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Comptes rendus. COMMUNICATION. NOTE SUR TROIS PERSONNAGES, DU NOM DE BOSON, QUI SONT 3IEN- TIONNS EN CIIÂIPAGNE lu IXC_Xe SICLE, PAR M. À. 0F: BARTII- LEMY, MEMBRE DE L'CADMIE. Le nom de Boson paraît à plusieurs reprises dans l'histoire de la Champagne au ix' et au x° siècle. Des auteurs très au- torisés admettent ( l ue Boson, fils de Thierry, comte d'Autun, qui fut duc de Lombardie en 87 7 et roi de Provence de 879 à 88 7 aurait eu des bien dans le Pertois et en aurait disposé en faveur de l'abbaye de Montiérender. Ils fondent leur opi- nion sur deux textes conservés dans le cartulaire de cctt abbaye. Un autre Boson, frère du roi Raoul, posséda aussi Vitrv- en-Pertois dans le premier tiers du Xe siècle: une charte dii même cartulaire en donne la preuve (fol. 38). L'étude attentive des deux actes qui concernent le premier (le ces personnages m'a paru offrir certaines difficultés que j'ai tenté d'éclaircir. Au folio 21 du cartulaire on lit un testament, ou, pour parler plus exactement, une donation entxe vifs ( ' ) faite à kn- tiérender par un Boson, qui ne prend aucune qualification et qui abandonne tout ce qu'il a in Pff0 Pertense. Cet acte est ainsi daté: Acium Pertenso ad Isilicam Sancti Desiderii ubi voca- bulum est Olunna vico publico. Datum est hoc testamenlunz octavo ;dus octobris anno xxxvi regnante Domino nostro Karolo rege swe impera tore. A cette époque, et jusqu'au xii' siècle, il ne faut pas oublier que le mot testamenturn était employé comme le mot chirographuros pour indiquer un acte privé, sans que ce ftt un acte de dernière volonté Document NI- il il Il Il il Ili illilIl il IIli il 0000005635702 pp-

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Comptes rendus.

COMMUNICATION.

NOTE SUR TROIS PERSONNAGES, DU NOM DE BOSON, QUI SONT 3IEN-

TIONNS EN CIIÂIPAGNE lu IXC_Xe SICLE, PAR M. — À. 0F: BARTII-

LEMY, MEMBRE DE L'CADMIE.

Le nom de Boson paraît à plusieurs reprises dans l'histoirede la Champagne au ix' et au x° siècle. Des auteurs très au-torisés admettent ( lue Boson, fils de Thierry, comte d'Autun,qui fut duc de Lombardie en 87 7 et roi de Provence de 879à 88 7 aurait eu des bien dans le Pertois et en aurait disposéen faveur de l'abbaye de Montiérender. Ils fondent leur opi-nion sur deux textes conservés dans le cartulaire de ccttabbaye.

Un autre Boson, frère du roi Raoul, posséda aussi Vitrv-en-Pertois dans le premier tiers du Xe siècle: une charte diimême cartulaire en donne la preuve (fol. 38).

L'étude attentive des deux actes qui concernent le premier(le ces personnages m'a paru offrir certaines difficultés que j'aitenté d'éclaircir.

Au folio 21 du cartulaire on lit un testament, ou, pourparler plus exactement, une donation entxe vifs ( ' ) faite à kn-tiérender par un Boson, qui ne prend aucune qualification etqui abandonne tout ce qu'il a in Pff0 Pertense. Cet acte estainsi daté: Acium Pertenso ad Isilicam Sancti Desiderii ubi voca-bulum est Olunna vico publico. Datum est hoc testamenlunz octavo;dus octobris anno xxxvi regnante Domino nostro Karolo regeswe impera tore.

A cette époque, et jusqu'au xii' siècle, il ne faut pas oublier que le mottestamenturn était employé comme le mot chirographuros pour indiquer un acteprivé, sans que ce ftt un acte de dernière volonté

Document

NI- il il Il Il il Ili illilIl il IIli il0000005635702

pp-

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Dans ce Charles, l'auteur du cartulaire a cru reconnaîtreCharles le Chauve et u mis en note la date de 876.

