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    LA RUSSIEET

    CRISE BEA GAREPA R

    ALEXANDRE G. DJUVARA1,1.11 I 1.

    Lattrial ,/es Srienr-es toilliptes de Paris.

    BUCAREST

    .Le Itsir slave est sansmutes !

    Joseph de Maistrc.

    IMPRIMERIE CHARLES1-1 S1'I11 NM 'IXET.

    1886

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  • LA RUSSIEET

    LA CRISE BULGARE

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  • LA RUSSIEET

    LA CRISE BULGAREPAR

    ALEXANDRE G. DJUVARADEPUTE

    Laurent de Pled( des Sciences politiques de Paris.

    Le dEsir slave est sans.limiter

    Joseph de Maistre.

    BUCARESTSMPRIMERIE CHARLES GOBI.

    14, STRADA DOAMNEI, 14.1886

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  • LA RUSSI EET

    LA CRISE BULGARE.Le (lair slave est sans

    .limites!Joseph de Maistre.

    Ceux qui sont prets a appliquer aux crisesinternationales des solutions empiriques et quiconsiderent les rapports et les actions des peu-ples comme derivant simplement du hasard, netiennent aucun compte des lois et des leconsde l'histoire. Inhabiles ou peu soucieux de re-monter des effets aux causes, ils pensent que lameilleure politique est celle qui laisse les evene-ments venir au fur et a mesure que les Hots dutemps les amene, siirs qu'une fatalite, ineluctabletssigne aux nations un role en dehors duquelleer sphere d'action ne saurait s'etendre.

    .

  • 6Ce sont les docteurs politiques qui ont preditla perte irremediable de la Prusse apres les con-quetes de Napoleon, qui ont declare le demem-brernent de la Pclogne comme juste et qui sontprets a tronquer certaines nations ou a les oc-troyer a d'autres, pour ne pas deranger les ar-ras mysterieux de la Providence.

    Cette maniere d'envisager l'histoire, toute mys-tique et fataliste, n'est plus digne de notre age.

    Si tout parait etonnant et decousu dans les-evenements, a ne regarder que les dehors et lessurfaces, tout a une cause propre et tout a unesuite. S'il en etait autrement, la politique n'auraitpas de morale et pas de sanction. 91 y a en his-toire, disait dernierement encore un publicistedistingue, des lois superieures au x coups de mainbrutaux de la force, aussi bien qu'aux savantes-combinaisons de la politique.,

    Lorsque l'on examine, par exemple, la cartede l'Europe du commencement de ce siecle etcelle de 1886, on voit des differences conside-rabies.

    Dans la premiere:Le centre de l'Europe est occupe par une

    foule de petits Etats, d'ort les haines tracassieresdes populations et les convoitises des princes eloi-gnent constamment le repos. Les frontieres s'entre-

  • croisent de toute part; les agglomerations humainesinquietes ne se livrent que peniblement auxechanges; les vexations sont nombreuses, les soul-frances plus nombreuses encore. Le sentimentnational n'est pas encore ne et le mot patrieattend que des mains genereuses le gravent,entre des frontieres , dans les esprits et dansles cceurs. C'est la l'empire germanique quia une population de 28 a 3o millions d'habitants.Mais ce nom d'empire ne designe qu'une fede-ration extremement lache d'Etats, dont l'origineet la nature varient autant que l'etendue et lapopulation. Royaume, archiduche, electorats, du-ches, landgraviats et margraviats, comtes-princierset principautes, comtes et seigneuries, archeve-ches et eveches, abbayes et prevOtes, villes libres etvillages d'empire, terres de noblesse immediateet garnebinats, tous ensemble se heurtent,s'entremelent, par suite des convulsions histori-ques et des fantaisies du droit public du temps.Et ce chaos constitue un empire en tete du-quel un empereur, toujours auguste, roi deGermanie, a, seul, droit a la qualification deMajesie ; empereur, dont on comprend aise-ment l'importance en se rappelnnt gull a commerevenu fixe la taxe sur les Juifs de Francfort etde Worms et l'impat annuel des villes impe-

    7

  • Sriales, en tout, raconte -t -on. 13.000 florins et 3kreutzer!)

    Voila l'Allemagne du commencement de cesiecle!

    A l'Est de l'Europe, le colosse russe, uneextremite fixee dans les glaces polaires, poursuitsa politique traditionnelle. Ce n'est pas au Nord,oii l'activite reste engourdie comme un fluide quele froid cristallise, que la Russie cherchera un ter-rain d'expension et de vie ; elle ira conquerirlaborieusement , a grand renfort de violenceon d'astuce, l'espace qui doit la rapprocher ducentre de l'Europe. Aucune idee genereuse etliberale ne circule dans les spheres dirigeantes ouau milieu du peuple qui habite ces deserts deneige; les habitants de ces contrees desolees, sontsoumis a la servitude la plus complete. La Russien'est pas encore entre dune fawn suivie et de-terminante dans la sphere d'action politique eu-ropeenne; neanmoins, son action en Orient prend,de jour en jour, des proportions plus inquietanteselle se partage ]'influence avec la Turquie, de-venue de plus en plus malade et que l'Europeva soigner et secourir !

