_Moultonhttp://en.wikipedia.org/wiki/William_Fiddian_Moultonhttp://en.wikipedia.org/wiki/William_Fiddian_Moultonhttp://en.wikipedia.org/wiki/William_Fiddian_Moultonhttp://en.wikipedia.org/wiki/William_Fiddian_Moultonhttp://en.wikipedia.org/wiki/William_Fiddian_Moultonhttp://en.wikipedia.org/wiki/Edwin_Hatchhttp://en.wikipedia.org/wiki/Edwin_Hatchhttp://www.archive.org/details/concordanceofheb00davihttp://www.archive.org/details/concordanceofheb00davi
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    tal, morale, mort, mouvement, mythologie, nourriture, phnomnes atmosphriques ou physiolo-

    giques, rapidit, royaut, savoir, sexualit, socit, travail, vieillesse, vision, etc.). Ces champs lexi-

    caux, par le jeu des relations quils entretiennent les uns avec les autres (hirarchie, inclusion, oppo-

    sition, etc.) peuvent ensuite se regrouper dans des ensembles plus vastes, les isotopies (du grec

    [], mme , et [], lieu ), cest--dire les grands thmes smantiques (ch-

    timent des coupables, fcondit, hospitalit, etc.) qui forment lunivers du discours.

    Regnatn35, 3 novembre 2009, pp. 3-6

    4. Analyse structurale44

    Ltude littraire dun texte biblique se poursuit avec lanalyse de sa structure, qui ne se confond

    pas avec sonplan. Il sagit dune distinction purement conventionnelle, mais quil importe de co n-natre. Le plan dun texte rvle son architecture, la place de chacune de ses composantes ; toute-

    fois, il est statique. La structure, elle, est dynamique : cest lorganisationfonctionnelle du texte, le

    jeu des articulations et relations (complmentarit, opposition, etc.) tablies entre ses diffrentes

    parties, le dveloppement du texte qui permet le passage dune situation initiale une situation fi-

    nale autre. videmment, cette dynamique du texte contribue pour une bonne part lui donner du

    sens et exprime ainsi lintention thologique de son auteur.

    On sattachera donc dans un premier temps dresser le plan du texte, afin de reprer les diff-rents lments qui le constituent (introduction, dveloppement en une ou plusieurs parties, conclu-

    sion), en tchant de justifier systmatiquement le dcoupage ainsi obtenu (indices textuels clas-

    siques : actions, champs lexicaux, personnages, style, etc.).

    Lanalyse smantique, qui constituait ltape prcdente45, aura dj permis de mettre en vi-

    dence un certain nombre de relations participant lorganisation du texte. On la complte mainte-

    nant avec les autres lments qui contribuent cette organisation (indicateurs de lieu et de temps,

    personnages, etc.), toujours en cherchant dterminer les relations qui peuvent exister entre eux. Un

    texte sarticule souvent dans un ensemble de relations dopposition, telles que actif/passif, artifi-

    ciel/naturel, bas/haut, beaucoup/peu, bon/mchant, chef/serviteur, clos/ouvert, coupable/juste, es-

    clave/roi, extrieur/intrieur, faible/fort, fminin/masculin, fixe/mobile, grand/petit, matin/soir,

    mort/vie, etc., o chaque terme est relatif lautre membre du couple. On notera cependant que tous

    les textes ne se prtent pas facilement ce type danalyse, qui d emande du temps et une certaine

    finesse desprit.

    44 Ou structurelle , suivant les auteurs.45Cf.Regnatn 34, 6 septembre 2009, p. 7.

    http://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R091103.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R091103.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R091103.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090906.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090906.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090906.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090906.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R090906.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R091103.pdf
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    5. Analyse stylistique

    La structure dun texte est aussi troitement lie sa mise en forme. Si, pour la commodit de

    lexpos, ces deux niveaux danalyse sont ici distingus, il va de soi que, dans la pratique, ils se

    confondent. Il va galement de soi quune analyse stylistique perd beaucoup de sa pertinence lors-

    quelle est effectue sur une traduction ; un bon nombre de procds littraires sont spcifiques

    lhbreu ou au grec et ne peuvent tre rendus dans une autre langue, le franais par exemple, qui

    suit ses propres rgles. Cette limite de lanalyse tant prsente lesprit, on peut toutefois discerner

    un certain nombre de caractristiques et de tournures que la traduction naura pas totalement oblit-

    res.