A cela on peut faire une objection sérieuse, c'est qu'aufolio suivant on trouve la transcription d'un diplôme royal(l'un roi Charles, confirmant les biens (le l'abbaye ainsi que ladonation de Boson et daté ainsi Data nui kalendasfc&ruarii,mdwtwnc H, in anno xviii, regnante Karolo gloriosissimo rege.Actwn Carisiaco palalio (fol. 2). En marge, on a encore in-diqué la date 876.

Si c'était Charles le Chauve qui figure dans ces deux textes,la confirmation de la libéralité de Boson serait antérieure dedix-huit années à l'acte lui-même. La présence de Parduif,évêque de Laon, dans le second ne peut pas le placer plushaut que 858. Comment expliquer cette impossibilité enquelque sorte mathématique?

Le seul moyen est d'attribuer les trente-six années de l'actede donation, indiquées au règne d'un Charles, roi et empe-reur, à Charlemagne, c'est-à-dire de proposer 8o!i, 88 7 et807 selon l'année du commencement du règne. Dès lors, leBoson en question serait un personnage différent de son hc-monyme le roi de Provence qui mourut en 88 7 et ne put ac-complir une aussi longue carrière. Mais alors qui était ceBoson?

Nous le voyons en 86 11 disposer de ses biens du Pertois enfaveur de Montiérender, sous prendre aucune qualification.Vers 858, il n'existait plus, Charles le Chauve s'exprime ainsien rappelant sa libéralité : quuontlarn Boso cornes palatinus nos-1er. Plus tard, en 9 66, le comte Herbert (fol. 07) parle dela donation faite par Karolo irnperatore augusto et Bosone quon-dam ejusdern Karoli imperaloris conspola lia.

Il me semble que si mes calculs sont exacts on doit recon-naître l'existence de trois Bosons.

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Comptes rendus. 44Le premier, mort avant 858 qui était le bienfaiteur de l'ab-

bave de Mont,irender.Le second, fils de Thierry, comte d'Autun, roi de Pro-

vence, mort en 88 7 , à qui on doit attribuer les libéralitésfaites en 8 77 4 Moutier-fa-Celle et, en 8 7 9, è Montiéramev.

Le troisième, frère du roi Raoul, qui posséda ic comté (leVitry dans le premier tiers du xe siècle, et qui parait dans lecartulaire de Montiérander, au folio 38.

Peut-être, en compulsant les diplômes carolingiens con-temporains de Charlemagne et de Louis le Débonnaire, trou-vera-t-on des mentions de ce premier Boson qui était comtedu palais sous Charles le Chauve; le diplôme do ce roi s'ex-prime ainsi : quondanz Boso cornes palatinus noster; et le comteHerbert en rappelant, un siècle plus tard, la donation queje date entre 8o4 et 807 et qui fut reconnue par Charles leChauve en 858, peut très bien faire allusion non è Char-lemagne, mais è son petit-fils, mort en 877 roi et empereuret dont Boson avait été comte du palais.

De ces observations, il résulterait que le premier Boson,peut-être comte du Pertois sous Charlemagne et comte duPalais sous Charles le Chauve aurait fait un don important èMontiérender, au lieu dit Olunna qui devint la ville de Saint-Dizier;

Que le second Boson, qui mourut roi de Provence, étaitpossessioni dans le diocèse de Troyes où il se montra protec-teur des abbayes de Moutier-la-Celle et de Montiéramey;

Que le ti-oisième Boson fut, sans contestation, comte deVitry, qui représentait alors l'ancien comté de Pertois.

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TIONNÉS El CHAMPAGNE AU IX-X' SIÈCLE, PAR M. A. DE BABTHI-

LEMY, ME! 3EE DE L'ACADJM1E,

Le nom de Boson parait à plusieurs reprises dans l'histoirede la Champagne au ix et au x° siècle. Des auteurs très ais-torisés admettent que Boson, lus de Thierry, comte d'Autun,qui fut duc (le Lombardie Cfl 877 et roi de Provence de 879à 887 aurait eu des biens dans le Pertois et en aurait disposéen faveur de l'abbaye de Montirerider. Ils fondent leur opi-nion sur deux textes conservés dans le cartulaire de cetteabbaye.

