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EDITO Alors que, malgré une hausse des tarifs dans les multiplexes (27,50 CHF pour une séance en IMAX 3D !), la fréquentation reste au sommet, le contribuable doit-il subventionner les cinémas indépendants, comme l’a proposé le Conseil administratif de la Ville de Genève en février dernier ? Une question complexe puisque, même si Les Scala, le City, le Cinélux ou le Nord-Sud sont des entreprises commerciales – ce qui impliquerait donc de les laisser se débrouiller avec la concurrence – elle propose un type de produit très particulier : le bien culturel. 3,9 millions de francs pour contribuer à la rénovation de ces quatre cinémas qui attirent tout de même près de 200'000 spectateurs (16% de la fréquentation) et permettent de découvrir des films qui seraient autrement invisibles, est-ce si cher payé ? Lorsque la loi du marché détruit la diversité culturelle, il est sage que la puissance publique intervienne pour conserver un minimum de choix. On aimerait qu’il en soit de même pour la presse indépendante, qui se bat pour promouvoir le cinéma suisse. UNE PUBLICATION Yamine Guettari [email protected] Un sombre coup d’état a eu lieu au sommet du festival chaux-de-fonnier ! En effet, Le Géant Vert en Short Rose a été gentiment poussé à passer le flambeau de la 16 e édition des Étranges Nuits du Cinéma à son acolyte, Le Petit Animal Masqué de Noir. En bon adepte de la real politik, Daily Movies s’adapte et s’incline devant la nouvelle direction ! 1bis DAILY MOVIES N O 60 AVRIL 2015 WWW.DAILY-MOVIES.CH En salles « A Most Violent Year » : J.C. Chandor frôle le chef d’oeuvre. 2 Swiss Made Rencontre avec Marc Décosterd, l’homme qui fait vivre le cinéma de genre romand. 8 « La French », pour ou contre : renouveau du polar français ou film policier maladroit ? Blu-ray 11 Festivals Sixième Nanar Party : c’est la fête aux mauvais films sympathiques ! 7 - Comment as-tu accédé au plus haut niveau de l’appareil d’état ? Un bon vieux complot en bonne et due forme ? - Au début, j’ai dû pomper Z, le res- ponsable technique, afin qu’il me fasse entrer dans la Horde. Pendant deux ans, Hulk et Ababakar Octopuss m’ont torturé toutes les semaines. Il y a quelques mois, ils m’ont libéré on me disant « Vas au Temple, y a des trucs à faire… ». - Une purge stalinienne dans l’orga- nisation est-elle prévue ? Nous avons constaté que l’infâme Tadzul reste à la programmation : il a évidemment trahi en ta faveur, comme sa nature profonde l’y a poussé ? - Aucune purge n’est prévue, le tran- sit de l’équipe fonctionne très bien !! Depuis cette année nous complétons notre Horde avec de jeunes âmes, histoire d’assurer la relève. Pour la petite histoire, Tadzul a été le nou- veau président de 2300 Plan 9 pen- dant 30 secondes. Mais il a rapide- ment remarqué que de commander les chiottes chimiques ne faisait pas partie de ses compétences. C’est ainsi qu’il m’a transmis la présidence. - Qu’est-ce que le nouveau Condu- cator va changer ou conserver dans l’organisation de ces étranges nuits ? - Pour cette première expérience, le but n’est pas de réinventer la roue. Par la suite, c’est à la Horde de 2300 Plan 9 de décider s’il y aura des changements, certainement lors d’une réunion secrète sous la terre du Temple-Allemand. - Avec quelles merveilles cinéphi- liques comptes-tu instruire les masses laborieuses du public ? - Cette année nous allons, entre autres, commencer par du sport avec « Goal Of e Dead », ensuite partir dans l’étude des animaux avec « Sharknado 2 ». Pour finir en beauté, nous donnerons un cours de méde- cine avec « Ebola Syndrome » [ndlr : un classique hongkongais dont nous avions parlé dans la rubrique « Il faut l’avoir vu » du Daily Movies n° 5]. Ça, si ce n’est pas de la Culture ?! Suite de l'interview en page 6. www.2300plan9.com [Yamine Guettari] Dès que vous voyez le logo ci-dessus, c'est qu'il y a des lots en jeu. COMMENT GAGNER ? En écrivant à concours@daily-movies. ch, et en mettant en objet concours + le titre du film. N’oubliez pas votre adresse postale pour participer au tirage au sort ! 2300 PLAN 9 LES ÉTRANGES NUITS DU CINÉMA ! La Chaux-de-Fonds Du 30/03 au 05/04

Daily Movies 60 - Avril 2015

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Toute l'actualité du cinéma en Suisse dans le numéro d'Avril de Daily Movies

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Page 1: Daily Movies 60 - Avril 2015

EDITOAlors que, malgré une hausse des tarifs dans les multiplexes (27,50 CHF pour une séance en IMAX 3D !), la fréquentation reste au sommet, le contribuable doit-il subventionner les cinémas indépendants, comme l’a proposé le Conseil administratif de la Ville de Genève en février dernier ? Une question complexe puisque, même si Les Scala, le City, le Cinélux ou le Nord-Sud sont des entreprises commerciales – ce qui impliquerait donc de les laisser se débrouiller avec la concurrence – elle propose un type de produit très particulier : le bien culturel.

3,9 millions de francs pour contribuer à la rénovation de ces quatre cinémas qui attirent tout de même près de 200'000 spectateurs (16% de la fréquentation) et permettent de découvrir des films qui seraient autrement invisibles, est-ce si cher payé ? Lorsque la loi du marché détruit la diversité culturelle, il est sage que la puissance publique intervienne pour conserver un minimum de choix. On aimerait qu’ il en soit de même pour la presse indépendante, qui se bat pour promouvoir le cinéma suisse.

UNE PUBLICATION

Yamine [email protected]

Un sombre coup d’état a eu lieu au sommet du festival chaux-de-fonnier ! En effet, Le Géant Vert en Short Rose a été gentiment poussé à passer le flambeau de la 16e édition des Étranges Nuits du Cinéma à son acolyte, Le Petit Animal Masqué de Noir. En bon adepte de la real politik, Daily Movies s’adapte et s’incline devant

la nouvelle direction !

1bis

11

DAILY MOVIES NO 60 � AVRIL 2015 WWW.DAILY-MOVIES.CH

En salles

« A Most Violent Year » : J.C. Chandor frôle le chef d’oeuvre.

2 Swiss Made

Rencontre avec Marc Décosterd, l’homme qui fait vivre le cinéma de genre romand.

8

« La French », pour ou contre : renouveau du polar français ou film policier maladroit ?

Blu-ray 11Festivals

Sixième Nanar Party : c’est la fête aux mauvais films sympathiques !

7

- Comment as-tu accédé au plus haut niveau de l’appareil d’état ? Un bon vieux complot en bonne et due forme ?- Au début, j’ai dû pomper Z, le res-ponsable technique, afi n qu’il me fasse entrer dans la Horde. Pendant deux ans, Hulk et Ababakar Octopuss m’ont torturé toutes les semaines. Il y a quelques mois, ils m’ont libéré on me disant « Vas au Temple, y a des trucs à faire… ».

- Une purge stalinienne dans l’orga-nisation est-elle prévue ? Nous avons constaté que l’infâme Tadzul reste à

la programmation : il a évidemment trahi en ta faveur, comme sa nature profonde l’y a poussé ?- Aucune purge n’est prévue, le tran-sit de l’équipe fonctionne très bien !! Depuis cette année nous complétons notre Horde avec de jeunes âmes, histoire d’assurer la relève. Pour la petite histoire, Tadzul a été le nou-veau président de 2300 Plan 9 pen-dant 30 secondes. Mais il a rapide-ment remarqué que de commander les chiottes chimiques ne faisait pas partie de ses compétences. C’est ainsi qu’il m’a transmis la présidence.

- Qu’est-ce que le nouveau Condu-cator va changer ou conserver dans l’organisation de ces étranges nuits ?- Pour cette première expérience, le but n’est pas de réinventer la roue.

Par la suite, c’est à la Horde de 2300 Plan 9 de décider s’il y aura des changements, certainement lors d’une réunion secrète sous la terre du Temple-Allemand.

- Avec quelles merveilles cinéphi-liques comptes-tu instruire les masses laborieuses du public ?- Cette année nous allons, entre autres, commencer par du sport avec « Goal Of � e Dead », ensuite partir dans l’étude des animaux avec « Sharknado 2 ». Pour fi nir en beauté, nous donnerons un cours de méde-cine avec « Ebola Syndrome » [ndlr : un classique hongkongais dont nous avions parlé dans la rubrique « Il faut l’avoir vu » du Daily Movies n° 5]. Ça, si ce n’est pas de la Culture ?!

Suite de l'interview en page 6.

www.2300plan9.com

[Yamine Guettari]

Dès que vous voyez le logo ci-dessus, c'est qu'il y a des lots en jeu.

COMMENT GAGNER ?En écrivant à [email protected], et en mettant en objet concours + le titre du film. N’oubliez pas votre adresse postale pour participer au tirage au sort !

2300 PLAN 9

LES ÉTRANGES NUITS DU CINÉMA !

La Chaux-de-FondsDu 30/03 au 05/04

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 2015

« A MOST VIOLENT YEAR »AU CŒUR DU MAL1981, New York vit son année la plus violente. Assassinats, braquages et corruption faisandent la Grosse Pomme. C’est dans ce contexte qu’Abel Morales (Oscar Isaac), un marchand de mazout d’origine immigrée, tente de prendre le dessus sur la concurrence en achetant un lopin de terre à une famille juive qui lui donnerait un accès direct à la mer. Mais, alors qu’il attend la confi rmation d’un important prêt bancaire qui lui permettrait de conclure la vente, ses camions-citernes se font braquer les uns après les autres à la manière des diligences et un procureur zélé le place sous enquête. Dans de telles conditions, Morales perd la confi ance de son banquier qui menace de se rétracter. S’il veut assurer la prospérité de son entreprise, il va devoir trouver un autre moyen pour s’off rir la parcelle qu’il convoite...

L’ANTI JOE PESCIVu d’ici, nous pourrions penser que nous avons à faire à un énième fi lm de gangsters scorsesien, où les per-sonnages ne savent répondre à la violence que par l’escalade de cette dernière, surtout lorsqu’on sait que l’avocat d’Abel Morales se fait appe-ler « le bandit ». Qui plus est, que son épouse (incarnée par Jessica Chas-tain) est la fi lle d’un escroc notoire et plutôt partisane de la méthode forte. Toutefois, et c’est là l’originalité du fi lm, le personnage de Morales lut-tera jusqu’au bout pour arriver à ses fi ns sans se salir et sans trahir sa morale et son idéal d’honnêteté : « le but n’est pas le plus important pour moi, c’est le chemin qui y mène qui m’importe », affi rme-t-il pour tenter

de convaincre ses inter-locuteurs de sa droi-ture. Si le mal entoure Morales et l’assaille de toute part, ce dernier fera tout pour ne pas être contaminé. En ce sens, le personnage prin-cipal de « A Most Violent Year » peut être perçu comme l’antithèse des « héros » scorsesiens. En témoigne cette réunion des grands pontes du mazout qui aurait très certainement donné lieu à une explosion de vio-lence chez le réalisateur des « Aff ran-chis », mais qui souligne ici l’abnéga-tion pacifi ste du personnage écrit par J.C. Chandor.