    *) Pour tout ce qui regarde la formation territoriale des Etats du. centre de l'Europe, consulter l'ceuvre magistrale de M. Auguste Himly,

    auquel nous avons fait de precieux emprunts.

    :

  • 9La peninsule des Balcans, offre un spectacleattristant. Des peuples differents de race, de re-ligion et de mceurs, englobes dans les provincesturques, vivent superposes et se heurtent les unsaux autres sous l'oppression de la Sublime-Portequi les donne en exploitation aux princes phana-riotes et aux pachas dont elle veut recompenserles services. Si, parmi ces peuples, it en est quigardent encore quelque conscience de leur raceet de leur pass glorieux, it en est bien peu quientrevoient le moment de leur delivrance. Itsesperent : de l'exces du mal va jaillir leur re-naissance! L'Europe ne connait ces peuples quepeu, ou pas du tout; et si elle s'inquiete parfoisde leurs destinees, ce n'est que par convoitise etpar desir d'extension territoriale.

    Le souffle puissant et genereux de la Revolu-tion Francaise n'a pas encore couru sur notrecontinent, et les armes triomphantes de Napoleonn'ont pas encore montre a l'Europe consterneece que peut un temple fibre, conscient de sonunite nationate.

    Oue Fon considere maintenant la carte actuellede notre continent, aux points memes que nousvenons d'examiner.

    Au centre de l'Europe, on voit etablie unemasse compacte : c'est Allemapte.

  • 10

    II y a longtemps que les petits territoires eques-tres, municipaux, ecclesiastiques, des villes libres,ont ete mediatises, secularises, englobes, fondus.La Confederation germanique de 1815, avec sestrois facteurs: Autriche, Prusse, Etats-moyens,s'est depuis longtemps elargie et fortifieela suite des aspirations unitaires et du travailopiniatre des patriotes allemands.

  • T I

    Berlin, la meme armee, adopte la nouvelle Consti-tution federale, qui acheve d'etablir la Confede-ration de 1' Allemagne du Nord. La guerre de1870 precipite l'ceuvre de l'unite nationale al-lemande et, le 18 fevrier 1871, Guillaume I-erest proclame Empereur allemand, conduisant lesdestinees de 41 millions d'habitants.

    Ce sont la des faits.Ces faits sont de nature a etonner tous ceux

    qui ne se sont pas donne la peine d'etudier lesforces qui ont agi derriere eux et qui les ontproduits.

    Tous ceux qui connaissent le travail perseve-rant du peuple allemand n'en ont pas ete sur-pris. Aujourd'hui 1'Allemagne entiere, soumisel'instruction et au service obligatoire, presenteune unite de vue et d'action qui la rend mai-tresse de l'heure actuelle; elle soutient, par unearmee qui peut facilement passer a un pied deguerre de 1.300.000 soldats, la politi que de fiaixqu'elle preconise depuis 1870 et dont elle estla premiere a donner l'exemple.

    Appuye sur csa formidable machine de guerre

    Voir it ce propos une remarquable etude de Mr. Albert Sorel surla Discipline prussienne, l'instruction obligatoire et le militarisme, clansla Revile des deux Blondes du 15 mai 1871.

    *)

  • 12

    perpf::tuellement maintenue en haleine par la se-vere discipline prussienne, l'Etat des Hohenzol-lern, qui'iI y a deux cents ans, commencait Apeine a se faire connaitre avec le grand-electeur,qui, it y a un siecle, avait besoin du genie dugrand Frederic pour rester a la hauteur d'unrole europeen, ne cache plus sa pretention detenir le premier rang- parmi les puissances dumonde entier.1

    En presence de l'Allemagne, avant moins deressorts d'activite et d'energie, partant moins deforce, mais plus inquietante et plus dangereusepour la peninsule balcanique, se dresse la Russieactuelle. Elle a continue, avec une perseverance di-gne de plus justes aspirations, A se frayer des che-mins vers l'Europe centrale a travers les pays mu-tiles.

    La Baltique a vu son pavilion triomphant etles plaines de la Pologne resonnent encore del'echo des cris de detresse du peuple-martyr. Ar-mee du glaive et de la croix, la formidable puis-sance du Nord a repandu la terreur au nom dela voix du sang- et de l'orthodoxie; habile a ma-nier ces armes redoutables, elle a, coup sur coup,

    A. loc cit.

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  • T3

    essaye de donner aux peuples qu'elle a pris soussa protection: l'espoir d'abord, la mort ensuite.

    Si on l'a parfois vue defendre, les armes a lamain et a grand fracas d'humanitarisme, les in-terets de quelques peuples de l'Orient, elle nel'a jamais fait que dans le but de s'assurer unprofit immediat ou lointain. C'est ainsi qu'encreant a San-Stephano une Grande-Bulgarie, ellecomptait bien s'en servir comme d'une avant-garde docile de ses visees panslavistes, tout ense faisant l'illusion que ]'Europe accederait a sesroves ambitieux. Les evenements recents se sontcharges de devoiler ces agissements a ceux-lameme qui voulaient encore garder des doutesce sujet. Nous ne pensons apprendre rien denouveau a personae en disant aujourd'hui que sila Russie desire la formation d'une Grande-Bulgarie,elle ne la desire que comme devant etre un humblesatellite, si ce n'est une province moscovite rece-vant d'elle ses lumieres et sa force.