Un autre Boson, frère du roi Raoul, posséda aussi Vitry-en-Pertois dans le premier tiers du Xe siècle: une charte dumême cartulaire en donne la preuve (fol. 38).

L'étude attentive des deux actes qui concernent le premierde ces personnages m'a paru offrir certaines difficultés que j'aiLents d'éclaircir.

Au folio 21 du cartulaire on lit un testament, ou, pourparler plus exactement, une donation entre vifs (O faite à lon-tiérender par un Boson, (lui no prend aucune qualification etqui abandonne tout ce qu'il ii in pago Pertense. Cet acte estainsi daté: Actwn Pertense ad basilicam Sancti Desiderii ubi voca-bulum est Olunna vira publico. Datum est hoc testainentuns octavoidus octobi'is anno xxxvi regnante Domino nostro Àarolo regese impera tore.

A cette éprs1ie, et jusqu'au rr siècle, il rie faut pas oublier que le moth'stansentum était employé comme le mot chirographum pour indiquer un acteprivé, sans que ce fiXt un acte de dernière volonté.

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202ACADÉMIE, DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

Dans ce Charles, l'auteur du cartulaire a cru reconnattreCharles le Chauve et a mis en note la date de 876.

A cela on peut faire une objection sérieuse, c'est qu'aufolio suivant on trouve la transcription d'un diplôme royald'un roi Charles, confirmant les biens de l'abbaye ainsi que ladonation de Boson et daté ainsi Data vuir kalendasfcbruarii,indictione u, in anno xviii, regnante Karolo ffloriosissimo rege.Actum Garisiaco palatio (fol. 2 2). En marge, on a encore in-diqué la date 876.

Si c'était Charles le Chauve qui figure dans ces deux textes,la confirmation de in libéralité de Boson serait antérieure dedix-huit années à l'acte lui-môme. La présence de Pardulf,évêque de Laon, dans le second ne peut pas le placer plushaut que 858. Comment expliquer cette impossibilité enquelque sorte mathématique?

Le seul moyen est d'attribuer les trente-six années de l'actede donation indiquées au règne (l'un Charles, roi et empe-reur, à Charlemagne, c'est-à-dire de proposer 8o 't, 88 7 ou807 selon l'année du commencement du règne. Dès lors, leBoson en question serait un personnage différent de son ho-monyme le roi de Provence qui mourut en 88 7 et ne put ac-complir une aussi longue carrière. Mais alors qui était ce Boson

Nous le voyons en 864 disposer de ses biens du Pertois enfaveur de Montiérender, sans prendre aucune qualification.Vers 858, il n'existait plus, Charles le Chauve s'exprime ainsien rappelant sa libéralité : quondam Boso cornes palatinus nos-ter. Plus tard, en 966, le comte Ilerbert (fol. 7) parle dela donation faite par Karolo imperatore augusto et Bosone quon-dan ejusdem Karoli imperatoris conspolatio.

II me semble que si mes calculs sont exacts on doit recon-naître l'existence de trois Bosons.

Le premier, mort avant 858 qui était le bienfaiteur de l'ab-baye de Montiérender.

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Le second, fils de Thierry, comte d'Autun, roi de Pro-vence, mort en 887, à qui on doit attribuer les libéralitésfaites en 8 77Montier-la-Celle et, en 879, Montiéramey.

Le troisième, frère du roi Raoul, qui posséda le comté deVitry dans le premier tiers du X' siècle, et qui parait dans lecartulaire de Moritiérnder, au folio 38.

Peut-tre, en compulsant les diplômes carolingiens con-lemporams de Charlemagne et de Louis le Débonnaire, trou-vera-t-on des mentions de ce premier Boson, qui était comtedu palais sous Charles le Chauve; le diplôme de ce roi s'ex-prime ainsi quonclam Jioso cornes palalinus noster; et le comteHerbert en rappelint, un siècle plus tard, la donation queje date entre 8o! et 807 et qui fut reconnue par Charles leChauve en 858, peut très bien faire allusion non à Char-lemagne, mais à son petit-fils, mort en 8 77 roi et empereuret dont Boson avait été comte du palais.

