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LES ANNONCES DE LA SEINE J OURNAL OFFICIEL DʼANNONCES LÉGALES - I NFORMATIONS GÉNÉRALES, J UDICIAIRES ET TECHNIQUES bi-hebdomadaire habilité pour les départements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne 12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15 Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected] FONDATEUR EN 1919 : RENÉ TANCRÈDE - DIRECTEUR : JEAN-RENÉ TANCRÈDE C hristine Lazerges présentait ce matin, au cours d’une conférence de presse, le rapport public 2014 de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) qu’elle préside depuis le 21 août 2012, après l’avoir remis la veille à Véronique Bédague- Hamilius Directrice du Cabinet du Premier Ministre Manuel Valls, en présence de sa conseillère justice Hélène Cazaux-Charles. Prenant la mesure des préoccupations sociétales actuelles, elle a rappelé que Manuel Valls avait annoncé à l’automne 2014 que la lutte contre le racisme et l’antisémitisme était une priorité de l’action publique. Au printemps 2015, les inquiétudes restent pesantes notamment au niveau du racisme anti- roms, l’islamophobie, les discours de haine sur internet et l’antisémitisme. Afin de mobiliser la société française contre ces fléaux et enrayer la propagation de la haine sur internet, la CNCDH propose quelques recommandations pour transmettre les valeurs de la République au premier rang desquelles l’enseignement moral et civique à l’école. La comptabilisation des faits de discrimination liés au racisme par le Ministère de l’Intérieur, le renforcement des pôles anti- discrimination dans les juridictions, l’amélioration de la prise en charge des victimes et de façon plus générale la lutte contre tous les phénomènes de racisme, d’antisémitisme et de xénophobie constituent également des priorités. « Compagnie de vigilants », selon la belle formule de Robert Badinter, la CNCDH veille donc quotidiennement à un mieux vivre ensemble dans le respect de nos différences. Pour conclure, Christine Lazerges a formulé le vœux que « la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, qui passe par la lutte contre toutes les formes de discrimination, soit un combat pour chacun ». Jean-René Tancrède Jeudi 9 avril 2015 - Numéro 13 - 1,15 Euro - 96 e année Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) Rapport 2014 - Paris, 9 avril 2015 Photo © Jean-René Tancrède - Téléphone : 01.42.60.36.35 Régis de Gouttes, Guy Michelat, Sabrina Goldmann, Christine Lazerges et Tommaso Vitale DROITS DE L’HOMME l Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) - La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie ...................................................................................... 2 AUDIENCE SOLENNELLE l Cour d’appel de Poitiers - Améliorer la lisibilité du droit par Dominique Gaschard ........................................................................................... 6 - La lisibilité de l’intervention du Juge par Dominique Planquelle .............................................................................. 8 l Tribunal de Grande Instance de Lille - Rendre la justice malgré les contraintes budgétaires par Pierre Maitreau............................................................... 10 - L’efficacité de la justice par Tristan Gervais de Lafond ........................................................................................... 11 - Renforcer notre système judiciaire par Frédéric Fèvre ........................................................................................... 12 l Tribunal de Grande Instance de Pontoise La « J21 » entre déjudiciarisation et déjuridictionnalisation par Renaud Le Breton de Vannoise ...................... 13 ANNONCES LÉGALES ...................................................................................................................... 16 CHRONIQUE l Un zeste de protection des recettes de cuisine par le droit de la propriété intellectuelle par Céline Bondard..... 20 SOCIÉTÉ l Cercle des Stratèges Disparus .............................................................................................................................. 22 l Association « Deux mains pour l’enfance » Justice et Sécurité, Mariage ou Divorce ? ..................................... 23 l Sénat Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes ............. 25 l Club de l’Audace (anciennement Networking & Business Club).......................................................................... 30 l Ministère de l’éducation Nationale de l’Enseignement, Supérieur et de la Recherche Ministère de la Justice Réunion conjointe des Recteurs et des Procureurs généraux ........................................ 31 TRIBUNE l Femmes victimes de violences : le 25 novembre, le 8 mars... et après ? par Thierry Fossier ....................... 24 VIE DU DROIT l CyberCercle, défense & stratégie La criminalité économique et financière à l’heure du numérique ............... 26 l Haute Autorité pour la transparence de la vie publique Décision relative à la situation d’Aymeri de Montesquiou .. 27 l Université Régionale du Notariat (URN) Combattre et reconstruire par Catherine Carely ................................ 28 DÉCORATION l Martine Boittelle-Coussau Chevalier de la Légion d’honneur ............................................................................. 32

Edition Du Jeudi 9 Avril 2015

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Les annonces de la Seine

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  • LES ANNONCES DE LA SEINE

    JOURNAL OFFICIEL DANNONCES LGALES - INFORMATIONS GNRALES, JUDICIAIRES ET TECHNIQUESbi-hebdomadaire habilit pour les dpartements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne

    12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Tlphone : 01 42 60 36 35 - Tlcopie : 01 47 03 92 15Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected]

    FONDATEUR EN 1919 : REN TANCRDE - DIRECTEUR : JEAN-REN TANCRDE

    Christine Lazerges prsentait ce matin, au cours dune confrence de presse, le rapport public 2014 de la Commission Nationale Consultative des Droits de lHomme (CNCDH) quelle prside depuis le 21 aot2012, aprs lavoir remis la veille Vronique Bdague-Hamilius Directrice du Cabinet du Premier Ministre Manuel Valls, en prsence de sa conseillre justice HlneCazaux-Charles.Prenant la mesure des proccupations socitales actuelles, elle a rappel que Manuel Valls avait annonc lautomne 2014 que la lutte contre le racisme et lantismitisme tait une priorit de laction publique. Au printemps 2015, les inquitudes restent pesantes notamment au niveau du racisme anti-roms, lislamophobie, les discours de haine sur internet et lantismitisme.Afi n de mobiliser la socit franaise contre ces flaux et enrayer la propagation de la haine sur internet,

    la CNCDH propose quelques recommandations pour transmettre les valeurs de la Rpublique au premier rang desquelles lenseignement moral et civique lcole. La comptabilisation des faits de discrimination lis au racisme par le Ministre de lIntrieur, le renforcement des ples anti-discrimination dans les juridictions, lamlioration de la prise en charge des victimes et de faon plus gnrale la lutte contre tous les phnomnes de racisme, dantismitisme et de xnophobie constituent galement des priorits. Compagnie de vigilants , selon la belle formule de Robert Badinter, la CNCDH veille donc quotidiennement un mieux vivre ensemble dans le respect de nos diff rences. Pour conclure, Christine Lazerges a formul le vux que la lutte contre le racisme et lantismitisme, qui passe par la lutte contre toutes les formes de discrimination, soit un combat pour chacun. Jean-Ren Tancrde

    Jeudi 9 avril 2015 - Numro 13 - 1,15 Euro - 96e anne

    Commission Nationale Consultative des Droits de lHomme (CNCDH)

    Rapport 2014 - Paris, 9 avril 2015

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    Rgis de Gouttes, Guy Michelat, Sabrina Goldmann, Christine Lazerges et Tommaso Vitale

    DROITS DE LHOMMElCommission Nationale Consultative des Droits de lHomme (CNCDH)- La lutte contre le racisme, lantismitisme et la xnophobie...................................................................................... 2

    AUDIENCE SOLENNELLElCour dappel de Poitiers- Amliorer la lisibilit du droit par Dominique Gaschard...........................................................................................6- La lisibilit de lintervention du Juge par Dominique Planquelle ..............................................................................8lTribunal de Grande Instance de Lille- Rendre la justice malgr les contraintes budgtaires par Pierre Maitreau............................................................... 10- Lefficacitdelajusticepar Tristan Gervais de Lafond........................................................................................... 11- Renforcer notre systme judiciaire par Frdric Fvre........................................................................................... 12lTribunal de Grande Instance de PontoiseLaJ21entredjudiciarisationetdjuridictionnalisation par Renaud Le Breton de Vannoise ...................... 13

    ANNONCES LGALES......................................................................................................................16CHRONIQUE lUn zeste de protection des recettes de cuisine par le droit de la proprit intellectuelle par Cline Bondard..... 20

    SOCITlCercle des Stratges Disparus.............................................................................................................................. 22lAssociation Deux mains pour lenfance JusticeetScurit,MariageouDivorce?..................................... 23lSnat Dlgation aux droits des femmes et lgalit des chances entre les hommes et les femmes............. 25lClub de lAudace (anciennement Networking & Business Club).......................................................................... 30lMinistre de lducation Nationale de lEnseignement, Suprieur et de la Recherche Ministre de la Justice Runion conjointe des Recteurs et des Procureurs gnraux ........................................ 31

    TRIBUNElFemmes victimes de violences: le 25 novembre, le 8 mars... et aprs? par Thierry Fossier....................... 24

    VIE DU DROITlCyberCercle, dfense & stratgie Lacriminalitconomiqueetfinancirelheuredunumrique............... 26lHaute Autorit pour la transparence de la vie publique Dcision relative la situation dAymeri de Montesquiou .. 27lUniversit Rgionale du Notariat (URN) Combattre et reconstruire par Catherine Carely................................ 28

    DCORATIONlMartine Boittelle-Coussau Chevalier de la Lgion dhonneur............................................................................. 32

  • 2 Les Annonces de la Seine - Jeudi 9 avril 2015 - numro 13

    La lutte contrele racisme, lantismitisme et la xnophobieTAT DES LIEUX DU RACISME EN FRANCE La tolrance dans lopinion publiqueAprs 4 annes de baisse conscutive, lindice longitudinal de tolrance en France marque une stabilisation, voire une lgre progression vers plus de tolrance (voir courbe ci-dessous).Cette lgre progression vers plus de tolrance est intressante alors que lanne 2014 ne prsente pas un contexte favorable qui pourrait lexpliquer. On peut donc se demander si lindice na pas atteint un plancher, cest- -dire quil pourrait indiquer la part de franais qui rsistent aux messages racistes ou xnophobes quelles que soient les circonstances.Toutefois, si la tolrance gnrale a progress, il en va autrement de lacceptation de certains groupes. Ainsi, des points de crispation persistent, voire saggravent: les rsultats du sondagede2014 font ressortir une revitalisation des vieux clichs antismites, une persistance des prjugs anti-Roms, un rejet des pratiques lies lislam dans leurs manifestations tant dans lespace public que dans la sphre prive, et chez certains, une acception dvoye de la lacit comme devant faire rempart lislam.Les prjugs sont des opinions htives et prconues que lon adopte lgard dun individu, dun groupe dindividus, de leur comportement ou mode de vie et qui consistent les catgoriser sans fondement ni connaissance. On peut les prvenir ou les dconstruire par la fraternit, la tolrance, lducation ou encore la mixit.Surtout on observe une demande de rpression et dautorit accrue, face un terrorisme qui fait peur. Si les questions sociales restent en tte des proccupations des franais, le terrorisme arrive en 3meposition, avec 13,5% de citations, soit une hausse de 5,5 points depuis lan dernier et de 11points depuis 2013. Quant

    lintgrisme religieux il arrive au 5merang, cit par 6,8% de lchantillon, soit 3 points de plus que lan dernier et 5 de plus quen 2013.Paralllement la proportion des personnes interroges favorables au retour la peine de mort atteint 41%, en hausse de 2,8points depuis lan dernier, et le sentiment que les Tribunaux ne sont pas assez svres atteint 44% soit une hausse de 9 points.Et si lon regarde non plus les opinions mais les actes, les agressions contre les musulmans ont t plus nombreuses au mois de janvier 2015 que durant toute lanne 2014.Le bilan fi nal est donc en demi-teintes. Lindice de tolrance reste un niveau bas compar celui de 2009. Mais malgr la violence des attentats, il nest pas retomb. Il ny a pas deff et mcanique du terrorisme.La riposte rpublicaine du Gouvernement a t bien accueillie si lon en Juge par le fait que 30% des personnes interroges disent avoir particip aux manifestations et aux marches du 11 janvier et que 35% nont pas particip mais auraient souhait le faire. Cela a contribu dsamorcer les crispations xnophobes.