    En ce qui concerne le sort des populations de]'empire Russe, nous avons peu de changementsA enregistrer depuis le commencement du siecle.La reforme de ]'emancipation des serfs s'est o-peree dans des conditions desastreuses pour lespaysans russes; le rachat de leurs terres les a ecra-ses de charges qui ne les ont arraches au servage

  • I4

    que pour les rendre plus esclaves encore. Deve-nant l'usurier des paysans qui devaient payerleurs proprietes, l'Etat a ranconne ces malheureuxd'une rude maniere. Les redevances du rachatet l'interet de l'argent prete par l'Etat s'ajoutantaux impOts ont depasse le revenu normal du sol, etcette liquidation soi-disant liberale s'est faite dansdes conditions telles que le paysan, devenu pro-prietaire, non seulement n'a pu profiter en rien duterrain cultive, mais encore a cliff payer une diffe-rence notable par le travail manuel. Le paysanest arrive au dernier terme de la misere. C'est ainsique les serfs russes sont devenus proprietaires maisappauvris et esclaves d'une administration tyran-nique qui ne leur abandonne que juste les liber-tes municipales que le pouvoir central ne peutpas absorber a cause de l'etendue du territoire.D'ailleurs, peut-il y avoir liberte en bas et op-pression en haut Nous ne le pennons pas.

    Ainsi donc, de quelque maniere que ion exa-mine la situation de la Russie, on decouvre lesinconsequences de sa poltique cousue d'artificeset d'expedients. Du cote de la peninsule des Bal-cans ses reves de conquete ne peu vent se parerd'aucun pre,texte plausible : ce nest pas au nomde la civilisation qu'une autocratie tyrannique peutmotiver ses essais d'envahissement sur des peu-

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  • pies devcnus independants et pratiquant la liberte.D'ailleurs, la peninsule des Balcans, nest plus

    ce qu'elle etait au debut de ce siecle. Conscientsde leurs devoirs et de leurs droits, les peuplesqui habitent cette peninsule renaissent a la vie_et, fortifies par l'ampleur que donnent a leur ener-gie les bienfaits de la liberte, ils entendent,pendants et guides par leur propre genie, pour-suivre leurs destinees. Its est vrai que des espritsdesillusionnes ou interesses ont souvent insinue,par la presse et dans divers ecrits, que le mou-vement des peuples des Balcans n'etait du qu'ades agissements occultes et a la main mysterieusede quelque grande puissance. Est-il besoin d in-sister pour faire ressortir ce qu'une telle appre-ciation a de malveillant et d'errone Croit-on queles petits peuples ne soient pas tout aussi capa-bles que les Brands d'avoir une conscience natio-nale Ce serait la, une grave, une grossiere er-reur. La conscience nationale ne se mesure pasau chiffre de population ni a l'etendue du territoireque ces populations occupent. La confiance qu'aun peuple dans ses destinees s'appuie plus surla certitude de ses droits imprescriptibles que surle concours materiel de sa force numerique. Rienne peut Bonner a une nation l'elan et l'energieque lui assurent son unite nationale et ses libertes

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  • conquises : it sulfa de se rappeler la lutte epiqueque la France a soutenue contre l'Europe, pourse le persuader.

    Si nous avons insiste quelque peu sur des eve-nements historiques qui ne paraissent pas avoirune relation immediate avec la crise orientaleactuelle, ce n'est pas sans motif. Il nous a sem-ble necessaire, en indiquant ce qu'a ete et cequ'est l'Allemagne, de faire ressortir ses progresconsiderables et sa force presente. Cette forcenest pas due a des circonstances iortuites quedes evenements surprenants ont amenees et quedes evenements pareils peuvent detruire ; elle estle resultat d'un developpement soutenu, perma-nent, continu, qui lui reservera pendant longtempsla preponderance qu'elle s'est acquise.

    D'un autre cote, en essayant de faire ressortirles tendances d'extension de la Russie et sonrole de plus en plus preponderant dans les affairesd'Orient, nous avons entendu mettre en presenceson action et celle de l'Allemagne, comme etantles deux facteurs determinants dans la criseactuelle.

    En effet, la Turquie, inerte, laisse echapper deplus en plus les Ills politiques de ses mains ca-duques. Elle semble assister sans etonnementun spectacle qui ne la concerne plus.

    1.6

    ii

  • 1 7

    L'Autriche-Hongrie qui, a cause de sa position a-vancee dans la peninsule balcanique, ne sauraitse desinteresser de la marche des affaires orien-tales, a trop a faire chez elle pour chercher a sesusciter les embarras que toute politique d'ex-tension entrainerait. Toute son energie s'epuiseen d'ingenieuses combinaisons pour soutenir l'e-difice de son organisation politique qui receletous les dangers d'un equilibre instable. II seraitclonc injuste de lui attribuer une politique agres-sive. Les soucis de sa politique interieure oil elledoit, a force de prudence et d'incessantes refor-mes, maitriser les revendications des diversestionalites, la forcent a desirer vivement la paix;aussi la voit-on depuis longtemps deja joindreses efforts a ceux de l'Allemagne pour con-jurer le danger de plus en plus menacant d'uneconflagration generale qui pourrait avoir pour elleles plus facheuses consequences.