    Lanalyse porte ici essentiellement sur les figures de style utilises dans le texte, qui lui donnent

    une certaine nature (accusation, argumentation, exhortation, harangue, information, invective, me-

    nace, plaidoirie, rfutation, etc.), et qui permettent de dceler le type de relation que lauteur

    cherche tablir avec son lecteur potentiel (il veut convaincre, plaire, etc.). Dans le cadre qui est le

    ntre, on ne procdera pas une analyse trs pousse, qui ncessiterait de solides connaissances de

    la stylistique des textes anciens ; toutefois, il faut quand mme tre capable de reprer les grandes

    figures rhtoriques classiques, en saidant ventuellement dun manuel appropri46.

    Quatre grandes catgories de figures stylistiques sont gnralement distingues, selon quelles

    portent sur la forme mme des mots, sur leur combinaison dans la phrase, sur leur sens, ou sur le

    sens global du texte. Dtaillons un peu.

    Figures de forme

    Elles se rencontrent particulirement dans les textes potiques, mais on en trouve aussi en prose.

    Les plus connues sont :

    lallitration ( retours multiplis dun son identique47 ). Exemple classique :

    Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos ttes48 ?

    [4]lanaphore ( rptition du mme mot en tte des phrases ou des membres de phrase49 ).

    Exemple classique :

    Rome, lunique objet de mon ressentiment !

    46 Nous nhsitons pas conseiller ce petit classique : DUPRIEZ (Bernard), Gradus. Les procds littraires, Paris,Union Gnrale dditions, collection 10/18 , 1984. On y trouvera notamment la dfinition de tous les termes tech-niques employs ici. dfaut, consulter le siteTropes et figures de rhtoriques.47DUPRIEZ (Bernard),op. cit., p. 33.48RACINE (Jean),Andromaque, V, 5, 1638.49DUPRIEZ (Bernard),op. cit., p. 46.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://www.hku.hk/french/dcmScreen/lang3033/lang3033_intro_figures.htmhttp://www.hku.hk/french/dcmScreen/lang3033/lang3033_intro_figures.htmhttp://www.hku.hk/french/dcmScreen/lang3033/lang3033_intro_figures.htmhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://www.hku.hk/french/dcmScreen/lang3033/lang3033_intro_figures.htmhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriez
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    Rome, qui vient ton bras dimmoler mon amant !

    Rome qui ta vu natre, et que ton cur adore !

    Rome enfin que je hais parce quelle thonore50 !

    lassonance (au sens strict : rptition de la dernire voyelle accentue51 ; plus largement,

    lassonance porte sur les voyelles, alors que lallitration joue sur les consonnes). Exemple cla s-

    sique, ce beau vers anapestique :

    Tout mafflige, et me nuit, et conspire me nuire52.

    la paronomase ( rapprochement de mots dont le son est peu prs semblable, mais dont le

    sens est diffrent53 ). Exemple classique :

    Et lon peut me rduire vivre sans bonheur,

    Mais non pas me rsoudre vivre sans honneur54.

    Ces figures, et quelques autres, sont videmment impossibles dceler dans une traduction, alors

    quelles nont pas quun rle ornemental : le son vient orienter le sens ; comme dans le distique cor-

    nlien ci-dessus, deux mots, deux concepts, loigns lun de lautre par la syntaxe, sont relis lun

    lautre, mettant en valeur lantinomie que lauteur propose la rflexion de ses lecteurs (ici, le di-

    lemme bonheur vs honneur). Il en va de mme pour un lment fondamental des textes potiques

    (les psaumes, tout particulirement), la mtrique. Sans obir un systme aussi rigide que la posie

    grecque ou latine, la posie hbraque est souvent rythme par les accents et une certaine succession

    de syllabes brves et longues ; toutes choses quune traduction est force docculter.

