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LES 10 ANS DE L'ALBA Luis Britto García. Caracas, 1940. Narrador, ensayista, dramaturgo, dibujante, explorador submarino, au- tor de más de 60 títulos. En narrativa destacan Rajata- bla (Premio Casa de las Américas 1970) Abrapalabra, (Premio Casa de las Amé- ricas 1969) Los fugitivos, Vela de ar- mas, La orgía imaginaria, Pirata, Anda- nada y Arca. En teatro, La misa del Es- clavo (Premio Latinoamericano de Dra- maturgia Andrés Bello 1980) El Tirano Aguirre (Premio Municipal de Tea- tro1975) Venezuela Tuya (Premio de Teatro Juana Sujo en 1971) y La Opera Salsa, con música de Cheo Reyes. Con Me río del mundo obtuvo el Premio de Literatura Humorística Pedro León Zapata. Como ensayista publica La máscara del poder en 1989 y El Impe- rio contracultural: del Rock a la post- modernidad, en 1990, Elogio del pan- fleto y de los géneros malditos en el 2000; Investigación de unos medios por encima de toda sospecha (Premio Ezequiel Martínez Estrada 2005), De- monios del Mar: Corsarios y piratas en Venezuela 1528-1727, ganadora del Premio Municipal mención Ensayo 1999. En 2002 recibe el Premio Nacio- nal de Literatura, y en 2010 el Premio Alba Cultural en la mención Letras. Pendant nos guerres d'indépendance, tous les grands hommes ont formulé des projets d'unité latino-américaine et cari- béenne, mais pendant ces deux cents ans consécutifs, toutes les initiatives d'inté- gration ont été gérées par nos adversai- res. Nous résumons une longue histoire. En 1826, les deux projets clef du Libéra- teur vont disparaître: le Congrès Amphic- tyonique de Panama, et le plan de libéra- tion des Grandes Antilles des Caraïbes. Il existe une connexion vitale entre les deux. Bolivar prévoyait depuis bien avant le tracé d'un canal de Panama ou, dans son concept "pourrait bien se situer la capitale du monde". Ce canal aurait placé la clef de la connexion entre les océans Pacifique et Atlantique, d'abord, dans les mains de la Grande Colombie. En définiti- ve, entre les mains de la confédération américaine qui se forgera précisément à Panama. Le contrôle du couloir de com- munication entre les deux moitiés du monde demanderait des Caraïbes indé- pendantes, une Cuba, un Porto Rico, un Saint Domingue, une Haïti, des petites Antilles libres, qui ne servent pas d'ins- trument à la Sainte Alliance ni à aucune autre puissance pour bloquer la commu- nication entre les mondes. Dès lors, les Etats-Unis opposent à ce projet latino-américaniste et caribéen la doctrine de la Destinée Manifeste: Cuba et les Antilles doivent tomber comme par gravitation dans les mains de la puissan- ce du nord. Pour cela, la Guerre d'Indé- pendance de Cuba doit être contrôlée pour mettre l'île sous le protectorat de l'amendement Platt et Porto Rico dans la condition d'Etat Libre Associé, c'est à di- re, de colonie et une autre intervention étasunienne favorise en 1903 l'indépen- dance du Panama. Peu avant, en 1890, les Etats-Unis commencent le processus de création de l'Union Panaméricaine, une organisation destinée à maintenir sous leur hégémonie les pays latino- américains et caribéens, dont le siège, de façon significative, est situé à Washing- ton en 1905 et dont l'édifice, plus signifi- cativement encore, est occupé par l'Or- ganisation des Etats Américains depuis sa création en 1948. Les Conférences Inte- raméricaines servent dès lors à légitimer les interventions étasuniennes, comme celle lancée contre le Guatemala, en 1954. A partir de là, presque toutes les organisations d'intégration latino- américaines sont sous l'influence et le financement des Etats-Unis, quand ce n'est pas sous leur autorité directe. Deux siècles s'écoulent ainsi. Ce n'est qu'en 1991 que le MERCOSUR, constitué ac- tuellement par l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay, le Paraguay, le Venezuela, la Bolivie et l'Equateur, lance un défi à l'hé- gémonie économique de la puissance du nord. Le président Hugo Chavez Frias a propo- sé au III° Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Association des Etats des Caraïbes, qui a lieu à Margarita en 2001, les principes directeurs d'une inté- gration de l'Amérique Latine et des Caraï- bes basée sur la justice et la solidarité entre les peuples, avec le nom promet- teur d'ALBA ou Alternative Bolivarienne pour les Amériques. Selon le président vénézuélien, "c'est le moment de repen- ser et de réinventer les processus affai- blis et agonisants d'intégration sub- régionale et régionale dont la crise est la manifestation la plus claire de l'absence d'un projet politique partagé. Heureuse- ment, en Amérique Latine et dans les Caraïbes, souffle un vent favorable pour lancer l'ALBA en tant que nouveau sché- ma d'intégration qui ne se limite pas au par Luis Britto Garcia

