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1 La ville minière de Røros (Norvège) A- adresse du site : Røros (Norvège) B- contact : Røros commune Bergmannsgata 19 N-7374 Røros Tel. 00 47 72 41 94 00 Fax: 00 47 72 41 94 04 E-Mail: [email protected] C- brève description (à l’origine) : La ville de Røros a été créée au XVII e siècle après la découverte de minerai de cuivre dans la région. Les mines et la fonderie ont cessé leur activité en 1977 après 333 ans d’exploitation. La ville et les sites miniers ont commencé à être protégés dès les années 1930 et après un classement sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1980, une extension de ce classement a été obtenue en 2010. Il couvre tout l’espace appelé « la Circonférence », zone de privilège délimitée dès le XVII e siècle par le roi dano-norvégien Christian IV. D- Localisation : Røros est située à une soixantaine de kilomètres au sud-est de la ville de Trondheim et est proche de la frontière suédoise, dans une région de hauts plateaux et de moyennes montagnes au bord de l’Hitter, rivière qui permettait d’alimenter en eau les activités minières et les fonderies. E-datations Le minerai de cuivre fut découvert dans la première moitié du XVIII e siècle dans ce lieu désolé, à la population clairsemée et au climat très rigoureux. Les débuts de l’exploitation minière dans cette région furent intimement liés à la situation politique du pays au début du XVIIe siècle. A cette époque, la Norvège était sous l’autorité du Roi du Danemark, Christian IV, surnommé « le roi bâtisseur » qui, pour asseoir son pouvoir et pour financer ses guerres d'expansion, était soucieux de développer les ressources de la Norvège. Ayant un grand besoin d’argent, il avait encouragé l'activité minière (mines d'argent exploitées à Kongsberg dès 1623 et extraction du cuivre à Kvikne en 1630). Lorentz Lossius, un mineur d’origine allemande et Peter Pedersen, un prospecteur venant de la mine de Kvikne exploitée depuis peu, découvrirent la présence de minerai en 1643 et obtinrent la première concession d’un filon à Rauhaammaaren près de la future ville de Røros. Après la découverte de ce premier filon de cuivre qui s’avéra peu exploitable commercialement, d’autres recherches furent menées à proximité et finalement l’extraction du minerai de cuivre débuta à Storwartz, à une dizaine de kilomètres de Røros.

La ville minière de Røros (Norvège) · ce classement a été obtenue en 2010. Il couvre tout l’espace appelé « la Circonférence », zone de privilège délimitée dès le

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    La ville minière de Røros (Norvège)

    A- adresse du site :Røros (Norvège)

    B- contact :Røros communeBergmannsgata 19N-7374 Røros

    Tel. 00 47 72 41 94 00Fax: 00 47 72 41 94 04

    E-Mail: [email protected]

    C- brève description (à l’origine) :La ville de Røros a été créée au XVIIe siècle après la découverte de mineraide cuivre dans la région. Les mines et la fonderie ont cessé leur activité en1977 après 333 ans d’exploitation. La ville et les sites miniers ontcommencé à être protégés dès les années 1930 et après un classementsur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1980, une extension dece classement a été obtenue en 2010. Il couvre tout l’espace appelé « laCirconférence », zone de privilège délimitée dès le XVIIe siècle par le roidano-norvégien Christian IV.

    D- Localisation :Røros est située à une soixantaine de kilomètres au sud-est de la ville deTrondheim et est proche de la frontière suédoise, dans une région dehauts plateaux et de moyennes montagnes au bord de l’Hitter, rivière quipermettait d’alimenter en eau les activités minières et les fonderies.