LE NOUVEL HOLLYWOOD EST MORT, VIVE LE NOUVEL HOLLYWOOD !Depuis la fi n du Nouvel Hollywood au début des années 80, le cinéma américain a donné naissance à un nombre très réduit de véritables auteurs capables de dépasser le cadre presque confi dentiel des fi lms estam-pillés « indépendants ». Pendant quelques années, James Gray, Paul � omas Anderson – ensuite rejoints par Jeff Nichols – semblaient repré-senter à eux seuls la relève. Mais avec son étourdissante analyse de la crise en forme de huis clos (« Margin Call », 2011), sa traversée de la mer en solitaire avec un Robert Redford pratiquement muet (« All is Lost », 2013) auxquels il faut désormais ajouter « A Most Violent Year », cet hybride à mi-chemin entre le wes-tern urbain et le fi lm de gangsters, J.C. Chandor semble bien décidé à agrandir le cercle de ces rares réalisa-teurs indépendants capables de riva-

liser avec les cinéastes qui évoluent sous l’égide des grands studios. En eff et, il y a une soif de cinéma dans les fi lms de J.C. Chandor, une passion viscérale qui habite chacun de ses plans et qui témoigne de son envie de redon-ner vie à un héritage cinématographique tout en s’en aff ran-chissant. Car si « A Most Violent Year » évoque instantané-ment des œuvres telles que « Serpico », « Mean Streets », « � e French Connection » ou encore « Le Parrain », son réali-sateur réussit, à l’image de Morales qui se démène pour rester intègre, à tracer son chemin vers une identité qui lui est propre. C’est ainsi qu’il garde ses distances avec la violence évoquée dans le titre en traitant cette dernière comme l’horizon caché d’une menace sourde et tentaculaire – parfaitement repré-senté par la géniale bande-originale d’Alex Ebert – plutôt que comme une nécessité narrative. Au fi nal, J.C. Chandor aborde la violence comme il avait abordé la crise fi nancière dans « Margin Call », en s’intéres-sant avant tout aux personnages qui s’y retrouvent plongés malgré eux et

qui se débattent pour tenter de la comprendre et de la vaincre. Tout le drame réside dans le fait que cette violence semble faire partie inté-grante du système capitaliste (repré-senté par la fi nance dans « Margin Call » et par le marché du pétrole ici) auquel ces fi gures appartiennent. Il s’agit bel et bien d’une fatalité. Une fatalité d’ailleurs magnifi quement représentée dans la dernière scène de « A Most Violent Year » qui mêle graphiquement l’objet du désir capi-taliste à la violence que tentait de fuir Morales, comme s’il s’agissait de deux éléments qui allaient forcément de pair. [� omas Gerber]

2

Se parant des atours du classicisme hollywoodien pour mieux le réinventer, le troisième long métrage de J.C. Chandor marque l’entrée de son auteur dans l’Histoire du cinéma. Non content de tutoyer des géants

tels que Scorsese, Lumet et Coppola, il s’émancipe de leur influence de la plus belle des manières.

EN SALLES

Jean-Yves Thomas Carole-lyne Loïc Crettenand Gerber Klay Valceschini

A Most Violent Year - ★★★★ ★★★ ★★★★ -Big Eyes ★★★ - ★★★★ - ★★★

Cendrillon - - ★★★ - ★★

Chappie - - - ★★ ★★

Diversion - - ★★ - ★★

Nightrun ★★ - - ★★ ★★

Selma - - ★★★★ - ★★★

Shaun le mouton ★★★★ - - - ★★★

Still Alice - ★★ ★★★★ - ★★★

Voyage en Chine - - ★★★★ ★★★ ★★★

Five angry mennotent les films du mois

LA COTATION DE DAILY MOVIES ★★★★★ Chef-d’oeuvre ★★★★ Excellent ★★★ Bien ★★ Bof ★ Mauvais T À éviter comme la mort

De J.C. ChandorAvec Oscar Isaac, Jessica Chastain, David OyelowoAscot Elite

Sortie le 08/04

DANS LA COUR DES GRANDS

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 2015

PREMIER DEGRÉ

Connu pour avoir dirigé des films shakespeariens (« Hamlet », « Henri V »),

l’acteur-réalisateur Kenneth Branagh nous livre un long-métrage qui n’essaie pas de revisiter l’histoire ou de l’adapter à l’ère moderne. Au contraire, « Cendrillon » croit en ses valeurs avec chaque fibre de son être et embrasse son univers infantile, quitte à frôler parfois le kitsch, mais sans jamais tomber dans le cynisme quant au message qu’il transmet.Le scénario est fidèle au dessin animé de 1950 et ne comporte que quelques changements subtils. Ella (Lily James), une belle jeune fille, vit heureuse avec ses deux parents jusqu’au jour où sa mère décède. L’adolescente grandit, son père veuf (Ben Chaplin) se remarie avec la terrible Lady Tremaine (Cate Blanchett), mère de deux filles

pourries-gâtées. Quand le père meurt de façon inattendue, Ella devient l’esclave de sa nouvelle famille, jusqu’à sa rencontre, dans la forêt, avec son prince charmant (Richard Madden) et sa marraine la fée (Helena Bonham Carter).Que l’on soit fan ou non de « Cendrillon », le film mérite notre attention rien que pour son visuel : les costumes somptueux sont un mélange des modes de l’ère victorienne et des années 1950, caractérisées par des tourbillons de couleurs et qui permettent à l’histoire d’être intemporelle. La photographie et les effets spéciaux

sont un régal et ont été réalisés avec beaucoup de soin, particulièrement dans la scène du bal. Les acteurs sont tous crédibles, mais c’est Blanchett qui brille dans son rôle de femme fatale et réussit, en un temps limité, à montrer le dédain et la personnalité conflictuelle de son personnage. Cependant, le film a ses failles : un prologue qui aurait pu être raccourci sans que l’histoire ne perde de son intensité, une B.O. qui ne retrouve pas le charme du dessin animé et une trop grande insistance sur le message prônant la bonté et le courage. Mais une chose est sûre, « Cendrillon » va satisfaire les spectateurs avides d’histoires d’amour saupoudrées de magie, avec des héroïnes gracieuses, des méchants au regard fulminant et un « happy ending ».[Diana Jeronimo]

EN SALLES 3

BioCate BlanchettPassionNée le 14 mai 1969 à Melbourne (Australie), elle se découvre une passion pour la comédie dès le lycée. Après un court passage à l’uni-versité, elle s’inscrit à l’institut national d'art dramatique de Sydney pour devenir actrice.

PatienteElle débute au théâtre et obtient son premier grand rôle en 1992 face à Geoffrey Rush dans « Oleanna ». Elle apparaît ensuite dans plusieurs séries et téléfilms. Son premier rôle principal au cinéma arrive en 1997 dans « Oscar et Lucinda » avec Ralph Fiennes.

EclectiqueElle acquiert une stature internationale en incarnant la reine Elizabeth I dans le drame historique de Shekhar Kapur. Mais sa renommée explose avec le rôle de Galadriel dans le « Seigneur des anneaux ». On retiendra aussi son incarnation de Katharine Hepburn dans « Aviator », et son premier rôle dans « Blue Jasmine », qui lui valut un Oscar, un Golden Globe et un BAFTA. [Yamine Guettari]

« CENDRILLON »

Margaret est malheureuse avec son mari et décide de faire ses valises en s’enfuyant avec

sa fi lle à San Francisco. Installée, elle persuade un fournisseur de meubles de l’engager pour peindre des décorations. Ce qui était un tour de force dans les années 50, car il était d’usage que le mari donne son accord pour que sa femme ait le droit de travailler ! Les jours où elle ne travaille pas, elle peint des portraits sur commande dans un parc. Un peintre la repère et lui explique qu’elle doit apprendre à se vendre, car elle a du talent. Peu à peu il la charme et ils se marient rapidement pour qu’elle ne perde pas la garde de sa fi lle, son ex-mari voulant la traîner devant les tribunaux. Walter Keane, son ambitieux nouveau mari, veut absolument vendre leurs tableaux et le succès ne va pas tarder à arriver, mais non pour ses tableaux représentant des quartiers de Paris, mais pour les portraits d’enfants aux yeux globuleux, peints par Margaret. Orgueilleux, il ne va pas hésiter à s’attribuer le mérite du travail de sa femme.

Un très bon moment de cinéma servi par deux excellents acteurs qui portent le fi lm. Tim Burton réussit à rendre ce biopic captivant et à illustrer la peur et l’engrenage dans un mensonge qui va devenir une prison dorée.C’est la deuxième fois que le réalisateur à l’univers si exubérant et empreint de tendresse réalise un fi lm tiré d’une histoire vraie. Il a le mérite d’avoir su mettre en image la fragilité de Margaret face aux ambitions de son mari et son hésitation à y mettre fi n. On ne retrouve certes pas le grand Burton d’« Edward aux mains d’argent » ou « Beetlejuice », mais le sursaut est salutaire par rapport à l’infâme « Alice au Pays des Merveilles ».

[Carole-lyne Klay]

« BIG EYES »

Pour sa première réalisation, Zoltán Mayer s'attaque à un sujet sensible. Les séquences

inaugurales de « Voyage en Chine » présentent Liliane, une aide-soignante d'un certain âge qui peine à dissimuler sa tristesse latente – une impression renforcée par sa relation avec son mari. Un soir, le téléphone sonne. Depuis l'extérieur de la maison, la caméra assiste au drame sans jamais l'exposer. C'est avec cette pudeur que Mayer illustrera la poignante pérégrination de cette mère traversant le globe pour rapatrier le corps de son fi ls défunt. Le respect que le réalisateur montre à son sujet étonne fortement, puisque l'on sait à quel point il est plus aisé de solidariser les spectateurs en usant de pathos. Contre toute attente, Mayer favorise le hors-champ, le décadrage et les gros plans sur des parties corporelles précises. Lors d'une fête commémorative, la tristesse de Liliane et de l'amante de son fi ls n'est ainsi dépeinte qu'à travers de sobres plans sur leurs mains, dont la gestuelle s'avère tout aussi communicative que l'aurait

été des cadrages moins subtiles sur les larmes ruisselantes des protagonistes. L'autre force du fi lm réside dans sa capacité à faire ressentir la solitude de sa protagoniste dans l'un des pays les plus peuplés du monde. Parachutée dans une civilisation et une culture qu'elle ne comprend guère, Liliane débutera son périple isolée de tout, avant que ses rencontres progressives ne l'aident dans sa quête physique et spirituelle. Cette réussite tient au scénario et à la mise en scène, mais surtout à Yolande Moreau qui incarne très justement cette femme forte mais meurtrie. « Voyage en Chine » s'off re comme une réfl exion touchante sur le rapport aux autres qui nécessite toutefois un certain investissement de la part des spectateurs. [Loïc Valceschini]

« VOYAGE EN CHINE »

De Kenneth BranaghAvec Lily James, Cate BlanchettWalt Disney

Sortie le 25/03

De Zoltán MayerAvec Yolande Moreau, Qu Jing Jing, André WilmsAngora Films

Sortie le 25/03

De Tim BurtonAvec Amy Adams, Christoph WaltzElite Films

Sortie le 25/03

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 2015

Malgré la mort de Paul Walker, the show must go on ! Vin Die-sel et sa bande affrontent la vengeance de Jason Statham (en méchant !). Djimon Hounsou, Tony Jaa, et Kurt Russell s’invitent à la fête.

Sortie le 01/04

Dure tâche que de succéder à l’un des plus gros blockbus-ters de tous les temps ! Nos Avengers vont cette fois-ci se fritter avec le robot Ultron qui veut rien moins qu’éradiquer la race humaine.

Sortie le 22/04

Dans les années 1950, en URSS, un policier qui enquête sur une série de meurtres d’enfants devient l’objet de suspicions de la part de son gouvernement. Casting de choix avec Tom Hardy, Gary Oldman et Noomi Rapace.

Sortie le 15/04 [YG]

4

« FAST AND FURIOUS 7 » « AVENGERS – L’ÈRE D’ULTRON » « ENFANT 44 »

Célestine est femme de chambre et se doit donc d’être toujours aimable et serviable.