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LES 10 ANS DE L'ALBA

Luis Britto García. Caracas,

1940. Narrador, ensayista,

dramaturgo, dibujante,

explorador submarino, au-

tor de más de 60 títulos. En

narrativa destacan Rajata-

bla (Premio Casa de las Américas 1970)

Abrapalabra, (Premio Casa de las Amé-

ricas 1969) Los fugitivos, Vela de ar-

mas, La orgía imaginaria, Pirata, Anda-

nada y Arca. En teatro, La misa del Es-

clavo (Premio Latinoamericano de Dra-

maturgia Andrés Bello 1980) El Tirano

Aguirre (Premio Municipal de Tea-

tro1975) Venezuela Tuya (Premio de

Teatro Juana Sujo en 1971) y La Opera

Salsa, con música de Cheo Reyes. Con

Me río del mundo obtuvo el Premio de

Literatura Humorística Pedro León

Zapata. Como ensayista publica La

máscara del poder en 1989 y El Impe-

rio contracultural: del Rock a la post-

modernidad, en 1990, Elogio del pan-

fleto y de los géneros malditos en el

2000; Investigación de unos medios

por encima de toda sospecha (Premio

Ezequiel Martínez Estrada 2005), De-

monios del Mar: Corsarios y piratas en

Venezuela 1528-1727, ganadora del

Premio Municipal mención Ensayo

1999. En 2002 recibe el Premio Nacio-

nal de Literatura, y en 2010 el Premio

Alba Cultural en la mención Letras.

Pendant nos guerres d'indépendance, tous les grands hommes ont formulé des projets d'unité latino-américaine et cari-béenne, mais pendant ces deux cents ans consécutifs, toutes les initiatives d'inté-gration ont été gérées par nos adversai-res. Nous résumons une longue histoire. En 1826, les deux projets clef du Libéra-teur vont disparaître: le Congrès Amphic-tyonique de Panama, et le plan de libéra-tion des Grandes Antilles des Caraïbes. Il existe une connexion vitale entre les deux. Bolivar prévoyait depuis bien avant le tracé d'un canal de Panama ou, dans son concept "pourrait bien se situer la capitale du monde". Ce canal aurait placé la clef de la connexion entre les océans Pacifique et Atlantique, d'abord, dans les mains de la Grande Colombie. En définiti-ve, entre les mains de la confédération américaine qui se forgera précisément à Panama. Le contrôle du couloir de com-munication entre les deux moitiés du monde demanderait des Caraïbes indé-pendantes, une Cuba, un Porto Rico, un Saint Domingue, une Haïti, des petites Antilles libres, qui ne servent pas d'ins-trument à la Sainte Alliance ni à aucune autre puissance pour bloquer la commu-nication entre les mondes.

