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Pierre Corneille La société baroque sur scène 3. Les premières comédies

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Pierre CorneilleLa société baroque

sur scène3. Les premières comédies

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Mélite automne 1629 une pastorale transposée dans un décor urbain l’amour et le mariage d’amour ou de raison la puissance et le crédit de deux maisons deux fortunes deux domaines Antoine Furetière: Roman bourgeois (1666) : Sçachez donc que, la corruption du siècle ayant

introduit de marier un sac d’argent avec un autre sac d’argent, en mariant une fille avec un garçon, comme il s’estoit fait un tariffe lors du decry de merite et de la vertu, il fut fait un tariffe pour l’évaluation des hommes et pour l’assortiment des partis.

9 catégories de combinaisons possibles

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Mélite Éraste – son ami Tircis: Peut-être dis-tu vrai, mais ce choix difficile

Assez et trop souvent trompe le plus habile,Et l’Hymen de soi-même est un si lourd fardeauQu’il faut l’appréhender à l’égal du tombeau.S’attacher pour jamais au côté d’une femme !Perdre pour des enfants le repos de son âme,Quand leur nombre importun accable la maison !Ah ! qu’on aime ce joug avec peu de raison !

il présente Tircis à Mélite

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Mélite la jalousie d’Éraste Tircis – un sonnet une fausse lettre Mélite y déclare

son amour pour Philandre qui aime Cloris

le couple Philandre-Cloris menacé

Philandre aime Mélite

Tircis et Philandre Tircis un

monologue de près de 100 vers

pathétique, presque tragique

la perfidie gratuite il va se tuer la folie d’Éraste

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Mélite Lisis, à Cloris

Pouvez-vous demeurer auprès d’une personneDigne pour ses forfaits que chacun l’abandonne ?Quittez cette infidèle, et venez avec moi,Plaindre un frère au cercueil par son manque de foi. MéliteQuoi ? son frère au cercueil ? Lisis

Oui, Tircis plein de rageDe voir que votre change indignement l’outrage,Maudissant mille fois le détestable jourQue votre bon accueil lui donna de l’amour,Dedans ce désespoir a rendu sa belle âme. MéliteHélas ! soutenez-moi, je n’en puis plus, je pâme. ClorisAu secours, au secours.

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Mélite Éraste aux Enfers les Parques: Tisiphone, Alecton et Mégère le vieil entremetteur Cliton – le nautonier Charon le fleuve Styx la vieille nourrice de Mélite La mort de son Tircis me l’a doncques ravie,

Je ne l’avais pas su, Parques, jusqu’à ce jourQue vous relevassiez de l’empire d’amour,J’ignorais qu’aussitôt qu’il assemble deux âmesIl vous pût commander d’unir aussi leurs trames,J’ignorais que pour être exemptes de ses coupsVous souffrissiez qu’il prît un tel pouvoir sur vous.Vous en relevez donc, et vos ciseaux barbaresTranchent comme il lui plaît les choses les plus rares ?

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Mélite la fureur amoureuse: des troubles de la

marche, de l’audition, de la vision, des hallucinations

sur les épaules de Cliton Éraste, fou agressif, l’épée au poing: Je vois déjà Mélite, ah ! belle ombre, voici

L’ennemi de votre heur qui vous cherchait ici,C’est Éraste, c’est lui, qui n’a plus d’autre envieQue d’épandre à vos pieds son sang avec sa vie,Ainsi le veut le sort, et tout exprès les DieuxL’ont abîmé vivant en ces funestes lieux.

Tircis est vivant, Mélite est vivante. l’aliénation d’Éraste se termine

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Mélite Mélite et Tircis réconciliés Philandre volage Cloris a droit à la réparation Éraste se tourne vers Cloris Cloris – une épreuve nécessaire : Cloris

Aimez-moi seulement, et pour la récompenseOn me donnera bien le loisir que j’y pense. TircisOui jusqu’à cette nuit, qu’ensemble ainsi que nousVous goûterez d’Hymen les plaisirs les plus doux. ClorisNe le présumez pas, je veux après PhilandreL’éprouver tout au long de peur de me méprendre.