    Le lien entre les actes et les opinionsLe rapport qui existe entre les opinions et les actes constitue une cl danalyse essentielle de ces indicateurs chiff rs.

    Droits de lHommeLES ANNONCES DE LA SEINESige social :

    12, rue Notre-Dame des Victoires 75002 PARISR.C.S. PARIS B 339 349 888

    Tlphone : 01 42 60 36 35 - Tlcopie : 01 47 03 92 15Internet : www.annoncesdelaseine.fr

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    Etablissements secondaires :l 4, rue de la Masse, 78910 BEHOUSTTlphone : 01 34 87 33 15l 1, place Paul-Verlaine, 92100 BOULOGNETlphone : 01 42 60 84 40l 7, place du 11 novembre 1918, 93000 BOBIGNYTlphone : 01 42 60 84 41l 1, place Charlemagne, 94290 VILLENEUVE-LE-ROITlphone : 01 45 97 42 05

    Directeur de la rdaction :Jean-Ren Tancrde

    Comit de rdaction :

    Thierry Bernard, Avocat la Cour, Cabinet BernardsFranois-Henri Briard, Avocat au Conseil dtatAgns Bricard, Prsidente de la Fdration des Femmes AdministrateursAntoine Bullier, Professeur lUniversit Paris I Panthon SorbonneMarie-Jeanne Campana, Professeur agrg des Universits de droitAndr Damien, Membre de lInstitutPhilippe Delebecque, Professeur de droit lUniversit Paris I Panthon SorbonneBertrand Favreau, Prsident de lInstitut des Droits de lHomme des Avocats Europens, ancien Btonnier de BordeauxDominique de La Garanderie, Avocate la Cour, ancien Btonnier de ParisBrigitte Gizardin, Magistrat honoraireRgis de Gouttes, Premier avocat gnral honoraire la Cour de cassation Serge Guinchard, Professeur de Droit lUniversit Paris II Panthon-AssasGrard Haas, Avocat la Cour, Prsident de GesicaFranoise Kamara, Conseiller la premire Chambre de la Cour de cassationMaurice-Antoine Lafortune, Avocat gnral honoraire la Cour de cassation Bernard Lagarde, Avocat la Cour, Matre de confrence H.E.C. - EntrepreneursJean Lamarque, Professeur de droit lUniversit Paris II Panthon-AssasChristian Lefebvre, Prsident Honoraire de la Chambre des Notaires de ParisDominique Lencou, Prsident dHonneur du Conseil National des Compagnies dExperts de JusticeNolle Lenoir, Avocate la Cour, ancienne MinistrePhilippe Malaurie, Professeur mrite lUniversit Paris II Panthon-AssasJean-Franois Pestureau, Expert-Comptable, Commissaire aux comptesGrard Pluyette, Conseiller Doyen la premire Chambre civile de la Cour de cassationJacqueline Socquet-Clerc Lafont, Avocate la Cour, Prsidente dhonneur de lUNAPLYves Repiquet, Avocat la Cour, ancien Btonnier de ParisRen Ricol, Ancien Prsident de lIFACFrancis Teitgen, Avocat la Cour, ancien Btonnier de ParisCarol Xueref, Directrice des affaires juridiques, Groupe Essilor International

    Publicit lgale et judiciaire : Didier Chotard

    Commission paritaire : n 0718 I 83461I.S.S.N. : 0994-3587Tirage : 13 735 exemplairesPriodicit : bi-hebdomadaireImpression : M.I.P.3, rue de lAtlas - 75019 PARIS

    Copyright 2015Les manuscrits non insrs ne sont pas rendus. Sauf dans les cas o elle est autorise expressment par la loi et les conventions internationales, toute reproduction,totale ou partielle du prsent numro est interdite et constituerait unecontrefaon sanctionne par les articles 425 et suivants du Code Pnal.

    Le journal Les Annonces de la Seine a t dsign comme publicateur of ciel pour la priode du 1er janvier au 31 dcembre 2015, par arrts de Messieurs les Prfets de Paris du 30 dcembre 2014, des Yvelines du 16 dcembre 2014, des Hauts-de-Seine du 16 dcembre 2014, de la Seine-Saint-Denis du 16 dcembre 2014 et du Val-de-Marne du 22 dcembre 2014, de toutes annonces judiciaires et lgales prescrites par le Code Civil, les Codes de Procdure Civile et de Procdure Pnale et de Commerce et les Lois spciales pour la publicit et la validit des actes de procdure ou des contrats et des dcisions de Justice pour les dpartements de Paris, des Yvelines, des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne.N.B. : Ladministration dcline toute responsabilit quant la teneur des annonces lgales.

    - Tarifs hors taxes des publicits la ligneA) Lgales :Paris : 5,49 Seine-Saint-Denis : 5,49 Yvelines : 5,24 Hauts-de-Seine : 5,49 Val-de-Marne : 5,49 B) Avis divers : 9,76 C) Avis nanciers : 10,86 D) Avis relatifs aux personnes : Paris : 3,83 Hauts-de-Seine : 3,83 Seine-Saint Denis : 3,83 Yvelines : 5,23 Val-de-Marne : 3,83 - Vente au numro : 1,15 - Abonnement annuel : 15 simple35 avec supplments culturels95 avec supplments judiciaires et culturels

    COMPOSITION DES ANNONCES LGALESNORMES TYPOGRAPHIQUES

    Surfaces consacres aux titres, sous-titres, lets, paragraphes, alinas

    Titres : chacune des lignes constituant le titre principal de lannonce sera compose en capitales (ou majuscules grasses) ; elle sera lquivalent de deux lignes de corps 6 points Didot, soit arrondi 4,5 mm. Les blancs dinterlignes sparant les lignes de titres nexcderont pas lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm.Sous-titres : chacune des lignes constituant le sous-titre de lannonce sera compose en bas-de-casse (minuscules grasses) ; elle sera lquivalent dune ligne de corps 9 points Didot soit arrondi 3,40 mm. Les blancs dinterlignes sparant les diffrentes lignes du sous-titre seront quivalents 4 points soit 1,50 mm.Filets : chaque annonce est spare de la prcdente et de la suivante par un let 1/4 gras. Lespace blanc compris entre le let et le dbut de lannonce sera lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot soit 2,256 mm. Le mme principe rgira le blanc situ entre la dernire ligne de lannonce et le let sparatif. Lensemble du sous-titre est spar du titre et du corps de lannonce par des lets maigres centrs. Le blanc plac avant et aprs le let sera gal une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm.Paragraphes et Alinas : le blanc sparatif ncessaire a n de marquer le dbut dun paragraphe o dun alina sera lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm. Ces d nitions typographiques ont t calcules pour une composition effectue en corps 6 points Didot. Dans lventualit o lditeur retiendrait un corps suprieur, il conviendrait de respecter le rapport entre les blancs et le corps choisi.

    2014

    P R E S S EPAYANTEDiffusion Certi e

    LES VOLUTIONS DE LINDICE LONGITUDINAL DE TOLRANCE (1990-2014)LES VOLUTIONS DE LINDICE LONGITUDINAL DE TOLRANCE (1990-2014)

    Lindice longitudinal de tolrance a t cr en 2008 par Vincent Tiberj, docteur en science politique et charg de recherchesauCentredtudeseuropennesdeSciencesPo.Son objectif est de mesurer de manire synthtique les volutions de lopinion publique franaise lgard de la diversitavecunemesurecomparabledansletemps,depuis1990.

    1990 19941992 1996 19981991 19951993 1997 1999 2000 2004 2006 20082002 2010 2012 2013 20142001 2005 2007 2009 2011200345

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  • Les Annonces de la Seine - Jeudi 9 avril 2015 - numro 13 3

    Droits de lHomme

    Il convient ainsi de noter quil nexiste pas de rapport de symtrie absolu entre opinions et actes racistes, les deux obissant des logiques distinctes:l fort heureusement, un prjug ne se matrialise pas systmatiquement par un passage lacte;lde mme, lvolution de lopinion publique franaise dans son ensemble ne saurait se rduire la seule volution des actes racistes enregistrs, ceux-ci pouvant tre le fait de minorits violentes particulirement actives;lpour autant, cette disjonction entre acte et opinion trouve sa limite en ce que linfraction au mobile raciste se nourrit ncessairement du prjug raciste.Cest pourquoi la CNCDH est rsolument convaincue que la lutte contre le racisme doit avant tout agir sur les reprsentations et les prconus racistes, par-del ce qui tombe sous le coup de la loi pnale, dans le champ de la libert de conscience et dopinion.Face la tentation de la radicalisation de tous bords, face aux amalgames transposant le fait de lindividu lensemble dun groupe, face aux craintes profondes de dclassement social corchant parfois la fi gure de limmigr, le discours moralisateur et excluant ne peut avoir de prise, et prend au contraire le risque du durcissement. La cohsionnationale ne peut se limiter tre scande. Face celui qui est tent de se disjoindre, elle oblige tendre la main par le dialogue, le respect, lducation et lexemplarit des actions et pratiques.lPoursuivre les eff orts de formation initiale et continue destination de lensemble des chelons hirarchiques, particulirement s a g i s s a n t d e s p r a t i q u e s d e r e f u s denregistrement de plaintes et des contrles au facis.

    La JusticelReprendre le dispositif de la Direction des Affaires Criminelles et des Grces (DACG) de remonte des informations en matire dinfractions racistes de la part des Parquets, sous une forme simplifi e susceptible de remobiliser les ples antidiscriminations des Parquets, et au-del lensemble des Magistrats du Parquet;lAssortir la mesure prise en alternative aux poursuites ou la peine prononce dans les aff aires caractre raciste dune porte pdagogique et rappeler aux auteurs les principes dgalit, de dignit et de tolrance qui prvalent dans la socit;Prendre en charge les victimes et leur apporter suffi samment dinformations pour quelles soient en mesure de saisir lensemble des enjeux du procs

    LES PRINCIPALES RECOMMANDATIONS DE LA CNCDH La lutte contre le racisme doit sincarner, avant de se raliser dans une politique publique. Aussi, les principes dgalit et duniversalit qui laniment doivent venir insuffler les mesures qui sont mises en uvre, notamment par la Dlgation interministrielle la lutte contre le racisme et lantismitisme, dans une approche globale et intgre.Mme si la CNCDH adresse ses recommandations aux pouvoirs publics, la lutte contre le racisme repose sur tous et ncessite lengagement de chacun.Pour pleinement saisir la logique et le raisonnement, il convient de se rfrer aux chapitres pertinents du rapport.

    Un mandat, vingt-cinq ans dexpertiseConformmentlaloin90-615du13 juillet1990,ensaqualitde Rapporteur national sur la lutte contre le racisme, la Commission nationale consultative des droits de lhomme (CNCDH) remet chaque anne au Gouvernement un rapport qui dresse un tat des lieux du racisme, de lantismitisme et de la xnophobie en France, ainsi que des moyens de lutte mis en uvre par les institutions de la Rpubliqueetlasocitcivile.