Dès lors, les Etats-Unis opposent à ce projet latino-américaniste et caribéen la doctrine de la Destinée Manifeste: Cuba et les Antilles doivent tomber comme par gravitation dans les mains de la puissan-ce du nord. Pour cela, la Guerre d'Indé-pendance de Cuba doit être contrôlée pour mettre l'île sous le protectorat de l'amendement Platt et Porto Rico dans la condition d'Etat Libre Associé, c'est à di-re, de colonie et une autre intervention étasunienne favorise en 1903 l'indépen-dance du Panama. Peu avant, en 1890, les Etats-Unis commencent le processus

de création de l'Union Panaméricaine, une organisation destinée à maintenir sous leur hégémonie les pays latino-américains et caribéens, dont le siège, de façon significative, est situé à Washing-ton en 1905 et dont l'édifice, plus signifi-cativement encore, est occupé par l'Or-ganisation des Etats Américains depuis sa création en 1948. Les Conférences Inte-raméricaines servent dès lors à légitimer les interventions étasuniennes, comme celle lancée contre le Guatemala, en 1954. A partir de là, presque toutes les organisations d'intégration latino-américaines sont sous l'influence et le financement des Etats-Unis, quand ce n'est pas sous leur autorité directe. Deux siècles s'écoulent ainsi. Ce n'est qu'en 1991 que le MERCOSUR, constitué ac-tuellement par l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay, le Paraguay, le Venezuela, la Bolivie et l'Equateur, lance un défi à l'hé-gémonie économique de la puissance du nord.

Le président Hugo Chavez Frias a propo-sé au III° Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Association des Etats des Caraïbes, qui a lieu à Margarita en 2001, les principes directeurs d'une inté-gration de l'Amérique Latine et des Caraï-bes basée sur la justice et la solidarité entre les peuples, avec le nom promet-teur d'ALBA ou Alternative Bolivarienne pour les Amériques. Selon le président vénézuélien, "c'est le moment de repen-ser et de réinventer les processus affai-blis et agonisants d'intégration sub-régionale et régionale dont la crise est la manifestation la plus claire de l'absence d'un projet politique partagé. Heureuse-ment, en Amérique Latine et dans les Caraïbes, souffle un vent favorable pour lancer l'ALBA en tant que nouveau sché-ma d'intégration qui ne se limite pas au

par Luis Britto Garcia

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simple fait commercial mais qui, sur nos bases historiques et culturelles communes, tourne les yeux vers l'inté-gration politique, sociale, culturelle, scientifique, technologique, et physi-que" (Colussi, Marcelo: "ALBA: Une alternative réelle pour l'Amérique Lati-ne: de l'intégration néo-libérale à l'in-tégration populaire et solidaire" Rebel-lion 30-3-2005).

Le premier pas de l'ALBA se concrétise trois ans plus tard avec une "Déclaration sur l'ALBA" et un "Accord entre le président de la République Bolivarienne du Venezuela et le Prési-dent du Conseil d'Etat de Cuba pour l'application de l'Alternative Bolivarien-ne pour les Amériques", à La Havane, le 14 décembre 2004. Il y a 10 ans, deux hommes se réunissent pour met-tre au point les plans d'intégration lati-no-américaine et caribéenne de nos grands hommes sous "un projet politi-que partagé". Ce sont les présidents, et c'est significatif, du premier et du der-nier de nos pays à avoir obtenu leur Indépendance. De la collaboration en-tre Fidel Castro Ruz et Hugo Chavez Frias naît l'Alternative Bolivarienne pour Notre Amérique, aujourd'hui Al-liance Bolivarienne des Peuples d'Amé-rique. Alors, cela pouvait sembler un défi fou, comme celui des patriotes qui ont affronté ce qui avait été le plus grand empire du monde. Pour le mo-ment, l'ALBA est l'aube de l'espérance. Sous son inspiration, en 2005, l'ALCA est vaincue, la Zone de Libre Commer-ce des Amériques, qui prétendait ré-server aux Etats-Unis le trafic avec le Quart Monde. C'est la plus grande dé-faite diplomatique de la Grande Puis-sance du Nord, mais pas la dernière.