    Figures syntaxiques

    La combinaison des mots dans la phrase et des phrases dans le texte est elle-mme porteuse de

    sens. Certaines constructions sont rarement dcelables dans une traduction (la nature des proposi-

    tions, par exemple : nominales, participiales, pronominales, verbales), mais dautres peuvent tre

    remarques : certaines figures (asyndte, chiasmes, gradation, rptition, etc.), le temps des verbes

    (lorsque le traducteur a pris soin de rendre toutes les nuances du texte original, notamment les tour-

    nures au passif), les relations entre les propositions (coordination, hirarchisation, juxtaposition,

    opposition), leur mode (argumentatif, dlibratif, nonciatif, exclamatif, impratif, interrogatif, nar-

    50CORNEILLE (Pierre),Horace, IV, 5, 1301-1304.51DUPRIEZ (Bernard),op. cit., p. 82.52RACINE (Jean),Phdre, I, 3, 161.53DUPRIEZ (Bernard),op. cit., p. 332.54CORNEILLE (Pierre),Le Cid, II, 1, 395-396.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneille
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    - 21 -

    ratif, etc.), le type des subordonnes (causales, conditionnelles, conscutives, finales, relatives, tem-

    porelles, etc.).

    Quelques aspects des textes potiques peuvent aussi tre distingus : le caractre acrostiche de la

    composition (normalement mentionn en note), la division strophique, la forme des vers (distique,

    tristique, ou autre), le paralllisme (antithtique, synonymique, synthtique).

    Figures smantiques

    Le jeu sur les diffrents sens possibles dun mot est un procd bien connu. Largement utilis par

    les hagiographes, on veillera bien reprer et tudier ces figures. Nous ne mentionnons ici que les

    principales :

    la comparaison ( image o thme et phore sont exprims [] etsyntaxiquement spars parune marque de lanalogie55 ). Exemple moderne :

    La musique souvent me prend comme une mer56 !

    la mtaphore ( le passage dun sens lautre a lieu par une opration personnelle fonde sur

    une impression ou une interprtation57 ). Exemple moderne :

    La Nature est un temple58

    la mtonymie ( dsigner quelque chose par le nom dun autre lment du mme ensemble, envert dune relation suffisamment nette59 ). Exemple classique, o la cause est dsigne par

    leffet :

    [5] mon fils ! ma joie ! lhonneur de nos jours60 !

    la synecdoque ( dsigner quelque chose par un terme dont le sens inclut celui du terme propre

    ou est inclus par lui61 ). Exemple classique, o le tout est dsign par la partie :

    Jignore le destin dune tte si chre

    62

    Ici encore, lintrt de ces figures est proprement thologique, bien plus quornemental. Il ny a

    gure dautre moyen de faire passer dans les limites du langage humain lineffable divin. Cest par-

    55DUPRIEZ (Bernard),op. cit., p. 123.56BAUDELAIRE (Charles), La musique ,Les fleurs du mal, LXXVI.57DUPRIEZ (Bernard),op. cit., p. 286.58BAUDELAIRE (Charles), Correspondances ,Les fleurs du mal, IV.59DUPRIEZ (Bernard),op. cit., p. 290.60CORNEILLE (Pierre),Horace, IV, 2, 1141 (rendons Corneille ce que Bernard Dupriez a donn Racine).61DUPRIEZ (Bernard),op. cit., p. 440.62RACINE (Jean),Phdre, I, 1, 6.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriez
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    ticulirement vrai pour lhbreu biblique, qui est une langue trs concrte, ne possdant presque pas

    de concepts abstraits, et cela vaut aussi pour le grec biblique forg par des juifs. Toutes les ralits

    morales, psychologiques ou spirituelles, sont exprimes par des ralits sensibles.