    On a souvent prononce, it est vrai, le none del'Angleterre a l'occasion des derniers evenements;mais, si tant est que la grande Bretagne ait puexercer quelque influence sur le prince Alexan-dre I-er, doit-on attribuer ses demarches a l'in-teret direct qu'elle prend aux peuples de l'Orientou aux relations suraigues de sa diplomatic avecle gouvernement russe

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  • Ce n'est un secret pour personne que laRussie suit deux marches simultanees : l'une versle Bosphore, l'autre vers le Gange. Creer desembarras aux visees russes en Europe c'est en-traver leurs progres en Asie. N'oublions pas queles Indes sont le centre de gravite des coloniesanglaises et que, lorsque 1'Angleterre se montreinteressee clans la politique de 1'Orient europeen.ce n'est pas cet Orient, mais bien le Nord desIndes qui l'inquiete.

    Et, maintenant que nous avons etabli ce faitque l'Allemagne et la Russie seules ont pu etpeuvent avoir une action decisive sur la crise ac-tuelle et en general sur la marche des affairesd'Orient, essayons d'examiner cette crise dans sestraits les plus saillants et de demeler l'influenceque les gouvernements de St. Petersbourg et deBerlin ont pu avoir dans les evenements quipreoccupent tant le monde politique.

    Nous n'avons pas a revenir sur les faits memes;tout le monde les connait.

    Il ressort de la reponse faite par le Tzar auPrince de Battenberg, que la Russie est au moinsmoralement responsable du coup de main du21 aoiit 1886. D'ailleurs, l'enthousiasme avec le-quel le peuple bulgare a accueilli le retour duprince, la facilite avec laquelle s'est opere le

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    1,1

  • 19

    contre-mouvement prouvent assez qu'une mainpuissante a fait agir les factieux qui se sont sibrutalement empares du prince. Cet attentatinoti, commis par l'instrument d'une trahison-militaire, merite le plus severe jugement. Ou'on-puisse trouver dans les armees des Grueff, lefait, tout deplorable quit soit, n'est pas sans pre-cedent ; mais, qu'une grande puissance se fassecommanditaire et patronne des pronunciamentosles plus violents, dans un pays oil son action.clirecte n'a, en droit strict, aucune excuse, c'est

    assurement une chose sans precedent. II etaitreserve a notre siecle vieilli d'enregistrer ce crimeinternational impardonnable.

    On s'est demande si le prince Alexandre abien fait de retourner a Sophia. Les journauxanglais, notamment, se sont maintes lois pose laquestion sans vouloir y trouver de reponse. Heu-reusement, cette reponse, c'est le prince de Bul-garie lui: meme qui s'est charge de la dormer.Pouvait-il demeurer sous le coup de l'impressionque ]'attentat de Sophia avait produit dans lemonde entier ? Devait-il laisser croire aux uns etexploiter par d'autres que c'etait la nation bulgarequi ravait depose ? ete vraiment faire tropbeau jeu a is Russie que d'hesiter a demasquerle coup de violence et de trahison dont . it etait

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  • 20

    victime. Aussi, en rentrant dans le pays qui l'a-vait choisi comme prince et oil son souvenir restesi profondement grave dans les cceurs, Alexan-dre de Battenberg a fait preuve d'un tact su-preme et montre a l'Europe qu'il est aussi pro-fond politique que vaillant capitaine.

    On a egalement juge fres severement la de-marche qu'il a faite aupres du Tzar dans le butd'eviter de nouvelles complications a son pays.Lair d'obeissance que le prince a prisde l'Empereur peut etre une faute politique; maiscette demarche a eu la precieuse vertu de mettrea jour ce que tout le monde savait dejamaisce qui n'etait pas ouvertement reconnu a savoir,qu'une grande puissance qui croit avoir une missionhistorique en Orient, peut, au mepris d'un traiteformel et solennellement conclu, violer les droitsd'une nation jeune et sympathique, sous couleurde bienveillant attachement.

    Quoi de plus etonnant aussi que cet aban-don de la couronne princiere de Bulgarie entreles mains du Tzar Suzerainete nominale de laPorte, stipulations du traite de Berlin, tout estmeconnu, tout est violemment atteint!

    N'a-t-on pas insinue avec impudence que dessentiments pusillanimes ont decide le pr nce Ale-xandre a abdiquer

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  • 2 1

    Arrache de son palais, la nuit, traitreusement,bonteusement, par une main invisible mais dontle poids lui a toujours ete present, par unemain qui plus tard devait preparer de grossiersmais significatifs attentats contre sa personne, ra-t-on jamais vu palir de faiblesse, ce vaillant.capitaine dont la voix a retenti, glorieuse, sur leschamps de bataille ?

