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L’accompagnement spirituel d’une demande d'euthanasie.
Réflexion pratique.
Réflexion pratique• Extrait d’une conversation
• Approche spirituelle: – la personne de l’ intervenant (spirituel) comme instrument
spirituel (substantifs / attitudes de base à développer)– Points d’attention spécifiques dans l’accompagnement
d’une demande d’euthanasie (verbes / tâches)
• Approche (spi)rituelle de l’euthanasie
• Approche institutionelle: Allons-nous admettre la pratique de l’euthanasie dans notre équipe?
Le rôle d’un intervenant spirituel dans l’accompagnement d’une euthanasie• Les raisons décisives: d’ordre spirituel et psychologique• Médecins/infirmières: pris par beaucoup d’aspects pratiques
qui risquent de refouler le spirituel• Processus court et intense (93% en phase terminale)• Informer (maladie et thérapie, procédure…)• Trouver un (deuxième, troisième) médecin• Réunions d’équipes préparatoires (1) consultation (2) acte• Administration (dossier, demande écrite, rassembler des infos)• Arrangements avec la pharmacie• D’autres patients• Travail émotionnel personnel et collectif
Le rôle d’un intervenant spirituel dans l’accompagnement d’une euthanasie• L’intervenant spirituel: gardien de cet aspect spirituel central?
• Prière et /ou rituel : – Pas seulement espace de consolation mais aussi de discernement?
• La mémoire de longues historiques médicales, de fréquentes admissions en différents services – souvent absente dans l’hôpital superspécialisé et compartimenté
• Rôle de soutien auprès du patient, de l’entourage, du personnel (cf. formation morale, philosophique / théologique)– cet acte que signifie-t-il pour cette personne?
L’accompagnement spirituel par des soignants: 2 sortes de moyens
• 1. ‘Moyens techniques’: au niveau de la conversation et de l’observation (checklist!) – cela s’exerce
• 2. ‘Moyens personnels’: au niveau de la spiritualité du soignant, son être, son attitude, sa personne – cela s’exerce aussi!
A la recherche de l’essence
• Essence
– Ce qui est intime, insondable
– Parfum: essence de soins palliatifs
– Essence: carburant - dissolvant
A. Le désir ou le rêve
• Où le patient avec une demande d’euthanasie est-il devenu réel?
– ‘Dans sons sens le plus élémentaire l’amour est la découverte extrêmement difficile de ce que quelque chose d’autre que nous-mêmes existe vraiment’ (Iris Murdoch)
• L’euthanasie, comment je la considère: simplement comme qc de dérangeant, pur problème, ou aussi: défi, réalité dans laquelle je me sens appelé à humaniser?
B. La blessure ou le réveil désenchantant
• Où ai-je été blessé par des demandes d’euthanasies? – Où ai-je vécu les sentiments mêlés d’impuissance et de
responsabilité, de savoir et de ne pas savoir: ce lieu où j’ai besoin de ‘vérité’, de ‘délivrance’?
– Dans quel entourage ai-je fait l’expérience de vérité et d’être guéri?
• ‘Vérité’ n’égale pas ‘information’– Vérité: une relaxation profonde, un grain de vie nouvelle,
chemin de vie– Importance d’être bien entouré
C. La décision ou la longue journée• Prendre une décision....ou en recevoir une? – Recevoir de l’intérieur: ‘La réponse va venir...Je me sentais
très calme par rapport au fait... C’est ce que j’ai observé en moi-même.’
Faire le lien entre mes mouvements intérieurs et le language de mon corps: qu’est-ce qui donne Paix - inquiétude? Fatigue sain - malsain? Légèreté – lourdeur? Simplicité – confusion (au milieu de la complexité)? Vide – plénitude? Attention – distraction?