    E-datationsLe minerai de cuivre fut découvert dans la première moitié du XVIIIe siècledans ce lieu désolé, à la population clairsemée et au climat très rigoureux.Les débuts de l’exploitation minière dans cette région furent intimementliés à la situation politique du pays au début du XVIIe siècle. A cetteépoque, la Norvège était sous l’autorité du Roi du Danemark, Christian IV,surnommé « le roi bâtisseur » qui, pour asseoir son pouvoir et pourfinancer ses guerres d'expansion, était soucieux de développer lesressources de la Norvège. Ayant un grand besoin d’argent, il avaitencouragé l'activité minière (mines d'argent exploitées à Kongsberg dès1623 et extraction du cuivre à Kvikne en 1630).Lorentz Lossius, un mineur d’origine allemande et Peter Pedersen, unprospecteur venant de la mine de Kvikne exploitée depuis peu,découvrirent la présence de minerai en 1643 et obtinrent la premièreconcession d’un filon à Rauhaammaaren près de la future ville de Røros.Après la découverte de ce premier filon de cuivre qui s’avéra peuexploitable commercialement, d’autres recherches furent menées àproximité et finalement l’extraction du minerai de cuivre débuta àStorwartz, à une dizaine de kilomètres de Røros.

    mailto:postmottak:@roros.kommune.no

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    En 1646, le roi Christian IV instaura une zone de privilèges d’environ 90kilomètres du nord au sud et 75 kilomètres d’ouest en est, appelée « laCirconférence ». Lorsque la Compagnie avait commencé l’exploitation de lamine l’année précédente, le principal défi à relever était d’avoir unequantité suffisante de bois : bois de chauffage, bois de construction pourles habitations et charbon de bois pour les fonderies. Pour cette raison leroi Christian IV octroya à la Compagnie le monopole de l’exploitation duminerai, des forêts et des chutes d’eau dans l’ensemble de cette« Circonférence ».La Compagnie des mines de cuivre de Røros s’organisa alors sous formed'entreprise « participative » : un dixième du minerai extrait revenait à lacouronne, mais les mines étaient la propriété de divers particuliers,souvent originaires de Trondheim.

    F-analyse typologique de l’ensemble du site :Anciens sites miniers exploités durant plus de trois siècles, ancienne villeminière de plusieurs milliers d’habitants possédant jusqu’au milieu du XXe

    une grande fonderie de cuivre, reconstruite et modernisée à plusieursreprises.

    G-étendue du site :Il s’agit d’un ancien territoire industriel et rural, à l’échelle d’une régiond’environ 7000 km², correspondant à la surface d’un départementfrançais.

    H-composition du site :Le site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO comprend aujourd’huil’ensemble de « la Circonférence », c’est à dire:- la ville avec plus de 200 maisons classées et restaurées et ses paysagesculturels industriels et ruraux ;- ses anciens sites d’exploitation minière :

    · La vieille mine de Storwatz· La nouvelle mine de Storwatz· Les mines d’Olav. En réalité, deux ensembles : Nyberget,

    exploitée entre 1650 et 1717, puis de nouveau au XIXe siècle etOlav, la dernière mine ouverte, exploitée de 1935 à 1972 quiporte le nom du Roi de Norvège (1903-1991).

    - Malmplassen : l’ancienne fonderie de cuivre de la ville reconstruite dansson état d’avant l’incendie de 1888 ;

    - La centrale hydraulique de Kuråsfossen datant de 1896 ; - L’église en pierre construite en 1784 ; - L’ancienne imprimerie du journal local Fjelle-Ljom (l’Echo de la

    montagne) qui a conservé ses anciennes presses ;- Femundsytta, les vestiges d’une autre fonderie plus au sud avec sa zoneassociée ;- la route de transport d’hiver du minerai et du cuivre qui se composaitd’une succession de routes terrestres, de lacs, de rivières, s'inscrivantdans un paysage quasi intact, utilisée autrefois de novembre à mai.

    La ville de Røros, entièrement reconstruite après sa destruction par lestroupes suédoises en 1679, possède aujourd’hui un très grand nombre de

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    maisons en bois à un ou deux étages et une fonderie. Nombre d'entre ellesont conservé leurs façades en bois noirci qui donnent à la ville un aspectmédiéval.