    Si le prince de Battenberg- a abdique, c'est.qu'il s'est probablernent dit, qu'apres avoir aidele peuple bulgare a conquerir sa place au soleil,u'apres lui avoir donne son devouement et soncourage, it lui devait une preuve eclatante d'ab-negation, et qu'en ce siecle oil les appetits degloriole sont si puissants, it pouvait, lui, a qui lagloire est familiere, sacrifier son trone pour nepas leguer la guerre civile a sa patrie -adoptive;que du moins, si une guerre fratricide, qu'un pou-voir ozculte et implacable prepare aux Bulgares,devait eclater, it ne voulait pas qu'elle prit sonnom et sa personne pour motif. Alexandre I-er,le prince vaillant de Bulgarie, que les patriotesitaliens trouvent digne d'appartenir a la maison deSavoie, s'en est alle la tete haute, comme un hommequi a accompli son devoir ; car, suivant la bellepensee de M. Bonghi, (Le prince a pour lui l'o-pinion de toute l'Europe civilisee, surtout de l'Al-

  • ')1

    lemagne et de tons les gouvernements qui savantencore rougir.,

    D'ailleurs, l'oppression que l'on exerce actuel-lement sur la sympathie legitime du peuple bul-gare portera des fruits amers pour la Russie,L'ombre des heros bulgares morts sur Jes champsde bataille de Slivnitza a du tresaillir en appre-nant que la voix du sang et l' ortkodoxie sont lesmots d'ordre des guet-apens et des attentats po-litiques. Les Bulgares sauront a l'avenir car lesBulgares ont un avenir, quoi qu'en puisse penserla Russie ce que veulent dire les protestationsde sympathie moscovite. Les peoples qui ont en-trevu la liberte, ne ftit-ce que comme une loin-taine lueur, n'aiment plus le joug, pas meme lejoug orthodoxe; et les Slaves danubiens ont deja.dit, depuis longtemps :c Le joug lure est de Bois,le joug russe est de far.,

    L'attitude de l'Allemagne a etonne au plushaut point le monde politique. Si, comme on l'af-lirme, la triple alliance existe et n'a pour but quele maintien de la paix, en soutenant en cetteoccasion la Russie, l'Allemagne suivi unebonne et sage politique ? Voulant momenta-cement ecarter le danger d'une conflagrationimminente, a-t-elle agi dans l'interet d'une paix a.longue echeance en parant au plus presse et n'y

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    II

    a-t-elle

  • 23

    a-t-il pas lieu de craindre que le danger ne re-vienne plus menacant, augmente des convoitisesmises en appetit

    11 n'y a pas, croyons nous, d'illusions a se faire ;la Russie victorieuse en Bulgarie n'arretera pasla ses visees et sous peu, peut -titre, l'Allemagnesera mise en demeure de se prononcer en faveurde nouvelles demandes.

    Le fera-t-elle: Nous ne le pensons pas, car, anotre avis, ce que l'Allemagne a fait est le maxi-mum de ce qu'elle peut faire.

    Oue la Russie ne se trompe donc point sur la va-leur des concessions que l'Allemagne lui a accordeesa l'occasion de la crise actuelle. Ces concessions sontfaites dans l'interet de la paix generale et non pointcomme sanction des pretentious russes en Orient.Si le gouvernement de Berlin parait avoir aban-donne le prince Alexandre, c'est que pour lemoment la situation est tendue a l'extreme. Lepremier coup de fusil qui serait tire a cette heureaurait un echo. retentissant. La diplomatic a faitce qu'elle a pu, les conferences ont donne cequ'elles pouvaient donner, et, it faut malheureuse-ment le reconnaitre, en presence des competitionsde jour en jour plus manifestement accentuees,en presence des haines devenues de jour en jourplus aigues, it n'y a que les armes et leur cor-

  • 24

    tege sanglant qui puissent encore refrener lesappetits.

    Cette politique a outrance est particulierementdangereuse pour la grande puissance du Nord.

    Oue la Russie se souvienne de la double de-ception de Plevna et de Berlin, de l'implacablecampagne des terroristes, du desarroi d'un gou-vernement sans direction et qu'elle reflechisse.Chez elle 'les classes cultivees de la societe ettintelligence semblent etre arrivees au point oil,pour tromper leur appetit de reformer et de li-berte, le gouvernement imperial n'a d'autres res-sources que des diversions exterieures, d'heroiquesaventures pour lesquelles la Russie nest preteni diplomatiquement, ni financierement, ni militai-rement... Le gouvernement, dix fois seculaire dela Russie, se sentira de plus en plus oblige dechoisir entre les reformes du dedans et les cam-pagnes du dehors, entre la liberte et la gloire.La derniere guerre d'Orient lui a enseigne combienest risque et incertain un pareil jeu meme avecdes victoires. Souvent la guerre met rudementa nu les plaies d'un pays, rend palpables lesvices d'un gouvernement et la necessite d'uncontrole.,

    Ce danger interieur de la Russie. cette plaie) Anatole Leroy-Beaulieu, L'empire des Tzars et les Russes.

    *)

  • 2ardente qu'elle porte dans ses (lanes, it taut ledire hautement, est la sauvegarde la plus precieusedes peuples de la peninsule balcanique. Travail-lee incessamment par des commotions de plus enplus violentes et dont elle finira par apprecier lajuste raison &etre et les dangers, la Russie n'auradans l'avenir que peu de loisirs pour faire denouveaux esclaves. L'evolution est commenceechez elle depuis longtemps; cette evolution suivrasa marche naturelle. Si les revendications s'effacentparfois et ne sonnent pas ouvertement la fanfaredes luttes civiles, elles n'en existent pas moinsdans les esprits et dans les cceurs et se traduisenttot ou tard en ultimatums comme les peuples endetresse savent en imposer a la tyrannie.