Pour le moment, l'ALBA semble se constituer comme préambule d'orga-nismes d'intégration comme la Com-munauté des Etats Latino-américains et Caribéens (CELAC) constituée en 2010 avec tous les pays américains à l'exception du Canada et des Etats-Unis, une communauté de 33 pays lati-no-américains et des Caraïbes avec 540 millions d'habitants sur 20 millions de

kilomètres carrés, une union régionale qui possède les plus importantes res-sources naturelles du monde et qui, dans son ensemble, pourrait être considérée comme la troisième écono-mie du monde. L'ALBA est aussi le pro-logue de l'Union des Nations Sud-américaines (UNASUR) constituée en 2011 avec 14 pays d'Amérique du Sud, Le rêve de Bolivar d'une Amérique Lati-ne Caribéenne est sur le point de se réaliser.

L'ALBA semblerait surpassée par ces unions colossales auxquelles elle a ser-vi de prologue. Examinons certains chiffres pour regarder la situation en perspective. L'ALBA est l'union de 9 pays, plus 2 en voie d'incorporation, presque le tiers des 33 pays qui com-posent la grande CELAC. Son territoire couvre au total 2 513 337 kilomètres carrés, un peu plus d'un dixième des 22 222 000 kilomètres carrés que cou-vrent toute l'Amérique Latine et les Caraïbes. Actuellement, la population de l'Alliance Bolivarienne est de 69 513 221 habitants, plus du dixième des 605 353 428 qui peuplent Notre Amérique.

Ces chiffres sont une preuve significati-ve que Notre Amérique est caribéenne et latino-américaine. Dans les pays de la région, Darcy Ribeiro a distingué des sociétés témoignages avec des groupes significatifs de population liés aux lan-gues et aux usages pré-colombiens, des sociétés transplantées dans les-quelles une majorité de descendants d'immigrants européens cherche à imi-ter la culture du Vieux Monde et des sociétés neuves dans lesquelles le mé-tissage ethnique et culturel suscite une puissante dynamique ouverte au chan-gement, au renouveau et par moments aux révolutions. Dans l'ALBA, il y a au moins 2 sociétés témoignage, l'Equa-teur et la Bolivie, avec des pourcenta-ges importants de population indigène qui conservent leur culture et leur for-me de vie. Le reste, y compris Cuba, le Nicaragua, le Venezuela et les nations des Caraïbes, sont des sociétés neuves avec des processus de métissage et de transformation sociale dynamiques. Il

n'est pas étonnant qu'au moins dans 4 de celles-ci progressent des processus révolutionnaires qui ont changé non seulement l'ordre intérieur mais les orientations politiques de la région.

La géographie de l'Alliance est égale-ment significative. L'ALBA comprend pour le moins 3 pays des Andes: le Ve-nezuela, l'Equateur et la Bolivie et par-ticipe aux problèmes et aux opportuni-tés qu'offre la région de la cordillère, parfois unie sous la Communauté Andi-ne des Nations, aujourd'hui défaite par les Traités de Libre Commerce avec les Etats-Unis. Ces 3 pays sont des pays de l'Amazonie qui ont des territoires éten-dus, des ressources, une partie impor-tante de la forêt tropicale, de la biodi-versité et des ressources hydrauliques de la planète. Ils possèdent d'impor-tantes ressources en énergie fossile gérées par des entreprises d'Etat: le Venezuela dispose des plus importan-tes réserves de pétrole de la planète. L'Equateur et le Nicaragua appartien-nent au versant pacifique, nouvel œil de l'économie mondiale, et la Bolivie réclame en justice une sortie sur l'Océan. Le Nicaragua occupe une si-tuation privilégiée, avec des côtes sur l'Atlantique et les Caraïbes, c'est le siè-ge prévu pour un second canal inter-océanique dont l'importance stratégi-que et économique serait comparable à celle du canal de Panama et qui rom-prait le contrôle virtuel sur le passage entre les océans jusqu'à présent exercé directement ou indirectement par les Etats-Unis. Le Honduras, membre de l'ALBA entre 2008 et 2009, possède aussi des débouchés sur les deux océans. Les autres pays de l'ALBA sont des pays des Caraïbes. Leur vote a été décisif dans plusieurs discussions conflictuelles dans les organismes in-ternationaux. Leurs ports peuvent être des endroits très importants quand le second canal inter-océanique amplifie-ra et renforcera le trafic maritime avec le Pacifique et avec les économies do-minantes du monde, qui ont des côtes sur cet océan.