    I-promoteurs et motivations :La conservation de cet ensemble et sa rénovation sont le résultat d’unetrès longue histoire qui a mobilisé à la fois des associations locales, desresponsables du patrimoine régional et national, et l’Etat norvégien.

    J-état de la reconversion : La reconversion de la ville de Røros est actuellement terminée. Une

    première inscription sur la liste du Patrimoine mondial a été obtenue en1980 et elle s’est étendue à tout le périmètre de la zone de privilègeappelée « Circonférence », en 2010.

    Quelques jalons peuvent résumer cette très longue histoire de larénovation du site :

    1900 : La sauvegarde d’une des plus belles maisons de la ville, datant dela fin du XVIIIe siècle, la maison d’Aspaas, est décidée mais finalementcelle-ci est démontée et remontée dans le musée de plein air de la ville deTrondheim1.

    1920 : Première loi sur la sauvegarde des bâtiments en Norvège

    1923 : 8 bâtiments de la ville sont classés. A la même époque, uneassociation locale « Den gamle Bergstad » (« La vieille ville minière ») estfondée pour aider à la sauvegarde des maisons des deux rues principales.

    1930 : L’association des artisans de Røros organise une exposition.

    1936 : Un terrain est acquis pour construire un musée de plein air.

    1939 : L’Association pour la sauvegarde des antiquités et l’Association desMusées tiennent leur assemblée générale et Harry Felt alors directeur desMonuments historiques déclare : «la ville de Røros peut-elle êtresauvegardée ? Bien sûr elle le peut. A l’étranger ce type de villes seraitconsidéré comme un trésor national sans prix ».

    1947 : Quelques maisons de la ville, démontées, sont transférées etremontées sur le terrain du futur Musée de plein air mais le concept estdéjà dépassé.

    1974 : Le musée de Røros publie un plan de réorganisation de sesactivités. L’idée est de rassembler les collections dans l’ancienne fonderiedont le bâtiment principal servirait de musée. A cette époque laCompagnie minière est partenaire de ce projet.

    1977 : La faillite de la Compagnie minière des mines de Røros menacesérieusement le projet.

    1 Sverresborg Trondelag Folkemuseum

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    1978 : Incendie de la fonderie. Le parlement norvégien accepte l’idée quele ministère de l’Environnement prenne en charge la reconstruction de lafonderie. Il est décidée qu’elle sera reconstruite dans son état d’avantl’incendie de 1888.

    1980 : Accord signé entre le ministère et le musée. L’État prend en chargele financement du projet et le musée prend la responsabilité del’administration, de la gestion et de l’équipement des bâtiments.Première inscription de la ville minière de Røros au Patrimoine mondial del’UNESCO

    1985 : La ville est déclarée zone de sauvegarde en vertu de la Loi surl’urbanisation et la construction qui s’applique également aux crassiers.

    2010 : Extension de l’inscription de Røros au patrimoine mondial, àl’ensemble du périmètre de « la Circonférence ».

    K-Activités économiques:Lorsque les activités minières ont cessé la ville ne s’est pas dépeuplée,d’autres activités se sont développées : artisanat, commerces, banques etsurtout tourisme.

    L-Services publics:Poste, mairie et services municipaux, services de santé, administrationsdiverses.

    M- Activités tertiaires, commerciales et touristiques :Bureaux, nombreux commerces, hôtels et nombreux gîtes, centres devacances, etc.

    N- Musées de la mémoire:- Musées dans les anciens sites miniers : certaines galeries sont ouvertes

    au public et l’on peut y voir exposés des machines et des outilsd’exploitation.

    - Un musée important a été créé dans l’ancienne fonderie de la ville. Ilprésente, à l’aide de maquettes animées, les techniques d’exploitationdes mines aux XVIIIe et XIXe siècles ainsi que les techniques de fonderieet leur évolution jusqu’au milieu de XIXe siècle.

    O- Activités culturelles:Dans les sites miniers, des expositions temporaires et des spectacles sontorganisés durant la saison touristique ainsi que des expositions d’artcontemporain.

