De Philippe Bédard

- II -

Diaporama de

Jacky Questel

BALLET CÉLESTE

La neige, c’est la fête des anges !

Lorsque l’aquilon et notre nordet,Dans un débordement d’ivresse,S’élancent jusque dans l’empyrée,Dieu permet aux créatures célestesDe quitter, pour un temps, le Paradis.

Les anges, ces bambins du ciel,Infatigables, se laissent emporterEt commencent alors un bal enjoué.De leurs divines ailes blanches,Se détachent des parcelles de plumesQui continuent leurs danses jusqu’à nous.

C’est la raison pour laquelle, la neige,Belle, douce et folâtre et enfantine,Happe notre admiration et nos rêvesLeur donnant des désirs de l’au-delà.

RÊVERIE

Comme de minuscules lutins,De robes de satin blanc vêtus,Le ciel a neigé par million des cristaux.

Je les ai vus, sur les branches tenduesDe mon sapin, ravi de leur venue, S’étendre comme sur un lit,Prêts à s’envelopper de sommeil.

Le soir, dans leurs rêves de ciels bleus,J’entendrai ces cantiques de NoëlQue le vent du nord harmoniseAux messes de minuit.

SOIR MENAÇANT

Le soleil va et vient, errant,Comme un rêve qui n’a pas de port.

Sous des heaumes gris et des capes noires,Tels des chevaliers de l’apocalypse,Les nuages chevauchent le cielDont ils ont déjà vaincu le monarque.

Je redoute que, dans leurs furies,Ils piétinent mes pivoines nouvelles.

Quelle prière pourrait apaiser ÉoleEt faire grâce aux fleurs de mon jardin ?

UN RÊVE

J'ai rêvé que j’étais portraitiste,Héritier des pinceaux de RubensEt que, sur mon vieux chevalet,J’avais placé une toile docileN’attendant pour se révélerQue l’apparition d’une beauté.

Dans mes souvenirs, une déesse surgitEt, de gestes bien appliqués,Je traçai le contour harmonieuxD’un beau visage d’une déesse :Des yeux comme un mirage captivant,Des lèvres attirantes comme l’aimant,Un sourire plus doux que la brise,Des cheveux où une couronne,Avec orgueil, aurait voulu se poser.

Un rai de lune frôlant ma têteEffaça l’œuvre de mon rêveMais, en fermant les yeux, je la vis !

FÊTE OUBLIÉE

Novembre n’annonce plus l’hiver !Les vents froids piétinent à la porte,La chaleur du soleil retarde à nous quitter.

La Sainte-Catherine qui nous gâtaitAvec ses sucrées tires à la mélasseEt la première tempête de neigeSont maintenant des souvenirs lointainsComme de belles légendes oubliées.

De ces années farcies de joies puériles,Nous avons été les derniers survivants.Dans ce monde qui avançait lentement,Les bonheurs simples ravissaient nos ans ;Juste à se les rappeler encore,Notre nostalgie se change en gaieté.

LES ANGES

Avec des ailes diaprées et ouatées,Prestement, ils descendaient du ciel.Ces belles images dans notre enfance,D’or, encadraient leur céleste beauté.

Avec des robes amples et seyantes,Ils fascinaient nos regards enfantinsEt nous faisaient rêver aux beaux récitsQue la catéchèse nous enseignait.

Près de nos lits, ils tenaient un bénitier.À genoux, ils recueillaient nos prièresEt les suspendaient dans le ciel étoiléPour éclairer le chemin de nos rêves.

DOUCE ESPÉRANCE ?

Lorsque nos jours, à leur terme arrivés,Retrouverons-nous dans les sentiers du ciel Ces fleurs qui hantent nos jardins?

Y aura-t-il des matins éveillés par le soleilEt des soirs où Mozart jouera pour nous ?

Se trouvera-t-il, dans un coin discret,Un sentier baigné de lune et d’étoilesComme celui qui nous ensorcelaitAux crépuscules des soirs d’automne ?

LA VIEILLE MAISON

J’aime cette maison sous les arbres,Sa chevelure de grenant, vieillie,Ses yeux carrelés et rêveursEt sa fière allure seigneurialeQui semble discrètement dire :"J’ai vieilli mais je suis belle encore"!

MES SOULIERS

Ils sont vieux, usés, démodés, décolorés.Portant, les infirmités dues à leur âge,Ils sont comme de braves soldatsEndurant à ma place les aspérités,Les blessures du chemin quotidien.

Comment pourrais-je leur reprocherLeur beauté décatie, leurs rides incrustées ?Comment, sans remords, remplacerCes fidèles compagnons de routeSans m’accuser de basse ingratitude ?

SOUS UN CIEL ÉTOILÉ

Il se fait tard et la nuit triompheSur un soir chamarré d’étoiles.

Parfois, le spectacle est si beau à voirQu’on voudrait désavouer le sommeil,S’imaginer emporté dans un charParcourant, l’une après l’autre les étoiles.

On entendrait un orchestre invisibleInterpréter des airs de Mozart, de Chopin,Ou jouer la Sonate à la lune de Beethoven.Sur une planète lumineuse, Un chœur d’anges à la voix d’orChanterait la Berceuse de Brahms.

Orphée, ayant vaincu sirènes et CerbèreChanterait sa passion pour Eurydice Jusqu’à ce que le ciel, médusé,Assoupisse la dernière étoile.

IL NEIGE

C’est un blanc matin de dimanche !Noël a laissé dans ses guirlandesDes cristaux de bonheur et de paix.

Dehors, comme des miettes d’ailes d’ange,Une neige caresse l’aurore naissanteEt dépose sur les toits endormisComme des couettes pour les berceaux.

Tout est silence et tranquillité.C’est la paix chantée par les anges.Elle durera tant que, dans leur sommeil,Les hommes, emmitouflés dans leurs rêves,Oublieront la haine et la guerre.

Poèmes de Philippe BédardPhotos d'origines diverses, libres de droitMusique : Ernesto Cortazar – Blue Waters

Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la PaixJacky.questel@gmail.comhttp://jackydubearn.over-blog.com/http://www.jackydubearn.fr/