    Un devoir de rigueur, une mthodologie danalyseRendre compte dun sujet aussi complexe appelle un exercice

    dapprofondissement plutt quune simple comptabilisation arithmtique. Aussi, la CNCDHsattache-t-elle fonder ses analyses et ses recommandations sur une palette doutils varis et complmentaires, tels que les enqutes sur ltat de lopinion, lindice de tolrance lgard de ltranger construit par les chercheurs partenaires de la CNCDH, le bilan statistique du Ministre de lIntrieur des actes racistes, antismites et antimusulmans, celui du Ministre de la Justice sur la rponse pnale, ou encore les nombreuses contributions des acteurs institutionnels, associatifs etinternationaux.

    Mesurer lopinion aprs les attentats de janvier 2015Parce que les dveloppements de lanne 2014 ne peuvent se comprendre qu laune du sisme des premiers jours de 2015, il est apparu essentiel la CNCDH de mesurer en quoi lopinion avait pu voluer aprs ces vnements tragiques,versunevritableunitnationale,ou,aucontraire,versuneaccentuationdesprjugs.Aussi, la CNCDH a-t-elle command un sondage flash effectu du 3au13mars2015etreprenantlesquestions les plus pertinentes de son baromtre. Les chercheurspartenaires de la CNCDH livrent leurs analyses de ces rsultats en pages 14 et15decesEssentiels.

    Le CNCDH en bref

    Sabrina Goldmann, Christine Lazerges et Tommaso Vitale

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    Droits de lHomme

    Lducation nationalelVeiller corriger les discriminations que gnre lcole, travers la promotion de la mixit sociale et une vritable inclusion scolaire accueil des enfants roms allophones;lFaire de la lutte contre toute forme dintolrance et de discrimination une tape cl de la refondation de lcole de la Rpublique. Cela passe par la mise en place dun enseignement moral et civique qui nait pas pour fi nalit dimposer une morale offi cielle ou dominante, mais bien plutt la construction dune culture thique, donnant aux lves une comptence leur permettant de se forger une morale personnelle. Cela appelle galement la promotion dune culture de dialogue, douverture et de modration ainsi quune meilleure connaissance du fait religieuxet des principes de la Rpublique, dont celui de lacit tel que prvu par la loi de 1905 relative la sparation des glises et de ltat;

    LIntrieurlRviser la prsentation du bilan statistique du Ministre de lIntrieur en procdant tout dabord une approche globale du racisme, puis en distinguant certains mobiles dinfractions racistes dont la liste devrait tre tendue au-del des actes antismite et anti-musulman, et enfi n en intgrant les discriminations caractre raciste;

    LA LUTTE CONTRE LE RACISME: CE QUE DIT LE DROIT La libert dexpression et dopinion sont des droits fondamentaux, essentiels la dmocratie et au pluralisme. Pour autant, la parole doit demeurer responsable: tout ne peut pas tre dit ou crit. Le droit de sexprimer cesse l o labus commence. (Article10 de la Convention europenne des droits de lhomme; article11 de la Dclaration des droits de lhomme et du citoyen de 1789)Le droit franais sanctionne la diffamation publique caractre racial, linjure publique caractre racial, la provocation publique la haine raciale, lapologie de crime de guerre ou de crime contre lhumanit, la contestation de crime contre lhumanit, linjure non

    publique caractre racial, la diff amation non publique caractre racial, la provocation non publique la haine raciale, la discrimination caractre racial ainsi que le mobile raciste de certains crimes et dlits de droit commun rig en circonstance aggravante. Les sanctions peuvent notamment prendre la forme de peines damende, voire demprisonnement. (Loi relative la libert de la presse du 29juillet1881; dispositions du code pnal)Toute personne qui sestime victime dune infraction caractre raciste est en droit de dposer plainte au commissariat de police ou de gendarmerie; lagent qui laccueille est tenu de recevoir sa plainte. (Article15-3 du code de procdure pnale)Tout internaute peut signaler un contenu quil Juge illicite sur Internet, par le biais de la plateforme de signalement du Ministre de lIntrieur Pharos , des plateformes de signalement propres aux prestataires commerciaux de lInternet ou encore en recourant laide des associations comptentes. www.internet-signalement.gouv.fr

    LANTISMITISME Les actes antismitesLanne 2014 a connu une hausse de plus 100% des actes caractre antismite, avec un total de 851 faits dlictueux enregistrs par les services de police et de gendarmerie, contre423en2013. Cette augmentation savre dautant plus marque sagissant des infractions les plus graves (+130% pour les actions et +90% pour les menaces).

    La minorit qui reste la mieux accepte dans lopinion publiqueLes indices longitudinaux de tolrance par minorits indiquent que les juifs restent la minorit la mieux accepte, avec un indice frlant les 80, suprieur de 6 points celui des noirs, de 17points celui des maghrbins et de 26 celui des musulmans. Ainsi, sur les quatreindicateurs relatifs aux minorits composant la socit franaise, savoir la reconnaissance de la citoyennet, le degr dintgration dans la socit, la ncessit de sanctionner les insultes et limage positive ou ngative de la religion, les opinions lgard des juifs sont incontestablement meilleures que pour les autres minorits.Une revitalisation des vieux prjugs antismitesLa mesure de certains prjugs propres aux juifs donne toutefois des rsultats moins satisfaisants. Ainsi, le sondage 2014 voit une progression de ladhsion des sonds certains vieux prjugs antismites, tels que le sentiment que les juifs ont trop de pouvoir ou un rapport particulier largent. Si ces clichs peuvent parfois tre prsents sous une forme positive associe au travail et au mrite, il nen demeure pas moins quun prjug, mme positiv, reste du racisme qui peut potentiellement se transformer en ngatif, en envie voire en ressentiment.lLa simplification des procdures, afin de permettre chacun de remplir facilement sa mission citoyenne en ragissant effi cacement ds le constat dun contenu haineux;lLa dfinition et la mise en uvre dune politique pnale ambitieuse notamment par la mobilisation des alternatives aux poursuites et des alternatives lemprisonnement;l Linvestissement plein et entier par les pouvoirs publics du champ de la lutte des discours de haine sur internet, travers une instance de rgulation charge de la protection des droits et liberts numriques existante ou crer, et qui serait, limage du web, ractive et innovante et dote de moyens daction diversifi s;lLa ncessit de lintervention du Juge pour ordonner et contrler le retrait dun contenu illicite et le blocage dun site internet, ds lors que ces mesures constituent des ingrences graves dans la libert dexpression et de communication; lintervention du Juge doit ncessairement tre subsidiaire, sa saisine devant avoir lieu aprs que lditeur ou lhbergeur ait t mis en demeure par linstance de rgulation de retirer ou de republier le contenu litigieux et avec possibilit pour cette dernire dordonner le dfrencement provisoire dun contenu suspect dans lattente du Jugement;

    A lautomne 2014, le Premier Ministre a annonc que la lutte contre le racisme et lantismitisme devait tre une priorit de laction publique. Un nouveau dlguinterministriel, le prfet Gilles Clavreul, a pris ses fonctions le 15 dcembre 2014, et a reu pour

    mission de donner une nouvelle impulsion la politique du Gouvernement en matire de lutte contre le racisme, lantismitisme etlaxnophobiedclaregrandecausenationalepour2015.Unplandactioncontreleracismeet lantismitisme sera propos

    dans les prochaines semaines pour mobiliser la socit franaise contre cesaux,rendrelessanctionsplusefficacesetpdagogiques,enrayerlapropagation de la haine sur Internet etprotgerlesutilisateursetenfin,duquer et transmettre les valeurs delaRpublique.

    La Dlgation Interministrielle la Lutte Contre le Racisme et lAntismitisme (DILCRA)

    Plusieurs pics de violence se sont succds durant lanne paralllement certains vnements, notammentlamanifestationJourdeColreenjanvieretlintensificationduconitisralo-palestiniendurantlt2014.Silactualitnesauraitconstituerleseulfacteurexplicatif,celle-cipeutconstituerunagentamplificateursurdesphnomnesstructurels.

    COMPARATIF NATIONAL DES ACTES ANTISMITES

    D.R

  • Les Annonces de la Seine - Jeudi 9 avril 2015 - numro 13 5

    Droits de lHomme

    lLadoption dun plan daction national sur lducation et la citoyennet numriques lequel prvoirait notamment le dveloppement et la diff usion de contre-discours.

    LA LUTTE CONTRE LES DISCOURS DE HAINE SUR INTERNET A lre du Web 2.0, avec le dveloppement des rseaux sociaux et des sites de partage de contenus audiovisuels, linternaute est dsormais un diteur de contenus. Internet est ainsi devenu un puissant instrument de la libert dexpression. Pour autant, derrire lcran, avec la possibilit de lanonymat et leff et dmultiplicateur de la diff usion sur le web, Internet est aussi dvoy des fi ns haineuses.Cette prolifration des discours de haine se heurte au manque deffi cacit des politiques et des moyens mis en uvre en la matire et deff ectivit dun certain nombre de dispositifs lgislatifs.Si la CNCDH est fondamentalement proccupe par la sauvegarde, et au besoin par lextension, de lespace public de libre discussion, elle nen demeure pas moins convaincue que linternet ne saurait en aucun cas constituer une zone de non-droit o tout peut se dire, se faire et se diff user.Elle est galement radicalement oppose un contrle a priori du net qui sapparenterait un rgime de censure gnralise et aboutirait la disparition de linternet.De manire prserver un quilibre subtil entre ces deux extrmes, la CNCDH formule plusieurs recommandations penses comme un tout devant faire systme, et notamment:lLaffi rmation de la souverainet numrique de ltat en soumettant toute entreprise exerant une activit conomique sur le territoire franais des rgles contraignantes et en soutenant le dveloppement dune industrie du numrique respectueuse des droits et liberts fondamentaux;lLe renforcement des dispositifs de lutte issus de la loi sur la libert de la presse du 29 juillet 1881 et de la loi pour la confi ance dans lconomie numrique, sans pour autant porter une atteinte disproportionne la libert dexpression que constituerait le basculement des dlits dopinion de la loi de 1881 dans le code pnal;

    LISLAMOPHOBIE Les actes antimusulmansA loccasion de son dition 2013, la CNCDH a adopt une dfinition du phnomne dislamophobie, comme lapparition dune quasi phobie, cest--dire dune peur intense lgard de lislam et des musulmans en France, gnrant un climat dangoisse et dhostilit leur gard. La CNCDH distingue la revendication islamophobe des actes dlictueux au mobile antimusulman qui tombent sous le coup de la loi pnale. Le bilan statistique du Ministre de lIntrieur indique une baisse de 41 % des infractions antimusulmanes enregistres par les services de police et de gendarmerie, avec 133actes en2014 contre226 en2013. Cette rgression concerne particulirement les faits de moindre gravit, avec une baisse de moiti des menaces, alors que les actions enregistrent une rgression plus lgre denviron 11%.

    Des crispations lencontre de la minorit musulmaneLapprobation de lide que les musulmans forment un groupe part en France a recul en 2014.Nanmoins, le rejet des pratiques lies lislam se confi rme cette anne encore, et sintensifi e, tant pour celles visibles dans lespace public que pour celles qui sexercent dans la sphre prive.Par ailleurs, la religion musulmane concentre prs de 45% dopinions ngatives et certains invoquent une lacit dvoye pour faire rempart lislam.

