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Septièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 28 et 29 mars 2007 22

STAGNATION DES RESULTATS TECHNICO-ECONOMIQUES ET DU COÛT DE

PRODUCTION DU POULET STANDARD ET DE LA DINDE MEDIUM DEPUIS LA

FIN DES ANNEES 90

Gallot Sylvain

Institut Technique de l’Aviculture, 28, rue du Rocher 75 008 PARIS RÉSUMÉ Durant les décennies 80 et 90, les résultats technico-économiques des élevages de poulets standard et de dindes medium ont connu une amélioration à la fois rapide et régulière. Ces gains techniques ont contribué, dans le même temps, à la diminution du coût de production au kilo et donc au renforcement de la compétitivité de la viande de volailles française vis-à-vis des autres viandes et sur le marché européen. Depuis la fin des années 90, l’évolution des résultats technico-économiques apparaît en rupture avec les deux décennies précédentes : la plupart des indicateurs ont stagné, voire se sont dégradés, et le coût de production a eu tendance à se renchérir. Si la tendance est commune aux deux principales productions françaises de volailles de chair (poulet standard et dinde medium), les déterminants du ralentissement n’ont pas été tout à fait identiques dans ces deux productions. En production de poulets standard, la stabilisation de la productivité découle de la stagnation des principaux indicateurs (densité et durée d’élevage) qui avaient contribué aux gains de productivité des deux dernières années. En production de dindes medium, l’allongement de la durée d’élevage, qui découlait de la stratégie d’alourdissement des animaux, a longtemps été compensé par d’autres facteurs, comme l’accroissement des densités et la diminution de la durée des vides sanitaires. Depuis le milieu des années 90, ces deux paramètres se sont stabilisés, voire dégradés. De fait, la productivité n’évolue plus. Ces tendances résultent majoritairement d’une dégradation du contexte économique, d’un durcissement du cadre réglementaire et d’une forte volatilité du cours des matières premières. Ces évolutions ont affecté et continuent d’affecter la compétitivité des deux filières dans l’absolu mais également la compétitivité relative entre viandes de poulet et de dinde. ABSTRACT During the eighties and the nineties, the technical and economical results have improved quickly and regularly. Theses progresses have lead to reduce the production cost of the poultry meat, and then have increased the competitiveness of the French poultry meat. But, for the end of the nineties, the technical and economical results of the two main French productions (standard chicken and medium turkey) stagnate or even are deteriorating: the densities and number of cycles of production no longer increase. The chicken production cost has stopped his fall and the turkey production cost has even increased. Theses tendencies are connected with the degradation of the economical environment (drop of consumption, fall of exportations, high prices of raw materials used in food animal) and the hardening of regulations (meat meal ban, antibiotics growth-promoter ban in food animals, veterinary molecules ban). The competitiveness of the two productions is affected in the absolute, but the relative competitiveness between the chicken and turkey meat.

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INTRODUCTION

Durant les décennies 80 et 90, les résultats technico-économiques des élevages de poulets standard et de dindes medium ont connu une amélioration à la fois rapide et régulière. Ces gains techniques ont contribué, dans le même temps, à la diminution du coût de production au kilo et donc au renforcement de la compétitivité de la viande de volailles française vis-à-vis des autres viandes et sur le marché européen. Depuis la fin des années 90, l’évolution des résultats technico-économiques apparaît en rupture avec les deux décennies précédentes : la plupart des indicateurs ont stagné, voire se sont dégradés, et le coût de production a eu tendance à se renchérir. Si la tendance est commune aux deux principales productions françaises de volailles de chair (poulet standard et dinde medium), les déterminants du ralentissement n’ont pas été tout à fait identiques pour ces deux productions. Cet article met en évidence ces tendances observées sur les 5 dernières années en distinguant les dynamiques propres des productions de poulets standard et de dindes medium et apporte quelques éléments de contexte permettant de les expliquer.