C. La décision ou la longue journée
• Importance de la liberté intérieure
• Ce qu’il nous faut pour être bon soignant:– (1) Compétence technique peut créer de l’espace
pour une autre attention– (2) Empathie– (3) Temps et expérience– (4) Liberté intérieure
C. La décision ou la longue journée
• Quelles sont ces bonnes choses auxquelles je suis tellement attachées qu’elles me conduisent dans des impasses?– Ne touche pas à mon ‘non’ principal à l’euthanasie
peut conduire à une mauvaise écoute qui suggère: mon principe est plus important que ton problème
– Ne touche pas à l’autonomie du malade… peut conduire à une écoute superficielle qui ne sonde plus les raisons sousjacentes
D. La souffrance ou la nuit sans sommeil
• Répondre à la souffrance: activité: ‘Soins intensifs du genre palliatif’– Cette activité crée un espace dans lequel la
souffrance change et qu’une guérison intérieure devient possible
• Pas de guérison intérieure sans passivité
D. La souffrance ou la nuit sans sommeil
• Triple passivité dans l’activité
– (1) Pas-si-vite: une suite existentielle
– (2) Passivité comme vraie com-passion
– (3) Passivité comme réceptivité
D. La souffrance ou la nuit sans sommeil
• (1) Suivre pas-si-vite veut dire:
– Suivre le patient qui ‘préside’– ‘Que vais-je entendre?’ Pas: ‘Que dirai-je?’– Appliquer ce que Kübler-Ross nous a enseigné– Ne pas suggérer toujours des solutions: attendre
jusqu’à ce que mes yeux commencent petit à petit à distinguer des formes dans l’obscurité
D. La souffrance ou la nuit sans sommeil
• (2) La vraie compassion n’est pas la projection de mon horreur
– Fais la distinction entre la souffrance du patient et la souffrance que provoque la souffrance du patient en moi
– La vraie com-passion: Je souffre-avec, donc je suis... (Lytta Basset)
D. La souffrance ou la nuit sans sommeil
• (3) Réceptivité:
– La force et la dignité étonnantes avec lesquelles les grands malades portent leur joug
– L’intimité après la bataille– ‘Comment était ton weekend, docteur?’– Humour:‘Comment va ta douleur?’ ‘Elle va très
mal puisque je n’en ai plus.’– Retournement d’angoisse en sérénité
Le soignant etq ‘instrument’ principal de l’accompagnement spirituel
• A Où le patient avec une demande d’euthanasie est-il devenu réel? L’euthanasie, comment je la considère: simplement qc de dérangeant, pur problème, ou aussi: défi, réalité dans laquelle je me sens appelé à humaniser?
• B Où ai-je été blessé par des demandes d’euthanasies (impuissance – responsabilité)? Dans quel entourage ai-je fait l’expérience de vérité et d’être guéri?
• C Ne touche pas à mon principe éthique...
• D Quelle passivité je développe dans l’activité par rapport à la souffrance: pas-si-vite / com-passion / réceptivité?
Réflexion pratique• Extrait d’une conversation
• Approche spirituelle: – la personne de l’intervenant (spirituel) comme instrument
spirituel (substantifs / attitudes de base à développer)– Points d’attention spécifiques dans l’accompagnement
d’une demande d’euthanasie (verbes / tâches)
• Approche (spi)rituelle de l’euthanasie
• Approche institutionelle: Allons-nous admettre la pratique de l’euthanasie dans notre équipe? (garder?)
Points d’attention et de travail
• 1 Parler correctement• 2 Atténuer la souffrance• 3 Admettre le conflit• 4 Temporiser• 5 Informer• 6 Approfondir : reconnaître les soucis• 7 Distinguer: le patient au centre• 8 Elargir: et la famille?• 9 Proposer• 10 Sentir des données spirituelles• 11 Assumer en équipe
1 Parler correctement• Quel dilemme éthique? ‘C’est élémentaire, Watson’
– Refus ou arrêt de traitement– Intensification du controle des symptômes / Sédation palliative– Euthanasie / Aide au suicide / Abrègement de vie sans demande
du pt
• Le malade, veut-il vraiment qu’un médecin injecte des médicaments afin de terminer sa souffrance et sa vie de façon douce et radicale?
• Qui pose le problème: Le malade? des membres de famille? l’entourage plus large? les soignants?