    LE RACISME ANTI-ROMS De qui parle-t-on ? On qualifie de Roms migrants en France les personnes vivant sur le territoire national, venant essentiellement des pays dEurope centrale et orientale (majoritairement de Roumanie, mais galement de Bulgarie et de pays dex-Yougoslavie), et se reconnaissant comme Roms.Selon les estimations offi cielles, les populations vivant en bidonville qui ne sont pas toutes dorigine rom - reprsentent entre 15 000 20000personnes enFrance, soit 0,03% de la population franaise, un chiff re par ailleurs stable depuis une dcennie.Contrairement aux ides reues, les populations roms en France ne sont pas de culture nomade: les bidonvilles constituent des occupations par dfaut, consquence du manque dhbergements et de logements accessibles aux personnes trs faible revenu et aux blocages administratifs lentre dans les hbergements sociaux.Alors comment expliquer la focalisation populaire, politique et mdiatique porte sur une fraction de population, rige comme un vritable problme Roms en France?

    Un racisme exacerb lencontre dune minorit mconnueLes populations roms en France concentrent un racisme rpandu et virulent, croisant diff rents univers de prjugs:lDes strotypes propres au statut de migrant: les populations roms en France sont souvent enfermes dans une reprsentation fige dun groupe ethnique qui serait homogne,

    exclusivement nomade, dpourvu de tout mcanisme dascension sociale, bnficiaire abusifs des prestations sociales, et nayant pas vocation sinstaller, ni sintgrer.lLe rejet de la prcarit sociale: la perception ngative des Roms tient galement une association la misre, linsalubrit, et la mendicit.l Entre racisme culturel et racisme biologique: le racisme anti-Roms sexprime la fois par un rejet de la diff rence culturelle comme menace lordre national, mais aussi par rfrence au racisme biologique, avec une assimilation des populations roms un groupe infrieur, pouvant aller jusquau dni dhumanit.

    Des prjugs institutionnaliss, lorigine de violations des droits fondamentauxl La diffrence comme justification systmatique limpossible intgration : le discours public tend justifier lchec dinitiatives dintgration par la seule attitude des bnficiaires : on questionne dans une moindre mesure la pertinence des dmarches de diagnostic et de suivi ou encore le caractre adapt des solutions proposes et des moyens allous.Plutt quune ligne politique directrice ferme visant la rsorption des bidonvilles par lintgration, cest une approche rpressive qui reste malheureusement privilgie : les vacuations forces des Roms trangers entranent une situation derrance organise (elles ont concernes 8 455 personnes en 2011, 9404en2012, 19380 en 2013 et 13483 en2014).l Les discriminations et la violation des droits fondamentaux comme premire consquence du racisme: la banalisation des prjugs anti-Roms npargne pas les agents de ltat. Lorsque les ides reues viennent orienter laction publique, elles peuvent entraver laccs aux droits et faire obstacle lintgration. Ainsi, encore trop de familles se voient discrimines et prives de leur droit la scurit, la sant, lducation et la formation, laccs aux soins et la libre circulation. 2015-167

    Sur les indices de tolrance par minorits, les musulmans arrivent en dernire position, avecplusde26pointsdcartaveclaminorit,juive,lamieuxaccepte

    LES INDICES DE TOLRANCE PAR MINORITS

    D.R

  • 6 Les Annonces de la Seine - Jeudi 9 avril 2015 - numro 13

    Audience solennelle

    Amliorer la lisibilit du droitpar Dominique Gaschard

    V(...)ous lavez compris, les bons rsultats de notre cour obtenus grce au dvouement au service exceptionnel des Magistrats et des fonctionnaires qui la servent, ne peuvent pas masquer ltat gnral de notre institution judiciaire qui, faute de moyens suffi sants, nest plus en mesure de faire face dans des conditions satisfaisantes au traitement de tous les contentieux qui lui sont soumis.Notre justice est en ralit bout de souffle et dans une situation critique comme la trs rcemment indiqu la confrence des premiers Prsidents de Cour dappel dans une dlibration adresse aux plus hautes autorits de ltat dans laquelle elle appelle de ses vux une mobilisation en urgence de moyens humains et matriels la hauteur des attentes des justiciables ainsi que des rformes denvergure qui recentrent le Juge sur ses missions essentielles.Et je me permets dajouter, que cette situation de crise npargne pas nos amis les avocats et lensemble de nos partenaires qui participent avec nous luvre de justice, comme lont bien mis en vidence les premiers dbats qui viennent davoir lieu lAssemble nationale concernant une ventuelle rforme des professions juridiques rglementes.Dans ce dernier domaine, des rformes peuvent trs certainement intervenir utilement, mais nous pensons quil convient de les aborder avec beaucoup de prudence pour prserver, quelles que soient les circonstances, les valeurs et les principes sur lesquels sont fondes les diff rentes professions judiciaires.Je pense ici notamment la valeur dindpendance ou au principe du secret professionnel qui sont autant de garanties justifi es par lintrt suprieur des justiciables. (...)

    Mesdames et Messieurs, aprs ce constat de crise, je souhaite maintenant aborder devant vous quelques aspects de la rforme de la justice actuellement en cours.Outre les moyens matriels et humains dont elle a absolument besoin, notre institution judiciaire doit en eff et faire lobjet de rformes hauteur des enjeux de notre justice du 21mesicle.Cest dailleurs dans ce but que Madame la GardedesSceaux a organis au dbut de lanne 2014 une vaste rflexion collective avec tous les acteurs de justice, rflexion laquelle notre Cour dappel a pris toute sa place.A lissue de cette rfl exion, la Ministre a procd ses arbitrages qui se rsument en 15 actions pour une justice au quotidien plus proche, plus effi cace et plus protectrice.Le temps dont je dispose cette audience ne me permets pas bien videmment daborder toutes les pistes de rformes proposes par les participants la rfl exion collective, ni mme les diff rentes actions dcides par la Ministre.

    Je vais cependant retenir votre attention encore quelques instants pour vous prsenter deux de ces actions pour lesquelles notre Cour dappel a dores et dj pris un certain nombre dinitiatives.Il sagit du dveloppement de ce que nous appelons les modes alternatifs de rglement des litiges et de la mise en place dun partenariat avec luniversit pour tudier et faire connatre tant aux professionnels du droit quau grand public la jurisprudence concrte de notre Cour dappel.

    1.LE DVELOPPEMENT DES MODES ALTERNATIFS DE RGLEMENT DES LITIGES: Sur le premier point des modes alternatifs de rglement des litiges, il faut tout dabord constater que dans une socit comme la notre o la rgulation des diff rents problmes par la rgle de droit et la judiciarisation des confl its est une tendance lourde, le dveloppement de laccs au droit pour tous est devenu une question fondamentale pour la dmocratie, et je tiens cet gard saluer le succs

    Poitiers, 9 janvier 2015

    Les Chefs de Cour Dominique Gaschard et Dominique Planquelle accueillaient leurs invits ce 9 janvier 2015 pour lAudience Solennelle de Rentre judiciaire de la Cour dappel de Poitiers dont les premires pierres ont t poses ds lpoque gallo-romaine linitiative des Empereurs Julien et Gallien. Dplorant que la justice franaise soit bout de sou e, Dominique Gaschard a appel de ses vux une mobilisation en urgence des plus hautes autorits de ltat afi n que soient mis en place des moyens humains et matriels la hauteur des attentes des justiciables ainsi que des rformes denvergure qui recentrent le Juge sur ses missions essentielles.Face aux dfi s lancs lInstitution judiciaire, il a consacr son propos au dveloppement des modes alternatifs de rglement des litiges et la mise en place dun partenariat avec lUniversit pour tudier et faire connatre la jurisprudence de la Cour dappel de Poitiers en matire sociale.Quant Madame le Procureur gnral Dominique Planquelle, elle a insist sur le sens de la peine: il appartient aux Magistrats du Parquet de rechercher la rponse pnale qui concilie au mieux la sanction de la personne, la prvention de la rcidive, la lisibilit de lintervention du Juge pour les victimes et la Socit a-t-elle prcis.Elle a conclu son intervention en exhortant ses collgues mobiliser toutes leurs forces pour que les missions confi es au Ministre public soient remplies avec le souci permanent du sens de leffi cacit, de la cohrence et de la lisibilit. Jean-Ren Tancrde

    Cour dappel de Poitiers

    D.RDominique Gaschard

  • Les Annonces de la Seine - Jeudi 9 avril 2015 - numro 13 7

    Audience solennelle

    de nos conseils dpartementaux de laccs au droit, prsids par les Prsidents des Tribunaux de Grande Instance de Poitiers, de Niort, de La Rochelle et de la Roche-sur-Yon, qui dans le cadre de leurs politiques locales daccs au droit agissent au quotidien sur le terrain pour que le droit ne soit pas une cause de fracture sociale et dexclusion, mais au contraire un lment de la citoyennet.Mais le dveloppement de laccs au droit ne doit pas se traduire mcaniquement par une augmentation non matrise du nombre des procs et donc par un engorgement de nos juridictions.Cest pourquoi, il est trs important que nos politiques daccs au droit soient accompagnes de politiques de dveloppement des modes alternatifs de rglement des litiges, savoir principalement les conciliations et les mdiations.Le dveloppement de ces modes ngocis de rglement des litiges simpose dailleurs dautant plus que bien souvent ils constituent une rponse beaucoup plus satisfaisante que celle pouvant rsulter dune procdure judiciaire.Ils sinscrivent par ailleurs dans un mouvement de dmocratisation de la justice permettant aux citoyens et leurs conseils dtre davantage associs au rglement de leur propre litige.Compte tenu de lintrt vident qui sattache par consquent au dveloppement des modes alternatifs, la Cour dappel a cr au dbut de lanne 2014 deux groupes de travail composs de Magistrats et davocats, lun sur la conciliation et la mdiation et lautre sur la procdure participative.La mission de ces groupes de travail tait de faire un tat de lexistant de ces modes alternatifs, didentifier les points de blocage leur dveloppement et de faire toutes propositions utiles pour les surmonter.Je remercie vivement tous les participants ces groupes de travail pour la qualit des rapports qui mont t remis et je remercie en particulier Monsieur le conseiller Jean-Paul Funck-Brentano et Jrme Merenda, avocat au Barreau de Niort, qui ont prsid et vice-prsid le groupe de travail sur la conciliation et la mdiation, ainsi que Monsieur le Prsident de Chambre Roland Potee et DidierCouret, avocat au Barreau de Poitiers et ancien btonnier, qui ont prsid et vice-prsid le groupe de travail sur la procdure participative.Faute de temps il mest impossible dentrer dans le dtail des conclusions de ces rapports qui sont tous les deux des rapports trs arguments et trs complets mais jindique quavec laccord de leurs auteurs ils sont la disposition de ceux dentre-vous qui souhaiteraient les obtenir. Jvoquerai cependant trs rapidement la problmatique pose par le dveloppement des conciliations et des mdiations dans le ressort de notre Cour dappel, et ceci, en commenant par faire un constat.Ce constat consiste tout dabord observer que dans ce domaine nous ne partons pas de rien.Nous pouvons en effet en premier lieu compter sur un rseau de 70 conciliateurs de justice motivs qui, en concertation avec les Juges dInstance, permettent de rgler un nombre non ngligeable de petits litiges de la vie quotidienne.Cest ainsi que pour lanne 2014 les conciliateurs de justice de notre ressort ont t saisis de 4000affaires environ et que plus de la moiti de ces affaires ont fait lobjet dune conciliation russie.En matire familiale nous disposons par ailleurs de 11associations conventionnes de mdiation familiale qui sont confies en moyenne 200mesures judiciaires par an, avec un taux de russite de lordre de 60%.