Elle ne le fait pas par vocation, mais en ce début de 20ème siècle, sans être mariée, il faut bien travailler. Après avoir œuvré chez diff érents maîtres à Paris, cette jeune bretonne se retrouve à contrecœur chez de nouveaux employeurs en province. Sa maîtresse, exigeante et pressante, la rudoie immédiatement, tandis que son maître est aussitôt attiré par sa beauté, lui faisant bien comprendre son inclination.Ce fi lm d’époque manquant quelque peu de rythme a le mérite, outre sa mise en scène impeccable, d’avoir

deux excellents acteurs. Léa Seydoux est mystérieuse et ne se laisse pas marcher sur les pieds par ses maîtres, tandis que Vincent Lindon incarne un serviteur renfermé et discret. L’histoire de Célestine illustre les douloureux moments traversés par les serviteurs asservis par leurs patrons… hier comme aujourd’hui.[Carole-lyne Klay]

« LE JOURNAL D'UNE FEMME DE CHAMBRE »

N icky (Will Smith en pilote automatique), spécialiste en arnaque et chef d’une

organisation criminelle, attire l’attention de Jess (Robbie), une apprentie pickpocket. Bien que réticent, il décide de lui enseigner l’art de la tromperie et de l’escroquerie et la laisse rejoindre son entreprise. Après une mission, l’homme décide de se séparer d’elle, mais finit par la retrouver trois ans plus tard à Buenos Aires, quand le propriétaire d’une équipe de Formule 1 (Rodrigo Santoro) fait appel aux services de Nicky… Le film est un divertissement passable, sans grandes prétentions

et facilement oubliable. Il part de la prémisse que le spectateur aime être dupé avec élégance et c’est exactement ce qu’il fait : il le tire dans une intrigue superficielle, mais grâce à plusieurs rebondissements et à un couple d’acteurs charmants, le long-métrage réussit à convaincre son public qu’il a passé un bon moment.[Diana Jeronimo]

« DIVERSION »

EN SALLES

Pas vu mais on y croitTrois films à voir en salle ces prochaines semaines, mais qui n’ont pas encore été visionnés.

Succès surprise en 2012, « Indian Palace », qui racontait les destins croisés de retraités

partis s’installer dans une résidence pour seniors en Inde, n’appelait pas forcément à une suite. Sorte de « Love Actually » version troisième âge, il partageait les mêmes qualités et tares que la comédie romantique de Richard Curtis. D’un côté, un casting prestigieux, des personnages attachants, un humour piquant, et une légèreté joyeuse teintée d’une émotion parfois touchante. De l’autre, un récit choral pas toujours bien structuré, des sous-intrigues inutiles, un ensemble trop long, et un discours tellement appuyé qu’il en perd sa pertinence pour fi nir par agacer. En somme, les problèmes du fi lm de John Madden étaient caractéristiques de la plupart des « feel-good movies » : obnubilés par la nécessité d’instaurer une connivence forte avec leur public pour ensuite lui transmettre un message profond sur la vie et ses aléas, ces récits en arrivent immanquablement à en faire beaucoup trop à tous les niveaux.

Néanmoins, le fi lm avait pour lui son cadre original et surtout la particularité de tenter l’exercice du côté des seniors et ainsi d’aborder des thématiques certes pas vraiment novatrices mais tout de même peu communes dans les comédies romantiques. Cette suite comprend les mêmes points positifs et négatifs, la surprise en moins. Les personnages sont toujours aussi attachants (Dev Patel), touchants (Judi Dench, Bill Nighy) et drôles (Maggie Smith), leurs aventures peuvent parfois encore émouvoir, mais le tout tire désespérément en longueur et se répète régulièrement. Une suite non nécessaire, certes pas désagréable en soi, mais qui ne raconte pas grand-chose de neuf et s'oubliera bien vite.

[� ibaud Ducret]

« INDIAN PALACE : SUITE ROYALE »

Edouard, fi ls aîné du roi des simiens préhistoriques, est considéré comme trop chétif

pour régner et subit le rejet de sa tribu. Vania, son frère cadet à la carrure de colosse doit le remplacer comme digne successeur au trône. Loin des privilèges de la vie royale, Edouard se débrouille et apprend la bonté auprès de son ami et éducateur Ian, un singe simplet au nez épaté. Malgré les tentatives d’une sorcière obsédée par la tradition de maintenir la tribu dans l’obscurantisme, l’ingénieux Edouard parvient à susciter l’intérêt de ses congénères et va également découvrir l'amour dans les bras de Lucy.Voilà une vraie réussite tant narrative que visuelle. Sans tomber dans la caricature de lui-même, Jamel nous enchante grâce à son bagout habituel. Au casting des voix, on retrouve sa compagne Mélissa � euriau, Arié Elmaleh, Christian Hecq de la Comédie Française et… Louis De Funès ! Adapté de « Pourquoi j’ai mangé mon père » de Roy Lewis, le fi lm a été tourné entièrement en « performance capture », à cheval

entre la scène et le cinéma. Un choix judicieux de Jérôme Seydoux (producteur exécutif ) qui permet à l’équipe de comédiens, danseurs, et cascadeurs une grande liberté de jeu. Une nature luxuriante, des animaux plutôt loufoques (les autruches ont des cornes…), le non-conformisme, la mort du père, les combats de pouvoir : autant d’éléments qui rappellent un certain « Roi Lion » (infl uence assumée puisque dans le pre-teaser, Jamel lui faisait un clin d’œil). Si ce long-métrage n’a pas le souffl e du chef d’œuvre de Disney, l’aventure n’en est pas moins très belle : bien plus qu’un fi lm d’animation, un projet avec une âme ! La preuve en est, la bande-originale entraînante et très soul bourrée de bonnes vibrations. [Mariama Balde]

« POURQUOI J'AI PAS MANGÉ MON PÈRE »

De Jamel DebbouzeAvec les voix de Jamel Debbouze, Mélissa Theuriau et Arié ElmalehPathé Films

Sortie le 08/04

De John MaddenAvec Maggie Smith, Judi Dench20th Century Fox

Sortie le 25/03

De Glenn FicarraAvec Will Smith, Margot RobbieWarner Bros

Sortie le 25/03

De Benoît JacquotAvec Léa Seydoux, Vincent Lindon, Clotilde MolletPathé Films

Sortie le 01/04

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 2015 5

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 2015FESTIVALS6LES ÉTRANGES NUITS DU CINÉMA !

- Quels potentats étrangers as-tu invité pour présider au Jury de la légendaire compète Court mais � rash ?- Nous avons le plaisir d’accueillir Michael Abbate, l’un des réalisa-teurs du film « Phantasmagoria », projeté le samedi aux Etranges Nuits du Cinéma. Nous avons aussi Professeur Thibaut et Franck Lubet organisateurs du festival Extrême Cinéma à Toulouse qui offrent cette année la carte blanche en 35mm au festival. Nous avons également Gilles Esposito, journaliste indé-pendant pour Mad Movies et pour La Lettre du Cinéma. Il fallait bien sûr une présence féminine afin d’amener une touche de glamour, ce sera la Baronne Valentine de Luxe venant tout droit de Belgique avec son univers des plus déroutant.

- Une conférence aura lieu, qui la tiendra et quel en sera l’objet ? On espère que le réalisme socialiste sera de la partie !- Cette année, pour les plus intel-lectuels d’entre nous, la Horde a craqué pour une conférence vrai-ment originale, celle de Mme Valentine Deluxe. Elle a pour titre : « De Sapho à Dracula : grandeur et Décadence des vampires Les-biennes au Cinéma ». Vous qui par-liez de réalisme socialiste ! Valentine Deluxe est titulaire d’un diplôme

en vampiro-lesbologie et spécialiste des films de série Z. Elle nous pré-sentera, pour les Etranges Nuits du Cinéma, les nombreux films trai-tant de ce mythe, des plus grands chefs-d’œuvre de la Hammer aux plus grands Nanars du 20ème siècle.

- Et il y aura aussi un fameux ciné-concert pour faire entrer un peu de douceur dans l’âme brutale du lum-penprolétariat ?- Douceur, vous avez-dit dou-ceur ? Le film sera « Tetsuo: The Iron Man » (de Shinya Tsukamoto, Japon, 1989) avec The Fawn pour la sonorisation. Là, on est plus dans le chocolat à la liqueur qui tire à 80 degrés !« Tetsuo » (premier volet d’une tri-logie culte chez les amateurs de cinéma autre) raconte l’histoire d’un homme qui se transforme peu à peu en une créature gangrénée par tous les détritus métalliques de la vie urbaine. Réalisé avec trois francs six sous par un réalisateur assidu, qui a dû prospecter durant deux ans dans une kyrielle de décharges tokyoïtes pour trouver le matériel nécessaire à la conception de son fi lm, « Tetsuo » est une œuvre phare de la culture japonaise underground de la fi n des années 80.« The Fawn » est un projet musical collectif initié et mené par Nathan Bauman, multi-facette, mais avec un sens toujours orienté vers la recherche et l’expérimentation. The Fawn sont 1, 3, 5, 8, 10 bref une quasi suite de Fibonaci ou une vraie partouze musicale pour les plus gri-vois d’entre nous ! Si l’Arc jurassien

les relient principalement, les musi-ciens viennent d’horizons musi-caux très différents, voir divergents mais ont tous une patte sonore très marquée. A eux tous, ils ont en commun quelques 8 albums qui font leur petit effet dans le paysage sonore de notre Helvétie adorée et même de contrées plus lointaines.Le défi que � e Fawn s’apprête à rele-ver pour le Etranges Nuits du Cinéma est donc de substituer aux images, par

leurs propres compositions, les sons originaux de la fi n des années 80 de ce fi lm culte, rien que ça !

- Un dernier mot pour éclairer le bas peuple ?- Buvez, éliminez !!!

www.2300plan9.com

[Yamine Guettari]

Suite de notre entretien avec Lecoon, alias Le Petit Animal Masqué de Noir, qui préside désormais aux destinées du festival le plus déjanté de Suisse.

La Chaux-de-FondsDu 30/03 au 05/04

GROS PLAN SUR… L'EXPO PETER USTINOVA la suite de la grande expo-sition consacrée à Audrey Hepburn en 2012, le Musée Alexis Forel et l’Exposition Fondation Bolle à Morges ont souhaité poursuivre l'hom-mage aux célébrités du ci-néma ayant vécu sur la Côte ouest lémanique, de Lausanne à Genève.

La figure de Sir Peter Ustinov s'est naturellement imposée pour ce nouveau projet. Arrivé en Suisse avec sa famille à la fin des années cinquante, il a

résidé tout d'abord aux Diable-rets puis, dès 1980 à Bursins, à une vingtaine de kilomètres de Morges, où il repose depuis son décès en 2004.L'exposition du musée Alexis Forel vous propose du 21 mars au 06 septembre un parcours en cinq étapes à la décou-verte de ses nombreuses et originales facet tes : l'acteur ; le réalisateur et le scénariste ; le narrateur et ses voix ; l'écri-vain, l'homme de scène et de théâtre ; et enfin Suzanne Cloutier, l'actrice, l'épouse et

la collaboratrice. Cet te expo-sition est réalisée avec des af fiches, photographies, ob-jets et documents inédits mis à disposition par la Cinéma-thèque suisse, la Fondation Horst Tappe, la Collection de Madame Jean-Denis Malclès et des archives privées.