2 Atténuer la souffrance
• Effort technique:– Des soins avec du temps: du vrai nursing– Nutrition et hydratation– Contrôle de la douleur et des symptômes– ‘Technique pastorale/spirituelle’: prières et
rituels
2 Atténuer la souffrance
• Effort relationnel:
– Oser à revenir: • les intervenants spirituels et les psychologues n’ont pas
le ‘pare-à-vent’ de la technique médicale • Ils sont directement confrontés au nonsens, à la
souffrance relationnelle, à l’épuisement mental• Cf. La personne du soignant etq’ instrument spirituel
– Assimiler ses propres douleurs et impuissances
3 Admettre le conflit
• Ne pas fuire et oser expliciter
• La confrontation à une demande claire: – Pris à la gorge’ – La ‘loi des séries’ (parfois suscitée par un
évènement médiatique): ‘Non… Encore une…’– Une demande d’euthanasie porte en elle un
potentiel de conflits
3 Admettre le conflit
• Conflits entre– mes convictions et celle du malade– opinions divergentes dans l’équipe– ce qu’on veut donner et ce qu’on peut donner– la demande du patient et la position du médecin
responsable que je connais – l’obligation d’aider et l’interdit de tuer– terminer la souffrance et terminer la vie
3 Admettre le conflit
• Ce qui aide à admettre la demande claire:
– Comment se fait-il que ce patient s’adresse à moi, intervenant(e) spirituel(le), peut-être membre d’une église qui rejette l’euthanasie? D’où sa confiance?
– Comment vais-je ‘apprécier’ ce geste?
3 Admettre le conflit
• Confrontation à une demande sousentendue– Oser expliciter une demande non exprimée: ‘Vous
est-il venu à l’esprit de demander à quelqu’un de finir vos souffrances?’• Angoisse: je ne peux pas satisfaire votre demande • Soulagement pour l’accompagnateur: pas de demande
– ‘Pourquoi me dites-vous chaque soirée: ‘Je n’espère pas vous revoir demain? Est-ce que vous voudriez mourir et est-ce que vous voudriez que je vous y aide?’
3 Admettre le conflit
• Confrontation à une demande sousentendue– Oser expliciter une demande non exprimée: • Soulagement pour le malade: Pouvoir exprimer une
demande d’euthanasie peut être libérateur pour le patient qui peut être ‘confus’ par son propre désir de mettre fin à ses souffrances. ‘Je me sens soulagée’.• Exprimer une telle demande à un(e) intervenant
spirituel(le) a qc de sécurisant: c’est plus ‘dangeureux’ de le demander au médecin.
4 Temporiser• N’est pas du truqage, c’est transformer la plainte, la
demande, la pression en processus qui éclaire la portée réelle de la demande
• Comment temporiser?– Informer (voir point 5)– L’exigence d’une procédure légale: ‘On ne fait pas d’euthanasie
comme ça…’– ‘J’ai entendu votre question et si vous le souhaitez j’en fais part à
l’infirmière ou au médecin…’– ‘Voudriez-vous en parler au médecin?’– Si la demande vient aussi des membres de famille: ‘Nous
voudrions que ça se passe maintenant…’ Temporiser: ‘Les membres de famille pensent-ils tous la même chose…’
• Faire droit à l’ambivalence des malades et des familles
5 Informer
• Possibilités et limites du contrôle de la douleur et des symptômes, des soins palliatifs à domicile
• Evolution de la maladie quand on arrête le traitement à visée curative.
• Espérance de vie: la souffrance n’est pas sans fin• Euthanasie: l’info et l’éventuelle possibilité d’une
l’euthanasie (et la sédation palliative parfois) peuvent créer de l’espace pour un processus
6 Approfondir: reconnaître les soucis sousjacents
Reconnaître: re-co-naître antidote contre la condamnation qui peut surgir
en chacun: en principe beaucoup sont ouverts, dans la réalité je
réagis parfois de façon défensive (‘C’est encore Desmet qui peut tout résoudre…’)
L’approfondissement crée de la bienveillance: ‘Moi aussi, je ne vous condamne pas…’
L’approfondissement conduit à quelque solution
6 Approfondir: reconnaître les soucis sousjacents
ABCDE (Zylicz): Angoisse
Si j’ai des nausées, je veux l’euthanasie…’ ‘La détérioration, je ne veux pas la vivre…’ ‘Papa
n’aurait jamais voulu ça…’ Burnout Controle: vouloir contrôler Dépression Extrêmes
6 Approfondir: reconnaître les soucis sousjacents
• La souffrance émotionelle et spirituelle est souvent décisive :– Dépendance, poids, plus de sens…– La douleur insupportable de la séparation (p.e. d’un
couple symbiotique)• Souffrance insupportable ou volonté de mourir?• Distinguer l’imaginaire et le réel– Dé-couvrir et ‘retoucher’ des images de la durée et de
l’évolution– Découvrir des images dans la famille: ‘Papa s’est aussi
étouffé’; ‘je ne veux pas mourir comme ma mère démente’ que j’ai soignée
6 Approfondir: reconnaître les soucis sousjacents
• Est-ce que le malade a déjà mentionné la possibilité de l’euthanasie dans le passé?• Demander au malade• Contacter le médecin généraliste (si malade est
d’accord)• Y a-t-il des déclarations anticipées? (contenu + fait
même de faire une déclaration)
7 Distinguer: le patient au centre
• Cliché• Parler en vérité avec le malade simplifie
beaucoup de décisions• (Aider à) distinguer la souffrance du malade
de la souffrance de l’entourage et de moi-même: ‘C’est pas possible…’ pour qui?