1. MATERIELS ET METHODES

L’Institut Technique de l’Aviculture (ITAVI) recueille chaque année, depuis plus de 20 ans, les résultats technico-économiques moyens des principales productions de volailles de chair. Ces données, collectées auprès d’organisations de production, donnent lieu, par production, au calcul d’une moyenne annuelle pondérée par les volumes de production de chaque organisation. Les principaux indicateurs techniques courants sont suivis, ainsi que quelques indicateurs économiques comme le prix de reprise, d’aliment, de poussin (valeurs contractuelles) et le coût moyen de l’investissement dans un bâtiment équipé. A partir de ces informations, l’ITAVI calcule annuellement un coût de production. Ce calcul repose à la fois sur les résultats techniques collectés, qui déterminent la productivité annuelle moyenne des élevages (nombre de kilos vifs produits par m² et par an), les données économiques recueillies et des données de charges fixes et variables en élevage issues de différents réseaux de suivi de fermes (enquête annuelle des Chambres d’Agriculture de l’Ouest et du Centre, publications de Centres de gestion). Ce coût de production est une simulation à hypothèses constantes, les hypothèses portant sur la situation financière (investissements récents financés à hauteur de 80% par emprunt bancaire) et sur la rémunération (prise en compte d’une rémunération éleveur théorique indexée sur la valeur de deux

SMIC). Ces hypothèses permettent de comparer l’évolution du coût de production dans un contexte courant et acceptable d’exercice de l’activité avicole. La représentativité des chiffres varie selon les années et les productions. Mais en moyenne, au cours des cinq dernières années, les résultats moyens calculés reposaient sur un échantillon représentant 36 % des poulets standard et 38 % des dindes medium produits.

2. EVOLUTION DES RESULTATS TECHNIQUES ET DU COÛT DE PRODUCTION AUX COURS DES CINQ DERNIERES ANNEES

La comparaison des données recueillies par l’ITAVI depuis plus de 20 ans à travers les enquêtes réalisées auprès des organisations de production permet une constatation sans ambiguïté d’un changement de tendance dans l’évolution des résultats technico-économiques en production de volailles de chair. Après vingt années de gains de productivité ininterrompus, les années 2000 marquent une stabilisation, voire même une dégradation de la productivité des élevages, qui est mesuré à travers le nombre de kilo vif produit chaque année par unité de surface de bâtiment (en m²). En regardant plus dans le détail l’évolution des différents indicateurs, on peut aussi percevoir que ce changement ne s’est pas opéré de la même manière en production de poulets standard et de dinde medium.

2.1. Plafonnement des résultats techniques en élevages de poulets standard

Après plusieurs décennies durant lesquelles les principaux paramètres d’élevage ont contribué à l’amélioration de la productivité moyenne annuelle, les résultats technico-économiques en poulet standard plafonnent depuis la fin des années 90. Entre 1984 et 2001, la productivité a connu une croissance moyenne de 2,6 % par an, pour atteindre une valeur maximale en 2001 avec 257 kg vif de poulets standard produits par m² (fig.1). Depuis, la productivité a été en repli presque chaque année, pour n’atteindre plus que 242 kg/m²/an en 2005, soit un recul de près de 6 % en 4 ans. La productivité en 2005 aura donc été similaire à celle atteinte en 1997. Figure 1. Productivité en production de poulets standard entre 1984 et 2005 (en kg vif/m²/an)

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Productivité – Poulet standard

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Figure 2. Densité (en nombre d’animaux/m²) et poids moyen (en kg) en production de poulets standard entre 1984 et 2005

Plusieurs indicateurs concourent à ce repli de la productivité. La densité (fig.2), l’un des principaux facteurs de productivité avec le poids moyen des animaux à l’abattage, n’a presque pas évolué depuis 1999 (0,1% par an en moyenne), alors qu’elle était passée de 18,1 animaux / m² à 21,8 animaux / m² entre 1984 et 1998, soit une croissance moyenne annuelle de 1,2 %. La durée d’élevage des animaux (fig.3) n’a plus baissé depuis 2001 (autour de 39,5 jours). Pour comparaison, de 1984 à 1998, la durée d’élevage des animaux avait baissé de 1,4 %/an, passant de 49 jours en 1984 à près de 40 jours à la fin des années 90. Figure 3. Durée d’élevage (en jours), durée des vides sanitaires (en jours) et nombre de rotations en production de poulets standard entre 1984 et 2005

De fait, le raccourcissement des durées d’élevage et la diminution progressive des durées de vides sanitaires ont largement contribué à l’accélération régulière des rotations jusqu’en 1998 (+1,4% par an, passant de 5,3 lots/an en 1984 à 6,4 lots/an en 1998). Depuis 1999, le nombre de rotations diminue (-1,2% par an) sous l’effet d’une stagnation des âges d’abattage et d’une augmentation progressive des durées des vides sanitaires (+3,3% par an depuis 1998). Enfin, l’indice de consommation (fig.4), en amélioration constante jusqu’en 1999 (-0,5% par an), oscille désormais autour d’une valeur plancher moyenne située entre 1,85 et 1,87. Figure 4. Indice de consommation et mortalité (en %) en production de poulets standard de 1984 à 2005