Rappelons en outre que Yul Brynner, qui a résidé à Bu-chillon et Lully/Morges, fait aussi l’objet d’une passion-nante exposition à la Fondation Bolle, aux mêmes dates.

www.museeforel.chwww.fondationbolle.ch

[Yamine Guet tari]

« Tetsuo »

« Train express pour l’enfer »

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 2015 7VISIONS DU RÉEL 2015 NANAR PARTY 6 :

LA DERNIÈRE ?Année de croissance pour LE festival romand consacré au genre documentaire. En effet, Visions du Réel s’étend cette année à la Ville de Gland pour la projection des films de la section Grand Angle. Avec le projet Echos du Réel, le Festival renforce son implantation locale dès début avril via des animations de rue ainsi que le concours de vitrines des commerçants de Nyon et, pour la première fois, de Gland. Cette volonté du Festival de renforcer son identité régionale et de marquer son attachement envers les habitants de la région est d’ailleurs reconnue par Régionyon, qui a décidé d'augmenter son soutien à la manifestation.La Géorgie sera l’hôte d’honneur du Focus 2015 de Visions du Réel. En partenariat avec la Direction du développement et de la coopération (DDC), ainsi que le Georgian National Film Center, la section Focus a pour objectif de mettre en lumière la production cinématographique contemporaine et de stimuler les collaborations internationales avec ce pays. Quinze documentaires géorgiens de la dernière décennie seront donc présentés, et la journée Focus Talk (mardi 21 avril 2015, ouvert au public, entrée libre) sera l’occasion d’explorer le paysage cinématographique géorgien contemporain. Six projets de films en cours de développement seront alors présentés par les réalisateurs et producteurs géorgiens invités. Le meilleur projet se verra décerner le Prix visions sud est, doté de 10’000 CHF.En outre, cette édition 2015 récompensera le grand réalisateur Barbet Schroeder, qui recevra en personne le Sesterce d’or Prix Maître du Réel Raiffeisen – trophée récompensant l’ensemble de sa carrière. Invité dans le cadre d’une collaboration avec la Cinémathèque suisse et l’ECAL, Barbet Schroeder dirigera une masterclass ouverte au public. Les quatre films documentaires qu’il a réalisés durant sa carrière seront projetés durant

le Festival (17 – 25 avril 2015), tandis qu’une rétrospective intégrale lui sera consacrée à la Cinémathèque suisse à Lausanne (13 avril – 15 mai 2015).Rendez-vous donc dès le jeudi 16 avril pour une Avant-Première pleine de punch, avec la projection du film canadien « God Save Justin Trudeau » offerte aux habitants de la région en collaboration avec la Ville de Nyon. Cette comédie documentaire raconte le combat de boxe opposant Justin Trudeau, fils du célèbre ancien premier ministre canadien et désormais député du Parti libéral, à un Sénateur du Parti conservateur.

www.visionsdureel.ch

[Yamine Guettari]

La soirée genevoise de référence du Mauvais Film Sympathique (avec des majuscules, et oui !) revient le samedi 18 Avril 2015 dès 20 heures dans son antre habituelle de l’Uptown Geneva, centre de divertissement situé idéalement à deux pas de la gare Cornavin.Les occasions de rigoler n’étant pas légion, nous n’avons pas eu trop de mal à remotiver nos amis de Nanarland.com (le site de référence sur les nanars, inégalé dans tous les systèmes solaires) pour nous accompagner encore une fois dans cette sixième édition de la Nanar Party. Ils nous fourniront donc, fi dèles au poste, les légendaires cuts excentriques, 100% inédits en Suisse et dans le monde entier d’ailleurs (sauf en France où ils ont été projetés à l’occasion des deux dernières Nuits Excentriques de 2013 et 2014 devant 450 chanceux). Il faut mesurer le privilège de pouvoir savourer ces montages de niveau professionnel, qui permettent de découvrir la fi ne fl eur de ce qui fait de pire dans tous les genres (comédie, horreur, SF, mais aussi érotiques, et oui !), et à toutes les époques (des années 50 à nos jours). Toujours à l’écoute de notre exigeant public, nous garantissons la totale nouveauté de ces deux séries de 45 minutes à savourer sans modération ! On ne change pas une formule qui gagne, au niveau organisation le timing sera le suivant, à une vache près : 20h00 ouverture des portes, 20h30 première série de 45 minutes d'extraits, 21h15 pause de 30 minutes, 21h45 deuxième série de 45 minutes d'extraits, 22h30 pause de 20 minutes, 23h00 le fi lm (qui sera une surprise ! Mais ceux qui étaient là l’année dernière auront une idée...), 00h20 rentrez chez vous, vous avez une maison ou bien ?!Franc fort ou pas, on s’en fi che, le prix d'entrée reste toujours fi xé à 12.- CHF (comme depuis le tout début), ce qui vous permet d’économiser pour les rafraîchissements et la tombola ! Car bien

sûr, la Nanar Party ne serait pas la même sans sa traditionnelle tombola avec ses cadeaux immondes, mais collector, ses concours de déguisement et ses quizz déjantés ! De plus, on vous garantit à nouveau un concours de « Air Guitar » afi n de remporter des lots encore plus chatoyants.Les billets sont déjà en vente dans les points Fnac et à l'Uptown Geneva, alors dépêchez-vous d’aller vite si vous voulez une place !

www.daily-movies.ch / www.uptown-geneva.ch

[Yamine Guettari]

FESTIVALS

NyonDu 17/04 au 25/04

Uptown GenevaLe 18/04

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 2015SWISS MADE8L’INDEPENDANCE AVANT TOUT !

- Pouvez-vous en quelques phrases nous présenter votre parcours ?- Depuis que je suis petit, je raconte des histoires. Quand j'avais 8-9 ans, je fai-sais des « pièces radiophoniques » sur K7 avec mes copains ; on inventait les his-toires, on faisait les bruitages. Je faisais aussi beaucoup de BD. Puis j'ai fait des fi lms d'animation avec mon père. C’est lui qui le premier m'a fait comprendre l'intérêt d'avoir un scénario. Et un jour, un caméscope est arrivé à la maison et je n'ai plus arrêté de tourner depuis. La caméra était une évidence. Après un bref passage à la section professionnelle d'art dramatique de Lausanne, vers 20 ans, j'ai intégré l'ECAL en arts visuels, d'où je suis sorti diplômé en 2002. Ont suivi trois longs métrages jusqu'ici.

- Vous produisez et réalisez vos fi lms de manière indépendante, est-il dif-fi cile aujourd’hui de le faire ici, en Suisse ?- Jusqu'ici c'était un moyen assez sûr de pouvoir tourner les fi lms que je veux. Après, le système a ses limites et le manque d'argent demande du sacrifi ce et une énergie folle de la part de toute l'équipe d'un fi lm. Et comme nous ne rajeunissons pas... Aujourd'hui j'ai envie d'avoir les moyens pour des fi lms plus ambitieux techniquement. Cela dit, le crédo de Wake Up ! Films, ma boîte de production, sera toujours « less is more ». Cela me paraît sein et porteur.

- Pouvez-vous nous parler de votre nouveau fi lm « Retourne-toi » : com-ment l’idée vous est-elle venue ?- En fait « Retourne-toi » n'est pas vrai-ment un nouveau fi lm. Simplement, il sort en DVD dans le désordre. Il a été tourné en 2009, entre « Erwan et com-pagnie » et « Erwan et + si affi nités ». Il était d'ailleurs sélectionné au LUFF

2009. Toutefois le montage, l'étalon-nage et le mixage ont été remaniés pour cette édition DVD de 2015. Il s’agit de la plus belle version possible du fi lm. Avec ce fi lm j'ai eu envie d'aborder des sujets plus graves qui me parlaient. J'avais envie d'aller gratter dans mes zones sombres, dans ma mélancolie et d'aborder ces histoires d'amour tra-giques qui ne laissent pas indemne. Après, d'autres thématiques se sont greff ées là-dessus.

- « Retourne-toi » s’éloigne de vos deux précédents fi lms qui étaient très légers, fun et ouvertement po-taches. Pouvez-vous nous expliquer vos envies de cinéaste avec ce nou-veau fi lm ?- Ce fi lm était pour moi l'occasion d'aborder un genre de cinéma que j'aff ectionne particulièrement. Une histoire avec une portée allégorique. Des environnements qui ramènent à des histoires millénaires : la forêt, les ténèbres, ce chalet perdu dans les bois. Un univers qui fait appel au conte et au cinéma de genre. Le tout au service d'une histoire tragique, touchante, haletante. Et parfois drôle aussi.

- Vous tournez beaucoup en décors naturels, comment se passe l’agen-cement des séquences, l’organisation des prises de vues, etc. Pouvez-vous nous expliquer comment se passe vos tournages, que l’on imagine riches en rebondissements ?- Que ce soit sur les « Erwan » ou sur « Retourne-toi », ça a toujours été com-pliqué mais gérable. De façon générale, nous démarrons toujours le travail par des lectures, afi n de gagner du temps au tournage. Une fois que nous com-mençons le tournage, nous tournons durant 30 jours non-stop à raison de 12-18 heures par jour. Les fusillades ou

les poursuites en voitures d'Erwan ont demandé beaucoup d'organisation en amont, avec la police notamment. Sur « Retourne-toi » où nous étions isolés en nature, le problème était diff érent. La météo était notre ennemie, parce que nous n'avions comme QG que le chalet du fi lm. Sans chauff age, sans électricité et sans eau potable. Un poêle et c'est tout. Du coup, en montagne, au mois

d'octobre, c'était parfois diffi cile et cer-taines tensions se sont faites sentir par moment. Malgré tout, cela reste un souvenir magnifi que. Et le fi lm n'aurait sans doute pas été le même sans ces désagréments. On en a d'ailleurs un aperçu dans les bonus du DVD.

- Comment se passe la production d’un fi lm comme « Retourne-toi », est-il diffi cile de recevoir des aides de la part des autorités cantonales et fédérales ?- Plus que diffi cile puisque nous n'avons eu aucun soutien à ce niveau-là. En dehors de la Loterie Romande et de La ville de Nyon, nous avons surtout réuni des fonds privés qui représentaient la majeure partie du budget.

- Comment travaillez-vous avec vos acteurs, qui, pour la plupart, vous accompagnent depuis le début ?- C'est une chance de travailler avec des comédiens fi dèles et des amis. Avant tout parce que ce sont d'excel-lents comédiens et ensuite parce qu'ils connaissent mon univers et qu'ils font des propositions en conséquence. Il y a une confi ance réciproque qui facilite le travaille de lecture en amont et permet aussi un tournage plus effi cace. Un luxe qui rend l'aventure plus joyeuse.

- Quelles sont vos infl uences ma-jeures, vos modèles, vos cinéastes favoris ?- J'aime beaucoup Bertrand Blier et Quentin Tarantino pour leur travail sur les dialogues. J'aime aussi les per-sonnages outranciers de Tarantino. J'admire beaucoup l'économie et la profondeur des fi lms de Clint Eas-twood, j'ai beaucoup appris en regar-dant ses fi lms. Sinon je ne me lasse pas

des fi lms de Wim Wenders et Martin Scorsese, surtout ceux des années 80. De façon générale je m'intéresse aussi beaucoup au cinéma indépendant amé-ricain, avec des cinéastes comme Mike Cahill (« Another Earth », « I Origins ») ou Jeff Nichols (« Shotgun Stories », « Take Shelter », « Mud »). Après j'ima-gine qu'ils m'infl uencent tous d'une manière ou d'une autre.

- Vos fi lms ont souvent des dialogues très référentiels sur le cinéma, quels sont les fi lms qui ont marqué votre vie, vos fi lms de chevets ?- Il y a « Dirty Harry » de Don Siegel : c'est brut, presque fauché mais ça fonc-tionne encore 40 ans après. Et sur-tout j'aime les personnages iconiques. Sinon, je revois régulièrement « Les Ailes du Désir » de Wim Wenders qui me bouleverse à chaque fois, il n'y a rien à jeter, tout est beau et humaniste, tout comme « � e Wrestler » de Darren Aronofsky qui représente quasiment un idéal de cinéma pour moi. Tout à l'op-posé « Massacre à la tronçonneuse » me fascine toujours et je le revois de temps en temps, parce qu'il y a quelque chose du fi lm d'art et essais là-dedans, et ce rapport au conte horrifi que qui m'inté-resse profondément.