    Par exemple, le clbre [] (certainement, srement) provient dune racine qui dsignetout dabord la soliditdune chose (dun roc, dune maison, etc.); cest par extension de ce sens

    propre concret que le concept minemment abstrait de vrit est finalement exprim. De mme,

    pour dire que Dieu est la perfection infinie , saint Jean ne peut qucrire : Dieu est lumire, et il

    ny a point de tnbres en Lui63, sans quil y ait lieu pour autant de se livrer de profondes inve s-

    tigations physiques

    Cest la raisonpour laquelle les textes bibliques sont extrmement imags, et quils sont devenus

    si difficiles comprendre pour la pense occidentale moderne, peu ou prou moule selon les rglesde la logique abstraite ; celle-ci nest pas dnue de valeur pour autant, mais il est vrai quelle

    naide pas pntrer lunivers intellectuel trs particulier des textes bibliques. Toutes choses gales

    par ailleurs, laMtaphysiquedAristotenest daucune utilit pour comprendre les paraboles van-

    gliques. Et cest fort heureux !

    Figures thmatiques

    Comme les prcdentes, elles procdent par dtournement de sens, mais sur des units textuelles

    plus vastes : une phrase entire, un groupe de versets, une pricope, ou mme tout un livre ; elles

    sont de ce fait moins faciles dceler. Les principales sont :

    lallgorie ( image littraire dont le phore est appliqu au thme [] lment par lment 64 ).

    Exemple biblique caractristique : le livre du Cantique des Cantiques.

    Lantithse (prsenter, mais en lcartant ou en la niant, une ide inverse, en vue de mettre en

    relief lide principale65 ). Exemple moderne :

    Ce ntait ni la veille, ni le lendemain, mais le jour-mme. Ce ntait ni la gare du

    Nord, ni la gare du P.-L.-M., mais la gare Saint-Lazare66.

    lhyperbole ( augmenter ou diminuer excessivement la vrit des choses pour quelle produise

    plus dimpression67 ). Exemple moderne :

    631 Jn 1 5.64DUPRIEZ (Bernard),op. cit., p. 29.65Ibid., p. 57.66QUENEAU (Raymond),Exercices de style, Paris, Gallimard, 1947 (6e dition), p. 36.67DUPRIEZ (Bernard),op. cit., p. 237.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristotehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Aristotehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Aristotehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Queneauhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Queneauhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Queneauhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Queneauhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Queneauhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Queneauhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote
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    Sous la pression dune horreur et dune terreur inexplicables, pour lesquelles le

    langage de lhumanit na pas dexpression suffisamment nergique, je sentis les pulsa-

    tions de mon cur sarrter68

    lironie ( dire, par une raillerie, ou plaisante, ou srieuse, le contraire de ce quon pense, ou de

    ce quon veut faire penser69 ). Exemple classique :

    Rien ntait si beau, si leste, si brillant, si bien ordonn que les deux armes70.

    la parodie ( imitation consciente et volontaire, soit du fond, soit de la forme, dans une inten-

    tion moqueuse ou simplement comique71 ). Exemple classique :

    Ses rides sur son front gravaient tous ses exploits72.

    [6] Afin dillustrer brivement cet expos sans doute quelque peu aride, voici un exemple tout

    simple, un cas dcole, qui permettra de fixer les ides du lecteur :

    1 [Jsus] entra de nouveau dans une synagogue, et il y avait l un homme qui avait

    la main dessche.

    2 Et ils Lpiaientpour voir sIl allait le gurir, le jour du sabbat, afin de Laccuser.

    3Il dit lhomme qui avait la main sche: Lve-toi, l, au milieu.

    4 Et Il leur dit : Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien plutt que de faire du

    mal, de sauver une vie plutt que de la tuer ? Mais eux se taisaient. 5 Promenant alors sur eux un regard de colre, navr de lendurcissement de leur

    cur, Il dit lhomme: tends la main. Il ltendit et sa main fut remise en tat.