    En consultant la mdmoire veneree" dont parlela reponse de l'Empereur au prince de Batten-berg, le Tzar Alexandre III aurait dit se souve-nir des paroles prophetiques du Tzar AlexandreII: 'Reforme d'en haut ou Revolution d'en bas !,

    C'est que les reves de conquete et les aven-tures ambitieuses ne suffisent plus aux aspira-tions et aux besoins des peuples modernes. Lespeuples ne sont grands que par l'action bienfai-sante gulls exercent sur eux-memes et sur lesautres peuples. L'oppression 'tato-wile) a l'inte-rieur des Etats, revolte la conscience des nations

  • 26

    auss; bien que la lute& absorbante exercee sur lespeuples d'au-dela des frontieres.

    Nous ne saurions terminer ces simples remar-ques sur la crise actuelle et la politique ge-nerale sans essayer de tirer quelques enseigne-ments pour notre propre pays. Les derniers eve-nements sont de la plus haute importance pourla Roumanie. En devoilant les pensees intimes denotre redoutable voisine du Nord la crise ac-tuelle doit nous faire penser a l'avenir, malheu-reusement gros de nuages, a cause de la placeque nous occupons sur le continent europeen.Oue l'on n'oublie pas les paroles de Joseph deMaistre: (Le de'sir slave est sans limites I ); qu'onne les oublie pas a cette heure surtout ou unegrande puissance revet ses appetits des dehorsd'une mission providentielle en Orient. Ou'onnoublie pas que la Russie est une autocra-tie, que ses appetits ne trouvent pas dans lepays meme ce frein constitutionnel qui modereles autres gouvernements; qu'on se souviennequ'en Russie loi veut dire bon plaisir. La cons-cience historique de notre nation, vivante et in-quiete, nous indiquera le danger que nous cou-rons pour peu que nous ayions le souci et lecourage de la consulter et d'ecouter ses conseils.

    Il fut un tempset ce temps est assez eloigne

    .

  • 27

    du mitre pour que nous puissions le juger avecimpartialite et assez pros de nous pour que nousen ayions tous les details presents a la memoireoil la Russie protectrice reconnue de notre pays,caressait le reve de notre annexion. L'absorbtionde la Roumanie dans la grande masse slave n'e-tait pour l'empire des Tzars qu'une questionde temps. Par quel miracle, par quelles luttes o-piniatres et heroiques la Roumanie a pu echapperaux etreintes du colosse, nous n'avons pas a lerappeler aujourd'hui. Ou'il nous suffise de direqu'a certainc: poque de notre histoire ie consulrusse faisait la loi aux Roumains et que le princeregnant sur notre pays assistait en personne, respec-tueux et penetre dune onction tout orthodoxe, auxTe Daum solennels celebrant les fetes de l'em-pereur moscovite. Le soir, it y avait grand bal apresreception officielle au palais, et celui qui condui-sait les destinees des descendants de Trajanressemblait plutot a un gouverneur russe qu'auprince dune nation independante et libre.

    Ce sont la aussi des faits; mais ces faits, tout enindiquant les progres incontestab:es que la Rouma-nie a accomplis depuis le commencement et surtoutdepuis la moitie de ce siecle, laissent entrevoirquel doit etre a St. Petersbourg le depit desesperances avortees. Un grand Etat dont la loi

  • 2est l'arbitraire ne renonce pas a ses revestension si longuement, si cherement caresses ,sanstenter un dernier, un supreme effort. Cet effort,la Russie le tentera un jour; le moment se ferapout -etre attendre, mais it finira par sonner.

    (La Russie, voila le danger! c'est la le cri quela conscience historique de notre pays poussel'heure actuelle.

    II est vrai que les temps ne sont plus les memesqu'autrefois: it n'y a plus chez nous de factionqui tourne les yeux vers l'etranger et pour faireune politique franchement russe, it ne reste, heu-reusement, en Roumanie, que quelques rejetonsabatardis des anciens boyards de la decadence,que l'esprit public est pret a fletrir au premiersigne de vie gulls pourraient dormer. Car it Taut,helas! le dire : les competitions etrangeres ne de-viennent un veritable danger pour un paysque lorsqu'elles trouvent un echo dans le paysmeme, parmi ces hommes dechus aupres desquelsles interets personnels sonnent plus haut que lesdevoirs envers la patrie. La race des DraganZancoff et des Grueff diminue tous les jours, au furet a mesure que la conscience nationale et l'es-prit d'independance penetrent dans les cceurs.

