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La GROSSE Maîtresse

Nicolas Poupin

3.96 646363

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 28 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 3.96 ----------------------------------------------------------------------------

La Grosse Maîtresse

Nicolas Poupin

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Chapitre 1 : Lundi 1er septembre, c’est la rentrée !

C’était la rentrée des classes. Comme d’habitude, il n’avait pas fait un aussi beau temps de toutes les grandes vacances !

J’entrais cette année en classe de CP, à la Grande Ecole. J’allais devenir un grand, m’avait dit maman pour me motiver. Moi, je n’y croyais pas beaucoup au fait de prendre 20 cm en une journée…

Je n’avais eu aucun mal à me réveiller ce matin-là, car je crois que je n’avais pas fermé l’œil de toute la nuit. L’idée de débarquer, une nouvelle fois, dans une nouvelle école n’y était sans doute pas étrangère.

Nous avions, en effet, encore dû déménager à cause du travail de papa. Il était conseiller en recherche expérimentale. Il aidait les laboratoires à chercher mieux je crois. Mais, non content de ne consacrer que 35 heures par semaine à cette activité, il

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en dépensait au moins 35 autres dans ses recherches personnelles ou dans ces conférences qu’il donnait à travers le monde. Récompensé plusieurs fois pour ses travaux dans les nanotechnologies*, il ne méritait cependant pas la médaille du papa le plus présent ! Mais je ne lui en voulais pas car, quand il était avec nous, il l’était pleinement.

Maman, elle, travaillait dans une agence immobilière, ce qui nous permettait de trouver facilement de nouveaux pied-à-terre à chaque nouvelle mission de papa.

Cette fois, nous avions atterri dans le sud-ouest, à Boussac. C’était un tout petit village de l’Aveyron, près de pas grand-chose, mais qui sentait très bon la pierre chaude…

Comme d’habitude, je n’avais aucune envie de me faire de nouveaux amis (si c’était pour les quitter quelques mois plus tard), et encore moins d’avoir une nouvelle maîtresse !

J’étais déjà amoureux et marié à Elise, ma première maîtresse de maternelle ! Ce fut, à l’époque, un coup de foudre que même le paratonnerre de Benjamin Franklin* (de qui je tiens mon prénom) n’aurait pu canaliser. J’en porte encore des cicatrices à l’intérieur… * Discipline scientifique qui consiste à étudier et à utiliser des matériaux si petits qu’on ne peut pas les voir. * Benjamin Franklin, homme politique et scientifique américain du 18ème siècle, célèbre notamment pour avoir inventé le paratonnerre en 1750.

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Quoi qu’il en soit, en ce premier matin de septembre, je devais me résoudre à accepter mon sort… Je n’étais déjà plus qu’à quelques traînées de savates du portail de l’école et celui-ci grossissait trop vite à mon goût.

« Ecole Cyril Lignac »… Drôle de nom pour une école…

Quelques pleurs de mauviettes plus tard, il fallait bien que cela arrive, il était déjà l’heure d’entrer dans la fameuse pièce qui allonge le temps.

Ma nouvelle salle de classe était tout ce qu’il y a de plus classe, mais ses dimensions me donnèrent un vertige soudain. Pour ne parler que d’elles, les allées me rappelèrent mon premier tour en chariot au supermarché de Clermont-Ferrand !

Il faut dire que Mademoiselle Culbuto, ma nouvelle maîtresse, était énorme ! Enorme comme… En réalité, je n’avais jamais rien vu d’aussi énorme ! J’avais dû la prendre pour une annexe de l’école pour ne pas l’avoir remarquée dès l’accueil.

Non seulement elle était énorme, mais c’est que de commode, elle ne semblait avoir que les dimensions… Rien que ses sourcils touffus et penchés dans le sens qui ne donne pas envie de s’approcher… Brrr !

Du coup, ça ne moufetait pas ! Il régnait dans la classe un silence de désert enneigé. On n’entendait que la peur de certains de mes nouveaux camarades leur sortir par les narines…

Je m’installai tout de suite près de la fenêtre. Cela

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me donnait l’impression d’être déjà un peu dehors.

Après les blablas d’usage sur le règlement de l’école, et quelques autres détails administratifs, la maîtresse entrait déjà dans le vif du sujet : « Je vous présente vos nouveaux amis, grâce à qui vous allez apprendre à lire. Ils s’appellent les Alphas. Il y a Monsieur A, qui fait « ah, ah, ah ! », quand on lui demande pourquoi il tient sa canne à l’envers ; Monsieur O, qui passe son temps à faire « oh… oh… », en admirant ses bulles de savon ; Madame… ».

Les Alphas étaient de petits personnages, en forme de lettres, qui étaient censés aider mes camarades à retenir plus facilement le son qu’elles produisent.

En tout cas, Alphas ou pas, c’était bel et bien parti pour une année de « a, e, i, o, u » et de « pa, pe, pi, po, pu » ! Pourquoi fallait-il que j’écoute ça ?! Je savais déjà lire, moi !

Ce premier jour se déroula donc dans l’habituelle lassitude qui m’animait depuis que j’avais quitté la petite section. Au détail près, que, fasciné par les dimensions extraordinaires de cette grosse maîtresse, je vis s’écouler le temps plus vite que je ne l’avais prévu.

C’est la fatigue qui l’emporta en fin de journée, et, maman, à l’heure de venir me libérer, ne put obtenir que de maigres et expéditives réponses de ma part à ses questions de maman…