    Mme si ces derniers chiffres sont des chiffres modestes en comparaison du nombre total des affaires soumises nos juridictions, il convient cependant de souligner quun certain nombre dinitiatives prometteuses ont t prises dans notre ressort pour permettre un dveloppement effectif des modes alternatifs de rglement des litiges.Cest ainsi quoutre la cration dun centre de mdiation ds 2011 par des avocats du Barreau de Poitiers, plusieurs protocoles daccord ont t signs en 2013 et en 2014 La Rochelle, Saintes, Poitiers et La Roche-sur-Yon entre les juridictions, les Barreaux et des associations de mdiation pour encourager et faciliter la mise en uvre de la mdiation judiciaire.Enfin, deux formations la mdiation sont proposes sur notre ressort, savoir un master 2 intitul mdiation et modles de dveloppement dispens par le dpartement de philosophie de luniversit de Poitiers et un diplme universitaire de mdiation dispens en formation continue par luniversit de La Rochelle.Mais malgr tous ces lments positifs, qui constituent autant de promesses de dveloppement de la conciliation et de la mdiation, force est de constater que la mise en uvre de ces modes alternatifs de rglement des litiges se heurte de nombreux obstacles.lLe premier dentre eux est un obstacle dordre sociologique et culturel.Notre culture latine privilgie en effet le procs et le recours au Juge la diffrence des pays nordiques ou prvaut une culture du consensus social.Aprs avoir procd une enqute auprs des prescripteurs potentiels de mdiation et de conciliation, soit auprs des 547 Magistrats du Sige, Juges consulaires et Magistrats prudhomaux de notre ressort, notre groupe de travail a par ailleurs identifi cinq autres obstacles qui sont dans lordre dcroissant:2.labsence de connaissance des modes alternatifs de rglement des litiges;3.le problme de la prise en charge du cot des mesures qui en ltat ne relve pas dune politique publique nationale;4.les rticences de certains avocats;5. labsence dinstitutionnalisation dans les juridictions du recours la mdiation;6.et labsence de rglementation sur la profession de mdiateur.Ce sont tous ces obstacles que nous allons maintenant tenter de surmonter en inscrivant le dveloppement des modes alternatifs de rglement des litiges comme lune des priorits de notre projet de Cour dappel pour lanne 2015.Et pour parvenir des rsultats concrets et significatifs, je souhaite que nous puissions le plus rapidement possible mettre en uvre les prconisations de notre groupe de travail quil sagisse:lde la cration la Cour dappel de Poitiers dune unit de mdiation civile, commerciale et sociale;lde ltablissement dun recueil de candidature de mdiateurs;lde la communication aux parties dune information sur la mdiation;let de la cration daudiences de proposition de mdiation.Naturellement, toutes ces prconisations seront tudies, approfondies et mises en uvre avec toutes les parties concernes, et pour cela, je vous indique que jai lintention de runir dans les toutes prochaines semaines le comit de pilotage qui a dj trs bien fonctionn pour mettre en place et pour accompagner nos groupes de travail.

    2.LA MISE EN PLACE DUN PARTENARIATAVEC LUNIVERSIT POUR TUDIER ET FAIRE CONNATRE LA JURISPRUDENCE CONCRTE DE NOTRE COUR DAPPEL EN MATIRE SOCIALE: Outre le dveloppement des modes alternatifs de rglement des litiges, notre projet de Cour dappel pour 2015 comprendra galement un volet destin rendre notre justice plus proche, plus efficace, plus protectrice et plus lisible pour nos concitoyens en leur permettant de mieux valuer les possibilits de succs de leurs actions en justice.Trs concrtement, il sagit de procder un travail danalyse de nos jurisprudences concrtes pour que les justiciables soient plus clairement informs des dcisions habituellement rendues par les Juges.En amliorant la lisibilit du droit, ce travail danalyse devrait en outre faciliter la mission des avocats et favoriser le cas chant un rglement amiable des litiges.Pour parvenir cet objectif, un travail en partenariat avec luniversit savre indispensable et jadresse cet gard mes vifs remerciements aux Prsidents des universits et aux doyens des facults de droit de Poitiers et de La Rochelle qui ont bien voulu accepter le principe de ce partenariat.Trs concrtement, nous avons dores et dj dcid de commencer par tudier la jurisprudence concrte relevant de la Chambre sociale de notre Cour dappel, et ceci, en raison des enjeux humains, juridiques, conomiques et sociaux du contentieux social.Cette tude sera ralise par un groupe de travail qui est en cours de constitution et qui sous la prsidence de Monsieur le Prsident de Chambre ric Veyssire, Prsident de la Chambre sociale, comprendra des conseillers Prudhommes, des Directeurs de greffe de conseils de Prudhommes, des avocats, des universitaires et des Juges dpartiteurs.Jattache personnellement une trs grande importance ce groupe de travail dont les travaux sont susceptibles dintresser, outre les justiciables concerns, les acteurs du monde conomique, la doctrine universitaire, les avocats, les membres des conseils de Prudhommes et des Tribunaux des affaires de scurit sociale ainsi que les Magistrats amens Juger les affaires de la Chambre sociale.Mesdames et Messieurs, outre les deux actions particulires que je viens dvoquer, notre projet de Cour dappel pour 2015 comprend bien videmment de nombreux autres aspects concernant la modernisation de notre institution, sa communication ou bien encore, ce qui est essentiel, les mesures prendre pour garantir en toutes circonstances nos concitoyens une justice de qualit dans des dlais raisonnables.Le cap est par consquent fix, avec de nombreux projets que nous souhaitons faire aboutir dans lintrt de nos concitoyens.Mais, comme je le disais en introduction de mon propos, il est pour cela indispensable que nous disposions des moyens ncessaires lexercice de notre mission, et en ce dbut danne, je forme par consquent des vux pour que ne faiblisse pas la volont de nos responsables politiques de donner enfin linstitution judiciaire les moyens matriels et humains dont elle a absolument besoin.Cest ce prix que nous pourrons continuer transformer, selon le mot magnifique dAndrMalraux, le droit en justice. (...)

  • 8 Les Annonces de la Seine - Jeudi 9 avril 2015 - numro 13

    Audience solennelle

    La lisibilit de lintervention du Jugepar Dominique Planquelle

    Permettez moi en prologue, de vous dire ces quelques mots:Douze coups qui rsonnent encore, ont fait deux mondes:lamour de la vie et des esprances jusquau mpris de la haine, ont ouvert lanne 2015, le mpris de lhomme et de sa libert fondamentale jusqu lamour de la haine, lendeuillent aussitt.Never give in, never give in. Nabandonnez jamais, nabandonnez jamais, jamais, jamais, jamais, jamais. Nabandonnez rien, ni de grand, ni de petit! Scriait WilstonChurchill dans les sombres heures de la guerre, nabandonnez rien, ni de grand, ni de petit, rien de petit ni rien dinsignifi ant. Nabandonnez rien, sauf quand lhonneur et la raison lexigent.Article19 de la Dclaration universelle des droits de lhomme:Tout individu a droit la libert dopinion et dexpression, ce qui implique le droit de ne pas tre inquit pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de rpandre, sans considrations de frontires, les informations et les ides par quelque moyen dexpression que ce soit.Article 10 de la convention europenne de sauvegarde des liberts fondamentales et des droits de lhomme:Toute personne a droit la libert dexpression. Ce droit comprend la libert dopinion et la libert de recevoir ou de communiquer des informations ou des ides sans quil puisse y avoir ingrence dautorits publiques et sans considration de frontire. Article 11 de la Dclaration des Droits de lHomme et du Citoyen:La libre communication des penses et des opinions est un des droits les plus prcieux de lHomme:tout Citoyen peut donc parler, crire, imprimer librement, sauf rpondre de labus de cette libert dans les cas dtermins par la Loi. Sance du 9 dcembre 1893, une bombe est lance dans la Chambre des Dputs:Messieurs, sexclame le Prsident Lon Mirman, la sance continue. Il est de la dignit de la Chambre et de la Rpublique que de pareils attentats, do quils viennent et dont, par ailleurs, nous ne connaissons pas la cause, ne troublent pas les lgislateurs.Permettez-moi de suivre ce sage conseil. La Rpublique et la protection de ses valeurs nous le commandent, la Constitution qui fait de lautorit judiciaire le protecteur des liberts individuelles nous oblige, la raison lexige.Laudience continue donc;Une audience solennelle de rentre signifie:vux, bilans qui peuvent tre tirs de la priode qui sachve, souhaits que lavenir nous permet de nourrir.Moment de rite, respectueux des prescriptions de notre organisation judiciaire.Or, le rite nous dit-on est dans le temps ce que la demeure est dans lespace, et il permet que le temps qui scoule ne nous paraisse point nous user et nous perdre comme la poigne de sable.Cest donc linstant dont il faut profiter pour faire une pause, analyser, et tirer quelques rflexions de lobservation des mois qui nous sparent de la mme crmonie, dj classe aux archives 2014.

    Selon un gnial inventeur de la renaissance, il nest aucune chose qui aille plus vite que les annes.Cette vidence, peut-tre encore plus aige dans lpoque contemporaine, me plonge en cet instant, dans un sentiment partag.Celui-ci mle la conscience de la survenance du nombre trs important dvnements qui ont jalonn cette anne judiciaire, celle du constat dun temps trop restreint pour russir satisfaire pleinement tous les espoirs et attentes ns de la volont de rforme exprime au cours de lanne prcdente.

    I. LA JUSTICE AU PLAN NATIONAL: Lan pass, javais voqu les grands chantiers lancs pour rformer une Justice cible de bien des critiques, externes comme internes, qui devrait mieux rpondre aux attentes des franais.Les grands changements ncessitent un temps long sils veulent viter de ne flatter que linstant prsent, et ils sont aussi, dans la phase de mise en uvre, toujours porteurs de turbulences.Les derniers mois nous ont fourni une double illustration de ce constat, puisque le lancement du train des rformes sest accompagn de priodes de tension forte, lies aux volutions envisages pour modifi er les contenus et conditions dexercice des fonctions des trs nombreux professionnels participant directement luvre de justice ou y tant associs. La vie de nos Palais en a forcment ressenti les secousses, et fatalement enregistr les consquences.Au chapitre des vux je me permets donc desprer un retour fonctionnement plus apais de notre activit, aprs rduction des points de divergence qui peuvent subsister entre les diffrents protagonistes concerns par ces sujets sensibles.En second lieu, force est dadmettre que tous les chapitres mis lordre du jour des Rformes nont pu tre embrasss et que certains champs, qui nont gure connu davance significative en 2014, nous maintiennent au stade des attentes; Cest le cas a) du projet tendant refonder le Ministre public, b) du statut du Parquet, qui en dpit de la suspicion quil nourrit na pas connu dvolution; celui-ci a encore valu la France dtre pingle le 4dcembre 2014 par la Cour Europenne des Droits de lHomme, loccasion de lexamen des

    recours exercs dans le cadre de laff aire dite du Ponant. c) des moyens matriels mis disposition de nos Substituts et Procureurs pour laccomplissement quotidien de missions toujours plus lourdes,qui ne saccompagnent pas de soutien ncessaire.Alors, parce que le pessimisme est dhumeur quand loptimisme est de volont, tournons les projecteurs sur les pans dactivit touchs par le changement;Ils sont nombreux;Les nergies, les intelligences, les capacits dadaptation et dinnovation de tous ont ainsi t fortement sollicites car le droit pnal et la procdure pnale ont connu des mutations et des volutions plus ou moins profondes que ce soit pour adapter notre droit aux changements de la socit, pour transposer des directives europennes, ou pour rpondre des jurisprudences nationales ou transnationales.Ont t promulgus ou sont entrs en vigueur plusieurs textes au premier rang desquels doivent tre cits:1) la loi (du 6 dcembre 2013) relative la lutte contre la fraude fi scale et la grande dlinquance conomique et fi nancire2) la loi (du 28 mars) relative la golocalisation,3) la loi (du 27 mai 2014) portant transposition dune directive du parlement europen, relative au droit linformation dans le cadre des procdures pnales,4) la loi (du 20 juin 2014) relative la rforme des procdures de rvision et de rexamen dune condamnation dfi nitive5) la loi (du 10 juillet 2014) visant lutter contre la concurrence sociale dloyale,6) la loi (du 4 aot 2014) sur lgalit relle entre les femmes et les hommes,7) la loi (du 15 aot 2014) relative lindividualisation des peines et renforant leffi cacit des sanctions pnales8) la loi (du 13 novembre 2014) renforant les dispositions relatives la lutte contre le terrorisme;A ces lois qui touchent directement la matire pnale, se sont ajouts dautres textes qui viennent impacter les juridictions, et mettre rude preuve la capacit dabsorption des Magistrats et auxiliaires de justice; cest le cas de la rforme des procdures collectives, pour nvoquer quun domaine qui mobilise fortement les Parquets.