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Mélite C’est bien quelque raison, mais ceux qu’il m’a

rendusIl ne les faut pas mettre au rang des pas perdus.Ma sœur, acquitte-moi d’une reconnaissanceDont un destin meilleur m’a mise en impuissance,Accorde cette grâce à nos justes désirs.

les services d’Éraste validés un protocole de l’amour avec les rites de la

demande en mariage une théologie de l’amour avec déification de la

dame une lyrique de l’amour une pathologie de l’amour

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Mélite Il semble à ces discours qu’il ait perdu le

sens.Éraste, cher ami, quelle mélancolieTe met dans le cerveau cet excès de folie ?

un dérèglement humoral Jacques Ferrand : Traité de l’essence et

guérison ou De la mélancolie érotique. Paris 1610

un excès de bile le foie, la rate et les boyaux sans personnages ridicules les Valets bouffons, les Parasites, les

Capitaines, les Docteurs, etc. Plaute et Térence

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Mélite Dédicace: pour les honnêtes gens, sans moyens

grossiers Greenberg: Corneille’s comedies introduced into

the traditionally implausible plots of the 16th-century Italian theatre characters whose comic dilemmas were the result of their own inner psychological conflicts. The shift from comedy of circumstance to comedy of character, anchored in situations produced by strongly differentiated personalities, had profound consequences not only for the subsequent development of comedy in the 17th century but also for Corneille’s titanic career as a dramatist.

le réalisme dans les personnages une bourgeoisie aisée ou riche le mariage de raison est normal le mariage d’amour soulève des inquiétudes graves

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Mélite Alors ne pense pas que j’épouse un visage,

Je règle mes désirs suivant mon intérêt,Si Doris me voulait, tout laide qu’elle est,Je l’estimerais plus qu’Aminthe, et qu’Hippolyte,Son revenu chez moi tiendrait lieu de mérite :C’est comme il faut aimer, l’abondance des biensPour l’amour conjugal a de puissants liens ;La beauté, les attraits, le port, la bonne mine,Échauffent bien les draps, mais non pas la cuisine,Et l’Hymen qui succède à ces folles amoursPour quelques bonnes nuits, a bien de mauvais jours ;Une amitié si longue est fort mal assuréeDessus des fondements de si peu de durée :C’est assez qu’une femme ait un peu d’entregent,La laideur est trop belle étant teinte en argent.Et tu ne peux trouver de si douces caresses,Dont le goût dure autant que celui des richesses.

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Mélite le problème des enfants Tircis conquis par

l’amour une fin heureuse l’expérience

sentimentale de la méfiance

l’expérience sociale du conflit entre les aspirations des cœurs et la réalité de l’argent

l’amour et l’argent

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La veuve ou Le traître trahi (1631) à Paris, dans un décor quotidien Philiste aime Clarice, riche veuve une liberté extrêmement rare pour une femme Clarice s’impatiente : Il me sert en esclave, et non pas en amant,

Tant mon grade s’oppose à mon contentement.Ah ! que ne devient-il un peu plus téméraire !Que ne s’expose-t-il au hasard de me plaire !Amour, gaigne à la fin ce respect ennuyeux,Et rends-le moins timide, ou l’ôte de mes yeux.

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La veuve l’inégalité des fortunes entre lui et elle des scènes de tendresse Philiste – son amour platonique : J’aime sans espérer, et je ne me promets

Aucun loyer d’un feu qu’on n’éteindra jamais.L’amour devient servile alors qu’il se proposeLe seul espoir d’un prix pour son but et sa cause,Ma flamme est toute pure et sans rien présumerJe ne cherche en aimant, que le seul bien d’aimer.

Clarice déclare leur amour réciproque à la fin du deuxième acte, la date de leur mariage

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La veuve

une péripétie nécessaire

Alcidon, faux ami de Philiste, amoureux véritable de Clarice

Doris, sœur de Philiste, qui ne se laisse pas tromper

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La veuve Qu’aux filles comme moi le sort est inhumain.

Que leur condition me semble déplorable !Une mère aveuglée, un frère inexorable,Chacun de leur côté prennent sur mon devoirEt sur mes volontés un absolu pouvoir,Chacun me veut forcer à suivre son caprice,L’un a ses amitiés, l’autre a son avarice,Ma mère veut Florange, et mon frère Alcidon.Dans leurs divisions mon cœur à l’abandonN’attend que leur accord pour souffrir et pour feindre,Je n’ose qu’espérer et je ne sais que craindre,Ou plutôt je crains tout, et je n’espère rien,Je n’ose fuir mon mal, ni rechercher mon bien.Dure sujétion ! étrange tyrannie !Toute liberté donc à mon choix se dénie !