Cela réactive le grand projet géopoliti-que de Bolivar. Un nouveau passage

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entre les océans au service des pays progressistes et des producteurs d'énergie fossile situés stratégique-ment entre les deux eaux constitue un bloc de pouvoir d'influence décisive dans la nouvelle configuration du mon-de. Ces 10 dernières années, prêtant l'oreille aux appels répétés d'Hugo Cha-vez Frias et des autres présidents de l'union, l'ALBA a intégré presque 1 pays par an. Ses relations avec les grandes organisations régionales, le MERCO-SUR, la CELAC, l'UNASUR, sont plus que cordiales. Actuellement, l'ALBA est un facteur décisif dans les relations de l'hémisphère.

Si les pouvoirs économiques et straté-giques de l'ALBA sont indéniables, sa projection politique et culturelle n'est pas moins importante. Dans 4 de ses pays: Cuba, la Bolivie, l'Equateur et le Venezuela, progressent des processus révolutionnaires qui ont ouvert des perspectives pour l'autonomie et l'in-dépendance de Notre Amérique. Au Honduras, l'avancée d'un processus progressiste a été interrompu en 2009 par un brutal coup d'Etat organisé de-puis la base étasunienne de Palmasola. L'ALBA est l'exemple patent du fait qu'on peut promouvoir avec succès des projets révolutionnaires en démo-cratie, avec des avancées impression-nantes dans le domaine économique et social et en brisant le blocus que l'im-périalisme impose habituellement à de tels projets.

Il y a une symétrie entre les projets socialistes compris dans l'ALBA et la politique extérieure que ceux-ci propo-sent dans leur Alliance. Il serait trop long de détailler ses propositions, ses principes et ses réussites. Nous rappel-lerons seulement quelques points de base.

Pour atteindre ses objectifs, l'ALBA est guidée par les principes et les bases essentielles suivantes: 1. Le commerce et l'investissement ne doivent pas être un but en soi mais des instruments pour atteindre un développement jus-te et soutenable, car la véritable inté-gration latino-américaine et caribéen-ne ne peut être la fille aveugle du mar-

ché, encore moins une simple stratégie pour élargir les marchés extérieurs ou stimuler le commerce. Pour y arriver, il faut une participation effective de l'Etat comme régulateur et coordina-teur de l'activité économique.

2. Un accord spécial et différent qui prend en compte le niveau de dévelop-pement des différents pays et la di-mension de leur économie et qui ga-rantit l'accès de toutes les nations qui y participent aux bénéfices qui découlent du processus d'intégration.

3. La complémentarité économique et la coopération entre les pays partici-pants et non la concurrence entre pays et productions, de façon que soit en-couragée une spécialisation de la pro-duction, efficace et compétitive com-patible avec le développement écono-mique équilibré de chaque pays, avec les stratégies de lutte contre la pauvre-té et avec la préservation de l'identité culturelle des peuples.

4. Une coopération et une solidarité qui s'expriment dans des plans spé-ciaux pour les pays les moins dévelop-pés de la région, qui comprend un Plan Continental contre l'analphabétisme, un plan latino-américain de soins de santé gratuits pour les citoyens qui manquent de tels services et un plan de bourses régionales dans les domai-nes d'importance capitale pour le dé-veloppement économique et social.