    P-mémoire du monde du travail :Les archives de la Compagnie minière des mines de Røros ont étéconservées ainsi que des témoignages des conditions de travail et de lavie quotidienne des mineurs et habitants de la région. Des récits devisites faites par des voyageurs étrangers à différentes époques ont étéégalement publiés (voir un exemple en annexe). D’autre part une grandepartie des habitations de la ville des XVIIIe et XIXe siècles a été conservée

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    et rénovée ainsi que l’Eglise, seul édifice construit en pierre, datant de1784.

    Q- réussites et/ou échecs :La protection la conservation et la rénovation de la ville de Røros et deses sites miniers est une grande réussite pour plusieurs raisons.Points forts :

    - La ville de Røros est un exemple tout à fait exceptionnel d’une villeminière conservée dans son état de la fin du XVIIIe siècle en ce quiconcerne sa partie centrale. Seuls des ajouts ont été effectués auxXIXe et XXe siècles mais ils ne concernent que sa périphérie ;

    - La ville a commencé très tôt à essayer de protéger son patrimoine,bien avant l’arrêt définitif de l’exploitation minière ;

    - La ville n’a pas été muséifiée malgré un très grand nombre demaisons classées. Celles-ci sont habitées ou transformées engîtes ou en établissements commerciaux ;

    - Røros est aujourd’hui une ville de 6000 habitants qui vit et a su sedévelopper économiquement après l’arrêt de l’exploitation minière.Même si le tourisme, grâce à l’inscription des sites sur la liste dupatrimoine mondial de l’UNESCO, grâce à son aéroport et à sesgares ferroviaire et routière, reste l’activité principale en particulierdurant la belle saison, d’autres activités commerciales ou artisanalesse sont développées ;

    - La rénovation des bâtiments a été menée avec beaucoup de soins.Lors des premières tentatives de protection, certaines maisonsavaient été démontées pour être installées dans divers musées deplein air d’Art et traditions populaires mais la plupart ont étéfinalement remontées à Røros, sur leur lieu d’origine ;

    R-coûts et investissements :Impossible à évaluer car la mise en valeur du site est le résultatd’efforts et d’investissements menés sur plusieurs dizaines d’années.

    S-bibliographie :

    Ola H. Øverås, Preservation of Historical Town, Protection des villeshistoriques, Røros, The future of a past mining town, L’avenir d’une villeminière désaffectée, Bulletin ICOMOS 1987-20, p. 216-230.

    Mette Bye, A changing townscape: Røros throughout a century ofheritage management .HiST - University College of SouthernTrøndelag,Trondheim, Norway, 2008, 9 p.

    E.D. Clarke, les Voyage de Sundsvall en Medelpadie [province du nord-est de la Suède] à Drontheim [Trondheim] en Norvège, à travers leschaînes scandinaves en 1799, extrait du 5e volume des voyages deClarke en différents pays d’Europe, d’Asie et de l’Afrique, publié dans lesNouvelles Annales des voyages et de la géographie et de l’histoire, (traduction en français, Tome 13, par MM. J.B. Eyriès et Malte-Brun),Paris Librairie Gide fils, 1822.

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    Site Internet : Liste patrimoine mondial de l’Unesco : Ville minière deRøros et la Circonférence.

    http://www.worldheritageroros.no/

    M-Auteur et date d’élaboration de la fiche :Geneviève DufresneMaître de Conférences d’histoireVice-présidente du CILACJuillet 2013

    _____________________________________________________

    Annexe

    L’exploitation des mines de Røros à la fin du XVIIIe siècle

    La description des mines de Røros en 1799 provient de la traduction en françaisdu voyage en Scandinavie d’un Anglais, E.D. Clarke, publié dans les NouvellesAnnales des voyages et de la géographie et de l’histoire, en 1822 (Voirbibliographie).A l’époque, il y avait trois mines principales en exploitation et plusieurs fonderiesà Røros et dans les environs. La description de Clarke est très précise : aprèsavoir rencontré le directeur de la Compagnie et lui avoir demandé l’autorisationde descendre dans la mine, ce dernier le confie à un groupe de mineursexpérimentés pour une visite guidée. Il nous livre alors ses impressions :