- Et vos prochains projets ?- Je travaille actuellement sur un « sur-vival » fantastique qui se déroule entre Nyon et Lucerne. Je ne peux pas en dire plus pour l'instant, sinon qu'il s'agit pour la première fois d'une coproduc-tion entre Wake Up ! Films et Seven Prod à Lausanne. C'est le projet le plus complexe dans lequel je me suis lancé à ce jour. Nous envisageons un tournage début 2016. Après, plusieurs autres projets sont dans les tiroirs... Erwan pourrait bien revenir faire un tour de piste. J'ai envie de retrouver cette équipe de bras cassés qui n'ont pas encore dit leur dernier mot !

www.wakeupfilms.ch

Retrouvez l’intégrale de cette interview sur www.daily-movies.ch

[Jean-Yves Crettenand]

Rencontre avec Marc Décosterd, réalisateur de « Retourne-toi » ! Après « Erwan et + si affinités », Marc Décosterd se lance dans le thriller tendu avec un film lorgnant du côté du film noir et du polar sec, brut de

décoffrage ! Il y a quelque chose de très attachant dans le cinéma de Marc Décosterd, il nous explique sans retenue pourquoi il aime le cinéma et comment il le pratique d’une manière indépendante !

Marc Décosterd

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 2015

ces explorateurs spatiaux dans la continuité de l’évolution de l’espèce. Sur la base de cette idée, le réalisateur rend un magnifi que hommage aux pionniers et ose l’idée d’abandonner la planète qui nous a vus naître, que plus personne n’essaie d’ailleurs de sauver, comme en témoignent ces mots du personnage incarné par Anne Hathaway : « Nous n’étions pas censés sauver le monde mais le quitter. » Au fi nal, c’est le courage de ces hommes qui refusent de mourir tranquillement (l’analogie entre le « good night » symbolisant la mort du poème de Dylan � o-mas et le vide sidéral dans lequel s’enfonce Cooper et Brand fonc-tionne à merveille) et la perspec-tive de vivre sous un nouveau soleil qui émeuvent le plus.

[� omas Gerber]

Notre avis

« To nightcrawl » dénote l'activité de repérer les incidents les plus sanglants afi n de les fi lmer et d'en revendre les captations aux télévisions locales. C'est dans ce business douteux que se lance Lou Bloom (l'excellent Jake Gyllen-haal), un homme solitaire à la malignité implacable.Pour son premier fi lm, Dan Gilroy s'attaque aux dérives sociétales et médiatiques, élaborant un thriller nocturne qui dépeint les vampires mo-dernes. Dans son rêve de vivre l'American life, Lou fait fi de ses convictions morales et s'embourbe dans une des-cente aux enfers, restant à l'aff ût de la moindre goute de sang. Gilroy écrit son personnage de manière suffi sam-ment intelligente pour ne pas l'isoler dans sa sociopathie croissante. Armé de sa logique et de son autodidactisme, il s'immisce dans les rouages d'une indus-trie écoeurante de laquelle il ne reste qu'un instrument – comme l'illustre la rivalité avec les autres équipes –, Lou fournissant du contenu là où il y a de la

demande. Le jugement du spectateur à l'encontre du protagoniste revient alors comme un boomerang (voir la rapidité avec laquelle la vidéo de l'attentat de Charlie Hebdo a circulé...).Si « Nightcrawler » reste plausible dans

son déroulement, il perd néanmoins en crédibilité lors des séquences fi nales, où le fi lm opte pour la grandiloquence. Ce revi-rement spectaculaire était certes attendu car inévi-table. Ce n'est pas tant la tournure des événements à laquelle il est diffi cile d'adhérer, mais plutôt à

la (non-)réaction des personnages, à l'image des policiers qui n'aperçoivent pas les deux cameramen à côté de leur voiture fl amboyante, peu avant la poursuite fi nale. Produit en marge du système hollywoodien, « Nightcrawler » élabore un discours légèrement naïf mais provoque suffi samment de fris-sons pour captiver. [Loïc Valceschini]

Notre avis

DVD/BLU-RAY10

Prenez un synopsis que n’auraient pas renié les frères Dardenne (une veuve qui hérite de la garde de son fils impulsif et violent se voit aidée dans sa tâche par une voisine mysté-rieusement mutique), ajoutez-y l’imper-tinence et l’audace du jeune Québécois Xavier Dolan et vous obtenez l’un des plus grands phénomènes cinématographiques de 2014. En effet, entre son prix du jury à Cannes, les larmes de Dolan qui se voyait déjà avec la Palme d’Or dans les mains, la critique pratiquement unanime... il était difficile de passer à côté de l’ouragan « Mommy » l’an-née passée. Six mois plus tard, alors que le buzz est derrière nous, force est de constater que le film n’a rien perdu de sa superbe. Véritable maels-tröm émotionnel, le cinquième film de Xavier Dolan est une déflagration de vie où l’authenticité des situa-

tions finit par nous troubler. Enfin, les artifices auxquels le jeune réalisa-teur nous avait habitués prennent du sens. Mieux, ils s’avèrent désormais vecteurs d’émotion : il y a quelque

chose d’étourdis-sant dans ces chan-gements de formats « provoqués » par le personnage de Steve. Le choix de l’image carrée se justifie éga-lement par la volonté de Dolan de fermer la porte à la condescen-dance, de ne pas regar-der ses personnages de haut et de forcer les spectateurs à les consi-dérer « droit dans les

yeux ». À l’image de sa bande-son « pop-clichée », « Mommy » se situe souvent à la limite du too-much mais finit (presque) toujours par tomber du bon côté et par emporter notre adhésion. [Thomas Gerber]

Notre avis

Nightcrawler� De Dan Gilroy. Avec Jake Gyllenhaal,

Rene Russo, Bill Paxton…

� Ascot Elite

Mommy� De Xavier Dolan. Avec Matthew Antoine-Olivier

Pilon, Anne Dorval, Suzanne Clément

� 20th Century Fox

C'est désormais connu, l'événement fantasy – que dis-je, télévisuel – de l'année, c'est la nouvelle saison de « Game of Thrones ». Du haut de ses quatre saisons (et d'une cinquième qui sera diffusée à partir du 12 avril aux États-Unis), la série originaire des ouvrages de George R.R. Martin s'est imposée comme le programme favori des téléspectateurs, tout comme des adeptes du téléchargement – « Game of Thrones » étant la série la plus piratée depuis trois ans consécutifs.Il est difficile d'écrire sur la quatrième saison tant celle-ci contient de révélations et de retournements de situations. Le troisième épisode par exemple avec la mort de l'un des protagonistes chamboule complètement toutes les prévisions du public. Plus personne n'est à l'abri de la plume de Martin, qui n'hésite pas à assassiner des personnages principaux à chaque épisode. Cette écriture sans pitié se

révèle passionnante sous plusieurs aspects, puisqu'en plus de redistribuer les enjeux de la série sans relâche – ce qui l'empêche de se reposer trop longtemps sur un même canevas –, elle provoque l'hystérie collective dans les bureaux et sur les réseaux sociaux. Qui ne s'est pas plaint de

l'issue du duel sur lequel repose la vie de Tyrion, ou qui n'a pas souffert en redoutant le pire lors de l'assaut de l'avant-dernier épisode ? Dans « Game of Thrones », ce n'est guère plus le cliffhanger qui galvanise les spectateurs, mais l'effroyable frustration d'assister à la concrétisation de

l'inimaginable : tout peut arriver, le meilleur mais surtout le pire, et c'est cet attrait quasi sadomasochiste qui nous rend si fébrile. Allez, plus que quelques jours à attendre ! [Loïc Valceschini]

Notre avis

« Respire » est le deuxième passage der-rière la caméra de l’actrice Mélanie Laurent après « Les Adoptés » en 2011 et elle assied, du coup, son statut de réali-satrice émérite. La cinéaste débutante ne raconte pourtant pas beaucoup plus que la brève histoire d’amitié de deux jeunes filles en pleine émancipation. Son talent est de savoir capter les tourments de cet âge avec tact et parler ave subtilité de l’aspect toxique que peut prendre ce genre de relations. Elle semble avoir trouvé dans le ro-man « Respire » de Anne-Sophie Brasme, la matière idéale pour imaginer un film personnel dans lequel chaque spectateur pourra percevoir quelques résonances avec sa propre expérience. Bien que soigneusement mis en scène, le film est avant tout une œuvre d’actrices et s’apprécie également pour la qualité de jeu des jeunes comédiennes. D’ailleurs,

sans pour autant mettre en doute le talent de Joséphine Japy («Cloclo » ) et

Lou De Laâge (« Jap-peloup »), toutes deux excellentes, on sent nettement qu’elles ont bénéficié du soutien et de l’expérience qu’a dû leur apporter leur aînée. Mélanie Laurent, que les cinéphiles savaient très bonne comédienne depuis « Je Vais Bien, Ne T’en Fais Pas », que d’autres ont découvert suite à son petit pas de danse partagé à Cannes avec Quentin Tarentino à l’occasion de la pré-sentation de « Inglou-rious Basterds » et qui

pousse également volontiers la chanson-nette, confirme avec cette deuxième réa-lisation son statut d’artiste polyvalente à suivre… plutôt d’ailleurs pour sa contri-bution au cinéma qu’à sa musique.[Etienne Rey]

Notre avis

Game of Thrones – saison 4� Créée par David Benioff et D. B. Weiss.

Avec Peter Dinklage, Lena Headey

� HBO / Warner

Respire� De Mélanie Laurent.

Avec Joséphine Japy, Lou de Laâge, Isabelle Carré

� Praesens

Interstellar

On aura entendu beaucoup de choses au sujet d’« Interstellar ». « Chef-d’œuvre » par-ci ; « navet » par-là ; comparaisons artifi cielles avec « 2001, L’odyssée de l’es-pace » ou encore avec le récent « Gravity » ; accusé d’être un vul-gaire mélo déguisé en fresque spa-tiale et pseudo-métaphysique... Mais dans ce torrent d’articles, coups de gueule, tweets et autres réactions pressées qui accom-pagnent désormais chaque sortie de fi lm un tant soit peu attendu (parce qu’il faut impérativement être le premier à en parler) rares sont ceux qui ont pris le temps de se pencher sur l’essence même du fi lm. C’est ainsi que la plupart des commentaires ont complètement passé sous silence la plus grande audace du fi lm de Christopher Nolan. Si « Interstellar » est eff ec-tivement un beau mélodrame fa-milial et s’il parvient à émouvoir (chose rare chez le réalisateur) grâce à son exploitation des théo-ries de la relativité d’Einstein – la

séquence du père qui découvre les messages envoyés par ses en-fants pendant vingt ans alors que pour lui seules quelques heures se sont écoulées est en tout point déchirante –, il porte également un regard particulièrement inté-ressant sur l’humanité. Au-delà du drame familial aux allures d’épopée scientifi que, « Interstellar » nous propose de penser le futur de l’espèce humaine. Dès les premières minutes, l’ombre de Darwin plane sur le fi lm. Lorsque Mur-phy s’émeut du sort d’un drone que son père vient de détourner pour le convertir en « quelque chose de plus utile », ce dernier lui répond : « Cette chose doit apprendre à s’adapter. Comme nous autres. » La Terre étant ren-due pratiquement inhabitable par de très fréquentes tempêtes de poussière, l’espèce doit eff ecti-vement trouver un moyen de s’adap-ter pour survivre. C’est dans cette perspective de survie que Christo-

� De Christopher Nolan. Avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Michael Caine

� Warner Home Vidéo

pher Nolan fi lme l’exploration de l’espace. Là est la plus grande audace d’« Interstellar » : inscrire la quête de