• (Aider à) distinguer mon attachement à certains principes ou à une personne du problème de la personne
8 Elargir: et la famille?
• SP: considérer le malade dans son contexte familial
• ‘La famille’ n’existe pas; il y a plusieurs membres de famille avec des idées divergentes (même chose pour l’équipe)– Il faut une loyauté plurielle
8 Elargir: et la famille?• Gérer la pression sur les soignants ‘Arrêtez cela
maintenant’– Ne pas condamner, mais essayer de comprendre une
demande “d’en finir” ou une demande d’acharnement thérapeutique: • “Votre préoccupation doit être immense pour en arriver à
demander de mettre fin à la vie de votre père…”– Reconnaître le poids des promesses faites au malade:
• “J’ai promis qu’il ne souffrirait pas…”– ‘Lire’ une attitude exigeante
• Comme expression d’une proximité intense• Comme compensation pour une ‘dette’ par rapport au
malade (p.e. absence longue)
8 Elargir: et la famille?
• Ecouter, mais ne pas surcharger des membres de famille avec la responsabilité finale qui est la tâche du médecin
• ‘Tenir autrement’ celui qu’on aime beaucoup plutôt que le discours ‘il faut lâcher prise’ d’ailleurs pas cohérent avec l’image biblique du Dieu qui ne nous lâche jamais– ‘Tenir autrement’ l’idée qu’un bien aimé
disparaîsse par euthanasie
9 Proposer
• Info pastorale: position de l’Eglise au sujet de l’euthanasie: demande d’info ou de support et d’accompagnement?– Place ultime de la conscience– Importance de (in)former sa conscience– Parfois la personne est plus sévère que l’Eglise
• Parfois proposer délicatement dans un cas de conscience (résistence p.e. de membres de famille) la possibilité de la sédation palliative– Différence éthique avec l’euthanasie
10 Sentir les données spirituelles aider à discerner
• Décision: naît d’une réflexion sur des données• (1) technico-médicales• (2) psychofamiliales: âge p.e.• (3) spirituelles:
• présence ou absence de sérénité, d’une relaxation intérieure profonde (‘consolation’ – ‘désolation’)• Plus largement: con-sensus? (litt. sentir ensemble)
• L’intervenant en soins spirituels peut avoir une sensibilité particulière pour ce type de données
10 Sentir les données spirituelles: aider à discerner
• Ce qui est vraiment spirituel a toujours des effets corporels– Sens, joie, paix, se sentir chez soi provoquent un mouvement
corporel: sourir, retrouver la parole...– Tristesse, nonsens, solitude provoquent le blocage: des
mouvements lents, ‘poids’, mutisme, yeux fermés...
• Le processus: qu’est-ce que j’observe chez le malade– au moment de ses demandes, – au moment où la demande est admise, – au moment où on a dit qu’on va chercher un médecin qui veut
considérer sérieusement la demande, – au moment d’une décision définitive?
• Qu’est-ce que j’observe dans l’entourage? Dans l’équipe?
11 Assumer en équipe • Distinctions importantes:• ‘la première fois’ et ‘les fois suivantes’:– Évolutions chez des médecins / dans les équipes
• le rôle du médecin et le rôle du groupe.– Le médecin prend la décision et pratique l’euthanasie
comme le médecin décide d’autres questions éthiques: arrêt des corticoides ou de la nutrition artificielle p.e.;
– Le groupe prépare la décision et porte les conséquences• L’une et l’autre euthanasie:
• Terminal – non terminal• Souffrance surtout physique, souffrance surtout mentale• Actuelle – par volonté anticipée
11 Assumer en équipe • Distinctions importantes: • ‘Collaborer’ n’est pas une question de tout et de
rien: voulez-vous pour ce patient spécifique– Aider à clarifier la demande d’euthanasie et/ou
réfléchir avec l’entourage?– Participer activement à la discussion en équipe
soignante? Être présent le jour de l’euthanasie?– Piquer la perfusion? Préparer les produits à injecter?