    « L’entrée de la grande mine dans laquelle nous pénétrâmes est aussi aisée quecelle d’une église ; au lieu de descendre verticalement, on marche sur un terrainuni qui conduit dans la caverne ; ensuite la pente est si douce que des charrettestraînées par des chevaux vont partout : les diverses galeries sont spacieuses,hautes, bien aérées de sorte que c’est peut-être la mine la plus facile à visiterqu’il y ait en Europe. Nos guides portaient des fagots de bûchettes de sapin donton se sert comme torches et qui éclairent beaucoup mieux que les chandellesdont on fait usage dans les mines de Cornouailles. Les parties inférieures decelles-ci sont très chaudes ; au contraire, celles de Roeros sont si froides que l’onvoit partout de la glace en grande masse ou bien des glaçons suspendus auxvoûtes ou aux échelles fixées dans les puits ; leur traverses sont couvertes deglaces qui les rendent glissantes et dangereuses. Mais jusqu’à présent l’on atrouvé tant de facilité à enlever le minerai avec des charrettes et des chevaux quel’on ne fait que rarement usage de puits. Cependant, on avait depuis peu detemps reconnu la nécessité d’en ouvrir dans quelques endroits et on les avaittrouvés très utiles […]Nous descendîmes pendant longtemps ; la voûte de la caverne était haute oubasse, large ou resserrée, suivant l’étendue de la veine à l’époque où on lacreusa. Parvenus à une profondeur perpendiculaire de cinquante aunes deNorvège, nous nous arrêtâmes pour entendre le bruit produit par l’explosion de lamine que l’on fait sauter avec de la poudre à canon ; il fut terrible et continua àvibrer encore longtemps dans nos oreilles. Nous examinâmes ensuite l’endroit oùla masse de roche avait été détachée : le minerai nous parut très riche ; […] Il

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    est en filons stratifiés qui traversent le micaschiste. C’est ce qui explique lafacilité avec laquelle le minerai a été extrait […]Les trous que l’on perce pour faire sauter la mine, ont deux pieds de profondeur.On met dans chacun sept livres de poudre et on les bouche avec de l’argile quel’on presse fortement. C’est de dix heures du matin à midi que l’on fait sauter laroche. Les ouvriers qui ne sont pas absolument nécessaires pour cette opérationont la permission de rester hors de la mine tant qu’elle dure. Avant quel’explosion commence, un des surintendants examine tous les trous ; s’ils n’ontpas la profondeur requise, on les remplit de nouveau ; l’homme qui les a faits estobligé d’en percer d’autres. La tâche pour chacun est de deux trous par jour.Pendant le temps que nous restâmes dans la mine, les explosions se succédaientsans interruption ; à une certaine distance, leur bruit rendait exactement celui dutonnerre : il y en a cent cinquante par jour. Le minerai est transporté dans depetites charrettes aux endroits les plus bas de la mine, d’où on le tire en haut pardes puits. Nous n’en vîmes qu’un ; il n’avait que cinquante aunes ou cent pieds deprofondeur, un autre avait deux cents aunes de hauteur perpendiculaire. Cespuits servent, comme dans toutes les mines, à donner de l’air aux partiesinférieures. Le point le plus profond de cette mine est à cent cinquante aunes dela surface du sol ; nous n’avons descendu qu’à soixante. Les excavations seprolongent à 1 500 pieds en ligne horizontale directe ; il y en a aussi de trèsétendues dans d’autres directions ;

    Comment vivent les ouvriers ? Le voyageur anglais nous donnequelques renseignements :

    « On nous montra d’abord, à la mine, le dortoir des ouvriers. Ils sont couchés surdes planches devant un très grand feu et ont des peaux de rennes pour oreillers.L’air malingre de ces hommes nous frappa ; la plupart sont asthmatiques. Ledirecteur en assigna trois causes : d’abord ils commencent à travailler tropjeunes, secondement, ils font leur ouvrage à l’entreprise et se ruinent la santé parde trop grands efforts ; troisièmement enfin, ils boivent abondamment de l’eaufroide quand ils ont chaud. Peut-être la cause réelle de cette maladie vient-elledes exhalaisons sulfureuses des mines ; elles sont si fortes dans les environs deRoeros qu’elles incommodent les habitants.»