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 2015

� De Cédric Jimenez. Avec Jean Dujardin, Gilles Lelouch, Céline Sallette

� 20th Century Fox

L'AVIS CONTRELa French est le diminutif utilisé pour la French Connection, terme désignant le réseau de narcotique partant de Tur-quie via le sud de la France pour arriver aux Etats Unis, mis en place durant les années 50 à 70. Son homonyme ciné-matographique peut également être considéré comme une version dimi-nuée du chef d’œuvre de William Frie-dkin. A la différence de son « French Connection », le second film de Cédric Jimenez adopte le point de vue du juge Pierre Michel et se focalise sur sa confrontation avec Gaëtan Zampa, figure majeure du banditisme mar-seillais. Sur la base d’un scénario très documenté, cosigné avec la journaliste Audrey Diwan, le réalisateur français développe un double arc narratif à la « Heat » de Michael Mann qui alterne le quotidien du flic/juge Pierre Michel (Dujardin) et de son alter égo gangster Gaëtan « Tany » Zampa (Lellouche). En appliquant à la lettre le cahier des charges du film de gangster et ses pas-sages obligés, Jimenez livre un traite-ment bien trop classique qui n’évite aucun cliché du genre. Incapable de renouer avec l’esprit des modèles dont il s’inspire et malgré quelques scènes in-timistes, qui apportent une dimension humaine à son polar, « La French » s’ins-

crit dans le registre du divertissement. Ce manque d’ambition se retrouve éga-lement dans une mise en scène soignée mais qui manque d’ampleur et surtout de défis techniques propres au cinéma des grands réalisateurs (Scorsese, Mann) cités au travers d’une scène ou d’un plan. Fort du plus gros budget du cinéma français de l’année 2014 (envi-ron 21 millions d'euros), « La French » dispose d’une direction artistique exemplaire permettant une reconstitu-tion très soignée des années 1970, tant au niveau des décors que des costumes. L’autre point fort du long métrage de Cédric Jimenez réside dans son casting solide. Céline Sallette et un Benoît Maginel méconnaissable dans le per-sonnage du « Fou » (malheureusement sous-exploité) parviennent à faire de l’ombre au duo charismatique composé par Gilles Lellouche et Jean Dujardin. S’il a le mérite de populariser et fran-ciser un genre propre aux productions hollywoodiennes, « La French » souffre de quelques longueurs et surtout d’un traitement trop classique et imperson-nel qui laisse un désagréable sentiment de déjà vu. [David Cagliesi]

Notre avis

L'AVIS POURLe projet basé sur la traque de Gaëtan Zampa (Gilles Lellouche), parrain cha-rismatique de La French, mafia mar-seillaise exportatrice d’héroïne dans les années 1970, a été confié au jeune réalisateur Cédric Jimenez pour son deuxième long-métrage. Marseillais d’origine ayant grandi en plein cœur de l’affaire, le réalisateur met en scène avec subtilité une tragédie sur fond de polar français, centrée sur le juge Pierre Mi-chel (Jean Dujardin) à qui l’on confia la lourde tâche de démanteler ce réseau tout puissant. L’écriture construit des personnages intéressants, humains, et au plus proche du spectateur, mis à l’écran avec un rythme puissant et un suspens haletant. Un hommage aux grands polars de l’époque. À peine un film à son actif, avec « Aux Yeux de Tous » en 2011, et Cédric

Jimenez arrive déjà à se faire produire par Gaumont en s’attirant deux des interprètes masculins français les plus demandés du moment. C’est dans un duel digne d’un Al Pacino/De Niro dans « Heat » que les deux amis dans la vraie vie – Dujardin et Lellouche – captivent et livrent une interprétation au sommet. Dujardin, dont les appa-ritions récentes ne s’apparentaient plus beaucoup à la comédie, confirme son orientation vers des rôles plus drama-tiques. Beaucoup plus saisissant que dans ses dernières participations améri-caines, l’acteur est à l’aise et très impli-qué dans son personnage. Il livre un juge Michel prêt à se livrer corps et âme pour mettre un terme à la French, tour-menté par la peur de mettre sa famille en danger. Son ton est impeccable et l’acteur français prouve plus que jamais sa capacité à émouvoir. Gilles Lel-louche, quant à lui, provoque à la fois l’effroi et la compassion d’un patron de Mafia intouchable et intransigeant dont les conséquences liées à son statut lui échappent. Même si son accent ita-lien laisse à désirer, l’acteur incarne avec brio et tout en retenue Gaëtan Zampa.Plongé au cœur de la French, ses men-songes, ses corruptions et ses règlements de compte, le scénario comporte son lot de rebondissements compliquant la tâche du Juge Michel dans sa traque du parrain, tenant le spectateur en haleine pendant plus de deux heures. Un polar dont la dimension humaine et tragique surprend et fascine. Assurément ce qu’on a vu de mieux dans le cinéma français en 2014. [Alexandre Caporal]

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DVD/BLU-RAY 11

� De Sergei Bodrov. Avec Jeff Bridges, Julianne Moore, Ben Barnes

� UniversalLes fans de fantasy risquent d'être déçus devant « � e Seventh Son », une adaptation peu inspirée de l'œuvre de Joseph Delaney, tant elle ne livre qu'une remâchée de ce qui se fait dans le genre depuis des années. Le fi lm était pourtant prometteur sur le papier, proposant de réunir Jeff Bridges et Julianne Moore (quinze ans après « � e Big Lebowski ») et étant dirigé par le Russe Sergei Bodrov, à qui l'on doit l'impressionnant « Mongol » (2007). Quelque part entre « Van Helsing » et « Buff y », « � e Seventh Son » souff re d'un scénario anémique qui expose des acteurs en roue libre. L'unilatéralité de l'entreprise transforme le fi lm en pastiche involontaire et noie les quelques bons éléments de mise en scène dans une bouillie digitale ridicule et fatigante. Quant aux spectateurs les plus tenaces, ils seront achevés par la romance forcée ainsi que par les monologues manichéens et monomaniaques. [Loïc Valceschini]

Notre avis

� De Stefan Haupt. Avec Sven Schelker, Matthias Hungerbühler

� Ascot EliteLes Quartz attribués à « Der Kreis » lors de la dernière cérémonie du cinéma suisse ont de quoi surprendre. Ce docu-fi ction – qui mélange reconstitutions fi ctives, interviews et images d'archives – s'intéresse à la vraie histoire d'Ernst Ostertag et Röbi Rapp, un couple s'étant battu pour les droits des homosexuels à Zurich dans les années 1950. L'hybridité ne convainc guère, le long-métrage ne trouvant jamais vraiment de ton et de mode dramaturgique adéquats. Si la partie documentaire s'avère la plus réussie, elle déçoit par le contraste formel créé par les parties fi ctives, où un plus grand soin esthétique est accordé. La fi ction s'essaie dans des scènes peu heureuses qui gênent parfois par leur amateurisme. On en viendrait à se demander si la consécration aux Quartz ne tiendrait pas moins au fi lm, qu'au sujet qu'il aborde. Les acteurs permettent certes à la barque de naviguer, mais on n'est jamais loin du naufrage. [Loïc Valceschini]

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« UN ILLUSTRE INCONNU »

� De Andrea Štaka. Avec Mirjana Karanovic, Marija Skaricic

� Filmcoopi / 20th Century Fox

Le point de départ est ambigu et obscur. Aux abords d’une falaise, deux adolescentes, l’une née en Suisse et l’autre en Croatie, se lancent dans un jeu dont on ne comprend ni la raison, ni les enjeux. Elles s’échangent leurs habits, endossent le rôle de l’autre et fl irtent presque. Puis soudain, suite au geste déplacé de l’une d’elles, volontaire ou non, l’autre tombe dans le vide. La survivante va alors voler la vie de la disparue et le fi lm emprunter une direction singulière. La nouvelle

réalisation d’Andrea Štaka, après « Das Fräulein » en 2006, baigne dans une ambiance fantastique. Mais si on lui refuse cet onirisme, qu’on reste pragmatique, le fi lm apparaît alors comme bancal et invraisemblable. Surtout concernant la famille de la défunte qui semble accepter sans problème qu’une étrangère prenne la place de leur fi lle décédée. Constamment, le fi lm navigue entre plusieurs zones, plusieurs genres qu’il est parfois diffi cile de discerner. Quelque chose entre le portrait réaliste d’une déracinée, le thriller sentimental ou le conte social. Quoiqu’il en soit, la réalisatrice fait preuve d’un indéniable savoir-faire et tire très

bien parti de son décor, la petite ville désertée de Dubrovnik. Les acteurs sont convaincants et, dans le rôle principal, avec un physique entre l’enfant et l’adulte, son visage aussi souvent doux que dure, la jeune Mirjana Karanovic apporte encore un peu de trouble à ce fi lm trop déconcertant pour pleinement convaincre. En tout cas, la cinéaste suisse d’origine balkanique a trouvé un moyen original de traiter d’un sujet qui lui tient personnellement et certainement à cœur : la recherche, à l’adolescence, de son identité et de sa place dans le monde. [Etienne Rey]

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« CURE - LA VIE D’UNE AUTRE »

« LA FRENCH »

« DER KREIS » « THE SEVENTH SON »

� De Matthieu Delaporte.Avec Matthieu Kassovitz, Marie-Josée Croze

� Pathé / Dinifan« Un illustre inconnu », boudé par le public et la critique, n'est pourtant pas un fi lm à risques. Ce serait même plutôt un fi lm d'effi cacité, de ceux qui clouent au fauteuil et transforment les heures en minutes, grâce à son emballage d'actioner à suspense, à mi-chemin entre Hitchcock et McTiernan. Mais le fi lm nous sert surtout un scénario dynamique et passionnant, qui s'alimente sans cesse d'une vertigineuse réfl exion sur l'identité individuelle. Qui sommes nous vraiment ? Et pourquoi le sommes-nous ? Le fi lm off re aussi, et surtout, à Matthieu Kassovitz le(s) rôle(s) de sa vie. L'hallucinante performance qu'il livre imprègne chaque scène, chaque image, chaque souffl e. Son regard transperce l'écran, se plante dans le nôtre, sans avertissement, et fi nit de convaincre du talent de cet homme à qui le cinéma français doit énormément. [Florian Poupelin]

Notre avis

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 2015

� Dimberton – Chabert – Paillat

� Delcourt / Mirages

Qui ne connaît pas Louis de Funès ? La méga star française aurait eu 100 ans en 2014 et de nombreux livres, biographies et autres parutions ont fl euri sur les étagères des libraires. Parmi ces ouvrages, une bande-dessinée retrace en 117 planches la vie du célèbre comique en mêlant anecdotes authentiques, répliques célèbres judicieusement placées et les moments clefs de la vie de Louis de Funès. Cependant, ce qui fonctionne sur un écran, ne fonctionne pas forcément sur les planches fi gées d’une BD. De plus, prêter les traits de Louis de Funès à son père pour les origines de la famille ne fonctionne pas et enlève un peu du piquant des planches retraçant les années

fastes de l’artiste au sommet de sa gloire. Mieux vaut se (re)plonger dans le magnifi que ouvrage écrit par ses fi ls Patrick et Olivier (« Ne parlez pas trop de moi, les enfants ! »), ou encore dans l’excellente biographie de l’acteur par Jean-Marc Loubier (« Louis de Funès, petites et grandes vadrouilles »), bien plus défi nitifs que cette initiative originale mais anecdotique qui malheureusement ne tient pas toutes ces promesses.

[Jean-Yves Crettenand]

Notre avis

� De Charlie Adlard et Stefano Gaudiano (dessins) et Robert Kirkman (scénario)

� Delcourt

Si vous souhaitez arrêter « Walking Dead » au tome 21, ne lisez pas ces lignes ! Cependant, il se pourrait que l'envie vous prenne de vous faire votre propre avis en lisant ce tome 22. Et dès lors il sera trop tard... Comme au premier jour, Robert Kirkman vous aura ferré, il vous sera alors impossible de ne pas reprendre régulièrement votre dose de Zombies. Car il a su, en s'aidant d'une ellipse, trouver les idées pour se renouveler. Tout est relancé, nul besoin de remplir les vides, une simple continuité de ce qu'il (re)met ici en place suffi ra amplement. Ce volume est un nouveau premier album, tout aussi prenant tout aussi

mordant, tout aussi contaminant que le mythique tome 1.« Walking Dead » est aussi addictif qu'au premier jour, le lecteur tressaille avec les découvertes que font ces deux égarés. Le dessin reprend en précision et en impact, impressionnant de pouvoir à ce point servir l'histoire. Car c'est bien le scénario le point fort de cette formidable relance de la série. Longue vie à « Walking Dead » ! Miam !