    6 tant sortis, les Pharisiens tenaient aussitt conseil avec les Hrodiens contre Lui, en

    vue de Le perdre73.

    Diffrentes oppositions peuvent tre rapidement releves :

    entre le mouvement de Jsus, qui entre dans la synagogue (v. 1), et celui des Pharisiens, qui en

    sortent(v. 6) ; entre la main dessche (v. 1) et la main remise en tat(v. 5) ;

    entre les Pharisiens, qui pient pour accuser(v. 2), et Jsus, qui regarde navr(v. 5) ;

    68 POE (Edgar Allan),Ligeia ( Histoires extraordinaires, traduction de Charles Baudelaire, Paris, Librairie gnralefranaise, collection Le livre de poche classique , n 604, 1972, dition 1980, p. 384).69DUPRIEZ (Bernard),op. cit., p. 264.70VOLTAIRE,Candide ou lOptimisme, ch. III (Paris, Bordas, collection Univers des Lettres , 1984, p. 48).71DUPRIEZ (Bernard),op. cit., p. 331.72RACINE (Jean),Les Plaideurs, I, 5, 154, parodiantCORNEILLE (Pierre),Le Cid, I, 1, 35 ( Ses rides sur son front ontgrav ses exploits ).73Mc3 1-6.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Allan_Poehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Allan_Poehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Allan_Poehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Allan_Poehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Voltairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Voltairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Voltairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Voltairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Corneillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racinehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Voltairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dupriezhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Allan_Poe
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    entre linterrogation de Jsus et le silence des Pharisiens (v. 4) ;

    entrefaire du bien etfaire du mal, sauveret tuer(v. 4).

    On voit ds lors comment lvangliste a su exprimer dans la structure mme du texte

    lopposition radicale entre le programme de Jsus (faire du bien, sauver) et celui des Pharisiens

    (faire du mal, tuer), en composant cette pricope de faon concentrique (en forme de chiasme) au-

    tour dune interrogation fondamentale sur le sens et la porte du sabbat.

    La mise jour de la structure littraire resterait lettre morte si elle ne conduisait pas

    linterprtation du texte. Nous naurions pas la tmrit de prtendre que la structure dun texte peut

    rendre compte elle seule de son interprtation. Nous pensons nanmoins quelle en constitue le

    fondement puisquelle prside lorganisation des ides et donc larticulation du contenu. LTOURNEAU (Pierre), Jsus, Fils de lhomme et Fils de Dieu. Jean 2,23 3,36 et la double

    christologie johannique, Montral/Paris, Bellarmin/Cerf, collection Recherches nouvelle srie

    (n 27), 1993, p. 220.

    Regnatn37, 7 mars 2010, pp. 2-3

    6. Analyse du genre littraireCette sixime tape de la lecture dun texte biblique a pour but de dterminer, avec plus ou

    moins de prcision, le rapport du texte au hors-texte . Tous les contextes de communication g-

    nrent un genre littraire appropri, cest--dire une certaine catgorie de textes partageant des

    caractristiques communes : expressions strotypes, rgles de composition, structure, style, tour-

    nures types, vocabulaire, etc. Cest ainsi quon distingue la biographie, la comdie, le communiqu

    de presse, le conte, le dicton, lessai (historique ou philosophique), lhymne, la lgende, la lettre, le

    mode demploi, la nouvelle, le pamphlet, la parabole, le procs-verbal, le proverbe, le roman, la

    satire, la supplication, la tragdie, le vaudeville, etc.