    D.RDominique Planquelle

  • Les Annonces de la Seine - Jeudi 9 avril 2015 - numro 13 9

    Audience solennelle

    Une grande rforme du droit de lenfance dlinquante est aussi en cours de prparation, sans parler de celles qui touchent aux services judiciaires et aux professions rglementes.Vous le voyez, cest un foisonnement de textes nouveaux quil appartient donc aux Magistrats dappliquer, et dinterprter quand ncessaire.Lexercice est certes stimulant, mais il ne doit pas nous faire perdre de vue la ncessit de prserver dans lintrt du justiciable, une scurit juridique qui permet chacun dans un Etat de droit de connatre quels que soit sa fonction ou son statut les rgles qui sappliquent sa situation. Dans cette liste consquente de lois nouvelles, il mest apparu que celle du 15 aot 2014, relative lindividualisation des peines et renforant lefficacit des sanctions mritait aujourdhui quelques dveloppements.La plupart de ses dispositions sont maintenant entres en vigueur depuis le 1er janvier 2015.La lutte contre la surpopulation carcrale a souvent t prsente comme lobjectif premier de cette loi.Au 1er dcembre 2014, 67 105 personnes taient dtenues dans nos tablissements pnitentiaires qui comptent 57 854 places.Ce phnomne de surpopulation est donc bien une ralit depuis le dbut des annes 2000, et le ressort de la Cour dappel de Poitiers ny chappe pas.Les maisons darrt de la Roche-sur-Yon et Fontenay le Comte connaissent ainsi des taux doccupation respectifs de 187% et 212%.Ces conditions de dtention avec la difficult quelles induisent de mener des activits de rinsertion en milieu ferm, sont un terreau qui favorise sans aucun doute la rcidive.La loi du 15 aot sest fixe de surmonter cet obstacle:lelle aligne le rgime des rcidivistes sur celui des non rcidivistes dans le domaine des crdits des rductions de peine, supprime les peines plancher, qui ont conduit un allongement de la dure moyenne de dtention. lelle vise ensuite et surtout accrotre le suivi des personnes condamnes, lutter par ladoption de nombreuses mesures, contre ce quil est dusage dappeler les sorties sches, cest--dire dpourvues de tout contrle, situations qui reprsentent ce jour prs de 80% des sorties de dtention et mme 98% pour les personnes qui purgent une peine infrieure ou gale 6 mois.Pour rduire la rcidive le lgislateur a donc prvu:lde renforcer le rle des services denqute dans le contrle des obligations imposes aux condamns, lde mettre en place de nouvelles procdures de suivi post peine, applicables aux personnes prsentant un risque de rcidive important sans relever pour autant dune surveillance judiciaire, ainsi qu celles souffrant de troubles ayant altr le discernement au moment des faits.Il a aussi labor de nouveaux mcanismes qui permettent selon la dure de la peine une libration sous contrainte ou un examen obligatoire de la situation de la personne condamne.Mais la cration de la contrainte pnale est bien sr la mesure la plus marquante de la loi nouvelle;La cration dune peine est un vnement rare, puisque la dernire ne, dont nous avons clbr les 30ans lan dernier tait le travail dintrt gnral.Cette contrainte pnale qui a suscit des dbats et commentaires multiples sadresse aux personnes ayant commis un dlit passible de 5 ans demprisonnement ou moins, et qui prsentent en priorit un profil marqu par plusieurs facteurs de risque de rcidive tels que situation de rupture

    sociale, familiale, ou problmes daddiction importants.Elle se caractrise par un suivi renforc, fond sur une action du service pnitentiaire dinsertion et de probation visant ces facteurs de risque (logement, travail, sant), au plus prs de la personnalit de la personne mise en cause, afin daboutir une sortie du parcours de dlinquance, quon appelle la dsistance. Ce processus sinscrit dans le cadre de la rflexion globale engage par la GardedesSceaux, qui a institu en parallle, un observatoire de la rcidive et de la dsistance charg dexaminer au plan national les diffrents leviers qui permettent de lutter plus efficacement contre la rcidive.La contrainte pnale est donc une mesure de probation renforce, destine imposer des mesures de contrle et de soutien plus soutenues, des personnes qui auraient le plus souvent t condamnes de courtes peines demprisonnement, au caractre potentiellement plus dsocialisant,ou des peines assorties de suivis moins pousss; Sa finalit essentielle est de parvenir lindividualisation maximale de la sanction, tant dans son prononc que dans son excution, grce une valuation initiale, continue et aussi fine que possible de la situation de la personne.Face un acte de dlinquance, le Magistrat doit ainsi pouvoir disposer dun panel largi de rponses offrant le choix dune peine demprisonnement si ncessaire, de peines damendes, ou de peines de probation impliquant un suivi trs troit.8peines de contrainte pnale ont ce jour t prononces dans le ressort de la Cour dappel de Poitiers depuis le 1er octobre 2014.Comme pour toute nouvelle peine, cest bien sr la pratique qui forgera les contours de la contrainte pnale.Dores et dj, ladministration pnitentiaire a mis en uvre de nouvelles mthodes de travail pour assurer le succs de cette mesure, avec une prise en charge immdiate du condamn, un rythme de rendez-vous plus soutenu, de nouvelles techniques dvaluation et dentretien, un travail pluridisciplinaire men en lien avec les associations, les collectivits, les organismes de sant ou de logement.... Il faut maintenant, que nous, Magistrats, nous approprions cette contrainte pnale;Elle nous fournit loccasion de poursuivre encore notre rflexion sur le sens des peines, la recherche de la rponse pnale qui concilie au mieux la sanction de la personne, la prvention de la rcidive, la lisibilit de lintervention du Juge pour les victimes et la socit.Autant dire que cet exercice sera source dinnovation, en lien avec nos partenaires.Les Magistrats des Parquets du ressort se sont dj attels louvrage en concertation avec nos collgues du Sige prsidant les Chambres correctionnelles et les Juges de lapplication des peines; depuis plusieurs mois, tous semploient dfinir ainsi avec les services pnitentiaires dinsertion et de probation les profils relevant de cette mesure et les meilleurs moyens de suivre les personnes qui y sont astreintes.Des conventions devraient tre prochainement signes entre les Prsidents de TGI, les Procureurs, et les services pnitentiaires dinsertion et de probation des dpartements, pour quune nouvelle approche prside lexamen des dossiers avant laudience, et permette dapprcier au mieux la pertinence de la rponse pnale apporter.

    Comme la loi nous y invite, nous valuerons dans les mois qui viennent lefficacit de cette peine et les difficults de suivi des personnes concernes que pourrait rvler la mise en uvre du nouveau dispositif.Un premier bilan devrait vous tre prsent lors de la prochaine audience de rentre.

    II. LA VIE DE NOTRE RESSORT: - Pour ce qui est de lactivit de notre Cour dappel, celle-ci sest inscrite dans le contexte dcrit au dbut de mon propos, et sest maintenue un rythme soutenu;(...)Au traitement de la masse de ces procdures, sajoutent un peu plus chaque anne les incidences de la recherche de matrise des comptes publics.Des efforts complmentaires doivent tre dvelopps pour que la rigueur budgtaire entame le moins possible la qualit du service public.Cest la raison pour laquelle, sur ces Magistrats du Parquet qui doivent donner une rponse pnale lisible et cohrente aux faits de dlinquance, pse de manire de plus en plus prgnante, lobligation dintgrer des impratifs dconomie de frais de justice; ceux-ci ncessitent dvaluer dans chaque dossier le cot prvisible des investigations techniques ou scientifiques, le cot de la dure de la procdure, et de le rapporter au montant du prjudice subi par la victime, ainsi qu limportance du trouble lordre public gnr par la transgression de la loi.Cette analyse incontournable emporte une responsabilit alourdie pour le Parquetier; elle peut conduire des dcisions qui droutent les fonctionnaires et militaires en charge des enqutes, en raison des restrictions apportes lusage de moyens techniques propres faciliter llucidation des affaires, et susciter aussi lincomprhension des victimes.Seul un travail quotidien de pdagogie qui incombe aux Magistrats est de nature attnuer ce nouveau type de querelle, et je sais que tous sy emploient malgr les difficults de lexercice. Si le service attendu des Parquets ne se dgrade donc pas, cest bien parce que lengagement de chaque Procureur, de celui des quipes quils animent et des fonctionnaires qui les assistent est sans faille.Je les en remercie vivement. La tenue du procs Xynthia aux Sables-dOlonne a t un vnement majeur de la vie de notre ressort; elle mrite aussi quelques mots.Au del de la charge exceptionnelle qui en est rsulte pour le Tribunal venden, elle a pes sur le fonctionnement de lensemble des juridictions de la cour.Le renfort des effectifs quexigeait lentreprise, sest ncessairement opr au dtriment de la satisfaction des besoins des autres juridictions, et cest leffort collectif consenti qui a permis de franchir lobstacle.Cette anne, il nous appartiendra de conduire la Cour lorganisation du procs en appel. (...)Sagissant de lanne qui vient, soyez assurs quau Parquet gnral comme dans les Parquets nous continuerons mobiliser toutes nos forces pour que les missions confies au Ministre public, soient remplies avec le souci permanent, du sens, de lefficacit, de la cohrence et de la lisibilit.Cet objectif sera atteint si nous avons laide de tous: Magistrats du Sige, fonctionnaires, auxiliaires de justice, partenaires institutionnels, associations.(...) 2015-168

  • 10 Les Annonces de la Seine - Jeudi 9 avril 2015 - numro 13

    Audience solennelle

    Lille,23janvier2015

    Rendre la justice malgr les contraintes budgtairespar Pierre Maitreau

    Avant de vous prsenter, Monsieur le Prsident, permettez moi dabord de massocier et dassocier les Magistrats de ce Sige lhommage rendu par Monsieur le Procureur votre prdcesseur Monsieur ricNgron nomm Premier Prsident de la Cour dappel de Montpellier.Ds son arrive au Tribunal de Grande Instance de Lille, Monsieur Ngron sest attach effectuer un audit du Tribunal partir duquel a t mis en place un projet de juridiction impliquant chaque service et chaque Chambre, projet qui a t suivi pour sa ralisation et son enrichissement de runions de service rgulires regroupant les Magistrats et les fonctionnaires.Les rsultats bnfi ques qui en ont t tirs pour le fonctionnement de la juridiction sont consigns dans les rapports annuels dactivit quil a remis en vigueur et qui constituent la mmoire du Tribunal.Homme de communication et de dialogue, il a contribu largir louverture du Tribunal sur le monde extrieur.Son action au sein du Conseil Dpartemental daccs au droit du Nord quil a prsid mrite particulirement dtre souligne.Il a donn une vritable dimension dpartementale au Conseil Dpartemental de lAccs au Droit (CDAD) en associant aux projets les Chefs de juridiction des 5autresTGI, en dveloppant de nouveaux partenariats et en crant des structures hors agglomration lilloise.Il a initi le premier schma Directeur dpartemental de laccs au droit 2013-2017. Parmi les projets innovants dont il a t linitiateur: Je signalerai :- la mise en place avec le concours actif de Madame Bunot-Rouillard et de Madame Estibal, Secrtaire gnrale du CDAD, des premiers points daccs au droit dans les hpitaux psychiatriques, ralisation qui a t rcompense par le prix initiatives justice dcern en 2011 par la chancellerie.- la mise en place dun dispositif pour permettre aux sourds et malentendants de bnficier dun interprte en langue des signes dans les permanences juridiques organises par le CDAD.