[Romain Kapps]

Notre avis

12Coffret 5 DVDJean-François Amiguet� Cinémathèque Suisse / ZagoraL'œuvre du cinéaste veveysan Jean-François Amiguet, né en 1950, bénéfi cie d'un traitement royal avec ce magnifi que coff ret de 5 DVD, grâce au soutien de la Cinémathèque Suisse et de l'éditeur Zagora. Les fi lms ont été restaurés et remastérisés, c'est donc l'occasion de se pencher sur le travail de ce cinéaste majeur dans le paysage helvétique, aux côtés des Tanner, Soutter et Goretta, du « Club des 5 ».

Mais pour commencer, donnons quelques éléments biographiques. Après des études en sciences politiques à l'Université de Lausanne, Amiguet travaille la partie technique du métier auprès d'Yves Yersin et d’Alain Tanner, puis il réalise des court-métrages documentaires et travaille aussi pour la Télévision Suisse Romande.

Est présentée ici, sa trilogie amoureuse « Alexandre » (1983), « La méridienne » (1988) et « L'Écrivain public » (1993). Dans le premier fi lm, Ariane provoque son compagnon Antoine (Didier Sauvegrain), en lui envoyant une carte postale lui annonçant qu'elle se repose à la montagne en compagnie d'un certain Alexandre. Antoine part en excursion avec un ami en espérant croiser le couple en station. Dans le deuxième, François (Jérôme Anger), un célibataire habitant « la Méridienne », demande à deux de ses amies Marie (Christine Scott-Tomas), et Marthe (Sylvie Orcier) de l'aider à trouver l'âme sœur. Un détective, Dubois (Patrice Kerbrat), veille sur François et fi nira par tomber amoureux de Marie. Dans le troisième, Jacques (Robin Renucci) engage les services d'un écrivain public pour reconquérir son épouse, Fanny (Anna Galiena), en lui faisant croire qu'il reçoit ces lettres d'une jeune femme inconnue.

A ces trois long-métrages, viennent s'ajouter « Au sud des Nuages » (2004). Adrien (Bernard Verley), 70 ans, personnage infl uent dans sa vallée du Val d' Hérens, personnage taciturne et autoritaire, part en voyage en Chine avec un groupe d'amis, auquel vient se greff er de manière imprévue son neveu citadin, à la langue bien pendue. Cette rencontre remettant en cause l'infl uence et l'autorité d'Adrien. Un road-movie avec en prime François Morel.

La sélection se clôt par la dernière réalisation en date de Jean-François Amiguet, « Sauvage » (2010), avec Jean-Luc Bideau qui interprète un ermite vivant au milieu d'une meute de loups sur les cimes enneigées et dont l'univers sera bouleversé par la venue d’une jeune fugueuse, Adriana (Clémentine Beaugrand), recherchée par la police pour avoir incendié la voiture de son père.

Ajoutez à cela des bonus qui en sont réellement, à savoir : quatre court-métrages, dont notamment « La morsure du citron » (2006) et surtout des archives TV de la RTS, comme l'émission « Spécial Cinéma » de Christian Defaye, consacrée à la présentation à Cannes de « La Méridienne », ou « Plans Fixes » et son entretien en compagnie de Frédéric Maire. Soit pas moins de 10 heures de bonus au total !

Encore un détail, un livret d'une trentaine de pages, richement illustré, vient compléter un coff ret sur lequel il n'y a rien à redire, tant sur la présentation graphique que sur le contenu proprement dit.

[Miguel, FNAC Rive – Genève] L’avis du blogeurPlus d’infos sur www.blog.fnac.ch

LA SELECTIONDVD/BDWalking Dead, tome 22 - Une nouvelle vie

Louis de Funès – Une vie de folie et de grandeur

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 201514 LES GYMNASIENS ONT VU !

Depuis plus de 20 ans le collège de philosophie du Gymnase français de Bienne propose une semaine d'études qui allie cinéma et phi-losophie, dans laquelle de jeunes gymnasiens redécouvrent le cinéma avec un peu de recul.

Parfois, nous invitons un réali-sateur confirmé à présenter son œuvre ou un jeune réalisateur fraî-chement sorti de l'ECAL à sou-mettre aux élèves des problèmes de story board. Le but est à chaque fois de permettre aux élèves de se décentrer afin d'écrire un article critique qui dépasse le « j'aime/j'aime pas » auquel se résume trop souvent l'exercice. Cette année, nous avons proposé aux élèves de se pencher sur la question de l’humour par l’analyse de sketchs comiques (« bons » ou « mauvais ») et de comédies de styles très divers (« Kitchen Stories », « Comédie érotique d’une nuit d’été », « Le Grand Soir » ou encore « Samba »).Il ne s’agissait pas d’abord de faire rire les élèves, encore moins de les divertir, mais de leur demander de prendre du recul par rapport à leurs goûts en distinguant l’hu-mour qui suscite une interrogation sur le sens des projets humains et de la vie en commun, de l’humour qui enferme l’homme dans des habitudes sclérosantes et dans les stéréotypes « essentialistes ».A l’aide d’un certain nombre de critères pensés en commun, les élèves ont su analyser très finement plusieurs comédies. Nous vous donnons à lire ici quelques extraits de leurs travaux.[Daniel Bourquin, professeur de philosophie, Gymnase français de Bienne]

« KITCHEN STORIES »DE BENT HAMER (2003)Dans les années 50, le Home Re-search Institute est chargé d'étudier les déplacements quotidiens des hommes célibataires dans leur cui-sine afin d'essayer de révolutionner les méthodes des tâches ménagères. Pour l’étude, un groupe d'observa-teurs suédois est envoyé dans un village norvégien, mais ces derniers ne devront en aucun cas entrer en contact avec les personnes obser-vées. Malheureusement, il devien-dra rapidement impossible de res-pecter les règles du protocole mises en place par des dirigeants très caricaturés. En effet, en dépit de la barrière politico-culturelle qui sépare les deux peuples, une amitié unique et touchante se forme entre Isak, un pauvre vieillard norvégien, et Folke, l’observateur suédois.Il nous semble important de mettre

en évidence l'absurdité omnipré-sente dans l'œuvre de Bent Ha-mer. Du contrat de l'institut, au dénouement de l'histoire, en pas-sant par les relations entre les deux personnalités d’Isak et de Folke, ou encore la jalousie de Grant (voisin solitaire d’Isak), autant de points qui prennent une apparence à la fois spontanée et abusive de ce que représente la société humaine.Bien que le thème ne soit pas joyeux, Bent Hamer arrive à nous faire sourire de cette tragédie grâce à quelques éléments discrets qui, à certains moments, deviennent la clé de l’histoire.La lenteur et le malaise qui règnent au début du film vont se transfor-mer en une compassion et une ami-tié, dont l’émotion qui se dégage réchauffera cette atmosphère de froideur de l’hiver scandinave, en nous faisant prendre conscience qu’en dehors des apparences, nous sommes tous égaux et que nous avons tous le droit d’aimer ; d’aimer soi-même, son voisin et la vie…[Loïc Schlüchter & Sarah Rossé]

« SAMBA » DE ERIC TOLEDANO ET OLIVIER NAKACHE (2003)Samba raconte l'histoire d'un jeune Sénégalais, vivant depuis 10 ans en France et qui se voit contraint de quitter le pays au plus vite. Cette comédie dramatique re-prend des faits réels et tristes, grâce aux touches d'humour parsemées au fils de l'histoire, celle-ci devient plus légère.Cet humour présenté dans « Samba » est ajouté à une histoire qui s'en passerait bien. L'humour permet de briser la glace et de ne pas accabler le spectateur avec la réalité pesante. Il enlève le poids des événements tragiques car la si-tuation en soi, n'a rien de comique.Dans une scène, Samba et Wilson, qui n'ont pas de papiers, travaillent lorsque l'arrivée de la police les pousse à prendre la fuite. Ils se retrouvent sur un toit, mais voilà, Samba a le vertige. La scène qui est dramatique devient drôle à cause de sa peur insoupçonnée. Ou encore lorsque Alice lui explique la raison de sa mise sous thérapie, car elle a fracassé un téléphone sur la tête d'un de ses collègues. Ce qu'elle ra-conte est triste mais Samba tourne en dérision ce moment honteux. Ces deux scènes illustrent le type d'humour présent dans le film, il n'est pas indispensable à l'histoire et surprend le spectateur. C'est un humour ouvert qui travaille égale-ment sur les clichés en mettant une distance entre le personnage et le spectateur. Ce qui a pour effet de

faire rire le public et d'instaurer un lien affectueux entre eux deux. L'humour ouvert, contrairement au comique de la norme, fragilise les évidences, il est surprenant et nécessite une certaine distancia-tion. Cet humour n'est pas offen-sif et n'agresse personne dans ses valeurs, c'est pourquoi il convient à un large public.[Carole Bringold, Salma Romero et Sarah Bättig]

De nombreux films, récents (« Samba », 2014) ou moins récents (« 8 femmes », 2002) traitent de su-jets tragiques mais font néanmoins rire le public. Comment les réali-sateurs font-ils pour imbriquer de l'humour dans tout ce malheur ? Et pourquoi le font-ils ?La question se pose si les réalisa-teurs n'ajoutent pas du comique dans leurs tragédies dans un but commercial, par exemple pour at-teindre un maximum d'entrées (le public qui regarde « Samba » s'at-tend à ce que Omar Sy soit aussi drôle que dans « Intouchables ») ou pour obtenir des critiques positives (certains spectateurs ressentent une certaine satisfaction quand le film se termine bien).Nous trouvons que le critère com-mercial est bien présent, mais que ce n'est pas l'unique raison pour laquelle on « humorise » les tragé-dies. C'est aussi pour nous faire voir le problème d'un autre angle et créer une distance. Peut-être que c'est pour nous montrer qu'il ne faut pas oublier son côté joyeux, même dans les moments difficiles.[Nadja Muggli & Nadia M'Barki]

UNE SEMAINE DE CINÉPHILO AU GYMNASE FRANÇAIS DE BIENNE

« Samba »

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 2015

The Homesman� Marco Beltrami� Harmonia Mundi / Varèse Sarabande

Devenu l’un des compositeurs actuels les plus prolifiques, Marco Beltrami est attendu au tournant à chacune de ses compositions. Car après les excellents « The Giver » et « Snowpiercer », le musicien se devait de rester au même niveau qualitatif. C’est chose faite avec ce sublime score de « Homesman » dont chaque note semble être pensée pour illustrer au mieux le deuxième film de Tommy Lee Jones. La musique fait réellement corps avec le film tant chaque mélodie évoque l’austérité et le lyrisme qui se dégage des images. Tommy Lee Jones et Hilary Swank ont même chanté sur certains morceaux. Le magnifique « Main Theme » au piano sera décliné en plusieurs versions. On a là un morceau à la douce mélancolie qui reste en tête bien après l’écoute. L’étrange « Are you crazy ? » nous plonge directement dans la névrose de certains personnages. Sautons directement à « End Credits », sublime petite mélodie au violon de trois minutes. Avec « The Homesman », Marco Beltrami nous offre un score purement westernien comme on n’en fait plus. [Nathanaël Stoeri]