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La veuve la sensibilité profonde d’une société Alcidon enlève la veuve Philiste peut épouser Clarice Doris l’honnête ami d’Alcidon la vieille mère de Philiste et de Doris : Ô que sur mes vieux ans

Le pitoyable Ciel me fait de doux présents !Qu’il conduit mon bonheur par un ressort étrange !Qu’à propos sa faveur m’a fait perdre Florange !Ainsi me donne-t-il pour comble de mes vœuxBientôt des deux côtés quelques petits neveux,Rendant par les doux fruits de ce double hyménéeMa débile vieillesse à jamais fortunée !

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La Galerie du Palais ou L’amie rivale saison

1632-3 Abraha

m Bosse(1604-76)

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La Galerie du Palais ou L’amie rivale Célidée, fille obéissante Lysandre Monsieur, il est tout vrai, son ardeur légitime

A tant gaigné sur moi, que j’en fais de l’estime,J’honore son mérite, et n’ai pu m’empêcherDe prendre du plaisir à m’en voir rechercher,J’aime son entretien, je chéris sa présence,Mais cela n’est aussi qu’un peu de complaisance,Qu’un mouvement léger qui passe en moins d’un jour.Vos seuls commandements produiront mon amour,Et votre volonté de la mienne suivie…

mettre en question ce bonheur tranquille

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La Galerie du Palais un nouveau venu – Dorimant un amant trop docile la curiosité l’obscur besoin de le faire souffrir l’inconstance naturelle de la jeunesse Mon cœur a de la peine à demeurer constant,

Et pour te découvrir jusqu’au fonds de mon âme,Ce n’est plus que ma foi qui conserve ma flamme,Lysandre me déplaît de me vouloir du bien,Plût à Dieu que son change autorisât le mien,Ou qu’il usât vers moi de tant de négligenceQue ma légèreté se pût nommer vengeance !Si j’avais un prétexte à me mécontenterTu me verrais bientôt résoudre à le quitter.

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La Galerie du Palais mettre son amant à l’épreuve Hippolyte, son amie rivale Lysandre: d’abord d’une fidélité irréprochable ensuite, ramener l’infidèle en la rendant jalouse le châtiment de l’inconstance Volage, fallait-il pour un peu de rudesse

Vous porter si soudain à changer de maîtresse ?Que je vous croyais bien d’un jugement plus meur !Ne pouviez-vous souffrir de ma mauvaise humeur ?Ne pouviez-vous juger que c’était une feinte,À dessein d’éprouver quelle était votre atteinte ?

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La suivante Amarante saison 1633-4 une jeune fille de bonne éducation en service chez la riche Daphnis Théante et Florame épouser Daphnis Amarante reste seule sa frustration la triste réalité des intérêts matérialistes Filles, que la Nature a si bien partagées,

Vous devez présumer fort peu de vos attraits,Quelques charmants qu’ils soient vous êtes négligéesSinon quand la fortune en fait les plus beaux traits.

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La Place Royale ou L’amoureux extravagant saison 1633-4 Place des Vosges Philis, une jeune fille très désinvolte et railleuse Angélique, une âme de passion Alidor, son jeune amoureux Je veux que l’on soit libre au milieu de ses fers.

Il ne faut point servir d’objet qui nous possède,Il ne faut point nourrir d’amour qui ne nous cède,Je le hais s’il me force, et quand j’aime je veuxQue de ma volonté dépendent tous mes vœux,Que mon feu m’obéisse au lieu de me contraindre,Que je puisse à mon gré l’augmenter et l’éteindre,Et toujours en état de disposer de moi,Donner quand il me plaît, et retirer ma foi.

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La Place Royale

idolâtrer Angélique il la cède à son ami Doraste Rien ne rompra le coup à quoi je me résous.

Je me veux exempter de ce honteux commerceOù la déloyauté si pleinement s’exerce.Un Cloître est désormais l’objet de mes désirs,L’âme ne goûte point ailleurs de vrais plaisirs.

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Les traditions de la décoration dans le palais conventionnel ou dans la

forêt accidentée dans une ville française deux maisons de la Place Royale la Galerie du Palais de Justice trois maisons l’une d’entre elles supposée éloignée un décor à compartiments simultanément des endroits distincts et

éloignés

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Les décors la maison de Clarice et celle de Chrysante,

mère de Doris le jardin de Clarice deux maisons, celle de Pleirante, père de

Célidée, et celle de Chrysante, mère d’Hippolyte

la même rue de Paris, dans le Marais la Galerie du Palais trois marchands : un libraire, un mercier et

une lingère deux décors successifs la maison de Géronte, père de Daphnis deux maisons contiguës le cabinet d’Angélique