Seule la mortalité (fig.4) semble s’être orientée depuis une dizaine d’années vers une tendance de fond à la diminution, passant de plus de 6% en 1995 à environ 4% (voire moins) ces dernières années. Quant au poids moyen, dicté en partie par les débouchés de l’aval, il n’a que très peu évolué entre 1984 et 2005 (+0,4 %/an), et les cinq dernières années ne montrent pas de changement majeur sur cet indicateur.

2.2. Stagnation de la productivité et dégradation de l’indice de consommation en élevages de dindes medium

Depuis cinq ans, les résultats techniques en production de dindes medium ont également marqué le pas. Alors que la productivité (fig.5) avait connu une croissance moyenne de 2,3 % par an entre 1980 et 1997, depuis 1997 elle a baissé de 0,4 % chaque année, s’établissant désormais autour de 165 kg vif par m², malgré un pic à près de 179 kg/m² en 2001. Si la productivité a baissé en production de dinde medium comme en production de poulet standard, les composantes de cette diminution ne sont pas tout à fait identiques.

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Poids moyen – Poulet standard

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Durée vides sanitaires – Poulet standard

Durée élevage – Poulet standard

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Indice de consommation – Poulet standard

Mortalité – Poulet standard

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Figure 5. Productivité (en kg vif/m²/an) en production de dindes medium entre 1986 et 2005

La stratégie de développement en production de dinde, animal destiné à la découpe, s’est fort logiquement appuyée depuis le milieu des années 80 sur un accroissement des poids moyens des animaux (1,5% par an en moyenne), essentiellement des mâles, qui s’est accompagné d’un allongement des durées d’élevage (+0,4% par an). Cette évolution a eu une influence sur le nombre de rotations (fig.7), qui a connu une baisse, plus précoce qu’en poulet, un temps compensé par le raccourcissement des durées des vides sanitaires. Cette baisse a été longtemps acceptable du fait de l’augmentation des poids et de la hausse des densités. Ainsi, certaines options d’élevage (alourdissement des poids mâles) ont apporté une incontestable amélioration globale de la productivité au prix d’une dégradation contrôlée de certains paramètres (nombre de rotations en particulier) qui a été longtemps compensée (fig.6) par l’évolution d’autres indicateurs (hausse des densités, diminution des durées de vides sanitaires). Figure 6. Densité (en nombre d’animaux/m²) et poids moyen (en kg) en production de dindes medium entre 1986 et 2005

Mais depuis le milieu des années 90, les durées de vides sanitaires (fig.7) ont eu tendance à s’allonger, accélérant la baisse du nombre de rotations, et les densités ont plafonné (croissance de 0,1 % par an depuis 1996). Par ailleurs, contrairement au poulet standard, la mortalité (fig.8) des dindes est repartie à la hausse depuis 2002, après s’être stabilisée pendant de nombreuses années.

Figure 7. Durée d’élevage (en jours), durée des vides sanitaires (en jours) et nombre de rotations en production de dindes medium entre 1986 et 2005

Figure 8. Indice de consommation et mortalité (en %) en production de dindes medium de 1986 à 2005

2.3. Dégradation du coût de production

La dégradation des résultats techniques ces dernières années a nécessairement eu des répercussions sur le coût de production (fig.9). Alors que le coût de production par kg vif de poulet standard s’était amélioré constamment de 1984 à 1999 (-2,0% par an), depuis il a connu une hausse annuelle de 1,7%. En dinde, l’évolution est encore plus prononcée du fait de la dégradation de l’indice de consommation (fig.8), avec une baisse 1,8% par an de 1985 à 1999, et une

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Densité – Dinde medium

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Indice de consommation – Dinde medium

Mortalité – Dinde medium

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hausse de 4,2% par an depuis. En 2004, le coût de production a retrouvé le niveau de la fin des années 80, effaçant en cinq ans plus d’une décennie de gains. Figure 9. Coût de production (en €/kg) en production de poulets standard et de dindes medium depuis 1986