Notre avis

MUSIQUE DE FILM 15Chappie� Hans Zimmer, Steve Mazzaro

& Andrew Kawczynski� Varèse SarabandeIl n'y a guère plus besoin de présenter Hans Zimmer tant il a su s'imposer depuis une quinzaine d'années comme le chef d'orchestre des blockbusters. Avec « Chappie » il retourne à ses sources pour livrer une composition électronique qui épouse la thématique robotique du fi lm de Neill Blomkamp. Malheureusement, le compositeur révèle ses tendances pompières seulement après quelques minutes d'écoute, la musique possédant autant de fi nesse que de nuances. La lourdeur de la composition permet certes au fi lm d'accroître l'effi cacité de ses scènes d'action (voir les morceaux « � e Only Way Out Of � is » ou « Never Break A Promise ») mais y parvient en solidifi ant le tout plutôt qu'en apportant un véritable atout au fi lm. Les sonorités 8-bits confèrent une certaine fraicheur à l'ensemble ; reste encore à savoir si le mérite ne reviendrait pas plus à Steve Mazzaro et Andrew Kawczynski – à qui l'on doit une « musique additionnelle » – qu'à Zimmer lui-même. Au fi nal, une composition aux émois limités qui ne dépasse pas son statut utilitaire. [Loïc Valceschini]

Notre avis

Cinderella� Patrick Doyle � Walt Disney Records

Continuant sa collaboration de longue date avec le réalisateur Kenneth Branagh, Patrick Doyle livre avec « Cinderella » une composition de haute volée. Sans égaler le brillant travail de son collègue James Newton Howard sur « Maléfique », Doyle s’en sort avec les honneurs et livre l'une de ses meilleures compositions récentes. Le principal défaut de cette B.O. est sa durée extrêmement longue, qui semble perdre fait la plupart des pistes marquantes dans un long flot de musique discontinue. On retiendra pour commencer « The Stag » dont la mélodie entraînante marque ce début d’album. Les plus beaux titres sont sans aucun doute « Pumpkins and Mice » et « Pumpkin Poursuit ». Grâce à la dynamique de ces deux compositions, Doyle emporte l’adhésion, utilisant chœurs et instruments à cordes avec brio. « Pumpkin Poursuit » introduit l’idée de temps ; comme Cendrillon doit rentrer avant minuit, le compositeur use de carillons, de cloches, et de « tic-tac » d’horloges. Un morceau absolument mémorable qui dure malheureusement à peine plus de deux minutes. [Nathanaël Stoeri]

Notre avis

Le Dernier loup� James Horner� Milan Music

James Horner se fait plus discret ces dernières années. Jadis très prolifique, le compositeur reste très fidèle à certains réalisateurs, comme James Cameron ou Jean-Jacques Annaud. Sa nouvelle collaboration avec ce dernier est une véritable perle, Horner usant de ses talents pour nous offrir un thème simple, efficace et inoubliable. Il le répète certes tout au long de l’album, mais celui-ci est si abouti qu’on ne cesse d’y revenir. On retrouve également ces quatre notes si particulières – la signature du compositeur –, mais cette fois-ci de manière beaucoup plus ténue que par le passé. Faisant appel à des chœurs et usant des violons comme jamais, Horner déploie un souffle épique absolument magnifique. On retiendra notamment la sublime piste « The Frozen Lake », dans laquelle la mélodie évolue crescendo pour aboutir à une explosion auditive de tous les instants à partir de la troisième minute, où apparaît un judicieux mélange de percussions, d’instruments à cordes et de sonorités métalliques dont Horner a le secret. On attend qu’une chose, écouter le CD à nouveau. [Nathanaël Stoeri]

Notre avis

Maps to the Stars� Howard Shore

� Harmonia Mundi

Il paraît déjà loin le temps où le nom de Howard Shore était synonyme d’événement, apparaissant quasi-simultanément aux génériques de la trilogie « Lord of the Rings » et des films de ses amis Cronenberg et Scorsese. 15 ans plus tard, ses musiques pour « The Hobbit » ont reçu un accueil mesuré, et ses contributions au cinéma plus ou moins indépendant ne marquent pas les esprits outre mesure. À sa décharge, le compositeur s’est récemment retrouvé aux prises avec des réalisations en demi-teinte, à l’image du dernier David Cronenberg, peinture au vitriol guère excitante du star system hollywoodien. L’approche musicale de Shore prolonge celle de « Cosmopolis » : formation réduite, instruments électroniques et synthétiques, sur le modèle des bandes-originales des années 80. Ici, c’est l’association tabla, contrebasse jazz, orchestre de chambre et nappes électroniques qui confère à « Maps To The Stars » une atmosphère new age intrigante, discrète et efficace avec les images, moins accessible une fois isolée. À découvrir tout de même le temps d’une ou deux écoutes au calme. [Pascal Knoerr]

Notre avis

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s Rio Bravo� Dimitri Tiomkin� Intrada Chef-d’œuvre absolu du cinéma mondial, « Rio Bravo » de Howard Hawks est de ces fi lms au bénéfi ce d’une rare conjonction de talents au sommet de leur art. La mu-sique de Dimitri Tiomkin n’a pas été en reste dans la réussite de ce grand western humaniste, l’un des derniers classiques du genre avant la déferlante des westerns spaghetti du début des années 60. Ironie de l’époque, c’est à un compositeur d’origine russe que l’on doit l’une des bandes-originales les plus reconnaissables du cinéma nord-américain. Et quelle bande-originale ! Son intense première partie, remar-quable par la richesse de sa palette orchestrale, instaure un op-pressant climat de calme avant la tempête. Puis le fi lm explose, et Tiomkin enchaîne les multiples variations de « El Deguëllo », son requiem à la mexicaine, qui est aujourd’hui à la musique de western ce que le « Dies Irae » est à la musique religieuse. Morri-cone, sur les conseils de Sergio Leone, s’en inspirera dans « Pour une poignée de dollars ». Une B.O. infl uente et donc incon-tournable, soigneusement éditée par Intrada. [Pascal Knoerr]

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DAILY MOVIES N°60 – AVRIL 2015DAILY MOVIES 60 – AVRIL 2015Daily Media sàrl/Daily Movies, Rue Gutenberg 5, 1201 Genève,+41 (22) 796 23 61, [email protected], www.daily-movies.chImpression : PCL Presses Centrales SA. Création graphique : Jack Caldron. Mise en pages : Delphine Varloud. Directeurs de Publication : David Margraf et Carlos Mühlig. Rédacteur en chef : Yamine Guettari. Rédacteur en chef adjoint : Jean-Yves Crettenand. Responsable Musiques de Films : Loïc Valceschini. Responsable Il faut l’avoir lu/vu : Thomas Gerber. Responsable festivals : Yamine Guettari. Responsable abo/distro : Carlos Mühlig. Corrections : Yamine Guettari, David Margraf, Carlos Mühlig, Thomas Gerber.Internet : Thomas Gerber et Loïc Valceschini.

Remerciements : à tous les annonceurs, collaborateurs, partenaires, abonnés et toutes les personnes grâce à qui Daily Movies existe !

Paraît 9 fois par an.

En coulisses

Disponible dans les Fnac, les cinémas indépendants, les cinémas Pathé, Mediamarkt, etc.

Access point

Dans « Commando Massacre », la superstar nanarde Max � ayer confi rme qu’un

acteur peut activement contribuer à faire passer un fi lm de l’état de sympathique mauvais fi lm à celui de nanar fl amboyant.

COMMANDO NANARAlors que l’Amérique est en pleine débâcle au Viêt-Nam, une poignée de ses fi ls, de courageux soldats, font leur voyage au bout de l’enfer. Il s’agit pour le capitaine Cotter et le lieutenant Sanders de libérer un agent de la CIA fait prisonnier. Mal-heureusement, l’opération tourne court : seul Sanders en réchappe, laissant Cotter mort. Quelques années plus tard, Sanders apprend par un agent de la CIA que Cotter aurait été aperçu vivant et qu’il tra-vaillerait à la solde d’un comman-dant mal intentionné. Sanders doit arrêter son ancien ami...Ce qui fait d'emblée la force de « Commando Massacre », c’est son casting 3 étoiles qui réunit Max � ayer, Mike Monty et Nick Ni-

cholson, la fi ne fl eur des acteurs occidentaux ayant cachetonné aux Philippines dans les productions les plus improbables. Mentionnons aussi pour être totalement honnête des décors d’une étonnante qualité pour une série Z de cet acabit : féli-citations aux artisans philippins. Le cas Nick Nicholson est intéres-sant. Il campe le commandant sovié-

tique qui sauve Cotter de la mort, et lui insère une puce dans le cer-veau afi n de le contrôler grâce à sa montre-poignet. Comme plusieurs années sont censées séparer la sé-quence durant laquelle Cotter se fait tuer du reste du fi lm, Nick Nichol-son a été artifi ciellement vieilli : son bouc nanar a été blanchi. Résultat, il a tout simplement un look pas possible qui lui ôte d’emblée toute crédibilité (voir la photo).Comme d’habitude, Mike Monty semble, lui, en pilotage automa-tique. De toute façon il n’a que peu de scènes, toutes tournées en inté-rieur durant une même session. En-core un fi lm qui n’a dû lui prendre qu’un demi après-midi et qu’il n’a sans doute jamais vu. Il est néan-moins toujours intéressant de voir combien notre « Jean-Pierre Bacri du nanar » peut avoir l’air de s’ennuyer au possible en attendant son chèque.

LA VÉRITÉ EST THAYERMais la super star du fi lm, celui qui porte ce « Commando Massacre » à bouts de bras et qui lui confère toute sa nanardise, c’est incontesta-blement Max � ayer, icône révérée de Nanarland. A la manière des plus grandes effi gies du cinéma, Max vampirise les œuvres dans lesquelles il fi gure au point que, dans le jargon, on ne dit plus « un fi lm avec Max � ayer » mais « un Max � ayer », habile procédé métonymique qui souligne, s’il en était encore besoin, l’infi nie supériorité de cet interprète par rapport à ses collègues de pel-loche. Comme à son habitude, Max est grandiose dans le fi lm. L’homme qui gonfl e les joues plus vite que son ombre, l’acteur qui n’a que des bons profi ls, manie le fusil à pompe comme un artisan potier manierait le tour.Il faut le voir tirer à vue en gon-fl ant les joues et abattre les fi gu-rants philippins par grappes de huit. Mythique aussi cette scène durant laquelle notre Max adoré, ultra courroucé face à la bureaucratie mal-veillante incarnée par Mike Monty, pique une colère monstre. Exaspéré

par le discours de ce dernier, il va… saisir un pion de jeu d’échec pour lui balancer sur la cravate ! Paf ! Certes, d’aucun auraient fait voler le jeu complet, voire la table, mais l’accessoiriste ne voulait sûrement pas avoir à tout remettre en place au cas où une deuxième prise aurait été nécessaire. N'empêche, le message est passé : Max faut pas l’emmerder, sinon il se fâche tout rouge !À part ça, le fi lm distille une nanar-dise constante. Scénario abracada-brant (une puce dans le cerveau d’un soldat commandé par une montre-poignet, excusez du peu), cascades explosives, gonfl ages de joues, dis-cours pro-ricain tellement exacerbé que Chuck Norris lui-même en rougirait, re-gonfl age de joues, fi n débile. Du tout bon quoi.

On soulignera au passage un point assez surréaliste. Alors soit, cela ne pouvait pas être fait exprès (le fi lm date de 1987), et ce n’est donc rien d’autre qu’une coïncidence halluci-nante. Mais quand même. Le pré-nom de Cotter, l’homme que com-bat Sanders / � ayer est… Harry ! Entendre tout le long du fi lm parler de « Harry Cotter », on a beau dire mais ça rajoute une touche de magie !

[Régis Brochier]

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NANAR, MON AMOUR !16

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« COMMANDO MASSACRE »

Splendide maquillage de Nick Nicholson

Max Thayer en plein gonflage de joues