Être présent lors de l’euthanasie?– Pratiquer l’euthanasie (médecin)?– Accueillir la famille? Faire la toilette du défunt?
11 Assumer en équipe • Chaque discipline fait sa contribution• Un groupe ‘adulte’ arrive à travailler sans
consensus unanime• Le soin des soignants:– Groupe de parole– Personne ne peut agir contre sa conscience– Quoi qu’il en soit du déroulement: évaluer par
après• Attention aux ‘séries’ (crises médiatiques p.e.
Claus: 3 euthanasies la semaine après)
Réflexion pratique• Extrait d’une conversation
• Approche spirituelle: – la personne de l’intervenant (spirituel) comme instrument
spirituel (substantifs / attitudes de base à développer)– Points d’attention spécifiques dans l’accompagnement
d’une demande d’euthanasie (verbes / tâches)
• Approche (spi)rituelle de l’euthanasie
• Approche institutionelle: Allons-nous admettre la pratique de l’euthanasie dans notre équipe? (garder?)
Une approche rituelle:L’onction des malades et l’euthanasie
• Onction des malades et euthanasie: problématisation qui aide à mesurer l’enjeu rituel
– Problème doctrinal– Problème de timing– Problème du rituel ancien et nouveau– Problème humain
Problème doctrinal
• Choix de Jésus qui conduit à la mort qui est la conséquence d’un engagement– le choix pour l’euthanasie est un choix pour un
‘suicide assisté’
• Le sacrement des malades veut créer un canal pour l’Esprit du Christ: continuer son engagement jusqu’au bout, aider à porter– L’euthanasie ne va pas dans le sens d’un tel
engagement
Problème de timing
• Le sacrement des malades est souvent perçu comme le sacrement des mourants et est donc aussi demandé en cas d’euthanasie– pourtant nous disposons aussi du ‘viatique’ et des
‘prières pour les mourants et les décédés’ juste avant la mort
• Alternative: avancer le sacrement des malades – qui peut devenir un moment où le malade fait
appel à l’Esprit pour éclairer sa décision
Problème du nouveau ‘rituel’
• L’euthanasie: – Caractère d’un rituel postmoderne? Suicide rituel?– Cf. analogies avec des rituels classiques– Cf. différences avec une mort ‘naturelle’
• Approche rituelle de l’euthanasie fait comprendre– la distinction mort naturelle – mort par euthanasie– La distinction sédation palliative – euthanasie– La confusion possible quand le sacrement des malades
accompagne une euthanasie
Euthanasie comme ‘rituel’?Euthanasie Sacrements
(analogies)Mort naturelle (Séd.P.)(différences)
Moment connu d’avance
Moment connu d’avance
Heure inconnue (S.P.: début est connue)
Acte: durée limitée (minutes)
Acte: durée limité (minutes)
Durée: heures? Jours? (S.P.: idem!)
Patient conscient et lucide (exc: coma)
Patient souvent conscient et lucide
Patient souvent peu conscient, évolue vers coma
Patient décide explicitement qui sera présent à sa mort
Patient peut décider qui sera présent
Patient peut avoir des souhaits mais décide peu (ou autrement) qui sera présent à sa mort
Au moins une personne est présente de par sa fonction: le médecin
Au moins une personne est présente de par sa fonction: le prêtre
Souvent il n’y a que des proches ou il n’y a personne (SP: au début infirm./méd.)
Euthanasie comme ‘rituel’?Euthanasie Sacrement
(analogies)Mort naturelle (Séd.P.)(différences)
Figure centrale: le patient (= auteur du ‘script’ de son euthanasie)
Figure centrale: celui qui reçoit le sacrement (auteur du script du sacrement)
Figure central: le patient qui reçoit les soins (auteur év. du ‘script’ des soins)
Médecin: de plus en plus ‘Exécuteur’ (= acteur) du choix du malade
Prêtre: de plus en plus ‘Exécuteur’ (= acteur) du choix du malade/proche
Patient: de moins en moins acteur de sa mort (mais parfois il semble ‘choisir’ son moment)
Demande formelle: “Voulez-vous vraiment et librement que je mets fin à votre vie?”
Demande formelle:“Voulez-vous vraiment et librement vous marier avec…?”