    Les publicistes qui se sont occupes des affairesd'Orient opposent souvent au panslavisme dont

    d'ex-

  • 29

    nous avons parle, des tendances qui, parait-il, neseraient pas moins dangereuses et gulls clesignentsous le nom de pangermanisme.-1Drang- nach Os-ten! ", telle est formule qui, disent-il, anime la politi-que des homilies d'Etat de Berlin. Its considerentl'Autriche-Hongrie comme l'avant -garde de 1'Al-lemagne dans la vallee du Bas-Danube et pretent,comme instrument de lutte, au grand empire ducentre, la culture germanique. Ce nouveau danger,meme tel qu'il est presente par ces publicistes, estloin d'avoir ''importance et la portee immediate dudanger dont nous menace la Russie. En effet, desvisees de propagande operees par l'intermediaired'une puissance qui. comme l'Autriche Hongrie, nepeut toucher aux diverses nationalites qu'avec untact extreme et d'infinis managements, peuvent-ellesetre comparees aux coups de mains brutaux dontla Russie nous offre le triste et permanent spec-tacle: On ne saurait le pretendre. La Hongrie,du reste, constitue une digue precieuse contrel'epanchement du germanisme en Orient, et nousne voyons pas par quels moyens la culture ger-manique pourrait envahir et maitriser les paysdes Balcans habites par tant de races et de na-tionalites differentes et refractaires a cette culture.

    D'ailleurs nous l'avons dj dit et c'est la unfait dont personne ne songe a nier ]"importance :

  • 30

    l'Allemagne non seulement desire, depuis 1870,la paix, mais tous les efforts de sa diplomatie,tout le poids de son prestige et de sa force n'ontd'autre but que l'affermissement et la prolonga-tion de cette paix tant desiree.

    La moderation dont l'Allemagne a fait preuveest un exemple sans precedent dans l'histoire,surtout Iorsque ion tient compte des forces con-siderables dont elle dispose. A combien d'en-trainements n'a-t-elle pas su resister. Aussi laconduite du grand empire suggere-t-elle a l'his-torien des pensees consolantes : les Etats vrai-ment forts sont souvent les plus tolerants et lesplus moderes.

    faut esperer que la politique de conquetesera de moins en moins suivie et que les peu-pies ne vivront plus sous la menace constantedes horreurs de la guerre.

    Le pied de militarisme sur lequel les puis-sances europeennes se trouvent actuellement orga-nisees, et qui, en presence des luttes ardentes dela diplomatie, est devenu une necessite imperieuseet presque une loi de conservation, ne sauraitdurer encore longtemps. Les gouvernements setrouvent aux prises avec des difficultes d'ordreinterieur insurmontables; les budgets deviennentecrasants pour les populations appauvries par des

    II

  • NIbesoins croissants et le travail humain, toujoursen haleine et sur le qui-vive, est paralyse dansses efforts par ces appareils de guerre formida-bles qui sans cesse le menacent. Une reactionpuissante ne saurait se faire attendre. Les na-tions qui ne poursuivent que des reves de con-quete ne pourront echapper, quoi qu'elles puis-sent faire, aux lois de l'histoire qui veulent quechaque politique entraine des consequences ine-luctables.

    (Si un Etat suit une politique violente ouvexatoire a regard de ses voisins, it peut lescontraindre a la supporter aussi longtemps qu'ildemeure le plus fort, mais it provoque et excitedes haines qui eclatent tot ou tard contre lui.....Il n'y pas d'acte politique qui puisse etre commisinpunement , parce qu'il n'y en a pas qui neproduise pas de consequences. II se peut, sansdoute, que dans l'espace d'une vie d'homme, letemps manque pour que ces consequences ecla-tent au grand jour; elles se manifestent plustard, elles se manifestent infailliblement. Leshommes politiques peuvent quelque fois jouir del'impunite, parce gulls meurent ; les nations nele peuvent jamais, parce qu'elles vivent toujoursassez longtemps pour subir les consequences deleurs actes.

  • 32

    La destruction, loin de leur assurer l'impunite,est pour elles la derniere et la plus terrible conse-quence de leurs aberrations ou de leurs crimes.,*)

    Et, qu'on veuille bien le remarquer, ce n'estpas au nom d'un principe de justice speculativeque ces lignes sont &rites, elles recelent une loihistorique que la sagesse du peuple roumain aVaduit par un aphorisme bien connu :

    Oui seme du vent recolte des tempetes.,La Roumanie doit continuer a suivre sa poli-

    tique nationale : pas d'infeodation exclusive a uneseule direction, mais examen consciencieux des ele-ments et des forces a un moment donne et deci_sion selon les interets supremes du pays. Mais, lestermes d'une politique vramient nationale n'ex-cluent pas bien au contraire des relationsparticulierement etroites et amicales avec runedes puissances qui se partagent la preponderancedans les affaires internationales; a cette heure,c'est du cote du centre de l'Europe que la Rou-manic doit tourner ses regards.

    31 :unit, (m Septembre) 1886.

    *). Th. Funck-Brentano et Albert Sorel.

    ,17

    Mme`

  • DOCUMENTSTelegrammes echanges entre le Prince Alexandre

    et le Tzar.1. Telegramme du prince Alexandre.