3. QUELQUES FACTEURS D’INTERPRETATION DE LA DEGRADATION DES RESULTATS ET COUT DE PRODUCTION

Ainsi, après une quinzaine d’années au moins d’améliorations tous azimuts, les progrès semblent depuis 5 ans s’être stoppés. Les déterminants de ce changement de tendance sont multiples. A défaut de quantifier leur incidence respective, qui demanderait un travail approfondi, on peut au moins en dresser une liste indicative. La dégradation de la conjoncture avicole est sans doute le premier facteur ayant pesé sur les résultats techniques. En la matière, l’année 1999 constitue une date clé, avec le premier recul de production enregistré par la filière avicole depuis plusieurs décennies. Les années 2000 et surtout 2001, marquées par la seconde crise de la vache folle, ont masqué un temps une tendance de fond dans laquelle la filière était engagée, et dès 2002, lorsque les reports de consommation du bœuf vers la volaille ont fait long feu, la filière s’est réinstallé dans une crise structurelle persistante. Dans ce contexte de recul de production, l’allongement des durées des vides sanitaires et, dans une moindre mesure, les retards à l’enlèvement (principalement en production de dindes) ont pesé sur les rotations. La recherche de densités maximales, puissant facteur d’amélioration de la productivité au cours des années 80 et 90, n’a plus été une priorité. En parallèle de cette dégradation du contexte économique, le contexte réglementaire s’est également alourdi au début des années 2000, pesant plus fortement sur la production de dindes medium. L’interdiction de l’utilisation des farines animales a provoqué une augmentation du coût alimentaire en induisant à la fois une hausse du coût des aliments et, en production de dindes medium surtout, une

dégradation de l’indice de consommation (fig.8). Des évènements plus ponctuels ont maintenu le coût alimentaire à un niveau élevé, comme ce fut le cas au cours de la campagne céréalière 2003-2004 marquée par les médiocres récoltes consécutives à la canicule et la sécheresse de l’été 2003. Alors que le coût alimentaire ne constituait que 55 % du coût de production d’un kilo vif de dinde en 1999, il s’élevait à 63 % en 2004. En poulet standard, la part relative du coût alimentaire est passée de 57 % en 1999 à 59 % en 2004. La suppression progressive des antibiotiques facteurs de croissance a également eu des effets sur les résultats. Enfin, l’interdiction de certaines molécules vétérinaires, comme le nifursol utilisé en production de dinde contre l’histomonose, a provoqué une recrudescence de pathologies digestives entraînant, sur les lots atteints, un ralentissement de la vitesse de croissance et une hausse de la mortalité. Enfin, la plupart de ces facteurs ont induit une dégradation l’indice de consommation. Stable depuis le milieu des années 80, l’indice de consommation des dindes medium a augmenté de 6,5 % en l’espace de 5 ans. En poulets standard, l’amélioration régulière de l’IC s’est stoppée au début des années 2000. Enfin, une partie de la baisse de productivité s’explique aussi probablement par des options prises par les éleveurs, qui ont répondu, par une désintensification de l’atelier avicole, à une moindre disponibilité de main d’œuvre disponible sur l’exploitation.

CONCLUSIONS

Depuis la fin des années 90, la dégradation des résultats technico-économiques en production de poulets standard et de dindes medium est avérée. La baisse de la productivité, la dégradation des indices de consommation et la hausse du coût de l’aliment se sont répercutés sur le coût de production, qui a au mieux stagné (poulet standard) et au pire augmenté (dinde medium). Si les résultats de l’année 2005 ont semblé en contradiction avec ces tendances, il est probable que cette amélioration ne soit que passagère : en 2006, l’influenza aviaire a lourdement pesé sur les résultats durant plusieurs mois, et en 2007, le cours des céréales s’envolent de nouveau pour atteindre des niveaux proches de 2003-2004. Et le cadre réglementaire pourrait encore se durcir si l’on en croit les projets de directive sur le bien-être des poulets de chair. Ces évolutions ont affecté et continuent d’affecter la compétitivité des deux filières dans l’absolu mais également la compétitivité relative entre viandes de poulet et de dinde. Dans un contexte où les moteurs de la croissance sont en panne (consommation et exportations) et les cours des matières premières n’offrent plus les marges de manœuvre d’autrefois, on peut s’attendre à ce que dans les prochaines années l’évolution des résultats techniques et des coûts de production présente la même incertitude que ces dernières années.

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Coût de production – Dinde medium

Coût de production – Poulet standard


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