    Nous exprimons notre gratitude Monsieur le Premier Prsident Ngron pour les actions menes lors de sa prsidence de ce Tribunal. (...)Monsieur le Prsident,Vous tes n Lyon le 1eravril 1960.Cest Paris que vous effectuez vos tudes universitaires:- linstitut dtudes politiques de Paris dont vous tes diplm- la Sorbonne o vous avez obtenu une licence dhistoire- luniversit Paris II o vous avez obtenu une matrise de droit des aff aires et fi scal Vous intgrez lcole nationale de la Magistrature en 1985.Le 7 janvier 1987 vous tes install au Tribunal de Grande Instance de Melun dans les fonctions de Juge dinstruction.Ensuite vous tes nomm la Chancellerie et vous occupez successivement le poste de Magistrat rdacteur- dabord au bureau de la lgislation pnale, conomique et fi nancire- ensuite au bureau du droit pnal international o vous commencez une nouvelle carrire en ngociant des conventions internationales.lEn 1993, vous tes dtach au Ministre des aff aires trangres et occupez jusquen 1999 les

    fonctions de Chef du bureau de ltat de Droit et des liberts publiques, ce poste vous conduisant assurer le suivi de lensemble de la coopration franaise en matire de coopration judiciaire, policire, rforme de ltat et DroitsdelHomme;Vous y avez jou un rle majeur dans la mise en place des institutions et du trait relatif lharmonisation du droit des aff aires en Afrique qui a cr un droit des aff aires uniforme dans plus de douze tats africains.En 1999, vous devenez Chef de la mission de coopration lAmbassade de France en Namibie. la tte dune quipe de quelque quarante personnes, vous aurez la responsabilit de la muse en uvre de la coopration franaise en Namibie et au Bostwana pour le dveloppement rural, la lutte contre le sida, la dcentralisation, lenseignement du franais et lappui aux ONG.l Le 1er septembre 2003, vous revenez en juridiction au Tribunal de Grande Instance de Paris comme Vice-Prsident, vous y serez dabord Juge des liberts et de la dtention, puis aff ect la quatrimeChambre civile traitant du droit des contrats et du droit des assurances. Vous prsiderez galement la commission dindemnisation des victimes dinfractions.En 2006, vous tes nomm Directeur gnral de lAgence de coopration juridique internationale (ACOJURIS devenue Justice-Cooperation-Internationale-JCI par arrt du 20 dcembre2011). Dans cette fonction, outre ladministration de lagence, vous tes oprateur du Gouvernement et des professions juridiques franaises pour les appels doff re et jumelages dans le secteur de la rforme juridique et judiciaire fi nanc par les bailleurs de fonds internationaux. Vous conduirez galement de nombreuses missions dans les pays dAfrique et en Hati.lLe 13 janvier 2011, vous revenez de nouveau en juridiction comme Prsident du Tribunal de Grande Instance de Fort de France o, en sus des fonctions administratives inhrentes la fonction de Prsident de juridiction, vous participerez activement lactivit juridictionnelle dans un contexte de sous-eff ectif chronique et sigerez dans toutes les formations civiles et pnales, y compris comme Prsident du Tribunal mixte de commerce.Pour complter cette prsentation, sans tre exhaustif afi n de ne pas tre trop long, vous avez occup des fonctions denseignement comme

    Cest le PremierVice-Prsident du Tribunal de Grande Instance de Lille, Pierre Maitreau, qui a souhait la bienvenue TristanGervais de Lafond et a retrac sa brillante carrire. Nomm par dcret du 7 octobre 2014, il arrive de Fort-de-France pour succder ric Ngron, nomm Premier Prsident de la Cour dappel de Montpellier (Les Annonces de la Seine du 29janvier2015 pages 1 et suivantes). Il entend dvelopper un projet de services qui participe de cette volont de nous arracher aux diffi cults du quotidien pour rfl chir ce que doit tre la justice de demain. Le Procureur de la Rpublique FrdricFvre sest galement associ lhommage rendu par Pierre Maitreau ric Ngron pour le travail accompli par cet homme de communication et de dialogue qui a contribu largir louverture du Tribunal lillois sur le monde extrieur.Pour 2015, il sest engag placer laction du Parquet en priorit sur les zones de scurit prioritaires car nous devons nos concitoyens de ne pas baisser la tte ou dtourner le regard face des dlinquants qui saff ranchissent de toutes les rgles lgales Jean-Ren Tancrde.

    Tribunal de Grande Instance de Lille

    Pierre Maitreau

    D.R.

  • Les Annonces de la Seine - Jeudi 9 avril 2015 - numro 13 11

    Audience solennelle

    charg de travaux dirigs luniversit de Paris II en droit civil sous la direction des professeurs Guinchard et Frison-Roche, puis comme Matre de confrence linstitut dtudes judiciaires de Malakoff en droit constitutionnel et administratif.Vous tes galement lauteur de plusieurs publications.Monsieur le Prsident, vous voici arriv la prsidence du Tribunal de Grande Instance de Lille o vous avez t nomm par dcret du 7octobre2014.Vous le savez, les temps sont durs.Nous vivons une priode de restrictions budgtaires et de sous-effectif des Tribunaux une nouvelle fois rappel dans les discours daudience de rentre des diffrents Chefs de cours et de juridictions.Le Tribunal de Grande Instance nchappe pas cette situation.Il est reconnu que ce Tribunal, en comparaison avec des Tribunaux de mme importance, souffre dun dficit de localisation demplois de Magistrats et de fonctionnaires.Ce dficit structurel est aggrav par des vacances de postes. Cette situation difficile saggravera au cours du premier semestre 2015 raison du dpart imminent de Monsieur Matthieu Duclos, secrtaire gnral, nomm Prsident du Tribunal de Grande Instance dAvesnes-sur-Helpe, et par

    le dpart en retraite de deux Magistrats dont le remplacement ne sera en toute hypothse pas assur avant le mois de septembre prochain.Dans le mme temps, le Tribunal devra faire face de nouvelles contraintes tenant aux modifications apportes la loi du 5 juillet 2011 sur les hospitalisations sous contrainte qui ont ramen douze jours le dlai dans lequel le Juge doit se prononcer et qui ont pos le principe suivant lequel le Juge devra tenir audience dans ltablissement daccueil, sachant que dans le ressort de Lille, il existe sept tablissement de soins psychiatriques.Le Tribunal aura galement faire face une augmentation du contentieux des infractions en matire militaire et de sret de ltat pour lequel, compter du 1erjanvier 2015, sa comptence a t largie aux ressorts des Cours dappel dAmiens, Reims, et Rouen. Pourtant, comme par le pass, il nous faudra en 2015 rpondre aux attentes lgitimes des citoyens dune justice de qualit rendue dans des dlais raisonnables.Monsieur le Premier Prsident, dans votre discours de rentre de la Cour dappel de Douai, vous constatiez quen labsence de rformes denvergure visant rduire lintervention

    du Juge dans le rglement des conflits pour les recentrer sur ses missions essentielles et confronts aux vacances de postes de Magistrats et de fonctionnaires qui se multiplient, il faut prendre conscience que linstitution judiciaire ne peut plus tout faire la mme vitesse et quil faut donc oprer des choix qui sinscriront pour chacun des Tribunaux du ressort ainsi que pour la Cour dappel dans des projets de juridiction dfinissant des stratgies sur trois annes.Cette vision rejoint les proccupations et inquitudes rencontres par les Magistrats de ce Sige, qui sont de plus en plus sollicits pour pallier les manques deffectif et qui ont le sentiment de ne pouvoir donner plus quils ne donnent sans compromettre la qualit des dcisions quils sont amens rendre.Vous le voyez, Monsieur le Prsident, les difficults ne manqueront pas.Lexprience que vous avez acquise au travers de votre riche parcours professionnel, vos qualits reconnues dadministrateur et votre parfaite connaissance des juridictions, vous dsignaient particulirement pour, avec les Magistrats et fonctionnaires de ce Tribunal, dont la collaboration confiante et dvoue vous est dj acquise, les affronter et les surmonter. (...)

    Lefficacit de la justicepar Tristan Gervais de Lafond

    Cest profondment conscient de lhonneur qui ma t fait, et de la responsabilit qui ma t donne, par le Conseil Suprieur de la Magistrature, que je madresse vous pour la premire fois en qualit de Prsident du Tribunal de Grande Instance de Lille.Voil trente ans, presque jour pour jour, que je suis - que nous sommes, Monsieur le Procureur - devenus Magistrats en intgrant lun et lautre le mme jour lcole nationale de la Magistrature. En dpit des liens damiti qui nous unissent peut-tre ne serons nous pas toujours daccord, en revanche jai lassurance avec vous dun dialogue constructif, soucieux aussi du point de vue du Sige. (...)Les difficults de notre juridiction ne sont que le reflet au niveau local de la place et des moyens insuffisants rserves depuis des annes linstitution judiciaire.Notre tradition politique, lie notre Histoire et notamment au rle jou par les Parlements sous lAncien rgime, est celle dune dfiance envers lautorit judiciaire, dfiance jamais totalement surmonte.Au lendemain des vnements tragique qui ont endeuill notre pays, du recueillement et de lunion nationale qui sest faite autour des victimes, auxquelles nous avons rendu hommage dans la salle des pas perdus, nous avons touch du doigt la fragilit de notre dmocratie, des dmocraties, dont une justice indpendante et des mdias libres sont les deux piliers, au sens propre : en ce quils permettent, au del des lections libres et disputes de la faire vivre, de lui conserver un corps et une me.Peut tre, ce dbut dunion nationale que nous avons vcue portera-t-il des fruits en permettant nos dirigeants de revoir dun il neuf des problmes anciens.De fait, cest ma conviction que la rforme constitutionnelle ne doit pas se limiter revoir le