Pas de demande formelle (S.P.: en cas d’un patient compétent demande formelle)
Document écrit précédemment (‘demande écrite’)
Document écrit précédemment (mariage)
Déclaration anticipée négative est possible: ‘Je ne veux pas que…’
Euthanasie comme ‘rituel’?Euthanasie Sacrement
(analogies)Mort naturelle (S.P.)(différences)
Entourage: permission (pas requise) de mourir par euthanasie
Entourage: permission (pas requise) de recevoir le sacrement
Entourage: permission (pas requise) de mourir: ‘Tu peux t’en aller’
Vêtements choisis Vêtements choisis Vêtements de nuit
Moment central: activité l’administration des médicaments
Moment central: activité promesse, geste (baptême), …
Moment central: passivité
Mort vérifiée par le médecin au moment même
Mort vérifiée en général post mortem
Enregistrement officiel de l’euthanasie + attestation de décès (‘mort naturelle’!)
Enregistrement officiel du sacrement (mariage, baptême, confirmation)
Attestation de décès
Euthanasie comme ‘rituel’?
• Fonctions de ce ‘rituel’:– Aider au travail de deuil (cf. étude des familles)– Le ralliement social: le rituel rassemble– Une tentative pour maintenir le contrôle sur le
court de la vie et pour canaliser les angoisses de notre finitude• Comme la chimio, les nutritions artificielles…
Euthanasie comme ‘rituel’: sentiments mêlés..: pervers?
Rituels de l’Eglise Euthanasie
Rappel symbolique d’une mort (baptême, eucharistie)
Mise à mort concrète
Mort accompagnée par la prière ou le rituel
Mort initiée par l’administration de médicaments
Le salut: partager l’Esprit de quelqu’un qui voulait vivre de manière conséquente
Le salut: atteindre la mort
Libération malgré la mort Libération grâce à la mort
Recherche d’une transformation vers une étape suivante de la vie (baptême, confirmation, mariage, sacerdoce, onction des malades)
Recherche d’une transformation de la vie elle-même en mort
Problème humain
• Les gens veulent ‘quelque chose’ – et ne réalisent pas que l’euthanasie aussi
comporte un certain rituel et se tournent vers les rituels catholiques connus
• Les gens ne perçoivent pas de contradiction (‘pourquoi pas?’) entre– euthanasie et sacrement des malades– première communion, confirmation et ‘show’
Conclusion de l’approche rituelle
• L’être humain a besoin de rituels• On ne refusera pas vite un rituel• Mais peut-être faut-il adapter– Le timing– Le contenu p.e. prière au lieu du sacrement (aussi
pour nous-mêmes qui formons l’Eglise)
Réflexion pratique• Extrait d’une conversation
• Approche spirituelle: – la personne du soignant (spirituel) comme instrument
spirituel (substantifs / attitudes de base à développer)– Points d’attention spécifiques dans l’accompagnement
d’une demande d’euthanasie (verbes / tâches)
• Approche (spi)rituelle de l’euthanasie
• Approche institutionelle: Allons-nous admettre la pratique de l’euthanasie dans notre équipe?
Positions générales possibles
• Nous ne pratiquons ni admettons l’euthanasie dans notre service et si le malade insiste nous le renvoyons à domicile ou ailleurs
• Nous proposons la sédation palliative, surtout si la famille s’oppose à l’euthanasie
• Nous n’admettons pas de patients avec une demande actuelle d’euthanasie mais si le patient développe une demande d’euthanasie au courant de son séjour nous faisons ainsi que l’euthanasie se passe dans notre service
• Nous pratiquons l’euthanasie aussi quand le patient vient à notre service avec ce but précis
Attitudes générales possibles
• Je résiste/nous résistons symboliquement à l’euthanasie
– Ou en ne participant aucunement à la pratique ni à l’accompagnement de l’euthanasie (pour signifier qu’on transgresse une frontière cruciale)
– Ou en accompagnant jusqu’au bout l’euthanasie pratiquée par un autre dans mon service (pour l’humaniser le plus possible)
Conclusion: Humaniser l’euthanasie - L’éthique du non permis
• Si tu fais l’euthanasie, fais le bien, de la façon la plus humaine: attention – au malade– aux membres de famille et à l’entourage– au médecin qui pratique– à toute l’équipe soignante
• Si tu refuses l’euthanasie, accompagne ou renvoie humainement
• Evite: ‘Cela, je ne le ferai plus jamais…’ (blessure non guérie)