5. La création du Fonds d'Urgence So-ciale, proposé par le Président Hugo Chavez au Sommet des Pays Sud-américains qui a eu lieu à Ayacucho.

6. Le développement des communica-tions et du transport entre les pays latino-américains et des Caraïbes qui comprend des plans conjoints de rou-tes, de chemins de fer, de lignes mariti-mes et aériennes, de télécommunica-tions et d'autres.

7. Des actions pour favoriser la soute-nabilité du développement avec des normes qui protègent le milieu am-biant, stimulent l'utilisation rationnelle des ressources et empêche la proliféra-tion de modèles de consommation ba-sé sur le gaspillage éloignés des réalités

de nos peuples.

8. Une intégration énergétique entre les pays de la région qui assure l'appro-visionnement stable en produits éner-gétiques des sociétés latino-américaines et caribéennes, comme l'encourage la République Bolivarienne du Venezuela avec la création de Pe-troamerica.

9. L'investissement de capitaux latino-américains en Amérique Latine et dans les Caraïbes pour réduire la dépendan-ce des pays de la région envers les in-vestissements étrangers. Pour cela ont été créés, entre autres, un Fonds d'In-vestissement Latino-américain, une Banque de Développement du Sud et la Société des Garanties Réciproques Latino-américaines.

10. La défense de la culture latino-américaine et des Caraïbes et de l'iden-tité des peuples de la région, en res-pectant particulièrement et en encou-rageant les cultures autochtones et indigènes. la création de la Télévision du Sud (TELESUR) comme instrument alternatif au service de la diffusion de nos réalités.

11. Des mesures pour que les normes de propriété intellectuelle, en même temps qu'elles protègent le patrimoine des pays latino-américains et caribéens de la voracité des entreprises transna-tionales ne deviennent pas un frein à la nécessaire coopération dans tous les domaines entre nos pays.

12. La concertation de propositions dans la sphère multilatérale et dans les processus de négociation de toutes sortes avec des pays et des blocs d'au-tres régions, y compris la lutte pour la démocratisation et la transparence dans les organismes internationaux, en particulier aux Nations Unies et dans ses organes.

En vertu de quoi, l'ALBA s'organise en fonction d'un ensemble de principes directeurs qui, cités intégralement, sont les suivants:

1. L'intégration néo-libérale donne la priorité à la libéralisation du commerce et des investissements.

2. L'Alternative Bolivarienne pour

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Source: Cuba Debate (espagnol) Traduit par Françoise Lopez pour Cuba Si France Provence: cubasifranceproven-ce.over-blog.com/

l'Amérique Latine (ALBA) est une pro-position qui centre son attention sur la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale.

3. Dans la proposition de l'ALBA, on accorde une importance cruciale aux droits de l'homme, au droit du travail et de la femme, à la défense de l'envi-ronnement et à l'intégration physique.

4. Dans l'ALBA, la lutte contre les politi-ques protectionnistes et les subven-tions ruineuses des pays industrialisés ne peut aller contre le droit des pays pauvres à protéger ses paysans et ses producteurs agricoles.

5. Pour les pays pauvres où l'activité agricole est fondamentale, les condi-tions de vie de millions de paysans et d'indigènes seraient irrémédiablement affectées en cas d'inondation de biens agricoles importés même dans les cas dans lesquels il n'y a pas de subven-tions.

6. La production agricole est beaucoup plus que la production d'une marchan-dise. C'est la base pour préserver des options culturelles, c'est une forme d'occupation du territoire, elle définit des modalités de relation avec la natu-re, elle a à voir directement avec la sécurité et l'auto-suffisance alimentai-re. Dans ces pays, l'agriculture est, plus encore, un mode de vie et ne peut être traitée comme une autre activité éco-nomique.