    Une lettre, par exemple, qui transmet un message entre deux correspondants distants, se caract-

    risepar la mention dune date (relation temporelle au hors-texte), une adresse initiale (identifiant le

    destinataire), une rdaction en prose plus ou moins brve, une salutation finale et une signature

    (identifiant lauteur). Diffrentes situations de communication produisent ensuite des sous-genres

    littraires : le jeune homme envoyant des nouvelles ses parents crit une lettre personnelle ;

    sil crit sa fiance, cest une lettre damour ; proposant un march un client potentiel, cest

    http://www.ftsr.umontreal.ca/faculte/profs/letourneau_pierre.htmlhttp://www.ftsr.umontreal.ca/faculte/profs/letourneau_pierre.htmlhttp://www.ftsr.umontreal.ca/faculte/profs/letourneau_pierre.htmlhttp://www.ftsr.umontreal.ca/faculte/profs/letourneau_pierre.htmlhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R100307.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R100307.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R100307.pdfhttp://pagesperso-orange.fr/regnat/Bulletin/R100307.pdfhttp://www.ftsr.umontreal.ca/faculte/profs/letourneau_pierre.html
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    une lettre commerciale ; donnant des instructions ses collaborateurs et subordonns, cest une

    lettre circulaire ; etc.

    Mme si on est gnralement peu port rflchir ce genre de choses dans la vie courante,

    chacun peut vrifier exprimentalement que ces diffrents genres de lettres suscitent des lectures

    fort diverses ; par exemple, une mme formule strotype ( Chers parents , Chre Pauline ,

    Chers clients , Chers collaborateurs ) produit des rsonances extrmement varies dans

    lesprit du lecteur

    [3] La Bible contient elle aussi de nombreux genres littraires diffrents, certains tant communs

    avec la littrature profane, dautres lui tant propres. Il est important de savoir les identifier, afin

    dinterprter correctement le texte tudi. Prenons par exemple le petit livre de Jonas : il se prsente

    avec toutes les apparences dun rcit historique, dune biographie. Lexistence du prophte Jonas,fils dAmita74 est atteste par sa mention en 2 R 14 25, qui situe son ministre sous le rgne de

    Jroboam II (783-743). Lexistence de la ville de Ninive est galement bien atteste, non seulement

    par plusieurs mentions de lAncien Testament75, mais aussi par larchologie. Le rcit lui-mme est

    de lordre du vraisemblable, pour peu quon veuille bien croire lefficacit de la Parole de Dieu

    pour la conversion des curs. Cependant, qui essaye dapprofondir les choses, nchapperont pas

    certaines incohrences. Tout dabord, la crdibilit historique de la conversion de Ninive la capi-

    tale de lempire assyrien , de ses habitants et de son roi, qui na laiss aucune trace, pas mme

    dans la Bible ; or si lempire assyrien stait rellement converti au Dieu dIsral et une conver-

    sion relle est une conversion durable, nul doute que le cours de lhistoire en et t profondment

    affect, et quon en aurait entendu parler ! Mais la brve notice biblique consacre au rgne de J-

    roboam II ne fait aucune mention dun tel vnement76, qui de toute faon naura pas empch la

    destruction parfaitement attestede Ninive en aot 612. Dautre part, en se basant sur les parti-

    cularits de style et de vocabulaire du livre de Jonas, les spcialistes de la littrature vtrotestamen-

    taire saccordent pour en dater la rdaction aprs le retour de lexil de Babylone (aprs 538), peut-

    tre mme lapproche de lpoque hellnistique (336) ; en tout tat de cause, Ninive dtruite de-

    puis longtemps, personne ne pouvait tre dupe : utilisant des donnes historiques de faon symbo-

    lique, le livre de Jonas est un conte philosophique et thologique, [une] fable philosophique et

    thologique77 . Le nom de Ninive est le symbole du paganisme, une poque o ctait en fait

    Babylone qui en tait la capitale historique ; de la mme faon, lauteur de lApocalypse utilisera le

    nom de Babylone lpoque de la domination romaine. Tout comme le nom du prophte Jonas est

    74Jon1 1.75Cf. Gn 10 11-12 ; 2 R 19 36 ; Tb ;Is37 37 ;Na ; So2 13-15.76Cf. 2 R 14 23-29.77TRESMONTANT (Claude),Le prophtisme hbreu, Paris, Gabalda, 1982, p. 181.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ninivehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Ninivehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Ninivehttp