    statut du Parquet. Les Magistrats, et derrire eux, le peuple franais au nom duquel elle est rendue, ne doivent pas abandonner la revendication que soit inscrite dans la constitution laffirmation non plus dune autorit judiciaire mais dun vritable pouvoir judiciaire auquel participerait pleinement les membres du Ministre Public dont lindpendance et le statut seraient dans ce cadre prciss et garantis.Ce que jai retenu de mon exprience internationale, passe travailler au renforcement de ltat de droit et de la justice partout o dans le monde les besoins se faisaient sentir, et rcemment dans les pays candidats lintgration europenne ou nouvellement intgrs, cest quel point notre droit et notre organisation judiciaire, autrefois si admirs, ont cess dtre des modles, lexception notable de notre systme de formation des Juges et dans une moindre mesure de notre dispositif daide aux victimes.Laffirmation dun pouvoir judiciaire dans le pays de Montesquieu permettrait lvolution de notre CSM vers le modle dominant des dmocraties

    europennes: celui dun organe dcidant de toutes les nominations de Magistrats, grant les crdits des juridictions et auquel serait rattach les services dInspection.Nest-il pas symbolique que la justice administrative franaise qui sest construite contre et en dfiance lexercice ordinaire de la Justice ait atteinte, par ses propres forces, un niveau dindpendance que nous pouvons lui envier, sauto-administrant de fait via le Conseil dtat.Cette indpendance synonyme de bonne gouvernance, contrairement ce quon voudrait nous faire croire, se traduit dailleurs dans les chiffres : les juridictions administratives qui connaissaient des retards au moins aussi considrables que les ntres fonctionnent de manire globalement satisfaisante.La confrontation avec lautre, avec la diversit du monde est facteur denrichissement. Elle nous oblige nous regarder autrement, dobserver nos faiblesses, de les corriger - le regard de lautre est toujours, partout, une motivation faire mieux.

    D.R.

  • 12 Les Annonces de la Seine - Jeudi 9 avril 2015 - numro 13

    Audience solennelle

    Renforcer notre systme judiciairepar Frdric Fvre

    L(...)e dbut de lanne 2015, a t tristement endeuill par des individus qui ont fait usage de leurs kalachnikov pour riposter aux tirs croiss de crayons dessin.Jimagine que les journalistes, comme toute les autres victimes, avaient quitt leurs proches, aprs leur petit djeuner, en les embrassant, sans imaginer une seconde que dans la journe ils seraient froidement excuts.Ces jours l, la barbarie a pris le visage de jeunes franais et nous avons eu mal la France.Cette France de l intolrance et du fanatisme, nest pas celle que nous aimons, et nous la rejetons de toutes nos forces.Il nous appartient, nous Magistrats, qui rendons la Justice au nom du peuple franais, de demeurer vigilants pour la dfense des liberts de lensemble

    de nos concitoyens. Cest le fondement mme d un Etat dmocratique.A ce titre la juridiction Lilloise qui a connu sur son ressort la fusillade dite du gang de Roubaix en 1996, ou encore plus rcemment le parcours de lauteur de lattentat de la synagogue de Bruxelles, en 2012, se sent particulirement concerne.Nous savons que nos dcisions sont importantes, redoutes par certains, espres par d autres, et toujours empreintes d un souci de rgulation sociale.Chaque victime mrite notre respect et notre considration, quelle soit tombe Paris sous les balles des terroristes, ou quelle ait t agresse nimporte o en France, dans lindiffrence gnrale.Le sursaut dmocratique de la France nous a fait du bien. 37000personnes runies Lille, le 10janvier, pour dnoncer linacceptable sur la place de la Rpublique... tout un symbole.1,5 millions de personnes Paris et prs de 4millions dans toute la France le 11 janvier.Ces foules immenses runies sur lensemble du territoire national ont port un message despoir.

    A cet gard, le Conseil de lEurope sest dote dun implacable - implacable hlas, souvent, pour notre pays - instrument dtudes des justices europennes travers le rapport publi tous les deux ans par la Commission europenne pour leffi cacit de la Justice.Comparons ce qui est comparable en examinant la situation respective de la France et de lAllemagne relativement cette tude. Ce qui frappe dabord cest ce chiff re: deux fois moins de Juges et de fonctionnaires par habitant en France - deuxfoismoins - quatre fois moins de Procureurs - quatrefoismoins quen Allemagne. Ces chiffres sont encore plus loquents si lon sait que le Juge franais Juge absolument de tout, contrairement son voisin allemand, quil est requis de participer moultes instances administratives. Dans le mme temps les Juges franais sont saisis denviron 2500aff aires nouvelles au civil par an pour 100 000 habitants contre un peu moins de2000en Allemagne, ce qui accrot encore lcart entre nos deux pays entre ce qui est demand aux Juges et les moyens qui lui sont allous.Moins de deux pour cent de notre budget, dont la moiti pour les prisons, est consacr la Justice contre une moyenne de 3,3 pour cent en Europe.Nous nous targuons juste titre, et cest un des aspects positifs de notre organisation judiciaire, douvrir largement les portes de la justice, mais en mme temps on laisse y pntrer et sy perdre fi nancirement et moralement de nombreux citoyens trop peu nombreux bnficier du concours de laide juridictionnelle.Nous voil bien loigns de Lille me direz vous. Au contraire le cadre fourni par ces donnes vous permettront de comprendre linquitude collective qui nous saisit, et parfois le dsarroi, quand nous constatons qu Lille sur 89Juges du Sige, 12postes sont de fait vacants. La Chancellerie a admis que le nombre de nos fonctionnaires tait notoirement insuffisants. En utilisant les outils du Ministre de la justice - le logiciel outil greff e qui mesure les moyens humains ncessaires au fonctionnement des greff es compte tenu de leur charge de travail - cest exactement 56fonctionnaires supplmentaires quil nous faudrait.Les audiences de rentre ne sont pas un exercice de communication interne des Chefs

    de juridiction, nous avons dautres enceintes pour se faire. Elle doivent tre le signe de cette volont douverture la socit, de transparence, gage de bonne gouvernance off erte tous les citoyens, qui nous livrons en quelque sorte chaque anne un bilan de sant. Telle la Dame aux camlias nous toussons encore beaucoup.Mais, tout autant que nous nous devons de dnoncer ce qui contrarie lexercice de la Justice, nous ne devons pas cder au dcouragement et la tentation de lamertume. Au contraire! En mme temps que nous devons collectivement tmoigner de nos diffi cults, nous devons tre capables de faire de celles ci le levain des progrs de demain. Une manire de rsilience!Les Chefs de cour et de juridiction ont fait le constat alarmant que leur tache tait dsormais rduite dfi nir, entre les priorits, celles qui sont le plus prioritaires.Certes! Mais ce constat est aussi une invitation participer activement cet eff ort qui devra tre fait pour redfi nir quelles sont les missions essentielles de la justice. Comment ne pas voir que cette judiciarisation de nos socits modernes est directement la consquence de la dliquescence des liens sociaux, comme si notre socit avait perdu le sens du dialogue et du compromis, et quon se dbarrassait - je choisis ce terme dessein - auprs de la Justice du soin de trancher des confl its, dont on doute parfois quils puissent tre tranchs.Monsieur le Premier Prsident, Madame le Procureur gnral, je souscris entirement votre projet de doter les juridictions du ressort de la Cour dappel de Douai dun projet de service. Un tel projet, ncessairement issu dune concertation collective, participe de cette volont de nous arracher aux difficults du quotidien pour rflchir ensemble ce que doit tre la Justice; titre personnel je souhaite que les juridictions du Nord, au premier rang duquel figure notre Tribunal, un des plus importants de France, travaille une rfl exion et mme des exprimentations destines rendre la Justice sa vocation premire qui nest pas de trancher tous les confl its mais seulement

    ceux pour lesquels on aura puis toutes les autres rponses.Un seul exemple qui doit nous interpeller. Est-il normal que Lille soit le premier Tribunal de France en terme douverture de mesures dassistance ducative? La situation sociale et conomique diffi cile et parfois dramatique de notre rgion nexplique pas tout. Le principe de subsidiarit de la loi de 2007 qui confi e ladministration dpartementale le soutien aux familles en diffi cult doit pouvoir trouver mieux sappliquer. Le parapluie de la Justice nest pas assez grand, hlas, pour nous protger de toutes les intempries des Temps. Sachons en protger laccs. Je me rjouis que Monsieur le Directeur de lAide Sociale lEnfance (ASE) a souhait associer les Juges du Tribunal pour enfants la rfl exion stratgique actuellement initi par ses services cet gard. Je compte my impliquer personnellement compte tenu de limportance du sujet pour notre juridiction.Encore un mot : un projet de service doit associer nos partenaires naturels que sont les avocats et, en tant que de besoin ; les reprsentants de lensemble des professions rglementes et les auxiliaires de justice. Aucun projet denvergure ne russira sans leur soutien. L aussi le dialogue sera indispensable.Je suis de ceux qui croient que rien nest tout a fait impossible quand on met du coeur louvrage. Dialoguer, concerter... avant de trancher sil le faut. Cest ainsi que jentends ma mission avec votre aide.Comme le disait Camus: La justice est la fois une ide et une chaleur de lme. Sachons la prendre dans ce quelle a dhumain, sans la transformer en cette terrible passion abstraite qui a mutil tant dhommes.Cest dans cet esprit quil faut lire le pouvoir que nous revendiquons, qui nest pas celui de la puissance, qui est seulement celui - au plus prs de ltymologie du mot pouvoir- de permettre au Juge judiciaire dexercer enfi n pleinement sa mission de gardien des liberts individuelles et de rgulateur de la vie et de la paix sociale, cette paix dont le monde et chacun dentre nous a tant besoin.

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  • Les Annonces de la Seine - Jeudi 9 avril 2015 - numro 13 13

    Audience solennelle

    Elles nous ont fait chaud au cur. La rvolution des consciences a opr et nous avons t fiers de la France.Je souhaite rendre un hommage appuy aux forces de lordre qui ont pay un lourd tribut la dfense de nos valeurs.Leur action est parfois incomprise, souvent injustement critique, mais dans la tourmente les policiers, les gendarmes, les douaniers, les agents de police municipale sont toujours l pour protger nos liberts, parfois au pril de leur vie.Savez-vous quen 2014, dans le dpartement du Nord, la police nationale a subi 340agressions, presque une par jour, dont 223agressions physiques?Savez-vous que les gendarmes ont dnombr 115faits de violences et rbellion, soit une hausse de 7,5%Ce nest pas acceptable, et le Parquet veillera toujours protger ces fonctions trs exposes. Je veux un Parquet ouvert, dynamique et proche de celles et ceux qui attendent tant de nous. A ce titre, je souhaite souligner brivement quelques vnements importants de lanne 2014.llorganisation avec Roger Vicot, Maire de Lomme, Vice-Prsident du Conseil Gnral, des premires rencontres ville-Justice qui ont t un vif succs;l la visite des tablissements Trato, qui conoivent, fabriquent et commercialisent des produits dclairage, Roubaix.

    Cest toujours avec un peu d inquitude quun Chef dentreprise voit dbarquer chez lui des Magistrats. Nos intentions amicales lont vite rassur, et nous avons pass un formidable moment en sa compagnie pour mieux comprendre le monde de lentreprise.lje signalerai enfin la signature, avec le Prsident du Tribunal de Commerce, ainsi que les Prsidents des conseils des Prudhommes, et leurs greffiers en Chef respectifs, d un protocole, unique en France, visant permettre aux salaris impay