    Sire,Ayant repris en mains le gouvernement de mon pays,

    "lose soumettre a Votre Majeste l'expression de mes re -merciements pour l'attitude de votre representant a Rou-

    `stchouk. Celui-ci, par sa presence officielle a la reception`qui m'a ete faite, a montre au peuple bulgare que le gou-' vernement imperial ne saurait approuver I'acte revlutionnaire dirige contre ma personne. En meme temps,

    gje sollicite de Votre Majeste la permission de Lui sou-" mettre l'expression de toute ma gratitude pour l'envoi"qu'elle a daigne ordonner en Bulgarie du general Dol-"goroukoff. Car, en reprenant le pouvoir legal en'mains, mon premier acte est d'exprimer a Votre`Majeste une ferme intention de faire toes les sacrificesnecessaires, afin d'aider la magnanime intention deVotre Majeste de faire sortir la Bulgarie de la crise

    "grave qu'elle traverse. Je prie Votre Majeste d'au-"toriser lc general Dolgoroukoff a se concerter le plus"%rite possible et directement avec moi. Je serais lieu" reux de pouvoir donner a Votre Majeste la preuve"definitive du devouement inalterable dont je suis anima

    3

    4, I

  • 34

    envers Votre auguste personne. Le principe monar-"chique me force a retablir la legalite en Bulgarie et`en Roumelie. La Russie m'ayant donne ma couronne,`c'est entre les mains de son Souverain que je suis pret"a la remettre.,

    2. Telegramme du Tzar.tyai regu le telegramme de Votre Altesse. Je ne puis

    "approuver votre retour en Bulgarie, prevoyant les con-sequences sinistres quit peut entrainer pour le pays

    "bulggre, dj si eprouve. La mission du general Dol-4goroukoff devient inopportune ; je m'abstiendrai detoute immixtion dans le triste etat de choses auquelIa Bulgarie est reduite taut que vous y resterez. Vo-

    c tre Altesse appreciera ce qu'elle a a faire. Je me re-serve de juger ce que me commandent la memoire

    "veneree de mon pore, l'interet de la Russie et la paix'de l'Orient ?, (Arena Hams).

    Allocution du Prince aux officiers bulgares.Apres avoir assiste aux manoeuvres, le Prince des-

    cendit de cheval et, entoure de son etat-major et d'en-viron 150 officiers, it fit l'historique de son election autrOne de Bulgarie.

    'Par la force des choses, dit-il, au bout de quelquesannees de regne, ma politique fut en opposition avecles voeux de la Russie relativement a ce pays, parceque cette politique etait une politique nationale et in-dependante.

    On a dit que ma personne etait la cause de la di-vergence d'idees qui s'est manilestee entre la Russie

    77

  • 35

    et la Bulgarie. On verra plus tard si c'est la personaeou la fonction meme du Prince de Bulgarie qui est unobstacle a l'accord des deux pays dans le cas ou laRussie poursuivrait une politique absorbante en Bul-garie.

    "Je quitte le pouvoir, puisque ma presence pourraitamener de grands malheurs sur ce pays. Je pars toute-fois avec la conviction que votre independance serasauvegardee

    Et le Prince fit part aux officiers de la reponse desconsuls et it ajouta :

    `Le Tsar est un homme terrace dans ses idoes, maisc'est un honnete homme. Il tiendra sa parole. Je vous recom-mande a vous, qui m'avez donne des preuves de votrefideiite jusqu'au dernier moment, de rester mutts et desoutenir le nouvel etat de choses. Je sais que mon de-part vous desespere, ma is n'insistez pas, ne cherchezpas a me retenir. Tout sera inutile.,

    Le prince fut acclame. Les officiers repondirent endisant au Prince : 'Sans vous, it n'y aura plus de Bul-garie. Vous nous reviendrez.,

    Le Prince embrassa ensuite de nombreux officiersqui le prirent dans leurs bras et le porterent jusqu'ason cheval.

    Le Prince fut accompagne par les hourrhas destroupes (genre Hams)

    Proclamation d'abdication du Prince AlexandreApres avoir ete convaincu de la triste verite que

    notre depart de Bulgarie facilitera l'etablissement desbonnes relations entre le pays et la Russie liberatrice,

  • 36

    et apres avoir recu l'assurance du gouvernement del'Empereur de Russie que l'independance, la liberte etles droits de notre Etat restcront intacts et que per-sonne ne s'ing-erera dans ses affa Tres interieures, Je de-clare a mon peuple bien aline que je renonce au trinebulgare, desirant prouver a tous combien me sontchers les interets de notre partie, et que pour son in-dependance, Je suis pret a tout sacrifier, meme ce quim'est plus cher que la vie.

    `En exprimant mon sincere remerciement pour ledevouement que le peuple me conserva aux jours heureux, aussi bien qu'aux jours tristes, que le trine et lepeuple eurent a passer depuis mon arrivee en Bulgarie,Je stirs de la principaute en invoquant Dieu jusqu'ala fin de Ines jours, pour qu'il conserve son aide a laBulgarie et la rende grande, forte, heureuse, unie etindependante.

    Je nomme comme regents : M M. Stambouloff, Kara-veloff, Moutkouroff.

    J'ordonne a tout citoyen bulgare de se soumet-tre aux ordres de la regence nominee par moi et a sesdispositions, et de conserver au pays sa tranquillite,afin d'eviter de compliquer la situation dj difficile dela Patrie.

    (Que Dieu protege la Bulgarie!Donne a ma residence de Sofia, le 26 aoilt 1886.v

    (Agenee Hams).(Signe) Alexandre.