7. L'ALBA doit attaquer les obstacles à l'intégration à leur racine, à savoir:

a. La pauvreté de la majorité de la po-pulation.

b. Les profondes inégalités et asymé-tries entre les pays.

c. L'échange inégal et les conditions inégales des relations internationales.

d. Le poids d'une dette impossible à payer.

e. L'imposition des politiques d'ajuste-ment structurel du FMI et de la Banque Mondiale et des règles rigides de l'OMC qui sapent les bases du soutien social et politique.

f. Les obstacles pour avoir accès à l'in-formation, à la connaissance et aux technologies qui découlent des accords actuels sur la propriété intellectuelle, et,

g. Porter son attention sur les problè-mes qui touchent le renforcement de la démocratie, comme la monopolisa-tion des médias de communication sociale.

8. Affronter ce qu'on appelle la Réfor-me de l'Etat qui ne fait que mettre en place de brutaux processus de dérégu-lation, de privatisation et de démonta-ge des capacités de gestion publique.

9. Comme réponse à la brutale dissolu-tion subie depuis plus de 10 ans d'hé-gémonie néo-libérale, à présent s'im-pose le renforcement de l'Etat avec pour base la participation du citoyen dans les affaires publiques.

10. Il faut remettre en question l'apologie du libre commerce pour lui-même, comme s'il suffisait pour garantir automatique-ment les avancées vers de meilleurs ni-veaux de croissance et vers le bien-être collectif.

11. Sans une claire intervention de l'Etat destinée à réduire les disparités entre les pays, la libre concurrence entre inégaux ne peut conduire à rien d'autre qu'au renfor-cement des plus forts au préjudice des plus faibles.

12. Approfondir l'intégration latino-américaine demande une feuille de route économique définie par les Etats souve-rains, hors de toute influence néfaste des organismes internationaux (http://www.alternativabolivariana.org/)

De tout ce qui a été exposé, on conclut que l'ALBA n'est en aucune façon envisagée comme un espace libre d'obstacles pour l'action des forces du capital, mais comme

un milieu dans lequel les Etats feront déli-bérément valoir leurs protestations en tant que représentants des peuples pour garan-tir à ceux-ci les meilleures conditions pour un développement économique, social et culturel intégré. Et en effet, nous avons vu que la simple intégration commerciale pro-duit irrésistiblement l'asservissement des économies de moindre importance et de moindre niveau de développement aux plus grandes et aux plus développées. L'im-plantation du Traité de Libre Commerce a signifié la subordination des économies du Canada et du Mexique à celle des Etats-Unis, la création du MERCOSUR a apporté des avantages décisifs à l'économie brési-lienne en comparaison avec celle de l'Ar-gentine et ainsi de suite. Si l'Amérique Lati-ne et les Caraïbes veulent s'unir, elles doi-vent rompre ce circuit dans lequel l'inté-gration signifie subordination et intensifi-cation des asymétries.

13. La réponse étasunienne ne s'est pas faite attendre. Marcelo Colussi cite l'ex-pression de l'ex secrétaire d'Etat adjoint pour l'Hémisphère Occidental, Otto Reich, qui, en 2005, parle de Fidel Castro et d'Hu-go Chavez comme des "deux terribles d'Amérique Latine" dans la revue de droite National Review et précise qu'"il y a une alliance gauchisante et populiste dans la plus grande partie de l'Amérique du Sud. C'est une réalité que les politiques des Etats-Unis doivent affronter et notre plus grand défi est de neutraliser l'axe Cuba-Venezuela" (Colussi Marcelo : "L'ALBA, une alternative réelle pour l'Amérique Latine: de l'intégration néo-libérale à l'intégration populaire et solidaire", Rebelion, 30-3-2005). Il a été impossible à l'Empire pen-dant un demi-siècle de neutraliser Cuba: il pourrait être encore plus difficile de neu-traliser une alliance qui comprend la puis-sance énergétique décisive vénézuélienne, équatorienne et bolivienne et les puissan-tes forces sociales qui émergent sur le continent, qui pourraient, en définitive, consolider les possibilités latentes de l'Amérique Latine et des Caraïbes.

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