    A propos de cette pollution due aux émanations de soufre, sesdescriptions insistent sur cette dangereuse nuisance :

    « On voit des monceaux de minerai qui brûle et donne une quantité de très beausoufre, mais on ne prend pas la peine de le recueillir ; il couvre tous les tas quifument ; ses vapeurs s’abaissant fréquemment, descendent vers la ville etremplissent toutes les rues de manière à affecter la respiration des habitants. Enpassant à cheval à côté de ces amas, nous trouvâmes que ces exhalaisonsn’étaient pas moins fortes que celles qui sortent du cratère du Vésuve après uneéruption. Un médecin de la ville nous assura qu’elles produisaient les effets lesplus pernicieux. Le directeur de la mine nous dit que l’on ne recueillait pas lesoufre, parce que les frais ne seraient pas couverts par le produit.

    En effet le minerai de cuivre de Røros « est un sulfure, nommé ordinairementcuivre jaune ou pyriteux et mêlé fréquemment avec l’amphobole ; il est souventaccompagné de sulfure de fer cristallisé en cubes et en octaèdres et de grenats

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    dodécaèdres. Il y en avait devant l’entrée de la mine des tas où les beauxcristaux de grenats étaient si rapprochés dans leur matrice que des massesentières en semblaient uniquement composées. On n’y a pas rencontré de cuivregris ; on trouve encore de à Roeros de l’amiante si blanche, si soyeuse, si lustréeet à fibres si longues quelle est incomparable et du quartz aussi diaphane que lecristal de roche le plus limpide ».

    Chaque ouvrier qui a été apprenti pendant dix ans, reçoit une paie de 5rixdallers2[Riksdaler] par mois. L’apprenti n’a que quatre ou quatre rixdalers etdemi. Indépendamment de cette tâche terminée, il y a d’autres travaux quifournissent les moyens de gagner davantage. Les ouvriers sont occupés depuis lelundi jusqu’à vendredi à midi. Ils habitent, durant cet intervalle, une maisonvoisine de la mine. Le vendredi ils vont à Roeros voir leur famille ; si leur besogneréglée est terminée avant le terme, ils ont la permission d’aller plus tôt chez eux.Ils sont généralement à l’ouvrage depuis quatre heures du matin jusqu’à cinqheures l’après-midi excepté le temps des repas, et deux heures de repos de dixheures à midi ».

    Triangle de survie :

    ____________________________

    2 Le Rikdaler était la monnaie suédoise utilisée à l’époque. Son nom provient du Thaler allemand

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    Photo 1 : Vue générale de la ville

    Photos 2, 3, 4 : Rues principales de la ville (Kjerkgata et Bergmanngata)

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    Photos 5, 6, 7, 8, 9 : Anciennes maisons ouvrières

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    Photos 10, 11, 12 : Ancienne petite maison ouvrière ouverte au public

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    Photo 13 : Ancienne mine Olav

    Photo 14 : Mine Olav, salle de repos des mineurs

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    Photos 15,16 : Autres anciennes installations minières

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    Photo 17 : Ancienne fonderie devenue musée de Røros

    Photo 18 : Maquette du Musée

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    Photo 19, 20 : Partie arrière de l’ancienne fonderie et la rivière Hitter

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    Photo 21 : Terril

    Photo22, 23, 24 : Eglise de Røros

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    Photo 25, 26 : Maison du XVIIIe siècle

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    Photo 27 : Couple de mineurs

    Photo 28 : Mineur

    La ville minière de Røros (Norvège)La ville minière de Røros (Norvège)