De ces observations, il résulterait (1UC le premier Boson,peut-être comte du Pertois sous Charlemagne et comte dupalais sous Charles le Chauve aurait fait un don important àMontiérender, au lieu dit ()lunna, qui devint la ville de Saint-Dizier;

Que le second Boson, qui mourut roi de Provence, étaitpossessionnt dans le diocèse de Troyes où il e montra protec-teur des abbayes de Montier-la-Celle et de Montiéramey;

Que ic troisième Boson fut, sans contestation, comte deVitry, qui représentait alors l'ancien comté de Pertois.

LIVRES OFFERTS.

Sont offertsSépulture du x siècle d Kiev, parle baron de Baye (Paris, 1896, in-8';

extrait ds Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France);

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l\tI[\, [é.1\iII;Ij\,LIliii

Mission archéologique et ethnographique en Rnsie et en Sibérie occiden-talc (1595), par le même auteur (Paris, 186, in-8);

Répertoire général de bio-bibliographie bretonne, par M. René Kerviler.Livre 1°' : Les Bretons, 23' fasc. Chas-c/ies (Rennes, 1896, irt-R°').

Le Ministère de l'instruction publique d'Italie adiese h l'Académie lesquatre volumes suivants : htdici e cataloghis XI. /100011 di Gabriel Giolitode' Ferrari. vol. Il, fisc, i ; - XIV. Gatalogo delle edi;ioni romane di An-tonio Blado Asolano cd eredi, vol. I, t'ose. 9 ; - XV. I tnanowritti dellaB. Biblioieca Riccardiana di Firenze, vol. I, fasc. i; - XVI. Biblio1jrajiaGalilciana (Borna, 1895 et i86, in-8').

M. Ant. Rausclimaier, professeur de langues modernes au rr llealgvni-nasium de Wiu'tzhourg, adresse h l'Académie un fascicule de la Ba!,lcr-ische Zeissc/trjfi Jrtr Realschultveven (nette Folge, Bd. IV, lIeft li), qui con-tient deux solutions proposées par lui pour l'éclaicissenwni de deux pas-sages assez obscurs de la Divine Gome'die de Dante (Enfer, VII, s, etXXXI, 67).

M. BARBIER an MRYrAaD présente au nom (le l'auteur M. (le Mély, unenote sur L'alchimie chez les Chinais et l'alchimie grecque (Paris, i8q5in-8'; extrait du Journal asiatique).

M. de Mély, dont on connaît les savantes recherches sur la minéra-logie dans l'antiquité, notamment une L'ude sur le lapidaire d'Aristote,n eu la curiosité d'étendre la môme méthode d'investigation aux théoriesou pour mieux dite, aux légendes chinoises qui se rapportent aux métauxet h leur transformation. Il constate dans l'alchimie chinoise, commedans l'alchimie occidentale, deux parties très distinctes ,l'une absolumentthéorique qui s'efforce (l'expliquer l'origiiie et la formation des métauxau sein de la terre, l'autre toute d'application, quoique fondée sur lesdonnées de la théorie.

De là, une foule d'analogies inattendues entre les définitions aristoté-liques et les commentaires chinois ci japonais dont M. (le Mély a pu con-sulter les traductions. Je citerai comme exemples le rapprochement qu'ilétablit entre le vi3z de Pythagore et le principe k'i qui est pont lesChinois l'esprit vital, la source de l'être, le plomb considéré comme t'en-fermant le germe (le tous les métaux, les pétrifications et d'autres théoriesqu'il est curieux de comparer à celles du lapidaire grec.

Plus loin, l'auteur décrit les deux procédés chinois, la voie sèche et lavoie humide, qui servaient à Convertit' les métaux en or, ceux qui sontemployés pour transformer le fer en cuivre, etc. Enfin, dans les dernièrespages de son mémoire, il passe en revue les légendes lapidaires qui se